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Josette Féral

Mise en scène et
jeu de l’acteur
Entretiens Tome III
Voix de femmes

JoAnne Akalaitis
Anne Bogart
Irina Brook
Cristina Castrillo
Nona Ciobanu
Mercedes de la Cruz
Emma Dante
Jill Greenhalgh
Brigitte Haentjens
Helgard Haug
Brigitte Jaques-Wajeman
Stéphanie Loïk
Katie Mitchell
Isabelle Pousseur
Magda Puyo
Franca Rame
Banuta Rubess
Elisabeth Schweeger
Djanet Sears
Roxana Silbert
Claudia Stavisky
Polly Teale
Catrine Telle
Gilberte Tsaï
Mónica Viñao
Marianne Weems
Iona Weissberg
Martine Wijckaert
Laura Yusem

QUÉBEC AMÉRIQUE
Extrait de la publication
Josette Féral

Mise en scène et
jeu de l’acteur
Entretiens Tome III
Voix de femmes

JoAnne Akalaitis
Anne Bogart
Irina Brook
Cristina Castrillo
Nona Ciobanu
Mercedes de la Cruz
Emma Dante
Jill Greenhalgh
Brigitte Haentjens
Helgard Haug
Brigitte Jaques-Wajeman
Stéphanie Loïk
Katie Mitchell
Isabelle Pousseur
Magda Puyo
Franca Rame
Banuta Rubess
Elisabeth Schweeger
Djanet Sears
Roxana Silbert
Claudia Stavisky
Polly Teale
Catrine Telle
Gilberte Tsaï
Mónica Viñao
Marianne Weems
Iona Weissberg
Martine Wijckaert
Laura Yusem

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Collection dirigée par


A n n e - M a r i e Vi l l e n e u v e

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Collection dirigée par


A n n e - M a r i e Vi l l e n e u v e

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De la même auteure

Livres

2004 Teatro, teoría y práctica : más allá de las fronteras, Buenos Aires, Galerna, coll. « Teatrología »,
221 p.

2003 Acerca de la teatralidad, Buenos Aires, Nueva Generacion, Cuadernos de teatro vol. XXI, 108 p.

1998 Trajectoires du Soleil, Paris, Éditions théâtrales, 279 p.

1998 Mise en scène et jeu de l’acteur, entretiens. Tome II, Le corps en jeu, Canada/Belgique, Éditions
jeu/Lansman, 345 p. Réédité en 2001.

1997 Mise en scène et jeu de l’acteur, entretiens. Tome I, L’espace du texte, Canada/Belgique, Éditions
jeu/Lansman, 317 p. Réédité en 2001.

1995 Dresser un monument à l’éphémère : rencontres avec Ariane Mnouchkine, Paris, Éditions
théâtrales, 88 p. et chez XYZ, Montréal, 121 p. Réédité en 2001.

1991 La culture contre l’art : essai d’économie politique du théâtre, Sillery, Presses de l’Université du
Québec, 341 p.

Livres édités

2003 L’École du jeu. Former ou transmettre… les chemins de l’enseignement théâtral, Saint-Jean-de-
Védas (France), Éditions L’Entretemps, coll. « Les Voies de l’Acteur », dirigée par Patrick Pezin,
350 p.

2003 Ariane Mnouchkine und das Théâtre du Soleil, version allemande amplifiée de Rencontres avec
Ariane Mnouchkine et de Trajectoires du Soleil, Berlin, Alexander Verlag, 205 p.

2002 Theatricality : The Specificity of Theatrical Language, « SubStance-Issue 98/99 », vol. 31,
2002, p. 94-108.

2001 Les Chemins de l’acteur. Former pour jouer, Montréal, Québec Amérique, 330 p.

1985 Théâtralité, écriture et mise en scène (coédité avec J. Savona et E. A. Walker), LaSalle, Hurtubise
HMH, coll. « Brèches », 271 p.

Extrait de la publication
De la même auteure

Livres

2004 Teatro, teoría y práctica : más allá de las fronteras, Buenos Aires, Galerna, coll. « Teatrología »,
221 p.

2003 Acerca de la teatralidad, Buenos Aires, Nueva Generacion, Cuadernos de teatro vol. XXI, 108 p.

1998 Trajectoires du Soleil, Paris, Éditions théâtrales, 279 p.

1998 Mise en scène et jeu de l’acteur, entretiens. Tome II, Le corps en jeu, Canada/Belgique, Éditions
jeu/Lansman, 345 p. Réédité en 2001.

1997 Mise en scène et jeu de l’acteur, entretiens. Tome I, L’espace du texte, Canada/Belgique, Éditions
jeu/Lansman, 317 p. Réédité en 2001.

1995 Dresser un monument à l’éphémère : rencontres avec Ariane Mnouchkine, Paris, Éditions
théâtrales, 88 p. et chez XYZ, Montréal, 121 p. Réédité en 2001.

1991 La culture contre l’art : essai d’économie politique du théâtre, Sillery, Presses de l’Université du
Québec, 341 p.

Livres édités

2003 L’École du jeu. Former ou transmettre… les chemins de l’enseignement théâtral, Saint-Jean-de-
Védas (France), Éditions L’Entretemps, coll. « Les Voies de l’Acteur », dirigée par Patrick Pezin,
350 p.

2003 Ariane Mnouchkine und das Théâtre du Soleil, version allemande amplifiée de Rencontres avec
Ariane Mnouchkine et de Trajectoires du Soleil, Berlin, Alexander Verlag, 205 p.

2002 Theatricality : The Specificity of Theatrical Language, « SubStance-Issue 98/99 », vol. 31,
2002, p. 94-108.

2001 Les Chemins de l’acteur. Former pour jouer, Montréal, Québec Amérique, 330 p.

1985 Théâtralité, écriture et mise en scène (coédité avec J. Savona et E. A. Walker), LaSalle, Hurtubise
HMH, coll. « Brèches », 271 p.

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Mise en scène et
Jeu de l’acteur

Entretiens Tome III


Voix de femmes

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Mise en scène et
Jeu de l’acteur

Entretiens Tome III


Voix de femmes

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Féral, Josette
Mise en scène et jeu de l’acteur : entretiens
Comprend des réf. bibliogr.
Sommaire : t. 1. L’espace du texte -- t. 2. Le corps en scène --
t. 3. Voix de femmes.
ISBN 978-2-7644-0397-6 (v. 3) (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-1450-7 (PDF)
ISBN 978-2-7644-1810-9 (EPUB)
1. Théâtre - Production et mise en scène. 2. Art dramatique.
3. Producteurs et metteurs en scène de théâtre - Entretiens.
I. Titre. II. Titre : L’espace du texte. III. Titre : Le corps en scène.
IV. Titre : Voix de femmes.
PN2037.F37 2001 792.02’32 C2001-010836-X

Cette recherche a été rendue possible par une bourse du Conseil de


recherche en sciences humaines du Canada.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada


par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie
de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour


l’édition de livres – Gestion SODEC.

Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention


globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à
remercier la SODEC pour son appui financier.

Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Tél.: 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Dépôt légal : 1er trimestre 2007


Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

Mise en pages : Andréa Joseph [PageXpress]


Révision linguistique : Diane Martin et Liliane Michaud

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© 2007 Éditions Québec Amérique inc.


www.quebec-amerique.com

Imprimé au Canada

Extrait de la publication
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Féral, Josette
Mise en scène et jeu de l’acteur : entretiens
Comprend des réf. bibliogr.
Sommaire : t. 1. L’espace du texte -- t. 2. Le corps en scène --
t. 3. Voix de femmes.
ISBN 978-2-7644-0397-6 (v. 3) (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-1450-7 (PDF)
ISBN 978-2-7644-1810-9 (EPUB)
1. Théâtre - Production et mise en scène. 2. Art dramatique.
3. Producteurs et metteurs en scène de théâtre - Entretiens.
I. Titre. II. Titre : L’espace du texte. III. Titre : Le corps en scène.
IV. Titre : Voix de femmes.
PN2037.F37 2001 792.02’32 C2001-010836-X

Cette recherche a été rendue possible par une bourse du Conseil de


recherche en sciences humaines du Canada.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada


par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie
de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour


l’édition de livres – Gestion SODEC.

Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention


globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à
remercier la SODEC pour son appui financier.

Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Tél.: 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Dépôt légal : 1er trimestre 2007


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Bibliothèque nationale du Canada

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Révision linguistique : Diane Martin et Liliane Michaud

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© 2007 Éditions Québec Amérique inc.


www.quebec-amerique.com

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Mise en scène et
Jeu de l’acteur

Entretiens Tome III


Voix de femmes

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Josette Féral

Mise en scène et
Jeu de l’acteur

Entretiens Tome III


Voix de femmes

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Table des matières

Avant-propos

Introduction
Mettre en scène au féminin, par Josette Féral

JoAnne Akalaitis (États-Unis)


Plonger sans filet

Anne Bogart (États-Unis)


Les voies de l’énergie

Irina Brook (France)


Un lien personnel à la vie

Cristina Castrillo (Suisse)


La recherche d’un point de vue

Nona Ciobanu (Roumanie)


Avoir une conscience organique

Mercedes de la Cruz (Mexique)


Ce n’est pas un archipel mais un continent qu’il faut construire

Emma Dante (Italie)


Un art fondé sur le doute

Extrait de la publication
Table des matières

Avant-propos

Introduction
Mettre en scène au féminin, par Josette Féral

JoAnne Akalaitis (États-Unis)


Plonger sans filet

Anne Bogart (États-Unis)


Les voies de l’énergie

Irina Brook (France)


Un lien personnel à la vie

Cristina Castrillo (Suisse)


La recherche d’un point de vue

Nona Ciobanu (Roumanie)


Avoir une conscience organique

Mercedes de la Cruz (Mexique)


Ce n’est pas un archipel mais un continent qu’il faut construire

Emma Dante (Italie)


Un art fondé sur le doute

Extrait de la publication
Jill Greenhalgh (Royaume-Uni)
Un processus d’excavation

Brigitte Haentjens (Canada)


La rage de créer

Helgard Haug (Allemagne)


Une manière collective de prendre position

Brigitte Jaques-Wajeman (France)


La lutte contre la barbarie

Stéphanie Loïk (France)


Être porteur d’une violence intérieure

Katie Mitchell (Angleterre)


Représenter avec précision le comportement humain

Isabelle Pousseur (Belgique)


Un lieu de densité

Magda Puyo (Espagne)


Du chemin à parcourir

Franca Rame (Italie)


Le théâtre est une science

Banuta Rubess (Lettonie)


Des guerrières !

Elisabeth Schweeger (Allemagne)


Échouer est l’un des principes de l’art

Djanet Sears (Canada)


Un parti pris systématique et inconscient

Roxana Silbert (Royaume-Uni)


Les femmes sont plus novatrices

Claudia Stavisky (France)


L’intelligence des processus humains

Extrait de la publication
Jill Greenhalgh (Royaume-Uni)
Un processus d’excavation

Brigitte Haentjens (Canada)


La rage de créer

Helgard Haug (Allemagne)


Une manière collective de prendre position

Brigitte Jaques-Wajeman (France)


La lutte contre la barbarie

Stéphanie Loïk (France)


Être porteur d’une violence intérieure

Katie Mitchell (Angleterre)


Représenter avec précision le comportement humain

Isabelle Pousseur (Belgique)


Un lieu de densité

Magda Puyo (Espagne)


Du chemin à parcourir

Franca Rame (Italie)


Le théâtre est une science

Banuta Rubess (Lettonie)


Des guerrières !

Elisabeth Schweeger (Allemagne)


Échouer est l’un des principes de l’art

Djanet Sears (Canada)


Un parti pris systématique et inconscient

Roxana Silbert (Royaume-Uni)


Les femmes sont plus novatrices

Claudia Stavisky (France)


L’intelligence des processus humains

Extrait de la publication
Polly Teale (Royaume-Uni)
La lutte entre l’intérieur et l’extérieur

Catrine Telle (Norvège)


Choisir la marginalité

Gilberte Tsaï (France)


Confronter le théâtre aux autres arts

Mónica Viñao (Argentine)


La force de l’entraînement

Marianne Weems (États-Unis)


La technologie est la diva de nos performances

Iona Weissberg (Mexique)


Le mot est ma plus grande obsession

Martine Wijckaert (Belgique)


Mettre en scène, c’est gérer la perte

Laura Yusem (Argentine)


Le développement de l’intelligence

Conclusion
Entre nostalgie et mutation, par Josette Féral

Bibliographie

Extrait de la publication
Polly Teale (Royaume-Uni)
La lutte entre l’intérieur et l’extérieur

Catrine Telle (Norvège)


Choisir la marginalité

Gilberte Tsaï (France)


Confronter le théâtre aux autres arts

Mónica Viñao (Argentine)


La force de l’entraînement

Marianne Weems (États-Unis)


La technologie est la diva de nos performances

Iona Weissberg (Mexique)


Le mot est ma plus grande obsession

Martine Wijckaert (Belgique)


Mettre en scène, c’est gérer la perte

Laura Yusem (Argentine)


Le développement de l’intelligence

Conclusion
Entre nostalgie et mutation, par Josette Féral

Bibliographie

Extrait de la publication
Avant-propos

Josette Féral

A près les deux tomes de Mise en scène et Jeu de l’acteur (Tome 1 L’es-
pace du texte ; Tome 2 Le corps en scène), la nécessité d’un troisième
consacré uniquement aux femmes metteures en scène s’est imposée avec
évidence.

D’abord timide dans les années cinquante, la présence des femmes


metteures en scène s’est développée au fil du temps jusqu’à devenir ,
sinon la norme, du moins tout à fait légitime et non contestée. Que ce soit
en Europe, dans les Amériques, au Moyen ou en Extrême-Orient, ou
encore en Afrique, les femmes dirigent des théâtres, créent des compa-
gnies, explorent de nouvelles esthétiques, abordent des répertoires
originaux, quand elles n’occupent pas tout simplement le devant de la
scène comme peut le faire Ariane Mnouchkine, pionnière dans le
domaine. Leur place semble toute naturelle aujourd’hui, malgré des diffé-
rences sensibles selon les pays et les cultures.

