Vous êtes sur la page 1sur 739

Digitized by Google

Digitized by Google
• . .

mm
DfCTIOW \||{E

RÉPERTOIRE UNIVERSEL
r>K» trilio bltt
, tlKS l.ivni.ü
"•* ' T «S» ?'?«* rtKSNBxV tn
* v<i" i.smijrs, ta mu.»*,
trt '•atr.ieas. tr «.Mai itt« j,k l imi;« . „ N WVt.tw*. lia «»iiV
t 1 1 cmalr IT
tu» .tufnrs «anxcEs Herrwr*- \t \ Htonti.fs
Atl\ «KKim», tr\ SUPHIisTirlO'S nivv;*sfci rr .t, A rniJMIÏTUSt
-AU\ f.ttTS ILTI EU* MU 'l'inrfISti r.
n u.i NMvAi Ktth.i t T»rr«. les ums crôvamhs ukçveiui.is»; >r«iiW tvrrs,
«TMiUitijUv »;r si r^ah «ki» F*».

l'Alf J. COI/l.l.X DK PL.WCV.

Ê1/IJ tn.\. u’Ci «ENTÉE PF.


i«,Miur
tWQ UîfCUft \>« \ ; u ,\
»:t tut u» ÔMrtiiKi fany; ycivuKifE* ..«« rt.t.r.ttr» ntu i rM t<
o**ME_rii <•«* M !.. HISRTOV »‘t*a»> icj i. « te» vr- , ,
;

IM lus
IIKMII l’J.O.X, !MI’RI.\IKL It-lilUTKî'R
8PE UMUUIÜH. «

1 S03
:t »v
l K —- i
.
- - -

fla p v’-F'vf^ip
- j « i,'» r --

î» Ai
DICTIONNAIRE

INTERNAI
,

APPROBATION.
Nous, PienitE-Louis P a msis ,
évêque d'Arras, de Boulogne et do Saint-Omer;

Vu le rapport qui nous a été soumis sur la nouvelle édition du Dictionnaire infernal, déjà
approuvé en 1844 par Monseigneur Arme, archevêque de Paris, nous n'avons trouvé dans
les additions qui y ont été faites rien qui puisse blesser la foi ou les mœurs.

PIERRE-LOUIS,
Éeé^ue d'Atni, de Boulogne et de Seiut-Omer.

Arras, le 16 décembre (861.

->

PARIS.

TYPOGRAPHIE DE I1EXRI PLOX ,
.

RUE GARAXCIKRE

8.
<*•

Digitized by Google
i
30MAR4 |

Digitized by Google
8PRANGER

DE

TABLEAU

LE

d’aBRÈS

DÉTAILS;

SES

TOCS

DANS

SABBAT

LE

Digitized by Google
DICTIONNAIRE

INFERNAL RÉPERTOIRE UNIVERSEL


DES ÊTRES, DES PERSONNAGES, DES LIVRES, DES FAITS ET DES CHOSES QUI TIENNENT AlX ESPRITS,
AUX DÉMONS, AUX SORCIERS, AU COMMERCE DE L'ENFER, AUX DIVINATIONS, AUX MALÉFICES,
A LA CABALE ET AUX AUTRES SCIENCES OCCULTES, AUX PRODIGES, AUX IMPOSTURES,
AUX SUPERSTITIONS DIVERSES ET AUX PRONOSTICS, AUX FAITS ACTUELS DU SPIRITISME.
ET GÉNÉRALEMENT A TOUTES LES FAUSSES CROYANCES MERVEILLEUSES, SURPRENANTES,
MYSTÉRIEUSES ET SURNATURELLES;

IM R J. COLLIN DE PLANCY.

SIXIÈME ÉDITION, AUGMENTÉE DE 800 ARTICLES NOUVEAUX,


ET ILLUSTRÉE DK 660 GRAVURES. PARMI LESQUELLES LES PORTRAITS DF. 72 DÉMONS,

DESSINÉS PAR M. L. BRETON, d’après LES DOCUMENTS FORMELS.

PARIS
HENRI PLON, IMPRIMEUR-ÉDITEUR,
RUE GARAXCIÊRE. 8

1863

Digitized by Google
Digrtized by Google
PREFACE.

L'immense réunion de matières, toutes adhérentes par quelque point, que comprend
forme un tel pandæmonium d'aberrations et de germes ou de
le Dictionnaire infernal,

causes d’erreurs, qui côtoient presque toujours la vérité, qu'il n'y a que l'Église, dont le

flambeau ne pâlit jamais, qui puisse être, en ces excentricités, un guide sùr. Les ouvrages
si variées, et qui sont dans chaque spécialité
qui, avant ce livre, ont traité de ces matières
extrêmement nombreux, ne sont généralement, à peu d'exceptions près, que d’indigestes
amas d'idées extravagantes, ou d'incomplètes compilations, ou d’interminables discussions
désordonnées, ou de mauvais livres dans tous les sens de ce mot. Le lecteur qui veut un
peu connaître ce mystérieux dédale des croyances fausses ou dénaturées, et faire la
collection des ouvrages rares et recherchés, mais très-peu lus, dont elles sont le sujet,
doit, pour cela, dépenser de grandes sommes, consacrer des années à ces recherches, et
hasarder sa foi en plusieurs cas. Tous ces frais, toute cette peine et ce péril seront
épargnés par cette nouvelle édition du Dictionnaire infernal.

Nous disons « cette nouvelle édition, » parce que, dans les deux premières, publiées
en 1818 et en 1825, l’auteur, en combattant l'énorme phalange des erreurs populaires et

des impostures mystérieuses, est tombé lui-même dans des égarements non moins
funestes. Il cherchait alors la vérité hors de son centre; au lieu de s'appuyer sur l'Église,
où elle siège toujours inaltérable, il s’était ébloui aux lueurs d’une philosophie orgueil-
leuse et sans autorité, dont les enseignements pris d’en bas égareront longtemps encore les
esprits frivoles. Entraîné là trop longtemps, il eut, en 1841, l’insigne bonheur de sortir
des steppes où la lumière lui manquait et de la retrouver dans les seules doctrines où elle

est indéfectible et toujours sûre. Il a donc entièrement refondu scs travaux, en recon-
naissant que les superstitions, les folles croyances, les sciences et les pratiques occultes,
insurrections plus ou moins tacites contre la religion, ne sont venues que des déserteurs
de la foi, ou par ou par le schisme, ou par des voies moins déterminées.
l'hérésie,
Tout homme qui étudiera l'histoire avec des intentions droites reconnaîtra que l'Église
a constamment lutté contre les superstitions et les fourberies infernales ;
qu’elle n’a jamais
cessé de répandre la lumière sur les fausses croyances, sur les folles terreurs et sur les
pratiques périlleuses des docteurs en sciences secrètes.
Pour ne citer que quelques témoignages, saint Augustin dit que les superstitions sont

l'opprobre du genre humain. Origène les condamne avec plus de force que les encyclo-
pédistes, et surtout avec plus de poids. Le pape Léon X notait d'infamie ceux qui se
livraient aux divinations et autres pratiques superstitieuses. Le quatrième concile de
Carthage les exclut de l’assemblée des fidèles. Le concile provincial tenu à Toulouse en
1590 ordonne aux confesseurs et aux prédicateurs de déraciner, par de fréquentes exhor-
tations et par des raisons solides, les pratiques superstitieuses que l'ignorance a introduites
dans la religion. Le concile de Trente, après avoir condamné ces diverses erreurs, enjoint
formellement aux évêques de défendre aux fidèles tout ce qui peut les porter à la super-
stition et scandaliser le prochain.
Nous réunirions au besoin mille témoignages pareils. Contentons-nous d’ajouter, sans
craindre un démenti de quelque poids, que l'Église a seule les moyens et les grâces
nécessaires pour dissiper ces égarcmenls si souvent dangereux et toujours abominables.

Digitized by Google
Ce qui peut-être n'a pas été remarqué suffisamment au milieu des clameurs intéressées
des philosophes, c'est que les seuls hommes qui vivent exempts de superstitions sont les
fidèles enfants de l'Église, parce qu'eux seuls possèdent la vérité. Les douteurs, au
contraire, semblent tous justifier cette grande parole, que ceux qui se séparent de Dieu
ont l'esprit fourvoyé; car, parmi eux, les plus incrédules sont aussi les plus superstitieux.
Ils repoussent les dogmes révélés, et ils croient aux revenants; ils ont peur du nombre 13;
ils ont un préjugé contre le vendredi; ils recherchent l'explication des songes; ils

consultent les tireuses de cartes; ils étudient l’avenir dans des combinaisons déchiffrés;
ils redoutent les présages. On a cité un savant de nos jours qui poursuit J’élixir de vie ;

un mathématicien célèbre qui croit les éléments peuplés par les essences cabalistiques;
un philosophe qui ne sait pas s'il croit à Dieu et qui exécute les cérémonies du grimoire
pour faire venir le diable.

Ce livre donc reproduit les aspects les plus étranges des évolutions de l’esprit humain;
il expose tout ce qui concerne les esprits, lutins, fées, génies, démons, spectres et
funlèmcs, les sorciers et leurs maléfices, les prestiges des charmeurs, la nomenclature
et les fonctions des démons et des magiciens, les traditions superstitieuses, les récits de
faits surnaturels, les contes populaires. 11 ouvre les cent portes fantastiques de l'avenir,
par la définition claire des divinations, depuis la chiromancie des bohémiens jusqu'à
l’art de prédire par le marc de café ou le jeu de caries. L'astrologie, l'alchimie, la cabale,

la phrénologie, le magnétisme, ont leur place en des notices qui résument par quelques
pages de longs et lourds in-folio. Enfin, le spiritisme, les tables parlantes et les progrès
du magnétisme se trouvent dans ces pages. Depuis quarante-cinq ans, l’auteur n’a cessé
d'agrandir ce patient travail , en poursuivant ses recherches dans des milliers de volumes.
Avant lui ,
personne n’avait songé à réunir en un seul corps d'ouvrage toutes les variétés

que rassemble le Dictionnaire infernal; et nul ne peut nier l’utilité de cette entreprise.

Les superstitions et les erreurs ont toujours pour fondement une vérité obscurcie,
altérée ou trahie; les éclairer, c’est les combattre. Si on les groupe, elles font saillie, et

leurs difformités se révèlent. Ainsi, peu à peu, on produit la lumière dans ces pauvres
intelligences qui refusent de s’élever jusqu’aux mystères sublimes de la foi, et qui
s'abaissent à croire fermement les plus grossières impostures. On donne aussi des armes
aux amis de la vérité, pour confondre les déceptions auxquelles se soumettent des esprits
qui sc croient supérieurs, parce qu'ils ne sentent pas leur faiblesse.
Par-dessus ces avantages, on a voulu satisfaire le goût de notre époque, qui exige des
lectures piquantes, et, les sujets aidant, on a pu lui offrir très-fréquemment ces excentri-
cités, ces singularités, cet imprévu et ces émotions dont il est si avide.

L’auteur de cette sixième édition, en la revoyant avec grand soin, l’a augmentée de

800 articles; et l'éditeur l’a illustrée de 550 gravures, parmi lesquelles 72 portraits de
démons, dessinés, d’après les documents de Wierus et des plus curieux démonographes,

par M. L. Breton.

Digitized by GoogI
,

LA DANSE DES FÉES.

DICTIONNAIRE INFERNAL.

A
Aaron, magicien du Bas-Empire, qui vivait dimanche ni aux heures des saints offices,
le

du temps do l’empereur Manuel Coinnène. On temps où les démons ont peu de joie). Elle
conte qu'il possédait les Clavicules de Salomon , trouva au sabbat grande compagnie vit que ce- ,

qu’au moyen de ce livre il avait il ses ordres des lui qui présidait avait à la tête deux visages,

légions de démons et se mêlait de nécromancie. comme Janus, remarqua des crapauds royale-
On lui fit crever les yeux; après quoi on lui ment vêtus et très-honorés, et fut scandalisée des
coupa la langue et ce ne fut pas là une victime
,
débauches auxquelles se livraient les sorcières.
de quelque fanatisme on le condamna comme
; Du reste, elle ne fit rien de criminel et fut re-
bandit : on avait Lrouvé chez lui entre autres
, mise à son logis par le même moyen de transport
abominations, un cadavre qui avait les pieds en- qui l'avait emmenée. Elle se réveilla alors et ra-
chaînés cl le cœur percé d'un clou. ( Nicétas, massa une petite relique que le diable avait eu
Annales, liv. IV.) la précaution d'ôter de son cou avant de l’em-
Abaddon, le destructeur; chef des démons de porter. Il parait que
bon curé à qui elle con-
le

laseptième hiérarchie. C’est quelquefois le nom fessa son aventure lui comprendre en vain les
fit

de l'ange exterminateur dans l’Apocalypse. dangers qu’elle avait courus; elle retourna au
Abadie (Jeannette d'), jeune fille du village sabbat et y fit sans scrupule tout ce que Satan
de Sibourc ou Siboro en Gascogne. Delancre
,
ou ses représentants lui conseillaient de faire,
dans son Tableau de l’inconstance des démons, se disant à elle-même qu'en faisant le mal pres-
raconte que Jeannette d'Abadie, dormant, un pas responsable. Voy. Sabbat,
crit elle n'en était
dimanche (le 13 septembre 1609), pendant la Balcoin, Locps-gahous, etc.
sainte messe un démon profita du moment et
,
Abalam, prince de l'enfer, très-peu connu. Il

l'emporta au sabbat (quoiqu’on ne fit le sabbat ni est de la suite de Payinon. Voy. ce mot.
I

Digitized by Google
,, , ,

ABA 2 ABE
Abano. l'oy. Pierre b’Apoxe. nographes que si une sorcière, avant d’être
Abaris, grand prêtre d'Apollon, qui lui donna prise, avait mangé la reine d’un essaim d’abeilles,
une (lèche d'or sur laquelle il chevauchait par ce cordial lui donnait la force de supporter la
les airs avec la rapidité d'un oiseau ; ce qui a torture sans confesser *
; mais celte découverte
fait que lesGrecs l'ont appelé l 'Aérobalc. Il fut, n’a pas fait principe.
dit-on, maître de Pylhagore, qui lui vola sa Dans certains cantons do la Bretagne ,
on pré-
flèche ,
dans laquelle on doit voir quelque allégo- tend que les abeilles sont sensibles aux plaisirs
rie. Ôn ajoute qu’Abaris prédisait l'avenir, qu’il comme aux peines de leurs maîtres , et qu’elles
apaisait les orages, qu’il chassait la peste; on ne réussissent point , si on néglige do leur faire
conte même que, par ses sciences magiques, il l part des événements qui intéressent la maison.
avait trouvé l'art de vivre sans boire ni manger. Ceux qui ont cette croyance ne manquent pas
Avec les os de Pélops il fabriqua une figure de
,
d'attacher à leurs ruches un morceau d'étoffe
Minerve, qu'il vendit aux Troyens comme un ta- i
noire lorsqu’il y a une mort chez eux, et un
lisman descendu du ciel c’est le Palladium qui : morceau d'étoffe rouge lorsqu'il y a un mariage
avait la réputation de rendre imprenable la ville ou toute autre fête s .
I

où il se trouvait. Les Circassicns, dans leur religion mêlée de


Abdeel (
Abraham ) ,
appelé communément christianisme, de mahométisme et d’idolâtrie,
Schoenewald (Beauchamp) prédicateur à Custrin, , ;
honorent la Mère de Dieu sous le nom de Mé-
dans la Marche de Brandebourg, fit imprimer à j
rième ou de Mclissa. Ils la regardent comme la
Than, en 1572, le Livre de la parole cachetée, patronne des abeilles , dont elle sauva la race en
dans lequel il a fait des calculs pour trouver qui conservant dans sa manche une de leurs reines,
j

est l’Antéchrist cl à quelle époque il doit paraître. :


un jour que le tonnerre menaçait d’exterminer
Cette méthode consiste à prendre au hasard un j
tous les insectes. Les revenus que les Circassicns
passage du prophète Daniel ou de l’Apocalypse tirent de leurs ruches expliquent leur reconnais-

et à donner à chaque lettre, depuis a jusqu’à i, sance pour le bienfait qui les leur a préservées.
sa valeur numérique. A vaut 1 4 vaut 2 , c vaut , Solin a écrit que les abeilles ne peuvent pas
3, et ainsi de suite. Abdeel déclare que l’Anté- I
vivre en Irlande; que celles qu'on y amène y
christ est le pape Léon X. 11 trouve de la même meurent tout à coup et que si l’on porte de la ;

manière les noms 'des trois anges par lesquels terre de cette lie dans un autre pays et qu’on
l’Antéchrist doit être découvert. Ces trois anges la répande autour des ruches, les abeilles sont

sont Huss ,
Luther et un certain Noé qui nous est forcées d’abandonner ,1a place parce que cette ,

inconnu. terre leur est mortelle. On lit la même chose


Abd-el-Azys, astrologue arabe du dixième dans les Origittes d'Isidore. « Faut-il examiner,
siècle ,
plus connu en Europe sous le nom d'Al- ajoute le père Lebrun dans son Histoire critique
chabilius. Son Traité d’astrologie judiciaire a été des superstitions d’où peut venir cette malignité
traduit en latin par Jean de Séville (HispaUnsis). de la terre d’Irlande? Non, car il suffit de dire
L’édition la plus recherchée de ce livre Alcha- : que c'est une bourde , et qu'on trouve en Irlande
bilius, rum commenta, est celle de Venise 1503, , beaucoup d’abeilles. »
in-4° de 140 pages. Abel fils d'Adam. Des docteurs musulmans
,

Abdias de Babylone. On attribue à un écri- disent qu'il avait quarante-huit pieds de haut. Il
vain de ce nom l'histoire du combat merveilleux se peut qu'ils aient raisonné d’après un tertre
que livra saint Pierre à Simon le Magicien. Le long de cinquante-cinq pieds, que l'on montre au-
livre d’ Abdias a été traduit par Julius Africanus près de Damas et qu’on nomme la tombe d'Abel.
,

sous ce titre : Historiés certaminis aposlolici Les rabbins ont écrit beaucoup sur Abel. Ils
1566, in-8*. lui attribuent un livre d’astrologie judiciaire qui
Abeilard. Il est plus célèbre aujourd'hui par lui aurait été révélé et qu’il aurait renfermé dans
ses tragiques désordres que par ses ouvrages une pierre. Après le déluge, Hermès-Trismégiste
théologiques, dont les dangereuses erreurs lui le trouva il
y apprit l'art de faire des talismans
:

attirèrent justement les censures de saint Ber- sous l’influence des constellations. Ce livre est
nard. mourut en 1142. Vingt ans après, Hé-
11 intitulé Liber de virtutibus planctarum et de
loïse ayant été ensevelie dans la même tombe omnibus m'uni mundanarum virtutibus. l’oy. le

on conte (mais c'est un pur conte) qu’à son ap- traité De essentiis esscntianim qu’on décore
proche la cendre froide d’ Abeilard se réchauffa faussement du nom de saint Thomas d'Aquin,
tout à coup , et qu'il étendit les bras pour rece- pars IV, cap. ii. Voy. les Légendes de T Ancien
voir celle qui avait été sa femme. Leurs restes Testament.
étaient au Paraclet, dans une précieuse tombe Abel de la Rue, dit le Casseur, savetier et
gothique que l’on a transportée à Paris en 1 799 mauvais coquin qui fut arrêté, en 1582, à Cou-
et qui est présentement au cimetière du Père- lommiers, et brûlé comme sorcier, magicien,
Lachaise. 1
Wierus, De prœstigiis, lib. VI, cap, vu.
Abeilles. C'était l'opinion de quelques démo- * Cambry, Voyage dans le Finistère, t. Il, p, 16.

d by Google
ABK — S - ABR
noucur d'aiguillettes, et principalement comine ;
cause d’aboiement; il racontait qu'étant mousse
voleur et meurtrier. Voy. Ligatures. à bord d’un caboteur, il avait été précipité à la
Aben-Ezra. Voy. Macha-Halea. mer par un coup de vent; l’épouvante l’avait
Abeir-Ragel, astrologue arabe, né àCordoue frappé d’un tel anéantissement, qu’il n’en était
au commencement du cinquième siècle. Il a laissé sortique pour subir des suffocations qui l'empê-
nn livre d’horoscopes d’après l’inspection des
, chèrent de parler pendant une semaine. Lorsque
étoiles, traduit en latin sous le titre De judkiit la parole lui revint, elle s’entrecoupa à
chaque
tm falis tlellarum, Venise, 1485; rare. On dit phrase de cris véhéments, remplacés bientôt
que scs prédictions, quand il en faisait, se dis- par des aboiements saccadés qui duraient quel-
tinguaient par une certitude très-estimable. ques secondes. Ces spasmes furent reconnus bien
Abigor, démon d'un ordre supérieur, grand- réels, et le conscrit fut réformé.
duc dans la monarchie infernale. Soixante lé- Mais il y a en Bretagne des aboyeuses qui ap-
gions marchent sous ses ordres *. Il se montre portent en naissant cette affreuse infirmité im-
sous la figure d’un beau cavalier portant la lance. plantée dans quelques familles. Les bonnes gens
voientlà un maléfice , et nous ne savons
comment
expliquer une si triste misère.
Nous poumons citer un homme qui, dans
l’agonie qui précéda sa mort, agonie qui dura
trois jours, ne s'exprima que par des aboiements
et ne put retrouver d’autre langage. Mais celui-là,
dans la profanation des églises, en 1793, avait
enfermé son chien dans un tabernacle.
Nous connaissons aussi une famille où le père
et la mère devenus muets nous ne savons par
,

quelle cause ni pour quelle cause, n’ont que des


enfants muets. Ainsi les frères et les soeurs ne
poussent que des cris inarticulés et ne s'entendent
pas autrement pour les plus urgents besoins de
la vie.

Abracadabra. Avec ce mot d’enchantement,


qui est très-célèbre , on faisait , surtout en Perse

et en Syrie, une figure magique à laquelle on


attribuait le don de charmer diverses maladies
et do guérir particulièrement la fièvre. Il ne fal-
l'étendard ou le répond habilement
sceptre; il
lait que porter autour du cou cette sorte de
sur tout ce qui concerne les secrets de la guerre, phi-
lactère, écrit dans la disposition triangulaire que
sait l’avenir, et enseigne aux chefs les moyensde
voici :
se faire aimer des soldats.
ABRACADABRA
Abîme , et plus correctement abysme. C'est le ABRACADABR
nom qui est donné, dans l'Écriture sainte, 1" à ADRACADAB
l'enfer, 2" au chaos ténébreux qui précéda la AIIRACAIIA
création.
ABRACAD
A BRACA
Abominations, l’oy. Sadhat. ABR AC
Abou-Ryhan, autrement appelé Mohammcd- ABRA
ben-Ahmed, astrologue arabe, mort en 330. ABR
Il passe pour avoir possédé à un haut degré le
AB
. A
don de prédire les choses futures. On lui doit
Abracax ou Abraxas, l'un des dieux de
une introduction à l’astrologie judiciaire.
quelques théogonies asiatiques, du nom duquel
Aboyeurs. Il y a en Bretagne cl dans quel-
on a tiré le philactère abracadabra. Abracax est
ques antres contrées des hommes et des femmes
représenté sur des amulettes avec une tête de
affectés d’un certain délire inexpliqué, pen-
coq, des pieds de dragon et un fouet à la main.
dant lequel ils aboient absolument comme des
Les démonographes ont fait de lui un démon,
chiens. Quelques-uns parlent à travers leurs
qui a la tête d’un roi et pour pieds des serpents.
aboiements, d’autres aboient et ne parlent plus.
Les basilidiens, hérétiques du deuxième siècle,
Le docteur Champouillon a essayé d'expliquer ce
voyaient en lui leur dieu suprême. Comme ils
terrible phénomène, en l’attribuant aux suites
trouvaient que les sept lettres grecques dont ils
d’une frayeur violente. Il cite un jeune conscrit
formaient son nom faisaient en grec le nombre
de la classe de 1853 qui, appelé devant le con-
seil de révision, réclama son exemption pour
365, qui est celui des jours de l'année, ils pla-
çaient sous scs ordres plusieurs génies qui prési-
1
Wierus, in PseudomonarMa dam., etc. daient aux trois cent soixante-cinq cicux , et
4 .

Digitized by Google
,,

ADR ABS

auxquels ils attribuaient trois cent soixante-cinq un méchant pôlre, nommé Pierron, conçut un
vertus, line pour chaque jour. Les basilidiens di- amour violent pour une jeune fille de son voisi-
saient encore que Jésus-Christ, Noire-Seigneur, nage. Or cet homme mauvais était marié; il avait
même de sa fejnme un petit garçon, l'n jour qu’il
était occupé de la criminelle pensée de son amour,
la jeune tille qu'il convoitait lui apparut dans la

campagne : c'élait un démon sous sa figure. Pier-


ron lui découvrit sa passion la prétendue jeune
;

fille promit d'y répondre , s'il se livrait 5 elle cl


s’il de lui obéir en toutes choses. Le pitre
jurait
ne refusa rien, et son abominable amour fut ac-
cueilli. —
Peu de temps après, la jeune fille, ou
le démon qui se faisait appeler Abrahel par son

adorateur, lui demanda, comme gage d'attache-


ment, qu'il lui sacrifiât son lils. Le pâtre reçut
une pomme qu’il devait faire manger à l'enfant ;

n’était qu'un fantôme bienveillant envoyé sur la

terre par Abracax. Ils s'écartaient de la doctrine


do leur chef.
Abraham. Tout le monde connaît l'histoire de
ce saint patriarche, écrite dans les livres sacrés.
Les rabbins et les musulmans l'ont chargée de
beaucoup de traditions curieuses, que le lecteur l'enfant, ayant mordu dans la pomme, tomba
peut trouver dans les légendes de /'Ancien Tes- mort aussitôt. Le désespoir de la mère fit tant
tament. d’effet sur Pierron, qu'il courut à la recherche
Les Orientaux voient dans Abraham un savant d'Abrahel pour en obtenir réconfort Le démon
astrologue et un homme puissant en prodiges. promit de rendre la vie i l'enfant, si le père vou-
Suidas et Isidore lui attribuent l'invention de l’al- lait lui demander cette grâce à genoux, en lui
phabet, qui est dû à Adam. Toy. Caducs. rendant le culte d’adoration qui n’est dû qu'à
Les rabbins font Abraham auteur d’un livre Dieu. Le pitre se mil à genoux ,
adora, et aussi-
De l'explication des songes, livre que Joseph tôt l’enfant rouvrit les yeux. On le frictionna, on
disent-ils, avait étudié avant d’être vendu par le réchauffa; il recommença i marcher et à par-
ses frères. On met aussi sur son compte un ou- ler. Il était le même qu'auparavant, mais plus

vrage intitulé Jetzirah, ou la Création, que plu- maigre, plus hâve, plus défait, les yeux battus
sieurs disent écrit par le rabbin Akiba. Toy. ce et enfoncés, les mouvements plus pesants. Au
nom. Les Arabes possèdent ce livre cabalistique, bout d'un an le démon qui l'animait l'abandonna
,

qui traite de l’origine du monde ils l’appellent : avec un grand bruit, cl l'enfant tomba à la ren-
le Scp/tcr. On dit que Vossius, qui raisonnait tout verse...
de travers Ih-dessus, s’étonnait de ne pas le voir Cette histoire décousue et incomplète se ter-
dans les livres canoniques. Postel l'a traduit en mine par ces mots, dans la narration de Nicolas
latin on l'a imprimé à Paris en 1552; à Mantoue
: Remy: « Le corps de l’enfant, d'une puanteur
en 1562, avec cinq commentaires; à Amsterdam insupportable, fut tiré avec un croc hors de la
en 16/i2. On y trouve de la magie et de l'astrolo- maison de son père et enterré dans un champ. »
gie. — “ C'est un ouvrage cabalistique très-ancien — Il n’est plus question du démon succube ni du

cl très-célèbre , dit le docteur Rossi. Quelques-uns pitre.


lecroient composé par un écrivain antérieur au Absalon. On a écrit bien des choses supposées
Talmud, dans lequel il en est fait mention. > — i propos de sa chevelure. Lepcllclicr, dans sa
Le litre de l’ouvrage porte le nom d’Abraham ;
dissertation sur la grandeur de l'arche de Noé,
mais ajoutons qu'il y a aussi des opinions qui le dit que toutes les fois qu’on coupait les cheveux
croient écrit par Adam lui-même. d’ Absalon, on lui en ôtait trente onces...
Abrahel, démon succube, connu par une Abstinence. On prétend comme nous l’avons
,

aventure que raconte Nicolas Remy dans sa Di- dit, qu’Abaris ne mangeait pas et que les magi-
monoldtrie, et que voici ; — En l’année 1581, ciens habiles peuvent s’abstenir de manger et de
dans le village de Dalhcm au pays de Limbourg
, boire.

Digitized by Googl
,

ABU — i — ACH
Sans parler îles jeûnes merveilleux ilonl il est heure après il était mort. On suppose que lesclie-
faitmention dans la vie de quelques saints, Marie nilles déposent dans celte saison sur les cerises

Pelet de Laval, femme du Hainaut, vécut trente- qu’elles touchent une substance que l’œil dis-
deux mois (du 6 novembre 1754 au 25 juin 1757) tingue à peine mais qui n’en est pas moins un
,

sans recevoir aucune nourriture, ni solide ni poison. C’est donc s’exposer que de manger ces
liquide. Anne Harley, d’Orival prés de Rouen ,
fruits sans avoir pris la sage précaution de les
se soutint vingt-six ans en buvant seulement un laver. »
peu de lait qu'elle vomissait quelques moments Accouchements. Chez les Grecs, les char-
après l'avoir avalé. On exemples.
citerait d’autres meuses retardaient un accouchement, un jour,
Dans les idées des Orientaux, les génies ne se une semaine et davantage, en se tenant les
nourrissent que de fumées odorantes qui ne pro- jambes croisées et les doigts entrelacés à la porte
duisent point de déjections. de la pauvre femme prise des douleurs de l’en-
Abundia, fée bienfaisante honorée en Thu- fantemenL Voy. Aétite.
ringe comme protectrice. Elle visite les maisons, Accouchements prodigieux. Torquemada,
où elle mange et boit avec ses compagnes ce dans son Examéron, cite une femme qui mit au
qu’on leur a préparé , mais sans que rien des mets monde sept enfants à la fois à Médina del Campo
, ;

soit diminué par elles. Elles soignent les étables; une autre femme de Salamanque qui en eut neuf
et on a des marques de leur passage par des d’une seule couche. Jean Pic de la Mirandole as-
gouttes de leurs cierges de cire jaune, qu’on re- sure qu’une femme de son pays eut vingt enfants
marque sur la peau des animaux domestiques. en deux grossesses, neuf dans l’une et onze dans
Acatriel, l'un des trois princes des bons dé- l’autre. Voy. Irmentrude, Trazegnies, Imagina-
mons, dans la cabale juive qui admet des démons
,
tion. Torquemada parle aussi d’une Italienne qui
de deux natures. milau monde soixante-dix enfants 4 la fois; puis
Acca-Laurentia, appelée aussi l.upa : la il rapporte, comme 4 l’abri du doute, ce que conte

Louve, 4 cause de scs moeurs débordées, était Albert le Grand, qu’une Allemande enfanta, d’une
mise au rangées divinités dans l’ancienne Rome, seule couche, cent cinquante enfants, tous enve-
pour avoir adopté et nourri Romulus. loppés dans une pellicule ,
grands comme le petit
Accidents. Beaucoup d’accidents peu ordi- doigt et très-bien formés 1 .
naires, mais naturels, auraient passé autrefois Acham, démon que l’on conjure le jeudi.
pour des sortilèges. Voici ce qu’on lisait dans un Voy. Conjurations.
journal de 1841 —
«Mademoiselle Adèle Mercier
: Achamoth, esprit, ange ou éon du sexe fémi-
(des environs de Saint-Gilles) , occupée il y a peu nin, mère de Jéhovah, dans les stupides doctrines
de jours à arracher dans un champ des feuilles de des valenliniens.
mûrier, fut piquée au bas du cou par une grosse Acharai-Rioho, chef des enfers chez les
mouche qui, selon toute probabilité, venait de Yaknuts. Voy. Mang-taar.
sucer le cadavre putréfié de quelque animal, et Achéron, fleuve de douleur dont les eaux
qui déposa dans l'incision faite par son dard une sont amères ; l’un des fleuves de l’enfer des
on quelques gouttelettes du suc morbifique dont païens. Dans des relations du moyen 4ge, f Aché-
elle s'était repue. La douleur, d’abord extrême- ron est un monstre; dans la mythologie grecque,
ment vive, devint insupportable. Il fallut que Achéron était un homme qui donna 4 boire aux
mademoiselle Mercier fût reconduite chez elle et Titans altérés; Jupiter l’en chùtia en le changeant
qu'elle se mil au lit. La partie piquée s'enfla pro- en fleuve et le jetant dans les enfers.
digieusement en peu de temps : l’endure gagna. Achérusie, marais d’Égypte près d’Héliopo-
Atteinte d’une fièvre algide qui acquit le carac- lis. Les morts le traversaient dans une barque,

tère le plus violent, malgré tous les soins qui lui lorsqu’ils avaient été jugés digues des honneurs
furent prodigués, et quoique sa piqûre eût été de la sépulture. Les ombres des morts enterrés
cautérisée et alcalisée, mademoiselle Mercier dans le cimetière voisin erraient disait-on sur , ,

mourut le lendemain , dans les souffrances les plus les bords de ce marais, que quelques géographes
atroces. » appellent un lac.
Le Journal du Ilhàne racontait ce qui suit en Achguaya-Xerac. Voy. Guayotta.
juin 1841 : —
« Un jeune paysan des environs de Achmet, devin arabe du neuvième siècle, au-
Bourgoin, qui voulait prendre un repas de cerises, teur d’un livre De l'interprétation dit tongrs,
commit l’imprudence, lundi dernier, de monter suivant les doctrines de l’Orient. Le texte origi-
sur un cerisier que les chenilles avaient quitté nal de ce livre est perdu ; mais Rigault en a fait
après en avoir dévoré toutes les feuilles. Il y
avait vingt minutes qu’il satisfaisait son caprice 1
Plusieurs de ces faits, s’ils sont bien authenti-
eu son appétit, lorsque presque instantanément ques, peuvent être des miracles. Une aventure plus
prodigieuse, et qui est admise comme un châtiment
il se sentit atteint d’une violente inflammation 4
miraculeux, a eu lieu en Hollande. Votez, dans les
la gorge. Le malheureux descendit en poussant Ugendt s des Vertus théologales Les plats de Luos-
:

péniblement ce cri : J’élouffc! j'étouffe! Une demi- duynen.

Sic
ACO ADA
imprimer la traduction grecque et latine h la suite un fragment conservé des mémoires qu’il avait
de YOnéirocritiquc d’Artémidore ;
Paris, 1603, écrits sur sa vie, il raconte que sa mère, étant

iu-4*. enceinte de lui, crut voir sortir de son côté droit


Aconce (Jacques) , curé apostat du diocèse de un veau ce qui était dit-il le pronostic des
; , ,

Trente ,
qui ,
poussé par la débauche ,'
embrassa grâces dont il fut comblé en naissant par le mi-
le protestantisme en 1557, et passa en Angle- nistère d’un ange. On arrêta le cours des extra-
terre. La reine Élisabeth lui lit une pension. vagances de cet insensé en l’enfermant dans une
Aussi il ne manqua pas de l’appeler diva F.lisa- prison, où il mourut.
betha, en lui dédiant son livre Des stratagèmes Adam, le premier homme. Sa chute devant
de Satan'. Mais nous ne mentionnons ce livre ici les suggestions de Satan est un dogme de la reli-
qu’à cause de son litre : ce n’est pas un ouvrage gion chrétienne.
de démonomanie, c’est une vile et détestable dia- Les Orientaux font d'Adam un géant déme-
tribe contre le Catholicisme. suré, haut d'une lieue; ils en font aussi un magi-

Adalbert, hérétique qui fit du bruit dans les cien, un cabaliste; les rabbins en font de plus
Gaules au huitième siècle; il est regardé par les un alchimiste et un écrivain. On a supposé un
uns comme un habile faiseur de miracles et par testament de lui; et enfin les musulmans regret-
les autres comme un grand cabaliste. Il distri- tent toujours dix traités merveilleux que Dieu lui
avait dictés '.
buait les rognures de ses ongles et de ses che-
veux disaut que c’étaient de puissants préserva-
,
Adam (l'abbé). Il
y eut un temps où l'on

tifs; il contait qu’un ange, venu des extrémités voyait le diable en toutes choses et partout, et
du monde, lui avait apporté des reliques et des peut-être n’avait-on pas tort. Mais il nous sem-
amulettes d’une sainteté prodigieuse. On dit même ble qu’on le voyait trop matériellement. Le bon
qu’il se consacra des autels à lui-même et qn’il se et naïfCésaire d’Heisterbach a fait un livre d'his-
fit adorer. Il prétendait savoir l’avenir, lire dans toires prodigieuses où le diable est la machine
la pensée et connaître la confession des pécheurs universelle; il se montre sans cesse et sous di-

rien qu’en les regardant. 11 montrait impudemment verses ligures palpables. C’était surtout à l’épo-
une de Notre-Scigneur Jésus-Christ, disant
lettre que où l’on s’occupait en France de l'extinction
qu'elle lui avait été apportée par saint Michel. des templiers. Alors un certain abbé Adam, qui
Baluze, dans son appendice aux Capitulaires des
rois francs, a publié celte lettre, dont voici le
titre : —
«Au nom de Dieu : Ici commence la
lettre de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est tom-
bée à Jérusalem et qui a été trouvée par l’ar-
,

change saint Michel, lue et copiée par la main


d’un prêtre nommé Jean, qui l’a envoyée à la
ville de Jérémie à un autre prêtre, nommé Tala-

sius; et Talasius l’a envoyée en Arabie à un autre


prêtre, nommé Léoban; et Léoban l’a envoyée à
la ville de Bctsamie, où elle a été reçue par le
prêtre Macarius, qui l’a renvoyée à la montagne

du saint'archange Michel; et par le moyen d’un


auge, la lettre est arrivée à la ville de Rome, au
sépulcre de saint Pierre, où sont les clefs du
royaume des deux ; et les douze prêtres qui sont
à Rome ont fait des veilles de trois jours, avec
des jeûnes et des prières, jour et nuit, » etc. Et
Adalbert enseignait à ses disciples une prière qui
débutait ainsi :

u Seigneur, Dieu tout-puissant, père de Notre-

Seigneur Jésus-Christ, Alpha et Oméga qui êtes ,

sur le trûne souverain, sur les Chérubins et les


Séraphins, sur l’ange Uriel, l'ange Raguel, l’ange
Cabuel, l'ange Michel, sur l’ange Inias, l'ange
Tabuas, l'ange Simiel et l’ange Sabaoth , je vous
prie de m’accorder ce que je vais vous dire, n gouvernail l'abbaye des Vaux-de-Cernay, au dio-
C’était, comme on voit, très-ingénieux. Dans cèse de Paris, avait l’esprit tellement frappé de
l’idéeque le diable le guettait, qu'il croyait le
De stratagematibus Satanœ in religionis negotio,
1
reconnaître à chaque pas sous des formes que
per superstitionem, errorem, hærcsim , udium, ca-
lumniam, schisma, etc., lib. VIII. Bâle 1565. Sou- ,
1
Voyez les légendes d'Adam des préadamites et ,

vent réimprimé et traduit en plusieurs langues. des génies dans les Légendes de t Ancien Testament.
,

Digitized by Google
,

ADA - 7 — ADR
sans doute le diable n'a pas souvent imaginé de tien à Constantinople, sous le règne de Con-
prendre. — Un jour qu’il revenait de visiter une stance, ù qui il dédia ses deux livres sur la
de ses petites métairies, accompagné d’un servi- Physioynomonic ou l'art de juger les hommes
teur aussi crédule que lui, l'abbé Adam racontait par leur ligure. Cet ouvrage, plein de contra-
comment le diable l’avait harcelé dans son dictions etde rêveries, a été imprimé dans quel-
voyage. L’esprit malin s’était montré sous la ques collections, notamment dans les Scriplo-
figure d'un arbre blanc de frimas, qui semblait re> physiognomoniœ veleren, grec et latin, cura
venir à lui. — C’est singulier, dit un de ses amis ;
J. -G. -F. Fransii; Allcmbourg, 1780, in-8".
n'étiez -vous pas la proie de quelque illusion Adamiens ou Adamites. Hérétiques du se-
causée par la course de votre cheval? — Non, cond siècle, dans l'espèce dus basilidiens. Ils se
c'était Satan. Mon cheval s’en effraya; l’arbre mettaient nus et proclamaient la promiscuité des
pourtant passa au galop et disparut derrière nous, femmes. Clément d'Alexandrie dit qu’ils se van-
il une certaine odeur qui pouvait bien
laissait taient d'avoir des livres secrets de Zoroaslre,
être du soufre. Odeur de brouillard, mar- — ce qui a fait conjecturer à plusieurs qu’ils étaient
motta l’autre. — livrés à la magie.
Le diable repa- Adelgreiff
rut et celte fois ( Jean - Albert ,
, )

c’était un cheva- fils naturel d'un


lier noir qui s’a- pasteur alle-
vançait vers nous mand qui lui
,

pareillement. — apprit le latin, le


Éloigne - toi ,
lui grec, l’hébreu et
criai-je d'unevoix plusieurs langues
étouffée. Pour- modernes. Il de-
quoi in'attaques- vint fou et cnit
tu? Il passa en- avoir des visions.
core, sans avoir Il disait que sept
l'airde s’occuper anges l'avaient
de nous. Mais il chargé de repré-
revint une troi- senter Dieu sur
sième fois ayant la terre et de châ-

la forme d’un tier les souve-


homme grand et rains avec des
pauvre, avec un verges de fer. Il

cou long et mai- signait ses dé-


gre. Je fermai les crets : o Jean Al-
yeux et ne le re- brecht Adelgreiff,
vis que quelques Kihi Schmalkhit-
instants plus tard mandis archi- ,

sous le capuchon souverain pon-


d'un petit moine. tifc.roidu royau-
Je croisqn’il avait des deux
me
sous son froc une juge des vivants
rondachc dont et des morts,
il me menaçait. Dicuet père, dans
— Mais , inter- la gloire duquel

rompit l’autre, ces apparitions ne pouvaient-elles le Christ viendra au dernier jour, Seigneur de
pas être des voyageurs naturels? Comme si on — tous les seigneurs et Roi de tous les rois. » Il
ne savait pas s’y reconnaître comme si nous ne ! causa beaucoup de troubles par ses extrava-
l’avions pas vu derechef sous la figure d'un gances, qui trouvèrent, comme toujours, des
pourceau puis sous celle d'un âne , puis sous partisans. On lui attribua des prodiges, et il
,

celle d'un tonneau qui roulait dans la campagne, fut bridé à Kœnigsberg comme magicien héré- ,

puis enfin sous la forme d'une roue de charrette tique et perturbateur, le 11 octobre 1636. Il
qui, si je ne me
trompe, me renversa, sans tou- avait prédit avec assurance qu’il ressusciterait le
tefois me faire aucun mal Après tant d'as- ! — troisième jour, ce qui ne s’est pas vérifié.
sauts, la route s'était achevée sans autres mal- Adeline, ou plutôt Edeline. Voy. ce mot.
enconlres *. Voy. Hallucinations. Adelites, devins espagnols qui se vantaient
Adamantius, médecin juif, qui se fit chré- de prédire par le vol ou le chant des oiseaux
ce qui devait arriver en bien ou en mal.
Adelung (Jean-Christophe) littérateur alle-
1
Robert Gaguin ,
Philipp. ,

Digitized by Google
ADE — 8 AF.T

mand, mort à Dresde en 1806. Il a laissé un ou- Adranos, idole sicilienne, qui a donné son
vrage intitulé Histoire des folies humaines, ou nom à la ville d'Adranum, aujourd'hui Aderno.
Biographie des plus célèbres nécromanciens, al- On élevait dans son temple mille chiens, dits sa-
chimistes, devins, etc.; sept parties; Leipzig. crés, qui avaient pour mission principale de re-
1785-1789. conduire chez eux les hommes ivres.

Adeptes, nom que prennent les alchimistes Adrien. Se trouvant en Mésie, à la tête d'une
qui prétendent avoir trouvé la pierre philoso- légiou auxiliaire, vers la fin du règne de Domi-
phale et l’élixir de vie. Ils disent qu'il y a tou- tien, Adrien consulta un devin (car il croyait
jours onze adeptes dans ce monde; et, comme aux devins et à l’astrologie judiciaire), lequel lui

l’élixir les rend immortels, lorsqu'un nouvel prédit qu'il parviendrait un jour à l'empire. Ce
alchimiste a découvert le secret du grand couvre, n’était pas, dit-on, la première fois qu’on lui fai-

il faut qu'un des onze anciens lui fasse place et sait cette promesse. Trajan, qui était son tuteur,
se retire dans un autre des mondes élémentaires. l'adopta, et il régna en effet.

Adis, ou Hadès, roi de l’enfer. Ce mot est On lui attribue en Écosse la construction de la
pris souvent, chez quelques poêles anciens, pour muraille du Diable.
l’enfer même. Fulgose, qui croyait beaucoup à l’astrologie,
Adhab-Algab, purgatoire des musulmans, où rapporte, comme unepreuve de la solidité de
lesméchants sont tourmentés parles anges noirs celle science, que l’empereur Adrien, très-habile
Munkir et Nékir. astrologue, écrivait tous les ans, le premier jour
Adjuration, formule d’exorcisme par laquelle du premier mois, ce qui lui devait arriver pen-
on commande, au nom de Dieu, A l'esprit malin dant l'année, et que, l'an qu’il mourut, il n'é-
de dire ou de faire ce qu'on exige de lui. crivit que jusqu'au mois de sa mort, donnant à
Adonis, démon brûlé. Selon les démonolo- connaître par son silence qu’il prévoyait son
gues, il remplit quelques fonctions dans les incen- trépas. Mais ce livre de l’empereur Adrien, qu’on
dies’. Des savants croient que c’est le môme ne montra qu'après sa mort, n’était qu’un journal.
que le démon Thamuz des Hébreux. Aéromancie, art de prédire les choses fu-
Adoration du crapaud. Les sorciers n’ado- tures par l’examen des variations et des phéno-
rent pas seulement le diable dans leurs hideuses mènes de l’air. C’est en vertu de celle divination
assemblées. Tout aspirant qui est reçu là sor- qu’une comète annonce la mort d'un grand
cier après certaines épreuves reçoit un crapaud, homme. Cependant ces présages- extraordinaires
avec l’ordre de l’adorer; ce qu'il fait en lui don- peuvent rentrer dans la téralosropie.
nant un baiser en signe de révérence. Voy. François de la Torre-Blanca dit que l'aéro-
Sabbat. mancie est l’art de dire la bonne aventure en
Adramelech, grand chancelier des enfers, faisant apparaître des spectres dans les airs, ou
intendant de la garde-robe du souverain des dé- en représentant, avec l'aide des démons, les
événements futurs dans un nuage, comme dans
une lanterne magique. « Quant aux éclairs cl au
tonnerre, ajoute-t-il, ceci regarde les augures; et
les aspects du ciel et des planètes appartiennent
à l’astrologie. »
Aétite, espèce de pierre qu’on nomme aussi
pierre d'aigle, selon la signification de ce mol
grec, parce qu’on prétend qu’elle se trouve dans
les nids des aigles. Matthiole dit que les aigles
vont chercher cette pierre jusqu’aux Indes, pour
faire éclore plus facilement leurs petits. De là
vient qu'on attribue à l'aétite la propriété de fa-
ciliter l'accouchement lorsqu’elle est attachée
au-dessus du genou d'une femme, ou de le retar-
der si on la lui met à la poitrine. — Dioscoride
dit qu’on s'en servait autrefois pour découvrir
les voleurs. Après qu’on l’avait broyée, on en
mêlait la cendre dans du pain fait exprès; on en
faisait manger à tous ceux qui étaient soupçon-
mons, président du haut conseil des diables. Il
nés. On croyait que, si peu d'aélite qu'il y eût
était adoré à Sépharvalm, ville des Assyriens, qui
dans ce pain, le voleur ne pouvait avaler le mor-
brûlaient des enfants sur ses autels. Les rabbins
ceau. Les Grecs modernes emploient encore
disent qu’il se montre sous la figure d’un mulet,
cette vieille superstition, qu’ils rehaussent de
et quelquefois sous celle d’un paon.
quelques paroles mystérieuses. L'oy. Alphito-
' Wierus, Deprasligiis dœmon., lib. I. UANC1E.

Digitized by Google
,

/EVO —9— AGR


Ævoli (César), auteur ou collecteur d'un livre giques en sont pleins, principalement VEnchiri-
peu remarquable , intitulé Opuscules sur les at- dion, attribué ridiculement au pape Léon III.

tributs divins et sur le pouvoir qui a été donné Voy. Cabale.


aux dénions de connaître les choses secrétes et Aglaophotis, sorte d'herbe qui croit dans les
de tenter les hommes. Opuscules de divin h altri- marbrières de l'Arabie, et dont les magiciens se
bulii et de modo et potestate ipiam dtrmoncs lia- servaient pour évoquer les démons. Ils em-
ient intelliyendi et passiones animi exrilandi, ployaient ensuite l’anancitide et la syrrochitc,
in-4 - ; Venise, 1589. démons évo-
autres ingrédients qui retenaient les
Agaberte. « Aucuns parlent, dit Torqucmada, qués aussi longtemps qu’on le voulait. Voy.
d'une certaine femme nommée Agaberte, fille Baaras.
d'un géant qui s’appelait Vagnoste, demeurant Agnan, ou Agnian, démon qui tourmente les
aux pays septentrionaux, laquelle était grande Américains par des apparitions et des méchan-
enchanteresse; et la force de ses enchantements cetés. Il se montre surtout au Brésil et chez les
était si variée qu'on ne la voyait presque jamais
en sa propre figure. Quelquefois c'était une pe-
tite vieille fort ridée, qui semblait ne se pouvoir

remuer, ou bien une pauvre femme malade et


sans forces; d’autres fois elle était si haute qu'elle
paraissait toucher les mies avec sa télé. Ainsi
forme qu’elle voulait aussi ai-
elle prenait telle
sément que les auteurs écrivent d'Urgande la
Méconnue. Et, d’après ce qu’elle faisait, le inonde
avait opinion qu'en un instant elle pouvait obs-
curcir le soleil , la lune cl les étoiles, aplanir les
monts, renverser les montagnes, arracher les ar-
bres, dessécher les rivières, et faire autres choses
pareilles, si aisément qu’elle semblait tenir tous
les diables attachés et sujets à ses volontés '. »
Agarès, démon, l'oy. Aguabès.
Agate, pierre précieuse à laquelle les an-
ciens attribuaient des qualités qu'elle n'a pas,
comme de fortifier le cœur, de préserver de la
peste et de guérir les morsures du scorpion et de
la vipère.
Agathion ,
démon montrefamilier qui ne se
qu'à midi. Il parait en forme d'homme ou de
bétc quelquefois il se laisse enfermer dans un
;

talisman dans une bouteille ou dans un anneau


,

magique’.
Agathodémon ou lion démon adoré des , ,

Égyptiens sous la ligure d'un serpent à tète hu-


maine. Les (îrecs de l'Arcadie donnaient ce nom
à Jupiter. Les dragons ou serpents ailés, que les
anciens révéraient, s'appelaient agalhodamones, Tupinamboux. Il parait sous toutes sortes de
ou bons génies. formes, de façon que ceux qui veulent le voir
Agla, ou mot cabalistique auquel les
sigle peuvent le rencontrer partout.
rabbins attribuent le pouvoir de chasser l'esprit Agobard, archevêque de Lyon au neuvième
malin. Ce mot se compose des premières lettres siècle. Il a écrit contre les épreuves judiciaires
de ces quatre mots hébreux Alhah rjubnr leo- : et contre plusieurs superstitions de son époque.
lam, Adonai : « Vous êtes puissant et éternel, On croyait de son temps que les sorciers fai-
Seigneur. » Ce charme seulement em- n'était pas saient les tempêtes, qu’ils étaient maîtres de la
ployé par les Juifs et les cabatislcs, quelques grêle et des intempéries. Ainsi , évê-
dit le saint
chrétiens hérétiques s'en sont armés souvent que, on ôte à Dieu son pouvoir tout- puissant
pour combaltr#les démons. L’usage en était fré- pour le donner à des hommes. Il éclaira donc
quent au seizième siècle *, et plusieurs livres ma- son diocèse, et il est bon de remarquer ici que
c'est toujours l'Église qui a le plus constamment
1
Examéron, do Torquémada, traduit par Gabriel combattu les superstitions. Cependant elle a cru
Cliappuis, Tourangeau, sixième journée.
* Leloyer, Dite, et hist. des spectres, liv. III , ch. v.
avec raison aux magiciens et aux maléfices, mais
3 Leloyer, Disc, et hist. des spectres, liv. VIII jamais à leur omnipotence.
ch. vi. Agraféna-Shiganskaia. L’une des maladies

îoogle
,

AG R — 10 — AOU
les plus générales sur les côtes nord-est de la grand succès probablement, puisqu'il mourut
Sibérie, surtout parmi les femmes: c'est une ex- pauvre. Il avait des prétentions à pénétrer
trême délicatesse des nerfs. Cette maladie, ap- l’avenir, et on raconte qu'il promit au connétable
pelée mirak dans ce pays, peut être causée par de Bourbon des succès contre François I", ce qui
le défaut absolu de toute nourriture végétale; était peu loyal, car il était alors le médecin de
mais la superstition l'attribue h l'influence d’une Louise de Savoie. On croit |>ouvoir établir aussi
magicienne nommée Agraféna-Sbiganskaia qui, ,
qu’il avait étudié les arts extranaturels dans ces
bien que morte depuis plusieurs siècles, conti- universités occultes qui existaient au moyen ège.
nue, comme les vampires, à répandre l’effroi Sa Philosophie occulte lui attira des persécu-
parmi les habitants et passe pour s’emparer des tions. On y voit, malgré d’habiles détours, les
malades. —
M. de Wrangel, qui rapporte ce fait traces évidentes de la théurgie. Aussi il a laissé
dans le récit de son expédition au nord-est de la une certaine réputation parmi les pauvres êtres
Sibérie, ajoute que parfois on trouve aussi des qui s'occupent de sciences secrètes , et on a mis
hommes qui souffrent du mirak mais ce sont ; sous son nom de stupides opuscules magiques.
des exceptions. On croyait encore sous Louis XIV qu’il n'était
Agrippa (Henri-Corneille), médecin et philo- pas mort. Voyez sa légende, où il est peut-être
sophe, contemporain d’Érasme, l'un des savants trop ménagé, dans les Légendes infernales.
hommes de son temps, dont on l’a appelé le Aguapa , arbre des Indes orientales dont on
Trisinégiste né à Cologne en 1!|86, mort en
; prétend que l’ombre est venimeuse. Un homme
1535, après une carrière orageuse, chez le rece- vêtu qui s’endort sous cet arbre se relève tout
veur général de Grenoble, et non à Lyon ni dans enflé, et l’on assure qu’un homme nu crève sans
un comme quelques-uns l’ont écrit, il
hôpital, ressource. Les habitants attribuent 5 la méchan-
avait été avec tous les grands personnages et
lié ceté du diable ces cruels effets. Vog. Bûiion-
recherché de tous les princes de son époque. IIpas.
Chargé souvent de négociations politiques, il fit Aguarès, grand-duc de des
la partie orientale
de nombreux voyages, que Thevet, dans ses enfers. Ilmontre sous les traits d'un seigneur
se
Vies des hommes illustres, attribue à la manie à cheval sur un crocodile, l’épervier au poing.
« de faire partout des tours de son métier de
magicien ; ce qui le faisait reconnaître et chasser
incontinent ».

Il fait revenir à la charge les fuyards du parti


qu’il protège et met l'ennemi en déroule. Il donne
A 3 npp».
les dignités, enseigne toutes les langues, et fait
Entraîné par scs études philosophiques dans danser les esprits de la terre. Ce chef des dé-
des excentricités où la magie intervenait, comme mons est de l'ordre des vertus il a sous ses lois
:

de nos jours le magnétisme et le spiritisme , il trente et une légions.

s’est égaré dans la théurgie des néo-platoniciens Aguerre Sous Henri IV, dans
(Pierre d’).

et s’est posé « héritier de l’école d’Alexandrie '. » cette partie des Basses-Pyrénées qu’on appelait

Il a donc fait réellement de la magie comme,


le pays de Labour
1
on (il le procès en sorcel-
,

l'en accusent les démonologues ou du moins il lerie à un vieux coquin de soixante-treize ans
,

l’a tenté. Il s’est occupé aussi de l’alchimie, sans qui se nommait Pierre d’Aguerre , et qui causait
beaucoup de maux par empoisonnements, dits
1
M. Gougenol des Mousseaux : La magie au dix-
neuvième tiède, p. ÎIO.
1
Lapurdum, autrefois, dans la Gascogne.

