PIETTE Quentin 10 juin 2021

DEPARTEMENT MEDIAS, CULTURE ET

COMMUNICATION

MÉDIAS ET MÉDIATIONS NUMÉRIQUES

CHRISTINE SERVAIS

Année académique 2020-2021

Première session

La méfiance actuelle des masses populaires envers

l’industrie pharmaceutique et le développement ainsi
que la distribution du vaccin contre le coronavirus ne
serait-elle pas légitime face aux passés de certaines
industries comme celle du tabac et de la fabrique
d’ignorance de celles-ci ?

PIETTE Quentin

S183120

Bac2 INFOCOM

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La méfiance actuelle des masses populaires envers l’industrie pharmaceutique et

le développement ainsi que la distribution du vaccin contre le coronavirus ne serait-elle
pas légitime face aux passés de certaines industries comme celle du tabac et de la
fabrique d’ignorance de celles-ci ?

Afin de répondre à cette question, il nous faut nous remémorer les faits qui
pourraient être à l’origine de la méfiance des masses populaires envers les grandes
industries modernes, notamment les manipulations scientifiques dont l’entreprise du
tabac a pu faire preuve par le passé. Il faut également préciser la méfiance actuelle
envers l’industrie pharmaceutique et plus précisément envers le vaccin contre la
COVID-19 pour savoir si ce raisonnement, cette manière de pensée, est légitime ou non.

En effet, par le passé, la population a pu être contrôlée, manipulée par ces grandes
entreprises. Au début des années 50, les soupçons se font de plus en plus nombreux
concernant le rapport entre la cigarette et le cancer des poumons. Des scientifiques
prouvent l’apparition d’un cancer chez une souris badigeonnée de goudron de cigarette, il
s’agit d’une preuve irréfutable. Les entreprises de tabac et leurs grands patrons, qu’on
appelle Big Tobacco, disent simplement qu’ils ne savent pas vraiment, ils nient les faits en
quelque sorte. Ils décident alors, publiquement, de lancer et de financer des recherches
scientifiques sur les causes du cancer des poumons. Ils vont alors utiliser la science
contre la science et financer ce qu’on appelle des «  recherches de diversion  » pour
détourner l’attention du tabac en pointant un autre coupable comme l’amiante, le lieu de
travail, les habitudes quotidiennes, etc… Leur but était de semer de l’ignorance dans une
multiplication de données et dire qu’on ne peut pas véritablement établir la cause
principale, plaçant dès lors la cigarette comme facteur mineur des maladies. Ils gagnent
du temps.

Cependant, en science, il est légitime de multiplier les pistes de recherches et

normal de recenser les différents facteurs de risques mais c’est aussi bien pratique pour
celui qui désire semer le doute et la confusion. Cela rend le suspect impossible à inculper.
C’est la fabrication du doute, ce système sera le modèle pour de nombreux dénis
scientifiques futurs au sein de multiples entreprises. Nous pouvons entre autre citer
l’agro-alimentaire concernant les pesticides, les néonicotinoïdes, comme cause de
mortalité élevée des abeilles depuis les années 1980; ce modèle est également à la base
du climatosceptisme.

Nous pouvons retrouver dans des documents officiels de Big Tobacco le passage
suivant: «  Le doute est notre produit car c’est le meilleur moyen de concurrencer
l’ensemble des faits présents dans l’esprit du public, c’est aussi le moyen d’établir une
controverse. ». Une fois encore, le doute est tout à fait légitime dans les sciences, on a
besoin du doute pour la faire avancer, c’est grâce à lui que nous pouvons faire des
recherches car on se pose des questions ou bien on doute que l’explication déjà
existante soit la bonne.

Il existe en réalité deux types de sciences; une science établie qu’on ne peut pas
remettre en question, ce sont des faits comme la terre est ronde ou encore la gravité.
Ensuite, il y a la science dite en marche, pour laquelle il y a un doute et des hypothèses
sont formulées. La stratégie de ces entreprises est de vouloir faire passer une science
stable, établie, comme étant toujours soumise au doute. Ils veulent faire régner le doute
et instaurer le débat en faisant passer la vérité pour un mensonge manipulateur. C’est la
fabrique de l’ignorance.

