Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Au point singulier que représente l’ouvrage d’art dans le paysage correspond une
pensée technique élaborée et mesurable à la faille qu’il doit faire disparaître pour
sauvegarder la continuité du réseau. Alors que la route ou le chemin de fer collent au
terrain, essayent d’en suivre les méandres pour limiter les rampes trop raides ou les
terrassements coûteux, les ouvrages d’art doivent se jouer du relief.
Les tunnels traversent au cœur, les ponts planent au-dessus de l’obstacle. Aussi le défi
à la pesanteur est-il une façon spectaculaire de montrer les capacités de résistance et
de transgression que les matériaux correctement mis en œuvre peuvent exprimer.
L’esthétique des ponts ne s’inscrit pas seulement dans une esthétique de la technique,
mais aussi, en tant que forme plastique inscrite dans un paysage, dans une esthétique
de l’objet et de sa place dansl’environnement. Elle met au jour la dualité de
l’ingénieur et de l’architecte, et, par là, les rapports entre l’art et la technique.
Mais il ne s’agirait pas de réduire l’esthétique d’un ouvrage d’art à sa seule beauté
fonctionnelle.
Le langage de l’architecte peut se déterminer à travers une définition réductiviste du
langage formel de l’ingénieur, ce qui permet de subordonner l’activité du calcul au
dessin des formes, car celui-ci intégrant désormais complètement le calcul peut se
situer au-delà.
Cette question reste d’actualité dans le domaine des ouvrages d’art car l’ambiguïté ou,
de façon plus dynamique, la dialectique inhérente à leur conception n’est pas
toujours perçue par les concepteurs de ponts.