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développement
ÉVALUATION
EN JANVIER
2023
Géraldine Marlier
Concepts et méthodes
A. Questionnements préalables
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Analyse du texte d'Alain Ducousso-Lacaze, "Paradoxes des figures de
l'enfance aujourd'hui"
En tant que profs, on connait le profil des Certes on laisse énormément de place aux
enfants décrits dans le texte. On a de plus en enfants dans la société maintenant, mais il y
plus d'enfants HP, or il n'y a que 2,5% de la a une évolution qu'il ne faut pas oublier ! On
population qui a un QI supérieur à 130 ! Il y a a trop longtemps laissé les enfants de côté,
donc énormément de faux diagnostics. oubliant de les considérer comme des êtres
Est-ce que la projection sur son enfant (dire avec des spécificités. On est bien dans un
qu'il est HP) n'est pas une manière pour les extrême aujourd'hui, mais au moins on en
parents de se valoriser eux-mêmes ? Serait- parle, on les considère.
ce une réparation de leur égo ? Cela nous L'auteur n'aborde qu'une seule facette de la
fait penser en tous cas à la dimension fonction esthétique, il ne présente qu'un seul
narcissique des parents dans le texte. point de vue. Le texte est généralement peu
On constate un paradoxe qu'on retrouve balancé, peu nuancé. Il est même
dans le débat en France en ce moment (cfr. dogmatique, c'est-à-dire qu'il ne tient pas
éducation sexuelle pour les plus jeunes : compte de la vision scientifique du
"c'est pour le bien des enfants, pour qu'ils phénomène, il va même à l'encontre de cette
aient les outils et qu'on évite le harcèlement position.
sexuel plus tard"). Ce paradoxe est qu'on dit L'auteur est vraiment pessimiste dans ses
laisser la parole aux enfants, on les laisse constats, mais il ne donne pas de solution ! Il
s'exprimer, or ce sont les paroles des parents se montre sceptique sans prendre lui-même
qu'il répercutent, voire même les parents position. C'est un peu facile ...
parlent pour leurs enfants sans leur laisser L'auteur questionne la pertinence du savoir
vraiment voix au chapitre. scientifique et est prescriptif. Il oublie que la
On constate un autre paradoxe : celui de science ne fait que décrire sans prescrire !
l'idéalisation de la famille, "tout est beau, tout Ce sont les médias qui relaie les conclusions
est rose" alors qu'on constate de la violence des études scientifiques et imposent des
et de l'agressivité sous-jacente et tacites. prescrits. Cependant, il faut être ouvert à la
L'hypothèse qu'on émet est que les parents validité temporaire de la science. On est
se mettent en mode "survie" pour s'auto- conscient, dans la recherche, que les
persuader que tout va bien, pas conclusions qu'on tire à un moment donné à
nécessairement pour tromper l'entourage. partir d'une recherche ne seront plus valables
On regrette que "pour avoir une famille, il faut dans peu de temps. On ne peut donc se
avoir un enfant". Dans la société, c'est bel et permettre d'être prescriptifs !
bien comme cela ! Nous pensons au tribunal
de la famille qui n'opère que s'il y a un
enfant, pas pour les couples.
Définition d'un ancien prof de monsieur
Barbot : "un enfant, c'est quelqu'un qui ne
peut pas avoir d'enfant". C'est tellement
infantilisant et réducteur pour les couples qui
ne savent pas avoir d'enfants ! On ne leur
accorde pas le statut d'adulte ?! 3
B. Bref historique de la discipline
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Les découpages dans les périodes de vie sont assez
artificiels. Il y a des sociétés où l'adolescence n'existe pas
(mariage, rites qui font passer l'enfant à l'âge adulte). Donc
dans nos sociétés, on ajoute cette période de vie, et donc il y a
des rites qui sont organisés par les ados eux-mêmes
(challenges, rites de passage pour prouver qu'on en a dans le pantalon).
Ces découpages permettent au chercheur d'avoir des publics plus faciles à
définir.
C. Champ d'application
Dans le champ de l'éducation, cela a été initié très tôt par Binet (années
1900). C'est le 1er à penser qu'en fonction des capacités intellectuelles des
enfants, on pouvait adapter les méthodes d'apprentissage. Ce qu'on sait
dans le champ de l'enfance doit servir à développer des pratiques
éducatives. Cependant, la didactique ne peut pas être considérée comme un
domaine d’application de la psychologie du développement.
