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Partie MJ

PETITE INTRODUCTION
DESTINEE AU MJ

La ville d’Ys est une ville marchande puissante, construite sous le niveau de la mer, dans la
baie de Nevez. Elle est protégée des flots qui l’entourent par une digue qui comporte une
vanne, dont seul son souverain, le « roi » Gradlon, possède la clef. C’est un homme bon et
croyant, et du temps de sa jeunesse il est souvent allé loin au Nord, convertir les peuples
sauvages qui y habitent à la pointe de l’épée. Il était en ce temps-là toujours flanqué du
prêtre Gwenlez (prononcer « gouenne-lèse »), son ami d’enfance. Un jour, il a ramené d’une
de ces expéditions une femme, Malgwen la Blanche (prononcer « Malgouenne »), qu’il
épouse malgré les doutes de son ami. Elle lui donne bientôt une fille, Ahès. Entouré de sa
famille, Gradlon renonce peu à peu à ses croisades et se consacre à sa ville. Gwenlez y est
nommé évêque. Peu de temps après, Gradlon, lors d’une chasse sur ses terres, se perd. Le
soir tombant, il ne trouve de refuge qu’auprès d’un ermite de grande réputation, Kaourentin
(prononcer « Ka-ou-renne-tine »). Après une nuit de palabres, il est conquis par la sagesse
et l’austérité du saint homme, et le convainc de venir à Ys seconder l’évêque.

Vingt ans après ceci, les navires marchands accostent toujours aussi nombreux à Ys et le
port n’a jamais été aussi prospère. La ville d’Ys règne en maître sur ses alentours, les
champs et les tenures se chargent de son approvisionnement. On dit que les rares chanceux
qui ont pu y rentrer, des riches marchands, en ont rapporté des visions de rêve, des histoires
de richesses inouïes, de rues où tout le monde est heureux, où résonnent les louanges à la
gloire de Gradlon et de Malgwen, où les églises sont pleines. Cependant, les simples marins
se voient refuser l’entrée. La nuit, tout y semble mort. A quelques lieues de là se dresse le
château de Rumingwal (prononcer « Ru-min-gval ») récemment bâti. La nuit, des échos de
fête y résonnent. Parfois, quelques marins, qui veulent tout de même profiter de leur séjour à
terre, s’y aventurent. Certains ne reviennent pas, mais ceux qui regagnent leur bord affirment
n’avoir trouvé là-bas qu’une « innocente » taverne, rien d’extraordinaire ni de tapageur. Les
capitaines et marchands de passage ont beau interroger les habitants qui viennent au port,
ceux-ci refusent de leur apprendre quoique ce soit sur ce lieu qui est, paraît-il, la demeure
d’Ahès.

Tout cela resterait en l’état si Gradlon était effectivement « roi ». Mais ce titre n’est en fait
que courtoisie du souverain effectif de la région, la Danétie. Celui-ci, le duc Arthus V, tolère
les prétentions de Gradlon car ce dernier a une vieille renommée de sainteté suite à ses
croisades et sa ville apporte les richesses d’outremer à la cour de Arthus. De plus, il passe
pour riche à foison et ses deux conseillers sont réputés pour leur sagesse. Mais Arthus
supporte mal que toute une enclave échappe progressivement à son contrôle et que de
telles richesses soient l’apanage d’un pseudo-roitelet plutôt que le sien. Jeune et ambitieux,
il vient de succéder à son père Alban II et compte commencer son règne par un coup
d’éclat : mettre, aussi délicatement que possible, la main sur Ys. Il n’est pas bête et, plutôt
qu’une garnison, préfère envoyer en avant-garde un groupe d’émissaires qu’il charge de
dévoiler tous les secrets d’Ys, la ville qui brave les puissances naturelles et séculières.

Les émissaires sont Enguerrand, Adénor (qui se fait passer pour sa femme), Clothaire,
Margot (qui se fait passer pour sa femme) et Bertram, un prêtre. Ils sont accompagnés d’une
escorte armée d’une vingtaine d’hommes à cheval et munis d’un laisser-passer et d’une
lettre d’introduction.
Après un voyage sans histoire, le groupe se trouve un matin devant les portes d’Ys. Au loin
la mer gronde et frappe les digues. Le château de Rumingwal, dont on aperçoit la fine
silhouette au loin, semble bien inoffensif.

***
En réalité, il s’ agit bien sûr d’éviter l’engloutissement d’Ys et de ramener celle-ci sous le
pouvoir de Arthus. Le problème est fondamentalement que Gradlon, par ses croisades
répétées, s’est attiré la vindicte des peuples du Nord. Ceux-ci ont fait appel à Malgwen, qui
passe chez eux pour une grande prêtresse (des dieux païens) et une « magicienne », pour
les venger. On sait que Gradlon a ramené Malgwen à Ys, qu’il l’a épousée et qu’elle lui a
donné une fille, Ahès, qui ne sait pas qui est réellement sa mère et quels buts elle poursuit. Il
est à noter qu’Ahès est à moitié folle et droguée par Malgwen (voir plus loin). Le ver est dans
le fruit, pourrait-on dire. Gwenlez (évêque riche et puissant, très diplomate) et Kaourentin
(ermite tiré de son ermitage, légèrement… exalté, voire beaucoup, dans le genre prédicateur
halluciné) résistent à la mainmise de Malgwen, et tentent de faire entendre raison à Gradlon,
tout en « prêchant pour leur paroisse ». Celui-ci est à présent quasi-sénile et totalement
ensorcelé par Malgwen ; il adore Ahès apparemment sans voir plus loin que le bout de son
nez. Ahès vit à Rumingwal, où elle donne chaque soir des fêtes magnifiques et décadentes.
Entre autres potions, Malgwen lui fait absorber une plante qui la plonge dans une folie
meurtrière et lui fait assassiner le premier qui lui tombe sous la main, en général son
compagnon de la nuit passée. Les marins qui n’ont pas reparus ont fini comme cela (on peut
d’ailleurs trouver un charnier au pied du château …) ou sont restés prisonniers de la « fête »
(on ne peut en sortir sans être un familier, et d’ailleurs, vu ce qu’on y absorbe, on ne peut
plus grand chose si on n’est pas un habitué). Les autres sont restés au rez-de-chaussée de
la tour, qui est effectivement une taverne tout à fait normale qui sert de sas. Seuls les plus
beaux / belles sont admis à l’orgie.
La ville elle-même est effectivement sublime, car Malgwen a l’amour de la beauté et l’a
transmis aux habitants. Pour faire bonne mesure, on en a chassé tous les pauvres (qui
travaillent à présent sur les tenures en dehors, les joueurs pourront aller les voir et en
apprendre plus). Malgwen a voulu instiller au cœur de tous l’amour de la fête, des plaisirs de
toutes sortes pour mieux les détruire, mais les deux conseillers se sont opposés et c’est pour
cela que Ahès, conseillée par sa mère, a fait construire Rumingwal. La nuit, il y a un couvre-
feu, ce qui fait que les rues sont mortes ; ce couvre-feu est une œuvre de Gwenlez. Le jour,
Kaourentin parcourt les 2 ou 3 églises de la ville pour prêcher le bien, mais il ne peut
dénoncer Malgwen nommément car il se ferait lapider.
Les habitants sont divisés entre l’amour des plaisirs prônés par Malgwen et l’austérité
prônée par les deux conseillers. Attention : ceux-ci ne sont pas pour autant des saints : ils
sont à deux doigts de l’intolérance et voudraient faire un exemple (« Dieu reconnaîtra les
siens »). Dans la vraie légende, un inconnu vêtu de rouge (le diable) vient un soir à
Rumingwal et séduit Ahès. Il lui demande comme gage de voler les clefs des digues à
Gradlon. Une fois en sa possession, il ouvre les digues et la ville est engloutie. Ici, ce peut
être Gwenlez qui enverra un jeune intégriste, habillé de rouge, séduire Ahès et lui faire voler
les clefs.
Les joueurs auront donc à se méfier des deux parties : Malgwen veut mettre le spectacle de
la déchéance de sa fille sous les yeux de Gradlon. Pratiquement, elle transforme les
habitants en loques soumises à leurs désirs (quels qu’ils soient…) et transforme les autres
en esclaves. Elle voudrait bien mettre la main sur la région entière et pour cela essaiera de
corrompre les envoyés. En bref, elle a tout d’un tyran. Les conseillers veulent engloutir la
ville pour « purger le mal ». Les joueurs doivent donc 1) empêcher la ville d’être engloutie 2)
empêcher Malgwen de nuire 3) déposer Gradlon qui n’a vraiment plus toute sa tête 4) ôter
Ahès de l’emprise de sa mère : c’est une gentille fille, quand elle est consciente, ce qui
n’arrive pas très souvent, avec sa mère adepte des plantes bizarres. Le tout pour une plus
grande gloire d’Arthus.
L’ « UNIVERS »

La « vraie » légende de la ville d’Ys est reportée en annexe. Elle situe généralement la ville
dans la baie de Douarnenez (Finistère Sud). Quant à l’époque, il est difficile de la préciser,
attendu que cette légende est probablement l’accrétion de légendes plus anciennes (on peut
d’ailleurs constater la ressemblance frappante avec l’épisode biblique de Sodome et
Gomorrhe). Disons juste que, comme elle met en opposition des religions « anciennes »,
probablement les vieilles croyances celtiques, et le christianisme, on peut éventuellement
penser à l’époque de l’interaction entre ces deux pensées, incarnée par des figures
ambivalentes telles que Saint Patrick, c’est-à-dire autour du Vème siècle. Des éléments
fantastiques apparaissent dans le récit, plus ou moins selon les versions : Malgwen est une
magicienne, une fée, une druidesse ; la digue est enchantée ; enfin, c’est quasiment toujours
le diable qui séduit Dahut (Ahès) et ouvre les vannes.

Ce scénario, quant à lui, ne localise pas Ys de manière spatiale ou temporelle. Néanmoins,


l’ambiance est sans conteste « haut Moyen-Âge occidental», à tendance pseudo-celtique, en
particulier dans les noms… Cependant, il ne s’agit pas à proprement parler de « médiéval
fantastique » traditionnel, car l’ambiance doit demeurer « réaliste » ! C’est-à-dire qu’il n’y a ici
ni elfe, ni nain, ni magiciens à barbes blanches, ni korrigans, ni boules de feu… La religion
principale est le christianisme, mais il existe des reliquats de paganisme, comme en
témoigne le personnage de la reine Malgwen. Il peut apparaître une dimension fantastique,
car Malgwen, entre autres, utilise filtres et sorts, mais chacun sait qu’avec les plantes ad
hoc, on peut arriver à de grands effets, sans pour autant être sorcier ! Pour respecter l’esprit
du scénario, il est donc possible de laisser planer un certain doute sur la rationalité des
choses (ex : les persos ont absorbé une fumée bizarre et voient certains évènements
étranges…), mais pas d’effets pyrotechniques, de créature ouvertement féerique ou
d’échappées fantasy-esques ! Même le diable ne doit apparaître tel quel, même si son
emprise peut être suggérée…
LES LIEUX

La Danétie : c’est la région où se passe l’histoire. Elle est gouvernée par le duc Arthus V,
qui a lui-même succédé à son père Alban II. C’est une région qui ressemble comme deux
gouttes d’eau à la Bretagne médiévale ( voir : « L’univers » ). Il n’est pas précisé qu’il soit lui-
même inféodé à un autre souverain, mais vu le contexte, il n’est pas sûr que ça ai une
grande importance car les domaines étaient relativement éclatés. La Danétie est une région
au climat tempéré, légèrement montagneux, sans grande particularité géographique. Elle est
cernée par les eaux, mais ses rivages escarpés ne permettent que peu de mouillages. C’est
pourquoi Ys et son port florissant sont si appréciés et doivent être ménagés. Les habitants
de la Danétie sont appelé… les Danétiens et forment une population culturellement
homogène, même si la région d’Ys a une culture plus « celtique » que les autres. Entre
autres, ils parlent tous la même langue. La religion « d’état » est le christianisme (médiéval,
pur et dur), avec son cortège de prêtres, d’évêques et d’ermites. Il reste néanmoins des
restes de paganisme, en partie récupérés par les prêtres, mais pas entièrement. Les
habitants s’accommodent tout à fait des deux manières de voir et les prêtres aussi, sauf
certains intégristes, autant chrétiens que païens. La société est sans surprise, mais
simplifiée (une sorte de pré-féodalisme) : il y a majoritairement des paysans, dirigés par
quelques hobereaux (comme Gradlon) et le tout sous le gouvernement d’Arthus. On se
doute bien que celui-ci ne peut pas tout faire ni tout voir, et donc délègue une bonne partie
de ses prérogatives à ses vassaux.

Ys : Ys est relativement éloignée des autres centres importants de la Danétie. Elle jouit
d’une large autonomie, bien entendu, et cette autonomie est incarnée dans le fait que
Gradlon ait le titre de « roi ». Il s’agit, paraît-il, d’une vieille coutume datant d’avant l’arrivée
des ancêtres de Arthus, et ces derniers ont laissé faire avec complaisance, sachant qu’ils
voyaient mal comment empêcher Gradlon de prendre le titre qu’il veut. Le plus important est
qu’il se soumette dans les faits, or il prend de plus en plus de libertés : l’impôt n’est pas payé
à temps, les hommages ne sont plus rendus avec la même ferveur, et puis surtout Ys est
dangereusement riche et puissante. D’où les mesures prises par Arthus.
Géographiquement, Ys est située dans la baie de Nevez. Cette baie a été fermée il y a bien
longtemps par une digue, et désormais seul un petit lac marécageux (appelé, logiquement,
le lac de Nevez), en occupe le fond. Ys se trouve sur ses berges, au nord. Le port de la ville
est légèrement à l’écart, au niveau de la digue, et il s’y trouve tout ce qui est nécessaire au
logement et à la restauration des marins… mais pas à leur divertissement (à part quelques
tavernes étroitement surveillées par l’évêque). Gwenlez se venge de son impuissance
relative en ville sur le port. A ceci près, c’est vraiment un port de commerce typique
moyenâgeux, avec haubans qui claquent et cris de mouettes.
Ys elle-même est une ville sublime : les façades sont rutilantes, les rues propres. On y
entend partout la musique de musiciens appointés par le roi pour le divertissement des
habitants. Si les joueurs font attention, ils remarqueront que certaines façades sont plus
austères que d’autres, ce sont celles des croyants (voir « Les habitants »). Il y a aussi trois
églises, ou plus précisément une cathédrale : Sainte-Marie, une église : Saint-Mathieu et une
chapelle, la chapelle de la Clarté. La cathédrale est sur la place centrale, dite « place aux
Ors », sur laquelle se trouve aussi la façade du palais « royal ». L’église Saint-Mathieu de
trouve ailleurs en ville (où il plaira de la situer) et la chapelle est dans le quartier de la ville
réservée aux petites gens qu’on ne peut chasser de fait de leur utilité (musiciens, serviteurs,
artisans…). Il y a aussi une pseudo-chapelle au port, mais comme chaque bateau ou
presque a son aumônier, elle est peu fréquentée.
Enfin, il faut noter que la digue est tellement vieille qu’on croirait qu’il s’agit d’une colline
d’une forme un peu bizarre. Sur ses flancs, de la végétation a poussé. Cependant, cette
digue, comme toutes les digues, possède une vanne en son milieu, dont la porte est bien
cachée au milieu des fourrés. Cette porte est fermée par une serrure dont la clef se trouve…
au cou du roi Gradlon. Et même si celui-ci n’a plus l’esprit aussi ferme qu’avant, il y tient
comme à la prunelle de ses yeux.