Il nous est donc apparu important de prendre le temps d’interroger


cette évolution et le parcours de ces femmes : comment et pourquoi ont-
elles choisi de devenir metteures en scène? Comment cette fonction a-t-elle
été influencée par le fait qu’elles sont femmes ? Ont-elles connu certaines
formes de discrimination au cours de leur carrière artistique ? Estiment-
elles avoir les mêmes possibilités et les mêmes privilèges que ceux donnés
aux hommes ? En quoi leur démarche artistique diffère-t-elle de celle de
leurs collègues masculins ? Questions impertinentes si l’on considère que
les femmes interrogées sont des artistes à part entière qui, pour la plupart,
Avant-propos

Josette Féral

A près les deux tomes de Mise en scène et Jeu de l’acteur (Tome 1 L’es-
pace du texte ; Tome 2 Le corps en scène), la nécessité d’un troisième
consacré uniquement aux femmes metteures en scène s’est imposée avec
évidence.

D’abord timide dans les années cinquante, la présence des femmes


metteures en scène s’est développée au fil du temps jusqu’à devenir ,
sinon la norme, du moins tout à fait légitime et non contestée. Que ce soit
en Europe, dans les Amériques, au Moyen ou en Extrême-Orient, ou
encore en Afrique, les femmes dirigent des théâtres, créent des compa-
gnies, explorent de nouvelles esthétiques, abordent des répertoires
originaux, quand elles n’occupent pas tout simplement le devant de la
scène comme peut le faire Ariane Mnouchkine, pionnière dans le
domaine. Leur place semble toute naturelle aujourd’hui, malgré des diffé-
rences sensibles selon les pays et les cultures.

Il nous est donc apparu important de prendre le temps d’interroger


cette évolution et le parcours de ces femmes : comment et pourquoi ont-
elles choisi de devenir metteures en scène? Comment cette fonction a-t-elle
été influencée par le fait qu’elles sont femmes ? Ont-elles connu certaines
formes de discrimination au cours de leur carrière artistique ? Estiment-
elles avoir les mêmes possibilités et les mêmes privilèges que ceux donnés
aux hommes ? En quoi leur démarche artistique diffère-t-elle de celle de
leurs collègues masculins ? Questions impertinentes si l’on considère que
les femmes interrogées sont des artistes à part entière qui, pour la plupart,
pratiquent leur art depuis longtemps, qu’elles ont toutes fait leurs preuves
et sont reconnues dans leur pays ; enfin, que ces questions les ramènent
à la belle époque du féminisme, époque révolue sur laquelle plusieurs
d’entre elles ne souhaitent pas revenir , préférant souligner leur rôle
d’artiste avant tout, preuve que les combats sont désormais ailleurs.

Pourtant, par-delà les mutations profondes qu’ont subies toutes les


sociétés occidentales au cours des trente dernières années, des différences
entre hommes et femmes perdurent. À travers la diversité des propos se
profilent des préoccupations similaires, des interrogations et certains
doutes. Certains modes de fonctionnement aussi. Si la plupart des
femmes se considèrent d’abord comme des artistes et souhaitent qu’on
les juge comme telles – et non en tant que femmes –, elles reconnaissent
toutes, néanmoins, que dans l’ombre des coulisses ou au grand jour, face
aux institutions, elles ont, à un moment ou à un autre, pris conscience
d’une certaine discrimination. Quelques-unes nous l’ont dit clairement,
d’autres nous l’ont affirmé en privé, ne voulant pas l’avouer sur la place
publique.

À écouter les Voix de femmes qui s’expriment dans ce livre, on se rend


compte en effet que les réponses sont loin d’être anodines. Au détour
d’une phrase traitant de choix esthétiques ou de répertoire, de rapport à
l’institution théâtrale ou au politique, de travail en répétition ou de
relation avec les acteurs, la différence surgit, insidieuse, inattendue et
toujours surprenante. Les mentalités ont certes évolué, mais certaines
formes de discrimination, subtiles, demeurent. Plus nettes pour les unes
(A. Bogart, J. Greenhalgh, B. Haentjens, I. Pousseur , F. Rame, D. Sears,
L. Yusem) que pour les autres (J. Akalaitis, I. Brook, E. Dante, H. Haug,
K. Mitchell), ces différences semblent être reconnues plus volontiers à
mesure que les metteures en scène acquièrent expérience et maturité.
Question d’époque peut-être, à moins qu’avec les années, l’assurance et
la place de plus en plus importante occupée par ces artistes dans les
institutions théâtrales ne développent en elles un sens plus aigu des
différences et un besoin de s’affirmer moins assumé à leurs débuts. Leur
regard se fait plus critique à l’égard de leurs homologues masculins et,
surtout, à l’égard des institutions qui, elles, restent souvent archaïques
dans leur fonctionnement.

Ce sont donc toutes les implications du fait d’être metteure en scène


et femme tout à la fois que nous avons voulu interroger dans ce livre.
D’où la trentaine d’entrevues d’artistes originaires de plus d’une dizaine
de pays présentées ici. La majorité des personnes interviewées sont
metteures en scène à part entière. Âgées de trente-cinq à soixante-quinze
pratiquent leur art depuis longtemps, qu’elles ont toutes fait leurs preuves
et sont reconnues dans leur pays ; enfin, que ces questions les ramènent
à la belle époque du féminisme, époque révolue sur laquelle plusieurs
d’entre elles ne souhaitent pas revenir , préférant souligner leur rôle
d’artiste avant tout, preuve que les combats sont désormais ailleurs.

Pourtant, par-delà les mutations profondes qu’ont subies toutes les


sociétés occidentales au cours des trente dernières années, des différences
entre hommes et femmes perdurent. À travers la diversité des propos se
profilent des préoccupations similaires, des interrogations et certains
doutes. Certains modes de fonctionnement aussi. Si la plupart des
femmes se considèrent d’abord comme des artistes et souhaitent qu’on
les juge comme telles – et non en tant que femmes –, elles reconnaissent
toutes, néanmoins, que dans l’ombre des coulisses ou au grand jour, face
aux institutions, elles ont, à un moment ou à un autre, pris conscience
d’une certaine discrimination. Quelques-unes nous l’ont dit clairement,
d’autres nous l’ont affirmé en privé, ne voulant pas l’avouer sur la place
publique.

À écouter les Voix de femmes qui s’expriment dans ce livre, on se rend


compte en effet que les réponses sont loin d’être anodines. Au détour
d’une phrase traitant de choix esthétiques ou de répertoire, de rapport à
l’institution théâtrale ou au politique, de travail en répétition ou de
relation avec les acteurs, la différence surgit, insidieuse, inattendue et
toujours surprenante. Les mentalités ont certes évolué, mais certaines
formes de discrimination, subtiles, demeurent. Plus nettes pour les unes
(A. Bogart, J. Greenhalgh, B. Haentjens, I. Pousseur , F. Rame, D. Sears,
L. Yusem) que pour les autres (J. Akalaitis, I. Brook, E. Dante, H. Haug,
K. Mitchell), ces différences semblent être reconnues plus volontiers à
mesure que les metteures en scène acquièrent expérience et maturité.
Question d’époque peut-être, à moins qu’avec les années, l’assurance et
la place de plus en plus importante occupée par ces artistes dans les
institutions théâtrales ne développent en elles un sens plus aigu des
différences et un besoin de s’affirmer moins assumé à leurs débuts. Leur
regard se fait plus critique à l’égard de leurs homologues masculins et,
surtout, à l’égard des institutions qui, elles, restent souvent archaïques
dans leur fonctionnement.

