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17/05/22, 10:19 Les Évêques normands du xie siècle - Les évêques d’origine normande en Italie et en Sicile - Presses universitaires

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Les Évêques normands du xie siècle  | Pierre Bouet,  François Neveux

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Les évêques d’origine


normande en Italie et en
Sicile
Errico Cuozzo
p. 67-78

Testo integrale
1 Au début du XIe  siècle, l’Italie méridionale se présente aux premiers Normands qui y
arrivent comme une réalité complexe du point de vue politique et institutionnel, culturel
et religieux.
2 La Sicile est passée depuis le milieu du IXe  siècle aux mains des Arabes, qui en sont
devenus les maîtres incontestés en 915, en chassant de l’île la dernière garnison
byzantine. Les actuelles régions de Calabre, de Basilicate et de Pouille formaient le
catépanat byzantin d’Italie, c’est-à-dire qu’elles constituaient une province de l’empire
byzantin de Constantinople.
3 Au nord du catépanat s’étendaient les trois principautés lombardes autonomes de
Bénévent, de Salerne et de Capoue, qui occupaient à peu près les territoires des actuelles
régions de Campanie et du Molise. Il s’agissait des derniers restes du royaume lombard
de Pavie, c’est-à-dire des Lombards qui, ayant survécu à la conquête par Charlemagne de
leur royaume en Italie du Nord, en 774, s’étaient réfugiés dans le lointain duché
périphérique de Bénévent.
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4 Sur les côtes tyrrhéniennes de la Campanie se trouvaient les duchés de Gaète, de Naples
et d’Amalfi, qui s’étaient détachés à la fin du VIIIe  siècle de l’ensemble de l’Italie
byzantine. Ils menaient une vie politique et administrative autonome, tout en
reconnaissant, de façon purement nominale, l’autorité des empereurs byzantins.
5 Ajoutons que ce tableau politique s’était encore compliqué du fait des ambitions nourries
par les empereurs germaniques et byzantins sur le Midi italien. C’est dans ce cadre
extrêmement fragmenté que s’insèrent les premiers Normands, appelés comme
mercenaires1.
6 Pour la clarté de notre étude, il faut rappeler que ces Normands ont réussi, en quelques
décennies, à conquérir les territoires byzantins et lombards, à chasser de Sicile les
Arabes et à bâtir trois grands ensembles politiques : le duché de Pouille, la principauté
de Capoue et, plus tard, le comté de Sicile. Ces trois entités politiques, qui étaient liées
entre elles par des liens de type féodo-vassalique, obtinrent de la puissance universelle
du pontife romain la reconnaissance formelle de leur existence et menèrent une
politique ecclésiastique conforme aux directives réformatrices qui étaient celles de la
papauté dans la seconde moitié du XIe siècle.
7 L’historiographie s’est longuement arrêtée sur la politique ecclésiastique des Normands
en Italie méridionale, s’occupant plus particulièrement du problème de la restauration
ou de la création de l’organisation diocésaine et des circonscriptions ecclésiastiques
inférieures dans la Sicile musulmane et dans les territoires autrefois soumis à l’autorité
politique de Byzance2. Toutes les recherches se rejoignent sur un point : on assiste à un
processus de « Rekatholisierung »3, c’est-à-dire à un processus de latinisation imaginé et
mis en œuvre par les Normands en accord avec la papauté romaine réformatrice.
8 Schématiquement, il reste deux points en discussion. Tout d’abord, les Normands ont-ils
suivi, dans leur politique ecclésiastique, un programme clair et précis dans sa conception
et concret dans ses objectifs  ? Ensuite, la «  latinisation  » fut-elle autoritaire et

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systématique, ou se fit-elle au contraire selon un programme «  souple et différencié  »


consistant à superposer, sans violence ni brutalité, des institutions ecclésiastiques latines
aux institutions grecques préexistantes ?
***
9 Cette étude, qui est consacrée aux évêques d’origine normande en Italie méridionale et
en Sicile au XIe siècle, nous amènera à considérer sous un angle nouveau le problème de
la politique ecclésiastique normande. En effet, l’aspect institutionnel n’est pas
fondamental dans cette recherche  ; on ne s’attachera pas à présenter la politique
ecclésiastique mise en œuvre par les principaux chefs politiques normands  : Richard
Drengot, prince de Capoue, Robert de Hauteville surnommé Guiscard, duc de Pouille,
Roger de Hauteville, grand comte de Sicile. On ne cherchera pas non plus à établir les
modalités et la chronologie de la naissance de la nouvelle organisation ecclésiastique
latine dans les pays sous domination normande. S’occuper des évêques d’origine
normande revient à privilégier un aspect de la politique ecclésiastique normande qui me
semble avoir été jusqu’ici négligé : l’aspect culturel et idéologique.
10 La «  reconquête romaine  » de l’Italie méridionale et de la Sicile aboutit aussi, et peut-
être surtout, à la récupération par l’Occident européen, par l’Europe de Charlemagne,
d’une région frontalière qui avait principalement gravité, jusqu’à l’aube du nouveau
millénaire, dans l’orbite économique et culturelle arabo-byzantine et méditerranéenne. A
ce processus de «  Rekatholisierung  », les Normands apportèrent une contribution
personnelle et originale en fournissant des hommes d’Église qui, formés dans les
monastères et les écoles de France, étaient porteurs de valeurs et d’une tradition
culturelle qui plongeaient leurs racines dans l’Europe carolingienne. Ils menèrent une
« action de récupération » aussi subtile qu’efficace, culturelle plus qu’administrative4.
11 Malheureusement, l’état de la recherche ne permet pas toujours de saisir dans sa totalité
l’apport concret des «  hommes d’Église  » normands dans ce processus. Il fut

