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mythes et réalités
La violence domestique
n’est pas l’apanage des hommes
Quatrième rapport
de la Commission cantonale
de l’égalité
Auteure du rapport
Eva Wyss, Dr. oec. †
Editrice
Commission cantonale de l’égalité
c/o Bureau cantonal de l’égalité
68 Postgasse, 3000 Berne 8
Téléphone 031 633 75 77
Télécopie 031 633 75 89
Courriel info.fgs@sta.be.ch
Traduction
Annie Bouix, Chancellerie d’Etat
Mise en page
Brigitte Waber, Chancellerie d’Etat
Tirage
1000 d; 300 f
La violence domestique
n’est pas l’apanage des hommes
Quatrième rapport
de la Commission cantonale
de l’égalité
Préface 5
Résumé 7
Introduction 9
Contexte et mandat 9
Objectif de l’étude 9
Public cible 9
4. Mesures préventives 25
4.1. Prévention primaire 25
4.2. Prévention secondaire 25
4.3. Prévention tertiaire 26
Bibliographie 29
5
Préface
Résumé
Dans un passé encore récent, la violence des femmes La violence exercée par les femmes contre les enfants
contre les hommes était pour ainsi dire ignorée, aussi bien est elle aussi pour ainsi dire méconnue. De nombreuses
par les chercheurs et chercheuses en sciences sociales études parlent d’une manière générale de la violence des
que par le public. L’absence de statistiques se traduisait parents. Les travaux les plus récents montrent toutefois
par un désintérêt total. Il aura fallu attendre la publication qu’indépendamment de la gravité des actes, la violence
en Europe d’études menées aux Etats-Unis pour que le contre les enfants est grosso modo le fait également des
débat soit lancé sur l’ampleur de la violence féminine. hommes et des femmes. La violence sexuelle des femmes
contre les enfants reste un sujet tabou. Même si elle est
Ces études affirmaient que la violence domestique était nettement moins répandue que celle des hommes, elle ne
aussi bien le fait des femmes que des hommes. La métho- doit pas être négligée. Les motifs de la violence contre
de de la Conflict tactics scale fondant les conclusions des les enfants sont comparables chez l’homme et la femme:
études a suscité de vives critiques: elle ne traiterait les exercice du pouvoir et domination. La violence sexuelle
actes de violence que de manière isolée, négligeant les peut aussi avoir son origine dans l’insatisfaction sexuelle.
liens de cause à effet, autrement dit la dynamique de la
violence, ses motifs, ses conséquences et le vécu sub- Les hommes doivent avant tout se confronter à leur rôle
jectif des acteurs et actrices. Ce qui fausse les résultats, de victime et être soutenus dans cette démarche par des
estiment les adversaires de la méthode. Selon eux, il faut professionnels. L’intervention de spécialistes est égale-
recourir à des méthodes plus précises et mener notam- ment nécessaire quand il s’agit de les protéger contre de
ment, en plus des relevés statistiques, des entretiens avec nouveaux actes de violence. Et ces spécialistes devraient
les personnes concernées, seuls à même de dresser un pouvoir suivre des cours de perfectionnement.
tableau réaliste de la situation.
Il serait judicieux pour le canton de Berne de recenser
L’ampleur véritable de la violence féminine reste encore à les offres spécifiques, d’identifier les besoins pour ensuite
explorer. Mais les scientifiques s’accordent à penser que améliorer et développer l’offre.
la violence des hommes contre les femmes est un phéno-
mène plus répandu que son contraire. En témoignent les
blessures subies, plus nombreuses et plus graves chez
les femmes que chez les hommes.
Introduction
C’est le Nouveau mouvement féministe qui, à la fin des La pratique et la recherche n’ont pas réussi à se mettre
années 1960, a soulevé le problème de la violence in- d’accord sur une définition claire de la violence domes-
trafamiliale exercée contre les femmes et les enfants. Les tique (domestic violence), que ce soit dans les pays ger-
féministes et les maisons des femmes – les premières manophones ou anglophones (Seith 2003: 24). Certaines
venaient de se créer – condamnaient alors l’inégalité en- définitions sont larges, d’autres restrictives. Les unes se
tre les sexes qui, en l’occurrence, s’exprimait sous une réfèrent exclusivement à la violence dans les rapports
forme violente. Selon elles, la violence contre les femmes entre les sexes, autrement dit entre partenaires intimes
était le symptôme de l’inégalité (Lamnek et al. 2004: 23). d’un ménage commun ou dissous. Les autres englobent
Les sciences sociales, dans l’espace germanophone en également la violence exercée contre d’autres membres
particulier, ne se préoccupaient guère de ce problème de du ménage. Mais toutes les définitions ont ceci de com-
société. Quant à la criminologie, la violence intrafamiliale mun qu’elles ne nomment pas le sexe des personnes
en était la tache aveugle jusqu’à un passé récent (Wetzels exerçant la violence.
et al.1995a: 120).
Nous donnerons comme exemple de définition étroite celle
Il aura fallu attendre les années 1990 pour que des re- du bureau de coordination du projet berlinois d’intervention
cherches statistiques soient menées dans les pays ger- contre la violence domestique, qui s’applique en premier
manophones et pour que le voile soit levé sur le tabou de lieu aux partenaires intimes:
la violence intrafamiliale. Les recherches et les entretiens
«La notion de violence domestique englobe la violence
menés dans ce cadre avec les victimes de violences
physique, sexuelle, psychique, sociale et émotionnelle
révélèrent alors une réalité effrayante: la famille est le lieu
entre des adultes vivant ou ayant vécu une relation pro-
de tous les dangers (ibid.:120).
che. Il s’agit en priorité de couples unis par les liens du
mariage ou du concubinage ou encore par d’autres liens
Les milieux militant en faveur de la protection des femmes
de parenté» (cité in Kavemann 2002, trad.).
contre la violence domestique développèrent parallèle-
ment un mouvement de protection de l’enfance. Certes,
D’autres définitions intègrent également la violence contre
un mouvement d’opposition était apparu dès la fin du
les enfants et les personnes âgées, entre frères et sœurs
19e siècle contre les mauvais traitements infligés aux
ainsi que celle des enfants contre leurs parents. Telle
enfants. Mais c’est à partir des années 1970 seulement
est l’approche choisie par le Projet d’intervention bernois
que le débat a été relancé sur la violence intrafamiliale.
