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101

Les règles d’or de


l’éducation bienveillante

Élever vos enfants sans élever la voix


(ni baisser les bras!)
Illustration de la couverture: ©Shutterstock

Direction de la publication : Isabelle Jeuge-Maynart et Ghislaine Stora

Direction éditoriale : Émilie Franc

Direction artistique : Géraldine Lamy-Mélissande Mestas

Édition : Laure Sérullaz

Conception graphique : Aurore Élie

Réalisation : Nord Compo

Couverture : Frédéric Manlay

ISBN 978–2–03–601820–4

© Larousse 2022, pour la présente édition

© Larousse 2016, pour la première édition

Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que

ce soit, de la nomenclature et/ou du texte et des illustrations contenus dans le présent

ouvrage, et qui sont la propriété de l’Éditeur, est strictement interdite.


Dr Gilles-Marie Valet
Pédopsychiatre

101
Les règles d’or de
l’éducation bienveillante

Élever vos enfants sans élever la voix


(ni baisser les bras!)

POCHE
À Thibaud,
tour à tour
mon sage p’Ti Beau
mon facétieux p’Ti Bonobo
et toujours mon p’Ti Bonheur
SOMMAIRE

Préface …………………………………………………………… 9

Les principes debase …………………………………….. 13

1. Comprenez le vrai sens del’obéissance … … … … … … … 14

2. Ayez confiance en votre autorité naturelle …………….. 15

3. Ayez conscience de troisprincipes fondamentaux … … … . 17

4. Respectez cinq consignes

pour qu’une règle fonctionne ……………………………. 19

5. Transmettez des valeurs claires … … … … … … … … … … . . 21

6. (Re)pensez les limites … … … … … … … … … … … … … … … 23

7. Définissez des règles stables et cohérentes … … … … … 24

8. Autorité, oui. Brutalité, non! … … … … … … … … … … … . . 25

9. En finir avec la fessée … … … … … … … … … … … … … … . . 26

10. Sachez adapter les règles ……………………………….. 28

11. Évitez d’encourager lescomportements

que vousvoulez voir disparaître ………………………… 30

12. Utilisez des renforçateurs positifs bénéfiques …………. 32

Les règles liées à l’enfant ……………………………….. 35

13. Comprenez votre enfant et pourquoi il n’obéit pas …… 36

14. Identifiez les « vraies » bêtises ………………………….. 38

15. Il n’y a pas de caprices avant un an … … … … … … … … . . 40

16. Apprenez-lui à contrôler ses pulsions ………………….. 42

5
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

17. Développez très tôt sesbonnes habitudes ……………. 44

18. Développez son sens del’obéissance … … … … … … … . . 45

19. Développez son autonomie ………………………………. 47

20. Évitez les comparaisons etles exemples négatifs ……. 49

21. L’enfant n’est pas un adulte en miniature ………………. 51

22. Développez son sens desresponsabilités … … … … … … . 53

23. Sachez l’encourager… … … … … … … … … … … … … … … . 55

24. Aidez-le à développer sonlibre arbitre ………………… 58

25. Développez sa confiance en lui …………………………. 60

26. Faites primer l’intérêt del’enfant ………………………. 62

27. Jugez la faute, pas l’enfant ………………………………. 64

Conseils auxparents ……………………………………… 67

28. Jouez votre «rôle» deparent …………………………… 68

29. Libérez-vous de l’angoisse du bon parent ……………… 70

30. Allégez-vous devospropres modèles parentaux ……… 72

31. Acceptez de ne pas avoir toujours raison ………………. 75

32. Formez une équipe parentale en or… …………………… 76

33. Renoncez à tout interdire ………………………………… 78

34. Ne vous répétez pas plusdetrois fois! ………………… 80

35. Pour vous faire écouter, faites-vous entendre! ……….. 82

36. Agissez avec conviction … … … … … … … … … … … … … . . 85

37. Respectezvotre adolescent

pour mieux vous faire respecter …………………………. 87

38. Donnez du sens àvosconsignes … … … … … … … … … … 89

39. Accordez la bonne place aux grands-parents … … … … . . 91

40. Parents séparés, déléguez votre autorité

à votre nouveau conjoint …………………………………. 93

Les règles auquotidien ………………………………….. 97

41. Reconnaissez etsatisfaites

les besoins de vos enfants … … … … … … … … … … … … . . 98

42. La période du « non » n’estpas insurmontable! …….. 100

43. Débloquez les situations … … … … … … … … … … … … … 102

44. Évitez les pièges « mangeurs de temps » …………….. 104

6
SOMMAIRE

45. Gérez sereinement les colères de votre enfant … … … . 105

46. Faites face aux oppositions systématiques …………… 107

47. Limitez les choix… … … … … … … … … … … … … … … … … 110

48. Montrez l’exemple ………………………………………… 112

À la maison, àl’école etautres lieuxdevie ………. 115

49. Anticipez parlaprévention! … … … … … … … … … … … . . 116

50. Sécurisez les espaces … … … … … … … … … … … … … … . . 118

51. Simplifiez les consignes pour mieux vous faire obéir … . 120

52. Accordez du temps àchaque enfant ………………….. 122

53. Prévenez les disputes dansla fratrie… … … … … … … … 124

54. Réglez les conflits fraternels … … … … … … … … … … … . 126

55. Facilitez les couchers ……………………………………. 128

56. Gérez les matins difficiles … … … … … … … … … … … … . . 130

57. Faites des repas desmoments zen… … … … … … … … . . 132

58. Aidez-vous avec des«marqueurs de temps» … … … … . 134

59. Égayez le quotidien ……………………………………… 136

60. Faites diversion … … … … … … … … … … … … … … … … … 138

61. Pas de cinéma devantlatélévision! …………………… 139

62. Faites que tout baigne! ………………………………….. 141

63. Sanctionnez quandc’estgrave …………………………. 143

64. Développez son sentiment

d’appartenir à une famille ………………………………. 145

65. Pensez à la méditation pourvos enfants ………………. 147

66. Utilisez la méditation auquotidien… … … … … … … … . . 150

67. Rassasiez (affectivement) les petits mordeurs … … … . . 153

68. Modifiez son rapport auxapprentissages …………….. 155

69. Valorisez les bons comportements …………………….. 157

70. Un tableau vaut mieux qu’un long discours ………….. 158

71. Gérez le problème dessorties …………………………. 160

72. Apprenez-lui les premières règles de politesse … … … . 162

73. Prévenez les crises… … … … … … … … … … … … … … … . . 164

74. Ne vous laissez pas abattre

par ses phrases assassines ……………………………… 166

7
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Autorité etémotion ……………………………………… 169

75. Édifiez une autorité juste et constructive ……………… 170

76. Trop de culpabilisation favorise

les mauvais comportements … … … … … … … … … … … . . 172

77. Parlez de façon positive et rassurante …………………. 174

78. Écoutez votre enfant pour qu’il se comprenne mieux … . 176

79. Sachez tourner la page … … … … … … … … … … … … … … 178

80. Ne vous laissez pas emporter par vos émotions… …… 180

81. … Et apprenez-lui à gérer les siennes … … … … … … … . . 182

82. Déjouez les pièges delaculpabilité …………………… 184

83. Ne doutez pas devotrelégitimité …………………….. 185

84. Rien ne sert de crier… …………………………………… 186

85. Communiquez defaçonadaptée … … … … … … … … … . 188

86. Ne négligez pas l’humour… … … … … … … … … … … … . . 189

87. Évitez de l’humilier oudeleblesser …………………… 190

88. L’amour, c’est toujours d’actualité! … … … … … … … … . 192

La boîte à outils de l’obéissance ……………………. 195

89. Récompensez defaçonpertinente ……………………. 196

90. Apprenez-lui le principe desconséquences … … … … . . 198

91. Faites l’arbitre ……………………………………………. 200

92. Faites preuve d’imagination pour sortir des conflits… . 202

93. Passez des « contrats » avec votre adolescent… … … . . 204

94. …Et veillez à leur bon fonctionnement ……………….. 206

95. Sachez choisir entre lesdifférentes formes

desanctions… et leurs conséquences ………………… 208

96. Remplacez les menaces par des engagements … … … . 210

97. Proposezdessolutionsoùtoutlemondeestgagnant …. 212

98. Utilisez la technique duchoix illusoire ………………… 214

99. Trouvez des sanctions efficaces ……………………….. 215

100. Comment ne pas vous laisser interrompre … … … … … . 217

101. Renoncez définitivement à toute forme

demaltraitance… … … … … … … … … … … … … … … … . . 219

Pour conclure … … … … … … … … … … … … … … … … … … … . 221

8
PRÉFACE

«
J’appelle éducation positive ce qui tend
àformer avant l’âge, et donner à l’enfant »
laconnaissance des devoirs de l’homme.
Jean-Jacques Rousseau,

Lettre à Monsieur de Beaumont

Ne renoncez pas à vous faire obéir


Le paradoxe de l’obéissance est qu’elle ne va pas de soi. L’enfant
ne naît pas avec un gène de l’obéissance, alors que l’autorité, elle,
est innée : dès l’instant où l’enfant vient au monde, ses parents
deviennent de fait responsables de lui et détenteurs de l’autorité
parentale. Or bien des parents, qui se demandent s’ils font preuve
de suffisamment d’autorité, ne s’interrogent pas sur le moyen
de développer le sens de l’obéissance chez leur enfant.
L’obéissance est une notion centrale dans l’éducation et
l’autorité. Avant de s’imposer, elle se suppose.

Des parents désemparés


Les parents d’aujourd’hui n’ont pas la tâche facile. Coincés entre
des discours opposés, ils doivent à la fois prendre en compte les
sensibilités de l’enfant, être à l’écoute de son développement
singulier, attentifs à son bien-être, sans pour autant faire montre
de laxisme au risque de transformer leur progéniture en un
insupportable tyran !
Dans le même temps, que recouvre le concept de « bien
élever ses enfants » ? En faire des individus soucieux des autres

9
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

etdeleurenvironnement ?Desindividusautonomes, capablesde


faireleschoixlesplusappropriéspoureux, sansnuireauxautres ?
Ou de mener à bien leurs tâches familiales selon les codes
sociétaux en vigueur, pour s’assurer d’être des parents parfaits ?
La satisfaction de se faire obéir tient à la fois du sen-
timent d’être un parent respecté, donc reconnu dans sa
fonction parentale par son propre chérubin comme par la
société, mais sans pour autant renoncer à ce que l’exercice
de l’autorité peut sembler altérer: l’amour inconditionnel
de cet enfant. L’opposition, le refus d’obtempérer sont alors
perçus comme autant de preuves de désamour. Pour cela,
ou par crainte de ne pas y arriver, la tentation peut être
de laisser (tout) faire.

L’interdiction n’est pas l’éducation


À l’inverse, on n’élève pas un enfant uniquement en érigeant
autour de lui des barrières d’interdits dans le but qu’il suive
sans négocier la direction que l’on veut ainsi lui faire prendre.
Le besoin naturel d’exploration et de découverte, ses besoins en
général, ses désirs en particulier, favorisent aussi des comporte-
ments qui ne sont pas toujours ceux que ses parents attendent.
S’il est important de lui permettre de bien se développer,
en répondant et en satisfaisant certaines de ses envies, il reste
important cependant de ne pas avoir peur de le confronter à
la frustration. Au risque de s’exposer à un mécontentement,
un désaveu, voire une crise…

L’éducation est un apprentissage


Elle demande des efforts, de la part des enfants comme des
parents, et une certaine connaissance de l’enfance et de son
développement. Aussi est-ce sans doute pour cela que depuis
la Paideia de l’Antiquité ou l’Émile de Jean-Jacques Rousseau,
les traités d’éducation, en évoluant avec les époques, les tradi-
tions et les cultures, les fonctionnements sociétaux et les mœurs,

gardent toujours leur pertinence.

10
PRÉFACE

Ce livre propose ce qui constitue les 101 règles essentielles


pour permettre aux parents, et plus généralement aux adultes
responsables d’enfants et d’adolescents, de se faire écouter,
respecter et obéir sur les bases d’une discipline positive.
C’est un concept fondamental qui, tout en tenant compte
de la nécessité d’apprendre à l’enfant à obéir, a à cœur de
respecter ses spécificités pour lui permettre de grandir
harmonieusement.
Il développe ainsi, structurées en huit grandes parties,
des consignes simples, claires et efficaces, qui prennent
toujours en compte l’intérêt et le bien-être de l’enfant.
Les règles de base posent les fondements sur lesquels
l’autorité et l’obéissance peuvent s’ériger sereinement. Sont
ensuite élaborés les préceptes qui dépendent des interlocu-
teurs en présence, les enfants et leurs parents, ainsi que le
contexte dans lequel ils évoluent : ce sont les règles liées à
l’enfant, lesconseils aux parents et les règles au quotidien,
que ce soit à la maison, à l’école ou dans les différents lieux
de vie où l’enfant peut évoluer.
Le propos ne serait cependant pas complet s’il ne souli-
gnait pas la place qu’occupent les émotions dans l’exercice
de l’autorité.
Enfin, l’ouvrage se conclut par quelques « idées et astuces »
qui constituent la boîte à outils de l’obéissance.
Bien qu’ordonnées selon ces chapitres, il n’y a pas de néces-
saire continuité d’une règle à l’autre. Laissez-vous la liberté
de les lire selon votre inspiration, vos besoins, en fonction
des situations auxquelles vous êtes confronté, ou juste pour
anticiper celles que vous pourriez rencontrer tout au long
devotrevie de parent.
Elles constituent des pistes de réflexion, conçues pour des
situations envisagées d’une façon généraleet qui gagneront à
être adaptées à chaque enfant et à chaque contexte. Pourcela,
prenez le temps de réfléchir à comment vous pourrez les

appliquer concrètement, selon vos habitudes et le mode de

11
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

fonctionnement familial. Cela peut, en outre, être l’occasion


de revisiter certaines de vos façons d’agir, qui pourraient
s’avérer ne pas être les plus adaptées…
Donnez-vous également le temps de les assimiler pour
les faire vôtres. Elles seront d’autant plus efficaces que vous
lesappliquerez avec conviction. Certaines deviendront même
sans doute des réflexes. Mettez-les en place et maintenez
leur utilisation suffisamment longtemps pour que les évolu-
tions puissent se faire sentir, en vous rappelant que tout ne
marche pas toujours du premier coup et que la persévérance
l’emporte souvent.
Selon le principe de l’inertie et de l’emballement, plusieurs
petits succès sont nécessaires pour encourager le changement ;
en revanche, lorsqu’ils sont patents, les progrès peuvent vite
devenir exponentiels et « contagieux ». Aussi, n’hésitez pas
à évaluer régulièrement les effets et à faire état à chaque
membre de la famille des avancées constatées.
Les différents parents qui ont mis en pratique ces proposi-
tions témoignent régulièrement de leur efficacité.

f
Faites-leur con iance.

Faites-vous f
con iance!

12
LES PRINCIPES

DEBASE

13
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°1

COMPRENEZ LE VRAI SENS


DEL’OBÉISSANCE
I l y a de nos jours beaucoup de discussions autour
de l’éducation. Elle aurait été trop rigide avant 1968,
trop laxiste après. Il est donc essentiel derevenir aux
fondamentaux.

Une éducation réussie


L’éducation a pour mission de transmettre à l’enfant, entre
autres choses, les règles et les lois qui lui permettront de
bien s’intégrer socialement et qui s’imposeront à lui de toute
façon par la suite. Il s’agit de le rendre apte à les respecter,
car tolérer les frustrations n’est pas inné pour lui, et obéir,
celas’apprend.

Les règles et les lois pour tous, enfants et parents!


La loi donne aux parents le droit d’exercer leur autorité sur
leur enfant jusqu’à ses 18ans. Les parents sont au-dessus de
lui pour le diriger et le protéger, et cela rassure l’enfant.
Les parents sont pour lui les représentants de la loi, avant
que la loi proprement dite remplace leur autorité.
L’obéissance est plus facile à apprendre quand on est enfant
qu’adulte. En grandissant, l’enfant comprend que les règles
et les lois s’appliquent à tous, y compris à ses parents, et
que ce n’est donc pas la loi du plus fort qui domine. Après
l’adolescence, l’enfant comprendra que ces mêmes règles et
lois qui sont vécues comme des barrières sont là comme
autant de protections, notamment pour défendre sa liberté
et lerendre autonome.

14
LES PRINCIPES DEBASE

RÈGLE N°2

AYEZ CONFIANCE EN VOTRE


AUTORITÉ NATURELLE
L es relations entre parents et enfant s’instaurent
dès la naissance – probablement même bien
avant… L’autorité intervient dans ce rapport familial,
mais est avant tout l’un des fils qui constituent ce
lien solide que l’on appelle la filiation ; ce fil se tisse
au quotidien à partir d’un écheveau intrinsèque.

L’autorité est avant tout implicite


Elle ne se résume pas au droit ou au pouvoir de comman-
der, ni à celui de se faire obéir. Elle recouvre surtout cette
influence instinctive que les parents ont naturellement sur
leur enfant, et que celui-ci ressent, du fait même de leur
ascendance. Très tôt, l’enfant perçoit la dépendance qui
le lie à ses parents : matérielle, puisque ces derniers sub-
viennent à ses besoins (boire, manger, dormir…), affective,
mais aussi autour d’appétits autres, comme le désir de jouer,
d’apprendre, de grandir…

Avant de remettre en que stion


v otre autorité

S’il ne se plie pas toujours à vos demandes, ne vous inquiétez pas

systématiquement à propos de votre autorité. Interrogez-vous

d’abord sur l’essentiel : qu’est-ce qui compte vraiment pour le bon

développement de votre enfant et sa santé, l’harmonie familiale,

sa bonne intégration dans l’univers social…

15
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Il perçoit également que ceux qui lui ont donné la vie


ou, plus généralement, qui permettent son existence et sa
survie, sont investis de cette mission de protection et que
les consignes, les règles éducatives – les interdits comme
lesobligations – enfont partie.

L’exercice de l’autorité
Il correspond à la dimension concrète de cette autorité
parentale. Elle se construit au fur et à mesure que l’enfant
grandit et que se constitue sa personnalité, comme à chaque
fois que parents et enfants font face à des situations où le
jeune être humain doit faire des choix, et s’exposer parfois
à la sanction.
Lorsque cette autorité naturelle ne va pas de soi pour le
parent ou n’est pas suffisamment évidente pour l’enfant,
cela peut favoriser des troubles dans son expression et son
exercice. Ainsi, des parents qui douteraient trop du carac-
tère naturel de cette autorité pourraient avoir tendance à
trop sévir, ou à chercher à se faire obéir coûte que coûte.
Parallèlement, certains enfants ressentent parfois le besoin de
transgresser pour se confronter à la réalité de cette auto-
rité, d’autant plus quand les limites restent floues ou qu’ils
ont besoin d’être rassurés sur l’attention que leur portent
leurs parents.

16
LES PRINCIPES DEBASE

RÈGLE N°3

AYEZ CONSCIENCE DE
TROISPRINCIPES FONDAMENTAUX
É duquer un enfant, c’est lui donner des cadres
et des jalons pour l’aider à s’élever lui-même.
Apprendre les lois de la famille et de la société ne
se fait pas seulement avec la tête, mais aussi avec
lecorps, lecœur et les émotions.

1. L’enfant ne vient pas au monde


avec un sens inné de l’obéissance
Combien de parents, même s’ils savent qu’un enfant ne peut
comprendre et apprendre les règles tout seul, s’énervent face
aux comportements spontanés et pas toujours adaptés de leur
progéniture?
L’enfant a besoin que l’adulte l’éduque pour grandir.
Cependant, l’intégration des règles doit suivre l’accroisse-
ment de son autonomie: on ne peut exiger d’un enfant que
ce que son développement psychomoteur (son agilité, son
habileté), cognitif (son intelligence, sa mémoire) et affectif
(sa capacité à gérer la frustration) lui permet de faire. Il ne
suffit pas d’expliquer les règles pour qu’elles soient appli-
quées : il sera nécessaire de les imposer par l’apprentissage,
c’est-à-dire la répétition des comportements adaptés dans les
situations du quotidien.

«
Il ne suffit pas d’expliquer les règles »
pour qu’elles soient appliquées.

17
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

2. L’enfant a besoin d’un cadre structurant


pour bien se développer
Cet environnement éducatif se construit avec les règles, qui
constituent des repères rassurants et fondateurs. Toute vie
est régie par un ensemble de lois – naturelles, biologiques et
sociales. Si, le soir, l’enfant doit se coucher, c’est à la fois parce
que c’est la nuit (loi naturelle), que son corps est fatigué et
a besoin de se ressourcer (loi biologique) et que la majorité
des individus sur la Terre profitent du jour pour réaliser l’en-
semble de leurs activités et dorment la nuit (lois sociales).

3. Éduquer ne se résume pas à tout interdire


Le « tout interdit », parce qu’il n’est source que de frustra-
tion, risque de freiner le bon développement de l’enfant
ou favoriser l’élaboration de stratégies de transgression. Poser
des limites souligne certes ce qui est interdit, mais trace
aussi les contours de tout ce qui reste possible. Ainsi, s’il
est indispensable d’interdire à Lola de dessiner sur les murs
(cela arrive dans 80 % des cas lorsque l’enfant commence à
se servir d’un crayon…), il sera plus efficace de lui fournir
avant tout et sans réserve des feuilles de papier et des feutres
lavables. L’insatisfaction sera mieux tolérée (et donc les règles
seront mieux respectées) sipour une chose interdite, dix sont
autorisées.

18
LES PRINCIPES DEBASE

RÈGLE N°4

RESPECTEZ CINQ CONSIGNES


POUR QU’UNE RÈGLE
FONCTIONNE
C e sera plus facile pour un enfant d’obéir s’il
sait ce que ses parents – et les adultes qui
s’en occupent – attendent de lui. L’éducation est
un apprentissage qui repose sur l’enseignement et
la répétition. Cinq caractéristiques conditionnent
uneconsigne à laquelle on se conforme.

1. Elle doit être claire


La règle doit être édictée dans un langage que l’enfant,
enfonction de son âge, est à même de comprendre. Elle sera
plus limpide et plus facile à appliquer si elle est sobrement
expliquée (« cela est interdit parce que tu peux te blesser »).
Ilne s’agit pas de tout justifier, mais donner des ordres sans
expliquer ne contribue qu’à éduquer votre enfant à obéir
sansl’aider àdevenir responsable.

2. Elle doit être concrète


Plus l’enfant est jeune, plus il a besoin que la règle soit
concrète, c’est-à-dire qu’elle doit s’appuyer sur des éléments
de la réalité et dont il peut faire l’expérience dans son quo-
tidien. Desnotions comme « c’est mal » ou « c’est bien » sont
souvent trop floues, d’autant que ce qui est bien pour un
enfant est avant tout ce qui lui fait du bien ! Préférez illustrer
vos consignes par les conséquences objectives que l’action,
autorisée ou interdite, peut avoir.

19
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

3. Elle doit être constante


La règle doit pouvoir s’inscrire dans la durée et ne pas
varier en fonction de l’humeur ou du bon vouloir des adultes.
À une situation correspondra toujours une réponse (à peu
près) identique. Si ce qui est interdit un jour est autorisé le
lendemain, parce que l’on est de meilleure humeur ou trop
épuisé(e) pour la faire appliquer, non seulement l’enfant ne
va pas s’y retrouver, mais il aura tendance à chercher à obte-
nir ce qu’il veut coûte que coûte, à grand renfort de sourires
manipulateurs oude colères interminables !

4. Elle doit être cohérente


Votre enfant a besoin de cohérence : les consignes édictées
doivent obéir à une logique, soit dans leur enchaînement
(on prend son bain et ensuite on se met en pyjama, pas
l’inverse), soit dans leur établissement (on se tient la main
quand on est à l’extérieur, car il y a des risques liés à la cir-
culation, mais pas à l’intérieur). Cela se joue également entre
les parents : il est important que chacun soutienne l’autre
dans ses principes éducatifs, au moins devant les enfants
(quitte à prendre le temps, en dehors de leur présence,
poursemettre d’accord).

5. Elle doit être conséquente


Une action (une parole, un acte ou, à l’inverse, l’absence
d’intervention) a une conséquence. Cela concerne ce que
fait l’enfant ou ce qu’on lui enseigne. Cela touche aussi le
comportement des parents: promettre une punition et ne
pas la donner, par exemple, ne sera jamais anodin. Vous per-
dez chaque fois un peu de votre crédibilité et augmentez
le risque que la prochaine fois, il passe outre la consigne.
C’est pourquoi il est important de ne pas menacer de repré-
sailles (ou promettre une récompense) que vous ne sauriez
honorer…

20
LES PRINCIPES DEBASE

RÈGLE N°5

TRANSMETTEZ
DES VALEURS CLAIRES
L ’enfant sera plus enclin à ne pas recommencer
s’il comprend en quoi ce qu’il a fait est considéré
comme une bêtise.Expliquez-lui que certaines actions
portent atteinte à certaines valeurs: enintégrant ces
notions, il anticipera sur ses choix futurs.

Valeurs individuelles, familiales et sociales


Il ne s’agit pas des préceptes issus de principes moraux ou
religieux (même s’ils peuvent, bien sûr, en être empreints),
mais ceux qui concernent directement l’enfant et sa famille.
Certains sont directement dictés par les habitudes culturelles
et sociales, comme la politesse, mais peuvent s’exprimer
différemment selon les familles.

Des valeurs propres à l’enfant


On peut restreindre la notion de « transmission de valeurs
claires » à ce qui ne concerne que l’enfant : son intérêt, son
bien-être, tant physique que psychique, son développement.
Ces principes, qui tiennent compte de l’environnement dans
lequel l’enfant évolue, se traduisent notamment par ce que
l’on pourrait qualifier de « valeur santé », « valeur sécurité »,
« valeur développement personnel », « valeur relation
aux autres », « valeur relation à l’environnement »…
Car le respect des autres, comme de l’environnement, parti-
cipe également au bon développement de l’enfant : celui-ci
grandira mieux dans un milieu sain qu’il lui convient à lui
aussi d’entretenir. Ainsi, ranger ses jouets n’est pas important

que pour des raisons d’ordre et de propreté, mais également

21
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

parce que l’enfant les retrouvera plus facilement et évitera de


se blesser en glissant sur l’un d’eux qui traînerait par terre.
De même, un enfant ne cultivera sa générosité, sa loyauté,
son honnêteté pas uniquement pour des raisons morales,
mais surtout parce qu’elles constituent la base de relations
et d’échanges de bonne qualité, qui lui permettront de bien
s’épanouir, en ayant des copains, en étant populaire et res-
pecté. En comprenant comment la « bêtise » qui consiste à
porter atteinte à ces valeurs peut lui nuire directement,
l’enfant sera plus enclin à les respecter.

Des valeurs immuables


au regard de règles variables
L’intérêt de centrer les choses autour de la notion de valeur
permet de se repérer face à des situations dont le caractère
autorisé ou non peut être variable, notamment en fonction
du contexte. Courir dans les champs à l’occasion d’une pro-
menade (qui permet de se dépenser, de faire du sport, et
donc est une « valeur santé » positive) sera encouragé, alors
que cela sera interdit sur la route ou sur le sol glissant d’une
piscine, les risques encourus portant atteinte à la « valeur
sécurité ».
De même, l’enfant comprendra qu’il est préférable de dire
la vérité, non pas parce que c’est « mal » de mentir, mais sur-
tout en raison des conséquences que cela pourrait avoir sur
ses relations avec les autres (et ses parents), qui ne sauront
plus quand lui faire confiance.
En aidant l’enfant à prendre conscience de l’enjeu de ces
valeurs universelles, on l’encourage à faire des choix qui lui
seront bénéfiques ultérieurement.

22
LES PRINCIPES DEBASE

RÈGLE N°6

REPENSEZ LES LIMITES


P our élever son enfant avec pertinence et se faire
obéir, il est important de savoir ce que l’on peut
attendre de lui, en fonction de son âge et de son
tempérament.

N’exigez pas l’impossible


Selon son âge, un enfant ne va pas comprendre les consignes
et les raisonnements de l’adulte de la même façon. Certaines
« bêtises » peuvent être dues au fait que l’enfant ne sait
pas ou n’arrive pas encore à faire, comme rester calme au
restaurant pendant de longues heures, respecter les règles de
la politesse, tenir un vase sans le casser, gérer la frustration
ou la colère. Plutôt que de se fâcher et de punir inutilement,
mieux vaut favoriser l’apprentissage de nouvelles apti-
tudes, en montrant l’exemple, en lui faisant refaire ce qu’il
a mal fait tout en se montrant rassurant et apaisant. Évitez
également les lieux qui ne lui conviennent pas (un musée
pourunenfant non scolarisé qui risque de s’y ennuyer…).

Favorisez des espaces sécurisés


« Sécurisé » rime avec « adapté » et « autorisé ». À l’image
du bébé que vous pouvez laisser en toute tranquillité dans son
parc, assurez-vous que votre enfant évolue dans un endroit où
il n’est exposé ni à des risques, ni à des tentations qui pour-
raient favoriser des comportements inadaptés. Rangez, par
exemple, en lieu sûr ce que vous ne voulez pas qu’il touche.
Un espace sécurisé, c’est aussi un endroit où son autonomie est
facilitée par des objets qui lui simplifient la vie (des meubles
qui encouragent à ranger, pas de bibelots fragiles…).

23
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°7

DÉFINISSEZ DES RÈGLES


STABLES ET COHÉRENTES
P our que les règles soient respectées, il faut
d’abord les définir: sans établir la liste de tout ce
qui sera autorisé et interdit, avoir en tête les grands
principes de ce qui vous paraît indispensable pour
le bon fonctionnement de la famille est nécessaire.

Des repères
L’enfant a besoin, pour se développer sereinement, de pou-
voir s’appuyer sur des repères sécurisants. Pour cela, ils doivent
être cohérents (s’associer les uns aux autres de façon complé-
mentaire pour favoriser un fonctionnement compréhensible
et logique auquel l’enfant pourra se référer) et stables (ne pas
changer sans raison ou en fonction du seul désir des parents).
Par leur caractère prévisible, ces règles permettent à l’enfant
d’anticiper ce qu’on attend de lui, évitant un sentiment
d’insécurité. Elles s’élaborent au quotidien dans le cadre de
vie où il évolue, définies par les limites concrètes que sont
letemps, l’espace et les références éducatives.
• Le cadre temporel s’établit grâce à la régularité des heures
desrepas, dulever, ducoucher, deshorairesdel’école… avec
les variations possibles dues aux week-ends, aux vacances…
Cela contribue à nuancer les règles sans les remettre
enquestion si la régularité prime l’exception.
• Lecadregéographique seconstruitdanslesdiérentslieux
de vie de l’enfant. La maison, l’école, tous les endroits où il
se rend (chez les grands-parents, les amis) et où les règles
peuvent diérer.

24
LES PRINCIPES DEBASE

RÈGLE N°8

AUTORITÉ, OUI.
BRUTALITÉ, NON!
P our mieux se faire obéir, il est tentant de chercher
à intimider l’autre, à l’instar des animaux qui
rugissent ou montrent les dents. Avec les enfants,
ces stratégies primaires ne sont pas les plus efficaces.

Les piliers de l’autorité parentale


La confiance dans ses qualités de parent, la légitimité des
règles posées et des contraintes imposées ainsi que l’assurance
d’être obéi sont les éléments essentiels d’une autorité efficace.
L’autorité se traduit surtout dans les actes. Inutile de se perdre
dans de longues explications qui auraient vite tendance à se
transformer en négociations. Lorsqu’une consigne est donnée,
il importe seulement qu’elle soit exécutée. Or, cela sera faci-
lité si elle est énoncée de façon claire et imposée calmement.
Quitte à recourir à différentes stratégies : faire ensemble,
transformer la demande en jeu, utiliser le « 1, 2… 3 ».
La violence verbale (cris excessifs, insultes ou menaces)
ou physique n’est que la traduction d’une mauvaise
gestion de son autorité. La peur de ne pas être entendu,
lacroyance que la peur est plus efficace que la raison et la
responsabilisation en sont souvent les principaux moteurs.
S’il n’est pas interdit de crier, il vaut mieux éviter de don-
ner le mauvais exemple à votre enfant. En effet, il sera vite
tenté de vous imiter pour obtenir gain de cause. De plus,
le recours exclusif à des modes d’expression violents finit
par rendre l’enfant dépendant à la décharge d’adrénaline
que cela induit. Par la suite, il ne répondra aux consignes

que lorsqu’elles seront exprimées avec force.

25
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°9

EN FINIR AVEC LA FESSÉE


U ne petite fessée n’a jamais fait de mal », voilà
« une idée encore trop répandue. D’une part,
c’est faux, et, d’autre part, ce n’est pas une punition
« efficace ».

Il n’y a pas de petite fessée!


Même une petite tape correspond à un coup. Les fessées sont
donc une série de coups portés sur le corps de l’enfant. Même
indolore, elle est toujours violente et humiliante. Ainsi, dès
son plus jeune âge, l’enfant intègre l’idée que la violence
(physique et psychologique) est légitime, puisque l’on peut
y avoir recours si on juge cela nécessaire.
Et le message implicite « je te tape, mais c’est pour ton
bien » distille un poison qui, plus tard, peut favoriser des
comportements où priment l’agressivité et le manque
d’empathie: un enfant qui frappe son frère parce qu’il lui a
pris son jouet, unadolescent qui en « corrige » un autre parce
qu’il lui a manqué de respect, deux adultes qui en viennent
aux mains pour uneplace de parking…

Parfois motivée par la peur

On relativisera bien sûr la tape sur la fesse qui part sous le coup

de la peur, lorsque l’enfant traverse sans regarder, par exemple.

Il sera judicieux d’expliquer son geste (« j’ai eu très peur,

j’ai réagi impulsivement… »).