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certainement important et riche sur le terrain, comme le montre un catalogue, même


sommaire.
12 Il faut, avant tout, rappeler le rôle joué par les trois abbayes bénédictines, de fondation
normande, de la Sainte-Trinité de Venosa, en Basilicate, de Sainte-Marie de
Sant’Eufemia et de la Sainte-Trinité de Mileto, en Calabre5. Elles constituèrent autant de
points d’appui sûrs et de lieux d’accueil vers lesquels les comtes normands envoyaient
«  certains clercs, hommes d’Église, qui étaient venus récemment d’au-delà des monts,
pour se rendre au sépulcre de Jérusalem  », comme l’écrivait de façon significative le
grand comte de Sicile Roger, alors à Mileto, dans un de ses diplômes. Le comte Roger
précise même le contexte de ces nominations : « Comme je les avais reçus avec honneur
et comme je les persuadais instamment de rester dans ces régions, ils acceptèrent
finalement non sans mal mes propositions6. »
13 Il faut rappeler en particulier le rôle tenu par les deux abbayes calabraises, qui
comptèrent parmi leurs moines, non seulement des personnages de premier plan,
comme Robert de Grandmesnil, premier abbé de Saint’Eufemia7, ou Geoffroi Malaterra8,
ancien moine de Saint-Évroult et auteur d’une des œuvres historiques les plus
importantes sur la conquête normande de l’Italie méridionale et de la Sicile, mais encore
tous les premiers évêques des diocèses recréés en Sicile. Ces évêques furent choisis par le
grand comte Roger de Hauteville sur la base d’un privilège particulier, dit de légation
apostolique, qu’il obtint d’Urbain II en 1098 et qui lui permit d’exercer de façon tout à
fait autonome le pouvoir ecclésiastique dans le comté de Sicile9.
 
14 Donnons une brève notice biographique de quelques-uns de ces évêques normands, en
précisant que le terme «  normand  » est couramment utilisé dans l’historiographie
italienne pour désigner, non seulement ceux qui vinrent, aux XIe et XIIe  siècles, de
Normandie en Italie méridionale et en Sicile, mais aussi ceux qui vinrent des autres

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régions françaises  : ceux-ci furent certainement une minorité, mais non négligeable,
comme l’a montré dans ses travaux Léon-Robert Ménager10.
15 Geriandus, «  d’origine allobroge, était né dans la place forte de Besançon en
Bourgogne ». Apparenté aux Hauteville, il fut appelé en Sicile à cause de ses vertus, de sa
science et de sa piété : « C’était, à ce que l’on dit, un homme de grande bonté et savant
dans les sciences religieuses.  » Après avoir exercé la charge de sacellanus maior, il fut
nommé primicerius scholae cantor de la cathédrale de Mileto, en Calabre. Une fois
rentré dans son pays, il fut rappelé en Sicile par le grand comte Roger, qui le nomma
évêque d’Agrigente11.
16 Stephanus de Ferro, originaire de Rouen (genere Gallus Rothomagensis), parent du
comte Roger, fut nommé évêque de Mazara12.
17 Rogerius Northmannus, provençal, moine bénédictin de Sant’Eufemia, doyen de la
cathédrale de Troina, fut nommé évêque de Syracuse13. Geoffroi Malaterra, son confrère
dans le monastère calabrais, nous a laissé ce bref portrait de lui : « C’était un clerc connu
pour sa grande érudition, un homme de bonnes mœurs et plein de bienveillance, né en
Provence… Les habitants de Troina se désolèrent beaucoup de le perdre, car il les
exhortait sans cesse à devenir meilleurs par son enseignement et par son exemple, et il
les aidait par ses conseils et par son talent oratoire même dans les affaires séculières,
leur servant pour ainsi dire de bâton de support. Et, de fait, en l’absence de l’évêque, il
exerçait la fonction qu’on lui avait déléguée avec beaucoup de sagesse et de mesure14. »
18 Ansgerus, originaire de Bretagne (natione Briton), abbé de Sainte-Marie de
Saint’Eufemia, fut nommé par le comte Roger évêque de Catane15. C’est à ce personnage
que Geoffroi Malaterra dédia son œuvre historique16.
19 Alcerius fut nommé archevêque de Palerme en 1083. Sous la domination arabe la ville
était l’unique siège épiscopal subsistant. Les Normands occupèrent Palerme entre la fin
de 1071 et le début de 1072, permettant ainsi à l’archevêque grec Nicodème de conserver

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son siège, qui fut, immédiatement après, élevé à la dignité archiépiscopale par le pape
Alexandre II17.
 