Alfred Binet est connu pour son test qui est le premier
test de QI (Binet-Simon). Son intention est de dépister
les enfants "débiles" (qualifiés comme ça, enfants
ayant des difficultés intellectuelles). Il fallait les
dépister et il a développé une technique pour le faire. Il
a développé le concept d'âge mental (QI = âge mental
divisé par l'âge réel). Le but est d'adapter l'éducation
aux compétences intellectuelles de l'enfant.
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D. Définition
= étude scientifique des phénomènes de changement et de continuité
qui marquent la vie d'un individu et des facteurs qui influent sur ces
phénomènes (Bee & Boyd, 2011).
Changements
Quantitatifs Qualitatifs
Continuité
Cumulative Interactive
Nature Culture
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F. Domaines de développement
Psycho
Social
Domaine social = aspects liés aux relations
de l'individu avec autrui et avec la société.
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Social
Psycho Bio
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G. Perspectives théoriques
Constructiviste (Piaget)
Psychosociale (Wallon)
Interactionniste (Vygotsky & Bruner)
Socio-affective (Bowlby & Ainsworth)
a. Objets d'étude
Fonction développementale. Elle s'intéresse à un domaine particulier du
développement. L'intelligence, c'est une fonction par exemple. Cette idée de
fonction vient des maths : on peut représenter le développement comme une
fonction algébrique. Toute fonction développementale correspond à un
domaine de développement.
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Développement en stade : notion qu'on aime en psychologie du
développement (mise en avant par Piaget). Cela présuppose qu'il y a un
moment charnière pour chaque développement. Il y a des crises dans le
développement de l'identité, puis des paliers (comme des escaliers).
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EXERCICE : développement et différences individuelles
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b. Questions de méthodes
Outils de mesure :
Observations : naturalistes (on va dans un environnement ad libitum) ;
systématiques (facteur particulier à observer et on note les
comportements en vidéo (on va quantifier), p.ex. l'enfant va explorer un
environnement nouveau ou reste attaché à sa maman ?) ; plus ou moins
outillées.
Questionnaire/test : mesures psychométriques (= processus de
validation, avec des preuves : cette échelle mesure la dépression et pas
autre chose). Ils peuvent être des tâches cognitives ou des évaluations
subjectives (= tâche de performance auto-rapportée).
Entretien : approches rétrospectives (ex : quel type de comportement
vous pouviez avoir à tel sujet à tel âge ?). Cela pose un problème :
l'entretien s'appuie sur la subjectivité des adultes, les souvenirs sont
malléables (ajouts, oublis, …) donc notre approche du passé n'est pas
très précise.
Mesures physiologiques (spécifiques à la psychologie du
développement) : on peut prendre le rythme cardiaque (stress) ; rythme
de succions non nutritives (stress) ; activité oculomotrice ; cheveux
(traçabilité des épisodes de stress).
Plans de recherche :
Qu'est-ce qu'on fait avec ces instruments de mesure ?
Approche
idiographique
Approche
nomothétique
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2 approches
Nomothétique Idiographique
Plan transversal :
Avec l'appareil photo, on prend une seule photo d'un grand nombre
d'individus. En terme de développement, on peut prendre la photo de
groupes d'âges différents (ex. estime de soi) et on compare les groupes
entre eux. Le niveau est plus ou moins élevé d'un groupe à l'autre, et donc
on conclut que l'estime de soi augmente avec l'âge.
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Plan longitudinal :
On prend les mêmes variables mesurées à de multiples occasions chez les
mêmes individus. On prend une photo sur différents moments pour voir les
différences d'une photo à l'autre. C'est le gold standard en psychologie du
développement. C'est un plan qui va permettre de faire des inférences
causales (commencer à extraire des conclusions de type "tel construit est la
cause et tel construit est la conséquence"). On ne peut pas le faire avec les
plans transversaux.
Problèmes :
Mortalité expérimentale : les moins motivés partent de l'étude, c'est
difficile de retenir les personnes dans le temps. Il y a de la perte.
Échantillon non représentatif : celui qu'on avait au départ et celui qu'on a
à la fin (suite à la mortalité) ne sont pas les mêmes, donc comment tirer
des conclusions valables ?
Effet de retest : comme on nous a déjà exposés à la mesure, on peut
avoir appris quelque chose et modifier notre comportement.
Tous les construits ne se prêtent pas à l'étude de changement.
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Est-ce qu'on peut raisonnablement répéter cette mesure dans le temps ?
