Deux phénomènes, l'un économique, l'autre politique marquent le tournant de 1985: d'une part l'accélération de la mondialisation libérale amorcée depuis 1945 et qui s'amplifie au tournant des années 80/90. Elle s'appuie sur l'expansion économique des pays occidentaux après le ralentissement amorcé en 1973 et surtout sur le dynamisme américain. L'essor des nouvelles technologies et des services et l'intensification des échanges au niveau planétaire inaugurent une phase d'expansion marquée cependant par de très grande fluctuations. d'autre part l'arrivée de M. Gorbatchev à la tête du PCUS en 1985 marque la fin de l'immobilisme brejnevien. Il est à l'origine d'un courant réformateur pour rénover un modèle dont l'usure est évidente depuis les années 70.La perestroïka (restructuration) qui s'accompagne de l'exigence de la glasnost(transparence) sont les maîtres-mots de la nouvelle politique et ont des incidences en matière de politique extérieure. L'intervention en Afghanistan avait marqué la limite d'un système rongé par la surexpansion impériale des années 70,le coût des opérations militaires et du soutien aux pays frères, la nécessité d'entretenir un outil de défense de plus en plus sophistiqué asphyxient l'économie soviétique incapable de relever le défi d'une nouvelle course à l'armement imposée par la Maison Blanche. 1 - la reprise du dialogue américano-soviétique La Détente avait prouvé l'importance du facteur humain: les couples Kennedy/Khrouchtchev, Nixon/Brejnev avaient pu compter sur une confiance réciproque pour obtenir des résultats ce qui n'a pas été le cas ensuite lorsqu'on a pu mesurer la méfiance qui s'installait entre Ford, Carter et Reagan d'un côté et Brejnev de l'autre avec pour conséquence le blocage des discussions. A partir de 1985, le dialogue reprend entre un président américain désormais obligé de tenir compte des contraintes financières et un numéro 1 soviétique décidé à prendre le contrepied de l'immobilisme brejnévien et à réformer économiquement l' URSS. La reprise du dialogue se fait, comme aux beaux jours de la Détente, sur la négociation stratégique à l'initiative de M.Gorbatchev décidé à réduire les engagements extérieurs de son pays et le coût de la course aux armements. Le sommet de 1985, le 1er depuis 1979, est l'occasion pour Gorbatchev de faire des annonces spectaculaires en faveur du désarmement en Europe ce qui jette le trouble dans le camp occidental par rapport à l'attitude du leader américain qui semble faire peu de cas des positions européennes. Le 3è sommet de 1987 à Washington permet la signature d'un traité sur l'élimination des missiles intermédiaires (les euromissiles) donc leur destruction avec contrôle du démantèlement, même s'ils ne constituent que 4% du total des armes stratégiques et de plus en dehors du territoire des deux Grands qui reste sanctuarisé. Ce traité est suivi d'une série d'accords de désarmement et marque la fin de l'équilibre de la terreur mais il ne règle pas le problème de la prolifération et de la dissémination des armes nucléaires. Gorbatchev va plus loin encore en annonçant à l'ONU en 1988 la réduction des forces conventionnelles soviétiques et leur retrait d'Europe de l'Est (ex: 380 000 soldats soviétiques en RDA), annonce qui prépare la chute du mur de Berlin. 2 - la fin du rideau de fer en Europe - Résolu à réformer en profondeur son pays et à sauver ce qui peut l'être de la société socialiste, Mikhaïl Gorbatchev recentre la politique extérieure soviétique sur les intérêts nationaux. On constate donc un très net relâchement des liens idéologiques entre l'URSS et les démocraties populaires depuis 1989. En mars 1988 à Belgrade, il propose un système économique qui permettrait de créer « une maison commune » entre les deux Europe, réaffirme la nécessité de l'indépendance des partis communistes et la liberté de choix entre les système socialiste et capitaliste. Ce desserrement de l'emprise soviétique sur le bloc de l'Est est perçu comme une autorisation à prendre en main son avenir: entre l'été 89 et l'automne 90, tout le bloc soviétique implose en Europe. Les 1ères élections