20 La nomination de ces évêques dans les diocèses siciliens s’accompagna de l’arrivée dans
l’île de nombreux membres du bas clergé normand, qui formèrent l’ossature de la
plupart des chapitres cathédraux. Ainsi on rencontre à Messine Herbertus cantor,
Guillelmus, Robertas Crispinus  ; à Agrigente Riccardus, Guillelmus, Herbertus  ; à
Palerme Rogerius, Hugo, Radulphus et Guillelmus18.
21 Cette pénétration du clergé normand en Sicile au lendemain de la conquête normande
s’accompagna de l’introduction dans les églises siciliennes du rite gallican, qui s’y
maintint jusqu’au concile de Trente19.
22 Ce qu’on vient de dire sur la nomination d’évêques normands dans les diocèses siciliens
ne vaut pas seulement pour l’île et n’est pas spécifiquement lié au privilège de légation
dont jouissait le grand comte Roger de Hauteville. Dans l’Italie du Sud continentale
également, au lendemain de la conquête normande, de très nombreux prélats d’origine
normande furent placés à la tête d’un diocèse. A Reggio de Calabre, vers 1082, le
Normand Guillaume prit la place du métropolite grec, qui portait le nom de Basile20.
Dans le diocèse de Mileto fut élu en 1081 l’«  ultramontain  »21. A Tropea, au dernier
évêque grec, du nom de Kalochirius, succédèrent le Normand Tustenum (Toustain) et
ensuite un certain Hervé22. D’autres évêques normands furent élus dans les diocèses de
Malvito23, Squillace24, Umbriatico25, Tarente26, Mottola et Castellaneta27.
23 Une implantation aussi dense du clergé normand en Italie méridionale et en Sicile n’eut
pas seulement des conséquences au plan institutionnel  : instauration d’une nouvelle
structure diocésaine plus efficace et de circonscriptions ecclésiastiques inférieures,
suivant le programme de la papauté réformatrice. Mais, visant à la reconnaissance du
nouveau pouvoir politique normand, instituant un nouveau système de vie, imposant la

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hiérarchie des valeurs qui guidait la societas christiana postcarolingienne, elle a entraîné
surtout, comme on l’a dit, la réintégration dans l’Occident européen d’une région
frontalière.
24 Donnons un exemple qui nous semble significatif. La conquête normande entraîna, en
particulier, la naissance et la diffusion de la chevalerie en Italie méridionale et en Sicile.
Les hommes d’Église normands travaillèrent activement à ce que la société méridionale
abandonne les idéaux, qui avaient jusqu’alors dominé l’idéologie de la guerre et du
chevalier, et accueille, à leur place, les nouveaux concepts de la militia Christi et de la
«  guerre sainte  ». Ils soutinrent que l’Église avait confié aux chevaliers normands la
tâche de la défendre et celle de protéger les faibles, et qu’ils n’avaient pas pour mission
de constituer une militia saecularis28. A la fin du XIe  siècle, un chevalier, qui avait
manifestement bien appris la « leçon », exhortait un autre chevalier au combat par ces
mots  : «  Secours par la force la cause de Dieu et du Saint-Sépulcre, et sache que cette
guerre n’est pas une guerre charnelle, mais une guerre spirituelle. Sois donc le très
valeureux athlète du Christ29. »
25 Mais l’exemple peut-être le plus significatif qu’on puisse donner pour montrer comment
les clercs normands agissaient pour instaurer en Italie méridionale et en Sicile les
valeurs de la societas christiana postcarolingienne se trouve dans la notion de royauté
qu’ils promurent dans les premières décennies du XIIe  siècle. Contre une conception
« absolutiste » du pouvoir royal, d’origine byzantine30, ils répandirent une conception de
la souveraineté qu’on peut assimiler, comme l’a soutenu Ménager, « aux concepts hérités
par l’Occident de la grandiose expérience carolingienne »31. Le souverain était un primus
inter pares au sein de la hiérarchie vassalique. Après son élection par les magnates, la
proclamation faite par le populus, l’onction et le couronnement, il devenait dépositaire
d’une puissance surnaturelle et était considéré par tous comme tel32.
***

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26 Dans la nouvelle société chrétienne qui émergeait en Italie méridionale et en Sicile au