contre la violence domestique (pib):
Le voile ne s’est levé qu’un peu plus tard sur le tabou de
la violence et de l’exploitation sexuelles. «Par violence domestique, nous entendons toute forme
de violence ou de menaces de violence physique, psy-
Le débat se focalise aujourd’hui sur la violence sexuelle chique ou sexuelle exercée par des personnes partageant
contre les enfants. Les châtiments corporels, dans la me- ou ayant partagé une relation familiale, conjugale ou simi-
sure où ils ne prennent pas de proportions très graves, laire» (Schwander 2003).
semblent susciter moins d’attention (BFE 2004a, Feuille
d’information 2: 2s.). Le projet d’intervention contre la violence domestique du
canton de Bâle-Ville donne lui aussi une définition large
Un nouvel aspect de la violence domestique apparaît pro- de la violence domestique en mentionnant expressément
gressivement dans le débat public, celui de la violence fé- l’aspect de la domination:
minine contre les hommes. La recherche ignore ce thème
en Europe, tandis qu’aux Etats-Unis, la première enquête «La violence domestique englobe toute atteinte à l’intégrité
a été menée en 1975 (not. Gutjahr 2001: 37ss). L’étude corporelle ou mentale d’une personne exercée dans le
a suscité une vaste controverse. La méthodologie en a cadre d’un rapport de force par la personne structurelle-
été remise en question, l’étude concluant en effet que la ment dominante» (Büchler 1998, trad.).
violence contre les hommes était aussi fréquente que la
violence contre les femmes (not. Gemünden 1996: 11s.). Même approche également de la Commission de l’égalité
Or cette conclusion ne corroborait en rien les constats et du canton de Berne dans son troisième rapport sur la vio-
expériences précédents. lence, sans toutefois la référence aux rapports de force:
De nombreux travaux de recherche ont permis de prouver «Par violence, nous entendons toute atteinte à l’intégrité
que les conclusions de l’étude américaine ne pouvaient de la personne, qu’elle soit de nature
être prises pour argent comptant. Ils ont également mis
− physique (lésions corporelles, mais aussi les voies de
en évidence toute la complexité de la violence dans les
fait, comme par exemple gifles, empoigner une person-
rapports de genre.
ne, la bousculer, la secouer, lui tordre le bras, etc.),
− psychique
(insulter, dénigrer, menacer, harceler une personne),
− sexuelle
(viol, contrainte sexuelle, harcèlement sexuel),
12
− économique (contrôle absolu des ressources finan- − La scène de ménage désigne une opposition violente
cières et refus de fournir les ressources minimum)» entre personnes entretenant des rapports de force à
(Gutjahr 2001: 50). peu près égaux (violence situationnelle).
− La maltraitance désigne les relations entre personnes
Ces quelques exemples illustrent la pluralité des ap- entretenant des rapports de force inégaux (p. ex. force
proches de la violence domestique, qui n’est pas sans physique, possession d’armes, contrôle exclusif des
conséquences sur les statistiques, car plus large est la ressources financières) dans lesquelles la personne
définition, plus vaste est l’ampleur du phénomène (Seith dominante recourt régulièrement à ces moyens pour
2003: 24). Ce constat a aussi son importance dans la imposer sa volonté et nuit ainsi à la personne dominée
controverse sur les chiffres de la violence féminine. (violence et contrôle systématiques).
La présente étude se concentre sur la violence exercée Les chiffres sont presque inexistants concernant la fré-
par les femmes contre leur partenaire intime et contre les quence des différents types de conflits. Les enquêtes ne
enfants et repose, partant, sur une définition plutôt large. font pas toujours la différence entre scène de ménage
Nous accorderons également une place importante aux et maltraitance. Nous n’avons trouvé qu’une seule sta-
rapports de force. En effet, s’ils ne sont mentionnés ex- tistique, celle de la police du canton de Saint-Gall qui
plicitement que par une des définitions citées, toutes s’y classe ses interventions dans les cas de violence domes-
réfèrent en effet implicitement. Les ouvrages consultés tique selon ces trois types. La police est confrontée à des
dans le cadre de notre travail ne livrant quasiment au- disputes et des scènes de ménage dans 40 à 50 pour
cune donnée ni analyse sur la violence entre partenaires cent des cas. Les autres interventions, 50 à 60 pour cent
de même sexe, nous n’aborderons pas spécifiquement des cas, concernent la mise en danger d’une personne
ce thème. par une autre et exigent des mesures au sens de la loi
saint-galloise sur la police1 (voir également tableau 1).
2
Pour de plus amples détails, voir le Troisième rapport sur la violence
(Gutjahr 2001: 29).
3
Elisabeth Gutjahr aborde cette controverse dans le Troisième rapport
de la Commission cantonale de l’égalité sur la violence (ibid.: 37ss).
14
2.1. L’homme victime cial, de l’école, etc. soit ne veulent pas entendre le récit
qui leur est fait, soit minimisent les événements à un point
La violence contre les hommes présente de multiples tel qu’elles ne sont d’aucun secours à la victime (Hage-
aspects. Tout homme se retrouve à un moment ou à un mann-White/Lenz 2004: 82). Les victimes sont confrontés
autre dans la peau de la victime: échecs, humiliations ou au même type de réactions lorsqu’ils se confient à des
affronts sont des expériences quotidiennes imposées le proches ou à des membres de leur famille.
plus souvent par d’autres hommes. Mais les mères, les
institutrices ou les compagnes peuvent aussi faire des Vient s’ajouter un problème supplémentaire dû à l’attitude
garçons et des hommes des victimes. Ce phénomène des conseillers professionnels et des thérapeutes. Ces
intervient pendant les phases successives de socialisation derniers semblent redouter les manifestations de vulné-
au sein de la cellule familiale, de l’école, des cercles de rabilité de la part de leurs clients et patients qui les con-
camarades, des clubs de sport, du milieu professionnel, frontent à leurs propres faiblesses, autrement dit, dans
de l’armée, du couple. Les garçons et les hommes sont l’imagerie traditionnelle, à leur moi féminin. Cette confron-
aussi exposés à l’exploitation sexuelle. Or, l’homme est tation remet en cause leur propre identité masculine, mais
conditionné pour résister à la douleur: il doit apprendre à aussi l’image du conseiller ou du thérapeute compétent.
cacher ses blessures et ses souffrances (Lenz 2001). Tels sont les témoignages livrés par des professionnels
confrontés de près à des hommes victimes de violence
(ibid.: 82s.). Or, ce refus de perception peut se traduire
La violence contre les hommes pour les victimes par de la dépression, de l’angoisse ou
est largement répandue des troubles psychosomatiques.