Les alentours d’Ys : Ys est entourée de champs, car il faut bien nourrir les habitants ! Les
champs sont tirés au cordeau et prospères, il y a des petits bois pittoresques, bref, on se
croirait chez Disney. Bien sûr, les habitants sont propres et bien tenus, mais ils n’ont pas l’air
très gai (voir « Les habitants »)… Il n’y a pas grand chose à y voir, à priori, mais les joueurs
peuvent éventuellement croiser un grand du palais ou même Malgwen en personne qui
semble cueillir des plantes.

Rumingwal : c’est la demeure d’Ahès. C’est une sorte de Neuschwanstein en tout petit,
située sur la berge Sud du lac. Il est d’abord facile, il n’y a pas de parc alentours, c’est une
lande plus ou moins déserte (même pas de champ). Le jour, tout est fermé, sans avoir l’air
abandonné. La nuit, on y rentre sans problème et on arrive dans une taverne sympathique et
bon enfant. Toutes les fenêtres sont allumées et on y entend des bruits de fête (musique,
etc). La taverne elle-même est comparativement plutôt tranquille, mais on peut y être abordé
par des personnages qui vous proposent « un peu plus de mouvement ». Il s’agit des
rabatteurs d’Ahès qui repèrent les plus beaux et les plus délurés pour les entraîner aux fêtes
de cette dernière. A noter : les joueurs ayant été présentés à Gradlon et Malgwen, celle-ci a
prévenu tous les gens de Rumingwal et ils ne les feront pas entrer plus à l’intérieur du
château sans son accord. A moins de ruser…
LES PERSONNAGES IMPORTANTS (NON JOUEURS)

Il y a plusieurs personnages incontournables, et d’autres dont il est question et qu’il peut être
utile de cerner.

Arthus V : duc de Danétie, il succède à l’âge de 32 ans à son père Alban II, qui eut un règne
exceptionnellement long. Intelligent, rusé et ambitieux, Arthus n’a pas passé toutes ces
années dans l’ombre de son père sans en apprendre quelque chose. Sous la houlette
d’Alban, il a observé, étudié, voyagé un peu et est plein d’idées pour l’avenir. Contrairement
à son père, qui régnait de loin et laissait autant que possible ses vassaux se débrouiller entre
eux, il prône la main de fer dans un gant de velours et ne veut pas voir son domaine lui
échapper. Il a à cœur le bien-être de son « peuple » et pense qu’il passe par une unification
plus profonde de la Danétie et par un gouvernement sans faiblesse. Cependant, il sait qu’il
est plus profitable de gagner par la persuasion et la ruse que par la force, surtout qu’il est
peu à même d’avoir un œil et une armée dans toutes les chefferies de son domaine. C’est
pourquoi il a pris soin, avant même de monter sur le trône, de s’entourer d’agents
compétents pour pouvoir ne se servir de la force qu’en dernier recours.

Gradlon : dans sa jeunesse, Gradlon fut le parangon de presque toutes les vertus : il était
beau, fort, et surtout croyant, très croyant. Il eut pour compagnon d’étude Gwenlez, qui
devint prêtre. Gradlon l’aurait bien suivi dans cette voie, mais il était né prince et, il avait
beau savoir que ce titre ne voulait pas dire grand-chose, il avait trop d’honneur pour
échapper à ses devoirs. A l’âge de 24 ans, il accéda au « trône » d’Ys et, judicieusement
conseillé par les anciens adjoints de son père, sut bien gouverner la ville. Avec le temps,
ces adjoints moururent un à un, mais Gwenlez pris leur succession. Néanmoins, Gradlon
avait toujours au cœur la gloire de Dieu et, plusieurs mois par année, il laissait la ville aux
mains des grands du palais pour aller convertir les royaumes insulaires au Nord de la
Danétie. Ces royaumes étaient justes des steppes peuplées de tribus païennes et,
objectivement, il n’y fut pas très efficace. Néanmoins, ces expéditions lui valurent une
réputation inattaquable en Danétie, où on le citait en exemple à tous les jeunes nobliaux trop
agités. Une année, parmi les prisonniers qu’il ramenait à Ys se trouvait une jeune femme à la
beauté époustouflante, Malgwen qui se disait princesse de la tribu vaincue cette année-là.
Peu à peu, Gradlon se laissa aller à écouter ses chants, ses contes et finit par être
totalement conquis par sa prisonnière. Lors de l’arrivée à Ys, il se mit en tête de l’épouser et
c’est ce qu’il fit, malgré les remontrances de Gwenlez, qui ne voyait pas « la sauvage » d’un
très bon œil. Un an après, Malgwen lui donna une fille, Ahès, et Gradlon cessa
définitivement ses expéditions pour se consacrer à sa ville et à sa famille. Son passe-temps
favori était la chasse et c’est dans ce cadre qu’il rencontra Kaourentin et le ramena à Ys. Au
fil des années, Gradlon s’enfermait de plus en plus dans son palais, ne sortant plus que pour
humer l’air marin du port, puis plus du tout. Petit à petit, il a perdu ses facultés et s’est
reposé sur les êtres qui lui sont le plus cher au monde : Malgwen et Ahès d’une part,
Gwenlez et Kaourentin d’autre part. Il voue à Ahès un amour aveugle et entier, et il est sous
le charme de Malgwen comme au premier jour. Il retrouve en Gwenlez les souvenirs et
l’admiration de sa jeunesse, et Kaourentin est pour lui le mentor, le sage dont il faut écouter
toutes les paroles, une sorte d’incarnation de ses propres désirs d’ascèse. A l’époque où se
passe le scénario, il est physiquement décrépi bien que pas d’un âge canonique (ce qui a fait
courir des rumeurs de maladie ou d’ensorcellement). Sa peau est parcheminée, il se tient
voûté, mais par fierté ne veut pas de canne. Ses yeux sont souvent hagards. Il a parfois des
accès de sénilité, mais se souvient très bien des jours anciens qu’il regrette plus qu’il ne le
montre. Au surplus, parfois, il a des éclairs de lucidité et un regard pénétrant qui font penser
qu’il n’est pas si à la masse que cela, et qu’au fond, il n’est dupe d’aucun de ses proches. Il
tient Arthus en estime mais son titre de roi lui a monté à la tête et il en est venu, au fil des
années et avec l’influence de son entourage, à se considérer l’égal du duc. Les rares
hommages qui sont encore rendus à Arthus sont le fait de Gwenlez, qui tient à garder le
soutien du « vrai » gouvernement. En pratique, la ville est gouvernée par Malgwen et par
Gwenlez (Kaourentin s’occupe uniquement du spirituel), plus exactement déchirée entre les
deux.

Malgwen : femme d’une grande beauté, Malgwen fut surnommée « la Blanche » par les
habitants d’Ys du fait de sa peau claire, de ses cheveux bonds et de ses yeux pâles. Elle est
née fille du chef d’une tribu du Nord, et, en tant que telle, destinée à devenir prêtresse. Elle
en a suivit l’apprentissage et a montré un grand don dans ce domaine (NB : cela ne veut pas
forcément dire qu’elle avait des pouvoirs magiques…). Mais quand Gradlon a vaincu son
père et l’a obligé à se convertir au christianisme, Malgwen a vu rouge : tous ses efforts,
perdus ! Cette nouvelle religion allait la ramener au rang d’une vulgaire villageoise, elle, fille
de roi ! Elle se fit capturer par les Danétiens alors qu’elle avait tenté de soulever une révolte
parmi son peuple. Cachée par un capuchon, elle put passer pour un rebelle comme les
autres, mais bientôt fut découverte par Gradlon. Celui-ci, afin de la mettre à l’abri des autres
marins, lors de la traversée de retour, lui accorda une cabine à part. Il vint la voir de temps
en temps, puis de plus en plus souvent. Malgwen vit alors un moyen de retrouver son statut
perdu. Elle sut séduire Gradlon et, à l’arrivée à Ys, se fit couronner reine : elle retrouvait les
rênes du pouvoir, mais gardait une dent contre le christianisme et contre le pieux Gradlon,
venu l’imposer. Au fil du temps, son désir de vengeance et de pouvoir grandit et elle en
devint presque obsédée. Elle se mit à transformer Ys en un lieu de plaisir, comme
vengeance contre la religion détestée qui prônait l’ascèse. Et puis, quoi de plus facile à
gouverner qu’un peuple mou et asservi à ses désirs ? Elle y imposa aussi la manière de
gouverner de son père et de son peuple : les pauvres et les faibles ne devaient pas gâcher
la vue des puissants et des forts. Seuls les beaux pouvaient rester pour orner les rues de la
ville. Contre Gradlon, elle conçut une vengeance particulière : Ahès, la fille adorée, devint
entre ses mains une meurtrière, un monstre, un zombie. Au fil des années, cependant, sa
vengeance se transforma en une simple soif de pouvoir et de cruauté. Elle a entendu parler
d’Arthus, en bien, et se dit qu’avec son aide, elle pourrait monter aux sommets du pouvoir.
Les émissaires qu’il lui envoie tombent à point nommé… Physiquement, Malgwen, si elle a
vieillit, reste toujours aussi belle. Elle est dans le genre scandinave, mince, etc, d’une volonté
à tout épreuve et incapable de plier (ça passe ou ça casse). Quand on la regarde dans les
yeux, ça fait peur… Mais elle reste fascinante pour beaucoup de personnes.

Ahès : Physiquement, Ahès est le type « Blanche-Neige ». Elle est grande comme ses
parents, mais n’a pas la beauté de sa mère. Elle est surtout décharnée et la plupart du
temps hagarde, et n’a pas toute sa tête. A l’origine, elle est gentille et un peu simplette (10
ans d’âge mental, à peu près), mais sa mère l’a complètement pervertie. Elle adore toujours
son père qui lui raconte de belles histoires (Rmq : c’est la seule personne de son entourage
qui l’aime vraiment). Elle a peur de sa mère et est complètement sous son emprise. Sa mère
favorise le lien père-fille pour mieux s’en servir après. Par ailleurs, elle lui a donné une
éducation décadente et Ahès passe sa vie au milieu des orgies de Rumingwal. Elle absorbe
toutes sortes de drogues et hallucinogènes fournis par sa mère, et, comme il a été dit, l’un
d’entre eux l’amène parfois à une folie meurtrière dont fait généralement les frais celui qui
est à ses côtés à ce moment-là. Elle a très souvent des réactions de petit animal. Les
joueurs auront entre autres pour mission (s’ils se sentent l’âme philanthrope) de la tirer de là.
Il est important de noter qu’elle est innocente, au sens originel du terme : naturellement elle
n’est pas très maligne, et c’est l’influence de sa mère, conjugué à sa faiblesse d’esprit, qui
en fait une sorte de monstre. Ce n’est surtout pas une ingénue style « lolita ».

Gwenlez : l’évêque d’Ys est l’ami d’enfance de Gradlon. Il est né dans une grande et riche
famille d’Ys et en a gardé tout le long de sa vie le goût du luxe et la beauté. Tout jeune, il
s’est senti attiré par les études et la religion : il aime la musique d’église, l’encens, le
cérémonial. Etant le deuxième fils de sa famille, il a pu sans problème faire accepter sa
vocation, mais il était entendu que, dans ce cas, il serait un prélat de haut rang. Il fut choisi
par le père de Gradlon pour servir de compagnon au prince vers l’âge de 10 ans et l’est
toujours resté. Il a souvent servi de garde-fou à Gradlon qui, bien que pieux, était parfois un
peu impulsif. C’est Gwenlez qui l’a incité à entreprendre les croisades dans le Nord et qui a
encouragé en grande partie la foi de ce dernier. Pendant ce temps, il fut nommé prêtre, puis
évêque quand Gradlon s’est marié (Rmq : il n’y avait pas d’évêque d’Ys avant, c’était pour
l’amadouer car il n’était pas du tout d’accord avec le mariage de Gradlon). Il n’a jamais cessé
de s’intéresser aux affaires de la ville, c’est le type même du prélat « mondain ». Il mène
toutefois une vie sans reproche, car Il est profondément croyant et érudit, mais a une nette
tendance à prendre dans la religion ce qui l’arrange et à se croire infaillible. Dès le départ,
malgré leur goût commun pour la beauté, il s’est brouillé avec Malgwen. Et plus celle-ci
prenait de l'emprise et étendait sa décadence, plus Gwenlez se drapait dans sa dignité et se
faisait le chantre de la religion, de l’austérité et de la décence. Il a combattu pied à pied avec
la reine, a infiltré en partie la garde (voir « Les habitants ») et est parvenu à mettre en place
un couvre-feu de 10h du soir jusqu’à 5h du matin, ce qui a fait cesser les fêtes qui
commençaient à se multiplier intra-muros. Pour contrer cela, Malgwen, par l’intermédiaire
d’Ahès, a fait construire Rumingwal. Il faut réellement souligner que Malgwen et Gwenlez se
haïssent du fond du cœur. Ce sont les incarnations de deux puissances totalement
opposées : le paganisme et le christianisme. Gwenlez est très diplomate, c’est un fin
négociateur. Il sait parler et bien parler. Cependant, sous ses dehors conciliants, indulgents
et tolérants, il n’est pas près d’accepter de renoncer à ses idéaux de ville « très chrétienne ».

