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FUE

1 - Le Béhaviorisme et les théories du


conditionnement

Le Béhaviorisme est un courant de pensée plus qu'une théorie.


Madeleine Grawitz le définit dans son ouvrage sur les Méthodes sociales :
Le béhaviorisme " insiste sur la nécessité de fonder la psychologie sur des données
observables : les stimuli, frappant les organes des sens et les conduites tenues en réponse. "
Il existe plusieurs théories dans le champ du béhaviorisme (les théories associationnistes,
environnementales et les théories comportementales.
La pensée béhavioriste considère donc que les comportements des individus sont des
réactions à des stimuli, venus du monde extérieur.
En cela, elle a modifié les rapports entre la psychologie (qui s'intéresse aux réactions des
stimuli naturels) et la sociologie (qui étudie les stimuli sociaux).
Les béhavioristes découvrent à travers des expérimentations sur des animaux en laboratoire
des conditions d'apprentissage. Cette série de travaux scientifiques met en évidence
l'influence de l'environnement sur le comportement. Le terme de conditionnement évoque les
travaux de Pavlov.

a) Les travaux de Pavlov ou le conditionnement répondant

En 1890, Pavlov rend compte d'une expérimentation à laquelle il s'est livré avec des chiens :
Un chien qui salive quand on lui présente de la poudre de viande . salivera par réflexe dés
qu'il entendra le tintement de la clochette qui était associée à chaque fois qu'on lui présentait
la poudre de viande.
Cette expérimentation montre l'importance de la mise en condition dans l'association entre
Stimulus et Réponse:il y a association entre un stimulus et une réponse . Ce Processus
symbolisé par : S R

b)Le conditionnement opérant et Skinner

Le béhaviorisme a inspiré Skinner qui en 1978 élabore sa théorie sur le contrôle du


comportement.

• Skinner rajoute au processus de Pavlov, l'idée de renforcement pour que le processus


S R se vérifie.

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• Il déduit de ses nouvelles expérimentations sur des rats et des pigeons, que tout
comportement, qu'il soit adapté ou inadapté (l'animal procède par tâtonnements pour
atteindre la nourriture) s'acquiert suivant le mécanisme du conditionnement
(renforcement : nourriture). B. Donnadieu, M. Genthon et M.Vial, expliquent le
conditionnement opérant de Skinner : " (…) pour que le comportement s'automatise et
soit vraiment appris, il faut que soit maintenu la satisfaction du sujet "

c) Les applications des théories du conditionnement et les critiques qui leur


sont faites

On retrouve les concepts du béhaviorisme dans plusieurs champs d'études consacrés à


l'Homme . Il influence les recherches

• en apprentissage (les quatre facteurs de l'apprentissage développés par J.Dollard et


Millet : Impulsion, Indice, Réponse, Récompense, Renforcement)
• sur le rôle de l'imitation et du renforcement
• (travaux de A. Bandura)
• en éducation, le renforcement positif est bénéfique pour l'apprenant en situation de
formation, de même que l'attention portée à la mise en condition pour le stimuler
• la thérapeutique utilise de plus en plus fréquemment des expériences
comportementales pour traiter les phobies, malgré les réserves émises quand à ces
thérapies comportementales.

Le béhaviorisme s'intéresse uniquement à l'observable.


Les critiques faites aux béhavioristes leur reprochent de transposer rapidement à l'Homme
des expériences faites en laboratoire sur l'animal. Le béhaviorisme manque selon eux des
modèles et de théories car il privilégie l'expérimentation.
Enfin, M. Grawitz note dans Méthodes des Sciences sociales que " quand elle est portée à
l'extrême, la théorie béhavioriste tend à nier la structure durable de la personnalité " : ce qui
persiste c'est l'habitude qui se crée en réponse à un stimuli de l'environnement.

2 - Constructivisme et socio-constructivisme

Ces deux courants sont proches et s'intéressent aux rapports qui existent entre le développement
humain et l'apprentissage.

a) le constructivisme et les concepts de Piaget

Jean Piaget est un psychologue et pédagogue genévois (biologiste de formation) qui va


développer dès 1925, les théories dites constructivistes,
Ses travaux portent sur la construction des connaissances au cours du développement biologique
de l'Homme.
Ses théories transposent les modèles du développement biologique à la construction de la
connaissance.
B. Aumont et M. Mesnier définissent la théorie opératoire de l'intelligence de Piaget : le
développement cognitif du sujet s'appuie sur l'action dont les structures communes (les schèmes)
s'appliquent à tout nouvel objet rencontré (phénomène d'assimilation) jusqu'au moment où des

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caractéristiques trop nouvelles entraînent une accommodation et donc une modification du
système de compréhension.

