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Propriétés électriques des modules photovoltaïques

La cellule photovoltaïque
La cellule photovoltaïque est l’élément de base d’un module photovoltaïque. Cette première
partie du chapitre s’intéresse exclusivement aux cellules, et fonde donc les bases à la
compréhension du comportement électrique des modules photovoltaïque.

Caractéristique courant-tension d'une cellule


La puissance électrique délivrée par une cellule photovoltaïque est le produit de la tension par
le courant qu’elle génère. Ces deux grandeurs, courant et tension, dépendent à la fois des
propriétés électriques de la cellule mais aussi de la charge électrique à ses bornes.
Les propriétés électriques de la cellule sont synthétisées dans un graphe qu’on appelle
caractéristique courant-tension. Tout dipôle électrique est entièrement défini par sa
caractéristique courant-tension, qui lui est propre.

Une cellule photovoltaïque, en tant que dipôle électrique, dispose de sa propre caractéristique
courant-tension, ainsi qu’illustré ci-dessous :

Cette caractéristique courant-tension est une relation entre la tension et le courant délivrés par
la cellule photovoltaïque.

Deux données importantes sont à relevées :


 Le courant de court-circuit noté Icc : il s’agit du courant qui traverse la cellule
photovoltaïque lorsque celle-ci est court-circuit, c’est-à-dire lorsque le pôle + est relié
au pôle – (la tension à ses bornes est alors nulle). Dans ce cas, la puissance fournie par
la cellule P = U × I est nulle.
 La tension en circuit ouvert notée Uco : il s’agit de la tension aux bornes de la cellule
lorsque celle-ci est en circuit ouvert, c’est-à-dire lorsque le pôle + et le pôle – sont isolés
électriquement de tout autre circuit électrique (le courant la traversant est alors nul).
Dans ce cas, la puissance fournie par la cellule P = U × I est nulle.

La puissance fournie par la cellule est tout simplement le produit du courant et de la tension. A
partir de la caractéristique courant-tension, il est intéressant de dessiner le graphe de la
puissance (P = U × I) en fonction de la tension U, qu’on appelle aussi caractéristique puissance-
tension (courbe verte) :
On retrouve bien les deux cas énoncés précédemment (cellule en court-circuit et cellule en
circuit ouvert) pour lesquels la puissance fournie est nulle.

Par ailleurs, la caractéristique courant-tension d’une cellule photovoltaïque met en évidence un


point de puissance maximum PMPP (MPP signifie en anglais Maximal Power Point, soit Point
de Puissance Maximum). Ce point de puissance maximum est le produit d’un courant et d’une
tension donnés. On appelle respectivement IMPP et UMPP le courant et la tension
correspondant au point de puissance maximum, c’est-à-dire tel que IMPP × UMPP = PMPP.

Ainsi, 4 paramètres majeurs permettent de caractériser une cellule photovoltaïque :


 Le courant de court-circuit noté Icc
 La tension à vide notée Uco
 Le courant de puissance maximale noté IMPP
 La tension de puissance maximale notée UMPP
 La valeur des 4 paramètres ci-dessus dépend d’un certain nombre de paramètres dont :
 Le niveau d’éclairement de la cellule
 La température de la cellule

Qu'est-ce que le rayonnement ?


Le niveau d’éclairement correspond à l’intensité lumineuse incidente perpendiculairement à la
surface de la cellule photovoltaïque. Il s’agit d’une puissance et se mesure en W/m² (watt par
m²). On notera Pi le niveau d’éclairement de la cellule (ou du module).

Lorsque l’origine de l’éclairement est le soleil, on parle de rayonnement solaire.


Au niveau de la surface supérieur de l’atmosphère, le rayonnement reçu face au soleil est de
l’ordre de 1367 W/m² (il s’agit de la constante solaire). Cette valeur est dégradée par des
relations géométriques et par les propriétés physiques de l’atmosphère, qui limite la quantité
disponible sous nos latitudes à environ 1000 W/m² dans les meilleures conditions.

