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Dochead Dossier
Sous-dochead Réanimation, approches innovantes

Réanimation et nouvelles technologies


Auteurs
Eugénie Masson
Aide aux cadres et formation
Silvia Calvino Günther*
Infirmière chargée de formation
CHU Grenoble-Alpes, service de MIR, avenue Maquis-du-Grésivaudan, 38700 La Tronche, France
*Auteur correspondant.
Adresse e-mail : scalvino-gunther@chu-grenoble.fr (S. C. Günther).
Résumé
Les nouvelles technologies ont un impact majeur dans l’innovation en réanimation. Elles
s’accompagnent d’une transformation des services avec une plus grande ouverture et une évolution
des professions paramédicales concernant notamment leurs pratiques. La conséquence est une prise
en charge globale de meilleure qualité pour le patient et son entourage.
© 2018
Mots clés – innovation technologique ; formation ; pratiques avancées en réanimation ;
réanimation ; réhabilitation précoce
Summary à venir
© 2018
Keywords à venir
Les termes “innovation” et “réanimation” évoquent l’omniprésence de dispositifs technologiques
très sophistiqués qui abondent dans ces services. En effet, les services de médecine intensive et de
réanimation sont des terrains privilégiés pour intégrer de nouvelles technologies1. La robotique, la
télémédecine, et l’utilisation du big data seront des enjeux majeurs dans le futur [1] dans tous les
services hospitaliers. D’autres évolutions, plus profondes, ont également un impact fondamental
dans l’innovation en réanimation : l’ouverture des services et l’évolution des professions
paramédicales.
T1 Une plus grande ouverture
À l’origine de la discipline, les unités de soins intensifs et de réanimation étaient fermées, sans
fenêtre et souvent situées dans les sous-sols, avec un accès restreint aussi bien pour les proches et
les familles que pour les cliniciens non réanimateurs. Les patients se trouvaient dans des salles
communes, où les soignants pouvaient avoir un regard permanent sur eux. Par ailleurs les
innovations architecturales et technologiques ont permis la récupération d’une individualisation
“physique” des patients, avec le respect de leur intimité et l’ouverture vers leur entourage [2]. La
nouvelle architecture des hôpitaux a ainsi installé les patients dans des chambres individuelles et
aménagé un espace de vie pour les familles et les proches [3]. En outre les progrès en matière de
surveillance permettent d’adapter les dispositifs à distance, à travers des moniteurs situés à l’office
de soins et qui centralisent les données. Ces moniteurs évoluent et sont capables de récupérer une
quantité croissante de données, qui, regroupées dans des systèmes d’information intégratifs,
peuvent améliorer la prise de décision, ceci demandant une ouverture vers d’autres spécialités [1].
T1 Une meilleure prise en charge globale
La prise en compte des facteurs psychologiques et les études sur les états de stress post-traumatique
(ESPT) ont vu naître une nouvelle attitude envers le patient et son entourage, intégrant
progressivement la famille à la prise en charge globale [1,4]. C’est ainsi que se sont développées des