Ce sont donc toutes les implications du fait d’être metteure en scène


et femme tout à la fois que nous avons voulu interroger dans ce livre.
D’où la trentaine d’entrevues d’artistes originaires de plus d’une dizaine
de pays présentées ici. La majorité des personnes interviewées sont
metteures en scène à part entière. Âgées de trente-cinq à soixante-quinze
ans, la plupart fonctionnent en dehors de toute institution et travaillent
en free lance, bien qu’elles aient toutes fondé des compagnies, que cer-
taines dirigent toujours. Nous avons jugé utile de donner également la
parole à des actrices qui ont fait de la mise en scène. C’est le cas de Franca
Rame, dont le discours féministe et le combat pour les femmes, liés à un
engagement politique radical, méritaient d’être intégrés dans ces pages.
Nous avons, en outre, examiné le cas de trois directrices de théâtre ou de
festival dont les parcours étaient significatifs : Elisabeth Schweeger qui
dirige le Schauspielfrankfurt en Allemagne ; Jill Greenhalgh, qui a créé le
Magdalena Project rassemblant depuis plus de dix ans de nombreuses
femmes artistes partout dans le monde ; Magda Puyo qui a dirigé le
Festival de Sitges. Certaines occupent le terrain depuis plusieurs décen-
nies, d’autres en sont à leurs premières armes.

Les contraintes des unes et des autres ont fait que cette série d’entre-
tiens, commencée en 1998, s’est achevée en 2006. Nombre d’entre eux
ont été repris, complétés, corrigés ou amputés par les artistes au fil du
temps. La raison principale tient au nombre des entretiens et à la disper-
sion géographique des rencontres programmées. Dans certains cas, nous
avons dû recourir aux entrevues téléphoniques du fait de l’incompati-
bilité des calendriers. Le nombre de rencontres n’a cessé de s’amplifier au
fur et à mesure que nous plongions dans cet univers. Certains échanges
en ont appelé d’autres dans un développement qu’il nous a fallu inter-
rompre de façon arbitraire, car il n’était pas envisageable de couvrir tout
le champ du possible. Nos entretiens traversent donc les générations, les
cultures, les esthétiques et les langues, et ils témoignent de diverses
expériences de vie. Notons toutefois que peu de femmes de couleur y
prennent la parole. Peut-être est-ce là l’état de la profession. Seule Djanet
Sears, née en Angleterre, vivant au Canada et de descendance africaine
aborde ces questions en révélant les préjugés qui l’entourent. Cette dispa-
rité n’a pas manqué de nous frapper.

L’éventail des femmes interviewées (de Franca Rame née en 1929 à


Helgard Haug née en 1969) couvre, en matière de mises en scène, tant les
années soixante-dix, décennie où certaines d’entre elles commencent à
monter leurs premières pièces – Laura Y usem (1970), Brigitte Jaques-
Wajeman (1974), JoAnne Akalaitis (1975), Gilberte Tsaï (1976) – que les
années qui ont suivi, avec, bien entendu, une multiplication des mises en
scène au fur et à mesure que nous nous approchons de la fin du
XXe siècle. Le parcours artistique de chacune d’entre elles et leurs options
esthétiques permettent de suivre l’histoire du théâtre, dans sa diversité et
ses contradictions.
ans, la plupart fonctionnent en dehors de toute institution et travaillent
en free lance, bien qu’elles aient toutes fondé des compagnies, que cer-
taines dirigent toujours. Nous avons jugé utile de donner également la
parole à des actrices qui ont fait de la mise en scène. C’est le cas de Franca
Rame, dont le discours féministe et le combat pour les femmes, liés à un
engagement politique radical, méritaient d’être intégrés dans ces pages.
Nous avons, en outre, examiné le cas de trois directrices de théâtre ou de
festival dont les parcours étaient significatifs : Elisabeth Schweeger qui
dirige le Schauspielfrankfurt en Allemagne ; Jill Greenhalgh, qui a créé le
Magdalena Project rassemblant depuis plus de dix ans de nombreuses
femmes artistes partout dans le monde ; Magda Puyo qui a dirigé le
Festival de Sitges. Certaines occupent le terrain depuis plusieurs décen-
nies, d’autres en sont à leurs premières armes.

Les contraintes des unes et des autres ont fait que cette série d’entre-
tiens, commencée en 1998, s’est achevée en 2006. Nombre d’entre eux
ont été repris, complétés, corrigés ou amputés par les artistes au fil du
temps. La raison principale tient au nombre des entretiens et à la disper-
sion géographique des rencontres programmées. Dans certains cas, nous
avons dû recourir aux entrevues téléphoniques du fait de l’incompati-
bilité des calendriers. Le nombre de rencontres n’a cessé de s’amplifier au
fur et à mesure que nous plongions dans cet univers. Certains échanges
en ont appelé d’autres dans un développement qu’il nous a fallu inter-
rompre de façon arbitraire, car il n’était pas envisageable de couvrir tout
le champ du possible. Nos entretiens traversent donc les générations, les
cultures, les esthétiques et les langues, et ils témoignent de diverses
expériences de vie. Notons toutefois que peu de femmes de couleur y
prennent la parole. Peut-être est-ce là l’état de la profession. Seule Djanet
Sears, née en Angleterre, vivant au Canada et de descendance africaine
aborde ces questions en révélant les préjugés qui l’entourent. Cette dispa-
rité n’a pas manqué de nous frapper.

L’éventail des femmes interviewées (de Franca Rame née en 1929 à


Helgard Haug née en 1969) couvre, en matière de mises en scène, tant les
années soixante-dix, décennie où certaines d’entre elles commencent à
monter leurs premières pièces – Laura Y usem (1970), Brigitte Jaques-
Wajeman (1974), JoAnne Akalaitis (1975), Gilberte Tsaï (1976) – que les
années qui ont suivi, avec, bien entendu, une multiplication des mises en
scène au fur et à mesure que nous nous approchons de la fin du
XXe siècle. Le parcours artistique de chacune d’entre elles et leurs options
esthétiques permettent de suivre l’histoire du théâtre, dans sa diversité et
ses contradictions.
La question du rapport au féminin a donc accompagné toute notre
démarche, même si les réponses obtenues ne prétendent en rien être le
reflet d’une vérité unique. Elles tracent en pointillé un certain état de la
situation en ce début du XXIe siècle. La variété des réponses, des âges, des
esthétiques et des trajectoires a révélé que, par -delà les particularités
« culturelles » bien spécifiques, la question demeure actuelle même chez
celles qui la nient.

