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Marion Tamano

Enseigner
selon les types
de personnalité
avec la méthode ComColors®

en collaboration avec Franck Jullien


et Dorothée Fox
© ESF éditeur, 2013
Division de Reed Business Information - SAS au capital de 4 099 168 
Forum 52 - 52, rue Camille-Desmoulins, 92448 Issy-les-Moulineaux Cedex
Président : Antoine Duarte - Directeur de publication : Antoine Duarte
www.esf-editeur.fr

ISBN : 978-2-7101-2942-4
ISSN : 1158-4580

Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2e et 3e a,


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est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce
soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du
Code de la propriété intellectuelle.
Sommaire
Avant-propos, Philippe Meirieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?


Une méthode pour mieux se connaître . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Bref historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Le modèle ComColors® appliqué en éducation
et formation professionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Les six types de personnalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

2. Bien s’intégrer dans son établissement


Dans un cadre redéfini chaque année . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Trouver sa place en fonction de ses positions de vie . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Trouver sa place en fonction de sa personnalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Trouver sa place en fonction de ses sources de motivation . . . . . . . . . . . 40
Trouver sa place en fonction de ses compétences. . . . . . . . . . . . . . . . . 43

3. Les bases du modèle ComColors®


Découvrez votre profil ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Présentation du modèle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
La signification symbolique des couleurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
La couleur dominante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
La couleur secondaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Les comportements sous stress selon la personnalité . . . . . . . . . . . . . . . 57
Les rôles en équipe selon la personnalité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
La dynamique interne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

4. Les couleurs de la motivation


Découvrez votre motivation personnelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Les ressorts de la motivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Élargir sa zone de confiance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
La motivation selon chaque profil de personnalité . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
Sondage sur la motivation des enseignants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

3
5. Les couleurs du stress
Découvrez vos facteurs de stress . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
La gestion du stress. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Les éléments déclencheurs selon chaque profil de personnalité. . . . . . . . 89
Les comportements conditionnels et conflictuels au sein d’une classe . . . . 97
La prévention et la résolution des conflits. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
Réagir dans l’urgence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
Sondage sur la démotivation des enseignants. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

6. Le travail en équipe et ses couleurs


À chacun son rôle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
Une équipe performante : une question de compétence
ou de personnalité ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
Les règles de fonctionnement d’une équipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145

7. Les styles d’apprentissage


Styles d’enseignement et personnalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Apprentissage et enseignement différenciés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Les six styles d’apprentissage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
Style d’apprentissage et motivation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
Influence du profil sur le style d’enseignement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160

8. La communication avec les élèves


Votre personnalité influence votre communication . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
Les filtres de perception et de communication. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
Comment mieux communiquer avec les autres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183

Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185

Annexe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187

4
Remerciements
Nous sommes reconnaissants à nos collègues, enseignants et
formateurs, qui ont contribué à la qualité de ce livre par leurs
multiples témoignages. Nous remercions également tous ceux
qui ont répondu, de manière anonyme, à notre sondage sur la
motivation. Tous nos remerciements aussi à Sylvie Lejour qui a
édité cet ouvrage dans un souci constant de clarté et de rigueur.
Enfin, nous dédions ce livre à tous nos élèves. Ils nous donnent
chaque jour de nouvelles raisons d’aimer notre métier.

5
Avant-propos
Le « même » et « l’autre » :
assumer son « idem » pour inventer son « ipse »

« Connais-toi toi-même… » Depuis Socrate – et, évidem-


ment, depuis beaucoup plus tôt ! –, les humains s’interrogent
sur eux-mêmes et se demandent qui ils sont. Ils cherchent à
savoir qui est cet être mystérieux, « à quatre pattes le matin, à
deux pattes à midi et à trois pattes le soir », cet être en butte à
des problèmes qui, tout à la fois, l’inquiètent et le font progres-
ser, cet être encombré de pulsions étranges et contradictoires,
« mi-ange, mi-bête », comme dira Pascal, d’autant plus insai-
sissable que, dès lors qu’il s’agit de lui-même, il est condamné à
être, en même temps, le sujet connaissant et l’objet connu !
La mythologie, la théologie, la philosophie ont tenté – et
tentent encore – de trouver des solutions à cette question,
sans – fort heureusement ! – y parvenir complètement…
Tant est si bien que la seule réponse à peu près stable dont
nous disposons aujourd’hui reste « l’humain est d’abord celui
qui s’interroge sui lui-même, en quête d’une réponse sur ses
origines et le sens de son existence, en recherche permanente
d’identité ». Réponse qui, pour chacun et chacune d’entre
nous, laisse ouverte la voie de la réflexion comme celle de la
rencontre avec les œuvres de culture, la voie de la médita-
tion comme celle de la création, la voie de la recherche, sans
cesse renouvelée et toujours imprévisible, de ce qui donne
sens à notre présence dans « le bruit et la fureur » du monde.

7
Avant-propos

Mais, à côté de cette interrogation universelle, les humains


ont toujours aussi été en recherche des caractéristiques de leur
existence singulière. Le « qui sommes-nous ? » se répercute
ainsi à l’infini en « qui suis-je ? » et le « qui suis-je ? » en « que
suis-je capable de faire ? », « qu’est-ce que je peux réussir ? »,
« comment puis-je être plus efficace et plus heureux ? ». C’est
alors que l’humain tente de définir sa « nature », voire sa « per-
sonnalité ». Entreprise étrange et, à bien des égards insensée
car, d’une part, la singularité de chaque trajectoire ne peut nul-
lement se laisser enfermer dans une « catégorie » prédéfinie et,
parce que, d’autre part, la vie humaine, en ce qu’elle est toujours
porteuse de dépassement potentiel peut – et c’est sa grandeur –
subvertir toutes les catégories possibles, poser des actes impré-
visibles, faire des choix que rien ne pouvait laisser prévoir.

Ainsi, explique le philosophe Paul Ricœur, l’humain a-t-il, à


la fois, un « idem » et un « ipse »… Tout être humain, en effet,
est constitué d’un « idem » dont les grands traits figurent sur
sa carte d’identité ; c’est une personnalité physique et psychique
contingente et relativement stable dont il a largement hérité,
avec des caractéristiques qui lui appartiennent en propre ; c’est
un « idem » qui peut être approché par tous les tests et dia-
gnostics imaginables, que l’écriture littéraire et la clinique psy-
chologique tentent parfois de cerner ; c’est un « sujet-objet »,
en quelque sorte, qui l’inscrit dans une forme de permanence
et lui permet, tout au long de son existence, de demeurer « le
même »…

Mais tout être humain est aussi un « ipse » : un être qui peut
différer de ce qui l’a précédé, qui peut rompre avec son passé,
ou même, seulement, faire un pas de côté pour ne pas repro-
duire ce à quoi sa destinée l’aurait assigné ; c’est un « ipse »
qui peut inventer autre chose que ce qu’il a connu, explorer
d’autres terres que celles sur lesquelles il est venu au monde,

8
Avant-propos

expérimenter d’autres manières de faire que celles qu’on lui


a apprises et avec lesquelles il se sent le plus à l’aise ; c’est
un « ipse » qui peut étonner ou surprendre son entourage :
« Tiens, on ne s’attendait pas à cela de lui ! » Mais « cela » – son
« ipse » –, c’est bien lui qui en est l’auteur et je le reconnais à
son « idem », qui, lui, reste identique.
Ainsi « l’humaine condition » tisse-t-elle en permanence des
continuités et des ruptures, et le domaine professionnel – à
l’image des « profils d’apprentissage », des « styles cognitifs »
ou des « stratégies d’action » – n’échappe pas à cette règle. Tout
sujet apprend, en effet, avec « sa » personnalité ; il agit « comme
il est », avec les méthodes qu’il connaît le mieux et dont il pense
qu’elles vont lui garantir la meilleure efficacité. Mais, pour
autant, il s’appauvrirait s’il n’explorait pas des méthodes nou-
velles. Il s’étiolerait s’il ne se nourrissait pas des suggestions
des autres. Il se replierait sur lui-même et finirait par perdre
goût à toute aventure s’il ne prenait pas appui, en permanence,
sur « ce qu’il est » pour découvrir « ce qu’il pourrait être ».
C’est ainsi, je crois, qu’il faut comprendre le présent ouvrage
et c’est pourquoi il intéressera les enseignants. Comme toutes
les typologies, il a un caractère fascinant : chacune et chacun
aura donc à cœur de le lire en tentant de découvrir « ce qu’il
est » ; il pourra ainsi améliorer la connaissance de son « idem »
et comprendre comment il peut, en gérant aux mieux ses res-
sources, dépasser ses angoisses professionnelles, s’investir plus
efficacement dans sa tâche, communiquer plus simplement avec
autrui, découvrir ou redécouvrir le plaisir de (bien) enseigner.
Précieuses informations pour un métier où la sérénité se gagne
au jour le jour et n’est jamais définitivement assurée…
Mais, en même temps et, en quelque sorte, par décalage, ce
livre ouvre aussi le champ des possibles : il permet de se sta-
biliser pour prendre des risques et avancer autrement vers

9
Avant-propos

des terres moins connues et peut-être plus fertiles, des terres


offertes à notre « ipse ».
Car le professeur, s’il a un « profil de personnalité », est aussi
un professionnel qui doit s’adapter à des situations multiples et,
très largement, imprévisibles ; c’est un enseignant-chercheur
qui doit inventer de nouvelles médiations pour que ses élèves
apprennent toujours mieux… Chaque jour, il doit « se lancer ».
Et il vaut mieux qu’il le fasse en s’appuyant sur un terrain suf-
fisamment stabilisé. C’est ce que permet ce livre : assumer son
« idem » pour inventer son « ipse ».
Philippe Meirieu

10
Introduction
Bien se connaître est essentiel pour s’épanouir dans sa vie
professionnelle et personnelle. Or, partir à la découverte de soi
n’est pas toujours une démarche aisée, car le chemin qui mène
à soi est souvent jalonné d’embûches, de fausses pistes et de
périlleux raccourcis.
Cet ouvrage vous propose une méthode pour connaître votre
profil de personnalité et découvrir les ressorts de votre moti-
vation. Vous apprendrez à reconnaître également les facteurs
déclencheurs de stress auxquels vous êtes particulièrement vul-
nérable. Vous pourrez identifier votre style d’organisation et
d’enseignement, ainsi que votre rôle en équipe.
Les nombreux portraits, anecdotes et témoignages qui l’il-
lustrent vous permettront également de mieux comprendre vos
élèves et vos collègues.
Dans un premier temps, vous serez peut-être surpris par
l’approche et la perspective adoptées. En effet, le parti pris
consiste à ne pas se focaliser sur la performance et le bien-être
des élèves, mais plutôt sur ceux des enseignants en soulevant
la question très controversée – mais combien d’actualité – de
leur motivation au travail. Qu’est-ce qui fait que certains ensei-
gnants ont toujours la passion d’enseigner, y compris dans des
classes difficiles et surchargées, alors que d’autres, débutants
ou expérimentés, sont démotivés, stressés, déprimés, au point
d’envisager leur démission ?
Le modèle ComColors® que vous allez découvrir dans ces
pages apporte quelques éléments de réponse à partir de ce
constat : le métier qui vous convient le mieux est celui qui vous
permet d’être vous-même et d’exploiter vos aptitudes naturelles

11
Introduction

au même titre que vos compétences. En d’autres termes, chacun


d’entre nous peut envisager une carrière réussie dans son métier
à condition de prendre en compte la motivation liée à son profil
de personnalité. Si nous négligeons ce besoin vital, nous nous
exposons inévitablement à l’ennui, au découragement, au doute,
à la perte de sens, au stress excessif et à l’épuisement profes-
sionnel. Nourrir sa motivation personnelle dans l’exercice de
son métier au quotidien doit être un choix conscient, délibéré et
réfléchi. Encore faut-il avoir les outils adéquats pour s’engager
dans cette démarche active et constructive.
Au fil des pages, vous allez découvrir comment cette méthode
vous aidera à :
––développer une meilleure connaissance de vous-même et
des ressorts de la motivation liée à votre profil de personna-
lité. Entrer dans cette dynamique permet d’être plus impli-
qué, efficace et créatif dans l’exercice de son métier, tout en
préservant ses ressources d’énergie ;
––identifier les facteurs déclencheurs de stress auxquels
vous êtes particulièrement vulnérable afin de mieux anticiper
et gérer les situations de tension et de blocage. Détecter les
« terrains minés » et rester vigilant quant aux manifestations
du stress permet de désamorcer les conflits, tout en gardant
le contrôle de soi et du groupe ;
––différencier vos attentes et vos exigences au sein d’une
classe et/ou d’une équipe selon le profil de vos élèves et/ou
de vos collègues en respectant leurs styles d’organisation,
d’apprentissage ou d’enseignement sans porter un jugement
de valeur sur l’un ou l’autre ;
––développer une communication plus efficace, fluide et har-
monieuse avec vos élèves et vos collègues. Connaître les dif-
férents modes de perception et de communication, propres à
chaque profil de personnalité, permet de se synchroniser sur
l’autre et de pratiquer l’écoute active ;

12
Introduction

––renouveler votre plaisir d’enseigner, vous épanouir pleine-


ment dans votre métier au quotidien, occuper la place qui est
la vôtre au sein de votre établissement et de vos classes.
Vous allez ainsi prendre connaissance de votre propre profil
de personnalité et de la palette de vos multiples talents. En pre-
nant pleinement conscience du potentiel qui est le vôtre, vous
serez en mesure d’ouvrir, une à une, les portes de votre devenir
et de vous épanouir dans votre métier d’enseignant.

13
1. Qu’est-ce que le
modèle ComColors® ?

C e modèle permet de comprendre que


nous agissons selon une dynamique Une méthode po
propre à notre type de personnalité mieux se conn ur
et selon ce qui nous motive dans la
aître
vie. Vous verrez d’ailleurs que la source de notre
motivation dépend de notre type de personnalité.
Il pourra vous aider non seulement à mieux vous
connaître, mais aussi à mieux connaître les autres.

Bref historique
À l’origine, ce modèle a été conçu et finalisé par Franck
Jullien avec l’objectif d’aider les lycéens – dont sa propre fille
en classe de première – à mieux choisir leur orientation scolaire.
Consultant et formateur, il dirige depuis 1998 une société de
conseil et de formation, Comenius. Spécialisé dans le coaching,
le team building et la formation à la communication interper-
sonnelle, il intervient dans les entreprises pour aider les mana-
gers et les cadres à mieux se connaître pour mieux se réaliser.
À partir de son expérience et de ses connaissances, il a eu
l’idée de mettre au point une méthode simple et pédagogique
pour aider les lycéens à définir leur type de personnalité et à
découvrir leurs aptitudes naturelles, afin d’optimiser leur par-
cours scolaire et professionnel. L’idée d’un questionnaire en
ligne pour élaborer le profil d’orientation des élèves est donc

15
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

née du test mené au sein du lycée de sa fille, dans la région


parisienne, en 2004. Il s’est concrétisé grâce à un travail de
recherche avec un docteur en psychologie.
Depuis cette date, Franck Jullien est intervenu auprès de
nombreux CPE et enseignants de l’académie de Versailles pour
les former à comprendre et gérer les différents types de person-
nalité, notamment dans des situations de stress et de conflits.
Cet ouvrage présente les applications multiples et variées
de ce modèle, maintenant adapté au milieu scolaire, afin que
chaque enseignant, débutant ou expérimenté, puisse y trouver
sa place et être reconnu non seulement pour ce qu’il FAIT, mais
également pour ce qu’il EST.

La validation du modèle par la recherche


Les concepts clés du modèle présentés dans ce livre ont fait l’objet
d’un travail de recherche encadré par Fabien Fenouillet, enseignant
chercheur, docteur en psychologie et professeur de psychologie
cognitive à l’université Paris Ouest Nanterre-La Défense. Dans un
premier temps, ce travail a permis d’obtenir la validation factorielle
exploratoire qui confirme la validité des dimensions psycholo-
giques du modèle. Dans un second temps, la validation statistique
confirmatoire est venue confirmer la solidité du modèle théorique.

Le modèle ComColors® appliqué


en éducation et formation professionnelle
Ce modèle est utilisé dans l’accompagnement personnalisé
d’un public très varié : lycéens en quête d’une orientation sco-
laire réussie, jeunes professionnels soucieux de bien démarrer

16
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

dans la vie active, professionnels confirmés avides de mieux


développer leur potentiel, managers désireux de constituer des
équipes performantes, chômeurs sur la voie d’une reconver-
sion professionnelle, salariés ou travailleurs indépendants à la
recherche de clés simples et opérationnelles pour mieux gérer
des situations de stress et de conflit.
Tous ont en commun le souci légitime de faire le bon choix à
un moment clé de leur vie. Dans leur parcours professionnel,
le facteur humain s’est imposé comme étant le facteur incon-
tournable à prendre en compte pour progresser. Les obstacles
qu’ils doivent surmonter sont autant de questionnements et de
remises en question quant aux fondements de leur compétence
et de leur motivation personnelle.
En tant que professeurs, vous savez que des techniques de
classe bien rôdées et une compétence reconnue dans vos
matières respectives ne suffisent pas toujours à vous ras-
surer dans l’exercice quotidien de votre métier. Nous en vou-
lons comme preuve le nombre de collègues expérimentés qui
peuvent connaître le stress du professeur débutant à l’occasion
d’une nouvelle affectation, d’une classe particulièrement difficile
à gérer, d’une nouvelle rentrée scolaire avec son lot d’imprévus
et d’incertitudes.

☛☛Une aide à l’orientation des élèves


L’orientation est un pari sur l’avenir et sa réussite dépend
principalement du choix d’un métier qui permet d’être soi-
même afin de développer tout le potentiel de sa personnalité.
Le succès du site de ComColors® dédié à l’orientation scolaire
(www.quelleorientation.com) démontre bien que la demande de
guidage et d’information dans ce domaine est particulièrement
forte auprès d’un public lycéen, souvent démuni quand vient
l’heure des choix d’études supérieures. Le modèle permet en

17
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

effet de changer de regard sur l’orientation. Il donne au jeune


les clés de sa motivation pour le rendre acteur de ses choix sans
l’enfermer dans des schémas simplistes et réducteurs.
La démarche proposée est celle-ci : le jeune répond en ligne
à un questionnaire de 98 questions et reçoit son bilan per-
sonnalisé pour l’orientation. Sous forme d’un rapport détaillé
d’une vingtaine de pages, il met en évidence les fondamentaux
suivants : les couleurs de la personnalité, les principaux traits
de caractère, l’environnement de travail favorable, le mode
d’apprentissage préféré, le style d’organisation, le cœur de la
motivation, le rôle préféré dans une équipe, les préférences de
travail, les zones de vigilance, les questions personnalisées pour
savoir si un métier est adapté au profil. Ainsi, ce bilan conçu
pour l’orientation permet déjà au jeune de changer de regard
sur lui-même en se focalisant sur ses points forts : ses aptitudes
naturelles.
Il est appelé à se poser cette question fondamentale : « Qu’est-
ce qui me motive ? » Dans cette démarche positive et construc-
tive, le parent reçoit, par la même occasion, les clés pour mieux
comprendre et mieux communiquer avec l’adolescent en quête
de repères solides et fiables, résistant à toute dérive idéologique
ou autre.
D’autre part, si vous êtes professeur principal, vous avez pour
mission de guider les élèves dans leur choix d’orientation. En
classe de troisième, première et terminale, vous devez mener
des entretiens personnalisés d’orientation. Ce modèle peut vous
y aider.

18
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

Témoignage de Juliette, impliquée


dans l’orientation scolaire
« En tant que professeur principal de première, je ne peux pas rester
indifférente au fait que, chaque année, un nombre non négligeable
de mes élèves n’a aucun projet personnel pour l’avenir.
C’est une des raisons qui m’a poussée à m’intéresser au modèle
ComColors® et à inciter mes élèves à prendre connaissance
de leur type de personnalité pour mieux cerner leurs aptitudes
naturelles et leur motivation personnelle. J’ai constaté que
cette démarche peut les aider à définir leur projet d’orientation
et de formation en évitant de se focaliser exclusivement
sur leurs résultats scolaires. »

☛☛Une aide à la réorientation professionnelle


Peu d’enseignants s’imaginent encore enseigner à 60 ans et
au-delà. Or la réforme récente des retraites nous oblige à envi-
sager cette éventualité si nous n’anticipons pas une reconver-
sion professionnelle à temps. Mais est-il nécessaire de quitter
l’Éducation nationale définitivement pour s’épanouir dans son
travail ? C’est ce que vous allez voir dans les chapitres suivants,
en découvrant l’application du modèle à l’accompagnement
personnalisé de l’enseignant.
Dans la société actuelle, la majorité des personnes exercent
successivement plusieurs métiers. Ceci est souvent synonyme
d’évolution de carrière, d’ambition professionnelle, de prise
d’autonomie, de responsabilités accrues et d’augmentation de
salaire.

☛☛Une seconde carrière pour les professeurs ?


Au sein de l’Éducation nationale, les possibilités d’évolution de
carrière sont plus limitées. En interne, les professeurs peuvent

19
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

se diriger vers des fonctions d’encadrement, de direction, d’ins-


pection, de documentation, de recherche. Ils peuvent également
devenir formateurs ou enseignants en classes préparatoires ou
à l’université. Notons que le nouveau statut d’autoentrepreneur
leur permet de développer une activité de formation ou autre
en parallèle, à temps partiel. Les passerelles entre les fonctions
publiques, facilitées par la loi n° 2009-972 du 3 août 2009, per-
mettent également aux enseignants de changer de ministère
en s’engageant sur la voie d’un concours interne, d’un détache-
ment ou de la mise à disposition (MAD).

Le point de vue de Rémy Boyer


Dans son ouvrage1 Rémi Boyer relate le parcours de vingt-quatre
enseignants qui ont réussi leur reconversion professionnelle
grâce à la diversité de leurs compétences et à leur transférabilité
dans un autre domaine. Son site, www.aideauxprofs.org, offre
un accompagnement individualisé à distance à tout enseignant
désireux de s’engager sur la voie du changement. Rémi Boyer
souligne que « la motivation est l’un des paramètres les plus
importants dans le cadre d’une reconversion ».

Il relève le fait que pour certains enseignants, notamment ceux âgés


de plus de 45 ans, la reconversion est un pari risqué. Pour certains
d’entre eux, il est plus sage de poursuivre une formation pour
entretenir leur motivation, leur enthousiasme et leur créativité
dans l’exercice quotidien de leur métier. Les chiffres fournis
par son association sont éloquents : seulement 10 % des
enseignants de plus de 45 ans qui s’inscrivent dans cette
démarche de reconversion professionnelle finalisent leur projet
et réussissent à quitter l’Éducation nationale définitivement.

1. Enseignants et mobilité professionnelle. Conseils et outils pour choisir la vôtre,


Les Savoirs inédits, 2011.

20
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

Qu’ils décident de quitter l’Éducation nationale ou non, les


enseignants ont besoin de clés pour ancrer cette démarche de
reconversion volontaire dans du concret.
Tout changement de carrière exige une autoanalyse de ses
besoins et de ses désirs personnels. Il faut prendre le temps de
se poser la question des ressorts de sa motivation et y apporter
des réponses claires, structurées et concrètes. C’est à ce stade
que le modèle peut leur apporter de l’aide.
Le témoignage d’une stagiaire, Anne, professeur dans le
second degré, illustre bien le fonctionnement de la méthode.

Témoignage d’Anne, professeur


dans le second degré
« J’avais moi-même entrepris cette formation dans l’idée de me
reconvertir professionnellement. J’avais exercé le métier d’interprète-
traductrice pendant douze ans avant de passer le CAPES pour
devenir professeur d’anglais. Après onze ans à exercer à tous
les niveaux – primaire, collège, lycée, formation pour adultes –,
je ne voyais pas d’évolution de carrière possible. La cinquantaine
approchant, ce manque de perspective m’angoissait terriblement.
La formation a eu une répercussion inattendue sur le déroulement
de ma carrière. En découvrant mon profil de personnalité et ce
qui me motive, j’ai découvert que je n’avais pas choisi le métier
d’enseignante “par hasard” ou “par défaut”. En effet,
il correspondait parfaitement bien à mon profil et je pouvais nourrir
quotidiennement ma motivation en l’exerçant. En d’autres termes,
j’ai appris à mieux recharger mon énergie positive et créative
régulièrement pour éviter le découragement et le doute.
De fait, j’ai compris que la motivation liée à mon profil dominant était
nourrie et stimulée quotidiennement par la diversité des niveaux
auxquels j’enseignais, les horaires quotidiens variables et souples,
la possibilité d’être inventive et créative dans ma démarche
pédagogique et les tâches que je donnais aux élèves, le contact
quotidien avec des élèves et des collègues très différents, le travail

21
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

librement choisi sur des projets pluridisciplinaires. Quant à


la motivation liée à mon profil secondaire – celui que j’affichais plus
facilement au travail –, elle était stimulée par la structuration du
temps – horaires de cours, planning des devoirs, des réunions,
des sorties, des vacances –, la possibilité d’être rigoureuse
et perfectionniste dans l’élaboration et la mise en œuvre de
mes séquences pédagogiques, l’élaboration des évaluations,
le suivi individualisé des élèves en difficulté.
Au terme de ma formation, j’ai réintégré la classe avec un regard
neuf, plus positif et mes relations avec les élèves s’en sont trouvées
modifiées : plus sereines, plus détendues. En étant plus à l’écoute
de mes propres besoins pour régénérer quotidiennement mon
énergie positive liée à mon profil de personnalité, j’ai été
également plus à l’écoute des besoins de mes élèves.

Depuis, ma carrière a fait un bond en avant grâce à une estime


personnelle accrue et une plus grande confiance en moi.
En m’autorisant à être moi-même sur mon lieu de travail et dans
mon métier d’enseignante, j’ai découvert avec émerveillement
la palette de mes aptitudes naturelles et je les ai développées
pour tirer satisfaction et reconnaissance dans mon travail…
sans avoir à changer de métier ! »

Les six types de personnalité


Le modèle ComColors® définit six types de personnalité et
chaque type de personnalité est représenté par une couleur.
L’idée d’utiliser une couleur pour représenter un profil
comporte l’avantage de donner de la neutralité à l’intitulé de
chaque caractère. On évite ainsi toute étiquette réductrice due
à l’utilisation de termes comme, par exemple, « actif », « créa-
tif », « affectif » qui induisent, d’une part, une personnalité
figée et, d’autre part, un jugement de valeur. Commencez donc
par visualiser une palette de six couleurs : jaune, bleu, violet,
orange, vert, rouge…

22
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

☛☛Déterminer son profil de personnalité


pour connaître sa motivation
Depuis notre enfance, nous portons tous un profil de per-
sonnalité dominant. D’autre part, comme vous le verrez en
détail au chapitre 4, la motivation personnelle dépend du profil
de personnalité. Il détermine en effet notre « motivation per-
manente » qui guide, tel un GPS, le choix de nos centres d’inté-
rêt, nos loisirs, nos amis, notre ou nos partenaire(s) de vie, nos
études, notre métier, notre champ d’activité, etc.
De plus, pour des raisons qui peuvent être très variées – ado-
lescence, entrée dans la vie active, naissance du premier enfant,
décès d’un être cher, divorce, ou tout autre événement heureux
ou malheureux –, nous pouvons développer en parallèle un pro-
fil secondaire qui nourrit notre « motivation actuelle ». Nous
prenons conscience du fait que ce profil secondaire vient nuan-
cer le profil dominant de notre personnalité, car ce qui était pri-
mordial, prioritaire ou vital pour nous auparavant passe, petit
à petit, au second plan. En bref, le « secondaire » peut devenir
prépondérant sans jamais se substituer à notre profil dominant.
Le changement de motivation secondaire peut se pro-
duire plusieurs fois au cours d’une carrière et peut se révéler
déstabilisant et déroutant. En effet, nos repères internes en sont
momentanément bouleversés et nous n’avons pas toujours une
vision claire de nos besoins et des raisons de notre insatisfac-
tion ou mal-être au travail. C’est une des raisons pour lesquelles
il est essentiel de connaître notre profil dominant, car lui seul
nous assure des repères solides, fiables et permanents sur les-
quels nous pouvons nous appuyer en toute confiance pour évo-
luer professionnellement.

23
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

Figure 1 : La couleur dominante et la couleur secondaire


(reproduction en couleurs page 187)

Le diagramme ComColors®
Le diagramme ci-dessus (voir également la reproduction en
2
couleur page 187) montre le profil d’une personne de profil
dominant orange et secondaire bleu. Ce double profil orange/bleu
s’est affiché d’après les 98 réponses que la personne a fournies
en remplissant le questionnaire ComColors®2. Les autres couleurs,
plus ou moins présentes dans le diagramme, viennent nuancer,
plus ou moins fortement, le profil de personnalité de la personne.

Nous activons les autres facettes de notre palette per-


sonnelle au contact des autres au quotidien. En tant qu’en-
seignants, nous sommes particulièrement concernés par ces
sollicitations multiples puisqu’il nous faut interagir à tous les
niveaux : élèves, parents, collègues, chefs d’établissement, ins-
pecteurs, rectorat, administration, etc.

2. Pour obtenir ce questionnaire, rendez-vous sur le site : profil@comcolors.com

24
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

Quand nous prenons conscience, dans une classe de trente


élèves, qu’il nous faut gérer non seulement les six types de
personnalité et leur motivation respective, mais également
toutes les différentes nuances possibles, nous comprenons
mieux la difficulté de notre tâche. L’enseignant, tel un artiste
peintre, doit composer son tableau avec cette palette de couleurs
à la main, en veillant à ce que chacune d’elles soit mise en valeur
sans faire de l’ombre aux autres, tout en s’assurant une position
centrale dans la composition. Du grand art assurément ! Cela
nous amène à dire que toutes ces multiples facettes de notre
personnalité font de nous des êtres uniques, des enseignants
singuliers qui ne se conforment pas forcément à un modèle
unique semblable pour tous.

☛☛Enseigner selon sa personnalité


C’est un fait, nous enseignons autant ce que nous savons que
ce que nous sommes. Deux professeurs suivant le même pro-
gramme et la même progression auront une approche ou une
démarche différente en cohérence avec leur niveau de compé-
tence, leur expérience professionnelle, leurs convictions per-
sonnelles et leur profil de personnalité respectif.
Vous verrez au chapitre 8 que chacun d’entre nous, selon son
profil dominant, perçoit le monde et les autres comme à travers
des « lunettes colorées » : ses filtres de perception et de com-
munication. Ils conditionnent notre vision du monde, des autres
et de nous-mêmes. Ils dictent notre manière de communiquer par
les mots (le verbal), le ton de notre voix (le paraverbal), notre
gestuelle et les expressions de notre visage (le non-verbal).
Dans un métier autant axé sur la communication que celui
d’enseignant, la connaissance de ces phénomènes est fondamen-
tale pour mieux entrer en relation avec vos élèves en adop-
tant précisément le mode de communication approprié à

25
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

leur profil. Sans cet effort conscient de votre part, vous pouvez
vous sentir complètement isolés et incompris, voire agressés
lorsque, par exemple, vos consignes verbales n’ont pas d’effet,
vos conseils sont ignorés, vos questions laissées sans réponses,
vos remarques déformées ou mal interprétées. Ce qui est valable
pour les professeurs l’est également pour les élèves.
Ainsi, dans l’exemple suivant, vous verrez comment les modes
de perception et de communication très différents de l’élève et
de l’enseignant peuvent entraîner un malentendu.

Un dialogue de sourds
La sonnerie vient de retentir et Aline, élève en seconde ST2S,
s’approche du bureau de l’enseignant et s’adresse à lui en ces mots :
L’élève : « Vous m’aimez pas m’sieur ! »
L’enseignant : « Pourquoi dis-tu ça ? »
L’élève : « J’sais pas. Je le sens. »
L’enseignant est occupé à ranger ses affaires dans son cartable
et, sans regarder l’élève, lance d’un ton agacé : « C’est ridicule ! »
Il se retient pour ne pas ajouter : « Je ne suis pas là pour aimer
mes élèves mais pour les faire travailler. »
L’élève, d’un ton hésitant : « Non, m’sieur je… vous… faites comme
si je n’étais pas là. »
L’enseignant, tout en effaçant le tableau : « Enfin Aline, vous êtes
exactement trente-cinq dans cette classe, je ne vais pas passer
l’heure à vous regarder individuellement car alors notre programme,
on peut faire définitivement une croix dessus. »
Sur ces mots prononcés d’un ton neutre, il s’apprête à quitter la
classe d’un pas pressé, car il est déjà en retard de quelques minutes
pour le cours suivant. Il a le regard fixé sur la porte.
Aline, de plus en plus mal à l’aise, finit par dire : « Désolée m’sieur.
C’est pas grave… laissez tomber… mais je me sens pas bien quand
vous ne me regardez pas comme en ce moment. »
L’enseignant, furieux d’avoir été retardé pour si peu, quitte
la salle de classe sans même avoir accordé un regard à l’élève
visiblement désemparée.

26
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

Le type de personnalité d’Aline fait qu’elle ressent les choses.


À travers son filtre de perception, elle interprète l’attitude
neutre de l’enseignant comme de l’indifférence de sa part. Elle
ne peut pas l’expliquer, mais cela la met mal à l’aise et la per-
turbe pendant le cours, au point qu’elle décroche fréquemment
car elle a l’impression de ne pas être prise en compte en tant
que personne.
Le type de personnalité de l’enseignant le conduit à chercher
une explication logique et rationnelle au problème d’Aline et,
n’en trouvant pas, il n’est pas disposé à lui accorder une quel-
conque importance. Ce problème de communication entre élève
et enseignant pourrait en rester là et n’avoir aucune réper-
cussion sur le groupe ou le déroulement du cours. Mais si le
professeur ne fait pas l’effort de prendre en compte le désar-
roi d’une élève, il y a de fortes probabilités qu’il ne soit pas à
l’écoute de ses besoins. Or nous allons voir que ce scénario,
répété sur plusieurs séances, mène à des situations de stress
et de blocage qui finissent par parasiter le travail d’enseigne-
ment du professeur et sa progression de cours. L’enseignant
de ce profil s’isolera petit à petit dans sa bulle de compétence
et de performance, deviendra de plus en plus perfectionniste,
en décalage avec une grande partie de ses élèves qui ne feront
plus l’effort de le suivre, ni de l’écouter. Face à cette situation de
blocage, cet enseignant éprouvera une colère frustrée contre la
perte de temps, la désorganisation, la stagnation des résultats.
À un stade de stress avancé, nombre d’enseignants de ce profil
basculent dans la dépression ou font un burn out.
Si nous revenons au cas précis d’Aline, il aurait suffi d’un tout
petit effort de la part de l’enseignant pour sortir de son mode
de communication habituel lié à son profil, pour comprendre
le problème d’Aline en adoptant son mode de communication
à elle. Un regard, un sourire, une parole rassurante, un ton de
voix chaleureux suffisaient pour nourrir la motivation de l’élève

27
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

en quête d’une relation personnalisée et privilégiée avec son


professeur. Lui accorder ces quelques minutes « volées » sur
le cours suivant était suffisant pour lui redonner le sourire et
nourrir sa motivation car, pour elle, la relation avec le profes-
seur est essentielle pour son implication dans le cours. Comme
vous le comprenez déjà, nous nous engageons dans les chapitres
suivants à vous donner les clés pour gérer le groupe classe en
toute sérénité dans le respect du mode de fonctionnement et de
communication de chacun, selon son profil de personnalité.

☛☛Gestion du stress et des conflits


Quand notre motivation n’est pas reconnue, nourrie ou stimu-
lée, nous affichons le côté négatif de notre personnalité – compor-
tements conditionnels et conflictuels ­– et nous nous retrouvons
vite piégés dans un scénario inéluctable et pernicieux. Les deux
degrés de stress, léger et fort, déclenchent des comportements
de plus en plus négatifs de notre part ou de celle de nos élèves. Si
nous ne prenons pas pleinement conscience de ces phénomènes,
nous pouvons nous enfermer hermétiquement dans notre propre
mode de fonctionnement sans reconnaître à l’autre le droit de
fonctionner autrement. Le conflit est alors inévitable.
Le modèle ComColors® peut vous aider à trouver une solu-
tion en désamorçant à temps des mécanismes explosifs et
destructeurs (analysés en détail au chapitre 5). Or savoir recon-
naître à temps les comportements sous stress de chaque type de
personnalité est un atout indéniable pour apaiser les tensions.
Dans un environnement nouveau, par exemple, nous affichons
naturellement notre comportement sous stress. Tel est le cas de
vos élèves en début d’année lorsqu’ils ne vous connaissent pas.
Et celui d’un professeur qui intègre une équipe éducative après
une nouvelle affectation ou à chaque rentrée scolaire.

