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LA BIBLE
Evangile selon Saint Matthieu
Evangile selon Saint M arc
ÉDITIONS RENCONTRE
Nihü obstat
Paris, 10 mai 1973
F. ToUu
Imprimatur
Paris, 11 mai 1973
E. Berrar, v. é.
M A TTHIEU
Jésus (11, 2-4), l’évangéliste a groupé dix miracles, dont
plusieurs appartiennent à une date ultérieure.
2°) Pour ce même motif d’indifférence à la chrono
logie, les faits sont souvent introduits par des formules
vagues-. « alors, et voici que, en ce temps-là. » Même
les expressions « en ce jour-là » {1 3 ,1 ), « à ce moment »
(18, 1 ) n ’ont pas le sens précis qu’on serait tenté de leur
attribuer; le contexte en est la preuve évidente. Dans
Matthieu, le récit manque presque toujours de localisa
tion, soit dans le temps soit dans l’espace.
3° ) Le fait lui-même — et voici qui est plus important
— se trouve réduit à ses éléments essentiels.
a) Tous les détails jugés inutiles sont bannis: noms
propres (Bartimée, Jaïre); notes pittoresques: le cous
sin sur lequel Jésus dormait (Mc 4, 38), l’herbe verte de
la première multipHcation des pains (Mc 6, 39), le bond
de l’aveugle qui, jetant son manteau, se précipite vers
Jésus (Mc 10, 30); précision de chiffres, comme les
groupes de cinquante et de cent de la première multi
plication des pains ( Mc 6 ,4 0 ), etc.
b) Parfois, comme dans le récit de la guérison du ser
viteur du centurion de Capharnaüm ( 8 , 3-13), Matthieu
condense le récit en supprimant les intermédiaires.
Dans Luc (7, 3 ), le centenier envoie d’abord quelques
anciens des Juifs prier Jésus de venir guérir son servi
teur malade, puis il lui dépêche des amis (verset 6);
dans Matthieu, c’est le centenier qui vient et parle lui-
même à Jésus. La leçon qui se dégage du récit reste la
même, et cela seul importe à Matthieu, qui d ’ailleurs la
commente (8, 11-12) en citant une parole de Jésus que
Luc relate en im contexte différent (Le 13, 28-29).
M A TTH IEU 10
c) Ailleurs, c’est l’intervalle de temps qui disparaît,
comme dans l’épisode du figuier desséché (Mt 21,
18-22 ). Dans Marc (11, 20-21 ), c’est seulement le lende
main de la malédiction que les apôtres s’aperçoivent
de son effet; « Rabbi, dit Pierre, vois; le figuier que tu
as maudit est desséché! » Matthieu note au contraire
(21, 19) que « le figuier se dessécha instantanément ».
En conséquence les disciples, saisis d’étonnement,
disent à Jésus: « Comment se fait-il qu’instantanément
le figuier se soit desséché? » (21, 20). Pour réduire le
fait à ses éléments essentiels, Matthieu a dû lui faire
subir une importante transformation. La même remarque
vaut pour le récit de la résurrection de la fille de Jaïre
(comparer Mt 9 ,1 8 avec Mc 5, 23, 33).
d) C’est la même manière schématique, économique,
de conter qui, dans le récit du meurtre de Jean-Baptiste,
lui a fait attribuer à Hérode ce que Marc, plus concret,
plus près du réel là comme ailleurs, dit d’Hérodiade
(comparer Mt 14, 3 et Mc 6, 19-20). Matthieu n’attache
aucune importance à ces précisions, inutiles pour la
leçon qui se dégage de l’événement. Comparer encore
26, 34, 74-73 avec Mc 14, 30, 72.
e) Cette indifférence pour le concret, le précis,
s’exprime encore en ce que Matthieu « dépersonna
lise », « désindividualise » volontiers le fait, soit en rem
plaçant un sujet individuel par un pluriel de généralisa
tion (4, 3, à comparer avec Le 4, 3\ 26, 8, à comparer
avec Jn 12, 4; 27, 44, à comparer avec Le 23, 39;
28, 9-10, à comparer avec Jn 20, 11-18), soit en intro
duisant la dualité {8,28; 20, 30 ).
f ) A conter le fait d’une manière aussi concise, il arrive
11 M A TTH IEU
parfois qu’on l’enveloppe d’obscurité, qu’on le rend
presque énigmatique et que, pour le bien entendre, il
faut se reporter au passage parallèle d’un des deux autres
synoptiques. C’est ainsi que l’expression « voyant leur
foi » (9 ,2 ) ne prend un sens parfaitement clair que si on
l’explique par Mc 2, 4-3. De même les mots: « De nou
veau je vous le dis » (19, 24) s’entendent mieux si on
les place dans le contexte de Mc (10, 23-24 ).
4°) Signalons enfin qu’il arrive parfois à Matthieu de
grouper les divers éléments de sa narration selon un
ordre logique. Dans le récit de la tempête apaisée de
Marc (4, 39-40), Jésus calme d’abord la mer, puis
semonce ses disciples, ce qui est conforme à la vérité
psychologique et probablement à la réalité historique.
Mais pour Matthieu, c’est la leçon donnée aux apôtres
qui est l’élément essentiel; il la placera donc en pre
mier lieu (8, 26). Comparer de même Mt 12, 9-14, avec
Mc 3,1-6.
Ainsi la narration de Matthieu est plus ordonnée, plus
logique que celle de Marc. Mais privée qu’elle est de
tous ses éléments pittoresques, des mille superfluités
de la vie, de ce je ne sais quoi de violent qui fait choc
à chaque page de Marc, elle nous paraît abstraite,
pâle, sans saveur, squelettique. Marc a conservé au vif
le caractère primesautier de la narration de Pierre;
Matthieu l’a régularisée, allégée, « intellectualisée. » La
nature de son génie et le dessein qu’il se proposait ont
concouru également à ce résultat. Mais il suffit de relire
successivement deux ou trois récits de Marc après les
récits parallèles de Matthieu pour voir que, dans le do
maine de la narration, Marc l’emporte et de beaucoup.
M A TTH IEU 12
En revanche, Matthieu est incomparable dans le dis
cours. Son évangile est l’évangile des discours.
Matthieu s’est appliqué à recueillir le plus grand
nombre possible de paroles du Seigneur, et pour en
montrer l’harmonie comme pour les rendre plus aisées
à retenir, il les a groupées en de vastes compositions,
que très habilement il a distribuées entre les diverses
parties de son œuvre. C’est ainsi qu’on trouve succes
sivement:
5-7: Le code de perfection du Royaume (Sermon
sur la montagne ) ;
10 : Le code des missionnaires du Royaume ;
13: Le mystère du Royaume exposé dans les para
boles;
18: Les relations entre les membres du Royaume;
23: Les invectives contre les ennemis spirituels du
Royaume ( scribes et Pharisiens ) ;
24-25: La ruine de Jérusalem, la fin des temps et la
consommation du Royaume.
Que ces grands discours n’aient pas été prononcés
dans la forme où l’évangéliste les présente, mais qu’ils
se composent de paroles que Jésus a dites en des
temps et devant des auditoires différents, il est aisé de
s’en convaincre par les considérations suivantes:
a) Il est invraisemblable que dans la carrière publique
de Jésus, il n’y ait eu qu’une journée de paraboles, une
journée d’instructions missionnaires, une journée d’in
vectives contre les scribes et les Pharisiens, etc...
b) Par leur longueur, leur densité, leur perfection
même, de semblables discours auraient écrasé l’audi
toire plus qu’ils ne l’auraient instruit.
13 M A TTH IEU
c) L’étude du plus célèbre d’entre eux — le Sermon
sur la montagne — prouve à l’évidence qu’il n’a pas été
prononcé tel quel: 1. L’entretien sur le plateau de Luc
( 6, 20-49 ) n’a ni même contenu, ni même ordre, ni sou
vent mêmes expressions. — 2. Une bonne partie des
morceaux de Matthieu qui manquent dans l’entretien
de Luc se trouvent dispersés un peu partout dans le
troisième évangile. Mieux vaut supposer que Matthieu
les a trouvés à l’état de dispersion et les a rassemblés
que d’imaginer Luc dépeçant le magnifique sermon sur
la montagne. — 3. Certains passages dudit sermon
se retrouvent, et en excellente situation, dans l’évan
gile même de Matthieu (comparer 5, 29-30, et 18, 8-9-,
5, 31-32, et 19, 3-12; 7, 16-18, et 12, 33), comme si
Matthieu avait utilisé deux fois les tD^mes textes,
tantôt les laissant dans leur milieu historique, tantôt
les reprenant pour les insérer dans un grand ensemble.
Même remarque pour le « discours missionnaire » ( com
parer 10, 13, et 11, 20-24; 10, 23b, et 12, 24; 10, 22,
et 24, 9-13; 10, 37-39, et 16, 24-23). — 4. Certains
passages ne sont pas en harmonie avec le contexte
historique, plusieurs même y constituent de vrais
anachronismes. Ainsi 6, 9-13: si vraiment Jésus, lors
du Sermon sur la montagne, avait donné la formule de
la prière nouvelle, les apôtres se seraient montrés bien
légers et oublieux, puisque plus tard (Le 11, 1) ils
demandent au Maître de leur apprendre à prier. Et s’ils
avaient eu assez peu de mémoire pour oublier si vite la
prière du Seigneur, comment en auraient-ils eu assez
pour retenir le reste du Sermon sur la montagne? 3, 11
semble aussi peu en situation. Est-il vraisemblable que
M A TTH IEU 14
tout au début de son ministère, Jésus ait annoncé à ses
disciples le sort de luttes et de souffrances qui leur
était réservé? Ce n’est sans doute qu’après la profes
sion de foi de Pierre et la première annonce de la
Passion que Jésus a révélé les exigences de la voca
tion chrétienne et apostolique: le disciple n’est pas au-
dessus du maître et, si le Maître est voué à la Croix, le
disciple et l’apôtre doivent aussi porter la leur et
renoncer à toute perspective de salut facile. Le pas
sage de Jn 16, 1-5, confirme cette vue: « Je vous ai dit
cela pour que vous ne soyez pas scandalisés. On vous
exclura des synagogues. Bien plus, elle vient, l’heure
où quiconque vous tuera croira rendre un culte à Dieu.
Et ils feront cela, parce qu’ils n ’ont connu ni le Père ni
moi. Mais je vous ai dit cela, pour qu’ime fois leur heure
venue, vous vous rappeliez que moi je vous l’ai dit.
Cela, je ne vous l’ai pas dit dès le commencement, parce
que j’étais avec vous. » Même remarque pour 10, 16-23,
26-31, qui ne peuvent avoir été prononcés dans le con
texte historique où présentement ils figurent.
Aussi bien, il importait peu à Matthieu de relater les
circonstances exactes dans lesquelles avaient été pro
noncées les paroles de Jésus. C’est son enseignement
qui comptait pour lui, et cet enseignement, il l’a con
servé et transmis avec le maximum de vérité historique.
Matthieu est en effet beaucoup plus près que Marc et
Luc de la catéchèse palestinienne de Pierre et des pre
miers apôtres et disciples.
Matthieu tout d’abord a mieux respecté que les
autres évangélistes la saveur de terroir de la prédica
tion de Jésus:
15 M ATTHIEU
1. Les formules traditionnelles et stylisées du langage
d’Israël abondent dans son évangile et contribuent à lui
donner un accent de solennité et d’hiératisme:
Royaume des deux, terre d’Israël, maison de Jacob,
cités d’Israël, Dieu d’Israël, Cité sainte, cité du Grand
Roi, les fils du Royaume, Fils de David, avoir en héri
tage, fin du monde, chair et sang, joug de la Loi,
Portes de l’Hadès, lier et délier, fils de géhenne, géné
ration adultère, toutes ces expressions qu’on retrouve
dans la Bible et les écrits rabbiniques coulent naturelle
ment de sa plume et montrent en lui un fils d’Israël rap
portant les paroles d’un fils d’Israël.
2. De fait un grand nombre de propos de Jésus ont
mieux conservé dans Matthieu leur forme originelle et
leur accent local'. Comparer en particulier: Mt 5, 40,
et Le 6, 29; Mt 5, 41-47, et Le 6, 32 35; Mt 6, 12, et
Le 11, 4; Mt 7, 23, et Le 13, 27; Mt 7, 24-27, et Le 6,
47-49; Mt 8, 29, et Mc 5, 7; Mt 16, 4, et Mc 8, 12;
Mt 19, 3, et Mc 10, 2; Mt 24, 20, et Mc 1 3 ,18, etc.
3. Matthieu a de même mieux conservé que les
autres évangélistes les divers modes de présentation
de la pensée chers à la littérature biblique. Les trois
types de parallélisme s’y rencontrent fréquemment:
synonymique: 5, 44 « Aimez vos ennemis et priez pour
ceux qui vous persécutent »; 5, 45, 46-47; 7, 6-7; 10,
24, 26, 37; 12, 30, etc; antithétique: 5, 43: « Tu aimeras
ton prochain et tu hdiras ton ennemi»; 7, 18; 10, 39;
12, 37, etc.; progressif: 10, 40: « Qui vous accueille,
c’est moi qu’il accueille, et qui m’accueille accueille Celui
qui m’a envoyé»; 6, 34; 7, 1, 6; 9, 16-17, etc. Dans
trois passages, Matthieu a gardé le tour interrogatif-néga-
M A TTH IEU 16
tif, que Luc a fait disparaître: 5, 46-47: «Car si vous
aimez ceux qui vous aiment, quel salaire aurez-vous? Les
publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant? Et si vous
ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordi
naire? Les païens mêmes n’en font-ils pas autant? »
G)mparer avec Le 6, 32-34: « Que si vous aimez ceux
qui vous aiment, quel grê vous en saura-t-on? Car
même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Et si
vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quel
gré vous en saura-t-on? Les pécheurs aussi font de
même. » Comparer encore Mt 6, 23-26, et Le 12, 23-24\
Mt 7, 16, et Le 6, 44. — De même Le 6, 43-44 n’a pas
respecté l’inclusio ou répétition en fin de morceau de
la phrase initiale, que nous trouvons dans Mt 7, 13-20.
— Il résulte de tout cela que la plupart du temps c’est
dans Matthieu que nous avons le plus de chance de
retrouver les ipsissima verba du Maître.
17 M A TTHIEU
manifestation, ni l’opprobre de sa fin ne doivent décon
certer le Juif fidèle; tout cela était voulu de Dieu et les
prophètes l’avaient prédit. La formule « cela arriva pour
que s’accomplît ce que le Seigneur avait dit par le pro
phète » revient comme un refrain à travers tout
l’évangile, qu’on a fort justement appelé « l ’évangile
de la prophétie messianique »: 1, 22; 2, 1.5, 17; 4, 14;
8, 17; 12,17; 13, 33, etc. Il arrive parfois que le texte de
la prophétie exerce son influence sur le récit lui-même.
C’est ainsi que Matthieu, généralement si sobre de
détails, n ’a pas manqué de relater que, lors de l’entrée
triomphale à Jérusalem, l’équipage du Maître se com
posait non pas seulement d’im ânon (comme dans les
autres évangélistes), mais d’ime ânesse et d’xm ânon.
Ainsi se trouvait littéralement accomplie la prophétie
de Zacharie, littéralement interprétée. De même dans
l’épisode de la trahison de Judas (26, 14-16), Matthieu
signale, seul des évangélistes, le montant du salaire du
traître, « trente pièces d’argent », parce que le texte de
Zacharie (11, 12) l’avait annoncé. Voir encore dans le
récit de la Passion: 27, 34, 33, 39, 48.
2. Jésus, Messie d’Israël promis et attendu, est apparu
pour fonder le Royaume, et ce Royaume était destiné
premièrement aux Juifs. Si la plupart d’entre eux s’en
trouvent exclus, c’est qu’ils l ’ont voulu (23, 37). Par
leurs mauvaises dispositions, ils se sont privés de l’offre
qui leur était faite, ainsi d’ailleurs que l’avaient prédit les
prophètes (13, 14-13; 13, 7-9). Et, tandis que les fils
du Royaume s’apprêtent à être jetés dans les ténèbres du
dehors, les païens accourent du Levant et du Couchant
pour prendre part au festin du Royaume (8, 11-12).
M A TTH IEU 18
Bref, le Royaume est enlevé aux Juifs et il est donné à
une « nation qui en fera les fruits » (21, 4 J).
3. Cette exclusion du peuple choisi a son origine
immédiate dans l’attitude de défiance, d’hostilité hai
neuse et systématique de ses guides spirituels: scribes
et Pharisiens. Notre évangile dépeint, en une progres
sion ascendante et comme en une série de diptyques
(voir le plan), d’une part l’activité bienfaisante de Jésus
et de l’autre les perfides machinations de ses ennemis.
On sent gronder ime sourde colère à travers ces pages,
jusqu’à ce qu’elle éclate dans les invectives vengeres
ses du chapitre 23, l’une des plus belles pages de Mat
thieu. Enfin peuple et chefs appellent eux-mêmes la
vengeance divine sur eux et leur postérité par les pa
roles fatidiques que Matthieu est seul à relater: « Que
son sang soit sur nous et sur nos enfants! » (21,23).
4. Le Royaume devient donc le lot de ceux auxquels
il n’était pas destiné en premier. Mais cela ne signifie
pas pour autant rupture avec le passé. Le premier
évangile est éminemment traditionnel; le passé n’est ni
mauvais ni aboli; le présent n’est pas un commence
ment absolu. Nova et vetera, tel est le mot d’ordre.
« Ne croyez pas, dit Jésus, que je sois venu renverser la
Loi ou les Prophètes; je ne suis pas venu renverser, mais
compléter» (5, 17). Et encore: «tout scribe devenu
disciple du Royaume des d e u x est semblable à un
maître de maison qui tire de son trésor du neuf et du
vieux» (13, 32). La Loi demeure obligatoire, et sa
pérennité est affirmée en termes d’une rare énergie (5,
18-19; 23, 2-3). Certaines de ses institutions semblent
devoir longtemps encore prolonger leur existence (24,
19 M A TTH IEU
20). Bien plus, les réalités nouvelles sont parfois expri
mées en termes empruntés à l’Ancien Testament ou au
langage des rabbins (16, 18-19; 18, 18; 19, 28; 23, 34;
26, 29). Mais c’est bien une période nouvelle qui
s’ouvre. La Loi ne doit pas seulement régler les atti
tudes extérieures au sein d’une nation privilégiée: elle
doit régner sur les âmes et sans distinction (5, 21-30,
38-48); tout s’intériorise et s’universalise. Tout se sim
plifie aussi: Jésus dégage l’essentiel de l’accessoire une
fois pour toutes: 22, 37-40, et 7, 12: «Tout ce que
vous voudriez que les hommes fassent pour vous,
pareillement vous aussi faites-le pour eux; car c’est
cela, la Loi et les Prophètes. »
5. Le Royaume des Cieux s’appelle aussi l’Eglise, d’un
terme emprunté à la langue religieuse des Juifs, pour
qui la nation était l’« assemblée d’Israël ». Mais c’est
l’Eglise de Jésus fondée sur le roc de Pierre ( 16, 18-19),
et qui n’a rien à redouter des atteintes du temps ou des
attaques de l’Enfer. Son autorité spirituelle, comme
celle de Pierre, est sans limites (16, 19b; 18, 17). Mat
thieu semble avoir senti profondément la magnificence
de l’Assemblée nouvelle. La majesté même des paroles
de l’Institution — que seul il a conservées — en est un
premier signe. On peut en voir un autre dans le trai
tement de faveur qu’il réserve à Pierre (17, 24-27;
26, 40 comparé à Mc 14, 37 ). Mais où paraît le mieux le
dessein qu’a Matthieu de faire naître dans l’âme de ses
lecteurs révérence et admiration pour l ’Eglise, c’est
dans la manière délicate dont il s’exprime à l’égard des
membres du collège apostolique. Sur bien de leurs petites
misères il a jeté le voile du respect; il a évité en particu-
M A TTH IEU 20
lier d’insister sur leur manque d’intelligence plusieurs
fois signalé par Marc. Le lecteur pourra faire utilement
les comparaisons suivantes:
Mc 4,13 Mt 1 3 ,1 6 -n
^>31 Manque
6,32 14,33
8,17-21 16,8-12
9, ù Manque
9,10 Manque
Manque 17,13
9,32 17,23
9,38-39 Manque
10,32 20,17
10,33 20,20
21 M A TTH IEU
journée des paraboles (voir le Plan de 5, 1 à 13, 32).
Enfin il a mis l’accent sur l’aspect progressif de l’ensei
gnement de Jésus; Loi nouvelle (3-7), instructions à
ceux qui sont chargés de la publier ( 10, 3-42 ), clartés sur
le Royaume (13), devoirs des membres du Royaume
dans leurs relations mutuelles (18), destinées du
Royaume et fin des Temps, où Jésus apparaît comme
juge suprême ( 24-25 ).
Mais le goût de Tordre de notre évangéliste et sa
maîtrise à le créer éclatent surtout dans la composition
des grands discours qui viennent d’être cités. Pour ne
pas charger cet exposé, nous donnons simplement le
plan détaillé du Sermon sur la montagne.
Le cadre: 5,1-2.
Exorde: 5 ,3-16.
3-12: Les « Béatitudes ».
13-16: Rôle des disciples dans le monde.
Corps du discours: 5,17-7, 20.
A. 5, 17-48: Loi ancienne et Loi nouvelle :
1, 17-20: exorde.
2, 21-47: corps.
3, 48 : conclusion.
B. 6, 1-18: Trois aspects de la « justice » nou
velle ;
1, 2-4 ; Taumône.
2, 3-13: la prière.
3, 16-18: le jeûne.
C. 6, 19-7y 20: Quelques dispositions requises
sous la Loi nouvelle:
1. Trois présentées sous forme né
gative.
M A TTHIEU 22
a ) 6, 19-54 : Ne thésaurisez
pas.
b) 7, 2- 5: Ne jugez pas.
c ) 7, 6 : Ne livrez pas ce
qui est sacré.
2. Trois présentées sous forme po
sitive.
a ) 7, 7-12: Demandez.
b) 7, 13-14: Entrez.
c ) 7, 13-20: Méfiez-vous.
Péroraison: 7,21-27.
21-23: Nécessité de la pratique.
24-27: Parallèle entre celui qui pratique et celui
qui ne pratique pas.
Après le discours: 7 ,28-29.
23 M A TTHIEU
1°) 3b-23-.
A) Parabole du semeur (3b-9 ).
B) Question des disciples sur le but des
paraboles et réponse de Jésus (10-17).
C) Explication de la parabole (18-23).
2°) 24-43:
A ) Trois paraboles ( 24-33).
B ) Autre but des paraboles (34-33).
C) Explication de la parabole de l’ivraie
(36-43).
3°) 44-30: 3 autres paraboles:
Les versets 31-32 forment la conclusion, qui
fait pendant à la présentation (1-3a).
On a signalé aussi l’intérêt que l’auteur porte aux
chiffres 5 et 2. Notons seulement la préférence qu’après
le 3, obtient le sept: 7 demandes du Pater, 7 béatitudes
(probablement), 7 paraboles, 7 invectives, 3 groupes de
deux fois 7 pour la généalogie, obtenus d’ailleurs non
sans peine.
Tant de sagesse et d’équilibre dans la pensée, tant
d’ordre dans la présentation rendent la lecture du pre
mier évangile singulièrement attachante. On n’est
jamais arrêté, rebuté, choqué; c’est un fleuve puissant,
calme et sans remous. Mieux encore, on s’y croirait
dans un temple, tellement tout y respire l’hiératisme et
la religion. Soit que Matthieu rapporte les paroles du
Maître, soit qu’il en redise les actes, il atteint sans effort
au sommet de la grandeur. Tout y contribue: le diamant
des maximes (3, 12; 5, 3-12; 6, 23, 23-34-, 7, 27), les
paroles de majesté (16, 17-19; 25, 31-46; 28, 19-20),
les descriptions solennelles (8, 16-17; 9, 33-38), les
M A TTHIEU 24
citations admirablement choisies de l’Ecriture (2, 18;
4, 15-16; 12, 18-21; 24, 29-31), les mots-refrain qui
donnent à l’ensemble un air de mélopée spirituelle.
Le livre entier baigne dans une atmosphère de gravité
religieuse. On en tourne, on en médite les pages avec
révérence. Avec son instinct sûr, l’Eglise catholique lui
a donné la première place dans sa liturgie, et ce n’est
pas sans raison qu’on a salué en lui une des grandes
(cuvres de l’esprit humain.
25 M A TTHIEU
Table analytique de l’Evangile selon saint Matthieu
27 M A TTH IEU
III MINISTÈRE DE JÉSUS EN GALILÉE
ET DANS LES PAYS VOISINS
(4,12-18,
M A TTH IEU 28
C. Quelques dispositions du disciple
(6,19-7,20):
trois présentées d’une manière néga
tive:
ne pas thésauriser ( 6 , 19-34 ).
ne pas juger ( 7 ,1-3).
ne pas profaner ce qui est sacré
{7 ,6 ).
trois présentées d’une manière posi
tive:
demander avec insistance
( 7 ,7-12).
entrer par la porte étroite
(7,13-14).
se méfier des faux prophètes
(7,13-20).
Péroraison (7,21-27):
a ) Nécessité de la pratique ( 7,21-23 ).
29 M A TTH IEU
Les deux démoniaques du pays des Gadaréniens
et l’aventure des cochons ( 8 ,28-34 ).
Premiers conflits avec les Pharisiens (9,1-17):
Guérison d’un paralytique à Capharnaüm et
discussion sur le pouvoir de remettre les péchés
(9,1-8).
Appel de Matthieu et discussion sur la fréquen
tation des publicains et des pécheurs (9,9-13).
Discussion sur le jeûne (9,14-17).
Guérison d’une hémorroïsse et résurrection de la
fiUe d’un chef (9,18-26 ).
Guérison de deux aveugles ( 9, 27-31 ).
Guérison d’un muet démoniaque ( 9,32-34.)
3. Jésus pasteur ( 9, 33-11, 1 ) :
Pitié de Jésus pour les foules ( 9,33-38 ).
Liste des Douze (10,1-4).
Envoi des Douze en mission. Prescriptions de
Jésus ( 10, 3-42 ) :
a) pour le présent (10,5-1.5).
b ) pour l’avenir (1 0 ,1 6-23 ).
c ) prescriptions diverses ( 10, 24-42 ),
Jésus continue à enseigner (1 1 ,1 ).
31 M A TTH IEU
!T
V À JÉRUSALEM
{21,1-25,46)
M A TT H IE U 34
Le paiement du tribut ( 22, 1^-22 ).
La femme aux sept maris et la résurrection ( 2 2 ,23-33 ).
Le plus grand commandement ( 2 2 ,34-40 ).
Le Christ, fils et Seigneur de David ( 2 2 ,41-46 ).
Discours contre les scribes et les Pharisiens {23y 1-36).
Apostrophe à Jérusalem ( 23, 37-39 ).
Discours sur la ruine du Temple et la Venue du Fils de
l’homme (24-25):
Annonce de la ruine du Temple et question des
disciples (24,1-3).
La ruine du Temple ( 2 4 ,4-20 ) :
signes précurseurs {24,4-14).
le signe de son imminence et son caractère terri
fiant {24,13-20).
La grande affliction ( 2 4 ,21-28 ).
Les catastrophes cosmiques et la Venue en gloire du
Fils de l’homme ( 2 4 ,29-31).
La parabole du figuier ( 2 4 ,32-36 ).
Exhortation à la vigilance ( 24, 37-25,13):
l’exemple du déluge ( 2 4 ,37-42 ).
le voleur de nuit {24,43-44).
l’esclave fidèle et prudent ( 2 4 ,43-31 ).
les « vierges sages » et les « vierges folles »
{23,1-13).
Exhortation à l’activité. Parabole des talents
{25,14-30).
Les assises du jugement dernier {25,31-46).
35 M A TTH IEU
VI LA PASSION
(26,1-27, 66)
A) Jusqu'à Guethsémani ( 2 6 ,1 - ü ) :
A Guethsémani ( 2 6 ,36-36 ) :
L’« agonie » et la prière ( 2 6 ,36-46 ).
L’arrestation de Jésus ( 2 6 ,47-36 ).
La comparution devant le grand prêtre ( 2 6 ,37-66 ).
Premiers outrages ( 26, 67-68 ).
Les reniements de Pierre ( 26, 69-73 ).
Séance du Sanhédrin. Jésus livré à Pilate {27,1-2).
Désespoir et suicide de Judas (27,5-10).
Jésus devant Pilate ( 2 7 ,11-26 ).
Nouveaux outrages et couronnement d’épines
{27, 27-3U).
Sur le chemin du Golgotha ( 27, 31b-34 ).
Le crucifiement ( 2 7 ,33-38 ).
M A TTH IEU 36
Jésus en croix raillé et injurié ( 2 7 ,39-44 ).
Les derniers instants et la mort de Jésus ( 2 7 ,43-30 ).
Après la mort de Jésus ( 2 7 ,31-36 ).
La sépulture ( 2 7 ,37-61 ).
La garde du tombeau ( 21 y 62-66 ).
37 M A TTH IEU
NAISSANCE ET VIE CACHÉE DE JÉSUS
( 1 , 1 — 2,23)
39 M A TTH IEU
Généalogie de Jésus. Traditionnellement, les artistes illustrent cette
généalogie par l’arbre de Jessé. (cf Isaïe, 7 et 11).
Bible en français. Paris, U 47.
M A TTH IEU 40
Booz engendra Jobed, de Ruth; Jobed engendra
Jessé; ^ Jessé engendra le roi David.
David engendra Salomon, de la [femme] d’Urie;
^ Salomon engendra Roboam; Roboam engendra
Abia; Abia engendra Asa; * Asa engendra Josaphat;
Tosaphat engendra Joram; Joram engendra Ozias;
’ Ozias engendra Joatham; Joatham engendra
Achaz; Achaz engendra Ezéchias; “ Ezéchias engen
dra Manassé; Manassé engendra Amon; Amon
engendra Josias; Josias engendra Jéchonias et ses
frères, au temps de la déportation de Babylone.
Après la déportation de Babylone, Jéchonias
engendra Salathiel; Salathiel engendra Zorobabel;
Zorobabel engendra Abioud; Abioud engendra
Eliakim; Eliakim engendra Azor; ^^Azor engendra
Sadoc; Sadoc engendra Achim; Achim engendra
Elioud; Elioud engendra Eléazar; Eléazar engen
dra Matthan; Matthan engendra Jacob; Jacob
engendra Joseph, Tépoux de Marie, de laquelle
naquit Jésus, appelé Christ.
^^11 y a donc en tout: d’Abraham à David, qua
torze générations; et de David à la déportation de
Babylone, quatorze générations; et de la dépor
tation de Babylone au Christ, quatorze générations.
41 M A TTH IEU
L’Ange du Seigneur
apparaît en s o n ^
à Joseph.
Vie de Jésus,
XV* siède.
Nativité.
Chroniques en hollandais, 1499.
il y réfléchissait, voici que l’Ange du Seigneur lui
apparut en songe et dit: « Joseph, Fils de David, ne
crains pas de prendre avec toi Marie ton épouse;
car ce qui a été engendré en elle est de par l’Esprit
Le 1,31
2, 21 Saint. Elle enfantera un fils, et tu l’appelleras du
nom de Jésus; car c’est lui qui sauvera son peuple de
ses péchés. » ^ Tout cela arriva pour que s’accom
plît ce qu’avait annoncé le Seigneur par le pro
phète, quand il dit:
Voici que la Vierge concevra et enfantera un
[fils,
et on l'appellera du nom d'Emmanuel,
ce qui veut dire: Dieu avec nous.
Réveillé de son sommeil, Joseph fit comme
lui avait prescrit l’Ange du Seigneur, et il prit avec
lui son épouse. Et il ne la connut pas jusqu’à ce
qu’elle enfanta un fils, et il l’appela du nom de
Jésus.
