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Une référence historique incontournable 

: Jean 
Piaget 
I- La psychologie génétique de Jean Piaget  
 
1- Qui est Jean Piaget ? 

Piaget  (1893-1980) est né à Neuchâtel et mort à Genève, il a écrit son 1​er article à 16 ans sur les 
protozoaires  en  fonction  du  milieu  climatique  sur  lequel  il  a  travaillé depuis l’âge de 13 ans, 
cela  le  conduira  à  faire  ​une  thèse  en  malacologie  (étude  des  mollusques)​.  Il  s’intéresse  à la 
biologie et à l’histoire des sciences et au développement de l’enfant. 

Piaget  est  intéressé  par  les  questions  épistémologiques  et  fonde  en  1955  le  CIEG  (Centre 
Internationale  d’Épistémologie  Génétique).  C’est  épistémologue  plus  qu’un  psychologue. 
(réunis des chercheurs d'horizon différente) 

Il  a  eu  des  collaboratrices  polonaises :  ​Balbel  Inhelder  et  Aline  Széminska​.  Ce  sont  ces  2 
collaborateurs  qui  ont  cosigné  pratiquement  tous  les  articles  de  PIAGET,  soit  600  articles  et 
50 ouvrages.  

Il  fait  parti  des  savants  qui  ont  le plus produits. C’est le psychologue qui a été le plus traduit 


et  celui  qui  a  obtenu  le  plus  de  distinction.  C’est aussi celui qui a obtenu le plus de fois (x29) 
« le Docteur Honoris Causa »

Ce fut un grand savant qui a marqué son époque.  

La psychologie Génétique signifie la psychologie du développement. 

2- Les fondements de sa théorie 

La théorie de PIAGET se fonde sur 3 ancrages​ : 

Ancrage épistémologique​ :  
 

L’épistémologie concerne l’étude de la connaissance humaine. 

Il se base sur deux questions​ :  

- Comment se forment les connaissances chez l’homme ?  


- Comment s’accroissent-elles ?   
 

Le  problème  pour  PIAGET,  c’est  qu’il  ne  se  satisfait  pas  de  la  réponse  des  philosophes,  il 
veut faire des expériences.  
Il  va  donc  se  tourner  vers  l’enfant  car  il  s’intéresse  à  ce  qui  se  développe  chez  l’enfant,  en 
général,  chez  tous les enfants quel que soit la société. Si on comprend comment se ​développe 
l’intelligence​ chez l’enfant, on comprendra alors mieux l’intelligence chez l’Homme.  

Piaget :  ​« La  psychologie  du  développement  devient  le  terrain  expérimentale  de 
l’épistémologie » 

La  critique  que  nous  pouvons  lui  opposer  c’est  qu’il  ne s’est pas intéressé aux différences de 
culture, c’est-à-dire de s’intéresser à ce qu’il y a de plus générale. 

Ancrage biologique​ :  
 

Il  va  s’intéresser  à  ​l’intelligence  dans  le  domaine  biologique​.  L’intelligence  prolonge  les 
processus d’adaptation biologique et s’inscrit dans l’évolution générale de la vie. 

Pour  lui,  l’intelligence  est  la  meilleure  forme d’adaptation et d’organisation de l’organisme à 


son milieu. Plus nous échangeons avec son milieu, plus nous sommes intelligent.  

Il y a deux processus généraux dans l’adaptation, que PIAGET va exposer à la psychologie :  

o Assimilation​ :  Intégration  de  nouvelles  connaissance  et  expérience  à  la  structure  de 
l’organisme. 
o Accommodation​ :  Modification  de  ses  structures  en  fonction  des  contraintes,  des 
propriétés du milieu et des objets. 
 

« L’intelligence  est  une  interaction  entre  ces  deux  processus  pour  aboutir  à  une  meilleure 
adaptation. » 

L’assimilation  et  l’accommodation  permettent  donc  une  meilleure  adaptation  et 


l’adaptation amène à l’action. 

Par  exemple,  le  bébé  a  un  réflexe  de  succion  est  le  ​premier  comportement  observable​, c’est 
un  schème  sensori-moteur  qui  lui  permet  d’assimiler  les  propriétés  des  objets  qu’il  met  à  la 
bouche, mais aussi de s’accommoder car la réponse de succion va être différente selon l’objet.  

La  réponse  de  succion  est  un  acte  d’intelligence  selon  PIAGET  car  elle  lui  permet  de 
s’adapter à l’environnement.  