28
1. Qu’est-ce que le modèle ComColors® ?

Vous allez voir maintenant comment vous pouvez changer


réellement et durablement votre vie d’enseignant, en décou-
vrant, dans les chapitres suivants, les différents types de per-
sonnalité et les rouages de leur mécanique.

29
2. Bien s’intégrer dans
son établissement

S ’intégrer dans une équipe


pédagogique implique de
n’être pas seulement compétent
Dans un cadre
red
chaque année éfini
dans sa matière, mais également
d’apporter sa contribution personnelle
à un projet collectif.

Le débat actuel sur les heures effectives de travail d’un pro-


fesseur a le mérite de mettre en évidence le fait qu’enseigner
ne se résume pas à faire cours. Viennent s’y ajouter des heures
de présence obligatoire dans un établissement pour remplir des
tâches multiples, souvent en collaboration avec d’autres collè-
gues, et tout un travail conséquent à effectuer à domicile. Cette
forte implication personnelle de l’enseignant passe inaperçue
aux yeux de ceux qui n’exercent pas ce métier et, de ce fait, elle
est difficilement comptabilisée et ainsi rarement reconnue à sa
juste valeur. Or c’est bien ce travail individuel et collectif qui
permet à l’enseignant de s’intégrer au sein de son établissement.
Dans ce chapitre, nous allons nous intéresser à la façon dont
on peut trouver sa place au sein d’un établissement en fonction
de ses « positions de vie », sa personnalité, ses sources de moti-
vation et ses compétences. Vous verrez comment, à travers ces
quatre axes, l’enseignant peut bâtir des relations de confiance
avec ses élèves, ses collègues et ses supérieurs hiérarchiques
tout en conservant son autonomie dans l’organisation de son
travail et une grande marge de liberté dans la prise de décisions
et l’exécution des tâches multiples qui lui sont confiées. En

31
2. Bien s’intégrer dans son établissement

prenant conscience de ces quatre axes d’intégration possibles,


vous pourrez trouver la place qui est la vôtre et révéler tout
votre potentiel.

Trouver sa place en fonction


de ses positions de vie
Dans un métier de communication comme celui de l’enseigne-
ment, il est essentiel de comprendre les mécanismes qui déter-
minent les relations entre soi-même et les autres.

Positions de vie et analyse transactionnelle


Les positions de vie sont un concept issu de la théorie de
l’analyse transactionnelle (AT) élaborée par Éric Berne3 dans
les années 1950 aux États-Unis. L’AT représente une théorie
complète de la personnalité qui consiste à analyser nos
comportements, nos attitudes, nos paroles, nos réactions
physiques et émotionnelles pour en dégager des constantes.

Les positions de vie font référence aux croyances, ou à la


valeur que nous accordons à nous-mêmes, aux autres et à la vie.
Cependant, elles n’ont aucun rapport avec la réelle valeur des
individus. Nous pouvons considérer que nous avons de la valeur
(moi +) ou que nous n’en avons pas (moi -). De même, nous pou-
vons considérer que les autres ont de la valeur (les autres +) ou
qu’ils n’en n’ont pas (les autres -). Ainsi, nous sommes confron-
tés à quatre positions de vie possibles : +/+, +/-, -/+, -/-.
Le premier signe symbolise l’image que j’ai de moi, le second,
l’image que j’ai des autres.

3. Que dites-vous après avoir dit bonjour ?, Sand et Chou, 1972.

32
2. Bien s’intégrer dans son établissement

Cette représentation mentale de nous-mêmes et des autres


dans une situation donnée peut être complètement en décalage
avec la réalité. Par exemple, un enseignant peut être reconnu
très compétent par ses élèves, ses collègues ou ses supérieurs
sans se sentir lui-même à la hauteur dans une situation donnée.
Inversement, un de vos collègues peut se sentir très sûr de lui,
voire supérieur à vous, du fait de sa longue pratique pédago-
gique, et ne pas arriver à faire cours normalement et sereine-
ment en ayant recours à « ses bonnes vieilles méthodes ».

Rachida se sent « nulle »…


Rachida assiste à un son tout premier conseil de professeurs d’une
classe de troisième. Il se déroule au mois d’octobre, six semaines
après la rentrée scolaire. Rachida est remplaçante. Il s’agit de son
premier poste et elle rencontre des difficultés avec cette classe.
Quand vient son tour de donner un avis général sur les élèves,
elle reconnaît spontanément qu’elle a du mal à obtenir le silence
et que les bavardages la gênent dans sa progression de cours.
Ses collègues s’en étonnent et disent n’avoir pas de problème
particulier avec cette classe qui a, certes, un niveau global très
moyen mais qui ne pose pas de problème particulier de discipline.
À cet instant, Rachida se sent « franchement nulle » car c’est elle,
et elle seule, qui n’arrive pas à gérer cette classe. Elle s’enferme
dans un mutisme résigné et laisse passer le conseil sans faire de
commentaire personnel sur l’un ou l’autre des élèves. Elle a adopté
une position -/+ se sentant en position d’infériorité par rapport à
ses collègues plus expérimentés qu’elle. Amère et défaitiste, elle sort
de la réunion avec le sentiment d’être « condamnée » à subir cette
classe et à ne plus parler de ses difficultés à ses collègues.

L’expérience de Rachida est banale. Une oreille attentive à


son discours aurait perçu un appel à l’aide au-delà de son simple
constat d’échec dans la gestion du groupe. Pour lui permettre
de renouer avec une image plus positive d’elle-même, un de ses

33
2. Bien s’intégrer dans son établissement

collègues aurait pu lui conseiller d’imposer un plan de classe


pour éclater les noyaux durs de bavardage. Lui suggérer une
solution, sans rien lui imposer, aurait permis à Rachida de
retrouver une position de vie +/+ et de la rassurer quant à ses
capacités à faire face à la situation et à y trouver une réponse
satisfaisante. En niant tout problème de discipline dans leurs
classes respectives, ses collègues l’ont « enfermée » dans son
statut d’infériorité de remplaçante débutante. Plus tard dans
l’année, avec davantage de recul par rapport à cette situation,
Rachida reconnaîtra avoir interprété, à tort, l’indifférence de
ses collègues pendant ce premier conseil comme de l’arro-
gance et du mépris à son égard. Nous comprenons, grâce à son
témoignage, qu’il nous est possible d’arrêter ce processus de
dévalorisation personnelle, particulièrement déstabilisant dans
un métier relationnel comme le nôtre, si nous avons les outils
nécessaires pour sortir du domaine du jugement et nous posi-
tionner sur le terrain de l’analyse.

Les autres - Les autres +

+, - +, +
Supériorité Coopération
Moi + Arrogance Ouverture
Agressivité Écoute
Mépris Respect

-, - -, +
Défaitisme Infériorité
Moi - Amertume Culpabilité
Fatalisme Admiration
Dépression Frustration

Figure 2 : Les positions de vie

34
2. Bien s’intégrer dans son établissement

☛☛La position de vie +/-


La position de vie +/- correspond à une représentation posi-
tive de soi et à une représentation négative des autres. Ces
derniers peuvent être vos élèves, vos collègues, vos supérieurs
hiérarchiques ou l’Éducation nationale en tant que système.
Voici quelques exemples de phrases ou de pensées que peut
prononcer ou ruminer le professeur qui est dans cette position
de vie :
––Vous êtes franchement nuls !
––Vous n’avez aucune chance de réussir dans la vie avec des
notes pareilles !
––Je perds mon temps à travailler avec vous !
––Laissez-moi gérer ça tout(e) seul(e) comme je l’entends.
––C’est n’importe quoi !
––Vous perdez votre temps et le mien !
––Si j’étais vous, je m’inquiéterais !
––Ce n’est sûrement pas comme ça que vous allez réussir !
––Je ne veux rien entendre. Taisez-vous !
––Jusqu’à preuve du contraire, je fais la loi dans ma classe. Je n’ai
aucune leçon à recevoir de vous !
Le professeur dans cette position dévalorise ses élèves, ne fait
pas confiance à ses collègues, manque de considération envers
ses supérieurs hiérarchiques, refuse d’entendre les remarques
qui lui sont adressées. Cette position s’apparente au complexe
de supériorité, au « moi, je sais tout ». Arrogant, agressif,
méprisant, le professeur dans cette position de vie est d’une sus-
ceptibilité excessive et ne supporte aucune critique ou remise
en question. Paradoxalement, cette position supérieure cache
la peur de ne pas être écouté, d’être contredit ou d’être remis
en cause. L’arrogance affichée révèle en réalité un manque de
confiance en soi, un positionnement intérieur -/+, qui amène le
professeur à se défendre en agressant les autres.

35
2. Bien s’intégrer dans son établissement

☛☛La position de vie -/+


La position de vie -/+ correspond à une représentation néga-
tive de soi et à une représentation positive des autres. Le manque
de confiance en soi, l’admiration démesurée pour un collègue, la
culpabilité de ne pas savoir gérer une classe ou de n’avoir pas
su répondre de manière satisfaisante à un élève ou un collègue
sont autant d’indicateurs qui trahissent cette dévalorisation de
soi par rapport aux autres. Voici quelques exemples de phrases
ou de pensées que peut prononcer ou ruminer le professeur qui
est dans cette position de vie :
––Je suis franchement nul(le) !
––Je n’arriverai jamais à la hauteur de ses exigences !
––De toute manière, ce n’est pas la peine que j’essaie, je sais
d’avance que je n’y arriverai pas.
––Je m’en veux de lui avoir dit ça.
––J’ai encore dit une bêtise en conseil de classe !
––Ah ! Ses diplômes lui permettent de toujours rafler les meil-
leures classes !

☛☛La position de vie -/-


La position de vie -/- correspond à une représentation
négative de soi et des autres. En général, un professeur qui
s’installe de manière durable dans ce comportement devient
dépressif et finit en arrêt maladie. Rémi Boyer, fondateur du site
aideauxprofs.org, indique que, parmi les 3 200 enseignants
qu’il a accompagnés dans leur reconversion entre 2006 et 2011,
15 % d’entre eux étaient en congé pour longue maladie, devenus
inaptes à faire face à une classe4. Défaitiste, amer, résigné, désa-
busé, fataliste, le professeur en position -/- est démissionnaire.

4. Enseignants et mobilité professionnelle. Conseils et outils pour choisir la vôtre,


op. cit.

36
2. Bien s’intégrer dans son établissement

Voici quelques exemples de phrases ou de pensées que peut


prononcer ou ruminer le professeur qui est dans cette position
de vie :
––À quoi bon !
––Il n’y a rien à tirer des élèves, ni du système. Franchement, je
ne sais pas trop ce que je fais là.
––Je perds mon temps au sein de l’Éducation nationale. De toute
façon, je ne suis pas fait(e) pour ça.
––Je suis bon(ne) à rien, mes élèves sont nuls, mon principal
incompétent, le système éducatif incohérent, mon travail n’a
plus de sens.
––Je ne vaux rien sur le marché du travail. Je suis cassé(e) avec
l’étiquette « non recyclable ». De toute façon, le navire est en
train de couler.
Heureusement ces positions de vie ne sont pas figées. Dans
certaines circonstances, un professeur baissera les bras et, dans
d’autres, il reprendra confiance en lui et dans les autres. Il est
possible de changer de position de vie face à diverses personnes
ou face à une même personne en fonction du contexte et de la
situation. Par exemple, dans une classe particulièrement diffi-
cile à gérer où les incivilités fusent, vous pouvez adopter cette
position -/- lorsque vous vous sentez dépassé et impuissant face
à des élèves récalcitrants et irrespectueux, alors que dans une
autre classe, vous pourrez vous situer en +/+ en travaillant sur
un projet ambitieux qui vous galvanise et motive vos élèves à
s’investir.

☛☛La position de vie +/+


La position de vie +/+ correspond à une représentation
positive de soi et des autres. Vous êtes alors conscient de votre
valeur et de celle des autres. Vous vous acceptez tel que vous êtes
avec vos qualités et vos défauts, tout en faisant de même pour

37
2. Bien s’intégrer dans son établissement

vos élèves et vos collègues. Ouvert, respectueux, coopérant, à


l’écoute de ses besoins et de ceux des autres, le professeur dans
cette position de vie est conscient de ses responsabilités et agit
de façon réaliste et constructive. Il ne cherche pas à prendre le
pouvoir sur qui que ce soit et n’attend pas d’être pris en charge.
Il exprime clairement ses idées, ses points de vue et ses senti-
ments, y compris ses doutes, sa frustration, sa colère, de manière
authentique sans les ruminer dans son for intérieur.
Voici quelques exemples de phrases que peut prononcer le
professeur qui est dans cette position de vie :
––Je suis satisfait(e) de vos derniers résultats. Nous sommes
encore loin des objectifs que nous nous sommes fixés, mais je
suis confiant(e). Nous sommes sur la bonne voie.
––Je ne suis pas très compétent(e) en informatique alors si l’un
d’entre vous peut m’aider, je lui en serais très reconnaissant(e).
––Je pense que cette remarque désobligeante à mon égard en
conseil de classe n’était pas justifiée et j’aimerais que l’on en
parle.
––Je ne suis pas satisfait(e) de notre rythme de cours. Nous
per­dons beaucoup trop de temps à nous mettre au travail.
Comment pouvons-nous remédier à ce problème ?
Le professeur dans cette position +/+ ne nie pas les pro-
blèmes, ni les divergences. Au contraire, il les aborde de front,
confiant en ses capacités et celles des autres à pouvoir trouver
une solution satisfaisante pour tous. Cette attitude bienveillante
vis-à-vis de lui-même et des autres le rend particulièrement
apte à gérer le facteur humain, essentiel et imprévisible, dans
l’exercice quotidien de son métier d’enseignant. Dans les cha-
pitres suivants, vous verrez comment développer cette posture
gagnant/gagnant dans des situations de travail très diverses et
changeantes : en classe, en conseil de classe, pendant une réu-
nion avec les parents, en réunion de concertation, en face-à-face
avec un collègue ou un supérieur.

38
2. Bien s’intégrer dans son établissement

Trouver sa place en fonction


de sa personnalité
On n’est pas enseignant le jour où l’on réussit un concours de
recrutement mais on le devient, au fil du temps, au contact avec
ses élèves et ses collègues. Nous allons explorer cette dimen-
sion humaine du métier en nous intéressant aux différents types
de personnalité.
Le modèle ComColors® met en valeur le fait que notre contri-
bution est unique dans notre milieu professionnel, non seule-
ment grâce à des compétences acquises mais, également, grâce
à des aptitudes naturelles qui reflètent les multiples facettes de
notre personnalité. Nier le facteur humain dans les relations
professionnelles, c’est réduire les salariés à de simples pions
que l’on déplace sur un grand échiquier au gré des exigences
purement économiques et financières. Le taux de suicide dans
certaines entreprises rappelle que ni la crise économique ni le
phénomène de la mondialisation ne peuvent justifier de telles
pratiques.
De même, la gestion de l’Éducation nationale ne peut se
réduire à une simple gestion comptable et nous ne pouvons que
constater actuellement les dégâts potentiels d’une telle dérive.
En effet, en attente de la mise en place des nouveaux dispositifs,
le manque d’accompagnement des professeurs qui démarrent
dans le métier est une des causes du problème récent de recru-
tement auquel doit faire face l’Éducation nationale depuis la
réforme de la formation initiale en 2010. Par conséquent, depuis
deux ans, Rémi Boyer note l’arrivée de nouveaux « clients » à
la reconversion professionnelle : des débutants qui veulent faire
demi-tour5.

5. Laurence Debril, « Ces profs démissionnaires », L’Express, novembre 2011.

39
2. Bien s’intégrer dans son établissement

Il n’existe pas de profil type de l’enseignant et, fort heureuse-


ment, chacun peut s’épanouir dans ce métier en étant lui-même.
Mais qu’en est-il de la gestion de groupe ? Les professeurs le
savent bien : leur enseignement n’est pas perçu de la même
manière par tous leurs élèves et n’a pas le même impact sur
tous. Ils peuvent facilement communiquer avec certains, alors
qu’avec d’autres il leur faut faire un réel effort pour être sur la
même longueur d’onde et ne pas entrer dans un conflit ouvert
en permanence. Il est indispensable de prendre en compte les
différences de personnalité de vos élèves pour obtenir l’adhé-
sion et la motivation de chacun d’entre eux.
Ainsi, connaître son propre profil de personnalité pour
l’enseignant est la condition requise pour gérer sa classe en
maintenant la position gagnant/gagnant décrite précédem-
ment. Ce fort ancrage personnel lui assurera d’être à l’écoute
des besoins de ses élèves et des exigences de ses supérieurs,
tout en gardant son autonomie et en assumant la pleine res-
ponsabilité de ses choix pédagogiques. C’est précisément cet
espace de liberté et d’initiative personnelle au sein d’un cadre
contraignant qui permet à chacun des enseignants de s’épa-
nouir pleinement dans son travail, et ce quel que soit son profil
de personnalité.

Trouver sa place en fonction


de ses sources de motivation
Prendre connaissance des différents profils de personnalité
permet de reconnaître et de comprendre certains comporte-
ments positifs et négatifs selon la satisfaction ou la non-satis-
faction de la motivation propre à chacun.

40
2. Bien s’intégrer dans son établissement

De très nombreux ouvrages abordent la question de la moti-


vation, ou du manque de motivation, des élèves. Mais qu’en est-
il de celle du professeur ?
Il existe plusieurs formes de motivation. Voici les principales :
✗✗ La motivation liée à la réussite à un concours, à l’obtention
d’un diplôme ou d’un poste, à une promotion, à l’acquisition
d’un bien… Dès que l’objet de la motivation est obtenu, la
motivation perd de son intensité.
✗✗ La motivation liée à l’activité ou à la matière : lire, regar-
der un film, jouer, bricoler, skier, faire du théâtre, peindre,
chanter, voyager, les mathématiques, la géographie, les lan-
gues étrangères… Toute activité ou toute matière peut être
motivante pour celui qui la pratique ou l’étudie. En revanche,
une activité ou une matière peut se révéler motivante pour
une personne et totalement démotivante pour une autre. Ce
type de motivation perdure sur des périodes très variables
selon que l’activité est pratiquée ou non, la matière étudiée
ou non. Comme viendront le confirmer les réponses à notre
sondage, une grande majorité des enseignants choisissent ce
métier pour le plaisir d’enseigner leur discipline et la stimu-
lation intellectuelle qu’il leur procure. Or, face à des élèves
qui ne partagent pas cette même appétence pour leur savoir,
ils peuvent se sentir profondément frustrés.
✗✗ La motivation liée à l’autodétermination. Elle est extrê-
mement puissante et souvent méconnue. Cette motivation
vient de l’intérieur et correspond au choix de la personne à
exercer une activité. Elle se pose la question : « Est-ce que
je me sens contrainte à faire cette activité ou est-ce que c’est
mon choix ? » Si la personne se sent contrainte, il faut la
pousser ou la menacer pour qu’elle fasse les choses. On recon-
naît ici la motivation de la carotte ou du bâton. S’il s’agit
de son choix, elle est autodéterminée et personne n’a besoin

41
2. Bien s’intégrer dans son établissement

de la pousser à agir, car elle le fait par plaisir. Mais toute


contrainte ou récompense vient diminuer cette motivation.

Florence et l’autodétermination
« Avant même de connaître le concept de l’autodétermination
découvert lors de ma formation, intuitivement, j’avais fait depuis
longtemps le choix délibéré de l’intégrer dans mon enseignement.
Dans l’élaboration de mes séquences pédagogiques, je définis
plusieurs tâches finales possibles à compléter seul, en binômes
ou à trois et je donne systématiquement ce choix à mes élèves.
J’ai découvert qu’ils s’impliquaient davantage sur des projets
librement choisis par eux et en travaillant seuls ou avec des
camarades de classe de leur choix. De même, je leur donne
la possibilité de s’évaluer mutuellement sur des critères que nous
avons préalablement définis ensemble. La motivation évidente de
mes élèves récompense grandement mon investissement personnel
et vient nourrir ma propre motivation. Je suis souvent étonnée de
constater que, quand je fais confiance à mes élèves pour mener
à bien un projet individuel ou collectif, ils m’amènent souvent
bien au-delà de ce que j’aurais pu imaginer dans mes rêves
les plus fous au moment de concevoir ma séquence ! »

✗✗ La motivation profonde, liée à notre type de personnalité.


Cette motivation correspond à qui nous sommes plutôt qu’à
ce que nous faisons ou désirons. C’est bien à celle-ci que nous
allons nous intéresser plus spécifiquement.

Dès notre enfance, nous avons appris à satisfaire la motiva-


tion liée à notre profil de personnalité dominant. Comme vous
l’avez vu dans le chapitre 1 (page 23), votre profil dominant
et la motivation qui lui correspond sont immuables tout le long
de la vie. Nous organisons notre vie personnelle et profession-
nelle de manière à satisfaire cette motivation permanente. En
revanche, vous verrez qu’il est plus difficile de satisfaire la moti-
vation liée au profil secondaire : la motivation actuelle. Ainsi

42
2. Bien s’intégrer dans son établissement

s’expliquent ces moments de doute et de questionnement que


nous connaissons, à des degrés divers, au cours de notre carrière
professionnelle.

Trouver sa place en fonction


de ses compétences
Toute personne qui intervient dans une équipe pédagogique
au sein d’un établissement, qu’elle soit titulaire ou remplaçante,
a dû faire preuve d’un certain niveau de compétences. Elle
a été recrutée sur cette base qui légitime sa présence et son
salaire. Confrontés à l’inconnu, face à l’étendue des compé-
tences réelles à acquérir, de nombreux professeurs débutants ne
se sentent pas suffisamment armés et outillés pour commencer
leur carrière de manière sereine et confiante.
La question de la compétence de l’enseignant s’entend ici par
le développement de son autonomie. En effet, une meilleure
connaissance de soi et des ressorts de sa motivation peut
inciter l’enseignant à mieux valoriser ses talents au quotidien.
En prenant conscience des savoirs, savoir-faire et savoir-être
qu’il acquiert au contact de ses élèves, il gagne en estime de
soi, prend plus facilement des initiatives et peut s’investir dans
des projets qui donnent un sens à son engagement personnel.
Au-delà des compétences techniques à acquérir, les enseignants
ressentent le besoin vital d’informations et de connaissances
centrées sur le développement personnel, l’affirmation de soi et
le leadership. Dans un métier où le facteur humain est si puis-
sant et si déterminant, ces composantes semblent essentielles.
La compétence d’un enseignant se mesure également à son
aptitude à s’intégrer dans une équipe pédagogique et à y appor-
ter sa contribution.

43
2. Bien s’intégrer dans son établissement

Or le travail en équipe est sans aucun doute un des aspects


les plus sous-estimés du métier de professeur. Chaque année, le
professeur doit s’insérer dans une nouvelle équipe pédagogique
et faire ainsi preuve d’une grande adaptabilité en un temps
limité par le calendrier scolaire. Il prend connaissance de la liste
de ses élèves le jour de la prérentrée : de 30 à 500 élèves, d’âges
différents, de niveaux différents ou aux besoins différents, selon
qu’il enseigne en primaire ou en secondaire, une matière ou plu-
sieurs, les mathématiques, l’espagnol ou l’éducation musicale.
Pour complexifier sa tâche, il est également amené à travail-
ler en équipe avec des collègues qui changent chaque année au
gré des mutations et des changements de niveau et de classe.
Faire équipe pour un professeur signifie donc faire équipe avec
de nouveaux élèves et de nouveaux collègues à chaque nouvelle
rentrée scolaire.
Dans le prochain chapitre, vous allez non seulement prendre
connaissance de votre propre mode de fonctionnement, mais
également de celui de vos collègues et de vos élèves. Car tra-
vailler en équipe revient à accepter que l’autre ait un mode de
fonctionnement différent du vôtre et à l’accueillir dans sa dif-
férence sans porter un quelconque jugement de valeur. Or jus-
tement, dans le modèle proposé, il n’existe aucune hiérarchie
entre les six couleurs utilisées pour symboliser les différents
types de personnalité. C’est précisément ce qui nous a convain-
cus de l’apport du modèle aux domaines de l’enseignement et
de l’orientation : il n’enferme pas l’individu dans des profils
définis par des étiquettes porteuses d’une connotation d’emblée
positive ou négative. De même, ces couleurs de base peuvent se
décliner en des nuances multiples et infinies selon le vécu et la
sensibilité de chacun. Ce nuancier permet précisément à chacun
de composer son parcours professionnel en pleine connaissance
de ses aptitudes naturelles et de ses compétences, en cohérence

44
2. Bien s’intégrer dans son établissement

avec ses aspirations profondes. Il est donc essentiel de prendre


conscience de cette marge de liberté.
Grâce à l’outil présenté dans cet ouvrage, on oriente la
réflexion sur la question du bien-être de l’enseignant sur son
lieu de travail et dans l’exercice de ses fonctions pour lui per-
mettre de s’épanouir pleinement, en explorant d’autres voies
au sein de l’Éducation nationale et en dehors de ce cadre. Il est
ainsi encouragé à trouver des solutions personnalisées propres
à ses besoins sans attendre une éventuelle reconnaissance ou
aide de l’institution scolaire.
Se prendre en main, devenir acteur de sa carrière, évaluer ses
acquis, reconnaître ses manques, repenser ses priorités, changer
de regard sur soi et les autres, entrer dans une démarche posi-
tive et constructive sans nostalgie, ressentiment ou amertume,
voilà le défi que vous lancent les auteurs de cet ouvrage en vous
faisant partager leur connaissance du modèle ComColors® qui
vous donnera des clés pour votre autonomie.
À vous de décider, une fois ces pages tournées et ce livre
refermé, si vous êtes prêt à explorer tout votre potentiel en
faisant valoir vos propres atouts.
Vous aborderez dans les deux prochains chapitres la palette
de vos possibilités en découvrant les couleurs de votre person­-
nalité.

45
3. Les bases du modèle
ComColors®

L es six types de personnalité,


symbolisés par six couleurs
différentes, ont des caractéristiques
Découvrez vo
tre p ro f il !
propres. Chaque profil affiche des comportements
et des qualités observables qui dénotent le besoin vital
de nourrir sa motivation.
Ce modèle est une représentation simple et pédagogique des
six profils constitutifs de notre personnalité et de sa dynamique
interne. Toutefois, il ne se prête à aucune réduction simpliste
et caricaturale de notre personnalité, car celle-ci évolue dans le
temps grâce, entre autres, à l’interaction permanente avec les
autres au sein de notre environnement professionnel.

Présentation du modèle
Comme l’indique le diagramme ci-après (voir également
reproduction en couleurs page 187), notre profil se présente
sous forme d’un cercle divisé en six parts de couleurs diffé-
rentes. Chaque couleur correspond à un profil de personnalité
bien particulier avec ses caractéristiques propres et sa logique
comportementale. Il est intéressant de noter que nous avons
tous le potentiel pour développer chacune de ces couleurs en
inter-action avec les autres. En réalité, sur notre profil indivi-
duel, la proportion donnée dans chaque couleur indique notre

47
3. Les bases du modèle ComColors®

capacité à utiliser les caractéristiques positives de chaque profil


et à entrer en relation avec les personnes de ce profil en particu-
lier. Par exemple, nous sommes plus ou moins à l’aise avec l’hu-
mour, la spontanéité et l’excentricité de certains de nos élèves
ou de nos collègues en fonction de la proportion de couleur
jaune dans notre profil. Plus elle est forte, plus il nous est facile
d’adopter ce mode de fonctionnement et de communication.
Le contraire est également vrai : si cette couleur y est peu
représentée, nous aurons plus de mal à communiquer et à inte-
ragir avec les personnes de ce profil.

Figure 3 : Le diagramme ComColors®


(reproduction en couleurs page 187)

Le positionnement des couleurs dans le cercle offre une


représentation imagée du cerveau, chaque couleur correspon-
dant à une de ses parties. Il s’agit d’une métaphore basée sur
les travaux des docteurs Paul D. McLean et Roger W. Sperry

48
3. Les bases du modèle ComColors®

et aucunement d’une affirma-


À NOTER
tion scientifique démontrant
six parties dans le cerveau car, Heureusement, rien n’est définitif : nous
depuis l’utilisation de l’IRM, pouvons apprendre à utiliser toutes
certaines conclusions de ces les facettes de notre personnalité pour
communiquer plus facilement avec
recherches ont été remises en les autres, même si nous avons des
cause. Cependant, la métaphore profils très différents. Cette souplesse
a l’avantage d’être pédagogique relationnelle va se révéler précieuse
et indispensable dans la gestion des
et nous y avons recours pour
conflits, autre application du modèle
faciliter la compréhension des que nous traiterons au chapitre 5.
six types de personnalité.

☛☛La théorie des trois cerveaux


Les travaux du docteur McLean, chef du laboratoire sur l’évo-
lution et le comportement du cerveau à l’Institut national pour
la santé mentale de Bethseda (États-Unis), ont mis en évidence
l’évolution de la construction du cerveau humain. À savoir :
– Le cerveau humain possède en lui-même le cerveau reptilien
(du crocodile).
– Sur le cerveau reptilien s’est développé le cerveau limbique
(du cheval).
– Ces deux premiers cerveaux ont servi de socle pour que le
néocortex se développe et fasse la spécificité de l’homme.

Reptilien Limbique Néocortex

Figure 4 : Le cerveau reptilien/limbique/néocortex


(reproduction en couleurs page 188)

49
3. Les bases du modèle ComColors®

☛☛La théorie cerveau droit/cerveau gauche


Les travaux du docteur Sperry de l’Institut de technologie de
Californie sur l’épilepsie l’ont conduit à distinguer des fonctions
différentes entre l’hémisphère droit et l’hémisphère gauche du
cerveau.
Le cerveau droit est plutôt orienté vers les personnes,
la relation, l’intuition, la communication, l’art, la beauté, la
spontanéité.
Le cerveau gauche est plutôt orienté vers les tâches, la sécu-
rité, la fiabilité, la prudence, les faits, la technique, la rationalité.

Cerveau Cerveau
gauche droit

Figure 5 : Cerveau gauche/Cerveau droit


(reproduction en couleurs page 188)

La métaphore est construite sur ces bases mais elle ne figure


en aucun cas une représentation fidèle ou scientifique du fonc-
tionnement complexe du cerveau humain.

50
3. Les bases du modèle ComColors®

La signification symbolique des couleurs


Six couleurs représentent donc six types de personnalité.
La couleur rouge symbolise le cerveau reptilien adaptable,
actif, énergétique qui est immédiatement dans l’action.
Les couleurs violet et orange correspondent au cerveau
limbique avec : les valeurs, l’histoire, le sens et la confiance
pour la couleur violet ; et la chaleur humaine, la sympathie et le
dévouement pour la couleur orange.
Les trois autres couleurs, dans la partie supérieure du
diagramme, représentent le néocortex, la partie cérébrale de
notre cerveau. La couleur bleue correspond à la rationalité, la
structure, l’optimisation et le sens pratique. La couleur jaune
est presque à l’opposé, car elle correspond à la spontanéité, la
curiosité et la dimension artistique. Enfin, la couleur verte
représente notre capacité à prendre de la hauteur, à réfléchir et
à nous projeter dans l’avenir.

Méthode pour visualiser et retenir


les six types de personnalité
Pour fixer le symbolisme de chaque couleur, nous pouvons
l’associer à une image pour illustrer le comportement et
les qualités qui lui sont associés :
Rouge : le volcan en éruption " actif, énergique, caméléon ;
Orange : une écharpe douce et chaude " aimable, chaleureux,
dévoué ;
Violet : l’habit des évêques " évaluateur, fiable, digne de
confiance ;
Bleu : le bleu de travail " logique, compétent, structuré ;
Jaune : les bulles de champagne " spontané, ludique, différent ;
Vert : se mettre au vert " réfléchi, tranquille, distancié.

51
3. Les bases du modèle ComColors®

Le cercle extérieur sur le diagramme représente la couleur


dominante et correspond à notre motivation constante, nos
filtres de perception et modes de communication préférés. Le
cercle central correspond à notre profil secondaire et à notre
motivation actuelle, celle que nous avons le plus facilement ten-
dance à adopter sur notre lieu de travail. C’est souvent cette
image de nous que nos élèves et nos collègues nous renvoient au
quotidien.
Et vous, avez-vous maintenant déterminé vos couleurs domi-
nante et secondaire ? Pour vous y aider, reportez-vous au
tableau récapitulatif ci-dessous.

Les six types de personnalité,


leurs qualités et leurs sources de motivation
Type Leurs qualités Leurs sources de motivation

• Spontané • A besoin de s’amuser en travaillant.


Jaune • Ludique • Apprécie les nouveautés, les changements,
• Différent le contact avec des personnes très différentes.

• Logique • A besoin d’être reconnu pour son travail


• Compétent et sa compétence.
Bleu • Structuré • A besoin de structurer son temps
et ses activités pour être efficace.

• Évaluateur • A besoin que son avis soit pris en compte.


• Fiable • A besoin de trouver une cohérence,
Violet • Digne une légitimité et un sens pour s’investir
de confiance dans son travail.

• Aimable • A besoin d’être apprécié pour ses qualités


• Chaleureux humaines.
Orange • Dévoué • A besoin de travailler au sein d’une équipe soudée
et chaleureuse.

• Réfléchi • A besoin d’espace, de temps et de tranquillité


Vert • Tranquille pour se ressourcer.
• Distancié • Apprécie de faire les choses à son propre rythme.

• Actif • A besoin de défis à relever pour se motiver.


Rouge • Énergétique • Aime sentir la pression du résultat pour montrer
• Caméléon de quoi il est capable.

52
3. Les bases du modèle ComColors®

La couleur dominante
Cette couleur dominante va apparaître très tôt dans
l’enfance et va rester constante tout au long de notre vie.
Elle va influencer ou « teinter » nos comportements et tous nos
choix de vie, qu’ils soient personnels ou professionnels. Elle va
également teinter toutes les informations que nous recevons du
monde extérieur. C’est comme si nous portions en permanence
des lunettes avec des verres teintés, mais nous n’avons pas tou-
jours conscience que les autres portent aussi des lunettes avec
des verres qui peuvent être de couleur différente des nôtres.
Par exemple, une personne de type bleu perçoit le monde à
travers les faits, les informations et la logique, alors qu’une per-
sonne de type orange le perçoit à travers ses sentiments et ses
émotions. La méconnaissance de ce phénomène est souvent la
cause d’incompréhensions relationnelles, de stress et de conflits.
Le cas d’Aline, de profil orange, qui cherche en vain à établir
une communication rassurante et individualisée avec son pro-
fesseur de profil bleu, en est un bon exemple.

Retour sur le dialogue entre Aline


et son professeur
Si le professeur avait changé ses lunettes bleues pour des lunettes
orange, il aurait instantanément trouvé le filtre de communication
avec Aline et répondu de manière positive et éclairée à sa demande
d’attention, en évitant de prononcer un jugement hâtif (« c’est
ridicule ! »). Sa disponibilité à entendre la demande d’Aline
était l’élément indispensable pour y répondre avec empathie
et bienveillance.

Prendre conscience de nos différences de perception apaise


les relations, augmente notre tolérance, et la qualité de nos

53
3. Les bases du modèle ComColors®

échanges. Vous verrez au chapitre 8 que le fait d’adapter sa


communication à celle des autres permet de communiquer avec
eux de manière plus efficace et plus positive.
Connaître sa couleur dominante est donc essentiel pour com-
prendre ses comportements habituels, son environnement favo-
rable et ses choix de vie. Cela permet de trouver son ancrage
personnel et d’être soi-même au contact des autres. S’accepter,
tel que l’on est avec ses qualités et ses défauts, c’est accepter
l’autre tel qu’il est, sans essayer de le changer à notre image.
Cet espace de tolérance et de bienveillance vous permet de faire
équipe avec des élèves et des collègues différents de vous, sans
entrer dans des jeux de pouvoir ; vous le verrez en détail au
chapitre 6.

La couleur secondaire
Le centre du diagramme symbolise la couleur secondaire de
notre profil de personnalité et correspond à notre motivation
actuelle. Contrairement à la dominante, la couleur secondaire
peut changer. Dans une grande majorité des cas, la couleur
secondaire de notre profil est différente de sa dominante.
Or, à la différence de la motivation liée à la couleur domi-
nante que nous satisfaisons naturellement, la satisfaction de
notre motivation actuelle (la secondaire) nous pose plus de dif-
ficulté. En effet, depuis que nous sommes petits, nous avons pris
l’habitude de satisfaire la motivation de la couleur dominante
sans réfléchir alors que satisfaire la motivation de notre cou-
leur secondaire nous demande un réel effort. Le témoignage
d’Anne (page 21) l’illustre parfaitement.