Digitized by Google
,,

A IG — 11 — AIM
sortilèges. On avait arrêté, en même temps que une divination par les aiguilles.
localités, On —
lui, Marie d’Aguerre et Jeanne d’Agucrre, ses prend vingt-cinq aiguilles neuves; on les met
petites-filles ou ses petites-nièces, avec d’autres dans une assiette sur laquelle on verse de l’eau:
jeunes filles et les sorcières qui les avaient me- Celles qui s’affourchent les unes sur les autres
nées au sabbat. Jeanne d'Aguerre exposa les tur- annoncent autant d'ennemis.
pitudes qui se commettaient dans les grossières On conte qu'il est aisé de faire merveille
orgies où on l’avait conduite ; elle y avait vu le avec de simples aiguilles à coudre, en leur com-
diable en forme de bouc. Marie d'Aguerre déposa muniquant une vertu qui enchante. Kornmann
que le démon adoré au sabbat s’appelait Léo- 1
écrit ceci : « Quant à ce que les magiciens et les
nard, qu'elle l’avait vu en sa forme de bouc sor- enchanteurs font avec l’aiguille dont on a cousu
tir du fond d’une grande cruche placée au milieu le suaire d'un cadavre, aiguille au moyen de la-
de l’assemblée qu’il lui avait paru prodigieuse-
,
quelle ils peuvent lier les nouveaux mariés, cela
ment haut, et qu’à la fin du sabbat il était ren- ne doit pas s'écrire, de crainte de faire naître
tré dans sa cruche. la pensée d'un pareil expédient... »
Deux témoins ayant affirmé qu'ils avaient vu Aiguillette. On appelle nouement de l’aiguil-
Pierre d’Aguerre remplir au sabbat le person- lette un charme qui frappe tellement l’imagina-
nage de maître des cérémonies, qu'ils avaient vu tion de deux époux ignorants ou superstitieux,
le diable lui donner un bâton doré avec lequel qu’il s’élève entre eux une sorte d’antipathie
il rangeait, comme un mestre de camp, les per- dont les accidents sont très-divers. Ce charme
sonnes et les choses , et qu’ils l'avaient vu à la est jeté par des malveillants qui passent pour
lin de l’assemblée rendre au diable son bâton de sorciers ou qui le sont. l'oy. Licatdbes.
commandement', le vieux coquin, qui avait bien Aimant (Magnes), principal producteur de la
d’autres méfaits, fut condamné à mort comme vertu magnétique ou attractive. —
11 y a sur l’ai-

sorcier avéré, l'oy. Bouc et Sabbat. mant quelques erreurs populaires qu’il est bon
Aigle. L’aigle a toujours été un oiseau de pré- de passer en revue. On rapporte des choses ad-
sage chez les anciens. Valèrc- Maxime rapporte mirables, dit le docteur Brown’, d’un certain
que la vue d’un aigle sauva la vie au roi Déjota- aimant qui n’attire pas seulement le fer, mais la
rus, qui ne faisait rien sans consulter les oi- chair aussi. C’est un aimant très-faible, composé
seaux; comme il s’y connaissait, il comprit que surtout de terre glaise semée d’ùn petit nombre
l’aigle qu'il voyait le détournait d’aller loger de lignes magnétiques et ferrées. La terre glaise
dans la maison qu’on lui avait préparée , et qui qui en est la base fait qu’il s'attache aux lèvres,
s'écroula la nuit suivante. •comme l'hématite ou la terre de Lemnos. Les
De profonds savants ont dit que l'aigle a des médecins qui joignent cette pierre à l’aétite lui

propriétés surprenantes, entre autres celle-ci, donnent mal à propos la vertu de prévenir les
que sa cervelle desséchée mise en poudre im-
, , avortements.
prégnée de suc de ciguë et mangée en ragoût On a dit de toute espèce d’aimant que l'ail

rend si furieux ceux qui se sont permis ce régal, peut lui enlever sa propriété attractive ; opinion
qu’ils s’arrachent les cheveux et se déchirent , certainement fausse , quoiqu’elle nous ait été
jusqu'à ce qu'ils aient complètement achevé leur transmise par Solin, Pline, Plutarque, Mat-
digestion. Le livre qui contient celte singulière thiole, etc. Toutes les expériences l'ont démen-
1
recette donne pour raison de ses effets que « la tie. Un fil d’archal rougi ,
puis éteint dans le jus
grande chaleur de la cervelle de l'aigle forme ne laisse pas de conserver sa vertu polaire
d'ail, ;

des illusions fantastiques en bouchant les con- un morceau d’aimant enfoncé dans l'ail aura la
duits des vapeurs et en remplissant la tète de même puissance attractive qu'auparavanl; des
fumée ». C'est ingénieux et clair. aiguilles laissées dans l’ail jusqu’à s'y rouiller
On donne en alchimie le nom d'aigle à diffé- n’en retiendront pas moins cette force d'attrac-
rentes combinaisons savantes. Vaiyle céleste est tion. On doit porter le même jugement de celte
une composition do mercure réduit en essence autre assertion, que lediamanl a la vertu d’empê-
qui passe pour un remède universel l 'aigle de ; cher l'attraction de l’aimant. Placez un diamant
î’énus est une composition de vert-de-gris et de (si vous en avez) entre l’aimant et l'aiguille,
sel ammoniac , qui forment un safran l 'aigle ; vous les verrez se joindre, dussent-ils passer
noir est une composition de celle cadmie véné- par-dessus la pierre précieuse. Les auteurs que
neuse qui se nomme cobalt, et que quelques al- nous combattons ont sûrement pris pour des
chimistes regardent comme la matière du mer- diamants ce qui n'en était pas.
cure philosophique. Mettez sur la même ligne, continue Brown,
Aiguilles. On pratique ainsi, dans quelques cette autre merveille contée par certains rab-
bins, que les cadavres humains sont magnéti-
* Débiter*, Tableaude l'inconstance desdémons, elc.,
liv. II, discours iv.
* Les admirables secrets d’Albert le Grand, liv. II, 1
De mirac. mortuor., pars V, cap. xxit.
ch. ni. (Livre supposé.) 9 Essai sur les erreurs, etc., liv. Il, ch. III.

by Google
AIM — 12 — AKB
qucs, et que, s'ils sont étendus dans un bateau, lui ont donné encore une attraction d’un ordre
le bateau tournera jusqu'à ce que la tête du différent, la vertu de tirer la douleur de toutes
corps mort regarde le septentrion. — François les parties du corps ; c’est ce qui a fait ériger
Rubus, qui avait une crédulité très-solide, reçoit l’aimant en philtre.
comme de ces faits inexplica-
vrais la plupart On que l’aimant resserre les nœuds
dit aussi
bles. Mais tout ce qui tient du prodige, il l’attri- de l'amitié paternelle et de l’union conjugale en ,

bue au prestige du démon', et c’est un moyen même temps qu'il est très-propre aux opérations
facile de sortir d’embarras. magiques. Les basilidiens en faisaient des talis-
Disons un mot du tombeau de Mahomet. mans pour chasser démons. la» fables qui
les
Beaucoup de gens croient qu’il est suspendu à , regardent les vertus de cette pierre sont en
Médine entre deux pierres d'aimant placées,
, grand nombre. Dioscoridc assure qu’elle est
avec art, l'une au-dessus et l’autre au-dessous; pour les voleurs un utile auxiliaire quanti ils ;

mais ce tombeau est de pierre comme tous les veulent piller un logis, dit-il, ils allument du
autres, et bâti sur le pavé du temple. On lit — feu aux quatre coins, et y jettent des morceaux
quelque part, à la vérité, que les mahomélans d’aimant. La fumée qui en résulte est si incom-
avaient conçu un pareil dessein ce qui a donné ; mode, que ceux qui habitent la maison sont for-
lieu à la fable que le temps et l’éloignement des cés de l’abandonner. Malgré l’absurdité de cette
lieux ont fait passer pour une vérité, et que l’on fable mille ans après Dioscoride
, elle a été ,

a essayé d'accréditer par des exemples. On voit adoptée par les écrivains qui ont compilé les
dans Pline que l’architecte Dinocharès commença prétendus secrets merveilleux d’Albert le Grand.
de voûter, avec des pierres d’aimant, le temple Maison ne trouvera plus d’aimant comparable
d'Arsinoé à Alexandrie alin de suspendre en
,
à celui de Laurent Guasins. Cardan affirme que
l’air la statue de celte reine il mourut sans
; armes frottées
toutes les blessures faites avec des
avoir exécuté ce projet, qui eut échoué. — Rufin de cet aimant ne causaient aucune douleur.
conte que, dans temple de Sérapis, il y avait
le Encore une fable : je ne sais quel écrivain as-
un chariot de fer que des pierres d’aimant te- sez grave a dit que l’aimant fermenté dans du
naient suspendu que ces pierres ayant été
;
sel produisait et formait le petit poisson appelé
ôtées, le chariot tomba et se brisa. Bède rap- rémore, lequel possède la vertu d’attirer l’or du
porte également, d’après des contes anciens, puits le plus profond. L’auteur de cette recette
que le cheval de Bellérophon , qui était de fer, j
savait qu’on ne pourrait jamais le réfuter par
fut suspendu entre deux pierres d'aimant. l’expérience et c’est bien dans ces sortes de
C'est sans doute à la qualité minérale de l’ai- choses qu’il ne faut croire que les faits éprouvés.
mant qu'il faut attribuer ce qu’assurent quel- Aimar. foy. Baguette divinatoire.
ques-uns, que les blessures faites avec des armes Ajournement. On croyait assez généralement
aimantées sont plus dangereuses cl plus difficiles autrefois que, si quelque opprimé, au moment
à guérir, ce qui est détruit par l'expérience les ;
de mourir, prenait Dieu pour juge, et s’il ajour-
incisions faites par des chirurgiens avec des in- nait son oppresseur au tribunal suprême il so ,

struments aimantés ne causent aucun mauvais faisait toujours une manifestation du gouverne-
effet. Rangez dans la même classe l'opinion qui ment temporel de la Providence. Le mot tou-
fait de l’aimant un poison, parce que des auteurs jours est une témérité, car on ne cite que quel-
le placent dans le catalogue des poisons. Gardas ques faits à l’appui de cette opinion. Le roi de
de Huerta, médecin d'un vice-roi espagnol, rap- Castille Ferdinand IV fut ajourné par deux gentils-
porte au contraire que les rois de Ceylan avaient hommes injustement condamnés, et mourut au
coutume de se faire servir dans des plats de bout de trente jours. ÉnéasSylvius raconte, etc’est
pierre d'aimant, s’imaginant par là conserver encore un fait constaté, que François I", duc de
leur vigueur. Bretagne, ayant fait assassiner son frère(cn 1/|50),
On ne peut attribuer qu'à la vertu magnétique ce prince, en mourant, ajourna son meurtrier
ce que dit .Etius que si un goutteux tient quel-
, devant Dieu, et que le duc expira au jour fixé
que temps dans sa main une pierre d'aimant, il Nous ne mentionnerons ici l’ajournement du
ne se sent plus de douleur, ou que du moins il grand maître des templiers, que l’on a dit avoir
éprouve un soulagement. C’est à la même vertu cité le pape et le roi au tribunal de Dieu que ,

qu'il faut rapporter ce qu’assure Marcellus Em- pour faire remarquer au lecteur que cet ajour-
pirions, que l’aimant guérit les maux de tète. nement a été imaginé longtemps après le supplice
Ces effets merveilleux ne sont qu’une extension de ce grand maître, f oy. Templiers.
gratuite de sa vertu attractive, dont tout le monde Akbaba, vautour qui vit mille ans en se
convient. Les hommes , s'étant aperçus de cette
force secrète qui attire les corps maguéliques,
1
Brown, au lieu cité.
s Vovez. dans les Légendes des Femmes dans la vie

réelle f‘ ajournement de la femme du comte Alarcos,


,

1
Discours sur les pierres précieuses dont il est fait et la légende de l'ajournement dans les Légendes des
mention dans l'Apocalypse. Vertus théologales el cardinales.

Digitized Google
; ,

A K1I — 13 — ALB
nourrissant de cadavres. C’est une croyance son temps, suivant lequel, lorsque Alaric voulut
turque. envahir la Sicile il fut repoussé par une statue
,

mystérieuse qui lui lançait des llainmes par l’un


de ses pieds et des jets d'eau par l'autre. Il se
retira à Cosenza où il mourut subitement peu
,

de jours après (an A10).


Alary (François), songe-creux qui a fait im- ,

primer à Rouen en 1701, la Prophétie du comte


,

Bombaste, chevalier de la Itosc-Croix, neveu de


Paracelse, publiée en l’année 1609, sur la nais-
sance de Louis le Grand.
Alastor, démon sévère, exécuteur suprême
des sentences du monarque infernal. Il fait les
fonctions de Némésis. Zoroaslrc l'appelle le bour-
reau ; Origènc dit que c'cst le même qu’Azazcl ;

Akhmin. de la moyenne Thébaidc qui


Ville ,

avait autrefois le renom d'être la demeure des


plus grands magiciens'. Paul Lucas parle, dans
son second voyage s du serpent merveilleux,

d’Akhmin, que les musulmans honorent comme


un ange, et que les chrétiens croient être le dé-
mon Asmodée. l'oy. [Iaiiidi.
Akiba rabbin du premier siècle de notre ère,
,

précurseur de Bar Cokébas ’. De simple berger,


poussé par l’espoir d’obtenir la main d’une jeune
lille dont il était épris, il devint un savant re-

nommé. Les Juifs disent qu’il fut instruit par les


esprits élémentaires, qu’il savait conjurer, et
qu'il eut, dans ses jours d'éclat ,
jusqu’à quatre-
vingt mille disciples... On croit qu’il est auteur
du Jelzirah, ou livre de la création , attribué
aussi par les uns à Abraham et par d'autres à
,

Adam même.
Akouan démon , ,
géant
qui dans les tradi- ,

tions persanes, luttalongtemps contre Roustam, d'autres le confondent avec l’ange exterminateur.
cl fut enfin, malgré sa masse énorme, tué par
Les anciens appelaient les génies malfaisants
ce héros. —
Roustam est en Perse un personnage alaslores, et Plutarque dit que Cicéron, par haine
que l’on ne peut comparer qu’à Roland chez contre Auguste, avait eu le projet de se tuer
nous. auprès du foyer de ce prince pour devenir son
Alain de l'Isle (
Insulensie ), religieux ber- alastor.
nardin , évêque d’Auxerre au douzième siècle, Albert le Grand, Albert le Teutonique, Al-
auteur vrai ou supposé de Y Explication des pro- bert de Cologne, Albert de Ratisbonne, Albertus
phéties de Merlin Explunntiones in prophetias
( Groins, car on le désigne sous tous ces noms (le
Merlini Angli Francfort, 1608, in-8°). Il com- véritable était Albert de Groot), savant et pieux
posa, dit-on, ce commentaire, en 1170, à l’oc- dominicain mis à tort au nombre des magiciens
,

casion du grand bruit que faisaient alors lcsdilcs par les démonographes, fut, dit-on, le plus cu-
prophéties. rieux de lotis les hommes. Il naquit dans-la
Un autre Alain ou Alanus, qui vivait dans le Somalie , à Lawigen sur le Danube, en 1205. D’un
même siècle, a laissé pour les alchimistes un esprit fort grossier dans son jeune âge, il devint,
livre intitulé Dicta de lapide philosophico in-8'; à la suite d’une vision qu'il eut de la sainte Vierge,
Leydc, 1600. qu'il servait tendrement et qui lui ouvrit les yeux
Alaric, roi des Golhs et premier roi du pre- de l’esprit l’un des plus grands docteurs de son
,

mier royaume d'Italie (car il y en a eu quatre siècle. Il fut le maître de saint Thomas d'Aquin.
avant nos jours, et aucun n’a pu durer). Olym- Vieux, il retomba dans la médiocrité, comme
piodore nous a conservé un récit populaire de pour montrer qu’évidemmcnl son mérite et sa
science étendue n’étaient qu’un don miraculeux
1
D'Hcrbelot
3 Liv. V, t.
,
Bibliothèque orientale.
Il, p. 83.
et temporaire. — D’anciens écrivains ont dit,
3 Voyez la légende de Bar-Cokébas, dans les Lé- après avoir remarqué la dureté naturelle de sa
gendes de l'Ancien Testament. conception ,
que d’âne il avait été transmué en

Digitized by Google
, ,,

Al.B — 14 - ALR
philosophe; puis,' ajoutent-ils, de philosophe il plusieurs traités sur les vertus des herbes des ,

redevint âne *. pierres précieuses et des animaux etc., augmen- ,

Albert le Grand
évêque de Ralisbonne et tés d'un abrégé curieux de la physionomie et
fut ,

mourut saintement à Cologne, âgé de quatre- d’un préservatif contre la peste, les fièvres ma-
vingt-sept ans. Ses ouvrages n’ont été publiés lignes, les poisons et l’infection de l'air, tirés et
qu’en 1651 ; ils forment vingt et un volumes in- traduits des anciens manuscrits de l'auteur qui
folio. En les parcourant, on admire un savant n’avaient pas encore paru, etc., in-18, in-24,
chrétien on ne trouve jamais rien qui ait pu in-12. Excepté du bon sens, on trouve de tout
;

ie charger de sorcellerie. Il dit formellement dans ce fatras, jusqu’à un traité des fientes qui,
au contraire « Tons ces contes de démons qu’on «quoique viles [et méprisables, sont cependant
:

» voit rôder dans les airs, et de qui on tire le »cn estime, si on s’en sert aux usages pres-
» secret des choses futures, sont trop souvent ncrits (les engrais) ». Le récollecteur de ces
» des absurdités ou des fourberies * » . —
C’est secrets débute par une façon de prière; après
qu’on a mis sous son nom des livres de secrets quoi il donne la pensée du prince des philosophes,
merveilleux, auxquels il n’a jamais eu plus de lequel pense que l’homme est ce qu’il y a de
part qu’à l’invention du gros canon et du pistolet meilleur dans le monde attendu la grande sym- ,

que lui attribue Matthieu de Luna. pathie qu'on découvre entre lui et les signes du
Mayer dit qu’il reçut des disciples de saint Do- ciel, qui est au-dessus de nous, et par consé-
minique le secret de la pierre philosophale, et quent nous est supérieur.
qu’il le communiqua à saint Thomas d’Aquin Le livre I" traite principalement et de la ma-
; ,

qu’il possédait une pierre marquée naturellement nière la plus inconvenante, de l’influence des
d’un serpent, et douée de cette vertu admirable, planètes sur la naissance des enfants du mer- ,

que si on la mettait dans un lieu fréquenté par veilleux effet des cheveux de la femme, des
des serpents elle les attirait tous qu’il em- monstres, de la façon de connaître si une femme
, ;

ploya pendant trente ans toute sa science de enceinte porte un garçon ou une fille, du venin
, ,

magicien et d’astrologue à faire, de métaux bien que les vieilles femmes ont dans les yeux sur- ,

choisis et sous l’inspection des astres un auto- tout si elles y ont de la chassie, etc. Toutes ces
,

mate doué de la parole qui lui servait d’oracle rêveries grossières sont fastidieuses absurdes cl
, ,

et résolvait toutes les questions qu’on lui propo- fort sales. On voit au livre II les vertus de cer-
sait c’est ce qu’on appelle l'androïde d'Albert le
: taines pierres, de certains animaux, et les mer-
Grand; que cet automate fut anéanti par saint veilles du monde , des planètes et des astres. —
Thomas d’Aquin , qui le brisa h coups de bâton Le livre III présente l'excellent traité des fientes,
dans l'idée que c’était un ouvrage ou un agent de singulières idées sur les urines les punaises ,

du diable. On sent que tous ces petits faits sont les vieux souliers et la pourriture; des secrets
des contes. On a donné aussi à Virgile au pape pour amollir le fer, pour manier les métaux
,

Sylvestre II à Roger Bacon, de pareils androïdes.


,
pour dorer l’étain et pour nettoyer la batterie
Vaucanson a montré que c’était un pur ouvrage de cuisine. Le livre IV est un traité de physiogno-
de mécanique. monie avec des remarques savantes, des obser- ,

Une des plus célèbres sorcelleries d'Albert le vations sur les jours heureux et malheureux,
Grand eut lieu à Cologne. Il donnait un banquet des préservatifs contre la fièvre, des purgatifs,
dans son cloître à Guillaume II comte de Hol- des recettes de cataplasmes et autres choses de
,

lande et roi des Romains c’était dans le cœur de même nature. Nous rapporterons en leur lieu ce
;

l'hiver; la salle du festin présenta, à la grande qu'il y a de curieux dans ces extravagances, et

surprise de la cour, la riante parure du prin- le lecteur, comme nous, trouvera étonnant qu’on
temps; mais, ajoute-t-on, les fleurs se flétrirent vende chaque année par milliers d'exemplaires
à la fin du repas. A une époque où l’on ne les secrets d’Albert le Grand aux habitants mal-
connaissait pas les serras chaudes, l'élégante avisés des campagnes.
prévenance du bon et savant religieux dut Le solide Trésor du Petit Albert, ou secrets
surprendre. —
Ce qu'il appelait lui-même ses merveilleux de la magie naturelle et cabalistique,
opérations magiques n’était ainsi que de la magic traduit exactement sur l’original latin intitulé
blanche. Albcrti Parvi Lucii liber de mirabilibus nalurce
Finissons en disant que son nom d'Albert le arcanis, enrichi de figures mystérieuses et la
Grand n’est pas unnom de gloire, mais la simple manière de les faire (ce sont des figures de ta-
traduction de son nom de famille, Albert de Groot. lismans). Lyon, chez les héritiers de Beringos
On lui attribue donc le livre intitulé les Ad- fratres, à l’enseigne d’Agrippa. In-18, 6516 (an-
mirable! secret t et Albert le Grand, contenant née cabalistique). —Albert le Grand est égale-
ment étranger à cet autre recueil d'absurdités
plus dangereux que le premier, quoiqu'on n’y
1
Voyez, dans les Légendes de la sainte Vierge, la
Vision de l'Ecolier.
trouve pas, comme les paysans se l’imaginent,
z De somn. et vig., lib. 1U, tract. 1, cap. vm. les moyens d'évoquer le diable. On y voit la

by Google
,

ALB — 15 — ALB
manière de nouer et de dénouer l'aiguillette, la toutes niaient la résurrection de la chair, l’enfer
composition de divers philtres, l’art de savoir en et le purgatoire, disant que nos âmes n’étaient
songe qui on épousera des secrets pour faire
, que des démons logés dans nos corps en châti-
danser, pour multiplier les pigeons, pour gagner ment de leurs crimes. —
Les Albigeois avaient
au jeu pour rétablir le vin gâté pour faire des
, ,
pris, dès la fin du douzième siècle, une effrayante
talismans cabalistiques ,
découvrir les trésors , se consistance. Ils tuaient les prêtres et les moines
servir de la main do gloire , composer l’eau ar- brûlaient les croix, détruisaient les églises. De
dente et le feu grégeois, la jarretière et le bâton si odieux excès marquaient leur passage, que,
du voyageur, l’anneau d'invisibilité, la poudre les remontrances et les prédications étant vaines,
de sympathie , l'or artificiel et enfin des remèdes
, il fallut faire contre eux une croisade, dont
contre les maladies, et des gardes pour les trou- Simon de Montfort fut le héros. On a dénaturé
peaux. Voy. ces divers articles. et faussé par les plus insignes mensonges l’his-
Albert d'Alby, auteur de l'Oracle parfait. toire de cette guerre sainte *; on a oublié que,
Voy. Cartomancie , à la fin. si triomphé, l’Europe re-
les Albigeois eussent
Albert de Saint-Jacques, moine du dix-sep- tombait dans la plus affreuse barbarie. Il est vrai
tième siècle, qui publia un livre intitulé Lu- que leurs défenseurs sont les protestants, héri-
mière aux vivante par l'expérience det morte, ou ritiers d’un grand nombre de leurs erreurs, et
diverses apparitions des âmes du purgatoire en les philosophes, amateurs assez souvent de leurs
notre siècle, ln-8", Lyon, 1075. désordres.
Albigeois, fusion de manichéens très-per- Albigerius. Les démonographes disent que
dans le Languedoc,
fides, dont l'hérésie éclata les possédés, par le moyen du diable, tombent
quelquefois dans des extases pendant lesquelles
leur âme voyage loin du corps, et fait à son re-
tour des révélations de choses secrètes. C’est
ainsi, comme dit Lcloyer, que les corybantes
devinaient et prophétisaient, phénomènes que
le somnambulisme expliquerait peut-être. Saint
Augustin parle d’un Carthaginois, nommé Albi-
gerius, qui savait par ce moyen tout ce qui se
faisait hors de chez lui. Chose plus étrange , à la

suite de ses extases, il révélait souvent ce qu’un


autre songeait dans le plus secret de sa pensée.
Saint Augustin cite un autre frénétique qui,
dans une grande fièvre, étant possédé du mau-
vais esprit, sans extase, mais bien éveillé, rap-
portait fidèlement tout ce qui se faisait loin de
lui. Lorsque le prêtre qui le soignait était à six

lieues de la maison , le diable , qui parlait par la


bouche du malade, disait aux personnes pré-
sentes en quel lieu était ce prêtre à l’heure où il
parlait et ce qu’il faisait, etc. On prétend que
Cagliostro en faisait autant. Ces choses-là sont
surprenantes. Mais l’âme immortelle , suivant la

remarque d’Aristote ,
peut quelquefois voyager
sans le corps *.

Albinos. Nom que les Portugais ont donné à


des hommes d’une blancheur extrême ,
qui sont
et eut pour centre Albi. Ils admettaient deux ordinairement enfants de nègres. Les noirs les
principes, disant que Dieu avait produit de lui- regardent comme des monstres , et les savants ne
même Lucifer, qui était ainsi son fils aîné; que savent à quoi attribuer cette blancheur. Les al-
Lucifer, fils de Dieu, s’élait révolté contre lui; binos sont pâles comme des spectres leurs yeux, ;

qu’il une partie


avait entraîné dans sa rébellion faibles et languissants pendant le jour, sont bril-

des anges; vu alors chassé du ciel


qu’il s’était lants à la clartéde la lune. Les noirs, qui don-
avec ses complices; qu’il avait, dans son exil, nent aux démons la peau blanche regardent les ,

créé ce monde que nous habitons, où il régnait albinos comme des enfants du démon. Ils croient
et où tout allait mal. Ils ajoutaient que Dieu, qu’ils peuvent les combattre aisément pendant

pour rétablir l’ordre, avait produit un second le jour, mais que la nuit les albinos sont les plus

fils, qui était Jésus-Christ. 1


Voyez, dans les Lèyendes des Croisades, la croi-
Ce singulier dogme se présentait avec des va- sade contre les Albigeois.
suivant les différentes sectes. Presque 3 Leloycr, Bist. et dise, des spectres, liv. IV.
riétés,

Digittëed by Google
, , ,

ALB — 16 — ALC

forts et se vengent. Dans le royaume de Loango, d’ignorance. —


A son nom arabe Aleendi, qu’on
passent pour des démons champêtres a latinisé, quelques-uns ajoutent le prénom de
les albinos
et obtiennent quelque considération à ce titre.
Jacob ; on croit qu’il était mahométan. On lui —
Vossius dit qu'il y a dans la Guinée des peu- reproche d’avoir écrit des absurdités. Par exem-
plades d'albinos. Mais comment ces peuplades ple, il pensait expliquer les songes en disant

subsisteraient-elles, s’il est vrai que ces infortu- qu’ils sont l'ouvrage des esprits [élémentaires

nés ne se reproduisent point? qui se monlrent â nous dans le sommeil et nous

Il paraît que les anciens connaissaient


les al- représentent diverses actions fantastiques, comme
« On assure, dit Pline, qu’il existe en des acteurs qui jouent la comédie devant le pu-
binos.
blic; ce qui n'est peut-être pas si bêle.
Albanie des individus qui naissent avec des che-
veux blancs, des yeux de perdrix, et ne voient Alcoran. l’oy. Koiian.
clair que pendant la nuit. » Il ne dit pas que ce
Alcyon. Une vieille opinion, qui subsiste en-
soit une nation, mais quelques sujets affectés core chez les habilanlsdes côtes, c'est que l'alcyon

d'une maladie particulière. « Plusieurs animaux ou martin-pêcheur est une girouette naturelle, et
ont aussi leurs albinos ajoute M. Saignes ; les,

naturalistes ont observé des corbeaux blancs,


des merles blancs, des taupes blanches; leurs
yeux sont rouges, leur peau est plus pâle et leur
organisation plus faible *. »

Alborak. l'oy. Borak.


Albumazar ,
astrologue du neuvième siècle
né dans lu Khorasson, connu par son traité

astrologique intitulé Milliers d'années où il


affirme que le moude n'a pu être créé que que, suspendu par le bec, il désigne le côté d'où
quand les sept planètes se sont trouvées en con- vient le vent, en tournant sa poitrine vers ce
jonction dans le premier degré du Bélier, et que point de l'horizon. Ce qui a mis cette croyance
la fin du monde aura lieu quand ces sept pla- en crédit parmi le peuple, c'est l'observation
nètes, qui snnt aujourd’hui (en 1862) au nombre qu’on a faite que l’alcyon semble étudier les vents
de cinquante et une , se rassembleront dans-le et les deviner lorsqu’il établit son nid sur les
dernier degré des Poissons. On a traduit en la- flots, vers le solstice d'hiver. Mais cette prudence
tin et imprimé d'Albumazar le Trac talus florum est-elledans l’alcyon une prévoyance qui lui soit
astrologia in- A", Augsbourg, 1688. On peut particulière? N’est-ce pas simplement un instinct
Diblioth. arab. hispan., 1",
voir dans Casiri ,
t.
de la nature qui veille à la conservation de celte
p. 351 , le catalogue de ses ouvrages. espèce? t Bien des choses arrivent, dit Brown,
Albunée ,
sibylle célèbre. On voit encore son parce que le premier moteur l’a ainsi arrêté et ,

temple à Tivoli, en ruines, il est vrai. l'oy. St- la nature les exécute par des voies qui nous sont
BYLLES. inconnues. »
Alchabitius. l'oy. Abd-el-Azys. une ancienne coutume de conser-
C'est encore
Alchimie. L'alchimie ou chimie par excel- ver les alcyons dans des coffres avec l'idée qu’ils
,

lence, qui s’appelle aussi philosophie hermétique, préservent des vers les étoffes de laine. On n’eut
est celte partie éminente de la chimie qui s’oc- peut-être pas d'autre but en les pendant au pla-
cupe de l’art de transmuer les métaux. Son résul- fond des chambres. « Je crois même, ajoute
tat, en expectative, est la pierre philosophale. Brown qu'en les suspendant par le bec on n'a
,

l'oy. Pierre philosophale et Gobineau. pas suivi la méthode des anciens, qui les suspen-
!
Alchindus, que Wierus met au nombre des daient par le dos, afin que le bec marquât les
magiciens, mais que Delrio’ se contente de ran- vents. Car c’est ainsi que Kirker a décrit l'hiron-
ger parmi les écrivains superstitieux, était un delle de mer. » Disons aussi qu’autrefois, en con-
médecin arabe du onzième siècle qui employait servant cet oiseau , on croyait que ses plumes se
comme remède charmées et les com-
les paroles renouvelaient comme s'il eût été vivant, et c’est
binaisons de chiffres. Des démonologues l’ont ce qu’ Albert le Grand espéra inutilement dans ses
déclaré suppôt du diable, à cause de son livre in- expériences*.
titulé Théorie des arts magiques, qu’ils n'ont Outre les dons de prédire le vent et de chasser
point lu. Jean Pic de la Mirandole dit qu’il ne les vers, on attribue encore â l’alcyon la pré-
connaît que trois hommes qui se soient occupés cieuse qualité d'enrichir son possesseur, d'entre-
de la magie naturelle et permise Alchindus, :
tenir l’union dans les familles et de communiquer
Roger Bacon et Guillaume de Paris. Alchindus labeauté aux femmes qui portent ses plumes. Les
était simplement un peu physicien dans des temps Tarlares et les Ostiaks ont une très-grande véné-
1
Des erreurs
et des préjugés, etc., 1. 1, p. 479.
ration pour cet oiseau. Ils recherchent ses plumes
2 prœstigiis, lib. Il, cap. m.
De
* Disquisit. mayica, lib. I , cap. m. 1
Brown, Erreurs populaires, liv. III, ch. X.

Digitized by Google
,

ALD — 17 — ALE
avec empressement, les jettent dans un grand mencèrent par dresser un trépied de racines et
vase d'eau gardent avec soin celles qui surna-
,
de rameaux de laurier, qu’ils consacrèrent par
gent, persuadés qu'il suffit de toucher quelqu’un d’horribles imprécations; sur ce trépied ils pla-
avec ces plumes pour s'en faire aimer. Quand un cèrent un bassin formé de différents métaux, et
Ostiak est assez heureux pour posséder uu alcyon ils rangèrent autour, à distances égales, toutes

il en conserve le bec les pattes èt la peau qu'il


, les lettresde l'alphabet. Alors le myslagogue le
,

met dans une bourse, et, tant qu’il porte ce tré- plus savant de la compagnie s’avança enveloppé ,

1
sor, il se croit à l'abri de tout malheur C'est . d'un long voile, la tête rasée, tenant è la main
pour lui un talisman comme les fétiches des nè- des feuilles de verveine, et faisant h grands cris
gres. l’oy. Ame damnée. d’effroyables invocations qu’il accompagnait de
Aldon. l'oy. Crusses. convulsions. Ensuite , s’arrêtant tout à coup de-
Alectorienne (Pierre), l'oy. Coq. vant le bassin magique, y resta immobile, tenant
il

Alectryomancie uu Alectromancie. Divina- un anneau suspendu par un lil. C’était de la dac-


tion par le moyen du coq usitée chez les anciens.
, tylomancie. A peine il achevait de prononcer les
paroles du sortilège, qu’on vit le trépied s'ébran-
ler, l'anneau se remuer, et frapper tantôt une

lettre tantôt une autre. A mesure que ces lettres


,

étaient ainsi frappées, elles allaient s’arranger


d’elles- mêmes, à côlé l'une de l’autre, sur une
table où elles composèrent des vers héroïques
qui étonnèrent toute l'assemblée.
Yalens, informé de celte opération , et n’aimant
pas qu'on interrogeât les enfers sur sa destinée,
punit les grands et les philosophes qui avaient
assisté à cet acte de sorcellerie : il étendit même
la proscription sur tous les philosophes et tous
les magiciens de Home. Il en péril une multitude ;

Voici quelle était leur méthode : — Ou traçait sur et les grands, dégoûtés d'un art qui les exposait
le sable un cercle que l’on divisait en vingt-quatre à des supplices, abandonnèrent la magie à la po-
espaces égaux. On
dans chacun de ces
écrivait pulace et aux vieilles, qui ne la firent plus servir
espaces une lettre de l’alphabet on mettait sur ; qu’à de petites intrigues et à des maléfices subal-
chaque lettre un grain d'orge ou de blé ; on pla- Coq, Mariage, etc.
ternes. l'oy.
çait ensuite au milieu du cercle un coq dressé Alès Alexandre), ami de Mélanchthon, né en
à ce manège ; on observait sur quelles lettres il 1500 à Edimbourg. Il raconte que, dans sa jeu-
enlevait le grain; on en suivait l'ordre, et ces nesse, étant monté sur le sommet d'une très-
lettres rassemblées formaient un mot qui donnait, haute montagne, il fit un faux pas et roula dans
la solution de ce que l’on cherchait à savoir. Des un précipice. Comme il était près de s’y englou-
devins, parmi lesquels on cite Jamblique, vou- tir, il se sentit transporter en tin autre lieu, sans
lant connaître le successeur de l'empereur Valons, savoir par qui ni comment , et se retrouva sain et
employèrent l’alectryomancie ; le coq tira les sauf, exempt de contusions et de blessures. Quel-
lettres Tbéod... Valons, instruit de celle particu- ques-uns attribuèrent ce prodige aux amulettes
larité, fit mourir plusieurs des curieux qui s’en qu'il portait au cou selon l'usage des enfants de
,

étaient occupés, et se défit même, s'il faut en ce temps-là. Pour lui il l'attribue à la foi et aux
,

croire Zonaras, de tous les hommes considé- prières de scs parents, qui n’étaient pas héré-
rables dont le nom commençait par les lettres tiques.
fatales. Mais, malgré ses efforts, son sceptre Alessandro Alessandri, en latin Alexander
passa à Théodose le Grand. Celte prédiction a— ab Alexandra, —
jurisconsulte napolitain, mort
du être faite après coup’. en 1523. Il a publié un recueil rare de disserta-
Ammien-Marcellin raconte la chose autrement. tions sur les choses merveilleuses. Il y parle de
Il dit que sous l’empire de Yalens on comptait prodiges arrivés récemment en Italie, do songes
parmi ceux qui s'occupaient de magic beaucoup vérifiés, d’apparitions et de fantômes qu’il dit
de gens de qualité et quelques philosophes. Cu- avoir vus lui-méme. Par la suite , il a fondu ces
rieux de savoir quel serait le sort de l'empereur dissertations dans son livre Geniaimm dierum,
régnant ils s’assemblèrent la nuit dans une des
, où il raconte toutes sortes de faits prodigieux.
maisons afTeclées h leurs cérémonies ils corn- : l'oy. Possessions et Spectres, et les Légendes det
esprits et démons.
1
M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. III, Aleuromancie, divination qui se pratiquait
p. 37t. avec de la farine. On mettait des billets roulés
1 M. Junquières, dans quatrième chant de son
le
poeme intitulé Caquet-Bonber, ou la Poule à ma dans un tas de farine on les remuait neuf fois ;

tante, a fait un spirituel usagodo celle divination. confusément. On partageait ensuite la masse aux
*
,

ALE — 18 — ALE
differents curieux, et chacun se faisait un thème dans le monde, de quelques dons
se pousser
selon les billets qui lui étaient échus. Chez les qu'il de la nature. Il avait le teint net
tenait
païens, Apollon était appelé Aleuroinanlis, parce l’œil vif, la voix claire, la taille belle, peu de
qu'il présidait à cette divination. Il en reste quel- barbe et peu do cheveux, mais un air gracieux
ques vestiges dans certaines localités, où l'on cl doux. 11 s’attacha, presque enfant, à une
emploie le son au lieu de farine. C’est une amé- sorte de magicien qui débitait des philtres pour
lioration. produire l’affection ou la haine, découvrir les
Alexandre le Grand, roi de Macédoine, etc. trésors, obtenir les successions, perdre ses enne-
Il a été le sujet de légendes prodigieuses chez mis, et autres résultats de ce genre. Cet homme,
les Orientaux, qui ont sur lui des contes immen- ayant reconnu dans Alexandre un esprit adroit,
ses. Ils l’appellent Iskender. Les démonographes l’initia à scs secrets. Après la mort du vieux
disent qu’ Aristote lui magie les ca- jongleur, Alexandre sc lia avec un certain Coc-
enseigna la ;

balistcs lui attribuent un livre sur les propriétés conas, homme malin, et ils parcoururent ensem-
des éléments les rabbins écrivent qu'il eut un ble divers pays, étudiant l'art de faire des dupes.
;

songe qui l'empêcha de maltraiter les Juifs, Ils rencontrèrent une vieille dame riche, que
lorsqu’il voulut entrer eu conquérant dans Jéru- leurs prétendus secrets charmèrent et qui les ,

salem. fit voyager à ses dépens depuis la Bithynie jus-

qu’en Macédoine. —
Arrivés en ce pays, ils re-
marquèrent qu'on y élevait de grands serpents,
si familiers qu’ils jouaient avec les enfants sans

leur faire de mal ils en achetèrent un des plus


;

beaux pour les scènes qu’ils se proposaient de


jouer. Ils se rendirent à Abonotique, où lus es-
prits étaient grossiers, et là ils cachèrent des
laines de cuivre dans un vieux temple d'Apollon
qu’on démolissait. Ils av aient écrit dessus qu’Es-
culape et son père viendraient bientôt s’établir
dans la ville.
Ces lames ayant été trouvées, les habitants se
hâtèrent do décerner un temple à ces dieux, et
ils en creusèrent les fondements. —
Cocconas
mourut alors de la morsure d’une vipère.
Alexandre se hâta do prendre son rôle et , se ,

déclarant prophète, il se montra avec une lon-

gue chevelure, une robe de pourpre rayée de


blanc; il tenait dans sa main une faux, comme
on en donne une à Persée dont il prétendait
,

descendre du côté de sa mère il publiait un


;

oracle qui le disait fils de Podalyre lequel à la


, ,

manière des dieux du paganisme, avait épousé


La ligure d'Alexandre le Grand, gravée en
sa mère en sécrel. Il faisait débiter en même
manière de talisman sous certaines influences,
temps une prédiction d’une sibylle qui portait
passait autrefois pour un excellent préservatif.
que des bords du Ponl-Euxin il viendrait un libé-
Dans la famille des Macriens, qui usurpèrent
rateur d'Ausonie.
l’empire du temps de Valérien, les hommes por-
taient toujours sur eux la figure d'Alexandre les
Dès qu'il sc crut convenablement annoncé, il
;
parut dans Abonotique, où il fut accueilli comme
femmes en ornaient leur coiffure, leurs brace-
un dieu. Pour soutenir sa dignité, il mâchait la
lets , leurs anneaux. Trebcllius Pollio dit que
racine d'une certaine herbe qui le faisait écumer,
cette figure est d'un grand secours dans toutes
ce que le peuple attribuait à l'enthousiasme di-
les circonstances de la vie si on la porte eu or
,

vin. 11 avait préparé une tête habilement fabri-


ou en argent... Le peuple d'Antioche pratiquait
cette superstition, que saint Jean Chrysostome
quée, dont les traits représentaient la face d’un
eut beaucoup de peine à détruire’.
homme, avec une bouche qui s'ouvrait et se fer-
mait par un fil caché. Avec celte tête et le ser-
Alexandre de Paphlagonie, imposteur et
pent apprivoisé qu’il avait acheté en Macédoine,
charlatan du genre d'Apollonius de Tyaoe, né
et qu’il cachait soigneusement, il prépara un
au deuxième siècle, en Paphlagonie, dans le
grand prodige. Il se transporta de nuit à l'en-
bourg d’Abonotique. Ses pauvres parents n’ayant
droit où l’on creusait les fondements du temple,
pu lui donner aucune éducation il profita pour , ,
et déposa daus une fontaine voisine un œuf
*Voyez los faits merveilleux attribués à Alexandre d'oie où il avait enfermé un petit serpent qui ve-
le Grand dans les Légendes de l'Ancien Testament. nait de naître. Le lendemain matin, il se rendit

Digitized by Google
ALE — 19 — ALE
sur la place publique, l'air agité, tenant sa faux '
dragon postiche et de l’autre à la bouche d'un
,

à main, et ceint d'une écharpe dorée. U


la homme caché dans une chambre voisine à ;

monta sur un autel élevé, et s’écria que ce lieu moins pourtant qu'il n’y eût dans son fait quel-
était honoré de la présence d’un dieu. A ces que magnétisme. —
Les réponses se rendaient
mots le peuple accouru commença à faire des
, en prose ou en vers, mais toujours dans un stylo
prières, tandis que l'imposteur prononçait des si vague, qu'elles prédisaient également le revers
mots en langue phénicienne, ce qui servait à re- ou le succès. Ainsi l’empereur Marc-Aurèie, fai-
doubler l’étonnement général. 11 courut en- — sant la guerre aux Germains, lui demanda un

suite vers le lieu où il avait caché son œuf, et, oracle. On dit même qu’en 174 il lit venir
entrant dans l’eau il commença à chanter les
, Alexandre à Rome, le regardant comme le dis-
louanges d’Apollon et d’Esculape, et h inviter ce pensateur de l'immortalité. L’oracle sollicité di-
dernier à se montrer aux mortels puis, enfon- ;
sait qu'il fallait, après les cérémonies prescrites,
çant une coupe dans la fontaine, il en retira jeter deux lions vivants dans le Danulic , et
l'œuf mystérieux. Le prenant dans sa main , il qu’ainsi l’on aurait l’assurance d’une paix pro-
s'écria : « Peuples, voici votre Dieu! » Toute la chaine, précédée d’une victoire éclatante. On
foule attentive poussa des cris de joie, en voyant exécuta la prescription. Mais les deux lions tra-
Alexandre casser l'œuf et en tirer un petit ser- versèrent le fleuve à la nage ,
les barbares les
pent qui s’entortilla dans ses doigts. tuèrent, et mirent ensuite l'armée de l’empereur
Chacun se répandit en accents de joie; les uns en déroute; à quoi le prophète répliqua qu'il
demandant au dieu la santé, les autres les hon- avait annoncé la victoire , mais qu'il n'avait pas
neurs ou des richesses. Enhardi par ce suc- — désigné le vainqueur.
cès, Alexandre fit annoncer le lendemain que le One autre fois un illustre personnage lit de-
,

dieu qu’ils avaient vu si petit la veille avait re- mander au dieu quel précepteur il devait donner
pris sa grandeur naturelle. à son lui fut répondu
fils;
il Pylhagore et : —
Il se plaça sur un lit , revêtu de ses habits de Homère. L’enfant mourut quelque temps après.
prophète, et, tenant dans son sein le serpent — L’oracle annonçait la chose, dit le père, en
qu'il avait apporté de Macédoine, il le laissa voir donnant au pauvre enfant deux précepteurs
entortillé autour de son cou et traînant une lon- morts depuis longtemps. S’il eût vécu, on l'eût
gue queue; il en cachait la tête sous son aisselle, instruit avec les ouvrages de Pylhagore et d’Ho-
et faisait paraître à la place la figure humaine mère, et l’oracle aurait encore eu raison.
qu’il avait préparée. Le lieu de la scène était fai- Quelquefois prophète dédaignait d’ouvrir
le

blement éclairé on entrait par une porte et on


;
de la de-
les billets, lorsqu’il se croyait instruit
sortait par une autre sans qu’il fût possible à, , mande par il s'exposait 4 de singu-
ses agenLs;
cause de l'affluence, de s’arrêter longtemps. Ce lières erreurs. il donna un remède pour
Un jour
spectacle dura quelques jours ; il se renouvelait le mal de côté , en réponse 4 une lettre qui lui
toutes les fois qu'il arrivait quelques étrangers. demandait quelle était la patrie d’Homère.
On fit des images du dieu en cuivre et en argent. On ne démasqua point cet imposteur, que
Alexandre , voyant les esprits préparés an- , l’accueil de Marc-Aurèle avait entouré de véné-
nonça que le dieu rendrai! des oracles, et qu’on ration. Il avait prédit qu’il mourrait 4 cent cin-
eut 4 lui écrire des billets cachetés. Alors, s'en- quante ans, d'un coup de foudre, comme Es-
fermant dans le sanctuaire du temple qu'on ve- culapc il mourut dans sa soixante-dixième
:

nait de bâtir, il faisait appeler ceux qui avaient année, d'un ulcère 5 la jambe, ce qui n'empê-
donné des billets, et les leur rendait sans qu’ils cha pas qu’après sa mort il eût, comme un
parussent avoir été ouverts, mais accompagnés demi-dieu, di-s statues et des sacrifices.
de la réponse du dieu. Ces billets avaient été lus Alexandre de Tralles, médecin, né 4 Tral-
avec tant d’adresse qu’il était impossible de s’a- les, dans l’Asie Mineure, au sixième siècle. On
percevoir qu'on eût rompu le cachet. Des es- dit qu'il était très-savant ses ouvrages prouvent;

pions et des émissaires informaient le prophète au moins qu’il était très-crédule. 11 conseillait à
de tout ce qu’ils pouvaient apprendre, et ils l'ai- ses malades les amulettes et les paroles char-
daient à rendre ses réponses qui d’ailleurs ,
mées. Il assure, dans sa Médecine pratique',
étaient toujours obscures ou ambiguës, suivant que la figure d’Hercule étouffant le lion de la
la prudente coutume des oracles. On apportait forêt de Néméc , gravée sur une pierre et en-
des présents pour le dieu et pour le prophète. châssée dans un anneau, est un excellent re-
Voulant nourrir l’admiration par une nouvelle mède contre la colique. Il prétend aussi qu’on
supercherie, Alexandre annonce un jour qu'Es- guérit parfaitement la goutte, la pierre et les
culape répondrait en personne aux questions fièvres par des philactères et des charmes. Cela
qu’on lui ferait cela s’appelait des réponses de
: montre au moins qu'il ne savait pas les guérir
la propre bouche du dieu. On opérait celte autrement.
fraude par le moyen de quelques artères de
grues qui aboutissaient d’un côté il la tête du ' Liv. X, ca. i.
,
*.
; , ,

ALE — 20 — ALL
Alexandre III, roi d'Écosso. Il épousa en que influence sur la vie aux diverses planètes,
1285 Yolettc, fille du comte de Dreux. Le soir chacune régnant à son tour un certain nombre
de la solennité du mariage on vit entrer à la
,
d’années. Voit. Planètes.
fin du bal dans la salle où la cour était assem- Alfs, demi-lutins en Angleterre et dans le

blée un spectre décharné qui se mit à danser, Nord. —


Foy. Elfes.
suivi d’une ombre voilée. Les gambades du Algol. Des astrologues arabes ont donné ce
nom au diable.
Aliorumnas, sorcières qui , bannies par Fé-

limer, roi des Coths ,


avaient dans les déserts
contracté des mariages avec les démons et furent
mères des Huns, des Avares et des Hongrois.
Alice de Télieux, nonne du monastère de
spectre troublèrent les assistants les fêtes fu- ;

Saint-Pierre de Lyon qui s’échappa de son cou-


rent suspendues, et des habiles déclarèrent que ,

mort prochaine du vent au commencement du seizième siècle en


cette apparition annonçait la
,

même année, dans une partie un temps où cette maison avait besoin de ré-
roi. En effet, la
forme mena mauvaise vie et mourut misérable-
de chasse Alexandre , montant un cheval mal
,
,

dressé , fut jeté hors de selle et mourut de la


ment, toutefois dans le repentir. Son âme revint
après sa mort et se manifesta à la manière de
chute'.
Alexandre VI, élu pape en 1492; pontife ce qu’on appelle aujourd’hui les esprits frap-
peurs. Cette histoire a été écrite par Adrien de
qui a été jugé sur un misérable pamphlet laissé
son ennemi Quelques Montalembert aumônier de François I" '.
par un chanoine laïque ,
,

Alkalalal, des Kamlscha-


cris d’allégresse
sots écrivains affirment qu'il avait à scs ordres
dales; ils le répètent trois fois à la fête des ba-
un démon familier, qui passa ensuite aux ordres
de César Borgia. lais, en l’honneur de leurs trois grands dieux
Filiat-Choul-Chi le père; Touila, son fils, et
Alfader, dieu très-important dans la théogo-
Gaêtch, son petit-fils. La fête des balais consiste,
nie Scandinave. Avant de créer le ciel et la
il était prince des géants. Les âmes des chez ces peuples sales, à balayer avec du bou-
terre ,

leau le foyer de leurs cabanes.


bons doivent vivre avec lui dans le Simle ou le
Aliettë. l'oy. Etteila.
Winyolff mais les méchants passent aux mains
d’Héla, qui les envoie au Niflheim, la région des
Allan-Kardec. l’oy. Kardec.
Alléluia, mot hébreu qui signifie louange à
nuages inférieurs au neuvième monde. L’Edda
Dieu. Les bonnes gens disent encore dans plu-
lui donne divers noms Nikar (le sourcilleux),
:

sieurs provinces qu’on fait pleurer la sainte


Svidrer (l'exterminateur), Svider (l'incendiaire),
Oskc (celui qui choisit les morts) , etc. — Le Vierge lorsqu’on chante alléluia pendant le ca-

nom d’ Alfader a été donné aussi à Odin. rême *.

Alfares, génies Scandinaves. Les bons sont 11 y avait à Chartres une singulière coutume.
appelés lias ou lumineux, les méchants docks ou

noirs.
1
La merveilleuse histoire de l'esprit qui depuis
naguère s'est apparu au monastère des religieuses de
Alfridarie, espèce de science qui tient de Saint-Pierre de Lyon, etc., par Adrien de Monla-
l’astrologie et qui attribue successivement quel- lcmticrt, aumônier du roi François 1 er Paris, tôi 8 , .

petit 10- 8“ gothique. Voyez cette légende résumée


1
Hector de Botte, in Aimalibus Scot. dans les Légendes de l'autre monde.
1 3 Thicrs, Traité des superstitions
Voyez son histoire, par M. l'abbé Jorry. .

Digitized by Google
,

A LL — 21 — A LM
A l'époque où l'on en cesse le client , l'Alleluia Bayle raconte l'anecdote suivante ,
pour faire
était personnifié et représenté par une toupie voir qu’il se rencontre des hasards puérils qui
qu'un enfant de chœur jetait au milieu de l'église éblouissent les petits esprits et donnent un cer-
et poussait dans la sacristie avec un fouet. Cela tain crédit à l’astrologie. Guillaume Marcel ,
pro-
s'appelait l’ Alléluia /miellé. fesseur de rhétorique au collège de Lisieux, avait
On appelle trèfle de l'Alleluia une plante qui composé en latin l’éloge du maréchal de Gassion,
donne , temps de Pâques, une petite fleur
vers le mort d’un coup de mousquet au siège de Lcns.
blanche étoilée. Klle passe pour un spécifique Il était près de le réciter en public quand on ,

contre les philtres. représenta au recteur de l’université que le ma-


Allix. Voici un de ces traits qui accusent réchal était mort dans la religion prétendue ré-
l’ignorance et la légèreté des anciens juges de formée, et que son oraison funèbre ne pouvait
parlement. —mathématicien mécanicien
Allix , , être prononcée dans uno université catholique.
et musicien Aix en Provence , vers le
, vivait à Le recteur convoqua une assemblée où il fut
milieu du dix-septième siècle; il fit un squelette résolu à la pluralité des voix que l’observation
, ,

qui, par un mécanisme caché, jouait de la gui- était juste. Marcel ne put donc prononcer son
tare. Bonnet dans son Histoire de la musique
, panégyrique; et les partisans de l’astrologie
page 82, rapporte l’histoire tragique de ce pauvre triomphèrent en faisant remarquer à tout le
savant. Il mettait au cou de son squelette une monde que dans l'almanach de Pierre Larrivey
,

guitare accordée à l'unisson d’une autre qu'il pour cette même année 16/j8, entre autres pré-
tenait lui-méine dans ses mains, et plaçait les dictions, il se trouvait écrit en gros caractères :
doigts de l'automate sur le manche; puis, par LATIN PF.I1DU!
un temps calme et serein, les fenêtres et la porte Almanach du diable, contenant des prédic-
étant ouvertes il s'installait dans un coin de sa
, tions très-curieuses pour les années 1737 et
chambre et jouait sur sa guitare des passages 1738; aux F,nfcrs, in-24. Cette plaisanterie
que le squelette répétait sur la sienne. Il y a lieu contre les jansénistes était l’ouvrage d'un cer-
de croire que l'instrument résonnait â la manière tain Qucsnel, joyeux quincaillier de Dijon, affublé
des harpes éoliennes et que le mécanisme qui , d'un nom que le fameux appelant a tant attristé.
faisait mouvoir les doigts du squelette n’était Elle est devenue rare, attendu qu’elle fut suppri-
pour rien dans la production des sons. (Nous mée pour quelques prédictions trop hardies.
citons M. Fétis sans l'approuver, et nous le ren-
1
Nous ne la citons qu'à cause de son titre. Les
voyons aux automates musiciens de Vaucanson, jansénistes y répondirent par un lourd et stupide
qui n'étaient pas des harpes éoliennes). — Quoi pamphlet dirigé contre les jésuites et supprimé
qu'il en soit ,
poursuit le biographe , ce concert également. Il était Almanach de Dieu,
intitulé
étrange causa de la rumeur parmi la population dédié à M. Carré de Montgeron, pour l’année
superstitieuse de la ville d'Aix ; Allix fut accusé 1738, in-24 ; au Ciel...
de magic , et le son pro-
parlement fit instruire Almoganenses, nom que les Espagnols don-
cès. Jugé par la cliambre il ne de la Tournelle, nent à certains peuples inconnus qui , par le
put faire comprendre que l'elTet merveilleux de vol et le chant des oiseaux, par la rencontre des
son automate n'était que la résolution d'un pro- bêles sauvages et par divers autres moyens, de-
blème mécanique. L'arrêt du Parlement le con- vinaient tout ce qui devait arriver. « Ils con-
damna ù être [vendu et brûlé en place publique, servent avec soin ,
dit Laurent Valla , des livres
avec le squelette complice de ses sortilèges; la qui traitent de celte espèce de science; ils y
sentence fut exécutée en 1 66 » fi . trouvent des règles pour toutes sortes de pro-
Almanach. Nos ancêtres traçaient le cours nostics. Leurs devins sont divisés en deux classes :

des lunes pour toute l'année sur un petit mor- l’une de chefs ou de maîtres, et l'autre de dis-
ceau de bols carré qu’ils appelaient al-mon-agt ciples ou d’aspirants. « —
On leur attribue aussi
(olvscrvation de toutes les lunes) : telles sont, l’art d'indiquer non-seulement par où ont passé
selon quelques auteurs, l'origine des almanachs les chevaux et les autres bêtes de somme éga-
et i'élyuiologie de leur nom. rées, mais encore le chemin qu’auront pris une
D’autres se réclament des Arabes, chez qui ou plusieurs personnes ce qui est très-utile pour
;

al-tnanack veut dire le mémorial. la poursuite des voleurs. Les écrivains qui parlent

Les Chinois passent pour les plus anciens fai- des Almoganenses ne disent ni dans quelle pro-
seurs d'almanachs. Nous n'avons que douze con- vince ni dans quel temps ont vécu ces utiles
stellations; ils en ont vingt-huit. Toutefois leurs devins.
almanachs ressemblent à ceux de Matthieu Laens- Almuchefi, miroir merveilleux. ïoy. Bacon.
berg par les prédictions et les secrets dont ils Almulus (Salomon), auteur d’une explication
sont farcis ’. des songes en hébreu, in-8*. Amsterdam, 16ù2.
1
Biographie universelle des musiciens. annuaires de même nature. Fischer a découvert à
Mayence, en 1 804, un almanach imprimé pour <457,
’ L'almanach de Matthieu Lacnsberg commença à
paraître en <636. Mais avant lui on avait déjà des tout à fait à la naissance de l'imprimerie.