On  part  du  biologique,  il  y  a  une  évolution  et  cette  évolution  tend  vers  une  plus  grande 
adaptation  par  l’accommodation  et  l’assimilation,  et  l’intelligence  prolonge  ces  processus 
d’adaptation. 

Piaget​ :  ​« C’est  en  s’adaptant  aux  choses  que  la  pensée  s’organise  et  c’est  en  s’organisant 
elle-même qu’elle structure les choses » 

 
 

Ancrage logico-mathématiques​ : 
 

Pour  Piaget,  le  développement  ​de  l’intelligence  correspond  à  l’élaboration  de  structures 
mentales  ou  cognitive.  Ces  structures  ressemblent  aux  structures  développées  par  les 
mathématiciens et logiciens. Ce qui se développe chez les enfants sont des structures d’action 
qui  ressemblent  à  des  structures  logico-mathématique.  L’intelligence  sont  des  structures 
mentales  qui  nous  permettent  d’échanger  avec  le  milieu  grâce  à  l’assimilation  et  à 
l’accommodation, ces structures sont logico-mathématiques. 

Il y a deux principales conséquences :  

o Le  développement  de  ​l’intelligence  va  se  confondre  avec  une  capacité  de  plus  en 
plus logique​.  
 

C’est  un  apport  considérable,  seulement  aujourd’hui,  on  sait  qu’il  n’y  a  pas  que  ça,  on  peut 
avoir  un  comportement  totalement adapté à une situation mais qui n’est pas du tout logique. 
La  logique  devient  ​l’objet  et  l’instrument  de  l’intelligence.  On  se  sert  de  la  logique  pour 
étudier la psychologie du développement de l’intelligence.  

o Approche théorique Piagétienne est une ​approche constructiviste​. 


 
Piaget :  ​« La  logique  devient  à  la  fois  l’instrument  et  l’objet  de  la  psychologie  de 
l’intelligence » 
 
L’intelligence humaine est-elle seulement une capacité de plus en plus logique ? 
 

3- Le structuralisme piagétien 

Dans  les  années  30,  il  y  a  eu  le  structuralisme  qui  a  été  initié  non  pas  en  psychologie  même 
s’il y a quand même eu quelques psychologues qui l’ont étudié.  

Le  structuralisme  est  une  méthode  d’approche  dans  laquelle  nous  considérons  que  tous  les 
éléments  sont  interdépendants  les  uns  par  rapport  aux  autres,  ils  se  déterminent les uns par 
rapport aux autres. 

C’était  la  « mode »  en  sociologie,  en  linguistique  et  en  ethnologie,  en  bref  dans  tous  les 
secteurs de sciences humaines et en psychologie avec KÖHLER. 

PIAGET pensait qu’une structure telle qu’elle soit se construit, s’élabore progressivement.  

Il  y  a  une  continuité  dans  le développement, les structures ne se substituent pas les unes aux 


autres, elles se transforment et s'enrichissent en englobant de plus en plus d'éléments 

Il dira donc que l’enfant élabore des structures progressivement. 


4- Le constructivisme piagétien 

Dans  ​le  constructivisme​,  le  développement  des  connaissances  ne  provient  pas  d’un 
programme  ou de structures préformées mais de la seule expérience et de simple association. 
Dans  cette  perspective,  les  connaissances  se  construisent  progressivement,  étape  par  étape, 
stade par stade. 

C’est  ​James  Mark  Baldwin  qui  a  créé  ce  terme  et  c’est  Piaget  qui  en  a  été  le  promoteur. 
Piaget  a  défendu  son  approche  en  opposition  aux  théories  dominantes  de  son  époque :  le 
Béhaviorisme  et  le  Nativisme​.  ​Pour  Piaget  on  a  un  point  de  départ,  et  le  développement 
résulte  d’une  construction  progressive  avec  des  changements  quantitatifs  et  qualitatifs. 
C’est le constructivisme. 

Il y a 3 conceptions​ : 

- Le  préformisme  considère  que  les  déterminants  du  développement  existent  dès  le 
départ et que le développement est programmé d’avance.  
C’est la maturation biologique qui révèle ce programme au fil du temps.  

Derrière ça, ce sont les ​théories nativistes.  