26
LES PRINCIPES DEBASE

Une méthode inefficace qui repose


sur des idées fausses
Une fessée n’a pas de vertu éducative. L’idée que la crainte
de la punition est plus forte que le désir de la transgression
est fausse : cette crainte a moins d’impact que l’espoir de
quelque chose à découvrir. L’enfant sait ce qu’il risque pour
l’avoir déjà éprouvé et s’en être remis, alors qu’il surestime
ce qu’il ne connaît pas. D’autant qu’avec un peu de chance,
il pourra échapper à la sanction et conserver le bénéfice de
son forfait. Les châtiments corporels vont donc favoriser
le recours à la dissimulation ou au mensonge.

«
L’idée que la crainte dela punition
estplusforte »que le désir de latransgression
estfausse.

En outre, le fait d’avoir recours à la même sanction, quelle


que soit la bêtise, ne permet pas à l’enfant d’améliorer son
comportement : il se souviendra de la cuisante raclée mais
pas de la raison pour laquelle elle lui a été infligée. Au risque
de recommencer.

27
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°10

SACHEZ ADAPTER LES RÈGLES


I l est nécessaire que les règles restent stables et
cohérentes, nous ne cesserons de le dire. Néanmoins,
afin de conserver tout leur sens, elles doivent pouvoir
être adaptées en fonction des réalités du quotidien
auxquelles parents et enfants sont confrontés.

Consensus et compromis
Certaines situations vont naturellement nous amener à
modifier les habitudes: on sera plus tolérant avec un enfant
malade, plus souple sur les horaires le week-end…
Un impératif peut parfois nous obliger à changer notre
planning. Si nous nous l’autorisons, qu’il en soit de même
pour ce qui concerne nos enfants, lorsque les raisons sont
justifiées. D’autant que plus l’enfant grandit, plus l’autonomie
qu’il développe le pousse à revendiquer ses particularités,
notamment à l’adolescence.

Compréhension (mutuelle)
ne rime pas avec négociation
Sans tomber dans le piège de la négociation perpétuelle,
fréquente avec les adolescents, il est possible de mettre en
parallèle les intérêts de chacun. Comme l’illustrent ces pro-
pos de parents avisés: « Tu as trop de devoirs pour ranger ta
chambre ce week-end, je le comprends, donc je n’insiste pas
aujourd’hui ; mais tu sais que c’est important pour moi et
pour toi aussi, donc tu t’engages à le faire avant le week-end
prochain (oùtu as prévu de voir tes copains)… »

28
LES PRINCIPES DEBASE

En trouvant un accord, chacun est gagnant, et la relation


parent-enfant s’en trouve renforcée.

«
Un parent qui fait preuve d’ouverture d’esprit
» respecté et donc d’autant
sera davantage
plus obéi.

Le besoin de ne pas « perdre » ou de ne pas être frustré est


souventaucœurdecequipeutfavoriserunconflitouunecrise.
Quanduntout-petits’empared’unobjet interdit, d’uncouteau
dangereux ou du jouet de sa grande sœur, plutôt que de le
lui arracher des mains et d’essuyer unecrise, pourquoi ne pas
lui proposer (sans lui laisser le choix) une chose à laquelle
iladroit?
Ce n’est pas faire preuve de laxisme ou perdre enautorité,
mais bien se montrer en parent responsable à la fois du bien-
être de l’enfant (on ne le frustre pas inutilement), de sa sécurité
et du bon fonctionnement de la dynamique familiale (on ne
le laisse pas faire n’importe quoi) !

29
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°11

ÉVITEZ D’ENCOURAGER
LESCOMPORTEMENTS
QUE VOUSVOULEZ VOIR
DISPARAÎTRE
U n comportement peut être involontairement
favorisé par les bénéfices secondaires qu’il
entraîne. C’est le cas de nombreuses attitudes
inadaptées que l’enfant aura tendance à multiplier
si elles lui confèrent des avantages cachés.

Débusquez les éléments « renforçateurs »…


Les mauvaises notes illustrent bien ce phénomène: en effet,
elles poussent les parents à surveiller les devoirs et à être
plus présents auprès de leur enfant. Or, même s’il se fait
gronder, il peut préférer cela plutôt que d’être ignoré. Tous les
comportements se mettent en place parce qu’ils sont appris
et durent d’autant plus longtemps qu’ils sont renforcés par
les récompenses, réelles ou symboliques, que l’enfant en tire:
une attention particulière de son parent ou des moments qui
lui sont consacrés, des réactions parentales qui le distinguent
de ses frères et sœurs, une plus grande tolérance ou une
sévérité accrue mais qui lui donne un statut particulier…
Parfois, la sanction équivaut à une récompense cachée.
Pierre, 15ans, provoque régulièrement son père qui le prive
de sortie. Qu’importe, puisque l’adolescent en profite, isolé
dans sa chambre, pour chatter avec ses camarades de lycée…
La petite Sophie se fait gronder parce qu’elle ne mange pas
ses tartines au petit déjeuner, mais, devant l’école, sa mère,

coupable de la laisser toute la matinée le ventre vide, nepeut

30
LES PRINCIPES DEBASE

s’empêcher de lui acheter une barre chocolatée. Listez ainsi


tous les privilèges que vous accordez à votre enfant sans
vous en rendre compte et modifiez votre réponse pour
que la sanction en reste une.

… et annulez-les
Vous stopperez le comportement inadapté en repérant et
en annulant les facteurs qui le renforcent. Remplacez une
demi-heure de jeu par autant de révisions à condition de ne
pas vous retrouver à passer tout ce temps avec votre enfant.
Mieux vaut parfois éviter de sanctionner si l’enfant en tire
un avantage. N’hésitez pas à ignorer un caprice, en attendant
qu’il passe et en isolant l’enfant pour qu’il se calme. Si vous
cédez à chaque colère pour avoir la paix ou que vous préfé-
rez faire à sa place plutôt que de lui répéter plusieurs fois la
consigne, votre enfant risque de s’habituer à exploser à tout
bout de champ ou à faire la sourde oreille.

Tenez bon!

Les (mauvaises) habitudes ont la vie dure : avant que disparaisse

le comportement indésirable, vos stratégies de changementvont

se heurter à de la résistance : augmentation du nombre

ou de la durée des crises, chute vertigineuse des notes,

multiplication des transgressions… Votre ténacité et la confiance

que vous accorderez aux capacités de changement de votre enfant

et àvotre force intérieure finiront par avoir gain de cause.

31
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°12

UTILISEZ DES RENFORÇATEURS


POSITIFS BÉNÉFIQUES
C omprendre ce qui favorise un comportement
peut permettre de renforcer des attitudes plus
adaptées.De même, orienter son enfant à faire ce qu’il
n’envisageait pas spontanément est possible lorsque
l’on a recours à des techniques d’encouragement
efficaces. En cela, nos propres réactions peuvent
l’influencer.

Les renforçateurs bénéfiques


Un élément déclencheur (un comportement jugé positif
–belle action, bonne note, parole judicieuse – ou, àl’inverse,
une attitude inadaptée – bêtise, colère, pleurs…) entraîne
une réponse des parents (encouragement, récompense,
ou réprimande, punition…) à l’origine de différentes réac-
tions de l’enfant. S’il trouve davantage d’intérêt à développer
des comportements adaptés ou socialement et familiale-
ment valorisés, l’équilibre entre bénéfices et désagréments
l’orientera progressivement et plus fréquemment vers des
choix positifs. Car la frustration de ne pas jouir de tout et
le mécontentement dû aux punitions seront contrebalancés
par des gratifications, desrécompenses ou toute autre forme
d’encouragement.

Les techniques d’encouragement efficaces


Les recherches en psychologie de l’enfant ont mis en évi-
dence que les injonctions reposant sur une lourde menace
et une (trop) forte récompense sont moins efficaces que

celles qui offrent un choix possible et raisonnable à l’enfant.

32
LES PRINCIPES DEBASE

On constate que lorsqu’un parent propose quatre options


dutype: « Jeserais très heureux si tu réussissais cet exercice,
c’est à toi de choisir, tu es libre », « Si tu ne le fais pas, tu
seras privé de cinéma jusqu’à Noël », « Si tu réalises cette
action, je t’offrirai une glace » et « Si tu accomplis ce que
j’attends de toi, je t’achète un scooter », l’enfant sera plus
enclin à s’exécuter avec la première et la troisième propo-
sition. L’interdiction de cinéma ou l’achat d’un scooter ne
seront pas retenus.
Les propositions qui respectent la subjectivité de l’enfant
ont les plus grandes chances d’être suivies, car il a le senti-
ment d’un choix plus libre et accessible, ce qui engage plus
favorablement son acte.

«
Un élément déclencheur entraîne
uneréponse des parents à l’origine »
dedifférentes réactions de l’enfant.

Suggérez ce que vous voulez obtenir,


pas l’inverse
Les formulations qui suggèrent des issues favorables,
parce que encourageantes, s’avèrent avoir davantage d’impact
que celles qui réprimandent et pointent les difficultés
del’enfant.
Les phrases « Dès que tu seras calmé, je te lirai ton his-
toire » et « Si tu ne te calmes pas, tu n’auras pas d’histoire »
semblent équivalentes. Pourtant, dans la première, on sous-
entend à la fois qu’on a confiance dans le fait que l’enfant
va se calmer (même si l’on ne sait pas quand) et qu’il en sera
récompensé, ce qui est rassurant et encourageant. Alors que
la seconde renforce l’agitation en insistant sur sa difficulté
àse calmer etlamenace d’une sanction.

33
LES RÈGLES

LIÉESÀL’ENFANT

35
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°13

COMPRENEZ VOTRE ENFANT


ET POURQUOI IL N’OBÉIT PAS
L es plus jeunes ne vivent pas les choses de la même
façon que les adultes. Ce qui paraît évident
pour les parents ne l’est pas forcément pour les
enfants et certains de leurs comportements peuvent
sembler inopportuns alors qu’ils sont juste dus à
undéveloppement encore immature.

Les enfants n’ont pas la même


perception du temps
L’enfant vit dans le présent. Aussi agit-il en fonction des
éléments qui se présentent à lui et dont il a connaissance :
difficile donc pour lui de se projeter loin dans l’avenir, d’anti-
ciper les conséquences à long terme de certains de ses actes,
et lorsqu’il désire quelque chose, il le veut tout de suite…

«
Interdits et mises en garde
sur ce qu’ils risquent ne suffisent»
pas toujours à les freiner.

Les enfants sont pragmatiques


Ils ont une vision concrète des choses. Ainsi, ils prennent
au pied de la lettre les expressions symboliques et méta-
phoriques. Quand on leur dit « Une minute ! » pour avoir
la paix, le temps de terminer ce qu’on est en train de faire,
ilsreviennent nous solliciter.

36
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

En revanche, quand on leur dit « tout de suite ! », c’est


forcément après le jeu dans lequel ils sont plongés.

Leurs priorités ne sont pas les mêmes


Jouer, accaparer l’attention de leurs parents, faire ce qu’ils
ont envie au moment où ils en ont envie, mais aussi mener
leurs expériences au bout sont leurs priorités. Interdits et
mises en garde sur ce qu’ils risquent ne suffisent pas tou-
jours à les freiner tant qu’ils n’ont pas effectivement subi
lesconséquences de leurs actes.
C’est l’éducation qui va leur permettre de moduler leurs
aspirations et de les calquer progressivement sur celles de
leurs parents (accorder plus d’importance aux apprentissages,
à l’autonomie, à la responsabilité…).

37
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°14

IDENTIFIEZ
LES  VRAIES  BÊTISES
C omprendre n’est pas tout excuser, mais cela
permet de s’interroger sur ce qui a rendu
l’acte considéré comme une « bêtise » possible pour
proposer une réponse adaptée.

Que considérer comme une bêtise?


Doit-on vraiment juger comme un acte répréhensible un
comportement qui s’inscrit dans un processus de déve-

loppement ? Toutes les expériences que l’enfant fait pour


grandir et acquérir de nouvelles compétences ne sont pas
toujours réussies en raison d’une construction psychomotrice
et affective encore immature. Le besoin de découvrir, celui
de jouer ou de tester son parent sont autant d’occasions
dene pas faire ce qui est attendu de lui.

«
On ne peut pas sanctionner »
ce qui est lié à un manque de maturité.

Doit-on sanctionner un enfant qui renverse un objet ? Ou le


gronder lorsqu’il reproduit un comportement défendu parce
qu’il n’a pas encore compris que c’était interdit ? On ne peut
pas sanctionner ce qui est lié à un manque de maturité (gestes
maladroits, leçon incomprise, interdits non assimilés).

38
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

Interrogez-vous avant de punir


La bêtise comporte-t-elle un risque pour l’enfant ou son
entourage, ou n’a-t-elle que l’inconvénient de déranger les
adultes qui l’entourent ? A contrario , peut-elle être utile à
l’enfant ? Peut-elle l’aider dans son développement ?
Pour ne pas faire de bêtises, l’enfant a besoin de déve-
lopper un certain nombre de nouvelles compétences.
Il doit, bien sûr, parvenir à bien maîtriser ses mouvements
pour éviter les maladresses, mais également apprendre
à gérer ses désirs et ses émotions, dont les manifestations
peuvent être considérées comme inopportunes, à l’instar des
colères ou des caprices. Enfin, il doit développer son sens
des responsabilités pour pouvoir choisir le comportement le
plus approprié en fonction deses envies et des conséquences
desesactes.

39
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°15

IL N’Y A PAS DE CAPRICES


AVANT UN AN
C ertaines réactions des tout-petits comme les
pleurs ou les colères sont parfois incompré-
hensibles pour les parents. Elles sont alors souvent
perçues comme des caprices.

Ne confondez pas caprice et mal-être


Parce qu’il n’est pas légitimé par un besoin indispensable,
mais considéré comme une envie fondée sur l’humeur, le
caprice est souvent mal toléré. En pratique, c’est surtout
l’expression « bruyante » (colère ou crise) d’une frustration
qui est punie. Or, pendant toute sa première année, l’enfant
n’exprime que de réels besoins (manger, boire, dormir, être
câliné…). Nepas trouver de cause à son inconfort ne signifie
pas pourautant qu’il s’agit de lubies ou de fantaisies.

«
Pendant toute sa première année, »
l’enfantn’exprime que de réels besoins.

Ne prenez pas une demande


pour une crise d’autorité
Un bébé pleure souvent: c’est son seul moyen d’expression,
et l’intensité de ses pleurs n’a pas de lien avec l’importance
de son mal-être. La première chose est de s’assurer que ses
besoins élémentaires sont comblés (voir la règle n°41).

40
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

En fonction du contexte (l’heure de la dernière tétée, l’état


de la couche…), vous pourrez chercher la réponse la plus
adaptée.
Avec ou sans larmes, les cris des bébés sont parfois terrible-
ment forts, et leur caractère incessant les rend d’autant plus
inquiétants. Pour autant, n’imaginez pas qu’ils sont le fait
d’un caprice auquel il ne faudrait pas céder. Vous n’êtes pas
non plus obligé de prendre votre enfant systématiquement
dans les bras. Parfois, seule la patience peut en venir à bout.
Il faut alors savoir attendre, lui parler calmement ou passer
le relais à un autre… sans pour cela se sentir incompétent.

41
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°16

APPRENEZLUI
À CONTRÔLER SES PULSIONS
V otre enfant a du mal à contrôler ses émotions.
Dès que l’une d’entre elles émerge chez lui, que
ce soit une colère ou une envie quelconque, il va s’y
soumettre et élaborer une action à cet effet. Point
de recul ni de réflexion préalable, tout se produit
sous le coup de l’impulsion.

Une question de maturité émotionnelle


Plus l’enfant est jeune, plus cette impulsivité est normale.
Eneffet, les structures cérébrales impliquées dans la gestion
des émotions sont encore en cours d’évolution. Le cerveau
émotionnel 1 , qui coexiste avec le cerveau rationnel, situé dans
le cortex préfrontal, intervient dans la production de nos
pensées, de nos désirs et de nos motivations. Il conditionne
nos actions. Or, chez le petit enfant, le cerveau émotionnel
n’a pas encore développé toutes ses facultés, notamment en
ce qui concerne ses capacités à tempérer les émotions. Inutile
donc d’attendre d’un jeune enfant qu’il soit « raison-
nable » comme pourrait l’être un adulte. À ces conditions
neurologiques s’associe la nécessité d’intégrer les codes et
les règles de vie. L’éducation doit donc, au fil du temps, non
seulement permettre cet apprentissage, mais également aider
l’enfant à contrôler ses pulsions, afin qu’il soit capable de
différer ses désirs et ses besoins et ne pas se laisser déborder
par ses sentiments de frustration.

1 Ilseconstituedespetitesstructuresquesontprincipalementl’hypothalamus,
le noyau accumbens (centre du plaisir) et l’amygdale (centre des émotions
comme la peur, le stress). Ces zones sont situées au centre du cerveau.

42
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

Initiez, anticipez, accompagnez et encouragez


Apprendre passe par l’imitation. Aussi, pensez à l’exemple
que vous offrez à votre enfant. Veillez à ne pas être impulsif
en sa présence, et demandez à votre entourage de vous suivre
sur ce terrain.
Enseignez-lui la persévérance : s’il échoue à construire
son jouet et qu’il le jette pour passer à autre chose, ramenez-le
à son objectif initial et accompagnez-le avec calme et encou-
ragementautermedecetteconstruction. Aidez-le à anticiper
ses différentes réactions. Avant d’aller déjeuner chez tante
Agathe, faites votre lot de recommandations sur les actions
prohibées (comme courir dans le couloir) et les conduites
autorisées (comme jouer calmement). Dans le même esprit,
le soir au coucher, invitez-le à imaginer le fil de sa journée
du lendemain afin de l’entraîner à anticiper ses actions.
Apprenez-lui à reconnaître ses diverses émotions en les
nommant, qu’il s’agisse des plus simples comme la colère,
la joie, la tristesse, la jalousie, ou des plus complexes comme
l’amertume, la déception, la perplexité, l’ennui. Reconnaître
ses émotions l’aidera à mieux les surmonter.

«
Veillez à ne pas être»impulsif
ensaprésence.

Après un événement impulsif, une colère par exemple, quand


le calme est revenu, examinez avec lui ce qui vient de se
produire, analysez ses actions et leurs conséquences. Voyez
alors avec votre enfant les attitudes qu’il aurait pu adopter
dans cette situation afin d’aboutir à une issue plus favo-
rable. Enfin, assurez-vous qu’il a son compte de sommeil :
un enfantfatigué a plus de difficultés à maîtriser ses pulsions
qu’un enfant bienreposé.

43
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°17

DÉVELOPPEZ TRÈS TÔT


SESBONNES HABITUDES
L es règles de vie seront intégrées facilement par
les enfants si elles sont mises en place très tôt et
associées à leurs besoins fondamentaux. Plus tard,
elles feront ainsi moins l’enjeu de négociations
etdeconflits.

Consignes/besoins
En associant ce que l’enfant fait spontanément à une consigne
qui ne va pas de soi, celui-ci développe des habitudes aussi
solides que des réflexes: se laver les mains (consigne) chaque
fois qu’on sort des toilettes (besoin de faire pipi) ou avant de
passer à table (besoin de se nourrir), se brosser les dents avant
d’aller se coucher… Pour faciliter encore les choses, leparent
peut s’appuyer sur l’imitation, en rendant ces moments
d’autant plus agréables qu’il y participe de façon ludique.

«
Les rituels sont indispensables au bon »
développement affectif de l’enfant.

L’importance des rituels


La pratique quotidienne de séquences d’activités (on se met
en pyjama, on se brosse les dents, on file au lit et on a droit à
son histoire) contribue à créer des rituels. Et ces derniers sont
indispensables au bon développement affectif de l’enfant,
puisqu’en le plaçant sur des rails, ils donnent aux événements

un aspect prédictible, et donc rassurant.

44
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

RÈGLE N°18

DÉVELOPPEZ SON SENS


DEL’OBÉISSANCE
L ’enfant attend naturellement de ses parents qu’ils
répondent à ses moindres désirs. Cela s’explique
essentiellement par une dépendance absolue et vitale
à ses parents dans les tout premiers temps de sa vie.

L’obéissance n’est pas une qualité innée


Le parent responsable doit faire preuve d’empathie et de
disponibilité vis-à-vis de son enfant. Puisque le parent peut
prodiguer les soins qu’il veut et l’enfant réclamer tout ce qu’il
ne peut obtenir par lui-même, il se tisse donc une relation
de toute-puissance conjointe, qui va progressivement laisser
place à celle de responsabilité réciproque. En grandissant,
l’enfant acquiert une plus grande autonomie, libérant l’adulte
de la responsabilité de faire certaines choses à sa place.
Pour autant, l’enfant reste tributaire de ses parents
pour d’autres besoins. Cette évolution vers l’autonomie
s’accompagne aussi d’exigences familiales et sociales (règles
de politesse, obligations scolaires…).

Le plaisir de faire plaisir


Or, le renoncement à son propre désir pour celui de
l’autre ne s’effectue pas par « esprit d’obéissance ». Deux
motivations essentielles rendent cette concession possible :
l’astreinte familiale et sociale d’une part, et les sentiments
d’autre part. En effet, l’enfant reste dépendant de la pre-
mière pour les besoins les plus élémentaires de son existence
(manger, dormir, apprendre et même jouer). Mais les senti-

ments occupent aussi une large place: l’amour, l’attachement,

45
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

l’admiration, lareconnaissance qu’il éprouve pour ses proches


et ceux qu’il perçoit en retour et qu’il veut conserver ou
conquérir.
Pour bien se faire obéir, plutôt que de « bonnes punitions »,
il faut trouver le juste équilibre entre des besoins satisfaits
et de l’affection. Plus l’enfant obéit et se montre responsable,
plus on lui fait confiance et plus il gagne en liberté.

«
Le renoncement à son propre désir
pourceluide l’autre ne s’effectue» pas
par“esprit d’obéissance”.

46
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

RÈGLE N°19

DÉVELOPPEZ SON AUTONOMIE


U n enfant autonome n’est pas seulement un
individu qui se débrouille tout seul. C’est
également quelqu’un qui sait faire les choix
répondant au mieux à ce dont il a besoin ou envie,
tout en respectant les règles qu’il a intégrées.

Accompagnez-le
L’enfant est un être en développement. Il est naturel qu’en
fonction de son âge, il y ait des choses qu’il ne sache pas
faire seul, ou qu’il soit encore maladroit. Entre le laisser se
débrouiller seul –au risque de vous énerver l’un et l’autre–
et tout faire à sa place pour éviter la catastrophe, il existe
un juste milieu qui consiste à entreprendre la tâche lorsque
c’est dans le démarrage que se constitue la difficulté, ou
bien l’aider à la terminer, avant que, de guerre lasse, l’enfant
n’y renonce. Cet apprentissage commence avec les jeux,
qui requièrent parfois dextérité, stratégie, persévérance,
etoffrent desoccasions de stimuler son développement.

Laissez-le v oler de se s propre s aile s

En lui permettant de s’autoévaluer, vous l’aidez à agir par lui-même.

Aussi, tant qu’il ne transgresse pas les règles que vous avez définies

ensemble et qu’il ne se met pas en danger, favorisez tout ce qui

encourage le développement de son indépendance.

47
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Très tôt, n’hésitez pas à encourager votre enfant à


s’o ccuper seul. Surveillez du coin de l’œil, à la bonne dis-
tance. Il ne manquera pas de vous solliciter s’il a besoin de
vous: répondez-lui, relancez un autre jeu, puis reprenez votre
activité. Il est probable que cela se reproduise plusieurs fois:
chezle jeune enfant, les capacités d’attention et de concen-
tration sont limitées ; il s’ennuie vite et a régulièrement
besoin denouveauté et de stimulation.

Ne freinez pas ses initiatives


Certains parents posent des interdits quand ils estiment que
l’enfant est trop jeune pour réussir ce qu’il entreprend. C’est
dommage car, à condition d’être à ses côtés pour gérer la
déception et lui faire comprendre ce qui ne fonctionne pas,
l’erreur est formatrice. Elle constitue une expérience qui
lui permet de s’améliorer. Veillez seulement à ce que cette
tentative neconstitue aucun danger pour lui.

Favorisez le maximum de pratiques


Certains enfants changent de sport ou d’activité artistique
chaque année, au grand dam de leurs parents, qui préfére-
raient qu’ils progressent (et brillent) dans leur discipline.
Qu’à cela ne tienne : chaque activité présente des intérêts
propres qui lui permettront de développer des habiletés
différentes. Il pourra ensuite revenir sur les disciplines qu’il
préfère, après en avoir expérimenté plusieurs. De cette façon,
il aura affiné ses goûts et repéré ses points forts.
En grandissant, être fier de ce qu’il réussit permettra à
votre enfant d’agir moins pour l’entourage (et ses parents
en particulier) et plus pour lui-même.

48
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

RÈGLE N°20

ÉVITEZ LES COMPARAISONS


ETLES EXEMPLES NÉGATIFS
D evant des enfants bien élevés, certains parents
peuvent être tentés de demander aux leurs
de prendre exemple. Or, en termes d’éducation,
l’imitation ne fonctionne qu’à la condition que ce
soit l’adulte le modèle, pas un autre enfant.

Pas de comparaison dans la fratrie


« Regarde ta petite sœur comme elle est sage ! Tu ne pourrais
pas être comme elle ? » Or le grand frère n’a aucune envie de
ressembler à sa petite sœur: être sage reviendrait pour lui à
régresser en âge, ou bien à adopter un comportement féminin
(ce qu’il comprend comme pouvant être un comportement
plus lié aux filles). Cet exemple illustre les limites, voire le
danger, d’utiliser la comparaison entre frères et sœurs pour
obtenir de son enfant qu’il se comporte bien. De plus, cela
risque de nourrir une jalousie et une mésentente au sein de
la fratrie. De même, lorsque l’on compare son enfant avec
l’un de ses camarades, ons’expose àattiser une rivalité entre
eux ou ànuire à leuramitié.

La comparaison ne donne pas la règle


La comparaison crée un climat de compétition au sein
duquel il y a forcément un gagnant et un perdant, un enfant
qui se conduit mieux, donc « bien » et, par conséquent, un
enfant qui se conduit « moins bien ». Or, la bonne conduite
doit se définir par rapport à une règle objective, impar-
tiale, et non par rapport à un individu, dont les actions

sont subjectives. Sinon, chacun pourrait s’autoriser à mal se

49
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

conduire, sous prétexte qu’on trouvera toujours quelqu’un


au comportement plus critiquable. Par ailleurs, la compa-
raison peut favoriser ce que l’on voudrait éviter. C’est le cas
dans les fratries, où les enfants sont proches en âge, comme
les jumeaux. Certains vont chercher à se différencier afin
de mieux s’individualiser. Ainsi, avoir une sœur aînée qui
ressemble à un garçon manqué peut induire chez une sœur
cadette l’envie d’être très coquette. Être plus ou moins
obéissant, calme ou turbulent est une façon très simple de se
distinguerd’unfrèreoud’unesœur. Etunefoisque l’étiquette
« turbulent » est apposée par les adultes, elle devient une
identité qui peut marquer longtemps l’individu.

Méfiez-vous de l’exemple que vous donnez


Ne faisons pas nous-mêmes ce que nous ne voulons pas

que l’enfant fasse. Comme lorsqu’on le mord pour lui


mon-
trer combien c’est douloureux quand il le fait à sa petite
camarade de la crèche, ou qu’on lui donne une fessée pour
qu’il comprenne qu’il vient de faire une bêtise.
« Je te fais du mal, mais c’est pour ton bien » est, nous
l’avons vu, un message contradictoire que l’enfant peut inté-
grer de façon équivoque. Le plus spontané étant l’imitation
(l’enfant imite spontanément l’adulte), il ne retiendra de
la leçon que ce qu’on lui aura montré… Or il n’y a rien
d’étonnant, même si ce n’est pas acceptable, qu’un grand frère
frappe son cadet quand ce dernier fait ce qu’il considère, lui,
le plus grand, comme une bêtise, s’il est lui-même sanctionné
de la sorte par ses parents. Si vous ne voulez pas qu’un enfant
frappe, ne le punissez pas en le frappant, d’autant plus que
toute violence est négative (voir la règle n° 101). Un enfant
ne peut comprendre le paradoxe de l’attitude qui consiste à
montrer ce qu’il ne faut pas faire.

50
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

RÈGLE N°21

L’ENFANT N’EST PAS UN ADULTE


EN MINIATURE
L es capacités sociales se développent dans
l’enfance. Aussi, n’attendez pas d’un enfant ce
qu’il est encore dans l’incapacité de faire.

Beaucoup d’aptitudes à développer


avantdedevenir « raisonnable »…
Un enfant va devoir apprendre à:
• gérersesémotions: lacolère, lafrustration, commelajoie,

sont des sensations intenses qui génèrent des réactions pas


toujours adaptées;
• s’exprimerverbalementplutôtqu’impulsivement: faceà
unesituationquiluidéplaît, l’enfantvachercheràs’ysous-
traire(détournerlatêtedelacuillèreourecracherl’aliment
qu’iln’aimepas…)plutôtqued’expliquercalmementcequi
ne lui convient pas ;
• anticiper les conséquences de ses actes: l’enfant vit dans
le présent et fait dans l’instant ce qu’il désire, sans penser
à plus tard.

Adaptez vos attitudes à sa compréhension


Même nos meilleures explications ne lui sont pas toujours
intelligibles. S’il est important de lui expliquer nos rai-
sons, il ne faut pas pour autant attendre qu’il s’y conforme
immédiatement. Rien ne sert de parler de son quota de
sommeil, ni des dangers de la télévision…
• Soyezpratique:instaurezlarègleimplicitedu« C’estcomme
ça, point ! », qui s’appuie sur des habitudes (le coucher à la

même heure…) et restez ferme lorsque vous dites « non ».

51
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

• Joignez le geste à la parole : si vous voulez qu’il vous


écoute, sollicitez son attention de façon active. Ainsi,
regardez-leenfaceetn’hésitezpasàallerlechercher plutôt
que de l’appeler de l’autre bout de la pièce. Et quand vous
dites « non », soustrayez-le de la situation dans laquelle
ils’enferre.

«
Rien ne sert de parler de son quota de »
sommeil, ni des dangers de la télévision…

52
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

RÈGLE N°22

DÉVELOPPEZ SON SENS


DESRESPONSABILITÉS
L e sens de la responsabilité n’est pas une valeur
innée. Cette prise de conscience va se développer
tout au long de la vie de l’enfant, parallèlement
àsesfonctions affectives et intellectuelles.

Être responsable, ça s’apprend!


Pour devenir un être responsable, l’enfant va devoir percevoir
les relations qui existent entre des faits différents et établir
ce qui peut être la cause ou la conséquence de ses actes.
Comprendre cette dernière, sur lui et les autres, l’aide par
la suite à faire les bons choix, dans les actions à venir – ou,
entout cas, cela l’encourage à agir en connaissance de cause.
Il en est de même du sens moral.
Dans ses premières années, l’enfant ne perçoit les choses
qu’en fonction de lui seul : ce qui est bien correspond à
ce qui lui fait du bien, ce qui est mal à ce qui ne lui en
fait pas. Puis il comprend qu’il existe des interdits, dont il
tient compte plus ou moins facilement, et sa conception
s’élargit à ce qui est autorisé ou non. Faire sciemment
ce qui est interdit équivaut à faire quelque chose de mal.
Cette prise de conscience est évidemment liée à la façon
dont ces limites sont instaurées, mais également au discours
tenu par les adultes, parents, proches ou enseignants, qui
commentent, critiquent ou valident, parfois sans s’en rendre
compte, les actions et les propos de l’entourage et de l’enfant
en particulier.

53
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Trouvez le bon dosage entre responsabilité


etculpabilité
La culpabilité est une forme particulière du sentiment
de responsabilité, centrée sur la faute. Elle est nécessaire,
car l’absence de remise en question ne permet pas de
s’améliorer et favorise la récidive.
Pour aider votre enfant à être responsable, encouragez-le
à reconnaître ses bêtises. Or cela lui sera plus facile s’il a
confiance dans la clémence et la justesse de vos réponses
parentales, même s’il s’agit de sanctions. Lorsqu’il aura
reconnu ce dont il est coupable, incitez-le surtout à réfléchir
aux possibilités qu’il a de réparer ce qu’il a provoqué.
Il ne s’agit pas, pour autant, afin de le déculpabiliser, de
dire à l’enfant que ce qu’il vient de faire n’est pas grave, sur-
tout si l’on pense le contraire ! Ou, pire, de faire comme si
l’on n’avait rien vu. Détourner le regard risque de favoriser
une escalade dans les troubles de conduites.

«
Pour aider votre enfant à être responsable, »
encouragez-le à reconnaître ses bêtises.

Si l’excès de culpabilité peut faire des adultes névrosés et


inhibés, à l’inverse, ne jamais en éprouver favorise l’absence
d’empathie et de conscience de ses responsabilités.

54
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

RÈGLE N°23

SACHEZ L’ENCOURAGER
U n enfant qui se sait accompagné et soutenu sera
moins tenté de transgresser volontairement les
consignes. Au-delà du plaisir de satisfaire ses parents,
il aura à cœur d’être fier de ses réussites.

N’hésitez pas à mettre en valeur ce qui va bien


Ne sous-estimez pas les comportements qui vous
paraissent normaux, notamment si vous réagissez systéma-
tiquement pour sanctionner ce qui ne vous convient pas.
Une bonne conduite comme une bonne note ne vont pas
de soi: ellesdemandent, l’une comme l’autre, des efforts qui
méritent d’être reconnus. D’autant que l’enfant pourrait avoir
le sentiment que vous prêtez plus d’attention à lui quand il
fait l’andouille que lorsqu’il agit « normalement ».

