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Les stéréotypes

Etymologie : du grec stereos, ferme, dur, solide, robuste, et tupos empreinte, marque.

Expression ou opinion toute faite, sans aucune originalité, ou caractérisation symbolique et


schématique d'un groupe qui s'appuie sur des attentes et des jugements de routine.

Synonymes : Cliché - poncif

Sens 1

Un stéréotype est ce qui est imprimé avec des caractères stéréotypés, formes en relief obtenues par
moulage pour effectuer des impressions.

Sens 2

En psychologie, un stéréotype est une répétition de mots, de phrases, d'attitudes, de gestes ou de


pensées, de manière automatique sans signification ni relation avec le contexte.

La stéréotypie est la manifestation de stéréotypes chez une personne, de manière habituelle et


involontaire, sans toutefois présenter le caractère compulsif des tics.

Les types

D’après Andréa, on est tous sujets aux stéréotypes. Pour elle, mieux connaître ses préjugés sociaux
lui permet de mieux comprendre le monde qui l’entoure.

Il existe différents types de stéréotypes, selon les caractéristiques auxquelles ils se réfèrent.

Les jeunes sont impolis.


Les Suisses sont lents.
Les asiatiques sont polis, travailleurs, calmes et silencieux.
Les joueurs de foot ne sont pas très intelligents.
Les docteurs sont des menteurs.
Les femmes conduisent mal et sont dangereuses en voiture.
Les hommes ne sont pas capables de faire plusieurs choses en même temps.
Les Marocains sont arabes
Les blondes sont stupides.
Les Marocains pratiquent tous la sorcellerie
Les brunes ont du caractère.
Les intellectuels portent des lunettes.
Les Marocains sont la plupart du temps en retard.
Les Marocains pratiquent Tberguig* avec assiduité.

Formation et effets des stéréotypes

Lors du processus de catégorisation, les individus filtrent l'immense quantité d'informations qui leur
parviennent de leur environnement et simplifient le traitement de celles-ci en ignorant certaines
dissemblances et en exagérant les ressemblances entre les stimuli. Quand le processus de
catégorisation s'applique aux humains, il s'agit alors de catégorisation sociale et ce processus influe
systématiquement sur les impressions qui naissent en nous. Il s'avère que les aspects cognitifs de
stéréotypes découlent directement du processus fondamental de catégorisation sociale.

La cognition humaine se réalise par les informations imposées et répétées, qui finissent par acquérir
une certaine valeur auprès du public : on admet que le lieu commun a sans doute une part de vérité.
Ce constat vaut particulièrement pour les jugements portés sur les habitants d'un pays étranger7.

L'une des conséquences de la catégorisation sociale est que nous accentuons les différences entre les
personnes appartenant à des groupes distincts et que nous minimisons les différences entre les
membres d'un même groupe. De façon générale, nous avons plus tendance à minimiser les
différences individuelles entre les membres de l'exogroupe qu'entre les membres de notre propre
groupe. Ce phénomène de l'homogénéisation de groupe, appliqué à l'exogroupe, nous amène à
percevoir qu'« eux » sont tous pareils, alors que « nous » sommes très différents les uns des autres.
Cette homogénéisation de l'exogroupe, qui est la base des stéréotypes, nous permet de faire
l'économie de jugements complexes sur chacun des innombrables individus que nous côtoyons
quotidiennement.

Autre phénomène intéressant en relation avec les stéréotypes est que, si un stéréotype s'avère
infirmé par des expériences de vie personnelle, on peut tout de même conserver ce stéréotype et
classer l'événement se situant en contradiction dans une nouvelle catégorie ou un nouveau sous-
groupe. Par exemple, l'idée que toutes les femmes aiment être invitées au restaurant peut être
contredite si, à une ou plusieurs reprises, une femme insiste pour payer elle-même. Afin de
conserver le stéréotype selon lequel « les femmes aiment se faire inviter au resto », les femmes qui
insistent pour payer vont être classées dans une sous-catégorie de « femmes féministes ».