Attention,  il n’exclue pas l’expérience, il faut également un environnement propice au 
développement. « SKINNER » 

- L’associationnisme  est  l’opposé  du  préformisme.  Il  accorde  une  part  importante  à 
l’expérience.  
Dans  ce  sens,  les  connaissances  sont  issues  des  perceptions  et  des  liens  établis  entre 
elles. « CHOMSKY » 

- PIAGET  va  rejeter  ces  deux  conceptions,  il  se  base  sur  le  constructivisme  qui est une 
démarche  originale  qui  résulte  d’une  construction  individuelle  de  l’organisme  avec 
son milieu. Ce n’est pas un mixe des deux conceptions précédentes.  
Pour  lui,  il  n’y  a  pas  de  programme,  des  connaissances,  c’est  d’abord  étapes  par 
étapes par interaction du sujet avec son environnement.  

C’est  JAMES  MARK  BALDWIN  qui  a  forgé  les  concepts  du  constructivisme  et  c’est 
PIAGET qui en a été le promoteur.  

PIAGET  s’est  appuyé  sur  le  constructivisme  en  réponse  au  béhaviorisme  dominant 
de l’époque.  

Il y a quatre points importants dans le ​constructivisme Piagétien​ :  

 
a. Les stades Piagétien​  
 

- Stade  sensori-moteur​ :  de  0  à  2  ans  construction  de  l’objet  permanent,  le  ​groupe 
pratique  de  déplacement  ​permet  de  concevoir que l’objet est permanent. Il y aurait 6 
étapes de la naissance jusque 2 ans.  
 

- Stade des opérations concrètes​ : préparation de 2 à 7 ans, pensées symboliques  


(2  à  4  ans)  et  pensées  intuitives.  De  7  à  12  ans  par  une  mise  en  place  des  opérations 
concrète et des structures de développement qui permet de mieux résonner. 

- Stade  des  opérations  formelles​ :  de  12  à  16  ans,  groupe  des  opérations  formelles,  la 
combinatoire,  le  groupe  INRC  qui  sont  d’autres  structures  qui  permettent  de 
résonner et de s’adapter.  
 

b. Propriétés des stades  


 

L’ordre  de  succession  des  stades  est  ​constants  et  stables​,  ​identiques  pour  tous  les 
enfants.  Ils  peuvent  être  plus  ou  moins  rapides  selon  les  milieux  mais  ils  passent 
obligatoirement  par  tous  les  stades  et  dans  l’ordre.  Chaque  enfant  passe  par tous ces 
stades même à des âges différents. Tous les enfants doivent y passer. 
 
Chaque  stade  est  défini  par  ​l’élaboration d’une ou plusieurs structures​, l’acquisition 
d’un  stade  marque  l’élaboration  d’une  structure (= reflète ce qu’un individu sait faire 
ou  ne  sait  pas  faire,  structure  d’action,  pas  conscience  de  ces  structures).  C’est 
pourquoi c’est constructivisme, ce n’est pas une simple accumulation de connaissance 
mais une construction. 
 

Les  stades  ont  un  ​caractère  intégratif​,  ce  qui  est  acquis  à  chaque  stade  est  acquis  de 
façon  plus  prononcée  au  stade  suivant et permet l’échange avec le milieu. L’enfant ​se 
développe en construisant​ et en reconstruisant ​de nouvelles connaissances.  
 

La  fin  d’un  stade  constitue  ​une  forme  d’équilibre  « final »​,  à  la  fin  de  son 
développement,  l’enfant  a  acquis  un  certain  niveau  de  compétence,  ​mais ça n’exclue 
pas les régressions fonctionnelles.  
 

c. Les facteurs du développement​  


 

L’hérédité 
L’hérédité​ :  c’est  un  facteur  important  pour Piaget mais pour lui, ​l’influence de l’hérédité se 
limite  essentiellement  à  donner  le  point  de  départ  du  développement  dans  l’activité reflexe. 
L’hérédité  ne  fait  que  donner  l’impulsion  au  développement,  le  réflexe  de  succion  par 
exemple.  

PIAGET  considère  que  ​l’influence  de  la  maturation  ne  fait  que  diminuer  au  cours  du 
développement.  Plus  les  acquisitions  sont  élaborées,  plus  leur  chronologie  est  variable,  non 
pas dans l’ordre de succession mais dans l’âge d’apparition.  