Travailler la pensée de l’artiste est un constant défi pour demeurer au


plus près des propos rapportés, en les traduisant sans les travestir . L’ob-
jectif principal de ce recueil demeure de mettre en lumière les réflexions
qui animent les metteures en scène d’aujourd’hui dans leur travail avec
l’acteur. Quels sont les repères, les convictions, les modes de travail, les
relations à l’autre ? Comment penser le théâtre ? Comment diriger l’ac-
teur ? Ce dialogue entre metteure en scène et acteur nous interpelle. Il va
de soi que, dans ce repérage des différences, il n’est pas toujours facile de
distinguer celles qui découlent des particularités individuelles de celles
qui sont dues au fait d’être femme. La plupart des artistes interrogées
n’ont cessé de revenir sur ce point.

Enfin, si la langue est le reflet d’une réalité, il faut bien dire que la
langue française maintient un certain flou en ce qui touche l’usage du
terme « metteur en scène », préférant le plus souvent adopter le masculin.
Cette a-sexuation des mots nous a posé problème. Il a fallu trouver un
moyen d’opérer une distinction claire pour le lecteur . Afin de ne pas trop
alourdir le texte, nous avons opté pour la formule « metteure en scène »,
formule que les dictionnaires ne reconnaissent pas, mais qui nous a paru
plus légère que l’adjonction de « femme » à « metteur en scène » – et de son
pendant « homme metteur en scène » que nous avons dû utiliser dans cer-
tains cas. L’usage pourtant commence à s’imposer avec des variations géo-
graphiques intéressantes : l’Europe tend à privilégier le terme «metteuse en
scène » là où le reste de la francophonie opte pour « metteure en scène ».

Voix de femmes fait suite aux deux ouvrages précédents et y renvoie


nécessairement, à double titre: d’une part parce que les mêmes questions
traversent ce troisième volume – sur la formation, la présence de l’acteur,
le métier et, plus généralement, sur la collaboration entre acteur et met-
teur en scène –, mais aussi, et d’autre part, parce qu’il vient renforcer une
présence insuffisamment soulignée dans les deux premiers volumes où
figurent déjà, sans être regroupées, les voix d’Ariane Mnouchkine,
La question du rapport au féminin a donc accompagné toute notre
démarche, même si les réponses obtenues ne prétendent en rien être le
reflet d’une vérité unique. Elles tracent en pointillé un certain état de la
situation en ce début du XXIe siècle. La variété des réponses, des âges, des
esthétiques et des trajectoires a révélé que, par -delà les particularités
« culturelles » bien spécifiques, la question demeure actuelle même chez
celles qui la nient.

Travailler la pensée de l’artiste est un constant défi pour demeurer au


plus près des propos rapportés, en les traduisant sans les travestir . L’ob-
jectif principal de ce recueil demeure de mettre en lumière les réflexions
qui animent les metteures en scène d’aujourd’hui dans leur travail avec
l’acteur. Quels sont les repères, les convictions, les modes de travail, les
relations à l’autre ? Comment penser le théâtre ? Comment diriger l’ac-
teur ? Ce dialogue entre metteure en scène et acteur nous interpelle. Il va
de soi que, dans ce repérage des différences, il n’est pas toujours facile de
distinguer celles qui découlent des particularités individuelles de celles
qui sont dues au fait d’être femme. La plupart des artistes interrogées
n’ont cessé de revenir sur ce point.

Enfin, si la langue est le reflet d’une réalité, il faut bien dire que la
langue française maintient un certain flou en ce qui touche l’usage du
terme « metteur en scène », préférant le plus souvent adopter le masculin.
Cette a-sexuation des mots nous a posé problème. Il a fallu trouver un
moyen d’opérer une distinction claire pour le lecteur . Afin de ne pas trop
alourdir le texte, nous avons opté pour la formule « metteure en scène »,
formule que les dictionnaires ne reconnaissent pas, mais qui nous a paru
plus légère que l’adjonction de « femme » à « metteur en scène » – et de son
pendant « homme metteur en scène » que nous avons dû utiliser dans cer-
tains cas. L’usage pourtant commence à s’imposer avec des variations géo-
graphiques intéressantes : l’Europe tend à privilégier le terme «metteuse en
scène » là où le reste de la francophonie opte pour « metteure en scène ».

Voix de femmes fait suite aux deux ouvrages précédents et y renvoie


nécessairement, à double titre: d’une part parce que les mêmes questions
traversent ce troisième volume – sur la formation, la présence de l’acteur,
le métier et, plus généralement, sur la collaboration entre acteur et met-
teur en scène –, mais aussi, et d’autre part, parce qu’il vient renforcer une
présence insuffisamment soulignée dans les deux premiers volumes où
figurent déjà, sans être regroupées, les voix d’Ariane Mnouchkine,
Elizabeth LeCompte, Pol Pelletier , Alice Ronfard, Martine Beaulne et
Lorraine Pintal.

Il est impossible de terminer ce bref avant-propos sans reconnaître ce


qu’un travail comme celui-ci doit à toutes celles et à tous ceux qui l’ont
appuyé. Un livre est rarement l’œuvre d’une seule personne; un livre d’en-
tretiens l’est encore moins que tout autre. Il est le résultat de collaborations
multiples. Je tiens donc à remercier tout d’abord les artistes qui se sont prê-
tées avec générosité à ces entretiens et qui ont bien voulu répondre à mes
questions, bousculant souvent leurs horaires particulièrement chargés.
Elles ont toutes accepté de se dévoiler avec sincérité, empruntant même
parfois des chemins qu’elles auraient préféré éviter . Je leur suis profondé-
ment reconnaissante du temps qu’elles ont consacré à ces rencontres.

Ce livre est également tributaire du travail de nombreuses assistantes


et traductrices qui ont, au fil des années, à des titres divers et pour des
durées plus ou moins longues, aidé à transcrire, traduire, lire et relire,
polir enfin la plupart de ces entretiens. Merci à Françoise Boudreault et
Elizabeth Larsen qui ont été parmi les premières à poser les bases de
ce manuscrit. Merci à Denise Agiman, Marc Boucher , Catherine
M. Bourgeois, Amélie Carrier, Marie-Ève Dubé, V irginie Magnat, Saskia
Ouaknine, Licia Pérak et Anne-Marie V illeneuve, qui ont, pour certains,
transcrit nombre de ces entrevues dans des conditions d’écoute parfois
difficiles et, pour d’autres, traduit ces textes à partir de l’anglais, de l’italien
ou de l’espagnol; merci aussi à Frédéric Maurin qui nous a aidée à résoudre
quelques cas difficiles dans ce passage d’une langue à une autre. Un merci
chaleureux à Margarita Borja, Annamaria Cetti, Valérie Dardenne, Liviu
Dospinescu, Rita Freda, Francisco Javier , Pia Kleber, Marco de Marinis,
Andrea Oberhuber, Émilie Olivier, Edwige Perrot, Graciela Rodríguez,
Annalisa Sacchi, W olfram Sander, Julia V arley, Philippa W ehle et
Andreas Yandl qui ont guidé nos choix et facilité certaines de ces ren-
contres. Enfin, un merci tout spécial, et non le moindre, à Anne-Marie
Guilmaine qui a lu et relu à plusieurs reprises ce manuscrit, traquant les
erreurs toujours possibles. Son travail assidu et constant a permis le
contact régulier avec les artistes, le suivi des rencontres, l’obtention des
photos et des droits, la vérification des biographies : tout un travail infini
et minutieux qui demande temps et organisation. Et, plus que tout, son
regard aigu, son souci du détail, ont donné leur forme finale à ces
entretiens.
Elizabeth LeCompte, Pol Pelletier , Alice Ronfard, Martine Beaulne et
Lorraine Pintal.

