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LA DIDACTIQUE DU FRANÇAIS LANGUE SECONDE/LANGUE

ÉTRANGÈRE : ENTRE IDÉOLOGIE ET PRAGMATISME

Daniel Modard

Klincksieck | « Éla. Études de linguistique appliquée »

2004/1 no 133 | pages 27 à 32


ISSN 0071-190X
DOI 10.3917/ela.133.0027
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https://www.cairn.info/revue-ela-2004-1-page-27.htm
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LA DIDACTIQUE DU FRANÇAIS LANGUE


SECONDE/LANGUE ÉTRANGÈRE :
ENTRE IDÉOLOGIE ET PRAGMATISME

Résumé : L’auteur se propose d’analyser la place qu’occupe aujourd’hui la


didactique du français langue étrangère/langue seconde par rapport aux
autres disciplines avec lesquelles elle entretient traditionnellement des rela-
tions. Il montre que la volonté d’autonomisation qui caractérise depuis la der-
nière décennie la didactique du FLE/FLS n’est pas sans créer des frictions
avec certaines disciplines mères, en particulier avec les Sciences du Langage.
Deux actions (l’une relevant de la formation, l’autre de la recherche) lui ser-
vent d’exemples pour montrer que l’avenir est non seulement à la transgres-
sion des cloisonnements disciplinaires, mais aussi à la reconnaissance de la
spécificité des questions abordées dans le domaine de la didactique des
langues et des cultures.
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Les évolutions récentes en didactique du français langue étrangère/
langue seconde montrent à l’évidence que ce domaine s’inscrit de plus en
plus clairement dans les disciplines d’intervention et d’action. C’est donc
tout naturellement que le didacticien de FLE/FLS est évalué à l’aune des
actions qu’il met en œuvre sur le terrain ou qu’il programme en relation
avec ce même terrain. Ce phénomène, proche de celui que l’on observe
dans le champ des Sciences appliquées en général, le conduit donc à consi-
dérer que ce sont avant tout les attentes sociales qui doivent guider sa
réflexion. Cet aller et retour constant entre la réflexion didactique (travail
d’ordre théorique) et la pratique de classe (objectivation didactique) est pro-
bablement ce qui constitue aujourd’hui l’une des caractéristiques essen-
tielles de cette discipline.
Les secteurs investis par les didacticiens du FLE/FLS, ces dernières
années, témoignent amplement de ce mouvement : les Technologies de
l’Information et de la Communication pour l’Éducation (TICE) au sens
large du terme – celles-ci incluant les travaux menés autour du multimédia
en ligne ou hors ligne, de l’audiovisuel et de l’autonomisation des appren-
tissages, l’enseignement précoce du FLE avec, en particulier, le vaste chan-
tier des classes bilingues, les questions liées à l’enseignement/apprentissage
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en milieu francophone, le français sur objectifs spécifiques (FOS), l’inter-
culturel, pour ne citer que ces quelques exemples…
C’est également en raison de cette forte implication sociale que la didac-
tique du FLE/FLS connaît aujourd’hui un tel essor au sein des Sciences du
Langage. À une époque où le pragmatisme tend à s’imposer partout (et pas
seulement dans le domaine de l’économie), il faut dire que les préoccupa-
tions théoriques de bon nombre de linguistes apparaissent aux yeux de cer-
tains de leurs bénéficiaires (à commencer par les étudiants eux-mêmes)
comme étant de plus en plus éloignées de leurs besoins réels. En réaction, la
tendance est forte chez ces mêmes linguistes de reléguer la didactique du
FLE/FLS à une simple question de méthodologie, en fait à des travaux à
visée strictement « applicationniste ». L’Histoire leur donne en partie raison
car, pendant de nombreuses années, les recherches menées en didactique du
FLE/FLS ont surtout concerné des questions de méthodologie (mise au
point d’outils pour les classes de FLE, en particulier). Les productions
pédagogiques élaborées, en leur temps, par le CREDIF (Centre de
Recherche pour la Diffusion du Français) ou le BELC (Bureau pour
l’Enseignement de la Langue et de la Civilisation) en sont un bon exemple.
Elles accompagnaient la volonté de décideurs politiques de maintenir une
forte présence du français dans le monde et s’inscrivaient donc clairement
dans une perspective praxéologique.