M A TT H IE U 44
Hérode consulte les mages, n
Vie de Jésus, XV* siècle. ^
45 M A TT H IE U
^ Et toi, Bethléem, pays de Juda,
tu n’es sûrement pas la moindre des grandes
[cités] de Juda;
car c'est de toi que sortira le chef
qui fera paître mon peuple, Israël. »
^ Alors Hérode, appelant les mages en cachette,
se fit préciser par eux le temps où était apparue
l’étoile. * Et, les envoyant à Bethléem, il dit: « Allez,
enquérez-vous exactement de l’enfant et, dès que
vous [l’]aurez trouvé, annoncez-le-moi, afin que moi
aussi je vienne me prosterner devant lui. »
^ Sur ces paroles du roi, ils s’en allèrent. Et voici
que l’étoile qu’ils avaient vue au Levant les pré
cédait, jusqu’à ce qu’elle vint se placer au-dessus
de l’endroit où était l’enfant. A la vue de l’étoile,
ils se réjouirent d’une très grande joie. **Et, entrés
dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa
mère et tombèrent, prosternés, devant lui. Et, ou
vrant leurs trésors, ils lui offrirent en dons de l’or,
de l’encens et de la myrrhe. Et avertis en songe
de ne pas retourner vers Hérode, c’est par un autre
chemin qu’ils se retirèrent dans leur pays.
6 « Bethléem, terre de Juda »; il y avait une autre Bethléem, dans la tribu de
Zabulon (Jos 19, 15) à une dizaine de km au nord-ouest de Nazareth. — « le
chef qui fera paître »; dans la littérature biblique, comme dans les poèmes homé
riques, les rois, princes et chefs sont fréquemment comparés à des « pasteurs »,
cf 2 Sam 3, 2; 7, 7; Ps 78, 71; Ez 34. 23; 37, 24 sv.
8 « me prosterner devant lui », cf v 2, et la note.
11 «Entrés dans la maison», Mt ne semble pas connaître « l ’étable» de Le 1,
7. — « tombèrent, prosternés, devant lui », cf v 2, et la note. — « ils lui offrirent
en dons »; l ’offrande de riches présents à Yahvé, au Roi messianique, à Sion,
figurait dans la description des temps messianiques (Is 49, 23; 60, 6, 9; Ps 68,
30; 72, 10). Dans ces trois présents, les Pères de l ’Eglise ont vu des symboles:
l’or = la royauté^, l ’encens = la divinité, la myrrhe = la souffrance du Christ
dans sa passion.
12 « avertis (ou divinement avertis) en songe », cf 1, 20, et la note. — Le carac
tère mystérieux du voyage des mages n’autonse pas à voir dans ce récit un
midrach dénué de tout fondement historique.
M A TT H IE U 46
Visite des mages.
Missel de Paris. Paris, 1490.
47 M A TTH IEU
Visite
des mages.
Fuite
en Egj^te.
Bible
italienne.
Venise, V 2 ^.
Fuite en Egypte
M A TTH IEU 48
3 — La chevauchée des mages.
Vitrail du X I I P siècle. Saint-Germer de Fly.
49 M A TTH IEU
Retour d'Egypte et établissement à Nazareth
19 Cf V 13 (presque identique).
20 « ceux qui en vouiaient à la vie » (lit: « qui recherchaient la vie »), pour
l ’expression, cf Ex 4, 19 (presque identique); 1 Sam 20, I; Ps 35, 4.
21 « Lui, se levant », cf v 14, et la note.
22 « ArdiélaïQs » régna, comme ethnarque de Judée et de Samarie, de 4 av.
J.-C. à 6 apr. J.-C. — * averti en songe », cf 1, 20, et la note.
23 « une ville appelée Nazareth », rf Le 1, 26; 2, 39. — « Il sera appelé Nazô
réen », ce terme, dçmt l ’origine pose un problème philologique nem résolu, com
porte la plupart du temps une nuance péjorative. Voici toutes les références:
26, 71; Le 37; Jn 18, 5, 7; 19, 19; Ac 2, 22; 3, 6; 4, 10; 6, 14; 22, 8; 26, 9;
en 24, 5: « la secte des Nazôréens », ^ u r désigner les disciples du Christ. L’allu
sion semble être à la vie pauvre et hum ilié de Jésus, annoncée par certains
«prophètes» (Isaïe surtout, dans les poèmes du ^rviteur: 49, 7; 50, 6; 52,
13-53, 12), et qui trouvait un excellent symbole dans le séjour à Nazareth, bour
gade insignifiante et méprisée (Jn 1, 45 sv).
M A TT H IE U 50
IL PRÉPARATION DU MINISTÈRE
DE JÉSUS
( 3 , 1 — 4,11)
51 M A TTH IEU
Prédication de Jean-Baptiste.
«G rande vie de Jésus» de Ludolphe le Chartreux. XV* siècle.
M A TTH IEU 52
Colère prochaine? ®Faites donc un fruit digne du 3
repentir, ^ et ne vous avisez pas de dire en vous-
mêmes: Nous avons pour père Abraham. Car je
vous dis que Dieu peut, des pierres que voici,
faire surgir des enfants à Abraham. ^°Déjà la co
gnée se trouve posée à la racine des arbres: tout
arbre donc qui ne fait pas de bon fruit est coupé
et jeté au feu.
“ « Pour moi, je vous baptise dans l’eau pour Mc 1, 7 -«
le repentir, mais celui qui vient après moi est plus Le 3,1 6
8 « fru it» , pour la métaphore, cf 21, 43; Ga 5, 22; Phi 1, 11; Ja 3, 18;
In 10, 12; Jr 17, 10. — « faire du fruit », cf 7, 17-19. — « digne du repentir »
(le 3, 8 par), cf Ac 26, 20: « conduite digne du repentir ».
9 «ne vous avisez pas», Luc 3, 8 par: «ne commencez pas». Sur cette con-
liance illimitée et orgueilleuse dans le grand Ancêtre, cf Tn 8, 33, 39, 33;
2 Co 11, 22; Ja 2, 21.
10 Sur la métaphore de la « cognée », cf Is 10, 34; Jr 46, 22. — « est coupé »,
(7, 19), présent prophétique. — «jeté au feu», cf 7, 19; Jn 15, 6 (les sarments);
«iir le feu du châtiment final, cf v 12 (Le 3, 9 par); 5, 22; 7, 15>; 13, 40, 42, 50;
18, 8, 9; 25, 41. Le verset 10b sera repris 7, 18.
11 «dans l ’eau», cf Mc 1, 8 par: «avec de l ’eau». — Pour l ’ensemble,
if Mc 1, 7; Le 3, 16 sv; Jn 1, 26 sv; Ac 13, 25. Le v 12 manque dans Mc. —
« je vous baptise », se rappeler que le terme grec signifie « plonger ». — « celui
nui vient après moi », c’est-à-dire qui paraît, entre en activité; même expression
|H)ur désigner Jésus, par rapport à Jean Baptiste, Mc 1, 7; Jn 1, 15, 27, 30. —
• je ne mérite pas », cf'8, 8; Mc 1, 7; Le 3, 16; 7, 6. Ailleurs (Jn 1, 27; Ac 13,
21) « je ne suis pas digne.» — «porter ses chaussures»; Mc 1, 7 par; Le 3, 16
par: « délier la courroie de ses chaussures ». — « baptisera dans l ’Esprit Saint »,
(f Mc 1, 8, et la note. L’effusion de l ’Esprit était une des caractéristiques des
lemps messianiques, cf Is 32, 15; 44, 3; 59, 21; Ez 36, 27; 39, 29; Jo 3, 1 sv. —
« le feu », cf les « langues comme de feu », du jour de la Pentecôte, Ac 2, 3.
12 Cf Le 3, 17 par; manque dans Mc. — « il nettoiera son aire », en 13, 41,
ictte tâche est confiée aux anges; voir aussi 24, 31. — « ramassera », pour le
terme, cf 6, 26; 13, 30; Le 3, 17; 12, 17, 18; 15, 13. — « les baies », encore et
•culement Le 3, 17 par, mais dans l ’A.T. Ps 1, 4; 35, 5; Is 17, 13; Os 13, 3;
11) 21, 8. — « un feu qui ne s’éteint pas », cf Mc 9, 43; Le3, 17par. On trouve
aussi « le feu étemel », 18, 8; 25, 41; Ju v 7.
53 M A TTH IEU
Baptême de Jésus
M A TT H IE U 54
“ lï
1 « Alors », cf 3, 13, et la note. Mc, qui volontiers précipite les récits, écrit:
«E t aussitôt (1, 12). — « fu t conduit par l ’Eqirit », cf Mc 1, 12: « l ’Esprit le
(Musse au d ésàt »; Le 4, 1: « était mené par l ’Esprit. » — « dans le désert », sans
doute celui de Juda, a 3, 1, e t la note. — « pour être tenté par le diable »,
Mc 1, 13: «tenté par le Satan»; Le 4, 2: «pendant quarante jours tenté par le
diable. »
2 « Après avoir jeûné... », la tentation survient après le jeûne; dans Le 4, 2,
jiu tt est tenté pendant quarante jours, probablement aussi dans Mc. — « qua
rante jours et quarante nuits», cf Ex 24, 18, où Moïse reste sur la montagne
guarante jours et quarante nuits; 1 Rs 19, 18, Elic marche quarante jours et
quarante nuits.
) « s ’avançant», un des termes aimés de Mt, qui l ’emploie plus de 50 fois. —
« te tenuteur », cf 1 Th 3, 3. — « ces pierres », ou « les pierres que voici »;
le 4, 3 écrit « cette pierre, la pierre que voici ».
4 C fD eutS , 3.
55 M A TTH IEU
^ Alors le diable le prend avec lui dans la Ville
sainte, et il le plaça sur le pinacle du Temple, ^ et il
lui dit: « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas; car il
est écrit:
A ses anges il donnera des ordres pour toi,
et sur leurs mains ils te porteront,
de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre. »
’ Jésus lui déclara: « Il est encore écrit: Tu ne
tenteras pas le Seigneur ton Dieu. »
*De nouveau le diable le prend avec lui dans une
montagne très élevée et lui montre tous les royau
mes du monde et leur gloire, et il lui dit: ’ « Tout
cela, je te le donnerai, si tu tombes, prosterné, de
vant moi. » Alors Jésus lui dit: « Va-t’en, Satan!
car il est écrit: O est le Seigneur' ton Dieu que tu
adoreras, et à lui seul tu rendras un culte. »
“ Alors le diable le laisse, et voici que des anges
s’avancèrent, et ils le servaient.
M A TTH IEU 56
III. MINISTÈRE DE JÉSUS EN GALILÉE
(4 , 1 2 — 18, 3^)
12 « Ayant appris que Jean avait été livté », Mt raconte l ’événement beaucoup
plus loin, 14, 3-12; Le 3, 20 le place avant le baptême de Jésus,
n «Nazara», autre nom de Nazareth (2, 23), petite bcmrgade de Galilée. —
«Capharnaüm», 8, 3; 11, 23; 17, 24; cf Mc 1, 21, et la note. — «territoire»,
(KJur le terme, cf 2, 16; 8, 34; 15, 22, 39; 19, 1.
14 « pour que s’accomplit... », pour la phraséologie, cf 1, 22, et la note.
11-16 Le texte est d ’Isaïe 8, 23-9, 1, et il n ’est pas cité d’après LXX. Le pro
phète décrit la délivrance des tribus du Nord après les terribles événements de
754 (2 Rs 15, 29); après les «ténèbres», symbole de l ’adversité et du malheur,
viendra la « lumière », symbole de bonheur et de paix. L’application à l ’oeuvre de
Jésus était facile à faire.
57 M A TT H IE U
et pour ceux qui étaient assis dans le sombre
[ pays de la mort
une lumière s^est levée.
^^Dès lors, Jésus se mit à proclamer et à dire:
« Repentez-vous, car le royaume des d eu x est tout
proche. »
Mc 1,16-70 i8 £ jj
marchant le long de la mer de Galilée,
Le 5. 1-11 frères, Simon, appelé Pierre, et André
son frère, qui jetaient Tépervier dans la mer; car
c’étaient des pêcheurs. Et il leur dit: « Venez
à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
^Eux, aussitôt laissant les filets, le suivirent. ^^Et
à quelques pas de là, il vit deux autres frères,
Jacques, le [fils] de Zébédée, et Jean son frère,
dans le bateau avec Zébédée leur père, en train
d’arranger leurs filets, et il les appela. “ Eux, aus
sitôt laissant le bateau et leur père, le suivirent.
M A TT H IE U 58
lité dans le peuple. Et sa renommée parvint dans 4
toute la Syrie, et on lui amena tous ceux qui ^ î ’,1 7 1 9
allaient mal, en proie à diverses maladies et
tortures: démoniaques, et lunatiques, et paralyti
ques; et il les guérit. ^ Et des foules nombreuses
le suivirent, venues de la Galilée, et de la Déca-
pole, et de Jérusalem, et de la Judée, et d’au-delà
du Jourdain.
BiMe latine.
Lyon, 1516.
circulait dans *, ailleurs (9, 23, 13; Mc 6, 6) le même verbe, avec construction
ditférente, a été traduit «parcourir». — «sa rencxnmée», encore 14, 1. —
« parvint », Mc 1, 28 par. « se répandit. » — « en proie », c£ Le 4, 38; 8, 37;
Ac 28, 8. — «tortures», ou «tourm ents», encore et seulement Le 16, 23, 28. —
« lunatiques » (encore et seulement 17, 13), c’est-à-dire ^ileptiques, parce qu’on
attribuait une influence de la lune sur les crises du haut mal. — « il les giiérit »,
tous, semble-t-il; Mc 1, 34 et 3, 10 écrit « beaucoup ». — Sur l ’afflux de la foule
du V 23, cf Mc 3, 7 sv; Le 6, 17 sw .
59 M A TT H IE U
Le « Sermon sur la montagne. » Le cadre
M A TT H IE U 60
’ Heureux les miséricordieux, parce qu’ils obtien- 5
dront miséricorde.
®Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils
verront Dieu.
^ Heureux ceux qui font oeuvre de paix, parce
qu’ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés à cause de
la justice, parce que le royaume des Cieux est à eux.
Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera,
qu’on vous persécutera et qu’on dira mensongère
ment contre vous toute sorte de mal, à cause de moi.
Réjouissez-vous et exultez, parce que votre sa
laire est grand dans les cieux; car c’est ainsi qu’on
a persécuté les prophètes d’avant vous.
61 M A TTH IEU
5 bon qu’à être jeté dehors et piétiné par les hom-
Mc 4 .2 1
mes. 14Yqus êtes, vous, la lumière du monde. Une
ville ne peut être cachée quand elle est située sur
Le 8 ,1 6
11.33 ime montagne. ^ O n n’allume pas non plus une
lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le
lampadaire; et elle brille pour tous ceux qui sont
dans la maison. Qu’ainsi brille votre lumière de
vant les hommes, afin qu’ils voient vos belles œu
vres et glorifient votre Père qui est dans les deux.
MATTHIEU 62
Le corps du discours
17-48 Jésus souverain législateur. Tandis que Moïse n’était qu’un intermédiaire
transmettant au peuple les commandements de Yahvé, Jésus édicte lui-même, de
sa propre autorité: « Et moi, je vous dis » ( w 22, 28, 32, 34, 39, 44). Il inter
prète, approfondit, amplifie, modifie et même contredit « ce qui a Âé ^ t aux
anciens ».
17 « renverser, mais compléter », ou « abroger, mais parfaire », « abolir, mais
accomplir »; toutefois ce dernier mot est à éviter, comme amphibologique. — « la
Loi ou les Prophètes », les deux grandes autorités spirituelles: on trouve générale
ment « la Loi et les Prophètes », 7, 12; 22, 40; Le 16, l6; 24, 44; Jn 1, 46;
Ac 13, 33-, etc. — « venu », en mission, cf 9, 13; 10, 34 sv; 11, 18 sv; 20, 28;
21, 32.
18 « en vérité », solennel, cf v 26; 6, 2, 5, 16; etc. — « avant que ne passent le
ciel et la terre », cf 24, 33: « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne
sauraient passer. » — « io ta » (le Y o d de l ’hébreu), une des plus petites lettres de
l’alphabet grec. — « menu trait », signe .graphique quelconque.
19 « commandements les plus petits », les rabbins divisaient les 613 commande
ments en grands et petits, lourds et l^ e rs. — « sera déclaré », et sera, cf v 9.
20 « vous n ’entrerezpas dans le royaume des Cieux », 7, 21; 18, 3; 19, 23 sv.
Sur « le royaume des Cieux », cf 3, 2, et la note. — Sur les scribes et les Phari
siens, cf Mc 1, 22; 2, 16, et les notes.
20 « n’abonde pas plus... », pour le terme, cf 13, 12; 25, 29; Ro 3, 7; 5, 13;
15, 13; 1 Co 14, 12; 2 Co 1, 5; 3, 9; etc.
63 MATTHIEU
5 « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens;
Tu ne tueras -pas; celui qui tuera sera passible du
jugement. “ Et moi, je vous dis que quiconque
se met en colère contre son frère sera passible
du jugement; celui qui dira à son frère: ^ c a l sera
passible du sanhédrin; celui qui dira: Fou! sera pas
sible de la géhenne du feu. “ Si donc tu présentes
ton offrande sur l’autel et que là tu te souviennes
que ton frère a quelque chose contre toi, ^ laisse
Mc 11,25
ton offrande là, devant l’autel, et va d’abord te
réconcilier avec ton frère, et alors viens présenter
ton offrande. “ Mets-toi vite d’accord avec ton
U: i2,5s-55> advetsaitc, pendant que tu es en chemin avec lui,
de peur que l’adversaire ne te livre au juge et le
juge au garde, et que tu ne sois jeté en prison.
“ En vérité je te le dis: Tu ne sortiras pas de là
que tu n’aies remboursé le dernier quart d’as.
“ « Vous avez appris qu’il a été dit: Tu ne com
mettras pas d’adultère. “ Et moi, je vous dis que
quiconque regarde une femme de manière à la
désirer, a déjà, dans son cœur, commis l’adultère
21 « aux anciens », ceux du temps de Moïse et qui (Mit suivi. Le texte cité est
d ’Ex 20, 13 et de Deut 5, 17. — « passible », v 22; 2b, 66 = Mc 14, 64. — « ciu
jugement », celui de Dieu.
22 « Raca », mot araméen qui signifie « tête creuse ». — « sanhédrin », il s’agit
du sanhédrin l<x»l, hahilité à prcmoncer sur les petites causes. — « la géhenne du
feu », encore 18, 9\ génâ'alement « géhenne », w 29, 30\ 10, 28\ 23, 15, 33;
Mc 9, 43, 45, 47; Le 12, 5; Ja 3, 6, lieu de sut^lice des réprouvés. L’image est
empnmtée à la sinistre vallée des environs de Jérusalem (gê-hinnom) où on
« faisait passer par le feu » les enfants que l ’on immolait à Moloch (voir
2 Rs 23, 10, et la note).
23 « a quelque chose contre toi », cf Ap 2, 4, 14, 20.
24 « te réconcilier », hapax dans le N.T.
26 « le dernier quart d ’as », latinisme (Le 12, 59 par a « le dernier lepte »;
cf Mc 12, 42), la plus petite monnaie nxnaine. On traduit parfois « le dernier
centime », ce qui est ime bonne transposition.
27 Cf Ex 20, 14; Deut 5, 17.
MATTHIEU 66
vous? Les publicains eux-m êm es n ’en fon t-ils pas
autant? E t si vous ne saluez que vos frères, que
faites-vous d ’extraordinaire? Les païens m êm es n ’en
font-ils pas autant? ^ Vous serez donc parfaits, vous,
com m e votre Père céleste est parfait.
Avertissement général
L’aumône
67 liA TT H IE U
6 dans les synagogues et dans les mes, afin d’être
glorifiés par les hommes. En vérité je vous le dis:
Ils ont touché leur salaire. ^ Pour toi, fais-tu l’au
mône, que ta main gauche ignore ce que fait ta
main droite, afin que ton aumône reste dans le
secret; et ton Père, qui voit dans ce qui est secret,
te le rendra.
La prière
« ne le tro m p ète pas ». — « les hypocrites », personnages bien ccmnus de tenu les
tem ps, cf vv 5, i f , 7, 15, 7; 22, 18; 23, 13, 14, 15; 24, 51; Mc 7, d; Le 6, 42;
12, 5o; 13, 15; « hypocrisie », 23, 28; Mc 12, 15; Le 12, 1; ^ 2, l3; 1 Tm 4, 2;
1 Pe 2, 1. O n tra d u it aussi «onnédiens, comédie». — «afin d’être glorifiés par
les homm es », cf v 5: « afin de se faire voir des hommes »; 23, 5: « Toutes leurs
actions, ils les fo n t p o u r être remarqués des hemunes. » — « ils ont toudié
leu r salaire » (cf vv 5, 16), plutôt que « ils ont reçu ». qui traduit un autre verbe
(10, 41; J n 4, 36; 1 C o 3, 5). — « leur salaire», morale de la rétributirm. Le, qui
ne l ’ignore pas (6 , 23, 35), é c rit ailleurs «quel ^ vous en saura-t'On? » 6, 32, 33,
34.
4 « reste », lit: « so it ».
5 « p rie r d eb out » n ’est pas condamné (Mc 11, 25); ce qui est blâmable, c’est
l ’affectation, la pose q u e l ’on p rm l pour se faire remarquer. — « afin de se
faire voir des hom m es cf v 18. — « En vérité... », cf v 2. -— « ils ont touché
leur salaire », cf vv 2, lé .
6 « ta resserre », en d ro it re tiré , peut-être cellier, grenier, cf 24, 26; Le 12, 3, 24.
7 « ne rabâchez pas », étymolc^e et sens incertains; autres traductiems: « parler
M A TTH IEU 68
qu’ils seront exaucés. ®Ne leur ressemblez donc 6
pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin,
avant que vous le lui demandiez. ®Vous donc, Le U, 2- 4
priez ainsi:
Notre Père qui es dans les deux.
Sanctifié soit ton Nom!
Vienne ton règne!
Que soit faite ta volonté
sur terre comme au ciel!
" Notre pain quotidien,
donne-le-nous aujourd’hui,
et remets-nous nos dettes,
comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs;
et ne nous fais pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du Mauvais!
inutilement, multiplier les paroles. » — « les païens », ou « les nations, ceux des
nations », c£ 5, 47; 18, 17; Ga 2, 14; 3 Jn v 7.
9-14 Ces versets, qui figurent en Le dans un tout autre contexte (Le 11, 1*4),
rompent l ’ordonnance du discours (le v 16 fait suite à d ou 8). Ils ont été insérés
ici, pour indiquer la prière par excellence, celle du Seigneur. Elle est plus courte
ilans Le. « Bien qu’on y retrouve des ressemblances matérielles avec des prières
juives, l ’originalité chrétienne du Pater ne fait pas de doute si on le comprend
ilans le sens où Jésus l’a enseigné, c’est-à-dire comme exprimant la doctrine du
Royaume de Dieu, prêché par Jésus, ainsi que celle du salut à la fois intérieur et
universel, et comme étant le résumé, sous la forme de la prière, du Sermon sur
la montagne et des béatitudes » (Dictionnaire encyclopédique de la Bible).
9 « Notre Père qui es dans les deux », cf 5, 16; 11, 23 sv; 26, 39, 42\ Le 23,
H, 46; Jn 12, 27; Ro 8, 13; Ga 4, 6. — « ton Nom », c’est-à-dire « cet aspect par
où l ’être inaccessible se manifeste à nous» (Lagrange). — «Sanctifié», tenu et
traité comme saint, c’est-à-dire doté de la perfection morale absolue.
K) « Que soit faite ta volonté! » la prière même de Jésus lors de son agonie,
cf 26, 42.
11 « pain quotidien », sens très discuté; encore: « d’aujourd’hui, de demain,
nécessaire à notre subsistance. »
12 «dettes», ce sont les «péchés» (Le 11, 4 par), en langage juridique,
l’f Le 13, 4: «pensez-vous que leur dette fût plus grande (lit: qu’ils fussent plus
débiteurs qu e).» — «avons remis» (Le 11, 4: «rem ettons»); aucune raison
décisive d’ârire: « remettons ».
I i « ne nous fais pas entrer », ou « ne nous laisse pas entrer », cf 26, 41 et par;
I.C 11, 4 par. — « en tentation», plutôt que « en épreuve». — «du Mauvais»
(uu: « du mal »), cf 5, 37.
69 MATTHIEU
6 « Car si vous remettez aux hommes leurs fau-
Mc 11, 2^ votre Père céleste vous remettra à vous aussi;
mais si vous ne remettez pas aux hommes, votre
Père non plus ne remettra pas vos fautes.
Le jeûne
Bible latine.
Lyon, 1J16.
MATTHIEU 70
C. Quelques dispositions du disciple: trois présen
tées d’une manière négative et trois d’une manière
positive
71 MATTHIEU
6 “ « Voilà pourquoi je vous dis: Ne soyez pas en
’ souci pour votre vie de ce que vous mangerez, ni
pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie
n’est-elle pas plus cme la nourriture, et le corps plus
que le vêtement? ^ Regardez les oiseaux du ciel:
ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni ne ramassent
dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit!
Ne valez-vous pas, vous, beaucoup plus qu’eux?
” Qui d’entre vous, à force de soucis, peut ajou
ter à son âge une seule coudée? “ Et du vêtement
pourquoi être en souci? Observez les lis des
champs, comme ils croissent: ils ne peinent ni ne
filent. “ Or je vous dis que pas même Salomon,
dans toute sa gloire, n’a été vêtu comme l’un
d’eux. ^ Si l’herbe des champs, qui aujourd’hui
est là et demain sera jetée au four. Dieu la revêt
ainsi, ne fera-t-il pas beaucoup plus pour vous,
gens de peu de foi? Ne vous mettez donc pas
en souci, disant: Que mangerons-nous? ou: Que
boirons-nous? ou: De quoi nous vêtirons-nous?
— tout cela, en effet, les païens le recherchent
— car votre Père céleste sait que vous avez besoin
de tout cela. “ Cherchez d’abord le Royaume et
25<34 Morceau célèbre qui a charmé et consolé bien des générations, et que nos
contemporains avides de bien-être et de sécurité, feraient bien de méditer.
26 « les oiseaux du ciel », Le a préféré « les corbeaux ». — « votre Père céleste »
{v 32), 5, 48, et la note; cf « votre Père qui est dans les deux », 5, 45, et la note.
— «N e valez-vous pas... », cf 10, 31; 12, 12; Le 12, 7, 24.
27 « à son âge », ou « à sa taille ».
28 « lis », ou anémone, colchique, etc.
29 « gloire », la K abod de l ’hébreu, c’est-à-dire la richesse, le faste.
30 « gens de peu de foi », cf 8, 26; 14, 31; 16, 8; 12, 28 par.
32 « les païens », ou « les nations, ceux des nations », encore 3, 47; 18, 17.
« votre Père céleste », cf v 26, et la note.
MATTHIEU 72
sa justice, et tout cela vous sera surajouté. ^^Ne 6
vous mettez donc pas en souci pour demain, car
demain aura souci de lui; à chaque jour suffit sa
peine.
b ) Ne pas juger
73 MATTHIEU
d ) Demander avec insistance
MATTHIEU 74
e ) Entrer par la porte étroite
75 MATTHIEU
Péroraison: a ) Nécessité de la pratique
MATTHIEU 76
prudent lequel a bâti sa maison sur le roc. “ Et la 7
pluie s’est abattue, et les torrents sont venus, et les
vents ont soufflé et se sont jetés sur cette maison,
et elle n’est pas tombée, car elle était fondée sur le
roc. “ Et quiconque entend ces paroles que je
dis et ne les met pas en pratique ressemblera à un
fou lequel a bâti sa maison sur le sable. ^ Et la
pluie s’est abattue, et les torrents sont venus, et les
vents ont soufflé et se sont précipités sur cette
maison, et elle est tombée; et sa chute a été
grande! »
Après le « Sermon »
77 M A TTH IEU
Vie de Jésus,
X V - siècle.
MATTHIEU 78
A Capharnaüm. Guérison du serviteur d’un
centurion
79 M A TTH IEU
8 Royaume seront rejetés dans les ténèbres du
dehors: là seront les sanglots et les grincements de
dents. »
Et Jésus dit au centurion: « Va; comme tu as
cru qu’il te soit fait! » Et le serviteur fut guéri à cette
heure-là.
12 «les fils du Royaume» (13, 38), ceux à qui il est destiné, les fils d’Israël,
ceux qui disent: « Nous avons pour père Abraham ». — Sur « le Royaume »,
cf 4, 23; 9, 33; 13, 19, 38; 24, 14; Le 12, 32. — « les ténèbres du dehors », encore
et seulement 22, 13 et 25, 30. — « les sanglots et les grincements de dents »,
l ’expression revient, comme un sinistre refrain: 13, 42, 30; 22, 13; 24, 31; 25, 30;
Le 13, 28.
13 « qu’il te soit fait... », cf 9, 29; 15, 28. — « à cette heure-là », cf 18, 1; 26,
33; Mc 13, 11; Le 7, 21. On trouve encore «dès cette heure-là», 9, 22; 15, 28;
17, 18; 27, 43; « à cette heure même », Le 2, 38; 10, 21; 12, 12; 13, 31; 20, 19.
14-15 Les r^ its des parallèles sont très proches, se distinguant seulement par de
menus détails. Comme toujours, c’est Mc le plus vif. Je plus « enlevé », cf sur
tout; « et aussitôt ils lui parlent d ’elle ».
16-17 Mt commente par. une citation d ’Isaie.
16 «L e soir venu», une fois le sabbat passé, cf Mc 1, 21, 29, 32. — «beau
coup... tous», alors que Mc écrit «tous... beaucoup». — «ceux qui allaient
m al» (et non les «mal-portants», charabia), 4, 24; 9, 12; 14, 33; 17, 13;
Mc 1, 32; 2, 17; 6, 33; Le 5, 31; 7, 2.
17 «afin que s’accomplît», sur cet argument scripturaire, cf 1, 22, et la note
Le texte est d ’Isaïe 53, 4, que Mt cite ni d ’après l'hébreu, ni d’après les LXX.
M A TTH IEU 80
11 — « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton
frère, et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas !
Ou comment vas-tu dire à ton frère ; Laisse-moi retirer la paille de
ton œil, et voici la poutre dans ton œil !» (7, 3-4).
Commentaire sur les Evangiles. Lyon, 1482.
12 — Jésus chasse les démons qui 14 — Guérison du paralytique de |
s’en vont dans les cochons (8,30-32). Capharnaüm (9, 1-8).
La tempête apaisée
Mc
^ E t quand il fu t m onté dans le bateau, ses d is
Le 8.22-2;
ciples le suivirent. “ E t voilà q u ’il y eut une grande
secousse dans la m er, d e sorte que le bateau était
18 = Me 4, ; ; ; Le 8. 22. qui tous deux ont le style ditect; « U leur dit: Passems
à l ’autre rive », au lieu de « J4sus ordonna de s'en aller 1 l ’autre rive ».
19-22 Le p w relate trois perdes de Jésus, et le contexte est meiUeur.
19 « un scribe », cf 2, 4, et le note. — « Maître », d ’enseignement,
20 a le Fils de rbonune », sur cette désignation de Jésus, cf 9, 6; 10, 23; 11, 19;
Mc 2, 10, et la note.
22 a les morts ensevelir lenrs morts », c’est-à-dire les morts spirituels ensevelir
ceux qui physiquement sont m otu. Le ajoute a pour toi, va-t’en divulguer le
Royaume de Dieu », et présente un ttoisitoe interlocuteur. — Jésus n’a£net ni
restriction ni délai.
23-27 Vmr les notes de Mc.
81 HATTm EU
8 reœ u vert par les vagues. L ui cependant dorm ait.
“ E t, s ’étant avancés, ils l ’éveillèren t, en disant:
« Seigneur, au secours, nous périssons! » “ E t il leur
dit: « Pourquoi êtes-vous peureux, gens d e peu de
foi? » A lors, s’étant lev é, il menaça les ven ts et la
m er, e t il se fit im grand calm e. “ L es hom m es
furent étonnés: « Q u el est celui-là, d isaien t-ils, que
m êm e les vents e t la m er lu i obéissent! »
M A TTH IEU 82
L es gardiens prirent la fu ite e t, s ’en étant allés 8
à la v ille , ils annoncèrent tou t, ainsi que l ’affaire
des dém oniaques. ^ E t vo ici que tou te la v ille
sortit au-devant de Jésus, et quand ils l ’eurent vu ,
ils le prièrent d e quitter leur territoire.
1-8 Récit à ég ig t de tous les éléments pittotesques qui tendent si vivant le texte
paialléle de Mc.
1 « sa ville » (8, 11, 23; 17, 24), Capharnaüm, cf Mc 1, 21, et la note.