Soutenez ses efforts


Soyez aussi attentif à tout ce que votre enfant peut mettre
en œuvre pour parvenir à son objectif qu’à sa réussite
en elle-même. Il ne s’agit pas de banaliser l’échec, mais
de le concevoir comme une étape parfois nécessaire pour
s’améliorer. S’il sent que ses parents ont confiance en ses
capacités, quels que soient les résultats, il sera soucieux de
ne pas les décevoir. Si l’enfant a le sentiment que, quoi qu’il
fasse, ce n’est jamais assez bien, il risque de très vite se décou-
rager. Celaconcerne les épreuves dans lesquelles il s’implique
(devoirs scolaires, activités sportives ou musicales), mais cela
s’applique également à son comportement. Les conduites
inadaptées diminuent avec l’augmentation de la confiance
en soi, elle-même stimulée parles encouragements.

55
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Félicitez plus souvent que vous ne critiquez


Bien souvent, les parents sont persuadés que les critiques
et les remontrances poussent l’enfant à s’améliorer. Aussi
sont-ils plus enclins à gronder leurs enfants plutôt qu’à
les féliciter pour ce qu’ils font de bien. Certes, la critique,
si elle est justifiée, permet de souligner ce qui est incorrect,
mais il est aussi très important d’indiquer par anticipation
ce qu’il convient de faire et d’encourager systématique-
ment les bons comportements, surtout si on veut les voir
se répéter.
Pour autant il ne s’agit pas de flatter l’enfant ou d’en faire
trop, au risque d’être contre-productif. Les louanges excessives
peuvent, au pire, passer pour de l’ironie (notamment chez
un adolescent, souvent très sensible dans cette phase de son
existence) ; au mieux, l’enfant n’y croit pas.
En revanche, n’hésitez pas à mettre en valeur ses réus-
sites devant vos proches, en en parlant en sa présence ou
en exposant ses réalisations (affichez ses dessins, montrez
ses trophées…). Les critiques ne se formuleront qu’en tête
àtête–inutile de l’humilier !

Sachez dissocier

On peut féliciter une action, même si le résultat attendu n’est pas

au rendez-vous : « Tu n’as pas gagné, mais tu t’es bien défendu! »

Et ne ratez aucune occasion de lui dire combien vous êtes fier

d’elle ou de lui.

Et souvenez-vous : le commentaire porte sur l’action ou


le comportement, pas sur l’enfant lui-même, et il ne doit
pas être trop vague. « C’est bien, c’est beau… » est un peu
court, précisez ce que vous aimez (le réalisme de sa sculpture),
cequi vous touche (le courage dont il a fait preuve).

56
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

«
N’hésitez pas à mettre en »valeur ses réussites
devant vos proches.

Et si vous n’êtes pas à l’aise avec le langage, communiquez


autrement: une accolade bienveillante, un regard complice,
ou même un message d’encouragement glissé dans son
cahier de textes, une dédicace sur un livre offert en cadeau
(« Pour l’aide que tu m’as apportée, pour ce que tu as fait
pour ton petit frère »).

57
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°24

AIDEZLE À DÉVELOPPER
SONLIBRE ARBITRE
A ssocié à l’autonomie, le libre arbitre est cette
faculté de réaliser ses propres choix, grâce à
sa volonté et en dehors de toute sollicitation ou
contrainte extérieure. Encore faut-il que les choix
soient pertinents.

Aidez-le à développer ses motivations intérieures


Encouragements, compliments et récompenses sont de bons
stimulants de la volonté. Mais, prodigués par vous ou par
l’entourage de votre enfant, ils ont une origine extérieure.
Remplacez les remontrances par des questions sur ses res-
sentis, que vous pouvez également associer aux gratifications
(« Que penses-tu de ce que tu as fait ? » « Comment te sens-tu
quand tu penses aux conséquences de tel acte ? As-tu réalisé
ce qu’il aurait pu se passer ? ») en soulignant le plaisir que
procurent les émotions positives comme la fierté, l’exalta-
tion de la réussite, la sérénité d’être en accord avec soi-même,
àl’opposé de la honte, de la peur, de l’incertitude…

Stimulez son estime de lui-même


Pour que votre enfant ne se laisse pas influencer de façon
nocive par son entourage, il est important qu’il ait confiance
dans ses capacités à raisonner par lui-même, à agir et à réussir
ce qu’il entreprend. N’hésitez pas, pour renforcer son estime
de lui-même, à faire valoir ce qu’il fait ou dit lorsqu’il s’agit
de situations positives. Pour celles qui sont plus contestables,
invitez-le à imaginer comment il aurait pu se comporter

autrement. De la sorte, vous l’encouragez, tout en stimulant

58
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

sonlibre arbitre, à réfléchir avant d’agir en s’appuyant sur la


part positive ainsi mise en évidence. Il trouvera là des raisons
de s’améliorer en étant fier de lui, et cette opinion favorable
quant à ses propres qualités l’encouragera à faire des choix
en accord avec les valeurs que vous lui aurez transmises.
Vous n’échapperez sans doute pas aux gros mots appris à
l’école ou aux attitudes de défi copiées sur un copain, sur
un personnage de fiction ou de télé-réalité, mais une fois
recadré sur le principe du « ça, est-ce que c’est vraiment toi ? »,
il veillera à réserver certains de ses comportements à la cour
de récréation ou aux lieux où ils seront tolérés.
S’il n’enfreint pas les règles de la communauté dans laquelle
il vit et ne se rend pas ridicule, encouragez-le également
à faire preuve d’originalité et à développer sa personna-
lité. Notamment, il n’est pas obligé d’arborer telle marque
vestimentaire sous prétexte que tous ses amis la portent.
«
N’hésitez pas, pour renforcer son estime
delui-même, à faire valoir ce qu’il fait
» s’agit de situations
ouditlorsqu’il
positives.

Un enfant qui a développé une bonne estime de lui-même


sera moins soucieux de plaire ou de déplaire aux autres,
il se laissera moins entraîner. Sa sensibilité aux influences
extérieures comme le fait de se conformer aux règles que
vous lui aurez transmises dépendront essentiellement de
la qualité des liens qu’il aura développés avec vous dès la
petite enfance, teintés d’amour, de confiance et de respect
mutuels.

59
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°25

DÉVELOPPEZ SA CONFIANCE
EN LUI
U n enfant confiant dans ses capacités aura moins
tendance à faire des bêtises. Assuré de l’intérêt
que lui portent ses parents, il ne recherchera pas
l’attention des adultes à n’importe quel prix et en
faisant n’importe quoi.

Aidez-le à développer son estime de lui


L’enfant est soucieux de l’attention que les parents lui

portent. S’il ne l’a que lorsqu’il fait des « bêtises » (parce


qu’on le dispute), que l’on craint pour sa santé (et qu’on le
surprotège) ou qu’il a de mauvaises notes (et que l’on est
constamment avec lui pour les devoirs), il risque de s’enfer-
rer dans ce type de comportements. Devenir sage pourrait
lui faire craindre de perdre cet intérêt. Soyez toujours plus
attentif à ce qu’il fait de positif.
Encouragez votre enfant en le laissant faire de nom-
breuses expériences. Laissez-le inventer des jeux ou
favorisez ses découvertes (situations, rencontres, lieux…).
En choisissant des endroits suffisamment sécurisés, vous
pourrez le laisser expérimenter ses capacités et donner libre
cours à son imagination sans avoir besoin d’être sur son dos
en permanence. C’estune étape importante vers l’indépen-
dance. Enfavorisant son autonomie, vous lui permettez de
développer son libre arbitre – qualité indispensable pour
penser et agir par soi-même, mais aussi ne pas se laisser
influencer par les modes ou les copains (pas toujours de
bon conseil!).

60
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

Donnez-lui des responsabilités,


et l’envie de faire toujours mieux
Bien sûr, votre enfant ne brillera pas dans tout ce qu’il entre-
prendra et fera des erreurs. Relativisez-les plutôt que de le
réprimander, et poussez-le à recommencer là où il a échoué.
Et s’il se plaint régulièrement d’un « Je n’y arrive pas ! »,
répétez-lui: « Oui, pour le moment …»
Confiez-lui des tâches que vous le sentez capable de mener
à bien, et répondez favorablement lorsqu’il se propose de
vous aider, même si cela risque de prendre plus de temps,
ou s’il faut passer derrière lui pour rectifier ses maladresses.
En montrant de l’enthousiasme face à ses réussites tout en
lui indiquant de manière diplomatique comment il aurait
pu faire encore mieux, vous stimulerez son envie de faire et
de s’améliorer.

Sachez v oir leurs qualités

Tous les enfants ne sont pas des casse-cou ou des curieux insatiables :

pour les moins entreprenants, c’est aussi le regard positif que l’on

porte sur eux qui va booster leur estime d’eux-mêmes. Considérez

toujours l’enfant comme un être intéressant, touchant et à respecter.

C’est en intériorisant l’image que vous lui renverrez qu’il pourra

s’estimer.

61
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°26

FAITES PRIMER L’INTÉRÊT


DEL’ENFANT
P lus on établit de règles, plus elles sont arbitraires
ou conventionnelles et moins il est facile de les
faire respecter. Les recentrer sur ce qui présente un
intérêt pour l’enfant favorise leur bonne observation.

Distinguez l’intérêt général de celui de l’enfant


Il existe de nombreuses règles qui sont établies par
convention: règles de grammaire, de jeu, de vie… Elles sont
nécessaires car elles permettent une bonne communication,
un fonctionnement fluide des relations. Elles doivent être
apprises et sont bien intégrées par l’enfant.

Distinguez l’intérêt immédiat


de l’intérêt àlongterme
Répondre à l’intérêt de l’enfant ne signifie pas devoir
céder à tous ses caprices. Ses exigences immédiates peuvent
être excessives sans correspondre à des besoins essentiels pour
lui. D’un autre côté, évitez d’exiger de lui des choses que
son développement affectif, cognitif ou physique ne lui per-
met pas de réaliser. Voyez sur le long terme : s’il n’a pas
fini ses devoirs, ce n’est pas une raison pour empiéter sur sa
nuit de sommeil jusqu’à ce qu’il finisse. Sa santé, sa sécurité,
son développement, son estime de soi doivent primer sur
vosexigences etcelles de l’école.

Se détacher du regard des autres


Beaucoup de nos réactions vont être conditionnées par notre

entourage et ce que l’on imagine qu’il pense. Il peut s’agir

62
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

de l’environnement immédiat – lorsque l’on est confronté en


public à une situation de crise avec notre enfant – comme
familial – lorsque l’on a le sentiment d’être jugé sur nos
principes éducatifs ou nos façons de réagir avec notre pro-
géniture. Prenez confiance en vous et agissez, en dépit du
regard extérieur, dans l’intérêt de l’enfant, comme si vous
étiez détendu chez vous, sans réaction de stress.

Une disponibilité suffisante


Accordez à chacun de vos enfants le temps nécessaire sans
rogner sur celui que vous êtes en droit de vous réserver.
Mais quand vous êtes avec eux, profitez-en et soyez entiè-
rement attentif à ce que vous faites. L’intérêt de l’enfant est
de partager de vrais moments avec ses parents. En revanche,
moins vous en passerez, plus les temps ensemble risquent
d’être uniquement consacrés au rappel des règles, car il sol-
licitera votreattention en s’y opposant.

Ne négligez pas v otre couple !

Si la place de l’enfant est importante, elle n’est pas centrale :

lesparents forment avant tout un couple conjugal qu’il est

fondamental derespecter pour l’équilibre familial. Ce couple a

doncdroit à son intimité autant qu’à sa liberté et à sa tranquillité.

L’intérêt del’enfant est aussi de voir ses parents accomplis

dansleur relation. D’où l’utilité de déléguer àdes personnes

deconfiance etd’autonomiser l’enfant en fonction de son âge.

63
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°27

JUGEZ LA FAUTE, PAS L’ENFANT

Évitez de parler de l’enfant en termes négatifs


Les remontrances doivent nécessairement porter sur la
bêtise: c’est la mauvaise note, le geste méchant ou la parole
grossière que l’on condamne. C’est l’action qui est critiquable,
et non l’enfant. Cette nuance est importante, car elle sou-
ligne qu’il aurait pu agir différemment. À l’inverse, si, pour le
convaincre de sa faute et de sa responsabilité, on se contente
de traiter l’enfant de « petit menteur », de « voleur » ou de
« méchant garçon », il risque, sur le long terme, de s’enfermer
dans cette identité.

Découragez l’enfant desmauvais comportements


en le valorisant
Ainsi, il est plus adapté de dire « Ce n’est pas bien de mentir »
ou « Le vol est un délit qui peut mener en prison quand on
est grand ». En distinguant la faute de l’individu, il est
ensuite plus facile de lui proposer d’agir différemment.
Pour le responsabiliser, il sera plus efficace de lui permettre
de réparer sa faute : encouragez-le à reconnaître son men-
songe (« Faute avouée est à moitié pardonnée »), à s’excuser
pour sa bêtise, àremplacer ce qu’il a abîmé…

«
C’est l’action qui est» critiquable,
etnonl’enfant.

Proposez-lui de réfléchir à ce qu’il aurait pu faire pour


obtenir un résultat similaire, mais d’une meilleure façon.

Tel jouet lui faisait très envie : plutôt que de le dérober

64
LES RÈGLES LIÉES À L’ENFANT

à son voisin, ne pouvait-il pas proposer de lui prêter l’un


des siens enéchange, ou, mieux, de jouer ensemble ?

Jugez la faute en fonction de sa gravité


Votre enfant a menti afin d’éviter de se faire gronder pour
une faute. Que doit-on sanctionner : le mensonge ou le
comportement dissimulé ? Selon les conséquences de l’un
ou de l’autre, il sera pertinent de réagir de façon diffé-
rente. La sanction dépendra essentiellement de la bêtise,
mais sera aussi à relativiser devant le mensonge qui altère
laconfiance.

Vos mots ont dépassé v otre pensée ?

N’hésitez pas à revenir sur ces formules péjoratives. Vous pouvez

rassurer votre enfant sur le fait que vous ne pensiez pas ce que vous

avez dit, que la colère pousse à des paroles (ou à des gestes) qui ne

sont pas gentilles, mais que, pour autant, vous n’êtes pas d’accord

– et ne le serez jamais – avec tel ou tel de ses comportements.

65
CONSEILS

AUXPARENTS

67
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°28

JOUEZ VOTRE RÔLE


DEPARENT
Ê tre parent correspond juste au fait d’avoir des
enfants ; (bien) jouer son « rôle » de parent
consiste à (bien) s’occuper d’eux. Or, à de nombreux
égards, ce rôle peut ressembler à un rôle de
composition.

Un seul rôle à la fois


Chaque jour, les adultes sont partagés entre leurs responsa-
bilités professionnelles, familiales et personnelles, et doivent
assumer plusieurs fonctions à la fois, ce qui peut parasiter
l’exercice de leur autorité parentale.
Quand on rentre éreinté d’une journée de travail, endosser
son costume de père ou de mère n’est pas toujours aisé. Ainsi,
il est préférable d’éviter d’être à la fois parent et professeur au
moment des devoirs ou de retrouver ses émois d’adolescent
quand il s’agit de prendre une décision pour le sien.

«
Quand on rentre éreinté d’une journée
detravail, endosser son costume de père »
oude mère n’est pas toujours aisé.

Un rôle de composition dans certaines situations


« Surjouer » le rôle de parent peut parfois être nécessaire lors-
qu’il est important de marquer des limites: faire les gros yeux
ou hausser le ton avec un petit, ou prendre son adolescent

à part, « entre quatre yeux », pour mieux le responsabiliser.

68
CONSEILS AUXPARENTS

Dans ce jeu de « rôle » de parent, il est vital de dire


ce que l’on fait et de faire ce que l’on a dit. Inutile de
menacer d’une sanction que l’on n’aura pas le cœur de mettre
à exécution, mais il ne sera pas plus adapté de punir sur un
coup de tête, sans avoir prévenu l’enfant qu’il était en train
de franchir laligne rouge.
Enfin, il est possible d’utiliser la méthode Coué pour
jouer au « parent sévère » (lorsque l’on se sent trop per-
missif), en se répétant « je ne peux pas laisser passer ça,
il faut qu’il comprenne » ou, à l’inverse, pour éviter de
s’emporter, enressassant « je ne vais pas m’énerver, je garde
mon calme ».

69
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°29

LIBÉREZVOUS DE L’ANGOISSE
DU BON PARENT
T out le monde a le droit à l’erreur: se tromper
et recommencer de la bonne manière permet
justement de progresser et de s’améliorer. Cela
est valable pour vos enfants, et ça l’est également
pourvous.

Soyez bienveillant envers vous-même


Il pourrait être reproché aux pédagogies contemporaines
ou aux modèles éducatifs qui prônent la bienveillance à
l’égard des enfants et l’attention portée à leurs besoins
d’être trop culpabilisants en ordonnant des préceptes irréa-
lisables. Maisce serait oublier que ces conseils sont toujours
nuancés par cette condition indispensable : ne faites pas à
votre enfant ce que vous ne voudriez pas que l’on vous
fasse. Ainsi, la tolérance est également de mise vis-à-vis de
vous-même.
Faire preuve de bienveillance à votre égard consiste, entre
autres, à accepter de ne pas être parfait et de savoir qu’il
vous arrivera encore parfois, et malgré toute votre bonne
volonté, de vous énerver, de renoncer, de baisser les bras
ou, à l’inverse, de punir à l’excès ou de façon injuste…
L’essentiel est de s’en rendre compte, de faire de son mieux,
sans pour autant renoncer à des principes que l’on peut
appliquer avec souplesse, pour justement ne pas les ériger
en dogme irréalisable. Personne n’est coupable de ne pas
y arriver, le plus regrettable est de ne pas tout mettre en
œuvre afin d’améliorer des situations dommageables pour

tous, enfants et parents.

70
CONSEILS AUXPARENTS

N’ayez pas peur de déplaire


Cependant, si une relation harmonieuse parent-enfant fonc-
tionne dans les deux sens, les liens ne sont pas symétriques
et reposent sur des attentes différentes de part et d’autre.
Ilexiste une base commune de sentiments –amour parental
et filial, tendresse, attachement, confiance –, mais les droits
et les devoirs de chacun sont différents.
On peut attendre d’un enfant qu’il respecte et obéisse à
ses parents, qui lui apportent en retour ce dont il a besoin
pour bien se développer physiquement et affectivement. Ilest
cependant tout aussi légitime que père et mère soient res-
pectueux de ce qu’est leur enfant, ce qui ne signifie pas pour
autant qu’ils soient tenus de lui céder sur tout. Ainsi, certains
parents pensent devoir faire plaisir à leur progéniture pour
obtenir ce qu’ils attendent d’elle. Mais éducation ne rime

pas avec séduction.


Plaire à son enfant ne constitue pas la priorité dans la
relation éducative. D’autant que les choix parentaux faits
pour le bien de l’enfant peuvent justement aller à l’encontre
desesdésirs infantiles.

L’amour ne suffit pas

L’enfant n’a pas besoin que d’affection. Protection, alimentation,

éducation sont essentielles, au risque d’aller à l’encontre

de son seul plaisir. Déplaire ne veut pas dire qu’on ne sera plus

aimé, même si l’instauration de limites risque de le contrarier.

L’important n’est pas de lui éviter des frustrations, mais de lui

permettre de les vivre sereinement.

71
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°30

ALLÉGEZVOUS DEVOSPROPRES
MODÈLES PARENTAUX
Q ue l’on en ait conscience ou pas, nous sommes
tous plus ou moins sous l’influence des modèles
qui ont régenté notre éducation : certains vont
tenter de s’en détacher et de réparer une enfance
sous le joug de principes dont ils ont souffert ;
d’autres, au contraire, vont chercher à reproduire
ce qui leur semble avoir été une éducation réussie.

Construisez votre propre modèle


Trois types théoriques d’attitudes parentales peuvent être
schématisés, en lien avec trois modèles éducatifs:
• un fonctionnement rigide, qui aboutit à l’autoritarisme ;
• un régime aléatoire, qui favorise le laxisme ;
• une autorité pondérée, qui est l’apanage d’un fonction-
nement souple, sachant s’adapter à l’enfant et à son
environnement.
Ces attitudes vont dépendre de ce que vous privilégiez.
En cas d’attachement indéfectible aux règles de bonne
conduite, une priorité sera accordée à la norme sociale
plus qu’à l’individu ; elle sera associée à la volonté de
contrôle absolu sur le comportement de l’enfant et donnera
le sentiment que l’éducation est un affrontement dont le
parent doit sortir vainqueur sous peine d’être déconsidéré.
Enrevanche, lorsque rien n’est imposé – du fait de l’absence
de règles précises, parce que les réactions varient en fonc-
tion de l’humeur du parent ou encore ne tiennent compte
que des désirs (adaptés ou non) de l’enfant –, on aboutit

àdessituations de laxisme caractérisé.

72
CONSEILS AUXPARENTS

«
Il convient de trouver l’équilibre entre
le respect des règles fondamentales
etélémentaires et la prise en compte
dudéveloppement de la personnalité »
et de la sensibilité de votre enfant.

Loin de ces deux extrêmes, il convient de trouver l’équilibre


qui vous convient, entre le respect des règles fondamentales
et élémentaires (indépendamment de l’utilisation qu’aient
pu en faire vos propres parents) et la prise en compte du
développement de la personnalité et de la sensibilité de
votre enfant. Orvous êtes le mieux placé, en tant que parent,
pour évaluer ces derniers critères. Faites confiance à votre
instinct parental et rappelez-vous que, lorsque vous êtes dans
votre rôle de parent, vous cessez – du moins transitoirement
– d’être l’enfant desvôtres.

«
Faites confiance à votre instinct parental:
lorsque vous êtes dans votre rôle de parent, »
vous cessez d’être l’enfant des vôtres.

Les principes d’une co-construction


Dans un couple parental, chacun a grandi avec son éducation
propre et des repères familiaux hérités de sa culture et de
son milieu, façonnant ainsi sa propre idée de l’éducation.
Des dissonances peuvent donc se faire jour lorsqu’il s’agira
d’imposer telle règle ou de se montrer souple sur telle autre.
Dans ce cas, il peut s’avérer utile que chaque parent précise
celles qui lui semblent incontournables (et qu’il appartiendra
au couple de faire respecter) et celles sur lesquelles on lais-
sera l’autre intervenir, sans prendre parti (ni les remettre
enquestion devant l’enfant !).

73
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

En cas de séparation

Dans le cas des couples séparés, si la règle de base est que chaque

parent n’est maître qu’à bord de son propre navire et n’intervient pas

sur ce qui se passe chez l’autre, il sera tout de même judicieux de

définir et de s’entendre sur quelques règles que l’on voudra identiques

au sein de chaque lieu de vie, dans l’intérêt de l’enfant. Ainsi,

dans le cadre d’une garde partagée, il est raisonnable, par exemple,

qu’en semaine, l’enfant se couche à la même heure, quelle que soit

la maison où il dort, pour éviter de perturber ses cycles de sommeil

et, parvoie de conséquence, sa scolarité.

74
CONSEILS AUXPARENTS

RÈGLE N°31

ACCEPTEZ DE NE PAS AVOIR


TOUJOURS RAISON
L e bon parent n’est pas celui qui a toujours raison,
mais celui qui connaît les règles et les lois et
cherche à les transmettre par l’exemple et le discours.

Reconnaître ses erreurs


Il arrive qu’on accuse un enfant à tort. Il faut alors savoir
reconnaître sa méprise et s’excuser auprès de l’enfant.
Onpeut aussi commettre diverses erreurs ou se tromper sur
des principes éducatifs. Il n’y a pas de honte à cela, y compris
devant un enfant auquel on doit montrer l’exemple.
L’exemple, justement, est alors de reconnaître son erreur
et de rendre justice à celui qui avait raison, même si
c’est l’enfant lui-même. Nul n’est infaillible, et reconnaître
ses propres erreurs aidera l’enfant à reconnaître les siennes,
à accepter ses limites et à vous confier les « bêtises » qu’il
pourrait faire. Il acceptera aussi plus volontiers de s’excuser
s’il vous est arrivé de le faire devant lui.

75
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°32

FORMEZ UNE ÉQUIPE


PARENTALE EN OR…
C haque parent doit pouvoir compter sur l’autre
pour soutenir ses décisions ou le relayer dans
les moments difficiles.

Un seul chef d’équipe, mais avec deux têtes


C’est au père de réprimander l’enfant qui manque de res-
pect à sa mère ou à celle-ci d’intervenir quand la situation
dégénère avec le père. Il est difficile d’être à la fois « juge

et partie »: les adolescents,


notamment, vivront la situation
de façon moins injuste si c’est le parent non impliqué dans
le conflit qui joue les médiateurs. À l’inverse, on évitera de
consoler un petit qui vient de se faire gronder par l’autre
parent, au risque deremettre en question la légitimité dece
dernier.

«
» favorisent
Les conflits dans un couple
ladésobéissance.

On n’est pas obligés de s’entendre sur tout, mais il est impor-


tant de trouver des compromis lorsqu’il s’agit des enfants.
Les conflits dans un couple favorisent la désobéissance,
d’autant plus s’ils portent sur des principes éducatifs. Évitez de
vous disputer ou de faire part de vos désaccords devant eux.

76
CONSEILS AUXPARENTS

Comptez aussi sur la famille proche


Pour un parent isolé, l’autorité est souvent présentée comme
plus difficile, surtout s’il assume seul le rôle de père et de
mère. Aussi, il sera utile de solliciter le soutien réel ou sym-
bolique d’un proche. On pourra ainsi évoquer l’idée de pré-
venir un parrain, même éloigné, représentant un modèle que
l’enfant ne voudra pas décevoir, ou demander l’aide d’une
grand-mère, habitant à proximité et qui pourra passer à la
maison pour leraisonner.
Ce n’est pas faire preuve de faiblesse ou se décharger de
ses responsabilités de parent : il n’y a rien de plus adapté
que d’avoir recours à un tiers pour sortir d’une relation
dualiste compliquée.

77
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°33

RENONCEZ À TOUT INTERDIRE


I l n’est pas raisonnable de vouloir tout interdire
sous prétexte que l’on souhaite que son garçon ou
sa fille devienne un enfant modèle. Pour grandir,
un enfant a besoin de bouger, de vivre des
expériences, et le rôle du parent n’est pas de jouer
le gendarme en permanence.

L’interdiction n’est pas l’éducation


L’éducation pourrait même pâtir d’un excès de barrières
posées de façon rigoriste. L’enfant doit pouvoir prendre des
initiatives sans craindre un châtiment à chaque fois qu’il
commence une action. Sinon, il ne pourra pas s’épanouir
pleinement, renoncera à la curiosité et, plus tard, n’osera plus
rien entreprendre.
Aussi, apprenez à établir un tri parmi ce qu’il convient
d’interdire et ce sur quoi vous pouvez vous montrer plus
souple, afin d’éviter que tout devienne source de conflits.
Concentrez-vous sur ce qui en vaut la peine, ce qui est vrai-
ment important. N’intervenez que si le comportement de
l’enfant peut nuire à son intégration sociale, à sa santé morale
ou physique, à sa sécurité et à son bien-être comme à ceux
deson entourage.

Acceptez de faire des compromis


Une règle peut être suivie en partie. La fonction des règles
est de dessiner le cadre de vie social, le fonctionnement quo-
tidien et les relations entre les individus. Si l’équilibre global
est respecté, si tout fonctionne bien, peu importe qu’elles ne
soient pas scrupuleusement respectées. Supportez des écarts,
surtout si l’enfant est très jeune. Cherchez à dépister les

78
CONSEILS AUXPARENTS

raisons qui le poussent à transgresser une règle: cela peut être


par inadvertance ou parce que les consignes sont trop nom-
breuses pour être bien intégrées. Bien que cette transgression
puisse être consciente et volontaire (si l’enfant connaît la
règle), ce n’est pas systématiquement pour vous embêter
ou par esprit de provocation. L’interdit suscite la curiosité,
et celle-ci n’est pas un vilain défaut. Elle est le préalable à
tout apprentissage. L’enfant veut alors savoir pourquoi ça lui
est défendu, quelles pourraient être les conséquences de sa
transgression et le degré d’importance de cet interdit. Il a
besoin de hiérarchiser les interdictions. Est-ce aussi grave
de taper son petit frère avec une fourchette que de manger
avec les doigts ? Si vous réagissez avec la même sévérité, voire
la même colère, l’enfant croira que tout est très grave ou
simplement que tout se vaut, le meilleur comme le pire. Ilse
dira surtout que, puisque tout est interdit, tout doit être fait
en cachette. Alors expliquez et établissez une hiérarchie
entre les interdits.

«
L’interdit suscite la curiosité, »
etcelle-cin’estpas un vilain défaut.

Expliquez!

Quand vous posez une limite, vous n’êtes pas tenu de vous justifier

pendant des heures, mais donnez au moins la raison principale.

Par exemple : « Ne pose pas tes doigts sur la plaque de cuisson

car c’est chaud et tu vas te brûler » ou encore « Arrête de crier,

tu me casses les oreilles ». Si aucune ne vous vient spontanément,

c’est que ce n’est pas si important!

79
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°34

NE VOUS RÉPÉTEZ PAS


PLUSDETROIS FOIS!
I l n’y a rien de plus épuisant que de devoir répéter
une consigne à plusieurs reprises sans pour autant
qu’elle soit réalisée. Partez du principe de ne pas
redire les choses plus de trois fois, et mettez tous
les moyens en place pour cela.

Sachez vous faire entendre


Si vous appelez votre enfant de la cuisine alors qu’il joue dans
sa chambre, il y a peu de chance qu’il vous réponde du pre-
mier coup. Le ton risque de monter, d’abord pour vous faire
entendre, puis par énervement. Il ne manque pourtant pas
forcément de respect à votre égard, mais il est absorbé par son
jeu. D’où il est, il perçoit un vague commentaire de votre part,
dont il ne saisit pas forcément le sens. C’est le phénomène
de l’attention sélective. Ses capacités cognitives étant toutes
mobilisées par son activité, il entend ce que vous lui dites, mais
ne vous écoute pas et ne peut pas comprendre ce que vous lui
demandez. Ce n’est finalement que quand il va percevoir la
colèreetlescrisqu’ilvaréagiret, trèssincèrement, vousdeman-
der : « Tu m’as dit quelque chose ? » Plutôt que d’attendre
d’être à bout pour aller le déloger, entrez d’emblée dans
son monde pour mieux l’en faire sortir ! Mettez-vous à sa
hauteur, appelez-le par son prénom, assurez-vous qu’il vous
regardedanslesyeux–quitteàluidemanderdemettresonjeu
en « pause »–, attendez qu’il vous écoute… vous pouvez alors
formuler votre demande. Sice protocole vous semble contrai-
gnant, vous vous rendrez vite compte qu’il permet d’obtenir

des résultats rapides, efficaces et… sans crier.

80
CONSEILS AUXPARENTS

Formulez votre demande au bon moment, etnotamment


pas trop longtemps avant l’instant où vous voulez qu’elle
soit réalisée. Ne demandez qu’une chose à la fois : évitez,
par exemple, « Quand tu auras fini de ranger ta chambre
[première demande sans délai précis], tu m’apporteras ton
linge sale [seconde demande, dont la résolution est différée] ».

Utilisez des consignes efficaces


Les instructions qui se font entendre sont brèves et concises
(évitez de les noyer dans toutes sortes de considérations, du
type « Ce serait bien que, quand tu auras fini telle chose,
tu fasses ceci, parce que cela… »), claires et concrètes, mais
aussi affirmatives (plutôt que « Ne laisse pas traîner tes
chaussures partout », préférez « Range tes chaussures dans le
placard »…). Elles sont données sur un ton neutre: ce n’est
pas une question, vous n’attendez pas une réponse ; n’anti-
cipez pas non plus, avec un ton « fâché », une éventuelle
absence d’exécution…

Sachez v ous taire

Plus vous vous répétez, plus vous l’encouragez à vous faire rabâcher!

Pas besoin d’être attentif puisqu’il s’attend à ce que vous lui

redisiez ce que vous attendez de lui, ce qui lui permet ainsi de

gagner du temps pour poursuivre ses propres activités. Taisez-vous

et agissez! Allez chercher votre enfant par la main, calmement

mais fermement, et accompagnez-le devant la consigne à réaliser.

Intervenez (mettez son jeu en pause, éteignez la télévision…) à chaque

fois qu’il vous fait répéter plus de trois fois.

81
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°35

POUR VOUS FAIRE ÉCOUTER,


FAITESVOUS ENTENDRE!
L e langage est à la fois une question de mots, qui
constituent le fond du message, mais également
une affaire d’intonation et de présentation :
la forme du discours. Le dialogue emprunte ainsi
différents canaux d’expression comme la voix,
lecorps, le regard et surtout les émotions. Or, pour
que deux personnes se comprennent, il importe
qu’elles parlent le mêmelangage.

Adaptez votre discours


à la maturité de votre enfant
Il ne s’agit pas que du choix des mots, qui doivent bien sûr
être connus et compris par l’enfant. En fonction de sa matu-
rité, il ne développe pas les mêmes modes de raisonnement
que ceux de l’adulte : son fonctionnement logique – dans
lequel il est au centre des choses– adopte des chemins qui lui
sont propres. Un enfant raisonne avant tout par rapport à
lui. De même, puisque ses capacités d’attention sont limitées,
expliquez vos raisons sans vous perdre dans d’interminables
argumentations : il ne pourra pas les écouter jusqu’au bout
et ne les comprendra pas forcément. Aussi ne prenez pas
pour de la mauvaise volonté ou de la provocation le fait
qu’il persévère dans ce qui vous énerve. L’efficacité ne sera
pas liée à l’explication, mais à la répétition des exemples que
vous lui donnerez.

82
CONSEILS AUXPARENTS

Le corps fait les sous-titres


Cela semble évident pour un nourrisson, qui ne sait pas
encore parler mais parvient très bien pour autant à nous
communiquer ce qu’il ressent, par ses pleurs, ses gazouillis
ou l’agitation de son corps. Ça l’est également pour les plus
grands, qui, même lorsqu’ils maîtrisent le langage, se feront
d’abord comprendre par leurs actes : ils se sauvent pour ne
pas enfiler le vêtement qu’on leur propose, boudent pour
signifier leur mécontentement, crient ou claquent la porte,
pour ne pas nous écouter. Adoptez vous-même ce mode de
communication, en vous ajustant à la situation. Haussez
le ton et montrez-vous ferme ; cela ne veut pas dire perdre
son calme et crier, ce serait contre-productif, mais « jouez » la
colère etinterprétez le rôle du parent mécontent.