1. UNE VOLONTÉ D’AUTONOMISATION DE LA DISCIPLINE


Durant la dernière décennie, la situation a incontestablement changé et
les recherches actuelles en didactique du français langue étrangère/langue
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seconde, notamment en milieu universitaire, se caractérisent surtout par une
volonté clairement affirmée d’autonomisation.
– Autonomisation vis-à-vis des politiques linguistiques mises en place
de façon institutionnelle par le Ministère des Affaires Étrangères. D’autres
opérateurs, en particulier dans le champ de la francophonie, jouent aujour-
d’hui un rôle prépondérant en matière de diffusion du français. Je citerai
ici, à titre d’exemple, les Instances francophones (Agence intergouverne-
mentale de la Francophonie et Agence universitaire de la Francophonie,
notamment) dont les actions autour du français langue seconde s’inscrivent
dans un vaste projet en faveur d’une plus grande diversité linguistique et
culturelle. Les travaux que ces opérateurs soutiennent, le plus souvent sur
la base d’appels d’offres, concernent aussi bien des problèmes éducatifs de
base (l’enseignement du et en français dans un contexte multilingue, par
exemple) que des questions sociolinguistiques (les politiques africaines
d’aménagement linguistique, par exemple). Là comme ailleurs, le pragma-
tisme a fini par prévaloir. Le français ayant vu son influence dans le monde
s’effriter au fil des années, la pression sur le linguistique (au sens large du
terme) est devenue moins forte de la part de certaines Institutions gouver-
nementales, dont le Ministère des Affaires Étrangères. L’évolution des
missions confiées ces dernières années aux Attachés de coopération pour le
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français en est une bonne illustration, ce qui conduit, au passage, nombre
de nos partenaires étrangers continuant à œuvrer pour notre langue dans
leur environnement immédiat à se poser des questions sur la politique
conduite par l’État français dans ce domaine… Par ailleurs, l’intervention
d’un plus grand nombre d’acteurs dans le champ de la diffusion du français
a nécessairement abouti à une diversification des problématiques posées
(de plus en plus de recherches concernent l’optimisation des processus
d’enseignement-apprentissage) et à un déplacement sensible de l’offre et
de la demande. On mise davantage sur des actions-phares (les classes
bilingues au Vietnam, le français langue seconde, par exemple) tout en
cherchant à économiser sur le secteur du linguistique partout ailleurs (la
multiplication des stages longs à l’étranger ainsi que le développement des
formations en FLE, dispensées en télé-enseignement, en sont des exemples
significatifs).
– Autonomisation par rapport aux disciplines auxquelles le français
langue étrangère était traditionnellement rattaché (je pense notamment ici
aux Sciences du Langage). Comme il est aisé de le constater, la plupart des
spécialistes du FLE intervenant aujourd’hui en milieu universitaire ont des
parcours personnels très diversifiés (Sciences du Langage, Sociologie,
Sciences de l’Information et de la Communication, Sciences de l’Éduca-
tion…) et sont donc, a priori, les acteurs les mieux placés pour s’engager
dans des démarches faisant la part belle à la pluridisciplinarité. Toutefois,
l’inféodation à la linguistique (celle-ci n’étant elle-même qu’un des
ensembles constituant les Sciences du Langage) dans laquelle on maintient
la didactique du FLE/FLS au sein des Départements de Sciences du
Langage amène le plus souvent les enseignants concernés à se retrouver, à
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leur corps défendant, dans la position de batailler pour sauvegarder leur
« pré-carré », attitude qu’ils ressentent eux-mêmes comme un enfermement
préjudiciable au développement de leur discipline.
Cette autonomisation peut aussi être à double tranchant car on assiste
depuis quelques années à un phénomène qui tend à se développer : c’est l’au-
tonomisation souhaitée – ou subie – par rapport aux demandes concrètes for-
mulées sur le terrain. En effet, une réalité s’impose aujourd’hui : les spécia-
listes du français langue étrangère/langue seconde en milieu universitaire sont
de moins en moins nombreux à être des praticiens de la classe de FLE/FLS.
Du coup, il n’est pas étonnant que les recherches qu’ils conduisent dans ce
domaine aient de moins en moins pour finalité de répondre aux demandes
concrètes que les enseignants se posent dans leurs classes. Le risque est même
grand pour certains d’entre eux de se retrouver en complet décalage avec les
réalités de ce même terrain lorsqu’ils s’y risquent, d’où un repli prudent –
pour ne pas dire stratégique – sur des travaux plus théoriques. Ce phénomène
s’est encore accentué, ces dernières années, au niveau des recherches en 3e
cycle. En effet, il est aisé de constater que de jeunes chercheurs, pourtant pas-
sionnés par des questions de didactique, orientent de plus en plus souvent
leurs travaux vers des problématiques relevant strictement des Sciences du
Langage ou d’autres disciplines mères. Là encore, c’est le réalisme qui pré-
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vaut et, dans la plupart des cas, des questions de carrière s’inscrivent en fili-
grane derrière des choix qui relèvent plus de la raison que du cœur.

