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CHANOINE É M I L E OS T Y , p. s. s.

P rofesseur h o n o ra ire à l’In s titu t c a th o liq u e d e P a ris

et

ABBÉ JOSEPH TRINQUET, p .s.s


P rofesseur a u S ém inaire S aint-S ulpice

LA BIBLE
Evangile selon Saint Matthieu
Evangile selon Saint M arc

ÉDITIONS RENCONTRE
Nihü obstat
Paris, 10 mai 1973
F. ToUu

Imprimatur
Paris, 11 mai 1973
E. Berrar, v. é.

La loi du U mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l ’arti­


cle 41, d’une part, que les « celles ou reproductitms strictement réservées à l ’usage
privé du cc^iste et non destinas à une utilisation collective » et, d’autre part, que
les analyses et les courtes citations dans un but d ’exemple et d ’illustration, « toute
représentation ou reproducticMi intégrale, ou partielle, sans le consentement
de l ’auteur ou de ses ayants-droit ou ayants-cause, est illicite » (alinéa premier de
l ’article 40).
Cette teprésentotion ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, consti­
tuerait donc une ctmtrefactMi sanctionnée par les articles 425 et suivants du
Code Pénal.

© Editions Rencontre 1973


Evangile selon Saint Matthieu
INTRODUCTION

Quand on aborde saint Matthieu après avoir lu saint


Marc, on est tout de suite frappé de la différence pro­
fonde qui sépare les deux évangiles. Tandis que celui
de Marc est une suite entraînante de faits vivants qui
nous montrent à l’œuvre le Fils de Dieu, celui de Mat­
thieu s’attache de préférence à prouver que Jésus est
le Messie et à exposer son enseignement dans de
grands discours. C’est dire que cet évangile n’a rien de
la spontanéité, du pittoresque, de la vie que nous
admirons en Marc. Pour Matthieu, le récit est d’un
intérêt secondaire: le fait en tant que fait est sans
valeur, ce qui compte en lui, c’est l’idée qu’il contient
et la preuve qu’il apporte. Et ce point de vue exerce
une influence considérable sur la manière dont Mat­
thieu traite le fait:
1°) Il le détache volontiers de son contexte histo­
rique. C’est ainsi que les divers miracles des chapitres 8
et 9 ont été en partie arrachés à leur ordre naturel, qui
se trouve mieux sauvegardé dans Luc et Marc. Pour
préparer le message de Jean-Baptiste et la réponse de

M A TTHIEU
Jésus (11, 2-4), l’évangéliste a groupé dix miracles, dont
plusieurs appartiennent à une date ultérieure.
2°) Pour ce même motif d’indifférence à la chrono­
logie, les faits sont souvent introduits par des formules
vagues-. « alors, et voici que, en ce temps-là. » Même
les expressions « en ce jour-là » {1 3 ,1 ), « à ce moment »
(18, 1 ) n ’ont pas le sens précis qu’on serait tenté de leur
attribuer; le contexte en est la preuve évidente. Dans
Matthieu, le récit manque presque toujours de localisa­
tion, soit dans le temps soit dans l’espace.
3° ) Le fait lui-même — et voici qui est plus important
— se trouve réduit à ses éléments essentiels.
a) Tous les détails jugés inutiles sont bannis: noms
propres (Bartimée, Jaïre); notes pittoresques: le cous­
sin sur lequel Jésus dormait (Mc 4, 38), l’herbe verte de
la première multipHcation des pains (Mc 6, 39), le bond
de l’aveugle qui, jetant son manteau, se précipite vers
Jésus (Mc 10, 30); précision de chiffres, comme les
groupes de cinquante et de cent de la première multi­
plication des pains ( Mc 6 ,4 0 ), etc.
b) Parfois, comme dans le récit de la guérison du ser­
viteur du centurion de Capharnaüm ( 8 , 3-13), Matthieu
condense le récit en supprimant les intermédiaires.
Dans Luc (7, 3 ), le centenier envoie d’abord quelques
anciens des Juifs prier Jésus de venir guérir son servi­
teur malade, puis il lui dépêche des amis (verset 6);
dans Matthieu, c’est le centenier qui vient et parle lui-
même à Jésus. La leçon qui se dégage du récit reste la
même, et cela seul importe à Matthieu, qui d ’ailleurs la
commente (8, 11-12) en citant une parole de Jésus que
Luc relate en im contexte différent (Le 13, 28-29).

M A TTH IEU 10
c) Ailleurs, c’est l’intervalle de temps qui disparaît,
comme dans l’épisode du figuier desséché (Mt 21,
18-22 ). Dans Marc (11, 20-21 ), c’est seulement le lende­
main de la malédiction que les apôtres s’aperçoivent
de son effet; « Rabbi, dit Pierre, vois; le figuier que tu
as maudit est desséché! » Matthieu note au contraire
(21, 19) que « le figuier se dessécha instantanément ».
En conséquence les disciples, saisis d’étonnement,
disent à Jésus: « Comment se fait-il qu’instantanément
le figuier se soit desséché? » (21, 20). Pour réduire le
fait à ses éléments essentiels, Matthieu a dû lui faire
subir une importante transformation. La même remarque
vaut pour le récit de la résurrection de la fille de Jaïre
(comparer Mt 9 ,1 8 avec Mc 5, 23, 33).
d) C’est la même manière schématique, économique,
de conter qui, dans le récit du meurtre de Jean-Baptiste,
lui a fait attribuer à Hérode ce que Marc, plus concret,
plus près du réel là comme ailleurs, dit d’Hérodiade
(comparer Mt 14, 3 et Mc 6, 19-20). Matthieu n’attache
aucune importance à ces précisions, inutiles pour la
leçon qui se dégage de l’événement. Comparer encore
26, 34, 74-73 avec Mc 14, 30, 72.
e) Cette indifférence pour le concret, le précis,
s’exprime encore en ce que Matthieu « dépersonna­
lise », « désindividualise » volontiers le fait, soit en rem­
plaçant un sujet individuel par un pluriel de généralisa­
tion (4, 3, à comparer avec Le 4, 3\ 26, 8, à comparer
avec Jn 12, 4; 27, 44, à comparer avec Le 23, 39;
28, 9-10, à comparer avec Jn 20, 11-18), soit en intro­
duisant la dualité {8,28; 20, 30 ).
f ) A conter le fait d’une manière aussi concise, il arrive

11 M A TTH IEU
parfois qu’on l’enveloppe d’obscurité, qu’on le rend
presque énigmatique et que, pour le bien entendre, il
faut se reporter au passage parallèle d’un des deux autres
synoptiques. C’est ainsi que l’expression « voyant leur
foi » (9 ,2 ) ne prend un sens parfaitement clair que si on
l’explique par Mc 2, 4-3. De même les mots: « De nou­
veau je vous le dis » (19, 24) s’entendent mieux si on
les place dans le contexte de Mc (10, 23-24 ).
4°) Signalons enfin qu’il arrive parfois à Matthieu de
grouper les divers éléments de sa narration selon un
ordre logique. Dans le récit de la tempête apaisée de
Marc (4, 39-40), Jésus calme d’abord la mer, puis
semonce ses disciples, ce qui est conforme à la vérité
psychologique et probablement à la réalité historique.
Mais pour Matthieu, c’est la leçon donnée aux apôtres
qui est l’élément essentiel; il la placera donc en pre­
mier lieu (8, 26). Comparer de même Mt 12, 9-14, avec
Mc 3,1-6.
Ainsi la narration de Matthieu est plus ordonnée, plus
logique que celle de Marc. Mais privée qu’elle est de
tous ses éléments pittoresques, des mille superfluités
de la vie, de ce je ne sais quoi de violent qui fait choc
à chaque page de Marc, elle nous paraît abstraite,
pâle, sans saveur, squelettique. Marc a conservé au vif
le caractère primesautier de la narration de Pierre;
Matthieu l’a régularisée, allégée, « intellectualisée. » La
nature de son génie et le dessein qu’il se proposait ont
concouru également à ce résultat. Mais il suffit de relire
successivement deux ou trois récits de Marc après les
récits parallèles de Matthieu pour voir que, dans le do­
maine de la narration, Marc l’emporte et de beaucoup.

M A TTH IEU 12
En revanche, Matthieu est incomparable dans le dis­
cours. Son évangile est l’évangile des discours.
Matthieu s’est appliqué à recueillir le plus grand
nombre possible de paroles du Seigneur, et pour en
montrer l’harmonie comme pour les rendre plus aisées
à retenir, il les a groupées en de vastes compositions,
que très habilement il a distribuées entre les diverses
parties de son œuvre. C’est ainsi qu’on trouve succes­
sivement:
5-7: Le code de perfection du Royaume (Sermon
sur la montagne ) ;
10 : Le code des missionnaires du Royaume ;
13: Le mystère du Royaume exposé dans les para­
boles;
18: Les relations entre les membres du Royaume;
23: Les invectives contre les ennemis spirituels du
Royaume ( scribes et Pharisiens ) ;
24-25: La ruine de Jérusalem, la fin des temps et la
consommation du Royaume.
Que ces grands discours n’aient pas été prononcés
dans la forme où l’évangéliste les présente, mais qu’ils
se composent de paroles que Jésus a dites en des
temps et devant des auditoires différents, il est aisé de
s’en convaincre par les considérations suivantes:
a) Il est invraisemblable que dans la carrière publique
de Jésus, il n’y ait eu qu’une journée de paraboles, une
journée d’instructions missionnaires, une journée d’in­
vectives contre les scribes et les Pharisiens, etc...
b) Par leur longueur, leur densité, leur perfection
même, de semblables discours auraient écrasé l’audi­
toire plus qu’ils ne l’auraient instruit.

13 M A TTH IEU
c) L’étude du plus célèbre d’entre eux — le Sermon
sur la montagne — prouve à l’évidence qu’il n’a pas été
prononcé tel quel: 1. L’entretien sur le plateau de Luc
( 6, 20-49 ) n’a ni même contenu, ni même ordre, ni sou­
vent mêmes expressions. — 2. Une bonne partie des
morceaux de Matthieu qui manquent dans l’entretien
de Luc se trouvent dispersés un peu partout dans le
troisième évangile. Mieux vaut supposer que Matthieu
les a trouvés à l’état de dispersion et les a rassemblés
que d’imaginer Luc dépeçant le magnifique sermon sur
la montagne. — 3. Certains passages dudit sermon
se retrouvent, et en excellente situation, dans l’évan­
gile même de Matthieu (comparer 5, 29-30, et 18, 8-9-,
5, 31-32, et 19, 3-12; 7, 16-18, et 12, 33), comme si
Matthieu avait utilisé deux fois les tD^mes textes,
tantôt les laissant dans leur milieu historique, tantôt
les reprenant pour les insérer dans un grand ensemble.
Même remarque pour le « discours missionnaire » ( com­
parer 10, 13, et 11, 20-24; 10, 23b, et 12, 24; 10, 22,
et 24, 9-13; 10, 37-39, et 16, 24-23). — 4. Certains
passages ne sont pas en harmonie avec le contexte
historique, plusieurs même y constituent de vrais
anachronismes. Ainsi 6, 9-13: si vraiment Jésus, lors
du Sermon sur la montagne, avait donné la formule de
la prière nouvelle, les apôtres se seraient montrés bien
légers et oublieux, puisque plus tard (Le 11, 1) ils
demandent au Maître de leur apprendre à prier. Et s’ils
avaient eu assez peu de mémoire pour oublier si vite la
prière du Seigneur, comment en auraient-ils eu assez
pour retenir le reste du Sermon sur la montagne? 3, 11
semble aussi peu en situation. Est-il vraisemblable que

M A TTH IEU 14
tout au début de son ministère, Jésus ait annoncé à ses
disciples le sort de luttes et de souffrances qui leur
était réservé? Ce n’est sans doute qu’après la profes­
sion de foi de Pierre et la première annonce de la
Passion que Jésus a révélé les exigences de la voca­
tion chrétienne et apostolique: le disciple n’est pas au-
dessus du maître et, si le Maître est voué à la Croix, le
disciple et l’apôtre doivent aussi porter la leur et
renoncer à toute perspective de salut facile. Le pas­
sage de Jn 16, 1-5, confirme cette vue: « Je vous ai dit
cela pour que vous ne soyez pas scandalisés. On vous
exclura des synagogues. Bien plus, elle vient, l’heure
où quiconque vous tuera croira rendre un culte à Dieu.
Et ils feront cela, parce qu’ils n ’ont connu ni le Père ni
moi. Mais je vous ai dit cela, pour qu’ime fois leur heure
venue, vous vous rappeliez que moi je vous l’ai dit.
Cela, je ne vous l’ai pas dit dès le commencement, parce
que j’étais avec vous. » Même remarque pour 10, 16-23,
26-31, qui ne peuvent avoir été prononcés dans le con­
texte historique où présentement ils figurent.
Aussi bien, il importait peu à Matthieu de relater les
circonstances exactes dans lesquelles avaient été pro­
noncées les paroles de Jésus. C’est son enseignement
qui comptait pour lui, et cet enseignement, il l’a con­
servé et transmis avec le maximum de vérité historique.
Matthieu est en effet beaucoup plus près que Marc et
Luc de la catéchèse palestinienne de Pierre et des pre­
miers apôtres et disciples.
Matthieu tout d’abord a mieux respecté que les
autres évangélistes la saveur de terroir de la prédica­
tion de Jésus:

15 M ATTHIEU
1. Les formules traditionnelles et stylisées du langage
d’Israël abondent dans son évangile et contribuent à lui
donner un accent de solennité et d’hiératisme:
Royaume des deux, terre d’Israël, maison de Jacob,
cités d’Israël, Dieu d’Israël, Cité sainte, cité du Grand
Roi, les fils du Royaume, Fils de David, avoir en héri­
tage, fin du monde, chair et sang, joug de la Loi,
Portes de l’Hadès, lier et délier, fils de géhenne, géné­
ration adultère, toutes ces expressions qu’on retrouve
dans la Bible et les écrits rabbiniques coulent naturelle­
ment de sa plume et montrent en lui un fils d’Israël rap­
portant les paroles d’un fils d’Israël.
2. De fait un grand nombre de propos de Jésus ont
mieux conservé dans Matthieu leur forme originelle et
leur accent local'. Comparer en particulier: Mt 5, 40,
et Le 6, 29; Mt 5, 41-47, et Le 6, 32 35; Mt 6, 12, et
Le 11, 4; Mt 7, 23, et Le 13, 27; Mt 7, 24-27, et Le 6,
47-49; Mt 8, 29, et Mc 5, 7; Mt 16, 4, et Mc 8, 12;
Mt 19, 3, et Mc 10, 2; Mt 24, 20, et Mc 1 3 ,18, etc.
3. Matthieu a de même mieux conservé que les
autres évangélistes les divers modes de présentation
de la pensée chers à la littérature biblique. Les trois
types de parallélisme s’y rencontrent fréquemment:
synonymique: 5, 44 « Aimez vos ennemis et priez pour
ceux qui vous persécutent »; 5, 45, 46-47; 7, 6-7; 10,
24, 26, 37; 12, 30, etc; antithétique: 5, 43: « Tu aimeras
ton prochain et tu hdiras ton ennemi»; 7, 18; 10, 39;
12, 37, etc.; progressif: 10, 40: « Qui vous accueille,
c’est moi qu’il accueille, et qui m’accueille accueille Celui
qui m’a envoyé»; 6, 34; 7, 1, 6; 9, 16-17, etc. Dans
trois passages, Matthieu a gardé le tour interrogatif-néga-

M A TTH IEU 16
tif, que Luc a fait disparaître: 5, 46-47: «Car si vous
aimez ceux qui vous aiment, quel salaire aurez-vous? Les
publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant? Et si vous
ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordi­
naire? Les païens mêmes n’en font-ils pas autant? »
G)mparer avec Le 6, 32-34: « Que si vous aimez ceux
qui vous aiment, quel grê vous en saura-t-on? Car
même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Et si
vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quel
gré vous en saura-t-on? Les pécheurs aussi font de
même. » Comparer encore Mt 6, 23-26, et Le 12, 23-24\
Mt 7, 16, et Le 6, 44. — De même Le 6, 43-44 n’a pas
respecté l’inclusio ou répétition en fin de morceau de
la phrase initiale, que nous trouvons dans Mt 7, 13-20.
— Il résulte de tout cela que la plupart du temps c’est
dans Matthieu que nous avons le plus de chance de
retrouver les ipsissima verba du Maître.

La même fidélité se retrouve dans la manière dont


Matthieu expose l’enseignement de Jésus. Ecrivant
pour des Juifs convertis de Palestine, il a tenu, mieux
que tous autres, à relater les paroles que Jésus adressait
aux Juifs pour les convertir. Son évangile est ainsi le
reflet exact de la pensée de Jésus et de la catéchèse
primitive de Jérusalem.
1. Jésus, « Fils de David, fils d’Abraham », est attendu
par les Juifs, le « roi des Juifs » (2 ,2 ), venu pour sauver
« son peuple » (1, 21). Annoncé par les prophètes, il a,
dans toutes les circonstances de sa naissance, de sa vie
et de sa mort, réalisé fidèlement leurs oracles. Ni
l’obscurité de ses années d’enfance, ni l’humilité de sa

17 M A TTHIEU
manifestation, ni l’opprobre de sa fin ne doivent décon­
certer le Juif fidèle; tout cela était voulu de Dieu et les
prophètes l’avaient prédit. La formule « cela arriva pour
que s’accomplît ce que le Seigneur avait dit par le pro­
phète » revient comme un refrain à travers tout
l’évangile, qu’on a fort justement appelé « l ’évangile
de la prophétie messianique »: 1, 22; 2, 1.5, 17; 4, 14;
8, 17; 12,17; 13, 33, etc. Il arrive parfois que le texte de
la prophétie exerce son influence sur le récit lui-même.
C’est ainsi que Matthieu, généralement si sobre de
détails, n ’a pas manqué de relater que, lors de l’entrée
triomphale à Jérusalem, l’équipage du Maître se com­
posait non pas seulement d’im ânon (comme dans les
autres évangélistes), mais d’ime ânesse et d’xm ânon.
Ainsi se trouvait littéralement accomplie la prophétie
de Zacharie, littéralement interprétée. De même dans
l’épisode de la trahison de Judas (26, 14-16), Matthieu
signale, seul des évangélistes, le montant du salaire du
traître, « trente pièces d’argent », parce que le texte de
Zacharie (11, 12) l’avait annoncé. Voir encore dans le
récit de la Passion: 27, 34, 33, 39, 48.
2. Jésus, Messie d’Israël promis et attendu, est apparu
pour fonder le Royaume, et ce Royaume était destiné
premièrement aux Juifs. Si la plupart d’entre eux s’en
trouvent exclus, c’est qu’ils l ’ont voulu (23, 37). Par
leurs mauvaises dispositions, ils se sont privés de l’offre
qui leur était faite, ainsi d’ailleurs que l’avaient prédit les
prophètes (13, 14-13; 13, 7-9). Et, tandis que les fils
du Royaume s’apprêtent à être jetés dans les ténèbres du
dehors, les païens accourent du Levant et du Couchant
pour prendre part au festin du Royaume (8, 11-12).
M A TTH IEU 18
Bref, le Royaume est enlevé aux Juifs et il est donné à
une « nation qui en fera les fruits » (21, 4 J).
3. Cette exclusion du peuple choisi a son origine
immédiate dans l’attitude de défiance, d’hostilité hai­
neuse et systématique de ses guides spirituels: scribes
et Pharisiens. Notre évangile dépeint, en une progres­
sion ascendante et comme en une série de diptyques
(voir le plan), d’une part l’activité bienfaisante de Jésus
et de l’autre les perfides machinations de ses ennemis.
On sent gronder ime sourde colère à travers ces pages,
jusqu’à ce qu’elle éclate dans les invectives vengeres­
ses du chapitre 23, l’une des plus belles pages de Mat­
thieu. Enfin peuple et chefs appellent eux-mêmes la
vengeance divine sur eux et leur postérité par les pa­
roles fatidiques que Matthieu est seul à relater: « Que
son sang soit sur nous et sur nos enfants! » (21,23).
4. Le Royaume devient donc le lot de ceux auxquels
il n’était pas destiné en premier. Mais cela ne signifie
pas pour autant rupture avec le passé. Le premier
évangile est éminemment traditionnel; le passé n’est ni
mauvais ni aboli; le présent n’est pas un commence­
ment absolu. Nova et vetera, tel est le mot d’ordre.
« Ne croyez pas, dit Jésus, que je sois venu renverser la
Loi ou les Prophètes; je ne suis pas venu renverser, mais
compléter» (5, 17). Et encore: «tout scribe devenu
disciple du Royaume des d e u x est semblable à un
maître de maison qui tire de son trésor du neuf et du
vieux» (13, 32). La Loi demeure obligatoire, et sa
pérennité est affirmée en termes d’une rare énergie (5,
18-19; 23, 2-3). Certaines de ses institutions semblent
devoir longtemps encore prolonger leur existence (24,

19 M A TTH IEU
20). Bien plus, les réalités nouvelles sont parfois expri­
mées en termes empruntés à l’Ancien Testament ou au
langage des rabbins (16, 18-19; 18, 18; 19, 28; 23, 34;
26, 29). Mais c’est bien une période nouvelle qui
s’ouvre. La Loi ne doit pas seulement régler les atti­
tudes extérieures au sein d’une nation privilégiée: elle
doit régner sur les âmes et sans distinction (5, 21-30,
38-48); tout s’intériorise et s’universalise. Tout se sim­
plifie aussi: Jésus dégage l’essentiel de l’accessoire une
fois pour toutes: 22, 37-40, et 7, 12: «Tout ce que
vous voudriez que les hommes fassent pour vous,
pareillement vous aussi faites-le pour eux; car c’est
cela, la Loi et les Prophètes. »
5. Le Royaume des Cieux s’appelle aussi l’Eglise, d’un
terme emprunté à la langue religieuse des Juifs, pour
qui la nation était l’« assemblée d’Israël ». Mais c’est
l’Eglise de Jésus fondée sur le roc de Pierre ( 16, 18-19),
et qui n’a rien à redouter des atteintes du temps ou des
attaques de l’Enfer. Son autorité spirituelle, comme
celle de Pierre, est sans limites (16, 19b; 18, 17). Mat­
thieu semble avoir senti profondément la magnificence
de l’Assemblée nouvelle. La majesté même des paroles
de l’Institution — que seul il a conservées — en est un
premier signe. On peut en voir un autre dans le trai­
tement de faveur qu’il réserve à Pierre (17, 24-27;
26, 40 comparé à Mc 14, 37 ). Mais où paraît le mieux le
dessein qu’a Matthieu de faire naître dans l’âme de ses
lecteurs révérence et admiration pour l ’Eglise, c’est
dans la manière délicate dont il s’exprime à l’égard des
membres du collège apostolique. Sur bien de leurs petites
misères il a jeté le voile du respect; il a évité en particu-

M A TTH IEU 20
lier d’insister sur leur manque d’intelligence plusieurs
fois signalé par Marc. Le lecteur pourra faire utilement
les comparaisons suivantes:

Mc 4,13 Mt 1 3 ,1 6 -n
^>31 Manque
6,32 14,33
8,17-21 16,8-12
9, ù Manque
9,10 Manque
Manque 17,13
9,32 17,23
9,38-39 Manque
10,32 20,17
10,33 20,20

Ces divergences n ’ont rien qui doive surprendre;


dans les familles où le respect règne encore, les
enfants savent faire silence sur les imperfections de
leurs parents.
L’Evangüe de Matthieu est par excellence l’évangile
de l’ordre. Nous avons déjà dit que ses récits, inférieurs
pour le pittoresque et la vie, sont des modèles de
sobriété et presque toujours de clarté. Même qualité
dans la composition. Certes, Matthieu n’a pas rompu
avec le plan quadripartite, déjà traditionnel dans
l’Eglise, mais à l’intérieur il a disposé ses matériaux
d’une manière heureuse. Il a établi im bel équilibre
entre faits et discours, qu’il fait alterner harmonieuse­
ment. Il a su, mieux que Marc, montrer la croissance du
conflit entre Jésus et ses ennemis et préparer ainsi la

21 M A TTH IEU
journée des paraboles (voir le Plan de 5, 1 à 13, 32).
Enfin il a mis l’accent sur l’aspect progressif de l’ensei­
gnement de Jésus; Loi nouvelle (3-7), instructions à
ceux qui sont chargés de la publier ( 10, 3-42 ), clartés sur
le Royaume (13), devoirs des membres du Royaume
dans leurs relations mutuelles (18), destinées du
Royaume et fin des Temps, où Jésus apparaît comme
juge suprême ( 24-25 ).
Mais le goût de Tordre de notre évangéliste et sa
maîtrise à le créer éclatent surtout dans la composition
des grands discours qui viennent d’être cités. Pour ne
pas charger cet exposé, nous donnons simplement le
plan détaillé du Sermon sur la montagne.
Le cadre: 5,1-2.
Exorde: 5 ,3-16.
3-12: Les « Béatitudes ».
13-16: Rôle des disciples dans le monde.
Corps du discours: 5,17-7, 20.
A. 5, 17-48: Loi ancienne et Loi nouvelle :
1, 17-20: exorde.
2, 21-47: corps.
3, 48 : conclusion.
B. 6, 1-18: Trois aspects de la « justice » nou­
velle ;
1, 2-4 ; Taumône.
2, 3-13: la prière.
3, 16-18: le jeûne.
C. 6, 19-7y 20: Quelques dispositions requises
sous la Loi nouvelle:
1. Trois présentées sous forme né­
gative.

M A TTHIEU 22
a ) 6, 19-54 : Ne thésaurisez
pas.
b) 7, 2- 5: Ne jugez pas.
c ) 7, 6 : Ne livrez pas ce
qui est sacré.
2. Trois présentées sous forme po­
sitive.
a ) 7, 7-12: Demandez.
b) 7, 13-14: Entrez.
c ) 7, 13-20: Méfiez-vous.
Péroraison: 7,21-27.
21-23: Nécessité de la pratique.
24-27: Parallèle entre celui qui pratique et celui
qui ne pratique pas.
Après le discours: 7 ,28-29.

Ce plan permet d’admirer la perfection technique de


la composition du Sermon sur la montagne. Et on pour­
rait en dire autant du Discours missionnaire, des invec­
tives contre les Pharisiens, du discours eschatologique.
Une des manifestations de l’amour que notre évangé­
liste nourrit pour l’ordre — et aussi de ses préoccupa­
tions symbolistes — est le goût qu’il a pour certains
chiffres. C’est ainsi que le chiffre 3 domine dans toute
son œuvre. Il règle souvent la présentation de la
pensée: 5, 22, 54-55; 7, 7, 22, 25, 27; 8, 9; 10, 41-42;
11, 7-9; 23, 8-10, 34, etc.; et plus encore la distribution
de la matière. Pour comprendre ce dernier aspect, il n’est
qu’à se reporter au plan du Sermon sur la montagne. Et
le chapitre 13 nous en fournit encore un excellent
exemple; en voici le plan simplifié:

23 M A TTHIEU
1°) 3b-23-.
A) Parabole du semeur (3b-9 ).
B) Question des disciples sur le but des
paraboles et réponse de Jésus (10-17).
C) Explication de la parabole (18-23).
2°) 24-43:
A ) Trois paraboles ( 24-33).
B ) Autre but des paraboles (34-33).
C) Explication de la parabole de l’ivraie
(36-43).
3°) 44-30: 3 autres paraboles:
Les versets 31-32 forment la conclusion, qui
fait pendant à la présentation (1-3a).
On a signalé aussi l’intérêt que l’auteur porte aux
chiffres 5 et 2. Notons seulement la préférence qu’après
le 3, obtient le sept: 7 demandes du Pater, 7 béatitudes
(probablement), 7 paraboles, 7 invectives, 3 groupes de
deux fois 7 pour la généalogie, obtenus d’ailleurs non
sans peine.
Tant de sagesse et d’équilibre dans la pensée, tant
d’ordre dans la présentation rendent la lecture du pre­
mier évangile singulièrement attachante. On n’est
jamais arrêté, rebuté, choqué; c’est un fleuve puissant,
calme et sans remous. Mieux encore, on s’y croirait
dans un temple, tellement tout y respire l’hiératisme et
la religion. Soit que Matthieu rapporte les paroles du
Maître, soit qu’il en redise les actes, il atteint sans effort
au sommet de la grandeur. Tout y contribue: le diamant
des maximes (3, 12; 5, 3-12; 6, 23, 23-34-, 7, 27), les
paroles de majesté (16, 17-19; 25, 31-46; 28, 19-20),
les descriptions solennelles (8, 16-17; 9, 33-38), les

M A TTHIEU 24
citations admirablement choisies de l’Ecriture (2, 18;
4, 15-16; 12, 18-21; 24, 29-31), les mots-refrain qui
donnent à l’ensemble un air de mélopée spirituelle.
Le livre entier baigne dans une atmosphère de gravité
religieuse. On en tourne, on en médite les pages avec
révérence. Avec son instinct sûr, l’Eglise catholique lui
a donné la première place dans sa liturgie, et ce n’est
pas sans raison qu’on a salué en lui une des grandes
(cuvres de l’esprit humain.

25 M A TTHIEU
Table analytique de l’Evangile selon saint Matthieu

I NAISSANCE ET VIE CACHÉE DE JÉSUS


(1,2-2.23)

Généalogie de Jésus, Fils de David, fils d’Abraham


(U 2-27).
Conception virginale de Jésus ( 1 ,18-25 ).
Visite des Mages ( 2 , 1-12).
Fuite en Egypte ( 2 , 13-15 ).
Massacre des enfants de Bethléem (2,16-18).
Retour d’Egypte et établissement à Nazareth ( 2 , 19-23 ).

II PRÉPARATION DU MINISTÈRE DE JÉSUS


(3,2-4,22)

Mission et ministère du précurseur Jean-Baptiste


(3,2-22).
Baptême de Jésus (3,13-17).
Tentation de Jésus au désert (4,2-21).

27 M A TTH IEU
III MINISTÈRE DE JÉSUS EN GALILÉE
ET DANS LES PAYS VOISINS
(4,12-18,

A) Jusqu'à la profession de foi de Césarée


(4,12-16,20):

1. Les débuts du ministère (4 ,1 2-25 ) :


Jésus se fixe à Capharnaüm et inaugure sa prédica­
tion (4,12-17).
Appel des quatre premiers disciples ( 4 , 18-22 ).
Jésus parcourt la Galilée. Empressement des foules
(4,23-25).

2. Jésus se manifeste comme docteur et législateur,


comme thaumaturge et comme pasteur (5, 1-11, 1):
1. Jésus docteur et législateur: Le « Sermon sur la
montagne » {5,1-7,29):
Le cadre (5,1-2).
Exorde: a ) Les « Béatitudes » (5,3-12).
b ) Les disciples, sel de la terre et lumière
du monde (5,13-16).
Le corps du discours (5,17-1,20):
A. Loi ancienne et Loi nouvelle
(5,17-48).
B. Quelques pratiques de justice
(6,1-18):
Avertissement général (6 ,1 ).
L’aumône ( 6,2-4 ).
La prière ( 6 ,5-15).
Le jeûne (6,16-18).

M A TTH IEU 28
C. Quelques dispositions du disciple
(6,19-7,20):
trois présentées d’une manière néga­
tive:
ne pas thésauriser ( 6 , 19-34 ).
ne pas juger ( 7 ,1-3).
ne pas profaner ce qui est sacré
{7 ,6 ).
trois présentées d’une manière posi­
tive:
demander avec insistance
( 7 ,7-12).
entrer par la porte étroite
(7,13-14).
se méfier des faux prophètes
(7,13-20).
Péroraison (7,21-27):
a ) Nécessité de la pratique ( 7,21-23 ).

b) Parallèle entre celui qui pratique et


celui qui ne pratique pas (7, 24-27).
Après le « Sermon » (7, 28-29).
2. Jésus thaumaturge (8, 1-9,34):
Guérison d’un lépreux (8,1-4).
A Capharnaüm. Guérison du serviteur d’un centu­
rion (8,3-13).
Guérison de la belle-mère de Pierre (8,14-13).
Guérisons collectives du soir (8,16-17).
Exigences de Jésus en matière de vocation apos­
tolique ( 8 ,18-22).
La tempête apaisée ( 8 ,23-27 ).

29 M A TTH IEU
Les deux démoniaques du pays des Gadaréniens
et l’aventure des cochons ( 8 ,28-34 ).
Premiers conflits avec les Pharisiens (9,1-17):
Guérison d’un paralytique à Capharnaüm et
discussion sur le pouvoir de remettre les péchés
(9,1-8).
Appel de Matthieu et discussion sur la fréquen­
tation des publicains et des pécheurs (9,9-13).
Discussion sur le jeûne (9,14-17).
Guérison d’une hémorroïsse et résurrection de la
fiUe d’un chef (9,18-26 ).
Guérison de deux aveugles ( 9, 27-31 ).
Guérison d’un muet démoniaque ( 9,32-34.)
3. Jésus pasteur ( 9, 33-11, 1 ) :
Pitié de Jésus pour les foules ( 9,33-38 ).
Liste des Douze (10,1-4).
Envoi des Douze en mission. Prescriptions de
Jésus ( 10, 3-42 ) :
a) pour le présent (10,5-1.5).
b ) pour l’avenir (1 0 ,1 6-23 ).
c ) prescriptions diverses ( 10, 24-42 ),
Jésus continue à enseigner (1 1 ,1 ).

Attitudes d’âme diverses à l’égard de Jésus:


Série de diptyques (11, 2-12,50):
1. a ) Message de Jean-Baptiste et témoignage ren­
du par Jésus à son précurseur (11, 2-15).
b) Jugement porté par Jésus sur sa génération
(11,16-19).
2. a) Invectives de Jésus contre les villes des
bords du lac (11, 20-24 ).
M A TTH IEU 30
b) La révélation réservée aux simples. Le Père
et le Fils (11,25-28).
c ) Appel de Jésus (11, 28-30 ).
3. a) Les Pharisiens de plus en plus hostiles
(12,1-14):
La cueillette des épis et l’observation du
sabbat (1-8).
La guérison de l’homme à la main des­
séchée et l’observation du sabbat (9-14).
b) La modestie et la douceur de Jésus prédites
par Isaïe ( 1 2 ,15-21).
4. a) Jésus et Béelzéboul (12, 22-45) :
Jésus accusé par les Pharisiens de chasser
les démons par Béelzéboul (12, 22-29 ).
Intransigeance de Jésus ( 12,30 ).
Le blasphème contre l’Esprit Saint
(12,31-32).
Les paroles manifestent les dispositions du
cœur ( 12,33-37).
Le signe de Jonas ( 12, 38-42 ).
Retour offensif et victorieux de l’esprit
impur (1 2 ,43-45).
b ) La vraie parenté de Jésus ( 12,46-50 ).

4. L’enseignement en paraboles (1 3 ,1-52 ) :


Occasion (13, l-3a).
Le semeur (13, 3^-23 ).
Le bon grain et l’ivraie (1 3 ,24-30 ).
Le grain de sénevé ( 13,31 -32 ).
Le levain ( 13,33 ).
Autre but des paraboles (13, 34-35 ).

31 M A TTH IEU
!T

Explication de la parabole de l’ivraie (1 3 ,36-43 ).


Le trésor caché {13,44).
La perle précieuse (1 3 ,43-46 ).
La senne ( 13, 47-30).
Conclusion (13,31-32).

3. Quelques miracles et paroles de Jésus (1 3 ,33-13, 20 ) :


Jésus à Nazareth ( 13,33-38 ).
Opinion d’Hérode sur Jésus ( 14,1-2 ).
Meurtre de Jean-Baptiste ( 14,3-12).
Retraite de Jésus et première multiplication des pains
(14,13-21).
Jésus marche sur la mer ( 14,22-33 ).
Guérisons à Guennésareth et dans les environs
(14,34-36).
Controverse sur la tradition des anciens (1 5 ,1-20 ).

6. Jésus en Phénicie: la femme syro-phénicienne


(13,21-28).

7. Jésus sur le bord de la mer de Galilée ( 15, 25>-16,12) :


Guérisons collectives (1 5 ,29-31).
Seconde multiplication des pains (13,32-38).
Dans le territoire de Magadan. Les Pharisiens deman­
dent un signe du ciel ( 15, 39-16, 4 ).
Le levain des Pharisiens et des Sadducéens (16, 3-12).

8. Dans la région de Césarée de Philippe: la profession


de foi de Pierre ( 1 6 ,13-20 ).

1 — Saint Matthieu écrivant son E van^e.


Evangéliaire. Manuscrit du V llU siècle. Bibliothèque d’Abbeville, n° 4.
li. A partir de la profession de foi de Césarée

Première annonce de la Passion. Pierre réprimandé


(16,21-23).
Conditions pour suivre Jésus ( 16, 24-27 ).
La Venue prochaine du Fils de l’homme {16, 28) .
La « Transfiguration » ( 17, 1-9).
Le retour d’Elie ( 17,10-13 ).
Guérison d’un « lunatique » (17, 14-21 ).
Deuxième annonce de la Passion (17, 22-23 ).
Les didrachmes acquittés (17, 24-27 ).
Instructions concernant l’esprit de fraternité qui
doit animer les membres du Royaume (18,1-33 ) :
Qui est le plus grand? ( 18,1 -3 )
Le scandale (18, 6-9 ).
Dignité des petits et parabole de la brebis égarée
(18,10-14).
La correction fraternelle et le jugement de
l’Eglise (18,13-1^).
Efficacité de la prière en commun (1 8 ,1 9-20 ).
Le pardon illimité. Parabole du serviteur impi­
toyable ( 18,21-35).

2 — Saint Matthieu écrivant son Evangile.


Evangéliaire. Manuscrit du IX " siècle. Bibliothèque Sainte-Geneviève,
n° 1190.
IV LA MONTÉE VERS JÉRUSALEM
(19,1-20,34)

En route pour la Judée ( 19,1-2 ).


Indissolubilité du mariage ( 19, 3-12 ).
Jésus bénit les enfants ( 19,13-13 ).
La question d’un jeune homme riche (1 9 ,1 6-22 ).
Le danger des richesses ( 19, 23-26 ).
Récompense promise à quiconque aura tout quitté
(19,27-30).
Parabole des ouvriers envoyés à la vigne (2 0 ,1-16).
Troisième annonce de la Passion {20,17-19).
La requête de la mère des fils de Zébédée ( 2 0 ,20-28 ).
Les deux aveugles de la sortie de Jéricho ( 20, 29-34 ).

V À JÉRUSALEM
{21,1-25,46)

Accueil triomphal de Jésus « Fils de David » aux Portes


de Jérusalem {21,1-11).
Les vendeurs chassés du Temple ( 21,12-13 ).
Jésus approuve les acclamations des enfants ( 2 1 , 14-17).
Le figuier maudit et desséché instantanément {21,18-19).
Entretien sur le figuier desséché ( 2 1 , 20-22 ).
Propos polémiques de Jésus (21,23-22,46 ) :
La mission de Jésus et le baptême de Jean ( 2 1 , 23-27 ).
Parabole des deux enfants (2 1 ,28-32 ).
Parabole des vignerons homicides {21,33-46).
Parabole des noces royales {22,1-14).

M A TT H IE U 34
Le paiement du tribut ( 22, 1^-22 ).
La femme aux sept maris et la résurrection ( 2 2 ,23-33 ).
Le plus grand commandement ( 2 2 ,34-40 ).
Le Christ, fils et Seigneur de David ( 2 2 ,41-46 ).
Discours contre les scribes et les Pharisiens {23y 1-36).
Apostrophe à Jérusalem ( 23, 37-39 ).
Discours sur la ruine du Temple et la Venue du Fils de
l’homme (24-25):
Annonce de la ruine du Temple et question des
disciples (24,1-3).
La ruine du Temple ( 2 4 ,4-20 ) :
signes précurseurs {24,4-14).
le signe de son imminence et son caractère terri­
fiant {24,13-20).
La grande affliction ( 2 4 ,21-28 ).
Les catastrophes cosmiques et la Venue en gloire du
Fils de l’homme ( 2 4 ,29-31).
La parabole du figuier ( 2 4 ,32-36 ).
Exhortation à la vigilance ( 24, 37-25,13):
l’exemple du déluge ( 2 4 ,37-42 ).
le voleur de nuit {24,43-44).
l’esclave fidèle et prudent ( 2 4 ,43-31 ).
les « vierges sages » et les « vierges folles »
{23,1-13).
Exhortation à l’activité. Parabole des talents
{25,14-30).
Les assises du jugement dernier {25,31-46).

35 M A TTH IEU
VI LA PASSION
(26,1-27, 66)

A) Jusqu'à Guethsémani ( 2 6 ,1 - ü ) :

Le complot contre Jésus (26,1-5).


L’onction de Béthanie ( 2 6 ,6-13).
La trahison de Judas ( 2 6 ,14-16).
Les préparatifs du repas pascal ( 2 6 ,17-19).
Le repas pascal ( 26, 20-29 ) :
Annonce de la trahison ( 26,20-25 ).
Institution de l’Eucharistie ( 2 6 ,26-29 ).
Sur le chemin du mont des Oliviers. Annonce de
l’abandon des disciples et des reniements de Pierre
(26,50-55).

B ) Depuis Guethsémani ( 26, 36-21 ^ 66 ) :

A Guethsémani ( 2 6 ,36-36 ) :
L’« agonie » et la prière ( 2 6 ,36-46 ).
L’arrestation de Jésus ( 2 6 ,47-36 ).
La comparution devant le grand prêtre ( 2 6 ,37-66 ).
Premiers outrages ( 26, 67-68 ).
Les reniements de Pierre ( 26, 69-73 ).
Séance du Sanhédrin. Jésus livré à Pilate {27,1-2).
Désespoir et suicide de Judas (27,5-10).
Jésus devant Pilate ( 2 7 ,11-26 ).
Nouveaux outrages et couronnement d’épines
{27, 27-3U).
Sur le chemin du Golgotha ( 27, 31b-34 ).
Le crucifiement ( 2 7 ,33-38 ).

M A TTH IEU 36
Jésus en croix raillé et injurié ( 2 7 ,39-44 ).
Les derniers instants et la mort de Jésus ( 2 7 ,43-30 ).
Après la mort de Jésus ( 2 7 ,31-36 ).
La sépulture ( 2 7 ,37-61 ).
La garde du tombeau ( 21 y 62-66 ).

VII APRÈS LA RÉSURRECTION


(28,1-20)

Le tombeau trouvé vide et le message de l’ange


(2 8 , 1- 8 ) .
Apparition de Jésus aux femmes (28,9-10).
Les gardes soudoyés pour témoigner faussement
(28,11-13).
Apparition aux onze disciples. Leur envoi en mission
ilans le monde ( 2 8 ,16-20 ).

37 M A TTH IEU
NAISSANCE ET VIE CACHÉE DE JÉSUS
( 1 , 1 — 2,23)

Généalogie de Jésus, Fils de David, fils d’Abraham

*Généalogie de Jésus Christ, Fils de David, fils 1


d’Abraham. ^
^ Abraham engendra Isaac; Isaac engendra Jacob;
Jacob engendra Juda et ses frères; ^ Juda engendra
Pharès et Zara, de Thamar; Pharès engendra Esrom;
Esrom engendra Aram; '‘Aram engendra Amina-
dab; Aminadab engendra Naasson; Naasson engen­
dra Salmon; ^ Salmon engendra Booz, de Rahab;

1 Cette généalogie présente Jésus comme le Messie attendu du peuple Israélite,


l'héritier direct des promesses divines faites à Abraham (Gn 12, 2 sv; 18, 18;
22, 17-18-, 26, 4; 28, 14), à David et à sa dynastie (2 Sam 7, 11-16 = 1 Chr 17,
1014; Am 9, 11; Ez 34, 23 sv; 37, 24 sv; Is 9, 3 sv; 11, 1; Jr 23, 3 sv; 30, 9, 21;
11, 13; Os 2, 2; 3, 3; Zacfa 3, 8; 6, 12). Le goût de Mt pour l ’ordre et la symbo­
lique des chiffres (2, 3, 7) lui fait distribuer les ancêtres de Jésus en trois séries
lie quatorze (deux fois 7), non sans qwlque violence et quelques omissions
(O ct^ias, Joas, Amasias). A partir de Elioud ( w 14, 13), les noms ne figurent
IMS dans les textes de l ’A.T. — La généalogie de Mt appartient au type des
généalogies descendantes (ccMnme 1 Chr 3, 30-41), celle de Le (3, 23-38) au t ^
lie généalogies remontantes (comme 1 Chr 6, 18-29). — «Fils de David», titre
iiieisianique par excellence, cf 1, 20; 9, 27; 12, 23; 13, 22; 20, 30 sv; 21, 9, 13;
Mc 10, 47 sv; 12, 33; Le 18, 38 sv; 20, 41. — « fils d’Abraham »; l’ancêtre de
Jésus « selon la chair » l’est aussi de tous les chrétiens, les indrconcis comme les
l irconcis, cf Ro 4, 11 sv; Ga 3, 7-9.

39 M A TTH IEU
Généalogie de Jésus. Traditionnellement, les artistes illustrent cette
généalogie par l’arbre de Jessé. (cf Isaïe, 7 et 11).
Bible en français. Paris, U 47.

M A TTH IEU 40
Booz engendra Jobed, de Ruth; Jobed engendra
Jessé; ^ Jessé engendra le roi David.
David engendra Salomon, de la [femme] d’Urie;
^ Salomon engendra Roboam; Roboam engendra
Abia; Abia engendra Asa; * Asa engendra Josaphat;
Tosaphat engendra Joram; Joram engendra Ozias;
’ Ozias engendra Joatham; Joatham engendra
Achaz; Achaz engendra Ezéchias; “ Ezéchias engen­
dra Manassé; Manassé engendra Amon; Amon
engendra Josias; Josias engendra Jéchonias et ses
frères, au temps de la déportation de Babylone.
Après la déportation de Babylone, Jéchonias
engendra Salathiel; Salathiel engendra Zorobabel;
Zorobabel engendra Abioud; Abioud engendra
Eliakim; Eliakim engendra Azor; ^^Azor engendra
Sadoc; Sadoc engendra Achim; Achim engendra
Elioud; Elioud engendra Eléazar; Eléazar engen­
dra Matthan; Matthan engendra Jacob; Jacob
engendra Joseph, Tépoux de Marie, de laquelle
naquit Jésus, appelé Christ.
^^11 y a donc en tout: d’Abraham à David, qua­
torze générations; et de David à la déportation de
Babylone, quatorze générations; et de la dépor­
tation de Babylone au Christ, quatorze générations.

16 « Jésus » signifie: « Yahvé est salut »; le nom figure dans l ’A.T., où il


désigne Josué, l ’auxiliaire et le successeur de Moïse (Ex 17, 9; 24, 13: Jos 1, 1;
etc.), et l’organisateur de la caravane du retour des exilés (Esd 2, 2, 6; 3, 2;
), 2; etc.). — «C h rist» s i f f l e «oint, consacré par l ’onction». C’est la traduc­
tion du mot hébreu « Messie ». Le roi d’Israël devenait par le sacre « l’oint de
Yahvé », cf 1 Sam 2, 10; 12, 3; 16, 13; 24, 7; 26, 9; 2 Sam 1, 14, 16; 19, 22;
Lam 4, 20; 2 Sam 2, 4: 5, 3; 2 Rs 11, 12.
17 « quatorze » représente la valeur numérique des trois consonnes hébraïques
qui forment le nom de David.

41 M A TTH IEU
L’Ange du Seigneur
apparaît en s o n ^
à Joseph.
Vie de Jésus,
XV* siède.

Conception virginale de Jésus

Voici ce qu’il en fut de l’origine de Jésus


2, }
Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph,
se trouva enceinte de par l’Esprit Saint avant qu’ils
eussent habité ensemble. Joseph, son époux,
qui était un homme juste et ne voulait pas la ba­
fouer, résolut de la répudier en cachette. ^ Comme
18 « avant qu'ils eussent habité ensemble »; l ’exptession désigne l ’absence de
relations conjugales.
19 « résolut de la lâm dier en cadiette », pour lui éviter le châtiment prescrit
par la Loi. La jeime tille « fiancée » (v 18; Le 2, à stm futur mari lui aKHU-
tenait; elle était tenue à la même fidélité que la femme mariée. Tout manque­
ment â ce devoir entraînait la lapidation (Deut 22, 23 sv). — «bafouer», pour
ce terme très fort, cf Col 2, 13; He 6, 6.

Nativité.
Chroniques en hollandais, 1499.
il y réfléchissait, voici que l’Ange du Seigneur lui
apparut en songe et dit: « Joseph, Fils de David, ne
crains pas de prendre avec toi Marie ton épouse;
car ce qui a été engendré en elle est de par l’Esprit
Le 1,31
2, 21 Saint. Elle enfantera un fils, et tu l’appelleras du
nom de Jésus; car c’est lui qui sauvera son peuple de
ses péchés. » ^ Tout cela arriva pour que s’accom­
plît ce qu’avait annoncé le Seigneur par le pro­
phète, quand il dit:
Voici que la Vierge concevra et enfantera un
[fils,
et on l'appellera du nom d'Emmanuel,
ce qui veut dire: Dieu avec nous.
Réveillé de son sommeil, Joseph fit comme
lui avait prescrit l’Ange du Seigneur, et il prit avec
lui son épouse. Et il ne la connut pas jusqu’à ce
qu’elle enfanta un fils, et il l’appela du nom de
Jésus.

20 Sur « l ’Âi^e du Seigneur » — « l ’Ange de Yahvé » de l’A.T. — exécuteur des


ordres de Dieu et son intermédiaire dans ses relations avec les hommes,
cf V 24; 2, 13, 19; 28, 2; Le 1, 11; 2, 9; Jn 5, 4 (?); Ac 5, 19; 8. 26; 10, 3;
12, 7, 23. — « lui apparut en songe », sur les scmges pourvoyeurs de ccanmunica-
tions divines, cf 2, 12, 13, 19, 22; 27, 19; dans l ’A.T.: Gn 28, 10-17; 31, 10-13;
37, 3-11; 1 Rs 3, 3-13. A en rapprticher la « vision »: 17, 9; Ac 2, 17; 7, 31; 9, 10,
12; 10, 3, 17, 19; 11, 3; 12, 9; 16, 9 sv; 18, 9.
21 « Jésus; car c’est lui qui sauvera », cf v 16, et la note.
22 « Tout cela arriva... », l ’emploi de l ’argument prophétique est un des traits
caractéristiques de l ’évangile de Mt; encore 2, 13, 17, 23; 4, 14; 8, 17; 12, 17;
13, 33; 21, 4; et aussi: 2, 3, 17; 26, 34, 36; 27, 9. — « le prophète », Is 7, 14,
dans la célèbre pn^hétie de la almah, citée presque textuellement d’après les
LXX, qui ont entendu le terme hébreu, nem d’une jeune femme, mais d ’une
jeune fiUe, d ’une vierge.
24 « Réveillé de son sommeil... », noter l ’insistance sur la promptitude de
l ’obéissance de Joseph, cf 2, 14, 21 sv.
25 « il ne la connut pas », lit: « il ne la connaissait pas », imparfait duratif.
L’expression « connaître une femme », signifie avoir avec elle des relations conju­
gales, of Gn 4, 1, 17; 19, 8; 24, 16; etc. — « il donna le nom de^ Jésus », en
exécution de l ’ordre de l ’Ange (v 21). Dans le récit de Le, c’est Marie qui dewa
donner à sc» fils le nom de Jésus (1, 31), mais en 2, 21 le même évangéliste
écrit simplement: « on lui donna le nom de Jésus ».

M A TT H IE U 44
Hérode consulte les mages, n
Vie de Jésus, XV* siècle. ^

Visite des mages

^ Jésus étant né à Bethléem de Judée, aux jours


du roi Hérode, voici que des mages venus du Le­
vant se présentèrent à Jérusalem, ^ en disant: « Où
est le roi des Juifs qui vient de naître? Car nous
avons vu son étoile au Levant et nous sommes
venus nous prosterner devant lui. »
^ Sur ces paroles, le roi Hérode fut troublé, et
tout Jérusalem avec lui. ^ Et, rassemblant tous les
grands prêtres et scribes du peuple, il leur de­
manda où le Christ devait naître. ^ Ils lui dirent:
« A Bethléem de Judée; car ainsi est-il écrit par le
prophète:

1 « Jésus étant né à Bethléem », cf Le 2, 4-7; Jn 7, 42. — Hérode a régné de


17 à 4 av. J.-C. Les « mages » étaient des prêtres versés dans l ’étude des astres.
Ils venaient probablement d’Arabie.
2 «son étoile», ou « s«i astte ». Lagrange: «Voyant une comète» (?), les
mages ont conclu à un grand événement, peut-être à une grande naissance », à
une naissance royale: « Où est le roi des Juifs qui vient de naître? » — « nous
prosterner devant lui », cf w 8, 11; 4, 9; 8, 2; 9, 18; 14, 33; etc. La traduction
« adorer » nous semble forcer le texte.
4 « grands prêtres et scribes », les autorités religieuses et doctrinales de la com­
munauté. Par « grands prêtres » (cf Âc 4, 6) il faut entendre les membres des
familles sacerdotales dans lesquelles se recrutaient les chefs suprêmes du sacer-
ilocc.
5 « par le prophète », il s’agit de Micbée 5, 1 cité librement.

45 M A TT H IE U
^ Et toi, Bethléem, pays de Juda,
tu n’es sûrement pas la moindre des grandes
[cités] de Juda;
car c'est de toi que sortira le chef
qui fera paître mon peuple, Israël. »
^ Alors Hérode, appelant les mages en cachette,
se fit préciser par eux le temps où était apparue
l’étoile. * Et, les envoyant à Bethléem, il dit: « Allez,
enquérez-vous exactement de l’enfant et, dès que
vous [l’]aurez trouvé, annoncez-le-moi, afin que moi
aussi je vienne me prosterner devant lui. »
^ Sur ces paroles du roi, ils s’en allèrent. Et voici
que l’étoile qu’ils avaient vue au Levant les pré­
cédait, jusqu’à ce qu’elle vint se placer au-dessus
de l’endroit où était l’enfant. A la vue de l’étoile,
ils se réjouirent d’une très grande joie. **Et, entrés
dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa
mère et tombèrent, prosternés, devant lui. Et, ou­
vrant leurs trésors, ils lui offrirent en dons de l’or,
de l’encens et de la myrrhe. Et avertis en songe
de ne pas retourner vers Hérode, c’est par un autre
chemin qu’ils se retirèrent dans leur pays.
6 « Bethléem, terre de Juda »; il y avait une autre Bethléem, dans la tribu de
Zabulon (Jos 19, 15) à une dizaine de km au nord-ouest de Nazareth. — « le
chef qui fera paître »; dans la littérature biblique, comme dans les poèmes homé­
riques, les rois, princes et chefs sont fréquemment comparés à des « pasteurs »,
cf 2 Sam 3, 2; 7, 7; Ps 78, 71; Ez 34. 23; 37, 24 sv.
8 « me prosterner devant lui », cf v 2, et la note.
11 «Entrés dans la maison», Mt ne semble pas connaître « l ’étable» de Le 1,
7. — « tombèrent, prosternés, devant lui », cf v 2, et la note. — « ils lui offrirent
en dons »; l ’offrande de riches présents à Yahvé, au Roi messianique, à Sion,
figurait dans la description des temps messianiques (Is 49, 23; 60, 6, 9; Ps 68,
30; 72, 10). Dans ces trois présents, les Pères de l ’Eglise ont vu des symboles:
l’or = la royauté^, l ’encens = la divinité, la myrrhe = la souffrance du Christ
dans sa passion.
12 « avertis (ou divinement avertis) en songe », cf 1, 20, et la note. — Le carac­
tère mystérieux du voyage des mages n’autonse pas à voir dans ce récit un
midrach dénué de tout fondement historique.

M A TT H IE U 46
Visite des mages.
Missel de Paris. Paris, 1490.

47 M A TTH IEU
Visite
des mages.
Fuite
en Egj^te.
Bible
italienne.
Venise, V 2 ^.

Fuite en Egypte

Quand ils se furent retirés, voici que TAnge du


Seigneur apparaît en songe à Joseph et dit: « Lève-
toi, prends avec toi Penfant et sa mère, et fuis en
Egypte, et restes-y jusqu’à ce que je te le dise; car
Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »
Lui, se levant, prit avec lui l’enfant et sa mère,
de nuit, et se retira en Egypte. Et il y fut jusqu’à
la mort d’Hérode, pour que s’accomplît ce qu’avait
annoncé le Seigneur par le prophète, quand il dit:
D'Egypte, j'ai appelé mon fils.

13 « l ’Ange du Seigneur ap{>ara!t en songe à Joseph et d it» , cf 1, 20 (presque


identique), et la note. — « fuis en Egypte », lieu de refuge classique pour tous
ceux qui étaient menacés par le pouvoir, cf 1 Rs 11, 17, 40; Jr 26, 21; 41, 17 sw .
14 « Lui, se levant... », sur cette promptitude à obéir aux ordres d’en haut, cf
w 21, 22; 1, 24.
15 «pour que s’accmnpllt », cf 1, 22, et la note. — « p ar le prophète».
Os 11, 1. Dans ce texte, il est question de l ’appel que Yahvé adresse à son fils
Israël pour le faire sortir d’Egypte.
16 « envoya tuer tous les enfants », une vingtaine suivant l ’estimation commune.
Ce massacre n ’est pas attesté par les documents profanes, mais ce que nous

M A TTH IEU 48
3 — La chevauchée des mages.
Vitrail du X I I P siècle. Saint-Germer de Fly.

>1 — Un ange avertit les mages en songe de retourner dans leur


|»iiys par un chemin différent.
Vitrail du X I I P siècle. Saint-Sulpice de Favières.
6 — Visite des mages.
Evangéliaire de Saint-Vulfran. Manuscrit du XV® siècle. Bibliothèque
d ’Abbeville, n° 370.

— Visite des mages.


\autier. Manuscrit du X I I V siècle. Bibliothèque Sainte-Geneviève,
1273.
7 — La fuite en Egypte (2, 1-17).
Evangiles en allemand. Manuscrit du
XV* siècle. Musée Condé, Chantilly,
145^.

8 — Le massacre des enfants de


Bethléem (2, 16-18).
Missel Orléanais, 1519. Bibliothèque
d ’Orléans, incunable n° 162.
Massacre
des enfants.
Retour
d ’Egypte.
Bible
italienne.
Venise, 152^.

Massacre des enfants de Bethléem

Alors Hérode, voyant qu’il avait été joué par


les mages, entra en grande fureur et envoya tuer
tous les enfants de Bethléem et de tout son terri­
toire, depuis l’âge de deux ans et au-dessous, se­
lon le temps qu’il s’était fait préciser par les mages.
Alors s’accomplit ce qui avait été annoncé par
Jérémie le prophète, quand il dit:
Une voix a été entendue dans Rama,
sanglots et longue plainte;
c'est Rachel qui pleure ses enfants
et ne veut pas être consolée, parce qu'ils ne sont
[ plus.
■•vons du caractère violent et sanguinaire du toi Hérode (Josèphe, Ânt. XVI,
11,7; XVII, 2, 4; 6, 4, 5 ) interdit de le tenir pour invraisemblable.
17 « Alors s’accomplit », cf 1, 22, et la note. — « ce qui avait été annoncé par
Jérémie, le prophète », cf Jr 31, IS. Après la prise de Jérusalem, les habitants
emmenés en captivité avaient été rassemblés à «R am a» (Jr 40, 1), dans la tribu
lie Benjamin, à quelques km au nord de Jérusalem. Le prophète représente
« Rachel », la mère de Joseph et de Benjamin — dont le tombeau n’était pas
éloigné (Gn 35, 19) — se lamentant sur les malheurs de ses enfants.
IK « ne veut pas », lit; « ne voulait pas ».

49 M A TTH IEU
Retour d'Egypte et établissement à Nazareth

Hérode mort, voici que l’Ange du Seigneur


apparaît en songe à Joseph, en Egypte, “ et dit:
« Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et va
au pays d’Israël; car Us sont morts, ceux qui en vou­
laient à la vie de Venfant. » Lui, se levant, prit
avec lui l’enfant et sa mère, et il entra au pays
d’Israël. “ Mais, apprenant qu’Archélaüs régnait sur
la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur
d’y aller et, averti en songe, il se retira dans la
Le 1,26
2 ,3 9 région de Galilée “ et vint habiter dans une ville
appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qui
avait été annoncé par les Prophètes :
Il sera appelé Nazôréen.

19 Cf V 13 (presque identique).
20 « ceux qui en vouiaient à la vie » (lit: « qui recherchaient la vie »), pour
l ’expression, cf Ex 4, 19 (presque identique); 1 Sam 20, I; Ps 35, 4.
21 « Lui, se levant », cf v 14, et la note.
22 « ArdiélaïQs » régna, comme ethnarque de Judée et de Samarie, de 4 av.
J.-C. à 6 apr. J.-C. — * averti en songe », cf 1, 20, et la note.
23 « une ville appelée Nazareth », rf Le 1, 26; 2, 39. — « Il sera appelé Nazô­
réen », ce terme, dçmt l ’origine pose un problème philologique nem résolu, com­
porte la plupart du temps une nuance péjorative. Voici toutes les références:
26, 71; Le 37; Jn 18, 5, 7; 19, 19; Ac 2, 22; 3, 6; 4, 10; 6, 14; 22, 8; 26, 9;
en 24, 5: « la secte des Nazôréens », ^ u r désigner les disciples du Christ. L’allu­
sion semble être à la vie pauvre et hum ilié de Jésus, annoncée par certains
«prophètes» (Isaïe surtout, dans les poèmes du ^rviteur: 49, 7; 50, 6; 52,
13-53, 12), et qui trouvait un excellent symbole dans le séjour à Nazareth, bour­
gade insignifiante et méprisée (Jn 1, 45 sv).

M A TT H IE U 50
IL PRÉPARATION DU MINISTÈRE
DE JÉSUS
( 3 , 1 — 4,11)

Mission et ministère du précurseur Jean-Baptiste

*Or, en ces jours-là, survient Jean le Baptiste,


Mc 1, 2- 6
proclamant dans le désert de Judée: ^ « Repentez- Le 3, 3- 4
vous, disait-il, car le royaume des Cieux est tout
Jn 1,23
proche. » ^ Car c’est lui qui a été annoncé par
Isaïe, le prophète, quand il dit:
Voix de celui qui clame dans le désert:
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.
Ce même Jean avait un vêtement de poils de
chameau et un pagne de peau autour des reins,
1 « en ces jours-là », expression de sens vague empruntée à l ’A.T., cf 24, 3£;
Mc 1, 9; 8, 1; 13, 17; Le 1, 39; 2, 1; 4, 2; 6, 12; 9, 3é; etc. — «survient»,
l'f V 13; Mc 14, 43; présent historique, comme w 3, 13; 4, 3, 8, 10, II. — «Jean
le Baptiste », a Mc 1, 4, et la note. — « désert de Juda », zone de steppes à
l'ouest de la mer Morte et de la rive inférieure du Jourdain.
1-6 Les éléments du récit sont placés dans un ordre différent de celui de
Mc 1, 2-6.
2 « royaume des Cieux », expression rabbinisante pour désigner le Royaume ou
Règne de Dieu; propre à Mt, cf 4, 17; 3, 3, 10, 19, et souvent. — « est tout
proche », cf Mc 1, 13, et la note.
3 « Isaïe, le prophète », cf Mc 1, 2, et la note.
4 Cf Mc 1, 6, et les notes.

51 M A TTH IEU
Prédication de Jean-Baptiste.
«G rande vie de Jésus» de Ludolphe le Chartreux. XV* siècle.

il avait pour nourriture des sauterelles et du miel


sauvage. ^ Alors sortait vers lui Jérusalem, ainsi
que toute la Judée, et toute la contrée du Jourdain,
^ et ils étaient baptisés par lui dans le fleuve du
Jourdain, en avouant leurs péchés.
Le 3, 7- 5>
’ Voyant un grand nombre de Pharisiens et de
Sadducéens venir au baptême, il leur dit: « En­
geance de vipères, qui vous a montré à fuir la

5 Mt ajoute à Mc « toute la contrée du Jourdain ». — « toute, toute », même


hyperbole que Mc 1, 3'.
6 Cf Mc 1, 3, et les notes.
7 Sur les «Pharisiens», cf Mc 2, 16, et la note; sur les «Sadducéens», cf
Mc 12, 18, et la note. — « Engeance de vipères », cf 12, 34; 23, 33; Le 3, 7. —
La «Colère prochaine» (1 Th 1, 10: «La Colère qui vient») est celle du juge­
ment, où la justice punitive de Dieu, longtemps contenue, s’exercera sans ména­
gement (dies irae), cf Ro 1, IS; 2, 3; 5, 6; Col 3, 6; 1 Th 1, 10; 2, 16; et dans
l ’A.T., Soph 1, 14-18; 2, 2 sv; Mal 3, 2; 4, 1, 3.

M A TTH IEU 52
Colère prochaine? ®Faites donc un fruit digne du 3
repentir, ^ et ne vous avisez pas de dire en vous-
mêmes: Nous avons pour père Abraham. Car je
vous dis que Dieu peut, des pierres que voici,
faire surgir des enfants à Abraham. ^°Déjà la co­
gnée se trouve posée à la racine des arbres: tout
arbre donc qui ne fait pas de bon fruit est coupé
et jeté au feu.
“ « Pour moi, je vous baptise dans l’eau pour Mc 1, 7 -«

le repentir, mais celui qui vient après moi est plus Le 3,1 6

fort que moi, et je ne mérite pas de porter ses Jn 1, U,27


30-31
chaussures; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint
et le feu. Il a la pelle à vanner dans sa main et
il nettoiera son aire: il ramassera son blé dans
le grenier; quant aux baies, il les consumera dans Le 3,17

un feu qui ne s’éteint pas. »

8 « fru it» , pour la métaphore, cf 21, 43; Ga 5, 22; Phi 1, 11; Ja 3, 18;
In 10, 12; Jr 17, 10. — « faire du fruit », cf 7, 17-19. — « digne du repentir »
(le 3, 8 par), cf Ac 26, 20: « conduite digne du repentir ».
9 «ne vous avisez pas», Luc 3, 8 par: «ne commencez pas». Sur cette con-
liance illimitée et orgueilleuse dans le grand Ancêtre, cf Tn 8, 33, 39, 33;
2 Co 11, 22; Ja 2, 21.
10 Sur la métaphore de la « cognée », cf Is 10, 34; Jr 46, 22. — « est coupé »,
(7, 19), présent prophétique. — «jeté au feu», cf 7, 19; Jn 15, 6 (les sarments);
«iir le feu du châtiment final, cf v 12 (Le 3, 9 par); 5, 22; 7, 15>; 13, 40, 42, 50;
18, 8, 9; 25, 41. Le verset 10b sera repris 7, 18.
11 «dans l ’eau», cf Mc 1, 8 par: «avec de l ’eau». — Pour l ’ensemble,
if Mc 1, 7; Le 3, 16 sv; Jn 1, 26 sv; Ac 13, 25. Le v 12 manque dans Mc. —
« je vous baptise », se rappeler que le terme grec signifie « plonger ». — « celui
nui vient après moi », c’est-à-dire qui paraît, entre en activité; même expression
|H)ur désigner Jésus, par rapport à Jean Baptiste, Mc 1, 7; Jn 1, 15, 27, 30. —
• je ne mérite pas », cf'8, 8; Mc 1, 7; Le 3, 16; 7, 6. Ailleurs (Jn 1, 27; Ac 13,
21) « je ne suis pas digne.» — «porter ses chaussures»; Mc 1, 7 par; Le 3, 16
par: « délier la courroie de ses chaussures ». — « baptisera dans l ’Esprit Saint »,
(f Mc 1, 8, et la note. L’effusion de l ’Esprit était une des caractéristiques des
lemps messianiques, cf Is 32, 15; 44, 3; 59, 21; Ez 36, 27; 39, 29; Jo 3, 1 sv. —
« le feu », cf les « langues comme de feu », du jour de la Pentecôte, Ac 2, 3.
12 Cf Le 3, 17 par; manque dans Mc. — « il nettoiera son aire », en 13, 41,
ictte tâche est confiée aux anges; voir aussi 24, 31. — « ramassera », pour le
terme, cf 6, 26; 13, 30; Le 3, 17; 12, 17, 18; 15, 13. — « les baies », encore et
•culement Le 3, 17 par, mais dans l ’A.T. Ps 1, 4; 35, 5; Is 17, 13; Os 13, 3;
11) 21, 8. — « un feu qui ne s’éteint pas », cf Mc 9, 43; Le3, 17par. On trouve
aussi « le feu étemel », 18, 8; 25, 41; Ju v 7.

53 M A TTH IEU
Baptême de Jésus

3 Alors survient Jésus, [venant] de Galilée


î? 3;21-22 Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui. Ce-
jn 1,31-34 voulait l’eu empêcher: « C ’est moi, disait-il,
qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi
qui viens vers moi! » Répondant, Jésus lui dit:
« Laisse faire à présent; ainsi convient-il que nous
accomplissions toute justice. » Alors il le laisse
faire. ^^Une fois baptisé, Jésus aussitôt remonta
de l’eau. Et voici que s’ouvrirent les deux, et il
vit l’Esprit de Dieu descendre, comme une colom­
be, et venir sur lui. Et voici une voix, partie des
cieux, qui disait: « Celui-ci est mon Fils, le Bien-
aimé, qui a toute ma faveur. »

Tentation de Jésus au désert

4 ^ Alors Jésus fut conduit au désert par l’Esprit,


Mc
Le J; pour être tenté par le diable. ^ Et, après avoir jeûné

13 « Alors *, un des mots chers à Mt (91 fois, en y joignant « et alors, dès


lors »). — « survient *, cf v I; Mc 14, 43.
14 « voulait l’en empêcher », imparfait de la tentative, cf Le 1, 39; Ac 7, 26.
15 « que nous accomplissions toute justice », le meilleur commentaire de cette
grande parole se trouve He 2, 17: « il devait se faire en tout semblable à ses
frères, afin de devenir un grand prêtre miséricordieux et fidèle dans le service de
Dieu, pour expier les péchés du peuple. »
16 « Et voici que », expression aimée de Mt (62 fois) et de Le (56 fois). —
« voici que s’ouvrirent les cieux »; Mc 1, 10: « il vit se déchirer les cieux »;
Le 3, 21; « s’ouvrit le ciel. » — * l ’Esprit de Dieu »; Mc 1, 10 par: « l’Esprit. »
17 Cf Mc 1, 11 par; Le 3, 22b par. Sur la « voix », encore 17, 5 = Mc 9, 7 et
Le 9, 35; Ac 9, 4; 10, 13, 15; Jn 12, 28. — « Celui-ci », comme dans le récit de
la Transfiguration, de même Mc, Le et 2 Pe 1, 17; mais Mc 1, 11 et Le 3, 22:
« C ’est toi, mon Fils, le Bicn-aimé. » — Au lieu de « Bien-aimé » (12, 18; 17, 5;
Mc 1, 11; 9, 7; Le 3, 22), on trouve « l ’Elu », Le 9, 35; Jn 1, 34. — « qui a toute
ma faveur », lit: « en qui je me suis complu » (l’aoriste a sens de présent).

M A TT H IE U 54
“ lï

Vie de Jésus, XV* siècle.

quarante jours et quarante nuits, finalement il eut


faim. ^ Et, s’avançant, le tentateur lui dit: « Si tu es
Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des
pains. » ^ Répondant, il dit: « Il est écrit: Ce
n*est pas de pain seul que vivra Vhomme, mais de
toute parole qui sort par la bouche de Dieu. »

1 « Alors », cf 3, 13, et la note. Mc, qui volontiers précipite les récits, écrit:
«E t aussitôt (1, 12). — « fu t conduit par l ’Eqirit », cf Mc 1, 12: « l ’Esprit le
(Musse au d ésàt »; Le 4, 1: « était mené par l ’Esprit. » — « dans le désert », sans
doute celui de Juda, a 3, 1, e t la note. — « pour être tenté par le diable »,
Mc 1, 13: «tenté par le Satan»; Le 4, 2: «pendant quarante jours tenté par le
diable. »
2 « Après avoir jeûné... », la tentation survient après le jeûne; dans Le 4, 2,
jiu tt est tenté pendant quarante jours, probablement aussi dans Mc. — « qua­
rante jours et quarante nuits», cf Ex 24, 18, où Moïse reste sur la montagne
guarante jours et quarante nuits; 1 Rs 19, 18, Elic marche quarante jours et
quarante nuits.
) « s ’avançant», un des termes aimés de Mt, qui l ’emploie plus de 50 fois. —
« te tenuteur », cf 1 Th 3, 3. — « ces pierres », ou « les pierres que voici »;
le 4, 3 écrit « cette pierre, la pierre que voici ».
4 C fD eutS , 3.

55 M A TTH IEU
^ Alors le diable le prend avec lui dans la Ville
sainte, et il le plaça sur le pinacle du Temple, ^ et il
lui dit: « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas; car il
est écrit:
A ses anges il donnera des ordres pour toi,
et sur leurs mains ils te porteront,
de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre. »
’ Jésus lui déclara: « Il est encore écrit: Tu ne
tenteras pas le Seigneur ton Dieu. »
*De nouveau le diable le prend avec lui dans une
montagne très élevée et lui montre tous les royau­
mes du monde et leur gloire, et il lui dit: ’ « Tout
cela, je te le donnerai, si tu tombes, prosterné, de­
vant moi. » Alors Jésus lui dit: « Va-t’en, Satan!
car il est écrit: O est le Seigneur' ton Dieu que tu
adoreras, et à lui seul tu rendras un culte. »
“ Alors le diable le laisse, et voici que des anges
s’avancèrent, et ils le servaient.

5 « prend avec lui », mot aimé de Mt; Le 4, 9; « mena ». — « Ville sainte »,


désignation religieusement admirative de Jérusalem, cf 27, 53; Âp 11, 2; 21, 2, 10;
22, 19; « la Ville du grand Roi », 5, 33. — * sur le pinacle », encore et seulement
Le 4, 9 par; sens incertain « pignon, saillie... », probablement l ’endroit le plus
élevé de l’édifice.
6 Cf Ps 91, 11 SV.
7 Cf Deut 6, 16. Tenter Dieu, c’est douter de sa puissance et de sa bonté, et
les mettre à l ’épreuve en demandant un miracle, un signe qui les atteste.
8 « sur une montagne très élevée », il serait enfantin de la rechercher; ici
comme au v 5 («sur le pinacle du Temple»), tout se passe en vision. — «leur
gloire », c’est-à-dire leur ^lendeur, éclat, richesse, cf Le 4, ^ par; 6, 29 et Le 12,
27 par.
9 « si tu tombes, prosterné, devant moi », même phraséologie que 2, 11.
10 « Va-t’en, Satan! » cf 16, 23 = Mc 8, 33 par: « Va-t’en, arrière de moi,
Satan ! »
11 « le laisse » (encore un présent historique, cf 3, 1, 13, 13; 4, 3, 8, 10);
la tentation est terminée. Jésus a vaincu (Jn 16, 33; Ap 3, 21; 5, 3; 6, 2; 17, 14);
sans « estimer usurpaticm d’être égal à Dieu » (Phi 2, 6 ), « au lieu de la joie qui
s’offrait à lui, il a enduré la croix» (He 12, 2). — Le écrit (4, 13): « le diable
s’écarta de lui pour un temps» et le montre (22, 3) «entrant dans Judas», pour
diriger son entreprise de trahison (cf Jn 13, 2, 27). — «des anges le servaient»;
dans Mc (1, 13), il semble que ce service angélique n’attende pas la fin de la
tentation; Le l ’ignore.

M A TTH IEU 56
III. MINISTÈRE DE JÉSUS EN GALILÉE
(4 , 1 2 — 18, 3^)

Jésus se fixe à Capharnaüm et inaugure sa prédi­


cation

Ayant appris que Jean avait été livré, il se 4


retira en Galilée. ^^Et, quittant Nazara, il vint ÎJ
habiter à Capharnaüm qui est au bord de la mer,
dans le territoire de Zabulon et de Nephtali, pour
que s’accomplît ce qui avait été annoncé par Isaïe
le prophète, quand il dit:
Pays de Zabulon et pays de Nephtali,
chemin de la mer, [pays] au-delà du Jourdain,
[ Galilée des nations,
le peuple qui était assis dans les ténèbres
a vu une grande lumière.

12 « Ayant appris que Jean avait été livté », Mt raconte l ’événement beaucoup
plus loin, 14, 3-12; Le 3, 20 le place avant le baptême de Jésus,
n «Nazara», autre nom de Nazareth (2, 23), petite bcmrgade de Galilée. —
«Capharnaüm», 8, 3; 11, 23; 17, 24; cf Mc 1, 21, et la note. — «territoire»,
(KJur le terme, cf 2, 16; 8, 34; 15, 22, 39; 19, 1.
14 « pour que s’accomplit... », pour la phraséologie, cf 1, 22, et la note.
11-16 Le texte est d ’Isaïe 8, 23-9, 1, et il n ’est pas cité d’après LXX. Le pro­
phète décrit la délivrance des tribus du Nord après les terribles événements de
754 (2 Rs 15, 29); après les «ténèbres», symbole de l ’adversité et du malheur,
viendra la « lumière », symbole de bonheur et de paix. L’application à l ’oeuvre de
Jésus était facile à faire.

57 M A TT H IE U
et pour ceux qui étaient assis dans le sombre
[ pays de la mort
une lumière s^est levée.
^^Dès lors, Jésus se mit à proclamer et à dire:
« Repentez-vous, car le royaume des d eu x est tout
proche. »

Appel des quatre premiers disciples

Mc 1,16-70 i8 £ jj
marchant le long de la mer de Galilée,
Le 5. 1-11 frères, Simon, appelé Pierre, et André
son frère, qui jetaient Tépervier dans la mer; car
c’étaient des pêcheurs. Et il leur dit: « Venez
à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
^Eux, aussitôt laissant les filets, le suivirent. ^^Et
à quelques pas de là, il vit deux autres frères,
Jacques, le [fils] de Zébédée, et Jean son frère,
dans le bateau avec Zébédée leur père, en train
d’arranger leurs filets, et il les appela. “ Eux, aus­
sitôt laissant le bateau et leur père, le suivirent.

Jésus parcourt la Galilée. Empressement des foules


Mc 1 ,3 9
6, 7 “ Et il circulait dans toute la Galilée, enseignant
dans leurs synagogues, proclamant l’Evangile du
Le
Royaume et guérissant toute maladie et toute débi-
17 * Repentez-vous... *, cf 3, 2; Mc 1, 13, et la note.
18-22 Cf Mc 1 , 16-20: menues divergences. Voir les notes.
23-23 Sommaire de l ’activité de Jésus, cf 9, 33; 10, V, Mc 1, 39: Le 4, 14 sv, 44.
— « toute maladie et toute débilité », encore et seulement, 9, 33; 10, 1. — « il

M A TT H IE U 58
lité dans le peuple. Et sa renommée parvint dans 4
toute la Syrie, et on lui amena tous ceux qui ^ î ’,1 7 1 9
allaient mal, en proie à diverses maladies et
tortures: démoniaques, et lunatiques, et paralyti­
ques; et il les guérit. ^ Et des foules nombreuses
le suivirent, venues de la Galilée, et de la Déca-
pole, et de Jérusalem, et de la Judée, et d’au-delà
du Jourdain.

BiMe latine.
Lyon, 1516.

circulait dans *, ailleurs (9, 23, 13; Mc 6, 6) le même verbe, avec construction
ditférente, a été traduit «parcourir». — «sa rencxnmée», encore 14, 1. —
« parvint », Mc 1, 28 par. « se répandit. » — « en proie », c£ Le 4, 38; 8, 37;
Ac 28, 8. — «tortures», ou «tourm ents», encore et seulement Le 16, 23, 28. —
« lunatiques » (encore et seulement 17, 13), c’est-à-dire ^ileptiques, parce qu’on
attribuait une influence de la lune sur les crises du haut mal. — « il les giiérit »,
tous, semble-t-il; Mc 1, 34 et 3, 10 écrit « beaucoup ». — Sur l ’afflux de la foule
du V 23, cf Mc 3, 7 sv; Le 6, 17 sw .