A la surface terrestre, une cellule photovoltaïque peut recevoir un rayonnement incident qui
présente 3 origines :
 Le rayonnement solaire direct
 Le rayonnement diffus qui est le rayonnement issue de toute la voute céleste. Le spectre
du rayonnement diffus est plus riche en bleu que le rayonnement direct. Les cellules
photovoltaïques sont bien sensibles au rayonnement diffus (alors que ce n’est pas le cas
pour les capteurs solaires thermiques).
 Le rayonnement réfléchi par les obstacles tels que le sol ou les nuages. Ce rayonnement
est appelé l’albédo.
L’albédo d’un obstacle se quantifie par un coefficient d’albédo sans dimension compris entre 0
et 1. Ce coefficient est le rapport de l’énergie solaire réfléchie par l’énergie solaire incidente.
Un corps noir disposerait donc d’un coefficient d’albédo égal à 0 (aucun rayonnement n’est
réfléchi), alors qu’un miroir présenterait un coefficient d’albédo égal à 1(tout le rayonnement
incident est réfléchi).

Type de surface Valeur du coefficient d’albédo

Herbe Entre 0.15 et 0.26


Neige Entre 0.55 et 0.82
Asphalte Entre 0.09 et 0.18
Béton Entre 0.25 et 0.35
Tuiles rouges ≈ 0.33
Aluminium ≈ 0.85
Acier galvanisé ≈ 0.35

On appelle rayonnement globale la somme du rayonnement direct et du rayonnement diffus.


Dans le calcul du niveau d’éclairement, il faudra donc considérer le rayonnement global (direct
+ diffus) et l’albédo.

Par conséquent, le niveau d’éclairement peut atteindre des valeurs supérieures à 1000 W/m² de
rayonnement solaire énoncé précédemment (direct et diffus). En France, on estime que le
niveau d’éclairement total (c’est-à-dire la somme des 3 rayonnements directs, diffus et albédo)
permet d’atteindre une valeur maximale de 1250 W/m².
Exemple 1
Ci-dessous un ciel très nuageux aux alentours d’Avignon le 5 décembre 2010 à 13 h 00.

Le rayonnement direct est nul. Le rayonnement en provenance des nuages est un rayonnement
diffus. On mesure 23 W/m² de rayonnement diffus. Le rayonnement en provenance du sol
(albédos) est de 5 W/m².

Exemple 2
Ci-dessous un ciel très clair aux alentours d’Avignon (même endroit que précédemment) le 11
décembre 2010 à 15 h 00.
Le rayonnement global (direct + diffus) mesurée est de 820 W/m². Le rayonnement en
provenance du sol (albédos) est de 74 W/m².

Caractéristique courant-tension d'une cellule


Le courant débité par la cellule dépend fortement du rayonnement incident. On constate
expérimentalement que le courant est directement proportionnel à l'intensité du rayonnement :
lorsque le rayonnement est multiplié par 2, le courant du module (ou de la cellule) est également
multiplié par 2.

Quant à la tension, celle-ci est peu sensible aux variations du niveau d’éclairement.

Sur l’exemple ci-dessous, lorsque le rayonnement est divisé par 2 (il passe de 1000 W/m² à 500
W/m²), on constate que le courant est aussi divisé par 2 (il passe de 5 A à 2.5 A) et la tension
diminue, elle, de 4 %.
Au cours d’une journée, l'intensité du rayonnement incident d'une cellule va varier entre 0 W/m²
et 1000 W/m². Il est donc important de connaître l’évolution des caractéristiques courant-
tension en fonction de ce paramètre, ainsi qu’illustré sur le graphe ci-dessous :
Effet de la température sur une cellule photovoltaïque
Le deuxième paramètre qui influence le profil de la caractéristique courant-tension d’une cellule
photovoltaïque est la température de la cellule. Une cellule photovoltaïque convertit une énergie
radiative (rayonnement) en énergie électrique avec un rendement compris en 5 % et 16 % selon
la technologie. Le reste du rayonnement non-transformé en électricité est convertit en grande
partie sous forme de chaleur, la fraction résiduelle étant réfléchie. Ainsi, une cellule
photovoltaïque mal ventilée voit sa température monter très rapidement.

On observe que la température de la cellule photovoltaïque induit un effet notable sur la tension
de celle-ci. Par contre, l’effet de la température sur le courant de la cellule photovoltaïque est
négligeable.

Il apparaît que plus la température de la cellule augmente, plus la tension à vide de celle-ci
diminue. La puissance de la cellule étant égale au produit du courant et de la tension, la même
règle s’applique sur la puissance : plus la température de la cellule augmente, plus la puissance
de celle-ci diminue.