Digitized by Google
ALO — 22 — ALT

Alocer, puissant démon grand-duc aux en- tions, il avait reçu le sceptre de la main de Dieu
,

fers; il se montre vêtu en chevalier, monté sur même en personne.


un cheval énorme ;
sa figure rappelle les traits Alouette. Voy. Casso.
Alp. C'est le nom que les Allemands donnent
au cauchemar.
Alpes. Les Alpes, les Pyrénées et tous les
pays de montagnes ont été chez nous et ailleurs
les principaux foyers de magic. Voy. Sorciers.
Alphitomancie, divination parle pain d'orge.
Celte divination importante est très-ancienne.
Nos pères, lorsqu'ils voulaient dans plusieurs
accusés reconnaître le coupable et obtenir de lui
l’aveu de son crime , faisaient manger à chacun
des prévenus un rude morceau de pain d'orge.
Celui qui l'avalait sans peine était innocent : le
criminel se trahissait par une indigestion C’est
même de cet usage employé dans les épreuves
,

du jugemeutde Dieu, qu'est venue l’imprécation


populaire : « Je veux , si je vous trompe , que ce
morceau de pain m'étrangle 1 »
Voici comment se pratique cette divination,
qui, selon les doctes, n'est d’un effet certain que
du lion; il pour découvrir ce qu'un homme a de caché dans
a le teint enflammé, les yeux ardents;
il parle avec gravité; il enseigne de
le cœur. On prend de la pure farine d'orge
les /secrets on ;

l'astronomie et des arts libéraux; il domine


la pétrit avec du lait et du sel on n’y met pas de ;

trente-six légions. levain on enveloppe ce pain compacte dans un


;

Alogricus. Voy. Alrcy. papier graissé, on le fait cuire sous la cendre;


Alomancie, divination par le sel, dont les ensuite on le frotte de feuilles de verveine et on
procédés sont peu connus. C’est en raison de le fait manger à celui par qui on se croit trompé,
i’alomancie qu'on suppose qu’une salière ren- et qui ne digère pas si la présomption est fondée.
versée est d’un mauvais présage. Il
y avait près de Lavinium un bois sacré où
Alopécie, sorte do charme par lequel on l’on pratiquait l’alphitomancio. Des prêtres nour-
fascine ceux à qui l’on veut nuire. Quelques au- rissaient dans une caverne un serpent, selon
teurs donnent le nom d’alopécie à l’art de nouer quelques-uns; un dragon, selon d’autres. A cer-
l’aiguillette. Voy. Ligatures. tains jours on envoyait des jeunes filles lui por-
Aloros. C’est le nom que les Chaldéens don- ter à manger; elles avaient les yeux bandés et
allaient à la grotte tenant à la main un gâteau ,

fait par elles avec du miel et de la farine d’orge.

« Le diable, dit Delrio, les conduisait leur droit


chemin. Celle dont le serpent refusait de man-
ger le gâteau n'était pas sans reproche. »
Alphonse X, roi de Castille et de Léon , sur-
nommé l’astronome et le philosophe, mort en
1 2 8ù - On lui doit les Tables Alphonsincs. C'est
lui qui disait que, si Dieu l'avait appelé à son
conseil au moment de la création , il eût pu lui

donner de bons avis. Ce prince extravagant


croyait à l’astrologie. Ayant fait tirer l’horoscope
de ses enfants il apprit que le cadet serait plus
,

heureux que l’aîné et il le nomma son succes-


,

seur au trône. Mais, malgré la sagesse de cet


homme, qui se jugeait capable de donner des
conseils au Créateur, l'aîné tua son frère cadet,
mil son père dans une étroite prison et s’empara
de la couronne toutes choses que sa science ne
;

lui avait pas révélées.


Alpiel, ange ou démon qui, selon le Talmud,
a l'intendance des arbres fruitiers.
Delrio,
1 Disquisit. magic., lib. IV, cap. ri,
naient à leur premier roi; et, selon leurs tradi- quæst. vu.

Digitized by Google
ALR — 23 — AMA
Alrinach, démon de l’Occident, que les dé- n’en ont pas meilleur marché que les autres ma-
monographes font présider aux tempêtes, aux giciens, quoi que leur persuadent leurs talmu-
tremblements de terre, aux pluies, à la grêle, etc. distes, qu’ils sont obéis de l'esprit malin. Car
C'est souvent lui qui submerge les navires. Lors- c'est encore une menterie du Talmud des Juifs,
qu'il se rend visible ,
il parait sous les traits et qu’il n’est rien de didicile aux sages, maîtres et
les habits d’une femme. savants en leurs lois que les esprits d'enfer et
,

célestes leur cèdent, et que Dieu même (ô blas-


phème !) ne leur peut résister '... » —
Ce magi-
cien est appelé encore dans de vieux récits
Alogrieus. Il est enterré dans une Ile mystérieuse
de l'Inde *.

Altangatufun, idole des Kalmouks, qui


avait le corps et la tête d’un serpent, avec quatre
pieds de lézard. Celui qui porte avec vénération
son image est invulnérable dans les combats.
Pour en faire l’épreuve, un khan fit suspendre
cette idole attachée A un livre, et l’exposa aux
coups des plus habiles archers; leurs traits ne
purent atteindre le livre, qu'ils percèrent au
contraire dès que l'idole en fut détachée. C’est
là une légende de Cosaques.
Alveromancie ou Aleuromancie. Voj. ce
moL
Amadeus, visionnaire qui crut connaître par
révélationdeux psaumes d’Adam le premier, ;

composé en transport de joie à la création de la


femme le second en triste dialogue avec Ève
; ,

après la chute ’.

Amaimon. l'oy. Amotmox.


Amalaric ,
roi d’Espagne, qui épousa la prin-

Alphoiue X.

Alrunes, démons succubes ou sorcières qui


furent mères des Huns. Elles prenaient toutes
sortes de formes , mais ne pouvaient changer de
sexe. Chez les' Scandinaves, on appelait alrunes

des sortes de fétiches nommés ailleurs Mandra-


gores. l’aij. ce mot.

Alruy (David), imposteur juif qui, en 1199,


se prétendant de la race de David, se vanta
d'être le Messie destiné à ramener les Juifs dans
Jérusalem. Le roi de Perse le lit mettre en prison ;

mais on voit dans Benjamin de Tudèle, qui le cite,


qu’il s’échappa en se rendant invisible. *11 ne
daigna se remontrer qu’aux bords de la mer. Là,
il étendit son écharpe sur l’eau planta ses pieds
,

dessus et passa la mer avec une légèreté in-


croyable sans que ceux qu’on envoya avec des
,

bateaux h sa poursuite le pussent arrêter. Cela —


le mit en vogue comme grand magicien. Mais cesse Clotilde , soeur du roi des Francs Childe-
enfin le scheik Aladin, prince turc, sujet du bert. La pieuse reine ,
n'approuvant pas les excès
roi de Perse, fit tant h force d’argent, avec le
beau-père de David Alruy ou Alroy, lequel beau- Lcloyer, Discours des spectres, liv. 1Y, ch. iv.
1

1
Voyez Corbeau. L'histoire d’AIruy est plus éten-
père était peu délicat , que le prétendu Messie fut
due dans les Légendes de l’Ancien Testament.
poignardé dans son lit. « C'est toujours la fin de 3 Ces deux psaumes sont imprimés dans le Codex

telles gens, dit Lcloyer; et les magiciens juifs pseudepigraphus Veteris Testamenti de Fabricius.

Digitized by Google
,

AM A AMD
Oc son mari, tombe dans l'arianisme, le barbare, missionnaires en placent une nation dans les
après d’autres mauvais traitements, lui fit crever Philippines, et Thévenot une autre dans la Mifi-
les yeux. Clotilde envoya à son frère un mou- grélie. Mais, dit-on, une république de femmes
choir teint de son sang, et Cliildebert marcha ne subsisterait pas six mois , et ces États mer-
aussitôt avec une armée contre Amalaric. La veilleux ne sont que des fictions inventées pour
justice des hommes fut prévenue par la justice récréer l'imagination. Cependant, un curieux
éternelle. Tandis que le bourreau de Clotilde passage nous est fourni par les explorations ré-
s’avançait au-devant des Francs il tomba percé , centes de M. Texicr dans l'Asie Mineure : il a
d'un trait lancé par une main invisible. Des lé- découvert une enceinte de rochers naturels,
gendaires ont écrit que cette mort était l'ouvrage aplanis par l’art, et sur les parois de laquelle
du diable; mais le trait ne venait pas d'en bas'. on a sculpté une scène d'une importance majeure
Amalarie (Madeleine), sorcière qui allait an dans l'histoire de ces peuples. Elle se compose
sabbat, et qui, chargée de onze homicides, fut de soixante figures, dont quelques-unes sont co-
mise à mort à soixante-quinze ans dans la ba- lossales. On y reconnaît l'entrevue de deux rois
ronnie de la Trimouille, à la fin du seizième qui se font mutuellement des présents.
siècle ’. Dans l’un de ces personnages, qui est barbu
Amane. Le soleil , sans doute. C'était le dieu ainsi que toute sa suite et dont !'ap|>arcil a quel-
,

d'une secte des Parsis , qui l’honoraient par un que chose de rude le voyageur avait d'abord
,

1
feu perpétuel. cru distinguer le roi de Paphlagonie; et dans
Amant (Jean d’), médecin empoisonneur qui l’autre, qui est imberbe ainsi que les siens, il
fut magie et signalé à l’évêque de
accusé de voyait le roi de Perse, monté sur un lion et en-
Fréjus au treizième siècle. Il avait une méde- touré de toute la pompe asiatique. Mais en com-
cine empirique au moyen de laquelle il se van- muniquant ses dessins cl ses conjectures aux
de pouvoir allonger la vie ou la raccourcir.
tait antiquaires de Smyrne, qu'il a trouvés fort in-
Nous ignorons ce qu'il advint de lui. struits, M. Texier s'est arrêté à l’opinion que
Amarante, fleur que l’on admet parmi les celle scène remarquable représentait l'entrevue
symboles de l'immortalité. Les magiciens attri- annuelle des Amazones avec le peuple voisin,
buent aux couronnes faites d'amarante de qui serait les Leuco-Syriens ; et la ville voisine
grandes propriétés, et surtout la vertu de con- où le témoignage des géographes l’avait empêché
cilier les faveurs et la gloire à ceux qui les de reconnaître Tavia, serait Thémiscyre, capitale
portent. de ce peuple.
Amazeroth. Roginald Scott, qui a fait, comme Ambrosius ou Ambroise, roi d'Angleterre.
Wierus, un dénombrement des puissances de — l'oy. Merlin.
Amazeroth comme un duc, ayant
l’enfer, cite Amduscias, grand-duc aux enfers. Il a la
soixante légions sous scs ordres.
Amasis. Hérodote raconte qu’Amasis, roi
d'Égypte, eut l'aiguillette nouée et qu'il fallut ,

employer les plus solennelles imprécations de la


magie pour rompre le charme. Voy. Ligatures.
Amazones, nation de femmes guerrières, dont
Slrabon regarde il tort l’existence comme une
fable. François de Torre-Blanca dit qu’elles
étaient sorcières ; ce qui est plus hasardé. Elles
se brûlaient lamamelle droite pour mieux tirer
de l’arc et le père Ménestrier croit que la Diane
:

d'Éphèse n'était ornée de tant de mamelles qu’à


cause que les Amazones lui consacraient celles
qu'elles se retranchaient. On dit que cette répu-
blique sans hommes habitait la Cappadocc et les
bords du Thermodon. Les modernes ont cru re-
trouver des peuplades d’ Amazones en voyant des
femmes armées sur les bords du Maragnon, qu'on
a nommé pour cela le fleuve des Amazones. Des
forme d'une licorne; mais lorsqu'il est évoqué,
Lamberti m de Cruz-Houcn, Thtalrum reyium
1
il se montre sous une figure humaine. Il donne

Hispanicum, ad arm. 510. des concerts, si on les lui commande on entend ;


'
J Hikius, Disc, sommaire des sortilèges, vénè/ices,
alors, sans rien voir, le son des trompettes et
idolâtries , tirés des procès criminels jugés au siège
roval de Monlmorillun
des autres instruments de musique. Les arbres
,
en Poitou, la présente an-
née 1599, p. 29. s’inclinent à sa voix. Il commande vingt- neuf
3 Epist. delict-, sive De magia. légions.
lib. I, cap. vin.

Digitized by Google
, ,

AME — 25 — AME
Ame. Tous les peuples ont reconnu l'immor- traire. On a à lutter contre ce malheur, ajoute-
talitéde l'âme. Les hordes les plus barbares ne t-il ,
par un se-
jusqu’à ce qu’on puisse être uni ,

l'ont jamais été assez pour se rabaisser jusqu’à cond mariage, à l'âme dont on a été fait le pair
la brute. La brute n'est attachée qu’à la terre : dans la création et celte rencontre est rare.
;

l'homme seul élève ses regards vers


un plus no- Philon , Juif qui a écrit aussi sur l'âme ,
pense
ble séjour. L’insecte est à sa place dans la na- que comme il y a de bons et de mauvais anges
,

ture l’homme n’est pas à la sienne.


; ily a aussi de bonnes et de mauvaises âmes, et
La conscience le remords ce désir de péné-
, ,
que les âmes qui descendent dans les corps y
trer dans un avenir inconnu, ce respect que apportent leurs qualités bonnes ou mauvaises.
nous portons aux tombeaux cet effroi de l’autre ,
Toutes les innovations des hérétiques et des phi-
monde cette croyance aux âmes qui ne se dis-
,
losophes , et toutes les doctrines qui n’ont pas
tingue que dans l’homme, tout nous instruirait leur base dans les enseignements de l’Église,
déjà quand même la révélation ne serait pas là brillent par de semblables absurdités.
pour repousser nos doutes. Les matérialistes, Les musulmans disent que les âmes demeu-
qui, voulant tout juger par les yeux du corps, rent jusqu’au jour du jugement dansle tombeau,
nient l’existence de l’àme parce qu’ils ne la voient auprès du corps qu’elles ont animé. Les païens
point ne voient pas non plus le sommeil ils ne
, ; croyaient que les âmes, séparées de leurs corps
voient pas le vent; ils ne comprennent pas la grossiers et terrestres, conservaient après la
lumière, ni l’électricité, ni cent mille autres faits mert une forme plus subtile et plus déliée de la
que pourtant ils ne peuvent nier. figure du corps qu’elles quittaient, mais plus
On a cherché de tout temps à définir ce que grande et plus majestueuse; que ces formes
c’est que l’àme ce rayon ce souffle de la Divi-
, , étaient lumineuses et
nité. Selon les uns, c’est la conscience, c’est de la nature des as-
l’esprit; selon d’autres, c’est cet espoir d’une tres ; que les âmes
autre vie qui palpite dans le cœur de tous les gardaient de l'incli-
hommes. C’est, dit l-éon l’Hébreu, le cerveau nation pour les choses
avec ses deux puissances , lo sentiment et le qu'elles avaient ai-
mouvement une flamme, a dit
volontaire. C’est mées pendant leur
un autre. Dicéarque affirme que l’àmc est une vie, et que souvent
harmonie et une concordance des quatre élé- elles se montraient
ments. autour de leurs tom-
Quelques-uns sont allés loin, ut ont voulu con- beaux. Quand l'âme
naître la figure de l’âme. L’n savant a môme de Patrocle se leva
prétendu, d’après les dires d’un revenant, qu’elle devant Achille, elle
ressemblait à un vase sphérique de verre poli avaitsa voix, sa taille,

qui a des yeux de tous les côtés 1


. ses yeux ,
ses habits,
L’àme, a-l-on dit encore, est comme une va- du moins en appa-
peur légère cl transparente qui conserve la fi- rence, mais non pas
gure humaine. Un docteur talmudique vivant ,
son corps palpable.
dans un ermitage avec son fils et quelques amis, Origène trouve que
vil un jour l’àme d’un de scs compagnons qui se ces idées ont une
détachait tellement de son corps, qu’elle lui fai- source respectable, et
sait déjà ombre à la tête. Il comprit que son ami que les âmes doivent
allait mourir, et lit tant par ses prières, qu’il ob- avoir en effet une
tint que cette pauvre âme rentrât dans le corps consistance, mais sub-
qu’elle abandonnait. « Je crois de cette bourde tile; il se fonde sur
ce qu’il faut en croire, dit I-eloyer 3 comme de ,
ce qui est dit dans l'é-
toutes les autres bourdes et baveries des rab- vangile de Lazare et
bins. » du mauvais riche, qui
Les Juifs se persuadent, au rapport du Hol- ont tous deux des formes ,
puisqu'ils se parlent
landais Hoornbceck ,
que les âmes ont toutes été et se voient , cl que le mauvais riche demande
créées ensemble, et par paires d’une âme une goutte d'eau pour rafraîchir sa langue. Saint
d’homme et d’une âme de femme ; de sorte que Irénée, qui est de l’avis d’Origène, conclut du
les mariages sont heuroux et accompagnés de même exemple que les âmes se souviennent après
douceur et de paix, lorsqu'on se marie avec l'âme la mort de ce qu'elles ont fait en celte vie.
à laquelle on a été accouplé dès le commence- Dans la harangue que fit Titus à ses soldats
ment ; mais ils sont malheureux dans le cas con- pour les engager à monter à l'assaut de la tour
Antonia, au siège de Jérusalem, on remarque
1
Voyez Contran, dont l'âme avait l’apparence
d’une belette. une opinion qui est à peu près celle des Scandi-
3 Leloyer, Dict. et hist. det epectres, liv. IV, ch. i. naves. Vous savez , leur dit-il ,
que les âmes de

Digitized by Google
, ,

AME 26 — AME
ceux qui meurent A la guerre s'élèvent jusqu’aux |
vêtus de blanc ,
qui s’avançaient du côté de l’O-
astres, et sont reçues dans les régions supé- rient. Cette troupe défila depuis
le matin jusqu’à

rieures d’où elles apparaissent comme de bons


,
trois heures après midi. Mais sur le soir elle di-
génies ; tandis que ceux qui meurent dans leur minua considérablement. Tous les bourgeois
1U,quoique ayant vécu dans la justice, sont plon- montèrent sur les murailles, craignant que ce ne
gés sous terre dans l’oubli et les ténèbres *. fussent des troupes ennemies ; ils les virent pas-
Il
y a parmi les Siamois une secte qui croit ser avec une extrême surprise. Un citadin , plus
que les âmes vont et viennent où elles veulent résolu que les autres, sortit de la ville ; remar-
après la mort que celles des hommes qui ont
;
quant dans la foule mystérieuse un homme de sa
connaissance, il l’appela par son nom et lui de-
'

bien vécu acquièrent une nouvelle force, une


vigueur extraordinaire , et qu'elles poursuivent, : manda ce que voulait dire cette multitude de
attaquent et maltraitent celles des méchants L’homme blanc lui répondit: « Nous
pèlerins.
partout où elles les rencontrent. Platon dans
dit, sommes des âmes qui n’ayant point expié tous
,

le neuvième de ses Lois, que les


livre âmes de nos péchés et n'étant pas encore assez pures
ceux qui ont péri de mort violente poursuivent allons ainsi dans les lieux saints,en esprit de
avec fureur, dans l’autre monde, les âmes de pénitence nous venons de visiter le tombeau de
:

leurs meurtriers. Cette croyance s’est reproduite ;


saint Martin, et nous allons à Notre-Dame de
souvent et n’est pas éteinte partout. Farfe *. »
Les anciens pensaient que toutes les âmes Le bourgeois de Narni fut tellement effrayé de
pouvaient revenir après la mort, excepté les âmes cette vision, qu’ilen demeura malade pendant
des noyés. Sorvius en dit la raison : c’est que un an. Toute la ville de Narni, disent du sé-
l'âme dans leur opinion n’était autre chose
, ,
i rieuses relations fut témoin de cette procession
,

qu’un feu, qui s’éteignait dans l'eau comme si ;


merveilleuse, qui se fit en plein jour.
le matériel pouvait détruire le spirituel. N’oublions pas, à propos du sujet qui nous
On saitmort est la séparation de l’âme
que la occupe, une croyance très-répandue en Allema-
d’avec le corps. C'est une opinion de tous les gne c’est qu’on peut vendre son âme au diable.
:

temps et de tous les peuples que les âmes en Dans tous les pactes faits avec l’esprit des ténè-
quittant ce monde passent dans un autre, meil- bres , celui qui s’engage vend son âme. Les Alle-
leur ou plus mauvais, selon leurs oeuvres. Les mands ajoutent même qu’aprèscet horrible mar-
anciens donnaient au batelier Caron la charge ché le vendeur n’a plus d’ombre. On conte à
de conduire les âmes au séjour des ombres. On ce propos l’histoire d’un étudiant qui fit pacte
trouve une tradition analogue à celte croyance avec le diable pour devenir l’époux d’une jeune
chez les vieux Bretons. Ces peuples plaçaient le dame dont il ne pouvait obtenir la main. 11 y réussit
séjour des âmes dans une lie qui doit se trouver en vertu du pacte. Mais au moment de la cé-
entre l’Angleterre et l’Islande. Les bateliers et lébration du mariage , un rayon de soleil frappa
pécheurs, dit Tzelzès, ne payaient aucun tribut, les deux époux qu’on allait unir; on s'aperçut
parce qu’ils étaient chargés de la corvée de passer avec effroi que le jeune homme n'avait pas d'om-
les âmes ; et voicicomment cela se faisait: Vers — bre: on reconnut qu'il avait vendu son àine, et
minuit, ils entendaient frapper à leur porte; ils tout fut rompu.
suivaient sans voir personne jusqu’au rivage ; là Généralement les insensés qui vendent leur
ils trouvaient des navires qui leur semblaient âme font leurs conditions, et s'arrangent pour
vides, mais qui étaient chargés d'âmes; ils les vivre un certain nombre d’années après le pacte.
conduisaient à des Ombres, où ils ne voyaient
l'ile Mais si on vend sans fixer de terme, le diable,
rien encore; mais ils entendaient les âmes an- qui est pressé de jouir, n’est pas toujours délicat ;
ciennes qui venaient recevoir et complimenter et voici un trait qui mérite attention :
les nouvelles débarquées elles se nommaient ;
Trois ivrognes s’entretenaient , en buvant, de
par leurs noms, reconnaissaient leurs parents, etc. l’immortalité de l’âinc et des peines de. l'enfer.
Les pécheurs, d’abord étonnés, s’accoutumaient L’un d’eux commença à s’en moquer, et dit là-
à ces merveilles et reprenaient leur chemin. — j'
dessus des stupidités dignes de la circonstance.
Ces transports d'âmes qui pouvaient bien ca- ,
C’était dans un cabaret de village. Cependant
cher une sorte de contrebande, n’ont plus lieu survient un homme de haute stature, vêtu gra-
depuis que le Christianisme est venu apporter la vement, qui s’assied près des buveurs et leur
vraie lumière. demande de quoi ils rient. Le plaisant villageois
On a vu parfois, s’il faut recevoir tous les ré- le met au fait, ajoutanL qu’il fait si peu de cas
cits des chroniqueurs, des âmes errer par troupes. de son àuie ,
vendre au plus
qu'il est prêt à la

Dans le onzième siècle , on vit passer près de la offrant et à bon marché, et qu’ils en boiront
ville de Narni une multitude infinie de gens l'argent. « Et combien me la veux-tu vendre î »
dit le nouveau venu. Sans marchander, ils con-
Josèphe, De Ullo jud., liv. VI, cap, i, cité par
1

D. Calmel, première partie du Traité des apparitions, 1


De cura pro mortuis, cité par D. Calmer, pre-
ch. XTl. mière partie ch. xiv. ,

Digitized by Google
,,

AME — 27 — AMI
viennent du prix ; Paclietcur en compte l'argent, 1

et ne s’en écarte rarement que pour y revenir


et ils le boivent C’était joie jusque-là. Mais, la nuit avec précipitation.
venant, l’acheteur dit: « Il est temps, je pense, Ame des bêtes. Dans un petit ouvrage très-
que chacun se retire chez soi celui qui a acheté ; spirituel sur Y âme des bêtes, un père jésuite a
un cheval a le droit de l’emmener. Vous permet- ingénieusement développé cette singulière idée
trez donc que je prenne ce qui est à moi. » Or, de quelques philosophes anciens, que les bêtes
ce disant il empoigne son vendeur tout trem-
, étaient animées par les démons los moins cou-
blant et l’emméne où il n’avait pas cru aller si
, pables, qui faisaient ainsi leur expiation, l’oy.

vite-, do telle sorte que jamais plus le pays n'en Albigeois.


ouït nouvelles l'oy. Mort. 1
, Ame du monde, « La force, sans cesse chan-
Ame damnée. On donne ce nom, à Constan- geante, du sein de laquelle s'épanchent et se pré-
tinople, A l'alcyon voyageur, qui est très-com- cipitent sur nous tant de merveilles, c'est âme 1

mun dans ce pays. Quelque rapide que soit son 1

du monde, » nous dit Cornélius Agrippa, le grand


vol, il n'est jamais accompagné d'aucun bruit. On héritier de l'Ecole d’Alexandrie, et cette âme
ne le voit jamais se poser, ni chercher, ni pren- féconde toute chose tout être que la nature en-
,

dre sa nourriture. Il a le dos noir, le ventre fante ou que façonne l'art Elle le féconde en y
!

tilanc. Il plane toute la journée sur le Bosphore influant ses propriétés célestes. Arrangées selon

tfc

Le» Iroi» ivrogne».

la formule que la science enseigne , ces choses grande force universelle et diadique, devient sous
reçoivent le don de nous communiquer leurs nos doigts l'âme des talismans et des charmes
vertus. Il suivit alors de les porter sur soi pour du magnétisme ou de la sorcellerie! Quel autre
qu'elles opèrent sur le mips et sur l’âme. Tout trait nous peindra plus au vif sa naturel... »

aussitôt vous les sentez produire en vous la ma- Amenon. Les Chaldéens comptaient ce héros
ladie ou la santé, l’audace ou la peur, la tristesse parmi leurs rois. Ils disaient qu’il a régné douze
ou la nous devenons par elles tanlûL un
joie, et sares. Or, s'il faut en croire les doctes, le sare
objet de faveur et d'amour, tantôt un objet de est de trois mille six ans. Ce qui ferait un règne
haine, d'horreur et d’aliominalion ’. « Ainsi, assez long.
ajoute M. le chevalier Cougenot des Mousseaux Améthyste, pierre précieuse d’un violet foncé,
que nous transcrivons ici’, l'âme du monde, la autrefois laneuvième en ordre sur le pectoral
du grand prêtre des Juifs. Une vieille opiniun
11 se publie en ce moment (IS6Î) à Genève un
1

populaire lui attribue la vertu de garantir de


journal dont voici te titre : « Journal de l'âme, s'or-
eupant essentiellement des phénomènes d'intuition l'ivresse.
ou de sentiment, et en particulier de ceux relatifs Amiante, espèce de pierre incombustible,
à la prière aux songes, à la contemplation, à l'extase, dénjonographes disent excellente
,
que Pline et les
aux visions, à ta lucidité magnétique, à l'instinct des
contre les charmes de la magie '.
animaux, aux phénomènes des tables, à ceux du
crayon etc. » Les protestants commencent donc à
,
Amilcar ,
général carthaginois. Assiégeant Sy-
croire au delà de leur Bible? racuse, il crut entendre pendant son sommeil,
,
* De philosaphia occulta, Cornélius Agrippa, p. 65,
une voix qui l'assurait qu’il souperait le lende-
*39, etc.
* La magie au dix-neuvième siècle, p. KO. IM. 1
Dclancro. De l'inconstance, etc., liv. IV, dise. ni.

Digitized by Google
,,

AMM — 28 — AMP
main dans la ville. En conséquence, il lit donner la la poussière de la chapelle de
messe, balayent
l’assaut de bon matin, espérant enlever Syracuse la la soufflent du côté par lequel
Sainte-Union,
et y souper, comme le lui promettait son rêve. leurs époux ou leurs fiancés doivent, revenir, et
II fut pris par les assiégés et y soupa en effet, se flattent, au moyen de cet inotfensif sortilège,
non pas en vainqueur, ainsi qu'il s'y était at- de lixer le cœur de celui qu'elles aiment Dans
tendu, mais en captif, ce qui n'empécha pas le d’autres pays, on croit stupidement se faire ai-
songe d’avoir prédit juste'. mer en attachant à son cou certains mots sépa-
Hérodote conte encore qu'Amilcar, vaincu par rés par des croix, l'oy.
Gélon, disparut vers la fin de la bataille, et qu'on Philtres, l oy. aussi Ituou-
ne le retrouva plus, si bien que les Carthaginois Bl'S.

le mirent au rang de leurs dieux et lui offrirent Il a eu des amanLs


y
des sacrifices. entraînés par leurs pas-
Ammon. l’oy. Jipitek-Amxion. sions qui se sont donnés
Amniomancie, divination sur la coi (le ou au démon pour être heu-
membrane qui enveloppe quelquefois la tête des reux. On conte qu’un valet
enfanls naissants, ainsi nommée de celte coiffe vendit son âme au diable
que les médecins appelaient en grec amnios. Les à condition qu'il devien-
sages-femmes prédisaient le sort futur du nou- drait l’époux de la tille de
veau-né par l’inspection de cette coiffe; elle an- son maître, ce qui le rendit le plus infortuné des
nonçait d'heureuses destinées si elle était rouge, hommes*.
et des malheurs si elle présentait une couleur On attribue aussi à l’inspiration des démons
plombée, l'oy. Coiffe. certaines amours monstrueuses, comme la pas-
Amon ou Aamon grand et puissant marquis
, , sion de Pygmalion pour sa statue. Un jeune
de l’empire infernal. Il a la ligure d'un loup, homme devint pareillement éperdu pour la Vé-
avec une queue de serpent il vomit de la llaimnc
; ; nus de Praxitèle; un Athénien se tua de déses-
lorsqu'il prend la forme humaine, il n'a de poir aux pieds de la statue de la Fortune, qu'il
l'homme quo le corps; sa tôle ressemble à celle trouvait insensible. Ces traits ne sont que des
d’un hibou et son bec laisse voir des dents ca- folies déplorables, pour ne pas dire plus.
Amoymon, ou Amaimon, l'un des quatre
rois de l'eiifer, dont il gouverne la partie orien-
tale. On l’évoque le matin de neuf heures à ,

midi et le soir de trois à six heures. Asmodée


,

est son lieutenant et le premier prince de ses


États*.
Amphiaraüs, devin de l’antiquité, qui se ca-
cha pour ne pas aller à la guerre de Thèbes
parce qu'il avait prévu qu’il y mourrait; ce qui
eut lieu lorsqu'on l’eut découvert et forcé à s’y
rendre. Mais on ajoute qu’il ressuscita. On lui
éleva un temple dans l'Attiquc, près d’une fon-
taine sacrée par laquelle il s'était glissé en reve-
nant des enfers.
Il guérissait les malades en leur indiquant des

remèdes dans des songes, comme font de nos


jours ceux qui pratiquent le somnambulisme
magnétique. Il rendait aussi par ce moyen des
oracles, moyennant argent. Après les sacrifices
nines très-effilées. C'est le plus solide des princes le consultant s'endormait sur une peau de mou-
des démons. Il sait le passé et l’avenir, et récon- ton, et il lui venait un rêve qu'on savait toujours
quand le veut, les amis
cilie, il brouillés. Il com- interpréter après l'événement. On lui attribue
mande à quarante légions. des prophéties écrites en vers, qui ne sont pas
Les Égyptiens voyaient dans Amon ou Amoun venues jusqu'à nous. Il inventa la pyromancie.
leur Dieu suprême; ils le représentaient avec la l'oy. ce mot.
peau bleue, sous une forme assez humaine. Amphiloque, devin qui, après «a mort, rendit
Amour. Parmi les croyances superstitieuses des oracles en Cilicic.
qui se rattachent innocemment à l’amour, nous Amphion. Pausanias, Wicrus beaucoup
et
citerons celle-ci, qu'un homme est générale-
ment aimé quand scs cheveux frisent naturelle- 1 Voyage de M. Cambry dans te Finistère, 1. 1.
ment. A Itoscoff, en Bretagne, les femmes, après
* Voyez à ce propos, dans les Légendes infernales :

Un pacte à Césarée.
1
Valère- Maxime. 3 Wierus, in Pseudomonarchia dtrm.

Digitized-by Google
AMP - 20 — AMP
d’autres mettent Amphion au rang des habiles d'employer les amulettes et les charmes à la gué-
magiciens, parce qu'il rebâtit les murs de Thèbes rison des maladies. Cette loi, rapportée par Ain-
au son de sa lyre. inien Marcellin, fut exécutée si sévèrement, que
Amphisbène serpent auquel on attribue deux
,
Valentinien fit punir de mort une vieille femme
tôles aux deux extrémités, par lesquelles il inord qui ôtait la fièvre avec des paroles charmées, et
également. I.e docteur Brown a combattu cette qu'il fit couper la tête à un jeune homme qui
erreur, que Pline avait adoptée. « On ne nie point, touchait un certain morceau de marbre en pro-
dit Brown ', qu’il n’y ait eu quelques serpents à nonçant sept lettres de l'alphabet pour guérir le
deux têtes, dont chacune était à l’extrémité op- mal d’estomac.
posée. Nous trouvons dans Aldrovandi un lézard Mais comme il fallait des préservatifs aux es-
de cette même forme, et tel était peut-être prits'fourvoyés, qui sont toujours le plus grand
l'amphisbènc dont Cassien du Puy montra la nombre, on trouva moyen d’éluder la loi. On fit
figure ati savant Faber. Cela arrive quelquefois des amulettes avec des morceaux de papier char-
aux animaux qui font plusieurs petits à la fois, gés de versets de l’Écriture sainte. Les lois se
et surtout aux serpents , dont les œufs étant at- montrèrent moins rigides contre cette coutume,
tachés les uns aux autres, peuvent s'unir sous et on laissa aux prêtres le soin d’en modérer les
diverses formes et s’éclore de la sorte. Mais ce abus.
sont là des productions monstrueuses, contraires Les Grecs modernes lorsqu'ils sont malades,
,

à cette loi suivant laquelle toute créature en- écrivent le nom de leur infirmité sur un papier
gendre son semblable, et qui sont marquées triangulaire qu’ils attachent à la porte de leur
comme irrégulières daus le cours général de la chambre. Ils ont grande foi à celle amulette.
nature. Nous douterons donc que l'amphisbène Quelques personnes portent sur elles le com-
soit une race de serpents à deux têtes, jusqu’à mencement de l’Évangile de saint Jean comme un
ce que le fait soit confirmé. » préservatif contre le tonnerre ; et , ce qui est as-
Amrita. Breuvage de l’immortalité chez les sez particulier, c'est que les Turcs ont confiance
Hindous. Leurs dieux ont été mortels pendant dix à cette même amulette, si l’on en croit Pierre
mille ans, à la suite desquels ils ont trouvé le Leloyer.
moyen de faire l'amrita , ce qui les a placés Une autre question est de savoir si c'est une
hors des atteintes de la mort. superstition de porter sur soi les reliques des
Amschaspands. Génies du premier ordre chez sainLs, une croix, une image, une chose bénite
Ils sont au nombre de six, et ont
les Persans. par les prières de l'Église, un Agnus Dei, etc.,
pour chef Ormusd ou Ormouzd. Ils président et si l'on doit mettre ces choses au rang des
avec lui aux sept planètes. amulettes, comme le prétendent les protestants.
Amulette, préservatif. On appelle ainsi cer- — Nous reconnaissons que si l’on attribue à ces
tainsremèdes superstitieux que l'on porte sur soi choses la vertu surnaturelle de préserver d'acci-
ou que l’on s'attache au cou pour se préserver dents, de mort subite, de mort dans l’état de
de quelque maladie ou de quelque danger. Les péché, etc., c’est une superstition. Elle n’est pas
Grecs les nommaient phylactères, les Orientaux, du même genre que celle des amulettes, dont le
talismans. C'étaient des images capricieuses (un prétendu pouvoir ne peut pas se rapporter à
scarabée chez les Égyptiens) des morceaux de , Dieu mais c'est ce que les théologiens appellent
;

parchemin, de cuivre, d'étain, d’argent, ou en- une vaine observance, j>arce que i’on attribue à
core des pierres particulières où l’on avait tracé des choses saintes et respectables un pouvoir
certains caractères ou certains hiéroglyphes. que Dieu n'y a point attaché. Un chrétien bien
Comme celte superstition est née d'un atta- instruit ne les envisage point ainsi; il sait que
chement excessif à la vie et d'une crainte pué- les saintsne peuvent nous secourir que par leurs
rilede tout ce qui peut nuire, le Christianisme prières et par leur intercession auprès de Dieu.
n’est venu à bout de la détruire que chez les C’est pour cela que l'Église a décidé qu’il est
J
fidèles Dès les premiers siècles de l’Église, les
. utile et louable de les honorer et de les invoquer.
Pères et les conciles défendirent ces pratiques Or c’est un signe d’invocation et de respect à
du paganisme. Ils représentèrent les amulettes leur égard de porter sur soi leur image ou leurs
comine un reste idolâtre de la confiance qu’on reliques; do même que c’est une marque d’af-
avaitaux prélendusgénies gouverneurs du monde. fection et de respect pour une personne que de
Le curé Thiers * a rapporté un grand nombre de garder son portrait ou quelque chose qui lui ait
passages des Pères à ce sujet, et les canons de appartenu. Ce n’est donc ni une vaine obser-
plusieurs conciles. vance ni une folle confiance d’espérer qu’en
Les lois humaines condamnèrent aussi l’usage considération de l’affection et du respect que
des amulettes. L'empereur Constance défendit nous témoignons à un saint, il intercédera cl
priera pour nous. Il en est de même des croix et
1
Essai sur les erreurs, liv. III , ch. xv.
2 Bergicr, Dictionnaire théologique. des Agnus Dci'.
3 Traité des superstitions, liv. V, eh. 1
Bergier. Dictionnaire thcologique.
I.
, è

AMY — 30 — ANA
On lit dans Thyræus 1 qu’en 15G8, dans le du- pour y occuper le septième trône; ce qui n’est
ché de Juliers, le prince d’Orango condamna un pas croyable, dit Wierus *.
prisonnier espagnol à mourir; que ses soldats Amyraut (Moïse), théologien protestant, né
l'attachèrent à un arbre et s'efforcèrent de le dans l’Anjou en 1596, mort en 1665- On lui doit un
tuer à coups d’arquebuse; mais que leurs balles Traiti der songes, aujourd'hui peu recherché.
ne l’atteignirent point. On le déshabilla pour Anabaptistes, secte née de Luther, qui re-
s'assurer s’il n’avait pas sur la peau une armure que siguifie son nom. l'oy. Jean de
baptisait; ce
qui arrêtât le coup; on trouva une amulette por- Leyde et Muncer.
tant la figure d’un agneau: on la lui ôta, et le Anagramme. Il
y eut des gens, surtout dans
premier coup de fusil l'étendit roide mort. les quinzième et seizième siècles, qui préten-
On voit dans la vieille chronique de don Ur- daient trouver des sens cachés dans les mots
sino que quand sa mère l’envoya, tout petit qu'ils décomposaient , etune divination dans les
enfant qu’il était, à Saint-Jacques de Compostelle, anagrammes. On cite comme une des plus cu-
cils lui mit au cou une amulette que son époux rieuses celle que l’on fit sur le meurtrier de

avait arrachée à un chevalier maure. La vertu Henri III ,


frère dit Jacques Clément, où l'on
de cette amulette était d’adoucir la fureur des trouve : C'est l'enfer qui m’a crû. — Deux reli-
bêles cruelles. En traversant une forêt, une ligieux en dispute , le père Proust et le père
ourse enleva le petit prince des mains de sa d' Orléans, faisaient des anagrammes; le père

nourrice et l'emporta dans sa caverne. Mais, loin Proust trouva dans le nom de son confrère :
de lui faire aucun mal , elle l’éleva avec ten- l’Asne d'or, et le père d’Qrléans découvrit dans
dresse; il devint par la suite très-fameux sous le celui du père Proust Pur sot. ;

nom de don Ursino, qu’il devait à l’ourse, sa l!n nommé André Pujon, de la haute Auvergne,
nourrice sauvage , et il fut reconnu
par son père, passant par Lyon pour se rendre à Paris, rêva la
à qui la légende dit qu’il succéda sur le trône de nuit que l’anagramme de son nom était pendu :

Navarre. à Riom. En effet on ajoute que le lendemain il


,

Les nègres croient beaucoup à la puissance s’éleva une querelle entre lui et un homme de
des amulettes. Les bas Bretons leur attribuent son aulicrge, qu’il tua son adversaire, et qu’il
le pouvoir de repousser le démon. Dans le Finis- fut pendu huit jours après sur la place publique
tère, quand on porte un enfant au baptême, on de Riom. —
C’est un vieux conte renouvelé. On
lui met au cou un morceau de pain noir, pour voit dans Delancre * que le pendu s’appelait
éloigner les sorts et tes maléfices que les vieilles Jean de Pruom dont l’anagramme est la même.
,

sorcières pourraient jeter sur lui ’. Voy. A Lis. J.-B. Rousseau qui ne voulait pas reconnaître
,

Amy, grand président aux enfers, et l'un des son père, parce que ce n'était qu’un humble
princes de la monarchie infernale. Il paraît là- cordonnier, avait pris le nom de Vernielles, dont
bas environné de flammes, mais il affecte sur la l'anagramme fut faite; on y trouva Tu te renies. :

terre des traits humains. Il enseigne les secrets On fit de Pierre de Ronsard rose de Pindare, —
de l'astrologie et des arts libéraux; il donne de L’anagramme de monde est démon; l’anagramme
bons domestiques; il découvre à ses amis les d'Amiens, en amis; celle de Lamartine, mal t'en
trésors gardés par les démons ; il est préfet de ira; celle de révolution française, un Corse te
trente-six légions. Des anges déchus et des puis- finira ; en 1 848 on a trouvé insolemment dans ,

sances sont sous ses ordres. Il espère qu’après ces trois noms: A. Tliiers, Odilon Barrot, Cliam-
deux cent mille ans il retournera dans le ciel bolle, trois Aliboron de la Chambre.
On donna le nom de cabale à la ligue des fa-
1
Disp. de dœmoniac pars 111, cap. XLV.
. voris de Charles II d’Angleterre, qui étaient
3 On lit dans les observations de Thomas Campbell Clifford , Asbley, Buckingham, Arlington, Lau-
sur Alger :« Il
y a dans l’Algérie quelques Maures derdale , parce que les initiales des noms de ces
et quelques Juifs qui se prétendent docteurs, et des
femmes qui se disent accoucheuses. Mais les médecins cinq ministres formaient le mot cafta/.
et les chirurgiens du pays ne savent pas un mol On voulut présenter comme une prophétie
d'anatomie; ils ignorent jusqu’au nom des drogues cette anagramme de Louis quatorzième ,
roi de
qu’ils prennent à tort et à travers. En chirurgie ils
no savent pas même manier la lancette. En médecine,
,
France et de A avarre : «Va, Dieu confondra l’ar-

ils viennent au secours d'une colique, de la pierre


mée qui osera te résister... »
et do la pleurésie, par l’application d'un fer rouge anagrammes donnent pourtant un
Parfois les
sur la partie souffrante ce traitement force souvent
:
sens qui étonne. Qu'est-ce que la vérité ? Quid
le patient à crier qu’il est guéri afin qu’on cesse le
est veritas demande Pilate à l'Homme-Dieu
,
et ;
remède. Ils saignent avec un rasoir, et arrêtent les
il se lève sans attendre la réponse. Mais elle est
hémorrhagies avec de la poix! Le docteur Abernelhy,
dans une leçon sur le goitre, disait qu’il ne savait dans la question, dont l’anagramme donne exac-
comment guérir cette maladie et que peut-être la
, tement Est vir qui adesl, c’est celui qui est de-
:

meilleure ordonnance serait de siffler. Il est possible,


vant vous.
en vérité, que les amulettes données aux Algériens
par leurs marabouts soient les remèdes les plus in- 1
In Pseudomon. deemonum.
nocents de leur pharmacie. > 3 L'incrédulité et mécréance, etc., traité V.
AN A — 31 — ANA
Les Juifs cabalistes ont fait des anagrammes la cloches à minuit, fait paraître les spectres et
troisième parlie de leur cabale : leur but est de inspire les terreurs nocturnes.
trouver dans la transposition des lettres ou des Anathème. Ce mot, tiré du grec, signifie ex-
mots des sens cachés ou mystérieux, l'oy. 0.\o- posé, signalé, dévoué. On donnait chez les païens
MANCIE. le nom d'anathèmes aux filets qu'un pécheur dé-
Anamelech, ou Anamalech, démon obscur, posait sur l'autel des nymphes de la mer, au

porteur de mauvaises nouvelles, il était adoré à miroir que Lais consacra à Vénus aux oiïrandcs ,

Sepharvaïm , ville des Assyriens, il s'est montré de coupes, de vêtements, d’instruments et de


sous la figure d'une caille. Son nom signifie, à figures diverses. On l’appliqua ensuite aux objets
ce qu'on dit, bon roi; et des doctes assurent odieux que l'on exposait dans un autre sens,
que ce démon est la lune, et Adramelecli le comme la tête ou les dépouilles d'un coupable ;

soleil. Il joue un rôle dans le poème où Gessner et l'on appela anathème la victime vouée aux
a chanté la mort d'Abel. dieux infernaux. Chez les Juifs l'anathème a été
Anancitide. l'oy. Aclaophotis. généralement pris ainsi en mauvaise part; chez les
Anania ou Anagni (Jean d'), jurisconsulte du chrétiens c’est la malédiction ou l'être maudit.
quinzième siècle, à qui on doit quatre livres De L’homme frappé d'anathème est retranché de la
la nature des démons ', et un traité De la magie communion des fidèles.
et des maléfices *. Ces ouvrages sont peu connus. Il
y a beaucoup d'exemples qui prouvent les
Anania mourut en Italie en 1/|58. effets de l'anathème; et comment expliquer ce

Ananisapta. Les cabalisles disent que ce mot, fait constant que peu d'excommuniés |ont pro-


,

écrit sur un parchemin vierge est un talisman , spéré? Voy. Excommunication.


très-efficace contre les maladies. Les lettres qui Les magiciens et les devins emploient une sorte
le composent sont, à leur avis, les initiales des d’anathème pour découvrir les voleurs et les ma-
mots qui forment la prière suivante Antidotum : léfices voici celte superstition. Nous prévenons
:

Kazareni Auferal Xecem Inlo.cicationis ,


Sancti- ceux que les détails pourraient scandaliser qu’ils
ficet Alimenta Poculaque Trinitaf Alma. sont extraits des grimoires. On prend de l'eau —
Anansié. C’est le nom de l'araignée gigan- limpide, on rassemble autant de petites pierres
tesque et toute-puissante à qui les nègres de la qu'il y a de personnes soupçonnées, on les fait

Côte-d’Or attribuent la création de l'homme. bouillir dans celte eau on les enterre sous le
,

l'oy. Araignée. seuil de la porte par où doit passer le voleur ou

Anarazel, l'un des démons chargés de la la sorcière, en y joignant une lame d'étain sur

laquelle sont écrits ces mots Christus vincit, :

C/iristus régnât, Christus imperal. On a eu soin


de donner à chaque pierre le nom de l'une des
personnes qu’on a lieu de soupçonner. On ôte —
le tout de dessus le seuil de la porte au lever du
soleil si la pierre qui représente le coupable est
;

brillante, c'est déjà un indice. Mais, comme le


diable est sournois il ne faut pas s'en contenter;
,

on récite donc les sept psaumes de la pénitence


avec les litanies des saints; on prononce ensuite
les prières de l'exorcisme contre le voleur ou la
sorcière; on écrit son nom dans un cercle, on
plante sur ce nom un clou d'airain de forme
triangulaire qu'il faut enfoncer avec un marteau
,

dont le manche soit de bois de cyprès et on dit ,

quelques paroles prescrites a cet effet. Alors le


voleur se trahit par un grand cri.

S’il s’agit d'une sorcière, cl qu’on veuille seu-


lement ôter le maléfice pour le rejeter sur celle
qui l'a fait, on prend, le samedi, avant le lever
du soleil, une branche de coudrier d'une année,
et on dit l'oraison suivante « Je te coupe, ra-
:

garde des trésors souterrains, qu’ils transportent » meau de cette année au nom de celui que je
,

d’un lieu à un autre pour les dérober aux recher- » veux blesser comme je te blesse. » On met la
ches des hommes. Anarazel^, avec ses compa- branche sur la table, en répétant trois fois une
gnons Gazicl et Fécor, ébranle les fondements certaine prière 1 qui se termine par ces mots :
des maisons, excite les tempêtes, sonne les
1
On ajoute aux paroles saintes du signe de la
1 Dénatura damonum lib. IV, in-t t; Kcapoli. (562.
, croix Ùroch, Mirroch, Esenaroth, Betubaroch,
:

1 De magia et maleficiis in-t° Lugduni 1 669.


, Assmaaroth qu’on ontremêlo do signes de croix
; , ,

Digitized by Google
ANA — 32 — ANE
Que le sorcier ou la sorcière soit anathème , et mal réglée, les mystérieuses allusions qui se re-
nous saufs!... marquent- dans ses premiers ouvrages, l’ont fait
Anatolius, philosophe platonicien , maître de regarder comme le fondateur du fameux ordre
Janihlique, et auteur d’un traité Des sympathies des Rose-Croix. Plusieurs écrivains allemands
et des antipathies, dont Fabricius a conservé lui attribuent au moins la réorganisation de cet

quelques fragments dans sa Bibliothèque grecque. ordre secret, affilié depuis à celui des Francs-
Anazilas, philosophe pythagoricien qui vivait Maçons, qui révèrent encore la mémoire d’An-
sous Auguste. On l’accusa de magie, parce qu'il dreæ. —Ses ouvrages, au nombre de cent, prê-
faisaitde mauvaises expériences de physique, et chent généralement la nécessité des sociétés
Auguste le bannit. Il fut l’inventeur du flambeau Secrètes, surtout la République Chrisliancpoli-
infernal, qui consiste à brûler du soufre dans un taine , la Tour de Babel, le Chaos des jugements
lieu privé de lumière, ce qui reud les assistants portés sur la fraternité de la Rose-Croix Vidée ,

fort laids. d'une société chrétienne, la Réforme générale du


Andaine, fée suzeraine ou reine, qui chassait monde, et les Korcs chimiques de Chrétien Rosen-
avec sa suite dans les bois du château de Ras- creut;. — On attribue â Andreæ des voyages
ncs, et qui en épousa le seigneur*. merveilleux, une existence pleine de mystère, et
Anderson (Alexandre). Voy. Vampires, à la des prodiges qu’on a copiés récemment en
fin de l'article. grande partie dans la peinture qu’on nous a faite
Andrade, médecin qui eut des révélations en des tours de passe-passe de Cagliostro.
853. Elles sont peu curieuses; cependant Du- Andriague, animal fabuleux espèce de che- ,

chesnc les a recueillies dans sa collection des val ou de griiïon ailé que les romans de cheva-
,

historiens français lerie donnent quelquefois aux magiciens, qu'ils


Andras, grand marquis aux enfers. On le voit prêtent même à leurs héros, et qu'on retrouve
avec le corps d’un ange, la tète d’un chat-huant, aussi dans des contes de fées.
Androalphus, puissant démon, marquis de
l'empire infernal ; il se montre sons la ligure
d’un paon â la voix grave. Quand il parait avec
la forme humaine, ou peut le contraindre à don-

ner des leçons de géométrie. Il est astronome, et


ilenseigne de plus à ergoter habilement. Il
donne aux hommes des figures d’oiseaux ce qui ;

permet à ceux qui commercent avec lui d'éviter


la griffe des juges. Trente légions sont sous ses
ordres
Androgina. Bodin et Delancrc content * qu'en
1536, ii Casale, en Piémont, on remarqua qu’une
sorcière , nommée Androgina , entrait dans les
maisons, que bientôt après on y mourait.
et
Elle fut prise et livrée aux juges; elle confessa
que quarante sorcières ses compagnes avaient
composé avec elle le maléfice. C’était un on-
guent dont elles allaient graisser les loquets des
portes; ceux qui louchaient ces loquets mou-
à cheval sur un loup noir et portant â la main raient en peu de jours. « I-a même chose ad- —
un sabre pointu. 11 apprend à ceux qu’il favorise
vint à Genève en 1563, ajoute Delancre, si
à tuer leurs ennemis, maîtres et serviteurs; c’est
bien qu’elles y mirent la peste qui dura plus de ,
lui qui élève les discordes et les querelles ; il
sept ans. Cent soixante-dix sorcières avaient été
commande trente légions. exécutées à Rome pour cas semblable sous le
,

André (Tobie), auteur d’un livre Sur le pmi- consulat de Claudius Marcellus et de Valerius
noir des mauvais anges, rare et peu recherché *. Flaccus : mais la sorcellerie n’étant pas encore
Dix-septième siècle. bien reconnue, on les prenait simplement alors
Andreæ (Jean- Valentin), luthérien, né dans
pour ce qu’elles étaient ; des empoisonneu-
le duché de Wurtemberg en 1596, mort en ses »
1655. Scs connaissances confuses, son activité Androïdes, automates â figure humaine. -
1
Voyez sa légende dans les Légendes des esprits Voy. Audiikt i.b Grand.
et démons. Ane. Les Égyptiens traçaient son image si
1 Excerpta
tibri revelationum Andradi medici, les gâteaux qu’ils offraient à Typhon dieu di
,
anno 853, tomo II, Scriptorum And. Duchcsnc.
3 Tobiæ Andreæ Exercitationes philosopliicœ Wicrus, in Pseudomon. dœmon.
de '

angelorum malorum polentia in corpora, in-tl; 3 Démonomanie, liv. IV, ch. ir. Tableau de
Ainsi cl., lotit. constance, etc., liv. Il, dise. iv.

1
Digitized by Google
. ,

ANE — 33 — ANC
mal. Les Romains regardaient la rencontre de ticr et la pierre. Aussitôt l’âne se laissait tom-
j

l’âne comme un mauvais présage. Mais cet ani- ber, roidissait les jambes, et fermait les yeux
mal était honore dans l'Arabie. I
comme s’il morL Le bateleur se plaignait
eut été
Certains peuples trouvaient quelque chose de de la mort de Son âne, et priait qu’on lui donnât
mystérieux dans cette innocente bêle, et on pra- un peu d’argent pour en acheter un autre.
tiquait autrefois une divination dans laquelle on Après avoir recueilli quelque monnaie Ah! :

employait une tête d'âne, l’oy. Képiulosouascie. disait-il, il n’est pas mort, mais il a fait sem-

Ce n’est pas ici le lieu de parler de la fête de blant de l'ètre, parce qu’il sait que je n’ai pas le
l’Ane. Mais relevons une croyance populaire qui moyen de le nourrir. —
Lève-toi, ajoutait-il. —
fait de la croix noire qu’il porte sur le dos une L’âne n’en faisait rien. Ce que voyant, le maître
distinction accordée à l'espèce, à cause de l’à- annonçait que le Soudan avait fait crier à son de
nes.se de Beüiphagé. C’est un fait assez singu'ier. trompe que le peuple eût à se trouver le lende-
main hors de la ville du Kaire pour y voir de
grandes magnificences. —
Il veut, poursuivait-il,

que les plus nobles dames soient montées sur


des ânes. .

L’âne se levait à ces mots, dressant la tête et


les oreilles en signe de joie. Il est vrai re-— ,

prenait le bateleur, que le gouverneur de mon


quartier m’a prié de lui prêter le mien pour sa
femme qui est une vieille roupilleuse édentée.
,

L’âne baissait aussitôt les oreilles, et commen-


çait h clocher comme s’il eût été boiteux *.