XIe  siècle sous l’impulsion des évêques et du clergé normand en étroite collaboration
avec la papauté réformée, les questions théologiques occupèrent une grande place. La
définition du dogme constituait le point central du programme des réformateurs
grégoriens et prenait un relief particulier dans une région frontalière, où la confrontation
avec l’Église grecque était une question vitale.
27 C’est dans cette perspective que s’explique, à notre avis, la nomination comme évêque
d’Aversa, en 1088, de l’un des plus grands théologiens de l’époque, Guimond, moine du
monastère normand de La Croix-Saint-Leufroy, qui apporta une contribution décisive au
débat théologique sur l’Eucharistie et à la définition de la doctrine défendue par l’Église
romaine.
28 Ce personnage est aujourd’hui presque inconnu, bien que ses contemporains l’aient
unanimement tenu en grande estime. Pierre le Vénérable affirmait, dans son Epistola
siue tractatus aduersus Petrobrusianos haereticos, que si Lanfranc avait écrit « bien et
parfaitement  » (bene etperfecte), Guimond l’avait fait «  mieux et plus parfaitement
encore  » (melius et perfectius)33. Guillaume de Malmesbury préférait Guimond à
Lanfranc et faisait de lui « l’homme le plus éloquent de notre époque » (nostri temporis
eloquentissimus)34. Hélinand de Froidmont s’associe à ce jugement35. Anselme lui-même
admet que la réputation de Guimond est supérieure à la sienne36, du moins avant qu’il ne
soit nommé archevêque de Cantorbéry. Qu’on se souvienne, enfin, qu’au XVIe siècle, face
aux attaques menées par les réformateurs contre la présence réelle du corps et du sang
du Christ dans l’Eucharistie, Érasme ne trouva rien de mieux à faire que de réimprimer
le traité sur l’Eucharistie de Guimond37.
29 Il convient de sortir de l’ombre ce théologien, et ce, pour deux raisons. En premier lieu, il
est extrêmement significatif qu’il soit devenu évêque d’Aversa, (ville fondée ex imis par le
Normand Rainulf Drengot), qui fut au XIe  siècle le principal centre de diffusion de la

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civilisation normande dans le Midi italien et qui devint dans la conscience collective la
«  patrie  » des Normands d’Italie. Ensuite, le réexamen de sa doctrine eucharistique
permet de se rendre compte, à travers un cas concret, que la formation culturelle des
évêques normands d’Italie méridionale et de Sicile était enracinée dans la tradition
carolingienne et de supposer, en conséquence, que leur action pastorale visait à affirmer
les valeurs dont ils étaient porteurs.
 
30 Commençons par une précision  : afin de mieux comprendre la position doctrinale de
Guimond sur l’Eucharistie, il est nécessaire de rappeler, même brièvement, l’évolution
du débat théologique sur ce sacrement depuis l’époque carolingienne38. La conception
augustinienne de l’Eucharistie, comprise comme moyen de participation à l’Ecclesia
Fidelium, disparaît peu à peu dans la culture carolingienne pour laisser place à une
conception du sacrement de l’autel qui laisse totalement de côté l’élément symbolique
pour mettre au premier plan la présence réelle du Christ dans le sacrement lui-même.
31 Ce changement se remarque chez Paschase Radbert au IXe siècle. Ce dernier présenta un
premier essai systématique sur un argument fondamental pour la nouvelle societas
Christiana que l’empire carolingien était en train d’instaurer. Paschase posa clairement
l’équation entre corps historique et transsubstantiation «  parce que si le pain et le vin
sont la chair et le sang du Christ, ils le sont en tant que chair et sang d’un corps véritable,
c’est-à-dire historique »39.
32 La première réplique à Paschase fut celle de Ratramne de Corbie, toute empreinte des
motifs du symbolisme augustinien, du lien mystique (mystérique) augustinien entre
Eucharistie et «  Corps du Christ qui est Église  » (corpus Christi quod est Ecclesia),
prenant parti pour une présence dans l’Eucharistie du corps du Christ in mysterio40.
Hériger de Lobbes chercha à dépasser l’opposition entre les positions de Paschase et de
Ratramne, à l’aide de la dialectique et dans la lignée d’Ambroise. Mais il finit par se

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ranger du côté de Paschase, en soutenant que « notre union au Christ se fait totalement
et naturaliter »41.
33 Mais c’est dans le milieu de l’école de Chartres qu’on reprit la question eucharistique
pour lui donner une forme définitive42. En particulier Bérenger, écolâtre de Tours, qui
nia avec vigueur l’idée de transsubstantiation dans l’Eucharistie et de façon plus nuancée
celle de présence réelle43. La doctrine de Bérenger fut combattue par la curie romaine et
par ses condisciples de Chartres  : Hugues, évêque de Langres, Adelmann, écolâtre de
Liège, Durand de Troarn et Lanfranc.
34 Toutefois ce fut surtout l’élève de celui-ci, Guimond, encore moine de La Croix-Saint-
Leufroy, qui donna une forme définitive à l’ensemble de la doctrine théologique sur
l’Eucharistie qui, dans la polémique contre Bérenger, était devenue de plus en plus une
apologétique de la «  présence réelle  », se concentrant sur le corpus uerum et en
négligeant la signification « mystique ».
35 L’œuvre la plus importante de Guimond a pour titre : De corporis et sanguinis Christi
ueritate in Eucharistia libri tres44. Écrite en forme de dialogue, elle met en présence
Guimond et son confrère Roger, expert « dans l’art médical » (medicinae artis), devenu
ensuite abbé de Montebourg en Normandie. L’ensemble du traité est directement orienté
vers la réfutation des propositions de Bérenger, qui, exprimées sous la forme
d’objections par Roger, sont réfutées et résolues par Guimond. Aussi l’œuvre suit-elle
dans les grandes lignes le plan du De sacra cœna de Bérenger de Tours, publié peu
avant. J.  de Ghellinck présente ainsi le traité de Guimond  : «  Après une introduction
développée qui donne de précieuses indications, fort prisées de Mabillon, sur les
principales catégories des partisans de Bérenger, Guimond répond aux questions et
expose sa doctrine […] Le moine Roger […] interroge l’auteur et lui présente les
difficultés qui l’arrêtent (livre  I) ou les objections des adversaires (livre  II). Le livre  III
est consacré aux preuves patristiques de la foi catholique contre les deux groupes de