Soit on va se creuser les méninges pour avoir d'autres réponses (et donc
avoir un déclin de performances) soit on va répéter les mêmes idées. Ce
qu'on peut faire, c'est varier les stimuli, mais alors il y a de l'inconsistance (il
y a des préférences individuelles qui font que les individus réussissent mieux
les ronds et d'autre les carrés, mais est-ce que le changement est lié au
développement ou au changement de tâche ? Il n'y a pas de niveau
équivalent). Cela ne règle pas le problème.
Plan longitudino-transversal :
Il emploie des cohortes séquentielles : c'est du longitudinal avec les cohorte
décalées dans le temps en les comparant par âges. Les mêmes variables
sont mesurées à de multiples occasions chez les mêmes groupes de sujets
stratifiés par âge.
Études de tendance :
Les mêmes variables sont mesurées pour différents groupes échantillonnés
aléatoirement et à différents moments. On ne suit pas les mêmes
personnes.
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Grandes théories de la
psychologie du développement
A. Approche piagétienne du développement
Résumé : est-ce que ces expériences ne sont pas organisées pour valider
sa théorie ? Comment peut-on faire autrement que réfuter sa théorie
puisque tout est construit pour observer nécessairement ces étapes ?
Attention il n'y a pas de plan longitudinal, car il ne suit pas les enfants, or il
dit "on observe toujours ces stades". Il a observé des enfants d'âges
différents sans observer s'il y avait un développement naturel. Ce sont des
situations non naturelles qui sont faites pour confirmer sa théorie. Sa vision
est fonctionnaliste par rapport au développement (partie limitée de
l'intelligence) sans prendre en compte le rôle des émotions (anxiété de
performance, comportement biaisé). Chez Catherine, il y a de l'exploratoire
malgré ce que Piaget dit. Quand on fait face à un nouveau problème, on est
pré-opératoire même en tant qu'adulte ! Ce n'est pas parce qu'on est
capable de métaréflexion qu'on ne tâtonne pas aussi à notre âge.
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Il modélise le développement de l'intelligence (avec une interprétation
limitée) et démarre sur une approche idiothétique (en maltraitant ses
enfants, en les mettant dans des pièces d'observation sans contact
extérieur). C'est sur base de ces observations qu'il a eu les prémisses de sa
théorie :
Le développement s'organise en stades.
On ne peut accéder à un stade sans avoir complété le précédent. Il y a
un ordre de succession identique pour tous. Pas de variabilité intra-
individuelle.
Sa conception est :
structuraliste = il existe un nombre de structures de développement,
des stades.
constructiviste = des structures se succèdent et se stabilisent d'âge en
âge grâce à un processus d'équilibration qui est un balance entre
l'assimilation et l'accommodation.
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Le développement intellectuel est une construction qui résulte de
l’interaction entre le sujet et son milieu ; l'interaction est influencée
par les caractéristiques du sujet (maturation) et celles de son milieu
(stimulation) ; la maturation ne se réalise qu'avec l'expérience dans le
milieu.
Le développement intellectuel est une équilibration (processus
d’auto‐régulation) progressive entre le sujet et son milieu.
--> passage de moindre équilibre à un équilibre supérieur
4 Stades : chaque nouveau stade intègre les éléments du stade
précédent, mais les réorganise en y ajoutant des éléments nouveaux.
--> augmentation des capacités d'adaptation
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Opérations concrètes (à partir de 6-7 ans jusqu'au début de
l'adolescence) : il devient capable d'envisager des évènements qui
surviennent en dehors de sa propre vie, il peuvent concevoir des
stratégies, et il y a un début d'abstraction mais pas très élaborée (ne
pas poser des questions métaphysiques : "qu'est-ce que tu veux faire
plus tard ?" Trop abstrait). Il y a un raisonnement logique avancé qui
permet de résoudre des problèmes (beaucoup moins d'essai-erreur) et
les enfants comprennent la réversibilité des opérations.
Opérations formelles (à partir de 11-12 ans) : accès à l'abstraction
(métaréflexion et raisonnements hypothético-déductifs) qui permet de
se poser des questions qu'on ne s'était jamais posées auparavant (qui
suis-je ? Où vais-je ?). La dimension abstraite apparait (je ne suis pas
éternel) ce qui peut susciter du mal-être.
Je peux penser
Je me distingue de manière
Je mange, je Je peux faire des
des objets mais abstraite,
sens, je respire, opérations
suis centré sur émettre et
je touche. Je ne mentales mais
moi. J'acquiers vérifier des
fais qu'un avec liées au concret.
une pensée hypothèses. Je
l'objet. Je peux explorer.
symbolique. peux
expérimenter.