2 « couiM », cf 8, é. — « Courage! » cf v 22; 14, 27; Mc 6, 30; 10, 49; Jn 16,
33; Ac 23, 11. — « mon enfant » (lit; « enfant »), cf 21, 28; Mc 2, } par; 10, 24;
Le 2, 48; 13, 31; 16, 23.
3 * scribe» » cf 2, 4; 5, 20; 7, 25»; 12, 38; 15, 1; etc. Voir Mc 1, 22, et la note.
— « Celui-li », mferisaot.
6 « le Fils de limmme », cf 8, 20; 10, 23; 11, 19; 12, 8, 32; etc. Voit Mc 2, 10,
e t la note.
83 M A TT H IE U
9 se levant, il s’en alla chez lui. * A cette vue, les
foules eurent peur, et elles glorifièrent Dieu, qui
avait donné un tel pouvoir aux hommes.
MATTHIEU 84
la miséricorde que je veux, et non le sacrifice; car 9
je ne suis pas venu appeler des justes, mais des
pécheurs. »
85 ItfATTHIEU
Guérison d'une hémorrdisse et résurrection de la
fille d'un chef
18-25 Récit pâle, sdiématiqae, qui laisse l ’impression d’un résumé de Mc, auquel
nous renvoyons pour les notes.
18 « un chef », probablement de synagogue, comme Jalte des textes parallèles.
— « poser ta main sur », cf Mc 7, 32; « poser les mains sur », cf 19, 13, 15;
Mc 5, 23; 6, 5; 8, 23, 25; 16, 18; Le 4, 40; 13, 3; etc.
22 « dès cette heure-là », cf 8, 13, et la note.
25 « poussée dehors », et non « diassée », qui semble trop violent.
26 « se répandit », lit: « sortit », cf Le 4, 14.
MATTHIEU 86
Guérison de deux aveugles
87 MATTHIEU
Jésus enseignant
dans une
synagogue.
Vie de Jésus,
XV* siècle.
MAT’THIEU 88
Liste des Douze
89 MATTHIEU
10 votre route, proclamez que le royaume des deux
Mc 6, 8-11 procie. * Guérissez les malades, faites se
^ iS; ii 2 relever les morts, purifiez les lépreux, chassez les
démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gra
tuitement. *^Ne vous procurez ni or, ni argent, ni
menue monnaie pour vos ceintures, ^®pas de be
sace pour le chemin, ni deux tuniques, ni chaussures,
ni bâton; car Touvrier a droit à sa nourriture. En
quelque viQe ou village que vous entriez, enqué-
rez-vous de qui en cet endroit est digne, et demeu
rez là jusqu’à ce que vous partiez. ^^En entrant
dans la maison, saluez-la. ^^Et si la maison en est
digne, que votre paix vienne sur elle; si elle n’est
pas digne, que votre paix retourne sur vous.
Quant à celui qui ne vous accueillerait pas et
n’écouterait pas vos paroles, en sortant hors de
cette maison ou de cette ville, secouez la pous-
Mt 11,24 gj^jg jg ^Qg pîejJs. ^^En vérité je vous le dis: Ce
M A TT H IE U 90
sera plus supportable pour le pays de Sodome et 10
de Gomorrhe, au jour du Jugement, que pour cette
ville.
91 M A TTH IEU
10 enfant; et les enfants se dresseront contre les pa
rents et les mettront à mort, “ et vous serez haïs
de tous à cause de mon Nom. Mais celui qui tien
dra jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. ^ Lorsqu’on
vous persécutera dans telle ville, fuyez dans une
autre; car, en vérité je vous le dis, vous n’en aurez
pas fini avec les villes d’Israël que le Fils de
l’homme viendra.
Prescriptions diverses
22 « haïs de tous », 24, 9: « haïs de toutes les nations »; sur la haine qui attend
les disciples, cf v 24; 24, 5> = Mc 13, 13; Le 6, 22; 21, 17; Jn 15, 18, 19, etc. —
« qui tiendra jusqu’à la fm », cf 24, 13; Mc 13, iJ .
23 « le Fils de l ’homme viendra », sur la proximité de cette venue, de quelque
façon qu’on l ’entende, cf 16, 28 et par; 26, 64 et par; Ap 1, 3; 3, 11; 12, 12;
22, 7, 10.
24 Cf Le 6, 40.
25 Cf 12, 22, 24. — Sur * Béelxéboul », cf Mc 3, 22, et la note.
26 a Mc 4, 22 = Le 8, 17.
27 « entendez à l ’oreille », expression unique; Le 12, 3: « ce que vous aurez dit
à l ’oreille. » — « sur les terrasses », toits plats des maisons orientales, les habi
tants y passent des heures et conversent volontiers d’une terrasse à l ’autre; pour
le terme, cf 24,17 et par; Le 5, 19; Ac 10, 9.
M A TT H IE U 92
gnez plutôt Celui qui peut faire périr et Pâme et le 10
corps dans la géhenne. Est-ce que deux moi- ^ ^
neaux ne se vendent pas un as? Et pas un d’entre
eux ne tombera à terre sans [la permission de]
votre Père. ^ Quant à vous, même les cheveux de
votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans
crainte; vous valez plus, vous, qu’une multitude de
moineaux.
« Quiconque donc se déclarera pour moi ^ ^
devant les hommes, je me déclarerai pour lui, moi ^ il; 9
93 M A TTH IEU
10 pas digne de moi; ^®et qui ne saisit pas sa croix
Mt 16,2^
et ne me suit pas n’est pas digne de moi. ^®Qui
aura trouvé sa vie la perdra, et qui aura perdu sa
vie à cause de moi la trouvera.
Le 9 ,4 8
10,16 ^ « Qui vous accueille, c’est moi qu’il accueille,
et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.
Qui accueille im prophète en qualité de pro
Jn 12,44
13,20 phète recevra un salaire de prophète, et qui
accueille un juste en qualité de juste recevra un
salaire de juste. ^^Et quiconque donnera à boire,
Mc 9,41
ne fût-ce qu’ime coupe d’eau fraîche, à l’un de ces
petits, en qualité de disciple, en vérité je vous le
dis: il ne perdra pas son salaire. »
M A TT H IE U 94
Message de Jean-Baptiste et témoignage rendu
par Jésus à son précurseur
95 M A TT H IE U
11 les demeures des rois. ^Mais pourquoi êtes-vous
^ sortis? Pour voir un prophète? Oui, je vous le dis,
et plus qu’un prophète. C’est celui dont il est
écrit:
MATTHIEU 96
18 — Appel de Matthieu. « E t alors
que Jésus passait plus loin, il vit,
assis au bureau du péage, un homme
appelé Matthieu. Et il lui dit : « Suis-
moi. » (9, 9 ).
Peinture de Nicolo Torridi, X V i r
siècle. Musée de Rouen.
14, 33; on trouve aussi: « Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il
entende! » Mc 4, 23; 7, 16,
16 II s’agit d’enfants capricieux qui n’ont pas observé les règles du jeu.
18 Sur l ’ascétisme de Jean, cf Mc 1, 6 et par.
19 Sur « le Fils de l ’homme qui mange et boit », cf 9, 10; 26, 6; Le 7, 36;
10, 3S sw; 14, 1; 15, 2. — « la Sagesse », celle de Dieu. — « par ses oeuvres »;
Le par-, « p a r tous ses enfants. »
21 « Chorazin », dans la montagne, à environ 4 km au nord-ouest de
Caphamaüm. — « Béthsaïde » (Mc 6, 43; 8, 22; Le 9, 10; Jn 1, 44; 12, 21), à
environ 2 km au sud-estde l ’embouchure du Jourdain. — « Tyr et Sidon »,
châti&s pour leur conduite coupable, Am 1, 9 sv; Is 23; Jr 25, 22; 47, 4;
Ez 26-28.
97 MATTHIEU
11 racles qui ont été faits chez vous avaient été faits à
Tyr et à Sidon, il y a longtemps que, sous le sac et la
cendre, elles se seraient repenties. “ Aussi bien je
vous le dis, pour Tyr et Sidon, ce sera plus suppor
table, au jour du Jugement, que pour vous. “ Et
toi, Capharnaüm, serais-tu élevée jusqu*au ciel}.,.
]usqu*à VHadès tu descendras! Parce que, si les mi
racles qui ont été faits chez toi avaient été faits à
Sodome, elle serait encore là aujourd’hui. “ Aussi
Mt 10, W
bien je vous dis que, pour le pays de Sodome, ce
Le 10,12
sera plus supportable, au jour du Jugement, que
pour toi. »
MATTHIEU 98
naît le Fils si ce n’est le Père, personne non plus ne 11
reconnaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le
Fils veut le révéler.
Appel de Jésus
99 MATTHIEU
La cueillette des épis.
Bible italienne. Venise, 1558.
MATTHIEU 100
La guérison de Vhomme à la main desséchée
et Vobservation du sabbat
101 M A TT H IE U
12 ]e mettrai mon Esprit sur lui,
et il annoncera le jugement aux nations.
Il ne disputera ni ne criera,
et on n'entendra pas sa voix sur les places;
^ il ne brisera pas le roseau froissé,
il n'éteindra pas la mèche qui fume encore,
jusqu'à ce qu'il ait mené le jugement à la vic
toire.
Et c'est en son nom que les nations mettront
[leur espoir.
18-21 Cf Is 42, 1-4, premier poème du Serviteur. Le texte est cité en partie
selon l ’hébreu, en partie selon les LXX.
25-29 Voir les notes de Mc.
MATTHIEU 102
moi, c’est par Béelzéboul que je chasse les dé- 12
mons, vos fils, par qui les chassent-ils? Voilà
pourquoi eux seront vos juges. ^ Mais si c’est par
l’Esprit de Dieu que moi je chasse les démons, c’est
donc que le royaume de Dieu est arrivé jusqu’à
vous. ^ Ou bien, comment quelqu’un peut-il péné
trer dans la maison de celui qui est fort et s’empa
rer de ses affaires, s’il n’a d’abord lié celui qui est
fort? et alors il mettra sa maison au pillage.
Intransigeance de Jésus
30 A rapptocfaer Mc 9, 40.
103 MATTHIEU
12 fruit [sera] pourri; car c’est d’après le fruit que
l’arbre se connaît. ^ Engeance de vipères, com-
Lc 6,43-4? ment pouvez-vous dire de bonnes choses, mauvais
que vous êtes? Car c’est du trop-plein du cœur que
la bouche parle. L’homme bon, de son bon
trésor, tire de bonnes choses, et l’homme mauvais,
de son mauvais trésor, en tire de mauvaises. ^ Je
vous dis que de toute parole oiseuse que diront
les hommes, ils rendront compte au jour du Juge
ment. Car c’est d’après tes paroles que tu seras
justifié et d’après tes paroles que tu seras con
damné. »
Le signe de Jonas
M A TTraEU 104
poisson trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de 12
l’homme sera dans le cœur de la terre trois jours et ^
trois nuits. Les hommes de Ninive ressusciteront,
lors du Jugement, avec cette génération, et ils la
condamneront, parce qu’ils se repentirent à la pro
clamation de Jonas; et il y a ici plus que Jonas!
La reine du Midi se lèvera, lors du Jugement,
avec cette génération, et elle la condamnera,
parce qu’elle vint des extrémités de la terre pour
écouter la sagesse de Salomon; et il y a ici plus
que Salomon!
40-41 Sur Jonas « dans le ventre du gros poisscm trois jours et trois nuits », cf
Jon 2, 1; sur sa « proclamation » et le retentir des Ninivites, cf Jon 3, 4-10. —
« le Fils de l ’homme sera trois jours et trois nuits », expression imique; on trouve
« ressusciter trois jours après » (Mc 8, 31; 9, 31; 10, 34); « ressusciter le troisième
jour » (Mt 16, 21; 17, 23; 20, 19).
42 Sur « la reine du Midi », ou « la reine de Saba », cf 1 Rs 10, 1-13.
43 « l ’esprit impur », cf 10, 1. — « des lieux arides », lieu d ’élection des esprits
mauvais, qui hantent volontiers les ruines et les déserts, cf Is 13, 21-22; 34, 14;
Bar 4, 33; Jr 51, 37.
45 « sept autres esprits », chiffre de plénitude pour exprimer un très grand
105 M A TT H IE U
La vraie parenté de Jésus
M A TT H IE U 106
L'enseignement en paraboles. Occasion
Le semeur
Mc 4. 3-20
« Voici, disait-il, que le semeur est sorti pour
Le 8, 3-13
semer. ^ Et comme il semait, des [grains] sont tom
bés le long du chemin, et les oiseaux, étant venus,
les ont dévorés. ®D’autres sont tombés sur les ro-
cailles, où ils n’avaient pas beaucoup de terre, et
aussitôt ils ont levé, parce qu’ils n’avaient pas de
profondeur de terre; ^ le soleil s’étant levé, ils ont
été brûlés, et parce cm’ils n’avaient pas de racine,
ils se sont desséchés. ^ D ’autres sont tombés sur les
épines, et les épines ont monté et les ont étouffés.
*D’autres sont tombés sur la bonne terre, et ils
donnaient du fruit, celui-ci cent, celui-là soixante,
celui-là trente. ^ Que celui qui a des oreilles en
tende! »
107 MATTHIEU
13 Et, s’avançant, les disciples lui dirent: « Pour
quoi leur parles-tu en paraboles? » “ Répondant, il
dit: « Parce qu’à vous il a été donné de connaître
les mystères du royaume des deux, mais à ceux-là
Mt 25,29
ce n’a pas été donné. Car celui qui a, on lui don
Mc 4,25
nera et il aura en surabondance, mais celui qui
Le 8, 1 8
19,26 n’a pas, même ce qu’il a lui sera enlevé. Voilà
pourquoi je leur parle en paraboles: parce que
regardant, ils ne regardent pas, et entendant, ils
n’entendent ni ne comprennent. ^^Et pour eux
s’accomplit la prophétie d’Isaïe, qui dit:
Vous entendrez de vos oreilles et ne compren-
[drezpas,
et regardant, vous regarderez et ne verrez pas;
car le cœur de ce peuple s^est épaissi,
et ils sont devenus durs d’oreille,
et ils ont fermé leurs yeux,
de peur qu’ils ne voient de leurs yeux,
et n’entendent de leurs oreilles,
et ne comprennent avec leur cœur
et ne se convertissent;
et je les aurais guéris!
Le 10,23-24 16 P q^ j. yous, heuteux vos yeux, parce qu’ils
regardent, et vos oreilles, parce qu’elles enten-
10-15 Voir les notes de Mc. Mt, beaucoup plus développé, donne la citation
complète d’Is 6, 9-1 0 , et textuellement, selon les LXX. L’aveuglement est volon
taire; dans Mc et Le p a r intervient la finalité divine.
12 Ajouté par Mt, qui le reprend 25, 29; c£ Mc 4, 25; Le 8, 18; 19, 26. La
lumière sera donnée en abondance à qui fait un usage loyal des moyens de con
naître mis à sa disposition. Dans le cas contraire, non seulement la lumière lui
sera refusée, mais sa faculté même de connaître sera atteinte.
16^17 Pour la pensée, cf 1 Pe 1, 1 0-12. Noter que Le est plus bref: «Heuteux
les yeux qui regardent ce que vous regardez! »
M A TT H IE U 108
dent! ^^Car en vérité je vous dis que beaucoup de 13
prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous
regardez, et ils ne Pont pas vu, et entendre ce que
vous entendez, et ils ne Pont pas entendu!
La parabole du semeur.
Bible latine. Venise, 1608.
M A TT H IE U 110
« P e n c ^ t que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de Tivraie
au milieu du blé et s’en alla» (13, 23).
Bible latine. Venise, 1608.
Le grain de sénevé
111 M A TT H IE U
13 de sénevé qu’un homme prend et sème dans son
champ. C’est la plus petite de toutes les semen
ces, mais lorsqu’il a fait sa croissance, c’est le plus
grand des légumes, et il devient un arbre, de sorte
que les oiseaux du ciel viennent et s*abritent dans
ses branches. »
Le levain
Le 13,20-21 33 JJ autte patabolc: « Le royaume
des Cieux est semblable à du levain qu’une femme
prend et cache dans trois mesures de farine, jus
qu’à ce que le tout ait levé. »
M A TT H IE U 112
Explication de la parabole de Vivraie
36 « à la maison », cf v I, et la note.
y i « le Fils de l ’homme », cf 8, 20, et la note.
38 «les fils du Royaume» (8, 12), ceux à qui le Royaume est destiné. Même
sens de « tils » dans l ’expression « les fils du Mauvais ». Cf « fils de géhenne »
23, 15. — « le Mauvais », cf 5, 37, et la note.
39 « la fin du monde », cf w w , 49\ 24, 3; 28, 20; He 9, 26. — Sur les anges
associés au jugement dernier, cf 16,27= Mc 8, 38; 24,31= Mc 13, 27; voir
aussi 25, 31.
40 « consumée au feu », le terme indique la destruction totale, que la traduction
« brûlée au feu » ne met pas en évidence, cf v 40; 3, 12; Le 3, 17; Ac 19, 19;
1 Co 3, 15; He 13, 11; Ap 8, 7; 17, 16; 18, 8.
41 « les scandales », cf 18, 7; Le 17, 1; Ro 16, 17. — « l ’illégalité », tout ce
qui est contraire à la Loi, cf 7, 23; 23, 28; 24, 12; Ro 4, 7; 6, 19; le terme est à
respecter, parce qu’il est lié à la conception juridique de la conduite et du
devoir.
42 « la fournaise de feu », v 50; comparer « la géhenne de feu », 5, 22; 18, 9;
« l ’étang de feu et de soufre », Ap 20, 10; 19, 20. — « là seront... », cf 8, 12, et
la note.
43 « resplendiront comme le soleil », cf Dan 12, 3; et pour la comparaison, Jug
5, 31. — « Que celui qui a des oreilles entende! » cf 11, 15, et la note.
113 MATTHIEU
13 soleil dans le Royaume de leur Père. Que celui qui
a des oreilles entende!
Le trésor caché
La perle précieuse
La senne
44 Pour la comparaison du * trésor caché », cf 25, 25; Prov 2, 4; Sir 20, 30.
45-46 Sur les « perles *, cf Jb 28, 15-19; Prov 3, 15; 8,11.
47-50 Joli tableau de genre. Voir les notes sur w 39, 42.
M A TT H IE U 114
naise de feu. Là seront les sanglots et les grince- 13
ments de dents.
Conclusion
]ésus à 'Nazareth
Mc 6, h 6
Lors donc que Jésus eut achevé ces paraboles,
Le 4 , 16-24
il partit de là. ^ Et, venu dans sa patrie, il les ensei
gnait dans leur synagogue, de sorte qu’ils étaient
frappés d’étonnement et disaient: « D’où viennent
à celui-là cette sagesse et les miracles? N’est-ce
point là le fils du charpentier? Est-ce que sa mère ne
s’apppelle pas Marie, et ses frères, Jacques, et
Joseph, et Simon, et Jude? ^ Et ses sœurs ne sont-
elles pas toutes chez nous? D’où lui vient donc tout
cela? » ^^Et ils se scandalisaient à son sujet. Mais
Jésus leur dit: « Un prophète n’est mésestimé que
dans sa patrie et dans sa maison. » Et il ne fit pas
51 « Oui », c’était beaucoip dite! Mais cette bienveillance à l ’égard des disciples
est coutumière à Mt (à la différence de Mc). Voir l ’Introduction.
52 « devenu disciple », pour l’ezpresûon, cf 27, 57; 28, 19; Âc 14, 21. — « du
neuf et èhi vieux », c’est-à-dire du neuf aussi bien que du vieux; maxime d’or qui
vient de trouver la plus belle des illustrations au Concile Vatican II.
53-58 Voir les notes de Mc.
55 « le fils du charpentier », Mc par «.le charpentier ».
115 M A TT H IE U
13 là beaucoup de miracles, à cause de leur incrédu
lité.
MATTHIEU 116
Opinion d'H érode sur Jésus
Meurtre de Jean-Baptiste
Mc 6,17-29
^ Hérode en effet avait arrêté Jean, l’avait fait
Le 3 , 19-20
lier et mettre en prison à cause d’Hérodiade, la 9. 7 - 9
femme de Philippe, son frère. ^ Car Jean lui disait:
« Il ne t ’est pas permis de l’avoir. » ^ Et, tout en vou
lant le tuer, il eut peur de la foule, qui le tenait
pour un prophète.
^ Quand ce fut l’anniversaire d’Hérode, la fille
d’Hérodiade dansa en public et elle plut à Hérode.
’ Aussi s’engagea-t-il par serment à lui donner ce
qu’elle réclamerait. * Et elle, poussée par sa mère:
« Donne-moi, dit-elle, ici, sur un plat, la tête de
Jean le Baptiste. » ^ Et bien qu’attristé, le roi, à
cause de ses serments et des convives, ordonna
qu’on la lui donne, ^®et il envoya décapiter Jean
dans la prison. Sa tête fut apportée sur un plat et
donnée à la fillette, qui l’apporta à sa mère. ^^Et
s’avançant, ses disciples enlevèrent le cadavre et
l’ensevelirent, puis ils vinrent informer Jésus.
1-2 Mc écrit « Jean le Baptiseur »; de plus, sa notice est plus développée. Voir
les notes de Mc.
3-12 Le récit de Mc est plus développé et plus vivant. Voir les notes de Mc.
117 M A TT H IE U
Retraite de Jésus et première multiplication des
pains
13-21 Le récit de Mc est plus circonstancié et beaucoup plus vivant. Voir les
notes de Mc, et comparer Mt w D-14 avec Mc w 31-34.
22-33 Entre w 2S et 32, Mt insère un petit récit concernant Pierre. Voir les
notes de Mc.
24 « bateau tourmenté par les vagues », dans Mc par, ce sont les disciples qui
« se tourmentent à ramer ».
26 « C’est un fantôme! » cf Le 24, 37: « Effrayés et saisis de peur, ils (les
apôtres) pensaient voir un eq>rit. »
31 a Homme de peu de foi! » cf 6, 30; 8, 26; 16, 8; Le 12, 28. — « douté »,
encore et seulement 2 8 , 17.
32 « le vent tomba », pour le terme, qu’on pourrait aussi traduire « se calma »,
cf Mc 4, 35»; 6, 51.
119 M A TT H IE U
14 tomba. Ceux qui étaient dans le bateau se pros
ternèrent devant lui, en disant: Vraiment, tu es Fils
de Dieu! »
14 33 « Fils de Dieu! » à titre unique, sans qu’il soit possible de préciser théologi
quement le sens et la valeur de l ’expression, cf 3, 17; 4, 3, 6; 8, 29; 16, 16.
_ M-36 Voir les notes de Mc.
15 1-20 Mc précise les circonstances: « voyant certains de ses disciples prendre
leur repas avec des mains souillées », et donne un court aperçu sur les pratiques
de pureté alimentaire des Juifs ( w 1-5). Mt ajoute vv 12-14, et au v 15 il donne
la parole à Pierre, alors que dans Mc (v 17), ce sont les disciples qui interrogent
Jésus. Entre les deux récits très proches l ’un de l ’autre, quelques légères diver
gences. Pour tout le morceau, voir les notes de Mc.
M A TT H IE U 120
cause de votre tradition? * Car Dieu a dit: Honore 15
ton père et ta mère, et: Celui qui maudit père ou
mère, quHl soit mis à mort! ^ Mais vous, vous dites:
Quiconque dit à son père ou à sa mère: Est offrande
tout profit que tu aurais pu tirer de moi... ^ celui-là
n’aura pas à honorer son père ou sa mère; et vous
avez annulé la parole de Dieu à cause de votre
tradition.
^ « Hypocrites! Isaïe a joliment bien prophétisé
de vous, quand il dit:
®Ce peuple-là m'honore des lèvres,
mais leur cœur est fort loin de moi.
^ C'est en vain qu'ils me révèrent,
puisqu'ils enseignent pour enseignements des
[préceptes d'hommes. »
Et, appelant à lui la foule, il leur dit: « Ecoutez
et comprenez! “ Ce n’est pas ce qui entre dans la
bouche qui souille l’homme; mais ce qui provient
de la bouche, voilà ce qui souille l’homme. »
Alors, s’avançant, les disciples lui disent:
« Sais-tu que les Pharisiens, en entendant cette
parole, ont été scandalisés? » Répondant, il dit:
« Tout plant que n’a pas planté mon Père céleste
sera déraciné. Laissez-les; ce sont des aveugles Le 6 , 3 9
guides d’aveugles. Or, si un aveugle guide un
aveugle, tous les deux tomberont dans un trou. »
121 M A TT H IE U
15 Prenant la parole, Pierre lui dit: « Explique-nous
la parabole. » Il dit: « Etes-vous encore, vous
aussi, sans intelligence? Ne comprenez-vous pas
que tout ce qui pénètre dans la bouche passe dans
le ventre et est rejeté aux lieux d’aisance? ^®Mais
ce qui provient de la bouche sort du cœur, et c’est
cela qui souille l’homme. Car c’est du cœur que
sortent mauvaises raisons, meurtres, adultères, for
nications, vols, faux témoignages, blasphèmes.
^ C’est là ce qui souille l’homme; mais de manger
avec des mains non lavées ne souille pas
l’homme. »
MATTHIEU 122
vint, et elle se prosternait devant lui, en disant: 15
« Seigneur, secours-moi! » “ Répondant, il dit: « Il
n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de
le jeter aux petits chiens. » Elle dit: « Oui, Sei
gneur; mais les petits chiens, certes, mangent des
miettes qui tombent de la table de leurs sei
gneurs. » ^ Alors, prenant la parole, Jésus lui dit:
« O femme, grande est ta foi! Qu’il te soit fait
comme tu veux. » Et sa fille fut guérie dès cette
heure-là.
123 MATTHIEU
Seconde multiplication des pains
M A TT H IE U 124
^Et les Pharisiens et les Sadducéens s’avancèrent 16
et, pour le mettre à l’épreuve, lui demandèrent de mc itu
leur montrer un signe [parti] du ciel. ^ Répondant, il ^
leur dit: « Le soir venu, vous dites: Beau temps, car
le ciel rougeoie; ^ et le matin: Aujourd’hui orage,
car le ciel rougeoie tristement. Vous savez discer
ner le visage du ciel, et les signes des temps, vous
ne le pouvez pas! * Génération mauvaise et adul
tère qui recherche un signe!... et de signe, il ne lui
sera donné que le signe de Jonas. » Et, les quittant,
il s’en alla.
Le 12, 1
rent d’emporter des pains. ^ Jésus leur dit: « Atten
tion! Méfiez-vous du levain des Pharisiens et des
Sadducéens! » ^Et eux raisonnaient en eux-mêmes,
disant: « C’est que nous n’avons pas emporté de
pains. » ®S’en rendant compte, Jésus dit: « Pour-
125 M A TT H IE U
16 quoi raisonnez-vous en vous-mêmes, gens de peu
de foi, sur ce que vous n’avez pas de pains? ^ Vous
ne saisissez pas encore! Et vous ne vous rappelez
pas les cinq pains pour les cinq mille, et combien
de couffins vous avez emportés? ^®Ni les sept
pains pour les quatre mille, et combien de cor
beilles vous avez emportées? Comment ne sai
sissez-vous point que ce n’est pas au sujet de pains
que je vous ai dit: Méfiez-vous du levain des Phari
siens et des Sadducéens! » Alors ils comprirent
qu’il n’avait pas dit de se méfier du levain des
pains, mais de l’enseignement des Pharisiens et
des Sadducéens.
MATTHIEU 126
« C’est toi, le Christ, le Fils du Dieu vivant! » Pre 16
nant la parole, Jésus lui dit: « Heureux es-tu, Simon
Bar-lona, parce que ce ne sont pas la chair et le
sang qui t’ont révélé [cela], mais mon Père qui est
dans les deux! Et moi je te dis que tu es Pierre
[Roc] et sur ce roc je bâtirai mon Eglise; et les
Portes de l’Hadès ne prévaudront pas contre elle.
Je te donnerai les clefs du royaume des Cieux, et
ce que tu lieras sur la terre se trouvera lié dans les
cieux, et ce que tu délieras sur la terre se trouvera
délié dans les cieux. » ^ Alors il enjoignit aux disci
ples de ne dire à personne qu’il était le Christ.
17-19 Magnifiques versets, propres à Mt, et qui tiennent une grande place Han»
la théologie de l ’Eglise.
17 Sur Pierre et la place d’honneur, la première (10, 2), qu’il occupe dans
l’évangile de Mt, cf 10, 2; 14, 28, 29; 17, 1, 4, 24; 18, 21; 19, 27; 26, 33, 35, 37.
40, 69, 73, 75. — « Bar-lona »; « Bar », araméen: « Fils »; le sens de lona est
incertain; colombe (?) ou: abréviation de Jean, cf Jn 1, 42| 21, 15: «Simon, le
fils de Jean. » — « la chair et le sang », expression rabbinique pour désigner la
petitesse et l ’infirmité de l ’être humain, encore Ga 1, 6; Eph 6, 12; He 2, 14. —
«mon Père qui est dans les cieux», cf 7, 21; 10, 32, 53; 12, 50; 16, 17; 18, 10;
etc.
18a Les paroles de Jésus ne s’entendent bien qu’en araméen; « Tu es Képha, et
sur ce Képha...», c’est-à-dire: «T u t ’appelles Roc et sur ce Roc.» La traduction
« tu es Pierre et sur cette pierre » est inexacte et frise l ’étrangeté (on n’a jamais
bâti sur une pierre! ) — « Eglise », comme désignation de l ’E^fice spirituel des
chrétiens, encore et seulement dans les évangiles, 18, 17; mais assez fréquent dans
les autres parties du N.T., Ac 8, 3; 9. 31; 12. 1, 5; 20, 28; Eph 1, 22; 3, 10, 21;
5, 23 sw ; Col 1, 18, à côté du pluriel, plus fréquent, pour désigner les E ^ s e s
locales, Ac 15, 41; 16, 5; Ro 16, 4, 16; etc. — « les Portes de l ’Hadès », sur
l’Hadès, le Chéol de l ’A.T., cf 11, 23; Le 10, 15; 16, 23; Ac 2, 27; « la Mort et
l ’Hadès », cf Ap 1, 18; 6, 8; 20, 13. Il s’agit des puissances de mort, qui seront
impuissantes contre l ’O i s e . Sur « les Portes de l ’Hadès », cf Is 38, 10; Sag 16,
13; cf les « portes de la mort », Ps 9, 14; 107, 18; Jb 38, 17. — Pour « ne
prévaudront pas », cf Sag 7, 30.
19 « lier, délier », termes empruntés au rabbinisme, pour signifier défendre, per
mettre. En 18, l8 , le même pouvoir semble accordé à tous les disciples, mais
Pierre reçoit ce pouvoir à tm titre éminent. — Sur cette primauté de Pierre,
cf Jn 21, 15-17.
20 Sur cette interdiction (12, 16), cf Mc 1, 34, et la note.
127 MATTHIEU
Première annonce de la Passion. Pierre réprimandé
La « Transfiguration »
23 — La Transfiguration.
Evangiles en arménien. Manuscrit du X V P siècle. Musée Condé,
Chantilly, 1346.
17 vous et n'ayez pas peur. » ®Levant les yeux, ils ne
virent personne, sinon Jésus lui-même, seul.
^Et, tandis qu'ils descendaient de la montagne,
Jésus leur fit cette défense: « Ne parlez à personne
de cette vision, jusqu'à ce que le Fils de l'homme
se soit relevé d'entre les morts. »
Le retour d^Elie
Mc 9 ,1 1 -V
Et les disciples l'interrogèrent en disant:
Jn 1,21
« Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Elie doit
venir d'abord? » “ Répondant, il dit: « Elie en effet
va venir, et U rétablira tout. Or je vous dis qu'Elie
est déjà venu, et ils ne l'ont pas reconnu, mais ils
ont fait à son égard tout ce qu'ils ont voulu. De
même aussi le Fils de l'homme aura à souffrir par
eux. » Alors les disciples comprirent qu'il leur
avait parlé de Jean le Baptiste.
M A TT H IE U 130
présenté à tes disciples, et ils n’ont pas pu le guérir. 17
Répondant, Jésus dit: « Génération incrédule et
pervertie, jusques à quand serai-je avec vous? Jus-
ques à quand vous supporterai-je?... Conduisez-le-
moi ici. » Et Jésus le menaça, et le démon sortit
de l’enfant, qui fut guéri dès cette heure-là.