libres voient la victoire de non-communistes en Pologne ( L.Walesa et T Mazowiecki de Solidarnösc), en RDA à l'été 1989, de nombreux Allemands quittent le pays par la Hongrie puis passent le rideau de fer par l'Autriche. De plus des manifestations de masse dans les grandes villes est-allemandes se multiplient , Gorbatchev se rend en visite à Berlin-Est pour le 40è anniversaire du pays et annonce qu'il laisse la RDA décider de son destin. Le 9 novembre 1989, la foule franchit le mur et le fait tomber, la frontière interallemande est ouverte. Le symbole le plus criant de la guerre froide n'existe plus. Si le rôle joué par l'URSS et son nouveau dirigeant est fondamental dans l'extinction de la guerre froide, d'autres acteurs sont aussi intervenus, mais de façon moins déterminante: le pape Jean- Paul II par son soutien à la démocratie en Pologne, les Eglises chrétiennes, pour certains le président Reagan du fait de la politique de course à l'armement qu'il mène depuis 1980 et que l'URSS ne peut poursuivre. De fait, les populations de l'autre côté du rideau de fer ont confirmation, grâce à la télévision, que l'on semble mieux vivre à l'ouest. On peut parler d'un automne des peuples: après la Pologne et la Hongrie à l'été 89, ce sont la RDA, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie et la Roumanie qui voient s'effondrer le communisme, de façon pacifique généralement sauf en Roumanie où le dictateur communiste Ceaucescu et sa femme sont exécutés. Les dernières démocraties populaires à disparaître sont la Yougoslavie où les revendications nationalistes conduisent à l'éclatement de la Fédération et à des guerres de 1991 à 1995 et l'Albanie. La plupart de ces pays voient des non-communistes gagner les élections et instaurer une économie de marché, la transition démocratique et économique est parfois douloureuse et certains ex-communistes reviennent au pouvoir dès 1995. Toutes les solidarités du bloc oriental explosent: disparition du CAEM, du pacte de Varsovie en 1991. 3 - de l'URSS à la Russie La dislocation de l'Union soviétique est inévitable du fait de l'effondrement du communisme. Le rôle dirigeant du PCUS est remis en cause et le parti est même interdit après le putsch raté d'août 1991. Le pays s'effondre économiquement et Gorbatchev ne parvient pas à arbitrer l'affrontement entre conservateurs communistes et partisans des réformes (B.Elstine). Plusieurs Républiques contestent le centralisme de Moscou et la russification en oeuvre depuis longtemps, les 1ères à proclamer leur indépendance sont les Républiques baltes en 1990, 50 ans après leur annexion puis toutes les Républiques se proclament souveraines, y compris la Russie qui élit B.Elstine comme président. Elles quittent toutes l'URSS en 1991 et en décembre 1991, la Russie, l'Ukraine et la Biélorussie constatent la disparition de l'Union et créent la CEI. Gorbatchev démissionne le 25 décembre 1991 de la présidence d'une Union qui n'existe plus. II– Le monde de l'après guerre froide: ordre et désordre mondial dans un monde multipolaire 1 – « Un nouvel ordre mondial »? a) de l'Asie à l'Amérique latine, le désengagement soviétique: L'échec de l'intervention soviétique en Afghanistan marque un tournant dans la politique soviétique dans le tiers-monde. Il apparaît que ce dernier est plutôt un fardeau qu'un atout dans la lutte contre le capitalisme et le bourbier afghan ternit l'image de l'URSS apportant une aide fraternelle aux opprimés du sud. M.Gorbatchev annonce le retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan pour 1989 après la signature d'un accord en 1988. L'URSS cesse tout soutien aux mouvements de libération nationale et guérillas locales; les experts et conseillers sont rappelés, les fonds diminuent ce qui plonge Cuba dans une crise économique, et permet une résolution de certains conflits régionaux. Le Vietnam se retire du Cambodge en 1989 et l'ONU accompagne la difficile conversion à la démocratie. L'URSS a normalisé ses relations avec la Chine dès 1986 (Gorbatchev se rend à Pékin en 1989 et le président chinois à Moscou en 1994). La guerre Iran/Irak s'arrête