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CClaomment différencier
pédagogie
ÉRIC BATTUT • DANIEL BENSIMHON
CYCLES 2 et 3
Nouvelle édition
0MP P. 1 à 6 5/06/09 10:34 Page 2
ISBN : 978-2-7256-2894-3
© Retz, 2006
© Retz, 2009, pour la présente édition
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Sommaire
Introduction............................................................................................. 6
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Sommaire
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Introduction
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Partie 1
Saisir les enjeux
Introduction
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La pédagogie différenciée,
qu’est-ce que c’est ?
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쎲 Au XX e siècle
L’idée de «différenciation pédagogique» trouve certainement ses racines
du côté de la psychologie. En effet, Jean Piaget définit différents stades
de développement : le stade sensori-moteur de 0 à 24 mois, le stade préopé-
ratoire entre 2 et 7 ans, le stade des opérations concrètes jusqu’à environ
11-12 ans et enfin le stade des opérations abstraites, celui qui correspond
à la mise en place d’une pensée hypothético-déductive. Ces stades montrent
que les capacités mentales se construisent par paliers, avec des phases de
latence, voire de régression. Il n’y a pas d’évolution chronologiquement
définie par le rythme des années. Ceci signifie que chaque enfant, en fonc-
tion de variables internes (son propre développement et sa perception
de lui-même) mais aussi externes (le contexte social qui l’entoure), évolue
à son propre rythme. Ainsi, on peut déjà avancer que le principe d’orga-
nisation des classes selon le seul critère de l’âge ne permet pas de répondre
suffisamment aux besoins particuliers des élèves.
Dans le domaine de la pédagogie, la notion de «pédagogie différenciée »
est née progressivement de l’idée de considérer l’élève comme une
personne à part entière. Des pédagogues comme Célestin Freinet dans
les années 1930 ou comme Fernand Oury dans les années 1960 propo-
sent des pédagogies centrées sur l’enfant en tenant compte de ses désirs
et de ses particularismes.
En 1935, parce qu’il considère que l’éducation traditionnelle privilégie beau-
coup trop les performances intellectuelles et les connaissances
encyclopédiques, Célestin Freinet, déjà instituteur, crée une école parallèle
à Vence. L’organisation et le fonctionnement de cette école posent alors
les bases de la pédagogie différenciée, même si le terme en lui-même
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n’existe pas encore. Célestin Freinet met au point une pédagogie originale,
basée sur l’expression libre des enfants (texte libre, dessin libre, corres-
pondance interscolaire, imprimerie et journal étudiant, etc.), à laquelle son
nom restera attaché. On parle de la « pédagogie Freinet » que certains
enseignants utilisent encore de nos jours. Selon Célestin Freinet, la péda-
gogie favorise chez l’élève le passage à l’âge adulte grâce aux interactions
fréquentes et concrètes qui s’opèrent entre enfants lors de travaux réalisés
en commun.
Dans la mouvance de la pédagogie Freinet, Fernand Oury, lui aussi insti-
tuteur, est le fondateur de la «pédagogie institutionnelle» et publie son
premier livre en 19671. Le but de cette pédagogie est d’établir, de créer
et de faire respecter des règles de vie dans l’école, par le biais des institu-
tions appropriées. Fernand Oury insiste sur l’apprentissage de la vie
collective, sur la parole et sur le débat. Il considère que si l’enfant perçoit
la classe comme un lieu sécurisé avec des repères, où il trouve des solutions
à des questions, il prendra progressivement en charge sa vie d’écolier. Il
aura ainsi le goût d’apprendre à travers son engagement et ses initiatives.
Dans ces pédagogies, il y a tout d’abord le refus d’un chemin unique pour
apprendre, un chemin qui serait imposé par le maître. Au contraire, il s’agit
d’utiliser toutes les ressources possibles pour permettre aux élèves de déve-
lopper leurs connaissances, ce qui suppose la diversité des démarches
mais aussi des outils, comme l’introduction de nouvelles technologies, et
en particulier l’imprimerie tant développée par Freinet. C’est en ce sens
qu’elles sont qualifiées de «pédagogies nouvelles».
Ces techniques (utilisation de fichiers autocorrectifs, mise en place d’un
exposé à forte restitution orale, enquête débouchant sur la rédaction d’un
texte libre, etc.) sont surtout au service de projets qui apparaissent comme
personnels, même dans un cadre collectif. La mise en œuvre de ces tech-
niques variées permet aux élèves de s’approprier des connaissances et
des compétences et selon leur propre rythme. Le tâtonnement expérimental
et le statut de l’erreur, qui devient à elle seule un outil d’apprentissage,
sont au service de ces pédagogies. Dans ce cadre, le manuel trop uniforme
est fortement critiqué et remis en cause.
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쎲 Et de nos jours…
Beaucoup plus proche de nous, Philippe Meirieu3 s’intéresse tout spécia-
lement à ce que représente l’apprentissage. Considérant l’hétérogénéité
des classes comme un problème auquel les enseignants sont confrontés
quotidiennement, il pense que l’apprentissage doit s’effectuer de façon
active et attractive. Aussi, propose-t-il de différencier la pédagogie. Il
s’efforce donc de la définir et d’en donner le cadre.
Il ne saurait y avoir apprentissage différencié sans méthode. L’un et l’autre
sont liés. La méthode pédagogique est définie comme mode de gestion,
dans un cadre donné, des relations entre le formateur, les apprenants et
le savoir. Du point de vue de l’enseignant, la méthode comprend l’ensemble
des outils d’apprentissage (livres, images, informatique, etc.) ainsi que
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La pédagogie différenciée,
une nécessité
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Ces deux extraits des textes ministériels montrent bien, à leur niveau,
l’importance de la prise en compte de la diversité des élèves. On peut
constater que, dans ces deux domaines disciplinaires, il est fondamental
de chercher à proposer essentiellement la même tâche à tous les élèves.
Seules les propositions de chemins pédagogiques diffèrent selon les besoins
de chacun.
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La pédagogie différenciée :
paramètres de mise en œuvre
Nous débuterons par ce que nous dit Philippe Meirieu sur ce point : «La
clef de voûte de toute pratique différenciée est l’évaluation : la diagnos-
tique, la formative (qui régule la différenciation en cours), la sommative
en fin d’apprentissage.»9
Ceci est essentiel pour la mise en place d’une pédagogie différenciée.
L’enseignant doit savoir très rapidement les difficultés que rencontrent
les élèves pour pouvoir y remédier.
Nous avons choisi de nous intéresser plus particulièrement aux évaluations
diagnostiques et formatives afin de comprendre leur utilité. L’évaluation
sommative est certes tout aussi efficace, mais elle intervient en fin d’ap-
prentissage – elle est relativement classique et souvent utilisée dans les
classes.
9. MEIRIEU Ph., L’École mode d’emploi : des méthodes actives à la pédagogie différenciée,
ESF, 2000, p. 132.
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• • Les PPRE
Ces évaluations permettent de recenser un certain nombre d’élèves devant
faire l’objet d’un Programme Personnalisé de Réussite Educative (PPRE).
Voici un extrait du Bulletin Officiel11 portant sur ce dispositif :
« À tout moment de la scolarité élémentaire, lorsqu’il apparaît qu’un élève
ne sera pas en mesure de maîtriser les connaissances et les compétences
indispensables à la fin du cycle, le directeur d’école propose aux parents
ou au représentant légal de l’enfant, de mettre en place un dispositif de
soutien, notamment un programme personnalisé de réussite éducative.
Un document, préalablement discuté avec les parents de l’élève ou son
représentant légal, précise les formes d’aides mises en œuvre pendant le
temps scolaire ainsi que, le cas échéant, celles qui sont proposées à la famille
en dehors du temps scolaire.
10. http://www.banqoutils.education.gouv.fr/
11. B.O. n° 31 du 31 août 2006 - http://eduscol.education.fr/D0229/accueil.ht
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LE LAPIN SAUVAGE
La lapine peut avoir 4 à 10 petits à la fois.
Les petits naissent sans poils, les yeux fermés.
Ils tètent leur mère.
Le lapin mange de l’herbe et des légumes.
Pour échapper aux renards, aux chasseurs et aux chiens, il se réfugie
dans son terrier.
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LE CANARD SAUVAGE
La canne peut avoir 1 à 2 canetons à la fois.
Les petits naissent sans plumes en cassant la coquille de l’œuf.
Ils demandent tout de suite à manger.
Le canard mange des graines et des vers.
Pour échapper aux renards, aux chasseurs et aux chiens, il s’envole dans
le ciel.
• • Le tableau de bord
Dans le cadre des évaluations formatives, le tableau de bord est un outil
que chaque maître peut aisément se construire. Il y note le nom des élèves
et écrit en regard certaines compétences à renseigner. Ce tableau de bord
permet, par exemple, d’inscrire les élèves qui ont été actifs à l’oral durant
la séance, ceux qui ont fait preuve de plus d’autonomie qu’à l’accoutumée,
etc.
Ces évaluations « à chaud » sont indispensables. Elles représentent une
analyse fine et précise du travail de la classe. Elles permettent également
de déterminer objectivement les élèves qui ont été particulièrement solli-
cités lors des activités ; ainsi l’enseignant fera en sorte d’en solliciter d’autres
la fois d’après.
En prenant le temps de discuter avec les élèves des progrès effectués, mais
aussi des difficultés persistantes, il est possible de les associer à leurs appren-
tissages. Cette évaluation contribue alors à la formation de chacun.
Une telle stratégie est entièrement une forme de différenciation péda-
gogique qui ne repose pas exclusivement sur un domaine disciplinaire, mais
qui s’appuie sur des compétences d’ordre transversal fondamentales au
«métier d’élève».
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Nous avons déjà émis l’idée qu’il faut viser le même degré d’exigence pour
tous les élèves lors de la mise en place d’une pédagogie différenciée.
Jean-Pierre Astolfi12 est très explicite sur ce point. Ce qui lui semble essen-
tiel et qui est parfois oublié, c’est de différencier pour atteindre un même
objectif. Il ne faut pas transiger sur la nature de l’objectif à atteindre,
qu’il soit notionnel ou méthodologique. Si on ne recherche pas à atteindre
les mêmes objectifs pour tous les élèves, alors on sélectionne! Différencier,
c’est donc s’efforcer de trouver des dispositifs efficaces, de rechercher des
modes variés d’organisation du travail donné aux élèves.
Une fois l’objectif fixé, l’enseignant peut alors jouer sur toute la palette
de la différenciation. Des exemples seront largement développés dans la
troisième partie de cet ouvrage. Toutefois, prenons l’exemple simple, en
orthographe, d’un texte dicté à la classe et qui a fait l’objet d’une prépa-
ration quelques jours auparavant. Les élèves doivent tous écrire ce texte
sous la dictée. Mais, selon les compétences de chacun :
– certains élèves n’ont pas d’aides particulières et écrivent simplement le
texte ;
– d’autres élèves disposent d’une liste de mots issus du texte et qui sont
écrits sur une feuille posée à côté d’eux sur leur table ;
– d’autres ont à leur disposition certaines phrases complètes ;
– d’autres enfin opèrent une activité de copie intégrale et disposent du
texte sous les yeux. Ce dernier cas est destiné aux élèves les plus faibles
pour cette activité. On peut considérer que la dictée-copie est une acti-
vité d’orthographe à part entière.
Parfois la tentation est grande de poursuivre des objectifs plus simples, et
de prévoir des activités épurées pour certains élèves parce qu’on pense,
le plus sincèrement du monde, qu’ils ne pourront satisfaire à la tâche.
Cependant, il faut absolument éviter cette situation! Pour un même objectif
poursuivi, il est possible d’agir en amont, durant l’activité, ou encore en
aval, en reprenant ce qui n’a pas été compris pour que, au bout du compte,
tous les élèves aient travaillé en vue d’atteindre l’objectif commun à tous.
Pour une parfaite cohérence, les objectifs poursuivis sont ceux inscrits dans
les Instructions officielles. Les notions contenues dans les documents
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Proposer une même tâche à tous les élèves est l’option didactique majo-
ritairement retenue dans les classes. C’est certainement la plus simple à
concevoir. Plusieurs stratégies sont envisageables pour différencier au
sein d’une même tâche. De nombreux exemples seront donnés dans le
chapitre sur la «mise en place de la pédagogie différenciée», mais rete-
nons d’ores et déjà quelques principes et les moyens de cette différenciation
dans ce contexte.
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Cette procédure didactique est relativement peu répandue. Elle l’est de fait
dans les classes multicours, mais plus rarement dans une classe «ordinaire».
Elle consiste simplement à proposer plusieurs activités en même temps. Ces
activités peuvent viser un domaine, une discipline, voire même une notion.
L’idée est d’inciter les élèves à choisir celle par laquelle ils souhaitent
commencer. Le fait de laisser ce choix permet de gagner au moins la moitié
de l’attention et du désir d’agir de l’élève.
Les activités proposées doivent être accessibles aux élèves. Ce sont des acti-
vités d’entraînement ou de structuration, durant lesquelles le maître peut
se libérer du groupe afin d’apporter un soutien à ceux qui en ont le plus
besoin. En effet, certains élèves sont réunis sur la table de besoins, pour
travailler avec le maître.
Lorsque le dispositif est bien maîtrisé, proposer des tâches différentes peut
faire l’objet d’un plan de travail, qui s’étale sur plusieurs jours. Cette option
pédagogique sera décrite dans les suggestions d’organisation de la classe
dans le premier chapitre de la deuxième partie.
Groupes de besoin
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Pour terminer cette première partie, nous avons choisi d’évoquer l’entraide
entre élèves, qu’elle s’opère au sein de la classe (avec ce même regroupe-
ment d’élèves) ou entre deux classes distinctes.
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Conclusion
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Partie 2
Mettre en place
une pédagogie différenciée
Chapitre 1 • Propositions d’organisation de la classe . . . . . p. 39
Chapitre 2 • Construire les moyens de l’autonomie
des élèves les plus experts . . . . . . . . . . . . . . . p. 48
Chapitre 3 • Détecter les difficultés de chacun . . . . . . . . . . . . p. 58
Chapitre 4 • Rendre l’élève lucide sur ses compétences
et sur ce que le maître attend de lui . . . . . . . p. 62
Chapitre 5 • Le travail individualisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 66
Chapitre 6 • Organiser le travail en groupe . . . . . . . . . . . . . p. 75
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Introduction
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Propositions d’organisation
de la classe
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C’est le cas de figure le plus fréquent mais aussi le plus difficile à gérer.
En effet, le groupe s’impose à l’enseignant qui doit organiser sa pédagogie
de façon à pouvoir se rendre disponible pour certains élèves. Nous avons
listé les différentes possibilités existantes pour y parvenir. Elles peuvent très
bien se croiser, c’est-à-dire qu’une organisation peut s’appuyer sur une
autre pour fonctionner.
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cette idée est clairement explicitée car la distinction entre les élèves lecteurs
et ceux qui ne le sont pas encore est aisée à faire.
Dans les autres classes, les différentes évaluations menées, que ces dernières
soient nationales (évaluations CE1 et CM2) ou autres, font apparaître une
cohorte d’élèves ayant des besoins très spécifiques et des capacités de
traitement des informations fort variées.
Comme on le ferait pour une classe à cours multiples, une partie de la classe
effectue des exercices d’entraînement familiers de façon autonome. L’autre
partie de la classe est prise en charge par l’enseignant pour reprendre
une notion déjà vue et qui pose encore des problèmes de compréhen-
sion. Nous verrons, dans le domaine des mathématiques par exemple,
comment certains élèves n’ont pas besoin du maître et peuvent très rapi-
dement fonctionner seuls, et comment d’autres ont encore besoin d’être
guidés.
Les difficultés que peuvent rencontrer certains élèves reposent sur deux para-
mètres essentiels:
– mauvais prélèvement d’information dans l’énoncé;
– mauvaise représentation de l’opération à choisir.
L’aide peut alors s’opérer selon ces deux axes, qui permettent à certains élèves
d’être guidés davantage.
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Une feuille de correction peut être • Dessin des calculs: ici une
distribuée afin que ces élèves aient collection de 5 x 6 géraniums
un retour immédiat sur leur travail. est dessinée afin de matérialiser
les plantations.
• Le second calcul porte sur la
multiplication par 2 du premier
produit obtenu. À ce moment,
il est important de demander
aux élèves de verbaliser ce
qu’ils cherchent et les calculs
intermédiaires obtenus.
Lors de la correction collective, tous les élèves sont réunis pour décrire les calculs
opérés et les réponses données – c’est aussi important pour ceux qui ont fonctionné
en autonomie.
Cette mise en place différenciée favorise l’écoute de chacun, que les élèves
soient à l’aise ou non dans la résolution des problèmes. En effet, dans de
nombreuses situations, une grosse partie des élèves a rapidement compris
ce qui leur est demandé. Le travers serait de maintenir coûte que coûte
la classe dans son intégralité, au risque de voir certains s’ennuyer ou d’autres
se sentir perdus. Comme dans une classe à double cours, le principe consiste
donc à répartir la classe en deux groupes dès les premières explications
données, afin de s’occuper de ceux qui en ont le plus besoin. En revanche,
il est essentiel de réaliser une correction collective à la fin de l’activité
pour réunir toute la classe.