54
3. Les bases du modèle ComColors®

Le besoin de satisfaire la motivation de notre couleur


secondaire est plus fort que celui de la couleur dominante.
Il s’agit d’un besoin vital, identique à celui de maintenir les pul-
sations de notre cœur. Cette motivation actuelle nous donne
l’énergie de nous lever le matin et d’aller travailler avec un
plaisir renouvelé. Quand nous ne réussissons pas à la satisfaire,
nous manquons d’énergie, d’allant, de volonté. C’est comme si
notre moteur de vie avait calé. Nous nous sentons facilement
épuisés, car nous n’arrivons plus à recharger nos batteries en
énergie positive. Nous sommes alors vulnérables face à l’épuise-
ment, le découragement et la dépression. Un enseignant de pro-
fil secondaire bleu comme Anne est de nature perfectionniste.
Stressé par l’idée de ne pas être assez compétent, il ne compte
plus ses heures pour exécuter son travail selon ses propres cri-
tères d’exigence. Dans cette quête permanente de perfection, il
devient particulièrement vulnérable au burn out professionnel.
Dans le cas d’un changement de métier, nous devons être
attentifs non seulement à ce que notre environnement de tra-
vail corresponde à l’environnement favorable lié à notre couleur
dominante, mais également à ce que notre activité quotidienne
satisfasse la motivation de notre couleur secondaire. Nous com-
prenons mieux pourquoi nous pouvons éprouver la nécessité
de changer d’activité à un moment donné de notre parcours
professionnel. Cela correspond souvent à un changement de
couleur secondaire. Inconsciemment, nous cherchons à satis-
faire cette motivation que nous avons du mal à identifier clai-
rement, car elle est toute nouvelle pour nous. Nous mesurons
combien il est difficile pour une tierce personne de nous accom-
pagner dans ce changement professionnel, si nous n’avons pas
une vision claire de ce que nous cherchons ou de ce que nous
fuyons.
Revenons à l’exemple d’Anne qui a suivi la formation
ComColors® dans l’idée de se reconvertir professionnellement.

55
3. Les bases du modèle ComColors®

Suite du témoignage d’Anne, professeur


dans le second degré
Anne, de profil dominant jaune, a besoin d’une forte autonomie pour
travailler efficacement. Elle apprécie de monter ses propres projets
et de faire des choix pédagogiques pour ses élèves qui sortent de
la norme. Mais Anne doit également satisfaire sa motivation actuelle
de profil secondaire bleu. Elle a un besoin vital d’être reconnue pour
son travail et sa compétence. Ne pouvant satisfaire pleinement cette
motivation en tant qu’enseignante, elle a développé une activité en
parallèle de formatrice et d’auteur qui lui donne pleine satisfaction.
Elle reconnaît elle-même qu’elle a trouvé son équilibre en étant
plus à l’écoute de ses besoins. De simples réajustements dans
sa carrière de professeur l’ont comblée sans qu’elle revienne
sur son choix initial de métier qui est en parfaite cohérence
avec son profil dominant.

Franck Jullien témoigne du besoin d’être en phase avec notre


motivation actuelle : « La plupart des réorientations profes-
sionnelles sont dues à des changements de motivation. Les per-
sonnes que j’ai coachées se retrouvaient confrontées à une perte
de repères internes avec l’envie de vivre autre chose ou de vivre
différemment6 ».
Ces changements de couleur secondaire prennent du
temps. C’est un processus long, profond, qui s’installe jour
après jour, et qui peut être perturbant et déstabilisant pour la
personne qui le vit, mais aussi pour celles de son entourage.
Pendant la période de transition, entre deux couleurs secon-
daires, la personne a du mal à se reconnaître elle-même et les
autres peuvent la juger « différente », « changée », « bizarre »,
« instable ».

6. Franck Jullien, Découvrir sa personnalité et celle des autres, Eyrolles, 2009.

56
3. Les bases du modèle ComColors®

De nouvelles motivations
Pierre a un profil dominant et secondaire bleu, c’est-à-dire qu’il
n’a encore jamais changé de motivation. Il s’agit d’un professeur
expérimenté, reconnu pour sa compétence. Il est organisé et
d’une grande efficacité dans toutes les tâches qui lui sont confiées.
À 45 ans, alors que tout semble être acquis pour lui, il change
de motivation et sa couleur secondaire devient jaune. Ceci
bouleverse ses repères internes, car il éprouve désormais le besoin
de s’amuser en travaillant. Il est toujours aussi travailleur, mais
il ne supporte plus un environnement trop sérieux et des tâches
trop répétitives, trop cadrées. Soit il a la possibilité d’intégrer
cette nouvelle donne dans sa manière d’exercer son métier,
soit il devra en changer pour retrouver un équilibre intérieur.

Il faut souligner que certaines personnes vont changer plu-


sieurs fois de motivation actuelle au cours de leur vie, alors que
d’autres traversent leur existence avec la même motivation.
Bien entendu, ceci n’a aucune incidence sur la valeur intrin-
sèque de la personne.

Les comportements sous stress


selon la personnalité
Comme vous l’avez vu (page 28), nous pouvons afficher deux
types de comportements selon le degré de stress auquel nous
sommes confrontés.

☛☛Comportements conditionnels
et comportements conflictuels
Les comportements conditionnels : nous nous imposons
une condition et/ou nous imposons une condition à l’autre pour

57
3. Les bases du modèle ComColors®

nous sentir bien. Par exemple, si je suis de profil violet, j’ai un


haut degré d’exigence vis-à-vis de moi-même et mon travail a
de la valeur à mes yeux s’il est en cohérence avec mes valeurs
et mes convictions. Je peux devenir exigeant avec l’autre, s’il
remet en cause ma légitimité au point de me retirer mes appuis
essentiels.
Les comportements conflictuels : nous cherchons à satis-
faire négativement notre motivation. Par exemple, si je suis de
profil violet, j’apprécie que l’on me demande mon avis. Si per-
sonne ne le fait et qu’en plus on m’oblige à exécuter des tâches
qui vont à l’encontre de mes valeurs ou de mes convictions, je
vais partir en croisade, passer en force et imposer ma manière
de faire, coûte que coûte.
Lorsque nous montrons nos comportements sous stress,
nous empruntons un chemin qui est tracé d’avance et qui nous
conduit de la position de vie +/+ vers la position +/- ou -/+,
selon notre profil de personnalité.
Voici le scénario de cette descente « en enfer » :
Si tout va bien, nous montrons les qualités de toutes les cou-
leurs de notre profil. Tel est le cas lorsque nous sommes moti-
vés par un projet éducatif, lorsque nos élèves adhèrent à notre
démarche pédagogique, quand nous obtenons un poste longue-
ment convoité ou lorsque nous avons le soutien infaillible de
nos supérieurs. Quand notre motivation est stimulée, il nous est
alors facile de nous mettre au travail et d’obtenir d’excellents
résultats, car nous utilisons tout notre potentiel.
Mais si, pour une raison ou une autre, notre motivation n’est
pas satisfaite, nous risquons de descendre dans le stress comme
on descend dans les sous-sols obscurs d’un bâtiment. Voici les
différents niveaux, en partant du rez-de-chaussée.

58
3. Les bases du modèle ComColors®

☛☛Les différents niveaux de stress


Niveau 0 (dominante)
Nous affichons naturellement notre comportement condition-
nel, lié à notre couleur dominante, tout le long de la journée. La
manifestation de ce comportement conditionnel n’indique pas
de stress particulier. Il fait partie de nous et il est facilement
observable. C’est un atout indéniable pour identifier les diffé-
rents profils de nos élèves et de nos collègues.
Niveau -1 (secondaire)
Nous montrons le comportement conditionnel de notre cou-
leur secondaire lorsque nous commençons à être légèrement
sous stress. C’est le cas d’un professeur qui intègre une équipe
éducative après une nouvelle affectation ou à chaque rentrée sco-
laire lorsqu’il ne connaît pas encore ses élèves et leurs besoins.
C’est aussi le cas si nous avons un petit différend avec un élève
ou un collègue au cours de la journée.
Niveau -2 (secondaire)
Si nous ne pouvons pas satisfaire la motivation de notre cou-
leur secondaire, nous en montrons le comportement conflictuel.
Niveau -3 (dominante)
Enfin, si rien ne va plus, nous montrons le comportement
conflictuel de notre couleur dominante. Nous arrivons à ce stade
extrême de stress quand nous avons négligé trop longtemps de
recharger nos batteries en énergie positive ou bien quand nous
sommes confrontés à une situation très difficile. L’ascenseur de
notre motivation est en quelque sorte en panne et bloqué à ce
niveau inférieur. Il ne dépend que de nous de satisfaire à nou-
veau notre motivation pour retrouver notre capacité à utiliser
tous les aspects positifs de nos six couleurs.

59
3. Les bases du modèle ComColors®

Figure 6 : Exemple de comportement sous stress avec dominante jaune


et secondaire rouge (reproduction en couleurs page 189)

Ces comportements sous stress sont présents en permanence


et à tous les niveaux dans le cadre scolaire. Certaines personnes
les montrent plus souvent que d’autres en affichant des com-
portements négatifs qui ont des répercussions néfastes sur
leurs relations avec les autres et la qualité de leur travail. Le
temps passé dans ces comportements négatifs est une perte
considérable de temps et d’énergie. De plus, la logique veut que
le négatif ne génère que du négatif : nos comportements néga-
tifs invitant les autres à montrer leurs comportements négatifs.
Nous pouvons inverser cette tendance en identifiant les facteurs
déclencheurs de stress pour nous et pour les autres, et réagir
à temps avant d’entrer en conflit. Nous verrons comment de
manière détaillée et concrète au chapitre 5.

60
3. Les bases du modèle ComColors®

Les rôles en équipe selon la personnalité


Dans une équipe, nous cherchons à occuper le rôle qui nous
convient le mieux en cohérence avec notre profil. Nous cher-
chons notre place, en quelque sorte. Nous ne le faisons pas
consciemment, car nous entrons naturellement dans cette
dynamique. Pour comprendre ce mécanisme, il est nécessaire de
séparer deux notions :
––nos compétences liées à notre formation et à notre expérience ;
––nos aptitudes naturelles liées à notre personnalité.
Contrairement à une idée reçue, une équipe performante et
dynamique n’est pas un simple cumul de compétences et d’ex-
périences réunies. Les recherches sur la dynamique des équipes
montrent que la performance d’une équipe dépend plus de la
complémentarité des rôles nécessaires à la réalisation d’un
projet collectif 7.
Dans cette optique, nous allons analyser, au chapitre 6, le lan-
cement d’un projet auquel se sont associés trois professeurs de
profils très différents. Nous verrons que chacun d’eux a joué
un rôle clé dans l’aboutissement du projet commun en faisant
bénéficier l’équipe des qualités naturelles de sa personnalité.
Dans son ouvrage sur la reconversion professionnelle des
professeurs8, Rémi Boyer note l’importance que revêt l’investis-
sement personnel du professeur sur des projets pédagogiques
en plus de ses heures statutaires de cours devant les élèves.
Il témoigne que « 75 % des enseignants qui nous contactent
ont participé au moins une fois dans leur carrière à un pro-
jet pédagogique. Ceux qui se sont désintéressés de cette forme

7. Meredith Belbin, Les Rôles en équipe, Les Éditions d’Organisation, 2003.


8. Enseignants et mobilité professionnelle. Conseils et outils pour choisir la vôtre,
op. cit.

61
3. Les bases du modèle ComColors®

d’apprentissage manquent d’assurance et de confiance en eux, et


doutent de leurs compétences, puisque, en dehors du fait d’ensei-
gner, ils se sont peu familiarisés avec d’autres savoir-faire et
savoir-être utiles dans d’autres professions. »

La dynamique interne
Le profil de personnalité met en évidence les comporte-
ments visibles et identifiables représentés par les couleurs et
la dynamique interne représentée par les flèches (voir figure
ci-dessous).

Figure 7 : Diagramme représentant la dynamique interne


(reproduction en couleurs page 189)

62
3. Les bases du modèle ComColors®

La dynamique interne explique des fonctionnements profonds


qui ne peuvent pas être identifiés à partir de l’observation. Seul
un questionnement individuel et spécifique9 permet de dégager
les préférences d’un individu liées aux trois axes suivants : éner-
gie, perception et organisation.

☛☛Axe de l’énergie : introverti/extraverti


✗✗ Si vous êtes introverti, vous retrouvez l’énergie à l’intérieur
de vous-même et vous aimez être seul et au calme pour réflé-
chir. Lorsque vous rencontrez une difficulté, vous essayez de
trouver une solution par vous-même et vous n’en parlerez à
quelqu’un que si votre réflexion personnelle n’a pas abouti.
Vous préférez travailler seul et en petits groupes restreints.
Vous êtes capable de vous concentrer sur une même tâche
pendant de longues périodes.
✗✗ Si vous êtes extraverti, vous régénérez votre énergie au
contact des autres personnes et vous aimez travailler en
équipe et vous sentir entouré. Lorsque vous rencontrez une
difficulté, vous avez besoin d’échanger pour clarifier votre
pensée et trouver une solution. Le besoin d’être en lien avec
les autres est très fort et prime sur celui d’approfondir votre
réflexion ou de passer plus de temps sur une activité.
✗✗ Dans nos classes, les élèves extravertis ont besoin de parler
et d’échanger pour comprendre le cours. Les élèves introver-
tis préfèrent écouter pour comprendre et, en règle générale,
ils n’aiment pas être interrogés devant la classe.
✗✗ Le métier d’enseignant permet de travailler autour des
deux axes d’énergie et d’alterner des périodes de travail indi-
viduel et autonome avec des temps de concertation et de mise
en commun.

9. Questionnaire en ligne sur le site : www.comcolors.com

63
3. Les bases du modèle ComColors®

☛☛Axe de la perception : concret/créatif


(abstrait)
Dans le modèle ComColors®, la créativité n’est pas réservée
à un type de personnalité (une couleur) en particulier, mais à
cet axe qui mesure la manière dont nous traitons l’informa-
tion. Plus exactement, il explique la manière dont notre esprit
construit sa pensée.
✗✗ Si vous êtes concret, votre mode de pensée est linéaire. Vous
construisez votre pensée en enchaînant les idées les unes
après les autres, par suite logique. Les exemples concrets, les
anecdotes, les informations mesurables vous aident à com-
prendre et mémoriser les données.
✗✗ Si vous êtes abstrait, votre mode de pensée est non linéaire.
Votre esprit fonctionne par association d’idées et vous êtes
particulièrement créatif à tisser des liens entre des idées très
disparates. Dès que vous essayez de structurer les idées entre
elles, le processus créatif s’interrompt. Les métaphores, les
schémas, les concepts vous aident à fixer les données.
✗✗ Dans le cadre scolaire, nous avons appris à développer ces
deux axes en parallèle :
––Apprendre par cœur (concret) et avoir l’esprit de synthèse
(créatif).
––La règle de trois (concret) et l’équation à une inconnue
(créatif).
––Reproduire un dessin (concret) et évoquer une atmosphère
avec des couleurs ou des matières (créatif).
En tant que professeurs, il nous est essentiel de connaître ces
deux axes du traitement de l’information et de les intégrer dans
notre enseignement pour que nos explications soient comprises
et mémorisées par nos élèves, quel que soit leur mode privilégié
de pensée.

64
3. Les bases du modèle ComColors®

☛☛Axe de l’organisation : flexible/structuré


✗✗ Si vous êtes flexible, vous avez tendance à repousser au
dernier moment la correction de vos copies, à attendre la date
limite pour saisir vos notes et vos appréciations, à arriver
en cours au moment de la sonnerie et en réunion à la toute
dernière minute. Vous vous laissez toujours la possibilité de
changer vos plans au cas où vous auriez quelque chose de
plus intéressant à faire. Vous avez besoin de la pression de la
dernière minute pour vous mobiliser.
✗✗ Si vous êtes structuré, vous rentrez chez vous avec votre lot
de copies et vous vous y mettez le soir même. Vous saisissez vos
notes au fur et à mesure de vos corrections. Vous arrivez en
cours ou en réunion en avance pour avoir le temps de vous
garer et de vous installer tranquillement. Vous structurez votre
travail par étapes pour qu’il soit terminé avant les dates butoirs.
Cet axe peut poser des problèmes d’organisation dans le
travail lorsque deux collègues avec une préférence opposée
doivent travailler ensemble et rendre un travail commun à une
date précise.
La connaissance de ce phénomène nous permet d’être plus tolé-
rants vis-à-vis d’un élève ou d’un collègue qui n’organise pas son
travail comme nous et n’a pas le même rapport au temps que
nous. De nombreuses incompréhensions naissent de cette diffé-
rence d’organisation. Les professeurs flexibles sont souvent ten-
tés de juger « stressés » et « rigides » leurs collègues structurés
et, a contrario, les professeurs structurés ont tendance à trouver
que leurs collègues flexibles manquent de sérieux et de rigueur.
Nous vous avons fourni tous les éléments nécessaires à la
compréhension de votre profil de personnalité et de celui des
autres pour un travail en équipe efficace et constructif. Il est
temps désormais de découvrir votre profil en couleur illustré
par des exemples concrets de la vie scolaire au quotidien.

65
4. Les couleurs
de la motivation

U n enseignant démotivé
au travail ne peut
motiver ses élèves à travailler.
Découvrez vo
motivati on pers tre
on ne ll e
Malheureusement, de nombreux
enseignants vivent cette situation au quotidien et n’ont
plus l’énergie et la volonté nécessaires pour exercer
pleinement leur métier, ni même envisager sereinement
d’en changer. Ils sont dans une impasse, sans perspective
d’avenir. Il leur suffirait de prendre le temps de se poser
la question « qu’est-ce qui me motive ? » pour éclaircir
leur horizon.

Les ressorts de la motivation


Trouver les ressorts de sa motivation personnelle permet de
reprendre les commandes de sa vie, et de savoir comment
se motiver soi-même avant de motiver les autres. La première
étape consiste à prendre conscience de ce qui épuise instanta-
nément et durablement son énergie positive. En effet, plus les
batteries sont déchargées, plus elles prennent du temps à se
recharger. Or ce temps n’est ni productif, ni créatif. À la longue,
nous risquons d’épuiser notre énergie vitale et de perdre toute
autonomie au travail. À chacun de réagir à temps avant le burn
out ou la dépression.

67
4. Les couleurs de la motivation

À travers la description de chaque profil, le modèle


ComColors® vous ouvrira les yeux sur une autre perception
de vous-même, en mettant en lumière chaque facette de votre
personnalité. Il est indéniable que, pour pouvoir se réaliser dans
une activité professionnelle, il convient d’avoir une vision claire
de qui l’on est. Nous ne pouvons perdre notre temps et notre
énergie à vouloir ressembler à quelqu’un d’autre qui n’est pas
nous-même ou à nous conformer à un modèle auquel nous ne
nous identifions pas. Cela nécessite de nous détacher du regard
des autres, réel ou imaginaire, et de trouver notre ancrage per-
sonnel : la personne que nous sommes vraiment.
L’alpiniste ne s’assure-t-il pas d’avoir de solides points d’ap-
pui avant d’entreprendre la moindre avancée vers le sommet ?
Si nous avons la sensation d’avancer sur des sables mouvants,
comment pouvons-nous nous projeter sereinement dans l’ave-
nir ? Si nous n’osons pas nous-mêmes exploiter notre potentiel,
comment pouvons-nous avoir de l’ambition pour nos élèves ?
Votre propre potentiel est comparable à un terrain à explo-
rer. Plus vous prendrez des initiatives personnelles pour élargir
votre champ d’action et de compétence, plus vous gagnerez en
confiance et en estime personnelle : deux composantes essen-
tielles pour développer des relations gagnant/gagnant avec vos
élèves et vos collègues.

Élargir sa zone de confiance


Vous allez maintenant pouvoir délimiter la zone de confort, la
zone de risque et la zone de danger pour chacun des six profils
de personnalité.
Lorsque notre motivation est sollicitée et que nous pouvons
communiquer plus facilement, nous nous situons dans notre

68
4. Les couleurs de la motivation

zone de confort : nous nous sentons en sécurité et nous sommes


en pleine possession de nos moyens. Nous pouvons alors révéler
toutes les qualités liées à notre personnalité et développer tout
notre potentiel. Nous pouvons ainsi travailler efficacement avec
une dépense d’énergie minimale, comme si nous étions au volant
d’une voiture hybride qui recharge ses batteries électriques au
fur et à mesure qu’elle roule. L’enseignant motivé recharge tout
seul ses batteries en exerçant son activité au quotidien.
Lorsque nous nous écartons de notre zone de confort, nous
arrivons dans notre zone de risque. Nous perdons le sentiment
de pleine sécurité et nous commençons à douter de nos com-
pétences. Cette déstabilisation survient à l’occasion d’une nou-
velle affectation ou d’une nouvelle rentrée scolaire. Face alors à
un certain nombre de nouveautés ou d’imprévus, il nous faut du
temps et de l’énergie pour réintégrer la zone de confort, même
avec une certaine expérience de l’enseignement. Cela peut éga-
lement arriver quand nous sommes confrontés à une classe plus
difficile à gérer parce que nous nous sentons démunis face à
la dispersion des élèves, leur manque de respect, leur désinté-
ressement pour notre matière ou la grande hétérogénéité du
groupe. Parfois, il suffit d’un seul élément perturbateur pour
nous déstabiliser.
D’autre part, par volonté de changement, certains se lancent
dans des projets innovants qui les mènent hors de leur zone
de confort. Ces initiatives peuvent également ébranler leur
confiance et les faire douter de leurs compétences, même s’ils
sont expérimentés. Dans ces situations de stress, nous com-
mençons à afficher les comportements négatifs de notre profil.
Cependant, c’est dans cette zone de risque que nous progres-
sons. En effet, en prenant des risques mesurés, nous nous
ouvrons à de nouvelles expériences et nous élargissons ainsi
notre zone de confort.

69
4. Les couleurs de la motivation

Notre zone de danger est celle qui nous oblige à exercer une
activité nouvelle dans un environnement nouveau. Par exemple,
en tant qu’enseignant, on me demande de prendre la parole
devant un groupe d’adultes en formation et de parler d’un sujet
que je maîtrise mal. Il me faudra dépenser beaucoup de temps
et d’énergie pour préparer cette intervention si je veux être à
la hauteur de la situation. Je peux bien sûr quitter cette zone de
danger en reconnaissant que je n’en suis pas capable et décli-
ner la demande. Mais nous n’avons pas toujours cette option
d’évitement dans une situa-
tion professionnelle totalement
À RETENIR imprévisible ou imposée par
Plus nous sommes ancrés dans notre nos supérieurs hiérarchiques.
motivation, plus nous serons aptes à Notre zone de danger révèle les
nous engager sans stress excessif aspects les plus négatifs de notre
dans des changements inévitables,
personnalité, car nous sommes
voire imprévisibles, liés à la nature
même de notre métier et qui consti- dans une position de stress pro-
tuent une zone de danger. fond. Nous affichons alors nos
comportements conflictuels.

La motivation selon chaque profil


de personnalité
Vous allez probablement vous reconnaître dans la description
de tel ou tel professeur, confronté à l’une ou l’autre des situa-
tions de la vie scolaire que nous décrivons ici. À la lecture de
leurs caractéristiques, vous allez sans doute pouvoir vous iden-
tifier à un profil de personnalité grâce à l’approche synthétique
et concrète de la méthode.

70
4. Les couleurs de la motivation

POUR ALLER PLUS LOIN

Si vous souhaitez approfondir la connaissance de vous-même et


des autres, nous vous invitons à lire l’ouvrage de Franck Jullien,
Découvrir sa personnalité et celle des autres (voir bibliographie) et
à remplir le questionnaire ComColors® en ligne pour obtenir votre
bilan personnalisé (www.comcolors.com).

Que vous envisagiez de changer de carrière ou non, la


démarche qui consiste à mieux vous connaître ne peut être que
bénéfique. Vous serez sans doute étonné de découvrir combien
vous vous êtes jusqu’à présent sous-estimé ou combien vous avez
sous-exploité votre potentiel. À vous d’oser le changement !

☛☛La source de motivation de la personne


de type jaune
Toute personne de type jaune a besoin de s’amuser en travail-
lant. Elle apprécie les nouveautés, les changements, le contact
quotidien avec des personnes très différentes les unes des
autres. Elle cultive sa différence dans son langage imagé, son
habillement et sa manière ludique de travailler. Elle aime rire,
s’amuser, jouer et apprendre de nouvelles choses. Elle appré-
cie de passer d’une activité à une autre fréquemment. Elle fuit
l’ennui, la routine, la monotonie, la norme.
Quand elle s’amuse, la personne de type jaune peut accomplir
son travail en un temps record et peut donner l’impression à ses
collègues de faire les choses avec une grande facilité. C’est vrai à
condition qu’elle prenne plaisir à accomplir une tâche, sinon elle
aura tendance à se décharger de cette contrainte sur un collègue
en trouvant une bonne excuse, quitte à l’inventer de toutes pièces.
Dans un environnement de travail favorable, cette personne
montre toutes les qualités liées à son profil de personnalité : elle

71
4. Les couleurs de la motivation

est spontanée, joueuse, curieuse, pétillante, amusante, enjouée,


différente.
Elle perçoit le monde extérieur à travers le filtre de l’humour.
Elle réagit spontanément aux personnes, aux situations, aux
événements. Quand vous croisez son regard pétillant et amusé,
vous pouvez difficilement résister à l’envie de partager une
bonne blague avec elle.

Simon, un exemple de profil jaune


Simon est professeur d’éducation musicale dans un petit collège.
Il apprécie d’enseigner à tous les élèves des quatre niveaux
différents. De fait, il est le seul professeur référent pour sa matière
et il se sent libre de lancer ses propres projets pédagogiques.
Il n’hésite pas à contacter lui-même des partenaires extérieurs
pour un financement. Au sein de son établissement, il monte
chaque année une comédie musicale et mobilise tous les
volontaires, élèves et professeurs, pour y participer sur scène et en
coulisses. Les imprévus de dernière minute le stimulent
et l’enchantent. Il conçoit son métier d’enseignant comme celui
d’un explorateur à la recherche de pépites d’or : les talents cachés
qui se révèlent dans ces élèves, souvent rebelles et indisciplinés,
qu’il réussit à apprivoiser, à séduire et à faire briller autrement.
En conseil de classe, il arrive que Simon détonne avec des
remarques positives et enjouées au sujet d’un élève récalcitrant
au travail scolaire. Ses collègues se demandent alors s’il parle
du même « cas », tant ses appréciations semblent en décalage
avec l’avis général.

Si, comme Simon, vous êtes de profil jaune, voici comment


vous pouvez vous ressourcer et stimuler votre motivation dans
l’exercice de votre métier de professeur :
– Travailler dans plusieurs établissements avec des collègues
très différents.
– Avoir un emploi du temps annualisé avec des horaires variables.
– Vous investir dans de nouveaux projets.

72
4. Les couleurs de la motivation

––Intervenir auprès d’élèves aux besoins éducatifs spécifiques.


––Enseigner à des élèves d’âges très différents.
––Travailler au sein d’une équipe innovante.
––Coordonner l’équipe des enseignants de votre matière et/ou
être créateur de réseaux internes.
––Expérimenter de nouvelles méthodes d’enseignement dans
vos classes.
––Faire régulièrement des sorties, des visites culturelles, des
voyages scolaires.
––Participer à des forums pour rencontrer différents acteurs de
l’éducation.
––Être en réseau avec d’autres collègues.
––Vous inscrire à des programmes européens d’échanges.
––Intégrer les TICE à vos cours.
––Partager vos découvertes sur le Net en tweetant, en alimen-
tant régulièrement un blog ou votre profil sur Facebook.
––Exercer une autre activité professionnelle en parallèle : for-
mation, écriture, recherches…
––Développer une activité artistique – théâtre, écriture, pein-
ture, sculpture, poterie, création d’accessoires – ou sportive
hors temps scolaire.

☛☛La source de motivation de la personne


de type bleu
Toute personne de type bleu a besoin d’être reconnue pour
son travail et sa compétence. Elle a aussi besoin de structu-
rer son temps, ses activités et son espace de travail pour être
efficace. Son côté perfectionniste la pousse souvent à donner la
priorité à son activité professionnelle et à repousser à plus tard
ses moments de détente et de loisirs. Son côté structuré l’incite
également à être logique dans son analyse des faits.
Dans un environnement favorable de travail, la personne
de type bleu montre toutes les qualités de son profil : elle est

73
4. Les couleurs de la motivation

organisée, structurée, compétente, perfectionniste, pragma-


tique, réaliste, rationnelle, concrète et logique. Vous pouvez
compter sur une personne de type bleu pour rendre un travail
soigné dans le moindre détail et dans le respect des délais. Elle
sera prête à faire des heures supplémentaires pour honorer ses
engagements et être à la hauteur de sa réputation. Elle n’hésite
pas à reprendre des études ou à suivre une formation pour par-
faire ses connaissances et élever son niveau de compétences.
Elle est toujours ponctuelle dans ses rendez-vous et aux réu-
nions. Elle n’aime pas perdre son temps.
Elle perçoit le monde extérieur à travers le filtre de la pensée.
Elle cherche à recueillir des faits qu’elle analyse ensuite pour
trouver la logique des choses. Pour résoudre un problème, elle
rassemble les informations dont elle dispose, et cherche une
explication logique et rationnelle.

Annie, un exemple de profil bleu


Annie est professeur de mathématiques au lycée. Elle a la réputation
d’être très exigeante sur la qualité de son travail. Elle ne ménage pas
son temps et son énergie pour préparer au mieux ses classes de
terminale aux épreuves du bac. Elle est motivée par la préparation
aux examens et aux concours post-bac qui valident les compétences
de ses élèves et leur ouvrent les portes des classes préparatoires
aux grandes écoles. Elle s’investit dans son établissement en
donnant des cours d’aide individualisée sur l’heure du déjeuner.
Elle ne rechigne jamais à redonner des explications sur telle ou telle
notion pour s’assurer des acquis de ses élèves. Elle assure un suivi
pédagogique très régulier avec un important travail de correction
de devoirs. En conseil de classe, elle apporte une analyse neutre
et réfléchie sur tel ou tel élève. Ses appréciations sont généralement
très spécifiques et détaillées, tant sur son travail personnel, que sur
les progrès à réaliser. Annie accorde beaucoup d’importance aux
notes. Elle est elle-même stimulée par une appréciation élogieuse
de ses supérieurs hiérarchiques suite à une inspection
ou à l’occasion de la notation administrative annuelle.

74
4. Les couleurs de la motivation

Si, comme Annie, vous êtes de profil bleu, voici comment


vous pouvez vous ressourcer et stimuler votre motivation dans
l’exercice de votre métier de professeur :
––Faire une liste des tâches à réaliser dans la journée ou la
semaine et la respecter scrupuleusement.
––Ranger votre bureau et classer vos documents.
––Vous fixer des objectifs à atteindre dans un délai de temps
limité : avoir telle ou telle moyenne générale de classe à tel
trimestre, soumettre à l’avance une évaluation commune à
l’approbation de vos collègues, préparer un nouveau cours
pour l’année suivante avant votre départ en vacances.
––Préparer vos élèves à des examens ou à des concours.
––Établir le planning des devoirs surveillés dans votre matière.
––Être à jour de vos corrections.
––Suivre une formation spécifique en vue de l’obtention d’un
statut, d’un diplôme, d’une certification.
––Rédiger un rapport d’activité suite à une initiative personnelle
au sein de votre établissement.
––Être tuteur ou tutrice pour des collègues en formation initiale.
––Apporter votre contribution au site académique de votre
matière par des articles spécialisés.
––Être formateur ou formatrice auprès d’adultes en formation.
––Faire le point avec vos supérieurs hiérarchiques sur l’avance-
ment d’un projet pédagogique.
––Organiser et planifier des sorties culturelles, des voyages
linguistiques, des interventions de spécialistes ou de chefs
d’entreprise au sein de votre établissement.

☛☛La source de motivation de la personne


de type violet
Toute personne de type violet a besoin de trouver une cohé-
rence, une légitimité et un sens pour s’investir dans son travail.
Comme la personne de type bleu, elle a un niveau d’exigence

75
4. Les couleurs de la motivation

très élevé vis-à-vis d’elle-même. Elle place la barre très haut et


attend que les autres aient les mêmes critères de qualité qu’elle.
Contrairement à une personne de type bleu, celle de type violet
n’est pas motivée par des objectifs à atteindre. Il faut que le tra-
vail qu’on lui demande ait un sens pour elle. De fait, elle accorde
beaucoup d’importance à l’éthique de son travail. Par exemple,
elle adhérera à un projet collectif à condition qu’on lui fasse
confiance et que la mission qui lui est confiée soit en accord avec
ses idées et ses convictions. La pression interne que ressent le
type violet est liée à son système de valeurs et celui-ci diffère
d’une personne à une autre.
Dans un environnement favorable de travail, la personne de
type violet révèle tous les aspects positifs de sa personnalité :
elle est évaluatrice, engagée, protectrice, exigeante, travail-
leuse, consciencieuse, fiable, digne de confiance. Elle ne s’engage
jamais à la légère. Elle pèse ce qui est profitable et ce qui ne l’est
pas, évalue les risques, repère les impasses, détecte les incohé-
rences et donne son avis avant de s’investir personnellement.
Elle perçoit le monde extérieur à travers le filtre de l’évalua-
tion. Elle établit sa communication avec les autres à partir de
son opinion et de ses valeurs. Elle apprécie d’exprimer pleine-
ment ce en quoi elle croit et ce qui lui semble fondamental.

Grégoire, un exemple de profil violet


Grégoire est enseignant d’anglais en section internationale. Dès le
début d’année, il pose le cadre en définissant ce qui est possible
et ce qui ne l’est pas dans son cours. Une fois ce contrat de classe
établi, il s’investit pleinement auprès de ses élèves, y compris
les plus faibles, pour les faire progresser. Il n’est jamais à cours
d’énergie, de temps et d’idées pour différencier ses exigences selon
le potentiel de chacun. Il le démontre chaque année en montant
une nouvelle pièce de Shakespeare avec ses acteurs amateurs.

76
4. Les couleurs de la motivation

Texte, jeu d’acteur, décor, costumes, mise en scène, chorégraphie,


interludes musicaux, éclairage : aucun détail de ses spectacles
n’échappe à la rigueur de ses exigences, à l’enthousiasme de
sa recherche de l’excellence, à la justesse de son casting. Il sait
détecter les risques inhérents à tout spectacle public et anticiper
les tensions inévitables dans sa petite troupe. Capable de prises de
positions passionnées,
il a à cœur d’éveiller l’intérêt de chacun sans l’endoctriner. Ses
élèves ont vite fait de repérer qu’il ne supporte pas le bavardage
en cours et le manque d’investissement personnel. Quand il rédige
ses appréciations trimestrielles, il pèse ses mots afin d’être le plus
juste possible envers chaque élève. Au conseil de classe, il a
le souci de justice et d’équité.

Si comme Grégoire, vous êtes de profil violet, voici comment


vous pouvez vous ressourcer et stimuler votre motivation dans
l’exercice de votre métier de professeur :
– Organiser des échanges d’idées dans vos cours, y compris en
primaire en instaurant des ateliers philosophiques.
– Fournir à vos élèves une liste de lectures en rapport avec les
notions que vous allez couvrir sur l’année.
– Orienter vos cours selon une cohérence interne : des idées et/
ou des causes qui vous sont chères.
– Éveiller vos élèves à une cause qui est essentielle à vos yeux.
– Prendre des responsabilités au sein de votre établissement
pour faire comprendre vos idées et faire progresser les choses.
– Encadrer des stagiaires et/ou soutenir un nouveau collègue
afin de lui faire profiter de vos années d’expérience.
– Contribuer à des forums sur Internet sur des sujets qui vous
intéressent et nourrissent votre réflexion.
– Être représentant syndical dans votre établissement pour être
le garant des droits et de la justice.
– Inviter des intervenants extérieurs de qualité à venir témoi-
gner auprès des jeunes.

77
4. Les couleurs de la motivation

––Vous investir dans l’aide à l’orientation.


––Organiser des sorties culturelles, des voyages linguistiques
ou des échanges entre des écoles dans le cadre de partenariats
européens autour d’un thème choisi.
––Suivre l’actualité et établir des liens entre le programme et
ce qui se passe au quotidien en dehors des murs de la classe.
––Éduquer vos élèves à utiliser les nouvelles technologies avec
discernement.
––Vous investir à l’extérieur dans un lieu en accord avec vos
valeurs.