Captez son attention


L’enfant a une attention sélective. Lorsqu’il est dans sa bulle,
occupé à jouer ou à regarder un écran, tout ce qui se passe
autour de lui ne l’affecte pas. Inutile donc de lui demander
quoi que ce soit, même en le lui répétant dix fois ou en
criant, il ne percevra qu’un vague brouhaha.

L’ABC pour se faire entendre

• A: Appelez-le par son prénom.

• B: Bloquez son attention (saisissez-le par la main, mettez-vous

àsahauteur et regardez-le dans les yeux).

• C: Communiquez votre message sur le ton approprié.

«
Faites sortir votre enfant de son monde »
pourle faire entrer dans le vôtre.

83
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Il importe de le sortir de son monde pour le faire entrer


dans le vôtre : appelez-le par son prénom et attendez sa
réponse avant de lui transmettre votre message, allez à sa
rencontre et, parfois, infiltrez vous-même son univers pour
l’en faire sortir, à l’image de cette mère qui se transforme
en grand chef sioux pour convaincre ses fils en pleine partie
decow-boys etd’Indiens de rejoindre le tipi du dîner !

84
CONSEILS AUXPARENTS

RÈGLE N°36

AGISSEZ AVEC CONVICTION


L es règles précédentes vous aident à appréhender
le bien-fondé de ce que vous exigez, la légitimité
de votre fonction parentale et l’intérêt que la
consigne ou l’interdit revêt pour l’enfant. Pour être
convaincant, soyez convaincu !

Placez-vous à son niveau


La meilleure façon de parler à un enfant est en face à face.
Mettez-vous à sa hauteur : baissez-vous et prenez-le par les
mains ; établissez un contact visuel direct, c’est-à-dire les yeux
dans les yeux. C’est ainsi que vous retiendrez son attention.

«
»
Les consignes doivent être précises
etconcrètes.

Enfin, utilisez un langage qu’il comprend. Les consignes


doivent être précises et concrètes. Ne vous contentez pas non
plus d’injonctions trop générales. « Sois sage », par exemple,
est une notion abstraite qui ne donne aucune indication sur
ce qu’on attend d’un enfant. Est-ce que la consigne est de se
taire, de ne pas bouger ou de ne pas pousser ses camarades ?
Une consigne efficace précise l’action autorisée ou inter-
dite en fonction d’un lieu ou d’une situation, car que faire
de l’injonction de se taire, à l’école, quand la maîtresse nous
interroge, ou au judo, quand la directive est celle de pousser
son partenaire ? « Être sage » correspond à se conformer à ces
nuances: « Tu peux pousser ton adversaire au judo, mais pas

tes copains dans la cour de récréation. »

85
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Attendez de votre enfant qu’il vous obéisse


Si vous doutez de votre autorité, votre enfant le sentira et
sera plus enclin à négocier.
Vos consignes ne sont donc pas des « propositions »
soumises à son bon vouloir, mais bien des instructions
à suivre ou des interdits à respecter. C’est ainsi que vous
lui manifesterez votre détermination. Si votre enfant traîne
devant une consigne que vous lui avez demandé de réali-
ser, ne dites pas : « J’en ai assez de te répéter cent fois les
choses, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ? » Utilisez
plutôt des messages implicites, qui laissent entendre que
la consigne sera exécutée et que cela sera suivi d’une grati-
fication secondaire : « Après que tu… Quand tu auras fini
de… », « Tupourras alors faire ceci ou bénéficier de cela… »
ou, plus fermement: « Bon, maintenant tu t’y mets, ensuite,
nous pourrons passerà… »

Le ton aussi importe

Soyez ferme! Pour cela, inutile de crier (ce qui pourrait traduire

un énervement ou une perte de contrôle, et revenir à céder àvotre

enfant un pouvoir sur vous). Vous pouvez hausser la voix et, surtout,

soyez vous-même convaincu que vous ne lui direz les choses

qu’une seule fois.

86
CONSEILS AUXPARENTS

RÈGLE N°37

RESPECTEZVOTREADOLESCENT
POUR MIEUX VOUS FAIRE
RESPECTER
À l’adolescence, le comportement de votre enfant
change, vos réactions aussi. Il fouille dans
votre sac à main, elle entre dans votre chambre
sans frapper, vous parle mal… Ce qui vous met
hors de vous ! Pourtant, cela ne vous rappelle
rien ? Si vous voulez vous faire respecter par votre
adolescent, il est important qu’il se sente lui-même
bien considéré.

Vous restez un exemple


(surtoutpoursestransgressions…)
Vous vous sentez sûrement légitime lorsque vous fouillez dans
son cartable (c’est pour vérifier qu’il a bien fait ses devoirs),
que vous entrez dans sa chambre sans lui demander son avis
(somme toute, vous êtes chez vous, et c’est pour trier son linge
sale), ou que vous pénétrez dans la salle de bains quand il est
nu (après tout, vous l’avez langé quand il était bébé)… Or ces
comportements lui renvoient, au mieux, que vous continuez à
le considérer comme un tout-petit, au pire, qu’il est une entité
dont la sensibilité, l’avis ou l’intégrité sont négligeables. Soyez
attentif à l’attention que vous lui portez.
De même, lorsque vous lui promettez quelque chose
(« Je viendrai te chercher à telle heure », « J’assisterai à ton
spectacle de danse samedi »…), assurez-vous de vous y tenir.
Cela est valable pour les promesses implicites. Lorsque vous
lui fixez une heure de retour, tâchez d’être là lorsqu’il rentre…

87
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Certaines attitudes peuvent le mettre mal à l’aise comme


parler de (votre) sexualité devant lui, vous promener nu ou
dans des tenues qui perturbent sa sensibilité d’adolescent…
Se sentant agressé émotionnellement, il pourrait vous rendre
la pareille physiquement.

Vous restez aussi un repère…


Sachez donc toujours dire stop ! On ne peut pas tout accep-
ter – ni par amour ni par crainte – de sa réaction. Il risque
de râler ou de s’emporter ? Tenez bon et renvoyez-le dans
sa chambre ou allez dans la vôtre. La priorité est toujours
de mettre un terme aux écarts de langage ou de comporte-
ment, par exemple, avant les dérapages. Respecter votre ado,
c’est aussi l’empêcher de se dévaloriser.

… dont il a le droit de s’éloigner un peu


Ses goûts, ses points de vue, peuvent différer des vôtres. Tant
qu’ils ne portent pas atteinte à des valeurs fondamentales,
laissez-lui la liberté de les revendiquer.
Vous n’aimez pas ses copains ? Sauf s’il s’agit d’individus
qui, objectivement, n’inspirent pas confiance, ou sont connus
comme (petits) délinquants, il est difficile d’interdire à votre
enfant de les voir. Cela ne vous empêche pas de lui expli-
quer ce qui vous déplaît dans ses fréquentations et de limiter
l’accès à votre domicile. Cependant, vous aurez plus de faci-
lité à contrôler les risques s’il les reçoit à la maison ; ce sera
également lapreuve d’une confiance réciproque.

88
CONSEILS AUXPARENTS

RÈGLE N°38

DONNEZ DU SENS
ÀVOSCONSIGNES
U n enfant réagit avant tout à ce qui l’intéresse.
Sans renoncer à vos prérogatives parentales,
maisen l’aidant à comprendre son intérêt, vousaurez
plus de facilité à vous faire obéir.

Inventez de nouvelles façons de dire non


Le petit enfant acceptera plus facilement de renoncer à une
envie s’il comprend pourquoi elle lui est interdite et s’il lui
est proposé une alternative. Plutôt que de vous contenter
d’un « Non ! » – même ferme et catégorique –, il sera plus
efficace de le remplacer par « Ce n’est pas le moment, car
maintenant on fait ceci ou cela… », ou, en lui retirant l’objet
que l’on ne veut pas qu’il utilise: « Ça, c’est dangereux… » ou
« Ça, c’est pour les plus grands », « Prends plutôt ce jouet-là,
qui est à toi… ». Celapermettra de mettre des limites tout en
les légitimant et sans se perdre dans de longues explications.
Rappelez-vous que l’enfant apprend à s’exprimer par imi-
tation : il s’opposera d’autant plus à vous et sa période du
« non » sera d’autant plus affirmée qu’il aura lui-même été
confronté en permanence à ce mot qui provoque tant de
frustration!

«
Votre “non” aura plus de poids »
sivousl’utilisez avec parcimonie.

89
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

En revanche, quand c’est non… c’est non!


Votre « non » aura plus de poids si vous l’utilisez avec par-
cimonie, et une fois prononcé, que vous ne revenez pas
dessus ! Plus de « non » qui se transforment en « Bon, ben,
d’accord… », impuissants devant l’entêtement de l’enfant, au
risque de saper votre autorité : vous laissez entendre que
vos interdictions sont flexibles et cèdent sous la pression des
regards d’ange ou des colères infernales. Après le « non », puis
éventuellement un « stop » retentissant ou un « ça suffit »
pour désamorcer la colère qui gronde, le silence sera de mise
(surtout pas de justifications !) et associé à un changement
de contexte : on quitte les lieux du conflit, on s’éloigne de
l’objet tentateur, on place l’enfant dans un endroit où il peut
se calmer…

Imposez des limites justifiées


Les règles éducatives évoluent en fonction des époques et des
cultures. Aujourd’hui, elles prennent davantage en compte
des valeurs plus humanistes: l’intérêt individuel et collec-
tif, la sécurité et le respect de chacun. On s’éloigne de l’idée
de se faire obéir pour se faire obéir, de ne tenir compte que
deson « honneur » de parents ou encore de la fierté d’avoir
des enfants modèles. Doit-on imposer des interdits lorsqu’il
n’y a de danger ni pour l’enfant ni pour son entourage et que
rien ne porte atteinte au confort du voisinage ? On pourra exi-
ger le calme d’un enfant dans un lieu public clos, alorsqu’il
ne sera pas justifié de lui interdire de crier dans une aire
dejeux, par exemple.

90
CONSEILS AUXPARENTS

RÈGLE N°39

ACCORDEZ LA BONNE PLACE


AUX GRANDSPARENTS
I l n’est pas toujours facile d’accepter le rôle que
jouent les grands-parents dans l’éducation de notre
progéniture, d’autant qu’on aura souvent tendance
à les trouver trop laxistes, voire responsables
descaprices de nos enfants.

Une autorité particulière


Les grands-parents occupent une forme particulière d’auto-

rité par délégation. Elle s’exerce par ascendance. Ainsi, les


parents des parents (qui ont eu et conservent, de façon plus
ou moins acceptée, une autorité sur leur enfant) vont, par
translation, exercer une certaine autorité sur les enfants de
ces derniers.
Cette forme d’autorité par délégation est reconnue par
la loi. En cas de désaccords entre parents et grands-parents,
ceux-ci peuvent revendiquer un droit de visite et parfois
d’hébergement de leurs petits-enfants. Cette possibilité légale
de les recevoir maintient un lien évident et une responsabi-
lité dans ce que ces enfants peuvent dire, faire ou ne pas faire
lorsqu’ils sont sous leur garde.

Des relations pas toujours simples


entre parents et grands-parents
Outre l’aspect pratique d’avoir des proches en mesure de
s’occuper des enfants, les parents peuvent se sentir soumis à
l’autorité de leurs propres parents. Dans d’autres cas, le regard
critique que les grands-parents portent sur eux (ou que

les adultes devenus parents à leur tour ont l’impression

91
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

de ressentir) dans l’exercice de leur parentalité leur pèse.


Les remises en question des principes éducatifs (« De mon
temps, ça ne se serait pas passé comme cela », « Si ton fils est
comme ça, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même ! ») sont
l’expression d’une position dans laquelle les grands-parents
restent les parents du parent, qu’ils continuent de considérer
comme un enfant à éduquer. À l’inverse, le parent de l’enfant
peut continuer de percevoir les grands-parents comme
unpère ou une mère dontil remet l’autorité en question.
Si des conflits plus anciens se rejouent avec vos parents
autour de l’éducation de vos enfants, rappelez-vous qu’on
peut s’avérer un bon grand-père ou une bonne grand-
mère après avoir été un piètre parent. Les relations qui
se développent avec un petit-fils ou une petite-fille sont de
nature totalement différente. Elles sont notamment exemptes
de toute obligation éducative. Au-delà de la distance généra-
tionnelle, le caractère « d’anciens parents » laisse la priorité
aux parents, de même que l’influence des grands-parents reste
relative au temps passé avec eux.

Attention au conflit de loyauté


Lorsqu’il existe des différences éducatives importantes,
l’enfant peut se sentir partagé entre ceux qu’il aime et ne
plus savoir à quelles règles se conformer. Pour éviter une
« confusion comportementale », on peut appliquer cette règle
simple : l’autorité qui prime incombe au responsable de
la maison où se trouve l’enfant. Ainsi, l’autorité des grands-
parents se substitue transitoirement à celle des parents quand
l’enfant setrouve chez eux.

92
CONSEILS AUXPARENTS

RÈGLE N°40

PARENTS SÉPARÉS, DÉLÉGUEZ


VOTRE AUTORITÉ À VOTRE
NOUVEAU CONJOINT
D ans une famille recomposée, il est indispensable
de déléguer une autorité à un nouveau conjoint,
et de respecter l’autorité du nouveau compagnon ou
de la nouvelle compagne de l’autre parent. Se faire
obéir des enfants de son conjoint n’est pas toujours
évident, d’autant plus quand les « Tu n’es pas mon
père/ma mère ! » coupent court à toute tentative
dedialogue.

L’autorité par délégation


L’autorité des parents suit le lien direct de la filiation,
que celle-ci soit biologique ou par adoption. Il n’en est
pas de même de celle du beau-parent, dont la relation
avec l’enfant dépend decelle entretenue avec le parent de
celui-ci. Pour autant, il n’est pas dégagé de ses responsa-
bilités vis-à-vis des enfants vivant sous son toit. On parle
d’autorité par délégation, car celle-ci lui est concédée par
le parent de l’enfant.

«
On a une responsabilité vis-à-vis de l’enfant »
de la personne à laquelle on est lié.

Ainsi, le beau-parent n’intervient pas comme un second père


ou une seconde mère – même si ce (cette) dernier(ère) est

93
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

absent(e), décédé(e) ou désinvesti(e)– mais comme le soutien


ou, en son absence, le représentant de son conjoint.

Un concept à revendiquer
Cette notion, d’autant plus fondamentale que l’enfant vit au
quotidien avec le conjoint de son parent, ne va pas de soi.
D’unpoint de vue juridique, le beau-parent n’a pas d’autorité
légale sur le fruit de l’union précédente. Cependant, il peut
exister des situations où ce dernier assure des missions qui
l’engagent auprès de l’enfant, comme aller le chercher à
l’école, s’en occuper à la maison, le conduire chez le pédiatre
ou à ses activités extrascolaires. Ces obligations lui ont été
implicitement déléguées par le père ou la mère ; l’autre
parent, de fait, est amené à l’accepter. Or si des responsa-
bilités lui sont confiées, elles lui confèrent de facto
un rôle dans la protection et l’éducation de l’enfant.

La sanction

Le beau-parent n’est pas toujours le mieux placé pour donner

des sanctions. Il sera plus facile de faire accepter l’idée qu’il ne fait

qu’appliquer celles que le parent légitime a autorisées.

Sachez faire respecter cette délégation


La première étape est de la reconnaître car, si bien des
parents comptent sur l’autre pour l’assister dans les tâches
du quotidien, céder cette part d’autorité sur la chair de sa
chair est moins évident.
Il peut être nécessaire de rappeler – surtout si l’argument
vient de l’enfant – qu’effectivement on n’est pas son père ni
sa mère, mais qu’en tant qu’adulte, on a une responsabilité
vis-à-vis de l’enfant de la personne à laquelle on est lié.

94
CONSEILS AUXPARENTS

Il est même possible de préciser qu’« on n’est pas obligés


de s’aimer (qu’il y ait de l’affection ou non entre l’enfant
et le nouveau conjoint – parfois l’affection qui se tisse est
fondamentale, parfois il n’y en a aucune), mais que la règle
est de se respecter mutuellement en fonction de la place
et durôle que chacun occupe dans la famille ».

95
LES RÈGLES

AUQUOTIDIEN

97
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°41

RECONNAISSEZ
ETSATISFAITES LES BESOINS
DE VOS ENFANTS
A vant d’exiger d’un enfant qu’il soit obéissant,
il faut s’assurer que tous ses besoins fonda-
mentaux ont été satisfaits. Y subvenir, c’est le rendre
apte àrépondre à vos demandes !

Des besoins physiques et affectifs


Un enfant qui n’a pas son quota de sommeil se montrera
irritable à l’heure de la sieste ou agité le soir venu. Inutile de
le punir, surtout si cela retarde l’heure du coucher, car cela
ne fera que renforcer la crise. De même, un jeune enfant
sera d’autant plus turbulent qu’il ne bénéficie pas d’activités
physiques, sportives ou artistiques régulières.
Ces besoins fondamentaux ne concernent pas uniquement
le bien-être et la santé (boire, manger, dormir, se vêtir…),
mais aussi l’affectif. Les câlins, les distractions et les stimu-
lations de toutes sortes, l’écoute et les diverses formes
d’attentions qui répondent à l’expression de ses émotions
sont tout autant indispensables.
Et surtout, les punitions ne doivent pas porter sur les
besoins. Privez votre enfant de télévision plutôt que de son
sport favori (même si cela vous aurait arrangé, pour une fois,
de ne pas avoir à l’y accompagner…).

98
LES RÈGLES AUQUOTIDIEN

Quelques exemples pratiques!


Évitez de faire les courses à l’heure du goûter si vous ne
voulez pas voir votre tout-petit faire une crise devant le rayon
des gâteaux et des confiseries. Ne demandez pas à votre
adolescente de vous rendre un service sur l’heure de son
rendez-vous avec ses copines si vous ne l’avez pas prévenue
assez tôt pour qu’elle s’organise.
Ces considérations respectent les besoins de votre enfant
et évitent bien des complications.

«
» pas porter
Les punitions ne doivent
surlesbesoins.

99
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°42

LA PÉRIODE DU  NON 
N’ESTPAS INSURMONTABLE!
E ntre 18 mois et 2 ans, les enfants traversent
une période d’opposition au cours de laquelle
peuvent se multiplier crises, colères et punitions.
S’il est impossible de l’éviter, on peut la traverser
sans trop d’encombres.

Une période fréquente car nécessaire


Elle correspond à une phase de développement affectif où
l’enfant prend conscience d’exister en tant qu’individu et au
cours de laquelle il va exprimer cette individualité et reven-
diquer son identité. Elle est donc nécessaire pour son bon
épanouissement.
En reprenant à son compte ce « non » qui, prononcé par
les parents, l’a frustré dans ses désirs, il devient grand à son
tour. En s’opposant, il s’affirme tout en évaluant l’impact
de ses prises de position sur son environnement. Aussi, la
réponse de l’entourage est importante : elle peut influencer
son rapport aux autres et à l’autorité.

Comment réagir… ou non


C’est la situation qui est difficile à gérer, pas l’enfant !
Elle requiert patience et flexibilité. L’enfant veut juste être
reconnu dans ses désirs. La patience vous aidera à résister aux
manifestations de frustration ou de colère. Or, les moments
de conflit sont aussi un moyen de retenir votre attention.
Être flexible, c’est faire preuve de diplomatie et cela ne
veut pas dire qu’on est laxiste ou mauvais parent. C’est défi-

nir (parfois au préalable entre parents) ce sur quoi on peut

100
LES RÈGLES AUQUOTIDIEN

céder et ce sur quoi on est intransigeant. Plus l’enfant grandit


et construit sa personnalité, plus son opposition diminue.
D’oùl’intérêt de l’aider aussi à développer sa confiance en lui.
Si vous voulez qu’il s’exécute sans courir le risque qu’il
réponde « non », vous pouvez utiliser la technique du choix
illusoire (voir la règle n°98).

«
La phase du non est nécessaire
pourlebonépanouissement de l’enfant. (…)
Aussi, la réponse de l’entourage est
importante : elle peut influencer le rapport »
del’enfant aux autres et à l’autorité.

101
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°43

DÉBLOQUEZ LES SITUATIONS


L es tensions et les conflits sont inévitables dans
le quotidien familial. Cependant, certaines
situations ont tendance à s’enkyster : lorsque les
deux parties sont persuadées de leur bon droit,
ildevient alors difficile d’y trouver une issue.

Choisissez vos combats


Ne dépensez pas trop d’énergie pour des combats qui n’en
valent pas la peine. Il y a sans doute des sujets qui, à bien
y regarder, ne justifient pas qu’on s’arc-boute sur ses posi-
tions : l’absence de conséquence grave pour l’enfant, pour
vous-même ou pour l’entourage, la possibilité de rattraper
les choses ou leur relativité… Au contraire, utilisez le fait de
répondre favorablement à certaines des exigences de votre
enfant pour en obtenir d’autres en retour : « Bon, j’accepte
que tu fasses ceci, en revanche tu t’engages à cela… »

L’intérêt d’un tiers


Avec un adolescent, sensible aux questions de « justice », ilest
difficile de se faire entendre lorsque l’on occupe à la fois la
place de celui ou celle qui est pris à partie et de celui ou
celle qui juge et sanctionne. Il devient important qu’un tiers
puisse jouer le rôle d’arbitre et intervenir pour désamorcer
la situation.
L’autre parent – même lorsque le couple est séparé – reste
le plus à même de jouer ce rôle. Il importe juste que le
(ou l’ex-) couple s’accorde un minimum sur les principes
éducatifs de base (et notamment le respect de l’autre parent),
et qu’il s’entende suffisamment pour échanger et épargner à
l’enfant ses propres querelles (les conflits avec un adolescent

102
LES RÈGLES AUQUOTIDIEN

sont parfois en résonance avec ceux des parents). Cependant,


ce rôle de tiers peut être endossé par n’importe quel autre
adulte proche – un parrain, une grand-mère… – avec qui
il est possible de réfléchir autrement, de prendre du recul,
et qui saura recueillir à la fois la confiance de l’adolescent
et celle du parent.

«
Il y a des sujets qui, à bien y regarder,
nejustifient pas qu’on»s’arc-boute
sursespositions.

Une phrase débloque tout: « Vous avez tous les deux rai-
son. » Il s’agit de reconnaître à chacun sa vérité, de la faire
accepter à l’autre, tout en acceptant d’adopter un point de
vue qui va au-delà des simples considérations immédiates et
limitées à l’intérêt propre de chacun. Elle permet ainsi plus
aisément de trouver des compromis.

Limitez les négociations et posez des ultimatums


Pour autant, vous restez maître de la bonne marche des
choses. Une fois que les principes ont été fixés avec votre ado-
lescent, ou que la demande a été formulée avec un plus jeune,
il s’agit de la faire appliquer. Évitez que le cycle des négo-
ciations recommence. Dès que votre demande est formulée,
attendez qu’elle soit exécutée. Sinon, mettez toute discussion
en suspens. Avec les enfants, on comptera jusqu’à trois…

103
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°44

ÉVITEZ LES PIÈGES


 MANGEURS DE TEMPS 
N e renoncez pas aux moments importants dans
l’idée que cela vous fera gagner du temps. Il en
est de bien plus chronophages…

Privilégiez les moments communs


Le petit déjeuner, par exemple, est une bonne façon de bien
commencer ensemble la journée, voire d’en repréciser le
déroulé jusqu’au soir, surtout si un événement prévu vient
ponctuellement déranger un peu l’ordre des rituels (un des
parents absent, baby-sitter, un dîner d’invités à la maison…).
Ne le réduisez pas à un pain au chocolat mangé sur la route !
En revanche, évitez les négociations qui font filer le temps et
proposez toujours des choix qui ne donnent pas la possibilité
de dire « non » (voir la règle n°98).

Attention aux faux alliés!


Méfiez-vous, par exemple, de la télé, cette fausse alliée :
on aurait trop vite tendance à l’allumer dans l’idée d’utiliser
ses pouvoirs hypnotiques pour faire tout ingurgiter à l’insu
de son enfant. Il n’en sera que plus difficile de l’en décro-
cher ensuite. Etrappelez-vous: regarder la télé avant d’aller à
l’école, c’estcomme se gaver de bonbons avant de déjeuner !

104
LES RÈGLES AUQUOTIDIEN

RÈGLE N°45

GÉREZ SEREINEMENT
LESCOLÈRES DE VOTRE ENFANT
P our beaucoup de parents, confrontés aux cris et
aux regards de l’entourage, faire face aux crises
de l’enfant consiste essentiellement à se dépêcher
de le faire taire ! Or c’est aussi de la bonne gestion
de l’épisode que dépend la survenue des suivants.

Accueillir la colère
En renonçant à vouloir endiguer la crise au plus vite et coûte
que coûte, on évite l’écueil le plus fréquent qui est de céder
systématiquement et d’encourager l’enfant à multiplier ce
genre de comportements. Il faut pour autant y faire face, c’est-
à-dire ne pas fuir et assumer le fait qu’il y a quelque chose qui
le contrarie. Pour cela, deux attitudes sont fondamentales:
• distinguer l’enfant de son attitude–c’estlacolèrequiest
insupportable, pas l’enfant ;
• ne pas l’interpréter contre soi – il ne fait pas une colère
juste pour nous contrarier, mais parce que lui l’est.

Maîtrisez vos propres émotions


Colère, frustration, peine, découragement… la palette émo-
tionnelle par laquelle on passe est variée et variable selon la
fréquence et l’intensité des crises. Pour autant, on ne calme
pas une émotion par la même émotion, même plus intense:
on ne consolera pas une personne en lui annonçant d’autres
drames. Il en va de même avec les crises d’un enfant: cen’est
pas en vous énervant davantage que vous le calmerez. Parfois
ça marche, sur le court terme. L’enfant, sidéré, peut effecti-

vement se taire immédiatement. Mais cela n’aura pas d’effet

105
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

sur le long terme, et aucune vertu éducative. Cela ne l’aidera


pas à mieux gérer ses émotions. En outre, la leçon qu’il
retiendra est que c’est celui qui crie le plus fort qui se
fait entendre… Optez plutôt pour une attitude froide et
déterminée, qui consiste à demander fermement le calme
et à entraîner l’enfant loin de la situation qui a provoqué la
crise. L’isolement permet alors de se libérer des tensions
et des stimulations qui pourraient les entretenir. La « scène »
cesse aussi faute de « spectateurs ».

Libérez-vous du regard des autres


C’est souvent la crainte de ce que les témoins de la crise
pourraient penser qui nous pousse à ne pas réagir de façon
appropriée (céder à la demande de l’enfant, s’énerver…).
Recentrez-vous sur ce qu’il convient de faire en vous rap -
pelant que les critiques que vous imaginez de la part des
autres sont surtout celles que vous vous adressez à vous-
même (alors qu’il est probable qu’ils soient compréhensifs,
pourpeu qu’ils aient vécu les mêmes situations !).

La contention bienveillante

Chez le tout-petit qui peut se mettre en danger ou se blesser dans

des épisodes d’agitation violente, il peut être adapté de le maintenir

contre soi tendrement mais fermement (en le calant contre vous

et en l’enserrant de vos bras pour maîtriser ses membres) afin de

l’aider à se contenir. En maintenant sa tête contre votre épaule,

murmurez-lui des mots rassurants et apaisants.

106
LES RÈGLES AUQUOTIDIEN

RÈGLE N°46

FAITES FACE AUX OPPOSITIONS


SYSTÉMATIQUES
A ppliquez le même protocole pour chaque crise
à régler. Après avoir fait face à la situation
critique, il sera nécessaire d’y revenir dans un second
temps, afin de la résoudre pour de bon.

Les réactions immédiates


L’un des principes de base est de rester stoïque face à la
plupart des comportements d’opposition. Pour vous aider
en cela, rappelez-vous que ceux-ci font partie du développe-
ment de la personnalité de votre enfant, et que bon nombre
constituent une façon de tester votre relation et les limites
que vous fixez. Quand vous avez l’assurance qu’il vous écoute,
(re)formulez votre demande de façon calme, mais impérative.
Persévérez, même si cela peut, transitoirement, renforcer
sesrésistances.

Prenez du recul
S’il n’est pas toujours facile de conserver son sang-froid
lorsqu’un enfant refuse d’obéir, notamment en faisant
une crise, cela reste la meilleure façon de contrôler la
situation. En gardant votre calme, vous lui montrez
votre détermination et votre impassibilité. Cela le cal-
mera plus sûrement que s’il vous sent près de craquer.
Aussi, laissez-le crier ou trépigner, et dites-lui calmement
que vous comprenez qu’il puisse ne pas être d’accord,
mais que vous ne céderez pas.

107
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Choisir le statu quo ne veut pas dire céder


Si rien n’y fait, optez pour la première sanction, qui consiste
à isoler l’enfant pour lui permettre de se calmer, avant de
confirmer, une fois la quiétude revenue, que votre demande
(ou l’interdit) est toujours d’actualité.
Parfois, il peut être judicieux de mettre la demande
en suspens plus longtemps. Il ne s’agit pas d’y renoncer,
mais de choisir un moment plus opportun pour l’exiger et,
surtout, de permettre à votre enfant de s’exécuter sans avoir
l’impression d’avoir « perdu la partie ». N’hésitez pas alors à
le féliciter. Pensez toujours à renforcer les comportements
positifs.

La démarche à distance
Un conflit se résout durablement à froid : pour en éviter la
récurrence, il est nécessaire d’y revenir ensemble, à distance
du moment critique: il ne s’agit pas de blâmer l’enfant, mais
de mettre en avant ce qui vous pose problème et de trouver
ensemble une solution qui satisfasse chacun.

Apprenez à relativ iser

• Par rapport aux regards de l’entourage: ils ne feraient probablement

pas mieux.

• Par rapport à votre enfant: ce n’est qu’un épisode parmi d’autres

dansson enfance, il en verra d’autres.

• Par rapport à vous: cela ne fait pas de vous un mauvais parent.

Toutle monde passe par là, et cette scène ne remet pas en cause

voscompétences parentales.

Dans un premier temps, vous identifiez le problème,


en l’envisageant non comme une catastrophe mais comme
une situation à résoudre, en termes de causes et de consé-
quences–non plus en termes de fautif et de victime. Cequi

108
LES RÈGLES AUQUOTIDIEN

permet, dans un second temps, de rechercher des solutions,


qui ne viendront pas que des parents, même si celles des
enfants peuvent sembler farfelues. En résolvant avec lui ce qui
pourrait le freiner, vous augmentez vos chances qu’il s’exécute
plus facilement.

«
Gardez votre calme, vous lui montrerez ainsi »
votre détermination et votre impassibilité.

109
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°47

LIMITEZ LES CHOIX


P our satisfaire un enfant opposant, on pourrait
être tenté de lui offrir le plus de choix possible
pour être sûr d’en trouver un qui le satisfasse.
Toutefois, cela risque d’amplifier le problème et
d’augmenter la fréquence des crises.

Distinguez besoins et envies


L’éducation doit permettre à un enfant de devenir autonome
et prendre en compte ses goûts et sa personnalité. Cela ne
signifie pas qu’il faille céder à tous ses désirs pour le préserver
de toute frustration. La confrontation à cette dernière est
inéluctable, et même nécessaire. Notre fonction de parent
comprend celle de subvenir à ses besoins, pas de répondre
systématiquement à toutes ses envies. Pour vous aider à
faire la distinction, rappelez-vous qu’une envie passe… Aussi,
si un dessert est nécessaire pour finir le repas, il n’est pas
indispensable que ce soit absolument un yaourt au chocolat.
En revanche, inutile de batailler pour lui faire avaler coûte
que coûte une compote à la rhubarbe si vous savez qu’il
n’aime pas ça…

Trop de choix peut être angoissant


La multiplicité des possibilités équivaut également à un plus
grand nombre de renoncements. Un enfant qui a du mal à
choisir a souvent du mal à faire une croix sur ce qu’il ne
retient pas. Plus on va lui offrir de possibilités, plus on aug-
mente sa frustration de ne pas pouvoir tout garder. Unchoix
limité ne protège pas de la frustration, mais aide à la gérer.
S’il hésite entre deux options qui lui plaisent autant, rassurez
votre protégé sur la possibilité d’en choisir une cette fois

110
LES RÈGLES AUQUOTIDIEN

et l’autre une fois prochaine. C’est un point important pour


lui apprendre à différer ses envies.
Cela s’élabore au quotidien, avec des propositions où le
fait d’attendre est valorisé: « On peut choisir d’aller au parc
maintenant, mais on ne pourra rester qu’une heure, ou alors
y aller demain et avoir tout l’après-midi… » Ou encore, à
l’instar de ce que propose cette maman en rentrant de l’école:
« En attendant le goûter, veux-tu un chocolat maintenant, ou
préfères-tu attendre le goûter où tu en auras deux ? »

«
Un choix limité ne protège pas »
delafrustration, mais aide à la gérer.

Aidez-le à choisir
Cela ne veut pas dire choisir à sa place. Limitez les choix
à deux ou trois possibilités maximum, en l’interrogeant sur
ce qu’il aime le mieux. S’il hésite, il est alors possible de
distinguer les caractéristiques variables sur lesquelles peuvent
porter sa préférence: la couleur entre deux jouets, une acti-
vité où il peut retrouver ses camarades ou une autre qu’il
découvre.

Assumez… ses choix (à lui)


À partir du moment où vous lui donnez la possibilité de
choisir, vous devez accepter qu’il ne porte pas son dévolu
sur ce que vous auriez préféré. N’offrez que des alternatives
que vous serez en mesure d’assurer. Ne lui proposez pas, par
exemple, de choisir entre une sortie au parc et un après-
midi coloriage si vous n’avez aucune envie de mettre le pied
dehors!