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bérengariens  : les umbratici et les impanatores […] Le dialogue y devient monologue,


car le moine Roger n’a que deux mots d’approbation pour finir45. »
 
36 Il n’est pas possible d’examiner ici l’œuvre de Guimond plus en détail. Je me bornerai à
présenter de lui un bref portrait biographique, en apportant quelques éléments
nouveaux sur son séjour en Italie.
37 Né en Normandie, il entra au monastère de La Croix-Saint-Leufroy. Il fréquenta l’abbaye
du Bec, où, selon son propre témoignage46, il suivit l’enseignement de Lanfranc. Il avait
la réputation d’un homme cultivé et éloquent, l’un des meilleurs de son époque. Presque
tous les renseignements concernant sa vie avant son départ du monastère de La Croix
pour l’Italie nous sont donnés par Orderic Vital47 Cependant, le récit de cet historien,
comme l’a bien montré Marjorie Chibnall48, manque de précision sur bien des points,
sans doute parce qu’il se fonde sur des témoignages oraux.
38 Vers 1070, après la conquête de l’Angleterre, Guillaume le Conquérant lui aurait offert la
dignité épiscopale. Il aurait refusé en tenant, en présence du roi et de la cour, un discours
manifestement inventé par Orderic. Guimond aurait déclaré qu’il n’en voulait point et à
cause de son indignité et pour ne pas mécontenter les Anglais qui supportaient
difficilement que leurs vainqueurs leur imposassent des évêques étrangers.
39 Rentré en Normandie, Guimond aurait été proposé –  toujours selon le témoignage
d’Orderic  – par le roi Guillaume comme successeur de l’archevêque Jean de Rouen en
1079  ; mais des opposants auraient empêché sa nomination, l’accusant d’être fils de
prêtre. Pour échapper à ces calomnies, Guimond aurait alors sollicité et obtenu de son
abbé, Odilon, l’autorisation d’entreprendre un pèlerinage. S’étant rendu auprès du pape
Grégoire VII, il fut reçu par lui avec grande joie et nommé cardinal. Ensuite Urbain II le
nomma évêque métropolitain d’Aversa.

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40 Ces données sont encore très peu précises. Guimond ne pouvait pas être candidat à
l’archevêché de Rouen en 1079, puisqu’il se trouvait déjà à Rome depuis 107749. En
outre, il ne fut jamais nommé cardinal. Il est vrai qu’il devint évêque d’Aversa, mais ce
siège jouissait seulement du privilège d’être immédiatement soumis au Saint-Siège : il ne
fut jamais ni archevêché, ni métropole50.
41 Entre  1073 et  1075, avant son départ pour l’Italie, Guimond écrivit son œuvre la plus
importante, De corporis et sanguinis Christi ueritate in Eucharistia libri tres. Cette
datation est suggérée par Guimond lui-même. Le terminus post quem, 1073, année de
l’élection de Grégoire  VII, se déduit d’une précision concernant la condamnation de
Bérenger de Tours en 1055 : « Ensuite l’Église condamna Bérenger au concile de Tours,
en la personne de celui qui est maintenant le chef de l’Église catholique (qui nunc
praeest), alors (tunc, c’est-à-dire en 1055) archidiacre du même siège romain51.  » Le
terminus ante quem résulte du fait que Guimond, en énumérant les pontifes qui ont
condamné Bérenger, ne cite pas la condamnation prononcée par Grégoire VII au concile
de Poitiers de 107552.
42 Donc, après avoir composé son œuvre majeure, Guimond se rendit à Rome en 1077 et y
resta dix ans. Il était à la curie sous Grégoire  VII et fut aussi chargé de missions
diplomatiques. Il approuva l’orientation générale de la politique ecclésiastique du grand
pape et eut une influence déterminante sur sa position doctrinale au sujet de
l’Eucharistie53. Selon une hypothèse plus que probable de Somerville54, acceptée par
Cowdrey55, il aurait été le rédacteur de la profession de foi imposée à Bérenger de Tours
au concile du Latran du carême 1079.
43 Après la mort de Grégoire VII en 1085, Guimond adhéra à la faction du parti grégorien,
présente à la curie romaine qui, campant sur des positions intransigeantes, était opposée
à l’élection comme pape de l’abbé Didier du Mont-Cassin. Guimond et son groupe ne
partageaient pas le désir qu’avait Didier de parvenir à une rapide réconciliation avec les

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schismatiques partisans de Guibert de Ravenne56. Faisaient partie de cette faction