Kaourentin : fils de paysans, Kaourentin s’est senti très jeune attiré par la religion.
Cependant, peu enclin à la vie de communauté, il est devenu ermite et s’est construit une
petite renommée de sainteté dans les environs. Avant que Gradlon le trouve, il vivait de
presque rien, était d’un aspect effroyable, passait sa vie en oraison et en prédications
hallucinées, et redistribuait les aumônes qu’il recevait aux pauvres. Quand Gradlon a voulu
le faire venir à Ys, il a d’abord refusé, mais quand il a mis les pieds dans la ville il a comprit
quel besoin celle-ci avait d’une remise au pas spirituelle. Il s’est très rapidement entendu
avec Gwenlez, même s’il le trouve un peu mondain. Kaourentin a beau être un ascète
solitaire, il n’est pas stupide (ses délires sont souvent simulés et il sait où il va) et sait qu’il
faut des hommes comme l’évêque dans son camp. Il a continué à vivre de manière sainte et
pieuse et sert de caution spirituelle au gouvernement de Gradlon. Quand il n’est pas en
prédications, il fanatise les croyants acquis à sa cause et erre dans la ville pour faire
progresser le « bien » contre le « mal » incarné par Malgwen. Il affirme voir la patte du
démon partout, et part souvent en monologues illuminés. Il est partisan de toutes les
mesures, même les plus cruelles, pour éradiquer l’impiété, du genre « Tuez-les tous, Dieu
reconnaîtra les siens » (en ceci, il dépasse même Gwenlez, en qui il reste un vieux fond de
charité). Il est également misogyne au possible et n’a jamais pardonné le coup de la pomme
à Eve. Il est important de noter que, bien que fanatique et illuminé, il est rusé et sait voir et
comprendre ce qui se passe autour de lui.
LES HABITANTS

Les habitants d’Ys se classent en plusieurs catégories, mais bien sûr elles ne sont pas
hermétiques et il est possible d’être un peu l’un, un peu l’autre. De plus, elles se recouvrent
généralement. La liste suivante n’est pas exhaustive, mais sert de trame.
En ce qui concerne les noms, on n’utilise en général que le prénom, suivi s’il est nécessaire
d’une caractéristique (« le Jeune », « le Pieux »… réserver les caractéristiques physique
pour les gens de condition modestes !), d’un nom de terre pour les riches et nobles
d’ancienne lignée (« de Quelquechose », qui peut aussi servir de nom d’origine) ou d’une
indication d’habitation…( « de la rue Trucmuche » ).
Tout d’abord, il existe 3 grandes catégories « socioprofessionnelles » :

Les marchands / nobles : ils sont souvent l’un et l’autre. Ce sont eux qui font la puissance
d’Ys et qui arment et affrètent les bateaux, c’est donc eux qu’on verra au port. Bien sûr il y a
une gradation dans la richesse, comme dans la « nouveauté », c’est-à-dire qu’il y a des
anciennes familles de marchands comme des enrichis de la dernière heure. Cependant,
depuis les mesures de Malgwen, l’ascenseur social ne fonctionne plus. La seule manière de
s’enrichir est d’être un « ornement » (voir plus bas). Les marchands/nobles forment donc la
vieille garde d’Ys, c’est parmi eux que sont recrutés les « hauts fonctionnaires », la garde du
palais, les grands, etc. Certains sont plutôt contents des évolutions qu’à subi la ville sous la
férule de Malgwen, d’autres le sont moins pour diverses raisons : croyance religieuse,
humanisme ou simplement la perte de leur toute-puissance au profit des « ornements », des
nouveaux riches selon eux. Beaucoup, enfin, naviguent entre deux eaux et veulent surtout
garder leurs privilèges. Ils iront dans le sens où souffle le vent.

Les ornements ( Rmq : il ne s’agit pas d’une dénomination « officielle » utilisée à Ys, c’est
juste pour définir leur rôle que je l’utilise !) : Malgwen n’a pas chassé tous les pauvres. Elle a
gardé ceux qui pourraient embellir la ville et lui servir de cour, c’est-à-dire les beaux, les fins,
les ambitieux, ceux qui sont prêts à suivre sa voie. Pour qu’ils puissent tenir leur nouveau
rang, elle les a enrichis et les a pris sous son aile. En conséquence de quoi, ils ont
complètement un esprit de courtisans et ne veulent surtout pas qu’on les prive de leurs
privilèges. Ils savent aussi que sans Malgwen, ils ne sont rien : les anciens riches ne les
aiment guère mais les flattent pour leur influence. Il est à noter que cet état est héréditaire :
même si les enfants n’ont pas la beauté ou l’esprit de leurs parents ! Il faut en effet
compenser les « pertes » créées par les fêtes d’Ahès ou les représailles de Malgwen. Parmi
eux, il y a les très proches de Malgwen qui fournissent la matière des fêtes de Rumingwal
(alors qu’un simple marin ou paysan ne peut sortir du château – hormis la taverne – sans
dommage, les « initiés », eux, le peuvent). Les autres se contentent de hanter la cour, les
rues et les lieux de spectacles. Ils fournissent aussi une partie de l’entourage du roi et de la
garde qui est totalement dévouée à Malgwen (voir plus bas).

Les « petites gens » : ce sont des gens de condition modeste que Malgwen ne peut pas
chasser, car ils sont indispensables au bon fonctionnement et au prestige de la ville. On y
trouve, pêle-mêle, les musiciens des rues, les artistes, les artisans (couturières, menuisiers,
etc), les nettoyeurs des rues, les serviteurs des riches… A part cette dernière catégorie, tous
habitent dans un quartier particulier, le quartier de la Clarté. Ce n’est pas du tout un quartier
sensible ! Pour garder l’image de marque de la ville, les habitants sont en effet
généreusement rétribués et doivent toujours être soignés et se comporter bien. La garde
n’est pas tendre avec les réfractaires ! Le quartier lui-même est propre et net, même s’il
n’est pas aussi resplendissant que le reste de la ville. Dans cette catégorie, on trouvera
aussi bien des partisans de Malgwen (après tout, ils gagnent mieux leur vie qu’avant et leurs
conditions de vie se sont améliorées, par la force des choses) que des détracteurs (ils voient
leurs anciens compagnons, les ornements, les regarder de haut, et le tolèrent mal. De plus,
réduire les pauvres en servage n’a évidemment pas plu à tout le monde). A noter : les
artistes et les artisans se doivent d’être de première force, toujours pour conserver le
prestige de la cité.

On peut éventuellement ajouter une quatrième catégorie :

Les serfs : ce sont les pauvres chassés de la ville et réduit en quasi-esclavage, aussi bien
que les anciens paysans qui ont vu leurs conditions de vie se dégrader depuis l’arrivée de
Malgwen. Celle-ci, indépendamment de ses plans concernant Ys, considère en effet que
ceux qui travaillent la terre sont des sous-hommes et ne méritent pas d’être bien traités
(Rmq : c’est proche de l’état d’esprit des Celtes, à l’origine, même s’ils distinguaient les
possédants et les métayers). La terre elle-même est possédée par des nobles ou par le roi
lui-même. Il arrive que certains paysans possèdent leurs terres, mais ils sont peu nombreux
et Malgwen les persécute, aussi sont-ils à peine mieux lotis que les serfs. En règle générale,
ceux-ci sont abrutis par le travail, la faim, la fatigue, les représailles de la garde, etc. Les
joueurs n’en tireront pas grand chose, à moins de tomber sur le rebelle, si besoin est.
Cependant, ils auront une idée des méthodes de la reine en les voyant.

Parallèlement à cela, on peut aussi définir les groupes suivants :

Les croyants : il s’agit de ceux qui sont profondément religieux et donc a priori dévoués à
Gwenlez. Cela peut aller de l’intégriste ultime à la personne juste pieuse et pratiquante. On
les trouve parmi des marchands ou les petites gens, mais pas parmi les ornements (ou alors
ils pratiquent en cachette… Malgwen n’irait pas favoriser une personne ouvertement
chrétienne !). Leurs maisons sont en général moins tapageuses que les autres, et ils mènent
généralement un train de vie plus modeste. En effet, seuls sont restés fidèles à la foi ceux
qui sont réellement croyants, car sinon ils peuvent aussi bien rejoindre les rangs de
Malgwen, sans dommage, au contraire. Les petites gens font alors profil bas, mais les
puissants peuvent aussi bien clamer leur foi ouvertement. Ils n’iront pas toutefois jusqu’à
dénoncer Malgwen en public.

La garde : elle est majoritairement composée de fils de riches et de puissants. Il y a


plusieurs sortes : ceux qui surveillent les alentours (c’est la catégorie la moins prestigieuse,
puisqu’elle consiste principalement à fouetter les serfs…), ceux qui sont (complètement)
dévoués à Malgwen, ceux qui sont (complètement) dévoués à Gwenlez, ceux qui s’en
moquent… Mais ils ont tous le même uniforme ! Donc pas moyen de savoir à priori dans
quel camp ils sont. Cela les rend particulièrement paranoïaques, et il faut toujours se
souvenir qu’il s’agit de gens de bonne naissance, pas de la soldatesque de base.

La cour : Il s’agit de gens qui hantent perpétuellement la salle du trône. Tous comme pour la
garde, ils sont partagés entre plusieurs partis. Néanmoins, il s’y trouve aussi des gens de
bonne volonté qui veulent faire évoluer la situation. Si les joueurs s’appuient sur de telles
personnes, ils peuvent considérablement avancer, car il peut s’agir de gens proche du
pouvoir.

Enfin, on peut ajouter à ceci les marins : ce ne sont pas de « vrais » habitants d’Ys,
puisqu’ils n’en sont que rarement originaires. Ils habitent sur le port (voir « Les lieux »). On
peut récolter chez eux des rumeurs sur la ville, mais le côté le plus troublant (les gens qui
ont disparu en allant à Rumingwal) ne les gêne guère : ils considèrent pour la plupart que les
disparus ont juste déserté leur bord. Tout au plus trouvera-t-on un marin ou un capitaine
pour jurer avoir connu un disparu qui n’était pas du tout du genre à quitter son bord comme
ça, sans prévenir.
L’HISTOIRE (GRANDES LIGNES)

L’histoire commence donc avec l’arrivée des émissaires aux portes de la ville. On peut
décrire la scène : Ys au nord, Rumingwal de l’autre côté du lac, la digue, la mer, etc. Ils sont
accueillis par un portier poli mais froid qui les fait rentrer après avoir observé leur grand train
et leur laisser-passer fourni par Arthus. Leur escorte armée ne pourra pas rentrer et restera
aux portes de la ville (bon à savoir s’ils ont besoin de renforts).

Etape 1 : prise de connaissance avec la ville

A priori, les personnages devraient commencer par chercher le palais. Pour cela, on peut les
faire errer dans la ville, demander leur chemin, les faire se perdre, etc. Il est important qu’ils
aient une vue d’ensemble du lieu : beau, superbe même par endroit, avec des façades
riches et dorées, des sculptures, des fontaines, des musiciens à tous les coins de rues,
etc. Cela les charmera sûrement, mais ils savaient par ouïe dire qu’Ys était une belle ville. Ils
peuvent aussi croiser quelques gardes qui les arrêteront pour leur demander ce qu’ils font :
ils ne sont pas à la mode de la ville et cela se voit qu’ils ne sont pas du lieu. Ils passeront
peut-être aussi près de l’église Saint-Mathieu. Si Bertram veut y faire ses dévotions, ils
pourront parler avec les prêtres qui, par méfiance, ne s’exprimeront qu’à mots couverts.

Enfin, ils arriveront au palais, où ils se feront introduire. Ce sera le matin, donc la cour n’est
pas encore assemblée. Cependant, comme il s’agit d’émissaires d’Arthus, Gwenlez les
accueillera dans son bureau, une pièce élégante et sobre, comme son occupant. Celui-ci
sera charmant, et prendra plus particulièrement à partie Bertram. Il verra tout de suite son
intérêt dans la venue des émissaires et cherchera à les mettre dans sa poche. Il leur parlera
d’Ys comme d’une ville très chrétienne mais avec des faiblesses et évoquera les digues.
Après l’entrevue, Malgwen a été prévenue de la présence du groupe et les fait venir. Il
s’ensuit une seconde entrevue où Malgwen tente d’user (discrètement !) de son charme et
leur parle d’Ys comme d’une charmante ville dédiée à la beauté et au plaisir (tout en restant
décente, bien sûr…il y a un prêtre dans le groupe).
Enfin, le roi paraît dans la salle du trône et les cinq personnages lui sont présentés. Il leur
répond un peu n’importe quoi mais lit leur lettre d’introduction. C’est Malgwen qui répond à
sa place, elle est bien sûr assise à côté de lui. Il est à noter que ceci ne fait pas double
emploi avec l’entrevue puisque la présentation au roi est en public. Il y a tous les nobliaux et
ils peuvent discuter avec les personnages à tour de rôle, après la « cérémonie ». Les
personnages auront ainsi une vision des choses. On leur présentera leurs appartements et
ils pourront passer la journée à visiter la ville.

Etape 2 : Où l’on se rend compte qu’il y a un os

Ici, il s’agira de faire plus ample connaissance avec les lieux et les gens. Plusieurs lieux sont
visitables, et il est possible (et souhaitable) que les joueurs les fassent tous.

Les églises : ils y verront Kaourentin qui les prendra à partie et cherchera à leur tirer les vers
du nez. Ils le connaîtront de nom, donc pas de problème. Il est même possible qu’ils passent
un peu de temps avec lui. Bertram devrait être impressionné.

Le port : les marins ont leurs propres idées concernant la ville. Ils parleront aux personnages
du château de Rumingwal, un vieux loup de mer pourra éventuellement leur parler de tel ami
à lui qui n’a jamais reparu. On peut aussi croiser des marchands de toutes sortes.

Le château de Rumingwal : s’ils le visitent de jour, ils n’y verront rien. S’ils le visitent de nuit,
ils seront reçus dans la taverne. Ils apercevront Ahès de loin. Mais visiblement, Bertram n’y
sera pas le bienvenu. S’il s’éloigne un instant, les autres seront abordés par quelqu’un qui
commencera à les inviter à la fête (ce qu’ils ne sauront pas), mais une autre personne
l’interrompra (en lui disant à l’oreille qu’il s’agit des fameux envoyés de Arthus …) et cela en
restera là. De toutes manières, ils resteront sur leur faim, car ils se douteront bien qu’il y a
anguille sous roche. Ils peuvent tout de suite essayer de faire le tour du château, mais ils n’y
arriveront pas. Tout juste trouveront-il le « cimetière » (anonyme et pas trop gore, tout de
même, juste de quoi piquer leur curiosité). Il faudra, pour rentrer, qu’ils se rapprochent de
Malgwen. Cela peut être fait à la fin, s’ils ne se la mettent pas à dos. Sinon, ils entreront en
force ! !

Les alentours : ils y verront ce qu’on a vu (ces champs proprets et des serfs). Ils y
acquérront une idée des méthodes de gouvernement, mais ne sauront pas s’il s’agit des
mesures de Malgwen, de Gradlon ou de Gwenlez.

La ville elle-même : c’est là qu’ils pourront se faire une idée des deux camps et de ce qu’on y
dit. Il est possible qu’ils soient invités chez un marchand, un « ornement » ou autre,
rencontré dans la salle du trône.