Tentons de définir les différents concepts piagétiens ...


l'adaptation

Pour Piaget, dans la " boite noire " se construit quelque chose qui va améliorer notre réponse par
rapport à la situation donnée.
C'est sa capacité d'adaptation qui permet à l'homme d'assurer sa survie et d'évoluer.
L'adaptation est un processus, une transformation.

l'assimilation /
accommodation

L'assimilation est l'incorporation, par l'organisme, d'éléments nouveaux. (ici apprendre, c'est
assimiler des nouvelles informations).
Elle inclut l'utilisation des objets et les associations (psychologiques).
L' accommodation se fait par rapport à l'environnement, au milieu dans lequel évolue l'individu.
Ce double processus montre que l'Homme est perpétuellement en phase de tension
(équilibrations / rééquilibrations).

les schèmes

Les schèmes sont les structures communes qui se construisent en nous, les opérations mentales
qui se créent par l'assimilation.
Construire un schème, c'est mettre ensemble des éléments qui ont un lien.
Exemple : le schème d'assimilation est le lien qui existe entre la signification et le but à atteindre.
Les schèmes sont généralisables à d'autres situations.
On ne détruit jamais de schèmes, ils sont stockés et nous permettent de réutiliser ce qui a été
gratifiant

la construction par
paliers

La construction de la connaissance se fait selon Piaget par paliers.


A chaque pallier, selon l'état de maturation (biologique) de l'apprenant, celui ci peut acquérir
certaines connaissances.
Dans son ouvrage sur la psychogénèse des connaissances, l'auteur genévois réfute les théories
sur la préformation des connaissances et note que l'existence de stades semble témoigner d'une
construction continue.
Piaget distingue plusieurs paliers successifs, chacun est nécessaire au suivant

• Une période sensori-motrice antérieure au langage pendant laquelle se construit une


logique des actions.

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• La période qui va de l'âge de 2 à 7 ans apparaît la conceptualisation des actions

• De 7 à 10 ans : les opérations deviennent concrètes logiquement structurées mais toujours


liées à la manipulation des objets
• Vers 11/12 ans : une logique propositionnelle hypothético-déductive est constituée

A chaque palier, de nouveaux éléments vont être assimilés et intégrés aux schèmes précédents
qui eux mêmes ont été conservés et peuvent être réutilisés. (principe de la réversibilité). Piaget
nous donne l'exemple de l'assimilation sensori-motrice qui " ne consiste qu'à assimiler des objets
à des schèmes d'actions, tandis que l'assimilation représentative assimile les objets les uns aux
autres, d'où la constitution de schèmes conceptuels "Dans notre fonction de formateur, quand
nous sommes dans une situation d'apprentissage nous utilisons certains schèmes qui nous sont
pertinents dans cette situation là : il y accommodation à l'environnement.

Exemple : l'apprentissage d'une langue étrangère


Quand nous avons appris à lire (pas par la méthode globale) nous apprenions à décomposer les
syllabes. Ce schème que nous avons utilisé dans cette situation là ne nous servira plus quand
nous aurons appris à lire. Le jour où nous commencerons l'apprentissage d' une langue
étrangère, nous ferons à nouveau appel à ce schème.
Une phase d'apprentissage favorise d'autres apprentissages. Selon l'état de maturation du sujet,
il y a relations entre les phases.
Pour le constructivisme, la construction de la connaissance suppose que chaque sujet acquiert
des outils conceptuels qui lui permettent de comprendre le monde dans lequel il est et de
s'approprier les objets de ce monde.

La conceptualisation

Quand l'action est liée à la compréhension, il y a conceptualisation (" qu'est ce que je sais de
comment je fonctionne ? ).
La conceptualisation entraîne un travail sur la compréhension laquelle est plus importante que
l'action.
C'est la compréhension qui va permettre la généralisation (pour pouvoir généraliser ce que j'ai
appris, il faut que je l'ai compris).
Piaget évoque la conceptualisation dans son ouvrage
Réussir et Comprendre va nous donner une réussite sans pour autant qu'on la comprenne.
Selon Piaget, réussir n'est pas forcément comprendre.
La 2ème action va nous construire dans la tête un ensemble de schèmes (une action comprise est
forcément conceptualisée).
Quand il étudie les rapports entre réussir et comprendre, Piaget distingue trois types
d'abstractions :

- " l'abstraction réfléchissante " : on conceptualise dans l'action, simultanément. Il y a deux


processus dans cette abstraction . Le "réfléchissement" : projection sur un plan supérieur de ce
qui est tiré du niveau inférieur et la "réflexion " : en tant que réorganisation sur le nouveau plan

- " l'abstraction empirique " est concernée quand il y action et réussite sans compréhension.
Ce type d'abstraction concerne les réussites élémentaires qui porte sur des objets physiques
externes au sujet.