Hugues, archevêque de Lyon, Richard, abbé de Saint-Victor de Marseille, et Pierre,
archevêque d’Aix-en-Provence. Au concile de Capoue de mars 1087, ils s’opposèrent avec
force à l’élection de l’abbé du Mont-Cassin, soutenant avec divers arguments que sa
candidature n’était pas recevable. A un moment, à l’invitation d’Eudes de Châtillon,
cardinal-évêque d’Ostie, le moine Guimond intervint. Sans mâcher ses mots, il affirma
«  que ne pouvait être choisie et ordonnée pontife romain une personne infâme et qu’il
était connu de tous qu’il avait sans l’ombre d’un doute encouru l’infâmie, puisque,
excommunié par le pape Grégoire, il était resté dans cet état, sans pénitence canonique,
pendant plus d’un an  »57. La violence de cette intervention fit dissoudre l’assemblée et
poussa les partisans de Didier à poursuivre leur travail par des négociations secrètes,
desquelles furent soigneusement tenus à l’écart Guimond et son groupe. Seul Eudes
d’Ostie eut l’occasion d’y participer, parce que, ayant abandonné ses amis, il passa, avec
beaucoup d’opportunisme, au parti de l’abbé du Mont-Cassin.
44 Didier, consacré pape à Saint-Pierre le 9 mai, n’occupa la chaire pontificale que quatre
mois. Sur son lit de mort, il présenta pour lui succéder Eudes d’Ostie, qui fut élu pape en
mars  1088 et qui prit le nom d’Urbain  II. Le mois même de son élection, le nouveau
pontife nomma le moine Guimond à l’évêché d’Aversa, aussitôt soumis au Saint-Siège.
Guimond apparaît comme évêque d’Aversa dans six bulles d’Urbain II en 1088. On sait,
en outre, qu’en 1094 cet homme de grande autorité (magnae auctoritatis uir) a
demandé à l’évêque Bernard de Carinola d’opérer la translation dans la cathédrale
Sainte-Marie du corps de saint Martin qui reposait dans une grotte du monte Marsico.
45 Guimond mourut avant 1097, date à laquelle l’évêque Jean est attesté comme titulaire du
siège d’Aversa58.
46 Nous n’avons malheureusement aucun renseignement précis à propos de l’activité
pastorale de l’évêque Guimond et nous ne pouvons pas nous rendre compte de l’efficacité

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de son action dans le plus ancien des établissements normands d’Italie. Nous pouvons
seulement deviner les motifs qui ont fait choisir comme évêque un personnage d’un tel
poids culturel. Il est certain que sa présence, avec celle des autres évêques normands, fut
déterminante pour l’instauration en Italie méridionale et en Sicile d’une nouvelle
societas christiana par les chevaliers normands et la papauté réformée.