Etape 3 : où on prend les choses en main

Maintenant, ils vont commencer à être tiraillés entre les deux camps, sans que chacun
d’entre eux dévoile entièrement son jeu. Il est tout à fait possible que les personnages soient
divisés quant à ce qu’il faut penser des principaux pnj. Il faut garder à l’esprit que tous les pnj
(Malgwen, Gwenlez, etc) veulent les amadouer et surtout ne pas faire de vagues. Malgwen,
par exemple, n’ira pas leur dire tout de go : « Vous savez, moi, les pauvres, je les ai mis
dehors et bon débarras », tout comme Gwenlez ne dira pas : « Si je tenais Malgwen, je vous
la mettrais dans une vierge de fer et on en parlerait plus ». Il faudra les travailler en douceur !

Gwenlez et Kaourentin envisagent l’engloutissement d’Ys comme dernier recours : Gwenlez


ne se laissera pas aller mais Kaourentin, dans son élan, peut évoquer (assez lourdement s’il
faut) un quelconque nettoyage par le vide. Cela doit mettre la puce à l’oreille des
personnages. Cependant, ce que les deux saints hommes veulent, c’est de se débarrasser
de Malgwen. A ceci, un gros problème : Gradlon ne le laissera jamais faire et elle a toute une
faction à ses ordres. Ils comptent alors sur les émissaires et évoquent un complot de
Malgwen contre Arthus. Ce sera relativement crédible.

Malgwen, de son côté, tentera de les séduire par des promesses de délices sans pareils.
Elle voudra surtout en savoir plus sur Arthus et semble s’intéresser de près à la Danétie. Elle
décrira Gwenlez comme un intégriste qui veut détruire toute beauté et trouve Arthus trop
mondain. Il voudrait, paraît-il, le remplacer par un cousin du duc, confit en dévotion. Le
couvre-feu leur servirait à établir la conjuration. Les personnages seront invités à de
nombreuses réjouissances, tout à fait honnêtes. Ils pourront en profiter pour parler à
Malgwen de Rumingwal. Selon l’état du scénario, ils pourront alors y être invités, mais il vaut
mieux garder cela pour la fin.

Les personnages seront alors face à deux conspirations : celle de Gwenlez pour remplacer
Arthus et celle de Malgwen pour assassiner le même Arthus. A noter que Malgwen serait
plutôt partante pour aller à la cour de Arthus …

Enfin, et surtout, ils verront Ahès au palais, par exemple lors d’une entrevue impromptue
avec Gradlon et ils lui « parleront » en toute liberté, ainsi qu’à Gradlon ; on peut faire en
sorte qu’il s’agisse d’un coup de chance. L’attitude de la jeune femme sera « nature » mais
assez sibylline, quant à Gradlon, il semblera délirer mais dira des choses sensées : aux
joueurs de s’en rendre compte.
Etape 4 : Où on décide du dénouement

Ou bien les joueurs ont déjà un plan, ou bien on les secoue pour qu’ils décident. Gwenlez,
par exemple, peut leur faire savoir que ça suffit, il faut prendre des mesures, ou alors ils
recevront une lettre de Arthus qui les somme de se dépêcher.

En résumé, il y a plusieurs choses à faire :


1) empêcher Gwenlez et Kaourentin d’engloutir la ville. Pour cela, il faut ou se débarrasser
de Malgwen (voir plus bas) ou faire échouer la conspiration. La conspiration consiste à
envoyer des fanatiques à Rumingwal afin de faire voler les clefs des digues à Ahès
(comme dans la vraie légende, en sorte, mais sans le diable). Les personnages peuvent
intervenir uniquement s’ils sont présents à un moment ou à un autre : à Rumingwal ils
voient quelqu’un qu’ils ont vu en compagnie de Gwenlez, par exemple, ou alors ils sont là
quand Ahès vole les clefs. A noter : rien n’empêchera Gwenlez de recommencer, il
faudra agir (le démettre…). Si l’engloutissement n’est pas évité, on peut faire une belle
scène finale où les persos s’enfuient dans le soleil couchant alors que tous périssent
dans la ville, sauf Gradlon que Gwenlez et Kaourentin sauvent dans un dernier geste de
charité. On entendra au loin un chant plaintif, celui d’Ahès qui se noie, bref, le grand
jeu…
2) Empêcher définitivement Malgwen de nuire. Le plus simple est de l’amener à la cour de
Arthus, mais dans ce cas Gwenlez et probablement Bertram s’y opposera. Si les
personnages insistent, on peut leur faire remarquer que Arthus peut tout à fait tomber
sous le charme et ils seront alors très mal. Ils peuvent alors l’emmener et l’assassiner en
route, c’est une solution satisfaisante ! Si vraiment ils le font, pas de pitié : Arthus tombe
sous sa coupe et elle fait assassiner les 5 persos pour se venger de je ne sais quoi.
Autre solution, si on veut épargner 5 pauv’ tits joueurs : elle tente d’assassiner Bertram
durant le voyage et les 5 autres sont obligés de la faire taire. En dernier recours, on peut
faire appel à la force, mais Arthus ne sera pas content : il ne veut pas laisser l’image d’un
souverain répressif et faire des martyrs. On peut aussi imaginer une rébellion des serfs,
mais cela risque d’être le pot de terre contre le pot de fer. A noter : Malgwen déchue,
Gwenlez rentrera dans le rang. On peut aussi l’amadouer avec une promesse de poste à
la capitale. Kaourentin pourra tout aussi bien redevenir ermite (de toutes manières, tout
seul il est à peu près inoffensif). Enfin, on peut en finir avec Malgwen sur place, mais elle
est rusée et sur ses gardes. Il faudra être très subtil, sans compter que si elle découvre le
pot aux roses, ivre de rage, elle passera tout le monde au fil de l’épée. Auquel cas Arthus
fera bien sûr usage de la force et cela créera une guerre civile.
3) Faire quelque chose de cette pauvre Ahès : si Malgwen est déchue, les persos pourront
s’en occuper et l’une des femmes pourrait même la prendre sous son aile ou un des
hommes en tomber follement amoureux… rien n’est impossible… Mais si Ys est
engloutie, il y a de forte chance qu’elle y laisse la vie : elle n’est pas assez futée pour
sauver sa peau.
4) Faire revenir Ys dans le giron de Arthus : il faut pour cela que Malgwen soit déchue. On
peut laisser Gwenlez en place, sachant qu’il est plutôt pour Arthus, mais les persos
n’auront peut-être plus confiance en lui. On peut aussi, comme il a été dit, le faire venir à
la capitale (où Arthus l’aura sous les yeux…) et nommer un autre évêque… Bertram, par
exemple. Ou encore nommer un régent (un des deux hommes), mais cela sentira un peu
trop l’ingérence. Gradlon, détruit par la disparition de Malgwen, peut aussi décider de
laisser les rênes du pouvoir à un des émissaires (homme ou femme) qu’il a pris en
affection et se retirer avec Kaourentin dans un monastère.
Sans compter toutes les solutions sorties de l’imagination fertile des PJs...
PRENOMS

En cas de manque d’inspiration, voici une liste de prénoms tendance médiévo-celtiques, un


peu farfelus mais utiles, peut-être ?
Et, en passant, merci à mes petits camarades de jeu de Bookcrossing qui m’ont fourni la
plupart des noms ci-dessous…

Masculins : Féminins :

Gildouin Edith
Othon Isabel
Charles Abigaël
Gildebert Corisande
Aldebert Awen
Benedict Gaceline
Guillaume Aveline
Gontrand Jehanne
Yvon Evène
Kieran Beryl
Arval Mordra
Amaury Keridwen
Helgaud Morjane
Emlyn Estale
Ellfin Bérengère
Heinin Ermengarde
Vortigen Hedwige
Lagad
Lesdan
Mallroy
Morrigan
Adalbéron
Ganelon
Lothaire
ANNEXE :
UNE DES NOMBREUSES VERSIONS DE LA LEGENDE

Juste pour information…

« Is était entourée de formidables murailles, battues par les vagues. Quand la mer était
haute, l'eau assiégeait la ville de toutes parts. Elle se heurtait aux solides portes, qui avaient,
disait-on, été construites par des korrigans, et que rien ne pouvait faire céder. Seul, le roi en
possédait les clés, qu'il portait accroché à son cou, de jour comme de nuit. Ce roi s'appelait
Gradlon. C'était un homme bon et généreux. Lorsqu'il était jeune, il avait couru l'aventure,
loin, jusqu'en Scandinavie, où il avait épousé une fée, mais à l'époque où se passe cette
histoire, il était devenu vieux et un peu triste. Souvent, on le voyait errer sur les remparts de
la ville. Il regardait la mer, longtemps, comme si elle devait le consoler de quelque chose.

- Ah ! se plaignit-il un jour à son ami saint Gwénolé, ma fille deviendra-t-elle un jour


raisonnable ?
Saint Gwénolé ne répondit pas. Il savait bien que Dahut, la fille du roi Gradlon et de la fée
scandinave, n'était pas seulement déraisonnable. Il la croyait mauvaise, mais il ne voulait
pas peiner le bon roi.
- Pourquoi ne retourneriez-vous pas à Quimper ? demanda-t-il. Vous y seriez loin de votre
fille, et sa conduite vous tourmenterait moins.
Le roi réfléchit. Un bon moment , il demeura silencieux, puis enfin :
- Un jour, commença-t-il, un jour que je chassais dans la forêt du Menez-Hom avec une
troupe nombreuse, nous nous sommes perdus. Par hasard, nous arrivâmes à une hutte
de branchage, où vivait un ermite d'une grande sainteté. Vous le connaissez.
- C'était mon bon maître, saint Corentin.
- Comme nous n'avions rien mangé depuis l'aube, reprit le roi, nous avions grand faim,
mais le pauvre ermite qui vivait dans le dénuement le plus complet, ne possédait rien
pour nourrir une troupe comme la nôtre. Il fit venir le cuisinier et lui confia un petit
morceau de poisson, puis il appela l'échanson et lui donna une cruche d'eau. Comme les
deux serviteurs restaient tout ébahis, saint Corentin leur dit : " Portez ceci à votre maître".
Gênés, mais n'osant obéir, les deux serviteurs vinrent vers moi. C'est alors que tout le
monde vit que l'eau s'était transformée en vin, et que les poissons se multipliaient,
jusqu'à apaiser la fin de toute ma troupe.
- Je me rappelle ce miracle, dit saint Gwénolé, preuve de la très grande sainteté de mon
vénéré maître.
- Alors, continua Gradlon, j'ai dit au saint ermite : " Il ne faut point que vous viviez loin des
hommes, il faut que vous leur apportiez votre lumière. Je vous donne ma bonne ville de
Quimper, son palais, ses églises, et je promets solennellement de faire construire un
monastère à Landevennec".
Ayant fini ces mots, le roi regarda son ami :
- Quimper ne m'appartient plus, vous le voyez. Chez moi est ici à Ys et j'y resterai. Et puis
j'espère pouvoir encore quelque chose pour ma fille. Si sa mère n'était pas morte alors
qu'elle était toute jeune, peut-être ne serait-elle pas devenue ce qu'elle est…

Pendant ce temps, dans les salles illuminées du château, Dahut donnait une fête. Comme
chaque soir, de cent lieux à la ronde, des seigneurs étaient arrivés, attirés par la
magnificence de la ville et la réputation de ses fêtes. On s'y amusait plus que partout ailleurs,
même si on croyait savoir qu'il y a quelques dangers à y participer. On murmurait que
certains jeunes seigneurs avaient disparu bien qu'on ignora comment.

Ce soir-là, alors que la fête battait son plein, un serveur s'approcha discrètement d'un jeune
homme très beau.

YS Partie MJ 16/43
- Seigneur, chuchota-t-il, notre demoiselle Dahut vous a remarqué… Le jeune seigneur se
sentit très flatté. Au milieu de la grande fête, parmi tous ces gens, la princesse avait porté
ses yeux sur lui !
Le serviteur poursuivit :
- Elle vous fait donner ce masque pour vous cacher le visage et l'aller rejoindre dans sa
chambre dès que le bal sera fini.
Le cœur battant, le jeune homme prit le masque et attendit avec grande impatience la fin de
la soirée. Puis, mené par un serviteur tout de noir vêtu, il rejoignit la belle Dahut.

Avant que le jour ne se lève, elle le renvoya :


- Partez maintenant, mais remettez ce masque. Je ne veux pas qu'on sache qui sort de
ma chambre.
Le jeune homme fixa le masque sur son visage, et aussitôt le masque se resserra jusqu'à
l'étouffer. Le jeune homme tomba sans connaissance au pied de Dahut. Alors, la princesse
fit un geste au serviteur habillé de noir. Sans un mot, celui-ci ramassa le seigneur, le jeta en
croupe sur son cheval, et s'en fut au galop. Il connaissait, pas loin de Huelgoat, un précipice,
où cet amant irait rejoindre les autres.

Le lendemain, le serviteur du jeune seigneur le chercha partout, mais il avait disparu. On


supposa alors, qu'ayant trop bu, il avait voulu se promener sur le rempart et était tombé à la
mer.

Personne ne s'inquiétait vraiment de ces disparitions, bien qu'on murmura un peu, on


préférait faire comme si de rien n'était, et continuer à profiter de la vie facile de cette belle
cité. Dans les rues propres et nettes de la ville d'Ys, jamais on voyait un mendiant. Si l'un
d'entre eux voulait passer les portes, on le rejetait aussitôt. A force de vouloir conserver ses
richesses, la ville avait endurcie son cœur et perdu son âme.

Or, un jour, arriva dans la ville un jeune homme d'une étrange beauté, prince d'une lointaine
contrée. Ses vêtements étaient d'une telle richesse que même à Ys on les remarqua. Dès
qu'elle le vit venir, Dahut n'eut de cesse de l'avoir à sa table. Tout le soir, elle fut sous le
charme de l'étranger, à tel point qu'elle en oublia même de danser. Vers la fin de la soirée, le
jeune prince se leva et, frappant dans ses mains, il dit
- Je propose maintenant une danse, que va jouer mon musicien personnel.
On vit apparaître un petit nain vêtu d'une peau de bouc, qui se mit à souffler avec entrain
dans son biniou. Aussitôt, tous les invités se mirent à danser. Mais, plus ils dansaient, plus le
rythme de la musique s'accélérait, et ils n'arrivaient plus à s'arrêter. Alors le jeune prince se
pencha à l'oreille de Dahut.

Tous deux quittèrent discrètement le bal sans être vus, et s'éloignèrent le long des remparts.
Les deux mains posées sur le rebord de la fenêtre de la plus haute tour, le prince parcourait
du regard la mer au clair de lune.
- Vous avez là une bien belle ville, murmura-t-il à Dahut. L'homme qui possède les clés de
ces portes est un homme puissant.
- Mon père possède ces clés.
- Seul ?
- Seul.
- Il refuse donc de partager son pouvoir ?
- Sans doute, répondit Dahut, qui déjà commençait à en vouloir à son père.
- Ne serait-ce pourtant pas à la personne qui est le cœur de cette cité, d'en garder les clés
?
- Que voulez-vous dire ?
- Vous, Belle Dame, vous êtes la grâce et la beauté, l'intelligence et la passion, le cœur de
cette cité.
- Mon père ne semble pas penser ainsi… Je ne peux jamais rien obtenir de lui.