59 M A TT H IE U
Le « Sermon sur la montagne. » Le cadre

^ Voyant les foules, il monta dans la montagne,


Le 6,20
et quand il se fut assis, ses disciples s’avancèrent
vers lui. ^Et, ouvrant la bouche, il les enseignait
en disant:

Exorde: a ) Les « Béatitudes »

le 6,20-23 3 Heureux ceux qui ont une âme de pauvre,


parce que le royaume des deux est à eux.
'‘Heureux les doux, parce qu*ils hériteront de
la Terre.
’ Heureux ceux qui sont dans le deuil, parce
qu*ils seront consolés.
^ Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
parce qu’ils seront rassasiés.
1 « Voyant les foules », cf 4, 25. — « monta dans la montagne », comme
Moïse (Ex 24, 13, 15, 18), non pour y recevoir la Loi de Yahvé, mais pour
promulguer la sienne. « La montagne », une des collines qui avoisinent les rives
du lac de Tibériade; Le 6, 17; « Descendant [de la montagne], il se tint sur un
plateau. » — « assis », attitude du maître qui enseigne, cf 13, 1 sv; 13, 29-, 23, 2;
24, 3; Mc 9, 35 (?); Le 4, 20; 5, 3} Jn 8, 2.
2 « ouvrant la bouche », pour introduite une déclaration importante, cf Ac 10,
34; Jb 3, 1; 32, 20; Dan 10, 16. — « il les enseignait », sur l ’origine et la compo­
sition du « Sermon », voir l ’Introduction.
3 Les Béatitudes. Genre littéraire connu de l ’A.T., cf Ps 1, 1; 2, 12; 32, 1 sv;
33, 12, etc.; Prov 8, 32, 34; 14, 21; 20, 7; Is 30, 18; 32, 20; Dan 12, 2. — Mt en
donne 9, qu’il faut peut-être réduire à 8, en fusionnant les deux dernières.
Le 6, 20-23 en a 4, auxquels il joint 4 malédictions, 6, 24-26; de plus il écrit
« Heureux, vous », et il se tient sur le plan temporel. — « ceux qui ont tme âme
de pauvre », lit; « pauvres quant à l’esprit, par l ’esprit », ce sont les humbles de
l’A.T., « les personnes pieuses, qui se sentent désenchantées et opprimées dans le
monde» (Gelin), cf Is 11, 4; 29, 19; 32, 7; Ps 10, 17; 22, 27, et souvent. — « le
royaume des d eu x », cf 3, 2, et la note.
4-5 Certains manuscrits placent 5 avant 4. — « les doux... », cf Ps 37, 11; «les
humbles posséderont le pays »; ici il s’agit de la Terre messianique, celle du
Royaume. — « seront consolés », cf Is 61, 2; « consoler tous les endeuillés »,
Le 2, 25; le vieillard Syméon qui « attendait la consolation d’Israël ».
6 « faim et soif de la justice » (Le 6, 21 par a simplement « vous qui avez faim
maintenant »), Lagrange; « la perfection que Dieu donne à ceux qui la désirent
de toute leur âme, jusqu’au moment où, étant rassasiés, ils ne désireront plus
rien », cf Ga 5, 5; « nous attendons de la foi la justice espérée ».

M A TT H IE U 60
’ Heureux les miséricordieux, parce qu’ils obtien- 5
dront miséricorde.
®Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils
verront Dieu.
^ Heureux ceux qui font oeuvre de paix, parce
qu’ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés à cause de
la justice, parce que le royaume des Cieux est à eux.
Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera,
qu’on vous persécutera et qu’on dira mensongère­
ment contre vous toute sorte de mal, à cause de moi.
Réjouissez-vous et exultez, parce que votre sa­
laire est grand dans les cieux; car c’est ainsi qu’on
a persécuté les prophètes d’avant vous.

b ) Les disciples, sel de la terre et lumière du monde

« Vous êtes, vous, le sel de la terre. Mais si le


sel s’affadit, avec quoi sera-t-il salé? Il n’est plus ^

7 « miséricordieux », le terme ne se rencontre qu’tme autre fois dans le N.T.


« grand prêtre miséricordieux » (Jésus), He 2, 17. Mais la « miséricorde » y est
recommandée à maintes reprises, cf 12, 7; 23, 33; Le 10, 37; Ja 2, 13; 3, 17. —
« obtiendront miséricorde », celle de Dieu, cf Le 1, 30, 34, 3S, 72, 78; Ro 9, 23;
11, 31; 15, 9; etc.
8 « ceux qui ont le coeur pur » (lit: « qui sont purs de cœur, quant au cœur »),
cf Ps 24, 4; 51, 12; 73, 1. — « verront Dieu », sur cette belle promesse, la plus
magnifique des Béatitudes, cf He 12, 14; 1 Jn 3, 2; Ap 22, 4; Ps 17, 13; 42, 3.
9 «qui font œuvre de paix» (lit: «les faisant la paix»), cf Eph 2, 13;
Col 1, 20; Ja 3, 18. — « seront ap^lés » et seront, cf v 19; 21, 13 = Le 19, 46.
— «fils de D ieu», cf v 43; 27, 34 = Mc 15, 39 (?); Ga 4, 6; «fils du Très-
Haut », Le 6, 33.
10 « [^rsécutés » (ou « poursuivis, pourchassés »), sur la persécution annoncée et
promise aux disciples, cf 10, 23; 23, 34; Le 11, 49; 21, 12; Jn 15, 20: « S’ils m’ont
persécuté, vous aussi, ils vous persécuteront. » — « la justice », cf v é.
11 « insultera », cf 27, 44; Mc 15, 32; Le 6, 22 par; Ro 15, 3; 1 Pe 4, 14.
12 « réjouissez-vous et exultez », cf Ap 19, 7; dans le passage parallèle Le 6, 23
a « bondissez », comme 1, 41, 44. — « votre salaire », cf 10, 41,42; Mc 9,41;
Le 6, 23, 33; 1 Co 3, «; 1 Tm 5, 18; 2 Ja v 8; Ap 11. 18; 22, 12. — « on a
persécuté les pn^hètes », cf 23, 30 sv; He 11, 33-38; Ja 5, 10.
13 Sur la métaphore du sel, cf Mc 9, 49 sv; Le 14, 34 sv.

61 M A TTH IEU
5 bon qu’à être jeté dehors et piétiné par les hom-
Mc 4 .2 1
mes. 14Yqus êtes, vous, la lumière du monde. Une
ville ne peut être cachée quand elle est située sur
Le 8 ,1 6
11.33 ime montagne. ^ O n n’allume pas non plus une
lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le
lampadaire; et elle brille pour tous ceux qui sont
dans la maison. Qu’ainsi brille votre lumière de­
vant les hommes, afin qu’ils voient vos belles œu­
vres et glorifient votre Père qui est dans les deux.

Evangiles avec commentaires. Paris, XV* siècle.

14 « la lumiète du ooonde », cf Phi 2, 13: « foyers de lumière dans le monde »;


Ac 13, 47; Ro 2, 19.
15 Cf AJe 4, 21; Le 8, 16; 11, 33. Le boisseau était une sorte de baquet, porté
par 3 ou 4 pieds et servant à contenir le blé nécessaire à la maison. Chi n ’en
recouvrait pas la lampe, on pouvait la glisser dessous.
16 « afin qu’ils voient vos belles œuvres », c’est le meilleur argument apologé­
tique, pour l’ejqrressioQ, cf 26, 10 = Mc 14, 6; Jn 10, 32 sv; 1 Tm 3, I; 5, 10,
23; 6, 18; Ti 2, 7, 14; 3, 8. 14; He 10, 24; 1 Pe 2, 12.

MATTHIEU 62
Le corps du discours

A. Loi ancienne et Loi nouvelle

« Ne croyez pas que je sois venu renverser la


Loi ou les Prophètes; je ne suis pas venu renverser,
mais compléter. *®Car, en vérité je vous le dis,
avant que ne passent le ciel et la terre, pas un
Le 16,17
iota ou un seul menu trait ne passera de la Ix)i que
tout ne soit arrivé. Celui donc qui violera un
seul de ces commandements les plus petits et en­
seignera aux hommes [à faire] ainsi sera d^laré le
plus petit dans le royaume des Cieux, mais celui
qui pratiquera et enseignera, celui-là sera déclaré
grand dans le royaume des Cieux. “ Car je vous dis
que si votre justice n’abonde pas plus que celle
des scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez pas
dans le royaume des Cieux.

17-48 Jésus souverain législateur. Tandis que Moïse n’était qu’un intermédiaire
transmettant au peuple les commandements de Yahvé, Jésus édicte lui-même, de
sa propre autorité: « Et moi, je vous dis » ( w 22, 28, 32, 34, 39, 44). Il inter­
prète, approfondit, amplifie, modifie et même contredit « ce qui a Âé ^ t aux
anciens ».
17 « renverser, mais compléter », ou « abroger, mais parfaire », « abolir, mais
accomplir »; toutefois ce dernier mot est à éviter, comme amphibologique. — « la
Loi ou les Prophètes », les deux grandes autorités spirituelles: on trouve générale­
ment « la Loi et les Prophètes », 7, 12; 22, 40; Le 16, l6; 24, 44; Jn 1, 46;
Ac 13, 33-, etc. — « venu », en mission, cf 9, 13; 10, 34 sv; 11, 18 sv; 20, 28;
21, 32.
18 « en vérité », solennel, cf v 26; 6, 2, 5, 16; etc. — « avant que ne passent le
ciel et la terre », cf 24, 33: « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne
sauraient passer. » — « io ta » (le Y o d de l ’hébreu), une des plus petites lettres de
l’alphabet grec. — « menu trait », signe .graphique quelconque.
19 « commandements les plus petits », les rabbins divisaient les 613 commande­
ments en grands et petits, lourds et l^ e rs. — « sera déclaré », et sera, cf v 9.
20 « vous n ’entrerezpas dans le royaume des Cieux », 7, 21; 18, 3; 19, 23 sv.
Sur « le royaume des Cieux », cf 3, 2, et la note. — Sur les scribes et les Phari­
siens, cf Mc 1, 22; 2, 16, et les notes.
20 « n’abonde pas plus... », pour le terme, cf 13, 12; 25, 29; Ro 3, 7; 5, 13;
15, 13; 1 Co 14, 12; 2 Co 1, 5; 3, 9; etc.

63 MATTHIEU
5 « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens;
Tu ne tueras -pas; celui qui tuera sera passible du
jugement. “ Et moi, je vous dis que quiconque
se met en colère contre son frère sera passible
du jugement; celui qui dira à son frère: ^ c a l sera
passible du sanhédrin; celui qui dira: Fou! sera pas­
sible de la géhenne du feu. “ Si donc tu présentes
ton offrande sur l’autel et que là tu te souviennes
que ton frère a quelque chose contre toi, ^ laisse
Mc 11,25
ton offrande là, devant l’autel, et va d’abord te
réconcilier avec ton frère, et alors viens présenter
ton offrande. “ Mets-toi vite d’accord avec ton
U: i2,5s-55> advetsaitc, pendant que tu es en chemin avec lui,
de peur que l’adversaire ne te livre au juge et le
juge au garde, et que tu ne sois jeté en prison.
“ En vérité je te le dis: Tu ne sortiras pas de là
que tu n’aies remboursé le dernier quart d’as.
“ « Vous avez appris qu’il a été dit: Tu ne com­
mettras pas d’adultère. “ Et moi, je vous dis que
quiconque regarde une femme de manière à la
désirer, a déjà, dans son cœur, commis l’adultère

21 « aux anciens », ceux du temps de Moïse et qui (Mit suivi. Le texte cité est
d ’Ex 20, 13 et de Deut 5, 17. — « passible », v 22; 2b, 66 = Mc 14, 64. — « ciu
jugement », celui de Dieu.
22 « Raca », mot araméen qui signifie « tête creuse ». — « sanhédrin », il s’agit
du sanhédrin l<x»l, hahilité à prcmoncer sur les petites causes. — « la géhenne du
feu », encore 18, 9\ génâ'alement « géhenne », w 29, 30\ 10, 28\ 23, 15, 33;
Mc 9, 43, 45, 47; Le 12, 5; Ja 3, 6, lieu de sut^lice des réprouvés. L’image est
empnmtée à la sinistre vallée des environs de Jérusalem (gê-hinnom) où on
« faisait passer par le feu » les enfants que l ’on immolait à Moloch (voir
2 Rs 23, 10, et la note).
23 « a quelque chose contre toi », cf Ap 2, 4, 14, 20.
24 « te réconcilier », hapax dans le N.T.
26 « le dernier quart d ’as », latinisme (Le 12, 59 par a « le dernier lepte »;
cf Mc 12, 42), la plus petite monnaie nxnaine. On traduit parfois « le dernier
centime », ce qui est ime bonne transposition.
27 Cf Ex 20, 14; Deut 5, 17.

9 — En haut : le baptême de Jésus (3, 13-17); en bas : tentation


de Jésus (4, 1-11).
Psautier d’Ingeburge. Manuscrit du XTII* siècle. Musée Condé,
Chantilly, 1695.
avec elle. ^ Que si ton œil, le droit, te scanda- 5
lise, arrache-le et jette-le loin de toi; car il est de mc \ 4i-47
ton intérêt que périsse un seul de tes membres
et que tout ton corps ne soit pas jeté dans la
géhenne. ^®Et si ta main droite te scandalise, re­
tranche-la et jette-la loin de toi ; car il est de ton
intérêt que périsse un seul de tes membres et que
tout ton corps ne s’en aille pas dans la géhenne.
« Il a été dit: Que celui qui répudie sa femme ^
lui donne un acte de séparation. Et moi, je vous
dis que quiconque répudie sa femme — excepté
pour cause de fornication — lui fait commettre Le 16, IS
l’adultère, et celui qui épouse une répudiée com­
met l’adultère.
« Vous avez encore appris qu’il a été dit aux
anciens: Tu ne te parjureras pas, mais tu t'acquit­
teras envers le Seigneur de tes serments. ^ Et moi,
je vous dis de ne pas jurer du tout: ni par le ciel,
parce qu’/7 est le trône de Dieu; ^^ni par la terre,
parce qu’elle est le marchepied de ses pieds; ni
par Jérusalem, parce qu’elle est la Ville du grand
Roi. “ Ne jure pas non plus par ta tête, parce qüe
tu ne peux rendre un seul cheveu blanc ou noir.

29-30 Ci 18, 8 sv; Mc 9, 43-47.


H Cf 19, 7; Deut 24, 1.
*2 Cf 19, 9; Mc 10, 11; Le 16, 18. — « excepté pour cause de fornication », texte
itifficile qu’on peut interpréter de la manière suivante. Cette incise restrictive —
qui ne figure pas dans les p assais parallèles de Mc (10, 11) et de Le (16, 18),
et qui est peut-être une précision de la communauté — semble viser non
l'adultère, mais un degré de iMuenté interdit par la Loi. Il s’agirait alors non
d'un cas de divorce, mais de nullité.
H Cf Ex 20, 7; Lev 19, 12; Nomb 30, 3; Deut 33, 22-24.
<4 « ciel, trône de Dieu », cf 23, 22.
13 « le marchepied de ses p i ^ », cf Âc 7, 49; Is 66, 1. — « du grand Roi »,
c’est-à-dire Dieu, cf Ps 48, 3.
16 Cf 10, 30; Le 12, 7.

10 — Le baptême de Jésus. Jean Baptiste n’est pas représenté.


Un ange tient le vêtement de Jésus.
Hible latine. Manuscrit du XIII* siècle. Bibliothèque de Boulogne-
sur-Mer, n° 4.
5 Que votre parole soit oui, oui; non, non; le sur­
plus vient du Mauvais.
^ « Vous avez appris qu’il a été dit: Œil pour œil
et dent pour dent. Et moi, je vous dis de ne pas
Le 6,29-30 désister au mauvais. Mais quelqu’un te donne-t-il
un coup sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre.
^ Et à qui veut te citer en justice et prendre ta
tunique, laisse-lui aussi le manteau. Et quelqu’un
te requiert-il pour un mille, fais-en deux avec lui.
Lc 6,34-33 42^ demande donne, et de qui veut t’em­
prunter ne te détourne pas.
« Vous avez appris qu’il a été dit: Tu aimeras
ton prochain et tu haïras ton ennemi. ^ Et moi,
Le 6,27-2«
32-33 J e vous dis: Aimez vos ennemis et priez pour
ceux qui vous persécutent, afin de vous montrer
fils de votre Père qui est dans les deux, parce qu’il
fait lever son soleil sur les mauvais et sur les bons,
et pleuvoir sur les justes et sur les injustes. ^ Car si
vous aimez ceux qui vous aiment, quel salaire aurez-

37 « oui, oui; non, non *, c£ Ja 5, 12, et aussi 2 Co 1, 17-20. — « d u Mauvais »


(ou: « d u M alin»), c’est-à-dire du diable; pour le terme, cf 13, 19, 38, et peut-
être 6, 13; Jn 17, 13; E i* 6, 16; 2 Th 3, 3; 1 Jn 2, 13, 14; 3, 12; 5, 18. On peut
aussi traduite « de ce qui est mauvais », c’est-à-dire du mal qui est dans le cœur
de l ’homme, cf 12, 33.
38 Cf Ex 21, 24; Lev 24, 20; Deut 19, 21. Il s’agit de la loi du talion, qui exige
la stricte compensation du donunage causé.
39 « résister », cf Le 21, 13; Ac 6, 10; 13, 8; Ro 9, 19; 13, 2; etc. — « te donne-
t-il un coup » (on traduit p a ^ i s « te gifle-t-il »), cf 26, 67; Mc 14, 63; Jn 18, 22;
19, 3.
40 Comparer avec Le 6, 29, qui présente autrement la maxime.
41 « te requiert-il», cf 27, 32; Mc 15, 21; mais le terme est-il employé dw s son
sens juridique de tttjuisition par un représentant de l ’armée ou de la police? —
« un mille », environ 1475 mètres.
43 Cf Lev 19, 18; 19, 19; 22, 39; Ro 13, 9; Ga 5, 14; Ja 2, «. — « tu haïras ton
ennemi »; nulle part on ne trouve dans la Loi le précepte de « haïr » son
eimemi. Mais ces mots n’en expriment pas moins l ’attitude de l ’âme juive à
l ’égard de tout ce qui était étranger, cf Sir 12, 1-7.
45 « votre Père qui est dans les deux », cf v 16; 6, 1, 9; 1, 11, 21; 10, 33; etc.
46 « quel salaire aurez-vous? » Le a préféré écrire: « quel gré vous en saura-
t-on? » — « les publicains », cf Mc 2, 13, et la note.

MATTHIEU 66
vous? Les publicains eux-m êm es n ’en fon t-ils pas
autant? E t si vous ne saluez que vos frères, que
faites-vous d ’extraordinaire? Les païens m êm es n ’en
font-ils pas autant? ^ Vous serez donc parfaits, vous,
com m e votre Père céleste est parfait.

B. Quelques pratiques de justice :


Aumône, prière, jeûne

Avertissement général

^ « Gardez-vous de pratiquer votre justice de- 6


vant les hommes pour en être remarqués; sinon,
certes, vous n’aurez pas de salaire auprès de votre
Père qui est dans les deux.

L’aumône

^ « Lors donc que tu fais l’aumône, ne le clai­


ronne pas devant toi, comme font les h)7pocrites
47 « vos frètes », les fils d'Israël. — « que faites-vous d ’extraordinaire », ou « de 3
plus » que les autres.
48 « Vous serez parfaits » (futur de l’injonction catégcmque, 6, 5 ), et Deut
18, 13: « Tu seras parfait envers Yahve, ton Dieu ». — « Pète céleste »,
cf 6, 14, 26, 32; 15, V ; 18. 33; 23, 9. .
1 « votre justice », c’est-à-dire celle que doit pratiquer celui a la justice, qui O
est juste, celui dont la conduite est coidonne à la volonté divine. Trois « œuvres
de justice » vont être présentées: l ’aumône, la prière et le jeûne. — « pour en
être remarqués », comme les scribes et les Pharisiens, qui « font toutes leurs
œuvres pour être remarqués des hommes» (23, 5). — «vous n’autez pas de
salaire », cf w 2, 5, 16: un des leitmotive de tout le passage. — « votre Pète qui
est dans les deux », v 9; 5, 16, 45; 7, 11, 21; etc. Suit la trilogie des œuvres de
justice (2-4; 5-6; 16-18), en petits exposés de même structure, avec de menues dif­
férences d’intention mnémotechnique, que nous avons respectées scrupuleusement.
L’inspiration est la même: tout faire pour Dieu, ne rien faire par gloriole.
2 « L’aumône » était une « pratique de justice » très en homieur dans le
judaïsme, cf Tob 1, 3, 16; 2, 14; 4, 7, 8, 10, 11, 16; 12, 8 sv; Sir 3, 30; 4, 1-6;
7, 10; 12, 3; 29, 8, 12; 31, 11; 35, 2; 40, 17, 24. — « ne le daitonne pas », ou

67 liA TT H IE U
6 dans les synagogues et dans les mes, afin d’être
glorifiés par les hommes. En vérité je vous le dis:
Ils ont touché leur salaire. ^ Pour toi, fais-tu l’au­
mône, que ta main gauche ignore ce que fait ta
main droite, afin que ton aumône reste dans le
secret; et ton Père, qui voit dans ce qui est secret,
te le rendra.

La prière

®« Et lorsque vous priez, vous ne serez pas


comme les hypocrites, qui aiment prier debout
dans les synagogues et aux coins des places, afin
de se faire voir des hommes. En vérité je vous le
dis: Ils ont touché leur salaire. ®Pour toi, lorsque
tu pries, entre dans ta resserre, ferme ta porte et
prie ton Père qui est [présent] dans ce qui est
secret, et ton Père, qui voit dans ce qui est secret,
te le rendra.
’ « Quand vous priez, ne rabâchez pas comme
les païens qui pensent que c’est à force de paroles

« ne le tro m p ète pas ». — « les hypocrites », personnages bien ccmnus de tenu les
tem ps, cf vv 5, i f , 7, 15, 7; 22, 18; 23, 13, 14, 15; 24, 51; Mc 7, d; Le 6, 42;
12, 5o; 13, 15; « hypocrisie », 23, 28; Mc 12, 15; Le 12, 1; ^ 2, l3; 1 Tm 4, 2;
1 Pe 2, 1. O n tra d u it aussi «onnédiens, comédie». — «afin d’être glorifiés par
les homm es », cf v 5: « afin de se faire voir des hommes »; 23, 5: « Toutes leurs
actions, ils les fo n t p o u r être remarqués des hemunes. » — « ils ont toudié
leu r salaire » (cf vv 5, 16), plutôt que « ils ont reçu ». qui traduit un autre verbe
(10, 41; J n 4, 36; 1 C o 3, 5). — « leur salaire», morale de la rétributirm. Le, qui
ne l ’ignore pas (6 , 23, 35), é c rit ailleurs «quel ^ vous en saura-t'On? » 6, 32, 33,
34.
4 « reste », lit: « so it ».
5 « p rie r d eb out » n ’est pas condamné (Mc 11, 25); ce qui est blâmable, c’est
l ’affectation, la pose q u e l ’on p rm l pour se faire remarquer. — « afin de se
faire voir des hom m es cf v 18. — « En vérité... », cf v 2. -— « ils ont touché
leur salaire », cf vv 2, lé .
6 « ta resserre », en d ro it re tiré , peut-être cellier, grenier, cf 24, 26; Le 12, 3, 24.
7 « ne rabâchez pas », étymolc^e et sens incertains; autres traductiems: « parler

M A TTH IEU 68
qu’ils seront exaucés. ®Ne leur ressemblez donc 6
pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin,
avant que vous le lui demandiez. ®Vous donc, Le U, 2- 4

priez ainsi:
Notre Père qui es dans les deux.
Sanctifié soit ton Nom!
Vienne ton règne!
Que soit faite ta volonté
sur terre comme au ciel!
" Notre pain quotidien,
donne-le-nous aujourd’hui,
et remets-nous nos dettes,
comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs;
et ne nous fais pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du Mauvais!

inutilement, multiplier les paroles. » — « les païens », ou « les nations, ceux des
nations », c£ 5, 47; 18, 17; Ga 2, 14; 3 Jn v 7.
9-14 Ces versets, qui figurent en Le dans un tout autre contexte (Le 11, 1*4),
rompent l ’ordonnance du discours (le v 16 fait suite à d ou 8). Ils ont été insérés
ici, pour indiquer la prière par excellence, celle du Seigneur. Elle est plus courte
ilans Le. « Bien qu’on y retrouve des ressemblances matérielles avec des prières
juives, l ’originalité chrétienne du Pater ne fait pas de doute si on le comprend
ilans le sens où Jésus l’a enseigné, c’est-à-dire comme exprimant la doctrine du
Royaume de Dieu, prêché par Jésus, ainsi que celle du salut à la fois intérieur et
universel, et comme étant le résumé, sous la forme de la prière, du Sermon sur
la montagne et des béatitudes » (Dictionnaire encyclopédique de la Bible).
9 « Notre Père qui es dans les deux », cf 5, 16; 11, 23 sv; 26, 39, 42\ Le 23,
H, 46; Jn 12, 27; Ro 8, 13; Ga 4, 6. — « ton Nom », c’est-à-dire « cet aspect par
où l ’être inaccessible se manifeste à nous» (Lagrange). — «Sanctifié», tenu et
traité comme saint, c’est-à-dire doté de la perfection morale absolue.
K) « Que soit faite ta volonté! » la prière même de Jésus lors de son agonie,
cf 26, 42.
11 « pain quotidien », sens très discuté; encore: « d’aujourd’hui, de demain,
nécessaire à notre subsistance. »
12 «dettes», ce sont les «péchés» (Le 11, 4 par), en langage juridique,
l’f Le 13, 4: «pensez-vous que leur dette fût plus grande (lit: qu’ils fussent plus
débiteurs qu e).» — «avons remis» (Le 11, 4: «rem ettons»); aucune raison
décisive d’ârire: « remettons ».
I i « ne nous fais pas entrer », ou « ne nous laisse pas entrer », cf 26, 41 et par;
I.C 11, 4 par. — « en tentation», plutôt que « en épreuve». — «du Mauvais»
(uu: « du mal »), cf 5, 37.

69 MATTHIEU
6 « Car si vous remettez aux hommes leurs fau-
Mc 11, 2^ votre Père céleste vous remettra à vous aussi;
mais si vous ne remettez pas aux hommes, votre
Père non plus ne remettra pas vos fautes.

Le jeûne

« Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air


sombre comme les hypocrites, qui se défigurent
le visage afin de faire figure aux yeux des hommes
de gens qui jeûnent. En vérité je vous le dis: Ils
ont touché leur salaire. Pour toi, quand tu jeûnes,
parfume ta tête et lave ton visage, afin de ne
pas laisser voir aux hommes que tu jeûnes, mais
[seulement] à ton Père qui est [présent] dans ce
qui est secret; et ton Père, qui voit dans ce qui est
secret, te le rendra.

Bible latine.
Lyon, 1J16.

14 Commentaire du v 12\ cf Mc 11, 25 sv. — « votre Père céleste », cf w 26,


52; 5, 48; 15, 13; 18, 35. — « vous remettra », à côté de ce terme juii^que, on
trouve 2 fois « pardonner », Col 2, 13: « nous pardonnant toutes nos fautes »; 3,
13: « Tout comme le Seigneur vous a pardonné, vous aussi, faites de même. » On
trouve « ne tenant pas compte de leurs fautes » (2 Co 5, 19).
16 « un air sombre », encore et seulement Le 24, 17. — « se défigurent... faire
figure », l’allitération est dans l ’original.

MATTHIEU 70
C. Quelques dispositions du disciple: trois présen­
tées d’une manière négative et trois d’une manière
positive

a) Ne pas thésauriser, mais s’abandonner à la


Providence

« Ne vous amassez pas de trésors sur la terre, 6


où mite et ver anéantissent, et où les voleurs per- ^ 12, n »
cent les murs et volent. “ Amassez-vous des tré­
sors dans le ciel, où ni mite ni ver n’anéantissent,
et où les voleurs ne percent les murs ni ne volent.
Car là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur.
“ « La lampe du corps, c’est l’œil. Si donc ton
œil est sain, tout ton corps sera lumineux; “ mais Le
si ton œil est mauvais, tout ton corps sera téné­
breux. Si donc la lumière qui est en toi est ténè­
bres, quelles ténèbres!
“ « Niai ne peut s’asservir à deux maîtres: ou bien Le 1 6 ,0
en effet il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il
s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pou­
vez vous asservir à Dieu et à Mamon.

19-34 Se eximpose de 4 morceaux qui se trouvent dans Le à l ’état de dispersion:


19-21 = Le 12, 33-M
22- 23 = Len , 34-36
24 = Le 16, 13
23- 34 = Le12, 22-31.
19 « trésors sur la terre», au lieu des trésors des cieux, cf v 20; 19, 21; Mc 10,
21 par; Le 18, 22 par. — « percent les murs », cf v 20; 24, 23; Le 12, 39.
20 « mite », encore et seulement v 20; Le 12, 33 par. — « ver », d’autres tradui­
sent « rouille »; partout ailleurs (9 fois), le mot signifie « nourriture ».
21 « là sera aussi ton cœur », Le 12, 34: « là aussi sera votre cœur. »
23 « Quelles ténèbres! » lit: « les ténèbres, combien grandes! »
24 « haïr, aimer », cf 5, 43; Le 14, 26; Jn 12, 23. — « Mamon » ou « Mam-
mon » (mot araméen), la richesse personnifiée.

71 MATTHIEU
6 “ « Voilà pourquoi je vous dis: Ne soyez pas en
’ souci pour votre vie de ce que vous mangerez, ni
pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie
n’est-elle pas plus cme la nourriture, et le corps plus
que le vêtement? ^ Regardez les oiseaux du ciel:
ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni ne ramassent
dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit!
Ne valez-vous pas, vous, beaucoup plus qu’eux?
” Qui d’entre vous, à force de soucis, peut ajou­
ter à son âge une seule coudée? “ Et du vêtement
pourquoi être en souci? Observez les lis des
champs, comme ils croissent: ils ne peinent ni ne
filent. “ Or je vous dis que pas même Salomon,
dans toute sa gloire, n’a été vêtu comme l’un
d’eux. ^ Si l’herbe des champs, qui aujourd’hui
est là et demain sera jetée au four. Dieu la revêt
ainsi, ne fera-t-il pas beaucoup plus pour vous,
gens de peu de foi? Ne vous mettez donc pas
en souci, disant: Que mangerons-nous? ou: Que
boirons-nous? ou: De quoi nous vêtirons-nous?
— tout cela, en effet, les païens le recherchent
— car votre Père céleste sait que vous avez besoin
de tout cela. “ Cherchez d’abord le Royaume et

25<34 Morceau célèbre qui a charmé et consolé bien des générations, et que nos
contemporains avides de bien-être et de sécurité, feraient bien de méditer.
26 « les oiseaux du ciel », Le a préféré « les corbeaux ». — « votre Père céleste »
{v 32), 5, 48, et la note; cf « votre Père qui est dans les deux », 5, 45, et la note.
— «N e valez-vous pas... », cf 10, 31; 12, 12; Le 12, 7, 24.
27 « à son âge », ou « à sa taille ».
28 « lis », ou anémone, colchique, etc.
29 « gloire », la K abod de l ’hébreu, c’est-à-dire la richesse, le faste.
30 « gens de peu de foi », cf 8, 26; 14, 31; 16, 8; 12, 28 par.
32 « les païens », ou « les nations, ceux des nations », encore 3, 47; 18, 17.
« votre Père céleste », cf v 26, et la note.

MATTHIEU 72
sa justice, et tout cela vous sera surajouté. ^^Ne 6
vous mettez donc pas en souci pour demain, car
demain aura souci de lui; à chaque jour suffit sa
peine.

b ) Ne pas juger

‘ « Ne jugez pas, pour n’être pas jugés. ^ Car 7


c’est avec le jugement dont vous jugez que vous ÎJf
serez jugés, et c’est avec la mesure dont vous me­
surez qu’il vous sera mesuré. ^ Qu’as-tu à regarder
la paille qui est dans l’œil de ton frère, et la poutre
qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas! '‘ Ou
6, 41-42
comment vas-tu dire à ton frère: Laisse-moi retirer
la paille de ton œil, et voici la poutre dans
ton œil! ^ Hypocrite! de ton œil retire d’abord la
poutre; et alors tu verras clair pour retirer la paille
de l’œil de ton frère.

c) Ne pas profaner ce qui est sacré

* « Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré et


ne jetez pas vos perles devant les cochons, de
peur qu’ils ne les piétinent avec leurs pattes, et
que, se retournant, ils ne vous déchirent.

33 « justice de Dieu », lit: « justice de lui. »


34 « demain aura souci de lui ». cf Ja 4, 14. — « sa peine », ou tracas, mal,
malignité. Partout ailleurs (10 fois) le mot g i ^ signifie « médianceté ».
1 « pour n’être pas jugés », par Dieu, ici-bas ou « au dernier jour », cf Ja 4,
12; 5, 9\ 1 Co 4,
2 « c’est avec la mesure... », cf Mc 4, 24, idem.
9 « Hypocrite! » cf 6, 2, et la note. — « tu verras clair », encore et seulement
Mc 8, 23.
à Pas de parallèle. — « chiens » et <c codions » figurent ici comme animaux

73 MATTHIEU
d ) Demander avec insistance

7 ^ « Demandez, et Ton vous donnera; cherchez, et


Le 11, 9-13 trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira. * Car
quiconque demande reçoit, et qui cherche trouve,
et à qui frappe on ouvrira. ’ Ou quel est l’homme
d ’entre vous à qui son fils demanderait du pain et
qui lui remettrait une pierre? “ Ou encore, s’il
demandait un poisson, lui remettiait-il tm serpent?
” Si donc vous, mauvais que vous êtes, vous savez
donner de bonnes choses à vos enfants, combien
plus votre Père qui est dans les deux en donne­
ra-t-il de bonnes à ceux qui [les] lui demandent!
U 6 ,3 1
“ Donc, tout ce que vous voudriez que les hommes
fassent pour vous, pareillement vous aussi faites-le
pour eux; car c’est cela, la Loi et les Prophètes.

Impurs et nocifs. « Chien » est parfois une dénomination méprisante du prostitué,


cf Deut 23, 18 sv; Phi 3, 2; Ap 22, 13. — « ne jetez pas vos perles devant les
cochons », au lieu de « vendre tout ce qu’on possède » pour en acheter, 13, 46.
7 Cf 18, 19i 21, 22; Jn 14,13; 13, 7; 16, 23; la 1, 3.
9 « remettrait », cf Le 4, 17; 11, 11 sv p w ; 24, 30, 42. — « et qui lui remettrait
une pierre, ... un poisson », lit: « est-ce qu’il lui remettra? »
11 « votre Père qui est dans les deux », cf 6, 9, et la note.
12 Le 6, 31 par: « Et comme vous voulez que les hommes fassent pour vous,
faites-le pour eux pareillement. » On appelle volontiets ce commandement « la
règle d’or ». — « car c’est cela... », cf 22, 40: « A ces detu commandements
(amour de Dieu et du prochain) toute la Loi est suspendue, ainsi qiie les Pco-
phètes. » On trouve « la Loi et les Prophètes », Le 16, 16; Ja 1, 43; Ac 13, 13;
24, 14; Ro 3, 21; « la Loi ou les Prophètes », 3, 17; « toute la Loi et les Pro­
phètes », 22, 40; tous les Ptophètes et la L d », 11, 13; « la Loi de Moïse et les
Prophètes », Ac 28, 23: « M tâe et les Ptophètes », Le 16, 29, 31; « Moïse et tous
les Ptophètes », Le 24, 27; « la Loi de Moïse, les Ptophètes et les Psaumes »,
U 24, 44.

MATTHIEU 74
e ) Entrer par la porte étroite

« Entrez par la porte étroite, parce que large 7


est [la porte] et spacieux le chemin qui mène à U 13,24

la perdition, et ils sont nombreux ceux qui s’y


engagent; “ parce qu’étroite est la porte et res­
serré le chemin qui mène à la vie, et ils sont peu
nombreux ceux qui le trouvent!

£) Se méfier des faux prophètes

« Méfiez-vous des faux prophètes, qui vien­


nent vers vous vêtus en brebis, mais qui au-dedans
sont des loups rapaces. “ C’est à leurs fruits que
Le 6 ,43-44
vous les reconnaîtrez. Est-ce qu’aux épines on ré­
colte des raisins, ou aux chardons des figues?
Ainsi, tout bon arbre fait de bons fruits, mais l’ar­
bre pourri fait de mauvais fruits. “ Un bon arbre ne
peut porter de mauvais fruits, ni un arbre pourri
Mt 3,10
porter de bons fruits. “ Tout arbre qui ne fait pas
de bon fruit est coupé et jeté au feu. ^ Ainsi donc,
c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.

13 « peidition », cf Jn 17, 12; Ac 8, 20; Ko 9, 22; Phi 1, 2$; 3, 19; 2 Th 2, 3;


etc. — « U vie », celle de l’Au.<ldt.
13 € leux prophètee », cf 24, 11, 24; Mc 13, 22 ptr-, 1 Jn 4, 1; Ac 13, 6 (le Bar-
Jénu de Paphoe); 2 Co 11, iJ; « le Faux ptophm » de l’ApocalyiMe, 16, 13;
19, 20; 20, 10. — « biebia, loiq» », cf 10, 16; Jn 10, 11 av; « uneaux, loups »,
cf Le 10, 3; « loups, troupeau », â Ac 20, 29; « btâtis, boucs », cf 237 S2.
16 « c ’est 4 leurs fruits que vous les reconnaîtrez», cf v 20, identique; 12, 33:
« c'est d’après le fruit que l’atbte se connaît »; Le 6, 44: « chaque arbre 4 son
propre fruit te connaît. »
19 Cf 3, 10 (identique), et la note.
20 « Ainsi donc », encote et seulement 17, 26. — « c’est 4 leurs fruits que vous
les reconnaîtrez », cf v 16, identique.

75 MATTHIEU
Péroraison: a ) Nécessité de la pratique

« Ce ne sont pas tous ceux qui me disent:


Le 6 ,4 6
Seigneur, Seigneur! qui entreront dans le royaume
des Cieux, mais celui qui fait la volonté de mon
Le 13,26-27
Père qui est dans les cieux. “ Beaucoup me diront
en ce Jour-là: Seigneur, Seigneur! n’est-ce pas par
ton Nom que nous avons prophétisé, et par ton
Nom que nous avons chassé des démons, et par
ton Nom que nous avons fait de nombreux mira­
cles? ^^Et alors je leur déclarerai: Jamais je ne
vous ai connus; éloignez-vous de moi, vous qui
pratiquez l’illégalité!

b) Parallèle entre celui qui pratique et celui qui


ne pratique pas

Le 6,47-49 24 Quiconque donc entend ces paroles que je


dis et les met en pratique ressemblera à un homme

21 « entreront dans le royaume des Cieux », cf 3, 22, et la note. — « qui fait la


volonté... », cf 6, 10, et la note. — « mon Père qui est dans les cieux », cf 6, 9,
et la note.
22 « en ce Jour-là », expression solennelle, emphatique pour désigner le jour du
Jugement, cf 24 , 36; 26, 29; Mc 14, 23; Le 17, 31; 21, 34; 2 Th 1, 10; 2 Tm 1,
18; 4, 8; et dans TA.T., Is 10, 20; Os 1, 3; Am 9, 11. — «par ton Noti », le
datif grec est instrumental, de moyen, ailleurs, comme Mc 9, 38, on trouve en
ton Nom.
23 «connus» (c'est-à-dire: reconnus pour miens), cf 23, 12; « Je ne vous connais
pas» (l’époux aux vierges «folles»); 2 Tm 2, 19: « le Seigneur connaît les
siens ». — « éloignez-vous », pour le terme, cf Le 9, 39; Ac 13, 13; pour la
pensée, cf 23, 41: «Allez loin de m oi.» —- «vous qui pratiquez l ’illégalité»,
cf 13, 41: «ceux qui commettent l ’illégalité», c’est-à-dire ce qui est défendu par
la Loi (la traduction «iniquité» est inexacte). Pour «l'illégalité», cf 13. 41;
23, 28; 24, 12; Ro 4, 7; 6, 19; 2 Co 6, 14; 2 Th 2. 3, 7; Ti 2, 14;
He 1, 9; 10, 17; 1 Jn 3, 4. Celui qui commet « l ’illégalité» est un «sans-loi»,
cf Le 22, 37; Ac 2, 23; 1 Co 9, 21; 2 Th 2, 8; 1 Tm 1, 9; 2 Pe 2, 8.
24 «ressemblera», cf v 26; 23, 1. «prudent», cf 24, 43; 23, 2, 4, 8, 9;
Le 12, 42; 16, 8.

MATTHIEU 76
prudent lequel a bâti sa maison sur le roc. “ Et la 7
pluie s’est abattue, et les torrents sont venus, et les
vents ont soufflé et se sont jetés sur cette maison,
et elle n’est pas tombée, car elle était fondée sur le
roc. “ Et quiconque entend ces paroles que je
dis et ne les met pas en pratique ressemblera à un
fou lequel a bâti sa maison sur le sable. ^ Et la
pluie s’est abattue, et les torrents sont venus, et les
vents ont soufflé et se sont précipités sur cette
maison, et elle est tombée; et sa chute a été
grande! »

Après le « Sermon »

Lors donc que Jésus eut achevé ces discours, ^


les foules étaient frappées de son enseignement;
^’ car il les enseignait comme ayant pouvoir, et ^
non comme leurs scribes.

26 « fou », dépourvu de jugement, cf 23, 17, 19; 25, 2, 3, 8; 1 Co 25, 27;


3, 18; 4. 10.
27 « chute », encore et seulement Lx: 2, 34. — La comparaison de Le est moins
palestinienne; elle évoque une maison bâtie sur de solides fondations dans le
voisinage d’une rivière.
28-29 «Lors donc que Jésus eut achevé», pour cette conclusion, cf 11, 1; 13,
53; 19, I; 26, 1. — «étaient frappées de son enseignement, car il les ensei­
gnait... », cf Mc 1, 22 (presque identique), et la note.

77 M A TTH IEU
Vie de Jésus,
X V - siècle.

Guérison d’un lépreux

8 ‘ Quand il descendit de la montagne, des foules


U \.u^6 nombreuses le suivirent. ^Et voici qu’un lépreux,
s’avançant, se prosternait devant lui, en disant:
« Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. » ^ Et,
étendant la main, il le toucha, en disant: « Je le
veux, sois purifié. » Et aussitôt sa lèpre fut purifiée.
'*Et Jésus lui dit: « Attention! ne le dis à personne;
mais va te montrer au prêtre, et présente le don
qu’a prescrit Moïse, en témoignage pour eux. »

1 Le V J n’a pas de parallèle dans Mc et Le. — Les trois récits ne présentent


que de menues divergences. A signaler l ’cMnission par Mt de « pris de pitié »
(Mc, V 41) et de « l ’ayant grondé, aussitôt il le chassa » (Mc v 43).

MATTHIEU 78
A Capharnaüm. Guérison du serviteur d’un
centurion

®Quand il fut entré à Capharnaüm, un centurion 8


Le 7. 1-10
s’avança vers lui, le priant ^ et disant: « Seigneur, Jn 4. 46-U
mon serviteur est couché chez moi, paralysé, terri­
blement torturé. » ^ Il lui dit: « Moi je viendrai le
guérir. » *Répondant, le centurion déclara: « Sei­
gneur, je ne mérite pas que tu entres sous mon toit,
mais commande seulement d’une parole, et mon ser­
viteur sera guéri. ’ Car moi, qui suis un subalterne,
j’ai sous moi des soldats, et je dis à l’un: Va, et il
va; et à un autre: Viens, et il vient; et à mon
esclave: Fais ceci, et il le fait. » En entendant,
Jésus fut dans l’admiration, et il dit à ceux qui sui­
vaient: « En vérité je vous le dis: Chez personne je
n’ai trouvé une telle foi en Israël. " Je vous dis que Le 13.2S-29

beaucoup arriveront du Levant et du Couchant et


se mettront à table avec Abraham, Isaac et Jacob
dans le royaume des Cieux, tandis que les fils du

5-13 A son habitude, Mt condense; il ne mentionne ni la démarche des anciens


(Le 7, 3), ni celle des amis (Le 7, 6 )\ c’est le centurion qui vient lui-même (v 3).
En revanche, il loue la foi du centurion, en ajoutant au récit les w 11 et12,
que Le place dans un autre contexte (Le 13, 28 sv).
5 «Capharnaüm», cf Mc 1, 21, et la note. — «u n centuriem », officier subal­
terne qui commandait une centurie, la plus petite unité de l'infanterie romaine,
une centaine d ’hommes.
6 « serviteur », encore w 8, 13; Le écrit tantôt « esclave », w 2, 3, 10, tantôt
« serviteur » v 7. — « torturé », pour ce terme, cf v 29; Mc 5, 7; Le 8, 28;
2 Pc 2, 8; Ap 9, 3; 11, 10; etc.
8 « je ne mérite pas », cf 3, 11; Mc 1, 7; Le 3, 16; 7, 6.
10 « fut ^ u s l ’admiration », comme Le 7, 9; ou « s’étonna », comme Mc 6, 6.
11 «Levant, Couchant», cf 24, 27; Le 13, 29; Ps 107, 3; Is 43, 3 sv; 49, 12;
Zach 8, 7 — « se mettront à table », sur la félicité du Royaume comparé à un
festin, cf 22. 1-14; 26, 29; Le 14, 13; 22, 30; Ap 3, 20; 19, 9; Is 25, 6: «Yahvé
des armées fera pour tous les peuples un festin de viandes grasses, un festin de
vins dépouillés, de viandes grasses, pleines de moelle, de vins dépouillés,
clarifiés. »

79 M A TTH IEU
8 Royaume seront rejetés dans les ténèbres du
dehors: là seront les sanglots et les grincements de
dents. »
Et Jésus dit au centurion: « Va; comme tu as
cru qu’il te soit fait! » Et le serviteur fut guéri à cette
heure-là.

Guérison de la belle-mère de Pierre

Mc 1,29-n 14£j. étant allé dans la maison de Pierre, vit


^ sa belle-mère couchée et fiévreuse. Et il lui
toucha la main, et la fièvre la quitta; et elle se leva,
et elle le servait.

Guérisons collectives du soir


Mc 1,32-M
Le soir venu, on lui présenta beaucoup de dé­
Le 4,40-41
moniaques, et il chassa les esprits d’une parole. Et
tous ceux qui allaient mal, il les guérit, ” afin que

12 «les fils du Royaume» (13, 38), ceux à qui il est destiné, les fils d’Israël,
ceux qui disent: « Nous avons pour père Abraham ». — Sur « le Royaume »,
cf 4, 23; 9, 33; 13, 19, 38; 24, 14; Le 12, 32. — « les ténèbres du dehors », encore
et seulement 22, 13 et 25, 30. — « les sanglots et les grincements de dents »,
l ’expression revient, comme un sinistre refrain: 13, 42, 30; 22, 13; 24, 31; 25, 30;
Le 13, 28.
13 « qu’il te soit fait... », cf 9, 29; 15, 28. — « à cette heure-là », cf 18, 1; 26,
33; Mc 13, 11; Le 7, 21. On trouve encore «dès cette heure-là», 9, 22; 15, 28;
17, 18; 27, 43; « à cette heure même », Le 2, 38; 10, 21; 12, 12; 13, 31; 20, 19.
14-15 Les r^ its des parallèles sont très proches, se distinguant seulement par de
menus détails. Comme toujours, c’est Mc le plus vif. Je plus « enlevé », cf sur­
tout; « et aussitôt ils lui parlent d ’elle ».
16-17 Mt commente par. une citation d ’Isaie.
16 «L e soir venu», une fois le sabbat passé, cf Mc 1, 21, 29, 32. — «beau­
coup... tous», alors que Mc écrit «tous... beaucoup». — «ceux qui allaient
m al» (et non les «mal-portants», charabia), 4, 24; 9, 12; 14, 33; 17, 13;
Mc 1, 32; 2, 17; 6, 33; Le 5, 31; 7, 2.
17 «afin que s’accomplît», sur cet argument scripturaire, cf 1, 22, et la note
Le texte est d ’Isaïe 53, 4, que Mt cite ni d ’après l'hébreu, ni d’après les LXX.

M A TTH IEU 80
11 — « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton
frère, et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas !
Ou comment vas-tu dire à ton frère ; Laisse-moi retirer la paille de
ton œil, et voici la poutre dans ton œil !» (7, 3-4).
Commentaire sur les Evangiles. Lyon, 1482.
12 — Jésus chasse les démons qui 14 — Guérison du paralytique de |
s’en vont dans les cochons (8,30-32). Capharnaüm (9, 1-8).

12-15 — Bible latine, illustrations des


canons. Manuscrit du XJJ® siècle.
Bibliothèque Sainte-Geneviève, n° 10.

13 — Guérison de l’aveugle de Jé­ 15 — Guérison de l’aveugle de Beth-


richo (20, 29-34). saïde (Mc 8, 22-26).
16 — Guérison d’un lépreux (8,
1-4).

17 — La tempête apaisée (8, 23-27).


Commentaire sur les Evangiles. Lyon,
1482.
s ’accom plît ce qui avait été annoncé par Isaïe le 8
prophète, quand il dit:
Il a pris nos infirmités
et porté nos maladies.

Exigences de Jésus en matière de vocation apos­


tolique

Jésus, voyant une fou le autour de lu i, ordonna


de s’en aller à l ’autre rive.
Le 9, V-«0
E t, s ’avançant, un scribe lu i dit: « M aître, je te
suivrai où que tu ailles. » “ E t Jésus lu i dit: « Les
renards on t des tanières et les oiseaux du ciel des
abris, m ais le F ils de l ’hom m e n ’a pas où appuyer la
tête. » U n autre des disciples lu i dit: « Seigneur,
perm ets-m oi d e m ’en aller d ’abord et d ’ensevelir
m on père. » “ E t Jésus lu i dit: « Suis-m oi, e t laisse
les m orts ensevelir leurs m orts. »

La tempête apaisée
Mc
^ E t quand il fu t m onté dans le bateau, ses d is­
Le 8.22-2;
ciples le suivirent. “ E t voilà q u ’il y eut une grande
secousse dans la m er, d e sorte que le bateau était

18 = Me 4, ; ; ; Le 8. 22. qui tous deux ont le style ditect; « U leur dit: Passems
à l ’autre rive », au lieu de « J4sus ordonna de s'en aller 1 l ’autre rive ».
19-22 Le p w relate trois perdes de Jésus, et le contexte est meiUeur.
19 « un scribe », cf 2, 4, et le note. — « Maître », d ’enseignement,
20 a le Fils de rbonune », sur cette désignation de Jésus, cf 9, 6; 10, 23; 11, 19;
Mc 2, 10, et la note.
22 a les morts ensevelir lenrs morts », c’est-à-dire les morts spirituels ensevelir
ceux qui physiquement sont m otu. Le ajoute a pour toi, va-t’en divulguer le
Royaume de Dieu », et présente un ttoisitoe interlocuteur. — Jésus n’a£net ni
restriction ni délai.
23-27 Vmr les notes de Mc.

81 HATTm EU
8 reœ u vert par les vagues. L ui cependant dorm ait.
“ E t, s ’étant avancés, ils l ’éveillèren t, en disant:
« Seigneur, au secours, nous périssons! » “ E t il leur
dit: « Pourquoi êtes-vous peureux, gens d e peu de
foi? » A lors, s’étant lev é, il menaça les ven ts et la
m er, e t il se fit im grand calm e. “ L es hom m es
furent étonnés: « Q u el est celui-là, d isaien t-ils, que
m êm e les vents e t la m er lu i obéissent! »

Les deux démoniaques du pays des Gadaréniens


et Vaventure des cochons
Me 3, 1-20
Le 8 , 26-39 “ E t quand il fu t arrivé à l ’autre rive, au pays des
G adaréniens, vinrent au-devant de lu i deux dém o­
niaques sortant des tom beaux. Ils étaient terribles
au poin t que personne ne parvenait à passer par
ce chem in. “ E t v o ici qu’ils se m irent à crier: « Q ue
nous veux-tu. F ils de D ieu? Es-tu venu ici pour nous
torturer avant le tem ps? »
“ I l y avait, lo in d ’eux, un troupeau de nom breux
cochons en train de paître. ^ Les dém ons le
priaient, en disant: « Si tu nous chasses, envoie-
nous dans le troupeau de cochons. » “ E t il leur dit:
« A llez. » C eux-ci, étant sortis, s’en allèrent dans les
cochons. E t voici que tou t le troupeau s’élança du
haut de l ’escarpem ent dans la m er, et ils m oururent
dans les eaux.

28-34 Voir l a n o ta de Mc.

M A TTH IEU 82
L es gardiens prirent la fu ite e t, s ’en étant allés 8
à la v ille , ils annoncèrent tou t, ainsi que l ’affaire
des dém oniaques. ^ E t vo ici que tou te la v ille
sortit au-devant de Jésus, et quand ils l ’eurent vu ,
ils le prièrent d e quitter leur territoire.

Guérison d’un paralytique à Capharnaüm et discus­


sion sur le pouvoir de remettre les péchés

* E t, m ontant dans im bateau, il refit la traversée 9


Mc 2, 1-12
et v in t dans sa v ille . ^ E t voici q u ’on lu i présentait Le î . 17-26
un paral}Ttique couché sur un lit. E t, voyant leur fo i,
Jésus d it au paralytique: « Courage, m on enfant!
tes péchés sont rem is. »
^.Et v o ici que quelques-uns des scribes dirent en
eux-m êm es: « C elu i-là b la sp h èm e!» ^E t Jésus,
sachant leurs pensées, dit: « Pourquoi ces pensées
m auvaises dans vos cœ urs? ®Q uel est en effet le
plus facile, d e dire: T es péchés sont rem is, ou de
dire: L ève-toi e t marche? * E h bien! pour que vous
sachiez que le F ils de l ’hom m e a pouvoir sur la
terre de rem ettre les péchés, lève-toi, d it-il alors au
paralytique, prends ton lit e t va-t’en chez toi. » ’ E t,

1-8 Récit à ég ig t de tous les éléments pittotesques qui tendent si vivant le texte
paialléle de Mc.
1 « sa ville » (8, 11, 23; 17, 24), Capharnaüm, cf Mc 1, 21, et la note.
2 « couiM », cf 8, é. — « Courage! » cf v 22; 14, 27; Mc 6, 30; 10, 49; Jn 16,
33; Ac 23, 11. — « mon enfant » (lit; « enfant »), cf 21, 28; Mc 2, } par; 10, 24;
Le 2, 48; 13, 31; 16, 23.
3 * scribe» » cf 2, 4; 5, 20; 7, 25»; 12, 38; 15, 1; etc. Voir Mc 1, 22, et la note.
— « Celui-li », mferisaot.
6 « le Fils de limmme », cf 8, 20; 10, 23; 11, 19; 12, 8, 32; etc. Voit Mc 2, 10,
e t la note.

83 M A TT H IE U
9 se levant, il s’en alla chez lui. * A cette vue, les
foules eurent peur, et elles glorifièrent Dieu, qui
avait donné un tel pouvoir aux hommes.

Appel de Matthieu et discussion sur la fréquenta­


tion des publicains et des pécheurs

Mc 2, u-17 9 passant plus loin, Jésus vit, assis au bureau


Le 5,27.32 péage, un homme appelé Matthieu. Et il lui dit:
« Suis-moi. » Et, se levant, il le suivit.
^®Or, tandis qu’il était à table dans la maison,
voici que beaucoup de publicains et de pécheurs,
étant venus, se mirent à table avec Jésus et ses
disciples. " Et, voyant cela, les Pharisiens disaient
à ses disciples: « Pourquoi votre maître mange-t-il
avec les publicains et les pécheurs? » Mais lui,
ayant entendu, dit: « Ce ne sont pas les gens vali­
des qui ont besoin de médecin, mais ceux qui vont
mal. Allez donc apprendre ce que signifie: Cest

8 « glorifièrent Dieu, qui avait donné un tel pouvoir aux hommes », cf Mc 2,


12: « tous étaient stupéfaits et glorifiaient Dieu, en disant: Jamais nous n’avons
vu ça! » Le 5, 26-. « La stupeur les prit tous, et ils glorifiaient Dieu. Et ils
hirent remplis de peur et ils disaient: « Nous avons vu d ’étranges choses aujour>
d’hui! »
9 Pour ce verset, voir les notes sur Mc 2, 14. — Le ajoute; « quittant tout ».
10 «dans la maison», celle de Jésus (?) v 28; 4, 15; 17, 25, ou celle de Mat­
thieu, ou...
11 « les publicains », cf Mc 2, 15, et la note. — « les pécheurs », ceux qui
n’obéissent pas à la Loi, et qui violent les prescriptions du code de pureté ali­
mentaire, cf 15, 1 svv; Mc 7, 1-5; Le 6, 52; 15, 2: « Celui-ci accueille des
pécheurs et m an^ avec eux! » Âc 11, 5; Ga 2, 12.
12 «ceux qui vont m al», cf 4, 24; 8, 16\ 14, 55; 15, 22; 17, 15; Mc 1, 52, etc.
— « les gens valides », ou « vigoureux »; Le v 51; « ceux qui sont en bonne
santé. »
13 Cf Os 6, 6, qui a été traduit; « C’est la fidélité que je veux, et non le sacri­
fice. » — « venu », cf 5, 17 et la note. — « appeler », au Royaume, cf Ro 8, 50;
9, 12; 1 Co 7, 15 sv; etc.

MATTHIEU 84
la miséricorde que je veux, et non le sacrifice; car 9
je ne suis pas venu appeler des justes, mais des
pécheurs. »

Discussion sur le jeûne


Mc 2,18-22
Alors s’avancent vers lui les disciples de Jean,
Le 5 , 33-39
qui disent: « Pourquoi est-ce que nous et les Phari­
siens nous jeûnons et que tes disciples ne jeûnent
pas? » Et Jésus leur dit: « Est-ce que les compa­
gnons de l’époux peuvent être dans le deuil tant
que l’époux est avec eux? Viendront des jours où
l’époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront.
« Et personne n’ajoute à un vieux manteau un
ajout d’étoffe non foulée; car son morceau rapporté
enlève un bout du manteau, et une déchirure pire
se produit.
« On ne met pas non plus du vin nouveau dans
de vieilles outres; sinon, certes, les outres crèvent,
et le vin se répand et les outres sont perdues. Mais
on met le vin nouveau dans des outres neuves, et
tous deux se conservent. »

14 «les disciples de Jean», cf 11, 2; 14, 12; Mc 6, 29\ Le 7, 18 sv; 11, I;


Jn 1, 33-, 3, 23; 4, 1; Ac 18, 25\ 19, 2-4. — « nous jeûnons », cf 6, 16-18-, Lev 16,
29-31, et 23, 27-32, où le jeûne est qualifié d’« affliction de l ’âme»; Zach 8, 19:
quatre jeûnes, qui commémorent les grands désastres de l ’histoire du peuple
d’Israël. Il y avait aussi les jeûnes volontaires, comme ceux dont se vante le
Pharisien de Le 18, 12: « je jeûne deux fois la semaine. »
15 « les compagnons de l ’époux », cf Mc 2, 19, et la note. On traduit aussi
« garçons d ’honneur, garçons de noce », qui dans le contexte, n’est pas sans
étrangeté. — « l ’époux leur sera enlevé », cf M c 2, 20, et la note.
16-17 Pour ces deux versets, cf les notes sur Mc 2, 21-22. — Le ajoute(v 39):
« Et personne, après avoir bu du [vin] vieux, ne veut du nouveau. On dit en
effet: C’est le vieux qui est bon. »

85 ItfATTHIEU
Guérison d'une hémorrdisse et résurrection de la
fille d'un chef

9 Tandis qu’il leur disait cela, voici qu’un chef,


L? siSlô s’avançant, se prosternait devant lui, en disant:
« Ma fille est morte à l’instant, mais viens poser ta
main sur elle, et eUe vivra. » Et, se levant, Jésus
le suivait, ainsi que ses disciples.
Et voici qu’une femme, qui perdait du sang
depuis douze années, s’avançant par-derrière,
toucha la frange de son manteau. Car elle se
disait: « Si seulement je touche son manteau, je
serai sauvée! » ^ Jésus, se retournant et la voyant,
dit: « Courage, ma fille, ta foi t’a sauvée! » Et la
femme fut sauvée dès cette heure-là.
Et, arrivé à la maison du chef et voyant les
joueurs de flûte et la foule qui faisait du tumulte,
Jésus disait: « Retirez-vous; car elle n’est pas
morte, la fillette, mais elle dort. » Et ils se mo­
quaient de lui. ^ Lorsque la foule eut été poussée
dehors, il entra, prit sa main, et la fillette se leva.
“ Et sa renommée se répandit dans tout ce pays.

18-25 Récit pâle, sdiématiqae, qui laisse l ’impression d’un résumé de Mc, auquel
nous renvoyons pour les notes.
18 « un chef », probablement de synagogue, comme Jalte des textes parallèles.
— « poser ta main sur », cf Mc 7, 32; « poser les mains sur », cf 19, 13, 15;
Mc 5, 23; 6, 5; 8, 23, 25; 16, 18; Le 4, 40; 13, 3; etc.
22 « dès cette heure-là », cf 8, 13, et la note.
25 « poussée dehors », et non « diassée », qui semble trop violent.
26 « se répandit », lit: « sortit », cf Le 4, 14.

MATTHIEU 86
Guérison de deux aveugles

^ Et alors que Jésus passait plus loin, deux aveu­


gles le suivirent, criant et disant: « Aie pitié de
nous. Fils de David! » ^ Quand Jésus fut arrivé à la
maison, les aveugles s’avancèrent vers lui, et il leur
dit: « Croyez-vous que je puis faire cela? » Ils lui
disent: « Oui, Seigneur. » ® Alors il leur toucha les
yeux, en disant: « Selon votre foi qu’il vous soit
fait! » ^ E t leurs yeux s’ouvrirent. Et Jésus les
gronda, en disant: « Attention! que personne ne le
sache. » Mais eux, une fois sortis, le divulguèrent ^ *' ^
Mc 1 .4S
dans tout ce pays.

Guérison d*un muet démoniaque

Tandis qu’ils sortaient, voici qu’on lui présenta


un muet démoniaque. Le démon chassé, le muet
parla. Et les foules furent dans l’admiration.
«Jamais, disaient-elles, rien de tel n’a paru en
Israël! » ^ Mais les Pharisiens disaient: « C’est par
le chef des démons qu’il chasse les démons. »

27-31 Propre à Mt; rapprocher 20, 29-34.


27 « alors que Jérâs passait plus loin », cf v 9. — « deux aveugles », encore 20,
30 sw ; 8, 28: deux dâionii^ues. — «PUs de David» (12, 23\ 15, 22; 21, 9, 15),
sur cette appellation messianique, cf 1, 1, et la note.
29 « Selon votre foi qu’il vous soit fait! » cf 8, 13; 15, 28; 26, 42.
30 « les gronda », pour ce terme qui exprime une émotion violente, cf Mc 1, 43,
et la note. — « que personne ne le sache », sur cette injonction destinre à
protéger Jésus cmitre les numifestations de la ferveur populaire, cf 12, 16 =
Mc 3, 12; 17, 9 = Mc 9, 9; Mc 1, X = Le 4, 41; 5, 4 i = Le 8, 56; 7, 36; 8, 26.
31 « le divulguèrent », le terme ne se rencontre qu’ime autre fois, 28, 15.
— Sur cette désobéissance, cf Mc 1, 45.
32-34 Pas de parallèle pour rensemble du récit, mais plusieurs points de
contact. — Sur le «m uet démoniaque», cf 12, 22; Le 11, 14. — Sur «les foules
dans l ’admiration», cf Le 11, 14. — Sur «Jam ais rien de tel n ’a paru en

87 MATTHIEU
Jésus enseignant
dans une
synagogue.
Vie de Jésus,
XV* siècle.

Pitié de Jésus pour les foules

Et Jésus parcourait toutes les villes et tous les


Mt 4 ,2 3
villages, enseignant dans leurs synagogues, pro­
clamant l’Evangile du Royaume et guérissant toute
maladie et toute débilité. ^ Voyant les foules, il en
eut pitié, parce qu’elles étaient fatiguées et pros­
Mc 6 ,3 4
trées comme des brebis qui n*ont pas de berger.
Le 10, 2
Alors il dit à ses disciples: « La moisson est
abondante, mais les ouvriers peu nombreux;
priez donc le Seigneur de la moisson de dépê­
cher des ouvriers à sa moisson. »
Israël! » cf Mc 2, 12: « Jamais nous n’avems vu ça! * — Sur le v 34, cf 12, 24 =
Le 11, 15.
35 « parcourait... », cf 4, 23; Mc 6, 6. — « toute maladie et toute débilité », cf 4,
23; 10, 1.
36 « il en eut pitié », cf 14, 14; 15, 32; 18, 27; 20, 34. — « comme des brebis qui
n’ont pas de berger », cf Nomb 27, 17; 1 Rs 72, 17‘, Jr 50, 6; Ez 34, 5; Ps 119,
176-, Jdt 11, 19-, 1 Pe 2, 25. Voir aussi 26, 31 et par.
37 « la moisson », cf 13, 30, 39; Mc 4, 29; Le 10, 2 par-, Jn 4, 35; Ap 14, 15 sv.
— « dépêcher »; « envoyer » est insuffisant, « expédier », étrange etamphibo­
logique.

MAT’THIEU 88
Liste des Douze

^ Et, appelant à lui ses douze disciples, il leur 10


donna pouvoir sur les esprits impurs, de manière à ^
les chasser et à guérir toute maladie et toute ^
débilité.
^ Voici les noms des douze Apôtres: premier,
Simon, appelé Pierre, et André son frère, et
Jacques, le [fils] de Zébédée, et Jean son frère,
^ Philippe et Barthélemy, Thomas et Matthieu le pu-
blicain, Jacques, le [fils] d’Alphée, et Thaddée,
^ Simon le Cananéen, et Judas ITscariote, celui-là
même qui allait le livrer.
^ Ces douze, Jésus les envoya [en mission] avec ^ ^
Le 9, 1- 2
les prescriptions suivantes:

Prescriptions pour le présent

« Ne prenez pas le chemin des nations, et n’entrez


pas dans une ville de Samaritains. ^ Allez plutôt
U 10, 9-n
vers les brebis perdues de la maison d’Israël. ^ Sur

1 Cf Mc 6, 7; Le 9, 1. — « appelant à lui », c£ Mc 6, 7; Le 9, 1. — « pouvoir


sur les esprits impurs », cf Mc 6, 7; 1, 23; 3, 15. — « maladie, débilité », cf 4, 23;
9, 35.
2-4 Cf Mc 3, 16-19, et les notes.
4 « qui allait le livrer »; Mc 3, 19; « celui-là même qui le livra », Le 6, 16:
« qui devint un traître »; Jn 6, 71: * celui qui devait le livrer. »
5 Comme les autres ^ands discours de Mt, celui-ci se compose de paroles de
Jésus prononcées en diverses circmistances. — « Ne prenez pas le chemin des
nations », omis par Le. Cf 15, 24: « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de
la maison d ’Israël. » — « Samaritains », frètes ennemis, de race hybride (2 Rs 17,
24 sv), schismatiques, hérétiques, méprisés des Juifs (« le peuple sot qui habite a
Sichem », Sir 50, 26). — Cette interdiction n ’est qu’une limitation provisoire de
l’apostolat; plus tard l ’Evangile devra être prêché « dans le monde entier »
(26, 13), à « toutes les nations » (28, 19).
6 « les brebis perdues... », cf L5, 24; 9, 36; et la note. — « maison d’Israël », cf

89 MATTHIEU
10 votre route, proclamez que le royaume des deux
Mc 6, 8-11 procie. * Guérissez les malades, faites se
^ iS; ii 2 relever les morts, purifiez les lépreux, chassez les
démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gra­
tuitement. *^Ne vous procurez ni or, ni argent, ni
menue monnaie pour vos ceintures, ^®pas de be­
sace pour le chemin, ni deux tuniques, ni chaussures,
ni bâton; car Touvrier a droit à sa nourriture. En
quelque viQe ou village que vous entriez, enqué-
rez-vous de qui en cet endroit est digne, et demeu­
rez là jusqu’à ce que vous partiez. ^^En entrant
dans la maison, saluez-la. ^^Et si la maison en est
digne, que votre paix vienne sur elle; si elle n’est
pas digne, que votre paix retourne sur vous.
Quant à celui qui ne vous accueillerait pas et
n’écouterait pas vos paroles, en sortant hors de
cette maison ou de cette ville, secouez la pous-
Mt 11,24 gj^jg jg ^Qg pîejJs. ^^En vérité je vous le dis: Ce

15, 24i Ac 2, 36; 7, 42 (citation d ’Amoa); He 8, 8, 10 (citation de Jérémie).


7 Ct 3, 2; Mc 1,15, et la note.
8 Cf 11, 5 = Le 7, 22. Ces miracles étaient un signe de la venue des temps
messianiques, cf Is 32, 3 sv; 35, 5 sv. — « purifiez ». pour le terme, cf Mc 1, 40,
et la note. — « donnez gratuitement », Paul sera fidèle à cette cmisigne, 1 Co 4,
12; 9, 12, 18; 2 Co 11, 7-10; 12, 13-18; 1 Th 2, 5; 2 Th 3, 8 sv; Ac 20, 33-33.
Pierre fera de même, Ac 3, 6; 8,18-20.
9 « Ne vous procurez », compaier avec Mc 6, 8; Le 9, 3; 10, 4.
10 « pas de besace », pour y mettre des provisions de route. — « ni bâton »,
autorise Mk; 6, 8. — « dunissures », en Mc 6, 9 * chaussés de sandalettes ». —
« digne de sa nourriture », Le 10, 7: « digne de son saiaire », 1 Co 9, 4-14; 1 Tm
5, 18.
11 « demeurez là », Le 10, 7 ajoute: « Ne passez pas de maison en maison. »
12 «saluez-la». Le 10, 5: « ^ te s d’abord: Paix à cette maison.» — «que votre
paix vienne sur elle », la « paix » est personnifiée, comme la Malédiction en Zach
5, 3 sv.
13 « Et si la maison en est digne », Le 10, 6: « Et s’il y a là tm fils de paix »
(hébraïsme).
14 « sortant dehors », pour rendre toute la force de l’orifpnal. — « secouez la
poussière de vos pieds »; Le 10, 11: « Même la poussière qui, de votre ville, s’est
attachée à nos pieds, nous l ’essuyons pour vous [la laisser] »; Le 9, 5; Ac 13, 31.
En 6, 11: « secouez la terre qui est sous vos pieds. »
15 « Sodome », 11, 23, 24; Le 10, 12; 17, 29; Ro 9, 29; « Sodome et Gomorrhe »,

M A TT H IE U 90
sera plus supportable pour le pays de Sodome et 10
de Gomorrhe, au jour du Jugement, que pour cette
ville.

Prescriptions pour Vavenir

Voici que moi je vous envoie comme des


brebis au milieu de loups; montrez-vous donc pru- ^ ^
dents comme les serpents et simples comme les
colombes.
« Méfiez-vous des hommes; car ils vous livre-
ront à des sanhédrins, et dans leurs synagogues ils ^ 21,12-15»
vous fouetteront. Devant des gouverneurs et
des rois vous serez amenés à cause de moi, en
témoignage pour eux et pour les nations. Lors­
qu’on vous livrera, ne vous mettez pas en soud de ^
ce que vous direz ni comment; car il vous sera
donné à cette heure-là ce que vous devrez dire;
^ ce n’est pas vous en effet qui parlerez, mais
c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous.
Le frère livrera son frère à la mort, et le père son

10, 15; 2 Pc 2, (5; Ju V 7; « Sodome et Egypte », Ap 11, 8. — Sur le difttiment


de S o c^e^ cf Gn 19, 24 sv, 28 sv; I s 1, 9 sv.
16 « brebis au milieu de loups », Le 10, 3: * agneaux au milieu de loups »;
Jn 10, 12; Ac 20, 29. — « prudents », cf 7, 24; 24, 43; 25, 2, 4, 8, 9, etc. —
« comme les serpents », cf 2 Co 11, 3: « Eve, que le serpent séduisit par son
astuce. » — « simples », ou « purs ».
17 « sanhédrins », tribunaux locaux, cf 5, 22. — « ils vous fouetteront »,
cf 20, 19; 23, 34; Mc 10, 34; Le 18, 33; He 12, 6. Pour ledit supplice, cf Deut
25, 2 sv. — « en témoignage », cf 8, 4 et par.
19 a Le 12, 11.
20 Cf Le l2, 12: « le Saint E ^ r it vous enseignera », mais 21, 15: « moi je vous
donnerai un langage. »
21 S’inspire de Mic 7, 6 qui décrit l’état de tension et de lutte en Juda, dans la
première moitié du 8* siècle av. J.-C.

91 M A TTH IEU
10 enfant; et les enfants se dresseront contre les pa­
rents et les mettront à mort, “ et vous serez haïs
de tous à cause de mon Nom. Mais celui qui tien­
dra jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. ^ Lorsqu’on
vous persécutera dans telle ville, fuyez dans une
autre; car, en vérité je vous le dis, vous n’en aurez
pas fini avec les villes d’Israël que le Fils de
l’homme viendra.

Prescriptions diverses

Le 6,40 24 Le disciple n’est pas au-dessus du maître, ni


i5;2o l’esclave au-dessus de son seigneur; “ il suffit au
Mt 12,24 disciple d’être comme son maître, et à l’esclave
comme son seigneur. S’ils ont traité le maître de
maison de Béelzéboul, combien plus [le feront-ils
Mc 4,22
pour] les gens de sa maison! “ Ne les craignez donc
^ il; ^2- 3 pas, car rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, et rien
n’est secret qui ne sera connu. “ Ce que je vous
dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière, et
ce que vous entendez à l’oreille, proclamez-le sur
les terrasses. “ Et ne craignez rien de ceux qui
tuent le corps, mais ne peuvent tuer l’âme. Crai-

22 « haïs de tous », 24, 9: « haïs de toutes les nations »; sur la haine qui attend
les disciples, cf v 24; 24, 5> = Mc 13, 13; Le 6, 22; 21, 17; Jn 15, 18, 19, etc. —
« qui tiendra jusqu’à la fm », cf 24, 13; Mc 13, iJ .
23 « le Fils de l ’homme viendra », sur la proximité de cette venue, de quelque
façon qu’on l ’entende, cf 16, 28 et par; 26, 64 et par; Ap 1, 3; 3, 11; 12, 12;
22, 7, 10.
24 Cf Le 6, 40.
25 Cf 12, 22, 24. — Sur * Béelxéboul », cf Mc 3, 22, et la note.
26 a Mc 4, 22 = Le 8, 17.
27 « entendez à l ’oreille », expression unique; Le 12, 3: « ce que vous aurez dit
à l ’oreille. » — « sur les terrasses », toits plats des maisons orientales, les habi­
tants y passent des heures et conversent volontiers d’une terrasse à l ’autre; pour
le terme, cf 24,17 et par; Le 5, 19; Ac 10, 9.

M A TT H IE U 92
gnez plutôt Celui qui peut faire périr et Pâme et le 10
corps dans la géhenne. Est-ce que deux moi- ^ ^
neaux ne se vendent pas un as? Et pas un d’entre
eux ne tombera à terre sans [la permission de]
votre Père. ^ Quant à vous, même les cheveux de
votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans
crainte; vous valez plus, vous, qu’une multitude de
moineaux.
« Quiconque donc se déclarera pour moi ^ ^
devant les hommes, je me déclarerai pour lui, moi ^ il; 9

aussi, devant mon Père qui est dans les deux;


mais celui qui me reniera devant les hommes, je
le renierai, moi aussi, devant mon Père qui est dans
les deux.
« Ne croyez pas que je sois venu apporter la ^
paix sur terre; je ne suis pas venu apporter la paix,
mais le glaive. Car je suis venu séparer [et dres­
ser] l’homme contre son père, et la fille contre sa
mère, et la bru contre sa belle-mère; ^ et Vhomme
aura pour ennemis les gens de sa maison. Qui
aime père ou mère plus que moi n’est pas digne
de moi, et qui aime fils ou fille plus que moi n’est ^

28 « râm e », principe vital, et partie la plus noble de l ’être humain; cf Le 12, 4


SV. — Sur la •« géhenne », cf 5, 22, et la note.
29 Cf Le 12, 6: « Est-ce que cinq moineaux ne se vendent pas deux as? » L’dr
était une toute petite monnaie romaine.
30 « les cheveux de votre tête sont tous comptés », cf Le 21, 18: « pas un
cheveu de votre tête ne périra. »
31 Cf 6, 26-, 12, 12.
32 « se déclarera pour moi », encore et seulement Le 12, 8.
33 « me reniera », cf Le 12, 9; Jn 13, 38; Ac 3, 13, 14; 7, 33; 1 Tm 5, 8;
2 Pe 2, 1; 1 Jn 2, 22, 23; Ju v 4; A p 2, 13; 3, 8.
34 « Ne croyez pas », encore et seulement 3, 17. — « venu », en mission, cf 5,
17, et la note. — « apporter », lit: a jeter ».
35-36 Cf Mic 7, 6, dans un passage où le prophète décrit l ’état de corruption et
de déloyauté de ses congénères.
37 a Le 14, 26 SV.

93 M A TTH IEU
10 pas digne de moi; ^®et qui ne saisit pas sa croix
Mt 16,2^
et ne me suit pas n’est pas digne de moi. ^®Qui
aura trouvé sa vie la perdra, et qui aura perdu sa
vie à cause de moi la trouvera.
Le 9 ,4 8
10,16 ^ « Qui vous accueille, c’est moi qu’il accueille,
et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.
Qui accueille im prophète en qualité de pro­
Jn 12,44
13,20 phète recevra un salaire de prophète, et qui
accueille un juste en qualité de juste recevra un
salaire de juste. ^^Et quiconque donnera à boire,
Mc 9,41
ne fût-ce qu’ime coupe d’eau fraîche, à l’un de ces
petits, en qualité de disciple, en vérité je vous le
dis: il ne perdra pas son salaire. »

Jésus continue à enseigner

11 ^ Lors donc que Jésus eut achevé de donner ses


prescriptions à ses douze disciples, il partit de là
pour enseigner et proclamer dans leurs villes.

10 38 « ne saisit pas »; ailleurs « prendre », 16, 24 = Mc 8, 34 = Le 9, 23; 27, 32


= Mc 15, 21; * porter », Le 14, 27; Jn 19, 17.
39 Cf 16, 25 = Mc 8, 35 = Le 9, 24; encore Le 17, 33; Jn 12, 25.
40 « Celui qui m’a envoyé », cf Jn 12, 44, 49; 13, 20; 20, 21.
41 « prophète, juste en Mt seulement.
42 Cf Mc 9, 41: «O ui, quiconque vous donnera à boire une coupe d ’eau pour
la raison que vous êtes à Christ, en vérité, je vous dis qu’il ne perdra pas son
salaire. »
11 1 « Lors donc que... », cf 7, 28, et la note.

M A TT H IE U 94
Message de Jean-Baptiste et témoignage rendu
par Jésus à son précurseur

^ Jean, ayant appris dans la prison lès œuvres du 11


Christ, lui envoya dire par ses disciples: ^ « Es-tu Le 7 , 18-28
celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un
qui soit différent? » ^ Et, répondant, Jésus leur dit:
« Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et
voyez: ^ les aveugles recouvrent la vue, et les boi­
teux marchent, les lépreux sont purifiés, et les
sourds entendent, et les morts se relèvent, et les
pauvres sont évangélisés; ^et heureux celui qui ne
se scandalisera pas à mon sujet! »
^ Tandis que ceux-ci s’en allaient, Jésus se mit à
dire aux foules au sujet de Jean: « Pourquoi êtes-
vous sortis dans le désert? Pour contempler un ro­
seau agité par le vent?... ®Mais pourquoi êtes-vous
sortis? Pour voir un homme douillettement vêtu?...
Or ceux qui portent des habits douillets sont dans

2 « dans la prison », cf 4, 12, et surtout 14, 3-12. La prison était celle de


Machéronte, sur la rive orientale de la mer Morte. — « les oeuvres du Christ »,
d Jn 6, 28; 9, 3: « les oeuvres de Dieu»; 10, 23, 32 (?); 14, 12; 15, 24: «les
oeuvres que moi je fais. » — « par ses disoiples », Le par: « par deux de ses
disciples. »
3 « celui qui doit venir », cf Jn 6, 14; 11, 27. — « en attendre un qui soit diffé­
rent? » Jean ne doute pas, mais il demeure perplexe devant un Messie si peu
semblable à celui qu’il avait annoncé (3, 11 sv).
5 Pour l ’annonce de ces miracles, cf Is 29, 18 sv; 35,5 sv; 42, 7; etc. — « les
lépreux sont purifiés », pour le sens de l ’expression, cf Mc1, 40, et la note.
6 «qui ne se scandalisera pas à mon sujet» (13, 37 = Mc 6, 3; 26, 31, 33),
c’est-à-dire qui ne sera pas heurté, jusqu’à en trébucher, par le caractère ambigu
et déconcertant de la personne et de l ’œuvre du Christ.
7 «dans le désert», celui de Judée, cf 3, 1; Mc 1, 3: «Et sortait vers lui tout
le pays de Judée, ainsique tous les habitants de Jérusalem »; Le 3, 2 sv. — « im
roseau... », alors que Jean Baptiste est la fermeté même, cf 14, 4; Mc 6, 18;
Le 3, 19.
8 « douillettement vêtu », alors qu’il a « un vêtement de poils de chameau et
un pagne de peau autour des reins », cf Mt 3, 4 = Mc 1, 6.

