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INTRODUCTION GENERALE

1
I – JUSTIFICATION

1-REFLEXION GENERALE

Gorbatchev et la politique soviétique ont attiré l’attention de bons


nombres d’observateurs dans le monde. Notre choix s’est porté sur ce sujet pour
deux raisons fondamentales.

La première raison porte sur l’intérêt que nous avons pour le monde
soviétique. En effet, nous avons découvert l’URSS à travers nos différentes
lectures dont l’ouvrage de Pierre Georges, l’URSS1.

C’est un vaste pays qui s’étend de l’Europe et à l’Asie. Notre intérêt réside
dans le fait que cet immense pays de 22.400.000 km 2 a su mettre à profit ses
contrastes climatiques et pédologiques pour se hisser au « rang des pays
industrialisés et devenir la seconde puissance militaire mondiale après les Etats
Unis. »2

La seconde raison est que nous avons voulu étudier et comprendre l’impact
de la politique de Gorbatchev sur le monde soviétique. Malgré sa force militaire
et ses énormes richesses naturelles, le pays se trouve cependant confronté à des
difficultés économiques presque insolubles. Après plus d’un siècle
d’intervention de l’Etat et de bureaucratie improductive, l’économie soviétique
est en pleine déroute. Ainsi, ce grand Etat connaîtra un tournant décisif dans son
histoire à partir de 1985 avec l’avènement au pouvoir de Mikhaïl Sergueievitch
Gorbatchev. Celui – ci lancera une politique de reforme la perestroïka et la
glasnost pour sortir le pays du marasme économique et assurer en même temps
le maintien de l’Union Soviétique et la prédominance du Parti Communiste.
Mais l’échec de ses reformes vont faire disparaître le bloc communiste et
l’URSS.

Le modèle communiste soviétique a toujours été considéré, depuis sa


mise en place dans les années 1920, comme une alternative au modèle libéral. Il
est le modèle de référence des pays communistes et du bloc de l’Est durant la
période de 1945 à 1991.Ce modèle s’est diffusé dans l’immédiat après la
seconde guerre mondiale avec notamment la mise en place de la « doctrine

1
P, georges, 1961, URSS, Paris, Presse Universitaire de France « corbis » 2e édition, 496p.
2
P, georges, 1990, L’économie de l’URSS, Paris, Presse Universitaire de France, p.108

2
Jdanov »3 en 1947, au moment de la constitution des deux blocs, comme la
réplique du modèle américain.

Mais la mort de Staline en 1953, marque un tournant fondamental dans


l’évolution du communisme. Khrouchtchev qui lui succède devient le nouveau
maître du pays et entame une série de reformes. Il lance alors la déstalinisation
et commence une période de relative détente dans la guerre froide. Cependant, le
travail et les efforts de Khrouchtchev, tant sur le plan national qu’international,
sont anéantis lorsqu’à son éviction, Léonid Brejnev prend la tête du Parti
Communiste de l’Union Soviétique (PCUS) et donc du pays. Débute alors une
période de gel, d’immobilisme, qui replonge l’URSS dans une certaine forme de
léthargie. Le pays accuse par conséquent beaucoup de retard sur l’Occident et le
régime se radicalise de plus en plus. Il devient de plus en plus répressif.

Cette période de stagnation politico- économique dure jusqu’en 1982,


année où Brejnev meurt. Le bref intermède Andropov4– Tchernenko5 n’est
marqué que par quelques velléités de reformes. C’est ainsi que le 11 mars 1985,
Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir.

En effet, il constate l’essoufflement du système soviétique qui était


symbolisé par ce spectacle visible de la mort successive des dirigeants
soviétiques, d’abord Brejnev, ensuite Andropov et enfin Tchernenko, c'est-à-dire
toute une génération de responsables qui sortaient du manteau de Staline et qui
ont fait leurs premiers pas dans le régime stalinien. Dans le même temps, on
assistait à l’essoufflement de l’économie soviétique qui dépendait exclusivement
« des ventes du pétrole et du gaz. L’URSS ne parvenait plus à nourrir
l’ensemble de sa population. Les autres pays communistes se trouvaient dans la

3
Cette doctrine a été formulée par Andreï Jdanov en septembre 1947 lors de la conférence de
Szklarska Poreba (Pologne) où sont réunis les partis communistes d’Europe de l’Est, de France et
d’Italie, la doctrine Jdanov affirme la partition du monde en deux camps opposés : le camp
« impérialiste » dirigé par les Etats-Unis, le camp « démocratique et anti-impérialiste » dirigé par
l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Il affirme que là où les communistes n’ont pas
encore pris le pouvoir, ils doivent en prendre la totalité. La doctrine condamne la neutralité. La rupture
est consommée. C’est le début de la Guerre froide.
4
Iouri Vladimirovitch Andropov est né le 15 à Stravropol dans le sud de la Russie d’un père employé des
chemins de fer. Il reçoit une formation de technicien des transports fluviaux à Rybinsk au début des 1930 et
peu après permanent des komsomol, les jeunesses communistes. Il est un diplomate, policier et homme d’Etat
soviétique. Il fut le président du KGB de 1967à 1984. Il devient secrétaire général du PCUS de 1982 à 1984.
Président du soviet suprême de l’URSS 1983 à 1984. Il est mort le 09 février 1984 à l’âge de 69 ans à Moscou.
5
Konstantin Oustinovitch Tchernenko es né le 24 septembre 1911 à Bolshayates Il était un homme politique et
chef d’Etat soviétique ayant exercé les fonctions de secrétaire général du PCUS. Il durera treize mois à la tête
de l’URSS du 13février 1984 où il meurt le 10 mars 1985 à Moscou.

3
même situation. »6Très peu de personnes croyaient encore en l’idéal
communiste.

Au regard de tous ces problèmes, Gorbatchev lançait sa politique de


reformes la perestroïka (la restructuration) et la glasnost (la transparence). Ces
reformes avaient pour but de rendre plus efficient le système soviétique. Il
devrait assurer aussi le maintien de l’Union Soviétique et le rôle prédominant du
PC.

Les années de Brejnev7 qui durent de 1964 à 1982, sont caractérisées à la


fois par une stagnation politique, économique et par la transformation de la
société qui acquiert, de fait, une certaine autonomie face à l’Etat. La nouvelle
équipe opte alors pour le conservatisme politique, tout en recherchant une
meilleure efficacité sur le plan économique. Malgré tous ces efforts apportés,
l’impasse économique dans laquelle se trouve le pays est patente à sa mort en
1982.La période brève d’Andropov et de Tchernenko (1982-1985) ne changera
pas la situation catastrophique (le recul de la productivité, stagnation
économique, troubles généralisées dans les démocraties populaires etc.…) dans
laquelle se trouvait l’URSS. C’est dans cette situation trouble que Gorbatchev
arrive au pouvoir le 11 mars 1985, au poste de Secrétaire Général du PCUS.
Son arrivée représente une source d’espoir, de changement et de renouveau à
l’intérieur comme à l’extérieur. Très rapidement, il fait le diagnostic de la crise
structurelle, qui est avant tout économique, mais également sociale. Gorbatchev
décide alors d’entreprendre des reformes pour insuffler un souffle nouveau à la
vie politique, économique et sociale soviétique. Ces réformes permettront à
l’URSS de rattraper son retard accusé face aux Occidentaux et les Etats-Unis.

Au vu de tout ce qui précède, l’étude de Gorbatchev et la politique


soviétique présente un double intérêt : d’une part elle est importante pour la
compréhension de la politique que va mener Gorbatchev, d’autre part, révèle les
aspects de l’échec de la politique de Gorbatchev et du rôle des conservateurs
soviétiques dans l’effondrement de l’URSS. L’intérêt ici, c’est de prouver que,
la politique de Gorbatchev a permis de frayer la voie de la liberté pour les
6
Entretien oral avec Andrei Gratchev le 15 novembre 2009
7
Leonid Illich Brejnev est né le 19 novembre 1906 à Kamenskoye (de nos jours Dueprodzerzhiusk), en Ukraine,
fils d’un métallurgiste russe. Comme de très nombreux jeunes prolétaires aux temps de la révolution russe il
reçoit une éducation technique, en gestion de territoire puis en métallurgie. Il devient en 1923 membre de
l’organisation de la de la jeunesse du parti communiste, le Komsomol, puis intègre le parti lui-même en 1931.
Homme politique soviétique. Il exerce le pouvoir sur l’Union soviétique de 1964 à 1982, mais d’abord en
association avec les autres. Il est secrétaire général du parti communiste de 1964 à 1982 et deux fois Président
du Praesidium du soviet suprême (chef de l’Etat de 1960 à 1964 et de 1977 à 1982. Il mourut le 10 novembre
1982.

4
peuples de l’Est et à instaurer un climat de détente et de collaboration avec la
communauté internationale, notamment les Etats Unis.

2- CHRONOLOGIE

Pour comprendre Gorbatchev et la politique soviétique, nous analyserons


la situation de 1985 jusqu’en 1991 c'est-à-dire de l’avènement de Gorbatchev à
la tête de l’URSS, à la création de la Communauté des Etats indépendants.

En effet ,1985 est l’année d’accession au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev


à l’âge de 54 ans qui marque de fait la rupture avec le passé. C’est le début
d’une nouvelle ère. Cette année représente pour Gorbatchev la consécration
d’une carrière politique exemplaire et en même temps un nouveau défi à relever,
car son pays se trouvait très en retard par rapport aux Occidentaux. Période à
laquelle Mikhaïl Gorbatchev tentera de donner une nouvelle orientation à
l’économie du pays par des réformes du système soviétique. Il ouvre davantage
son pays au monde extérieur en assouplissant ses relations avec la communauté
internationale.

L’année 1985 représente pour les soviétiques le début d’une nouvelle ère.
C’est une année d’espoir pour ce peuple qui est resté pendant longtemps dans la
dictature de ces vieux dirigeants. L’avènement de Mikhaïl Gorbatchev à la tête
de l’URSS semble être le choix d’un peuple qui est dans le désarroi. Car en
moins de trois ans il a perdu des principales figures du pays. C’est pourquoi les
membres, du Comité Central du PCUS, le plus souvent très âgés, choisissent
Mikhaïl Gorbatchev qui semble être le plus apte à sortir le pays de la situation
de faillite. Nous constatons que cette date marque aussi une période de prise de
conscience populaire sur la nécessité de reformer le système soviétique.

L’année 1991 est marquée par la démission de Mikhaïl Gorbatchev et de la


dislocation de l’URSS. Elle représente pour Gorbatchev l’échec de sa politique
de réformes du système soviétique et aussi la fin de sa carrière politique sur le
plan national et international.

En fait, en cette année 1991, le débat politique se voit négliger au profit de


la question du passage à l’économie de marché pour se concentrer sur l’avenir
de l’URSS et sur la question des nationalités. D’un côté le PCUS soutient et
félicite des actions engagées contre les tentations indépendantistes, de l’autre
côté, les démocrates, l’Eglise, ainsi que diverses organisations soutiennent les
évolutions démocratiques et prônent le respect des choix. Cette année

5
représente aussi pour les soviétiques un nouveau départ de leur histoire avec la
création de la C.E.I. Ils ont pris leur indépendance après la dislocation de
l’URSS.

3 - CADRE GEOGRAPHIQUE

Née le 22 décembre 1922, l’URSS est un vaste Etat fédéral, multinational dans
lequel s’inscrit républiques fédérées, républiques autonomes, districts et
territoires nationaux. Elle est située en Europe centrale, orientale et regroupe
tous les pays centraux et orientaux européens. Elle est composée de quinze
républiques fédérées, à savoir la république socialiste d’Arménie,
d’Azerbaïdjan, de Biélorussie, de Moldavie, de Russie, du Tadjikistan, de
Géorgie, de Kazakhstan, de Turkménistan, d’Ukraine, d’Ouzbékistan, de
Lituanie, de Lettonie, d’Estonie et du Kirghizistan. Sa capitale est Moscou « et
occupe 1/6 des terres émergées avec une superficie de  22.400.000 km2 sur
laquelle vit une population estimée à plus de 289 millions d’habitants. C’est le
pays le plus vaste et le plus étendu du monde et se classe au troisième rang
mondial après la Chine et l’Inde pour la population.  C’est un pays qui n’est pas
semblable aux autres. C’est presqu’un continent où se rencontre l’Europe et
l’Asie ».8

A ces frontière, nous avons : Au Nord-Ouest, nous avons l’océan Atlantique, la


Norvège, la Finlande, la Mer Baltique, à l’Ouest la Mer Noire, la Pologne, la
Roumanie, la Turquie, au Sud-ouest la République Islamique d’Iran,
l’Afghanistan, la Mer Caspienne et enfin au Sud-est la République populaire de
Chine, la Corée du Nord et la Mongolie.

8
H. Carrière. D’Encause, 1978, l’empire éclaté, la révolte des nations en URSS, Flammarion, p.9.

6
CARTE DE L’URSS EN 1985

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II – ETAT DE LA QUESTION

L’ensemble des ouvrages qui ont concouru à la réalisation de ce travail peut être
regroupé en trois aspects.

1 - Aspect politique

Martin Malia, dans La tragédie: histoire du socialisme en Russie 1917-


1991 fait un récit global de l’évolution du communisme soviétique sur soixante
quatorze ans, des origines à sa fin. L’auteur fait un essai d’analyse et
d’interprétation du phénomène soviétique. Cependant il ne met pas en exergue
le rôle majeur joué par Mikhaïl Gorbatchev dans la dislocation de l’empire
soviétique, encore moins ne montre- il pas les limites de la politique de
Gorbatchev pendant ses six ans de règne.

C’est Andrei S. Gratchev, dans l’histoire vraie de la fin de l’URSS qui


retrace avec passion, mais sans complaisance, la véritable histoire des derniers
mois du règne de celui qui fut à la fois le dernier Tsar rouge et le premier
réformateur de l’empire soviétique. En nous faisant partager ses espoirs et ses
doutes, ses victoires dérisoires et ses cuisantes défaites face à la coalition des
barons républicains avides de pouvoir, l’auteur nous permet d’entrée de plein
pied dans la nouvelle réalité de la CEI et nous donne les clés pour comprendre
l’attitude, le caractère et le politique des nouveaux maîtres de l’ancienne URSS.
Toutefois cet ouvrage présente des limites. L’auteur ne nous donne pas tous les
aspects de la politique enclenchée par Mikhaïl Gorbatchev. Il ne fait qu’un récit
des faits vécus.

Quant à Jacques Baynac, dans la révolution Gorbatchévienne qui présente


une analyse de la politique soviétique, l’auteur s’est efforcé d’intégrer une
actualité intense. L’auteur s’est assigné pour objectif de montrer les
développements de la pensée Gorbatchévienne. Pourtant, cette œuvre présente
une faiblesse qui tient dans le fait que l’auteur ne relate pas les problèmes que
l’URSS présentait avant l’arrivée de Gorbatchev. Il ne parle non plus de la
situation de l’URSS sous le règne de Brejnev.

2- aspect économique

Abel G. Aganbeguian, dans la Perestroïka le double défi soviétique


concerne la Perestroïka de la vie économique, il traite des problèmes posés et

8
les tâches à accomplir. L’auteur décrit tous les multiples aspects de la
Perestroïka (accélération du développement socio-économique). Il retrace le
fonctionnement de l’économie Russe et donne comme solution la perestroïka.
Mais il faut noter que celui-ci ne met pas l’accent sur la situation économique de
l’URSS qui a poussé Mikhaïl Gorbatchev à adopter sa politique de reforme. De
plus, il ne parle pas de l’échec de la Perestroïka n’évoque même pas les
insuffisances de cette reforme.

Histoire de la Perestroïka de Pascal Lorot fait une analyse de l’économie


soviétique avant l’avènement de la Perestroïka. Ensuite, il fait la description de
l’histoire Soviétique. Et enfin, il montre les oppositions que celles-ci a reçues de
la part des conservateurs. Pascal Lorot n’a pas montré les limites de cette
politique de reforme. Il s’intéresse peu à la vie économique de l’URSS pendant
la gouvernance de Gorbatchev. Il ne retrace que les évènements qui ont marqué
les années de Gorbatchev.

L’ouvrage de Pierre Georges, l’économie de l’URSS fait l’état des lieux


de l’économie soviétique, de la création de l’Union Soviétique jusqu’à sa
dislocation. Pierre Georges fait une description pour montrer l’aspect
géographique de l’URSS et présente la multiplicité de la population dans le
développement de l’URSS. Mais cette œuvre présente des limites au niveau de
l’organisation de la société et de la vie des nationalités vivantes sur le sol
soviétique. L’ouvrage ne fait pas ressortir la politique économique mise place
par Gorbatchev.

3 - Aspect social

Dans l’ouvrage de Basile Kerblay, la société soviétique contemporaine et


celui de Nicholas V. Riasanosky, histoire de la Russie des origines à 1996,
donnent une idée générale sur la société soviétique, mettent en relief les
fondements de la société jusqu’à sa chute. La société soviétique est une société
complexe qui présente plusieurs facettes. Elle a une organisation un peu difficile
qui est victime d’une dictature du PCUS. Les deux auteurs ne mettent pas trop
l’accent sur la vie des populations soviétiques et ne montrent pas les difficultés
rencontrées par cette population. Ils ne mettent pas l’accent sur les différents
maux de la société soviétique.

III – PROBLEMATIQUE

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A la fin de l’époque brejnévienne, le bloc socialiste se trouvait dans une
situation très déplorable. La société civile indépendante était en grande partie en
exil, alors que la corruption au sein de l’Etat via le P.C, était devenue légendaire.
De plus, l’URSS devait consacrer une énorme partie de son budget à l’armée.

Sur le plan international, l’URSS avait perdu beaucoup d’alliés, car son
modèle social séduisait de moins en moins, sans parler du rejet que provoquait la
guerre en Afghanistan depuis 1979. Dans les pays satellites les régimes
totalitaires étaient remis en cause. L’URSS qui était en pleine crise économique
éprouvait des difficultés à soutenir les partis locaux de ses satellites. Il était donc
temps d’entreprendre des reformes pour sauver l’Union Soviétiques de ces
difficultés. C’est dans cette atmosphère inquiétante qu’arrive Mikhaïl
Gorbatchev, nouveau dirigeant de l’URSS. Il va donc lancer sa politique de
reforme perestroïka et glasnost pour réorganiser le système soviétique afin
d’atteindre le niveau de développement des Occidentaux. Mais l’échec de ces
reformes causeront l’effondrement du bloc communiste et la disparition de
l’URSS.

En quoi est ce que l’avènement de Gorbatchev marque un tournant décisif


dans la politique soviétique ? Quelle a été l’influence de sa politique sur la
société soviétique et le reste du monde ? Quel a été le rôle joué par Gorbatchev
dans l’évolution du monde soviétique ?

1 – Objectif général

Nous voulons par cette étude montrer le rôle joué par de Mikhaïl
Gorbatchev dans les reformes entreprises en l’URSS.

2 – Objectif spécifique

- montrer la situation dans laquelle se trouvait l’URSS en 1985 ;


- mettre en relief l’avènement de Mikhaïl Gorbatchev à la tête de l’URSS et
les fondements de ses reformes ;
- faire ressortir l’impact des reformes sur l’URSS et le reste du monde.

3 – Les hypothèses

- La politique soviétique au plan interne était caractérisée par le


conservatisme,

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- L’économie soviétique à cause de l’immobilisme accusait un retard par
rapport à celle de l’Occident,
- La société soviétique était caractérisée par la pauvreté,
- Les nombreuses inégalités sociales avaient constitué des entraves à la
cohésion de la société globale,
- Les réformes s’imposaient à l’URSS pour remodeler sa société,
- L’échec des réformes est lié à l’opposition entre conservateurs et libéraux.

IV – LA METHODOLOGIE

Pour rendre compte de l’action de Gorbatchev et de la politique soviétique


de 1985 à 1991 soit de l’avènement de Gorbatchev à la tête de l’URSS jusqu’à
la dislocation de ce pays, nous avons rassemblé et sélectionné les sources qui ont
un rapport avec le présent sujet. Cela nous a permis d’exposer les faits, de
disposer dans une chronologie de sorte qu’ils fassent ressortir les différentes
étapes qui nous conduisent de 1985 à 1991. Ce travail relate l’histoire de
l’Union Soviétique de 1985 à 1991. C’est l’aboutissement d’une série de
recherches bibliographiques menées à travers la ville d’Abidjan afin de réunir
les documents nécessaires pour la réalisation de cette étude.

Nous ne saurions continuer cette analyse sans faire mention des


difficultés rencontrées. Elles ont été énormes. Tout d’abord le difficile accès aux
sources, car l’Union Soviétique se trouve sur un continent autre que l’Afrique.
Et ensuite la difficile traduction des sources et des ouvrages car, ils sont pour la
plupart en anglais et en russe, des langues que nous ne pratiquons pas. Pour cela,
nous avons bénéficié de l’aide de certains spécialistes pour la traduction des
textes.

1 - Sources d’archives

Pour conduire notre étude, nous avons utilisé un certain nombre


d’informations. En effet, dès le choix de ce sujet, nous étions très conscient des
difficultés qui nous attendaient quant aux sources d’information relative à
Gorbatchev et la politique soviétique. Il était par conséquent important d’avoir
accès aux sources d’archives, ce qui a été très difficile pour nous. Mais grâce à
la représentation diplomatique qui se trouve dans notre pays nous eu accès à un
recueil d’archives intitulé Cold War International History Project. Ces
différents textes nous ont donnés un éclairage sur notre étude. Ce recueil traite
de la période de stagnation de l’URSS et de la politique que Mikhaïl Gorbatchev

11
a mise en place. Outre ce document, notre s’est enrichi également par une
masse de donnée issue de la presse qui constitue d’ailleurs notre principale
source. Ils sont pour la plus part de la presse Occidentale comme le Monde
Diplomatique, le Monde, Libération, Paris Match, le Nouvel Observateur, et de
la presse de l’URSS tel que Novosti, la Pravda.

2-Sources orales

Les sources orales sont ici une série d’entretiens que nous avons effectués
auprès d’anciens acteurs du système soviétique. Ces données ont contribué à
combler le manque de renseignements sur toute la société soviétique qui fait tant
défauts dans les documents écrits. Il était donc important de faire appel aux
témoignages des personnes qui ont vécu cette période ou ceux à qui on a
transmis quelques connaissances afin de faire des confrontations. Ainsi, pour la
réalisation de ce travail, nous avons entrepris une série d’enquêtes auprès des
russes vivant sur le sol ivoirien, et de certains russes venus en Côte d’Ivoire pour
des visites d’amitié. Pour ces enquêtes, nous avons élaboré un questionnaire.
L’enquête était individuelle et collective. Nous avons adopté le procédé du
questionnaire indirect, semi direct et direct afin de permettre à nos enquêtés de
dire tout ce qu’ils savent sur Gorbatchev et la politique soviétique qui puissent
nous aider à vérifier certaines informations déjà recueillies.

Pour l’exploitation des informations recueillies, nous avons procédé à une


étude thématique des textes à travers une analyse de description, de transcription
et de comparaison.

D’abord, l’analyse de transcription. Elle s’est faite en deux étapes. Il y a la


traduction littérale et la traduction propre.

La première traduction nous permettra de donner dans la langue de


traduction le correspondant de tous les mots dans son contexte en tenant compte
du contexte sémantique. Quant à la deuxième traduction, elle nous donnera
toujours de cette langue les énoncés du texte. Il faut noter que ces opérations de
traduction ont été d’un apport capital pour nous, car nous pu avoir une meilleure
compréhension des contenus des textes.

Ensuite l’analyse descriptive, elle nous a servi à aboutir à la connaissance


des informations selon les différents thèmes choisis pendant l’enquête. Cette
analyse a contribué ensuite à bien mettre à jour notre thème d’étude et à extraire,
à sélectionner les différents éléments significatifs à nos informations recueillies.

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Enfin l’analyse comparative quant à elle sert à établir les différences et les
analogies entre des textes écrits. Cette importante analyse s’est imposée à nous
eu égard à la pluralité des textes oraux et la multiplicité des textes nécessaires à
la vérité.

En somme, toutes ces analyses tiennent leur utilité du fait qu’elles ont rendu
possible la synthèse des renseignements, mais aussi ont permis de vérifier la
véracité de certaines informations recueillies issue des archives, la
documentation globale consultée au cours de nos investigations. Elles ont de ce
fait pallié les insuffisances et les omissions contenues dans les livres, aussi de
faire ressortir la vérité. Toute chose qui a contribué de rétablir les dans leur
vérité historique.

En ce qui concerne les entretiens, nous avons bénéficié de l’aide de


Kouamé Koffi Bertrand, homme d’affaire ivoirien vivant à Moscou qui est venu
à Abidjan avec Andreï Gratchev, ancien conseiller du président Gorbatchev et
auteur de nombreux ouvrages sur la question, pour une visite d’amitié. Nous les
avons rencontrés à Abidjan dans les locaux de l’Ambassade de la Russie en Côte
d’Ivoire au quartier de la Riviera Golf.

Nos échanges ont porté sur la situation de l’URSS lorsque Gorbatchev


engage ses reformes, sur l’attitude de la population soviétique vis-à-vis de ces
réformes et les limites de celles-ci.

A cela il faut ajouter l’entretien avec son Excellence Oleg Vladimirovitah


diplomate russe vivant sur le sol ivoirien grâce à Agathe Bitah, attaché culturel à
l’ambassade de Côte d’Ivoire en Russie. Il a porté sur le comportement de la
société russe avant l’avènement de Gorbatchev et les effets de la politique de
celui- ci sur l’ensemble de l’empire soviétique.

Il ressort de l’entretien avec Gratchev que la politique de reforme était


urgente et nécessaire dans un système soviétique en pleine décadence. Ce
système avait atteint ses limites. Mais la population qui était longtemps
opprimée acquiert une certaine liberté et connut les vrais problèmes de leur
pays. D’où le désir d’indépendance des pays qui composaient l’union soviétique.

Quant à Oleg Vladimirovitah, l’URSS a été simplement victime du complot


des Occidentaux. Il voit cependant une nouvelle vision pour la Russie actuelle
et considère que le passé de l’ex-URSS ne doit pas agir dans la Russie nouvelle.
Il fait plutôt l’éloge de la nouvelle Russie, de la création de la C.E.I à

13
aujourd’hui ce qui dépasse largement notre cadre d’étude. Ils préfèrent plutôt
parler de l’URSS en tant que puissance mondiale mais pas plutôt qu’un pays au
bord du gouffre.

3 - Les sources bibliographiques

Les ouvrages utilisés sont nombreux et diversifiés, car ils proviennent de


plusieurs auteurs de différentes nationalités. Ils relatent la situation qui a prévalu
avant l’avènement de Gorbatchev, pendant ses années au pouvoir et après la
dislocation de l’URSS. Ces ouvrages sont subdivisés en plusieurs catégories.

D’abord, nous avons les ouvrages généraux qui intéressent d’une manière
générale de l’URSS, de sa formation à sa dislocation.

Ensuite, les œuvres spécifiques qui traitent de la vie de Gorbatchev et de sa


politique en l’URSS. Celles- ci retracent la situation proprement dite de
l’empire soviétique avant son effondrement.

Et enfin, des ouvrages qui examinent la politique étrangère et intérieure de


l’URSS, des organisations de la société soviétique et de l’impact du Parti
Communiste de l’Union Soviétique (PCUS) sur la population soviétique.

4 - Les bibliothèques virtuelles

Nous avons consulté des bibliothèques virtuelles sur Gorbatchev et la


politique soviétique qui sont :

*la bibliothèque et archives du Québec (www.bnquebec.ca);

*la bibliothèque de l’Université du Québec (www.biblothèques.uqam.ca);

*European Navigator de Luxembourg (www.ena.lu)

*www.diploweb.com

*www.fr.rian.Ru

Ces bibliothèques nous ont permis de faire une analyse minutieuse sur
Gorbatchev et la politique soviétique, d’approfondir nos recherches sur le
monde soviétique. Mais il faut noter que toutes ses sources présentent aussi des
faiblesses, car ceux qui relatent de Gorbatchev et la politique soviétique le font
souvent avec passion ou avec dédain. Dans de telles conditions il est difficile de
mener à bien une analyse objective.

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V – PRESENTATION DU PLAN
Ces sources et cette bibliographie nous ont permis de regrouper les
informations nécessaires, de montrer Gorbatchev et la politique soviétique de
1985 à 1991. Cette étude suivra trois centres d’intérêt.
Le premier centre d’intérêt est consacré à l’URSS de l’accession de
Gorbatchev au pouvoir en 1985. Il est divisé en trois chapitres. Le premier
chapitre traite de l’organisation politique et administrative de l’URSS. Il est
caractérisé par la situation politique interne comme externe de l’URSS et du
système administratif soviétique. Le second chapitre s’attarde sur l’activité
économique. Il va donc montrer l’état de l’agriculture soviétique et de la
situation de l’industrie soviétique. Le dernier chapitre traite de la société
soviétique et les problèmes rencontrés par celle-ci.

Le second centre d’intérêt traite de l’avènement de Mikhaïl Gorbatchev au


pouvoir et des reformes politiques, économiques et sociales 1985-1986
engagées. Cette partie est marquée dans son premier chapitre par une biographie
sommaire de Gorbatchev. Il retrace l’origine de l’homme, sa vie sociale, son
parcours politique et son accession au pouvoir en 1985. Le deuxième chapitre
s’intéresse aux principales reformes de Gorbatchev, c'est-à-dire la glasnost et la
perestroïka. Le troisième relate les limites de ces réformes. Il sera question des
différents problèmes politiques et des problèmes de la société rencontrés au
cours de la mise en œuvre de sa politique de réforme.

Le dernier centre d’intérêt montrera l’impact de ces réformes dans les


relations internationales. Il est scindé en deux chapitres dont le premier traite
des relations entre l’URSS et les pays du monde communiste. Il est relatif aux
contestations internes, à la dislocation de l’URSS et du bloc soviétique. Le
second s’intéressera au rapprochement entre l’URSS et l’Occident. Il est axé
autour de deux mouvements, à savoir les facteurs du rapprochement et les
conséquences de celui-ci.