111
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°48

MONTREZ L’EXEMPLE
L ’éducation fonctionne comme un apprentissage.
Or une excellente façon d’apprendre est de suivre
l’exemple.

Imitation et identification
Ce sont ces deux processus qui permettent à l’enfant de gran-
dir et de développer sa personnalité. D’abord, en reprodui-
sant ce qu’il voit et entend, l’enfant accroît ses compétences
(marcher, parler…). Puis, par identification, il ne cherche plus
simplement à imiter les adultes, il intègre les sentiments,
les caractéristiques (qualités ou défauts) qu’il leur attribue,
les assimile pour les faire siennes et forger sa propre identité,
en les modulant selon qu’il perçoit qu’elles sont valorisées
ou décriées.

«
Il ne s’agit pas d’être un parent parfait, »
maisde pouvoir reconnaître ses erreurs.

Ainsi, un enfant au tempérament fougueux peut avoir ten-


dance à refréner ses mouvements d’humeur s’il prend pour
modèle un parent calme et mesuré ou, à l’inverse, laisser
d’autant plus exploser ses émotions qu’il grandit auprès
d’adultes impulsifs.
La question de l’exemplarité n’est donc pas superflue.
Nosmanquements aux règles sociales, et dont nos enfants
sont témoins, peuvent influencer leur façon d’accepter
celles que nous voudrions leur imposer. Beaucoup de
parents se plaignent des mensonges réguliers de leurs enfants,

112
LES RÈGLES AUQUOTIDIEN

mais ces derniers n’entendent-ils pas régulièrement ceux de


leurs parents?
Il ne s’agit pas d’être un parent parfait, mais de pouvoir
reconnaître ses erreurs. On pourra, par exemple, expliquer
que l’on n’a pas dit la vérité à grand-mère pour ne pas lui faire
de peine ou l’inquiéter, mais que cela doit rester exception-
nel. Ce ne sont que les attitudes régulièrement répétées qui
auront une influence et, plus que les comportements, l’enfant
aura tendance à reproduire des modes de fonctionnement.

Les règles de politesse


Elles sont un exemple de ce qui ne peut s’apprendre que
par l’exemple. Les « s’il te plaît » et autre « merci » sont des
expressions liées aux conventions et n’ont pas de sens en
dehors des normes sociales. Cela ne servira à rien d’exiger que
votre enfant les répète si vous ne les utilisez pas vous-même.

Le s émotions aussi sont < contagieuse s >


>

N’hésitez pas à montrer de l’enthousiasme en toute occasion : cela

stimulera le goût d’entreprendre de votre enfant et le rendra moins

sujet à l’ennui. Sachez en outre que, surprotégé par un parent trop

prudent ou stressé, il risque d’être plus craintif.

113
À LA MAISON,

ÀL’ÉCOLE

ETAUTRES

LIEUXDEVIE

115
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°49

ANTICIPEZ
PARLAPRÉVENTION!
M ieux vaut prévenir que guérir… Le proverbe n’a
jamais été aussi vrai que dans l’éducation. Bien
des soucis sont évités lorsque les situations ont été
bien préparées.

Décrivez ce qui va se passer


Prévenir de la fin d’une activité et annoncer la suivante
permet de limiter la frustration qui peut survenir. Il n’est
pas facile pour un enfant, voire impossible pour certains, de
supporter les périodes de transition. Même s’il adore jouer
dans le bain, il aura du mal à quitter son train, et il n’aimera
pas sortir de l’eau au moment du coucher, même s’il adore
qu’on lui raconte une histoire… Aussi, accompagnez ces
moments, interprétez ce que vous observez de ses réactions:
« Là, tu es peut-être triste d’arrêter, mais tu vas tellement
aimer cequi suit. »
Annoncer les choses permet aussi de souligner que vous
êtes ferme et que vous ne changerez pas les consignes. Dire
ce que vous ferez et faire ce que vous avez annoncé est la
meilleure façon de se faire obéir.

«
Annoncer les choses permet aussi
desouligner que vous êtes ferme
»
etquevousne changerez pas
lesconsignes.

116
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

Expliquez ce que vous attendez de lui


Avec des mots concrets, décrivez les situations en précisant ce
que vous comptez faire et ce qu’il faudra éviter: « Onva
faire des courses, tu m’aideras à choisir les légumes, mais
hors de question qu’on achète des bonbons, il en reste dans
le placard! »
Adoptez un ton grave et une attitude solennelle : en
vousplaçant à sa hauteur et en captant son regard, vous vous
assurez de son écoute et conférez à vos propos un caractère
absolu.
Enfin, appuyez-vous sur les expériences antérieures :
rappelez-lui (en le félicitant) celles qui se sont bien passées
et interdisez fermement que se reproduisent celles que vous
avez déjà sanctionnées.

117
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°50

SÉCURISEZ LES ESPACES


C ertaines règles éducatives ont pour but de
protéger l’enfant de risques auxquels son âge et
son niveau de développement l’exposent. Cependant,
leur intégration prend parfois du temps: avant de
vous emporter parce que votre enfant agit sans tenir
compte des dangers, assurez-vous d’avoir sécurisé
lesespaces au maximum.

Sécurisez les espaces physiques


L’environnement familial est rempli de pièges qui attirent
immanquablement les petits touche-à-tout. La mise en place
de protections adéquates s’impose : des caches sur toutes
les prises accessibles, des embouts pour protéger chaque coin
de meuble, des bloque-portes afin de prévenir les doigts
coincés… Ne laissez pas de ciseaux ou d’outils à portée de
main, ni même ces objets apparemment anodins qui peuvent
s’avérer très dangereux (sacs plastique, petits jouets facilement
ingérables, cacahuètes…).
Cela ne dispense toutefois pas de poser les limites
et d’arrêter d’un « non » ferme la main qui se tend vers
l’objet interdit, mais cela vous permettra de le faire serei-
nement, sans crier, et sans limiter avec excès les nécessaires
explorations de votre chérubin.
Il en va de même pour les adolescents qui entrent à leur
tour dans une période de découverte de soi et de besoin
d’émancipation. Il ne s’agit pas de surveiller leurs moindres
faits et gestes, mais plutôt de baliser leur espace de vie: un
enfant dont l’emploi du temps est bien organisé entre collège
et activités extrascolaires aura moins le loisir de traîner et
de faire des rencontres inappropriées. Le téléphone portable

118
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

permet d’instaurer un contrat d’informations minimales.


Passez un accord : son utilisation intègre de façon incondi-
tionnelle l’obligation de prévenir en cas de retard, de chan-
gement de programme ou d’imprévu. Résistez à l’envie
d’inspecter le contenu de son appareil. Encouragez-le plutôt
à vous en parler en lui faisant part de vos propres expériences.
Comme pour Internet, plutôt que de passer des heures à véri-
fier son historique de navigation, installez dessécurités afin
de bloquer l’accès aux sites où il pourrait faire de mauvaises
rencontres.

Sécurisez les espaces psychiques


Les dangers d’Internet ne se résument pas au risque des ren-
contres inadaptées que la virtualité peut favoriser. Certains
sites comportent des contenus pouvant s’avérer gravement
délétères pour le psychisme de votre enfant. Il peut s’agir de
sites pornographiques, ou encore dont le texte et les images
montrent de la violence réelle (dont l’impact est bien supé-
rieur à celui de la violence des jeux ou du cinéma, le caractère
fictionnel en relativisant le propos). Mais cela concerne aussi
les pages qui font l’apologie de certains comportements :
par exemple encourager l’anorexie ou le suicide, voire pro-
poser aux jeunes mineurs des services dont l’utilisation peut
être détournée (sites de mannequinat, de « books photos »).

«
L’excès d’écran (télévision, ordinateur,
tablette et téléphone) comporte » en lui-même
des risques psychiques.

119
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°51

SIMPLIFIEZ LES CONSIGNES


POUR MIEUX VOUS FAIRE OBÉIR
C ombien de parents se plaignent de devoir
répéter plusieurs fois un ordre pour se faire
obéir. Or il n’est pas toujours question de mauvaise
volonté ou d’opposition, même si, au final, cela
débouche sur un conflit.

Une chose après l’autre


Avant de savoir danser ou courir, nous apprenons à nous tenir
debout, puis à marcher. Il en va de même pour ce que vous
allez exiger de votre enfant.
Apprenez-lui à faire étape par étape ce que vous voulez
qu’il réalise seul plus tard.
Et la meilleure méthode pour l’encourager est de faire
avec lui. Pour cela, il est possible d’amorcer la tâche puis
de le laisser finir, ou de le laisser commencer et de terminer
avec lui ce qui est plus compliqué – avant, notamment, que
la lassitude ou le sentiment d’échec prennent le relais. Ainsi,
plutôt que de vous répéter ou de lui crier dessus le matin
lorsqu’il tarde à s’habiller pour aller à l’école, lancez les opé-
rations en lui enfilant ses chaussettes (« Tu verras, mainte-
nant, tes pieds glisseront plus facilement dans les jambes de
ton pantalon ! », ou demandez-lui de mettre sa chemise, car
vous « avez besoin de son aide pour pouvoir la boutonner »).

Fractionnez
Si ce que vous lui demandez lui semble colossal, il aura vite
fait d’être découragé et de chercher à s’y soustraire. Le jeu

du « Et maintenant ? » l’encouragera à faire les choses par

120
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

lui-même, soutenu par les consignes que vous lui donnerez


au fur et à mesure :

Léa: Et maintenant ?
La maman: Maintenant, ce sont les poupées qui vont dans
la boîte à jouets…
« Et maintenant ? redemande l’enfant un quart d’heure
après.
— C’est au tour des LEGO ® …»

Cela s’avère beaucoup plus efficace (d’autant que cela


n’empêche pas de poursuivre ce que l’on est en train de faire
pendant que l’enfant s’acquitte de chaque consigne), et bien
plus agréable que de s’énerver à se répéter ou, de guerre lasse,
de le faire à sa place.

Mettez de la fantaisie dans chaque chose


Le rangement de la chambre n’est jamais un plaisir. D’une
part, cela sonne la fin des jeux ; d’autre part, s’il est présenté
comme une corvée, il est souvent vécu comme telle. La tâche
sera plus facilement remplie si elle est intégrée aux acti-
vités ou présentée elle-même de manière amusante : ainsi,
on pourra inventer le jeu des couleurs (tous les objets rouges
vont se cacher dans le bac rouge…) ou proposer, à la fin de
la partie, que « tous les avions rentrent à la base » ou que
« les poupées ayant fini leur journée rentrent à leur maison:
lecoffre à jouets qui les attend ».

121
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°52

ACCORDEZ DU TEMPS
ÀCHAQUE ENFANT
N os enfants sont tous différents. En fonction
de leur âge, de leur sexe, de leur sensibilité
ou de leur caractère, ce qui fonctionne pour l’un
ne fonctionnera pas forcément pour l’autre. C’est
également vrai en matière d’éducation: en apprenant
à mieux connaître vos chérubins, vous adapterez au
mieux vos modalités éducatives.

Passez du temps avec vos enfants


pourmieuxlesconnaître
Pourvousaideràdistinguerchaqueenfantselonsontempéra-
ment, ses goûts, sa maturité ou son niveau de développe-
ment affectif, rien de tel que de passer du temps avec lui.
Alternez des moments où vous êtes présent pour l’ensemble
de la fratrie, et d’autres où vous vous consacrez à un seul
d’entreeux.
En pratique, cela peut consister à proposer des activités ou
des sorties adaptées à chacun, en fonction de leurs demandes
– un après-midi avec l’un, une soirée avec l’autre – pendant
que le second parent s’occupe du reste de la famille. Maisil
s’agit aussi de prendre en compte au quotidien leurs
rythmes de fonctionnement différents. Certains enfants
ont besoin de plus de temps pour se réveiller le matin
ou pour faire leurs devoirs ; d’autres adorent traîner avant
de prendre le bain ou rechignent davantage à ranger leur
chambre… En fonction de cela, chacun aura besoin d’une
attention, d’un accompagnement ou d’un soutien individua-

lisés. Plutôt que de vous énerver en constatant que Laura est

122
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

toujours au lit quand elle devrait déjà avoir fini son petit
déjeuner, pensez à la réveiller une demi-heure avant Tom,
que vous savez prêt en cinq minutes.
Bien connaître chacun permet ainsi une meilleure anti-
cipation des besoins et une meilleure prévention des crises
ou bêtises probables.
C’est comme cela que vous pourrez proposer des contrats
adaptés à chacun de vos adolescents pour anticiper les
situations qui risqueraient d’être problématiques. Ces enga-
gements n’ont pas à être identiques tant que les règles de
base sont les mêmes. Quant au cadet qui cherche par tous les
moyens à ressembler à l’aîné et adopte systématiquement ses
mauvaises idées, proposez-lui des activités qui le « décollent »
de son grand frère ou de sa grande sœur.

Accordez-leur votre attention,


pouréviterqu’ilsfassent tout pour l’attirer
Certaines bêtises ont pour fonction essentielle d’attirer
l’attention du parent. À l’instar de Gabriel qui, pour se dis-
tinguer de sa sœur jumelle, décrite comme un « ange », a
fait de l’agitation et des comportements violents sa carte de
visite, lui permettant de revendiquer son identité de garçon.
Dans le même ordre d’idée, préférez les sanctions indivi-
duelles et gardez-vous des punitions collectives (laissez-les
aux institutions publiques !), même lorsque plusieurs enfants
semblent impliqués – sauf si la sanction consiste à dire
« chacun dans sa chambre ».

123
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°53

PRÉVENEZ LES DISPUTES


DANSLA FRATRIE
L eschamailleriessontnaturellesetinévitablesausein
d’une fratrie. Cependant, l’intensité, la fréquence
et les conséquences sur le fonctionnement familial
justifient que les parents aient parfois à intervenir.

La raison profonde des conflits


Dans une fratrie, chacun doit trouver sa place, affirmer
sa singularité et revendiquer ses prérogatives. Il s’agit essen-
tiellement de partage : des espaces, des jeux ou d’autres
biens matériels et, surtout, de l’affection et de l’intérêt des
parents. La moindre peccadille peut ainsi servir de pré-
texte à l’expression de cette rivalité. Aussi, évitez de prendre
systématiquement parti pour l’un au détriment de l’autre.

Renoncez à un idéal d’égalité


Vos enfants sont différents (par leur âge, leur sexe éventuel-
lement, leurs centres d’intérêt ou leurs goûts…) : ne leur
proposez pas toujours la même chose par souci de « justice »
(un bébé n’est pas l’égal d’un enfant de 7 ans, pas plus que
ce dernier ne l’est d’un ado…). Au contraire, n’hésitez pas à
souligner cette altérité pour justifier vos propositions, auto-
risations ou cadeaux différenciés pour chacun, en fonction
de leurs besoins et de leur développement.

Évitez les injustices flagrantes


Pour autant, il ne s’agira pas de faire preuve d’iniquité, comme
de rendre systématiquement l’aîné responsable de toutes les

bêtises (ou lui demander de se laisser faire par son frère)

124
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

sous prétexte qu’il est le plus grand, de surprotéger le petit


ou, à l’inverse, de tout autoriser au plus grand. Il n’y a pas
de raison non plus de proposer des traitements spécifiques
au nom de la différence des sexes : les garçons ne doivent
certes pas taper les filles, mais l’inverse est également vrai !

«
Évitez de prendre systématiquement parti»
pour l’un au détriment de l’autre.

Prévenez le développement de la jalousie


Différencier n’est pas comparer, et comparaison n’est pas
raison, même positivement ou dans l’idée de les encourager.
Ne les mettez pas en concurrence et ne portez pas l’un en
exemple vis-à-vis de l’autre. De même, s’il n’est pas inutile
de protéger le plus jeune de l’agressivité du plus âgé, veillez
inversement à préserver l’aîné des provocations du cadet.

Sublimez, en revanche, l’esprit de compétition


Les jeux et le sport sont autant d’activités où les enfants vont
pouvoir « s’affronter » sans coups ni blessures ! Et si votre
enfant est vraiment tonique, inscrivez-le à un sport de combat
(judo, boxe, karaté…), qui lui permettra de développer la
maîtrise de soi et d’apprendre le respect des règles, dans
un espace réservé. Et, surtout, interdisez la violence, sans
jamaisfléchir.

125
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°54

RÉGLEZ LES CONFLITS


FRATERNELS
T roptard!Leconflita éclaté.Comment ymettreun
terme sans blesser vos enfants et leur permettre
d’en sortir en évitant une (longue) bouderie?

Ne vous laissez pas influencer


par celui qui crie leplus fort
Ne tombez pas, par exemple, dans le piège du « c’est lui ou
elle qui a commencé ». Il est rare que l’on assiste au début
du conflit : on est le plus souvent alerté quand les cris ou
les pleurs augmentent en intensité. Aussi, plutôt que de
chercher à démêler le vrai du faux (et vous exposer à une
injustice), optez pour la neutralité: « Peu m’importe qui a
commencé, ici personne ne se bat, donc chacun à un bout
de la pièce (ou dans sa chambre) ! » C’est la première étape
avant la résolution du conflit.

Une résolution pédagogique

Transformer les chamailleries en espace de réflexion aide les enfants

à mieux gérer leurs pulsions. Et cela permet, en outre, de répéter

les règles de vie et les interdits en étant écouté et approuvé!

Rien de tel pour qu’ils soient bien intégrés.

126
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

Les débats plus efficaces que des jugements


Renoncez à trouver le coupable, d’autant qu’il n’est pas
toujours aisé de faire la part des choses entre l’agresseur et le
provocateur, la victime qui réagit violemment ou le harceleur
qui fait preuve de gentillesse…
En revanche, lorsque les cris sont apaisés, prenez le temps
d’offriràchacunl’occasiondes’expliquer. Ilsaurontàcœurde
le faire et seront alors d’autant plus réceptifs: tour à tour, ils
exposeront leur version de l’histoire et vous pourrez condam-
ner à chaque fois un comportement ou un propos inappro-
prié, sans porter de jugement sur son auteur présumé.
Et lorsque chacun aura plaidé sa cause, vous conclurez sur
des principes d’ordre général.

127
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°55

FACILITEZ LES COUCHERS


L a dernière étape de la journée n’est pas la plus
facile: entre le petit assoiffé, celle qui se relève
plusieurs fois pour venir se glisser entre vos draps
ou celui qui, tapi sous son lit, appelle à l’aide suite
à un cauchemar, le coucher oblige souvent à faire
preuve d’autorité.

Modifiez les rapports au sommeil


Bien souvent, les enfants ne dorment pas suffisamment
car ils se couchent trop tard. Ils appréhendent le moment
d’aller dormir, synonyme de frustration (fin des jeux, des
câlins…) ou d’angoisse (séparation). Mais les parents aussi
appréhendent le coucher, et pas seulement lorsqu’il rime
avec conflits. En redécouvrant nous-mêmes le plaisir de se
coucher sans avoir le sentiment que le fait de dormir est
du temps perdu, en se rappelant qu’on aura tout le loisir de
faire demain ce que l’on n’a pas fait aujourd’hui, on modifie
le message inconscient que l’on transmettait à notre enfant:
il acceptera alors plus facilement de remettre la suite de
sesaventures au lendemain.

Accompagnez son coucher


Il est naturel que l’enfant ait besoin de la présence d’un
parent pour l’accompagner dans la phase de transition que
représente le passage entre la veille (où il a conscience des
événements) et le sommeil (où il sombre dans l’inconnu).
D’autant que cette période lui paraît extrêmement longue par
rapport à sa courte vie (la perception du temps, dans sa durée,
est toujours relative au temps d’existence). Consacrez-lui une
demi-heure de votre soirée : racontez-lui une histoire qui

128
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

finit bien, ou écoutez les siennes. Évitez de revenir sur les


moments désagréables de la journée, sauf pour proposer des
solutions positives. Et, bien sûr, rassurez les plus petits sur
lefait qu’on se retrouvera le lendemain matin…
À cela s’associent trois consignes indispensables:
• Respectezsesrituels. Laissez-leréaliser, dansunordreinva-
riable, lestâchesprécédantlecoucher. Rangerseschaussons
à un endroit précis, prendre son doudou… sont autant de
petits rituels qui vont le rassurer sur la permanence de son
environnement, avant de plonger dans l’univers des rêves,
où le monde semble se transformer. Laissez-le faire, et ne
vous étonnez pas non plus qu’il redemande plusieurs fois
la même histoire !
• Interdisez les écrans. Les stimulations sensorielles des
images et des sons maintiennent l’enfant éveillé. De plus,
ils ne remplacent pas la tendresse d’une histoire racontée
par maman ou par papa.
• Montrez-vous ferme. Face aux levers répétés, aux appels
incessants… ramenez l’enfant inflexiblement dans sa
chambre, ou restez de marbre. Accompagnée de mots pon-
dérés (sur la nécessité de dormir, et uniquement dans son
lit…), cette fermeté apaisera ses angoisses en lui montrant
quevousêteslessolidesgardiensdesonsommeil, plusforts
que les monstres de la nuit.

Ne renoncez pas à la sie ste !

Le jeune enfant a besoin de dix à douze heures de sommeil bien

réparties sur la journée. En outre, les enfants qui refusent de se

coucher sont souvent des enfants que la fatigue énerve. Pour que

l’heure du coucher ne soit pas trop retardée, faites commencer

la sieste avant 13 h 30, et elle ne doit pas excéder une heure trente

à deux heures.

129
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°56

GÉREZ LES MATINS DIFFICILES


S ’habiller, prendre le petit déjeuner, se brosser
les dents, préparer ses affaires pour l’école,
partir à l’heure… les matinées peuvent facilement
devenir des moments de tensions, voire de crises,
d’autant plus durs à gérer que l’on est pressé par
le temps.

Comprenez les résistances matinales


La tension qui peut s’installer dès le lever est liée à une dif-
férence de rythme notoire entre parents et enfants: les pre-
miers accélèrent tandis que les seconds freinent. Or, plus c’est
la course, plus le risque de caprices s’accentue. Pour l’enfant,
partir à l’école correspond avant tout à se séparer –et pour
toute une journée– de son parent. Pas étonnant, donc, qu’il
cherche à retarder ce moment et à profiter pleinement de
ceux où il est encore avec vous. Il vous sollicite alors au maxi-
mum, quitte à ce que cela entraîne une crise:cesmoments
n’en sont que plus intenses.

«
Mieux vaut se lever un peu plus tôt,
c’estplusagréable que d’être stressé
parle manque de temps et» de commencer
lajournée contrarié.

En comprenant le sens de ces conflits, il est plus facile de les


éviter : adaptez-vous à son rythme. Et, plutôt que de vous
braquer pour qu’il enfile seul sa chaussette (ou, à l’inverse,
de la lui mettre de force afin d’aller plus vite), proposez-lui

130
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

de le faire ensemble (« Chacun sa jambe, et le premier qui


a fini a gagné ! »). Cela fonctionne toujours mieux que de
négocier!

Prenez votre temps


Pour ce faire, organisez-vous et gagnez ainsi de précieuses
minutes sur les matinées.
Préparez le maximum de choses la veille: les vêtements
du lendemain, que vous aurez alors tout le loisir de choisir
ensemble, dans le calme, et que vous déposerez près du lit,
pour ne pas perdre de temps à les chercher ; le cartable,
dont vous vérifierez le contenu une fois les devoirs terminés.
Vous gagnerez également du temps en organisant la table
du petit déjeuner : dressez-la avec les bols et les couverts,
vous n’aurez plus qu’à sortir les aliments habituellement
consommés le matin venu. À ce titre, il n’est pas nécessaire
de déballer une profusion de mets entre lesquels votre enfant
risque d’avoir du mal à choisir. Profitez de ce repas pour
vous retrouver ensemble autour de la table (même si le plus
jeune boit encore son chocolat au biberon) et bien démarrer
la journée.
Réveillez-le suffisamment tôt pour ne pas avoir à le
presser et à vous fâcher. Faites ainsi de ce début de journée
un moment agréable, quitte à l’égayer de ces minijeux qui
ont pour fonction d’encourager votre enfant : la course au
premier habillé, concert de brossage de dents (ensemble
devant la glace de la salle de bains avec un minuteur),
ledernier installé débarrasse…

131
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°57

FAITES DES REPAS


DESMOMENTS ZEN
S ’installer et se tenir à table, manger de tout, aider
à dresser ou à desservir le couvert sont autant
d’enjeux qui rendent parfois les repas difficiles.

Un moment propice pour s’affirmer


En refusant son plat, l’enfant manifeste son opposition ou
toute émotion qu’il veut communiquer à l’adulte. On fera
donc la part des choses entre les problèmes affectifs et les
vrais soucis alimentaires.
Parmi les obligations inhérentes aux parents, il y a faire
les courses, préparer les repas et faire manger l’enfant s’il est
jeune, mais pas de manger à sa place, ni de décider de ce
qu’il aime ou pas !

«
On fera la part des choses
entrelesproblèmes affectifs »
etlesvraissoucis alimentaires.

Pourquoi faudrait-il qu’il mange de tout ? L’essentiel est


d’avoir un apport de calories suffisant à ses besoins et les
nutriments divers nécessaires à son métabolisme. Par souci
de bien faire, les parents proposent un choix de mets par-
fois trop important et source alors de conflits sans vraiment
prendre en compte les goûts de l’enfant. Or, le goût est un
sens qui se développe.

132
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

Comment déjouer les conflits


Pour chaque aliment nouveau, on lui proposera de goûter,
« au moins une bouchée ou deux », mais sans menacer de
représailles. On évitera de lui préparer, en prévision de
ses refus, d’autres plats, de surcroît différents de ceux des
autres membres de la famille. Trop de choix n’encourage pas
àladécouverte, mais provoque plutôt l’hésitation.
Comme toute expérience, il est nécessaire de faire goûter
le nouvel aliment à plusieurs reprises et de le présenter sous
des formes différentes. Notons que la participation de l’enfant
aux courses et à la préparation en cuisine favorise un bon
déroulement des repas.

«
Trop de choix n’encourage pas
àladécouverte,» mais provoque plutôt
l’hésitation.

133
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°58

AIDEZVOUS AVEC
DESMARQUEURS DE TEMPS
L ’enfant n’a pas la même perception du temps que
les adultes, et notamment du temps qui passe.
Pour mettre fin à une activité sans crise, prévenez-le
concrètement.

Rendez le temps perceptible


Inventez des petits trucs pour lui permettre de voir le temps
s’écouler. Précisez, par exemple, le nombre de tours de
manège qu’il reste en faisant le décompte : « Plus que trois,
plus que deux, plus qu’un. » Et si ce décompte est imagé,
cela aura encore plus de sens. Utilisez les doigts de la main
en en repliant un à chaque fois ou, mieux, le doudou si
c’est un poupon ou un animal, ses bras et ses jambes venant
symboliser chaque tour.

«
L’intérêt des objets est qu’à la différence
desparents,»il n’est pas possible de négocier
avec eux.

Des objets alliés


Pourquoi ne pas utiliser un gros sablier que l’on retournera
quelques instants avant le moment où l’on veut mettre fin
à l’activité, en précisant que, lorsque le sable se sera écoulé,
on passera à une autre ? Quand il s’agit de télévision ou de
jeux vidéo, ce dispositif a le mérite de détourner l’attention

de l’écran et de permettre une transition plus facile.

134
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

L’intérêt des objets est qu’à la différence des parents, il n’est


pas possible de négocier avec eux. Quand c’est l’heure, c’est
l’heure ! Une fois les règles bien énoncées (dodo à 8heures),
on ne peut que se plier à ce que dit la grosse horloge. Et pas
besoin de savoir lire l’heure pour comprendre que, quand la
grande aiguille a la tête en bas ou le nez sur le chiffre rouge,
il est l’heure de partir à l’école.
L’utilisation d’un minuteur est une version revisitée de la
course « le premier qui a fini a gagné »: l’enfant (lorsqu’il n’y a
pasdefrère, desœuroudeparent)estmisen concurrenceavec
la petite machine et doit réaliser sa tâche avant qu’ellesonne.

135
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°59

ÉGAYEZ LE QUOTIDIEN
U n enfant vous écoutera beaucoup plus facilement
si les choses lui sont présentées de manière
ludique. Et il suivra d’autant mieux les consignes
qu’il est stimulé pour le faire.

Les petits jeux du quotidien


Les tâches de tous les jours peuvent être transformées, avec un
peu d’imagination, en activités plaisantes. Quel parent n’a pas
métamorphosé la cuillerée de purée en un avion pour aller
plus vite ? On pourra aussi inventer des jeux pour mettre fin
à une activité et limiter les frustrations. « Lesvoitures rentrent
au garage » et « les poupées vont dormir » clôtureront plus
harmonieusement la journée. Au moment de ranger la
chambre, on improvisera un jeu qui consiste à choisir une
lettre (ou une couleur) et à placer tous les objets commençant
par elle (ou de cette couleur) dans le bac adéquat.

«
On pourra inventer des jeux pour mettre »
fin à une activité et limiter lesfrustrations.

Les compétitions de tous les jours


Les enfants adorent faire la course, et tout peut devenir
prétexte à des challenges: le premier qui a fini a gagné ! Etil
peut s’agir de ranger sa chambre comme de venir à table.

136
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

« Je compte jusqu’à trois, et si, à trois, ce n’est pas


terminé… » est une consigne qui fonctionne bien quand
il s’agit de mettre un terme à un comportement indési-
rable. Encore faut-il en être convaincu, et votre enfant aussi,
ce qui sera le cas quand vous l’aurez régulièrement rodé
en utilisant le ton adapté (ferme et résolu) et en réagissant
systématiquement à la fin du décompte (gronder, sanctionner,
isoler…).
Outre l’aide qu’ils peuvent apporter aux parents, ces jeux
mettent gentiment en valeur les enfants, par le biais de saines
rivalités et de challenges facilement réussis, tout en révélant
les savoir-faire et en développant les réflexes.

137
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°60

FAITES DIVERSION
C ela consiste à détourner l’attention de votre
enfant, à modifier sa réflexion ou son état
émotionnel. C’est un excellent moyen pour gérer
une crise.

Débloquez une situation


en en proposant uneautre
En pratique, devant une situation qui s’envenime, le mieux est
de changer de sujet. Un enfant refuse une consigne, s’enferme
dans une colère ou un chagrin lié à un état de frustration,
s’enferre dans une attitude fière qui bloque toute issue au
conflit ? À l’adulte de prendre de la hauteur et faire dévier
son attention pour le sortir de son état. Faire diversion, ce
n’est pas battre en retraite, mais détourner l’attention d’un
point précis.

Donnez-lui d’autres sources d’intérêt


Avec les jeunes enfants, les techniques de diversion prennent
tout leur sens, car ils n’ont pas la maturité ni la capacité
de verbalisation pour savoir céder, raisonner ou bien appré-
hender la négociation. On peut leur proposer une activité
ludique, attirer leur attention sur une scène cocasse qui se
déroule à côté ou leur parler de projets agréables à venir
(la sortie de l’après-midi…).
Enfin, on peut intervertir l’ordre des séquences. Si votre fille
refusedes’habillerlematin, onpasseàl’étapesuivante, comme
lepetitdéjeuner, avantd’yrevenirplussereinement. Commeon
le verra dans la règle n°86, l’usage de l’humour est également
un moyen très efficace pour sortir d’une situation de crise.

138
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

RÈGLE N°61

PAS DE CINÉMA
DEVANTLATÉLÉVISION!
L es écrans de toutes natures (télévision, ordinateur,
consoles de jeux et autres tablettes tactiles) ont
pris ces dernières années une place majeure dans
le quotidien des parents, mais aussi des enfants.
Ces derniers ont du mal à en décrocher, faisant
parfois preuve d’un intérêt presque addictif…

Ne cédez pas à la fascination de l’enfant prodige


Très tôt, les enfants vont développer un intérêt très marqué
pour les écrans. Or, ne vous y trompez pas: ce n’est pas parce
qu’ils sont toujours dessus et qu’ils manient leurs jeux avec
dextérité (quand vous-même pensez n’y rien comprendre)
que cela en fait des petits prodiges de l’informatique !
Cesmachines, qui associent la stimulation intense de presque
tous les sens (la vision, par les couleurs et le mouvement ;
l’audition, par la musique et les voix des personnages ; et le
toucher, du fait de leur interactivité), sont conçues pour
être intuitives et répondre au doigt et à l’effleurement.
En revanche, elles laissent de côté la dimension motrice
des activités et les expériences concrètes indispensables au
développement de toutes les formes d’intelligence…

Pas de « friandise » avant le repas principal


De même qu’il ne nous viendrait pas à l’idée de les auto-
riser à se gaver de bonbons juste avant le repas, évitez de
laisser les enfants regarder la télévision avant de partir
en classe, même s’il s’agit d’avaler plus facilement le petit

déjeuner ou d’avoir la paix quand vous préparez le plus jeune.

139
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Ils risquent de développer des ressentiments contre cette


école qui les empêche de regarder leurs programmes pré-
férés jusqu’au bout. Et, surtout, leurs petits cerveaux, repus de
sons et d’images, pourraient déclarer forfait face aux leçons
et aux exercices – devenus bien insipides… – concoctés par
leurbienveillant enseignant…

(Im)posez des limites temporelles dès le début


Les limites seront d’autant plus faciles à fixer que le pro-
gramme est adapté à l’âge de l’enfant. Un dessin animé
pour tout-petits dure entre trois et quinze minutes, quand
un documentaire pour préado n’excédera pas une heure.
Ils’agira ensuite de définir ensemble la nature et le nombre
des programmes et de s’y tenir. Vous pouvez également utili-
ser cette règle simple: uneheure par année d’âge par semaine
(tous les écrans confondus, en privilégiant les week-ends et les
jours sans école), avec un maximum de douzeheures pour les
ados. Et pour aider votre enfant à décrocher de son écran
quand le moment est venu, utilisez le principe de la diver-
sion: détournez son attention vers l’horloge qui confirmera
que l’heure fixée ensemble est bien arrivée et, par exemple,
annoncez-lui dans les yeux la suite du programme. Ce sera
toujours plus efficace et moins éprouvant que de lui crier
(du bout de la cuisine) et pour la quinzième fois : « Bon,
maintenant, tu éteins cette télé ! »

Anticipez l’adole scence!

