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Collection
Pratiques et enjeux pédagogiques
dirigée par Michel Develay
ISBN 978-2-7101-2865-6
ISSN 1275-0212
www.esf-editeur.fr
L’erreur,
un outil
pour enseigner
ean-Pierre Astolfi est professeur de sciences de l’éducation à
J l’université de Rouen. Dans le cadre de l’Institut national de
recherche pédagogique (INRP), il a conduit des recherches en
didactique des sciences, et est l’auteur de nombreuses publica-
tions. Ses travaux se centrent sur les conditions à réunir pour que
les apprentissages scolaires aboutissent à une maîtrise effective
des savoirs par les élèves.
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* *
Introduction ............................................................................. 7
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4. Professionnels du traitement de l’erreur ? ....................... 99
Pas l’affectivité !.............................................................. 99
Erreur et professionnalisation ........................................ 100
Le traitement stratégique................................................ 103
Erreur et angoisse .......................................................... 108
Erreur et violence .......................................................... 109
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Introduction
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Introduction
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Quel statut pour l’erreur
à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
sent l’occasion pour faire un pont entre, d’une part, les lois et for-
mules qu’ils connaissent et appliquent d’ordinaire, et d’autre part, ce
qu’on peut appeler la « physique du quotidien ». Ils mettent ainsi en
relation deux modes de traitement des données dont ils usaient
jusque-là de façon clivée : le raisonnement physique et le raisonne-
ment spontané (Viennot, 1979).
On comprend comment l’erreur parvient à acquérir ici un statut
nouveau : celui d’indicateur et d’analyseur des processus intellec-
tuels en jeu, ce qui ne ressort absolument pas quand on corrige au
stylo rouge. Au lieu d’une fixation (un peu névrotique ?) sur
l’écart à la norme, il s’agit plutôt de décortiquer la « logique de
l’erreur » et d’en tirer parti pour améliorer les apprentissages.
• Le postulat du sens
L’idée essentielle, quand on considère l’erreur d’un point de
vue constructiviste, c’est de renoncer à ce que J. Piaget appelait le
« n’importe quisme ». Aussi bizarre que paraissent les réponses de
prime abord, il s’agit de se mettre en quête du sens qu’elles peu-
vent avoir, de retrouver les opérations intellectuelles dont elles
sont la trace. Certes, il n’est pas assuré qu’une réponse qui nous
surprend (ou nous irrite) contienne une logique identifiable, il se
peut fort bien même qu’elle soit le fruit de la seule l’ignorance ou
de la distraction, mais voilà : si je pars de ce principe-là, je cesse
de pousser la réflexion au-delà. Et du coup, si du sens s’y trouvait
caché, je m’interdis de pouvoir y accéder. Un processus de ferme-
ture symbolique se met en route, qui m’offre réponse toute prête
au lieu de poursuivre l’investigation. Comme disait si justement
Philippe Meirieu à propos du postulat d’éducabilité, l’attitude nou-
velle n’est pas vraie par rapport à la réalité qu’elle décrit, mais elle
est juste au regard des perspectives qu’elle ouvre (Meirieu, 1984,
1987). Ce que change cette perspective, c’est la posture adoptée et
les conséquences peuvent ne pas être minces.
Une illustration en est fournie par une recherche de Gérard
Vergnaud, examinant des réponses d’élèves du Primaire à qui
il demandait de placer une série de dates de naissance sur une
droite orientée. Comme toujours, les protocoles relevés peu-
vent se classer selon des « tas » plus ou moins ressemblants. La
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
A B C
D C
D E
C
B
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
que seul celui qui ne fait rien ne commet jamais d’erreurs. Partis
de la faute comme un « raté » de l’apprentissage, nous voilà en
train de la considérer, dans certains cas, comme le témoin des
processus intellectuels en cours, comme le signal de ce à quoi
s’affronte la pensée de l’élève aux prises avec la résolution d’un
problème. Il arrive même, dans cette perspective, que ce qu’on
appelle erreur ne soit qu’apparence et cache en réalité un progrès
en cours d’obtention. Les professeurs de langues, le savent qui
constatent parfois, dans les prises de parole de bons élèves, l’ap-
parition nouvelle d’erreurs que ceux-ci ne commettaient pas. Il
peut certes s’agir d’une bévue ou de fatigue, mais il arrive que ce
ne soit là que fausse régression. Pour éviter les erreurs, les élèves
en effet se cantonnent un moment à l’usage d’une syntaxe bien
maîtrisée, sans prendre le risque de s’aventurer au-delà. Et puis
voilà qu’un beau jour, ils se sentent mieux armés pour tenter
l’usage de nouvelles structures. Il y a fort à parier que ce jour-là,
n’ayant pas encore intégré subtilités et cas particuliers, ils se
tromperont dans la construction de telle ou telle phrase.