Ces ânes merveilleux, disent les démonogra-


phes, étaient sinon des démons, au moins des
hommes métamorphosés ; comme Apulée ,
qui
transmué en âne. L’auteur
fut, ainsi qtt’on sait,
du Spéculum nalurœ raconte la légende de deux
femmes qui tenaient une petite auberge auprès
Chez les Indiens du Maduré, une des premiè- de Rome, et qui allaient vendre leurs hôtes au
res castes, celle des cavaravadouks, prétend des- marché après les avoir changés en pourceaux
cendre d’un âne ceux de celte caste traitent les
; en poulets, en moutons. Une d’elles, ajoute-t-il,
ânes en frères, prennent leur défense, poursui- transforma un comédien en âne, et comme il
vent en justice, et font condamner à l'amende conservait ses talents sous sa nouvelle peau, elle
quiconque les charge trop ou les bat et les ou- le menait dans les foires des environs, où il lui

trage sans raison. Dans les temps de pluie, ils gagnait beaucoup d’argent. lin voisin acheta très-
donneront le couvert à un âne avant de le don- cher cet âne savant. En le lui livrant, la sorcière
ner h son conducteur, s'il n'est pas de certaine se borna à lui recommander de ne pas le laisser
entrer dans l’eau , ce que le nouveau mailre de
1
condition .

une vieille fable sur l'âne Jupiter ve-


Voici :
1 âne observa quelque temps, Mais un jour le
nait prendre possession de l’empire
de les ;
'
pauvre animal ayant trouvé moyen de rompre
,

hommes, h son avènement, lui demandèrent un son licou se jeta dans un lac , où il reprit sa
,

printemps éternel, ce qu’il leur accorda il char- ; forme naturelle, au grand étonnement de son
gea l'âne de Silène de porter sur la terre ce pré- conducteur. L’affaire dit le conte, fut portée au
,

sent. L’âne eut soif, et s’approcha d’une fon- juge, qui fit châtier les deux sorcières.
taine; le serpent qui la gardait, pour lui permet- Les rabbins font très-grand cas de l’ànesse do
tre d’v boire, lui demanda le trésor dont il était Balaam. C’est, disent-ils, un animal privilégié
porteur, et le pauvre animal troqua le don du que Dieu forma à la fin du sixième jour. Abra-
ciel contre un peu d’eau. C’est depuis ce temps, ham se servit d’elle pour porter le bois destiné
dit-on, que les vieux serpents changent de peau au sacrifice d’Isaac ; elle porta ensuite la femme
et rajeunissent perpétuellement. et le fils de Moïse dans le désert. Ils assurent que
y a des ânes plus adroits que celui-là
Mais celte ânesse est soigneusement nourrie, et réser-
:
il

à une demi-lieue du Kaire se trouvait, dans une vée dans un lieu secret jusqu’à l’avéncment du
grande bourgade, un bateleur qui avait un âne Messie juif, qui doit la monter pour soumettre
si instruit que les manants le prenaient pour un toute la terre. Voy. Uoiuck.
démon déguisé. Son mailre le faisait danser en- ; Angada, roi des singes il aida le dieu Rama ;

suite il lui disait que le Soudan voulait construire (septième incarnation de Vichnou) dans son ex-
un bel édifice ,
et qu’il avait résolu d’employer pédition contre Ravana.
tous les ânes du Kaire à porter la chaux, le mor- dans
‘ Leon Africanus, part. VIII, délia Africa, cité
• Saint-Foix, Essai sur Paris, tome H. Lcloyer.
3

Digitized by Goog
,

ANG - 34 - ANG
Angat. Nom du diable à Madagascar, où il est compter. Puisque Dieu veut la perfection dans
regardé comme un génie sanguinaire et cruel. ses ouvrages, poursuit l'Ange de l'école, plus
On lui donne du serpent.
la figure une chose est parfaite, plus elle est multipliée;
Angelieri, Sicilien du dix-septième siècle qui de sorte que les substances immatérielles sont
n'est connu que par un fatras dont il publia deux incomparablement plus nombreuses que les sub-
volumes, et dont il en promettait vingt-quatre, stances matérielles.
sous le titre de Lumière magique, ou origine, La théologie a donné des ailes aux anges, dit
ordre et gouvernement de toutes les choses cé- saint Denis l’Aréopagite, pour marquer la célé-
lestes, terrestres et infernales, etc. '. Mongitore ritéde leur mouvement. Tertullien reprend Ils :

en parle dans le tome I" de sa Bibliothèque sici- peuvent se transporter partout en un moment.
tienne. Albert le Grand signale quelques erreurs sur le
Angélique, plante qui passe pour un préser- mouvement angélique. € I.es uns croient, dit-il,
vatif contre les fascinations de la magie. On la que les anges se meuvent par la pensée. Opinion
mettait en manière d’amulette au cou des petits fausse. Quand je me représente Constantinople,
enfants pour les Calcutta Canton
,

garantir des ma- ma pensée ne tra-


léfices. verse pas les ré-
Angerbode ou gions de l'Orient ;

Angurbode, fem- elle trouve là, dans


me gigantesque mon cerveau, les
qui se maria avec idées qui fixent
Lock, selon l’opi- son regard. Si donc
nion des Scandi- les espriLs célestes

naves, et qui en- se mouvaient com-


fanta trois mons- me la pensée, ils

tres : le loup Fen- resteraient dans


ris, le serpent Jor- le même lieu. »

mungandur et la Albert le Grand


démone Héla, qui continue ; • D'au-
garde le monde tres -pensent que
souterrain. les anges se meu-
Anges. Saint vent par l’clfeldes
Augustin prouve vertus qui leur
que les anges ont oMissent. Cette
été créés dans opinion va droit
l’œuvre des six à l’hérésie : elle
ours, car ils ne est contraire à l'en-
l'ont pasété avant, seignement des
puisqu'il n’existait livres saints. Com-
alors aucune créa- mander à des for-
ture; ils ne l'ont Anges. ces actives, leur
paséléaprôs, puis- donner l'impul-
que Dieu dit dans l’Écriture « Quand les astres
: sion, les diriger en quelque sorte à travers
» furent formés, tous mes anges me louèrent à l’espace, ce n’est pas se mouvoir soi-même.
» haute voix. » Ils ont probablement reçu l’exis- Or, l’Écriture sainte attribue eu mille endroits
tence quand le Créateur dit : « Que la lumière le mouvement personnel aux célestes intelli-
» soit ! » parole qui s'applique toujours tout en- gences. D'autres disent enfin que les anges
semble, suivant grand évêque d'ilipponc, au
le se meuvent par la faculté qu’ils ont d’être en
monde au monde invisible.
visible et même temps dans plusieurs lieux , même partout
Quel est leur nombre? Daniel en vit mille mil- quand ils le désirent. Mais cette opinion mérite
lions qui servaient le Seigneur, et dix mille mil- aussi la note d’hérésie. L’être qui est partout ne
lions qui étaient devant lui. Les bienheureuses se meut point, et un esprit supérieur qui pour-
armées des esprits supérieurs forment, dit l’A- rait être partout serait immense , infini : il serait
réopagite, une multitude que nous ne pouvons Dieu '.

Les Juifs, à l'exception des sadducéens, ad-


Lux maqica academica, cerlestium terrestrium
1
,
mettaient et honoraient les anges, en qui ils
etinfernorum origo, ordo et subordinatio cuncturum, voyaient, comme nous, des substances spiri-
quand esse, péri cl operari, XXIV voluminibus di- tuelles, intelligentes, les premières en dignité
visa. Pars I,Venise, 1686. sous le nom de Livio
Betani; pars II, Venise, 1687. Ces deux volumes 1
M. l'abbé Lâchât, Analyse du livre de JI. l'abbé
sont in-*°. Thibuudet sur les esprits.

Digitized by Google
,

ANC — 35 — ANG
entre les créatures, et qui, pour nous, n'ont sous leur garde fait une mauvaise action, ils le

au-dessus d’eux que la sainte Vierge. laissent dormir avant de l’enregistrer, espérant
Les rabbins, qui depuis la dispersion ont tout qu’il pourra se repentir à son réveil. Les Per-
altéré et qui placent la création des anges au
,
sans donnent à chaque homme cinq anges gar-
second jour, ajoutent qu’ayant été appelés au diens, placés le premier à sa droite pour écrire
:

conseil de Dieu, lorsqu'il voulut former l’homme, ses bonnes actions le second à sa gauche pour
,

leurs avis furent partagés, et que Dieu lit Adam écrire les mauvaises, le troisième devant lui pont
à leur insu, pour éviter leurs murmures. Ils re- le conduire, le quatrième derrière pour le ga-
prochèrent néanmoins à Dieu d’avoir donné trop rantir des démons, et le cinquième devant son
d'empire à Adam. Dieu soutint l'excellence de front pour tenir son esprit élevé vers le Pro-
son ouvrage parce que l’homme devait le louer
,
phète. D’autres en ce pays portent le nombre
sur la terre, comme les anges le louahnt dans le des anges gardiens de chaque homme jusqu’à
ciel. Il leur demanda ensuite s’ils savaient le cent soixante; ce qui est une grande vanité.
nom de toutes les créatures? Ils répondirent que Los Siamois divisent les anges en sept ordres,
non; et Adam, qui parut aussitôt, les récita et les chargent de la garde des planètes, des
tous sans hésiter, ce qui les confondit.
L’Écriture sainte a conservé quelquefois aux
démons le nom d'anges, mais anges de ténèbres,
anges déchus ou mauvais anges. Leur chef est
appelé le grand dragon et l’ancien serpent, h
cause de la forme qu’il prit pour tenter la femme.
Zoroastre enseignait l’existence d’un nombre
infini d’anges ou d’esprits médiateurs, auxquels
il attribuait non-seulement un pouvoir d'inter-
cession subordonné à la providence continuelle
de Dieu mais un pouvoir aussi absolu que celui
,

que les païens prêtaient à leurs dieux *. C'est le


culte rendu à des dieux secondaires que saint
Paul a condamné *.
Les musulmans croient que les hommos ont

villes, des personnes. Ils disent que c'est pen-


dant qu’on éternue qoe les mauvais anges écrivent
les fautes des hommes.
Les théologiens admettent neuf choeurs d’anges,
en trois hiérarchies : les séraphins, les chéru-
bins, les trônes; — les dominations, les princi-
pautés, les vertus des deux; — les puissances,
lesarchanges et les anges.
Parce que des anges en certaines occasions
,

où Dieu l'a voulu , ont secouru les Juifs contre


leurs ennemis, les peuples modernes ont quel-
quefois attendu le même prodige. Le jour de la

prise de Constantinople par Mahomet II, IcsGrccs


schismatiques, comptant sur la prophétie d'un
de leurs moines, se persuadaient que les Turcs
n’entreraient pas dans la ville, mais qu'ils se-
raient arrêtés aux murailles par un ange armé
d’un glaive, qui les chasserait et les repousserait
jusqu’aux frontières de la Perse. Quand l’ennemi
parut sur la brèche le peuple et l’armée se ré-
,

fugièrent dans le temple de Sainte-Sophie, sans


avoir perdu tout espoir mais l'ange n'arriva pas,
;

et la ville fut saccagée.


Cardan raconte qu'un jour qu’il était à Milan
c hacun deux anges gardiens dont l’un écrit le
,
le bruitse répandit tout à coup qu'il y avait un
bien qu'ils font, et l'autre le mal. Ces anges sont ange dans les airs au-dessus de la ville. Il ac-
si bons, ajoutent-ils, que, quand celui qui cs
t courut et vit, ainsi que deux mille personnes
rassemblées, un ange qui planait dans les nuages,
1 Bergier, Dictionnaire thrologiquf.
* Coloss., cap. il, vers. <8. armé d'une longue épée et les ailes étendues.
3 .

Digitized by Google
, ,

ANC — 36 - ANI

Les habitants s’écriaient que c’était l'ange exter- (.es Égyptiens adoraient l'anguille, que leurs
minateur et la consternation devenait générale
;
prêtres seuls avaient droit de manger.
lorsqu'un ecclésiastique fit remarquer que ce On a beaucoup parlé, dans le dernier siècle,
qu'on voyait n'était que la représentation dans des anguilles formées de farine ou de jus de mou-
les nuées d’un ange de marbre blanc placé au ton ;
c’était une de ces plaisanteries qu’on appelle
haut du clocher de Saint-Golhard. aujourd’hui des canards.
(i Angeweiller (Le comte d') épouse de la N’oublions pas le petit trait d’un avare rap-
,

main gauche une fée qui lui laisse des dons mer- porté par Guillaume de Malinesbury. doyen
1
veilleux. t’oy. Kf.ES . d’Elgin, dans la province de Murray, en Écosse,
Anguekkok, espèce de sorciers auxquels les lequel avare fut, pa r magie, changé en anguille
Groeulandais ont recours dans leurs embarras. et mis en matelote '.

Quand les veaux marins Animaux. Ils jouent un grand rôle dans les
ne se montrent pas en anciennes inythologies. Iæs païens en adoraient
assez grand nombre, on plusieurs, ou par terreur, otl par reconnaissance,
va prier l'anguekkok d’al- ou par suite des doctrines de la métempsycose.
ler trouver la femme pro- Chaque dieu avait un animal qui lui était dévoué.
digieuse qui, selon la Les anciens philosophes avaient parfois, au
tradition, a traîné la sujet des animaux de singulières idées. Cclse
,

grande Ile de Disco de qui a été si bien battu par Origène, soutenait que

la rivière de Baal où elle, lesanimaux ont plus de raison plus de sagesse, ,

était située autrefois, plus de vertu que l’homme (peut-être jugeait-il


pour la placer à plus de d’après lui-même), et qu’ils sont dans un com-
cent lieues de là , à l’en- merce plus intime avec la Divinité. Quelques-uns
droit où elle se trouve ont cherché dans de telles idées l’origine du
aujourd'hui. D’après la culte que les Égyptiens rendaient à plusieurs
légende , cette femme animaux. Mais d'autres mythologues vous diront
habite fond de la
au que ces animaux étaient révérés, parce qu'ils
mer, dans une vaste mai- avaient prêté leur peau aux dieux égyptiens en
s m gardée par les veaux déroute et obliges de se travestir, f oy. Ame des
marins; des oiseaux de bêtes.
mer nagent dans sa Divers animaux sont très-réputés dans la sor-
lampe d'buile de pois- cellerie. comme coq,
le chat, le crapaud, le
le
son, et les habitants de bouc, le loup., le chien, ou parce qu’ils accom-
l'abtmo se réunissent au- pagnent les sorcières au sabbat, ou pour les
tour d'elle, attirés par son éclat, sans pouvoir présages qu'ils donnent, ou parce que les magi-
la quitter, jusqu’à ce que l’anguekkok la sai- ciens et les démons empruntent leurs formes.
sisse par les cheveux, et, lui enlevant sa coif- Nous en parlerons à leurs articles particuliers.
fure, rompe le charme qui les retenait auprès Dix animaux sont admis dans le paradis de
d’elle. Mahomet la baleine de Jouas, la fourmi de Sa-
:

Quand un Groenlandais tombe malade, c’est lomon, le bélier d lsmaël, le veau d'Abraham,
encore l'anguekkok qui lui sert de médecin il se ; l'ànesse de Balaain, la chamelle du prophète
charge également de guérir les maux du corps Saleh le bœuf de Moïse, le chien des sept dor-
,

et ceux de l’àme ’. l’oy. Torncarsck. mants, le coucou deltalkis, reine de Saba, et la


Anguille. Les livres de secrets merveilleux mule de Mahomet. I ’otj. Boiucx.
donnent à l'anguille des vertus surprenantes. Si Nous ne dirons qu’un mol d’une erreur popu-
on la laisse mourir hors de l’eau qu'on nielle , laire qui , aujourd'hui , n’est plus très-enracinée.
însuile son corps entier dans de fort vinaigre On croyait autrefois que tontes les espèces qui
mêlé avec du sang de vautour, et qu’on place le sont sur se trouvaient aussi dans la mer.
la terre
tout sous du fumier, cette composition « fera Le docteur Brown a prouvé que celle opinion
ressusciter tout ce qui lui sera présenté, et lui n'était pas fondée. « Il serait bien difficile, dit-il,
redonnera la vie comme auparavant 1 ». de trouver l'hultro sur la terre; et la panthère,
Des autorités de la même force disent encore le chameau, la taupe ne se rencontrent pas dans
que celui qui mange le cœur tout chaud d'une l'histoire naturelle des poissons. D'ailleurs le re-
anguille sera saisi d'un instinct prophétique, et nard, le chien, l’àne, le lièvre de mer ne res-
prédira les choses futures. semblent pas aux animaux terrestres qui portent
le même nom. Le cheval marin n’est pas plus un
' Voyez aussi la Kt'-e d'Angeweiller, dans les Lé- cheval qu’un aigle; le bœuf de mer n’est qu'une
yen des des esprits et des démons.
Expédition du capitaine Graab dans le Groenland.
grosse raie; le lion marin, une espèce d'écre-
a Admirables secrets d’Albert le Grand, liv. II, 1
Cité par M. Saignes, Des erreurs el des pré-
cli. m. jupes.

Digitized by Google
, ,

AM — 37 — A.N'N

visse: et le chien marin ne représente pas plus gueur, et les jeunes mariées ont généralement
le chien de terre que celui-ci ne ressemble à soin de courber le doigt annulaire au moment
l'étoile Sirius, qu'on appelle aussi le chien'. » où elles reçoivent l'anneau , de manière à l’ar-
Il serait long et hors de propos de rapporter rêter avant la seconde jointure.
ici toutes les bizarreries que l'esprit humain a Les Anglaises, qui observent la même supersti-
enfantées par rapport aux animaux. Voy. tion font le plus grand cas de l’anneau d’al-
,

Bêtes, etc. liance, à cause de ses propriétés. Elles croient


Aniran, génie musulman qui préside aux qu'en mettant un de ces anneaux dans un bonnet
noces. de nuit, et plaçant le tout sous leur chevet, elles
Anjorrand. Voy. Denis. verront en songe le mari qui leur est destiné.
Anka. Voy. Simorcck. Les Orientaux révèrent les anneaux et les
Annaberge, démon terrible parmi les dé- bagues, et croient aux anneaux enchantés. Leurs
nions gardiens des mines. Il tua un jour plu- contes sont pleins de prodiges opérés par ces
sieurs ouvriers dans la riche mine d’argent de anneaux. Ils citent surtout, avec une admiration
l’Allemagne appelée Corona Rosarea. sans bornes, Vanneau de Salomon, par la force
« 1. 'annaberge se montrait sous la forme d’un duquel ce prince commandait à toute la nature.
bouc avec des cornes d’or, et se précipitait sur Le grand nom de Dieu est gravé sur cette bague,
les mineurs avec impétuosité ou sous la forme , qui est gardée par des dragons, dans le tombeau
d’un cheval qui jetait la flamme et la peste par
,
inconnu de Salomon. Celui qui s’emparerait de
ses naseaux. » Ce terrible annaberge pouvaiL cet anneau serait maître du monde et aurait
bien n'ètre qu’un esprit très-connu aujourd’hui tous les génies à ses ordres. Voy. Sakuar. A —
des chimistes sous le 'nom de feu grisou. La défaut de ce talisman prodigieux, ils achètent à
lampe de sûreté d'Humphrey-Davy aurait été un des magiciens des anneaux qui produisent aussi
talisman précieux aux mineurs de la Couronne des merveilles.
de roses ’. L’abominable Henri VIII bénissait des anneaux
Annabry, l’un des sept princes de l’enfer qui d’or, qui avaient, disait-il, la propriété de guérir
se montrèrent un jour h Faust. Il était en chien de la crampe '. Les faiseurs de secrets ont inventé
noir et blanc, avec des oreilles longues de quatre des bagues magiques qui ont plusieurs vertus,
aunes Voy. Faust. lueurs livres parlent de Vanneau des voyageurs.
Anne l'écossaise. — Voy. Aüxonne. Cet anneau , dont le secret n’est pas bien cer-
Anneau. Il y avait autrefois beaucoup d’an- tain, donnait à celui qui le portait le moyen
neaux enchantés ou chargés d’amulettes. Les d’aller sans fatigue de Paris à Orléans, et de
magiciens faisaient des anneaux constellés avec revenir d'Orléans à Paris dans la même journée.
lesquels on opérait des merveilles. Voy. Éi.f vzar. Anneau d’invisibilité. On n’a pas perdu le
— Cette croyance était si répandue chez les secret de Vanneau d'invisibilité. Les cabalistes
païens, que leurs prêtres ne pouvaient porter ont laissé la manière de faire cet anneau qui ,

d'anneaux, à moins qu'ils ne fussent si simples plaça Gygès au trône de Lydie. Il faut entre-
j

qu'il était évident qu'ils ne contenaient pas prendre cette opération un mercredi de prin-
d’amulettes*. temps, sous les auspices de Mercure, lorsque
Les anneaux magiques devinrent aussi de cette planète se trouve en conjonction avec une
quelque usage chez les chrétiens, cl même beau- des autres planètes favorables , comme la Lune
coup de superstitions se rattachèrent au simple Jupiter, Vénus et le Soleil. Que l'on ait de bon
anneau d'alliance. On croyait qu’il y avait dans mercure fixé et purifié on en formera une bague
:

le quatrième doigt, qu'on appela spécialement oit puisse entrer facilement le doigt du milieu ;

doigt annulaire ou doigt destiné à l'anneau un , on enchâssera dans le chaton une petite pierre
nerf qui répondait directement au cœur : on re- que l'on trouve dans le nid de la huppe et on ,

commanda donc de mettre l’anneau d'alliance à gravera autour de la bague ces paroles Jésus :

ce seul doigt. Le moment où le mari donne l’an- passant ; au milieu d'eux f s'en alla ’ puis, ;

neau à sa jeune épouse devant le prêtre, ce mo- ayant posé le tout sur une plaque de mercure
ment, dit un vieux livre de secrets, est de la fixé, on fera le parfum de Mercure; on enve-
plus haute importance. Si mari arrête l’anneau
le loppera l'anneau dans un taffetas de la couleur
à l'entrée du doigt et ne passe pas la seconde convenable à la planète, on le portera dans le
jointure, la femme sera maîtresse; mais s'il en- nid de la huppe d’où l'on a tiré la pierre, on l’y
fonce l’anneau jusqu’à l’origine du doigt, il sera laissera neuf jours ; et quand on le retirera , on
chef et souverain. Celle idée est encore en vi- fera encore le parfum comme la première fois ;
i puis on le gardera dans une petite boite faite
1
Brown, Des erreurs populaires, liv. 111, ch. xxiv.
avec du mercure fixé, pour s’en servir à l’occa-
* Qnarlerly Review, Essai sur les superstitions j

populaires.
3 M. François Hugo, le Faust anglais. 1
Misson Voyage d' Italie 1. 111, p.
. Iti, à la marge,
X, cap. xxv. J Saint Luc, ch. iv, verset 30.
* Aulu-Gelle. lib. j

Digitized by Google
ANN — 38 — ANN
sion. Alors on mettra la bague à son doigt. Kn ligure d'un cheval, avec un cou immense et des
tournant pierre au dehors de la main elle a
la ,
yeux eiïroyahles '. C’est le même que l’anna-
là vertu de rendre invisible aux yeux des assis- berge.
tants celui qui la porte et quand on veut être
; Année. Plusieurs peuples ont célébré par des
vu il suffit de rentrer la pierre en dedans de la
,
cérémonies plus ou moins singulières le retour
main que l’on ferme en forme de poing.
,
du nouvel an. Chez les Perses, un jeune homme
Porphyre, Jamblique, Pierre d'Apoue et Agrip- s'approchait du prince et lui faisait des offrandes,
pa, ou du moins les livres de secrets qui leur en disant qu’il lui apportait la nouvelle année de
sont attribués soutiennent qu'un anneau fait de
,
la part de Dieu. Chez nous, on se donne des

la manière suivante a la même propriété. Il faut élrennes.


prendre des poils qui sont au-dessus de la tête Les Gaulois commençaient l’année parla céré-
de l'hyène, et en faire de petites tresses avec monie du gui de chêne qu'ils appelaient le gui
,

lesquelles on fabrique un anneau , qu’on porte de tan neuf ou du nouvel an. Les druides, accom-
aussi dans le nid de la huppe. On le laisse là pagnés du peuple, allaient dans une forêt, dres-
neuf jours; on le passe ensuite dans des parfums saient autour du plus beau chêne un autel trian-
préparés sous les auspices de Mercure (planète). gulaire de gazon, et gravaient sur le tronc et sur
On s’en sert comme de l'autre anneau, excepté les deux plus grosses branches de l'arhre révéré
qu'on l'ôte absolument du doigt quand on ne les noms des dieux qu'ils croyaient les plus puis-

veut plus être invisible. sants: Thrutatès, Hésus, Tarants, Vclcnut. En-
Si, d'un autre côté, on veut se précautionner suite l’un d’eux, vêtu d’une blanche tunique,
contre de ces anneaux cabalistiques, on
l'efTel coupait le gui avec une serpe d'or-,
deux autres
aura une bague faite de plomb raffiné et purgé; druides étaient pour le recevoir dans un linge

on enchâssera dans le chaton un oeil de jeune et prendre garde qu'il ne touchât la terre. Ils dis-
belette qui n'aura porté des petits qu’une fois; tribuaient l'eau où ils faisaient tremper ce nou-
sur le contour on gravera les paroles suivantes :
J
veau gui , et persuadaient au peuple qu'elle gué-
Apparuit Dominas Simoni. Cette bague se fera rissait plusieurs maladies et qu'elle était efficace
un samedi, lorsqu’on connaîtra que Saturne est contre les sortilèges ’.

en opposition avec Mercure. On l'enveloppera Année platonique. On appelle année plato-


dans un morceau de jinceul mortuaire qui ail nique un espace de temps à la fm duquel tout doit
enveloppé un mort; on l’y laissera neuf jours; se retrouver à la même place. Les uns comptent
puis, l’ayant retirée, on fera trois fois le parfum seize mille ans pour cette révolution, d'autres
de Saturne, et on s’en servira. trente-six mille y en eut aussi qui croyaient
*. Il

Ceux qui ont imaginé ces anneaux ont rai- anciennement qu'au bout de cette période le
sonné sur le principe de l'antipathie qu’ils sup- monde serait renouvelé, et que les âmes rentre-
posaient entre les matières qui les composent. raient dans leurs corps pour commencer une
Rien n’est plus anLipalhique à la huppe que nouvelle vie semblable à la précédente. On conte
l’hyène, et Saturne rétrograde presque toujours là-dessus cette petite anecdote ;

à Mercure; ou, lorsqu'ils se rencontrent dans le Des Allemands, arrêtés dans une auberge de
domicile de quelques signes du zodiaque , c'est Châlons-sur-Marne, amenèrent la conversation
toujours un aspect funeste et de mauvais augure sur celte grande année platonique où toutes les
Nous parlons astrologie. choses doivent retourner à leur premier état; ils
On peut faire d’autres anneaux sous l’influence voulurent persuader au maître du logis qu'il n'y
des planètes, et leur donner des vertus au avait rien de si vrai que cette révolution ;
« de
moyen de pierres et d'herbes merveilleuses. sorte, disaient-ils, que, dans seize mille ans
« Mais dans ces caractères, herbes cueillies, d'ici, nous serons à boire chez vous à pareille
constellations et charmes, le diable se coule », heure et dans cette même chambre. »
comme dit Leloyer, quand ce n'est pas simple- Là-dessus, ayant très-peu d'argent, en vrais
ment le démon de la grossière imposture. < Ceux Allemands qu'ils étaient, ils prièrent l'héle de
qui observent les heures des astres, ajoute-t-il, leur faire crédit jusque-là.
n’observent que les heures des démons qui pré- Le cabaretier champenois leur répondit qu’il
sident aux pierres, aux herbes et aux astres le voulait bien. « Mais, ajouta-t-il, parce qu’il y

mêmes. » Et il est de fait que ce ne sont ni des a seize mille ans, jour pour jour, heure pour heure,
saints ni des cœurs honnêtes qui se mêlent de que vous étiez pareillement à boire ici comme
ces superstitions.
1
Wierus, De proest., lib. 1, cap. xxn.
Anneberg, démon des mines; il tua un jour s Saint-Koix, Essais, etc., t. II.
de son souffie douze ouvriers qui travaillaient à 3 Quelques-uns disaient que les corps célestes

une mine d'argent dont il avait la garde. C'est seulement se retrouvaient au même point au bout de
la grande année. Cicéron, dans un passage de son
un démon méchant, rancunier et terrible. Il se
Hortensias, conservé par Servius, fait cette grande
montre surtout en Allemagne on dit qu’il a la
;
année de douze mille neuf cent cinquante-quatre des
1
Petit Albert. nôtres.

aOOgle
ANN — 39 — ANS
vous faites, et que vuus vous êtes retirés sans lution complète. Quelques-uns disent même qu’il
payer, acquittez le passé, et je vous ferai crédit se renouvelle entièrement. D’autres prétendent
du présent... » que ce renouvellement n'a lieu que tous les neuf
Année climatérique. Le préjugé des années ans aussi les années climatériques se comptent
:

climatériques subsiste encore ,


quoiqu'on en ait à par sept et par neuf. Quaraule-neuf et quatre-
peu près démontré l’absurdité. Auguste écrivait vingt-un sont des années très-importantes , disent
à son neveu Caius pour l'engager à célébrer le les partisans de celle doctrine; mais soixante-
jour de sa naissance, attendu qu’il avait passé la trois est l'année la plus fatale,parce que c'est la
soixante-troisième année, — qui est celte grande multiplication de sept par neuf, L'n Normand di-
climatérique si redoutable pour les humains. — sait Encore un des miens pendu à quarante-neuf
;

Beaucoup de personnes craignent encore l’année ans! cl qu’on dise qu’il ne faut pas se méfier des
climatérique; cependant une foule de relevés années climatériques !

prouvent qu'il ne meurt pas plus d'hommes dans « On ne doit pourtant pas porter trop loin, dit

la soixante-troisième année que dans les années M. Salgues, le mépris de la période septénaire,
qui la précèdent. Mais un préjugé se détruit avec qui marque en effet les progrès du développe-
peine. Selon ces idées, que Pythagore fit naître ment et de l’accroissement du corps humain.
par ses singulières rêveries sur les nombres notre , Ainsi, généralement, les dents de l’enfance
tempérament éprouve tous les sept ans une révo- tombent à sept ans , la puberté se manifeste à qua-

Al'rmsndi rauianl dp l'annép platonique.

lorze, le corps cesse de croître à vingt et un. » lypse. L'auteur pense que Mahomet est l’Anté-
— Mais cette observation n’est pas complètement christ, et que la fin du monde aura lieu quand le
exacte. peuple des saints (les chrétiens) aura soumis en-
Anninga la lune chez les Groënlandais. C'était
,
tièrement les juifs et les mahométans.
au commencement un jeune garçon qui aimait à Anocchiatura ,
fascination involontaire qui
courir les champs avec sa sœur Malina. Or un s'exerce soit par les yeux, soit par les paroles,
jour qu’il la poursuivait, elle se retourna tout à selon les croyances populaires des Corses, mais
coup et lui barbouilla de noir la figure. Après quoi dans un sens très-bizarre, les puissances mysté-
Malina , perdant terre s'élança dans le ciel où
, , rieuses qui président à l’anocchiatura ayant la

elle devint le soleil.Anninga, qui n'a cessé de la singulière habitude d’exécuter le contraire de ce
poursuivre, est devenu la lune. qu’on souhaite. Aussi dans la crainte de fasciner
,

Aimius de Titerbe (Jean Nanni) savant ecclé- , les enfanLs en leur adressant des bénédictions
siastique, né à Viterhc en 1i32. Il a publié une ou des éloges, le peuple qui leur veut du bien le
collection de manuscrits attribués à Bérose, à leur prouve par des injures et des souhaits d’au-
Fabius Pictor, à Caton, à Archiloque, à Mané- tant plus favorables qu’ils sont plus affreusement
thon, etc., et connus sous le nom d Antiquités ' exprimés*.
d'Annius. Ce recueil a peu de crédit. On prétend Anpiel l'un des anges que les rabbins char-
,

qu’il contient beaucoup de fables; mais plusieurs gent du gouvernement des oiseaux car ils mettent ;

de ces fables sont d’antiques légendes. chaque espèce créée sous la protection d’un ou
On doit encore à Annius un Traité de l'empire de plusieurs anges.
des Turcs, et un livre des Futurs triomphes des Anselme de Parme, astrologue né à Parme,
chrétiens sur les Turcs et les Sarasins, etc. Ces où il mourut en 1440. Il avait écrit des Inslitu-
deux ouvrages sont des explications de l'Apoca- 1
M. P. Mérimée, Colomba.

Digitized
, ,,

ANS - AO — ANT
lions etstrolot/ir/ues qui n'oill pas été imprimées. Antéchrist. Par Antéchrist on entend ordinai-
Wierus 1
démonographes le incitent
el quelques rement un tyran impie et cruel, ennemi de Jésus-
au nombre des sorciers. Des charlatans qui gué- Christ.Il doit régner sur la (erre lorsque le monde
,

rissaient les plaies au moyen de paroles mysté- approchera de sa fin. Les persécutions qu’il exer-
rieuses que l’on prétend inventées par lui ont , cera conlre les élus seront la dernière et la plus
pris le nom d'ansclmisles et, pour mieux en ; terribleépreuve qu’ils auront à subir: et même
imposer, de tenir leur vertu de
ils se vantaient Noire-Seigneur a déclaré que les élus y succom-
guérir non d'Anselme de Parme mais de saint ,
beraient, si le Icmps n'en était abrégé en leur
Anselme de Canlorbéry. Vov. Art de saint An- faveur; car il se donnera pour le Messie et fera
selme. des prodiges capables d'induire en erreur les Mus
mimes.
Leloyer rapporte cette opinion populaire ,
que
les démons souterrains ne gardent que pour lui

les trésors cachés, au moyen desquels il pourra


séduire les peuples ; et sa persécution sera d'au-
lant plus redoutable, qu'il ne manquera d'aucun
moyen de séduire, et agira beaucoup plus par la

corruption que par la violence brutale. C’est à


cause des miracles qu’il doit faire que plusieurs
l'appellent le singe de Dieu.
Le mot de passe des sectateurs de l’Antéchrist
sera dit Boguel
,
Je renie le baptême.
:

Ce qui est assez grotesque, assurément, c'est


que les protestants, ces précurseurs de l’Anté-
christ, donnent le nom d'Antéchrist au pape,

Amiactiiilori. comme les larrons qui crient au voleur pour dé-


tourner d’eux les recherches'. Voy. Abdekl.
Ansuperomain , sorcier des environs do Saint- j
On a raillé l’abbé Fiard qui regardait Voltaire
,

Jean-de-Luz, qui, selon des informations prises et les encyclopédistes comme des précurseurs de
sous Henri IV par le conseiller Pierre Delancre 5 , l’ Antéchrist. Il est très-possible que les railleurs
fut vu plusieurs fois au sabbat, à cheval sur un aient tort.
démon qui avait forme de bouc,
la et jouant de Antesser, démon, l oi/. Bloxula.
la flûte pour la danse des sorcières. Anthropomancie divination par l’inspection
,

Anthæus. Il
y a, comme dit Buguct, des fa- des entrailles d'hommes ou de femmes évenlrés.
milles où il se trouve toujours quelqu'un qui de- Cet horrible usage était très-ancien. Hérodote dit
vient loup-garou. Évanthes el après lui Pline que Ménélas, retenu en Égypte par les vents con-
rapportent que dansla race d’un certain Anthæus traires, sacrifia à sa barbare curiosité deux en-
Arcadien, on choisissait par le sort un homme ! fanls du pays, et chercha à savoir ses destinées
que l'on conduisait près d’un étang. Là, il se dé- dans leurs entrailles. Héliogabale pratiquait celte
pouillait ,
pendait scs habits à un chêne ; et , après divination. Julien l’Apostat, dans ses opérations
avoir passé l'eau à la nage, s’enfuyait dans un magiques et dans ses sacrifices nocturnes, faisait
désert où, transformé en loup, il vivait et con- tuer, dit-on, un grand nombre d’enfants pour
ver.-ait avec les loups pendant neuf ans. Il fallait consulter leurs entrailles. Dans sa dernière expé-
que durant ce temps il ne vil point d'hommes ; dition, étant à Carra, en Mésopotamie, il s’en-
autrement le cours des neuf ans eut recommencé. ferma dans le temple de la Lune et après avoir ; ,

Au bout de ce terme il retournait vers le même fait ce qu’il voulut avec les complices de son im-
étang, le traversait à la nage et rentrait chez lui piété, il scella les portes, et y posa une garde
où ne se trouvait pas plus âgé que le jour de
il qui ne devait être lovée qu’à son retour. Il fut tué
sa transmu talion en loup le temps qu'il avait : dans la bataille qu’il livra aux Perses et ceux qui ,

passé sous cette forme ne faisant pas compte dans entrèrent dans le temple de Carra sous le règne
le nombre des années de sa vie de Jovicn, son successeur, y trouvèrent une
Antamtapp enfer des Indiens, plein de chiens
, femme pendue par les cheveux, les mains éten-
enragés et d’insectes féroces. On y est couché sur dues, le ventre ouvert el le foie arraché.
des branches d'épines et continuellement caressé Anthropophages. Le livre attribué à Énoch
par des corbeaux à bec de fer. Les Brahmes ditque les géants nés du commerce des anges
disent que les supplices de cet enfer sont étemels. avec les filles des hommes furent les premiers
anthropophages. Marc-Paul rapporte que de son
' In iibro apoiogetico .

- Tableau ae Tiin,.n$lant: des démons, liv. III,


dise. iv. Vmez la Légende de l'Antéchrist
i
,
à la fin des
•* Discours lies spectres, liv. IV, ch. xv. UgerAis du Nouveau Testament.

Digitized by Google I
AM — 41 - AM
temps, dans la Tartaric, les magiciens avaient dame qui aimait beaucoup les tableaux et les gra-
le droit de manger la chair des criminels; les \nres s'évanouissait lorsqu'elle en trouvait dans
sorciers ont été souvent convaincus d’anlhropo- un livre; elle en dit la raison étant encore pe-
:

phagie , notamment les loups-garous, et des écri- lite, son père l'aperçut un jour qui feuilletait les
vains ont relevé ce fait notable qu'il n'y a que volumes de sa bibliothèque pour y chercher des
les chrétiens qui n'aient pas été anthropophages, images il les lui retira brusquement des mains,
:

Antide. Une vieille tradition populaire rap- et lui dit d'un ton terrible qu’il y avait dans ces
porte que saint Antide , évéquo de Besançon vit , livres des diables qui l'étrangleraient si elle osait
un jour dans la campagne un démon fort maigre y toucher.... Ces menaces absurdes, ordinaires
et fort laid, qui se vantait d'avoir porté le trouble à certains parents, occasionnent toujours do fu-
dans l’Église de Rome, Le saint appela le démon ,
nestes effets qu'on ne peut souvent plus détruire,
le fit mettre à quatre pattes, lui sauta sur le dos, Pline assure qu'il y a une telle antipathie entre
par lui transporter à Rome, répara le dégât
1

se fit le loup et le cheval, que si le cheval passe où le


dont l'ange déchu se montrait si fier, et s’en rc- loup a passé, il sent aux jambes un engourdis-
vint en son diocèse par la même voiture. :
scinent qui l’empêche de marcher. Un cheval
Antiochns, moine de Séba qui vivait au com- ,
I
sent le tigre en Amérique, et refuse obstinément
mencement du septième siècle. Dans ses 190 ho- de traverser une forêt où son odorat lui annonce
|

méfies, intitulées Pandectes des divines Ecritures, i


la présence de l'ennemi. Les chiens sentent aussi

la 84*. De insomnüs, roule sur les visions et les très-bien les loups, avec lesquels ils ne sympa-
songes'. thisent pas; et peut-être serions-nous sages de
j

Antipathie. Les astrologues prétendent que :


suivre jusqu’à un certain point, avec les gens
ce sentiment d’opposition qu’on ressent pour une que nous voyons la première fois, l'impression
personne ou pour une chose est produit par les sympathique ou antipathique qu'ils nous font
astres. Ainsi deux personnes nées sous le même éprouver, car l'instinct existe aussi chez les
aspect auront un désir mutuel de se rapprocher, hommes mêmes, qui le surmontent plus ou moins
et s'aimeront sans savoir pourquoi de même que ;
i

à propos par la raison,


d'autres se haïront sans motif, parce qu’elles se- Antipodes. L’existence des antipodes était
ront nées sous des conjonctions opposées. Mais regardée naturellement comme un conte, dans le
comment expliqueront-ils les antipathies que les i
temps où l'on croyait que la terre était plate,
grands hommes ont eues pour les choses les plus : Mais il n'est pas vrai, comme on l'a perfidement
communes? On en cite un grand nombre aux- écrit, que le prêtre Virgile fut excommunié
quelles on ne peut rien comprendre. La Motlio- par le pape Zacharie pour avoir soutenu qu’il
le-Vayer ne pouvait souffrir le son d'aucun in- y avait des antipodes. Ce Virgile au contraire, à
st ruinent et goûtait le plus vif plaisir au bruit du
,
cause de sa science, fut comblé d'honneurs par
tonnerre. César n'entendait pas le chaut du coq le sainl-siége et nommé à l'évèché de Salzbourg.

sans frissonner. Le chancelier Bacon tombait en ;


D'ailleurs le pape Zacharie savait probablement
défaillance tuules les fois qu'il y avait une éclipse ;
qu’il y a des antipodes puisque avant lui Cri-
,

ée lune. Marie de Médicis ne pouvait supporter i


gène, le pape saint Clément et d'autres en avaient
la v ue d’une rose , pas même
en peinture , et elle parlé. Saint Basile, saint Grégoire de Nysse,
aimait toutes les autres fleurs. Le cardinal Henri saint Athanase et la plupart des Pères n’igno-
de Cardonne éprouvait la même aversion , et tom- raient pas la forme sphérique de la terre. On en a
bail en syncope lorsqu'il sentait l'odeur des roses, le lémoignagedauslelivrede/a Créationdu monde,

Le maréchal d’Albret se trouvait mal dans un re- écrit par Jean Philoponos au septième siècle,
pas où l'on servait un marcassin ou un cochon La plupart des hommes à qui l’éducation n’a
de lait. Henri III ne pouvait rester seul dans une pas étendu les bornes de l'esprit croient encore
chambre où il y avait un chat. Le maréchal de que la terre n’est qu'un grand plateau, et il se-
Schomberg avait la même faiblesse. Ladislas , roi rait difficile de leur persuader qu'on trouve au-
de Pologne, se troublait et prenait la fuite quand dessous de nous des humains qui ont la tête en
il voyait des pommes. Scaliger frémissait à l'as- bas, cl les pieds justement opposés aux nôtres '.
pecl du cresson. Érasme ne pouvait sentir le pois- Les anciens mythologues citent, dans un autre
son sans avoir la fièvre. Tycho-Brahé défaillait à sens, sous le nom d'Anlipodes, des peuples fabu-
la rencontre d'un lièvre ou d'un renard. Le duc leux de la Libye, à qui on attribuait huit doigts
d'Épernon s'évanouissait à la vue d'un levraut, aux pieds, et les pieds tourné* en arrière. On
Cardan ne pouvait souffrir les œufs; le poêle ajoute qu'avec cela ils couraient comme le vent.
Ariostc, les bains; le fils de Crasses, le pain; An ti thées. Les païens donnaient ce nom à des
Jules César Scaliger, le son de la vielle. esprits grossiers démons du dernier ordre, qui
,

On trouve souvent la &usc de ces antipathies venaient souvent à la place des dieux évoqués
dans les premières sensations de l'enfance. Une par les magiciens et leur jouaient do vilains tours.
1
Voyez t. XII de la Bibliotheea Patrssm, ed. 1
M. Salgues, Des erreurs et des préjuges, t II,
Lu.’dun. p. 72.
,

Antoine. Saint Antoine est célèbre par les gravial de Brandebourg. Son histoire a été pu-
tentations qu’il cul à subir de la part du diable. bliée par Sixte Agricola et Georges Wilmer
Ceux qui ont mis leur esprit à la torture pour (Ingolstadt, 158fi). Gorres l'a résumée dans le
donner à ces faiLs un côté plaisant n'ont pas tou- quatrième volume de sa Mystique. Nous l’em-
jours eu autant d'esprit qu'ils ont voulu en mon- pruntons à ce grand ouvrage. Hans Geissel- —
trer. Ils n'égalent certainement pas le bon légen- brecht était un chenapan qui passait sa vie à
daire, qui conte qu'Aulnine, ayant dompté Satan, boire, à jurer et à maltraiter sa femme. Un ma-
le contraignit à demeurer auprès de lui sous tin, les voisines reprochèrent à la pauvre Apol-
sa forme la plus convenable, qui était celle d'un lonie le vacarme qui s'était fait toute la nuit chez
cochon, l'oy. Ardents. elle. Furieuse de subir des reproches après tout
Apantomancie, divination tirée des objets ce qu’elle endurait de son mari, elle s’écria : —
qui se présentent à l’improvisle. Tels sont les Si le bon Dieu ne veut pas me délivrer de cet
présages que donne la rencontre d’un lièvre ou homme violent, eh bien , que le diable vienne à
d'un aigle, etc. mon aide. — Le soir, lorsque le bétail fut ren-
Aparctiens, peuples fabuleux que d’anciens tré, elle s’en alla traire ses vaches. Alors elle vit
conteurs ont placés dans le Septentrion. Ils étaient voler autour de sa tête deux oiseaux qui sem-
transparents comme du cristal , et avaient les blaient des corbeaux quoique à cette époque il
,

pieds étroits et tranchants comme


des patins, ce 1 n'y en eût plus dans le pays. Puis un homme de
ce qui les aidait merveilleusement à glisser sur ! haute taille parut à scs côtés et lui dit : —
Ah 1
leurs lacs gelés. Leur longue barbe ne leur pen- ma pauvre femme, j’ai bien pitié de vous et de

dait pas au menton, mais au bout du nez. Ils votre triste sort, avec un affreux mari qui dévo-
n'avaient point de langue, mais deux solides râ- ;
rera tout ce que vous possédez. Si vous voulez
teliers de dents, qu’ils frappaientmusicalement être â moi je vais vous conduire â l'instant en
,

l’un contre l'autre pour s’exprimer. Ils ne sor- !


un lieu charmant où vous pourrez boire, man-
taient que la nuit, et se reproduisaient par le ger, chanter, danser â votre aise, et mener une
moyen de la sueur, qui se congelait cl formait vie comme vous n’en avez jamais mené jusqu’ici,
un petit. Leur dieu était un ours blanc'. car le ciel n’est pas tel que vous le représen-
|

Apis, ou mieux Hapi. C’est le b ref que les tent vos prêtres; je vous ferai voir bien antre
Égyptiens adoraient. Il devait être noir et avoir chose. — Apollonie, sans plus réfléchir, donna
une tache blanche carrée sur le front. Dès qu'il sa main à l'inconnu en disant qu’elle voulait bien
avait trôné vingt-cinq ans dans ses deux étables, être â lui. Aussitôt elle fut possédée, l-es voisins,
qui étaient deux temples, on le noyait, et on lui un instant après, accoururent à ses cris, car elle
cherchait un remplaçant. On croit que ce boeuf venait do se jeter dans un égout situé près de son
représentait Osiris. étable, et elle pouvait s'y noyer. Comme on la
Apocalypse. Dans celte clôture redoutable du remportait dans sa maison, elle s'écriait : —
saint livre qui commence par la Genèse, l’esprit Laissez-moi! ne voyez-vous pas la vie délicieuse
de l'homme s’est souvent égaré. I-a manie de que je mène; je ne fais que boire, manger,
vouloir tout expliquer, quand nous sommes en- chanter et danser'... 11 parait que les exorcismes
tourés de tant de mystères que nous ne pouvons la guérirent, et nous n'avons pas la suite de son

comprendre ici-bas, a fourvoyé bien des esprits. liistoire.

Après avoir trouvé la bêle â sept tètes et l’Anté- Apollonius de Tyane, philosophe pythago-
christ dans divers personnages, on est aussi peu ricien, né à Tyane en Cappadoce, peu de
avancé que le premier jour. Newton a échoué temps après Notre-Seigneur Jésus-Christ. C'était
comme les autres, dans l’interprétation de l'Apo- un de ces aventuriers qui s’occupaient de théur-
calypse. Ceux qui l'ont lue comme un poème gie, et qui cherchaient auprès des magiciens et
hermétique ont leur excuse dans leur folie. Pour !
des jongleurs, si nombreux chez les païens, ces
nous, attendons que Dieu lève les voiles. j
secrets mystérieux au moyen desquels ils éton-
Il
y a eu plusieurs Apocalypses supposées, de naient la foule. 11 était oublié lorsque l'impéra-
saint Pierre, de saint Paul, de saint Thomas, de trice Julie,femme de Septime Sévère, princesse
saint Étienne, d’Esdras, de Moïse, d'Élie, d'Abra- de mœurs dissolues, et par conséquent ennemie
ham, de Marie, femme de Noé, d’Adam même. Por- de l'Évangile, pria Philostrate, autre ennemi des
phyre a cité encore une Apocalypse de Zoroastre. chrétiens, de faire d'Apollonius un héros que l’on
Apollinaire plante ainsi nommée chez les
,
pût opposer au Christ, ^vec des matériaux re-
païens parce qu'elle était consacrée à Apollon. cueillis plus d'un siècle après la mort de cet

Iæs chrétiens lui ont conservé ce nom à cause homme, dont on ne se souvenait plus, il composa
du grand saint qui l'a porté. un récit que Lactancc compare à l'Ane d’ or d'A-
Apollonie de Leuttershausen. Celte femme pulée. Apollonius de Tyane était un magicien
vivait au temps où s'établit la réforme. Elle ha-
' La mystique divine, naturelle et diabolique,
bitait avec son mari, Hans Geisselbrecht, le mar-
par Gorres, traduit de l'allemand par M. Charles
1
Supplément à t Histoire véritable Je Lucien. Sainte-Foi.
APO - 43 - APP
comme Faust, et, comme lui, on l’a entouré de Hiéroclès, qui, d’après les récits de Philostratc,
merveilles souvent imaginaires. Sa vie, qui n'est voulait faire sa cour à Domitien en vantant ce
ainsi qu'un roman , a été traduite en français faiseur de tours de passe-passe , eut le front de
par Vigenèrc, un volume in-4“‘. dire qu’il avait été enlevé au ciel , tandis que de
Eusébe ne parle d’Apollonius de Tvano que plus avisés ont écrit qu'il avait été emporté par
comme d'un escamoteur. Leloycr dit que ce fut le diable dans un Age avancé.
Simon le magicien qui lui enseigna la magie El il n’est pas le seul qui ait eu cette chance,
noire, et Ammicn Marcellin le met au nombre quoique le vulgaire des philosophes n’y voie que
des hommes qui ont été assistés d'un démon fa- du feu. On a dit aussi que, si Aurélien, qui ve-
milier, comme Socrate, Nu ma et une foule d’au- nait de prendre Tyane en Cappadoce, et qui avait
tres. On sait peu de choses surjla lin d’Apollonius. juré de la détruire, l’épargna cependant, c’est que

pparitions. On ne peut pas très-


bien préciser ce que c’est qu'une ap-
parition. Dom Calmet dit que si l’on

quelqu'un en songe, c'est une


voit
apparition. « Souvent, ajoute-t-il, il
le spectre d'Apollonius lui avait apparu et avait n'y a que l'imagination de frappée; ce n’en est
intercédé pour sa ville. —
Le croira qui voudra. pas moins quelquefois un fait surnaturel quand
il a des relations. »
Il
y a eu des gens qui ont trouvé Apollonius
vivant au douzième siècle. Voy. Artephius. Dans la rigueur du terme, une apparition est
Apomazar. Des significations et événements la présence subite d’une personne ou d’un objet

des songes, selon la doctrine des Indiens, Perses contre les lois de la nature par exemple l'ap-
: ,

et Égyptiens, par Apomazar. Vol. iu-8"; Paris, parition d'un mort, d’un ange, d’un démon, etc.
1580. Fatras oublié, mais rare. Ceux qui nient absolument les apparitions sont
Apone. Voy. Pierre d’Apone. téméraires. Spinoza, malgré son matérialisme,
< Voyez l’abrégé de cette vie dans les Légendes reconnaissait qu’il ne pouvait nier les appari-
infernales. tions ni les miracles.

Digitized by Googl
APP - hh — APP"

On ne raisonne pas mieux lorsqu'on dit qu'une femme cl mourut subitement. On fut Irès-em-
chose qui est arrivée autrefois devrait arriver en- barrassé quand le maître du dépôt vint le récla-

core. Il y a bien des choses qui ont eu lieu jadis mer. Saint Macaire pria, dit la légende, et le

et qui ne se renouvellent pas, dans le système défunt apparut à sa femme, à qui il déclara que
mémo des matérialistes, comme il y a bien des l'argent redemandé était enterré au pied de son
choses qui ont lieu aujourd'hui et que jadis on lit,ce qui fut trouvé vrai. Ces sortes d'appari-
n’a pas soupçonnées. tions ne peuvent pas être repoussées parco ,

Nous devons admettre et croire les apparilions qu'elles ont devant Dieu un motif raisonnable.
rapportées dans les saintes Écritures. Nous ne Mais Dieu no permet jamais les apparitions ridi-
sommes pas tenus à la même foi dans les simples cules. qui ne sont généralement que de mauvaises
histoires; et il V a des apparitions qui, réelles ou farces. Ce sont les apparitions des morts chez les
intellectuelles, sont fort surprenantes. On lit anciens qui ont donné naissance à la nécroman-
dans la vie de saint Macairc qu’un homme ayant cie. l'oÿ. NécttoMancnt.
reçu un dépôt le cacha «tus en rien dire à sa Nous ne songerons à nous occuper ici que des

apparilions illusoires ou douteuses, et le nombre eu 1720, accusée, à Londres, d'être complice du


en est immense. Nous suivrons un moment les meurtre de son mari, niait le fait; on lui pré-
écrivains qui ne doutent de rien, et qui, dans sente l’habit du mort , qu'on secoue devant elle ;

leurs excès mêmes, sont encore moins stupides son imagination épouvantée lui fait voir son mari
et moins à quatre pattes que ceux qui doutent de même ; elle se jette h scs pieds et déclare qu'elle
tout. Quelquefois, disent-ils, les apparilions ne voit son mari. Mais on trouvera des choses plus
sont que vocales c’est une voix qui appelle.
: inexplicables.
Mais dans bonnes apparilions l'esprit se
les Les apparitions du diable, qui a si peu besoin
montre. — Quandles esprits se font voir à un de se montrer pour nous séduire, faibles que
homme seul, ajoutent les calmlistes,
ils ne pré- nous sommes, ont donné lieu h une multitude de
sagent rien de bon quand ils apparaissent à deux
;
récits merveilleux. Des sorciers brûlés à Paris
personnes à la fois, rien de mauvais; ils ne se ont dit en justice que, quand le diable veut se
montrent guère à trois personnes ensemble. faire un corps aérien pour se montrer aux hom-
Il y a des apparitions imaginaires causées par mes, n il faut que le vent soit favorable et que
les remords des meurtriers se sont crus harcelés
; la lune soit pleine ». Et lorsqu’il apparaît, c’est
ou poursuivis par leurs victimes. Une femme, toujours avec quelque défaut nécessaire, ou trop

>gle
APP — 45 - A PU
noir, ou (rop pâle, ou trop rouge, ou-trnp grand, i riques avec un fil imperceptible. Pendant la nuit,
'

ou trop petit, ou le pied fourchu, ou les mains ils donnaient le mouvement et la direction qu’ils
en griffes, ou la queue au derrière et les cornes voulaient à leurs globes de feu , cl quand les cu-
en tête, etc., à moins qu’il ne prenne une forme flamme, elle devenait
. rieux couraient après une
bizarre. Il parlait à Simon le Magicien, et à mais à l’instant il en surgissait
aussitôt invisible ;

d'autres, sous la ligure d’un chien à Pvthagore, une autre sur un point opposé pour détourner
; ! -

sous celle d’un fleuve; à Apollonius, sous celle l’attention. Ce jeu s’effectuait ainsi pendant quel-
d'un orme , etc. ques instants successivement et puis simultané- ,

Excepté les démons de midi les démons et les ment de manière à produire plusieurs flammes

, ,

spectres apparaissent la nuit plutôt que le jour, à la fois. Celle jonglerie trompa bien des in-
et la nuit du vendredi au samedi de préférence à crédules effrayés mais enfin il se trouva un es- ;

toute autre, comme le déclare Jean Bodin, d'a- prit rassis. Caché derrière une haie, il observa
près un grand nombre de témoignages. attentivement la mise en scène et devina le secret
I.es apparitions des esprits, dit Jamblique, sont de la comédie. Suffisamment édifié , il alla quérir
analogues à leur essence. L’aspect des habitants la gendarmerie , et les cinq mystificateurs furent
des deux est consolant celui des archanges ter- arrêtés au moment où ils donnaient une nouvelle
,

rible, celui des anges moins sévère, celui des représentation. Quel était leur but ? On l'ignore.
démons épouvantable. Il est assez difficile, Le plus curieux de l'histoire, c’est qu'une com-
ajoute-t-il de se reconnaître dans les apparitions mission scientifique avait déjà préparé un rap-

,

des spectres , car il y en a de mille sortes. port sur l'étonnant phénomène météorologique de
Delancre donne pourtant les moyens île ne point ces mauvais plaisants. »
s'y tromper. « On peut distinguer les âmes des Mais il ne faut pas s'appuyer sur des farces do
démons, dit-il. Ordinairement les âmes apparais- ce genre pour nier les apparitions. Il y en a d'in-
sent en hommes portant barbe, eu vieillards en contestables, comme on le verra eu divers ar-
,
'

enfants ou en femmes, bien que ce soit en habit ticles de ce livre.


cl en contenance funeste. Or les démons peuvent Apsaras. Les apsaras sont les fées de la my-
I

se montrer ainsi. Mais, ou c’est ame d’une per- thologie indienne.


l

sonne bienheureuse, ou c'est lame d'un damné.


Si c'est l'àtne d'un bienheureux, et qu’elle re-
vienne souvent, il faut tenir pour certain que
c'est un démon qui ayant manqué son coup
, ,

de surprise revient plusieurs fois pour le tenter


,

encore. Car une âme ne revient plus quand elle


est satisfaite , si ce n'est par aventure une seule
fois pour dire merci. —
Si c’est une âme qui se
1

dise l'âme d’un damné, il faut croire encore que


c’est un démon , vu qu’à grand’pcine laissc-t-on
j

jamais sortir lame des damnés. » Voilà les moyens


de se reconnaître que Pierre Delancre donne
comme aisés'.
Il dit un peu plus loin que le spectre qui ap-
parait sous une peau de chien ou sous toute autre
forme laide est un démon : mais le diable est si
malin , qu'il vient aussi sous des traits qui le font
prendre pour un ange. Il faut donc sc défier. —
Voyez pour les anecdotes ; Visions , Spkc.tiu;s ,

Fantômes, Hallucinations, Esprits, Lutins, Apulée. Philosophe platonicien, né en Afri-


Vampires, Revenants, Songes, Armées prodi- que, connu par le livre de l'Ane tl or. Il vécut
gieuses , etc. au deuxième siècle sous les Anton iis. On lui
,

Voici, sur les apparitions, un petit fait qui a attribue plusieurs prodiges auxquels sans doute
eu lieu à la Rochelle, et que les journaux rap- il n'a jamais songé. Il dépensa tout son
bien en
portaient eu avril 1843 ; «Depuis quelque temps, voyages, et mil tous ses soins à se faire initier
la population sc préoccupait des revenants qui dans les mystères des diverses religions païennes;
apparaissaient tous les soirs sous la forme de après quoi il s'aperçut qu'il était ruiné. Comme
flammes phosphorescentes, bleuâtres et mysté- il était bien fait , instruit et spirituel , il captiva
Ces revenants ont été pris au trébuchct:
rieuses. l’afTcction d’une riche veuve de Carthage, nom-
c'étaient cinq gros réjouis de paysans des envi- mée Pudentilla qu’il parvint à épouser. Il était
,

rons qui ,
grimpés tous les soirs sur des arbres encore jeune, et sa femme avait cinquante ans.

très -élevés, lançaient des boulettes phospho- Celte disproportion d’âge et la pauvreté connue
1
V Inconstance des démons, liv. V, dise. il. d’Apulée tirent soupçonner qu’il avait employé.

