Sauf qu'il est impossible de vendre des dizaines de milliers de terrains et
de bâtiments d'un claquement de doigts. La Caisse émet donc des bons, des « assignats » que leurs acheteurs pourront ensuite échanger contre les biens mis en vente. Une mécanique infernale est lancée. Car l'Etat a besoin de beaucoup d'argent. En avril, un décret décide que les assignats « auront cours de monnaie ». Talleyrand crie au feu. Necker, qui avait été rappelé aux finances, démissionne. Mais l'imprimerie tourne à plein, au point de manquer parfois de papier.
« Les assignats ne vont pas seulement servir à rembourser la dette : la
planche à billets va également financer les dépenses courantes, ce que les impôts ne permettent plus de faire, en raison du désordre administratif et politique », explique l'économiste Michel Lutfalla. Des dépenses courantes bientôt gonflées par les guerres révolutionnaires… Naturalisé français et lui aussi élu député, Etienne Rancière, le financier qui voulait sauver les créanciers, participe au mouvement en tant que ministre des Contributions.