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unités de réanimation avec des horaires de visite de plus en plus larges, jusqu’aux unités ouvertes
vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Dans ces unités, les proches peuvent participer aux soins de
confort main dans la main avec les soignants. L’évolution de la prise en charge du malade s’est
traduite dans la qualité des informations communiquées : plus structurées, plus claires, les patients
et les familles perçoivent plus de transparence dans leurs échanges avec les équipes
pluriprofessionnelles. Les évolutions sociétales impactent aussi la réanimation, avec le renforcement
des droits du patient avec la publication de la loi Clayes Leonetti en 2016 [5] : personne de confiance,
directives anticipées, droit à ne pas prolonger inutilement la vie, sédation profonde. Le patient est en
droit d’exprimer sa volonté et d’anticiper l’évolution de sa santé, et le réanimateur est dans
l’obligation d’en tenir compte.
T1 Une réhumanisation des soins en réanimation
Le soin relationnel a pris un nouvel essor dans une unité traditionnellement technique, et les
soignants ont eu à cœur d’investir ce rôle, avec le développement de nouveaux modes de
communication, comme les “journaux de bord” de réanimation [6]. Ces cahiers dans lesquels les
soignants, mais aussi parfois les proches, colligent dans un langage simple les événements de
l’hospitalisation, se sont avérés de fins outils pour limiter le traumatisme associé à l’absence de
souvenir ou à la modification des perceptions lors d’une hospitalisation. Cette ouverture se traduit
aussi par les consultations postréanimation, qui permettent de suivre la réhabilitation du patient à
distance de son séjour, d’évaluer sa récupération et d’améliorer les prises en charge en fonction des
retours d’expérience. Des formes inédites de coopération se créent alors entre les soignants, les
patients et l’entourage, contribuant à une “réhumanisation” des soins en réanimation.
T1 Une pluridisciplinarité et une réhabilitation précoce
Les résultats de cette prise en compte du patient dans les soins ont permis de révéler l’importance
des complications à moyen et long terme des séjours en réanimation, et la nécessité d’une mise en
route précoce de la réhabilitation [7,8]. L’investissement des physiothérapeutes dans la prise en
charge pluridisciplinaire du patient de réanimation permet de récupérer rapidement l’autonomie
respiratoire, mais aussi de réduire les troubles de la déglutition et de la phonation, et participer au
maintien de la masse et de la force musculaire. La participation dynamique du patient à cette
réhabilitation lui rend sa place au cœur du soin, améliorant sa perception de soi et son moral. Ces
programmes seraient impossibles sans un travail en équipe de physiothérapeutes, des infirmiers et
de l’industrie connexe. De même qu’à un autre niveau, l’application de programmes de réadaptation
neurocognitive pour prévenir les séquelles à long terme nécessite une collaboration des équipes de
réanimation avec des ingénieurs informaticiens et des psychologues.
T1 Une participation essentielle
La participation des infirmières à cette prise en charge à la fois humaine et technique évolue en
même temps que les innovations technologiques. Comme tous les soignants, elles sont dans
l’obligation constante de remettre en question leurs connaissances théoriques et pratiques, de
s’adapter et de participer à la recherche dans leur discipline [9]. La formation continue, que ce soit à
travers des journées spécifiques, des diplômes universitaires (DU), du e-learning et des séances de
simulation, prend une place fondamentale pour adapter les nouvelles procédures et maîtriser les
nouveaux dispositifs tout en contrôlant les risques. Les tâches classiques s’étoffent au fur et à
mesure que la recherche et l’innovation en médecine progressent. À partir de protocoles élaborés
avec les médecins, les infirmières de réanimation sont de plus en plus autonomes dans
l’administration de traitements qui demandent une surveillance et une adaptation constante à
l’évolution du patient. Il s’agit de l’apparition des algorithmes pilotés par les infirmières, l’application
en France des nurse driven protocols développés depuis quelques années par nos collègues anglo-
saxons. Ces protocoles, déjà appliqués pour la douleur ou la sédation [10], ont permis de réduire la
durée de cette dernière et donc celle de la ventilation des patients. Ces protocoles demandent aussi
la mobilisation de nouvelles connaissances, théoriques et pratiques, en parallèle avec cette
autonomisation, ouvrant lentement la discipline vers des pratiques avancées en réanimation [11].
T1 Conclusion
Contrairement aux idées reçues, les innovations en médecine intensive ne sont pas associées
uniquement au développement de la technologie. Elles concernent aussi la formation, la
structuration de procédures et, surtout, l’évolution des attitudes envers les patients et leur
environnement. Elles impliquent l’écoute et l’intégration des points de vue d’autres professionnels,
mais surtout des patients et de leur entourage. Au XXIe siècle, elles permettent ainsi d’intégrer les
patients dans un soin respectueux et adapté à leurs préférences, leurs besoins et leurs valeurs. Il
s’agit de leur offrir la possibilité de surmonter un épisode brutal, avec la meilleure qualité des soins
proposés par la science et la technologie, et dans la perspective de retrouver également la meilleure
qualité de vie possible ensuite.
Note
1
La simulation est une nouvelle forme d’apprentissage qui permet de préparer les personnels
soignants aux différentes situations, suivant la devise “Jamais la première fois chez un patient”. Alliée
à l’utilisation de mannequins haute fidélité, elle permet de s’approprier de nouvelles technologies,
d’organiser des prises en charge innovantes et d’apprendre à travailler ensemble. Cette approche est
intégrée dans la formation de tous les personnels du service de médecine intensive et réanimation
du CHU Grenoble-Alpes (38).
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteures déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Références
[1] Einav S, O’Connor M, Chavez LO. Visit to intensive care of 2050. Intensive Care Med.
2017;43(1):97-100.
[2] Société de réanimation de langue française (SRLF). “Mieux vivre la Réanimation”. 6e Conférence
de consensus SRLF-SFAR. 2009. www.srlf.org/metier-dide-reanimation/autour-du-patient/mieux-
vivre-la-reanimation-6eme-conference-de-consensus-srlf-sfar-2009/
[3] Tenaillon A. L’humanisation progressive de la réanimation. Rev Prat. 2012;62(4):589-9.
[4] Schnell D, Abadie S, Toullic P, Chaize M, Souppart V, Poncet MC, Schlemmer B, Azoulay E. Open
visitation policies in the ICU: experience from relatives and clinicians. Intensive Care Med.
2013;39(10):1873-4.
[5] Loi n° 2016-87 du 2 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des
personnes en fin de vie.
www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000031970253&categorieLien=id
[6] Garrouste-Orgeas M, Périer A, Mouricou P, Grégoire C, Bruel C, Brochon S, Philippart F, Max A,
Misset B. Writing in and reading ICU diaries: qualitative study of families’ experience in the ICU. PLoS
One. 2014;9(10):e110146.
[7] Hashem MD, Nelliot A, Needham DM. Early Mobilization and Rehabilitation in the ICU: Moving
Back to the Future. Respir Care. 2016;61(7):971-9.
[8] SLRF. Prise en charge de la mobilisation précoce en réanimation chez l’adulte et l’enfant.
www.srlf.org/metier-dide-reanimation/autour-du-patient/prise-en-charge-de-la-mobilisation-
precoce-en-reanimation-chez-ladulte-et-lenfant/
[9] Arabi YM, Schultz MJ, Salluh JIF. Intensive Care Medicine in 2050: global perspectives. Intensive
Care Med. 2017;43(11):1695-99.
[10] Dreyfus L, Javouhey E, Denis A, Touzet S, Bordet F. Implementation and evaluation of a
paediatric nurse-driven sedation protocol in a paediatric intensive care unit. Ann Intensive Care.
2017;7(1):36.
[11] Bourgeon I, Campagne A, Clec’h C et al. Pratiques avancées et formation spécifique des IDE de
réanimation: résultats de l’enquête de la SRLF 2013. Réanimation. 2015;24(Issue 5):608-14.

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