La violence contre les hommes est un phénomène de La situation que vivent actuellement les hommes victimes
société largement répandu qui, pour l’essentiel, ne fait s’apparente à celles des femmes violées ou battues il y
intervenir que des acteurs masculins. Mais l’expérience a trente ans qui se heurtaient alors à la négation de leurs
ainsi vécue est occultée. Les hommes préfèrent minimi- problèmes et à l’ignorance. Il aura fallu attendre le nou-
ser le problème. Le vocabulaire utilisé évacue leur statut veau mouvement féministe et sa lutte contre l’oppression
d’acteurs, victimes ou auteurs: on parle de «bagarres», de des femmes pour que les souffrances des femmes vic-
«violence dans les lieux publics», de «violence à l’école». times de violence intègrent le débat. Or on ne perçoit pas
Les hommes n’ont droit à aucune reconnaissance ni au- de mobilisation citoyenne qui permettrait que la violence
cune compassion de la part du public pour ce vécu de la subie par les hommes soit reconnue comme un problème
violence (Kavemann 2002: 15). La civilisation occidentale de société et que des revendications soient formées à ce
considère la violence physique entre hommes et entre sujet (Lenz 2001: 3).
jeunes gens comme «légitime, nécessaire et normale»
(Hagemann-White/Lenz 2004: 83, trad.).
Des réactions variables à la violence
Ce n’est que depuis un passé récent que les spécialistes
ont pris conscience du fait que la société place la violence Les réactions des hommes à la violence de leur partenaire
contre les hommes et celle contre les femmes sur des ne permettent pas de généralisation. Les opinions diver-
plans tout à fait différents. Les stéréotypes sur le rôle de gent également dans la doctrine. Le rapport du ministère
l’homme ont longtemps empêché le public d’admettre autrichien de sécurité sociale sur la violence contre les
que les hommes puissent aussi être des victimes. Soif hommes défend la thèse selon laquelle les hommes ont
de domination et agressivité sont des attributs masculins. de multiples raisons de ne pas porter leur problème sur
La soumission, par contre, qui est la principale caracté- la place publique (Cizek et al. 2001: 279):
ristique de la victime, est un trait qui ne cadre pas avec
l’image de l’homme (von Bargen 2001: 5). Certaines ex- – Les hommes ne jugent pas la violence physique des
périences de victimisation sont difficiles à accepter pour femmes vraiment menaçante. Elle est plutôt symbo-
les hommes car elles contredisent l’image du sexe fort et lique ou défensive et ils ne l’assimilent pas à une réelle
les schémas de socialisation qui doivent faire de l’homme violence.
un être fort, dur et dominateur. Ce qui n’est pas conforme – Dans leur perception du quotidien, ils ne ressentent
à ce qui doit être n’existe pas (Lenz 2000). La notion pas les mauvais traitements infligés par une femme
d’homme victime est un paradoxe culturel dans la logique comme des actes de violence au même titre que les
de notre civilisation. Soit on est une victime, soit on est mauvais traitements infligés par un homme à une fem-
un homme (Lenz 2001: 36). La vulnérabilité doit s’effacer me.
derrière les stéréotypes qui disent qu’un homme ne doit – La violence physique est pour les hommes un
pas être vulnérable: «Les garçons ne pleurent pas !» Les phénomène naturel qu’ils gèrent et contre lequel ils
hommes apprennent à cacher leur souffrance (ibid.: 43). peuvent et doivent se défendre.
– Etre battu par une femme, c’est être faible. L’avouer
leur ferait perdre la face.
Les victimes de violence sont mal compris – Les hommes ne savent pas gérer leurs sentiments ni
les exprimer correctement. Ils ont souvent du mal à
Lorsque les jeunes gens ou les hommes victimes de vio- reconnaître qu’ils sont blessés, malades ou découra-
lence demandent l’aide de services professionnels, ils se gés.
heurtent souvent à de l’incompréhension. Les personnes
travaillant dans le domaine de la médecine, du travail so-
16
Pour les Dobash, couple de chercheurs américains, dire à répéter ces actes en trouvant des partenaires qu’elles
que les hommes verbalisent moins la violence subie que dominent et qui peuvent être la cible de leur violence»
les femmes pour les raisons susmentionnées relève de (Thiel 2005, trad.).
la pure spéculation. Selon eux, il existe suffisamment de
chiffres empiriques prouvant que les femmes témoignent La femme auteure n’est pas une exception dans l’histoire
relativement peu de leur expérience de la violence. Les de la criminalité. Le crime n’a pas toujours été l’apanage
hommes seraient même plus nombreux que les femmes des hommes. Des analyses historiques montrent que jus-
à porter plainte après avoir subi des mauvais traitements. que tard dans le 18e siècle, les femmes représentaient plus
L’analyse des enquêtes U.S. National Crime Surveys me- d’un tiers des personnes prévenues de délits même parmi
nées de 1973 à 1982 a révélé que 67 pour cent des les plus graves, la proportion allant même jusqu’à 50 pour
hommes et 57 pour cent des femmes victimes de la vio- cent par moment. On note ensuite un renversement de
lence de leur partenaire s’adressent à la police (Dobash tendance. Dans le courant du 19e siècle, le crime prend
et al. 1992: 76). la construction sociale qu’on lui connaît aujourd’hui, celle
d’un fait masculin. La criminalité féminine est alors con-
Hagemann-White et Lenz (2004: 85) font un constat inté- sidérée comme un phénomène marginal (Ludi 2000:13).
ressant au sujet de la réaction des hommes à la violence La criminalité a un sexe.
des femmes. La recherche sur la condition masculine
aborde souvent la question des violences psychologiques Jusque dans les années 1970, la violence faite aux femmes
imposées par les épouses et mères dominatrices à leurs était un sujet tabou. Lever le voile aura été un processus
maris et fils. Pour Hagemann-White et Lenz, ce débat difficile et douloureux pour les personnes concernées. Le
conforte l’image de l’homme qui doit apprendre à résister, public a progressivement pris conscience du problème
à se distancer et à se prémunir de l’excès d’influence depuis 20 à 30 ans et les rôles sont clairement répartis:
des femmes. Cette attitude corrobore la répartition tradi- c’est la femme qui est la victime et c’est ce statut qu’on lui
tionnelle des rôles. Or, cette répartition devrait justement accorde. L’homme est par contre perçu comme l’auteur.