15
PREMIERE PARTIE :
L’URSS A L’ACCESSION DE GORBATCHEV
AU POUVOIR EN 1985

Depuis la mort Staline en 1953, la politique soviétique connaît un grand


bouleversement, plus où moins radical, selon les dirigeants qui se succèdent à sa
tête. Nikita Khrouchtchev qui succède à Staline, entame une politique de
déstalinisation qui s’ouvre sur une période de relative détente dans la guerre
froide. Cependant, le travail et les efforts de Nikita Khrouchtchev, tant sur le
plan national qu’international sont anéantis lorsqu’à son éviction, Léonid
Brejnev prend la tête du parti donc du pays. Débute ainsi une période de regel,
16
d’immobilisme qui replonge l’URSS dans la léthargie. Le pays accuse de ce fait
beaucoup de retard sur le reste du monde et le régime se radicalise, devenant
même plus répressif. La liberté d’expression et la presse sont muselées par une
censure intransigeante. Cette période de stagnation politique, économique et
sociale dure jusqu’en 1982 année où Brejnev meurt. Iouri Andropov, ancien
directeur du KGB9 (1967-1982) qui perçoit les faiblesses du système et tente de
le reformer. Il n’aura malheureusement pas le temps car il meurt en 1984 deux
ans après son accession au pouvoir.

C’est alors que Konstantin Tchernenko prend la tête du pays. Il retourne au


communisme pur et dur de l’ère Brejnev et moura treize mois plus tard c'est-à-
dire le 10 mars 1985. A sa mort l’URSS était en pleine ruine. L’organisation
politique et administrative, l’activité économique et la situation sociale de
l’URSS est de plus en plus dégradée. C’est cette situation préoccupante de
l’URSS que nous analyser durant toute cette partie.

CHAPITRE I : L’ORGANISATION POLITIQUE ET


ADMINISTRATIVE DE L’URSS

Après la seconde guerre mondiale, le système soviétique connut une


évolution très rapide. Ce système qui était basé sur une doctrine politique
communiste fondé sur la dictature du prolétariat, la domination d’un parti le
PCUS et une économie planifiée a séduit bons nombres de pays. Mais au fil des
9
Crée le 13 mars 1954, il est l’organisation chargée de la sécurité de l’URSS. C’est la police secrète de l’union
soviétique et des services des renseignements généraux. Ces domaines de compétences le contre –espionnage,
l’espionnage extérieur, la liquidation des opposants et des organisations contre révolutionnaires à l’intérieure
de l’URSS et à l’étranger.

17
années ce modèle connaitra des difficultés dans mise en œuvre. L’analyse de la
politique et de l’organisation de son administration nous permettra de mieux
cerner les problèmes rencontrés.

I- LA SITUATION POLITIQUE DE L’URSS

Le blocage de la politique soviétique peut se percevoir aussi bien sur le


plan national qu’international.

1- Au plan intérieur

Pendant les années de gestion du pouvoir de Khrouchtchev (1953-1964),


Brejnev avait approuvé la dénonciation de la dictature de Staline, la
réhabilitation des victimes des purges10et la libéralisation limitée de la vie
politique et intellectuelle soviétique. Mais dès que Brejnev accède au pouvoir, il
fait arrêter les reformes entamées par Khrouchtchev et reprend la
réhabilitation insidieuse de Staline. Il va étouffer progressivement la liberté
d’expression des intellectuels. La police politique (le KGB) se voit octroyer des
pouvoirs de contrôles et de répression accrus et perfectionnés contre toutes
formes de dissidences. Brejnev s’entoure de membres permanents (apparatchiks)
du PCUS et son pouvoir devient une véritable gérontocratie. Il maintient les
privilèges de ces membres permanents qui forment son appui politique. Ce
gouvernement d’hommes âgés entraîne toute la politique soviétique sur une
pente conservatrice.

Durant les années 1970, Brejnev consolida sa position dominante au sein


des instances dirigeantes. Pendant ces années passées à la tête de l’URSS, toute
sa politique intérieure sera axée sur sa personne. Il cumule les fonctions de chef
de l’Etat, de chef de gouvernement, des armées et de Secrétaire Général du
PCUS. Brejnev finit par être l’homme le plus décoré de l’URSS, son œuvre
écrite était éditée plusieurs fois et son nom auréolé de louanges. Il revient donc
au bon vieux temps du stalinisme. En 1977, Brejnev et son équipe adoptent une
conception du pouvoir, dans laquelle le PCUS joue le « rôle dirigeant»11. Le
PCUS est donc le moteur du fonctionnement de la vie politique soviétique. C’est
le PCUS qui prend à toutes les échelles les décisions du pays. Toute cette
situation intérieure reflète bien l’image du système soviétique à l’extérieure.
10
Les purges consistaient à une élimination drastique des personnes qui ont trahi .Ceux-ci ne méritaient plus
leur appartenance au parti, la perte de l’affiliation dans l’élite faisait non seulement perdre des avantages
sociaux essentiels, par exemple pour les fonctionnaires tout espoir d’avancement, mais souvent la liberté ou la
vie.
11
F, benoît, 1977, L’URSS et la cei depuis 1945, seuil, p.47

18
2- Au plan international

Lorsque Brejnev arrive au pouvoir, la puissance soviétique semblait moins


solide dans l’arène internationale. L’URSS était confrontée par une crise interne
et externe. L’Union Soviétique était très en retard sur les Etats –Unis. Elle ne
pouvait plus se lancer dans une course à la conquête de l’espace. Les succès
initiaux de la course à l’espace furent éclipsés car l’URSS est dans l’incapacité
d’envoyer un cosmonaute sur la lune comme les Etats –Unis.

Ainsi envers les satellites Est-européens, la position adoptée par les


dirigeants soviétiques est marquée par la doctrine Brejnev ou la doctrine de la
souveraineté limitée qui veut que Moscou se mêle des affaires intérieures des
pays membres du bloc socialiste lorsque les intérêts de l’URSS sont menacés.
C’est dans cette perspective que les troupes du Pacte de Varsovie interviennent
en 1968 en Tchécoslovaquie contre le printemps de Prague pour rétablir un
ordre favorable aux soviétiques, lorsque le tchécoslovaque Alexandre Dubcek a
tenté de procéder à une libéralisation de son pays qui aurait pu gagner les autres
Etats du bloc communiste. C’est ainsi qu’ils remplacèrent le gouvernement par
des hommes dévoués à l’Union Soviétique. Cette intervention brutale marqua
pour deux décennies les limites de l’autonomie que Moscou laissait à ses
satellites. Brejnev est par ailleurs soucieux de défendre et même d’étendre le
bloc socialiste comme c’est le cas dans les années 1970 notamment en Afrique,
en Asie et en Amérique Latine.

En effet, dans les 1970 on assiste à un repli américain après la guerre du


Vietnam. Battus et traumatisés au Vietnam, les Etats-Unis traversent donc une
crise de confiance et limitent leurs interventions à l’extérieur. Cette crise de
confiance intervient pendant la présidence du démocrate Jimmy Carter élu en
1976. A cette période s’ouvre une période d’hésitation pour la diplomatie
Américaine. D’abord le scandale Watergate qui avait obligé le président Nixon
à démissionner en 1974. A cela s’ajoute le retrait sans victoire, ni gloire au
Vietnam. Toute l’Amérique souffre de cette défaite du Vietnam. Les vétérans de
la guerre sont mal accueillis par la population. Ce sont des soldats de l’échec et
de la défaite. Ils sont rejetés de partout et par tous les Américains. Le doute de
l’Administration Américaine va encore s’accentuer avec la prise d’otages des
membres de l’ambassade américaine à Téhéran en 1979. Pendant cette période
leur allié, le Shah est renversé par une révolution islamique menée par
l’ayatollah Khomeiny.

19
Tous ces faits mettront les Etats-Unis dans le doute et la voie sera libre
pour l’expansion du communisme dans le monde. C’est ainsi que Brejnev va en
profiter pour étendre et défendre le bloc communiste partout. Cette expansion se
fera soit directement soit par pays interposés. L’URSS appuie donc tous les
pays qui sont proches d’elle idéologiquement.

En Afrique, la décolonisation profite à l’instauration du communisme car


elle est constituée d’Etats économiquement faibles et politiquement instables.
L’indépendance de ces pays est récente et les pouvoirs sont fragiles.

En Amérique Latine, le désengagement américain laisse le champ libre aux


forces révolutionnaires qui parviennent parfois à prendre le pouvoir. C’est le cas
en 1979 dans l’île de la Grenade, mais aussi au Nicaragua où le dictateur
Somoza, abandonné par les Etats-Unis, est renversé par une révolution de type
marxiste menée par les Sandinistes de Daniel Ortega.

En Asie, l’URSS porte son soutien au Vietnam communiste réunifié depuis


1975. Les soviétiques envahissent l’Afghanistan en 1979 pour soutenir le Parti
Communiste Afghan.

Mais il faut noter que Brejnev n’a pas eu une politique agressive seulement.
Il a opté aussi pour la détente des relations Est-ouest dans le but de refaire le
retard de l’URSS sur les Etats Unis. C’est ainsi qu’il signe en 1968 le traité de
non prolifération des armes nucléaires. On entend par la non prolifération des
armes nucléaires l’augmentation du nombre d’Etats possédant ces armes. « Le
but des deux superpuissances est de préserver au maximum leur monopole sur
cette arme (et donc leur supériorité). Mais cette politique sera inaugurée par la
visite du président américain Richard Nixon à Moscou en mai 1972 et la
signature à cette occasion de l’accord SALT I sur la limitation des armes
stratégiques. Ils se mettent d’accord pour limiter leur production de certains
types d’armes (missiles intercontinentaux à longue portée pouvant atteindre
leurs territoires, les ICBM). Ce traité SALT I est suivi en 1979 d’un second
accord SALT II visant à poursuivre ces limitations. Le point culminant de la
détente fut la signature de l’acte final d’Helsinki en 1975 entre l’URSS et
l’ensemble des européens et Nord américains qui consacrent quelques
principes. »12

Le premier principe donne satisfaction aux Soviétiques en garantissant


l’inviolabilité des frontières européennes. Les frontières issues de 1945 sont
12
M. malia, 1995, L tragédie soviétique : Histoire du socialisme en Russie 1917- 1991, Edition Seuil, p.473-475

20
donc acceptées, en contrepartie les Soviétiques acceptent que les Etats
participant respectent les droits de l’homme et les libertés fondamentales y
compris de conscience et religieuses.

Le second principe devait favoriser la coopération entre Etats sur


l’économie, la science, la technique. Malgré les différents traités, la période
correspond à une augmentation considérable des armements, en particulier pour
l’URSS avec une volonté de rattraper son retard. On assiste donc à une course
aux armements non plus sur les quantités d’armements parfois limités, mais sur
leurs capacités. Par exemple, si le nombre de missiles est désormais limité, on
construit des missiles à tête multiples c'est-à-dire contenant plusieurs nucléaires.
L’URSS à partir de 1980 commence à tester de nouveaux missiles de moyenne
portée qu’elle veut installer en Europe : les SS 20.

La réplique américaine avec le président Ronald Reagan est immédiate. « Il


décide alors une forte augmentation des dépenses militaires et prend des
mesures pour contrer les Soviétiques notamment avec l’installation en Europe
de l’Ouest de fusées Pershing II missiles de croisière susceptible d’atteindre le
territoire soviétique en 1981.A cette situation de bataille des euromissiles en
Europe, il faut mentionner l’envahissement de l’Afghanistan par les soviétiques
en 1979 ce qui fait que le sénat américain ne ratifie pas les SALT II. »13
L’invasion de l’Afghanistan marque le retour des tensions entre les deux
superpuissances. La situation reste tendue entre les deux jusqu’en 1983 où le
président américain Ronald Reagan annonce l’Initiative de Défense Stratégique
(IDS). Il s’agit en effet d’installer des satellites visant à réaliser un bouclier
spatial destiné à protéger le territoire américain en détruisant en vol, grâce à un
réseau de canons à lasers placés sur orbites tous les missiles provenant des bases
de l’adversaire. Toute cette volonté de l’URSS de se hisser au même niveau que
les Occidentaux n’a pu se réaliser à cause de son système administratif lourd.

II- LE SYSTEME ADMINISTRATIF

1- L’organisation du pouvoir

L’URSS est un Etat multinational constitué selon le principe du fédéralisme


socialiste, par suite de la libre autodétermination des nations et l’association
librement consentie des républiques socialistes soviétiques égale en droit. C’est

13
M. malia, 1995, op cit. p.500

21
donc fédéré l’union des Républiques Socialistes Soviétiques de Russie, de
l’Ukraine, de la Biélorussie, d’Ouzbékistan, de Kazakhstan, de Géorgie,
d’Azerbaïdjan, de Lituanie, de Moldavie, de Lettonie, de Kirghizistan, de
Tadjikistan, d’Arménie, du Turkménistan et d’Estonie.

La gestion de ces quinze (15) territoires est rendue possible grâce à une
répartition du pouvoir entre le «peuple, l’Etat et le parti »14. Le peuple
soviétique élit un parlement bicaméral (deux chambres) le soviet suprême et
l’Etat exerce son autorité par l’intermédiaire d’un gouvernement et une
administration très nombreuse. L’organisation même de l’Etat repose sur les
soviets (les comités ou les conseils). Ces soviets forment une sorte de pyramide,
où à la base se trouve les très nombreux soviets de villages, de petits bourgs, de
villes et au sommet de cette pyramide se trouve le soviet suprême de l’URSS.
Entre ces deux extrêmes se trouvent toujours élus au suffrage universel de
nombreux échelons intermédiaires (soviet de région, de républiques etc.…).

C’est dire que dans chaque république fédérée jusqu’au dernier village,
nous avons le soviet des députés qui n’était qu’une assemblée fantôme. Elle était
subordonnée au supérieur et cela jusqu’au soviet suprême de l’URSS. En même
temps, chacun d’eux nommait son comité exécutif qui était soumis à une autre
subordination vis-à-vis du soviet qui l’avait élu et de l’exécutif du niveau
supérieur et cela jusqu’au gouvernement de l’Union. Ainsi donc le « soviet
suprême de l’URSS est l’organe supérieur du pouvoir d’Etat de l’URSS»15. Il
nomme le conseil des ministres et décide des lois.

Parallèlement aux soviets, les organisations des syndicats et surtout du


P.C exercent de très grands pouvoirs. En effet, toute cette organisation
territoriale et administrative n’était qu’un décor. Le véritable pouvoir dans tous
les domaines de la vie était aux mains du P.C. Les organisations de base du
parti, les cellules, se situent sur le lieu du travail. Les communistes se trouvent
au premier plan de l’entreprise industrielle, agricole et de l’administration. Ces
organisations fonctionnent dans le cadre d’une structure qui épouse celle de
l’Etat : République fédérée, région, district, arrondissement, commune.

Quant à l’organisation centrale du parti, elle respecte un schéma assez


simple. Nous avons le Comité Central du parti en premier lieu qui « est dans le
système soviétique, un maillon décisif du pouvoir et le lieu où se rassemble

14
H, Carrière, d’Encause, 1980, Le pouvoir confisqué : gouvernants et gouvernés, Flammarion, p.68
15
D, Colas, 1977, Les constitutions de l’URSS et de la Russie (1905-1993), puf, que sais-je, p.67

22
l’élite politique qui dirige l’URSS.»16Il se réunit au cours d’un congrès où le
programme du parti est établi, après avoir jugé de l’application de la politique
précédemment définie, adopte les grandes orientations valables pour les années
à venir.

En second lieu, nous avons deux organes essentiels qui sont les
véritables centres de décisions : le politburo (bureau politique) et le secrétariat
du P.C. Ces organes importants sont deux instances beaucoup plus restreintes
dont l’activité est permanente ou quasi permanente. Le Comité Central possède
un secrétariat dont la mission est de veiller à l’application des décisions du parti.
Il est composé de dix (10) à vingt (20) membres, et est dirigé par le Secrétaire
Général qui est reconnu comme chef du parti. Cet organe d’action, le secrétariat
du Comité Central, dispose de services importants composés d’agents de qualité
qui lui permettent de suivre des organes de l’Etat.

Quant au bureau politique, c’est un organe restreint qui comprend entre


dix (10) et trente (30) membres qui dirigent le parti dans l’intervalle des
réunions du Comité Central. C’est un « véritable gouvernement qui impose ses
décisions aux autres institutions politiques.»17

Pour résumer, nous pouvons dire que la réalité du pouvoir en URSS est
entre ses trois organes. D’après Merle Fainsod « le vrai parlement de l’URSS
c’est le Comité central du parti ; le vrai gouvernement est le politburo ; et le
vrai premier ministre est le secrétaire général »18Toute cette situation nous
montre que les dispositions prise par la constitution soviétique n’est que
décorative. En réalité le P.C est le détenteur de tous les pouvoirs en URSS. Il
joue un rôle dirigeant.

2- Le rôle dirigeant du PCUS

Le système soviétique est basé sur un système de parti unique. Dans ce


système le PCUS est considéré comme le noyau de l’administration soviétique
et politique. C’est pour compte tenu de ce développement du système qu’en
1977 Brejnev remplace la constitution stalinienne de 1936 par un nouveau texte.
Il donne libre choix aux membres du PCUS de gérer tous le pays. Le PCUS est

16
H, Carrière, d’Encause, idem
17
H, Carrière, d’Encause, op.cit, p.80
18
HOUGH,J.F, FAINSOD,M., 1979,How the soviet union is governed, Harvard, p.409

23
représenté à tous les niveaux de l’administration d’où le nombre considérable de
ses membres en 1985estimé à «seize million »19.

Par ailleurs, c’est officiellement pour la première fois que le rôle dirigeant du
P.C est dit : «il  est la force qui dirige et qui oriente la société soviétique, il est
le noyau de son système politique, des organisations d’Etat et des organisations
sociales. Le parti communiste de l’union soviétique existe pour le peuple, est au
service du peuple. Armée de la doctrine marxiste léniniste, le PCUS définit la
perspective générale du développement de la société les orientations de la
politique intérieure et extérieure, dirige la grande œuvre créatrice du peuple
soviétique, confère un caractère organisée et scientifiquement fondé à sa lutte
pour la victoire du communisme.»20

Tout ceci pour dire que plus l’expérience socialiste dure, plus la
dépendance de l’Etat au parti n’est reconnue. Pour sa mainmise sur toutes les
activités du pays, le parti « est tout à la fois organe de décision et organe
administratif, qui tantôt se confond, tantôt participe à la gestion de l’URSS. »21
Les communistes se trouvent dans tous les secteurs d’activités dans les
entreprises, les industries, l’agricole, l’administration etc…. L’organisation du
parti confond avec l’organisation territoriale et politique de l’URSS. Il est
présent dans toutes les sphères de la société soviétique. Le parti est omniprésent,
il guide la société. L’appareil de l’Etat est largement affecté à l’enregistrement
des directives du parti et à l’application de ces décisions.

Le PCUS est comme un agent de l’évolution de la société soviétique. Il est


à la base de la formation politique et éducative de la population. Il donne des
directives pour l’accomplissement du communisme en Union Soviétique. Mais
Au-delà de son action directive, il doit accomplir des missions concrètes variées
rendues nécessaires par l’immensité de la tâche de construction d’une société
communiste. Même si le communisme repose sur une base matérielle, il ne peut
apparaître sans socle moral et culturel approprié. Aussi le parti a-t-il le devoir de
combattre l’esprit bourgeois toujours renaissant et développer la conscience
sociale nécessaire à l’épanouissement de la société.

Le parti veille à la formation des cadres. Ceux-ci sont nécessaires à celui-


là, mais également à l’Etat dont tous les postes sont occupés du haut en bas de la
hiérarchie par les communistes. Il en est de même pour les organisations
19
H, Carrière, d’Encause, op.cit, p.103
20
D, colas, 1977, Les constitutions de l’URSS et de la Russie (1905-1993) puf, p.64
21
H, Carrière, d’Encause, op.cit., p.102

24
sociales qui prolongent l’action du parti auprès des masses, afin de les mobiliser
pour réaliser la démocratie sociale. L’unification de la société est aussi du
ressort du parti communiste. Lorsque la société est multinationale, le parti a la
responsabilité d’assurer la cohésion d’un ensemble disparate. Cela est accompli
par l’intermédiaire des cadres, non choisis sur les critères nationaux qui
prudemment mais ferment, doivent agir dans la perspective d’une fusion des
nations. Bien d’autres missions encore, à commencer par celle de contrôle,
pourraient être évoquées à raison de la compétence universelle du parti.

Au terme de cette analyse, l’organisation politique de l’URSS est marquée


par l’immobilisme à l’intérieur et l’extérieur. Le système administratif
soviétique est marqué par l’organisation du pouvoir et le rôle dirigeant du parti
communiste dans toute l’administration soviétique.

Mais quelle est donc l’organisation de l’activité économique soviétique ?

CHAPITRE II : LE SYSTEME ECONOMIQUE DE L’URSS EN 1985

L’URSS a eu la deuxième plus grande économie dans le monde après les


Etats Unis. Son système économique était une économie planifiée. Elle connut
des difficultés au début des années 1980.En effet, ces difficultés sont le résultat
d’un demi-siècle d’immobilisme d’un système qui se fissure. Le système de
planification centralisé instauré en URSS à la fin des années 1920 est resté pour
l’essentiel inchangé pendant les cinquante années qui ont suivi. Ainsi,
l’industrie, l’agriculture et bien d’autres activités ont connu les effets de cette
planification centralisée.

Quel était donc l’état de l’agriculture soviétique et la situation de l’industrie


soviétique ?

25
Il est question dans étape de la politique agricole de l’URSS, des difficultés
de l’agriculture soviétique rencontrée d’une part et d’autre par de l’organisation
de l’industrie des faiblesses.

I- L’ETAT DE L’AGRICULTURE SOVIETIQUE EN 1985

Il s’agit ici de traiter la politique agricole mise en place par les autorités
soviétiques et des difficultés de cette agriculture.

1- La politique agricole de l’URSS

L’agriculture peut véritablement être considérée comme le maillon faible


du système économique de l’URSS. Alors que dans la plupart des pays
industrialisés, les agriculteurs représentent une minorité de la population active
et que les récoltes sont supérieures aux besoins, la situation est l’inverse en
URSS. L’application du principe de la propriété du peuple tout entier conduit à
une situation où l’Etat possède la quasi-totalité des moyens de production,
hormis la propriété individuelle. Cette propriété individuelle prend des formes
diverses : il s’agit du petit commerce, de lopin de terre peuvent être remise en
cause à tout moment par l’Etat. Ainsi, à la suite de la collectivisation22dans les
années 1930, l’agriculture soviétique était organisée en un système de fermes
collectives (kolkhozes) et de fermes d’Etat (sovkhozes).

D’abord le kolkhoze « est une ferme collective constituant une exploitation


autonome où les terres qu’elle utilise appartiennent à l’Etat, mais elle en a la
jouissance perpétuelle »23.C’est dire que le kolkhoze est une exploitation
agricole appartenant à un groupe de paysans qui ont en commun leurs terres,
leurs outils et leur bétail.

Ainsi les membres des coopératives sont rassemblés volontairement ou de


la force dans ces structures collectives ou ils remettent au kolkhoze leur terre,
leur bétail, leur matériel agricole. Les familles paysannes sont des brigades de
travail. Le kolkhoze est dirigé par une équipe d’élus,le plus souvent des
membres P.C qui fixent à chaque brigade le travail à faire. La production
agricole est en partie prélevée par l’Etat sous forme d’impôt. Le reste est vendu
dans des magasins de l’Etat qui fixe le prix d’achat.

22
C’est le passage de la propriété privée à la propriété collective des terres et du matériel agricole. C’est la mise
en commun de toutes les terres qui seront cultivées non plus par les paysans individuels mais par la
communauté rurale.
23
P.sorlin, 1964, La société soviétique 1917-1967, Armand, Colin, p.272

26
Les sommes obtenues sont alors partagées entre les paysans. « La
rémunération du travail est calculée sur le système de journée de travail dont la
valeur est différente selon la tâche accomplie. Les membres d’un kolkhoze
avaient pour obligation de faire un minimum de jours de travail par an à la fois
pour le kolkhoze lui-même et pour la collectivité rurale comme par exemple
pour la construction de route. Les exigences étaient d’un minimum de 130 jours
par an pour chaque adulte valide et de 5O jours pour un garçon âgé entre 12 et
16 ans.  Si des membres n’ont pas effectué ce minimum de travail requis les
sanctions pourraient être la confiscation des terres privées de l’agriculteur et un
procès devant un tribunal populaire qui pourrait entraîner trois à huit mois de
travail forcé dans le kolkhoze où jusqu’à un an dans un camp de travail
correctif. »24

Par ailleurs, l’Etat soviétique fixait les objectifs de production pour chaque
kolkhoze. Il était le propriétaire de tout le matériel de production les machines,
la terre et le matériel agricole. L’Etat soviétique finançait  des stations de
machines et de tracteurs (M.T.S) qui louaient leur matériel aux kolkhozes qui en
faisaient la demande.

Mais au delà de ces unités de productions collectives, chaque membre des


kolkhozes disposait d’un lopin de terre individuelle de 0,25 à 0,50hectares. Sa
production appartient aux paysans qui en disposent comme ils veulent. C’est
cette propriété individuelle qui est arraché lorsqu’il ne respectait pas le
minimum de travail par an. Ces kolkhozes couvraient chacun 400 à 1000
hectares au début de la collectivisation suivant les lieux et les qualités des terres.
Ils passent à plus de 6000hectares au début des années 1950.

Ensuite, les sovkhozes étaient une exploitation agricole appartenant à


l’Etat dont les exploitants étaient des salariés. Les sovkhozes furent créés lors de
l’expropriation des koulaks25pendant la campagne de collectivisation lancée par
Staline26. C’était généralement de très grandes superficies. La superficie
moyenne d’un sovkhoze pendant les années 1930 était en moyenne 3600
hectares et au début des années 1980 elle était passée à 4500hectares.

24
idem, p.165
25
Ce sont de riches paysans qui possédaient sur ces terres de grandes fermes dans lesquelles ils faisaient
travailler des ouvriers agricoles.
26
Joseph Vissarianovitch Djougachvili est né à Gori le 18 décembre 1878 ; c’est révolutionnaire, homme
politique et un dirigeant soviétique. Il fut secrétaire général du pcus de 1922 à 1953 et a dirigé l’Urss à partir de
la fin des années 1920 jusqu’à sa mort le 5 mars 1953 à Moscou.

27
Les sovkhozes ont été créés au début des années 1918 et ont pris pour la
plupart du temps les terres des domaines qui avaient été confisquées à la
noblesse ou à la couronne russe. Dans ces sovkhozes les paysans sont des
salariés de l’Etat c'est-à-dire des fonctionnaires et toute la production était la
propriété de ce dernier. Le sovkhoze est le modèle d’organisation de
l’agriculture qui avait la faveur des communistes soviétiques. Par son étendu, le
sovkhoze permettait les regroupements des parcelles en vastes ensembles ce qui
devait faciliter l’emploi du matériel moderne et aussi accroître la productivité du
travail du paysan. Les conditions de vie étaient meilleures que dans les fermes
collectives. Le sovkhoze devait également servir à convaincre les paysans
coopérateurs à transformer leur coopérative en ferme d’Etat. Les travailleurs des
sovkhozes étaient recrutés parmi les populations rurales sans terre.

Le rôle des sovkhozes dans l’agriculture soviétique progressa régulièrement


au cours de l’époque soviétique. Le nombre de sovkhozes passa de moins de
1500 en 1929 à un peu plus de 23000 à la fin des années 1980. Cette rapide
expansion s’expliquait en partie par la politique de fusion et de reconversion des
kolkhozes en sovkhozes et, en partie, grâce à l’expansion des superficies
cultivées à travers des programmes spéciaux comme « la campagne des
vierges »27.

Notons que les kolkhozes et les sovkhozes ont été les deux principaux
modes de production dans l’économie soviétique. « Leur production agricole a
hissé l’URSS au premier rang mondial pour le blé 88000000tonne. La
production a permis aussi à l’URSS d’être parmi les trois premières places
pour la plupart des céréales et des cultures industrielles dans les années 1960.
Car l’Etat soviétique à cette période  n’importait pas de grain, de très petites
quantités de production d’animaux, peu de matières grasses et seulement du
sucre. »28C’est dire que ce système d’exploitation et de gestion est d’une
importance pour le monde soviétique. La politique agricole mise en place en
URSS a fait de ce pays le deuxième producteur mondial. Malgré ce rang,
l’agriculture soviétique était confrontée à de nombreuses difficultés pendant
plusieurs décennies

2-les difficultés de l’agriculture soviétique

27
C’est le projet de la mise en culture de nouvelles terres du Kazakhstan, de Sibérie, du sud de la région de
l’Oural et du nord du Caucase
28
P. georges, 1990, L’économie de l’URSS, que sais-je ? Paris presse universitaire de France, p.78

28
D’une façon générale on constate qu’il existe certains problèmes récurrents
liés à l’agriculture soviétique. Ces problèmes seront abordés sous trois angles.

D’abord le premier problème est l’aspect climatique de l’URSS. Malgré


d’immenses ressources de terre, de machines, d’industries chimiques et d’une
grande main d’œuvre rurale, l’agriculture soviétique reste relativement
improductive. En effet, l’URSS est un vaste pays de 22400000 km2 où l’on
rencontre une diversité climatique qui cause beaucoup de préjudice à
l’agriculture. Ces difficultés climatiques s’étendent presque sur toute l’étendue
du territoire soviétique. Ce qui veut dire que «  l’ensemble du climat est rude :
froid hivernal avec des sols parfois gelés en permanence (merzlota) et la boue
du dégel (raspoutitsa). La sécheresse dans la partie sud du pays est
fréquente .Cette sécheresse est accompagnée souvent avec de violents vents. Le
sol de l’URSS est fréquemment médiocre, seulement 10% des terres soviétiques
sont praticables. »29 Cette difficulté climatique fait que le pays a souvent de très
mauvaises récoltes.