La  maturation  joue  un  rôle  mais  que  ce  rôle  diminue  au  cours  du  temps.  Il  n’y  a  pas  que  la 
maturation, mais aussi l’environnement … 

L'exercice et l'expérience 
 

Ce  n’est  ​pas  ​l’expérience  (ou  exercice)  en  soi  qui  est  important,  mais  c'est  ce  qu'en  retire 
l'enfant​, les connaissances que l'enfant peut abstraire de son expérience. 

Ces  facteurs  n’ont  d’intérêt  qu’à  partir  du  moment  où  l’enfant  est  capable  d’abstraire  de 
nouvelles connaissances à partir de ses expériences.  

Donc ceux sont les processus d’abstraction qui sont, ici, déterminants. 

PIAGET distingue deux types d’abstractions​ : 

- L’abstraction  simple  ou  empirique​ :  Elle  part  des  objets  pour  en  extraire  leur 
propriété. Elle est accessible à toutes les espèces. 
 

- L’abstraction  réfléchissante  ou  logique​ :  Elle  part  des  actions  exercées  sur  les  objets 
pour en extraire leur propriété. 
 

⇨​ L’abstraction simple est donc l’expérience sur les objets avec les schèmes, par exemple, de  

  poursuite  oculaire,  le  bébé  va  abstraire  les  propriétés  par  son  expérience  répétée 
(apprendre  

que les objets ont une couleur, une forme, etc.) car ceux sont des propriétés issues  

directement des schèmes qui s’accommodent sur les objets. 

C’est autre chose que d’élaborer à partir des actions exercées sur les objets qu’une  

connaissance qui porte sur les objets. 

Ce  facteur  est  crucial  pour  PIAGET,  ce  n’est pas l’expérience qui est importante mais c’est 


ce que nous pouvons en retirer à partir de ses actions. 

Interaction & la transmission sociale 


 

​ La transmission des connaissances ≠ assimilation de connaissances. 

Le  milieu  socio-culturel est un puissant ​transmetteur de connaissances​, ces connaissances ne 


sont  pas  assimilables  tant  que  l'enfant  ne  dispose  pas  des  ​structures  mentales  qui  lui 
permettent ​d'assimiler ces connaissances​.  

Le  langage  :  Pour  que  l'enfant  puisse  assimiler  sa  langue,  il  faut  qu'il  dispose  de  structures 
mentales  lui  permettant  de  comprendre  sa  langue,  et  d’un  facteur  culturel  indispensable 
(mais ce n'est pas lui qui va permettre l'apprentissage). 

PIAGET  reconnait  ces  trois  facteurs  indispensables  mais  pas  suffisants  pour  expliquer  le 
développement des ​structures d’intelligence​.  

Les structures ne sont pas transformées, ne sont pas dans l’environnement. 

Il  propose  donc  un  ​4ème


​   facteur  qui  est  ​le  mécanisme  au  cœur  du  développement​ : 
l’équilibration  qui  sera  le  mécanisme  générale,  centrale.  C’est  ce  qui  fait  la  direction  de 
l’intelligence pas seulement de l’enfant mais de l’Homme en général.  

L'équilibration 
 

L’équilibration​ :  C’est  un  mécanisme  qui  permet  à  l'enfant  de  trouver  un  équilibre 
psychologique afin que sa compréhension du monde soit cohérente. 

Ex​ : Nous pouvons comparer l’équilibration au travail d’un chercheur. 

Au  départ,  nous  avons  quelques  faits  que  nous  voulons  interpréter  et  donc  nous  élaborons 
une théorie.  

Cette théorie permet donc de rendre compte d’un certain nombre de fait.  

Au  fur  et  à  mesure  que  nous  faisons  des  expériences,  nous  nous  apercevons  que  la  théorie, 
de temps en temps marche et parfois non.  

Cette  théorie  va  être  déséquilibrée,  ce  qui  va  nécessiter  de  réélaborer une théorie qui intègre 
l’ancienne, mais la dépasse pour expliquer les nouveaux faits. 

À chaque stade de PIAGET va correspondre une façon de comprendre le monde​. 

Cette  équilibration  peut  être  également  définit  comme  le  mécanisme  qui  conduit de certains 
états  d'équilibres  (stades),  qualitativement  différents  à  d'autres  états d'équilibres grâce à une 
suite de compensations actives en réponse aux perturbations du milieu extérieur. 