être remise en question car elle fige la polarisation entre Cette polarisation a eu jusqu’à présent son utilité en ce
les sexes et ne permet pas de résoudre des problèmes sens que la souffrance des femmes a été reconnue et que
dont on vient de prendre conscience comme la violence des mesures ont été prises.
contre les hommes et la reconnaissance de leur victimi-
sation.
Casser les stéréotypes de genre
cette crainte. Il faut selon elle rompre avec l’image de la Les études menées selon la méthode CTS parviennent
femme impuissante qui appelle protection et lui substituer à la conclusion que femmes et hommes se montrent
celle de membre autonome de la société qui revendique également violents au sein du couple. C’est l’approche
l’égalité avec l’homme. Il faut renoncer à cette démarche de la méthode qui suscite les principales critiques car
victimiste qui souligne sans cesse l’image de la femme elle néglige le contexte et les conséquences de la vio-
opprimée et sans défense contre l’oppresseur héréditaire lence. Elle ne s’intéresse pas à la motivation des auteur-
(ibid.: 18s.). e-s et des victimes ni à l’impact de la violence sur ces
deux catégories de personnes. La CTS permet certes
de mesurer la fréquence des actes de violence dans le
2.3. Recherche empirique quotidien familial, mais elle ne constitue en rien un outil
de recherche sur la maltraitance (Kavemann 2002: 5). De
Les avis divergent sur l’ampleur de la violence domes- nombreux chercheurs et chercheuses ont utilisé la CTS
tique exercée contre les hommes. Méthodologie de la pour mener des recherches sur la violence domestique et
recherche et définitions sont en effet trop variables. Les c’est fort logiquement qu’ils sont parvenus à des conclu-
statistiques de la répartition des auteurs de violence par sions comparables sur la répartition des actes de violence
sexe font état d’une proportion de femmes variant entre par sexe.
50 et cinq pour cent. Aucun consensus non plus con-
cernant la fréquence de la violence dans l’environnement
social proche: les chiffres varient entre cinq et 50 pour Polémique
cent d’hommes et de femmes ayant subi des violences
au moins une fois dans leur vie (Bettermann 2002). Les principales études menées à l’aide de la CTS ont
maintenant plus de 20 ans. Pourtant, malgré toutes les
Il est aujourd’hui généralement admis que les femmes critiques justifiées émises à leur encontre, on s’y réfère
peuvent aussi se montrer violentes au sein du couple. encore, ainsi qu’à d’autres du même genre, pour étayer le
On trouve aussi bien des portraits d’hommes battus (Tor- fait que la violence des femmes contre les hommes serait
rent 2001) que des études empiriques. Les chercheurs largement répandue et pour alimenter la polémique. Citons
et chercheuses en sciences sociales mettent toutefois en à titre d’illustration le chercheur en condition masculine
garde contre une comparaison des chiffres de la violence Walter Hollstein, professeur à l’Université de Brême: «Per-
masculine et de ceux de la violence féminine; une telle sonne ou presque aujourd’hui ne conteste le phénomène
confrontation nuit en effet à la qualité de la recherche sur de la violence masculine ni, d’une manière générale, les
la violence contre les femmes et contre les hommes. Le rapports plus étroits des hommes à la violence. Mais les
risque existe que les victimes, hommes et femmes, soient chiffres à notre disposition ne nous permettent par ail-
oubliées dans le débat. Tout acte de violence doit être leurs plus d’affirmer que le phénomène est exclusivement
appréhendé dans ses implications pour l’auteur-e et pour masculin. [...] On ne peut s’empêcher de penser que
la victime, et non simplement comptabilisé (Kavemann l’occultation délibérée de la violence féminine poursuit
2002: 14). Pour être fructueuse, la recherche passe par un but sociologique, disculper le sexe féminin et diabo-
le refus des stéréotypes, la déconstruction des mythes et liser le sexe masculin» (Hollstein 2004: 217, trad.). M.A.
la révision des valeurs. Straus, l’un des inventeurs de la CTS et des auteurs des
études CTS, relativise pareilles affirmations de la manière
Nous allons ci-après nous concentrer sur les conclusions suivante: «Même s’il est vrai que les femmes se montrent
tirées par quelques travaux de recherche récents. Il ne tout aussi violentes à l’égard de leur partenaire que les
saurait être question de dresser un panorama complet de hommes, il n’en reste pas moins que ce sont elles les
la recherche sur la violence exercée contre les hommes premières victimes, du fait des conséquences physiques,
dans l’environnement social proche et d’en analyser les financières et économiques dont elles souffrent» (Straus
conclusions, les études à ce sujet étant dorénavant nom- cité in Kavemann 2002: 5, trad.).
breuses. Nous préférons mettre en évidence la contro-
verse sur la méthodologie de ces études et présenter les
nouvelles approches. De nouvelles études empiriques
d’acte de violence. «Certaines formes de violence sont si On ne dispose d’aucune statistique sur la violence psy-
normales dans la vie d’un homme qu’elles ne sont pas chologique, hormis les chiffres de cette étude. La littéra-
perçues comme telles et que ceux qui les ont subies ne ture ne s’intéresse quasiment pas à ce thème. Cizek et al.
s’en souviennent pas toujours. La violence physique en (2001: 277) déclarent à ce sujet qu’il est particulièrement
public fait par exemple partie de ces actes qui se fondent difficile de recenser et d’étudier la violence psychologique.
dans la normalité masculine, parce qu’elle est perçue «Il est pratiquement impossible de faire la différence avec
comme une confrontation ‹normale›. Il existe par ailleurs une attitude non violente et la violence psychologique ne
d’autres formes de violence qui sont tellement tabouisées laisse en outre aucune cicatrice objectivement visible.
ou honteuses et considérées comme ‹non masculines› C’est pourquoi les études sur la violence psychologique
que les hommes soit les refoulent, soit refusent d’en au sein de la famille en général et à l’égard des hommes
parler. La violence sexuelle en est un exemple» (Jungnitz en particulier sont rares» (ibid.: 277, trad.).
et al. 2004: 40, trad.). Les chercheurs ont constaté que
les hommes ne témoignent pas spontanément de leur Les données de l’étude pilote allemande doivent être
vécu de la violence, mais qu’il faut les interroger pour interprétées avec prudence car l’échantillon était petit et
qu’ils parlent. peu représentatif, mais elles donnent toutefois des indi-
cations. L’étude reflète la perspective de l’homme victime.