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Une autre question se pose alors, qu’est ce qui nous empêche de savoir ? Pour
répondre à cette question, l’agnotologie définit l’ignorance stratégique comme de la
production active d’ignorance, c’est ce que fait entre autre Big Tobacco depuis des
années, il s’agit de créer une balance entre l’ignorance et les connaissances du public.
Marcel Goldberg, professeur d’épidémiologie, explique qu’il peut fabriquer n’importe quel
protocole afin d’arriver au résultat désiré et ainsi prouver scientifiquement qu’une chose
existe ou n’existe pas. Il dit également qu’il faut être du métier pour comprendre et
connaitre un peu les trucs. Les industries jouent avec ces protocoles et établissent les
doses auxquelles le public peut être exposé sans risques majeurs pour sa santé; comme
le définit la toxicologie, c’est la dose qui fait le poison. Evidemment, ces chiffres sont
faussés et établis à leur avantage. C’est de l’escroquerie scientifique.

À cause des escroqueries scientifiques et donc la manipulation des masses

populaires qui ont pu se dérouler dans le passé, la population est beaucoup plus vigilante
face aux grandes industrie, et c’est normal car comme le dit un vieux proverbe marocain:
« Celui qui a été mordu par le serpent, a peur de la corde. ». C’est à dire qu’étant donné
que nous nous sommes fait manipulé par le passé, nous sommes d’autant plus vigilants;
cependant, cette vigilance ne fait parfois que très peu de sens.

En effet, les industries essayaient de compenser nos connaissances avec de

l’ignorance, mais en quoi consiste la connaissance ? Il s’agit d’une composante du savoir
qui ne peut être vraie que dans une culture donnée. Elle se sépare pourtant petit à petit
du savoir ce qui forme une distinction entre les faits et les jugements de valeurs, les
opinions.

D. Cardon dit que la donnée numérique va aujourd'hui de plus en plus remplacer

nos manières d’observer le monde, nos manières de classer nos connaissances et nos
formes de savoir sur la société humaine, mais aussi sur l’être humain en général. Car
aujourd’hui tout le monde a accès à la sphère publique, tout le monde peut se faire
entendre grâce à internet. La perte de légitimité dans ces instances explique la confiance
qu’on va accorder à l’immédiateté de la donnée, c’est une autre forme de rapport aux
savoirs, à la société. Cardon émet une hypothèse selon laquelle cela correspond aussi à
un désir des individus de ne plus être catégorisés, de ne plus paraître comme individus
mais plus comme membres d’un groupe. Ils veulent échapper aux filets des sciences
humaines. Sauf que les sciences humaines, c’est ce qui donne du sens à nos
comportements.

Avec l’arrivée d’internet, plusieurs changements se font remarquer au niveau de

l’information. Effectivement, les sources d’information se multiplient et s’opacifient d’une
manière qui n’est plus vraiment contrôlable. Il faut aussi souligner qu’Internet donne une
visibilité inédite à toute une série de groupuscule d’idéologie. D’un autre côté, les sources
s’opacifient, et il devient compliqué de distinguer la source de l’actant. En effet, pour
savoir si l’on a affaire à une source ou à un actant, la première chose est de savoir à qui
l’on a affaire. Or, sur Internet, ce n’est pas chose aisé avec les nombreux faux comptes et
l’anonymat qu’Internet peut offrir. Il y a également une multiplication des «  sources  »,
c’est à dire que tout le monde peut poster son avis sous n’importe quelle forme.