en 1988 après 8 années de guerre, un pourrissement du conflit et un million de morts. Le Proche-Orient continue néanmoins d'être traversé par des conflits et tensions: la baisse de la rente pétrolière, la croissance démographique et urbaine, les dépenses militaires et la montée de l'islamisme en font une région de plus en plus instable. L'URSS au Conseil de sécurité de l'ONU vote toutes les résolutions contre Bagdad,son ancien client, pendant la crise puis la guerre du Golfe en 1990/1991. b) les institutions internationales face à l'hégémonie américaine et la fin de l'ordre bipolaire - l'ONU Paralysée pendant la guerre froide, absente des négociations de désarmement entre les deux Grands, elle est restée cependant un forum pour les jeunes pays du sud, forum plutôt antiaméricain alors que les Etats-Unis sont les principaux contributeurs des différents organismes onusiens. L'ONU retrouve ses missions originelles avec la fin de la guerre froide et favorise la résolution de certains conflits: médiation pour le désengagement soviétique d'Afghanistan, pour la fin du conflit Iran-Irak, succès dans l'indépendance de la Namibie, pour la fin de la guérilla contrerévolutionnaire au Salvador. Elle multiplie les missions d'opération de maintien de la paix et obtient à ce titre le Prix Nobel de la paix pour les Casques bleus en 1988. La guerre du Golfe en 1991 voit son autorité restaurée: car c'est une coalition de 29 Etats sous le drapeau de l'ONU qui intervient pour restaurer le Koweït dans ses frontières et vaincre l'Irak de Saddam Hussein. En effet, le principe de l'inviolabilité de frontières a été violé par l'Irak à l'été 1990 lorsqu'il a envahi le Koweït limitrophe afin de mettre la main sur les puits de pétrole du Chott el-Arab, pensant sans doute que la communauté internationale avait plutôt les yeux sur ce qui se passait à l'Est de l'Europe . Le Koweït porte plainte auprès du conseil de sécurité de l'ONU qui vote à l'unanimité une résolution condamnant l'Irak et autorise une intervention armée pour restaurer le Koweït dans ses frontières. C'est l'opération « Tempête du désert » au cours de laquelle une coalition de presque 30 pays sous drapeau onusien (y compris des pays arabes comme l'Arabie saoudite qui se sent menacée, la Syrie,l'Egypte et le Maroc) et à direction américaine inflige une défaite cuisante à une armée irakienne en déroute. Le président américain G.Bush parle d'un « nouvel ordre mondial » dans lequel les principes défendus par l'ONU seraient respectés, le multilatéralisme s'imposer et l'hyperpuissance américaine se déployer sans contrepoids réel. La Realpolitik reste néanmoins la règle:le dictateur reste en place, la mission de la coalition s'arrêtant à la libération du Koweït et parce que la communauté internationale craint une déstabilisation de la région et que les Américains redoutent la montée en puissance de l'Iran. La brutale répression par S.Hussein des rébellions kurde et chiite avec utilisation de l'arme chimique n'est condamnée que verbalement. L'Irak est sous embargo de l'ONU avec interdiction de vendre son pétrole, les armes non conventionnelles nucléaires, chimiques, biologiques et balistiques sont interdites. La population civile paie le prix fort de cet embargo: malnutrition, mortalité infantile...Les Etats-Unis s'implantent donc encore un peu plus au Moyen-Orient (entente avec la Syrie, longtemps alliée de l'URSS). - De son côté, l'OTAN a changé de nature avec les transformations de l'Europe. Son statut d'alliance militaire et diplomatique n'a pas seulement survécu à la fin de la guerre froide et à la disparition de son grand rival le Pacte de Varsovie, il a profité de la béance ouverte par le retrait soviétique. Pour ses cinquante ans, l'OTAN accueille trois nouveaux membres : la Pologne, la Hongrie et la République tchèque (la Roumanie et la Slovénie sont promises à une entrée postérieure) malgré les réticences de la Russie. En 1995, la France a décidé de se rapprocher de l'organisation militaire de l'OTAN qu'elle avait quittée en 1966. Mais les Etats-Unis continuent de dominer l'Alliance malgré la volonté de