Alors, s’avançant vers Jésus, les disciples [lui]
dirent à l’écart: « A cause de quoi n’avons-nous pu,
nous, le chasser? » ^ Il leur dit: « A cause de votre
peu de foi. Car, en vérité je vous le dis, si
vous avez de la foi comme im grain de sénevé, ^ ^
vous direz à cette montagne: Passe d’ici là-bas, et
elle y passera; et rien ne vous sera impossible.
« . . .]
131 M A TTm SU
17 Les didrachmes acquittés
M A TT H IE U 132
Bible italienne. Venise, 152^.
I l « Car le Fils de l ’homme est venu sauver ce qui était perdu » (Le 19, 10),
verset probablement inauthentique.
12-13 Le tejrte de Le par est beaucoup plus vivant. Ccmiparer « il s’en réjouit
plus » avec: « Et, quand il l ’a trouvée, il la pose sur ses épaules, tout joyeux, et
de retour chez lui, il convoque ses amis et ses voisins et leur dit: Réjouissez-vous
avec moi, car je l ’ai trouvée, ma brebis qui était perdue! »
14 «ce n ’est pas la volonté de», lit: «ce n ’est pas volonté devant» (hébraïsme),
cf 11, 26. — « votre Père qui est dans les deux », cf 5, 43, et la note.
15 « gagné », cf 1 Co 9, 19, 20, 21, 22; 1 Pe 3, 1. — « ton frère », tout membre
de la communauté.
16 Cf Deut 19, 15.
17 « l ’Eglise », la communauté chrétienne, supposée établie. — « païen et publi
cain », c’est-à-dire des gens qu’on ne doit pas fréquenter, cf 5, 46, 47; 6, 7; 9, 10
sv; 10, 3; 11, 19; 21, 31, 32; etc.
18 Cf lè, 19, où ce pouvoir est attribué au seul Pierre.
Le pardon illimité
Parabole du serviteur impitoyable
137 M A TT H IE U
Jésus opère des guérisons.
« Grande vie du Christ » de Ludolphe le Chartreux. XV* siècle.
IV. LA MONTÉE VERS JÉRUSALEM
( 1 9 , 1 — 20, J4)
Indissolubilité du mariage
M A TT H IE U 140
Jésus bénit les enfants
M A TT H IE U 142
l’homme s’assiéra sur son trône de gloire, vous 19
serez assis vous aussi sur douze trônes, pour juger ^ 22,2s-3o
les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura laissé
maisons, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou
enfants, ou champs, à cause de mon Nom, recevra
bien davantage et aura en héritage la vie éter
nelle. ^ Bien des premiers seront derniers, et les
Le 13.30
derniers premiers.
M A TT H IE U 144
Les ouvriers envoyés à la vigne.
Missel d ’Orléans, 1556.
17-19 Voir les notes de Mc. — Troisième annonce de la Passion; pour les deux
précédentes, cf 16, 21; 17, 22-23, et par.
17 « les Douze », désignation du groupe des « Apôtres », 10, 3', 26, 14, 47;
MATTHIEU 146
« Vous savez que les chefs des nations exercent sur 20
elles leur domination, et que les grands exercent mc
sur elles leur pouvoir. ^ Il n’en est pas de même
parmi vous, mais celui qui parmi vous veut devenir
grand sera votre serviteur, ^^ et celui qui parmi
vous veut être le premier sera votre esclave, ^ d e
même que le Fils de l’homme n’est pas venu pour
être servi, mais pour servir et donner sa vie en ran
çon pour beaucoup. »
25 « les chefs des nations », Mc par-. « ceux qui passent pour commander aux
nations. »
29-34 Voir les notes de Mc, dont le récit est tellement alerte et vivant.
30 « deux aveugles » (déjà 9, 28), Mc par (comme Luc) n’en mentionne qu’un,
mais il donne son nom « le fils de Timée, Bartimée ».
32 Comparer avec Mc par: « Et, s’arrêtant, Jésus dit: Appelez-le. Et on appelle
l’aveugle, on lui dit: Courage! I3ebout! Il t ’appelle! Celui-ci, rejetant son man
teau, d’un bond vint près de Jésus. »
33 « Seigneur », Mc par: « Rabbouni », puis il ajocte: « Et Jésus lui dit: Va; ta
foi t ’a sauvé! » Sur cette déclaration, cf 9, 22; Mc 10, 52; Le 7, 50; 17, 19;
18, 42.
147 MAT-THIEU
V. MINISTÈRE DE JÉSUS
À JÉRUSALEM
( 2 1 , 1 — 25, 46)
L’entrée à Jérusalem.
Bible des pauvres, XV" siècle.
21 ^ Dites à la fille de Sion:
Voici que ton roi vient à toi,
doux et monté sur un ânon
et sur le petit d*une bête de somme.
‘^Les disciples allèrent donc et, ayant fait selon
ce que leur avait prescrit Jésus, ^ils amenèrent
l’ânesse et l’ânon, posèrent sur eux leurs manteaux,
et il s’assit dessus. ®La foule, très nombreuse, éten
dit ses manteaux sur le chemin; d’autres coupaient
des branches aux arbres et les étendaient sur le
chemin. ^ Les foules qui le précédaient et celles qui
le suivaient, criaient:
Hosanna au Fils de David!
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!
Hosanna au plus haut [des deux] !
Et quand il entra à Jérusalem, toute la ville fut
secouée; on disait: « Qui est celui-là? » “ Les
foules disaient: « C’est le prophète Jésus, celui de
Nazareth en Galilée. »
MATTHIEU 150
le Temple; et les tables des changeurs, il les cul 21
buta, ainsi que les sièges de ceux qui vendaient Jn 2, Î4-16
les colombes. Et il leur dit: « Il est écrit: Ma Mai
son sera appelée maison de prière, mais vous,
vous en faites une caverne de brigands. »
31 « le royaume de Dieu », encore 12, 28; 19, 24\ 21, 43\ partout ailleurs « le
royaume des d e u x ».
32 « un chemin de justice », c’est-à-dire ime conduite conforme à la volonté de
Dieu, telle qu’elle s’exprime par la Loi et les commentaires de la Tradition;
cf 7, 14-. « le chemin qui mène à la vie. » — « les publicains », cf 9, 10 sv; 11,
19; Mc 2, 13 sv; Le 3, 12; 7, 29; 15, 1.
MATTHIEU 154
vous, voyant cela, vous ne vous êtes pas davan- 21
tage repentis finalement pour le croire!
155 M A TT H IE U
21 Cest du Seigneur que cela est venu,
et c^est merveille à nos yeux!
« Voilà pourquoi je vous dis que le royaume
de Dieu vous sera enlevé, et qu’il sera donné à une
nation qui en fera les fruits.
Et celui qui tombera sur cette pierre sera fra
cassé, celui sur qui elle tombera, elle le broiera. »]
Et en entendant ses paraboles, les grands prê
tres et les Pharisiens comprirent que c’était d’eux
qu’il parlait. ^ Et, tout en cherchant à l’arrêter, ils
craignirent les foules, parce qu’elles le tenaient
pour un prophète.
M A TT H IE U 156
champ, qui à son négoce; ^les autres, saisissant 22
ses esclaves, les outragèrent et les tuèrent. ^ Le roi
fut pris de colère et, envoyant ses armées, il fit
périr ces assassins et incendia leur ville. * Alors il
dit à ses esclaves: La noce est prête, mais les invi
tés n’étaient pas dignes. ^ Rendez-vous donc aux
issues des chemins, et tous ceux que vous trouve
rez, invitez-les aux noces. Ces esclaves, étant
sortis sur les chemins, rassemblèrent tous ceux
qu’ils trouvèrent, mauvais et bons; et la salle fut
remplie de convives.
« Etant entré pour observer les convives, le roi
vit là un homme qui n’était pas revêtu d’un vête
ment de noces. Et il lui dit: Mon ami, comment es-
tu entré ici sans avoir un vêtement de noce? Celui-
ci resta bouche close. Alors le roi dit aux ser
viteurs: Liez-lui pieds et mains et jetez-le dans les
ténèbres du dehors; là seront les sanglots et les
grincements de dents. Car il y a beaucoup
d’appelés, mais peu d’élus. »
157 MATTHIEU
Le paiement du tribut
M A TT H IE U 158
et ils l’interrogèrent en disant: ^ « Maître, Moïse a 22
dit: Si quelqu'un meurt sans avoir enfants, son
frère, en tant que beau-frère, épousera sa femme
et suscitera une descendance à son frère. ^ Or il y
avait parmi nous sept frères. Et le premier, qui
s’était marié, mourut, et comme il n’avait pas de
descendance, il laissa sa femme à son frère. ^ P a
reillement, et le second, et le troisième, jusqu’au
septième. La dernière de tous, mourut la femme.
“ Eh bien! à la résurrection, duquel des sept sera-t-
elle la femme? Car tous l’ont eue. »
^ Répondant, Jésus leur dit: « Vous vous égarez,
faute de connaître les Ecritures et la puissance de
Dieu. ^ A la résurrection, en effet, on ne prend ni
femme ni mari, mais on est comme des anges dans
le ciel. Et sur la résurrection des morts, n’avez-
vous pas lu ce qui vous a été annoncé par Dieu,
quand il dit: Moi, je suis le Dieu d*Abraham, et le
Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob? Il n’est pas un
Dieu de morts, mais de vivants. » Et, en entendant
cela, les foiiles étaient frappées de son enseigne
ment.
24 Le texte, empninté à Dent 25, 5 sv, est cité libtement, et d’une manière
différente dans Mt et Mc.
34 -^ Voir les notes de Mc, beaucoup plus développé; cf en particulier v 55
« c’est plus «lue tous les holocaustes et sacrifices », et v 54 « E t Jésus, voyant
159 M A'TTHIEU
22 Pun d’entre eux, xin légiste, l’interrogea pour
le mettre à l’épreuve: ^ « Maître, quel commande
ment est le plus grand dans la Loi? » Il lui décla
ra: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu avec tout ton
cœur, et avec toute ton âme, et avec toute ta pen
sée. ^ C’est là le plus grand et le premier comman
dement. ^’ Le second lui est semblable: Tu aimeras
ton prochain comme toi-même. ces deux com
mandements toute la Loi est suspendue, ainsi que
les Prophètes. »
qu’il avait répondu judicieusement, lui dit; Tu n’es pas loin du royaume de
Dieu. »
41-46 Voir les notes de Mc.
Cette diatribe contre les scribes et les Pharisiens — les guides intellectuels de
la nation et les grands adversaires de Jésus — se compose de trois parties: w 2-
12: Ne les imitez pas; 13-32; sept malédictions; 33-36: le châtiment. Suit une
apostrophe à Jérusalem, w 3 7-3 9 , que Le place dans un contexte différent. Ce
discours, comme les autres grands discours de Mt (5-7; 10, 5-42; 13; 24-26), est
formé de paroles prononcées par Jésus en des temps et lieux différents; cf Mc
12, 37b-40; Le 20, 4 3 -4 7 , et siutout 11, 39-32. Avec indignation et véhémence,
Jésus reproche à ses adversaires orgueil et attitudes ostentatoires, hypocrisie, rigi
dité, formalisme, recours à la casuistique. Pages à méditer par tous ceux qui sont
investis ou s’investissent de responsabilités spirituelles.
1 « Alors », terme vague dont Mt, peu soucieux de précisions chronologiques,
fait un fréquent usage (91 fois, en y ajoutant « et alors, dès lors »).
2 « scribes et Pharisiens », w 13, 14, 13; 5, 20; 15, 1; Mc 1, 22; 2, 1 6 , et les
notes. — « chaire de Moïse », expression unique pour désigner la source de leur
autorité; ils sont les successeurs et les interprètes qualifiés du grand législateur.
3 « ils disent et ne font pas» (15, 5 sv; Mc 7, 1 1 -1 3 ), terrible sentence à
l’adresse de quiconque a ou s’arroge la mission de guider les autres.
4 Cf Le 11, 46: « vous chargez les hommes de charges difficiles à porter, et
vous-mêmes ne touchez pas à ces charges d’un seul de vos doigts! »
5 « p o u r être rem arqués », m êm e reproche e t dans les m êmes term es q u ’en 6,
1. — « p h y la c tè re s » , bandes de parchem in sur lesquelles étaien t écrits quelques
versets d e la L oi (E x 13, 1-10; 13, 11-16; D eu t 6, 4-9; 11, 13, 2 1 ) , e t q ue les Ju ifs
pieux p o rta ien t enferm ées en de p etite s b o îtes, attachées au fro n t et liées à la
m ain e t au bras gauche p a r des courroies. C ’é ta it l ’in terp réta tio n litté ra le de
D eut 6, 8: « tu les attacheras com me u n signe sur ta m ain, e t elles serv iro n t de
fronteau en tre tes yeux. » L a croyance p o p u la ire le u r a ttrib u a it u ne v ertu d e p ré
servation, d ’où le u r nom grec, q u i signifie préservation, talism an, am u lette. —
« franges », ou « houppes », cf D e u t 22, 12; N om b 15, 38-41, surtout: « tu le u r
diras de se faire une h ouppe aux pans de leurs h ab its, e t d e m ettre à la hou p p e
d u pan u n cordon d e po u rp re v io lette. Ce sera v o tre houppe, e t quand vous la
verrez, vous vous souviendrez d e tous les com m andem ents de Y ahvé... »
6 « le premier divan dans les dîners », c£ Mc 12, 39; Le 14, 7, 8; 20, 46. —
« les premiers si^ es dans les synagogues », cf Mc 12, 39; Le 20, 46.
7 « les salutations sur les places », cf Mc 12, X ; Le 11, 43; 20, 46. —
« Rabbi », apostrophe respectueuse à l ’adresse des docteurs de la Loi, cf v 8; 26,
23. 49; Mc 9, 3; 10, 31; 11, 21; 14, 43; Jn 1, 39, 30, etc.
8 « Maître », d’ense^em ent.
9 « Père », ai^iellation honorifique que l’on donnait aux rabbis et aux grands
hommes du pûsé. Pour la pensée, cf 1 Co 4, 1.5: « vous n’avez pas plusieurs
pères; car c’est moi qui, par l ’Evangile, vous ai engendrés en Christ Jésus. » —
« le Père céleste », propre à Mt: 5, 48; 6, 14, 26. 32; 15, 13; 18, 33.
10 « Docteurs », ou giûdes, instruaeurs, directeurs.
13 « hypocrites », ^ ith è te infamante, qui revient 7 fois, comme un sinistre
refrain w 13, 23, 23, 27, 29. — « Malheur », déjà 11, 21; 18, 7, et ici sept fois,
vv i X 14, 13, 16, 23, 23, 27, 29. Le, dans son passage parallèle (11, 39-32), n ’a que
six «m alheur», w 42, 43, 44, 46, 47, 32, et sans «hypocrites». — «vous
fermez », cf Le 11, 52: « Malheur à vous, les légistes, parce que vous avez enlevé
la clef de la science! Vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer,
vous les en avez empêchés! »
14 Cf Mc 12, 40.
15 Sur ce prosélytisme religieux, cf Ro 10, 2: « je leur rends témoignage qu’ils
ont du zèle pour Dieu; mais ce zèle manque d’intelligence. » — « prosélyte »,
MATTHIEU 162
pour faire un prosél5rte, et lorsqu’il Pest devenu, 23
vous en faites un fils de géhenne deux fois plus
que vous!
« Malheur à vous, guides aveugles qui dites: Si
quelqu’un jure par le Sanctuaire, ce n’est rien; mais
si quelqu’un jure par l’or du Sanctuaire, il est tenu.
Fous et aveugles! Car quel est le plus grand, l’or
ou le Sanctuaire qui a sanctifié l’or? Et: Si quel
qu’un jure par l’autel, ce n’est rien; mais si quel
qu’un jure par l’offrande qui est dessus, il est tenu.
Aveugles! Car quel est le plus grand, l’offrande
ou l’autel qui sanctifie l’offrande? “ Celui donc qui
jure par l’autel jure par l’autel et par tout ce qui est
dessus; et celui qui jure par le Sanctuaire jure
par le Sanctuaire et par Celui qui l’habite; ^ et
celui qui jure par le ciel jure par le trône de Dieu et
par Celui qui y est assis.
^ « Maflieur à vous, scribes et Pharisiens hypo- ^
crites, parce que vous acquittez la dîme de la
menthe, du fenouil et du cumin... et vous avez
laissé ce qui a le plus de poids dans la Loi, la jus
tice, la miséricorde et la foi! Il fallait faire ceci et ne
pas laisser cela. ^ Guides aveugles, qui filtrez le
moucheron et engloutissez le chameau!
163 M A TT H IE U
23 “ « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypo
Le 11.39
crites, parce que vous purifiez l’extérieur de la
coupe et de l’écuelle, alors qu’à l’intérieur ils sont
pleins de rapine et d’incontinence.
^ Pharisien aveugle, purifie d’abord le dedans
de la coupe, pour que le dehors aussi devienne
pur.
Le 11,44 27 Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypo
crites, parce que vous ressemblez à des sépulcres
blanchis: à l’extérieur ils paraissent beaux, mais à
l’intérieur ils sont pleins d’ossements de morts et
de toute sorte d’impureté. Ainsi de vous: à
l’extérieur vous paraissez justes aux hommes, mais
Le 16,13
à l’intérieur vous êtes remplis d’hypocrisie et d’illé
galité.
Le 11, 47-48 29 Malheut à vous, scribes et Pharisiens hypo
crites, parce que vous bâtissez les sépulcres des
prophètes et ornez les tombeaux des justes, ^ et
vous dites: Si nous avions été là aux jours de nos
pères, nous n’aurions point participé avec eux au
meurtre des prophètes. De sorte que vous
témoignez contre vous-mêmes que vous êtes les
fils de ceux qui ont tué les prophètes. Et vous,
comblez la mesure de vos pères!
M A TT H IE U 164
« Serpents, engeance de vipères, comment 23
pourriez-vous fuir le jugement de la géhenne? ^ n. 49.51
^ C’est pourquoi, voici que moi j’envoie vers vous
des prophètes, et des sages, et des scribes. Vous
en tuerez et crucifierez, vous en fouetterez dans
vos synagogues et en pourchasserez de ville en
ville, afin que vienne sur vous tout le sang juste
répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste
jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que
vous avez tué entre le Sanctuaire et l’autel. ^ En
vérité je vous le dis: Tout cela arrivera sur cette
génération.
Apostrophe à Jérusalem
165 M A TT H IE U
Discours sur la ruine du Temple et la Venue du Fils
de Vhomme. Annonce de la ruine du Temple et
question des disciples
1-3 Voit les notes de Mc. — « ses disciples », Mc les nemune: Pierre, Jacques,
Jean et André. — « quel est le signe de ta Venue et de la fin du nuMide? * Mc:
« quel sera le signe, lorsque tout cela va finir? » — « Venue », traduction d’un
mot grec qu’on se contente souvent de transcrire « Parousie », encore w 27, 37,
39; 1 Co 15, 23; 1 Th 2, 19; 3, 13; 4, 13; 5, 23; 2 Th 2, 1, 8; Ja 5, 7, 8; 2 Pe 1,
16; 3, 4, 12; 1 Jn 2, 28.
4-8 Voir Mc 13, 3-8, et les notes.
M A TT H IE U 166
secousses par endroits. ®Tout cela, c’est le com- 24
mencement des douleurs.
®« Alors on vous livrera à l’affliction et on vous
tuera, et vous serez haïs par toutes les nations à
cause de mon Nom; ^®et alors beaucoup se scan
daliseront, et ils se livreront les uns les autres et se
haïront les uns les autres. “ Et beaucoup de faux
prophètes se lèveront et ils en égareront beau
coup, et parce que l’illégalité se multipliera,
l’amour du grand nombre se refroidira. Mais
celui qui tiendra jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé.
^"^Et cet Evangile du Royaume sera proclamé dans
le monde entier, en témoignage pour toutes les ^
nations. Et alors arrivera la fin...
167 M A TT H IE U
24 champ ne retourne pas en arrière pour prendre son
manteau. Malheur à celles qui seront enceintes
et à celles qui allaiteront en ces jours-là! Priez
pour que votre fuite n’arrive pas en hiver ou un
sabbat.
La grande affliction
Mc 13,19-23 21 *2 y grande affliction telle
Le 21,23-24 arrivée depuis le commencement
du monde jusqu’à maintenant et qu’il n’en arrivera
jamais plus. ^ Et si ces jours-là n’avaient été écour
tés, aucune créature ne serait sauvée; mais à cause
des élus, ces jours seront écourtés. Alors, si
quelqu’un vous dit: Voici: le Christ est ici! ou bien:
Ici! n ’allez pas le croire. Car il se lèvera de faux
Christs et de faux prophètes, qui opéreront de
grands signes et prodiges, de façon à égarer si
possible, même les élus. ^ Voilà; je vous ai préve
nus.
Le 17,23-24 2 6 ^^ douc OU VOUS dit: Voici: il est dans le
désert! n’y sortez pas; le voici dans les resserres!
ne le croyez pas. ^ Car, de même que l’éclair part
du Levant et paraît jusqu’au Couchant, ainsi sera la
Le 17,37 Venue du Fils de l’homme. ^ Où que soit le cada
vre, là se rassemblèrent les aigles.
M A TT H IE U 168
Les catastrophes cosmiques et la Venue en gloire
du Fils de Vhomme
La parabole du figuier
29-31 Voit les notes de Mc. Mais Mt a en plus « le signe du fils de l ’honune»,
énigmatique (cioix, signal comme Is 11, 12...?) — « se frappeiont la poitrine »,
cf Zach 12, 10 SW (la grande lamentation sur le mystérieux «Transpercé»). —
« la grande trompette », qui doit retentir pour smmer le rassemblement des élus,
Cf Is 27, U ; 1 Co 1 5 , 12; 1 Th 4, 16.
32-36 Voir les notes de Mc.
169 M A TT H IE U
24 “ Quant à ce Jour et à cette Heure, personne ne
les sait, ni les anges des deux, ni le Fils; il n*y a
que le Père seul.
M A TT H IE U 170
Exhortation à la vigilance. L'esclave fidèle et
prudent
171 M A TT H IE U
25 devant de Tépoux. ^ Cinq d’entre elles étaient
folles et cinq étaient prudentes. ^ Les folles, en
effet, en prenant leurs lampes, n’avaient pas pris
d’huile avec elles, ^ mais les prudentes avaient pris
de l’huile dans les fioles avec leurs lampes. ^ Com
me l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et
s’endormirent.
^ « Au milieu de la nuit, il y eut un cri: Voilà
l’époux! Sortez au-devant de lui. ^ Alors toutes ces
jeunes filles se levèrent et garnirent leurs lampes.
* Les folles dirent aux prudentes: Donnez-nous de
votre huile, parce que nos lampes s’éteignent.
’ Les prudentes répondirent: Cela ne suffirait pas
pour nous et pour vous; allez plutôt chez les mar
chands et achetez-vous-en. ^“Tandis qu’elles s’en
allaient pour en acheter, vint l’époux, et celles qui
étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des
noces; et on ferma la porte. Finalement viennent
aussi les autres jeunes filles, qui disent: Seigneur,
Seigneur, ouvre-nous. Mais, répondant, il dit: En
vérité, je vous le dis: Je ne vous connais pas.
Mt 24,42
Veillez donc, parce que vous ne savez ni le jour
ni l’heure.
l ’époux est le Christ. Sur les relations de Jésus et de l ’Eglise exprimées par le
symbole du mariage, cf 2 Co 11, 2; Eph 5, Ap 19, 7; 21, 2; Jn 3, 29.
2 « folles », au sens biblique de dé^urvues de sagesse, c’est-à-dire de juge
ment. — « prudentes », cf 7, 24; 10, 16; 24, 43; Le 12, 42; 16, 8; etc.
5 « tardait », cf 24, « ; 2 Pe 3, 4-10.
6 « au milieu de la nuit », cf Le 17, 34; 1 Th 5, 2.
9 Ni ironie, ni éœlsme, simple constatation d ’un fait; elles ont été prudentes
pour se procurer l ’huile, elles entendent le rester pour la conserver.
12 « Je ne vous connais pas », cf 7, 23: Le 13, 23, 27.
13 « Veillez », sur cette invitation, ci 24, 42; Mc 13, 33, 37; Le 12, 37; 1 Th 5,
6, 10; 1 Pe 5, 8; Ap 3, 2, 3; 16, 13. On trouve aussi « Soyez vigilants », ou
« Tenez-vous éveillés », Mc 13, 33; Le 21, 36; Eph 6, 18; He 13, 17. — « vous ne
savez ni le jour ni l’heure », cf 24, 42, et la note. — Même pensée exprimée
autrement: « Tenez-vous prêts », 24, 44; Le 12, 40.
M A TT H IE U 172
Les vierges sages (en haut) et les vierges folles, qui tiennent leurs
lampes vides, renversées.
«Im itation du C hrist». Paris, 1493.
Exhortation à Vactivité. Parabole des talents
14-30 A cette parabole des talents correspond, dans Le 19, 12-27, la parabole
des mines (talent, environ 6000 francs or; mine, environ 100 francs or); elles sont
très proches l ’une de l ’autre et p o s a ie n t représenter deux versions différentes
d’un même original. Voici les principales particularités: Mt: « homme p a rm t en
voyage », Le: « tm homme de lûmte naissance qui va dans un pays lointain pour
recevoir la dignité royale »; Mt; « l ’un cinq talents, Pautre deux, l ’autre un
seul », Le: une mine à ducun; Mt: les deux premiers gagnent cinq et deux
talents, autant qu’ils en ont r e ^ , le troisième fait un trou dans la terre l>our y
cacher son talent. Le: le premier n g n e dix mines, le second cinq, le troisième
garde la sienne « d é p o ^ dans un linge »; Mt: « sur beaucoup je t ’Âablirai: entre
dans la joie de ton seigneur. Le: « sols à la tête de dix, de cinq tdlles »; Mt: le
talent est enlevé au mauvais esclave et donné à celui qui a les dix. Le: « la mine
lui est enlevée et donnée à celui qui a les dix »; Mt et Le ont même leçon
morale « à tout homme qui a on donnera... », et réservent un châtiment poiu
les esclaves inutiles, « jetés dans les ténèbres du dehors » en Mt; mais en Le, il
s’agit de « mes ennemis », qu’il faut amener et égorger devant le seigneur.
MATTHIEU 174
deux talents dit: Seigneur, c’est deux talents que tu 25
m’avais confiés; voici deux autres talents que j’ai ga
gnés. ^ Son seigneur lui déclara: C’est bien, esclave
bon et fidèle; sur peu tu as été fidèle; sur beaucoup
je t’établirai; entre dans la joie de ton seigneur.
« S’avançant aussi, celui qui avait perçu un
talent dit: Seigneur, je savais que tu es un homme
dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé et ramas
ses d’où tu n’as rien répandu; ^ et pris de peur, je
m’en suis allé cacher ton talent dans la terre; vois,
tu as là ce qui est à toi. “ Répondant, son seigneur
lui dit: Mauvais esclave, et paresseux! Tu savais
que je moissonne là où je n’ai pas semé et que je
ramasse d’où je n’ai rien répandu. ^ Il te fallait
donc mettre mon argent chez les banquiers, et en
revenant, moi j’aurais recouvré ce qui est à moi
avec un intérêt. “ Enlevez-lui donc le talent et don-
nez-le à celui qui a les dix talents. ^ Car à tout
homme qui a on donnera et il aura en surabon Mt 13, i2
dance, mais celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui
sera enlevé. ^ E t l’esclave inutile, jetez-le dans les
ténèbres du dehors; là seront les sanglots et les
grincements de dents.
MATTHIEU 176
soyons venus vers toi? ^ Et, répondant, le Roi leur 25
dira: En vérité je vous le dis: Pour autant que vous
l’avez fait à l’un de mes moindres frères que voilà,
c’est à moi que vous l’avez fait.
« Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche:
Allez loin de moi, maudits, au feu éternel qui a été
préparé pour le diable et pour ses anges. ^^Car
j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à man
ger; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à
boire; j’étais sans foyer, et vous ne m’avez pas
recueilli; nu, et vous ne m’avez pas vêtu; malade
et en prison, et vous ne m’avez pas visité. ^ Alors
eux aussi répondront: Seigneur, quand t ’avons-
nous vu avoir faim ou soif, ou étranger, ou nu, ou
malade, ou en prison, et ne t’avons-nous pas
assisté? Alors il leur répondra: En vérité je vous
le dis: Pour autant que vous ne l’avez pas fait à l’un
des moindres que voilà, à moi non plus vous ne
l’avez pas fait.
^ « Et ils s’en iront, ceux-là au châtiment éternel,
mais les justes à la vie éternelle. »
40 « le Roi », Cf V 34; Le1, 33; 1 Co 15, 25; Ap 11, 15, 17-, 17, 14; 19, 16. —
« à l’un des moindres », cf 10, 42; 18, 5. — « mes frères », cf 28, 10; Jn 20, 17;
He 2, 11.
41 « loin de moi », cf 7, 23; 2 Th 1, 9. — « au feu étemel », cf 18, 8; Ju
V 7; cf « le feu qui nes’eteint pas »: 3, 12; Mc 9, 43; Le 3, 17. — « préparé »,
comme le Royaume, v 3 4 , et la note. — « le diable », rf 4, 1 sw ; 13, 39; Le 4, 2
svv; 8, 12; Jn 8, 4 4 ; 13, 2. — « ses anges », cf Ap 12, 7, 9.
46 « châtiment », cf 2 Pe 2, 9. — « vie étemelle », cf 19, 16; Mc 10, 17, et la
note.
177 MATTHIEU
« A rt de bien vivre et de bien mourir», 1494.
VI. LA PASSION
{ 2 6 , 1— 27,66)
179 M A TT H IE U
Vonction de Béthanie
La trahison de Judas
Mc 14,10-11 14 (Jeg Douze, appelé Judas Iscariote,
Le 22, 3- <5 étant allé trouver les grands prêtres, dit: « Que
MATTHIEU 180
Bible française. Anvers 1534.
17-19 Le récit de Mt est en style de résumé, alors que celui de Mc est vivant et
circonstancié. — Voir les notes sur Mc.
20-25 = Mc 14, 17-21. Menues divergences de rédaction. Mt a en plus le v 25.
— Voit les notes sur Mc.
MATTHIEU 182
Le repas. Institution de VEucharistie
26-29 = Mc 14, 22-23. Menues divergences de rédaction. — Voir les notes sut
Mc.
30-35 = Mc 14, 26-31. Menues divergences de rédaction. De plus Mc a deux
chants du coq, alors que Mt n ’en signale qu’un. — Voir les notes sur Mc.
183 M A TT H IE U
26 rai! » Jésus lui déclara: « En vérité je te dis qu’en
cette nuit, avant qu’un coq chante, par trois fois
tu me renieras. » Pierre lui dit: « Et même s’il me
faut mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Et tous
les disciples en dirent autant.
36-46 = Mc 14, 32-42. Menues divergences de rédaction. — Voir les notes sut
Mc.
MATTHIEU 184
Bible française. Paris, 1547.
MATTHIEU 186
pour que s’accomplissent les écrits des Prophètes. 26
Alors, tous les disciples, l’ayant laissé, s’enfuirent.
57-66 = Mc 14, 53-64. Menues divergences de rédaction. — Voir les notes sur
Mc.
Premiers outrages
Mc 14, 6^
Alors ils lui crachèrent à la face et le souffle
Le 22,63-6?
tèrent. D ’autres lui donnèrent des coups, “ en
disant: « Prophétise pour nous. Christ! Qui est-ce
qui t ’a frappé? »
M A TT H IE U 188
Pierre se souvint de la parole de Jésus, qui 26
avait dit: « Avant qu’un coq chante, par trois fois
tu me renieras. » Et, étant sorti dehors, il pleura
amèrement.
189 M A TT H IE U
Pendaison de Judas.
Un diable lui arrache son âme.
Voyages de MandevÜle, 1523.
