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2017­6­5 Au 

fondement du digital : Interactions humaines et actions sociales

Revue française des
sciences de l’information et
de la communication
10 | 2017 :
Design et Transmédia : le croisement des disciplines de SHS
Manifeste pour un positionnement des Sciences de l’Information Communication (SIC) vis­à­vis des Digital
Studies (DS) et autres mutations du numérique
Le Numérique : un nouveau milieu ?

Au fondement du digital :
Interactions humaines et actions
sociales
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Texte intégral
1 Pour montrer comment le digital modifie nombre d’interactions humaines et instaure
des changements dans les cognitions, affects et actions sociales, il convient de focaliser
sur  deux  dimensions  qui,  bien  que  fondamentales,  ne  figurent  pas  dans  le  manifeste
« SIC et DS » : la dimension humaine et le concept d’action humaine/sociale (humain
et social étant pour nous inséparables).
2 À  la  base  de  tout  phénomène  de  communication  impliquant  le  digital  et  quels  que
soient  leurs  projets,  économique  (e­commerce,  publicité),  organisationnel  (web
collaboratif), politique, groupal (réseaux sociaux), ludique (vidéo, jeux), éducationnel,
artistique  ...  des  sujets  sociaux  cherchent  à  interagir  avec  d’autres  sujets  sociaux,  au
sein de relations souvent préexistantes, dont ils ont plus ou moins conscience.
3 Si  ces  interactions  peuvent  être  partiellement  déterminées  par  des  contextes  et  des
forces macro­ ou méso­scopiques (économiques, politiques, organisationnels…), elles le
sont  également  et  nécessairement  par  des  contextes  plus  micro.  En  effet,  chaque
interactant  (appelons  le  premier  A)  doté  d’intentionnalité  (au  sens  de  Searle),  entre
dans le processus, produit et interprète des messages spécifiques au dispositif digital,
en fonction notamment de la manière dont il se représente l’autre (B) et de la manière
dont  A  pense  que  B  se  représente  A  (selon  Sperber  et  Wilson).  En  ajoutant  une

http://rfsic.revues.org/2642 1/3
2017­6­5 Au fondement du digital : Interactions humaines et actions sociales

dimension  plus  microscopique,  de  type  psychosocial  ou  psychologique


(interindividuelle,  individuelle,  groupale)  au  contexte  théorique,  la  conception
humaine permet une contextualisation moins « macro­centrée », plus multiscalaire et
donc plus heuristique de la communication digitale. Les traces digitales sont donc des
manifestations d’intentionnalité humaine visant à la fois à relier pour concrétiser des
intentions  communicatives  (identiques  à  celles  de  toute  communication  humaine  :
collaborer, influencer, séduire,…) et informatives pour coproduire sens et actions.
4 Cette interaction des esprits de sujets sociaux dotés d’intentionnalité, médiatisée par
des  dispositifs  digitaux,  est  un  lieu  où  se  co­construisent  selon  des  processus
spécifiques, significations et actions. Au sein de contextes plus macroscopiques, (socio­
économiques,  socio­politiques…),  le  programme  de  recherches  empiriques  et
expérimentales de cette perspective humaine montre et étudie les spécificités :

des  traitements  et  processus  socio­cognitifs  et  socio­émotionnels  intra­


individuels  («  intrapsychiques  »),  interindividuels  et  groupaux,  conscients  et
non conscients, en œuvre dans la co­production de significations et d’action des
sujets  sociaux  en  interaction  via  des  dispositifs  numériques.  Par  exemple,  la
publicité  digitale  nous  influencerait  en  faisant  plus  facilement  activer  des
traitements automatiques non conscients par rapport à la publicité télévisée.

Des  changements  psychologiques  et  sociaux  qu’ont  contribué  à  instaurer  les


processus 1. ci­dessus.

5 Déterminants,  processus  et  conséquences  sont  toujours  étudiés  en  lien  avec  des
caractéristiques  individuelles  (e.g.  «  nomophobie  »),  psychosociales  (e.g.  identité
sociale devenue numérique, nouvelles représentations et normes sociales), sociales (e.g.
nouvelles  appartenances  réticulaires  dans  l’organisation)  ou  culturelles  des  sujets
sociaux  communicants.  Ainsi,  ajoutons  dans  le  manifeste  des  SIC  que  le  digital  est
également un catalyseur d’actions, aux échelles et enjeux variables, individuels (e.g. les
serious games interactifs instaurant effectivement des comportements plus sains dans
le contexte de la santé) ou sociaux (e.g. hypothèse des réseaux sociaux déclencheurs de
« révolutions politiques» comme les « Printemps arabes »).

Pour citer cet article
Référence électronique
Didier Courbet, Marie­Pierre Fourquet­Courbet, Séverine Halimi­Falkowicz et Lionel Souchet,
« Au fondement du digital : Interactions humaines et actions sociales », Revue française des
sciences de l’information et de la communication [En ligne], 10 | 2017, mis en ligne le 01
janvier 2017, consulté le 05 juin 2017. URL : http://rfsic.revues.org/2642 ; DOI :
10.4000/rfsic.2642

Auteurs
Didier Courbet
Professeur, Aix­Marseille Université, Laboratoire IMSIC, Sciences de l’Information et de la
Communication

Marie­Pierre Fourquet­Courbet
Professeur, Aix­Marseille Université, Laboratoire IMSIC, Sciences de l’Information et de la
Communication

Séverine Halimi­Falkowicz
Maître de Conférences, Aix­Marseille Université, Laboratoires IMSIC/LPS, Sciences de
l’Information et de la Communication

Lionel Souchet
Maître de Conférences, Aix­Marseille Université, Laboratoires IMSIC/LPS, Sciences de
l’Information et de la Communication

http://rfsic.revues.org/2642 2/3
2017­6­5 Au fondement du digital : Interactions humaines et actions sociales

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