YS Partie MJ 17/43
- Votre père est bien vieux. Comment laisser un tel pouvoir entre de tremblantes mains ?
… Si vous m'aimiez, vous sauriez que j'ai raison. Qui vous empêche de subtiliser les clés
à votre père pendant son sommeil ? Vous deviendriez la maîtresse de la ville et feriez ce
que bon vous semblerait.

Le lendemain, à l'aube, le roi Gradlon se réveilla en sursaut : il n'avait plus les clés de la ville
autour du cou. Il fit appeler Gwénolé.
- Le malheur est sur nous ! s'exclama le saint. Prenez ce que vous avez de plus précieux
et fuyez cette ville.
A peine eut-il prononcé ces mots qu'on entendit comme un mugissement. Les portes de la
ville s'étaient ouvertes, la mer s'engouffrait dans la cité. Le roi Gradlon sauta sur son cheval,
qui se mit à galoper de toutes ses forces , fuyant devant la mer en furie. Les flots le
poursuivaient, balayant tout sur leur passage.
- Mon père, secourez-moi ! cria Dahut depuis le haut des remparts.
Ce jeune prince trop beau l'avait trompée, il avait obtenu qu'elle lui confie les clés, puis avait
disparu. Et maintenant les portes de la ville étaient grandes ouvertes.
- Mon père, ne me laissez pas !
Gradlon fit arrêter son cheval pour permettre à sa fille de sauter en croupe. Mais voilà que le
cheval n'arrivait plus à avancer, ses pattes fléchissaient, il hennissait désespérément,
comme s'il avait à supporter un poids intolérable. La mer s'avançait. La mer le rattrapait.
- Roi Gradlon ! cria Gwénolé, c'est le diable que vous portez en croupe. Il faut vous en
débarrasser.
Stupéfait et affolé, le roi ne pouvait se résoudre à rien. Jeter sa fille à l'eau, jamais il ne le
ferait. Alors Gwénolé s'approcha de lui. Il toucha Dahut de son doigt et elle s'abîma dans la
mer, soulevant des vagues d'écume blanche. Quand enfin Gradlon atteignit la terre ferme,
quand son cheval se fut hissé sur le plus gros rocher, il se retourna. Sa ville avait disparu. Il
n'en restait rien. La mer miroitait doucement dans le soleil levant. Ys n'y était plus. »

YS Partie MJ 18/43
Partie PJ :
Enguerrand de Kerville

YS Partie MJ 19/43
PRESENTATION

La ville d’Ys est une ville marchande puissante, construite sous le niveau de la mer, dans la
baie de Nevez. Elle est protégée des flots qui l’entourent par une digue qui comporte une
vanne, dont seul son souverain, le « roi » Gradlon, possède la clef. C’est un homme qui a la
réputation d’être bon et croyant, et du temps de sa jeunesse il est souvent allé loin au Nord,
convertir les peuples sauvages qui y habitent à la pointe de l’épée. Il était en ce temps-là
toujours flanqué du prêtre Gwenlez, son ami d’enfance. Un jour, il a ramené d’une de ces
batailles une femme, Malgwen la Blanche, qu’il épouse malgré les doutes de son ami. Elle lui
donne bientôt une fille, Ahès. Entouré de sa famille, Gradlon renonce peu à peu à ses
croisades et se consacre à sa ville. Gwenlez y est nommé évêque. Peu de temps après,
Gradlon, lors d’une chasse sur ses terres, se perd. Le soir tombant, il ne trouve de refuge
qu’auprès d’un ermite de grande réputation, Kaourentin. Après une nuit de palabres, il est
conquit par la sagesse et l’austérité du saint homme, et le convainc de venir à Ys seconder
l’évêque.

Vingt ans après ceci, les navires marchands accostent toujours aussi nombreux à Ys et le
port n’a jamais été aussi prospère. La ville d’Ys règne en maître sur ses alentours, les
champs et les tenures se chargent de son approvisionnement. On dit que les rares chanceux
qui ont pu y rentrer, des riches marchands, en ont rapporté visions de rêve, des histoires de
richesses inouïes, de rues où tout le monde est heureux, où résonnent les louanges à la
gloire de Gradlon et de Malgwen, où les églises sont pleines.

Mais Gradlon n’est pas effectivement « roi ». Ce titre n’est en fait que courtoisie du souverain
effectif de la région, la Danétie. Celui-ci, le duc Arthus V, a succédé à l’âge de 32 ans à son
père Alban II, qui eut un règne exceptionnellement long. Comme tout bon souverain, il est
intelligent, voire rusé et un tantinet ambitieux. Arthus n’a pas passé toutes ces années dans
l’ombre de son père sans en apprendre quelque chose. Sous la houlette d’Alban, il a
observé, étudié, voyagé un peu et est plein d’idées pour l’avenir. Contrairement à son père,
qui régnait de loin et laissait autant que possible ses vassaux se débrouiller entre eux, il
prône la main de fer dans un gant de velours et ne veut pas voir son domaine lui échapper. Il
a à cœur le bien-être du peuple et sait qu’il passe par une unification plus profonde de la
Danétie et par un gouvernement sans faiblesse, comme vous ne cessez de le dire vous-
même. Cependant, il sait aussi, tout comme vous, qu’il est plus profitable de gagner par la
persuasion et la ruse que par la force, surtout qu’il est peu à même d’avoir un œil et une
armée dans toutes les chefferies de son domaine. Vous avez tous les deux la même
conception de l’art de gouverner et le même sens politique, c’est sans doute pourquoi vous
êtes un de ses plus proches conseillers et qu’il écoute vos avis avec attention.

La Danétie est une région au climat tempéré, légèrement montagneux, sans grande
particularité. Elle est cernée par les eaux, mais ses rivages escarpés ne permettent que peu
de mouillages. C’est pourquoi Ys et sont port florissant sont si apprécié et doivent être
ménagés. Les habitant de la Danétie sont appelé les Danétiens et forment une population
culturellement homogène. La religion officielle est le christianisme, avec son cortège de
prêtres, d’évêques et d’ermites. Il reste néanmoins des restes de paganisme, en partie
récupérés par les prêtres, mais pas entièrement. Mais cela ne vous inquiète pas vraiment :
les habitants s’accommodent tout à fait des deux manières de voir et les prêtres aussi, sauf
certains intégristes, autant chrétiens que païens. Peu de raison de partir en croisade, à
priori. La société est globalement féodale : il y a majoritairement des paysans, dirigés par
quelques hobereaux (comme Gradlon) et le tout sous le gouvernement de Arthus. On se
doute bien que celui-ci ne peut pas tout faire ni tout voir.

Du point de vue de la Danétie, Ys est donc relativement éloignée des autres centres
importants. Elle jouit d’une large autonomie, bien entendu, et cette autonomie est incarnée
dans le fait que Gradlon ait le titre de « roi ». Il s’agit, paraît-il, d’une vieille coutume datant

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d’avant l’arrivée des ancêtres de Arthus, et ces derniers ont laissé faire avec complaisance,
sachant qu’ils voyaient mal comment empêcher Gradlon de prendre le titre qu’il veut. Le plus
important est qu’il se soumette dans les faits, or il prend de plus en plus de libertés : l’impôt
n’est pas payé à temps, les hommages ne sont plus rendus avec la même ferveur, et puis
surtout Ys est dangereusement riche et puissante.

D’où les mesures prises par Arthus. Vous savez bien qu’il tolère les prétentions de Gradlon
car ce dernier a une vieille renommée de sainteté suite à ses croisades et sa ville apporte les
richesses d’outremer à la cour de Arthus. Mais le nouveau duc supporte mal que toute une
enclave échappe progressivement à son contrôle et que de telles richesses soient l’apanage
d’un pseudo-roitelet plutôt que le sien, et vous pouvez le comprendre ! Il compte commencer
son règne par un coup d’éclat : mettre, aussi délicatement que possible, la main sur Ys.
Plutôt qu’une garnison, il préfère envoyer en avant-garde un groupe d’émissaires choisis
qu’il charge de dévoiler tous les secrets d’Ys, la ville qui brave les puissances naturelles et
séculières. Pour diriger ce groupe, il lui faut un personnage de confiance qui sache
exactement à quoi s’en tenir et qui ne se laisse pas berner par les apparences : vous ! En
bien sûr, vous n’avez même pas envisagé de refuser.

Les quatre autres émissaires sont : Adénor de Basseplaine (qui se fera passer pour votre
femme), un prêtre obscur, le père Bertram, et un autre couple fictif : Clothaire de Tancedern
et Margot de Lanvoral.

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DESCRIPTION DU PERSONNAGE
(Note : compte tenu des coutumes du pays, « de Kerville » est moins un nom de famille d’une indication de
provenance. Enguerrand se présentera plutôt comme : « Sieur Enguerrand », « Sieur Enguerrand, émissaire de
Arthus V» ou éventuellement : « Sieur Enguerrand, de Kerville »)

Background
Vous êtes le fils d’un nobliau proche de la cour. Eduqué à la campagne, vous avez rejoint la
capitale et votre père vers l’âge de 15 ans. Peu enclin aux disciplines corporelles, au grand
dam de votre famille, vous préférez étudier et surtout observer vos congénères. Vous avez
aussi un grand dégoût pour le vulgaire, la rusticité, l’austérité médiocre qui vous a fait
renoncer à la carrière ecclésiastique. Vous préférez le raffinement de l’art, la beauté,
l’élégance (des habits comme des manières). Vous avez été remarqué par Arthus alors que
ce dernier commençait à mettre en place ses outils de pouvoir, il y a une quinzaine d’année.
Vous avez été remarqué, donc, par votre talent à apaiser les querelles intestines des
courtisans et par votre aptitude à être apprécié de tous. Vous avez un sens de la diplomatie
inné. Durant les années qui ont suivi, vous et Arthus êtes devenus amis et vous pouvez
maintenant vous targuer d’être le plus ancien collaborateur du souverain. C’est ainsi que
vous en connaissez plus sur le souverain que n’importe quel autre. Cela ne vous a pas incité
au mépris, bien au contraire, vous portez une admiration sans égale à Arthus et une fidélité
au trône en général. Avec les années, vous n’êtes pas devenu plus exubérant, mais
continuez à charmer tout le monde avec vos bonnes manières. Fait rare : dans le petit
monde de la cour de Danétie, vous n’êtes attaché à aucun scandale. Vous savez d’ailleurs
que votre pudeur est légendaire parmi les nobles.
Autre fait rare : vous n’êtes pas marié, ni même fiancé. Une épouse ne pourrait que vous
encombrer, et vous ne comprenez d’ailleurs pas pourquoi Arthus vous a flanqué d’Adénor.
Les femmes sont un ornement indispensable à la cour, mais la raison d’Etat est tout autre
chose ! Vous êtes fier de votre raison fine et subtile, avec raison, et ne souhaitez pas vous
encombrer l’esprit de papotages de commères… Mais il faudra faire avec mauvaise fortune
bon cœur… Vous savez être intelligent et bien au dessus de tous les autres membres de
l’entourage d’Arthus : vous mènerez cette mission à bien.

Physique :
Vous savez avoir le physique d’un érudit : petit, mince. Votre manque de carrure est un de
vos grands regrets et vous tentez de le compenser tant bien que mal. Vous présentez bien et
savez posséder surtout un charme discret qui fait votre force. Autant que possible, vous êtes
toujours souriant et affable. Comme le duc, vous avez une trentaine d’année.

Autres personnages :
Adénor est une femme de haute naissance répudiée par son mari. On a dit un moment
qu’elle allait se retirer dans un monastère pour oublier sa honte, mais finalement, il apparaît
que Arthus se l’est attachée. Elle vit en général dans une de ses propriétés à la campagne.
Vous l’avez vue une ou deux fois à la cour, avant son divorce : c’est une femme plutôt
avenante, sans plus, mais elle a de la classe et elle sait se conduire et rester à sa place. Il a
été convenu qu’elle jouerait votre femme. Durant le voyage, elle s’est avérée gentille et
assez fine mouche, mais son éducation a été celle d’une jeune fille de bonne famille :
lacunaire, surtout quand il s’agit de voir le mal.
Bertram est prêtre, et vous ne l’aviez jamais vu avant le voyage. D’après Arthus, il serait
originaire des alentours d’Ys, mais durant le voyage, Bertram vous a avoué qu’il a quitté la
région très tôt, à la mort de ses parents, pour aller vivre à la capitale chez son oncle. Il n’a
pas fréquenté la cour très souvent, mais Arthus et lui ont, paraît-il, de longues discussions
théologiques, à son église. Contrairement à de nombreux prêtres, il a l’air sincèrement
croyant et modeste. Il est de taille moyenne et un peu enveloppé.

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Margot est une jeune fille de bonne famille, mariée à 14 ans, veuve à 18. Elle est alors
venue de sa campagne sous la tutelle de sa tante, qui l’a introduite à la cour. Vous la
connaissez donc bien, et surtout vous connaissez ses gaffes. Elle a de l’esprit, mais il
semblerait que cela l’ait desservi, puisqu’elle a une fâcheuse tendance à dire tout et
n’importe quoi, sans aucune méchanceté. Elle est plutôt jolie et à la tête d’une fortune
confortable. Ca n’en reste pas moins une tête de linotte, et elle sera probablement inutile.
Enfin, Clothaire est un hobereau de province que vous connaissez également bien, car
nombreuses sont les parties de chasse que Arthus et vous avez faites dans son domaine. Il
est taciturne et renfermé et, curieusement, vous appréciez particulièrement cela. Si tous
ceux qui n’ont rien d’intelligent à dire en faisait autant, le monde s’en porterait mieux ! En
plus, grand et fort comme il est, il pourrait vous tirer tous d’un mauvais pas si l’occasion s’en
présentait. Vous avez beau préférer le raffinement, vous devez quand même admettre que
Clothaire a su faire de la rusticité quelque chose d’un tantinet attrayant… Mais, à part ça,
quelle idée a eu Arthus de le faire passer pour le mari de Margot ? Ils semblent si différents,
et pourtant le courant a l’air de passer… Arthus vous surprendra décidément toujours par sa
subtilité.