95 M A TT H IE U
11 les demeures des rois. ^Mais pourquoi êtes-vous
^ sortis? Pour voir un prophète? Oui, je vous le dis,
et plus qu’un prophète. C’est celui dont il est
écrit:

Yoici que moi f envoie mon messager en avant


[de toi,
pour frayer ton chemin devant toi.

« En vérité je vous le dis: Parmi ceux qui sont


nés des femmes il ne s’en est pas levé de plus grand
que Jean le Baptiste, pourtant le plus petit dans le
royaume des Cieux est plus grand que lui. De­
Le 16,16
puis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent,
le royaume des Cieux est violenté, et des violents
s’en emparent. Car tous les Prophètes et la Loi
Mt 17,11-13 prophétisé jusqu’à Jean; et si vous voulez
Mc 9 ,1 3
l’admettre, c’est lui l’Elie qui doit venir. Que
Jn 1,21
celui qui a des oreilles entende!

10 Cf Le par-, Mc 1, 2; Jn 3, 28. La citation est empruntée à Mal 3, 1. —


« frayer cf Le 7, 27 par-, Mc 1, 2; et non * ptépaiet », cf 3, 3; Mc 1, 3;
Le 3, 4.
11 « il ne s’en est pas levé », encore Le 7, 16.
12 « est violenté », par tous ceux qui, en dépit de leur indignité, forcent l ’entrée
du Royaume, cf 21, 31: « En vérité, je vous dis que les publicains et les prosti­
tuées vous précèdent dans le royaume de Dieu. »
14 Sur « l ’Elie qui doit venir », et qui « est déjà venu », cf 17, 11-13 = Mc 9,
11-13; Le 1, 17.
15 « Que celui qui a des oreilles entende! » cf 13, 9, 43; Mc 4, 9; Le 8, 8;

MATTHIEU 96
18 — Appel de Matthieu. « E t alors
que Jésus passait plus loin, il vit,
assis au bureau du péage, un homme
appelé Matthieu. Et il lui dit : « Suis-
moi. » (9, 9 ).
Peinture de Nicolo Torridi, X V i r
siècle. Musée de Rouen.

19 — Appel d’un disciple.


Evangiles en arménien. Manuscrit du
X V P siècle. Musée Condé, Chantilly,
n° 1346.
20 — La prédication de Jean-Baptiste.
Vitrail du X V P siècle. Eglise Saint-Patrice, Rouen.
Jugement porté par Jésus sur sa génération

« A qui puis-je assimiler cette génération? Elle 11


est semblable à des enfants assis sur les places Le 7 , 31-3}
publiques, qui, interpellant les autres, disent:
Nous vous avons joué de la flûte,
et vous n’avez pas dansé!
Nous nous sommes lamentés,
et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine!
« Jean est venu en effet, qui ne mangeait ni ne
buvait, et on dit: Il a un démon! *^Le Fils de
l’homme est venu, qui mange et boit, et on dit:
Voilà im homme glouton et ivrogne, un ami des pu-
blicains et des pécheurs! Et la Sagesse a été justi­
fiée par ses œuvres. »

Invectives de Jésus contre les villes des bords du


lac
Lc 10,13-13
^ Alors il se mit à blâmer les villes où avaient été
faits la plupart de ses miracles, parce qu’elles ne
s’étaient pas repenties: « Malheur à toi, Chora-
zin! Malheur à toi, Bethsaïde! Parce que, si les mi-

14, 33; on trouve aussi: « Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il
entende! » Mc 4, 23; 7, 16,
16 II s’agit d’enfants capricieux qui n’ont pas observé les règles du jeu.
18 Sur l ’ascétisme de Jean, cf Mc 1, 6 et par.
19 Sur « le Fils de l ’homme qui mange et boit », cf 9, 10; 26, 6; Le 7, 36;
10, 3S sw; 14, 1; 15, 2. — « la Sagesse », celle de Dieu. — « par ses oeuvres »;
Le par-, « p a r tous ses enfants. »
21 « Chorazin », dans la montagne, à environ 4 km au nord-ouest de
Caphamaüm. — « Béthsaïde » (Mc 6, 43; 8, 22; Le 9, 10; Jn 1, 44; 12, 21), à
environ 2 km au sud-estde l ’embouchure du Jourdain. — « Tyr et Sidon »,
châti&s pour leur conduite coupable, Am 1, 9 sv; Is 23; Jr 25, 22; 47, 4;
Ez 26-28.

97 MATTHIEU
11 racles qui ont été faits chez vous avaient été faits à
Tyr et à Sidon, il y a longtemps que, sous le sac et la
cendre, elles se seraient repenties. “ Aussi bien je
vous le dis, pour Tyr et Sidon, ce sera plus suppor­
table, au jour du Jugement, que pour vous. “ Et
toi, Capharnaüm, serais-tu élevée jusqu*au ciel}.,.
]usqu*à VHadès tu descendras! Parce que, si les mi­
racles qui ont été faits chez toi avaient été faits à
Sodome, elle serait encore là aujourd’hui. “ Aussi
Mt 10, W
bien je vous dis que, pour le pays de Sodome, ce
Le 10,12
sera plus supportable, au jour du Jugement, que
pour toi. »

ÎM révélation réservée aux simples. Le Père et le


Fils
Le 10, 21-22 25£j^ temps-là, prenant la parole, Jésus dit:
« Je te loue. Père, Seigneur du ciel et de la terre,
parce que tu as caché cela aux sages et aux intelli­
gents, et l’as révélé aux petits enfants. “ Oui,
Père, parce que tel a été ton bon plaisir. “ Tout
m’a été remis par mon Père, et personne ne recon-

22 « au jour du Jugement », le detnier.


23 « Caphamafim », cf 4, 13, et la note. — « serais-tu élevée... » s’inspire de
l ’admin^le satire d’Is 14, 3-23 sur la descente du toi de Babyloœ au diéol.
24 « ce sera plus supportable », cf 10, 13.
25 « E n ce temps-là» (cf 12, 1; 14, 1), noMtion dironolo^que vague et indéter­
minée. — « Jésus dit »: morceau de pensée et d’expression johannisante, mais
dont l ’authenticité ne doit pas être suspectée. — « intdligents », Le 10, 21 par-,
Ac 13, 7; 1 Co 1, 19. — « enfants », le terme exprime non la candeur, mais le
manque de savoir, cf 21, Î 6 \ Le 10, 21 p a r , Ro 2, 20; 1 Co 3, 1; 13, 11; Ga 4,
1, 3; Eph 4, 14: 1 Th 2, 7; He 3, 13.
26 « tel a été ton bon plaisir » (lit: « ainsi le bem plaisir s’est trouvé devant
toi »), il ne s’agit pas d ’une attitude autoritaire, mais d ’une décision libre et sou­
veraine.

MATTHIEU 98
naît le Fils si ce n’est le Père, personne non plus ne 11
reconnaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le
Fils veut le révéler.

Appel de Jésus

^ « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez


sous le fardeau, et moi je vous donnerai du repos.
® Prenez mon joug sur vous et recevez mes
leçons, parce que je suis doux et humble de cœur;
et vous trouverez du repos pour vos âmes. ^ Car
mon joug est bénin et ma charge légère. »

Les Pharisiens de plus en plus hostiles


La cueillette des épis et Vobservation du sabbat

^ En ce temps-là, Jésus s’en était allé, un jour de 12


sabbat, à travers les moissons; ses disciples eurent ^
faim, et ils se mirent à arracher des épis et à les
manger. ^Ce que voyant, les Pharisiens lui dirent:
« Voilà que tes disciples font ce qu’il n’est pas
permis de faire vm sabbat! » ^ Il leur dit: « N’avez-
vous pas lu ce que fit David, lorsqu’il eut faim, lui et
ceux qui étaient avec lui, ^comment il entra dans

27 « reconnaît... reconnatt », Le par: « connaît, connaît. » — Pour la pensfc, 11


c£ 1 Co 1, 19-29-, 2 Co 2, 6-9i Is 29, 14.
28-30 Un des morceaux les plus émouvants de tout l ’évangile, cf 2 Co 10, 1:
« la douceur et la modération <£i Christ. »
28 « peinez », c£ 6, 28; Le 5, 9; 12. 27; Ac 20, 99.
29 « prenez num joug », cf Sir 51, « mettez votre cou sous le joug. » —
« vous trouverez du repos » (citttion de Jr 6, 16; cf Is 28, 12), cf 12, 49; Le 11,
24 par; Ap 4, 8; 14, 11. ^ ^
12, 1-8 = Mc 2, 29-28; Le 6, 1-9. Menues divergences. Additions: w 9, 6, 7. 12
Voir les notes de Mc.

99 MATTHIEU
La cueillette des épis.
Bible italienne. Venise, 1558.

12 la maison de Dieu, et comment ils mangèrent les


pains de proposition, qu’il ne lui était pas permis
de manger non plus qu’à ses compagnons, mais
aux prêtres seuls? ^ Ou bien, n’avez-vous pas lu
dans la Loi que, le jour du sabbat, les prêtres
dans le Temple profanent le sabbat et ne sont pas
coupables? ^ Or je vous dis qu’il y a ici plus grand
que le Temple. ’ Si vous aviez su ce que veut dire;
Mt 9 ,1 3
C'est la miséricorde que je veux et non le sacrifice,
vous n’auriez pas condamné ceux qui ne sont pas
coupables, ®Car le Fils de l’homme est seigneur du
sabbat. »

MATTHIEU 100
La guérison de Vhomme à la main desséchée
et Vobservation du sabbat

^ Et, partant de là, ij vint à leur synagogue. Et 12


Mc 3, 1-16
voici un homme qui avait ime main desséchée. Et Le 6, 6-11
on interrogea [Jésus] en disant: « Est-il permis, un
jour de sabbat, de guérir? »; c’était pour l’accuser.
Il leur dit: « Quel est parmi vous l’homme qui,
n’ayant qu’une brebis et qu’elle tombe un jour de Le 13,13
14, 5

sabbat dans un trou, n’ira la saisir et la relever?


Or, combien un homme vaut plus qu’une brebis!
De sorte qu’il est permis, un jour de sabbat, de bien
faire. » Alors il dit à l’homme: « Etends ta main. »
Et il l’étendit, et elle fut rétablie, saine comme
l’autre, Une fois sortis, les Pharisiens tinrent con­
seil contre [Jésus ], afin de le faire périr.

La modestie et la douceur de Jésus prédites par


Isdie

Jésus, l’ayant su, se retira de là. Et beaucoup le


Mc 3,12!
suivirent, et il les guérit tous. Et il leur enjoignit
de ne pas le faire connaître, pour que s’accom­
plît ce qui avait été annoncé par Isaïe le prophète,
quand il dit:
Voici mon serviteur que fa i choisi,
mon bien-aimé qui a la faveur de mon âme.

9-14 = Mc 3, 1-6; Le 6, 6-11. Menues divergences. Additions; v 11 (cf Le 14,


3), 12. Voir les notes de Mc.
15-21 = Mc 3, 7-12, beaucoup plus développé.
17 « pour que s’accomplit », pour cet argument prophétique cher à Mt, cf 1, 22,
et la note.

101 M A TT H IE U
12 ]e mettrai mon Esprit sur lui,
et il annoncera le jugement aux nations.
Il ne disputera ni ne criera,
et on n'entendra pas sa voix sur les places;
^ il ne brisera pas le roseau froissé,
il n'éteindra pas la mèche qui fume encore,
jusqu'à ce qu'il ait mené le jugement à la vic­
toire.
Et c'est en son nom que les nations mettront
[leur espoir.

Jésus accusé par les Pharisiens de chasser les dé­


mons par Béelzéboul

Mc 3,22-27 22 ptésciité uii démoniaque aveugle


Le 11. 14-22 muet. Et il le guérit, de sorte que le muet parlait
et voyait. ^ E t toutes les foules étaient stupéfaites
et disaient: « Ne serait-ce pas le Fils de David? »
Les Pharisiens, en entendant, dirent: « Celui-là
ne chasse les démons que par Béelzéboul, le chef
des démons. » “ Sachant leurs pensées, il leur dit:
« Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté,
et toute ville ou maison divisée contre elle-même
ne se maintiendra pas. “ Et si le Satan chasse le
Satan, c’est qu’il s’est divisé contre lui-même. Com­
ment donc se maintiendra son royaume? ^ Et si

18-21 Cf Is 42, 1-4, premier poème du Serviteur. Le texte est cité en partie
selon l ’hébreu, en partie selon les LXX.
25-29 Voir les notes de Mc.

MATTHIEU 102
moi, c’est par Béelzéboul que je chasse les dé- 12
mons, vos fils, par qui les chassent-ils? Voilà
pourquoi eux seront vos juges. ^ Mais si c’est par
l’Esprit de Dieu que moi je chasse les démons, c’est
donc que le royaume de Dieu est arrivé jusqu’à
vous. ^ Ou bien, comment quelqu’un peut-il péné­
trer dans la maison de celui qui est fort et s’empa­
rer de ses affaires, s’il n’a d’abord lié celui qui est
fort? et alors il mettra sa maison au pillage.

Intransigeance de Jésus

^ « Qui n ’est pas avec moi est contre moi, et qui ^


ne ramasse pas avec moi disperse.

Le blasphème contre l'Esprit Saint

« Voilà pourquoi, je vous le dis, tout péché ou


blasphème sera remis aux hommes; mais le blas- ^
phème contre l’Esprit ne sera pas remis. Et celui
qui dit ime parole contre le Fils de l’homme, il lui
sera fait rémission; mais celui qui en dit une contre
l’Esprit, l’[Esprit] Saint, il ne lui sera fait rémission
ni dans ce monde-ci, ni dans le monde à venir.

Les paroles manifestent les dispositions du cœur

« Ou faites que l’arbre soit bon, et son fruit


[sera] bon, ou faites que l’arbre soit pourri, et son

30 A rapptocfaer Mc 9, 40.

103 MATTHIEU
12 fruit [sera] pourri; car c’est d’après le fruit que
l’arbre se connaît. ^ Engeance de vipères, com-
Lc 6,43-4? ment pouvez-vous dire de bonnes choses, mauvais
que vous êtes? Car c’est du trop-plein du cœur que
la bouche parle. L’homme bon, de son bon
trésor, tire de bonnes choses, et l’homme mauvais,
de son mauvais trésor, en tire de mauvaises. ^ Je
vous dis que de toute parole oiseuse que diront
les hommes, ils rendront compte au jour du Juge­
ment. Car c’est d’après tes paroles que tu seras
justifié et d’après tes paroles que tu seras con­
damné. »

Le signe de Jonas

Ut 16, 1-4 Alors quelques-uns des scribes et des Phari­


siens lui adressèrent la parole en disant: « Maître,
nous voudrions voir de toi un signe. » Répon­
dant, il leur dit: « Génération mauvaise et adultère
qui recherche im signe!... et de signe, il ne lui sera
donné que le signe de Jonas, le prophète. '’^Car,
de même que Jonas a été dans le ventre du gros

33 « pourri », cf 7, 17. — * c’est d’après le fruit que l ’arbre se connaît », même


pensée exprimée en d’autres termes 7, 16 sw .
34 « Engeance de vipères », cf 3, 7; 23, 33; Le 3, 7. — « trop-plein », Le 6, 4?
par.
37 « d ’après tes paroles que tu seras condamné» (cf Le 19, 22), parce qu’elles
manifestent les dispositions profondes, intimes, celles du « cœur » (34).
38 Sur cette avidité des Juifs pour les « signes » — dont leur histoire était pleine
— cf Jn 2, 18; 4, 48; 6, 30; 1 Co 1, 22.
39 « Giénération mauvaise et adultère », cf 16, 4; Le 11, 29 par, parce qu’elle a
trahi son époux, le Dieu d’Israël. Cta trouve encore « génération adultère et
pécheresse» (Mc 8, 38); «génération incrédule» (Mc 9, 19); «génération incré­
dule et pervertie» (Mt 17, 17; Le 11, 29); «dévoyée et pervertie» (Phi 2, 15);
« dévoyée » (Ac 2, 40), « mauvaise » (Mt 12, 45; Le 11, 29).

M A TTraEU 104
poisson trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de 12
l’homme sera dans le cœur de la terre trois jours et ^
trois nuits. Les hommes de Ninive ressusciteront,
lors du Jugement, avec cette génération, et ils la
condamneront, parce qu’ils se repentirent à la pro­
clamation de Jonas; et il y a ici plus que Jonas!
La reine du Midi se lèvera, lors du Jugement,
avec cette génération, et elle la condamnera,
parce qu’elle vint des extrémités de la terre pour
écouter la sagesse de Salomon; et il y a ici plus
que Salomon!

Retour offensif et victorieux de Vesprit impur

« Lorsque l’esprit impur est sorti de l’homme, il ^


parcourt des lieux arides, cherchant du repos, et il
n’en trouve pas. ^ Alors il dit: Je vais retourner
dans mon logis, d’où je suis sorti. Et, en venant, il le
trouve vacant, balayé et omé. Alors il va
prendre avec lui sept autres esprits plus mauvais
que lui; ils entrent dans [le logis] et y habitent, et
le dernier état de cet homme devient pire que le
premier. Ainsi en sera-t-il pour cette génération
mauvaise! »

40-41 Sur Jonas « dans le ventre du gros poisscm trois jours et trois nuits », cf
Jon 2, 1; sur sa « proclamation » et le retentir des Ninivites, cf Jon 3, 4-10. —
« le Fils de l ’homme sera trois jours et trois nuits », expression imique; on trouve
« ressusciter trois jours après » (Mc 8, 31; 9, 31; 10, 34); « ressusciter le troisième
jour » (Mt 16, 21; 17, 23; 20, 19).
42 Sur « la reine du Midi », ou « la reine de Saba », cf 1 Rs 10, 1-13.
43 « l ’esprit impur », cf 10, 1. — « des lieux arides », lieu d ’élection des esprits
mauvais, qui hantent volontiers les ruines et les déserts, cf Is 13, 21-22; 34, 14;
Bar 4, 33; Jr 51, 37.
45 « sept autres esprits », chiffre de plénitude pour exprimer un très grand

105 M A TT H IE U
La vraie parenté de Jésus

12 ^ Tandis qu’il parlait encore aux foules, voici que


^Le 1’,19-21 sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant
à lui parler. Quelqu’un lui dit: « Voici que ta mère
et tes frères se tiennent dehors, cherchant à te
parler. » ^ Répondant, il dit à celui qui lui parlait:
« Qui est ma mère, et qui sont mes frères? » Et,
étendant la main vers ses disciples, il dit: « Voici
ma mère et mes frères! ^C ar quiconque fait la
volonté de mon Père qui est dans les deux, c’est
lui qui est mon frère, et ma sœur, et ma mère. »

Bible française. Taris, 1347.

nombre, cf Le 8, 2; 17, 4 = Mt 18, 22; Ap 4, S; 5 , 1 , 6 ; 8, 2, 6. etc. — * le


dernier état », cf 2 Pe 2, 20.
46-30 Voir les notes de Mc.

M A TT H IE U 106
L'enseignement en paraboles. Occasion

^ En ce jour-là, sortant de la maison, Jésus s’assit 13


au bord de la mer. ^ Et des foules nombreuses se ÎJ t]
rassemblèrent auprès de lui, de sorte que, montant
dans im bateau, il s’y assit, et toute la foule se
tenait sur le rivage. ^ Et il leur parla de beaucoup
de choses en paraboles:

Le semeur
Mc 4. 3-20
« Voici, disait-il, que le semeur est sorti pour
Le 8, 3-13
semer. ^ Et comme il semait, des [grains] sont tom­
bés le long du chemin, et les oiseaux, étant venus,
les ont dévorés. ®D’autres sont tombés sur les ro-
cailles, où ils n’avaient pas beaucoup de terre, et
aussitôt ils ont levé, parce qu’ils n’avaient pas de
profondeur de terre; ^ le soleil s’étant levé, ils ont
été brûlés, et parce cm’ils n’avaient pas de racine,
ils se sont desséchés. ^ D ’autres sont tombés sur les
épines, et les épines ont monté et les ont étouffés.
*D’autres sont tombés sur la bonne terre, et ils
donnaient du fruit, celui-ci cent, celui-là soixante,
celui-là trente. ^ Que celui qui a des oreilles en­
tende! »

1 « de la maison », laquelle, de Jésus, de PietR, ou...? cf 4, U; 9, 10, 28;


17, 23.
2 « s’assit », attitude du maître d'enseignement, cf 5 ,1 , et la note.
3 « en panmoles », l’évangéliste a groupé dû s ce diapitre sept paralxdes con­
cernant la nature, le mode de croissance, la valeur Inestimable, l ’^Mmouissement
du Royaume. Elles ont dû être juononcees en des temps et en des lieux diffé­
rents.
1-9 Voir les notes de Mc.

107 MATTHIEU
13 Et, s’avançant, les disciples lui dirent: « Pour­
quoi leur parles-tu en paraboles? » “ Répondant, il
dit: « Parce qu’à vous il a été donné de connaître
les mystères du royaume des deux, mais à ceux-là
Mt 25,29
ce n’a pas été donné. Car celui qui a, on lui don­
Mc 4,25
nera et il aura en surabondance, mais celui qui
Le 8, 1 8
19,26 n’a pas, même ce qu’il a lui sera enlevé. Voilà
pourquoi je leur parle en paraboles: parce que
regardant, ils ne regardent pas, et entendant, ils
n’entendent ni ne comprennent. ^^Et pour eux
s’accomplit la prophétie d’Isaïe, qui dit:
Vous entendrez de vos oreilles et ne compren-
[drezpas,
et regardant, vous regarderez et ne verrez pas;
car le cœur de ce peuple s^est épaissi,
et ils sont devenus durs d’oreille,
et ils ont fermé leurs yeux,
de peur qu’ils ne voient de leurs yeux,
et n’entendent de leurs oreilles,
et ne comprennent avec leur cœur
et ne se convertissent;
et je les aurais guéris!
Le 10,23-24 16 P q^ j. yous, heuteux vos yeux, parce qu’ils
regardent, et vos oreilles, parce qu’elles enten-

10-15 Voir les notes de Mc. Mt, beaucoup plus développé, donne la citation
complète d’Is 6, 9-1 0 , et textuellement, selon les LXX. L’aveuglement est volon­
taire; dans Mc et Le p a r intervient la finalité divine.
12 Ajouté par Mt, qui le reprend 25, 29; c£ Mc 4, 25; Le 8, 18; 19, 26. La
lumière sera donnée en abondance à qui fait un usage loyal des moyens de con­
naître mis à sa disposition. Dans le cas contraire, non seulement la lumière lui
sera refusée, mais sa faculté même de connaître sera atteinte.
16^17 Pour la pensée, cf 1 Pe 1, 1 0-12. Noter que Le est plus bref: «Heuteux
les yeux qui regardent ce que vous regardez! »

M A TT H IE U 108
dent! ^^Car en vérité je vous dis que beaucoup de 13
prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous
regardez, et ils ne Pont pas vu, et entendre ce que
vous entendez, et ils ne Pont pas entendu!

La parabole du semeur.
Bible latine. Venise, 1608.

« Vous donc, entendez la parabole de celui


qui a semé. Chaque fois que quelqu’un entend
la Parole du Royaume et ne comprend pas, vient le
Mauvais qui s’empare de ce qui a été semé dans
son cœur; c’est celui qui a reçu la semence le long
du chemin. Celui qui a reçu la semence sur les

18-23 Voir les notes de Mc.

109 M A TTH IEU


13 rocailles, c’est celxii qui entend la Parole et aussitôt
la reçoit avec joie, ^m ais il n’a pas de racine en
lui-même, il est, au contraire, l’homme d’un mo­
ment; survienne une affliction ou une persécution à
cause de la Parole, aussitôt il est scandalisé.
^ Celui qui a reçu la semence dans les épines, c’est
celui qui entend la Parole; et le souci de ce monde
et la duperie de la richesse étouffent la Parole, et
elle devient stérile. ^ Celui qui a reçu la semence
sur la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole
et comprend; lui porte du fruit et produit, celui-ci
cent, celui-là soixante, celui-là trente. »

Le bon grain et Vivraie


24
Il leur proposa une autre parabole: « Le
royaume des Cieux, dit-il, ressemble à im homme
qui avait semé de la bonne semence dans son
champ. “ Mais pendant que les gens dormaient,
son ennemi vint, sema de l’ivraie au milieu du blé
et s’en alla. “ Lorsque la plante eut poussé et fait
du fruit, alors apparut aussi l’ivraie. ^ S’avançant,
les esclaves du maître de maison lui dirent: Sei­
gneur, n’est-ce pas de la bonne semence que tu as
semée dans ton champ? Comment se fait-il qu’il y
ait de l’ivraie? “ Il leur déclara: C’est un ennemi

19 « le Mauvais », désignation du diable. Pour le terme, c f v 38; 6 , 13; Le 11, 4 ,


26; Jn 17, 13; « les « esprits mauvais », cf 12, 4 3 ; Le 7, 21: 8, 2 ; 11, 2é; Ac 19,
12, 13, 13, 16. Dans les parallèles, Mc « le Satan », Le « le diable ».
24-30 Pas de parallèle. — « resseinble », cf 13, 2 4 ; 18, 23; 22, 2. On trouve
encore: * être semblable », 11, 16; 13, 3 1 , 3 3 , 4 4 , 4 3 , 47; 20, 1; 25, 1; « assimiler»,
11, 16; Le 7, 31} 13, 18, 20.
28 « un ennemi », lit: « un homme ennemi. »

M A TT H IE U 110
« P e n c ^ t que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de Tivraie
au milieu du blé et s’en alla» (13, 23).
Bible latine. Venise, 1608.

qui a fait cela. Les esclaves lui disent: Veux-tu que 13


nous allions la récolter? ^ Il déclare: Non, de peur
qu’en récoltant l’ivraie, vous ne déraciniez le blé en
même temps qu’elle. Laissez-les tous deux croître
ensemble jusqu’à la moisson, et au temps de la
moisson, je dirai aux moissonneurs: Récoltez
d’abord l’ivraie et liez-la en bottes pour la consu­
mer; quant au blé, ramassez-le dans mon grenier. »

Le grain de sénevé

Il leur proposa une autre parabole: « Le ^


royaume des Cieux, dit-il, est semblable à un grain ^

111 M A TT H IE U
13 de sénevé qu’un homme prend et sème dans son
champ. C’est la plus petite de toutes les semen­
ces, mais lorsqu’il a fait sa croissance, c’est le plus
grand des légumes, et il devient un arbre, de sorte
que les oiseaux du ciel viennent et s*abritent dans
ses branches. »

Le levain
Le 13,20-21 33 JJ autte patabolc: « Le royaume
des Cieux est semblable à du levain qu’une femme
prend et cache dans trois mesures de farine, jus­
qu’à ce que le tout ait levé. »

Autre but des paraboles


Mc 4 , 33-34 34
Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles,
et sans parabole il ne leur disait rien, " afin que
s’accomplît ce qui avait été annoncé par le pro­
phète, quand il dit:
]'oui>rirai ma bouche pour des paraboles,
je proférerai des choses cachées depuis la
[fondation du monde.

31-32 Voir les notes de Mc.


33 = Le 13, 20 SV. Partout ailleurs (16, 6 = Mc 8, 15\ Le 12, I; 1 Co 5, 7;
Ga 5, 9 ), le « levain » figure comme ferment de corruption.
34-35 « pour des paraboles », Mt adapte à son sujet la citation qu’il fait de
Ps 78, 2: « Je vais ouvrir la bouche pour [dire] des sentences, pour proférer les
énigmes des temps anciens. »
36-43 Propre à Mt.

M A TT H IE U 112
Explication de la parabole de Vivraie

^ Alors, laissant les foules, il vint à la maison, et 13


ses disciples s’avancèrent vers lui, en disant:
« Explique-nous la parabole de l’ivraie dans le
champ. » Répondant, il dit: « Celui qui sème la
bonne semence, c’est le Fils de l’homme; le
champ, c’est le monde; la bonne semence, ce sont
les füs du Royaume; Vivraie, ce sont les fils du
Mauvais; Vennemi qui l’a semée, c’est le diable;
la moisson, c’est la fin du monde; les moissonneurs,
ce sont les anges. ^ D e même donc que Vivraie
est récoltée et consumée au feu, ainsi en sera-t-il à
la fin du monde. Le Fils de l’homme enverra ses
anges, et ils récolteront de son Royaume tous les
[fauteurs de] scandales et ceux qui commettent
Villégalité, ^^et ils les jetteront dans la fournaise
de feu; là seront les sanglots et les grincements de
dents. Alors les justes resplendiront comme le

36 « à la maison », cf v I, et la note.
y i « le Fils de l ’homme », cf 8, 20, et la note.
38 «les fils du Royaume» (8, 12), ceux à qui le Royaume est destiné. Même
sens de « tils » dans l ’expression « les fils du Mauvais ». Cf « fils de géhenne »
23, 15. — « le Mauvais », cf 5, 37, et la note.
39 « la fin du monde », cf w w , 49\ 24, 3; 28, 20; He 9, 26. — Sur les anges
associés au jugement dernier, cf 16,27= Mc 8, 38; 24,31= Mc 13, 27; voir
aussi 25, 31.
40 « consumée au feu », le terme indique la destruction totale, que la traduction
« brûlée au feu » ne met pas en évidence, cf v 40; 3, 12; Le 3, 17; Ac 19, 19;
1 Co 3, 15; He 13, 11; Ap 8, 7; 17, 16; 18, 8.
41 « les scandales », cf 18, 7; Le 17, 1; Ro 16, 17. — « l ’illégalité », tout ce
qui est contraire à la Loi, cf 7, 23; 23, 28; 24, 12; Ro 4, 7; 6, 19; le terme est à
respecter, parce qu’il est lié à la conception juridique de la conduite et du
devoir.
42 « la fournaise de feu », v 50; comparer « la géhenne de feu », 5, 22; 18, 9;
« l ’étang de feu et de soufre », Ap 20, 10; 19, 20. — « là seront... », cf 8, 12, et
la note.
43 « resplendiront comme le soleil », cf Dan 12, 3; et pour la comparaison, Jug
5, 31. — « Que celui qui a des oreilles entende! » cf 11, 15, et la note.

113 MATTHIEU
13 soleil dans le Royaume de leur Père. Que celui qui
a des oreilles entende!

Le trésor caché

^ « Le royaume des deux est semblable à un


trésor caché dans un champ. L’homme qui l’a
trouvé le cache et, dans sa joie, il va vendre tout
ce qu’il possède et achète ce champ-

La perle précieuse

« Le royaume des d eux est encore semblable


un marchand qui cherche de belles perles.
^ Ayant trouvé une perle de grand prix, il s’en est
allé vendre tout ce qu’il possédait et l’a achetée.

La senne

« Le royaume des d eu x est encore semblable


à une senne lancée dans la mer et qui ramasse
toute espèce [de poissons]. ^Lorsqu’elle est remplie,
on la tire sur le rivage, on s’assied et on récolte dans
des vases ce qu’il y a de bon, mais ce qui est mauvais,
on le rejette. ^ Ainsi en sera-t-il à la fin du monde:
les anges arriveront, et ils sépareront les mauvais
d’avec les justes ^ e t les jetteront dans la four-

44 Pour la comparaison du * trésor caché », cf 25, 25; Prov 2, 4; Sir 20, 30.
45-46 Sur les « perles *, cf Jb 28, 15-19; Prov 3, 15; 8,11.
47-50 Joli tableau de genre. Voir les notes sur w 39, 42.

M A TT H IE U 114
naise de feu. Là seront les sanglots et les grince- 13
ments de dents.

Conclusion

« Avez-vous compris tout cela? » Ils lui disent:


« Oui. » Il leur dit: « Voilà pourquoi tout scribe
devenu disciple du royaume des Cieux est sem­
blable à un maître de maison qui tire de son trésor
du neuf et du vieux. »

]ésus à 'Nazareth
Mc 6, h 6
Lors donc que Jésus eut achevé ces paraboles,
Le 4 , 16-24
il partit de là. ^ Et, venu dans sa patrie, il les ensei­
gnait dans leur synagogue, de sorte qu’ils étaient
frappés d’étonnement et disaient: « D’où viennent
à celui-là cette sagesse et les miracles? N’est-ce
point là le fils du charpentier? Est-ce que sa mère ne
s’apppelle pas Marie, et ses frères, Jacques, et
Joseph, et Simon, et Jude? ^ Et ses sœurs ne sont-
elles pas toutes chez nous? D’où lui vient donc tout
cela? » ^^Et ils se scandalisaient à son sujet. Mais
Jésus leur dit: « Un prophète n’est mésestimé que
dans sa patrie et dans sa maison. » Et il ne fit pas

51 « Oui », c’était beaucoip dite! Mais cette bienveillance à l ’égard des disciples
est coutumière à Mt (à la différence de Mc). Voir l ’Introduction.
52 « devenu disciple », pour l’ezpresûon, cf 27, 57; 28, 19; Âc 14, 21. — « du
neuf et èhi vieux », c’est-à-dire du neuf aussi bien que du vieux; maxime d’or qui
vient de trouver la plus belle des illustrations au Concile Vatican II.
53-58 Voir les notes de Mc.
55 « le fils du charpentier », Mc par «.le charpentier ».

115 M A TT H IE U
13 là beaucoup de miracles, à cause de leur incrédu­
lité.

Hérode fait mettre Jean-Baptiste en prison.


« Grande vie du Christ » de Ludolphe le Chartreux. XV® siècle.

58 « Et il ne fit pas là beaucoup de miracles, à cause de leur incrédulité »;


comparer avec le texte parallèle de Mc: « il ne pouvait faire là aucun miracle,
sauf qu’il guérit quelques infirmes en posant les mains sur eux. Et il s’étonna
à cause de leur incrédulité. »

MATTHIEU 116
Opinion d'H érode sur Jésus

^ En ce temps-là, Hérode le tétrarque apprit la 14


renommée de Jésus, ^et il dit à ses familiers: î?
« C’est Jean le Baptiste! C’est lui qui s’est relevé de
chez les morts, et voilà pourquoi les miracles agis­
sent en lui. »

Meurtre de Jean-Baptiste
Mc 6,17-29
^ Hérode en effet avait arrêté Jean, l’avait fait
Le 3 , 19-20
lier et mettre en prison à cause d’Hérodiade, la 9. 7 - 9
femme de Philippe, son frère. ^ Car Jean lui disait:
« Il ne t ’est pas permis de l’avoir. » ^ Et, tout en vou­
lant le tuer, il eut peur de la foule, qui le tenait
pour un prophète.
^ Quand ce fut l’anniversaire d’Hérode, la fille
d’Hérodiade dansa en public et elle plut à Hérode.
’ Aussi s’engagea-t-il par serment à lui donner ce
qu’elle réclamerait. * Et elle, poussée par sa mère:
« Donne-moi, dit-elle, ici, sur un plat, la tête de
Jean le Baptiste. » ^ Et bien qu’attristé, le roi, à
cause de ses serments et des convives, ordonna
qu’on la lui donne, ^®et il envoya décapiter Jean
dans la prison. Sa tête fut apportée sur un plat et
donnée à la fillette, qui l’apporta à sa mère. ^^Et
s’avançant, ses disciples enlevèrent le cadavre et
l’ensevelirent, puis ils vinrent informer Jésus.

1-2 Mc écrit « Jean le Baptiseur »; de plus, sa notice est plus développée. Voir
les notes de Mc.
3-12 Le récit de Mc est plus développé et plus vivant. Voir les notes de Mc.

117 M A TT H IE U
Retraite de Jésus et première multiplication des
pains

14 L’ayant appris, Jésus se retira de là en bateau


î î t’/iolj vers un lieu désert, à l’écart. Et, l’ayant appris, les
jn 6. 1-1) le suivirent à pied des [diverses] viUes. Et,
en débarquant, il vit une nombreuse foule, et il eut
pitié d’eux et guérit leurs infirmes.
Le soir venu, les disciples s’avancèrent vers
lui, en disant: « Le lieu est désert, et l’heure est
déjà passée: renvoie donc les foules, pour qu’ils
s’en aillent dans les villages s’acheter des ali­
ments. » Jésus leur dit: « Ils n’ont pas besoin de
s’en aller; donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Ils lui disent: « Nous n’avons ici que cinq pains et
deux poissons. » Il dit: « Apportez-les-moi ici. »
Et après avoir ordonné aux foules de s’allonger
sur l’herbe, ayant pris les cinq pains et les deux
poissons, levé les yeux au ciel, il dit la bénédiction
et, ayant rompu les pains, il les donna aux disciples,
et les disciples aux foules. ^®Et ils mangèrent tous
et furent rassasiés, et on enleva ce qui restait des
morceaux: douze couffins pleins! Ceux qui man­
gèrent étaient environ cinq mille hommes, sans
compter femmes et enfants.

13-21 Le récit de Mc est plus circonstancié et beaucoup plus vivant. Voir les
notes de Mc, et comparer Mt w D-14 avec Mc w 31-34.

M A TTH IEU 118


Jésus marche sur la mer

“ Et aussitôt il força les disciples à monter dans 14


6 ,4M2
le bateau et à le précéder sur l’autre rive, le temps Mc Jn 6 , 15-21
de renvoyer les foules. ^ Et, quand il eut renvoyé
les foules, il monta dans la montagne, à l’écart,
pour prier; le soir venu, il était là, seul.
^ Quant au bateau, il était déjà loin de la terre, à
un grand nombre de stades, tourmenté par les
vagues, car le vent était contraire. ^ K la
quatrième veille de la nuit, il vint vers eux, mar­
chant sur la mer. ^ Les disciples, le voyant s’avan­
cer sur la mer, furent troublés: « C’est un fantôme! »
disaient-ils, et de peur ils crièrent. Aussitôt Jésus
leur parla, disant: « Courage! c’est moi; n’ayez pas
peur. » ^ Pierre, lui répondant, dit: « Seigneur, si
c’est toi, ordonne que je vienne vers toi sur les
eaux. » Il dit: « Viens. » Et, descendant du bateau,
Pierre marcha sur les eaux et vint vers Jésus. ^ En
voyant le vent, il eut peur, et comme il commençait
à enfoncer, il cria: « Seigneur, sauve-moi! » Aus­
sitôt Jésus, étendant la main, le saisit, et il lui dit:
« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté? »
“ Et quand ils furent montés dans le bateau, le vent

22-33 Entre w 2S et 32, Mt insère un petit récit concernant Pierre. Voir les
notes de Mc.
24 « bateau tourmenté par les vagues », dans Mc par, ce sont les disciples qui
« se tourmentent à ramer ».
26 « C’est un fantôme! » cf Le 24, 37: « Effrayés et saisis de peur, ils (les
apôtres) pensaient voir un eq>rit. »
31 a Homme de peu de foi! » cf 6, 30; 8, 26; 16, 8; Le 12, 28. — « douté »,
encore et seulement 2 8 , 17.
32 « le vent tomba », pour le terme, qu’on pourrait aussi traduire « se calma »,
cf Mc 4, 35»; 6, 51.

119 M A TT H IE U
14 tomba. Ceux qui étaient dans le bateau se pros­
ternèrent devant lui, en disant: Vraiment, tu es Fils
de Dieu! »

Guérisons à Guennésareth et dans les environs

Mc 6,53-56 34 après avoir fait la traversée, ils touchèrent


terre à Guennésareth. Et, Payant reconnu, les
gens de ce lieu envoyèrent prévenir dans toute
cette contrée, et on lui présenta tous ceux qui
allaient mal. ^ Et on le priait de leur laisser seu­
lement toucher la frange de son manteau; et tous
ceux qui la touchèrent furent complètement sau­
vés.

Controverse sur la tradition des anciens

15 ^ Alors des Pharisiens et des scribes [venus] de


Mc 7, 1-23 Jérusalem s’avancent vers Jésus, en disant:
^ « Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tra­
dition des anciens? Car ils ne se lavent pas les
mains, lorsqu’ils prennent leur repas. »
^ Répondant, il leur dit: « Et vous, pourquoi
transgressez-vous le commandement de Dieu à

14 33 « Fils de Dieu! » à titre unique, sans qu’il soit possible de préciser théologi­
quement le sens et la valeur de l ’expression, cf 3, 17; 4, 3, 6; 8, 29; 16, 16.
_ M-36 Voir les notes de Mc.
15 1-20 Mc précise les circonstances: « voyant certains de ses disciples prendre
leur repas avec des mains souillées », et donne un court aperçu sur les pratiques
de pureté alimentaire des Juifs ( w 1-5). Mt ajoute vv 12-14, et au v 15 il donne
la parole à Pierre, alors que dans Mc (v 17), ce sont les disciples qui interrogent
Jésus. Entre les deux récits très proches l ’un de l ’autre, quelques légères diver­
gences. Pour tout le morceau, voir les notes de Mc.

M A TT H IE U 120
cause de votre tradition? * Car Dieu a dit: Honore 15
ton père et ta mère, et: Celui qui maudit père ou
mère, quHl soit mis à mort! ^ Mais vous, vous dites:
Quiconque dit à son père ou à sa mère: Est offrande
tout profit que tu aurais pu tirer de moi... ^ celui-là
n’aura pas à honorer son père ou sa mère; et vous
avez annulé la parole de Dieu à cause de votre
tradition.
^ « Hypocrites! Isaïe a joliment bien prophétisé
de vous, quand il dit:
®Ce peuple-là m'honore des lèvres,
mais leur cœur est fort loin de moi.
^ C'est en vain qu'ils me révèrent,
puisqu'ils enseignent pour enseignements des
[préceptes d'hommes. »
Et, appelant à lui la foule, il leur dit: « Ecoutez
et comprenez! “ Ce n’est pas ce qui entre dans la
bouche qui souille l’homme; mais ce qui provient
de la bouche, voilà ce qui souille l’homme. »
Alors, s’avançant, les disciples lui disent:
« Sais-tu que les Pharisiens, en entendant cette
parole, ont été scandalisés? » Répondant, il dit:
« Tout plant que n’a pas planté mon Père céleste
sera déraciné. Laissez-les; ce sont des aveugles Le 6 , 3 9
guides d’aveugles. Or, si un aveugle guide un
aveugle, tous les deux tomberont dans un trou. »

12-14 Propre à Mt, sauf 14b = Le 6, 39.


13 Verset johannisant. — « plant », hapax-, pour la métaphore, cf le figuier,
3, 10; Le 13, 6-9-, la vigne, Jn 15, 1-8. — « mon Père céleste », encore 18, 35; on
trouve « votre Père céleste », 5, 48-, 6, 14, 26, 32-, « le Père céleste », 23, 9. —
« sera déraciné », 13, 29; Le 17, o; Ju v 12.
14 « aveugles guides d ’aveugles », cf « guides aveugles », 23, 16, 24. — « tombe­
ront dans un trou », cf 12, 11.

121 M A TT H IE U
15 Prenant la parole, Pierre lui dit: « Explique-nous
la parabole. » Il dit: « Etes-vous encore, vous
aussi, sans intelligence? Ne comprenez-vous pas
que tout ce qui pénètre dans la bouche passe dans
le ventre et est rejeté aux lieux d’aisance? ^®Mais
ce qui provient de la bouche sort du cœur, et c’est
cela qui souille l’homme. Car c’est du cœur que
sortent mauvaises raisons, meurtres, adultères, for­
nications, vols, faux témoignages, blasphèmes.
^ C’est là ce qui souille l’homme; mais de manger
avec des mains non lavées ne souille pas
l’homme. »

Jésus en Phénicie: la femme syro-phénicienne


Mc 1,24-30
Et, sortant de là, Jésus se retira dans la région
de Tyr et de Sidon. ^ Et voici qu’ime Cananéenne,
sortie de ce territoire, criait: « Aie pitié de moi.
Seigneur, Fils de David! ma fille souffre cruellement
d’un démon. » ^ Il ne lui répondit pas un mot. Et,
s’avançant, ses disciples le priaient, en disant:
« Renvoie-la, parce qu’elle crie derrière nous. »
Répondant, il dit: « Je n’ai été envoyé qu’aux
brebis perdues de la maison d’Israël. » "M ais elle

19 Autres catalogues de vices: Le 18, I I; Ro 1, 28-31; 1 Co 5, 10-11; 6, 9-10;


2 Co 12, 20-21; Ga 5, 19-21; E l* 4, 31: 5, 3-3; Col 3, 3-8; 1 Tm 1, 9-10; 6, 4-3;
2 Tm 3, 2-4; Ti 3, 3; 1 Pe 4, 3; Ap 9, 21; 21, 8; 2 2 , 13.
21 * la région», 2, 22; 16, 13; Mc 8, 10; Ac 2, 20; 19, 1; 20, 2; Eph 4, 9. —
« Tyr et Sidon », les deint gramles villes de la Phénicie, cf 11, 21 sv.
22 « ime Cananéenne », habitante de Canaan, antique nom du paw; Mc par
l ’appelle * une syro-t*énicienne ». — « territoire », v 39; 2, 16; 4, 13; 8, 34; 19, 1.
— « Fils de Etavid », appellation messianique, cf 1 , 1, et la note.
24 « je n ’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maismi d ’Israël », Jésus
imposera la même limitation à l ’apostolat des Douze (10,6), car il faut « d ’abord

MATTHIEU 122
vint, et elle se prosternait devant lui, en disant: 15
« Seigneur, secours-moi! » “ Répondant, il dit: « Il
n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de
le jeter aux petits chiens. » Elle dit: « Oui, Sei­
gneur; mais les petits chiens, certes, mangent des
miettes qui tombent de la table de leurs sei­
gneurs. » ^ Alors, prenant la parole, Jésus lui dit:
« O femme, grande est ta foi! Qu’il te soit fait
comme tu veux. » Et sa fille fut guérie dès cette
heure-là.

Guérisons collectives sur le bord de la mer de


Galilée

Et, partant de là, Jésus vint au bord de la mer


de Galilée et, monté dans la montagne, il s’y as­
seyait. ^®Des foules nombreuses s’avancèrent vers
lui, ayant avec elles des boiteux, des estropiés,
des aveugles, des muets, et beaucoup d’autres. Et
on les jeta à ses pieds, et il les guérit, de sorte
que la foule était saisie d’admiration en voyant des
muets parler, des estropiés rétablis, et des boiteux
marcher, et des aveugles regarder. Et elle glorifia le
Dieu d’Israël.
que les enfants se rassasient » (Mc 7, 27); mais apiis la résuttecticm, c’est dans
le monde entier que devra être annoncé l ’E v ai^le (Mt 28, 19 sv).
28 « grande est ta foi! » cf 8, 10. — « qu’il te soit fait comme tu veux! » pour
l ’expressicm, cf 6, 10; 8, 13", 9, 29; 26, 42. — « dès cette heure-là », pour l ’expres­
sion, cf 8, 13, et la note.
29-31 Pas de parallèle.
29 « la mer de Galilée », cf note sur Mc 1, 16. — « monta dans la montagne »
(et non « su r» , o u « à » , o u « gravit la »), cf 5, 1; 14, 23; Mc 3 , 13; Le 9, 28.
30 Sur cette cohorte d’infirmes, cf 11, 3; 21, 14; Le 7, 22; 14, 13, 21; Jn 3, 3.
31 « rétablis », lit: « sains. » — « glorifia le Dieu d’Israël », expression imique;
mais on trouve plusieurs fois « glorifier Dieu », 9, 8; Mc 2, 12; Le 2, 20; 3, 23,
26.

123 MATTHIEU
Seconde multiplication des pains

15 Jésus, appelant à lui ses disciples, dit: « J ’ai


Mc 8, 1-9 jg cette foule, parce que voilà déjà trois
jours qu’ils restent près de moi, et ils n’ont pas de
quoi manger. Et les renvoyer à jeun, je ne le
veux pas, de peur qu’ils ne défaillent en chemin. »
Et les disciples lui disent: « Comment aurions-
nous dans im désert assez de pains, de manière à
rassasier une telle foule? » ^ Et Jésus leur dit:
« Combien de pains avez-vous? » Ils dirent: « Sept,
et quelques petits poissons. »
Et, après avoir prescrit à la foule de s’étendre
à terre, il prit les sept pains et les poissons, et
ayant rendu grâce, il les rompit, et il les donnait aux
disciples, et les disciples aux foules. Et ils man­
gèrent tous et furent rassasiés, et ce qui restait des
morceaux, on l’enleva: sept corbeilles pleines!
Or, ceux qui mangèrent étaient quatre mille
hommes, sans compter femmes et enfants.

Dans le territoire de Magadan


Les Pharisiens demandent un signe du ciel
Mc 8,10
Et, après avoir renvoyé les foules, il monta
dans le bateau et vint dans le territoire de Magadan.

32-38 Quelç^es menues divergences avec Mc, que la traduction s’efforce de


respecter. Voir les notes de Mc.
39 « Magadan », inconnu; on a proposé de lire, avec quelques manuscrits,
Magdala, sur la côte occidentale du lac de Guennésareth, entre T i^riade et
Caphamaüm. — Dans le passage parallèle, Mc a « Dalmanoutha », voir la note
de Mc 8, 10.

M A TT H IE U 124
^Et les Pharisiens et les Sadducéens s’avancèrent 16
et, pour le mettre à l’épreuve, lui demandèrent de mc itu
leur montrer un signe [parti] du ciel. ^ Répondant, il ^
leur dit: « Le soir venu, vous dites: Beau temps, car
le ciel rougeoie; ^ et le matin: Aujourd’hui orage,
car le ciel rougeoie tristement. Vous savez discer­
ner le visage du ciel, et les signes des temps, vous
ne le pouvez pas! * Génération mauvaise et adul­
tère qui recherche un signe!... et de signe, il ne lui
sera donné que le signe de Jonas. » Et, les quittant,
il s’en alla.

Le levain des Pharisiens et des Sadducéens


Mc
^ Et, en venant à l’autre rive, les disciples oubliè­ %, 14-21

Le 12, 1
rent d’emporter des pains. ^ Jésus leur dit: « Atten­
tion! Méfiez-vous du levain des Pharisiens et des
Sadducéens! » ^Et eux raisonnaient en eux-mêmes,
disant: « C’est que nous n’avons pas emporté de
pains. » ®S’en rendant compte, Jésus dit: « Pour-

1 « s’avancèrent », Mc par-, « sortirent. » — « Pharisiens et Sadducéens »,


cf 3, 7, et la note.
2 « Répondant », Mc par: « Et poussant en son esprit un profond gémisse­
ment. »
2b-3 Manquent dans de bons manuscrits. — « l ’orage », ou « tempête, mauvais
temps ». — « tristement », cf Mc 10, 22. — « les signes des temps », Le 12, 56:
« ce temps-ci. »
4 « Génération mauvaise et adultère », cf 12, J9, et la note. — « et de signe... »,
cf Le 11, 29.
5-12 Voir les notes de Mc.
5 Mc ajoute: « et ils n’avaient qu’un pain. »
6 «A ttention!» lit: «Voyez» (8, 4 ). — «Méfiez-vous», Mc par: « Prenez
garde.» — «levain» (Le 12, 1 commente: « c ’est-à-dire l ’hypocrisie»); hormis 13,
13 et Le 13, 21 par, où le levain est considéré comme agent favorable, il figure
toujours comme force de corruption, Mc 8, 5 par-. Le 12, 1; 1 Co 5, é, 7, 8;
Ga 5, 9. Au v 12, le « levain des pains » est interprété; il s’agit de « l ’enseigne­
ment des Pharisiens et des Sadducéens ».

125 M A TT H IE U
16 quoi raisonnez-vous en vous-mêmes, gens de peu
de foi, sur ce que vous n’avez pas de pains? ^ Vous
ne saisissez pas encore! Et vous ne vous rappelez
pas les cinq pains pour les cinq mille, et combien
de couffins vous avez emportés? ^®Ni les sept
pains pour les quatre mille, et combien de cor­
beilles vous avez emportées? Comment ne sai­
sissez-vous point que ce n’est pas au sujet de pains
que je vous ai dit: Méfiez-vous du levain des Phari­
siens et des Sadducéens! » Alors ils comprirent
qu’il n’avait pas dit de se méfier du levain des
pains, mais de l’enseignement des Pharisiens et
des Sadducéens.

Dans la région de Césarée de Philippe


La profession de foi de Pierre

Mc 8,27-30 13 yenu dans la région de Césarée de Phi-


Lc 9.18-21 lippe^ Jésus interrogeait ses. disciples en disant:
« Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme? »
Ils dirent: « Pour les uns: Jean le Baptiste; pour
d’autres: Elie; pour les autres: Jérémie ou l’un des
prophètes. » Il leur dit: « Mais pour vous, qui
suis-je? » Prenant la parole, Simon-Pierre cÜt:

12 En fin de técit, Mc ajoute: « Et il leur disait: Vous ne saisissez pas


encore! * qui contraste singulièrement avec * Alors ils comprirent » de Mt par.
13-20 Le texte de Mt ajoute au v 16 « le Fils du Dieu vivant! » et les w 17, 18,
19. Voir les notes de Mc.
14 « Jérémie », absent de Mc et Le.
16 « Fils du Dieu vivant », sur « le Dieu vivant », expression de l ’A.T. (Deut
5, 23; Jos 3, 10; 1 Sam 17, 26: Is 37, 4), et 26, 63; Ac 14, 13; 2 Co 3, 3; 6, 16;
1 Th 1, 3; 1 Tm 3, 3; 4, 10; He 3, 12; 9, 14; 10, 31; 12, 22; 1 Pe 1, 23; Ap 7,
22. — Sur « Fils de Dieu », et Mc 1, 1, et la note.

MATTHIEU 126
« C’est toi, le Christ, le Fils du Dieu vivant! » Pre­ 16
nant la parole, Jésus lui dit: « Heureux es-tu, Simon
Bar-lona, parce que ce ne sont pas la chair et le
sang qui t’ont révélé [cela], mais mon Père qui est
dans les deux! Et moi je te dis que tu es Pierre
[Roc] et sur ce roc je bâtirai mon Eglise; et les
Portes de l’Hadès ne prévaudront pas contre elle.
Je te donnerai les clefs du royaume des Cieux, et
ce que tu lieras sur la terre se trouvera lié dans les
cieux, et ce que tu délieras sur la terre se trouvera
délié dans les cieux. » ^ Alors il enjoignit aux disci­
ples de ne dire à personne qu’il était le Christ.

17-19 Magnifiques versets, propres à Mt, et qui tiennent une grande place Han»
la théologie de l ’Eglise.
17 Sur Pierre et la place d’honneur, la première (10, 2), qu’il occupe dans
l’évangile de Mt, cf 10, 2; 14, 28, 29; 17, 1, 4, 24; 18, 21; 19, 27; 26, 33, 35, 37.
40, 69, 73, 75. — « Bar-lona »; « Bar », araméen: « Fils »; le sens de lona est
incertain; colombe (?) ou: abréviation de Jean, cf Jn 1, 42| 21, 15: «Simon, le
fils de Jean. » — « la chair et le sang », expression rabbinique pour désigner la
petitesse et l ’infirmité de l ’être humain, encore Ga 1, 6; Eph 6, 12; He 2, 14. —
«mon Père qui est dans les cieux», cf 7, 21; 10, 32, 53; 12, 50; 16, 17; 18, 10;
etc.
18a Les paroles de Jésus ne s’entendent bien qu’en araméen; « Tu es Képha, et
sur ce Képha...», c’est-à-dire: «T u t ’appelles Roc et sur ce Roc.» La traduction
« tu es Pierre et sur cette pierre » est inexacte et frise l ’étrangeté (on n’a jamais
bâti sur une pierre! ) — « Eglise », comme désignation de l ’E^fice spirituel des
chrétiens, encore et seulement dans les évangiles, 18, 17; mais assez fréquent dans
les autres parties du N.T., Ac 8, 3; 9. 31; 12. 1, 5; 20, 28; Eph 1, 22; 3, 10, 21;
5, 23 sw ; Col 1, 18, à côté du pluriel, plus fréquent, pour désigner les E ^ s e s
locales, Ac 15, 41; 16, 5; Ro 16, 4, 16; etc. — « les Portes de l ’Hadès », sur
l’Hadès, le Chéol de l ’A.T., cf 11, 23; Le 10, 15; 16, 23; Ac 2, 27; « la Mort et
l ’Hadès », cf Ap 1, 18; 6, 8; 20, 13. Il s’agit des puissances de mort, qui seront
impuissantes contre l ’O i s e . Sur « les Portes de l ’Hadès », cf Is 38, 10; Sag 16,
13; cf les « portes de la mort », Ps 9, 14; 107, 18; Jb 38, 17. — Pour « ne
prévaudront pas », cf Sag 7, 30.
19 « lier, délier », termes empruntés au rabbinisme, pour signifier défendre, per­
mettre. En 18, l8 , le même pouvoir semble accordé à tous les disciples, mais
Pierre reçoit ce pouvoir à tm titre éminent. — Sur cette primauté de Pierre,
cf Jn 21, 15-17.
20 Sur cette interdiction (12, 16), cf Mc 1, 34, et la note.

127 MATTHIEU
Première annonce de la Passion. Pierre réprimandé

16 Dès lors, Jésus se mit à montrer à ses disciples


L? I; 22’^^ q u ’il devait s’en aller à Jérusalem, et souffrir beau­
coup de la part des anciens, des grands prêtres et
des scribes, et être tué, et le troisième jour se relever.
Et, le prenant à part, Pierre se mit à le répriman­
der, en disant: « A Dieu ne plaise. Seigneur! non,
cela ne t ’arrivera pas. » Mais lui, se retournant,
dit à Pierre: « Va-t’en, arrière de moi, Satan! Tu
m’es un scandale, parce que tes pensées ne sont
pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Conditions pour suivre Jésus

Mc 8,34-38 24^2ors Jésus dit à ses disciples: « Si quelqu’un


Le 9, 23-26 venir à m a suite, qu’il se renie lui-même, et qu’il
prenne sa croix, et qu’il me suive. ^ Car celui qui
Mt 10,38-39 sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra
^ sa vie à cause de moi la trouvera. Et quel profit
y aura-t-il pour un homme, s’il vient à gagner le
monde entier, mais porte préjudice à sa vie? Ou
j n 12, 25-26 donnera un homme en échange de sa
vie? ^ Car le Fils de l’homme va venir dans la
gloire de son Père avec ses anges, et alors il ren­
dra à chacun selon sa conduite.

21-23 Voir les notes de Mc.


21 « Dès lors », c’est une nouvelle période de l ’enseignement de Jésus qui
commence.
23 « Tu m’es un scandale », tu cherches à me faire trébucher sur la voie dou­
loureuse qui est celle de ma mission.
24-28 Voir les notes de Mc.

M A TTH IEU 128


21 — La femme syro-phénicienne sup­
plie Jésus de guérir sa fille (15, 21-
28).

22 — Multiplication des pains (15,


32-38).
Missel Orléanais, 1319. Bibliothèque
d’Orléans, incunable n° 162.
La Venue prochaine du Fils de Vhomme
28
« En vérité, je vous dis qu’il en est de présents 16
ici, qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le J? %è
Fils de l’homme venant avec son Royaume. »

La « Transfiguration »

^Et, six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, 17


et Jacques et Jean, son frère, et les emmène sur une Mc 9, 2-10
Le 9, 28-36
haute montagne, à l’écart. ^ Et il fut transformé de­
vant eux: son visage brilla comme le soleil, ses vête­
ments devinrent blancs comme la lumière. ^ Et voici
que leur apparurent Moïse et Elle, parlant avec lui.
* Prenant la parole, Pierre dit à Jésus: « Seigneur, il
est bon que nous soyons ici; si tu veux, je vais faire
ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et
une pour Elie. » ^ Tandis qu’il parlait encore, voici
qu’une nuée lumineuse les prit sous son ombre, et
voici une voix, partie de la nuée, qui disait: « Ce­
lui-ci est mon Fils, le Bien-aimé, qui a toute ma
faveur: écoutez-le! » ^Et à ces mots les disciples
tombèrent sur leur face, et ils eurent très peur. ’ Et
Jésus s’avança et, les touchant, il dit: « Relevez-

1-9 2 Pe 1, 16b-18. Voir les notes de Mc.


1 Le par: « Or, environ huit jours après... »
2 Mc V J: « et ses vêtements devinrent éclatants, d’une blancheur extrême,
tels que foulon sur terre ne peut ainsi blanchir. »
4 « Seigneur », Mc par: « Rabbi. » De plus, Mc ajoute: « Il (Pierre) ne savait
que dire, car ils étaient effrayés. » Le par: « il ne savait ce qu’il disait. »
5 « nuée lumineuse », Mc par: « n u ^ . »
6 « tombèrent sur leur face », cf 26, 39; Le 17, 16; 1 Co 14, 23; Ap 7, 11;
11, 16.

23 — La Transfiguration.
Evangiles en arménien. Manuscrit du X V P siècle. Musée Condé,
Chantilly, 1346.
17 vous et n'ayez pas peur. » ®Levant les yeux, ils ne
virent personne, sinon Jésus lui-même, seul.
^Et, tandis qu'ils descendaient de la montagne,
Jésus leur fit cette défense: « Ne parlez à personne
de cette vision, jusqu'à ce que le Fils de l'homme
se soit relevé d'entre les morts. »

Le retour d^Elie
Mc 9 ,1 1 -V
Et les disciples l'interrogèrent en disant:
Jn 1,21
« Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Elie doit
venir d'abord? » “ Répondant, il dit: « Elie en effet
va venir, et U rétablira tout. Or je vous dis qu'Elie
est déjà venu, et ils ne l'ont pas reconnu, mais ils
ont fait à son égard tout ce qu'ils ont voulu. De
même aussi le Fils de l'homme aura à souffrir par
eux. » Alors les disciples comprirent qu'il leur
avait parlé de Jean le Baptiste.

Guérison d'un « lunatique »

Mc 9,14-29 14 quand ils furent venus près de la foule.


Le 9,37-42 s’avança vers lui un homme qui tomba à ses genoux
et dit: « Seigneur, aie pitié de mon fils, parce
qu'il est lunatique et va mal; souvent en effet il
tombe dans le feu et souvent dans l'eau. Et je l'ai

10-13 Voit les notes de Mc.


13 « Alors les disciples comprirent », c£ 16, 12, idem. Sur cette intelligence des
disciples comparée à leur inintelligence dans Mc, voir l’Introduction.
14-21 Voir les notes de Mc, dont le récit éclate de pittoresque et de vie,
contrastant avec celui de Mt, sec et terne.
15 «lunatique» (encore et seulement 4, 24), épileptique, parce qu’on attribuait
une influence de la lune sur les crises du haut mal.

M A TT H IE U 130
présenté à tes disciples, et ils n’ont pas pu le guérir. 17
Répondant, Jésus dit: « Génération incrédule et
pervertie, jusques à quand serai-je avec vous? Jus-
ques à quand vous supporterai-je?... Conduisez-le-
moi ici. » Et Jésus le menaça, et le démon sortit
de l’enfant, qui fut guéri dès cette heure-là.
Alors, s’avançant vers Jésus, les disciples [lui]
dirent à l’écart: « A cause de quoi n’avons-nous pu,
nous, le chasser? » ^ Il leur dit: « A cause de votre
peu de foi. Car, en vérité je vous le dis, si
vous avez de la foi comme im grain de sénevé, ^ ^
vous direz à cette montagne: Passe d’ici là-bas, et
elle y passera; et rien ne vous sera impossible.
« . . .]

Deuxième annonce de la Passion


Mc 9,30-32
“ Tandis qu’ils se trouvaient réunis en Galilée,
Le 9,44-43
Jésus leur dit: « Le Fils de l’homme est sur le point
d’être livré aux mains des hommes; “ et ils le
tueront, et le troisième jour, il se relèvera. » Et ils
furent grandement attristés.

18 € dès cette heute-là », cf 8 , 13, et la note.


20 « votre peu de foi », hapax, mais on trouve « incrédulité », 13, 38\ M c 6, 6:
9, 24; 16, 14; et « gens de peu de foi », 6, 30; 8, 26; 14, 31; 16, S; Le 12, 28.
21 Verset tenu pour inauthendque. « Cette espèce ne s’en va que par la prière
et le jeûne. »
22-23 Voir les tmtes de Mc.
22 « se trouvaient réunis », ou « circulaient ».
23 « Et ils furent grandement attristés », Mc par: « Mais ils ne comprenaient pas
cette parole, et ils craignaient de l ’interroger. » Sur cette ininteUigence des
Apôtres voilée par Mt, cf v 13, et la note.

131 M A TTm SU
17 Les didrachmes acquittés

Quand ils furent arrivés à Capharnaüm, ceux


qui perçoivent les didrachmes s’avancèrent vers
Pierre et dirent: « Votre maître ne paie pas les
didrachmes? » Il dit: « Si. » Et quand [Pierre] fut
entré dans la maison, Jésus le devança et dit:
« Que t ’en semble, Simon? Les rois de la terre, de
qui perçoivent-ils les taxes ou le tribut? De leurs fils
ou des étrangers? » ^ Comme il avait dit: « Des
étrangers », Jésus lui déclara: « Ainsi donc, les fils
sont libres. Mais pour ne pas les scandaliser, va
à la mer, jette l’hameçon, et le premier poisson qui
montera, saisis-le; ouvre-lui la bouche et tu trou­
veras un statère. Prends-le, et donne-le-leur pour
moi et pour toi. »

Qui est le plus grand?

18 ^ A cette heure-là, des disciples s’avancèrent


vers Jésus, en disant: « Qui donc est le plus grand
dans le royaume des deux? » ^Et, appelant à lui
un enfant, il le plaça au milieu d’eux ^ et dit: « En
Le vérité je vous le dis: Si vous ne changez pas et ne

17 24-27 Propre à Mt.


24 « les didrachmes », il s’agit de la redevance annuelle d’un didrachme (c’est-à-
dire deux drachmes) par tête pour l ’entretien du Temple, due par tout Juif âgé
de vingt ans. Le drachme (Le 15, 8, 9), de même valeur que le denier, représen­
tait le salaire moyen d’une journée de travail.
25 « taxes », Ro 13, 7: « tribut », 22, 17, 19; Mc 12, 14.
26 « les fils » (sémitisme), cf « les fils du Royaume », 8, 12; 13, 38.
27 « statère », d’une valeur d’un sicle, c’est-à-dire de 4 drachmes.
18 1-5 Voir les notes de Mc.
3 Propre à Mt.

M A TT H IE U 132
Bible italienne. Venise, 152^.

devenez comme les enfants, vous n’entrerez pas 18


dans le royaume des deux. ^ Celui-là donc qui
s’abaissera comme cet enfant, c’est lui qui est le
plus grand dans le royaume des Cieux. ^ Et celui qui
accueille à cause de mon nom un enfant comme
celui-ci, c’est moi qu’il accueille.

133 M A TTH IEU


Le scandale

18 ^«Quiconque scandalise un seul de ces petit


Mc 9,42
Le 17, 2 qui croient en moi, il serait de son intérêt qu^on lui
suspende tme meule d’âne autour du cou et qu’on
le précipite dans les profondeurs de la mer. ^ Mal­
Le 17, 1
heur au monde à cause des scandales! C’est ime
nécessité, certes, qu’arrivent les scandales, mais
malheur à l’homme par qui le scandale arrive! ®Si
Mt 5,29-50 main ou ton pied te scandalise, retranche-le et
Mc 9,43-47 jetteJe loin de toi; mieux vaut pour toi entrer
dans la vie estropié ou boiteux que d’être jeté
avec tes deux mains ou tes deux pieds au feu éter­
nel. ^ Et si ton œil te scandalise, arrache-le et jette-
le loin de toi; mieux vaut pour toi entrer avec un
seul œil dans la vie que d’être jeté avec tes deux
yeux dans la géhenne du feu.

Dignité des petits et parabole de la brebis égarée


10
« Prenez garde de mépriser aucun de ces
petits; car je vous dis que leurs anges dans les
deux regardent constamment la Face de mon Père

6-9 Voir les notes de Mc.


6 = « il serait de son intérêt », Mc par. « mieux vaudrait pour lui »; Le par.
« il gagnerait plus. »
7 Manque dans Mc; Le par. « Il est impossible que les scandales n ’arrivent
pas. »
8 « jette-le loin de toi », manque dans Mc. — « avec tes », lit: « ayant tes. » De
même v suivant. — « petits », rf w 6, 14, les membres les plus humbles de la
communauté. — « leurs anges », cf les « chefs » des royaumes de Dan 10, 13, 20
sv; 12, 1; et « les anges des Eglises » de l ’Apocalypse johannique, 1, 20; 2, 1, 8,
12, 18; 3, 1, 7, 14. Ce verset a favorisé la croyance à « l ’ange gardien ». —
« mon Père qui est dans les deux », cf 7, 21; 10, 32 sv; 12, 50; 16, 17.
10 Propre à Mt.

M A TTH IEU 134


qui est dans les deux. [**...] ^^Que vous en 18
semble? Si un homme a cent brebis et qu’xme ^ ^^
d’elles vienne à s’égarer, ne laissera-t-il pas les
quatre-vingt-dix-neuf sur les montagnes pour aller
à la recherche de l’égarée? Et s’il lui arrive de la
trouver, en vérité je vous dis qu’il s’en réjouit
plus que des quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont
pas égarées. ^^De même, ce n’est pas la volonté
de votre Père qui est dans les deux que périsse un
seul de ces petits.

La correction fraternelle et le jugement de VEglise

« Si ton frère vient à pécher, va, reprends-le ^ ^


entre toi et lui seul. S’il t ’écoute, tu auras gagné ton
frère. S’il ne t ’écoute pas, prends encore avec
toi une ou deux personnes, pour que toute affaire
soit établie sur le dire de deux témoins ou de trois.
S’il ne les écoute pas, dis-le à l’Eglise, et s’il
n’écoute pas non plus l’Eglise, qu’il soit pour toi
comme le païen et le publicain. En vérité je vous
le dis: Tout ce que vous lierez sur la terre se trou-

I l « Car le Fils de l ’homme est venu sauver ce qui était perdu » (Le 19, 10),
verset probablement inauthentique.
12-13 Le tejrte de Le par est beaucoup plus vivant. Ccmiparer « il s’en réjouit
plus » avec: « Et, quand il l ’a trouvée, il la pose sur ses épaules, tout joyeux, et
de retour chez lui, il convoque ses amis et ses voisins et leur dit: Réjouissez-vous
avec moi, car je l ’ai trouvée, ma brebis qui était perdue! »
14 «ce n ’est pas la volonté de», lit: «ce n ’est pas volonté devant» (hébraïsme),
cf 11, 26. — « votre Père qui est dans les deux », cf 5, 43, et la note.
15 « gagné », cf 1 Co 9, 19, 20, 21, 22; 1 Pe 3, 1. — « ton frère », tout membre
de la communauté.
16 Cf Deut 19, 15.
17 « l ’Eglise », la communauté chrétienne, supposée établie. — « païen et publi­
cain », c’est-à-dire des gens qu’on ne doit pas fréquenter, cf 5, 46, 47; 6, 7; 9, 10
sv; 10, 3; 11, 19; 21, 31, 32; etc.
18 Cf lè, 19, où ce pouvoir est attribué au seul Pierre.

135 M A TTH IEU


18 vera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez
sur la terre se trouvera délié dans le ciel.

Efficacité de la prière en commun

« Je vous dis encore [en vérité] que, si deux


d’entre vous se mettent d’accord sur la terre pour
demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de
mon Père qui est dans les deux. Car, là où deux
ou trois se trouvent rassemblés en mon nom, je suis
là au milieu d’eux. »

Le pardon illimité
Parabole du serviteur impitoyable

Alors, s’avançant, Pierre lui dit: « Seigneur,


combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre
Le 17, 4
moi pour que je lui remette? Jusqu’à sept fois? »
Jésus lui dit: « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois,
mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.
^ « Voilà pourquoi le royaume des deux res­
semble à un roi qui voulut régler ses comptes avec
ses esclaves. Tandis qu’il commençait à les
régler, on lui en présenta un qui devait dix mille
talents. Comme il n’avait pas de quoi rembour-

19-20 Pas de parallèle.


19 « se mettent d’accord », cf 20, 2, IJ; Le 5, J6; Ac 5, 9; 15, 15; 1 Co 7, 5;
2 Co 6, 15. — « mon Père qui est dans les deux », cf v 10, et la note.
21 « Pierre », sur la place éminente qu’il occupe dans l ’évangile de Mt, cf 16,
17, et la note. — « jusqu’à sept fois... » (Gn 4, 44), c’est-à-dire toujours.
23-35 Propre à Mt.
23 « ressemble », cf 13, 24, et la note.
24 « dix mille talents », somme énorme: 60 millions de francs or.

M A TTH IEU 136


ser, le seigneur ordonna de le vendre, lui, sa 18
femme, ses enfants et tout ce qu’il avait, pour être
remboursé. Tombant alors à ses pieds, l’esclave
se prosternait devant lui, en disant: Patiente avec
moi, et je te rembourserai t o u t . P r i s de pitié, le
seigneur de cet esclave le laissa aller et lui remit sa
créance.
« En sortant, cet esclave trouva un de ses com­
pagnons qui lui devait cent deniers. Et le saisissant,
il l’étouffait, en disant: Rembourse ce que tu dois.
Tombant alors à ses pieds, son compagnon le
priait, en disant: Patiente avec moi, et je te rem­
bourserai. ^ Il ne voulut pas, mais il s’en alla le
faire jeter en prison, jusqu’à ce qu’il eût remboursé
ce qu’il devait.
« Voyant alors ce qui était arrivé, ses compa­
gnons furent très attristés, et ils allèrent expliquer à
leur seigneur tout ce qui était arrivé. Alors, le
faisant venir, son seigneur lui dit: Mauvais esclave,
je t’ai remis toute cette dette, parce que tu m’en as
prié. Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir» pitié de
ton compagnon, comme moi-même j’ai eu pitié de
toi? ^ Et, pris de colère, son seigneur le livra aux
bourreaux, jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce
qu’il lui devait. C’est ainsi que mon Père céleste
vous traitera, si vous ne ^remettez pas chacun à son
frère, du fond de vos coeurs. »
25 « le vendre... », sur cette contrainte par corps, voir dans l ’A.T. 2 Rs 4, 1:
Lev 25, 551-40; Am 2, 6-, 8, 6\ Neh 5, 5.
27 « Pris de pitié », cf 15, 52; 20, 54; Mc 1, 41; 9, 22.
28 <'cent deniers », _s(^me insignifiante, moins de cent francs or. — « il l ’étouf­
fait », imparfait descriptif, ou de la tentative; « il cherchait à l ’étouffer. »
35 Cf 5, 7; 6, 12, 14, 15; Mc 11, 25; Ja 2, 15. — «du fond de vos cœurs»,
cf Ro 6, 17; 1 Pe 1, 22.

137 M A TT H IE U
Jésus opère des guérisons.
« Grande vie du Christ » de Ludolphe le Chartreux. XV* siècle.
IV. LA MONTÉE VERS JÉRUSALEM
( 1 9 , 1 — 20, J4)

En route pour la ]udée

^ Lors donc que Jésus eut achevé ces discours, il 19


quitta la Galilée et vint dans le territoire de la
Judée, au-delà du Jourdain. ^ Et des foules nom­
breuses le suivirent, et là il les guérit.

Indissolubilité du mariage

^ Et s’avancèrent vers lui des Pharisiens pour le ^


mettre à l’épreuve, en disant: « Est-il permis de
répudier sa femme pour n’importe quel motif? »
^ Répondant, il dit: « N ’avez-vous pas lu que le
Créateur, dès le commencement, mâle et femelle II
les fit ®et qu’il dit: A cause de cela, Vhomme aban­
donnera père et mère, et il s’attachera à sa femme,
1-2 Voit la note de Mc.
2 « il les guérit », Mc par: « de nouveau il les enseignait. »
3-9 Voir les notes de Mc.
3 « pour n’importe quel motif », manque dans Mc.

139 M A TTH IEU


19 et les deux deviendront une seule chair. ^ De sorte
qu’ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare
pas. »
^ Ils lui disent: « Pourquoi donc Moïse a-t-il com­
mandé de donner une lettre de séparation et de
répudier} » ®Il leur dit: « C’est à cause de votre
dureté de cœur que Moïse vous a permis de répu­
dier vos femmes, mais dès le commencement il
Mt 5 ,3 2
n’en fut pas ainsi. ^ Je vous dis que celui qui répu­
Le 16, IS
die sa femme — sauf pour fornication — et en
épouse une autre, commet l’adultère. »
Les disciples lui disent: « Si telle est la condi­
tion de l’homme avec la femme, il n’y a pas intérêt
à se marier. » “ Il leur dit: « Tous ne comprennent
pas cette parole, mais ceux à qui cela est donné.
Il y a, en effet, des eunuques qui sont nés tels du
ventre de leur mère, et il y a des eunuques qui ont
été rendus eunuques par les hommes, et il y a des
eunuques qui se sont rendus eunuques eux-mêmes
à cause du royaume des Cieux. Que celui qui peut
comprendre comprenne! »

9 « sauf pour fornication », cf 5, 32: « excepté pour cause de fornication », et


la note.
10-12 Pas de parallèle.
10 « il n’y a pas intérêt », pour l ’expression, cf 5, 29, 30; 18, 6; Jn 11, 50; 16, 7;
18, 14.
11 « ne comprennent pas », pour le terme, cf v 12; 2 Co 7, 2. — « ceux à qui
cela est donné », cf 13, 11; Mc 4, 11; Le 8, 10.
12 « qui se sont rendus eunuques », à entendre au sens spirituel; ceux qui ont
renoncé à tout commerce sexuel. — « Que celui qui peut comprendre com­
prenne! » (v 11), comparer l ’invitation à &outer: «Que celui qui a des oreilles
entende! » 11, 15; 13, 9, 43; Mc 4, 9, et la note.

M A TT H IE U 140
Jésus bénit les enfants

Alors lui furent présentés des enfants pour 19


qu’il pose les mains sur eux et prie, et les disciples ^ î?; Ifi?
les menacèrent. Mais Jésus dit: « Laissez les
enfants et ne les empêchez pas de venir vers moi;
car c’est à leurs pareils qu’appartient le royaume
des deux. » Et, ayant posé les mains sur eux, il
partit de là.

La question d’un jeune homme riche

Et voici que quelqu’un, s’avançant vers lui, dit: 10.^7-22


« Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie ^ lollfM
éternelle? » Il lui dit: « Pourquoi m’interroges-tu
sur ce qui est bon? Un seul est bon. Si tu veux
entrer dans la vie, garde les commandements. »
Il lui dit: « Lesquels? » Jésus déclara: « T u ne
tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne
voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoi­
gnage, honore tes père et mère, et: Tu aimeras
ton prochain comme toi-même. » Le jeune
homme lui dit: « Tout cela, je l’ai observé; que me
manque-t-il encore? » Jésus lui déclara: « Si tu
veux être parfait, va, vends tes biens et donnes-en

13-15 Voir les notes de Mc.


13 « poser les mains sur »; Mc p a r. « toucher. »
15 Au lieu de « ayant posé les mains sur eux », Mc par: « les serrant dans ses
bras. »
16-22 Voir les notes de Mc.
16 « s’avançant vers lui »; Mc par: « accourant et tombant à genoux. »
17 « entrer dans la vie », cf v S; Mc 9, 43, 43.
20 Mc, après le v 20 p a r , ajoute une de ses plus belles notations: « Jésus se prit
à l ’aimer. »

141 M A TTH IEU


19 le prix aux pauvres, et tu auras un trésor dans les
deux; puis viens, suis-moi. » ^ En entendant cette
parole, le jeune homme s’en alla tout triste, car il
avait beaucoup de propriétés.

Le danger des richesses


Mc 10, 23-27
Jésus dit à ses disciples: « En vérité, je vous
Le 18, 24-27
dis qu’un riche entrera difficilement dans le
royaume des deux. ^ De nouveau je vous le dis: Il
est plus facile à un chameau d’entrer par un trou
d’aiguille à coudre qu’à un riche [d ’entref] dans le
royaume de Dieu. » ^ En entendant, les disdples
étaient frappés d’ime grande stupeur; ils disaient:
« Qui dont peut être sauvé? » “ Mais, les regar­
dant, Jésus leur dit: « Aux hommes c’est impossible,
mais à Dieu tout est possible. »

Récompense promise à quiconque aura tout laissé


Mc 10,28-31
Le 18,28-30
Alors, prenant la parole, Pierre lui dit: « Voici
que nous, nous avons tout laissé et nous t ’avons
suivi; qu’y aura-t-il donc pour nous? » Jésus leur
dit: « En vérité, je vous dis que vous qui m’avez
suivi, lors de la Régénération, lorsque le Fils de
21 « Si tu veux être parfait », e t 5, 48: « Vous serez donc parfaits, vous, comme
votre Père céleste est parfait »; pour le terme, cf encore 1 Co 2, 5; 14, 20;
Phi 3, 13-, etc.
22 « beaucoup de propriétés », pour le terme, cf Mc 10, 22 par-, Ac 2, 43-, 5, 1.
23-26 Voir les notes de Mc.
27-30 Voir les notes de Mc.
27 « Pierre lui dit », sur ces initiatives de Pierre, qui se comporte comme « le
premier » cto Douze, cf 16, 17, et la note.
28 « Régénération », la transformation de l ’univers à la fin des temps, « la
restauration de toutes dioses» (Ac 3, 21). Le terme se rencontre encore Ti 3, 3

M A TT H IE U 142
l’homme s’assiéra sur son trône de gloire, vous 19
serez assis vous aussi sur douze trônes, pour juger ^ 22,2s-3o
les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura laissé
maisons, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou
enfants, ou champs, à cause de mon Nom, recevra
bien davantage et aura en héritage la vie éter­
nelle. ^ Bien des premiers seront derniers, et les
Le 13.30
derniers premiers.