N’empêche que ce sera un signe de progrès.
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
Pierre-Yves : (Moue...)
Prof : Qu’est-ce qu’on te dit ? On obtient quoi ? (Il montre le
texte)
Pierre-Yves : .....
Élève voisin : On obtient une augmentation de masse, de
volume et puis de matière.
Prof : Oui, on a de plus grosses tomates, on en a en nombre
plus grand. Donc ?
Pierre-Yves : Oui... (ton résigné)
Pierre-Yves ne peut littéralement pas lire la feuille qu’il a sous
les yeux, tant elle vient en contradiction avec ses conceptions
de la nutrition végétale. Il faut que ce soit son voisin qui lise à
sa place, et son acceptation finale est loin d’être enthousiaste...
Pourtant, ce mutisme ne signifie nullement absence d’activité
intellectuelle. Au contraire, il est pris de perplexité face à la
dissonance qu’il ne sait pas gérer entre ses idées personnelles
et les données fournies.
Gaël s’emploie beaucoup plus activement à examiner les com-
possibilités des choses et propose un dessin assez extraordi-
naire par lequel elle combine ce que Pierre-Yves ne parvient
pas à intégrer. Conformément à ses conceptions personnelles,
elle fait sortir le CO2 par les feuilles de la tomate (comme un
gaz respiratoire) et, puisque le professeur explique le rôle nutri-
tif de ce gaz pour les plantes, elle le fait ré-entrer par les racines
(comme un élément nutritif) ! Ce schéma en boucle intègre
conceptions préalables et savoir nouveau d’une façon biologi-
quement aberrante, mais mentalement satisfaisante, puisque
obéissant à une « bonne forme » : ça tourne !
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
u L’erreur créatrice
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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Quel statut pour l’erreur à l’école ?
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À l’ombre de Bachelard
et Piaget
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cela donne une image idéalisée de la science qui a peu à voir avec
son fonctionnement réel, et ouvre la porte à tous les mythes scien-
tifiques. On reviendra par exemple sur l’image d’Épinal concer-
nant Pasteur dont on célébrait récemment le centenaire.
u Erreur et épistémologie
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Exp 1 Exp 2
Exp 3 Résultats
Hyp 1 Hyp 2
Exp 4
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point regretter que Karl Popper ait titré son livre classique La logique
de la découverte scientifique, parce qu’au-delà du contenu de l’ou-
vrage, « logique » n’est pas précisément le mot qui convient. Du
coup, le travail de recherche, rétif à toute logique préétablie, est
consubstantiellement soumis à l’erreur (Popper, 1973).
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ceux que mobilisent en acte les élèves ont néanmoins leur propre
logique, et les erreurs qu’ils commettent ne sont pas exemptes de
valeur.
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L’intériorité de l’obstacle
Une fois n’est pas coutume, l’étymologie du mot « obstacle »
fait elle-même obstacle à sa bonne compréhension. Le mot latin
obstare évoque « ce qui se tient devant », ce qui obstrue le che-
min, alors que les obstacles nous sont d’abord intérieurs. Ils ne
sont pas « ce contre quoi viendrait buter la pensée », mais ils rési-
dent dans la pensée elle-même, dans les mots, l’expérience quoti-
dienne, l’inconscient... L’erreur est donc constitutive de l’acte
même de connaître et, selon une autre belle formule, elle est
« l’ombre portée de la raison ». On ne peut donc rêver d’un
apprentissage sans obstacle, ajoute Michel Fabre. Ou plutôt si,
dirai-je pour ma part, on peut toujours rêver...
La facilité de l’obstacle
Avant d’être une difficulté affrontée, l’obstacle est donc
d’abord une facilité que l’esprit s’octroie. Il renvoie au confort
intellectuel, au jeu d’analogies et de métaphores (trop) satisfai-
santes, à une « certitude de l’intime ». L’obstacle, pourrait-on dire,
c’est une façon de penser avec l’esprit dans ses charentaises...
C’est pourquoi, explique Fabre, chacun doit se méfier de ses « phi-
lies » plus encore que de ses « phobies » !