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Dans ce cas, l’élève n’est pas freiné dans son travail et ne s’attend pas à
avoir le maître comme relais. Il est invité à être attentif à ce qu’il fait et
remédie immédiatement aux problèmes rencontrés.
Cette approche différenciée permet à l’élève et au maître de mesurer rapi-
dement les progrès effectués. En analysant la feuille d’aide, ils pourront
mettre ensemble en évidence les points qui posent toujours problème.
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Les situations possibles sont très nombreuses et les groupes constitués sont
évidemment amenés à évoluer. Parfois le maître se retrouve avec un tout
petit groupe pour une approche différenciée de proximité. Ceci signifie
que, dans les activités abordées, l’essentiel de la classe ne rencontre plus
de difficultés majeures.
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que l’élève parvienne à se représenter le travail qui lui est proposé, qu’il
sache pourquoi il doit le faire et en quoi cela lui sera profitable. Plus le
projet est contextualisé, plus l’élève réussira à se le représenter. Cependant,
en développant son «métier d’élève», il parvient aussi à agir en conscience
sur des «objets purement scolaires», activités dites «décrochées», visant
des entraînements systématiques. L’école est un espace d’apprentissage
spécifique avec ses règles et ses objectifs, dont la systématisation des
apprentissages et l’entraînement répété sont des modalités respectables.
Il est très facile de l’expliquer aux élèves. Construire l’autonomie, c’est aider
l’élève à savoir pourquoi il travaille.
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que celui du groupe géré par le maître, on constate parfois qu’ils n’hésitent
pas à sélectionner les données construites par l’autre groupe. Ces «bonnes
réponses» sont reprises et mises au service de leur travail personnel. On
les voit alors gommer des réponses qu’ils constatent erronées.
On assiste donc à une autonomisation progressive. Ceux qui sont déjà
très autonomes se concentrent sur leur travail, ne perdant pas de temps
à glaner des informations qui proviennent du groupe-maître. En revanche,
les moins autonomes, bien que seuls face à leur travail, s’associent encore
au groupe-maître par une écoute sélective de ce qui s’y dit. Ainsi, ils ne sont
pas totalement délaissés, et ne sont jamais confrontés à une difficulté
insurmontable.
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tout à fait les mêmes activités, car ils bénéficient de l’aide du maître et
tentent d’acquérir, pour le moment, la notion de base, déjà assimilée par
les autres.
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Si, malgré ces règles, les élèves continuent à se déplacer et à parler, le maître
leur rappellera le contrat: travailler seul, c’est chercher des réponses aux
obstacles rencontrés à l’aide des outils de la classe. Cette situation révèle
qu’ils n’ont pas encore saisi ce qu’exige le travail autonome, et si cela est
perçu comme trop difficile, l’élève autonome peut rejoindre le groupe-
maître.
Généralement, l’élève placé en autonomie considère cette situation comme
enviable: c’est une reconnaissance de sa capacité à travailler seul. Ainsi, il
accepte de «jouer le jeu» car il sait qu’en cas de non-respect du contrat,
il sera réintégré, malgré sa volonté, dans l’autre groupe.
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Exemple d’une grille d’évaluations prédictives à la capacité d’entrer dans les compé-
tences de base de la lecture, que l’on peut faire passer aux élèves de CP courant
septembre.
Grille de passation
Recto
Évaluation de pré-lecteur
Prénom :…………………………………
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Verso
8. Entoure trois «r», trois «e» et trois «i».
C’est le jour de la rentrée. Tous les élèves de CP ont un peu peur car c’est
leur premier jour à la Grande école. Dans cette classe, Antonia est la plus
grande. Elle n’a pas peur. Elle a le sourire.
10. Écris la lettre dictée 11. Écris ton prénom 12. Écris la première lettre.
1 .................................... 1
....................................
2 2
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Rendre l’élève lucide sur ses compétences et sur ce que le maître attend de lui
sont actuellement dans une phase d’entraînement et qu’il est donc tout
à fait compréhensible que ces compétences ne soient pas encore acquises.
Lors de cette énumération, le maître doit s’exprimer avec précision. Il
doit nommer clairement les compétences indispensables et celles qui le
sont moins.
Il faut également qu’il prenne le temps d’expliquer à sa classe qu’il existe
des différences de rythme d’apprentissage entre les enfants. Certains
réussissent très rapidement et sans effort, mais d’autres apprennent à un
rythme moins soutenu, et il faut les respecter car rien n’exige d’aller vite.
Ainsi, pour chaque période, il est important de mettre en évidence ce
qu’il est indispensable de savoir faire. Le maître peut même le noter et
l’afficher dans la classe.
Comme les programmes officiels présentent les connaissances et compé-
tences à acquérir par fin de cycle, c’est à l’enseignant de répartir par
périodes ses attendus de base.
Exemple en CP
Au fil des cinq périodes de l’année, le maître explique avec les mots usuels de
la classe quelles sont les compétences qu’il attend de ses élèves.
Par exemple, pour la Toussaint, il a choisi les compétences de base suivantes.
• En maîtrise de la langue:
– entourer des syllabes simples composées des sons connus (ra, mi po, su…)
parmi des listes à choix multiples ;
– discriminer un phonème simple dans un mot prononcé.
• En mathématiques :
– réaliser des collections de 1 à 6 objets ;
– connaître la comptine numérique jusqu’à 12 ;
– écrire sous la dictée les chiffres de 1 à 9.
Dans un premier temps, avant une activité d’entraînement à une de ces compé-
tences, le maître affirme: «J’ai vraiment envie que vous réussissiez cet exercice
car il est très important pour bien avancer de savoir le faire. Il faut que nous
réussissions tous cet exercice avant les vacances de la Toussaint. Ça serait parfait
pour la suite.»
Dans un second temps, lorsque l’activité est corrigée, le maître commente :
«Vous avez bien réussi. Déjà 14 d’entre vous savent bien faire cet exercice. Pour
les autres, ce n’est pas grave, on recommencera plus tard. D’ailleurs, ce n’est
pas si mal.» Puis, il donne des échéances: «On va s’entraîner en petits groupes
cette semaine, et lundi on recommencera le même exercice, pour voir si vous
avez mieux compris.» Lorsqu’on refait l’activité, le maître rappelle le contrat:
« Bon, vous étiez 14 à savoir le faire. Maintenant que nous nous sommes
entraînés, vous serez plus nombreux.» Et ainsi de suite…
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Exemple en CE1
À une dictée de 10 mots, l’élève en difficulté a obtenu 5/10. Le maître l’invite
à venir le rejoindre avec sa copie. Le dialogue commence toujours par une ques-
tion ouverte du type: «Alors, qu’en penses-tu?». La réponse est généralement
révélatrice de la lucidité de l’élève sur son travail. Le maître sait alors sur quel
registre agir. Si l’élève dit: «C’est nul!», le rôle du maître est, dans un premier
temps, d’analyser avec l’élève tout ce qui est déjà bien réussi et de lui faire
constater, en revenant plusieurs pages en arrière, qu’il y a quelques semaines
il ne savait pas faire cet exercice. L’élève doit constater et comprendre cette
amélioration.
Dans un second temps, le maître et l’élève étudient ce qui n’est pas encore acquis.
Le maître aide l’élève en le questionnant: «Regarde, tu devais écrire “ballon”.
Lis ce que tu as écrit.» Ainsi, il invite l’élève à prendre conscience de son erreur:
«Ah oui, j’ai écrit “dallon”!» Le maître insiste: «Où est ton erreur?» L’élève:
«J’ai mélangé “b” et “d”.» Le maître explique alors: «Oui, c’est dommage, mais
ce n’est pas très grave. » Il citera ainsi quelques exemples sans vouloir être
exhaustif, de peur de surcharger l’élève et de le décourager davantage.
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2MP partie 2 Chap. 1 à 4 5/06/09 10:38 Page 65
Rendre l’élève lucide sur ses compétences et sur ce que le maître attend de lui
Exemple en CM1
Le maître vient de rendre les livrets trimestriels. Il convie un élève en difficulté
à venir lui parler du sien. Il lui demande ce qu’il pense de ses résultats.
Généralement, l’élève se dévalorise un peu, ayant une lecture globale de son
livret, ne sachant déterminer les progrès ou les lacunes essentielles. Le rôle du
maître est de commencer par identifier les champs disciplinaires où il a le plus
progressé, en comparant le bulletin avec ceux des trimestres précédents. Il
explique bien à l’élève que derrière la note 7/10, par exemple, l’ambition n’est
pas d’avoir 10/10, mais au moins 8/10, note suffisante sur une compétence
donnée. Il lui fait remarquer que finalement il n’en est pas loin pour bon nombre
d’items. Ensuite, avec l’élève, le maître identifie les moins bons résultats. Il
hiérarchise avec lui les domaines traités et sélectionne ceux qui semblent
prioritaires (par exemple, la lecture). Il interroge l’élève sur l’importance de
cette discipline: «Pourquoi est-il important que tu saches très bien lire?». L’élève
peut répondre de manière assez formelle: «Pour lire des livres.». Il est alors
important de lui expliquer que la lecture n’est pas seulement utile pour lire
des livres, mais aussi pour les mathématiques, l’histoire, les sciences, etc., qu’elle
est à la base de tout apprentissage. Il convient avec l’élève qu’il doit donc
travailler en priorité sur la lecture. Il l’interroge ensuite sur le pourquoi de cette
note moyenne en lecture: «Comment expliques-tu cette note pas formidable?».
L’élève réfléchit: «C’est que je n’arrive jamais à terminer la lecture du texte
avant que l’on commence à poser des questions. Je suis toujours en retard.»
Une fois le problème repéré, il faut en chercher les causes: «Pourquoi cette
lenteur?». «J’ai du mal à me concentrer jusqu’à la fin de la ligne, alors il faut
que je la relise plusieurs fois.» Le maître aide alors l’élève à faire évoluer cette
représentation: «Si tu ne te concentres pas jusqu’au bout, c’est peut-être parce
que tu mets trop d’énergie dans le déchiffrement de certains mots. En fait, il
faudrait que tu arrives à mieux déchiffrer les mots. » Puis il lui propose un
contrat : « Il faut donc que tu t’entraînes à lire des mots toujours plus vite,
toujours mieux. Ainsi, quand tu seras face à un texte, tu les identifieras tout
de suite et sans effort. C’est comme ça que lisent ceux qui arrivent à lire vite.»
Le maître convient avec l’élève que, dans la période à venir, ils viseront cet
objectif. Pour ce faire, le maître lui soumettra des exercices qui lui feront
travailler ce domaine de compétences.
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5 C h a p i t r e 5
Le travail individualisé
Il arrive que, dans des situations trop collectives, l’élève faible ou moyen
se glisse dans l’anonymat, par habitude et par confort, attendant que des
camarades plus experts répondent, voire réfléchissent, sans qu’il ait besoin
d’intervenir. Bien involontairement, l’enseignant renforce la passivité de
l’élève faible ou moyen en accueillant une réponse du groupe-classe,
souvent formulée par les mêmes élèves. Pour éviter cette situation et l’aug-
mentation des écarts entre élèves, chaque enfant doit d’abord progresser
par lui-même. C’est pourquoi il est intéressant que chaque élève confronte
ses performances actuelles à celles qu’il possédait quelque temps aupara-
vant. Ainsi, il prend conscience de ses progrès, ce qui peut être un facteur
de motivation.
Cette démarche nécessite de garder en mémoire les performances de
chacun. Dans ce chapitre, nous présentons donc trois activités types qui
illustrent cette modalité.
Compétences (I. O.) : – Lire aisément les mots les plus fréquemment rencontrés
(dits mots-outils).
– Identifier instantanément la plupart des mots courts
(jusqu’à 4 ou 5 lettres) et les mots longs les plus fréquents.
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Le travail individualisé
쎲 Prérequis
Au fil des lectures et découvertes, et de manière évolutive, l’enseignant
regroupe les mots-outils (pronoms, adverbes, prépositions, locutions, etc.)
sur une feuille affichée dans la classe. Ces mots ont fait l’objet d’une mémo-
risation visuelle (au CP) ou éventuellement écrite (au CE1).
쎲 Déroulement
Le maître demande à chaque élève de lire à haute voix une liste de mots-
outils le plus rapidement possible, en lui indiquant qu’il doit aller plus vite
que lors de sa dernière tentative. Le maître (ou un autre élève) chronomètre
la performance et demande à l’élève de la comparer avec ses scores précé-
dents. Cette nouvelle performance est notée sur la grille «mémoire ». Les
élèves commentent tous ensemble (ou en binôme) chaque performance ;
ce sera l’occasion d’analyser les problèmes, de comprendre la réussite,
d’apporter des conseils, et surtout de valoriser les efforts et les progrès.
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L’enseignant peut aussi se référer à la liste des mots les plus fréquents de la
langue française (publiée par Édiscol).
À droite, l’élève s’auto-évalue après une analyse de son résultat avec l’enseignant
ou avec un camarade.
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3MP partie 2 Chap. 5 5/06/09 10:39 Page 69
Le travail individualisé
쎲 Analyse de la différenciation
Pour cette activité, les élèves travaillent sur le même support, soit la même
liste de mots. Il ne s’agit à aucun moment d’introduire des mots supplé-
mentaires pour les plus rapides. Chaque élève visant à progresser et à
dépasser sa compétence initiale, on n’opposera pas les résultats des
meilleurs avec ceux des moins bons.
Ainsi, chacun améliore sa performance sans qu’aucun écart ne se creuse
entre les élèves. La prudence voudra qu’on leur laisse le choix de participer
ou non, bien que tous soient invités à le faire par l’enseignant ou par les
camarades.
Compétences (I. O.) : – Lire ou écouter lire des œuvres intégrales, notamment
de littérature de jeunesse et rendre compte de sa lecture.
– Lire et comprendre un texte littéraire en mémorisant ce
qui a été lu.
– Lire personnellement au moins un livre de littérature par
mois.
쎲 Prérequis
Dès que l’élève réussit à déchiffrer des mots, on l’invite à s’apercevoir
qu’il parvient à lire tout seul des petits livres ou des magazines. Bien
souvent, on laisse les enfants choisir le livre qu’ils désirent. Néanmoins,
ces livres ne sont pas toujours en adéquation avec leurs compétences, si
bien qu’ils risquent d’échouer et alors de se contenter de feuilleter les
pages. Cette approche «libre» du livre est bien sûr à préserver. Mais il est
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쎲 Déroulement
Une fois par semaine, l’enseignant regroupe tous les élèves autour de la
pile des livres sélectionnés. Il rappelle le projet : lire un livre tout seul en
intégralité. Puis, il confie un livre à chaque élève selon son niveau. En les
distribuant, il valorise chacun des livres par des commentaires sur son
intérêt. Il peut aussi demander à des élèves qui l’ont déjà lu d’en parler
et de donner un avis critique. Il convient d’accorder de l’importance à ces
livres afin que chacun ait conscience de ce qu’ils peuvent apporter en termes
de plaisir et de progrès en lecture.
En parallèle, l’enseignant soumet à chaque élève un livre destiné à être
lu à la maison, quand il le souhaitera. Il devra le lire seul, sous l’éventuel
regard bienveillant de ses parents.
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Le travail individualisé
쎲 Analyse de la différenciation
L’enseignant distribue un livre à chaque élève afin que chacun puisse
s’entraîner selon ses besoins. Les élèves, suffisamment lucides, compren-
nent bien que tel enfant bon lecteur aura un livre plus difficile que celui
qui ânonne encore. Sans leur accorder une trop grande importance, il est
souhaitable de ne pas cacher ces différences aux élèves. L’enseignant doit
avant tout valoriser le fait que chacun puisse lire son livre du début à
la fin.
Parfois, de très bons lecteurs souhaitent qu’on leur confie un livre réputé
« facile », pour le simple plaisir de l’histoire. L’enseignant peut accepter
cette démarche à condition de demander aux élèves qui l’ont déjà lu,
souvent moins experts, de le présenter. Ainsi, ces élèves plus faibles se
verront porteurs d’une connaissance que les autres n’ont pas encore. C’est
une occasion suffisamment rare pour ne pas oublier de la valoriser.
Enfin, dans ce projet, les livres ne pourront pas servir pour un quelconque
travail d’évaluation. Il est de la responsabilité de l’enseignant d’avoir évalué
les compétences de l’élève à un autre moment, sur un autre support – en
toute logique, il l’aura fait avant cette activité afin de distribuer les livres
selon le niveau de chacun. Par contre, il sera toujours intéressant de savoir
si l’élève a bien compris le livre qui lui a été confié. Pour s’en assurer,
l’enseignant lui demandera de présenter oralement, en peu de mots, même
malhabiles, l’intérêt du livre en question.
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쎲 Prérequis
Depuis le début de l’année, les élèves sont entraînés à la maîtrise des corres-
pondances entre phonèmes et graphèmes, par l’écriture, sous la dictée
de syllabes ou de mots simples. Cette compétence de base est entraînée
à partir des graphèmes et phonèmes étudiés au fil de l’année.
쎲 Déroulement
Ce projet a pour but de faire prendre conscience à l’élève de ses progrès.
Pour l’introduire, l’enseignant peut expliquer aux élèves qu’ils vont refaire
un travail sur les syllabes qu’ils ont déjà effectué au début de l’année, juste
pour voir s’ils ont tous progressé. Il précisera que «c’est très facile !».