C’est  le  facteur  responsable  de  la  direction  du  développement  et  de  l’évolution  dirigé  du 
développement  de  l’intelligence.  L’enfant  dispose au départ de certaines compétence qui qui 
nous  donne  une  compréhension  de  son  univers et au fil des expériences, il va développer un 
comportement  qui va provoquer des perturbations. Il faut donc compenser, pour passer d’un 
stade à un autre par des mécanismes.  

Piaget  est  le  seul  auteur  qui  a  proposé  une  explication  psychologique  du  développement.  Il 
met l’individu au cœur de sa construction : c’est ​le mécanisme d’équilibration​. 

Ce mécanisme est au cœur même du constructivisme.  

Ce  mécanisme  d’équilibration  est  ce  qui  conduit  à ​l’auto-organisation (c'est-à-dire, l’homme 


se développe en s’organisant lui-même).  

Cette  notion  d’auto-organisation,  nous  pouvons  la  voir  dans  les  systèmes  dynamiques  et 
connexionnisme. Ceux sont des théories mathématiques.  

Ces  deux  théories  mathématiques  sont  des  systèmes  auto-organisés,  c'est-à-dire  que  les 
systèmes se développent seuls dans un milieu, donc constructivisme. 

II- La petite enfance : la période sensori-motrice ( de 0 à 2 ans) 


 
1- Les sous-stades de l’intelligence sensori-motrice 

Chaque  sous-stade  est  une  étape  incontournable​.  Le  développement  réel  est  plus  souple 
que  ne  le  permet  un  développement  en  stade.  Les  limites  d’âges  sont  des  moyennes 
approximatives.  Les trois premiers stades sont décrits comme des automatismes alors que les 
trois suivant comme étant intentionnels. 

Pour  Piaget,  on  peut  parler  véritablement  d’intelligence  à  partir  du  moment  où  le  bébé  sera 
capable  de  poser  un  but  d’avance  et  de  chercher  les  moyens  pour  l’atteindre :  c’est 
l’intelligence intentionnelle​. Avant cela ce sont des ​moyens automatiques​. 

Ces stades ont été décrits par Piaget à partir de l’observation de ses propres enfants.  

Ses observations ont été consignées dans trois ouvrages majeurs​ :  

- « ​La naissance de l’intelligence chez l’enfant ​ ». 


- « ​La construction du réelle chez l’enfant​ ». 
- « ​La formation du symbole chez l’enfant ​ ». 
 

La  méthode  piagétienne  est  une  méthode  que  PIAGET  a  forgé  pour  étudier  de  manière  la 
plus naturelle possible mais avec des hypothèses, le développement des enfants.  

PIAGET  n’était  pas  un  expérimentaliste  au  sens  strict,  il  ne  faisait  pas  de  comparaison  des 
sujets, etc… 

1/ Le stade 1 : de 0 à 1 mois 

C’est le ​stade des schèmes réflexes​. 


Les  ​schèmes  réflexes  sont  à  distinguer  des  réflexes  proprement  dit  parce  qu’ils  ​s’adaptent​, 
se  modifient en fonctionnant​. Ce sont des ​montages héréditaires qui sont fonctionnels dès la 
naissance et qui sont rigide, toujours identique à lui-même​. Parfois on parle d’​automatisme​.  

Les  schèmes  reflexes  vont  évoluer  permettent  l’assimilation  auxquelles  sont  associées  trois 
formes d’assimilation. 

En  fonctionnant,  ces  schèmes  ​s’adaptent  à  des  situations  nouvelles​,  ils  se  généralisent  d’où 
les notions d’assimilation généralisatrice et d’assimilation recognitive. 

Les trois propriétés des schèmes​ : 

- se  répètent :  ​assimilation  fonctionnelle ​:  les  schèmes  vont  se  modifier  avec 
l’expérience (ex : la succion du pouce) 
 
- Se généralisent : ​assimilation généralisatrice​. 
 
- Se modifient : ​assimilation recognitive ​: la réponse elle-même va se modifier.  
 

Pour  PIAGET,  ces  schèmes  réflexes  constituent  les  matériaux  de  base  sur  lesquels  se 
construit  le  réseau  de  l’intelligence.  Un  schème  est  ​un  cadre  d’action ​:  une  cation  qui  peut 
être répétée, généralisée et se modifier. 

2/ Le stade 2 : de 1 à 4 mois 

C’est le ​stade des réactions circulaires primaires​. 

À ce niveau, nous voyons apparaître les ​1ères​


​ coordinations entre les schèmes​.  