Bachelard a ainsi expliqué comment la compréhension du
fonctionnement de l’ampoule électrique (la lampe d’Edison)
nécessite une rupture radicale avec ce qu’on a coutume de pen-
ser depuis l’âge des cavernes et la guerre du feu. Jusque-là,
tous les procédés d’éclairage nécessitaient qu’on brûle une
matière : bois, graisse, pétrole, etc. C’était facile à comprendre
parce qu’il suffisait de « voir » pour comprendre. Au contraire,
explique l’auteur, l’ampoule électrique est un objet scientifique
qui contredit l’intuition première. En effet, si le verre d’une
lampe à pétrole par exemple, est destiné à la protection de la
flamme et à l’activation de la combustion, celui de la lampe
d’Edison a pour fonction tout au contraire d’empêcher qu’une
matière ne brûle. Le premier est là pour éviter les courants
d’air, le second pour garder le vide autour du filament !
Comprendre donc le fonctionnement de l’ampoule nécessite
une rupture épistémologique.
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prouvant qu’au contraire il monte : rien n’y fait ! C’est que l’obs-
tacle est un « tissu d’erreurs construites », tenaces et solidaires, et
c’est bien pour cela qu’il résiste à la réfutation.
L’ambiguïté de l’obstacle
De surcroît, l’obstacle est ambigu, car tout mode de fonction-
nement mental présente la double dimension d’outil nécessaire et
de source potentielle d’erreurs. C’est un mode de pensée qui n’est
pas récusable en lui-même, mais seulement dans les modalités de
son usage. Nous évoquions plus haut la façon dont les élèves (et
les adultes) se représentent souvent la photosynthèse et la nutrition
des plantes vertes. Ces représentations sont déterminées par un
réseau d’obstacles dont les plus essentiels sont l’aperception des
gaz, la pensée catégorielle et une valorisation-dévalorisation sélec-
tive selon les éléments. Le premier obstacle conduit à l’oubli sys-
tématique des gaz dans les raisonnements, dans la mesure où on ne
les perçoit pas de façon sensible, alors qu’on pense sans effort aux
solides et liquides. Le second consiste à penser la nature sous
forme de « tiroirs » disjoints, chaque élément appartenant à une
catégorie « naturelle » (solide, liquide ou gazeuse), même s’il
existe quelques exceptions (telle l’eau qui peut se rencontrer à
l’état liquide ou solide). Le troisième conduit à valoriser ce qui est
vivant (obstacle vitaliste) et à dévaloriser au contraire ce qui est
« chimique » (et les gaz sont chimiques !).
Considérons seulement le second de ces obstacles, la pensée
catégorielle, mise en évidence par Henri Wallon dans le dévelop-
pement de l’enfant : elle n’est en soi ni juste ni fausse. Catégoriser
est une activité mentale utile et légitime, mais c’est son emploi
trop mécanique qui pose des problèmes. Autrement dit, « ça
marche » pour une certaine classe de problèmes, mais au prix d’er-
reurs engendrées au-delà. Dans cette perspective, l’obstacle n’est
pas une chose, il remplit plutôt une « fonction » dans une écono-
mie de pensée.
Pensons également à l’usage didactique des analogies et méta-
phores. Les enseignants tendent à s’en méfier et à les éviter, de
peur que les élèves ne les prennent pour la réalité. Ce sont
pourtant de puissants outils de compréhension qu’il vaudrait
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R(2)
Représentations
«locales»
R(1), R(2), R(3)… R(1)
R(3)
O(c)
Réseau d’obstacles
«transversal» O(b)
O(a), O(b), O(c)…
O(a)
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Si Bachelard alerte sur le fait que les erreurs des élèves sont les
indices d’obstacles qui résistent et qu’on tend à sous-estimer,
Piaget a insisté pour sa part sur le fait qu’on ne peut pas brusquer
les étapes. À l’idée d’obstacle fait ici place celle de « schème »,
centrale chez cet auteur. Pour lui, les schèmes sont les instruments
de connaissance dont dispose un sujet pour comprendre et pour
interpréter la réalité extérieure. Ils se situent à différents niveaux,
depuis les schèmes sensori-moteurs de la petite enfance (schèmes
de succion ou de préhension) jusqu’aux schèmes opératoires les
plus élaborés de la pensée formelle (schèmes de la proportionna-
lité) en passant par une diversité de schèmes d’action.
• Qu’est-ce qu’un schème ?
