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za 2 te cbamp néinlogigve MONIQUE SICARD callecton drge par Regs Debrey Nos habe de peat te chisnmumens icine dat eatin Pon nr enemies xo rk x Se unde sgn en ota, det 0 Se ito, Gat aa ce er ae Fens Pie champ metope= z Lee ees mh mito conse jana, Se hcg gmbaliee? Ovetce gue Hneraton ch ee LA FABRIQUE - Sarre cee i ts DU REGARD tnoyers Ente or moles en at se IMAGES DE SCIENCE ET APPAREILS DE VISION (XV"XX* SIECLE) ousages de gl Debra, Transm, 197. MautceSachot, fneston i Crs, 1998. semiicel Frodo, La Projection nationale, 1998 amine auteur rece ante monde Photographie seotfigu, Pe, Centre nations] dela photographic. 19, Charon nu ese re art ef since dent fe monde, Pa, ‘Airement, 195 (cust diction de Monique Sear ‘Lane 1595 Lie dana enteyoiret sal, ats, empchears ‘epemter en ond 1985 © amos O08 Jian ors 1998 15, nor Soir, 73005 Pais aan hp iacob re 1813688 operate carn eas Steklo bee seat eo ue ot ec becasue pei Seta cee REMERCIEMENTS Régis Debray pour les stimulations intellectuclles dont ila nour ce projet, Isabelle Claude, pour son aide enthot siaste, mes amis et collegues du Département des sciences Jnumaines de !ENST, Jean-Pierre Tubach, Yves Jeanneret, mes amis et collegues du Laboratoire communication et politique du CNRS, André Gunthert et la Societé francaise de photographie, Brigitte Berg, Michéle Ballinger, Sylvie Balester, Béatrice Boffety, Christine Demeulensere, Advien Douady, Yves Elie, Maryam Manni, Catherine Mathon, Jean-Alain Marck, Patrice Maller, Evelyne Rogniat pour les remarques pertinentes quils vont apportées au cours de ddebats enrichissants, PREAMBULE, Comment pouvons-nous — encore — croire les ima- ges? Comment pouvone-nous faire delles des térnoins absolus quand dévidence, Fimage mest pas la chose, la carte niest pas le territoire ? ‘Voir | Porter Yinvisble au visible! La connaissance se construit dans une large mesure par les images ; nombreux sont les objets, les processus, les phénoménes, les lieux, les visages auxquels, seules, elles permettent Taccés. Argen- ques, électroniques, taches d’aquarelle ou mine de plomb, garantes et outils dune raison scientifigue, eles fondent des disciplines emtitres. Que seraient la biologie, Ia géogra- phi, Tastronomie, la médecine, sans leurs photographies leurs imageries? Laffaire est importante : que nous le reconnaissions ou non, not univers mentaux grouillent de representations nées des productions scientifiques, Les images savantes nous convient a penser leur renvot ‘au «rel ou 8 ce qui en tient lieu, & nous intéresser & Texternalité de outes les images qu‘elles soient scient Fiques, artstiques, médiatiques, industrielles ou méme, sans statut. Or, les correspondances entre une image et son hors cadre ont rarement été pensées par les épistémologies. Comme si les représentations nfavaient que faire des dispo: sits techniques de production. Comme si les gravures, 10 LA PABRIOUE DU REGARD photographies, imageries,n'étaient que regards Tintéieur de nous-mémes. Comme si, surtout, elles n’taient pas des- tinées & etre vues. Les gravures danatomie, les photogra- phies de champs de Bataille, les imageries spatiale taisent ‘au grand public leurs fabrications, leurs organisations tech- niques ou instiuées, revendiquant une belle transparence. Rigueur garantie! La traversée d'une image sans matiére serait la condition nécessaire d'une connaissance absolue {qui pénétrerait son objet sans en laisser rien fobscur ni de cconlus, Etrangement, la raison scientifique semble sac: ‘commoder de ces branchements directs sur le monde, Rendre aux médiations Ia place qui leur revient conduit & défendre une image qui est le fruit dune série actions, alacquiert sa verié que par ses acteurs, se cconstruit sous Telfet appareils techniques et institution- nels, Rendre aux images Yopacite d'un corps, prendre en ‘compte ce quills fort et ce qui en est dit pour comprendre ‘ce quelle sont, afin de substituer une lecture de