2. FORMATION ET RECHERCHE : POUR UNE TRANSGRES-


SION DES CLOISONNEMENTS DISCIPLINAIRES
La didactique du français langue étrangère/langue seconde est, par défini-
tion, une discipline qui est appelée à se renouveler grâce aux apports des
Sciences du Langage, de la Psychologie, de la Sociologie… Du coup, elle est
nécessairement marquée par le sceau du pluralisme. Alors que la didactique
du français langue étrangère/langue seconde pourrait devenir un outil de
modernisation de certaines filières (je pense en premier lieu aux Sciences du
Langage, mais pas seulement à cette discipline), elle est trop rarement recon-
nue à part entière. Ce n’est pas parce que la didactique emprunte certains de
ses concepts et appareils méthodologiques à d’autres ensembles qu’elle ne
peut être envisagée que sous l’angle de l’hétérogénéité et que, du coup, la
question de sa légitimité épistémologique doit nécessairement être écartée.
C’est, au contraire, le témoignage probant d’une ouverture qu’on devrait lui
envier. Ce n’est pas non plus parce que la didactique s’enrichit au contact
d’autres disciplines qu’elle y perd forcément son âme. C’est donc à juste titre
que plusieurs chercheurs posent aujourd’hui la nécessité pour la didactique
du français langue étrangère/langue seconde de se construire des concepts
qui lui soient spécifiques. L’institutionnalisation universitaire de la didac-
tique du français langue étrangère, la montée en puissance des filières FLE
au sein des U.F.R. de Lettres, la multiplication des recherches liées à l’ensei-
gnement/ apprentissage des langues étrangères – en dépit de certaines
dérives signalées précédemment – montrent à l’évidence que l’on s’ache-
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mine vers une autonomisation et une légitimation de ce domaine dans les
années à venir. Le combat mené par ceux qui ont accompagné le développe-
ment de cette discipline pour la reconnaissance d’une « didactologie des
langues et des cultures » est une bonne illustration de ce mouvement. Cette
action militante est également soutenue et relayée par plusieurs équipes de
recherche. Je signalerai notamment la revue ÉLA (Études de Linguistique
Appliquée : revue de Didactologie des langues-cultures) qui encourage
depuis de nombreuses décennies déjà l’ouverture d’un débat de fond sur la
didactologie des langues et des cultures 1.
En attendant cette légitimation, des collaborations fructueuses pourraient
d’ores et déjà être mises en œuvre avec certaines disciplines de référence,
dont la linguistique. Des projets innovants pourraient voir le jour à partir de
telles collaborations dans le secteur de l’enseignement, mais aussi dans
celui de la recherche. J’en donnerai deux exemples ici :
– La formation à distance. Durant la dernière décennie, les efforts
conjoints d’enseignants œuvrant aussi bien dans le domaine de la didac-