En rassemblant toute ces informations, nous avons pu apercevoir l’accroissement

récent d’une communauté, celle des « antivaxx », elle rassemble les gens qui s’opposent
aux vaccins en général mais avec l’arrivée de celui de la COVID-19, la communauté s’est
grandement développée en « recrutant » de nombreux nouveaux membres, tous plus ou
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moins sceptiques face à l’arrivée rapide de ce nouveau vaccin. Nous pouvons observer
différents profils de ce genre de personne. Premièrement, il y a les personnes victimes de
désinformation et d’ignorance; tout le monde n’a pas pu faire des études de médecine ou
simplement scientifique et se font facilement impressionner par les gros titres des
médias, certains n’ont simplement pas le temps d’en apprendre davantage et suivent
alors les médias. Heureusement, après quelques explications, ils changent souvent
d’avis. Ensuite, on retrouve des gens extrêmement méfiants, souvent hypocondriaques et
difficile de les faire changer d’avis, bien qu’ils peuvent comprendre le point de vue
scientifique; ils font preuve d’hystérie et de phobie dues à l’ampleur de cet épidémie.
Pour revenir et faire le lien avec le passé, ce genre de personne peut continuer à fumer
tout en connaissant aujourd'hui les risques mais aura pourtant peur du vaccin alors que
les risques de celui-ci sont infimes comparés à ceux du tabac. Le dernier cas de figure
que nous pouvons rencontrer sont des personnes déraisonnables, inintelligentes et
insensées. Ce profil est vite repérable sur les réseaux car très bruyant, très actif. Ils
utilisent toutes les informations, bien souvent mauvaises, pour alimenter leurs idées. Bien
souvent, ils sont friands de théories du complot.

Aujourd’hui, l’opinion public se transmet sur les réseaux et comme déjà expliqué
supra, tout le monde a son opinion et peut le partager à sa guise avec une facilité
déconcertante. Un effet de foule se crée rapidement et les opinions se rassemblent en
groupes et communautés. Ce type de personne est heureusement une minorité mais
extrêmement bruyante sur les réseaux et poste sans arrêt; leur idéologie est un biais
extrêmement puissant car c’est grâce à celui-ci et au travers d’Internet qu’ils font vouloir
leur opinion politique et leur avis sur la façon dont la société devrait être organisée. C’est
ceci qui explique leur attitude envers la science. Ce dernier profil d’«  antivaxx  » est
relativement dangereux car leurs propos sont parfois très bien écrits et souvent
éloquents, ce qui alimente la peur des autres profils toujours en invoquant le complot.
Cela peut faire penser au roman « 1984 » de George Orwell qui décrit un monde totalitaire
dont l’idée principale peut être résumée par son célèbre et terrifiant slogan : « Big Brother
is watching you.  » qui suggère un contrôle et une manipulation «  secrète  » du
gouvernement. Cette idéologie est contemporaine à l’ère d’Internet car par le passé, nous
n’avions pas accès à autant de données et cette pandémie mondiale est l’un des
premiers événements majeurs à mettre le monde à mal au niveau international.

Cette méfiance peut, en partie, être légitime, du moins pour le premier et

éventuellement le second profil pour cause d’ignorance. Cette méfiance est vite dissipée
une fois qu’ils ont pris conscience des faits scientifiques. Cependant, concernant le
dernier type de profil, cette méfiance n’a aucune légitimité car ils se basent sur des
opinions dénués de faits et d’expériences, ils ne cherchent même pas à différencier le vrai
du faux, toute information appuyant leurs idées trouvables sur Internet peut alimenter ces
pensées insensées, s’éloignant ainsi de plus en plus de la vérité. Comme expliqué plus
haut, ils partagent en masse ces fausses informations, ralliant encore plus de monde à
leur « cause » tout en accentuant davantage la méfiance des masses populaires.

Nous pouvons donc en conclure que la méfiance actuelle des masses populaires
envers l’industrie pharmaceutique et le développement ainsi que la distribution du vaccin
contre le coronavirus n’est pas du tout légitime étant donné qu’elle est majoritairement le
résultat d’une ignorance et/ou d’une simple désinformation. Les gens véritablement
méfiants se trouvent dans l’hystérie et sont à la limite, voire entièrement dans le
complotisme. Certes, par le passé, les populations ont été manipulées et désinformées
volontairement par certaines industries par le biais d’escroqueries scientifiques et de
recherches de diversion mais les entreprises se rendent compte aujourd'hui des dégâts
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humains que cela a pu causer. Elles sont maintenant conscientes des risques et des
dangers que la fabrique de l’ignorance peut avoir et pratique donc de moins en moins ce
genre de méthode de nos jours; d’autant plus à l’échelle mondiale de cet événement
qu’est la COVID-19.

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