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Partie PJ :
Adénor de Basseplaine

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PRESENTATION

La ville d’Ys est une ville marchande puissante, construite sous le niveau de la mer, dans la
baie de Nevez. Elle est protégée des flots qui l’entourent par une digue qui comporte une
vanne, dont seul son souverain, le « roi » Gradlon, possède la clef. C’est un homme bon et
croyant, et du temps de sa jeunesse il est souvent allé loin au Nord, convertir les peuples
sauvages qui y habitent à la pointe de l’épée. Il était en ce temps-là toujours flanqué du
prêtre Gwenlez, son ami d’enfance. Un jour, il a ramené d’une de ces batailles une femme,
Malgwen la Blanche, qu’il épouse malgré les doutes de son ami. Elle lui donne bientôt une
fille, Ahès. Entouré de sa famille, Gradlon renonce peu à peu à ses croisades et se consacre
à sa ville. Gwenlez y est nommé évêque. Peu de temps après, Gradlon, lors d’une chasse
sur ses terres, se perd. Le soir tombant, il ne trouve de refuge qu’auprès d’un ermite de
grande réputation, Kaourentin. Après une nuit de palabres, il est conquit par la sagesse et
l’austérité du saint homme, et le convainc de venir à Ys seconder l’évêque.

Vingt ans après ceci, les navires marchands accostent toujours aussi nombreux à Ys et le
port n’a jamais été aussi prospère. La ville d’Ys règne en maître sur ses alentours, les
champs et les tenures se chargent de son approvisionnement. On dit que les rares chanceux
qui ont pu y rentrer, des riches marchands, en ont rapporté visions de rêve, des histoires de
richesses inouïes, de rues où tout le monde est heureux, où résonnent les louanges à la
gloire de Gradlon et de Malgwen, où les églises sont pleines. C’est d’Ys que viennent
presque toutes les étoffes précieuses et les ornements et épices d’outremer.

Mais Gradlon n’est pas réellement « roi ». Ce titre n’est en fait que courtoisie du souverain
effectif de la région, la Danétie. Celui-ci, le duc Arthus V, a succédé à l’âge de 32 ans à son
père Alban II, qui eut un règne exceptionnellement long. Arthus n’est pas un de ces princes
fougueux et sans cervelle comme on en voit tant. Sous la houlette d’Alban, il a observé,
étudié, voyagé un peu et est plein d’idées pour l’avenir. Contrairement à son père, qui
régnait de loin et laissait autant que possible ses vassaux se débrouiller entre eux, il prône la
main de fer dans un gant de velours et ne veut pas voir son domaine lui échapper. Il a à
cœur le bien-être de son peuple et pense qu’il passe par une unification plus profonde de la
Danétie et par un gouvernement sans faiblesse. Cependant, il sait qu’il est plus profitable de
gagner par la persuasion que par la force, surtout qu’il est peu à même d’avoir un œil et une
armée dans toutes les chefferies de son domaine. C’est pourquoi il ne dédaigne les conseils
avisés et vous écoute toujours avec une grande attention.

La Danétie est une région au climat tempéré, légèrement montagneux, sans grande
particularité. Elle est cernée par les eaux, mais ses rivages escarpés ne permettent que peu
de mouillages. C’est pourquoi Ys et sont port florissant sont si apprécié et doivent être
ménagés. Les habitant de la Danétie sont appelé les Danétiens et forment une population
culturellement homogène. La religion admise est le christianisme, avec son cortège de
prêtres, d’évêques et d’ermites. Il paraît qu’il reste néanmoins des restes de paganisme, en
partie récupérés par les prêtres, mais pas entièrement. A votre avis, les habitants
s’accommodent tout à fait des deux manières de voir et les prêtres aussi, sauf certains
intégristes, autant chrétiens que païens. La société est globalement féodale : il y a
majoritairement des paysans, dirigés par quelques hobereaux (comme Gradlon) et le tout
sous le gouvernement de Arthus. On se doute bien que celui-ci ne peut pas tout faire ni tout
voir.

Du point de vue de la Danétie, Ys est donc relativement éloignée des autres centres
importants. Elle jouit d’une large autonomie, bien entendu, et cette autonomie est incarnée
dans le fait que Gradlon ait le titre de « roi ». Il s’agit, paraît-il, d’une vieille coutume datant
d’avant l’arrivée des ancêtres de Arthus, et ces derniers ont laissé faire avec complaisance,
sachant qu’ils voyaient mal comment empêcher Gradlon de prendre le titre qu’il veut. Le plus
important est qu’il se soumette dans les faits, or il prend de plus en plus de libertés : l’impôt

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n’est pas payé à temps, les hommages ne sont plus rendus avec la même ferveur, et puis
surtout Ys est dangereusement riche et puissante.

D’où les mesures prises par Arthus. Il vous a confié qu’il tolérait les prétentions de Gradlon
car ce dernier a une vieille renommée de sainteté suite à ses croisades et sa ville apporte les
richesses d’outremer à la cour de Arthus. Mais le nouveau duc supporte mal que toute une
enclave échappe progressivement à son contrôle et que de telles richesses soient l’apanage
d’un pseudo-roitelet plutôt que le sien. Il compte commencer son règne par un coup d’éclat :
mettre, aussi délicatement que possible, la main sur Ys. Plutôt qu’une garnison, il préfère
envoyer en avant-garde un groupe d’émissaires choisis qu’il charge de dévoiler tous les
secrets d’Ys, la ville qui brave les puissances naturelles et séculières. Il vous a demandé d’y
prendre part, et, flattée et soucieuse de lui rendre service, vous avez accepté.

Les quatre autres émissaires sont Enguerrand de Kerville (dont vous devez vous faire
passer pour l’épouse), un autre couple fictif : Margot de Lanvoral et Clothaire de Tancedern,
et un prêtre, le père Bertram.

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DESCRIPTION DU PERSONNAGE
(Note : compte tenu des coutumes du pays, « de Basseplaine » est moins un nom de famille d’une
indication de provenance. Adénor se présentera plutôt comme : « Dame Adénor », « Dame Adénor,
épouse du Sieur Enguerrand » ou éventuellement : « Dame Adénor, de Basseplaine »)

Background
Vous êtes une femme de bonne naissance, et l’épouse d’un noble secondaire de la cour. Ou
plutôt, vous l’étiez, puisque ce dernier vous a répudiée, à 40 ans, pour une autre demoiselle,
une dévergondée ! Vous avez cru que votre vie s’arrêtait : ce n’est pas que vous aimiez
votre mari, ni que vous n’ayez pas de moyen de subsistance sans lui, mais votre réputation
est ruinée ! Vous avez reçu une éducation convenable pour une jeune fille de votre statut, et
celle-ci ne vous laissa comme alternative que le couvent, bien que vous ne soyez pas
croyante outre mesure. Arthus, le jeune prince (toute enfant, vous l’avez vu bébé à son
baptême… depuis, il reste pour vous « le jeune prince ») fut à cette époque d’un soutien
inappréciable, et vous vous souvenez avec tendresse de vos longues discussions. Il vous a
convaincue de ne pas prendre le voile, et suivant son conseil, vous vous êtes simplement
retirée dans votre manoir de Basseplaine. De temps en temps, vous lui rendez de petits
services. Il faut dire que, contrairement à la plupart des écervelées de la cour, vous savez
vous tenir et vous avez du bon sens ! En plus, vous passez pour assez futée, et vous n’avez
pas vos yeux dans votre poche. Cependant, ce n’est pas vous que l’on prendra à médire :
vous avez un sens de l’honneur et de la décence envahissant. Vous avez reçu une
éducation propre aux jeunes filles, des cours de danse, de maintien, elle sait broder à
merveille et tenir une conversation à bâtons rompus. La cour est un lieu naturel pour vous, et
vous êtes contente de pouvoir refaire part, pendant au moins un temps, de la vie sociale (fût-
ce celle d’Ys). De plus, côtoyer Gwenlez et Kaourentin pourrait vous servir à regagner votre
réputation de femme respectable et chrétienne, qui a été malmené lors de votre répudiation.
Vous n’êtes pas d’une dévotion fanatique, mais vous voulez avant tout maintenir votre
image, et cela passe par la soumission à l’Eglise. De plus, celle-ci prise les femmes dans
votre genre. Si tout le monde suivait ses préceptes, il n’y aurait pas de jeunes pas-grand-
chose comme celle qui vous a volé votre mari (qu’elle brûle en enfer !!!)

Physique :
Vous étiez une jeune fille convenable, et vous êtes maintenant une femme avenante d’une
quarantaine d’années. Vous êtes d’une taille moyenne, un visage régulier, des cheveux
bruns striés de quelques mèches grises. Vous présentez très bien et savez vous mettre en
valeur, sans ostentation.

Autres personnages :
Enguerrand est un ami proche de Arthus, vous l’avez souvent vu à la cour, sans lui parler.
C’est un petit homme charmant et réservé, qui est toujours plein de prévenance. C’est un
érudit reconnu et un diplomate excellent : elle connaît plusieurs femmes de la cour qu’il a
réconciliées en dépit de haines tenaces. il est censé passer pour son mari, mais il faudrait
peut-être pour cela qu’il soit plus chaleureux et moins courtois ! Néanmoins, il fait honneur à
Arthus. Mais vous êtes un peu mal à l’aise en sa présence
Bertram est un prêtre que vous n’aviez jamais vu. Vous lui avez parlé plusieurs fois durant le
voyage, et il ne semble pas considérer les femmes comme le mal absolu, contrairement à de
nombreux religieux ! Au contraire, vous avez eu des discussions très intéressantes sur
divers sujets et il semble sincère dans sa foi. Il n’a pas non plus l’ambition d’être le
redresseur de tort ultime. De taille moyenne et un peu enveloppé, il a un physique aussi
sympathique que sa conversation.
Margot est une jeune fille que vous ne connaissiez pas avant le voyage. Elle est assez
indépendante d’esprit et probablement rusée. Elle a tout de suite essayé d’embobiner tout le
monde, mais vous savez mieux que quiconque de quoi est capable ce genre de femme. Elle

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est jolie et lui a avoué être veuve : malheureusement, cela lui évitera la déconvenue que
vous avez connu. Elle vous a aussi dit avoir fréquenté la cour, et cela vous a fait rire sous
cape : avec son insolence, elle a dû se faire bien des ennemis ! Elle n’a pas votre sens de la
bienséance !
Quant à Clothaire, vous l’avez connu au temps de votre jeunesse : vous le trouvez brusque
et rustaud, et ça n’a pas changé. Il avait alors un grand domaine et passait son temps à
chasser, et vu sa forme olympique, cela aussi n’a dû changer beaucoup. Vous ne souhaitez
pas avoir de discussions avec lui, il passe sûrement son temps à parler de chiens, de
chevaux ou de cerfs aux abois. C’est amusant, il est censé passer pour le mari de Margot et
on n’arrive pas à y croire ! Mais après tout, on n’a que ce qu’on mérite !

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Partie PJ :
Clothaire de Tancedern

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PRESENTATION

La ville d’Ys est une ville marchande puissante, construite sous le niveau de la mer, dans la
baie de Nevez. Elle est protégée des flots qui l’entourent par une digue qui comporte une
vanne, dont seul son souverain, le « roi » Gradlon, possède la clef. C’est un homme bon et
croyant, et du temps de sa jeunesse il est souvent allé loin au Nord, convertir les peuples
sauvages qui y habitent à la pointe de l’épée. Il était en ce temps-là toujours flanqué du
prêtre Gwenlez, son ami d’enfance. Un jour, il a ramené d’une de ces batailles une femme,
Malgwen la Blanche, qu’il épouse malgré les doutes de son ami. Elle lui donne bientôt une
fille, Ahès. Entouré de sa famille, Gradlon renonce peu à peu à ses croisades et se consacre
à sa ville. Gwenlez y est nommé évêque. Peu de temps après, Gradlon, lors d’une chasse
sur ses terres, se perd. Le soir tombant, il ne trouve de refuge qu’auprès d’un ermite de
grande réputation, Kaourentin. Après une nuit de palabres, il est conquit par la sagesse et
l’austérité du saint homme, et le convainc de venir à Ys seconder l’évêque.

Vingt ans après ceci, les navires marchands accostent toujours aussi nombreux à Ys et le
port n’a jamais été aussi prospère. La ville d’Ys règne en maître sur ses alentours, les
champs et les tenures se chargent de son approvisionnement. On dit que les rares chanceux
qui ont pu y rentrer, des riches marchands, en ont rapporté visions de rêve, des histoires de
richesses inouïes, de rues où tout le monde est heureux, où résonnent les louanges à la
gloire de Gradlon et de Malgwen, où les églises sont pleines. Les champs et les bois
alentours sont un modèle, d’après ce qu’on vous en a dit.

Mais Gradlon n’est pas effectivement « roi ». Ce titre n’est en fait que courtoisie du souverain
effectif de la région, la Danétie. Celui-ci, le duc Arthus V, a succédé à l’âge de 32 ans à son
père Alban II, qui eut un règne exceptionnellement long. Ce souverain est un homme posé et
intelligent, qui a mis à profit ses jeunes années pour en apprendre plus sur le gouvernement
et ses sujets. Sous la houlette d’Alban, il a observé, étudié, voyagé un peu et est plein
d’idées pour l’avenir. Contrairement à son père, qui régnait de loin et laissait autant que
possible ses vassaux se débrouiller entre eux, il prône la main de fer dans un gant de
velours et ne veut pas voir son domaine lui échapper. Il a à cœur le bien-être de son peuple
et pense qu’il passe par une unification plus profonde de la Danétie et par un gouvernement
sans faiblesse, ce que vous êtes tout prêt à croire, n’ayant aucun sens politique. Cependant,
il sait qu’il est plus profitable de gagner par la persuasion et la ruse que par la force, surtout
qu’il est peu à même d’avoir un œil et une armée dans toutes les chefferies de son domaine.
Mais il prend tout de même soin de s’entourer de gens solides et de confiance, tels que
vous, pour être sûr d’avoir un appui en cas de besoin. Il vous fait même l’honneur de vous
demander des conseils !

La Danétie est une région au climat tempéré, légèrement montagneux, sans grande
particularité. Elle est cernée par les eaux, mais ses rivages escarpés ne permettent que peu
de mouillages. C’est pourquoi Ys et sont port florissant sont si apprécié et doivent être
ménagés. Les habitant de la Danétie sont appelé les Danétiens et forment une population
culturellement homogène. La religion officielle est le christianisme, avec son cortège de
prêtres, d’évêques et d’ermites. Vous avez néanmoins constaté qu’il y a des restes de
paganisme, surtout dans les campagnes, qui sont en partie récupérés par les prêtres. Selon
votre expérience, les habitants s’accommodent tout à fait des deux manières de voir et les
prêtres aussi, sauf certains intégristes, autant chrétiens que païens. La société est
globalement féodale : il y a majoritairement des paysans, dirigés par quelques hobereaux
(comme Gradlon) et le tout sous le gouvernement de Arthus. On se doute bien que celui-ci
ne peut pas tout faire ni tout voir.