Sur l’exemple ci-dessous, lorsque la température de la cellule augmente de 80 °C (elle passe de


-10 °C à 70 °C), on constate que le courant de court-circuit Icc augmente de 183 mA (soit une
augmentation de 3.7 %) et la tension diminue de 165 mV(soit une diminution de 24.6 %). Par
voie de conséquence, la puissance maximale de la cellule photovoltaïque diminue 28 % (passant
de 2.5 W à 1.8 W).
Les cellules photovoltaïques étant destinées à fonctionner à l’extérieur, elles seront soumises à
la fois au froid intense du petit matin d’hiver et aux fortes chaleurs d’été. Il est ainsi
indispensable de connaître leurs propriétés électriques sur une large gamme de température. En
France, on considérera des températures allant de -10 °C à 70 °C. On obtient des caractéristiques
courant-tension ainsi qu’illustrée ci-dessous :

En moyenne, la tension à vide d’une cellule photovoltaïque diminue de 2 mV lorsque la


température de la cellule augmente d’un degré Celsius (peut varier d’un fabricant à l’autre), soit
un baisse de tension de 0.3 % / °C. C’est ce qu’on appelle le coefficient de température lié à la
tension, qu’on notera dans toute la suite de cet ouvrage KT(U). Ce coefficient de température
dépend notamment de la nature de la cellule (cristallin, amorphe, etc…).

Quant au courant, il augmente en moyenne de 2 mA lorsque la température augmente d’un


degré Celsius, soit une augmentation de courant de l’ordre de 0.04 %/°C ce qui reste
négligeable. C’est ce qu’on appelle le coefficient de température lié au courant, qu’on notera
KT(I).

De même, on définit un coefficient de température lié à la puissance, qu’on notera KT(P)


compris entre 0.4%/°C et 0.5%/°C.

Le module photovoltaïque
Module photovoltaïque : définition
Un module photovoltaïque est un ensemble de plusieurs cellules photovoltaïques connectées
entre elles en série, ou plus rarement en parallèle

Toutes les cellules composant un module photovoltaïque doivent être identiques. Les cellules
sont soudées deux à deux par un ou plusieurs collecteurs métalliques en forme de ruban. La
connexion se fait du contact en face avant (pole négatif) au contact en face arrière (pole positif).
Les rubans adhèrent par soudure à la cellule grâce à une lamelle de cuivre étamé.
Il y a en général de 36 à 72 cellules en série dans un module, mais ce nombre varie d’un fabricant
à l’autre. Le fait de connecter des cellules en série permet leur utilisation à des tensions
suffisamment élevées compatibles avec les charges électriques usuelles (onduleur par exemple).
Caractéristique courant-tension d'un module
Le profil de la caractéristique courant-tension d’un module photovoltaïque est le même que
celui d’une cellule photovoltaïque. Les cellules étant connectées en série, les tensions de
chacune des cellules s’ajoutent. Ainsi, la caractéristique courant-tension d’un module
photovoltaïque voit la valeur de la tension augmentée.

Sur l’exemple ci-dessous, un module est composé de 40 cellules connectées en série. Chacune
des cellules présentent les propriétés électriques suivantes dans les Conditions Standards de
Test :
 Courant de court-circuit Icc = 5 A
 Tension à vide Uco = 0.6 V
 Courant de puissance maximale IMPP = 4.45 A
 Tension de puissance maximale UMPP = 0.49 V

Ainsi, le module composé de 40 cellules en série présente les propriétés électriques (dans les
conditions STC) suivantes :
 Courant de court-circuit Icc = 5 A
 Tension à vide Uco = 0.6 × 40 = 24 V
 Courant de puissance maximale IMPP = 4.45 A
 Tension de puissance maximale UMPP = 0.49 × 40 = 19.6 V

La caractéristique courant-tension de ce module est donnée ci-dessous :


Les effets de l’éclairement et de la température sur le module sont les mêmes sur le module que
ceux énoncés sur les cellules à savoir :
 Le courant baisse lorsque le niveau d’éclairement baisse (lorsque l’éclairement est
multiplié par 2, le courant généré par le module est aussi multiplié par 2). La tension
baisse aussi lorsque le niveau d’éclairement baisse, mais de façon moins notable (la
tension est une fonction logarithmique du niveau d’éclairement).
 La température des cellules constituant le module influe notablement la valeur de la
tension. En moyenne (cela dépend du fabricant), la tension diminue de 0.3%/°C, le
courant augmente de 0.04 %/°C et la puissance diminue de 0.4%/°C.