Il est impossible de terminer ce bref avant-propos sans reconnaître ce


qu’un travail comme celui-ci doit à toutes celles et à tous ceux qui l’ont
appuyé. Un livre est rarement l’œuvre d’une seule personne; un livre d’en-
tretiens l’est encore moins que tout autre. Il est le résultat de collaborations
multiples. Je tiens donc à remercier tout d’abord les artistes qui se sont prê-
tées avec générosité à ces entretiens et qui ont bien voulu répondre à mes
questions, bousculant souvent leurs horaires particulièrement chargés.
Elles ont toutes accepté de se dévoiler avec sincérité, empruntant même
parfois des chemins qu’elles auraient préféré éviter . Je leur suis profondé-
ment reconnaissante du temps qu’elles ont consacré à ces rencontres.

Ce livre est également tributaire du travail de nombreuses assistantes


et traductrices qui ont, au fil des années, à des titres divers et pour des
durées plus ou moins longues, aidé à transcrire, traduire, lire et relire,
polir enfin la plupart de ces entretiens. Merci à Françoise Boudreault et
Elizabeth Larsen qui ont été parmi les premières à poser les bases de
ce manuscrit. Merci à Denise Agiman, Marc Boucher , Catherine
M. Bourgeois, Amélie Carrier, Marie-Ève Dubé, V irginie Magnat, Saskia
Ouaknine, Licia Pérak et Anne-Marie V illeneuve, qui ont, pour certains,
transcrit nombre de ces entrevues dans des conditions d’écoute parfois
difficiles et, pour d’autres, traduit ces textes à partir de l’anglais, de l’italien
ou de l’espagnol; merci aussi à Frédéric Maurin qui nous a aidée à résoudre
quelques cas difficiles dans ce passage d’une langue à une autre. Un merci
chaleureux à Margarita Borja, Annamaria Cetti, Valérie Dardenne, Liviu
Dospinescu, Rita Freda, Francisco Javier , Pia Kleber, Marco de Marinis,
Andrea Oberhuber, Émilie Olivier, Edwige Perrot, Graciela Rodríguez,
Annalisa Sacchi, W olfram Sander, Julia V arley, Philippa W ehle et
Andreas Yandl qui ont guidé nos choix et facilité certaines de ces ren-
contres. Enfin, un merci tout spécial, et non le moindre, à Anne-Marie
Guilmaine qui a lu et relu à plusieurs reprises ce manuscrit, traquant les
erreurs toujours possibles. Son travail assidu et constant a permis le
contact régulier avec les artistes, le suivi des rencontres, l’obtention des
photos et des droits, la vérification des biographies : tout un travail infini
et minutieux qui demande temps et organisation. Et, plus que tout, son
regard aigu, son souci du détail, ont donné leur forme finale à ces
entretiens.
Introduction

Mettre en scène au féminin


Josette Féral

E n dépit des apparences, le théâtre contemporain écrit ou monté par


les femmes a reçu peu d’attention au cours des années 1, et les études
n’abondent pas sur le sujet. Non que la pratique théâtrale des femmes soit
invisible dans le paysage, mais elle s’y glisse désormais sans y faire de
vagues, contrairement à ce qui fut le cas à la grande période féministe
lorsque des pièces telles que La Nef des sorcières 2 (1976) ou Les Fées ont soif 3
(1978) au Québec, Je te le dis Jeanne, c’est pas une vie la vie qu’on vit du
collectif Les 3 Jeanne 4 (1976) en France, The Daughters Cycle Trilogy du
Women’s Experimental Theatre 5 aux États-Unis, firent l’histoire en
secouant l’édifice théâtral et en provoquant des réactions passionnées du
public. Les années qui nous séparent de ces premières manifestations ont
bouleversé les formes, les contenus et les styles et nous ont forcés à aborder
la question du théâtre des femmes sous un angle neuf, en rupture totale
avec les formes dominantes d’alors.

1. Voir notre dernier chapitre Entre nostalgie et mutation qui parcourt l’Histoire en
s’attachant aux recherches qui existent actuellement sur le théâtre de femmes. Voir
aussi la bibliographie.
2. Signée par Marthe Blackburn, Marie-Claire Blais, Nicole Brossard, Odette
Gagnon, Luce Guilbeault, Pol Pelletier et France Théoret.
3. De Denise Boucher.
4. Je te le dis Jeanne, c’est pas une vie la vie qu’on vit est le premier spectacle du collectif
Les 3 Jeanne, fondé par Éliane Boëri, Martine Boëri, Chantal Pelletier et Éva D’Arlan.
5. Cette trilogie du milieu des années soixante-dix comprend les pièces Daughters,
Sister/Sister et Electra Speaks, signées par Roberta Sklar, Clare Coss et Sondra Segal,
alors directrices du Women’s Experimental Theatre.
Introduction

Mettre en scène au féminin


Josette Féral

E n dépit des apparences, le théâtre contemporain écrit ou monté par


les femmes a reçu peu d’attention au cours des années 1, et les études
n’abondent pas sur le sujet. Non que la pratique théâtrale des femmes soit
invisible dans le paysage, mais elle s’y glisse désormais sans y faire de
vagues, contrairement à ce qui fut le cas à la grande période féministe
lorsque des pièces telles que La Nef des sorcières 2 (1976) ou Les Fées ont soif 3
(1978) au Québec, Je te le dis Jeanne, c’est pas une vie la vie qu’on vit du
collectif Les 3 Jeanne 4 (1976) en France, The Daughters Cycle Trilogy du
Women’s Experimental Theatre 5 aux États-Unis, firent l’histoire en
secouant l’édifice théâtral et en provoquant des réactions passionnées du
public. Les années qui nous séparent de ces premières manifestations ont
bouleversé les formes, les contenus et les styles et nous ont forcés à aborder
la question du théâtre des femmes sous un angle neuf, en rupture totale
avec les formes dominantes d’alors.