L’ampleur de la violence faite aux hommes ne semble Tout comme la CTS, elle ne dit rien du contexte de la
pas être un sujet d’effroi. Alors que les études empiriques violence ni de l’enchaînement des actes. La perspective
démontrent qu’au début de sa vingtaine, tout homme de l’auteure n’est pas traitée. La recherche présente ac-
court nettement plus de risques qu’une femme d’être tuellement de grosses lacunes à cet égard.
victime de violences, rares sont ceux qui s’en inquiètent.
Les intéressés pas plus que le public ne veulent prendre
conscience du fait que les hommes sont plus souvent Les femmes prennent souvent l’initiative
victimes qu’auteurs de violences. Les hommes ne veulent de la violence
pas qu’on leur rappelle qu’ils ont été sans défense et
impuissants (ibid.: 47). Résultat intéressant, la moitié des hommes indiquent ne
s’être pas défendus et la moitié également n’avoir pas
La partie qualitative de l’étude a montré que dans les pris l’initiative de la violence. Gemünden cite des résul-
relations de couple, la violence contre les hommes peut tats analogues mis en évidence par des études menées
prendre toutes les formes possibles jusqu’à la maltrai- principalement aux Etats-Unis avec la méthode CTS. Les
tance systématique (ibid: 43s.) femmes n’agissent pas plus souvent que les hommes
pour se défendre. Ce sont elles qui prennent le plus sou-
– Parmi les quelque 200 hommes interrogés, un sur qua- vent l’initiative de la violence (Gemünden 1996: 285).
tre a subi une fois ou plus un acte de violence physique
de la part de son ex-partenaire ou de sa partenaire, Swan aboutit à une autre conclusion (2002). Elle a inter-
les actes insignifiants ne pouvant réellement être as- rogé 108 femmes américaines qui, durant les six mois
similés à de la violence étant englobés dans cette précédant l’entretien, avaient exercé des violences graves
statistique. contre leur partenaire. La plupart de ces femmes étaient
– Un homme sur six a reconnu avoir été bousculé vio- issues des classes modestes afro-américaines. Swan les
lemment par sa partenaire une fois ou plus. a classées en trois catégories: a) celles dont le partenaire
– Cinq à dix pour cent des hommes interrogés disent s’était montré encore plus violent (38%), b) celles qui
s’être vu infliger les actes suivants par leur partenaire: étaient plus violentes que leur partenaire (12%), c) celles
gifle légère (18 sur 196), morsure ou griffure doulou- exerçant à peu près autant de violences physiques et de
reuse (13 sur 196), coup douloureux, bousculade ou contrôle social que leur partenaire (50%).
empoignade (10 sur 196) ou lancement d’un objet
dangereux (10 sur 196). Swan explique par des aspects ethniques la part élevée
– Cinq pour cent des hommes interrogés ont été blessés de la troisième catégorie. Les couples afro-américains
au minimum une fois. La même proportion a déjà eu ont des relations plus égalitaires par rapport à l’activité
au moins une fois peur d’être blessé gravement ou professionnelle et à l’éducation des enfants que les autres
mortellement. groupes ethniques. La chercheuse suppute dès lors que
– Aucun des hommes ayant reconnu avoir subi la vio- si les femmes confrontées à la violence rendent les coups,
lence de leur partenaire n’a appelé la police. La moitié c’est parce que le rapport de force au sein du couple est
d’entre eux disent ne pas s’être défendus, par exemple équilibré (ibid.: 312). Inversement, elle pense que ce sont
en rendant les coups. Plus de la moitié signale n’avoir les couples au sein desquels ce rapport est très désé-
jamais pris l’initiative de la violence physique. quilibré qui courent les plus gros risques de violence. Elle
– 77 pour cent des hommes n’ont jamais fait l’expérience établit toutefois une différence entre les hommes violents
de la violence conjugale physique, six pour cent l’ont et les femmes violentes. Celles-ci, même les plus vio-
vécue une fois, huit pour cent deux ou trois fois, neuf lentes, ne peuvent s’appuyer sur la structure patriarcale
pour cent au moins quatre fois. qui permet aux hommes violents d’exercer un contrôle
– La violence psychologique est mentionnée nettement absolu sur leur victime (ibid.: 311).
plus souvent que la violence physique. Le contrôle so-
cial vient très nettement en tête devant les humiliations,
le dénigrement et les insultes.
19
2.4. Violence et spécificités de genre autrefois la norme, il était logique que l’homme recoure
à la violence pour faire respecter l’ordre conjugal, surtout
La question de savoir qui, dans le couple, exerce le plus lorsque sa femme disposait de plus de ressources que
de violence, préoccupe la recherche et la pratique. Est- lui (Töngi 2002: 63).
ce l’homme ou la femme? Ou bien les deux partenaires
sont-ils également impliqués dans l’exercice des actes
de violence? Le débat occulte souvent l’importance et la Gestion de la violence
fonction des stéréotypes de genre dans la violence do-
mestique. Les spécificités de genre de la violence et les Les études montrent que les hommes et les femmes
rapports de force au sein du couple sont souvent négligés adoptent des stratégies différentes de gestion de la vio-
quand il s’agit de s’opposer sur des chiffres. lence. Pour une agression physique de gravité similaire,
les femmes réagissent différemment des hommes. Ge-
münden (1996: 95s., trad.) en tire la conclusion suivante:
Fréquence des blessures «Les stéréotypes faisant de la passivité et de la faiblesse
des attributs féminins, les femmes sont plutôt classées
Il existe des différences marquées entre les sexes en ce dans la catégorie des victimes, les hommes étant eux
qui concerne les conséquences de la violence, les sta- classés dans celle des auteurs. Conformément au rôle qui
tistiques pouvant étayer cette affirmation. La fréquence leur est attribué, les femmes agressées se sentent égale-
des blessures est plus élevée chez les femmes. La victi- ment plutôt dans la peau de la victime. Elles qualifient
misation répétée, la nécessité de secours médicaux et la souvent les attaques de leur partenaire de graves et en
peur de la victime sont des indicateurs de la gravité de tirent plus souvent les conséquences que les hommes.