L’enseignant distribue une feuille d’activité vierge et dicte les syllabes
simples, à l’identique de l’exercice réalisé quelques mois plus tôt. Il ramasse
ensuite l’ensemble des feuilles pour préserver les productions et opérer
une correction collective.
Une fois qu’il aura corrigé les feuilles, l’enseignant les rend aux élèves, en
se réjouissant de façon expressive des brillants résultats. Puis, il invite chaque
élève moins expert à comparer cette production avec celle qu’il avait
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Le travail individualisé
쎲 Analyse de la différenciation
En septembre, on travaille sur les syllabes «la», «li», «lo», «ma», «mi»,
«mo», alors qu’en décembre, on étudie «cho», «jou», «roi». Comme elles
utilisent des digrammes (sons à deux lettres), ces dernières syllabes néces-
sitent la mise en œuvre concomitante de trois compétences :
– la maîtrise des phonèmes ([S], [Z], [u], etc.) ;
– la maîtrise des graphèmes («ch», «j», «ou», etc.) ;
– la maîtrise du principe alphabétique, dit «principe de combinatoire».
L’élève déjà en difficulté sur le principe alphabétique se trouve alors face
à de nouveaux obstacles. Ce cumul de compétences à mettre en œuvre
peut bien souvent maintenir l’élève dans la certitude de ses incompétences.
Si on lui demande, fin novembre, d’écrire les syllabes simples de septembre,
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C h a p i t r e 6 6
Organiser le travail en groupe
쎲 Vigilance…
Le travail de groupe ne se décrète pas, il se construit. On voit trop souvent
beaucoup d’enfants autour d’une même feuille sur laquelle se déplace un
seul crayon tenu par une seule main. Dans ce genre de situation, l’enfant
fragile n’est presque jamais celui qui écrit, exceptionnellement celui qui
propose, rarement celui qui amende, et très souvent celui qui acquiesce sans
même qu’on lui demande réellement son avis. Ainsi, au fil des expériences
répétées de ce type de modalité, l’enfant moins habile s’habitue à cette
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posture d’élève qui au mieux valide, au pire décroche. Pourtant, son prénom
sera apposé en bonne place au bas de la feuille commune. Alors a-t-il
travaillé, profité de ces interactions, progressé ? Rien n’est moins sûr si
l’on n’y prend pas garde. Ce travail de groupe, qui avait pour objectif de
permettre à l’élève fragile d’être épaulé par ses camarades, risque de
produire son inverse : le renforcement des compétences des élèves les plus
forts, qui n’hésiteront pas à prendre l’activité à leur compte, face aux regards
démobilisés des plus faibles. Ainsi, les écarts se creusent.
Pour autant, il n’est pas question de proscrire le travail de groupe. Pour
bien apprendre, l’enfant doit être heureux de faire partie du groupe. Il
est donc nécessaire qu’il y trouve sa place, qu’il soit reconnu, apprécié,
écouté, utile. Ce premier point est à retenir : pour qu’un enfant soit en
condition favorable à l’apprentissage, il faut qu’il se sente bien au sein
du groupe auquel il est associé.
Les projets réels de classe et les sorties en commun (spectacle, visite, site
Web, journal, classe de découverte, etc.) permettent à certains de tirer une
joie du groupe et d’y trouver leur place. Néanmoins, c’est généralement
plus facile en petit comité, où chacun peut prendre une part plus grande,
dès lors que ce groupe est composé par affinités.
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• • Pédagogie différenciée
Sommes-nous encore dans un projet de pédagogie différenciée ? Oui,
puisque ce groupe de compétences hétérogènes cherche à réussir ensemble
un projet. L’élève plus faible a le plaisir de profiter de l’aide et des savoirs
de ses amis. Il accepte leurs conseils, les sollicite, et ose plus facilement
montrer ses difficultés. Il observe leurs stratégies, qui deviennent un modèle.
Ses camarades plus experts l’aident par amitié, tolérant ses difficultés.
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• • Pédagogie différenciée
Ce n’est pas dans cette configuration que l’élève fragile bénéficie d’un
maximum d’aides. Même si ses camarades de table ne refuseront pas de
l’aider, ce soutien, quelque peu contraint, n’aura pas l’efficacité de celui
de l’ami volontaire.
Par contre, cette situation peut se révéler utile lorsque l’enseignant
regroupe autour de lui (face au tableau par exemple) les élèves qui ont
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4MP partie 2 Chap. 6 5/06/09 10:41 Page 80
Dans ce cas, on peut envisager deux niveaux de difficultés, les élèves inter-
médiaires bénéficiant d’aides clairement mentionnées sur leur feuille de
travail.
Dans cette perspective, nous ne sommes plus vraiment en travail de groupe.
Cette configuration est développée ailleurs dans l’ouvrage : il s’agit d’un
travail en groupe de besoin.
• • Pédagogie différenciée
L’idée que l’enseignant place les élèves plus avancés en travail autonome
pour réunir autour de lui un groupe d’élèves plus faibles est une moda-
lité excellente, si l’on respecte les garde-fous dont nous nous faisons l’écho
au fil de cet ouvrage.
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5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 83
Partie 3
Activités différenciées
visant des contenus
disciplinaires
Chapitre 1 • Pédagogie différenciée et maîtrise de la langue :
lire des textes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 87
Chapitre 2 • Pédagogie différenciée et maîtrise de la langue :
produire des écrits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 126
Chapitre 3 • Pédagogie différenciée et maîtrise de la langue :
outils de la langue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 143
Chapitre 4 • Pédagogie différenciée et maîtrise de la langue :
acculturation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 153
Chapitre 5 • Pédagogie différenciée et mathématiques . . . p. 171
Chapitre 6 • Pédagogie différenciée et autres champs
disciplinaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 189
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 84
Introduction
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5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 85
Introduction
Notre choix se justifie aussi du fait que l’essentiel des aides à apporter
aux élèves relève de la maîtrise de la langue, qui est liée aux autres contenus
disciplinaires. La transversalité de ce domaine lui donne en effet un statut
prioritaire. Un élève gêné pour lire un texte ne parviendra pas non plus à
prélever les informations pertinentes dans un énoncé de problème mathé-
matique, ni à s’appuyer sur un extrait de texte en histoire, par exemple.
C’est d’ailleurs la principale critique formulée au sujet des résultats des
évaluations nationales : «cet élève de 6e ne sait pas lire», sans spécifier ce
qu’il ne sait pas lire.
Le temps hebdomadaire consacré à la lecture ou à la production d’écrits
imaginaires (conte, roman, etc.) est prépondérant dans une classe. Ce
constat explique également notre choix car nous cherchons avant tout à
fournir à l’enseignant des outils qu’il utilise principalement dans la classe.
Les activités qui concernent la lecture ou la production d’écrit sont donc
conséquentes. Elles offrent des pistes pour l’enseignant, dans le sens où les
exemples choisis reposent pour l’essentiel sur des écrits fictionnels, même
si la démarche peut s’appliquer à des écrits d’autre nature.
En revanche, il n’est pas question de minimiser les autres domaines
disciplinaires car ils ont leur spécificité. Ils permettent aussi et surtout
d’offrir une variété d’activités dans lesquelles les élèves les plus en difficulté
dans l’apprentissage de la langue peuvent se sentir davantage concernés
et ainsi progresser. Ne connaît-on pas des élèves qui s’extériorisent et
trouvent une place conséquente dans la classe grâce aux séances d’arts
visuels ou d’EPS? Ne voit-on pas d’autres élèves s’investir dans la réalisa-
tion d’une carte de géographie, d’un plan, d’un schéma? Nous en sommes
tout à fait conscients, aussi nous nous attacherons simplement, en fin de
cette troisième partie, à décliner quelques pistes de mise en place d’une
pédagogie différenciée dans ces autres champs disciplinaires.
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5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 87
C h a p i t r e 1 1
Pédagogie différenciée
et maîtrise de la langue :
lire des textes
Dans les quatre premiers chapitres de cette partie, nous nous efforçons
d’exposer un certain nombre de situations de classe qui montre comment
mettre en place des situations concrètes de pédagogie différenciée dans
le vaste champ de la maîtrise de la langue. Chacune de ces activités modé-
lisantes est présentée sur un support particulier et pour un certain niveau
de classe. Notre volonté est d’illustrer les démarches proposées au plus
près de la vie d’une classe. Elles peuvent évidemment être adaptées aux
réalités des enseignants et à leurs projets, et être déclinées sur d’autres
supports ou pour d’autres niveaux.
Sans volonté de hiérarchiser les domaines d’apprentissage, nous avons
regroupé ces activités autour des quatre axes majeurs préconisés par les
Instructions officielles. On répartira le volume horaire hebdomadaire à part
égale autour de ces quatre axes.
– L’acculturation vise à placer les élèves face à des «lectures vraies» sur
des albums et des œuvres complètes.
– L’acquisition des outils de la langue vise à doter les élèves d’éléments
structuraux et structurants qui mènent au déchiffrage de mots et à la
compréhension d’unités sémantiques courtes, comme la phrase, le para-
graphe et le texte bref.
– La production d’écrits permet aux élèves de réinvestir leurs compétences
culturelles et techniques, et de se projeter dans les complexités et les
richesses de la langue, les ouvrant à de nouvelles situations problèmes
nécessitant de nouvelles acquisitions culturelles et techniques.
– La lecture des textes courts vise à développer chez les élèves des savoirs
et savoir-faire opérants lorsque l’on se trouve face à une masse textuelle.
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Questionner un texte au CP
Lecture – Cycle 2
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5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 90
쎲 Prérequis
Si les élèves sont déjà habitués à travailler dans cette configuration, il est
possible de laisser les plus experts en autonomie lors de la seconde partie
de la séance.
Le texte à lire est photocopié et agrandi sur une feuille au format A3, ou,
mieux, recopié en script sur une grande affiche afin d’être présenté à
tous les élèves.
쎲 Déroulement
Sous la consigne du maître, tous les élèves ouvrent leur manuel ou leur
album de littérature de jeunesse à la page demandée.
Dans un premier temps, le maître conduit une séance orale, où les élèves
émettent des hypothèses sur le contenu d’un texte en s’appuyant sur les
illustrations qui l’entourent. Au fil des propositions, le maître note les mots
importants (ceux que l’on retrouvera dans le texte affiché au tableau).
On repère aussi la macrostructure du texte. On relève des indices, notam-
ment les éléments de ponctuation, de dialogue par exemple. Riches de
ces hypothèses, les élèves peuvent maintenant entrer véritablement dans
le contenu du texte.
Dès cette seconde étape, il convient de différencier le travail:
– Les élèves déjà lecteurs lisent, seuls, le texte et répondent au crayon à
un questionnaire très simple, sorte de guide de lecture qui invite à iden-
tifier les personnages, repérer les lieux, les situations et tout ce qui relève
de la compréhension littérale et explicite du texte.
– Les autres élèves, non lecteurs, se regroupent face au texte affiché en
grand au tableau. Ils sont assis sur deux bancs selon le même principe
que lors des phases de regroupement à l’école maternelle. Pendant ce court
temps de mise en place, le maître peut donner et expliquer rapidement
les consignes des activités que réalise le groupe d’enfants lecteurs.
Le maître travaille donc directement avec les élèves non lecteurs, en leur
faisant repérer tout d’abord les mots connus. Il s’agit pour l’essentiel des
mots-outils. Les élèves les soulignent, afin d’identifier facilement ceux qu’ils
connaissent déjà. Ils sont aussi invités à s’appuyer sur le paratexte: para-
graphe, ponctuation particulière (dialogues, points d’interrogation…), qui
permet, dès cette étape, d’imaginer d’autres hypothèses auxquelles peuvent
se référer celles qui avaient été initialement envisagées.
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5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 91
Puis, chaque phrase du texte est questionnée. Qui est l’acteur (personnage)?
Sur quoi agit-il (nom)? Quelle action réalise-t-il (verbe)? Les mots inconnus
sont découverts à la fois par un usage des éléments du code et à l’aide
du contexte de la phrase, dont le sens se construit. Ils sont alors reliés
progressivement aux mots connus. Lorsque la phrase a été comprise et
les mots identifiés, elle est lue à haute voix, puis relue plusieurs fois.
Ce procédé est décliné jusqu’à la fin du texte. Dès que trois à quatre phrases
sont lues, le groupe est invité à relire le texte depuis le début, afin que
les liens logiques s’établissent, construisant ainsi une meilleure compré-
hension du texte.
Au cours de cette lecture collective, les élèves ayant travaillé en autonomie
rejoignent leurs camarades de manière échelonnée, dès qu’ils ont terminé
leur tâche. Le maître saisit alors l’opportunité de leur présence pour leur
demander de relire, à leur tour, le texte à haute voix.
En fin de séance, comme ils ont fini leur travail, tous les enfants lecteurs
rejoignent le groupe épaulé par le maître – si certains élèves n’ont pas tout
à fait terminé leur travail, il leur est quand même demandé de venir. La
démarche consiste alors à procéder à des relectures expressives de tout le
texte et de débattre de son sens plus caché: l’implicite du texte, les infé-
rences qu’il convient de réaliser. Ces phases de débat participent d’une
compréhension fine du texte.
En prolongement de cette séance, on travaillera autour du questionnaire
déjà rempli par les élèves plus experts.
쎲 Analyse de la différenciation
Cette activité de lecture d’un texte, qui est aussi considéré comme un objet
culturel (une histoire), commence toujours par un temps collectif. Il est
fondamental que tous les élèves aient ensemble ce vécu de classe, autour
de cet écrit qui n’est pas qu’un simple outil d’apprentissage. Les hypothèses
émises se font en grand groupe. De la même manière, lorsque le texte a
été réellement déchiffré par chacun (seul à sa table, ou en petit groupe
avec le maître), tout ce qui relève du travail d’interprétation du texte, de
l’identification de son sens caché, de la recherche de l’implicite et du culturel
doit aussi être travaillé en grand groupe. Ainsi les élèves progressent et
grandissent ensemble.
En revanche, pour ce qui est du déchiffrement des mots, des phrases, des
91
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 92
En effet, lors de cette activité type, les élèves lecteurs placés en auto-
nomie évitent ainsi le temps très fastidieux pour eux de l’identification
de mots connus. Leur présence dans le groupe-maître aurait pour
conséquence de priver les élèves qui en ont le plus besoin de travailler
cette identification. Plus sûrement, on leur demanderait de se taire pour
laisser les plus faibles répondre, les plaçant dans une situation d’attente
totalement frustrante et démobilisatrice.
Le groupe de lecteurs moins experts ne peut plus prendre appui sur les
élèves « moteurs » qui, bien souvent, monopolisent la parole. Ils sont
donc obligés d’intervenir. Ils deviennent véritablement acteurs de leur
travail. Dans ce groupe d’enfants possédant les mêmes compétences et
difficultés, les interactions entre élèves sont riches et productives.
Lors du retour des élèves lecteurs, ceux-ci connaissent moins bien le détail
du texte, puisque l’ayant lu seuls, ils auront souvent eu une lecture qui
ne se sera pas arrêtée aux détails. Ainsi, lorsqu’on leur demande de lire le
texte, ils sont confrontés à une tâche ardue puisqu’ils ne possèdent pas
tous les repères construits avec les autres. Il n’est pas rare de voir à ce
moment les élèves plus faibles épauler les plus forts. Il n’est pas rare non
plus de voir les élèves lecteurs prendre conscience, à mesure que le texte
se dévoile, qu’ils ont fait une erreur d’interprétation. Ils retournent alors
librement à leur feuille pour se corriger. Ce regard critique sur son propre
travail est très formateur.
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Matériel : – Des mots, extraits d’un texte connu des élèves, écrits
sur des étiquettes et placés ligne à ligne sur trois niveaux.
– Des cubes de numération ou des bûchettes.
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쎲 Prérequis
Tous les élèves connaissent le texte qui a été travaillé précédemment en
lecture découverte. Le maître connaît les capacités de chaque élève dans
le domaine du décodage des mots.
쎲 Déroulement
L’enseignant explique la consigne aux élèves: cette activité consiste à réaliser
des phrases à l’aide des étiquettes-mots. Puis, il distribue à chacun un
cube de numération qui lui permettra de savoir quel type de travail il
effectuera. Par exemple, il peut distribuer:
– aux élèves non déchiffreurs, un cube bleu;
– aux élèves faibles déchiffreurs, un cube jaune;
– aux élèves lecteurs, un cube rouge.
Il attribue la bonne phrase à chaque élève. Pour ceux qui ont:
– un cube bleu, il donne les étiquettes qui permettent de construire la
phrase issue du texte: «Je ne veux pas me laver!» (niveau 1);
– un cube jaune, il donne les étiquettes qui permettent de construire une
phrase non issue du texte, mais qui reprend de manière très aisée son
contenu: «Tom ne veut pas se laver!» (niveau 2).
– un cube rouge, il donne les étiquettes qui nécessitent de construire une
phrase dont les mots sont assez éloignés du texte, mais dont le sens est
similaire: «C’est un enfant qui ne veut pas se laver!» (niveau 3).
À l’aide de ciseaux et de colle, chaque élève recompose la bonne phrase.