Le mot schème est construit sur la même racine que schéma
(du grec : skhêma, signifiant forme ou figure), tous deux ayant un
statut abstrait et stylisé, mais s’opposant un peu comme l’intention
à l’action :
– le schéma, bien qu’appartenant au domaine de l’image, conserve
un statut d’objet, aussi épuré soit-il ;
– le schème au contraire, n’est qu’une virtualité, et ne désigne pas
l’action elle-même, mais la structure générale commune à un
ensemble d’actions.
Les schèmes ne sont donc pas les actions ni les opérations en
elles-mêmes, mais ce qu’il y a de transposable, de généralisable ou
de différenciable d’une situation à la suivante. Ils correspondent à
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• Le fonctionnement de l’équilibration
Il détaille le fonctionnement de l’équilibration en décrivant les
alternatives possibles lorsque surgit un fait nouveau dans l’expé-
rience personnelle de l’enfant. Ce fait peut très bien ne produire
aucune modification dans le système (c’est sans doute même le
cas le plus fréquent), mais il peut aussi produire une « perturba-
tion » cognitive par rapport au fonctionnement mental déjà ins-
tallé. Si l’élément perturbateur est intégré au système, il se pro-
duira un « déplacement d’équilibre », rendant assimilable le fait
inattendu. Ce déplacement permet de combiner une minimisation
du coût, en conservant ce qui est possible du schème antérieur,
avec un maximum de gain, en bénéficiant de la variation nouvelle
intériorisée dans le schème.
Par ce jeu des déplacements successifs d’équilibre et par des
processus de décentration de soi, les enfants et les adolescents
développent progressivement leur « équipement cognitif », c’est-
à-dire l’ensemble des schèmes de pensée dont ils disposent. C’est
ce qui leur permet d’accéder peu à peu à l’abstraction la plus éla-
borée, c’est-à-dire à ce que Piaget nomme la « pensée formelle »
ou pensée « hypothético-déductive », celle qui est capable de s’af-
franchir de l’expérience concrète et de l’action réelle sur les objets,
pour entrer dans un monde symbolique, anticiper une réalité vir-
tuelle et y confronter ses observations empiriques.
Dans ce cadre, les erreurs des élèves peuvent s’interpréter
comme la manière particulière avec laquelle, à différents âges,
sont organisés leurs schèmes. Ceux-ci se transforment et évo-
luent en interaction avec l’expérience et le milieu, soit par diffé-
renciations (un schème unique se scindant en plusieurs) soit par
coordinations. Bien des réponses qui nous semblent relever du
sottisier ou de l’aberration sont en fait, comme on va le voir, des
productions intellectuelles qui témoignent des stratégies cogni-
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Une typologie des erreurs
des élèves
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u L’erreur plurielle
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ils oublient jusqu’à leur question initiale ! Ils ont d’ailleurs ten-
dance à interpréter ce « surplus didactique » comme une façon de
noyer l’incompétence derrière le superfétatoire. L’expert pressent
bien sûr ce risque, mais il a aussi conscience que la demande du
novice ne saurait être satisfaite sous la forme attendue. S’il
n’avance pas, même assez brièvement, quelques clés de compré-
hension, il sait que la même question se reposera à la prochaine
occasion. Quant au novice, comment pourrait-il avoir idée de
l’étendue de ce qu’il ignore, et de ce que suppose la connais-
sance ? Au point où il en est, il s’imagine une réponse factuelle
possible et suffisante, et s’il envisage un approfondissement, c’est
pour plus tard. Le plus souvent, il a un problème pratique à
résoudre et il ne veut surtout pas s’embarquer dans le détour d’une
théorie. L’expert sait pour sa part qu’il n’en est rien (mais com-
ment le faire partager ?), et qu’une compréhension minimale passe
par certaines choses qu’il doit expliquer. On a dit que le didactique
scolaire fonctionne à rebours, de telle sorte que, d’une certaine
façon, toute question est une forme de violence symbolique.
Et puis comment les élèves peuvent-ils distinguer les moments
où l’on attend d’eux une réponse brève, reproduisant presque à
l’identique l’information donnée, parce qu’avant tout destinée
à assurer la compréhension de ce qui va suivre, d’autres
moments où c’est une réponse circonstanciée, construite et ori-
ginale qui sera exigée d’eux ? La première fois, on leur dit :
« Je ne t’en demandais pas tant ! » et la seconde : « Ce serait
trop facile de se contenter de recopier la leçon ! » Il leur arrive
d’ailleurs fréquemment d’être surpris par la correction et de
s’exclamer alors bruyamment : « Mais je le savais ! »
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venir. Celle-ci était : « Au Moyen Âge, les gens des villes élevaient
des... ? ». Amusé, il se souvient des réponses d’élèves qui
fusaient : « Des cochons ! », « Des enfants ! ». La bonne réponse
était évidemment des cathédrales. C’est en entendant cette
réponse que bien des élèves se frottent les yeux et reprennent
pied : bon sang mais c’est bien sûr, nous sommes au cours d’his-
toire ! C’est ainsi que se forge, de la manière la plus artisanale qui
soit, le fameux métier d’élève.