la violence. Des enquêtes menées au Canada montrent Les femmes notamment optent plus souvent pour la sé-
que les femmes sont trois à cinq fois plus souvent expo- paration et mobilisent les ressources proposées aux vic-
sées à des menaces mortelles, qu’elles sont plus souvent times. Les hommes agressés, par contre, se considèrent
agressées de manière répétée, qu’elles sont plus souvent plus rarement comme des victimes du fait de la perception
blessées et qu’elles doivent cinq fois plus souvent que les sociale de la masculinité. Ils en tirent donc plus rarement
hommes faire appel au médecin (Seith 2003: 27). les conséquences et mobilisent moins souvent les res-
sources des victimes. Ils relativisent plus souvent la vio-
Les auteurs qui, dans leurs études, concluent au fait que lence de leur partenaire et minimisent sa responsabilité,
la violence féminine est largement répandue, signalent eux ce qui les dispense de tirer les conséquences.»
aussi des différences: «Toute une série d’études montrent
que les femmes a) qui se montrent violentes à l’égard Les hommes se confient rarement à autrui et s’ils le font,
de leur partenaire le deviennent généralement du fait de c’est uniquement dans les cas extrêmes. Parler de la
leur propre victimisation, autrement dit en réaction à une violence infligée par une femme, c’est pour beaucoup
agression et b) parce qu’elles sont moins fortes phy- d’hommes ne pas se conformer au stéréotype du sexe
siquement commettent des actes de moindre gravité et fort (Buchner et al. 2001: 300).
aux moindres conséquences. (...) Nous sommes encore
très loin d’une situation où l’on verrait la violence fémi-
nine égaler ne serait-ce qu’approximativement la violence Thèse de l’émancipation
masculine» (Wetzels et al. 1995b, trad.). Au fil de ses
enquêtes, Wetzels a établi des taux de blessures systé- Reste à savoir pourquoi les femmes se montrent vio-
matiquement plus élevés chez les femmes que chez les lentes à l’égard de leur partenaire et si le phénomène
hommes (Wetzels 1995a: 158–162). s’est développé. Les théories et tentatives d’explication
sont nombreuses, mais nous n’entrerons pas en matière,
aucune étude empirique ne venant les confirmer. Nous
Répartition des ressources aborderons uniquement la thèse de l’émancipation en
renvoyant à des études.
La répartition des ressources est un autre domaine dans
lequel on note des différences, la femme étant dans la Relevons tout d’abord qu’il est impossible de mesurer si la
plupart des cas désavantagée et, partant, disposant de violence féminine dans le couple s’est développée. Premiè-
moins de pouvoir. Par ressources, nous entendons entre rement, il n’existe aucune statistique fiable sur l’ampleur
autres les ressources financières, la formation et le statut actuelle du phénomène, et deuxièmement la comparaison
social. Celui ou celle qui dispose le plus de ces ressources avec la situation passée est impossible, faute de chiffres.
peut exercer son pouvoir et éventuellement l’imposer par Le simple fait que la violence féminine ne soit devenue
la violence. un sujet de débat que dans un passé récent ne signifie
pas que le phénomène n’existait pas auparavant. Prenons
La possession des ressources peut aussi être une source l’exemple de la violence contre les femmes: on n’en parle
de danger pour la femme, à la différence de l’homme. que depuis une trentaine d’années. Elle était auparavant
Une analyse des dossiers judiciaires du 19e siècle en té- confinée à la sphère privée et était même acceptée par
moigne. Les témoignages sur les expériences vécues au une société encore très patriarcale. On peut émettre les
quotidien montrent que ce mécanisme n’a pas vraiment mêmes réflexions concernant la violence contre les en-
changé. A l’époque, la violence conjugale était souvent fants. Nous ne savons pas si l’ampleur du phénomène
déclenchée par la perte de pouvoir et d’autorité de s’est modifiée au fil du temps.
l’homme ou par le risque d’une telle perte. Le phénomène
était particulièrement marqué dans les cas où les ressour- Le constat de la violence féminine étonne car le phénomène
ces financières de la femme étaient nettement supérieures n’est pas conforme à la perception sociale de la féminité.
à celles de l’homme. Le modèle conjugal hiérarchisé étant Se pose alors la question de savoir si l’émancipation de
20
la femme intervenue ces cinquante dernières années a Ces résultats montrent qu’une mutation est en cours
contribué à l’apparition de la violence féminine. sur la perception de la féminité et de la masculinité.
De nouvelles représentations de la féminité sont en train
Swan constate dans son étude que les afro-américaines d’apparaître. Etre femme, ce n’est plus être influençable,
ont plutôt tendance à rendre les coups et à se défendre soumise, faible, mais au contraire sûre de soi, capable
quand elles sont agressées. La chercheuse émet la théo- de s’imposer et forte. La hiérarchie des sexes qui désa-
rie selon laquelle, dans ce groupe ethnique, les femmes vantage les femmes évolue (ibid.: 228). La répartition des
vivent une relation de couple plus égalitaire que dans rôles de victime et d’auteur en fonction du sexe est en
d’autres, raison pour laquelle elles seraient violentes (cf. mutation dans ces bandes de jeunes (Althoff 2006: 10).
chapitre 2.3.). Ces femmes ne s’en laissent pas conter Bruhns et Wittmann insistent toutefois sur le fait que les
car elles sont en position de force dans leur communauté. conclusions de cette étude ne peuvent être extrapolées à
Cette observation ne s’applique toutefois qu’à la violence l’ensemble de la société et qu’il faut observer l’évolution
réactive. (Bruhns 2003: 228).