La catégorisation n'est pas en tant que telle, un préjugé. Mais la catégorisation sert de fondement au
préjugé.

Des stéréotypes aux préjugés

Les préjugés résultent d’un même processus de catégorisation et de classification de l’humanité. Ils
s’appuient sur des éléments subjectifs, souvent liés à des représentations stéréotypées, et croisent
des données objectives telles que le physique, l’âge, le statut social, la religion, l’origine, etc. Un
individu sera donc jugé sur la base de cette opinion s’appliquant, par amalgame, à l’ensemble des
membres présumés de sa catégorie, celle-ci pouvant être constituée sur des critères multiples
(riches, noirs, femmes, Belges, blonds…). Ainsi l’individu n’est-il pas évalué au regard de sa
personnalité et de ses traits propres, physiques ou moraux, mais sur ceux prêtés à l’ensemble de ses
congénères.

Les préjugés se forgent à l’intérieur des groupes, en interaction avec d’autres individus ou groupes.
Le milieu social, l’environnement familial, les relations professionnelles, les lieux de sociabilités ou
encore les médias sont autant de cercles où se construisent, se diffusent et se consolident les
préjugés. Ils dépendent des croyances dominantes, qui varient en fonction des époques. Le poids de
la culture et de la religion, des mœurs et de l’éducation détermine leur teneur et leur ancrage dans
les mentalités. La circulation des croyances et des représentations dans toutes les couches de la
société renforce des préjugés.

Comme les stéréotypes, les préjugés s’expriment sur la base du « eux » et « nous ». Ils entraînent la
mise à distance de certains individus et de certains groupes et ils permettent de resserrer les liens
entre les membres du groupe. Il existe ainsi des préjugés négatifs, qui visent à exclure, et des
préjugés positifs, qui renforcent l’estime de soi, individuelle ou collective. Ils peuvent, quand il s’agit
de préjugés raciaux, engendrer des attitudes discriminatoires ou ségrégatives.

Déconstruire les stéréotypes et les préjugés

L’action contre le racisme et l’antisémitisme emprunte souvent le chemin de la lutte contre les
stéréotypes et les préjugés. Leur déconstruction est un processus complexe. D’abord parce que tous
deux relèvent d’un mode de fonctionnement naturel de l’être humain, qui forge sa connaissance du
monde en recourant aux a priori. Ensuite parce que les stéréotypes sont assénés comme des
évidences, des vérités immuables (« ils sont comme ça… »). Ils circulent d’autant plus facilement
qu’ils mobilisent des schémas simples. Ils peuvent aussi être fortement ancrés dans l’environnement
immédiat dans lequel évolue l’individu : il lui est alors particulièrement difficile de modifier ses
représentations et ses attitudes tout en restant immergé dans son milieu.

S’il est difficile de corriger les visions stéréotypées, les recherches soulignent le rôle de l’éducation,
grâce au développement de l’esprit critique et de la connaissance. L’objectif est de remettre en cause
les représentations négatives attachées à certaines populations. Traditionnellement, ces actions
s’appuient sur des messages de tolérance qui appellent à dépasser les idées reçues et les réticences
initiales, souvent décrites comme résultant de l’ignorance et de la bêtise.

La lutte contre les stéréotypes et les préjugés mobilise aujourd’hui des moyens plus efficaces que le
slogan. Elle utilise principalement des techniques et des outils pour conduire à une prise de
conscience de ces phénomènes et de leur fonctionnement. On peut ainsi espérer modifier les
réactions et amorcer un changement dans les habitudes : c’est ce qu’on nomme la disruption,
concept né dans le champ du marketing. Les jeux de rôle ou le théâtre forum (forme de théâtre
interactif), en particulier, sont mobilisés dans ce but.

Les relations et le contact direct entre des groupes, sous certaines conditions (lorsqu’il s’agit, par
exemple, de coopérer pour servir des intérêts communs), sont également susceptibles de modifier
leurs représentations respectives, de les atténuer, voire de les invalider.

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