Le second problème de l’URSS est le poids de l’histoire pour l’agriculture.


La collectivisation mise en place au début des années 1930 dans l’agriculture a
bouleversé le système traditionnel soviétique. La multiplication des fermes
d’Etat et des fermes collectives a réduit l’efficacité de la production avec la
résistance les koulaks qui n’avaient plus de privilège. Il y avait aussi le
délaissement de l’agriculture au profit de l’industrie sous l’ère stalinienne. La
répression sévère de la période stalinienne a été fortement intériorisée par la plus
grande partie de la population qui a abandonné tout esprit d’initiative : tout est
attendu de l’Etat et du parti.

Enfin le troisième problème concerne la non maîtrise des structures mises


en places pour la production. Ici le système est difficile à maîtriser par le centre
de décision qui est unique. La masse grandissante d’informations et les
nombreuses interactions des diverses composantes de l’économie rendent
difficile la maîtrise de la production agricole par le centre qui peut se trouver
submergé. La production insuffisante est due à l’ampleur des besoins de la
population qui s’accroît rapidement, à des variations climatiques interannuelles
qui exigent des réserves dans la production. Ainsi, pour combler ce déficit,
l’Etat soviétique doit recourir à des importations massives de céréales estimée
à « 25 millions de tonnes par an dans les années 1970 à 40 millions de tonnes

29
E. léonard hubbard, 1999, Les sciences économiques de l’agriculture soviétique, Flammarion, p.117

29
par an au début des années 1980 »30alors que l’Etat procédait à une injection
massive d’investissement dans ce secteur sinistré.

L’Etat soviétique va donc mettre des machines dans la production


agricole afin d’ « assurer une certaine constance des récoltes à moyen
terme »31A cette période où la technologique était très présente dans
l’agriculture, nous avons des champs qui sont de plus en plus vastes. Plus
l’espace agricole s’accroît plus la population active diminue « 22millions au
début des années 1980 contre 40 millions en 1965 »32et plus la production
globale stagne.

L’organisation de l’agriculture soviétique a donné des résultats probants ce


qui a permis à l’URSS de se hisser au second rang mondial derrière les Etats
Unis. Mais elle a rencontré des difficultés dues aux conditions naturelles et aussi
à une politique mal perçue par les populations. Quand en est-il pour l’industrie ?

II- LA SITUATION DE L’INDUSTRIE SOVIETIQUE

1- L’organisation de l’industrie

La structure industrielle soviétique comporte trois niveaux.

Nous avons d’abord le centre qui représente le sommet de la hiérarchie où


sont prises les grandes décisions de la vie économique de l’URSS. Ce centre est
la direction du parti communiste, c'est-à-dire l’appareil politique dominant. Les
sommets de l’appareil de l’Etat, c'est-à-dire le gouvernement, le conseil des
ministres sont aussi des éléments constitutifs du centre. On peut classer enfin le
Gosplan qui est la centrale de planification qui dépend du conseil des ministres.
Cet organe n’a pas de pouvoir hiérarchique direct sur les échelons inférieurs. Il
est chargé d’élaborer les plans et les objectifs des entreprises. Mais cela se fait
sous l’autorité du conseil des ministres. Le conseil des ministres est la direction
de l’économie nationale, ce qui signifie qu’il exerce des fonctions économiques
de tout le gouvernement. Il a la responsabilité de la gestion de l’Etat monopole.
Le conseil des ministres est défini comme le détenteur du pouvoir exécutif.

Le second niveau, celui du système ministériel, est décisif pour plusieurs


raisons.

30
P. georges op.cit.p.75
31
P.georges, 1990, L’économie de l’URSS, que sais-je ? Presse universitaire de France, p.74
32
Idem

30
Les ministères sont près de cinquante et sont constitués selon un principe
sectoriel par branches économiques. Toutes les entreprises fabriquant tel type
de produit relèvent théoriquement de l’autorité du ministère de branche. Dans le
système traditionnel « ce dernier établit les plans opérationnels des
entreprises »33, nomme les directeurs et contrôle les résultats de leur gestion. De
même que le directeur est à la fois le patron de l’entreprise, son chef, et, par
certains côtés le représentant de certains de ces intérêts collectifs vis-à-vis du
ministère, le ministre est un super patron de la branche. Il est également
l’autorité hiérarchique à laquelle est soumise les entreprises, et aussi la tête du
lobby sectoriel dans la concurrence pour les allocations centrales et les conflits
avec les autres ministères.

Le système ministériel est traditionnellement un lieu de forte concentration


de pouvoir économique, que ce soit vis-à-vis des entreprises, ou par rapport au
centre, dans la structure à trois niveaux.

Dans le troisième niveau, celui des entreprises, il est personnifié par le


directeur d’un côté, placé sous le contrôle du ministère, et de l’autre investi de la
direction unique dans l’unité dont il a la charge.

Mais l’organisation des entreprises industrielles soviétiques repose sur une


forte division du travail et une structure hiérarchique dans laquelle « les
travailleurs ne disposent d’aucun contre pouvoir matérialisé »34. La coupure
entre le travail manuel et intellectuel, entre travail de direction et d’exécution, y
est profonde.

Concernant l’organisation de l’entreprise soviétique, on peut noter qu’elle


s’articule de la façon suivante.

D’abord le directeur. Il se situe au sommet de l’organigramme. Celui-ci est


nommé par le ministère dont dépend l’unité de production. Il n’est responsable
de sa gestion que devant cette autorité supérieure et non par rapport aux
travailleurs, écartant de fait l’idée de cogestion. « L’Etat impose en effet à
l’entreprise une tutelle rigide matérialisée par la planification centralisée dans
laquelle la centralisation du pouvoir est la règle.»35Il est un personnage
appartenant forcément à la nomenklatura créant ainsi une forme d’hostilité de la

33
G.vincent, 2006, La perestroïka ou reformer l’irréformable, Université de Toulon la garde Master I, p.20
34
Idem
35
B. Kerblay, 1977, La société soviétique contemporaine, Armand Colin, p.192

31
part des salariés. Le directeur est assisté dans le système par l’ingénieur en chef
et les directeurs adjoints.

L’ingénieur en chef joue le rôle d’expertise et de conseil auprès du


directeur. Sa nomination relève du ministère, ce qui assure une certaine
indépendance de ce dernier par rapport au directeur. Quant aux directeurs
adjoints, ils ont pour rôle d’assister le directeur pour le service financier, le
service du personnel et pour les questions matérielles et techniques
(approvisionnement, transport). Ils sont « relativement nombreux en raison
d’une bureaucratisation liée à la planification »36. Le travail administratif
constitue pour certains d’entre eux la totalité de leurs tâches.

Enfin les chefs des ouvriers. Ils exercent leur autorité dans l’atelier et
jouent un rôle clé dans l’organisation du travail en répartissant les tâches et en
affectant les travailleurs aux différents postes, ce qui a un effet direct sur les
salaires. Ils sont nommés par le directeur et sont l’intermédiaire entre la
direction avec ses services et les travailleurs.

Cette organisation au sein des industries soviétiques a contribué une


croissance rapide de la production. L’URSS sera la deuxième puissance
industrielle du monde derrière les Etats Unis. Mais ce pays connaîtra des
difficultés dans ses industries et au niveau de sa production.

2- Les problèmes de l’industrie soviétique

L’organisation des industries en URSS s’appuie sur les mêmes principes que
leurs homologues occidentaux. Il y a une division poussée du travail avec des
unités de commandement et de direction. Le travail se fait en équipe et les
tâches sont très bien divisées. La production se fait à la chaîne et aux mêmes
normes de rendement que celle des industries occidentales. Dans les industries
soviétiques la hiérarchie du pouvoir et la discipline sont très respectées.

Malgré toute cette organisation, le système industriel soviétique se


caractérise par sa discontinuité et l’irrégularité des approvisionnements. Cette
situation s’explique notamment par les contradictions du système de
planification, en particulier les effets perturbateurs de la centralisation des
approvisionnements et les formes de pénurie typique de la régulation
économique.

36
P. georges, L’économie de l’URSS, que sais-je? Presse universitaire de France, p.96

32
Sur le plan opérationnel, on constate couramment que les
approvisionnements de l’entreprise en matières premières, en moyens de
production, en produits semi- finis, ne sont pas livrés à temps ou selon les
spécifications requises. Il s’ensuit des ralentissements de la production qui se
retrouve bloquée et contrainte à attendre les nouveaux approvisionnements.

Ces dysfonctionnements tendent à se répercuter d’un secteur de


l’entreprise à l’autre, puis d’une entreprise à l’autre. Ainsi on trouve de
nombreux temps morts dans la production, car les ruptures
d’approvisionnements ou de stocks y sont fréquentes. Ce caractère irrégulier du
travail et de la production contribue à démoraliser les travailleurs et, avec
l’absence de contrôle ou de participation à la gestion à susciter un sentiment de
frustration dans le travail qui se répercute à son tour sur la productivité des
ouvriers. On constate alors une baisse de la productivité dans les industries.

En revanche, il y a une accélération des cadences, la suppression des


congés, l’augmentation des heures supplémentaires afin de remplir l’objectif
annuel du plan. On voit ainsi que ce manque de constance du processus
productif est source de désorganisation et à ce sujet une statistique éloquente
justifie cela « le temps perdu par la désorganisation du travail est estimé à plus
de 2O% du total.»37Ces irrégularités du processus dans lesquelles l’accélération
et le ralentissement de la production se succèdent, incitent les directeurs à mettre
leurs unités de production dans une posture de suremploi, en constituant un
matelas de main-d’œuvre supplémentaire. Ces accélérations de la production
provoquent des dommages non seulement sur la production elle-même (contrôle
qualité plus laxiste, gaspillage) mais aussi sur la population (augmentation des
maladies, de l’absentéisme).

En étudiant les anomalies découlant de la nature para économique de la


productivité soviétique les difficultés rencontrées par l’autorité centrale sont très
nombreuses. En effet, celle-ci doit apprécier la valeur des réalisations de ses
entreprises au moyen quantitatif (production totale, rendements, qualité) qui
doivent être mesurée objectivement et isolément et non en proportion de leur
contribution à la profitabilité. L’accomplissement des objectifs apparaît de ce
fait comme un critère trompeur.
Par ailleurs, il existe à la base de l’économie planifiée d’autres
contradictions fondamentales entre deux de ses principes : le plan tendu et les
priorités. La tension du plan ne permet pas d’erreur aux entreprises non
prioritaires en cas de retard dans une livraison ou de tout autre aléa qui pourrait
37
D. brand, L’expérience soviétique, paris, Editions Dalloz, p.49

33
survenir dans une unité de production. Elles ne disposent pas de réserves leur
permettant de faire face à l’événement, tandis que les activités prioritaires
disposeront d’une marge.
Les entreprises utiliseront inévitablement la marge de liberté que leur laisse
l’obligation d’atteindre les objectifs pour chercher à gagner les primes par des
moyens non prévus. C’est ce qu’on appelle une « acquisition des primes.»38Les
entreprises anticipent ces probables pénuries lors de l’élaboration de leur plan en
surestimant leurs besoins et en sous-estimant leurs capacités de production.
Cette façon de procéder apparaît comme anti économique car elle est la
résultante d’un gaspillage des ressources et n’obéit pas à une logique de
rentabilité de l’investissement. Dans ces conditions, les autorités supérieures
s’opposent à cette tendance des entreprises en rendant les tests plus précis. Ces
entreprises seront fréquemment paralysées et mises dans l’impossibilité de
prendre des mesures qu’elles devraient évidemment prendre, auxquelles elles
doivent renoncer. Cette situation est qualifiée de « contradiction interne du
système »39. Comme on peut s’y attendre, ces défauts d’exécution se répercutent
en chaîne sur les clients non prioritaires. La pénurie de certains produits est donc
originellement incorporée dans la planification.
L’organisation de la production dans l’économie soviétique apparaît bien loin
des réalités des pays occidentaux où il y a une régularité dans
l’approvisionnement avec une gestion rationnelle des stocks, etc.… Le constat
dans les entreprises soviétiques est contraire. Le temps dans l’industrie
soviétique est hétérogène et discontinu. Cela a des effets aliénants sur le travail,
mais laisse aux ouvriers des marges de manœuvre. Nous constatons ainsi que
les dysfonctionnements dans les industries soviétiques rendent difficile la
production. Cette désorganisation agira sur la société soviétique.
CHAPITRE III : LA SOCIETE SOVIETIQUE EN 1985

Depuis sa création en 1922, l’URSS a opté pour une société égalitaire


c'est-à-dire une société sans classes sociales. Ainsi pour pouvoir mettre cette
idéologie en place les dirigeants vont instaurer des régimes totalitaires. Ils
seront sur un régime politique dictatorial qui reposera sur la puissance absolue
d’un parti unique. Ce parti assura un contrôle sans partage de l’Etat et utilisera
de la terreur comme méthode de gouvernement. Il pratiquera le culte du chef et
exercera un contrôle des mentalités avec la volonté de construire un homme
nouveau et une société nouvelle. L’idéal est de construire une société sans
classes, et l’objectif de la société communiste reste une société d’abondance.
Mais la réalité est largement différente de cette idéologie.
38
J. kornaï, 1984, Socialisme et économie de la pénurie, paris Economica, p.145
39
J.kornaï, op.cit. p. 175

34
Comment la société soviétique était-elle organisée? Quels sont les problèmes
rencontrés par celle-ci ?

I- L’ORGANISATION DE LA SOCIETE SOVIETIQUE

Cette partie est subdivisée en deux sous- titres. Nous avons d’abord les
différentes structures de la société et ensuite la transformation de celle-ci.

1- Les différentes structures de la société

La stratification de la société soviétique se fait en fonction des moyens de


production. Car « la classe des groupes d’individus qui se différencient par leur
place, à un moment donné de l’histoire, dans le système de production sociale
par leur relation vis-à-vis des moyens de production, par leur rôle dans
l’organisation du travail social et, par voie de compétence par les moyens dont
ils disposent pour accéder à la richesse. »40Ainsi donc cette catégorisation de la
société se fonde sur la situation de l’individu par rapport au pouvoir. Le PCUS
qui était le maître à tout faire venait à la tête de cette division sociale. Le
Secrétaire Général du parti est donc le premier de cette division. Puis les
différents présidents de kolkhozes, les directeurs des sovkhozes, les secrétaires
de cellules dans les entreprises suivent.

Mais à partir de 1957 vont s’ajouter les directeurs des M.T.S (Station de
Machines et de Tracteurs). Ils exerçaient une tutelle sur les exploitations
agricoles par le biais des sections politiques. Tout ce personnel était recruté en
fonction de ses capacités de commandement et de sa fidélité au parti à l’origine.

Depuis que les exploitations collectives sont devenues de gigantesques


entreprises avec des moyens de productions mécaniques modernes, la
compétence technique et économique compte désormais en tant que critère pour
la gestion : Par exemple en 1970, sur 35000 présidents de kolkhozes 7000
avaient acquis leur qualification sur la pratique, c'est-à-dire qu’ils n’avaient pas
de diplôme, la grande partie était des spécialistes alors qu’en 1950 seulement
2,6% des présidents étaient des spécialistes. L’évolution rapide de la société a
fait naître une nouvelle classe les diplômés : agronomes, vétérinaires, ingénieurs
et instituteurs qui forment l’intelligentsia. A cette catégorie s’ajoute les
spécialistes de la mécanisation agricole, les conducteurs de tracteur, de camion,
d’autres engins et les réparateurs dont le niveau de vie et le prestige évoquent
celui de la bourgeoisie .Au delà de ces deux premiers nous avons le personnel

40
B. Kerblay, 1977, La société soviétique contemporaine, Armand Colin, p.200

35
administratif de second rang et les employés des services. Cette organisation de
la société va donc transformer le monde soviétique.

2- La transformation rapide de la société soviétique


La doctrine soviétique officielle rappelle la propriété socialiste et affirme
que le salariat est aboli. C’est en fait à une généralisation de cette doctrine que
l’on assiste. On observe également une participation de plus en plus active de la
population féminine à l’économie, sachant que leur salaire équivaut malgré
l’idéologie d’égalité, à environ deux tiers du salaire masculin. Les femmes en
URSS ont relativement peu d’accès aux postes de direction et sont
principalement concentrées dans les travaux moins payés, dans les branches à
bas salaires. Ces domaines sont la santé, le commerce, l’enseignement, la
communication etc.… Au delà de cette population de salariat féminine l’Union
Soviétique regorge de nombreux spécialistes dans divers domaines de
compétence qui vont assurer le bon fonctionnement du travail.
Cette surqualification relève d’un défaut de formation, alors que la formation
des ouvriers qualifiée est insuffisante dans les écoles techniques et que la
majorité des ouvriers acquièrent leurs expériences sur la pratique. C’est ouvriers
sont estimés à 50 millions.

A partir de 1977, on assiste à une évolution en ce qui concerne le droit du


travail, car il est inscrit dans la constitution. Cependant l’obligation du travail est
nécessaire, on assiste à une réelle mobilité des travailleurs jusqu’en 1956. Au-
delà du droit de travail, il existe des lois répressives très sévères pour le monde
du travail en cas de départ du travailleur non autorisé préalablement par les
autorités.

Mais ces lois seront abolies en 1956, et dès 1959 jusqu’au milieu des
années 1970, le niveau de rotation des travailleurs sera assez élevé et tournera
autour de 20%. Un ouvrier restait en moyenne trois ans dans la même entreprise
dans sa spécialité. Il y’avait un réel turn-over qui touche surtout les jeunes
lorsque les conditions de vie ou de travail sont jugées trop difficiles. C’est, en
effet, assez facile de trouver un travail dans les grandes villes comme Moscou,
Leningrad ou Kiev. Cette mobilité peut être interprétée comme moyen de
défense face à des conditions de travail difficiles sachant que le seul employeur
reste l’Etat sauf dans les kolkhozes.

Quant au monde syndical, il est constitué de groupes qui dépendent du


PCUS. Ces dirigeants ceux-ci étaient tous membres du parti. De plus, les
élections sont le plus souvent manipulées. « Ces syndicats ont comme principal
36
rôle de gérer les œuvres sociales et les cotisations obligatoires qui sont de
l’ordre de 1% du revenu mensuel représentent en fait les cotisations de sécurité
sociale. Environ 99% des travailleurs sont syndiqués en URSS. »41Les syndicats
soviétiques n’interviennent pas dans les négociations salariales car les
conventions collectives ne concernent pas les revenus. Ils ont tendance à
négliger largement la défense des conditions de travail. Les syndicats se
contentent « de veiller à l’application du contrat de travail, au droit du
travailleur à un salaire correct ainsi qu’au règlement des petits conflits ». Le
rôle de défenseur des travailleurs apparaît dérisoire car ils sont sous l’emprise du
P.C

La société soviétique s’est vite urbanisée. En 1985, 65% de la population


soviétique vivait en ville contre 50% en 1960. L’exode rural est devenu
massif. « La scolarisation est également massive, 80% de la population était
scolarisée, pourtant il n’y avait pas d’égalité de chance. Ce fort taux de
scolarisés favorise l’émergence d’une nouvelle société civile attirée par la
culture occidentale. Ainsi donc l’adhésion au PCUS ne représente plus qu’un
passeport pour l’accès à une carrière de ce nom. Cette adhésion au parti de la
part des soviétiques n’est que de façade mais ils n’ont pas la liberté d’envisager
la moindre alternative au système. »42Elle est faite par défaut. C’est alors vont
que naître les mouvements de dissidence qui seront de plus en plus nombreux à
partir des années 1970.

La dissidence en URSS est un courant peu important mais persistant. Il est


composé d’intellectuels, d’artistes, de croyants et de nationalistes. Cette
dissidence se fonde sur le respect de la légalité du régime, se renforce grâce à la
signature de l’Acte final des accords d’Helsinki en 1975, qui fournit un cadre
juridique international de référence et de défense des droits de l’homme. Les
têtes de file de cette dissidence sont Andreï Sakharov43 et Alexandre
Soljenitsyne44. Leur expulsion de l’URSS en 1980 et 1974, suscite de vives
réactions à travers le monde. A cette période la jeunesse se reconnaîtra de moins
en moins dans le parti. Elle prendra ces distances vis-à-vis duu régime
communiste.

41
A. gauthier, 1986, Genèse de l’économie de l’URSS, bréal, p.46
42
A. gauthier, op. cit.p.65
43
Né à Moscou le 21 Mai 1921. C’était un physicien nucléaire russe et père de la bombe H. Il a obtenu le prix
Nobel de la paix en 1975 pour sa lutte pour les droits des l’homme, les libertés civiles et la réforme de l’URSS. Il
meurt à Moscou le 14 décembre 1989.
44
Est né le 11 décembre 1918 à Kislovodsk est un romancier et auteur de plusieurs ouvrages. Il était opposé au
régime soviétique. Il meurt le 3 août 2008 à Moscou.

37
Cette transformation de la société pose de réels problèmes dans
l’organisation du régime soviétique. Malgré cette avancée de la société, elle
connaît de véritables problèmes.

II- LES PROBLEMES DE LA SOCIETE


1-Les difficultés quotidiennes des soviétiques
L’ère de Brejnev a représenté une période d’amélioration, tout au moins
jusqu’au milieu des années 1970. Mais la population qui atteint environ 300
millions en 1980 connaît des problèmes de logements. La majorité de cette
population est concentrée dans les villes. Ainsi assiste-t-on à de très nombreux
logements collectifs où cohabitent les familles et à un entassement dans ces
logements peu décents et surpeuplés. Il y a un véritable manque d’entretien du
patrimoine immobilier.
A cette situation de logements s’ajoute des problèmes quotidiens de
ravitaillement. En effet, la population soviétique est confrontée à un sérieux
problème de pénurie de produits de consommation de base, y compris
alimentaire. La viande particulièrement se faisait rare. Les magasins d’Etat sont
vides, et l’on assiste à des longues files d’attente interminable devant les
magasins. Nous pouvons dire que, le consommateur soviétique ne se trouve pas
dans la facilité, tant de nombreux produits de vie courante étaient difficiles à
obtenir. La population perd le temps et l’énergie dans un contexte où domine les
tendances à la pénurie, les files d’attente et la désorganisation du système de
distribution. Ainsi en Union Soviétique le consommateur peut être considéré
comme un quémandeur à la recherche d’un approvisionné et de bonne volonté, il
se situe dans une sorte de concurrence entre consommateurs. Il apparaît une
situation de tension due notamment à l’irrégularité de l’approvisionnement pour
la viande, les produits laitiers, les fruits et légumes. La persistance du
rationnement pour certains produits de base est un souci important pour la
population, notamment dans certaines régions. Il existe une hiérarchie des villes
dans l’approvisionnement à la tête de laquelle on trouve Moscou, puis
Leningrad, puis des villes de tailles inférieures et enfin les capitales des
républiques fédérées.
Concernant les conditions de travail de la population, elles sont pénibles.
La société est embrigadée par le parti qui est le fer de lance de la révolution.
C’est le parti avec en son sein des élites qui contrôlent l’ensemble de la société,
nomme les différents dirigeants des entreprises. Elle n’a pas le droit de grève,
pas de droit syndical. Le syndicat est unique et est contrôlé par le parti
communiste. La population est soumise à des journées de travail de dix (10) à
douze (12) heures dans une pollution terrible et nuisible à la santé celle-ci.

38
Enfin la situation des campagnes est encore plus défavorable. Le sous-
équipement des campagnes met les populations dans des conditions de vie
difficile et très dure.
Ces conditions de vie difficile, la non maîtrise du fonctionnement des plans
donnent une certaine habitude à la société soviétique.

2-Les tares de la société soviétique


Le comportement social de la population peut s’appréhender sur deux axes.
Le premier axe est la démotivation de celle-ci au travail. En effet, le manque de
motivation dans les entreprises où les faibles rémunérations et l’impossibilité
d’initiatives privées provoquent une sorte de droit de paresse. Ce manque de
motivation se manifeste par l’instabilité des travailleurs (20% des actifs
changent chaque année d’emploi et la durée de séjour d’un travailleur dans une
même entreprise n’excède pas 3ans), l’absentéisme et l’alcoolisme.
« L’absentéisme fait perdre 125milliards de journée de travail en 1982,
l’équivalant du travail manuel de 60 millions d’ouvriers, soit près de la moitié
de la population active en URSS. De même il suffirait d’arrêter de boire sur le
lieu de travail pour que la production industrielle augmente de 10%. »45
L’alcoolisme a agit sur la santé d’une partie de la population et s’est
largement étendue. Durant ses vingt dernières années, la durée de vie moyenne
en URSS n’a pas augmenté et « la mortalité des hommes d’âge actif s’est même
accrue. »46
Le second axe est la corruption qui est très développée. Le système
économique très lourd a fait place à une économie parallèle. Cette économie est
faite de tricheries administratives, de marché et de travail au noir, de corruption
très persistante. Elle concernait aussi bien les citoyens ordinaires qui réalisaient
au noir des travaux d’entretien et de réparation avec du matériel volé à l’Etat,
que les membres de la nomenklatura. Elle représente à peu près le quart du PNB
(produit national brut) de l’URSS. Certaines entreprises vont même jusqu’à
acheter au marché noir les produits qu’elles ne pouvaient pas obtenir auprès du
Gossnab (commission d’Etat pour la fourniture en matériaux et équipements).
Cette corruption semble avoir été rampante dès l’ère Brejnev, au point que
« selon les experts russes, à l’aube des années 1990, cette production fantôme
constituait environ 30% du PNB soviétique.»47 Ainsi à la fin des années 1980, la
presse pousse un cri d’alarme : environ 17 trains de marchandises
disparaissaient quotidiennement en territoire soviétique. Pour mieux s’enrichir,

45
B. Kerblay, 1977, La société soviétique contemporaine, Armand Colin, p.20
46
B. Kerblay, op.cit. P.24
47
M. lewin, 2003, Le siècle soviétique, Fayard, Paris, p.14

39
« les clans de l’économie de l’ombre créent la pénurie. »48 Cette situation de
pénurie est d’abord le fruit d’un mécanisme, incorrect engendré par les autorités
soviétiques notamment la nomenklatura. La population soviétique se trouve dans
des conditions où les produits destinés à la consommation et aux ménages se
font rares dans les magasins.
Après la mort de Brejnev en 1982, le régime soviétique se trouve figé. Les
institutions restent immobiles et le conservatisme se généralise. La société est
de plus en plus étouffée. Elle rencontre beaucoup de problèmes dans la vie
quotidienne. Le modèle soviétique a beaucoup perdu de son pouvoir
d’attraction. Il est devenu moins séduisant malgré les acquis et les progrès qui
ont pu survenir pendant cette longue période. C’est dans cette période de
stagnation de l’économie, de la politique et de la société qu’en 1985 Mikhaïl
Gorbatchev devient le numéro un de l’Union Soviétique. Après un diagnostique
fait par Mikhaïl Gorbatchev, il se trouve que son pays est dans une crise aigue.
C’est alors qu’il décide d’entreprendre des reformes pour sauver l’URSS.

48
M. lewin, op. Cit. , p. 35

40
DEUXIEME PARTIE :
L’AVENEMENT DE GORBATCHEV AU POUVOIR ET
LES REFORMES POLITIQUES, ECONOMIQUES ET
SOCIALES (1985-1989)

Après un bref règne de Iouri Andropov de 1982 à 1984, puis de Constantin


Tchernenko de 1984 à 1985, Mikhaïl Gorbatchev devient le Secrétaire Général
du PCUS en mars 1985. Son arrivée au pouvoir donne un espoir au peuple
soviétique et marque un tournant fondamental dans la diplomatie soviétique. En
effet, à la mort de Brejnev, l’URSS connaît des difficultés internes et externes.
L’économie, la politique et la société sont immobiles. Elle n’a plus les capacités
économiques et financières de faire face à la nouvelle course aux armements
déclenchée par le président américain Reagan.

Face à cette situation de stagnation, le nouveau dirigeant Soviétique, décide


d’entreprendre des reformes : la perestroïka et la glasnost. Mais cette politique
de reformes mise en place par Mikhaïl Gorbatchev connaîtra des difficultés dans
l’exécution.

Qui est donc Mikhaïl Gorbatchev ? Quelles sont les principales réformes
qu’il entreprend ? Et quelles sont les limites de ces réformes ?

Cette deuxième partie est subdivisée en trois sous-chapitres. Le premier


chapitre porte sur la biographie sommaire de Gorbatchev. Le second chapitre

41
traite de la politique de réforme. Et enfin le troisième s’intéresse aux
insuffisances de ces réformes.

CHAPITRE I : BIOGRAPHIE SOMMAIRE DE GORBATCHEV 

Le nouveau dirigeant de l’URSS est celui qui va tenter de donner une


nouvelle vie à ce pays agonisant.

Qui est donc cet homme ?

Nous allons dans notre analyse faire une biographie sommaire de Gorbatchev.
Cette biographie traitera d’abord de la vie de Gorbatchev, son parcours politique
et de son accession au pouvoir en 1985.

I- VIE ET PARCOURS POLITIQUE

1- Origine et vie sociale de Gorbatchev

Gorbatchev est né le 2 mars 1931 dans le petit village de Privolnoïe, du


canton de Krasnosgnardeiskoe, dans la région Stravropol au nord du Caucase à
l’époque de la collectivisation.  Son père Andreïvitch Gorbatchev, est né en
1909 et est mort en février 1976. Quant à sa mère Maria Panteleevna Gopkalo,
elle est née en 1911 et est morte en 1993. Ces deux parents étaient des
agriculteurs, c’est-à-dire travaillaient dans les fermes collectives.
42
Leur fils Mikhaïl Sergueievitch Gorbatchev commença ses études à l’école
primaire de son village à l’âge de 8ans, lorsque la deuxième guerre mondiale
débuta en 1939. Il avait 10 ans lorsque l’URSS entra à son tour dans la guerre,
bien contre son gré, avec l’invasion allemande de juin 1941. Il arrêta ses études
lorsque son père fut évacué puis envoyé au front. Gorbatchev n’est pas évacué et
vit à Privolnoïe durant les six mois d’occupation allemande, ce qui interrompt sa
scolarité. Sans cette interruption, il aurait terminé ses études secondaires un peu
plutôt en 1949, à l’âge légal de 18 ans. Pendant cette période d’occupation
allemande, il s’occupait surtout des travaux champêtres pour nourrir son village 
et « les Allemands qui prélevaient d’office au moins 20% des récoltes. »49Dès
l’âge de 17 ans, il fut décoré de l’Ordre du Drapeau rouge, pour avoir aidé son
père à bord de sa moissonneuse que celui –ci conduisait ce qui était une chose
inhabituelle en Union Soviétique. Il reprit l’école et obtint son certificat de
Maturité équivalent du Baccalauréat au début de l’été 1950 à l’âge de 19 ans.