1. Voir notre dernier chapitre Entre nostalgie et mutation qui parcourt l’Histoire en
s’attachant aux recherches qui existent actuellement sur le théâtre de femmes. Voir
aussi la bibliographie.
2. Signée par Marthe Blackburn, Marie-Claire Blais, Nicole Brossard, Odette
Gagnon, Luce Guilbeault, Pol Pelletier et France Théoret.
3. De Denise Boucher.
4. Je te le dis Jeanne, c’est pas une vie la vie qu’on vit est le premier spectacle du collectif
Les 3 Jeanne, fondé par Éliane Boëri, Martine Boëri, Chantal Pelletier et Éva D’Arlan.
5. Cette trilogie du milieu des années soixante-dix comprend les pièces Daughters,
Sister/Sister et Electra Speaks, signées par Roberta Sklar, Clare Coss et Sondra Segal,
alors directrices du Women’s Experimental Theatre.
Doit-on en déduire que les choses sont désormais acquises ? que les
batailles ont été gagnées et que les femmes sont définitivement entrées
dans le domaine artistique au point d’y occuper des rôles de premier
plan, à l’instar d’Ariane Mnouchkine, Deborah Warner ou Anne Bogart?
Autrefois essentiellement actrices, les voilà qui abandonnent ce champ de
prédilection pour investir en nombre tout le domaine de la création
théâtrale. Dramaturges, metteures en scène de théâtre et d’opéra, direc-
trices de festival ou de théâtre, scénographes, costumières, elles sont
nombreuses à occuper le devant de la scène. Leur présence est une évi-
dence. Elle va de soi, pourrait-on dire. Soucieuses avant tout d’assurer
leur place comme artistes, elles font plus que jamais partie du paysage
théâtral. Les batailles qu’elles mènent ne sont plus celles qui marquèrent
la grande période féministe – celles-ci sont devenues caduques, en porte-
à-faux par rapport au monde d’aujourd’hui.

Cette présence croissante des femmes dans le paysage théâtral se


trouve confirmée par les chiffres dans la plupart des pays européens et
nord-américains. Ainsi, à titre d’exemple, des statistiques récentes
montrent que pour l’Ontario, le nombre de femmes metteures en scène
est passé de 11% il y a vingt-cinq ans à 28% aujourd’hui6. Très faible dans
les années soixante-dix, le nombre de femmes choisissant le métier de

6. Étude effectuée en 2004 par la revue Artifaits qui examine les données sur la pro-
portion de femmes occupant des fonctions principales de création dans les
compagnies professionnelles de l’Ontario. Cette étude met en parallèle les résul-
tats de quatre saisons ( 1999-2000 à 2002-2003) en Ontario et l’étude nationale
faite pour le Canada par Rina Fraticelli. Cette dernière met en lumière le nombre
de femmes artistes dans les années quatre-vingt et compare ces chiffres à ceux
d’une étude faite par le New Y ork State Council on the Arts en 2002. Outre les
résultats énoncés plus haut (passage de 11 à 28% des metteures en scène femmes),
ces chiffres prouvent également que le taux de production de pièces écrites par des
femmes dramaturges au Canada est passé de 10 à 33 % et le taux de directrices
artistiques de 11 à 31%. Paradoxalement, les résultats obtenus pour les États-Unis
révèlent une progression nettement moindre. Ainsi, en 2001-2002, le taux de
production de pièces écrites par des femmes dramaturges n’était que de 16 % et
celui des femmes metteures en scène que de 17%, donc significativement inférieur
à celui de l’Ontario, ce qui est surprenant compte tenu du radicalisme du fémi-
nisme américain à l’origine de nombreuses avancées pour les femmes. Dans le
domaine de la mise en scène en Europe, Sabine Cornille, Paulette Soubeyrand et
Monique Surel-Tupin notent, dans un article paru en 1995 (« Metteuse en scène :
une image à créer, un rôle à inventer », in Femmes de théâtre, pour une scène sans
frontières, Louvain-la-Neuve, « Études théâtrales », numéro 8, p. 41-61), qu’en
consultant l’année du théâtre 1993-1994, elles ont dénombré une centaine de
spectacles dirigés par des femmes sur un total de 700. Sieghild Bogumil, dans le
même recueil, fait observer qu’en 1992, en Allemagne, seules deux femmes
occupent la plus haute fonction (directrices de théâtre) dans les théâtres
Doit-on en déduire que les choses sont désormais acquises ? que les
batailles ont été gagnées et que les femmes sont définitivement entrées
dans le domaine artistique au point d’y occuper des rôles de premier
plan, à l’instar d’Ariane Mnouchkine, Deborah Warner ou Anne Bogart?
Autrefois essentiellement actrices, les voilà qui abandonnent ce champ de
prédilection pour investir en nombre tout le domaine de la création
théâtrale. Dramaturges, metteures en scène de théâtre et d’opéra, direc-
trices de festival ou de théâtre, scénographes, costumières, elles sont
nombreuses à occuper le devant de la scène. Leur présence est une évi-
dence. Elle va de soi, pourrait-on dire. Soucieuses avant tout d’assurer
leur place comme artistes, elles font plus que jamais partie du paysage
théâtral. Les batailles qu’elles mènent ne sont plus celles qui marquèrent
la grande période féministe – celles-ci sont devenues caduques, en porte-
à-faux par rapport au monde d’aujourd’hui.

Cette présence croissante des femmes dans le paysage théâtral se


trouve confirmée par les chiffres dans la plupart des pays européens et
nord-américains. Ainsi, à titre d’exemple, des statistiques récentes
montrent que pour l’Ontario, le nombre de femmes metteures en scène
est passé de 11% il y a vingt-cinq ans à 28% aujourd’hui6. Très faible dans
les années soixante-dix, le nombre de femmes choisissant le métier de

6. Étude effectuée en 2004 par la revue Artifaits qui examine les données sur la pro-
portion de femmes occupant des fonctions principales de création dans les
compagnies professionnelles de l’Ontario. Cette étude met en parallèle les résul-
tats de quatre saisons ( 1999-2000 à 2002-2003) en Ontario et l’étude nationale
faite pour le Canada par Rina Fraticelli. Cette dernière met en lumière le nombre
de femmes artistes dans les années quatre-vingt et compare ces chiffres à ceux
d’une étude faite par le New Y ork State Council on the Arts en 2002. Outre les
résultats énoncés plus haut (passage de 11 à 28% des metteures en scène femmes),
ces chiffres prouvent également que le taux de production de pièces écrites par des
femmes dramaturges au Canada est passé de 10 à 33 % et le taux de directrices
artistiques de 11 à 31%. Paradoxalement, les résultats obtenus pour les États-Unis
révèlent une progression nettement moindre. Ainsi, en 2001-2002, le taux de
production de pièces écrites par des femmes dramaturges n’était que de 16 % et
celui des femmes metteures en scène que de 17%, donc significativement inférieur
à celui de l’Ontario, ce qui est surprenant compte tenu du radicalisme du fémi-
nisme américain à l’origine de nombreuses avancées pour les femmes. Dans le
domaine de la mise en scène en Europe, Sabine Cornille, Paulette Soubeyrand et
Monique Surel-Tupin notent, dans un article paru en 1995 (« Metteuse en scène :
une image à créer, un rôle à inventer », in Femmes de théâtre, pour une scène sans
frontières, Louvain-la-Neuve, « Études théâtrales », numéro 8, p. 41-61), qu’en
consultant l’année du théâtre 1993-1994, elles ont dénombré une centaine de
spectacles dirigés par des femmes sur un total de 700. Sieghild Bogumil, dans le
même recueil, fait observer qu’en 1992, en Allemagne, seules deux femmes
occupent la plus haute fonction (directrices de théâtre) dans les théâtres
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SELLIER, Geneviève ; VIENNOT, Éliane (sous la dir . de), Culture d’élite,
culture de masse et différence des sexes, Paris/Montréal, L’Harmattan, coll.
« Bibliothèque du féminisme », 2004.
SENELICK, Laurence, Gender in Performance : the Presentation of Difference
in the Performing Arts, Hanovre, University Press of New England, coll.
« Tufts university », 1992.
SOLOMON, Alisa, Re-dressing the Canon : Essays on Theatre & Gender,
Londres/New York, Routledge, 1998.
SPENCER, Samia I., French Women and the Age of Enlightenment,
Bloomington, Indiana University Press, 1984.
ST-JOAN, Jacqueline ; MAC ELHINEY, Annette B., Beyond Portia : Women,
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TARAUD, Christelle, Les féminismes en questions : éléments pour une carto-
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Boulder, Westview Press, 1995.
VEAUVY, Christiane (sous la dir. de), Les femmes dans l’espace public : itiné-
raires français et italiens, Paris/Saint-Denis, Maison des sciences de
l’homme/Le fil d’Ariane/Université Paris VIII, 2004,.
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anglophone, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. «Le Spectacu-
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WYATT-BROWN, Annette ; ROSSEN, Janice, Aging and Gender in Litera-
ture : Studies in Creativity, Charlottesville, University of V irginia, Press
coll. « Feminist issues », 1993.
Mise en scène et
jeu de l’acteur
Entretiens Tome III
Voix de femmes