Le maître passe de table en table et, au besoin, apporte des précisions. Aux
élèves les plus faibles, il peut proposer de s’aider du texte source, puisque
la phrase en est directement issue.
Dès qu’un élève a terminé sa phrase, on lui en donne une nouvelle,
construite sur le même principe, et du même niveau. Par exemple:
Niveau 1: Tom refuse de prendre son bain.
Niveau 2: Tom refuse d’entrer dans la baignoire.
Niveau 3: Chaque soir, ce garçon boudeur refuse de se laver.
Les élèves du groupe intermédiaire qui ont fini peuvent aussi se confronter
à la première phrase de niveau 3. Ceux du groupe le plus avancé sont invités
à aider un camarade de leur choix. Il est possible que certains élèves
réalisent trois phrases, alors que d’autres n’en font qu’une seule.
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En fin de séance, on lit à haute voix toutes les phrases pour validation.
On acceptera toute phrase cohérente. Par exemple: « Ce garçon boudeur
refuse chaque soir de se laver. »
쎲 Analyse de la différenciation
Tous les élèves de la classe travaillent sur un contenu narratif identique.
Le maître préserve ainsi la cohésion du groupe-classe et évite de creuser
les écarts entre les élèves experts et les plus faibles. L’objectif est donc iden-
tique pour tous, seule la difficulté de l’exercice change. Pour les élèves
du niveau 1, on vise à ce qu’ils sachent reconstruire une phrase dont ils
connaissent le sens, favorisant pour eux le déchiffrement de mots et la
segmentation au sein de la phrase. On incite les autres élèves à déchiffrer
des mots moins aisés, parfois non issus du texte. Par contre, on préserve
toujours le sens.
En proposant trois niveaux de difficulté, chaque élève peut travailler à
partir des compétences qu’il est en train de construire. En réalité, on
distingue même quatre niveaux, puisque parmi les élèves les plus faibles,
certains travaillent avec le texte souche et d’autres non. Les élèves moins
experts trouvent donc un travail à leur dimension.
À l’inverse, on peut envisager de proposer à ceux qui terminent rapide-
ment le travail du niveau supérieur au leur. En confrontant un élève à
une tâche qu’on pensait ne pas lui convenir, l’enseignant se donne le moyen
d’analyser ses performances et éventuellement de décider de le glisser
prochainement dans un groupe supérieur.
On occupe aussi les élèves les plus avancés, soit en leur donnant de nouvelles
phrases, soit en leur demandant d’aider leur camarade, sans pour autant
viser des compétences différentes des autres. Il faut éviter de donner un
travail trop facile à l’enfant expert, car on risquerait de le voir se démo-
biliser et s’installer dans la facilité, posture qu’il pourrait prendre de manière
trop systématique face à son travail.
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쎲 Prérequis
Les élèves étant déjà habitués à travailler dans cette configuration, le maître
peut laisser les plus experts en autonomie lors de la seconde partie de la
séance.
쎲 Déroulement
Pour commencer la séance, reprendre en tout point la stratégie employée
pour la séance de CP : analyse des illustrations, émission d’hypothèses,
construction d’un horizon d’attentes.
Puis, comme pour la séance de CP, les élèves bons lecteurs lisent, seuls, le
texte issu du manuel, de l’album ou du roman – on privilégie le support
réel plutôt qu’une photocopie. Ils remplissent ensuite le questionnaire
qui leur est proposé.
Pendant ce temps, les élèves moins experts utilisent une photocopie de
ce même texte (pour pouvoir écrire dessus), dont les lignes sont numéro-
tées pour avoir de meilleurs repères. Ils disposent également à côté d’eux
96
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쎲 Analyse de la différenciation
Cette analyse ne diffère pas beaucoup de celle développée pour la séance
de CP. On remarque simplement que le questionnement a pour support
une feuille photocopiée, afin de s’assurer que chaque élève suit bien. La
numérotation des lignes du texte permet à l’élève de se repérer, même
après un court moment de «décrochage». De même, entourer ou souli-
gner le mot recherché aide à la concentration et prouve que l’élève suit.
À distance, le maître repère ceux qui entourent le bon mot, ceux qui en
entourent un autre, ceux qui n’entourent pas dans la phrase actuelle-
ment traitée, ceux qui n’entourent rien. Ainsi, il peut adapter à chaque
instant son enseignement, son aide, et distiller les outils utiles au moment
où ils sont nécessaires à tel ou tel élève.
Les élèves plus faibles travaillent sur une photocopie alors que les autres
bénéficient d’une lecture sur support réel. Voilà pourquoi, même si cela
peut paraître encombrant, il est important de demander aux élèves du
groupe-maître de placer aussi le support réel sur leur table. Ainsi, on
préserve l’égalité de traitement, chacun ayant la possibilité de disposer
du support original.
À la fin de la séance, la photocopie manipulée, dont les mots ont été
entourés, soulignés, etc., n’est plus très présentable. Ce n’est pas grave!
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5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 98
Cette photocopie n’est qu’un outil d’aide à la lecture. En aucun cas son
contenu n’est évalué. De cette manière, les élèves sont habitués à accepter
qu’elle n’est qu’une aide que le maître peut analyser, mais qu’elle n’est pas
conservée.
Lors de cette première étape d’exploitation du texte, les élèves bons lecteurs
ont rempli tout ou partie d’un questionnaire relatif au texte. Ceux qui
lisaient au sein du groupe-maître n’ont pas pu le faire, c’est pourquoi il
convient de rééquilibrer cette situation lors de la séance suivante, dont
l’objet sera justement l’exploitation de ce questionnaire.
쎲 Prérequis
Cette séance est la suite directe de l’activité sur le questionnement d’un
texte, traitée p. 88 à 92 pour les CP, et p. 96 à 98 pour les CE1. Le ques-
tionnaire dont il est question ici est donc celui que les élèves lecteurs ont
rempli au crayon pendant que les autres découvraient le texte avec le
maître. Ainsi, au début de cette séance, certains élèves partent d’une grille
déjà remplie, alors que d’autres n’ont encore qu’une copie vierge. Le
texte auquel ce questionnaire se réfère est bien connu des élèves. Il a été
lu en séance de questionnement, puis relu à la maison et en classe.
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5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 99
쎲 Déroulement
La séance débute par une relecture magistrale du texte, visant une remise
en mémoire la plus claire possible de son contenu; le maître sollicite les
élèves les plus experts. Puis il demande à un élève qui a déjà réalisé le travail
seul (lors de la séance différenciée de questionnement de texte) d’expli-
quer la consigne du premier exercice, avec ses propres mots. Le maître
valide l’explication et reformule à son tour la consigne.
Les élèves qui ont un questionnaire vierge y répondent par écrit. Le maître
leur accorde suffisamment de temps. Ceux du groupe de bons lecteurs véri-
fient leurs réponses et rectifient leurs erreurs ou leurs imprécisions. À
ceux qui pensent avoir réussi, le maître demande à voix basse de préparer
l’explication de la consigne suivante.
Après avoir laissé le temps de réflexion et de réalisation de l’exercice 1, le
maître reprend le groupe-classe et demande immédiatement les bonnes
réponses. Il s’appuie alors sur les élèves volontaires, d’un groupe ou de
l’autre. Les réponses sont validées collectivement et un court temps de
correction est accordé avant de passer à l’exercice 2.
De nouveau, pour l’exercice 2, un élève du groupe plus avancé a pour
mission d’expliquer la consigne. Le procédé utilisé est identique jusqu’à
la fin du questionnaire.
쎲 Analyse de la différenciation
Tous les élèves travaillent sur le même support. Certains ont déjà rempli
seuls tout ou partie de ce questionnaire lors de la séance précédente,
alors que d’autres le découvrent. On pourrait donc penser que ces élèves
plus experts vont s’ennuyer et se retrouver en situation d’attente démo-
bilisatrice. Il n’en est rien, car ils ont d’autres rôles à remplir.
Tout d’abord, ils expliquent les consignes, ce qui représente un difficile
travail oral de synthèse, d’appropriation et de transmission. Il ne suffit plus
de comprendre soi-même, mais aussi d’être compris par les autres.
À noter que cet exercice est aussi utile aux meilleurs lecteurs. Au moment
où ils ont rempli ce questionnaire, ils étaient seuls, en situation de décou-
verte autonome du texte, sans étayage du maître. Depuis, ce texte a été
revu, analysé, compris. C’est la raison pour laquelle le maître demande à
ces élèves de vérifier et éventuellement de corriger la grille avec des
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réponses adaptées, lors de cette nouvelle séance. Il s’agit donc aussi pour
eux d’une vraie séance d’apprentissage.
Les élèves moins experts qui découvrent ce questionnaire bénéficient de
tous les étayages nécessaires. Les consignes leur sont expliquées par leurs
camarades avec des mots qu’ils peuvent comprendre, puis elles sont refor-
mulées par le maître à son tour. Ils ont ensuite le temps de réfléchir,
d’identifier dans le texte le contenu des réponses et enfin de remplir le
questionnaire.
Dans ce moment de travail individuel, les élèves intermédiaires sont mis en
situation de réussite, car ils ne sont pas totalement indépendants face à
l’exercice – des aides leur sont distillées au fil de leur travail. Les élèves les
moins avancés font aussi leurs recherches, parfois avec plus ou moins de
réussite. Néanmoins, la validation et la correction étant quasi immédiates,
ils ne sont pas bloqués dans leurs premières hypothèses.
On peut donc estimer que cette activité à la fois individuelle (chacun remplit
sa grille) et collective (elle est remplie au même rythme pour tous) sert de
base à une différenciation effective sur trois groupes de niveau, chacun y
trouvant naturellement sa juste place. Au final, ce questionnaire sera réussi
par tous et pourra être consigné dans un cahier de classe.
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쎲 Prérequis
Pour cette séance, l’enseignant écrit un texte court, résumé d’un texte plus
long et plus complexe déjà lu en classe. Il conserve le contenu narratif, mais
les phrases sont encore plus simples. Les élèves ont lu ce texte découverte
dans les jours précédents. Ils l’ont exploité par écrit.
Exemple de texte court relatif au texte Pour qui la fève?, pp. 88-89
Les enfants mangent la galette des Rois.
Ils sont impatients.
Agathe voit la fève.
Louis trouve la fève.
Mais Agathe ne sera pas triste, car il y a une autre fève.
쎲 Déroulement
Le maître présente le texte court à tout le groupe. Les élèves constatent
qu’il est bien relatif à celui étudié lors de séances précédentes.
Il distribue ensuite le questionnaire aux élèves experts et aux élèves
intermédiaires. Les questions posées sont simples et connues : cocher des
personnages, relier des personnages à des actions, vrai/faux, identification
de phrases du texte, constitution de phrases à l’aide d’étiquettes-mots, etc.
Ces enfants travaillent seuls.
Le maître regroupe autour de lui les élèves les plus en difficulté – quatre
à sept autour d’une table ovale ou un groupe de quatre tables d’élèves.
Chacun dispose de son texte court et du texte source déjà étudié. Après
une mise en contexte, les élèves identifient les mots connus, qu’ils entou-
rent directement sur la feuille. Puis le maître procède par questionnement
du texte, comme il le ferait dans une séance de lecture découverte.
Lors de cette activité, le maître insiste pour que les élèves n’en restent
jamais aux hypothèses, mais valident leurs choix en s’appuyant sur le
contenu graphophonologique des mots du texte. On cherchera à éviter
toute devinette et à se concentrer sur le décodage de ces mots mis en
contexte dans des phrases.
En fin de séance, le texte est lu à haute voix par différents élèves.
L’enseignant ramasse les questionnaires, sans qu’ils fassent l’objet d’une
correction collective.
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쎲 Analyse de la différenciation
Lors de cette séance, le maître se met délibérément au service exclusif
des élèves les moins avancés. Tout naturellement, ces derniers le préoc-
cupent le plus. Il est donc essentiel de dégager du temps pour eux.
Dans cette configuration, les autres élèves travaillent seuls, sans contraintes
excessives, puisque les exercices proposés sont simples. Les enfants les
plus avancés exécutent la tâche, réalisant leur métier d’élève. Ceux d’un
niveau intermédiaire apprennent à travailler en autonomie. En devenant
plus autonomes, ils pourront, à terme, être placés à leur tour plus régu-
lièrement en travail individualisé, avec les élèves experts. Cette condition
est essentielle pour que le maître puisse rester à la disposition de ceux
qui en ont le plus besoin.
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쎲 Prérequis
L’enseignant écrit un texte dérivé à partir d’un texte découverte lu et
exploité en classe, les jours précédents. Il en reprend la structure et quelques
éléments majeurs du contenu narratif, mais change les situations et les
relations logiques.
Les élèves ayant mémorisé le texte découverte de la semaine se trouvent
face à un nouveau texte. Même s’ils sont aidés par sa structure relative-
ment similaire, ils seront déstabilisés par les nouveaux événements
proposés. Ils seront alors obligés de reconstruire du sens et de déchiffrer
de nouveaux mots.
쎲 Déroulement
Le maître place les affiches des deux textes (texte souche et texte dérivé)
côte à côte au tableau. Collectivement, on identifie quelques grands axes
communs, en se posant des questions; par exemple: les personnages et
les lieux sont-ils identiques ? On émet quelques hypothèses, bien qu’on
ne dispose pas d’illustrations avec ce nouveau texte.
Puis le maître procède comme pour un texte découverte: les élèves bons
lecteurs travaillent seuls avec leur texte et leur questionnaire, pendant que
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쎲 Analyse de la différenciation
Cette différenciation pédagogique est de même nature que celle de
l’activité sur le questionnement de texte au CP, dont l’analyse est développée
pp. 91-92.
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À titre d’exemple, nous analyserons les différents points que le maître peut
aborder avec certains élèves avant la lecture collective de ce texte poli-
cier, destiné à une classe de cycle 3.
Exemple
Quand j’ai raconté à mes parents, ils ont été formids. Maman a eu l’idée de
déposer, en cachette, le soir, un sac plastique avec de quoi manger dans la
poubelle la plus proche de l’hôtel particulier milliards d’étoiles de Clodo.
C’était un secret.
Donc, je venais de déposer mon sac quand, dans un bruit de freins terrible qui
m’a fait me cacher, une voiture BMW noire a pilé sec à mon niveau. J’ai d’abord
imaginé qu’on allait me kidnapper. Mais papa est inconnu et puis je m’étais
caché.
Deux types louches sont sortis de la BM.
Le premier, un sinistre à lunettes noires, faisait semblant d’aérer le chien minia-
ture qu’il avait aux bras.
« Respire, Trésor. Respire. »
En vrai, il faisait le guet pendant que le deuxième fonçait sur MA poubelle.
Jamais je n’avais vu quelqu’un si pressé de jeter ses ordures, sauf une fois maman
avec une couche de ma sœur, pleine à ras et qui sentait l’enfer. Mais ces types
n’avaient pas des bobines à s’occuper de couches.
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• • Le lexique
Le lexique est fréquemment un élément de difficulté pour les élèves. Il
est souvent expliqué après la lecture silencieuse, ce qui peut s’avérer trop
tardif. En effet, s’il représente une gêne trop importante, même l’appui
sur le contexte ne permet pas aux élèves les plus fragiles de comprendre
ces mots.
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Dans l’exemple choisi, le lexique est aussi très lié à l’univers du roman
policier. L’explicitation de ce lexique peut porter sur :
– la signification du mot «formids»;
– ce qu’est une BMW ;
– ce que sont des mygales ou des scorpions ;
– ce que signifie « coller une tarte » ;
– ce que signifie « partir en trombe » ;
– ce qu’est un « survêt ».
De nombreux autres mots ou expressions peuvent être expliqués à partir
de cet extrait de roman policier. L’enseignant s’assurera de la compré-
hension première du lexique en discutant avec les élèves, pour que tous
accèdent ensuite à la compréhension globale du passage.
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Ces quelques pistes pour intervenir avant la lecture collective d’un texte
représentent une différenciation pédagogique apportant une aide
précieuse à ces élèves, en vue de les « armer » pour lire le texte en silence
et à leur place habituelle.
Cette aide première ne sera pas toujours apportée aux mêmes élèves. En
effet, lors des lectures silencieuses, le maître sera attentif à l’attitude des
élèves et, selon, fera évoluer les groupes de besoin. En constatant comment
tel élève entre plus facilement dans un texte, en remarquant aussi comment
il parle plus volontiers de sa lecture, le maître le retire du groupe de besoin
avant le temps de lecture. C’est ainsi que les besoins peuvent se réduire
et l’échec du même coup.
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(…)
« Donc, je venais de déposer mon sac quand, dans un bruit de freins terrible
qui m’a fait me cacher, une voiture BMW noire a pilé sec à mon niveau. J’ai
d’abord imaginé qu’on allait me kidnapper. Mais papa est inconnu et puis je
m’étais caché. »
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(…)
« Jamais je n’avais vu quelqu’un si pressé de jeter ses ordures, sauf une fois
maman avec une couche de ma sœur, pleine à ras et qui sentait l’enfer. Mais
ces types n’avaient pas des bobines à s’occuper de couches. »
(…)
« Ce sac devait au moins contenir des mygales ou des scorpions. »
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Dans ce cas, les élèves peuvent être gênés par la succession d’énumérations
des gestes des trois types « louches ». Le dernier « ils » peut renvoyer à d’autres
personnes dans l’histoire, c’est pourquoi l’aide entre parenthèses peut s’avérer
utile pour certains élèves.