Après ses études secondaires à Stravropol, la capitale régionale,  «  il était


monté à Moscou, pour les études supérieures de droit à l’Université de
Lomonossov.»50 Pendant ses études de droit, curieuse inclination dans un temps
où le droit était celui du fort, dans les années 1950, il s’engageait dans le
mouvement des étudiants du P.C. Il passa cinq ans à Moscou c’est-à-dire de
1950 à 1955.

A Moscou, il rencontra sa femme Raïssa Maximovna Tirorenko une


sociologue d’origine ukrainienne. Elle est née dans la région de Donetsk en
Ukraine. Ils se sont mariés en 1953, donc pendant les années d’université et le
jeune couple quitta le foyer d’étudiants pour s’établir dans un appartement non
loin du centre de Moscou. Sa femme mourut le 20septembre 1999des suites
d’une longue maladie

De retour à Stravropol dans sa région d’origine, il va étudier à l’Institut


d’agronomie et se spécialisera dans les problèmes agricoles de 1964 à 1967. Ce
qui lui permettra de travailler dans l’agriculture en plein temps. Il a eu une
ascension rapide dans la structure locale du Parti.

2- Le parcours politique de Gorbatchev

Après ses études, Gorbatchev rentre dans sa province natale de Stravropol


où il exerce son action comme cadre du P.C. Il est parfaitement représentatif
49
J. baynac, op. Cit, p.23
50
Ibidem

43
d’une jeunesse conformiste, dévouée au régime communiste. Il prend les reines
de la jeunesse du P.C en 1952 à Moscou et adhère par la suite au P.C. Il devient
le dirigeant de ce parti dans sa région en 1962. Il fait partir de la génération
entrée dans la carrière avec le XXème Congrès et au moment de la
déstalinisation lancée par Khrouchtchev, génération que l’on retrouvera aux
postes de commandes à partir de 1985 pour lancer les réformes. Gorbatchev sera
nommé en 1970 en tant que secrétaire à l’organisation du P.C. du territoire de
Stravropol.

Ensuite sa carrière prend un rythme accéléré sous l’ère Brejnev avec comme
pour parrains politiques Mikhaïl Souslov et de Iouri Andropov. C’est ainsi qu’en
1978 « il est cooptée sur recommandation du très stalinien Mikhaïl Souslov,
membre du politburo qu’il a connu à Stravropol pour entrer au secrétariat du
Comité Central (CC) pour s’occuper des questions agricoles.»51A l’issu de cette
nomination, il alla s’installer à Moscou où il devient en 1979 membre suppléant
au politburo. En 1980, Gorbatchev devient membre en plein droit du politburo.

A la mort de Brejnev, Gorbatchev soutient Iouri Andropov qui est


originaire de la même région que lui contre Tchernenko, dans sa lutte pour
l’accession au pouvoir. Elu Secrétaire Général du PCUS, Andropov nomma
« Gorbatchev comme le responsable de l’économie mais aussi du travail
Parti.»52

A la mort d’Andropov en 1984, Tchernenko est élu Secrétaire Général du


PCUS, mais cette fois-ci Gorbatchev resta neutre dans cette lutte pour
l’accession au pouvoir. Il fut récompensé pour cette neutralité par Tchernenko.
Il obtint un élargissement de ses responsabilités. Tchernenko lui confia  « en
plus de l’économie, la charge de l’idéologie, des affaires culturelles et des
affaires étrangères.»53

Ce dernier meurt en 1985. C’est alors qu’en mars 1985 à 54 ans Mikhaïl
Gorbatchev est élu secrétaire général du PC. Il est le père de la glasnost et de la
perestroïka, visant à la création d’un communisme plus humain. En 1988, il
devient président du comité exécutif permanent des différentes instances
législatives et en 1989, le président de l’URSS. Il reçut le prix Nobel de la paix
en 1990 en reconnaissance de sa contribution essentielle à la fin de la guerre
froide. En 1991, il échappe à un coup d’Etat des communistes conservateurs. A
51
L, pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?»P.5
52
L, pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?»P.5
53
Idem

44
la même année, il quitta sa fonction de président de l’URSS et déclara la
dislocation bloc du communiste. Gorbatchev a été le dernier dirigeant de
l’URSS. Sa carrière politique prit fin avec la disparition de l’URSS. Mais quel a
été les facteurs de son accession au pouvoir.

II - L’ACCESSSION DE GORBATCHEV AU POUVOIR EN 1985

1- Les causes de son accession

Elles sont multiples. Nous avons : les causes internes et les causes externes.

En ce qui concerne les causes internes, l’URSS était confrontée à d’énormes


difficultés au plan politique, économique et social. L’économie socialiste était
basée sur un système de planification impérative qui engendre une bureaucratie
d’organisation et de contrôles lourds et trop autoritaires. Cette situation rigide du
système aura pour conséquence, une production surévaluée à la qualité
médiocre, une rentabilité et productivité insuffisante. Les régimes communistes,
du fait de la force de l’intérêt collectif, ne reconnaissent pas les libertés
individuelles. Tout se fait selon la ligne officielle avec une surveillance policière
omniprésente K.G.B avec plus de 700 milles agents. La société soviétique, était
elle aussi dans une situation ou la pauvreté était de taille dans les milieux ruraux
et urbains. La corruption était à toutes les instances dirigeantes du P.C que dans
les différents secteurs de la société. La liberté était embrigadée à tel enseigne
que toutes campagnes de dénigrement du régime étaient considérées comme un
crime contre l’Etat. Toutes ces causes internes influençaient directement sur la
situation externe.

Quant aux causes externes, le K.G.B dirigé par Iouri Andropov diligenta
à la fin des années 1970 une enquête confidentielle pour évaluer le Produit
National Brut (PNB) soviétique selon les critères qualitatifs occidentaux et non
plus seulement en volume comme le voulait la tradition socialiste. Le résultat fut
très défavorable et apportait la preuve du déclin de l’Union Soviétique qui avait
vu son économie dépassée par celles du Japon et de la République Fédérale
d’Allemagne (R.F.A), anciens ennemis de l’URSS.

D’autre part, à partir de 1978, la Chine dirigée par Deng Xiaoping,


entreprit une véritable révolution économique qui rétablissait en fait le
capitalisme et insufflait ainsi un dynamisme considérable à l’économie chinoise.
L’URSS au début des années 1980 était ainsi confrontée à une situation
géopolitique nouvelle inquiétante. Le Japon et la R.F.A disposaient chacun

45
d’une économie plus puissante que celle de l’URSS. Ainsi que la Chine qui
commençait à avoir une croissance exceptionnelle.

Et enfin les Etats Unis toujours aussi hostile au régime communiste


accroissaient l’écart entre les deux. Or, tous ces pays étaient plus ou moins
limitrophes à l’URSS et entretenaient un contentieux territorial sérieux avec elle,
exceptés les Etats Unis. Au-delà de cette situation elle n’était plus capable « de
se lancer dans une concurrence avec les Occidentaux. L’URSS n’a pas d’autre
choix que de songer à une détente et au désarmement. »54 C’est pourquoi
consciente du danger, la direction vieillissante du PCUS porte au pouvoir
Mikhaïl Gorbatchev le représentant d’une nouvelle génération mais aussi un pur
produit du régime communiste, né après 1917.

2- L’arrivée au pouvoir de Gorbatchev

Au début des années 1980, après la mort de Brejnev, les décès des
Secrétaires Généraux du PCUS se succédèrent à un rythme élevé. Brejnev meurt
le 12 novembre 1982, Andropov le 9 février 1984 et Tchernenko le 10 mars
1985. C’est pour mettre fin à cette série de mort que Mikhaïl Gorbatchev est élu
Secrétaire Général du P.C le lendemain de la mort de Tchernenko. A la
différence de ses prédécesseurs, c’est un homme jeune de 54 ans qui est au poste
de commandement de l’URSS. Il fera une analyse de la situation et constate
qu’il faut apporter des reformes au système soviétique. Il s’efforcera pour sauver
le système par des reformes structurelles très profondes par rapport aux
principes léninistes classiques. Il apparaît Ainsi comme un novateur. Cette
politique mise en place est une politique de transparence, de restructuration, de
démocratisation, d’accélération et de décentralisations connues sous le nom de
perestroïka et de glasnost.

54
Rabac-com / demo/ relinter/ AnnMnd/GlasPers. Htm. P.1

46
CHAPITRE II : LES PRINCIPALES REFORMES DE GORBATCHEV
EN 1986

Depuis la déstalinisation engagée par Khrouchtchev de nombreuses


reformes ont été tentées. Ces différentes tentatives sont le témoignage que la
prise de conscience du problème par les leaders politiques est ancienne. C’est
ainsi qu’une reforme en profondeur du système économique, politique et social
est apparue à Gorbatchev comme inévitable. Il considère lors de son arrivée au
pouvoir que l’URSS est à un tournant important de son histoire. Il va donc
lancer sa politique de reforme : perestroïka et glasnost.

I- LA POLITIQUE DE PERESTROÏKA

1- Origines et objectifs de la perestroïka

Lorsque Gorbatchev arrivait au pouvoir, l’URSS était un pays qui était très
mal en point sur tous les plans, particulièrement économiques et politiques. Les
structures du parti commençaient à vieillir ainsi que ses cadres dirigeants encore
fidèles à Brejnev et sa politique immobiliste. Il était donc nécessaire de reformer
complètement et de le moderniser. Andropov avait déjà compris, en 1982, cette
nécessité pour son pays mais n’avait pas eu le temps d’appliquer ses idées.
Gorbatchev reprend le flambeau dès 1985. Il est alors conscient que l’URSS ne
peut tenir son rôle de grande puissance ni sortir de l’enlisement si les soviétiques
persistent à ne pas s’intéresser à l’effort économique indispensable et au sort de

47
la patrie socialiste. C’est pourquoi il lance dans un ouvrage
intitulé « perestroïka » ses idées novatrices. C’est le nom donné à l’ensemble
des reformes devant concilier à ses yeux, socialisme et démocratie. Ce terme
signifie restructuration. « La perestroïka signifie une mutation profonde et
engendre d’énormes transformations qualitatives.»55 Il exprime son souhait de
rénover les structures de l’Etat soviétique et du P.C devenu une énorme
bureaucratie et son intention de réduire les dépenses d’armement qui freinaient
la modernisation de l’URSS. Cette restructuration à pour objectif de transformer
non seulement l’économie, mais de reconstruire également le système politique,
l’idéologie, le travail du parti, en un mot toute la superstructure économique. Il
s’agit d’une restructuration globale, multiforme et complexe.

D’abord au niveau politique, Gorbatchev voulait orienter le système


politique soviétique vers un système social et libéral. Il n’était donc pas question
de s’écarter du socialisme, ni d’affaiblir le système politique dont les
fondements restent le monopole du pouvoir et le rôle dirigeant du parti, mais
plutôt de renforcer le système en améliorant son fonctionnement. Ce qui lui
permettra de rapprocher son pays de l’Ouest et d’apaiser les tensions avec les
Etats Unis. « Nous voulons que nos transformations passent à une autre
échelle. Et pour que de tels changements puissent s’accomplir, nous avons
besoin d’une collaboration avec les pays occidentaux développés. Ce n’est
qu’en travaillant avec ces pays que nous pourrons obtenir de vrais
changements. »56 La perestroïka permettra de libéraliser et de démocratiser le
bloc communiste et notamment les relations entre l’URSS et les démocraties
populaires.

Ensuite au niveau économique, Gorbatchev voulait reformer les structures


économiques et sociales de l’Union Soviétique. Il va donc introduire
progressivement une économie de marché contrôlée et donner une plus grande
autonomie à l’appareil productif. L’objectif est de réduire les dépenses de l’Etat.
Cela signifie un désengagement de l’Etat dans l’économie soviétique et le
désarmement de l’extérieur des principaux conflits soutenus par l’URSS dans le
monde qui sont trop coûteux pour l’Union Soviétique. Gorbatchev était
« persuadé que le ralentissement de la croissance était purement conjoncturel,
alors il lança le slogan de l’accélération ; il suffisait de relancer les
investissements dans le secteur des biens d’équipements et réceptionner les
produits les jetas en masse au rebut, au grand mécontentement des ouvriers qui
55
A, aganbeguian, 1987, La perestroïka : le double défi soviétique, Economica, p.14
56
A, Gratchev, 1992, Histoire vraie de la fin de l’URSS, Edition du Rocher, p.48

48
ne se sentaient pas toujours responsables en raison de la médiocrité des
fournitures et du matériel.»57

Enfin au plan social, il voulait instaurer plus de démocratie et de liberté de


ces concitoyens. Cela permettra au communisme d’avoir un visage humain,
compatible avec les Droits de l’homme et d’avoir une société civile libre et
ouverte. Les objectifs ayant été spécifiés, quels ont été les résultats de cette
politique.

2- Les principaux apports de la perestroïka

La perestroïka a apporté une vigueur au plan politique, économique et social.

D’abord au niveau politique, Gorbatchev engage une réforme institutionnelle


en décembre 1988, qui permet l’organisation d’élections pluralistes au congrès
des députés en 1989. L’Etat et le Parti sont désormais séparés. En 1990, le
congrès entérine la création de plusieurs groupes politiques autre que le P.C.
Ainsi la démocratisation se mit en marche et a favorisé le remplacement de
l’ancien système politique qui était basé sur la dictature du prolétariat et la
dominance d’un parti unique.

A cette réforme institutionnelle s’ajoute, la réforme de l’appareil judiciaire


soviétique. En fait, Gorbatchev voulait développer l’Etat de Droit, il a engagé
ainsi une profonde réforme judiciaire. Cette réforme permet d’importants
progrès comme «  une restriction du champ d’application de la peine de mort et
la fin de la pratique de l’exil intérieur.»58Dans cette réforme figure également la
volonté de voir les organisations représentatives autre que le P.C, devenir elles
aussi des groupes d’influence. Pour lui ces réformes doivent aboutir à la création
d’un véritable Etat de Droit, où « tout est permis sauf ce qui est interdit par la
loi.»59On assiste à une véritable révolution dans le système politique soviétique.

La perestroïka a permis le dégraissage de la hiérarchie bureaucratique. En


effet, elle maintient le système ministériel, tout en cherchant une réduction de
son pouvoir. Au niveau des ministères de branche, qui se voient supprimer leurs
fonctions de contrôle au jour le jour sur les entreprises. La réforme consiste à
concentrer l’organigramme et à concentrer les effectifs.

57
J-L, van regemorter, 1998, La Russie et l’ex-URSS au XXème siècle, Armand Colin, p.155
58
L. pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?»P.15
59
M, martin, 1995, La tragédie soviétique : histoire du socialisme en Russie 1917-1991 , Edition les Seuil, P. 447

49
La création de super ministères qui regroupent plusieurs ministères couvrant
le même domaine d’activités doit permettre une simplification de la hiérarchie
intermédiaire facilitant le contrôle du centre. Ainsi sept super ministères sont
crées entre 1985 et 1987 dans plusieurs branches : l’agriculture, la construction,
les relations économiques extérieures, la construction mécanique, l’énergie, les
complexes chimiques et du bois, le développement social. Cette réduction des
effectifs accompagne la réorganisation administrative. Ainsi d’importants
redéploiements sur des centaines de milliers de fonctionnaires ont lieu,
renforçant ainsi la défiance de la population vis-à-vis des réformes.

Au niveau économique, Gorbatchev prendra des mesures spectaculaires.


C’est ainsi que de 1986 à 1988, il pratique de grandes formes. Cette réforme
permet une autonomie financière aux entreprises. En effet, les entreprises
industrielles fonctionneront sur la base de l’autofinancement et de l’autonomie
comptable. Ce qui donne droit l’ouverture du capital de l’entreprise à l’étranger
Des sociétés mixtes sont créées et la libéralisation du commerce extérieur se mit
en place.

A ce niveau du commerce extérieur, avant l’arrivée au pouvoir de


Gorbatchev, plusieurs facteurs ont été officiellement admis pour expliquer le
marasme de l’économie soviétique. La politique d’investissement qui était trop
appuyée sur l’importation d’équipements étrangers, puis le ralentissement de la
croissance, deux éléments qui ont largement contribué à la montée de
l’endettement. C’est pourquoi  le volet externe de la perestroïka s’est fixé pour
objectif de réduire l’économie administrée mais aussi d’alléger la dépendance
face à l’étranger. Corriger les déséquilibres nécessitait une réforme du
mécanisme des relations extérieures. C’est ainsi que Gorbatchev à son arrivée au
pouvoir remet en cause le système d’allocation administrative des biens de
consommations tant celui-ci a décliné et semble même tombé en panne. Il
promulguera trois décrets entre août 1986 et janvier 1987 concernant les
relations économiques extérieures. Ces décrets permettent de corriger les
déséquilibres extérieurs. Il participe au réveil de l’esprit exportateur des
entreprises soviétiques, l’encouragement à la compétitivité dans les créneaux
d’exportateurs retenus et l’usage plus économique des importations. Cette
situation permettra la création d’une économie mixte ou le secteur d’Etat,
toujours dominant serait redynamisé par la présence de secteur privé et
coopératif.

50
Dans l’agriculture, la réussite de la perestroïka se joue en partie sur
l’amélioration du niveau de vie et de la consommation des ménages. Ainsi le
recours aux activités privées et coopératives indépendantes de l’Etat est
considéré par Gorbatchev comme compatible avec l’idéologie socialiste. Le
volet privé et coopératif des réformes a pour objet de légaliser les activités que
l’on peut trouver dans l’économie secondaire, de satisfaire les besoins non
couverts dans le domaine de la consommation et des services. De permettre le
redéploiement de la structure de l’emploi induit par les réformes industrielles.
Gorbatchev a restitué les terres aux paysans. Cette politique permit de
rapprocher l’homme de la propriété en louant la terre aux paysans sous forme de
contrat de sous-traitance familiale, de contrat de groupe, individuel et de contrat
bail.

Cependant, ces grands chantiers ne doivent pas ignorer les fondements


majeurs du régime que sont la dictature du prolétariat et la propriété par l’Etat
des moyens de productions.

De plus, cette nouvelle libéralisation lancée par Gorbatchev est très soutenue
par l’intelligentsia. Cette restructuration nécessite pour réussir et pour rétablir la
crédibilité du régime un climat de transparence.

II- LA POLITIQUE DE LA GLASNOST

1- Les orientations de cette politique

Le mot glasnost signifie transparence. Elle suppose le droit de critique


donné à la population. C’est aussi l’ouverture du régime soviétique à une plus
grande liberté d’expression dans les médias, dans les arts et sur le plan
idéologique. Elle autorise même les manifestations et les grèves. Elle laisse le
libre choix entre plusieurs candidats lors des élections. Cela signifie aussi « une
sorte de bonne volonté gouvernementale à accepter un débat sur certains sujets,
pourvu qu’il soit constructif.»60 Cette manière de penser est un phénomène
entièrement novateur pour la société russe qui découvre qu’elle était depuis
plusieurs décennies embrigadée.

En instaurant cette politique de glasnost, Gorbatchev voulait secouer la


léthargie des Soviétiques par un langage et des méthodes de vérité. Il voulait
aussi faire distinguer les affaires de l’Etat à celles de la société soviétique et
mettre fin à l’ancien système de gouvernement. Elle permettait aux dirigeants

60
M, martin, 1995, La tragédie soviétique : histoire du socialisme en Russie 1917-1991 , Edition les Seuil, P. 523

51
d’un pays où n’existait ni libre débat, ni indépendance des médias, de prendre
régulièrement la mesure de l’état d’esprit de l’opinion publique. De donner plus
d’autonomie et de liberté aux peuples Soviétiques. Car « la vérité la plus amère
est meilleure que le beau  mensonge.»61 Ces orientations ayant été données,
quelles sont les actions positives de la glasnost ?

2- Les actions positives de la glasnost

La glasnost a permis l’instauration de la perestroïka. La liberté de la presse


et les émissions télévisées ont permis au changement de ton nouveau et ont joué
un rôle de chambre d’accusation contre tous ceux qui s’opposaient à la
perestroïka prônée par Gorbatchev. Les dénonciations à la télévision des
difficultés d’approvisionnement en raison des négligences humaines, des
chantiers qui restaient inachevés, des entraves au développement des petites
entreprises privées constituaient autant de soutiens à la politique de réforme.

Au niveau de la presse écrite, les thèmes débattus, les articles publiés et


surtout les lettres publiées dans les tribunes libres soutiennent souvent la
politique de restructuration, attestent de la volonté de Gorbatchev d’inciter les
Soviétiques plutôt réfractaires à sa politique, de modifier leurs attitudes. Dans le
contexte d’une lutte de plus en plus affirmée entre les réformateurs et les
conservateurs, la glasnost apparaît comme une formidable arme de propagande
dirigée par le Secrétaire Général. L’objectif est de convaincre, notamment au
sein du parti, que le processus engagé est irréversible, car bénéficiant d’un
soutien total du pays. La glasnost est l’occasion de s’attaquer à la société
soviétique et officialiser le fait que celle-ci n’était pas exempte des maux
attribués aux sociétés occidentales (écologie, drogue, violence). Ensuite elle
s’attelle à la lutte contre les privilèges et la corruption.

Enfin, la glasnost permet de découvrir des pages blanches de l’histoire


soviétique et l’achèvement de la déstalinisation. Ceux-ci par la réhabilitation des
victimes du régime tel que Zinoviev, Kamenev, Piatakov, Radek et surtout
Trotsky qui étaient dans les purges. Par ailleurs, Gorbatchev avait fourni des
gages aux Occidentaux pour faire avancer le désarmement et faire reculer
l’image impérialiste de l’URSS. Il prouve ainsi sa bonne foi envers les élites
intellectuelles Soviétiques et étrangères en annonçant la libération de son
représentant le plus réputé. C’est ainsi que le 19 novembre 1986, Andreï
61
L. pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?»P.16

52
Sakharov et sa femme assignés à résidence dans la ville de Gorki (aujourd’hui
Nijni-Novgorod) depuis 1979, sont libres de revenir à Moscou. Les frontières
sont entrouvertes et il n’y a plus de faux malades mentaux.

La glasnost désigne la politique de transparence et facilite l’expression des


opinions. Elle permet de renforcer la prise de conscience de la population dans
la nécessité de réformer le système. Elle est donc un instrument indispensable
dans la réforme globale du système en général et de l’économie en particulier.
Dès lors, la glasnost prend son essor. De son approbation par le plénum du
Comité Central les 27 et 28 juillet 1987, elle devient un véritable phénomène de
société. A travers cette politique, Gorbatchev fait une ouverture religieuse vis-à-
vis de l’Eglise orthodoxe et la reconnaissance de la Cour de la Haye des Droits
de l’Homme. Ainsi que le plan de la ville de Moscou est rendu public et
l’abandon de la doctrine de Brejnev sur la souveraineté limitée des démocraties
populaires du Pacte de Varsovie. En effet, avec la transparence, le peuple
Soviétique a aujourd’hui ses yeux dans la gestion des affaires de l’Etat, de
porter des critiques ; ce qui était impossible dans l’ancien système politique et
constituait un crime contre l’Etat. « D’autre part la glasnost va entraîner en
URSS des manifestations massives ainsi que le début des grèves. »62 Elle crée un
climat de liberté entre les populations.

Depuis l’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir en 1985, l’image de


l’URSS s’est radicalement transformée. Foncièrement négative dans les
dernières années du règne de Brejnev, assombrie par la chasse des dissidents et
l’invasion de l’Afghanistan,« elle est devenue positive, sinon radieuse. Il est
parvenu à faire prendre les mots pour les choses, les concepts pour les
changements, c’est ce qu’on appelle l’image de marque. »63Ainsi les deux
grandes puissances ont signé enfin des accords sur le désarmement et la
réduction des arsenaux nucléaires de 50%.

Malgré toutes ces transformations du pays et la bonne volonté de


Gorbatchev de moderniser son pays, sa politique de réforme connut des limites
dans l’exécution.

62
Rabac-com / Relinter/AnnMnd/ GlasPers. Htm P .3
63
D. Vernet, 1990, URSS, Edition les Seuil, p.5-11

53
CHAPITRE III : LES INSUFFISANCES DES REFORMES DE
GORBATCHEV

Les tentatives de réformes entreprises par Mikhaïl Gorbatchev pour le


changement de l’ancien régime soviétique en instaurant la politique de glasnost
et celle de la perestroïka ont connu des résultats exemplaires. Mais l’évolution
ou la mise en œuvre véritable de ces réformes ne se sont pas faits aussi
facilement. Gorbatchev, étant formé dans la pure tradition communiste avait
l’embarras entre continuer dans le communisme ou pas. De même que la
nomenklatura qui était les privilégiés du système soviétique était contre cette
nouvelle forme de penser car il voyait voler en éclat tout ce qu’ils avaient
comme privilège dans l’ancien système. Ainsi, les réformes entreprises par
Gorbatchev pour sauver le système soviétique en faillite connaîtront des
difficultés dans sa mise en œuvre.
Quels sont donc les problèmes rencontrés par Gorbatchev dans la mise en
œuvre de ses réformes ?

Ce chapitre s’intéressera aux différents problèmes politiques d’abord et


traitera des problèmes sociaux que posent ces réformes ensuite.

I- LES DIFERENTS PROBLEMES POLITIQUES

Ces difficultés dans l’exécution de ces réformes sont dues au conservatisme


idéologique de Gorbatchev et de l’opposition de certains membres au sein du
PCUS.

1- Le conservatisme idéologique de Gorbatchev

54
Malgré les débuts prometteurs où l’économie soviétique a enregistré en
1986 et 1987, les taux de croissance les plus élevés depuis une dizaine d’années.
L’élan du changement s’est vite essoufflé et l’année 1988 a abouti à des
résultats médiocres. Les objectifs du plan n’étaient pas atteints et les défauts de
fonctionnement du système n’avaient pas disparu. L’Etat est le principal client
des entreprises qui ont bien du mal à être autonome, la qualité des produits reste
médiocre, la sous productivité de l’agriculture persiste ainsi que la pénurie des
biens de consommation. Cette situation est due au fait que Gorbatchev ne
voulait pas sortir immédiatement du communisme, car lui-même étant un pur
produit du système soviétique.

Ainsi le personnage de Gorbatchev ne semble pas marquer une rupture


avec le passé. Gorbatchev ne semble pas être différent des dirigeants précédents
malgré son jeune âge, car il a fait partir lui-même de ces leaders qui ont amené
le pays dans le triste état dans lequel il se trouvait en 1985. C’est alors qu’il
restait fidèle aux principes socialistes fondamentaux que sont la dictature du
prolétariat et la propriété étatique des biens de production. La politique
entreprise par Gorbatchev révèle en elle-même une certaine discontinuité. Cela
signifie que devant l’ampleur de la tâche certaines contestations de ces réformes,
Gorbatchev a eu tendance à revenir sur certaines décisions et afin d’arrondir les
angles et de faire en sorte qu’elles soient acceptées par le plus grand nombre.

Tout le long de ses six années, Mikhaïl Gorbatchev a hésité entre une
stratégie de rupture radicale et une politique de transition. Il a toujours refusé de
faire le grand saut et rejeté la réforme radicale prônée par certains de ces
conseillers. C’est ainsi qu’il devait repousser in extremis à l’automne 1990 le
fameux « plan des cinq cent jours »64préparé par ses collaborateurs et qui aurait
dû conduire à une transformation du système économique en une période très
courte.

Ainsi les débats sur la réforme économique ont été permanents. Derrière les
discussions théoriques, ce sont des questions politiques qui se posaient. Mikhaïl
Gorbatchev a mis en particulier beaucoup de temps pour faire accepter une
évolution sur certains éléments clés de ce qui aurait pu être une véritable
réforme : le rôle de l’Etat dans l’économie, celui des administrations centrales
ensuite (le plan, en particulier), notamment dans le système des prix.

64
L. pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?»P.100

55
La législation de 1987 autorisant la création des sociétés mixtes a contribué
à mettre ensemble des capitaux Occidentaux et Soviétiques pour le bon
fonctionnement des entreprises. Cette symbiose relève du fait que les sociétés
ont une très bonne expérience dans la gestion. Ce qui permettra un bon
fonctionnement et contrôle de la société. Mikhaïl Gorbatchev était très attaché à
la mise en place de ces sociétés mixtes. Mais la bureaucratie centrale a multiplié
les obstacles pour la mise en œuvre de cette réforme. Elle fut un échec total. Les
capitaux étrangers ne sont pratiquement pas venus.

En effet, l’instauration d’un véritable climat de confiance devrait permettre


à relancer l’économie soviétique. Ce climat de confiance est garanti par une
législation précise et respectée par lui-même. Cette législation dispensable pour
la réussite des réformes échoue. Car Gorbatchev n’a pu pas prendre des
décisions nécessaires pour une véritable réforme de son pays. Il n’arrivait pas à
abandonner ses habitudes communistes pour prendre la voie des réformes pures
et sauver son pays.

2- Les contestations au sein PCUS

Gorbatchev dans sa nouvelle politique, a été trahi par ces propres


collaborateurs ayant été corrompus et qui se sont accaparés des biens de l’Etat.
Mais l’obstacle la plus puissante est celle du rôle dominant du parti unique.
Ainsi les réformes enclenchées par Gorbatchev suscitent à la fois le scepticisme
et l’opposition. Le scepticisme de la majorité de la population, l’opposition
conjuguée de la nomenklatura qui sentait ses privilèges menacés et
l’intelligentsia qui souhaitait au contraire une accélération des réformes.