Digrtized by Google
, ,

AQU - 46 - ARA
pour parvenir à ce riche mariage , la magic et Talmud font, avec Anpiel, princes et gouverneurs
les philtres. On disait même qu'il avait composé du peuple des oiseaux.
ces philtres avec des filets de poissons, des huî- Araignées. Les anciens regardaient comme
tres et des pattes d’écrevisses. Les parents de la un présage funeste les toiles d’araignée qui
femme , à qui ce mariage ne convenait pas , l'ac- s'attachaient aux étendards et aux statues des
cusèrent de sortilège ; il parut devant ses juges, dieux. Chez nous, une araignée qui court ou qui
et quoique les préjugés sur la magie fussent alors file promet de l’argent les uns prétendent que
;

en très-grand crédit, Apulée plaida si bien sa c’est de l’argent le malin, et le soir une nouvelle;
cause qu’il la gagna pleinement. d'autres au contraire vous citeront ce proverbe-
, ,

Boguet et d'autres démonographes disent :


axiome Araignée du matin petit chagrin arai-
:
, ;

qu’ Apulée fut métamorphosé en âne comme , !


gnée de midi petit profit araignée du soir, petit
,
:

quelques autres pèlerins par le moyen des sor- ,


espoir. « Mais, comme dit M. Saignes *, si les
cières de tarisse, qu’il était allé voir pour es- araignées étaient le signe de la richesse, personne
sayer si la chose était possible et faisable '. La ne serait plus riche que les pauvres. »
femme qui lui démontra que la chose était pos- Quelques personnes croient aussi qu’une arai-
sible en le changeant en âne le vendit, puis le gnée est toujours l'ayant-coureur d'une nouvelle
racheta. Par la suite il devint si grand magicien
, heureuse, si on a le bonheur de l’écraser. M. de
qu'il se métamorphosait lui-même au besoin en :
T***, qui avait cette opinion, donna, en 1790,
cheval en âne, en oiseau. Il se perçait le corps
, |
au théâtre de Saint-Pétersbourg, une tragédie
d’un coup d’épée sans se blesser. Il se rendait intitulée Abaco et Moïna. La nuit qui en précéda
invisible, étant très-bien servi par son démon la représentation , au moment de se coucher, il

familier. C'est même pour couvrir son asinisme, aperçut une araignée à côté de son lit. La vue
dit encore Dclancre , qu’il a composé son livre de l’insecte lui fit plaisir; il se hâta d'assurer la
de l'Asie. d'or. bonté du présage en l'écrasant il avait saisi sa ;

Taillepied prétend que tout cela est une con- 1


pantoufle, mais l’émotion qu'il éprouvait fit man-
fusion , et que s’il y a un âne mêlé dans l’histoire quer le coup, l’araignée disparut. Il passa deux
d’Apulée, c’est qu’il avait un esprit familier qui heures à la chercher en vain fatigué de ses ef- ;

lui apparaissait sous la forme d’un âne Les forts inutiles, il se jeta sur son lit avec déses-
véritables ânes sont peut-être ici Dclancre et poir : « Le bonheur était lâ s’écria-t-il , et je l’ai
,

Boguet. Ceux qui veulent jeter du merveilleux sur perdu! Ah! ma pauvre tragédie ! « Le lendemain
toutes les actions d’Apulée affirment que, par il fut tenté de retirer sa pièce mais un de ses ,

un de ses charmes, sa femme était obligée


effet amis l'en empêcha lâ pièce alla aux- nues, et
;

de lui tenir la chandelle pendant qu’il travaillait ; l'auteur n’en demeura pas moins persuadé qu’une
d’autres disent que cet office était rempli par son araignée porte bonheur lorsqu'on l'écrase ’.
démon familier. Quoi qu’il en soit, il y avait de Dans le bon temps de la loterie , des femmes
la complaisance dans cette femme ou dans ce enfermaient le soir une araignée dans une boite
démon. avec les quatre-vingt-dix numéros écrits sur de
Outre son livre de l’Ane <T or, on a encore petits carrés de papier. L'araignée, en manœu-
d’Apulée un petit traité du démon de Socrate, vrant la nuit, retournait quelques-uns de ces pa-
De deo Socralis réfuté par saint Augustin il a ; piers. Ceux qui étaient retournés de la sorte
été traduit sous ce titre : De l’esprit familier de So- étaient regardés le lendemain matin comme nu-
crate avec des remarques, in-12. Paris, 1098. méros gagnants
Aquelare ou le Bosquet du Bouc. C’est ainsi
, Cependant les toiles d'araignée sont utiles :
qu'on appelait dans le pays Basque un plateau où appliquées sur une blessure, elles arrêtent le
se faisait le sabbat. sang et empêchent que la plaie ne s’enflamme.
Aquiel, démon que l’on conjure le dimanche. Mais il ne faut peut-être pas croire, avec l’auteur
Voy. Conjurations. des Admirables secrets d'Albert le Grand, que
Aquin (Mardochecd'), rabbin de Carpentras, ; l'araignée pilée et mise en cataplasme sur les
mort en 1650, qui se lit chrétien, et changea au ; tempes guérisse la fièvre tierce.
baptême son nom de Mardochée en celui de Pjii- |
Avant que Lalande eût fait voir qu’on pouvait
lippe. On recherche de lui l'Interprétation de manger des araignées, on les regardait générale-
l’arbre de la cabale des Hébreux; Paris, in-8*. ment comme un poison. Cn religieux du Mans
sans date. disant la messe, une araignée tomba dans le ca-
Arachula, méchant esprit de l’air et grand lice après la consécration. Le moine, sans hési-
ennemi de la lune , chez les Chinois voisins de la ter, avala l’insecte. On s'attendait à le voir en-
Sibérie. Voy. Lune. fler; ce qui n’eut pas lieu.
Arael, l’un des esprits que les rabbins du
1
Des erreurs et des préjugés, t. I, p. 510.
1
Dclancre, Tableaudel’inconstancedcdrmons.etc., 2 jffimifrs
dramatiques ou Dictionnaire des théâ-
] ,

Bv. IV, ch. i. tres,par une société de gens de lettres, t.l, au mot
2 l)e l uppur il ion des esprits, ch. xv. Abaco.
ÀRB - 47 — ARD
Il
y a de vilaines histoires sur le compte des ne sais* où l’on a vu qu’il n'y en aura plus qua-
araignées. N’oublions pourtant pas que, dans son rante ans avant la fin du monde, « parce que la
j

cachot, Pellisson en avaitapprivoisé une que Delille sécheresse qui précédera l’embrasement de l’u-
'

a célébrée. Maisla tarentule est aussi une arai- nivers consumera la matière de ce météore ».
gnée. Le maréchal de Saxe, traversant un village, C’est pourtant une opinion encore répandue chez
coucha dans une auberge infestée, disait-on, de ceux qui s’occupent de la fin du monde.
revenants qui étouffaient les voyageurs. On citait L’arc-en-ciel a son principe dans la nature; et
des exemples. Il ordonna à son domestique de croire qu’il n’y eut point d'arc-en-ciel avant le
veiller la moitiéde la nuit, promettant de lui cé- déluge, parce que Dieu en fit le signe de son al-
der ensuite son lit et de faire alors sentinelle à liance, c’est comme si l’on disait qu’il n’y avait
sa place. A deux heures du matin, rien n’avait point d’eau avant l’institution
du baptême. Et puis.
encore paru. Le domestique sentant ses yeux , Dieu ne dit point, au chapitre IX de la Genèse,
s'appesantir, va éveiller son maître, qui ne ré- qu'il plaça son arc en ciel , mais son arc en si-
pond point; il le croit assoupi et le secoue inutile- gne d’alliance; et comment attribuera-t-on à l'arc-
ment. Effrayé, ilprend la lumière, ouvre les en-ciel ce passage d'Isaïe : J'ai mis mon arc et
draps, et voit le maréchal baigné dans son sang. ma flèche dans Us nues !
Une araignée monstrueuse lui suçait le sein Chez les Scandinaves, l’arc-en-ciel est un pont
gauche. Il court prendre des pincettes pour com- qui va de l’enfer au walhalla. Les enfants croient
battre cet ennemi d’un nouveau genre, saisit en Alsace que toutes les fois qu’il y a dans le
l'araignée et la jette au feu.Ce ne fut qu’après firmament un arc-en-ciel il tombe du ciel un
un long assoupissement que le maréchal reprit petit plat d’or qui ne peut être trouvé que par
ses sens; et depuis lors on n’entendit plus parler un enfant né le dimanche.
de revenant dans l’auberge. —
Nous ne garan- Ardents (mal des), appelé aussi feu infernal.
tissons pourtant pas celte anecdote mais elle est ;
C’étaitau onzième et au douzième siècle une
conservée dans plusieurs recueils. maladie non expliquée, qui se manifestait comme
An reste l’araignée a de quoi se consoler de un feu intérieur et dévorait ceux qui en étaient
notre horreur et de nos mépris, les nègres de frappés. Les personnes qui voyaient là un effet

la côte d'Or attribuent la création de l'homme à de la colère céleste l'appelaient feu sacre; d’au-
une grosse araignée qu’ils nomment Anunsié, tres le nommaient feu infernal; ceux qui l’attri-
et ils révèrent les plus belles araignées comme buaient à l'influence des astres le nommaient si-

des divinités puissantes. dération. Lesreliques de saint Antoine, que lecomle


1

Arbres. On sait que dans l'antiquité les arbres Josselin apporta de la terre sainte à la Mothe-
étaient consacrés aux dieux : le cyprès à Plu- Saint-Didier, ayant guéri plusieurs infortunés at-
j

ton, etc. Plusieurs arbres et plantes sont en- ,


teints de ce mal , on le nomme encore feu de
core dévoués aux esprits de l’enfer : le poirier saint Antoine.
sauvage, l’églantier, le figuier, la verveine, la Le mal des Ardents, lorsqu’il tomba sur Paris
fougère, etc. et sur Arras, au douzième siècle, était une

Des arbres ont parlé. Chez les anciens, dans affreuse maladie épidémique une sorte de lèpre ,

les forêts sacrées, on a entendu des arbres gémir. brillante, plus terrible que le choléra. Ou en

Les oracles de Dodone étaient des chênes qui dut à Paris la guérison à sainte Geneviève. Le
parlaient, f'oy. Dodone. même bienfait est célèbre à Arras, où quelques
On entendit, dans une forêt d’Angleterre, un gouttes d’un cierge miraculeux, apporté par la
arbre qui poussait des gémissements; on le di- sainte Vierge 1 distillées dans l'eau, enlevaient
,

sait enchanté. Le propriétaire du terrain tira le mal des Ardents.

beaucoup d’argent de tous les curieux qui ve- On fêtait à Paris sainte Geneviève des Ardents,
naient voir une chose aussi merveilleuse. A la en souvenir des cures merveilleuses opérées alors
fin, quelqu’un proposa de couper l’arbre; le par la châsse de la sainte sur les infortunés at-
maître du terrain s’y opposa non par un motif teints de ce mal.
,

d’intérét'propre, disait-il, mais de peur que celui Ardents, exhalaisons enflammées qui parais-
qui oserait y mettre la cognée n’en mourût su- sent sur les bords des lacs et des marais ordi- ,

bitement; on trouva un homme qui n’avait pas nairement en automne, et qu’on prend pour des
peur de la mort subite, et qui abattit l'arbre à esprits follets, parce qu’elles sont à fleur de terre
coups de hache. Alors on découvrit un tuyau et qu’on les voit quelquefois changer de place.
qui formait une communication à plusieurs Souvent on en est ébloui et on se perd. Leloyer
toises sous terre, cl par le moyen duquel on pro- dit que lorsqu'on ne peut s'empêcher de suivre
duisait les gémissements que l'on avait remar- les ardents, ce sont bien en vérité des démons'.
qués. 1
Brown, Erreurs populaires, liv. VU, ch. v.
Arc-en-ciel. Le chapitre IX de là Genèse 1 Voyez ce fait dans les Légendes de la saints
semble dire, selon des commentateurs, qu'il n'y Vierge.
3
eut point d’arc-en-ciel avant le déluge mais je ;
|
Discours des spectres, liv. I, ch. vu.

tized by Google
ARD — 48 — ARG
Il y eut, sous le règne de Louis XIII, une his- Un avare, devenu riche à force d’usure , se
toire de revenant qui lit assez de bruit à Mar- sentant à l’article de la mort, pria sa femme de
seille -, une espèce de feu ardentou d'homme
c'était lui apporter sa bourse, afin qu'il put la voir en-
de Le comte et la comtesse d’Alais voyaient
feu. core avant de mourir. Quand il la tint, il la serra
toutes les nuits un spectre enflammé se promener tendrement, et ordonna qu'on l'enterrât avec
dans leur chambre, et aucune force humaine ne lui ,
parce qu'il trouvait l'idée de s'en séparer
pouvait le forcer à se retirer. La jeune dame déchirante. On ne lui promit rien précisément,
supplia sou mari de quitter une maison et une et il mourut en contemplant son or. Alors on lui

ville où ils ne pouvaient plus dormir. Le comte, arracha la bourse des mains, ce qui ne se fit pas
qui se plaisait à Marseille , voulut employer d'a- sans peine; mais quelle fut la surprise de la fa-
bord tous les moyens pour l'expulsion du fan- mille assemblée , lorsqu'on ouvrant le sac on y
tôme. Gassendi fut consulté ; il conclut que ce trouva, non pas des pièces d’or, mais deux cra-
fantôme de feu qui se promenait toutes les nuits pauds!... Le diable était venu, et en emportant
était formé par des vapeurs enflammées que pro- l'âme de l'usurier il avait emporté son or, comme
duisait le souffle du comte cl de la comtesse deux choses inséparables et qui n'en faisaient
D’autres savants donnèrent des réponses aussi qu’une.
satisfaisantes. On découvrit enfin le secret. Une Voici autre chose : Un homme qui n'avait que
femme de chambre, cachée sous le lit, faisait vingt sous pour toute fortune se mit à vendre du
paraître un phosphore une à qui la peur donnait vin aux passanLs. Pour gagner davantage, il
taille et des formes enrayantes; et la comtesse mettait autant d'eau que de vin dans ce qu’il ven-
elle-même faisait jouer celte farce pour obliger Au bout d’un certain temps il amassa,
dait.

son mari à partir de Marseille, qu'elle n'aimait la somme de cent livres.


par cette voie injuste,
pas... Ayant serré cet argent dans un saç de cuir, il
Ardibèhecht, l'un des sept Amschaspands. Il avec un de ses amis faire provision de vin
alla

préside au feu. pour continuer son trafic; mais, comme il était


Argens (Uoyer d’), marquis, né en 1704, h près d’une rivière, il tira du sac de cuir une
Aix en Provence. On trouve, parmi beaucoup de pièce de vingt sous pour une petite emplette; il
fatras, des choses curieuses sur les gnomes, les tenait le sac dans la main gauche et la pièce
sylphes , les ondins cl les salamandres, dans ses dans la droite; incontinent un oiseau de proie
* Lettres cabalistiques , ou Correspondance phi- fondit sur lui et lui enleva son sac , qu'il laissa
losophique, historique et critique entre deux tomber dans la rivière. Le pauvre homme, dont
caba listes , divers esprits élémentaires et le sei- toute la fortune se trouvait ainsi perdue , dit à
gneur Astaroth >. La meilleure édition est du son compagnon : —
Dieu est équitable ; je n'a-
1769,-7 vol. in-12. Ce livre, d’un très-mauvais vais qu'une pièce de vingt sous quand j’ai com-
esprit ,
est infecté d'un philosnphisme que l'au- mencé à voler; il m'a laissé mon bien, et m’a
teur a désavoué ensuite. ôté ce que j'avais acquis injustement.
Argent. L'argent qui vient du diable est ordi- Un étranger bien vêtu, passant au mois de
nairement de mauvais aloi. Delrio conte qu'un septembre 1606 dans un village de la Franche-
homme ayant reçu du démon une bourse pleine Comté, acheta une jument d'un paysan du lieu
d'or n’y trouva le lendemain que des charbons pour la somme de dix-huit ducalons. Comme il
et du fumier. n’en avait que douze dans sa bourse, il laissa une
Un inconnu ,
passant par un village, rencontra chaîne d'or en gage du reste, qu'il promit de
un jeune homme de quinze ans d'une figure in- payer à son retour. le vendeur serra le tout
téressante et d'un extérieur fort simple. Il lui dans du papier, et le lendemain trouva la chaîne
demanda s'il voulait être riche ; le jeune homme disparue , et douze plaques de plomb au lieu des
ayant répondu qu’il le désirait, l’inconnu lui ducalons '.
donna un papier plié , et lui dit qu'il en pourrait Terminons eu rappelant un stupide usage de
faire sortir autant d’or qu'ils le souhaiterait, tant quelques villageois qui croient que, quand on
qu’il ne le déplierait que s’il domptait sa
pas , et fait des beignets avec des œufs, de la farine et

curiosité, il connaîtrait avant peu son bienfai- de l'eau, pendant la messe de la Chandeleur, de
teur. Le jeune homme rentra chez lui secoua
,
manière qu'on en ait de faits après la messe, on
son trésor mystérieux , il en tond» quelques a de l'argent pendant toute l'année ’. On en a
pièces d'or.... Mais, n'ayant pu résistera la ten- toute l'année aussi, quand on en porte sur soi le
tation de l'ouvrir,
y de chat des
il vit des griltes ,
premier jour où l'on entend le chant du coucou,
ongles d’ours, des pattes de crapaud, et d’au- — et tout le mois , si on en a dans sa poche la
tres figures si horribles qu'il jeta le papier au ,
première fois qu’on voit la lune nouvelle.
feu, où il fut une demi-heure sans pouvoir se Argent potable. Si vous êtes versé dans les
consumer. Les pièces d'or qu’il en avait tirées secrets de l'alchimie et que vous souhaitiez
disparurent , et il reconnut qu’il avait eu affaire 1
Boguct , Discours des sorciers.
au diable. 2 Thiers, Traits des superstitions.

Digitized by GoogI
,

A RO — 49 — ARl

posséder celte panacée ,


prenez du soufre bleu Arimane, prince des enfers chez les anciens
céleste , mellez-le dans un vase de verre , versez Perses, source du mal, démon noir, engendré
dessus d'excellent esprit-de-vin faites digérer , dans les ténèbres ’, ennemi d’Oromaze ou Or-
au bain pendant vingt-quatre heures, et quand mouzd ,
principe du bien. Mais celui-ci est éter-
l'espril-de-vin aura attiré le soufre par distilla- nel , tandis qu’Arimane est créé et doit périr un
tion ,
prenez une part de ce soufre , versez des- jour.
sus trois fois son poids d'esprit blanc mercuriel Arimaspes, peuples fabuleux de la Scythie;
extrait du vitriol minéral boucliez bien le vase, , ils n’avaient qu'un œil et (lassaient leur vie à
faites digérer au bain vaporeux jusqu’à ce que le détruire les dragons.
soufre soit réduit en liqueur; alors versez dessus Arioch démon de ,
la vengeance , selon quel-
de très-bon esprit-de-vin à poids égal digérez- , ques démonographes; différent d’Alastor, et oc-
les ensemble pendant quinze jours, passez le cupé seulement des vengeances particulières de
tout par l’alambic, relirez l’esprit par le bain ceux qui l’emploient.
tiède, et il restera une liqueur qui sera le vrai Ariolistes, devins de l’antiquité, dont le mé-
argent potable ou soufre d'argent qui ne peut
, ,
tier se nommait ariolatio, parce qu’ils devinaient
plus être remis en corps. Cet élixir blanc est un par les autels {ab arii). Ils consultaient les dé-
remède à peu près universel , qui fait merveilles mons sur leurs autels , dit Daugis 1
; ils voyaien
en médecine , fond l’hydropisie et guérit tous les ensuite si l’autel tremblait ou s’il s’v faisait quel-
maux intérieurs *.
que merveille, et prédisaient ce que le diable
Argouges. I ’oy. Fées, à la Fin. leur inspirait.
Aristée, charlatan de l’ile de Proconèse,
qui vivait du temps de Crésus. Il disait que son
àme sortait de son corps quand il voulait, et
qu’elle y retournait ensuite. Les uns content
qu’elle s'échappait, à la vue de sa femme et de
ses enfants, sous la ligure d'un cerf, Wierus dit
sous la figure d’un corbeau *. — Hérodote rap-

porte, dans son quatrième livre ,


que cet Aris-
téc ,
entrant un
jour dans la boutique d'un
foulon, y tomba mort; que le foulon courut
A ri oc li.
avertir scs parents, qui arrivèrent pour le faire
enterrer; mais on ne trouva plus le corps. Toute
Arignote. Lucien conte qu’à Corinthe, dans
la ville était en grande surprise, quand des gens
lequartier de Cranaüs, personne n’osait habiter
qui revenaient de quelque voyage assurèrent
une maison qui était visitée par un spectre. Un
qu'ils avaient rencontré Aristée sur lechemin de
certain Arignote, s’étant muni de livres magiques
Crolone ‘. Il parait que c’était une espèce de
égyptiens, s’enferma dans cette maison pour y
vampire. Hérodote ajoute qu'il reparut au bout
passer la nuit, et se miL à lire tranquillement
pour de sept ans à Proconèse, y composa un poème
dans la cour. Le spectre parut bientôt : ef-
et mourut de nouveau.
frayer Arignote, il prit d’abord la figure d’un
Lcloyer, qui regarde Aristée comme un sorcier
chien ensuite celles d’un taureau et d’un lion.
,

à extases ' citeune autorité d’après laquelle à


Mais, sans se troubler, Arignote prononça dans , ,

ses livres des conjurations qui obligèrent le fan-


l’heure môme où ce vampire disparut pour la
seconde fois, il aurait été transporté en Sicile,
tôme à se retirer dans un coin de la cour, où il
et s’y serait fait maître d'école.
dispanit. Le lendemain on creusa à l’endroit où
Il se montra encore trois cent quarante ans
le spectre s’était enfoncé on y trouva un sque- ;

après dansla ville de Métapontc, et il y Ot élever


lette auquel on donna la sépulture, et rien ne
parut plus dans la maison. Cette anecdote — des monuments qu’on voyait du temps d'Héro-

n’est autre chose que l’aventure d’Alhénodore 1


Plutarque, Sur Isis et Osiris.
que Lucien avait lue dans Pline et qu’il accom- ,
2 Traité sur h
magie, etc., p. 66.
3 De preestigiis deem., lib. I, cap. xiv.
mode à sa manière pour divertir scs lecteurs. 4 Plutarque, dans la Vie de Homulus.
5 Discours des spectres, liv. IV, ch. xxiv.
1
Traité de chimie philosoph. et hermétique, p. <68.
i

Digitized by Google
, , , ,,

AHI — 50 — AHM
dote. Tant de prodiges engagèrent les Siciliens à i
plus grande valeur remporterait la victoire. C’est
lui consacrer un temple , où ils l’honoraient en vertu de cette science que quelques devins
comme un demi-dieu. avaient prévu qu’Hcctor devait être vaincu par
Aristodème ,
roi des Mcsséniens. l'oy. Oemo- Achille.
heus et Ololygmancie. Les Chaldéens, qui pratiquaient aussi l'arith-
Aristolochie , ou paille de sarasin , ou plu- momancic, partageaient leur alphabet en trois
tôt espèce de plante appelée pistoloche, avec partieschacune composée de sept lettres qu'ils
, ,

laquelle Apulée prétendait qu’on pouvait dénouer attribuaient aux sept planètes, pour en tirer des
l’aiguillette, sans doute en l’employant à des présages. Les platoniciens et les pythagoriciens
fumigations, l'oy. Ligatures. étaient fort adonnés â cette divination, qui com-
Aristomène ,
général messénion , si habile et prend aussi une partie do la cabale des Juifs*.
si adroit, 1
qqp toutes les fois qu’il tombait au Arius, fameux hérétique qui niait la divinité
pouvoir des Athéniens, scs ennemis, il trouvait de Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Voici comment
moyen de s’échapper de leurs mains. Pour lui on raconte sa mort —
Saint Alexandre, évêque
:

ôlcr cette ressource, ils le tirent mourir; après de Byzance, voyant que les sectateurs d' Arius
quoi on l'ouvrit et on lui trouva le cœur tout voulaient le porter en triomphe, le lendemain di-
couvert de poils '. manche, dans le temple du Seigneur, pria Dieu
Aristote que l'Arabe Averrhoës appelle le
,
avec zèle d’empêcher ce scandale de peur que ,

comble de la perfection humaine. Sa philosophie si Arius entrait dans l’église, il ne semblât que

a été en grande vénération et son nom a tou- , l'hérésie y fût entrée avec lui. Et le lendemain

jours de l'éclat. Mais il ne fallait pas se quereller dimanche, au moment où l’on s'altcndait à voir
pour ses opinions et emprisonner dans un temps Arius, l’hérétique ivrogne, sentant un certain
ceux qui ne les partageaient pas, pour empri- besoin qui aurait pu lui être fort incommode dans
sonner dans un autre temps ceux qui les avaient lacérémoniedcson triomphe, fut obligé d’aller aux
adoptées. Ces querelles, au reste, n'ont été éle- lieux secrets où il creva par le milieu du ventre
,

vées que par les hérétiques. perdit les intestins, et mourut d'une mort infâme
Delancre semble dire qu’Aristole savait la ma- et malheureuse, frap|>é, selon quelques-uns, par

gic naturelle mais il ne parle guère en homme


; le diable, qui dut en recevoir l’ordre, car Arius

superstitieux dans aucun de ses écrits. Quant 5 était du ses amis.

la vieille opinion soutenue par Procope et quel-


,
Armanville. Une dame d’Armanville, à Amiens,
ques autres, qu' Aristote, ne pouvant comprendre fut battue dans son lit en 17fj6. Sa servante attesta

la raison du flux et du reflux de l'Euripe, s’y que le diablw l’avait maltraitée. La cloche de la
précipita en faisant de désespoir ce mauvais maison sonna seule on entendit balayer le gre-
;

calembour —
Puisque je ne puis te saisir, sai-
: nier à minuit. Il sembla même que les démons qui
sis-moi * ;

cette opinion est aujourd'hui un prenaient cette peine avaient un tambour et fai-
conte méprisé. saient ensuite des évolutions militaires. La dame,
Nous ne citerons ici des ouvrages d’Aristote effrayée, quitta Amiens pour retourner à Paris;
que ceux qui ont rapport aux matières que nous c'est ce que voulait la femme de chambre. Il n’y
traitons 1* De la divination par les songes; 2" Du
; eut plus de maléfices dès lors, et l'on a eu tort de
sommeil et de la veille, imprimés dans ses œuvres. voir lâ autre chose que de la malice.
On peut consulter aussi les Remarques de Michel Années prodigieuses. Au siège de Jérusalem
d’Éphèse sur le livre De la divination par les par Titus et dans plusieurs autres circonstances
,

songes et la Paraphrase de Théinistius sur di- on vit dans les airs des années ou des troupes de
vers traités d’Aristote, principalement sur ce fantômes, phénomènes non encore expliqués, et
même ouvrage *. qui jamais ne présagèrent rien de bon.
Arithmancie ou Arithmomancie. Divina- Plutarque raconte dans la Vie de Thémistocle,
,

tion par les nombres. Les Grecs examinaient le que pendant la bataille de Salamine on vit en
nombre et la valeur des lettres dans les noms de l’air des armées prodigieuses et dos ligures

deux combattants, et en auguraient que celui d'hommes qui, de l'ilc d'Egine, tendaient les
dont le nom renfermait plus de lettres et d’une mains au-devant des galères grecques. On publia
que c'étaient les Eacides, qu'on avait invoqués
Vatére-Maxime liv. I, ch. val, ext. n° (5.
1
avant la bataille.
2
Tableau de T inconstance des mauvais anges etc., Quelquefois aussi on a rencontré des troupes
liv.VI, dise. n.
de revenants et de démons allant par bataillons
Si quidem ego non capio te, tu copies me.
•'

4
Micnaelis Ephcsit Annotationes in Aristatelem et par bandes, l'oy. Retz, etc.
de somno, id est, de divinatione per iomnuin. Ve- En 1123, dans le comté de Worms, on vit
nise, 01-8°, I5Ï7.
k Themistii Paraphrasis in Aristotelem de memoria
pendant plusieurs jours une multitude de gens
et rcminiscentia, de insomniis, de divinatione per
armés, à pied et â cheval allant et venant avec
,

somnum, latine, interprété ilermolao Barbaro. Baie. ' Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège
in-8“, 1530. pleinement convaincue traité V.

Digitized by Google
,,

ARM — 51 ARN
grand bruit, et qui se rendaient tous les soirs, liale, marcher tout le long du chœur et s’aller
vers l'heure de nonc à une montagne qui parais-
,
asseoir à la place où se met l’abbesse pendant
sait le licji de leur réunion. Plusieurs personnes les vêpres.
du voisinage s'approchèrent de ces gens armés, » Étant assise , elle appela une religieuse qui
en les conjurant, au nom de Dieu, de leur décla- se trouvait au môme lieu ,
et lui ordonna d’aller
rer ce que signifiait cette troupe innombrable et chercher la sœur Dorothée , laquelle ou du moins
,

quel était leur projet. Un des soldats ou fantômes son cftsprit ,


vint se présenter devant la mère An-
répondit : Nous ne sommes pas ce qnc vous vous gélique, qui lui parla quelque temps, sans qu’on
imagine* ,
de vrais fantômes ni de vrais sol- pùt entendre ce qu'elle lui disait; après quoi, tout
ni
dats. Nous sommes les âmes de ceux qui ont été disparut.
tués en cet endroit dans la dernière bataille. Les » On ne douta point que la mère Angélique

armes et les chevaux que vous voyez sont les n’eût cité la sœur Dorothée devant Dieu et c’est ;

instruments de notre supplice, comme ils l’ont la manière dont elle l’interpréta elle-même, lors-
été de nos péchés. Nous sommes tout en feu, que les deux religieuses qui avaient été témoins
quoique vous n’aperceviez en nous rien qui pa- de cette apparition ta lui rapportèrent. Elle s’écria :

raisse enflammé. —
On dit qu'on remarqua eu —
Ah je mourrai bientôt. Et en effet elle mou-
! ,

leur compagnie le comte Enrico et plusieurs rut quinze jours ou trois semaines après. » Voilà!
autres seigneurs tués depuis peu d’années, qui Arnauld de Bresse (Brescia) moine du dou- ,

déclarèrent qu'on pouvait les soulager par des zième siècle, disciple d'Abcilard. Turbulent et
aumônes et des prières'. Voy. Apparitions, Pué- ambitieux, il se fit chef de secte. Il disait que les
j

nouùnes, Visions, Aurore nonévi.e, etc. bonnes œuvres sont préférables au sacrifice de la
Armide. L'épisode d'Armide, dans le Tasse, messe ce qui est absurde car le sacrifice de la , ;

est fondé sur une tradition populaire qui est rap- messe n'empêche pas les bonnes œuvres, il les
portée dans les chroniques de la première croi- ordonne au contraire. Il avait jeté le froc comme ,

sade et citée par Pierre Delancre ’. Cette habile tous les réformateurs. Ayant excité de grands
enchanteresse était fille d'Arb'lan roi de Damas; troubles, et chargé de noirs forfaits, il fut pris
,

elle fut élevée par Hidraote, son oncle, puissant et brillé à Rome en H55.
magicien qui en fit une grande sorcière. La na-
,
Cet homme est peint sous d’affreuses couleurs
ture l’avait si bien partagée qn’clle surpassait en dans une chronique contemporaine intitulée le
,

attraits les plus belles femmes de l’Orient. Son Maléfice, attribuée à Hues de Braye-Selves et pu-
oncle l’envoya comme un redoutable ennemi bliée en style moderne par M. Léon Dussillct.
vers la puissante armée chrétienne que le pape Chassé, maudit, traqué partout, il s'est attaché
Urbain II avait rassemblée sous la conduite de à Sibylle de Bourgogne, plus connue sous le nom
Godefroid de Bouillon et là, comme dit Delancre
; de la Dame aux jambes d'or, qu’on lui donna dans
« elle charma en elTet quelques chefs croisés » les croisades que par la violence de ses passions,
;
,

mais elle ne compromit pas l'espoir des chré- rendant qu'il prépare le maléfice qui doit tuer
tiens ; et môme elle fut tuée par un projectile au une jeune fille dont Sibylle veut la mort, neuf
siège de Jérusalem '. gouttes de sang jaillissent d’une cicatrice qu'il
Annomancie, divination qui se faisait par avait à la joue. —
Déjà! dit le sorcier d'une voix
l'inspection des épaules*. On juge encore au- creuse ; maître tu comptes bien et moi seul j'ou-
, ,

jourd'hui qu’un homme qui a les épaules larges bliais le terme. — Quel
terme? s’écria Sibylle
est plus fort qu’un autre qui les a étroites. frappée de la pâleur subite d' Arnauld de Bresse.

Arnauld (Angélique). Apparition de la mère Pour qui ce sang a-t-il coulé? je n'avais point
Marie-Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal remarqué ce terrible stigmate, qu'on croirait im-
de Paris, peu avant la mort de la saur Marie- primé avec un sceau de feu. Ce sceau brûle —
Dorothée Perdrrauj , abbesse intruse de ladite mai- en effet, répliqua le moine, toujours plus troublé
son ; rapportée dans une lettre écrite en 1685, et plus pâle et celui qui l’a imprimé ne souffre
;

par M. Dufossé, à la suite de scs mémoires sur jamais qu’il s’efface. Les genoux du sorcier flé-
Port-Royal. —
« Deux religieuses de Port-Royal, chirent sous lui , et ses membres frémirent d'une
1
étant à veiller le Saint-Sacrement pendant la horreur invincible ... Il prévoyait que bientôt
nuit virent tout à coup la feue mère Angélique
,
celui à qui il s'était vendu allait arriver; il acheva

leur ancienne abbesse , se lever du lieu où elle l’envoûtement qui amena la mort de la jeune fille ;

avait été inhumée, ayant en main sa crosse abba- et c’est sans doute après ces abominations qu'il
gagna Rome, on ne sait dans quel but. Il
y mou-
1 Chronique ifCrspery.
s rut sur le bûcher.
Tableau de l'inconstance des mauvais anges . etc.,
Hr. I. Arnauld de Villeneuve, médecin, astro-
* Voyez les Légendes des croisades. logue et alchimiste, qu'il ne faut pas confondre,
* Du mot latin armus. épaule. Les anciens appli-
comme on l'a fait quelquefois, avec Arnauld do
quaient surtout cette divination aux animaux. Ils ju-
geaient par l armomancie si la victime était bonne
pour tes dieux. 1
Chapitre III du livre cité.
4.

)gle
, ,

ARN — 52 — ART
Bresse. Il était né auprès de Montpellier; il mou- faisait le métier d’espion. Apollon vengea la mort
rut dans un naufrage en 1314. d'Arnus, qu'il inspirait, en mettant la peste dans

La chimie lui doit beaucoup de découvertes; le camp des Iléraclides. Il fallut, pour faire
il ne cherchait, h la vérité, que la pierre philo- casser le fléau, établir des jeux en l’honneur du
sophale et ne songeait qu’à faire de l’or mais il ;
défunt.
trouva les trois acides sulfurique, muriatique et Arot. Toy. Maiiot.
nitrique. 11 composa le premier de l’alcool et du Arphaxat, sorcier perse, qui fut tué d'un
ratafia; il fit connaître l’essence de térébenthine, coup de foudre, si l'on en croit Abdias de Baby-

régularisa la distillation etc. II mêlait à ses vastes lone ', à l'heure même du martyre de saint Simon


,

connaissances en médecine des rêveries astrolo- et de saint Jude. Dans la possession de Lou-
giques, et il prédit la fin du monde pour l'année dun, on a vu un démon Arphaxat.
1335. Art de saint Anselme, moyen superstitieux
On l'accusa aussi de magie. François Pegna dit de guérir, employé par des imposteurs qui pre-
qu’il devait au démon tout ce qu’il savait d'alchi- naient le nom d'ansclmistes. Ils se contentaient
1
mie, et Mariana lui reproche d’avoir essayé de de toucher, avec certaines parolas, les linges

former un homme avec de certaines drogues dé- qu’on appliquait sur les blessures. Ils devaient le
posées dans une citrouille. Mais Delrio justifie secret de leur art, disaient-ils, à saint Anselme
Arnauld de Villeneuve de ces accusations et le ;
de Canlorbéry. Aussi l’appelaient-ils l’art de saint
pape Clément V ne l’eût pas pris pour son méde- Anselme , voulant de la sorte se donner un cer-
cin s’il eût donné dans la magie. L’inquisition — tain vernis. Mais Delrio assure que leur véritable

de Tarragone fit brider ses livres trois ans après chef de Ole est Anselme de Parme. Voyez ce
sa mort , mais elle les fit briller comme étant em- mot.
preints de plusieurs sentiments hérétiques. Art de saint Paul, moyen de prédire las
On recherche d’ Arnauld de Villeneuve un traité choses futures, que des songe-creux ont prétendu
1
de l’explication des songes ; mais ou met sur son avoir été enseigné à saint Paul dans son voyage
compte beaucoup d’ouvrages d’alchimie ou de au troisième ciel. Des charlatans ont eu le front
magie auxquels il n'a pas eu la moindre part. Tels de s’en dire héritiers.
sont : le livre des Ligatures physiques qui est Art des Esprits, appelé aussi art angélique.
une traduction d'un livre arabe et celui des ; 11 consiste dans le talent d’évoquer les cspriLs
Talismans des douze signes du zodiaque'. On lui et de les obliger à découvrir les choses cachées.
attribue aussi faussement le livre stupide et in- D’autres disent que l’art angélique est l’art de
fâme des Trois imposteurs. s’arranger avec son ange gardien , de manière à
Arnold (Paul), vampire. Toy. Paul. recevoir de lui la révélation de tout ce qu’on
Arnoux, auteur d’un volume in-12 publié à :
veut savoir. Cet art superstitieux se pratique de
Rouen en 1630, sous le titre des Merveilles de deux manières: ou par des extases, dans les-
l'autre monde, ouvrage écrit dans un goût bizarre quelles on reçoit des avis, ou par des entretiens
et propre à troubler les imaginations faibles par avec l’ange que l'on évoque, qui apparaît, et qui
des contes de visions et de revenants. en cette circonstance n'est probablement pas un
Arnuphis, sorcier égyptien. Voyant Marc- ange de lumière. Toy. Évocations.
Aurèlc et son armée engagés dans des défilés Art notoire, espèce d’encyclopédie inspirée.
dont las Quades fermaient l’issue, et mourant de Le livre superstitieux qui contient les principes
soif sous un ciel brûlant, il fil tomber, par le de l'art notoire promet la connaissance de
moyen de son art, une pluie prodigieuse qui per- toutes les sciences en quatorze jours. L’auteur du
mit aux Romains de se désaltérer, pendant que livre dit effrontément que le Saint-Esprit le dicta
la grêle et le tonnerre fondaient sur les Quades à saint Jérôme. Il assure encore que Salomon n'a
et les contraignaient à rendre les armes. C’est ce obtenu la sagesse et la science universelle que
que racontent, dans un but intéressé, quelques pour avoir lu en une seule nuit ce merveilleux
auteurs païens. D'autres font honneur de ce pro- livre. 11 faudrait qu'il eût déjà été dicté à quelque
dige aux impuissantes prières de Marc-Aurèle, enfant d'Israël ; car ce serait un prodige trop
Les auteurs chrétiens, les seuls qui soient ici grand que Salomon eût lu le manuscrit de saint
dans la vérité , l’attribuent unanimement, et avec Jérôme. Mais les faiseurs d'écrits de ce genre ne
toute raison , à la prière des soldats chrétiens qui reculent pas pour si peu.
se trouvaient dans l'armée romaine. Gilles Bourdin a publié, au seizième siècle, un
Arnus, devin tué par Hercule, parce qu’il grimoire obscur sous le titre de l'Art notoire. Il
n'est pas probable que ce soit la bonne copie
1
Rerum hispaimr., lib. XIV, c. ix. qui sans doute est perdue.
a Amaldi de Vitlanova libeltus de somniorum
m- Delrio dit que de son temps les maîtres de
terpretatiune et somnin Danielit, in-t°. Ancienne
édition très-rare. cet art ordonnaient à leurs élèves une sorte de
3 De physicis ligaturis.
4 De sigillis duodecim siynorum. 1
Certaminis apostolici lib. VI.

Digitized by Google
, , ,, ,

ART — 53 — ART
confession générale des jeûnes des prières, des
, , mier siècle sous ce nom , et mort au douzième
retraites, puis leur faisaient entendre, à genoux, sous celui d’Artéphius.
la lecture du livre de l’,4r< notoire, et leur per- On lui attribue plusieurs livres extravagants ou
suadaient qu’ils étaient devenus aussi savants curieux : De vita pro-
1* V Art d' allonger sa vie (

que Salomon, les prophètes et les apôtres. Il s'en paganda) qu’il dit dans sa préface avoir composé
,

trouvait qui le croyaient. à l’âge de mille vingt-cinq ans; 2“ la Clef de ta


Ce livre a été condamné par le pape Pie V. Sagesse suprême ' 3" un livre sur les caractères
;

Mêlant les choses religieuses h ses illusions, l'au- des planètes, sur la signification du chant des
teur recommande entre autres soins .de réciter oiseaux, sur les choses passées et futures, et sur
tous les jours pendant sept semaines , les sept
,
la pierre philosophale*. Cardan, qui parle de
psaumes de pénitence et de chanter tous les
la , ces ouvrages au seizième livre de la Variété des
matins au lever du soleil le Veni Creator, en choses , croit qu’ils ont été composés par quelque
commençant un jour de nouvelle lune, pour se plaisant qui voulait se jouer de la crédulité des
préparer ainsi à la connaissance de VArl notoire'. partisans de l'alchimie.
Érasme, qui parle de ce livre dans un de ses Arthémia, fille de l'empereur Dioclétien. Elle
colloques, dit qu’il n'y a rien compris; qu’il n’y fut possédée d'un démon qui résista aux exor-
a trouvé que des figures de dragons, de lions, cismes païens et ne céda qu’à saint Cyriaque
,

de léopards, des cercles, des triangles, des ca- diacre de l’Église romaine.
ractères hébreux, grecs, latins, et qu’on n’a L'idée de rire et de plaisanter des possessions
jamais connu personne qui eût rien appris dans de l'Église est venue quelque-
et des exorcismes
tout cela. fois à des esprits égarés, qu’il eût été bon peut-
Des doctes prétendent que le véritable Art no- être d'exorciser eux-mêmes.
toria n’a jamais été écrit, et que l’esprit le révèle Arthus ou Artns, roi des Bretons, célèbre
à chaque aspirant préparé. ( Mais quel esprit ?) dans les romans de la Table Ronde, et dont la
Il leur en fait la lecture pendant leur sommeil vie est entourée de fables. On prétend qu’il n’est
s'ils ont sous l’oreiller le nom cabalistique de Sa- qu'assoupi à A vallon et qu'il revient la nuit dans ,

lomon écrit sur une lame d’or ou sur un par- les forêts de la Bretagne chasser à grand bruit,
,

chemin vierge. Mais d'autres érudits soutiennent avec des chiens, des chevaux et des piqueurs,
que VArs noloria existe écrit, et qu'on le doit qui ne sont que des démons et des spectres, au
à Salomon. Le croira qui pourra. sentiment de Pierre Delancre *. Quand le grand
Art sacerdotal. C’est, selon quelques adeptes, veneur apparut à Henri IV dans la forêt de Fon-
le nom que les Égyptiens donnaient à l’alchimie. tainebleau, quelques-uns dirent que c’était la
Cet art, dont le secret, recommandé sous peine chasse du roi Arthus.
de mort, était écrit en langue hiéroglyphique, La tradition conserve aux environs de lluel- ,

n’était communiqué qu’aux prêtres, à la suite de goat, dans le Finistère, le souvenir curieux de
longues épreuves. l’énorme château d' Arthus. On montre des ro-
Arts du serpent. C’est le nom qu’on donne chers de granit entassés comme étant les débris
souvent aux arts magiques. de ses vastes murailles. 11 s'y trouve, dit-on,
Artémidore, Éphésien qui vécut du temps des trésors gardés par des démons, qui souvent
d’Antonin le Pieux. On lui attribue le traité des traversent les airs sous la forme de feux follets
songes intitulé Oneïrocriticon publié pour la pre- en poussant des hurlements répétés par les échos
,

mière fois en grec à Venise, 1518, in-8”. On re- du voisinage*. L’orfraie, la buse et le corbeau
cherche la traduction latine de Riga ut 1 et quel- sont les hôtes sinistres qui fréquentent ces ruines
,

ques traductions françaises*. merveilleuses, où de temps en temps apparaît


Artéphius, philosophe hermétique du dou- l'âme d’Arthus endormi avec sa cour enchantée
zième siècle, que les alchimistes disent avoir dans son vieux manoir d'Avalon. Vog. Merlin.
vécu plus de mille ans parles secrets de la pierre En Angleterre on a cru et dans plusieurs con-
philosophale. François Pic rapporte le sentiment trées de ce pays on croit encore que le roi
de quelques savants qui affirment qu'Arléphius
est le même qu'Apollonius de Tyane, né au pre-
C lacis major is sapiential imprimé dans le Théâ-
treehimique. Francfort, 1614, in-8“, ou Strasbourg,
1699, in-19.
1
Franc. Torreblanca cap. xiv, Epi*!, de mag. 8 De rharacteribus planetarum, can/u et motibus
,

- Artemidori Ephesii Oneirocritica seu de som- , avium rerum prateritarum et futurarum


. . lapidegue
ssiorum interpretatione græc-lat.
. cum notis Nie.
,
nhilusopliico. Le traité d'Artéphius sur la pierre phi-
Higallii, in-4”, Paris, 1603. losophale a été traduit en français par P. Arnuuld
3 Artémidore, De l'explication des
songes avec le ,
et imprimé avec ceux de Sinésius et de Flamel. Pa-
livre d’Augustin Nyphus, Des divinations, in-16. ri», 16IÎ, 1659, 1689, in-4". On attribue encore à
Rouen, 1600 édition augmentée. 160t.
; Epilante — Artéphius le Miroir des miroirs, Spéculum specu-
des cinq livres d'Artémidore traitant des songes, lorunt, et le Livre secret Liber secretus.
,
j

traduit du grec par Charles Fontaine; avec un recueil a Tableau de l'inconstance des marnais songes
\

de Yalère-Maxime sur le même sujet, traduit du liv. IV, dise. III.


latin, in-8°. Lyon, 155S. 4 Cambry. Voyage dans le Finistère , t. I, p. 977

rOOgle
,

aru -5 - h ASM
Arthus a été par enchantement transforme en 1
prouver que sa science était vainc, le lit tuer
corbeau et pour cela on respecte beaucoup les
; sur-le-champ et ordonna que son corps fût
corbeaux, car l’un (l’eux pourrait être l'héroïque brûlé. Mais un grand orage qui survint éteignit
monarque. le bûcher et mit les exécuteurs en fuite. Des
Arundel (Thomas). Comme il s’était opposé chiens vinrent, mirent le corps en pièces et le
(quatorzième siècle) aux séditions des vvicklef- mangèrent. Suétone et Dion Cassius mentionnent
fites, Chassaignon, dans ses Grandi et redou- ce singulier fait.
tables jwjcmenti de Dieu, imprimés à Morges en Aselle. l.’asclle aquatique, espèce de cloporte,
1581, chez Jean Lépreux, imprimeur des très- était révérée des Islandais, qui croyaient qu'en
puissants seigneurs de Berne, Chassaignon, ré- tenant cet insecte dans la bouche, ou son ovaire
formé et défenseur de tous les hérétiques, dit desséché sur la langue, ils obtenaient tout ce
qu’il mourut cruellement, la langue tellement qu'ils pouvaient désirer. Ils appelaient son ovaire
enllée qu'il ne pouvait plus parler, « lui qui avait sec pierre à souhaits.
voulu empêcher, dans la bouche des disciples de Ases. Divinités Scandinaves. Elles sont au
WichlelT, le cours de la sainte parole » Mais nombre de treille, dont douze dieux qui ont
il n’ose pas rechercher si Thomas Arundel fut, pour maître Odin, et dix-huit déesses, à la tète
comme WicklefT, étranglé par le diable. desquelles domine Erigga.
Aruspices, devins du paganisme, dont l'art Asgard. C'est la ville des ases ou dieux Scan-
se nommait aruspicine. Ils examinaient les en- dinaves. Odin habite celle ville somptueuse, si-
trailles des victimes pour en tirer des présages; tuée en un lieu du monde d'où il peut voir tous
il être de bonne maison pour exercer cette
fallait les êtres et tous les événements.
espèce de sacerdoce. Ils prédisaient l°par la sim- Ashmole (Élie), antiquaire et alchimiste an-
ple inspection des victimes vivantes; 2° par l’état glais, né en 1617. On lui doit quelques ouvrages
de leurs entrailles après qu’elles étaient ouvertes ;
utiles et le musée ashmoléen d'Oxford. Mais il

3° par la flamme qui de leurs chairs


s’élevait
brûlées. —
La victime qu'il fallait amener avec
violence, ou qui s’échappait de l’autel, donnait
des présages sinistres; le cœur maigre, le foie
double ou enveloppé d'une double tunique, et
surtout l’absence du cœur ou du foie, annon-
çaient de grands maux. On croirait que les arus-
pices étaient habiles dans l'art d'escamoter, car
le cœur manqua aux deux bœufs immolés le jour

où l'on assassina César.


C'était mauvais signe quand la flamme ne
s’élevait pas avec force et n’était pas transpa-
rente et pure et si la queue de la bête se cour-
;

bait en brûlant, elle menaçait de grandes diffi-


cultés dans les affaires. l oy. IIÉPATOSCOPIE.
Arzels, l'oy. Cheval. publia à Londres, en 1652, un volume in-/»*,
Asaphins, devins ou sorciers chaldéens, qui intitulé Theatrum ehemicum britannicum con-
expliquaient les songes et tiraient les horoscopes. tenant différents poèmes des philosophes anglais
Ils avaient pour divinité une idole nommé Asaph. qui ont écrit sur les mystères hermétiques. Six
Ascaroth. C'est le nom que donnent les dé- ans après, il lit imprimer le Chemin du bonheur,
monngraphes à un démon peu connu qui pro- in-Zi*, 1658. Ce traité, qui n’est pas de lui mais ,

tège les espions et les délateurs. Il dépend du auquel il mit une préface, roule aussi sur la
démon iNergal. pierre philosophale, l’oy. Pieuse philosophale..
Ascèse diabolique. L'ascèse chrétienne élève Asile. Les lois qui accordaient droit d'asile
les ùmes à Dieu l’ascèse diabolique les abaisse
; aux criminels dans les églises exceptaient ordi-
cl les enfonce jusqu'aux démons. nairement les sorciers, qui, d’ailleurs, ne cher-
Ascik-Pacha, démon turc, qui favorise les chaient pas trop là leur recours.
intrigues secrètes, accouchements,
facilite les Asima, démon qui rit quand on fait le mal.
enseigne les moyens de rompre les charmes et Il a été adoré à Emath dans la tribu de Neph-
,

donne l’art d’en composer. tali, avant que les habitants de cette ville fussent

Asclétarion, astrologue qui se permit de transportés à Samarie.


faire des prophéties dont l'empereur Domitien ne Aske le premier homme dans les traditions
,

fut pas content. Il le fit venir et lui dit « Toi : religieuses des Scandinaves.
qui sais le moment de ma mort, connais-tu le Asmodée, démon destructeur, le même que
genre de la tienne? —
Oui, répondit l'astrologue. Samaël ,
suivant quelques rabbins. Il est surin-
Je serai mangé par les chiens. » Domitien pour tendant des maisons de jeu. Il sème la dissipation

Google
,

ASM — 55 ASP
et l'erreur. — I.es rabbins content qu'il détrôna |
Asmund et Asweith, compagnons d'armes
un jour Salomon; mais que bientôt Salomon le danois. Liés d’une étroite amitié,ils convinrent,

chargea de fers, et le força de l’aider à bâtir le par un serment solennel de ne s'abandonner ni ,

temple de Jérusalem. Tobic, suivant les — à la vie ni à la mort.Asweith mourut le premier


mêmes rabbins, l’ayant expulsé, avec la fumée et, Asmund, après avoir
suivant leur accord,
du fiel d’un poisson du corps de la jeune Sara
, enseveli son ami, avec son chien et son cheval,
qu'il possédait, l’ange Raphaël l'emprisonna aux dans une grande caverne, y porta des provisions
extrémités de l'Égypte. Paul Lucas dit qu'il l'a pour une année et s’enferma dans ce tombeau.
vu dans un de ses voyages. On s'est amusé de Mais le démon, qu'ils avaient probablement assez
lui à ce sujet: cependant on a pu lire dans le bien servi tous deux , étant entré dans le corps
Courrier de l’ Egypte que le peuple de ce pays du mort , le remit debout et se mit à tourmenter
adore encore le serpent Asmodée, lequel a un le fidèle Asmund, le déchirant, lui défigurant
temple dans le désert de Ryanneh. On ajoute que le lui arrachant même une oreille,
visage et
ce serpent se coupe par morceaux, et qu'un sans donner de raisons de sa fureur. Asmund,
lui

instant après il n’y parait pas. Voy. IIaridi. impatienté après un siècle de lutte, coupa la
tête du mort voyant bien enfin qu’il avait af-
,

faire ou au diable ou à un vampire. Sur ces —


entrefaites, précisément, le roi de Suède, Eric,
passant devant la caverne murée et entendant
du vacarme, crut qu'elle renfermait un trésor
gardé par des esprits. Il la fit ouvrir, et fut bien
surpris d’y trouver Asmund, pâle , ensanglanté,
auprès d'un cadavre puant; il lui fit conter son
histoire, et le voyant mourir lui-même, aussitôt
après son récit il le fit percer d'un pieu et brûla
,

son corps avec celui de son féroce compagnon';


car alors déjà on connaissait les vampires, quoi-
qu'on ne leur donnât pas ce nom. Voy. Giiole.
Asmoug, l’un des démons qui sous les ordres ,

d’Ariinane, sèment en Perse los dissensions, les


procès et les querelles.
Asoors ou Asouras. C'est le nom que les
Indiens donnent à certains mauvais génies qui
font tomber les voyageurs dans des embûches.
„ Cet Asmodée est, au jugement de quelques- Aspame. « Zorobabel était épris d'un si fol
uns, l'ancien serpent qui séduisit Eve. Les Juifs, amour pour Aspame, qu'elle le souffletait comme
qui l'appellent Annodai, faisaient de lui le prince un esclave et lui ôtait le diadème pour en orner
des démons comme on le voit dans la para-
, sa tête, indigne d’un tel ornement, dit De-
phrase chaldaïque. C’est aux enfers, dansWierus, lancrc; elle le faisait rire et pleurer, quand bon
un roi fort et puissant, qui a trois têtes ; la pre- lui semblait, le tout par philtres et fascinations’. »
mière ressemble à celle d'un taureau, la seconde Les belles dames font tous les jours d'aussi
à celle d'un homme, la troisième à celle d’un grands excès et produisent d'aussi énormes stu-
bélier. Il a une queue de serpent, des pieds pidités , sans fascination et sans philtre.
d'oie, une haleine enflammée. Il se montre à Aspilcuetta (Marie
cheval sur un dragon portant en main un éten-
, d'), sorcière d’Andaye
dard et une lance. Il est soumis cependant, par dans le pays de Labour,
la hiérarchie infernale, au roi Amoymon'. sous le règne de Henri IV.
Lorsqu’on l’exorcise, il faut être ferme sur ses de
Elle fut arrêtéeà l'âge
pieds, et l’appeler par son nom. Il donne des dix-neuf ans, et avoua
anneaux constellés; il apprend aux hommes à se qu’on l avait menée au
rendre invisibles et leur enseigne la géométrie, sabbat, que là elle avait
l'arithmétique, l’astronomie et les arts méca- baisé le derrière du
niques. Il connaît aussi des trésors, qu'on peut diable au-dessous d’une
le forcer à découvrir; soixante-douze légions lui grande queue, et que
obéissent.On le nomme encore Chammadaï et ce derrière était fait comme le museau d’un bouc
Sydonaî. Asmodée était un des démons qui pos- Aspidomancie, divination peu connue qui
sédaient Madeleine Bavent. se pratique aux Indes, selon quelques voyageurs.
Le Sage a fait d’ Asmodée le héros d’un de ses
1
Saxo Grammat. Danicee hitt., lib. V.
romans (/« Diable boiteux). * Incrédulité et mécréance du sortilège, etc.
3 Incrédulité et mécréance, etc., traité V.
1
Wicrus, iu Pteudomonarchia démon.

Di
,

ASR 56 — AST
Delancre dit' que le devin ou sorcier trace un mort en 1711. Il publia, en 1691, un petit ou-
cercle, s'y campe assis sur un bouclier, mar- vrage peu recherché, intitulé La possibilité des
motte des conjurations, devient hideux et ne , apparition s.
sort de son extase que pour annoncer les choses Astaroth grand-duc très-puissant aux enfers.
,

qu’on veut savoir, et que le diable vient de lui Il a la ligure d'un ange fort laid , et se montre
révéler. chevauchant sur un dragon infernal il Lient à la ;

Asrafll, ange terrible qui, selon les musul-


mans, doit sonner de la trompette et réveiller

main gauche une vipère. Quelques magiciens di-


sent qu'il préside à l’Occident ,
qu'il procure l'a-

mitié des grands seigneurs, et qu’il faut l'évo-


quer le mercredi. l.es Siduniens et les Philistins
l’adorèrent. 11 grand trésorier aux en-
est, dit-on,

fers. VVierus nous apprend qu'il sait le passé et


l’avenir, qu’il répond volontiers aux questions
tous les morts pour le jugement dernier. ^ On le qu’on lui fait sur les choses les plus secrètes ,
et
confond souvent avec Azraël. qu’il est facile de le faire causer sur la création,
Assa-fœtida. Les Hollandais appellent cette les fautes et la chute des anges, dont il connaît
plante fiente tlu diable (duivelsdrok). toute l’histoire. Mais dans ses conversations, il

Assassinat. Ce crime a son démon. soutient que pour lui il a été puni injustement.
Il enseigne à fond les arts libéraux et commande ,

quarante légions. Celui qui le fait venir doit


prendre garde de s’en laisser approcher, à cause
de son insupportable puanteur. C'est pourquoi il
est prudent de tenir sous ses narines un anneau
magique en argent, qui est un préservatif contre
les odeurs fétides des démons'. Astaroth a figuré
dans plusieurs possessions. Il est cité comme l’un
des sept princes de l’enfer qui visitèrent Faust,
selon la tradition anglaise il parut en serpent
;

ayant « la queue colorée comme des briques


changeantes, deux petits pieds fort courts, tout
jaunes, le ventre blanc et jaunâtre, le cou châ-
tain roux, et une pointe en forme de trait,
comme ceux du hérisson, qui avance de la lon-
Assassins ,
secte d'Ismaéliens qu'on enivrait gueur d’un doigt 1 ».
de hrachick et à qui l'on faisait un dogme de tuer. Astarté, femelle d' Astaroth. On la représente
Le souverain des Assassins s'appelait le cheick avec une tête de génisse.
ou Vieux de la Montagne. Il est célébré dans Astiages, roi des Mèdes. Quand Cyrus eut
l’histoire des croisades, l’oy. Thcgcisme.- vaincu l’Asie, on publia qu’Asliages, son grand-
Assheton (Guillaume), théologien anglican, père, 'avait songé [en donnant que dans le sein
1
Delancre, Tableau de l’inconstance des mauvais 1
Wierus, in Pseudomonarchia dæmon.
anges, etc., hv. Il, dise. I. 1 M. François Hugo, le Faust anglais.