☛☛La source de motivation de la personne


de type orange
Toute personne de type orange a besoin d’être aimée et
appréciée en tant que personne pour ses qualités humaines. Elle
apprécie de travailler au sein d’une équipe soudée et chaleureuse
dans un lieu accueillant. Elle déteste les conflits et consacre
beaucoup de temps et d’énergie à jouer le rôle de médiatrice au
sein d’un groupe pour que chacun s’y sente bien. Elle veille aux
besoins des autres et a naturellement tendance à faire passer
ceux des autres avant les siens.
Dans un environnement de travail favorable, la personne de
type orange dévoile toutes les qualités de son profil : elle est
aimable, sympathique, sociale, chaleureuse, généreuse, bienveil-
lante, compréhensive et dévouée. Ses supérieurs ne la motivent
pas en la félicitant pour son travail, mais en pointant ses qua-
lités humaines et relationnelles. Dites-lui tout simplement que
vous appréciez de la compter dans votre équipe et vous la verrez
s’épanouir comme une fleur au soleil. Un bonjour personnalisé,
une parole aimable, un geste amical sont le carburant nécessaire
à sa motivation.
Elle perçoit le monde extérieur à travers le filtre du ressenti.
Elle établit sa communication avec les autres à partir de ses

78
4. Les couleurs de la motivation

sentiments. Quand vous la croisez dans les couloirs, vous la


voyez saluer chaleureusement élèves et collègues, un large sou-
rire aux lèvres.

Bernadette, un exemple de profil orange


Ses élèves l’appellent parfois « maman » et elle reconnaît volontiers
qu’elle est, en quelque sorte, une « deuxième maman », tant elle
s’attache naturellement à eux. Bernadette est professeur en CE1
et elle ne se voit pas exercer un autre métier que le sien. Quand
elle vous invite dans sa classe, vous avez l’impression d’être invité
« chez elle », tant elle a personnalisé son lieu de travail. Sa classe
est décorée des dessins de ses élèves et des photos de leur
dernière sortie scolaire. Sur son bureau trônent les photos de
sa petite famille et de ses deux chats. Au fil des ans et de ses
voyages, elle a collectionné un tas de « trésors » et les tiroirs
de son bureau regorgent de mille trouvailles. Vous y trouverez
aussi une batterie de crayons, de stylos, de feuilles, de Kleenex, de
biscuits au cas où ses élèves viendraient à en manquer. Bernadette
aime prendre le temps de bavarder avec les parents à la sortie des
classes et elle connaît ainsi, au jour le jour, les petites anecdotes
de la vie familiale de chacun, ce qui l’aide à mieux apprécier ses
élèves individuellement. Elle n’hésite pas à remodeler ses cours
et à repenser ses méthodes pédagogiques chaque année pour
s’adapter au mieux au profil de la classe qu’elle accueille et
à chacun de ses nouveaux élèves.

Si, comme Bernadette, vous êtes de profil orange, voici com-


ment vous pouvez vous ressourcer et stimuler votre motivation
dans l’exercice de votre métier de professeur :
– Personnaliser votre lieu de travail pour vous y sentir bien.
– Porter un joli collier, un vêtement doux au toucher, un acces-
soire qui a une valeur affective à vos yeux.
– Apporter une douceur à partager à la récréation avec vos
collègues.
– Prendre le temps d’être en lien avec les autres en arrivant un
peu plus tôt ou en partant un peu plus tard.

79
4. Les couleurs de la motivation

––Instaurer des temps de « parole libérée » au sein de votre


classe pour que chacun s’y sente considéré et écouté indivi­­-
duellement.
––Valoriser tout effort de camaraderie et de solidarité entre vos
élèves.
––Utiliser des stylos de différentes couleurs pour valoriser les
points positifs sur les copies et les différencier des corrections.
––Lancer des idées de sorties à faire entre collègues volontaires.
––Instaurer une journée d’intégration en début d’année pour
mieux connaître les élèves et resserrer les liens entre eux.
––Faire partie d’une association de professeurs pour échanger
des idées de pratiques pédagogiques.
––Travailler en équipe avec des collègues que vous appréciez.
––Instaurer des rencontres conviviales avec les parents.
––Monter un spectacle à thème avec vos élèves et y inviter les
parents.
––Prendre le temps de rencontrer individuellement les élèves
qui rencontrent des difficultés.

☛☛La source de motivation de la personne


de profil vert
Toute personne de type vert a besoin d’espace, de temps et
de tranquillité pour se ressourcer. Elle apprécie de faire les
choses à son propre rythme sans avoir constamment la pression
du temps limité. Elle a besoin de se concentrer et de réfléchir
tranquillement pour être efficace dans son travail. Il lui faut un
espace à elle pour retrouver son calme intérieur. Si elle ne peut
pas s’isoler physiquement d’un groupe, elle le fera mentalement
en rêvant et en décrochant de la conversation.
Dans un environnement de travail favorable, la personne
de type vert révèle toutes les qualités de sa personnalité : elle
est calme, réservée, réfléchie, innovante, indépendante et dis-
tanciée. Elle a la capacité de prendre du recul par rapport aux

80
4. Les couleurs de la motivation

événements et se laisse peu influencer par les autres. Elle est


capable d’une grande autonomie au travail, car elle n’a pas
besoin des autres pour nourrir sa motivation.
Elle perçoit le monde extérieur à travers le filtre de la
réflexion. Une personne de type vert passe plus de temps à réflé-
chir, à observer, à comprendre qu’à échanger avec les autres. En
conseil de classe, le professeur de type vert n’éprouve pas tou-
jours le besoin de prendre la parole, mais quand il est sollicité
pour donner son avis, il se montre synthétique et pertinent.

Serge, un exemple de profil vert


Serge est enseignant en CM2. Quand on pénètre dans sa classe,
on est surpris par l’aménagement de l’espace. Contrairement à la
majorité de ses collègues, Serge n’a pas placé son bureau entre les
rangs de tables et le tableau. Il s’est réservé un espace personnel,
au fond de la classe, en plaçant une armoire d’un côté et de l’autre
de son bureau. Une fois assis là, il a le dos à la classe. Pendant les
évaluations, il a l’habitude de mettre un CD de musique classique en
sourdine pour apaiser les tensions. Quand un élève a fini son travail,
il peut rendre sa feuille et sortir un livre pour un temps de lecture
individuelle, en attendant que le groupe soit prêt à enchaîner sur
une nouvelle activité. Serge participe chaque année à un concours
d’écriture créative avec sa classe et chacun de ses élèves quitte
le primaire avec cet ouvrage collectif en main. Chaque élève
y retrouve avec plaisir et fierté la trace de sa contribution
personnelle dans le texte et les illustrations.

Si, comme Serge, vous êtes de profil vert, voici comment


vous pouvez vous ressourcer et stimuler votre motivation dans
l’exercice de votre métier de professeur :
– Tirer profit du trajet domicile/travail pour vous donner un
sas régénérant avant de démarrer vos cours.
– Arriver à l’avance pour prendre possession de votre classe
dans le calme et le silence.

81
4. Les couleurs de la motivation

––Vous isoler un moment sur le temps du déjeuner pour renou-


veler votre énergie.
––Prévoir de ne pas être systématiquement dans la salle des
profs pendant les pauses.
––Instaurer l’autodiscipline dans votre classe avec des règles de
conduite établies en concertation avec vos élèves.
––Instaurer des temps de travail personnel pour donner à cha-
cun la possibilité de travailler à son propre rythme.
––Inciter vos élèves à être inventifs et créatifs dans leur travail
personnel en valorisant ces critères dans votre notation.
––Instaurer des temps de silence et de relaxation quand les
élèves manquent d’attention et de concentration.
––Participer en ligne à des concours d’écriture créative ou tout
autre projet innovant qui vous intéresse.
––Vous investir dans l’aide individualisée au sein de groupes
restreints.
––Former vos élèves au respect du temps de parole de leurs
camarades.
––Organiser des sorties en plein air pour faire classe autrement
en dehors des quatre murs d’une classe.
––Suivre les nouveautés pédagogiques sur le Net et intégrer les
TICE à vos cours.

☛☛La source de motivation de la personne


de profil rouge
Toute personne de type rouge a besoin de défi à relever pour
se motiver. Elle aime sentir la pression du résultat pour mon-
trer de quoi elle est capable. Cette poussée d’adrénaline dans
l’action est son carburant au quotidien. Elle raisonne non pas
en termes de problèmes à résoudre, mais plutôt en termes de
solutions à trouver. Elle comprend un problème en agissant,
puis en évaluant le résultat de son action et, enfin, en apportant
les corrections nécessaires pour atteindre son but.

82
4. Les couleurs de la motivation

Dans un environnement favorable de travail, la personne


de type rouge montre toutes les qualités liées à son profil de
personnalité : elle est active, énergétique, entreprenante, dyna-
mique, persuasive, influente et caméléon. Elle adapte son com-
portement et son action en fonction de son interlocuteur, de la
situation ou des opportunités, comme le caméléon qui change
de couleur en fonction de son environnement.
Elle perçoit le monde extérieur à travers le filtre de l’action.
C’est dans l’action qu’elle appréhende le monde et entre en
contact avec les autres. Elle agit d’abord, elle réfléchit ensuite.
Au conseil de classe ou en réunion, le professeur de profil rouge
pousse ses collègues à avancer et à prendre des décisions sans
perdre du temps dans des discussions sans fin.

Stéphane, un exemple de profil rouge


Stéphane est professeur d’EPS au lycée. Il apprécie d’enseigner à
des adolescents qui, pour certains, sont déjà des athlètes confirmés
dans certaines disciplines sportives. D’ailleurs, il retrouve une partie
de ses élèves les mercredis après-midi sur les terrains de sport, car
il encadre leurs sorties en championnat départemental, régional ou
national. Stéphane conçoit son métier d’enseignant d’EPS comme
celui d’un coach sportif qui cherche à booster les performances
physiques et sportives de chacun de ses élèves en lui fixant des
objectifs réalistes. Il n’hésite pas à faire usage de son profil d’athlète
et de sa belle voix suave pour séduire les filles les plus récalcitrantes
à l’effort physique et les faire bouger sans qu’elles s’en aperçoivent.
Au conseil de classe, les prouesses sportives de certains élèves
réputés paresseux, râleurs ou agressifs laissent toujours rêveurs
et dubitatifs ses collègues moins chanceux et moins
convaincants que lui.

Si, comme Stéphane, vous êtes de profil rouge, voici comment


vous pouvez vous ressourcer et stimuler votre motivation dans
l’exercice de votre métier de professeur :

83
4. Les couleurs de la motivation

––Vous fixer des défis intellectuels et/ou sportifs à relever à


court terme.
––Fixer des objectifs précis et à court terme à vos élèves.
––Donner des tâches à compléter en un temps record.
––Organiser des prises de parole en public avec un temps limité
de préparation.
––Organiser des spectacles avec vos élèves.
––Parler de vos résultats et de ceux de vos élèves et les afficher.
––Faire travailler vos élèves sur des projets pluridisciplinaires
qui leur demandent de sortir de leurs compétences habituelles.
––Inscrire vos élèves à des concours dans votre matière.
––Organiser une sortie de fin d’année dans un parc d’attractions.
––Faire régulièrement du sport pour canaliser votre trop-plein
d’énergie.
––Faire de la compétition, sportive ou autre en dehors du temps
scolaire.
Simon, Annie, Grégoire, Bernadette, Serge et Stéphane
trouvent, dans l’exercice de leur métier d’enseignant au quo-
tidien, de quoi nourrir et stimuler la motivation propre à leur
profil de personnalité. La liste des initiatives motivantes pour
chacun d’eux est loin d’être exhaustive. Cela met en évidence le
fait que chacun d’entre nous, quel que soit son profil, peut trou-
ver les ressorts de sa propre motivation en suivant cinq axes
différents et complémentaires :
––Ce que nous décidons de nous imposer dans l’organisation de
notre travail et de notre journée.
––Ce que nous imposons à nos élèves comme règles de conduite
et méthodes de travail.
––Ce que nous pouvons instaurer au sein d’une équipe ou de
notre établissement qui élargit notre champ d’action et donne
du sens à notre investissement personnel.

84
4. Les couleurs de la motivation

––Ce que nous pouvons exploiter à l’extérieur de notre établis-


sement pour nourrir notre réflexion pédagogique et enrichir
nos pratiques.
––Ce que nous pouvons exercer en parallèle comme activité
sportive, artistique ou professionnelle pour faire valoir la
palette de nos talents et développer notre bien-être et notre
autonomie.

Sondage sur la motivation des enseignants


Dans notre souci constant de rester au plus près de la classe
et de la réalité de notre métier, nous avons entrepris de sonder
nos collègues, enseignants en primaire, collège et lycée, au sujet
de leur motivation. Ils ont été 160 à répondre.
Voici la synthèse de leurs réponses. Notez qu’ils avaient le
choix de sélectionner plusieurs critères en réponse à notre pre-
mière question : pour quelles raisons avez-vous choisi le métier
d’enseignant ?
––Le contact avec les élèves : 92,1 %
––Le plaisir d’enseigner la discipline : 92,1 %
––La transmission d’un savoir : 90,7 %
––La transmission de valeurs : 87,3 %
––L’autonomie dans le travail : 84,1 %
Ils ont affirmé avoir « un peu » choisi ce métier pour la sécu-
rité de l’emploi (56,3 %) et les vacances scolaires (45 %), mais
« pas du tout » pour le niveau de salaire (65,8 %). Ils sont 87,2 %
à revendiquer le fait que le choix du métier d’enseignant n’a pas
été « du tout » un choix de métier par défaut.
Nous allons retrouver ces mêmes critères dans les facteurs de
satisfaction au travail.

85
4. Les couleurs de la motivation

À la seconde question « quels sont les aspects de votre travail


que vous appréciez ? », leurs réponses sont très diversifiées.
Néanmoins, certains critères se dégagent plus nettement :
––Le contact avec les élèves : 92,3 %
––Le plaisir d’enseigner la discipline : 91,6 %
––La transmission d’un savoir : 90,9 %
––La possibilité d’être créatif, innovant : 88,9 %
––L’autonomie dans le travail : 88 %
––La stimulation intellectuelle qu’il procure : 85,5 %
––Le sentiment d’être utile, de faire progresser les élèves :
84,8 %
––La transmission de valeurs : 84,4 %
––Le rôle éducatif privilégié auprès des élèves : 78,7 %
––Les vacances scolaires : 72,9 %
––Le travail en équipe : 70,6 %
––La sécurité de l’emploi : 57,5 %
––La flexibilité des horaires : 49,3 %
––Le côté théâtral du métier : 43,7 %
––Les nouveautés à chaque rentrée : 39 %
––Les rencontres avec les parents : 26,6 %
––L’interaction avec les supérieurs : 20,4
––Le niveau de salaire : 10 %
Notons le très haut degré de satisfaction des enseignants. Cet
indicateur est essentiel, car il traduit le degré de motivation au
travail. Aimer son métier permet de donner du sens à sa vie. Il
est intéressant de relever que le premier facteur de satisfaction
des enseignants est le contact avec les élèves. Paradoxalement,
les enseignants ont la réputation de passer une bonne partie de
leur temps à s’en plaindre !

86
5. Les couleurs du stress

L e corps enseignant n’est pas


épargné par le phénomène
du stress, mais le thème de
Découvrez vo
s facteurs
de stress
la souffrance au travail reste
difficile à aborder tant la pénibilité du métier est
généralement sous-estimée par ceux qui ne l’exercent pas.

La gestion du stress
Lorsqu’ils se plaignent d’être surmenés, à bout physiquement
et moralement, on rétorque habituellement aux enseignants que
leurs conditions de travail sont enviables : sécurité de l’emploi,
quatre mois de vacances scolaires rémunérées, horaires compa-
tibles avec une vie de famille, salaire et avancement protégés
par des grilles indiciaires. Le manque de reconnaissance pour la
complexité de la tâche d’enseignant et la méconnaissance de la
réalité quotidienne au sein des classes ne font qu’amplifier leur
sentiment de culpabilité. Ils en sont venus à subir leur stress
dans un silence résigné qui accentue leur mal-être au travail.
Laurence Janot-Bergugnat et Nicole Racle résument en peu
de mots la situation contradictoire dans laquelle les enseignants
sont enfermés : « On dévalorise leur rôle en même temps qu’on
leur en demande toujours plus10. »

10. Laurence Janot-Bergugnat et Nicole Rascle, Le Stress des enseignants,


Armand Colin, 2008.

87
5. Les couleurs du stress

Les réponses au sondage auprès de 160 de nos collègues (voir


chapitre 4 page 85) viennent en partie confirmer la liste des
agents stressants qui a été dressée à partir d’études internatio-
nales présentées dans le livre de Laurence Janot-Bergugnat et
Nicole Racle. En voici la synthèse :
––L’intensité et la surcharge de travail en cours : l’enseignant
doit répondre, écouter, se déplacer, écrire, maintenir l’ordre,
gérer la dynamique de groupe ;
––À la maison, les corrections et préparations de cours sans
cesse actualisées ;
––Le conflit des rôles entre éduquer et instruire ;
––Le manque de reconnaissance de la société et sa tendance à
tenir l’école responsable de ses dysfonctionnements ;
––Le manque d’appétence des élèves pour les apprentissages ;
––Le climat des classes ;
––L’inadéquation de la formation.
Notre intention est d’aller au-delà d’un simple diagnostic des
facteurs déclencheurs de stress. Nous voulons témoigner du
fait qu’une meilleure connaissance de nous-mêmes et des autres
peut nous aider à :
––prendre en main la gestion de notre stress et gagner en
discernement ;
––détecter et réduire considérablement les sources inévitables
de tension dans des situations multiples ;
––mieux désamorcer les conflits une fois déclarés et identifiés.
Vous verrez dans ce chapitre les comportements condition-
nels et conflictuels de chaque type de personnalité, c’est-à-
dire les comportements négatifs que l’on adopte lorsque l’on
est sous stress léger et fort. Savoir les reconnaître est un atout
indéniable dans la gestion des tensions. Nous pouvons avoir
un impact direct sur notre environnement de travail en analy-
sant ce qui est facteur d’insatisfaction, de mal-être et de stress
pour nous, et réagir de manière individualisée. Souvent nous

88
5. Les couleurs du stress

nous sentons seuls – pour ne pas dire peu soutenus – face à


nos difficultés. Et nous n’osons pas en parler autour de nous,
de peur d’être jugés, voire sanctionnés pour nos insuffisances.
Refuser de subir les mécanismes de l’échec, en adoptant une
attitude active et réactive, peut nous éviter d’être rattrapés par
le découragement.
Vous verrez, selon chaque profil de personnalité, que nous ne
sommes pas concernés par les mêmes facteurs déclencheurs de
stress et, surtout, que nous y réagissons différemment. La per-
ception de soi-même et de son activité professionnelle induit le
type de stress au travail.
À la fin de ce chapitre, vous découvrirez les réponses de 160
collègues à cette question : « Quels sont les aspects du métier
d’enseignant les plus difficiles à vivre pour vous ? »

Les éléments déclencheurs


selon chaque profil de personnalité
Pour prendre en main la gestion du stress dans la pratique
quotidienne de votre métier, il faut commencer par identifier
les facteurs déclencheurs de stress. En embuscade dans les
classes et également en dehors de leurs murs, ils nous attendent
dans les multiples situations d’interaction avec les élèves, leurs
parents, les collègues, les supérieurs hiérarchiques et toute
autre personne du système éducatif.
Face au stress, nous ne sommes pas égaux, car il est étroi-
tement lié au regard que nous portons sur notre environne-
ment de travail. Pour certains, cet environnement est vécu
comme favorable, agréable, motivant, stimulant alors que, pour
d’autres, il est perçu et subi comme contraignant, restrictif, hos-
tile, inhibant ou infantilisant. Plus le regard porté sur l’activité

89
5. Les couleurs du stress

est négatif, plus nous sommes vulnérables aux « stresseurs ».


Mais nous sommes également inégaux face au stress dans la
mesure où nous ne réagissons pas de la même manière aux
mêmes facteurs de stress. Ce qui est particulièrement stressant
pour un professeur ne l’est pas forcément ou automatiquement
pour son collègue. Tout dépend du profil de personnalité.

Une même cause pour deux effets


Zoé, de profil rouge, aborde les périodes d’examens blancs comme
de véritables compétitions sportives. Elle sait qu’elle doit être en
pleine forme physique et intellectuelle pour aborder la surcharge
de travail due aux corrections de devoirs. Elle se fixe comme
objectif de corriger ses copies en un temps record et elle se sent
particulièrement stimulée et motivée par ce challenge.
Sa collègue, Stéphanie, traverse plus difficilement ces mêmes
périodes. De profil vert, elle supporte mal d’être obligée de corriger
autant de copies en un temps limité. Cette pression la stresse et
épuise littéralement toute son énergie. Inévitablement, à chacune
de ces périodes intenses de travail, elle doit consulter
un médecin pour des crises chroniques d’eczéma.

Découvrez les facteurs déclencheurs de stress pour chacun


des profils.

☛☛Les facteurs de stress pour la personne


de type jaune
Si vous êtes de profil jaune, vous avez besoin de vous amuser
en travaillant. Il vous faut une grande marge d’autonomie et
de liberté pour être efficace dans votre travail. Vous fuyez la
routine, la monotonie, la norme. Vous recherchez la nouveauté
et affichez votre différence. Voici ce qui peut déclencher ou aug-
menter votre stress :

90
5. Les couleurs du stress

––Le cadre dans lequel vous exercez votre métier est très formel,
rigide, conventionnel et ne vous permet pas d’exprimer votre
inventivité et votre différence.
–– Les tâches qui vous sont demandées sont répétitives et cadrées.
––Vous exécutez souvent un travail de correction, long et fasti-
dieux, avec un impératif de délai à respecter.
––Vous devez fréquemment assister à des réunions de concerta-
tion trop formelles où aucune digression n’est admise.
–– Vos collègues et/ou supérieurs sont très sérieux et ne partagent
pas votre humour.
––L’ambiance de classe vous oblige à être plus autoritaire pour
cadrer les éléments perturbateurs.
––Vous n’avez pas la possibilité de participer à des sorties cultu-
relles et/ou des voyages linguistiques.
––Vous êtes submergé par des tâches administratives contrai­-
gnantes.
––Vous devez travailler avec des collègues qui sont très conven-
tionnels et peu flexibles.
––Votre trop grande autonomie au travail est sanctionnée par
vos supérieurs.

☛☛Les facteurs de stress pour la personne


de type bleu
Si vous êtes de profil bleu, vous avez besoin de vous sentir
efficace et compétent pour être motivé. Vous détestez perdre
votre temps et vous redoutez les imprévus de dernière minute
qui viennent déstructurer votre organisation. Voici ce qui peut
déclencher ou augmenter votre stress :
––Les élèves arrivent en retard à votre cours.
––Ils n’ont pas leurs affaires, car leur emploi du temps a été
modifié sans qu’ils en aient été avertis à temps.
––Le matériel à votre disposition est défaillant et vous devez
improviser un cours dans l’urgence sans préparation.

91
5. Les couleurs du stress

––Les résultats de vos élèves sont décevants. Ils ne sont pas à la


hauteur de votre investissement personnel.
––Vous avez pris du retard dans les corrections de vos copies ou
la préparation de vos cours.
––Les résultats de vos élèves stagnent. Ils sont nettement insuf-
fisants à vos yeux.
––Vos élèves ne montrent pas ou peu d’intérêt pour votre
matière d’enseignement.
––Votre classe a un niveau très hétérogène et vous avez l’im-
pression que votre travail est inefficace.
––Le travail maison, même donné longtemps à l’avance, est très
souvent superficiel, bâclé ou non fait.
––Vous êtes obligé de travailler en équipe avec des collègues qui
n’ont pas les mêmes exigences de qualité que vous.
––Les parents de vos élèves ne reconnaissent pas ou ne respectent
pas vos compétences et votre expérience professionnelle.
––Vos supérieurs hiérarchiques ne vous félicitent pas pour votre
travail.
––Votre note pédagogique et/ou administrative ne vous satisfait
pas.

☛☛Les facteurs de stress pour la personne


de type violet
Si vous êtes de profil violet vous avez besoin d’être reconnu
et légitimé dans votre travail. Vous avez aussi besoin que votre
avis soit pris en compte. La question de confiance est fondamen-
tale pour vous. Vous pouvez difficilement vous engager dans un
projet qui va à l’encontre de vos valeurs et de vos convictions.
Voici ce qui peut déclencher ou augmenter votre stress :
––Votre emploi du temps a été modifié à la dernière minute sans
vous consulter.
––Votre mission ou fonction a été redéfinie sans que votre avis
soit sollicité.

92
5. Les couleurs du stress

––On vous demande d’exécuter un travail qui va à l’encontre de


votre engagement idéologique.
––Des élèves bavardent pendant vos cours.
––Vos élèves ne s’investissent pas dans leur travail.
––Certains de vos élèves vous ont rendu un travail de réflexion
personnelle qui s’avère être du pur plagiat.
––La punition que vous aviez donnée à un de vos élèves a été
supprimée après l’intervention de l’élève et/ou de ses parents
auprès de vos supérieurs.
––Votre autorité est contestée.
––L’ambiance de votre classe ne vous permet pas d’organiser
des échanges d’idées, des débats.
––Le matériel de classe à votre disposition n’est pas fiable et
personne n’est responsable de son entretien.
––Un de vos projets pédagogiques a été annulé sans préavis et
sans raison valable.
––Vous êtes obligé de travailler avec des collègues sur un projet
commun qui n’est pas en cohérence avec vos convictions.
––Vous ne voyez pas la finalité de la nouvelle réforme des pro-
grammes dans votre matière.
––Vous avez l’impression que vos supérieurs ne vous font pas
confiance et/ou qu’ils sont très critiques quant à vos choix
pédagogiques.
––Vos collègues et/ou vos supérieurs manquent de loyauté à
votre égard.
Les deux profils, bleu et violet, sont très exigeants quant à
la qualité de leur travail, mais ils ne se mettent pas la même
pression. Le professeur de profil bleu se pose en permanence ces
questions : est-ce que je suis efficace dans mon travail ? Suis-je
assez compétent pour mener ce projet à son terme ? Alors que
le professeur de profil violet se pose la question de sa cohé-
rence, de son positionnement interne : est-ce que je mets en
œuvre mes aspirations de fond ? Y a-t-il une cohérence entre

93
5. Les couleurs du stress

mon système de valeurs et le travail que j’accomplis ? Suis-je


légitime dans ma fonction ? Dans les deux cas, il s’agit bien du
regard de soi sur soi et non du jugement des autres.

☛☛Les facteurs de stress pour la personne


de type orange
Si vous êtes de profil orange, vous avez besoin d’être reconnu
pour vos qualités humaines pour être motivé. Comme vous
recherchez le lien, il est essentiel que vous travailliez dans une
ambiance chaleureuse et solidaire pour être bien. Vous déployez
beaucoup d’énergie pour éviter les tensions et créer de l’harmo-
nie autour de vous. Voici ce qui peut déclencher ou augmenter
votre stress :
––Le cadre dans lequel vous exercez est froid, impersonnel,
délabré, sale.
––Le climat au sein de votre établissement est très contestataire,
voire délétère.
––La salle des professeurs n’est pas un endroit convivial.
––Il règne une mauvaise ambiance dans votre classe et les élèves
ne sont pas solidaires les uns des autres.
––Vous vous sentez démuni face à l’incivilité et la violence de
certains de vos élèves.
––Il n’y a pas de travail de groupe au sein de votre équipe : cha-
cun travaille dans son coin sans communiquer.
––Vous n’avez pas le temps de tisser des liens plus étroits avec
vos collègues en dehors de vos cours.
––Les appréciations de vos supérieurs sont très impersonnelles
et vous donnent l’impression de n’être qu’un simple exécutant.
––Votre établissement mise toute sa réputation et sa pédagogie
sur les résultats aux examens au détriment de l’accompagne-
ment individualisé, du soutien aux élèves en difficulté, de la
qualité de l’écoute.

94
5. Les couleurs du stress

––Les parents de vos élèves se déplacent peu pour les réunions


d’information et vous n’avez pas la possibilité de les rencon-
trer pour échanger avec eux.
––Vous ne vous sentez pas soutenu par vos supérieurs quand il
s’agit de régler un conflit avec un élève.

☛☛Les facteurs de stress pour la personne


de type vert
Si vous êtes de profil vert, vous avez besoin de calme et de
tranquillité pour être efficace. Vous avez besoin de travailler à
votre propre rythme sans être constamment sous la pression
du temps limité et/ou du résultat immédiat. Voici ce qui peut
déclencher ou augmenter votre stress :
––Votre établissement vous offre peu d’espace où vous pouvez
vous isoler sans être dérangé.
––La salle des professeurs est bruyante et l’ambiance n’est pas
propice à la réflexion.
––Vos élèves sont bruyants, dispersés, dissipés.
––Ils sont peu concentrés sur le travail que vous leur avez donné.
––Vous devez faire face à un cumul de travail avec des délais très
courts à respecter.
––Vous sentez en permanence la pression du résultat avec des
évaluations chiffrées imposées.
––On vous confie de multiples tâches d’organisation, de structu-
ration ou « inadaptées » qui ne font pas appel à votre imagi-
nation, ni à votre créativité.
––Vous êtes obligé d’assister régulièrement à des réunions de
concertation où votre avis est sollicité.
––Vous devez exécuter des travaux variés et différents qui vous
donnent l’impression d’un éparpillement.
––Vous devez fréquemment prendre la parole en public, en
dehors de votre classe.

95
5. Les couleurs du stress

☛☛Les facteurs de stress pour la personne


de type rouge
Si vous êtes de profil rouge, vous avez besoin de défis, de chal-
lenges pour être motivé. Vous avez besoin d’être dans l’action
pour mobiliser vos facultés intellectuelles. Vous aimez la compé-
tition. Voici ce qui peut déclencher ou augmenter votre stress :
––Les niveaux de classe auxquels vous enseignez ne repré-
sentent aucun challenge pour vous.
––Les résultats de vos efforts ne sont pas immédiats, remarqués
ou récompensés.
––Les résultats de votre investissement personnel ne sont pas
identifiables ou quantifiables.
––Vos élèves ont un niveau très faible et ne vous permettent pas
de briller par vos résultats.
––En réunion de concertation, vos collègues discutent sans pas-
ser à l’action.
––Vous êtes obligé de travailler en équipe avec des collègues
qui passent beaucoup de temps à réfléchir sans prendre de
décision.
––Les barèmes aux examens que l’on vous impose sont trop
détaillés et pointilleux.
––Votre note pédagogique et/ou administrative n’est pas assez
élevée à vos yeux.
Bien entendu, ces listes de facteurs stressants ne sont pas
exhaustives. Elles n’ont qu’une valeur indicative. Elles mettent
toutefois en évidence que, dans un même environnement de tra-
vail, ce qui s’avère être stressant pour un professeur se révèle
être stimulant pour un autre. Il en va ainsi avec la pression
du résultat. Pour les professeurs de type rouge comme Zoé,
cette pression est bénéfique car elle fait monter d’un cran leur
taux d’adrénaline et les pousse à se surpasser comme s’ils par-
ticipaient à une compétition. Pour ceux de profil vert comme

96
5. Les couleurs du stress

Stéphanie, ces moments de travail intense sont difficiles à gérer


sans stress, car ils manquent de temps et de tranquillité pour
recharger leurs batteries de manière satisfaisante et efficace. Ils
sont alors plus vulnérables à l’épuisement professionnel si ces
périodes se répètent à intervalles réguliers ou si elles se pro-
longent dans le temps.

Les comportements conditionnels


et conflictuels au sein d’une classe

☛☛Les comportements conditionnels


Les comportements conditionnels sont des comportements
observables qui dénotent les efforts que nous faisons pour
nourrir la motivation liée à notre profil de personnalité. C’est
la condition que nous nous imposons à nous-mêmes et/ou aux
autres pour rester dans la position de vie gagnant/gagnant
(+/+). Le symbole du comportement conditionnel est : « +/+ si
je… », ce qui signifie que la pression est mise sur soi ou « +/+
si tu… », pour la pression en direction de l’autre ou ressentie
par l’autre.
Les comportements conditionnels sont révélateurs de votre
profil de personnalité, car vous les affichez naturellement en
dehors de toute situation contraignante.
Ils font tellement partie de nous que nous n’en avons pas
conscience : impossible de nous imaginer être ou faire autre-
ment. Or ils sont le point de départ de nombreuses frus-
trations personnelles ou relationnelles. Apprendre à réduire
leur impact dans nos actes au quotidien constitue l’étape indis-
pensable pour développer des relations plus harmonieuses avec
les autres, mais également avec nous-mêmes.

97
5. Les couleurs du stress

En ce qui concerne les élèves, si vous prenez le temps de les


observer en classe, ils vous révéleront, à travers leurs compor-
tements conditionnels, leur profil de personnalité et leur mode
de fonctionnement. À vous ensuite de stimuler la motivation
propre à leur profil. Connaître leur profil vous permettra éga-
lement de détecter les signes visibles de stress, d’anticiper les
réactions négatives, d’éviter d’entrer dans un conflit interper-
sonnel et d’adopter ainsi une distance plus juste. La connais-
sance de ces phénomènes permet de ne pas émettre un jugement
hâtif sur le vif, de contrôler ses réactions épidermiques et
d’éviter les éventuels dérapages.

☛☛Les comportements conflictuels


Les comportements conflictuels sont des comportements
observables qui dénotent le fait que nous ne pouvons pas satis-
faire la motivation liée à notre profil de personnalité et que,
par conséquent, nous subissons un fort stress. Nous sommes
alors en position de vie (-/+) ou (+/-), selon la couleur de notre
profil.
Le passage du comportement conditionnel au comportement
conflictuel peut se faire de manière instantanée, voire brutale,
si nous sommes d’emblée dans une situation particulièrement
stressante. L’exemple suivant illustre bien ce phénomène. La
scène se déroule dans une classe de trente-sept élèves au sein
d’un lycée technologique.

98
5. Les couleurs du stress

Un exemple de comportement conflictuel


d’une élève de type bleu
Éléonore est une élève de seconde, très scolaire, perfectionniste,
toujours soucieuse de bien faire, et plutôt discrète. Ce jour-là,
une évaluation en compréhension orale est prévue. Quelques
minutes à peine après le démarrage de l’enregistrement, Éléonore
se manifeste à voix haute : « Je n’y comprends RIEN ! » Puis elle
lâche son stylo d’un geste rageur et retourne sa feuille de manière
ostentatoire pour signifier clairement qu’elle ne fera pas l’effort
de comprendre. Cette réaction, de sa part, stupéfait la professeure.
Que se passe-t-il ? En fait, Éléonore a l’impression de ne RIEN
comprendre quand elle ne comprend pas TOUT. Or le travail
de repérage demandé est source de stress pour cette élève
perfectionniste qui veut maîtriser la tâche de A à Z, dans le moindre
détail.
Comment réagir ? La professeure peut difficilement ignorer
sa réaction, tant elle est démonstrative. Elle soupçonne même
Éléonore de vouloir « saboter » le travail de ses camarades pour
ne pas être prise en défaut. Elle se déplace vers elle pour lui indiquer
qu’elle a bien noté son désarroi, mais sans céder, par principe
d’équité vis-à-vis de ses camarades. Elle n’arrête donc pas
le déroulement de l’enregistrement. À la fin de la première écoute,
elle la rassure, attend qu’elle reprenne ses esprits et, d’une voix
posée, l’invite à reprendre son travail. Soucieuse de son image
de bonne élève, Éléonore saisit cette perche. La professeure
la félicite de cet effort. La deuxième écoute peut démarrer
dans de meilleures conditions !

Cet exemple permet de mieux comprendre la réaction d’une


élève perfectionniste dans une situation stressante d’évaluation.
Éléonore, de profil bleu, est particulièrement soucieuse de ses
résultats et des appréciations de ses professeurs. Naturellement,
elle ressent fortement la pression intérieure de rester fidèle à sa
réputation d’excellente élève. Comme elle a l’impression d’être
en échec par rapport à la tâche qui lui est imposée, elle affiche
d’emblée le comportement conflictuel lié à sa personnalité : elle

99
5. Les couleurs du stress

se met en colère (« Je n’y comprends RIEN ! ») pour exprimer


sa frustration de ne pouvoir être parfaite.
Son professeur réagit à son explosion de colère en évitant
de l’alimenter davantage. Elle maintient ses exigences tout en
reconnaissant à Éléonore le droit de n’avoir pas bien démarré
son travail d’écoute et lui permet de réintégrer le groupe en la
rassurant sur la finalité de la tâche (« il s’agit d’un simple exer-
cice de repérage ») et en la félicitant de ses efforts. Ses quelques
mots d’encouragement nourrissent instantanément la motiva-
tion d’Éléonore qui a un besoin vital d’être reconnue pour son
travail et sa compétence. La prise en compte immédiate de cette
réaction individuelle sous stress a permis à l’enseignante de ne
pas perdre de vue les besoins des trente-six autres élèves de
la classe et de valider l’évaluation en cours dans les meilleures
conditions possibles.
Cet exemple met en évidence le fait qu’une bonne gestion du
groupe passe d’abord par une bonne gestion de chaque élève
avec la prise en compte des besoins propres à son profil. Nous
allons précisément voir comment, en découvrant ensemble les
comportements conditionnels et conflictuels de chaque type
ComColors®. Nous les illustrerons par des exemples concrets
et variés au sein de nos classes respectives.