Les réformes économiques aggravent la crise que connaissait l’économie


soviétique depuis le milieu des années 1970. Ainsi, en démocratisant les
élections et en libérant les opposants politiques comme le physicien Andreï
Sakharov, défenseur des Droit de l’Homme et, en affichant l’information,
Gorbatchev se soumettait à la critique. Il est rapidement débordé par les
mécontentements aussi des citoyens qui veulent l’accélération de la
démocratisation. Toutes ces actions obligent Gorbatchev à un louvoiement
périlleux entre les radicaux et les conservateurs. Gorbatchev tente ainsi de
maintenir une voie moyenne en proclamant son attachement à un socialisme de
plus en plus édulcoré. Après avoir repris Lénine comme modèle, il se résout à
abolir en 1990 le rôle dirigeant du P.C, qui se transforme en 1991 en Parti Social
Démocrate. C’est ainsi que les conservateurs nostalgiques l’accusent d’avoir

56
trahi le communisme. Pour eux cette politique de réforme était une liquidation
du socialisme.

D’autre part, la glasnost stimule le désir d’autonomie, d’où les critiques des
démocrates souvent opportunistes qui veulent aller plus vite et plus loin. Ainsi,
on observe une émancipation des peuples allogènes maintenus de force dans
l’empire des tsars, puis de l’URSS.

Au regard de toutes ces critiques, les apparatchiks et les militaires qui


résistaient aux changements et lui reprochaient de saboter le régime. Les
libéraux quant eux l’accusaient de jeter de la poudre aux yeux sans opérer de
réformes significatives. La majorité de la population espérait à son tour à une
amélioration plus rapide des conditions de vie. C’est dans ce climat de critique
exacerbé que Gorbatchev tentait de préserver un délicat équilibre entre les forces
de la réaction et celle du changement également insatisfaites. Ainsi entre 1990 et
1991, les événements se bousculent : après que le P.C eut renoncé à son rôle de
direction de l’Etat en février 1990, Gorbatchev organise et remporte un
référendum prônant une réforme constitutionnelle en mars 1991, mais en août,
une tentative de coup d’Etat par les militaires désireux de restaurer le régime
soviétique met en péril l’ensemble de son processus de réformes. Ce coup d’Etat
échouera, car l’armée a refusé de suivre les putschistes, mais c’est aussi et
surtout grâce à la résistance de Boris Eltsine et ses partisans de tendance
libérale. Gorbatchev et l’URSS ressortent passablement affaiblis de l’épreuve :
en novembre 1991, le P.C est dissout et ses biens sont nationalisés, tandis que
l’Union Soviétique disparaît officiellement à peine un mois plus tard.

Au-delà de ces importantes réformes institutionnelles, le fait marquant de la


vie politique soviétique des années de la perestroïka est le foisonnement de
comité, d’organisations, de groupes, de « front populaire»65, embryons de partis
politiques poussés sur le terreau des espaces de micro autonomie qui s’étaient
constitués au début de la décennie précédente. Cette démocratisation met en
lumière les limites et les contradictions d’une démocratisation partielle mutilée
par le refus du pouvoir de mettre en cause le monopole du parti unique.

L’opposition farouche, qu’a connue les réformes entreprises par Gorbatchev


au sein du P.C a mis un frein à l’évolution et aux objectifs initiaux de la
politique de réformes. Face à cette situation politique, des difficultés
rencontrées, l’économie et la société soviétique resteront sans subir de

65
D. brand, 1993, L’expérience soviétique, Editions Dalloz, p. 90

57
transformations véritables. Les oppositions permanentes aux reformes
entraveront son déroulement.

II- LES DIFFICULTES ECONOMIQUES ET SOCIALES

Il traitera de la désorganisation du système économique et de l’état


inquiétant de la société soviétique.

1- La désorganisation de l’économie

Les reformes de Gorbatchev destinées à rendre plus efficace le système


soviétique accentueront le déclin de l’empire soviétique.

D’abord dans les entreprises rien n’a changé. Cela a été le fruit d’un délicat
compromis, la réforme était pourtant timide. Elle ne remettait pas en cause la
propriété étatique. Elle a pourtant échoué. La bureaucratie centrale, celle du plan
en particulier avec ses milliers de fonctionnaires a réussi à l’étouffer. Lors de la
conception de la loi, le plan a en effet introduit un nouvel instrument : les
commandes d’Etat. Son argument était que, pendant la transition les entreprises
devaient continuer à travailler pour l’Etat en respectant ses ordres et ne venir
que progressivement sur le marché.

C’est ainsi que, le comité d’Etat pour l’approvisionnement l’organisme


central qui répartissait l’ensemble de la production entre les entreprises n’avait
pas été supprimé. De 100% en 1987, la part de l’activité des entreprises
effectuée directement pour l’Etat devait être réduite à 40% en 1990. Du fait de
la pénurie et de la désorganisation générale, le rôle du comité pour
l’approvisionnement (Gossnab) est peut être plus que jamais important. « Le
système ministériel est toujours en place.»66

En cinq ans, le nombre des ministères a été réduit de 25% leurs effectifs de
14 % mais il reste encore, 76 ministères à l’échelon fédéral et 568 dans les
républiques. Dans les entreprises rien n’a vraiment changé tout l’ancien système
est toujours opérationnel.

Dans les coopératives, faute de pouvoir autoriser immédiatement le


développement d’un secteur privé, Mikhaïl Gorbatchev a fait adopter, en 1988
une loi autorisant les activités industrielles dans un cadre coopératif. Dans
66
L. marie, 1990, Chronique de la société d’étude et de documentation économiques industrielles et sociales,
p.25

58
certains secteurs comme le commerce, l’artisanat, la restauration, les
coopératives ont connu un rapide développement, traduisant ainsi l’existence
d’un esprit d’entreprise d’une volonté d’indépendance dans une partie de la
population. Il y avait officiellement plus de 200 000 coopératives à la fin de
1989. Le commerce du bétail qui représentait 1.5% dans l’économie connaissait
d’énormes difficultés d’où l’élévation des prix. Ces prix ont provoqué un vif
mécontentement au sein la population. Il est vrai que certains profitent de la
situation de quasi monopole pour s’enrichir rapidement. Ils sont accusés par
l’opinion publique d’être des spéculateurs. Certaines coopératives ont des
difficultés à s’approvisionner, les entreprises d’Etat ne travaillaient seulement
entre elles. Elles sont l’objet de contrôles de prix accrus. « A la fin de 1989, 4,8
millions de personnes travaillaient dans des coopératives (3% de la population
actives). Les bureaucrates et les idéologues, s’appuyant sur la réaction d’une
partie de la population, ont en définitive réussi à en limiter l’extension. »67

Les sociétés mixtes l’une des autres grands espoirs de Mikhaïl Gorbatchev
sont un autre exemple de compromis qui a abouti à un échec. Dès 1987, le
nouveau patron du Kremlin prend une décision considérée alors comme
révolutionnaire. Il s’agit de l’ouverture de l’URSS aux capitaux Occidentaux.
Les capitalistes installés en URSS vont y apporter leurs capitaux, leurs
technologies, mais et surtout leurs méthodes de gestion. Malgré l’avis de ses
conseillers certains lui recommandaient alors la création massive et immédiate
de zones franches où le capital occidental aurait pu travailler sans aucune
contrainte. Il limite considérablement la portée de cette ouverture dès le départ.
Les Occidentaux ne pourront venir en URSS qu’en créant des sociétés avec des
entreprises soviétiques. Les conditions de fonctionnement de ces sociétés feront
l’objet de longues discussions entre les différentes bureaucraties du pays. Ce qui
va entraîner une certaine méfiance des industriels occidentaux. L’expérience des
capitaux étrangers apparaît décevante après quelques années. « Malgré des
investissements coûteux et des efforts considérables, la situation de l’agriculture
était toujours aussi précaire. Dans l’industrie, la quantité n’arrivait pas à
suivre la qualité. De plus grâce encore, l’appareil industriel dans son ensemble,
(…) était incapable de s’adapter de façon compétitive, à l’ère nouvelle (…) » 68

En 1989 on notait environ 1300 sociétés mixtes, mais très peu avaient
une véritable activité industrielle. C’est alors que l’on assiste à l’implantation
des grandes entreprises occidentales en URSS. Aucun des grands projets
67
I. erik »rien n’a vraiment changé dans les entreprises » Le Monde 6 juin 1990, pp14-15
68
R. nicholas, 1997, Histoire de la russie des origines en 1996, Editions Robert Laffont, Paris p.643

59
annoncés n’avait vraiment abouti. Les industriels occidentaux sont de plus en
plus méfiants. Le scénario est sensiblement le même dans l’ensemble des
secteurs de l’économie nationale. La production agricole avait été relativement
satisfaite, mais les conditions de transport, de stockage et d’emballage étaient
telles que les consommateurs ne devraient pas pouvoir en bénéficier.

Dans la même année 1989, l’Etat s’engageait à payer pour partie en


devises les paysans pour leurs livraisons de céréales. Cette mesure a été aussi un
échec complet. Les paysans n’ont pas tout fait confiance au gouvernement. Les
dirigeants des exploitations agricoles ont tout fait pour décourager les candidats
éventuels. Car l’Etat central a perdu les commandes de l’économie. Dans
certaines Républiques, le secteur privé se développe rapidement, partout les
marchés noirs fleurissent, parce que la prime en devises n’était pas payable
quelques mois après la récolte.

Au-delà de cette situation, l’échec de la loi sur l’entreprise de 1987 apparaît


emblématique dans les déboires de la perestroïka. Elle s’est heurtée à différents
problèmes révélateurs des dysfonctionnements majeurs du système.

Les ministères ont continué à maintenir leur rôle dans le fonctionnement de


l’économie soviétique. Ils multiplient les commandes d’Etat et ne laissent pas la
possibilité au libéralisme de se développer. Les prix continuent d’être fixés de
manière autoritaire par les ministères. Tout ce ci rend la non applicabilité de la
loi sur les entreprises. Au regard de tout ceci on peut dire que la loi n’a vraiment
pas sa raison d’être ou n’a pas de sens. Elle ne fonctionne pratiquement pas.

Toutes les réformes engagées depuis 1985 ont donc échoué. Elles ont
contribué à une désorganisation générale de l’activité et abouti à une situation
économique catastrophique. La production a dégringolé. Les tickets de
rationnement sont les seuls produits qui connaissent un développement rapide.
Le mécontentement social se traduit par des grèves de plus en plus fréquentes.
La situation financière extérieure elle-même s’est fortement dégradée. « Nous
n’avons plus d’argent pour acheter des céréales à l’extérieur.»69 Cela justifie
les différents échecs des réformes apportées par Gorbatchev dans l’économie.

Durant ses six années de gestion de Gorbatchev, il n’y a, en réalités, ni


plan ni marché. La perestroïka a cassé les différents mécanismes de l’économie
planifiée mise en place depuis les années 1930.Gorbatchev ne parvient pas à
définir clairement de nouvelles règles économiques ni proposer aux travailleurs
69
I. erik « Désorganisation genérale de la production », le monde 6 juin 1990 p.15

60
de nouvelles motivations. Engluées dans des demi-mesures, la politique
économique menée entre 1985 et 1991 ne fait qu’aggraver la crise qui s’était
installée au cœur du système depuis le milieu des années 1970, portant à son
comble le mécontentement populaire. Incapable d’améliorer les conditions de
vie du plus grand nombre, le régime de Mikhaïl Gorbatchev devient de plus en
plus impopulaire à l’intérieur du pays. Cette situation inquiétante de l’économie
va provoquer le désarroi de la société soviétique.

2- L’état social de la population soviétique

L’échec des réformes économiques éclipse largement des réformes


politiques spectaculaires, mais toujours orientées vers le maintien à tout prix
d’un système dirigé par le seul P.C et d’une Union des républiques fondée sur la
coercition et la méconnaissance des aspirations nationales. Ainsi les réformes
entreprises par Gorbatchev pour donner une nouvelle image à son pays
échoueront. L’économie soviétique va de pire en mal, les rouages traditionnels
sont désorganisés, le marché noir est de plus en plus florissant, la corruption est
très galopante. Toutes ses conditions difficiles de la vie engendreront des
mécontentements, des troubles sociaux et des grèves. C’est ainsi qu’en
décembre 1989, on assiste à la grève des mineurs et d’autres mouvements dans
toute l’Union Soviétique. Pour contrer tous ces mouvements sociaux,
Gorbatchev durcit son attitude : il interdit, la grève, rejette le programme de la
transition accélérée vers l’économie de marché en 1990.

La perestroïka et la glasnost n’ont pas pu donner au pays le sourire qu’il


souhaitait dans la relance économique ainsi que la politique de rigueur. La
perestroïka Gorbatchévienne qui était porteuse d’un grand espoir, qui promettait
la prospérité aux peuples de l’URSS, la sécurité et la stabilité à toute l’humanité
à ses débuts, a plongé le pays dans une crise encore plus profonde que celle à
laquelle elle devait remédier. « Il ne faut pas comprendre la perestroïka comme
une entreprise visant à faire marché le système soviétique, il s’agit plutôt d’une
tentative pour associer la communauté internationale à l’entretien, au
financement, à l’équipement et à l’alimentation des pays socialistes. »70 

C’est pour dire que Mikhaïl Gorbatchev comptait sur les Occidentaux
pour la bonne réalisation de sa politique de réforme de l’URSS. Mais il fut trahi
par ceux-ci, car étant opposé dans une confrontation de leadership. Donc aidé
Gorbatchev à sauver le système soviétique était vu comme une trahison

70
T. françoise, 1990, Après Gorbatchev, Edition table ronde, p.263

61
idéologique. A cette situation sociale vient s’ajouter la catastrophe nucléaire de
Tchernobyl d’avril 1986 et le tremblement de terre arménien de 1988 qui a fait
près de 25000 morts et 400000 sans-abri ralentissent ses actions de reformes.

Tous ces évènements et toutes ces oppositions ont freiné l’évolution et la


mise en œuvre de la perestroïka. Néanmoins elle a permis un bouleversement
dans les relations entre l’URSS et les pays du monde communiste et entre
l’URSS et l’Occident.

TROISIEME PARTIE :
L’IMPACT DES REFORMES DANS LES
RELATIONS INTERNATIONALES

62
Dominante au lendemain de la deuxième guerre mondiale, menaçante
pendant les années 1950, expansionniste pendant les années 1960 et 1970,
l’URSS s’est écroulée à la fin des années 1980 à la stupéfaction générale.
Pourtant, elle connaissait depuis longtemps déjà des difficultés qui laissaient
présager ce désastre, depuis les grippages de l’économie jusqu’à la dissidence
internes en passant par la contestation du modèle soviétique aussi bien par les
pays d’Europe de l’Est que par les nations au sein de l’empire. « Ce mélange
explosif oblige Mikhaïl Gorbatchev, dès son accession au pouvoir en 1985, à
mettre de l’avant des réformes destinées à préserver le système soviétique
dégradant. »71 Ainsi en voulant transformer les structures en place depuis
Staline grâce à l’appui d’une société que ses prédécesseurs ont voulu passive,
Gorbatchev a pris un risque considérable. Par cette action de tentative de
réforme, il changera le cours de l’histoire mondiale.

En effet, 1989 marque donc un tournant majeur aussi bien positif, avec le
retour des troupes d’Afghanistan, que négatif, avec la chute du mur de Berlin.
Ce dernier évènement compte aux yeux de la société soviétique et surtout pour
les opposants de Gorbatchev énormément comme une trahison au
communisme. Ils voient en lui le fossoyeur de l’héritage stalinien, l’origine de
tous les maux qui accablent, en cette fin de décennie, l’empire soviétique déjà
agonisant. Ainsi en reformant le socialisme soviétique, en le rapprochant de son
origine marxiste-léniniste, Mikhaïl Gorbatchev ne s’apercevait pas qu’au lieu de
tirer son pays vers le haut, il entamait le processus inévitable et imminent qui
l’amènerait à sa perte.

En effet, de nombreux évènements vont alors s’enchaîner au cœur de


l’URSS qui déstabiliseront le premier secrétaire et avec lui le régime. Ces
événements provoqueront l’implosion de l’URSS et la création en 1991 de la
C.E.I. Ce qui nous amène à la question suivante : Quel est l’impact de ses
réformes entreprises par Gorbatchev dans les relations internationales ?
71
S.georges, 2004, Métamorphose de la Russie1984-2004, Fayard, p.135

63
Les relations entre l’URSS et les pays du monde communiste feront donc
l’objet du premier chapitre. Il est caractérisé par les contestations internes et de
la dislocation de l’URSS et du bloc soviétique. Et enfin le second chapitre qui
est le rapprochement entre l’URSS et l’Occident. Il relatera les facteurs de ce
rapprochement et de ses conséquences.

CHAPITRE I : LES RELATIONS ENTRE L’URSS ET LES PAYS DU


MONDE COMMUNISTE

Les différentes reformes engagées par Mikhaïl Gorbatchev ont eu des


répercussions immédiates dans les pays d’Europe de l’Est. Ces réformes ont
bouleversé les relations entre l’URSS et ces pays. Les populations de ces pays
désapprouvent de plus en plus les régimes autoritaires en place. Elles se tournent
de plus en plus vers les pays Occidentaux, grâce à la politique d’ouverture
instaurée par Gorbatchev. Les populations de ces pays de l’Est se rendront
compte de la misère dans laquelle elles vivaient. C’est ainsi qu’on assiste de plus
en plus aux contestations internes de l’URSS et de tout le bloc communiste.
Tous ces pays sont lâchés par Moscou. Les P.C d’Europe de l’Est, discrédités,
s’effondrent très vite, en espace de deux ans (1989-1991), tous les régimes
communistes de l’Europe de l’Est disparaissent et le bloc de l’Est éclate.

Comment se sont donc manifestés ses nouveaux rapports entre l’URSS et les
pays du monde communistes ?

Dans notre analyse, les contestations internes du régime soviétique, la


dislocation de l’URSS et de la création la C.E.I. constitueront nos centres de
réflexions.

I- LES CONTESTATIONS INTERNES

Les différentes réformes instaurées par Mikhaïl Gorbatchev pour sauver le


régime soviétique agonisant donneront aux populations privées de liberté une
certaine indépendance. Ces populations vont même vouloir se défaire de la
tutelle de l’Union Soviétique. Mais au-delà, cette population, les opposants à la
politique de reforme de Gorbatchev tenteront de faire un putsch afin de
sauvegarder l’URSS et le bloc soviétique. Pour eux ces reformes sont les
malvenues et voient en celles-ci la mort certaine de l’URSS.

64
1- Les revendications des nationalistes

La politique réformiste de Mikhaïl Gorbatchev en Union Soviétique ne peut


qu’encourager les mouvements d’opposition aux régimes communistes dans les
pays du bloc. Les gouvernements doivent accepter des mesures de libéralisation,
d’ailleurs conseillées par Gorbatchev, mais qui ne seront pas considérées comme
suffisantes.

Les aspirations à la liberté, longtemps contenues par les régimes


communistes dans les pays du bloc soviétique et en URSS, se manifesteront
irrésistiblement à la faveur des réformes tentées par Mikhaïl Gorbatchev et par
sa politique d’ouverture vers l’Occident. Le maintien au sein des régimes
communistes s’avère impossible.

C’est ainsi qu’en visite en Tchécoslovaquie en 1987, Gorbatchev expose sa


vision d’une  « maison commune européenne.»72 Il estime que c’est ensemble
collectivement que les européens pourront sauver leur maison. Il admet que
chaque nation peut «vivre sa propre vie, suivre ses propres traditions. »73En
1988, il précise, devant les tribunes de l’O.N.U, que la liberté de choix d’être
reconnu aux peuples est primordiale. Il abandonne ainsi la doctrine de
souveraineté limitée énoncée en 1968 par Brejnev et souhaite l’installation dans
les démocraties populaires de gouvernements réformateurs acquis à ses idées. Il
veut aussi donner des gages à l’Occident dont il attend un soutien politique et
une aide financière.

Ce changement de doctrine débouche sur l’émancipation de l’Europe de


l’Est. Le réveil brutal des populations a joué un rôle essentiel. Les
manifestations de masses qui secouent les différents pays expriment la soif de
liberté mais plus encore le rejet d’un système économique qui contraste avec les
images d’abondance occidentale transmises dans les médias. « Partout la
volonté de démocratie politique et de liberté économique l’emportent. En trois
ans, les régimes communistes s’effondrent et les nationalités se libèrent, d’abord
les pays satellites de l’URSS, puis en Union Soviétique elle même. C’est ainsi
que l’Armée Rouge assiste sans sortir de ses casernes au grand bouleversement
de 1989. Amorcé, en Pologne en 1980, le mouvement de remise en cause de
l’hégémonie soviétique en Europe de l’Est s’accélère à l’époque de la
perestroïka. »74
72
S. georges, 2004, Métamorphose de la Russie 1984-2004, Fayard, p.35
73
Idem
74
S.marc, 2002, Histoire du XXème siècle, Chenelière Montréal, p.350

65
A partir de l’année 1987, les populations du bloc de l’Est manifestent
contre les pénuries et les difficultés économiques, et réclament l’octroi de
libertés politiques et religieuses. Ce mouvement s’accélérera à partir de l’année
1989, avec un grand nombre de revendications nationalistes, voire séparatistes
qui commenceront à naître à différents endroits au sein de l’Union Soviétique.
A cela s’ajoute l’opposition des conservateurs communistes qui n’adhère pas à
la nouvelle politique mise en place par Gorbatchev. Ils pratiquent ainsi des
campagnes d’intoxication politique et de sabotage des activités entreprises par la
réforme.

Toutes ses revendications nationalistes viennent du fait que l’URSS est une
fédération complexe composée d’un grand nombre de Républiques et de
nationalités qui depuis des décennies ont été opprimées et brimées. Donc avec
l’affaiblissement du pouvoir central à Moscou et l’instauration de la perestroïka,
elles se font de nouveau entendre pour réclamer leur liberté longtemps
confisquée.

La contestation débute alors en Pologne, pays toujours contestataire vis-à-


vis et profondément catholique. En Pologne, « les opposants ont eu l’impression
que le bloc était rentré dans la phase de son déclin et que le gorbatchévisme
constituait la dernière parade des élites communistes face à la dégénérescence
du système.»75En effet, un syndicat libre “Solidarnosc” (solidarité) s’est
constitué depuis les chantiers navals de Gdansk en 1988, régulièrement en
grève et qui sont en pointe de la contestation. Ce syndicat Solidarité était dirigé
par Lech Walesa et conteste de plus en plus le pouvoir. Ce mouvement réclame
le pluralisme syndical. Il était ouvertement soutenu par le nouveau Pape Jean–
Paul II lui-même polonais. Il effectue alors plusieurs voyages en Pologne dès
1979 pour appuyer les opposants. C’est ainsi que lors des négociations de la
table ronde qui permettent la naissance en douceur de la troisième république de
Pologne, les dirigeants communistes polonais légalisent le mouvement social en
Avril 1989.

Le mouvement s’accélère en 1989 avec la légalisation de Solidarité. Ainsi


lors de la tenue des premières libres élections depuis plus de quarante ans les 4
et 8 juin 1989 voit la débâcle du P.C. polonais. Pour la première fois depuis
1947 un régime non communiste est constitué en Europe de l’Est. La même
année, le rôle dirigeant du P.C est aboli en Pologne et Tadeusz Mazowiecki
devient le premier ministre polonais non communiste en Europe de l’Est. Il est
75
G. mink, 1997, Vie et mort du bloc soviétique, Casterman Giunti Gruppo Editorial, Firenze, p. 129

66
nommé le 19 août 1989 et investi à une écrasante majorité par la Diète
polonaise le 8 septembre 1989 grâce à une coalition entre Solidarité, le Parti des
Paysan et le Parti Démocrate. En décembre 1989, Lech Walesa dirigeant
emblématique de Solidarité remplace le Général Jaruzelski du Parti Ouvrier
Unifié Polonais (POUP) à la présidence. Le triomphe des candidats du syndicat
solidarité à ces élections a déclenché une avalanche de révolutions pacifiques
anti-communistes en Europe Centrale et en Europe de l’Est.

En Hongrie, des manifestations contre le régime se multiplient en 1987 et en


1988. L’opposition s’organise et les réformateurs entrent au gouvernement en
juin 1988. La constitution stalinienne hongroise est modifiée et le pluralisme
politique est reconnu. Le pays cesse cependant d’être une république populaire.
Dès le mois de mai 1989, la Hongrie prit la décision d’ouvrir le rideau de fer le
séparant de l’Autriche. Cette ouverture permettra ainsi la fuite vers l’Ouest de
nombreux Allemands de l’Est.

En Tchécoslovaquie, une «révolution de velours »76 apparaît le 29 décembre


1989 et balaie l’ancien régime communiste en quelques jours. C’est ainsi que
Vaclav Havel, dramaturge tchèque dissident, est élu à la présidence de la
Tchécoslovaquie. Dans cette dynamique, le mouvement contestataire Forum
Civique, remporte les premières élections législatives le 8 juin 1990 et reconduit
Vaclav Havel à la présidence de la République en juillet 1990.

En Roumanie, la funeste dictature du mégalomane Nicolae Ceausescu77,


connaîtra une fin rapide et tragique. Des émeutes populaires partant de
Timisoara s’étendent à tout le pays. Le régime communiste s’effondre. Détestés
Nicolae Ceausescu et sa femme sont exécutés fin de l’année 1989.

Quant à la République Démocratique Allemande (R.D.A), l’opposition au


régime stalinien se développe. D’énormes manifestations se produisent et la
fuite des Allemands de l’Est s’amplifie. Le gouvernement n’envisage aucune
réforme et compte sur l’intervention des troupes soviétiques stationnées en
R.D.A, mais Gorbatchev refuse d’intervenir. Dès lors le chef du P.C Erick
Honecker démissionne et le régime communiste s’écroule. Le mur qui coupait
Berlin en deux depuis 1961 est franchi le 9 novembre 1989 et les Allemands de
l’Est ne pensent plus qu’à la réunification avec la République Fédérale
Allemande (R.F.A).
76
Changement politique profond sans violence
77
Né près de pitesti en 1918 est un homme politique romain, secrétaire général du parti communiste en 1965
et président du conseil d’Etat en 1967. Il meurt en 1989

67
C’est le Chancelier de la R.F.A Helmut khôl qui mettra tout en œuvre
pour la réunification de l’Allemagne. Cette chute du mur de Berlin produira une
impression considérable en Allemagne et dans le monde. Surtout quand la
réunification de l’Allemagne s’est faite sans aucune opposition de l’Union
Soviétique.

L’écroulement du communisme contribue aussi à la désintégration de


l’URSS par l’émergence du nationalisme. Dans la plupart des républiques de la
fédération soviétique, les mouvements favorables à l’indépendance prennent de
l’ampleur. Les trois républiques baltes la Lituanie, l’Estonie et la Lettonie, qui
n’avaient jamais accepté leur intégration forcée à l’URSS en 1944 (pacte
germano- soviétique), proclament leur indépendance et demandent le retrait des
troupes Soviétiques de leurs territoires. Gorbatchev qui voulait sauver l’URSS
réagit par la fermeté et envoie des troupes soviétiques à Vilnius et à Riga en
janvier 1991. Mais cette fois la télévision est présente. Cette scène choqua la
communauté internationale, avec leur critique l’armée n’eut pas le temps de
massacrer les indépendantistes.

A partir de ces pays, le mouvement indépendantiste regagne les autres


républiques de l’Union la Moldavie, la Biélorussie, l’Ukraine, l’Arménie, le
Turkménistan, le Tadjikistan, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, le
Kazakhstan et la Géorgie, qui émettent des proclamations de souveraineté ou
d’indépendance. Gorbatchev comprit que la violence ne pouvant plus freiner le
désir d’indépendance de ces Républiques«  décide d’organiser un référendum
afin de proposer un nouveau statut pour l’Union qui prendrait en compte les
aspirations autonomistes qui émergent au cœur de l’URSS. »78Celui-ci a eu lieu
le 17 mars 1991. Mais la consultation ne se fait que dans neuf Républiques sur
les quinze (15) que sont l’Ukraine, la Russie, la Biélorussie, du Turkménistan,
du Tadjikistan, de l’Azerbaïdjan, de l’Ouzbékistan, du Kirghizistan et du
Kazakhstan. En effet, les trois Républiques baltes la Lituanie, l’Estonie et la
Lettonie se sont déjà proclamées indépendantes depuis 1990 et la Géorgie,
l’Arménie et la Moldavie s’apprêtent à en faire autant. Néanmoins, les
Soviétiques des neuf Républiques répondent oui à 76%.

Cependant Gorbatchev est de plus en plus impopulaire. Ce référendum est


le désir pour Gorbatchev de renouveau et de souveraineté plutôt que d’un
attachement à l’Union. C’est ainsi que la Géorgie se déclare indépendante le 9
avril 1991.Quant à la Russie qui était favorable au referendum, se prononcera
78
S.marc, 2002, Histoire du XXème siècle, Chenelière Montréal, p.344

68
pour un régime présidentiel. C’est alors que Boris Eltsine79 est élu au suffrage
universel direct à la présidence de la Russie. Cette décision et l’élection de
Boris Eltsine pose à Gorbatchev le problème capital au niveau de son poids
politique sur la scène intérieure, n’ayant pas la consécration du vote populaire.
Mais il garde tout de même de l’importance sur la scène internationale. C’est
ainsi que Gorbatchev représente son pays au sommet des pays industrialisés se
tenant à Londres en juillet 1991. « Il fait alors part de son désir de faire passer
l’URSS à une économie de marché. Cette annonce condamne donc l’économie
socialiste, portant ainsi un coup fatal au dogme marxiste-léniniste. »80 C’est
alors que les réformateurs libéraux lui reprochaient de ne pas faire assez de
réformes, et les conservateurs communistes, nostalgiques de la grande URSS de
Staline, lui reprochaient aussi de brader l’empire et d’entraîner le pays dans le
déclin. Aussi, afin de sauver ce qui pourrait encore l’être, les communistes
conservateurs tenteront de faire un coup d’Etat en août 1991.