Parabole des ouvriers envoyés à la vigne

^ « Le royaume des Cieux est semblable, en effet, 20


à un maître de maison qui sortit dès le matin, afin
d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. ^ Il
convint avec les ouvriers d’un denier pour la jour­
née et les envoya à sa vigne. ^ Et il sortit vers la
troisième heure, en vit d’autres qui se tenaient sur
la place publique, oisifs. ^ Et à ceux-là il dit: Allez,
vous aussi, à la vigne, et je vous donnerai ce qui
est juste. ^ Ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers la
sixième et la neuvième heure, et il fit de même.

pour qualifier le baptême, « le bain de régénération ». Cf dans l ’A.T. «les nou- 19


veaux cieux, la nouvelle terre » (Is 65, 17; 66, 22), repris 2 Pe 3, 13; Ap 21, 1, 3;
et dans Paul, « créature nouvelle » (2 Co 5, 17; Ga 6, 13), pour qualifier « celui
qui est en Christ ». — « s’assiéra sur son trône de gloire », cf 25, 31. — « vous
serez assis vous aussi... ». cf Le 22, 30, presque identique. — « les douze tribus
d’Israël », cf Ta 1, 1; Ap 21, 12; 7, 4-g.
30 Cf 20, 16; Le 13, 30. _ _
1-16 Propre à Mt. 20
1 « maître de maison » (plutôt que « propriétaire »), v 11; 10, 23; 13, 27, 32; 21,
33; 24, 43.
«sa vigne», cf la parabole des vignerons homicides 21, 33-41; Mc 12, 1-9;
Le 20, 9-16.
2 « denier », petite monnaie de la valeur d’une journée de travail.
3 « la troisième heure », environ, 9 heures.
5 « la sixième et la neuvième heure », environ 12 et 15 heures.
6 « la onzième heure », 17 heures. Il ne teste plus qu’une heure de travail; la

143 M A TTH IEU


20 ^ Vers la onzième heure il sortit, en trouva d’autres
qui se tenaient là et leur dit: Pourquoi vous êtes-
vous tenus ici toute la journée, oisifs? ’ Ils lui disent:
C’est que personne ne nous a embauchés. Il leur
dit: Allez, vous aussi, à la vigne.
®« Le soir venu, le seigneur de la vigne dit à son
intendant: Appelle les ouvriers et paie-les en com­
mençant par les derniers et jusqu’aux premiers.
^ Etant venus, ceux de la onzième heure reçurent
chacun un denier. Et étant venus, les premiers
crurent qu’ils recevraient davantage; et ils reçu­
rent, eux aussi, chacun un denier. En le recevant,
ils murmuraient contre le maître de maison, en
disant: Ces derniers n’ont fait qu’une heure, et tu
les as faits nos égaux, à nous qui avons porté le
poids du jour et la chaleur brûlante. Répondant
à l’un d’eux, il dit: Mon ami, je ne te fais pas de
tort. N ’es-tu pas convenu avec moi d’un denier?
Prends ce qui est à toi et va-t’en. Je veux donner
à ce dernier autant qu’à toi. Ne m’est-il pas per­
mis de faire ce que je veux de mon bien, ou faut-il
que ton œil soit mauvais parce que moi je suis
bon? C’est ainsi que les derniers seront premiers
Mt 19,30 et les premiers, derniers. [Car il y a beaucoup
Le 13,30
d’appelés, mais peu d’élus.] »
journée ne lui aura pas été pénible, et « l’oisiveté » de toute la journée ne l’aura
pas desservi. D’où l ’expression « ouvrier de la onzième heure », pour désigner
ceux qui ne viennent que tard à l ’ouvrage.
8 « paie-les », lit: « remets le salaire. »
12 « n’ont fait... tu les as faits », petite recherche littéraire, qu’ii ne faut pas éli­
miner de la traduction. — « la chaleur brûlante », cf Le 12, 33; Ja 1, 11.
13 « Mon ami » (lit: « ComiKignon »), encore 22, 12; 26, 30.
15 « oeil mauvais », pour désigner la jalousie, cf 6, 23; Mc 7, 22, et la note.
16a Cf 19, 30.
16b Cf 22, 14.

M A TT H IE U 144
Les ouvriers envoyés à la vigne.
Missel d ’Orléans, 1556.

Troisième annonce de la Passion

Comme il allait monter à Jérusalem, Jésus prit 20


avec lui les Douze à l’écart, et en chemin il leur dit: Eïiïî’ji'ij

17-19 Voir les notes de Mc. — Troisième annonce de la Passion; pour les deux
précédentes, cf 16, 21; 17, 22-23, et par.
17 « les Douze », désignation du groupe des « Apôtres », 10, 3', 26, 14, 47;

145 M A TTH IEU


20 « Voici que nous montons à Jérusalem, et le
Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et
aux scribes, et ils le condamneront à mort, et ils
le livreront aux païens, pour le bafouer, et le fouet­
ter, et le crucifier; et le troisième jour il se relè­
vera. »

La requête de la mère des fils de Zéhédée

Mc 10, 20 s’avança ver$ lui la mère des fils de


Zébédée avec ses fils, en se prosternant pour lui
demander quelque chose. Il lui dit: « Que veux-
tu? » Elle lui dit: « Ordonne que mes deux fils que
voici soient assis l’un à ta droite et l’autre à ta
gauche, dans ton royaume. » Répondant, Jésus
dit: « Vous ne savez pas ce que vous réclamez.
Pouvez-vous boire la coupe que moi je vais
boire? » Ils lui disent: « Nous le pouvons. » ^ Il leur
dit: « Ma coupe, vous la boirez. Mais d’être assis à
ma droite et à ma gauche, cela, il ne m’appartient
pas de l’accorder: c’est à ceux pour qui mon Père
l’a préparé. »
^ Et, entendant cela, les dix s’indignèrent contre
les deux frères. ^ Jésus, les appelant à lui, dit:

Mc 3, 16; 4, 10; 6, 7, et souvent. — Avec ce verset, qui a la sécheresse d’un


compte rendu, comparer le passage parallèle de Mc: « Ils étaient en chemin,
montant à Jéruadem, et Jésus marchait devant eux; et ils étaient effrayés, et
ceux qui suivaient avaient peur. » — « à l ’écart », ou « à part », cf 14, 13, 23;
17,1, 19; 24, 3.
20-28 Voir les notes de Mc.
20 « la mère des fils de Zébédée », Mc par: « Jacques et Jean, les fils de
Zébédée. »
23 « pour qui mon Père l ’a pr^>até », lit: « à ceux pour qui cela a été préparé
par mon Pète. » — Mc par a simplement « a été préparé ».

MATTHIEU 146
« Vous savez que les chefs des nations exercent sur 20
elles leur domination, et que les grands exercent mc
sur elles leur pouvoir. ^ Il n’en est pas de même
parmi vous, mais celui qui parmi vous veut devenir
grand sera votre serviteur, ^^ et celui qui parmi
vous veut être le premier sera votre esclave, ^ d e
même que le Fils de l’homme n’est pas venu pour
être servi, mais pour servir et donner sa vie en ran­
çon pour beaucoup. »

Les deux aveugles de la sortie de Jéricho

^ Et tandis qu’ils sortaient de Jéricho, une foule


nombreuse le suivit. ^°Et voici que deux aveugles, ^
assis au bord du chemin, apprenant que Jésus
passait, crièrent: « Seigneur, aie pitié de nous. Fils
de David! » La foule les menaça pour les faire
taire, mais ils n’en crièrent que davantage: « Sei­
gneur, aie pitié de nous. Fils de David! » ^^Et,
s’arrêtant, Jésus les appela et dit: « Qu’est-ce que
vous voulez que je fasse pour vous? » Ils lui
disent: « Seigneur, que nos yeux s’ouvrent. » ^ Pris
de pitié, Jésus leur toucha les yeux, et aussitôt ils
recouvrèrent la vue, et ils le suivirent.

25 « les chefs des nations », Mc par-. « ceux qui passent pour commander aux
nations. »
29-34 Voir les notes de Mc, dont le récit est tellement alerte et vivant.
30 « deux aveugles » (déjà 9, 28), Mc par (comme Luc) n’en mentionne qu’un,
mais il donne son nom « le fils de Timée, Bartimée ».
32 Comparer avec Mc par: « Et, s’arrêtant, Jésus dit: Appelez-le. Et on appelle
l’aveugle, on lui dit: Courage! I3ebout! Il t ’appelle! Celui-ci, rejetant son man­
teau, d’un bond vint près de Jésus. »
33 « Seigneur », Mc par: « Rabbouni », puis il ajocte: « Et Jésus lui dit: Va; ta
foi t ’a sauvé! » Sur cette déclaration, cf 9, 22; Mc 10, 52; Le 7, 50; 17, 19;
18, 42.

147 MAT-THIEU
V. MINISTÈRE DE JÉSUS
À JÉRUSALEM
( 2 1 , 1 — 25, 46)

Accueil triomphal de Jésus « Fils de David » aux


Portes de Jérusalem

^Et lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem et qu’ils 21


furent venus à Bethphagué, au mont des Oliviers, îï II’,2 9 ^ 8
« Rendez-vous au village qui est en face de vous, 12, 12-15
et aussitôt vous trouverez une ânesse attachée et
un ânon avec elle; après les avoir déliés, amenez-
les moi. ^ Et si quelqu’un vous dit quelque chose,
vous direz que le Seigneur en a besoin, et aussitôt
il les renverra. » ^ Cela arriva pour que s’accomplît
ce qui avait été annoncé par le prophète, quand il
dit:

1 « lorsqu’ils approchèrent », Mc: « lorsqu’ils approchent. » — « envoya », Mc:


« envoie. »
2 « Rendez-vous », Mc, Le; « Allez. » — « une ânesse et un ânon », Mc n’a qu’un
« âne ». — « après les avoir déliés, amenez-les moi », Mc: « déliez-le et conduisez-
le. »
4 Pour cette formule introduisant un oracle prophétique, cf 1, 22, et la note.
Le texte cité est de Zach 9, 9, avec un emprunt à Is 62, 11 pour le premier

L’entrée à Jérusalem.
Bible des pauvres, XV" siècle.
21 ^ Dites à la fille de Sion:
Voici que ton roi vient à toi,
doux et monté sur un ânon
et sur le petit d*une bête de somme.
‘^Les disciples allèrent donc et, ayant fait selon
ce que leur avait prescrit Jésus, ^ils amenèrent
l’ânesse et l’ânon, posèrent sur eux leurs manteaux,
et il s’assit dessus. ®La foule, très nombreuse, éten­
dit ses manteaux sur le chemin; d’autres coupaient
des branches aux arbres et les étendaient sur le
chemin. ^ Les foules qui le précédaient et celles qui
le suivaient, criaient:
Hosanna au Fils de David!
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!
Hosanna au plus haut [des deux] !
Et quand il entra à Jérusalem, toute la ville fut
secouée; on disait: « Qui est celui-là? » “ Les
foules disaient: « C’est le prophète Jésus, celui de
Nazareth en Galilée. »

Les vendeurs chassés du Temple

Mc 11, v-17 12 Jésus entra dans le T em ple de D ieu , e t il


Le 19,4S-46 ç^assa tous ceux qui vendaient et achetaient dans

stique. Il s’agit de l ’aitparitiMi d’un toi victorieux sur ia monture antique et


simple des db«fs d ’avant Itevid et Salomon.
6 Le t6 d t parallèle de Mc ( w 4-6) est beaucoup plus circonstancié.
7 « posèrent leurs manteaux », Mc toujours plus pittemsque a « jettent », Le
« lancent ». — « s’assit dessus », lit: « sur eux », sur leurs vêtements, ou sur les
deux bêtes ne formant qu’une monture; Mc par: « s’assit sur lui », c’est-à-dire
l ’ênon.
lOb-11 propre à Mt.
11 « C ’est le prophète Jésus», cf v Le 7, 16; 24, 19; Jn 4, 19; 7, 40; 9, 17.
— « De Nazareth en Gtdilée », cf Mt 2, 22 sv; Le 2, 39, 51; Jn 1, 45; Ac 10, 30.
12-13 Voit les notes de Mc; qui place cette expulsion « le lendemain », après
une nuit passée à Béthanie, 11, 11, 12, 15.

MATTHIEU 150
le Temple; et les tables des changeurs, il les cul­ 21
buta, ainsi que les sièges de ceux qui vendaient Jn 2, Î4-16
les colombes. Et il leur dit: « Il est écrit: Ma Mai­
son sera appelée maison de prière, mais vous,
vous en faites une caverne de brigands. »

Jésus approuve les acclamations des enfants


Le 19,37-40
^^Et des aveugles et des boiteux s’avancèrent
vers lui dans le Temple, et il les guérit. En voyant
les choses merveilleuses qu’il avait faites et les
enfants qui criaient dans le Temple et disaient:
« Hosanna au Fils de David! », les grands prêtres et
les scribes s’indignèrent et lui dirent: « Tu
entends ce qu’ils disent? » Jésus leur dit: « Oui; ne
l’avez-vous jamais lu:
De la bouche des enfants et des nourrissons
tu t^es formé une louange? »
Mc n , 11,19
Et, les quittant, il sortit hors de la ville pour
Béthanie, où il passa la nuit.

Le figuier maudit et desséché instantanément

Le matin, en revenant à la ville, il eut faim. ”


Et, voyant un figuier près du chemin, il y vint et
n’y trouva que des feuilles. Et il lui dit: « Que jamais

14-16 Pas de parallèle.


15 « Fils de David! » Appellation messianique, cf 1, 1: 9, 27; 12, 23; 15, 22; etc.
16 Cf Ps 8, 3 LXX.
17 Cf Mc i l , 11b. — « Béthanie », cf Mc 11, 1, et la note.
18-22 Voit les notes de Mc.
19 Mc ajoute « car ce n ’était pas le temps des figues ». — « Et le figuier se

151 M A TTH IEU


21 plus, de toi, ne naisse de fruit, désormais! » Et le
figuier se dessécha instantanément.

Entretien sur le figuier desséché

Ce que voyant, les disciples furent étonnés, et


Mc 11,24-24 jjg dirent: « Comment se fait-il qu’instantanément le
figuier se soit desséché? » Répondant, Jésus leur
dit: « En vérité je vous le dis: Si vous avez de la foi
Mt 17,20
et que vous n’hésitiez pas, non seulement vous
ferez ce [qui vient d’arriver] au figuier, mais même
Le 17, 6
si vous dites à cette montagne: Soulève-toi et
jette-toi dans la mer, cela arrivera. ^ E t tout ce
que vous demanderez avec foi dans la prière, vous
le recevrez. »

Propos polémiques de Jésus


La mission de Jésus et le baptême de Jean

Mc 11, 27-}3 23 quand il fut entré dans le Temple, les


Le 20, I-« grands prêtres et les anciens du peuple s’avancè­
rent vers lui, alors qu’il enseignait: « Par quel pou­
voir fais-tu cela, disaient-ils, et qui t ’a donné ce
pouvoir? » Répondant, Jésus leur dit: « Je vais,
moi aussi, vous demander une seule chose, et si
vous me la dites, moi aussi je vous dirai par quel
dessécha instantanément », dans Mc c’est le lendemain matin çpie les disciples
voient le figuier desséché jusqu’aux racines, et c’est Pierre qui prend la parole, et
en termes différents.
21 « Si vous avez de la foi et que vous n ’hésitiez pas », Mc pan « s’il n ’hésite
pas en son coeur, mais croit que ce qu’il dit va arriver. »
23-27 Voir les notes de Mc.
23-27 = Mc 11, 2Â33; Le 20, 1-S. Voir les notes de Mc.
28-32 Propre à Mt.

M A TTH IEU 152


iDe (amattSictiott Du figuict/tt Du gcaii) fie
fromcnt/ct Du p:in(c Du mdDe.

«Grande vie du Christ» de Ludolphe le Chartreux. XV’ siècle^


21 pouvoir je fais cela. ^ Le baptême de Jean, d’où
était-il, du Ciel ou des hommes? » Ceux-ci se fai­
saient en eux-mêmes ce raisonnement: « Si nous
disons: du Ciel, il nous dira: Pourquoi donc n’avez-
vous pas cru en lui? “ Si nous disons: des hommes,
nous avons à craindre la foule, car tous tiennent
Jean pour un prophète. » ^ Et, répondant à Jésus,
ils dirent: « Nous ne savons pas. » Il leur déclara à
son tour: « Moi non plus je ne vous dis point par
quel pouvoir je fais cela. »

Parabole des deux enfants

^ « Que vous en semble? Un homme avait deux


enfants. S’avançant vers le premier, il dit: Mon
enfant, va-t’en aujourd’hui travailler à la vigne.
Répondant, celui-ci dit: Je ne veux pas; puis
s’étant repenti, il y alla. ^ S’avançant vers le
second, il lui dit la même chose. Répondant, celui-
ci dit: J ’y vais. Seigneur; et il n’y alla pas. Lequel
des deux a fait la volonté du père? » Ils disent: Le
premier. Jésus leur dit: En vérité, je vous dis que
les publicains et les prostituées vous précèdent
dans le royaume de Dieu. Car Jean est venu vers
vous dans im chemin de justice, et vous ne l’avez
pas cru; les publicains et les prostituées l’ont cru. Et

31 « le royaume de Dieu », encore 12, 28; 19, 24\ 21, 43\ partout ailleurs « le
royaume des d e u x ».
32 « un chemin de justice », c’est-à-dire ime conduite conforme à la volonté de
Dieu, telle qu’elle s’exprime par la Loi et les commentaires de la Tradition;
cf 7, 14-. « le chemin qui mène à la vie. » — « les publicains », cf 9, 10 sv; 11,
19; Mc 2, 13 sv; Le 3, 12; 7, 29; 15, 1.

MATTHIEU 154
vous, voyant cela, vous ne vous êtes pas davan- 21
tage repentis finalement pour le croire!

Parabole des vignerons homicides


33 Mc 12, 2-12
« Ecoutez une autre parabole. Il y avait un
Le 20, 9-19
maître de maison qui planta une vigne, et Ventoura
d^une clôture, et y creusa une cuve et bâtit une tour,
puis il la loua à des vignerons et partit en voyage.
^ « Lorsque approcha le temps des fruits, il
envoya ses esclaves aux vignerons pour prendre
ses fruits. Et, prenant ses esclaves, les vignerons
battirent l’un, tuèrent l’autre, en lapidèrent un
autre. ^^De nouveau il envoya d’autres esclaves
plus nombreux que les premiers, et ils leur firent de
même. Finalement il leur envoya son fils, se
disant: Ils respecteront mon fils. ^*Mais les vigne­
rons, en voyant le fils, se dirent par-devers eux:
Voici l’héritier; allons-y! tuons-le et emparons-nous
de son héritage. ^^Et, le prenant, ils le jetèrent
hors de la vigne et le tuèrent.
^ « Lors donc que viendra le seigneur de la
vigne, que fera-t-il à ces vignerons? » Ils lui
disent: « Il fera périr misérablement ces misérables,
et la vigne, il la louera à d’autres vignerons, qui lui
remettront les fruits en leurs temps.» Jésus leur
dit: « N ’avez-vous jamais lu dans les Ecritures:
La pierre qu^avaient rejetée les bâtisseurs,
c’est elle qui est devenue tête d’angle.
33-46 Voir les notes de Mc.
y i « son fils », Mc: « un fils bien-aimé. »

155 M A TT H IE U
21 Cest du Seigneur que cela est venu,
et c^est merveille à nos yeux!
« Voilà pourquoi je vous dis que le royaume
de Dieu vous sera enlevé, et qu’il sera donné à une
nation qui en fera les fruits.
Et celui qui tombera sur cette pierre sera fra­
cassé, celui sur qui elle tombera, elle le broiera. »]
Et en entendant ses paraboles, les grands prê­
tres et les Pharisiens comprirent que c’était d’eux
qu’il parlait. ^ Et, tout en cherchant à l’arrêter, ils
craignirent les foules, parce qu’elles le tenaient
pour un prophète.

Parabole des noces royales

22 ^ Et, prenant la parole, Jésus leur dit de nouveau


Le U, 16-24 paraboles: Le royaume des d eux ressemble
à un roi qui fit des noces pour son fils. ^ Et il
envoya ses esclaves convier aux noces ceux qui
étaient invités, et ils ne voulurent pas venir. ^De
nouveau il envoya d’autres esclaves, en disant:
Dites aux invités: Voici que j’ai apprêté mon
déjeuner; mes taureaux et mes bêtes grasses sont
égorgés, et tout est prêt: venez aux noces. ^ Eux,
négligeant l’invitation, s’en allèrent, qui à son

21 43-44 Absents de Mc.


44 = Le 20, IS. Ce verset mangue dans de bons manuscrits.
45-46 Le texte de Mc est assez différent, surtout le v 12: « Et ils cherchaient à
Tarrêter, et ils craignirent la foule. Car ils avaient compris que c’était pour eux
.. qu’il avait dit la parabole. Et, le laissant, ils s’en allèrent. »
1-10 Manque dans Mc.
2 « des noces », w 3, 4, 9\ « tmee », w S, 11, 12.
4 « déjeûner », cf Le 11, 3S; 1 4 , 12.

M A TT H IE U 156
champ, qui à son négoce; ^les autres, saisissant 22
ses esclaves, les outragèrent et les tuèrent. ^ Le roi
fut pris de colère et, envoyant ses armées, il fit
périr ces assassins et incendia leur ville. * Alors il
dit à ses esclaves: La noce est prête, mais les invi­
tés n’étaient pas dignes. ^ Rendez-vous donc aux
issues des chemins, et tous ceux que vous trouve­
rez, invitez-les aux noces. Ces esclaves, étant
sortis sur les chemins, rassemblèrent tous ceux
qu’ils trouvèrent, mauvais et bons; et la salle fut
remplie de convives.
« Etant entré pour observer les convives, le roi
vit là un homme qui n’était pas revêtu d’un vête­
ment de noces. Et il lui dit: Mon ami, comment es-
tu entré ici sans avoir un vêtement de noce? Celui-
ci resta bouche close. Alors le roi dit aux ser­
viteurs: Liez-lui pieds et mains et jetez-le dans les
ténèbres du dehors; là seront les sanglots et les
grincements de dents. Car il y a beaucoup
d’appelés, mais peu d’élus. »

7 « pris de colère », c£ 18, 34. — « meurtriers », cf Ac 3, 14; 7, 32; 28, 4;


1 Pe 4, 13; Ap 21, 8; 22, 13.
10 «mauvais et bons», cf la parabole de l ’ivraie (13, 24-30, 36-43), et celle du
filet (13, 47-50); le tri se fera plus tard ( w 11-14).
11-14 Piopre à Mt.
12 « Mon ami » (lit; « compagncm »), cf 20, 13; 26, 50.
13 « ténèbres du dehors », cf 8, 12; 23, 30. Sur ces ténèbres, symbole de
malheur, cf Sag 17, 21; Ps 88, 7, 12-13. — « sanglots et grincements de dents »,
cf 8, 12, et la note.
14 Cf 20, 16. B Jr: « Ce n ’est pas des élus en général qu’il s’agit, puisque la
salle est comble et qu’un seul est chassé; mais c’est des Juifs, les premiers
invités, qui ont traité indignement l ’appel du Roi et que celui-ci a dû châtier. »

157 MATTHIEU
Le paiement du tribut

22 Alors, s’en étant allés, les Pharisiens tinrent


U 2o!20-26 conseil pour le prendre au piège dans une parole.
Et ils lui envoient leurs disciples avec les Héro-
diens, pour dire: « Maître, nous savons que tu es
véridique et que tu enseignes la voie de Dieu
en vérité, et que tu ne te soucies de qui que ce
soit; car tu ne regardes pas à la personne des
hommes. Dis-nous donc ce qu’il t ’en semble: est-il
permis ou non de payer le tribut à César? » Com­
prenant leur perversité, Jésus dit: « Pourquoi me
mettez-vous à l’épreuve, hypocrites? ^’ Montrez-
moi la monnaie du tribut. » Ils lui présentèrent un
denier. ^ Et il dit: « De qui est cette effigie, et
l’inscription? » Ils disent: « De César. » Alors il
leur dit: « Rendez donc à César ce qui est à César,
et à Dieu ce qui est à Dieu. » ^ Et, en entendant
cela, ils furent étonnés, et le laissant, ils s’en allè­
rent.

La femme aux sept maris et la résurrection

Mc 12, 27 23 jour-là, s’avaucèreut vers lui des Saddu-


Lc 20,27-3S céens — ils disent qu’il n’y a pas de résurrection —

15-22 Voit les notes de Mc.


15 « prendre au piège », Mc: « attraper. »
18 « comprenant leur perversité », Mc: « sachant leur hypocrisie. »
19 « Montrez-moi... présentèrent », Mc: « Âpportez-moi... Ils l ’apportèrent. »
22 « ils hrrent étonnés », Mc: « ils n ’en revenaient pas d’étonnement. »
23-33 Voir les notes de Mc. Quelques différences de rédaction, comme par
exemple, « s’avancèrent vers lui » (v 23), Mc « viennent vers lui ».

M A TT H IE U 158
et ils l’interrogèrent en disant: ^ « Maître, Moïse a 22
dit: Si quelqu'un meurt sans avoir enfants, son
frère, en tant que beau-frère, épousera sa femme
et suscitera une descendance à son frère. ^ Or il y
avait parmi nous sept frères. Et le premier, qui
s’était marié, mourut, et comme il n’avait pas de
descendance, il laissa sa femme à son frère. ^ P a ­
reillement, et le second, et le troisième, jusqu’au
septième. La dernière de tous, mourut la femme.
“ Eh bien! à la résurrection, duquel des sept sera-t-
elle la femme? Car tous l’ont eue. »
^ Répondant, Jésus leur dit: « Vous vous égarez,
faute de connaître les Ecritures et la puissance de
Dieu. ^ A la résurrection, en effet, on ne prend ni
femme ni mari, mais on est comme des anges dans
le ciel. Et sur la résurrection des morts, n’avez-
vous pas lu ce qui vous a été annoncé par Dieu,
quand il dit: Moi, je suis le Dieu d*Abraham, et le
Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob? Il n’est pas un
Dieu de morts, mais de vivants. » Et, en entendant
cela, les foiiles étaient frappées de son enseigne­
ment.

Le plus grand commandement

^ Les Pharisiens, apprenant qu’il avait fermé la


bouche aux Sadducéens, se réunirent ensemble. ^

24 Le texte, empninté à Dent 25, 5 sv, est cité libtement, et d’une manière
différente dans Mt et Mc.
34 -^ Voir les notes de Mc, beaucoup plus développé; cf en particulier v 55
« c’est plus «lue tous les holocaustes et sacrifices », et v 54 « E t Jésus, voyant

159 M A'TTHIEU
22 Pun d’entre eux, xin légiste, l’interrogea pour
le mettre à l’épreuve: ^ « Maître, quel commande­
ment est le plus grand dans la Loi? » Il lui décla­
ra: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu avec tout ton
cœur, et avec toute ton âme, et avec toute ta pen­
sée. ^ C’est là le plus grand et le premier comman­
dement. ^’ Le second lui est semblable: Tu aimeras
ton prochain comme toi-même. ces deux com­
mandements toute la Loi est suspendue, ainsi que
les Prophètes. »

Te Christ, fils et Seigneur de David

Mc 12,35-37 41 'j’^ndis que les Pharisiens se trouvaient ras-


Lc 20,41-44 semblés, Jésus les interrogea en disant: « Que
vous semble-t-il du Christ? De qui est-il fils? » Ils lui
disent: « De David. » Il leur dit: « Comment donc
David, [inspiré] par l’Esprit, l’appelle-t-il Seigneur,
quand il dit:
^ Le Seigneur a dit à mon Seigneur:
Assieds-toi à ma droite,
jusqu^à ce que faie mis tes ennemis
sous tes pieds.
« Si donc David l’appelle Seigneur, comment
est-il son fils? » ^ E t personne ne put lui répliquer
Le 20,40 depuis ce jour-là, n’osa plus l’interro­
ger.

qu’il avait répondu judicieusement, lui dit; Tu n’es pas loin du royaume de
Dieu. »
41-46 Voir les notes de Mc.

24 — Entrée de Jésus à Jérusalem.


Evangiles en arménien. Manuscrit du X V I* siècle. Musée Condé,
Chantilly, «“ 1346.
25 — Parabole des talents (25, 14-30).
«M iroir de l ’Humaine Salvation». Manuscrit du XV® siècle. Musée
Condé, Chantilly, n° 1363.
Discours contre les scribes et les Pharisiens 23

^Alors Jésus parla aux foules et à ses disciples,


^ en disant: « Les scribes et les Pharisiens se sont
assis sur la chaire de Moïse: ^ tout ce qu’ils vous
disent, faites-le donc et gardez-le, mais n’agissez
pas selon leurs œuvres; car ils disent et ne font
Le 11,46
pas. ^ Ils lient de lourdes charges et les mettent
sur les épaules des hommes, mais eux-mêmes se
refusent à les remuer du doigt.
^ « Toutes leurs œuvres, ils les font pour être re­
marqués des hommes. Ils élargissent leurs phy­
Mc 12,38-39
lactères et agrandissent leurs franges. ^ Ils aiment
le premier divan dans les dîners, les premiers

Cette diatribe contre les scribes et les Pharisiens — les guides intellectuels de
la nation et les grands adversaires de Jésus — se compose de trois parties: w 2-
12: Ne les imitez pas; 13-32; sept malédictions; 33-36: le châtiment. Suit une
apostrophe à Jérusalem, w 3 7-3 9 , que Le place dans un contexte différent. Ce
discours, comme les autres grands discours de Mt (5-7; 10, 5-42; 13; 24-26), est
formé de paroles prononcées par Jésus en des temps et lieux différents; cf Mc
12, 37b-40; Le 20, 4 3 -4 7 , et siutout 11, 39-32. Avec indignation et véhémence,
Jésus reproche à ses adversaires orgueil et attitudes ostentatoires, hypocrisie, rigi­
dité, formalisme, recours à la casuistique. Pages à méditer par tous ceux qui sont
investis ou s’investissent de responsabilités spirituelles.
1 « Alors », terme vague dont Mt, peu soucieux de précisions chronologiques,
fait un fréquent usage (91 fois, en y ajoutant « et alors, dès lors »).
2 « scribes et Pharisiens », w 13, 14, 13; 5, 20; 15, 1; Mc 1, 22; 2, 1 6 , et les
notes. — « chaire de Moïse », expression unique pour désigner la source de leur
autorité; ils sont les successeurs et les interprètes qualifiés du grand législateur.
3 « ils disent et ne font pas» (15, 5 sv; Mc 7, 1 1 -1 3 ), terrible sentence à
l’adresse de quiconque a ou s’arroge la mission de guider les autres.
4 Cf Le 11, 46: « vous chargez les hommes de charges difficiles à porter, et
vous-mêmes ne touchez pas à ces charges d’un seul de vos doigts! »
5 « p o u r être rem arqués », m êm e reproche e t dans les m êmes term es q u ’en 6,
1. — « p h y la c tè re s » , bandes de parchem in sur lesquelles étaien t écrits quelques
versets d e la L oi (E x 13, 1-10; 13, 11-16; D eu t 6, 4-9; 11, 13, 2 1 ) , e t q ue les Ju ifs
pieux p o rta ien t enferm ées en de p etite s b o îtes, attachées au fro n t et liées à la
m ain e t au bras gauche p a r des courroies. C ’é ta it l ’in terp réta tio n litté ra le de
D eut 6, 8: « tu les attacheras com me u n signe sur ta m ain, e t elles serv iro n t de
fronteau en tre tes yeux. » L a croyance p o p u la ire le u r a ttrib u a it u ne v ertu d e p ré ­
servation, d ’où le u r nom grec, q u i signifie préservation, talism an, am u lette. —
« franges », ou « houppes », cf D e u t 22, 12; N om b 15, 38-41, surtout: « tu le u r
diras de se faire une h ouppe aux pans de leurs h ab its, e t d e m ettre à la hou p p e
d u pan u n cordon d e po u rp re v io lette. Ce sera v o tre houppe, e t quand vous la
verrez, vous vous souviendrez d e tous les com m andem ents de Y ahvé... »

161 M A TTH IEU


23 sièges dans les synagogues, ^les salutations sur
Le 11,43
2 0 ,4 6 les places publiques et à être appelés Rabbi par
les hommes.
* « Pour vous, ne vous faites pas appeler Rabbi,
car vous n’avez qu’un Maître et vous êtes tous
frères. ^ Et ii’appelez personne votre « père » sur la
terre, car vous n’avez qu’un Père, le Céleste.
U t 20,26
Ne vous faites pas non plus appeler « Doc­
Mc 9 ,3 3
teurs », parce qu’il n’y a pour vous qu’un Docteur, le
Christ. Le plus grand d’entre vous sera votre
Le 14,11
18,1 4 serviteur. Celui qui s’élèvera sera abaissé, et
celui qui s’abaissera sera élevé.
« Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypo­
Le 11,32
crites, parce que vous fermez le royaume des
Cieux devant les hommes; car vous, vous n’entrez
pas, et ceux qui veulent entrer, vous ne les laissez
pas entrer! [^^...]
« Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocri­
tes, parce que vous parcourez la mer et le continent

6 « le premier divan dans les dîners », c£ Mc 12, 39; Le 14, 7, 8; 20, 46. —
« les premiers si^ es dans les synagogues », cf Mc 12, 39; Le 20, 46.
7 « les salutations sur les places », cf Mc 12, X ; Le 11, 43; 20, 46. —
« Rabbi », apostrophe respectueuse à l ’adresse des docteurs de la Loi, cf v 8; 26,
23. 49; Mc 9, 3; 10, 31; 11, 21; 14, 43; Jn 1, 39, 30, etc.
8 « Maître », d’ense^em ent.
9 « Père », ai^iellation honorifique que l’on donnait aux rabbis et aux grands
hommes du pûsé. Pour la pensée, cf 1 Co 4, 1.5: « vous n’avez pas plusieurs
pères; car c’est moi qui, par l ’Evangile, vous ai engendrés en Christ Jésus. » —
« le Père céleste », propre à Mt: 5, 48; 6, 14, 26. 32; 15, 13; 18, 33.
10 « Docteurs », ou giûdes, instruaeurs, directeurs.
13 « hypocrites », ^ ith è te infamante, qui revient 7 fois, comme un sinistre
refrain w 13, 23, 23, 27, 29. — « Malheur », déjà 11, 21; 18, 7, et ici sept fois,
vv i X 14, 13, 16, 23, 23, 27, 29. Le, dans son passage parallèle (11, 39-32), n ’a que
six «m alheur», w 42, 43, 44, 46, 47, 32, et sans «hypocrites». — «vous
fermez », cf Le 11, 52: « Malheur à vous, les légistes, parce que vous avez enlevé
la clef de la science! Vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer,
vous les en avez empêchés! »
14 Cf Mc 12, 40.
15 Sur ce prosélytisme religieux, cf Ro 10, 2: « je leur rends témoignage qu’ils
ont du zèle pour Dieu; mais ce zèle manque d’intelligence. » — « prosélyte »,

MATTHIEU 162
pour faire un prosél5rte, et lorsqu’il Pest devenu, 23
vous en faites un fils de géhenne deux fois plus
que vous!
« Malheur à vous, guides aveugles qui dites: Si
quelqu’un jure par le Sanctuaire, ce n’est rien; mais
si quelqu’un jure par l’or du Sanctuaire, il est tenu.
Fous et aveugles! Car quel est le plus grand, l’or
ou le Sanctuaire qui a sanctifié l’or? Et: Si quel­
qu’un jure par l’autel, ce n’est rien; mais si quel­
qu’un jure par l’offrande qui est dessus, il est tenu.
Aveugles! Car quel est le plus grand, l’offrande
ou l’autel qui sanctifie l’offrande? “ Celui donc qui
jure par l’autel jure par l’autel et par tout ce qui est
dessus; et celui qui jure par le Sanctuaire jure
par le Sanctuaire et par Celui qui l’habite; ^ et
celui qui jure par le ciel jure par le trône de Dieu et
par Celui qui y est assis.
^ « Maflieur à vous, scribes et Pharisiens hypo- ^
crites, parce que vous acquittez la dîme de la
menthe, du fenouil et du cumin... et vous avez
laissé ce qui a le plus de poids dans la Loi, la jus­
tice, la miséricorde et la foi! Il fallait faire ceci et ne
pas laisser cela. ^ Guides aveugles, qui filtrez le
moucheron et engloutissez le chameau!

païen agrégé au judaïsme par la circoncision, cf Ac 2, 11; 6, 5; 13, 43. — « fils


de géhôme» (hébraSsme), c’est-à-dire voué à la gâienne, lieu de supplice des
rterouvés, v 33; 5, 22, 29, 30; 10, 28; 18, 9.
16 « guides avenues », v 24; 15, 14; « aveugles, guides d’aveugles »; Ro 2, 19;
« guide des aveugles. » — Sur ces subtilités de la casuistique, cf 15, 5 sv, et
surtout Mc 7, 11, et la note.
22 « le trône de Dieu », et 5, 34.
23 Cf Le 11, 42, avec quelques variantes. Ces piantes n ’étaient pas assujetties à
la dime; il s’^ t donc d’une pratique que i ’on s’impose librement.
24 « le diameau », cf Mt 19, 24, et par; le plus gros animal alors connu en
Palestine.

163 M A TT H IE U
23 “ « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypo­
Le 11.39
crites, parce que vous purifiez l’extérieur de la
coupe et de l’écuelle, alors qu’à l’intérieur ils sont
pleins de rapine et d’incontinence.
^ Pharisien aveugle, purifie d’abord le dedans
de la coupe, pour que le dehors aussi devienne
pur.
Le 11,44 27 Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypo­
crites, parce que vous ressemblez à des sépulcres
blanchis: à l’extérieur ils paraissent beaux, mais à
l’intérieur ils sont pleins d’ossements de morts et
de toute sorte d’impureté. Ainsi de vous: à
l’extérieur vous paraissez justes aux hommes, mais
Le 16,13
à l’intérieur vous êtes remplis d’hypocrisie et d’illé­
galité.
Le 11, 47-48 29 Malheut à vous, scribes et Pharisiens hypo­
crites, parce que vous bâtissez les sépulcres des
prophètes et ornez les tombeaux des justes, ^ et
vous dites: Si nous avions été là aux jours de nos
pères, nous n’aurions point participé avec eux au
meurtre des prophètes. De sorte que vous
témoignez contre vous-mêmes que vous êtes les
fils de ceux qui ont tué les prophètes. Et vous,
comblez la mesure de vos pères!

25 Lç 11, 39: « L’extérieur de la coupe et du plat, voua le purifiez, alors que


votre intérieur est plein de rapine et de perversité. » — « incontinence », encore
et seulement 1 Co 7, .5.
27 « sépulcres blanchis », cf Ac 23, 3: « mur blanchi. »
28 « vous paraissez justes aux hommes », cf Le 16, 13: « ceux qui se justifient
devant les hommes ». — « illégalité », tout ce qui est contraire à la Loi, cf 7, 3;
13, 41; 24, 12.
32 « comblez la mesure », celle de la culpabilité atteinte par vos pères;
cf 1 Th 2, 16, les Juifs qui « mettent sans cesse le comble à leurs pédiés ».
33 Propre à Mt. — « engeance de vipères », cf 3, 7; 12, 34. — « jugement de la
géhenne », cf v 13: « fils de géhenne. »

M A TT H IE U 164
« Serpents, engeance de vipères, comment 23
pourriez-vous fuir le jugement de la géhenne? ^ n. 49.51
^ C’est pourquoi, voici que moi j’envoie vers vous
des prophètes, et des sages, et des scribes. Vous
en tuerez et crucifierez, vous en fouetterez dans
vos synagogues et en pourchasserez de ville en
ville, afin que vienne sur vous tout le sang juste
répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste
jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que
vous avez tué entre le Sanctuaire et l’autel. ^ En
vérité je vous le dis: Tout cela arrivera sur cette
génération.

Apostrophe à Jérusalem

« Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les pro- ^


phètes et lapides ceux qui te sont envoyés, que de
fois j’ai voulu rassembler tes enfants de la manière
dont une poule rassemble ses petits sous ses
ailes... et vous n’avez pas voulu! Voici que votre
maison vous est laissée. Car, je vous le dis, vous
ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous
disiez:
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! »

34-36 « prophètes, sages, scribes », termes empruntés au judaïsme pour désigner


les envoyés de Jésus.
35 « ie sang d ’Abel », Gn 4, 8, 10; He 12, 24. — « Zacharie, fils de Barachie »;
en réalité, il s’agit de Zacharie, fils du prêtre Yehoyada, cf 2 Chr 24, 20-22.
36 « Tout cela », c’est-à-dire tous les châtiments dus à ces crimes.
38 Inspiré de Jr 22, 5.
39 Ps 118, 26. — « jusqu’à ce que vous disiez », soit lors de l ’entrée triomphale
de Jésus à Jérusalem (Le 19, 38), soit lors du Retour de Jésus glorieux (24, 27,
37, 39; 1 Co 15, 23; 1 Th 3, 13; 4, 15; etc).

165 M A TT H IE U
Discours sur la ruine du Temple et la Venue du Fils
de Vhomme. Annonce de la ruine du Temple et
question des disciples

24 ^ Et comme Jésus, sortant du Temple, s’en allait,


Mc 13, 1- 4
Le 21, 3- 7 ses disciples s’avancèrent pour lui montrer les bâti­
ments du Temple. ^ Prenant la parole, il leur dit;
« Vous regardez tout cela? En vérité je vous le dis:
Il ne sera pas laissé ici pierre sur pierre qui ne soit
détruite. » ^ Comme il était assis sur le mont des
Oliviers, les disciples s’avancèrent vers lui, à
l’écart, et ils dirent: « Dis-nous quand cela aura lieu,
et quel est le signe de ta Venue et de la fin du
monde? »

La ruine du Temple: signes précurseurs


Mc 13, 5-13
^ Et, répondant, Jésus leur dit: « Prenez garde
Le 28, 8-19
qu’on ne vous égare. ^ Car il en viendra beaucoup
sous mon Nom, qui diront: « C’est moi, le Christ »;
et ils en égareront beaucoup. ^ Vous allez entendre
parler de guerres et de bruits de guerres. Atten­
tion! ne vous alarmez pas; car il faut que cela
arrive, mais ce n’est pas encore la fin. ^On se
lèvera en effet nation contre nation et royaume
contre royaume. Et il y aura des famines et des

1-3 Voit les notes de Mc. — « ses disciples », Mc les nemune: Pierre, Jacques,
Jean et André. — « quel est le signe de ta Venue et de la fin du nuMide? * Mc:
« quel sera le signe, lorsque tout cela va finir? » — « Venue », traduction d’un
mot grec qu’on se contente souvent de transcrire « Parousie », encore w 27, 37,
39; 1 Co 15, 23; 1 Th 2, 19; 3, 13; 4, 13; 5, 23; 2 Th 2, 1, 8; Ja 5, 7, 8; 2 Pe 1,
16; 3, 4, 12; 1 Jn 2, 28.
4-8 Voir Mc 13, 3-8, et les notes.

M A TT H IE U 166
secousses par endroits. ®Tout cela, c’est le com- 24
mencement des douleurs.
®« Alors on vous livrera à l’affliction et on vous
tuera, et vous serez haïs par toutes les nations à
cause de mon Nom; ^®et alors beaucoup se scan­
daliseront, et ils se livreront les uns les autres et se
haïront les uns les autres. “ Et beaucoup de faux
prophètes se lèveront et ils en égareront beau­
coup, et parce que l’illégalité se multipliera,
l’amour du grand nombre se refroidira. Mais
celui qui tiendra jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé.
^"^Et cet Evangile du Royaume sera proclamé dans
le monde entier, en témoignage pour toutes les ^
nations. Et alors arrivera la fin...

La ruine du Temple: le signe de son imminence et


son caractère terrifiant

« Lors donc que vous verrez VAbomination de ^


la Désolation annoncée par le prophète Daniel ins- ^ 21, 20-23
tallée dans un Lieu saint — que le lecteur com­
prenne! — alors, que ceux qui seront en Judée ^
fuient dans les montagnes, que celui qui sera sur
la terrasse ne descende pas pour prendre ce qui
est dans sa maison, et que celui qui sera au

9-13 = 10, 21-22. Voir les notes de ce dernier passage.


13-20 Voir les notes de Mc. — « l ’Abomination de la Désolation » (Dan
9, 27; 11, 31; 12, 11; 1 Mac 1, 3 4), allusion à im autei païen érigé Antiochus
Epifrfiane sur l ’autel de l ’holocauste. « La formule est assez comprâiensive pour
englober la profanation de la Terre Sainte par l ’invasion des a r m ^ romaines et
la profanation du Temple en 69 apr. J.-C. par les zélotes assassins et pillards »
(Huby).

167 M A TT H IE U
24 champ ne retourne pas en arrière pour prendre son
manteau. Malheur à celles qui seront enceintes
et à celles qui allaiteront en ces jours-là! Priez
pour que votre fuite n’arrive pas en hiver ou un
sabbat.

La grande affliction
Mc 13,19-23 21 *2 y grande affliction telle
Le 21,23-24 arrivée depuis le commencement
du monde jusqu’à maintenant et qu’il n’en arrivera
jamais plus. ^ Et si ces jours-là n’avaient été écour­
tés, aucune créature ne serait sauvée; mais à cause
des élus, ces jours seront écourtés. Alors, si
quelqu’un vous dit: Voici: le Christ est ici! ou bien:
Ici! n ’allez pas le croire. Car il se lèvera de faux
Christs et de faux prophètes, qui opéreront de
grands signes et prodiges, de façon à égarer si
possible, même les élus. ^ Voilà; je vous ai préve­
nus.
Le 17,23-24 2 6 ^^ douc OU VOUS dit: Voici: il est dans le
désert! n’y sortez pas; le voici dans les resserres!
ne le croyez pas. ^ Car, de même que l’éclair part
du Levant et paraît jusqu’au Couchant, ainsi sera la
Le 17,37 Venue du Fils de l’homme. ^ Où que soit le cada­
vre, là se rassemblèrent les aigles.

21-25 Voir les notes de Mc.


26 « les resserres », endroits retirés où l ’on met à l ’abri denrées et choses pré­
cieuses, cf 6, 26; Le 12, 3, 24.
28 Image de la rapidité et de la sûreté avec lesquelles s’opérera le rassemble­
ment. Cf Jb 39, 30: « où sont des cadavres, il (l’aigle) est là. »

M A TT H IE U 168
Les catastrophes cosmiques et la Venue en gloire
du Fils de Vhomme

« Aussitôt après l’affliction de ces jours-là, le 24


soleil Vobscurcira, et la lune ne donnera pas sa îî*" lî; ÿ S
clarté, et les astres tomberont du ciel, et les puis­
sances des deux seront ébranlées. Et alors
paraîtra le signe du Fils de l’homme dans le ciel, et
alors se frapperont la poitrine toutes les tribus de
la terre, et elles verront le Fils de Vhomme venir sur
les nuées du ciel avec puissance et beaucoup de
gloire. Et il enverra ses anges avec la grande
trompette, et ils rassembleront ses élus des quatre
vents, des extrémités des deux à leurs extrémités.

La parabole du figuier

« Du figuier apprenez cette comparaison. Dès ^


que sa branche devient tendre et pousse les ^ 21, 29-^^
feuilles, vous comprenez que l’été est proche.
Ainsi de vous: lorsque vous verrez tout cela,
comprenez qu’il est proche, aux portes. ^ En vérité,
je vous dis que cette génération ne passera pas
que tout cela ne soit arrivé. Le ciel et la terre
passeront, mais mes paroles ne sauraient passer.

29-31 Voit les notes de Mc. Mais Mt a en plus « le signe du fils de l ’honune»,
énigmatique (cioix, signal comme Is 11, 12...?) — « se frappeiont la poitrine »,
cf Zach 12, 10 SW (la grande lamentation sur le mystérieux «Transpercé»). —
« la grande trompette », qui doit retentir pour smmer le rassemblement des élus,
Cf Is 27, U ; 1 Co 1 5 , 12; 1 Th 4, 16.
32-36 Voir les notes de Mc.

169 M A TT H IE U
24 “ Quant à ce Jour et à cette Heure, personne ne
les sait, ni les anges des deux, ni le Fils; il n*y a
que le Père seul.

Exhortation à la vigilance. Uexemple du déluge

Le 17.26-27 37 furent les jours de Noé, telle sera la


Venue du Fils de l’homme. Car, de même qu’en
ces jours d’avant le déluge les gens mangeaient
et buvaient, prenaient femme ou mari, jusqu’au jour
où Noé entra dans Varche, ^^et qu’ils ne surent
rien jusqu’à ce que vint le déluge, qui les enleva
tous, ainsi en sera-t-il de la Venue du Fils de l’hom-
Lc 17,34-33 jjjg 40 seront au champ, l’im sera
Mt 23,1 3
pris et l’autre laissé; de deux qui moudbront à la
Mc 13,33
meule, l’ime sera prise et l’autre laissée. Veillez
^ S ’,ÿ -36 donc, parce que vous ne savez pas quel jour votre
Maître va venir.

Exhortation à la vigilance. Le voleur de nuit

Le 12,39-40 « Comprenez-le bien: si le maître de maison


avait su à quelle veille de la nuit le voleur allait
venir, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer sa
maison. ^ Voilà pourquoi, vous aussi, tenez-vous
prêts, parce que c’est à l’heure où vous n’y pensez
pas que le Fils de l’homme va venir.
37-38 « Noé entra dans l ’arche », cf Gn 7, 7. — « la Venue », voir la note sur
w 1-3.
40-41 « l ’un sera pris, l’une sera prise », pour le Royaume.
42 Sur cette incertitude du jour et de l ’heure, d w 36, 44, 30; 25, 13; Mc 13,
34-36; Le 12, 39, 40, 46; 17, 26-30; 21, 34-33; 1 Th 5, 2, 4; 2 Pe 3, 4-7. 9-10.
43 « le voleur», cf Le 12, 39; 1 Th 5, 2; 2 Pe 3, 10; Ap 3, 3; 16, 13: «Voici

M A TT H IE U 170
Exhortation à la vigilance. L'esclave fidèle et
prudent

« Quel est donc l’esclave fidèle et prudent 24


que le seigneur a établi sur sa domesticité pour ^ ^2,42-46
lui donner la nourriture en temps voulu? ^ H eu ­
reux cet esclave que son seigneur, en venant,
trouvera ainsi occupé! En vérité, je vous dis qu’il
l’établira sur tous ses biens. ^M ais si ce mauvais
esclave dit en son cœur: Mon seigneur tarde, ^^et
qu’il se mette à battre ses compagnons, qu’il
mange et boive avec les ivrognes, “ il arrivera, le
seigneur de cet esclave, im jour où il ne s’v attend
pas et à une heure qu’il ne connaît pas; ^*et il le
retranchera et mettra sa part avec les h3^pocrites;
là seront les sanglots et les grincements de dents.

Exhortation à la vigilance. Les « vierges sages » et


les « vierges folles »

^ « Alors le royaume des d eu x ressemblera à dix 25


jeunes filles qui, prenant leurs lampes, sortirent au-

que je viens comme un voleur! » — « percer se maison », c’est-à-dire: « percer le 2 4


mur de sa maison. »
48 « Mon seigneur tarde », sur cette inquiétu<^ devant les délais de la Venue du
Christ glorieux, cf 2 Pe 3, 4-10.
50 « im jour où il ne s’y attend pas et à une heure qu’il ne connaît pas », cf
V 42, et la note.
51 « le retranchera », difficile; lit: « le coupera en deux » (cf 1 Chr 20, 3; He 11,
37); on interprète: « le mettra en pièces », ou « s’en séparera ». — « les hypo­
crites », Le par: * les infidèles. » — « là seront les pleurs... », cf 8, 12, et la note. _ _
1-13 Propre à Mt. Cependant on peut en rapprocher Mc 13, 33-37, et surtout 2 5
Le 12, 3é-37: « soyez semblables à des hommes qui attendent leur seigneur à son
retour de noces, pour lui ouvrir dès qu’il viendra et frappera. Heureux ces
esclaves que le seigneur, à sa venue, trouvera veillants! » — Ik n s cette parabole-
allégorie, les jeunes filles sont les demoiselles d ’honneur de la mariée, l ’Eglise;

171 M A TT H IE U
25 devant de Tépoux. ^ Cinq d’entre elles étaient
folles et cinq étaient prudentes. ^ Les folles, en
effet, en prenant leurs lampes, n’avaient pas pris
d’huile avec elles, ^ mais les prudentes avaient pris
de l’huile dans les fioles avec leurs lampes. ^ Com­
me l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et
s’endormirent.
^ « Au milieu de la nuit, il y eut un cri: Voilà
l’époux! Sortez au-devant de lui. ^ Alors toutes ces
jeunes filles se levèrent et garnirent leurs lampes.
* Les folles dirent aux prudentes: Donnez-nous de
votre huile, parce que nos lampes s’éteignent.
’ Les prudentes répondirent: Cela ne suffirait pas
pour nous et pour vous; allez plutôt chez les mar­
chands et achetez-vous-en. ^“Tandis qu’elles s’en
allaient pour en acheter, vint l’époux, et celles qui
étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des
noces; et on ferma la porte. Finalement viennent
aussi les autres jeunes filles, qui disent: Seigneur,
Seigneur, ouvre-nous. Mais, répondant, il dit: En
vérité, je vous le dis: Je ne vous connais pas.
Mt 24,42
Veillez donc, parce que vous ne savez ni le jour
ni l’heure.
l ’époux est le Christ. Sur les relations de Jésus et de l ’Eglise exprimées par le
symbole du mariage, cf 2 Co 11, 2; Eph 5, Ap 19, 7; 21, 2; Jn 3, 29.
2 « folles », au sens biblique de dé^urvues de sagesse, c’est-à-dire de juge­
ment. — « prudentes », cf 7, 24; 10, 16; 24, 43; Le 12, 42; 16, 8; etc.
5 « tardait », cf 24, « ; 2 Pe 3, 4-10.
6 « au milieu de la nuit », cf Le 17, 34; 1 Th 5, 2.
9 Ni ironie, ni éœlsme, simple constatation d ’un fait; elles ont été prudentes
pour se procurer l ’huile, elles entendent le rester pour la conserver.
12 « Je ne vous connais pas », cf 7, 23: Le 13, 23, 27.
13 « Veillez », sur cette invitation, ci 24, 42; Mc 13, 33, 37; Le 12, 37; 1 Th 5,
6, 10; 1 Pe 5, 8; Ap 3, 2, 3; 16, 13. On trouve aussi « Soyez vigilants », ou
« Tenez-vous éveillés », Mc 13, 33; Le 21, 36; Eph 6, 18; He 13, 17. — « vous ne
savez ni le jour ni l’heure », cf 24, 42, et la note. — Même pensée exprimée
autrement: « Tenez-vous prêts », 24, 44; Le 12, 40.

M A TT H IE U 172
Les vierges sages (en haut) et les vierges folles, qui tiennent leurs
lampes vides, renversées.
«Im itation du C hrist». Paris, 1493.
Exhortation à Vactivité. Parabole des talents

25 « Cest, en effet, comme un homme qui, par­


Mc 13,^4
tant en voyage, appela ses esclaves et leur confia
ses biens. A l’un il donna cinq talents, à l’autre
deux, à l’autre un seul, à chacun selon sa capacité,
et il partit.
Le 19,12-27
« Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents
alla les faire valoir et en gagna cinq autres. ^^De
même, celui des deux talents en gagna deux
autres. Celui qui avait reçu un talent s’en alla
creuser la terre et cacha l’argent de son maître.
« Longtemps après, vient le seigneur de ces
esclaves, et il règle ses comptes avec eux. ^ E t,
s’avançant, celui qui avait reçu les cinq talents pré­
senta cinq autres talents, en disant: Seigneur, c’est
cinq talents que tu m’avais confiés; voici cinq autres
talents que j’ai gagnés. Son seigneur lui déclara:
Le 16,20
C’est bien, esclave bon et fidèle; sur peu tu as
été fidèle, sur beaucoup je t’établirai; entre dans la
joie de ton seigneur. " S’avançant aussi, celui des

14-30 A cette parabole des talents correspond, dans Le 19, 12-27, la parabole
des mines (talent, environ 6000 francs or; mine, environ 100 francs or); elles sont
très proches l ’une de l ’autre et p o s a ie n t représenter deux versions différentes
d’un même original. Voici les principales particularités: Mt: « homme p a rm t en
voyage », Le: « tm homme de lûmte naissance qui va dans un pays lointain pour
recevoir la dignité royale »; Mt; « l ’un cinq talents, Pautre deux, l ’autre un
seul », Le: une mine à ducun; Mt: les deux premiers gagnent cinq et deux
talents, autant qu’ils en ont r e ^ , le troisième fait un trou dans la terre l>our y
cacher son talent. Le: le premier n g n e dix mines, le second cinq, le troisième
garde la sienne « d é p o ^ dans un linge »; Mt: « sur beaucoup je t ’Âablirai: entre
dans la joie de ton seigneur. Le: « sols à la tête de dix, de cinq tdlles »; Mt: le
talent est enlevé au mauvais esclave et donné à celui qui a les dix. Le: « la mine
lui est enlevée et donnée à celui qui a les dix »; Mt et Le ont même leçon
morale « à tout homme qui a on donnera... », et réservent un châtiment poiu
les esclaves inutiles, « jetés dans les ténèbres du dehors » en Mt; mais en Le, il
s’agit de « mes ennemis », qu’il faut amener et égorger devant le seigneur.

MATTHIEU 174
deux talents dit: Seigneur, c’est deux talents que tu 25
m’avais confiés; voici deux autres talents que j’ai ga­
gnés. ^ Son seigneur lui déclara: C’est bien, esclave
bon et fidèle; sur peu tu as été fidèle; sur beaucoup
je t’établirai; entre dans la joie de ton seigneur.
« S’avançant aussi, celui qui avait perçu un
talent dit: Seigneur, je savais que tu es un homme
dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé et ramas­
ses d’où tu n’as rien répandu; ^ et pris de peur, je
m’en suis allé cacher ton talent dans la terre; vois,
tu as là ce qui est à toi. “ Répondant, son seigneur
lui dit: Mauvais esclave, et paresseux! Tu savais
que je moissonne là où je n’ai pas semé et que je
ramasse d’où je n’ai rien répandu. ^ Il te fallait
donc mettre mon argent chez les banquiers, et en
revenant, moi j’aurais recouvré ce qui est à moi
avec un intérêt. “ Enlevez-lui donc le talent et don-
nez-le à celui qui a les dix talents. ^ Car à tout
homme qui a on donnera et il aura en surabon­ Mt 13, i2
dance, mais celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui
sera enlevé. ^ E t l’esclave inutile, jetez-le dans les
ténèbres du dehors; là seront les sanglots et les
grincements de dents.

175 M A TTH IEU


Les assises du jugement dernier

25 « Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa


gloire, et tous les anges avec lui, alors il s’assiéra
sur son trône de gloire. Devant lui seront ras­
semblées toutes les nations, et il séparera les uns
d ’avec les autres, comme le berger sépare les bre­
bis d ’avec les boucs, et il placera les brebis à sa
droite, et les boucs à sa gauche.
^ « Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa
droite: Venez, les bénis de mon Père, recevez en
héritage le Royaume qui a été préparé pour vous
depuis la fondation du monde. * Car j’ai eu faim,
et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et
vous m’avez donné à boire; j’étais étranger, et
vous m’avez recueilli; ^^nu, et vous m’avez vêtu;
j’ai été malade, et vous m’avez visité; j’ai été en
prison, et vous êtes venus vers moi. Alors les
justes lui répondront: Seigneur, quand t’avons-nous
vu avoir faim, que nous t ’ayons nourri, ou avoir soif,
que nous t ’ayons donné à boire? ^ Quand
t ’avons-nous vu étranger, que nous t ’ayons
recueilli, ou nu, que nous t ’ayons vêtu? Quand
t’avons-nous vu malade ou en prison, que nous

îl-46 Admirable morceau, solennel et pathétique en sa simplicité.


31 « viendra dans sa gloire », cf 16, 27: « dans la gloire de son Père avec ses
anges »; Mc 8, 38 par; Le 9, 26 par; « dans sa gloire et celle du Père et des
saints anges. » — « tous les anges avec lui », cf Zach 14, 3; Ju v 14. — « il
s’assiéra sur son trône de gloire », cf 19, 28.
33 « à sa droite », la place d’honneur, cf Ps 110, 1.
34 « recevez en héritage » (5, 3; 19, 2 9 ) , c’est-à-dire en propriété absolue, inalié­
nable. — « le Royaume préparé », cf 20, 2 3 ; Mc 10, 40; 1 Co 2, 9; He 11, 16. —
« depuis la fondation du monde », cf 13, 33; Le 11, 30; Jn 17, 24.
37 « les justes », cf 13, 43, 49.

MATTHIEU 176
soyons venus vers toi? ^ Et, répondant, le Roi leur 25
dira: En vérité je vous le dis: Pour autant que vous
l’avez fait à l’un de mes moindres frères que voilà,
c’est à moi que vous l’avez fait.
« Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche:
Allez loin de moi, maudits, au feu éternel qui a été
préparé pour le diable et pour ses anges. ^^Car
j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à man­
ger; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à
boire; j’étais sans foyer, et vous ne m’avez pas
recueilli; nu, et vous ne m’avez pas vêtu; malade
et en prison, et vous ne m’avez pas visité. ^ Alors
eux aussi répondront: Seigneur, quand t ’avons-
nous vu avoir faim ou soif, ou étranger, ou nu, ou
malade, ou en prison, et ne t’avons-nous pas
assisté? Alors il leur répondra: En vérité je vous
le dis: Pour autant que vous ne l’avez pas fait à l’un
des moindres que voilà, à moi non plus vous ne
l’avez pas fait.
^ « Et ils s’en iront, ceux-là au châtiment éternel,
mais les justes à la vie éternelle. »

40 « le Roi », Cf V 34; Le1, 33; 1 Co 15, 25; Ap 11, 15, 17-, 17, 14; 19, 16. —
« à l’un des moindres », cf 10, 42; 18, 5. — « mes frères », cf 28, 10; Jn 20, 17;
He 2, 11.
41 « loin de moi », cf 7, 23; 2 Th 1, 9. — « au feu étemel », cf 18, 8; Ju
V 7; cf « le feu qui nes’eteint pas »: 3, 12; Mc 9, 43; Le 3, 17. — « préparé »,
comme le Royaume, v 3 4 , et la note. — « le diable », rf 4, 1 sw ; 13, 39; Le 4, 2
svv; 8, 12; Jn 8, 4 4 ; 13, 2. — « ses anges », cf Ap 12, 7, 9.
46 « châtiment », cf 2 Pe 2, 9. — « vie étemelle », cf 19, 16; Mc 10, 17, et la
note.

177 MATTHIEU
« A rt de bien vivre et de bien mourir», 1494.
VI. LA PASSION
{ 2 6 , 1— 27,66)

Le complot contre Jésus

*Lors donc que Jésus eut achevé tous ces dis- 26


cours, il dit à ses disciples: ^ « Vous savez que dans i: \
Jn n .4 7 -^ 3
deux jours la Pâque arrive, et que le Fils de l’hom­
me va être livré pour être crucifié. » ^ Alors les
grands prêtres et les anciens du peuple se rassem­
blèrent dans le palais du grand prêtre appelé
Caïphe, ^ et ils se concertèrent pour arrêter Jésus
par ruse et le tuer. ^ Mais ils disaient: « Pas pen­
dant la fête, pour qu’il ne se produise pas de tu­
multe dans le peuple. »

1-5 = Mc 14, 1-2. — Récits presque identiques. Mt a en plus la réunion des


grands prêtres et des anciens du peuple, que Mc laisse soupçtMiner. — Voir les
notes sur Mc.

179 M A TT H IE U
Vonction de Béthanie

26 ^ Tandis que Jésus se trouvait à Béthanie dans la


12; 1- « maison de Simon le lépreux, ^ s’avança vers lui ime
femme, avec un flacon de parfum d’un prix élevé,
et elle le versa sur sa tête, alors qu’il était à table.
®Ce que voyant, les disciples s’indignèrent et
dirent: « A quoi bon cette perte? ^ Car on aurait pu
vendre cela bien cher, et le donner à des pau­
vres. »
S’en rendant compte, Jésus leur dit: « Pour­
quoi causer des ennuis à cette femme? Oui, c’est
une œuvre belle qu’elle a faite envers moi. “ Tou­
jours, en effet, vous avez les pauvres avec vous;
- mais moi, vous ne m’avez pas pour toujours! En
répandant en effet ce parfum sur mon corps, c’est
pour m’ensevelir qu’elle l’a fait. En vérité je vous
le dis: Partout où sera proclamé cet Evangile —
dans le monde entier — sera raconté aussi ce
qu’elle a fait, en mémoire d’elle. »

La trahison de Judas
Mc 14,10-11 14 (Jeg Douze, appelé Judas Iscariote,
Le 22, 3- <5 étant allé trouver les grands prêtres, dit: « Que

6-13 = Mc 14, 3-9. — Quelques menues divergences: Mt v ^ « bien cher », Mc


V 3 « plus de trois cents deniers »; Mt v 10 « œuvre belle », Mc v 6 « belle
œuvre »; aux w 13 Mt et 9 Mc l ’ordre des mots est différent; Mc a en plus au
V S « ce qu’elle pouvait, elle l ’a fait ». — Voir les notes sur Mc.
14-16 Mt V 15; «trente pièces d ’argent» (Zach 11, 12), Mc v II; « d e l’argent»;
Mt expose en style direct la proposition de Judas, Mc, qui la suppose sans la
mentionner, relate qu’« ils l ’écoutèrent avec joie ». — Voir les notes sur Mc.

MATTHIEU 180
Bible française. Anvers 1534.

voulez-vous me donner, et moi je vous le livrerai? » 26


Ils lui comptèrent trente pièces d’argent, et dès
lors, il cherchait une occasion opportune pour le
livrer.
181 M A TT H IE U
Les préparatifs du repas pascal

26 Le premier [jour] des Azymes, les disciples


U s’avancèrent vers Jésus, en disant: « O ù veux-tu
que nous te préparions de quoi manger la
pâque? » Il dit: « Allez à la vifle chez im tel et
dites-lui: Le Maître dit: Mon temps est proche; c’est
chez toi que je fais la pâque avec mes disciples. »
Et les disciples firent comme le leur avait prescrit
Jésus, et ils préparèrent la pâque.

Le repas. Annonce de là trahison


Mc 14,17-21 20 Lg gQjj. venu, il se mit à table avec les douze
^ 21-2J [ disciples ]. Et tandis qu’ils mangeaient, il dit: « En
vérité, je vous dis qu’un d’entre vous me livrera. »
70 -n ^ Et, grandement attristés, ils se mirent à lui dire,

chacun: « Serait-ce moi. Seigneur? » ^ Répondant,


il dit: « Celui qui a plongé avec moi la main dans
le plat, c’est celui qui me livrera. ^ L e Fils de
l’homme s’en va selon qu’il est écrit de lui, mais
malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est
livré! Mieux eût valu pour lui qu’il ne fût pas né, cet
homme-là! » ^ Prenant la parole, Judas, qui le
livrait, dit: « Serait-ce moi, Rabbi? » Il lui dit:
« C’est toi qui l’as dit. »

17-19 Le récit de Mt est en style de résumé, alors que celui de Mc est vivant et
circonstancié. — Voir les notes sur Mc.
20-25 = Mc 14, 17-21. Menues divergences de rédaction. Mt a en plus le v 25.
— Voit les notes sur Mc.

MATTHIEU 182
Le repas. Institution de VEucharistie

^ Tandis qu’ils mangeaient, Jésus, ayant pris du 26


pain et dit la bénédiction, le rompit et, [le] donnant ÎJ
aux disciples, il dit: « Prenez, mangez; ceci est mon
corps. » Et, ayant pris une coupe et rendu grâce,
il [la] leur donna, en disant: « Buvez-en tous, ^ car
ceci est mon sang, celui de VAlliance, qui est
répandu pour beaucoup en rémission des péchés.
Je vous le dis: Je ne boirai plus désormais de ce
produit de la vigne, jusqu’à ce Jour où je le boirai
avec vous, nouveau, dans le Royaume de mon
Père. »

Sur le chemin du mont des Oliviers. Annonce de


Vabandon des disciples et des reniements de
Pierre

^°Et, après avoir chanté l’hymne, ils sortirent


Mc 14,26-31
vers le mont des Oliviers. Alors Jésus leur dit:
« Vous tous, vous vous scandaliserez à mon sujet
Le 22,39
cette nuit-ci; car il est écrit: Je frapperai le berger, 31-34
et seront dispersées les brebis du troupeau;
Jn 13,36-38
mais après que je me serai relevé, je vous 16,32
précéderai en Galilée. » Prenant la parole,
Pierre lui dit: « Quand même tous se scandalise­
raient à ton sujet, moi, jamais je ne me scandalise-

26-29 = Mc 14, 22-23. Menues divergences de rédaction. — Voir les notes sut
Mc.
30-35 = Mc 14, 26-31. Menues divergences de rédaction. De plus Mc a deux
chants du coq, alors que Mt n ’en signale qu’un. — Voir les notes sur Mc.

183 M A TT H IE U
26 rai! » Jésus lui déclara: « En vérité je te dis qu’en
cette nuit, avant qu’un coq chante, par trois fois
tu me renieras. » Pierre lui dit: « Et même s’il me
faut mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Et tous
les disciples en dirent autant.

A Guethsémani. U« agonie » et la prière

Mc 14, }2-42 36 j^sus vient avec eux dans un domaine


Le 22,39-46 appelé Guethsémani, et il dit aux disciples:
jn 18,1 Asseyez-vous ici même, pendant que je m’en vais
là-bas pour prier. » Et, prenant avec lui Pierre et
les deux fils de Zébédée, il se mit à ressentir tris­
tesse et anxiété. Alors il leur dit: « Mon âme est
triste à mourir, demeurez ici et veillez avec moi. »
Jn 12,27-28 39 s’étaut avaucé un peu, il tomba sur sa face,
priant et disant: « Mon Père, s’il est possible, que
passe loin de moi cette coupe! Cependant non
comme moi je veux, mais comme toi [tu veux]. »
Et il vient vers les disciples et les trouve
endormis, et il dit à Pierre: « Ainsi, vous n’avez pas
eu la force de veiller une heure avec moi! Veil­
lez et priez, pour ne pas entrer en tentation: l’esprit
est ardent, mais la chair est faible. » De nouveau,
une seconde fois s’en étant allé, il pria, disant:
« Mon Père, si cela ne peut passer sans que je le
boive, que soit faite ta volonté! » Et étant venu
de nouveau, il les trouva endormis, car leurs yeux

36-46 = Mc 14, 32-42. Menues divergences de rédaction. — Voir les notes sut
Mc.

MATTHIEU 184
Bible française. Paris, 1547.

étaient alourdis. ^ Et les ayant laissés, de nouveau 26


s’en étant allé, il pria pour la troisième fois, disant
la même parole, de nouveau.
Alors il vient vers les disciples et leur dit:
« Vous dormez encore et vous vous reposez! Voici
qu’est toute proche l’heure où le Fils de l’homme
va être livré aux mains de pécheurs. ^ Levez-vous!
Partons! Voici qu’est tout proche celui qui me
livre. »

185 M A TTH IEU


Varrestation de Jésus

26 Et tandis qu’il parlait encore, voici que vint


U 2; 47-S Judas, un des Douze, et avec lui une foule nom-
jn 18, 311 breuse avec des glaives et des bâtons, envoyée
par les grands prêtres et les anciens du peuple.
Celui qui le livrait leur avait donné un signe, en
disant: « Celui à qui je donnerai un baiser, c’est lui:
arrêtez-le. » Et aussitôt s’étant avancé vers
Jésus, il dit: « Salut, Rabbi! » et il lui donna un long
baiser. ^Jésus lui dit: «Mon ami, [fais ce] pour
quoi tu es là! » Alors, s’étant avancés, ils portèrent
les mains sur Jésus et l’arrêtèrent. Et voici qu’un
de ceux qui étaient avec Jésus, étendant la main,
tira son glaive et, frappant l’esclave du grand
prêtre, lui coupa son bout d’oreille. “ Alors Jésus
lui dit: « Remets ton glaive à sa place, car tous
ceux qui auront pris le glaive périront par le glaive.
Ou penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon
Père, qui me fournirait à l’instant plus de douze
légions d’anges? ^ Comment donc s’accompli­
raient les Ecritures, d’après lesquelles il doit en
être ainsi? »
A cette heure-là, Jésus dit aux foules:
« Comme contre un brigand vous êtes sortis avec
des glaives et des bâtons pour me saisir! Chaque
jour, dans le Temple, j’étais assis à enseigner, et
vous ne m’avez pas arrêté. » “ Tout cela arriva

47-56 = Mc 14, 43-30. Menues divergences de rédaction. De plus, les w 32-34


n’ont pas de parallèle en Mc. Sur l ’accomplissement des Ecritures, d 1, 22. —
Voir les notes sur Mc.

MATTHIEU 186
pour que s’accomplissent les écrits des Prophètes. 26
Alors, tous les disciples, l’ayant laissé, s’enfuirent.

La comparution devant le grand prêtre

^^Ceux qui avaient arrêté Jésus l’emmenèrent


chez Caïphe le grand prêtre, où les scribes et les ^
anciens s’étaient rassemblés. Pierre le suivait de
loin jusqu’à la cour du grand prêtre et, entré à Jn 18,12-14
19-24
l’intérieur, il s’assit avec les gardes, pour voir com­
ment cela finirait.
Les grands prêtres et tout le Sanhédrin cher­
chaient un faux témoignage contre Jésus afin de le
mettre à mort, ‘‘^et ils n’en trouvèrent pas, bien
que beaucoup de faux témoins se fussent présen­
tés. Finalement il s’en présenta deux, qui dirent:
« Cet homme a déclaré: Je puis détruire le Sanc­
tuaire de Dieu, et au bout de trois jours le rebâtir. »
Et, s’étant levé, le grand prêtre lui dit: « Tu ne
réponds rien! Qu’est-ce que ces gens témoignent
contre toi? » Jésus se taisait. Et le grand prêtre
lui dit: « Je t ’adjure, de par le Dieu vivant, de nous
dire si c’est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu. »
^ Jésus lui dit: « C’est toi qui l’as dit. Aussi bien
je vous le dis: Désormais vous verrez le Fils de
Vhomme assis à la droite de la Puissance et venant
sur les nuées du ciel. » “ Alors le grand prêtre
déchira ses vêtements, en disant: « Il a blasphémé!

57-66 = Mc 14, 53-64. Menues divergences de rédaction. — Voir les notes sur
Mc.

187 M A TTH IEU


26 Qu’avons-nous encore besoin de témoins? Voici
que maintenant vous avez entendu le blasphème!
^ Que vous en semble? » Répondant, ils dirent: « Il
est passible de mort. »

Premiers outrages
Mc 14, 6^
Alors ils lui crachèrent à la face et le souffle­
Le 22,63-6?
tèrent. D ’autres lui donnèrent des coups, “ en
disant: « Prophétise pour nous. Christ! Qui est-ce
qui t ’a frappé? »

Les reniements de Pierre

Mc 14,66-72 69 ^^^it assis dehors dans la cour. Et une


Le 22 ,36-62 servante s’avança vers lui, en disant: « Toi aussi, tu
ÿ-ÿ étais avec Jésus le Galiléen. » Mais lui nia
devant tous, en disant: « Je ne sais pas ce que tu
dis. » Comme il était sorti vers le portail, une
autre le vit et dit à ceux qui étaient là: « Celui-là
était avec Jésus le Nazôréen! » ^^Et de nouveau il
nia avec serment: « Je ne connais pas cet homme. »
Peu après, ceux qui se tenaient là, s’étant
avancés, dirent à Pierre: « Vraiment, toi aussi tu en
es; et d’ailleurs ton parler te trahit. » Alors il se
mit à proférer des imprécations et à jurer: « Je ne
connais pas cet homme. » Et aussitôt un coq chanta.

67-68 = Mc 14, 65. — Voir les notes sur Mc.


69-75 = Mc 14, 66-72. Menues divergences de rédaction. De plus, comme précé­
demment (v 34), Mt ne signale qu’im chant du coq, alors que Mc (v 72) en
mentionne deux.

M A TT H IE U 188
Pierre se souvint de la parole de Jésus, qui 26
avait dit: « Avant qu’un coq chante, par trois fois
tu me renieras. » Et, étant sorti dehors, il pleura
amèrement.

Séance du Sanhédrin. Jésus livré à Pilate

^ Le matin venu, tous les grands prêtres et 27


anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, î? ^
pour le mettre à mort. ^Et, après l’avoir lié, ils ^
Jn 18, 2S
l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate, le gouverneur.

Désespoir et suicide de Judas

^ Alors Judas, qui l’avait livré, voyant qu’il avait


été condamné, se repentit, et il rapporta les trente
pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens,
en disant: ^ « J ’ai péché en livrant im sang inno­
cent. » Ceux-ci dirent: « Que nous importe? A toi
de voir! » ^ Et, ayant jeté l’argent dans le Sanc­
tuaire, il se retira et s’en alla se pendre. ^ Les
grands prêtres prirent l’argent et dirent: « Il n’est
pas permis de le mettre dans le Trésor, puisque
c’est le prix du sang. » ^ Après avoir tenu conseil.

1-2 = Mc 15, 1. — Voir les notes sur Mc.


3-10 = Propre à Mt.
3 « se repentit », c£ v 4 « J ’ai péché *. — « les trente pièces d ’argent »,
cf 26, 15.
4 « innocent », c£ v 24.
5 « le Sanctuaire », c’est-à-dire le Trésor, une des salles qui entouraient la cour
des femmes, cf Mc 12, 41, 43; Le 21, 1; Jn 8, 20.
7-8 Comparer avec Ac 1, 18-19, deux traditions différentes.

189 M A TT H IE U
Pendaison de Judas.
Un diable lui arrache son âme.
Voyages de MandevÜle, 1523.

27 ils en achetèrent le Champ du potier, pour la sépul­


ture des étrangers. * C’est pourquoi ce champ s’est
appelé « Champ du sang » jusqu’à ce jour.
^ Alors s’accomplit ce qui avait été annoncé par
Jérémie, le prophète, quand il dit: Et ils ont pris les
trente pièces d'argent, prix de celui qui a été mis à
prix, qu'ont mis à prix les fils d'Israël, et ils les
ont données pour le Champ du potier, selon ce
que m'a prescrit le Seigneur.

9 «Alors s’accomplit», argument scripturaire cher à Mt (1, 22, et la note). —


« annoncé par Jéréôoie, le prophète »; la plus grande partie de la citation est
empruntée à Zach 12, 13, Jérémie n ’intervenant que pour la mention et l ’adiat
d ’un champ (32, 7-9), et pour le potier (19, 1-2). L’évangéliste attribue l ’ensemble
au plus connu des deux prophètes.