☛☛Les comportements sous stress selon


les types de personnalité
Les comportements conflictuels trahissent le fait que l’on ne
peut pas satisfaire la motivation liée à son type de personna-
lité. Or, lorsqu’une personne ne satisfait pas sa motivation de
manière positive, elle s’arrange pour le faire de manière néga-
tive. Elle affiche alors ses comportements sous stress. Ainsi,
pour chacun des six profils de personnalité, nous allons détail-
ler les différentes étapes du stress depuis la position de vie +/+

100
5. Les couleurs du stress

(= motivation satisfaite, pas de stress) à la position de vie -/- (=


motivation non satisfaite, stress maximal).

☛☛Les différentes étapes du stress


du type jaune
Le type jaune est en position (+,+) s’il se sent libre, s’amuse
et fait de nouvelles choses. Son inquiétude de ne pas être pris
au sérieux le pousse à montrer qu’il fait les choses difficilement
(+,+ si je…). S’il ne peut toujours pas s’amuser, il va faire preuve
de mauvaise foi (+,-).

LE STRESS DE LA PERSONNE DE TYPE JAUNE

■ Motivation (+,+) : elle se sent libre, s’amuse et fait de nouvelles


choses.
■ Comportement conditionnel (+,+ si je…) : elle fait les choses
diffi-cilement ; elle souffle, elle râle.
■ Comportement conflictuel (+,-) : elle rejette la faute sur les
autres ; elle fait preuve de mauvaise foi.

La principale cause de stress du type jaune vient de son besoin


de travailler en s’amusant. S’il n’a pas cette marge de liberté,
il s’ennuie très vite et il le fait savoir en râlant ou en soufflant.
Ce n’est pas tant ce qu’on lui demande de faire qui le stresse,
mais l’obligation de devoir le faire d’une manière qui n’est pas
la sienne ou qu’il n’a pas choisie. Quand il se sent contraint, il
entre dans une sorte de passivité agressive vis-à-vis des autres.
Il attend alors d’être pris en charge comme s’il était tout à coup
plombé par une lourdeur démesurée.
Dans son comportement conflictuel, le type jaune peut faire
preuve de mauvaise foi. Il se plaint de ce qu’il n’a pas, de la vie
qu’il ne peut pas avoir à cause des autres, de ses élèves qui lui

101
5. Les couleurs du stress

pourrissent ses soirées et ses week-ends, de ses collègues qui


lui plombent le moral et ainsi de suite. Il n’est jamais content.
L’expression typique du type jaune sous stress est : « Ce n’est
pas de ma faute » ou « Je n’y peux rien ». De ce fait, il se dédouane
de ses responsabilités en rendant les autres responsables de ses
malheurs et de ses difficultés.
Dans une classe, l’enseignant peut difficilement ignorer les
élèves de type jaune.

Témoignage de Florence, professeur


de type jaune
« Peter est un élève de terminale. À certains moments, quand
on le surprend à jouer avec ses “bidules” sortis de sa trousse,
on est en droit de se poser cette question : “Peter a-t-il bien
conscience qu’il est en terminale et qu’il passe le bac dans deux
mois ?” Peter s’ennuie très vite en cours et il le fait savoir
bruyamment en râlant (1. Fait les choses difficilement). Il peut être
épuisant tant son besoin d’être remarqué au sein du groupe est fort.
Par contre, je sais que je peux capter instantanément son attention
en le surprenant par une activité qui sort de la routine : petit jeu
lexical, consignes de travail muettes et mimées, concours de
grammaire avec brownies en récompenses… De même, une pointe
d’humour peut, d’un coup de baguette magique, alléger un travail
écrit, souvent fastidieux pour lui. Il apprécie les jeux, les sketches,
le théâtre et les présentations orales. Quand je pointe du doigt
un travail non fait ou bâclé, je peux compter sur lui pour m’inventer
une histoire rocambolesque pour s’en excuser (2. Fait preuve
de mauvaise foi). Étant moi-même de ce profil, je suis toujours
épatée par l’inventivité dont il fait preuve pour ne pas assumer
ses oublis ou ses erreurs. Je dois avouer que je me reconnais
bien là ! »

Notre analyse :
Comportement conditionnel : Peter fait le travail difficile-
ment et il le fait savoir en râlant.

102
5. Les couleurs du stress

Comportement conflictuel : il a du mal à assumer ses res-


ponsabilités face à son manque de travail.
Pour les enseignants de profil bleu et violet, l’élève de profil
jaune est indéniablement une source de stress non négligeable
au sein de la classe. En effet, le sérieux, la rigueur, le profes-
sionnalisme, l’autorité naturelle de ces enseignants sont per-
çus comme des contraintes difficiles à accepter pour l’élève de
type jaune. Il va chercher à les alléger à sa façon : il s’amuse,
lance des blagues, fait des bruitages, prend la parole de manière
intempestive, n’a pas ses affaires en cours, ne fait pas ses devoirs,
arrive en retard, a un besoin pressant et subit… Plus vous êtes
rigide avec un élève de ce type, plus il sort sa gamme de jeux
négatifs pour satisfaire négativement sa motivation, celle de
s’amuser. Sa mauvaise foi ne manque pas de vous exaspérer au
plus haut point.
Comment réagir ? L’indifférence est la pire des solutions, car
l’élève de type jaune fera tout pour attirer votre attention sur lui.
Il faut comprendre qu’il n’agit pas CONTRE vous, mais plutôt
POUR satisfaire son besoin de jeu. Il suffit, comme le fait natu-
rellement Florence, de faire de l’humour bienveillant et de jouer
avec le type jaune pour qu’il sorte de ce comportement pertur-
bateur et retrouve un peu de sérieux. Une pointe d’humour, un
clin d’œil complice, la promesse d’une activité plus ludique par la
suite, une parenthèse dans le cours, une anecdote donnée comme
exemple ou un temps d’échange informel suffit à le réintégrer
dans le groupe et à rediriger son attention sur son travail. Vouloir
changer le comportement d’un élève de type jaune est mission
impossible. L’enseignant risque alors de bloquer la relation et de
se retrouver coincé dans une impasse relationnelle, préjudiciable
non seulement pour l’élève en question, mais également pour
l’ensemble de la classe. Nombre d’enseignants s’épuisent littéra-
lement à vouloir cadrer leurs élèves de type jaune quand ils ne
comprennent pas les ressorts de leur motivation.

103
5. Les couleurs du stress

Exemple de comportement sous stress


d’un professeur de type jaune
Le conseil de classe a démarré depuis une quinzaine de minutes
et Vincent, professeur de technologie, arrive haletant, sa sacoche
ouverte sous le bras. Dans un souffle, il lance : « Excusez-moi, j’ai
eu un problème de démarrage ! Je ne comprends pas ce qui s’est
passé, je viens juste de récupérer ma voiture de chez le garagiste !
Franchement il m’a fait payer une réparation pour rien ! » – Ah bon,
rétorque une collègue, je croyais que tu venais d’acheter la dernière
Toyota hybride… » Vincent, l’œil malicieux, renchérit : « En fait,
il y avait un gros problème dessus alors j’ai dû passer chez le
concessionnaire avant et… » Les autres collègues s’impatientant,
la discussion s’interrompt net sur cette dernière remarque laissée
en suspens, mais personne n’est dupe pour autant. Vincent arrive
souvent en retard aux réunions et trouve toujours une bonne excuse,
inventée de toutes pièces, pour ne pas admettre qu’il avait tout
simplement quelque chose de plus amusant à faire avant de
se rendre au conseil. Tous s’étonnent qu’il ait encore
des excuses toutes prêtes à faire valoir dans ces situations.

Dans un environnement scolaire ou professionnel, le compor-


tement ludique du type jaune est perçu comme peu sérieux, peu
responsable, peu fiable et agace prodigieusement enseignants,
collègues et supérieurs. Une fois coincé dans son comportement
conflictuel, le type jaune doit se prendre en charge et trouver
rapidement un moyen de s’amuser. Mais son souci majeur est
qu’il rend les autres responsables de son ennui et qu’il attend
passivement d’être pris en charge comme un enfant en attente
du bon jouet pour se divertir.
Prendre conscience de ce comportement est la première étape
pour en sortir : s’observer et s’amuser de se voir agir de la sorte.
Si vous êtes de type jaune, vous devez nourrir votre motivation
de manière positive pour éviter de sortir votre belle collection
de « jeux négatifs ». À vous de faire preuve d’inventivité pour
sortir du jeu de rôle que vous avez choisi.

104
5. Les couleurs du stress

Au sein de l’Éducation nationale, les enseignants de type


jaune s’autorisent difficilement à être différents et ludiques.
Leur stress provient souvent du fait qu’ils ont peur d’être pris
pour des « rigolos ». En cachant leurs qualités et en s’empê-
chant de donner tout leur potentiel, ils peuvent s’avérer être
très ennuyeux pour leurs élèves. Le témoignage d’Isabelle est
particulièrement touchant. Enseignante expérimentée, elle a
voulu réaliser un bilan ComColors® en vue de changer d’orien-
tation et quitter l’Éducation nationale11.

Témoignage d’Isabelle
« Je dois avouer que je n’avais pas une vision claire de qui j’étais
réellement. Mon profil initial affichait le type bleu en couleur
dominante et secondaire. Travailleuse, rigoureuse, perfectionniste,
réaliste, pragmatique… je me reconnaissais parfaitement bien dans
cette description.

Pendant l’entretien individuel, Franck nota un seul détail discordant :


mon filtre de communication. Il ne correspondait pas du tout au
profil bleu. J’avais une voix très modulée et enjouée caractéristique
du profil jaune. Quand il pointa cette dissonance, ce fut pour moi une
RÉVÉLATION. Je n’oublierai jamais ce moment : j’éclatai en sanglots.
Mon rêve d’enfant était de devenir actrice mais mon père, en appre-
nant ce projet, déclara : “Ce n’est pas sérieux ma fille.” J’enfouis ce
rêve au plus profond de moi et je m’appliquai à être le plus sérieuse
possible : je cumulai les diplômes, les honneurs, les premiers prix…
pour me conformer à l’image “de la petite fille idéale”. Le profil bleu
est bien mon profil secondaire… mais non dominant.

Mais quand Franck révéla les qualités du profil jaune – ludique,


différent, spontané – et sa motivation, je sentis intuitivement que
j’avais en moi toutes ces facettes, mais elles étaient ternes car
je les avais tout simplement cachées toutes ces années.

11. Ce bilan a été réalisé par Franck Jullien.

105
5. Les couleurs du stress

Alors, j’ai appris à faire connaissance avec moi-même. Au fil


des mois, je me suis émerveillée de découvrir toute la palette
de mes aptitudes naturelles. J’ai découvert mon plaisir d’écrire,
de raconter des histoires, de créer des jeux, de faire du théâtre.

Je suis restée à mon poste de professeur mais je me suis autorisée,


par petites touches successives, à être un professeur de profil
jaune : différente, amusante, enjouée, enthousiaste, spontanée.
Comme je suis plus en harmonie avec la personne que je suis
réellement, je suis plus à l’écoute de mes élèves, pleinement
présente à ce que je fais. En m’autorisant à être moi-même, avec
mes qualités et mes défauts, j’accorde cette même permission
aux élèves. Nos relations sont plus sincères, plus authentiques,
plus apaisées. L’ambiance dans mes classes s’en trouve
transformée et… tellement moins stressante ! »

☛☛Les différentes étapes du stress


du type bleu
Le type bleu est en position (+,+) quand il est reconnu pour
ses compétences. Le doute sur sa compétence renforce son côté
perfectionniste (+,+ si je…). Si malgré sa recherche de perfec-
tion, il n’est toujours pas reconnu (+,-), il peut se mettre dans
des colères frustrées en attaquant les autres sur ses domaines
de compétence.

LE STRESS DE LA PERSONNE DE TYPE BLEU

■ Motivation (+,+) : elle est reconnue pour ses compétences.


■ Comportement conditionnel (+,+ si je…) : elle est perfectionniste.
■ Comportement conflictuel (+,-) : elle se met en colère – une
colère frustrée – contre la perte de temps, le manque d’effica-
cité, la désorganisation, l’ordre non respecté, la saleté.

106
5. Les couleurs du stress

Comme vous venez de le voir dans le cas d’Éléonore, la prin-


cipale cause du stress du type bleu provient de son côté perfec-
tionniste. Le besoin d’être parfait est permanent et il touche
tous les aspects de la vie d’une personne de ce profil. Elle doit
être un professeur compétent, une excellente élève, une col-
lègue exemplaire, une employée hors pair, un parent ou un
enfant modèle, un conjoint irréprochable, une amie en or, une
voisine irremplaçable, etc.
Dans cette quête permanente et tyrannique de perfection,
elle en vient à négliger ses besoins fondamentaux : prendre le
temps de se nourrir, dormir suffisamment, se divertir réguliè-
rement, profiter pleinement de sa famille et de ses amis, goûter
la vie. Son perfectionnisme l’empêche même de profiter de ses
réussites. Comme elle n’atteint jamais le degré de perfection
souhaité, elle entre dans une colère frustrée contre tout ce qui
l’empêche d’être efficace et performante. Le moindre contre-
temps dans son organisation la déstabilise et peut avoir des
conséquences démesurées, souvent en total décalage avec la
réalité des faits. Même débordée, elle se refuse à demander de
l’aide. Elle pense que personne ne peut faire les choses avec le
même niveau de perfection qu’elle, d’où sa difficulté à déléguer.
De ce fait, un professeur de type bleu aura du mal à porter un
regard positif sur son travail. Stressé, il aura tendance à s’en-
fermer en cours dans sa bulle de perfection et de performance et
à ne plus être à l’écoute des besoins de ses élèves.
L’expérience du début de carrière d’Annabelle, professeur
d’anglais, est riche d’enseignements.

107
5. Les couleurs du stress

Témoignage d’Annabelle, professeur


de type bleu
« J’étais en tout début de carrière et on m’avait confié une classe de
troisième section européenne à présenter en fin d’année à l’examen
du PET de l’université de Cambridge. Les années précédentes,
ce collège affichait 100 % de réussite et la pression du résultat
et de l’excellence était réelle. Ma conscience professionnelle me
réveillait la nuit pour me chuchoter à l’oreille : “Es-tu sûre d’être
assez compétente pour mener ce projet à son terme et obtenir
les excellents résultats que l’on attend de toi ?” Au fur et à mesure
que l’année s’écoulait et que l’échéance des examens approchait,
j’avais de plus en plus mal à trouver le sommeil (1. Perfectionniste).
En classe, je devenais de plus en plus intransigeante quant à
la qualité de travail de mes élèves. Je les surchargeais de travail
maison et je n’étais jamais complètement satisfaite de leurs résultats
(2. Colère frustrée). De ce fait, je ne pensais pas à les encourager
et encore moins à les féliciter, car j’étais obnubilée par l’idée qu’ils
pouvaient faire encore et toujours mieux. Je remontais sans cesse
la barre de mes exigences et je dissimulais difficilement ma colère
et ma frustration quand mes objectifs n’étaient pas atteints.
Ce qui devait arriver arriva : le point de rupture fut atteint. La classe,
tout entière, se mit en grève pour protester contre mes exigences
démesurées et irréalistes. Après tout, section européenne ou pas,
ils n’étaient que des collégiens !
Je fus convoquée dans le bureau du chef d’établissement en
présence des élèves délégués et il fut convenu d’une séance
de « conciliation » en présence de la CPE. Je n’oublierai jamais
ce face-à-face avec la classe en rébellion. Inutile de préciser
que j’avais passé une nuit blanche à ressasser mes arguments
“de choc”. Mais, à ma grande surprise, et grâce à l’autorité et à
la qualité de l’écoute de la CPE, les choses se passèrent au mieux.
Je fus obligée d’écouter les doléances des uns et des autres.
La règle établie était simple : nous étions réunis pour trouver une
solution à cette situation de blocage, une fois le diagnostic posé.
Chacun des élèves volontaires eut droit à la parole. Au fur et à
mesure de leurs interventions, je pris conscience que je m’étais
totalement isolée dans ma logique de perfection et que j’avais perdu
de vue que j’avais des élèves de troisième en face de moi et non

108
5. Les couleurs du stress

des spécialistes de ma matière. J’avais même réussi l’exploit de


décourager les meilleurs éléments du groupe. Je fis amende hono-
rable et, à partir de ce jour, je me suis efforcée de ralentir le rythme
de cours, d’alléger la charge de travail personnel et d’être moins
sévère sur mes notes et mes appréciations. La classe fut solidaire en
constatant que je respectais mes engagements. À la fin de l’année,
le contrat fut rempli : ils réussissent tous le PET. Quant à moi, je
n’oublierai jamais cette leçon de pédagogie apprise sur le terrain.
Depuis ce jour, j’essaie d’être exigeante sans être tyrannique et de
rester réaliste quant aux objectifs que je me fixe à moi-même et que
j’impose aux élèves. Je suis moins stressée et, par conséquent,
je suis moins stressante. L’ambiance de mes classes est plus
sereine… et nettement plus vivable ! »

Notre analyse :
Comportement conditionnel : Annabelle devient de plus en
plus perfectionniste quant à la qualité de son travail.
Comportement conflictuel : elle éprouve une colère frus-
trée face à la stagnation des résultats, ce qui la mène à être
intransigeante.
Pour sortir de cette logique de perfection poussée à l’extrême,
le professeur de type bleu peut utiliser sa capacité à structu-
rer son temps en planifiant des moments de détente dans son
agenda. Il peut aussi rester réaliste quant à ses objectifs de per-
fection et se poser cette question : est-ce que les autres m’appré-
cient toujours quand je ne suis pas parfait ? Il y a de grandes
chances que ses collègues, ses élèves, mais aussi sa famille et ses
amis l’apprécient autant, sinon plus, quand elle est plus déten-
due et plus disponible car elle est alors plus à l’écoute de leurs
besoins. C’est précisément ce que vient de démontrer l’expé-
rience de début de carrière d’Annabelle. Si vous êtes de ce pro-
fil, à vous de situer où est votre propre marge de progrès pour
trouver un équilibre avant de risquer un burn out.

109
5. Les couleurs du stress

☛☛Les différentes étapes du stress


du type violet
Le type violet est en position (+,+) quand il vit en accord avec
son système de valeurs. S’il croit que sa légitimité est remise en
cause, il devient très exigeant avec lui-même (+,+ si je…). Cette
exigence se tournera vers ceux qui l’empêchent de se sentir
légitime (+,+ si toi aussi…). Si son système de valeurs n’est pas
reconnu, alors il peut en venir à imposer ses convictions (+,-).

LE STRESS DE LA PERSONNE DE TYPE VIOLET

■ Motivation (+,+) : son opinion est prise en compte.


■ Comportement conditionnel (+,+ si je…) : très exigeante vis-à-vis
d’elle-même, elle se met la barre très haut. Elle se focalise sur
ce qui ne va pas.
■ Comportement conflictuel (+,-) : elle devient méfiante. Elle
impose son point de vue, sa manière de faire.

La principale source de stress du type violet réside dans son


besoin de sécuriser au maximum son environnement de tra-
vail pour qu’il soit en parfaite cohérence avec ses aspirations
profondes. Comme le type bleu, il s’impose un haut degré
d’exigence, mais pas seulement pour atteindre des objectifs de
perfection. Il se pose en permanence la question de sa cohérence
interne : est-ce que je mets en œuvre mes aspirations de fond ?
Y a-t-il une cohérence entre mon système de valeurs et le tra-
vail que j’accomplis ? Comment faire passer le sens que je mets
dans ma manière d’enseigner ?
L’exigence du type violet est liée à son système de valeurs et
diffère d’une personne à une autre. Dès que la pression monte, il
peut devenir rigide et catégorique dans ses exigences. Il se foca-
lise alors sur ce qui ne va pas. Il pointe du doigt les moindres

110
5. Les couleurs du stress

erreurs, les petits ratés et ne voit plus ce qui est bien fait. Sous
stress, l’enseignant de type violet a beaucoup de mal à félici-
ter ses élèves de leurs efforts ou de leurs bons résultats, car il
se sent investi de la mission de les aider à donner le meilleur
d’eux-mêmes, à révéler tout leur potentiel. Cette attitude tout
à fait louable peut, à la longue, se révéler contre-productive,
car elle aura tendance à démotiver l’élève qui finira par se dire :
« De toute façon, quoi que je fasse, ça ne va jamais. »
Pour un type violet, trouver du sens et de la cohérence à ce
qu’il fait est primordial. Il se bat pour ses convictions et il est
capable d’aller très loin – même à l’encontre de ses propres inté-
rêts – pour prouver qu’il a raison.
Dans son comportement conflictuel, le professeur de type
violet n’est plus à l’écoute des besoins de ses élèves. Il lui arrive
même d’être dur et intransigeant envers ceux qui ne s’inves-
tissent pas assez dans son cours ou qui n’adhèrent pas totale-
ment à sa méthode d’enseignement.

Portrait d’un élève de type violet


Alexis est en seconde. C’est un élève sérieux qui a le souci de sa
bonne réputation. Il se met lui-même la pression tant son niveau
d’exigence et d’intégrité est élevé. Alexis est prêt à suivre les
consignes de travail imposées par le professeur à condition qu’elles
aient du sens pour lui. Il a besoin d’être convaincu du bien-fondé
d’une démarche avant de s’engager dans une tâche. En début
d’année, Alexis peut rester plusieurs semaines « en observation »
pour voir s’il peut accorder sa confiance à l’enseignant. Une fois cet
examen de passage réussi, il adhère aux méthodes et aux exigences
de son professeur sans toutefois céder sur certaines de ses habi-
tudes qu’il juge plus efficaces ou plus cohérentes.
Alexis excelle dans les débats quand il considère que cela en vaut
la peine. Sinon, il reste en retrait car il campe sur sa position qui
consiste à croire que l’on ne donne pas « des perles aux cochons ».

111
5. Les couleurs du stress

Quand il défend ses idées, ses remarques peuvent être catégoriques


et tranchantes quand les autres le contredisent. Piqué au vif, il part
alors en croisade pour leur prouver la justesse et la cohérence
de ses arguments. Pleinement centré sur ce qu’il pense, lui,
il n’entend plus ce que lui disent les autres.

Comme autre illustration des comportements sous stress d’une


personne de type violet, retrouvons Grégoire, professeur d’anglais
en section internationale, en pleine répétition de La Nuit des Rois
de William Shakespeare. Nous sommes à trois semaines de la re-
présentation devant les parents et la pression est montée d’un cran.

Témoignage de Grégoire, professeur


de type violet
« Le but de cette répétition est de faire travailler chaque personnage
pour qu’il devienne de plus en plus crédible, en mettant en pratique
les remarques avisées. Dans mon rôle de metteur en scène, je mets
le doigt sur le détail perfectible, la posture plus adéquate, le ton
de voix à adopter, l’intensité de l’émotion à trouver (1. Haut niveau
d’exigence). Mais, ce jour-là, la troupe n’est pas à son affaire. Dans les
coulisses, il y a trop de bruit et sur scène, le jeu des acteurs n’avance
pas, l’attention est diluée. Les deux filles de l’équipe éclairage se font
des nattes dans la régie pendant que l’équipe son n’a fait que
la moitié des enregistrements et certains sont à peine audibles.
D’autre part, je remarque que certains font preuve de mauvais esprit
et ne coopèrent plus. Personne ne semble prendre la mesure des
progrès qui restent à réaliser à trois semaines de la grande première.
Après de multiples tentatives vaines de tous nous mobiliser, excédé,
je finis par couper court à ces dérives. Alors, je réunis la troupe sur
scène en rond et je décide de remettre à plus tard la répétition.
Puis, sous les protestations, je fais réciter par cœur le script entier
sans interruption (2. Impose sa manière de faire). J’ai imposé
cet exercice contre le gré de chacun, convaincu que c’était la seule
chose à faire pour mettre un terme à la mauvaise ambiance
afin de reprendre autrement plus tard. »

112
5. Les couleurs du stress

Notre analyse :
Comportement conditionnel : Grégoire fait preuve d’un
haut degré d’exigence pour se sentir légitime le jour de la
représentation théâtrale.
Comportement conflictuel : il impose sa solution au groupe
pour faire face à la dispersion générale.
Si vous êtes de type violet, vous connaissez vos ressorts
internes et vous avez appris avec le temps à savoir vous arrêter
avant qu’une conversation ou qu’une confrontation ne dégénère.
Vous avez développé des repères internes qui vous indiquent
le moment où vous franchissez la limite. Pour le professeur de
type violet, elle se situe entre conviction partagée et endoctri-
nement. Mais il doit rester particulièrement vigilant sur ce qui
déclenche son comportement conflictuel, notamment au sein
d’une classe. Il doit identifier clairement ce qui le fait sortir de
ses gonds et éviter le plus possible de se retrouver sur ces ter-
rains minés pour garder le contrôle de lui-même.
Si vous êtes un enseignant de ce profil, l’élève de type jaune
est un partenaire redoutable. Par jeu, il saura appuyer sur le bon
bouton pour vous agacer au plus haut point. En fait, la meilleure
chose que vous pouvez faire pour gérer votre propre comporte-
ment conflictuel est de vous ressourcer.
Si vous avez organisé votre existence de manière à être
reconnu et valorisé pour vos convictions, tout va bien pour
vous. Vous restez dans votre zone de confort tant que vous gar-
dez un fort ancrage dans vos valeurs et que vous ne perdez pas
de vue le sens que vous voulez donner à votre vie personnelle
et professionnelle.

113
5. Les couleurs du stress

☛☛Les différentes étapes du stress


du type orange
Le type orange est en position (+,+) s’il se sent apprécié en
tant que personne. S’il est inquiet à ce sujet, il va faire passer
les désirs des autres avant les siens (+,+ si je…). Quand il ne se
sent pas apprécié, il reste au cœur de l’attention des autres en
commettant des erreurs et en culpabilisant (-,+).

LE STRESS DE LA PERSONNE DE TYPE ORANGE

■ Motivation (+,+) : elle se sent appréciée en tant que personne.


■ Comportement conditionnel (+,+ si je…) : elle fait passer les
besoins des autres avant les siens. Elle a du mal à dire « non »,
à refuser un service.
■ Comportement conflictuel (+,-) : elle fait des bourdes pour
attirer l’attention en négatif des autres sur lui, elle culpabilise
pour être au cœur de l’attention.

La principale source de stress du type orange vient de sa dif-


ficulté à dire « non », à refuser un service. Dans son besoin
constant d’être en lien avec les autres et d’être apprécié, il a du
mal à poser des limites fermes pour que les désirs des autres
n’empiètent pas sur les siens. Il est perpétuellement tiraillé
entre ses priorités et celles des autres. De ce fait, il se retrouve
souvent surchargé de travail, car ses collègues ou ses camarades
savent qu’ils peuvent toujours compter sur son dévouement.
Dans cette même logique, il évite de prendre position en cas
de conflit de peur de ne plus être apprécié. Quand il sent qu’il
n’est pas reconnu pour ses qualités humaines, le type orange va
s’arranger inconsciemment pour se faire critiquer. Puisqu’on ne
lui prête pas d’attention positive, puisque personne ne lui dit
des choses gentilles, il fait des bourdes. Ainsi, il va s’attirer des
reproches, des critiques, des remarques ou la colère des autres.

114
5. Les couleurs du stress

Inconsciemment, pour lui, une réprimande vaut mieux que


l’indifférence générale. On reconnaît le type orange sous stress
par ce type de remarques : « Mais qu’est-ce que je suis nouille
d’avoir dit ça », « Ah, je suis vraiment bête ! », « De toute façon,
je suis trop nul ». Il culpabilise pour être au centre de l’attention
de manière négative.
Le type orange est une véritable éponge émotionnelle et il
a beaucoup de mal à dissocier ce qu’il EST de ce qu’il FAIT.
Quand il n’est plus reconnu en tant que personne, sa pensée
devient confuse et il commet alors des erreurs, des bourdes, des
oublis.

Portrait d’une élève de type orange


Sophie est élève en terminale. Elle est « le saint-bernard » de
sa classe. Ses camarades l’ont élue déléguée de classe et elle ne
ménage ni son temps, ni son énergie pour faire en sorte que chacun
d’eux s’y sente bien. Au moindre problème, elle se mobilise et se plie
en quatre pour être accommodante. Elle affiche sa bonne humeur,
salue chaleureusement le professeur en entrant en cours et aime
rester bavarder avec lui à la fin de l’heure. Quand un élève est
absent, elle lui photocopie toutes ses notes de cours sans même
que l’on ait besoin de lui en faire la demande. C’est simple : elle
assure un service d’aide et d’écoute 24 heures sur 24, 7 jours sur 7…
avec en prime un très large sourire (1. Fait passer les désirs des
autres avant les siens). Je convoque Sophie au second trimestre,
après les résultats du bac blanc, car elle rencontre visiblement des
difficultés à gérer la surcharge de travail. En discutant un moment
avec elle, je comprends mieux sa situation actuelle : à force d’être
toujours disponible pour ses camarades de classe, Sophie a tout
simplement oublié qu’elle passait le bac, elle aussi (2. Commet des
erreurs). Je profite de l’heure de vie de classe pour recadrer son rôle
de déléguée et demander à ses camarades de ne plus la solliciter
pour un oui ou pour un non. Par la suite, j’ai moi-même fait un effort
pour ne pas toujours faire appel à sa bonne volonté pour m’alléger
de certaines tâches administratives.
Témoignage de Vincent, professeur principal

115
5. Les couleurs du stress

Notre analyse :
Comportement conditionnel : Sophie fait passer les besoins
de ses camarades avant les siens.
Comportement conflictuel : elle commet l’erreur de ne plus
s’investir assez dans son travail, trop préoccupée par le bien-
être des autres et pas assez par le sien.
A priori, le professeur de type orange est le collègue rêvé et
le professeur idéal, car il a toutes les qualités : il est aimable,
sympathique, social, chaleureux, généreux, bienveillant, com-
préhensif et dévoué. Comme il n’aime pas les conflits, il fait
tout pour les éviter au sein de sa classe et en dehors. Mais, c’est
justement là que le bât blesse.
On lui reproche souvent son manque d’autorité et de fermeté.
Ses élèves, comme ses collègues, ont naturellement tendance à
abuser de sa gentillesse naturelle. Le témoignage de Rachida,
jeune stagiaire débutante, est éloquent à ce propos. Rappelez-
vous : elle rencontrait des difficultés de bavardage avec sa classe
de troisième et en avait fait part à ses collègues dès le premier
conseil des professeurs. À la fin de cette première année sco-
laire, nous avons repris contact avec elle pour savoir comment
s’était passée son année avec cette classe, en particulier. Son
témoignage révèle les tensions internes que doit subir le pro-
fesseur de type orange, qu’il soit débutant ou non, pour nourrir
sa motivation en milieu scolaire.

Témoignage de Rachida, professeur


de type orange
« J’ai choisi ce métier pour être en contact avec les élèves. Je ne
pensais pas que ce premier face-à-face avec une classe serait
aussi éprouvant, tant sur le plan physique que moral. Régulièrement,
en cours, j’ai dû prendre sur moi pour ne pas “craquer” et ne pas

116
5. Les couleurs du stress

me mettre à pleurer. Certaines remarques blessantes des élèves


m’affectaient personnellement et j’ai eu beaucoup de mal à cacher
mes émotions. Je savais pertinemment que si je craquais devant
eux, ils en profiteraient pour me déstabiliser encore plus au prochain
cours.
Je suis allée en cours la peur au ventre avec cette appréhension
permanente de me faire “agresser”. Le moment que je redoutais
le plus était celui de rendre les devoirs. Je savais à l’avance que
je devrais affronter leur mauvaise humeur – pour ne pas dire
leur mauvaise foi – quand leurs notes n’étaient pas à la hauteur de
leur espérance… c’est-à-dire quasiment à chaque fois. J’entends
encore leurs remarques désobligeantes résonner dans mes oreilles :
“Vous ne m’aimez pas m’dame, c’est CLAIR !”, “C’est un truc de OUF,
j’ai aucune correction et seulement 10/20 !”, “Je vois pas à quoi ça
sert de faire des efforts si vous me donnez toujours la même note
minable !” Que leurs remarques me paraissaient ingrates, alors que
j’avais passé mes soirées le nez dans leurs copies !
Mais, avec le recul, je me rends compte que j’étais moi-même
profondément affectée par leurs mauvais résultats. À chaque
mauvaise note que je donnais, je culpabilisais et ma petite voix
intérieure me soufflait : “Tu es franchement NULLE !”
(1. Culpabilise). C’était comme si je me notais moi-même et que
je me sanctionnais pour mon incapacité à mieux gérer la classe.
Et, bien sûr, c’était un véritable cercle vicieux. Comme j’étais très
stressée, je multipliais les erreurs et les oublis. Je me souviens
en particulier d’avoir perdu une copie d’élève : elle est réapparue
des semaines après, comme par enchantement (2 .Commet
des erreurs). En fait, plus j’étais stressée, plus je me donnais
de nouvelles raisons de stresser. Je finis l’année sur les rotules,
vidée et épuisée d’avoir mené ce combat sans fin. »

Notre analyse :
Comportement conditionnel : Rachida culpabilise par rap-
port aux résultats de ses élèves.
Comportement conflictuel : elle commet des oublis tant elle
est stressée par la situation qu’elle pense mal gérer.

117
5. Les couleurs du stress

Si, comme Sophie et Rachida, vous êtes de type orange, vous


devez apprendre à ne pas dire « oui » systématiquement pour
vérifier que les autres vous apprécient tout autant, malgré votre
fermeté. Dans son approche de la gestion du stress12, Franck
Jullien conseille souvent aux personnes de type orange de
commencer à s’imposer cette règle simple une heure par jour. Au
fur et à mesure de cet entraînement quotidien, vous apprendrez
à vous affirmer pour des choses de plus en plus importantes.
Vous avez besoin de développer votre estime personnelle pour
ne pas dépendre du regard des autres pour exister et vous sentir
bien. Prenez soin de vous avant de vous soucier du bien-être des
autres. Quand vous prenez conscience que vous êtes en train de
commettre une erreur, arrêtez-vous et faites quelque chose qui
vous ressource. L’erreur est le signal qui vous indique qu’il est
temps de faire le plein d’énergie, de satisfaire votre motivation.
Prenez le temps de boire une tasse de thé avec une collègue,
d’appeler une amie, de feuilleter un album de photos, de vous
prélasser dans un bain moussant, de vous acheter le vêtement
longtemps convoité ou de sortir en famille. Vous avez un besoin
vital d’être à l’écoute de vous-même et de votre ressenti pour
retrouver toutes les qualités de votre profil.

☛☛Les différentes étapes du stress


du type vert
Le type vert est en position (+,+) s’il a du temps et de l’espace
pour lui. Son inquiétude de perdre sa tranquillité le pousse à
cacher ses sentiments et ses difficultés (+,+ si je…). Quand il
ne peut pas vivre positivement ce besoin d’espace et de temps,
il se replie sur lui négativement et ne tire plus profit de son
isolement (-,+).

12. Pourquoi je stresse : les 6 couleurs de mon stress, Eyrolles, 2013.

118
5. Les couleurs du stress

LE STRESS DE LA PERSONNE DE TYPE VERT

■ Motivation (+,+) : elle a besoin d’espace et de temps.


■ Comportement conditionnel (+,+ si je…) : elle ne montre pas ses
sentiments. Elle a du mal à cerner ses difficultés.
■ Comportement conflictuel (+,-) : elle ne décide plus. Elle se
coupe de la relation avec l’autre..

La principale source de stress du type vert vient de sa diffi-


culté à exprimer ses sentiments et ses difficultés. Par exemple,
il ne pense pas à dire qu’il a pris du retard sur un projet ou
qu’il est surchargé de travail. Il ne demande pas d’aide. Il pense
qu’il va y arriver tout seul ou que les autres vont bien finir par
se rendre compte qu’il est en difficulté. Le problème est que
son visage impassible ne laisse rien transparaître : son entou-
rage peut ignorer totalement la situation difficile dans laquelle
il se trouve. Ne pouvant se ressourcer de manière positive, il
va rechercher sa tranquillité en se coupant de la relation aux
autres et, en cas de conflit, ne plus savoir comment se position-
ner clairement. Il ne décide plus de rien et il met du temps à
avoir accès à lui-même. C’est comme s’il se mettait en stand-by
en attente de comprendre ce qu’il est en train de vivre.
Le type vert montre rarement son comportement conflictuel
dans son environnement professionnel. À ce stade de stress, il
n’est pas rare qu’il tombe malade, ce qui lui permet naturelle-
ment de s’extraire du contexte et de se détacher de la source
même de son stress. Quand il est dans son comportement
conflictuel, le type vert ne fait plus rien. Cette attitude de passi-
vité extrême ne le ressource pas car, prisonnier de lui-même, il
tourne en rond dans sa tête sans trouver la sortie du labyrinthe,
sans trouver l’ouverture. Le type vert a besoin de temps pour
sortir de cette impasse, car il devra faire sauter, un à un, les
verrous qu’il a posés pour se protéger. Bien évidemment, il a les
ressources intérieures nécessaires pour sortir de ce labyrinthe.