2- Le putsch des conservateurs du PCUS

Depuis 1985, année de sa nomination au poste de Secrétaire Général du


PCUS, Mikhaïl Gorbatchev avait initié un programme ambitieux de réformes,
contenu dans les mots de perestroïka et glasnost, respectivement restructuration
économique et transparence politique. « Le passage à l’économie de marché
aboutit les 25 et 26 juillet 1991, lors du plénum du Comité Central du PCUS à
l’abandon du principe de lutte de classe cher au socialisme soviétique. Ces
changements déclenchèrent des résistances et de la suspicion de la part des
membres conservateurs du système communistes. »81 La réforme libère aussi
bien des forces et des mouvements auxquels Gorbatchev ne s’attendait pas. Ses
agitations nationalistes de la part des minorités non russes de l’Union Soviétique
progressèrent et des craintes existaient que certaines républiques fissent
sécession.

Les conservateurs ayant du mal à accepter la perte d’influence de l’URSS


en Europe de l’Est et redoutant l’éclatement de l’Union Soviétique, tiennent
Gorbatchev personnellement responsable de la décomposition de l’Etat, de la
faiblesse de l’économie et de la perte de l’empire. « Pour ces conservateurs vu
tous ses échecs, Gorbatchev ne devrait plus être à la tête de l’Etat et songent à
79
Boris nikolaïevitch Eltsine est né le 1 février 1931 à Boutka dans l’oblast de Sverdlovsk est un homme
politique russe. Il devient président du soviet suprême de la république socialiste fédérative soviétique de
russie. Il fut le premier président de la fédération de russie, avec deux mandats consécutifs (1991-1996) et
(1996-1999) après l’effondrement de l’URSS. Il meurt le 23 avril 2007.
80
S. georges, 2004, Métamorphose de la Russie 1984-2004, Fayard, p.534
81
A. sauvagnargue, 2008, Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.9

69
se débarrasser de lui. Ceux-ci auraient été poussés par la crainte de perdre
leurs postes dans les instances dirigeantes du parti et du pays mais aussi la
perte de leurs privilèges. A cette crainte de perdre leurs privilèges, il y a aussi le
fait qu’après des négociations les Républiques acceptèrent un nouveau traité
qui leur donnait une autonomie presque totale au sein d’une fédération
disposant d’un président et au sein de laquelle seule les politiques étrangères et
défenses seraient communes. »82 C’est ainsi qu’ils arrivent à la conclusion d’agir
pour sauver l’URSS. Bien que ce traité fût destiné à sauver l’Union, les tenants
de la ligne dure du communisme craignaient qu’il encouragerait certaines petites
Républiques, à exiger une indépendance complète particulièrement l’Estonie, la
Lituanie et la Lettonie.

C’est pour cela que le 19 août 1991, à la veille de la signature du traité sur
la nouvelle Union que les conservateurs retiennent Gorbatchev et sa femme
prisonniers dans leur résidence de vacances en Crimée et en le
déclarant « incapable d’assumer ses fonctions pour des raisons de santé. Ils
annoncent la formation d’un  Comité d’Etat pour l’Etat d’Urgence»83. Ces
putschistes ont leur tête le vice-président de l’URSS Guennadi Ianaev, le
premier ministre Valentin Pavlov, le vice-président du conseil de défense Oleg
Baklanov, le président du K.G.B Vladimir Krioutchkov, le ministre de
l’intérieur Boris pougo, le ministre de la défense Dimitri Iazov, le président de
l’association des entreprises d’Etat Alexandre Tiziakov et le président de l’union
des paysans de l’URSS Vassili starodoutsev tous ayant accédé à leur fonction
sous Gorbatchev qui est le chef de fil. Tous ces artisans comme on le voit sont
donc les plus hauts dignitaires du régime et membres du P.C.

Le Comité d’Etat pour l’Etat d’Urgence de l’URSS, dans leur adresse au


peuple soviétique déclare leurs intentions. L’armée sous leurs ordres occupe
Moscou. Ils établissent « la censure et interdisent les activités politiques hostiles
au parti communiste. Mais il faut reconnaître que le putsch apparaît rapidement
comme un putsch idiot selon les termes du journaliste Maxime Sokolov. Idiot
parce que l’armée, ne peut pas utiliser ses armes, aucune communication
nationale ou internationale n’est coupée, et les principaux réformateurs dont
fait partir Boris Eltsine ne sont pas inquiétés, ni arrêtés. »84

82
A. sauvagnargue, 2008, Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.10
83
G.ulysse, V.fédorosvki, 1991, Histoire sécrète d’un coup d’Etat, JC Lattès, p.56
84
A. sauvagnargue, 2008, Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.10

70
Toutefois, les conservateurs, alors enfermés au Kremlin, n’avaient pas pris
en compte l’évolution de la société. Il est évident que celle-ci n’est plus passive
qu’auparavant et le peuple a pris goût à la liberté née avec Gorbatchev et la
glasnost et ne compte pas la perdre. C’est pourquoi cette population répond
massivement à l’appel à la résistance lancé depuis « la Maison Blanche»85par
Boris Eltsine. Cet appel est le suivant :

« Nous somme en présence d’un coup d’Etat droitier réactionnaire et


anticonstitutionnel. Les solutions de force sont inadmissibles. Elles discréditent
l’URSS aux yeux du monde entier, nous ramènent à la guerre froide et à
l’isolement. Tout cela nous oblige à déclarer illégal ce prétendu Comité qui a
pris le pouvoir. Nous appelons les citoyens de Russie à donner aux putschistes
une réponse digne. Nous demandons aux militaires de faire preuve d’un grand
esprit civique et de ne pas prendre part au coup d’Etat des réactionnaires. Le
président Gorbatchev doit pouvoir s’exprimer en public. Nous exigeons la
convocation immédiate d’un congrès extraordinaire. Tant que nos exigences ne
sont pas satisfaites, nous appelons à la grève générale illimitée. »86

L’appel à la résistance au putsch de Boris Eltsine a fait place à plusieurs


manifestations importantes contre les dirigeants du coup d’Etat. Beaucoup de
manifestations eurent lieu dans tout le pays mais les importantes se déroulèrent à
Moscou et à Leningrad. La résistance organisée par Boris Eltsine depuis le
parlement de la Russie inquiète le Comité d’Etat pour l’Etat d’Urgence. Ce
Comité tentera de déloger Boris Eltsine et ses camarades de la maison blanche.

Les putschistes envoyeront les forces spéciales du KGB afin que ceux-ci
délogent et arrêtent Boris Eltsine et ses camarades. Cet assaut fut un échec
« car les hommes du groupe Alpha ont décidé de ne pas bouger. Ils n’ont
finalement même pas pris leur position de combat et se sont contentés
d’observer la maison dans laquelle se trouvait Boris Eltsine de loin. »87 Cette
désobéissance de l’unité Alpha fait penser donc à un ralliement à la cause de
Boris Eltsine président élu de la Russie. Elle est due à l’état psychologique des
hommes du groupe Alpha. En effet « ils voient bien que la situation est
incertaine. Personne ne sait comment tout cela se terminera. Ils devinent qu’en
cas d’échec du coup d’Etat c’est sur leur conscience que retombera
l’intervention armée contre le président légalement élu de la Russie. Seul un

85
Nom donné au parlement de la Russie
86
G.ulysse, V.fédorosvki, 1991, Histoire sécrète d’un coup d’Etat, JC Lattès, p.84
87
G.ulysse, V. fédorovski, op cit. p.88

71
aventurier peut prendre ce genre de responsabilité sans réfléchir. »88 Cette
attitude des soldats montre que les reformes engagées par Mikhaïl Gorbatchev
ont eu un impact sur la population.

Ayant senti le ralliement de l’armée, Boris Eltsine eut confiant de bien


mener la lutte pour faire face aux putschistes. C’est ainsi qu’il se tient debout sur
un blindé pour condamner la junte. Il appelle le peuple à toujours résister pour
permettre l’échec du putsch. Ces manifestations à la résistance se sont déroulées
dans la majorité sans trop de heurts. « Le 21 août 1991, la grande majorité des
troupes envoyées à Moscou se rangea ouvertement au côté des manifestants ou
firent défection. Cette symbiose de la population et de l’armée fait échouer le
coup d’Etat après trois jours d’existence. » 89

L’échec du putsch a montré que le peuple russe était en avance, dans sa


volonté et son courage au service de la démocratie, sur la vision que les
dirigeants Occidentaux ont de son avenir. Ainsi,  « cet échec du putsch
discrédite entièrement la thèse voulant, que fatigué et désabusé, le peuple
soviétique aurait accueilli avec un certain soulagement l’avènement d’une
dictature, si seulement celle-ci devrait permettre de remplir les étalages.»90Ce
mythe d’un peuple prêt à courber l’échine pour peu qu’on lui donne à manger
vient de voler en éclats.

En résistant aux tanks, les manifestants ont montré qu’on ne peut pas les
duper en approvisionnant artificiellement les magasins. Ils savent bien que
seules les réformes en profondeur peuvent mettre fin à la misère. C’est pourquoi
la population se range massivement et sans équivoque derrière ceux qui
favorisent ces réformes. Ce putsch n’a pas réussi car la population et l’armée ont
refusé de participer à cette organisation anticonstitutionnelle. Cet acte est un
atout majeur pour l’avenir. C’est alors que tous les putschistes sont tous arrêtés
sauf Boris Pougo le ministre de l’intérieur qui se suicida.

Gorbatchev qui avait été assigné à résidence surveillé à sa maison de


vacances en Crimée, retournera à Moscou en disant : « Nous volons vers une
nouvelle époque.»91Pour dire que l’époque des coups d’Etat est révolue et donc
que la liberté prônée par lui est en fin retrouvée. Grâce à celle-ci le putsch n’a
pas réussi, il a été un échec total.

88
Ibidem, p.89
89
A. sauvagnargue, 2008, Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, pp10-11
90
La Presse, 22 août 1991, P.82
91
G.ulysse, V.fédorosvki, 1991, Histoire sécrète d’un coup d’Etat, JC Lattès, p.190

72
A son retour au pouvoir, Gorbatchev promit de purger les conservateurs du
PCUS. Il démissionna de son poste de secrétaire général du parti mais resta le
président de l’Union soviétique. « L’échec de ce coup d’Etat amena une série
d’effondrements des institutions de l’Union. C’est ainsi que Boris Eltsine prit le
contrôle de la société centrale de télévision, des ministères et des agences
économiques clés. Ce putsch fut l’un des derniers souffles finaux de la deuxième
puissance militaire mondiale qui, à partir de là, vivra ses dernières heures.
Malgré quelques tentatives d’actions afin de sauver ce qui peut l’être du régime,
Gorbatchev échoua. Car le rôle de Boris Eltsine et celui du peuple soviétique,
nouvellement libre, dans la résistance du putsch des conservateurs vont
irrévocablement changer la donne. » 92Le putsch va donc précipiter la
dislocation de l’URSS et favoriser la création de la C.E.I93. C’est que ainsi les
jours qui ont suivi le putsch plusieurs Républiques vont réclamer leur
indépendance. L’URSS sera définitivement démantelée en décembre 1991.

II- LA DISLOCATION DE L’URSS ET LA CREATION DE LA C.E.I

Le putsch perpétué par les communistes conservateurs signe la fin du


régime communiste et de l’Etat soviétique. L’échec du putsch accélère
brutalement la désagrégation de l’Union Soviétique. Les institutions que regorge
l’URSS tombent les unes après les autres. Nous avons entre autre les activités
du PCUS qui sont suspendues puis interdites. Le Comité Central est dissout et
Gorbatchev doit démissionner de son poste de secrétaire général dormais
interdit. Le KGB est aussi démantelé. Toutes ses situations profitent au président
de la Russie Boris Eltsine. « Il est le grand bénéficiaire de l’échec du coup
d’Etat. Il n’hésite pas à humilier Mikhaïl Gorbatchev qui tente de défendre le
parti communiste devant le parlement russe en suspendant les activités du parti
communiste de Russie. » 94 Face à cet échec Gorbatchev prend conscience et
démissionne de son poste de premier secrétaire du PCUS après avoir demandé
au Comité Central de se dissoudre, mais il reste le président de l’URSS. Le P.C
est alors interdit dans l’armée et dans les organismes d’Etat. Le 29 août 1991,
l’inévitable se produisit. Le soviet suprême suspend les activités du P.C dans
toute l’URSS avant de se dissoudre lui-même.

92
F. marc, 1996, Le système soviétique et son implosion, Editions, Paris Collection Hermès-numéro 19, p.31
93
Communauté des Etat Indépendants ; c’est une confédération de républiques souveraines créée en 1991 et
formée de la Russie, de l’Ukraine, de la Biélorussie, de la Moldavie, de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan, de la
Géorgie, du Kazakhstan, du Kirghizstan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Turkménistan. Quoique dotée
d’un important appareil bureaucratique, la C.E.I ne joue ni un rôle important ni en politique internationale ni
dans les relations entre ses membres.
94
A. sauvagnargue, 2008, Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.12

73
1- L’implosion du régime communiste

Le P.C alors disparaît. Cette disparition crée un vide institutionnel colossal


étant donné que c’est le parti qui détenait la réalité du pouvoir en URSS. Pour
combler ce vide, il faut une nouvelle Constitution pour le pays. En attendant que
celle-ci soit rédigée trois organismes sont mis en place à afin de diriger les
affaires courantes l’Union Soviétique.

C’est ainsi qu’un Conseil d’Etat réunissant Gorbatchev et les dirigeants


des Républiques est chargé de coordonner la politique étrangère et les questions
intérieures communes aux Républiques ; un Comité Inter Républicain doit
regrouper des représentants de toutes les Républiques pour coordonner la
gestion et la réforme de l’économie ; et un Conseil des représentants des députés
du peuple chargé d’élaborer la nouvelle Constitution de l’Union.

Le K.G.B quant à lui, symbole du régime communiste, est dissout le 2


octobre 1991. Tous ces bouleversements au niveau fédéral se produisent dans
toutes les Républiques de l’Union Soviétique. Les P.C de toutes les Républiques
qui composent l’URSS sont dissouts, le 6 novembre 1991. Cet acte de
dissolution de tous les partis accélérera les mouvements indépendantistes des
différentes Républiques. Cette élimination du parti ciment du système soviétique
entraîne le naufrage définitif de l’Union.

A la veille et à l’origine du putsch, quelques Républiques attachées à


l’Union se déclaraient indépendantes ou revendiquaient une autonomie et une
souveraineté propre. Ce putsch manqué accélérera l’idée d’autonomie et de
liberté de ces Républiques. C’est ainsi que toutes les Républiques de l’URSS
accèdent à l’indépendance sauf le Kazakhstan et la Russie. Mais ces
Républiques ne seraient pas économiquement viables seules et c’est en tenant
compte de ces considérations économiques que Gorbatchev utilise le peu
d’influence qui lui reste pour tenter de sauver l’Union Soviétique. Il élabore
ainsi un traité économique qui est signé par huit Républiques c'est-à-dire la
Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan, le
Kirghizstan, le Tadjikistan et le Turkménistan.

Pendant ce temps le Conseil d’Etat de son côté, prépare un traité


politique laissant aux Républiques leur souveraineté et conférant au pouvoir
central uniquement la représentativité diplomatique et les affaires militaires.
Mais ce projet nouvel de l’Union ne satisfait pas et apparaît, aux yeux de Boris
Eltsine qui revendique l’héritage des pouvoirs de l’URSS pour la Russie, comme
74
illusoire car le nouveau parlement ne comprend que les députés de sept
Républiques. C’est alors que l’idée de création de la C.E.I parvient à Boris
Eltsine.

2- La création de la Communauté des Etats Indépendants (C.E.I)

Au cours de l’automne 1991 les Républiques constituantes de l’Union


Soviétique proclamaient, les unes après les autres, leur indépendance sans que
le président Soviétique Gorbatchev n’ait la possibilité de s’y opposer par la
force. A cela s’ajoute l’échec du putsch qui a précipité la disparition de l’URSS.

Mais c’est plus Boris Eltsine qui portera le coup de grâce à l’URSS et à
Gorbatchev toujours chef de l’Etat. En effet le 8 décembre 1991, Boris Eltsine
rencontre à Minsk dans la capitale de la Biélorussie, les présidents de la
Biélorussie Stanislas Chouchkevitch, de l’Ukraine Leonid Kravtchouk. « Ils
constatent tous les trois que l’URSS n’a plus existence réelle. Ils décident alors
de fonder une Communauté d’Etats Indépendants ouverte à tous les Etats de
l’ancienne URSS. C’est une Communauté d’Etat copiée sur le modèle de la
Communauté Européenne, dans le cadre de laquelle les Républiques pourront
coordonner leurs politiques, économiques et bancaires. »95Gorbatchev proteste
vivement, en accusant les trois présidents de ne pas respecter le référendum du
printemps 1991, de ne pas respecter la légalité et l’obligation de consulter le
peuple.

Malgré cela, le mouvement de disparition de l’URSS paraît désormais


impossible à enrayer. Les différents pays du bloc communiste et les pays de
l’Union Soviétique vont de plus en plus multiplier des actions indépendantistes.
C’est ainsi que  « le 14 décembre 1991, les cinq Républiques d’Asie Centrale
l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et le Turkménistan
rallient la C.E.I suivies de près par l’Arménie et la Moldavie. Le dernier Etat
fidèle à l’Union le Kazakhstan, déclare son indépendance et rejoint la
Communauté le16 décembre 1991. Le coup mortel vient le 21 décembre 1991
lors de la Conférence d’Alma-Ata au Kazakhstan où la création de la C.E.I est
officialisée par les présidents de onze République de l’ancienne URSS. A savoir
l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, le Turkménistan, le
Kazakhstan, la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, la Moldavie, l’Arménie. Lors
du sommet d’Alma- Ata, un accord fut également conclu entre les quatre
puissances nucléaires de la C.E.I la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie et le

95
G.vincent, 2006, La perestroïka ou reformer l’irréformable, Université de Toulon la garde Master I, p.44

75
Kazakhstan sur l’instauration d’un commandement unique des forces nucléaires
stratégiques. » 96 Un traité sur le commandement militaire unifié fut également
signé lors de cette conférence. Cette action des différents pays affaiblira l’URSS
de plus en plus. Le pays n’a désormais plus de citoyenneté soviétique. La
dislocation est faite. C’est donc la fin de l’URSS.

Gorbatchev est alors totalement isolé. L’isolement va plus s’accentuer et


considérer comme une grave action de dislocation qui va pousser Mikhaïl
Gorbatchev à la démission. Lorsque « Boris Eltsine reçoit le secrétaire d’Etat
américain James Baker, lui exposant le projet de traité militaire de la C.E.I et
annonce, afin de rassurer l’Occident et les Etats-Unis, un contrôle unique de
l’armement nucléaire par la Russie. Il en profite pour déclarer que toutes les
institutions de l’ex- URSS cesseront de fonctionner à la fin de l’année 1991. »97
Gorbatchev perd alors son ultime rôle de porte-parole de la politique étrangère
de son pays et prend acte de la perte de son pouvoir. Il est le président d’Etat qui
a perdu toute son existence.

L’ultime étape de ce processus rapide de dislocation est l’annonce de la


démission de Mikhaïl Gorbatchev à la télévision le 25 décembre 1991 en
déclarant que « la ligne du démembrement du pays et de la dislocation de l’Etat
a gagné, ce que je ne peux pas accepter.»98 Reconnaissant officiellement la mort
de l’URSS, Gorbatchev transmet la mallette nucléaire à Boris Eltsine, président
de la Russie. La Russie est donc la nation héritière de l’ex-URSS.

Ce même jour la plupart des grands pays rendent hommage au rôle joué par
Gorbatchev dans la transformation pacifique de l’URSS. « Le 26 décembre 1991
la presse ex-soviétique, restée fidèle à Gorbatchev, commente cette démission et
souligne la grande avancée de la perestroïka qui leur a donnée la liberté de
parole et de pensée. »99

Privée de son empire et libérée de son carcan communiste en 1991, la


Russie est néanmoins reconnue comme Etat successeur de l’URSS sur le plan
international. Elle conserve même son statut de membre permanent du Conseil
de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (O.N.U).

96
A. sauvagnargue, 2008, Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.13
97
G.sitbon, « La grande illusion de Mikhaïl Gorbatchev » Le Nouvel Observateur France, 26 décembre 1991 au 1
janvier 1992, p.39
98
G.vincent, 2006, La perestroïka ou reformer l’irréformable, Université de Toulon la garde Master I, p.56
99
Idem

76
Malgré tous les efforts entrepris par les réformateurs pour sauver l’URSS,
en instaurant la perestroïka et la glasnost, le colosse empire soviétique n’a pu
résister. Tous ces évènements précipitèrent la fin de l’URSS. Ils mettent en
lumière les carences du diagnostic de Gorbatchev qui a sans doute sous-estimé
les velléités indépendantistes qui n’ont cessé de s’amplifier avec la détérioration
de l’économie et l’appauvrissement de la population.

Ainsi durant toute cette période de réforme, Gorbatchev a posé des actes
positifs pour sauver l’URSS. Il a pratiqué une politique d’ouverture sur le
monde et amélioré ses rapports avec les pays Occidentaux.

CHAPITRE II : LE RAPPROCHEMENT ENTRE L’URSS ET


LE ETATS-UNIS

77
Depuis le milieu des années 1970, le monde a été plongé de plus en plus
dans la crise économique. De nouveaux foyers de tensions se sont développés et
les superpuissances ont eu des relations difficiles. Le début des années 1980 est
marqué par l’engagement d’une nouvelle course aux armements, la détente
amorcée au début des années 1970 semble donc interrompue.

Mais l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev en 1985 précipite les


évènements. « Mikhaïl Gorbatchev met en place une politique de réforme pour
sauver son pays souffrant déjà des difficultés économiques, politiques et
sociales, afin de refaire son retard et rattraper les Etats-Unis. »100 Mikhaïl
Gorbatchev opte ainsi pour le dialogue entre l’Est et l’Ouest qui s’est détérioré
pendant longtemps dans les tensions. Il instaure donc sa politique de réformes
perestroïka (restructuration) et la glasnost (transparence). L’URSS s’ouvre dès
cet instant sur le monde et connaît les réalités des pays Occidentaux.

A partir de cette période, le dialogue s’intensifie subitement entre les deux


grands et débouche, au début des années 1980, sur une véritable détente à la
faveur de l’effondrement du glacis stratégique de l’Union Soviétique. Dès lors
beaucoup de conflits dus aux confrontations Est-ouest se trouvent ainsi résolues
ainsi que le désarmement des deux blocs.

Quels sont donc les facteurs du rapprochement entre l’URSS et l’Occident ?


Quelles sont les conséquences de ce rapprochement ?

Dans notre analyse nous tenterons de mettre ses facteurs en exergue et


ensuite de traiter des conséquences de ce rapprochement.

I- LES RAISONS DU RAPPROCHEMENT ENTRE L’URSS ET LES


ETATS-UNIS

Les raisons sont diverses. Il y a d’abord la nouvelle politique mise en place par
Mikhaïl Gorbatchev depuis son avènement à la tête de l’URSS et la réponse
favorable du président Ronald Reagan à la tête des Etats-Unis.

1- L’avènement de Mikhaïl Gorbatchev en URSS

A la mort de Brejnev en 1982, l’URSS est confrontée à une série de


problèmes qu’elle se relèvera incapable de résoudre dans le cadre du régime
100
C.georges, 2001, Du dégel à la guerre fraîche et à la détente fin des années 1970-1995, Hachette, p.10

78
communiste. « Ces problèmes sont d’ordre sociales et surtout économiques.
Ces difficultés du système soviétique remontent à l’époque de la collectivisation
et des premiers plans quinquennaux, mais s’aggravent pendant les années 1950
jusqu’à devenir insolubles à partir des années 1970.»101L’équipe de Brejnev a
bien tenté de redresser le pays en instaurant de nouvelles méthodes de gestion et
de planification, de responsabilités accrues aux entreprises, d’alignement de
l’agriculture sur le secteur, d’ouverture au marché mondial, mais l’équipe ne
réussira pas à freiner le déclin de l’URSS.

A cette situation catastrophique de l’Union Soviétique dans les années


1980, vient s’ajouter l’arrivée au pouvoir de Ronald Reagan en 1980, un
républicain conservateur, obnubilé par le déclin américain. C’est ainsi qu’il
« veut donner de la confiance à l’Amérique et estime qu’on ne peut négocier
avec l’URSS qu’en position de force. Pour lui l’URSS est l’empire du mal, la
représentation du diable sur la terre qu’il faut abattre. Son discours met fin au
processus de la détente. Il n’y a pas de coexistence pacifique puisqu’elle n’est
profitable qu’à l’URSS. »102 Ce durcissement de la politique des Etats-Unis se
confirme d’autant plus que l’URSS est confrontée par des problèmes de
succession entre 1982 et 1985 c'est-à-dire entre la mort de Brejnev et l’arrivée
de Gorbatchev. C’est donc dans cette situation trouble de l’URSS que Ronald
Reagan le président des Etats-Unis va initier une nouvelle course aux armements
contre l’URSS. Ronald Reagan lancera l’Initiative de Défense Stratégique
(I.D.S).

Son objectif était de rendre les Etats-Unis invulnérables aux attaques de


missiles nucléaires Soviétiques. « Ce projet est d’édifier dans l’espace un
bouclier inviolable avec stations spatiales de détection et de frappe nucléaire en
vu de détruire dans l’espace tout missile ennemi lancé contre les Etats-Unis. Il
veut s’assurer une supériorité décisive sur l’URSS par la fin de l’équilibre de la
terreur car l’URSS ne pouvant plus détruire les Etats-Unis, ces derniers pouvant
anéantir leur ennemi. » 103Il voulait aussi essouffler l’économie soviétique au
cas où celle-ci s’acharnerait à vouloir relever le défi et à s’engager sur cette
voie. Et enfin, il voulait relancer la recherche aux Etats-Unis pour amplifier
l’avance technologique. Dès lors on assiste à une augmentation considérable du
budget militaire américain. Il atteint en 1987 295 milliards de dollars soit 29%
du budget du pays. Débute alors une course effrénée entre les Etats-Unis et
101
S. marc, 2002, Histoire du XXème siècle, Chenelière Montréal, P.337
102
M. francis, 2003, La guerre froide de la détente à l’entente 1962-1991, CNRS Editions, Paris, p.20
103
M. francis, op.cit. p.21

79
l’Union Soviétique. « Fin 1979 et début 1980 le conseil atlantique décide
d’installer dans plusieurs pays de l’O.T.A.N (Organisation du traité de
l’Atlantique Nord) des fusées Pershing II ainsi que des missiles de croisières
indétectables en vol à très basse altitude et ultra précis. Ces fusées prévues
s’implantent en Europe dès 1983 jusqu’en 1985. Ces missiles sont la riposte à
ceux des soviétiques. »104

En effet, depuis 1977 les soviétiques ont déployé en Europe des missiles
SS 20 de moyenne portée (1000-5000km) et d’une redoutable précision en
remplacement d’anciennes fusées SS 4 et SS 5 dépassées. Dès lors, les Etats-
Unis interviennent militairement contre l’expansion communiste dans le monde
soit par des opérations musclées comme en Grenade en 1983 soit par un soutien
important contre aux mouvements communistes les contras du Nicaragua et des
Talibans Afghans.

C’est dans cette période de surenchère américaine que Mikhaïl Gorbatchev


arrive au pouvoir en 1985. Il se rend compte qu’il ne peut pas se lancer dans
cette course, faute de moyens financiers. « Cette arrivée au pouvoir de Mikhaïl
Gorbatchev marque donc un tournant fondamental dans la diplomatie
soviétique. La raison de ce virage réside non seulement dans les difficultés
internes que rencontre l’URSS mais aussi, et surtout, dans le fait que l’URSS
n’a plus les capacités économiques et financières de faire face à la nouvelle
course aux armements déclenchée par le Président américain Ronald Reagan..»
105
C’est ainsi qu’il décide de moderniser son pays et de tenter de faire face à
l’échec économique total. Il veut aussi donner une nouvelle image de l’URSS à
l’étranger et de réformer le régime, est devenu lourd. C’est pourquoi il opte pour
l’instauration de la politique de perestroïka (la restructuration) et la glasnost (la
transparence).

La mise en place de cette politique exige une politique de coopération et


de détente avec l’Occident. C’est ainsi qu’il ouvre son pays sur l’extérieur et
appelle de tous ses vœux à une détente réelle entre les deux systèmes qui
s’opposent depuis 1947.

2- La réponse américaine à appel de Gorbatchev

Cette demande de négociation de l’URSS intervient pendant le second


mandat de Ronald Reagan. Réélu en 1984 pour la seconde fois, Ronald Reagan
104
H. Bruno, 1998, La guerre froide 1945-1991, Ellipses marketing, p.21
105
C.georges, 2001, Du dégel à la guerre fraîche et à la détente fin des années 1970-1995, Hachette, p.16

80
est confronté aux limites de sa propre politique. Le président Reagan va donc
accepter cette demande de négociation.

En effet, le réarmement qu’il engage est très coûteux à l’administration


américaine environ 5% du PNB. Cela est très lourd pour l’Etat Américain. A
cette situation financière s’ajoute les différents échecs des Etats-Unis dans les
conflits au Proche Orient. Notamment l’incapacité des Etats-Unis à résoudre le
conflit libanais et à lutter contre le rôle déstabilisateur du Hezbollah soutenu
par l’Iran et à l’origine des prises d’otages et d’autres attentats. La perte
d’influence en Iran après l’installation de la République Islamique. Par ailleurs
l’Amérique reprend l’initiative sur les conflits en Amérique Latine où elle
reprend sa politique d’aide aux dictatures bien peu fréquentables.

Face à toutes ces difficultés auxquelles l’Amérique est confrontée, Ronald


Reagan répond favorablement à l’appel de Gorbatchev et peut se considérer
comme le grand vainqueur de l’épreuve de force. L’URSS demande à négocier
et s’apprête même à modifier profondément son système politico social
économique.