partager le fardeau de la défense de l'Europe avec les Européens eux-mêmes.Avec la guerre en ex-Yougoslavie, l'OTAN change de mission, sinon de nature. L'intervention armée au Kosovo a montré que l'OTAN devenait le moyen d'expression de la politique extérieure américano-européenne, et que l'alliance, face à la montée des périls, ne pouvait plus se contenter d'être un instrument exclusivement défensif. - le leadership américain: les Etats-Unis sont devenus une hyperpuissance du fait de la disparition de leur rival mais on observe un retour à des préoccupations américaines après la guerre du Golfe au cours de laquelle les Etats-Unis sont apparus comme gendarmes du monde. Les Etats-Unis cherchent leurs marques dans un monde qui n'est plus bipolaire et qui les déroute. Entre l'activisme économique de la présidence Clinton lors des négociations économiques liées au remplacement du GATT par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) entre 1993 et 1995 où les thèses libre-échangistes américaines sont plaidées sans nuance (en matière agricole et sur les services, notamment culturels, ce qui vise directement les positions de l'Union européenne), et la manifestation progressive d'un unilatéralisme mal ressenti en ex-Yougoslavie et au Proche-Orient (rencontre de Washington en 1993 avec poignée de main historique entre Yasser Arafat et Yitzakh Rabin orchestrée par B.Clinton), la politique extérieure américaine oscille et suscite des vagues d' antiaméricanisme: attentats contre des ambassades américaines dans l'aire arabo-musulmane en Afrique (Kenya et Tanzanie 1998),contestation en Amérique latine depuis le Vénézuela où a été élu Hugo Chavez qui enclenche une dynamique antiaméricaine portée par l 'envolée des cours du pétrole. L'Amérique latine connaît une vague politique de gauche avec les élections de Lula da Silva au Brésil, Nestor Kirchner en Argentine, Evo Morales en Bolivie sur fond de contestation de la mondialisation libérale et de Washington. En 2005 et 2006, les dirigeants de l'Amérique latine refusent la proposition américaine de Zone américaine de libre échange (ZLEA), infligeant un revers évident à l'administration de George W. Bush. L'unilatéralisme américaine se manifeste partout et par tous les moyens. 2 – Un monde multipolaire et instable a) L'Europe entre intégration économique et désintégration balkanique. L'Europe est rentrée dans son « histoire et sa géographie »disait F.Mitterrand le 31 décembre 1989 (fermeture de la page de la seconde guerre mondiale et extension du projet européen à l'Est). - La dynamique de la construction européenne s'est trouvée renforcée par les transformations de toute l'Europe. Le 4ème élargissement en 1995 (Autriche, Finlande, Suède) fait passer l'union européenne de 12 à 15 membres et la réunification allemande a accéléré les négociations en vue d'une union politique et monétaire. L'Union européenne est donc un bloc économique puissant qui recherche l'approfondissement politique. Le traité de Maastricht (1992) est complété et permet la nomination d'un porte-parole de la politique étrangère européenne, Javier Solana, inaudible sur le terrain (cf ex-Yougoslavie) du fait de l'absence d'une politique étrangère et de sécurité commune (PESC). La poursuite de l'intégration économique d'un grand marché sans frontières passe par la création d'une union monétaire. Cela suppose aussi un transfert de souveraineté, une stabilité budgétaire et la maîtrise du déficit public à moins de 3% du PIB(les critères de convergence). Le passage à l'euro se fait à partir de 1999 avec les onze pays qui le veulent et le peuvent (RFA, France, Benelux, Italie, Portugal, Espagne, Irlande, Finlande, Autriche) et la monnaie circule en 2002. L'euro ne parvient pas cependant à dynamiser la zone et ne peut rivaliser avec le dollar. En 2004, ce sont dix nouveaux membres qui entrent dans le club européen : huit pays anciennement socialistes (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovénie), qui voient récompensés leurs efforts de transition entrepris à partir de 1990- 1991, et deux îles méditerranéennes, Malte et Chypre. Le 