MATTHIEU 190
Jésus devant Pilate

Jésus comparut devant le gouverneur. Et le 27


gouverneur l’interrogea en disant: « C’est toi qui es u II’,
le roi des Juifs? » Jésus déclara: « C’est toi qui le
dis. » ^^Et comme il était accusé par les grands
prêtres et les anciens, il ne répondit rien. Alors
Pilate lui dit: « Tu n’entends pas tout ce dont ils
témoignent contre toi? » Et il ne lui répondit sur
auam point, de sorte que le gouverneur était fort
étonné.
chaque fête, le gouverneur avait coutume
de relâcher à la foule un prisonnier, celui qu’elle
voulait. ^®On avait alors un prisonnier fameux
appelé Barabbas. Tandis qu’ils se trouvaient ras­
semblés, Pilate leur dit: « Qui voulez-vous que je
vous relâche, Barabbas ou Jésus, celui qui est
appelé Christ? » Car il savait que c’était par
envie qu’ils l’avaient livré.
Tandis qu’il siégait au tribunal, sa femme lui
envoya dire: « Ne te mêle pas des affaires de ce
juste, car j’ai beaucoup souffert en songe aujour­
d’hui à cause de lui. »
^M ais les grands prêtres et les anciens persua­
dèrent aux foules de réclamer Barabbas et de faire

11-26 = Mc 15, 2-15. Quelques menues jMrticularités; w 19 e t 24 ptoptes à Mt;


w 17 et 22 e Jésus, celui qui est a i ^ é Christ », Mc 9 et 12 « le toi ^ s Juifo »;
Mt V 20 « faite p etit Jésus », Mc manque; Mt w 24-2}, Mc manque; Mc a en
plus V 7 « lots de la sédition », voit la note.
19 « tribunal », plate-fotme sur laquelle était disposé le siège du juge, cf Âc 12,
21; 18, 22, 16 sv; 25, 6, 10, 17\ Jn 19, 25. — « sa femme », la ttadition lui a
donné un nom, Ptocla ou Claudia Ptocula. — « Ne te mêlé pas... », lit: « Rien
entte toi et ce juste. »

191 MATTHIEU
27 périr Jésus. Prenant la parole, le gouverneur leur
dit: « Lequel des deux voulez-vous que je vous
relâche? » Ils dirent: « Barabbas. » Pilate leur dit:
« Que ferai-je donc de Jésus, celui qui est appelé
Christ? » Ils disent tous: « Qu’il soit crucifié! »
Celui-ci déclara: « Quel mal a-t-il donc fait? » Et
eux criaient plus fort: « Qu’il soit crucifié! »
Pilate, voyant que cela ne servait à rien, mais
qu’il en résultait plutôt du tumulte, prit de l’eau et
se lava les mains devant la foule, en disant: « Je
suis quitte de ce sang. A vous de voir! » ^ Et,
répondant, tout le peuple dit: « Que son sang soit
Le 23,16}
22 sur nous et sur nos enfants! »
Alors il leur relâcha Barabbas. Quant à Jésus
Jn 19, 1-J?
après l’avoir fait flageller, il le livra pour être cru­
cifié.

Nouveaux outrages et couronnement d'épines


Mc 15,16-20 27 ^Qj.g jgg soldats du gouvemeur, prenant avec
Jn 19, 1-5? Jésus dans le prétoire, rassemblèrent auprès de
lui toute la cohorte. ^ Après l’avoir dévêtu, ils le cou­
vrirent d’une chlamyde écarlate ^^et, ayant tressé
une couronne avec des épines, ils la posèrent sur sa
tête, avec un roseau dans la main droite. Et, tom-

24 « se lava les mains », en signe d ’innocence, pour ce geste, cf Ps 26, 6; 73, 13.
—• « quitte », lit: •« innocent » (v 4 ), évité par raison d’euphonie. — « Que son
sang... », cf Ac 5, 28; 18, 6.
27-31a = Mc 15, 16-20a. Quelques menues divergences: Mt 28 « chlamyde écar­
late », Mc 17 « pourpre »; la chlamyde était un manteau large et flottant porté
par les soldats; « roseau », Mt et Mc le mentionnent, mais Mt le place « dans la
main droite », tandis que Mc ^ r it: « ils frappaient sa tête avec un roseau » —
Voir les notes sur Mc.

MATTHIEU 192
26 — Outrages et couronnement d’épines.
Peinture de Lucas de Leyde, XVP siècle. Musée de Rouen.
bant à genoux devant lui, ils le bafouèrent en di- 27
sant: « Salut, roi des Juifs! » ^ Et, crachant sur lui,
ils prirent le roseau, et ils l’en frappaient à la tête.
Et, lorsqu’ils l’eurent bafoué, ils le dévêtirent
de la chlamyde et le revêtirent de ses vêtements.

Sur le chemin du Golgotha

Et ils l’emmenèrent pour le crucifier. En sortant,


ils trouvèrent un homme de Cyrène, du nom de ^ 23, 26-27
Simon; ils le requirent pour prendre sa croix. Et
arrivés en un lieu-dit « Golgotha », c’est-à-dire lieu-
dit « du Crâne », ^ ils lui donnèrent à boire du vin
mélangé avec du fiel, et l’ayant goûté, il ne voulut
pas boire.

Le crucifiement

Quand ils l’eurent crucifié, ils se partagèrent


ses vêtements, en jetant le sort. ^^Et, s’étant assis, ^
ils le gardaient là. Et on posa au-dessus de sa
tête [le motif de] sa condamnation écrit ainsi:
Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. Alors sont
crucifiés avec lui deux brigands, un à droite et un à
gauche.

31b-34 = Mc 20b-23. Mc v 21 signale que Simon de Cyrène est « le père


d’Alexandre et de Rufus ». — Voir les notes sur Mc.
35-38 = Mc 15, 24-27. Mt a en plus v 36: « Et, s’étant assis, ils le gardaient
là », et en moins, l ’indication de l’heure: « C’était la troisième heure quand ils le
crucifièrent » (v 25).

27 — Mort de Jésus sur la croix.


Céramique de Léonard Limosin, XVP siècle. Musée du Louvre.
Jésus en croix raillé et injurié
Mc 15,29-32 39
Le 2:3 ,35-39 Les passants l’injuriaient, hochant la tête ^ e t
disant: « Toi qui détruis le Sanctuaire et en trois
jours le rebâtis, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de
Dieu, et descends de la croix! » Pareillement
[aussi] les grands prêtres, [le] bafouant avec les
scribes et les anciens, disaient: « Il en a sauvé
d’autres; il ne peut se sauver lui-même! Il est roi
d’Israël! Qu’il descende maintenant de la croix, et
nous croirons en lui; il s'est confié à Dieu; qu'il le
délivre maintenant, s'il tient à lui; car il a dit: Je suis
Fils de Dieu. » ^ De même aussi les brigands qui
avaient été crucifiés avec lui l’insultaient.

Les derniers instants et la mort de Jésus

Mc 15,33-37 45 g sixième heure, il y eut des ténèbres sur


Le 23,44^ toute la terre jusqu’à la neuvième heure. ^ Vers la
jn 19.2«-3o neuvième heure, Jésus dama d’une voix forte:
«Eli, Eli, lema sabachtbani? » c’est-à-dire: «Mon
Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? »
Certains de ceux qui se tenaient là disaient, en
l’entendant: « Le voilà qui appelle Elie ! » ^ Et aus­
sitôt l’un d’eux, courant prendre ime éponge, l’em­
plissant de vinaigre et la mettant au bout d’un

39-44 = Mc 15, 29-32. Quelques menues divergences. Mt a en plus « si tu es


Fils de D ieu» (v 40), a Je suis Fils de D ieu» (v 43). ainsi que la citation du
V 43 (PS 22, 9, et Sag 2 , 13, 18-20). — Voir les notes sur Mc.
45-50 = Mc 15, 33-37. Menues divemnees. — Voir les notes sur Mc.
51-56 = Mc 15, 38-41. Menues dnrergences. Mt a en plus w 51-53, où sont
relat& les phâimnènes qui accompagnent la mort de Jésus. — Voir les notes sut
Mc.

M A TT H IE U 194
Evangiles avec commentaires. Paris, XV* siècle.

roseau, lui donnait à boire. Mais les autres 27


disaient: « Laisse; voyons si Elie va venir le sau­
ver! » ^ Jésus, de nouveau, criant d’une voix forte,
rendit l’esprit.

195 M A TT H IE U
Après la mort de Jésus

27 Et voici que le rideau du Sanctuaire se fendit


L? en deux de haut en bas; et la terre fut secouée, et
les rochers se fendirent, “ et les tombeaux s’ouvri­
rent, et les corps de nombreux saints qui dormaient
se relevèrent ^ et, sortant des tombeaux après sa
résurrection, ils entrèrent dans la Ville sainte et se
manifestèrent à un grand nombre de gens. Le
centurion et ceux qui avec lui gardaient Jésus,
ayant vu la secousse et ce qui arrivait, eurent très
peur et dirent: « Vraiment, celui-ci était Fils de
Dieu! »
Il y avait là beaucoup de femmes qui de loin
Jn 19,2^
regardaient, celles-là mêmes qui avaient suivi
Jésus depuis la Galilée, pour le servir; ^ parmi
lesquelles étaient Marie la Magdaléenne, et Marie
mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils
de Zébédée.

La sépulture

Mc 15.42-47 57 veuu, arriva un homme riche, d’Arima-


Le 23,5056 Joseph, qui lui aussi était devenu
Jn v),38A2 (Jigciple de Jésus. Celui-ci, s’avançant vers
Pilate, réclama le corps de Jésus. Alors Pilate

57-61 Mc 15, 42-47. Quelques divergences, dont voici les principales: v 57


« qui lui aussi était devenu disciple de Jésus », Mc v 43 « qui lui aussi attendait
le royaume de Dieu »; v 58 « s’avançant », Mc w 43 « entra hardiment »; v 59
« linceul propre ». Mc v 46 « ayant acheté un linceul »; v 60 « tme grande
pierre », Mc v 46 « une pierre »; v 61 « assises en face du sépulcre », Mc v 47
« regardaient où il était mis ».

M A TT H IE U 196
ordonna de le remettre. ^^Et, prenant le corps, 21
Joseph le roula dans un linceul propre ^ et le mit
dans le tombeau tout neuf qu’il s’était fait tailler
dans le roc; puis, ayant roulé une grande pierre à
l’entrée du tombeau, il s’en alla.
Il y avait là Marie la Magdaléenne et l’autre
Marie, assises en face du sépulcre.

La garde du tombeau

^^Le lendemain, c’est-à-dire après la Prépara­


tion, les grands prêtres et les Pharisiens se rassem­
blèrent chez Pilate et dirent: « Seigneur, nous
nous sommes souvenus que cet imposteur a dit,
quand il vivait encore: Trois jours après je me
relève. ^ Ordonne donc que le sépulcre soit
gardé sûrement jusqu’au troisième jour, de peur
que ses disciples ne viennent le dérober et ne
disent au peuple: Il s’est relevé de chez les morts;
dernière imposture qui serait pire que la
première! » “ Pilate leur déclara: « Vous avez une
garde; allez, prenez vos sûretés comme vous l’en­
tendez. » ^ Ceux-ci allèrent donc s’assurer du
sépulcre, en scellant la pierre et en plaçant la
garde.

62 « la P t^aration », cf Mc 15, 42, et la note. C’est donc le sabbat, où toute


activité est interdite.
63 « imposteur », cf 2 Co 6, S; 1 Tm 4, 1: 2 Jn v 7. — « a dit », cf Mc 8, 31;
9, 31; 10, 34.
64 « il s’est relevé de chez les morts », l ’expression ne se rencontre qu’ime autre
fois, 14, 2. — « imposture », cf « imposteur » v 63; partout ailleurs le terme a été
traduit « égarement ».
66 Prépare 28, 2-4.

197 M A TT H IE U
Christ glorieux auprès de la croix. Marie et Jean en prière. Résur­
rection des morts.
Grande Bible illustrée. Boris, XV* siècle.
VIL APRÈS LA RÉSURRECTION
(2 8 ,1 -2 0 )

Le tombeau trouvé vide et le message de Lange

^ Après le sabbat, comme le premier jour de la 28


semaine commençait à luire, Marie la Magdaléenne î!^ 24; i-io
et l’autre Marie vinrent regarder le sépulcre. ^ Et ii-12
voilà qu’il y eut une grande secousse; car l’Ange
du Seigneur était descendu du ciel et, s’avançant,
avait roulé la pierre, et il était assis dessus. ^ Son
aspect était comme l’édair, et son vêtement blanc
comme neige. * Dans la crainte qu’ils en eurent, les
gardes furent secoués et devinrent comme morts.

1 « comme le ptemier jour... », Mc 16, 2 « de grand matin... dis le lever du


soleil », Le 24, 2 « i la pointe de l’aurore ». — « vinrent regarder », Mc « pour
venir l’embaumer ».
2-4 PK»re à Mt. — «grande secousse», cf Le 21, 21; Ac 16, 26; Ap 6, 22;
H , 13; 16, 18. — « l’Ange du Seigneur », cf 1, 20, et la note.
3 «comme l’éclair», cf Le 17, 24; 24, 4. — «vêtement blanc», couleur de la
joie et du triomphe, cf Mc 16, 3 par « un jeune homme vêtu d’une robe
blanche »; Le 24, 4 par « deux hommes en habit étincelant », Mt 17, 2; Mc 9, 3;
Le 9, 29; Ac 1, 20.
4 Propre à Mt. — « les gardes », cf 27, 63 sv.

199 M A TTH IEU


28 ^Prenant la parole, l’Ange dit aux femmes:
« Soyez sans crainte, vous; car je sais que c’est
Jésus, le crucifié, que vous cherchez. ^ Il n’est pas
ici; car il s’est relevé, selon ce qu’il avait dit. Venez
voir l’endroit où il était mis. ^ Et vite, allez dire à
ses disciples qu’il s’est relevé de chez les morts, et
voici qu’il vous précède en Galilée; c’est là que
vous le verrez. Voilà: je vous l’ai dit. »
jn 20, 18 8 allant vite du tombeau avec crainte et
grande joie, elles coururent l’annoncer à ses dis­
ciples.

Apparition de Jésus aux femmes

^ Et voici que Jésus vint au-devant d’elles et leur


dit: « Réjouissez-vous 1 » Elles, s’avançant, lui saisi­
Jn 20,17
rent les pieds et se prosternèrent devant lui.
Alors Jésus leur dit: « Soyez sans crainte. Allez
annoncer à mes frères qu’ils doivent s’en aller en
Galilée; c’est là qu’ils me verront; »

Les gardes soudoyés pour témoigner faussement

Tandis qu’elles étaient en chemin, voici que


quelques hommes de la garde vinrent à la viUe

5-8 Voir les notes sur Mc, et comparer le v 8 avec Mc 16, 8 et Le 24, 9 sv.
9 «S alut!» (lit: « Réjouissez-vous »), salutation à la grecque, encore 27, 29 =
Mc 15, 18 = Jn 19, 3; Le 1, 28. Partout ailleurs dans les évangiles, la formule
d’Israël: « Paix à toi, à vous », 10, 13; Le 10, 5; 24, 36; Jn 20, 19, 21, 26. — « lui
saisirent les pieds », cf Jn dans le récit de l ’apparition de Jésus à Marie la Mag-
daléenne (20, 11-18), la défense « Cesse de me toucher » (v 17 ).
10 « s ’en aller en Galilée» (v 7), comme Mc, Mt ne mentionne que les appari­
tions galiléennes. Le et Jn ne semblent connaître que celles de Judée. — « mes

M A TTH IEU 200


annoncer aux grands prêtres tout ce qui était 28
arrivé. Ceux-ci, après s’être rassemblés avec les
anciens et avoir tenu conseil, donnèrent une bonne
somme d ’argent aux soldats, en disant: « Dites
que ce sont ses disciples qui, venus de nuit, l’ont
dérobé pendant que nous dormions. Et si
l’affaire vient aux oreilles du gouverneur, c’est
nous qui le convaincrons, et nous vous épargne­
rons tout souci. » Ceux-ci prirent l’argent et se
conformèrent à la leçon qui leur avait été faite. Et
ce récit s’est divulgué chez les Juifs jusqu’à ce jour.

Gravure
du XV* 'siècle.

frères cf 25, 40; Jn 20, 17; He 2, 11. — Avec cette apparition comparer Jn 20,
11-18.
11-15 Propre à Mt; se rattache à 27, 62-66.
11 « de la garde », cf 27, 66.
14 « si l’afiaire vient aux oreilles du gouverneur », lit: « si cela est entendu du
gouverneur.» — «nous vous épargnerons tout souci» (ou «tout ennui»), lit:
« nous vous ferons sans soud. »
15 « se conformèrent à la leçmi qui leur avait été faite », lit: « firent selcm qu’ils
avaient été instruits. * — « s’est divulgué », encore et seulement 9, 31; Mc 1, 45.

201 M A TT H IE U
Apparition aux onze disciples
Leur envoi en mission dans le monde

28 Quant aux onze disciples, ils allèrent en


Galilée, sur la montagne que leur avait désignée
Jésus, et Payant vu, ils se prosternèrent, mais
quelques-uns doutèrent!
Mc 16,1}-Î6
Et, s’avançant, Jésus leur parla en ces termes:
« Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur
terre. Allez! De toutes les nations faites des dis­
ciples, les baptisant au nom du Père, et du Fils et
du Saint Esprit, ^ leur enseignant à garder tout ce
que je vous ai commandé. Et voici que moi, je suis
avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

16-20 Pto«re à Mt.


16 «les Onze», désignation du groupe des Douze (5, 1; 26, 14, 47; Mc 3, 16;
etc.) lyitès la S ection de Judas, Mc 16, 14; Le 24, 9, 31; Ac 1, 26; 2, 14. —
« montagne », oous ne savons ni quand ni où ce rendez-vous avait été
donné par Jésus aux Onze.
17 « mais quelques-uns doutèrent », cf Mc 16, 11, 13, 14; Le 24, 11 sv. On peut
aussi traduire « eux qui avaient douté », mais non « ils doutèrent », qui ne
s’aoootde ni avec le contexte ni avec le portrait des Apdtres tel que le présente
Mt.
18 « Tout pouvoir... », cf 7, 29; 11, 27. Voir aussi Dan 7, 14; Phi 2, 9-11.
19 « faites des discipks », cf 13, 32. — « De toutes les nations », cf 24, 14; Mc
16, 13; Ro 10, 18. Les limitauons de jadis (10, 3 sv) sont abolies, ce qui
n'empédia pas la primitive E^ise de connaître inquiétud» et tâtonnement!. —
« baptiser au nom... », c’est-â-mte au compte de, pour unir â, cf Ro 6, 3; 1 Co
1, 13, 13; 12, 13; Ga 3, 27; Ac 8 , 16; 19, 3.
20 « garder », cf 19, 17; 23, 3; Jn 8, 31-33; 14, 13; etc. — « commandé », cf 4,
6; 13, 4; 17, 9; 19, 7. — «je suis avec vous», f(Mmule empruntée i l ’A.T.. où
elle ennime l’appui tout puissant que Yahvé accorde à ses protégés, cf Gn 26, 3;
28, 13; 31, 3; Ex 3, 12; Jos 1, 3; 3, 7; Jug 1, 19; 6, 13, 16, etc. — « fin du
monde », ou « du temps, des âges ».

MATTHIEU 202
Evangile selon Saint M arc
INTRODUCTION

Bien qu’il ne soit pas le premier en date et qu’il ne


figure qu’en seconde place dans les écrits du Nouveau
Testament, c’est par lui qu’il conviendrait de commen­
cer une étude des Synoptiques. C’est en effet le plus
court (673 versets contre 1068 pour Mt et 1149 pour
Le ) ; c’est le moins chargé de discours, le plus simple —
on pourrait presque dire le plus fruste — c’est aussi le
plus vivant, le plus spontané; écho direct de la voix de
Pierre, il représente mieux que les autres le premier
jaillissement du témoignage chrétien.
A vrai dire, cet évangile a longtemps été traité en
parent pauvre. Moins souvent cité, moins souvent com­
menté, moins souvent à l’honneur dans la liturgie, il
est aussi le moins connu, le moins lu, le moins apprécié
du public chrétien. La raison de cette défaveur est sans
doute qu’en lisant les deux autres synoptiques on
prend connaissance de tout ce qu’il contient, puisqu’il
n’a guère en propre qu’une cinquantaine de versets.
Mais c’est aussi que, comparé à ses deux grands frè­
res, il se présente avec une telle indigence littéraire
qu’il ne peut rivaliser avec eux.

205 MARC
Le vocabulaire est pauvre, de mauvaise qualité,
semé de vulgarismes, de diminutifs, de latinismes,
d’aramaïsmes. L’auteur est comme obsédé par cer­
tains mots ou expressions qui reviennent perpétuelle­
ment et qui parfois n’ont guère de sens, comme « aussi­
tôt » ( 42 fois dont 11 pour le chapitre 1 ), « il se mit à »
(26 fois), « beaucoup » (adjectif ou adverbe)... Le style
ne vaut guère mieux. L’évangéliste n’emploie presque
jamais la subordination. Son récit se compose de petites
propositions indépendantes, reliées par la conjonction
«et ». L’àuteur ignore à peu près tout des fines parti­
cules, ces joyaux de la langue grecque, qui soulignent
les moindres nuances de la pensée. — Les actions cir­
constancielles sont indiquées presque toujours par des
participes jetés vaille que vaille à la suite les uns des
autres {1, 41; 5, 23-27; 14, 3; 15,43). Les phrases sont
assez souvent mal construites, raboteuses, incorrectes; on
y avance comme par cahots (3, 14-18; 4, 28; 6, 8-9;
S, 28-29; 11,31-32, etc.).
Les temps sont mêlés (1, 29-31, 35-38; 2, 13-14;
3 , 13-14, 31-33; 6, 7-9, 30-32; 15,16-20), et ce désordre
introduit dans le texte une telle étrangeté que le tra­
ducteur a la tentation de trahir. Voici, par exemple, les
versets 13 et 14 du chapitre 3: « Puis il monte dans la
montagne, et il appelle à lui ceux qu’il voulait, et ils
allèrent vers lui. Et il en établit douze pour être avec lui
et pour les envoyer proclamer. »
Le récit est parfois gauche, mal conduit, tantôt obscur
à force de concision, tantôt prolixe et redondant, semé
de détails inutiles et muet sur des points importants,
toutes maladresses littéraires dont les citations suivantes

MARC 206
permettront de juger: 5, 42-43\ 6, 14-16; 7, 19, 25,
30; 11, 32; 14, 1-2. L’une des caractéristiques de notre
évangéliste, c’est le renvoi en cours ou en fin de récit
d’une explication qu’un auteur cultivé eût donnée dès
le début. On compte une quinzaine de ces explica­
tions après coup. Voir en particulier: 1, 16; 2, 15; 3, 10,
30; 5, 8, 28, 42; 6 , 18, 31, 48; 10,22. — De-ci de-là, des
expressions empreintes de naïveté populaire: « et
aussitôt se délia le lien de sa langue » (7, 35); « Et
aussitôt se dessécha la source de son sang» (5, 29);
l’hémorroïsse « avait beaucoup souffert de beaucoup
de médecins et avait dépensé tout son avoir sans le
moindre profit; bien au contraire, son état n’avait fait
qu’empirer » (5, 26); le démon donne lui-même à Jésus
l’explication de son nom: « Mon nom est Légion, parce
que nous sommes beaucoup » (5, 9). — Aucun souci
de variété dans la présentation des épisodes; il y a
comme des cadres tout faits, rigides, uniformes, où
s’inscrivent les récits les plus divers: « on vient », « on
se mit à » , « o n se rassemble», «en partant de là»,
« il appelle à lui », etc., etc. Comparer par exemple, les
deux récits de la multiplication des pains (6, 35-44;
S, 1-9), ou bien 7, 32-36 et 8, 22-26, on encore 11, 1-6
et 14, 13-16. Une des préoccupations de Luc sera de
donner, par une série d’habiles retouches, im tour plus
littéraire au texte de son devancier.
Enfin la composition est sans fermeté. Certes, l’évan­
gile de Marc n ’est pas, comme on l’a dit, « un entasse­
ment confus de souvenirs ». Il suit un plan d’ensemble,
celui de la catéchèse de Pierre: le plan quadripartite,
au sein duquel un dynamisme intérieur conduit Jésus

207 MARC
à la mort rédemptrice. Mais c’était là le bien commun
de l’enseignement oral. Marc ne s’est pas avisé qu’une
œuvre écrite exigeait davantage. Nul souci de propo­
ser son sujet, de présenter ses personnages, d’indiquer
les grandes divisions. Il prend les éléments de la caté­
chèse tels qu’il les trouve et se contente de les aligner
les ims à la suite des autres, sans songer à les mieux
ordonner. Aucun sentiment de l’aspect progressif des
événements; dès le début du ministère public de Jésus,
les pharisiens tiennent conseil avec les Hérodiens, « afin
de le faire périr » ( 3 , 6); voir le passage parallèle de
Luc (6, 11). Le défaut de composition s’observe excel­
lemment au chapitre 4. Au verset 2, Jésus parle à la
foule; au verset 10, les Douze et d’autres disciples sont
seuls avec Jésus; aux versets 21 et 24 le texte porte:
« et il leur disait », sans qu’on puisse savoir exactement
de qui il est question; aux versets 26 et 30, les para­
boles de la semence et du grain de sénevé sont intro­
duites par la formule: « et il disait »; au verset 33, l’au­
ditoire reste indéterminé: « ils », mais le verset 34 nous
fait comprendre de qui il s’agit, puisqu’il oppose ces
auditeurs aux disciples. On voit par cet exemple com­
ment des morceaux indépendants ont été ajoutés bout
à bout, sans être fondus dans un ensemble.
De toutes les remarques précédentes, il ressort jus­
qu’à l’évidence que l’évangile de Marc n’est à aucun
degré une œuvre littéraire. Il choquera toujours les
puristes, il étonnera et même il lui arrivera de dérouter
le lecteur de bonne volonté, qui le souhaiterait plus
coulant, plus régulier, mieux ordonné. Et cependant on
aurait grand tort de se laisser rebuter par ces dehors

MARC 208
peu engageants. De tous les évangiles, il est de beau­
coup le plus vivant, le plus direct, le plus près de la
réalité, le plus spontané, celui qui subjugue par son
accent d’absolue sincérité.
Le lecteur le plus superficiel ne saurait échapper à
l’impression de vie qui se dégage de toutes les pages
de cet humble livre. On peut dire que partout la vie
y frémit, qu’elle y circule à torrents. Quand on lit un
passage de Mt en quittant le passage parallèle de Mc,
on croit entrer dans le royaume des ombres. Essayons
d’analyser les causes qui concourent à créer cette
atmosphère.
Ce qui distingue avant tout la narration de Marc,
c’est l’usage qu’elle fait des temps de la description.
L’auteur emploie fréquemment l’imparfait pictural, qui
invite le lecteur à se représenter l’événement qui se
déroule dans le passé. Tandis que l’aoriste, le temps
par excellence du récit au passé, raconte simplement
ce qui a lieu (« il tomba sur sa face», Mt 26, 39),
l’imparfait arrête la vue du lecteur sur un tableau qu’il
fait passer devant ses yeux ( « il tombait à terre », Mç
14, 33). Un épisode du passé se trouve ainsi arraché à
la banalité du récit: on doit le regarder, se le repré­
senter, le contempler. Voici quelques exemples: 1, 31:
« Et, s’avançant, il la fit se lever en la tenant par la main,
et la fièvre la quitta; et elle les servait »; 5, 42: « Et
aussitôt la fillette se tint debout, et elle marchait; car
elle avait douze ans »; 5, 13: « Et, étant sortis, les [es­
prits] impurs entrèrent dans les cochons, et le troupeau
s’élança du haut de l’escarpement dans la mer — envi­
ron deux mille — et ils s’étouffaient dans la mer. »

209 MARC
L’imparfait descriptif arrête donc la vue du lecteur
sur un tableau inséré dans un récit au passé. Le présent
dit « historique » transporte le passé dans le présent,
et le raconte comme si on le voyait en train de se pro­
duire au moment même où l’on écrit. La scène naît,
grandit, se déroule devant les yeux du narrateur et du
lecteur. L’emploi fréquent de ce temps donne au
récit une grande vivacité. Or, Marc est de tous les au­
teurs du Nouveau Testament celui qui en fait le plus
grand usage; à lui seul il compte plus de présents his­
toriques que tous les autres réunis. Et ce n’est pas chez
lui procédé, élégance littéraire, comme par exemple
dans les Commentaires de César; il fuse spontanément
de son imagination. A chaque instant il revient sous sa
plume comme si l’auteur avait regret de l’avoir dé­
laissé. On rencontre à chaque page des expressions
comme celles-ci: Survient, arrivent alors, voici que se
rassemblent, la foule accourt, arrive un lépreux, etc.
Qu’on se rende compte par le passage suivant de la
vie que donne au récit l’emploi de ce temps, et de
l’impérieux devoir pour le traducteur de le respecter:
« ce jour-là, le soir venu, il leur dit: Passons à l’autre
rive. Et, laissant la foule, ils le prennent comme il était
dans le bateau; et il y avait d’autres bateaux avec lui.
Survient une violente bourrasque, et les vagues se je­
taient dans le bateau, de sorte que déjà le bateau
s’emplissait. Et lui, à la poupe, sur le coussin, dormait.
Et ils l’éveillent et lui disent: Maître, cela ne te fait rien
que nous périssions! » (Mc 4, 35-38). Peut-on trouver
récit plus évocateur, plus vivant? On se trouve jeté en
pleine réalité: on est avec les disciples, on a peur; avec

MARC 210
eux on éveille Jésus, on l’implore... Que si le traduc­
teur, comme c’est assez souvent le cas, emploie unifor­
mément le passé, le charme est rompu, la vie s’ést
évanouie; ce n’est plus du Marc.
Ce goût de notre auteur pour le temps de la des­
cription n’est qu’une manifestation de son aptitude à
voir et à peindre. Pierre, la source de Marc, a su obser­
ver, comme il savait se souvenir. Tout est net et précis
sous son regard, les personnages ont ime individualité
marquée; leurs attitudes s’expriment en ime série de
petits tableaux de dessin très ferme et rutilants de cou­
leur. Et malgré la pauvreté de son vocabulaire, Marc
sait trouver les mots pittoresques qui gardent à l’image
sa fraîcheur, son éclat, son originalité. Qu’on se rap­
pelle le regard circulaire de Jésus, (3, 3, 34; 5, 32; 10,
23; 1 1 ,1 1 ), les deux qui « se déchirent » (1 ,1 0 ) au lieu
de « s’ouvrir » comme dans le passage parallèle de Mt,
les porcs qui « s ’étouffent» (5, 13) au lieu de «se
noyer » comme dans Le ou simplement « mourir » com­
me dans Mt, etc.
Parmi les scènes pittoresques que Marc fait si abon­
damment défiler devant nous, rappelons: 2, 3: « Et vien­
nent des gens qui lui conduisent un paralytique porté par
quatre hommes »; 2, 12: « Et il se leva, et aussitôt pre­
nant le grabat, il sortit devant tous »; 3 ,31-34: « Et vien­
nent sa mère et ses frères qui, se tenant dehors, l’en­
voyèrent appeler. Et une foule était assise autour de
lui... Et, promenant ses regards sur ceux qui étaient
assis en cercle autour de lui, il dit... »; 4, 1: « Et une
foule très nombreuse se rassemble auprès de lui, de
sorte que, montant dans un bateau, il s’y assied, en

211 MARC
mer, et toute la foule était près de la mer, à terre »;
5, -5: le possédé de Guérasa « sans cesse, nuit et jour,
dans les tombes et dans les montagnes, était à crier et à
se taillader avec des pierres »; 10, 16: « Et, serrant les
[enfants] dans ses bras, il les bénissait en posant les
mains sur eux »; 10, 48-^0: comme l’aveugle de Jéricho
implorait Jésus, « beaucoup le menaçaient pour qu’il se
taise, mais il n’en criait que de plus belle: Fils de David,
aie pitié de moi! Et, s’arrêtant, Jésus dit: Appelez-le. Et
on appelle l’aveugle, on lui dit: Courage! Debout! Il
t ’appelle! Celui-ci, rejetant son manteau, d’un bond vint
près de Jésus. » N’y-a-t-il pas là un petit chef-d’œuvre
d’observation et de vivacité? Et l’on pourrait remplir
des pages entières de citations semblables.
Mais notre évangéliste ne se contente pas de noter
les attitudes extérieures de ses personnages, il pénè­
tre au fond de leur âme, lit dans leurs cœurs, et dépeint
leurs sentiments avec une rare énergie. Qu’on en juge
d’après quelques exemples: 3, 3: Devant la mauvaise
foi de ses adversaires, Jésus éprouve tout ensemble
de l’indignation et de la tristesse: « Et, promenant ses
regards sur eux avec colère, profondément attristé de
l’endurcissement de leur cœur, il dit à l’homme... »; 5,
42: Les parents de la petite ressuscitée « furent aussitôt
saisis de stupeur, d’une grande stupeur »; 8, 32: Jésus
vient d’annoncer pour la première fois le destin dou­
loureux qui l’attend et l’évangéliste ajoute: « Et c’est
ouvertement qu’il disait la chose »; 10, 21-22: « Jésus,
le regardant, se prit à l’aimer... Et lui, devenu sombre à
cette parole, s’en alla tout triste; car il avait beaucoup
de propriétés »; 10, 32: « Ils étaient en chemin, montant

MARC 212
à Jérusalem, et Jésus marchait devant eux; et ils étaient
effrayés, et ceux qui suivaient avaient peur. » Voir
encore 4 ,41; 8 , 12-13,17-21; 10,24-26, etc.
Vive allure et netteté du récit, personnages tout fré­
missants d’émotion, le passé ramené dans le présent
et dépeint comme s’il se déroulait sous nos yeux, tous
ces caractères de l’évangile de Marc donnent à sa nar­
ration une incontestable supériorité. Les épisodes com­
muns aux synoptiques sopt toujours — ou presque tou­
jours — dans Mc plus circonstanciés, plus réels, plus
évocateurs, plus prenants. On voit par là ce qu’il faut
penser du mot de saint Augustin, repris par Bossuet:
« Marc, le plus divin de tous les abréviateurs. » Marc
est, des trois synoptiques, le seul qui n’abrège pas.
Que le lecteur se fasse lui-même son opinion en com­
parant les passages suivants:

Mc 1, 33-39 Le 4, 42-44
Mc 2, 1-12 Mt 9, 1-8
Mc 5, 1-17 Mt 8, 28-34
Mc 21-43 Mt 9, 18-26
Mc 9, 14-27 Mt 17, 14-18
Mc 10, 46-32 Mt 20, 29-34
Mc 11, 12-24 Mt 21, 18-22

Et encore:

Mc 8, 14-21 Mt 16, 3-12


Mc 10, 23-27 Mt 19, 23-26
Mc 11, 27-33 Mt 21, 23-27

213 MARC
Mais non seulement le récit dans Marc est un pro­
dige de vie; le milieu même où il se déroule regorge
de mouvement et d’émotion. Les foules accourent, se
ruent vers Jésus: elles l’entourent, l’assiègent, l’écra­
sent (voir surtout 3, 7-10). Les démons crient, hurlent,
supplient, et Jésus les menace, leur enjoint impérieuse­
ment de faire silence. Devant ses actes et ses paroles,
c’est l’admiration, la stupeur, l’effroi. Et tout cela, dit
rapidement, vivement, sans qu’on laisse au lecteur le
temps de souffler. Pas un instant de répit: aucune halte
pour écouter le Maître à loisir, contempler, méditer.
Les épisodes se suivent, souvent enchaînés par la for­
mule « et aussitôt », qui nous avertit que l’évangéliste
nous entraîne d’un pas rapide vers le but suprême.
Pareil déchaînement de vie ne peut provenir que
d’un témoin oculaire, celui que toute la tradition a dé­
signé comme la source de Marc, l’apôtre Pierre. Et le
témoignage du premier des apôtres, en subissant
l’épreuve de la lettre, n’a rien perdu de son caractère
primesautier. Les imperfections de la langue et du style
sur lesquelles nous avons tant insisté ne font que mieux
ressortir l’originalité du grand témoin. L’art ici aurait
tout gâté. Nous aurions beaucoup perdu, si Marc eût
été un écrivain de race. C’est une bonne fortune pour
nous qu’il se soit contenté de mettre par écrit ce que
Pierre racontait, comme il le racontait. Le style de Marc
n’est pas un style écrit: c’est le style oral, abrupt, vif,
familier, incorrect, d’un homme du peuple qui brave­
ment et simplement redisait ce qu’il avait vu et en­
tendu. De ce point de vue, Marc est le plus précieux
des évangélistes. Chez lui ni l’art de l’écrivain ni le goût
MARC 214
de la synthèse n’ont en rien retouché les splendides aspé­
rités du témoignage primitif; nous l’avons là dans la
plénitude de sa fraîcheur et de sa sincérité.
Cette sincérité éclate dans le portrait de Jésus et des
Apôtres, tel qu’il se dégage des pages de l’évangile
de Marc. Jésus y est Fils de Dieu ( 1 ,1, I I ; 9, 7; 15, 59).
Il commande en maître souverain à la nature, à la mala­
die, aux démons, à la mort, aux hommes. Il revendique
avec la plus parfaite assurance, et comme si cela allait
de soi, le pouvoir de remettre les péchés et la maîtrise
sur le sabbat. Il prend pour compagnons ceux qu’il veut
et parle à tous en chef. Il prédit l’avenir et marche avec
une fermeté tranquille au destin que, lui assigne son
Père. Tant de grandeur dans ses actes, tant de sagesse
dans ses paroles, suscitent autour de lui l’étonnement,
la crainte, l’admiration, la stupeur. « Jamais nous n’ayons
vu ça! » (2, 12), « Qui donc est-il, celui-là, que même le
vent et la mer lui obéissent! » {4,41).
Mais Jésus est aussi le Fils de l’homme. Il est bien
de notre terre et de notre race. Marc nous le montre
tout pénétré de sentiments humains. Jésus s’étonne,
s’impatiente, s’émeut, gémit, s’indigne; il se laisse en­
vahir par la colère aussi bien que par la pitié et gour­
mande les siens avec humeur; Ü prend les enfants dans
ses bras et les bénit; il éprouve pour le jeune homme
riche un sentiment d’affection. Il rudoie le lépreux qu’il
vient de guérir et flagelle les pharisiens et les scribes
pour leur orgueil et leur hypocrisie. C’est une physio­
nomie pleine d ’accent, sans retouches d’art ou de res­
pect, sans stylisation aucune; Jésus est un vivant parmi
des vivants.

215 MARC
Il y a plus, Marc n’a pas hésité à signaler des traits
ou relater des épisodes qui, au premier abord, pou­
vaient paraître difficilement conciliables avec la qua­
lité de Fils de Dieu. Jésus cache sa dignité messianique
et demande plus d’une fois qu’on fasse silence sur les
miracles qui en sont la garantie ( 1, 25, 34, 44; 3, 11-12;
5y 43; 7, 36; 8, 26, 30; 9, P). Il demande au démon de
Guérasa comment il s’appelle et se laisse expliquer par
lui le sens de son nom (5, 9). Jésus « ne peut faire » à
Nazareth aucun miracle et il « s’étonne » de l’incrédulité
de ses compatriotes (6, 6). Il opère deux miracles d’ime
manière laborieuse, en gémissant, et comme s’il fallait
qu’il s’y prenne à deux fois (7, 32-35; 8, 22-25). Le
lendemain de l’entrée triomphale à Jérusalem, Jésus,
ayant faim, se dirige vers un figuier pour « voir s’il y
trouverait quelque chose; mais y étant allé, il ne trouva
rien que des feuilles; car ce n’était pas le temps des
figues » (11, 12-13). Jésus ignore le jour et l’heure du
retour du Fils de l’homme; « personne ne les sait, ni
les anges dans le ciel, ni le Fils; il n’y a que le Père »
( 13, 32 ). La Passion, dans l’évangile de Marc, est un dra­
me sombre, lugubre, où Jésus va à la mort dans l’uni­
versel abandon, prononce des paroles d’apparent dés­
espoir et meurt en jetant un grand cri (15, 34). Enfin
Marc n ’a pas hésité à conter l’épisode pénible où les
parents de Jésus viennent pour « se saisir de lui; car ils
disaient: Il est hors de lui! » (3, 21). La plupart de ces
traits sont estompés ou passés sous silence dans les
deux autres synoptiques, et ces atténuations ou omis­
sions de révérence sont le plus bel hommage rendu à
l’absolue sincérité de Marc. Pierre estimait qu’il n’avait

MARC 216
rien à cacher des faits et dits de Jésus; même s’il ne
les comprenait pas complètement ou s’ils faisaient diffi­
culté pour son auditoire, il devait les raconter, puisqu’il
les avait vus ou entendus. Marc a eu la même simplicité.
C’est un bonheur pour nous.
Les Apôtres n’ont pas davantage droit à un traitement
de faveur. Marc ne les a pas fardés; il les a présentés
tels qu’ils étaient, avec ce mélange de qualités et de
misères qui est le lot des meilleurs. Ils sont très atta­
chés à leur Maître, qu’ils suivent fidèlement jusqu’à
l’heure du grand abandon; mais ce sont bien des Juifs
de leur temps, tout pleins des préjugés du messianisme
temporel, jaloux, avides des premières places dont ils
aiment à discuter entre eux {9, 33-34; 10, 37-41), peu­
reux (10, 32), et finalement fuyards (14, 30). Ils sont
d’esprit et de cœur étroits, voulant garder Jésus pour eux
seuls ou cherchant à l’arracher à des occupations qu’ils
jugent indignes d’unRabbi {9,38; 10,13). Leur inintelli­
gence des actes et des paroles du Maître éclate à
chaque instant, Marc y insiste même à tel point (6, 32;
8, 14-21 ; 9, 9-10, 32 ) qu’on serait tenté de voir un réqui­
sitoire dans son attitude, si l’on ne savait par tout l’en­
semble de son œuvre qu’elle n’est que franchise et
sincérité.
Même remarque pour ce qui est dit de Pierre. Celui-
ci, dans sa catéchèse, ne se vantait ni ne se faisait meilleur
qu’il n’avait été. Marc, là encore, l’a imité. Il a noté que,
lors de la Transfiguration, Pierre a parlé « ne sachant
que dire » (9, 6), qu’il a été rabroué par Jésus, à qui,
dans un élan d’affection trop terrestre, il s’était permis
de faire la leçon (8, 32-33), qu’il attendait comme les

217 MARC
autres une grande récompense pour avoir tout aban­
donné et suivi Jésus (10, 28), qu’à Guethsémani Jésus
lui avait reproché de « n’avoir pas eu la force de veiller
une heure » (14, 37), et qu’en dépit de ses protesta­
tions de fidélité (14, 29-31 ), il avait par trois fois renié
son Maître ( 14, 66-72 ).
Pareille loyauté est peut-être un fait unique dans l’his­
toire du témoignage. Pierre, le chef de l’Eglise, ne
croyait pas déroger en disant tout bonnement ses mi­
sères, pas plus qu’il ne croyait minimiser Jésus en rela­
tant dans sa catéchèse des traits qui le faisaient tout
proche de nous. Marc l’a imité. Rien n’a été retouché,
« présenté », altéré, du témoignage primitif. Nous sai­
sissons le jaillissement à sa source même. Là encore il
est heureux que Marc n’ait été ni un délicat, ni un
artiste, ni im penseur. Il a pour nous de meilleurs titres.
Auditeur de Pierre, il a transmis fidèlement à la posté­
rité ce que disait Pierre et, pour reprendre les expres­
sions si souvent citées de Papias et qu’en cette fin
d’étude on pourra mieux comprendre: « Il n’a eu qu’une
préoccupation: ne rien laisser de ce qu’il avait entendu
et ne rien dire de mensonger. » En lisant Marc, nous
sommes sûrs d’entendre la voix de celui qui disait cou­
rageusement aux sanhédrites: « Nous ne pouvons,
nous, ne pas parler de ce que nous avons vu et enten­
du » (Ac 4 ,2 0 ).

MARC 218
Table analytique de TEvangile selon saint Marc

I PRÉPARATION DU MINISTÈRE DE JÉSUS

Mission et ministère du précurseur Jean-Baptiste ( 1,1-^ ).


Baptême de Jésus {1,9-11).
Tentation de Jésus au désert (1,12-13).

II MINISTÈRE DE JÉSUS EN GALILÉE


ET DANS LES PAYS VOISINS
(1,14-9,30)

A) Jusqu'à la profession de foi de Césarée


(1,14-8,30)

1. Les débuts du ministère (1,14-43 ) :


Jésus inaugure sa prédication (1,14-13).
Appel des quatre premiers disciples (1,16-20 ).

219 MARC
Une journée à Capharnaüm ( 1 ,21-34 ) :
Enseignement à la synagogue et guérison d’un
« homme avec un esprit impur » ( 1 ,21-28 ).
Guérison de la belle-mère de Simon ( 1 ,29-31 ).
Guérisons collectives du soir ( 1 ,32-34 ).
Jésus quitte secrètement Capharnaüm et parcourt la
Galilée
Guérison d ’un lépreux ( 1 ,40-43 ).

2. Premiers conflits avec les Pharisiens {2,1-3, 6):


Guérison d’un paralytique à Capharnaüm et discus­
sion sur le pouvoir de remettre les péchés (2,1-12).
Appel de Lévi et discussion sur la fréquentation des
pécheurs et des publicains {2,13-17).
Discussion sur le jeûne (2 ,1 8-22 ).
Double discussion sur le sabbat {2,23-3,6):
La cueillette des épis ( 2, 23-28 ).
La guérison de l’homme à la main desséchée
{3,1-6).

3. En plein ministère ( 3, 7-4,34 ) :


La ruée des foules {3,7-12).
L’institution des Douze {3,13-19).
L’inquiétude des parents de Jésus ( 3 ,20-21 ).
Jésus accusé par les scribes de chasser les démons
par Béelzéboul ( 3, 22-27 ).
Le blasphème contre l’Esprit Saint ( 3 ,28-30 ).
La vraie parenté de Jésus ( 3 ,31-33 ).
L’enseignement en paraboles (4,1 -34) :
Occasion (4,1-2).

MARC 220
Le semeur ( 4 ,3-20 ).
La lampe ( 4 ,21-23 ).
La mesure ( 4 ,24-23 ).
La semence qui croît d’elle-même ( 4 ,26-29 ).
Le grain de sénevé ( 4 ,30-32 ).
Conclusion ( 4 ,33-34 ).

4. Quelques miracles et paroles de Jésus (4, 33-7, 23):


La tempête apaisée ( 4 ,33-41 ).
« L’homme avec im esprit impur » du pays des
Guéraséniens et l’aventure des cochons ( 3,1-20 ).
Guérison d ’une hémorroïsse et résurrection de la
fille de Jaïre ( 3,21-43 ).
Jésus à Nazareth (6, l-6a).
Envoi des Douze en mission ( 6 ,6h-l3 ).
Opinion d’Hérode sur Jésus {6,14-16).
Meurtre de Jean-Baptiste {6,17-29 ).
Retour des Apôtres, retraite de Jésus et première
multiplication des pains ( 6,30-44 ).
Jésus marche sur la mer ( 6 ,43-32 ).
Guérisons à Guennésareth et dans les environs
{6,33-36).
Controverse sur la tradition des anciens ( 7 ,1-23 ).

5. Jésus en Phénicie et dans la Décapole ( 7,24-8,9 ) :


En Phénicie. La femme syro-phénicienne (7, 24-30).
En Décapole. Guérison d’un sourd-bègue (7, 31-37).
En Décapole. Seconde multiplication des pains (8,
1-9).

221 MARC
6. Jésus sur les bords de la mer de Galilée (8, 10-26):
Dans la région de Dalmanoutha. Les Pharisiens
demandent un signe venant du ciel {Sy 10-13).
Le levain des Pharisiens et le levain d’Hérode
{Sy 14-21).
L’aveugle de Béthsaïde ( 8 ,22-26 ).
7. Sur le chemin des villages de Césarée de Philippe.
La profession de foi de Pierre ( 8 ,27-30 ).

B) A partir de la profession de foi de Césarée


(8,31-9,50)

Première annonce de la Passion. Pierre réprimandé


(Sy 31-33).
Conditions pour suivre Jésus ( 8 ,34-38 ).
La Venue prochaine du Royaume de Dieu (9 ,1 ).
La « Transfiguration » (9 y2-10).
Le retour d’Elie (9 y 11-13).
Guérison d’un « homme ayant un esprit muet »
(9 y 14-29).
Deuxième annonce de la Passion ( 9, 30-32 ).
Qui est le plus grand? ( 9 ,33-37).
De l’usage du nom de Jésus ( 9 ,38-40 ).
Charité envers les disciples (9 ,4 1 ).
,
Le scandale ( 9 42-49 ).
Le sel (9 ,5 0 ).

MARC 222
III LA MONTÉE VERS JÉRUSALEM ( 1 0 ,1-32)
En route pour la Judée ( 10,1 ).
Indissolubilité du mariage ( 10,2-12 ).
Jésus bénit les enfants {10,13-16).
La question d'un riche ( 1 0 ,17-22 ).
Le danger des richesses ( 10, 23-27 ).
Récompense promise à quiconque aura tout laissé
(10,28-31).
Troisième annonce de la Passion ( 10,32-34 ).
La requête des fils de Zébédée ( 10,33-43 ).
L’aveugle de la sortie de Jéricho (1 0 ,46-32 ).

IV A JÉRUSALEM H L M 3 , 37)
Accueil triomphal de Jésus aux Portes de Jérusalem
(1 1 ,M l ) .
Le figuier maudit (1 1 ,12-14 ).
Les vendeurs chassés du Temple (1 1 ,13-18).
Entretien sur le figuier dessédié (1 1 ,1 9-26 ).
Propos polémiques de Jésus (11,27-12,37a) :
La mission de Jésus et le baptême de Jean (11, 27-33 ).
Parabole des vignerons homicides (12,1-12).
Le paiement du tribut ( 1 2 ,13-17 ).
La femme aux sept maris et la résurrection (1 2 ,1 8-27 ).
Le premier de tous les commandements (12, 28-34 ).
Le Christ, fils et Seigneur de David ( 12, 33-37a).
Jugement sur les scribes ( 12,37b-40 ).
L’« obole » de la veuve ( 12,41-44 ).

223 MARC
Discours sur la ruine du Temple et la Venue en gloire
du Fils de l’homme (13,1-37):
Annonce de la ruine du Temple et question des
disciples ( 13,1-4).
La ruine de Jérusalem (13, ^-18) :
signes précurseurs (13,3-13 ).
le signe de son imminence et son caractère terri­
fiant ( 13,14-15).
La grande affliction ( 1 3 ,19-23 ).
Les catastrophes cosmiques et la Venue en gloire du
Fils de l’homme (13,24-27 ).
La parabole du figuier (1 3 ,28-32 ).
Exhortation à la vigilance ( 13,33-3 7 ).

V LA PASSION ( 14,1-13,47)

A) Jusqu'à Guethsémani (14, 1-31):


Le complot contre Jésus ( 14,1-2 ).
L’onction de Béthanie ( 14,3-9 ).
La trahison de Judas ( 1 4 ,10-11).
Les préparatifs du repas pascal {14 y 12-16).
Le repas pascal ( 14,17-23 ) :
Annonce de la trahison (17-21).
Institution de l’Eucharistie ( 22-23 ).
Sur le chemin du mont des Oliviers. Annonce de
l’abandon des disciples et des reniements de Pierre
{14y 26-31).
28 — Saint Marc écrivant son Evangile.
livre d*Heures. Manuscrit du XV* siècle (vers 1430). Bibliothèque
Maxarine, n* 969.
B) Depuis Guethsémani
(14,32-15,47):

A Guethsémani ( 14,32-52 ) :
L*« agonie » et la prière ( 32-42 ).
L’arrestation de Jésus ( 43-50 ).
Le jeune homme nu ( 51-52 ).
La comparution devant le grand prêtre (1 4 ,53-é4 ).
Premiers outrages ( 14, é5 ).
Les reniements de Pierre ( 14, G6-72 ).
Séance du Sanhédrin. Jésus livré à Pilate ( 15,1 ).
Jésus devant Pilate ( 15,2-15).
Nouveaux outrages et couronnement d’épines
(15,15-20^).
Sur le chemin du Golgotha (1 5 ,20b-23 ).
Le crucifiement (15,24-25).
Jésus en croix raillé et insulté (1 5 ,29-32 ).
Les derniers instants et la mort de Jésus ( 15,33-37 ).
Après la mort de Jésus (1 5 ,38-41 ).
La sépulture (15,42-47 ).

VI APRÈS LA RÉSURRECTION ( 1 6 ,1-20 )

Le tombeau trouvé vide et le message de l’ange (16,1-5).


Apparitions de Jésus ressuscité ( 16, ^-15 ).
Ascension de Jésus et proclamation de l’Evangile
{16,19-20).
29 — Saint Marc écrivant son Evangile. Il a la tête du lion, son
attribut, auréolée.
Bible latine. Manuscrit du XI* siècle. Bibliothèque de Dijon, 2.
Saint Marc.
Gravure du XVI* siècle.
I. PRÉPARATION DU MINISTÈRE DE JÉSUS
(1,1-13)

Mission et ministère du précurseur Jean-Baptiste

^ Commencement de l’Evangile de Jésus Christ, 1


Fils de Dieu. ^ Selon qu’il est écrit dans Isaïe, le u 3 , 3- 4

prophète:
Voici que f envoie mon messager en avant de toi,
pour frayer ton chemin,
^ Voix de celui qui clame dans le désert:
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.

1-13 Préparation du ministère de Jésus (voir la Table).


1 « l ’Evangile de Jésus Christ », non pas un livre, mais ie bon message, celui du
salut, concernant Jésus Christ et délivré par lui. On trouve encore « l ’Evangile de
Dieu» (1, 14) et simplement « l ’Evangile» (1, V ; 8, 23; 10, 29; 13, 20; 14, 9;
16, 23. — « Fils de Dieu », à un titre particulier, unique (v 22; 3, 22; 5, 7; 9, 7;
14, 61 sv; 15, 39).
2 « écrit dans Isaïe », en réalité, la citation se compose de deux textes empruntés,
l’un, celui du v 2, à Malachie 3, 2, l ’autre, celui du v 3, à Is 40, 3; seul, ce der­
nier figure dans les passages parallèles de Mt et de Le.
3 Cité d’après U IX ; he: « Une voix crie. Dans le désert préparez... ». Dans Isaïe,
il s’agit de Yahvé qui va ramener son peuple de captivité à travers un désert trans­
formé en oasis; le « Seigneur » désigne ici Jésus-Messie.

227 MARC
^ parut Jean le Baptiseur dans le désert, procla­
mant un baptême de repentir pour la rémission des
péchés. ^ Et sortait vers lui tout le pays de Judée,
ainsi que tous les habitants de Jérusalem, et ils
étaient baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain,
en avouant leurs péchés. ^Et Jean était vêtu de
poils de chameau et d’un pagne de peau autour des
reins, et il mangeait des sauterelles et du miel
sauvage.
Mt 3, 1 1
^ Et il proclamait: « Il vient après moi, celui qui
Le 3, 1 6
est plus fort que moi, et je ne mérite pas de me
Jn 1, 15.27 courber pour délier la courroie de ses chaussures.
30-31

®Moi je vous ai baptisés avec de l’eau, mais lui


vous baptisera avec l’Esprit Saint. »

4 « parut Jean », cf Jn 1, 6; « parut un honune ». — « le Baptiseur », encore 6, 14,


24; ailleurs « le Baptiste », 6, 25; 8 , 28. — « le désert », celui de Juda, le long de la
mer Morte, peut-être la vdlée méridionale du Jourdain. — « baptême », lit: « Immer­
sion », d’où le symbolisme qu’en tirera saint Paul (Ro 6, 3 sv). — « de repentir »
(ou « de etmversion »), c’est-à-dire destiné à le signifier et à le produite. — « ré­
mission », et non « p a i^ n », cf « remettre les péchés », 2, 5 , 7, 9 , 10; 3, 28; pour
l ’expression « rémission des péchés », cf Le 24, 47; Ac 2, 38; 5, 31; 10, 43;
13, 38; 26, 18. Le judaïsme avait le baptême des prosélytes, qui conférait aux
prosél]^es la pureté légale et assurait leur agrégation juridique à la communauté
d’Israël. La communauté de qnunrân pratiquait aussi ce rite purificateur.
5 « tout le p ^ . . . tous les habitants... », hyperbole conforme au style populaire de
Marc. — « étaient baptisés », plutôt que « se faisaient baptiser », légèrement tendan­
cieux. — « en avouant leurs péchés », il s’i ^ t d’un aveu public de culpabilité, pra­
tique connue de l ’A.T., cf Neh 1, 6; 9, 2; Dan 9, 4-20; Ps 32, 3; Lev 26, 40;
Nomb 5, 7.
6 « vêtu de poils de chameau », Jean porte un « vêtement » tissé de poils de
chameau. — « et d ’un pagne... », amime son grand prédécesseur Elle « un
homme avec un vêtement de poil et un pagne de peau passé autour des reins»
(2 Rs 1, «).
7 « proclamait », employé absolument, et w 38, 39; 3. 14. On a évité le mot
« prêcher », quelque peu déconsidéré par l ’abus qui en a été fait.
8 « avec de l ’eau... avec l ’Esprit Saint », autre leçon: « dans l ’eau... dans l ’Esprit
Saint ». — « baptiser dans l ’Esprit Saint », cf Mt 3, 11; Le 3, 16; Jn 1, 33;
Ac 1, 5; 11, 16; « être baptisé en Christ Jésus »: Ro 6, 3; Ga 3, 27.

MARC 228
Bible française. Paris, 1547.

Baptême de Jésus

^ Or, en ces jours-là, Jésus vint de Nazareth de


Galilée et il fut baptisé dans le Jourdain par Jean.
Mt 3 , 13-17
Et aussitôt en remontant hors de Peau, il vit se
Le 3, 21-22
déchirer les deux, et PEsprit, comme une colombe,
Jn 1, 31-34
descendre vers lui. Et [advint] une voix partiç
des cieux: « C’est toi, mon Fils, le Bien-aimé, tu as
toute ma faveur. »
9 « en ces jours-là » (8, 1} 13, 17, 2 4 ) , expression empruntée à l ’A.T., de sens
vague, chargée parfois de majesté, de solennité. — « fut baptisé » (lit: « fut plongé,
immergé dans »), cf v 3.
10 « se déchirer *, expression pittoresque, en Mt 3, 16 et Le 3, 21 p a r, on trouve
« s’ouvrir ». — « comme une colombe », même comparaison dans p a r Mt 3, 16;
Le 3, 22; Jn 1, 32.
11 « Et [advint] une voix... », cf en dehors de p a r, 9, 7 et par; Jn 12, 28. —
«mon Fils», cf 1, 1 , et la note. — « le Bien-aimé» (9, 7; 12, 6 ) . Lagrange
remarque: Dans l ’A.T. il n’y a pas grande différence entre « chéri » et « unique ».
— « tu as toute ma faveur» (Mt 12, 18; 17, 3; 2 Pe 1, 1 7 ), lit: «en toi je
me suis complu». Autres traductions: «T u es l ’aimé dont je suis content» (PI);
« en toi j ’ai mis toute mon affection » (Segond).

229 MARC
«Grande vie du Christ» de Ludolpbe le Chartreux. X V siècle.

tentation de Jésus au désert

1 aussitôt PEsprit le pousse au désert. ^^Et


Mt }:ÿ dans le désert il était pendant quarante jours, tenté
Le
par le Satan. Et il était avec les bêtes sauvages, et
les anges le servaient.

12 « Et aussitôt » (déjà v 10), terme aimé de Marc, qui l’emploie 42 fois, dont 11
Hann le chapitre 1. — « le pousse », noter la vigueur de l ’expression. — « au dé­
sert », cf V 4, et la note.
13 Le récit est sobre et vivant; Mt et Le détaillent la tentation. — « quarante
jours », comme Moïse « avec Yahvé » (Ex 34, 28) et Elle, qui « marche quarante
jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu» (1 Rs 19, £). Ce chiffre 40
a quelque chose de stylisé, conventionnel, cf Gn 7, 4; Ex 16, 33; Jos 14, 7
Jug 3, 11; 5, 32; 8, 28; Ac 1, 3; etc. — « tenté » (cf les parallèles Mt 4, 1
Le 4, 2), ou « mis à l ’épreuve » (cf 8, 11; 10, 2; 12, 13. — « le Satan », cf 3, 26;
4, 13; Mt 12, 26; Le 10, 18; 11, 18; 13, 16; 22, 31; Jn 13, 27. On trouve aussi
« Satan » 3, 23; Le 22, 3; 2 Co 12, 7. Avec ou sans l’article, il s’agit de l’Adver­
saire, l ’Accusateur qui combat l ’action de Dieu et de ses fidèles. On le rencontre
déjà dans l ’A.T., cf Jb 1, 6-12; 2, 1-7: Zach 3, 11; 1 Chr 21, 1. — « avec les bêtes
sauvages », pour marquer l ’horreur du séjour, ou la protection divine qui rend
ces betes inoffensives, cf Jb 5, 22 sv; Ps 91, 11-13; et aussi Is 11, 6-8. — « les
anges le servaient », probablement lui donnaient à manger, cf Mt 4, 2, 11;
Le 4, 2.

MARC 230
IL MINISTÈRE DE JÉSUS EN GALILÉE
ET DANS LES PAYS VOISINS
(1,14 — 9 ,JJO)

Jésus inaugure sa prédication

Et après que Jean eut été livré, Jésus vint en


Galilée, proclamant l’Evangile de Dieu et disant: ,
Mt 4 12-17
Le 4 , 14-15
« Le temps est accompli, et le royaume de
Dieu est tout proche: repentez-vous et croyez en
l’Evangile. »

Appel des quatre premiers disciples

Et en passant le long de la mer de Galilée, il î? i’,^î-n


vit Simon et André, le frère de Simon, qui lançaient ^
14 « livré » (Mt 4, 12), à la prison et à la mort, cf 6, 17 sw . — « l ’Evangile de '
Dieu » (Ro 1, 1; 15, 16-, 2 Ck) 11, 7; 1 Th 2, 2, S sv; 1 Pe 4, 17), voir v 1, et la
note; il s’agit de la bonne nouvelle concernant Dieu et proclamée en sem nom.
15 « Le temps », celui qui a été déterminé par Dieu, et qui maintenant est « accom­
pli », littéralement « rempli », cf l ’expression « la plénitude du temps » (Ga 4, 4 ),
la plénitude des temps » (Eph 1, 10). — « le royaume », ou « le ttgne ». — « est
tout proche », c’est le sens du parfait grec: l’acte de « s’approdier » a été
accompli jusqu’au bout, jusqu’à son terme; la traduction « ai^rodie » (PI) est
fautive. Même emploi Mt 3, 2; 4, 27; 10, 7; Le 10, 9, 11", 21, 8; Ro 13, 12;
Ja 5, 8; 1 Pe 4, 7. — « repentez-vous », cf v 4: « iMptême de repentir »; autre
traduction; « convertissez-vous ». — « en l ’Evangile », l ’ensemble du message, de
la boime nouvelle proclamée par Jésus.
16-20 Récit aierte et plein «te vie.
16 « mer de Galilée », encore 7, 31; ailleurs « la mer », 2, 23; 3, 7; 4, 2; 5, 1, 13,

231 MARC
1 [Pépervier] dans la mer; car c’étaient des pêcheurs.
Et Jésus leur dit: « Venez à ma suite, et je vous
ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Et aussitôt,
laissant les filets, ils le suivirent. Et quelques pas
plus loin, il vit Jacques, le [fils] de Zébédée, et
Jean son frère, eux aussi dans leur bateau en train
d’arranger les filets, “ et aussitôt il les appela. Et,
laissant leur père Zébédée dans le bateau avec les
mercenaires, ils s’en allèrent à sa suite.

Enseignement à la synagogue de Capharnaüm


et guérison d'un homme avec un esprit impur

Le 4,31 21 jjg pénètrent dans Capharnaüm, et aussitôt,


un jour de sabbat, entrant dans la s3magogue, il

21-, Jn écrit « la mer de Tibériade ». 6, 1; 21, 1. Le terme de « mer » (sémitisme)


est quelque peu ambitieux pour désig^ier une nappe d ’eau qui ne délasse guère
150 kmtj Le écrit « lac de Guennésareth » (5, 1 ). — « Simon », encore w 29 sv,
36; 3, 16\ 14, 37. Dans Mc, on trouve encore « Pierre », 19 fois, mais jamais
Simon-Pierre. — « André », encore 1, 29; 3, 18; 13, 3. — * lançaient [ l’épervier],
hapax, sens certain, terme pittoresque. — « car c’étaient des pêcheurs », explica­
tion « après coup », comme il s’en rencontre souvent dans Mc, cf 2, 13;
3, 10, 30; 5, 8, 28, 42; 6, 18, 48; 10, 22; etc.
17 « Venez à ma suite », lit: « Ici derrière moi », c f v 20; 8, 34. — « pêcheurs
d ’hommes », comparaison tirée de la profession des deux Apôtres.
18 « Et aussitôt » (cf v 12, et la note); la promptitude ^ Simon et André à suivre
Jésus s’erq>lique bien s’ils ont déjà eu des relations avec lui, Jn 1, 33-42.
18 « le suivirent », comme disciples, cf 2 , 14; 8, 34: 9, 38; 10, 21, 28.
19 « quelques pas plus loin », lit: « s’étant avancés un peu ». — « Jacques, le fils
de Zébédée », encore v 29; 3, 17 (Catalogue); 5, 37; 9, 2; 10, 33, 41; 13, 3; 14, 33.
On trouve encore: Jacques, le frère de Jésus (6, 3), Jacques, le [fils] d’Alphée (3,
18), Jacques le petit (15, 40).
20 « s’en allèrent à sa suite », cf v 18: « le suivirent ». — On retrouve ensemble
Pierre, Jacques et Jean, v 29; 5, 37; 9, 2; 13, 3; 14, 33; André ne figure avec eux
u’au V 29 et 13, 3.
f 1-34 Un sabbat-type, voir la Table.
21 «pénètrent» (plutôt que: «en tren t» ), encore 6, 36; 7 , 13, 18 sv; 11, 2. —
« Capharnaüm » (2, 1; 9, 33), la moderne Tell Houm, sur la rive nord-ouest du lac,
à environ 4 km à l ’ouest de l ’embouchure du Jourdain. — « la synagogue », édifice
où l ’on se réunissait pour prier et entendre la lecture et l ’explication des Ecritures
(Loi et Prophètes); on montre à Capharnaüm les restes d’une synagogue de la fin du
2® siècle après J.-C.

MARC 232
enseignait. ^ E t on était frappé de son enseigne- 1
ment, car il les enseignait comme ayant pouvoir, et ÎJ
non comme les scribes.
^ E t aussitôt il y eut dans leur synagogue tin
homme avec un esprit impur, qui s’écria: « Que ^
nous veux-tu, Jésus le Nazarénien? Es-tu venu pour
nous perdre? Je sais qui tu es: le Saint de Dieu. »
Et Jésus le menaça, en disant: « Silence! et sors de
lui. » ^^Et, le secouant avec violence et jetant un
grand cri, l’esprit, l’[esprit] impur, sortit de lui. ^ Et
tous furent effrayés, de sorte qu’ils discutaient
entre eux et disaient: « Qu’est ceci? Un enseigne­
ment nouveau, donné avec pouvoir! Il commande
même aux esprits, aux [esprits] impurs, et ils lui
obéissent! » Et sa renommée se répandit aussitôt Mt 4,2?

partout dans toute la contrée de la Galilée.

22 « on était frappé de son enseignement », cf 11, 1Z\ Mt 7, 2S; Le 4, ?2;


Âc 13, 12. — « comme ayant pouvoir » (ou; « autorité »), cf v 27; 2, 10; 3, 15;
6, 7; 11, 28, 29, 33; 13, 34. — « les scribes » (ou « légistes », Mt 22, 35; Le 7, 30;
10, 25; ou « docteurs de la Loi », Le 5, 17, interprètes qualifiés de la Loi, appar­
tenant la plupart à la secte des Pharisiens.
23 « avec un esprit impur », c’est-à-dire, comme l ’interprète Le 4, 33: * ayant un
esprit de démon impur ». — « qui s’écria », l ’homme s’identifie avec l ’esprit qui
l ’occupe.
24 « Que nous veux-tu? » (lit: « Quoi pour nous et pour toi? » idiotisme hébraïque
pSur repousser une intervention jugée inopportune, cf 5, 7; Mt 8, 29; Le 4, 34
8, 28; Jn 2, 4; et dans l ’A.T. Jug 11, 12; 2 Sam 16, 10; 19, 23; 1 Rs 17, 18
2 Rs 3, 13. — « le Nazarénien », encore 10, 47; 14, 67; 16, 6; Le 4, 34; 24, 19
ailleurs le Nazôréen, cf Mt 2, 23; 26, 71; Le 18, 37; Jn 18, 5, 7; 19, 19; Ac 7 fois;
originaire de Nazareth, Nazôréen comportant peut-être une nuance défavorable. —
« pour nous perdre », la destruction des puissances mauvaises était un des traits de
la période eschatolomque. — « le Saint de Dieu » (Le 4, 34 par; Jn 6, 69), « c’est-
à-dire très pur et mgne de son amitié, dans un degré qui n ’appartient qu’à lui »
(Lagrange).
25 « le menaça », ou « lui enjoignit », cf 3, 12; 4, 39; 8, 30, 32; 9, 25; 10, 13, 48.
— « Silence! » lit: « Sois nmselé » (1 Co 9, 9; 1 Tm 5, la ), encore 4, 39.
26 « le secouant avec violence », c f 9, 26; Le 9, 39, 42. — « jetant un grand cri »,
cf expressions similaires, 5, 7; 15, 34, 37.
27 « donné avec pouvoir » (ou « d ’autorité »), cf 1, 22, et la note.

233 MARC
Guérison de la belle-mère de Simon

1 Et aussitôt sortis de la synagogue, ils vinrent à


L? la maison de Simon et d’André, avec Jacques et
Jean. ^L a belle-mère de Simon était couchée,
fiévreuse, et aussitôt ils lui parlent d’elle. ^^Et,
s’avançant, il la fit se lever en la tenant par la main,
et la fièvre la quitta; et elle les servait.

Guérisons collectives du soir


Mt Z, 16
Le soir venu, lorsque fut couché le soleil, on lui
Le
conduisait tous ceux qui allaient mal et les démo­
niaques, et toute la ville se trouvait rassemblée
près de la porte. ^ E t il guérit beaucoup de gens
qui souffraient de diverses maladies et il chassa
Mc 3,12
beaucoup de démons; et il ne laissait pas parler les
démons, parce qu’ils le connaissaient.

29 Cette répétition de « aussitôt » ( w 18, 20, 21, 23) donne au récit une allure
précipitée, haletante. — « la maison de Simon et d’André », ils habitaient donc à
Caphiamaüffl (v 21).
30 « était couchée », lit: e étendue » (sur un lit). — « ils lui parlent d’elle », leur
intervention est discrète et relatée avec discrétion.
31 « la tenant pat la main », même geste e s tim é de la même manière, 5, 41;
9, 27. — « tenant, quitta, servait », noter la variété des temps, edui du simple
récit, celui de la drâcription.
32 « le soir », désigne une heure tardive de la journée, cf 4, 33; 6, 47; 14, 17;
13, 42. — « lorsque fut couché le soleil », précise la donnée précédente; le sabbat
est maintenant terminé. — « ceux qui allaient mal », c’est-à-dire qui étaient atteints
d ’affections diverses, cf 2, 17; 6, 33; Mt 4, 24; 8, 16; 9, 12; 14, 33; 17, 13;
Le 5, 31; 1 , 2 . — * les démoniaques », cf 5, 13, 16, 18; Mt 4, 24; 8, 16, 28, 33;
9, 32; 12, 22; 15, 22; Le 8, 36; Jn 10, 21; et voir v 23, et la note.
33 « toute la ville », hyperbole, cf 1, 3 « tout le iMjts de Judée... ».
34 « le connaissaient », c’est-à-dire, comme retq>licite Le 4, 41: « ils savaient qu’il
était le Christ ». Sur cette interdiction que fait Jésus de publier sa qualité de Mes­
sie (ce qu’on a appelé « secret messianique »), cf w 23, 44; 3, 12; 5, 43; 7, 36;
8, 26; Mt 8, 4; 9, X ; 1 2 , 16.

MARC 234
Jésus quitte secrètement Capharnaüm
et parcourt la Galilée

Et le matin, encore en pleine nuit, s’étant levé, 1


il sortit et s’en alla dans un lieu désert; et là il Le
4,42-44

priait. ^ E t Simon partit à sa poursuite, ainsi que


ceux qui étaient avec lui. Et ils le trouvèrent, et
ils lui disent: « Tous te cherchent. » ^ Et il leur dit:
« Allons ailleurs dans les bourgs voisins, pour que
là aussi je proclame; car c’est pour cela que je suis
sorti. » Et il alla, proclamant dans leurs synago­ Mt 4 ,2 3

gues, dans toute la Galilée, et chassant les


démons.

Guérison d'un lépreux


Mt 8, 2- 4
^ Et vient vers lui un lépreux qui le prie et
Le 5 , 12-16
tombe à genoux, en lui disant: « Si tu le veux, tu
peux me purifier. » Et pris de pitié, étendant la
main, il le toucha. Et il lui dit: « Je le veux, sois puri-

35 ^ il sortit », de la ville. — « désert », ou « solitaire ». — « priait », ef 6, 46-,


14, 32, 33, 39; et eneore 13, 18; 14, 38. Le insiste plus que les autres évangélistes
sur la prière de Jésus et la néeessité de la prière, ef Le 3, 21; 5, 16; 6, 12; 9, 18,
28, 29; 11, 1; 22, 40, 41, 44, 43; et encore 6, 28; 11, 1 sw ; 18, 1.
36 « partit à sa poursuite », et non « se mit à sa recherche », qui abâtardit l ’ori­
ginal. — « ceux qui étaient avec lui » (2, 23 sv), ses disciples, ou peut-être seule­
ment « les Douze » (3, 14).
37 « ils le trouvèrent, et ils lui disent », et non « ils le trouvent et lui disent »
(PI, qui ne respecte pas le mélange des temps, une des caractéristiques du style de
Marc).
38 « les bourgs », hapax, mais sens certain. — « je proclame », cf v 7, et la note.
— « je suis sorti », de la ville, v 33; Le (4, 43) a interprété: « c’est pour cela que
j ’ai été envoyé ».
40 « me purifier »; la lèpre rendait rituellement impur, et partant intouchable, cf
Lev 13, 43 sv: « Le lépreux... criera: Impur! Impur! Autant de jours que durera sa
plaie, il sera impur..., il habitera à l ’écart, son habitation sera hors du camp. » En
s’approchant de Jésus, le lépreux enfreint donc la Loi; en touchant le lépreux, Jésus
l ’enfreint pareillement.
41 « pris de pitié » (6, 34; 8, 2; 9, 22), autre leçon « pris de colère ».

235 MARC
1 fié. » Et aussitôt la lèpre le quitta, et il fut purifié.
Et Payant grondé, aussitôt il le chassa. ^ Et il lui
dit: « Attention! ne dis rien à personne; mais va te
montrer au prêtre, et présente pour ta purification
ce qu’a prescrit Moïse, en témoignage pour eux. »
Mais lui, une fois sorti, se mit à proclamer par­
tout la chose et à la divulguer, de sorte que [Jésus]
ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville,
mais il se tenait en dehors, dans des lieux déserts,
et on venait vers lui de toute part.

Guérison d'un paralytique à Capharnaüm


et discussion sur le pouvoir de remettre les pêchés

2 ^ Et comme il était entré de nouveau à Caphar-


I? I; 17-26 naüm quelques jours plus tard, on apprit qu’il était
chez lui. ^ Et il se rassembla beaucoup de monde,
de sorte qu’il n’y avait plus de place, même aux
abords de la porte. Et il leur disait la Parole. ^ Et
1 43 « l ’ayant grondé », terme très fort qui exprime une violente émoticxi, un
bouillonnement intérieur, cf 14, 5; Mt 9, 30; Jn 11, 33, 38.
44 « Attention! » lit: « Vois! » — « ne dis rien à personne », cf v 34, et la note.
— « au prêtre », de service. — « présente... », cf Lev 14.
45 « se mit à » (sémitisme?) expression aimée de Mc, qui l ’emploie une trentaine
de fois, 2, 23; 4, I; 5, 17, 20; 6, 2, 7, 34, 55, etc. — « partout », lit: « beaucoup ».
— « déserts », ou « solitaires ». — « on venait à lui de toute part », sur le mouve­
ment des foules autour de Jésus, un des traits caractéristiques de l ’^angile de Mc,
cf les notations suivantes: a) d«ignation: « la foule » 2, 4, 13, etc.; « une foule »
3, 32; « une foule nombreuse » 5, 21, 24; 9, 14; 12, 37; « une nombreuse foule »
6, 34; 8, 1; « une foule considérable » 10, 46; « une foule très nombreuse » 4, 1;
« des foules » 10, 1; b) mouvements: la foule « accourt » 9, 25; « est assise autour
de lu i» 3, 32; « l ’écoute avec plaisir» 12, 37; «fait route vers lu i» 10, 1; « le
presse » 3, 9; 5, 31; « se rassemble auprès, près de lui » 4, 1; 5, 21; « se réunit »
3, 20; « vient à lui » 2, 13.
2 1 « de nouveau », terme aimé de Mc qui l ’emploie 28 fois, et de Jean (45 fois);
pour l ’allusion, cf 1, 21. — « chez lui » (lit: « <kns son logis »), probablement dans
la maison de Pierre; pour l ’expression, cf 2, 11; 3, 20; 5, 19, 38; 7, 17, 30; 8,
3, 26.
2 « il se rassembla beaucoup de monde », sur ce rassemblement de la foule autour
de Jésus, cf 1, 45, et la note. — « la Parole », celle de l ’évangile, cf 4, 14 sv, et
par; Ac 4, 29, 31; 8, 25; 11, 19; 13, 46.