Il sera plus facile de maintenir un bon équilibre entre devoirs scolaires,

activités sportives et/ou artistiques et jeux vidéo si les bonnes

habitudes ont été prises dès la petite enfance.

140
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

RÈGLE N°62

FAITES QUE TOUT BAIGNE!


Q u’il s’agisse d’y aller ou d’en sortir, le moment du
bain n’est pas toujours simple. Cela est d’autant
moins compréhensible que c’est un moment que
l’enfant apprécie… quand il y est.

Pourquoi réagit-il ainsi?


L’enfant a toujours du mal à passer d’une situation à l’autre.
Il quitte un moment de bien-être ou de jeu, et avant qu’il
puisse profiter du moment suivant, il lui faut traverser une
période d’adaptation. Au cours de celle-ci, la tension pro-
voquée par l’arrêt d’une activité agréable, suivie de la résis-
tance déployée pour maintenir cette activité, puis l’attente
pour passer à une autre, favorisent l’explosion.
Il n’en faut pas davantage pour que toutes ces contrariétés
génèrent une tension, une colère, qu’une punition inappro-
priée (enfermement dans la chambre…) ne permettra pas
forcément d’apaiser.

Anticipez les transitions


Annoncez la fin de l’activité dans laquelle est engagé
votre enfant quelques minutes avant. Il y aura toujours
une tentative de résistance, formulée sous la forme de
négociations: « Attends, mon dessin animé n’est pas fini. »
Plutôt que de se fâcher ou de menacer de punir, annoncez
la suivante, car lorsque l’on arrête une activité, c’est le plus
souvent parce qu’une autre doit suivre.
Vous pouvez accompagner ce passage d’une activité à une
autre en l’aidant à canaliser son émotion. On privilégiera
la parole : « Je comprends que tu sois fâché, car tu as envie

141
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

de continuer, mais on va s’arrêter, parce qu’il y a autre chose


à faire. » Lui faire prendre conscience du passage à autre
chose lui permet de se contrôler. Cela sera valable pour bien
d’autres situations.

«
Plutôt que de se fâcher ou de menacer »
depunir, annoncez l’activité suivante.

142
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

RÈGLE N°63

SANCTIONNEZ
QUANDC’ESTGRAVE
C ertains comportements, notamment lorsqu’ils
portent atteinte à des valeurs fondamentales,
ne sont pas tolérables. Cependant, ils ne sont
véritablement graves que si l’enfant le fait
intentionnellement.

Reconnaître ce qui est grave


Blesser un autre enfant ou martyriser un animal, voler ou
détruire ce qui ne lui appartient pas n’aura pas la même
importance si c’est le fait d’un tout-petit qui découvre le
monde ou d’un enfant de l’âge de raison qui en tire un
certain plaisir.
Les actes vraiment graves ne sont pas fréquents. Lorsqu’ils
sont ponctuels, la réaction des parents doit être immé-
diate et ferme pour éviter la récidive. En comprenant ce
dont il est responsable, l’enfant peut se sentir triste de vous
avoir peiné ou honteux de s’être fait prendre. Ne dédrama-
tisez pas (les formules comme « ce n’est pas grave » sont à
éviter, surtout si vous pensez le contraire), mais encouragez-le
às’excuser et à réparer son acte.
S’ils se reproduisent fréquemment, ils traduisent probable-
ment un mal-être de l’enfant. Un accompagnement psycho-
logique peut être nécessaire pour le comprendre et l’aider.

«
Ne dédramatisez pas,
»
maisencouragezl’enfant à s’excuser
etàréparer son acte.

143
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Les sanctions efficaces


Elles doivent permettre à l’enfant de réparer sa bêtise, le
dissuader de recommencer et le responsabiliser sans trop
le culpabiliser. Dans certains cas, la réparation sera symbo-
lique, comme rendre service (à sa grand-mère pendant un
week-end) ou faire une bonne action (offrir un objet que
l’on aime à l’enfant que l’on a blessé).
Dissuader, ce n’est pas faire peur ou mal, mais plutôt
encourager les bons comportements. C’est ce qui arrive
si l’enfant tire plus de bénéfices de ses actions positives que
des négatives, comme c’est le cas lorsqu’on le récompense
pour une bonne action et qu’on le prive pour une mauvaise.

144
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

RÈGLE N°64

DÉVELOPPEZ SON SENTIMENT


D’APPARTENIR À UNE FAMILLE
O n a rarement envie de faire du tort à ceux qui
nous sont proches, dont nous savons qu’ils ont
de l’affection pour nous. Fort de ce principe, il est
plus facile de poser les règles (quand on est parents)
et de les respecter (quand on est enfant) lorsqu’on
entretient de bonnes interactions familiales.

Passez des moments agréables ensemble


Une cellule familiale se compose d’individus qui, au-delà
des liens biologiques les unissant, vivent ensemble au quoti-
dien, participent à une histoire, une culture, une éducation
et des valeurs communes. Or c’est au cours de ces moments
partagés que s’élabore concrètement ce sentiment d’appar-
tenance. Mais les conditions de vie actuelles limitent parfois
les instants de vie familiale, avec des parents qui rentrent tard
le soir après leur journée de travail, des enfants qui déjeunent
à la cantine ou enchaînent des activités périscolaires… Aussi,
il peut s’avérer utile de programmer des temps spécifiques
pour renforcer le plaisir d’être en famille.

«
Les moments familiaux doivent Ȑtre
bienpensés et préparés.

Aperçu d’un « moment familial » type


Pour qu’il soit vraiment profitable, il doit être bien pensé et

(un peu) préparé. On choisira ainsi l’endroit (la pièce de vie

145
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

commune, par exemple) et le moment pour se retrouver tous


ensemble au moins une fois par semaine : la régularité est
le meilleur atout pour pérenniser les bons moments, ainsi
que la disponibilité de chacun, afin de prendre le temps de
s’écouter. Le dimanche en fin d’après-midi est souvent ce qui
convient le mieux pour ce moment, qui peut aussi trans-
former les soirées télé (du samedi ou des vacances) en veillées
familiales bien plus originales.
Puis on établira son contenu autour de trois temps:
• le bilan de la semaine (qui ne doit recenser que les pro-
grès observés), que l’on pourrait appeler le « tour des mer-
cis ». Chacun (enfants et parents) va se dire quelque chose
d’agréable sur ce qui s’est vécu les jours précédents ;
• lepointsurlessituationsduquotidien, notammentcelles
quiontposéproblèmeetlessolutionsquel’onpourraalors
proposer;
• le temps du jeu – jeux de cartes, jeux de société ou jeux de
rôles, selonlesgoûtsdechacun–, quipermettradeclôturer
ce moment dans la bonne humeur.
Avec des adolescents, au début, cela demandera peut-être
un peu de persévérance et de conviction pour que cela se
mette en place. Mais, très vite, le plaisir que ces moments
apportent sera suffisant pour les transformer en habitude
familiale.

Fixez ensemble les règles


de fonctionnement familial
Parallèlement à ces moments familiaux, vous pouvez orga-
niser des tables rondes dont la finalité sera, plus spécifique-
ment, de réfléchir ensemble aux règles et au fonctionnement
du quotidien.
Cette réflexion commune garantit plus sûrement le respect
des consignes, puisque chaque enfant aura contribué à leur
élaboration.

146
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

RÈGLE N°65

PENSEZ À LA MÉDITATION
POURVOS ENFANTS
C ertains comportements inadaptés sont
directement liés aux tensions que les enfants
accumulent au cours de leurs journées chargées
et à l’absence de confiance en eux dont certains
souffrent. La méditation, qui a une action rapide
sur le stress, et, à long terme, sur l’estime de soi,
est un outil formidable pour aider son enfant à
grandir.

Des bienfaits notables


Bien que connue depuis des siècles, la méditation est res-
tée longtemps associée à des idées préconçues (réservée aux
moines bouddhistes ou aux adeptes du yoga, liée à une spiri-
tualité, voire à des pratiques occultes ou farfelues…).
Aujourd’hui, elle bénéficie d’un retour en grâce, soutenu
par les études qui confirment sa réelle efficacité. Outre
les commentaires de ceux qui la pratiquent régulièrement,
les recherches en neurosciences s’appuient sur les obser-
vations obtenues grâce aux IRM fonctionnelles (permettant
d’observer les zones du cerveau activées en temps réel sous
l’action de différentes stimulations). Elles mettent en évi-
dence une action sur les structures cérébrales du fait de
leur neuroplasticité – les zones régulièrement stimulées ont
tendance à se développer tandis que celles qui sont sous-
utilisées s’atrophient progressivement – et notamment sur
le « cerveau émotionnel », l’hypothalamus et l’amygdale,
impliqués dans la gestion des émotions, du stress et de

l’estime de soi.

147
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Chez l’enfant, on enregistre des effets positifs sur:


• l’attention (pastoujoursrepérés, lestroublesdel’attention
toucheraient environs 5% des enfants scolarisés et aecte-
raient ainsi leurs capacités d’apprentissage, mais également
leur vie scolaire et sociale) ;
• la concentration ;
• et, d’une façon plus générale, le contrôle cognitif
–mémoire, facultés de raisonnement, discernement visuel
(lacapacitéàdiérencierdefaçonfinedeuximages: photos,
dessins, texte) – et l’impulsivité…
À plus long terme, elle aide également à se forger une
image positive de soi, et participe ainsi au développement
de la confiance en soi et de l’empathie envers les autres.
Elle est de plus en plus fréquemment proposée comme
complément dans la prise en charge des troubles anxieux et
de l’hyperactivité.

Une expérience personnelle

plus qu’un < exercice >


>

Un enfant est sous la pression permanente de l’effort et du résultat.

Avoir un moment bien à lui, où il ne lui est pas demandé d’être

performant, se révèle agréable et apaisant, raison pour laquelle il aura

rapidement envie de recommencer.

La méthode
Elle s’appuie sur les facultés naturelles de l’enfant. En effet,
ce dernier peut rester de longues minutes à observer des
fourmis s’affairer sur une butte de terre ou des poissons dans
un aquarium. Son attention se focalise spontanément sur un
seul objet et l’entraîne, sans qu’il s’en rende nécessairement
compte, dans un état de conscience proche de la méditation.

De plus, son imagination peut se montrer débordante,

148
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

comme lorsqu’il s’invente des histoires avec quelques objets


ou joue avec ses doigts. La méditation va consister à l’encou-
rager à combiner ces différentes capacités.

«
L’attention de l’enfant se focalise »
spontanément sur un seul objet.

149
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°66

UTILISEZ LA MÉDITATION
AUQUOTIDIEN
U ne fois le principe acquis, vous pouvez utiliser
la méditation quand bon vous semble. C’est une
activité de détente agréable qui convient à toute la
famille, mais aussi un outil utile dans certaines
situations délicates.

Mettez en pratique
Il est possible que votre enfant ne joue pas d’emblée le jeu.
Et s’il rit ou fait le clown, ne renoncez pas ! Il lui faudra
peut-être plusieurs séances pour parvenir à se maintenir
centré sur sa respiration. Restez serein. Il est important que
la séance ne se transforme pas en conflit, ce serait contre-
productif ! Mieux vaut renoncer et retenter l’expérience une
autre fois. Souvenez-vous que l’on peut méditer en mou-
vement, ou debout ! Choisissez l’exercice en fonction de
votreenfant.
Une fois qu’il est installé confortablement (assis sur
un tapis, dans un fauteuil, ou allongé sur son lit), on lui
suggère d’imaginer un élément susceptible de l’intéres-
ser : une abeille ou un papillon qui butine (on évitera les
insectes qui lui font peur…), un nuage dans le ciel qui
prend des formes étonnantes, une fleur, une grenouille
qui respire…
Si votre enfant a tendance à s’agiter, proposez-lui de
s’installer en prenant la position de son animal préféré
au repos (un gros lion au soleil, un gentil chien près de
la cheminée, ou cette fameuse grenouille sur un nénuphar

confortable). Vous pouvez également utiliser la métaphore

150
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

de l’arbre : dites-lui d’imaginer qu’il est un chêne, fort et


puissant, que ses pieds en sont les racines, qui s’ancrent bien
solidement dans le sol, et ses bras (qu’il pourra tendre vers
le ciel) les branches qui caressent les nuages.

«
Pour mettre un terme à une colère,
proposezà votre enfant un temps dereprise
»
decontrôle grâce à un exercice
derespiration ventrale.

Au quotidien
Plus vous pratiquerez, plus cela deviendra facile et amusant.
Lejeuvasemuerenautomatisme, qu’enrichiraledéploiement
d’idées nouvelles à partir du récit de base.
Le soir, la méditation peut jouer le rôle de temps calme
après le dîner, ou même remplacer l’histoire qui accompagne
d’ordinaire le coucher. Mais vous pouvez aussi vous y amuser
en journée, en pratiquant en famille. C’est l’occasion d’être
ensemble dans un moment serein et bien à vous.

Une utilisation spécifique


La méditation peut également être associée à la lecture de
contes métaphoriques pour régler un problème donné (pipi
au lit – avec l’histoire du gardien des fontaines –, estime de
soi – le récit du petit oiseau qui avait peur de voler…).
Pour mettre un terme à une colère ou à une crise
violente, plutôt que de l’envoyer au coin, proposez à votre
enfant un temps de reprise de contrôle grâce à un exercice
de respiration ventrale. Il consiste à imaginer un ballon de
baudruche qui va se gonfler au fur et à mesure qu’il inspire,
et se dégonfler au moment où il souffle, en même temps que
son ventre. Au début, il sera d’une couleur très intense (rouge

foncé ou vert émeraude…), puis s’éclairera au fur etàmesure

151
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

que l’enfant s’apaise, pour prendre progressivement des tons


fluo ou pastel.
Faites confiance à votre imagination pour inventer des
histoires qui accompagneront ses moments de méditation.
Sinon, il existe dans le commerce une kyrielle de livres pour
vous aider. Et même des applications pour tablettes tactiles
et téléphones mobiles !

152
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

RÈGLE N°67

RASSASIEZ AFFECTIVEMENT
LES PETITS MORDEURS
L efaitdemordreestuncomportementrelativement
fréquent chez le jeune enfant. Quela victime soit
un parent ou un autre enfant, qui supportera bien
moins la douleur, il convient de bien réagir pour
que cette conduite disparaisse rapidement.

Un instinct archaïque
Mordre peut correspondre à un réflexe de défense

(se protéger d’un autre petit, récupérer un jouet…) ou à


une réaction de colère, lorsque l’on refuse quelque chose
à l’enfant, par exemple. S’y associe souvent une très forte
charge de frustration. Cela explique en partie ce comporte-
ment, quiimite lefait de manger, comme pour satisfaire un
besoin insatiable.
Dans d’autres cas, cela peut survenir de façon imprévisible
et sans raison apparente, dans un moment d’excitation. L’acte
est alors souvent empreint de nuances affectives bien spé-
cifiques. Mû par une pulsion, c’est-à-dire une action irrai-
sonnée, il traduit souvent un désir relationnel ambivalent :
l’enfant aime son interlocuteur – au point de vouloir le
croquer, comme les parents, qui saisissent avec la bouche les
pieds du bébé, par exemple, pour le « dévorer » affectueuse-
ment –, mais celui-ci l’énerve car il ne fait pas exactement
ce qu’il voudrait.
Il n’a donc pas forcément envie de faire mal à l’autre, mais
surtout besoin de se décharger d’une tension interne où
se mêlent frustration, envie, excitation… De plus, à la diffé-

rence de ses jouets, que l’enfant dirige à sa guise, les autres

153
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

ont des réactions que le petit mordeur ne peut pas anti-


ciper. Mordre lui permet de retrouver une certaine maîtrise,
puisque cela entraîne une réaction prévisible: pleurs ou cris,
et retour d’attention.

Réagissez dans l’instant afin d’agir pour longtemps


Il convient de réagir immédiatement pour que cela ait du
sens par rapport à ce geste pulsionnel. Un « Non ! » ferme,
fort et catégorique associé à l’intervention pour le faire lâcher
suffira. Pas besoin de petite tape qui l’exciterait, choisissez
plutôt de l’isoler le temps que se déchargent ses pulsions.
Inutile également de lui faire la morale trop longtemps
après l’événement, cela restera lettre morte puisqu’il ne sera
plus sous l’emprise de l’émotion qui l’a saisi. Pour éradiquer
ce comportement, la consigne première est l’anticipation.

Montrez-vous vigilant en présence d’un enfant mordeur, afin


d’intervenir dès l’amorce d’un mouvement à risque: proposez
alors un jouet pour médiatiser la relation entre les deux
enfants. Sur le long terme, vous permettrez la disparition de
cette conduite indésirable en favorisant le développement et
l’harmonisation des relations, en ayant recours à des activités
constituant des outils d’élaboration relationnelle (ballons que
l’on se renvoie, peintures que l’on réalise ensemble…).

Év itez de mordre en retour

< pour montrer ce que ca fait >

La douleur peut nous faire perdre le sens commun et nous laisser

croire à la valeur éducative de cet exemple. L’expérience montre

que cela ne transmet qu’un message contradictoire : « Je te fais

ce que je ne veux pas que tu fasses! »

154
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

RÈGLE N°68

MODIFIEZ SON RAPPORT


AUXAPPRENTISSAGES
L es situations liées à la vie scolaire et en particulier
les devoirs sont des sujets de conflits fréquents.
En modifiant les rapports que parents et enfants
ont vis-à-vis des apprentissages et en s’organisant
différemment, bien des tensions s’apaisent.

Le retour de l’école
L’écolier qui s’est contenu toute la journée a, lorsqu’il rentre,
besoin de relâcher tout le stress accumulé. En outre, les
plus jeunes, même s’ils sont contents de vous revoir, peuvent
inconsciemment vous « faire payer » le fait de les avoir
abandonnés.
Aussi, plutôt que de chercher à contenir l’enfant, mieux
vaut se montrer disponible et accepter ce temps de réadap-
tation, ce « sas » de décompression entre sa première partie
de journée – à l’école – et sa seconde – à la maison.
Le goûter peut être un temps de retrouvailles : il donne
notamment l’occasion d’évoquer sa journée. Cependant, ne
vous étonnez pas s’il n’en parle pas spontanément. Souvent,
ce qui est passé est passé, et le temps scolaire est déjà bien
loin quand il retrouve les jeux qu’il avait dû abandonner !
Évitez de le bombarder de questions: parlez de votre journée
pour l’encourager à raconter la sienne. De même, ne foca-
lisez pas que sur le « travail » : à l’école, il vit aussi des
moments de récréation, des interactions avec des adultes
etdes expériences avec d’autres enfants…

155
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Les devoirs
Les devoirs, qui replongent l’enfant dans une situation d’éva-
luation, sont une autre source de tensions. Aussi, ne vous
transformez pas en professeur « bis » qui lui ferait revivre ce
qu’il a déjà enduré toute la journée. Optez plutôt pour une
position de soutien. Être présent ne veut pas dire rester à ses
côtés pendant toute la durée des devoirs et lui faire supporter
le poids de votre regard (voire de vos remarques) réprobateur.
Rien de tel pour favoriser les conflits !
S’il a du mal à s’y mettre, initiez les choses : regardez
ensemble son cahier de textes et faites avec lui le point sur ses
devoirs ; aidez-le ainsi à organiser son temps (cinq minutes
pour faire les exercices de maths, dix pour apprendre la
leçon d’histoire…), puis laissez-le poursuivre seul. Proposez
de revenir dans un quart d’heure ou une demi-heure pour
faire le point sur sa progression et éventuellement l’aider sur
les sujets qui lui posent problème.
Et intégrez les devoirs à l’ensemble des activités de la
soirée, ils seront d’autant mieux acceptés que vous en relati-
viserez l’importance.

Une que stion de v ocabulaire

Troquez les formules négatives pour des expressions plus

encourageantes : plutôt que « Il faut/tu dois faire tes devoirs »

(qui souligne une contrainte), préférez « Qu’aimerais-tu que

nous fassions après les devoirs? » ou « Voyons si tu connais

aussi bien tes leçons que celles d’hier ». Face à une difficulté :

« Y a-t-il un point que l’on pourrait éclairer ensemble? » ou « As-tu

besoin de mon aide? », « Montre-moi où tu en es »…

156
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

RÈGLE N°69

VALORISEZ LES BONS


COMPORTEMENTS
O n considère trop souvent que les bonnes
actions vont de soi et n’ont donc pas à être
félicitées ni récompensées, alors qu’on sanctionnera
spontanément une faute ou une erreur.

Le besoin d’attention pousse


parfois à faire n’importe quoi
Si vous ne réagissez que sur ses « bêtises », l’enfant va inté-
grer l’idée que c’est dans ces situations-là que vous lui portez
le plus d’intérêt. Il aura alors tendance à les répéter. Il ne
s’agit pas pour autant de tout autoriser, mais d’inverser
votre tendance naturelle. Tout en restant ferme mais calme
pour les interdits, enthousiasmez-vous à propos de ses belles
actions, intéressez-vous à ses réussites et n’hésitez pas à lui
dire combien il vous fait plaisir.

Évitez les critiques permanentes


La tendance à vérifier tout ce que fait votre enfant est, certes,
bienveillante, mais vous ne pouvez vous contenter de cri-
tiquer ce qui ne vous paraît pas bien. Cela risque à long terme
de retentir sur sa confiance en soi et son désir d’initiative en
l’inhibant. Plutôt que de condamner ses actes, vous pourrez
lui proposer de réfléchir à comment il aurait pu faire
(encore) mieux. Et lorsqu’il avoue une « bêtise », lapremière
chose serait de le féliciter de sa franchise et d’être en retour
plus clément.

157
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°70

UN TABLEAU VAUT MIEUX


QU’UN LONG DISCOURS
C ’est au parent d’enseigner à l’enfant ce qui est
permis. Si nul n’est censé ignorer la loi, cela
ne concerne que les adultes. On ne doit pas parler
de désobéissance lorsque les règles n’ont pas été
communiquées avec clarté à l’enfant.

Les bons comportements


s’apprennent commedes leçons
Malgré la répétition, l’enfant a parfois du mal à intégrer
certains comportements adéquats. Pour cela, on peut faire
usage d’un tableau qui les lui rappelle. Sur un tableau noir
ou une grande feuille de papier accrochée au mur dans sa
chambre, notez le règlement intérieur à la maison et les
comportementsinterdits. Cerèglementsera établideconcert
par les deux parents, ce qui sera l’occasion d’échanger et de
se mettre d’accord sur des attentes et des règles communes.

«
»
Faites usage d’un tableau qui lui rappelle
lescomportements adéquats.

Vous pourrez en contrepartie ajouter ce qui est permis,


comme courir dans les chambres où il y a de la moquette
(si on ne doit pas le faire dans le salon où il y a du parquet
à cause des voisins du dessous…).
On peut aussi faire un tableau avec des soleils. Notez

quatre à sixcomportements (au-delà, cela devient compliqué)

158
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

qui vous semblent primordiaux (ne pas taper son frère…) ou


règles qui ont du mal à devenir des habitudes (se brosser les
dents avant de se coucher…). Pour chaque jour de la semaine,
vous noterez un « soleil » si le comportement ou la règle ont
bien été respectés ce jour-là.
À la fin de la semaine, faites le total par jour et par compor-
tement ou règle. En fonction du nombre de soleils obtenus,
l’enfant auradroità unerécompenseplusoumoins importante.
L’avantage de ce type de tableau, c’est qu’il valorise plus
qu’il ne pénalise. Pour se faire obéir, les récompenses ont
eneffet plus de pouvoir que les punitions.

159
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°71

GÉREZ LE PROBLÈME
DESSORTIES
V otre enfant grandit et vous pousse à réajuster
en permanence les règles établies. Les demandes
de sortie s’inscrivent dans le besoin qu’a l’adolescent
de davantage d’espace et d’autonomie, notamment
affective, en vivant des expériences amicales hors
duregard parental.

Fixez les règles en fonction de l’âge,


deslieuxetdes périodes de l’année
L’enfant qui va seul au collège aura vite envie d’élargir
cette autonomie à d’autres espaces. Après les lieux d’acti-
vités extrascolaires, c’est chez les copains puis en soirée que
votrecollégien voudra se rendre seul.
À vous d’évaluer son niveau de responsabilité et de sérieux
pour envisager l’âge à partir duquel il vous semble suffisam-
ment raisonnable pour sortir seul. Cela se fera progressive-
ment, et en s’adaptant aux situations : un anniversaire chez
un ami dont vous connaissez les parents (dès 13ans) est très
différent d’une sortie « en boîte » (pas avant 16ans), bien que
soient aujourd’hui organisées des soirées spéciales ados qui se
terminent avant minuit et où l’alcool est prohibé. Renseignez-
vous pour évaluer les risques réels que peut comporter la
soirée envisagée: le lieu, les individus présents, leséventuelles
possibilités de dérive (abus d’alcool, violence, drogues…).
En période scolaire, les limites sont faciles à poser, car
votre enfant sait qu’il ne peut pas sortir tous les soirs ni
rentrer trop tard, en raison des devoirs à faire et des cours qui

160
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

commencent tôt. Et si le week-end autorise une plus grande


souplesse, elle reste limitée.
Pendant les vacances, votre enfant trouvera légitime
de bénéficier de plus de liberté, et ses demandes de sortie
risquent de se faire plus pressantes. Vous pouvez répondre
favorablement ; pour autant, d’autres impératifs seront à
rappeler, comme le fait que les parents ont la responsabi-
lité morale et juridique de leurs enfants mineurs, et que
la liberté, comme la confiance, se gagne. Vous ne pouvez
plus vous retrancher derrière l’école pour lui interdire de
sortir. Or, c’est bénéfique pour les relations avec votre ado-
lescent: les limites ainsi redéfinies soulignent votre autorité
face à laquelle il peut affirmer son identité. À vous de fixer
ensemble des règles pertinentes (heure de retour en fonction
de son âge…) qui ne remettent pas en question ses goûts et
ses choix tant que ceux-ci sont raisonnables (laissez-lui la
liberté de choisir sa tenue, même si elle ne vous plaît pas,
tant qu’elle ne fait pas outrage aux « bonnes » mœurs…).

Face aux transgre ssions sanctionnez

Évitez de lui faire la morale! Vous lui avez déjà expliqué pourquoi

il faut qu’il vous écoute : « C’est pour ton bien », « Je m’inquiète »,

« Tu aurais pu nous prévenir »… Il le sait bien! Il est rentré plus tard

que l’horaire que vous aviez convenu : eh bien, annulez la prochaine

sortie. Mais inutile de le punir en le privant pendant des semaines

de quelque chose qui n’aurait rien à voir.

161
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°72

APPRENEZLUI LES PREMIÈRES


RÈGLES DE POLITESSE
I l n’y a rien de plus arbitraire que les règles de
politesse, surtout lorsqu’elles reposent sur des
codes sociaux et des expressions (« s’il vous plaît »,
« merci ») qui, pour un enfant, ne semblent pas avoir
de sens en soi. Cela ne facilite pas leur apprentissage
alors qu’elles jouent un rôle important dans les
relations : de même que l’on se tient bien à table,
il est important de savoir se comporter en société.

Les bases
«
La fierté d’être valorisé le poussera
àréitérerlescomportements »
pourlesquelsila été congratulé.

L’enfant va acquérir l’essentiel des règles de politesse par imi-


tation. C’est parce qu’il va nous entendre prononcer ces petits
« mots magiques » qu’il va en comprendre le sens et la néces-
sité. Si vous lui dites « Bonjour, mon chéri » tous les matins
au réveil, « Bonne nuit, mon cœur » au moment d’éteindre la
lumière ou « Au revoir » lorsque vous le déposez à la crèche
ou le confiez à sa grand-mère, vous créez les habitudes grâce
auxquelles se développent les rituels de politesse. À chaque
« merci » que vous lui dites (quand il vous donne le jouet que
vous lui demandez), vous l’aidez à s’approprier ces codes

qu’il pourra commencer à mettre en pratique dès que son

162
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

développement (psychomoteur d’abord, puis du langage) le


lui permettra. Dès 8 à 10 mois, vous pouvez lui apprendre
à dire au revoir avec sa main lorsqu’il quitte un endroit ou
un proche, ou faire un bisou pour remercier. Et dès qu’il
saura parler, inversez le jeu des codes en lui faisant répéter
un « merci » lorsque vous lui tendez son jouet.

Que faire s’il se montre « impoli »?


S’il refuse, par exemple, de dire « Bonjour », ne vous braquez
pas systématiquement. Plus vous allez accorder d’importance
à son comportement « antisocial », plus il risque de trouver
là un moyen de manifester son opposition. Trouvez plutôt
des alternatives afin que la politesse soit respectée, même
si ce n’est pas vraiment par lui. Votre tout-petit est peut-être
émotif ou timide: expliquez-lui que vous allez dire bonjour
pour lui, car il est essentiel de montrer un signe de recon-
naissance à la personne à qui l’on s’adresse. Il n’a pas salué
sa grand-mère, mais s’empresse de lui montrer son nouveau
jouet en arrivant ? C’est sa façon à lui de dire bonjour. Il n’a
pas encore saisi le code, mais c’est en bonne voie. Un jeune
enfant peut aussi remercier avec un regard ou un sourire.

La polite sse n’e st pas qu’une que stion

d’acceptation de s règle s

S’il vous coupe la parole en permanence, par exemple, ce n’est pas

forcément par manque de respect envers les grandes personnes.

La première étape est avant tout d’apprendre à attendre son tour

(pour parler comme pour chaque chose). Pour cela, il lui faudra

pouvoir gérer la frustration et savoir dominer l’impulsivité qui pourrait

le pousser à crier pour se faire entendre…

163
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°73

PRÉVENEZ LES CRISES


É viter une crise reste la meilleure façon de
la gérer ! Il est possible de repérer les signes
annonciateurs d’une colère pour la désamorcer, mais
aussi de veiller en amont à ce qu’elle ait moins de
chance de survenir.

Limitez les facteurs de risques


En premier lieu, arrangez-vous pour limiter ce qui favorise
l’énervement ou l’agitation, comme la fatigue, la faim ou
les sources de frustrations. Par exemple, si vous avez prévu
de faire une course avec votre enfant, sortez plutôt après la
sieste. Pensez à prendre un goûter et un jouet qu’il aime
bien si vous devez vous rendre dans un endroit où il aura à
patienter (salle d’attente, restaurant…). Dans les transports en
commun ou dans les lieux publics, pensez à lui ôter son man-
teau pour qu’il n’ait pas trop chaud, et à attirer son attention
sur ce qui l’entoure (paysage qui défile, environnement, livres,
affiches…) afin qu’il ne s’ennuie pas trop.

«
» qu’il
En manifestant de l’intérêt pour ce
éprouve, vous le rassurez.

Anticipez les risques de frustration


En lui annonçant à l’avance ce que vous avez prévu de faire
ensemble et ce qui sera autorisé ou non, vous le prévenez
aussi de ce qui n’aura pas lieu même s’il en a envie. « On va
passer à la boulangerie pour acheter du pain, mais pas de
bonbons ! » Et, au moment du départ, n’hésitez pas à lui faire

164
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

répéter ce qui a été convenu pour que, le moment venu, vous


puissiez lui rappeler ses engagements: « Qu’est-ce qu’on a dit
avant de partir ? » – quitte à lui proposer d’autres petites com-
pensations comme régler lui-même la marchande ou choisir
le dessert. N’hésitez pas à le mettre à contribution, il ne s’en
montrera que plus patient. De même, à partir de situations
qui ont déjà posé problème, anticipez ses réactions.
Dès les premiers signes d’agitation ou d’inconfort,
interrogez-le sur ce qu’il ressent. A-t-il trop chaud ? Envie de
boire ? Trouve-t-il le temps long ? En manifestant de l’intérêt
pour ce qu’il éprouve, vous le rassurez. Cela peut l’apaiser,
d’autant plus que vous tiendrez compte de sa réponse et lui
proposerez une alternative pour qu’il se sente mieux et l’aider
à patienter. « On a bientôt fini… », « Joue avec ceci pendant
que je termine cela… ». Surtout, vous lui permettez de mieux
identifier ses ressentis et, ainsi, d’apprendre à bien gérer
ses émotions.

Éliminez le s situations inadaptée s

Tant que faire se peut, évitez les situations inadaptées à l’âge de

l’enfant, notamment lorsqu’elles s’avèrent insurmontables pour lui :

délais d’attente trop long, enfant trop jeune pour rester assis trop

longtemps à la table d’un restaurant ou debout dans un musée

ou dans un grand magasin…

165
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°74

NE VOUS LAISSEZ PAS ABATTRE


PAR SES PHRASES ASSASSINES
C es remarques peu plaisantes que nous font
nos enfants sont parfois une source de conflits
(etde punitions). Que ce soit parce que cela vous met
mal à l’aise en public ou touche un point sensible,
la réaction est souvent disproportionnée, même si
elle est présentée comme éducative, afin de lutter
contre le manque de respect.

Comprenez le phénomène
La plupart des enfants n’attendent pas de maîtriser leur
langue maternelle pour percevoir le pouvoir qu’elle leur
confère, notamment celui de vous dire des choses qui vont
vous faire réagir et leur permettre d’accaparer l’attention.
Ils’agit typiquement d’une recherche de bénéfice secondaire:
certes, il s’expose à une sanction, mais en revanche, il
(re)devient le centre du monde des adultes.
Aussi, évitez de réagir à outrance, pour ne pas donner
trop d’importance à de simples mots et favoriser leur
répétition si votre enfant sent qu’il tient là une arme
pour vous déstabiliser . Certes, ce n’est pas toujours
facile : certaines phrases peuvent stigmatiser vos défauts
physiques, vos comportements inadéquats comme vos
petits mensonges ou vos incohérences, notamment lorsque
votre garnement relève que vous faites justement ce que
vous lui interdisez…
Pour l’enfant, cependant, il ne s’agit pas uniquement de
chercher à vous provoquer. Différents processus dont il n’a

pas conscience se cachent derrière ses propos.