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B. Approche vygotskienne du développement
3 notions fondamentales
Approche historico-culturelle (ancrée dans un moment dans l'histoire) :
les sociétés évoluent. Il y a une différence de contextes de vie
historiques qui fait qu'on s'adapte à différents moments du milieu et de
notre culture. C'est à prendre en compte pour comprendre le
développement.
Impact de l'évolution de la société sur le développement des
fonctions psychiques supérieures.
Chaque individu développe ses fonctions psychiques supérieures
en intégrant la culture (élaborations collectives).
La relation enfant/environnement est fortement médiatisée par le
groupe, par le phénomène social.
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Instruments psychologiques. Le plus évident est le langage. Ce sont
des produits culturels.
Ce sont les instruments créés par l'homme, ce sont nos produits
culturels comme le langage.
L'enfant s'approprie la culture à travers l'intégration progressive de
ces instruments.
Les instruments revêtent deux dimensions :
Une dimension culturelle : histoire de la société.
Une dimension sociale : interactions sociales.
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C. Approche Wallonienne du développement
Il est né à Paris en 1879 dans une famille de la grande
bourgeoisie du Nord de la France. Son grand-père installe
la 3ème république, son père était républicain et
dreyfusard, il est marxiste.
Henri Wallon
Wallon est docteur en médecine mais il insiste sur le rôle (1879 - 1962)
du social sur les déterminismes biologiques. Il devient
interne en psychiatrie : il fait des consultations d’enfants
ayant des déséquilibres psychiques graves.
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Il veut donc appliquer les connaissances scientifiques sur le développement
sur le terrain.
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Il y a deux pôles : caractère et intelligence. Ce qui
est intéressant, c'est l'orientation centripète (tournée
vers soi) et l'orientation centrifuge (tournée vers
l'extérieur). Il y a des phases, et le développement
va alterner entre les 2 orientations. Les stades ne se
succèdent pas vraiment mais se chevauchent.
Il existe 4 dimensions du fonctionnement :
L'affectivité (1ère partie du développement
psychique avec l'émotion comme pierre
angulaire).
Le moteur (// biologique)
La connaissances (liée à l'apparition du
langage).
La personne (somme de toutes ses dimensions en même temps +
aspect conatif, la personnalité, le soi, la connaissance de soi, c'est pas
ses autres dimensions que l'individu forme son identité).
Personnalité
Dimensions du
fonctionnement
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Attention : ce n’est pas parce qu’un aspect se
développe que le reste ne se développe
pas.Théorie plus flexible que celle de Piaget.
La notion de stade chez Wallon
Chez Wallon, un stade n'est pas un escalier comme chez Piaget. Ce n'est
pas une entité strictement homogène. Il y a une prédominance de certains
aspects du développement qui coexistent avec d'autres stades. Il n'y a pas
non plus de repère strict d'âge. La séquence des stades est donc assez
différente d'un individu à l'autre.
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Résumé :
C'est une approche de la personne dans sa globalité avec une prise en
compte de tous les aspects de la personne. C'est un processus discontinu.
Il y a un chevauchement des stades qui explique pourquoi il y a une
impression de régression, une oscillation du développement. Il n'y a pas de
repères développementaux stricts, normatifs parce que chacun a une
trajectoire différente, un patron de développement différent. Ce qui est
important ce sont les mécanismes des développements. Il y a une
alternance entre les phases centripètes et centrifuges du développement, et
chaque stade se construit autour d'une fonction prépondérante.
a. Les néopiagétiens
Ils sont encore très centrés sur la notion de stades. Ils prennent une
fonction cognitive et expliquent son développement fonctionnel sur base de
stades avec des repères d'âge assez précis, et sans explication de la façon
dont on passe d'un stade à l'autre.
b. Les évolutionnistes
Ils abordent le développement cognitif comme une évolution au sens
Darwinien, c’est- à-dire en intégrant variation et sélection, on intègre des
éléments de l’environnement. C’est une conception dynamique de
l’intelligence qui est vue comme évoluant de manière graduelle et chaotique,
ce qui est plus réaliste.
L'idée est, qu’à un âge donné, l’enfant doit avoir plusieurs stratégies en
même temps. Ces théories existent et la probabilité que l’enfant les utilise
est +/- élevée à un âge donné, cela évolue avec le temps.