1 er janvier 2007, la Roumanie et la Bulgarie entrent à leur tour dans l'Union, portant à 27 le nombre de ses membres. La question se pose de la poursuite de l'approfondissement mais aussi du fonctionnement à 27. La réforme des institutions européennes paraît inévitable. L'implosion de la Yougoslavie en 1991 est à l'origine de conflits en chaîne dans les Balkans qui redeviennent une poudrière comme au début du siècle. La disparition du maréchal Tito en 1980 et surtout la fin des démocraties populaires provoquent l'implosion de la fédération yougoslave à l'unité artificiellement maintenue par la dictature communiste. Slovénie et Croatie puis Bosnie- Herzégovine proclament leur indépendance en 1992 et se heurtent à l'opposition de la Serbie du dirigeant Slobodan Milosevic, ex-communiste reconverti dans l'ultra-nationalisme, qui tente de maintenir la fiction d'une Fédération yougoslave autour du territoire serbe et du Monténégro. La Macédoine proclame son indépendance difficilement reconnue par la CEE face à l'hostilité grecque . La géographie de cette partie de l'Europe mêle des populations de cultures différentes et l'histoire de cette région dans la seconde guerre mondiale attise des haines anciennes: les partisans croates de l'Allemagne nazie, les oustachis , ont laissé des souvenirs douloureux chez les Serbes. La Serbie cherche à recréer une Fédération avec le Monténégro et les Serbes des autres républiques et mènent une politique de « purification ethnique » avec déplacement de populations, viols et massacres sur les territoires croate et surtout bosniaque (Vukovar, Srebrenica...). Sarajevo est assiégé par les forces serbes de Bosnie et les forces d'interposition de l'ONU (FORPRONU) sont impuissantes. La CEE et l'ONU renoncent à une solution militaire . Un cessez-le-feu est obtenu en 1995 qui mène à des négociations de paix patronnées par les Etats- Unis à Dayton puis à un accord de paix: la Bosnie est divisée en deux entre une Fédération croatomusulmane et une République serbe de Bosnie. La reconstruction économique et politique de la Bosnie est menée sous surveillance des forces de l'OTAN qui remplacent celles de l'ONU puis sous patronage d'une force multilatérale à commandement américain. D'autres provinces de l'ex-Yougoslavie sombrent dans la guerre civile, c'est le cas au Kosovo où s'affrontent séparatistes albanais et nationalistes serbes en 1998. L'OTAN décide de frappes ciblées sur Belgrade pour contraindre Milosevic à négocier l'autonomie du Kosovo sous administration de l'ONU (MINUK). Le Monténégro quitte la Fédération en 2005 et proclame son indépendance. On constate le changement de mission de l'OTAN qui devient l'expression armée de la politique occidentale et non plus une alliance défensive. b)l'exacerbation des conflits régionaux Les pays du Sud s'opposent à ceux du Nord de manière de plus en plus violente du fait du surarmement, de l'endettement et de la croissance démographique. L'Inde ,le Pakistan et Israël ont acquis l'arme atomique, l'Irak, l'Iran et la Corée du nor mènent des programmes d'acquisition de l'armement nucléaire, la prolifération inquiète le club des Cinq qui tente d'imposer un contrôle international sur les armes chimiques et stratégiques. L'endettement a progressé dans les années 80/90 porté par la révolution libérale et nombre de pays du sud , contraints d'accepter des plans d'ajustements structurels contestent de plus en plus le FMI et les grandes puissances. En Asie, les facteurs d'instabilité progressent: crise économique de 1997 en Asie du sud-est surtout, affrontement chronique indo-pakistanais au Cachemire or les deux pays ont l'arme nucléaire, montée en puissance de la Chine en mer de Chine du sud, instabilité au Cambodge, en Afghanistan où s'imposent les talibans (1996), sécession du Timor-oriental en Indonésie. En Afrique, des guerres civiles se multiplient sur fond d'appauvrissement: au Rwanda en 1994 où 800 000 Tutsis sont massacrés en deux mois,au Libéria en 1996, en Sierra Leone en 1997/98, Côte d'Ivoire en 1999/2000 avec des massacres et déplacements de populations civiles. Même les