Ex ​ : La vision et l’audition ​⇨​ l’enfant tourne la tête vers une source sonore. 

PIAGET  ​emprunte  le  terme  circulaire  à  un  psychologue  américain,  ​BALDWIN​,  pour 
signifier  le  fait  que  tout  schème  d’action  tend  à  se  répéter  en  raison  du  résultat  intéressant 
qu’il suscite pour le bébé.  

Ce  résultat  est  initialement  ​découvert  par  hasard​.  Ce  n’est  pas  un  acte  intentionnel  et  donc 
pas d’intelligence intentionnelle. 

Les  réactions  sont  dites  primaires  dans  le  sens  où  elles  ​portent  seulement  sur  le  corps 
propre​. 

À ce niveau, il y a donc les 1​ères​ coordinations découvertes par hasard.  

L’enfant  reproduit  une  action,  un  schème  pour  le  plaisir  de le répéter parce que ça conduit à 
un résultat intéressant. 

Ex​ : La succion du pouce. 


Nous  parlons  aussi  des  ​1ères
​   habitudes  acquises​,  c’est  le  ​début  de  la  coordination  de  la 
vision​ et de la ​préhension​. 

3/ Le stade 3 : de 4 à 8-9 mois 

C’est le ​stade des réactions circulaires secondaires​. 

À ce niveau, les ​schèmes portent sur le corps propre et sur les objets. 

Ces réactions apparaissent toujours par hasard.  

IL  y  a  une  ​réaction  sur  les  objets extérieurs et le début de la différentiation moyen-fin​. On 


a donc ​une ébauche de l’intelligence réfléchie​. 

L’enfant  cherche  à  ​reproduire  et  à  prolonger  le  plus  longtemps  possible  les  situations 
intéressantes​, une fois qu’elles sont découvertes. 

Ex : Un enfant qui prend un objet puis le jette tout en le faisant longtemps. 

Bien  que  le  but  ne  soit  pas  posé  d’avance,  l’enfant  commence  à  différencier  les  moyens  du 
but. 

Ex  de  l’enfant  qui  jette  l’objet​ :  le  fait  de répéter cette action va faire qu’à un certain moment, 


l’enfant va différencier le résultat du moyen qui l’amène au résultat. 

Ébauche  de  l’intelligence  réfléchie​ :  Lorsque  le  bébé  répète  une  action  sur  les  objets,  il  va 
finalement  attribuer  aux  objets  certaines  significations.  Il  cherche  à  donner  du  sens  aux 
objets. Il sait manipuler son environnement.  

À ce niveau, il y a véritablement une ébauche de signification attribuée aux objets en fonction 
de ce que l’on en fait. 

4/ Le stade 4 : de 9 à 11-12 mois 

C’est le ​stade de la coordination des schèmes secondaires​. 

Ce  stade marque ​l’intelligence intentionnelle car à ce moment-là, l’enfant poursuit un but et 
cherche à l’atteindre grâce à des moyens intermédiaires.  

A  ce stade, on a ​les premiers vrais actes intentionnels​. Il y a également ​poursuite de buts au 
moyen de schèmes ​connus​. ​Les moyens sont clairement différenciés du but​. 

Il  ne  se  borne  plus  à  répéter  un  résultat  découvert  par  hasard,  l’enfant  poursuit  un  but  non 
directement  accessible  en  utilisant  des  schèmes  qui  jusque-là  étaient  relatifs  à  d’autres 
situations. 
À  ce  niveau  de  complexification,  les  moyens  des  schèmes  vont  se  différencier  des  objectifs ; 
l’enfant  va  dissocier les deux, il va pouvoir poser les buts comme préalable, ​anticiper, guider 
son action par des objectifs. 

Nous  arrivons  donc  ​au  conduite  intentionnelle​,  mais  pour  PIAGET, ce qui va témoigner de 


cela,  objectivement  est  lorsque  l’enfant  va  utiliser  des  schèmes  qui  ne  sont  pas  au  départ 
prévus pour cette situation là mais qui vont lui permettre d’atteindre son but. 

Le  bébé  active  des  moyens  nouveaux,  c'est-à-dire  des  schèmes,  dans  ​des  situations 
nouvelles​, pour dépasser les obstacles qui séparent l’intention du résultat final. 