• • Liens de causalité
Des difficultés apparaissent aussi pour cerner comment tel événement est
lié à tel autre et pourquoi il surgit à un moment précis. Les liens de causa-
lité sont des éléments de structuration du texte et ils sont fondamentaux
pour la compréhension. Les élèves faibles lecteurs sont souvent mal à l’aise
avec ces parties du texte, ce qui nuit grandement à la compréhension
globale. De nouveau, le maître peut apporter des explications sous forme
d’encadrés, en complément de la lecture.
Amédée croit que le sac plastique jeté dans la poubelle est une bombe.
C’est pourquoi il se jette au sol.
Dans ce cas, il n’est pas simple de comprendre que le sac plastique est comparé
à une bombe. Les confusions sont possibles et multiples.
Pour l’élève faible lecteur, il n’est pas simple de décrypter que le survêtement
est taché parce qu’Amédée s’est jeté au sol.
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Trois hommes louches sortent alors d’une voiture noire et foncent vers la
poubelle dans laquelle ils jettent un autre sac. Amédée prend peur alors que
les hommes repartent à vive allure dans leur voiture noire.
De retour chez lui, Amédée surveille son ami grâce à des jumelles.
Clodo récupère les deux sacs dans la poubelle. Il sourit lorsqu’il ouvre le sac
d’Amédée. Il goûte avec son doigt le contenu de l’autre sac.
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photo d’un chat. Il était tout en longueur, sans queue ni pattes, mais on recon-
naissait distinctement la tête et les oreilles pointues d’un félin. Comme il paraissait
couvert de tissu plutôt que de poils, j’ai d’abord cru que c’était un jouet.
– Voici une momie de chat…
Et Mlle Smith nous a expliqué en détail comment les Égyptiens s’y prenaient
pour transformer leurs chats en momies. Cette fois, elle avait toute mon
attention.
Wilson J., Ma chère momie, Gallimard Jeunesse, « Folio Cadet », trad. : O. de Broca,
nov. 2003, p. 39-40.
Questionnaire initial
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12 0
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6. Quel sort était parfois réservé aux chats lorsqu’ils étaient morts ?
– Ils étaient jetés dans le Nil.
– Ils étaient momifiés.
– Ils étaient enterrés avec leur maître.
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Résumé 2
Sofia est une petite fille qui vient de perdre sa petite chatte Marbel.
À l’école, Moyra lui témoigne de la sympathie alors que d’habitude ces deux
petites filles sont ennemies. Leur maîtresse, mademoiselle Smith, leur parle de
l’Égypte antique. Elle évoque les chats qui y étaient considérés comme des
animaux sacrés. Elle explique que la déesse Bastet leur est dédiée. Certains chats
sont même momifiés et la maîtresse présente à la classe une photographie de
momie de chat. Sofia fait une prière à la déesse Bastet, elle aimerait bien que
sa chatte lui revienne. Aussi, lorsque la maîtresse explique comment les momi-
fications sont faites, Sofia écoute tout particulièrement.
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2 C h a p i t r e 2
Pédagogie différenciée
et maîtrise de la langue :
produire des écrits
La production d’écrits est la voie royale qui permet aux élèves de renforcer
leurs compétences acquises par ailleurs (outils de la langue et culture des
textes). Chaque production donne une fonction à ces acquisitions, les
rendant opérantes, actives, utiles, nécessaires.
Autant que possible, ces activités doivent être inscrites dans un « projet
d’écriture», une situation réelle de communication. Chaque élève produit
donc en sachant qu’il sera lu. Ainsi son écrit acquiert une fonction parti-
culière et ne se présente plus simplement comme un exercice. Cette finalité
de communication motive l’élève à fournir les efforts qualitatifs nécessaires
à sa production.
Ces activités sont généralement des travaux individuels. La différenciation
procède alors par étayages de l’enseignant: aides ponctuelles, usage de
la dictée à l’adulte, apports de structures syntaxiques modélisantes, listes
de mots, etc.
Dans les Instructions officielles de 2002, il est proposé d’écrire à partir de
la littérature de jeunesse, domaine de la maîtrise de la langue qui a fait
une entrée en force dans ces derniers textes officiels. Le texte lu par la
classe devient un «texte souche» à partir duquel il est possible:
– d’imaginer la suite ou le début du texte;
– d’inventer un nouveau chapitre;
– de transformer un chapitre, un paragraphe;
– de détourner un passage, d’en faire le pastiche…
D’autres activités de production d’écrits sont bien sûr possibles, comme le
travail sur la description ou celui qui vise des écrits plus fonctionnels.
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Compétences (I. O.) : – Concevoir et écrire, avec l’aide du maître, une phrase
simple cohérente, puis plusieurs.
– Comparer sa production écrite à un modèle et rectifier
ses erreurs.
쎲 Prérequis
Généralement, un projet d’écriture part d’une base, qui peut être une
phrase, ou d’une structure inductrice connue des élèves, souvent issue d’un
texte source. Ce texte souche est souvent issu d’un ouvrage de littérature
de jeunesse ou du manuel de lecture à partir desquels les activités de
production sont menées dans la classe. Il n’est pas obligatoirement long
et sert de structure de référence pour être prolongé ou modifié à partir
d’une consigne donnée. Ce texte permet aux élèves de mieux s’appro-
prier la littérature de jeunesse, de partir d’un support identique pour
tous et de donner un point d’ancrage de référence.
Dans la dictée à l’adulte, chaque phrase doit être formulée en «écrit parlé»,
c’est-à-dire en oral qui s’impose certaines contraintes de l’écrit. L’élève fait
ainsi l’expérience du lien fort entre oral et écrit. Il constate certaines
différences entre l’élocution orale et les contraintes de l’écrit, surtout
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쎲 Déroulement
Le projet proposé aux élèves revient à dire: «Nous avons lu une histoire.
Si, à notre tour, nous en écrivions une aussi, différente, mais en s’aidant
de l’histoire que nous avons lue?»
Ainsi, lors d’une situation de production d’écrit, le maître explicite le projet
d’écriture. Généralement, il vaut mieux partir d’un texte souche réfé-
rence qui offre une structure narrative et la syntaxe équilibrée de
nombreuses phrases. Ces outils guident l’élève dans sa propre production.
Avant de lancer les élèves en production individuelle, le maître commence
toujours par une mise en mots à l’oral. À partir du texte souche et des
phrases inductrices du projet d’écriture, il demande à quelques élèves de
raconter leur histoire.
Exemple d’un texte souche, de son projet d’écriture inducteur et de deux
propositions d’élèves
Texte souche travaillé en classe en lecture
Lors des vacances,
la maîtresse m’a confié le lapin de la classe.
J’étais très fier!
Lundi, il a mangé les fils de la télé.
Mardi, il a fait des petites crottes dans les pantoufles de Maman.
Mercredi, il a grignoté les pommes du réfrigérateur.
Jeudi, il a dispersé les papiers de Papa.
Vendredi, il a déchiré mon magazine préféré.
Alors samedi, on s’est fâché!
Et dimanche? Eh bien, il avait… disparu!
Maman a cherché dans les armoires.
Papa a déplacé tous les meubles.
J’ai regardé sous tous les draps.
Et on ne l’a pas trouvé.
Alors j’ai pleuré.
Lundi, que dira la maîtresse?
Pour me consoler, j’ai cherché mon doudou.
Et là, dans ma caisse, entre mon dauphinou et mon nounours, couché sur
mon doudou préféré, il y avait le lapin coquin qui dormait sagement…
Gutman C., Doudou premier, Nathan, « Nathan poche », 2006.
12 8
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Élève intermédiaire:
Lors des vacances, j’ai trouvé un chat dans la forêt.
Lundi, il a mordu ma maman.
Mardi, il a cassé le vase et les assiettes.
«Oh! ça commence à devenir fou!»
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Élève moins expert, avec une aide ponctuelle par dictée à l’adulte:
Lors des vacances, dans la forêt, j’ai trouvé un écureuil.
Lundi, mon écureuil a grignoté le parquet.
Mardi, il a croqué les chaussures de maman.
Mercredi, il a mis la bague de maman dans la poubelle.
Jeudi, il voulait des noisettes.
Pendant que les autres élèves produisent leurs textes en autonomie, pour
aller plus avant avec les élèves moins experts, le maître les convie l’un après
l’autre auprès de lui, au bureau ou à la table des besoins, et procède par
dictée à l’adulte. L’élève dicte au maître ce qu’il aurait écrit. Il doit alors
adopter un registre de langue qui se donne les contraintes de la langue
écrite. Le rôle du maître est de lui montrer les correspondances entre ce
qu’il dit et ce que lui-même, enseignant, note sous sa dictée.
Imaginons ce dialogue entre le maître et l’élève qui lui dicte son texte.
L’élève: «Bien moi, je veux un chien.»
Le maître: «Où as-tu trouvé ce chien?»
«– Bien, dans le jardin.
– Alors, fais une phrase. Lors des vacances…
– Lors des vacances, j’ai trouvé un chien dans le jardin.
– D’accord, je note ta phrase: Lors des… vacances… j’ai trouvé… un chien…
dans le… jardin. On la relit ensemble?
– Lors des vacances, j’ai trouvé un chien dans le jardin.
– Alors qu’as-tu fait avec ce chien?
– Bien, je l’ai mis dans ma maison.
– Ah bon, mais pourquoi?
– Parce qu’il était malheureux.
– D’accord, tu l’as ramené chez toi, parce qu’il te semblait malheureux. Alors
tu fais la phrase, pour que je la note. Je l’ai mis…
– Je l’ai mis dans ma maison car il était malheureux.
– Oui. Si on expliquait d’abord seulement qu’il était malheureux.
– Il était malheureux.
– Comment savais-tu qu’il était malheureux?
– Parce qu’il était triste et tout maigre.
– D’accord, allez, on fait une phrase avec ça.
– Il était tout maigre et il était tout triste.
– Je te relis ta phrase. “Il était tout maigre et il était tout triste.” On pourrait
faire plus simple. Il était triste…
– Il était triste et tout maigre.
– Oui, je crois que c’est mieux. Je l’écris comme cela (écrire sur la feuille de
l’élève). On relit cette nouvelle phrase?
– Il était triste et tout maigre.
13 0
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 131
– Et depuis le début…
– Lors des vacances, j’ai trouvé un chien dans le jardin. Il était triste et tout
maigre.
– Parfait! Alors qu’as-tu fait?
– Je l’ai ramené chez moi.
– J’écris cela? D’accord? (Écrire sur la feuille de l’élève.) On relit tout.
– Lors des vacances, j’ai trouvé un chien dans le jardin. Il était triste et tout
maigre.
Je l’ai ramené chez moi.
– On pourrait même ajouter un petit mot. Lors des vacances, j’ai trouvé un chien
dans le jardin. Il était triste et tout maigre. ALORS, je l’ai ramené chez moi.
Bien, maintenant tu vas continuer tout seul. Tu expliques ce qu’il a fait comme
bêtise le lundi. J’écris déjà “lundi, il a…” À toi de continuer.»
쎲 Analyse de la différenciation
Dans cette activité de production écrite, chaque élève travaille à son juste
besoin. L’élève expert ose se libérer très vite du texte inducteur. L’élève
intermédiaire s’appuie fortement sur le texte souche, mais parvient pour-
tant à l’adapter suffisamment avec ses propres idées et mots pour qu’il
devienne réellement son texte. L’élève moins expert, qui aurait du mal à
131
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gérer la complexité d’une telle tâche, est épaulé par le procédé de dictée
à l’adulte. Sa production finale est riche et intéressante à lire. En fin de
séance, chaque élève a produit une partie de son texte, ce qui n’est pas
négligeable. Ainsi, lors de la mise en commun, consistant en la lecture de
toutes les productions, ces élèves moins experts s’intègrent parfaitement
à l’ensemble du groupe.
On pourrait supposer que la dictée à l’adulte éloigne l’élève d’une réelle
production. Il n’en est rien, puisqu’à l’exception de la transcription phono-
logique des mots, tout ce qui relève de la construction syntaxique, de la
progression narrative, de la cohérence textuelle, voire de la chaîne anapho-
rique et des substituts du nom est ici travaillé par l’élève. Il n’est pas en
échec. Il progresse!
Compétences (I. O.) : – Concevoir et écrire avec l’aide du maître une phrase
simple cohérente, puis plusieurs.
– Concevoir et écrire de manière autonome une phrase
simple cohérente.
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쎲 Prérequis
Comme pour l’activité précédente, ce projet d’écriture part d’une base
qui peut être une phrase ou d’une structure inductrice connue des élèves,
souvent issue d’un texte source: extrait de littérature de jeunesse, conte,
texte du manuel de lecture, écrit documentaire, etc.
Les élèves ont déjà l’habitude de produire des écrits. Certains savent
comment s’y employer, alors que d’autres sont gênés par leurs difficultés
à transcrire les mots et ne parviennent pas à dépasser cet obstacle: celui-
ci devient une totale entrave à leur production.
쎲 Déroulement
L’activité est introduite comme la précédente. Après avoir lu une histoire,
le maître propose : « Et si, à notre tour, nous en écrivions une aussi ?
Différente, mais en s’aidant de l’histoire que nous avons lue. Par exemple,
on pourrait commencer de la même manière…»
Ainsi, le projet d’écriture part d’un texte souche référence, dont la struc-
ture narrative et la syntaxe équilibrée guident les élèves dans leur propre
production.
Avant de lancer les élèves en production individuelle, le maître commence
toujours par une mise en mots à l’oral. À partir du texte souche et des
phrases inductrices du projet d’écriture, il demande à quelques élèves de
raconter leur histoire.
Puis, le maître dispose de deux modalités pour mettre en œuvre la péda-
gogie différenciée. L’élève volontaire ou sollicité par le maître vient
ponctuellement au bureau (mode 1). Les autres sont en production auto-
nome. Lorsque aucun élève n’est au bureau, le maître passe de table en
table (mode 2) et relit les productions des élèves autonomes.
133
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En fin de séance, comme pour l’activité précédente, le maître lit aux élèves
l’ensemble des productions.
쎲 Analyse de la différenciation
Ces modalités permettent de faire travailler chaque élève à son juste besoin.
Grâce au dialogue didactique avec le maître, l’élève prend conscience de
ses savoirs et de ses compétences et parvient mieux encore à les mettre
en œuvre. Il gagne en confiance et dispose de réponses immédiates de la
part du maître, qui ne se consacre qu’à lui. Fort de cette expérience modé-
lisante, où le maître l’a guidé dans les procédures à employer, l’élève peut
repartir et tâcher d’appliquer seul, cette fois, les consignes et stratégies
mises à jour. L’enseignant se consacre alors à un autre élève dont les diffi-
cultés sont d’une autre nature. Il répond donc à un nouveau besoin
spécifique.
Dans le cas des élèves les plus experts, le maître procède aussi à un étayage.
Bien sûr, le sujet de leur conversation ne porte pas sur les mêmes erreurs,
puisque ces élèves en ont déjà surmonté un bon nombre. Dans ce cas, le
maître les aide à construire des outils de correction de leur production. Il
peut aussi et surtout les aider à enrichir leurs phrases, par l’ajout de
connecteurs logiques qui relancent la production: «mais», «parce que»,
«pourtant», etc.
쎲 Et après ?
Cette séance et la précédente correspondent à la première étape d’un long
projet d’écriture. Il est en effet souhaitable, le lendemain ou le surlende-
main, de continuer, d’enrichir et de clore chacune des productions. Se
posent alors les problèmes récurrents des erreurs de codage, de l’ortho-
graphe, de la cohérence temporelle, de la chaîne pronominale, de la
grammaire, etc. C’est pourquoi il convient de réviser ces premières versions
avant de procéder à une réécriture ou à un prolongement de la produc-
tion – voir à ce sujet les activités «Réviser la structure d’un écrit» p. 146,
et «Réviser l’orthographe d’un écrit» p. 150.
135
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 136
Les projets d’écriture sont des activités fréquentes dans les classes de cycle 3.
Depuis plusieurs décennies, les Instructions officielles les mentionnent
comme moyen d’inscrire les productions d’écrits dans des situations
effectives de communication.
Pour la mise en œuvre d’un tel projet, nous traitons, ici, d’une activité
courante: imaginer la suite d’un texte, à partir d’un exemple extrait de
littérature jeunesse: L’Énorme Crocodile, de Roald Dahl.
Dahl R., Blake Q., L’Énorme Crocodile, Gallimard jeunesse, «Folio benjamin», 2006.
13 6
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 137
Dans un premier temps, une discussion s’instaure avec toute la classe pour
recenser les intentions de l’Énorme Crocodile et les réactions de Double-
Croupe l’hippopotame. À ce moment, les élèves donnent leur avis et leurs
impressions sur le texte. L’enseignant attire leur attention sur le jeu de mots
à partir du nom de l’hippopotame: il s’appelle Double-Croupe en raison
de la grosseur de son derrière et de la double épaisseur de sa peau. On
relève les particularités typographiques du texte, notamment les caractères
gras lors de la déclaration du crocodile montrant sa détermination et son
cynisme.
