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La méthode Jaques-
Jaques - Dalcroze au service du musicien actuel

I – Définition

La rythmique Jaques-Dalcroze est une méthode d’éducation musicale qui met en

relation les liens naturels et utiles entre le mouvement corporel et le mouvement
musical, amenant la personne à développer ses facultés artistiques.

A travers la stimulation de la motricité globale, la perception et la conscience

corporelle se développent en travaillant particulièrement la sensation musculaire.
Celle-ci permet de sensibiliser les musiciens au rôle fondamental de leur propre corps
dans la transmission de leur musicalité.

Différents exercices audio-moteur permettent, à travers la perception de tout

l’organisme, d’entraîner l’oreille musicale en développant l’audition intérieure et
l’expression personnelle.

Cette méthode est pluridisciplinaire ; musique et mouvement corporel se cristallisent

dans l’utilisation de l’espace.
Le mouvement dans l’espace permet de sentir le temps et l’énergie nécessaire à
chaque geste, il crée ainsi des images audio-motrices spatiales.

Ce « solfège musical » dans l’espace rend possible, dans une certaine forme, la
visualisation des différentes notions musicales. Le chemin pédagogique qu’il propose,
amène à découvrir les éléments de la musique, de les sentir, et se les approprier avant
de les intellectualiser.

Il s’agit d’une méthode interactive. Les leçons sont collectives. Le groupe permet de
travailler la capacité d’adaptation, d’imitation, de réaction, d’intégration et de
socialisation.

La rythmique Jaques-Dalcroze est un apport considérable dans l’éducation musicale

des enfants, des jeunes et des adultes amateurs et professionnels.
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Sa pratique enrichit le musicien en différents aspects, lui donnant la possibilité de :

 prendre conscience de son corps comme premier instrument ;
 développer la motricité globale, partielle et fine ;
 acquérir une éducation auditive active à travers le mouvement ;
 prendre conscience de l’espace et apprendre à l’utiliser en relation avec les
phénomènes sonores et moteurs ;
 sensibiliser au bon usage de l’énergie et à son application adéquate dans
l’exécution sollicitée ;
 apprendre à improviser musicalement et corporellement ;
 développer la capacité de contact à travers la communication non verbale et
l’expression personnelle ;
 travailler la musique en groupe.

II. Brèves références biographiques et historiques

Emile Jaques-Dalcroze est né à Vienne en 1865, de parents suisses. Il est mort à Genève
en 1950.
Musicien (compositeur et interprète), pédagogue et homme de théâtre, sa vie l’a
amené à se former dans différents pays européens (Suisse, Autriche et France).
C’est au cours de ses classes de solfège au Conservatoire de Genève, à la fin du
XIXème siècle, qu’il a constaté certaines difficultés dans l’audition et l’exécution
musicale de ses élèves.

A partir de là, il a commencé ses investigations au travers desquelles il a découvert le

rôle important que tient le mouvement corporel dans la conscience et la clarification du
mouvement musical.

Il proposera d’innombrables exercices qui permettront, à travers la sensation

musculaire, de créer et de fortifier l’image intérieure du son, du rythme et de la forme,
afin de corriger et d’améliorer l’audition et l’exécution des jeunes interprètes.

Ses expériences innovatrices dans le contexte social et historique d’alors, l’amèneront

à réaliser des démonstrations de ses découvertes, dans différentes régions de Suisse
et d’Europe.

En Allemagne ses idées trouvent un accueil favorable. Grâce à l’appui de mécènes il

s’installe dans la cité jardin de Hellerau, près de Dresde, de 1911 à 1914.
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Le succès de ses découvertes attirera d’importantes personnalités de l’époque,

permettant une grande dispersion de ses idées dans le vaste contexte artistique
européen de cette époque.

En 1915, de retour en Suisse, il fonda l’Institut qui porte son nom, où il appliquera et
poursuivra son œuvre pédagogique tout au long de sa vie donnant ainsi à sa méthode
une notoriété internationale.

