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Bulletins et Mémoires de la

Société d'anthropologie de Paris

Deshayes M.J. — Croissance cranio-faciale et orthodontie


D. Ferembach

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Ferembach D. Deshayes M.J. — Croissance cranio-faciale et orthodontie . In: Bulletins et Mémoires de la Société
d'anthropologie de Paris, XIV° Série. Tome 3 fascicule 3, 1986. pp. 192-193 ;

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On en arrive à regretter que J. Hiernaux n'ait pas disposé de plus de deux pages et
demie pour exposer ensuite la conception diamétralement opposée qui est celle de la
variation non taxinomique de l'Homme. Le lecteur de bonne foi aimerait sans doute disposer
d'un développement plus étendu pour décider entre les deux attitudes.
Le chapitre 39, par J. Benoist, est une intéressante étude sur le métissage dont on
connaît l'importance considérable dans l'édification des peuplements actuels.
La cinquième partie de l'ouvrage surprend par sa brièveté. Il s'agit de conclusions écrites
par C. Susanne seul sur les « Bilans et finalités de l'Anthropologie physique ».
Paradoxalement, on n'en retiendra que la dernière phrase dont, manifestement, l'intention dépasse
largement le domaine de l'Anthropologie : « La diversité biologique et culturelle étant
reconnue implique la tolérance à la différence ».
Tel est, résumé aussi fidèlement que possible, le contenu de ce « Manuel ». Comme
nous l'avons dit en débutant, la matière est trop complexe pour que les lignes qui
précèdent fassent figure de jugement de valeur et les quelques réactions qu'on aura pu noter
au passage ne veulent être, pour le lecteur, qu'une incitation à réfléchir. Nous nous
permettrons toutefois de regretter que deux sujets n'aient pas été abordés dans le livre :
Le premier concerne les phénomènes de l'Hominisation qui, groupés en un texte
synthétique, eussent constitué pour le « lecteur étudiant » un précieux élément de
compréhension de l'évolution humaine.
Le second, c'est la Biotypologie qui, malgré le mépris ou les sarcasmes de certains,
ne méritait sans doute pas d'être totalement exclue d'un manuel qui se signale pourtant
par l'absence de tout sectarisme scientifique.
Nous dirons peu de choses de ce qui concerne la forme qui nous a paru généralement
sans défaut. La typographie est claire, l'iconographie de bon aloi ainsi que la reliure, ce
qui facilite la consultation. De ce point de vue, l'ouvrage mérite bien son nom de
« Manuel » et nous espérons que, sous sa robe austère, il figurera en bonne place sur
la table de tout anthropologue francophone.
Jean Dastugue
Véronique Gervais-Cloris

Deshayes M.J. — Croissance cranio-faciale et orthodontie, Paris, Masson,


1986, 87 p.

A première vue, ce livre pourrait sembler ne pas concerner l'Anthropologue,


s'adresser essentiellement à l'Orthodontiste. Cela est vrai pour la partie technique de l'ouvrage
rappelant les travaux de l'École de Nantes. Mais dans la partie théorique, la mise au point
faite sur la plasticité osseuse, sur la croissance et les facteurs influençant la morphogenèse
cranio-faciale nous apporte des renseignements intéressants. L'auteur y insiste sur
l'importance des sutures, site actif de croissance, moyen d'union ferme entre les os mais
permettant de petits mouvements. La morphologie de la suture renseigne sur la direction et
l'amplitude du mouvement des os. Cette mobilité suturale interosseuse intervient dans l'équilibre
architectural, l'adaptation aux phénomènes de croissance, de remodelage osseux lors de
la morphogenèse.
La position de la tête sur la colonne cervicale est le résultat d'un équilibre entre le
tractus aérodigestif et le massif facial d'une part, l'action des muscles postéro-latéraux
du cou d'autre part. A l'intérieur de la cavité crânienne, cette action « se prolonge par
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l'intermédiaire des aponévroses dure-mériennes, des ligaments intracrâniens et exocrâniens ».


Il se crée un équilibre tensionnel variable en période de croissance. L'auteur insiste sur
la variabilité de cet équilibre et de l'architecture crânienne à l'âge adulte.
Après avoir rappelé le rôle des facteurs génétiques et l'évolution de la flexion de la
base du crâne, M.J. Deshayes décrit le biodynamisme de chaque os du crâne cérébral et
facial. L'interdépendance des os est soulignée ; ainsi la région alvéolo-dentaire apparaît
liée à l'équilibre du maxillaire et du palais osseux, à ses mouvements de bascule dans la
sphère sphéno-ethmoïdo-frontale, à la situation de l'articulation temporo-mandibulaire, à
ses rapports avec la sphère temporo-occipitale.
La mastication, la déglutition, la respiration, Г elocution, la mimique, ont une action
sur la morphologie faciale.
« II existe une mobilité intrinsèque à chaque pièce squelettique de la voûte, de la base,
et de la face, par l'intermédiaire d'une physiologie spécialisée des sutures crâniennes et
faciales, grâce à laquelle l'ensemble du puzzle cranio-facial adopte une répartition
spatiale équilibrée. »
L'auteur avance l'hypothèse d'une lésion suturale primaire déterminante dans
l'apparition d'une dysharmonie ou d'une dysmorphose maxillo-mandibulaire.
D. Ferembach

Colbère Lionel Gérard. — Contribution à la connaissance du crâne des


Primates Strepsirhini : Hapalemur griseus (LINK, 1795). Thèse de
doctorat de l'université Paris VII (nouveau doctorat), soutenue le 12 mai
1986, 447 p.

Soixante-deux crânes ď Hapalemur griseus adultes, pour la plupart conservés au


Museum National d'Histoire Naturelle, au British Museum (Natural History) et au Musée
de Leyde ont été comparés entre eux, à cinq sujets de Hapalemur simus et à d'autres
Lémuriens, à l'aide de 45 paramètres mis au point pour la circonstance par l'auteur à
qui l'on doit aussi l'adaptation d'instruments à la prise des mesures sur les crânes de ces
petits primates. Une étude morphologique fine et détaillée met en évidence la présence
de trois nouvelles variétés au sein de Hapalemur griseus. L'auteur recherche ensuite à l'aide
de tests univariés (paramétriques et non paramétriques) et multivariées (diagrammes de
rapports, ellipses équiprobables, analyses en composantes principales, etc.), si ces
différences se retrouvent avec les caractères mesurables. Le statistiques en l'occurence se sont
révélées moins discriminantes que la morphologie, constatation approuvée par le biomé-
tricien siégeant dans le jury.
Cette thèse souligne une nouvelle fois la nécessité de ne jamais négliger les caractères
descriptifs. D'autres conclusions sont apportées par L.G. Colbère, les unes d'ordre
méthodologique (fiabilité douteuse de l'étude des peaux conservées, comparaison avec les
résultats de l'étude des chromosomes), les autres d'ordre biologique (dimorphisme sexuel
différent dans les sous-espèces), dissymétrie crânienne constante.
Ce travail minutieux, que la conception des nouvelles thèses ne permettront plus de
réaliser, constitue un modèle d'étude fine d'un genre de Primate ; il intéressera de ce fait
les Primatologues.
(Travail du Laboratoire d'Anthropologie biologique
de l'École Pratique des Hautes Etudes, Paris).

D. Ferembach

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