119
5. Les couleurs du stress

Il faut savoir que les élèves de ce profil se rendent « transpa-


rents », tant ils détestent être remarqués dans la classe.

Portrait d’un élève de type vert


Bastien est un élève de quatrième. Au sein du groupe, il passerait
presque inaperçu, tant il déteste se faire remarquer et être interrogé
(1. Cache ses sentiments et ses difficultés). Il ne lève que très
rarement la main pour demander des explications. Le travail en
temps limité le stresse. Il a besoin de temps et de calme pour rentrer
dans une tâche, à son propre rythme. Il est souvent le dernier à sortir
ses affaires et à se mettre au travail. La remarque qui lui est la plus
souvent adressée est sans aucun doute : « Bastien, dépêche-toi ! »
ou « Bastien, sors de ta bulle ! » mais alors, c’est pire : plus on
lui répète de se dépêcher, plus il ralentit le rythme. Il n’osera plus
prendre aucune initiative personnelle, car la pression du temps limité
accentue son niveau de stress. Il zappe facilement le professeur
pour retrouver son univers intérieur et il faut le solliciter
régulièrement pour qu’il soit « présent » en cours.
À la réunion parents/professeurs, Bastien avoue volontiers
qu’il a beaucoup de mal à se mettre au travail. Sa mère acquiesce
et précise qu’elle désespère de le voir ne RIEN faire du tout !
(2. Ne décide plus).

Notre analyse :
Comportement conditionnel : Bastien cache ses difficultés
et reste en retrait en cours.
Comportement conflictuel : lorsqu’il ne satisfait pas sa moti-
vation en prenant du temps pour lui de façon volontaire, il rentre
dans son comportement conflictuel en ne faisant plus rien.
Du fait de la non-prise en compte de leur rythme naturel – plus
lent que celui qu’on leur impose –, les élèves de type vert sont
souvent stressés en milieu scolaire et ils le dissimulent par leur
impassibilité naturelle. De même, ils sont souvent coupés de la
source de leur motivation, car notre système éducatif accorde

120
5. Les couleurs du stress

peu de place à ces élèves inventifs, imaginatifs et rêveurs qui ont


besoin de calme et de silence pour explorer leur monde inté-
rieur et révéler toutes les qualités liées à leur profil.
Nous retrouvons Serge, enseignant en CM2, qui peut
témoigner du stress de ce profil en tant qu’élève, puis en tant
qu’enseignant.

Témoignage de Serge, professeur


de type vert
« En tant qu’enseignant de profil vert, c’est vrai que je suis parti-
culièrement attentif à ne pas stresser mes élèves en leur imposant
des temps limités pour tout. Je me souviens d’avoir traversé ma
scolarité avec comme seule et unique appréciation – pour ne pas
dire boulet – : “élève rêveur”. J’ai eu l’impression d’être harcelé en
permanence et d’être empêché de réfléchir tranquillement. Il fallait
faire vite, toujours plus vite. Le “dépêche-toi !” résonne encore dans
mes oreilles. Je n’avais aucun répit. Les cours d’EPS, les cours de
natation, les sorties scolaires… tout était prétexte à me stigmatiser
et à m’isoler davantage du groupe. Pour ne pas entendre les
reproches, je m’enfermais à double tour dans ma bulle (1. Cache ses
sentiments et ses difficultés). » Inutile de préciser que cela ne faisait
qu’amplifier le problème.
Serge nous avoue qu’il lui arrive souvent aujourd’hui d’avoir ce
réflexe de « zapper » ses collègues pendant les réunions de
concertation : « Je sais que ce comportement est peu social et
répréhensif au travail, mais j’ai beaucoup de mal à rester attentif en
réunion de longues minutes. Souvent, le seul fait d’avoir un crayon
à la main et de dessiner me permet de rester connecté. Mais quand
l’ambiance est tendue, je me réfugie dans ma bulle et je n’écoute
plus les remarques des uns et des autres. Si on me sollicite à ce
moment-là, je m’en sors généralement avec ce genre de remarque :
“C’est à voir” (1. Cache ses sentiments et ses difficultés). Quand
j’ai des réunions avec des parents, j’essaie de ne pas les prolonger
trop longtemps, car je me sens vite épuisé. J’ai alors du mal à rester
concentré sur ce que l’on me dit. Cependant, grâce à mon esprit de
synthèse, je peux formuler en peu de mots un commentaire
ciblé et économiser ainsi mon temps. »

121
5. Les couleurs du stress

Notre analyse :
Comportement conditionnel : Serge, élève, cache ses dif-
ficultés à garder le rythme imposé par le groupe. En tant que
professeur, il s’isole du groupe et réclame un temps nécessaire
de réflexion quand ses collègues sollicitent son avis.
Comportement conflictuel : ce comportement se manifeste
rarement dans la vie sociale et professionnelle.
Si, comme Bastien et Serge, vous êtes de profil vert, vous
devez mettre à profit les temps de réflexion et de solitude pour
vous ressourcer. En effet, ce temps « non productif » aux yeux
des autres nourrit votre motivation et votre efficacité au travail.
En fait, les moments où vous êtes tranquille, au calme, sans rien
faire de particulier, vous construisez votre vision du futur. Le
type vert avance aujourd’hui parce qu’il sait où il va demain.
Il est donc essentiel de vous accorder ce temps à ne rien faire,
véritable espace de respiration, car il permet à votre horizon de
s’ouvrir à nouveau.
Apprenez à exprimer ce qui est important pour vous pour ne
pas risquer de passer à côté de votre vie pour l’avoir rêvée et non
vécue. Laissez ceux qui vous entourent vous pousser à l’action
quand vous êtes embourbé dans vos doutes et votre indécision,
car ces coups de pouce vous permettront de vous reconnecter
avec ce que vous voulez vraiment. Vous avez les ressources inté-
rieures pour sortir du labyrinthe mais, à certains moments, vous
avez besoin des autres pour vous donner l’impulsion nécessaire
pour vous mettre en route.

☛☛Les différentes étapes du stress


du type rouge
Le type rouge est en position (+,+) s’il se sent important
en relevant des défis. L’inquiétude de ne plus être important
le pousse à trouver des solutions dans l’urgence (+,+ si je…).

122
5. Les couleurs du stress

S’il ne peut plus être important positivement, il le redevient en


explosant verbalement et en faisant beaucoup de bruit (+,-).

LE STRESS DE LA PERSONNE DE TYPE ROUGE

■ Motivation (+,+) : elle se sent importante en relevant des défis.


■ Comportement conditionnel (+,+ si je…) : il lui faut trouver une
solution rapidement.
■ Comportement conflictuel (+,-) : elle explose verbalement et fait
beaucoup de bruit.

La principale source de stress pour le type rouge est liée à


la non-satisfaction de sa motivation : il a besoin de se sentir
important aux yeux des autres et de ressentir de l’excitation. Il
se lance donc des défis environ toutes les dix à quinze minutes
pour vivre positivement sa motivation. Son stress se manifeste
lorsqu’il est face à des situations où il n’a pas de solutions car,
à ce moment-là, il ne peut plus être important. Dans ce cas, le
type rouge se met la pression pour en trouver une, et vite.
Dans la vie de tous les jours, il peut occasionner un certain
stress autour de lui, car il lance des défis aux autres à l’image
des défis qu’il aime qu’on lui lance. Le type rouge n’échappe pas
à la règle : il agit comme les cinq autres types de personnalité en
proposant aux autres la satisfaction de sa motivation. Mais les
autres peuvent ressentir une certaine pression en étant challen-
gés de la sorte. Le message implicite qu’ils perçoivent dans ces
défis est celui-ci : « T’es cap ou t’es pas cap ? » ou « Montre-moi
de quoi tu es capable ».
L’enseignant de ce profil ne se rend pas toujours compte de
l’inconfort que cela génère chez ses élèves et de la pression qu’ils
peuvent ressentir. Avec sa grande capacité d’adaptation, il a ten-
dance à prendre des risques en ne préparant pas suffisamment

123
5. Les couleurs du stress

les phases importantes de son travail. Quand son action n’abou-


tit pas, il pratique la fuite en avant en se lançant dans de nou-
velles actions sans capitaliser sur ses expériences passées et
prendre le temps nécessaire pour réfléchir à ses erreurs. Telle
est sa manière de trouver une solution dans les plus brefs délais.
Dans ce besoin constant de se lancer des défis, il peut littéra-
lement exploser verbalement quand il n’atteint pas le résultat
escompté. Ses colères peuvent être soudaines, bruyantes, dis-
proportionnées, en total décalage avec le motif du conflit. On
ne peut pas ignorer ses manifestations explosives et bruyantes.
Toute la difficulté du type rouge est d’éviter d’aller aussi loin
en anticipant à temps les conséquences négatives que peut avoir
son comportement conflictuel dans sa relation aux autres. La
solution est simple : il doit impérativement satisfaire positive-
ment sa motivation au jour le jour.
Au sein d’une classe, vous pouvez rarement ignorer la pré-
sence d’un élève de type rouge. C’est sans aucun doute un élève
difficile à gérer quand il est dans son comportement conflic-
tuel, car il peut « péter les plombs » et avoir à regretter des
remarques provocantes et explosives qui dépassent sa pensée
ou ses intentions. Certains élèves de type rouge que nous ren-
controns en entretien pour l’orientation nous avouent se faire
régulièrement renvoyer de cours ou être lourdement sanction-
nés pour des comportements dits « provocateurs » qui ne le
sont pas vraiment. Il faut comprendre que l’élève de type rouge
ne provoque pas intentionnellement, mais « c’est plus fort que
lui » : il explose verbalement en faisant beaucoup de bruit quand
sa motivation n’est pas satisfaite de manière positive !

124
5. Les couleurs du stress

Portrait d’un élève de type rouge


Aurélien est élève en seconde ST2S. Il se destine à une carrière
de footballeur professionnel, mais ce n’est pas gagné ! Ses résultats
scolaires sont très moyens et, convoqué en conseil de classe,
il reconnaît qu’il a du mal à se motiver et à se « battre » en dehors
d’un terrain de jeu. Son travail maison est souvent fait « à l’arrache »
dans la pression de la dernière minute. Conscient qu’il lui faudra un
meilleur dossier pour être admis en section sport études, il a déjà
envisagé une voie parallèle, celle de sapeur-pompier professionnel
(1. Doit trouver une solution, et vite).
Quand le professeur a visiblement besoin d’une photocopie, d’un
marqueur ou du rétroprojecteur, avant même qu’il ait eu le temps
de formuler sa question : « Qui se porte volontaire pour aller me
chercher… ? », Aurélien a déjà bondi sur ses deux pieds et il est
prêt à sortir en trombe de la classe ! Cet élève apprécie les cours
dynamiques, rythmés et variés. « Ses coups de gueule » peuvent
être difficilement ignorés, tant ils sont généralement
spectaculaires (2. Explose, fait beaucoup de bruit).

Notre analyse :
Comportement conditionnel : Aurélien ne peut rester dans
une impasse sans trouver rapidement une solution.
Comportement conflictuel : à défaut d’être important en
relevant des défis, il va chercher à être important dans le néga-
tif en faisant beaucoup de bruit.
Le plus difficile pour ses camarades et/ou ses professeurs,
consiste à éviter de prendre les remarques du type rouge comme
des attaques personnelles. Sous stress, il essaie de satisfaire sa
motivation négativement et son trop-plein d’énergie déborde
de manière explosive, comme un volcan en éruption. Aurélien
est un parfait exemple de comment le type rouge peut lui-même
gérer au mieux son besoin d’action et de sensations fortes : faire
du sport, beaucoup de sport.

125
5. Les couleurs du stress

La compétition canalise son énergie et lui procure les chal-


lenges nécessaires pour nourrir positivement sa motivation
avec la bonne dose d’adrénaline. À ce sujet, Franck Jullien note
que, parmi les centaines de personnes qu’il a rencontrées au
cours de ses différentes formations, « toutes les personnes de
type rouge qui montraient souvent leur comportement conflic-
tuel ne faisaient pas de sport13 ». On peut ainsi conseiller à
l’élève ou à l’enseignant de ce profil de pratiquer un sport pour
mieux contrôler son côté impulsif, impétueux, voire impérieux.
Le traitement préventif est nettement plus efficace que le trai-
tement curatif. Une fois le conflit déclaré, la meilleure attitude
à adopter est celle d’aider l’élève ou le collègue à canaliser son
énergie en lui proposant de relever un défi : résoudre un pro-
blème difficile auquel vous êtes confronté, par exemple.
Nous avons rencontré Didier pour témoigner de ses difficul-
tés à s’intégrer dans l’équipe des enseignants d’histoire-géogra-
phie de son établissement. Voici une situation qu’il qualifie de
« difficile » pour lui.

Témoignage de Didier, professeur


de type rouge
« C’est vrai que je suis peu conciliant quand, en réunion de concer-
tation, mes collègues réfléchissent, palabrent et mettent du temps à
se décider sur le sujet du devoir commun. Je ne supporte pas tout
ce temps perdu à réfléchir à des détails. Moi, je ne réfléchis bien que
quand je suis dans l’action, quitte à me planter et à revoir ma copie
par la suite (1. Doit trouver une solution, et vite). Mes collègues
prennent très mal le fait que j’impose d’emblée mon sujet. Ils me
reprochent alors de faire « bande à part » sans tenir compte de
leur opinion. Il m’arrive de lâcher un juron ou de taper du poing
sur la table quand on n’avance pas (2. Fait beaucoup de bruit).

13. Découvrir sa personnalité et celle des autres, op. cit.

126
5. Les couleurs du stress

Je le reconnais volontiers : je vais vite, très vite et je sème


rapidement les autres dans cette compétition au chrono. D’ailleurs,
je suis toujours le premier à avoir corrigé mes copies de bac blanc
car, à peine rentré chez moi, je m’attaque à la pile et je ne lève pas
le nez tant que je n’ai pas fini. Le lendemain, j’annonce, haut et fort,
mon temps record en salle des profs et les collègues le prennent
mal, car ils n’ont pas encore jeté un coup d’œil à leurs propres
copies. Très sincèrement, je ne me vois pas agir autrement ! »

Notre analyse :
Comportement conditionnel : Didier cherche une solution
face à l’indécision, qui, pour lui, est une impasse. Il lance un défi
pour nourrir sa motivation. Il propose aux autres ce qui est bon
pour lui.
Comportement conflictuel : Didier fait beaucoup de bruit
pour se sentir important.
Le témoignage de Didier nous éclaire sur le mode de fonc-
tionnement du type rouge qui peut être perçu comme provoca-
teur si on ne comprend pas ce qui le pousse à agir de la sorte.
Dans notre exemple, le professeur de type rouge se lance un
défi : « finir les corrections le plus vite possible ». C’est pour lui,
la meilleure façon de se motiver à faire une tâche qui n’est pas
forcément motivante. Ensuite, il se fait remarquer en parlant
fort ou en tapant du poing sur la table. Là encore, ses collègues
doivent comprendre qu’il n’agit pas contre eux, mais pour lui-
même : il est simplement en train de satisfaire sa motivation de
type rouge.

127
5. Les couleurs du stress

La prévention et la résolution des conflits


Que l’on soit élève ou enseignant, on entre dans des compor-
tements conflictuels lorsque l’on n’a pas réussi à stimuler positi-
vement la motivation liée à son profil de personnalité. Le germe
du conflit réside dans la non-satisfaction de notre motivation
et/ou celle de l’autre. De fait, pour chaque type de personnalité,
nous pouvons définir ce qui déclenche l’entrée en conflit et ce
qui en facilite la sortie. En voici une synthèse.

Types de personnalité, conflits et résolutions de ces conflits

Déclenchement Comportement
Type Sortie du conflit
du conflit conflictuel

Il s’ennuie et ne Fait preuve de Faire preuve


trouve pas son travail mauvaise foi et rejette d’humour et s’amuser
Jaune
amusant. la faute sur les autres. avec lui de l’énormité
de ses excuses.

Son travail et ses Entre dans une colère Reconnaître et


compétences ne frustrée contre la valoriser son travail
Bleu
sont pas reconnus désorganisation et ses compétences.
et valorisés. et la perte de temps.

Le sens qu’il met dans Impose ses Reconnaître son


Violet son travail n’est pas convictions. système de valeurs.
reconnu et valorisé. Donner du sens.

Manque de Fait des bourdes, Lui dire qu’on


reconnaissance pour culpabilise. l’apprécie et qu’on
Orange
ses qualités humaines a besoin de lui.
et relationnelles.

N’a pas assez de Ne décide plus. L’inviter à prendre


Vert temps pour prendre du temps pour lui
du recul et être seul. et à passer à l’action.

Il ne trouve pas de Il s’agite, fait Lui lancer des défis.


Rouge solution. Il ne se sent beaucoup de bruit, Lui donner
plus important. explose verbalement. de l’importance.

128
5. Les couleurs du stress

Il nous faut identifier et comprendre ces postures conflic-


tuelles pour éviter de les interpréter comme des agressions, des
provocations et y réagir négativement sans le recul nécessaire.
Toute personne en proie à son comportement conflictuel subit
des tensions internes très fortes et a besoin d’une aide exté-
rieure pour s’en sortir et retrouver son énergie positive.

Réagir dans l’urgence


Bien sûr, nous ne maîtrisons pas toujours les conflits qui
éclatent en plein cours sans aucun rapport avec ce que nous
sommes en train de faire. À cet instant précis, nous adoptons,
dans l’urgence, le comportement et le langage qui nous semblent
les plus appropriés. Dans l’improvisation totale, la connaissance
des comportements sous stress des différents types de person-
nalité permet d’éviter d’alimenter le conflit en jetant de l’huile
sur le feu. En gardant la maîtrise de nos propres réactions,
physiques et verbales, nous signifions clairement à nos élèves
que nous entendons faire respecter certaines règles de conduite
dans notre classe en montrant l’exemple. Nous posons en direct
le cadre pour nous protéger et protéger le groupe. C’est dans
cette démonstration que nous gagnons en autorité au fil des
séances mais nous savons aussi, pour l’avoir vécu, que les choses
ne sont pas toujours aussi simples.
Les deux témoignages suivants mettent en lumière que, en
matière d’enseignement et de gestion de groupe, nous forgeons
souvent nos outils en nous confrontant à des situations impré-
visibles et conflictuelles entre les quatre murs de notre classe.
Le refus de travailler d’un élève est un des problèmes aux-
quels nous pouvons être confrontés comme Ahmed, dont voici
le témoignage :

129
5. Les couleurs du stress

Témoignage d’Ahmed
« Rien dans notre formation de professeur ne nous a préparés à faire
face au refus de travailler d’un élève. Personnellement, les quelques
fois où j’ai dû faire face à cette situation de crise, j’ai interprété ce
refus comme de l’insolence, voire une provocation et, dans l’urgence,
je n’ai pas su y répondre de manière satisfaisante. Je me souviens
de ce cas précis : une de mes élèves en seconde n’avait toujours
pas sorti ses affaires vingt minutes après le démarrage du cours.
Je lui en fis la remarque d’une voix calme et posée. De manière
ostentatoire, elle garda les bras croisés, bien décidée à ne pas lever
le petit doigt. Je reçus comme une claque en pleine figure son refus
assumé et sa résistance passive. Instantanément, la colère me
submergea. Je dus me contrôler pour ne pas me mettre à hurler des
propos que j’aurais immédiatement regrettés. Je renvoyai l’élève en
question en étude, avec comme motif valable : “refus de travail”.
Je me rappelle encore avoir claqué la porte avec grand fracas pour
ne pas céder à l’envie d’agresser verbalement l’élève. Je me souviens
aussi avoir mis un certain temps à contrôler mes tremblements.
À la fin de mon cours, j’informai la CPE de cet incident. Elle n’en
fut aucunement surprise : l’élève en question était confrontée à
une situation familiale difficile et elle avait sans doute “craqué”
pendant mon cours, sans aucune intention de le perturber ou
de me provoquer. Comprenant la situation, je présentai mes excuses
à l’élève au cours suivant sans pour autant révéler à la classe sa
situation personnelle. C’était une manière de la réintégrer dans
le groupe tout en reconnaissant mon erreur de jugement. »

Un des aspects les plus difficiles à maîtriser dans notre


métier est bien celui-là : faire preuve d’écoute, de dévouement,
d’implication vis-à-vis de nos élèves, tout en maintenant la
juste distance afin d’éviter de faire des projections mentales et
d’interpréter, à tort, telle ou telle attitude comme provocante,
alors qu’elle n’est que l’expression visible d’un mal-être profond
et intime qui n’est pas de notre fait, ni de notre ressort. Par
exemple, Ahmed se sent agressé par l’attitude de son élève. Or
il comprend par la suite que le manque de motivation qu’elle

130
5. Les couleurs du stress

affiche n’a aucun rapport avec son cours et qu’il est totalement
indépendant de lui. Dans des circonstances comme celles-ci, le
fait d’avoir une autre lecture des comportements des élèves peut
faciliter la relation avec eux. Le vérifier peut apporter une véri-
table détente dans l’exercice du métier au fur et à mesure des
années d’expérience.
Le modèle ComColors® nous fournit les outils indispensables
pour rester sur le terrain neutre de l’analyse sans céder à la ten-
tation de juger l’autre. Pour illustrer ce propos et conclure ce
chapitre, nous avons choisi de vous relater une situation de crise
authentique. Elle a été vécue par une enseignante qui venait
tout juste de compléter sa formation. C’est dire qu’elle eut très
peu de temps pour se complaire dans la théorie.

Le cas de Fanny
Voici la situation de classe à laquelle j’étais confrontée : Fanny, élève
de quatrième, a un problème d’absentéisme. Elle est convoquée
pour clarifier sa situation et là, elle « craque » et avoue avoir de plus
en plus de mal à venir au collège car elle redoute les cours d’anglais.
Le professeur donne beaucoup d’importance à l’oral et « elle n’y
arrive pas ». Les sketchs filmés de fin de séquence sont une source
de stress pour elle et elle a fini par en être malade physiquement.
Cette situation est tout à fait inédite pour moi et j’ai parfaitement
conscience de sa gravité et de ses répercussions sur l’ensemble
de la scolarité de l’élève. Il m’incombe de trouver une solution sans
céder sur mes exigences. Le modèle ComColors® va me donner
les clés en comprenant le fonctionnement de l’élève grâce à
l’identification de son profil de personnalité : profil dominant violet.
Comment vais-je procéder ? J’abandonne l’idée d’essayer de
convaincre Fanny du bien-fondé de ma démarche pédagogique.
Dans cette situation de stress extrême, elle affiche clairement son
comportement conflictuel : elle n’est plus à l’écoute et reste campée
sur ses positions. Je vais me concentrer sur les faits et analyser,
de la manière la plus neutre possible, ce qui peut être déstabilisant

131
5. Les couleurs du stress

dans ma manière de faire cours : celle d’un professeur de profil


dominant jaune.
Le lendemain, Fanny, impressionnée par ce face-à-face, a beaucoup
de mal à parler sans pleurer, et ce malgré toutes les interventions
bienveillantes et rassurantes de la médiatrice. Je propose alors de
tirer moi-même chaque ficelle pour dénouer le nœud. Je m’adresse
directement à Fanny en ces termes : « Je vais essayer de me mettre
à ta place et de détailler ce qui peut te poser problème dans mon
cours. Tu n’auras qu’à me dire si ce que je dis est juste ou non et, à
partir de là, nous allons essayer de trouver une solution ENSEMBLE
qui soit acceptable pour l’une ET l’autre. Es-tu d’accord avec cette
démarche ? »
Fanny, le visage baigné de larmes, acquiesce. Je lui détaille
tout ce qui peut poser problème dans mon cours sans essayer
de justifier mes choix pédagogiques :
« Premier point : je ne suis pas de manuel scolaire et distribue des
photocopies au fur et à mesure de la séquence. Pour toi, l’absence
de manuel scolaire est déroutante et déstabilisante. Sans repère,
tu n’as pas une vision claire de la progression de mon cours.
Deuxième point : je ne fais jamais deux cours sur le même modèle.
Ceci est également source de stress pour toi, car tu le perçois
comme un manque de fiabilité de ma part. Troisième point : j’accorde
beaucoup d’importance à l’oral. Or, tu ne peux pas avoir des
résultats “parfaits” à l’oral et te juger “nulle” quand tu obtiens
une note de 13/20 dans cette compétence. Quatrième point :
le travail en groupe est également source de stress pour toi.
Tu travailles mieux seule, car tu es très exigeante quant à la qualité
de ton travail. Cinquième point : paralysée par ta peur de l’oral,
tu crois pénaliser tout ton groupe sur la note commune de sketch.
À ton avis, ce n’est pas juste pour les autres. »
Fanny m’écoute attentivement et confirme chaque point d’un
hochement de la tête. Je fais l’effort de rester la plus neutre possible
et mon profil secondaire bleu m’est d’un grand secours. J’aborde
précisément la situation de crise avec les qualités qui lui sont
associées : méthode et rigueur. Je pèse chaque mot pour mieux
cibler le profil violet de Fanny, profondément ancré dans ses
exigences et ses convictions.

132
5. Les couleurs du stress

Quelle solution puis-je apporter à cette crise ?


Je propose à Fanny des aménagements dans mon cours qui
prennent en compte son état actuel de stress. Voici ce que je lui dis :
« Je vais te faire plusieurs propositions et tu me diras ensuite si tu es
d’accord ou non. Premièrement, je te remettrai un planning sur trois
semaines sur lequel je te détaillerai le programme de chaque séance
et le travail à faire d’une séance à l’autre. Deuxièmement, pour
le travail oral à faire en groupe, je te propose de le faire autrement,
en travail individuel, pour surmonter ton appréhension de l’oral.
Je te donnerai des textes à réciter seule en attendant que
tu reprennes confiance en toi. Tu me diras quand tu seras prête
à réintégrer un groupe. Tu prendras le temps nécessaire.
Est-ce que cela te convient ? »
Rassurée, Fanny donne son accord sur les clauses de ce nouveau
contrat de travail. Pour conclure l’entretien, j’ajoute qu’aucune
de mes convictions pédagogiques ne tient face à sa grande détresse
que je peux comprendre et que je respecte. Fanny ose un petit
hochement de la tête pour me signifier qu’elle m’a bien entendue.
Je l’interprète comme un signe de reconnaissance.
Fanny a réintégré mon cours le jour même. Sans que je lui dise
quoi que ce soit, elle fera un effort remarqué de participation orale
à chaque séance jusqu’au jour… où elle intégrera, de sa propre
initiative, un groupe de travail sur un sketch filmé.

Que retenir de cette situation de crise ?


En reconnaissant et respectant le malaise de Fanny face à
ma manière « différente » de faire cours, je lui ai donné le temps
de l’analyser, de l’évaluer, de la juger et enfin d’y adhérer par
sa participation active. Sans la connaissance des comportements
sous stress du type violet, propre à Fanny, je n’aurais pas su
comment gérer cette crise avec le recul nécessaire. En effet,
il me fallait éviter d’interpréter, à tort, la détresse de Fanny comme
une remise en question de mes choix pédagogiques. Depuis ce jour,
je veille à bien clarifier ma démarche pour rassurer les élèves
qui peuvent être, comme Fanny, déstabilisés par ma manière
« différente » de faire cours.

133
5. Les couleurs du stress

À partir de ces derniers exemples, il est important de rete-


nir ceci : plus vous vous donnerez l’autorisation d’être vous-
même en cours, solidement connecté à la puissance de votre
profil de personnalité, plus vous saurez vous adapter naturel-
lement et intuitivement aux besoins de vos élèves, y compris
dans les situations stressantes que nous venons de décrire.
Un des moyens pour y parvenir est de connaître votre pro-
fil de personnalité, nourrir la motivation qui est la vôtre,
prendre connaissance des facteurs déclencheurs de stress
auxquels vous êtes particulièrement vulnérable et alors vous
pourrez avoir pleinement confiance en votre capacité à gérer
les tensions inévitables dans notre métier en y apportant les
réponses les plus appropriées : VOS propres réponses. Oui, vous
avez bien compris la teneur de notre message : autorisez-vous
à être vous-même !

Témoignage de Lucie, professeur


d’espagnol en lycée
« J’étais en proie au doute, au questionnement, à l’insatisfaction
avec ce sentiment diffus, mais persistant, de ne pas être à ma place
au sein de l’Éducation nationale, mais sans pouvoir dire pourquoi.
En découvrant mon profil jaune/bleu, j’ai compris que ce n’était pas
un problème de choix de métier, mais de positionnement interne.
J’étais tiraillée entre mon besoin de liberté, de créativité, d’innovation
lié à ma couleur dominante jaune et à l’exigence tyrannique
de rigueur, de structure, de compétence, de perfectionnisme liée
à ma couleur secondaire bleue, ma motivation actuelle. Inutile de fuir,
d’aller voir ailleurs, de changer de métier. La tension que je ressentais
était interne. Stressée, je faisais naturellement preuve de mauvaise
foi en accusant le système éducatif tout entier. Grâce à cette
formation, j’ai pris conscience qu’il ne dépendait que de moi
de gérer au mieux mes propres contradictions et de trouver
mon ancrage personnel.

134
5. Les couleurs du stress

J’ai compris que cette tension interne permanente n’était pas


un handicap, mais une force. Je pouvais expérimenter de nouvelles
méthodes d’enseignement sans risquer de m’égarer en cours
de route, car mon profil secondaire bleu m’offrait un cadre,
une structure, une rigueur, une exigence de professionnalisme
qui donnent une légitimité à mon approche de l’enseignement.
Quel soulagement ! Je n’avais plus à me justifier constamment
pour me sentir à MA place.
Grâce aux outils ComColors®, j’ai beaucoup développé ma capacité
d’écoute et d’observation. Je considère la classe comme un lieu
d’expérimentation pédagogique et je m’accorde le droit au tâton-
nement, au questionnement, à l’erreur. J’accorde, de fait, ce même
droit à mes élèves. Je me sens libérée de l’exigence démesurée de
perfection et de performance, car j’ai appris à poser mes propres
limites. J’ai véritablement trouvé un équilibre entre exigence et
bienveillance, perfectionnisme et originalité. C’est valable pour mon
travail, mais aussi pour celui de mes élèves. Mes relations avec eux
s’en trouvent apaisées.
J’exerce maintenant mon métier d’enseignante avec un plaisir
renouvelé. Je n’ai pas changé de métier, mais plutôt changé
de “lunettes”. »

Sondage sur la démotivation


des enseignants
Cent soixante de nos collègues de primaire, collège et lycée
ont bien voulu consacrer du temps à répondre à cette question :
« Quels sont les aspects de votre métier qui sont les plus
difficiles à vivre ? »
– La charge de travail à effectuer à la maison : 67,7 %
– La surcharge de travail à certaines périodes de l’année : 66,6 %
– La progression lente du salaire : 62,6 %
– La multiplication des réformes : 60,9 %

135
5. Les couleurs du stress

––La multiplication des évaluations : 58,7 %


––La correction des copies : 58,6 %
––Le sentiment que leurs efforts ne sont pas reconnus, valori-
sés : 53,9 %
––Les classes surchargées : 52,9 %
––L’inadéquation de la formation initiale et/ou continue : 46,7 %
––L’incivilité des élèves : 42,2 %
––La déficience dans la gestion du personnel enseignant : 42 %
––Le sentiment d’être seul face aux difficultés : 33,1 %
––Le manque d’intérêt des élèves pour leur matière : 30,4 %
––Le manque de soutien pour des projets innovants : 26,1 %
––L’absence de mobilité professionnelle : 24,3 %
––La tension avec les parents : 20,9 %
––Le sentiment d’être inutile, de ne pas faire progresser les
élèves : 20,3 %
––La répétitivité de certaines tâches, la routine : 18,9 %
––Les relations avec leurs supérieurs hiérarchiques : 18,8 %
Le niveau auquel ils enseignent influe sur certaines de leurs
réponses. La surcharge de travail à certaines périodes de l’année
est le premier critère mentionné par 80,6 % des enseignants du
premier degré. Pour le lycée, c’est la charge de travail à effec-
tuer à la maison qui est mentionnée en priorité (75 %) avec son
lot de copies à corriger (70 %). Il est aussi vrai que certains des
critères sont liés et ont un effet cumulatif. À savoir, la charge
de travail à effectuer au domicile est d’autant plus lourde du fait
des effectifs surchargés, de la multiplication des évaluations et
des réformes.

136
5. Les couleurs du stress

Tableau récapitulatif : les six types de personnalité


et leurs comportements sous stress

Type Comportements conditionnels Comportements conflictuels

Quand il ne s’amuse pas ou se Il rejette la faute sur les autres.


sent contraint, il fait les choses Il fait preuve de mauvaise foi.
Jaune difficilement. Il râle ou il souffle. Il n’assume pas ses
responsabilités.

Quand il ne se sent pas assez Il se met en colère (une colère


compétent, il devient de plus en frustrée) contre la perte de
Bleu plus perfectionniste. temps, le manque d’organisation
ou d’efficacité.

Quand il croit que sa légitimité est Il devient méfiant. Il impose son


remise en cause, il devient très point de vue, sa manière de faire.
Violet
exigeant vis-à-vis de lui-même.
Il se focalise sur ce qui ne va pas.

Quand il ne se sent pas apprécié, Il fait des bourdes pour attirer


il fait passer les besoins des l’attention en négatif des autres
Orange autres avant les siens. Il a du sur lui, il culpabilise pour être
mal à dire « non », à refuser un au cœur de l’attention.
service.

Quand il manque d’espace ou de Il ne décide plus. Il se coupe


Vert temps, il cache ses difficultés et de la relation avec l’autre.
ne montre pas ses sentiments.

Quand il ne se sent pas important, Il explose verbalement et fait


Rouge il lui faut trouver une solution beaucoup de bruit.
rapidement.

137
6. Le travail en équipe
et ses couleurs

L es nouvelles directives
ministérielles en matière
d’enseignement mettent l’accent
`
A chacun son
rô le
sur la nécessité de travailler en équipe.
Tel est notamment le cas en langues vivantes où
la réforme du lycée instaure le travail en groupes de
compétence, ce qui fait voler en éclats la notion de classe
et de niveau. De fait, l’organisation de nos heures
« en barrette » oblige désormais les enseignants concernés
à plus de concertation et d’harmonisation pour définir
une progression et des objectifs communs.

Une équipe performante : une question


de compétence ou de personnalité ?
Le travail en équipe ne s’improvise pas. Nombre de collègues
en ont fait la dure expérience. Certains abandonnent, non par
mauvaise volonté comme il le leur est souvent reproché, mais
simplement parce qu’ils ne savent pas comment faire. Il faut
dire, à notre décharge, que nous n’avons pas toujours les outils
nécessaires pour que ce travail en équipe soit performant.
De plus, harmonisation rime souvent avec uniformisation.
Or les enseignants sont farouchement attachés à la liberté de
faire les choix pédagogiques au sein de leur classe. Sinon ils

139
6. Le travail en équipe et ses couleurs

peuvent avoir l’impression que la dynamique qui, normalement,


se déploie sur toute une année scolaire leur est confisquée,
lorsqu’ils n’interviennent que de manière périodique au sein
d’un groupe de compétence.
Il est aussi vrai que le travail en équipe peut alléger notre
niveau de stress, mais également l’augmenter de manière consi-
dérable si nous entrons dans des jeux de pouvoir avec nos collè-
gues ou si nous ne sommes pas en phase avec eux.
Une équipe performante se construit sur une position de vie
+/+ où chacun des partenaires réussit à se dépasser, à aller au-
delà de ce qu’il aurait pu réaliser seul, à accomplir un travail qui
dépasse la somme des compétences réunies.
Mais s’agit-il réellement d’une question de compétences ?
Nous allons voir que chacun d’entre nous occupe naturellement
un rôle au sein d’une équipe. Ce rôle dépend de notre profil de
personnalité. Si nous jouons le rôle qui est le nôtre, nous excel-
lons dans la tâche qui nous est confiée. A contrario, si le casting
n’est pas bon ou si les autres n’acceptent pas que nous tenions
notre rôle, non seulement nous ne sommes pas performants,
mais nous adoptons nos comportements conflictuels, car nous
sommes sous stress. Les relations avec les autres deviennent de
plus en plus difficiles et toute l’équipe en pâtit.