De 4 à 6 ans, ils vont utiliser plusieurs stratégies mais à 8 ans, ils utiliseront
la stratégie 4 à fond, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne sont pas capables
d’utiliser les autres stratégies mais ils ont plus de chances d’utiliser cette
stratégie 4.
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Chez Piaget, on ne regarde pas ce que l’enfant utilise comme stratégie, on
ne regarde pas ce qu’il fait comme erreur, on va juste voir l’échec mais on
ne voit pas ce qu’il utilise comme stratégie. Ici, on utilise l’étayage en
expliquant simplement et en proposant une stratégie différente, il va s’en
sortir.
Ils étudient un domaine cognitif très spécifique (ou « module ») pour une
tranche d'âge donnée. Le modèle décrit le fonctionnement de l’enfant sans
se préoccuper des notions de structures ou de stade, et s’intéresse au
caractère inné des compétences observées.
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Dans la période de l’adolescence, on se cherche et cela a un côté
déculpabilisant de pouvoir accepter les contradictions.
Percevoir cette inconsistance du soi peut être stressant pour les adolescents
en quête de leur identité. Quand on est jeune adulte, on peut être encore
stressé par ces inconsistances mais quand le sentiment d’identité apparait,
on l’accepte (on intègre toutes les facettes du soi).
Qui suis-je ?
De nombreuses méthodes d’évaluation se sont appuyées sur cette question
(méthode « WAY – Who Are You » initiée par Bugental & Zelen, 1950, voir
aussi, L’Ecuyer, 1990).
Ces méthodes mettent en lumière des concepts de soi saillants. Le
concept de soi est un construit multidimensionnel qui renvoie à la
perception de soi des individus en rapport à toutes sortes de
caractéristiques (ex : Identité de genre et sexualité, identité ethnique,
etc.).
Ils peuvent être évalués quant à leur valence = Estime de Soi
On peut avoir un concept très négatif "je suis nul en math" mais
en même temps ça nous est égal et donc ça n'impacte pas notre
estime de nous !
Quant à leur consistance/stabilité = Clarté du Concept de Soi
Les ados en crise identité sont perdus dans la multiplicité des
choix
Ils peuvent être catégorisés...
La carte d’identité est très culturelle, elle dépend d’un pays à l’autre (ex : aux
USA, ils mettent la religion sur la carte d’identité, ce qui ne nous viendrait
pas à l’esprit ici en Belgique). On y trouve nos attributs recensés. La carte
d’identité définit le positionnement idéologique d’un pays sur ce qui définit
l’identité civique.
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En Belgique, cela ne nous viendrait pas à l’idée de demander la couleur
de peau ou la race sur des papiers officiels (et dans beaucoup d’autres
pays européens). C’est un vrai sujet tabou... Aux USA, c’est demandé
sur les papiers officiels et ils ne perçoivent pas cela comme un
problème.
c. L'identité sociale
Définition de soi en termes de sa propre appartenance à différents groupes
sociaux.
Les identités sociales sont entretenues par le biais de comparaisons
sociales, qui différencient le groupe d’autres groupes pertinents.
Les modèles actuels sont passés d’une approche dichotomique endo vs.
exo- groupe à des modèles qui prennent en compte la complexité de
l'identité sociale
Ex : intersectionalité (on a plusieurs identités qu'on cumule, et cela peut
causer des préjudices qui jouent sur la santé mentale).
d. L'identité personnelle
Elle est basée sur les concepts de soi relatifs aux attributs spécifiques que la
personne intègre (ou non : confusion identitaire) comme éléments essentiels
de la définition d’elle-même.
Ceci inclut :
Les engagements
Les croyances (qui sont aussi un engagement)
Les auto-évaluations : je suis un bon/mauvais conducteur
Les buts
Les caractères physiques et psychologiques : les traits de caractère
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e. Le sentiment d'identité
Développer un sentiment d’identité revient à construire un équilibre cohérent
entre :
individualité (unicité de la personne)
Être différencié, différent, séparé des autres : « qu’est-ce qui fait qu’on
est nous-mêmes ? Qu’est-ce qui fait qu’on est différent des autres
(préférences, histoires qui nous sont propres) » ?
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On existe indépendamment des autres et des objets présents dans notre
environnement. La conscience de soi émerge avant 2 ans grâce à différents
facteurs
interactions sociales
contrôle des mouvements du corps
Dimension
Dimension civique
personnelle
Tâche du miroir
À l’insu de l’enfant, on place une tache rouge sur sa joue puis on le place en
face du miroir pour observer sa réaction. Vers 18 mois, les enfants portent la
main à leur visage pour effacer la tache, alors que les plus petits ne le font
pas. Ce comportement implique une conscience de soi : l’enfant reconnait
que c’est lui dans le miroir.