166
À LA MAISON, ÀL’ÉCOLE ETAUTRES LIEUXDEVIE

Ainsi, les incohérences éducatives (les désaccords au sein


du couple, les sanctions variables selon l’humeur, les pertes
de contrôle parentales…) peuvent être facteurs d’angoisse,
car elles le soumettent à l’arbitraire et à l’imprévu. Outre
qu’elles le poussent à se questionner sur l’application des
règles et l’esprit des lois, elles favorisent un climat d’insécurité
affective, que traduisent ses remarques maladroites.
«
Quand votre enfant prononce des mots
pour vous faire réagir, il ne s’agit pas »
uniquement de chercher à vous provoquer.

Faites face!
Les enfants ne lisent pas dans nos pensées, mais ils sont très
attentifs à ce que l’on peut dire de soi, parfois sans même en
prendre conscience. Aussi, soyez attentif à ce que vous dites
plus qu’à ce qu’il reprend. Ils sont aussi très sensibles à ce que
l’on peut manifester, même involontairement.

P renez de la hauteur

Relativisez l’adage « La vérité sort de la bouche des enfants » : il ne

s’agit que d’une partie de la vérité, vue à travers le prisme déformant

de ses émotions. S’il vous dit qu’il ne vous aime plus ou qu’il veut

une autre maman, c’est qu’il est mortifié et s’adresse à la petite part

de vous qui l’a contrarié.

Reconnaissez vos erreurs


C’est la meilleure façon de désamorcer cette attitude. Car il
n’est pas rare que nos enfants soient dans le vrai quand ils
pointent nos incohérences éducatives. Raison pour laquelle
cela nous touche autant !

167
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

Plutôt que de leur reprocher leur ironie ou de les punir


pour leur manque de respect, il est possible de relever leur
perspicacité et la preuve de leur bonne intégration des
règles : « Tu as raison, je n’aurais pas dû dire ceci, ou faire
cela… je regrette. » Mais ça ne doit pas vous empêcher de
réprimander votre enfant quant à la forme de sa remarque:
« En revanche, il n’est pas acceptable que tu le dises de cette
façon ou avec ces mots-là… »

«
Les enfants sont très attentifs à ce que
» même
l’onpeut dire de soi, parfois sans
enprendre conscience.

168
AUTORITÉ

ETÉMOTION

169
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°75

ÉDIFIEZ UNE AUTORITÉ JUSTE


ET CONSTRUCTIVE
F aire preuve d’autorité vis-à-vis de ses enfants ne
se borne pas à se faire obéir à tout prix. Il s’agit
de faire respecter les consignes que vous dictez. Mais
maintenir un climat familial serein est tout aussi
important, car il sera propice au bon développement
de chacun. Favoriser le sens des responsabilités
encouragera l’enfant à faire des choix positifs et
limitera ainsi la survenue de bêtises.

Trouvez le juste équilibre


entre fermeté et bienveillance
Les différents modèles éducatifs influencent la manière
d’exercer son autorité, selon un axe défini par deux systèmes
de valeurs opposés. À l’une des extrémités, on trouve celui
dans lequel la priorité est donnée aux valeurs de conformité
à la norme (politesse, obéissance, propreté, etc.), et, àl’autre,
celui au sein duquel priment les valeurs d’initiative et de
détermination individuelle (curiosité, esprit critique, origi-
nalité…). Selon les valeurs que les parents privilégieront, les
principes éducatifs pourront osciller entre un maximum de
fermeté ou de bienveillance.

Impliquez-le sans (forcément) le contraindre


L’opposition – qui se traduit par ce « non » systématique –
mais aussi certains comportements inadaptés sont en lien
avec le besoin naturel de maîtrise chez le petit enfant.
Cettenécessité de s’affirmer participe à la construction de son

sentiment d’être un individu à part entière. Or, plus vous allez

170
AUTORITÉ ETÉMOTION

vouloir le contraindre, plus il risque de se braquer. Plutôt que


de chercher à le faire plier, par peur qu’il devienne capri -
cieux ou parce qu’on vous a reproché d’en faire un « enfant
tyran » tout-puissant, utilisez au contraire ce penchant en le
plaçant dans une position où il maîtrise la situation. Devant
des encouragements à réaliser ce que vous lui demandez
–« Montre-moi comme tu fais bien ceci… », « J’ai besoin de
ton aide pour cela… », « Je ne suis pas sûr d’y arriver si tu
ne m’aides pas à faire telle chose » –, il n’aura plus de raison
de résister et vous éviterez bien des conflits.

Encouragez-le
Les paroles d’encouragement sont le plus puissant des
moteurs pour votre enfant. L’encourager à bien agir en le
félicitant quand il se comporte bien le poussera à réitérer ou
à aller plus avant dans sa bonne conduite. Conforter votre
enfant quand il amorce une sortie de sa conduite d’oppo-
sition et le réconforter lorsqu’il se sent démuni après un
échec sont des attitudes qui restaureront son estime de soi
et son envie de bien faire.

«
Équilibre, implication et encouragement
permettront à votre enfant d’avancer »
surlavoie du bon vouloir et du bien agir.

171
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°76

TROP DE CULPABILISATION
FAVORISE LES MAUVAIS
COMPORTEMENTS
R éelle ou imaginaire, une faute génère un
sentiment de culpabilité dont l’enfant va
chercher inconsciemment à apaiser le poids en se
faisant punir.

Le « besoin de punition »
Freud a nommé ce phénomène le « besoin de punition ».
Si l’enfant se sent trop souvent coupable, il développe des
mécanismes de défenses émotionnels. Il peut relativiser sa
responsabilité, favorisant la multiplication de comportements
antisociaux, de troubles oppositionnels.
Ou, à l’inverse, il peut adopter inconsciemment des
conduites autopunitives : privations volontaires (il fait
« malencontreusement » tomber sa glace par terre…) ou auto-
mutilations (il se ronge les ongles, s’arrache les cheveux…).

«
Si l’enfant se sent trop souvent coupable,
il développe des mécanismes de défenses
»
émotionnels ou adopte des conduites
autopunitives.

Réparation et libération
L’enfant ne peut porter seul le poids de sa culpabilité. Celane

légitime pas pour autant le recours abusif aux punitions ou

172
AUTORITÉ ETÉMOTION

l’ignorance volontaire de comportements inappropriés de sa


part. La sanction doit faire contrepoids à la culpabilité, ce qui
est le cas lorsqu’elle permet à l’enfant de réparer sa « bêtise »
ou d’effectuer une tâche gratifiante.
Les actions qui mobilisent physiquement libèrent davan-
tage du poids de la culpabilité que les privations ou autres
punitions dénuées de sens en soi. Mieux vaut que l’enfant
se dépense physiquement pour se racheter symboliquement.

L’impact sur la confiance en soi

C’est de l’équilibre entre culpabilité et responsabilité quevient

la confiance en soi et en l’autre : une absence de culpabilité ôte

toute responsabilité et la responsabilité permet de ne pas se sentir

excessivement coupable.

173
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°77

PARLEZ DE FAÇON POSITIVE


ETRASSURANTE
E xprimez-vous comme le parent de votre enfant.
L’un comme l’autre, vous êtes uniques. Évitez
donc les expressions toutes faites, qui bien souvent
sont délétères pour l’enfant et son éducation.

Les expressions qui brident son libre arbitre


Il s’agit de tous les ordres que l’on intime à son enfant
sans lui laisser la possibilité de réfléchir à ses agissements.
Bien sûr, il ne faut pas le laisser faire n’importe quoi, mais
l’encourager à agir par lui-même. Plutôt que d’ordonner,
proposez des choix, guidez, poussez-le à prendre les bonnes
décisions. Aux « Fais ci ! Fais ça ! », préférez des « Tu n’aurais
pas quelque chose à faire… » devant un goûter qui s’éternise
(alors que les devoirs attendent), ou « Ce ne serait pas l’heure
d’aller se coucher ? ».

«
Choisissez detransmettre
defaçonrassurante ce quevous voulez »
plutôt que cequevousredoutez.

« Sois sage » est une version assez pernicieuse de ce type


d’expression. Outre le fait que l’ordre est plutôt vague
(àquoi correspond le fait d’être sage ? Se taire ? Ne pas bouger ?
Acquiescer à tout ?) et ne peut constituer en soi un objectif
(voudriez-vousquevotreenfantsoitsagequandilseraadulte ?),

174
AUTORITÉ ETÉMOTION

il laisse planer une certaine menace – « Sois sage, sinon… »


– qui remet en cause l’amour parental inconditionnel : « …
sinon, on ne m’aimera plus ».

Les injonctions négatives


Ces interdits s’avèrent bien souvent contre-productifs, car
ils encouragent l’inverse de ce que l’on voudrait obtenir :
« Ne fais pas ci ! Ne fais pas ça… » focalisent justement
l’attention sur ce que l’on veut éviter, poussant consciem-
ment ou non l’enfant à faire ce qu’on lui interdit, et à
quoi il n’aurait pas forcément pensé si on ne le lui avait
pas suggéré… « Tu peux jouer dans la cour » suffit. Inutile
d’associer « …mais interdiction de sortir dans la rue ! ».
Une variante de ce type de remarques porte sur les craintes
que le parent formule tout haut, que l’on nomme les « prédic-
tions négatives autoréalisantes » comme: « Attention, tu vas
tomber, tu vas te faire mal… » Plus on met en garde l’enfant,
plus on augmente ses propres craintes et favorise l’accident.

Les commandements qui interdisent


l’expressiondes émotions
« Arrête de pleurer ! », « Cesse de rire comme ça » ou encore
« Arrête de t’agiter », « Calme-toi »… Ces remarques, outre
qu’elles ne servent à rien car l’enfant n’est pas (encore) en
mesure de contrôler ses émotions, le placent dans un senti-
ment d’impuissance, voire de grande détresse, puisque seul
il n’y arrivera pas. Utilisez plutôt des mots apaisants et des
gestes réconfortants : si vous voulez qu’il arrête de pleurer,
consolez-le ; pour le calmer, rassurez-le ; pour canaliser son
agitation, proposez un jeu calme… Et permettez à votre
enfant d’exprimer ce qu’il ressent et ce qu’il désire, afin de
l’aider à faire les bons choix.

175
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°78

ÉCOUTEZ VOTRE ENFANT POUR


QU’IL SE COMPRENNE MIEUX
C ertaines réactions de nos enfants sont liées
à l’inconfort émotionnel dans lequel ils se
trouvent et qu’ils ne comprennent pas toujours.
Secontenter de sanctionner une réaction incontrôlée
ne permettra pas toujours d’éviter sa récidive.

Apprenez-lui à exprimer ses émotions


Frustrations, fatigue, contrariétés de tout ordre placent
l’enfant dans un état émotionnel qu’il a du mal à gérer :
il boude, râle, pleure ou adopte des comportements inop-
portuns pour provoquer chez vous une réaction qui
viendra justifier a posteriori son mal-être. On retrouve un
processus équivalent chez les 12-18 ans, qui, en pleine crise
d’adolescence, vont exprimer leur spleen par la provocation,
l’isolement, ou n’importe quelle autre attitude vous poussant
à sortir de vos gonds.

«
Prenez le temps de l’observer
etdel’encourager à faire part,
»
malgré ses réticences probables,
de ce qu’il ressent.

S’il est en âge de le faire, encouragez votre enfant à poser


desmotssurcequ’ilressent. Celaenadoucitleseffetsetdésa-
morce les comportements réactionnels. Pour l’aider, montrez

l’exemple de cette gestion émotionnelle en exprimant ce que

176
AUTORITÉ ETÉMOTION

vous-même ressentez régulièrement, en fonction de ce que


vous avez vécu dans la journée. N’hésitez pas à lui faire part
de vos sautes d’humeur et, surtout, des attitudes que vous
adoptez pour vous sentir plus serein.

Traduisez ce qu’il exprime différemment


Avec l’adolescence, votre enfant change. Il n’est plus celui
que vous aviez appris à connaître, et peut-être est-ce cela qui
vous irrite le plus dans certains de ses comportements…
Ilvous appartient donc de découvrir ce qu’il est en train de
devenir. Prenez le temps de l’observer et de l’encourager à
faire part, malgré ses réticences probables, de ce qu’il ressent.
Plutôt que de critiquer systématiquement ses nouveaux
choix vestimentaires ou le fait qu’il passe le week-end avec ses
écouteurs sur les oreilles, proposez-lui de vous faire découvrir
ce qu’il écoute, ou de vous expliquer ce qui lui plaît dans tel
ou tel style ou « tribu » sociale. Cela ne veut pas forcément
dire s’enthousiasmer pour quelque chose qui vous rebute,
mais échanger des points de vue qui peuvent être différents
comme deux personnes qui se respectent. Cela poussera
également votre rebelle à relativiser des choix pour lesquels
il n’aurait inconsciemment opté que par provocation.

Météo intérieure

Pour aider votre enfant à identifier ses émotions et à en faire part,

proposez d’établir régulièrement avec lui un bulletin météorologique

qui décrirait symboliquement ce qu’il ressent comme son « climat

intérieur » : plein soleil lorsqu’il est en forme, serein et heureux;

pluvieux quand il se sent triste; orageux en cas de mauvaise humeur;

brumeux s’il est maussade, découragé…

177
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°79

SACHEZ TOURNER LA PAGE


T ourner la page consiste à passer à autre chose
après une situation de conflit avec votre enfant.
Il a commis une grosse bêtise, il ne vous a pas obéi…
et vous a déçu par son comportement. Pourtant,
après l’avoir réprimandé et lui avoir signifié votre
déception, il est important de remettre les compteurs
à zéro.

Pardonner, ce n’est pas oublier


Tourner la page, ce n’est pas retourner votre veste,
vous désavouer et risquer d’ébranler votre autorité puisque
vous ne revenez pas sur votre réprobation. Ce n’est pas non
plus tourner les talons, car vous restez présent et maintenez
le cadre éducatif. Ce n’est pas non plus tourner court :
vous n’abandonnez pas vos principes. La règle est redite,
larécrimination exprimée. Simplement, la vie continue.

Un exemple à montrer à v otre enfant

Tournez la page pour lui apprendre à le faire et l’aider à ne pas

ruminer les diverses frustrations dont il ne manquera pas d’être

victime. En l’aidant à ne pas se laisser dominer par la rancune,

vous lui transmettrez aussi la capacité à dépasser sa colère,

et mettre de temps en temps son amour-propre de côté tout

en intégrant paisiblement les lois.

Vous avez condamné un mauvais comportement ; il ne

s’agit pas d’ajouter à la sanction une autre punition telle une

178
AUTORITÉ ETÉMOTION

mauvaise humeur durant un ou plusieurs jours, cequi serait


vécu comme une double peine. Vous allez au contraire
reprendre le cycle normal de vos activités avec votre enfant.
À moins que la fâcherie constitue la sanction. Cela peut
tout à fait se concevoir, notamment lorsque l’enfant trouve
un bénéfice secondaire à l’énervement du parent, ou que
les conflits parent-adolescent sont au cœur même de la
situation que l’on veut changer. « Faire la tête » correspond
alors surtout à mettre de la distance dans la relation, évite
l’aggravation des tensions et permet à chacun de réfléchir
àl’amélioration de la situation.
Mais bien souvent, du côté du parent, il s’agit de réac-
tions émotionnelles qui témoignent d’un difficile contrôle
de soi. Savoir tourner la page, c’est faire preuve de maîtrise
de soi.

«
Si l’enfant retient principalement lamauvaise
humeur et les rancœurs de son père
oudesamère, ilrisque de» banaliser
sespropres actions.

Sanctionnez pour mieux pardonner


À chaque mauvaise attitude de l’enfant doit correspondre
une réponse adaptée, limitée dans le temps et claire et nette
comme doit l’être la règle : en établissant des correspon-
dances entre bêtises et sanctions, il lui sera plus facile
de comprendre pourquoi ce qu’il fait risque d’être puni.
S’il retient principalement la mauvaise humeur et les ran-
cœurs de son père ou de sa mère, il risque de banaliser ses
propres actions : quelle que soit la dureté de la punition,
elle ne sera intégrée que comme le reflet de la colère plus
ou moins importante du parent.

179
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°80

NE VOUS LAISSEZ PAS EMPORTER


PARVOS ÉMOTIONS…
L es émotions influencent nos réactions. C’est le
cas lorsque l’on est confronté aux agissements
de nos enfants.

Débusquez vos émotions


Il existe une palette très variée d’émotions se déclinant à
partir des émotions primaires que sont la joie, la tristesse,
la peur, la colère, le dégoût ou la surprise. Elles sont pro-
voquées par certaines situations et se caractérisent par les
réactions physiques et affectives qu’elles entraînent: le rire ou
les larmes, le cœur qui s’accélère ou la gorge qui se serre…
Sous leur influence, nous ne sommes pas toujours portés
à réagir de façon adaptée. Après une journée difficile ou
une contrariété, on jugera plus sévèrement les actions de
notre enfant, et devant une « bêtise », on pourra le consi-
dérer coupable de la colère que l’on ressent. Or, si les
émotions s’imposent parfois à nous, nous sommes seuls
responsables de la façon dont on les gère !

«
Après une journée difficile ou une contrariété,
»
on jugera plus sévèrement les actions
denotre enfant.

Apprenez à garder votre calme


• Pour donner l’exemple: en vous voyant prendre sur vous,

votre enfant apprendra à dépasser ses propres colères.

180
AUTORITÉ ETÉMOTION

• Pour ne pas vous décharger de vos tensions et de vos frus-


trations sur votre enfant.
• Pour ne pas déraper et avoir des comportements et des
paroles que vous pourriez regretter.

Comment vous y prendre


• Prenez le temps de souer avant de réagir et d’analyser ce
que vous ressentez.
• Méfiez-vousdecesentimentdepuissancequevouséprouvez
lorsque vous punissez.
• Multipliez les activités qui vont aider à gérer le stress et les
émotions(sport, lecture, sorties, relaxation…).
Si, malgré cela, il vous arrive encore d’élever la voix,
neculpabilisez pas.

181
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°81

… ET APPRENEZLUI À GÉRER
LES SIENNES
L ’enfant est animé d’émotions auxquelles
s’ajoutent des pulsions dont il doit apprendre
à canaliser l’énergie. Ce sont l’éducation et les
expériences positives répétées que celle-ci permet
qui garantissent cet apprentissage particulier.

Identifier les émotions


Il s’agit d’un apprentissage affectif, qui ne passe pas par le
raisonnement ou l’intelligence. Si on parle d’« intelligence
émotionnelle », c’est qu’on désigne par là une aptitude, celle
d’identifier et de contrôler harmonieusement ses émotions
afin de pouvoir les exprimer de façon sereine. Elle permet
également de comprendre les émotions des autres et de faire
preuve d’une juste empathie.
Comme pour toute leçon à apprendre « par cœur »,
larépétition est de mise. Pas besoin de longues explications.
Il s’agit surtout de nommer les émotions lorsqu’elles se
présentent etd’autoriser ou non les manifestations qu’elles
provoquent.

«
On dira, par exemple, à un enfant quitape
parce qu’il est en colère: “Jecomprends que »
tu sois fâché, mais ça, c’estinadmissible.”

182
AUTORITÉ ETÉMOTION

Ce sont les comportements que l’on condamne,


pas les émotions
Celles-ci s’imposent à l’enfant en fonction de ce qu’il vit
(unévénement heureux ou triste, une contrariété…) et font
partie de la vie. On dira, par exemple, à un enfant qui tape
parce qu’il est en colère : « Je comprends que tu sois fâché,
mais ça, c’est inadmissible. » Et on s’efforcera de le calmer.
De même, on canalisera une explosion de joie trop marquée
si elle dérange, sans pour autant remettre en question
sonplaisir.
On n’hésitera pas non plus à décrire ses propres émotions
ou celles dont il est témoin ou à l’origine : « Tu vois, Alice
pleure, car elle a eu très peur quand tu l’as poussée. »
Les mots ne dispensent pas de la sanction dont la fonc-
tion est de mettre un terme immédiat au comportement
inadapté. On pourra toujours conclure par un : « C’est un
geste très méchant et je t’aime trop pour te laisser agir
comme ça. »

183
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°82

DÉJOUEZ LES PIÈGES


DELACULPABILITÉ
L es enfants vont chercher à nous faire céder à
leurs désirs avec les moyens de persuasion qui
sont les leurs: en nous prenant par les sentiments.

Les désirs n’ont pas le caractère


indispensable desbesoins
Si ces derniers sont satisfaits, vous n’êtes pas obligé de céder
aux premiers. Surtout s’ils vous sont imposés sous prétexte
que la maman du copain est plus gentille, que chez le voisin
c’est mieux ou que pointe la menace d’un caprice. L’amour ne
se mesure pas en cadeaux (qu’ils soient sous forme d’objets
ou d’avantages concédés).
Et se plier systématiquement à son désir serait faire
croire à l’enfant qu’il peut toujours tout obtenir. Or, la vie
nous confronte en permanence à des frustrations qu’il
faut apprendre à gérer. En ne souscrivant pas à toutes ses
demandes, vous contribuez à cet apprentissage et assurez
pleinement votre rôle de parent.

« »
L’amour ne se mesure pas en cadeaux.

184
AUTORITÉ ETÉMOTION

RÈGLE N°83

NE DOUTEZ PAS
DEVOTRELÉGITIMITÉ
C ertaines réactions excessives de nos enfants
nous interpellent, « n’avons-nous pas été trop
sévères ? », nous poussant à céder à leurs demandes.

Relativisez les crises


Devant les bouderies, agitations, plaintes, fausses promesses
(« Je ne recommencerai plus ») ou menaces (« Je ne t’aime
plus »), nos émotions sont mises à rude épreuve. Si certaines
réactions (spasmes de sanglot, autoagression) peuvent inquié-
ter, rassurez-vous, il y a habituellement plus de bruit que
de mal.
Listez les (bonnes) raisons de votre refus. Retenez que les
crises céderont plus facilement si elles n’ont pas de prise sur
vous. Restez stoïque: répétez-vous la règle n°2. La meilleure
solution est de calmer l’enfant, sans céder, mais en l’isolant
de ce qui peut entretenir sa crise : votre attention comme
lesobjets ou individus auxquels il peut s’en prendre.

«
Retenez que les crises
céderont plus facilement »
si elles n’ont pas de prise survous.

185
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°84

RIEN NE SERT DE CRIER…


Q ue ce soit pour se faire entendre, parce que
l’on pense que notre propos aura plus de poids,
oujuste par emportement, le ton peut vite monter
dans les échanges que l’on a avec nos enfants. Il n’est
pas dit pour autant que cela soit la meilleure façon
de se faire entendre.

Les contresens
Si les éclats de voix peuvent intimider l’enfant, ils sont surtout
inefficaces en matière d’amélioration des comportements.
L’enfant pensera que, s’il est puni, c’est parce que son parent
est fâché plutôt que parce qu’il a fait quelque chose qu’il
n’aurait pas dû faire. Il aura alors plus le souci d’éviter de
le contrarier (en faisant les choses dans son dos) plutôt que
defaire des choix plus adaptés.

«
On ne rassure pas lapeur par une peur
plusintense, pas plus que l’on ne console »
unepeine par un chagrin plus profond.

De plus, une bonne compréhension des consignes passe


par une bonne gestion des émotions. Comme nous l’avons
déjà souligné, on ne rassure pas la peur par une peur plus
intense, pas plus que l’on ne console une peine par un chagrin
plus profond. Crier plus fort sur un enfant qui crie ne pro-
voque qu’une sidération qui ne permet pas d’intégrer le
message de changement que peut contenir la remontrance.

186
AUTORITÉ ETÉMOTION

Le juste ton, au bon moment


Fermeté et assurance parlent plus que colère et agitation :
l’enfant sentira la détermination et n’en retiendra que
mieux le message d’interdit ou de changement qui lui sera
transmis.
Il faudra parfois attendre que l’enfant s’apaise pour qu’il
soit suffisamment réceptif. N’hésitez pas à l’envoyer se calmer
dans sa chambre. L’attitude adoptée pour expliquer les
raisons de votre mécontentement et la gravité de la bêtise
joue également un rôle (voir notamment les règles n° 75
et n° 80).

«
Fermeté et assurance parlent »plus
que colère et agitation.

187
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°85

COMMUNIQUEZ
DEFAÇONADAPTÉE
L ’enfant n’a pas la même compréhension qu’un
adulte.

Pour gagner en autorité,


utilisez un langage simple et concret
L’obéissance s’apprend: comme toute leçon, il est nécessaire
de répéter pour retenir. « Oui, c’est oui ; non, c’est non. »
Les « non » hésitants qui se transforment en « oui » pour
avoir la paix confortent l’enfant dans l’idée qu’il peut tout
obtenir. Le préjudice sera double : pour lui, qui deviendra
de plus en plus exigeant, et pour vous, qu’il n’hésitera pas
à harceler pour vous faire plier. Apprenez à dire « non »
calmement mais fermement, quitte à devoir renoncer à
votre tranquillité sur le court terme, pour plus de sérénité
sur le long terme.

Pas de « promesses » que vous ne sauriez tenir


Une punition trop sévère, que vous n’aurez plus le courage de
mettre à exécution, ou une récompense insensée, impossible
à honorer, discréditent votre parole.

«
Les “non” hésitants qui se transforment
»
en“oui” pour avoir lapaix confortent l’enfant
dans l’idée qu’il peut tout obtenir.

188
AUTORITÉ ETÉMOTION

RÈGLE N°86

NE NÉGLIGEZ PAS L’HUMOUR


U n peu d’humour ne nuit pas à l’autorité. Cela
permet de soulager les tensions qui bloquent
l’aptitude à céder de votre enfant.

Donnez vos consignes avec le sourire


Les plaisanteries sont un moyen de distraire et de faire diver-
sion quand l’enfant s’enferme dans son refus. L’enfant peut
alors transformer plus facilement son émotion négative
en une positive et trouver l’occasion de céder sans avoir
le sentiment de perdre la face.
Au lieu de se fâcher, on pourra, par exemple, transformer
la demande en un jeu ou mimer une scène de façon drôle
pour encourager l’enfant à vous imiter. Attention cependant
à ne pas confondre humour et moquerie. On ne doit pas
faire preuve de sarcasme ni donner le sentiment à l’enfant
que l’on se moque de lui.

« »
Ne confondez pas humour et moquerie.

189
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°87

ÉVITEZ DE L’HUMILIER
OUDELEBLESSER
L ’idée que, pour être efficace, une punition doit
faire mal va de pair avec celle qu’une blessure
affective constitue une sanction bien sentie. Cela
conduit parfois à critiquer l’enfant en public ou à
le rabaisser pour lui faire honte, dans l’espoir qu’il
ne recommencera pas.

Une méthode désastreuse


L’humiliation est inefficace et inutilement traumatisante
pour l’enfant. Car il ne va se souvenir que de sa blessure
morale (honte, dégoût de lui-même, sentiment d’injustice ou
colère vis-à-vis du parent) et non du comportement qui a
été critiqué. Cela n’empêchera donc pas sa récidive, mais grè-
vera l’estime de soi et la confiance que l’enfant peut avoir en
lui. Les conséquences sur le long terme sont le risque d’altérer
ses capacités à faire face aux situations de façon adaptée,
ou encore de favoriser des comportements revanchards ou
dissimulateurs.
Il n’est pas toujours facile d’évaluer ce qui est effectivement
humiliant : par exemple, critiquer un comportement pour
le changer ne l’est pas forcément et reste même nécessaire
pour progresser. Un enfant a besoin de l’avis et des limites
de ses parents, des adultes en charge de son éducation, pour
se construire. C’est donc le plus souvent à la forme que
prennent ces remarques et aux conditions dans lesquelles
elles sont formulées qu’il faudra être attentif – le pro-
blème n’est pas de formuler les critiques en public, d’autant

qu’il est parfois difficile de faire autrement (lorsqu’il s’agit,

190
AUTORITÉ ETÉMOTION

par exemple, de mettre un terme immédiat à un compor-


tement inadapté), mais de prendre l’entourage à témoin,
comme un public, et d’écraser l’enfant du poids des regards
d’inconnus.

Certaines expressions, certains mots


peuvent s’avérer humiliants
C’est le cas des mots que l’on peut dire sous le coup de
la colère et qui correspondent alors à des insultes, parfois
vulgaires ou juste dénigrantes (« Qu’est-ce que tu es bête,
alors ! »). S’ils peuvent vite être oubliés par le parent qui les
a prononcés (une fois sa colère calmée, par exemple), l’enfant,
lui, les retient, d’autant plus s’ils sont répétés. Ils peuvent
même finir par lui coller à la peau comme une étiquette
dont il aura du mal à se détacher, le poussant à agir comme
tel et donc à l’inverse de ce que l’on attend.
Certaines expressions sont particulièrement pernicieuses,
carelles semblent anodines:
• « tu es bien comme… » (une personne que l’on critique
régulièrement);
• « tu n’as que ce que tu mérites… »;
• « àcausedetoi, noussommesenretard… jesuisénervé… ».
Outre l’humiliation, cela donne un singulier exemple de
parent qui se décharge de ses responsabilités, car même
si le comportement de l’enfant a joué un rôle, l’adulte
reste celui qui doit savoir anticiper les aléas des situations
auxquelles il est confronté.

191
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°88

L’AMOUR, C’EST TOUJOURS


D’ACTUALITÉ!
L a confiance dans les liens affectifs qui unissent
parents et enfants favorise l’exercice serein de
l’autorité.

Ne craignez pas de perdre


l’amour de vos enfants…
Cette peur peut avoir plusieurs origines. Des antécédents de
séparation ou de divorce, le sentiment de solitude associé
à l’idée que les enfants sont la seule source de tendresse
et d’amour. Or, cette peur peut vous freiner pour poser les
limites et les interdits. Notamment lorsque l’enfant, contrarié
par une frustration, remet en question vos qualités de parents.
Mais les règles, établies pour le bien-être de l’enfant, n’ont pas
à être négociées en fonction de son bon vouloir.
Ne tombez pas dans les pièges de la séduction. Vous
n’avez pas à chercher à plaire à vos enfants, mais à les
élever pour en faire des adultes autonomes et responsables.

De s réponse s détournée s

aux prov ocations

Aux « je ne t’aime plus », « tu n’es plus ma maman » ou « c’est mieux

chez mon copain », répondez simplement : « moi, je t’aimerai

toujours » ou « eux n’ont pas la chance d’avoir un enfant comme toi ».

192
AUTORITÉ ETÉMOTION

De cela, ils vous seront reconnaissants, en plus de vous


aimer pour les parents que vous êtes.
Les parents n’ont rien à faire pour être aimés, juste à être
parents.

…et n’hésitez pas à manifester votre amour


On n’aime jamais trop un enfant, mais on peut le faire de
façon inadaptée. Aimer, ce n’est pas céder à tous ses caprices,
ni le protéger de toutes les frustrations (au risque de lui faire
croire qu’il peut tout obtenir avec des cris et l’exposer à de
cruelles déconvenues une fois adulte). C’est lui apporter ce
dont il a véritablement besoin, le respecter et l’aider à grandir
et à s’épanouir en lui faisant sentir combien il compte pour
vous, ses parents.

«
Les parents n’ont rien à faire
» pour être aimés,
juste à être parents.

193
LA BOÎTE À OUTILS

DE L’OBÉISSANCE

195
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°89

RÉCOMPENSEZ
DEFAÇONPERTINENTE
S il’onconçoitlapunitioncommeunoutiléducatif
pertinent, il importe d’établir un équilibre avec
son opposé, la récompense. Encore faut-il que cette
dernière soit délivrée à bon escient, et fasse plaisir
tout en ayant une fonction éducative.

Les encouragements:
des récompenses affectives
Le temps et l’attention que l’on consacre à chaque enfant
(jeux, câlins, mais aussi tous les moments de plaisir partagés)
sont, en soi, déjà des gratifications. On récompensera et
encouragera un enfant en lui montrant combien il nous fait
plaisir et combien nous en sommes fiers.
Si les compliments sont valables pour tous les enfants quel
que soit leur âge, des gratifications plus concrètes s’avéreront
efficaces avec les adolescents : leur octroyer, par exemple,
des avantages spécifiques, ou plus d’autonomie. Ainsi, pour
récompenser des comportements responsables, vous pourrez
montrer votre satisfaction en attribuant davantage de liberté
à votre ado, comme une autorisation de sortie plus souple
le week-end.
Si vous ne voulez pas transformer vos consignes en
marchandage permanent – et vos enfants en individus
intéressés –, il importe de ne pas faire de la récompense le
seul enjeu de l’échange. La bonne réalisation de la tâche et
le respect de la consigne doivent avant tout être valorisés.

196
LA BOÎTE À OUTILS DE L’OBÉISSANCE

Des gratifications plus concrètes


Ces gratifications concrètes sont tous les cadeaux qu’il est pos-
sible de faire à un enfant, qu’ils aient une valeur bien réelle
ou juste symbolique (comme les bons points et les images
que les maîtresses décernaient aux bons élèves). Ils doivent,
bien sûr, être choisis en fonction de l’âge de l’enfant et de ses
goûts, et ne pas correspondre à un besoin indispensable.
De même que l’on ne privera pas un enfant de dîner pour
le punir, ce n’est pas le repas qui sera sa récompense, sauf si
on lui prépare son plat préféré ou lui offre le gâteau dont
il raffole.
Concernant les adolescents, de petites sommes d’argent
peuvent avoir ce rôle de récompense. Elles sont cependant à
distinguer de l’argent de poche, qui a, lui, un caractère plus
systématique. La récompense consiste alors à en donner un
peu plus – quand la punition, elle, sera d’en soustraire une
partie (pour compenser l’objet perdu ou abîmé, ou réparer
plus symboliquement la faute).