Le maître explique ensuite le contexte du livre: l’Énorme Crocodile traverse
la jungle pour se rendre à la ville afin d’y dévorer des enfants. Sur son trajet,
il rencontre différents animaux à qui il annonce son projet. Chaque fois,
ces animaux s’offusquent et se révoltent contre lui.
Une fois toutes ces informations explicitées, l’enseignant donne la consigne
de l’exercice de production d’écrit. Ici, on demande aux élèves d’imaginer
la rencontre entre le crocodile et un éléphant.
Oralement, la classe cherche quelques pistes d’écriture. Par exemple, le
maître liste au tableau un ensemble de propositions sur le surnom qui pour-
rait être donné à l’éléphant, en conservant si possible une dimension
humoristique. Puis, on définit quelques éléments liés à cette nouvelle
rencontre : le lieu où elle se déroule, la façon dont l’Énorme Crocodile
annonce ses intentions à l’éléphant et les réactions de ce dernier.
Alors, l’enseignant invite les élèves à imaginer la rencontre entre l’Énorme
Crocodile et l’éléphant et à poursuivre l’écriture du texte individuellement.
La différenciation pédagogique se situe à ce moment précis de la rédaction.
La majorité des élèves de la classe rédigent d’une façon autonome à leurs
tables individuelles.
137
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 138
la phrase inductrice, qui peut être la suivante : «Un peu plus loin, l’Énorme
Crocodile rencontra…». On peut également faire le choix de conserver une
certaine similarité avec le texte souche : « En se hissant hors de l’eau,
l’Énorme Crocodile… ».
Certains élèves auront besoin de la dictée à l’adulte pour amorcer l’écri-
ture de la suite du texte. Ils poursuivront ensuite leur rédaction à la suite
du texte dicté à l’enseignant. Le maître s’occupe alors des enfants un par
un, à la table des besoins. Il est possible que certains de ces élèves aient
besoin de la dictée à l’adulte pour écrire la totalité de leur texte. L’enseignant
veillera alors à la cohérence des idées avancées, en expliquant les marques
de présentation utilisées ainsi que certaines règles d’orthographe simples.
L’élève pourra même recopier seul son texte. La dictée à l’adulte, qui est
particulièrement utilisée au cycle 2, peut très bien l’être encore au cycle 3
pour les élèves en difficulté. Cette démarche est structurante, modélisante
et favorise le désir d’écrire de façon autonome par la suite.
Durant toute la phase d’écriture, le maître n’hésite pas à reprendre régu-
lièrement les consignes d’écriture avec les élèves, et à relire autant que
nécessaire le texte support pour bien redonner le contexte sémantique.
En fin d’activité, les textes sont lus à l’ensemble de la classe.
13 8
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 139
Par contre, des activités qui amènent à se servir de ces ouvrages de référence
sont à réaliser à d’autres moments car tous les élèves de la classe doivent
construire ces compétences spécifiques.
Cette feuille d’aide permet donc à l’élève d’avoir un regard immédiat sur
sa production et de réagir au fur et à mesure. La tâche du maître consiste
à y noter les points principaux afin de ne pas la surcharger au point que
l’élève ne puisse plus remédier aux besoins de son écrit. Le maître peut
aussi conserver cette feuille à dessein de recenser les différentes aides appor-
tées et de montrer à l’élève les points sur lesquels il avait buté, avant de
commencer la production d’écrit suivante. Nous sommes, ici, dans le cas
d’une évaluation formative, qui permet à l’élève de mesurer les progrès
qu’il lui faut accomplir.
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14 0
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 141
d’imaginer ce qui précède l’extrait. Les élèves ont abouti à un écrit qui
répond aux points suivants:
– Qui est Sofia, où vit-elle?
– Qui est Marbel?
– Qu’est-il arrivé à cette petite chatte?
– Etc.
À un autre moment, il est possible de demander aux élèves les plus faibles
d’imaginer la suite de cet extrait selon un plan similaire:
– Que fera Sofia?
– Quelles informations du cours sur l’Égypte utilisera-t-elle?
– Pourquoi est-elle si attentive aux propos de la maîtresse?
– Etc.
Le texte est alors relu et réutilisé en vue d’une production d’écrit. Cette
relecture analytique s’avère essentielle pour ces élèves, qui, par ce biais,
se remémorent et s’approprient à nouveau l’histoire. Ayant déjà travaillé
sur le texte, ces élèves sont mis davantage en situation de réussite car
l’essentiel de leur attention est mobilisé à dessein de produire un écrit.
En fin de séance, toutes les productions sont communiquées au grand
groupe, ce qui représente une valorisation conséquente pour les élèves
les plus faibles.
141
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C h a p i t r e 3 3
Pédagogie différenciée
et maîtrise de la langue :
outils de la langue
143
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 144
Compétences (I. O.) : – Connaître les correspondances entre les lettres et les sons
dans les graphies simples et complexes.
– Savoir qu’une syllabe est composée d’une ou plusieurs
graphies, qu’un mot est composé d’une ou plusieurs
syllabes ; être capable de repérer ces éléments (graphies,
syllabes) dans un mot.
– Proposer une écriture possible (et phonétiquement
correcte) pour une syllabe.
Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . .
14 4
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 145
쎲 Déroulement
L’enseignant explique aux élèves la nature de l’activité: il s’agit d’un entraî-
nement à la reconnaissance de syllabes simples. Puis il distribue les rôles.
– Les élèves les plus avancés reçoivent une grille à trous (voir modèle ci-
contre) et un cube de numération rouge. Pour chaque ligne, ces élèves
doivent écrire la syllabe dictée.
– Les élèves intermédiaires reçoivent la grille pleine (voir modèle ci-dessus)
et un cube bleu. Pour chaque bande, ces élèves doivent entourer la syllabe
dictée.
– Les élèves faibles reçoivent, eux aussi, la grille pleine et un cube bleu,
néanmoins ils sont regroupés à une table autour du maître. Pour chaque
bande, ces élèves doivent entourer la syllabe dictée sous le regard attentif
du maître et éventuellement en fonction de ses étayages ponctuels.
Le maître dicte donc les 10 syllabes manquantes dans la grille à trous.
Chaque fois, il laisse un temps pour répondre par écrit.
Ensuite, il demande aux élèves de se munir d’un stylo d’une autre couleur.
Il explique que maintenant tous les élèves doivent entourer une seconde
syllabe par ligne. Il procède à la dictée.
En fin de séance, la correction est collective.
145
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 146
쎲 Analyse de la différenciation
Lors de cette séance, l’enseignant détermine trois niveaux de compétences:
– le plus complexe consiste à écrire les syllabes, en autonomie, sous la dictée
du maître;
– le niveau intermédiaire nécessite simplement d’entourer les syllabes
dictées en autonomie;
– le dernier niveau consiste à entourer les syllabes dictées avec l’aide et la
vigilance du maître qui distille ses conseils et attend que chaque élève de
ce groupe ait apporté sa réponse. Il donne des éléments qui permettent
de guider l’élève vers la réussite.
Lors de cette différenciation pédagogique, chacun œuvre selon son besoin,
les plus faibles bénéficiant d’une activité d’approfondissement.
En choisissant de dicter une seconde série de syllabes, le maître permet à
tous les élèves de réaliser la même tâche. À ce moment-là, les élèves ne
sont plus en différenciation et le maître n’accorde plus d’aide particulière.
Ce moyen d’établir un diagnostic sur la capacité des élèves plus faibles à
travailler seuls est aussi l’occasion de montrer que la classe fonctionne
parfois sur des modalités communes.
14 6
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 147
쎲 Prérequis
Les élèves ont tous réalisé le premier jet de leur écrit. Leur production est
conforme au projet d’écriture défini, sans pour autant exiger des
contraintes orthographiques trop lourdes. En effet, on ne peut pas à la fois
demander d’imaginer le propos, de le construire, de le coder et de
contraindre à un respect très strict des conventions orthographiques. Il y
aurait un risque de surcharge cognitive et les élèves pourraient se trouver
entravés dans leur fluidité de production.
Parmi les erreurs relevées dans les écrits des élèves, le maître peut en
identifier une ou deux, très récurrentes, portant sur des problèmes de
syntaxe, d’orthographe, de connecteurs temporel et logique. Durant la
séance, il rassemblera au sein du groupe de besoin les élèves qui ont commis
ce type d’erreur.
Au préalable, il saisit sur traitement de texte tous les premiers jets de
productions des élèves, en corrigeant les erreurs orthographiques. Il note
aussi des aides ponctuelles à la production future des élèves, introduit
des zones pointillées que l’élève devra compléter seul. Afin que ce nouveau
document ne semble pas plaqué et que l’élève puisse le comparer à sa
production originale, le maître l’agrafe à cette dernière.
Exemple de production d’élève et de sa transcription par le maître
147
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 148
États-Unis
쎲 Déroulement
Pour démarrer la séance, le maître explique aux élèves que certains travaille-
ront seuls en vue de prolonger leur production écrite, alors que d’autres
seront avec lui pour travailler quelques points particuliers. Il réunit donc
les élèves du groupe de besoin face à l’affiche. Les autres prolongent leur
production, en autonomie, à leur table.
Dans un premier temps, l’enseignant demande au groupe de besoin pour-
quoi cet extrait leur est présenté, dans l’objectif de se mettre d’accord sur
le fait qu’il faut l’améliorer et l’enrichir.
Dans un deuxième temps, le groupe identifie quelques erreurs par un jeu
de questionnement mené par le maître. On émet alors des hypothèses sur
leur correction. Le maître peut solliciter ponctuellement l’aide d’un élève
plus expert ou revenir au texte souche. En biffant et en réécrivant ces parties
directement sur l’affiche, on améliore l’écrit et l’on identifie les problèmes
résolus. À partir de ces exemples, le maître explicite une ou plusieurs règles
applicables dans la production de chaque élève.
Lorsque ces règles sont posées, toute la classe est invitée à se tourner vers
l’affiche corrigée. Les élèves du groupe de besoin doivent expliquer les
corrections apportées et les règles fonctionnelles qu’on en a tirées.
14 8
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 149
쎲 Analyse de la différenciation
L’avantage de cette séance est que chacun possède les outils pour améliorer
sa production et travaille à son juste besoin.
Le maître aide la majorité des élèves en proposant des conseils ou des pistes
directement sur leur feuille. Ces élèves s’appuient aussi sur les outils
construits au fil des jours par la classe, dont ils trouvent trace sur des affiches
aux murs ou dans un cahier référence.
Les autres, moins autonomes, sont regroupés autour de l’affiche qui leur
permet de ne pas se disperser. Dans ce moment-là, ces élèves plus faibles
n’ont pas à leurs côtés les élèves plus experts qui d’habitude monopoli-
sent la parole. C’est donc à eux de proposer, réfléchir, émettre des
hypothèses. Ils sont confrontés en direct aux réalités de la langue.
Quand le texte de l’affiche est corrigé et que les premières règles sont
élaborées (matérialisées sur une affiche, par exemple), les élèves du groupe
de besoin expliquent les erreurs qu’ils ont identifiées aux élèves qui ont
travaillé seuls. Ils montrent également les solutions qu’ils ont trouvées.
Les élèves plus experts découvrent alors ces outils par l’aide des autres. Leur
capacité à comprendre et à assimiler rapidement ce que les autres leur
exposent leur permet de se les approprier plus facilement.
Les mêmes objectifs sont alors atteints pour toute la classe, puisque chacun
est doté des mêmes outils pour écrire. Tous les élèves travaillent de nouveau
sur leur production individuelle, riches de ces nouveaux outils.
149
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 150
쎲 Prérequis
Lors d’une séance précédente, les élèves ont réalisé le premier jet d’une
production écrite.
Il existe dans la classe des conventions de correction sous la forme d’un
codage dont chaque élève possède un exemplaire. Les élèves bénéficient
aussi d’outils de référence (regroupés dans un cahier ou affichés aux murs)
qui leur permettent de proposer des solutions adaptées aux erreurs que
le maître a mises en exergue.
Pour préparer cette séance, l’enseignant agrandit un extrait d’une produc-
tion d’élève au format double A3 à l’aide de la photocopieuse, afin de
réaliser une affiche lisible par toute la classe. Il annote également les
premiers jets de production des élèves à l’aide du codage connu de tous.
L’objectif visé est de les aider à autocorriger leurs erreurs d’orthographe.
15 0
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Exemple de codage
쎲 Déroulement
L’organisation de cette séance est similaire à la précédente. Les élèves
autonomes travaillent seuls, à leur table, sur leur manuscrit annoté, à l’aide
de la grille de codage et des outils référence de la classe. Ils doivent corriger
puis recopier leur manuscrit.
151
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쎲 Analyse de la différenciation
La question de la révision orthographique n’est jamais simple à traiter. En
situation de production écrite, les élèves, même avancés, sont souvent plus
préoccupés par la mise en mots et le cheminement narratif que par les
contraintes orthographiques et syntaxiques. Cela ne signifie nullement
qu’ils ne possèdent pas ces compétences. Simplement, au moment d’écrire,
ils ne savent pas mobiliser ces acquis. En donnant les outils nécessaires
aux élèves plus experts, le maître leur offre la possibilité de rendre leur
production plus conforme aux exigences d’un écrit. C’est aussi l’occasion
de réviser et d’exercer ces compétences orthographiques.
Pour les élèves moins experts, cette autocorrection est souvent impos-
sible car leur production parfois trop décousue ne peut pas être codée de
cette manière, et surtout parce que ces règles et normes orthographiques
ne sont pas encore suffisamment acquises. En regroupant ces élèves, le
maître dispose du temps nécessaire pour aborder, non pas tous les points
qu’il faudrait traiter, mais ceux qui semblent les plus importants à la période
concernée. Les autres erreurs sont corrigées par le maître lui-même.
Ainsi, que l’élève ait travaillé seul ou avec le maître, il dispose d’une
production écrite exploitable, qu’il enrichira lors d’une prochaine séance.
15 2
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 153
C h a p i t r e 4 4
Pédagogie différenciée
et maîtrise de la langue :
acculturation
153
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:43 Page 154
Matériel : – Une copie par élève peu expert de la fiche élève avec
dessins.
– Une copie par élève bon lecteur de la fiche élève sans
dessin, et avec une activité de prolongement.
쎲 Prérequis
Lors d’une séance précédente sur la lecture d’un conte issu d’un album,
les élèves ont observé et analysé les illustrations. Ils connaissent donc
l’histoire et les personnages principaux.
쎲 Déroulement
Pour commencer, la classe raconte les grandes lignes du conte qui a été
lu précédemment. Pour cette activité, nous avons choisi le conte Hansel
et Gretel. Pour se remémorer les étapes de ce conte, le maître a sélectionné
certaines paroles rapportées significatives.
Puis, l’enseignant regroupe les élèves faibles lecteurs autour de la table
des besoins et laisse les autres en autonomie, à leur place. Il distribue aux
élèves autonomes une fiche qui reprend les paroles rapportées issues du
conte. Leur travail consiste à relier chaque citation au nom de celui qui
l’a prononcée. Ceux qui ont fini cet exercice avant la fin de la séance
réalisent l’activité de prolongement.
15 4
5MP partie 3 Chap. 1 à 6 5/06/09 10:44 Page 155
Exemple de fiche sans dessin pour un élève autonome à partir du conte Hansel
et Gretel
B. Écris 4 phrases :
......................................................................................................................................
......................................................................................................................................
......................................................................................................................................
......................................................................................................................................
......................................................................................................................................
155
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Les élèves faibles lecteurs ont une fiche similaire, mais où les noms sont
remplacés par les images des personnages. L’activité de prolongement
est bien évidemment supprimée.
Exemple de fiche avec dessins pour un élève peu expert, à partir du conte Hansel
et Gretel
Hansel
2. « Imbécile, il vaut mieux
que nous mourions tous les quatre de faim ? »
Gretel
3. « Attendons que la lune se lève
et nous retrouverons notre chemin. »
Pendant que les élèves autonomes travaillent seuls, le maître lit chaque
phrase de manière expressive à ceux qui sont regroupés autour de lui. Au
fil de la lecture, ces élèves relient chaque citation au bon dessin.
15 6
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Après ce temps, toute la classe est réunie. Le maître relit chacune des
phrases et les élèves proposent leurs réponses. Il leur demande alors de
raconter les circonstances qui ont amené ce personnage à prononcer cette
phrase. Grâce à ce procédé, la totalité du conte est racontée et reformulée.
Si des élèves autonomes ont réalisé l’activité de prolongement, on leur
demande d’expliquer cet exercice au groupe-classe et de donner leurs
réponses. Celles-ci sont débattues collectivement par toute la classe.
쎲 Analyse de la différenciation
Cette séance n’a pas pour objectif d’être un temps de lecture. C’est l’oral
qui nous intéresse particulièrement. Afin de pouvoir mettre les élèves moins
experts en situation participative, l’idée est d’éloigner ceux qui générale-
ment monopolisent la parole. Sans placer ces élèves sur une autre activité,
le maître change juste de modalité: ils travaillent seuls avec une grille de
questions adaptée à leurs besoins. Les autres, autour du maître, peuvent
alors entrer pleinement dans l’activité.
L’objectif de cette séance étant un travail autour de l’évocation d’un conte,
il importe peu que les élèves lisent réellement les phrases soumises. Il est
seulement souhaitable qu’ils les comprennent et les expliquent. C’est pour-
quoi, très guidés par le maître, il n’est pas choquant que certains ne lisent
pas réellement.