MATTHIEU 190
Jésus devant Pilate
191 MATTHIEU
27 périr Jésus. Prenant la parole, le gouverneur leur
dit: « Lequel des deux voulez-vous que je vous
relâche? » Ils dirent: « Barabbas. » Pilate leur dit:
« Que ferai-je donc de Jésus, celui qui est appelé
Christ? » Ils disent tous: « Qu’il soit crucifié! »
Celui-ci déclara: « Quel mal a-t-il donc fait? » Et
eux criaient plus fort: « Qu’il soit crucifié! »
Pilate, voyant que cela ne servait à rien, mais
qu’il en résultait plutôt du tumulte, prit de l’eau et
se lava les mains devant la foule, en disant: « Je
suis quitte de ce sang. A vous de voir! » ^ Et,
répondant, tout le peuple dit: « Que son sang soit
Le 23,16}
22 sur nous et sur nos enfants! »
Alors il leur relâcha Barabbas. Quant à Jésus
Jn 19, 1-J?
après l’avoir fait flageller, il le livra pour être cru
cifié.
24 « se lava les mains », en signe d ’innocence, pour ce geste, cf Ps 26, 6; 73, 13.
—• « quitte », lit: •« innocent » (v 4 ), évité par raison d’euphonie. — « Que son
sang... », cf Ac 5, 28; 18, 6.
27-31a = Mc 15, 16-20a. Quelques menues divergences: Mt 28 « chlamyde écar
late », Mc 17 « pourpre »; la chlamyde était un manteau large et flottant porté
par les soldats; « roseau », Mt et Mc le mentionnent, mais Mt le place « dans la
main droite », tandis que Mc ^ r it: « ils frappaient sa tête avec un roseau » —
Voir les notes sur Mc.
MATTHIEU 192
26 — Outrages et couronnement d’épines.
Peinture de Lucas de Leyde, XVP siècle. Musée de Rouen.
bant à genoux devant lui, ils le bafouèrent en di- 27
sant: « Salut, roi des Juifs! » ^ Et, crachant sur lui,
ils prirent le roseau, et ils l’en frappaient à la tête.
Et, lorsqu’ils l’eurent bafoué, ils le dévêtirent
de la chlamyde et le revêtirent de ses vêtements.
Le crucifiement
M A TT H IE U 194
Evangiles avec commentaires. Paris, XV* siècle.
195 M A TT H IE U
Après la mort de Jésus
La sépulture
M A TT H IE U 196
ordonna de le remettre. ^^Et, prenant le corps, 21
Joseph le roula dans un linceul propre ^ et le mit
dans le tombeau tout neuf qu’il s’était fait tailler
dans le roc; puis, ayant roulé une grande pierre à
l’entrée du tombeau, il s’en alla.
Il y avait là Marie la Magdaléenne et l’autre
Marie, assises en face du sépulcre.
La garde du tombeau
197 M A TT H IE U
Christ glorieux auprès de la croix. Marie et Jean en prière. Résur
rection des morts.
Grande Bible illustrée. Boris, XV* siècle.
VIL APRÈS LA RÉSURRECTION
(2 8 ,1 -2 0 )
5-8 Voir les notes sur Mc, et comparer le v 8 avec Mc 16, 8 et Le 24, 9 sv.
9 «S alut!» (lit: « Réjouissez-vous »), salutation à la grecque, encore 27, 29 =
Mc 15, 18 = Jn 19, 3; Le 1, 28. Partout ailleurs dans les évangiles, la formule
d’Israël: « Paix à toi, à vous », 10, 13; Le 10, 5; 24, 36; Jn 20, 19, 21, 26. — « lui
saisirent les pieds », cf Jn dans le récit de l ’apparition de Jésus à Marie la Mag-
daléenne (20, 11-18), la défense « Cesse de me toucher » (v 17 ).
10 « s ’en aller en Galilée» (v 7), comme Mc, Mt ne mentionne que les appari
tions galiléennes. Le et Jn ne semblent connaître que celles de Judée. — « mes
Gravure
du XV* 'siècle.
frères cf 25, 40; Jn 20, 17; He 2, 11. — Avec cette apparition comparer Jn 20,
11-18.
11-15 Propre à Mt; se rattache à 27, 62-66.
11 « de la garde », cf 27, 66.
14 « si l’afiaire vient aux oreilles du gouverneur », lit: « si cela est entendu du
gouverneur.» — «nous vous épargnerons tout souci» (ou «tout ennui»), lit:
« nous vous ferons sans soud. »
15 « se conformèrent à la leçmi qui leur avait été faite », lit: « firent selcm qu’ils
avaient été instruits. * — « s’est divulgué », encore et seulement 9, 31; Mc 1, 45.
201 M A TT H IE U
Apparition aux onze disciples
Leur envoi en mission dans le monde
MATTHIEU 202
Evangile selon Saint M arc
INTRODUCTION
205 MARC
Le vocabulaire est pauvre, de mauvaise qualité,
semé de vulgarismes, de diminutifs, de latinismes,
d’aramaïsmes. L’auteur est comme obsédé par cer
tains mots ou expressions qui reviennent perpétuelle
ment et qui parfois n’ont guère de sens, comme « aussi
tôt » ( 42 fois dont 11 pour le chapitre 1 ), « il se mit à »
(26 fois), « beaucoup » (adjectif ou adverbe)... Le style
ne vaut guère mieux. L’évangéliste n’emploie presque
jamais la subordination. Son récit se compose de petites
propositions indépendantes, reliées par la conjonction
«et ». L’àuteur ignore à peu près tout des fines parti
cules, ces joyaux de la langue grecque, qui soulignent
les moindres nuances de la pensée. — Les actions cir
constancielles sont indiquées presque toujours par des
participes jetés vaille que vaille à la suite les uns des
autres {1, 41; 5, 23-27; 14, 3; 15,43). Les phrases sont
assez souvent mal construites, raboteuses, incorrectes; on
y avance comme par cahots (3, 14-18; 4, 28; 6, 8-9;
S, 28-29; 11,31-32, etc.).
Les temps sont mêlés (1, 29-31, 35-38; 2, 13-14;
3 , 13-14, 31-33; 6, 7-9, 30-32; 15,16-20), et ce désordre
introduit dans le texte une telle étrangeté que le tra
ducteur a la tentation de trahir. Voici, par exemple, les
versets 13 et 14 du chapitre 3: « Puis il monte dans la
montagne, et il appelle à lui ceux qu’il voulait, et ils
allèrent vers lui. Et il en établit douze pour être avec lui
et pour les envoyer proclamer. »
Le récit est parfois gauche, mal conduit, tantôt obscur
à force de concision, tantôt prolixe et redondant, semé
de détails inutiles et muet sur des points importants,
toutes maladresses littéraires dont les citations suivantes
MARC 206
permettront de juger: 5, 42-43\ 6, 14-16; 7, 19, 25,
30; 11, 32; 14, 1-2. L’une des caractéristiques de notre
évangéliste, c’est le renvoi en cours ou en fin de récit
d’une explication qu’un auteur cultivé eût donnée dès
le début. On compte une quinzaine de ces explica
tions après coup. Voir en particulier: 1, 16; 2, 15; 3, 10,
30; 5, 8, 28, 42; 6 , 18, 31, 48; 10,22. — De-ci de-là, des
expressions empreintes de naïveté populaire: « et
aussitôt se délia le lien de sa langue » (7, 35); « Et
aussitôt se dessécha la source de son sang» (5, 29);
l’hémorroïsse « avait beaucoup souffert de beaucoup
de médecins et avait dépensé tout son avoir sans le
moindre profit; bien au contraire, son état n’avait fait
qu’empirer » (5, 26); le démon donne lui-même à Jésus
l’explication de son nom: « Mon nom est Légion, parce
que nous sommes beaucoup » (5, 9). — Aucun souci
de variété dans la présentation des épisodes; il y a
comme des cadres tout faits, rigides, uniformes, où
s’inscrivent les récits les plus divers: « on vient », « on
se mit à » , « o n se rassemble», «en partant de là»,
« il appelle à lui », etc., etc. Comparer par exemple, les
deux récits de la multiplication des pains (6, 35-44;
S, 1-9), ou bien 7, 32-36 et 8, 22-26, on encore 11, 1-6
et 14, 13-16. Une des préoccupations de Luc sera de
donner, par une série d’habiles retouches, im tour plus
littéraire au texte de son devancier.
Enfin la composition est sans fermeté. Certes, l’évan
gile de Marc n ’est pas, comme on l’a dit, « un entasse
ment confus de souvenirs ». Il suit un plan d’ensemble,
celui de la catéchèse de Pierre: le plan quadripartite,
au sein duquel un dynamisme intérieur conduit Jésus
207 MARC
à la mort rédemptrice. Mais c’était là le bien commun
de l’enseignement oral. Marc ne s’est pas avisé qu’une
œuvre écrite exigeait davantage. Nul souci de propo
ser son sujet, de présenter ses personnages, d’indiquer
les grandes divisions. Il prend les éléments de la caté
chèse tels qu’il les trouve et se contente de les aligner
les ims à la suite des autres, sans songer à les mieux
ordonner. Aucun sentiment de l’aspect progressif des
événements; dès le début du ministère public de Jésus,
les pharisiens tiennent conseil avec les Hérodiens, « afin
de le faire périr » ( 3 , 6); voir le passage parallèle de
Luc (6, 11). Le défaut de composition s’observe excel
lemment au chapitre 4. Au verset 2, Jésus parle à la
foule; au verset 10, les Douze et d’autres disciples sont
seuls avec Jésus; aux versets 21 et 24 le texte porte:
« et il leur disait », sans qu’on puisse savoir exactement
de qui il est question; aux versets 26 et 30, les para
boles de la semence et du grain de sénevé sont intro
duites par la formule: « et il disait »; au verset 33, l’au
ditoire reste indéterminé: « ils », mais le verset 34 nous
fait comprendre de qui il s’agit, puisqu’il oppose ces
auditeurs aux disciples. On voit par cet exemple com
ment des morceaux indépendants ont été ajoutés bout
à bout, sans être fondus dans un ensemble.
De toutes les remarques précédentes, il ressort jus
qu’à l’évidence que l’évangile de Marc n’est à aucun
degré une œuvre littéraire. Il choquera toujours les
puristes, il étonnera et même il lui arrivera de dérouter
le lecteur de bonne volonté, qui le souhaiterait plus
coulant, plus régulier, mieux ordonné. Et cependant on
aurait grand tort de se laisser rebuter par ces dehors
MARC 208
peu engageants. De tous les évangiles, il est de beau
coup le plus vivant, le plus direct, le plus près de la
réalité, le plus spontané, celui qui subjugue par son
accent d’absolue sincérité.
Le lecteur le plus superficiel ne saurait échapper à
l’impression de vie qui se dégage de toutes les pages
de cet humble livre. On peut dire que partout la vie
y frémit, qu’elle y circule à torrents. Quand on lit un
passage de Mt en quittant le passage parallèle de Mc,
on croit entrer dans le royaume des ombres. Essayons
d’analyser les causes qui concourent à créer cette
atmosphère.
Ce qui distingue avant tout la narration de Marc,
c’est l’usage qu’elle fait des temps de la description.
L’auteur emploie fréquemment l’imparfait pictural, qui
invite le lecteur à se représenter l’événement qui se
déroule dans le passé. Tandis que l’aoriste, le temps
par excellence du récit au passé, raconte simplement
ce qui a lieu (« il tomba sur sa face», Mt 26, 39),
l’imparfait arrête la vue du lecteur sur un tableau qu’il
fait passer devant ses yeux ( « il tombait à terre », Mç
14, 33). Un épisode du passé se trouve ainsi arraché à
la banalité du récit: on doit le regarder, se le repré
senter, le contempler. Voici quelques exemples: 1, 31:
« Et, s’avançant, il la fit se lever en la tenant par la main,
et la fièvre la quitta; et elle les servait »; 5, 42: « Et
aussitôt la fillette se tint debout, et elle marchait; car
elle avait douze ans »; 5, 13: « Et, étant sortis, les [es
prits] impurs entrèrent dans les cochons, et le troupeau
s’élança du haut de l’escarpement dans la mer — envi
ron deux mille — et ils s’étouffaient dans la mer. »
209 MARC
L’imparfait descriptif arrête donc la vue du lecteur
sur un tableau inséré dans un récit au passé. Le présent
dit « historique » transporte le passé dans le présent,
et le raconte comme si on le voyait en train de se pro
duire au moment même où l’on écrit. La scène naît,
grandit, se déroule devant les yeux du narrateur et du
lecteur. L’emploi fréquent de ce temps donne au
récit une grande vivacité. Or, Marc est de tous les au
teurs du Nouveau Testament celui qui en fait le plus
grand usage; à lui seul il compte plus de présents his
toriques que tous les autres réunis. Et ce n’est pas chez
lui procédé, élégance littéraire, comme par exemple
dans les Commentaires de César; il fuse spontanément
de son imagination. A chaque instant il revient sous sa
plume comme si l’auteur avait regret de l’avoir dé
laissé. On rencontre à chaque page des expressions
comme celles-ci: Survient, arrivent alors, voici que se
rassemblent, la foule accourt, arrive un lépreux, etc.
Qu’on se rende compte par le passage suivant de la
vie que donne au récit l’emploi de ce temps, et de
l’impérieux devoir pour le traducteur de le respecter:
« ce jour-là, le soir venu, il leur dit: Passons à l’autre
rive. Et, laissant la foule, ils le prennent comme il était
dans le bateau; et il y avait d’autres bateaux avec lui.
Survient une violente bourrasque, et les vagues se je
taient dans le bateau, de sorte que déjà le bateau
s’emplissait. Et lui, à la poupe, sur le coussin, dormait.
Et ils l’éveillent et lui disent: Maître, cela ne te fait rien
que nous périssions! » (Mc 4, 35-38). Peut-on trouver
récit plus évocateur, plus vivant? On se trouve jeté en
pleine réalité: on est avec les disciples, on a peur; avec
MARC 210
eux on éveille Jésus, on l’implore... Que si le traduc
teur, comme c’est assez souvent le cas, emploie unifor
mément le passé, le charme est rompu, la vie s’ést
évanouie; ce n’est plus du Marc.
Ce goût de notre auteur pour le temps de la des
cription n’est qu’une manifestation de son aptitude à
voir et à peindre. Pierre, la source de Marc, a su obser
ver, comme il savait se souvenir. Tout est net et précis
sous son regard, les personnages ont ime individualité
marquée; leurs attitudes s’expriment en ime série de
petits tableaux de dessin très ferme et rutilants de cou
leur. Et malgré la pauvreté de son vocabulaire, Marc
sait trouver les mots pittoresques qui gardent à l’image
sa fraîcheur, son éclat, son originalité. Qu’on se rap
pelle le regard circulaire de Jésus, (3, 3, 34; 5, 32; 10,
23; 1 1 ,1 1 ), les deux qui « se déchirent » (1 ,1 0 ) au lieu
de « s’ouvrir » comme dans le passage parallèle de Mt,
les porcs qui « s ’étouffent» (5, 13) au lieu de «se
noyer » comme dans Le ou simplement « mourir » com
me dans Mt, etc.
Parmi les scènes pittoresques que Marc fait si abon
damment défiler devant nous, rappelons: 2, 3: « Et vien
nent des gens qui lui conduisent un paralytique porté par
quatre hommes »; 2, 12: « Et il se leva, et aussitôt pre
nant le grabat, il sortit devant tous »; 3 ,31-34: « Et vien
nent sa mère et ses frères qui, se tenant dehors, l’en
voyèrent appeler. Et une foule était assise autour de
lui... Et, promenant ses regards sur ceux qui étaient
assis en cercle autour de lui, il dit... »; 4, 1: « Et une
foule très nombreuse se rassemble auprès de lui, de
sorte que, montant dans un bateau, il s’y assied, en
211 MARC
mer, et toute la foule était près de la mer, à terre »;
5, -5: le possédé de Guérasa « sans cesse, nuit et jour,
dans les tombes et dans les montagnes, était à crier et à
se taillader avec des pierres »; 10, 16: « Et, serrant les
[enfants] dans ses bras, il les bénissait en posant les
mains sur eux »; 10, 48-^0: comme l’aveugle de Jéricho
implorait Jésus, « beaucoup le menaçaient pour qu’il se
taise, mais il n’en criait que de plus belle: Fils de David,
aie pitié de moi! Et, s’arrêtant, Jésus dit: Appelez-le. Et
on appelle l’aveugle, on lui dit: Courage! Debout! Il
t ’appelle! Celui-ci, rejetant son manteau, d’un bond vint
près de Jésus. » N’y-a-t-il pas là un petit chef-d’œuvre
d’observation et de vivacité? Et l’on pourrait remplir
des pages entières de citations semblables.
Mais notre évangéliste ne se contente pas de noter
les attitudes extérieures de ses personnages, il pénè
tre au fond de leur âme, lit dans leurs cœurs, et dépeint
leurs sentiments avec une rare énergie. Qu’on en juge
d’après quelques exemples: 3, 3: Devant la mauvaise
foi de ses adversaires, Jésus éprouve tout ensemble
de l’indignation et de la tristesse: « Et, promenant ses
regards sur eux avec colère, profondément attristé de
l’endurcissement de leur cœur, il dit à l’homme... »; 5,
42: Les parents de la petite ressuscitée « furent aussitôt
saisis de stupeur, d’une grande stupeur »; 8, 32: Jésus
vient d’annoncer pour la première fois le destin dou
loureux qui l’attend et l’évangéliste ajoute: « Et c’est
ouvertement qu’il disait la chose »; 10, 21-22: « Jésus,
le regardant, se prit à l’aimer... Et lui, devenu sombre à
cette parole, s’en alla tout triste; car il avait beaucoup
de propriétés »; 10, 32: « Ils étaient en chemin, montant
MARC 212
à Jérusalem, et Jésus marchait devant eux; et ils étaient
effrayés, et ceux qui suivaient avaient peur. » Voir
encore 4 ,41; 8 , 12-13,17-21; 10,24-26, etc.
Vive allure et netteté du récit, personnages tout fré
missants d’émotion, le passé ramené dans le présent
et dépeint comme s’il se déroulait sous nos yeux, tous
ces caractères de l’évangile de Marc donnent à sa nar
ration une incontestable supériorité. Les épisodes com
muns aux synoptiques sopt toujours — ou presque tou
jours — dans Mc plus circonstanciés, plus réels, plus
évocateurs, plus prenants. On voit par là ce qu’il faut
penser du mot de saint Augustin, repris par Bossuet:
« Marc, le plus divin de tous les abréviateurs. » Marc
est, des trois synoptiques, le seul qui n’abrège pas.
Que le lecteur se fasse lui-même son opinion en com
parant les passages suivants:
Mc 1, 33-39 Le 4, 42-44
Mc 2, 1-12 Mt 9, 1-8
Mc 5, 1-17 Mt 8, 28-34
Mc 21-43 Mt 9, 18-26
Mc 9, 14-27 Mt 17, 14-18
Mc 10, 46-32 Mt 20, 29-34
Mc 11, 12-24 Mt 21, 18-22
Et encore:
213 MARC
Mais non seulement le récit dans Marc est un pro
dige de vie; le milieu même où il se déroule regorge
de mouvement et d’émotion. Les foules accourent, se
ruent vers Jésus: elles l’entourent, l’assiègent, l’écra
sent (voir surtout 3, 7-10). Les démons crient, hurlent,
supplient, et Jésus les menace, leur enjoint impérieuse
ment de faire silence. Devant ses actes et ses paroles,
c’est l’admiration, la stupeur, l’effroi. Et tout cela, dit
rapidement, vivement, sans qu’on laisse au lecteur le
temps de souffler. Pas un instant de répit: aucune halte
pour écouter le Maître à loisir, contempler, méditer.
Les épisodes se suivent, souvent enchaînés par la for
mule « et aussitôt », qui nous avertit que l’évangéliste
nous entraîne d’un pas rapide vers le but suprême.
Pareil déchaînement de vie ne peut provenir que
d’un témoin oculaire, celui que toute la tradition a dé
signé comme la source de Marc, l’apôtre Pierre. Et le
témoignage du premier des apôtres, en subissant
l’épreuve de la lettre, n’a rien perdu de son caractère
primesautier. Les imperfections de la langue et du style
sur lesquelles nous avons tant insisté ne font que mieux
ressortir l’originalité du grand témoin. L’art ici aurait
tout gâté. Nous aurions beaucoup perdu, si Marc eût
été un écrivain de race. C’est une bonne fortune pour
nous qu’il se soit contenté de mettre par écrit ce que
Pierre racontait, comme il le racontait. Le style de Marc
n’est pas un style écrit: c’est le style oral, abrupt, vif,
familier, incorrect, d’un homme du peuple qui brave
ment et simplement redisait ce qu’il avait vu et en
tendu. De ce point de vue, Marc est le plus précieux
des évangélistes. Chez lui ni l’art de l’écrivain ni le goût
MARC 214
de la synthèse n’ont en rien retouché les splendides aspé
rités du témoignage primitif; nous l’avons là dans la
plénitude de sa fraîcheur et de sa sincérité.
Cette sincérité éclate dans le portrait de Jésus et des
Apôtres, tel qu’il se dégage des pages de l’évangile
de Marc. Jésus y est Fils de Dieu ( 1 ,1, I I ; 9, 7; 15, 59).
Il commande en maître souverain à la nature, à la mala
die, aux démons, à la mort, aux hommes. Il revendique
avec la plus parfaite assurance, et comme si cela allait
de soi, le pouvoir de remettre les péchés et la maîtrise
sur le sabbat. Il prend pour compagnons ceux qu’il veut
et parle à tous en chef. Il prédit l’avenir et marche avec
une fermeté tranquille au destin que, lui assigne son
Père. Tant de grandeur dans ses actes, tant de sagesse
dans ses paroles, suscitent autour de lui l’étonnement,
la crainte, l’admiration, la stupeur. « Jamais nous n’ayons
vu ça! » (2, 12), « Qui donc est-il, celui-là, que même le
vent et la mer lui obéissent! » {4,41).
Mais Jésus est aussi le Fils de l’homme. Il est bien
de notre terre et de notre race. Marc nous le montre
tout pénétré de sentiments humains. Jésus s’étonne,
s’impatiente, s’émeut, gémit, s’indigne; il se laisse en
vahir par la colère aussi bien que par la pitié et gour
mande les siens avec humeur; Ü prend les enfants dans
ses bras et les bénit; il éprouve pour le jeune homme
riche un sentiment d’affection. Il rudoie le lépreux qu’il
vient de guérir et flagelle les pharisiens et les scribes
pour leur orgueil et leur hypocrisie. C’est une physio
nomie pleine d ’accent, sans retouches d’art ou de res
pect, sans stylisation aucune; Jésus est un vivant parmi
des vivants.
215 MARC
Il y a plus, Marc n’a pas hésité à signaler des traits
ou relater des épisodes qui, au premier abord, pou
vaient paraître difficilement conciliables avec la qua
lité de Fils de Dieu. Jésus cache sa dignité messianique
et demande plus d’une fois qu’on fasse silence sur les
miracles qui en sont la garantie ( 1, 25, 34, 44; 3, 11-12;
5y 43; 7, 36; 8, 26, 30; 9, P). Il demande au démon de
Guérasa comment il s’appelle et se laisse expliquer par
lui le sens de son nom (5, 9). Jésus « ne peut faire » à
Nazareth aucun miracle et il « s’étonne » de l’incrédulité
de ses compatriotes (6, 6). Il opère deux miracles d’ime
manière laborieuse, en gémissant, et comme s’il fallait
qu’il s’y prenne à deux fois (7, 32-35; 8, 22-25). Le
lendemain de l’entrée triomphale à Jérusalem, Jésus,
ayant faim, se dirige vers un figuier pour « voir s’il y
trouverait quelque chose; mais y étant allé, il ne trouva
rien que des feuilles; car ce n’était pas le temps des
figues » (11, 12-13). Jésus ignore le jour et l’heure du
retour du Fils de l’homme; « personne ne les sait, ni
les anges dans le ciel, ni le Fils; il n’y a que le Père »
( 13, 32 ). La Passion, dans l’évangile de Marc, est un dra
me sombre, lugubre, où Jésus va à la mort dans l’uni
versel abandon, prononce des paroles d’apparent dés
espoir et meurt en jetant un grand cri (15, 34). Enfin
Marc n ’a pas hésité à conter l’épisode pénible où les
parents de Jésus viennent pour « se saisir de lui; car ils
disaient: Il est hors de lui! » (3, 21). La plupart de ces
traits sont estompés ou passés sous silence dans les
deux autres synoptiques, et ces atténuations ou omis
sions de révérence sont le plus bel hommage rendu à
l’absolue sincérité de Marc. Pierre estimait qu’il n’avait
MARC 216
rien à cacher des faits et dits de Jésus; même s’il ne
les comprenait pas complètement ou s’ils faisaient diffi
culté pour son auditoire, il devait les raconter, puisqu’il
les avait vus ou entendus. Marc a eu la même simplicité.
C’est un bonheur pour nous.
Les Apôtres n’ont pas davantage droit à un traitement
de faveur. Marc ne les a pas fardés; il les a présentés
tels qu’ils étaient, avec ce mélange de qualités et de
misères qui est le lot des meilleurs. Ils sont très atta
chés à leur Maître, qu’ils suivent fidèlement jusqu’à
l’heure du grand abandon; mais ce sont bien des Juifs
de leur temps, tout pleins des préjugés du messianisme
temporel, jaloux, avides des premières places dont ils
aiment à discuter entre eux {9, 33-34; 10, 37-41), peu
reux (10, 32), et finalement fuyards (14, 30). Ils sont
d’esprit et de cœur étroits, voulant garder Jésus pour eux
seuls ou cherchant à l’arracher à des occupations qu’ils
jugent indignes d’unRabbi {9,38; 10,13). Leur inintelli
gence des actes et des paroles du Maître éclate à
chaque instant, Marc y insiste même à tel point (6, 32;
8, 14-21 ; 9, 9-10, 32 ) qu’on serait tenté de voir un réqui
sitoire dans son attitude, si l’on ne savait par tout l’en
semble de son œuvre qu’elle n’est que franchise et
sincérité.
Même remarque pour ce qui est dit de Pierre. Celui-
ci, dans sa catéchèse, ne se vantait ni ne se faisait meilleur
qu’il n’avait été. Marc, là encore, l’a imité. Il a noté que,
lors de la Transfiguration, Pierre a parlé « ne sachant
que dire » (9, 6), qu’il a été rabroué par Jésus, à qui,
dans un élan d’affection trop terrestre, il s’était permis
de faire la leçon (8, 32-33), qu’il attendait comme les
217 MARC
autres une grande récompense pour avoir tout aban
donné et suivi Jésus (10, 28), qu’à Guethsémani Jésus
lui avait reproché de « n’avoir pas eu la force de veiller
une heure » (14, 37), et qu’en dépit de ses protesta
tions de fidélité (14, 29-31 ), il avait par trois fois renié
son Maître ( 14, 66-72 ).
Pareille loyauté est peut-être un fait unique dans l’his
toire du témoignage. Pierre, le chef de l’Eglise, ne
croyait pas déroger en disant tout bonnement ses mi
sères, pas plus qu’il ne croyait minimiser Jésus en rela
tant dans sa catéchèse des traits qui le faisaient tout
proche de nous. Marc l’a imité. Rien n’a été retouché,
« présenté », altéré, du témoignage primitif. Nous sai
sissons le jaillissement à sa source même. Là encore il
est heureux que Marc n’ait été ni un délicat, ni un
artiste, ni im penseur. Il a pour nous de meilleurs titres.
Auditeur de Pierre, il a transmis fidèlement à la posté
rité ce que disait Pierre et, pour reprendre les expres
sions si souvent citées de Papias et qu’en cette fin
d’étude on pourra mieux comprendre: « Il n’a eu qu’une
préoccupation: ne rien laisser de ce qu’il avait entendu
et ne rien dire de mensonger. » En lisant Marc, nous
sommes sûrs d’entendre la voix de celui qui disait cou
rageusement aux sanhédrites: « Nous ne pouvons,
nous, ne pas parler de ce que nous avons vu et enten
du » (Ac 4 ,2 0 ).
MARC 218
Table analytique de TEvangile selon saint Marc
219 MARC
Une journée à Capharnaüm ( 1 ,21-34 ) :
Enseignement à la synagogue et guérison d’un
« homme avec un esprit impur » ( 1 ,21-28 ).
Guérison de la belle-mère de Simon ( 1 ,29-31 ).
Guérisons collectives du soir ( 1 ,32-34 ).
Jésus quitte secrètement Capharnaüm et parcourt la
Galilée
Guérison d ’un lépreux ( 1 ,40-43 ).
MARC 220
Le semeur ( 4 ,3-20 ).
La lampe ( 4 ,21-23 ).
La mesure ( 4 ,24-23 ).
La semence qui croît d’elle-même ( 4 ,26-29 ).
Le grain de sénevé ( 4 ,30-32 ).
Conclusion ( 4 ,33-34 ).
221 MARC
6. Jésus sur les bords de la mer de Galilée (8, 10-26):
Dans la région de Dalmanoutha. Les Pharisiens
demandent un signe venant du ciel {Sy 10-13).
Le levain des Pharisiens et le levain d’Hérode
{Sy 14-21).
L’aveugle de Béthsaïde ( 8 ,22-26 ).
7. Sur le chemin des villages de Césarée de Philippe.
La profession de foi de Pierre ( 8 ,27-30 ).
MARC 222
III LA MONTÉE VERS JÉRUSALEM ( 1 0 ,1-32)
En route pour la Judée ( 10,1 ).
Indissolubilité du mariage ( 10,2-12 ).
Jésus bénit les enfants {10,13-16).
La question d'un riche ( 1 0 ,17-22 ).
Le danger des richesses ( 10, 23-27 ).
Récompense promise à quiconque aura tout laissé
(10,28-31).
Troisième annonce de la Passion ( 10,32-34 ).
La requête des fils de Zébédée ( 10,33-43 ).
L’aveugle de la sortie de Jéricho (1 0 ,46-32 ).
IV A JÉRUSALEM H L M 3 , 37)
Accueil triomphal de Jésus aux Portes de Jérusalem
(1 1 ,M l ) .
Le figuier maudit (1 1 ,12-14 ).
Les vendeurs chassés du Temple (1 1 ,13-18).
Entretien sur le figuier dessédié (1 1 ,1 9-26 ).
Propos polémiques de Jésus (11,27-12,37a) :
La mission de Jésus et le baptême de Jean (11, 27-33 ).
Parabole des vignerons homicides (12,1-12).
Le paiement du tribut ( 1 2 ,13-17 ).
La femme aux sept maris et la résurrection (1 2 ,1 8-27 ).
Le premier de tous les commandements (12, 28-34 ).
Le Christ, fils et Seigneur de David ( 12, 33-37a).
Jugement sur les scribes ( 12,37b-40 ).
L’« obole » de la veuve ( 12,41-44 ).
223 MARC
Discours sur la ruine du Temple et la Venue en gloire
du Fils de l’homme (13,1-37):
Annonce de la ruine du Temple et question des
disciples ( 13,1-4).
La ruine de Jérusalem (13, ^-18) :
signes précurseurs (13,3-13 ).
le signe de son imminence et son caractère terri
fiant ( 13,14-15).
La grande affliction ( 1 3 ,19-23 ).
Les catastrophes cosmiques et la Venue en gloire du
Fils de l’homme (13,24-27 ).
La parabole du figuier (1 3 ,28-32 ).
Exhortation à la vigilance ( 13,33-3 7 ).
V LA PASSION ( 14,1-13,47)
A Guethsémani ( 14,32-52 ) :
L*« agonie » et la prière ( 32-42 ).
L’arrestation de Jésus ( 43-50 ).
Le jeune homme nu ( 51-52 ).
La comparution devant le grand prêtre (1 4 ,53-é4 ).
Premiers outrages ( 14, é5 ).
Les reniements de Pierre ( 14, G6-72 ).
Séance du Sanhédrin. Jésus livré à Pilate ( 15,1 ).
Jésus devant Pilate ( 15,2-15).
Nouveaux outrages et couronnement d’épines
(15,15-20^).
Sur le chemin du Golgotha (1 5 ,20b-23 ).
Le crucifiement (15,24-25).
Jésus en croix raillé et insulté (1 5 ,29-32 ).
Les derniers instants et la mort de Jésus ( 15,33-37 ).
Après la mort de Jésus (1 5 ,38-41 ).
La sépulture (15,42-47 ).
prophète:
Voici que f envoie mon messager en avant de toi,
pour frayer ton chemin,
^ Voix de celui qui clame dans le désert:
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.