A ce fait, il faut affirmer que « Reagan a voulu passer à la postérité en


terminant son second mandat par des accords importants avec l’URSS.»106
Ronald Reagan se transforme ainsi en artisan de la paix mondiale.

La détente apparaît donc comme une nécessité pour conduire à l’entente


entre les des deux grands pour résoudre les problèmes intérieurs mais aussi les
grands problèmes mondiaux. Elle permettra de résoudre les différents problèmes
au plan intérieur et au plan extérieur des deux grands.

II- LES CONSEQUENCES DU RAPPROCHEMENT

Ces conséquences se traduisent par l’intensification du dialogue entre


l’URSS et les Etats –Unis et par la fin de la guerre froide.

1- L’intensification du dialogue entre l’URSS et les Occidentaux

106
S.marc, 2002, Histoire du XXème siècle, Chenelière Montréal, p.340

81
Cette intensification du dialogue se fera d’abord par plusieurs rencontres
entre l’URSS et les Etats-Unis. A la suite de ces rencontres suivra des accords
puis le désarmement.

Dès son accession au pouvoir en 1985, Gorbatchev renoue le dialogue avec


les Etats-Unis. Il veut à tout prix diminuer fortement les dépenses militaires que
l’Union Soviétique ne peut plus payer et l’expansion de son empire qui lui coûte
très cher. En vu d’atteindre ces objectifs plusieurs rencontres s’effectuent entre
Gorbatchev et Reagan puis Georges Bush, son vice- président élu en 1988. Alors
on assiste à une multiplication des rencontres au sommet entre 1985 et 1989.

Les diverses conférences qui se tiennent à cet effet eurent lieu dès 1985 à
Genève en Suisse. Cette rencontre fut la première. Cette reprise du dialogue a
permis d’envisager la tenue de d’autres sommets de ce genre. C’est ainsi qu’en
1986 au sommet de Reykjavik en Islande, les deux superpuissances adoptent le
principe de la suppression totale des euromissiles. Ils se mettent d’accord sur la
réduction de 50% des armements nucléaires offensifs stratégiques. En
décembre1987 à Washington aux Etats-Unis, un traité est signé entre l’URSS et
les Etats-Unis sur la diminution des armes stratégiques à destruction massive.
Enfin en 1988 à Moscou en URSS est signé un traité sur la réduction effective
des armements des deux.

Ces premières rencontres eurent lieu entre Mikhaïl Gorbatchev et Ronald


Reagan. Les autres traités eurent lieu en Mikhaïl Gorbatchev et Georges Bush
nouveau président des Etats –Unis. Ainsi nous avons les traités de Maltes en
décembre 1989. Le traité porte sur le désarmement étendu aux armes
stratégiques. A cette rencontre Gorbatchev et Bush célèbre la fin de la guerre
froide. A ce traité s’ajoute celui de juillet 1991 à Moscou en URSS. C’est le
traité de START I(Strategic Arms Reduction Talks). Ce traité concerne les
armes stratégiques et la destruction de 25% à 30% des arsenaux nucléaires des
deux grands. Les Etats-Unis et l’Union Soviétique établissent ainsi un climat de
confiance propice à la signature de ces nombreux accords. Cette attitude des
deux grands aura des répercussions sur l’ensemble de la planète.

Toutes ces rencontres ont abouti à un règlement des conflits liés à la


confrontation Est-Ouest.

En Afghanistan, l’armée soviétique, venue pour soutenir le régime


communiste de Kaboul face à la résistance islamique soutenue par les Etats-
Unis, s’est progressivement enlisée dans une guerre sans issue. Face à un conflit
82
qui ressemble de plus en plus à la guerre du Viêtnam, Gorbatchev annonce en
décembre 1987 le retrait progressif de ses troupes. C’est alors que «les derniers
soviétiques quittent le sol afghan début 1989.»107 Privé de son protecteur, le
régime communiste tombe en 1992. Ce pays a depuis lors sombré dans une
terrible guerre civile.

En l’Asie du Sud-est, la paix revient. Depuis 1979, le Cambodge est


ravagé par des combats qui opposent les khmers rouges soutenus par Pékin et
les vietnamiens aidés par Moscou. L’arrêt de l’aide soviétique aux vietnamiens
les conduits à quitter le Cambodge en 1989. Cette action permet à Gorbatchev
d’effectuer un voyage officiel en Chine dans la même année. Ce voyage de
Gorbatchev a permis la normalisation des relations sino-soviétique dégradées
depuis les années1950. L’ensemble indochinois est entré sur la voie de la
pacification après 45 ans de tensions et de guerres.

En Amérique Latine, notamment au Nicaragua la paix fait aussi son retour.


C’est le changement d’attitudes des Etats-Unis qui permet le retour de la paix.
En effet, la pression menée par le Congrès Américain pousse le président
Georges Bush à cesser l’aide aux contras. Depuis 1979, date à laquelle le
dictateur pro-américain Somoza est renversé par les révolutionnaires
Sandinistes, une violente guerre civile ravageait le Nicaragua. Le gouvernement
Sandiniste bénéficiait du soutien des Cubains et des Soviétiques, Washington
soutient quant à lui la rébellion menée par les contras. L’arrêt de l’aide
américaine permettra de faire des élections libres sous le contrôle de l’O.N.U en
février 1990 qui donnent la victoire à la candidate d’Union Nationale, Violetta
Chamorro, et assure le retour au calme.

En Afrique, les Etats-Unis se sont intéressés de plus près à ce continent


qu’après la décolonisation lorsqu’ils ont pris conscience de la forte pénétration
soviétique. La lutte d’influence s’exerce particulièrement dans les régions
stratégiques du continent.

Notamment dans la corne africaine le rapprochement entre l’URSS et


l’Ethiopie en 1977 provoque également celui de la Somalie voisine aux Etats-
Unis. Quant à la route pétrolière du cap, elle révèle l’importance stratégique de
l’Afrique du sud, dont le soutien par les Occidentaux à ce pays rend difficile par
le maintien du régime raciste.

107
M, martin, 1995, La tragédie soviétique : histoire du socialisme en Russie 1917-1991, Edition les Seuil, P.513

83
C’est alors que dans ce continent nous assistons à une régulation entre le
Maroc et le Front Polisario qui acceptent le plan de paix de l’O.N.U avec un
référendum d’autodétermination au Sahara occidental. Il y a aussi l’accord de
paix entre l’Ethiopie et le Somalie suite aux désengagements de l’Union
Soviétique aux côtés de l’Ethiopie. En 1988, le Tchad et la Libye signent à tour
leur un accord de cessez le feu proposé par l’O.U.A. En août 1988 un accord de
cessez-le feu est signé entre l’Angola, l’Afrique du sud et le Cuba Cet accord
permettra le retrait des troupes sud africaines de la Namibie et le départ des
troupes cubaines de l’Angola. C’est ainsi qu’en 1990 la Namibie accède
effectivement à l’indépendance sous l’égide de l’O.N.U.

En Afrique du sud, on assiste à une réconciliation de façon spectaculaire.


Fréderic De Clerc est élu président de l’Afrique du sud en septembre1989. Il
entame ainsi à une réconciliation entre les noirs et les blancs. Fréderic de clerc
va donc libérer Nelson Mandela108 leader noir anti- apartheid en février 1990.
C’est le début du démantèlement progressif de l’Apartheid109. Ce démantèlement
se confirme avec l’organisation d’un référendum en mars 1992 où il y’a eu le
vote des noirs au deux tiers de Oui. Ainsi en avril 1994, la nouvelle assemblée
élit Mandela à la présidence de la République. Le pays réintègre alors la
communauté internationale.

La résolution de tous ces conflits, a été possible grâce à la bonne


compréhension ou la bonne volonté des acteurs. Ainsi avec la fin du conflit
idéologique qui divisait le monde depuis la révolution soviétique et qui s’était
aggravé après la deuxième guerre mondiale, les causes de la paralysie qui
débitait l’O.N.U disparaissent : son assemblée général cesse d’être le théâtre
permanent où s’accusent mutuellement les membres et les clients des deux
camps, tandis que son Conseil de Sécurité peut enfin évaluer les situations à leur
face même sans être ligoté par la logique de l’affrontement des blocs et
idéologiques. C’est ainsi que l’O.N.U réussi dans la crise de la Namibie, au
Sahara occidental etc…

108
Il est né le 18 juillet 1918 à Mvezo en Afrique du su. Il fut l’un des meneurs de la lutte contre le système
politique d’apartheid. Il fut condamné à la prison à vie lors du procès de Rivonia et sa peine à Robben Island
pendant 27 ans au large de la ville u cap. Il fut libéré le 11 février1990 et devient le premier président noir en
1994 jusqu’en 1999.

109
C’était une politique de développement séparé affectant des populations selon des critères raciaux ou
ethniques dans des zones géographiques déterminées. Il fut conceptualisé et mis en place à partir de 1948 par
le parti national et aboli le 30 juin 1990.

84
Tous ces évènements dans les rapports entre l’URSS et les Etats-Unis
aboutiront à la fin de la confrontation Est-Ouest.

2- La fin de la guerre froide

La disparition de la guerre froide a eu lieu durant les années 1989-1991


avec l’effondrement des régimes communistes de l’Europe de l’Est. En effet,
durant la deuxième moitié de l’année 1989, une série de révolutions non
violentes jetera bas les régimes communistes. L’empire soviétique en Europe de
l’Est s’est brusquement effondré.

En Pologne en 1989, le syndicat solidarité est légalisé et Walesa est


nommé premier ministre. C’est la première fois depuis la seconde guerre
mondiale qu’un non communiste rentre au gouvernement. Dans la même année
de 1989, la Hongrie décide de l’ouverture du rideau de fer. Cet acte va donc
entraîner un exode massif des allemands de l’Est vers la RFA un mois après la
chute du mur de Berlin, Bush et Gorbatchev proclament officiellement la fin de
la guerre froide à Malte ou ils s’entendent sur un désarmement étendu aux
armes stratégiques. Les décisions en faveur de l’amélioration des relations entre
l’URSS et les Etats-Unis se multiplient.

Enfin, la fin du rideau de fer permet le rapprochement des deux Europes. En


novembre 1990, les 34 membres de la C.S.C.E (Conférence sur la Sécurité, et la
Coopération en Europe) ratifient un plan de réduction massive des armements
conventionnels qui comporte la destruction de plus 100 000 pièces allant des
chars aux avions et aux hélicoptères de combat. Les Occidentaux mettent en
place, en avril 1991 la B.E.R.D (Banque Européenne pour la Construction et le
Développement) afin de venir en aide aux nouvelles démocraties. Cette aide
permettra à favoriser les investissements dans les ex-démocraties populaires
afin d’accélérer la reconstruction de ces pays. Dès lors, plusieurs pays de l’Est
demandent leur adhésion à l’O.T.A.N et à l’Union Européenne, notamment la
Pologne.

Avec les élections libres organisées dans les années 1990 dans tous les
pays d’Europe de l’Est où les réformateurs ont gagné. Ils vont donc demander le
retrait des troupes soviétiques installer dans leur pays. C’est alors qu’en juin et
juillet 1991 le C.A.E.M (le Conseil d’Assistance Economique et Monétaire) et
le Pacte de Varsovie sont dissouts. La disparition de ces deux organes chers à
l’Union Soviétique vient pour confirmer l’effondrement du bloc de l’Est et de

85
l’URSS. L’O.T.AN reste alors le seul organe. C’est la fin donc de la division du
monde en deux.

Le rapprochement entre les deux grands au milieu des années 1980, a permis
au monde de retrouver la paix et l’émancipation des peuples opprimés. Ainsi la
décennie 1990 apparaît donc comme une période de transition dans les relations
internationales.

86
CONCLUSION GENERALE

Durant les cinquante dernières années qui ont suivi la seconde guerre
mondiale, le monde s’est organisé autour de deux idéologies différentes.
L’idéologie communiste est incarnée par l’URSS tandis que l’idéologie
capitaliste est incarnée par les Etats-Unis.

Dès cet instant la politique internationale tournera autour de ces deux


idéologies. L’Europe deviendra alors l’enjeu de leurs rivalités et s’étendra sur

87
toute la planète. L’URSS s’impose à toute la partie Orientale tandis que les
Etats-Unis s’imposeront à la partie Ouest de l’Europe. Cette situation divisera le
monde idéologiquement en deux pendant plusieurs décennies.

Le modèle soviétique qui repose sur la dictature de Moscou qui est le


leader incontesté du bloc communiste alors que le modèle américain repose sur
le libre choix et la libre expression des populations dans les affaires courantes du
pays. Le modèle soviétique qui était inviolable sous Staline est contesté après
1956. Le pays entre dans une stagnation sous Brejnev qui est caractérisé par un
immobilisme politique. L’Union Soviétique au début des années 1980,
connaîtra des évolutions contradictoires. Le système de croissance extensive
fondé sur le gaspillage des ressources privilégiant la croissance rapide et visible,
mais négligeant les infrastructures et l’environnement atteints ses limites. Le
coût élevé du rayonnement de l’URSS, la course aux armements, le soutien aux
pays frères, et le conflit afghan pèseront sur le niveau de vie de la population.

Face à la stagnation de la vie, les Soviétiques réagissent à leur manière. Le


travail au noir se développe. L’initiative individuelle renaît dans l’économie
parallèle, et souvent corrompue, qui remédie aux pénuries du quotidien. Derrière
la façade idéologique officielle se développe une culture parallèle. Jamais le
contraste n’a été aussi grand entre l’image officielle donnée par l’URSS et des
réalités économiques sociales qui appellent des changements urgents. C’est ainsi
qu’à la mort de Brejnev en 1982, l’URSS fut confrontée à un problème de
succession ou en trois ans, les successeurs de Brejnev sont morts parce que trop
vieux. C’est alors qu’en mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir.

Dès son arrivée au pouvoir, Gorbatchev constate que son pays est confronté
à une crise aiguë. Cette crise est avant tout économique mais également morale
et sociale. Il qualifie les années de Brejnev comme une période de stagnation, ce
qui montre que le modèle soviétique de croissance extensive, basée sur les
ressources en main-d’œuvre et les investissements, a épuisé ses potentialités. En
effet, depuis le début des années 1960, la croissance économique ne cesse de
ralentir, puis de stagner. Tout le système soviétique est très dégradant. C’est au
vu de ce constat que Mikhaïl Gorbatchev décide de transformer l’économie de
son pays pour éviter la catastrophe et refaire le retard accusé sur les Etats-Unis.

C’est à ce moment qu’il lance sa politique de réformes que sont la


perestroïka (restructuration) et la glasnost (transparence). En lançant ses
réformes, il voulait une rupture avec le passé c'est-à-dire la création d’une

88
économie mixte dans laquelle le secteur d’Etat serait redynamisé par la présence
de secteur privé et coopératif ; induisait aussi une transition délicate pour un
système rangé par les contradictions internes. Gorbatchev voulait aussi alléger
l’URSS du poids très lourd de son empire et de sa rivalité avec l’ennemi de
toujours, les Etats-Unis. Malgré de tels accomplissements, Gorbatchev ne put
sauver son pays. Car il avait hérité d’un bateau ébréché de tous bords qui prenait
l’eau de partout et qui était voué au naufrage. Il ne pouvait plus rien faire,
l’Union était condamnée quoi qu’il fasse à nourrir.

Mais, il réussit la démocratisation de la vie politique qui s’est appuyée sur


la transparence. Ces réformes ont aussi permis de redéfinir la politique
extérieure et de diminuer ses responsabilités mondiales. La perestroïka et la
glasnost ont permis à la population d’avoir la libre expression et de pouvoir
connaître les exaltions du passé. Il a aussi libéré les milliers de dissidents.

Malgré toutes ces reformes engagées par Gorbatchev, l’économie soviétique


se dégradait très sensiblement. Les pénuries dans le ravitaillement de la
population, les grèves et les troubles sociaux se multiplient de plus en plus en
URSS. Tout ceci parce que Gorbatchev a « désorganisé les rouages
traditionnels sans les remplacer par des nouveaux.»110Autrement dit, l’économie
s’est retrouvé sans plan ni marché, situation intermédiaire et intenable. Les prix
ont flambé, et ces inégalités- là, largement plus visibles que les avantages en
nature dont jouit la nomenklatura, ont rendu la perestroïka impopulaire.

Par ailleurs de nombreux problèmes ne permettront pas à la perestroïka


d’obtenir le résultat ou le succès qu’elle espérait. Les causes de son échec sont
nombreuses et se situent à plusieurs niveaux. Nous avons les membres du P.C
qui étaient divisés en deux groupes les conservateurs et les réformateurs
radicaux. Les conservateurs sont les dignitaires de l’armée, de la police,
l’administration, du parti et de la nomenklatura qui s’opposaient aux
réformes, car ils craignaient la perte de leurs privilèges et des honneurs qu’ils
recevaient. Les conservateurs pensaient aussi que les réformes de Gorbatchev
étaient une liquidation du communisme. A ceux là s’ajoute les réformateurs
radicaux qui voulaient une application rapide des reformes.

Cependant Gorbatchev ne voulait pas bouleverser le régime. Mais voulait


être fidèle aux principes léninistes. La perestroïka et la glasnost avaient pour but
110
L. pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?» p.112

89
de donner une meilleure image du pouvoir soviétique et de réconcilier le parti et
la société d’où les hésitations dans ces prises de décisions. La forte bureaucratie,
l’incertitude ou l’incrédibilité d’une partie de la population ou encore
l’émergence des nationalités ont tous concouru à des degrés divers à l’échec des
réformes de Gorbatchev.

Le changement de la politique intérieure et extérieure de l’Union


Soviétique, a permis à Gorbatchev de revoir ses rapports avec les pays du monde
communiste et de se rapprocher des Occidentaux. En effet, cette nouvelle
attitude permettra à partir des années 1989-1991 à l’accession à l’indépendance
des pays qui composaient l’URSS et même à la chute du mur de Berlin le 9
novembre 1989 sans que Gorbatchev ne puisse intervenir. Ce qui a favorisé
l’éclatement du bloc de l’Est et la disparition de l’Union Soviétique
définitivement de la planète.

La politique extérieure de l’URSS change aussi et le pays se rapproche des


pays Occidentaux notamment avec les Etats-Unis leur plus grand rival. Plusieurs
rencontres leurs permettent de réduire les armes nucléaires et apporté la paix sur
la planète. Elle s’est matérialisée par le désengagement progressif des deux
grands dans les conflits dans lesquels ils sont engagés directement ou
indirectement. C’est ainsi que l’URSS qui est beaucoup affectée par la crise de
son système réduit son aide au tiers monde et aux mouvements communistes
dans le monde. Les organisations qui constituent le socle même du bloc
communiste le CAEM et le Pacte de Varsovie sont dissouts laissant ainsi
l’OTAN, l’organisation occidentale seule sur la scène internationale. Plusieurs
pays du bloc de l’Est demandent alors l’intégration dans les structures mondiales
et européennes. La clé finale de cette désintégration est la démission de Mikhaïl
Gorbatchev le 25 décembre 1991. Les Etats-Unis restent alors les seuls maîtres
du monde.

Notons que les années 1990 apparaissent comme une période de transition
dans les relations internationales. Le bloc communiste disloqué laisse la voie au
monde capitaliste. Le monde est donc à la recherche d’un nouvel ordre
international. La Russie devient l’héritière de l’ex-URSS. Elle rentre alors dans
une période de transition au plan international. Quel rôle jouera la Russie dans
les relations internationales?

90
91
ANNEXE I : CARTE DE L’ECLATEMENT DE L’URSS EN 1991

92
ANNEXE I : CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS DE 1985-1991

1985

10 mars : Mort de Tchernenko

11 mars : Gorbatchev arrive au pouvoir

Mai  : mesure sévère contre l’alcoolisme

Novembre : première rencontre Gorbatchev-Reagan au sommet de Genève rien

ANNEXE II- CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS DE 1985 A 1991

1985

10 mars  : Mort de Tchernenko

11 mars  : Gorbatchev arrive au pouvoir


93
Mai  : Mesure sévère contre l’alcoolisme

Novembre : Première rencontre Gorbatchev- Reagan au sommet de Genève rien


de concret, mais une reprise du dialogue qui permet d’envisager
d’autres sommets.

1986

Janvier : Gorbatchev propose le désarmement nucléaire de l’Europe

28 Avril : Catastrophe nucléaire à Tchernobyl

11-12 octobre : Rencontre au sommet Gorbatchev-Reagan à Reykjavik où ils


signent un accord d’adoption sur la réduction de 50% des armes
nucléaires et l’adoption sur la suppression totale des
euromissiles

Novembre : Les entreprises industrielles sont autorisées dans l’artisanat, le


commerce et les services

1987

1er Janvier: Reforme des salaires qui sont davantage lié au rendement

Février: Libéralisation annoncée d’une centaine de dissidents

Juin: Election régionale, candidatures multiples dans certaines


circonscriptions

: Réformes des entreprises d’Etats sont décidées, elles devront être


autonomes.

8 Décembre : Reagan et Gorbatchev signent un traité prévoyant le


démantèlement des euromissiles

1988

Février : Boris Eltsine est écarté du politburo

14 Avril : Un accord est signé à Genève. L’URSS s’engage à retirer ses troupes
d’Afghanistan

29 Mai-2 juin : Sommet Gorbatchev-Reagan à Moscou

94
1989

Mars : Les dernières troupes soviétiques quittent le sol afghan

9 Novembre : La chute du mur de Berlin

Décembre : Sommet de Malte entre Georges Bush et Gorbatchev adoption sur le


désarment des armes stratégiques et la proclamation de la guerre
froide

1990

Janvier : Des manifestations en faveur de l'indépendance de la Lituanie


poussent le parlement lituanien à proclamer l'indépendance de la
république, il s'ensuivra des menaces de blocus économiques par
Gorbatchev si la Lituanie n'abroge pas les décisions prises lors de sa
déclaration d'indépendance. Cet ultimatum sera rejeté par le
président lituanien.

Février : Le principe d'instauration du régime présidentiel est approuvé. Le rôle


dirigeant du Parti Communiste est abandonné. C'est la naissance du
multipartisme.

1er mai : A l’ occasion de la célébration de la fête du travail, M. Gorbatchev est


hué sur la place Rouge à Moscou et choisit de quitter la tribune
officielle.

29 mai : M. Eltsine est élu président du Parlement de la Fédération de Russie et


réclame «la souveraineté» de cette dernière.

13 juillet : M. Gorbatchev est reconduit dans ses fonctions de secrétaire général,


Boris Eltsine quitte le PC soviétique.

15 octobre : Mikhaïl Gorbatchev se voit décerné le prix Nobel de la paix. Alors


que les troubles dans les républiques se multiplient, en Azerbaïdjan,
au Haut-Karabagh, en Kirghizie, en Moldavie... et six Républiques
se déclarent indépendantes.

Décembre : E.Chevarnadze démissionne en dénonçant "l'avancée de la


dictature". B.Eltsine condamne lui aussi le vote de pouvoirs
spéciaux à M. Gorbatchev. Ainsi les promesses de libéralisation et
de démocratisation de la vie politique sont en train de voler en
éclat, le problème économique conjugué à la prolifération des
troubles politiques provoque un durcissement du pouvoir

95
Décembre : Signature à Paris du C.S.C.E sur la réduction des forces
conventionnelles en Europe de l’OTAN et le Pacte de Varsovie

1991

Au cours de l'année 1991, le débat politique a délaissé petit à petit la question


du passage à l'économie de marché pour se centrer sur l'avenir de l'URSS et la
question des nationalités. D'un coté le PCUS soutient et félicite des actions
engagées contre les tentations indépendantistes, de l'autre les démocrates,
l'Eglise, ainsi que diverses organisations soutiennent les évolutions
démocratiques et prônent le respect des choix.

Janvier : On assiste à une intervention sanglante de l'armée dans les pays baltes
à Vilnius et à Riga contre les manifestations nationalistes.
L'indignation est générale.

17 mars : Le référendum sur le maintien de l'Union est approuvé à 76% mais le


scrutin n'a lieu que dans les républiques qui n'ont pas déclaré leur
indépendance (9 sur 15). De plus, la question posée est ambiguë
puisqu'il y est question de la "souveraineté" des républiques. Et c'est
en réalité sur ce point-là que le peuple s'est prononcé.

Parallèlement au référendum sur l'union les électeurs russes sont appelés à se


prononcer sur l'instauration d'un poste de président de Russie élu au suffrage
universel. Cette proposition est acceptée (70% des suffrages). Ainsi le 12 juin
1991 : B.Eltsine est élu Président de la Fédération de Russie.

Juillet : Signature à Moscou entre Gorbatchev et Bush des accords START1 qui
prévoit une destruction de 25 à 30% des arsenaux des deux grands et
contrôle réciproque des armes stratégiques.

19 – 21 : Août, on assiste à un Putsch manqué des communistes conservateurs


contre M. Gorbatchev, alors en vacances en Crimée. Ils s'opposaient
au volontarisme de Gorbatchev qui allait à l'encontre de leurs intérêts.
Gorbatchev est affaibli.

24 Août : M. Gorbatchev engage l' «auto dissolution» du PCUS

29 Août : Le Parlement retire à Mikhaïl Gorbatchev ses pouvoirs spéciaux en


matière économique

6 Septembre : l'URSS reconnaît officiellement l'indépendance des trois


Républiques baltes.

96
1er Décembre : Lors d'un référendum, l'Ukraine se prononce à plus de 80 %
pour l'indépendance.

8 Décembre : les présidents de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie


constatent à Minsk que l'Union soviétique n'existe plus. Ils
décident de fonder une Communauté d'Etats indépendants [CEI]
ouverte à tous les Etats de l'ancienne URSS.

17 Décembre : MM. Gorbatchev et Eltsine décident d'un commun accord que les
structures de l'URSS cesseront d'exister avant la fin de l'année.

21 Décembre : Lors de la conférence d'Alma Ata, la création d'une CEI est


officialisée par les présidents de onze républiques ex-
soviétiques. C'est donc la fin de l'URSS ; il n'y a désormais plus
de citoyenneté soviétique.

25 Décembre : Démission de Mikhaïl Gorbatchev et la fin de l’URSS.

ANNEXE III : LES DIFFERENTS PLANS QUINQUENNAUX DE 1928 A

1980

Ier Plan (1928-1932)

Dans ce plan on devrait modifier radicalement les structures économiques et


sociales afin de constituer une industrie solide, seule susceptible d’assurer
l’indépendance face au monde capitaliste, et de donner de réels emplois
nouveaux à une population dont le rythme d’accroissement annuel est de 2%.

97
On substitue à la nouvelle politique économique une volonté unique
d’aménagement. On met l’accent sur l’industrie lourde et surtout le secteur
énergétique. Dans le domaine agricole, c’est la collectivisation forcée et la
dékoulakisation (famine en Ukraine)

IIème Plan (1933-1937)

Il porte surtout sur la sidérurgie. Plus de 25% des investissements sont


consacrés à la construction du complexe Oural-Kouznetsk, fondé sur les
ressources en minerai de fer de l’Oural et la houille du Kouzbass, reliés par une
ligne de chemin de fer de 2000 kilomètres. On fait un effort pour motoriser les
campagnes.

Le IIème Plan rencontre de sérieuses difficultés en 1937. Les premiers plans


voient une progression au niveau de la production d’ensemble, mais la vie
quotidienne est marquée par le dénuement et les restrictions.

IIIème Plan (1938-1942)

Il est interrompu par la guerre, et prévoyait l’essor des constructions


mécaniques.

IVème Plan (1946-1950)

Il fixe les objectifs et les moyens de la reconstruction économique.

Vème Plan (1951-1955)

Il est partiellement interrompu par la mort de Staline en mars 1953. Il était


marqué par le gigantisme de ses perspectives, prévoyant la construction de
puissantes centrales hydroélectriques en URSS d’Europe et en Sibérie, et la
création d’une nouvelle base sidérurgique en Sibérie.

VIème Plan (1956-1960)

Les données sont peu explicites ; ce furent plutôt trois plans manuels.

VIIème Plan (1959-1965)

C’est le seul septennal. Il était axé sur la diversification des objectifs et une
plus grande place laissée aux industries de biens de consommations.

VIIIème Plan (1966-1970), IXème Plan (1971-1975), Xème Plan (1976-1980)

98
Ils ont pour objectif de maintenir un bon rythme de développement industriel
(croissance de 6-8% par an), tout en s’efforçant de développer la production
agricole, sans trop d’illusions (4%).

ANNEXE IV : APPEL DU COMITE POUR L’ETAT D’URGENCE DE


L’URSS

En cette heure pénible, critique pour les destinées de notre patrie et de nos
peuples, nous vous lançons un appel ! Notre grande patrie est menacée d’un
danger de mort ! La politique de réformes lancée à l’initiative de Mikhaïl
Gorbatchev et conçue comme le moyen de garantir un développement
dynamique du pays et la démocratisation de la vie sociale, est tombée dans
99
l’impasse pour certaines raisons. L’enthousiasme et les espérances des premiers
jours ont cédé la place à l’absence de confiance, à l’apathie et au désespoir. Le
pouvoir s’est aliéné la confiance populaire à tous les niveaux. L’esprit politicien
a évincé de la vie sociale le souci des destinées de la patrie et du citoyen. Toutes
les institutions d’Etat commencent à être bafouées de manière pernicieuse. De
fait, le pays est devenu ingouvernable.

Des forces extrémistes ont émergé à la faveur des libertés accordées et ont
foulé aux pieds les premiers germes de la démocratie, afin de tenter de liquider
l’Union Soviétique, de démanteler l’Etat et de prendre le pouvoir à tout prix. Les
résultats du référendum national sur l’unité de la patrie ont été aux pieds. La
spéculation cynique sur les sentiments nationaux n’est qu’un écran pour
satisfaire des ambitions. Les aventuriers politiques ne se soucient ni des
malheurs traversés actuellement par les peuples, ni de leur avenir. En créant une
situation de terreur politique et morale et en cherchant à se cacher derrière le
bouclier de la confiance populaire, ils oublient que les liens qu’ils dénoncent et
qu’ils rompent avaient été établis sur la base d’un soutien populaire bien plus
large et qui, d’ailleurs, étaient passés par l’épreuve séculaire de l’histoire. Ceux
qui cherchent en fait, aujourd’hui, à renverser le régime constitutionnel doivent
répondre devant les mères et les pères des nombreuses victimes inter-ethniques.
Ils ont sur la conscience les destinées mutilées de plus d’un demi-million de
refugiés. Ils ont troublé la paix et la joie de vivre de dizaines de milliers de
Soviétiques qui, hier encore, vivaient unis dans leurs familles et qui,
aujourd’hui, sont devenus des parias dans leur propre demeure.