Les sciences sociales étudient depuis les années 1970 la dépasse celle des pères, indépendamment de la gravité
violence contre les enfants. Le phénomène est aujourd’hui des actes (Wetzels 1997: 37). D’autres études, plus an-
bien décrit. Jusqu’à un passé récent toutefois, les études ciennes, avaient également montré que les mères sont les
établissaient rarement de distinction selon le sexe des auteures de 60 pour cent des actes de violence infligés
auteur-e-s. On parlait de violence des parents tout en aux enfants. Les chercheurs et chercheuses attribuent
centrant l’analyse sur les auteurs de sexe masculin et les ces chiffres élevés au fait, entre autres, que les mères
victimes de sexe principalement féminin. L’étude de la passent plus de temps que les pères avec les enfants et
violence féminine n’était pas jugée prioritaire, probable- qu’elles assument l’essentiel de l’éducation. Raison pour
ment parce qu’elle est tout aussi dérangeante que la laquelle on ne devrait comparer les chiffres de la violence
violence des femmes contre les hommes. Les rapports féminine et de la violence masculine «que si l’homme et la
sur la violence domestique mentionnent la nécessité de femme investissent autant de temps dans l’éducation des
protéger les enfants contre la violence du père, mais pas enfants et s’en partagent la responsabilité à parts égales,
de la mère, même si l’on sait que la violence entre les par- ce qui actuellement n’est pas vraiment le cas» (Buchner
tenaires du couple se reporte souvent sur les enfants du et al. 2001: 146, trad.).
fait des deux parents. Le rapport du ministère autrichien
de sécurité sociale sur la violence contre les enfants a L’expérience de la violence physique durant l’enfance peut
ouvert une brèche à cet égard puisqu’il s’intéresse expli- jouer un rôle déterminant sur l’attitude qu’aura l’individu
citement au sexe des auteur-e-s et à leur rôle (Buchner devenu adulte à l’égard de ses propres enfants. Des
et al. 2001: 139–172). Le chapitre ci-après se concentre études ont mis en évidence un phénomène de répétition
sur la violence des femmes contre les enfants. La violence transgénérationnelle: les mères et les pères qui maltraitent
sexuelle, un tabou au cœur du tabou, fait l’objet d’une leurs enfants ont dans la plupart des cas été maltraités
attention particulière. par leurs parents ou ont subi des châtiments corporels
(Buchner et al. 2001: 144). 70 pour cent des parents
ayant subi des violences physiques durant leur enfance
reproduisent le schéma sur leurs enfants. Le phénomène
3.1. Violence physique est encore plus marqué chez les mères que chez les pè-
res. C’est parmi les mères victimes de maltraitance durant
Les nombreuses études sur la violence contre les enfants leur enfance et, plus tard, de graves violences de la part
ne parviennent pas toutes aux mêmes conclusions, car de leur partenaire qu’on trouve le taux le plus élevé de
elles reposent le plus souvent sur des définitions variables violence active contre les enfants (Wetzels 1997: 237).
de la violence. Si l’on se place dans la perspective de la
victime, on peut dire en résumé que 50 à 75 pour cent des Hagemann-White et Lenz (2004: 82) donnent encore une
enfants ont été frappés par leurs parents (Wetzels 1997: autre explication: les femmes ont une forte propension à
171; Buchner et al. 2001: 139). Cinq pour cent environ la violence intrafamiliale quand elles n’ont pas à en re-
ont été gravement maltraités. Selon la définition qu’on douter les conséquences. C’est vrai en particulier en ce
en donne, 3 à 16 pour cent des hommes et 9 à 33 pour qui concerne les châtiments infligés aux enfants. Tel était
cent des femmes ont subi des sévices sexuels pendant aussi le cas au 19e siècle. Töngi tire de l’étude des dos-
leur enfance (Wetzels 1997: 55). siers judiciaires concernant la maltraitance des enfants la
conclusion que «la maison et le foyer étaient quasiment
les seuls lieux où les femmes pouvaient exprimer leur
Les chiffres ne concordent pas sur la prépondérance des
agressivité et leur violence» (Töngi 2002: 64, trad.).
hommes ou des femmes parmi les auteurs. Des études
menées en Autriche ont constaté que la violence phy-
sique, indépendamment de sa gravité, est infligée à peu
près pour moitié par les pères et pour moitié par les mères 3.2. Violence sexuelle
(Buchner et al. 2001: 141):
Tabou intolérable, les femmes exercent aussi des vio-
– violence physique légère (tape, gifle, etc.): 61 pour cent lences sexuelles sur les enfants. Et ce tabou entrave notre
des mères, 67 pour cent des pères; perception et nous empêche de prévenir le phénomène
– violence physique grave (coups, coups avec des et d’aider les victimes. Les scientifiques ont longtemps
objets): 29 pour cent des mères, 26 pour cent des pensé que seuls les hommes étaient coupables de vio-
pères; lences sexuelles et que leurs victimes étaient essentielle-
– recours fréquent à la violence: 4 pour cent des mères, ment des fillettes. Ces dernières années, il est apparu
5 pour cent des pères. que les femmes exercent aussi des violences sexuelles
contre les enfants (Buchner et al. 2001: 164). La propor-
Si la violence physique est infligée par la mère, elle vise tion de femmes parmi les auteur-e-s de violences sexuel-
indifféremment les filles et les garçons. Le père, quant à les est certes nettement moins élevée que la proportion
lui, dirige plutôt la violence contre ses fils. D’autres études d’hommes, mais elle n’est pas négligeable: neuf ou dix
empiriques internationales constatent par contre que les pour cent selon les estimations (Gerber 2001: 75s.). Une
pères sont deux fois plus nombreux que les mères à exer- étude donne les chiffres suivants: cinq pour cent des
cer de la violence. violences sexuelles infligées aux filles et 20 pour cent
de celles infligées aux garçons sont perpétrées par des
Des études menées aux Etats-Unis font apparaître que la femmes (Elliott 1995: 47). Dans la grande majorité des
proportion de mères violentes à l’égard de leurs enfants cas, elles agissent seules.