MARC 236
viennent des gens qui lui conduisent un paralytique
porté par quatre hommes. * Et comme ils ne pou­
vaient [le] lui présenter à cause de la foule, ils
découvrirent le toit là où il était, et après avoir
déblayé, ils descendent le grabat où le paralytique
était couché. ^ Et, voyant leur foi, Jésus dit au para­
lytique; « Mon enfant, tes péchés sont remis. »
^ Il y avait là quelques scribes qui étaient assis et
qui raisonnaient en leurs coeurs: ^ « Pourquoi celui-
là parle-t-il ainsi? Il blasphème! Qui peut remettre
les péchés, si ce n’est Dieu seul? » * Et aussitôt,
connaissant en son esprit qu’ils raisonnaient ainsi
en eux-mêmes, Jésus leur dit: « Pourquoi raisonnez-
vous ainsi dans vos cœurs? ^ Quel est le plus facile,
de dire au paralytique: Tes péchés sont remis, ou
de dire: Lève-toi, et prends ton grabat et marche?
Eh bien! pour que vous sachiez que le Fils de
l’homme a pouvoir de remettre les péchés sur la

3 Verset éminemment descriptif: la chose est décrite comme elle est vue, au fur
et à mesure qu’elle se déroule.
4 « ils découvrirent le toit », opération assez facile, le toit, ou plutôt la terrasse
n’étant composée que de poutres légères, de branchages et de terre battue; il
suffisait de faire un trou, « d’ôter en creusant»; Le écrit (5, 19): « à travers les
tuiles ils le descendirent ». — « le grabat », mot de la langue populaire, encore
w 9, 11, 12; 6, 55; Jn 5, 8, 9, 10, 11; Ac 5, 15; 9, 33; Mt et Le l ’évitent. — Ce
verset, comme le précédent, dépeint et fait voir la chose.
5 « leur foi », la certitude que Jésus a le pouvoir de guérir, et qu’ils manifestent
par leur action. — « sont remis » (et non « pardonnés » Segond BC), cf w 7, 9 sv;
3, 28; 4, 12; 11, 25; Le 11, 4. L’idée de « pardon » du péché apparaît seulement
Col 2, 13; 3, 13.
6 « scribes », cf 1, 22, et la note. — « raisonnaient », cf v 8; 8, 16 sv; 9, 33;
11, 31. — « en leurs coeurs », dans la physiologie et la psychologie sémitiques, le
cœur est le centre de toute l ’activité consciente, intellectuelle, affective, volitive.
1 «celui-là», dépréciatif et méprisant. — « I l blasphème! » (3, 28 sv; 15, 29),
c’est-à-dire tient des propos outrageants à l ’égard de la majesté divine.
8 « Et aussitôt », cf 1, 10, et la note. — « raisonnaient », cf v 6, et la note.
10 « le Fils de l ’homme» (v 28; 8, 31, 38; 9, 12, 31; 10, 33, 45; 13, 26;
14, 21, 41, 62), cette dénomination de Jésus, empruntée à Daniel (7, l3 ) et à la
littérature apocalyptique, désime et voile l ’éminente dignité de Jésus, laquelle
éclatera lors de son retour en gloire (8, 38; 13, 26),

237 MÂBLC
terre, je te le dis, dit-il au paralytique, lève-toi,
prends ton grabat et va-t’en chez toi. » Et il se
leva, et aussitôt prenant le grabat, il sortit devant
tous, de sorte que tous étaient stupéfaits et glori­
fiaient Dieu, en disant: « Jamais nous n’avons vu
ça! »

Appel de Lévi et discussion sur la fréquentation


des pécheurs et des puhlicains
Mt 9, 9-13
Et il sortit de nouveau le long de la mer. Et
5,27-32 foule venait vers lui, et il les enseignait.
Et en passant, il vit Lévi, le [fils] d’Alphée, assis
au bureau du péage. Et il lui dit: « Suis-moi. » Et, se
levant, il le suivit.
^^Et voilà [Jésus] à table dans sa maison, et
beaucoup de publicains et de pécheurs se trou­
vaient à table avec Jésus et ses disciples; car ils
étaient nombreux à le suivre. ^^Et les scribes des

12 « étaient stupéfaits », cf 5 , 42; 6, 51; et aussi 1, 27; 10, 24, 32. — « glorifiaient
Dieu », expression unique dans Mc; elle parait 2 fois dans Mt, 8 fois dans Le,
2 fois dans Jn.
13 « il sortit», au sens de s’en aller, cf 1, 45; 3, 21. — «toute la foule»,
cf 1, 45, et la note.
14 « L ^ i », encore et seulement Le 5, 27, 29; en Mt 9, 9, le même personnage a
nom Matthieu. — « Suis-moi », comme disciple, cf 1, 18, et la note. — « bureau du
péage », Lagrange: « bureau où l ’on percevait le portorium, comprenant à la fois la
douane, l’octroi et le péage. Il y en avait un à Caphamaüm parce que cette ville
était à la limite des états d ’Hérode Antipas qui voisinait là avec srm frète
Philippe ».
15 « Et le voilà à table », lit: « Et il advient qu’il se trouve à table ». — « dans sa
maison », celle de Lévi (Le 5, 29). — « publicains », collecteurs des impôts, redou­
tés, haïs et méprisés en tant que fonctionnaires de la puissance occupante. —
« piécheurs », qui n ’observaient pas le code de pureté légale et en prenaient à leur
aise avec les autres prescriptions de la Loi, e t M t 5, 46; 11, 19; 18, 17; 21, 31. —
« publicains et pécheurs », cf Mt 9, 10 sv; 11, 19; Le 5, 30; 1, 34; 15, 1; au v 16
« les pécheurs et les publicains ». — « car ils étaient nombreux », cf 1, 16, et la
note.
16 « les scribes des Pharisiens », c’est-à-dire ceux qui appartenaient à la secte des
Pharisiens (cf Ac 23, 9), défenseurs convainciu de ia Loi et de la Tradition

MARC 238
Pharisiens, le voyant manger avec les pécheurs et
les publicains, disaient à ses disciples: « Eh quoi! il
mange avec les publicains et les pécheurs! » ^^Et
ayant entendu, Jésus leur dit: « Ce ne sont pas les
gens valides qui ont besoin de médecin, mais ceux
qui vont mal; je ne suis pas venu appeler des
justes, mais des pécheurs. »

Discussion sur le jeûne


Mt 9,1 4 ^1 7
Et les disciples de Jean et les Pharisiens obser­
Le 5 ,y 3 - } 9
vaient un jeûne. Et on vient lui dire: « Comment se
fait-il que les disciples de Jean et les disciples des
Pharisiens jeûnent, et que tes disciples ne jeûnent
pas? » Et Jésus leur dit: « Est-ce que les compa­
gnons de Pépoux peuvent jeûner pendant que
Pépoux est avec eux? Aussi longtemps qu’ils ont
Pépoux avec eux, ils ne peuvent jeûner. “ Vien­
dront des jours où Pépoux leur sera enlevé, et alors
ils jeûneront, en ce jour-là.
(Ac 2 i, 8\ 26, 5 sv), mais mii se montraient durs pour le commim peuple, orgueil­
leux et fiers de leur vertu (Le 18, 11 sv), et qui ^urfois tempéraient leur rigorisme
par les subtilités de la casuistique (7, 3 sv, 8 -l3 ). — « ses disciples » (v 13), groupe
plus étendu que celui des Douze. — « il mange avec... », sur ces mauvaises fréquen­
tations de Jésus et le scandale qu’elles provoquaient chez les gens de bien, 'et
Mt 11, 19; Le 7. 34; 15, 1; 19, 7.
17 « venu », en mission, cf M t 5, 17, et la note. — « ceux qui vont mal »,
cf 1, 32, et la note. — «des justes... des pédieurs», ou «les justes... les pé­
cheurs ». — « appeler », Le 5, 32 ajoute: « au tependr ».
18 « un jeûne », probablement de dévotion (cf Le 18, 12), ou l ’un des jeûnes qui
commémoraient de grands événements historiques (cf Zach 8, 19). — «les d i ^ -
ples de Jean », cf 6, 25»; Mt 11, 2; 14, 12; Le 7, 18; 11, 1; Jn 1, 35, 37; 3, 23;
Ac 19, 3.
19 « les compagnons de l ’époux », lit: « les fils de la chambre nuptiale »
(hébraïsme); pour l ’expression, cf « tils de gâienne» (Mt 23, 13), «fils de paix»
(L e 10, 6); etc.
^ « l ’époux leur sera enlevé», im nuage de tristesse passe sur la joie des pre­
miers jours. — Sur cette représentation des rapports de Jésus et de l ’Eglise, em­
pruntée à l ’A.T. (Yahvé et son peuple. Os 2, 4 sw ; Is 34, 4 sw ; â , 4 sw ;
Ez 16, 7 sw ), cf Jn 3, 25»; 2 Co 11, 2; Eph 5, 25-32; Ap 19, 7; 21, 2.

239 MARC
21
« Personne ne coud un ajout d’étoffe non
foulée à un vieux manteau; sinon, le morceau rap­
porté en enlève un bout, le neuf du vieux, et une
déchirure pire se produit.
“ « Et personne ne met du vin nouveau dans de
vieilles outres; sinon, le vin crèvera les outres, et
le vin est perdu ainsi que les outres. Mais à vin nou­
veau outres neuves! »

La cueillette des épis et Vobservation du sabbat


Mt 12, 1- 8
Or, un jour de sabbat, il passait à travers les
Le 6, 1- }
moissons, et ses disciples se mirent, chemin faisant,
à arracher les épis. ^ Et les Pharisiens lui disaient:
« Vois! Pourquoi font-ils, un jour de sabbat, ce qui
n’est pas permis? » “ Et il leur dit: « N ’avez-vous
donc jamais lu ce que fit David, lorsqu’il fut dans le
besoin et qu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec
lui, comment il entra dans la maison de Dieu, au
temps du grand prêtre Abiathar, mangea les pains
de proposition^ qu’il n’est permis de manger
qu’aux prêtres, et en donna même à ceux qui

21-22 Malgré certaines difficultés d ’interprétaticm, le sens d’ensemble de ces deux


comparaisons est clair: ce qui est neuf ne peut s’accommoder de ce qui est vietix;
c’est une rénovation totale qui est requise; le « vieil homme * doit disparaître pour
faire place à « l ’homme nouveau », cf Ro 6, 6\ £ i ^ 4, 22; Col 3, 9.
23 « chemin faisant », latinisme.
24 Ce qui est reproché, ce n’est pas « d ’arracher les épis » dans le champ du pro­
chain et de se livrer ainsi à la maraude, mais d’accomplir un travail interdit le jour
du sabbat.
25-26 Cf 1 Sam 21, 4-7. En réalité l ’épisode eut lieu, non pas au temps d’Abiathar,
mais sous Âhimélek (1 Sam 21, 2), dont Abiathar était le fils (1 Sam 22, 20). —
« les pains de proposition », interpKtation grecque de l ’expression hébraïque « pains,
pain de la Face » (Ex 25, 30; 35, 13; 39, 36; 1 Sam 27, 7; etc.) ou « pains de la
rangée » (1 Chr 9, 32; 23, 29), ainsi nommés parce qu’ils étaient disposés, « rangés »
devant la Face de Ysàivé chaque sabbat; la semaine écoulée, les prêtres les consmn-
maient.

MARC 240
30 — Les trois tentations du Christ (Mt 4, 1-11 ; Mc 1, 12-13).
« Miroir de l’Humaine Salvation ». Manuscrit du XV® siècle. Musée
Condé, Chantilly, n° 1363.
33 — Guérison du possédé et aven­
31 — Jésus parle aux disciples. ture des cochons (Mc 5, 1-20).

34 — Guérison à la piscine de Beth-


saïde (Jn 5, 2).
32 — Tentation de Jésus (Mt 4, Missel Orléanais, 1519. Bibliothèque
1-11; Mc 1, 12-13). d ’Orléans, incunable «° 162.
35 — Parabole du semeur (Mc 4,
3-20).

36 — Parabole des ouvriers envoyés


à la vigne (Mt 20, 1-16).
Missel Orléanais, 1519. Bibliothèque
d'Orléans, incunable n° 162.
étaient avec lui? » Et il leur disait: « Le sabbat a 2
été fait pour l’homme, et non l’homme pour le
sabbat, de sorte que le Fils de l’homme est
seigneur même du sabbat. »

La guérison de Vhomme à la main desséchée


et Vobservation du sabbat

^ Et il entra de nouveau dans une synagogue. Et il


Mt 12, 9-14
y avait là un homme ayant la main desséchée. ^ Et Le 6, 6-11
on l’épiait [pour voir] s’il le guérirait un jour de
sabbat; c’était pour l’accuser. ^ Et il dit à l’homme
qui avait la main sèche: « Lève-toi au milieu. » ^ Et il
leur dit: « Est-il permis, un jour de sabbat, de faire
du bien ou de mal faire, de sauver une vie ou de
tuer? » Eux se taisaient. ^ Et, promenant ses regards
sur eux avec colère, profondément attristé de l’en­
durcissement de leur cœur, il dit à l’homme:

27 On cite volontiers le commentaire rabbinique d’Ex 31, 14: « le sabbat vous est
donné, ce n’est pas vous qui êtes donnés au sabbat ».
1 « entra de nouveau », cf 1, 21. — « dans une synagogue », l ’absence de l ’article
(encore 13, 9 (pluriel); Jn 6, 39; 18, 20; Ja 2, 2; Ap 2, 9) n’oblige pas à penser
qu’il s’agit d’une synagogue autre que « la synagogue » de 1, 21, 29. — « dessé­
chée », comme le figuier de 11, 20 sv.
2 « on l ’épiait », sur cette surveillance hostile, qui cherche à prendre en faute,
cf Le 6, 7; 14, 1; 20, 20; Ac 9, 24.
3 « Lève-toi au milieu », l ’homme est invité à quitter sa place et à venir devant
l’assemblée.
4 Le propos est polémique: « faire du bien », comme j ’en ai l ’intention; « mal
faire », comme vous vous proposez d ’agir à mon égard {cf v 6: « afin de le faire
périr »). — « Eux se taisaient », cf 9, 34.
5 « promenant ses regards », ce regard circulaire de Jésus est une notation propre
à Marc, encore v 34; 5, 32; 9, S; 10, 23; 11, 11 (Le 6, 10 dépend de Mc 3, 5). —
« profondément attristé » {hapax), sur la tristesse de Jésus, cf 14, 34; Mt 26, 37 sv.
— Autre leçon (cf 1, 41): «pris de colère». — «endurcissement de leur cœur»,
c’est-à-dire obstination volontaire de l ’être entier (esprit, sensibilité, volonté), qui
refuse de se laisser éclairer et convaincre; le « cœur » est devenu calleux, insensible
et impénétrable à toute réalité spirituelle; cf Eph 4, 18; et encore Mc 6, 32; 8, 17;
Jn 12, 40; Ro 11, 7, 23; 2 Co 3, 14. — « fut rétablie »; pour le terme, cf 8, 23;
9, 12; Mt 12, 13; 17, 11; Le 6, 10; Ac 1, 6.

241 MARC
« Etends la main. » Et il l’étendit, et sa main fut réta­
blie. ^ Et, une fois sortis, les Pharisiens réunissaient
aussitôt un conseil avec les Hérodiens contre
[ Jésus ], afin de le faire périr.

La ruée des foules


Mt 12,15-16
4, 24-25 ^ Et Jésus se retira avec ses disciples vers la mer,
et une nombreuse multitude venue de la Galilée le
Le
suivit. Et de Judée, ®et de Jérusalem, et de l’Idu-
mée, et d’au-delà du Jourdain, et des alentours de
Tyr et de Sidon, ime multitude nombreuse, appre­
nant tout ce qu’il faisait, vint vers lui. ^ Et il dit à
ses disciples de tenir une barque à sa disposition à
cause de la foule, pour ne pas en être écrasé.
Car il avait guéri beaucoup de gens, de sorte
que tous ceux qui avaient des fléaux tombaient sur
lui pour le toucher. Et les esprits, les [esprits]
Mc 1,34
impurs, chaque fois qu’ils le voyaient, tombaient

6 « sortis », de la synagogue. — « les Pharisiens », ceux-là mêmes qui


« l ’épiaient» (v 2). — «les Hérodiens», partisans d’Hérode-Antipas, tétrarque de
Galilée de 4 av. J.-C. à 39 ap. J.-C. — « afin de le faire périr », le drame pro­
gresse, cf 2, 6 SV, 16, 18, 24.
7-12 Sommaire de l ’activité de Jésus: territoires où elle se déploie, quelques
traits. Sur la ruée des foules, cf 1, 45, et la note.
7 « se retira », ce terme, unique dans Mc, mais assez fréquent dans Mt qui
l ’emploie 10 fois, indique simplement un changement de lieu; « il n ’y a pas la
moindre allusion à une fuite » (Lagrange). — « la mer », celle de Galilée, cf 1, 16,
et la note. — «une- nombreuse m ultitude», Le 23, 27; Ac 14, 1; on trouve aussi
« une multitude nombreuse », 3, S; Le 5, 6; 6, 17; Ac 17, 4.
8 « Idumée », au sud de Juda et de la mer Morte. — « Tyr », 7, 24, 31; « Si-
don », 7, 24, 31, au nord-ouest de la Palestine.
9 « une barque », Le 5, 2; Jn 6, 22, 23, 24; 21, 8. — « tenir à sa disposition »,
lit: « pour qu’une barque se tint, ou fût tenue à sa disposition ».
10 « fléaux », pour désigner des affections qui sont pour le corps comme des coups
de fouet, qui le « fustigent », pour le terme, cf 5, 29, 34; Le 7, 21; Ac 22, 24;
He 11, 36; 12, 6. — « tombaient sur lui », réalisme marcien.
11 « esprits impurs », cf 1, 23, et la note. — « chaque fois qu’ils le voyaient », ou
« lorsqu’ils le voyaient ». — « le Fils de Dieu », cf 1, 1, et la note.

MARC 242
devant lui et criaient: « C’est toi, le Fils de Dieu! » 3
^^Et il leur enjoignait fortement de ne pas le faire 4;Jî
connaître.

L’institution des Douze

Puis il monte dans la montagne, et il appelle à lui


ceux qu’il vordait, et ils allèrent vers lui. Et il en ^
établit douze pour être avec lui et pour les envoyer
proclamer, avec pouvoir de chasser les démons.
Il établit donc les Douze: Simon, à qui il imposa
le nom de Pierre, *^et Jacques, le [fils] de ^ b é -
dée, et Jean, le frère de Jacques, auxquels il impo­
sa le nom de Boanergès, c’est-à-dire fils du ton­
nerre, ^®et André, et Philippe, et Barthélemy, et

12 Pour tout le verset, cf Mt 12, 16. — « de ne pas le faire connaître », sur


cette injonction, cf 1, 34, et la note.
13 « la montagne » (6, 46), indéterminée, malgré l ’article, comme dans nos expres­
sions « aller à la campagne, à la montagne, à l ’église », etc. — « il appelle à lui »,
cf V 23; 6, 7; 7, 14; 8, 1, 34\ 10, 42; u , 43; 15, 44, — « ceux qu’il voulait », pour
la pensée, cf Jn 6, 70; 15, 2o; Ac 1, 2. — « monte, voulait, allèrent », il faut res­
pecter le mélange des temps, une des caractéristiques du style de Mc.
<14 « établit », même sens du terme grec Âc 2, 36; He 3, 2. — « douze », selon le
nombre des tribus d ’Israël (Mt 19, 28; Le 22, 30), — « proclamer »; employé abso­
lument, cf 1, 7, 38, 39.
16 « les Douze », groupe à part, distinct des disciples et des « apôtres », cf 4, 10;
6, 7; 9, 35; 10, 32; 11, 11; 14, 10, 17, 20, 43; en Mt 3 fois; Le 6 fois; Jn 4 fois;
Ac 1 fois; 1 Co 1 fois. — « Simon », 1, 16, 29, 30, 36; 14, 37. — « le nom de
Pierre », traduction de l ’araméen Képhas = Roc, cf Jn 1, 42: « Tu es Simon; tu
t ’appelleras Képhas », pour le terme, cf 1 Co 1, 12; 3, 22; 9, 5; 15, 5; Ga 1, 18;
2, 9. I l , 14.
17 * fils du tonnerre », difficile philologiquement, mais convient bien à leur carac­
tère, cf Le 9, 54. — « André,_ et Philippe », deux noms grecs. Sur André, cf 1, 16,
et la note sm; 1, 20. — « Philippe », en dehors des Catalogues ne figure que dans
Jn (12 fois). — « Barthélemy » (fils de Tolmaï ou Talmaï) ne figure pas en dehors
des Catalogues; on l ’identifie parfois à Nathanaël (Jn 1, 45-49; 21, 2). — «M at­
thieu », ne figure que dans les Catalogues, mais voir 2, 14, et la note. — « Tho­
mas », en dehors des Catalogues, ne figure que dans Jn 14, 5; 20, 26, 27, 28, qui
l ’interprète: « Thornsw, appelé Didyme », c’est-à-dire « Jumeau ». — Jacques d’Al-
phée, probablement fils d’Àlphée, ne figiûre que dans les Catalogues. — « Thaddée »,
encore a i ^ l é « Lebbée », peut-être le surnom de Judas, fils ou frère de Jacques
(Le 6, 16; Ac 1, 13). — «Simon le Cananéen» (Mt 10, 4); en Le 6, 15 par;
« Simon a p ^ lé Zélote »; ce surnom le désigne comme animé d’une ardieur ^ l i -
tique ou religieuse.

243 MARC
3 Matthieu, et Thomas, et Jacques, le [fils] d’Alphée,
et Thaddée, et Simon le Cananéen, ^®et Judas
Iscarioth, celui-là même qui le livra.

U inquiétude des parents de Jésus

^ Et il vient chez lui, et la foule se réunit de nou­


veau, de sorte qu’ils ne pouvaient pas même
prendre leur repas. Ce qu’apprenant, les siens
sortirent pour se saisir de lui; car Üs disaient: « Il est
hors de lui! »

Jésus accusé par les scribes


de chasser les démons par Béelzéboul

Mt 12,24-29 22 jgg scribes qui étaient descendus de Jéru-


Lc 11,15-22 disaient: « Il a Béelzéboul », et: « C’est par le
chef des démons qu’il chasse les démons. » Et,

19 « Iscarioth», l ’homme de Karioth (?), petit bourg de la Judée méridionale, au


sud d’Hébron. — « qui le livra », cf 14, 10, 44; Mt 10, 4; Le 6, 16; Jn 6, 64, 71.
20 « chez lui », lit: « dans un logis », c’est-à-dire probablement celui de Pierre
(1, 29). — « prendre leur repas », lit: « manger du pain », cf 7, 2.
21 « les siens », ceux de sa famille venus (lit: « sortis ») de Nazareth. — « se
saisir » (ou « arrêter »), comme on fait d ’un dément ou d ’un criminel, cf 6, 17;
12, 12; 14, 1, 44, 46, 49, 51. — « Il est hors de lui », cf 2 Co 5, 13; Lagrange:
« ils le croient dans un état d’exaltation mystique qui lui fait perdre le sens réel
de la vie et de sa propre condition ».
22 « descendus de Jérusalem », expression de bonne topographie, cf Le 2, 51;
10, 30 sv; Ac 8, 26. — «Béelzéboul» (ou: « Béezéboub »), vieille divinité phéni­
cienne; le terme serait une déformation méprisante (« Baal des mouches, ou du
fumier») du vrai nom («Baal le Prince»); encore Mt 10, 25; 12, 24, 27; Le 11,
15, 18, 19. Pour l ’A.T., voir 2 Rs 1, 2. — « Il a », c’est-à-dire en lui; pour
l ’expression, cf 5, 15; Mt 11, 18; Le 7, 33; 8, 27; Jn 7, 20; 8, 4 8 , 49, 52; 10, 20.
23 « appelant à lui », sur ce terme aimé de Mc, cf v 13, et la note. — « para­
boles » (4, 2, 10, 11, 13, 30, 33, 34; 7, 17; 12, 1, 12; 13, 28). comparaisons dé­
veloppées en vue d’une leçon morale.

MARC 244
les appelant à lui, il leur disait en paraboles: 3
« Comment Satan peut-il chasser Satan? Que si
un royaume se divise contre lui-même, ce royaume
ne peut se maintenir, ^ et si une maison se divise
contre elle-même, cette maison ne pourra tenir.
^^Et si le Satan s’est dressé contre lui-même et
s’est divisé, il ne peut tenir, mais il est fini. ^ Per­
sonne non plus ne peut entrer dans la maison de
celui qui est fort et mettre ses affaires au pillage,
s’il n’a d’abord lié celui qui est fort; et alors il
mettra sa maison au pillage.

Le blasphème contre VEsprit Saint

^ » En vérité, je vous dis que tout sera remis aux 12, 31-32
fils des hommes, les péchés et les blasphèmes ^
autant qu’ils en blasphémeront; ^^mais quiconque
aura blasphémé contre l’Esprit, l’[Esprit] Saint,
n’obtient jamais de rémission: il est coupable d’un
péché éternel! » ^ C’est qu’ils disaient: « Il a un
esprit impur. »

27 « ses affaires », ses objets, son mobilier; Le 11, 21 par interprète « ses biens ».
— « lié », cf 5, 3 sv; 6, 17; 15, 1; Ap 20, 2. — « celui qui est fort », c’est Jésus;
le « lié », c’est Satan.
28 « En vérité », interprétation du terme hébreu « Amen », encore 8, 12/ 9, 1, 41;
10, 15, 29; 11, 2i; 12, 43; 13, 30; 14, 9, 18, 25, 30. En Jn, on a une vingtaine de
fois « En vérité, en vérité ». On poun-ait aussi traduire « oui » et « oui, oui ». —
« remis » (et non « pardonné »), cî 2, 5, et la note. — « fils des hommes », sémi­
tisme pour « hommes », cf Mt 12, 31 par. — « blasphèmes », propos injurieux contre
Dieu, de quelque nature qu’ils soient.
29 Jésus chasse les démems « p ar l ’Esprit de D ieu» (Mt 12, 28). L’accuser de les
chasser par Béelzéboul, c’est mentir et pécher contre la lumière, péché qui, s’il
subsiste, est irrtoissible, cf He 6, 4-6.
30 « un esprit impur », cf v 22; « Il a Béelzéboul », et 1, 23, et la note.

245 MARC
La vraie parenté de Jésus

3 Et viennent sa mère et ses frères qui, se tenant


L? 19-S dehors, l’envoyèrent appeler. Et une foule était
assise autour de lui. Et on lui dit: « Voici ta mère, et
tes frères, et tes sœurs dehors, qui te cherchent. »
Et, leur répondant, il dit; « Qui est ma mère? et
[mes] frères? » ^ E t promenant ses regards sur
ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit;
« Voici ma mère et mes frères! Quiconque fait la
volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur,
et ma mère. »

Parabole
du semeur.
Gravure de
J. de Tournes.
Lyon, 15S8.

31-35 Le récit se lie aux w 20-21, dont le séparent les w 22-30.


31 « sa mère et ses frères », cf 6, 3. « i t.. o n .
35 « fait la volonté de Dieu », cf Eph 6, 6; He 10, 7, 3o; D , 21, 1 > '>
pour des expressions similaires, cf Mt 7, 21; 12, 50; Jn 4, 34; 5, 30; 6, 3a, 7, 16.

MARC 246
L'enseignement en paraboles. Occasion

^Et de nouveau il se mit à enseigner au bord de 4


1- 3
la mer. Et ime foule très nombreuse se rassemble 4
auprès de lui, de sorte que, montant dans un
bateau, il s’y assied, en mer, et toute la foule était
près de la mer, à terre. ^ Et il leur enseignait beau­
coup de choses en paraboles, et il leur disait dans
son enseignement:

Le semeur

^ « Ecoutez! Voici que le semeur est sorti semer.


* Or, comme il semait, une partie [du grain] est ^
tombée le long du chemin, et les oiseaux sont
venus et Pont dévorée. ^Et une autre est tombée
sur la rocaille où elle n’avait pas beaucoup de
terre, et aussitôt elle a levé, parce qu’elle n’avait
pas de profondeur de terre; ^ et lorsque s’est levé
le soleil, elle a été brûlée, et parce qu’elle n’avait
pas de racine, elle s’est desséchée. ^Et ime autre
est tombée dans les épines, et les épines ont
monté et l’ont étouffée; et elle n’a pas donné de

1 « de nouveau », cf 2, 13 et 3, 7, où Jésus se retire au bord, près de la mer,


c’est-à-dire le lac de Guennésareth, ci 1, 16, et la note. — « il se mit à », sur ce
terme aimé de Mc, cf 1, 43, et la note. — « foule très nombreuse », sur ce
pullulement des foules autour de Jésus, cf 1, 43, et la note.
2 « en paraboles », cf 3, 23, et la note.
4 « les oiseaux », lit: « ce qui vole, les volatiles », on trouve plus souvent « les
oiseaux du ciel », v 32; Mt 6, 26; 8, 20; 13, 32; Le 8, 3 par; 9, 38; 13, 19;
Ac 10, 12; etc. — « dévorée », et non « mangée ».
5 « rocaille », v 16 et Mt 13, 3, 20: « rocailles », comme il y en a tant sur le sol
palestinien, où la couche de terre, très mince, est souvent travenée par le roc.
7 « les épines », qui n ’ont été qu’insuffisamment arrachées lors de la préparation
du soi. — «donné de fruit», de même au v 8; Mt écrit: «donner» (13, 8) et
« prodqire », lit: « faite » (13, 26; Le 8, 8).

247 MARC
fruit. *Et d'autres [grains] sont tombés dans la
bonne terre, et ils donnaient du fruit en montant et
en croissant, et ils rapportaient l’un trente, et
l’autre soixante, et l’autre cent. » ’ Et il disait:
« Que celui qui a des oreilles pour entendre en­
tende! »
Et lorsqu’il se trouva seul, ceux qui étaient
autour de lui avec les Douze l’interrogeaient sur les
paraboles. Et il leur disait: « A vous a été donné
le mystère du royaume de Dieu, mais pour ceux qui
sont du dehors tout se passe en paraboles, afin que
regardant, Us regardent et ne voient pas, et
qu*entendant, ils entendent et ne comprennent
pas,
de peur qu'ils ne se convertissent
et qu'il ne leur soit fait rémission. »
Et il leur dit: « Vous ne saisissez pas cette
parabole? Comment alors comprendrez-vous toutes

8 « en montant et en croissant », plutôt que « du fruit montant et croissant ».


Mais la tradition manuscrite est confuse.
9 « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende! » pour les diverses formes
de cette invitation, cf v 23-, 7, 16; Mt 11, 13; 13, 9, 43; Le 8, 8; 14, 33; Ap 2, 7,
11. 17. 29; etc.
10 « seul », encore et seulement Le 9, 18. — « ceux qui étaient autour de lui », les
disciples. — « les Douze », cf 3, 16, et la note.
11 « Et il leur disait », cf 2, 27, et dans le présent chapitre w 21. 24. 26. 30;
7, 27. — « le mystère», Mt 13, 11; Le 8, 10, terme aimé de Paul, qui l ’emploie
21 fois dans le sens de secret dessein de Dieu concernant le salut du monde par
Jésus Christ et l ’admission des païens dans la communauté des croyants (voir
surtout Ro 16, 23 sv; Eph 3, 6). Ici il s’agit de la connaissance du «royaume de
Dieu » révélée aux seuls disciples. — « ceux qui sont du dehors », expression
paulinienne pour désigner les non croyants, cf 1 Co 5, 12. 13; ^ 1 4, 3; 1 Th 4,
12. Dans le passage parallèle Mt (13, 11) écrit « ceux-là », Le (8, 10) « les autres ».
12 Texte emprunté a Is 6, 10 (cité encore Mt 13, 14 sv; Jn 12, 40; Ac 28, 26 sv),
et que nous avons traduit aussi littéralement que possible; « qu’il ne leur soit fait
rémission », et non « qu’il ne leur soit pardonné ». Les paraboles n ’ont pas pour but
d’aveugler, mais d’instruire et d’éclairer. Elles révèlent les dispositions intimes des
auditeurs, et selon qu’elles sont bonnes ou mauvaises, accueillantes ou obstinées dans
le refus, elles éclairent ou aveuglent. Le commentaire que fait Jésus du texte
d’Isaïe, aux versets 13-20, le définit clairement. Voir aussi 2 Th 2, 10-12.

MARC 248
les paraboles? ” Le semeur sème la Parole. Il y
a ceux qui sont le long du chemin où est semée la
Parole, et lorsqu’ils l’ont entendue, aussitôt vient le
Satan, et il enlève la Parole qui a été semée en
eux. Et il y a pareillement ceux qui reçoivent la
semence sur les rocailles \ lorsqu’ils ont entendu la
Parole, aussitôt ils la reçoivent avec joie, ^^et ils
n’ont pas de racine en eux-mêmes, mais ils sont les
hommes d ’un moment; survienne ensuite une afflic­
tion ou une persécution à cause de la Parole, aussi­
tôt ils sont scandalisés. Et il y en a d’autres qui
reçoivent la semence dans les épines \ ce sont ceux
qui ont entendu la Parole, et les soucis de ce
monde, la duperie de la richesse et les autres con­
voitises, faisant en eux leur chemin, étouffent la
Parole, et elle devient stérile. Et il y a ceux qui
ont reçu la semence sur la terre, la bonne [terre] ;
ceux-là entendent la Parole et l’accueiUent et
portent du fruit, l’un trente, et l’autre soixante, et
l’autre cent. »

13 « ne saisissez pas », lit: « ne savez pas ». — « Comment alors », encx>re


Le 20, 44; Jn 12, 34.
14 « la Parole », celle de l ’évangile, cf 2, 2, et la note; Mt 13, 19 précise: « la
Parole du Royaume ». — « le Satan », cf 1, 13, et la note.
16 « qui reçoivent la semence », lit: « qui sont semés », encore w 18, 20.
17 «hennmes d’un moment», pour le terme, cf Mt 13, 21 par; 2 Co 4, 18;
He 11, 23. — « ils sont scandalisés », et abandonnent la Parole.
19 « de ce monde », ou « du temps présent », ou, comme l ’on disait volontiers
jadis, « du siècle ». — * la duperie », pour ce terme, cf Mt 13, 22 par; Eph 4, 22;
Col 2, S; 2 Th 2, 10; He 3, 13; 2 Pe 2, 13. — « stérile », cf Mt 13, 22; 1 do 4,
14; Eph 5, 11; Ti 3, 14; 2 Pe 1, i : Ju v Û .
20 « l ’accueillent », cf Ac 15, 4; 16, 21; 22, 18; 1 Tm 5, 19; He 12, 6.

249 MARC
La lampe

4 Et il leur disait: « La lampe vient-elle pour êtr


L? mise sous le boisseau ou sous le lit? N ’est-ce pas
11,33
pour être mise sur le lampadaire? “ Car il n’y a
Mt 10,26!
rien de caché qui ne doive être manifesté, il ne
s’est rien produit de secret que pour venir au
grand jour. “ Si quelqu’un a des oreilles pour en­
tendre, qu’il entende! »

La mesure
Le 8.2»
^ Et il leur disait: « Prenez garde à ce que vous
Mt 7, 2
entendez! C’est avec la mesure dont vous mesurez
Le 6 .J»
qu’il vous sera mesuré. Et il vous sera ajouté; ^ car
Mt 13,22
celui qui a, on lui donnera, et celui qui n’a pas,
même ce qu’il a lui sera enlevé. »

La semence qui croît d'elle-même

^ Et il disait: « Il en est du royaume de Dieu


comme d’im homme qui aurait jeté la semence sur

21-32 Quatre logia indépendants et qui se trouvent (sauf celui de « la semence qui
croît d’elle-même », w 26-29, propre à Mc) répartis autrement dans Mt et Le
(voir les références marginales).
21 « la lampe vient-elle », e^^resslon pittoresque, qui ne figure pas dans les paral­
lèles. — « boisseau », sorte de baquet, porté par trois ou quatre pieds, et servant à
contenir le blé nécessaire à la maison^ Oa n’en recouvrait pas la lampe, on pouvait
la placer dessus.
22 Le secret du royaume sera révélé et paraîtra en pleine lumière. Pour l ’ensemble
du logion, cf Mt 3, 13; 10, 26; Le 8, 26-17; 11, 33; 12, 2-3.
24 « Prenez mode », cf 8, 13; 12, 38; 13, 3, 9, 23, 33. — « Et il vous sera ajou­
té », pnmte à Mc; en Mt 13, 22 et 25, 29: « il aura en surabondaiKe ».
25 « meme ce qu’il a lui sera enlevé »; Le (8, 18) a fait disparaître l ’aspect para­
doxal de l ’expression (oxymoron), en écrivant: «même ce qu’il croit avoir».
Lagrange commente: «celui qui s’ouvre davantage à l ’enseignement recevra davan­
tage..., tandis que celui qui n’a rien acquis perdra encore ».

MARC 250
la terre. ^ Qu*il dorme ou qu’il se lève, de nuit et 4
de jour, la semence pousse et grandit, comment, il
ne le sait pas. ^ D’elle-même la terre produit du
fruit, d’abord une herbe, puis un épi, puis du blé
plein l’épi. ^ Lorsque le fruit s’y prête, aussitôt il y
met la faucille, parce que la moisson est là. »

Le grain de sénevé

^ E t il disait: «Comment pourrions-nous assi-


miler le royaume de Dieu, ou dans quelle parabole ^
pourrions-nous le mettre? C’est comme un grain
de sénevé: lorsqu’il est semé sur la terre, c’est la
plus petite de toutes les semences qui sont sur la
terre; et lorsqu’il est semé, il monte et devient le
plus grand de tous les légumes et il fait de grandes
branches, de sorte que les oiseaux du ciel peuvent
s'abriter sous son ombre. »

Conclusion
Mt 1 },3 4
Et par beaucoup de paraboles de ce genre il
leur disait la Parole, selon ce qu’ils pouvaient

26-29 Belle parabole, qui peut servir de consolation à tous ceux qui croient « prê­
cher dans le désert ».
27 « se lève » ou « soit éveillé ». — « comment, il ne le sait pas », la croissance
silencieuse et continue de la semence échappe à l ’observation.
28 « D’elle-même », encore et seulement Âc 12, 10.
29 « Lorsque le fruit s’y prête », ou « le permet »; on traduit aussi: « Lorsque le
fruit a donné ».
30 « Comment... ou », répétition sémitisante, cf Le 7, 31; 1 3 , 18 par.
31 « sénevé » ou « moutarde ». — « la plus petite de toutes les semences »,
donnée pcÿulaire, scientifiquement peu exacte, mais bien venue pour la parabole.
32 « l^um es » (ou: « plantes potagères »), cf Mt 13, 32 par; Le 11, 42; Ro 14, 2.
La c i t a t ^ est e m p r u n t à Daniel 4, 9, et Ezédiiel 17, 23; 31, 6. — a s’abriter »,
cf Mt 13, 32 par; Le 13, 19 par; Ac 2, 25.

251 MARC
4 entendre: ^sans parabole, il ne leur disait [rien],
mais à Pécart, à ses disciples à lui il expliquait tout.

La tempête apaisée
Mt 8, ÎS
23-27 Et il leur dit, ce jour-là, le soir venu: « Passons
à Pautre rive. » ^ Et, laissant la foule, ils le pren-
Lc 8 , 22 -2} comme il était dans le bateau; et il y avait
d ’autres bateaux avec lui. Survient une violente
bourrasque, et les vagues se jetaient dans le
bateau, de sorte que déjà le bateau s’emplissait.
^ Et lui, à la poupe, sur le coussin, dormait. Et ils
l’éveillent et lui disent: « Mdtre, cela ne te fait rien
que nous périssions! » ^^Et, s’étant réveillé, il
menaça le vent et dit à la mer: « Tais-toi! Reste en
silence! » Et le vent tomba, et il se fit im grand
calme. Et il leur dit: « Pourquoi êtes-vous si peu­
reux? Comment n’avez-vous pas de foi! » Et ils
furent saisis d’xme grande crainte, et ils se disaient
entre eux: « Qui donc est-il, celui-là, que même le
vent et la mer lui obéissent! »

33 « selon ce qu’ils pouvaient entendre », pour la pensée, cf Jn 16, 22; Co 3, 2;


He 5, 11 SV.
35-41 Beau récit plein de vie, de pittoresque et d ’émotion. La comparaison avec les
parallèles (Mt 8, 18, 23-27; Le 8, 22-25) en fait ressortir l ’originalité, la « ptemiè-
reté ».
35 « l ’autre rive », la rive occidentale.
36 « comme il était », sans aucun préparatif, sans perdre de temps; rien de tel
dans les parallèles. — « il y avait d’autres bateaux », détail purement pittoresque,
ces bateaux ne joueront aucun rôle dans l ’épisode.
38 Très beau verset, un de ceux que les traducteurs se sont plu à massacrer. —
« cela ne te fait rien que nous prissions! » cette familiarité, un peu vive, mais qui
n ’est pas de mauvais aloi, disparait des parallèles, Mt 8, 25: « Seigneur, au
secours, nous périssons! » Le 8, 24: « Maître, maître, nous périssons! »
40 « Comment n’avez-vous pas de foi! » sur ce blâme, cf 7, W; 8, 17 sv, 21, 32 sv;
9, 19-, 16, 14.
41 « ils furent saisis d’ime grande crainte », encore et seulement Le 2, 9. —
« celui-là », emphatique et admiratif.

MARC 252
Bible italienne. Venise, 1^25.

« U homme avec un esprit impur »


du pays des Guéraséniens et Vaventure des cochons

^ Et ils vinrent à l’autre rive de la mer, au pays


Mt 8,28-34
des Guéraséniens. ^ Et comme il sortait du bateau, Le 8 , 26-39
aussitôt vint au-devant de lui, sortant des tom­
beaux, un homme avec un esprit impur. ^ Il avait

Ce chapitre se compose de deux récits: a) celui du démoniaque du pays des


Guéraséniens, w 1-20; b) celui de la guérison de la fille de Jaïre, w 21-24, 35-43,
dans lequel s’insère l ’épisode de l ’hémorroïsse, w 25-34.
1 « ils vinrent », autre leçon assez bien attestée: « il vint ». — « l ’autre rive »,
celle de l ’est. — «pays des Guéraséniens» (ou Gadaréniens), le district dont le
chef-lieu était Guérasa, probablement Koursi, près de l ’embouchure de l ’ouadi
Samak, à un peu moins de 10 km au sud de l’embouchure du Jourdain.
2 « un homme avec im esprit impur »; Mt 8, 28 a « deux démoniaques », comme
il place deux aveugles (20, iÔ) à la sortie de Jéricho.
3-5 Description vive et frémissante d’un démoniaque déchaîné. Les « deux » de Mt
sont simplement « terribles au point que personne ne parvenait à passer par ce
chemin » (8, 28); Le dit simplement que cet homme, « ayant des dénons, n’avait
pas mis de vêtement depuis un temps considérable » (8, 27).

253 MARC
son habitation dans les tombes, et même avec ime
chaîne personne ne pouvait plus le lier. * Souvent,
en effet, on Tavait tenu lié avec des entraves et
des chaînes, et il avait rompu les chaînes et mis en
pièces les entraves, et personne ne parvenait à le
dompter. ^ Et sans cesse, nuit et jour, dans les tom­
bes et dans les montagnes, il était à crier et à se
taillader avec des pierres.
^ Et, voyant Jésus de loin, il courut, se prosterna
devant lui ’ et, criant d’ime voix forte, il dit: « Que
me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut? Je
t’adjure de par Dieu, ne me torture pas! » * Car il lui
disait: « Sors de cet homme, esprit, [esprit]
impur. » ^ Et il l’interrogeait: « Quel est ton nom? »
Et il lui dit: « Mon nom est Légion, parce que nous
sommes beaucoup. » Et il le priait instamment de
ne pas les envoyer hors du pays.
Or, il y avait là, sur la montagne, un grand trou­
peau de cochons en train de paître. Et [les

3 « le lier *, pour le terme, cf v 4; 3, 27; 6, 17; 15, I; Ap 20, 2.


4 « mis en pièces », encore et seulement Ac 23, 10.
6 « se prosterna devant lui », en 3, 11, les esprits impurs « tombent devant lui ».
7 « Que me veux-tu? » sur cette expression, cf 1, 24, et la note. — « Fils du Dieu
Très-Haut », déjà les esprits impurs ont proclamé la dignité unique de Jésus, « le
Saint de D ieu» (1, 24), « le Fils de D ieu» (3, 11). — « Je t ’adjure», encore et
seulement Ac 19, 13. — « ne me torture pas! » pour ce sens, cf Mt 8, 6, 29; Le
8, 28 par; 2 Pe 2, 8 ; Ap 9, 5; 11, 10; 12, 2; 14, 10; 20, 10.
8 « il lui disait », l ’impànait a valeur d’un « il lui avait dit », cf v 28; 6, 18;
Mt 14, 4. Sur cette explication, cf 1, 16, et la note. — « Sors de cet homme »,
d 1, 23: « Sots de lui ».
9 « Légion », transcription du mot latin legio, gui désigne une unité militaire
pouvant atteindre 6000 hommes.
10 « il le priait », ou « ils le priaient », comme v 12. C’est tantôt l ’homme qui
parle et tantôt les occupants. — « envoyer hors du p i ^ », ils se trouvent bien oh
ils sont, et ils n’ont aucune envie de « parcourir des lieux arides, cherchant du re­
pos », pour revenir ensuite dans la maison d ’où ils sont sortis (Le 11, 24).
11 « la mmtagne », une des collines qui avoisinent la rive orientale du lac. —
« troupeau de cochons », l ’élevage de ces bêtes considérées comme impures
(Lev 11, 7), était interdit, mais le pays était à demi-palen.

MARC 254
esprits impurs] le prièrent, en disant: « Envoie-nous
dans les cochons, que nous entrions en eux. » Et
il le leur permit. Et, étant sortis, les esprits, les
[esprits] impurs, entrèrent dans les cochons, et le
troupeau s’élança du haut de l’escarpement dans la
mer — environ deux mille — et ils s’étouffaient
dans la mer.
Et ceux qui les gardaient prirent la fuite et
annoncèrent [la chose] à la vifle et dans les ha­
meaux, et les gens vinrent voir qu’est-ce qui était
arrivé. Et ils viennent vers Jésus, et ils aperçoi­
vent le démoniaque, assis, vêtu et raisonnable, lui
qui avait eu Légion; et ils eurent peur. ^^Et ceux
qui avaient vu [la chose] leur racontèrent comment
cela était arrivé pour le démoniaque, ainsi que
l’histoire des cochons. Et ils se mirent à prier
[Jésus] de s’en aller de leur territoire.
Et tandis qu’il montait dans le bateau, celui qui
avait été démoniaque lui demandait de rester avec
lui. Et il ne lui permit pas, mais il lui dit: « Va-t’en

13 « s’élança », Mt 8, 32 et Le 8, 33 par, Ac 7, 37; 19, 29. — « s’étouffaient »,


imparfait descriptif d’un tei^ e pittoresque: les parallèles sont moins vivants:
« mourut » (Mt 8, 32), « s’étouffa » (Le 8, 33).
14 « hameaux », encore 6, 36, 56\ 8, 34-, 9, 12. — « qu’est-ce qui était arrivé »,
sMe populaire; Le 8, 33: « ce qui était arrivé ».
15 * raisonnable », cf Le 8, 33 par, Ro 12, 3; 2 Co 5, 13: Ti 2, é; 1 Pe 4, 7. —
« qui avait eu Légion », pour l ’expression, a 3, 22; « Il a Béelzéboul », et la
note.
16 « racontèrent » au sens de faire im récit détaillé, cf 9, 9; Le 8, 39; 9, 10;
Âc 8, 33; 9, 27; 12, 17. — « l ’histoire des cochons », lit: « ce qui concernait les
cochons ».
17 « se mirent à », sur cette expression aimée de Mc, cf 1, 4, et la note. —
« s’en aller de leur territoire », Jésus est un personnage ^ a n t .
18 « il », Jésus. — « dans le bateau », d’où il était sorti, v 2. — « rester avec lui »,
lit: « être avec lui », comme disciptle, cf 3, 14.
19 « il ne le lui permit pas », lit: « il ne le laissa pas [faire] ». — « aimonce »,
autre leçon: « publie ». — « le Seigneur », c’est-à-dire Dieu (comme écrit Le 8,
39 par), cf 11, 9; 12, 11, 29, 36; 13, 20.

255 MARC
5 chez toi, auprès des tiens, et annonce-leur tout ce
que le Seigneur a fait pour toi et comment il a eu
pitié de toi! » ^ Et il s’en alla et se mit à proclamer
dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour
lui. Et tous étaient étonnés.

Guérison d’une hémorrdisse


et résurrection de la fille de Jdire

Mt 9,18-26 21 après que Jésus eut refait la traversée vers


Le s,4o-$6 j’autre rive, une foule nombreuse se rassembla
auprès de lui, et il était au bord de la mer. ^ E t
vient un des chefs de synagogue, du nom de Jaïre.
Et, en le voyant, il tombe à ses pieds “ et le prie
instamment: «M a jeune fille, dit-il, est à toute
extrémité; viens poser les mains sur elle, pour
qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » ^ Et il s’en alla
avec lui, et une foule nombreuse le suivait et le
pressait de toute part.
^ Et il y avait une femme atteinte d’un flux de
sang depuis douze années, ^ q u i avait beaucoup
souffert de beaucoup de médecins et avait dé-

20 « Décapole », confédération de cités grecques indépendantes, primitivement au


nombre de dix, et situées en Transjordanie.
21 « l ’autre rive », la rive occidentale. — « une foule nombreuse », cf 1, 4?, et la
note. — « au bord de la mer » (ou « le long de la mer »), cf 1, 16; 2, 13; 4, 1;
Mt 4, 18; 13, 1; 15, 29.
22 « chefs de synagogue » ( w 33, 36, 38; Le 8, 49; 13, 14; Ac 13, 13; 18, 8, 1 7 ),
membres éminents de la communauté, qui exerçaient une certaine autorité adminis­
trative.
23 « instamment », lit: « beaucoup ». — « jeune fille », encore 7, 23. — « poser les
mains sur », cf 6, 3; 7, 32 (« la main »); 8, 23, 23; 16, 18. — * sauvée... vive »,
redondance marcienne.
24 « le pressait de toute part », encore et seulement v 31.
26 Verset de saveur populaire, peu aimable pour la corporation des médecins, (m e
Luc, « le dier médecin » (Col 4, 14) édulcore gentiment: « qui n’avait pu être guâie
par personne ».

37 — Guérison d’un possédé.


Evangiles en arménien. Manuscrit du XVI* siècle. Musée Condé,
Chantilly, n* 1346.
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38 — Meurtre de Jean-Baptiste (Mc 6, 17-29). La fille d’Héro-
diade tient le plat dans lequel sera mise la tête de Jean-Baptiste.
V ie des saints. Manuscrit du X I I P siècle. "Bibliothèque Sainte-
Geneviève, n° 588.
pensé tout son avoir sans le moindre profit; bien au
contraire, son état n’avait fait qu’empirer. ^ Ayant
appris ce qu’on disait de Jésus, elle vint dans la
foule par-derrière et toucha son manteau. ^®Car
elle disait: « Si je touche ne fût-ce que ses vête­
ments, je serai sauvée ! » Et aussitôt se dessécha
la source de son sang, et elle connut en son corps
qu’elle était guérie de son fléau.
^ E t aussitôt, connaissant en lui-même qu’une
puissance était sortie de lui, Jésus, se retournant
dans la foule, disait: « Qui m’a touché les vête­
ments? » Et ses disciples lui disaient: « Tu vois la
foule qui te presse de toute part, et tu dis: Qui m’a
touché! » ^^Et il regardait tout autour pour voir
celle qui avait fait cela, La femme, apeurée et
tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint,
tomba devant lui et lui dit toute la vérité. ^ Il lui
dit: « Ma fille, ta foi t ’a sauvée! va en paix, et sois
saine de ton fléau. »

qu oQ d . .
cernant Jésus », cf Le 22, 37; 24, 19, 27; Ac 1, 3} 18, 23. — « dans la foule par-
derrière », de manière à n'étre pas vue, car elle est unpuÎK, cf Lev 15, 25.
28 « elle disait », c’est-àndire se disait, pensait. — * sauvée! » c’est-à-dire guérie.
Sur le pouvoir curatif des objets en relaticm avec le thaumaturge, cf Âc 19, 12;
5, 15.
29 « aussitôt se dessécha la source de son sang », réalisme de Mc; Le (8, 44 par)
écrit: « à l ’instant même s’arrêta le flux de son s a ^ ». — « fléau », terme très fort,
qu’il ne convient pas d’atténuer; le mal est considéré comme un châtiment infligé
par Dieu qui fouette, flagelle (He 12, 6).
30 « Qm m’a touché les vêtements? » style populaire; Le 8, 45 par: « Quel est
celui qui m’a toudié? »
31 « te presse de toute part », encore et seulement v 24. — La remarque des dis­
ciples est du même t<» qu’en 4, 38, familière sans être irrespectueuse; Le par l ’a
adoucie: « Maître, ce sont les foules qui te serrent et te pressent ».
32 « il regardait tout autour », sur ce regard circulaire de Jésus propre à Mc
(Le une seule fois), cf 3, 5, et la note.
33 « tomba devant lui », cf 3> 11; Le 8, 28, 47; Ac 16, 29; en Mc 7, 25: * tom­
ber à ses pieds ».
34 « Ma fille »; v 35 « Ta fille ». On trouve aussi: « ma, sa jeune fille » (5, 23;
7, 25); « fillette » (v 41 sv; 6, 22, 28; Mt 9, 24 sv; 14, 11). — « ta foi t ’a sauvée! »

257 MARC
Tandis qu’il parlait encore, viennent de chez le
chef de synagogue des gens qui disent: « Ta fille
est morte; pourquoi fatigues-tu encore le Maître? »
^ Jésus, qui avait surpris la parole qu’on venait de
prononcer, dit au chef de synagogue: « Sois sans
crainte, crois seulement. » Et il ne laissa
personne l’accompagner, si ce n’est Pierre, et Jac­
ques, et Jean, le frère de Jacques. Et ils viennent
chez le chef de synagogue, et il aperçoit du tumulte et
des gens qui pleurent et poussent de grands cris.
Et entrant, Ü leur dit: « Pourquoi ce tumulte et
ces pleurs? L’enfant n’est pas morte, mais elle
dort. » ^ Et ils se moquaient de lui. Mais lui,
poussant tout le monde dehors, prend avec lui le père
de l’enfant, la mère, et ceux qui étaient avec lui, et
il pénètre où était l’enfant. Et, tenant l’enfant par
la main, il lui dit: « Talifha Koum », ce qui se tra­
duit: « Fillette, je te le dis, lève-toi. » Et aussitôt
la fillette se tint debout, et elle marchait; car elle
avait douze ans. Et ils furent aussitôt saisis de stu-

cf 10, ^2; Mt 9, 22; Le 7 , 5 0 ; 8, 4 8 ; 17, 19; 18, 42. — «sois saine*, c’est-à-dire
« guérie ».
35 « est morte », c’est-à-dire vient de mourir (acte); en Le 8, 4 9 i « est morte à
présent.» (état). — « fatijpies-tu? » cf Mt 9, 36; L e 7, o; 8, 4 9 .
36 « avait Surpris», mieux que « avit refusé d’&xmter» (Mt 18, 17); Le par
écrit: « qui avait entendu ». — « crois seulement », c’est-à-dire « continue de
croire » (impératif présent); Le 8, 30 par: « un acte de foi seulement » (impé­
ratif aoriste).
37 « Pierre, Jacques et Jean », cf 1, 2 9 ; 13, 3; 14, 33.
38 « aperçoit du tumulte », style populaire. Absent de Mt et de Le.
39 « l ’enfant », encore w 4 0 , 41; c’est « la jeune fille » du v 23 (cf 7, 23), « la
fille » du V 33, « la fillette » des w 4 1 , 4 2 (cf 6, 22, 28).
41 « tenant l ’enfant par la main », sur ce geste de Jésus, cf 1, 31; 8, 23; 9, 27. —
« Talitha Koum », mots araméens, encore 3, 17; 7, 1 1 , 3 4 ; 14, 36; 15, 22, 3 4 . — « je
te le dis », au sens fort de « ordenmer », comme assez souvent.
42 «saisis de stupeur», ou «stupéfaits», cf 2, 12; 6, 31; 16, 8. — «recom­
manda », lit: « enjoignit », cf 7, 3 6 ; 8, 13; 9, 9; Mt 16, 20; He 12, 20. — « instam­
ment », lit: « beaucoup ». — « que personne ne le sût », cf 1, 34, et la note.

MARC 258
peur, d'une grande stupeur. il leur recom- 5
manda expressément que personne ne le sût. Et il
dit de lui donner à manger.

Jésus à Nazareth

^ Et il sortit de là, et il vient dans sa patrie, et ses 6


disciples le suivent. ^ Et, le sabbat venu, il se mit à îï
enseigner dans la synagogue. Et la plupart, en l'en­
tendant, étaient frappés d'étonnement: « D'où lui
vient cela? disaient-ils. Et quelle est la sagesse qui
lui a été donnée?... et ces grands miracles qui se
font par ses mains? ^ N'est-ce point là le charpen­
tier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, et de
Joset, et de Jude et de Simon? Et ses sœurs ne
sont-elles pas ici chez nous? » Et ils étaient scanda­
lisés à son sujet. ^Et Jésus leur disait qu'un pro­
phète n'est mésestimé que dans sa patrie, et parmi

1 « il sortit de là », cf 9, 30; « partant de là »: 7, 24; 10, 1. — « sa patrie »,


cf Mt 13, 53; Le (4, 16), pour éviter ce mot, qui peut-être lui a semblé trop grec,
a écrit: « où il avait été élevé » (lit: « nourri »).
2 « il se mit », sur ce terme aimé de Mc, cf 1, 45, et la note. — « enseigner dans
la synagogue », cf 1, 21, 39; Mt 4, 23; 9, 35; 13, 54 par. Le 4, 15, 16 sw ; 6, 6;
13, 10; Jn 6, 59; 18, 20. — « la plupart », autre leçon: « beaucoup ». — « la
sagesse », celle du maître d’enseignement. — « ces grands » (Ut: « tels, de ce
genre »), l’expression est emphatique et admirative.
3 « le charpentier », Mt 13, 55: « le fils du charpentier ». — « le fils de Marie »,
seule mention de Marie dans Mc, mais 3, 31 sw : « sa mère ». Sur NUuie « m ^ de
Jésus », cf Mt 1, 18; 2, 11; 13, 55 par; Le 2, 3 3 sv; Ac 1, 14; J n 2, 1 sw , 12;
19, 25 sw . — « le frère de Jacques », sur Jacques le frète du xigneur, et
Mt 13, 55 par; Ac 12, 17; 15. 13; 21, 18; 1 Co 15, 7; Ga 1, 19; 2, 9 , 12; Ja 1, 1;
Ju v 1 (?) — « Joset », en Mt 13, 55 par, a Joseph »; autre Joset, 15, 40, 47. —
* Jude », Mt 13, 55 par; « Simon », Mt 13, 55 par. — « étalent scandalisés », la
perscmnalité de Jésus leur édiappe, et par le terme qu’U emploie (« se scandaU-
ser, être scandalisé » signifie: buter contre un obstacle et diuter), l’évangéUste
semble leur en faire reproche.
4 « mésestimé », cf Mt 13, 57; Jn 4, 44; « n’est agréé », Le 4, 24. — a un pro­
phète », un homme envoyé par Dieu et agissant en sem nom. Sur Jésus « pro­
phète », cf 8, 28; Mt 16, 14; 21, 11; Le 7, 16; 9, 8, 19; 13, 33; 24, 19; J n 4, 19;
6, 14; 7, 40; 9, 17. — a patents », encore et seulement Le 2, 44: a parente », Le 1.
61; Ac 7, 3, 14.

259 MARC
ses parents et dans sa maison. ^Et il ne pouvait
faire là aucun miracle, sauf qu’il guérit quelques
infirmes en posant les mains sur eux. ^ Et il s’étonna
à cause de leur incrédulité.

Envoi des Douze en mission


Mt 4 ,2 i
Et il parcourait les villages à la ronde en ensei­
gnant. ^ Et il appelle à lui les Douze, et il se mit à
les envoyer deux par deux, et il leur donnait pou-
Mt 10, 5>-i4 jgg esprits, les [esprits] impurs. * Et il leur
Le 9, 1-16 prescrivit de ne rien prendre pour le chemin, un
bâton excepté; pas de pain, pas de besace, pas de
menue monnaie dans la ceinture, ^mais des sanda­
lettes pour chaussures, et: «N e revêtez pas deux
tuniques. » Et il leur disait: « Où que vous entriez
dans une maison, demeurez-y jusqu’à ce que vous
sortiez de là. Quant à l’endroit qui ne vous
accueillerait pas et où l’on ne vous écouterait pas.

5 « il ne pouvait faire là aucun miracle... », Mt écrit (13, ?8 par): « Et il ne fit


pas là beaucoup de miracles ». — « infirmes », cf 6, 13; 16, 18; Mt 14, 14; 1 Co
11, 30. — « en posant les mains sur eux », cf 5, 23, etla note.
6a « il s’étotma », autre leçon: « il était étonné ». — « à cause de », cf Mt 13, 38;
He 3, 19. On trouve encore: « être étonné de » Le 2, 33; 4, 22; 20, 26; Ac 3, 12;
« au sujet de », Le 2, 18.
6b « parcourait », encore Mt 4, 23; 9, 33. — « à la ronde », v 36; Le 9, 12;
Ro 15, 19.
7 « appelle à lui », cf 3, 13, et la note. — « les Douze », 3, 16, et la note. — « il
se mit à », sur ce terme aimé de Mc, cf 1, 4 3 , et la note. — « pouvoir sur les
esprits», ci 3, 15: Mt 10, 1; Le 9, 1. — «esprits impurs», qui sont impurs et
rendent impurs, cf 1, 23 sw ; 3, 11, 30; 5, 2 sw . — Sur cet envoi en mission,
cf Mt 10, 5, 9-14; Le 9, 1-6; 10, 1-11.
8 « un bâton excepté », en Mt 10, 10, et Le 9, 3, le bâton n’est pas autorisé.
Cette divergence a excité l ’ingéniosité et la fantaisie des commentateurs.
9 « des sandalettes pour chaussures », lit: « chaussés de sandalettes », pour ce
diminutif dans le goût de Mc, cf Ac 12, 8. — «deux tuniques» (14, 63), luxe
inutile et embarrassant pour la vie de mission. Comme le légionnaire romain, le
missionnaire doit être expeditus.
10 « sortiez de là », de cette localité.
11 « accueillerait », encore 9, 37 et 10, 13. — « secouez la terre » (ou « la pous-

MARC 260
en sortant de là, secouez la terre qui est sous vos 6
pieds, en témoignage contre eux, »
Et étant sortis, ils proclamèrent qu’on se repen­
tît. Et ils chassaient beaucoup de démons, et ils
oignaient d’huile beaucoup d’infirmes et les gué­
rissaient.

Opinion d'Hêrode sur Jésus

Et le roi Hérode l’apprit; car son nom était ^


devenu célèbre et on disait: « C’est Jean le Bapti- ^
seur qui s’est relevé d’entre les morts, et voilà
pourquoi agit en lui le pouvoir des miracles »;
d’autres disaient: « C’est Elie »; d’autres disaient:
« C’est un prophète comme l’un des prophètes. »
Mais en l’apprenant, Hérode disait: « Celui que
moi j’ai fait décapiter, Jean, c’est lui qui s’est
relevé! »

sière »), p < ^ signifier une séparation complète et définitive, cf Mt 10, 14; Le 10,
11 par, qui ajoute « pour vous la laisser », Âc 13, 31; 18, 6. — « en témoignage
pour eux », à leur admsse, les concernant, avec un sens défavorable, comme Le 9,
3 et non comme 1, 44.
12 « qu’on se repentit », cf 1,13: « repentez-vous et croyez en l ’Evangile. »
13 « ils oignaient d ’huile », ce traitement médical en honneur dans l ’antiquité
(Le 10, 34; 1$ 1, 6) est ici un rite auquel est attachée une vertu surnaturelle,
cf Ja 3, 14 sv: « que les anciens de l ’Eglise prient sur lui (le malade) en l’oignant
d’huile au nom du Seigneur; la prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le
relèvera ». — « infirmes », v 3, et la note.
14 « son nom était devenu célèbre », cf l ’expression « se faire un nom »,
Gn 11, 4; 2 Sam 8, 13; Is 63, 12; 1 Mac 3, 14; 5, 37; 6, 44. — « le roi
Hérode », il s’agit d ’Antipas, fils d ’Hérode le Grand et de Maltaké, tétrarque de
Galilée (Le 3, 1) de l ’an 4 av. J.-C. jusqu’en 39 apr. J.-C., date où il fut destitué
par Caligula, qui l’exila à Lyon où Hérodiade le rejoignit. — « s’est relevé d’entre
les morts », cf 16, 14; Mt 17, 9; Le 9, 7; Jn 2, 22; 21, 14; « se relever de chez les
morts », cf Mt 14, 2; 28, 7; « ressusciter d ’entre les morts », cf 9, 9 sv; 12, 23;
Le 16, 31; 24, 46; Jn 20, 9. — « Jean le Baptiseur », cf 1, 4, et la note. — « le
pouvoir des miracles » lit: « les miracles ».
15 « Elie », sur le retour du grand prophète, cf 9, 9-13 = Mt 17, 10-13; Mal 3, 1 ,
23 sv.
16-29 Cf Mt 14, 3-12; Le 3, 19-20; 9, 7-9.
16 « fait décapiter », encore v 27; Mt 14, 10 par; Le 9, 9.

261 MARC
Meurtre de Jean-Baptiste

6 Car c’était lui, Hérode, qui avait envoyé arr


L? et l’avait fait lier en prison, à cause d’Hé-
^ rodiade, la femme de Philippe, son frère, qu’il avait
épousée. **Car Jean disait à Hérode: « Il ne t ’est
pas permis d’avoir la femme de ton frère. » Hé-
rodiade en avait contre lui, et elle aurait bien voulu
le tuer, mais elle ne le pouvait pas. “ Car Hérode
craignait Jean, le sachant un homme juste et saint,
et il le protégeait. Et après l’avoir entendu, il était
fort perplexe, et cependant il l’écoutait avec plai­
sir.
Vint un jour opportun, quand Hérode, lors de
son anniversaire, fit un dîner pour ses grands, pour
ses officiers et pour les notables de la Galilée. ^ Et
la fille de ladite Hérodiade entra, dansa et plut à
Hérode et à ses convives. Le roi dit à la fillette:
« Demande-moi tout ce que tu veux, et je te le
donnerai. » “ Et il lui fit ce serment: « Tout ce
que tu demanderas, je te le donnerai, fût-ce la
moitié de mon royaume. » ^ Et elle sortit et dit à sa
17 Hérode Antipas avait d’abord épousé une fille du roi arabe Arétas, mais lors
d ’un voyage à Rome, il s’était lié avec Hérodiade, la femme de son frère Hérocte-
Philippe, lequel vivait en simple particulier. La fille (v 22), qui était du premier
mariage, s’appelait Salomé; elle pouvait avoir dans les quinze ans. — « en prison »,
probablement dans la forteresse de Madiéronte, sur la rive orientale de la mer
Morte.
18 « Il ne t ’est pas permis » (le fameux Non licet), et Lev 1 8 , 16; 20, 21.
19 « en avait contre lui », même emression Le 11, }3.
20 « embarrassé », cf Ac io , 20; 2 Co 4, 8; Ga 4, 20.
21 « fit un «Rner», encore Le 14, 12, 16; Tn 12, 2; on trouve aussi: «faire ou
préparer tm déjeuner », Mt 22, 4; Le 11, 38; 14, 12. — « grands », Ap 6, 13;
18, 23. — « notables », Ac 13, 30; 23, 2; 28, 17.
22 « la fillette », v 28; 5, 41 sv; Mt 9, 24 sv; 14, 11 par; Mc aime les diminutifs,
car Salomé a passé l ’âge d’être « fillette ». — « Demande-moi... », cf Est 3, 3, 6:
« quelle est ta demande? Quand ce serait la moitié du royaume, elle te sera accor­
dée ».

MARC 262
mère: « Que dois-je réclamer? » Celle-ci dit: « La
tête de Jean le Baptiseur. » ^ Et, rentrant aussitôt
en hâte auprès du roi, elle fit sa réclamation: « Je
veux qu’à l’instant tu me donnes sur un plat la tête
de Jean le Baptiste. » ^ Et le roi devint très triste,
mais à cause de ses serments et des convives, il ne
voulut pas la repousser. ^ Et aussitôt le roi envoya
un bourreau avec ordre d’apporter la tête de
[Jean]. Et celui-ci s’en alla le décapiter dans la
prison, ^ puis il apporta sa tête sur un plat et la
donna à la fillette, et la fillette la donna à sa mère.
^^Et l’ayant appris, ses disciples vinrent, enlevè­
rent son cadavre et le mirent dans un tombeau.

Commmt fûtirt'TcKafty
tiftefwt&coflfe

Vie de Jésus,
XV* siècle.

24 « réclamer », lit: « demander pour moi ».


25 « aussitôt en hâte », la présence de ces deux adverbes dépeint l ’empressement de
la « fillette », sûre d ’étre exaucée. — « à l ’instant », cf Ac 10, 33; 11, 11; 21, 32;
23, 30; Hd 2, 23.
26 « très triste », cf 14, 34; Mt 26, 38; Le 18, 23. — « ses serments », v 23. —
« convives » (lit: « ceux qui étaient à tid>le »), v 22. — « repousser », ailleurs traduit
« rejeter », cf 7 , 5>; Le 7, 30; 1 0 , 16; Jn 12, 48, etc.
27 « aussitôt », le récit se poumuit à un rythme accéléré. — « la prison », probable­
ment à Machéronte, où Hérode le Grand avait bâti un palais splendide.
29 * cadavre », encore 15, 45; Mt 1 4 , 12 par; 24, 28; Ap 11, 8, 9.

263 MARC
Retour des Apôtres, retraite de Jésus et première
multiplication des pains

6 ^ Et les Apôtres se rassemblent auprès de Jésus,


î? ^9 , 10-17 et ils lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et
jn 6. 1-13 ç g qu’ils avaient enseigné. Et il leur dit:
« Venez, vous autres, à l’écart, dans un lieu désert,
et reposez-vous un peu. » Car les arrivants et les
partants étaient nombreux, et on n’avait même pas
le temps de manger. ^^Et ils s’en allèrent dans le
bateau vers un lieu désert, à l’écart. Et on les vit
partir; beaucoup [les] reconnurent et, à pied, de
toutes les villes, on y accourut et on les devança.
^ Et, en débarquant, il vit ime nombreuse foule et
il eut pitié d’eux, parce qu’ils étaient comme des
brebis qui n’ont pas de berger, et il se mit à leur
enseigner beaucoup de choses.
Et comme déjà l’heure se faisait avancée, ses
disciples, s’approchant de lui, disaient: « Le lieu est
désert, et déjà l’heure est avancée; ^ renvoie-les,
pour qu’ils s’en aillent dans les hameaux d’alentour
et dans les villages s’acheter de quoi manger. »
Répondant, il leur dit: « Donnez-leur vous-mêmes
30 « se rassemblent », probablement au lieu de leur départ (v 12).
31 « à l ’écart », cf v 32; 4, 34; 7, 33; 9, 2, 28-, 13, 3; Mt 14, 13, 23; 17, 1, 19;
20, 17; 24, 3; Le 9, 10; 10, 23; Ac 23, 19; Ga 2, 2. — « Venez », lit; « Ici ». —
Sur la cohue des foules autour de Jésus, cf 1, 43, et la note.
32 « vers un lieu désert », sur cette recherdie de la solitude, cf 1, 33, 43; 3, 7, 13
On va vers le nord-est, près de Bethsaïde, où Le (9, 10) place la scène.
34 « en débarquant », lit: « en sortant », du bateau. — « brebis qui n ’ont pas de
berger », cf Nomb 27, 17; 1 Rs 22, 17 = 2 Chr 18, 16; Ez 34, 3; 2 Chr 18, 16;
Jdt 11, 19. — « beaucoup de choses », ou « longuement ».
33-44 Premier récit d’une multiplication des pains, cf Mt 14, 13-21; Le 9, 10-17;
Jn 6, 1-13. Pour une seconde, cf Mc 8, 1-9; Mt 15, 32-38.
35 « se faisait avancée », Mt 14, 13: « l ’heure est déjà passée »; Le 9, 12: « Le jour
avait commencé à décliner ».
36 « les hameaux », cf 5, 14; 6, 36, 36; Le 8, 34; 9,12.

MARC 264
à manger. » Et ils lui disent: « Nous faudra-t-il aller 6
acheter pour deux cents deniers de pains, afin de
leur donner à manger? » Il leur dit: « Combien
avez-vous de pains? Allez voir. » Et, s’en étant assu­
rés, ils disent: « Cinq, et deux poissons. » ^^Et il
leur commanda de les faire s’allonger tous par
tablées sur l’herbe verte, ^ et ils s’étendirent par
carrés de cent et de cinquante. Et, ayant pris les
cinq pains et les deux poissons, levé les yeux au
ciel, il dit la bénédiction et rompit les pains, et il les
donnait aux disciples pour les leur servir; et les
deux poissons, il les partagea entre tous. ^^Et ils
mangèrent tous et furent rassasiés, et on enleva
des morceaux de quoi remplir douze couffins, ainsi
que des poissons. ^ E t ceux qui avaient mangé les
pains étaient [au nombre de] cinq mille hommes.

Jésus marche sur la mer

Et aussitôt il força ses disciples à monter dans


le bateau et à [lé] précéder sur l’autre rive, vers
37 « deniers », unité monétaire romaine, valant une journée de travail (Mt 20, 2
sw ).
38 « s’en étant assurés », lit: « ayant connu ».
39 « s ’allonger», cf Mt 8, II; 14, 19\ Le 9, 14, 16. — «tablées», lit: «ban­
quets». — «sur l ’herbe verte» (Jn 6, 10), on est donc au printemps, mars-
avril.
40 « ils s’étendirent », cf 8, 6; Mt 15, 35; Le 11, 37; 14, 10; 17, 7; 22, 14;
Jn 6, 10; 13, 12, 25; 21, 20. — « carrés », hapax dans le N.T., lit: « plates-ban­
des ».
41 « levé les yeux », 7, 34; 16, 4; Mt 14, 19; Le 9, 16 (« au ciel »); 19, 5; 21, 1.
— « les donnait », imimrfait descriptif que la traduction doit respecter; Le 9, 16
l ’a conservé; Mt écrit (14, 19) « donna ». — Comparer avec le récit de l ’institu­
tion de l ’Eucharistie, 14, 22.
43 « on enleva », Lagnmge: « Le respect qu’on a en Orient pour le pain ne permet­
tait pas de laisser perdre les débris », cf Jn 6, 12. — « douze couffins », autant que
d’Apôtr......... r le terme, cf 8, 19; Mt 14, 20; 16, 9; Le 9, 17; Jn 6, 13.
45-52 Autres récits de tempête: 4, 35-41 et par; Mt 14, 24-33; Jn 6, 16-21; Ac 27,
9-44.

265 MARC
6 Bethsaïde, pendant que lui-même renvoyait la
foule. ^ Et, quand il en eut pris congé, il s’en alla
dans la montagne pour prier. Et, le soir venu, le
bateau était au milieu de la mer et lui, seul, à terre.
^ Et les voyant qui se tourmentaient à ramer [car
le vent leur était contraire], vers la quatrième veille
de la nuit, il vient vers eux en marchant sur la mer,
et il allait les dépasser. ^^Eux, le voyant marcher
sur la mer, pensèrent que c’était un fantôme et ils
poussèrent des cris; ^ car tous l’avaient vu et
avaient été troublés. Mais lui, aussitôt, parla avec
eux et leur dit: « Courage! c’est moi; soyez sans
crainte. » Et il monta auprès d’eux dans le bateau,
et le vent tomba. Et ils étaient en eux-mêmes au
comble de la stupeur; “ car ils n’avaient rien
compris au sujet des pains, mais leur cœur était
endurci!

45 « fotça », il ne s’agit pas de ccmttainte aut(»itaite; probablement Jésus se


retire pour édbapper à un accès messianique de la foule, cf Jn 6, 15. —
« Bethsaïde », à l ’emboudiure du Jourdain, sur la rive septentrionale du lac.
46 « pris congé », cf Le 9, 61; 14, 33; Ac 18, 18, 21; 2 Co 2, 15. — « pour prier »,
cf 1, 55, et la note.
47 Beau verset, émouvant dans sa simplicité.
48 « la 4* veille », seltm le comimt romain (ies Juifs n’en comptaient que 3), vers
3 heures du matin. — « il allait, lit: « il voulait ».
50 * Courage! » cf 10, 49; Mt 9, 22; 14, 27; Jn 16, 55; Ac 23, 11.
51 « le vent tomba », cf 4, 39; Mt 14, 52. — « an comble de la stupeur », cf 5, 42:
« ils furent saisis de stupeur, d’une ^ande stupeur ».
52 Sur cette inintelligence des disciples, cf 8, 14-21; 9, 10, 32. — « leur cœur était
endurci »; le cœur, siège de toute l ’activité consciente, intellectuelle, affective,
morale; « endurci » (8, 17; Jn 12, 40; et encore Mc 3, 5; Ko 11, 7, 73; i ’jo 3, 14;
Eph 4, 8), calleux, et cette callosité empêche de ressentir et de laisser pénétrer les
réalités spirituelles.

MARC 266
Guérisons à Guennésareth et dans les environs

Et après avoir fait la traversée, ils touchèrent 6


terre à Guennésareth et abordèrent. ^ E t dès qu’ils
furent sortis du bateau, aussitôt, l’ayant reconnu, ^
des gens parcoururent toute cette région et se
mirent à transporter sur leurs grabats ceux qui
allaient mal, là où on entendait dire qu’il était. “ Et
partout^où il pénétrait, dans les villages, ou dans
les villes, ou dans les hameaux, on mettait les mala­
des sur les places publiques, et ceux-ci le priaient
de leur laisser toucher ne fût-ce que la frange de
son manteau. Et tous ceux qui la touchaient étaient
sauvés.

Controverse sur la tradition des anciens

^ Et se rassemblent auprès de lui les Pharisiens et 7


quelques-uns des scribes venus de Jérusalem, ^et Mt 15, 1-20

voyant certains de ses disciples prendre leur repas


avec des mains souillées, c’est-à-dire non lavées...
^ Les Pharisiens, en effet, et tous les Juifs ne man-
53 « Guennésareth », encore Mt 14, 34; Le 5, 1, sur la côte nord-ouest du lac de
ce nom.
55 « se mirent », terme cher à Mc, cf 1, 45, et la note. — « grabats », cf 2, 4, 9,
11, 12; Jn 5, 8, 9, 10, 11; Ac 5, 15; 9, 33. — « ceux qui allalmt mal », cf 1, 32,
34; 2, 17.
56 « hameaux », cf 5, 14; 6, 36; Le 8, 34; 9, 12. — « la frange ou; la houppe de
son manteau », cf Mt 9, 20; 14, 36; hc 8, 44. — « sauvés » (5, 28), c’est-a-dlte
« guéris ».
1 « se rassemblent », aucune indicaticm de temps ou de lieu. — « les Phari­
siens », cf 2, 16, et la note. — « scribes », cf 1, 22, et la note. — « venus de
Jérusalem » (3, 22: « descendus de »), le lieu par excellence où ils exerçaient letir
ministère de docteurs.
2 « prendre leur repas » (v 5), lit: « manger les pains »; Mt 15, 2 par. « manger du
pain ». — « souillées », pour le terme, cf Ro 14, 14; Ac 10, 14, 28; 11, 8; Ap 21,
17. En 11, 38 Le écrit: a le Pharisien s’étonna de ce qu’il ne se fût pas d’abord
lavé avant le déjeuner ».

267 MARC
7 gent pas sans s’être lavé soigneusement les mains,
attachés qu’ils sont à la tradition des anciens, ^et
au retour du marché, ils ne mangent pas sans s’être
aspergés. Et il y a beaucoup d’autres choses aux­
quelles ils sont attachés par tradition: immersions
de coupes, et de cruches, et de plats de bronze...
^Donc les Pharisiens et les scribes l’interrogent:
« Pourquoi tes disciples ne se conduisent-ils pas
selon la tradition des anciens, mais prennent-ils
leur repas avec des mains souillées? »
^ Il leur dit: « Isaïe a joliment bien prophétisé de
vous, hypocrites! comme il est écrit:
Ce peuple m*honore des lèvres,
mais leur cœur est fort loin de moi.
^ C*est en vain quHls me révèrent,
puisqu'ils enseignent pour enseignements des
[ préceptes d'hommes!
®« Laissant de côté le commandement de Dieu,
vous vous attachez à la tradition des hommes. »
^ Et il leur disait: « Vous rejetez bel et bien le
commandement de Dieu pour garder votre tradi-

3 « soigneusement », difficile; autres traducticms: « avec le poing, jusqu’au cou­


de »; autre leçon; « souvent, iréquemment ». — « tradition des anciens », c’est-à-
dire «préceptes et pratiques que les rabbins avaient introduits dans la vie religieuse
des Juifs et superpoêés à la Loi de Moïse » (B Jr).
4 « sans s’être aspergés », ou « sans avoir aspergé [les aliments] ».
5 « ne se conduisent-ils pas selon » (lit: « ne marchent-ils pas »), cf Ro 8, 4;
14, 23; 1 Co 3, 3; 2 Co 10, 2; 2 Jn V 6. — « tradition des anciens », qui remonte
aux origines.
6 « Isaïe », 29,13 cité d’après LXX; l’hébreu est légèrement différent: « Puisque
ce peuple s’avance [vers moi] avec des mots et m ’honore des lèvres, alors que son
coeur est loin de moi et que sa crainte à mon égard n’est qu’un pr&x^te d ’hom­
mes, [leçon] apprise... ». — « Hypocrites », cf Mt 6, 2, 5, 16; 7, 15, 7; 22, 18;
23, 13 sw ; 24, 31; Le 6, 42; 12, 3o; 13, 13; on traduit parfois « Comédiens ».
7 Le stique b se retrouve Col 2, 22.
8 « vous vous attadiez », w 3, 4.
9 « Vous rejetez », cf 6, 26; Le 7, 30; 10, 16; Jn 12, 48; He 10, 28. — « pour
garder », autre leçon: « pour établir ».

MARC 268
tion. Moïse a dit en effet: Honore ton père et ta
mère, et: Que celui qui maudit père ou mère meure
de mort! Mais vous, vous dites: Si quelqu’un dit
à son père ou à sa mère: Est Korbân — c’est-à-dire
offrande sacrée — tout profit que tu aurais pu tirer
de moi... *^vous ne le laissez plus rien faire pour
son père ou sa mère, annulant la parole de Dieu
par votre tradition que vous vous êtes transmise. Et
vous faites beaucoup d’autres choses semblables! »
^^Et de nouveau appelant à lui la foule, il leur
disait: « Ecoutez-moi tous et comprenez! ^^11 n’y a
rien d’extérieur à l’homme qui, pénétrant en lui,
puisse le souiller; mais ce qui provient de l’homme,
c’est ce qui souille l’homme. Si quelqu’un a des
oreilles pour entendre, qu’il entende! »
Et lorsqu’il fut entré chez lui, loin de la foule,
ses disciples l’interrogeaient sur la parabole. Et il
leur dit: « Etes-vous tellement, vous aussi, sans intel­
ligence? Ne comprenez-vous pas que rien d’exté­
rieur qui pénètre dans l’homme ne peut le souiller,
parce que cela ne pénètre pas dans son cœur,
mais dans son ventre, pour s’en aller aux lieux d’ai­
sance »; c’était purifier tous les aliments. ^ Et il
10 « Honore... », cf Ex 20, 12; Deut 5, 16. — « Que celui... », cf Ex 21, 17;
Lev 20, 9. — « maudit », ou « dit du mal de ».
11 * Korbân », autres mots araméens 3, 17; 5, 41; 7, 34; 14, 36; 15, 22, 34. Le mot
est expliqué par l ’évangéliste à l ’intention de ses lecteurs non juifs. En vouant à
Dieu ce qui permettrait d’assister ses parents, on s’exonère du devoir de les assister;
après quoi on s’arrange pour retenir ce qu’on a voué à Dieu. Ce subterfuge est
conforme à plus d’un trait de la casuistique laxiste de certains scribes.
14 * appelant à lui », cf 3, 13, 23; 6, 7.
16 Texte (cf 4, 9) dont l ’authenticité est douteuse.
17 « dhez lui », lit; « au logis », sans doute maison quelconque où Jésus habite
en passant.
18 Sur ce reproche d ’inintelligence, cf 6, 52, et la note.
19 «purifier», c’est-à-dire «déclarer purs»; mais texte difficile et construction
irrégulière.