Savoir lire la fiche technique d'un module à technologie cristalline


Les modules photovoltaïques sont testés en laboratoire dans les conditions STC. Ces tests
permettent de déterminer les propriétés électriques telles que la tension à vide Uco, le courant
de court-circuit Icc, la tension de puissance maximale UMPP et le courant de puissance
maximale IMPP.
Exemple 1
→ Fabricant : SILIKEN
→ Technologie de cellules : silicium monocristallin

→ Extrait de fiche technique :


Les fabricants de modules indiquent toujours sur leur fiche technique de produit des propriétés
d’ordre générale telles que les dimensions du module ou le poids.

Ce qui nous intéresse en vue du dimensionnement des installations photovoltaïques, ce sont les
propriétés électriques des modules :

Expliquons les points importants :


Considérons le module de puissance 240 WC. La fiche technique nous apporte des informations
sur les points suivants :
1. Puissance crête du module Pc = 240 WC.
2. Rendement sous condition STC (Standard Test Conditions) : η=14.8%.
Dans cet exemple, la puissance crête vaut Pc = 240 WC, et la surface du module est
1.64×0.99=1.6236 m². D’où le rendement du module dans les conditions STC :

ηSTC=240/(1000×1.6236)
ηSTC=14.78 % ˜ 14.8 %

Ce calcul est bien cohérent avec la donnée du fabricant sur la fiche technique.
3. Facteur de forme : FF=0.753.
4. Tension de puissance maximale UMPP = 29.6 V
5. Courant de puissance maximale IMPP = 8.12 A
6. Tension à vide Uco = 37 V
7. Courant de court-circuit Icc = 8.61 A.
8. Coefficient de température de la puissance maximale : KT(P) = -0.41 %/°C. Cela
signifie que la puissance diminue de 0.984 W (0.41% × 240 = 0.984 W) lorsque la
température des cellules augmente de 1 °C.
9. Coefficient de température de la tension en circuit ouvert : KT(Uco) = -0.356 %/°C.
Cela signifie que la tension à vide diminue de 0.13 V (0.356% × 37 = 0.13 V) lorsque
la température des cellules augmente de 1 °C.
10. Coefficient de température du courant de court-circuit : KT(Icc) = 0.062 %/°C. Cela
signifie que le courant de court-circuit Icc augmente 5.3 mA (0.062% × 8.61 = 0.0053
A) lorsque la température des cellules augmente de 1 °C.
11. Température nominale de fonctionnement de la cellule : NOCT = 49°C (±2°C).
Excercice : calculer la tension à vide du module dans les conditions NOCT

D’après la fiche technique, la tension à vide Uco du module dans les conditions STC est de 37
V. Cette tension est donc la tension à vide lorsque la température des cellules est de 25°C
(conditions STC).
Nous savons que lorsque la température augmente, la tension à vide diminue. Le but de cet
exercice est de calculer la tension à vide dans les conditions NOCT, c’est-à-dire pour une
température de cellule de 49°C (voir point 12 de la fiche technique).
Un coefficient de température KT(U) permet de connaître la variation de la tension en fonction
de la température. La fiche technique nous donne : KT(U)=-0.356 %/°C (KT(U) est négatif car
la tension diminue lorsque la température augmente).
La tension diminue donc de 0.356 % lorsque la température augmente de 1°C.
IMPORTANT : ce pourcentage s’applique à la tension à vide indiquée sur la fiche technique.
On calcul : 0.356/100 × 37 = 0.13172 V.
On en déduit que la tension diminue de 0.13172 V lorsque la température augmente de 1°C.
Donc, lorsque la température augmente de 24 °C (différence entre 49°C et 25°C), la tension
diminue de 24×0.13172 = 3.16128 V.
Par conséquent, la tension à vide du module dans les conditions NOCT vaut : Uco(NOCT)= 37
- 3.16128 ≈ 33.84 V

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