C’est au peuple de décider du régime constitutionnel à adopter et on a tenté


de le priver de ce droit.

Au lieu de se soucier de la sécurité et du bien- être de chaque citoyen et de


toute la société, les gens portés au pouvoir utilisent souvent ce dernier dans les
intérêts étrangers au peuple et comme un moyen d’auto-affirmation ne reposant
sur aucun principe. Les flots de paroles et les montagnes de déclarations et de
promesses ne font qu’accentuer le peu d’actes concrets. L’inflation du pouvoir,
plus redoutable que toute autre inflation, mine notre Etat, notre société. Chaque
citoyen éprouve une certitude croissante en l’avenir, une profonde inquiétude au
sujet de l’avenir de ses enfants.

La crise du pouvoir a eu un impact catastrophique sur l’économie. Le


glissement vers le marché, chaotique et spontané, a provoqué une explosion

100
d’égoïsme régional, corporatiste, collectif et personnel. La guerre des lois et
l’encouragement des tendances centrifuges ont provoqué le dysfonctionnement
d’un mécanisme économique unique qui date de plusieurs décennies. Il s’en
suivi une baisse brutale du niveau de vie de la majeure partie des Soviétiques, la
prospérité de la spéculation de l’économie parallèle. Il est grand temps de dire la
vérité à la population : si des mesures urgentes et énergétiques ne sont pas prises
pour stabiliser l’économie, devant la famine et un nouvel appauvrissement,
situation d’où ne sont pas les manifestations massives de mécontentement
spontané, lourdes de conséquences dévastatrices. Seuls les gens irresponsables
peuvent espérer une aide de l’étranger. Aucune aumône ne résoudra nos
problèmes, notre salut est entre nos propres mains. Le temps est venu de juger la
crédibilité de chaque homme et de chaque organisation en fonction de son
apport réel au redressement et au développement de l’économie nationale.

Depuis de nombreuses années, nous entendons de tous côtés des déclarations


sur l’attachement aux intérêts de l’homme, le souci de ses droits, la protection
sociale. Mais, en fait, l’homme a été humilié, bafoué dans ses droits et
possibilités réelles et plongé dans le désespoir.

Toutes les institutions démocratiques créées par la volonté du peuple ont


perdu, à nos yeux, prestige et efficacité, ce qui résulte des actions libérées de
ceux qui, en violant grossièrement la Loi fondamentale de l’URSS, commettent
pratiquement un coup d’Etat anticonstitutionnel et cherchent à accéder à une
dictature personnelle illimitée. Des préfectures, des mairies et d’autres structures
illégales ne cessent de remplacer ouvertement les Soviets élus par le peuple.

Une offensive a été lancée contre les droits des travailleurs. Le droit du
travail, à l’enseignement, à la santé publique, au logement et au repos est mis en
cause.

Même la sécurité personnelle élémentaire des gens est de plus en plus


menacée. La criminalité augmente rapidement, s’organise et se politise. Le pays
plonge dans un gouffre de violence, qui met en péril la santé et la vie des
générations futures, n’a jamais connu dans l’histoire du pays une telle
envergure. Des millions de personnes exigent que des mesures soient prises
contre une criminalité tentaculaire et une immoralité inqualifiable flagrante.

La déstabilisation de la situation politique et économique, qui s’aggrave en


Union soviétique, compromet nos positions dans le monde. Des notes
revanchardes commencent à retentir ici et là, on exige de réviser nos frontières.
101
On appelle même à démembrer l’Union Soviétique et à établir une tutelle
internationale sur certains ouvrages et régions de notre pays. Telle est la réalité
amère. Hier encore, un Soviétique qui se retrouvait à l’étranger se sentait le
digne citoyen d’un Etat influent et respectable. Aujourd’hui, il est un étranger de
seconde catégorie et se heurte à des attitudes de mépris ou de compassion.

La fierté et l’honneur de l’homme soviétique, pleinement conscient de la


gravité de la crise qui affecte notre pays, prend sur lui la responsabilité de
l’avenir de la patrie et se déclare tout à fait résolu à prendre les mesures les plus
sérieuses pour faire sortir le plus vite possible l’Etat et la société de la crise.

Nous entendons rétablir sans délai la légalité et l’ordre légal, mettre fin à
l’effusion de sang, déclarer une guerre sans merci au monde de la criminalité et
extirper les phénomènes honteux qui discréditent notre société et qui humilient
les citoyens soviétiques. Nous nettoierons les rues de nos villes des éléments
criminels et nous mettrons à l’arbitraire des pilleurs des biens du peuple

Nous nous prononcerons pour de réels processus démocratiques et pour une


politique conséquente de réformes conduisant à un renouveau de notre patrie, à
une prospérité économique et sociale qui rendra capable d’occuper une place
digne dans la communauté internationale des nations.

Le développement du pays ne doit pas passer par la baisse du niveau de vie


de la population. L’amélioration constante du niveau de vie de tous deviendra la
norme dans une société saine.

Sans négliger le renforcement et la protection des droits de l’individu, nous


concentrerons notre attention sur la défense des intérêts des couches les plus
vastes de la population, de ceux qui ont été tout particulièrement touché par
l’inflation, par la désorganisation de la production, la corruption et la
criminalité.

Tout en développant les multiples modes de production dans le domaine de


l’économie nationale, nous soutiendrons l’entreprise privée en lui accordant les
possibilités nécessaires au développement de la production et des services.

Notre premier souci sera le règlement des problèmes alimentaires et locatifs.


Toutes les forces disponibles seront mobilisées pour satisfaire ces besoins vitaux
du peuple.

102
Nous appelons les ouvriers, les paysans, les travailleurs intellectuels, tous les
soviétiques à rétablir, dans les plus brefs délais, la discipline au travail et l’ordre,
à relever le niveau de la production pour aller résolument de l’avant. Notre vie,
l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants, l’avenir de notre patrie en
dépendent.

Nous un pays épris de paix et nous nous engageons à respecter


scrupuleusement. Nous n’avons aucune prétention à l’égard de quiconque. Nous
voulons vivre avec tous dans la paix et de l’amitié. Mais nous déclarons
fermement que personne ne sera jamais autorisé à attenter à notre souveraineté,
à notre indépendance et notre intégrité territoriale. On coupera énergiquement
court à toute tentative de parler à notre pays en termes de diktat, d’où que cela
vienne.

Des siècles de rang, notre peuple multinational a vécu, fier de sa patrie,


nous n’avions pas hontes de nos sentiments patriotiques, et nous estimons
naturel et légitime d’élever dans cet esprit les générations présentes et à venir de
notre grande puissance.

Ne rien faire en cette heure critique pour les destinées de notre patrie
signifierait endosser une responsabilité lourde de conséquences tragiques,
vraiment imprévisibles. Quiconque chérit sa patrie, veut vivre et travailler dans
la sérénité et la certitude, ne veut plus que se poursuivent les conflits
interethniques, voit son avenir dans une patrie indépendante et prospère, doit
faire le choix juste. Nous appelons tous les vrais patriotes, les gens de bonne
volonté à mettre fin à cette période trouble.

Nous appelons tous les citoyens de l’Union Soviétique à prendre conscience


leur devoir vis-à-vis de la patrie et à apporter tout le soutien nécessaire du
Comité d’Etat pour l’Etat d’Urgence et aux efforts entrepris pour le pays de la
crise.

Les propositions constructives provenant des organisations politiques et


sociales, des collectifs de travailleurs et des citoyens seront acceptées avec
reconnaissance en tant que manifestation de leur volonté patriotique agir
énergiquement afin de rétablir l’amitié séculaire au sein de la famille unie des
peuples frères, et de faire renaître la patrie.

Le Comité d’Etat pour l’Etat d’Urgence en URSS

Source : histoire secrète d’un coup d’Etat, PP.276-280


103
ANNEXE V : RESOLUTION DU COMITE D’ETAT POUR L’ETAT

D’URGENCE EN URSS

Afin de défendre les intérêts vitaux des peuples et des citoyens de l’Union
des RSS, l’indépendance et l’intégrité territoriale du pays, de rétablir la légalité
et l’ordre légal, de stabiliser la situation, de surmonter la très grave crise, et de

104
ne pas laisser s’installer le chao, l’anarchie et une guerre civile fratricide, le
Comité d’Etat pour l’Etat d’Urgence décide que :

1-Tous les organes du pouvoir et l’administration de l’URSS, des républiques


fédérées et autonomes, des territoires, des districts, des villes, des régions, des
localités, et des villages garantissent le strict respect du régime de l’ l’Etat
d’Urgence conformément à la Loi de l’Union des RSS  « Sur le régime juridique
de l’Etat d’Urgence» et aux résolutions du Comité d’Etat pour l’Etat d’Urgence
en URSS. En cas d’incapacité à garantir l’exécution de ce régime, les pleins
pouvoirs des organes du pouvoir et l’administration correspondants sont
suspendus et l’exercice de leurs fonctions est confié à des personnes
spécialement mandatées par le Comité d’Etat pour l’Etat d’Urgence en URSS.

2-Les structures du pouvoir et de l’administration, les formations


paramilitaires agissant au mépris de la Constitution et des lois de l’URSS sont
dissoutes immédiatement sans délai.

3-Les lois et les décisions des organes du pouvoir et de l’administration


contrevenant à la Constitution et aux lois de l’URSS sont dorénavant
considérées comme nulles et non avenues.

4-L’activité des partis politiques, des organisations sociales et des


mouvements de masse empêchant la normalisation de la situation est suspendue.

5- Dans la mesure où le Comité d’Etat pour l’Etat d’Urgence en URSS


provisoirement en charge les fonctions du Conseil de sécurité de l’URSS,
l’activité de ce dernier est suspendue.

6- Les citoyens, établissements et organisations sont tenus de remettre


immédiatement toutes les armes à feu, munitions, explosifs, matériel et
équipements militaires qu’ils détiennent illégalement. Le Ministère de la
Défense de l’URSS, le Ministère de l’Intérieur et le KGB garantissent la stricte
application de cette exigence. En cas de refus, il faut confisquer ce matériel par
contrainte et engager une responsabilité pénale et administrative sévère à
l’encontre des contrevenants.

7-La procurature, le Ministre des Affaires intérieures, le KGB et le Ministre


de la Défense de l’URSS organisent une interaction efficace des organes
juridiques et des forces armées en vue d’assurer la protection de l’ordre public et
la sécurité de l’Etat, de la société et des citoyens conformément à la Loi de

105
l’URSS « Sur le régime de l’Etat d’Urgence » et aux résolutions du Comité
d’Etat pour l’Etat d’Urgence en URSS.

8-Les meetings, les défilés de rue, les manifestations ainsi que les grèves
sont interdits.

En cas de nécessité, il faut décréter le couvre-feu, effectuer des patrouilles


sur le territoire, effectuer des contrôles, prendre des mesures pour renforcer le
régime frontalier et douanier.

Il faut placer sous contrôle et, si nécessaire, sous protection, les principaux
ouvrages de l’Etat et les principaux ouvrages économiques, ainsi que les
systèmes de survie.

Il faut barrer résolument la route à la diffusion de rumeurs provocatrices, aux


actes de natures à provoquer des violations de l’ordre légal et attiser la haine
interethnique, ainsi qu’à l’insoumission aux fonctionnaires qui assurent le
respect du régime de l’Etat d’Urgence.

Il faut établir un contrôle sur les grands moyens d’information, en chargeant


un organisme spécialement mis en place auprès du Comité d’Etat pour l’Etat
d’Urgence en URSS de veiller à son application.

9-Les organes du pouvoir et de l’administration, les dirigeants des


établissements et des administrations prennent les mesures pour renforcer
l’organisation, rétablir l’ordre et la discipline dans tous les domaines de la vie
sociale. Ils assurent le fonctionnement normal de toutes les entreprises dans tous
les secteurs de l’économie sociale, appliquent rigoureusement les mesures
destinées à préserver et à rétablir, durant la période de stabilisation, les liens
verticaux et horizontaux entre les sujets économiques sur l’ensemble du
territoire de l’URSS, font respecter scrupuleusement les plans établis de
productions, de livraisons de matières premières, de matériaux et composants.

Il faut instaurer et maintenir un régime d’économie rigoureuse des moyens


matériels et techniques ainsi que des devises, élaborer et mettre en œuvre des
mesures concrètes pour lutter contre l’incurie et le gaspillage des biens du
peuple.

Il faut lutter énergiquement contre parallèle, appliquer invariablement des


mesures de responsabilité pénale et administrative dans les cas de corruption, de

106
viol, de spéculation, de refus frauduleux de vente, d’incurie et dans tout cas de
crime économiques.

Il faut réunir les conditions susceptibles d’accroître l’apport réel de toutes


les réformes d’entreprises, développés en conformité avec les lois de l’Union
des RSS, potentiel économique du pays et à la garantie de besoins vitaux de la
population.

10- Il faut considérer comme incompatible le cumul de fonctions


permanentes au sein des structures du pouvoir et de l’administration avec les
activités d’entreprise.

11-Le cabinet des ministres de l’URSS procède, dans un délai d’une


semaine, à l’inventaire de toutes les ressources alimentaires et articles industriels
de première nécessité disponible et informe le peuple des biens dont dispose le
pays. Il établit un contrôle extrêmement strict afin d’en assurer la protection et la
distribution.

Il faut lever toutes les restrictions faisant obstacle à l’acheminement sur le


territoire de l’URSS des denrées alimentaires et produits de consommation
courante, ainsi que des matières premières nécessaires à leur production.
L’application de cette disposition fera l’objet d’un contrôle rigoureux.

Une attention particulière sera accordée au ravitaillement en priorité des


crèches, jardins d’enfants, orphelinats, établissements scolaires et universitaires,
hôpitaux, ainsi que des retraités et invalides.

Des propositions seront faites, dans un délai d’une semaine, concernant le


réajustement, le gel et la réduction des prix de certains produits alimentaires et
industriels, en premier lieu des aliments pour enfants, des services courants et de
la restauration publique, concernant également l’augmentation des salaires,
retraites, allocations et compensations versés aux différentes catégories de la
population.

Il faut dans un délai de quinze jours élaborer des mesures concernant le


réajustement des salaires des dirigeants de tous niveaux travaillant dans
l’administration, les établissements publics, les coopératives et autres entreprises
et sociétés.

12-Compte tenu de la situation critique de la récolte et la menace de faim,


des mesures exceptionnelles seront adoptées en vue d’organiser le stockage et la

107
transformation des produits agricoles. Il faut accorder aux agriculteurs toute
l’aide possible en machines, pièces de rechanges, carburants et lubrifiants, etc. Il
faut assurer dans l’immédiat l’envoi à la campagne, en quantités suffisantes,
d’ouvriers et employés des entreprises et sociétés, d’étudiants et de soldats.

13-Le cabinet des ministres de l’URSS élabore, dans un délai d’une


semaine, un arrêté prévoyant l’octroi en 1991-1992 à tous les citadins qui le
souhaitent des lopins de 0,15 ha pour entretenir un jardin ou un potager.

14- Le Cabinet des ministres de l’URSS s’achève, dans un délai de quinze


jours, l’élaboration de mesures urgentes pour combattre la crise dans le
complexe énergétique et préparer l’hiver.

15-Pour 1992 des mesures seront élaborées et communiquées au peuple, dans


un délai d’un mois, en vue d’améliorer considérablement la construction de
logements et accroître le parc locatif.

Un programme concret, échelonné sur cinq ans sera élaboré, dans un délai de
six mois, prévoyant l’accélération de la construction de logements d’Etat, les
coopératives ou les particuliers.

16-Les organes du pouvoir et de l’administration, tant au centre que


localement, accordent la priorité aux besoins sociaux de la population. Il faut
trouver des moyens susceptibles d’améliorer nettement l’assistance médicale et
l’enseignement publics gratuits.

Source : histoire secrète d’un coup d’Etat, PP.282-285

ANNEXE VI : Discours de démission de Mikhaïl Gorbatchev le


25 décembre 1991

Dans une allocution à la télévision, Mikhaïl Gorbatchev annonce sa démission.


Le lendemain, l'URSS est formellement dissoute

108
Chers compatriotes, chers concitoyens.

En raison de la situation qui prévaut actuellement, je mets fin à mes


fonctions de président de l'URSS. En cette heure difficile, pour moi et pour tout
le pays, alors qu'un grand Etat cesse d'exister, je reste fidèle à mes principes, qui
m'ont inspiré dans la défense de l'idée d'une nouvelle union.

J'ai défendu fermement l'autonomie, l'indépendance des peuples, la


souveraineté des républiques. Mais je défendais aussi la préservation d'un Etat
de l'Union, l'intégrité du pays. Les évènements ont pris une tournure différente.
La ligne de démembrement du pays et la dislocation de l'Etat a gagné, ce que je
ne peux accepter car j'y vois de grands dangers pour nos peuples et pour toute la
communauté mondiale. Et après la rencontre d'Alma-Ata, ma position sur ce
sujet n'a pas changé.

Néanmoins, je ferai tout mon possible pour que les accords qui y ont été
signés conduisent à une entente réelle dans la société et facilitent la sortie de la
crise et le processus des réformes. Je veux encore une fois souligner que, durant
la période de transition, j'ai tout fait de mon côté pour préserver un contrôle sûr
des armes nucléaires.

M'adressant à vous pour la dernière fois en qualité de président de l'URSS,


j'estime indispensable d'exprimer mon évaluation du chemin qui a été parcouru
depuis 1985. D'autant qu'il existe sur cette question beaucoup d'opinions
contradictoires, superficielles et non objectives. Le destin a voulu qu'au moment
où j'accédais aux plus hautes fonctions de l'Etat, il était déjà clair que le pays
allait mal. Tout ici est en abondance : la terre, le pétrole, le gaz, le charbon, les
métaux précieux, d'autres richesses naturelles, sans compter l'intelligence et les
talents que Dieu ne nous a pas comptés, et pourtant nous vivons bien plus mal
que dans les pays développés, nous prenons toujours plus de retard par rapport à
eux.

La raison en était déjà claire : la société étouffait dans le carcan d'un


système administratif de commande. Condamnée à servir l'idéologie et à porter
le terrible fardeau de la militarisation à outrance, elle était à la limite du
supportable. Toutes les tentatives de réforme partielle -et nous en avons eu
beaucoup- ont échoué l'une après l'autre. Le pays perdait ses objectifs. Il n'était
plus possible de vivre ainsi. Il fallait tout changer radicalement.

C'est pourquoi je n'ai pas regretté une seule fois de ne pas m'être servi du
poste de secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique
uniquement pour "régner" quelques années. Je l'aurais jugé irresponsable et
amoral.

109
Je comprenais qu'entamer des réformes d'une telle envergure et dans une
société comme la nôtre était une œuvre de la plus haute difficulté et, dans une
certaine mesure, risquée. Mais il n'y avait pas de choix. Aujourd'hui encore je
suis persuadé de la justesse historique des réformes démocratiques entamées au
printemps 1985. Le processus de renouvellement du pays et de changements
radicaux dans la communauté mondiale s'est avéré beaucoup plus ardu qu'on
aurait pu le supposer. Néanmoins, ce qui a été fait doit être apprécié à sa juste
valeur.

La société a obtenu la liberté, s'est affranchie politiquement et


spirituellement. Et ceci constitue la conquête principale, encore insuffisamment
appréciée, sans doute parce que nous n'avons pas encore appris à nous en servir.
Mais aussi parce que le chemin de la liberté, que nous avons emprunté il y a six
ans, s'est avéré épineux, incroyablement difficile et douloureux.

Néanmoins, une œuvre d'une importance historique a été accomplie : le


système totalitaire, qui a privé le pays de la possibilité qu'il aurait eue depuis
longtemps de devenir heureux et prospère, a été liquidé. Une percée a été
effectuée sur la voie des transformations démocratiques. Les élections libres, la
liberté de la presse, les libertés religieuses, des organes de pouvoir représentatifs
et le multipartisme sont devenus une réalité. Les droits de l'homme sont
reconnus comme le principe suprême. La marche vers une économie multiforme
a commencé, l'égalité de toutes les formes de propriété s'établit. Dans le cadre de
la réforme agraire, la paysannerie a commencé à renaître, le fermage est apparu,
des millions d'hectares sont distribués aux habitants des villages et des villes. La
liberté économique du producteur est entrée dans la loi, la liberté d'entreprendre,
la privatisation et la constitution de sociétés par actions ont commencé à prendre
forme.

En dirigeant l'économie vers le marché, il est important de rappeler que le


pas est franchi pour le bien de l'individu. Dans cette époque difficile, tout doit
être fait pour sa protection sociale. Nous vivons dans un nouveau monde : la
"guerre froide" est finie, la menace d'une guerre mondiale est écartée, la course
aux armements et la militarisation insensée qui ont dénaturé notre économie,
notre conscience sociale et notre morale sont stoppées. Nous nous sommes
ouverts au monde, nous avons renoncé à l'ingérence dans les affaires d'autrui, à
l'utilisation des forces armées en dehors du pays. En réponse, nous avons obtenu
la confiance, la solidarité et le respect.

Nous sommes devenus un des piliers principaux de la réorganisation de la


civilisation contemporaine sur des principes pacifiques et démocratiques. Les
peuples, les nations ont obtenu une liberté réelle pour choisir la voie de leur
autodétermination. Les efforts pour réformer démocratiquement l'Etat

110
multinational nous ont conduits tout près de la conclusion du nouvel accord de
l'Union.

Tous ces changements ont provoqué une énorme tension, et se sont produits
dans des conditions de lutte féroce, sur un fond d'opposition croissante des
forces du passé moribond et réactionnaire, des anciennes structures du parti et de
l'Etat et de l'appareil économique, ainsi que de nos habitudes, de nos préjugés
idéologiques, de notre psychologie nivellatrice et parasitaire. Ils se sont heurtés
à notre intolérance, au faible niveau de culture politique et à la crainte des
changements. Voilà pourquoi nous avons perdu beaucoup de temps.

L'ancien système s'est écroulé avant que le nouveau ait pu se mettre en


marche. Et la crise de la société s'est encore aggravée. Je connais le
mécontentement qu’engendre l'actuelle situation difficile, les critiques aiguës
exprimées à l'encontre des autorités à tous les niveaux et à l'égard de mon action.
Mais je voudrais souligner encore une fois : des changements radicaux, dans un
pays si grand et avec un tel héritage, ne peuvent se dérouler sans douleur, sans
difficultés et sans secousses.

Le putsch d'août a poussé la crise générale jusqu`à ses limites extrêmes. Le


pire dans la crise est l'effondrement de l'Etat. Et après la rencontre d'Alma-Ata,
je demeure inquiet. Je suis inquiet de la perte pour nos compatriotes de la
citoyenneté d'un grand pays, un fait dont les conséquences peuvent se révéler
très graves pour tous. Conserver les conquêtes démocratiques de ces dernières
années est pour moi d'une importance vitale. Elles sont le fruit douloureux de
notre histoire. On ne peut y renoncer sous aucun prétexte. Dans le cas contraire,
tous les espoirs d'un avenir meilleur seraient enterrés.

Je parle de tout cela avec honnêteté et franchise. C'est mon devoir moral. Je
veux exprimer ma reconnaissance à tous les citoyens qui ont soutenu la politique
de renouvellement du pays, qui se sont impliqués dans la mise en œuvre des
réformes démocratiques. Je suis reconnaissant aux hommes d'Etat, personnalités
de la vie politique et sociale, aux millions d'hommes à l'étranger, à ceux qui ont
compris nos desseins. Les ont soutenus, sont venus à notre rencontre, pour une
coopération sincère avec nous.

Je quitte mon poste avec inquiétude. Mais aussi avec espoir, avec la foi en
vous, en votre sagesse et en votre force d'esprit. Nous sommes les héritiers d'une
grande civilisation, et, à présent, il dépend de tous et de chacun qu'elle ne parte
pas en fumée mais renaisse pour notre joie et celle des autres. Je veux de toute
mon âme remercier ceux, qui durant toutes ces années, ont défendu à mes côtés
une cause juste et bonne. Je suis persuadé que tôt ou tard nos efforts communs
porteront des fruits, et que nos peuples vivront dans une société démocratique et
prospère. Je me démets de mes fonctions de président.
111
Je vous souhaite à tous tout le bien possible.

Traduction AFP

Source : www. Colisee.fr

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V-SOURCES INTERNET

www .diploweb.com
www.fr.rian.ru
www.bibliothèques.uqam.ca
www.bib.umontreal.ca
119
www.ena.lu

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE……………………………………………………………………I

DEDICACE…………………………………………………………………….II

REMERCIEMENTS…………………………………………………………...III

SIGLE ET ACRONYME…………………………………….…………………V

INTRODUCTION GENERALE………………………………………..............1

PREMIERE PARTIE : L’URSS A L’ACCESSION DE GORBATCHEV

120
AU POUVOIR EN 1985………………….…….…16
CHAPITRE I : L’ORGANISATION POLITIQUE ET
ADMINISTRATIVE DE L’URSS…………….……………18

I-LA SITUATION POLITIQUE DE L’URSS…………………..…………….18

1-Au plan intérieur…………………………………….…………………18

2-Au plan extérieur……………………………………………………….19

II-LE SYSTEME ADMINISTRATIF…………………………………………22

1-L’organisation du pouvoir………………………………………………22

2-Le rôle dirigeant du PCUS………………………….…………………24

CHAPITRE II : LE SYSTEME ECONOMIQUE DE L’URSS EN 1985..26

I-L’ETAT DE L’AGRICULTURE SOVIETIQUE EN 1985…………..…….26

1-La politique agricole de l’URSS………………………………………26

2-Les difficultés de l’agriculture soviétique…………………………….29

II-LA SITUATION DE L’INDUSTRIE SOVIETIQUE………………………30

1-L’organisation de l’industrie…………………………………………..30

2-Les problèmes de l’industrie soviétique………………………………32

CHAPITRE III : LA SOCIETE SOVIETIQUE EN 1985…….…………..35

I-L’ORGANISATION DE LA SOCIETE SOVIETIQUE……………………..35

1-Les différentes structures de la société……………………….……….35

2-La transformation rapide de la société soviétique………………..….36

II-LES PROBLEMES DE LA SOCIETE………………………………….….38

121
1-Les difficultés quotidiennes des soviétiques………….………………38

2-Les tares de la société soviétique…………………………….………..39

DEUXIEME PARTIE : L’AVENEMENT DE GORBATCHEV AU


POUVOIR ET LES REFORMES POLITIQUES,
ECONOMIQUES ET SOCIALES……………..…..41
CHAPITRE I : BIOGRAPHIE SOMMAIRE DE GORBATCHEV…...…43 
I-VIE ET PARCOURS DE GORBATCHEV………………………………….43

1-Origine et vie sociale de Gorbatchev……………………….………….43

2-Le parcours politique……………………………………….…………44

II- L’ACCESSION DE GORBATCHEV AU POUVOIR EN 1985……..……45

1-Les causes de son accession…………………………………..………45

2-L’arrivée au pouvoir de Gorbatchev…………………………………..47

CHAPITRE II : LES PRINCIPALES REFORMES DE GORBATCHEV


EN 1986………….……………………………..………….48

I-LA POLITIQUE DE LA PERESTROIKA…………………………………..48


1-Origines et objectifs de la perestroïka………………………….………48

2-Les principaux apports de la perestroïka………………..……………49

II-LA POLITIQUE DE LA GLASNOST………………………….…………52

1-Les orientations de cette politique…………………………………….52

2-Les actions positives de la glasnost…………………………..……….52

CHAPITRE III : LESINSUFFISANCES DES REFORMES DE


GORBATCHEV……………………………………..……55

122
I-LES DIFFERENTS PROBLEMES POLITIQUES…………………………..55
1-Le conservatisme idéologique de Gorbatchev………..………………….55

2-Les contestations au sein du PCUS……………………………………57

II-LES DIFFICULTES ECONOMIQUES ET SOCIALES……………….…..58

1-La désorganisation de l’économie……………………………..……..58

2-L’état social de la population soviétique……….……………………62

TROISIEME PARTIE : L’IMPACT DES REFORMES DANS LES


RELATIONS INTERNATIONALES……….....63

CHAPITRE I : LES RELATIONS ENTRE L’URSS ET LES PAYS DU


MONDE COMMUNISTE………………………….…….65
I-LES CONTESTATIONS INTERNES……………………………..……….65
1-Les revendications des nationalistes………………..……………….65

2-Le putsch des conservateurs du PCUS………………………………70

II-LA DISLOCATION DE L’URSS ET LA CREATION DE LA CEI……...74

1-L’implosion du régime communiste………………………………….74

2-La création de la Communauté des Etats Indépendants (CEI)………..76

CHAPITRE II : LE RAPPROCHEMENT ENTRE L’URSS ET LES


ETATS-UNIS………………………………………….….79
I-LES RAISONS DU RAPPROCHEMENT ENTRE L’URSS ET LES ETATS-
UNIS…………………………………………………………………….……71
1-L’avènement de Mikhaïl Gorbatchev…………………….…………..80

2-La réponse américaine a l’appel de Gorbatchev………..…………….82

II-LES CONSEQUENCES DU RAPPROCHEMENT……………..…………83

1-L’intensification du dialogue entre l’URSS et les Occidentaux…..…83

123
2-La fin de la guerre froide…………………………………….………..86

CONCLUSION GENERALE…………………………………………………88

ANNEXE…………………………………………..…………………………93

BIBLIOGRAPHIE…………………………………………….…………….114

124

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