III. Idées principales

Le lien entre le mouvement corporel et le mouvement musical sont au centre de la

pédagogie dalcrozienne.

Par des mouvements naturels comme la marche ou les déplacements dans une salle, la
sensation musculaire s’exerce et s’associe au phénomène sonore grâce à la musique
improvisée au piano par le professeur.

Ce travail est basé sur le développement du sens kinesthésique par lequel le

mouvement corporel est en relation avec le mouvement sonore, créant des images
audio-motrices pour constituer un répertoire de perception enrichissant la musicalité
de l’élève.

Une de ces particularités est que l’éducation musicale se réalise en exerçant la

motricité globale c’est-à-dire le mouvement de tout le corps.

Citons quelques exemples :

a) les notions du poids en se déplaçant nous permettront de sentir et de prendre
conscience de la métrique et de la mesure dans musique.
b) A travers la tension et la relaxation musculaire, il nous sera plus facile de sentir
les nuances.
c) L’orientation dans l’espace nous aidera à découvrir le phrasé.
d) L’utilisation de l’espace enrichira la conscience de l’espace sonore, aidera à
percevoir la distance entre les notes d’une gamme, des intervalles ou des
accords.
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Dans les leçons de rythmique on utilise du matériel auxiliaire (balles, cerceaux,

cordes….) et instruments de petite percussion (tambourins, claves…) avec l’objectif
de :
a) approfondir des notions musicales ;
b) prendre conscience de notre corps en mouvement ;
c) entraîner la coordination entre les pieds et les mains ;
d) travailler les différents niveaux de dissociation : entre les pieds et les mains
(motricité globale), entre les mains (motricité partielle) ;
e) d’établir une relation dans le groupe.

Une autre particularité est que dans la leçon de rythmique, l’éducation musicale se
réalise grâce à l’intervention de la musique improvisée essentiellement au piano
(l’utilisation d’autres instruments ainsi que la voix est possible).
L’improvisation instrumentale est l’outil fondamental du professeur dans le processus
éducatif. A travers la musique créée « sur mesure » pour la situation pédagogique, le
professeur peut faire que chaque pas dans l’apprentissage soit accessible à l’élève en
adaptant la musique au besoin et à la difficulté du moment. La musique est créée pour
chaque occasion et dans ce sens la méthode Jaques-Dalcroze est une méthode
d’éducation « pour la musique » et « par la musique ».

L’improvisation n’est pas seulement un moyen au service du professeur, c’est aussi un

objectif d’apprentissage.

Le développement de l’imagination et de la créativité sera stimulé chez les élèves de

tous les âges, permettant ainsi d’exercer d’autres compétences telles que l’attention,
la concentration et la mémoire.
L’improvisation musicale et corporelle conduira à la découverte de son propre langage
artistique.

Quand nous parlons de la méthode Jaques-Dalcroze le premier mot qui surgit est
rythmique.
Toutefois, celle-ci comporte traditionnellement une trilogie : rythmique – solfège et
improvisation comme branches principales.
Les trois éléments sont en relation étroite, contribuant à la formation des musiciens en
leur permettant de développer leur musicalité.

En d’autres termes, à travers le mouvement, on aboutit à un solfège corporel et en

utilisant des éléments musicaux avec l’improvisation, nous créons ainsi notre propre
langage.
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Les leçons de rythmique sont toujours collectives (à l’exception de certaines situations

thérapeutiques).
L’apprentissage se fait dans cette situation en utilisant l’interaction des participants,
permettant à chacun de développer ses compétences sociales nécessaires.
Le groupe est un élément enrichissant qui donne en permanence des modèles
différents de notre propre modèle et nous permet de développer notre capacité
d’adaptation et d’autonomie.

La rythmique Jaques-Dalcroze a comme objectif à travers l’éducation musicale, de

stimuler le développement global de la personne dans les domaines physique, affectif
et social.