Ils peuvent aussi évoquer les émotions qu’ils vivent ou les groupes sociaux
dont ils font partie
Ils sont maintenant capables de se comparer à leurs pairs (ce qui implique
l’accès aux opérations concrètes, ce qui permet de se comparer aux autres ;
Boyd et Bee, 2017 ; Bouchard et Fréchette, 2011 ; Papalia et Martorell,
2018).
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a. Les stades psychosociaux d'Érikson
Erikson est un « néo-Freudien » : il croit en l’importance des expériences
sociales, plus que des désirs sexuels, comme moteur du développement :
expériences sociales développent identité. Son histoire de stades se
rapproche fort de Wallon.
de l'enfance à l'adolescence
Enfant immature et pas autonome, il faut toujours être là : il cherche la stabilité car il n’a
pas conscience du monde. Si on a des problème de confiance en tant qu'adulte, c'est
probablement dû à notre développement dans ce stade.
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Stade 2 : autonomie vs. honte (18 mois – 3 ans)
Âge : de 18 mois à 3 ans
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Stade 4 : productivité (compétence) vs. infériorité (7 – 12 ans)
Âge : de 7 à 12 ans (école primaire – enfance)
Vertu : compétence
Ce stade est lié au développement de l’estime de soi, même si Erikson ne parle pas de
l’estime de soi.
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Puberté : besoin de s’adapter à un nouveau corps ; augmentation de son
autonomie.
Les adolescents traitent des questions en lien avec leur future carrière,
leurs relations, leurs valeurs ; ils déterminent « qui ils sont » et « qui ils
veulent être » => crise identitaire (les changements du corps jouent un
rôle important)
La société demande de s’engager prématurément (avant que les rôles
identitaires ne soient formés) => besoin de moratoire (période moratoire
= exploration possible pour les adolescents afin qu’ils puissent
connaitre/savoir ce qu’ils veulent faire (pas toujours appliqué car on
demande très tôt aux adolescents de s’orienter)).
Vertu : fidélité, loyauté durable qu’on apprend à travers la relation aux pairs.
On est sur des amitiés très fortes, sur l’alter égo (presque fusionnel). On va
apprendre la loyauté durable aux autres, qui sera utile pour le prochain
stade.
L'identité se forme tout au long de la vie, mais le stade 5 est la grande période durant
laquelle on développe la majorité de son identité. Quelles sont mes aspirations
professionnelles par rapport aux compétences (voir stades précédents) développées ?
D'une point de vue biologique, notre corps change. Il faut s’approprier ce nouveau corps,
on peut ressentir un sentiment d’étrangeté. Cela peut être source de stress, et surtout de
questionnement. Cela soulève la question du « qui suis-je ? » Je deviens adulte, comment
vais-je me positionner dans ce monde d’adulte ?
Phase associée à la crise identitaire. À nuancer, car tous les adolescents ne passent pas
par cette crise. Il y a parfois un désintérêt, un évitement de savoir qui on est (on se posera
la question plus tard). Mais ceux qui se posent cette question peuvent subir de l’anxiété, ce
qui traduit la crise identitaire.
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Plus une société laisse de choix, plus la crise identitaire risque d’être grande, à la
différence des sociétés autoritaires qui offrent moins de choix de développement, ou des
sociétés traditionnelles où il faut suivre ce que les parents font, où il y a l’importance de
la continuité par rapport aux générations précédentes, et où donc les choix sont
beaucoup moins nombreux.
Sur base de la théorie, après 18 ans, c’est fini, on ne reconsidère plus notre identité. Or
on sait que c’est faut ! Il y a des remises en question identitaires plus tard (40 ans par
exemple). Mais la saillance de la crise identitaire se passe à l’adolescence.
Il y a aussi la prise de risque en raison du développement biologique (cerveau) : il y a
plus d’impulsivité, on recherche de sensation et il y a moins de capacité de contrôle du
cerveau. Cela fait donc partie intégrante de la crise identitaire.
Vertu : amour
Les personnes qui échouent dans leur vie amoureuse ont tendance à ne pas avoir résolu
une ou des crise(s) précédente(s) et donc il y a un problème identitaire car pas
suffisamment construite.