Du point de vue de la Danétie, Ys est donc relativement éloignée des autres centres
importants. Elle jouit d’une large autonomie, bien entendu, et cette autonomie est incarnée
dans le fait que Gradlon ait le titre de « roi ». Il s’agit, paraît-il, d’une vieille coutume datant

YS Partie MJ 30/43
d’avant l’arrivée des ancêtres de Arthus, et ces derniers ont laissé faire avec complaisance,
sachant qu’ils voyaient mal comment empêcher Gradlon de prendre le titre qu’il veut. Le plus
important est qu’il se soumette dans les faits, or il prend de plus en plus de libertés : l’impôt
n’est pas payé à temps, les hommages ne sont plus rendus avec la même ferveur, et puis
surtout Ys est dangereusement riche et puissante.

D’où les mesures prises par Arthus. Il vous a avoué qu’il tolérait les prétentions de Gradlon
car ce dernier a une vieille renommée de sainteté suite à ses croisades et sa ville apporte les
richesses d’outremer à la cour. Mais le nouveau duc supporte mal que toute une enclave
échappe progressivement à son contrôle et que de telles richesses soient l’apanage d’un
pseudo-roitelet plutôt que le sien ; vous le comprenez fort bien ! Il compte commencer son
règne par un coup d’éclat : mettre, aussi délicatement que possible, la main sur Ys. Plutôt
qu’une garnison, il préfère envoyer en avant-garde un groupe d’émissaires choisis qu’il
charge de dévoiler tous les secrets d’Ys, la ville qui brave les puissances naturelles et
séculières. Mais comme il ne s’agit pas pour autant d’y aller tels les moutons à l’abattoir, il
vous a demandé d’en faire partie. Flatté et soucieux de lui prouver votre allégeance, vous
avez accepté.

Les quatre autres émissaires sont : Margot de Lanvoral (qui se fera passer pour votre
femme), un prêtre, le père Bertram, et un autre couple fictif : Enguerrand de Kerville et
Adénor de Basseplaine.

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DESCRIPTION DU PERSONNAGE

(Note : compte tenu des coutumes du pays, « de Tancedern » est moins un nom de famille d’une indication de
provenance. Clothaire se présentera plutôt comme : « Sieur Clothaire », « Sieur Clothaire, émissaire de Arthus
V» ou éventuellement : « Sieur Clothaire, de Tancedern »)

Background :
Vous êtes l’aîné de 9 enfants. Vous avez donc hérité de Tancedern et de quasiment tous les
domaines attachés, mais en contrepartie vous avez dû supporter votre fratrie jusqu’à ce
qu’ils décident d’aller faire leur vie ailleurs. Pour cela, vous avez servi quelques années dans
la garde d’honneur du duché, une sorte de corps d’armée d’élite regroupant les rejetons des
plus grandes familles. Vous n’avez pas vraiment eu l’occasion de faire preuve d’héroïsme,
car il n’y a pas eu de grandes batailles. Cependant, vous y avez acquis le goût des armes et
une certaine habileté à l’épée et à cheval. Vous auriez tout donné pour faire partie des
grandes croisades de Gradlon !!! Mais il ne sert à rien de regarder en arrière. D’un naturel
placide et réservé, vous vous êtes ensuite jeté à corps perdu dans l’entretien de votre
domaine, afin de faire honneur à votre nom, un des plus ancien de Danétie ! La famille
régnante vient de tout temps chasser sur ces terres et il faut qu’elles soient à la hauteur de
leur réputation. Le souverain actuel, Arthus, ne manque pas à la tradition, et en plus il est
éminemment sympathique. Alors que certains de ses compagnons semblaient vous prendre
pour un garde-chasse amélioré, Arthus n’a pas manqué de leur faire remarquer que vous
étiez de plus haute naissance que n’importe qui. Il vous est arrivé, en plus, d’avoir de
longues discussions le soir, et vous avez pu démontrer au souverain que vous n’aviez pas
qu’une éducation militaire, mais aussi une bonne culture. Vous lui avez même montré votre
bibliothèque et Arthus a eut la bonté de ne pas paraître surpris en apprenant les goûts
cultivés de son vassal. Cependant, d’habitude, parce que vous vous savez provincial, vous
ne vous exprimez pas trop en présence de gens de la cour et vous savez bien qu’on vous
considère comme un rustaud. Peu importe : vous aimez son domaine, vous aimez votre vie
et vous savez vivre chétiennement et de bonne manière. Vous n’avez pas été franchement
enthousiasmé de vous voir confier cette mission par Arthus, car à tout prendre vous auriez
préféré y aller les armes à la main avec un escadron choisi d’hommes de confiance. Vous
n’avez en effet que méfiance pour tout ce qui est clinquant et rutilant, que vous assimilez à la
cour et à ses faussetés. Mais un seigneur de Tancedern se doit d’obéir à son souverain,
même si cela ne lui plaît pas ! Vous ne supporteriez pas de transmettre un nom souillé à vos
éventuels descendants. Vous prenez votre mission très à cœur et, courtisans ou non, vous
saurez montrer à vos compagnons le bon chemin s’ils s’égarent ! Au surplus, vous aurez
l’occasion de voir de près Gradlon et Gwenlez, ce duo qui a laissé tant de traces dans la
mémoire par leurs hauts faits, durant leur jeunesse.

Physique :
Vous avez une quarantaine d’années, vous êtes grand et solidement bâti, avec un air un peu
ours. Vous impressionnez généralement vos interlocuteurs, même si vous êtes peu porté sur
l’usage gratuit de la force. Vous êtes cependant robuste et débrouillard, et vous savez aussi
bien manier une épée que vous battre aux poings ou monter à cheval.

Autres personnages
Vous connaissez un peu Enguerrand : c’est un ami d’Arthus qui l’a parfois accompagné à la
chasse. C’est aussi votre exact contraire : un physique d’érudit, petit, malingre, mais un air
qui respire l’intelligence. Cependant, vous vous êtes tout de suite entendus, et, si vous
admirez l’entregent et l’aisance d’Enguerrand, ce dernier est visiblement impressionné par
votre culture, votre droiture, votre débrouillardise et votre vie sereine. Cependant, pour rien
au monde vous n’échangeriez vos modes de vie !

YS Partie MJ 32/43
Adénor est une dame de haute naissance que vous connaissez pour l’avoir côtoyé dans sa
jeunesse. Vous êtes peu à l’aise avec les grandes dames, et celle-ci ne fait rien pour
arranger les choses : elle est toujours sur son quant-à-soi et sa réserve de bon aloi, et bien
que toujours gentille et d’une courtoisie impeccable, elle montre clairement qu’elle ne tient
pas à lier amitié avec vous. Peu importe, vous avez l’habitude. Heureusement qu’elle est
censée passer pour l’épouse d’Enguerrand et non la vôtre !
Bertram est un prêtre qu’on a joint au groupe. Il est plutôt enveloppé et pas très résistant,
mais là n’est pas son rôle, n’est-ce pas ? Vous êtes croyant et avez gardé de votre enfance
une foi simple, et les prêtres vous impressionnent toujours un peu. En plus, celui-ci est un
ami d’Arthus, sûrement un de ces prélats spirituels et mondains … Vous vous méfiez des
gens de cour en général, qu’ils soient religieux ou non. Vous n’a pas encore essayé de
l’approcher et vous hésitez, bien qu’après réflexion, ce religieux n’ait pas l’air très méchant.
Margot est censée passer pour votre épouse. C’est une jeune femme menue et jolie, d’une
fraîcheur surprenante. Elle vit à la cour, et pourtant elle est assez indépendante d’esprit.
Bien qu’adepte des menus plaisirs de la vie et probablement bien née, elle ne vous a pas
regardé de haut et a réellement tenté de lier amitié. Vous vous êtes même découverts un
goût commun pour les essais de Tercile le Grand. Qui l’eût cru ?

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Partie PJ :
Margot de Lanvoral

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PRESENTATION

La ville d’Ys est une ville marchande puissante, construite sous le niveau de la mer, dans la
baie de Nevez. Elle est protégée des flots qui l’entourent par une digue qui comporte une
vanne, dont seul son souverain, le « roi » Gradlon, possède la clef. C’est un homme bon et
croyant, et du temps de sa jeunesse il est souvent allé loin au Nord, convertir les peuples
sauvages qui y habitent à la pointe de l’épée. Il était en ce temps-là toujours flanqué du
prêtre Gwenlez, son ami d’enfance. Un jour, il a ramené d’une de ces batailles une femme,
Malgwen la Blanche, qu’il épouse malgré les doutes de son ami. Elle lui donne bientôt une
fille, Ahès. Entouré de sa famille, Gradlon renonce peu à peu à ses croisades et se consacre
à sa ville. Gwenlez y est nommé évêque. Peu de temps après, Gradlon, lors d’une chasse
sur ses terres, se perd. Le soir tombant, il ne trouve de refuge qu’auprès d’un ermite de
grande réputation, Kaourentin. Après une nuit de palabres, il est conquit par la sagesse et
l’austérité du saint homme, et le convainc de venir à Ys seconder l’évêque.

Vingt ans après ceci, les navires marchands accostent toujours aussi nombreux à Ys et le
port n’a jamais été aussi prospère. La ville d’Ys règne en maître sur ses alentours, les
champs et les tenures se chargent de son approvisionnement. On dit que les rares chanceux
qui ont pu y rentrer, des riches marchands, en ont rapporté visions de rêve, des histoires de
richesses inouïes, de rues où tout le monde est heureux, où résonnent les louanges à la
gloire de Gradlon et de Malgwen, où les églises sont pleines. Vous connaissez surtout Ys
parce que presque toutes les étoffes et les précieux produits d’outremer en viennent.

Mais Gradlon n’est pas effectivement « roi ». Ce titre n’est en fait que courtoisie du souverain
effectif de la région, la Danétie. Celui-ci, le duc Arthus V, a succédé à l’âge de 32 ans à son
père Alban II, qui eut un règne exceptionnellement long. On dit qu’Arthus n’a pas passé
toutes ces années dans l’ombre de son père sans en apprendre quelque chose. Sous la
houlette d’Alban, il a observé, étudié, voyagé un peu et est plein d’idées pour l’avenir.
Contrairement à son père, qui régnait de loin et laissait autant que possible ses vassaux se
débrouiller entre eux, il semble prôner la main de fer dans un gant de velours et ne veut pas
voir son domaine lui échapper. On dit qu’il a à cœur le bien-être de son peuple et pense qu’il
passe par une unification plus profonde de la Danétie et par un gouvernement sans
faiblesse. Cependant, comme toute personne de bon sens, il sait qu’il est plus profitable de
gagner par la persuasion et la ruse que par la force, surtout qu’il est peu à même d’avoir un
œil et une armée dans toutes les chefferies de son domaine. Vous ne le connaissez que de
vue, comme beaucoup de courtisans, mais vous admirez sa volonté et son intelligence. Il ne
se limite sûrement pas aux apparences, lui !

La Danétie est une région au climat tempéré, légèrement montagneux, sans grande
particularité. Elle est cernée par les eaux, mais ses rivages escarpés ne permettent que peu
de mouillages. C’est pourquoi Ys et sont port florissant sont si apprécié et doivent être
ménagés. Les habitant de la Danétie sont appelé les Danétiens et forment une population
culturellement homogène. La religion usuelle est le christianisme, avec son cortège de
prêtres, d’évêques et d’ermites. A en croire les gens qui en savent long, il resterait
néanmoins des restes de paganisme, en partie récupérés par les prêtres, mais pas
entièrement. A votre avis, les habitants s’accommodent tout à fait des deux manières de voir
et les prêtres aussi, sauf certains intégristes, autant chrétiens que païens. La société est
globalement féodale : il y a majoritairement des paysans, dirigés par quelques hobereaux
(comme Gradlon) et le tout sous le gouvernement de Arthus. On se doute bien que celui-ci
ne peut pas tout faire ni tout voir.

Du point de vue de la Danétie, Ys est donc relativement éloignée des autres centres
importants. Elle jouit d’une large autonomie, bien entendu, et cette autonomie est incarnée
dans le fait que Gradlon ait le titre de « roi ». Il s’agit, paraît-il, d’une vieille coutume datant
d’avant l’arrivée des ancêtres de Arthus, et ces derniers ont laissé faire avec complaisance,

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sachant qu’ils voyaient mal comment empêcher Gradlon de prendre le titre qu’il veut. Le plus
important est qu’il se soumette dans les faits, or il prend de plus en plus de libertés : l’impôt
n’est pas payé à temps, les hommages ne sont plus rendus avec la même ferveur, et puis
surtout Ys est dangereusement riche et puissante.

D’où les mesures prises par Arthus. Vous avez cru comprendre qu’il tolère les prétentions de
Gradlon car ce dernier a une vieille renommée de sainteté suite à ses croisades et sa ville
apporte les richesses d’outremer à la cour de Arthus. Mais le nouveau duc supporte mal que
toute une enclave échappe progressivement à son contrôle et que de telles richesses soient
l’apanage d’un pseudo-roitelet plutôt que le sien. Il compte commencer son règne par un
coup d’éclat : mettre, aussi délicatement que possible, la main sur Ys. Plutôt qu’une
garnison, il préfère envoyer en avant-garde un groupe d’émissaires choisis qu’il charge de
dévoiler tous les secrets d’Ys, la ville qui brave les puissances naturelles et séculières.
Contre toute attente, il vous a proposé d’en faire partie. Flattée et curieuse d’aller visiter cette
ville de beauté et de raffinement, vous vous êtes empressée d’accepter.

Les quatre autres émissaires sont : Clothaire de Tancedern (qui se fera passer pour votre
époux), un prêtre, le père Bertram (Dieu sait pourquoi), et un autre couple fictif : Enguerrand
de Kerville et Adénor de Basseplaine.