1. On peut également citer le réseau GERFLINT, Groupe d’Études et de Recherches pour le


Français Langue Internationale.
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tique du français langue étrangère que dans celui de la linguistique ont
favorisé le développement d’actions souvent remarquables en direction de
l’international. De telles collaborations ont en effet permis de penser des
actions dans leur globalité, répondant ainsi à des besoins différenciés : for-
mation de formateurs, accompagnement et valorisation de projets de
recherche, entre autres. C’est probablement la visée pragmatique – pour ne
pas dire utilitaire – qui a prévalu dans ce type d’actions, tant de la part de
ceux qui en ont été à l’origine (souhait de diversifier des champs d’inter-
vention et d’action, désir de renouveler des terrains de recherche, volonté
d’accroître des effectifs) que de ceux qui ont pu en bénéficier (valorisation
de compétences acquises sur le terrain, reconnaissance institutionnelle de
qualifications validées localement). Ces dernières années, la reprise en
main ici ou là de ces secteurs, parfois de façon peu amène, par des lin-
guistes est à considérer comme un fait particulièrement préoccupant. Elle
engage en effet le devenir de coopérations qui bénéficiaient pourtant d’un
consensus unanime quant à leur qualité de la part de tous les partenaires
impliqués. En tout état de cause, cette reprise en main est révélatrice d’un
malaise certain de la part de linguistes inquiets par le rejet patent de
savoirs théoriques de la part d’étudiants d’abord en quête de connaissances
et de savoir-faire directement liés à leurs préoccupations en français langue
étrangère – et qui le font savoir.
– Les recherches liées à la variation langagière en milieu francophone.
Alors que les travaux portant sur les contacts de langues en contexte franco-
phone se multiplient, les réponses concrètes aux besoins du terrain (on
pourrait parler de recherches à caractère praxéologique) restent encore l’ex-
ception. C’est ce que déplorent d’ailleurs les Instances francophones, pro-
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pos dont se font l’écho de nombreuses revues spécialisées. Partant de ce
constat, c’est donc tout naturellement que des recherches auraient intérêt à
être mises en place autour de la question suivante : comment rendre plus
performants les processus d’enseignement/apprentissage du français
(langue/culture) au sein de l’espace francophone ? Une telle problématique
présente en effet plusieurs intérêts :
1. Elle recoupe les préoccupations de nombreux sociolinguistes de terrain
dont les travaux portent sur le français (langue maternelle ou langue
seconde) sans pourtant empiéter sur leur domaine puisque de telles
recherches auraient une vocation praxéologique.
2. Elle s’inscrit dans un axe parfaitement reconnu par les Sciences du
Langage, à savoir les contacts de langue dans un contexte francophone.
3. Elle relève autant de questions de didactique externe (étude des rapports
entre langue, société et école en milieu francophone) que de didactique
interne (l’acquisition d’une langue seconde en contexte multilingue).
4. Elle prend très largement en compte la question de l’éducation à l’inter-
culturel qui devient prépondérante aujourd’hui dans tous les travaux
menés dans le champ des Sciences humaines.
5. Elle répond à des besoins clairement exprimés sur le terrain de la part de
personnes qui regrettent que l’on ne prenne pas suffisamment en compte
la dimension francophone dans les formations dispensées en FLE.
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Malheureusement, il convient de reconnaître que, là encore, de telles ini-
tiatives ne suscitent qu’un intérêt très relatif de la part de linguistes et socio-
linguistes souvent jaloux de leurs prérogatives dans le domaine. Il faut éga-
lement reconnaître que la stigmatisation des travaux entrepris dans le
champ de la didactique reste également de mise… Cette attitude est d’au-
tant plus surprenante que bon nombre de ces chercheurs appellent pourtant
de leurs vœux de telles initiatives. Plusieurs d’entre eux mettent en effet en
avant la nécessité qu’il y aurait aujourd’hui à mettre au point des outils dans
le domaine de l’enseignement/apprentissage d’une langue seconde en
contexte multilingue susceptibles de proposer des stratégies cohérentes avec
les théories et recherches qu’ils mènent eux-mêmes. Les réalisations qu’une
équipe du Centre Régional de Documentation Pédagogique de Haute-
Normandie et moi-même avons eu l’occasion de mettre au point dans le
cadre des « Lettres de Francophonie » (http://www.ac-rouen.fr/crdp puis
rubrique FLE et francophonie) en sont un bon exemple. Pourtant soutenue
conjointement par le Ministère des Affaires Étrangères, le Centre National
de Documentation Pédagogique (actuellement devenu SCEREN) et
l’Organisation Internationale de la Francophonie, cette équipe est régulière-
ment confrontée au « dogmatisme conceptuel » caractérisant certains lin-
guistes. Une telle attitude est aussi révélatrice d’une frilosité certaine de la
part de ces mêmes linguistes à l’égard de démarches les amenant à aller à la
rencontre de nouvelles sources.

CONCLUSION
L’ère est actuellement à la transgression des modèles et à la reconnaissance
du pluralisme des points de vue. Les didacticiens du FLE/FLS en sont parfai-
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tement conscients et se sont largement ouverts, depuis longtemps déjà, aux
autres disciplines. La prise en compte, ces dernières années, des apports de la
psychologie cognitive et de l’anthropologie culturelle en est un bon exemple.
En retour, la réflexion sur les processus de communication dans l’enseigne-
ment/apprentissage des langues, portée en grande partie par les didacticiens
du FLE depuis les années 1980, fait aujourd’hui l’objet d’un large consensus.
Depuis quelque temps, un autre grand chantier s’ouvre aussi bien dans le
domaine de la formation que dans celui de la recherche pour la didactique du
français langue étrangère/langue seconde : il s’agit du chantier sur l’inter-
culturel, le concept de culture étant omniprésent dans toutes les recherches
récentes en Sciences humaines. La didactique du FLE/FLS est aujourd’hui
une des disciplines les mieux placées pour aborder ces questions qui ont aussi
à voir avec les finalités de l’apprentissage, tant les problèmes de culture sont
étroitement liés à notre environnement et à notre expérience personnelle, mais
aussi à notre langue. Reste à savoir ce qu’il en sera sur le terrain… Toutefois,
à travers ces questionnements, la didactique du FLE/FLS se positionne plus
que jamais comme une discipline en devenir.

Daniel MODARD
Université de Rouen

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