N.B : un stade mal résolu peut avoir des conséquences sur les autres
stades et donc avoir des problèmes dans les stades suivants. Tout
n’est pas fixe à vie mais identifier le problème et travailler dessus peut
aider à résoudre le problème.
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Stade 7 : généralité vs. stagnation (35 – 65 ans)
Âge : de 35 à 65 ans (âge adulte)
Question : est-ce que je peux faire en sorte que ma vie compte ? Le but est
de laisser une contribution dans ce monde, laisser une trace. Contribuer à la
société : établir une carrière et commencer une famille (devenir parent).
Vertu : sollicitude
Question : est-ce OK d’avoir été moi ? (ai-je vécu une vie bien remplie ?)
Les individus tendent à être moins productifs et à explorer la vie en tant
que senior.
Rétrospection : comment prendre en considération les réussites passées
? C’est le moment du bilan, on regarde derrière soi.
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Les avantages & les limites des stades psychosociaux
Avantages Limites
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Ce ne sont pas des stades mais des
statuts, des configurations de l’identité
face à la crise identitaire. Il n’y a pas de
séquence développementale.
« Je veux être avocat, comme papa ! » —> l’identité a été héritée des
parents ou des valeurs sociales (cf. sociétés traditionnelles). Les personnes
vont souvent être en reconversion professionnelle plus tard, car elles
développent leur définition d’elles plus tard. Il peut également y avoir un
intégration de la forclusion, en disant que la voie vers laquelle on va est
bonne pour nous, qu’on se voit bien suivre cette voie. En terme d’ajustement
social, on n’a pas l’angoisse du choix donc on est sur une route bien tracée
et l’ado va dès lors bien.
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Moratoire : l’individu est en pleine expérimentation sur le plan vocationnel et
idéologique mais ne s’est pas encore engagé de manière claire.
Engagement très fort mais ils n’ont pas eu d’autres alternatives. C'est un
idéal : on s’attend à ce que l’ado ait formé ses engagements sur la base
d’une exploration intense. Ce sont donc des engagements de bonne qualité,
et donc les ados vont bien, car ils ont de bonnes représentations d’eux-
mêmes
Ex : religion ou dans le milieu agricole, il est très courant que l’ainé reprenne
l’exploitation agricole par « tradition », c’est dans les valeurs de ce groupe
social. On peut se poser la question de savoir s’il fait cela car il le veut ou il
déteste cela et le fera en trainant des pieds. Donc, pour être en forclusion :
héritage du groupe social, ne se pose pas trop de questions. .
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Recherches sur les différences interindividuelles (interstatuts)
Quand il n’y a pas de signe dans les colonne, c’est
qu’il n’y a pas de différence significative selon les
recherches menées (donc plutôt un signe =).
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À cause de la rigidité de la forclusion, il peut y avoir une impulsivité.
Forclusion et diffusion sont associés à moins d’autonomie, ce qui est
logique. Les statuts avec exploration sont plus matures.
Critiques principales
Le modèle a été critiqué pour être trop « statique » (se centre uniquement
sur les issues identitaires possibles) et pas sur comment l’identité se forme
et change à travers le temps (ex : Bosma, 1985).
Cela a stimulé une nouvelle ligne d’investigations (longitudinales)
Développement de nouvelles théories centrées sur les processus (par
exemple « Exploration détaillée » vs. « Exploration en largeur »
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Ex : Réalisation => Enfant : motivation intrinsèque, ouverture, individualisme,
confiance en soi, estime de soi, structure familiale.
Il ne faut pas retenir... Cela permet de comprendre le fonctionnement des
adolescents dans ces statuts.
L'andro-centrisme :
C’est le fait que les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Placer le
point de vue masculin au centre d’une perception du monde. On
privilégie les traits (qualifiés de) masculins aux traits (qualifiés de)
féminins.
L’hétéro-centrisme :
C’est le principe de croire que tout le monde est hétérosexuel. Penser
que l’hétérosexualité est la sexualité par défaut. On peut voir ça d’une
façon probabiliste : il y a plus de personnes hétéro dans la société, donc
on va avoir tendance à se représenter un couple hétéro car c’est le plus
représenté dans la société. On va faire des économies cognitives en
prenant cette représentation qui est déjà disponible dans notre cerveau.
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e. Le "genderbread person"
Identité (cerveau)
C’est la manière dont on se sent en tant que personne (physiologiquement).
(pas de biais sur le genre). C’est la manière dont on vit dans notre tête et
comment on définis notre sexe.