227 MARC
^ parut Jean le Baptiseur dans le désert, procla
mant un baptême de repentir pour la rémission des
péchés. ^ Et sortait vers lui tout le pays de Judée,
ainsi que tous les habitants de Jérusalem, et ils
étaient baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain,
en avouant leurs péchés. ^Et Jean était vêtu de
poils de chameau et d’un pagne de peau autour des
reins, et il mangeait des sauterelles et du miel
sauvage.
Mt 3, 1 1
^ Et il proclamait: « Il vient après moi, celui qui
Le 3, 1 6
est plus fort que moi, et je ne mérite pas de me
Jn 1, 15.27 courber pour délier la courroie de ses chaussures.
30-31
MARC 228
Bible française. Paris, 1547.
Baptême de Jésus
229 MARC
«Grande vie du Christ» de Ludolpbe le Chartreux. X V siècle.
12 « Et aussitôt » (déjà v 10), terme aimé de Marc, qui l’emploie 42 fois, dont 11
Hann le chapitre 1. — « le pousse », noter la vigueur de l ’expression. — « au dé
sert », cf V 4, et la note.
13 Le récit est sobre et vivant; Mt et Le détaillent la tentation. — « quarante
jours », comme Moïse « avec Yahvé » (Ex 34, 28) et Elle, qui « marche quarante
jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu» (1 Rs 19, £). Ce chiffre 40
a quelque chose de stylisé, conventionnel, cf Gn 7, 4; Ex 16, 33; Jos 14, 7
Jug 3, 11; 5, 32; 8, 28; Ac 1, 3; etc. — « tenté » (cf les parallèles Mt 4, 1
Le 4, 2), ou « mis à l ’épreuve » (cf 8, 11; 10, 2; 12, 13. — « le Satan », cf 3, 26;
4, 13; Mt 12, 26; Le 10, 18; 11, 18; 13, 16; 22, 31; Jn 13, 27. On trouve aussi
« Satan » 3, 23; Le 22, 3; 2 Co 12, 7. Avec ou sans l’article, il s’agit de l’Adver
saire, l ’Accusateur qui combat l ’action de Dieu et de ses fidèles. On le rencontre
déjà dans l ’A.T., cf Jb 1, 6-12; 2, 1-7: Zach 3, 11; 1 Chr 21, 1. — « avec les bêtes
sauvages », pour marquer l ’horreur du séjour, ou la protection divine qui rend
ces betes inoffensives, cf Jb 5, 22 sv; Ps 91, 11-13; et aussi Is 11, 6-8. — « les
anges le servaient », probablement lui donnaient à manger, cf Mt 4, 2, 11;
Le 4, 2.
MARC 230
IL MINISTÈRE DE JÉSUS EN GALILÉE
ET DANS LES PAYS VOISINS
(1,14 — 9 ,JJO)
231 MARC
1 [Pépervier] dans la mer; car c’étaient des pêcheurs.
Et Jésus leur dit: « Venez à ma suite, et je vous
ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Et aussitôt,
laissant les filets, ils le suivirent. Et quelques pas
plus loin, il vit Jacques, le [fils] de Zébédée, et
Jean son frère, eux aussi dans leur bateau en train
d’arranger les filets, “ et aussitôt il les appela. Et,
laissant leur père Zébédée dans le bateau avec les
mercenaires, ils s’en allèrent à sa suite.
MARC 232
enseignait. ^ E t on était frappé de son enseigne- 1
ment, car il les enseignait comme ayant pouvoir, et ÎJ
non comme les scribes.
^ E t aussitôt il y eut dans leur synagogue tin
homme avec un esprit impur, qui s’écria: « Que ^
nous veux-tu, Jésus le Nazarénien? Es-tu venu pour
nous perdre? Je sais qui tu es: le Saint de Dieu. »
Et Jésus le menaça, en disant: « Silence! et sors de
lui. » ^^Et, le secouant avec violence et jetant un
grand cri, l’esprit, l’[esprit] impur, sortit de lui. ^ Et
tous furent effrayés, de sorte qu’ils discutaient
entre eux et disaient: « Qu’est ceci? Un enseigne
ment nouveau, donné avec pouvoir! Il commande
même aux esprits, aux [esprits] impurs, et ils lui
obéissent! » Et sa renommée se répandit aussitôt Mt 4,2?
233 MARC
Guérison de la belle-mère de Simon
29 Cette répétition de « aussitôt » ( w 18, 20, 21, 23) donne au récit une allure
précipitée, haletante. — « la maison de Simon et d’André », ils habitaient donc à
Caphiamaüffl (v 21).
30 « était couchée », lit: e étendue » (sur un lit). — « ils lui parlent d’elle », leur
intervention est discrète et relatée avec discrétion.
31 « la tenant pat la main », même geste e s tim é de la même manière, 5, 41;
9, 27. — « tenant, quitta, servait », noter la variété des temps, edui du simple
récit, celui de la drâcription.
32 « le soir », désigne une heure tardive de la journée, cf 4, 33; 6, 47; 14, 17;
13, 42. — « lorsque fut couché le soleil », précise la donnée précédente; le sabbat
est maintenant terminé. — « ceux qui allaient mal », c’est-à-dire qui étaient atteints
d ’affections diverses, cf 2, 17; 6, 33; Mt 4, 24; 8, 16; 9, 12; 14, 33; 17, 13;
Le 5, 31; 1 , 2 . — * les démoniaques », cf 5, 13, 16, 18; Mt 4, 24; 8, 16, 28, 33;
9, 32; 12, 22; 15, 22; Le 8, 36; Jn 10, 21; et voir v 23, et la note.
33 « toute la ville », hyperbole, cf 1, 3 « tout le iMjts de Judée... ».
34 « le connaissaient », c’est-à-dire, comme retq>licite Le 4, 41: « ils savaient qu’il
était le Christ ». Sur cette interdiction que fait Jésus de publier sa qualité de Mes
sie (ce qu’on a appelé « secret messianique »), cf w 23, 44; 3, 12; 5, 43; 7, 36;
8, 26; Mt 8, 4; 9, X ; 1 2 , 16.
MARC 234
Jésus quitte secrètement Capharnaüm
et parcourt la Galilée
235 MARC
1 fié. » Et aussitôt la lèpre le quitta, et il fut purifié.
Et Payant grondé, aussitôt il le chassa. ^ Et il lui
dit: « Attention! ne dis rien à personne; mais va te
montrer au prêtre, et présente pour ta purification
ce qu’a prescrit Moïse, en témoignage pour eux. »
Mais lui, une fois sorti, se mit à proclamer par
tout la chose et à la divulguer, de sorte que [Jésus]
ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville,
mais il se tenait en dehors, dans des lieux déserts,
et on venait vers lui de toute part.
MARC 236
viennent des gens qui lui conduisent un paralytique
porté par quatre hommes. * Et comme ils ne pou
vaient [le] lui présenter à cause de la foule, ils
découvrirent le toit là où il était, et après avoir
déblayé, ils descendent le grabat où le paralytique
était couché. ^ Et, voyant leur foi, Jésus dit au para
lytique; « Mon enfant, tes péchés sont remis. »
^ Il y avait là quelques scribes qui étaient assis et
qui raisonnaient en leurs coeurs: ^ « Pourquoi celui-
là parle-t-il ainsi? Il blasphème! Qui peut remettre
les péchés, si ce n’est Dieu seul? » * Et aussitôt,
connaissant en son esprit qu’ils raisonnaient ainsi
en eux-mêmes, Jésus leur dit: « Pourquoi raisonnez-
vous ainsi dans vos cœurs? ^ Quel est le plus facile,
de dire au paralytique: Tes péchés sont remis, ou
de dire: Lève-toi, et prends ton grabat et marche?
Eh bien! pour que vous sachiez que le Fils de
l’homme a pouvoir de remettre les péchés sur la
3 Verset éminemment descriptif: la chose est décrite comme elle est vue, au fur
et à mesure qu’elle se déroule.
4 « ils découvrirent le toit », opération assez facile, le toit, ou plutôt la terrasse
n’étant composée que de poutres légères, de branchages et de terre battue; il
suffisait de faire un trou, « d’ôter en creusant»; Le écrit (5, 19): « à travers les
tuiles ils le descendirent ». — « le grabat », mot de la langue populaire, encore
w 9, 11, 12; 6, 55; Jn 5, 8, 9, 10, 11; Ac 5, 15; 9, 33; Mt et Le l ’évitent. — Ce
verset, comme le précédent, dépeint et fait voir la chose.
5 « leur foi », la certitude que Jésus a le pouvoir de guérir, et qu’ils manifestent
par leur action. — « sont remis » (et non « pardonnés » Segond BC), cf w 7, 9 sv;
3, 28; 4, 12; 11, 25; Le 11, 4. L’idée de « pardon » du péché apparaît seulement
Col 2, 13; 3, 13.
6 « scribes », cf 1, 22, et la note. — « raisonnaient », cf v 8; 8, 16 sv; 9, 33;
11, 31. — « en leurs coeurs », dans la physiologie et la psychologie sémitiques, le
cœur est le centre de toute l ’activité consciente, intellectuelle, affective, volitive.
1 «celui-là», dépréciatif et méprisant. — « I l blasphème! » (3, 28 sv; 15, 29),
c’est-à-dire tient des propos outrageants à l ’égard de la majesté divine.
8 « Et aussitôt », cf 1, 10, et la note. — « raisonnaient », cf v 6, et la note.
10 « le Fils de l ’homme» (v 28; 8, 31, 38; 9, 12, 31; 10, 33, 45; 13, 26;
14, 21, 41, 62), cette dénomination de Jésus, empruntée à Daniel (7, l3 ) et à la
littérature apocalyptique, désime et voile l ’éminente dignité de Jésus, laquelle
éclatera lors de son retour en gloire (8, 38; 13, 26),
237 MÂBLC
terre, je te le dis, dit-il au paralytique, lève-toi,
prends ton grabat et va-t’en chez toi. » Et il se
leva, et aussitôt prenant le grabat, il sortit devant
tous, de sorte que tous étaient stupéfaits et glori
fiaient Dieu, en disant: « Jamais nous n’avons vu
ça! »
12 « étaient stupéfaits », cf 5 , 42; 6, 51; et aussi 1, 27; 10, 24, 32. — « glorifiaient
Dieu », expression unique dans Mc; elle parait 2 fois dans Mt, 8 fois dans Le,
2 fois dans Jn.
13 « il sortit», au sens de s’en aller, cf 1, 45; 3, 21. — «toute la foule»,
cf 1, 45, et la note.
14 « L ^ i », encore et seulement Le 5, 27, 29; en Mt 9, 9, le même personnage a
nom Matthieu. — « Suis-moi », comme disciple, cf 1, 18, et la note. — « bureau du
péage », Lagrange: « bureau où l ’on percevait le portorium, comprenant à la fois la
douane, l’octroi et le péage. Il y en avait un à Caphamaüm parce que cette ville
était à la limite des états d ’Hérode Antipas qui voisinait là avec srm frète
Philippe ».
15 « Et le voilà à table », lit: « Et il advient qu’il se trouve à table ». — « dans sa
maison », celle de Lévi (Le 5, 29). — « publicains », collecteurs des impôts, redou
tés, haïs et méprisés en tant que fonctionnaires de la puissance occupante. —
« piécheurs », qui n ’observaient pas le code de pureté légale et en prenaient à leur
aise avec les autres prescriptions de la Loi, e t M t 5, 46; 11, 19; 18, 17; 21, 31. —
« publicains et pécheurs », cf Mt 9, 10 sv; 11, 19; Le 5, 30; 1, 34; 15, 1; au v 16
« les pécheurs et les publicains ». — « car ils étaient nombreux », cf 1, 16, et la
note.
16 « les scribes des Pharisiens », c’est-à-dire ceux qui appartenaient à la secte des
Pharisiens (cf Ac 23, 9), défenseurs convainciu de ia Loi et de la Tradition
MARC 238
Pharisiens, le voyant manger avec les pécheurs et
les publicains, disaient à ses disciples: « Eh quoi! il
mange avec les publicains et les pécheurs! » ^^Et
ayant entendu, Jésus leur dit: « Ce ne sont pas les
gens valides qui ont besoin de médecin, mais ceux
qui vont mal; je ne suis pas venu appeler des
justes, mais des pécheurs. »
239 MARC
21
« Personne ne coud un ajout d’étoffe non
foulée à un vieux manteau; sinon, le morceau rap
porté en enlève un bout, le neuf du vieux, et une
déchirure pire se produit.
“ « Et personne ne met du vin nouveau dans de
vieilles outres; sinon, le vin crèvera les outres, et
le vin est perdu ainsi que les outres. Mais à vin nou
veau outres neuves! »
MARC 240
30 — Les trois tentations du Christ (Mt 4, 1-11 ; Mc 1, 12-13).
« Miroir de l’Humaine Salvation ». Manuscrit du XV® siècle. Musée
Condé, Chantilly, n° 1363.
33 — Guérison du possédé et aven
31 — Jésus parle aux disciples. ture des cochons (Mc 5, 1-20).
27 On cite volontiers le commentaire rabbinique d’Ex 31, 14: « le sabbat vous est
donné, ce n’est pas vous qui êtes donnés au sabbat ».
1 « entra de nouveau », cf 1, 21. — « dans une synagogue », l ’absence de l ’article
(encore 13, 9 (pluriel); Jn 6, 39; 18, 20; Ja 2, 2; Ap 2, 9) n’oblige pas à penser
qu’il s’agit d’une synagogue autre que « la synagogue » de 1, 21, 29. — « dessé
chée », comme le figuier de 11, 20 sv.
2 « on l ’épiait », sur cette surveillance hostile, qui cherche à prendre en faute,
cf Le 6, 7; 14, 1; 20, 20; Ac 9, 24.
3 « Lève-toi au milieu », l ’homme est invité à quitter sa place et à venir devant
l’assemblée.
4 Le propos est polémique: « faire du bien », comme j ’en ai l ’intention; « mal
faire », comme vous vous proposez d ’agir à mon égard {cf v 6: « afin de le faire
périr »). — « Eux se taisaient », cf 9, 34.
5 « promenant ses regards », ce regard circulaire de Jésus est une notation propre
à Marc, encore v 34; 5, 32; 9, S; 10, 23; 11, 11 (Le 6, 10 dépend de Mc 3, 5). —
« profondément attristé » {hapax), sur la tristesse de Jésus, cf 14, 34; Mt 26, 37 sv.
— Autre leçon (cf 1, 41): «pris de colère». — «endurcissement de leur cœur»,
c’est-à-dire obstination volontaire de l ’être entier (esprit, sensibilité, volonté), qui
refuse de se laisser éclairer et convaincre; le « cœur » est devenu calleux, insensible
et impénétrable à toute réalité spirituelle; cf Eph 4, 18; et encore Mc 6, 32; 8, 17;
Jn 12, 40; Ro 11, 7, 23; 2 Co 3, 14. — « fut rétablie »; pour le terme, cf 8, 23;
9, 12; Mt 12, 13; 17, 11; Le 6, 10; Ac 1, 6.
241 MARC
« Etends la main. » Et il l’étendit, et sa main fut réta
blie. ^ Et, une fois sortis, les Pharisiens réunissaient
aussitôt un conseil avec les Hérodiens contre
[ Jésus ], afin de le faire périr.
MARC 242
devant lui et criaient: « C’est toi, le Fils de Dieu! » 3
^^Et il leur enjoignait fortement de ne pas le faire 4;Jî
connaître.
243 MARC
3 Matthieu, et Thomas, et Jacques, le [fils] d’Alphée,
et Thaddée, et Simon le Cananéen, ^®et Judas
Iscarioth, celui-là même qui le livra.
MARC 244
les appelant à lui, il leur disait en paraboles: 3
« Comment Satan peut-il chasser Satan? Que si
un royaume se divise contre lui-même, ce royaume
ne peut se maintenir, ^ et si une maison se divise
contre elle-même, cette maison ne pourra tenir.
^^Et si le Satan s’est dressé contre lui-même et
s’est divisé, il ne peut tenir, mais il est fini. ^ Per
sonne non plus ne peut entrer dans la maison de
celui qui est fort et mettre ses affaires au pillage,
s’il n’a d’abord lié celui qui est fort; et alors il
mettra sa maison au pillage.
^ » En vérité, je vous dis que tout sera remis aux 12, 31-32
fils des hommes, les péchés et les blasphèmes ^
autant qu’ils en blasphémeront; ^^mais quiconque
aura blasphémé contre l’Esprit, l’[Esprit] Saint,
n’obtient jamais de rémission: il est coupable d’un
péché éternel! » ^ C’est qu’ils disaient: « Il a un
esprit impur. »
27 « ses affaires », ses objets, son mobilier; Le 11, 21 par interprète « ses biens ».
— « lié », cf 5, 3 sv; 6, 17; 15, 1; Ap 20, 2. — « celui qui est fort », c’est Jésus;
le « lié », c’est Satan.
28 « En vérité », interprétation du terme hébreu « Amen », encore 8, 12/ 9, 1, 41;
10, 15, 29; 11, 2i; 12, 43; 13, 30; 14, 9, 18, 25, 30. En Jn, on a une vingtaine de
fois « En vérité, en vérité ». On poun-ait aussi traduire « oui » et « oui, oui ». —
« remis » (et non « pardonné »), cî 2, 5, et la note. — « fils des hommes », sémi
tisme pour « hommes », cf Mt 12, 31 par. — « blasphèmes », propos injurieux contre
Dieu, de quelque nature qu’ils soient.
29 Jésus chasse les démems « p ar l ’Esprit de D ieu» (Mt 12, 28). L’accuser de les
chasser par Béelzéboul, c’est mentir et pécher contre la lumière, péché qui, s’il
subsiste, est irrtoissible, cf He 6, 4-6.
30 « un esprit impur », cf v 22; « Il a Béelzéboul », et 1, 23, et la note.
245 MARC
La vraie parenté de Jésus
Parabole
du semeur.
Gravure de
J. de Tournes.
Lyon, 15S8.
MARC 246
L'enseignement en paraboles. Occasion
Le semeur
247 MARC
fruit. *Et d'autres [grains] sont tombés dans la
bonne terre, et ils donnaient du fruit en montant et
en croissant, et ils rapportaient l’un trente, et
l’autre soixante, et l’autre cent. » ’ Et il disait:
« Que celui qui a des oreilles pour entendre en
tende! »
Et lorsqu’il se trouva seul, ceux qui étaient
autour de lui avec les Douze l’interrogeaient sur les
paraboles. Et il leur disait: « A vous a été donné
le mystère du royaume de Dieu, mais pour ceux qui
sont du dehors tout se passe en paraboles, afin que
regardant, Us regardent et ne voient pas, et
qu*entendant, ils entendent et ne comprennent
pas,
de peur qu'ils ne se convertissent
et qu'il ne leur soit fait rémission. »
Et il leur dit: « Vous ne saisissez pas cette
parabole? Comment alors comprendrez-vous toutes
MARC 248
les paraboles? ” Le semeur sème la Parole. Il y
a ceux qui sont le long du chemin où est semée la
Parole, et lorsqu’ils l’ont entendue, aussitôt vient le
Satan, et il enlève la Parole qui a été semée en
eux. Et il y a pareillement ceux qui reçoivent la
semence sur les rocailles \ lorsqu’ils ont entendu la
Parole, aussitôt ils la reçoivent avec joie, ^^et ils
n’ont pas de racine en eux-mêmes, mais ils sont les
hommes d ’un moment; survienne ensuite une afflic
tion ou une persécution à cause de la Parole, aussi
tôt ils sont scandalisés. Et il y en a d’autres qui
reçoivent la semence dans les épines \ ce sont ceux
qui ont entendu la Parole, et les soucis de ce
monde, la duperie de la richesse et les autres con
voitises, faisant en eux leur chemin, étouffent la
Parole, et elle devient stérile. Et il y a ceux qui
ont reçu la semence sur la terre, la bonne [terre] ;
ceux-là entendent la Parole et l’accueiUent et
portent du fruit, l’un trente, et l’autre soixante, et
l’autre cent. »
249 MARC
La lampe
La mesure
Le 8.2»
^ Et il leur disait: « Prenez garde à ce que vous
Mt 7, 2
entendez! C’est avec la mesure dont vous mesurez
Le 6 .J»
qu’il vous sera mesuré. Et il vous sera ajouté; ^ car
Mt 13,22
celui qui a, on lui donnera, et celui qui n’a pas,
même ce qu’il a lui sera enlevé. »
21-32 Quatre logia indépendants et qui se trouvent (sauf celui de « la semence qui
croît d’elle-même », w 26-29, propre à Mc) répartis autrement dans Mt et Le
(voir les références marginales).
21 « la lampe vient-elle », e^^resslon pittoresque, qui ne figure pas dans les paral
lèles. — « boisseau », sorte de baquet, porté par trois ou quatre pieds, et servant à
contenir le blé nécessaire à la maison^ Oa n’en recouvrait pas la lampe, on pouvait
la placer dessus.
22 Le secret du royaume sera révélé et paraîtra en pleine lumière. Pour l ’ensemble
du logion, cf Mt 3, 13; 10, 26; Le 8, 26-17; 11, 33; 12, 2-3.
24 « Prenez mode », cf 8, 13; 12, 38; 13, 3, 9, 23, 33. — « Et il vous sera ajou
té », pnmte à Mc; en Mt 13, 22 et 25, 29: « il aura en surabondaiKe ».
25 « meme ce qu’il a lui sera enlevé »; Le (8, 18) a fait disparaître l ’aspect para
doxal de l ’expression (oxymoron), en écrivant: «même ce qu’il croit avoir».
Lagrange commente: «celui qui s’ouvre davantage à l ’enseignement recevra davan
tage..., tandis que celui qui n’a rien acquis perdra encore ».
MARC 250
la terre. ^ Qu*il dorme ou qu’il se lève, de nuit et 4
de jour, la semence pousse et grandit, comment, il
ne le sait pas. ^ D’elle-même la terre produit du
fruit, d’abord une herbe, puis un épi, puis du blé
plein l’épi. ^ Lorsque le fruit s’y prête, aussitôt il y
met la faucille, parce que la moisson est là. »
Le grain de sénevé
Conclusion
Mt 1 },3 4
Et par beaucoup de paraboles de ce genre il
leur disait la Parole, selon ce qu’ils pouvaient
26-29 Belle parabole, qui peut servir de consolation à tous ceux qui croient « prê
cher dans le désert ».
27 « se lève » ou « soit éveillé ». — « comment, il ne le sait pas », la croissance
silencieuse et continue de la semence échappe à l ’observation.
28 « D’elle-même », encore et seulement Âc 12, 10.
29 « Lorsque le fruit s’y prête », ou « le permet »; on traduit aussi: « Lorsque le
fruit a donné ».
30 « Comment... ou », répétition sémitisante, cf Le 7, 31; 1 3 , 18 par.
31 « sénevé » ou « moutarde ». — « la plus petite de toutes les semences »,
donnée pcÿulaire, scientifiquement peu exacte, mais bien venue pour la parabole.
32 « l^um es » (ou: « plantes potagères »), cf Mt 13, 32 par; Le 11, 42; Ro 14, 2.
La c i t a t ^ est e m p r u n t à Daniel 4, 9, et Ezédiiel 17, 23; 31, 6. — a s’abriter »,
cf Mt 13, 32 par; Le 13, 19 par; Ac 2, 25.
251 MARC
4 entendre: ^sans parabole, il ne leur disait [rien],
mais à Pécart, à ses disciples à lui il expliquait tout.
La tempête apaisée
Mt 8, ÎS
23-27 Et il leur dit, ce jour-là, le soir venu: « Passons
à Pautre rive. » ^ Et, laissant la foule, ils le pren-
Lc 8 , 22 -2} comme il était dans le bateau; et il y avait
d ’autres bateaux avec lui. Survient une violente
bourrasque, et les vagues se jetaient dans le
bateau, de sorte que déjà le bateau s’emplissait.
^ Et lui, à la poupe, sur le coussin, dormait. Et ils
l’éveillent et lui disent: « Mdtre, cela ne te fait rien
que nous périssions! » ^^Et, s’étant réveillé, il
menaça le vent et dit à la mer: « Tais-toi! Reste en
silence! » Et le vent tomba, et il se fit im grand
calme. Et il leur dit: « Pourquoi êtes-vous si peu
reux? Comment n’avez-vous pas de foi! » Et ils
furent saisis d’xme grande crainte, et ils se disaient
entre eux: « Qui donc est-il, celui-là, que même le
vent et la mer lui obéissent! »
MARC 252
Bible italienne. Venise, 1^25.
253 MARC
son habitation dans les tombes, et même avec ime
chaîne personne ne pouvait plus le lier. * Souvent,
en effet, on Tavait tenu lié avec des entraves et
des chaînes, et il avait rompu les chaînes et mis en
pièces les entraves, et personne ne parvenait à le
dompter. ^ Et sans cesse, nuit et jour, dans les tom
bes et dans les montagnes, il était à crier et à se
taillader avec des pierres.
^ Et, voyant Jésus de loin, il courut, se prosterna
devant lui ’ et, criant d’ime voix forte, il dit: « Que
me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut? Je
t’adjure de par Dieu, ne me torture pas! » * Car il lui
disait: « Sors de cet homme, esprit, [esprit]
impur. » ^ Et il l’interrogeait: « Quel est ton nom? »
Et il lui dit: « Mon nom est Légion, parce que nous
sommes beaucoup. » Et il le priait instamment de
ne pas les envoyer hors du pays.
Or, il y avait là, sur la montagne, un grand trou
peau de cochons en train de paître. Et [les
MARC 254
esprits impurs] le prièrent, en disant: « Envoie-nous
dans les cochons, que nous entrions en eux. » Et
il le leur permit. Et, étant sortis, les esprits, les
[esprits] impurs, entrèrent dans les cochons, et le
troupeau s’élança du haut de l’escarpement dans la
mer — environ deux mille — et ils s’étouffaient
dans la mer.
Et ceux qui les gardaient prirent la fuite et
annoncèrent [la chose] à la vifle et dans les ha
meaux, et les gens vinrent voir qu’est-ce qui était
arrivé. Et ils viennent vers Jésus, et ils aperçoi
vent le démoniaque, assis, vêtu et raisonnable, lui
qui avait eu Légion; et ils eurent peur. ^^Et ceux
qui avaient vu [la chose] leur racontèrent comment
cela était arrivé pour le démoniaque, ainsi que
l’histoire des cochons. Et ils se mirent à prier
[Jésus] de s’en aller de leur territoire.
Et tandis qu’il montait dans le bateau, celui qui
avait été démoniaque lui demandait de rester avec
lui. Et il ne lui permit pas, mais il lui dit: « Va-t’en
255 MARC
5 chez toi, auprès des tiens, et annonce-leur tout ce
que le Seigneur a fait pour toi et comment il a eu
pitié de toi! » ^ Et il s’en alla et se mit à proclamer
dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour
lui. Et tous étaient étonnés.
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38 — Meurtre de Jean-Baptiste (Mc 6, 17-29). La fille d’Héro-
diade tient le plat dans lequel sera mise la tête de Jean-Baptiste.
V ie des saints. Manuscrit du X I I P siècle. "Bibliothèque Sainte-
Geneviève, n° 588.
pensé tout son avoir sans le moindre profit; bien au
contraire, son état n’avait fait qu’empirer. ^ Ayant
appris ce qu’on disait de Jésus, elle vint dans la
foule par-derrière et toucha son manteau. ^®Car
elle disait: « Si je touche ne fût-ce que ses vête
ments, je serai sauvée ! » Et aussitôt se dessécha
la source de son sang, et elle connut en son corps
qu’elle était guérie de son fléau.
^ E t aussitôt, connaissant en lui-même qu’une
puissance était sortie de lui, Jésus, se retournant
dans la foule, disait: « Qui m’a touché les vête
ments? » Et ses disciples lui disaient: « Tu vois la
foule qui te presse de toute part, et tu dis: Qui m’a
touché! » ^^Et il regardait tout autour pour voir
celle qui avait fait cela, La femme, apeurée et
tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint,
tomba devant lui et lui dit toute la vérité. ^ Il lui
dit: « Ma fille, ta foi t ’a sauvée! va en paix, et sois
saine de ton fléau. »
qu oQ d . .
cernant Jésus », cf Le 22, 37; 24, 19, 27; Ac 1, 3} 18, 23. — « dans la foule par-
derrière », de manière à n'étre pas vue, car elle est unpuÎK, cf Lev 15, 25.
28 « elle disait », c’est-àndire se disait, pensait. — * sauvée! » c’est-à-dire guérie.
Sur le pouvoir curatif des objets en relaticm avec le thaumaturge, cf Âc 19, 12;
5, 15.
29 « aussitôt se dessécha la source de son sang », réalisme de Mc; Le (8, 44 par)
écrit: « à l ’instant même s’arrêta le flux de son s a ^ ». — « fléau », terme très fort,
qu’il ne convient pas d’atténuer; le mal est considéré comme un châtiment infligé
par Dieu qui fouette, flagelle (He 12, 6).
30 « Qm m’a touché les vêtements? » style populaire; Le 8, 45 par: « Quel est
celui qui m’a toudié? »
31 « te presse de toute part », encore et seulement v 24. — La remarque des dis
ciples est du même t<» qu’en 4, 38, familière sans être irrespectueuse; Le par l ’a
adoucie: « Maître, ce sont les foules qui te serrent et te pressent ».
32 « il regardait tout autour », sur ce regard circulaire de Jésus propre à Mc
(Le une seule fois), cf 3, 5, et la note.
33 « tomba devant lui », cf 3> 11; Le 8, 28, 47; Ac 16, 29; en Mc 7, 25: * tom
ber à ses pieds ».
34 « Ma fille »; v 35 « Ta fille ». On trouve aussi: « ma, sa jeune fille » (5, 23;
7, 25); « fillette » (v 41 sv; 6, 22, 28; Mt 9, 24 sv; 14, 11). — « ta foi t ’a sauvée! »
257 MARC
Tandis qu’il parlait encore, viennent de chez le
chef de synagogue des gens qui disent: « Ta fille
est morte; pourquoi fatigues-tu encore le Maître? »
^ Jésus, qui avait surpris la parole qu’on venait de
prononcer, dit au chef de synagogue: « Sois sans
crainte, crois seulement. » Et il ne laissa
personne l’accompagner, si ce n’est Pierre, et Jac
ques, et Jean, le frère de Jacques. Et ils viennent
chez le chef de synagogue, et il aperçoit du tumulte et
des gens qui pleurent et poussent de grands cris.
Et entrant, Ü leur dit: « Pourquoi ce tumulte et
ces pleurs? L’enfant n’est pas morte, mais elle
dort. » ^ Et ils se moquaient de lui. Mais lui,
poussant tout le monde dehors, prend avec lui le père
de l’enfant, la mère, et ceux qui étaient avec lui, et
il pénètre où était l’enfant. Et, tenant l’enfant par
la main, il lui dit: « Talifha Koum », ce qui se tra
duit: « Fillette, je te le dis, lève-toi. » Et aussitôt
la fillette se tint debout, et elle marchait; car elle
avait douze ans. Et ils furent aussitôt saisis de stu-
cf 10, ^2; Mt 9, 22; Le 7 , 5 0 ; 8, 4 8 ; 17, 19; 18, 42. — «sois saine*, c’est-à-dire
« guérie ».
35 « est morte », c’est-à-dire vient de mourir (acte); en Le 8, 4 9 i « est morte à
présent.» (état). — « fatijpies-tu? » cf Mt 9, 36; L e 7, o; 8, 4 9 .
36 « avait Surpris», mieux que « avit refusé d’&xmter» (Mt 18, 17); Le par
écrit: « qui avait entendu ». — « crois seulement », c’est-à-dire « continue de
croire » (impératif présent); Le 8, 30 par: « un acte de foi seulement » (impé
ratif aoriste).
37 « Pierre, Jacques et Jean », cf 1, 2 9 ; 13, 3; 14, 33.
38 « aperçoit du tumulte », style populaire. Absent de Mt et de Le.
39 « l ’enfant », encore w 4 0 , 41; c’est « la jeune fille » du v 23 (cf 7, 23), « la
fille » du V 33, « la fillette » des w 4 1 , 4 2 (cf 6, 22, 28).
41 « tenant l ’enfant par la main », sur ce geste de Jésus, cf 1, 31; 8, 23; 9, 27. —
« Talitha Koum », mots araméens, encore 3, 17; 7, 1 1 , 3 4 ; 14, 36; 15, 22, 3 4 . — « je
te le dis », au sens fort de « ordenmer », comme assez souvent.