Digitized by Google
,

AST — 57 — AST
de sa Tille Mandane croissait une vigne qui de ils disaient que le soleil , avec son esquif, traver-
ses feuilles couvrait l'Asie entière : présage de saitl’Océan toutes les nuits pour retourner d’Oc-
la grandeur de Cyrus, fils de Mandane. cident en Orient.
Astier, l'un des prophètes du Dauphiné. Voy. D’autres physiciens ont prétendu que les étoiles
Prophètes. sont les yeux du ciel , et que les larmes qui en
Astragalomancie, divination par les dés. tombent forment les pierres précieuses. C’est
Prenez deux dés, marqués comme d’usage des pour cela, ajoutent-ils, que chaque étoile (ou
numéros 1, 2, 3, 4, 5, 0. On peut jeter à volonté plutôtchaque planète) a sa pierre favorite.
un dé seul ou deux dés à la fois; on a ainsi
les Astrolabe instrument dont on sc sert pour
,

la chance d'amener les chiffres 1 à 12. Vous vou- observer les astres et tirer les horoscopes. Il est
lez deviner quelque affaire qui vous embarrasse souvent semblable îi une sphère arinillaire. L’as-
ou pénétrer les secrets de l'avenir, posez la ques- trologue, instruit du jour, de l’heure, du moment
tion sur un papier que vous aurez passé au-des- où est né celui qui le consulte ou pour lequel on
sus de la fumée du Itois de genièvre placez ce le consulte ,
met les choses à la place qu'elles

;

papier renversé sur la table ,


et jetez les dés. occupaient alors, et dresse son thème suivant la

Vous écrirez mesure qu’elles se pré-


les lettres à position des planètes et des constellations.
sentent. En se combinant, elles vous donneront y a eu des gens autrefois qui faisaient le
Il

la réponse : 1 vaut la lettre A ; 2 vaut E ; 3 vaut métier de découvrir les voleurs |>ar le moyen
I ou Y;
h vaut O; 5 vaut U; 6 vaut B, P ou V;
7 vaut C, K ou Q; 8 vaut D ou T; 9 vaut F, S, X
ou Z 10 vaut G ou J 11 vaut L, M ou N ; 12
; ;

vaut R. —
Si la réponse est obscure, il ne faut
pas s'en étonner: le sort est capricieux. Dans le
cas où vous n’y pouvez rien comprendre, recou-
rez à d’autres divinations. La lettre H n’est —
point marquée, parce qu’elle n'est pas nécessaire.
Les règles du destin se dispensent de celles de
l’orthographe. PH s’expriment fort bien par la
lettre F, et CH par la lettre X.
Les anciens pratiquaient l’astragalomancie avec
des osselets marqués des lettres de l’alphabet, et
les lettres que le hasard amenait faisaient les
réponses. C’est par ce moyen que se rendaient
les oracles d'Hercule en Achale. On mettait les
lettres dans une urne, et on les lirait comme on
tire les numéros des loteries.
Astres. La première idolâtrie a commencé
par le culte des astres. Tous les peuples four-
voyés les adoraient au temps de Moïse. Lui seul
dit aux Hébreux « Lorsque vous élevez les yeux
:

vers le ciel que vous voyez le soleil la lune et


, ,

les autres astres ,


gardez-vous de tomber dans
l’erreur et de les adorer, car c’est Dieu qui les a
créés. » {Deutéronome chap. 4.)
Ceux qui ne croient pas à la révélation de-
vraient nous apprendre comment Moïse a été plus
éclairé que les sages de toutes les nations dont
il était environné *.

Mahomet dit dans le Koran que les étoiles sont


les sentinelles du ciel , et qu’elles empêchent les d’un astrolabe. » Le ciel, disaient-ils, est un
dénions d'en approcher et de connaître ainsi les livre dans lequel on voit le passé, le présent et
secrets de Dieu. l’avenir; pourquoi ne pourrait-on pas lire les
Il
y a des sectes qui prétendent que chaque événements de ce monde dans un instrument qui
corps céleste est la demeure d’un ange. Les — représente la situation des corps célestes '?»
Arabes, avant Mahomet, adoraient les astres. Astrologie, art de dire la bonne aventure, de
Les anciens en faisaient des êtres animés ; les tirer les horoscopes et de prédire les événements,

Égyptiens croyaient qu'ils voguaient dans des par l'aspect, les positions et les influences des
navires à travers les airs comme nos aéronautes ;

1
Le père Lebrun, Hisl. des pratiques supers!.,
1
Bergier, Diet. théolog., au mot Mires. t. I, p. ZiO.

Dgle
,,
,

AST — 58 — AST
corps célestes. — On croit que l’astrologie, qu'on
qui, sur la réponse des ment. Il
y en a même
appelle aussi astrologie judiciaire , parce qu'elle le bonheur astres, se dévouent et se tuent pour
consiste en jugements sur les personnes et sur de ceux qui doivent habiter la nouvelle maison
les choses, a pris naissance dans la Chaldée, d’où Presque tous les anciens Hippocrate, Virgile, ,

elle pénétra en Égypte en Grèce et en Italie.


,
Horace Tibère croyaient à l’astrologie. Le , ,

Quelques antiquaires attribuent l’invention de moyen âge en fut infecté. On tira l'horoscope
cette science à Chain fils de Noé. Le commis- de Louis XIII et de laniis XIV, et Boileau dit qu’un
,

saire de Lamarre, dans son Traité de police, téméraire auteur n’atteint pas le Parnasse si son ,

titre VII, cliap. i", ne repousse pas les opinions astre en naissant ne Ta formé porte.
qui établissent qu'elle lui a été enseignée par le En astrologie, on ne connaît dans le ciel que
démon. sept planètes et douze constellations dans le zo -
Diogène Laërce donne à entendre que les Égyp- diaque. Le nombre de celles-ci n’a pas changé;
tiens connaissaient la rondeur de la terre et la mais il V a aujourd’hui neuf fois plus de planètes.
cause des éclipses. On ne peut leur disputer Nous no parlerons pourtant que des sept vieilles
l'habileté en astronomie; mais, au lieu de. se employées seules par les astrologues. Nous
tenir aux règles droites de celte science ils en n’avons, disent-ils, aucun membre que les corps
,

ajoutèrent d’autres qu’ils fondèrent uniquement célestes ne gouvernent. Les sept planètes sont
sur leur imagination ce furent là les principes comme on sait, le Soleil, la Lune, Vénus. Jupiter,
;

de l’art de deviner et de tirer les horoscopes. Mars, Mercure et Saturne. Le Soleil préside à la
Ce sont eux dit Hérodote qui enseignèrent à tôle, la Lune au bras droit, Vénus au bras gauche,
, ,

quel dieu chaque mois, chaque jour est consa- Jupiter à l’estomac Mars aux parties sexuelles ,

cré qui observèrent les premiers sous quel as- Mercure au pied droit et Saturne au pied gauche ;
; ,

cendant un homme est né, pour prédire sa ou bien Mars gouverne la tête Vénus le bras — ,

fortune, ce qui lui arriverait dans sa vie, et de droit, Jupiter le bras gauche, lu Soleil l’estomac,
quelle mort il mourrait. la Lune les parties sexuelles. Mercure le pied
« J'ai lu dans les registres du ciel tout ce qui droit et Saturne le pied gauche. ,

doit vous arriver à vous et 5 votre fils » disait à Parmi les constellations, le Bélier gouverne la
,

ses crédules enfants Bélus, prince de Rabylone. tête le Taureau le cou les Gémeaux les liras et , ,

Pompée , César, Crassus croyaient ,


ii l’astrologie. les épaules, l’Écrevisse la poitrine et le cceur,
Pline en parle comme d’un art respectable. Cette le Lion l’estomac, la Vierge le ventre, la Ba-
science gouverne encore la Perse et une grande lance les reins et les fesses, le Scorpion les par-
partie de l'Asie, a Rien ne se fait ici ,
dit Ta\ er- ties sexuelles, le Sagittaire les cuisses, le Capri-
nier dans sa relation d'Ispahan des ,
que de l'avis corne les genoux , le Verseau les jambes , et les
astrologues. Ils sont plus puissants et plus redou- Poissons les pieds.
tés que le roi, qui en a toujours quatre attachés On a mis aussi le monde, c'est-à-dire les em-
à ses pas. Il les consulte sans cesse, et ils l'a- pires et les villes sous l'influence des constel-
vertissent du temps où promener, de
il doit se lations. Des astrologues allemands, au seizième
l'heure où il doit se renfermer dans son palais, siècle ,
avaient déclaré Francfort sous l'influence
se purger, se vêtir de ses habits royaux, prendre du Bélier, Wurlzbourg sous celle du Taureau
ou quitter le sceptre, etc. Ils sont si respectés Nuremberg sous les Gémeaux ,
Magdebourg sous
dans cette cour, que le roi Schah-Sophi étant l'Écrevisse, (jim sous le Lion, Heidelberg sous
accablé depuis plusieurs années d'infirmités que la Vierge, Vienne sous la Balance, Munich sous
l'art ne pouvait guérir, les médecins jugèrent le Scorpion , Stutlgard sous le Sagittaire , Augs-
qu'il n’était tombé dans cet état de dépérissement bourg sous le Capricorne, Ingolstadt sous leVer-
que par la faute des astrologues, qui avaient mal seau , et Ratisbonne sous les Poissons.
pris l'heure h laquelle il devait être élevé sur le Hermès a dit que c’est parce qu’il y a sept
trône. Les astrologues reconnurent leur erreur ; trous à la tête qu'il y a aussi dans le ciel sept
ilss’assemblèrent de nouveau avec les médecins, planètes pour présider à ces trous : Saturne et
cherchèrent de nouveau dans le ciel la véritable Jupiter aux Mars et Vénus aux
deux oreilles.
heure propice ne manquèrent pas de la trouver,
, deux narines, le Soleil et la Lune aux deux
et la cérémonie du couronnement fut renouvelée, yeux, et Mercure à la bouche. Léon l'Hébreu,
à la grande satisfaction de Schah-Sophi, qui dans sa Philosophie d'amour, traduite par le sieur
mourut quelques jours après. » Duparc, Champenois, admet cette opinion, qu’il
Il en est do môme en Chine, où l'empereur précise très-bien • Le Soleil préside à l'œil :

n’ose rien entreprendre sans avoir consulté son droit, dit-il et la Lune à l’oeil gauche, parce que
,

thème natal. tous les deux sont les yeux du ciel Jupiter gou- ;

La vénération des Japonais pour l’astrologie verne l’oreille gauche, Saturne la droite, Mars le
est plus profonde encore chez eux personne :

n'oserait construire un édifice sans avoir inter- 1


Essai sur les erreurs et les superstitions par
.

rogé quelque astrologue sur la durée du bâti- M. L. C., ch. v.

Digitized by Google
,, ,

AST 59 — AST
portais droit du nez, Vénus le pertuis gauche Quand ceux qui partagent le ciel par sixièmes
et Mercure la bouche, parce qu'il préside à la se rencontrent à l'heure de l’opération , comme
parole. > le Bélier avec les Gémeaux, le Taureau avec

Ajoutons encore que Saturne domine sur la l'Écrevisse, etc., ils forment Y aspect sextil qui ,

vie , les changements , les édifices et les sciences; est médiocre.


Jupiter sur l'honneur, les souhaits, les richesses Quand ceux qui partagent le ciel en quatre,
et la propreté des habits; Mars sur la guerre, comme le Bélier avec l'Écrevisse, le Taureau
les prisons, les mariages, les haines; le Soleil avec le Lion, les Gémeaux avec la Vierge, se ren-
sur l'espérance, le bonheur, le gain, les héri- I
contrent dans le ciel , ils forment Y aspect carré,
tages Vénus sur les amitiés et les amours
; ; !
qui est mauvais.
Mercure sur les maladies les pertes les dettes
, , Quand ceux qui se trouvent aux parties oppo-
le commerce et la crainte ; la Lune sur les plaies, sées du riel, comme le Bélier avec la Balance,
|

les songes cl les larcius. Ainsi du moins le , , le Taureau avec le Scorpion, les Gémeaux avec
décide le livre des Admirables secrets d'Albert le Sagittaire , etc., se rencontrentà l'heure de la
le Grand. naissance, ils forment Y aspect contraire, qui est
En dominant de la sorte tout ce qui arrive à méchant et nuisible.
l'homme, les planètes ramènent le même cours Les astres sont en conjonction quand deux
de choses toutes les fois qu’elles se retrouvent planètes se trouvent réunies dans le même signe
dans le ciel au lieu de l'horoscope. Jupiter se ou dans la même maison, et en opposition
relrouv e au bout de douze ans au même lieu quand elles sont is deux points opposés.
les honneurs seront les mêmes; Vénus, au bout Chaque signe du zodiaque occupe une place
de huit ans, les amours seront les mêmes, etc., qu'on appelle maison céleste on maison du soleil ;
mais dans un autre individu. ces douze maisons du soleil coupent ainsi le zo-
.N'oublions pas non plus que chaque planète diaque en douze parties. Chaque maison occupe
gouverne un jour de la semaine le Soleil le : trente degrés, puisque le cercle en a trois cent
dimanche, la Lune le lundi. Mars le mardi, soixante. Les astrologues représentent les mai-
Mercure le mercredi Jupiter le jeudi Vénus le
, , sons par de simples numéros', dans une ligure
vendredi, Saturne le samedi; que le jaune — ronde ou carrée, divisée en douze cellules.
est la couleur du Soleil le blanc celle 'de la Lime,
,

le v ert celle de Vénus le rouge celle de Mars, le


,

bleu celle de Jupiter, le noir celle de Saturne, le


mélangé celle de Mercure; —
que le Soleil pré-
side à l'or, la Lune à l'argent, Vénus à l'étain,
Mars au fer, Jupiter à l’airain Saturne au plomb.
,

Mercure au vif-argent, etc.


Le Soleil est bienfaisant et favorable, Saturne
triste, morose et froid; Jupiter tempéré et bénin.
Mars ardeut, Vénus bienveillante, Mercure in-
constant, la Lune mélancolique.
Dans les constellations, le Bélier, le Lion et
le Sagittaire sont chauds, secs et ardents le ;

Taureau, la Vierge et le Capricorne, lourds,


froids et secs; les Gémeaux, la Balance et le
Verseau, légers, chauds et humides; l’Écrevisse,
le Scorpion et les Poissons, humides mous et ,

froids.
Au moment de la naissance d'un enfant dont
on veut tirer l'horoscope, nu bien au jour de La première, maison est celle du Bélier, qu'on
l’événement dont on cherche à présager les appelle l’angle oriental en argot astrologique.
suites,il faut d’abord voir sur l'astrolabe quelles C’est la maison de la vie, parce que ceux qui
sont les constellations et planètes qui dominent naissent quand cette constellation domine peu-
dans le ciel et tirer les conséquences qu’indi-
, vent vivre longtemps.
quent leurs vertus, leurs qualités et leurs fonc- La seconde maison est celle du Taureau , qu’on
tions. Si trois signes de la même nature se ren- appelle la porte inférieure. C'est la maison des
contrent dans le ciel, comme, par exemple, le richesses et des moyens de fortune.
Bélier, le Lion et le Sagittaire, ces trois signes La troisième maison est celle des Gémeaux
forment le trin aspect, parce qu’ils partagent le appelée la desneure des frères. C’est la maison
cielen trois et qu'ils sont séparés l’un de l'autre des héritages et des bonnes successions.
par trois antres constellations. Cet aspect est La quatrième maison est celle de l'Écrevisse.
bon et favorable. On l'appelle le fond du ciel, l’angle de la terre,

Digitized by Google
j ,
,
,
,

AST — 60 — AST
la demeure des parents. C’est la maison des tré- presque autant d'effet que Jupiter;
les influences

sors et des biens de patrimoine. mais descendant il présage des revers.


La cinquième maison est celle du Lion dite , Ajoutons que les Gémeaux, la Balance et la
la demeure des enfants. C'est la maison des legs Vierge donnent la beauté par excellence; le Scor-
et des donations. pion, le Capricorne et les Poissons donnent une
I j
sixième maison est celle de la Vierge; on beauté médiocre. Les autres constellations don-
l'appelle l'amour de Mars. C’est la maison des nent plus ou moins la laideur. La Vierge, la —
chagrins des revers et des maladies.
, Balance, le Verseau et les Gémeaux donnent une
I septième maison est celle de la Balance belle voix; l'Écrevisse, le Scorpion et les Pois-
qu’on appelle l'angle occidental. C'est la maison sons donnent une voix nulle ou désagréable. Les
des mariages et des noces. autres constellations n'ont pas d'influence sur la
La huitième maison est celle du Scorpion , ap- voix.
pelée ta porte supérieure. C’est la maison de Si les planètes et les constellations se trouvent
l’effroides craintes et de la mort.
, â l’orient â l’heure de l’horoscope, on éprou-
La neuvième maison est celle du Sagittaire, vera leur influence au commencement de la vie
appelée l'amour du soleil. C’est la maison de la ou de l'entreprise on l'éprouvera au milieu si
;

piété , de la religion , des voyages cl de la phi- elles sont au haut du ciel, et à la lin si elles sont
losophie. à l’occident.
La dixième maison est celle du Capricorne Alln que l'horoscope ne trompe point, il faut
dite le milieu du ciel. C'est la maison des charges, avoir soin d'en commencer les opérations préci-
des dignités et des couronnes. sément à la minute où l'enfant est né , ou à l'in-
La onzième maison est celle du Verseau stant précis d’une affaire dont on veut savoir les
qu'on appelle l'amour de Jupiter. C’est la mai- suites. — Pour ceux qui n’exigent pas une exac-
son des amis, des hienraits et de la fortune. titude si sévère, il
y a des horoscopes tout dres-
la douzième maison est celle des Poissons, sés, d'après les constellations de la naissance.
appelée l’amour de Saturne. C’est la plus mau- J'oy. Horoscopes.
vaise de toutes cl la plus funeste c'est la mai- : Tels soûl, en peu de mots, les principes de cet
son des empoisonnements des misères de, , art, autrefois si vanté, si universellement ré-
l'envie, de l’humeur noire et de la mort vio- pandu, et maintenant un peu tombé en désué-
lente. tude. Les astrologues conviennent que le globe
Le Bélier et le Scorpion sont les maisons ché- roulesi rapidement, que la disposition des astres

ries de Mars; le Taureau et la Balance, celles de change en un moment. Il faudra donc, pour tirer
Vénus; les Gémeaux et la Vierge, celles de Mer- les horoscopes, que les sages-femmes aient soin
cure; le Sagittaire et les Poissons, celles de de regarder attentivement les horloges, de mar-
Jupiter; le Capricorne et le Verseau, celles de quer exactement chaque point du jour, et de
Saturne; le Lion, celle du Soleil; l’Écrevisse, conserver à celui qui naît scs étoiles comme son
celle du la Lune. patrimoine. « Mais combien de fois, dit Barclai,
Il faut examiner avec soin les rencontres des le péril des mères empéche-t-il ceux qui sont

planètes avec les constellations. Si Mars, par autour d'elles de songer à cela Et combien de !

exemple se rencontre avec le Bélier à l'heure


,
fois ne se trouve-t-il là personne qui soit assez

de la naissance, il donne du courage, de la fierté superstitieux pour s’en occuper! Supposez, ce-
et une longue vie; s’il se trouve avec le Taureau pendant, qu’on y ait pris garde, si l’enfant est
richesses et courage. En un mot Mars augmente ,
longtemps à naître, et si, ayant montré la tête,
l’influence des constellations avec lesquelles il se le reste du corps ne parait pas de suite, comme

rencontre, et y ajoute la valeur et la force. — il arrive, quelle disposition des astres sera
Saturne, qui donne les peines, les misères, les funeste ou favorable ? sera-ce celle qui aura
maladies, augmente les mauvaises influences et présidé à l’apparition de la tête, ou celle qui se
gâte les bonnes. Vénus, au contraire, augmente sera rencontrée quand l’enfant est entièrement
les bonnes influences et affaiblit les mauvaises. né?... »
— Mercure augmente ou affaiblit les influences Astrologues. Voici quelques anecdotes sur le
suivant scs conjonctions s'il se rencontre avec
: compte des astrologues Lin valet, ayant volé son
:

les Poissons, qui sont mauvais, il devient moins maître, s'enfuit avec l'objet dérobé. On mit des
bon; s'il se trouve avec le Capricorne, qui est gens sa poursuite, et, comme on ne le trouvait
:i

favorable, il devient meilleur. la Lune joint — pas, on consulta un astrologue. Celui-ci, habile
la mélancolie aux constellations heureuses; elle à deviner les choses passées, répondit que le
ajoute la tristesse ou la démence aux constella- valet s'était échappé parce que la lune s'était
tions funestes. — Jupiter, qui donne les richesses trouvée, à sa naissance, eu conjonction avec
et les honneurs, augmente les bonnes influences Mercure, qui protège les voleurs, et que de plus
et dissipe à peu près les mauvaises. Le Soleil — longues recherches seraient inutiles. Comme il

ascendant donne les faveurs des princes ; il a sur disait ces mots, on amena le domestique, qu'on

3gle
AST — 61 — •
AST
venait de prendre enfin, malgré la protection de temps qu’il croyait avoir à vivre. N'étant pas
Mercure. mort à l’heure que l'astrologue lui avait assi-
j

l-es astrologues tirent vanité de deux on trois gnée, il se vit obligé de demander l'aumône, ce

de leurs prédictions accomplies, quoique sou- 'qu’il faisait en disant —«Ayez pitié d’un homme
:

vent d'une manière indirecte, entre mille qui qui a vécu plus longtemps qu'il ne croyait. »
n’ont pas eu de succès. L'horoscope du poète Une dame un astrologue de deviner un
pria
!

Eschyle portait qu’il serait écrasé par la chute chagrin qu'elle avait dans l'esprit. L’astrologue,
d'une maison il s'alla, dit-on mettre en plein
; , après lui avoir demandé l’année, le mois, le jour
champ, pour éviter sa destinée-, mais un aigle, et l’heure de sa naissance, dressa la ligure de
qui avait enlevé une tortue, la lui laissa tomber
sur la tête, et il en fut tué. Si ce conte n’a pas été
fait après coup, nous répondrons qu'un aveugle,

en jetant au hasard une multitude de flèches,


peut atteindre le but une fois par hasard. Quand
il
y avait en Europe des milliers d'astrologues
qui faisaient tous les jours de nouvelles prédic-
tions. il pouvait s’en trouver quelques-unes que
l'événement, par cas fortuit, justifiait; et celles-
ci, quoique rares, enlrctenaicnl la crédulité que
des millions de mensonges auraient dû détruire.
L'empereur Krédéric-Barberousse, étant sur le
point de quitter Viccnce, qu’il venait de prendre
d’assaut, défia le plus fameux astrologue de de-

sou horoscope, et dit beaucoup de paroles qui


peu de chose. La dame lui donna une
signifiaient
pièce de quinze sous. — « Madame, dit alors l’as-
trologue, je découvre encore dans voire horos-
cope que vous n'éles pas riche. — Cela est vrai,
répondit-elle. — Madame, poursuivit-il en consi-
dérant dis nouveau les ligures des astres, u’aiez-

vuus rien perdu? —


J'ai perdu, lui dit-elle, l’ar-

gent que je viens de vous donner. •


Darah, l'un des quaire fils du (irand Mogol
Schah-tJéhan , ajoutait beaucoup de foi aux pré-
viuer par quelle porte il sortirait le lendemain, dictions des astrologues. Lu de ces doctes lui
Le charlatan répondit au défi par uif tour de son avait prédit , au péril de sa tête, qu’il porterait
métier : il remit à Frédéric un billet cacheté, lui la couronne. Darah comptait là-dessus. Comme

recommandant de ne l’ouvrir qu’après sa sortie, on s’étonnait que cet astrologue osât garantir sur
L’empereur fit abattre, pendant la nuit, quelques sa vie un événement aussi incertain • Il arri-: —
toises’de mur, et sortit par la brèche. Il ouvrit vera de deux choses l’une, répondit-il, ou Darah
ensuite le billet, et no fut pas peu surpris d’y parviendra an trône, et ma fortune est faite; ou
lire ces mots —
« L’empereur sortira par la
: il sera vaincu dès lors sa mort est certaine, cl
:

porte neuve. » C’en fut assez pour que l’astro- je ne redoute pas >a vengeance. »
logue et l’astrologie lui parussent infiniment res- Heggiage, général arabe sons le calife Valid,
pcctables. consulta dans sa dernière maladie, un aslro-
,

Un homme que les astres avaient condamné logue qui lui prédit une mort prochaine. « Je —
en naissant à être tué par un cheval avait grand compte tellement sur votre habileté, lui répondit
soin de s'éloigner dès qu'il apercevait un de ces Heggiage que je veux vous avoir avec moi dans
,

animaux. Or, un jour qu’il passait dans une rue, l’autre monde, et je vais vous y envoyer le pre-
nne enseigne lui tomba sur la tôle, et il mourut !
micr, afin que je puisse me servir de vous dès
du coup c'élait, dit le conte, l'enseigne d’une
: mon arrivée. » Il lui fit couper la tête, quoique le
auberge où était représenté un cheval noir. temps fixé par les astres ne fût pas encore arrivé.
Mais y a d’autres anecdotes
il ; lin bourgeois L’empereur Manuel, qui avait aussi des prc-
dc Lyon, riche et crédule, ayant fait dresser son tentions à la science de l’astrologie, mit en mer,
horoscope, mangea tout son bien pendant le !
sur la foi des astres, une Uolte qui devait faire

Digitized by Google
,

AST — 62 — ATT

des merveilles et qui fut vaincue, brûlée et cou- dès ce moment, ajoute-t-on, la maison fut tran-

lée bas. quille 1 . l’oy. Aïola et Abicnotï.

Henri Vil, roi d’Angleterre, demandait à un Atinius. Tite-Uve raconte que. le matin d’un
astrologue s'il savait où il passerait les fêtes de jour où l'on représentait les grands jeux, un ci-
Noël. L’astrologue répondit qu’il n’en savait rien. toyen de Rome conduisit un de ses esclaves à
— « Je suis donc plus habile que toi , répondit le travers le cirque en le faisant battre de verges;
roi , car je sais que lu les passeras dans la Tour ce qui divertit ce grand peuple romain. Les jeux
de Londres. » il l'y fil conduire en même temps. commencèrent à la suite de celte parade ;
mais
Il est vrai que c’était une mauvaise raison. quelques jours après Jupiter Capitolin apparut la

Un astrologue regardant au visage Jean Galéas, nuit, en songe, à un homme du peuple nommé
duc de .Milan lui dit : — « Seigneur, arrangez vos Atinius ’, ordonna d'aller dire de sa part
et lui

,

affaires car vous ne pouvez vivre longtemps. aux consuls qu’il n’avait pas été content de celui
— Par
,

Comment le sais-tu ? lui demanda le duc. qui menait la danse aux derniers jeux, et que
la connaissance des astres. Et toi, combien — l’on recommençât la fête avec un autre danseur.

dois- tu vivre? —
Ma planète me promet une — Le Romain, à son réveil, craignit de se rendre
longue vie. — Oh bien ! lu vas voir qu'il ne faut ridicule en publiant ce songe, et le lendemain
pas se fier aux planètes; » et il le lit pendre sur- son fils, sans être malade, mourut suhitemenL
le-champ. La nuit suivante, Jupiter lui apparut de nouveau
Astronomancie divination par les astres.
,
et lui demanda s’il se trouvait bien d'avoir mé-
C'est la même chose que l’astrologie. prisé l’ordre des dieux, ajoutant que s’il n’obéis-
Astyle, devin fameux dans l’histoire des Cen- sait il lui arriverait pis. Atinius, ne s’étant pas
taures. On trouve dans Plutarque un autre devin encore décidé à parler aux magistrats, fut frappé
nommé Aslyphile. Voy. Cimon. d’une paralysie qui lui ôta l’usage de ses mem-
Asuman, l'ange du la mort, chez les Mages. bres. Alors il se lit porter en chaise au sénat, et
Asweith. l'oy. Asmcnd. raconta tout ce qui s’était passé. Il n'eut pas plu-
Até, fille de la Discorde , divinité funeste dans tôt fini son récit, qu’il se leva, rendu à la santé.
la mythologie grecque. Toutes ces circonstances parurent miraculeuses.
Athénagore, philosophe platonicien qui em- ,
On comprit que le mauvais danseur était l'esclave
brassa le christianisme au deuxième siècle. On battu. Le maître de cet infortuné fut recherché
peut lire son Traité de la résurrection des morts, et puni on ordonna aussi de nouveaux jeux qui
;

traduit du grec en français par Gaussart, prieur furent célébrés avec plus de pompe quelles pré-
de Sainte-Foy, Paris, 1571» , et par Duferrier, cédents. —
An de Rome 265.
Bordeaux, 1577, in-8*. Atré, divinité ou plutôt démon des Anglo-
Athénais, sibylle d’Érythrée. Elle prophéti- Saxons, auxquels il ne faisait que du mal.
sait du temps d'Alexandre. Atropos, l’une des trois Parques; c’est elle
Athénodore philosophe stoïcien du siècle
,
qui coupait le fil. Hésiode la peint comme très-
d’Auguste. On conte qu’il y avait à Athènes une féroce; on lui donne un vêlement noir, des traits

fort belle maison où personne n'osait demeurer, ridés etun maintien peu séduisant.
à cause d’un spectre qui s’y montrait la nuit. Attila dit le Fléau de Dieu que saint Loup
, ,

Athénodore, étant arrivé dans celle ville, ne évêque de Troycs empêcha de ravager la Cham-
,

s’effraya point de ce qu’on disait de la maison pagne. Comme il s’avançait sur Rome pour la
décriée, et l’acheta. détruire, il eut une vision il vit en songe un :

La première nuit qu’il y passa , étant occupé à vieillard vénérable, vêtu d'habits sacerdotaux,
écrire, il entendit tout à coup un bruit de chaînes, qui, l'épée nue au poing, menaçait do le tuer
le

et il aperçut un vieillard hideux, chargé de fers, s’il résistait aux prières du saint pape Léon. Le
qui s’approchait de lui à pas lents. Il continua lendemain ,
quand le Pape vint lui demander
d'écrire. Le spectre, l'appelant du doigt, lui lit d’épargner Rome, il répondit qu’il le ferait, cl
signe de le suivre. Athénodore répondit à l’es- ne passa pas plus avant. Paul Diacre dit, dans le
prit, parun autre signe, qu’il le priait d'attendre, livre XV de son Histoire de la Lombardie, que ce
et continua son travail ;
mais le spectre fit reten- vieillard merveilleux n'était autre, selon l’opi-
tir ses chaînes à ses oreilles , et l’obséda telle- nion générale, que saint Pierre, prince des
ment, que le philosophe, fatigué, se détermina apôtres. — Des légendaires ont écrit qu'Atlila
à voir l'aventure. 11 marcha avec le fantôme, qui ,
était fils du démon.
disparut dans un coin de Athénodore la cour. Attouchement. Pline dit que Pyrrhus guéris-
étonné arracha une poignée de gazon pour re- I
sait les douleurs de rate en touchant les malades
connaître le lieu , rentra dans sa chambre et , le
1

, du gros doigt de son pied droit et l’empereur ;

lendemain il lit part aux magistrats de ce qui lui


, Adrien , en touchant les hydropiques du bout de
était arrivé. On fouilla dans l'endroit indiqué;
on trouva les os d’un cadavre avec des chaînes, 1
Plin. junior, lib. vu, epist. Î7.
2 Plutarque le nomme
on lui rendit les honneurs de la sépulture, et, Titus Ijitinus.

3gle
, ; ,

ALU — 63 AUG
l'index leur faisait sortir l’eau du ventre. Beau-
, des commissaires à Laon ; le nonce du pape y
coup de magiciens et de sorciers ont su produire vint aussi. Les démons, voyant ce concours, en
également des cures merveilleuses par le simple devinrent plus insolents : ils insultaient les exor-
attouchement. Voy. Chaumes Écrouelles, etc. , cistes et l’évêque lui-même; mais ils ne ména-
Aubigné (Nathan d’), en latin Albineus, fils geaient pas les protestants, qui demandèrent qu’on
du fameux huguenot d'Aubigné. Il était partisan emprisonnât la possédée. Un médecin do leur
de l'alchimie. Il a publié, sous le titre de Biblio- secte ayant tenté de l’empoisonner, on ne les
thèque chimique, un recueil de divers traités, écouta point. Les démons, malgré eux probable-
recherché par ceux qui croient à la pierre phi- ment, turlupinaient la réforme par des sarcasmes
losophale’. si incisifs, qu’ils curent pour résultat la conver-

Aubrey (Jean), Alberius, savant antiquaire sion d'un grand nombre de calvinistes, parmi
anglais, mort en 1700. Il a donné, en 1696, un lesquels nous citerons Horimond de Rémond,
livre intitulé Mélangea sur les sujets suivants : nom dans les sciences historiques.
qui a laissé un
Fatalité de jours, fatalité de lieux, présages, Les démons enfin furent vaincus et la jeune lille
songes, apparitions , merveilles et prodiges réim- On a dit qu'ils étaient au nombre du
délivrée.
primé en 1721, avec des additions. vingt-neuf, en tête desquels étaient Bclzébut, qui
Aubry (Nicole), jeune fille de Vcrvins, dont était venu à elle sous la figure d'un taureau , Bai-
la possession a fait très-grand bruit au treizième tazo sous celle d'un mouton , Aslaruth sous celle
siècle. A l'âge de seize ans, étant allée prier sur d'un porc, les autres sous forme de chats gros
la tombe de son père, l'esprit de cet homme lui comme des brebis. —
L’histoire de Nicole Aubry
apparut, sortant du tombeau, et lui prescrivit fut publiéepar la Sorbonne , en français eu latin ,

combien elle devait faire dire do messes pour le en espagnol en italien et en allemand. Elle avait
,

repos de son âme. Elle exécuta ponctuellement tant de retentissement que Charles IX en voulut
tout ce qui lui était recommandé mais malgré ; , voir l'héroïne, qui lui fut présentée le 27 août
son exacte obéissance, elle n'en continua pas 1566.
moins à être tous les jours visitée par cet esprit, Cette histoire a été tellement dénaturée par les
qui Unit par lui avouer qtt'il était un démon. Ce protestants, qui ont falsifié aussi celle de Loudun
démon la transporta en divers lieux et l’enleva et quelques autres, qu’il est très-rare chez nous
même devant de nombreux témoins, ce qui fil de la trouver exacte. Gorres l’a donnée conscien-
reconnaître évidemment qu’elle en était possé- cieusement dans le tome IV de sa Mystique.
dée. L’évêquc de Laon la lit exorciser, et ce fut Audumla. Une étincelle de la lumière divine
pendant trois mois sans résultat. Dix hommes, ayant fondu une portion des glaces de la Scandi-
et quelquefois plus , la tenaient durant les exor- navie, il naquit de cette goutte la génisse Au-
cismes , et elle leur était arrachée à la vue de la dumla qui nourrit de son lait Iinir, né avec elle.
,

foule. Des notaires publics dressaient les procès- Puis elle lécha des glaçons d’où sortit Bor ou
j

verbaux de ces faits, qui se "sont répétés deux j


Buri. (Mythologie Scandinave.)
siècles plus tard sur la tombe du diacre Paris, et Augerot d'Armore, sorcier. Voy. Ciionno-
qui, dans l'une et l’autre affaire, ont été constatés PIQUE.
dans toutes formes et avec toutes les garan-
les Augures. Les augures étaient, chez les Ro-
ties désirables. La science humaine a barboté mains, les interprètes des dieux. On les consultait
autour de ces monstrueux phénomènes sans pou- avant toutes les grandes entreprises : ils jugeaient
voir les expliquer. En même temps que cette du succès par le vol , le chant cl la façon de. man-
puissance qui , dans une jeune lille rendait vains ,
ger des oiseaux. On ne pouvait élire un magis-
les efforts de quinze ou seize hommes robustes, trat ,
ni donner une bataille , sans avoir consulté
Nicole Aubry parlait plusieurs langues, décou- l’appétit des poulets sacrés ou les entrailles des
vrait les choses les plus secrètes et voyait ce qui victimes. Annibal pressant le roi Prusiasde livrer
se passait à quelques lieues d'elle. bataille aux Romains, celui-ci s'en excusa en di-
Celte première période des exorcismes avait sant que les victimes s’y opposaieut. — s C'est-à-
eu lieu à Vcrvins l'évêque, étonné, lit venir la
;
dire, reprit Annibal, que vous préférez l’avis
jeune fille à Laon où il l’exorcisa lui-même dans
,
d'un mouton à celui d’un vieux général. »

la cathédrale, remplie continuellement à ce sujet Les augures prédisaient aussi l’avenir par le
de dix à douze mille spectateurs. Ce n'était plus moyen du tonnerre cl des éclairs, par les éclipses
un seul démon qui s'était installé dans Nicole et par les présages qu'on tirait de l’apparition
Aubry. C’était dès lors, sans aucun doute, par la des comètes. Les savants n’étaient pas dupes de
permission de Diou, toute une légion d'esprits leurs cérémonies, et Cicéron disait qu’il ne con-
mauvais et il y eut des scènes si étranges, que
;
cevait pas que deux augures pussent se regarder
le Parlement de Paris et l'Université envoyèrent sans rire.
Quelques-uns méprisèrent, il est vrai, la science
1
Bibliotheca chimira contracta ex delectu et amen-
dations \athanis Albinei in-8". Genève, 4634 des augures; mais ils s'en trouvèrent mal parce ,

« 4673 . que le peuple la respectait. On vint dire à Clau-

iized by Google
AUG - 64 - AUG
dius Piilcher, prêl à livrer bataille aux Carthagi- une corneille vole devant vous, dit Cardan,
Si
nois, que les poulets sacrés refusaient de man- présage un malheur futur; si elle vole à
elle

ger. — « Qu'on les jette à la mer, répondit-il , s’ils un malheur présent; si elle vole à gau-
droite,
ne mangent pas, ils boiront. » Mais l'armée fut che , un malheur qu’on peut éviter par la pru-
indignée de ce sacrilège, et Claudius perdit la dence si elle vole sur votre tête , elle annonce
:

bataille 1
. mort, pourvu toutefois qu'elle croasse; si
la

Les oiseaux ne sont pas, chez nos bonnes gens, elle garde le silence, elle ne présage rien...
dépourvus du don de prophétie. Le cri de la On dit que la science des augures passa des
chouette annonce la mort le chant du rossignol
;
Chaldéens chez les Grecs, et ensuite chez les
promet de la joie le coucou donne de l'argent,
; Romains. Elle est défendue aux Juifs par le cha-
quand on porte sur soi quelque monnaie le pre- pitre xxix du Lévitiquc.
mier jour qu’ou a le bonheur de l'entendre, etc. Gaspard Peucer dit que les augures se pre-

Augure*.

liaientde cinq choses 1" du ciel 2° des oiseaux ;


: ; tréc d'un animal sauvage ou domestique dans une
3‘ des bêtes h deux pieds ; 4* des bêles à quatre maison ;
2° la rencontre d'un animal sur la route
pieds; 5* de ce qui arrive au corps humain soit ,
ou dans 3° la chute du tonnerre
la rue ; 4° un ;

dans la maison soit hors de la maison.


, rat qui mange une
savate, un renard qui étrangle
Mais les anciens livres auguraux, approuvés une poule, un loup qui emporte une brebis, etc.;
par Maggioli dans le deuxième colloque du supplé- 5" un bruit inconnu entendu dans la maison, et

ment à ses Jours caniculaires ,


portent les objets qu’on attribuait à quelque lutin 6" le cri de la ;

d’augures à douze chefs principaux, selon le corneille ou du hibou un oiseau qui tombe sur,

nombre des douze signes du zodiaque : 1° l’en- le chemin , etc.; 7* un chat ou tout autre animal

qui entre par un trou dans la maison : on le pre-


1
On que Livic, étant grosse, imagina de
sait
nait pour un mauvais génie 8” un (lambeau qui ;
couver et d'éclore un oeuf dans son sein voulant au- ,
s’éteint tout seul ce que l'on croyait une malice
gurer du sexe de son enfant par le sexe du poussin ,

qui viendrait. Ce poussin fut mâle, et son enfant d'un démon 9° le feu qui pétillé. Les anciens
;

aussi. Les augures ne manquèrent pas de se préva- pensaient que Vulcain leur parlait alors dans le
loir du fait pour montrer aux plus incrédules la vé-
foyer; 10" ils tiraient encore divers présages
rité de leur art; mais co qui reste le mieux prouvé,
c'est que la chaleur humaine est suffisante pour l'in-
lorsque la flamme étincelait d'une manière ex-
cubation des oeufs. traordinaire; 11* lorsqu’elle bondissait, ilss’ima-
, ,,,

AUG — 65 — AUP
ginaient que les dieux Lares s'amusaient à l'agi- plies, et revint auprès du démon, A qui il demanda
ter; 12* enfin, ils regardaient comme un motif de une seconde fois sa note. Elle se trouva
lire

d'augure une tristesse qui leur survenait tout h effacée. —


Ah vous m’avez joué s’écria le
!
,

coup. diable,.... mais on ne m’y reprendra plus.... En


Nous avons conservé quelques traces de ces disant ces mots, il s’en alla peu content.
superstitions, qui ne sont pas sans poésie. Nous avons dit que saint Augustin avait réfuté
Les Grecs modernes tirent des augures du cri le petit livre du Démon de Socrate, d’Apulée: On
des pleureuses à gages. Ils disent que si l’on en- peut lire aussi de ce Père le traité de l’Antéchrist
tend braire un Ane A jeun, on tombera infailli- et divers chapitres de son admirable ouvrage de
blement de cheval dans la journée, pourvu — la Cité de Dieu qui ont rapport au genre de mer-
toutefois qu’on aille à cheval, l'oy. Ornithoman- veilles dont nous nous occupons.
cie, Aigle, Corneille, Hibou, Aruspices, etc. Aumône. Le peuple croit, en Angleterre, que,
Auguste. Leloyer rapporte, après quelques pour les voyageurs qui ne veulent pas s’égarer
anciens, que la mère de l’empereur Auguste, dans leur route, c’est une grande imprudence de
étant enceinte de lui, eut un songe où il lui sem- passer auprès d’une vieille femme sans lui don-
bla que ses entrailles étaient portées dans le ciel ner l’aumône, surtout quand elle regarde en face
ce qui présageait la biture grandeur de son fils. celui dont elle sollicite la pitié ‘. Celte opinion —
Ce nonobstant, d’autres démonographes disent nous n’aurons pas le courage de la condamner.
qu' Auguste était enfant du diable. —
Les caba- Aupetit (Pierre), prêtre sorcier du village de
lisles n’ont pas manqué de foire de ce diable une Fossas, paroisse de Paias, près la ville de Cha-
salamandre. lus, en Limousin, exécuté à l’Age de cinquante
Auguste était superstitieux; Suétone rapporte 1
ans, le 25 mai 1598. —
Il ne voulut pas d’abord

que comme on croyait de son temps que la peau


, répondre au juge civil il en fut référé au parle-
;

d’un veau marin préservait de la foudre, il était ment de Bordeaux qui ordonna que le juge laïque
,
j

toujours muni d’une peau de veau marin. Il eut connaîtrait de cette affaire sauf A s'adjoindre un
,

encore la de croire qu’un poisson qui


faiblesse juge d’église. L’évêque de Limoges envoya un
sortait de la mer, sur le rivage d’Aclium, lui membre de l'oflicialité pour assister, avec le vice-
présageait le gain d’une bataille. Suétone ajoute sénéchal et le conseiller Peyrat, A l’audition du
qu’ayant ensuite rencontré un ânier, il lui de- sorcier. —
Interrogé s'il n’a pas été au sabbat de
manda le nom de son âne que PAnier lui ayant
;
Mendras, s'il n'a pas vu Antoine Dumons de
répondu que son Ane s’appelait Nicolas, qui si- Saint-Laurent, chargé de fournir des chandelles
gnifie vainqueur des peuples, il ne douta plus de pour l'adoration du diable; si lui, Pierre Aupetit,
la victoire et que, par la suite, il fil ériger des
; n'a pas tenu le fusil pour les allumer, etc. il a ;

statues d'airain à l’ânier, A l’âne et au poisson répondu que non, et qu'A l'égard du diable, il
sautant. Il dit même que ces statues furent pla- priait Dieu de le garder de sa figure ce qui était ;

cées dans le Capitole. le langage ordinaire des sorciers. Interrogé —


On sait qu’Auguste fut proclamé dieu de son s'il ne se servait pas de graisses, et si, après le

vivant, et qu’il eut des temples et des prêtres’. sabbat, il n'avait pas lu dans un livre pour faire
Augustin (saint), évêque d’Hippono, l’un venir une troupe de cochons qui criaient et lui
des plus illustres Pères de l’Église. On lit dans répondaient « Tiran, tiran ramassien rama >
: , ,

Jacques de Varasc une gracieuso légende sur ce » sien, nous réclamons cercles et cernes pour
grand saint : » faire l'assemblée que nous l’avons promise » ;

L’n jour qu’il était plongé dans ses médita- il a répondu qu’il ne savait ce qu'on lui deman-

tions, il vil passer devant lui un démon qui por- dait. —


Interrogé s’il ne sait pas embarrer ou
tait un livre énorme sur ses épaules. Il l’arrêta désembarrer, et se rendre invisible étant prison-
et lui demanda à voir ce que contenait ce livre. nier, il répond que non. —
Interrogé s'il sait dire
— C’est le registre de tous les péchés des hom- des messes pour obtenir la guérison des malades
mes , répond le démon je les ramasse où je les
; il répond qu'il en sait dire en l’honneur des cinq

trouve, et je les écris à leur place pour savoir plaies de Noire-Seigneur et de M. saint Côme.
plus aisément ce que chacun me doit. Mon-— Pour tirer do lui la vérité, selon les usages
trez-moi, dit le pieux évêque d’Hippone, quels d'alors, on le menaça de la question. Il avoua
péchés j’ai faits depuis ma conversion?.... Le alors qu'il était allé au sabbat; qu’il lisait dans
démon ouvrit le livre, et chercha l’article de le grimoire que le diable , en forme de mouton
;

saint Augustin, où il ne trouva que celte petite plus noir que blanc, se faisait baiser le derrière;
note : —
« Il a oublié tel jour de dire les com- que Gratoulet, insigne sorcier, lui avait appris
piles. » Le prélat ordonna au diable de l'attendre le secret d'embarrer, d'étancher et d'arrêter le
un moment; il se rendit à l’église, récita lescom- sang ;
que son démon ou esprit familier s'appe-
lait Belzébut, et qu'il avait reçu en cadeau son
1
In Augusto, cap. xc.
: Auguste dans petit doigt. Il déclara qu’il avait dit la messe en
y a quelques légendes sur
Il les
Légendes de T Ancien Testament. 1
Fielding, Tom Jones, liv. XIV, ch. il.

:ed by Google
, ;
'

AIR - 6 i
— '
AL’X

l'honneur de Belzébul, el qu'il savait embarrer Ausitif démon peu connu qui est cité dans
, ,

en invoquant le nom du diable et en mettant un la possession de 1-oudun.


liard dans une aiguillette il dit, de plus, que le
;
Auspices, augures qui devinaient surtout par
diable parlait en langage vulgaire aux sorciers, le vol et le chant des oiseaux. Voy. Accuses,
et que, quand il voulait envoyer du mal à quel- AncsptcES, etc.
qu’un, il disait ces mots « l'acli , tech, stet, sty,
: Automates. On croyait autrefois que ces ou-
ilu! u II persista jusqu’au supplice dans cesridi- vrages de l’art étaient l’oeuvre du démon. Voy.

cules révélations, mêlées d’indécentes grossière- Aliiebt le Grand Bacon, Enchantements, etc.
,

tés*. Pour comprendre ces choses, voy. Sabbat. Autopsie, espèce d'extase où des fous se
Aurinie, druidesse dont les Germains véné- croyaient en commerce avec les esprits.
raient grandement la mémoire. Kilo est anté- Autruche. Il est bien vrai qu’elle avale du
rieure à Velléda. fer, car elle avale tout ce qu’elle rencontre ; mais
Aurore boréale, espèce de nuée rare, trans- il n’est pas vrai qu’elle le digère, et l’expérience
parente, lumineuse, qui paraît la nuit, du côté a détruit cette opinion erronée *
. — Les traditions
du nord. On ne saurait croire, dit Saint-Foix, du moyen âge donnaient pour père à l’autruche
sous combien de formes l’ignorance et la supers- un cygne et pour mère une chamelle.
tition des siècles passés nous ont présenté l’au- Autun (Jacques d'). l’oy. Chevannes.
rore boréale. Elle produisait des visions diffé- Auzonne. On trouve dans le onzième tome
rentes dans l’esprit des peuples, selon que ces des Causes célèbres l'histoire d'une possession
apparitions étaient plus ou moins fréquentes, qui eut lieu à Auxonne, au milieu du dix-sep-
c’est-à-dire selon qu'on habitait des pays plus tième siècle; et l’attestation des faits a été si-
ou moins éloignés du pôle. Elle fut d’abord un gnée par l’archevêque de Toulouse, l'évêque de
sujet d'alarmes pour les peuples du Nord; ils Rennes, l’évêque de Rodez l’évêque de Chàlons- ,

crurent leurs campagnes en feu et l'ennemi à leur sur-Saône et par F. Morel, N. Cornet, Ph. Leroy,
porte. Mais ce phénomène devenant presque jour- N. Grandin tous docteurs de Sorbonne. Dix-huit
,

nalier, ils s’y sont accoutumés. Ils disent que ce femmes, unes religieuses, les autres du monde,
les
sont des esprits qui se querellent et qui combat- se sont trouvées possédées comme le reconnais- ,

tent dans les airs. Cette opinion est surtout, très- sent les vénérables signataires de l’acte que nous
accréditée en Sibérie. citons, lequel porte la date du 20 janvier 1652.
Les Groënlandais, lorsqu'ils voient une aurore La possession avait duré dix ans, avec des
boréale, s'imaginent que ce sont les âmes qui phases diverses. Toutes ces filles étaient pieuses
jouent à la boule dans le ciel, avec une tête de et de moeurs pures. C’était donc une série d’é-
baleine. —
Les habitants des pays qui tiennent preuves. On nomme dans la déclaration authen-
le milieu entre les terres arctiques et l’extrémité tique des faits Anne l’Écossaise, appelée sœur
méridionale de l'Europe n’y voient que des su- de Denise Parisot, servante du
la Purification;
jets tristes ou menaçants, affreux ou terribles; lieutenant général d' Auxonne; la sœur M. Janini
ce sont des armées en feu qui se livrent de san- la sœur Humberte de Saint-François la sœur ;

glantes batailles, des têtes hideuses séparées de Marguerite de l’Enfant Jésus; la sœur L. Arivcy.
leurs troncs, des chars enflammés , des cavaliers
qui se percent de leurs lances. On croit voir des
pluies de sang ; on entend de la mous-
le bruit
queteric le son des trompettes présages funestes
, ,

de guerre el de calamités publiques.


Voilà ce que nos pères ont aussi vu et entendu
dans les aurores boréales. Faut-il s'étonner, après
cela, des frayeurs affreuses que leur causaient
ces sortes de nuées quand elles paraissaient? —
La Chronique de Louis XI rapporte qu'en 1465 Elles étaient agitées de convulsions lorsqu’il leur
on aperçut à Paris une aurore boréale qui fit fallait se confesser ;
elles frémissaient à la vue
paraître toute la ville en feu. Les soldats qui fai- du Saint-Sacrement elles proféraient des blas-
;

saient le guet en furent épouvantés et un homme , phèmes; elles se sentaient enlevées, courbées
en devint fou. On en porta la nouvelle au roi en deux elles se frappaient le crâne aux piliers
;

qui monta à cheval et courut sur les remparts. de l’église sans en rien souffrir. Elles étaient in-
Le bruit se répandit que les ennemis qui étaient sensibles aux piqûres, aux brûlures. Lorsque les
devant Paris se reliraient et mettaient le feu à la exorcismes eurent obtenu leur délivrance, l'une
ville. Tout
le monde
se rassembla en désordre, d’elles vomit un gros crapaud; Anne l’Écossaise
et on trouva que ce grand sujet de terreur n’était vomit un morceau de drap enveloppé d'un cercle
qu'un phénomène. de cuir ; une autre rejeta un rouleau de taffetas
* Delancrc Tableau de l’inconstance des mauvais
, • Voyez Brown, Des erreurs populaires, liv III,
anges, liv. VT, dise. îv. ch. xxü.

Digitized by Google
AVA — 67 — AXI

sur lequel étaient des caractères. L’évèque de avoir dit que la religion de Mahomet était une
Cbàlons-sur-Saône ayant ordonné au démon qui religion de pourceaux.
possédait Denise de sortir par une vitre qu’il lui
désigua, la vitre se brisa aussitôt. Il se Ht ainsi
de ces choses qui sont au-dessus des forces hu-
maines et qui ne peuvent être qu'œuvres de
démons. —
Personne, jusqu’ici, n’a contesté ces
récits que nous ne donnons qu’en sommaire.
Avarice. Ce vice infâme a souvent amené des

Averroès.

Aveux des sorciers. Les ennemis de l’Église


possessions. Voy. Fischer et tes Légendes des pè- disent que les aveux des sorciers ont été d'or-
ches capitaux. dinaire obtenus par la torture; ce qui n'est pas
Avenar, astrologue qui promit aux Juifs, sur exact. Les aveux tacites sont sans nombre. Ceux
la foi des planètes, que leur Messie arriverait qui sont au diable, par possession ou pacte, ne
sans faute en 1414, ou, au plus lard, en 1464. peuvent voir un prêtre sans frémir, ni assister h
Il donnait pour ses garants Saturne, Jupiter, la messe, ni rien supporter de ce qui est à Dieu.

l'Écrevisse et les Poissons. Tous les Juifs tinrent Ensuite la torture n'a jamais été exercée par
leurs fenêtres ouvertes pour recevoir l’envoyé de l’Église, mais seulement par la puissance civile.
Dieu, qui n’arriva pas, soit que l’Écrevisse eut Avicenne, célèbre médecin arabe, mort vers
reculé, soit que les Poissons d’Avenar ne fussent le milieu du onzième siècle, fameux par le grand
que des poissons d’avril ’. nombre et l’étendue de ses ouvrages, et par sa
Avenir. C’est pour en pénétrer les secrets vie aventureuse. On peut, en quelque sorte, le
qu’on a inventé tant de moyens de dire la bonne comparer à Agrippa. Les Arabes croient qu’il
aventure. Toutes les divinations ont principale- maîtrisait les esprits et qu'il se faisait servir par
ment pour objet de connaître l’avenir. des génies. Comme il rechercha la pierre philo-
Averne, marais consacré à Pluton, prés de sophale, on dit encore, dans plusieurs contrées
Bayes. Il en sortait des exhalaisons si infectes, de l’Arabie qu'il n'est pas mort mais que grâce
, ; ,

qu’on croyait que c’était l’entrée des enfers. à l’élixir de longue vie cl â l’or potable il vit ,

Averroès, médecin arabe et le plus grand dans une rclraile ignorée avec une grande puis-
philosophe de sa nation né à Cordnuc dans le
, sance. —a composé divers livres d'alchimie
Il

douzième siècle. Il s’acquit une si belle réputa- recherchés des songe-creux. Son traité de la
tion de justice, de vertu et de sagesse, que le Congélation de ta pierre et son Tractalulus de
roi de Maroc le fit juge de toute la Mauritanie. Il nlchimia se trouvent dans les deux premiers vo-
traduisit Aristote en arabe, et composa plusieurs lumes de YArs auri/era, Bâle, 1610. Son Ars
ouvrages sur la philosophie et la médecine. Quel- chimica a été imprimé à Berne, 1572. On lui
ques démonogiaphes ont voulu le mettre au attribue encore deux opuscules hermétiques in-
nombre des magiciens et lui donner un démon sérés dans le Thealrum chimirum, et un volume
familier. Malheureusement, Averroès était un épi- in-8\ publié à Bâle, en 1572, sous le titre de la
curien, mahométan pour la forme, et ne croyait Porte des éléments, Porta elementorum. Les —
pas à l’existence des démons’. L’empereur de livres de secrets merveilleux s’appuient souvent
Maroc, un jour, lui fit faire amende honorable à du nom d'Avicenne pour les plus absurdes re-
la porte d’une mosquée où tous les passants
, cettes.
eurent permission de lui cracher au visage pour ,
Axaphat, démon invoqué dans les litanies du
sabbat.
1
M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. J,
p. 90.
Axinomancie, divination par le moyen d'une
’ Magiam dtrmoniacam pleno ore nrgarant Aver- hache ou cognée de bûcheron. François de Torre-
roès et alii epicurei, qui. una c un Saducœis dre- Blanca , qui en parle *, ne nous dit pas comment
mones esse negarunl.(torre-Dlancs,Délils magiques,
liv. Il, ch. v.j
1
Epist. delict., sive de magia, liv. I, cap. xxiv.