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DESCRIPTION DU PERSONNAGE
(Note : compte tenu des coutumes du pays, « de Lanvoral » est moins un nom de famille d’une
indication de provenance. Margot se présentera plutôt comme : « Dame Margot », « Dame Margot,
épouse du Sieur Clothaire », ou éventuellement : « Dame Margot, de Lanvoral »)

Background :
Vous êtes issue d’une famille de propriétaires terriens au fin fond de la Danétie. Votre famille
est plutôt aisée et vous êtes leur unique enfant. Suivant l’usage à la campagne, vous vous
êtes mariée à 14 ans au fils d’un voisin de vos parents, qui eût le malheur de mourir lorsque
vous aviez 18 ans, encorné par un sanglier au cours d’une chasse. Peu de temps après,
votre père mourut aussi, vous laissant seule au monde. Enfant unique, vous avez été un peu
gâtée durant votre enfance, mais n’en avez pas gardé vraiment de l’égoïsme, plutôt une
façon assez libre de dire les choses. Vous n’êtes ni méchante ni vulgaire, mais vous avez
tendance à parler sans réfléchir. Vous gardez un souvenir cuisant de situations maladroites
créées par vos gaffes. Pourtant, vous n’êtes pas stupide et vous avez eu une éducation
soignée et approfondie, mais vous ne savez pas tourner sa langue sept fois dans sa bouche
avant de parler. De toute manière, vous n’aimez pas les bonnets de nuits qui ne jurent que
par la bienséance ! Après la mort de votre père, ne souhaitant pas vivre recluse à Lanvoral,
vous avez rejoint votre tante à la capitale, où celle-ci vous a introduite à la cour. Dans un
premier temps, étant d’un naturel extraverti et spontané, vous avez été bien acceptée, mais
rapidement vous vous êtes mise plusieurs personnes à dos pour avoir dit des choses
maladroites. Vous avez fini par vous résoudre à vous taire en société et réussissez à
survivre à la cour sans trop de mal. Vous arrivez même à y trouver de l’amusement (choquer
innocemment les prélats de la cour fait partie de vos activités préférées…), et ne concevez
pas de retourner revivre sur vos terres. De ce fait, et parce que vous aimez les amusements
que la capitale procure : les fêtes, les discussions, les ragots, la mode, et dont vous avez été
trop longtemps privée, les gens vous considèrent souvent comme futile (mieux vaut être
futile que desséchée sur place !!). Sans être dévergondée, vous avez juste envie de bien
vivre avant de songer à se remarier. Vous savez aussi qu’on vous suppose d’une
intelligence limitée, mais qu’importe : vous savez voir dans le cœur des médisants plus qu’ils
n’y voient eux-même et vous pouvez sûrement citer vos classiques mieux que la plupart des
autres dames respectables de la cour ! Et, grâce à une tocade de votre père, vous savez
même écrire ! C’est sans doute pour cela que Arthus vous a demandé de participer à cette
mission. Mmmh… Ys, vous vous y voyez déjà !

Physique :
Vous êtes plutôt petite, menue, et on vous dit jolie, mais vous savez n’être pas d’une beauté
foudroyante. Malgré vos efforts (vains), vous avez un visage un peu effronté et une
expression souvent malicieuse.

Autres personnages :
Vous connaissez Enguerrand de vue car c’est un proche d’Arthus. Vous n’êtes pas vous-
même une proche du trône, mais Arthus vous a fait parfois l’honneur de vous parler et vous
avez cru l’avoir amusé un peu. Enguerrand, pour sa part, vous impressionne : il a l’air
tellement parfait, même s’il vous paraît un peu malingre. Il est toujours poli, c’est un prodige
d’écoute de décence, on chuchote à la cour qu’il n’a pas son pareil pour raccommoder les
brouilles. Mais il a du mal à ne pas montrer qu’il vous considère comme une évaporée.
Adénor est une dame de bonne famille d’une quarantaine d’année. On dit qu’elle fut
répudiée par son mari, et que sa réputation s’en ressent, et c’est bien fait pour elle. C’est
typiquement le genre de bonnet de nuit pétri de bienséance qui vous horripile. A la voire, on
jurerait la Vierge Marie en personne. Elle a tout d’une grenouille de bénitier et compte
probablement sur le privilège de l’âge pour vous empêcher de profiter de votre séjour à Ys.

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Elle imagine peut-être que c’est sur les banc des églises qu’on mène les négociations en
politique ? Même vous savez mieux qu’elle comment le monde avance !
Bertram est un prêtre, plutôt enrobé et pas très sportif. Vous ne le connaissiez pas avant le
voyage. Vous avez cependant eu l’occasion de côtoyer des religieux à la cour et vous savez
qu’ils ne vous apprécient guère en général (opinion tout à fait réciproque). Aussi, bien qu’il
ait l’air inoffensif, vous n’avez pas tenté de lier conversation avec lui. Que pourrait-il bien
raconter d’intéressant ? En plus, vous êtes sûre qu’il vous en veut toujours pour la fois où en
toute bonne foi, vous avez crié à Clothaire de l’aider à se mettre en selle, voyant que le
prêtre peinait, au lieu de détourner poliment les yeux, comme les autres.
Clothaire, justement, est censé passer pour votre mari. Il est grand et fort, plutôt renfermé et,
à ce que vous avez compris, il possède un château aux environs de la capitale où le
souverain va parfois chasser. Vous l’aimez bien, même si tout vous sépare. Il n’est pas
mondain, mais il ne juge pas selon les apparences et semble s’efforcer de jouer son rôle de
mari au mieux. De plus, vous vous êtes trouvés un goût commun pour les essais de Tercile
le Grand … Mais qu’est-ce qu’il a l’air campagnard, tout de même …

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Partie PJ :
Bertram

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PRESENTATION

La ville d’Ys est une ville marchande puissante, construite sous le niveau de la mer, dans la
baie de Nevez. Elle est protégée des flots qui l’entourent par une digue qui comporte une
vanne, dont seul son souverain, le « roi » Gradlon, possède la clef. C’est un homme bon et
croyant, et du temps de sa jeunesse il est souvent allé loin au Nord, convertir les peuples
sauvages qui y habitent à la pointe de l’épée. Il était en ce temps-là toujours flanqué du
prêtre Gwenlez, son ami d’enfance. Un jour, il a ramené d’une de ces batailles une femme,
Malgwen la Blanche, qu’il épouse malgré les doutes de son ami. Elle lui donne bientôt une
fille, Ahès. Entouré de sa famille, Gradlon renonce peu à peu à ses croisades et se consacre
à sa ville. Gwenlez y est nommé évêque. Peu de temps après, Gradlon, lors d’une chasse
sur ses terres, se perd. Le soir tombant, il ne trouve de refuge qu’auprès d’un ermite de
grande réputation, Kaourentin. Après une nuit de palabres, il est conquit par la sagesse et
l’austérité du saint homme, et le convainc de venir à Ys seconder l’évêque.

Vingt ans après ceci, les navires marchands accostent toujours aussi nombreux à Ys et le
port n’a jamais été aussi prospère. La ville d’Ys règne en maître sur ses alentours, les
champs et les tenures se chargent de son approvisionnement. On dit que les rares chanceux
qui ont pu y rentrer, des riches marchands, en ont rapporté visions de rêve, des histoires de
richesses inouïes, de rues où tout le monde est heureux, où résonnent les louanges à la
gloire de Gradlon et de Malgwen, où les églises sont pleines, par la grâce de Dieu.

Mais Gradlon n’est pas effectivement « roi ». Ce titre n’est en fait que courtoisie du souverain
effectif de la région, la Danétie. Celui-ci, le duc Arthus V, succède à l’âge de 32 ans à son
père Alban II, qui eut un règne exceptionnellement long. C’est un souverain intelligent et bon.
Sous la houlette d’Alban, il a observé, étudié, voyagé un peu et est plein d’idées pour
l’avenir. Contrairement à son père, qui régnait de loin et laissait autant que possible ses
vassaux se débrouiller entre eux, il prône la main de fer dans un gant de velours et ne veut
pas voir son domaine lui échapper. Il a à cœur le bien-être de son peuple et celui-ci passe à
n’en point douter par une unification plus profonde de la Danétie et par un gouvernement
sans faiblesse. Cependant, il sait qu’il est plus profitable de gagner par la persuasion que par
la force, surtout qu’il est peu à même d’avoir un œil et une armée dans toutes les chefferies
de son domaine. Et surtout, en tous points il souhaite se conformer aux enseignements de
Notre Seigneur et se conduire en souverain chrétien. C’est pourquoi il a pris l’habitude de
prêter l’oreille à vos humbles conseils.

La Danétie est une région au climat tempéré, légèrement montagneuse, sans grande
particularité. Elle est cernée par les eaux, mais ses rivages escarpés ne permettent que peu
de mouillages. C’est pourquoi Ys et sont port florissant sont si apprécié et doivent être
ménagés. Les habitant de la Danétie sont appelés les Danétiens et forment une population
culturellement homogène. L’évangélisation a contribué à propager la Bonne Parole de par
les campagnes, et à présent le christianisme prévaut, encouragé et soutenu par les évêques,
les prêtres et de nombreux monastères. Il reste néanmoins des restes de paganisme, que
l’on s’évertue à extirper. Cependant, vous vous êtes fait la réflexion qu’il vaut souvent mieux
intégrer ces petits reliquats au corpus, pour les éliminer efficacement après. C’est d’ailleurs
l’option choisie par de nombreux prêtres de campagne. La société globalement féodale : il y
a majoritairement des paysans, dirigés par quelques hobereaux (comme Gradlon) et le tout
sous le gouvernement de Arthus. On se doute bien que celui-ci ne peut pas tout faire ni tout
voir.

Du point de vue de la Danétie, Ys est donc relativement éloignée des autres centres
importants. Elle jouit d’une large autonomie, bien entendu, et cette autonomie est incarnée
dans le fait que Gradlon ait le titre de « roi ». Il s’agit, paraît-il, d’une vieille coutume datant
d’avant l’arrivée des ancêtres de Arthus, et ces derniers ont laissé faire avec complaisance,
sachant qu’ils voyaient mal comment empêcher Gradlon de prendre le titre qu’il veut. Le plus

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important est qu’il se soumette dans les faits, or il prend de plus en plus de libertés : l’impôt
n’est pas payé à temps, les hommages ne sont plus rendus avec la même ferveur, et puis
surtout Ys est dangereusement riche et puissante.

D’où les mesures prises par Arthus. Il vous a avoué qu’il tolérait les prétentions de Gradlon
par respect pour sa renommée de sainteté suite à ses croisades et parce que sa ville
apporte les richesses d’outremer à la cour de Arthus. Mais le nouveau duc supporte mal que
toute une enclave échappe progressivement à son contrôle et il a entendu des rumeurs
d’agissement impies que Gradlon ne serait plus à même de contrôler. Il compte commencer
son règne par un coup d’éclat : remettre, aussi délicatement que possible, Ys sur le droit
chemin. Plutôt qu’une garnison, il préfère envoyer en avant-garde un groupe d’émissaires
choisis qu’il charge de dévoiler tous les secrets d’Ys, la ville qui brave les puissances
naturelles et séculières. Il vous a demandé d’en faire partie et, flatté et soucieux de faire
valoir la parole du Christ, vous avez accepté.

Les quatre autres émissaires du groupe sont : Enguerrand de Kerville et Adénor de


Basseplaine (qui se feront passer pour mari et femme) et Clothaire de Tancedern et Margot
de Lanvoral (idem).

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DESCRIPTION DU PERSONNAGE

Background
Vous êtes le troisième fils d’un marchand de drap d’Ys. Votre mère est morte en couche et, à
l’âge de 5 ans, votre père est mort à son tour, emporté par une attaque de fièvre. Vous êtes
alors allé vivre chez votre oncle, à la capitale. Vos cousins étaient beaucoup plus âgés et
tous des grands amateurs de chasse, aussi vous êtes-vous retrouvé plus ou moins livré à
vous-même. Vous avez ressenti très tôt l’appel de la vocation et vous êtes décidé, au grand
soulagement de votre oncle qui n’avait pas envie de vous trouver une place, à devenir
prêtre. Après le séminaire, vous avez pu officier dans une petite église de la capitale, et
mener une vie tranquille. Vous avez une foi profonde et sincère, qui est et a été toujours une
consolation pour vous. Vous pense aussi sincèrement que toute créature est une créature de
Dieu. Un jour, il y a quelques années, Dieu sait pourquoi, le fils du souverain régnant, Arthus,
est venu écouter la messe dans votre église et est resté pour vous féliciter après. Il s’en est
suivi un débat théologique des plus intéressants sur la grâce divine, comme Arthus n’en
avait pas eu depuis longtemps. Au fils des semaines, Arthus est venu discuter avec vous de
Dieu et de la vie. Il prétend que vous avez une foi innée, qui manque à beaucoup de prélats
de la cour. Cette foi innée vous donnerait une idée directe des volontés du Seigneur. Vous
êtes bien sûr flatté de cette description, et, même si votre modestie en pâti, après tout,
pourquoi pas ? Même après son couronnement, Arthus est venu vous voir. Il vous a
demandé de participer à cette expédition comme une faveur : les autres émissaires ont
besoin d’un guide spirituel, quelqu’un qui verra toujours le chemin de Dieu. Au surplus, vous
pourrez rencontrer ainsi les très saints Gwenlez et Kaourentin, dont la réputation n’est plus à
faire. Vous rendez-vous compte : vous, Bertram, fils de drapier, rencontrer ces parangons de
toutes les vertus !

Physique :
Vous êtes de taille moyenne et un peu enveloppé. Vous n’êtes pas particulièrement robuste
physiquement et vous essoufflez facilement, mais vous vous efforcez d’être toujours affable
et gentil.

Autres personnages
Vous avez fait la connaissance des quatre autres émissaires durant le voyage. Ce sont tous
des proches du duc, un milieu que vous n’avez jamais fréquenté.
Enguerrand vous semble le pur produit de la cour, il est charmant et courtois, et compense
sa petite taille par une fierté masquée mais bien présente. Néanmoins, vous vous entendez
bien avec lui, il vous rappelle le duc. Enguerrand, durant le voyage, a sut trouver votre
marotte : les débats théologiques. Il est sûr qu’il a un bon fond, et il n’est pas de ces
courtisans dévergondés. Tout à fait l’homme de la situation, même si vous n’êtes pas
totalement à l’aise avec lui.
Adénor ressemble à votre tante, en plus jeune : c’est une femme d’une quarantaine
d’années qui est censée passer pour la femme d’Enguerrand. Elle est plutôt douce et
chaleureuse et, à votre grande surprise, elle ne manque pas de jugeote et sait voir les
choses qui l’entourent. D’après Enguerrand, elle aurait été répudiée par son mari, ce qui en
fait une femme à la réputation douteuse, mais on oublie facilement un tel handicap tant elle
se tient droite et fière. Sur ce point au moins les faux époux se ressemblent bien.
Margot est une femme étrange, sûrement une de ces femmes futiles de la cour tant elle a
l’air indépendante et légère. Elle ne sait pas tenir sa langue et vous rougissez encore de la
fois où, en toute bonne foi, elle a crié à Clothaire de vous aider à vous mettre en selle,
voyant que vous peiniez, au lieu de détourner poliment les yeux, comme les autres. Elle est

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jolie, sans aucun doute, et probablement dotée d’un bon fond, mais elle n’a pas plus de
jugement qu’un étourneau !
Clothaire est un propriétaire terrien apparemment assez proche d’Arthus, ce qui ne laisse
pas de vous étonner. Comment un être fin et pieux comme le jeune souverain peut-il être
ami avec ce rustaud ? Clothaire ne parle pas, et cela vaut sans doute mieux, car il ne saurait
avoir une conversation civilisée. Il a même admis n’avoir que rarement quitté son domaine
et, si vous n’êtes pas vous-même un courtisan, il y a tout de même des limites ! Il doit passer
pour le mari de Margot, ce qui paraît étrange à première vue. Mais sa force, sa carrure et
son indéniable passé de soldat peuvent servir : c’est sans doute pour cela que Arthus l’a
joint au groupe.

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