42 «saisis de stupeur», ou «stupéfaits», cf 2, 12; 6, 31; 16, 8. — «recom
manda », lit: « enjoignit », cf 7, 3 6 ; 8, 13; 9, 9; Mt 16, 20; He 12, 20. — « instam
ment », lit: « beaucoup ». — « que personne ne le sût », cf 1, 34, et la note.
MARC 258
peur, d'une grande stupeur. il leur recom- 5
manda expressément que personne ne le sût. Et il
dit de lui donner à manger.
Jésus à Nazareth
259 MARC
ses parents et dans sa maison. ^Et il ne pouvait
faire là aucun miracle, sauf qu’il guérit quelques
infirmes en posant les mains sur eux. ^ Et il s’étonna
à cause de leur incrédulité.
MARC 260
en sortant de là, secouez la terre qui est sous vos 6
pieds, en témoignage contre eux, »
Et étant sortis, ils proclamèrent qu’on se repen
tît. Et ils chassaient beaucoup de démons, et ils
oignaient d’huile beaucoup d’infirmes et les gué
rissaient.
sière »), p < ^ signifier une séparation complète et définitive, cf Mt 10, 14; Le 10,
11 par, qui ajoute « pour vous la laisser », Âc 13, 31; 18, 6. — « en témoignage
pour eux », à leur admsse, les concernant, avec un sens défavorable, comme Le 9,
3 et non comme 1, 44.
12 « qu’on se repentit », cf 1,13: « repentez-vous et croyez en l ’Evangile. »
13 « ils oignaient d ’huile », ce traitement médical en honneur dans l ’antiquité
(Le 10, 34; 1$ 1, 6) est ici un rite auquel est attachée une vertu surnaturelle,
cf Ja 3, 14 sv: « que les anciens de l ’Eglise prient sur lui (le malade) en l’oignant
d’huile au nom du Seigneur; la prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le
relèvera ». — « infirmes », v 3, et la note.
14 « son nom était devenu célèbre », cf l ’expression « se faire un nom »,
Gn 11, 4; 2 Sam 8, 13; Is 63, 12; 1 Mac 3, 14; 5, 37; 6, 44. — « le roi
Hérode », il s’agit d ’Antipas, fils d ’Hérode le Grand et de Maltaké, tétrarque de
Galilée (Le 3, 1) de l ’an 4 av. J.-C. jusqu’en 39 apr. J.-C., date où il fut destitué
par Caligula, qui l’exila à Lyon où Hérodiade le rejoignit. — « s’est relevé d’entre
les morts », cf 16, 14; Mt 17, 9; Le 9, 7; Jn 2, 22; 21, 14; « se relever de chez les
morts », cf Mt 14, 2; 28, 7; « ressusciter d ’entre les morts », cf 9, 9 sv; 12, 23;
Le 16, 31; 24, 46; Jn 20, 9. — « Jean le Baptiseur », cf 1, 4, et la note. — « le
pouvoir des miracles » lit: « les miracles ».
15 « Elie », sur le retour du grand prophète, cf 9, 9-13 = Mt 17, 10-13; Mal 3, 1 ,
23 sv.
16-29 Cf Mt 14, 3-12; Le 3, 19-20; 9, 7-9.
16 « fait décapiter », encore v 27; Mt 14, 10 par; Le 9, 9.
261 MARC
Meurtre de Jean-Baptiste
MARC 262
mère: « Que dois-je réclamer? » Celle-ci dit: « La
tête de Jean le Baptiseur. » ^ Et, rentrant aussitôt
en hâte auprès du roi, elle fit sa réclamation: « Je
veux qu’à l’instant tu me donnes sur un plat la tête
de Jean le Baptiste. » ^ Et le roi devint très triste,
mais à cause de ses serments et des convives, il ne
voulut pas la repousser. ^ Et aussitôt le roi envoya
un bourreau avec ordre d’apporter la tête de
[Jean]. Et celui-ci s’en alla le décapiter dans la
prison, ^ puis il apporta sa tête sur un plat et la
donna à la fillette, et la fillette la donna à sa mère.
^^Et l’ayant appris, ses disciples vinrent, enlevè
rent son cadavre et le mirent dans un tombeau.
Commmt fûtirt'TcKafty
tiftefwt&coflfe
Vie de Jésus,
XV* siècle.
263 MARC
Retour des Apôtres, retraite de Jésus et première
multiplication des pains
MARC 264
à manger. » Et ils lui disent: « Nous faudra-t-il aller 6
acheter pour deux cents deniers de pains, afin de
leur donner à manger? » Il leur dit: « Combien
avez-vous de pains? Allez voir. » Et, s’en étant assu
rés, ils disent: « Cinq, et deux poissons. » ^^Et il
leur commanda de les faire s’allonger tous par
tablées sur l’herbe verte, ^ et ils s’étendirent par
carrés de cent et de cinquante. Et, ayant pris les
cinq pains et les deux poissons, levé les yeux au
ciel, il dit la bénédiction et rompit les pains, et il les
donnait aux disciples pour les leur servir; et les
deux poissons, il les partagea entre tous. ^^Et ils
mangèrent tous et furent rassasiés, et on enleva
des morceaux de quoi remplir douze couffins, ainsi
que des poissons. ^ E t ceux qui avaient mangé les
pains étaient [au nombre de] cinq mille hommes.
265 MARC
6 Bethsaïde, pendant que lui-même renvoyait la
foule. ^ Et, quand il en eut pris congé, il s’en alla
dans la montagne pour prier. Et, le soir venu, le
bateau était au milieu de la mer et lui, seul, à terre.
^ Et les voyant qui se tourmentaient à ramer [car
le vent leur était contraire], vers la quatrième veille
de la nuit, il vient vers eux en marchant sur la mer,
et il allait les dépasser. ^^Eux, le voyant marcher
sur la mer, pensèrent que c’était un fantôme et ils
poussèrent des cris; ^ car tous l’avaient vu et
avaient été troublés. Mais lui, aussitôt, parla avec
eux et leur dit: « Courage! c’est moi; soyez sans
crainte. » Et il monta auprès d’eux dans le bateau,
et le vent tomba. Et ils étaient en eux-mêmes au
comble de la stupeur; “ car ils n’avaient rien
compris au sujet des pains, mais leur cœur était
endurci!
MARC 266
Guérisons à Guennésareth et dans les environs
267 MARC
7 gent pas sans s’être lavé soigneusement les mains,
attachés qu’ils sont à la tradition des anciens, ^et
au retour du marché, ils ne mangent pas sans s’être
aspergés. Et il y a beaucoup d’autres choses aux
quelles ils sont attachés par tradition: immersions
de coupes, et de cruches, et de plats de bronze...
^Donc les Pharisiens et les scribes l’interrogent:
« Pourquoi tes disciples ne se conduisent-ils pas
selon la tradition des anciens, mais prennent-ils
leur repas avec des mains souillées? »
^ Il leur dit: « Isaïe a joliment bien prophétisé de
vous, hypocrites! comme il est écrit:
Ce peuple m*honore des lèvres,
mais leur cœur est fort loin de moi.
^ C*est en vain quHls me révèrent,
puisqu'ils enseignent pour enseignements des
[ préceptes d'hommes!
®« Laissant de côté le commandement de Dieu,
vous vous attachez à la tradition des hommes. »
^ Et il leur disait: « Vous rejetez bel et bien le
commandement de Dieu pour garder votre tradi-
MARC 268
tion. Moïse a dit en effet: Honore ton père et ta
mère, et: Que celui qui maudit père ou mère meure
de mort! Mais vous, vous dites: Si quelqu’un dit
à son père ou à sa mère: Est Korbân — c’est-à-dire
offrande sacrée — tout profit que tu aurais pu tirer
de moi... *^vous ne le laissez plus rien faire pour
son père ou sa mère, annulant la parole de Dieu
par votre tradition que vous vous êtes transmise. Et
vous faites beaucoup d’autres choses semblables! »
^^Et de nouveau appelant à lui la foule, il leur
disait: « Ecoutez-moi tous et comprenez! ^^11 n’y a
rien d’extérieur à l’homme qui, pénétrant en lui,
puisse le souiller; mais ce qui provient de l’homme,
c’est ce qui souille l’homme. Si quelqu’un a des
oreilles pour entendre, qu’il entende! »
Et lorsqu’il fut entré chez lui, loin de la foule,
ses disciples l’interrogeaient sur la parabole. Et il
leur dit: « Etes-vous tellement, vous aussi, sans intel
ligence? Ne comprenez-vous pas que rien d’exté
rieur qui pénètre dans l’homme ne peut le souiller,
parce que cela ne pénètre pas dans son cœur,
mais dans son ventre, pour s’en aller aux lieux d’ai
sance »; c’était purifier tous les aliments. ^ Et il
10 « Honore... », cf Ex 20, 12; Deut 5, 16. — « Que celui... », cf Ex 21, 17;
Lev 20, 9. — « maudit », ou « dit du mal de ».
11 * Korbân », autres mots araméens 3, 17; 5, 41; 7, 34; 14, 36; 15, 22, 34. Le mot
est expliqué par l ’évangéliste à l ’intention de ses lecteurs non juifs. En vouant à
Dieu ce qui permettrait d’assister ses parents, on s’exonère du devoir de les assister;
après quoi on s’arrange pour retenir ce qu’on a voué à Dieu. Ce subterfuge est
conforme à plus d’un trait de la casuistique laxiste de certains scribes.
14 * appelant à lui », cf 3, 13, 23; 6, 7.
16 Texte (cf 4, 9) dont l ’authenticité est douteuse.
17 « dhez lui », lit; « au logis », sans doute maison quelconque où Jésus habite
en passant.
18 Sur ce reproche d ’inintelligence, cf 6, 52, et la note.
19 «purifier», c’est-à-dire «déclarer purs»; mais texte difficile et construction
irrégulière.
269 MARC
disait: « Ce qui provient de l’homme, voilà ce qui
souille l’homme. “ Car c’est de l’intérieur, du cœur
des hommes, que proviennent les m^hantes rai
sons: fornications, vols, meurtres, “ adultères, cupi
dités, perversités, ruse, débauche, œil mauvais, in
jure, orgueil, sottise. ^ Toutes ces mauvaises choses
proviennent de l’intérieur et souillent l’homme. »
MARC 270
enfants et de le jeter aux petits chiens. » ^ Elle 7
répondit et lui dit: « Oui, Seigneur, mais les petits
chiens, sous la table, mangent des miettes des
enfants. » ^ Et il lui dit: « Pour cette parole, va; le
démon est sorti hors de ta fille. » ^ Et, s’en allant
chez eUe, elle trouva l’enfant couchée sur le lit et le
démon sorti.
271 MARC
ne rien dire à personne; mais plus on le leur en
joignait, plus encore eux le proclamaient. ^^Et les
gens étaient extrêmement frappés: « Il a bien fait
toutes choses! disaient-ils. Il fait entendre les
sourds et parler ceux qui ne parlent pas! »
MARC 272
Efi Décapote. Seconde multiplication des pains
273 MARC
Dans la région de Dalmanoutha
Les Pharisiens demandent un signe venant du ciel
MARC 274
rode! » Et ils raisonnaient entre eux sur ce qu’ils 8
n’avaient pas de pains. Et, s’en rendant compte,
il leur dit: « Pourquoi raisonnez-vous sur ce que
vous n’avez pas de pains? Vous ne comprenez pas
encore et ne saisissez pas! Vous avez le cœur
endurci! Ayant des yeux, vous ne regardez pas!
et ayant des oreilles, vous n'entendez pas! Et vous
ne vous rappelez pas, lorsque j’ai rompu les cinq
pains pour les cinq mille, combien de couffins
pleins de morçeaux vous avez enlevés? » —
« Douze », lui disent-ils. ^ « Et lors des sept pour
les quatre mille, combien de corbeilles remplies de
morceaux avez-vous enlevées? » — « Sept », disent-
ils. Et il leur disait: « Vous ne saisissez pas
encore! »
U aveugle de Bethsaide
chez les Pharisiens, ruse et ambition chez Hérode » (B Jr). En ce sens défavorable,
c£ Mt 16, 6, 11, 12 par; Le 12, I: 1 Co 5, 6, 7, 8-, Ga 5, 9-, au sens favorable de
puissance qui fait lever la pâte, cf Mt 13, 33; Le 13, 21.
17-21 Sur ce reproche d’inintelligence adressé par Jésus aux disciples, cf 6, 32;
9, 9 SV, 32. — Mt 16, 9, 11 par relate le même reproche, mais au v 12, toujours
bienveillant pour les Apôtres, il écrit: «Alors ils comprirent...», tandis que Mc
conclut ainsi son récit (v 21): « Vous ne comprenez pas encore! »
18 Cf 4, 12, et par: Mt 13, 14 sv; Le 8, 10.
19 « les cinq mÜle », d é , 44.
20 « les quatre mille », d v 9.
22-26 Second miracle « laborieux », en plusieurs temps, comme s’il présentait une
difficulté spéciale, cf le premier 7, 31-37.
22 « Bethsaide » (6, 43), â l ’embouchure du Jourdain, sur la rive septentrionale du
lac. — « oo le pne de le toucher », sur Jésus touchant les malades ou touché par
eux, d 1, 41; 3, 10; 5, 27; 6, 36.
275 MARC
8 lui, il Tinterrogeait: « Est-ce que tu vois quelque
chose? » ^ Et, levant les yeux, il disait: « Je vois les
hommes; c’est comme des arbres que je les aperçois
marcher. » “ Ensuite il posa de nouveau les mains
sur ses yeux, et l’homme vit clair; il fut rétabli, et
il percevait tout distinctement. ^ Et il le renvoya
chez lui, en disant: « N’entre même pas dans le
village. »
23 « crachant sur ses yeux *, encore 7, 33, probablement, comme Jn 9, 6, 11, 15,
crachant et mettant de cette salive sur les yeux. — « posant les mains sur *,
cf 5, 23, et ia note.
24 « levant les yeux », cf 7, 34, et la note. On traduit aussi: « ayant commencé à
voir », cf 10, 51. Le verset prMente une construction difficiie, et la transmission
textuelle est troublée; nous avons traduit aussi littéralement que possible.
25 « vit clair », encore et seulement Mt 7, 5, et Le 6, 4 2 . — « fut rétabli »,
cf 3, 5; 9, 12 et par, Ac 1, 6. — « distinctement », hapax\ le sourd-bègue guéri parle
« correctement » (7, 35).
26 Toujours la consigne du silence, cf 1, 34, et la note. Autre leçon: « Ne le dis à
personne dans le village ».
27 « so rtit» , de Beuisaïde (v 22). — «Césarée de Phiiippe » (Mt 16, 13), ainsi
appelée pour la distinguer de Césarée, siège du gouvernement romain. Il s’agit de
l ’antique Panias, près des sources du Jourdain, sur les pentes de l ’Hermon, recons
truite en 3 ou 2 av. J.-C. par Hérode-Philipi» et appelée Césarée en l ’honneur de
César Auguste. Elle était située à une quarantaine de lôn au nord de Bethsaïde.
28 Cf 6, 14-15, et les notes.
MARC 276
Première annonce de la Passion. Pierre réprimandé
31
Et il se mit à leur enseigner que le Fils de 8
l’homme devait beaucoup souffrir, et être rejeté par Mt Le 9, 22
les anciens, et les grands prêtres et les scribes, et être
tué, et trois jours après ressusciter. Et c’est
ouvertement qu’il disait la chose. Et, le prenant à
part, Pierre se mit à le réprimander. Lui, se re
tournant et voyant ses disciples, réprimanda Pierre
et dit: « Va-t’en, arrière de moi, Satan! parce que
tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles
des hommes. »
277 MARC
8 de l’Evangile la sauvera. ^ Quel profit, en effet, y
Mt 16,
a-t-il pour un homme à gagner le monde entier et à
porter préjudice à sa vie? Que peut, en effet,
donner un homme en échange de sa vie? ^ Car
Ut 10,33
celui qui aura honte de moi et de mes paroles dans
Le 9 ,2 6
12, 8- 9 cette génération adultère et pécheresse, le Fils de
l’homme aussi aura honte de lui, lorsqu’il viendra
dans la gloire de son Père avec les saints anges. »
La Transfiguration
MARC 278
La transfiguration. La tête de M oïse a la forme du soleil, ainsi que
les rayons qui auréolent Jésus.
Bible française. Paris, U47.
279 MARC
blancheur extrême, tels que foulon sur terre ne peut
ainsi blanchir. ^ Et Elie leur apparut avec Moïse, et
ils parlaient avec Jésus. ^Et, prenant la parole,
Pierre dit à Jésus: « Rabbi, il est bon que nous
soyons ici; faisons donc trois tentes, une pour toi,
et une pour Moïse, et une pour Elie. » ®Il ne savait
en effet que dire, car ils étaient effrayés. ^ Et advint
une nuée, qui les prit sous son ombre, et advint une
voix de la nuée: « Celui-ci est mon Fils, le Bien-
aimé: écoutez-le! » *Et subitement, regardant tout
autour, ils ne virent plus personne, mais Jésus seul
avec eux.
’ Et, tandis qu’ils descendaient de la montagne,
il leur enjoignit de ne raconter à personne ce qu’ils
avaient vu, sinon lorsque le Fils de l’homme serait
ressuscité d’entre les morts. ^®Et ils retinrent cette
parole, tout en discutant entre eux sur ce que signi
fiait « ressusciter d’entre les morts ».
4 « apparut », lit: « se fit voir », cf Le 24. 34; Ac 9, 17; 1 Co 15, 5-8. — « Elie
avec Moïse », deux grandes figures et autorités de l ’A.T. La Loi et les P tc ^ « ^ s
trouvent enfin leur plein accomplissement dans Jésus, cf Ro 10, 4. — « parlaient
avec », cf Mt 17, 3 par; Le 4, 36; 9, 30 par; 22, 4; Ac 25, 12.
5 « R abbi» (Mt: «Seigneur»; Le: «C hef»); encore 10, 31; 11, 21; 14, 45;
4 fois dans Mt, 8 fois Han« Jn. — « trois tentes », pour y passer un temi» plus ou
moins long. Noter que Pierre ne pense ni à lui, ni a ses compagnons.
6 « Il ne savait (|ue dite », Mt omet. Le: « il ne savait ce qu’il disait ». — « ils
étaient effrayés », ht: « ils étaient devenus effrayés », pour le terme, cf He 12, 21;
2 Co 10, 9.
7 « une nuée, qui les prit sous son ombre », pour l ’expression, cf Mt 17, 5 par;
Le 1, 35; 9, 34, la nuée symbolise et atteste la présence de Dieu, cf dans l’A.T.,
« la gloire de Dieu awaraissant dans la nuée », Ex 16, 10; 19, 9, 16i 24, 15 sv;
Lev 16, 2; Nomb 11, 25; 1 Rs 8, 10 sw , surtout v 16. — « mon Fils, le Bien-
aimé », cf 1, 11, et la note.
8 « subitement », bapax, sens certain.
9 « ne raconter à personne », sur cette injonction, cf 1, 34, et la note.
10 « ils retinrent », dans leur mémoire et s’y conformèrent. — « tout en discutant
entre eux », pour le terme, cf 1, 27; 8, 11; 9, 14, 16; 12, 28; Le 22, 23; 24, 15;
Ac 9, 29.
MARC 280
Le retour d'Elie
11 « Elle doit venir d’abord », sur cette attente du grand prophète comme précur
seur du Messie, cf Mt 17, 10-13 par. Mal 3, 1, 23.
12 « rétablir », pour le terme, cf 3, 3; 8, 23; Mt 12, 13; Le 6, 10; Ac 1, 6; pour la
p e n ^ , cE Mal 3, 23 sv. — « Comment donc est-il é a it... », sur cette annonce scrip
turaire des souffrances et humiliations du Fils de l ’homme, voir en particulier le
quatrième Poème du Serviteur, Is 32, 13-33, 12.
13 « Elie est venu, et ils lui ont fait tout ce qu’ils voulaient » = Mt par: * Elie
est déjà venu, et ils ne l ’ont pas reconnu, mais ils ont fait à son égard tout ce
qu’ils ont voulu. De même aussi le Fils de l ’homme aura à souffrir par eux ». —
« selon qu’il est écrit sur lui », allusion aux mauvais traitements infligés à Elie par
Achab et Jézabei (1 Rs 18-19, surtout 19, 2, 10), et qui seront renouvelés et aggra
vés dans Jean-Baptiste, l ’Elie du N.T. (Le 1, 17; 3, 20; Mc 6, 17-29 et par).
14-27 Un des morceaux les plus vivants et les plus émus de l ’évangile de Mc.
15 « fut saisie de frayeur », encore et seulement 14, 33; 16, 3 sv. — a on
accourait », encore et seulement 10, 17; Ac 8, 30.
281 MARC
9 qui a un esprit muet, et où qu’il le saisisse, il le
déchire, et il écume et grince des dents et devient
raide. Et j’ai dit à tes disciples de le chasser, et ils
n’y sont point parvenus. » ■ Et lui, répondant, leur
dit: « Génération incrédule, jusques à quand serai-je
auprès de vous? Jusques à quand vous supporterai-
je?... Conduisez-le-moi. » ^ Et on le lui conduisit. Et,
en le voyant, l’esprit aussitôt secoua l’[enfant] avec
une grande violence, et tombant à terre, il se
roulait en écumant. Et [Jésus] interrogea son
père: « Combien y a-t-il de temps que cela lui
arrive? » Celui-ci dit: « Depuis son enfance. “ Et
souvent il l’a jeté et dans le feu et dans l’eau,
pour le faire périr. Mais si tu peux quelque chose,
viens à notre secours, par pitié pour nous! »
“ Jésus lui dit: « Oh! Si tu peux!... tout est possible
à celui qui croit. » Aussitôt le père de l’enfant cria:
« Je crois, disait-il. Secours mon incrédulité. »
“ Voyant que la foule accourait, Jésus menaça
l’esprit, r[esprit] impur, et lui dit: « Esprit muet et
sourd, c’est moi qui te le commande; sors de cet
[enfant] et n’y rentre plus! » ^ Et, poussant un cri et
secouant [l’enfant] avec une extrême violence, il
MARC 282
sortit. Et celui-ci devint comme mort, de sorte que
la plupart disaient: « Il est mort! » Jésus, lui
tenant la main, le releva, et il se tint debout.
“ Et quand il fut entré chez lui, ses disciples
l’interrogeaient à l’écart: « Pourquoi nous autres,
n’avons-nous pas pu le chasser? » “ Et il leur dit:
« Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière. »
283 MARC
Qui est le plus grand?
MARC 284
sonne qui fasse un miracle en mon nom et qui 9
puisse sitôt après me maudire; ^ car qui n^est pas
contre nous est pour nous.
Le scandale
42 Mt 18,
« Et quiconque scandalise un seul de ces
Le 17,
petits qui croient, mieux vaudrait pour lui qu’on lui
ait passé une meule d’âne autour du cou et qu’on
l’ait jeté à la mer. ^^Et si ta main te scandalise,
retranche-la; mieux vaut que tu entres estropié
dans la vie que de t’en aller avec tes deux mains
dans la géhenne, au feu qui ne s’éteint pas. [^ ...]
Mt 5,29-30
Et si c’est ton pied qui te scandalise, retranche-
285 MARC
le; mieux vaut que tu entres dans la vie boiteux
que d’être jeté avec tes deux pieds dans la
géhenne. [^ ...] ^^Et si c’est ton œil qui te scan
dalise, arrache-le; mieux vaut que tu entres avec un
seul œil dans le royaume de Dieu que d’être jeté
avec tes deux yeux dans la géhenne, ^ où leur ver
ne meurt pas et le feu ne s'éteint pas. Chacun en
effet sera salé par le feu.
Le sel
Mt 5, 13
^ « C’est une bonne chose que le sel; mais si le
Le 1 4 ,3 4
sel perd son sel, avec quoi l’assaisonnerez-vous?
Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix les
uns avec les autres. »
45 « entrer dans la vie », Mt 18, 8 sv; 19, 27; cf « entrer dans le Royaume », v 47;
10, 15, 23, 2 4 , 23.
49 « salé par le feu », difficile et diversement interprété; peut-être s’agit-il de la
souffrance, de l ’épreuve qui fait de ceux qui les subissent des « victimes agté^les à
Dieu ». (te rappelle le texte de Lev 2, IT; « Tout ce que tu offriras en oblation, de
sel tu le saleras... sur toutes tes offrandes tu présenteras du sel ».
50 Cf 5, 13. — « perd son sel », lit: « (tevient non salé ». — « l ’assaiscmnetez-
vous? » pour le terme, cf encore et seulement Le 14, 34 par; (}ol 4, é: « un lan
gage assaisonné de sel ». B Jr commente: « Ici, le sel est l ’esprit du (Christ que
les chrétiens doivent garder en eux-mêmes pour en assaisonner leurs rapports
mutuels ». — « soyez en paix », sur cette recommandation toujours bonne à entendre,
cf Ro 12, 18; 2 Co 13,11; 1 Th 5 , 13.
MARC 286
III. LA MONTÉE VERS JÉRUSALEM
(10,1-52)
Indissolubilité du mariage
287 MARC
10 dirent: « Moïse a permis d'écrire une lettre de
séparation et de répudier. » ^ Jésus leur dit: « C’est
eu égard à votre dureté de cœur qu’il a écrit pour
vous ce commandement, ®mais dès le commence
ment de la création, mâle et femelle 11 les fit; ^ à
cause de cela, Vhomme quittera son père et sa
mère, “ et les deux deviendront une seule chair.
De sorte qu’ils ne sont plus deux, mais une seule
chair. ^Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne
le sépare pas. » Et une fois dans la maison, de
nouveau les disciples l’interrogeaient là-dessus.
Mt 5 .3 2
” Et il leur dit: Quiconque répudie sa femme et en
Le 16,18
épouse ime autre commet l’adultère envers la pre
mière; et si c’est elle qui, après avoir répudié
son mari, en épouse un autre, elle commet l’adul
tère. »
MARC 288
39 — Jésus bénit les enfants. « Laissez les enfants venir à moi,
ne les empêchez pas ; car c’est à leurs pareils qu’appartient le
royaume de D ieu» (Mc 10, 14).
«Pèlerinage de Jésus-Christ » de Guillaume de Digulleville. Manus
crit du X I V ‘ siècle. Bibliothèque Sainte-Geneviève, n" 1130.
40 — Les vendeurs chassés du Temple (11, 1?-18).
Manuscrit du X I P siècle. Bibliothèque de Troyes, n° 392.
voyant [cela], Jésus s’indigna et leur dit: « Laissez 10
les enfants venir vers moi, ne les empêchez pas;
car c’est à leurs pareils qu’appartient le royaume
de Dieu. En vérité je vous le dis: Quiconque ^
n ’accueille pas le royaume de Dieu comme un en
fant n’y entrera pas. » Et, les serrant dans ses
bras, il les bénissait en posant les mains sur eux.
les disciples veulent simplement protéger leur maître contre les importunités de la
foule.
14 « s’indigna », Mt et Le par omettent cette attitude de Jésus, qu’ils ont peut-être
trouvée peu digne du Maître. — « venir vers moi », cf 1, 40, 45; 2, 13; 3, 8; 5,
15. — « leurs pareils », lit: « ceux qui sont tels ».
15 Cf Le 18, 17 par, identique. En 18, 3 Mt écrit: « Si vous... ne devenez comme
les enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des deux. » Le royaume de
Dieu est un message qu’il faut recevoir, et un lieu où l ’on peut entrer. — « comme
un enfant », cf « les petits enfants » de Mt 11, 25 = Le 10, 21.
16 « les serrant dans ses bras », cf 9, 36. — « posant les mains sur eux », sur ce
geste, ci 8, 25; 16, 18; Mt 9, 18; et aussi Ac 8, 17; 9, 17.
17 « accourant », encore 9, 15 et Ac 8, 30. — « tombant à ses genoux », cf 1, 40;
Mt 17, 14; 27, 29. — «avoir en héritage» (expression de l ’A .T .), c’est-à-dire en
propriété définitive, inaliénable. — « la vie étem elle» (Dan 12, 2; 2 Mac 7, 9),
celle du monde à venir (v 30) et dont la fin ne s’entrevoit pas. Dans l ’évangile
et les épitres de saint Jean (3, 15, 16, 36; 5, 24, etc.) « la vie étemelle » est une
réalité que le croyant possède dès à présent, en ce monde-ci.
18 Sur Dieu bon, cf Ps 25, 8; 34, 9; 86, 5; 119, 68; 1 Chr 16, 34; 2 Chr 5, 13;
Esd 3, 11; etc.
19 Cf Ex 20, 12-16; Deut 5, 16-17. — « ne fais de tort à » (ou: « ne lèse pas »),
cf 1 Co 6 , 7 SV.
289 MARC
10 personne, honore ton père et ta mère. » ^ Celui-ci
lui déclara: « Maître, tout cela je l’ai observé avec
soin dès ma jeunesse. » Jésus, le regardant, se
prit à l’aimer et lui dit: « Une chose te manque: va,
tout ce que tu as, vends-le et donne-le aux pau
vres, et tu auras un trésor dans le ciel; puis viens,
suis-moi. » ^ Et lui, devenu sombre à cette parole,
s’en alla tout triste; car il avait beaucoup de pro
priétés.
MARC 290
un riche d’entrer dans le royaume de Dieu! » 10
^ Ceux-ci n ’en étaient que plus frappés; ils disaient
entre eux: « Et qui peut être sauvé? » ^ Les regar
dant, Jésus dit: « Aux hommes impossible, mais non
à Dieu; car tout est possible à Dieu. »
291 MARC
Troisième annonce de la Passion
Verset plein d ’émotion. Les compagnons de Jésus sont effrayés de cette marche
à la mort; « et Jésus marchait devant eux ». — « montant à Jérusalem », bonne
notation topographique; Jérusalem était bâtie sur un plateau, à un peu plus de
750 m au-dessus du niveau de la mer. En 3, 22, les scribes « descendent » de
Jérusalem.
33-34 Comparer avec les deux précédentes annonces: 8, 31; 9, 31. — « fouetteront »,
cf Mt 10, 17; 20, 19; 23, 34; 18, 33; Jn 19, 1; He 12, 6. Le même supplice est
aussi exprimé par un mot emprunté au latin, et que nous avons traduit « flageller »,
15, 15; Mt 27, 26. On trouve le « fouet », Ac 22, 24; He 11, 36.
35 « nous voulons », en Mt 20, 20 sv, c’est la mère des deux fils de Zébédée qui
fait la demande, et elle ne dit pas « nous voulons », mais « Ordonne que ».
37 « dans ta gloire », c’est-à-dire lorsque tu viendras « dans les nuées avec beaucoup
de puissance et de gloire» (13, 26). Les deux Apôtres pensent vraisemblablement
que l ’événement ne saurait tarder, c’est le moment de s’assurer les meilleures
places.
MARC 292
dans ta gloire. » Jésus leur dit: « Vous ne savez 10
pas ce que vous réclamez. Pouvez-vous boire la
coupe que moi je bois, ou être baptisés du bap
tême dont moi je suis baptisé? » Ils lui dirent:
« Nous le pouvons. » Jésus leur dit: « La coupe que
moi je bois, vous la boirez, et le baptême dont moi
je suis baptisé, vous en serez baptisés. ^ Mais
d’être assis à ma droite ou à ma gauche, il ne
m’appartient pas de le donner: c’est à ceux pour
qui cela a été préparé. »
Et en entendant cela, les dix [autres] se mirent Le 22,25-25
à s’indigner contre Jacques et Jean. Et, les appe
lant à lui, Jésus leur dit: « Vous savez que ceux qui
passent pour commander aux nations exercent sur
elles leur domination, et que leurs grands exercent
sur elles leur pouvoir. Or il n’en est pas de
même parmi vous, mais celui qui veut devenir
grand parmi vous sera votre serviteur, ^ et celui Mc 9,55
qui parmi vous veut être le premier sera l’esclave
de tous. Car le Fils de l’homme n’est pas venu
pour être servi, mais pour servir et donner sa vie
en rançon pour beaucoup. »
293 MARC
U aveugle de la sortie de Jéricho
46-52 Beau récit, plein de pittoresque et de vie, plus enlevé que celui des paral
lèles: comparer en particulier les versets 49 et 50 avec Le 18, 40 t t 41.