type ico- nique A une lecture purement documentaire, A ce prix s'éta- bliront les connexions entre les appareils de vision et leurs effets de connaissance. A ce prix, nous nous verrons peut ‘tre — enfin! —en tain dobserver. Quiestce que voir? Quiestce que comprendre, quand la construction des savoirs passe par des images, des optiques, des machines qui volent ce que Vee humain ne verra jamais ? Nous ne cherchons jamais qufau sein de la tache de lumiére. Nous ne voyons que parle bec de gaz qui décide de Tombre et de la elarté. Nous ne comprenons qu’ travers des appareils de vision techniques ou insticués, affrontant un milicu — le notre — structuré comme un clair-obscur. De quelle manitre ces appareils de vision oriententils Ia construction des regards et done, celle des ‘dees ? Rabattre ainsi la connaissance sur les tuyaut, la réoep- ton sensible sur les machines, a de quoi fare fuir tant les stistes que les scientifiques. ‘Sans parler des académies philosophiques. Faire d'une image un objet technique est PREAMBULE n tune provocation pout les amoureux des formes, de la cou: leur, les penseurs de Timaginaire, les promoteurs d'une his- toiredelasensiblit ou des idées les amis deTimmatérialité Force est de constater que la technique est mal aimée. De tous. Saul, peutetre, des techniciens. Nous proposons de prendre le contre ped des idées revues. La technique n'est tune servilitéobéiscant ala connaissance, ni un sous-produit dela science. Ni son application :les machines 8 vapeur ont ‘vale jour bien avant le second principe dela thermodyna: rmique. A la fois artefact et mateve fagonneée, art et métier, savoir faire et fabrication, elle ne soppose pas & la culture elle est culture. Avant dire un visage ou tin paysage, une photographie est regue comame photographie. Avant deere lune excroissance osseure, une Fadiographie est reconnue ‘comme élément du fait radiographique- Avant d@tre sphere Dleutée ou rayon rouge, une image de synthése est reconnue ‘comme élément du fait numérique. Sintéresser a Yimage ‘comme objet technique invite ainsi seplacerrésolument du ‘e6tédela réception et dela lecture Tn’est pas dans Vobjet de cet ouvrage de décerner des bons points: de trier ce qui, de Toiseau ou du poisson, fut bien observé ou mal reproduit, Mais de comprendre comment se fabrique un regard collect, une culture visuelle: par ques effets, sous Temprise de quelles images, de quels. appareils, a Taide de quels mécanismes de Iégitimation. : ‘Car les industries du savoir senchevétrentintimement avec celles du croire et leur corolaire: celles da faire cro. Plus saflirme — au premier étage — la méconnaissance des dispostifs de vislon, mieux sexerce — au deuxitme — Ja fonction politique des images. Cest en affichant leur new- trate quielles transmettent le micux des points de vue dél bérés; en installant des faitsqu'ellesfonctionnent comme fictions. En clamant leur indépendance qu‘lles soudent et parlent culture. Documents et enchantements les images Savantes réussiseent ce tour de passe-passe de certilier et aémouvoir Ala fois. _ 2 TA FABRIQUE DU REGARD Sont interrogés ici, successivement, le grave, le photo- raphié, Yimage. Non seulement la gravure, la photogra phie, Fimagerie scientifique, mais aussi les appareils qui faccompagnent leur production et leur diffusion. ‘Au xv et" sigces la gravure invite & une observa- tion aigue du monde. Le rogard direct qui vinsalle se ren- force plus tard des regards outilés de la microscopie ou de Tastronomie, des nouveaux dispositifs de vision de la ‘médecine, de nouvelles prises en charge du lecteur. ‘Au ceeur du xn siéle, la photographie modifie profon- dément les fondements de Ia preuve, la maniére de voir et de comprendke. Les grandes installations photographiques des champs de course californiens de Lelan Stanford, les fexpériences d'lectrisation du visage de Duchenne de Bow: logne, lee mises en scéne de corps blanes sur fond noir

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