A partir de là elle incite aussi l’élève à :

a) se responsabiliser face à son propre potentiel

b) découvrir ses propres ressources
c) trouver le bien-être intérieur

IV. Apports théoriques et méthodologiques

Il est important de signaler que la méthode de rythmique Jaques-Dalcroze ne s’occupe

pas seulement de travailler le rythme dans la musique.
Dans sa dénomination originale « rythme » est en relation avec mouvement et
mouvement avec vie, transformation et changement.
A travers cette méthodologie les différents paramètres de la musique sont enseignés
en relation avec le mouvement et l’espace, un groupe et, dans beaucoup d’occasion,
du matériel auxiliaire.

Dans son article « l’éducation par le rythme » publié dans la revue « Le Rythme » en
1909, E. Jaques-Dalcroze définit les qualités primordiales du musicien.

Citation : « …la finesse de l’oreille, la sensibilité nerveuse, le sentiment rythmique, -

c'est-à-dire le sentiment juste des rapports existant entre les mouvements dans le
temps et les mouvements dans l’espace – et enfin la faculté d’extérioriser
spontanément les sensations émotives. »
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Selon lui, cet ensemble de facultés était essentiel et elle continue à l’être dans
l’éducation musicale actuelle.

L’intelligence auditive et l’instant rythmique ont besoin d’un corps entraîné pour
pouvoir s’exprimer et communiquer à travers l’exécution musicale.

En observant les difficultés rencontrées par ses élèves dans l’exécution musicale, E.
Jaques-Dalcroze arrivera à la conclusion que dans la plupart des cas les problèmes ont
une des causes suivantes :
a) le concept : l’élève ne réagit pas correctement parce que la notion n’est pas claire ;
b) la transmission : l’élève ne réagit pas correctement parce que la transmission
nerveuse du cerveau à la main ne fonctionne pas avec la rapidité nécessaire ;
c) la réalisation : l’élève ne réagit pas correctement parce qu’il ne possède pas la
technique appropriée.

Un problème de concept ne peut pas se résoudre de la même manière qu’un problème

de transmission ou de réalisation.
En cherchant des solutions à ces différents problèmes rencontrés dans la pratique la
méthode s’est enrichie de différents types d’exercices.

Dans l’actualité, la diversité d’exercices est vaste et comporte entre autres :

 exercices répétitifs (pour instaurer des automatismes utiles)
 exercices de réaction (pour travailler la capacité adaptation)
 exercices avec matériel musical
 exercices avec matériel de rythmique
 exercices d’échauffement et de travail technique
 exercices en rapport avec l’espace
 exercices avec des propositions de groupe
 exercices d’improvisation musicale et corporelle
 exercices de création musicale et corporelle

Dans le processus d’apprentissage, l’éducation dalcrozienne favorise et valorise la

perception sensorielle.

Ressentis et explorations permettront de nous approprier ces notions, de les

reconnaître, de les nommer et de les développer de façon créative à partir de chacune
des propositions.
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Les leçons durent en général entre 50 et 75 minutes, suivant l’âge des participants et le
niveau d’enseignement.

Elles comportent 3 parties :

 1ère partie : mise en condition physique et musicale. Echauffement.

 2ème partie : travail sur les différentes facettes du thème au moyen d’exercices
impliquant diverses compétences.
La variété permet de garder la concentration et de dynamiser les séquences. Des
propositions individuelles et de groupes seront intégrées en utilisant l’espace et
le matériel à disposition.
 Application des notions travaillées à travers des exercices qui développent la
créativité tels que jeux, improvisation, composition spontanée, esquisse
chorégraphique, ou bien des situations pédagogiques qui fixent des
connaissances acquises comme par exemple l’analyse d’œuvres musicales.

Des moments de relaxation seront intégrés dans la leçon de manière variable

d’après les besoins du groupe.

Silvia Del Bianco (2007)

Extrait de « Aportaciones teóricas y metodológicas a la educación musical”

Edición Grao, Barcelona
Traduction : Michèle Papon, Hélène Nicolet, Delphine Wuest