☛☛Les rôles en équipe selon les types


de personnalité
Le coéquipier de type jaune : l’explorateur
Il assume le rôle d’explorateur en faisant l’interface entre
l’équipe, le projet et le monde extérieur. Il glane des informa-
tions, des idées auprès d’autres équipes et il en fait profiter la
sienne. Il s’agit d’une véritable abeille butineuse.

140
6. Le travail en équipe et ses couleurs

Le coéquipier de type bleu : l’organisateur


C’est lui qui planifie la réalisation du projet. Il structure,
organise les tâches, vérifie l’avancement des étapes du projet,
fait respecter les délais. Il transforme l’idée en objectifs, puis en
actions concrètes.

Le coéquipier de type violet : l’évaluateur


Il voit immédiatement les risques potentiels d’un projet, les
erreurs d’appréciation, les impasses. Il évite à l’équipe de se
lancer dans l’action sans avoir réussi cet examen de passage
indispensable.

Le coéquipier de type orange : le médiateur


Il veille à la bonne ambiance dans l’équipe. Il joue le rôle de
médiateur pour dénouer les tensions. Il crée un environnement
favorable pour que chacun puisse travailler en toute sérénité.

Le coéquipier de type vert : le visionnaire


C’est lui qui permet à l’équipe d’explorer de nouvelles pistes
et de faire des liens entre des sujets a priori incompatibles. Il voit
loin et ses idées peuvent se révéler lumineuses, voire géniales.

Le coéquipier de type rouge : le propulseur


Il pousse l’équipe à l’action et l’empêche de tourner en rond
et de consacrer trop de temps à la réflexion. En réunion, il fait
en sorte que des décisions soient prises. Il se focalise sur les
résultats à atteindre.

Autre coéquipier de type jaune : le coordinateur


Ce septième rôle dans l’équipe est assumé par une personne
de profil jaune qui a un fonctionnement un peu différent de celui
du coéquipier jaune. Contrairement à l’explorateur qui travaille
avec un réseau externe, le coordinateur construit le réseau

141
6. Le travail en équipe et ses couleurs

interne. Il va faire le bon casting : il a une capacité naturelle à


identifier les bonnes personnes aux bons postes. Il sait très bien
déléguer.
Jusqu’ici, la présentation a concerné votre couleur de fond, la
dominante. Cependant, quand on considère les différents rôles
au sein de l’équipe, c’est moins votre couleur dominante que
votre couleur secondaire qui détermine votre rôle dans l’équipe.
En effet, votre motivation actuelle va déterminer votre niveau
d’investissement dans un rôle. Cependant, en cas de stress
important au sein de l’équipe, votre couleur dominante va
resurgir et chercher à prendre le rôle qui lui correspond.
De plus, il peut y avoir une troisième couleur qui n’est ni la
dominante, ni la secondaire, mais qui correspond à une couleur
« forte » de votre profil. Cette dernière peut aussi vous per-
mettre d’adopter un rôle autre qui lui correspond.
Voici, sous forme de questions/réponses, ce qu’il vous faut
retenir sur les différents rôles en équipe.

☛☛Questions/réponses
1. Mon rôle en équipe est-il systématiquement celui lié à
mon profil dominant ?
Non, justement. Le rôle lié à votre couleur dominante est
seulement celui que vous assumez si vous êtes sous stress ou
si l’équipe subit une forte pression. Le fait est que, quand rien
ne va plus, nous avons tous tendance à revenir à ce que nous
connaissons le mieux, car nous cherchons à nous rassurer.
2. Quel est le meilleur rôle en équipe pour moi ?
Il s’agit du rôle que vous assumez naturellement et qui corres-
pond à votre couleur secondaire. En le remplissant, vous nour-
rissez votre motivation actuelle. Vous êtes performant et très
motivé. Pour ceux qui ont une couleur dominante et secondaire

142
6. Le travail en équipe et ses couleurs

identique, leur rôle en équipe est bien sûr lié à cette seule et
unique couleur.
3. Ai-je un autre rôle en équipe possible ?
Oui, celui qui correspond à la couleur la plus développée de
votre profil autre que vos couleurs dominante et secondaire.
Cette couleur s’affiche dans le diagramme ComColors® sous
forme de taux de remplissage. Ce second rôle n’est pas aussi
motivant que le premier, mais vous pourrez le remplir sans trop
d’efforts. Vous l’endossez le temps nécessaire pour que l’équipe
avance.
4. Une équipe performante comporte-t-elle systématique-
ment sept personnes différentes pour assurer les sept
rôles ?
Non, vous pouvez construire une équipe gagnante avec un
seul de vos collègues. Chacun d’entre vous adoptera naturelle-
ment le rôle lié à sa couleur secondaire et éventuellement les
autres rôles en cas de nécessité. Nous en faisons la démonstra-
tion dans la collaboration entre trois collègues de profils très
différents que nous présentons dans ce chapitre.
5. Que se passe-t-il si nous travaillons sous pression ?
Bonne question ! Tous les membres de l’équipe vont changer
de rôle pour assurer celui lié à leur couleur dominante et non
plus celui correspondant à leur couleur secondaire ou à leur
troisième couleur. Ceci a pour conséquence de modifier la dyna-
mique de groupe.
6. Que se passe-t-il si on m’impose un rôle qui n’est pas un
de ceux que vous venez de décrire ?
Si tel est le cas, vous risquez de vous sentir en grande diffi-
culté. Tout d’abord, il y a de grandes chances pour que vous fas-
siez tout pour vous soustraire à cette contrainte et que vous ne
fassiez pas le travail demandé ou que vous chargiez quelqu’un

143
6. Le travail en équipe et ses couleurs

pour le faire à votre place. C’est la technique d’évitement que


connaissent bien tous les pratiquants d’arts martiaux !
7. D’après mon profil, quel est le rôle qui me convient le
moins ?
Le rôle qui correspond à la couleur qui affiche le taux de rem-
plissage le plus faible sur votre diagramme est celui qui vous
convient le moins. Par exemple, si cette couleur est le rouge et
que l’on vous demande de prendre des décisions et de les mettre
en œuvre rapidement, vous risquez d’avoir du mal à tenir ce
rôle au sein de l’équipe.
8. Certaines personnes ont-elles plus de difficultés à tra-
vailler en groupe ?
Les personnes concernées par cette difficulté sont de type
vert, bleu et violet. Le type vert préfère travailler seul car il tra-
vaille mieux à son propre rythme. Les types bleu et violet sont
plus efficaces quand ils travaillent seuls ou en binômes avec un
coéquipier qui partage les mêmes exigences de qualité qu’eux.
9. Est-ce que cela signifie que je ne dois pas forcer mes élèves
à travailler en groupe quand ils rechignent à le faire ?
Non, il est souhaitable que vous habituiez vos élèves à collabo-
rer entre eux, car cet apprentissage est indispensable à la socia-
lisation et constitue une formation aux exigences du monde du
travail. Le mieux est de leur donner le choix entre un travail
en binôme ou à trois en leur laissant le choix de partenaire(s).
Soyez conscient que le refus de travailler en groupe n’est pas
forcément une preuve de mauvaise volonté, mais plutôt la dif-
ficulté à intégrer un mode de fonctionnement qui n’est pas
naturel.

144
6. Le travail en équipe et ses couleurs

Les règles de fonctionnement


d’une équipe
À travers l’étude de cas suivant, vous allez comprendre
comment, au sein d’une équipe, chaque professeur, selon son
type de personnalité, assume en premier le rôle lié à son profil
secondaire avant d’endosser, si nécessaire, celui de son profil
dominant.
Trois enseignants d’anglais se réunissent pour monter un
projet pédagogique pour deux classes de quatrième, section
européenne anglais. Il s’agit de leur toute première réunion de
concertation et ils doivent décider en commun d’un programme
de visites à Londres.
Francis (type bleu/jaune) : Oh ! y a d’quoi faire à Londres !
On peut difficilement y aller sans monter sur la Grande Roue…
(arrêté dans son élan).
Catherine (type vert/violet) : Ben voyons ! On n’a pas
besoin d’aller si loin et payer si cher, on l’a place de la Concorde,
je vous ferai remarquer !
Théo (type orange/rouge) : Attends, y en a pour tous les
goûts ! Si ton truc, c’est les musées, t’en auras. Alors, on avance ?
Le premier jour qu’est-ce qu’on fait ?
Catherine (type vert/violet) : Non, mais il faut d’abord se
mettre d’accord sur l’objectif de ce voyage.
Francis (type bleu/jaune) : L’objectif, c’est de sortir les
élèves du cadre et de vivre l’anglais autrement, ce n’est pas
compliqué !
Théo (type orange/rouge) : Bingo ! Alors si ce n’est pas
compliqué, on y va…

145
6. Le travail en équipe et ses couleurs

Catherine (type vert/violet) : (silence, en lui-même) Ça va


nulle part, je me retire.
Cette discussion illustre bien le démarrage normal de tout
travail en équipe !
Ce que l’on observe, c’est que naturellement le type jaune
va proposer de coordonner le groupe. Le fonctionnement de
l’équipe intègre un certain processus : en règle générale, pour
qu’un groupe fonctionne, l’un des membres doit définir le cadre
de fonctionnement avant le démarrage. Écoutons Francis dans
son rôle de coordinateur :
Francis (type bleu/jaune) : Attendez, attendez. Je vous pro-
pose que nous prenions quelques minutes pour définir les règles
du jeu. J’ai besoin de savoir à quelle fréquence nous allons nous
réunir et la durée de nos réunions. Est-ce qu’une réunion par
semaine le mardi de 15 h à 16 h jusqu’aux prochaines vacances
vous convient ?
Catherine (type vert/violet) : Oui, je n’ai pas cours à cette
heure-là.
Théo (type orange/rouge) : C’est bon aussi pour moi.
Francis (type bleu/jaune) : OK, faisons en sorte que nos
réunions ne dépassent pas une heure.
Francis - dominante bleue et secondaire jaune - commence
par utiliser les qualités du type jaune : il cherche à coordonner
les choses. Puis il va satisfaire le besoin de motivation de sa
dominante bleue en structurant et planifiant.
Catherine (type vert/violet) : Tout à fait d’accord, mais
alors soyons vigilants sur notre écoute réciproque. Nous avons
tous des idées très différentes et chacun d’entre nous doit pou-
voir apporter sa contribution à notre programme commun.

146
6. Le travail en équipe et ses couleurs

Catherine – dominante verte et secondaire violette – est ras-


surée par le cadre qui est défini en commun. Le besoin de règles
clairement définies est lié à sa secondaire violette. En réunion,
elle montrera moins fréquemment les qualités liées à sa domi-
nante verte.
Théo (type orange/rouge) : OK ça marche, mais j’ai aussi
besoin que l’on prenne des décisions à chaque fois. Je peux seu-
lement respecter le cadre si on avance. Un dernier point : une
ambiance sympa entre nous est importante pour la réussite de
notre projet.
Théo – dominante orange et secondaire rouge – est motivé
par le fait d’être dans l’action. Il satisfait ensuite le besoin de
la motivation de sa dominante orange en insistant sur la bonne
entente.
Maintenant que le cadre a été posé, la réunion peut continuer
dans une ambiance plus sereine.

* ** *

Connaître le profil de ses collègues peut également contribuer


à faire preuve de plus de compréhension et de tolérance à leur
égard, quand les tâches qui leur sont confiées sont peu moti-
vantes et peu valorisantes pour eux. Le témoignage de Mickaël,
professeur d’université, nous éclaire sur cette réalité.

Témoignage de Mickaël,
professeur d’université
« Je suis chef de département dans une université française.
Cette responsabilité implique que je travaille en collaboration
avec une vingtaine d’enseignants chercheurs sur diverses tâches
et projets.

147
6. Le travail en équipe et ses couleurs

Dans mon profil, je suis de dominante verte, secondaire orange


avec une forte troisième couleur jaune. J’aime beaucoup mon métier.
La recherche correspond bien à ma dominante verte où je peux
réfléchir et travailler seul. L’enseignement convient bien à mes
couleurs orange et jaune qui correspondent au fait que j’apprécie
le contact avec les étudiants. Je considère que travailler en prenant
en compte les types de personnalité est un atout important pour
ma vie professionnelle.
Premièrement, cela me permet de mieux faire correspondre le type
de responsabilité ou de projet que je confie à mes collaborateurs
en fonction de ce qui me semble être leurs couleurs principales.
Ainsi, j’évite d’attribuer des tâches qui correspondent bien à une
personne de type bleu à quelqu’un de type orange et vice versa.
Ensuite, connaître les différents profils me permet de mieux mesurer
ce que mes collègues pourraient attendre de moi. Je sais que,
pour certains, une info claire est importante, pour d’autres,
de l’humour ou un mot de reconnaissance.
Enfin, je suis maintenant en mesure de juger moins sévèrement
des collègues qui ne sont pas pleinement à leur place. Je pense
notamment à un collègue de dominante jaune qui a une
responsabilité dans laquelle il y a beaucoup de tâches
administratives routinières, et qui demandent de la rigueur,
mais peu de créativité. Je reconnais que ce type de responsabilité
correspondrait mieux à un type bleu, ce qui me donne une certaine
compréhension à l’égard de ce collègue qui a du mal à être
à la hauteur de ses fonctions et heureux dans son travail. »

148
7. Les styles
d’apprentissage

L e modèle définit six styles


d’apprentissage liés aux six
profils de personnalité différents.
Sty les d’ense
igne
et personna li ment

Nous allons voir que l’entrée dans
l’apprentissage ne suit pas un processus unique pour
tous les élèves. Prendre conscience de ce phénomène incite
l’enseignant à faire preuve de souplesse et d’inventivité
pour adapter son style d’enseignement à chacun.

Apprentissage et enseignement
différenciés
En tant qu’enseignants, nous ne pouvons pas ignorer le fait
que nos méthodes et nos choix pédagogiques peuvent très bien
convenir à une classe et pas à une autre. Ce phénomène est par-
ticulièrement déstabilisant car il vient ébranler les convictions
et bousculer les habitudes, même si l’enseignant bénéficie d’une
certaine expérience dans le métier par ailleurs. Le témoignage
de Quentin va permettre d’ancrer le propos dans la réalité d’une
classe :

149
7. Les styles d’apprentissage

Témoignage de Quentin
« J’enseignais déjà depuis une quinzaine d’années quand,
à l’occasion d’une nouvelle affectation, je fus confronté aux limites
de ma propre pratique. Jusque-là, j’avais enseigné dans des classes
d’enseignement général, en collège et lycée, et j’avais privilégié
une approche très intellectuelle, rationnelle et logique de
l’enseignement en parfaite harmonie avec mon profil dominant bleu.
Les commentaires élogieux de mes supérieurs me confortaient
dans l’idée que j’étais “un excellent prof”.
Mais je garde encore en mémoire cette rentrée pas comme
les autres. J’avais en face de moi trente-cinq adolescentes d’une
quinzaine d’années, élèves de seconde GT option SMS (sciences
médico-sociales). Elles se destinaient toutes à une carrière
médicale ou paramédicale : infirmière, aide-soignante, sage-femme,
puéricultrice, aide sociale et autres. Comme à l’habitude, j’annonçai
d’emblée le programme de l’année, mes objectifs, mes exigences
de travail, le matériel de cours, etc. Je sentis bien à la fin de
ma présentation que je n’avais pas l’adhésion du groupe, mais
je m’éclipsai rapidement pour laisser la parole à une collègue,
convaincu que le manque d’enthousiasme de mes futures élèves
était à mettre sur le compte du stress d’une rentrée scolaire dans
un nouvel établissement. Effectivement, un nombre non négligeable
d’entre elles venait de loin et avait quitté leur famille pour intégrer
cette préparation spécifique aux métiers que je viens de citer.
Mais la première impression se confirma dès le premier cours et aux
cours suivants. La classe restait en retrait. Les élèves s’exécutaient
sans rechigner, mais sans enthousiasme évident. J’irais même
jusqu’à dire sans réelle envie de faire. De toute évidence, le courant
ne passait pas entre elles et moi. J’avais cependant noté un petit
détail : les élèves s’animaient quand je leur proposais un travail par
groupes de trois ou quatre. Tout à coup, comme par magie, elles
sortaient de leur léthargie. Bien entendu, j’introduisis ces moments
de travail en commun dans mon cours, mais je restais principalement
attaché au principe d’un cours magistral avec prise de notes.
Ce type de cours me rassurait, car j’avais toujours fonctionné sur
ce modèle. Je garde de cette classe un sentiment très mitigé : j’avais
en face de moi des filles particulièrement gentilles et attachantes,
mais qui manquaient d’allant, de motivation pour le travail. Je finis

150
7. Les styles d’apprentissage

l’année avec un certain goût d’amertume, un sentiment diffus


d’insatisfaction et de frustration en discordance avec la réputation
d’“excellent prof” que j’avais acquise au cours de mes quinze
années de carrière.
J’ai compris plus tard, après une formation au modèle ComColors®,
le phénomène de résistance au travail auquel j’avais été confronté
cette année-là. Voici l’analyse que j’en fis : de toute évidence, j’avais
devant moi une classe de profil dominant orange. Ces élèves, dont
je reconnaissais moi-même les qualités humaines et relationnelles,
privilégiaient les sentiments comme style d’apprentissage. Elles
nourrissaient leur motivation au quotidien et au sein de la classe
en étant dans la relation avec l’autre. Solidement ancré dans le style
d’apprentissage fondé sur la pensée – propre à mon profil bleu –,
j’étais à l’opposé d’elles (comme l’illustre la figure 8 page 190).
Il aurait fallu que j’ajoute un zeste de chaleur humaine, d’écoute
active, d’attention bienveillante pour faire vibrer ces mêmes élèves
et gagner leur adhésion totale et solidaire. Elles n’étaient pas
totalement présentes à ce qu’elles faisaient, car il leur manquait
le carburant propre à leur style d’apprentissage : cette petite
étincelle qui donne du cœur à l’ouvrage, car l’élève de type orange
s’attelle volontiers à la tâche quand il peut établir une relation
avec le “prof” ».

Le témoignage de Quentin met en lumière le fait que nous


pouvons être appelés à remettre en question nos méthodes
d’enseignement, lorsque nous sommes confrontés à une classe
avec une forte dominante. C’est parfois le cas dans les classes
techniques et technologiques qui regroupent des élèves dont
les choix de formation et/ou de métier sont en cohérence avec
leur profil de personnalité. La concentration d’un même type
de personnalité est alors très forte et peut être difficilement
ignorée. Dans les classes d’enseignement général, on est plutôt
amené à prendre en compte l’ensemble des six styles d’appren-
tissage liés aux six profils de personnalité pour pouvoir gagner
l’adhésion de chacun des élèves. Il est cependant possible d’être

151
7. Les styles d’apprentissage

amenés à gérer une classe avec une forte dominante et quelques


« leaders » d’une autre couleur qui « donnent le ton ». Dans ce
cas précis, il faut trouver un juste équilibre entre le besoin du
groupe et de ces quelques élèves qui sont déstabilisés de ne pas
trouver le style d’apprentissage qui leur convient.
Si vous ne stimulez ni la motivation profonde, ni l’autodé-
termination de vos élèves, vous pouvez, sans le vouloir, les
abandonner sur le bord du chemin car ils ne se sentiront pas
forcément concernés par votre cours et n’en tireront aucun pro-
fit. Ce phénomène de « décrochage » est malheureusement plus
fréquent que l’on veut bien l’admettre. Les chiffres publiés à ce
sujet sont alarmants : selon le ministère de l’Éducation natio-
nale, le nombre de « décrocheurs » du système scolaire s’élevait
à 293 000 jeunes entre juin 2010 et mars 201114.

Les six styles d’apprentissage


Voici un guide des activités ou actions à mettre en place dans
le concret d’un déroulement de cours pour vous permettre de
prendre en compte les styles d’apprentissage.
Pour un élève de profil jaune qui apprend par le jeu :
––Proposer des exercices ludiques.
––Mettre en scène des situations.
––Tenir des séances de brainstorming.
––Manier l’humour.
––Alterner les activités pour casser la routine.
––Être imaginatif et spontané.

14. Lemonde.fr, édition du 12 mai 2011.

152
7. Les styles d’apprentissage

Pour un élève de profil bleu qui apprend par la pensée :


––Planifier le cours de façon systématique.
––Analyser les idées ou les faits de façon logique.
––Solliciter la mise en pratique d’un concept à partir de la com-
préhension intellectuelle d’une situation.
Pour un élève de profil violet qui apprend par le sens :
––Annoncer la finalité de la séance ou de l’activité.
––Expliquer le sens ou la valeur d’une démarche ou d’une
approche.
––Donner à l’élève le temps d’observer avant de lui demander
une opinion.
––Solliciter le débat d’idées.
––Favoriser le raisonnement par déduction.
––Présenter les différents points de vue.
Pour un élève de profil orange qui apprend par les sen­­-
timents :
––Privilégier le relationnel au sein de la classe.
––Être attentif à l’ambiance de la classe.
––Être réceptif aux sentiments des élèves.
––Créer un esprit de classe solidaire en instaurant, par exemple,
des tandems de tutorat.
––Présenter une idée ou un concept à partir d’une anecdote
vécue.
Pour un élève de profil vert qui apprend par la réflexion :
––Donner le temps d’observer avant de demander de faire.
––Présenter les choses sous différents angles.
––Faire appel à l’observation pour nourrir la réflexion.
––Mettre les élèves en situation de comprendre par eux-mêmes
et de résoudre les problèmes à leur manière.
––Mettre l’accent sur le raisonnement.
––Donner matière à réflexion.

153
7. Les styles d’apprentissage

Pour un élève de profil rouge qui apprend par l’action :


––Lui démontrer sa capacité à faire.
––L’inciter à prendre des risques en lui lançant des défis.
––L’inviter à prendre une part active au cours et à son dérou-
lement.
––Proposer des récompenses rapides.

Style d’apprentissage et motivation


La connaissance de ces différents styles d’apprentissage incite
l’enseignant à faire preuve de flexibilité et d’inventivité pour
s’adapter au mieux au profil de chacun de ses élèves. En cours, le
comportement conflictuel ouvertement affiché d’un élément dit
« perturbateur » renseigne l’enseignant sur l’urgence à prendre
en compte le style d’apprentissage propre à son profil. Il ne peut
pas fermer les yeux ou se boucher les oreilles sur la manifesta-
tion visible ou audible de ces éléments annonciateurs de frustra-
tion, de blocage, de tension ou de stress. Le conflit est inévitable
si l’élève en question se sent « ignoré » ou « délaissé » trop
longtemps. La non-satisfaction de sa motivation entraîne auto-
matiquement la manifestation de ses comportements négatifs.
Nous avons pointé le fait que l’élève de type jaune peut être
source de stress pour ses professeurs de type bleu et violet, car
l’approche ludique qu’il recherche n’est pas naturelle pour eux.
Pire, elle est jugée peu sérieuse et peu efficace par ces ensei-
gnants réputés pour la qualité de leur travail et soucieux de
leur réputation. De même, l’enseignant de type vert, bleu ou
violet est concentré sur la tâche alors que ses élèves de type
jaune et orange privilégient la relation avec l’autre pour entrer
dans l’apprentissage. Quant à l’élève de type rouge, il faut à tout
prix prendre en compte son besoin d’action et de défis en cours
si l’on veut éviter l’explosion que provoque inévitablement

154
7. Les styles d’apprentissage

son manque de motivation. En revanche, son côté « camé-


léon » sera un réel atout pour son professeur, car le type rouge
peut se concentrer soit sur la tâche, soit sur la relation selon
l’opportunité.
Vous allez voir que ce sont les choix successifs faits pendant
les cinquante-cinq minutes de cours qui assurent, à chacun des
élèves, de quoi stimuler sa propre motivation (voir tableau ci-
dessous). Chacun doit être rassuré et se sentir sécurisé pour
éviter les tensions, sources de conflits possibles. L’accueil des
élèves, l’annonce des objectifs, le type d’activités et de docu-
ments privilégiés, les consignes, la gestion de la prise de parole,
l’organisation du travail en groupes… tous ces paramètres vont
contribuer à rassurer les élèves dans la prise en compte de leurs
besoins individuels. Le cours présenté dans le tableau ci-des-
sous se focalise sur le processus d’apprentissage et non sur la
matière enseignée. Cette approche permet aussi de prendre en
compte les différences de chaque groupe-classe et de s’adapter
en conséquence. À vous de voir comment vous pouvez intro-
duire ces changements de méthode d’apprentissage dans vos
propres cours pour être plus à l’écoute des besoins de vos élèves.

Déroulé d’une séance motivante


pour chaque type de personnalité

Action du professeur
Motivation liée au profil
et activité de l’élève

L’enseignant est à l’entrée de sa classe L’élève de type orange est


et salue chaleureusement chacun sensible à cet accueil chaleureux
de ses élèves. et individualisé.

Une fois installé à son bureau, il fait un L’élève de type jaune apprécie
commentaire avec une pointe d’humour cette note d’humour qui nourrit
avant de démarrer son cours et annoncer son besoin de décontraction.
l’objectif de la séance. ➙

155
7. Les styles d’apprentissage

Action du professeur
Motivation liée au profil
et activité de l’élève

Il inscrit son plan de cours au tableau. L’élève de type bleu est rassuré
par l’annonce de l’objectif
et la structuration du temps.

Il pose une problématique sous forme L’élève de type violet se sent motivé
de question. Il précise comment il entend de comprendre le sens de ce qu’il
la développer avec eux et s’appuyer va faire et le fait qu’on lui demande
sur un débat d’idées. son avis.

Il démarre d’une voix basse et posée pour L’élève de type vert apprécie
avoir d’emblée l’attention du groupe et le calme.
donner à chacun le temps de s’organiser C’est motivant pour lui d’avoir
pour la prise de notes. une vision plus claire du parcours
Il précise où se place le cours entre déjà réalisé et à venir.
ce qui a été fait avant et ce qui viendra
après.

Les mots et les expressions clés sont L’élève de type orange apprend
notés au tableau au fur et à mesure. par les sentiments et le lien avec
Il ponctue sa démonstration par des des situations vécues.
anecdotes.

Il n’hésite pas à mimer certains détails, L’élève de type jaune apprécie


à moduler sa voix pour jouer les différents cette approche théâtrale.
personnages en jeu.

Le cours est rythmé, varié et dynamique. L’élève de type rouge est motivé par
le fait qu’il n’y ait aucun temps mort.

Il présente le travail à faire en petits Chacun des profils est motivé,


groupes de deux ou trois sur des car chacun va pouvoir travailler
documents très variés : coupures de selon son mode de fonctionnement
presse, dessins humoristiques, chansons, et ses centres d’intérêt
affiches de cinéma, reproductions de (autodétermination).
tableaux… Chaque groupe a le choix du
type de document et des partenaires de
travail.

Le travail d’analyse est donné sous forme Chacun des profils est rassuré
d’une grille à compléter sur le modèle de par ce cadrage en cohérence
celle qu’ils auront en évaluation finale. avec la tâche finale.

Pendant ce travail en autonomie, Chacun des profils est rassuré


l’enseignant ne se déplace que lorsqu’il par ce travail en autonomie
est sollicité pour une aide ou pour régler et le gère en conséquence.
un différend au sein d’un groupe.

156
7. Les styles d’apprentissage

Action du professeur
Motivation liée au profil
et activité de l’élève

L’enseignant demande à chaque groupe Les élèves de type rouge, orange


de nommer un rapporteur pour une mise et jaune apprécient ces temps
en commun à l’oral. Chacun a un temps d’échanges informels à l’oral.
de présentation devant la classe. Ils peuvent mieux exprimer
leur personnalité. Les autres
sont motivés d’avoir contribué
à la qualité de la réflexion.

Pendant la mise en commun, les autres Les élèves de type bleu apprécient
élèves prennent des notes pour étoffer leur d’avoir du contenu ; ceux de type
propre argumentaire et leurs exemples. violet que le contrat de départ soit
respecté. Les autres apprécient
d’avoir une marge de choix sur
le contenu de leur cours.

Le professeur prend le temps de ponctuer Chaque élève, selon son profil,


chaque intervention par des commentaires entendra le commentaire qu’il
très ciblés. Selon le groupe, il pointe du retiendra.
doigt la qualité de l’analyse, l’originalité
de l’interprétation, la capacité
à être synthétique…

Il remet des documens à lire pour L’élève de type bleu apprécie d’avoir
compléter le cours. Il donne comme de la matière ; celui de profil violet,
consigne un travail de repérage très de quoi nourrir son argumentation ;
précis. celui de type vert, sa réflexion.

Il annonce une sortie la semaine suivante Chaque profil va se sentir motivé


pour voir une exposition sur le thème pour une raison différente :
qu’ils viennent d’aborder en classe. • Élève de type jaune : « Chouette !
Il précise qu’ils auront un questionnaire Une sortie sympa ! J’adore ! »
à compléter pendant la visite. • Élève de type bleu : « J’ai le
temps de faire mes recherches
avant la visite et de la préparer
au mieux. »
• Élève de type violet : « J’adhère
à condition que ce soit bien fait. »
• Élève de type orange : « J’aime
faire une sortie avec un prof que
j’apprécie. »
• Élève de type vert :
« Un temps calme pour réfléchir
tranquillement… »
• Élève de type rouge :
« Un peu d’action ! »

157
7. Les styles d’apprentissage

Si le professeur est à l’écoute de ce qui se passe dans sa classe


et s’autorise à tester les différents styles d’apprentissage, il va
naturellement développer ceux qui fonctionnent le mieux avec
la classe à laquelle il est confronté.

Témoignage d’Hélène,
enseignante retraitée de maternelle,
vingt-sept ans d’ancienneté
« Dans ma carrière d’enseignante en maternelle, j’ai utilisé les outils
ComColors® au quotidien dans la classe. Pour moi, les élèves de
3 à 6 ans ont toutes les couleurs en eux, mais on peut déjà percevoir
des “tendances” se dessiner au fur et à mesure qu’ils “travaillent”
en classe.
En début année, pour repérer les élèves de type bleu, je donnais
aux enfants de petite section une feuille blanche au format A4
et une planche de gommettes avec une consigne simple : “Vous
remplissez la feuille avec les gommettes.” J’observais les élèves
se mettre au travail et je repérais les élèves appliqués qui plaçaient
les gommettes les unes à côté des autres, ligne par ligne et qui
venaient me rendre leur travail en me disant “J’ai fini”, même s’ils en
avaient encore à placer. La consigne avait été respectée, la feuille
était pleine. Lors des activités plastiques, je donnais des consignes
concrètes à ces élèves pour qui la créativité sans limites ou les
règles ne convenait pas.
Pour les élèves de type rouge qui ont toujours envie de faire,
j’ai utilisé le système de responsabilités fréquemment mis en place
à la maternelle et leur ai confié des tâches : aller prévenir une
collègue, par exemple. Il fallait apprendre un message, s’entraîner
à le dire, traverser l’école seul et revenir.
Pour les élèves de type jaune, je laissais plus de liberté. Pinceaux,
colle, papier de couleur… étaient à leur disposition pour s’exprimer.
Lors des séances de danse ou de gymnastique, ils étaient toujours
les premiers à avoir envie de partager les pas qu’ils venaient
d’inventer.

158
7. Les styles d’apprentissage

Les élèves de type orange (ma couleur dominante) ne rencontraient


pas de difficulté particulière dans ma façon d’enseigner. Nous nous
comprenions facilement. J’étais en lien avec eux sans m’en rendre
compte.
J’ai trouvé qu’il était plus difficile de repérer les élèves de type violet
qui ont de grandes similitudes avec les élèves de type bleu. Il m’est
arrivé en cours d’année de découvrir qu’un élève était de type violet
quand, témoin ou victime d’une injustice à ses yeux, il venait me
trouver pour réclamer réparation, pour que son point de vue soit
entendu. Cela était visible surtout dans la cour de récréation lorsque
les élèves jouent ensemble et parfois trichent…
C’est avec les élèves de type vert que j’ai le plus changé ma façon
d’enseigner. Avec eux, pour qui la prise de parole devant
le groupe classe qui fait partie des activités quotidiennes est
toujours un moment difficile, voire douloureux, j’avais mis au point
un système. Je leur disais à l’avance ce que j’allais leur demander
et à quel moment ce serait leur tour de passer. Par exemple, je disais :
“Nathan, tu vas devoir répondre à cette question. Qu’avons-nous
fait dans la forêt hier ? Tu me répondras après que Anaïs, Clara et
Moussa auront répondu. Ce sera ton tour dans trois personnes”.
J’aménageais la classe, lorsque c’était possible de façon à laisser
de l’espace pour les élèves de type vert, pour qu’ils puissent
travailler au calme et je revenais les voir individuellement après avoir
donné la consigne oralement et collectivement en leur demandant :
“Dis-moi ce que tu dois faire.”
Le moment d’aide individualisée qui a été mis en place récemment
m’a permis d’établir une relation privilégiée avec ces élèves de
type vert. Pour moi qui suis une personne avec un niveau d’énergie
haut, j’ai appris à baisser le ton de ma voix, descendre mon niveau
d’énergie et j’ai utilisé ce moment pour proposer des activités en
relation duelle avec les élèves qui ne prennent pratiquement jamais
la parole devant le groupe-classe. Ces élèves qui ne m’adressaient
jamais la parole en dehors des moments “obligatoires” se sont mis
à échanger plus souvent avec moi et à accepter de prendre
la parole devant de petits groupes. Ils se sont sentis en confiance
et ont accepté de sortir un peu de leur silence, car ils savaient
que le groupe les accueillerait avec bienveillance. »

159
7. Les styles d’apprentissage

Influence du profil sur le style


d’enseignement
En tant qu’enseignants, quel que soit notre profil de person-
nalité, nous avons du mal à prendre conscience que le style
d’apprentissage que nous privilégions naturellement en cours
est celui avec lequel nous sommes le plus à l’aise, et c’est la
raison pour laquelle nous l’adoptons inconsciemment comme
notre style d’enseignement. Or, ce style en particulier n’est pas
le plus approprié, ni le plus efficace pour les élèves qui fonc-
tionnent différemment de nous. Les trois témoignages qui
suivent en sont l’illustration.

Témoignage de Marie-Line,
professeur de type jaune
« L’approche ludique que vous avez adoptée est sans doute
intéressante mais, enfin, ce n’est pas sérieux… on n’apprend pas
l’anglais en s’amusant ! »
Cette remarque résonne encore dans mes oreilles… vingt-cinq ans
plus tard ! Je débutais ma carrière de professeure d’anglais en tant
qu’intervenante extérieure dans des classes de primaire. Ce jour-là,
la directrice de l’école avait convié les professeurs de collège pour
une réunion intitulée « Lien CM2-6e ». Naturellement, elle m’avait
demandé de faire une brève intervention pour présenter mon travail
de l’année devant mes collègues. À ma grande surprise, je ne reçus
pas l’accueil enthousiaste auquel je m’attendais et la remarque citée
ci-dessus m’a particulièrement marquée et déstabilisée. Et de me
démontrer que ce qui attendait les élèves au collège était nettement
plus sérieux, nettement plus construit, nettement plus cadré…
nettement plus ANGLAIS ! Sur le moment, je n’ai pas su trouver
les mots pour justifier ma démarche pédagogique mais aujourd’hui,
forte de mon expérience, je peux l’affirmer : il n’y a rien de plus
sérieux que le JEU !

160
7. Les styles d’apprentissage

Il suffit de surprendre nos élèves en train de jouer dans la cour de


récréation ou en club de jeux de société pour faire ce constat simple :
ils sont méconnaissables ! D’ordinaire si facilement inattentifs,
turbulents et espiègles en cours, les voici concentrés, calmes et
sérieux quand il s’agit de jouer. Gare à celui qui ne respecte pas
les règles ! Gare à celui qui perturbe le bon déroulement du jeu !
Voici donc, vingt-cinq ans plus tard, la réponse argumentée
que je ferais à ma collègue d’anglais :
• Le jeu oblige l’élève à se concentrer sur les consignes. Sans
connaître les règles du jeu, on ne joue pas ! Dans ce cadre précis,
la compréhension orale prend tout son sens et son importance.
• Le jeu permet d’agir et d’interagir au sein d’un groupe. Il permet
une immersion totale et immédiate dans l’interaction qui est
si difficile à développer plus tard, dans un cadre moins ludique
et plus formel.
• Le jeu permet à l’élève de progresser, une fois libéré de la peur
de se tromper. Cette peur est le handicap majeur de tout élève
et elle le paralyse au moment précis où il est appelé à mobiliser
ses connaissances, à l’oral comme à l’écrit. Le jeu dédramatise
le processus d’apprentissage à tous les niveaux, et pas seulement
en primaire.
• Par le jeu, l’élève apprend à respecter les règles : attendre
son tour, finir une partie en cours, accepter de perdre, ne pas
tricher… En bref, grâce au jeu, il intègre les contraintes
de l’apprentissage collectif. De ce fait, le jeu est un réel facteur
de cohésion du groupe.
• Le jeu permet une nouvelle approche des éléments linguistiques
qui ont été déjà introduits, appris, révisés… oubliés. Nos élèves
ont souvent « une overdose » des mêmes règles grammaticales,
des mêmes listes lexicales, des mêmes thèmes et il nous faut
« ruser » pour revenir en arrière et s’assurer des acquis sans
cet effet de lassitude qui mène systématiquement à un
phénomène de décrochage que nous connaissons bien.
Ce phénomène guette tous mes collègues de primaire si
les élèves qu’ils accueillent en cycle 3 ont déjà plusieurs années
d’anglais à leur actif !
• Le jeu donne une perspective motivante à l’apprentissage dans
un cadre scolaire qui demeure très artificiel malgré tous nos
efforts. Par exemple, je suis sûre que mes élèves de sixième,
y compris les plus récalcitrants, seront à jour de leurs nombres

161
7. Les styles d’apprentissage

de 1 à 99 le jour du loto. De même, mes concours grammaticaux


avec brownies en terminale sont l’occasion de cibler des lacunes
à combler pour le bac avec une petite note gourmande qui motive
plus les élèves que le simple fait de réviser pour réviser !
Vous voici convaincus : on peut très bien apprendre en s’amusant
à tous les niveaux dans un cadre contraignant… et sérieux !