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- " l'abstraction réfléchie " (ou " pensée réflexive) permet de comprendre en s'appuyant sur des
éléments déjà acquis. C'est" réussir en pensée " ( l'imitation par exemple). Piaget conclue que "
de façon générale, tout réfléchissement sur un nouveau pallier entraîne et nécessite une
réorganisation ". Cette réorganisation constitue une construction nouvelle.
La conceptualisation est pour l'action l'occasion d'un renforcement

Les régulations

fait appel au processus des régulations dans L'équilibration des structures cognitives pour
expliquer le déroulement du mouvement d'équilibration / rééquilibration.
Les résultats de l'action A vont avoir des effets sur A' (qui est une nouvelle action ; c'est la suite
de l'action A )
Soit A' a un résultat positif et va renforcer l'existant (feed back positif avec accroissement de
l'erreur ou de la réussite). Soit A' a des résultats négatifs et entraîne une correction de A (feed
back négatif avec reconstruction).
Pour le sujet, les régulations sont des réactions aux perturbations qui font aux obstacles à
l'atteinte du but qu'il s'est fixé, c'est à dire obstacle à l'assimilation. Elles permettent une
équilibration.
Notons que la réciproque de n'existe pas : toute perturbation n'engendre pas une régulation.
L'absence de régulation entraîne soit une cessation de l'action soit une non modification de
l'action.
Dans son ouvrage consacré à l'équilibration des structures cognitives,
(et référencé plus haut),Piaget propose une classification de ces régulations.
Retenons donc que toutes nos actions (opérations de pensée, de faire) nous offrent l'occasion de
remobiliser ce que nous avons construits et ensuite soit de le renforcer soit de le reconstruire.
Michèle Genthon nous conseille de réutiliser l'existant , ce qui a été gratifiant et reconstruire une
nouvelle organisation ( quand je réussis c'est que j'ai généralisé, j'ai repris une même démarche
que j'ai su faire ). C'est la question du transfert.
Selon la théorie piagétienne, le développement cognitif du sujet est indissociable de l'action.
L'apprentissage trouve sa place dans un processus de déséquilibrations / rééquilibrations.
Le modèle de Piaget est interactif, constructiviste et systémique
(il pense les choses en système).

b) Le socio-constructivisme et les critiques faites à Piaget

Selon Piaget, l'enfant, qu'il place au centre du monde, est centré sur lui même. Il se crée une
réalité imaginaire et, seul, le développement de sa maturité lui permettra d'avoir des relations
sociales. Un développement biologique minimum est nécessaire pour qu'il puisse y avoir
apprentissage.
De nombreux auteurs s'opposent aux théories piagétiennes : ils forment le mouvement socio-
constructiviste.
On retrouve ces critiques faites à Piaget, dans le texte de M.L. Martinez, Le socio-constructivisme
et l'innovation en français.
Les socio-constructivistes reprochent à l'auteur genévois, après s'être servi de ses travaux et
avoir reconnu leur dette à son égard, son épistémologie individualiste. Selon ces critiques, la

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thèse de Piaget est ambiguë sur le rôle de l'autre et du social dans l'ontogénèse .
Pour " démonter "son modèle individualiste, ces auteurs (dont Vygotski, Wallon…) vont poser
comme postulat de base la critique du concept d'égocentrisme de Piaget.
Selon l'auteur russe, Vygotski, le mouvement de la " pensée autistique " vers la " pensée réaliste"
revient à ignorer tout réalisme biologique. Cette thèse qui emprunterait à Freud (plaisir avant
réalité) oublie que la première forme de pensée est tournée vers l'extérieur (adaptation au milieu).
L'évolution de l'enfant est effectuée du social vers l'extérieur et non pas l'inverse. L'enfant se
construit grâce aux relations avec les adultes : il y apprentissage social avant développement
interne.

Vygotski
Piaget
De la pensée autistique vers la pensée réaliste L'enfant va d'abord vers l'Autre
Emprunte à Freud (plaisir avant réalité) 1ère forme de pensée vers l'Extérieur
Rôle des interactions avec ses pairs Rôle des interactions avec les adultes
Le Développement permet l'Apprentissage L'Apprentissage tire le Développement
Rôle inutile du langage égocentrique Rôle moteur et original du langage égo.

Selon Piaget , il faut un développement minimum pour apprendre. Il s'oppose là à Vygotski.


Dans son ouvrage Pensée et langage, L.S. Vygotski écrit : " le seul apprentissage valable
pendant l'enfance est celui qui anticipe sur le développement et le fait progresser ". L'école doit
proposer des tâches d'un niveau plus élevé à ce que l'enfant sait déjà faire (tout en respectant le
principe des fonctions venues à maturité). C'est l'apprentissage qui tire le développement.
Vygotski affirme que " les recherches montrent incontestablement (…) que ce que l'enfant sait
faire aujourd'hui en collaboration , il saura le faire tout seul demain " et parle alors de " zone de
proche développement ".

Conclusion

Le socio-constructivisme a introduit le paramètre déterminant de la médiation de l'autre,


négligé par Piaget (l'influence du monde extérieur sur le développement de l'enfant…). Ce
courant de pensée reprend cependant sur de nombreux autres points les théories de Piaget,
tels que les principes d'assimilation et de régulation toujours d'actualité dans les modélisations
de l'apprentissage.

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