«
»
Il importe de ne pas faire de la récompense
leseul enjeu de l’échange.

Différentes façons de récompenser


On peut récompenser au coup par coup, en offrant un
petit quelque chose immédiatement après le comportement
que l’on veut féliciter ou encourager. Mais il est également
possible, lorsqu’il s’agit de gratifier une attitude plus géné-
rale – une longue « période sans bêtises », une succession
de bonnes actions, une année scolaire réussie… –, de faire
lechoix d’un cadeau en fin d’année.

197
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°90

APPRENEZLUI LE PRINCIPE
DESCONSÉQUENCES
T out comportement entraîne une conséquence,
agréable ou non. En appliquant ce principe à
lui-même, l’enfant va apprendre à ses dépens que,
selon ce qu’il fait ou dit, il va subir des désagréments
ou retirer des bénéfices. Ainsi, il sera amené à en
tenir compte au moment de faire des choix, et ainsi
devenir responsable.

Les conséquences naturelles


Elles découlent directement de ce que l’enfant fait ou ne
fait pas. Certaines, en raison du désagrément qu’elles occa-
sionnent, suffisent à le dissuader, pour peu qu’il en fasse
l’expérience. C’est le cas, par exemple, d’un petit qui chute du
canapé sur lequel on lui avait interdit de sauter, ou de l’ado-
lescent qui a une mauvaise note, parce qu’il n’a pas révisé ses
devoirs. Inutile donc de se fâcher outre mesure face à telle
ou telle bêtise, ni d’infliger d’une double peine en punissant
à nouveau. Prévenez-le des risques qu’il court quand vous
formulez un interdit ou une recommandation, et laissez-le
subir les conséquences s’il s’obstine à vous désobéir – dans
la mesure où cela ne comporte aucun risque pour sa santé.
La mortification, liée à l’exposition de ses failles, est la plus
efficace des sanctions.

Les conséquences logiques


Toutes les actions n’entraînent pas forcément une consé-
quence directe ou évidente. Cela joue sans doute un rôle

dans certains choix de nos adolescents, qu’ils imaginent sans

198
LA BOÎTE À OUTILS DE L’OBÉISSANCE

répercussions. Comme elles ne vont pas de soi, il s’agira


alors d’en établir, qui soient le plus en lien possible avec le
problème initial.
Cela peut consister en des excuses, exigées auprès de celui
que l’on a blessé, en un temps de jeu ou de sortie réduit si
l’on n’a pas fini ou réalisé la tâche demandée, ou pas res-
pecté un horaire fixé ensemble ; il peut être question d’argent
de poche amputé d’une somme équivalant au dépassement
duforfait téléphonique autorisé…

«
Lorsqu’elle touche réellement l’enfant,
uneconséquence désagréable joue »
àelleseule le rôle de sanction.

Conséquences et bénéfices
En s’appuyant sur ce concept, cela permet d’envisager une
autre conception de la sanction, qui ne repose plus sur
le principe du chantage, qu’il soit à la punition ou à la
récompense.
Lorsqu’elle touche réellement l’enfant, une conséquence
désagréable joue à elle seule le rôle de sanction – sanctionner
vient du latin ,
sanctio sancire « établir une loi ». Plus besoin
de se mettre en colère ou de punir, cela ne demande qu’un
peu de patience le temps de laisser les choses se faire, et
de bien souligner qu’il aurait évité ce désagrément s’il avait
écouté ce qu’on lui a dit. De la même façon, lorsque la consé-
quence d’une action positive comporte des bénéfices pour
l’enfant, elle constitue la récompense essentielle. Pas besoin
d’en rajouter, au risque d’inhiber le goût du dépassement
de soi au profit du seul intérêt.

199
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°91

FAITES L’ARBITRE
L orsqu’un joueur commet une faute (un hors-
jeu), il est mis sur la touche. Utilisez ce principe
quand l’enfant dépasse les limites.

Entre punition et éducation


« Mettre sur la touche », c’est isoler l’enfant pour mettre un
terme à des comportements inadaptés (agitation, provoca-
tion…) et qu’il retrouve son calme. Sanction chez les petits,
occasion de réfléchir pour les plus grands, cettemesure per-
met alors avec ces derniers d’éviter l’escalade des conflits.
C’est aussi, pour les parents, le moyen de mettre de la distance
avant de s’emporter et de perdre le contrôle de la situation.
« Stop ! On en reparlera quand tu seras calmé ! »

«
Sanction chez les petits, occasion de réfléchir
pour les plus grands, mettre sur la touche
permet avec ces» derniers d’éviter l’escalade
des conflits.

En pratique
Agissez avant que les choses dégénèrent et pour une durée
brève: l’équivalent du retour au calme, davantage si l’enfant
reste agité. Son efficacité dépend de votre conviction et de
votre fermeté (voir la règle n° 36) : c’est immédiatement et
sans négociations. Vous ne lui laissez pas le choix ! Il ressort
de sa chambre ? Vous l’y reconduisez !

200
LA BOÎTE À OUTILS DE L’OBÉISSANCE

Le bon banc de touche


L’enfant retrouvera son calme dans n’importe quel endroit
à distance de toute stimulation. Dans la maison, cela peut
être sa chambre si le lieu est suffisamment sécurisé pour
qu’il y reste seul, ou juste un coin dans une pièce, ou une
chaise à l’abri des regards. Il ne s’agit pas de l’humilier ni
qu’il s’ennuie. Ce n’est pas une punition : il importe peu
qu’ilprenne un jouet ou un livre.
À l’extérieur, la présence du parent auprès de l’enfant
étant de mise, ce qui prime, c’est le caractère suspensif de la
mesure: un temps de silence dans la voiture, cinq minutes de
pause sur le banc dans le parc ou debout, à la sortie dugrand
magasin.

«
»
Il ne s’agit pas de l’humilier
niqu’ils’ennuie.

201
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°92

FAITES PREUVE D’IMAGINATION


POUR SORTIR DES CONFLITS
P our modifier un comportement répétitif
qu’aucune sanction n’a réussi à changer, il faut
parfois renoncer aux vieilles habitudes éducatives
et chercher d’autres stratégies.

Adoptez la position basse


Les parents qui ont compris le sens profond de l’autorité
savent notamment qu’elle ne repose ni sur la peur, ni sur la
violence, et que se faire respecter ne rime pas avec se faire
craindre. Aussi, ils n’auront pas de mal à renoncer (transi-
toirement) à leur position de « supériorité » pour une
« position basse », posture idéale pour surprendre enfants et
adolescents et les obliger à s’adapter eux aussi. Voici quelques
exemples de stratégies très efficaces.

Le « torpillage bienveillant »
Adoptez une attitude symétrique à celle de votre ado,
et accueillez les plaintes qu’il ne manquera pas tôt ou tard
de vous faire avec contrition. Il ne met jamais son linge sale
dans le panier (ou ne range jamais sa chambre) ? Pliez-le et
placez-le dans son armoire avec le linge propre (ou « rangez »
sa chambre avec la logique la plus insensée : le linge avec
les cahiers dans les tiroirs du bureau, les livres de cours dans
l’armoiredesmanteaux…). Excédédenepouvoirdistinguerles
vêtements propres au moment de s’habiller (ou de retrouver
sesaffaires), ilfiniraparvousenfairelereproche. Excusez-vous,
promettez de faire plus attention et… continuez ainsi tant

que le linge traîne… Il rentre après l’heure autorisée ? Faites

202
LA BOÎTE À OUTILS DE L’OBÉISSANCE

comme si vous l’aviez oublié (dînez, couchez-vous…). À son


retour, alors qu’il aura préparé les arguments en prévision du
conflit, demandez-lui pardon de l’avoir oublié, trouvez-vous
des excuses (comme lui le fait d’habitude) et assurez-le de
ne pas recommencer… Imaginez ainsi pour chaque situation
inadaptée ce que vous pourriez faire l’amenant à s’interroger
sur les conséquences de ses attitudes, l’adolescent finira par
prendre ses responsabilités.

La prescription du symptôme
Cette autre technique, qui s’avère particulièrement opérante
chez les jeunes enfants, consiste à ce que vous leur demandez
d’adopter le comportement que vous vous évertuez d’ordi-
naire à combattre. Votre enfant, par exemple, pique systémati-
quement des colères incontrôlables lorsque vous refusez de lui
acheter le jouet qu’il réclame au supermarché, et les menaces
depunition oulesréprimandesn’ontrienarrangé?Aumoment
devousaventurerdanslagrandesurface, annoncez-luiquevous
lui donnez la permission de faire sa crise, mais à l’instant
où vous le lui proposerez. Et lorsqu’il s’arrête devant le rayon
habituel, demandez-lui de commencer à crier, encouragez-le à
trépignerouàseroulerparterre. Ilya90%dechancesqu’ilne
sepasseriencarvotreenfantsetrouvecoincédansunesituation
paradoxale (faire une colère qui ne va pas vous déranger à un
momentoùilnele«ressent»pas), cequil’amèneàreconsidérer
son attitude, et donc à en changer.

203
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°93

PASSEZ DES  CONTRATS 


AVEC VOTRE ADOLESCENT…
L es adolescents n’accepteront de suivre vos
consignes que s’ils ont le sentiment, d’une
part, que cela ne limite pas l’expression de leur
autonomieet, d’autre part, qu’ils ont quelque chose
à y gagner ! D’où l’intérêt de passer avec eux des
« contrats », moyen efficace et non conflictuel pour
se faire écouter en leur donnant le sentiment d’être
entendu. Chacun y gagne !

Ne comptez plus sur les motivations internes


À l’adolescence, les motivations affectives (ou internes),
comme la satisfaction de faire plaisir à ses parents, le senti-
ment de puissance que donne le fait de réussir ce l’on
entreprend (associé à la fierté que l’on ressent vis-à-vis de
l’entourage) ne suffisent plus. D’autant que les adolescents
ont, par ailleurs, besoin d’affirmer qu’ils ne sont plus des
« petits qui disent oui à tout ».
Il convient donc de rechercher d’autres types de motiva-
tions. D’autant plus que les activités proposées (ou imposées)
sont toujours perçues comme des contraintes sur le court
terme, dans la mesure où elles empiètent sur leurs loisirs
ou sur le temps passé avec les copains. Même les activi-
tés appréciées auparavant (sport, musique…) peuvent être
affectées par ce désintérêt. Et l’argument parental « c’est pour
toi que tu le fais » ne pèse pas lourd face à ce sentiment
deperte de temps ou d’effort à faire.

204
LA BOÎTE À OUTILS DE L’OBÉISSANCE

Pour mobiliser sa volonté, il sera judicieux de lui permettre


de gagner quelque chose en retour, ou, à tout le moins, de
lui en donner l’impression. Il n’est pas nécessaire que cela
ait un lien direct avec ce que l’on attend de lui, mais davan-
tage que cela corresponde à quelque chose susceptible de lui
plaire sans que cela vous coûte ou soit en contradiction avec
vospropres principes.

Cinq principes essentiels


1. Un engagement de la part de l’ado.
2. Une contrepartie de la part des parents.

Ainsi, il s’agit bien d’un échange (ni chantage ni marchan-


dage) où chacun sort gagnant. En effet, cela ne remet pas en
question l’autorité du parent puisque c’est lui qui propose

le contrat (et non l’inverse), dont il reste maître des termes.

Pour que cela fonctionne, il faudra au préalable:


3. identifier le problème que l’on veut résoudre ;
4. recenser ensemble les solutions possibles ;
5. choisir (toujours d’un commun accord) une solution à
laquelle tout le monde souscrit.

Les parents qui craindraient que ce système soit une forme


d’encouragement à tout négocier constateront qu’il s’agit plu-
tôt d’un équivalent du système récompense/punition: selon
que le contrat sera ou non respecté, l’adolescent obtiendra
ce qu’il désire. Il encourage à respecter ses engagements et,
parlà même, développe la responsabilité et l’autonomie.

205
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°94

…ET VEILLEZ À LEUR BON


FONCTIONNEMENT
C onvenir de contrats avec un adolescent ne
garantit pas que les règles seront dès lors
respectées à la lettre. Appuyez-vous sur quelques
principes pour vous assurer de leur meilleur succès.

Transformez les contrats en routine


Les habitudes facilitent le quotidien, en évitant notamment
d’avoir à trop se poser de questions. C’est ce qui rend les
rituels si rassurants. Mais à l’adolescence, le désir est justement
de s’y opposer. En établissant ensemble de nouveaux contrats,
vous posez les bases de nouveaux modes de fonctionne-
ment qui seront d’autant mieux suivis qu’ils deviendront
denouvelles… habitudes.

Ce que vous pouvez faire pour cela


Une fois les « obligations absolues » et les points négociables
déterminés, il est possible d’inscrire ensemble les accords sur
une liste ou un tableau afin de leur donner plus de poids et
de s’assurer que chacun en accepte les termes ; on l’affichera
ensuite (sur le réfrigérateur ou la porte du séjour), afin d’être
également sûr que tout le monde le garde en ligne de mire.
Durant cette étape d’instauration des habitudes, n’hésitez
pas à solliciter l’appui d’autres adultes dont vous respectez
les compétences parentales. Ils pourront jouer le rôle de
« référents » quand il s’agira de rappeler à votre adolescent
ce sur quoi il s’est engagé.
Au début, n’hésitez pas à y revenir en permanence ou

à y faire référence, au risque de vous voir opposer sur un

206
LA BOÎTE À OUTILS DE L’OBÉISSANCE

ton désagréable un « je sais, tu me l’as déjà dit », voire


un « tu me gonfles » ou toute autre expression désobli-
geante. En revanche, veillez à rester stoïque pour favoriser
sa coopération. L’important est que la répétition aboutisse
àl’automatisme.

Quand votre adolescent ne respecte pas le contrat


N’élevez pas la voix et maîtrisez vos émotions : si vous
criez ou menacez, ce n’est plus l’attitude de votre enfant qui
pose question, mais votre comportement (les contrats, vous
les avez passés ensemble). Clarifiez ce qui s’est produit et ce
que votre adolescent pensait et ressentait à ce moment-là,
et discutez avec lui des conséquences du manquement aux
règles à tête reposée. Vous serez mieux à même de statuer sur
la sanction à adopter. Si les transgressions se répètent trop
souvent à propos du même sujet, le contrat peut s’avérer
inadapté. Mieux vaut alors le reformuler plutôt que s’enferrer
dans l’escalade des punitions et des conflits.

Face à un adole scent menacant

• Restez calme et évitez de réagir en miroir (ne proférez pas de menace

en retour).

• Détournez la conversation… puis affirmez calmement quevous

discuterez du problème plus tard, en précisant le moment

(aprèsledîner, par exemple) pour que cela ne soit pas interprété

comme uneabdication. Et faites-le.

• Quoi qu’il en soit, ne changez jamais de position à cause d’une

menace!

207
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°95

SACHEZ CHOISIR ENTRE


LESDIFFÉRENTES FORMES
DESANCTIONS… ET LEURS
CONSÉQUENCES
N e nous voilons pas la face: les punitions jouent
un rôle important dans l’exercice de l’autorité
parentale. Cependant, toutes n’ont pas la même
efficacité, ni les mêmes conséquences à long terme
sur le développement des enfants.

Quatre principaux types de sanctions


En cas de transgression, de comportement ou d’échanges ina-
daptés, les parents utilisent différentes stratégies disciplinaires
sans nécessairement avoir conscience de leur catégorie, le plus
souvent d’instinct ou en fonction de ce qu’ils imaginent
comme nécessaire pour se faire respecter et éviter la récidive.
On identifie ainsi les punitions coercitives, les sanctions
punitives et inductives et les réactions permissives.
• Lespunitionscoercitives: elless’appuientessentiellement
sur les châtiments corporels, les intimidations, voire les
insultes. Elles se justifient essentiellement par le soulage-
ment qu’elles procurent au parent qui se décharge ainsi de
sesémotionssurl’enfant, qu’ils’agissedesacolère(lorsqu’il
s’estime floué par la faute de l’enfant) ou de sa peur si la
bêtise comportait un risque pour son rejeton ou pour
lui-même.
• Les sanctions punitives : ce sont les moyens les plus
fréquents que l’on utilise pour corriger la situation, soit en

retirant (transitoirement ou définitivement) un privilège

208
LA BOÎTE À OUTILS DE L’OBÉISSANCE

(« privé de sortie, de jeux… »), soit en imposant une ou des


corvées supplémentaires.
• Lessanctionsinductives: ellesconsistentdansl’ensemble
des mesures où la participation de l’enfant est sollicitée
pour trouver une réparation, une solution satisfaisante
pour chacun, par l’échange et la négociation: établir avec
lui ce qu’il pourra donner de son argent de poche pour
remboursercequ’il adégradéouvolé, convenird’unaccord
qui respecte ses envies et prend en compte les exigences
dufonctionnement familial…
• Les réactions permissives: elles se traduisent essentielle-
mentparl’absencederéactiondedésapprobation, uneindif-
férence ou une réprobation ambiguës, qui ne dissuadent
pas de la récidive.

Des conséquences sur le long terme


Même si les études psychosociales sont peu nombreuses,
toutes s’accordent sur le fait que les punitions coercitives
non seulement n’empêchent pas la récidive, mais présentent
un caractère extrêmement préjudiciable sur le dévelop-
pement des enfants, favorisant, suivant le contexte, l’in-
hibition, un sentiment de rejet, l’agressivité… À l’opposé,
la permissivité ou l’incapacité à poser des limites stables
peuvent favoriser l’émergence de comportements déviants.
Il est admis que le choix de sanctions inductives aide l’en-
fant à gagner en maturité en favorisant la responsabilisation.
Lespunitions classiques restent des outils éducatifs pertinents
lorsqu’elles sont corrélées à l’attitude qu’elles veulent sanc-
tionner, d’autant qu’elles peuvent être pondérées en fonction
de la gravité.

209
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°96

REMPLACEZ LES MENACES PAR


DES ENGAGEMENTS
P our faire cesser un comportement, on a souvent
tendance à utiliser des avertissements qui
emploient des formulations commençant par « si »:
« Si tu continues à agir ainsi, tu seras puni de… »

Menaces et récompenses
Supprimer les menaces du type « si… alors » n’est pas aussi
facile qu’il n’y paraît. Parfois, nous y recourons sans nous
en rendre compte, par réflexe ou par désarroi. Pourtant, ces
procédés sont inefficaces, voire préjudiciables, sur le long
terme.
Toute formule commençant par « si » s’avère en fait une
formede manipulation. « Situfaiscequejetedis, tuauras… »
n’est effectivement pas une menace mais procède d’une forme
de chantage. Il s’agit d’un chantage à la récompense, comme
la menace est un chantage à la punition. La« victime » decette
pression morale peut se sentir piégée, dépossédée de son libre
arbitre. Cela favorise l’idée que toute relation ne fonctionne
que sur le principe du donnant-donnant. Grandissant sous
ce type d’influence, l’enfant peut lui-même utiliser à son tour
ce mode de fonctionnement relationnel.
Des études psychologiques l’ont mis en évidence : les
récompenses octroyées excessivement diminuent le plaisir
et la motivation pour la réalisation de tâches initialement
plaisantes. On constate un phénomène similaire lorsque,
pour motiver l’exécution de corvées, on a recours à une forme
de chantage. Cela confirme le caractère déplaisant de la

tâche, et si, dans un premier temps, l’enfant accepte pour

210
LA BOÎTE À OUTILS DE L’OBÉISSANCE

avoir son cadeau, cela ne le pousse pas à fournir des efforts


continus. Au final, il ne développe aucune motivation intrin-
sèque à bien agir. L’enfant peut également intégrer l’idée que
l’on ne croit pas en ses capacités à faire bien, ou « comme
un grand », au point que l’on ait besoin de le récompenser.
L’autre conséquence négative est que votre enfant ne puisse
plus rien faire sans « rémunération ».

Remplacez les « si, si » par des « soit, soit »


Plutôt que faire du chantage à la punition ou à la récompense,
proposez à votre enfant un choix associé à ses conséquences.
Il s’agira pour lui de se déterminer le plus souvent entre la
poursuite de sa mauvaise conduite ou l’arrêt de celle-ci avec
les conséquences qui sont associées : être isolé, perdre un
avantage, ou accéder, par exemple, à une activité intéressante.
À l’exemple de: « Soit tu persistes dans ta volonté de ne pas
t’habiller, on perd du temps, et comme de toute façon on doit
sortir, tu choisis de sortir en pyjama ; soit tu t’habilles rapi-
dement et il nous restera du temps pour aller au parc après
les courses. » Il s’agit d’autoriser l’action, mais ailleurs ou sous
certaines conditions moins favorables pour l’enfant: « Soittu
veux crier, alors tu vas le faire tout seul dans le jardin ; soit
tupréfères que l’on joue ensemble et tu parles calmement. »

«
L’enfant victime du chantage peut se sentir »
piégé, dépossédé de son libre arbitre.

211
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°97

PROPOSEZ DES SOLUTIONS


OÙTOUT LE MONDE EST
GAGNANT
F aire preuve d’autorité ne signifie pas imposer
les règles coûte que coûte. Sans les remettre en
question pour autant, il s’agit parfois de faire preuve
de souplesse et de savoir les adapter à la réalité du
moment et aux nécessités de l’enfant.

Remplacez l’interdit par l’autorisé


Les limites ne définissent pas que ce qui est interdit: elles
tracent aussi le champ de tout ce qui reste possible. Ainsi,
après avoir expliqué pourquoi il est interdit de faire de la
patinette sur la route, on pourra indiquer tout l’espace (bien
plus important) qu’offre le parc ou l’esplanade. De même,
vous aurez vite fait de déjouer la crise du tout-petit si vous
lui proposez un autre jouet après lui avoir fermement inter-
dit de toucher à l’objet dangereux sur lequel il avait jeté son
dévolu.

Adaptez la règle si besoin


Léo a un match de rugby important ce dimanche, Célia est
invitée à dormir chez sa meilleure amie… mais il y a aussi
des devoirs à faire pour la semaine prochaine. Le contrat
pourra se définir ainsi : « D’accord, exceptionnellement
ce samedi vous êtes exemptés de devoirs, à condition que,
mercredi, vous vous avanciez sur les exercices de la semaine
prochaine. »

212
LA BOÎTE À OUTILS DE L’OBÉISSANCE

Trouvez des compromis


(ce n’est pas manquer d’autorité)
Le plus important n’est-il pas que chacun obtienne ce qui
lui convient ? Avec l’adolescence, le jeune vit mal qu’on lui
impose nos décisions. Il y voit une remise en question de
son autonomie et de lui-même, et se sent considéré comme
un tout-petit. Plutôt que de s’exposer à une opposition ou à
des clashs systématiques, vous gagnerez à définir ensemble
de nouvelles règles.
Ainsi, il est possible, avec son ado, d’instaurer la classifica-
tion « feux de signalisation »:
• vert: ce sur quoi on lui laisse carte blanche ;
• orange: on réfléchit au cas par cas ;
• rouge: c’est sans négociation possible.
Négocier correspond avant tout à régler un problème
et à parvenir à une entente par le biais de la discussion.
Votre ado y sera d’autant plus sensible qu’il aura le senti-
ment d’être respecté. À condition, bien sûr, qu’il tienne ses
engagements!

L’harmonie éducative

Elle ne correspond ni au parent qui « gagne » parce qu’il impose sa

volonté au seul titre qu’il est l’adulte, ni à l’enfant qui vient à bout de

son parent qui cède devant l’intensité de ses crises. Ce qui importe,

ce n’est pas d’avoir le dernier mot, mais que soient respectées

les règles que vous avez établies dans l’intérêt de votre enfant

et du bon fonctionnement familial.

213
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

RÈGLE N°98

UTILISEZ LA TECHNIQUE
DUCHOIX ILLUSOIRE
I l est possible d’obtenir que votre enfant vous
obéisse sans entrer dans un rapport de force s’il
a le sentiment que c’est lui qui contrôle la situation.

Accordez-lui un rôle actif


Pour qu’il accepte de se coucher, de s’habiller ou de venir à
table, donnez-lui l’illusion que c’est lui qui a choisi. Il sera
plus à même de vous obéir s’il sent que son libre arbitre
est respecté. Offrez-lui donc un choix dans ce que vous lui
imposez. La question pour lui n’est plus d’accepter ou de
refuser, mais de sélectionner une option qu’il se sentira
automatiquement plus enclin à suivre.
Au lieu de lui dire, par exemple, « Habille-toi »,
demandez-lui : « Tu veux mettre ce pantalon bleu ou celui
qui est gris ? » Ou encore, plutôt que d’exiger de lui qu’il
s’installe à table, demandez-lui s’il préfère être assis près de
son frère ou à côté de sa mère. Lorsqu’il aura commencé à
coopérer, il poursuivra sur cette voie.

214
LA BOÎTE À OUTILS DE L’OBÉISSANCE

RÈGLE N°99

TROUVEZ DES SANCTIONS


EFFICACES
I l n’y a pas plus de bonne punition qu’il n’y a de
bonne bêtise. En revanche, lorsque c’est nécessaire,
on peut sanctionner juste ce qu’il faut.

La punition juste
Les trois caractéristiques importantes sont qu’elle doit être
adaptée à l’âge de l’enfant, proportionnelle à la bêtise
et ne pas porter sur un besoin fondamental pour lui

(physique comme affectif).


Les règles doivent être énoncées et connues à l’avance :
pas de punition surprise, donc, ni de menace que l’on ne
mettra pas à exécution. Plus la sanction est en rapport avec
l’acte et plus elle a du sens, à condition de ne pas être exagérée.
Enfin, une punition est toujours limitée dans le temps.

Privez pour sanctionner


Retirer un privilège (comme en octroyer un nouveau en
guise de récompense) s’avère une sanction à la fois classique
et efficace. On peut confisquer un jouet ou un objet auquel
l’enfant tient si celui-ci est concerné par la bêtise. Mais on
évitera de confisquer les doudous qui ont une fonction
affective. Le retrait sera toujours de courte durée et l’enfant
doit pouvoir le récupérer grâce à une bonne action.
Une alternative consiste à limiter l’utilisation de ce qui
pourrait nuire à des activités considérées comme bonnes:
on pourra priver de télévision si cette dernière est responsable
de leçons mal apprises ou de manque de respect (l’adolescent

215
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

qui s’oppose pour voir la fin de son émission) ou restreindre


les jeux vidéo aux week-ends.

«
Plus la sanction est en rapport avec l’acte
» à condition de ne pas
etplus elle a du sens,
être exagérée.

Priver de sortie s’avère judicieux si la bêtise a lieu en


public ou correspond à un comportement inadapté que l’on
ne voudrait pas voir reproduit à l’extérieur, ou encore porte
atteinte aux règles sociales (rentrer en retard du lycée ou ne
pas prévenir lorsque l’on a un contretemps).

216
LA BOÎTE À OUTILS DE L’OBÉISSANCE

RÈGLE N°100

COMMENT NE PAS VOUS


LAISSER INTERROMPRE
V otre enfant doit apprendre à ne pas vous
interrompre. Cette marque de respect a une
valeur autant symbolique qu’éducative puisqu’elle
repose aussi sur le développement de la patience.

Se retenir de parler ne va pas de soi


Quand vous échangez avec l’autre parent par exemple, votre
enfant doit s’astreindre à ne pas rompre le fil de votre dis-
cussion. Cela ne va pas de soi, et vous le lui enseignerez
avec patience mais persévérance. Vous donnerez l’exemple
en veillant à lui consacrer suffisamment de temps pour
l’écouter et à ne pas lui couper la parole brusquement.
Vous éviterez aussi d’interrompre vos divers interlocuteurs
en sa présence. Si vous le faites, respectez les usages de
politesse.

La parole est d’argent


Intéressez-vous autant à votre enfant s’il parle que s’il ne
parle pas afin qu’il n’ait pas le sentiment de n’exister qu’à
travers la parole. Avec plusieurs enfants qui tendent à parler
les uns en même temps que les autres, lors du repas par
exemple, il est conseillé d’organiser la discussion en faisant
respecter la règle du « à tour de rôle ». Dans ce domaine,
votre éducation prolongera la règle appliquée en classe,
quand le professeur demande aux élèves de lever le doigt
pour prendre la parole. Sans imposer un usage similaire,
ilimporte d’indiquer à votre enfant comment s’engager sur

les rails de la discussion sans faire dérailler la vôtre. Il doit

217
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

respecter la parole d’autrui, mais votre mission n’est pas seule-


ment de lui apprendre à tenir sa langue: il s’agit aussi de lui
enseigner l’art de discuter.

«
Il importe d’indiquer à votre enfant
comments’engager sur les rails
»
deladiscussion sans faire dérailler
lavôtre.

Pour cela, conseillez-lui d’être attentif à ce que raconte son


interlocuteur et de montrer qu’il a bien entendu ce qui a été
dit avant d’énoncer ce qu’il souhaite faire entendre. Dans une
discussion, faites-lui remarquer les temps de pause durant
lesquels il pourra prendre la parole. Si vous êtes en train de
discuter avec un autre, invitez-le soit à patienter, soit, si son
message présente un caractère urgent, à formuler des paroles
d’excuse: « Pardon maman de t’interrompre, mais je dois te
dire que… » La difficulté sera pour lui de mesurer le degré
d’importance de son annonce.

218
LA BOÎTE À OUTILS DE L’OBÉISSANCE

RÈGLE N°101

RENONCEZ DÉFINITIVEMENT
À TOUTE FORME
DEMALTRAITANCE
C omme pour la fessée, il n’est pas rare d’entendre:
« Des coups, nous en avons tous reçu et nous
n’en sommes pas morts… » Pourtant, les statistiques
sont éloquentes : bien que les chiffres ne soient
que des estimations (en raison des situations non
déclarées), on dénombre environ 19 000 enfants
maltraités, et 600 à 700 (presque deux enfants par
jour) meurent chaque année suite à des mauvais
traitements.

Un système éducatif inopérant


L’expérience montre que plus on a recours aux châtiments
corporels, plus leur fréquence augmente, ce qui prouve leur
inefficacité. Cela correspond au phénomène d’habituation,
fréquent lors de la reproduction de punitions inadaptées.
Ilest à la fois lié à la réduction de la crainte de l’enfant, du
fait de la répétition régulière des châtiments (il n’a plus peur
d’avoir mal puisqu’il constate qu’il finit toujours par s’en
remettre et que ce n’est « qu’un mauvais moment à passer »),
et à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des
corrections par le parent face au constat de son échec.

Les mauvais traitements ne sont pas


quephysiques
Pour des raisons « éducatives », certains parents peuvent avoir
recours à des méthodes où prévalent les humiliations et les
exigences abusives. C’est le cas d’un enfant que l’on maintient

219
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

des heures devant sa copie parce qu’il n’arrive plus à réfléchir


sous la pression, ou à qui l’on fait rejouer jusqu’à épuisement
un morceau de piano sous prétexte qu’il se trompe à chaque
fois. Cette forme de maltraitance, qui ne laisse aucune trace
– physique en tout cas –, s’avère gravement délétère pour le
développement psychique et physique (on constate notam-
ment l’augmentation de la fréquence des troubles alimen-
taires) de l’enfant, d’autant plus que ce dernier, bien souvent,
la considère comme normale, ayant grandi avec ce modèle
éducatif : il se rend responsable de son sort, et coupable
dedécevoir ses parents qu’il aime malgré tout.

Changez votre regard sur l’éducation


Il semble clairement que, bien souvent, le but de ce type
d’éducation est le plus souvent la volonté de montrer qu’on
ne se laisse pas faire et qu’on sait imposer son autorité.
Le désir sous-jacent du parent – qui se croit bienveillant –
est de vouloir faire de l’enfant ce qu’il pense être le meilleur
pour lui, sans vraiment tenir compte de sa personnalité,
de sa sensibilité ou de ses désirs propres : il le formate au
lieu d’essayer d’en faire un adulte heureux et bien dans
sa peau.

De s conséquence s délétère s

• Une agressivité accrue.

• La recrudescence de comportements inadaptés.

• À l’inverse, un tempérament timoré où prévalent l’inhibition

etlemanque de confiance en soi.

• Un risque accru de lésions physiques et traumatiques.

220
POUR CONCLURE

L es relations affectives entre parents et enfants ne


se développent pas qu’à partir de moments de
maternage, de câlins ou de temps de jeu. L’éducation
est un élément essentiel dans l’établissement de
liens forts et de qualité. Parmi les différents brins
qui viennent tisser cette relation, l’autorité et
l’obéissance constituent deux fibres qui poussent
conjointement. C’est également parce que cet
attachement affectif sera bon que l’enfant obéira
volontiers à ses parents et sera soucieux de leur
faire plaisir. Réciproquement, les parents, en étant
également attentifs au bien-être de leur enfant,
s’autoriseront plus aisément à appliquer, en les
adaptant, leurs exigences éducatives.

C’est dans cet esprit que ces 101 règles ont été rédigées.
Espérons qu’elles apporteront à chaque adulte, parent, grand-
parent, familier ou tuteur, soucieux de se faire obéir sereine-
ment dans le respect de tous, des réponses ou, à tout le moins,
des pistes pour élargir leur champ d’action.
Il persistera probablement des périodes pas faciles: on ne

peut anticiper toutes les bêtises, les faux pas et les chutes,

221
LES 101 RÈGLES D’OR DE L’ÉDUCATION BIENVEILLANTE

lisser tous les comportements inadaptés, écarter toutes les


tentations… Aussi, rappelez-vous cependant deux choses:
• démarrez dès le plus jeune âge, les bonnes habitudes se
développent de part et d’autre, précocement ;
• vousavezdix-huitans(etparfoisplus !)pourélevervotre
enfant! Il n’y a pas de mal donc à faire preuve d’un peu de
patience…
Vos interventions porteront à coup sûr leurs fruits dans
quelques années…

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