269 MARC
disait: « Ce qui provient de l’homme, voilà ce qui
souille l’homme. “ Car c’est de l’intérieur, du cœur
des hommes, que proviennent les m^hantes rai­
sons: fornications, vols, meurtres, “ adultères, cupi­
dités, perversités, ruse, débauche, œil mauvais, in­
jure, orgueil, sottise. ^ Toutes ces mauvaises choses
proviennent de l’intérieur et souillent l’homme. »

Jésus en 'Phénicie. La femme syro-phénicienne


Mt 15,21-29
^ Partant de là, il s’en alla dans le territoire de
Tyr et de Sidon. Et entré dans une maison, il voulait
que personne ne le sût, et il ne put passer ina­
perçu. ^Mais aussitôt qu’elle eut entendu parler
de lui, une femme dont la jeune fille avait un esprit
impur vint et tomba à ses pieds. “ Cette femme
était grecque, syro-phénicienne d’origine, et elle
lui demandait de chasser le démon hors de sa fille.
^ Et il lui disait: « Laisse d’abord se rassasier les
enfants; car il n’est pas bien de prendre le pain des

21-22 Pour cette liste, voir note sur Mt 15,15.


22 € ceil nunivais », c’est-i-dite cupide, jaloux, et peut-êtte nuléfique (« le nunivais
œU »), d Mt 6, 2i; 20, 15; Le 11, >4; et dans l ’A.T., Deut 15, 5; 28, 54, 56;
Sir 14,10; 31, B : Tob 4, 7.
24 « Pstàm t de là » (10, 1), de la maison où U se trouvait (v 17), ou de la r ^ o n
de Guennésatetfa (6, 55). — « territoire de Tyr et de Sidon », au-delà des frontières
de Galilée, mais sans I«édsions sur l ’impMtance et la durée du voyage. — « il
voulait que personne rm le sût », sur ce désir qu’a Jésus de passer inaperçu,
d 1, 54, et la rxrte.
25 « a ^ t un esprit impur », d 3. 22, et la note, 50; Le 4, 55; Ac 8, 7.
26 « ftecque » (Ac 17, 12), c’est-à-dm palerme et peut-être parlant grec. — « syto-
diénicieime », phénidenne habitant la Syne.
27 « les enfants », les Juifs, d Ro 9, 4. — « d’abord se rassasier les enfants »,
d Ro 1, 16: « le salut de tout croyant, du Juif d’abord, du Grec ensuite ». —
€ petits diiens », encore et seulement dans le passage parallèle de Mt 15, 26; le
terme n ’est pas méprisant, il s’agit des chiens familiers que l’on caresse et qui

MARC 270
enfants et de le jeter aux petits chiens. » ^ Elle 7
répondit et lui dit: « Oui, Seigneur, mais les petits
chiens, sous la table, mangent des miettes des
enfants. » ^ Et il lui dit: « Pour cette parole, va; le
démon est sorti hors de ta fille. » ^ Et, s’en allant
chez eUe, elle trouva l’enfant couchée sur le lit et le
démon sorti.

En Décapote. Guérison à’un sourd-bègue

Et de nouveau sortant du territoire de Tyr, il


vint, par Sidon, vers la mer de Galilée, en plein
territoire de la Décapole. ^^Et on lui conduit un
sourd-bègue, et on le prie de poser la main sur lui.
Et, le prenant hors de la fotde, à l’écart, il lui mit
ses doigts dans les oreiUes et, crachant, lui toucha
la langue; ^ e t levant les yeux au ciel, il poussa
un gémissement, et il lui dit: « Ephphata! » c’est-à-
dire: « Ouvre-toi bien! » Et aussitôt ses oreilles
s’ouvrirent, et le lien de sa langue se délia, et il
parlait correctement. ^ Et [Jésus] leur enjoignit de

jouent avec les enfants. A la différence du terme « diiens », ptesqpie toujours


m ^risant et iidamant, cf Mt 7, é: Phi 3, 2; Ap 22, 15.
28 R eliq u e pleine d ’une gentille assurance. — « mais les petits diiens », lit: « et
les petits chiens ».
29 « est sorti hors » (v 26), traduit ainsi pour sauvegarder la valeur de la prépodl-
tion.
31 Ce détour étonne d ’autant plus qu’aucune raison n’en est donnée, ni aucun
détail. — « la mer de Galilée », a 1 , 16, et la note. Sur la « Décapole », e t 5, 20.
32 « un sourd-bègue », lit: « un sourd et parlant à peine, avec peine, difficile­
ment ». — « poser la main sur lui », sur ce geste, cf 5, 23, et la note.
33 « le prenant hors de la foule, à l ’écitt », cf l ’aveugle de Betfasalde que ^fous
« emmène hors du village » (8, 23). Jésus s'efootee d’éduqiper à la rumeur pifolique.
— « crachant », cf 8, 23, sur I n yeux de l ’aveugle de Betfoalde.
34 « levant les yeux au d e l », 6, 41; M t 14, 19; Le 9, 16; * levant les yeux »,
8, 24; 16, 4; Le 19, 5; 21, 1. — * Épbpbata , cf v 11, et la note.
35 Verset pittoresque et d ’allure populaire. — Sur « le lien de sa langue »,
cf Le 13, 16: « cette fille d ’Abraham, que Satan a liée voilà dix-huit ans ».

271 MARC
ne rien dire à personne; mais plus on le leur en­
joignait, plus encore eux le proclamaient. ^^Et les
gens étaient extrêmement frappés: « Il a bien fait
toutes choses! disaient-ils. Il fait entendre les
sourds et parler ceux qui ne parlent pas! »

Multiplication des pains.


Bible française. Paris, 14^7.

36 « ne rien dire à personne », sur cette consigne du silence, cf 1, 34, et ta note.


37 « 11 a bien fait toutes choses! » Le point d’exclamation souligne la nuance admi-
rative du p ^ a i t g x c . — « ceux qui ne parlent pas », le terme « muet » (9, 17, 25)
a été traduit ûnsi pour faire ressortir îa paronomase du texte <»iginal: fuurler, ne
pas parler.

MARC 272
Efi Décapote. Seconde multiplication des pains

^ En ces jours-là, comme il y avait de nouveau 8


une nombreuse foule et qu’on n’avait pas de quoi
manger, il appelle à lui les disciples et leur dit:
^ « J ’ai pitié de cette foule, parce que voilà déjà
trois jours qu’ils restent près de moi, et ils n ’ont pas
de quoi manger. ^Et, si je les renvoie chez eux à
jeun, ils défailleront en chemin; et certains d’entre
eux sont de loin! » ^Et ses disciples lui répondi­
rent: « Gemment pourra-t-on, ici, les rassasier de
pains en plein désert? » ^ Et il les interrogeait:
« Combien avez-vous de pains? » Ils dirent: « Sept. »
^ Et il prescrit à la foule de s’étendre par terre. Et,
ayant pris les sept pains, rendu grâce, il les rompit,
et il les donnait à ses disciples pour les servir, et ils
les servirent à la foule. ^ Ils avaient aussi quelques
petits poissons, et les ayant bénis, il les fit aussi
servir. ®Et ils mangèrent et furent rassasiés, et on
enleva les restes des morceaux: sept corbeilles!
^ Or ils étaient environ quatre mille. Et il les ren­
voya.

1 * En ces jours-là », cf 1, ^ 13, 24. — « de nouveau une nombreuse foule »,


cf 6, 34; 7, 31, 33, et sur l’afflux des foules, 1, 43, et la note. — « il appelle a
lui », lit: « aprolant à lui les disciples, il leur dit ».
2 « J ’ai pitié»,, cf 1, 41; 6, 34 (lors de la première multiplication); 9, 22. —
« voilà déjà trois jours », ce détail ne figure pas dans le premier récit.
3 * ils défailleront », cf Mt 15, 32 par; Ga 6, 9; He 12, 3, 5.
4 « rassasier », dans le même contexte, cf v S; 6, 42; 7, 27; Mt 14, 20; 15, 33,
37; Le 9, 17; Jn 6, 2é. — « en plein désert », lit; « en des [lieux] déserts ; Mt
15, 33: « dans un [lieu] désert ».
5 « Sept »; lors de la première multiplication, il y avait cinq pains et deux pois­
sons (6, 38).
6 « s’étendre », cf 6, 40; Mt 15, 35; Jn 6, 10.
8 Comme lots du premier miracle, il y a surabondance. Cette seconde multiplica­
tion des pains présente tellement de points de ressemblance avec la première
(6, 35-44) que bien des exégètes y voient le récit du même miracle.

273 MARC
Dans la région de Dalmanoutha
Les Pharisiens demandent un signe venant du ciel

8 aussitôt, montant dans le bateau avec ses


Mt 1J .J 9
16 4 disciples, il vint dans la région de Dalmanoutha,
“ Et sortirent les Pharisiens, qui se mirent à discu­
ter avêc lui, en lui demandant un signe parti du ciel:
c’était pour le mettre à l’épreuve. Et, poussant
en son esprit un profond gémissement, il dit:
« Qu’a cette génération à demander un signe? En
vérité je vous le dis: Il ne sera pas donné de signe
à cette génération. » Et, les laissant et se rembar­
quant, il s’en alla sur l’autre rive.

Le levain des Pharisiens et le levain d*Hérode


Mt 16, M 2
^^Et ils oublièrent de prendre des pains, et ils
n’avaient qu’un pain avec eux dans le bateau. Et
il leur faisait cette injonction: « Attention! Prenez
garde au levain des Pharisiens et au levain d’Hé-

10 « Dalmanoutha », localité inconnue, Mt 15, 39 par: « Magadan ». En se référant


à l ’araméen, on a conjecturé « dans le pays de sa demeure », c’est-à-dire Caphar-
naüm et ses environs; en tout cas il s’agit de la rive occidentale du lac.
11 « sortirent », on ne sait d ’c^. — « demandant un signe », c’est-à-dire un acte
extraordinaire qui révèle la puissance et la qualité de câu i qui l ’accomplit; pour
l ’expression, cf 1 Co 1, 22. — * c’était pour le mettre à l’épreuve », cf 10, 2;
12, 15.
12 « poussant un profond gémissement », hapax, ailleurs (7, 34\ Ro 8, 23; 2 Co 5,
2, 4\ He 13, 17; Ja 5, 9) on trouve le verbe simple « gémir ». — « Qu’a cette
génération? » Sur ce blâme de Jésus, cf Mt 16, 4 par, 9, 19 = Mt 17, 7 et Le 9,
41-, Mt 12, 3S> = Le 11, 29. — « Il ne sera pas donné... », cf Mt 12, 35»;
Le 11, 29.
13 « l ’autre rive », la rive orientale, puisque l ’on va arriver à Bethsalde (v 22).
15 « faisait cette injonction », sur ce terme, cf 5, 43; 7, 36; 9, 9; Mt 16, 20;
Ac 15, 24; He 12, 20. — « Attention! » lit: « Voyez! » cf 1, 44; Mt 8, 4; 9, 30;
16, 6 par: 24, 6. — « Prenez garde », encore et seulement 12, 3S. — * levain »,
symbole de la fermentation qui entraîne la corruption, « vice corrupteur, hypocrisie

MARC 274
rode! » Et ils raisonnaient entre eux sur ce qu’ils 8
n’avaient pas de pains. Et, s’en rendant compte,
il leur dit: « Pourquoi raisonnez-vous sur ce que
vous n’avez pas de pains? Vous ne comprenez pas
encore et ne saisissez pas! Vous avez le cœur
endurci! Ayant des yeux, vous ne regardez pas!
et ayant des oreilles, vous n'entendez pas! Et vous
ne vous rappelez pas, lorsque j’ai rompu les cinq
pains pour les cinq mille, combien de couffins
pleins de morçeaux vous avez enlevés? » —
« Douze », lui disent-ils. ^ « Et lors des sept pour
les quatre mille, combien de corbeilles remplies de
morceaux avez-vous enlevées? » — « Sept », disent-
ils. Et il leur disait: « Vous ne saisissez pas
encore! »

U aveugle de Bethsaide

^ E t ils viennent à Bethsaide, et on lui conduit


un aveugle, et on le prie de le toucher. Et, pre­
nant la main de l’aveugle, il l’emmena hors du vil­
lage et, crachant sur ses yeux, posant les mains sur

chez les Pharisiens, ruse et ambition chez Hérode » (B Jr). En ce sens défavorable,
c£ Mt 16, 6, 11, 12 par; Le 12, I: 1 Co 5, 6, 7, 8-, Ga 5, 9-, au sens favorable de
puissance qui fait lever la pâte, cf Mt 13, 33; Le 13, 21.
17-21 Sur ce reproche d’inintelligence adressé par Jésus aux disciples, cf 6, 32;
9, 9 SV, 32. — Mt 16, 9, 11 par relate le même reproche, mais au v 12, toujours
bienveillant pour les Apôtres, il écrit: «Alors ils comprirent...», tandis que Mc
conclut ainsi son récit (v 21): « Vous ne comprenez pas encore! »
18 Cf 4, 12, et par: Mt 13, 14 sv; Le 8, 10.
19 « les cinq mÜle », d é , 44.
20 « les quatre mille », d v 9.
22-26 Second miracle « laborieux », en plusieurs temps, comme s’il présentait une
difficulté spéciale, cf le premier 7, 31-37.
22 « Bethsaide » (6, 43), â l ’embouchure du Jourdain, sur la rive septentrionale du
lac. — « oo le pne de le toucher », sur Jésus touchant les malades ou touché par
eux, d 1, 41; 3, 10; 5, 27; 6, 36.

275 MARC
8 lui, il Tinterrogeait: « Est-ce que tu vois quelque
chose? » ^ Et, levant les yeux, il disait: « Je vois les
hommes; c’est comme des arbres que je les aperçois
marcher. » “ Ensuite il posa de nouveau les mains
sur ses yeux, et l’homme vit clair; il fut rétabli, et
il percevait tout distinctement. ^ Et il le renvoya
chez lui, en disant: « N’entre même pas dans le
village. »

Sur le chemin des villages de Césarée de Philippe


La profession de foi de Pierre
Mt 16,13-20
^ Et Jésus sortit, ainsi que ses disciples, vers les
Le 9,18-21
villages de Césarée de Philippe. Et en chemin il
interrogeait ses disciples, leur disant: « Au dire des
gens, qui suis-je? » “ Ils lui dirent: « Jean le Bap­
tiste; pour d’autres, Elie; pour d’autres, que tu es
un des prophètes. » ^ Et lui les interrogeait: « Mais
pour vous, qui suis-je? » Prenant la parole, Pierre
lui dit: « C’est toi, le Christ! » ^ Et il leur enjoignit
de ne parler de lui à personne.

23 « crachant sur ses yeux *, encore 7, 33, probablement, comme Jn 9, 6, 11, 15,
crachant et mettant de cette salive sur les yeux. — « posant les mains sur *,
cf 5, 23, et ia note.
24 « levant les yeux », cf 7, 34, et la note. On traduit aussi: « ayant commencé à
voir », cf 10, 51. Le verset prMente une construction difficiie, et la transmission
textuelle est troublée; nous avons traduit aussi littéralement que possible.
25 « vit clair », encore et seulement Mt 7, 5, et Le 6, 4 2 . — « fut rétabli »,
cf 3, 5; 9, 12 et par, Ac 1, 6. — « distinctement », hapax\ le sourd-bègue guéri parle
« correctement » (7, 35).
26 Toujours la consigne du silence, cf 1, 34, et la note. Autre leçon: « Ne le dis à
personne dans le village ».
27 « so rtit» , de Beuisaïde (v 22). — «Césarée de Phiiippe » (Mt 16, 13), ainsi
appelée pour la distinguer de Césarée, siège du gouvernement romain. Il s’agit de
l ’antique Panias, près des sources du Jourdain, sur les pentes de l ’Hermon, recons­
truite en 3 ou 2 av. J.-C. par Hérode-Philipi» et appelée Césarée en l ’honneur de
César Auguste. Elle était située à une quarantaine de lôn au nord de Bethsaïde.
28 Cf 6, 14-15, et les notes.

MARC 276
Première annonce de la Passion. Pierre réprimandé
31
Et il se mit à leur enseigner que le Fils de 8
l’homme devait beaucoup souffrir, et être rejeté par Mt Le 9, 22
les anciens, et les grands prêtres et les scribes, et être
tué, et trois jours après ressusciter. Et c’est
ouvertement qu’il disait la chose. Et, le prenant à
part, Pierre se mit à le réprimander. Lui, se re­
tournant et voyant ses disciples, réprimanda Pierre
et dit: « Va-t’en, arrière de moi, Satan! parce que
tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles
des hommes. »

Conditions pour suivre Jésus


Mt 16,24-27
^ Et, appelant à lui la foule avec ses disciples, il
Le 9 , 23-26
leur dit: « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il
se renie lui-même, et qu’il prenne sa croix et qu’il
me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la per­
dra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et

29 « le Christ », Le 9, 20 par: a le Christ de Dieu »; Mt 16, 16 par ajoute: « le


Fils du Dieu vivant », qu’il tait suivre des versets fameux entre tous 17, 18, 19.
30 Cf V 26, et la note.
31-33 Première annonee de la Passion; eneore deux: 9, 30-32; 10, 32-34.
31 « devait », par déeision divine, ef 9, II; 13, 7, 10, 14; 14, 31. — « être rejeté »,
ef Mt 21, 42; Le 9, 22; 17, 23: 20^ 17; He 12, 17; 1 Pe 2, 4 , 7 . ~ a les aneiens »,
membres de l ’aristoeratie qui taisaient partie du Sanhédrin. — « trois jours après »
(lit: « après trois jours »), encore 9, 31 et 10, 34. Mt écrit: « le troisième jour »,
16, 21; 17, 22; 20, 19; Le de même: 9, 22; 18, 33.
32 « ouvertement » (ou: « franchement avec assurance »), cf Jn 7, 13; 10, 24;
n . 14. 34; 16, 23. 29; 18, 20. Dans le Livre des Actes (2, 29; 4, 13, 29, 31;28,
31 ) le sens de « avec assurance » a été préféré.
33 « se retournant », sut cette attitude de Jésus, cf 5, 30; Mt 9, 22; Le 7, 9, 44;
9, 33; 10, 23; 14, 23; 22, 61; 23, 28; Jn 1, 38. — * Va-t’en, arrière de moi! » cf Mt
4, 10. — « Satan! » cf 1, 13, et la note. — tes pensées... », cf Mt 16, 23 par;
Ro 8, 3; 12, 3; Phi 2, 3; 3, 13, 19; Col 3, 2.
34-38 Après le destin de Jésus, celui de ses disciples: « prendre sa croix et le
suivre »; un des sommets de l ’Evangile et du christianisme. Pour l ’ensemble du
commentaire, voir les notes sur Mt.

277 MARC
8 de l’Evangile la sauvera. ^ Quel profit, en effet, y
Mt 16,
a-t-il pour un homme à gagner le monde entier et à
porter préjudice à sa vie? Que peut, en effet,
donner un homme en échange de sa vie? ^ Car
Ut 10,33
celui qui aura honte de moi et de mes paroles dans
Le 9 ,2 6
12, 8- 9 cette génération adultère et pécheresse, le Fils de
l’homme aussi aura honte de lui, lorsqu’il viendra
dans la gloire de son Père avec les saints anges. »

La Venue prochaine du royaume de Dieu

9 ^Et il leur disait: « En vérité, je vous dis qu’il


ÎJ \ en est ici de présents qui ne goûteront pas la mort
avant d’avoir vu le royaume de Dieu venu avec
puissance. »

La Transfiguration

^ Et, six jours après, Jésus prend avec lui Pierre,


U \à '-x et Jacques et Jean, et les emmène sur ime haute

8 38 « ^ é t a t i o n adultère et pécheresse »; on trouve encore: « incrédule », w 9,


19\ «Incrédule et pervertie », Mt 17, 17; Le 9, 41; « mauvaise », Mt 12, 45%
Le 11, 29; « mauvaise et adultère », Mt 12, 39% 16, 4% « tortueuse », Ac 2, 40%
rx « tortueuse et pervertie », Phi 2, 15.
y 1 « Et il leur disait », cf 2, 27; 4, 11, 21, 24, 30% 6, 10% 1, 9% 14, 20. — « U en
est ici de présents » (Mt 16, 28: « de p r é ^ t s id »; Le 9, 27: « de présents id
même »), lit: « ceux qui se tiennent id », d Mt 26, 73% Jn 3, 29; hs. 22, 25. —
« ne goûteront pas la mort ». sémitisme, encore Mt 16, 28 et Le 9, 27 par% Jn 8,
52% He 2, 9; on trouve aussi: « voir la mort », Le 2, 26% Jn 8, 51% He 11, 5. —
« venu avec puissance », Mt par: « venant avec son Royaume »; Le par: « avant
d’avoir vu le Royaume de Dieu ». Interprétation diffidle: de quelle « venue »
s’agit-il? effusion de l ’Esprit Saint et ripide diffusion du efaristianidne (Ac 1, 8),
chute de Jérusalem, centre du judaïsme?
2 «six jours après» (lit: « at»ès six jours»); Le par: « O r, environ huit jours
après ces paroles ». Lagrange remuque: « D’sfprès l’analogie de Mc 8, 3 1 , sa
propre formule indique plutôt le sixième jour ». — « Pierre, Jacques et Jean », pour
ce petit groupe de p r i v i l ^ ^ , cf 1, 29 ( - f André); 5, 37% 14, 33% 1 3 , 3 { + A n ^ ) .

MARC 278
La transfiguration. La tête de M oïse a la forme du soleil, ainsi que
les rayons qui auréolent Jésus.
Bible française. Paris, U47.

montagne, à l’écart, seuls. Et il fut transformé devant 9


eux, ^ et ses vêtements devinrent éclatants, d’une
— «une haute montagne», peut-être le mont Hermon (environ 2800 m), à une
vingtaine de km au nord-est de Césarée de Philippe. — « transformé » (Mt 17, 2
par, Ro 12, 2; 2 Co 3, 18); cette « transformation », appelée souvent « transfigura­
tion », consiste dans l ’abandon momentané de la « forme » d’homme, remplacée
par une autre forme; cf Phi 2, é sv: « la forme de Dieu..., la forme d’esclave ».
Par « forme » il faut entendre la manifestation visible de la nature invisible. Mt
ajoute: « son visage resplendit comme le soleil »: Le écrit simplement: « l ’aspect de
son visage devint autre ». La fin du v est propre a Mc.

279 MARC
blancheur extrême, tels que foulon sur terre ne peut
ainsi blanchir. ^ Et Elie leur apparut avec Moïse, et
ils parlaient avec Jésus. ^Et, prenant la parole,
Pierre dit à Jésus: « Rabbi, il est bon que nous
soyons ici; faisons donc trois tentes, une pour toi,
et une pour Moïse, et une pour Elie. » ®Il ne savait
en effet que dire, car ils étaient effrayés. ^ Et advint
une nuée, qui les prit sous son ombre, et advint une
voix de la nuée: « Celui-ci est mon Fils, le Bien-
aimé: écoutez-le! » *Et subitement, regardant tout
autour, ils ne virent plus personne, mais Jésus seul
avec eux.
’ Et, tandis qu’ils descendaient de la montagne,
il leur enjoignit de ne raconter à personne ce qu’ils
avaient vu, sinon lorsque le Fils de l’homme serait
ressuscité d’entre les morts. ^®Et ils retinrent cette
parole, tout en discutant entre eux sur ce que signi­
fiait « ressusciter d’entre les morts ».

4 « apparut », lit: « se fit voir », cf Le 24. 34; Ac 9, 17; 1 Co 15, 5-8. — « Elie
avec Moïse », deux grandes figures et autorités de l ’A.T. La Loi et les P tc ^ « ^ s
trouvent enfin leur plein accomplissement dans Jésus, cf Ro 10, 4. — « parlaient
avec », cf Mt 17, 3 par; Le 4, 36; 9, 30 par; 22, 4; Ac 25, 12.
5 « R abbi» (Mt: «Seigneur»; Le: «C hef»); encore 10, 31; 11, 21; 14, 45;
4 fois dans Mt, 8 fois Han« Jn. — « trois tentes », pour y passer un temi» plus ou
moins long. Noter que Pierre ne pense ni à lui, ni a ses compagnons.
6 « Il ne savait (|ue dite », Mt omet. Le: « il ne savait ce qu’il disait ». — « ils
étaient effrayés », ht: « ils étaient devenus effrayés », pour le terme, cf He 12, 21;
2 Co 10, 9.
7 « une nuée, qui les prit sous son ombre », pour l ’expression, cf Mt 17, 5 par;
Le 1, 35; 9, 34, la nuée symbolise et atteste la présence de Dieu, cf dans l’A.T.,
« la gloire de Dieu awaraissant dans la nuée », Ex 16, 10; 19, 9, 16i 24, 15 sv;
Lev 16, 2; Nomb 11, 25; 1 Rs 8, 10 sw , surtout v 16. — « mon Fils, le Bien-
aimé », cf 1, 11, et la note.
8 « subitement », bapax, sens certain.
9 « ne raconter à personne », sur cette injonction, cf 1, 34, et la note.
10 « ils retinrent », dans leur mémoire et s’y conformèrent. — « tout en discutant
entre eux », pour le terme, cf 1, 27; 8, 11; 9, 14, 16; 12, 28; Le 22, 23; 24, 15;
Ac 9, 29.

MARC 280
Le retour d'Elie

Et ils l’interrogeaient en disant: « Pourquoi les 9


scribes disent-ils qu’Elie doit venir d’abord? » Il Mt Jn
n , 10-13
1,21
leur déclara: « Elie en effet, venant d’abord, va tout
rétablir. Comment donc est-il écrit sur le Fils de
l’homme qu’il doit beaucoup souffrir et être mépri­
sé? Mais je vous dis et qu’Elie est venu, et qu’ils
lui ont fait tout ce qu’ils voulaient, selon qu’il est
écrit sur lui. »

Guérison d'un homme ayant un esprit muet

Et étant venus près des disciples, ils virent


une foule nombreuse autour d’eux et des scribes ^
qui discutaient avec eux. ^^Et aussitôt toute la
foule, en le voyant, fut saisie de frayeur: on accou­
rait, on le saluait. Et il leur demanda: « De quoi
discutez-vous avec eux? » Et quelqu’un de la
foule lui répondit: « Maître, je t’ai conduit mon fils,

11 « Elle doit venir d’abord », sur cette attente du grand prophète comme précur­
seur du Messie, cf Mt 17, 10-13 par. Mal 3, 1, 23.
12 « rétablir », pour le terme, cf 3, 3; 8, 23; Mt 12, 13; Le 6, 10; Ac 1, 6; pour la
p e n ^ , cE Mal 3, 23 sv. — « Comment donc est-il é a it... », sur cette annonce scrip­
turaire des souffrances et humiliations du Fils de l ’homme, voir en particulier le
quatrième Poème du Serviteur, Is 32, 13-33, 12.
13 « Elie est venu, et ils lui ont fait tout ce qu’ils voulaient » = Mt par: * Elie
est déjà venu, et ils ne l ’ont pas reconnu, mais ils ont fait à son égard tout ce
qu’ils ont voulu. De même aussi le Fils de l ’homme aura à souffrir par eux ». —
« selon qu’il est écrit sur lui », allusion aux mauvais traitements infligés à Elie par
Achab et Jézabei (1 Rs 18-19, surtout 19, 2, 10), et qui seront renouvelés et aggra­
vés dans Jean-Baptiste, l ’Elie du N.T. (Le 1, 17; 3, 20; Mc 6, 17-29 et par).
14-27 Un des morceaux les plus vivants et les plus émus de l ’évangile de Mc.
15 « fut saisie de frayeur », encore et seulement 14, 33; 16, 3 sv. — a on
accourait », encore et seulement 10, 17; Ac 8, 30.

281 MARC
9 qui a un esprit muet, et où qu’il le saisisse, il le
déchire, et il écume et grince des dents et devient
raide. Et j’ai dit à tes disciples de le chasser, et ils
n’y sont point parvenus. » ■ Et lui, répondant, leur
dit: « Génération incrédule, jusques à quand serai-je
auprès de vous? Jusques à quand vous supporterai-
je?... Conduisez-le-moi. » ^ Et on le lui conduisit. Et,
en le voyant, l’esprit aussitôt secoua l’[enfant] avec
une grande violence, et tombant à terre, il se
roulait en écumant. Et [Jésus] interrogea son
père: « Combien y a-t-il de temps que cela lui
arrive? » Celui-ci dit: « Depuis son enfance. “ Et
souvent il l’a jeté et dans le feu et dans l’eau,
pour le faire périr. Mais si tu peux quelque chose,
viens à notre secours, par pitié pour nous! »
“ Jésus lui dit: « Oh! Si tu peux!... tout est possible
à celui qui croit. » Aussitôt le père de l’enfant cria:
« Je crois, disait-il. Secours mon incrédulité. »
“ Voyant que la foule accourait, Jésus menaça
l’esprit, r[esprit] impur, et lui dit: « Esprit muet et
sourd, c’est moi qui te le commande; sors de cet
[enfant] et n’y rentre plus! » ^ Et, poussant un cri et
secouant [l’enfant] avec une extrême violence, il

17 « un esprit muet » (v 25), c’est-à>diie qui tend muet. — « Maître », d 4, X ',


5, 35-, 10, 17. 20, 33.
18 « le d4diire » (Le 9, 42 par), on traduit eneme: « l ’abat, k tettasse ». —
« devient raide », et non « sèche » (Pi). — « j ’ai dit », au sens de « j ’ai demandé ».
— « ne sont point parvenus », lit: « n’ont pas eu la force de », d 5, 4; Mt 8, 28;
Le 6, 48: 8, 43; 13, 24; 14, 6. 29, 30; 20, 26; Jn 21, 6.
19 « Genéntion incrédule » (ou: « Engeance incrédule »), d 8, 38, et la note.
20 « secoua avec une grande violence », d 1, 26; Le 9, 39, 42.
22 Fin de verset particulièrement émouvante, où l’espoir s’exprime avec une déli­
cate réserve, « si tu peux quelque chose 24.
23 « tout est possible... », d 5, 36; 11, 23 sv.
24 Un des plus beaux versets du ré d t et de tout l ’évangile de Mç.
25 « menaça », d 1, 25, et la note.

MARC 282
sortit. Et celui-ci devint comme mort, de sorte que
la plupart disaient: « Il est mort! » Jésus, lui
tenant la main, le releva, et il se tint debout.
“ Et quand il fut entré chez lui, ses disciples
l’interrogeaient à l’écart: « Pourquoi nous autres,
n’avons-nous pas pu le chasser? » “ Et il leur dit:
« Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière. »

Deuxième annonce de la Passion


Mt n , 22-23
^ Et sortant de là, ils passaient à travers la Gali­
Le 9 , 44-43
lée, et il ne voulait pas qu’on le sût. Car il ensei­
gnait ses disciples et il leur disait: « Le Fils de
l’homme va être livré aux mains des hommes; et ils
le tueront, et xme fois tué, trois jours après il ressus­
citera. » “ Mais ils ne comprenaient pas cette
parole, et ils craignaient de l’interroger.

26 « avec une extrême vidence », d v 20.


27 Sur Jésus « tenant la main », cf 1, 31", 5, 41.
28 « dbez lui », au logis, c’est-a-dite la maison oit il habite lors de son passage en
ce lieu.
29 « que par la priite », cf 11, 24. Four chasser un esprit d’une telle nocivité, les
pratiques coutumioes aux exoïcutes, et auxquelles les « disciples » semblent avoir eu
recours, ne sufrisent pas; il y faut toute la puissance de la luiite. Dans Mt 17, 20
par: « À cause de votre peu de foi. »
30-32 Voir les deux autres 8, 31 et 10, 32-34.
30 « il ne voulait pas qu’on le sût », sur ce désir qu’a Jésus de passer inaperçu,
cf 1, 33, 43; 7, 24.
31 « va être livré », pour rendre le présent du futur immédiat, Mt et Le par: « est
sur le point d ’être livre ».
32' « ne compremdent pas », sur ce manque d’intelligence des disciples, cf 8, 17-21,
et la note. — « et ils craimiaient de l ’intenuger », touche délicate, diluée par Le;
Mt: « Et ils furent mofoodnnent attristés ».

283 MARC
Qui est le plus grand?

9 Et ils vinrent à Capharnaüm. Et quand il fut


îï ^9.4'-Â tfans la maison, il les interrogeait: « En chemin, de
quoi raisonniez-vous? » ^ Eux se taisaient, car en
chemin ils avaient discuté entre eux de qui était le
plus grand. ^^Et, s’étant assis, il appela les Douze
Mt 20,26-27 gj quelqu’un veut être le premier, il
Le 22 , 24-26 être le dernier de tous et le serviteur de
tous. » ^ Et, prenant un enfant, il le plaça au milieu
d’eux et, le serrant dans ses bras, il leur dit:
« Quiconque accueille en mon nom un de ces
enfants, c’est moi qu’il accueille, et quiconque
m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais
Celui qui m’a envoyé. »

De Vusage du nom de Jésus

Le 9, 49-)o 38jg^j^ déclata: « Maître, nous avons vu quel-


qu’im qui chassait des démons en ton nom, quel-
qu’im qui ne nous suit pas, et nous voulions l’en
empêcher, parce qu’il ne nous suivait pas. »
Jésus dit: « Ne l’empêchez pas, car il n’y a per-

33 « C^hatnaûm », cf 1, 21, et la note. — « dans la maison », probablement celle


de Pierre, cf 1, 29. — « raistmniez-vous? » pour ce terme, cf 2, 6, 8-, 8, 16, 17:
11, 31.
34 « de qui était le plus grand », cf 10, 37 sw ,
35 « s’étant assis », attitude du maître d ’enseignement, cf Mt 5, 1; 13, 1; 23, 1;
Le 5, 3; Tn 8, 2. — « les Douze », cf 3, 16, et la note. — « Si quelqu’un... »,
cf 10, 43 SV = Mt 20, 26 sv; Le 22, 26 sv.
36 « le serrant dans ses bras », sur ce geste de tendre affection, encore et seulem ent
10 , 16.
37 En dehors des parallèles (Mt 18, 3; Le 9, 48), cf Mt 10, 40; Le 10, 16;
Jn 13, 20. ’
38 « qui ne nous suit pas », comme disciple, cf 1, 18; 2 , 14; 8, 34; etc.

MARC 284
sonne qui fasse un miracle en mon nom et qui 9
puisse sitôt après me maudire; ^ car qui n^est pas
contre nous est pour nous.

Charité envers les disciples

« Oui, quiconque vous donnera à boire une


coupe d’eau pour la raison que vous êtes à Christ,
en vérité, je vous dis qu’il ne perdra pas son sa­
laire.

Le scandale
42 Mt 18,
« Et quiconque scandalise un seul de ces
Le 17,
petits qui croient, mieux vaudrait pour lui qu’on lui
ait passé une meule d’âne autour du cou et qu’on
l’ait jeté à la mer. ^^Et si ta main te scandalise,
retranche-la; mieux vaut que tu entres estropié
dans la vie que de t’en aller avec tes deux mains
dans la géhenne, au feu qui ne s’éteint pas. [^ ...]
Mt 5,29-30
Et si c’est ton pied qui te scandalise, retranche-

39 « me maudire », encore et seulement 7, 10; Mt 15, 4; Ac 19, 9.


40 Autre aspect Mt 12, 30 = Le 11, 23.
41 « son salaire », cf Mt 10, 42.
42 «petits gui croient », il s’agit des membres les plus humbles de la commimauté,
cf 1 Co 8, 10-12; 9, 22; voir aussi Ro 14, 1. — « scandalise », c’est-à-dire le pousse
à pécher, par sa conduite ou ses sollicitations. — « mieux vaudrait pour lui », Mt
par. « il serait de son intérêt »; Le par. « il gagnerait plus ». — « meule d’âne »,
grosse et lourde, que seul un âne pouvait faire tourner, à la différence de celle
qu’on manoeuvrait avec la main (Le 17, 35; Mt 24, 41); dans le passage paral­
lèle, Le écrit; « pierre à moudre ».
43 « estropié », encore et seulement Mt 18, 8 par, 15, 30 sv. — « géhenne » l ’an­
cienne vallée de Ben-Hinnom, où l ’on sacrifiait les enfants à Molek (2 Rs 23, 10),
et devenu le lieu de supplice des réprouvés, cf v 47; Le 12, 5; Ja 3, 6; Mt 7 fois.
— « feu qui ne s’éteint pas », v 48-, Mt 3, 12; Le 3, 17; Is 66, 24; Jdt 16, 17;
Sir 7. 17.
44 Répétition abusive du v 48.

285 MARC
le; mieux vaut que tu entres dans la vie boiteux
que d’être jeté avec tes deux pieds dans la
géhenne. [^ ...] ^^Et si c’est ton œil qui te scan­
dalise, arrache-le; mieux vaut que tu entres avec un
seul œil dans le royaume de Dieu que d’être jeté
avec tes deux yeux dans la géhenne, ^ où leur ver
ne meurt pas et le feu ne s'éteint pas. Chacun en
effet sera salé par le feu.

Le sel
Mt 5, 13
^ « C’est une bonne chose que le sel; mais si le
Le 1 4 ,3 4
sel perd son sel, avec quoi l’assaisonnerez-vous?
Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix les
uns avec les autres. »

45 « entrer dans la vie », Mt 18, 8 sv; 19, 27; cf « entrer dans le Royaume », v 47;
10, 15, 23, 2 4 , 23.
49 « salé par le feu », difficile et diversement interprété; peut-être s’agit-il de la
souffrance, de l ’épreuve qui fait de ceux qui les subissent des « victimes agté^les à
Dieu ». (te rappelle le texte de Lev 2, IT; « Tout ce que tu offriras en oblation, de
sel tu le saleras... sur toutes tes offrandes tu présenteras du sel ».
50 Cf 5, 13. — « perd son sel », lit: « (tevient non salé ». — « l ’assaiscmnetez-
vous? » pour le terme, cf encore et seulement Le 14, 34 par; (}ol 4, é: « un lan­
gage assaisonné de sel ». B Jr commente: « Ici, le sel est l ’esprit du (Christ que
les chrétiens doivent garder en eux-mêmes pour en assaisonner leurs rapports
mutuels ». — « soyez en paix », sur cette recommandation toujours bonne à entendre,
cf Ro 12, 18; 2 Co 13,11; 1 Th 5 , 13.

MARC 286
III. LA MONTÉE VERS JÉRUSALEM
(10,1-52)

En route pour la Judée

^ Et, partant de là, il vient dans le territoire de la 10


Judée et au-delà du Jourdain. Et des foules font de ^
nouveau route vers lui, et comme il en avait cou­
tume, de nouveau il les enseignait.

Indissolubilité du mariage

^ Et, s’avançant, des Pharisiens lui demandaient


s’il était permis à un homme de renvoyer sa femme:
c’était pour le mettre à l’épreuve. ^ Répondant, il
leur dit: « Que vous a commandé Moïse? » ^ Ils

1 « partant de là », c’est-à-dire de la Galilée, ci 9, 30. — « au-delà du Jourdain »,


en Pérée « étroite bande allant de Pella jusqu’à Machéronte, entre le Jourdain et
la mer Morte à l ’ouest, et la Décapole avec le royaume des Nabatéens à l ’est »
(Dictionnaire de la Bible). — «des foules», autre leçon; « la foule». — « e t
comme il en avait coutume, de nouveau il les enseignait », cf 1, 21\ 2, Î3\ 4, 1;
6, 2; etc.
2 « le mettre à' l’épreuve », cf 8, 11; 12, 15; l ’expression souligne le caractère
hostile de l ’interventicm: cm e ^ r e mettre Jésus en conflit avec la Loi, ou le com­
promettre aux yeux d ’Herode (6, 17 sv).

287 MARC
10 dirent: « Moïse a permis d'écrire une lettre de
séparation et de répudier. » ^ Jésus leur dit: « C’est
eu égard à votre dureté de cœur qu’il a écrit pour
vous ce commandement, ®mais dès le commence­
ment de la création, mâle et femelle 11 les fit; ^ à
cause de cela, Vhomme quittera son père et sa
mère, “ et les deux deviendront une seule chair.
De sorte qu’ils ne sont plus deux, mais une seule
chair. ^Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne
le sépare pas. » Et une fois dans la maison, de
nouveau les disciples l’interrogeaient là-dessus.
Mt 5 .3 2
” Et il leur dit: Quiconque répudie sa femme et en
Le 16,18
épouse ime autre commet l’adultère envers la pre­
mière; et si c’est elle qui, après avoir répudié
son mari, en épouse un autre, elle commet l’adul­
tère. »

Jésus bénit les enfants


Mt 19,13-15
--------- 13 présentait des enfants pour qu’il les
Le 18, iy-17 touche, et les disciples les réprimandèrent. ^^En

4 Cf Deut 2 4 ,1 ; le texte est eité Mt 5, 31.


5-6 Jésus explique l ’attitude de Moïse et rappelle le statut primitif (Gn 1, 27;
2, 24). — « diûeté de cœur », obstination et refus, ef 16, 14; Mt 19, 8 par; et aussi
Ro 2, 5: « Par ta dureté, par ton eœur impénitent ». — « d ^ le commeneement de
la eréation ». encore 13, 19; et cf Ro 1, 20; 2 Pe 3, 4. — « mâle et fem elle... »,
cf Gn 1, 27.
7 a Gn 2, 24.
8 « les deux deviendront une seule diair » (Gn 2, 25), dté encore en termes iden­
tiques, 1 Co 6 , 16; E{A 5, 31.
9 « ne le sépare pas », cf Mt 19, 6 par; 5, 31 sv; 1 Co 7 ,1 0 sv; Le 1 6 ,18.
10 « dans la maison », peut-être celle de Pierre (1, 29), et à Caidiamaûm.
11-12 Les exigences de Jésus vont bien au-delà de la loi juive et des docteurs juifs,
surtout de l ’éode de HiUel. Le v 12 est propre à Mc, et à son sujet Lagrange écrit:
« Il faut admettre que Jésus a eu en vue les usages gréco-rtMnains qui penrôttaient
à la femme de prenme l ’initiative. »
13 « présentait », cf 2, 4; Mt 4, 24; 8, 16; 9, 2, 32; etc. — « menacèrent » (1, 25,
et la note), ceux qui proentaient les enfants; ce n’est pas une attitude d’hostilité.

MARC 288
39 — Jésus bénit les enfants. « Laissez les enfants venir à moi,
ne les empêchez pas ; car c’est à leurs pareils qu’appartient le
royaume de D ieu» (Mc 10, 14).
«Pèlerinage de Jésus-Christ » de Guillaume de Digulleville. Manus­
crit du X I V ‘ siècle. Bibliothèque Sainte-Geneviève, n" 1130.
40 — Les vendeurs chassés du Temple (11, 1?-18).
Manuscrit du X I P siècle. Bibliothèque de Troyes, n° 392.
voyant [cela], Jésus s’indigna et leur dit: « Laissez 10
les enfants venir vers moi, ne les empêchez pas;
car c’est à leurs pareils qu’appartient le royaume
de Dieu. En vérité je vous le dis: Quiconque ^
n ’accueille pas le royaume de Dieu comme un en­
fant n’y entrera pas. » Et, les serrant dans ses
bras, il les bénissait en posant les mains sur eux.

La question à’un riche

Et tandis qu’il se mettait en route, quelqu’un,


Le 1 8 ,1 8 -2 3
accourant et tombant à ses genoux, l’interrogeait: 10, 25-28

« Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héri­


tage la vie éternelle? » Jésus lui dit: « Pourquoi
m’appelles-tu bon? Personne n’est bon que Dieu
seul. ^^Tu connais les commandements: Ne tue
pas, ne commets pas d’adultère, ne vole pas, ne
porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à

les disciples veulent simplement protéger leur maître contre les importunités de la
foule.
14 « s’indigna », Mt et Le par omettent cette attitude de Jésus, qu’ils ont peut-être
trouvée peu digne du Maître. — « venir vers moi », cf 1, 40, 45; 2, 13; 3, 8; 5,
15. — « leurs pareils », lit: « ceux qui sont tels ».
15 Cf Le 18, 17 par, identique. En 18, 3 Mt écrit: « Si vous... ne devenez comme
les enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des deux. » Le royaume de
Dieu est un message qu’il faut recevoir, et un lieu où l ’on peut entrer. — « comme
un enfant », cf « les petits enfants » de Mt 11, 25 = Le 10, 21.
16 « les serrant dans ses bras », cf 9, 36. — « posant les mains sur eux », sur ce
geste, ci 8, 25; 16, 18; Mt 9, 18; et aussi Ac 8, 17; 9, 17.
17 « accourant », encore 9, 15 et Ac 8, 30. — « tombant à ses genoux », cf 1, 40;
Mt 17, 14; 27, 29. — «avoir en héritage» (expression de l ’A .T .), c’est-à-dire en
propriété définitive, inaliénable. — « la vie étem elle» (Dan 12, 2; 2 Mac 7, 9),
celle du monde à venir (v 30) et dont la fin ne s’entrevoit pas. Dans l ’évangile
et les épitres de saint Jean (3, 15, 16, 36; 5, 24, etc.) « la vie étemelle » est une
réalité que le croyant possède dès à présent, en ce monde-ci.
18 Sur Dieu bon, cf Ps 25, 8; 34, 9; 86, 5; 119, 68; 1 Chr 16, 34; 2 Chr 5, 13;
Esd 3, 11; etc.
19 Cf Ex 20, 12-16; Deut 5, 16-17. — « ne fais de tort à » (ou: « ne lèse pas »),
cf 1 Co 6 , 7 SV.

289 MARC
10 personne, honore ton père et ta mère. » ^ Celui-ci
lui déclara: « Maître, tout cela je l’ai observé avec
soin dès ma jeunesse. » Jésus, le regardant, se
prit à l’aimer et lui dit: « Une chose te manque: va,
tout ce que tu as, vends-le et donne-le aux pau­
vres, et tu auras un trésor dans le ciel; puis viens,
suis-moi. » ^ Et lui, devenu sombre à cette parole,
s’en alla tout triste; car il avait beaucoup de pro­
priétés.

Le danger des richesses


Mt V ), 2 3 -2 6
^ Et, regardant tout autour, Jésus dit à ses disci­
Le 18,24-27
ples: « Comme difficilement ceux qui ont de
l’argent entreront dans le royaume de Dieu! »
^ Les disciples étaient effrayés de ses paroles.
Jésus, prenant de nouveau la parole, leur dit: « Mes
enfants, comme il est difficile d’entrer dans le
royaume de Dieu! ^ Il est plus facile à un chameau
de passer par la fente de l’aiguille à coudre qu’à

20 « je l ’ai observé avec soin », Mt 19, 20 et Le 18, 21 sont dépourvus de cette


nuance du grec: « je l ’ai observé ».
21 «regardant», v 27; 14, 67-, Mt 19, 26 par. Le 20^ 17; 22, 61-, Jn 1, 36,
42. — « se prit à l ’aimer » (aoriste ingtessif). A signaler l ’mterprétation quelque peu
étranœ de Pemot: « lui fitj une caresse ». — « vends... donne », ce détadiement
effeenf et complet des biens de ce monde est exigé de tous les apôtres, de ceux qui
« suivent Jésus » totalement, exclusivement, cf 10, 28-, Le 5, 11. — « trésor dans le
ciel », cf Mt 19, 21 par, 6, 20; Le 18, 22. — « viens, suis-moi », lit: « Ici, suis-
moi », cf 1, 17.
22 « devenu sombre », détail pittoresque et émouvant, dont les récits de Mt et de
Le sont d^xmtvus. Le terme se rencontre encore ime fois Mt 16, 3, où il dépeint
im « ciel [d’orage] rouge sombre ». — « tout triste », cf Mt 19, 22 par, « très
triste », Le 18, 23.
23 « regardant tout autour », sur ce regard circulaire de Jésus — ime des notations
caractérisdques de Mc — cf 3, 3, et la note.
25 Hyperbole célèbre. Noter quelques différences entre les textes parallèles, Mc:
« fente d’aiguille à coudre »; Mt: « trou d’aiguille à coudre; Le: « trou d’aiguille ».
Autres hypoboles: Mt 23, 24; Le 6, 41 sv. — « entrer dans le Royaume »; id-bas,
d ^ maintenant, ou plutôt « ^ms le uKmde à venir » (v 30).

MARC 290
un riche d’entrer dans le royaume de Dieu! » 10
^ Ceux-ci n ’en étaient que plus frappés; ils disaient
entre eux: « Et qui peut être sauvé? » ^ Les regar­
dant, Jésus dit: « Aux hommes impossible, mais non
à Dieu; car tout est possible à Dieu. »

Récompense promise à quiconque aura tout laissé


Mt 19,27-30
“ Pierre se mit à lui dire: « Voici que nous, nous
Le 18,28-50
avons tout laissé et nous t’avons suivi! » Jésus
déclara: « En vérité je vous le dis: Personne n’aura
laissé maison, ou frères, ou sœurs, ou mère, ou
père, ou enfants, ou champs, à cause de moi et à
cause de l’Evangile, ^ q u i ne reçoive au centuple
maintenant, en ce temps-ci, maisons, et frères, et
sœurs, et mères, et enfants, et champs, avec des
persécutions, et dans l’âge qui vient la vie éternelle.
Bien des premiers seront derniers, et les derniers
premiers. »

21 « Les regardant », ci v 21. — « tout est possible à Dieu », cf Gn 18, 14-,


Jb 42, 2; Zach 8, 6.
28 « nous t’avons suivi! » le point d’interrogation souligne le parfait du texte origi­
nal qui marque une détermination irrévocable avec une nuance légèrement pathé­
tique. Le texte parallèle de Mt = Le (aoriste) exprime simplement une action
accomplie dans le passé.
31 Se trouve tel quel dans Mt par, et encore Mt 20, 26. Dans Le, il figure dans
un autre passage, 13, 30. Lagrange commente ainsi ce beau texte: « Ceux qui ont
tout quitté sont virtuellement les derniers ici-bas, mais ils seront les premiers
dans le monde étemel, et inversement ».

291 MARC
Troisième annonce de la Passion

10 Ils étaient en chemin, montant à Jérusalem, et


îî ïî’,3 i'-33 Jésus marchait devant eux; et ils étaient effrayés,
et ceux qui suivaient avaient peur. Et, prenant de
nouveau les Douze avec lui, il se mit à leur dire ce
qui allait lui arriver: « Voici que nous montons à
Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux
grands prêtres et aux scribes, et ils le condamne­
ront à mort, et ils le livreront aux païens, ^ et ils
le bafoueront, et ils cracheront sur lui, et ils le
fouetteront et le tueront; et trois jours après il
ressuscitera. »

La requête des fils de Zébédée

Mt 20, 20-28 35 dirigent vers lui Jacques et Jean, les fils


de Zébédée, qui lui disent: « Maître, nous voulons
que tu fasses pour nous ce que nous allons te de­
mander. » Il leur dit: « Que voulez-vous que je
fasse pour vous? » Ils lui dirent: « Donne-nous
d’être assis, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche.

Verset plein d ’émotion. Les compagnons de Jésus sont effrayés de cette marche
à la mort; « et Jésus marchait devant eux ». — « montant à Jérusalem », bonne
notation topographique; Jérusalem était bâtie sur un plateau, à un peu plus de
750 m au-dessus du niveau de la mer. En 3, 22, les scribes « descendent » de
Jérusalem.
33-34 Comparer avec les deux précédentes annonces: 8, 31; 9, 31. — « fouetteront »,
cf Mt 10, 17; 20, 19; 23, 34; 18, 33; Jn 19, 1; He 12, 6. Le même supplice est
aussi exprimé par un mot emprunté au latin, et que nous avons traduit « flageller »,
15, 15; Mt 27, 26. On trouve le « fouet », Ac 22, 24; He 11, 36.
35 « nous voulons », en Mt 20, 20 sv, c’est la mère des deux fils de Zébédée qui
fait la demande, et elle ne dit pas « nous voulons », mais « Ordonne que ».
37 « dans ta gloire », c’est-à-dire lorsque tu viendras « dans les nuées avec beaucoup
de puissance et de gloire» (13, 26). Les deux Apôtres pensent vraisemblablement
que l ’événement ne saurait tarder, c’est le moment de s’assurer les meilleures
places.

MARC 292
dans ta gloire. » Jésus leur dit: « Vous ne savez 10
pas ce que vous réclamez. Pouvez-vous boire la
coupe que moi je bois, ou être baptisés du bap­
tême dont moi je suis baptisé? » Ils lui dirent:
« Nous le pouvons. » Jésus leur dit: « La coupe que
moi je bois, vous la boirez, et le baptême dont moi
je suis baptisé, vous en serez baptisés. ^ Mais
d’être assis à ma droite ou à ma gauche, il ne
m’appartient pas de le donner: c’est à ceux pour
qui cela a été préparé. »
Et en entendant cela, les dix [autres] se mirent Le 22,25-25
à s’indigner contre Jacques et Jean. Et, les appe­
lant à lui, Jésus leur dit: « Vous savez que ceux qui
passent pour commander aux nations exercent sur
elles leur domination, et que leurs grands exercent
sur elles leur pouvoir. Or il n’en est pas de
même parmi vous, mais celui qui veut devenir
grand parmi vous sera votre serviteur, ^ et celui Mc 9,55
qui parmi vous veut être le premier sera l’esclave
de tous. Car le Fils de l’homme n’est pas venu
pour être servi, mais pour servir et donner sa vie
en rançon pour beaucoup. »

38 « la coupe », symbole de souffrance, cf 14, 36; Ps 75, 9; Jr 25, 15-17, 27-28;


49, 12. — « baptême », lit: « immersion », belle métaphore: il s’agit d’être plonge
dans et subm er^ psn les eaux de la souffrance et du malheur, cf Ro 6, 3;
Le 12, 50. — « je bois, je suis baptisé », le supplice est déjà commencé.
40 « a été préparé », Mt par ajoute « par mon Père »; voir aussi Mt 25, 34:
« recevez en héritage le Royatime qui a été préparé pour vous depuis la fondation
du monde ».
41 « contre », lit: « au sujet de ».
42 « les appelant à lui », cf 3, 13, et la note. —■« ceux qui passent pour » (Pernot:
« ceux qui s’imaginent »), expression ironique, cf Ga 2, 6, 9.
43 Sur cette id& de service, cf les textes célèbres de saint Paul, 1 Co 9, 19 sw ;
2 Co 4, 5; Ga 5, 13. — « grand » a valeur de superlatif.
45_ Un des versets majeurs de l ’évangile de Mc et de tout le N.T. — « rançon »,
prix de rachat d ’un esclave, encore Mt 20, 28; et aussi 1 Tm 2, 6; « rachat »,
Le 1, 68; 2, 38; He 9, 12; « racheter », Le 24, 21; Ti 2, 14; 1 Pe 1, 18.

293 MARC
U aveugle de la sortie de Jéricho

10 Et ils viennent à Jéricho. Et tandis qu’il sortait


L? de Jéricho, ainsi que ses disciples et une foule
considérable, le fils de Timée, Bartimée, un men­
diant aveugle, était assis au bord du chemin. Et,
apprenant que c’était Jésus le Nazarénien, il se mit
à crier et à dire: « Fils de David, Jésus, aie pitié de
moi! » ^ Et beaucoup le menaçaient pour qu’il se
taise, mais il n’en criait que de plus belle: « Fils de
David, aie pitié de moi! » Et, s’arrêtant, Jésus dit:
« Appelez-le. » Et on appelle l’aveugle, on lui dit:
« Courage! Debout! Il t ’appelle! » Celui-ci, reje­
tant son manteau, d’un bond vint près de Jésus.
Et, s’adressant à lui, Jésus dit:! « Pour toi que
veux-tu que je fasse? » L’aveugle lui dit: « Rab-
bouni, que je recouvre la vue. » “ Et Jésus lui dit:
« Va; ta foi t ’a sauvé! » et aussitôt il recouvra la
vue, et il le suivait sur le chemin.

46-52 Beau récit, plein de pittoresque et de vie, plus enlevé que celui des paral­
lèles: comparer en particulier les versets 49 et 50 avec Le 18, 40 t t 41.
46 «Jéricho» (Mt 20, 29; Le 10, 30; 18, 35; 19, 1; He 11, 30), Erika, antique
cité, appelée parfois « ville des Palmiers » (Deut 34, 3; Jug 3, 13; 2 Chr 28, 15),
rebâtie par Hérode le Grand, située à l ’ouest de la mer Morte, à un peu plus de
35 km au N.E. de Jérusalem. — « foule considérable », cf Le 7, 12; Ac 11, 24, 26;
19, 26.
47 « le Nazarénien », cf 1, 24, et la note. — « Fils de David », titre messianique,
cf 12, 35, 37; Mt 9, 27; 12, 23; Ro 1, 3; 2 Tm 2, 8; et surtout Mt 1, 1, et la
note.
51 « Pour toi que veux-tu que je fasse », cf Le par: « Que veux-tu que je fasse
pour toi? » — « Rabbouni », encore Jn 20, 16, « mon Maître », plus solennel que
Rabbi.
52 « ta foi t ’a sauvé! » c’est-à-dire « t ’a guéri », cf 5, 23, 34 — Mt 9, 22; 6, 56;
Le 7, 50; 8, 48; 17, 19; 18, 42. — « il le suivait sur le chemin », simple détail
pittoresque; rien ne laisse supposer que l ’aveugle guéri « suive » Jésus comme
disciple (1, 18, 20; 2, 14 sv; etc.).

MARC 294
IV. MINISTÈRE DE JÉSUS
À JÉRUSALEM
(11,1 — 13,37)

Accueil triomphal de Jésus aux portes de Jérusalem

^ Et lorsqu’ils approchent de Jérusalem, vers 11


Bethphagué et Béthanie, près du mont des OU- lÏ
viers, il envoie deux de ses disciples ^ et leur dit: Jn 1 2 ,12-iy
« Allez au village qui est en face de vous, et aussi­
tôt en y pénétrant, vous trouverez un ânon attaché,
sur lequel aucun homme encore ne s’est assis;
déliez-le et conduisez-le. ^ Et si quelqu’xm vous dit:
Qu’est-ce que vous faites là? dites: Le Seigneur en
a besoin, et aussitôt il le renvoie de nouveau ici. »
1 « Bethphagué » (« maison des figues »), sur le flanc oriental du « mont des Oli­
viers *. Cette colline, appelée aussi « Olivaie * (Le 19, 29; 21, 37; Ac 1, 12) est une
« crête longue de 3 % km qui s’étend du nord au sud, à quelque distance (Ac
1, 12) à l ’est (Zach 14, 4) de Jérusalem, de l ’autre côté du Kédrôn » (Dictionnaire
encyclopédie^ de la Bible). Le plus haut de ses trois sommets culmine à 826 m.
— « Béthanie », sur le flanc oriental du mont des Oliviers, à moins de 3 km
de Jérusalem.
2 « aucun homme ne s’est assis », Jésus en aura les prémices; cf la « vache rousse
qui n’a pas porté le joug », c’est-à-dire qui n ’a servi à aucun usage profane,
Nomb 19, 2, et encore Deut 21, 3; 1 Sam 6, 7.
3 La fm du verset est difficile. De quel Seigneur s’agit-il? Probablement de Jésus,
bien que ni Mc, ni Mt ne lui donnent ce titre.

295 MARC
11 ^ Et ils s’en allèrent, et ils trouvèrent un ânon atta­
ché, près d’une porte, dehors, dans la rue. Et ils le
délient. ^ Et quelques-uns de ceux qui se tenaient
là leur disaient: « Qu’est-ce qui vous prend de
délier l’ânon?... » ^ Ils leur dirent selon ce qu’avait
dit Jésus, et on les laissa faire.
^ Et ils conduisent l’ânon à Jésus et jettent leurs
manteaux sur lui, et il s’assit dessus. ®Et beaucoup
de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin,
d’autres des feuillages, qu’ils coupaient dans les
champs. ^Et ceux qui précédaient et ceux qui sui­
vaient criaient:
« Hosannal
"Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!
^®Béni soit le règne qui vient, celui de notre
[père David!
Hosanna au plus haut [des deux] ! »
Et il entra à Jérusalem dans le Temple, et
après avoir promené ses regards sur toutes choses,
comme déjà l’heure était tardive, il sortit vers
Béthanie avec les Douze.

5 « Qu’est-ce qui vous prend de délier l ’ânon? » lit; « Que faites-vous en dé­
liant l ’Inon? »
7 « ils jettent » (4, 37), plutôt que « mettent », trop faible; Mt par « poser »; Le
par « lancer ». — « dessus », lit: « sur lui ».
8 « des feuillages », ou « des rameaux »; Mt 21, 8: « des branches », Jn 12, 13:
« les rameaux des palmiers ».
9 « Hosanna! » c’est-à-dire « Sauve donc! » cri de joie et d’acclamation autant
qu’une demande de secours. La citation est empruntée au Ps 118, 26 d’après LXX;
he: « Béni soit, au nom de Yahvé, celui qui vient! »
10 « notre père David », encore et seulement Ac 4, 25. Lagrange commente: Le
type populaire des espérances messianiques était le rétablissement de la royauté de
David; « notre père » insiste sur la note Israélite. L’acclamation monte jusqu’au ciel,
comme pour remercier Dieu d’inaugurer la délivrance, et lui demander son
secours. Pour de semblables poussées de messianisme cf Jn 6, 15; 12, 13; et aussi
Ac 5, 36 sv.
11 « l ’heure était tardive », lit: « tard (11, 19; 13, 35) déjà était l ’heure »;
c’était la fin de la journée. — « dans le Temple »; c’est-à-^re dans ses parvis. —

MARC 296
Le figuier maudit

Et le lendemain, tandis qu’ils sortaient de 11


Béthanie, il eut faim. Et, voyant de loin un figuier
qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait
quelque chose, mais y étant allé, il ne trouva rien
que des feuilles; car ce n’était pas le temps des
figues. Et, prenant la parole, il lui dit: « Que ja­
mais plus désormais, de toi, personne ne mange de
fruit! » Et ses disciples entendaient.

Les vendeurs chassés du Temple

Et ils viennent à Jérusalem. Et, entré dans le


Temple, il se mit à chasser ceux qui vendaient et ^ ^^>45-46
achetaient dans le Temple; et les tables des chan-
geurs et les sièges de ceux qui vendaient les
colombes, il les culbuta. Et il ne laissait personne
transporter d’objet à travers le Temple. Et il les
enseignait et leur disait: « N ’est-il pas écrit que ma
Maison sera appelée maison de prière pour toutes

« promenant ses regards », sur ce geste de Jésus saisi par Mc, cf 3, 3, et la note.
— « les Douze », cf 3, 16, et la note.
13 « qui avait des feuilles », fin mars ou début d’avril. — « ce n ’était pas le
temps des figues »; les figues-fleurs ne sont mûres qu’en juin, les figues d’été en
août. Jésus ne pouvait donc pas, à cette époque de l’année, s’attendre à trouver
des figues pour apaiser sa faim. Il s’agit d’une action symbolique.
14* «Que jamais plus...», cf v 21: « le figuier que tu as maudit». La fin du
verset « Et ses disciples entendaient » prépare l ’entretien des w 19-26.
15-18 Cette scène est placée par Jn en début de ministère, Jn 2, 13-22. La date des
Synoptiques nous semble plus probable. — Le omet cette scène de violence.
16 On se servait de l ’esplanade du Temple comme d’un raccourci. Jésus s’en
indigne et l ’interdit.
17 ■■ ■ - - - - - -
tous
ligne
en avez fait »; Jn 2, 16: « cessez de faire ».

297 MARC
Jésus chasse les vendeurs du Temple.
« Grande vie du Christ » de Ludolphe le Chartreux. XV* siècle.

11 les nations, mais vous, vous en avez fait une


caverne de brigands! » E t les grands prêtres et

18 « comment le faire périr *; ce n ’était pas la première fois; c£ 3, 6: * les Phari­


siens réunissaient un conseil avec les Hérodiens contre [Jésus], afin de le faire
périr ». — * était frappée de son enseignement *, cf 1, 22; Mt 7, 28; 22, 33;
Le 4, 32.

MARC 298
les scribes entendirent, et ils cherchaient com m ent 11
le faire périr. Car ils le craignaient; toute la foule,
en effet, était frappée de son enseignem ent.

Entretien sur le figuier desséché

^^Et lorsqu’il se fit tard, ils sortirent hors de la 21, 20-22


ville. ^ E t, en passant le matin, ils virent le figuier
desséché depuis les racines. E t, se ressouvenant,
Pierre lui dit: « Rabbi, vois; le figuier que tu as
maudit est desséché! » “ Et, répondant, Jésus leur
dit: « Ayez foi en D ieu. “ En vérité je vous le dis: si
quelqu’un dit à cette montagne: Soulève-toi et
jette-toi dans la mer, et s’il n ’hésite pas en son ^ ^
cœur, mais croit que ce qu ’il dit va arriver, il
l ’obtiendra. ^ V oilà pourquoi, je vous le dis, tout ce
que vous demandez en priant, croyez que vous
l ’avez reçu, et vous l ’obtiendrez. “ E t lorsque vous
êtes debout pour prier, rem ettez, si vous avez quel­
que chose contre quelqu’un, pour que votre Père
qui est dans les d e u x vous rem ette aussi vos
fautes. [ “ ...] »

21 « Rabbi », cf 9, et la note. — « maudit », cf v 14.


22 « foi en Dieu », l ’expressicm (lit: « foi de Dieu ») est unique, mais le sens est
clair.
23 a s’il n’hésite pas », cf Ac 10, 20; Ro 4, 20. — « il l ’obtiendra » (v 24), lit:
« cela sera pour lui ».
25 * vous êtes debout », cf Mt 6, 5; Le 18, 11; 1 Rs 8, 14; Neh 9, 4 sv. On priait
aussi à genoux, Ac 7, 60; 20, X ; 21, 5; Eph 3, 14; 1 Rs 8, 54; Dan 6, 10. —
« remettez », et non « pardonnez », df Mt 6, 12: « remets-nous nos dettes »; la
traduction commune de ce dernier texte « pardonne-nous nos (Penses » tient
compte de notre sensibilité religieuse, mais elle n ’est pas philologiquement exacte.
26 Voici ce verset, omis par la plupart des grands manuscrits: « mais si vous ne
remettez pas, votre Père qui est dans les deux ne vous remettra pas non plus vos
fautes ».

299 MARC
Propos polémiques de Jésus
La mission de Jésus et le baptême de Jean

11 E t ils viennent de nouveau à Jérusalem. Et


Mt 21,23-27
Le 20, 1- 8 tandis q u ’il circulait dans le Tem ple, viennent vers
lui les grands prêtres, les scribes et les anciens.
E t ils lui disaient: « Par quel pouvoir fais-tu cela,
ou qui t ’a donné ce pouvoir pour le faire? »
Jésus leur dit: « Je vais vous demander une
seule chose: répondez-moi donc, et je vous dirai
par quel pouvoir je fais cela. ^ L e baptêm e de
Jean était-il du Ciel ou des hom m es? Répondez-
m oi. » E t ils se faisaient entre eux ce raisonne­
ment: « Si nous disons: du Ciel, il dira: Pourquoi
donc n ’avez-vous pas cru en lui? ^^Mais allons-
nous dire: des hom m es?... » Ils craignaient la foule,
car tous tenaient que Jean avait été réellem ent un
prophète. E t, répondant à Jésus, ils disent:
« N ous ne savons pas. » E t Jésus leur dit: « M oi non
plus je ne vous dis point par quel pouvoir je fais
cela. »

27 « dans le Temple », c’est-à-dire dans les divers parvis et lieux environnants. —


« les grands prêtres, les scribes et les anciens », tous les éléments du Sanhédrin,
toutes les autorités religieuses d’Israël, cf 8, 31; 14, 43, 53; 15, 1.
28 «pouvoir », cf 1, 22, et la note. — « cela », soit la purification du Temple
(w 15-17), soit l ’ensemble de l ’activité de Jésus.
29 « demander ime seule chose », ou « vous poser ime seule question ».
30 « Ciel », désignation révérentielle de Dieu, cf Le 15, 18, 21; Jn 3, 27;
1 Mac 3, 18.
32 « réellement », plutôt que « vraiment », cf Le 23, 47; 24, 34; Jn 8, 36; 1 Co 14,
25; Ga 3, 21; 1 Tm 5, 3, 5, 16; 6 , 19.

MARC 300
Parabole des vignerons homicides

^Et il se m it à leur parler en paraboles: « U n 12


homme planta une vigne, et Ventoura d'une clôture, Mt 21,33-46
Le 20, 9-19
et creusa une cuve et bâtit une tour, puis il la loua à
des vignerons et partit en voyage.
^ « E t, le temps venu, il envoya aux vignerons
un esclave, pour prendre des vignerons une part
des fruits de la vigne. ^ E t, le prenant, ils le batti­
rent et le renvoyèrent les mains vides. E t de nou­
veau il leur envoya un autre esclave, et celui-là, ils
le frappèrent à la tête et le traitèrent avec mépris,
^ Il en envoya encore un autre, et celui-là, ils le
tuèrent. [A in si firent-ils pour] beaucoup d ’autres,
battant les uns, tuant les autres. ^ Il avait encore
quelqu’un, un fils bien-aimé. Il le leur envoya en
dernier, se disant: Ils respecteront mon fils. ^ Mais
ces vignerons dirent entre eux: V oici l ’héritier;
allons-y! tuons-le et l ’héritage sera à nous. ®Et, le
prenant, ils le tuèrent et le jetèrent hors de la
vigne.

1 « il se mit », terne cher à Mc, cf 1, 43, et la note. — La citation est


empruntée à Is 5, 2. — « partit en voyage », Le par ajoute « pour un assez long
temps ».
2 « le temps venu », si l ’on se réfère à Lev 19, 23 sv, il s’agit de la cinquième
année après la plantation.
4 « frappèrent à la tête », hapax, sens probable. — « traitèrent avec mépris »,
cf Le 20, 11 par, Ac 5, 41.
5 « et beaucoup d ’autres », le grand nombre fait ressortir la longanimité du maître
et la culpabilité des vignerons.
6 « un fils bien-aimé », siu cette désignation de Jésus, cf 1, 11; 9, 7; Mt 3, 17;
17, 3; Le 3, 22; 9, 35 (?); 20, 13 par; 2 Pe 1, 17. — « en dernier », après avoir
épuisé tous les délais de sa patience.
7 a l ’héritier », cf He 1, 2; « le Fils établi héritier de toutes choses ».
8 « le tuèrent et le jetèrent hors de la vigne »; Le, poussant l’allégorie à son ter­
me, écrit: « Et, le jetant hors de la vigne, ils le tuèrent » (20, 13); car Jésus a été
mis à mort hors de Jérusalem, cf He 13, 12; Mc 15, 20; Mt 27, 32 (?)

301 MARC
12 ^ « Que fera le seigneur de la vigne? Il viendra,
fera périr les vignerons et donnera la vigne à
d’autres. N’avez-vous pas lu cette Ecriture:
La pierre qu*avaient rejetée les bâtisseurs,
c'est elle qui est devenue tête d'angle.
“ C'est du Seigneur que cela est venu,
et c'est merveille à nos yeux! »
Et ils cherchaient à l’arrêter, et ils craignirent la
foule. Car ils avaient compris que c’était pour eux
qu’il avait dit la parabole. Et, le laissant, ils s’en
allèrent.

Le paiement du tribut

Mt 22, 15-22 13 cnvoient quelques-uns des Pharisiens


Le 20,20-2(5 Hérodiens, pour l’attraper par une parole.
Et étant venus, ils lui disent: « Maître, nous sa­
vons que tu es véridique et que tu ne te soucies de
qui que ce soit; car tu ne regardes pas à la personne
des hommes, mais c’est en toute vérité que tu en­
seignes la voie de Dieu. Est-il permis ou non de

9 « à d’autres », la vigne est donnée aux païens.


10 « cette Ecriture », c’est-à-dire ce passage de l ’Ecriture, pour l ’expression,
cf Le 4, 21; Jn 19, 37-, Ac 8, 35. — « N ’avez-vous pas lu ...» , même mouve­
ment 2, 25. Le texte est une citation de Ps 118, 22 sv. — « tête d’angle » (Mt 21,
42 par-, Le 20, 17 par, A c 4, 11-, 1 Pe 2, 7), il s’agit de la pierre du sommet liant
deux murs et assurant leur cohésicm et partant leur solidité. On trouve aussi « la
pierre angulaire » (Eph 2, 20-, 1 Pe 2, 4. 6 sw ).
12 « l ’arrêter », cf 6, 17; 14, 1, 44, 46, 49, 51; Mt 21, 46 par; etc. — « ils craigni­
rent la foule », cf 11, 32: « ils craignaient la foule »; Mt 21, 46 par: « ils craignirent
les foules »; Le 20, 19 par: « ils craignirent le peuple ». Sur la foule attachée à
Jésus, cf 11, 18; Mt 21, ^ par. — « pour eux », à leur adresse.
13 « Pharisiens et Hérodiens », déjà rencontrés ensemble 3, 6; s’y référer et voir
aussi note sur 2, 16. — « l ’attraper par une parole »; Mt par: « le prendre au
piège dans une parole »; Le par: « prenore en défaut sur quelque parole ».
14 « tu ne regardes pas à la personne des hommes »; cf Mt 22, 16 par. — « en
toute vérité », cf v 32; Le 4, 25; 20, 21; 22, 59; Ac 4, 27; 10, 34. — « la voie de
Dieu », c’est-à-dire la manière de servir Dieu et qu’il a lui-même indiquée, cf Mt

MARC 302
payer le tribut à César? Devons-nous payer, ou ne 12
pas payer? » Mais lui, sachant leur hypocrisie,
leur dit: « Pourquoi me mettez-vous à l’épreuve?
Apportez-moi un denier, que je voie. » Ils l’ap­
portèrent. Et il leur dit: « De qui est cette effigie, et
l’inscription? » Ils lui dirent: « De César. » Jésus
leur dit: « Ce qui est à César, rendez-le à César, et
ce qui est à Dieu, à Dieu. » Et ils n’en revenaient
pas d’étonnement à son sujet.

La femme aux sept maris et la résurrection

Et viennent vers lui des Sadducéens — ceux-là


qui disent qu’il n’y a pas de résurrection — et ils ^ 2o,27-5«
l’interrogeaient en disant: « Maître, Moïse a
écrit pour nous ceci: Si le frère de quelqu'un vient
à mourir et laisse après lui une femme et ne laisse

22, 16 par, Le 20, 21 par, Ac 18, 26\ « la voie du Seigneur: 1, 3-, Mt 3, 3 par.
Le 3, 4 par, Jn 1, 23 par (traduit « chemin »); Ac 18, 23; « les voies du Seigneur »:
Le 1, 76; Ac 13, 10. — « le tribut » (Mt 17, 23; 22, 17, 19 par, Le 20, 22 par:
« l ’im pôt»). Le mot grec est la transcription du latin census, ici la somme imposée
par la puissance occupante; doublement odieux, et parce qu’il est un signe perma­
nent de sujétion, et parce qu’il doit s’acquitter en monnaie portant le nom et
l ’effigie de l’empereur romain.
15 « hypocrisie », ou « fourberie, comédie »; Mt par « perversité ». — « me mettez-
voua à l ’épreuve», cf 10, 2, et la note. — «denier» (6. 37), unité monétaire
romaine, d’une valeur d’un peu moins d ’un franc, et qui équivalait au gage d’vm
journalier (Mt 20, 2 sw ).
17 « leur dit », une des grandes parales libératrices de Jésus: que chacun reste
dans son domaine! — « n’en revenaient pas d ’étonnement », hapax dont il ne
convient pas d’émousser le sens.
18 « Sadducéens », parti politique dont les adhérents appartenaient en majorité à ia
classe sacerdotale. Ils tiraient leur nom de Sadoq, mis à la tête du sacerdoce après
la destitution d ’Ebyatar (1 Rs 2, 33; 4, 4); cf dans Ezéchiel « les fils de Sadoq »:
Ez 40, 46; 43, 19; 44, 13; 48, 13; Sir 51, 12. — « disent qu’il n’y a pas de résurrec­
tion », cf Ac 23, è.
19 « Maître », au sens de maître d ’enseignement, docteur, cf 4, 38; 5, 33; 9, 17;
10, 17, 20, 33. — « a écrit », au sens d’édiaer, prescrire. Le texte est unfe citation
libre de Deut 25, 3 sv.

303 MARC
12 pas d’enfant, il faut que son frère prenne la femme
et suscite une descendance à son frère. Il y avait
sept frères. Et le premier prit femme et en mourant
ne laissa pas de descendance; et le second prit
la [femme] et mourut sans laisser après lui de des­
cendance; et le troisième, de même: aucun des
sept ne laissa de descendance. Après eux tous, la
femme aussi mourut. A la résurrection, lorsqu’ils
ressusciteront, duquel d’entre eux sera-t-elle la
femme? Car les sept l’ont eue pour femme. »
Jésus leur déclara: « Si vous vous égarez,
n ’est-ce pas faute de connaître les Ecritures et la
puissance de Dieu? ^ Lorsqu’on ressuscite d’entre
les morts, en effet, on ne prend ni femme ni mari,
mais on est comme des anges dans les deux. ^^Et
pour ce qui est des morts qui se relèvent, n’avez-
vous pas lu dans le Livre de Moïse, au passage du
Buisson, comment Dieu lui a parlé: Moi, le Dieu
d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob?
Il n’est pas un Dieu de morts, mais de vivants.
Vous vous égarez beaucoup. »

20-22 On trouve des histoires-types semblables dans les écrits rabbiniques. Il


s’agit de montrer que la croyance à la résurrection crée dans l ’Au-delà des situa­
tions inextricables, et donc qu’elle est tme absiudité.
23 « A la résurrection, lorsqu’ils ressusciteront *, pour de semblables tautologies,
cf 7, 13; 13, 19, 20. Sur la croyance à la résurrection dans l ’A.T. — épisodique et
partielle — cf Is 25, 8; 26, 19 (?); Ps 49, 16; 73, 24 sw ; 2 Mac 7, 9, 11, 14, 23,
29, 36; 12, 43 sw . La croyance commune est celle d’une vie sombre et larvaire dans
le chéol, a Ps 6, 6; 115, 17; Jb 14, 10 sw ; etc.
25 « on ne prend ni femme ni mari » (lit: « on n’épouse pas et on n’est pas
épousé »), cf Mt 22, 30 par; 24, 38; Le 17, 27; 20, 35 par. — « lorsqu’on ressus­
cite », présent gnomique. — « comme des ar^es dans les cieux », Mt par: « comme
des anges dans le ciel »; pour la pensée, cf 1 Co 15, 35-53.
26 « se relèvent » (6, 14, 16; 14, 28; 16, 6, 14), im des deux termes qui désignent
la résurrection des corps. Pour le second — « ressusciter » — cf w 23, 25; 8, 31;
9, 9, 10, 31; 10, 34; 16, 9. — « au passage du Buisson » (lit: « au Buisson »),
cf Ex 3, 2, 6.

MARC 304
Le premier de tous les commandements

Et s’avança un des scribes qui les avait enten­ 12


dus discuter; sachant qu’il leur avait bien répondu, Mt 22,34-40
Le 10,23-28
?
il l’interrogea: « Quel est le premier de tous les
commandements? » Jésus répondit: « Le premier,
c’est: Ecoute, Israël! Le Seigneur notre Dieu est
Vunique Seigneur, ^ tu aimeras donc le Seigneur
ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et
de toute ta pensée et de toute ta force, Le
second est celui-ci: Tu aimeras ton prochain comme
toi-même. Il n ’y a pas d’autre commandement plus
grand que ceux-là. » Et le scribe lui dit: « Bien!
Maître, c’est ^ toute vérité que tu l’as dit: Il est
IVnique et il n'y en a pas d'autre que Lui; et
l'aimer de tout [son] cœur, et de toute [son] intelli­
gence et de toute [sa] force, et aimer le prochain
comme soi-même, c’est plus que tous les holocaus­
tes et sacrifices. » ^'^Et Jésus, voyant qu’il avait
répondu judicieusement, lui dit: « Tu n’es pas loin
du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus
l’interroger.

28-34 « Quel est le ptemier... », question très discutée dans les écoles juives con­
temporaines où l ’on se préoccupait à juste titre d ’établir une hiérarchie entre les
613 commandements que d is tin ^ ie n t les rabbins.
29 Jésus cite la première partie du <t Chema », prière que les Juifs récitaient matin
et soir (Deut 6, 4; Lev 19, 18).
31 « Tu aimeras ton prochain... », cf Ro 13, 9; Ga 5, 14; Ja 2, 8.
32 Le scribe reprend, en la commentant, la parole de Jésus. — « en toute vérité »,
cf V 14, et la note.
33 « plus que tous les holocaustes et sacrifices », cf 1 Sam 15, 22: « Yahvé prend-il
plaisir aux holocaustes et aux sacrifices comme dans l ’obéissance à la voix de
Yahvé? Oui, obéissance vaut mieux que sacrifice ».
34 « personne n’osait plus l ’interroger », cf Mt 22, 46; Le 20, 40.