frontières, inchangées depuis la colonisation, sont contestées:l'Erythrée fait sécession de l'Ethiopie et devient indépendant en 1993, la Somalie et le Soudan sont touchés par le même mouvement. La région des grands lacs devient une zone conflictuelle chronique. Les missions humanitaires de l'ONU se multiplient sans grande efficacité et les Américains, échaudés par leur échec en Somalie, se gardent bien d'intervenir sur le continent d'autant plus que peu de leurs intérêts y sont menacés. c) Le monde face au terrorisme Ce sont d'abord les Etats-Unis qui sont visés par les attentats du 11 septembre 2001: les symboles visés sont politiques (Maison Blanche), militaires (Pentagone), économiques (World Trade Center) et les moyens imprévisibles (avions, armes blanches, kamikazes). Ce sont des attentats terroristes islamistes organisés par Al Qaïda, dirigée par Oussama Ben Laden, c'est à dire un réseau islamiste abrité par les talibans afghans. L'islamisme, né en Egypte avec les Frères Musulmans, est très hétérogène et présent en Iran depuis 1980, en Arabie Saoudite depuis l'entre-deux -guerres sous la forme du wahhabisme qui est un fondamentalisme … C'est une idéologie qui s'appuie sur une lecture radicale du Coran sans séparer l'esprit de la lettre et qui prône l'application de la loi islamique (charia),qui s'oppose au matérialisme et à l'économie de marché mis en avant par la puissance américaine, qui s'oppose à Israël et à son contrôle des lieux saints musulmans à Jérusalem (Al Qods), qui veut réaliser l'union de tous les croyants. Ces ressentiments sont partagés dans le monde musulman et s'expriment aussi en Europe par exemple lors de la publication au Danemark de caricatures de Mahomet en 2006. Seule une minorité d'islamistes choisit l'action terroriste et avant 2001 on les a vus derrière l'attentat contre le président égyptien Sadate en 1981, en Afghanistan contre les soviétiques, en Algérie avec le GIA (Groupe islamique armé) après l'interdiction du FIS (Front islamique du salut) victorieux des élections en 1991. Après 2001, le monde est touché par des attentats islamistes (Bali 2002,Madrid 2004, Londres 2005, Casablanca et Alger 2007, Marrakech 2011). Les Etats-Unis organisent une guerre contre l'Afghanistan en 2001 avec l'accord de l'ONU et l'Alliance atlantique qui intègre des pays musulmans et une guerre préventive en Irak en 2003 sans cet accord, ce qui suscite une tension avec les alliés occidentaux comme la France (discours du ministre des AE de Villepin au conseil de sécurité de l'ONU février 2003); Si les deux pays sont rapidement conquis du point de vue militaire, les troupes d'occupation de l'OTAN et de l'ONU peinent à ramener la paix en Afghanistan, de même pour les force de la coalition en Irak débarrassée de Saddam Hussein. La Chine et la Russie soutiennent les Etats-Unis diplomatiquement. Conclusion: un monde multipolaire ou fragmenté? A l'image de la mondialisation économique, les relations internationales post-guerre froide montrent à la fois une unification mais aussi une fragmentation de la planète. La fin de la guerre froide montre l'atténuation des affrontements idéologiques. L'ONU est plus fréquemment sollicitée même si elle peine à désamorcer les conflits . La mondialisation économique portée par le modèle capitaliste libéral américain gagne l'ensemble de la planète et la communauté internationale commence à comprendre la nécessité d'envisager globalement les problèmes environnementaux (protocole de Kyoto 1997). Mais la fragmentation progresse aussi: unions régionales (ALENA, MERCOSUR...), les Etats sont soumis à des forces centrifuges,les séparatismes se multiplient, les phénomènes transnationaux progressent, de nombreux Etats du sud sont défaillants et tout concourt à questionner le vieux modèle d'Etat-nation, La souveraineté des Etats est aussi remise en question par l'ONU qui multiplie les opérations humanitaires au nom du droit d'ingérence. L'ordre bipolaire a disparu, le nouvel ordre mondial semble introuvable ce que confirment les attentats du 11 septembre 2001.
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