46 «Jéricho» (Mt 20, 29; Le 10, 30; 18, 35; 19, 1; He 11, 30), Erika, antique
cité, appelée parfois « ville des Palmiers » (Deut 34, 3; Jug 3, 13; 2 Chr 28, 15),
rebâtie par Hérode le Grand, située à l ’ouest de la mer Morte, à un peu plus de
35 km au N.E. de Jérusalem. — « foule considérable », cf Le 7, 12; Ac 11, 24, 26;
19, 26.
47 « le Nazarénien », cf 1, 24, et la note. — « Fils de David », titre messianique,
cf 12, 35, 37; Mt 9, 27; 12, 23; Ro 1, 3; 2 Tm 2, 8; et surtout Mt 1, 1, et la
note.
51 « Pour toi que veux-tu que je fasse », cf Le par: « Que veux-tu que je fasse
pour toi? » — « Rabbouni », encore Jn 20, 16, « mon Maître », plus solennel que
Rabbi.
52 « ta foi t ’a sauvé! » c’est-à-dire « t ’a guéri », cf 5, 23, 34 — Mt 9, 22; 6, 56;
Le 7, 50; 8, 48; 17, 19; 18, 42. — « il le suivait sur le chemin », simple détail
pittoresque; rien ne laisse supposer que l ’aveugle guéri « suive » Jésus comme
disciple (1, 18, 20; 2, 14 sv; etc.).
MARC 294
IV. MINISTÈRE DE JÉSUS
À JÉRUSALEM
(11,1 — 13,37)
295 MARC
11 ^ Et ils s’en allèrent, et ils trouvèrent un ânon atta
ché, près d’une porte, dehors, dans la rue. Et ils le
délient. ^ Et quelques-uns de ceux qui se tenaient
là leur disaient: « Qu’est-ce qui vous prend de
délier l’ânon?... » ^ Ils leur dirent selon ce qu’avait
dit Jésus, et on les laissa faire.
^ Et ils conduisent l’ânon à Jésus et jettent leurs
manteaux sur lui, et il s’assit dessus. ®Et beaucoup
de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin,
d’autres des feuillages, qu’ils coupaient dans les
champs. ^Et ceux qui précédaient et ceux qui sui
vaient criaient:
« Hosannal
"Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!
^®Béni soit le règne qui vient, celui de notre
[père David!
Hosanna au plus haut [des deux] ! »
Et il entra à Jérusalem dans le Temple, et
après avoir promené ses regards sur toutes choses,
comme déjà l’heure était tardive, il sortit vers
Béthanie avec les Douze.
5 « Qu’est-ce qui vous prend de délier l ’ânon? » lit; « Que faites-vous en dé
liant l ’Inon? »
7 « ils jettent » (4, 37), plutôt que « mettent », trop faible; Mt par « poser »; Le
par « lancer ». — « dessus », lit: « sur lui ».
8 « des feuillages », ou « des rameaux »; Mt 21, 8: « des branches », Jn 12, 13:
« les rameaux des palmiers ».
9 « Hosanna! » c’est-à-dire « Sauve donc! » cri de joie et d’acclamation autant
qu’une demande de secours. La citation est empruntée au Ps 118, 26 d’après LXX;
he: « Béni soit, au nom de Yahvé, celui qui vient! »
10 « notre père David », encore et seulement Ac 4, 25. Lagrange commente: Le
type populaire des espérances messianiques était le rétablissement de la royauté de
David; « notre père » insiste sur la note Israélite. L’acclamation monte jusqu’au ciel,
comme pour remercier Dieu d’inaugurer la délivrance, et lui demander son
secours. Pour de semblables poussées de messianisme cf Jn 6, 15; 12, 13; et aussi
Ac 5, 36 sv.
11 « l ’heure était tardive », lit: « tard (11, 19; 13, 35) déjà était l ’heure »;
c’était la fin de la journée. — « dans le Temple »; c’est-à-^re dans ses parvis. —
MARC 296
Le figuier maudit
« promenant ses regards », sur ce geste de Jésus saisi par Mc, cf 3, 3, et la note.
— « les Douze », cf 3, 16, et la note.
13 « qui avait des feuilles », fin mars ou début d’avril. — « ce n ’était pas le
temps des figues »; les figues-fleurs ne sont mûres qu’en juin, les figues d’été en
août. Jésus ne pouvait donc pas, à cette époque de l’année, s’attendre à trouver
des figues pour apaiser sa faim. Il s’agit d’une action symbolique.
14* «Que jamais plus...», cf v 21: « le figuier que tu as maudit». La fin du
verset « Et ses disciples entendaient » prépare l ’entretien des w 19-26.
15-18 Cette scène est placée par Jn en début de ministère, Jn 2, 13-22. La date des
Synoptiques nous semble plus probable. — Le omet cette scène de violence.
16 On se servait de l ’esplanade du Temple comme d’un raccourci. Jésus s’en
indigne et l ’interdit.
17 ■■ ■ - - - - - -
tous
ligne
en avez fait »; Jn 2, 16: « cessez de faire ».
297 MARC
Jésus chasse les vendeurs du Temple.
« Grande vie du Christ » de Ludolphe le Chartreux. XV* siècle.
MARC 298
les scribes entendirent, et ils cherchaient com m ent 11
le faire périr. Car ils le craignaient; toute la foule,
en effet, était frappée de son enseignem ent.
299 MARC
Propos polémiques de Jésus
La mission de Jésus et le baptême de Jean
MARC 300
Parabole des vignerons homicides
301 MARC
12 ^ « Que fera le seigneur de la vigne? Il viendra,
fera périr les vignerons et donnera la vigne à
d’autres. N’avez-vous pas lu cette Ecriture:
La pierre qu*avaient rejetée les bâtisseurs,
c'est elle qui est devenue tête d'angle.
“ C'est du Seigneur que cela est venu,
et c'est merveille à nos yeux! »
Et ils cherchaient à l’arrêter, et ils craignirent la
foule. Car ils avaient compris que c’était pour eux
qu’il avait dit la parabole. Et, le laissant, ils s’en
allèrent.
Le paiement du tribut
MARC 302
payer le tribut à César? Devons-nous payer, ou ne 12
pas payer? » Mais lui, sachant leur hypocrisie,
leur dit: « Pourquoi me mettez-vous à l’épreuve?
Apportez-moi un denier, que je voie. » Ils l’ap
portèrent. Et il leur dit: « De qui est cette effigie, et
l’inscription? » Ils lui dirent: « De César. » Jésus
leur dit: « Ce qui est à César, rendez-le à César, et
ce qui est à Dieu, à Dieu. » Et ils n’en revenaient
pas d’étonnement à son sujet.
22, 16 par, Le 20, 21 par, Ac 18, 26\ « la voie du Seigneur: 1, 3-, Mt 3, 3 par.
Le 3, 4 par, Jn 1, 23 par (traduit « chemin »); Ac 18, 23; « les voies du Seigneur »:
Le 1, 76; Ac 13, 10. — « le tribut » (Mt 17, 23; 22, 17, 19 par, Le 20, 22 par:
« l ’im pôt»). Le mot grec est la transcription du latin census, ici la somme imposée
par la puissance occupante; doublement odieux, et parce qu’il est un signe perma
nent de sujétion, et parce qu’il doit s’acquitter en monnaie portant le nom et
l ’effigie de l’empereur romain.
15 « hypocrisie », ou « fourberie, comédie »; Mt par « perversité ». — « me mettez-
voua à l ’épreuve», cf 10, 2, et la note. — «denier» (6. 37), unité monétaire
romaine, d’une valeur d’un peu moins d ’un franc, et qui équivalait au gage d’vm
journalier (Mt 20, 2 sw ).
17 « leur dit », une des grandes parales libératrices de Jésus: que chacun reste
dans son domaine! — « n’en revenaient pas d ’étonnement », hapax dont il ne
convient pas d’émousser le sens.
18 « Sadducéens », parti politique dont les adhérents appartenaient en majorité à ia
classe sacerdotale. Ils tiraient leur nom de Sadoq, mis à la tête du sacerdoce après
la destitution d ’Ebyatar (1 Rs 2, 33; 4, 4); cf dans Ezéchiel « les fils de Sadoq »:
Ez 40, 46; 43, 19; 44, 13; 48, 13; Sir 51, 12. — « disent qu’il n’y a pas de résurrec
tion », cf Ac 23, è.
19 « Maître », au sens de maître d ’enseignement, docteur, cf 4, 38; 5, 33; 9, 17;
10, 17, 20, 33. — « a écrit », au sens d’édiaer, prescrire. Le texte est unfe citation
libre de Deut 25, 3 sv.
303 MARC
12 pas d’enfant, il faut que son frère prenne la femme
et suscite une descendance à son frère. Il y avait
sept frères. Et le premier prit femme et en mourant
ne laissa pas de descendance; et le second prit
la [femme] et mourut sans laisser après lui de des
cendance; et le troisième, de même: aucun des
sept ne laissa de descendance. Après eux tous, la
femme aussi mourut. A la résurrection, lorsqu’ils
ressusciteront, duquel d’entre eux sera-t-elle la
femme? Car les sept l’ont eue pour femme. »
Jésus leur déclara: « Si vous vous égarez,
n ’est-ce pas faute de connaître les Ecritures et la
puissance de Dieu? ^ Lorsqu’on ressuscite d’entre
les morts, en effet, on ne prend ni femme ni mari,
mais on est comme des anges dans les deux. ^^Et
pour ce qui est des morts qui se relèvent, n’avez-
vous pas lu dans le Livre de Moïse, au passage du
Buisson, comment Dieu lui a parlé: Moi, le Dieu
d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob?
Il n’est pas un Dieu de morts, mais de vivants.
Vous vous égarez beaucoup. »
MARC 304
Le premier de tous les commandements
28-34 « Quel est le ptemier... », question très discutée dans les écoles juives con
temporaines où l ’on se préoccupait à juste titre d ’établir une hiérarchie entre les
613 commandements que d is tin ^ ie n t les rabbins.
29 Jésus cite la première partie du <t Chema », prière que les Juifs récitaient matin
et soir (Deut 6, 4; Lev 19, 18).
31 « Tu aimeras ton prochain... », cf Ro 13, 9; Ga 5, 14; Ja 2, 8.
32 Le scribe reprend, en la commentant, la parole de Jésus. — « en toute vérité »,
cf V 14, et la note.
33 « plus que tous les holocaustes et sacrifices », cf 1 Sam 15, 22: « Yahvé prend-il
plaisir aux holocaustes et aux sacrifices comme dans l ’obéissance à la voix de
Yahvé? Oui, obéissance vaut mieux que sacrifice ».
34 « personne n’osait plus l ’interroger », cf Mt 22, 46; Le 20, 40.
305 MARC
Le Christ, fils et Seigneur de David
MARC 306
U« obole » de la veuve
41 « le Trésor », une des salles qui entouraient la cour des fenunes. — « menue 12
monnaie », lit: « monnaie de bronze ».
42 « lepte », la plus petite unité monétaire grecque. L’« as », monnaie romaine, le
seizième du denier, dont la valeur était à peu près ceile de notre franc.
43 « ai^)elant à lui », terme aimé de Mc, cf 3, 23, et la note.
44 « <fe sa privatitm » (plutôt qu’indigence), c’est-à-dire « en se privant », cf Phi
4, 11 SV. — « tout son bien » (lit: « toute sa vie » ) , cf Le 21, 4 par', 13, 12, 30;
1 Jn 3, 17.
1 * sortait du Temple », cf 11, 11, 15, 27; 12, 35. — « Quelles... », pour l ’expres
sion admirative, cf Mt 8, 27; Le 1, 29; 7, 39; 2 Pe 3, 11; 1 Jn 3, 1, et potu la
13
magnificence de la construction, cf Josèphe, Ant 15, 11, 3, et BJ 5, 5, 1-8.
2 Sur cette prédictitm, cf 14, 58, et par.
307 MARC
13 comme il était assis sur le mont des Oliviers en
face du Temple, Pierre l’interrogeait à l’écart, ainsi
que Jacques, Jean et André: ^ « Dis-nous quand
cela aura lieu, et quel sera le signe, lorsque tout
cela va finir? »
MARC 308
’ « Prenez garde à vous! On vous livrera à des 13
sanhédrins, et dans des synagogues vous serez
battus, et devant des gouverneurs et des rois vous
comparaîtrez à cause de moi, en, témoignage pour
eux. Et il faut d’abord qu’à toutes les nations soit
proclamé l’Evangile.
« Et lorsqu’on vous emmènera pour vous livrer,
ne soyez pas d’avance en souci de ce que vous ^ 12, 11.12
devrez dire, mais ce qui vous sera donné à cette
heure-là, dites-le; car ce n’est pas vous qui parle
rez, mais l’Esprit, l’[Esprit] Saint. ^^Et le frère
livrera son frère à la mort, et le père son enfant; et
les enfants se dresseront contre les parents et les
mettront à mort, ^^et vous serez haïs de tous à
cause de mon Nom. Mais celui qui tiendra jusqu’à
la fin, celui-là sera sauvé.
309 MARC
ÎM ruine du Temple: le signe de son imminence et
son caractère terrifiant
La grande affliction
MARC 310
gneur n^avait écourté ces jours, aucune créatxore ne 13
serait sauvée; mais à cause des élus qu’il a élus, il
a écourté ces jours. Et alors, si quelqu’un vous
dit: Vois; le Qirist est ici! Vois; il est là! ne le croyez
pas. “ Car il se lèvera de faux Christs et de faux
prophètes, qui opéreront des signes et des prodi
ges, en vue d’égarer, si possible, les élus. " Pour
vous, prenez garde; je vous ai tout prédit.
311 MARC
13 ébranlées. “ Et alors on verra le Fils de Vhomme
venir dans les nuées avec beaucoup de puissance
et de gloire. Et alors il enverra les anges, et il
rassemblera ses élus des quatre vents, de Vextré
mité de la terre à Vextrémité du ciel.
La parabole du figuier
MARC 312
« Quant à ce Jour ou à cette Heure-là, personne 13
ne les sait, ni les anges dans le ciel, ni le Fils; il n"y
a que le Père.
Exhortation à la vigilance
32 Sur « le Jour et l ’Heure », cf Mt 24, 36 par, 30; 25, 13; Le 12, 46. Sur
« l’Heure », cf Mt 24, 44; Le 12, 40; Ro 13, 11; Ap 3, 3. Sur « le Jour», cf 1 Co
3, 13; 1 I n 5, 4; He 10, 23. — « personne ne les sait », Lagnoige; « Le Père se
communique aux hommes par le Fils et il communique aussi avec eux par le
ministère des anges. Ce qm doit demeurer absolument secret ne fait donc pas
partie de la mission du Fils, ni des anges. En tant qu’on distingue le Fils du
Père, comme envoyé par lui aux hcxnmes, il n ’a pas ce secret dans ses attribu
tions. »
33 « soyez vigilants », cf Le 21, 36; E i* 6, 18; He 13, 17. — Aux w 34, 33, 37,
on trouve « veillez ».
35 Pour ces quatre veilles de la nuit, comput lomain, et 6, 48: * vers la quatrième
veille de la nuit ». En Le 12, 38, comput juif. — Le « chant du coq » correspond à
la troisième veille.
36 « soudain », pour le terme, cf Le 2, 13; 9, 39; Ac 9, 3; 22, 6 .
313 MARC
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V. LA PASSION
(14,1 — 15,47)
fonction de Béthanie
Mt 26, 6-13
^ Et tandis qu’il était à Béthanie dans la maison
Jn 12, 1- 8
de Simon le lépreux, alors qu’il était à table, vint
une femme avec im flacon de parfum de vrai nard,
d’un grand prix; brisant le flacon, elle le versa
sur sa tête. ^ Il y en avait qui s’indignaient entre
1 « La Pâque et les Azymes », deux fêtes (2 Chr 35, 17) conjointes (Le 22, 1:
« La fête des Azymes, ai>pel6e la Pâque »), dmit l’ensemble durait huit jours.
Elles' commençaient le soir du 14 Nisan, c’est-à-dire le 15 dudit mois. Sur ces
deux fêtes, cf Ex 12, 1-14, 15-20. — Nisan: mars-avril. — « la Pâque dans deux
jours », Jn 12, 1 place l ’onction de Béthanie « six jours avant la Pâque ».
3 « Bâhanle », cf 11, 1, et la note. — « Simon le lépreux », cf Le 7, 58, 40, 41.
— « de vrai nara », cf Jn 12, 3. — « elle le versa sur sa tête » (onction royale?).
La trahison de Judas
cf Mt 26, 7 par. Dans le récit de Le 7, 36-50, la « femme qui dans la ville était
une ^cheresse », oignit de parfum les pieds de Jésus, qu’elle arrosait de larmes et
couvrait de baisers.
5 « deniers », cf 6, 37, et la note. — « ils la grondaient », pour le terme, cf 1,
43; Mt 9, 30.
6 « une belle œuvre », pour l’expression, cf 1 Tm 3, 1; 5, 10, 25; 6, 18; Ti 2, 7,
14; 3, 8, 14; He 10, 24; 1 Pe 2, 12.
7 « vous ne m’avez pas pour toujours! » cf 2, 20.
8 « ce qu’elle pouvait », lit: « ce qu’elle avait. » — « pour la sépulture », elle
rend à Jésus, par anticipation, les devoirs de la sépulture, une sépulture mystique.
Mt 26, 12: « En répandant ce parfum sur mon corps, c’est pour m’ensevelir qu’elle
l ’a fait »; Jn 12, 7: « Laisse-la garder ce [parfum] pour le jour de ma sépulture. »
9 « proclamé au monde entier », cf 13, 10; 16, 5; Mt 26, 13 par; 28, 19;
Col 1. 23.
10 « Iscarioth », cf 3, 19, et la note. — « l ’un des Douze », cf 3, 14, et la note.
MARC 316
Les préparatifs du repas pascal
Ailleurs ( w 20, 43; Mt 26, 47; Le 22, 47), on trouve «un des Douze» et «un
d’entre les Douze » (Jn 6, 71, 20, 24).
11 « promirent », Mt 26, 15 par: « fixèrent », ou « comptèrent ».
12 « la pâque » (v 14), l ’agneau pascal. — « le premier jourdes Azymes»,en
réalité, il s’agit du premier jour avant les Azymes (selon le comput juif). — « immo
lait », terme de la langue liturgique: la pâque est un sacrifice.
13 « deux », Le (22, 8) les_ nomme: Pierre et Jean. — Noterque tout sepasse
comme si le « maître de maison » avait déjà été mis au courant des intentions de
Jésus.
14 « Le Maître », cf 4, 38. — « à l ’étage », même terme dans Le 22, 12 par. Il
s’agit de « la chambre Imute » Ac 1,13; 9, 37, 39; 20, 8.
15 « amén^ée », c’est-à-dire garniede tapis etde coussins.
17 « le soir venu », c’est-à-dire le 15 Nisan; cf Ex 12, 8: «On mangera la chair
[de l ’agneau] cette nuit-là. »
18 «étaient à table» (16, 14; Mt 9, 10; 26, 7, 20 par; Le 22, 27; Jn 12, 2;
13, 23), lit: «étaient étendus sur un lit-table. » — « u n qui mange» (lit: «celui
qui mange »), cf Ps 41, 18; Jn 13, 18.
317 MARC
14 dit: « En vérité, je vous dis que l’un d’entre vous me
livrera, un qui mange avec moi. » Ils se mirent à
^6’,70^ s’attrister et à lui dire, l’un après l’autre: « Serait-ce
moi? » ^ Il leur dit: « C’est un des Douze, celui
qui plonge [la main] avec moi dans le plat. Le
Fils de l’homme, certes, s’en va selon qu’il est écrit
de lui; mais malheur à cet homme par qui le Fils de
l’homme est livré! Mieux eût valu pour lui qu’il ne
fût pas né, cet homme-là! »
MARC 318
Sur le chemin du mont des Oliviers. Annonce de
Vabandon des disciples et des reniements de Pierre
319 MARC
14 Pierre, et Jacques et Jean, avec lui, et il se mit à res
sentir frayeur et anxiété. ^ Et il leur dit: « Mon âme
est triste à mourir; demeurez ici et veillez. »
Et s’étant avancé un peu, il tombait à terre et
priait pour que, s’il était possible, cette heure
passât loin de lui. ^ Et il disait: « Abba! Père! tout
Jn 1 2 ,2 7 -2 8
t’est possible; écarte cette coupe de moi! Mais non
ce que moi je veux, mais ce que toi [tu veux]. »
Et il vient et les trouve endormis, et il dit à
Pierre: « Simon, tu dors! Tu n’as pas eu la force de
veiller une heure! Veillez et priez, pour ne pas
venir en tentation: l’esprit est ardent, mais la chair
est faible. » Et de nouveau s’en étant allé, il pria,
disant la même parole. ^ Et de nouveau étant
venu, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient
alourdis; et ils ne savaient que lui répondre.
Et il vient pour la troisième fois et leur dit:
« Vous dormez encore et vous vous reposez! C’est
bon. L’heure est venue. Voici que le Fils de
l’homme va être livré aux mains des pécheurs.
Levez-vous! Partons! Voici que celui qui me livre
est tout proche. »
et du soulagement de la part des hommes. Cela est imique en toute sa vie, ce me
semble. Mais il n’en reçoit point, car ses disciples dorment. Jésus sera en agonie
jusqu’à la fin du monde: il ne faut pas dormir pendant ce temps-là... »
32 « domaine », pour le terme, cf Mt 26, 36 par; Jn 4, 3; Ac 1, 18, 19; 4, 34;
5, 3, 8; 28, 7. — « Guethsémani » (encore et seulement Mt 26, 36 par), « i>reswit
d’huile ». C’était « sans doute un petit champ planté d’oliviers avec un pressoir, ins
tallation rustique comme la Palestine en comptait et en compte encore en si grand
nombre » (Lagrange). Il était situé sur la pente inférieure ou au pied du mont des
Oliviers.
36 « Abba! Père! » (Ro 8, 15; Ga 4, 6), le terme araméen est traduit pour les
chrétiens d’origine et de langue grecques. — « cette coupe », cf 10, 38, et la note.
38 « venir en tentation », Mt et Le par ont « entrer en tentation ».
41 « L’heure est venue », v 35, celle du sacrifice, cf Mt 26, 45 par (« l ’heure est
toute proche »), Le 22, 14, et surtout Jn 2, 4; 7, 30; 8, 20; 12, 23, 27; 1 3 , 1; 17, 1.
— « va être livré aux mains des pécheurs », cf Mt 26, 45 par; Le 24, 7.
42 « tout proche », plutôt que « proche », pour rendre l ’énergie du parfait grec,
cf 1, 15; Mt 3, 2; 4, 17; 10, 7; etc.
41 — Agonie de Jésus.
Peinture du XV® siècle. Musée de Cluny.
Varrestation de Jésus
51 On a pensé que ce jeune homme pouvait être Marc, dont la mère, Marie, avait
une maison à Jérusalem (Ac 12, 12).
54 « se chauâait à la flamme », les nuits sont souvent froides à cette époque en
Palestine.
58 « je détruirai ce Sanctuaire », repris par moquerie 15, 29. Pour cette parole,
cf Jn 2, 19-21.
MARC 322
^ E t, se levant au milieu, le grand prêtre inter 14
rogea Jésus en disant: « Tu ne réponds rien!
Qu’est-ce que ces gens témoignent contre toi? »
Lui se taisait, et il ne répondit rien. De nouveau
le grand prêtre l’interrogeait, et il lui dit: « C’est toi,
le Christ, le fils du Béni? » Jésus dit: « C’est moi,
et vous verrez le Fils de Vhomme assis à la droite
de la Puissance et venant avec les nuées du ciel. »
®^Le grand prêtre, déchirant ses tuniques, dit:
« Qu’avons-nous encore besoin de témoins! ^ Vous
avez entendu le blasphème. Que vous en semble? »
Tous prononcèrent qu’il était passible de mort.
Premiers outrages
323 MARC
14 « Toi aussi, tu étais avec le Nazarénien, Jésus. »
^®Mais il nia en disant: « Je ne sais ni ne com-
prends ce que tu dis. » Et il sortit dehors dans le
vestibule, et un coq chanta. ^^Et la servante, le
voyant, se mit de nouveau à dire à ceux qui se
tenaient là: « Celui-là en est! » Mais de nouveau
il niait. Et peu après, de nouveau, ceux qui se
tenaient là disaient à Pierre: « Vraiment, tu en es;
et d’ailleurs tu es Galiléen. » Mais il se mit à
proférer des anathèmes et à jurer: « Je ne connais
pas cet homme dont vous parlez. » Et aussitôt,
pour la seconde fois, un coq chanta. Et Pierre se
ressouvint de la parole que lui avait dite Jésus:
« Avant qu’un coq chante deux fois, par trois fois tu
me renieras. » Et il éclatait en pleurs.
MARC 324
Jésus devant Pilate.
Gravure du X V P siècle.
Jésus devant Pilate
2 « C’est toi », avec une nuance d’étonnement: comment se peut-il que toi?
4 Noter la brièveté du récit, et comparer avec les passages parallèles de Le et de
Jn-
5 « ne répondit plus rien », c£ Mt 27, 14 par: Jn 19, 9. Déjà, même silence de
Jésus devant le grand prêtre et le Sanhédrin, 14, ol; Mt 26, 63.
6 « réclamaient », pour ce sens, c£ v 4 3 \ 6, 24; 10, 3 8 \ Mt 14, 7; 27, 20; ce n ’était
pas un droit au sens strict du mot, mais une coutume quasi contraignante.
7 Barabbas, « fils du père »; en Mt 27, 16 p a r, de bons manuscrits ont « Jésus
Barabbas», leçon probablement originale, rejetée par délicatesse envers Jésus. —
« la sédition », la présence de l ’article indique qu’elle avait dû être de quelque
importance. Pour le sens du terme, cf Le 23, 19, 2 5 par-, A c 19, 40: 24, 5.
8 « étant montée », soit par des degrés, soit par une rampe plus ou moins vive.
— « ce qu’il faisait », imparfait itératif, ce qu’il faisait ordinairement, ce qu’il avait
coutume de faite, comme Jn 18, 3 9 eitplicite: * vous avez coutume que je vous
relâche quelqu’un pour la Pâque. »
10 « Car il savait », explication dans le goût de Mc, cf 1, 1 6 , et la note.
12-14 Récit haletant.
MARC 326
ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des 15
Juifs? » Eux de nouveau crièrent: « Crucifie-le! »
Pilate leur disait: « Qu"a-t-il donc fait de mal? »
Eux crièrent plus fort: « Crucifie-le! »
Pilate, voulant donner satisfaction à la foule, ^
leur relâcha Barabbas, et il livra Jésus, après l’avoir
fait flageller, pour être crucifié.
327 MARC
Nouveaux outrages et couronnement épines
MARC 328
Vie du Christ, XV* siècle (ainsi que les gravures des pages 330,
333, 333).
329 MARC
Le crucifiement
MARC 330
Jésus en croix raillé et insulté
331 MARC
15 disaient, en Tentendant: « Voilà qu’il appelle Elie! »
Quelqu’un ayant couru remplir de vinaigre une
éponge et l’ayant mise au bout d’un roseau, lui
donnait à hoire, en disant: « Laissez; voyons si Elie
va venir le descendre! » Jésus, poussant un
grand cri, expira.
MARC 332
La sépulture
MARC 334
VL APRÈS LA RÉSURRECTION
(16,1-20)
337 MARC
16 ^Et entrées dans le tombeau, elles virent un
Jn 20,11-12
jeune homme assis à droite, vêtu d’une robe
blanche; et elles furent saisies de frayeur. ^ Mais il
leur dit: « Ne vous effraye2 pas. C’est Jésus que
vous cherchez, le Nazarénien, le crucifié. Il s’est
relevé; il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait
mis. ^Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre,
qu’il vous précède en Galilée; c’est là que vous le
verrez, selon ce qu’il vous a dit. »
*Et, étant sorties, elles s’enfuirent du tombeau,
car le tremblement et la stupeur les avaient saisies.
Et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient
peur...
MARC 338
Apparition aux pèlerins d’Emmaüs.
Bible italienne. Venise, 152^.
339 MARC
16 vers la campagne. Et ceux-ci s’en allèrent l’an
noncer aux autres, mais on ne les crut pas non plus.
Le 24,36-43
Enfin il se manifesta aux Onze eux-mêmes,
Jn 20,26-29
pendant qu’ils étaient à table, et il blâma leur incré
dulité et leur dureté de cœur, parce qu’ils n’avaient
pas cru ceux qui l’avaient vu relevé [d ’entre les
morts].
U t 28,18-20
Et il leur dit: « Allez dans le monde entier, pro
clamez l’Evangile à toute la création. Celui qui
croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui refu
sera de croire sera condamné. ^^Et voici les signes
qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon
nom ils chasseront des démons; ils parleront en
langues nouvelles; ils prendront des serpents, et
s’ils boivent quelque chose de mortel, cela ne leur
fera aucun mal; ils poseront les mains sur des
infirmes, et ceux-ci iront bien. »
MARC 340
Ascension de Jésus et proclamation de l'Evangile
341 MARC
Cartes
Table des matières
Introduction à l ’E vangile selon saint M atthieu . . 9
Table analytique de l ’E vangile selon saint M atthieu 27
E vangile selon saint M a t t h i e u .................................. 39
Introduction à l ’Evangile selon saint Marc . . . 205
Table analytique de l ’Evangile selon saint Marc . 219
E vangile selon saint M a r c ...................................... 227
C a r t e s ................................................................................... 345
Les Evangiles de saint M atthieu et de 'saint Marc
en im a g e s ...................................................................... 352
Les Evangiles de Saint Matthieu et de Saint Marc
en images
Saint Matthieu
!«sE#a3S3Sa!3
43 — Evangéliaire. Manuscrit du X ‘
siècle. Bibliothèque de Douai, n° 11.
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44 — Saint Matthieu. Les premières
lettres de son Evangile sont enca
drées dans le texte de l’éloge de la
croix, de Raban Maur.
« Eloge de la croix » de Raban Maur.
Manuscrit du X " siècle. Bibliothèque
d ’Amiens, n" 2237.
45 — Evangéliaire. Manuscrit du
X IP siècle. Bibliothèque de Laon, 46 — Bible latine. Manuscrit du X P siècle. Bibliothèque Maza-
»“ 550. rine, n° 2.
Saint Marc
î t t t s a i i t t s
i m i w i û .
Naissance de Jésus
v . v l W '
66 — La prédication de Jean-Baptiste.
Peinture murale du X I I P siècle. Sancta Sacra de Faces,
Espagne.
Le Baptême de Jésus
(Mt 3, 13-17; Mc 1, 9-11).
70 — Psautier. Manuscrit du X I I F siècle. Bibliothèque Sainte-Geneviève, 71 — Mosdique du Baptistère de la cathédrale, V “ siècle, Ravenne.
1273.
La tentation de Jésus
(Mt 4, 1-11 ; Mc 1, 12-13).
73 — Chapiteau du X I P siècle.
Eglise Saint-Pierre, Chauvigny.
Jésus et les Apôtres
79 — Chapiteau du X I P siècle.
Eglise Santo-Domingo, Soria, Espagne.
81 — En présence des apôtres, Jésus, plus jeune et imberbe, guérit des 82 — En haut : Tentation de Jésus ; en bas : la Cananéenne demande
estropiés. la guérison de sa fille (Mt 15, 21-28 ; Mc 7, 24-30).
Ivoire du X V ‘ siècle. Victoria and Albert Muséum, Londres. Bible historiée. Manuscrit du X I P siècle. Bibliothèque d’Amiens, n" 108.
83 — Multiplication des pains (Mt 14, 12-21 ; 15, 32-38) 85 — Guérison du paralytique (Mt 9, 1-8; Mc 2, 1-12).
(Mc 6, 31-44-, 8, 1-9).
83-86
Ivoire
du y® siècle.
Victoria and
A lbert Muséum,
Londres.
Paraboles
92 — Peinture de Rubens, X V IL
siècle. Musée de Dijon.
105 — L’Ascension.
104 — Les deux Maries devant le tombeau vide. Sacramentaire. Manuscrit du X IV " siècle. Bibliothèque Sainte-
Ivoire du X IV " siècle. Victoria and Albert Muséum, Londres. Geneviève, n° 103.
L ’iconographie, la m aquette et la m ise en pages
du présent ouvrage
on t été réalisées par l ’abbé
F R A N Ç O IS G A R N IE R .