Note
1. Sur l’Italie méridionale avant les Normands, voir E.  Cuozzo, «  L’Unificazione normanna e il Regno
normanno-svevo », Storia del Mezzogiorno, sous la direction de G. Galasso, II-2, Portici, 1989, p. 597 sq.
2. C.D. Fonseca, Particolarismo istituzionale e organizzazione ecclesiastica del Mezzogiorno medievale,
Galatina, 1987 : voir en particulier les chapitres : « L’organizzazione ecclesiastica dell’Italia normanna tra
l’XI e il XII secolo ; i nuovi assetti istituzionali » ; « Le istituzioni ecclesiastiche dell’Italia méridionale e
Ruggero il Gran Conte ».
3. W. Holtzmann, «  Papsttum, Normannen und griechische Kirche  », Miscellanea Bibliothecae
Hertzianae, Munich, 1961, p. 69-76 (p. 70).
4. E. Cuozzo, « Chiesa e società feudale nel Regno di Sicilia », Chiesa e mondo feudale nel secoli X-XII.
Dodicesima Settimana internazionale di studi medievali. Università Cattolica del sacro Cuore. Passo
della Mendola, 24-28 agosto 1992 (sous presse).
5. C. D. Fonseca, op.  cit., au chapitre «  La prima generazione normanna e le istituzioni monastiche
dell’Italia méridionale ».
6. K.A. Kehr, Die Urkunden der normannisch-sicilischen Könige. Eine diplomatische Untersuchung,
Innsbruck, 1902, p.  411  : ... quosdam uiros religiosos clericos, qui nuper a transmontanis partibus
uenerant, causa adeundi sepulchrum Ierosolimis  ; quos cum honorifice suscepissem et diligenter
suaderem, ut in his partibus remanerent, uix tandem assensum uoluntati meae prebuerunt.
7. E. Pontieri, «  L’abbazia benedettina di Santa Eufemia in Calabria e l’abate Roberto di Grantmesnil  »,
Tra i Normanni nell’Italia meridionale, Naples, 1964, p. 286 sq. Voir Orderic Vital, Historia ecclesiastica,
éd. M. Chibnall, Oxford, 1969, 2, p. 100-102 et l’index à Robert II de Grandmesnil, abbé de Saint-Évroult,
fils de Robert I de Grandmesnil.
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8. E. Pontieri, «  Goffredo Malaterra, storico del Gran Conte Ruggero  », Tra i Normanni, p.  213  sq. Cf.
Repertorium Fontium Historiae Medii Aevi, IV, Rome, 1976, voir l’index à Gaufredus Malaterra.
9. S. Fodale, L’apostolica Legazia e altri studi su Stato e Chiesa, Messine, 1991 ; S. Fodale, « L’Église et les
Normands en Italie du Sud et en Sicile », Les Normands en Méditerranée dans le sillage des Tancrède, éd.
P. Bouet et F. Neveux, Presses Universitaires de Caen, 1994, p. 171-178.
10. L.-R. Ménager, « Pesanteur et étiologie de la colonisation normande de l’Italie », Roberto il Guiscardo
e il suo tempo. Relazioni e comunicazioni nelle prime Giornate normannosveve (Bari, maggio 1973),
Rome, 1975, p. 189 sq., 259 sq. ; réimp. in L.-R. Ménager, Hommes et institutions de l’Italie normande,
Londres, 1981, p. 189 sq., 260 sq. Voir aussi A. Varvaro, « Les Normands en Sicile aux XIe et XIIe siècles.
Présence effective dans l’île des hommes d’origine normande ou gallo-romane », Cahiers de Civilisation
médiévale, 23, 1980, p. 199-213.
11. R. Pirri, Sicilia sacra, Palerme, 1733, I, p.  695  : Geriandus, genere Allobrox, in Bisuntino oppido
Burgundie, claris natalibus ortus... uirum, ut aiunt, magnae charitatis et ecclesias ticis disciplinis
eruditum...
12. Ibid., II, p. 842.
13. Ibid., I, p. 617.
14. Geoffroi Malaterra, De rebus gestis Rogerii Calabriae et Siciliae comitis et Roberti Guiscardi ducis
fratris eius, éd. E. Pontieri, Bologne, 1927-1928, (RIS2V-1), p. 89 : Honestae eruditionis clericum et boni
moris et affabilitatis uirum, in Prouincia ortum... Traynensibus non minimum de eius amissione
dolentibus, quippe cuius doctrina et exemple ad meliora semper hortabantur, et consilio et eloquentia
etiam in ipsis saecularibus negotiis, quasi pro baculo sustentationibus, utebantur  : nam et, absente
episcopo, uices sibi delegatas cum omni prudentia et moderatione exequebatur.
15. R. Pirri, op. cit., I, p. 520-521.
16. Geoffroi Malaterra, op. cit., p.  3  : Epistola Gaufredi monachi ad uenerabilem patrem Cathanensem
episcopum.
17. P.F. Kehr, Italia Pontificia, X : Calabria-Insulae, éd. D. Girgensohn, Zurich, 1975, p. 228-229, n° 19-
20.
18. R. Pirri, op. cit., I, p. 86, 107, 112, 389.
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19. E. Pontieri, « L’abbazia benedettina di Santa Eufemia in Calabria e l’abate Roberto di Grantmesnil »,
p. 308, note 34, qui renvoie à Di Giovanni, De diuinis Siculorum officiis, Palerme, 1736.
20. P.F. Kehr, Italia Pontificia, X, p. 20, n° 10.
21. Ibid., p. 138, n° 3.
22. Ibid., p. 37.
23. Ibid., p. 87-88.
24. Ibid., p. 54.
25. Ibid., p. 128.
26. C.D. Fonseca, op.  cit., ch.  6  : «  La Chiesa di Taranto tra il primo e il secondo millennio  », p.  51-76
(p. 70).
27. Ibid., p. 72. Cf. E. Cuozzo, « La contea normanna di Mottola e Castellaneta », Archivio Storico per le
Province Napoletane, 110, 1992, p. 7-46.
28. E. Cuozzo, Chiesa e società feudale nel Regno di Sicilia (sous presse).
29. Gesta Francorum et aliorum Hierosolimitanorum, éd. L.  Bréhier, Paris, 1964, p.  84  : Esto acer in
adiutorium Dei Sanctique Sepulcri et reuera scias quia hoc bellum non est carnale sed spirituale. Esto
igitur fortissimus athleta Christi. Cf. J.  Flori, L’essor de la chevalerie (XIe-XIIe  siècles), Genève, 1986,
p. 201.
30. E. Cuozzo, «  Per una ricerca sulla nobiltà del Regnum Siciliae  », Società, Istituzioni, Spiritualità.
Studi in onore di Cinzio Violante, Centro Italiano di Studi sull’alto Medioevo, Spolète, 1994, p. 245-258.
31. L.-R. Ménager, « L’institution monarchique dans les États normands d’Italie. Contribution à l’étude du
pouvoir royal dans les principautés occidentales aux XIe-XIIe siècles », Cahiers de Civilisation Médiévale,
2, 1959, p. 466.
32. E. Cuozzo, « Ruggiero, conte d’Andria. Ricerche sulla nozione di regalità al tramonto della monarchia
normanna », Archivio Storico per le Provincie Napoletane, 99, 1981, p. 129-168.
33. J.R Migne, Patrologie Latine (cité désormais PL), CLXXXIX, col. 788 : Horum primus [Lanfrancus]
bene, plene, perfecte [disseruit] ; sequens [Guitmundus] melius, plenius, perfectius disseruit.