24
Les résultats obtenus à la fin de la phase des visites mon- 4.3. Prévention tertiaire
trent que la fréquence des conflits entre partenaires est
moindre dans le groupe soumis à l’expérience, de même Les centres de consultation, institutions thérapeutiques,
que l’oppression subjective de la femme par son parte- centres d’aide aux victimes, services de protection de
naire (Müller 2001: 62). Les participants et participantes l’enfance, centres de consultation parentale, mais aussi
jugent les visites à domicile très positives. Les personnes le corps médical, les psychologues ou encore les travail-
impliquées dans des conflits, en particulier, les estiment leurs et travailleuses sociaux peuvent en principe faire
très utiles (DeKeseredy et al. 2001: 21). L’équipe de re- de la prévention tertiaire lorsqu’ils sont confrontés à des
cherche est parvenue à la conclusion que le succès de hommes ou des enfants victimes de violence féminine.
l’expérience justifiait la poursuite et le développement des Les victimes et auteur-e-s de violence ont à leur dispo-
visites à domicile (ibid.: 22). Godenzi (2001a) signale en sition une riche palette de centres de consultation. Mais
outre que la consultation devrait être généralisée, selon ces institutions s’inspirent presque toutes sans exception
le modèle de la démarche proactive non centrée sur les du modèle classique de l’homme auteur et de la femme
groupes à risques, pour ne pas stigmatiser les intéres- (et de l’enfant) victime.
sés.
L’expérience montre que ces catégories professionnelles
Le programme de visites à domicile, tel que Godenzi et sont souvent dépassées lorsqu’elles sont confrontées au
son équipe l’ont expérimenté, n’est qu’un moyen parmi problème de la violence féminine et de la victimisation
d’autres de favoriser les comportements non violents. Si masculine. Il faudrait donc leur proposer des cours de
la résolution pacifique des conflits est pratiquée dans les perfectionnement. Deux diplômés de la haute école spé-
familles dès leur constitution, tous les membres y ga- cialisée de pédagogie sociale de Lucerne ont par exemple
gnent. Cette méthode peut également contribuer à briser rédigé une brochure donnant des conseils sur la gestion
la spirale de la violence lorsqu’elle s’est déjà engagée et des cas de victimisation masculine (Furrer et al. 2005).
que les deux partenaires sont éventuellement impliqués. Ce document s’adresse aux professionnels mais aussi
à toutes les personnes en contact avec des hommes
victimes de violence.
5
www.opferberatungsstelle.ch
6
www.maennerberatung.de
7
www.maennerberatung.de/maennerhaus-konzeption.htm
27
La société est aujourd’hui à peine consciente du fait que, Responsabilité: Commission cantonale de la protection
dans bien des domaines de la vie, les hommes sont vic- de l’enfant (JCE)
times de violence. Le sujet est en effet tabou. Les hommes
4) Campagne sur la répartition des rôles
refusent de parler de leurs expériences de la violence ou
Le public est sensibilisé au rapport existant entre la
les minimisent. Pourtant, ils souffrent et on peut envisa-
violence intrafamiliale et la répartition déséquilibrée des
ger plusieurs mesures pour atténuer ces souffrances. La
rôles, indépendamment du sexe de la personne exer-
Commission cantonale de l’égalité propose des mesures
çant la violence.
relativement faciles à appliquer, ne nécessitant pas la mise
Responsabilité: pib en collaboration avec le Bureau can-
en place de nouvelles structures administratives.
tonal de l’égalité entre la femme et l’homme (BEFH)
La Commission tient par ailleurs à ce que les ressour- 5) Campagne sur la victimisation masculine
ces investies dans les mesures en faveur des hommes Les hommes apprennent à assumer leur statut de vic-
victimes de violence ne soient pas mobilisées au détri- time, à l’accepter et à en parler, que la violence ait été
ment des victimes féminines: en aucun cas, il ne doit y infligée par des hommes ou des femmes. Les femmes
avoir de hiérarchisation des victimes. Les offres destinées prennent conscience que les hommes souffrent eux
aux femmes ne doivent subir aucune coupe, car leurs aussi lorsqu’ils sont victimes de violence. La campa-
souffrances ne sont pas moins terribles que celles des gne est destinée principalement à sensibiliser le pu-
hommes. blic à cette thématique méconnue (sur le modèle des
campagnes contre la violence domestique ou contre la
Investir dans la prévention présente également des avan-
violence parmi les jeunes).
tages sur le plan financier, car le coût de la violence
Responsabilité: pib
domestique est élevé pour l’Etat, 400 millions par an en-
viron (estimation pour l’ensemble du pays). Ces dépenses 6) Données
incombent principalement à la police, aux tribunaux et à Le canton de Berne dispose de suffisamment de don-
l’aide sociale. nées pour pouvoir apporter une réponse adéquate à
la victimisation masculine et à la maltraitance des en-
Les revendications ci-après pourraient contribuer à amé- fants. La Commission de l’égalité le signalait déjà dans
liorer la situation des hommes victimes de violence et à son troisième rapport sur la violence, il est essentiel de
renforcer la prévention de la violence contre les enfants. disposer de connaissances scientifiques approfondies
Elles complètent celles formées dans le Troisième rapport et régulièrement mises à jour, permettant des compa-
de la Commission cantonale de l’égalité, selon la perspec- raisons à l’échelle nationale et internationale.
tive abordée dans le présent rapport. Responsabilité: pib
1) Perfectionnement des professionnels
Diverses catégories professionnelles sont sensibilisées
à la problématique et apprennent à gérer les cas de
victimisation masculine et de violence féminine.
Responsabilité: Projet d’intervention bernois contre la
violence domestique (pib) de la Direction de la police
et des affaires militaires (POM), en collaboration avec
la Direction de la santé publique et de la prévoyance
sociale (SAP)
2) Recensement de l’offre
Les offres et mesures du canton de Berne destinées
aux hommes victimes, aux femmes violentes et aux en-
fants maltraités sont répertoriées. On s’assure que les
différentes institutions sont qualifiées pour gérer la pro-
blématique spécifique. Les possibilités d’amélioration
sont envisagées et les besoins déterminés en fonction
de cet inventaire.
Responsabilité concernant les adultes: pib
Responsabilité concernant les enfants: Commission
cantonale de la protection de l’enfant (Direction de la
justice, des affaires communales et des affaires ecclé-
siastiques, JCE)
3) Priorité à la violence féminine contre les enfants et
programme de prévention
La protection de l’enfance accorde une plus grande
importance à la violence des femmes contre les en-
fants. L’introduction d’un protocole d’intervention sur
le modèle du Home Visiting Programm est mise à
l’étude avec la collaboration des communes dans le
but de réduire la violence domestique.
28
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