Les élèves qui travaillent en autonomie depuis peu se contentent de réaliser
l’activité A. C’est suffisant puisqu’il s’agit du cœur de la séance. Seuls les
élèves les plus avancés ont le temps de faire le prolongement, visant
toujours le même objectif: l’évocation du conte. Ce prolongement ne peut
pas être considéré comme une activité supplémentaire puisqu’il est exploité
collectivement en fin de séance. Néanmoins, il permet d’occuper intelli-
gemment des élèves qui, s’ils n’avaient rien eu à faire, auraient pu déranger
la classe.
En fin de séance, tous les élèves participent à une même mise en commun
afin de préserver le vécu collectif de la classe. Cet aspect est fondamental
pour ces activités d’acculturation qui nécessitent des interactions entre
élèves et des débats interprétatifs.
Enfin, les compétences des élèves experts sont mises au service du groupe-
classe, lors de l’explication de l’activité de prolongement. Finalement,
tous les élèves la réalisent, mais collectivement et à l’oral.
157
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Matériel : – Pour chaque élève peu expert, une copie d’une illustra-
tion d’un album, dont on a découpé un détail essentiel.
– Pour chaque élève avancé, une copie d’un des détails
essentiels.
쎲 Prérequis
L’album choisi a été préalablement lu par les élèves et les illustrations obser-
vées lors d’une séance précédente.
Pour la réalisation du matériel, l’enseignant photocopie les illustrations,
puis découpe le détail essentiel qu’il souhaite masquer sur chacune d’elles.
Il colle ce détail sur une feuille blanche en le positionnant à l’endroit où
il se trouve réellement sur l’illustration originale: le détail est alors entouré
de blanc. Il colle une autre feuille blanche au dos de l’illustration dont il
a découpé le détail: à la place de ce dernier, on a un carré blanc.
Exemple de matériel à partir de cette illustration extraite de l’album Hansel
et Gretel
Guillerey Aurélie, Hansel et Gretel, Larousse, «Mon premier Larousse des contes», tome 2,
2004, p. 199.
15 8
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쎲 Déroulement
L’enseignant distribue une illustration par élève peu expert, en leur expli-
quant que l’image est issue de l’album, mais qu’un détail a été escamoté.
Chaque élève a une illustration différente. Il donne ensuite aux élèves plus
avancés les images portant le détail essentiel. Chaque élève a un détail
différent. La consigne consiste à recomposer l’image complète en dessi-
nant ce qui manque (ou en le décrivant par écrit).
Après un temps de production, chaque élève est invité à retrouver dans
la classe l’enfant qui possède l’image complémentaire de la sienne. Lors de
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쎲 Analyse de la différenciation
Dans un premier temps, la différenciation se situe dans le choix du support
proposé à l’élève. Il est en effet plus simple de se représenter le petit
détail qui manque, le contexte lui donnant sens. À l’inverse, un détail
isolé n’est pas forcément signifiant sur ce qui se trouve hors champ.
Dans un second temps, lors des appareillages, les élèves débattent et argu-
mentent en binômes. L’élève plus avancé épaule alors le moins expert,
l’aidant à saisir pourquoi leurs deux images se complètent. Ce dialogue
est souvent hautement formateur pour les deux élèves. Celui qui argu-
mente doit trouver les bons mots pour convaincre son camarade. Placé face
à cet argumentaire, l’autre doit le comprendre, réagir et argumenter à son
tour.
Un autre aspect intéressant est que l’élève moins expert termine, pour une
fois, sa tâche dans les premiers, parce qu’il est épaulé par un camarade plus
16 0
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avancé. Cette réussite rare chez les élèves faibles aide à préserver une estime
de soi, si importante pour soutenir l’effort et les progrès.
쎲 Prérequis
Une œuvre littéraire a été préalablement lue (ou est en cours de lecture)
par les élèves. Lors de cette étude, des points majeurs ont été relevés.
쎲 Déroulement
Annoncée par le maître – dont l’objectif est la construction du savoir –,
ou sur proposition des élèves – dont la motivation est le plaisir de la
lecture –, cette activité vise à rendre explicite les liens entre un livre étudié
et des livres déjà lus. Par exemple, lors d’une étude sur la préhistoire, les
élèves qui ont lu Petit Féroce n’a peur de rien, de Paul Thies (Rageot),
peuvent évoquer des BD qu’ils auraient lues à la maison: Rahan le fils des
âges farouches, 22 albums, éditions Soleil/Lécureux productions; Tounga,
Jocker éditions ; ou des petits romans légers comme Ta mère est une
Néandertal, Bayard Poche.
161
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Que ce soit le projet du maître ou celui des élèves, la démarche est la même:
réunir un grand nombre d’ouvrages autour du sujet traité. Comme en
librairie, les élèves placent tous ces livres en exposition dans un espace de
la classe. Un premier tri sommaire est réalisé: BD, romans, documentaires.
L’enseignant, lui, procède à un tri par difficulté de lecture – il regroupe
notamment les plus simples et les plus complexes.
Très librement, chaque élève emprunte le(s) livre(s) de son choix. Ces lectures
personnelles sont réalisées en dehors du temps de classe, ou plus rare-
ment dans des temps banalisés, lors d’un plan de travail par exemple. Quoi
qu’il en soit, ces lectures ne sont pas partagées, elles doivent demeurer
individuelles, intimes et personnelles.
La mise en écho de ces livres avec le roman lu en classe est réalisée en
prolongement de ces lectures cursives. Il n’est pas question de faire de la
littérature comparée à travers ces lectures croisées, car cet exercice relève
du collège. On vise seulement à inscrire ces différentes lectures dans des
réseaux ordonnés, en cherchant des constantes, des archétypes, des oppo-
sitions, des partis pris. Par exemple, pour la préhistoire, on peut simplement
lister les livres qui mettent les personnages en relation avec des
mammouths, relever divers éléments sur les descriptions de l’habitat,
chercher des constantes sur les quêtes et les peurs des personnages,
déterminer les livres qui se veulent informatifs, ceux qui jouent sur les
anachronismes… La modalité employée est mise en exergue lors d’un
débat, qui prend la forme d’une conversation libre.
Néanmoins, parallèlement à ces échanges collectifs, il est important que
le lecteur repense seul à sa lecture, dans son intimité. Le carnet de lecture
est un outil où l’élève consigne ses émotions, ses souvenirs, les pensées
qui émergent dans le prolongement de ses lectures.
16 2
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Le maître peut aussi lui demander de restituer sa lecture par une simple
fiche mémoire qui sera collée dans ce carnet de lecture, propriété de l’élève,
que l’enseignant n’évalue pas.
Exemple de fiche mémoire que peut remplir l’élève après sa lecture (niveau
cycle 3)
Lors d’une séance suivante, l’enseignant peut aussi demander à des élèves
volontaires de présenter le livre lu. Dans ce cas, il les aide à préparer
leur restitution, en remplissant avec eux une fiche de lecture, dont un
exemple suit.
163
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• Passages à lire à haute voix : choisis deux ou trois passages ; pour les
retrouver facilement note la page du livre, puis écris le début et la fin du
passage en ajoutant des petits points entre les deux.
Premier passage page......................... chapitre...........................................
......................................................................................................................................
......................................................................................................................................
Deuxième passage page......................... chapitre...........................................
......................................................................................................................................
......................................................................................................................................
Troisième passage page......................... chapitre...........................................
......................................................................................................................................
......................................................................................................................................
16 4
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쎲 Analyse de la différenciation
On osera proposer aux élèves des ouvrages réputés trop faciles, trop courts
ou trop légers, car la difficulté à déchiffrer est une entrave terrible à
l’accession aux livres. Ces livres-là peuvent donc être lus par les élèves moins
experts. Sans être systématiquement le cas, il est vrai que les livres les plus
simples ne sont pas toujours les plus riches. Toutefois, il est préférable de
viser une lecture simple, quitte à perdre un peu sur le plan purement
littéraire, plutôt que ne rien lire du tout. Les élèves plus avancés ne doivent
cependant pas être oubliés, c’est pourquoi le maître propose aussi des livres
réputés plus complexes. Il importe de bien expliquer aux élèves que le
bon livre n’est pas le gros livre difficile, mais celui qu’on aime lire. C’est
en lisant que le goût se forme et que les attentes se complexifient.
Lors des mises en écho, il n’est pas nécessaire que tous les élèves aient lu
l’ensemble des livres. En avoir lu un permet déjà d’entrer dans cette acti-
vité de confrontation. En effet, pour servir de base à ces maillages de
données littéraires, il n’y a pas de bon ou de mauvais livre, ni de livre
trop facile. Chaque histoire est confrontée aux autres sans échelle de valeur.
Ainsi, l’élève qui n’a lu qu’une BD réputée facile peut tout autant entrer
dans le jeu des débats et des recherches.
Le carnet de lecture est aussi un outil qui permet la différenciation. Ce
carnet personnel de l’élève n’est pas évalué. L’élève le fait vivre comme
il souhaite et exige de lui-même ce qu’il veut. De nouveau, il importe
peu que son retour sur la lecture soit du domaine de l’analyse appro-
fondie ou pas. L’objectif est que l’enfant crée autour de sa lecture un
espace distancié, mais intime, moyen pour lui de mieux « digérer » cette
lecture.
En proposant aux élèves de se montrer mutuellement leurs carnets, on
espère des interactions visant à donner le désir de lire ces mêmes livres.
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Mises en réseau
Acculturation – Tous niveaux
Compétences (I. O.) : Acquérir des références culturelles par des mises en réseaux
ordonnés autour d’un personnage, d’un motif, d’un genre,
d’un auteur, d’une époque, d’un lieu, d’un format, etc.
쎲 Prérequis
Une œuvre littéraire a été préalablement lue (ou est en cours de lecture)
par les élèves. Lors de cette étude, des points majeurs ont été relevés.
쎲 Déroulement
Collectivement, la classe explicite précisément l’axe fort du roman qu’elle
vient de lire. Il peut s’agir d’un personnage archétypal (sorcière, ogre, loup,
enfant bafoué…), d’une thématique (le sport, l’amitié, l’Afrique…), d’un
auteur ou d’un illustrateur (Anthonny Brown, Jules Verne, Roald Dahl,
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167
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ont en main. Pour faciliter cette activité, l’enseignant leur distribue une
grille réponse.
Exemple de grille réponse
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쎲 Analyse de la différenciation
Dans cette activité, la différenciation est à l’œuvre durant le travail en
groupe. Lors de ces phases, l’élève moins expert se place souvent en posi-
tion de retrait, attendant simplement que les élèves moteurs fassent le
travail pour l’ensemble du groupe. Cette situation est catastrophique puis-
qu’elle renforce l’idée d’échec et d’incapacité dans laquelle ces élèves faibles
se sentent maintenus. Il convient donc de bien répartir les tâches au sein
du groupe. Chaque membre doit avoir sa fonction, et aucune ne peut
être subalterne.
Bien sûr, toutes les tâches n’ont pas le même degré de difficulté, c’est
pourquoi l’enseignant les attribue selon le niveau des élèves. En lecture
de textes la difficulté consiste à inférer et à construire des liens logiques
entre divers éléments du texte qui généralement ne se situent pas au
même endroit. Il répartit donc les tâches de manière à ce que ces élèves
moins experts travaillent sur les éléments les plus explicites d’un texte.
Ils sont généralement situés en début de récit. L’introduction est souvent
descriptive et son questionnement relève des simples «qui?», «quand?»,
« où ? », « quoi ? ». Non encore développée, l’intrigue ne nécessite pas
de faire, dès cette étape, des liens logiques complexes. De la même
manière, décrire des actions ou des personnages relève du factuel et
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de l’explicite. Une fois encore, l’enseignant les réserve aux élèves les plus
en difficulté.
Les autres membres du groupe doivent être attentifs à ce que leur cama-
rade réputé moins expert soit en réussite, car le résultat du groupe en
dépend. Pour ce faire, le maître escompte des aides, des conseils, des
clarifications apportés par les autres membres du groupe, dont l’élève plus
faible bénéficie.
17 0
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C h a p i t r e 5 5
Pédagogie différenciée
et mathématiques
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Une étude, menée par la revue Grand N3 auprès d’élèves de CE2 et de 6e,
a permis de mieux cerner ce qu’est un élève qui présente des difficultés
dans ce champ disciplinaire. Un profil a été dessiné grâce à des « mini-
conversations» qui se sont instaurées entre les adultes dirigeant l’enquête
et les élèves.
À partir de ce profil, il est assez aisé d’aider les élèves, selon les traits qui
les caractérisent. Il existe différents types de difficultés – mais attention!
un élève ne présente pas forcément toutes les difficultés en même temps.
L’élève en difficulté peut manquer de capitalisation: il a du mal à mémo-
riser le vocabulaire et à retenir les points importants de la leçon. Ce manque
se double par la difficulté à mobiliser d’anciennes connaissances et à utiliser
des méthodes.
Parfois, l’élève en difficulté ne peut pas identifier facilement les enjeux des
situations didactiques. En effet, pour bien bénéficier des phases d’institu-
tionnalisation, un élève doit pouvoir prélever, dès la présentation du
problème, les éléments faisant l’objet d’un apprentissage. Il doit alors
anticiper sur les actions et sur les formulations. On constate généralement
qu’il y a pour ces élèves un divorce entre les phases d’action et les phases
d’institutionnalisation.
Le tableau suivant aide à définir les différentes étapes de la formation d’un
concept. Même si ces étapes sont nécessaires pour tous les élèves, elles sont
surtout fondamentales pour les plus en difficulté.
Caractériser les étapes de formation d’un concept4
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Même s’il est communément admis que tous les élèves n’apprennent pas
la même chose en même temps ni à la même vitesse, force est de constater
que l’enseignement des mathématiques est encore trop souvent conçu
comme un processus linéaire et collectif.
17 6
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Nous allons proposer quelques pistes pour mettre en œuvre et gérer les
dispositifs de différenciation5.
Précisons toutefois que cette mise en œuvre nécessite l’existence du groupe
classe dans son ensemble pour des raisons psychoaffectives et didactiques.
Quatre pistes de différenciation sont évoquées :
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Énoncé : Un train de 926 places est occupé par 389 adultes. Combien y
a-t-il d’enfants dans ce train ?
Entre deux nombres très éloignés (du type 389 et 92) la soustraction s’im-
pose car l’addition à trou est très longue, fastidieuse et source d’erreurs.
La solution experte devient nécessaire et efficace aux yeux de tous et prend,
de ce fait, toute sa légitimité.
17 8
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• • Le trésor
Imaginons cette activité proposée dans une classe de Grande Section ou
en début de CP. Chaque élève dispose d’un « trésor » constitué de plusieurs
perles. À chaque lancer de dé, ce trésor augmente en fonction du nombre
indiqué par le dé. La taille du trésor initial et le nombre indiqué par le dé
sont évidemment des variables importantes. Selon leur valeur, l’élève pourra
plus ou moins représenter les quantités sur ses doigts, dessiner les collec-
tions, ou encore réaliser un surcomptage mental.
Il est donc assez aisé de jouer sur ces deux variables afin d’adapter la quan-
tité à la maîtrise des nombres par les élèves, mais aussi d’obliger certains
élèves qui en sont capables à abandonner une procédure pour une autre
plus élaborée (surcomptage, par exemple). De plus, le dé peut porter des
nombres figurés par des points ou des écritures chiffrées. Enfin, il peut
rester visible à la suite du lancer de façon à aider certains à utiliser le
surcomptage, alors qu’il peut être caché immédiatement afin de favo-
riser la mémoire, la représentation mentale des nombres, et donc la
construction de l’abstraction.
L’intérêt de ce type de différenciation est de permettre à tous les élèves
de confronter leur point de vue puisque le contexte et le type de questions
posées restent les mêmes pour tous.
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3. Pause
Le maître prévoit une pause à mi-parcours afin de favoriser les mises au
point des élèves. Il les laisse s’exprimer sur les étapes de la recherche et
invite les plus en difficulté à donner leur opinion. Ceci n’est possible
qu’après un temps d’observation minutieuse. Lors de la phase précédente
de recherche, le maître a prélevé ce que pouvaient dire ces élèves et
remarqué leur contribution effective à l’avancée de la recherche.
5. Mise en commun
Les élèves exposent ce qu’ils ont trouvé et le maître reste neutre le plus
longtemps possible. Tous les élèves ont alors l’occasion de s’exprimer.
Ceux qui d’ordinaire présentent des difficultés rappellent les contraintes
du problème, en l’occurrence le nombre de cartes et de côtés. D’autres
précisent que, pour obtenir 60 côtés avec uniquement des triangles, il faut
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La cible
Problème de recherche – CE2
쎲 Déroulement
L’exercice est le suivant.
Consigne : Quand on lance une flèche au centre de la cible, on marque
16 points. Quand on lance une flèche dans la couronne, on obtient 3 points.
Alexandre a obtenu 190 points.
Trouve quatre façons possibles d’obtenir le score d’Alexandre.