La  limite  importe,  cela  va faire toute la différence avec le niveau suivant : cette limite est que 


l’enfant  active  et  improvise  ​des  moyens  connus  alors  qu’au  niveau  suivant  cela  sera  des 
moyens nouveaux. 

5/ Le stade 5 : de 11-12 à 18 mois 

C’est le ​stade des réactions circulaires tertiaires​. C’est une représentation interne. 

C’est  le  stade  de  la  ​découverte  de  moyens  nouveaux  par  expérimentation  active,  par 
combinaison mentales​. Il expérimente ces schèmes pour découvrir. 

L’enfant manipule les schèmes pour découvrir les ​propriétés des objets de l’environnement​. 

C’est  toujours  un  stade  circulaire  parce  ​qu’il  répète  mais  en  faisant  des  ​variations 
intentionnelles pour découvrir de nouvelles choses.  

L’évolution  à  ce  niveau,  se  caractérise  par  une  expérimentation  active  pour  découvrir  les 
propriétés des objets. 

Ce  qui  change radicalement ​est l’orientation de l’action qui n’est plus centré sur l’organisme 


ou  sur  les  objets  mais  ​sur  les  effets  de  l’action  donc  les  schèmes  d’action  commencent  à  se 
détacher des objets. 

Mais il reste la limite qui est qu’il s’agit toujours de ​moyens connus​. 

6/ Le stade 6 : de 18 à 24 mois 

C’est  le  ​stade  de  la  représentation  interne​,  c'est-à-dire  de  ​l’invention  de nouveaux moyens 
par combinaison mentale, par représentation mentale. 

L’enfant  devient  capable  de  trouver  des  moyens  nouveaux  en  se  représentant  mentalement. 
Nous  aboutissons  ici  à  la  compréhension soudaine : c’est « ​l’insight​ ​» (trouver la solution à 
un problème d’un coup) 

Ce  sous  stade  va  ainsi  marquer  le  ​passage  entre  le  niveau  sensori-moteur  et  le  niveau 
symbolique et représentatif​.  
C’est  à  ce sous stade que le bébé entre dans les représentations symboliques et il commence à 
entrer dans les activités symboliques (le jeu, le dessin, etc.).  

La  fonction  symbolique  va  apporter  un  ​élan  au  développement  cognitif  car  le 
fonctionnement  cognitif  va  être  mobile  et  la  pensée  plus  rapide  et  car  la  fonction 
symbolique va apporter un ​recul par rapport à l’action​. 

C’est  ​un  changement  fondamentale​,  majeur,  car  le  bébé  devient  capable  de  se  représenter 
mentalement  les  choses  pour  anticiper,  trouver  des  moyens,  inventer  …  car  ils  disposent de 
la fonction symbolique.  

Il y a ​un changement qualitatif​ car on passe du non symbolique au symbolique. 

 
2- La  structuration  des  déplacements :  le  GPD  (Groupe  Pratique  de 
Déplacement) 

Lorsque  l’enfant  maitrise  la  marche  autonome,  il  peut  se  déplacer  d’un  point  à  un autre par 
le  chemin  le  plus  court.  Il  peut  faire  des  détours  pour  atteindre  un  sous  objectif,  contourner 
les obstacles, revenir à son point de départ. 

PIAGET  a  formalisé,  décrire  ces  déplacements  ainsi  que des objets que l’enfant manipule 


avec quatre opérations​ : 

- L'opération  directe  :  ​Cette  opération  signifie  que  les  déplacements  peuvent  être 
composés.  
Autrement  dit,  un  déplacement  AB  peut  se  coordonner  avec  un  déplacement  BC  en 
un seul déplacement AC qui fait encore partie du système (AB + BC = AC). 

- L'opération  inverse  :  Cette  opération  signifie  qu'un  déplacement  peut  être  inversé. 
Autrement  dit,  un  déplacement  AB  peut  être  inversé  en  BA,  d'où  la  conduite  de 
« retour » au point de départ (AB + BA = 0). 
 
- L'opération nulle​ :​ Cette opération signifie l'absence de déplacement. 
Autrement  dit,  la  composition  du  déplacement  AB  et  BA  donne  le  déplacement  nul 
AA (AB + BA = AA). 

- L'opération  associative  :  Cette  opération  signifie  que nous pouvons arriver au même 


point par des chemins différents.  
Autrement dit, nous avons (AB + BD = AC + CD = AD). 