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Bouche Bouche
Œsophage Œsophage
Estomac Vessie
Intestin
Intestin
Bouche Bouche
Œsophage Œsophage
Estomac Estomac
Anus Vessie
? Vessie
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7 ?
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u D’étonnantes démarches
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u Surcharge cognitive
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• Et l’orthographe ?
Il en va de même pour l’orthographe dont les enseignants se
plaignent souvent qu’elle soit moins bonne en production de texte
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L’inflation des mots scolaires n’est pas sans effets sur les
erreurs, les confusions, les oublis de la part des élèves. Sans
doute serait-il sage de faire un tri plus sélectif dans les conte-
nus enseignés pour atteindre l’essentiel. Mais cet essentiel n’est
pas nécessairement le fruit d’une soustraction résignée, ce
qu’on fait trop souvent quand on parle de noyau (voire de
SMIC) de connaissances. Si la mémoire a ses limites, elle dis-
pose aussi de ressorts sur lesquels prendre appui. Elle n’est pas
linéaire et sédimentaire, mais structurée en un réseau séman-
tique. Dans ces conditions, tous les moments scolaires qui per-
mettront aux élèves d’élargir et de densifier leur réseau, plutôt
que de cumuler des détails anomiques leur seront précieux.
Certaines disciplines, comme la biologie, tentent bien de le
faire en concluant chaque chapitre par un « schéma fonction-
nel » récapitulant les notions clés, mais cela ne produit guère
les effets escomptés. Pourquoi ? Sans doute parce que ces sché-
mas sont préconstruits dans le livre (ou par le professeur) au
lieu de résulter d’un effort de construction par la classe. Parce
qu’ils sont « trop jolis » pour ressembler à ce que feraient les
élèves eux-mêmes. Surtout parce qu’au lieu de faire accéder les
élèves à l’essence des contenus, ils leur apparaissent comme un
paragraphe en surplus du reste, qui redouble la mémorisation
au lieu qu’il donne une « bonne forme » à ce qui a précédé.
Une fois de plus, il faut faire ici l’éloge de l’imperfection !
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A
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– Décomposition en sous-tâches
d’ampleur cognitive appréhen-
dable
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OBSTACLES ÉPISTÉMOLOGIQUES
Difficultés internes au contenu
notionnel
S
Représentations Rédaction
alternatives et compréhension
des consignes
Écarts aux
démarches Problèmes liés
attendues au transfert
E M
OBSTACLES OBSTACLES DIDACTIQUES
PSYCHOLOGIQUES Dispositifs et modèles
Caractéristiques d’enseignement
cognitives de l’apprenant
États de Décodage
surcharge de la coutume
cognitive didactique
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Professionnels
du traitement de l’erreur ?
u Pas l’affectivité !
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Professionnels du traitement de l’erreur ?
u Erreur et professionnalisation
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Professionnels du traitement de l’erreur ?
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Professionnels du traitement de l’erreur ?
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Professionnels du traitement de l’erreur ?
u Le traitement stratégique
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Professionnels du traitement de l’erreur ?
• Imperfections et potentialités
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Professionnels du traitement de l’erreur ?
CLAUSE PÉRIODE
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Professionnels du traitement de l’erreur ?
• L’attribution interne
Prendre cette posture du diagnostic de l’erreur en situation et la
considérer comme une chance d’apprentissage suppose que les
enseignants développent davantage une attribution interne de leurs
actions didactiques. La théorie de l’attribution sociale, développée
notamment par H. Kelley, indique en effet qu’un sujet peut se
positionner différemment face à ses actes et à la survenue des évé-
nements :
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Professionnels du traitement de l’erreur ?
u Erreur et angoisse
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u Erreur et violence
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Bibliographie
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Bibliographie
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Bibliographie
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Bibliographie
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Bibliographie
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DERNIERS TITRES PARUS DANS LA COLLECTION
PRATIQUES ET ENJEUX PÉDAGOGIQUES