3 16 3
19 0
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Nombre de flèches
au centre 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Complément
174 158 142 126 110 94 78 62 46 30 14
pour atteindre 190
Dans cette liste de compléments pour atteindre 190, les élèves doivent
trouver les multiples de 3 (qui correspondent aux flèches tirées dans la
couronne). Ils reprennent donc les chiffres un par un, en commençant
par le plus petit, à droite du tableau : 4 flèches tirées dans la couronne
donnent 12 points (4 x 3 = 12), et 5 donnent 15 points (5 x 3 = 15). Le résultat
14 est impossible. On procède ainsi de suite afin de mettre en évidence
les nombres suivants : 30 = 10 flèches ; 78 = 26 flèches ; 126 = 42 flèches ;
et enfin 174 = 58 flèches.
Les solutions possibles sont donc :
– 1 flèche sur le 16 et 58 flèches sur le 3 ;
– 4 flèches sur le 16 et 42 sur le 3 ;
– 7 flèches sur le 16 et 26 sur le 3 ;
– 10 flèches sur le 16 et 10 sur le 3.
쎲 Analyse de la différenciation
L’approche différenciée guide les élèves les plus fragiles dans la résolu-
tion du problème. Le maître doit être particulièrement attentif à l’évolution
des élèves et à leur capacité à travailler seul : au moment propice, certains
élèves peuvent quitter le groupe de besoin et retourner à leur table indi-
viduelle pour continuer la résolution.
Pour cet exercice, ces moments sont assez précis :
– dès que les élèves ont compris qu’il faut combiner des flèches sur le 16
et d’autres sur le 3 pour obtenir 190 ;
191
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– lorsque les élèves ont compris l’intérêt de lister les compléments de 190,
et de rechercher les multiples de 3 dans cette liste ;
– quand les quatre nombres multiples de 3 sont extraits de cette liste ;
– ou à la fin du problème, lorsqu’il s’agit d’écrire les solutions possibles.
Même lors de cette phase finale, si l’élève est capable d’écrire en situa-
tion autonome, il s’agit d’un progrès conséquent favorisé par l’approche
différenciée.
19 2
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Reproduire le symétrique
d’une figure géométrique
Géométrie – Cycle 3
Compétences (I. O.) : Produire le symétrique d’une figure par rapport à une ligne
droite par pliage.
쎲 Déroulement
Le maître distribue une feuille d’exercice, dont la consigne est la suivante :
« Reproduis la figure sur l’espace prévu à droite. » Les élèves sont tous à
leur table individuelle, mais la tâche demandée est différenciée pour
aboutir au même tracé. En effet, selon le niveau de compétence des élèves
concernant les tracés, l’activité est proposée selon une différenciation à
trois niveaux.
Niveau 1
Les élèves disposent d’un quadrillage comme support tant pour la figure
modèle que pour celle à tracer en symétrie.
Exemple
193
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Niveau 2
La figure modèle est réalisée sur un quadrillage, en revanche la figure
symétrique est à tracer sur papier blanc.
Exemple
Niveau 3
Les élèves ne disposent plus d’un quadrillage comme support. La figure
modèle est tracée dans l’espace et ils doivent reproduire son symétrique
à droite de l’axe. Il leur faut donc prendre les mesures par rapport à la
droite et placer les points qui correspondent aux sommets des angles de
la figure. Ils doivent respecter le concept de « symétrie » et imaginer un
miroir.
Pour ce dernier niveau, le maître peut guider certains élèves en plaçant
quelques points à droite de l’axe.
Exemple
19 4
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쎲 Analyse de la différenciation
Cet exercice est en adéquation avec les principes directeurs de la
différenciation pédagogique. L’objectif visé est le même pour tous
les élèves de la classe, à savoir le tracé du symétrique d’une figure,
mais la difficulté de la tâche demandée varie selon les besoins de
chacun.
Pour le niveau 1, l’élève est libéré de toute mesure et peut ainsi
représenter le symétrique de la figure en s’appuyant sur le
quadrillage. Il compte simplement les carreaux et vérifie sa réalisa-
tion grâce au pliage, en veillant à la superposition exacte des deux
figures obtenues.
Pour le niveau 2, la tâche est plus complexe, mais le quadrillage à
gauche est un bon guide. D’ailleurs, certains traits de ce quadrillage
peuvent être poursuivis au crayon sur la partie droite pour créer
les repères nécessaires.
Le niveau 3 représente une démarche experte puisque l’élève doit
prendre les mesures par rapport à la droite et les reproduire en
symétrie. Seuls les bons élèves y parviendront.
En fin d’activité, il est intéressant d’inviter les élèves à comparer leurs
tracés, surtout entre les niveaux 1 et 3, pour instaurer une entraide
éventuelle. Lors de la correction, la superposition de plusieurs tracés
est une preuve tangible.
195
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쎲 Prérequis
Pour effectuer ce problème, les élèves doivent connaître la notion de
périmètre. Celle-ci est abordée en cycle 2, mais davantage développée au
CE2. En revanche, il peut s’avérer nécessaire de rappeler la notion d’aire,
d’expliquer ce qu’elle représente (à savoir la surface à l’intérieur d’une
figure fermée).
쎲 Déroulement
La consigne de l’exercice est la suivante : Les cinq figures ci-dessous sont
construites à l’aide de deux formes géométriques. Elles ont toutes la même
aire, mais deux d’entre elles ont le même périmètre. Lesquelles ?10
10. Cet exercice est extrait d’un « rallye mathématiques » de l’académie de Paris, mai 2005.
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– ceux qui désirent travailler avec le maître afin de se sentir épaulés. Pour
ce cas de figure, certains élèves peuvent rejoindre le groupe de besoin en
cours de résolution du problème.
Pendant que le reste de la classe fonctionne en autonomie, le maître aide
ces élèves à se représenter la tâche, en plusieurs étapes.
1. Grâce à une bonne observation, ils doivent comprendre que le segment
de droite correspond au rayon du cercle. Puis, l’enseignant met en évidence
le quart de cercle (constitué d’un arc de cercle), qu’il nomme quadrant.
2. Il demande alors aux élèves de lui montrer des rayons et des quadrants
sur certaines figures, dans l’objectif d’observer ces dernières et d’isoler les
données nécessaires.
3. Il explique ensuite la notion de périmètre avec l’idée de faire le « tour »
de la figure et d’en donner la mesure.
4. Ainsi, le groupe-maître analyse le périmètre de la figure A. Il s’agit
d’un rectangle construit avec 6 segments. Le périmètre de A est donc
égal à 6 rayons.
À ce moment de la recherche, le maître propose aux élèves qui en sont
capables de retourner à leur table individuelle afin de poursuivre l’obser-
vation des autres figures et de noter leur périmètre. Il est d’ailleurs tout
à fait possible qu’il n’y ait plus d’élèves à la table des besoins à ce stade.
5. Dans le cas contraire, l’enseignant mène, avec le reste du groupe, les
recherches pour aboutir au constat suivant : le périmètre de B est égal à
4 rayons et 2 quadrants ; celui de C à 2 rayons et 4 quadrants ; celui de
D à 4 quadrants ; et enfin celui de E à 2 rayons et 4 quadrants. La lecture
de toutes les caractéristiques des figures fait apparaître que la figure C et
la figure E ont le même périmètre et la même aire.
De la même façon qu’à l’issue de l’observation de la figure A, certains élèves
peuvent quitter au fur et à mesure le groupe de besoin.
쎲 Analyse de la différenciation
Certains élèves ont travaillé avec une aide totale ou partielle du maître ;
d’autres ont résolu le problème seuls. L’avantage de cette situation est que,
lors de la réunion du groupe-classe et de la mise en commun, tous ont l’oc-
casion de participer et d’expliquer les réponses trouvées. Le maître peut
solliciter les élèves qui ont fait l’objet d’une aide et les inviter à repérer
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C h a p i t r e 6 6
Pédagogie différenciée
et autres champs disciplinaires
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Histoire
Le travail lié à la chronologie et l’accès à différents types de documents
caractérisent ce domaine disciplinaire. L’élève est donc confronté à un type
de lecture documentaire et à la construction d’une ligne du temps. Les
difficultés sont parfois conséquentes pour le maniement des dates, pour
le respect des échelles, pour le prélèvement d’indices historiques dans un
document iconographique.
La différenciation porte alors sur:
– la construction des lignes du temps: placer les événements importants,
respecter l’échelle de représentation (1 cm correspond à tant d’années),
différencier la nature de l’événement (politique, social, culturel, etc.);
– la lecture ou la description d’un document visuel accompagné d’un
questionnaire;
– les aspects méthodologiques: utilisation du lexique, des légendes des
documents, perception de l’organisation du manuel (place du récit, repé-
rage des documents d’époque, etc.);
– les exposés, dont les thèmes sont multiples; citons les plus diachroniques,
comme la civilisation gallo-romaine, les seigneurs et les paysans au Moyen
Age, la révolution Industrielle ou encore l’entre-deux-guerres. Chaque élève
du groupe traite une partie du thème.
Géographie
Dans ce champ disciplinaire, les difficultés des élèves reposent surtout sur
la cartographie. Cette compétence est amorcée au cycle 2 et poursuivie
au cycle 3, en conséquence il ne s’agit pas de difficultés à proprement parler.
Cependant certains élèves ne sont pas à l’aise avec ce type de représen-
tation. L’aide porte alors sur :
– la lecture de la carte, en y prélevant des distances, en repérant les diffé-
rents éléments qui la constituent (parties hydrographiques, éléments
urbains, bourgs, infrastructures, etc.);
– la construction d’une carte. Le maître aide à une représentation soignée
et fidèle, au repérage des espaces principaux (mers, plaines, montagnes,
etc.), en donnant des pistes pour réaliser la légende.
L’autre volet de la géographie concerne la lecture de paysages à partir de
documents visuels. La différenciation est alors centrée sur :
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Sciences et technologie
Outre les aspects documentaires que ce domaine requiert, ce qui est inté-
ressant en sciences et technologie c’est la mise en place d’une démarche
expérimentale. Cette démarche, qui fait très souvent l’objet d’un travail
en groupe, suppose que les élèves se représentent non seulement ce qu’il
faut démontrer, mais aussi le moyen d’y parvenir.
À ce stade, il peut être nécessaire de regrouper certains élèves à la table
des besoins pour leur demander de verbaliser la consigne. L’objectif est
de faire évoluer leurs représentations. L’enseignant en profite pour leur
proposer quelques pistes, leur donner quelques astuces, voire même du
matériel. Ils n’en seront que plus à l’aise lorsqu’ils réintégreront leur groupe.
L’exemple le plus courant concerne les différents états de la matière. Un
élève de cycle 2 doit parvenir à faire la relation entre de la glace et de l’eau,
et constater les différences de volume entre une bouteille plastique remplie
d’eau (liquide) puis d’eau gelée (solide).
Des exposés sont aussi proposés pour des thèmes qui ne nécessitent pas
forcément la mise en place d’une expérimentation, mais plutôt un recours
à une documentation scientifique. Par exemple : la classification des
animaux, les volcans ou encore les sources d’énergie.
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d’expression et de réussite. Grâce aux jeux, aux règles, aux situations collec-
tives que l’EPS propose, ces élèves peuvent trouver une nouvelle place dans
la classe.
Il n’est pas facile de différencier au sein d’un exercice en EPS car
l’apprentissage d’un geste moteur se construit par essence selon le propre
rythme de chacun: c’est le corps qui doit vivre le mouvement. Toutefois,
lorsqu’un geste significatif est mal maîtrisé par certains élèves, un petit
atelier leur est proposé. Par exemple, apprendre à se laisser tomber au
sol sur un tapis peut se faire dans un petit atelier avec prise de confiance
et respect de la sécurité. Ainsi, lors des jeux d’opposition ou de lutte
proposés ultérieurement, les élèves seront plus à l’aise pour combattre
sur les tapis et se consacreront d’autant mieux aux diverses stratégies à
utiliser pour faire tomber le partenaire.
De la même façon, la réalisation d’un nœud sur une corde pour parti-
ciper à une séance d’escalade peut s’apprendre tranquillement, dans un
groupe spécifique.
On pourrait décliner ainsi beaucoup d’exemples, mais l’objectif principal
de l’EPS consiste à proposer des activités physiques variées qui mobilisent
tous les élèves de la classe en acceptant leurs différences de progression.
C’est toute la force de ces apprentissages qui servent naturellement la diffé-
renciation.
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Langue vivante
Ce nouveau champ disciplinaire concerne pour l’instant principalement les
élèves de l’école élémentaire. Cependant, il faut penser que, dans un proche
avenir, tous les élèves de la maternelle au CM2 recevront ce type
d’enseignement.
Dans ce domaine, les Instructions officielles précisent que, lors des premiers
apprentissages, l’enseignant doit privilégier l’oral et les moments répéti-
tifs. Ceci est fondamental car c’est à cette condition que les élèves
s’imprègnent d’une langue vivante.
Néanmoins, l’enseignement collectif n’exclut pas les moments en petits
groupes, favorisant les élèves en retrait, inhibés et gênés par le grand
groupe. Grâce à son carnet de bord, qu’il renseigne en fin d’activité, le
maître sait qui il a interrogé ou sollicité lors d’une séance de langue vivante,
qui a cherché à s’exprimer dans la langue étrangère. Cela ne dispense pas
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pour autant d’organiser des petits groupes dans lesquels la parole est
plus aisée. Dans ce cadre, il entend davantage certains élèves, leur fait
répéter avec la prononciation adéquate, les sollicite autrement.
L’apprentissage d’une langue vivante nécessite aussi des moments d’écrit.
Certains élèves ont une perception plus «visuelle qu’auditive» et ont besoin,
pour fixer des apprentissages, aussi simples soient-ils, de voir des images
ou de l’écrit. À ce propos, les recommandations données dans les docu-
ments d’accompagnement des langues vivantes conseillent d’utiliser un
système d’affiches accrochées aux murs de la classe.
Il s’agit donc, pour tenir compte de tous les élèves, de proposer de
nombreuses approches pédagogiques, et ce même au sein de structures
répétitives. Ceci caractérise l’enseignement des langues vivantes à l’école.
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que les élèves sont plus à l’aise pour écrire à l’aide d’un clavier qu’avec
un stylo. La tâche semble ardue, pourtant les notions d’espaces entre les
mots d’une phrase, la ponctuation ou encore la gestion de paragraphes
sont assez vite intégrées. À la fin de la séance, le travail de l’élève est
imprimé, ce qui représente une bonne trace écrite. Ceci est largement à
prendre en considération pour qui veut utiliser toutes les pistes pédago-
giques afin d’aider les élèves.
– Enfin, l’enseignant peut utiliser l’informatique lors de la dictée à l’adulte.
Cette méthode concerne bien sûr n’importe quel élève de la classe, mais
il est aussi possible d’améliorer et d’enrichir la production d’écrits de ceux
qui ont davantage de difficultés. On leur restitue ainsi un écrit propre,
mis en page et qui s’apparente à un modèle. Tous ces écrits sont archivés
dans un dossier au nom de l’élève afin qu’il constate ses progrès sur une
période donnée. Ceci participe pleinement de son évaluation formative.
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Bibliographie
쎲 Ouvrages théoriques
Collectif, Différencier la pédagogie : pourquoi ? comment ?, CRDP, Lyon, 1986.
LEGRAND L., Les Différenciations de la pédagogie, PUF, Paris, 1995.
MEIRIEU Ph., L’École, mode d’emploi : des méthodes actives à la pédagogie diffé-
renciée, ESF, Issy-les-Moulineaux, 2004.
Observatoire national de la lecture, Apprendre à lire, CNDP/ Odile Jacob, Paris, 1998.
Observatoire national de la lecture, Maîtriser la lecture, Odile Jacob, Paris, 2000.
PERRAUDEAU M., Les Cycles et la différenciation pédagogique, Armand Colin/Bordas,
Paris, 1999.
PERRENOUD P., Pédagogie différenciée : des intentions à l’action, ESF, Issy-les-
Moulineaux, 2004.
PRZESMYCKI H., La Pédagogie différenciée, Hachette éducation, Paris, 2004.
RAYNAL F., RIEUNIER A., Pédagogie : dictionnaire des concepts clés, ESF, Issy-les-
Moulineaux, 2005.
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Bibliographie
쎲 Revues
Les actes des Rencontres éducation en Seine-Saint-Denis, article de Jacques Crinon,
Nathan Pédagogie, oct. 1994, p. 88.
« L’Individualisation : enjeux et pratiques », Les Cahiers Innover & Réussir, n° 10,
rectorat de Créteil, mai 2005.
« Retour sur la pédagogie différenciée », Cahiers pédagogiques, supplément n°3,
oct.-nov. 1997.
쎲 Aide à l’évaluation
BENTOLILA A., Richaudeau F. (sous la dir. de), L’Atelier de lecture : évaluation, aide
à la remédiation, Nathan, Paris. (Existe pour les 5 niveaux.)
OUZOULIAS A. (sous la dir. de), MÉDIAL CP-CE1 : Moniteur pour l’évaluation des
difficultés de l’apprenti-lecteur, Retz, Paris, 1995.
On peut également consulter le site du ministère de l’Éducation nationale, qui
propose de nombreux outils d’aide à l’évaluation :
http://www.banqoutils.education.gouv.fr/
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No de projet : 10157517
Dépôt légal : juin 2009
Achevé d’imprimer en France en juin 2009 sur les presses de l’imprimerie Sepec.
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