II- petite enfance : la période sensori-motrice (de 0 à 2 ans)

1- les sous-stades de l'intelligence sensori- motrice

2- la structuration des déplacements : le GPD

3- la construction de la permanence des objets 

Ces  opérations  sont  liées  les  unes  aux  autres,  ​indissociables​.  Ces  opérations  prennent  du 
sens que lorsqu’elles sont coordonnées les unes aux autres.

Donc  les  conduites  de  l’enfant  sont  ainsi  formulées  par  PIAGET  et  démontrent  une 
structuration  psychologique  de  l’espace  dans  lequel  sont  représentés  les  déplacements  du 
sujet et aussi les déplacements des objets. 

3- La construction de la permanence des objets 

C’est  le  ​stade  d’action  circulaire  secondaire  vers  8-9  mois.  Cela  correspond  au  quatrième 
sous stade, celui des réactions secondaires.  

L’enfant va concevoir qu’un objet peut être retrouvé même quand il disparaît.  

La  ​permanence  objective  et  durable  est  seulement  achevée  vers  18  mois,  c’est-à-dire  au 
sixième  sous  stade,  celui  de  la  représentation  interne.  Il  y  a  donc  un  développement 
progressif de la permanence des objets.  

Pendant les trois premiers stades, il ne se passe rien.  

La permanence des objets est l’invariant du groupe pratique de déplacement. 

Ce  développement  de  permanence  des  objets  est  attesté  dans  l’une  des  célèbres  épreuves 
piagétienne qui est la recherche d’un objet disparu. 

Ce  GPD  est  une  structure  qui  formalise  les  déplacements  des  enfants  aux  alentours  de  18 
mois,  c’est  une  structure  qui  permet  à  l’enfant  de  se  déplacer  de  manière  cohérente  dans 
l’espace  et  de  déplacer  les  objets.  Au  sein  de  cette  structure  se  trouve  la  permanence  de 
l’objet : le fait que les objets continuent d’exister même si on ne les voit pas. 

Dans  l’épreuve  piagétienne :  les  conduites  observées  à  l’épreuve  de  recherche  d’un  objet 
disparu. 

Ex​ :  Cacher  un  objet  sous  un  oreiller,  PIAGET  a  observé  une  évolution  des  conduites  dans 
cette situation. 

- Jusque  l’âge  de  8  mois  (stades  1  à  3)​ :  l’enfant  ne  recherche  pas  l’objet  disparu. 
L’enfant  se  comporte  comme  si  l’objet  n’existait  plus  une  fois  disparu  de  son  champ 
visuel.  
 
- À partir de 8-9 mois (stade 4)​ : l’enfant va rechercher l’objet disparu.  
C’est  le  début  de  la  représentation,  permanence  objective  des  objets  (début  de  la 
permanence) due à l’action propre : l’enfant cherche l’objet disparu au dernier endroit 
où  il  l’a  vu.  C’est le ​stade dit de « L’Erreur A non B ». ​Il va sur A mais pas sur B alors 
qu’il a vu le déplacement.  

Mais  nous  observons  une  conduite  « l’erreur  A  non  B »,  c’est  à  dire  que  l’enfant  ne 
tient pas compte du déplacement successif. 
- À  partir de 11-12 mois (stade 5)​ : l’enfant va rechercher l’objet au dernier endroit où il 
l’a  vu  disparaitre alors que celui du stade précédant va au premier endroit où il l’a vu 
se  déplacer.  Ici  c’est  le  début  de  la  permanence  objective  des  objets  due  à  l’action : 
l’enfant  tient  compte  des  déplacements  successifs  de  l’objet  mais  seulement  si  ces 
déplacements sont visibles. 
 
- À  partir  de  18  mois  (stade  6)​ :  l’enfant  se  représente  maintenant  les  déplacements 
invisibles des objets : l’objet permanent est constitué. 
Pour  être  certain  qu’un  objet  est  là  même  si  nous  ne  le  voyons  pas,  il  faut  une 
représentation symbolique des objets. 

Avant  8  mois​,  PIAGET  considère  qu’il  y  a  ​déjà  permanence  de  l’objet  mais  c’est  une 
permanence subjective c’est à dire une permanence liée aux activités perceptives.  

C’est une sorte de persistance des activités perceptives. 

Il faut dissocier ​la permanence des objets et la représentation des objets​.  

Nous  pouvons  nous  représenter  les  objets  mais  pas  pour  autant  en  avoir  une  permanence 
durable et objective. 

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