L’attraction (cœur)
C’est l’attraction que l’on a pour un des deux sexes. Distinction entre notre
identité de genre et nos attractions : « Je suis un homme, je ne suis pas
obligé d’être attiré par les femmes ». Elles peuvent être sexuelle ou
romantique. Elles sont présentent très jeunes mais c’est seulement à
l’adolescence que l’on peut les explorer.
Le sexe (anatomie)
Point de vue anatomique (seins, poils, ...), il est assigné à la naissance. Il est
différent de l’identité. Certaines personnes ont une dysphorie de genre :
avoir le corps d’un homme mais avoir un esprit de femme.
Il faut se rendre compte que tout ça est très différent et être conscient des
possibilités. On peut comprendre pourquoi certaines personnes souffrent en
cas de dysphorie de genre.
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Identité de Genre
Notre sens psychologique du genre (ou expérience), qui se base sur ce que
nous pensons être les options de genre et comment nous nous sentons en
phase (ou pas en phase) avec ces options.
Il faut être dans une forme d’inclusion, accepter l’expression de genre, tout
en montrant aux ados qu’ils ne peuvent pas choisir ce qu’ils veulent être,
c’est une façon de se sentir, pas un choix.
f. L'intersectionnalité
Souvent les statistiques prennent certains aspects pour tirer des conclusions
sur une population, sans tenir compte des autres aspects qu’ils existent.
(Exemple : Les Belges sont les plus heureux, mais ce ne sont pas tous les
Belges). 52
Expérience unique résultant de la possession de plusieurs identités associées à
multiples types d’oppression (ex. genre, race, orientation sexuelle, religion, classe,
(in)capacité)
Les personnes ayant des identités subordonnées multiples (ex. être une femme
lesbienne de couleur) font face à des obstacles uniques, comme l’invisibilité
intersectionnelle (Purdie-Vaughns & Eibach, 2008), selon laquelle ils ne sont reconnus
comme membres « typique » d'aucun de leurs groupes.
Différents types d’oppression sont liés à chaque groupe, interagissent et forment ainsi
un seul obstacle.
Créativité et développement
psychosocial
A. Créativité : nature et définition
a. Définition
La créativité est la capacité de produire un travail qui est à la fois :
Nouveau/original
Approprié au contexte, au domaine, à la tâche.
b. Perspective multivariée
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Facteurs cognitifs : connaissance du domaine, habilités spécifiques.
Avoir une pensée divergentes.
Facteurs conatifs : personnalité de la personne, motivation, émotions,
prise de risque, être ouvert à la nouveauté.
Facteurs environnementaux : environnement qui développe la
créativité, le matériel nécessaire.
B. Mesure de la créativité
Potentiel créatif >< accomplissement créatif
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Convergente – intégrative : capacité à articuler ou à intégrer divers
éléments en un tout cohérent et original / unique.
La personne va intégrer les éléments pour réaliser la tâche. (Exemple :
intégrer des objets de la vie quotidienne pour créer un bonhomme).
Les tâches de production sont généralement évaluées par un groupe
d’experts du domaine, car les jugements sur la créativité requièrent un
consensus social.
C. Développement de la créativité
d. Participation créative
La participation créative peut ultimement réduire la détresse liée à la
formation identitaire si cette participation est une source positive
d’estime de soi (identité créative).
Un haut niveau de participation associé à un faible potentiel créatif,
reflète plutôt une exploration en largeur et pourrait contribuer à une
détresse identitaire.
Le succès créatif dans des domaines distincts de production est lié à des
domaines distincts d’estime de soi : des interventions basées sur des
domaines ciblés pourraient aider à renforcer l'estime de soi dans les
domaines "plus faibles" de l'individu.
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e. Expression créative
Les domaines d'expression créative peuvent être utilisés comme un
exutoire pour l'expression de soi (les jeunes délinquants sont limités en
créativité, ils n'ont pas la possibilité de canaliser leur violence dans des
tâches créatives ce qui peut les mener à de la violence réelle) ;
Peut aider à canaliser de la détresse interne ou externe ;
Pas de différence significative en termes d’expression violente dans les
dessins de jeunes incarcérés ou de jeunes “tout venant” ;
Les jeunes délinquants n'ont peut-être pas les opportunités de
s'exprimer de façon créative ;
Les adolescents avec davantage de problèmes d’externalisation
montrent des capacités d’expression créative (et émotionnelle) plutôt
pauvres.
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