Digitized by Google
A\M — 68 — AZA
. les devins maniaient la hache. Nous ne ferons tenant sa bougie en main, il attendit le spectre,
donc connaître que les deux moyens employés qui bientôt ouvrit la porte et parut. C’était un
ouvertement dans l'antiquité et pratiqués encore squelette qui n’avait que les os; il était, avec
dans certains pays du Nord. cela, chargé de chaînes. Ayola lui demanda ce
1" Lorsqu'on veut découvrir un trésor, il faut qu’il souhaitait. Le fantôme selon l'usage lui
, ,

se procurer une agate ronde, faire rougir au feu fit signe de En descendant l’escalier,
le suivre'.

le fer de la hache, et la poser de manière que le la bougie s'éteignit. Ayola eut le courage d’aller

tranchant soit bien perpendiculairement en l'air. la rallumer, et marcha derrière le spectre, qui

On place la pierre d'agate sur le tranchant. Si le mena le long d’une cour où il y avait un puits.

elle s’y lient, il n'y a pas de trésor; si elle tombe, Il craignit qu’il ne voulût l’y précipiter, et s'ar-

elle roule avec rapidité. On la replace trois fuis, rêta. L'esprit lui fit signe de continuer à le suivre ;

et si elle roule trois fois vers le même lieu c'est , ils entrèrent dans le jardin, où la vision disparut.

qu’il y a un trésor dans ce ;lieu même si elle — Le jeune homme arracha quelques poignées
prend à chaque fois une route différente, on peut d’herbe, pour reconnaître l’endroit; il alla en-
chercher ailleurs. suite raconter à scs compagnons ce qui lui était
2" Lorsqu’on veut découvrir des voleurs, on arrivé, et, le lendemain matin, il en donna avis
pose la hache à terre le fer en bas et le bout du
, aux principaux de Bologne. Ils vinrent sur les
manche perpendiculairement en l’air; on danse lieux et y firent fouiller. On trouva un corps dé-
en rond alentour jusqu’à ce que le bout du charné, chargé de chaînes. On s’informa qui ce
manche s'ébranle et que la hache s’étende sur le pouvait être; mais on ne put rien découvrir de
sol le bout du manche indique la direction qu’il
: certain. On au mort des obsèques con-
lit faire
faut prendre pour aller à la recherche des vo- venables; on l’enterra, et depuis ce temps la
lours. Quelques-uns disent que pour cela il faut maison ne fut plus inquiétée. Ce fait est rapporté
que le fer de la hache soit fiché en un pot rond : par Antoine de Torquemada dans son Hexaméron.
,

« Ce qui est absurde tout à fait comine dit De-


, Ayperos, comte de l'empire infernal. C'est le
lancre ' ; car quel moyen de ficher une cognée même qu’lpès. Voy. ce mot.
dans un pot rond, non plus que coudre ou rapié- Azael ,des anges qui se révoltèrent contre
l’un
cer ce pot, si la cognée l'avait une fois mis en Dieu. Les rabbins disent qu’il est enchaîné sur
pièces? » des pierres pointues, dans un endroit obscur du
Aym. Voy. Haborym. désert, en attendant le jugement dernier.
Aymar (Jacques), paysan né à Sainl-Véran, Azariel, ange qui', selon les rabbins du Tal-
en Dauphiné, le 8 septembre 1662, entre minuit mud , a la surintendance des eaux de la terre.
et une heure. De màçon qu'il était, il se rendit Les pêcheurs l’invoquent pour prendre de gros
célèbre par l’usage de la baguette divinatoire. poissons.
Quelques-uns, qui donnaient dans l’astrologie, Azazel, démon du second ordre, gardien du
ont attribué son rare talent à l'époque précise de bouc. A la fête de l’Expiation que les Juifs célé-
,

sa naissance; car son frère, né dans le même braient le dixième jour du septième mois', on
mois, deux ans plus tard, no pouvait rien faire
avec la baguette. Voy. Baguette divinatoire.
Aymon (les quatre fils). Siècle de Charle-
magne. Ils avaient un cheval merveilleux. Voy.
Bayard.
Aynas, mauvais démons, ennemis des Cou-
dais, qui sout les dieux des Tartares.
Ayola (Vasquès de). Vers 1570, un jeune
homme nommé Vasquès de Ayola étant allé à
Bologne , avec deux de ses compagnons pour y ,

étudier en droit, et n'ayant pas trouvé de loge-


ment dans habitèrent une grande et
la ville, ils

belle abandonnée parce qu'il y revenait


maison ,

un spectre qui épouvantail tous ceux qui osaient


y loger; mais ils se moquèrent de tous ces récits
et s’y installèrent.
Au bout d'un mois, Ayola veillant un soir seul
dans sa chambre, et ses compagnons dormant
tranquillement dans leurs lits, il entendit de loin

un bruit de chaînes, qui s’approchait et qui sem- amenait au grand prêtre deux boucs qu'il tirait
blait venir de l’escalier de la maison il se recom-
; au sort : l’un pour le Seigneur, l'autre pour Aza-
manda à Dieu, prit un bouclier, une épée, et, 1
Le septième mois chez les Juifs répondait à sep-
1
L' incrédulité tt mécréance, etc., traité V. tembre.
1

AZK — 69 — BAA
zel. Celui sur qui tombait le sort du Seigneur Azourcheb, selon les traditions des mages de
était immolé, et son sang servait pour l’expia- la Perse, est le plus grand de tous les anges. Il

lion. I.e grand prêtre mettait ensuite ses deux avait un temple à Balkh dans le Korassan. ,

mains sur la tète de l'autre, confessait ses péchés Azraël ou Azraïl ange de la mort. On conte
,

et ceux du peuple en chargeait cet animal qui


, ,
que cet ange, passant un jour sous une forme
était alors conduit dans le désert et mis en li- visible auprès de Salomon regarda fixement un ,

berté; et le peuple, ayant laissé au bouc d'Aza- homme assis à côté de lui. Cet homme demanda
zel appelé aussi le bouc émissaire le soin de ses
, , qui le regardait ainsi, et, ayant appris de Salo-
iniquités, s'en retournailcn silence. — Selon Milton, mon que c'était l’ange de la mort; « II semble —
Azazei est le premier porte-enseigne des armées m’en vouloir, dit-il; ordonnez, je vous prie, au
infernales. C'est aussi le nom du démon dont se vent de m'emporter dans l’Inde. » Ce qui fut —
servait, pour ses prestiges, l'hérétique Marc. fait aussitôt. Alors l’ange dit à Salomon ; « Il —
Azer, ange du feu élémentaire, selon les n’est pas étonnant que j’aie considéré cet homme
Guèbres. Azer est encore le nom du père de j
avec tant d’attention j’ai ordre d’aller prendre
:

Zoroastre. son àme dans l’Inde, et j’étais surpris de le trou-



I

Aziel l’un des démons évoqués par Faust.


, i ver près de toi, en Palestine... » l'oy. Morrr,

Azote. L’aspiration de l’oxyde d'azote fait sur Ame, etc. — Mahomet citait cette histoire pour
les sens l'effet du haschisch sur le cerveau. Elle prouver que nul ne peut échapper à sa destinée.
amène des illusions. |
— Azraël est différent d’Asralil.

Baal, grand-duc dont la domination est très- et lui reconnaissaient le pouvoir d'empêcher
étendue aux enfers. Quelques démonomanes le leurs esclaves de s’enfuir. Néanmoins, disent les
désignent comme général en chef des armées rabbins, c'est pendant un sacrifice que Pharaon
infernales. Il était alors adoré des Chananéens, faisait à celte idole que les

des Carthaginois, des Chaldéens, des Babyloniens Hébreux passèrent la mer


et des Sidoniens il le fut aussi des Israélites
;
Bouge et on lit dans le Tar-
,

lorsqu'ils tombèrent dans l'idolâtrie. On lui of- yum que fange extermina-
frait des victimes humaines. On voit dans Arnobe teur, ayant brisé les statues
que ses adorateurs ne lui donnaient point de de tous les autres dieux ne ,

sexe déterminé. Souvent en Asie il a été pris


, , laissa debout que celle de

pour le soleil. Baalzephon.


Baalbérith, démon du second ordre, maître Baaras, plante merveil-
ou seigneur de l’ alliance. Il est selon quelques ,
leuse ,
que les Arabes appel-
démonomanes secrétaire général et conserva-
,
lent herbe cf or, et qui croît
teur des archives de l’enfer. Les Phéniciens, qui sur le mont Liban. Ils disent
l'adoraient, le prenaient à témoin de leurs ser- qu’elle parait au mois de mai,
menLs. Beaucoup de ces idoles étaient des dé- après la fonte des neiges. La
nions dont le nom Baal signifiait dieu ou roi. Il nuit, elle jette de la clarté

y avait Baalgad, qui


donnait la fortune; Baal- comme un petit flambeau ;

pharas, qui était malfaisant Baalsemen, qu’on ; mais elle est invisible le jour ;

disaittrônant dans les cieux, ce qui n’était et même ,


ajoutent-ils, les

pas vrai; Baalzrépho, qu’on plaçait en senti- feuilles qu’on a enveloppées


nelle aux frontières, aussi selon les démono- dans des mouchoirs dispa-
graphes. raissent, ce qui leur fait croire qu’elle est en-
Baaltein. Le voyageur Pennant dit qu’il reste sorcelée, d’autant plus qu’elle transmue les
dans quelques pays du Nord un reste du culte métaux en or, qu'elle rompt les charmes et les

de Baal ou Bel il y vit la cérémonie du Baaltein


;
sortilèges, etc. — Josèphe, qui admet beaucoup
ou Bellane qui se fait le 1" mai. On fait cuire au d’autres contes ,
parle de cette plante dans la

four, avec certaines cérémonies, un gâteau que guerre des Juifs « On ne la saurait loucher

l'on distribue par portions éparses aux oiseaux sans mourir, dit-il, si on n’a dans la main de la
de proie, afin qu'ils épargnent les troupeaux. 1 Liv. VII, ch. xxv, Elien, de Animal., liv. XIV,
Baalzephon est le capitaine des gardes ou ch. xxvii, accorde les mêmes vertus à la plante

sentinelles de l’enfer. Les Égyptiens l’adoraienl aglaophotis. Voyez ce mot.

Digitized by Google
, .

BAI) — 70 — BAC
racine de la mômemais on a trouvé un difforme, tantôt de corne solide comme ceux du
plante ;

moyen de la cueillir on creuse la cheval tantôt fendu comme ceux du bœuf *. »


sans péril : ,

terre tout alentour, on attache à la racine mise Les sorciers des temps modernes l’appellent
à nu un chien qui, voulant suivre celui qui l'a plus généralement Léonard, ou Satan, ou le
attaché enlève la plante et meurt aussitôt. Après bouc, ou maitre Rignux.
,

cela , on peut la manier sans danger. Les dé- Ce qui sans doute appuie cette opinion que le
mons qui s’y logent, et qui sont les àtnes des démon du sabbat est le même que Bacchus, c'est
méchants, tuent ceux qui s’en emparent autre- le souvenir des orgies qui avaient heu aux bac-
ment que par le moyen qu’on vient d'indiquer; chanales.
et, ce qui d'un autre côté n’est pas moins mer- Bacis, devin de Béotie. Plusienrs de ceux qui
veilleux, ajoute encore Josèphe, c’est qu’on met se mêlèrent de prédire les choses futures por-
en fuite les démons des corps des possédés aus- tèrent ce même nom de Bacis ’. Lcloyer dit que
sitôt qu’on approche d'eux la plante baaras. » les Athéniens révéraient les vers prophétiques
Babailanas. l oi/. Catm.onos. de leurs bacilles, « qui étaient trois insignes sor-
Bahau, espèce d’ogre ou de fantôme dont les ciers très-connus ‘ i
nourrices menacent les petits enfants dans les Bacon (Roger) parut dans le treizième siècle.
provinces du midi de la France, comme on les C'était un cordelier anglais. Il passa pour magi-
effraye à Paris de Croquemitaine, et en Flandre cien quoiqu’il ait écrit contre la magie parce
, ,

de Pier-lan Claes , qui est Polichinelle. Mais qu’il étudiait la physique et qu’il faisait des ex-
Bahau ne se contente pas de fouetter, il mange périences naturelles. Il est vrai pourtant qu'il y
en salade les enfants qui sont méchants. a dans ses écrits de singulières choses, et qu’il
Babel. La tour de Babel fut élevée cent quinze voulut élever l'astrologie judiciaire à la dignité
ans après le déluge universel. On montre les de la science. On lui attribue l'invention de la
ruines ou les traces de celte tour auprès de Bag- poudre. Il paraîtrait même qu’on lui doit aussi
dad. — On sait que sa construction amena la les télescopes et les lunettes à longue vue. Il
confusion des langues. Le poète juif Emmanuel était versé dans les beaux-arts, et surpassait

à propos de celte confusion, explique dans un tous ses contemporains par l’étendue de scs con-
de ses sonnets comment le mot soc est resté naissances et par la subtilité de son génie. Aussi
dans tous les idiomes. « Ceux qui travaillaient à on publia qu'il devait sa supériorité aux démons,
la tour de Babel avaient dit-il , comme nos ma- , avec qui il commerçait.
nœuvres, chacun un sac pour ses petites provi- Cet homme savant croyait donc à l’astrologie
sions. Quand le Seigneur confondit leurs lan- et à la pierre philosophale. Delrio ,
qui n’en fait
gages, la peur les ayant pris, chacun voulut pas un magicien , lui reproche seulement des
s'enfuir, et demanda son »ac. On ne répétait superstitions. Par exemple, François Pic dit
partout que ce mol et c'est ce qui l’a fait passer
, avoir lu dans son livre des six sciences qu’uu
dans toutes les langues qui se formèrent alors. > homme pouvait devenir prophète et prédire des
Babinet (AL), l’un de nos savants les plus choses futures par le moyen d’un miroir, que
forts et les plus spirituels. Cependant il s'est Bacon nomme almuclicfi, composé suivant les
permis quelques excentricités. Par exemple, règles de perspective; pourvu qu’il s'en serve,
dans son admiration devant nos progrès, il an- ajoute-t-il, sous une bonne constellation, et
nonce qu'un jour l’homme actuel ne sera que le après avoir tempéré son corps par l’alchimie.
chien de l'homme plus perfectionné qui doit ve- Cependant Wierus accüse Bacon de magie
nir. Ne soyons donc pas trop fiers. goétique, et d'autres doctes assurent que l’Anté-
Bacchus. Nous ne rapporterons pas ici les christ se servira de ses miroirs magiques pour
fables dont l’ancienne mythologie a orné son fairedes miracles.
histoire. Nous ne faisons mention de Bacchus que Bacon se fit, dit-on comme Albert le Grand,
,

parce que les démonographes le regardent un androïde. C'était, assurent les conteurs, une
comme l’ancien chef du sabbat fondé par Or- tête de bronze -qui parlait distinctement, et
phée; ils disent qu’il le présidait sous le nom de même qui prophétisait. On ajoute que, l'ayant
Sabasius. « Bacchus , dit Lcloyer, n'était qu'un consultée pour savoir s'il serait bon d’entourer
démon épouvantable et nuisant, ayant cornes en l’Angleterre d'un gros mur d’airain elle répon- ,

tète et javelot en main. C’était le maitre guide- dit : U est temps.


danse ' , et dieu des sorciers et des sorcières ; Un savant de nos jours (M. E. 1. Delécluze) a
c’est leur chevreau c’est leur bouc cornu , c'est
, publié sur Bacon une remarquable notice qui le
,

le prince des bouquins, satyres et silènes. Il ap- pose justement parmi les intelligences supé-
paraît toujours aux sorciers ou sorcières, dans rieures.
leurs sabbats , les cornes en tète ; et hors des Les curieux recherchent, de Roger Bacon , le
sabbats ,
bicu qu'il montre visage d’homme , les
• Discours des spectres, liv. VIII, ch. v.
sorcières ont toujours confessé qu'il a le pied 5 Ciccro, De divin., lib. I, cap. xxxiv.
* Discours des spectres liv. VII , ch. in. 3 Discours des spectres, liv. VII, ch. m.
,

Digitized by Google
BAC — 71 — BAG
petit traité intituléSpéculum alchimiœ, traduit Bætiles, pierres que les anciens consultaient
en français par J. Girard de Tournus, sous le comme des oracles et qu’ils croyaient animées.
titre de Miroir d'alchimie, in-12 et in-8*, Lyon, C’étaient quelquefois des espèces de talismans.
1557; Paris, 1612. Le même a traduit 1‘ Admi- Saturne ,
pensant avaler Jupiter, dévora une de
rable puissance de l'arl et de la nature, in-8*, ces pierres emmaillottée. Il
y en avait de petites,
Lyon, 1557; Paris, 1729. De poteslate mirabili tailléesen forme ronde, que l'on portait au cou;
artie et naturer. on les trouvait sur des montagnes où elles tom-
On ne confondra pas Roger Bacon avec Fran- baient avec le tonnerre.
çois Bacon, grand chancelier d'Angleterre, mort Souvent les bætiles étaient des statues ou
en 1626, que Walpole appelle « le prophète (un mandragores. On en cite de merveilleuses qui
peu aventureux) des vérités que Newton est rendaient des oracles, et dont la voix sifflait

venu révéler aux hommes. • comme celle des jeunes Anglaises. On assure
Bacoti nom commun aux devins et aux sor-
,
même que quelques bætiles tombèrent directe-
ciers de Tonquin. On interroge surtout le bacoti ment du ciel telle était la pierre noire de Phry-
;

pour savoir des nouvelles des morts. Il bal le gic que Scipion Nasica amena à Rome en grande
tambour, appelle le mort à grands cris, se tait pompe.
ensuite pendant que le défunt lui parle à l'oreille On dans le temple de Mi-
révérait à Sparle ,

sans se laisser voir, et donne ordinairement de nerve Chalcidique des bæLilcs de la forme d'un
,

bonnes nouvelles, parce qu’on les paye mieux. casque qui , dit-on s’élevaient sur l’eau au son
, ,

Bad génie des vents et des tempêtes chez


,
de la trompette ,
et plongeaient dès qu'on pro-
les Persans. Il préside au vingt-deuxième jour nonçait le nom des Athéniens. On disait ces
de la lune. pierres trouvées dans l'Eurotas '.

Baducke, plante dont on prétend que le fruit, Bag, idole persane qui a donné son nom à
pris dans du lait, glace les sens. Les magiciens la ville de Bagdad.
l'ont quelquefois employé pour nouer l'aiguil- Bagoé, devineresse que quelques-uns croient
lette. Il suffit dit-on d’en faire boire une infu-
, ,
être la sibylle Érytlirée. C'est, dit-on la pre- ,

sion à celui qu'on veut lier. mière femme qui ait rendu des oracles. Elle de-
Badumna, fée ou elfe supérieure qui domine vinait en Toscane et jugeait surtout des événe-
,

dans les forêLs : mythologie Scandinave. ments par le tonnerre, l'oy. Bicols.
Baél, démon cité dans/* Grand Grimoire, en Bague, l'oy. Anneau.
tête des puissances infernales. C'est aussi par lui Baguette divinatoire, rameau fourchu de
que AViérus commence l'inventaire de sa fa- coudrier, d'aune, de hêtre ou do pommier, à
meuse Pseudomonarchia diemonum. Il appelle l’aide duquel on découvre les métaux, les sources
Baël le premier roi de l’enfer; ses États sont cachées, les trésors, les maléfices et les voleurs.
dans la partie orientale. Il se montre avec trois Il
y a longtemps qu'une baguette est réputée
nécessaire à certains prodiges. On en donne une
aux fées et aux sorcières puissantes. Médée,
Circé, Mercure, Bacchus, Zoroastre, Pylhagore,
les sorciers de Pharaon voulant singer la verge ,

de Moïse, avaient une baguette; Romulus pro-


phétisait avec un bâton augurai. Les Alains et
d'autres peuples barbares consultaient leurs
dieux en fichant une baguette en terre. Quel-
ques devins de village prétendent encore deviner
beaucoup de choses avec la baguette. Mais c’est
surtout àla fin du dix-septième siècle qu’elle fit

le plus grand bruit Jacques Aymar la mil en;

vogue en 1692. Cependant, longtemps aupara-


* avait indiqué, parmi les pratiques
vant, Delrio
superstitieuses l'usage d'une baguette de cou-
,

drier pour découvrir les voleurs; mais Jacques


Aymar opérait des prodiges si variés et qui sur-
prirent tellement, que le père Lebrun * et le sa-

, têtes ,
dont l'une a la ligure d'un crapaud . l'autre
celle d'un homme , la troisième celle d'un chat. 1
Tome 111 des Mémoires de l’Académie des inscrip-
tions.
Sa voix est rauque mais ; il se bat très-bien. Il
3 Disquisit. magic., lib. 111, soc!, ult.
rend ceux qui l'invoquent fins et rusés , et leur
3 Dans ses lettres, qui découvrent l'illusion des
apprend le moyen d 'être invisibles au besoin.
philosophes sur baguette et qui détruisent leurs
Soixante-six légions lui obéissent. — Kst-ce le
la

systèmes (in-lî, Paris. 1693), et dan9 son Histoire


même que Baal ? des pratiques superstitieuses.
,

BAG — 72 — BAG
les attribuèrent au démon
1
vaut Malebranche s’arrêta enfin devant la prison de Beaucairc et
pendant que d'aulres les baptisaient du nom de assura qu’il y avait là un des criminels. Parmi
physique occulte ou d'électricité souterraine. les prisonniers qu'on amena , un bossu qu'on ve-
Ce talent de tourner la baguette divinatoire nait d’enfermer ce jour même pour un larcin
n’est donné qu'à quelques êtres privilégiés. On commis à la foire fut celui que la baguette dési-
peut éprouver si on l'a reçu de la nature rien ; gna. On conduisit ce bossu dans tous les lieux
n'est plus facile. Ce coudrier est surtout l'arbre qu'Aymar avait visités partout il fut reconnu.
:

le plus propre. Il ne s’agit que d’en couper une En arrivant à Bagnnls, il finit par avouer que
branche fourchue , et de tenir dans chaque main deux Provençaux l’avaient engagé comme leur ,

les deux bouts supérieurs. En mettant le pied valet, à tremper dans ce crime; qu'il n’y avait
sur l’objet qu’on cherche ou sur les vestiges qui pris aucune part; que scs deux bourgeois avaient
peuvent indiquer cet objet, la baguette tourne fait le meurtre et le vol et lui avaient donné six
,

d'elle-tnéme dans la main , et c’est un indice in- écus et demi.


faillible. Ce qui sembla plus étonnant encore, c’est que
Avant Jacques Aymar on n’avait employé la Jacques Aymar ne pouvait se trouver auprès du
baguette qu'à la recherche des métaux propres à bossu sans éprouver de grands maux de cœur,
l'alchimie. A l’aide de la sienne Aymar ht des , et qu’il ne passait pas sur un lieu où il sentait
merveilles de tout genre. Il découvrait les eaux qu'un meurtre avait été commis sans se sentir
souterraines, les bornes déplacées, les malé- l’envie de vomir.
fices , Le bruit de
les voleurs et les assassins. Comme les révélationsdu bossu confirmaient
ses talents s’étant répandu il fut appelé à Lyon,
, les découvertes d’Aymar, les uns admiraient son
en 1672, pour dévoiler un mystère qui embar- étoile et criaient au prodige, tandis que d'autres
rassait la justice. Le 5 juillet de cette même an- publiaient qu’il était sorcier. Cependant on ne
née sur les dix heures du soir, un marchand de
, put trouver les deux assassins, et le bossu fut
vin et sa femme avaient été égorgés à Lyon , en- rompu vif.

terrés dans leur cave, et tout leur argent avait Dès lors plusieurs personnes furent douées du
été volé. Cela s’était fait si adroitement qu'on ne talent de Jacques Aymar, talent ignoré jusqu’à-
soupçonnait pas même les auteurs du crime, lin lui.Des femmes mêmes firent tourner la baguette.
voisin lit venir Aymar. Le lieutenant criminel et Elles avaient des convulsions et des maux de
le procureur du roi le conduisirent dans la cave. cœur en passant sur un endroit où un meurtre
11 parut très-ému en y entrant; son pouls s’éleva avait été commis ce mal ne se dissipait qu'avec
;

comme dans une grosse lièvre sa baguette, qu’il ; un verre de vin.


tenait à la main, tourna rapidement dans les Aymar faisait tant de bruit qu'on publia bien-
,

deux endroits où l’on avait trouvé les cadavres tôt des livres sur sa baguette et ses opérations.
du mari et de la femme. Après quoi , guidé par M. de Vagny, procureur du roi à Grenoble fil ,

la baguette ou par un sentiment intérieur, il sui- imprimer une relation intitulée Histoire mer-
vit les rues où les assassins avaient passé entra , veilleuse d'un maçon qui, conduit par la baguette
dans la cour de l'archevêché, sortit de la ville divinatoire, a suivi un meurtrier pendant qua-
par le pont du Hhùne, et prit à main droite le rante-cinq heures sur la terre, et plus de trente
long de ce fleuve. —
11 fut éclairci du nombre sur l'eau. Ce paysan devint le sujet de tous les

des assassins en arrivant à la maison d’un jardi- entretiens. Des philosophes ne virent dans les
nier, où il soutint opiniâlrément qu’ils étaient prodiges de la baguette qu’un effet des émana-
trois qu’ils avaient entouré une table et vidé
,
tions des corpuscules, d’autres les attribuèrent à
une bouteille sur laquelle la baguette tournait. Satan. Le père Lebrun fut de ce nombre ,
et Ma-
Ces circonstances furent confirmées par l'aveu lebranche adopta son avis.
de deux enfants de neuf à dix ans, qui déclarè- Le fils du grand Condé frappé du bruit de tant
,

rent qu’en elfet trois hommes de mauvaise mine de merveilles, fit venir Aymar à Paris. On avait
étaient entrés à la maison et avaient vidé la bou- volé à mademoiselle de Condé deux petits flam-
teille désignée par le paysan. On continua de beaux d'argent. Aymar parcourut quelques rues
poursuivre les meurtriers avec plus de confiance. de Paris en faisant tourner la baguette ; il s'ar-
La trace de leurs pas, indiqués sur le sable par rêta à la boutique d’un orfèvre, qui nia le vol et
la baguette, montra qu’ils s’étaient embarqués. se trouva très-offenséde l’accusation. Mais le len-
Aymar les suivit par eau , s’arrêtant à tous les demain on remit à l'hôtel le prix des flambeaux ;

endroits où les scélérats avaient pris terre, re- quelques personnes dirent que le paysan l’avait
connaissant les lits où ils avaient couché, les envoyé pour se donner du crédit.
tables où ils s'étaient assis, les vases où ils Dans de nouvelles épreuves, la baguette prit
avaient bu. des pierres pour de l’argent, elle indiqua de l'ar-
Après avoir longtemps étonné ses guides, il gent où il n'y en avait point. En un mot, elle
1 Dans ses réponses au père Lebrun. On écrivit opéra avec si peu de succès, qu'elle perdit son
ui.c multitude de brochures sur celte matière. renom. Dans d'aulres expériences, la baguette
BAC BAG
reslaimmobile quand il lui fallait tourner. Aymar, '
priant. La baguette ne tourna plus : d’où l'on con-
un peu confondu, avoua enfin qu'il n'était qu’un clut que c’était le démon ou l'imagination trou-
charlatan adroit, que la baguette n’avait aucun blée qui l'agitait.
pouvoir, et qu'il avait cherché à gagner de l'ar- On douta un peu de la médiation du diable,
gent par ce petit procédé... dès que le fameux devin fut reconnu pour un im-
Pendant ses premiers succès, une demoiselle posteur. On lui joua surtout un tour qui décrédita
de Grenoble, à qui la réputation d'Aymar avait considérablement la baguette. Le procureur du
persuadé qu'elle était douée aussi du don de tour- roi au Châtelet de Paris fit conduire Aymar dans
ner la baguette, craignant que ce don ne lui vint une rue où l’on avait assassiné un archer du guet.
de l’esprit malin alla consulter le père Lebrun,
, Les meurtriers étaient arrêtés, on connaissait les
qui lui conseilla de prier Dieu en tenant la ba- rues qu’ils avaient suivies, les lieux où ils s’étaient
guette. La demoiselle jeûna et prit la baguette en cachés la baguette resta immobile.
:

On fit venir Aymar dans la rue de la Harpe où


, plus vivement. Il passa le lieu où l'écu était ca-

l'on avait saisi un voleur en flagrant délit la per-


; ché la baguette cessa de tourner. L’enfant revint
;

fide baguette trahit encore toutes les espérances. donc sur ses pas ; la baguette sembla reprendre
Néanmoins la baguette divinatoire ne périt un mouvement très-vif; elle redoubla vers l'en-
point ceux qui prétendirent la faire tourner se
; droit qu'on cherchait. Le devin se baissa , cher-
multiplièrent même, et ce talent vint jusqu'en cha dans l'herbe et trouva le petit écu, à l'admi-
Belgique. Il y eut à lleigne, près de Gosselies, ration de tous les spectateurs.
un jeune garçon qui découvrit les objets cachés Sur l'observation que le bourgeois fit, pour
ou perdus au moyen de la baguette de coudrier. essayer la baguette, qu'il avait perdu encore
Cette baguette, disait-il, ne pouvait pas avoir d'autre argent, le jeune garçon la reprit, maft
plus de deux ans de pousse. —
Un homme, vou- elle ne tourna plus. —
On se crut convaincu de
lant éprouver l’art de l'enfant de Heigne, cacha la réalité du talent de l'enfant. On lui demanda

un écu au bord d'un fossé, le long d’un sentier qui l'avait instruit. < C'est le hasard , dit-il ayant ;

qu'on ne fréquentait presque pas. Il fit appeler un jour perdu mon couteau en gardant les trou-
le jeune garçon et lui promit un escalin s’il pou- peaux de mon père, cl sachant tout ce qu’on di-
vait retrouver l'argent perdu. Le garçon alla sait de la baguette de coudrier, j'en fis une qui
cueillir une branche de coudrier, et tenant dans tourna, qui me fit retrouver ce que je cherchais
ses deux mains les deux bouLs de cette baguette, et ensuite beaucoup d'autres objets perdus. •
qui avait la forme d'un Y, après avoir pris diffé- C’était très-bien.Malheureusement d’autres
rentes directions, il marcha devant lui et s'enga- épreuves, examinées de plus près, ne réussirent
gea dans le petit sentier. La baguette s'agitait pas, et on reconnut que la baguette divinatoire

Digitized by Google
, , ,,

BAG - 76 — BAG
était lit aussi une petite supercherie. Mais on y Le bon père Ménestrier, dans ses Réflexions
avait cru un siècle et des savants avaient fait im- Jtir les indications de la baguette, Lyon, 1 69 à
primer cent volumes pour l’expliquer. s’étonne du nombre de gens qui devinaient alors
« Faut-il rassembler des arguments pour prou- par ce moyqn à la mode. « A combien d’effets,
ver l’impuissance de la baguette divinatoire? poursuit-il, s'étend aujourd’hui ce talent! Il n'a
ajoute M. Saignes'. Que l'on dise quel rapport il point de limites. On s’en sert pour juger de la
peut y avoir entre un voleur, une source d'eau, bonté des étoffes et de la différence de leurs prix
une pièce de métal et un bâton de coudrier. On pour démêler les innocents des coupables, pour
prélend que la baguette tourne en vertu de l'at- Tous les jours cette vertu fait
spécifier le crime.
traction. .Mais par quelle vertu d'attraction les de nouvelles découvertes inconnues jusqu'à pré-
émanations qui s'échappent d’une fontaine, d'une sent. >

y eut même en 1700, à Toulouse, un brave


pièce d’argent ou du corps d'un meurtrier tor- Il

dent-elles une branche de coudrier qu’un homme homme qui devinait avec la baguette ce que fai-
robuste tient fortement entre ses mains? D'ail- saient des personnes absentes. Il consultait la
leurs, pourquoi le même homme trouve-t-il des baguette sur le passé , le présent et l’avenir : elle
fontaines, des métaux, des assassins et des vo- s'abaissait pour répondre oui et s'élevait pour la
leurs quand il est dans son pays, et ne trouve- négative. On pouvait faire sa demande de vive
t-il plus rien quand il est à Paris? Tout cela n'est voix ou mentalement. « Ce qui serait bien pro-
que charlatanisme. Et ce qui détruit totalement digieux , dit le père Lebrun , si plusieurs réponses
le merveilleux de la baguette, c'est que tout le (lisez la plupart) ne s’étaient trouvées fausses*. »
monde avec un peu d’adresse peut la faire tour-
,
,
Un fait qui n'est pas moins admirable , c'est
ner à volonté. 11 ne s’agit que de tenir les extré- que la baguette ne tourne que sur les objets où
mités de la fourche un peu écartées , de manière de la faire tour-
l’on a intérieurement l'intention
à faire ressort. C’est alors la force d'élasticité qui ner.Ce serait donc du magnétisme? Ainsi quand
opère le prodige. » on cherche une source elle ne tournera pas sur ,

Cependant on croit encore à la baguette divi- autre chose, quoiqu'on passe sur des trésors en-
natoire dans le Dauphiné et dans le Hainaut les ; fouis ou sur des traces de meurtre.
paysans n'en négligent pas l'usage, et elle a Pour découvrir une fontaine, il faut mettre sur
trouvé des défenseurs sérieux. Formey, dans la baguette un linge mouillé : si elle tourne alors,
l'Encyclopédie explique ce phénomène par le c'est une preuve qu’il y a de l'eau à l’endroit
magnétisme. Ritter, professeur de Munich s’au- , qu’elle indique. Pour trouver les métaux souter-
torisait récemment du galvanisme pour soutenir rains, on enchâsse successivement à la tête de
les merveilles de la baguette divinatoire ; mais il la baguette diverses pièces de métal et c'est un ,

n’est pas mort sans abjurer son erreur. principe constant que la baguette indique la qua-
L’abbé de la Garde écrivit au commencement lité du métal caché sous terre, en louchant pré-

avec beaucoup de foi l’histoire des prodiges de cisément ce même métal.


Jacques Aymar; en 1692 même, Pierre Garnier, Nous répétons qu’on ne croit plus à la baguette,
docteur médecin de Montpellier, voulut prouver et que cependant on s’en sert encore dans quel-
que les opérations de la baguette dépendaient ques provinces. Il fallait autrefois qu’elle fût de
d'une cause naturelle * cette cause naturelle
; coudrier ou de quelque autre bois spécial ; de-
n’était, selon lui, que les corpuscules sortis du puis, on a employé toute sorte de bois, et même
corps du meurtrier dans les endroits où il avait des côtes de baleine ; on n'a plus même exigé
fait le meurtre et dans ceux où il avait passé. que la baguette fût en fourche.
Les galeux et les pestiférés, ajoute-t-il ne trans- , Voici le secret de la baguette divinatoire et le
pirent pas comme les gens sains, puisqu’ils sont moyen de la faire tourner, tiré du Grand Gri-
contagieux de même les scélérats lâchent des
; moire, page 87 1
:

émanations qui se reconnaissent, et si nous ne Dès le moment que le soleil parait sur l'hori-
les sentons pas, c'est qu'il n'est pas donné à tous zon vous prenez de la main gauche une baguette
,

les chiens d'avoir le nex fin. Ce sont là, dit-il vierge de noisetier sauvage et la coupez de la ,

page 23, des axiomes incontestables. « Or, ces droite en trois coups, en disant « Je te ramasse :

corpuscules qui entrent dans le corps de l'homme au nom d'ÉloIm, Mulrathon, Adonaï et Sémipho-
muni de la baguette l’agitent tellement, que de ras, afin que tu aies la vertu de la verge de
ses mains la matière subtile passe dans la ba- Moïse et de Jacob pour découvrir tout ce que je
guette même, et, n’en pouvant sortir assez promp- voudrai savoir. > Et pour la faire tourner, il faut
tement, la fait tourner ou la brise ce qui me pa- : dire, la tenant serrée dans ses mains, par les
rait la chose du monde la plus facile à croire... » deux bouts qui font la fourche « Je te com- ;

mande, au nom d’ÉloIm, Mulrathon, Adonaï et


Des erreurs et des préjugés etc., t. I, p. tGîi.
1

3 Dans sa Dissertatiun physique


en forme de lettres 1
Histoire des pratiques superstitieuses, t. Il,
à M. de Sèvre, seigneur de Fiée hères, etc., in-tï. 357.
p.
Lyon, 1G9Z. 1 Ce secret est aussi dans le Dragon rouge, p. 83.

>o
BAG — 75 — BAI

Sémiphoras, de me révéler... » (On indique ce Woolwich , et , sous ses veux ,


elle découvrit une
qu'on veut savoir.) source d'eau dans un terrain où il faisait con-
Mais voici encore quelque chose sur celle ma- struire sa résidence d'été. C’est ce même terrain
tière, qui n'est pas épuisée. Nous empruntons ce que le docteur Hullon a vendu depuis au collège
qui suit au Quarterly Magasine : de Woolwich, avec un bénéfice considérable à
« La baguette divinatoire n’est plus employée à cause de la source. Le docteur ne put résister à
la découverte des trésors, mais on dit que, dans l’évidence lorsqu’il vit, 5 l'approche de l’eau, la
les mains de certaines personnes, elle peut indi- baguette s’animer tout à coup, pour ainsi dire,
s'agiter, se ployer, et même se briser dans les
quer les sources d'eau vive. Il
y a cinquante ans
environ que lady Newark se trouvait en Provence doigts de lady Newark.
dans un château dont le propriétaire, ayant lie- On cite encore en Angleterre sir Charles H. et
soin d'une source pour l'usage de sa maison, miss Fenwik comme étant doués de la même fa-
envoya chercher un paysan qui promettait d'en culté que lady Newark et à un degré plus élevé
,

faire jaillir une avec une branche de coudrier ;


encore. Cette faculté inexplicable a une grande
lady Newark rit beaucoup de l'idée de son hôte analogie avec celle qui distingue les /ahuris
et de l’assurance du paysan; mais, non moins espagnols mais ceux-ci ne se servent pas de la
;

curieuse qu'incrédule , elle voulut du moins assis- baguette de coudrier, l’oy. Bu.rrox et ParamAle.
ter à l’expérience, ainsi que d’autres voyageurs Baguette magique. On voit, comme on
anglais tout aussi philosophes qu'elle. Le paysan nous l'a dit, que toutes les fées ou sorcières ont
ne se déconcerta pas des sourires moqueurs de une baguette magique avec laquelle elles opèrent.
ces étrangers; il se mit en marche suivi de toute Boguel rapporte que Françoise Secrélain et Thé-
la société, puis tout à coup s’arrêtant, il déclara venne Paget faisaient mourir les bestiaux en les
qu’on pouvait creuser la terre. On le fit; la source touchant de leur baguette et Cardan cite une ;

promise sortit, et elle coule encore. Cet homme sorcière de Paris qui tua un enfant en le frap-
était un vrai paysan, sans éducation il ne pou- : pant doucement sur le dos avec sa baguette ma-
vait expliquer qu'elle était la vertu dont il était gique.
doué ni celle du talisman ; mais il assurait mo-
,
C'est aussi avec leur baguette que les sorciers
destement n'étre pas le seul à qui la nature avait tracent les cercles, font les conjurations et opè-
donné le pouvoir de s’en servir. Les Anglais pré- rent de toutes les manières. Cette baguette doit
sents essayèrent sans succès. Quand vint le tour être de coudrier, de la pousse de l’année. 11 faut
de lady Newark elle fut bien surprise de se trou- la couper le premier mercredi de la lune, entre
,

ver tout aussi sorcière que le paysan provençal. onze heures et minuit, en prononçant certaines
A son retour en Angleterre, elle n’osa faire usage paroles. Le couteau doit être neuf et retiré en

de la baguette divinatoire qu'en secret, de peur haut quand on coupe. On bénit ensuite la ba-
d'être tournée en ridicule. Mais en 1803, lorsque guette. disent les formulaires superstitieux; on
le docteur Million publia les Rtcherehes d'Oza- écrit au gros bout le mot Agla f, au milieu On f;
nam , où ce prodige est traité d'absurdité (t. IV, et Tctragammaton f au petit bout et l’on dit : ,

Conjura le cilo mihi obedire, etc.


p. 260), lady Newark lui écrivit une lettre si-
gnée X. Y. Z. ,
pour lui raconter les faits qui Bahaman, génie qui, suivant les Persans,
étaient à sa connaissance. Le docteur répondit. apaise la colère, et, en conséquence, gouverne
les bœufs, les moulons et tous les animaux sus-
ceptibles d’être apprivoisés.
Bahi (la). C'est le nom que donnent les Bohé-
miens à l'art de dire la bonne aventure dans la

main. I oy. Mais.


Bahir, titre du plus ancien livre des rabbins,
où, suivant Buxtorf, sont traités les plus pro-
fonds mystères de la haute cabale des Juifs.
Bahman, deuxième Amschaspapd.
Baïan. Wiérus et vingt autres démonographes
comptent que Baïan ou Bajan , fils de Siméon roi ,

des Bulgares, était si grand magicien, qu'il se


transformait en loup et en léopard pour épou-
vanter son peuple, qu’il pouvait prendre toute
autre figure de bêle féroce , et même se rendre
invisible ; ce qui n’est pas possible sans l'aide de
demandant de nouveaux renseignements à son puissants démons, comme dit Nynauld dans sa
correspondant anonyme. Lady Newark le satis- Lycantbropie.
fit, et alors le docteur désira être mis en rapport Baïer (Jean-Guillaume) professeur de théo- ,

direct avec elle. Lady Newark alla le voir à logie à Altorf, mort en 1729. Il a laissé une

Digitized by Google
BAI — 76 BAL
thèse intitulée Dissertation sur Be/iemoth et Lé- rendit à son camp. On sait que l’ange du Sei-
viathan, l'éléphant et la baleine, d'après le livre gneur arrêta son 5ncs.sc, qui lui parla. Balaam,
de Job, chap. xi. et xu, avec la réponse de Slie- après s'être irrité contre la bête, aperçut l’ange.
ber'. Baïer ne voyait que deux animaux mons-
trueux dans Beliemoili et Léviathan.

se prosterna ,
promit de faire ce que commande-
rait le Dieu d'Israël , et parut au
camp de Balac
lîjian. très-embarrassé. Lorsqu'il fut devant l’armée des
Israélites, en présence de la cour de Balac fort
Bâillement. Los femmes espagnoles, lors-
surprise, pendant qu'on s’attendait à entendre
qu’elles bâillent, ne manquent pas de se signer
des malédictions, il se sentit dominé par un en-
quatre fois la bouche avec le pouce, de peur que
thousiasme divin et prononça malgré lui une
, , ,

magnifique prophétie sur les destinées glorieuses


du peuple de Dieu. Il annonça même le Messie.
Balac, furieux, le chassa; par la suite, les Hé-
breux ayant vaincu
, les Madianiles, firent Balaam
prisonnier et le tuèrent.
Baladéva ,
troisième Rama ,
ou troisième in-
carnation de Vichnou.
Balai. Le manche à balai est la monture or-
dinaire des sorcières lorsqu'elles se rendent au
sabbat. Remi coule à ce sujet que la femme d'un
cordonnier allemand, ayant, sans le savoir, fourré
le bout de son inanche â balai dans un pot qui
le diable n'y entre. Cette superstition remonte a contenait l’onguent des sorcières, se mit machi-
des temps reculés, et chez beaucoup de peuples nalement aussitôt à califourchon sur ce manche,
on a regardé le bâillement comme une crise pé- et se sentit transportée à Bruck , où se faisait le
rilleuse. Les Indiens font craquer leurs doigts sabhat. Elle profita de l’occasion, se fit sor-
quand quelqu'un baille, pour éloigner les dé- cière, et peu après fut arrêtée comme telle.
mons. Il
y a sur le balai d'autres croyances. Jamais,
Bailly (Pierre), médecin, auteur d’un livre dans le district de Lesncven, en Bretagne, on ne
publié à Paris en 1634, in-8\ sous le titre de balaye une maison la nuit on prétend que c’est:

Songes de Pheslion, paradoxes physiologiques, en éloigner le bonheur; que les âmes s'y pro-
suivis d'un dialogue sur l'immortalité de l'âme. mènent, et que les mouvements d'un balai les
Balaam, sorte de magicien madianitc qui blessent et les écartent. Ils nomment cet usage
florissait vers l'an du monde 2515. Lorsque les proscrit balayement des morts. Ils disent que la
Israélites errants dans le désert se disposaient à veille du jour des Trépassés (2 novembre) il y a
passer le Jourdain, Balac, roi de Moab, qui les plus d’âmes dans chaque maison que de grains
redoutait, chargea Balaam de les maudire. Mais de sable dans la mer et sur le rivage.
le magicien ,ayant consulté le Seigneur, qu'il Balan, roi grand et terrible dans les enfers.
connaissait, quoiqu’il servit d’autres dieux, et Il a quelquefois trois têtes : celle d'un taureau,
que surtout il redoutait, reçut une défense pré- celle d’un homme, celle d'un bélier. Joignez à
cise de céder à cette invitation. Cependant, les cela une queue de serpent et des yeux qui jettent
magnifiques présents du roi l'ayant séduit, il se de la flamme. Mais plus ordinairement il se
Dissertatio de Behemoth et de Leviathan , elrphas
1
montre à cheval, nu et cornu, sur un ours, et
et balcmn. e Job xl, xli. Respenil. G. Steph. Stieber. porte un épervier au poing. Sa voix est rauque
ln-4°, Altorf, 17U8. et violente. 11 répond sur le passé le présent et ,

Digitized by (
BAL — 77 BAL
l’avenir. —
Ce démon qui était autrefois de
, Balance, septième signe du zodiaque. Ceux
l'ordre des dominations, et qui commande au- qui naissent sous aiment gé-
cette, constellation
jourd'hui quarante légions infernales, enseigne néralement l'équité. C’est, dit-on, pour être
né sous le signe de la balance qu’on, donna à
Louis Mil le surnom de Juste.
Les Persans prétendent qu’il
y aura au der-
nier jour une balance dont les bassins seront
plus grands et plus larges que la superficie des
cieux, et dans laquelle Dieu pèsera les œuvres
des hommes. Un des bassins de cette balance
s'appellera le bassin de lumière, l'autre le bas-
sin de ténèbres. Le livre des bonnes œuvres sera
jeté dans le bassin de lumière, plus brillant que
les étoiles ; et le livre des mauvaises dans le
bassin de ténèbres, plus horrible qu'une nuit
d'orage. Le fléau fera connaître qui l'emportera,
et à quel degré. C'est après cet examen que les
corps passeront
le pont étendu sur le feu éternel.

Balcoin ou Balcon (Marie), sorcière du pays


de Labourd, qui allait au sabbat du temps de
Henri VI. On lui fit son procès, où elle fut con-
vaincue d'avoir mangé, dans une assemblée noc-
les ruses, la linessc et le moyen commode de turne, l’oreille d'un petit enfant. Elle fut sans
voir sans être vil. doute brûlée.

Balder, dieu Scandinave, fils d'Odin et de ,


leine de Jouas. Pline et nos légendaires parlent
Frigga. Locke, son ennemi, le fit tuer par Ho- de baleines longues de neuf cents pieds romains
der; et, tout dieu qu’il était, il descendit aux et de taille à avaler une barque,
enfers,où il est resté. Bali prince des démons et l’un des rois de
,

Baleine. Mahomet place dans le ciel la ba- |


l'enfer, selon les croyances indiennes. Il se bat-
BAL — 78 - BAP
lit qui le précipita dans
autrefois avec Yichnou ,
Banshée, fée blanche chez les Irlandais. Elle
l'abîme ,
une fois par an pour faire
d'où il sort a une robe blanche et une chevelure d'argent.
du mal aux hommes mais Yichnou y met ordre. ;
Attachée b plusieurs familles les Kearney , les
:

Les Indiens donnent aussi le nom de Bali aux Butter, les Keatin , les Trant , les’Kices elle vient
,

farfadets, à qui ils offrent du riz, que ces lutins


ne manquent pas de venir manger la nuiL
Balkis ou Belkis, reine de Saba, qui vint
honorer Salomon. On trouve son histoire dans
les Légendes de l'Ancien Testament.
Balles. On a cru autrefois que certains guer-
riers avaient un charme contre les balles parce ,

qu'on tirait sur eux sans les atteindre. Pour les

tuer, on mettait dans les cartouches des pièces


d'argent, car rien, dit-on, ne peut ensorceler la

monnaie.
Balsamo, Voy. Cagliostho.
la possession de
Baltazo, l’un des démons de
Laon. l'oy. Albuy. On conte qu’un chenapan, se

faisant passer pour le démon alla souper dans ,

la maison de Nicole Aubry, la possédée, sous


prétexte de combiner sa délivrance qu’il n'opéra ,

pas. On remarqua en soupant qu’il buvait très-


sec; ce qui prouve, dit Leloyer, que l’eau est
contraire aux démons '.
Balthazar, dernier roi de Babylone, petit-fils
de Nabuchodonosor. Un soir qu'il profanait dans
ses orgies les vases sacrés de Jérusalem ,
il aper- pleurer et battre des mains sous leurs fenêtres
çut une main qui traçait sur la muraille, en lorsqu'un membre de ces familles doit mourir.
lettres de feu, ces truis mots : Mane, thecel, Voy. Femmes blanches.
phares. Ses devins et ses astrologues ne purent Baptême. Dans nord de l’Angleterre , lors-
le
expliquer ces caractères ni en interpréter le sens. qu'on présente b la fois plusieurs enfants pour
Il promit de grandes récompenses b qui lui en recevoir le baptême anglican, on veille attenti-
donnerait l'interprétation. Ce fut Daniel qui, mé- vement b ce que les filles ne passent pas avant
prisant ses récompenses, lui apprit que les trois les garçons. On croit que les garçons baptisés
mots signifiaient que ses années étaient comp- après les filles n’ont point de barbe. —
Les sor-
tées, qu’il n’avait plus que quelques moments à cières, dans leurs cérémonies abominables, bap-
vivre, et que son royaume allait être divisé. Tout tisent au sabbat des crapauds et de petits enfants.
se vérifia peu d'instants après. Les crapauds sont habillés de velours rouge, les
Baltus (Jean-François), savant jésuite, mort petits enfants de velours noir. Pour celte opéra-
en 17f|3. Réponses à l’Histoire des oracles de Fon- tion infernale, le diable urine dans un trou on ;

tenelle, in-8”, Strasbourg, 1709, où il établit prend de cette déjection avec un goupillon noir,
solidement que les oracles des anciens étaient on en jette sur la télé de l'enfant ou du crapaud,
l’ouvrage du démon, et qu'ils furent réduits au en faisant des signes de croix à rebours avec la
silence lors de la mission de Noire-Seigneur Jé- main gauche, et disant In nominc Patrice, Ma-
;

sus-Christ sur la terre. irie a, arnrjuaro Pétrira agora, agora l'alcnlia;


Bamétrie, sorcière qui fut accusée en 1566 ce qui veut dire : « Au nom de Patrique, de Ma-
d'avoir ensorcelé les orphelins d'Amsterdam. trique, Pélrique d'Aragon, b celte heure, b celte
Voy. Oiu'hklinats. heure, Valenlia. » Cette stupide impiété s'appelle
Banians, Indiens idolâtres, répandus surtout le baptême du diable. Le diable, ou celui qui le
dans le Mogul. Ils reconnaissent un Dieu créa- représente au sabbat, rebaptise aussi, avec du
teur ; mais ils adorent le diable, qui est chargé, soufre, du sel et de l'urine, les adultes des deux
disent-ils, de gouverner le monde. Us le repré- sexes qui se font recevoir b scs assemblées.
sentent sous une horrible figure. Le prêtre de ce Baptême de la Ligne. Lorsqu'on traverse la
culte marque au front d'un signe jaune ceux Ligne, les matelots font subir aux personnes qui
qui ont adoré le diable, qui dès lors les recon- la passent pour
la première fois une cérémonie
naît et n’est plus si porté b leur faire du mal ’. baptême de la Ligne. Ce bap-
qu'ils appellent le
tême consiste en une aspersion plus ou moins
Disc, et hist. des spectres, liv. III, ch. X.

3 Histoire de la religion des Banians, tirée de leur désagréable, dont on évite souvent les ennuis
livre Shaster, etc., traduit de l'anglais. Paris, par une générosité. Les personnages qui font la
4667, in- 4 2. plaisanterie se travestissent; le Père la Ligne ar-
, ,,

BAR — 79 — BAR
rive dans un tonneau , escorté par un diable un , moi parler. Le cœur me dut trembler au ventre,
courrier, un perruquier et un meunier. Le pas- comme fait la feuille au tremble, comme fait la
sager qui ne veut pas donner pour boire aux Loisonni quand elle voit qu'il faut venir sur une
matelots est arrosé ou baigné, après avoir été petite planche, qui n’est plus grosse ni plus
poudré et frisé. On ne sait trop l'origine de cet membre que trois cheveux de femme grosse en-
usage , ni pourquoi le diable y figure. semble. Ceux qui la Barbe-à-Dieu sauront, par-

Baraboulé. Voy. Kacuer. dessus la planche passeront, et ceux qui ne la


Barat, maladie de langueur, ordinairement le sauront, au bout de la planche s'assiscront crie- ,

résultat d'un sort jeté, qui conduit infaillible- ront, broieront : Mon Dieu! hélas I malheureux
ment à la mort, et qui, selon les opinions bre- état Est comme petit enfant celui qui
! la Barbe-

tonnes, est guérie par les eaux de la fontaine de à-Dieu n'apprend. >
Sainte-Candide, près de Scacr, dans le Finistère. Barbe bleue. Voy. Retz.
Il n'est pas d’enfant qu'on ne trempe dans celte Barbe de Saint-Michel ,
religieuse de Lou-
fontaine quelques jours après sa naissance ; on viers. Voy. Locvtzns.
croit qu’il vivra s’il étend les pieds, et qu'il Barbeloth. Des gnosliques, appelés barbeliols
1
mourra dans peu s'il les relire . ou barboriens, disaient qu'un Éon immortel avait
Barbas, démon. Voy. Marbas. eu commerce avec un esprit vierge appelé Bar-
Barbatos, grand et puissant démon, comte- belolh, à qui il avait successivement accordé la
duc aux enfers, type de Robin des Bois; il se prescience , l’incorruptibilité et la vie éternelle;
montre sous la figure d’un archer ou d’un chas- que Barbeloth, un jour, plus gai qu’à l'ordinaire,
avait engendré la lumière qui perfectionnée par
, ,

fonction de l’esprit, s'appela Christ; que Christ


désira l'intelligence et l’obtint que l’intelligence ;

la raison, l’incorruptibilité et Christ s’unirent;


que la raison et l'intelligence engendrèrent Auto-
gène; qu'Autogène engendra Adantas, l’homme
parfait, et sa femme la connaissance parfaite;
qu’Adamas et sa femme engendrèrent le bois ;

que le premier ange engendra le Saint-Esprit,


sagesse ou Prunic que Prunic engendra Protar-
;

chonte ou premier prince, qui fut insolent et


sol; que Protarchontc et Arrogance engendrèrent
les vices et toutes leurs branches. Les barbeliols
: débitaient ces merveilles en hébreu , et leurs cé-
rémonies n’étaient pas moins abominables que
leur doctrine était extravagante '.
Barbier. Pline le jeune * avait un affranchi
nommé Marc, homme quelque peu lettré, qui
couchait dans un même lit avec son jeune frère.
seur; on le rencontre dans les forêts. Quatre rois
Marc, dans le sommeil, crut voir une personne
sonnent du cor devant lui. Il apprend à deviner
assise au chevet de son lit, qui lui coupait les
|

par le chant des oiseaux, le mugissement des


cheveux du haut de la tète. A son réveil , il se
taureaux, les aboiements des chiens et les cris ,

trouva rasé, et ses cheveux jetés au milieu de


des divers animaux. Il connaît les trésors enfouis
par les magiciens. Il réconcilie les amis brouillés.
|

la chambre. —
La même chose arriva dans le ,

Ce démon qui était autrefois de l’ordre des ver-


[

même temps, à un jeune garçon qui dormait


,
avec plusieurs autres dans une pension. Il vit
tus des cieux ou de celui des dominations, est
entrer par la fenêtre deux hommes vêtus de
réduit aujourd'hui h commander trente légions
passé et le futur *. blanc, qui lui coupèrent les cheveux comme il
infernales. Il connaît le
dormait. A son réveil, on trouva ses cheveux
Barbe. Les Romains gardaient avec un soin
répandus sur le plancher. « A quoi cela peut-il
superstitieux leur première barbe. Néron faisait 1
être attribué, dit D. Calmet si ce n’est à des
conserver la sienne dans une boite d’or enrichie ,

de pierreries*.
follets? > — ou aux compagnons de lit?