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34. PL, CLXXIX, col. 1257 : De gestis regis Anglorum libri quinque, 3, 284.
35. PL, CCXII, col. 946.
36. PL, CLVIII, col. 1082 : cur fama Lanfranci atque Guitmundi plus mea per orbem uolet.
37. De corporis et sanguinis Christi ueritate in Eucharistia, Fribourg-en-Brisgau, 1530, editio princeps, ex
recognitione Erasmi.
38. H. de Lubac, Corpus Mysticum : l’Eucharistie et l’Église au Moyen Age, Paris, 1949 (trad. italienne,
Turin, Gribaudi, 1968).
39. Ο. Capitani, « Studi per Berengario di Tours », Bullettino dell’Istituto Storico Italiano per il Medio Evo
e Archivio Muratoriano, 69, 1957, p. 77.
40. Ibid., p. 79.
41. Ibid., p. 87-88.
42. Ibid., p. 94 sq. ; PL, CXLI, col. 196-204 : Fulbert de Chartres, Epistolae, 5.
43. Pour tout ce qui concerne le personnage et l’œuvre, voir Repertorium Fontium Historiae Medii Aevi,
Rome, 1967, voir à Berengarius Turonensis.
44. PL, CXLIX, col. 1427-1494.
45. Cf. Repertorium Fontium Historiae Medii Aevi, Rome, 1984, voir à Guimundus episcopus Aversanus ;
Cf. J. de Ghellinck, « Eucharistie au XIIe siècle en Occident », Dictionnaire de Théologie Catholique, Paris,
1913, col. 1236.
46. PL, CXLIX, col. 1428.
47. Orderic Vital, Historia ecclesiastica, éd. M. Chibnall, Oxford, 1969, 2, p. 270-276.
48. Ibid., p. 270, note 1.
49. Ibid., p. 278, note 2.
50. P.F. Kehr, Italia Pontificia, VIII : Regnum Normannorum - Campania, Berlin, 1935, p. 279-280.
51. PL, CXLIX, col. 1487  : Deinde per hunc ipsum, qui nunc praeest, D. Gregorium papam, tunc
archidiaconum eiusdem Romanae sedis in concilio Turonensi [haec Berengariana pigmenta] conuicit.

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52. Ibid.
53. O. Capitani, « Per la storia dei rapporti tra Gregorio VII e Berengario di Tours », Studi Gregoriani, 6,
Rome, 1959-1961, p. 144 sq.
54. R. Somerville, « The Case against Berengar of Tours », Studi Gregoriani, 9, Rome, 1972, p. 71, 74 sq.
55. H.E.J. Cowdrey, L’abate Desiderio e lo splendore di Montecassino, Milan, 1986, p. 134, 172.
56. Ibid., p.  238  ; cf. E. Cuozzo, «  La nascita della diocesi di Ravello (a 1086)  : un episodio della
ristrutturazione diocesana nel Mezzogiorno dell’XI secolo  », Atti della Giornata di Studio per il IX
Centenario della fondazione della Diocesi di Ravello, Ravello, 1987, p. 48.
57. P. Di Pasquale, Luce eucaristica da Guitmondo d’Aversa, Frattamaggiore (prov. Naples), 1975, p. 41 ;
Hugues, archevêque de Lyon, Epistolae etpriuilegia, PL, CLVII, col. 513.
58. Ε. Cuozzo, « Aversa normanna e Montecassino nel secolo XI », L’età dell’abate Desiderio. Atti del IV
Convegno di Studi sul Medioevo meridionale. Montecassino-Cassino, 4-8 ottobre 1987 (sous presse).

Autore

Errico Cuozzo

Université Federico II de Naples


Dello stesso autore

Frédéric II et le Mezzogiorno in Frédéric II


(1194-1250) et l'héritage normand de Sicile,
Presses universitaires de Caen, 2001
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CUOZZO, Errico. Les évêques d’origine normande en Italie et en Sicile In: Les Évêques normands du xie
siècle [online]. Caen: Presses universitaires de Caen, 1995 (creato il 17 mai 2022). Disponibile su Internet:
<http://books.openedition.org/puc/10058>. ISBN: 9782841338078. DOI:
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Notizia bibliografica digitale del libro


BOUET, Pierre (dir.) ; NEVEUX, François (dir.). Les Évêques normands du xie siècle. Nouva edizione
[online]. Caen: Presses universitaires de Caen, 1995 (creato il 17 mai 2022). Disponibile su Internet:
<http://books.openedition.org/puc/10047>. ISBN: 9782841338078. DOI:
https://doi.org/10.4000/books.puc.10047.
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Les Évêques normands du xie siècle


Questo libro è citato da
Power, Daniel. (2004) The Norman Frontier in the Twelfth and Early Thirteenth Centuries. DOI:
10.1017/CBO9780511470561
Robinson, I. S.. (2004) The New Cambridge Medieval History. DOI:
10.1017/CHOL9780521414104.012
Jasper, Kathryn L.. (2012) “The Economics of Reform in the Middle Ages”. History Compass, 10.
DOI: 10.1111/j.1478-0542.2012.00856.x

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Allen, Richard. (2008) Five charters concerning the early history of the chapter at Avranches.
Tabularia. DOI: 10.4000/tabularia.2516

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