La place des femmes metteures en scène n’a cessé de s’affirmer depuis trente ans.
En Allemagne, en Argentine, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie, en
Lettonie, en Norvège, en Roumanie, en Suisse, au Canada, aux États-Unis, au
Mexique ou au Royaume-Uni, celles-ci abordent des répertoires originaux, déve-
loppent de nouvelles esthétiques, créent des compagnies, dirigent des théâtres,
quand elles n’occupent pas tout simplement le devant de la scène. Aujourd’hui, si
leur place semble aller de soi dans la plupart des pays où Josette Féral a effectué
ses entrevues, des différences sensibles se manifestent cependant selon les cultures.

Troisième volet d’une trilogie consacrée aux metteurs en scène d’aujourd’hui et à


leur direction d’acteurs, Voix de femmes interroge l’évolution du métier du point
de vue de l’artiste et du point de vue de la femme : pourquoi ces femmes ont-elles
choisi de devenir metteures en scène ? Quelle est leur vision du théâtre ? Comment
travaillent-elles avec les acteurs ? Quel répertoire privilégient-elles ? Mais aussi :
comment cette fonction a-t-elle été affectée par le fait qu’elles sont femmes ? Ont-
elles connu certaines formes de discrimination au cours de leur carrière artis-
tique ? En quoi leur démarche de créatrices diffère-t-elle de celle des hommes ?

La question du rapport au féminin a donc accompagné la trajectoire de tous ces


entretiens. Les réponses obtenues ne prétendent en rien être le reflet d’une vérité
unique. Elles tracent en pointillé un certain état de la situation en ce début du
XXIe siècle. La variété des réponses, des âges et des parcours révèle non seule-
ment l’originalité des formes et des visions rencontrées mais aussi une véritable
rage de créer.

Tome I – L’Espace du texte


Photo : © Martine Doyon

Tome II – Le Corps en scène

Critique et théoricienne, Josette Féral enseigne à l’Université du Québec à


Montréal. Elle se consacre à l’étude du théâtre et a publié plusieurs livres
Conception graphique : Célia Provencher-Galarneau

sur le sujet, notamment Teatro, teoría y práctica : más allá de las fronteras
(Buenos Aires, Galerna, 2004), Mise en scène et jeu de l’acteur. Entretiens.
Tomes I et II (Jeu et Lansman, 1997 et 1998), Trajectoires du Soleil (Théâtrales,
1998) et Dresser un monument à l’éphémère. Rencontres avec Ariane Mnouchkine
(XYZ et Théâtrales, 1995). Elle a également fait paraître plusieurs ouvrages
collectifs dont les plus récents sont L’École du jeu, former ou transmettre
(L’Entretemps, 2003), Theatricality (Univ. of Wisconsin Press, 2002) et Les
Chemins de l’acteur. Former pour jouer (Québec Amérique, 2001).

www.quebec-amerique.com
Mise en scène et
jeu de l’acteur
Entretiens Tome III
Voix de femmes

La place des femmes metteures en scène n’a cessé de s’affirmer depuis trente ans.
En Allemagne, en Argentine, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie, en
Lettonie, en Norvège, en Roumanie, en Suisse, au Canada, aux États-Unis, au
Mexique ou au Royaume-Uni, celles-ci abordent des répertoires originaux, déve-
loppent de nouvelles esthétiques, créent des compagnies, dirigent des théâtres,
quand elles n’occupent pas tout simplement le devant de la scène. Aujourd’hui, si
leur place semble aller de soi dans la plupart des pays où Josette Féral a effectué
ses entrevues, des différences sensibles se manifestent cependant selon les cultures.

Troisième volet d’une trilogie consacrée aux metteurs en scène d’aujourd’hui et à


leur direction d’acteurs, Voix de femmes interroge l’évolution du métier du point
de vue de l’artiste et du point de vue de la femme : pourquoi ces femmes ont-elles
choisi de devenir metteures en scène ? Quelle est leur vision du théâtre ? Comment
travaillent-elles avec les acteurs ? Quel répertoire privilégient-elles ? Mais aussi :
comment cette fonction a-t-elle été affectée par le fait qu’elles sont femmes ? Ont-
elles connu certaines formes de discrimination au cours de leur carrière artis-
tique ? En quoi leur démarche de créatrices diffère-t-elle de celle des hommes ?

La question du rapport au féminin a donc accompagné la trajectoire de tous ces


entretiens. Les réponses obtenues ne prétendent en rien être le reflet d’une vérité
unique. Elles tracent en pointillé un certain état de la situation en ce début du
XXIe siècle. La variété des réponses, des âges et des parcours révèle non seule-
ment l’originalité des formes et des visions rencontrées mais aussi une véritable
rage de créer.

Tome I – L’Espace du texte


Photo : © Martine Doyon

Tome II – Le Corps en scène

Critique et théoricienne, Josette Féral enseigne à l’Université du Québec à


Montréal. Elle se consacre à l’étude du théâtre et a publié plusieurs livres
Conception graphique : Célia Provencher-Galarneau

sur le sujet, notamment Teatro, teoría y práctica : más allá de las fronteras
(Buenos Aires, Galerna, 2004), Mise en scène et jeu de l’acteur. Entretiens.
Tomes I et II (Jeu et Lansman, 1997 et 1998), Trajectoires du Soleil (Théâtrales,
1998) et Dresser un monument à l’éphémère. Rencontres avec Ariane Mnouchkine
(XYZ et Théâtrales, 1995). Elle a également fait paraître plusieurs ouvrages
collectifs dont les plus récents sont L’École du jeu, former ou transmettre
(L’Entretemps, 2003), Theatricality (Univ. of Wisconsin Press, 2002) et Les
Chemins de l’acteur. Former pour jouer (Québec Amérique, 2001).

www.quebec-amerique.com

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