L’effort déployé par Marie-Line pour nous convaincre du


bien-fondé et du sérieux de son approche ludique de l’enseigne-
ment de l’anglais est remarquable. Si vous êtes de type jaune,
vous devez vous sentir « réhabilité » par son témoignage. En
effet, le professeur de type jaune s’autorise difficilement à être
lui-même dans une salle de classe, car il a peur de ne pas être
pris au sérieux tant son style d’enseignement se démarque du
traditionnel cours magistral. Mais la pédagogie par le jeu ne
convient pas à tous les élèves. Certains peuvent être même dés-
tabilisés par cette approche ludique.
Il faut savoir que tout enseignant, sans en être conscient, pri-
vilégie son propre style d’apprentissage quand il fait cours. Son
raisonnement est simple : puisque moi, professeur, j’apprends de
cette manière, mes élèves fonctionnent sur le même modèle. Si
je leur inculque ma façon d’apprendre, je m’assure automatique-
ment de leur bonne compréhension. Or, les styles d’apprentis-
sage nous confrontent au même processus d’incompréhension
que les filtres de perception et de communication.

162
7. Les styles d’apprentissage

Un exemple d’influence du profil bleu


sur le style d’enseignement
Si je suis comme Quentin un professeur de type bleu, j’apprends
par la pensée. En privilégiant la logique et l’analyse dans ma manière
d’enseigner, je ne suis pas du tout sur la même longueur d’onde
que celle d’une élève de type orange qui apprend par les sentiments
et qui a besoin de faire un lien entre mon cours et son vécu.
Si cette élève « sèche » sur un travail et m’explique ses difficultés
en me disant qu’elle « ne sent pas » l’exercice donné, il y a de fortes
chances que je sois désarçonné par sa réponse, tant elle est
irrationnelle et incompréhensible de mon point de vue. Je serais
même tenté de voir dans cette situation de blocage de
la mauvaise volonté de sa part ou de la provocation.

Soyons clairs : il n’existe aucune hiérarchie entre les diffé-


rents styles d’apprentissage et aucun n’est à privilégier ou à
proscrire. Mais, au cours de la même séquence pédagogique,
nous pouvons nous exercer à expérimenter d’autres styles
d’apprentissage que le nôtre pour nous donner les moyens
d’observer leur effet et mesurer leur efficacité sur le groupe-
classe. Nos élèves sauront certainement nous renseigner sur
« ce qui marche pour eux ». Forts de cette expérience, nous
pourrons ensuite adopter ces différents styles de manière déli-
bérée pour assurer un apprentissage motivant et valorisant pour
tous nos élèves et ce, quel que soit leur profil de personnalité.
Pour tous les enseignants qui ont en charge l’aide individua-
lisée en primaire, collège et lycée, la prise en compte des diffé-
rents styles d’apprentissage des élèves nous paraît essentielle
pour que leur travail de soutien soit réellement profitable.

163
7. Les styles d’apprentissage

Témoignage de Mickaël (suite)


« Avec les étudiants, la méthode a mis en lumière mon approche
verte où j’essaye de comprendre en profondeur ce que j’enseigne
dans mes cours et où j’insiste beaucoup sur la chaîne de raisonne-
ment derrière les concepts. Je constate que les étudiants qui réus-
sissent le mieux avec moi sont évidemment aussi des types verts !

Cette prise de conscience m’a encouragé à varier mon style de


communication plus souvent : j’intègre davantage d’humour (pour
les types jaunes), j’introduis parfois des défis (pour les types
rouges), j’explique plus souvent le sens ou l’utilité du contenu
du cours (pour les types violets). Je suis aussi devenu plus ouvert
dans ma notation et j’accepte plus généreusement des réponses
qui ne correspondent pas exactement à mon raisonnement
mais qui sont néanmoins vraies. »

Les témoignages d’Hélène, Marie-Line, Quentin et Mickaël


nous réconfortent dans l’idée qu’il n’existe pas un style d’en-
seignement « modèle », unique pour tous, et qu’il est temps
d’explorer, pour le plus grand profit de nos élèves respectifs,
toute la palette de nos compétences et de nos talents. C’est ce
que nous vous invitons à faire dans le chapitre suivant.

Six façons d’apprendre


Pour faciliter l’accès au savoir pour tous, retenir les six styles
d’apprentissage définis par le modèle vous sera utile :
- Apprendre par le jeu (profil jaune).
- Apprendre par la pensée (profil bleu).
- Apprendre par le sens (profil violet).
- Apprendre par les sentiments (profil orange).
- Apprendre par la réflexion (profil vert).
- Apprendre par l’action (profil rouge).

164
8. La communication
avec les élèves

L es difficultés que nous


avons à communiquer
avec certains de nos
Votre personn
a li té
votre commun inf luence
élèves ou de nos collègues ication
peuvent s’expliquer par le fait que nous
percevons les informations différemment selon notre profil
de personnalité. Ce filtre de perception, caractéristique
de notre profil dominant, influence notre mode
de communication et nos comportements.

Les filtres de perception


et de communication
Nous entrons en contact avec le monde extérieur avec la ten-
dance dominante de notre profil de personnalité, aussi bien
dans notre perception des choses (filtre de perception) que dans
notre communication avec autrui (filtre de communication).
Le cercle extérieur du diagramme ci-après (voir également
reproduction en couleurs page 190) symbolise, de manière
visuelle, ce filtre de perception et de communication qui est
de la même couleur que notre profil dominant. C’est comme si
nous portions en permanence des lunettes avec des verres tein-
tés sans en avoir conscience. Ce filtre « colore » nos perceptions
– ce que nous entendons, voyons, ressentons – et notre manière

165
8. La communication avec les élèves

de nous exprimer par le verbal (les mots, les styles de phrases


ou d’expressions), le paraverbal (le ton, la voix, le rythme), le
non-verbal (les expressions du visage, la gestuelle, la position
du corps).

Le cercle extérieur
indique le filtre
de perception et
de communication
de la dominante rouge

Figure 8 : Diagramme avec représentation


des filtres de perception et de communication
(reproduction en couleurs page 190)

La connaissance de ces phénomènes est essentielle dans un


métier autant axé sur la communication que celui de professeur.
En apprenant à identifier les différents filtres de perception
et de communication, et en prenant conscience des vôtres, vous
pourrez :
––Comprendre les différents modes de communication.
––Identifier le mode de communication des autres.
––Adapter votre discours selon le filtre de perception de l’autre.
––Savoir faire passer vos messages de manière plus efficace.
––Éviter les tensions et les conflits qui émanent de votre diffi-
culté à être sur la même longueur d’onde que celle de votre
interlocuteur.

166
8. La communication avec les élèves

☛☛Comme des lunettes colorées


L’enseignant, dans une relation « gagnant/gagnant » avec
ses élèves, ressemble quelque peu à un acteur à qui l’on aurait
donné à jouer six rôles différents, identifiables par six paires
de lunettes différentes. Il change de lunettes à chaque fois qu’il
veut s’adresser individuellement à tel ou tel élève dans la classe.
Vous vous direz sans doute : IM-PO-SSIBLE !
Or chacun d’entre vous a cette capacité, à condition toutefois
de l’avoir développée et de l’utiliser au quotidien dans ses mul-
tiples interactions avec les autres. En prendre conscience est
l’étape indispensable pour commencer cet apprentissage.
De fait, il faut absolument éviter d’adopter une vision mono-
chrome de soi-même. Nul n’est réduit à une seule couleur :
sa couleur dominante représentant son profil de personnalité
dominant. Chacun d’entre nous possède deux ou trois couleurs
« fortes » dans son profil : elles s’affichent sous forme de rem-
plissage élevé sur le diagramme ComColors®. Vous exploitez
simultanément ces caractéristiques fortes de votre profil lorsque
vous vous adressez au groupe-classe. Bien entendu, plus les six
couleurs de votre profil sont développées, plus vous êtes aptes
à adapter spontanément votre mode de communication et votre
style d’enseignement à tel ou tel élève, selon son profil. Cette
maîtrise vous permet de sortir momentanément de votre zone
de confort sans ressentir un stress excessif.
Dans les pages qui suivent, vous allez apprendre à reconnaître,
dès les premières minutes d’un entretien, la couleur dominante
de la personne en face de vous, grâce à son mode de communica-
tion. Vous pourrez ainsi vous « synchroniser » sur elle.

167
8. La communication avec les élèves

☛☛Les trois modes de communication


Voici quelques indications concrètes pour savoir comment
identifier votre propre mode de communication.

✗✗ Communication non-verbale
Lorsque vous parlez au quotidien, de façon naturelle, faites-
vous beaucoup de gestes ? Parlez-vous avec les mains ?
Si votre réponse est « oui » : votre profil dominant est pro-
bablement d’une couleur chaude (rouge, jaune ou orange).
Si votre réponse est « non » : votre profil dominant est pro-
bablement d’une couleur froide (bleu, violet ou vert).

✗✗ Communication paraverbale
Avez-vous une voix monocorde ou plutôt modulée ?
Si votre réponse est « monocorde » : votre profil dominant
est probablement d’une couleur froide (bleu, violet ou vert).
Si votre réponse est « modulée » : votre profil dominant est
d’une couleur chaude (rouge, jaune, orange).
Votre visage est-il expressif lorsque vous parlez ?
Votre visage n’exprime pas beaucoup d’émotions : votre
profil dominant est d’une couleur froide (bleu, violet ou vert).
Votre visage est animé et expressif : votre profil dominant
est d’une couleur chaude (rouge, jaune, orange).

✗✗ Communication verbale
Quel type de communication utilisez-vous ?
Pour les profils dominants de couleurs froides :
Vous donnez beaucoup d’informations et vous recherchez
les faits : votre profil dominant est probablement de type bleu.
Vous donnez votre avis souvent et vous êtes intéressé par
l’avis des autres et les débats d’idées : votre profil dominant
est de type violet.

168
8. La communication avec les élèves

Vous demandez souvent aux autres un temps de réflexion


avant de répondre aux questions que l’on vous pose : votre
profil dominant est de type vert.
Pour les profils dominants de couleurs chaudes :
Vous avez des expressions à vous ou branchées. Votre
manière de parler est parfois relâchée : votre profil dominant
est de type jaune.
Les mots utilisés sont doux, chaleureux, attentionnés :
votre profil dominant est de type orange.
Dès qu’il ne se passe plus rien, vous dites : « Bon, qu’est-
ce qu’on décide ? » : votre profil dominant est de type rouge.
Mais vous vous êtes retrouvé dans toutes les couleurs. C’est
normal. Vous êtes le plus difficile à cerner, puisque votre côté
caméléon vous fait prendre l’apparence de votre environnement.

☛☛Les couleurs et les modes de perception


et de communication
Maintenant que vous avez identifié votre profil dominant,
découvrez les détails concernant votre filtre de perception et
de communication. Vous pourrez alors vous synchroniser sur
votre interlocuteur pour établir une communication plus fluide
et efficace avec lui. Franck Jullien précise qu’« améliorer sa
communication avec l’autre demande juste de sortir de son mode
de communication habituel pour établir le contact dans le mode
de perception de son interlocuteur ».

 éagir : le mode de perception de la personne


R
de type jaune
Le type jaune perçoit le monde à travers sa spontanéité, le
jeu et le rebond. Il rebondit sur les situations, les mots, les
expressions et communique avec lui selon les modes suivants :

169
8. La communication avec les élèves

––Le non-verbal : les gestes sont animés, fluides, expressifs. Les


yeux pétillent, le regard est malicieux, avec un plissement des
yeux, il souffle comme s’il était fatigué. Le corps est mobile et
bouge avec aisance et une grande liberté.
––Le verbal (mots et expressions) : yes, génial !, super, trop fort,
chouette, j’adore, c’est génial, c’est nul… il a un langage très
imagé avec des expressions qui lui sont personnelles et qu’il
n’aime pas que l’on copie.
––Le paraverbal (ton de voix) : modulé, avec de fortes varia-
tions. Il peut passer d’un extrême à l’autre : plombé ou plein
d’énergie.

 enser : le mode de perception de la personne


P
de type bleu
Le type bleu perçoit le monde à travers les faits, les infor-
mations et la logique et communique avec lui selon les modes
suivants :
––Le non-verbal : peu de gestes, peu d’expressions du visage. Se
frotte le menton quand il réfléchit, serre sa mâchoire en tirant
ses lèvres sur les côtés, plisse son front en lignes parallèles
quand il essaie de comprendre quelque chose. Position droite.
––Le verbal (mots et expressions) : je pense, je comprends,
précisément, tout à fait, en fait, c’est un fait, c’est clair…
––Le paraverbal (ton de voix) : monocorde, neutre, avec peu
d’émotion.

 valuer : le mode de perception de la personne


É
de type violet
Le type violet perçoit le monde à travers ses idées et ses
valeurs et communique avec lui selon les modes suivants :
––Le non-verbal : peu de gestes, peu d’expressions. Le visage
est assez impassible, les yeux perçants et/ou scrutateurs, il
contracte les lèvres, resserre la bouche quand ce qui est dit

170
8. La communication avec les élèves

n’est pas juste, incomplet ou mal dit (il exprime son doute).
Il se tient droit.
––Le verbal (mots et expressions) : je crois, je suis convaincu,
à mon avis, il faudrait, êtes-vous bien sûr ? Est-ce que vos
informations ont été vérifiées ?
–– Le paraverbal (ton de voix) : monocorde, convaincu et convain-
cant, avec peu de modulation.

 essentir : le mode de perception de la personne de


R
type orange
Le type orange perçoit le monde à travers ses sentiments et
ses émotions, et communique avec lui selon les modes suivants :
––Le non-verbal : les bras ouverts, les mains tournées vers
l’extérieur, visage souriant, les dents supérieures visibles,
la tête penchée sur le côté, le menton en avant, guettant
l’approbation.
––Le verbal (mots et expressions) : j’apprécie, je ressens, je suis
touché, ça me fait plaisir, ce n’est pas grave, je me sens bien…
––Le paraverbal (ton de voix) : doux, chaleureux, amical,
agréable. La voix monte dans les aigus en fin de phrase.

 éfléchir : le mode de perception de la personne de


R
type verte
Le type vert perçoit le monde à travers sa réflexion, son ima-
gination et sa vision et communique avec lui selon les modes
suivants :
––Le non-verbal : pas de gestes, visage impassible. Peu de rides.
Les yeux dans le vague. Le regard tourné vers l’intérieur. Le
type vert ne se positionne pas toujours clairement dans un
espace qu’il ne connaît pas et semble ne pas trouver sa place
immédiatement, il reste en retrait.
––Le verbal (mots et expressions) : j’ai réfléchi, je pense que…,
je vais y réfléchir, une idée m’est venue à l’esprit, j’imagine,

171
8. La communication avec les élèves

j’ai pensé à quelque chose, prenons du recul, laissons-nous un


peu de temps, je ne sais pas, comment vois-tu les choses ?
– Le paraverbal (ton de voix) : monocorde, neutre, sans modu-
lation, calme.

Agir : le mode de perception de la personne


de type rouge
Le type rouge perçoit le monde à travers l’action et commu-
nique avec lui selon les modes suivants :
– Le non-verbal : adapté à ceux de son interlocuteur. Un visage
impassible ou, au contraire, expressif et très mobile. Il a
besoin de bouger et de mettre son corps en action. Il marche
en réfléchissant.
– Le verbal (mots et expressions) : c’est excitant, c’est un vrai
challenge, je me lance, j’y vais, bon qu’est-ce que l’on fait ?
Arrête de réfléchir et fais-le !, fonce…
– Le paraverbal (ton de voix) : adapté à celui de son interlocu-
teur donc monocorde ou modulé.
Pour illustrer la façon dont un professeur peut consciemment
adapter son mode de communication, pour être sur la même
longueur d’onde que celle de son élève, nous allons faire un
flash-back. Il s’agit de reprendre le dialogue entre Aline, de pro-
fil orange, avec son professeur, de type bleu, maintenant que ce
dernier a pris connaissance du modèle ComColors®.

Aline et son professeur : épilogue


La sonnerie vient de retentir et Aline, élève de seconde ST2S,
s’approche du bureau de l’enseignant et s’adresse à lui en ces mots :
L’élève : « Vous m’aimez pas m’sieur ! »
L’enseignant : « Ma petite Aline, pourquoi dis-tu ça ? »
L’élève : « J’sais pas. Je le sens. »

172
8. La communication avec les élèves

L’enseignant, occupé à ranger ses affaires dans son cartable,


s’arrête net. Il lève la tête et fixe Aline, un sourire aux lèvres :
« Je vois bien que tu n’es pas bien. Qu’est-ce qui te chagrine ? »
L’élève, d’un ton hésitant : « … je… vous… faites comme si j’étais
pas là. »
L’enseignant entreprend d’effacer le tableau, mais suspend son
geste : « Je suis vraiment désolé de te donner cette impression.
Tu sais, vous êtes nombreux dans cette classe, alors c’est vrai
que je ne prends pas toujours le temps de m’occuper de vous
individuellement comme je le voudrais. Ceci est valable pour toi,
mais également pour chacun de tes camarades. »
Sur ces mots prononcés d’un ton chaleureux, il s’apprête à quitter
la classe, car il est déjà en retard de quelques minutes pour le cours
suivant.
« Écoute, j’ai cours dans l’immédiat, mais viens me voir en salle 104
à la récréation et nous prendrons le temps d’en reparler. Veux-tu ? »
Rassurée par ce signe d’attention, Aline a retrouvé son beau sourire.
« Oh, oui, m’sieur. Cela me ferait plaisir… ça vous dérange pas trop ? »
« Écoute, si je te le propose, c’est que cela me fait plaisir.
Oh, je vais être vraiment en retard et je n’aime pas ça.
Veux-tu me rendre un service ? »
« Oh oui, m’sieur ! »
« Si tu pouvais m’effacer le tableau, je t’en serais très
reconnaissant ! »
Aline, toute contente, de rendre service, se précipite
pour saisir le tampon des mains de son professeur.

Le professeur, par ses propos bienveillants et rassurants, a


nourri instantanément la motivation d’Aline. Il est sorti de son
mode de communication habituel pour établir le lien avec son
élève de profil orange. Pour ce faire, il a quitté son mode logique
pour se brancher sur le mode ressenti propre à Aline. Il lui a
suffi de moduler ses mots, le ton de sa voix, ses gestes pour
être sur la même longueur d’onde qu’elle. Une fois sorti de la
classe, il retrouve naturellement son filtre de perception et de

173
8. La communication avec les élèves

communication de type bleu. Si Aline avait tendu l’oreille, elle


l’aurait entendu entrer dans la salle d’à côté en s’adressant à
ses élèves en ces mots : « Excusez-moi pour ce retard. Un petit
problème à régler en urgence. Je pense que nous avions prévu de
parler aujourd’hui de la désertification. Est-ce exact ? »
Les réunions avec les parents peuvent être source de stress
pour l’enseignant, car il est souvent obligé d’adapter son dis-
cours et son comportement dans l’improvisation totale. Hélène,
enseignante en maternelle, témoigne de l’apport du modèle
ComColors® dans ces situations d’interaction.

Témoignage d’Hélène (suite)


« Auprès des parents que nous rencontrons matin et soir à l’école
maternelle, j’ai adapté ma communication afin d’être entendue.
Cela a été utile, surtout lorsqu’un élève rencontre des difficultés
scolaires ou relationnelles et que nous sollicitons un rendez-vous
avec ses parents pour leur en parler. L’école est un lieu qui ravive
des souvenirs qui ne sont pas toujours heureux pour les familles.
Je me suis efforcée d’entendre ce que les parents avaient à me dire
en me mettant sur la même longueur d’onde.
Un parent de type rouge n’a pas envie d’entendre un long discours,
il faut aller directement aux faits. Un parent de type violet aura
besoin que son point de vue soit entendu. Un parent de type bleu
voudra que vous lui exposiez les stratégies que vous avez mises en
place avec son enfant pour remédier aux difficultés qu’il rencontre.
Un parent de type jaune aura envie de se marrer avec vous et qu’on
n’en fasse pas tout un plat. Un parent de type orange arrivera inquiet
que vous l’ayez convoqué et essaiera de faire de son mieux pour
que la situation s’arrange et un parent de type vert vous avouera
qu’il était en difficulté à l’école, si vous acceptez de prendre le temps
d’échanger avec lui, sur un ton feutré et en acceptant les silences
lors de l’entretien.
J’ai vraiment senti combien comprendre et accepter les élèves
tels qu’ils étaient a modifié ma pratique et augmenté
ma tolérance. »

174
8. La communication avec les élèves

Comment mieux communiquer


avec les autres
Notre expérience montre qu’il n’est pas aisé de s’entraîner à
adapter notre communication au filtre de perception de notre
interlocuteur. Intellectuellement, tout ce que nous venons
de décrire est simple à comprendre, mais nous pouvons nous
décourager très vite si nous n’obtenons pas des résultats rapides.
Plusieurs facteurs freinent l’utilisation des filtres de perception
et de communication.

☛☛On a le droit de se tromper


Le premier est lié à la difficulté à identifier le profil de person-
nalité de notre interlocuteur. Nous sommes portés à croire que,
si nous ne réussissons pas à identifier sa couleur dominante, à
« tomber juste » d’emblée, nous ne réussirons pas à commu-
niquer avec lui. Cette réticence est due à la peur de mal faire,
d’être en échec, de sortir de notre zone de confort. En réalité,
nous ne risquons rien à nous tromper.
En revenant au cas d’Aline, imaginons que l’enseignant se
soit trompé dans son diagnostic en décidant qu’elle était de
type jaune. Il aurait alors fait de l’humour, tenté de la faire
rire pour détendre l’atmosphère. Or, ce procédé est totalement
inefficace face à une personne de type orange. Au final, l’indif-
férence d’Aline à son humour aurait permis au professeur de
comprendre qu’il faisait fausse route. Néanmoins, Aline y aurait
vu là une tentative de sa part de s’intéresser à elle et aurait été
touchée par la volonté affichée de son professeur de faire un pas
vers elle. Connaissant bien son mode habituel de communica-
tion en classe, elle aurait été sensible à l’effort maladroit qu’il
faisait pour elle. Finalement, ses avancées hasardeuses et ses
quelques tâtonnements auraient été profitables en montrant à

175
8. La communication avec les élèves

Aline qu’il cherchait à la rejoindre, et c’est précisément ce dont


elle avait besoin plus que des recettes toutes faites.
Aurait-il trouvé le bon filtre de communication s’il n’avait
pas accepté de se tromper ? Sa tentative maladroite de commu-
niquer avec Aline était-elle dommageable ? Certainement pas,
puisqu’il ne tentait pas de prendre le pouvoir sur elle en l’enfer-
mant dans sa façon de la percevoir.

☛☛Proscrire les « étiquettes »


Un autre facteur qui freine la bonne utilisation des filtres de
perception et de communication est lié à la tentation de vouloir
prendre des raccourcis. Il nous faut éviter des formules globa-
lisantes comme celles-ci : « Il aime faire du sport, il est de type
rouge », « Elle est gentille, elle est de type orange », « Il est
lent, il doit être de type vert », etc. Ces raccourcis sont dange-
reux et vont à l’encontre des principes fondateurs du modèle
ComColors®.
Dès que nous voulons poser une étiquette de couleur sur
quelqu’un, nous l’enfermons dans une nouvelle représentation
que nous avons de lui et nous l’empêchons d’être lui-même et
de révéler son potentiel. Ce n’est certainement pas la démarche
positive et constructive que nous prônons dans l’application
de ce modèle à l’enseignement et à l’orientation. Plutôt que de
vouloir être dans le contrôle mental de l’utilisation du modèle
à la communication, nous vous proposons une démarche plus
authentique.

☛☛Être dans l’acceptation de soi


Nous avons tous constaté que, lorsque nous revenons de
vacances, détendus, reposés et ressourcés, nous sommes
capables de mieux nous adapter à diverses situations et nous

176
8. La communication avec les élèves

faisons preuve de souplesse dans nos relations avec les autres.


Ceci n’est plus vrai à la veille des vacances. Épuisés, à bout phy-
siquement et nerveusement, nous avons alors tendance à nous
accrocher beaucoup plus facilement avec les autres et nous avons
pratiquement perdu « notre souplesse relationnelle ». Comment
expliquons-nous ce changement radical de comportement ?
Lorsque nos batteries sont rechargées en énergie positive
et notre motivation nourrie, nous sommes capables d’utiliser
toutes les facettes de notre personnalité et nous adaptons natu-
rellement notre communication aux autres sans réfléchir. Nous
sommes alors capables de faire preuve d’humour (jaune), de
tenir des raisonnements logiques (bleu), d’exprimer nos émo-
tions (orange) et nos convictions (violet), de laisser venir les
idées (vert) et de prendre des décisions (rouge). Rien n’est plus
simple pour nous.
En revanche, lorsque notre motivation n’est pas stimulée,
nous restons coincés dans les comportements sous stress de nos
couleurs dominante et secondaire, et nous ne réussissons plus à
adapter notre communication aux autres.
Notre priorité devient donc de stimuler notre motivation et
satisfaire notre bien-être avant toute chose. C’est à cette condi-
tion que nous pouvons développer une communication efficace,
fluide et harmonieuse avec les autres sans trop d’efforts. Nous
n’avons pas besoin d’apprendre des techniques ou d’appliquer
des recettes pour bien communiquer avec eux car nous le fai-
sons le plus naturellement possible quand nous sommes en har-
monie avec nous-mêmes.
S’il est vrai que la connaissance des filtres de perception et
de communication aide à adopter le bon registre avec notre
interlocuteur, adapter notre communication aux autres passe
avant tout par une meilleure connaissance de nous-même et
l’acceptation des autres tels qu’ils sont.

177
8. La communication avec les élèves

Témoignage d’Adélaïde, professeur


d’anglais
« Après neuf années d’enseignement en lycée et collège, j’ai décidé
de me former à la méthode ComColors® pour m’y prendre autrement,
car le métier m’épuisait. Comprendre comment je fonctionne au
travail a été une prise de conscience qui a mis du temps. Avant la
formation, je m’étais toujours perçue spontanément comme empa-
thique, m’occupant du bien-être de la classe en général
et des élèves en particulier, et j’aimais cette identité. Or, prendre
conscience d’autres aspects de ma personnalité, telle la couleur
violet, qui s’est révélée être ma couleur dominante, a été salutaire.
Accueillir cette autre couleur qui était en sourdine, mais bien là
avec ses exigences, ses tyrannies, mais aussi son discernement
m’a donné un regard plus objectif sur moi-même.
La pleine acceptation de ma couleur violet m’a ouvert à une force
supplémentaire que je n’exploitais que peu et surtout dans des
situations négatives. Je me laisse moins emballer et prendre à mon
propre jeu. J’apprends à mieux tempérer les élans impétueux et
justiciers du violet et à tomber moins facilement dans le piège
« orange » de voler au secours des élèves à tout prix ou de tout
prendre de plein fouet. D’autant plus que, développant ma couleur
vert depuis quelque temps, je m’autorise plus pleinement à prendre
du temps pour moi, ce qui crée une distance bienfaisante.
La compréhension plus nuancée de moi-même a aussi fait évoluer
ma relation avec mes collègues, plus particulièrement dans les
tensions. Cette année, par exemple, lors d’une collaboration difficile
avec l’assistante de profil rouge qui semait insidieusement la division
dans la classe, ma tendance naturelle aurait été de me sentir d’abord
trahie et maltraitée et puis de confronter l’assistante pour la remettre
à sa place. Étant consciente de ma pente naturelle, j’ai appris durant
l’année à gérer la situation de façon moins émotionnelle, plus
objective, plus constructive et de mener à bien la pièce de théâtre
qu’on montait ensemble. Je l’ai, par exemple, laissée plus souvent
en solo en lui donnant un objectif à atteindre avec quelques élèves
sur une heure, plutôt que de rester tous ensemble et d’essayer de
travailler en binôme à tout prix. Je suis convaincue que c’est
la double prise de conscience, celle de mes réactions spontanées
et celle de la compréhension de son comportement en fonction

178
8. La communication avec les élèves

de sa couleur dominante, qui m’a permis de gérer ce conflit latent


avec une meilleure stratégie et plus d’aplomb.
C’est bien sûr avec les élèves que je tire le plus de profit de cette
approche. M’autoriser à être plus moi-même me permet, par ricochet,
d’autoriser les élèves à être plus eux-mêmes. Comprendre plus
profondément comment et pourquoi ils agissent de telle manière a
déployé une nouvelle forme d’empathie à leur égard : une empathie
plus choisie, raisonnée, moins affective, peut-être plus centrée
sur eux et un peu moins centrée sur moi. Par exemple, pour faire
progresser les élèves, j’adoptais régulièrement le même genre
de commentaires écrits sur les copies ou les bulletins. Consciente
désormais des leviers très forts de chacun, j’ajuste les commen-
taires suivant le profil de l’élève pour qu’ils deviennent moins “jargon
scolaire” et plus parlants et motivants.
Le plaisir d’enseigner grandit au fur et à mesure que j’ajuste
mes attentes qui jadis étaient “toutes-puissantes”. Je me
laisse un peu plus “être” et m’accorde le même plaisir.
Je découvre une nouvelle détente. »

179
180
Tableau récapitulatif : les six types de personnalité, leurs filtres de perception et de communication

Les six Filtre de communication


types Filtre de
de perception
personnalité Le non-verbal Le verbal Le paraverbal

Gestes animés, fluides, expressifs Génial, super Modulé, avec de fortes


Regard malicieux Chouette, j’adore variations
Le type jaune Réagir
8. La communication avec les élèves

Yeux pétillants C’est génial


C’est nul

Peu de gestes Je pense, je comprends Monocorde, neutre


Peu d’expressions du visage Précisément, tout à fait
Le type bleu Penser
Se frotte le menton C’est clair
Position droite

Peu de gestes Je crois, je suis convaincu Monocorde


Peu d’expressions À mon avis Convaincu et convaincant
Le type violet Évaluer Yeux perçants et/ou scrutateurs Il faudrait Peu de modulation
Lèvres contractées Êtes-vous bien sûr ?
Corps droit ➙
Les six Filtre de communication
types Filtre de
de perception
personnalité Le non-verbal Le verbal Le paraverbal

Visage souriant J’apprécie, je ressens Doux, chaleureux


Le type orange Ressentir Corps penché vers l’autre Je suis touché, ça me fait plaisir Amical, agréable
Gestes d’ouverture Ce n’est pas grave

Pas de gestes J’ai réfléchi Monocorde


Visage impassible Une idée m’est venue à l’esprit Neutre
Le type vert Réfléchir
Yeux dans le vague regard tourné J’imagine, prenons du recul Calme
vers l’intérieur Je ne sais pas

Adapté à son interlocuteur C’est excitant Adapté à celui de son


Visage impassible ou très expressif Je me lance interlocuteur : monocorde ou
Le type rouge Agir
Corps en action J’y vais modulé
Fonce ! Qu’est-ce que l’on fait ?
8. La communication avec les élèves

181
Conclusion
De toutes nos années de scolarité, nombreux sommes-nous
à avoir gardé le souvenir marquant d’un enseignant. Peut-être
est-il à l’origine même de notre choix de métier.
Ses anciens élèves n’ont sans doute pas le même souvenir de ce
professeur sorti du lot. Son humour, ses exigences, ses valeurs,
sa bienveillance, son calme et ses défis pourraient faire l’objet de
leurs évocations respectives. À écouter leurs différents témoi-
gnages, on peut mettre en doute le fait qu’il s’agisse du même
et unique professeur. Sa méthode polyvalente d’enseigner a fait
cette prouesse : chacun de ses élèves a trouvé dans ses cours de
quoi nourrir sa propre motivation.
Le plaisir d’apprendre naît dans cet espace sécurisant où
chaque élève a la conviction qu’il peut progresser, à son propre
rythme, sans risquer des moqueries ou des réprimandes pour
ses erreurs ou ses lacunes. Il y est accepté tel qu’il est sans être
jugé ou catalogué.
Pour s’adapter aux besoins de chacun de ses élèves tout en
faisant vivre le groupe-classe, l’enseignant doit faire preuve de
volonté, d’inventivité et de souplesse relationnelle. Il lui faut
régulièrement remettre en question ses méthodes pédagogiques
pour rester au plus près de la réalité de sa classe et ne pas céder
au découragement. Il est alors primordial, pour lui, de bien se
connaître et de savoir activer les ressorts de sa propre motiva-
tion, afin de renouveler son plaisir d’apprendre et d’enseigner
dans l’exercice de son métier.

183
Bibliographie
Belbin Meredith, Les Rôles en équipe, Paris, Les Éditions
d’Organisation, 2003.
Berne Éric, Que dites-vous après avoir dit bonjour ?, Sand &
Tchou, 1972.
Boyer Rémi, Enseignant… et après ? Comment préparer et
réussir sa seconde carrière, Paris, Les Savoirs inédits, 2009.
Boyer Rémi, Enseignants et mobilité professionnelle. Conseils et
outils pour choisir la vôtre, Paris, Les Savoirs inédits, 2011.
Cardon Alain, Lenhardt Vincent, Nicolas Pierre, Mieux vivre
avec l’analyse transactionnelle, Eyrolles Pratique, 2007.
Janot-Bergugnat Laurence, Rascle Nicole, Le Stress des ensei-
gnants, Paris, Armand Colin, 2008.
Jullien Franck, Découvrir sa personnalité et celles des autres,
Paris, Eyrolles, 2009.
Jullien Franck, Gallerey Christian, Kleinberg Catherine,
Topall Guy, Les 6 couleurs du manager : managez selon
votre personnalité… et celle des autres !, Bruxelles, De Boeck,
2011.
Jullien Franck, Pourquoi je stresse ? Les 6 couleurs de mon
stress, Paris, Eyrolles, 2013.
Tamano Marion, Grammar Cards : pour apprendre et compren-
dre la grammaire anglaise, Crozon, Les Éditions
Buissonnières, 2008.

185
Bibliographie

Ouvrages sur le modèle ComColors® :


Jullien Franck, Découvrir sa personnalité et celles des autres,
Paris, Eyrolles, 2009.
Jullien Franck, Gallerey Christian, Kleinberg Catherine,
Topall Guy, Les 6 couleurs du manager : managez selon
votre personnalité… et celle des autres !, Bruxelles, De
Boeck, 2011.
Jullien Franck, Pourquoi je stresse ? Les 6 couleurs de mon
stress, Paris, Eyrolles, 2013.

Pour tout renseignement concernant nos formations,


contactez-nous :
Marion Tamano : marion.tamano@gmail.com
Franck Jullien : franck.jullien@comenius.fr
Dorothée Fox : dfox.comcolors@gmail.com

Pour obtenir votre profil ComColors® :


Contactez-nous à l’adresse suivante : profil@comcolors.com

186
Annexe

Figure 1 : La couleur dominante et la couleur secondaire.

Figure 3 : Le diagramme ComColors®

187
Annexe

Figure 4 : Le cerveau reptilien/limbique/néocortex

Cerveau Cerveau
gauche droit

Figure 5 : Cerveau gauche/Cerveau droit

188
Annexe

Figure 6 : Exemple de comportement sous stress avec dominante jaune


et secondaire rouge

Figure 7 : Diagramme représentant la dynamique interne

189
Annexe

Le cercle extérieur
indique le filtre
de perception et
de communication
de la dominante rouge

Figure 8 : Diagramme avec représentation


des filtres de perception et de communication

190

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