305 MARC
Le Christ, fils et Seigneur de David

12 ^^Et, prenant la parole, Jésus disait, enseignant


Mt 22,41-4}
Le 20.41-44 dans le Temple: « G>mment les scribes disent-ils
que le Christ est Fils de David? ^ David lui-même a
dit, [inspiré] par l’Esprit, T [Esprit] Saint:
Le Seigneur a dit à mon Seigneur:
Assieds-toi à ma droite,
jusqu*à ce que f aie mis tes ennemis
sous tes pieds.
David lui-même le dit Seigneur-, par où dès
lors est-il son fils? »

Jugement sur les scribes

Et la foule, nombreuse, l’écoutait avec plaisir.


Le 20.45-47 38 enseignement, il disait: «Prenez
garde aux scribes, qui se plaisent à circuler en lon­
gues robes, à [recevoir] des salutations sur les
Mt 23. 6- 7
places publiques, à occup ;r les premiers sièges
Le 11,43
dans les synagogues et les premiers divans dans
les dîners, ^ eux qui dévorent les biens des
veuves, tout en affectant de faire de longues
prières. Ceux-là subiront ime condamnation plus
sévère! »
35 * dans le Temple », c£ 11, 27, et la note. — « Christ », cf 1, 34; 8, 29; 14, 61;
15, 32. — « Fils de David », appellation messianique, cf 10, 47, et la note.
36 Cf Ps 110, 1. Cité encotc, en tout ou en partie Ac 2, 34; He 1, 13.
37 Jésus ne nie pas sa filiation davidique, mais il laisse entendre qu’il possède une
dignité supérieure.
38 « circuler », lit: « marcher ». — « sur les places publiques », plutôt que « sur
les marchés ».
40 « dévorent les biens », lit: « les maisons ». Cette faute est fréquemment stigma­
tisée dans l ’A.T., cf Ex 20, 21 sw ; Deut 10, 18; 24, 17; 27, 19; Is 1, 17, 23; 10, 2;
Jr 22, 3; Ps 146, 9; etc.

MARC 306
U« obole » de la veuve

Et, s’étant assis en face du Trésor, il regardait 12


comment la foule mettait de la menue monnaie ^
dans le Trésor. Et beaucoup de riches en mettaient
beaucoup. Et vint une pauvre veuve qui mit deux
leptes, c’est-à-dire un quart d’as. Et, appelant à
lui ses disciples, il leur dit: « En vérité, je vous dis
que cette veuve, qui est pauvre, a mis plus que
tous ceux qui mettent dans le Trésor. ^ Car tous,
c’est de leur superflu qu’ils ont mis, mais elle, c’est
de sa privation: tout ce qu’elle avait, elle l’a mis,
tout son bien. »

Discours sur la ruine du Temple et la Venue en


gloire du Fils de Vhomme. Annonce de la ruine du
Temple et question des disciples

^ Et comme il sortait du Temple, im de ses 13


disciples lui dit: « Maître, vois: quelles pierres et iî; 7

quels bâtiments! » ^ Et Jésus lui dit: « Tu regardes


ces grands bâtiments? Il ne sera pas laissé ici
pierre sur pierre qui ne doive être détruite. » ^ Et

41 « le Trésor », une des salles qui entouraient la cour des fenunes. — « menue 12
monnaie », lit: « monnaie de bronze ».
42 « lepte », la plus petite unité monétaire grecque. L’« as », monnaie romaine, le
seizième du denier, dont la valeur était à peu près ceile de notre franc.
43 « ai^)elant à lui », terme aimé de Mc, cf 3, 23, et la note.
44 « <fe sa privatitm » (plutôt qu’indigence), c’est-à-dire « en se privant », cf Phi
4, 11 SV. — « tout son bien » (lit: « toute sa vie » ) , cf Le 21, 4 par', 13, 12, 30;
1 Jn 3, 17.
1 * sortait du Temple », cf 11, 11, 15, 27; 12, 35. — « Quelles... », pour l ’expres­
sion admirative, cf Mt 8, 27; Le 1, 29; 7, 39; 2 Pe 3, 11; 1 Jn 3, 1, et potu la
13
magnificence de la construction, cf Josèphe, Ant 15, 11, 3, et BJ 5, 5, 1-8.
2 Sur cette prédictitm, cf 14, 58, et par.

307 MARC
13 comme il était assis sur le mont des Oliviers en
face du Temple, Pierre l’interrogeait à l’écart, ainsi
que Jacques, Jean et André: ^ « Dis-nous quand
cela aura lieu, et quel sera le signe, lorsque tout
cela va finir? »

La ruine de Jérusalem: signes précurseurs


Mt 24, 4-14
^ Jésus se mit à leur dire: « Prenez garde qu’on
U 2 1 , 8-19
ne vous égare. ^ Il en viendra beaucoup sous mon
Nom, qui diront: « C’est moi »; et ils en égareront
beaucoup. ^ Lorsque vous entendrez parler de
guerres et de bruits de guerres, ne vous alarmez
pas; il faut que cela arrive, mais ce ne n’est pas
encore la fin. * On se lèvera en effet nation contre
nation et royaume contre royaume. Il y aura des
secousses par endroits, il y aura des famines. Cela,
c’est le commencement des douleurs.

3 « mont des Oliviers », cf 11, 1, et la note. — Sur ce groupe de quatre


Apôtres, cf 1, 20, et la note.
4 « tout cela », c’est-à-dire la prophétie du v 2. Mt explicite: « quand cela aura
lieu, et quel est le signe de ta Venue et de la fin du monde» (Mt 24,3 par). —
« va finir », pour l ’expression, cf Le 4, 2, 13; Ac 21, 27; Ro 9, 28-, He 8, 8.
5 « se mit à », sur cette expression chère à Mc, cf 1, 43, et la note. — « Prenez
garde », invitation fréquemment renouvelée, cf w 9, 23, 33; Mt Le par; Ac 13, 40;
1 Co 8, 9; 10, 12; Ga 5, 13; Col 2, 8; He 3, 12; 12, 23; 2 Jn v S.
6 «sous mon Nom» (Mt Le par), c’est-à-dire en se réclamant de mon Nom.
— « C’est moi ». Mt 24, 3 par pr&ise: « C’est moi, le Christ ». Sur ces faux
Messies, comme il en parut plusieurs au cours du 1er siècle, cf Ac 5, 36, 37;
21, 38, et plus tard (132), la révolte de Barkokheba. Voir aussi les faux pro­
phètes, prétendant parler au nom de Jésus Christ, 1 Tm 4, 1 sv, 7; 2 Tm 2, 16
sw; 3, 1 sw ; Ti 3, 9 sw .
7-8 «guerres, secousses (c’est-à-dire tremblements de terre), famines», sinistre
cortège qui accompagne la fin des temps et figure dans toutes les apocalj^es, cf
en particulier Is 24; Ag 2, 6 sv; Zach 14, 3 sw , et dans le N.T., Ap 6^ 8, 12
sw ; 11, 13; 16, 18 sw ; 18, 8; etc. — « ne vous alarmez pas », cf Mt 24, 5 par;
2 Th 2, 2. — « il faut », de finalité divine, ci S, 31. — « douleurs », comparées à

MARC 308
’ « Prenez garde à vous! On vous livrera à des 13
sanhédrins, et dans des synagogues vous serez
battus, et devant des gouverneurs et des rois vous
comparaîtrez à cause de moi, en, témoignage pour
eux. Et il faut d’abord qu’à toutes les nations soit
proclamé l’Evangile.
« Et lorsqu’on vous emmènera pour vous livrer,
ne soyez pas d’avance en souci de ce que vous ^ 12, 11.12
devrez dire, mais ce qui vous sera donné à cette
heure-là, dites-le; car ce n’est pas vous qui parle­
rez, mais l’Esprit, l’[Esprit] Saint. ^^Et le frère
livrera son frère à la mort, et le père son enfant; et
les enfants se dresseront contre les parents et les
mettront à mort, ^^et vous serez haïs de tous à
cause de mon Nom. Mais celui qui tiendra jusqu’à
la fin, celui-là sera sauvé.

celles de l’enfantement, cf Mt 24, 8 par-, Ac 2, 24; 1 Th 5, 3. La littératute rab-


binique évoque à mainte reprise « les douleurs du Messie », c’est-à-dire l ’ensemble
des souffrances, épreuves et persécutions qui précéderont l ’avènement du Messie.
Dans l ’A.T., « les douleurs de la femme enceinte » sont évoquées pour signifier
une épreuve soudaine et violente, cf Is 13, 8\ 21, 3; 26, 17; Jf 4, 3l; 6, 24; 22,
23; 30, 43; Os 13, 13; Mic 4, 9 sw ; Ps 48, 7.
9 « des sanhédrins », non pas le Grand Sanhédrin de Jérusalem ( 14, 33; 13, 1 et
par, Ac 4 , 13; 3, 21, etc.), mais des tribunaux locaux. — « synagogues », cf 1, 21,
et la note. — « à cause de moi », cf 8, 33 et par, 10, 29. — « en témoignage pour
eux », cf 1, 44; 6, 11; c’est-à-dire soit devant eux, soit à leur intention, favorable ou
défavorable.
10 « l ’Evangile », cf 14, 9; 16, 13; « l ’Evangile de Jésus Christ » , ! , ! ; « l’Evannle
de Dieu », 1, 14; « cet Evangile du Royaume », Mt 24, 14. — * soit proclamé »,
14, 9-, Mt 24, 14 par.
11 « d’avance en souci », il ne s’agit pas de la préoccupation légitime de prépa­
rer sa défense, mais d’une inquiétude plus ou moins angoissée, qui serait un
signe de manque de confiance en Dieu. — « ce n’est pas vous qui parlerez ».
cf Mt 10, 20; Le 11, 12; 21, 13 par.
12-13 Cf Mt10, 21 sv. — * haïs de tous », cf Mt 24, 9 par. Le 21, 17 par, et
encore Mt 10, 33; Le 6, 22; 12, 32 sv; Jn 15,18 sv; 1 Jn 3, 13. — Le verset 12
est ime citation libre de Mic 1 , 6 . — « celui qui tiendra » (ou « supportera »),
cf Mt 10, 22; 24, 13 par-, 2 Tm 2, 12.

309 MARC
ÎM ruine du Temple: le signe de son imminence et
son caractère terrifiant

13 « Lorsque vous verrez VAbomination de la


Mt
Le 2}; 20^2? Désolation installée là où il ne faut pas — que le
lecteur comprenne! — alors, que ceux qui seront
en Judée fuient dans les montagnes, que celui
Le 17. qui sera sur la terrasse ne descende pas et ne rentre
pas pour prendre quelque chose de sa maison.
et que celui qui sera au champ ne retourne pas
en arrière pour prendre son manteau. ” Malheur à
celles qui seront enceintes et à celles qui allaiteront
en ces jours-là! Priez pour que cela n’arrive pas
en hiver.

La grande affliction

Mt 2 4 , 21-28 19 jouTs seront une affliction telle quHl


Le 21,23 arrivé de pareille depuis le commen­
cement de la création que Dieu a créée jusqu’à
maintenant, et qu’il n’en arrivera plus. “ Et si le Sei-
14 « l’Abomination de la Désolatitm », terme emprunté à Dan 9, 27; 11, 31; 12, 11
(1 Mac 1, 34, 37), où il_______
désigne l ’autel païen édifié par Antioclius Epiphuine sur
l’autel des holocaustes. « La formule est assez compréhensive pour englober la profa­
nation de la Terre Sainte par l ’invasion des armées romaines et la profanation du
Temple en 69 apr. J.-C. par les zélotes assassins et pillards » (Huby). — « installée
là où il ne faut pas », l ’imprécision est-elle volontaire? Mt 24, 13 par: « dans un
lieu saint » (Temple ou Palestine); Le 21, 20 par: « lorsque vous verrez Jérusalem
investie par des années ». — « que le lecteur comprenne », peut-être un conseil de
l ’évangéliste adressé au lecteur.
14-16 Une fuite immédiate et rapide est nécessaire, ce qui se comprend bien dans
la perspective d’une armée d’invasion prête à fondre sur le pays. Le 17, 31 sv il­
lustre « ne retourne pas en arrière » d’im exemple biblique: « Rappelez-vous la
femme de Lot ».
19 Même « affliction » (on traduit souvent « tribulation ») dans un même contexte
eschatologique, v 24; Mt 24, 9, 21, 29; Ap 1, 9; 7, 14. — « telle qu’il n ’en est pas
arrivé », cf Dan 12, 1; Ap 16, 18; J o 2 ,2 . — «création que Dieu a créée », même
tautologie sémitisante, v 20: « les «us qu’il a élus »; 7, 13: « votre tradition que
vous vous êtes transmise »; 12, 23; « A la résurrection, lorsqu’ils ressusciteront ».

MARC 310
gneur n^avait écourté ces jours, aucune créatxore ne 13
serait sauvée; mais à cause des élus qu’il a élus, il
a écourté ces jours. Et alors, si quelqu’un vous
dit: Vois; le Qirist est ici! Vois; il est là! ne le croyez
pas. “ Car il se lèvera de faux Christs et de faux
prophètes, qui opéreront des signes et des prodi­
ges, en vue d’égarer, si possible, les élus. " Pour
vous, prenez garde; je vous ai tout prédit.

Les catastrophes cosmiques et la Venue en gloire


du Fils de Vhomme

« Mais en ces jours-là, après cette affliction, le 24,25>-ji


soleil s'obscurcira, et la lune ne donnera pas sa ^ 21, 25-27
clarté, “ et les astres se mettront à tomber du ciel
et les puissances qui sont dans les deux seront

20 « aucune créature », lit; « aucune chair ». — « élus », le terme ( w 22, 27:


Mt 24, 22 iw ; Le 18, 7: Ro 8, 55; Col 3, 12; 2 Tm 2, 10; Ti 1, 1; 1 Pfc 1, 1;
2, 19) est emprunté à l’Â.T. où il désigne les membres du peuple d’Israël, choisis
par Yahvé pour être le peuple de l’alliance, cf Deut 7, 7; 10, 15; 14, 2; Is 14, 1;
42. 1; 43, 10, 20; 44. I; 63, 9; Am 3, 2; Ps 105, 6; etc.
21-23 Déjà w 3, o; Mt 24, 25-25, 26; Le 17, 25. — « faux Christs », encore et
seulement Mt 24, 24 par; mais v 6 et Mt 4, 5 par: « Il en viendra beaucoup sous
mon Nom, qui dinmt: C’est moi ». — « faux pto ^ ètes », cf Mt 24, 11, 24 par; 7,
15; Le 6, 26; Ac 13, 6; 2 Pe 2, 1; 1 Tn 4. 1; Ap 16. 15;19, 20; 20, 10. — « signes
et prodiges », cf Mt 24, 24 par; Jn 4, 4a; Ac 4, 3,12; 14, 5; 15, 12; Ro13,
19; 2 Co 12, 12; 2 Th 2, 9; He 2, 4. Ou trouve aussi « prodiges et signes », Ac 2,
19, 22, 45; 6, 8; 7, 56. — « opéieront des signes », lit: « donneront des signes » (en­
core Ac 2, 19), brondsme que certains tradiKteurs <mt respecté. — « je vous ai tout
prédit », pour la pensée et l ’expression, cf Ac 1, 16; Ro 9, 29; 2 Co 7, 5; 13, 2;
Ga 5, 21; 1 Th 3, 4; 4, 6; Ju v 17. — « Prenez garde », cf w 5, 9, 55; 4, 24;
8, 15.
24 « en ces jours-là » (v 17; Mt 24, 19 par; Ap 9, 6), e^qwessicm empruntée à
l ’A.T., où elle revêt souvent un caractère de solennité, cf JO 3, 2; 4, 1; Jr 3, 16,
18; 3, 18; 31, 29; 33, 15; Zach 8, 6, 9, etc. — « le soleil... », ces bcwevetsements
cosmiques lors des grandes interventions de Dieu sontun lieu commun de la
littérature pn^hétique. cf Is 13, 10; 34, 4; Ez 32, 7 sv; Am 8, 9; Soph 1, 15 sv;
etc. DÎuis le N.T. He 12, 26 sv; 2 Pe 3, 10 sw ; Ap 6, 12 sw ; 8, 12.
23 « les puissances qui sont dans les cieux » (Mt 24, 29 par et Le 21, 26 par:
« les puissances des deux »), il s’agit des corps célestes.

311 MARC
13 ébranlées. “ Et alors on verra le Fils de Vhomme
venir dans les nuées avec beaucoup de puissance
et de gloire. Et alors il enverra les anges, et il
rassemblera ses élus des quatre vents, de Vextré­
mité de la terre à Vextrémité du ciel.

La parabole du figuier

Mt 2 4 , 32-36 28 figuier, apprenez cette comparaison. Dès


Le 21.29-33 branche devient tendre et pousse ses
feuilles, vous comprenez que Tété est proche.
Ainsi de vous: lorsque vous verrez cela arriver,
comprenez qu’il est proche, aux portes. “ En vérité,
je vous dis que cette génération ne passera pas
avant que tout cela ne soit arrivé. Le ciel et la
terre passeront, mais mes paroles ne passeront
pas.
26 « Et alors », emphatique, cf w 14, 21, 26, 27; 2, 20; 3, 27; fréquent dans
Mt 7, 23; 9, 13; 12, 29; 16, 27, etc. qui écrit plus fréquemment « alors », 2, 7, 16,
U; 3, 3, 13, 13 et très souvent. — « gloire », cf 8, 38, où « le Fils de l ’homme
vient dans la gloire de son Père avec les saints anges. » — « dans les nuées », cf
9, 7, et la note. Tout le verset s’inspire de Dan 7, 13: « Je regardais dans les vi­
sions de la nuit, et voici qu’avec les nuées du ciel venait comme \m fils d’hœnme »,
cf Ap 1, 7.- « Voici qu’il vient avec les nuées ».
27 « élus », cf V 20, et la note. — * des quatre vents », c’est-à-dire des quatre
points de l ’horizcm, cf Mt 24, 31 par; Ez 37, 9; 1 Chr 9, 24. On trouve encore
« les quatre vents du ciel », Zach 2, 10; 6, 3; Dan 8, 8; 11, 4; « les quatre vents
de la terre », Ap 7, I . — Sur ce rassemblement des élus, cf le rassemblement
des fils d’Israél dispersés parmi les * nations », un des thèmes chers à la littéra­
ture prophétique, cf Is 11, 12; 27, 13; 43, 3 sv; Tr 3, 18; 23, 3; Ez 11, 17; 20, 34,
41; etc. — « de l ’extrémité de la terre à l ’extrémité du ciel », on trouve encore:
« d’une extrémité de la terre à l ’autre extrémité », Deut 13, 8; 28, 64; Jr 12, 12;
Ps 19, 7; et « des extrémités des deux à leurs extrémités », Mt 24, 31 par.
28 « figuier », arbre très répandu en Palestine, cf Mt 24, 32, et Le 21, 29 par;
Mc 11, 13, 20 SV, et Mt 21, 19-21 par; Le 13, 6 sv; Jn 1, 48, 30; Ja 3, 12; Ap 6 , 13.
— « l ’été est proche », apres le printemps, qui inaugure la belle saison, cf Gant 2.
11-13: «voici que l ’Wver est passé... les fleurs sont apparues dans le pays... le
figuier a poussé ses fruits verts ». . . . . .
29 « aux portes », encore et seulement Mt 24, 33 par. — « Il est proche », le « Fils
de l’homme », ou: « c’est proche », il s’agit alors de la ruine du Temple, (cf w
1-4), qui devait marquer la fin du culte juif et inaugurer une nouvelle manifesta­
tion du Règne de Dieu. La fin des temps est à l’horizon.
30 Cf Mt 5, 18.

MARC 312
« Quant à ce Jour ou à cette Heure-là, personne 13
ne les sait, ni les anges dans le ciel, ni le Fils; il n"y
a que le Père.

Exhortation à la vigilance

Prenez garde, soyez vigilants; car vous ne


savez pas quand ce sera le moment. ^ C’est
comme un homme parti en voyage; en laissant sa
maison, il a donné le pouvoir à ses esclaves, à
chacun son ouvrage, et au portier il a commandé
de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas
quand le seigneur de la maison va venir, ou tard, ^
ou à minuit, ou au chant du coq, ou le matin. S’il ^
arrivait soudain et qu’il vous trouve endormis!
Ce que je vous dis, c’est à tous que je le dis:
Veillez! »

32 Sur « le Jour et l ’Heure », cf Mt 24, 36 par, 30; 25, 13; Le 12, 46. Sur
« l’Heure », cf Mt 24, 44; Le 12, 40; Ro 13, 11; Ap 3, 3. Sur « le Jour», cf 1 Co
3, 13; 1 I n 5, 4; He 10, 23. — « personne ne les sait », Lagnoige; « Le Père se
communique aux hommes par le Fils et il communique aussi avec eux par le
ministère des anges. Ce qm doit demeurer absolument secret ne fait donc pas
partie de la mission du Fils, ni des anges. En tant qu’on distingue le Fils du
Père, comme envoyé par lui aux hcxnmes, il n ’a pas ce secret dans ses attribu­
tions. »
33 « soyez vigilants », cf Le 21, 36; E i* 6, 18; He 13, 17. — Aux w 34, 33, 37,
on trouve « veillez ».
35 Pour ces quatre veilles de la nuit, comput lomain, et 6, 48: * vers la quatrième
veille de la nuit ». En Le 12, 38, comput juif. — Le « chant du coq » correspond à
la troisième veille.
36 « soudain », pour le terme, cf Le 2, 13; 9, 39; Ac 9, 3; 22, 6 .

313 MARC
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V. LA PASSION
(14,1 — 15,47)

Le complot contre Jésus

^ C’était la Pâque et les Azymes dans deux jours, 14


et les grands prêtres et les scribes cherchaient ^ 1; i- 2
comment l’arrêter par ruse et le tuer. ^Car ils
disaient: « Pas pendant la fête, sinon il pourrait y
avoir un tumulte du peuple. »

fonction de Béthanie
Mt 26, 6-13
^ Et tandis qu’il était à Béthanie dans la maison
Jn 12, 1- 8
de Simon le lépreux, alors qu’il était à table, vint
une femme avec im flacon de parfum de vrai nard,
d’un grand prix; brisant le flacon, elle le versa
sur sa tête. ^ Il y en avait qui s’indignaient entre

1 « La Pâque et les Azymes », deux fêtes (2 Chr 35, 17) conjointes (Le 22, 1:
« La fête des Azymes, ai>pel6e la Pâque »), dmit l’ensemble durait huit jours.
Elles' commençaient le soir du 14 Nisan, c’est-à-dire le 15 dudit mois. Sur ces
deux fêtes, cf Ex 12, 1-14, 15-20. — Nisan: mars-avril. — « la Pâque dans deux
jours », Jn 12, 1 place l ’onction de Béthanie « six jours avant la Pâque ».
3 « Bâhanle », cf 11, 1, et la note. — « Simon le lépreux », cf Le 7, 58, 40, 41.
— « de vrai nara », cf Jn 12, 3. — « elle le versa sur sa tête » (onction royale?).

Vie du Christ. Fin XV* siècle.


14 eux: « A quoi bon avoir perdu ce parfum? ^ Car on
aurait pu vendre ce parfum plus de trois cents
deniers et les donner aux pauvres. » Et ils la gron­
daient.
^ Jésus dit: « Laissez-la. Pourquoi lui faites-vous
des ennuis? C’est ime belle œuvre qu’elle a faite
en moi. ^ Toujours, en effet, vous avez les pauvres
avec vous et, lorsque vous voulez, vous pouvez
leur faire du bien; mais moi, vous ne m’avez pas
pour toujours! ®Ce qu’elle pouvait, elle l’a fait: elle
a d’avance parfumé mon corps pour la sépulture.
^ En vérité je vous le dis: Partout où sera proclamé
l’Evangile — au monde entier — ce qu’elle a fait
sera aussi raconté, en mémoire d’elle. »

La trahison de Judas

M t 26, 14-16 10 Judas Iscarioth, l’un des Douze, s’en alla


Le 22 , 3-6 ^j.Quver les grands prêtres pour le leur livrer. Ils
Jn 13, 2 l’écoutèrent avec joie et promirent de lui donner
de l’argent. Et il cherchait comment le livrer oppor­
tunément.

cf Mt 26, 7 par. Dans le récit de Le 7, 36-50, la « femme qui dans la ville était
une ^cheresse », oignit de parfum les pieds de Jésus, qu’elle arrosait de larmes et
couvrait de baisers.
5 « deniers », cf 6, 37, et la note. — « ils la grondaient », pour le terme, cf 1,
43; Mt 9, 30.
6 « une belle œuvre », pour l’expression, cf 1 Tm 3, 1; 5, 10, 25; 6, 18; Ti 2, 7,
14; 3, 8, 14; He 10, 24; 1 Pe 2, 12.
7 « vous ne m’avez pas pour toujours! » cf 2, 20.
8 « ce qu’elle pouvait », lit: « ce qu’elle avait. » — « pour la sépulture », elle
rend à Jésus, par anticipation, les devoirs de la sépulture, une sépulture mystique.
Mt 26, 12: « En répandant ce parfum sur mon corps, c’est pour m’ensevelir qu’elle
l ’a fait »; Jn 12, 7: « Laisse-la garder ce [parfum] pour le jour de ma sépulture. »
9 « proclamé au monde entier », cf 13, 10; 16, 5; Mt 26, 13 par; 28, 19;
Col 1. 23.
10 « Iscarioth », cf 3, 19, et la note. — « l ’un des Douze », cf 3, 14, et la note.

MARC 316
Les préparatifs du repas pascal

le premier jour des Azymes, lorsqu’on 14


immolait la pâque, ses disciples lui disent: «O ù î?
veux-tu que nous [te] préparions de quoi manger la
pâque? » Et il envoie deux de ses disciples et
leur dit: « Allez à la ville, et un homme portant une
cruche d’eau viendra au-devant de vous. Suivez-le,
et où qu’il entre, dites au maître de maison: Le
Maître dit: Où est ma salle, où je pourrai manger la
pâque avec mes disciples? Et lui vous montrera,
à l’étage, une grande pièce, aménagée, toute
prête; faites-y nos préparatifs. » Et les disciples
partirent, et ils vinrent à la ville, et ils trouvèrent les
choses selon ce qu’il leur avait dit, et ils préparè­
rent la pâque.

Le repas. Annonce de la trahison

Et, le soir venu, il vient avec les Douze. Et


tandis qu’ils étaient à table et mangeaient, Jésus ^ 21-25

Ailleurs ( w 20, 43; Mt 26, 47; Le 22, 47), on trouve «un des Douze» et «un
d’entre les Douze » (Jn 6, 71, 20, 24).
11 « promirent », Mt 26, 15 par: « fixèrent », ou « comptèrent ».
12 « la pâque » (v 14), l ’agneau pascal. — « le premier jourdes Azymes»,en
réalité, il s’agit du premier jour avant les Azymes (selon le comput juif). — « immo­
lait », terme de la langue liturgique: la pâque est un sacrifice.
13 « deux », Le (22, 8) les_ nomme: Pierre et Jean. — Noterque tout sepasse
comme si le « maître de maison » avait déjà été mis au courant des intentions de
Jésus.
14 « Le Maître », cf 4, 38. — « à l ’étage », même terme dans Le 22, 12 par. Il
s’agit de « la chambre Imute » Ac 1,13; 9, 37, 39; 20, 8.
15 « amén^ée », c’est-à-dire garniede tapis etde coussins.
17 « le soir venu », c’est-à-dire le 15 Nisan; cf Ex 12, 8: «On mangera la chair
[de l ’agneau] cette nuit-là. »
18 «étaient à table» (16, 14; Mt 9, 10; 26, 7, 20 par; Le 22, 27; Jn 12, 2;
13, 23), lit: «étaient étendus sur un lit-table. » — « u n qui mange» (lit: «celui
qui mange »), cf Ps 41, 18; Jn 13, 18.

317 MARC
14 dit: « En vérité, je vous dis que l’un d’entre vous me
livrera, un qui mange avec moi. » Ils se mirent à
^6’,70^ s’attrister et à lui dire, l’un après l’autre: « Serait-ce
moi? » ^ Il leur dit: « C’est un des Douze, celui
qui plonge [la main] avec moi dans le plat. Le
Fils de l’homme, certes, s’en va selon qu’il est écrit
de lui; mais malheur à cet homme par qui le Fils de
l’homme est livré! Mieux eût valu pour lui qu’il ne
fût pas né, cet homme-là! »

Le repas. Institution de l'Eucharistie

Mt 26,26-29 22 tandis qu’ils mangeaient, ayant pris du pain.


Le 22.19-20 bénédiction, il [le] rompit, et [le] leur donna
et dit: « Prenez; ceci est mon corps. » ^ Et, ayant
pris une coupe, rendu grâce, il [la] leur donna, et ils
en burent tous. Et il leur dit: « Ceci est mon sang,
[celui] de VAlliance, qui est répandu en faveur de
beaucoup. ^ En vérité, je vous dis que jamais plus
je ne boirai du produit de la vigne, jusqu’à ce jour
où je le boirai, nouveau, dans le royaume de
Dieu. »

19 « Serait-ce moi? » avec nuance négative.


20 « plonge », ou « trempe ». — « le plat », celui qui contenait le haroset, mé­
lange de plusieurs fruits, dattes, raisins, assaisonnés de vinaigre.
21 « s’en va », à son destin, terme aimé de Jn, 7, 33-, 8, 14, 21, 22; 13, 3, 33,
36, etc. — « Malheur... », plainte et pitié plutôt que malédiction.
22-25 Mt 26, 26-29 développe et polit le texte de Mc. Les récits de Le (22, 19 sv)
et de Paul (1 Co 11, 23-23) paraissent indépendants. — « ayant dit la bénédiction »,
Le et Paul ont « ayant rendu grâce. » — Mc et Mt omettent « faites cela en
mémoire de moi » (Le 22, 19; 1 Co 11, 24). — « une coupe », était-ce la troisième
•« la coupe de bénédiction », cf 1 Co 10, 16? — « sang de l ’ÂHiance » (Zach 9, 11),
c’est-à-dire la « nouvelle », ccunme explicite Le 22, 20 par. — * répandu en faveur
de beaucoup », cf 10, 43: « le Fils de l ’homme venu pour donner sa vie en rançon
pour beaucoup ». — Sur ce banquet messianique, cf Is 25, 6, plusieurs écrits
apocalyptiques, Baruch 29, 3-8; 4 Esd 6, 32; et dans le N.T. Mt 8, II; 26, 29 par;
Le 13, 29; 14, 13 sw ; 22, 16; Ap 19, 9.

MARC 318
Sur le chemin du mont des Oliviers. Annonce de
Vabandon des disciples et des reniements de Pierre

après avoir chanté l’hymne, ils sortirent 14


vers le mont des Oliviers. ^^Et Jésus leur dit: Mt 26,30-3}
« Tous, VOUS VOUS scandaliserez, parce qu’il est Le 22,39
31-34
écrit: Je frapperai le berger, et les brebis seront
dispersées; “ mais, après que je me serai relevé, 36-38
je vous précéderai en Galilée. » “ Pierre lui dé­
clara: « Quand bien même tous se scandaliseraient,
du moins pas moi! » “ Et Jésus lui dit: « En vérité,
je te dis que toi, aujourd’hui, cette nuit, avant qu’un
coq chante deux fois, par trois fois tu me renieras. »
Mais il disait de plus belle: « Même s’il me faut
mourir avec toi, non, je ne te renierai pas. » Et tous
disaient de même.

A Guethsémani. U« agonie » et la prière

^^Et ils viennent dans un domaine du nom de 26,36-46


Guethsémani, et il dit à ses disciples: « Asseyez- ^ 22, 39-46
vous ici, pendant que je vais prier. » “ Et il prend ^

26 « chanté l ’hymne », le Hallel (Ps 113-118), gui clôturait le repas pascal. —


« mont des Oliviers », a 1 1 , 1, et la note.
27 « vous vous scandaliserez », simple transcripticm du terme gnec dont le sens
originel est heurter un obstacle quelconque, de préférence un caillou, qui risque de
faire tomber. —^« il est écrit », citation libre de 2^ach 13, 7. — « berger, brebis »,
Cf 6, 34; Mt 25, 32 sv; 26, 31 p a r; Le 12j 32; 15, 4-7; Jn 10, 11 sw .
28 « en Galilée », cf 16, 7; hfc primitif ignore les apparitions judéennes.
30 Mc est seul à mentionner dôix chants du coq (v 72).
31 « mourir avec toi », cf la déclaration de Thomas, Jn 11, 16: « Allons, nous
aussi, pour mourir avec lui! »
32-42 Le meilleur commentaire de ce récit, dépourvu de tout artifice littéraire et
tragique en sa simplicité, est le Mystère de Jésus de Pascal; « Jésus cherche quelque
consolation dans ses trois plus chers amis et ils dorment... Jésus est seul dans la
terre, non seulement qui ressente et partage sa peine, mais qui la sadie... 11 souffre
cette peine et cet abandon dans l ’horreur de la nuit... Jésus cherche de la compagnie

319 MARC
14 Pierre, et Jacques et Jean, avec lui, et il se mit à res­
sentir frayeur et anxiété. ^ Et il leur dit: « Mon âme
est triste à mourir; demeurez ici et veillez. »
Et s’étant avancé un peu, il tombait à terre et
priait pour que, s’il était possible, cette heure
passât loin de lui. ^ Et il disait: « Abba! Père! tout
Jn 1 2 ,2 7 -2 8
t’est possible; écarte cette coupe de moi! Mais non
ce que moi je veux, mais ce que toi [tu veux]. »
Et il vient et les trouve endormis, et il dit à
Pierre: « Simon, tu dors! Tu n’as pas eu la force de
veiller une heure! Veillez et priez, pour ne pas
venir en tentation: l’esprit est ardent, mais la chair
est faible. » Et de nouveau s’en étant allé, il pria,
disant la même parole. ^ Et de nouveau étant
venu, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient
alourdis; et ils ne savaient que lui répondre.
Et il vient pour la troisième fois et leur dit:
« Vous dormez encore et vous vous reposez! C’est
bon. L’heure est venue. Voici que le Fils de
l’homme va être livré aux mains des pécheurs.
Levez-vous! Partons! Voici que celui qui me livre
est tout proche. »
et du soulagement de la part des hommes. Cela est imique en toute sa vie, ce me
semble. Mais il n’en reçoit point, car ses disciples dorment. Jésus sera en agonie
jusqu’à la fin du monde: il ne faut pas dormir pendant ce temps-là... »
32 « domaine », pour le terme, cf Mt 26, 36 par; Jn 4, 3; Ac 1, 18, 19; 4, 34;
5, 3, 8; 28, 7. — « Guethsémani » (encore et seulement Mt 26, 36 par), « i>reswit
d’huile ». C’était « sans doute un petit champ planté d’oliviers avec un pressoir, ins­
tallation rustique comme la Palestine en comptait et en compte encore en si grand
nombre » (Lagrange). Il était situé sur la pente inférieure ou au pied du mont des
Oliviers.
36 « Abba! Père! » (Ro 8, 15; Ga 4, 6), le terme araméen est traduit pour les
chrétiens d’origine et de langue grecques. — « cette coupe », cf 10, 38, et la note.
38 « venir en tentation », Mt et Le par ont « entrer en tentation ».
41 « L’heure est venue », v 35, celle du sacrifice, cf Mt 26, 45 par (« l ’heure est
toute proche »), Le 22, 14, et surtout Jn 2, 4; 7, 30; 8, 20; 12, 23, 27; 1 3 , 1; 17, 1.
— « va être livré aux mains des pécheurs », cf Mt 26, 45 par; Le 24, 7.
42 « tout proche », plutôt que « proche », pour rendre l ’énergie du parfait grec,
cf 1, 15; Mt 3, 2; 4, 17; 10, 7; etc.

41 — Agonie de Jésus.
Peinture du XV® siècle. Musée de Cluny.
Varrestation de Jésus

Et aussitôt, tandis qu’il parlait encore, survient 14


Mt 2 6 ,4 7 - 5 6
Judas, un des Douze, et avec lui une foule avec Le 22, 47-53
Jn 18, 3-11
des glaives et des bâtons, venant de la part des 26

grands prêtres, des scribes et des anciens. ^ Celui


qui le livrait leur avait donné un signal, en disant:
« Celui à qui je donnerai un baiser, c’est lui: arrê-
tez-le, et emmenez-le sous bonne garde. » Et
aussitôt arrivé, s’avançant vers lui, il dit: « Rabbi! »,
et il lui donna un long baiser. ^ Ceux-ci portèrent
les mains sur lui et l’arrêtèrent. Un de ceux qui
se tenaient là, tirant le glaive, frappa l’esclave du
grand prêtre et coupa son petit bout d’oreille.
Et, prenant la parole, Jésus leur dit: « Comme
contre un brigand vous êtes sortis avec des glaives
et des bâtons pour me saisir! Chaque jour j’étais
auprès de vous dans le Temple, à enseigner, et
vous ne m’avez pas arrêté. Mais c’est pour que
s’accomplissent les Ecritures. » ^ Et, le laissant, ils
s’enfuirent tous.

43 « un des Douze », cf v 1 0 , et la note.


44 « sous bonne garde », lit; « sûrement, en sûreté », cf Ac 2, 36; 16, 23.
45 « un long baiser », encore Mt 26, 4 9 p a r; on pourrait aussi traduire « le couvrit
de baisers », comme Le 7, 3 8 , 45; 15, 20; Ac 20, 37.
46 « portèrent les mains sur », cf Mt 26, 5 0 pa r; Le 20, 19; 21, 12; Jn 7, 3 0 , 44;
Ac 4, 3; etc.
47 « l ’esclave du grand prêtre », Jn 18, 10 donne son nom; Malchus.
49 « pour que s’accomplissent les Ecritures », probablement Is 52, 13-53, 12 (poème
du Serviteur souffrant). Voir aussi v 21; 9 , 12 sv.

42 — Baiser de Judas et arrestation de Jésus.


Peinture du XV* siècle. Musée de Cluny.
Le jeune homme nu

14 Et rni jeune homme le suivait, im drap jeté sur


son corps nu. Et on l’arrête. “ Mais lui, lâchant le
drap, s’enfuit tout nu.

La comparution devant le grand prêtre


Mt 2^,57-66
Et ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre,
Le 72,54-55
66-71? et tous se réunissent: les grands prêtres, les
anciens et les scribes. ^ E t Pierre, de loin, l’avait
suivi jusqu’à l’intérieur, dans la cour du grand
prêtre, et il était assis avec les gardes et se chauf­
fait à la flamme.
Jn IS, 12-14
19-24 ^^Les grands prêtres et tout le Sanhédrin cher­
chaient contre Jésus xm témoignage en vue de le
mettre à mort, et ils n’en trouvaient pas; “ car
beaucoup témoignaient à faux contre lui, et les
témoignages n’étaient pas concordants. ^^Et quel­
ques-uns, se levant, témoignaient à faux contre lui,
en disant: “ « Nous l’avons, nous, entendu dire:
Moi je détruirai ce Sanctuaire qui est fait à la main,
et au bout de trois jours j’en bâtirai un autre non
fait à la main. » Et même ainsi, leur témoignage
n’était pas concordant.

51 On a pensé que ce jeune homme pouvait être Marc, dont la mère, Marie, avait
une maison à Jérusalem (Ac 12, 12).
54 « se chauâait à la flamme », les nuits sont souvent froides à cette époque en
Palestine.
58 « je détruirai ce Sanctuaire », repris par moquerie 15, 29. Pour cette parole,
cf Jn 2, 19-21.

MARC 322
^ E t, se levant au milieu, le grand prêtre inter­ 14
rogea Jésus en disant: « Tu ne réponds rien!
Qu’est-ce que ces gens témoignent contre toi? »
Lui se taisait, et il ne répondit rien. De nouveau
le grand prêtre l’interrogeait, et il lui dit: « C’est toi,
le Christ, le fils du Béni? » Jésus dit: « C’est moi,
et vous verrez le Fils de Vhomme assis à la droite
de la Puissance et venant avec les nuées du ciel. »
®^Le grand prêtre, déchirant ses tuniques, dit:
« Qu’avons-nous encore besoin de témoins! ^ Vous
avez entendu le blasphème. Que vous en semble? »
Tous prononcèrent qu’il était passible de mort.

Premiers outrages

“ Et quelques-uns se mirent à cracher sur lui, à


lui voiler le visage, à le souffleter et à lui dire: ^ 22, <>^5
« Prophétise! » Et les gardes le bourrèrent de
coups.

Les reniements de Pierre

^ Et tandis que Pierre était en bas dans la cour,


vient une des servantes du grand prêtre. ®^Et
voyant Pierre qui se chauffait, le regardant, elle dit: ^ 26, «9-75

61 « du Béni », désignadon tévétendelle de Dieu, cf Le 1, 68; Ro 1, 2}; 9,


2 Co 1, 11, 31; Eph 1, 3; 1 Pe 1, 3.
62 Cf Ps 110, i; Dan 7, 13: «Je regardais dans les visions de la nuit, et voici
qu’avec les nuées du del venait comme un fils d’hmnme. »
63 « déchirant », lacératitm rituelle, acte « symbolique », pour manifester son indi­
gnation devant un propos scandaleux, attentatoire à la majesté divine.
66 « Pierre était en Iras », tandis que la réunion du Conseil se tenait à l ’étage.
67 « Pierre, qui se diauffait » r^rend y 34. — « le Nazarénien », méprisant.

323 MARC
14 « Toi aussi, tu étais avec le Nazarénien, Jésus. »
^®Mais il nia en disant: « Je ne sais ni ne com-
prends ce que tu dis. » Et il sortit dehors dans le
vestibule, et un coq chanta. ^^Et la servante, le
voyant, se mit de nouveau à dire à ceux qui se
tenaient là: « Celui-là en est! » Mais de nouveau
il niait. Et peu après, de nouveau, ceux qui se
tenaient là disaient à Pierre: « Vraiment, tu en es;
et d’ailleurs tu es Galiléen. » Mais il se mit à
proférer des anathèmes et à jurer: « Je ne connais
pas cet homme dont vous parlez. » Et aussitôt,
pour la seconde fois, un coq chanta. Et Pierre se
ressouvint de la parole que lui avait dite Jésus:
« Avant qu’un coq chante deux fois, par trois fois tu
me renieras. » Et il éclatait en pleurs.

Séance du Sanhédrin. Jésus livré à Pilate

15 ^Et aussitôt, le matin, les grands prêtres, après


lΑ 22 ,66 ^ avoir tenu conseil avec les anciens et les scribes —
^ tout le Sanhédrin — et après avoir lié Jésus,
jn 1 8 ,2 8 l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate.

14 70 « tu es Galiléen », les Galiléens se reconnaissaient à leur accent.


71 « proférer des anathèmes », contre lui-même, cf Ac 23, 12, 14, 21.
72 « éclatait en pleurs », sens certain d’un texte philologiquement difficile. Fin de
récit bouleversante.
15 ^ ^ après avoir tenu im conseil », autre leçon: « après avoir préparé un conseil. »
— « le Sanhédrin », autorité religieuse suprême; il se composait de 71 membres
(chefs des grandes familles sacerdotales, scribes et anciens) et était présidé par le
grand prêtre. — « après avoir lié Jésus », pour l ’expression, cf Mt 2 7 , 2 par; Jn
18, 12. — « à Pilate », le procurateur de la province de Judée de 2 5 à 36 apr.
J.-C., qui résidait, lors des fêtes de Pâque, soit dans l ’ancien palais d’Hérode le
Grand, soit plutôt dans la forteresse Antonia, au nord-ouest de l ’esplanade du
Temple. — « le livrèrent », plutôt que « le remirent », cf 3, 19; 9, 31; 10, 33; 13,
9; 14, 41; etc.

MARC 324
Jésus devant Pilate.
Gravure du X V P siècle.
Jésus devant Pilate

15 ^Et Pilate l’interrogea: « C ’est toi, le roi des


Juifs? » Répondant, il lui dit: « C’est toi qui le dis. »
^ Et les grands prêtres l’accusaient de beaucoup de
Mt 27.11-25 ^Pilate de nouveau l’interrogeait [en
^ disant]: « Tu ne réponds rien! Vois tout ce dont ils
t ’accusent! » ^ Mais Jésus ne répondit plus rien, de
sorte que Pilate était étonné.
chaque fête, il leur relâchait un prisonnier,
celui qu’ils réclamaient. ’ Or il y avait le nommé
Barabbas détenu avec les séditieux qui, lors de la
sédition, avaient commis un meurtre. *Et étant
montée, la foule se mit à réclamer ce qu’il faisait
pour eux. ^ Pilate leur répondit: « Voulez-vous que
je vous relâche le roi des Juifs? » Car il savait
que c’était par envie que l’avaient livré les grands
prêtres.
Mais les grands prêtres soulevèrent la foule
pour qu’il leur relâchât plutôt Barabbas. Pilate,
de nouveau prenant la parole, leur disait: « Que

2 « C’est toi », avec une nuance d’étonnement: comment se peut-il que toi?
4 Noter la brièveté du récit, et comparer avec les passages parallèles de Le et de
Jn-
5 « ne répondit plus rien », c£ Mt 27, 14 par: Jn 19, 9. Déjà, même silence de
Jésus devant le grand prêtre et le Sanhédrin, 14, ol; Mt 26, 63.
6 « réclamaient », pour ce sens, c£ v 4 3 \ 6, 24; 10, 3 8 \ Mt 14, 7; 27, 20; ce n ’était
pas un droit au sens strict du mot, mais une coutume quasi contraignante.
7 Barabbas, « fils du père »; en Mt 27, 16 p a r, de bons manuscrits ont « Jésus
Barabbas», leçon probablement originale, rejetée par délicatesse envers Jésus. —
« la sédition », la présence de l ’article indique qu’elle avait dû être de quelque
importance. Pour le sens du terme, cf Le 23, 19, 2 5 par-, A c 19, 40: 24, 5.
8 « étant montée », soit par des degrés, soit par une rampe plus ou moins vive.
— « ce qu’il faisait », imparfait itératif, ce qu’il faisait ordinairement, ce qu’il avait
coutume de faite, comme Jn 18, 3 9 eitplicite: * vous avez coutume que je vous
relâche quelqu’un pour la Pâque. »
10 « Car il savait », explication dans le goût de Mc, cf 1, 1 6 , et la note.
12-14 Récit haletant.

MARC 326
ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des 15
Juifs? » Eux de nouveau crièrent: « Crucifie-le! »
Pilate leur disait: « Qu"a-t-il donc fait de mal? »
Eux crièrent plus fort: « Crucifie-le! »
Pilate, voulant donner satisfaction à la foule, ^
leur relâcha Barabbas, et il livra Jésus, après l’avoir
fait flageller, pour être crucifié.

Outrages et couronnement d’épines.


Gravure du X V P siècle.

15 « fait flageller », la flagellation consistait à frapper avec des lanières de cuir


garnies de pièces de métal, le patient étant attaché à un pilier. Le terme (encore et
seulement Mt 27, 26) est une simple transcription du mot latin flageUare. Autre lati­
nisme dans le même verset: « donner satisfaction », salis facere.

327 MARC
Nouveaux outrages et couronnement épines

15 Les soldats remmenèrent à Pintérieur de la


jJ* 19;^i'-3 ? cour, c’est-à-dire dans le prétoire. Et ils convoquent
toute la cohorte, et ils le revêtent de pourpre et
ils ceignent sa tête d’une couronne d’épines qu’ils
ont tressée. Et ils se mirent à le saluer: « Salut,
roi des Juifs! » ^®Et ils frappaient sa tête avec tm
roseau, et ils crachaient sur lui et, se mettant à
genoux, lui rendaient hommage. ^ E t, lorsqu’ils
l’eurent bafoué, ils le dévêtirent de la pourpre et
le revêtirent de ses vêtements.

Sur le chemin du Golgoiha


Mt 27,31-34
Et ils l’emmènent de là pour le crucifier. Et
Le 23,26-27
ils requièrent pour prendre sa croix un passant qui
Jn 19,17
revenait des champs, un certain Simon de Cyrène,
le père d’Alexandre et de Rufus, ^ et ils le condui­
sent au lieu du « Golgotha », ce qui veut dire: « lieu

16-20 Mascarade soldatesque, pour railler les prétentions de Jésus à la royauté. —


« toute la cohorte », style de Mc, non pas les 500 à 600 hommes dont se composait
la cohorte, mais tm nombre plus ou moins grand d’entre eux. — « se mettant à
enoux », comme devant César-Dieu; pour le terme, cf Le 22, 4V, Âc 7, 60; 9, 40-,
f0, 36-, 21, 3.
21 « prendre sa croix », pour l ’expression, c£ 8, 34; Mt 16, 24; 27, 32 par; Le 9,
23. — Jn 19, 17 écrit: « Et, portant lui-même sa erdix »: Jésus, comme tout con­
damné au même supplice, a d ’abotd porté sa croix, puis, pour quelque cause que
ce soit, sans doute en raison de son épuisement, on a fait appel à un passant. —
« de Cyrène » (Mt 27, 32 par; Le 23, 26 par; Ac 2, 5, 10; 6, 9; 11, 20; 13, 1), la
moderne Barca, sur la côte nord-africaine, probablement un Juif venu à Jérusalem
pour la fête de Pâque, ou pour s’y fixer en vue d’y terminer ses jours. — « le
père d’Alexandre et de Rufus », évidemment connus des destinataires de l ’évan­
gile; de fait en Ro 16, 23, il est question d’un « Rufus, cet élu dans le Seigneur ».
22 « ils le conduisent », cf 1, 32; 2, 3; 9, 17, 19, 20; 11, 2, 7. — Ce « lieu » se
trouvait en dehors de la cité, rf Jn 19,20; He 13, 12. — « ce qui veut dire », inter-

MARC 328
Vie du Christ, XV* siècle (ainsi que les gravures des pages 330,
333, 333).

du Crâne ». ^ Et ils lui donnaient du vin à la 15


myrrhe, mais il n’en prit pas.
prétation nécessaiie pour des lecteurs ignorant l ’hébreu et l ’araméen, encore
V 34-, 5. 4L
23 «donnaient, voulaient donner», imparfait de tentative vaine (.de conatu). —
« vin à la myrrhe », mélange enivrant, destiné à adoucir la souffrance des cruci­
fiés (cf Prov 31, 6 sv). — Jésus refuse, voulant souffrir et mourir en toute luci­
dité, avec la plénitude de sa conscience et de sa raison.

329 MARC
Le crucifiement

15 ^ E t ils le crucifient, et ils se partagent ses


Mt 27,3^-38
Le 23,33-34 vêtements, en fêtant le sort sur eux [pour savoir] ce
38
que chacun prendrait. ^ C’était la troisième heure
Jn 19,18-24
quand ils le crucifièrent. ^ E t l’inscription [indi­
quant le motif de] sa condamnation était ainsi rédi­
gée: Le Roi des Juifs. ^ Et avec lui on crucifie deux
brigands, un à droite et un à gauche. [^ ... ]

24 « Et ils le crucifient », l ’évangëliste poursuit son téd t, impassible devant ce


« crudelissimum teterrimumque supplicium ». — Cf 22, 19. Cité intègrem ent
par Jn 19, 24, qui amplifie le récit.
25 « C ’était la troisième heute» (9 heures du matin), difficilement conciliable
avec Jn 19, 14. — « quand ils le cniofiètent », lit: « et ils le enmifièrent ».
26 « r é d i ^ », lit: « inscrite. »
27 « deux brigands », l ’un d ’entre eux est entré Han« la l^jende, le « bon larron »,
Dismas ou Dimas, qui a bâiéficié d ’une vie de 296 pages, parfait modèle de l ’hagio-
m p h ie édifiante.
M Verset <»nis par d ’excellents manuscrits: « Et s’accomplit l ’Ecriture qui dit: Et
avec des sans-loi il a été compté. »

MARC 330
Jésus en croix raillé et insulté

^ E t les passants l’injuriaient, hochant la tête et 15


Mt 2J.S9-44
disant: « Eh! toi qui détruis le Sanctuaire et le bâtis Le 23.3W 7
39
en trois jours, ^ sauve-toi toi-même en descendant
de la croix! » Pareillement, les grands prêtres
aussi [le] bafouaient entre eux avec les scribes et
disaient: « Il en a sauvé d’autres; il ne peut se
sauver lui-même! Le Qirist! Le Roi d’Israâ! Qu’il
descende maintenant de la croix, pour que nous
voyions et croyions. » Et ceux qui étaient crucifiés
avec lui l’insultaient.

Les derniers instants et la mort de Jésus


Mt ZJ, 45-30
Et la sixième heure venue, il y eut des ténè­
Le 23,44-46
bres sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure.
Jn 19,28-30
^ E t, à la neuvième heure, Jésus clama d’une voix
forte: « Eldi, Eldi, lama sabachthani? » ce qui veut
dire: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m^as-tu aban­
donné? » Et certains de ceux qui se tenaient là

29 « hochant la tête », cf Ps 22, 8; 109, 25, attitude de dérision et de mépris. —


* toi qui détruis... », et 14, 58-, Jn 2, 19 sv.
31-32 On rappelle volontiers Sag 2, 17-20. — « pour que nous voyions et croyions »,
cf Jn 6, 30. — « ceux qui étaient crucifiés avec lui », Mt 27, 44 par-, « De même
aussi les brigands qui avaient été crucifiés avec lui. »
33 « la sixième heure », vers midi. — « il y eut des ténèbres », Lagrange: « il s’agit
de ténèbres miraculeuses, comme elles étaient décrites par les prot^etes, au mo­
ment des grands châtiments de Dieu, Jo 2, 10; 3, 4, 15; Is 13, 10; 50, 3; Jr 15, 9;
surtout Am 8, 9. L’antiquité profane a connu les ténèbres qui accompagnent,
comme pour la d ^ lo rer, la mort de personnages illustres, cf pour la mort de César,
Géorgiques I 466-9: <r impiaque aeternam tim uerunt saecula noctem ».
34 « à la neuvième heure», vers 3 heures de l ’après-midi (15 heures). — Cita­
tion en araméen de Ps 22, 1: cri du psalmiste désemparé devant les maux qui
l ’assaillent.

331 MARC
15 disaient, en Tentendant: « Voilà qu’il appelle Elie! »
Quelqu’un ayant couru remplir de vinaigre une
éponge et l’ayant mise au bout d’un roseau, lui
donnait à hoire, en disant: « Laissez; voyons si Elie
va venir le descendre! » Jésus, poussant un
grand cri, expira.

Après la mort de Jésus

Mt 27, n-56 38 rideau du Sanctuaire se fendit en deux.


Le 23,47-45» haut eu bas. ^^Le centurion qui se tenait en
face de lui, voyant qu’il avait ainsi expiré, dit:
« Vraiment cet homme était Fils de Dieu! »
jn 19,2 5 Il y avait aussi des femmes qui regardaient de
loin, parmi lesquelles Marie la Magdaléenne, et
Marie [mère] de Jacques le petit et de Joset, et
Salomé, qui le suivaient et le servaient lorsqu’il
était en Galilée, beaucoup d’autres aussi qui
étaient montées avec lui à Jérusalem.

35 « il appelle Elie », la confusion sarcastique s’expliquerait mieux si Tésus avait


récité le psaume en hébreu.
36 « de vinaigre » (Ps 69, 22), la posca, boisson des soldats romains, formée d’un
mélange d’eau et de vinaigre. — « au bout d’tm roseau », Jn 19, 29: « une branche
d ’hysope qu’on approcha de sa bouche », et le v 30 nous apprend que Jésus ne
refuse pas ce vinaigre.
37 « expira », les Synoptiques, comme Jn, évitent d’employer le mot « mourir ».
38 « se fendit en deux », il s’agit du rideau qui séparait le Saint du Saint des
Saints, plutôt que du rideau extérieur, celui de la porte d’entrée (Ex 36, 37).
Pour le symbolisme, cf He 10, 19 sv.
39 «L e centurion» (v 44), qui commandait les soldats chargés de procéder à la
crucifixion. Mt 27, 54 par ajoute; « et ceux qui avec lui gardaient Jésus ». — « Fils
de Dieu », cf 1, 1, 11; 3, 11; 5, 7; 9, 7; 14, 61 sv; il est difficile de dire la valeur
exacte que le soldat — qui n’était pas théologien — accordait à ce titre.
40 « la Magdaléenne » (v 47; 16, 1, 9), de Magdala, bourg situé sur la côte occi­
dentale du lac de Guennésareth, l ’actuel el-megdel. — « Salomé », cf Mt 27, 56:
« la mère des fils de Zébédée ». — « Marie [mère] de Jacques le petit et de Joset »
(v 47); Mt 27, 56, 61; 28, 1, 5 sw ; nous ne savons rien de ces deux femmes.
41 « montées avec lui », encore et seulement Ac 13, 31. — « monter à Jérusalem »,
expression de bonne topographie, cf 10, 32 sv; Mt 20, 17 sv; Le 18, 31; 19, 28;
Jn 2, 13, ^ c.

MARC 332
La sépulture

15 déjà le soir étant venu, comme c’était la


îî 23’J oS Préparation, c’est-à-dire la veille du sabbat, ^^vint
jn \ 9 , 38-42 Joseph, celui d’Arimathie, membre distingué du
Conseil qui, lui aussi, attendait le royaume de Dieu.
Il entra hardiment chez Pilate et réclama le corps
de Jésus. ^Pilate s’étonna qu’il fût déjà mort, et
faisant appeler le centurion, ü lui demanda s’il était
mort depuis longtemps. Et renseigné par le cen­
turion, il octroya le cadavre à Joseph. ^ E t ayant
acheté un linceul, descendu [Jésus de la croix], il
l’enveloppa du linceul et le déposa dans une
tombe qui était taillée en plein roc; puis il roula
une pierre contre l’entrée du tombeau.
Marie la Magdaléenne et Marie, [mère] de
Joset, regardaient où il était mis.

42 « la Préparation », terme technique pour désigner la veille du sabbat, où il fallait


faire les « préparatifs » de la sainte journée qui interdisait tout travail.
43 « Arimathie », localisation incertaine, probablement Rentis, à quelques milles
au nord-est de Lydda, el Loudd. — « du Conseil », c’est-à-dire du Sanhédrin, cf
V 1, et la note. — «attendait le royaume de D ieu», pour l ’expressicm désignant
les Juifs fidèles qui n’ont pas renoncé aux espoirs de la nation-église, cf Le 2,
25, 38; •23, 51 par; 24, 21; Àc 26, 6 sv. — « réclama », lit: « demanda pour lui »,
cf V 8; 6 , 24 sv: 10, 38.
44 « Pilate s’étonna... », l ’agonie des crucifiés se prolongeait souvent jusqu’à deux
à trois jours.
46 Le récit se précipite, comme l ’événement. Il faut se hâter, car le repos
sabbatique est imminent.
47 Cf V 49, et les notes. — « regardaient », pour le terme, cf v 40; 12, 41;
Mt 27, 55 par; hc 23, 35, 48. Cette remarque prépu» 16, 1-3.

MARC 334
VL APRÈS LA RÉSURRECTION
(16,1-20)

Le tombeau trouvé vide et le message de Lange

^ Et le sabbat passé, Marie la Magdaléenne, et 16


Marie [mère] de Jacques, et Salomé achetèrent i'.io
des aromates pour venir l’embaumer. ^ Et de grand ^
matin, le premier jour de la semaine, elles viennent
à la tombe dès le lever du soleil. ^ Et elles disaient
entre elles; « Qui nous roulera la pierre hors de
l’entrée du tombeau? » ^Et levant les yeux, elles
s’aperçoivent que la pierre avait été roulée sur le
côté; or elle était très grande.

1 •« Marie... », cf 15, 40, 47. — •« achetèrent des aromates... », Jn 19, 39-40;


20, 3-6, présente les choses différemment.
2 « d e grand matin... dès le lever du soleil», cf Mt 28, 1: «ccanmençait à
luire », Le 24, 1: « à la pointe de l ’aurore »; Jn 20, 1: « le matin, altns qu’il fai­
sait encore sombre. » — « tombe », encore 5, 3, 3; 15, 46. On trouve aussi « tom­
beau », w 3, 3, S- 5, 2; 6, 29; 15, 46. « le premier jour de la semaine », notre
dimanche, eipressina stylisée, Mt 28, 1; Le 24, 1; Jn 20, 1, 19; Ac 20, 7: 1 Co
16, 2 .
3 a 15, 46.
4 « or elle était très mande », explication « après coup », comme il s’en rencontre
souvent dans Mc, cf 1, 16, et la note.

337 MARC
16 ^Et entrées dans le tombeau, elles virent un
Jn 20,11-12
jeune homme assis à droite, vêtu d’une robe
blanche; et elles furent saisies de frayeur. ^ Mais il
leur dit: « Ne vous effraye2 pas. C’est Jésus que
vous cherchez, le Nazarénien, le crucifié. Il s’est
relevé; il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait
mis. ^Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre,
qu’il vous précède en Galilée; c’est là que vous le
verrez, selon ce qu’il vous a dit. »
*Et, étant sorties, elles s’enfuirent du tombeau,
car le tremblement et la stupeur les avaient saisies.
Et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient
peur...

Apparitions de Jésus ressuscité

Jn 2o,i4i« ^Ressuscité le matin, le premier jour de la


semaine, il apparut d’abord à Marie la Magda-

5 « robe blanche », couleur du triomidie, de la joie et de la pureté, cf 9, 3\


Mt 28, 3\ 17, 2; Jn 20, 12; Ap 3, 5, 18; 4, 4; 7, 9 , 13. — « vêtu», lit; « e n v e lt^
pé », cf 14, 31; ü : 23, 11; Jn 19, 2; Ac 12, 8. — •« saisies de frayeur », terme pro­
pre au vocabulaire de Mc, v 6; 9, U ; 14, 33. — « im jeune hcmime », Mt 28, 2, 3:
« l ’Ange du ^igneur »; Le 24, 4: « deux hranmes en habit étincelant ».
6 « le N azarâien », cf 1, 24, et la note. — « le crucifié », cf 1 Co 1, 23; 2, 2. —
« I l s’est relevé», ou « Il a été relevé» (par Dieu). — Noter le laconisme du
« jeune homme », qui ne dit pas un mot de trop.
7 « et à Pierre », peut-être « spécialement à Pierre ». Mc distingue volontiers Pierre
du groupe des Dtwze, cf 10, 28; 11, 21; 13, 3. — « il vous précède... », r^ ren d
14, 28 et ajoute « c’est là que vous le verrez ». — « en Galilée »; Mc, comme Mt,
ne relate que des apparitions en Galilée; Le et Jn ne semblent connaître que celles
de Judée.
8 « tremblement et stupeur », cf Ac 3, 10: « frayeur et stupeur ». On trouve plus
souvent « crainte et tremblement », 1 Co 2, 3; 2 Co 7, 13; Eph 6, 3; Phi 2, 12. —
« ne dirent rien », invraisemblable, cf Mt 28, 8: * elles coururent l’annoncer à ses
disciples »; Le 24, 9: « elles annoncèrent tout cela... ». Mais le texte de Mc est
mutilé, et les w suivants ( w 9-18), qui ne sont pas de Mc, suppléent à cette
carence.
9-14 Série d ’emprunts, principalement à Le.
9 « Ressuscité... », dâm t abrupt. — « Marie la Magdaléenne, dont il avait diassé

MARC 338
Apparition aux pèlerins d’Emmaüs.
Bible italienne. Venise, 152^.

léenne, dont il avait chassé sept démons. Celle- 16


ci partit l’annoncer à ceux qui avaient été avec lui
et qui étaient dans le deuil et pleuraient. Et
ceux-ci, entendant dire qu’il vivait et qu’il avait été
vu par elle, refusèrent de croire.
Après cela, il se manifesta, sous une forme Le 24,13-35
différente, à deux d’entre eux qui faisaient route
sept démons », cf Le 8, 2: « Marie, appelée Magdaléenne, de laquelle sept démons
étaient sortis. » Sur cette at^>arition, e£ 16, 1-7; Le 24, 1-7; Jn 20, 11-lS.
10 « ceux qui avaient été avee lui », pour désigner le grouiw des diseiples qui
aecompagne Jésus, cf 1, 36; 3. 14; 5, 18, 40.
11 * qu’il vivait », et Le 24, 5, 23; Ap 2, 8. — « refusèrent de croise », cf v 16;
Le 24, 11, 41; Ac 28, 24; 1 Pe 2, 7.
12-13 Cf « les pèlerins d’Emmaüs », Le 24, 13-35.
12 « se manifestt », cf v 14; Jn 1, 31; 7, 4; 21, 1, 14; Col 3, 4; 1 Tm 3, 16;
1 Jn 1, 2, etc. — « forme différente », de celle qu’il avait avant sa résurrecticm,
cf Le 24, 16. Sur le terme, cf Phi 2, 6 sv; Ga 4, IP; Ro 2, 20; 12, 2; 2 Tm 3, 5;
Mt 17, i; Mc 9, 2; 2 Co 3, IS. — « faisaient route vers la campagne », cf Le 24,

339 MARC
16 vers la campagne. Et ceux-ci s’en allèrent l’an­
noncer aux autres, mais on ne les crut pas non plus.
Le 24,36-43
Enfin il se manifesta aux Onze eux-mêmes,
Jn 20,26-29
pendant qu’ils étaient à table, et il blâma leur incré­
dulité et leur dureté de cœur, parce qu’ils n’avaient
pas cru ceux qui l’avaient vu relevé [d ’entre les
morts].
U t 28,18-20
Et il leur dit: « Allez dans le monde entier, pro­
clamez l’Evangile à toute la création. Celui qui
croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui refu­
sera de croire sera condamné. ^^Et voici les signes
qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon
nom ils chasseront des démons; ils parleront en
langues nouvelles; ils prendront des serpents, et
s’ils boivent quelque chose de mortel, cela ne leur
fera aucun mal; ils poseront les mains sur des
infirmes, et ceux-ci iront bien. »

13: « faisaient route vers un village. »


14-15 a Le 24, 36-49-, Jn 20, 19-29.
14 « se manifesta », et v 12. — « aux OnM », cf Mt 28, 16; Le 24, 9, 33; Ac 2, 14
«les onze Apôtres», Ac 1, 26. — «étaient à table», pour le tenne, cf 6, 26
14, 18; Mt 9, 10; 26, 7, 20. — « incrédulité », ou « manque de foi », cf 6, 6; 9, 24
— « dureté de coeur », cf 10,5, et la note; Mt 19, 8. On trouve « dureté », Ro 2 ,5
Ac 7, 51 (« à la nuque raide»); « d v ^ r » , Ac 19, 9; Ro 9, 18; He 3, 8, 13, 15
4, 7; « endurcir, être endurci, s’endurcir », Mc 6, 52 et 8, 17 (« le cœur endurci »).
Jn 12, 40; Ro 11, 7; 2 Co 3, 14; « endurcissement », Ro 11, 25; « endurcissement
du cœur », 3, 5; Eirfi 4, 18.
15 « dtuis le monde entier », cf 13, 10: « il faut d ’abord qu’à toutes les nations
soit proclamé l ’Evangile ». — « à toute la création », pour désigner l ’ensemble de
l ’humanité, cf Col 1, 23: « à toute créature qui est sous le ciel ».
16 « Celui qui croira... », cf Jn 3, 18. — « sera baptisé », cf Ti 3, 5; 1 Pe 3,
21. — « refusera de croire », cf v 11.
17 « signes », c’est-à-dire miracles, cf v 20; 13, 22; Mt 24, 24; Le21, 11; Jn 2, 11,
23, et souvent. — « accompagneront », lit: « suivront. » — « en mon nom » (ou
« par mon Nom ») probablement en le prononçant, comme les exorcistes païens
d’Ephèse, Ac 19, 13 sw . — « dtasseront des démons », comme les Douze, 3, 15.
— « parleront en langues nouvelles » (ou peut-être, seulement « en langues »), pour
cette « glossolalie », qui accompagnait l ’effusion de l ’Esprit, cf Ac 2, 3 sv (« parler
en d’autres langues »); 10, 46 et 19, 6 (« parler en langues »); surtout 1 Co 12-14,
(12, 30 « parler en langues »; 14, 2 « parler en langue »).
18 « prendront des serpents », cf Le 10,_ 19; Ac 28, 3-6. — « ne leur fera aucun
mal », pour l ’expression, cf Le 4, 35. — « infirmes », Mc 6, 5, 13.

MARC 340
Ascension de Jésus et proclamation de l'Evangile

donc, le Seigneur [Jésus], après leur avoir 16


parlé, fut enlevé au ciel et s'assit à la droite de Le 24,^0-^!
Ac 1, 2
9-11
Dieu. ^ Ceux-ci, étant partis, proclamèrent partout,
le Seigneur travaillant avec eux et confirmant la
Parole par les signes qui Paccompagnaient.

19 « le Seigneur [Jésus] », dans Mc encore et seulement 11, 3.


19 « fut eiüevé », cf Ac 1, 2, 11, 22; 1 Tm 3, 16. — « s’assit à la droite », cf
Ps 110, 1, cité par Mc 12, 36, et fréquemment dans le N.T., Ro 8, 34; Eph 1, 20;
Col 3, 1; He 1, 3; etc.
20 « proclamèrent », le message évangélique. — « travaillant avec eux », pour le
terme cf 1 Co 16, lo; 2 Co 6, 1; Ja 2, 22. — « confirmant », cf Ro 15, 8; He 2, 3;
ailleurs (1 Co 1, 6 , 8; 2 Co 1, 21; Col 2, 7; He 13, 9 ) le terme a été traduit
« affermir ». — « signes », cf v 17, et la note.
Entre les w 14 et 15, le manuscrit W, appelé Preer du nom de son acquéreur,
insère le texte suivant:
« Et ceux-ci se défendaient en disant: Ce siècle d ’iniquité et d’incrédulité est sous
la domination du Satan, qui ne permet pas que ce qui est sous le joug des esprits
impurs cmnprenne la vérim et la puissance de Dieu: révèle donc dès maintenant ta
justice. C’est ce qu’ils disaient au Christ, et le Christ leur répcmdit: Le terme des
années du pouvoir de Satan est accompli, mais d ’autres choses terribles sont
prodies. Et j ’ai été livré à la mort pour ceux <}ui ont pédié, afin qu’ils se conveiv
tissent à la vérité et qu’ils ne pèdient plus, afin w ’ils héritent de la gloire de la
justice spirituelle et incorruptible qui est dans le ciel. Mais allez... »
Autre finale
« Elles [les femmes] annoncèrent brièvement à Pierre tout ce qui [leur] avait été
prescrit. Après cela, Jésus lui-même envoya par eux, du levant au c o u d â t , la
sainte et incorruptible proclamation du salut étemel. »

341 MARC
Cartes
Table des matières
Introduction à l ’E vangile selon saint M atthieu . . 9
Table analytique de l ’E vangile selon saint M atthieu 27
E vangile selon saint M a t t h i e u .................................. 39
Introduction à l ’Evangile selon saint Marc . . . 205
Table analytique de l ’Evangile selon saint Marc . 219
E vangile selon saint M a r c ...................................... 227
C a r t e s ................................................................................... 345
Les Evangiles de saint M atthieu et de 'saint Marc
en im a g e s ...................................................................... 352
Les Evangiles de Saint Matthieu et de Saint Marc
en images
Saint Matthieu

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43 — Evangéliaire. Manuscrit du X ‘
siècle. Bibliothèque de Douai, n° 11.
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44 — Saint Matthieu. Les premières
lettres de son Evangile sont enca­
drées dans le texte de l’éloge de la
croix, de Raban Maur.
« Eloge de la croix » de Raban Maur.
Manuscrit du X " siècle. Bibliothèque
d ’Amiens, n" 2237.

45 — Evangéliaire. Manuscrit du
X IP siècle. Bibliothèque de Laon, 46 — Bible latine. Manuscrit du X P siècle. Bibliothèque Maza-
»“ 550. rine, n° 2.
Saint Marc

48 — Quatre Evangiles. Manuscrit du X I" siècle. Musée Condé,


Chantilly, n° 1326.
47 — Saint Matthieu.
Evangiles en arménien. Manuscrit du X V II" siècle. Musée Condé,
Chantilly, n" 1353.
itfbur o«u$ fononpnta
aaao fmm mmia maroîtinniD

î t t t s a i i t t s

i m i w i û .

Naissance de Jésus

52 — Annonciation (Mt 1, 18).


Missel à l’usage de Nantes. Manus­
[p$ ^ântatciottttm) (mttim nom
crit du X V P siècle. Bibliothèque du
Mans, n" 243. i m a m u a b iU a f e o t^ l?

53 — Un ange apparaît en songe à


Joseph (Mt 1, 20-21).
Chapiteau du X I P siècle. Cloître de
omp$ 2tu$:uttur
San Juan de la Pena, Espagne.
m u ^ m i a t i u n o t t a ^ m r
54 — Nativité. <4
Missel. Manuscrit du X V ’ siècle. Bi­
bliothèque du Mans, «“ 249.
I IwfH aauim s uuatcattos ûtP. ./I L .
La visite des Mages

55 — Graduel de Vauclair. Manus­


crit du X IV ° siècle. Bibliothèque de
Laon, n" 240.

58 — Hérode, conseillé par le diable


qui lui parle à l’oreille, interroge les
56 — La chevauchée des Mages. mages (Mt 2, 3-8).
Psautier. Manuscrit du X I I F siècle. Psautier. Manuscrit du X I I P siècle.
Musée Condé, Chantilly, n° 1453. Musée Condé, Chantilly, n° 1453.
La juxtaposition de ces deux détails (59-60) permet de saisir l’évolution
de la mentalité, du X IP au X V P siècle. Dans la fresque, Marie a l’attitude
d’une reine. Elle tenait probablement une fleur de lis dans sa main droite.
L’enfant Jésus est un Christ bénissant, nimbé de l’auréole crucifère. La
peinture représente la scène avec réalisme ; elle montre la richesse des
mages et de leurs présents ; Jésus est devenu un enfant qui joue.

60 — Peinture de l’Ecole anversoise, vers 1530. Musée de Dijon.


Jx j a â m 'tæiKr m m A M Æ Æ ttomr"€f-i #^<âif

Le retour des Mages

v . v l W '

62 — Quadrilobe du X I I P siècle. Cathédrale d’Amiens.


«Avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode (61), c’est par un
autre chemin qu’ils se retirèrent dans leur pays (62) » (Mt 2, 12).

61 — Bible historiée. Manuscrit du X I P siècle. Bibliothèque d’Amiens,


«° m .
Jean-Baptiste

65 — Jean-Baptiste présentant l’agneau.


Statue du XV' siècle^ Musée d ’A rt religieux, château de Blois.

66 — La prédication de Jean-Baptiste.
Peinture murale du X I I P siècle. Sancta Sacra de Faces,
Espagne.
Le Baptême de Jésus
(Mt 3, 13-17; Mc 1, 9-11).

70 — Psautier. Manuscrit du X I I F siècle. Bibliothèque Sainte-Geneviève, 71 — Mosdique du Baptistère de la cathédrale, V “ siècle, Ravenne.
1273.
La tentation de Jésus
(Mt 4, 1-11 ; Mc 1, 12-13).

72 — Gravure peinte. Pastilles sur


les Evangiles. Lyon, 1482.

73 — Chapiteau du X I P siècle.
Eglise Saint-Pierre, Chauvigny.
Jésus et les Apôtres

15 — Jésus et Pierre. « Venez à ma


suite, et je vous ferai pêcheurs
d’hommes» (Mt 4, 19).
Peinture du X V I P siècle. Eglise de
Villefranche-de-Conflent.

76 — Jésus au milieu des Apôtres.


Missel Orléanais. Bibliothèque d ’Or­
léans, incunable 162.

77 — Le « sermon sur la montagne »


(Mt 5-7).
Livre de piété. Manuscrit du X I I P
siècle. Bibliothèque Mazarine, n° 870.
Miracles
Guérisons

« Il guérit aussi tous les malades,


pour que s’accomplît ce qui avait été
dit par le prophète Isaïe ;
Il a enlevé nos infirmités,
il a emporté nos maladies » (Mt 8,
17).

78 — Chapiteau du X I P siècle. Tu-


dela, Espagne.

79 — Chapiteau du X I P siècle.
Eglise Santo-Domingo, Soria, Espagne.

80 — Guérison des deux aveugles


(Mt 9, 27-31).
Evangiles en arménien. Manuscrit du
X V I P siècle. Musée Condé, Chan­
tilly, n° 1353.
« Des foules nombreuses s’avancèrent vers lui, ayant avec elles des boiteux,
des estropiés, des aveugles et beaucoup d’autres. Et on les jeta à ses
pieds, et il les guérit...» (Mt 15, 30).

81 — En présence des apôtres, Jésus, plus jeune et imberbe, guérit des 82 — En haut : Tentation de Jésus ; en bas : la Cananéenne demande
estropiés. la guérison de sa fille (Mt 15, 21-28 ; Mc 7, 24-30).
Ivoire du X V ‘ siècle. Victoria and Albert Muséum, Londres. Bible historiée. Manuscrit du X I P siècle. Bibliothèque d’Amiens, n" 108.
83 — Multiplication des pains (Mt 14, 12-21 ; 15, 32-38) 85 — Guérison du paralytique (Mt 9, 1-8; Mc 2, 1-12).
(Mc 6, 31-44-, 8, 1-9).

84 — Guérison du lépreux (Mt 1, 4 ; Mc 1, 40-43). 86 — Guérison de l’aveugle (Mt 12, 22 ; Mc 3, 22-27).

83-86
Ivoire
du y® siècle.
Victoria and
A lbert Muséum,
Londres.
Paraboles

89 — Les « vierges sages


et les « vierges foUes ».
87 — Parabole du semeur. (Mt 25, 1-13).
(Mt 13, 3-23 : Mc 4, 3-20)

88 — Parabole 90 — Les vignerons homicides.


du serviteur impitoyable. (Mt 21, 33-44 ; Mc 12, 1-12)
(Mt 18, 21-35) « Miroir de l’Humaine Salvation ».
Postules sur les Evangiles. Manuscrit du X V ” siècle.
Lyon, 1482. Musée Condé, Chantilly, n° 1363.
L ’entrée triomphale à ]érusalem

« La foule, très nombreuse, étendit ses manteaux sur le chemin ;


d’autres coupaient des branches aux arbres et les étendaient sur le
chemin. Les foules qui le précédaient et celles qui le suivaient
criaient :
Hosanna au Fils de David !
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Hosanna au plus haut des deux !» (Mt 21, 8-9).

92 — Peinture de Rubens, X V IL
siècle. Musée de Dijon.

93 — Les vendeurs chassés du


Temple (Mt 21, 12-13-, Mc 11,
91 — Ivoire, provenant de Metz, du X “ siècle. Victoria and Albert 15-17).
Muséum, Londres. Missel. Manuscrit du X IV " siècle. Bi­
bliothèque de Reims, n° 230.
La Passion de Jésus

94 — Le baiser de Judas. 96 — La flagellation.


Rêtable du X V P siècle. Cathédrale Rétable du X V I ” siècle. Cathédrale
de Patnpelune, Espagne. de Rampélune, Espagne.

95 — Jésus devant Pilate. 97 — Le portement de la croix.


Livre d ’Heures. Manuscrit du XV” Orfroi du X T V ’ siècle. Victoria and
siècle. Bibliothèque de Laon, «° 243. M bert Muséum, Londres.
98 — Jésus en croix.
Les donateurs sont agenouillés.
Marie et Jean
se tiennent debout.
Sculpture du X I I P siècle.
Cloître de Huesca, Espagne.
99 — Descente de croix.
Albâtre du X V ^ siècle. Eglise de Louviers. 100 — Mise au tombeau.
Albâtre du X V ^ siècle. Eglise de Louviers.
La Késurrection

102 —■Les saintes femmes au tombeau.


101 — Evangiles en arménien. Manuscrit du X V E siècle. Musée 103 — Apparition de Jésus à Madeleine.
Condé, Chantilly, n° 1346. Livre de prière. Manuscrit du X I ‘ siècle. Bibliothèque Mazarine,
n° 364.
Les saintes femmes
L’Ascension

105 — L’Ascension.
104 — Les deux Maries devant le tombeau vide. Sacramentaire. Manuscrit du X IV " siècle. Bibliothèque Sainte-
Ivoire du X IV " siècle. Victoria and Albert Muséum, Londres. Geneviève, n° 103.
L ’iconographie, la m aquette et la m ise en pages
du présent ouvrage
on t été réalisées par l ’abbé
F R A N Ç O IS G A R N IE R .

La com position et l ’im pression


sont dues à
l ’Im prim erie Union-Rencontre, à M ulhouse,
et la reliure à
H . et J. Schumacher, à Berne.

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