Barbe-à-Dieu. Thiers, dans son Traité dei y a quelques lutins, du genre de ceux-là,
11

qui ont fait pareillement les fonctions de bar-


superstitions rapporte la prière dite la Barbe-
biers. Les contes populaires de l’Allemagne vous
à-Dieu ; c’est une prière superstitieuse encore
apprendront que les revenants peuvent ainsi faire
populaire, et qui se trouve dans divers recueils.
la barbe aux vivants.
La voici : « Pécheurs et pécheresses, venez à
'
Cambry, Voyage dam le Finistère, t.III, p. 457.
1
Bergicr, Dictionnaire thèoloy., au mot Barbeliols.
1 Wierus in Pseudomonarchia damon.
,
» Lib. XVI., opist. xxvii.
3 Dissertation sur les apparitions.
1 M. N isard Slace. ,
BAH — 80 — BAS
Barbiéri. Dialogues sur la mort et sur les dos autorités imposantes. On peut lire cette his-
fîmes séparées : Dialoghi délia morte e dcli anime toire assez compliquée dans les Energumeni Koa-
sefrira le ,
di Barbiéri. /n-8*. Bologna, 1600. gienses. Lipsim, 1695.
Barbu. On appelle démon barbu le démon qui Barthole, jurisconsulte, mort à Pérouse en
enseigne le secret de
la pierre philosophale on ; 1356. Il commença à mettre de l’ordre dans la

le nom semblerait indiquer que


connaît peu. Son jurisprudence mais on retrouve les bizarreries
;

c’est le même
que Barbalos, qui n’a rien d'un de son siècle dans quelques-uns de ses ouvrages.
démon ptiilosopbc. Ce n’est pas non plus Bar- Ainsi, pour faire connaître la marche d’une pro-
bas, qui se mêle de mécanique. On dit que le cédure il imagina un procès entre la sainte Vierge
,

démon barbu est ainsi appelé à cause de sa barbe et le diable, jugé par Notre -Seigneur Jésus-
remarquable. Christ*. Les parties plaident en personne, Le
Barcabas et Barcoph. l oy. Uasiude. diabledemande que le genre humain rentre sous
Bareste (Eugène) auteur de la Fin des temps
, son obéissance il fait observer qu’il en a été le
;

et de quelques prophéties du moins lrès-spiri- maître depuis Adam il cite les lois qui établis-
;

tuelles. H a été quelques années le rédacteur de sent que celui qui a été dépouillé d'une longue
Y Almanach prophétique, pittoresque et utile, la possession a le droit d'y rentrer. La sainte Vierge
plus curieuse de ces légères productions que lui répond qu’il est un possesseur de mauvaise
chaque année ramène. foi, et que les lois qu’il cite ne le concernent
Barkokebas ou Barchochebas, imposteur pas. On épuise des deux côtés toutes les res-
qui sc fit passer pour le Messie juif, sous l’em- sources de la chicane du quatorzième siècle, et
1 1
pire d’Adrien. Après avoir été voleur de grand le diable est débouté de ses prétentions .
chemin, il changea son nom de Barkoziba fils ,
Bartholin (Thomas), né à Copenhague en
du mensonge, en celui de Barkokebas, fils de 1619. On recherche de lui le livre De unguento
l’étoile, et prétendit qu'il était l’étoile annoncée armario. Ce traité de la poudre de sympathie se
par Balaain. II se mit à faire des prodiges. Saint ressent du temps et de la crédulité de l’auteur ;
Jérôme raconte qu’il vomissait du feu par la il contient cependant des choses singulières et

bouche, au moyen d'un morceau d’étoupes allu- qui ne sont pas indignes de quelque attention.
mées qu’il se mettait dans les dents ce que font , Barton (Élisabeth), religieuse de Kent, qui
maintenant les charlatans des foires. Les Juifs le prévit et révéla, en 1525, les excès où tombe-
reconnurent pour leur Messie. 11 se lit couronner rait bientôt le schisme qu'elle voyait naître en
roi, rassembla une armée, et soutint contre les Angleterre. Les partisans de Henri VIII s’écrièrent
Romains une guerre assez longue; mais enfin, qu’elle était possédée du diable. La protection de
en l’année 136 l’armée juive fut passée au fil de
, Thomas Monts, loin de la sauver, la perdit ; en
l’épée et Barkokebas tué. Les rabbins assurent 1533, cette pieuse et sainte fille fut mise à mort
que, lorsqu'on voulut enlever son corps pour le avec beaucoup d’autres, sous prétexte de sorcel-
porter h l’empereur Adrien un serpent se pré- , lerie, par les réformés, qui se vantaient d’appor-
senta autour du cou de Barkokebas, et le fit res- ter la lumière et la liberlé.
pecter des porteurs et du prince lui-méme '. Bas. Qui a chaussé un de scs bas à l’envers
Barnaud (Nicolas), médecin protestant du ; recevra dans la journée un conseil , probable- —
seizième siècle, qui rechercha la pierre philoso- ment celui de le retourner.
phale. Il a publié sur l'alchimie divers petits trai- Bascanie sorte de fascination employée par
,

dans le troisième volume du T/tea-


tés recueillis les magiciens grecs ; elle troublait tellement les
trum ehimicum, compilé par Zetzner. Strasbourg, yeux, qu'on voyait tous les objets à rebours :

1659. blanches les choses noires, rondes les choses


Barrabas. « Quand les sorcières sont entre pointues , laides les plus jolies figures , et jolies
les mains de la justice, dit Pierre Delancre , les plus laides.
elles fontsemblant d’avoir le diable leur maître Basile. Michel Glycas’ raconte que l'empe-
en horreur, et l’appellent par dédain Barrabas reur Basile ayant perdu son fils bien-aitné ob-
, ,

OU Barrabam. > tint le revoir peu après sa mort, par le moyen


de
Barron, un des démons auxquels sacrifiait le d'un moine magicien ; qu'il le vit en effet et le

maréchal de Retz. l oy. Retz. tint embrassé assez longtemps, jusqu’à ce qu'il
Barscher (Anne), femme de Kôge, près de disparut d’entre ses bras. « Ce n’était donc qu'un
Copenhague, qui subit en 1609 et plus lard un fantôme qui disparut sous la forme de son fils', n
ensorcellement jeté sur elle, sur son mari et ses
enfants. Elle a publié en danois le récit curieux
1
Ce singulier ouvrage, intitulé Processus Satanés
contra Virginem coram judice Jesu, ost imprimé dans
de ses souffrances, récit approuvé et attesté par le Processus juris jocoserius. ln-8". Hanau, 1611.
2 Voyez ce procès résumé dans les Légendes du
1
Voyez son histoire plus étendue dans les Légendes Aouveau Testament.
de 1 Ancien Testament. 3 Annal.,
part. IV.
2 Tableau de I inconstance des mauvais anges, etc., * D. Calmel, Dissertation des revenants en corps,

liv. VI, dise. m. Paris, 1612. ch. xvi.

ed by Google
, , , ,

BAS — 81 — BAS
Basile-Valentin, alchimiste, qui est pour les C’est une opinion encore répandue dans les
Allemands ce que Nicolas Flamel est pour nous. campagnes que les vieux coqs pondent un œuf
Sa vie est mêlée de fables qui ont fait croire à duquel naît un serpent. Ce petit œuf, imparfait,
quelques-uns qu'il n’a jamais existé. On le fait n’est, comme on sait, que l’clfet d’une maladie
vivre au douzième au treizième au quatorzième
, ,
chez les poules; et l’absurdité de ce conte bleu
et au quinzième siècle; on ajoute même, sans la n’a plus besoin d’élre démontrée.
moindre preuve, qu'il était bénédictin à Erfurt.
C’est lui qui, dans ses expériences chimiques,
découvrit 1'anlirnoinc, qui dut sou nom à cette
circonstance, que, des pourceaux s’étant prodi-
gieusement engraissés pour avoir avalé ce résidu
de métal Basile en fit prendre à des religieux
,

qui en moururent.
On raconte que, longtemps après la mort de
Basile -Valentin, une des colonnes de la cathé-
drale d’Erfurt s’ouvrit comme par miracle, et
qu’on y trouva ses livres sur l’alchimie. Les ou-
vrages de Basile, ou du moins ceux qui portent
son nom, écrits en haut allemand, ont été tra-
duits en latin, et quelques-uns du latin en fran-
çais. Les adeptes recherchent de lui YAioth *,
Ut Doute clefs de la philosophie de frère Basile-
Valentin, traitant de la vraie médecine métal- Il est possible que les anciens, dans leurs expé-

lique’, à la suite de la traduction de YAzoth, riences, aient pris des œufs de serpent pour des
in-12, 1660; in-8\ 1669; /’ Apocalypse chimi- œufs de coq. Voy. Coq. —
Quoi qu’il en soit, on
que ' ; ta Révélation des mystères des teintures croit que le basilic lue de scs regards; et Ma-
métaux et de leurs vertus mé-
essentielles des sept thiolo demande comment on a su que le basilic
dicinales in-V, Paris, 1546; Du microcosme,
*, tuait par son regard s’il a tué tous ceux qui l’ont
,

du grand mystère du monde et dè la médecine de vu. On cite toutefois je ne sais quel historien qui
l'homme Traité chimico-philosophique des choses raconte qu’Alexandre le Grand ayant mis le siège
naturelles et surnnturclUs des minéraux et des devant une ville d’Asie un basilic se déclara pour
,

métaux Haliographie , de la préparation, de les assiégés, se campa dans un trou des remparts,
l'usage et des vertus de tous les sels minéraux, et lui tua jusqu’à deux cents soldats par jour. Une
animaux et végétaux recueillis par Antoine Sal- batterie de canons bien servie n’eut pas fait mieux.
mincius, dans les manuscrits du Basile -Valen- « Il est vrai, ajoute M. Salgues*, que si le ba-
tin ’, etc. La plupart de ces ouvrages ont fait silic peut nous donner la mort nous pouvons lui
,

faire des pas à la chimie utile. rendre la pareille en lui présentant la surface po-
Basilic, petit serpent, long d’un demi-mètre, lie d’un miroir les vapeurs empoisonnées qu’il
:

qui n’a été connu que des anciens. Il avait deux lance de scs yeux iront frapper la glace, et, par
ergots, une tête et une crête de coq, des ailes, réflexion, lui renverront la mort qu’il voudra
une queue de serpent ordinaire, etc. Quelques- donner. C’est Aristote qui nous apprend celte
uns disent qu’il naît de l’œuf d’un coq couvé par particularité. »
un serpent ou par un crapaud. Buguct au cha- , Des savants ont regardé en face le serpent
pitre xiv de ses Discours des sorciers, le fait pro- qu’on appelle aujourd'hui basilic , et qui n’a pas
duire de l’accouplement du crapaud et du coq, les accessoires dont les anciens l'ont embelli ;
comme le mulet naît d’un Une et d’une jument. malgré tous les vieux contes, ils sout sortis bien
portants de cette épreuve. Mais, nous le répé-
1
Azoth, sire Auretice philosophorum. Francfort
4613. ln-4", traduit en français en 4660. tons, le reptile auquel les modernes donnent le
1 Praclica, una cura duodecini clavibùs et
appen- nom de basilic n’est peut-être pas le basilic des
dice. Francfort. 4648. ln-4". anciens, car il y a des races perdues.
3 Apocahjpsis chimica. Erfurt, 4654. In-8“.
* lianifestatio or tificiorum,
Au moyen âge, on donnait au basilic une cou-
etc. Erfurt, 4654.
ln-4". La traduction dont on indique le titre est de ronne native ornée d'une pierre précieuse, et on
]. Israël. voyait en lui le roi des serpents.
6 Dr microcosmo, drque magno mundi mgsterio et
Basilide, hérétique du deuxième siècle, qui
medicina hominis. Marpurg, 4600. In-8°.
6 Tracial us chimico-phitosophicus de rébus nalu-
se fit un système en mêlant les principes de Py-

raiibus et prœlcrnaiurtilibus metattorum et minera- thagore et de Simon, les dogmes des chrétiens
lium. Francfort, 4676. ln-8". et les croyances des Juifs. Il prétendit que le
7 Hatiogrnphia de prœparatione twu oc virtuti-
, monde avait été créé par les anges. « Dieu (Abra-
bus omnium solium mineralium , anirnalium ac vege-
cax), disait-il, produisit l’Intelligence, laquelle
tabitium, ex manuscriptis ÿasilii Valentins collecta
ab Antonio Salmincio. Bologne, 4644. In-8“. 1
Des erreurs et des préjugés etc., t. I, p. 413.
6
BAS — 82 — BAS
produisit le Verbe, qui produisit la Prudence ;
la Jésus, son premier Fils, ou la première intel-

Prudence eut deux filles : la Puissance et la Sa- ligence créée, pour sauver le monde. Il prit la
gesse, lesquelles produisirent les vertus, les figure d’un homme, fit les miracles qu’on ra-
princes de l'air et les anges. Les anges étaient conte , pendant la passion il donna son appa-
et ,
,

de trois cent soixante-cinq ordres ; ils créèrent rence h Simon le Cyrénécn qui fut crucifié pour
,

trois cent soixante-cinq cieux ; les anges du der- lui, pendant que, sous les traits de Simon, il se

nier ciel firent le inonde sublunaire ; ils s'en par- moquait des Juifs après quoi il remonta aux
;

tagèrent l’empire. Celui auquel échurent les Juifs, cieux sans avoir été précisément connu. »
étant puissant, fit pour eux beaucoup de prodiges; Basilide, à côté de ce système étrange, ensei-
mais, comme il voulait soumettre les autres na- gnait encore la métempsycose, et il donnait aux
tions, il
y eut des querelles et des
guerres, et hommes deux âmes, pour accorder les combats
le mal fit de grands progrès. Dieu, ou l’Être su- qui s'élèvent sans cesse entre la raison et les
périeur, touché des misères d'ici -bas, envoya passions.

Ualeleur».

U était très-habile, ajoulc-t-on, dans la cabale montre, dit Delancre', que la sorcellerie n’est
des Juifs. C'est lui qui inventa le puissant talis- pas une tache de simple femmelette, rustiques
-
man Abraradabra, dont nous avons parlé, et et idiots, u
dont l'usage longtemps extrêmement répandu.
fut Bassantin (Jacques) astrologue écossais qui,
,

Il fit un évangile apocryphe et des prophéties en 1562, prédit à sir Robert Melvil, si l’on en
qu'il publia sous les noms de Barcabas et de croit les mémoires de Jacques Melvil, son frère,
Barcoph. Il plaçait Dieu dans le soleil, et révé- une partie des événements arrivés depuis à Marie
rait prodigieusement les trois cent soixante-cinq Stuart, alors réfugiée en Angleterre. Il ne fallait
révolutions de cet astre autour de la terre. Voy. pour cela que quelque connaissance du temps et
Abbacax et Achamotii. des hommes. Les autres prédictions de Bassantin
y eut à Rome, du temps de saint
Basilius. Il ne se réalisèrent pas. Son grand Traité d'astro-
Grégoire, un sénateur de bonne et ancienne nomie, ou plutôt d’astrologie, a été publié en
famille, nommé Basilius, magicien, scélérat français et en latin. On recherche l’édition latine
et sorcier, lequel, s'étant fait moine pour de Genève, 1599, que les éditeurs appellent in-
éviter la peine de mort, fut enfin brûlé avec gens et doetum volume n. Tous ses ouvrages pré-
son compagnon Prétcxtalus, comme lui séna- 1
Delancre, De l’inconstance des démons, etc.,
teur romain et de maison illustre. « Ce qui liv. IV, p. 446.
,,

BAT — 83 — BAX
sentent un mélange d'heureuses observations et d’un jeune loup , la langue et le cœur d’un chien
d’idées superstitieuses'. trois lézards verts et trois coeurs d’hirondelles,

Bateleurs faiseurs de tours en plein air, ava-


,
le toutréduit en poudre par la chaleur du soleil
leurs de couleuvres, d’étoupes et de baguettes; entre deux papiers saupoudrés de salpêtre pla- ;

ils passaient autrefois pour sorciers, comme les cez par-dessus, dans le cœur du bâton, sept
escamoteurs et même les comédiens. feuilles de verveine cueillies la veille de la Sainl-
Bathym. Voy. Mauthym. Jcan-Bapliste, avec une pierre de diverses cou-
Bâton du diable. On conserve, dit-on, à leurs qui se trouve dans le nid de la huppe bou- :

Tolentino, dans la marche d’Ancôue, un bâton chez ensuite le bout du bâton avec une pomme

dont on prétend que le diable a fait usage. à votre fantaisie et soyez assuré que ce bâton
,

Bâton du bon voyageur. » Cueillez, le len- vous garantira des brigands, des chiens enragés,
demain de la Toussaint, une forte branche de des bêtes féroces, des animaux venimeux, des
sureau ,
que vous aurez soin de ferrer par le bas ; périls, et vous procurera la bienveillance de tous

ôtez-en la moelle mettez à la place les yeux


;
ceux chez qui vous logerez... »

Le lecteur qui dédaigne de tels secrets ne |


Batscum-Bassa ou Batscum- Pacha, dé-
doit pas oublier qu’ils ont eu grand crédit, et mon turc que l’on invoque en Orient pour avoir
qu’on cherche encore, dans beaucoup de vil- du beau temps ou do la pluie. On se le rend favo-
lages, à se procurer le bâton du bon voyageur, rable en lui ufTrant des tartines de pain grillé,
avec lequel on marche si vite, qu'on doit se dont il est très-friand.
charger les pieds. Baume universel, élixir composé par les
Batrachyte, pierre qui , suivant que l’indique alchimistes : c’est, disent-ils, le remède souve-
son nom grec se trouve dans
, le corps de la gre- de toutes les maladies. Il peut
rain et infaillible
nouille, et qui a, disent les bonnes gens, de même au besoin ressusciter des morts.
, ,

grandes vertus contre les poisons et contre les Bavent (Madeleine), possédée de Louviers,
maléfices. qui raconta en justice les orgies infâmes du sab-
bat, auxquelles, comme tant d’autres âmes per-
iAstronomia Jaeobi Rassnntini Seoti, etc. In-fol. dues, elle avait pris part. Voy. Loi;viers.
Geneve, 4669. Paraphrase de l’astrolabe, avec une Baxter, écrivain anglais qui publia, à la fin
explication de cet instrument. In-8«. Paris, 1 617.
Super malhemalica genethliaca; arithmelica; musico du dix-septième siècle, un livre intitulé Certi-
setundum Platonem; de matheti in yenere etc. , |
Iode du monde des esprits.
6.

Digitized by Google
BAY — 84 — BAY
Bayard ,
cheval des quatre fils Aymon. Il avait prit le vase où était le vin , et l’avala d’un trait ;
la taille d'un cheval ordinaire lorsqu’il ne portait il en demanda d’autre qu’il but de même. Après
qu'un des frères, et s'allongeait lorsqu'il les fal- cela il se retira sans dire adieu ; et la servante,
lait porter tous quatre. On conte beaucoup de qui le conduisait à ta porte, lui ayant demandé
merveilles sur cette monture célèbre, qui se dis- son nom, il répondit : « Je suis né à Rutsingue,
tinguait surtout par une vitesse incroyable, et et mon nom est Georges Raulin ;
» ce qui était
qui a laissé la trace d'un de ses pieds dans la faux encore.
forêt de Soignes en Brabant. On trouve aussi la
marque d'un de scs fers sur un rocher près de
Dinant.
Bayemon. Le grimoire attribué stupidement
au pape Honorius donne ce nom à un roi de l'oc-
cident infernal. On le conjure par cette prière :

« O roi Bayemon, très-fort, qui règne aux par-


ties occidentales, je l'appelle et invoque au nom
de la Divinité je te commande en vertu du
; ,

Très-Haut, de m'envoyer présentement devant


ce cercle (on nomme l'esprit dont on veut se
servir, Passicl Rosus, etc.) , et les autres esprits
,

Il passa le reste du jour à se faire voir dans le


village, et revint, le soir à minuit, à la porte du
curé, en criant d'une voix terrible : Mynhcer
Bayer, je vous montrerai qui je suis...
Pendant trois ans , il revint tous les jours vers
quatre heures après midi, et toutes les nuits
avant le point du jour. Il paraissait encore sous

qui te sont sujets, pour répondre à tout ce que diverses formes, tantôt sous la figure d'un chien

je leur demanderai. Si tu ne le fais, je le tour- barbet, tantôt sous celle d'un lion ou d'un autre
menterai du glaive du feu divin; j'augmenterai animal terrible ; quelquefois sous les traits d'un
tes peines et te brûlerai. Obéis, roi Bayemon'. » homme, sous ceux d’une femme; certains jours
Bayer. En 1726, un curé du diocèse de Con- il faisait dans la maison un fracas semblable à
stance, nommé Bayer, pourvu de la cure de Ru- celui d'un tonnelier qui relie des tonneaux; d'au-

theim , fut inquiété par un spectre ou mauvais trefois on aurait dit qu'il voulait renverser le
génie qui se montrait sous la forme d’un paysan logis par le grand bruit qu'il y causait. Le curé

mai vêtu, de mauvaise mine et très-puant. Il vint fit venir comme témoins un grand nombre de per-

frapper à sa porte; étant entré dans son poêle, sonnes. Le spectre répandait partout une odeur
il lui dit qu’il était envoyé par le prince de Con- insupportable, mais ne s'en allait pas. On eut re-
stance , son évêque, pour certaine commission cours aux exorcismes, qui ne produisirent aucun
qui se trouva fausse. Il demanda ensuite à man- eiïct on résolut de se munir d'une branche bé-
;

ger. On lui servit de la viande, du pain et du nite le dimanche des Rameaux, et d'une épée

vin. Il prit la viande à deux mains et la dévora aussi bénite, et de s'en servir contre le spectre.
avec les os, disant : Voyez comme je mange la
« On le fit deux fois, et depuis ce temps il ne re-
chair et les os ; faites-vous de même s ? » Puis il vint plus.

* Grimoire dit du pape Honorius. Ces choses, rapportées par dom Calmet, peu-
1 Dom Calmet, Traité sur tes apparitions , etc., vent-elles s'expliquer, comme le proposent les
L II , cb. xlyiii. esprits forts, par les frayeurs. qu'un garnement

Digitized by Google
,

BAY — 85 — BED
aura causées au curé, frayeurs qui ont dû lui caractériser les rois de cette première race ; et
donner des visions?... si la vision n'est qu’un conte, il est bien ima-
Bayer (Jean), ministre protestant, né à Augs- giné '.

bourg au seizième siècle. On recherche de lui Beal. Tôt/. BÉnira.


une thèse sur cette question « Si l'existence des ; Beauchamp. Toy. Abdeel.
anges peut se démontrer par les seules lumières Beauffort (le comte Amédée de) a publié, en
naturelles' ? » 1840, un volume in-8“ intitulé Légendes et tra-
Bayerin (Anne), servante qui fit pacte avec ditions populaires de la France recueil piquant
le diable à Salzbourg ; elle causa de grands dé- où les faits surnaturels ont grande parL
gâts à un forgeron chez qui elle servait, et passa Beausoleil (Jean du Châtelet, baron de),
dans une autre maison où elle mit pareillement le astrologue et alchimiste allemand, qui précéda
désordre. Interrogée sur ses méchancetés ou ma- Jacques Aymar dans la recherche des sources in-
léfices elle avoua sans en être pressée qu'elle
, , ,
connues et des trésors souterrains. Il avait épousé
s’était donnée au démon et qu’elle avait assisté Martine Berthcreau, qui avait ou à qui il souilla
au sabbat on ne voit pas qu’elle ait été brûlée.
; les mêmes penchants qui le dominaient. Ils furent
Bayle (François), professeur de médecine à les premiers qui firent profession de découvrir
Toulouse mort en 1 709. Nous ne citerons de ses
, les sources cachées au moyen de baguettes mys-
ouvrages que la Relation de l'état de quelques per- térieuses. Ils cherchaient aussi les' mines et an-
sonnes prétendues possédées faite de l'autorité du
,
nonçaient que, par l’aide d'instruments merveil-
parlement de Toulouse, in-12; Toulouse, 1082. leux , ils connaissaient tout ce que la terre recèle
Il veut prouver que les démoniaques, s’ils ne sont dans son sein. Ces instruments étaient l'astrolabe
pas des charlatans , sont très-souvent des fous ou minéral, le rateau métallique, la boussole â sept
des malades. angles (à cause des sept planètes) les verges ,

Bazine çélèbre reine des Tongres qui épousa


, ,
hydrauliques, etc. Les baguettes, ou verges hy-
Childéric et qui fut mère de Clovis. Elle est re- drauliques et métalliques, étaient préparées, di-
présentée par les vieux historiens comme une saient-ils, sous l'influencedes constellations qui
habile magicienne. On sait qu’elle était femme dominaient l'art. On les accusa de magie ; ce qui
de Bising, roi des Tongres; que Childéric chassé , motiva ce jugement, c’est qu'en visitant les coffres
de ses États par une révolution et réfugié â la de Martine Berlhereau , on y trouva des grimoires
cour de Hising, plut à sa femme; que lorsqu'il et autres objets qui sentaient à plein la sorcelle-
fut rétabli sur le trône, Bazine quitta tout pour rie. Le baron de Beausoleil, heureux du bruit
venir le trouver. Childéric l'épousa. Le soir de qu’il faisait en Hongrie, était venu exploiter la
ses noces, quand elle fut seule avec lui, elle le France. Le cardinal de Richelieu le fit enfermer
pria de passer première nuit dans une curieuse
la à la Bastille (1641) en même temps qu’on déte-
observation. Elle l'envoya à la porte de son palais nait sa femme Martine à Vincennes. On ne sait
en lui enjoignant de venir lui rapporter ce qu’il pas autre chose de leurs exploits.
y aurait vu. —
Childéric connaissant le pouvoir
, Beauvoys de Chauvincourt, genlilhommo
magique de Bazine, qui était un peu druidesse, angevin, fit imprimer en 1599 un volume inti-
s’empressa d'oltéir. Il ne fut pas plutôt dehors, tulé Discours de la Lycanthropie ou de la trans-
qu’il vit d'énormes animaux se promener dans la mutation des hommes en loups.
cour ; c'étaient des léopards, des licornes, des Bebal, prince de l'enfer, assez inconnu. Il est
lions. Étonné de ce spectacle, il vint en rendre de la suite de Paymon. Toy. ce mot.
compte à son épouse ; elle lui dit du ton d'oracle , Bechard, démon désigné dans les Clavicules
qu’elle avait pris d’abord, de ne point s’effrayer, de Salomon comme ayant puissance sur les vents
et de retourner une deuxième et même une troi- et les tempêtes. Il fait grêler, tonner et pleuvoir,
sième fois. Il vit à la deuxième fois des ours et au moyen d’un maléfice qu'il compose avec des
des loups , et à la troisième des chiens et d’autres crapauds fricassés et autres drogues.
petits animaux qui s’entre-déchiraient. a Les — Bechet, démon que l’on conjure le vendredi.
prodiges que vous avez vus, lui dit-elle, sont une Toy. Conjurations.
image de l’avenir ils représentent le caractère
; Bédargon l’un des lieutenants de Samaël,
,

de toute notre postérité. Les lions et les licornes dans la cabale judaïque.
désignent le fils qui naîtra de nous ; les loups et Bède (le vénérable), né au septième siècle,
les ours sont ses enfants, princes vigoureux et dans le diocèse de Durham, en Angleterre. Il
avides de proie; et les chiens, c’est le peuple mourut 4 soixante-trois ans. On dit qu'il prévit
indocile nu joug de ses maîtres, soulevé contre
ses rois, livré aux passions des puissants et sou- et les licornes représentaient Clovis, les loups et les
vent victime » —
Au reste , on ne pouvait mieux ours ses enfants; et les chiens les derniers rois de la
race, qui seraient un jour renversés du trône par les
' An Angelorum existentia a solo luminc naturali grands et le peuple, dont les petits animaux étaient
possit demonstrari? ln-4“. Witlemberg. 1658. ia figure.
3 Selon d'autres chroniques, elle dit que les lions 1
Dreux du Radier, Tablettes des reines de France.

Diuitizec by Goosh
, ,

BEG — 86 — BEK
l’heure précise de sa mort. Un instant avant d'ex- que Béhémoth mange du foin comme un bœuf,
pirer, il dictait quelques passages qu'il voulait les rabbins ont fait de lui le bœuf merveilleux ré-
extraire des œuvres de saint Isidore; le jeune servé pour le festin de leur Messie. Ce bœuf est
moine qui écrivait le pria de se reposer parce si énorme , disent-ils, qu'il avale tous les jours le
qu’il parlait avec peine : —
« Non répondit Bède ,
foin de mille montagnes immenses, dont il s'en-
prenez une autre plume, et écrivez le plus vite graisse depuis le commencement du monde. Il
(pie vous pourrez. » —
Lorsque le jeune eut dit : ne quitte jamais ses mille montagnes, où l'herbe
— C’est fait. —
« Vous avez dit la vérité, » répli- qu’il a mangée le jour repousse la nuit pour le

qua Bède et il expira.


; lendemain. Ils ajoutent que Dieu tua la femelle
Peu de temps après sa mort, on dit qu’il se fit de co bœuf au commencement car on ne pou- ;

voir h un moine nommé Gamèle , à qui il témoi- vait laisser multiplier une telle race. Les Juifs se
gna le désir d’ètre enterré à Durham, auprès de promettent bien de la joie au festin où il fera
saint Cuthbert. On de le satisfaire, car
se hâta la pièce do résistance. Ils jurent par leur part du

on avait un grand respect pour sa mémoire. bœuf Béhémoth.


Béguins. Voy. Digonnet. Béherit, démon sur lequel on a peu de ren-
Bëhémoth, démon lourd et stupide, malgré seignements à moins qu'il ne soit le même que
,

ses dignités. Sa force est dans ses reins scs do- ; Biriih. l'oy. ce mot. 11 est cité dans la posses-
maines sont la gourmandise et les plaisirs du sion de Loudun. Il avait même promis d’enlever
la calotte du sieur commissaire, et de la tenir en
l’air à la hauteur de deux piques; ce qui n’eut

pas lieu , à sa honte ‘.

Remarquons pourtant que, sur cette posses-


sion de Loudun, le calviniste qui en fit l'histoire
a imaginé beaucoup de quolibets, pogr écornifler
d'autant l'Église romaine, qu’il voulait, comme
tant d'autres, démolir un peu mais qu’on ne ,

démolit pas.
Beklcer (Balthasar) docteur en théologie ré-
,

formés;, et ministre à Amsterdam, né en 1636.


« Ce Balthasar Bekker, grand ennemi de l’enfer
éternel et du diable, et encore plus de la préci-
sion, dit Voltaire, fit beaucoup de bruit en son
temps par son gros livre du Monde enchanté. »
Alors la sorcellerie, les possessions, étaient en
vogue depuis la réforme qui livrait de l’espace ,

aux esprits malins c’est ce qui le détermina à


;

coinbattro le diable. « On eut beau lui dire, en


ventre. Quelques' démonomanes disent qu'il est prose et en vers, qu'il avait tort de l’attaquer,
aux enfers sommelier et grand échanson. Bodin attendu qu'il lui ressemblait beaucoup, étant
croit ' que Béhémoth n’est autre chose que le d’une laideur horrible rien ne l’arrêta il com-
: ;

Pharaon d'Égypte qui persécuta les Hébreux. Il mença par nier absolument le pouvoir de Satan
est parlé de Béhémoth dans lob comme d'une et s'enhardit jusqu’à soutenir qu’il n'existe pas.
créature monstrueuse. Des commentateurs pré- « S'il y avaitun diable, disait-il, il se vengerait
tendent que c'est la baleine , et d’autres que c'est de la guerre que je lui fais, n Le laid bonhomme
l'éléphant mais il y eut d’autres monstres dont
; se croyait important, u Les ministres, ses con-
les races ont disparu. On voit dans le procès frères, prirent le parti de Satan et déposèrent
d'Urbain Grandier que Béhémoth est bien un dé- Bekker. »
mon. Delancre dit qu’on l'a pris pour un animal Il avait déjà fait l'esprit fort dans de précé-
monstrueux parce qu’il se donne la forme de
,
dents ouvrages. Dans l’un de ses catéchismes,
toutes les grosses bêtes. que Béhémoth
Il ajoute le Mets de carême il de l’en-
réduisait les peines
se déguise aussi avec perfection en chien, en élé- fer au désespoir des damnés , et il en bornait la
phant, en renard et en loup. durée. On l’accusa de socinianisme , et son caté-
Si Wierus, notre oracle en ce qui concerne les chisme fut condamné par un synode. 11 publia, à
démons, n’admet pas Béhémoth dans son inven- l'occasion de la comète de 1680, des recherches
taire de la monarchie infernale, il dit, livre I", sur les comètes, imprimées en flamand, in-8‘,
des Prestiges des démons, chapitre xxt, que Béhé- Leuwarde, 1683. —
11 s'efforce de prouver que

moth ou l'éléphant pourrait bien être Satan lui-


même, dont on désigne ainsi la vaste puissance. ' Histoire des diables de Loudun.
2
11 publia deux espèces de catéchismes en langue
Enfin, parce qu'on lit, au chapitre xl de Job,
hollandaise Vaste spize (le mets de carême) , et (Se-
:

1
Dëmonomanie des sorciers, liv. I, ch. i. schneden brood (le pain coupé).

Digitized by Google
,

BEL — 87 — BEL
ccs météores ne sont pas des présages de mal- i qu'en 1632 il entra dans le corps d'une des pos-
heurs, et combat les idées superstitieuses que sédées de Loudun avec Isaacarum et Béliémoth
, :

le peuple attache à leur apparition. Cet ouvrago on le força de déloger '.


fut reçu sans opposition. Il n'en fut pas de même Belbach ou Belbog, le dieu blanc des vieux
de son livre De Betoovenlc wereld (Le inonde en- Slavons. loy. Belzëbuth.
sorcelé), imprimé plusieurs fois, et traduit en Belephantes, astrologue chaldéen qui prédit
» Le monde enchanté ou
français sous ce titre : .

examen des communs sentiments touchant les


esprits, leur nature, leur pouvoir, leur adminis-
tration et leurs opérations, et touchant les effets
que les hommes sont capables de produire par
leur communication et leur vertu; divisé en quatre
livres ; volumes petit in-12 avec le por-
u 4 forts ,

1
trait de Amsterdam, 1694.
l’auteur ,

L’auteur, dans cet ouvrage, qui lui fit perdre


sa place de ministre ', cherche à prouver qu’il
n'y a jamais eu ni possédés ni sorciers que tout ;

ce qu'on dit des esprits malins n'est que supers-


tition etc. Un peu plus tard pourtant, dans une
, 4 Alexandre, selon Diodore de Sicile, que son
défense de ses opinions, il admit l'existence du entrée à Babyloue lui serait funeste ; ce qui ad-
diable mais il ajouta qu’il le croyait enchaîné
; vint, comme chacun sait.
dans les enfers et hors d’état de nuire. Belette. Les anciens croyaient que la belette
11 ne fallait pas, pour des calvinistes qui se faisait ses petits par la gueule, parce qu'elle les
disent si tolérants et qui le sont si peu, pour- porte souvent entre ses lèvres, comme font les
suivre si sérieusement un livre que sa prolixité chattes. — Plutarque remarque que les Thébains
seule devait rendre inlisible. « Il y a grande ap- honoraient la beletle, tandis que les autres Crées
parence, dit encore Voltaire, qu’on ne le con- regardaient sa rencontre comme un présage fu-
damna que par le dépit d'avoir perdu son temps neste.
à le lire, a f ’oy. Chasses. On prétend que sa cendre, appliquée en cata-
Bel, divinité suprême des Chaldéens. Wiérus plasme, guérit les migraines et les cataractes; et
dit que c’est un vieux démon dont la voix sonne le livredes Admirables secrets d’Albert le Grand
le creux ’. Les peuples qui en firent un dieu con- assure que si on fait manger 4 un chien le cœur
taient qu'au commencement le monde n'était et la langue d'une belette, il perdra incontinent
qu'un chaos habité par des monstres; que Bel les la voix. Il ajoute imprudemment un secret qu’il
tua, arrangea l'univers, se fit couper la tête par dit éprouvé ,
et qu'il certifie infaillible : c’est
un de ses serviteurs, détrempa la terre avec son qu'un amateur n'a qu’4 manger le coeur d'une
sang et en forma les animaux et les hommes. belette encore palpitant pour prédire les choses
Belaam, démon dont on ne sait rien, sinon 4 venir’...

1
Bekker
Bilial, démon adoré des Sidoniens. L’enfer
était si laid que la Slonnoye fit sur lui
n’a pas reçu d’esprit plus dissolu, plus crapu-
celle épigramme :

Ooi, par toi, de Satan la pniuance ext bridée; leux, plus épris du vice pour le vice même. Si
Mais tu n'as cependant pas encore asrez fait : son 4mc est hideuse et vile, son extérieur est
Poar nous ôter du diable entièrement l'idée,
Bckker, supprime ton portrait. séduisant. Il a le maintien plein de gr4ce et de
1
Pendant que les ministres d'Amsterdam pré- dignité. Il eut un culte 4 dans d’autresSodome et
paient le parti du diable, un ami de l’auteur le dé- villes; mais jamais on n'osa trop lui ériger des
fenditdansun ouvrago intitulé Le diable triomphant, autels. Delancre dit que son nom signifie rebelle
perlant sur le mont Tarnasse; mais le synode qui
avait déposé Bekker ne révoqua pas sa sentence. On
ou désobéissant. —
Wiérus, dans son inventaire
écrivit contre lui une multitude de libelles. Benjamin de la monarchie de Satan lui consacre un grand ,

Binet l'a réfuté dans un volume intitulé Traité his- article. « On croit, dit-il, que Délia) l’un des ,

torique des dieux du paganisme, avec des remarques rois de l'enfer, a été créé immédiatement après
critiques sur le système de Balthasar Bekker. Délit
Lucifer, et qu'il entraîna la plupart des anges
1696, in-tî. Ce volume se joint ordinairement aux
aiiatre de Bekker; il a aussi été imprimé sous le titre dans la révolte aussi il fut renversé du ciel un
;

a' Idée générale de la théologie païenne, serrant de des premiers. Lorsqu’on l’évoque, on l'oblige par
réfutation au système de Balthasar Bekker, etc. Am- des offrandes 4 répondre avec sincérité aux ques-
sterdam et Trévoux, <699. Les autres réfutations du
tions qu'on lui fait. Mais il conte bien vite des
Monde enchanté sont Mekhioris Leydekkeri disser-
:

<o/io de vulgato nuprr Bekkeri tudumine, etc. In-8°. mensonges, si on ne l’adjure pas, au nom de
LTtrajecti, <693. Brevis meditatio academira de spi- Dieu de ne dire que la vérité. Il se montre quel-
,

rituum actionibus in homines spiritualibus cujus . quefois sous la figure d’un ange plein de beauté,
doclrina usus contra Bekkerum et alios fanalicos r.r-
hibetur a J. /üpellio. In-8“. Francofurti, 1701 etc. .
1
Histoire des diables de Lomlun.
3 De præstiyiis dœmon., lib. I, cap. v. * Les admirables secrets d’Albert le Grand, liv. IL

Digitized by Google
, .

BEI. — 88 — BEL
assis dans un char de feu; il parle avec aménité; les Gaulois employaient le suc pour empoisonner
il procure les dignités et les faveurs, fait vivre leurs flèches. Ils lui attribuaient la vertu de faire
les amis en bonne intelligence , donne d'habiles tomber la Lorsque le pays était affligé
pluie.
serviteurs. 11 commande quatre-vingts légions de d'une sécheresse, on cueillait cette herbe avec
de l’ordre des Vertus et de l'ordre des Anges. Il de grandes cérémonies. Les femmes des druides
est exact à secourir ceux qui se soumettent à choisissaient une jeune vierge; suivie des autres
lui; y manquait, il est facile de le châtier,
s'il femmes, elle cherchait l'herbe sacrée quand elle ;

comme fit Salomon, qui l'enferma dans une bou- l'avait trouvée, elle la déracinait avec le petit
teilleavec toutes ses légions, lesquelles font une doigt de la main droite; ses compagnes cou-
armée de cinq cent vingt-deux mille deux cent paient des branches d'arbre et les portaient à la
quatre-vingts démons. Il fallait que la bouteille main en la suivant jusqu’au bord d'une rivière
fût de grande taille. voisine; là, on plongeait dans l'eau l’herbe pré-
Mais Salomon était si puissant que, dans une cieuse, on y trempait aussi les branches, que l’on
autre occasion, il emprisonna pareillement six secouait sur le visage de la jeune fille. Après
mille six cent soixante-six millions de diables cette cérémonie, chacun se retirait en sa mai-
qui ne purent lui résister. —
Des doctes racon- son seulement la jeune vierge était obligée de
;

tent encore que Salomon mit la bouteille où était faire à reculons le reste du chemin.
Bélial dans un grand puits, qu’il referma d’une Belkis. l'oy. Balais.
pierre, près de Babylone; que les Babyloniens Belladone, plante qui donne des vertiges et
descendirent dans ce puits, croyant y trouver un peut empoisonner. Les magiciens s'en servaient.
trésor; qu’ils cassèrent la bouteille, que tous les Belloc (Jeanne), sorcière du pays de Labourd,
diables s’en échappèrent, et que Bélial, qui avait prise à vingt-quatre ans, sous Henri IV. Pierre
peur d'élre repris, se campa dans une idole qu’il Delancre, qui l’interrogea, dit qu'elle commença
trouva vide , et se mit à rendre des oracles ; ce d’allerau sabbat dans l'hiver de 1609 ; qu’elle
qui que les Babyloniens l’adorèrent.
fit fut présentée au diable , dont elle baisa le der-
Bélias, démon invoqué comme prince des rière, car il n'y avait que les notables sorcières
Vertus dans les litanies du sabbat. qui le baisassent au visage. Elle conta que le sab-
Beliche. C'est le nom qu'on donne au diable bat est une espèce de bal masqué où les uns se
à Madagascar. Dans les sacrifices, on lui jette les promènent en leur forme naturelle, tandis que
premiers morceaux de la victime, avec la per- d'autres sont transmués en chiens, en chats, en
suasion qu'il ne fait point de mal tant qu'il a de ânes, en pourceaux et autres bêles qu’ils se ra- ;

quoi mettre sous la dent. petissent ou se grandissent à leur gré, par des
Bélier. Le diable s'est quelquefois transmué moyens qu'elle ignore... l'oy. Sabbat.
en bélier, et des maléficiés ont subi cette méta- Belmonte, conseiller du parlement de Pro-
morphose. C’est même sur une vieille tradition vence, qui eut au pied une petite plaie où la gan-
populaire de cette espèce qu’llamilton a bâti son grène se mit; le mal gagna vite, et il en mourut.
conte du Béiicr. Comme il avait poursuivi les sorciers protestants
Il parait que le bélier a des propriétés ma- et les perturbateurs réformés, les écrivains cal-
giques; car, lorsqu'on accusa Léonora GaligaT, vinistes virent dans sa mort prompte un châti-
femme du maréchal d' Ancre , d’avoir fait des sor- ment et un prodige'. C’était au seizième siècle.
celleries, on prétendit que pendant qu’elle s’oc-
,
Bélomancie. Divination par le moyen des
cupait de maléfices, elle ne mangeait que des flèches. On prenait plusieurs flèches, sur les-
crêtes de coq et des rognons de bélier. quelles on écrivait des réponses relatives à ce
Pour l’influence du bélier, signe du zodiaque, qu'on voulait demander. On en mettait de favo-
voyez Astrologie et Horoscopes. rables et de contraires; ensuite on mêlait les
Belin (Albert), bénédictin, né à Besançon en flèches, et on les tirait au hasard. Celle que le
1610. On recherche parmi ses ouvrages : 1" le sort amenait était regardée comme l'organe de
Traité (Ut talismans, ou Figures astrales, dans la volonté des dieux. — C’était surtout avant les
lequel il est montré que leurs effets ou vertus expéditions militaires qu’on faisait usage de la
admirables sont naturels, ensemble la manière bélomancie. Les Chaldéens avaient grande foi à
de les faire et de s'en servir avec profit, in-12, cette divination.
Paris, 1671. On a joint à l'édition de 1700 un Les Arabes devinent encore par trois flèches
traité du même auteur, de la Poudre de sympa- qu'ils enferment dans un sac. Ils écrivent sur
thie justifiée ; 2“ les Aventures du philosophe in- l’une : Commandez-moi, Seigneur; sur l’autre :
connu en la recherche et invention de la pierre Seigneur, empéchez-moi, cl n’écrivent rien sur
philosophale divisées en quatre livres, au der- la troisième. La première flèche qui sort du sac

nier desquels il est parlé si clairement de la ma- détermine la résolution sur laquelle ou délibère.
nière de que jamais on en a traité avec
la faire l'oy. Flèches.
tant de candeur. In-12; Paris, 1664 et 1674. 1
Chassanion Des grands H redoutables jugements
,

Belinuncia, herbe consacrée à Belenus, dont de Dieu. Morges, 1584 , p. 64

by Google
BEL — 89 — BEL
Belpbégor, démon des découvertes cl des n'en voyait point dans son temple. C’était la di-
inventions ingénieuses. prend souvent un corps
Il vinité la plus révérée des peuples de Chanaan,
de jeune femme. Il donne des richesses. Les Moa- qui le représentaient quelquefois sous la figure
bites, qui l'appelaient Baalphégor, l'adoraient sur d'une mouche, le plus souvent avec les attributs
le mont Pliégor. Des rabbins disent qu'on lui ren- de la souveraine puissance. Il rendait des oracles,
dait hommage sur la chaise percée, et qu’on lui et le roi Ochozias le consulta sur une maladie qui
l’inquiétait;il en fut sévèrement repris par le
prophète Elisée.

offraitl'ignoble, résidu dé jà digestion. C’élait


digne de lui. C’est pour cela que certains doctes
U 0u lui attribuait le pouvoir de délivrer les
ne voient dans Belpbégor que le dieu Pet ou Cre-
hommes des mouches qui ruinent les moissons.
pilvs ; d'autres savants soutiennent que c’est
Priapc. —
Seldcn , cité par Banier, prétend qu’on
comme
Presque tous
le
les démonomanes le regardent
souverain du ténébreux empire; et
lui offrait des victimes humaines, dont scs prê-
chacun le dépeint au gré de son imagination.
tres mangeaient la chair. Wiérus remarque que
Milton lui donne un aspect imposant, et une
c'est un démon qui a toujours la bouche ouverte ;
haute sagesse respire sur son visage. L’un le fait
observation qu'il doit sans doule au nom de Phé-
haut comme une tour; l'autre d'une taille égale
gor, lequel signifie, selon Leloyer, crevasse ou
â la nôtre quelques-uns se le figurent sous la
;
/endosse, parce qu'on l’adorait quelquefois dans
forme d'un serpent; il en est qui le voient aussi
des cavernes, et qu'on lui jetait des offrandes
sous les traits d'une femme.
par un soupirail.
Beltram, Génois, dont l'âme revint après sa
Le monarque des enfers, dit Palingène, m
Zodiacovilœ, est d'une taille prodigieuse, assis
mort et posséda une femme de Ponle-Nuovo ;
sur un trône immense, ayant le front ceint d’un
les parents de cette femme l'avaient volé. Quand
bandeau de feu, la poitrine gonlléc, le visage
on eut restitué, il se relira en fumée.
bouffi, les yeux étincelants, les sourcils élevés et
Bélus, premier roi des Assyriens; on dit qu'il
l'air menaçant. Il a les narines extrêmement
se fit adorer dans des temples de son vivant. Il
larges, et deux grandes cornes sur la tête; il est
était grand astrologue « J'ai lu dans les registres
:

noir comme un Maure : deux vastes ailes de


du ciel tout ce qui doit vous arriver, disait-il à
chauve-souris sont attachées â ses épaules; il a
ses enfants, et je vous dévoilerai les secrets de
deux larges pattes de canard, une queue de lion,
vos destinées. » Il rendit des oracles après sa
et de longs poils depuis la tête jusqu'aux pieds.
mort. Bélus pourrait être le même que Bel.
Les uns disent de plus que Bclzébuth est en-
Belzebutb ou Belzebub ou Beelzebuth,
core Priape; d’autres, comme Porphyre, le con-
prince des démons, selon les Écritures le pre- '
fondent avec Bacchus. On a cru le trouver dans
;

mier en pouvoir et en crime après Satan, selon


le Belbog ou Belbach (dieu blanc) des Slavons,
Millon; chef suprême de l’empire infernal, selon
la plupart des démonographes. Son nom si-— parce que son image ensanglantée était toujours
couverte de mouches, comme celle de Belzébuth
1
gnifie seigneur des mouches. Bodin prétend qu’on
chez les Syriens. On dit aussi que c'est le même
1
Noire-Seigneur Jésus-Christ même lui donne ce que Plulon. Il est plus vraisemblable de croire
nom (saint Matthieu, ch. xil, v. s i: saint Luc, que c’est Baël que Wiérus fait empereur des
,

ch. xi, v. 15). Les scribes reprochaient au Seigneur


enfers d’autant mieux que Belzébuth ne figure
u'il chassait les diables au nom de Bclzébuth, prince
;

S es démons. pas sous son nom dans l'inventaire de la monar-


1 Demonomanie des sorciers ,
liv. IV, ch. m. chie infernale.
,

BEL — 90 — BEN
On voit dans les Clavicules de Salomon que I peu de jours après on vil un homme lumineux
Belzébulh apparait quelquefois sous de mons- entrer dans le cloître, avec d'autres personnages
|

trueuses formes, connue celle d’un veau énorme habillés de blanc, et se mettre à genoux devant
l

ou d'un bouc suivi d’une longue queue souvent, ; saint Odilon. En religieux demanda qui était cet
néanmoins, il se montre sous la ligure d'une homme de si haute apparence qui faisait tant
mouche d’une extrême grosseur. Il s’est montré d'honneur à l'abbé. Il lui fut répondu que c'était
à Faust « habillé en bœuf, avec deux oreilles le pape Benoît VIII qui, par les prières d’Odilon,
effroyables, des cheveux peints de toutes cou- jouissait de la gloire des bienheureux.
leurs et une queue de dragon » Le maréchal1
.
Benoit IX, cent cinquantième pape, élu en
de Retz l'a vu en léopard. Quand il est en colère, dans un temps de troubles, où les partis
10.13,
ajoute-t-on, il vomit des flammes et hurle comme se disputaient Rome. Il eut à lutter contre des

un loup. Quelquefois enfin Astaroth apparaît à On a dit qu’il était


antipapes qui l'ont fort noirci.
ses côtés, sous les traits d’un âne. magicien, et que, renversé du saint-siège par
ses ennemis, il y remonta deux fois par son pou-
voir magique. C'est un peu niais. On a dit encore
avec autant de bon sens qu'il prédisait les choses
futures, et qu'il était habile enchanteur : ce que
Naudé a pulvérisé.
L’auteur calviniste des grands et redoutables
jugements de Dieu ajoute même qu'il fut étranglé
j

j
par le diable, et qu'après sa mort son âme fut
condamnée à errer dans les forêts, sous la forme
d’une bêle sauvage, avec un corps d'ours à longs
poils une queue de chat et une tête d'âne. Un
,

I
ermite qui le rencontra lui demanda pourquoi il

[
avait celte ligure. « J’étais un monstre, répondit
;
Benoit et vous voyez mon âme telle qu'elle a
,

toujours été. n Voilà qui est très-gracieux. Mais


; Benoit IX, au contraire, mourut dans la retraite,
'
sous le cilice, pieusement et saintement, en 105/j.
C’est encore là une des victimes de la calomnie
historique.
Benedict (Jean), médecin allemand du sei- Bensozia. Certains canonistes des douzième
zième siècle. On lui doit un livre Sur les visions
et treizième siècles s’élèvent fortement contre
cl Us révélations naturelles cl surnaturelles, qui femmes
les d’alors qui allaient à
une espèce de
n'est presque pas connu ’. sabbat sur lequel ne nous est parvenu que très-
il
Benoit VIII, cent quarante-huitième pape (>eu tle notions. On
disait que des fées ou des
élu en 1012, mort en 102?i. On lit dans Platina, j

i démons transformés en femmes s'associaient


citépar Leloyer et par Wiérus*, que quelque
toutes les dames qui voulaient prendre part à
temps après sa mort Benoit VIII apparut, monté
leurs plaisirs; et que toutes, dames et fées ou
sur un cheval noir, à un saint évêque dans un
démons, montées sur des bêtes ailées, elles
lieu solitaire et écarté que l’évêque lui demanda
;
allaient de nuit faire des courses et des fêtes dans
comment il se faisait qu’étant mort il se mon- les airs. Elles avaient pour chef la fée Bensozia,
trât ainsi sur un cheval noir. A quoi le pape ré-
à qui il fallait obéir aveuglément, avec une sou-
pondit que pendant sa vie il avait été convoi-
mission sans réserve. C’était dit-on, la Diane des
,
teux d’amasser des biens; qu'il était en purga-
anciens Gaulois: on l'appelait aussi Noclicula,
toire; mais qu'il n’était pas damné, parce qtt’il
llérodias ou la Lune.
avait fait desaumônes. Il révéla ensuite le lieu
On dans des manuscrits de l’église de
voit
où il avait caché des richesses et pria le saint ,
Cousérans que des dames au quatorzième siècle
évêque de les distribuer aux pauvres. Après — avaient le renom d’aller à cheval aux courses
cela, le fantôme (selon le récit) se montra pa-
nocturnes de Bensozia. Toutes, comme les sor-
reillement au Pape son successeur, et le supplia
cières au sabbat, faisaient inscrire leur nom sur
d’envoyer en diligence un courrier à Cluny, et
un catalogue, et après cela se croyaient fées. On
de recommander à saint Odilmi de prier Dieu
remarquait encore au dernier siècle à Montmo- ,
pour le repos de son âme. Saint Oïlilon le fit; et
rillon en Poitou, sur le portique d’un ancien
M. François Hugo, le Faust anglais.
1 temple, une femme enlevée par deux serpents
Joannis Beneiticli libellas lie visionibus et reve-

dans les airs. C'était sans doute le modèle de la
lationibus naturalibus et divinis ln-8*. Moguntiæ,
.
contenance des sorcières ou fées dans leurs courses
1SS0.
a Leloyer, Discours des spectres,
liv. VI, ch. xm.
de nuit '.
Wiérus, De prast., lib. I, cap. xvi. 1
Dom Martin, Religion des Gaulois ,
t. Il p. 59 et 65.
,

Digitized by Google
.

BF.N — 91 — BER
Benthaméléon. Titus, ayant pris Jérusalem, turc en 1796 par une sorcière d’Avignon appe- ,

publia un édit qui défendait aux Juifs d’observer lée la Mansotte ,


qui se servait pour cela du jeu
le sabbat et de se circoncire, et qui leur ordon- de tarots. « Elle y ajouta , dit-il , une cérémonie
nait de manger toute espèce de viande. Les Juifs, qui, sans doute, est ce qui m’a mis entre les
consternés, envoyèrent à Titus le rabbin Siméon, mains des farfadets. Elles étaient deux disciples
qui passait pour Un homme très-habile. Siméon femelles de Satan elles se procurèrent un tamis
;

s'étantmis en chemin avec le rabbin Eléazar, ils propre à passer de la farine , sur lequel on fixa
rencontrèrent un démon nommé, dirent-ils, Ben- une paire de ciseaux par les pointes. Un papier
thaméléon, qui demanda à les accompagner, leur blanc plié était posé dans le tamis. La Mansotte
avouant quelle était sa nature, mais se disant et moi nous tenions chacun un anneau des ci-
enclin à rendre service aux Juifs et leur promet- seaux , de manière que le tamis était par ce ,

tant d’entrer dans le corps de la fille de Titus, et moyen suspendu en l’air. Aux divers mouve-
,

d’en sortir aussitôt qu’ils le lui commanderaient, ments du tamis, on me faisait des questions qui
afin qu’ils pussent gagner l’empereur par ce pro- devaient servir de renseignements à ceux qui
dige. Les deux rabbins acceplèrent sa proposi- voulaient me mettre en leur possession. Les sor-
tion avec empressement et, Benthaméléon ayant
;
cières demandèrent trois pots dans l’un elles :

tenu sa parole, ils obtinrent en effet la révoca- enfermèrent quelques-uns des tarots jetés sur la
tion de l'édit. table et préférablement les cartes à figures. Je
,

Berande, sorcière brûlée à Maubec, près les avais tirées du jeu les yeux bandés. Le se-
Beaumont de Lomaignie, en 1577. En allant au cond pot fut garni de sel , de poivre et d’huile ;
supplice, elle accusa une demoiselle d’avoir été le troisième de laurier. Les trois pots, couverts,
au sabbat; la demoiselle le nia. Bérande lui dit ; furent déposés dans une alcôve , et les sorcières
a Oublies-tu que la dernière fois que nous fîmes se retirèrent pour attendre l’effet... Je rentrai
la danse, à la croix du pâté, lu portais le pot de chez moi â dix heures du soir ; je trouvai mes
poison?... » Et la demoiselle fut réputée sor- trois croisées ouvertes, et j’entendis au-dessus
cière ,
parce qu'elle ne sut que répondre ’ de ma un bruit extraordinaire. J’allume mon
tète
Berbiguier (Alexis- Vincent-Charles Berbiguier flambeau ne vois rien. Le bruit que j’enten-
;
je
de Terre-Neuve du Thym), né à Carpentras, est dais ressemblait au mugissement des hôtes fé-
un auteur qui vit peut-être encore et qui a publié roces; il dura tonte la nuit. Je souffris trois jours
en 1821 un ouvrage dont voici le titre les : diverses tortures, pendant lesquelles les deux
Farfadets, ou tous les démons ne sont pus de sorcières préparaient leurs maléfices. Elles ne
l'autre monde, 3 vol. in-8*. ornés de huit litho- cessèrent, tant que dura leur manège, de me
graphies et du portrait de l'auteur, entouré demander de l’argent. Il fallait aussi que je fusse
d'emblèmes, surmonté de cette devise Le fléau : là pour leur donner du sirop, des rafraîchisse-
des farfadets. —
L’auteur débute par une dédi- ments et des comestibles; car leurs entrailles
cace à tous les empereurs rois princes souve- ,
étaient dévorées par le feu de l’enfer. Elles

,

rains des quatre parties du monde. « Réunissez eurent besoin de rubans de différentes couleurs,
vos efforts aux miens, leur dit-il, pour détruire qu’elles ne m’ont jamais rendus. Pendant huit
l'influence des démons, sorciers et farfadets qui jours que dura leur magie, je fus d’une tristesse
désolent les malheureux habitants de vos filais. » accablanto. Le quatrième jour, elles se méta-
Il ajoute qu’il est tourmenté par le diable de- morphosèrent en chats, venant sous mon lit pour
puis vingt-trois ans, et il dit que les farfadets me tourmenter. D’autres fois elles venaient en
se métamorphosent sous des formes humaines chiens j'étais accablé par le miaulement des uns
:

pour vexer les hommes. Dans le chapitre II de et l’aboiement des autres. Que ces huit jours
son livre il nomme tous ses ennemis par leurs
, furent longs I »
noms en soutenant que ce sont des démons dé-
, Berbiguier s'adressa â un lireur de caries, qui
guisés, des agents de Belzébuth qu’en les appe- ;
sc chargea de combattre les deux sorcières; mais
lant infâmes et coquins, ce n’est pas eux qu’il il ne lui amena que de nouveaux tourments.
insulte, mais les démons qui se sont emparés Dans les chapitres suivants, l'auteur se fait

d’eux. « On me fait passer pour fou s'écrie-t-il , ;


dire encore sa bonne aventure et se croit obsédé ;
mais si j’étais fou mes ennemis ne seraient pas
, ilentend sans cesse à ses oreilles des cris de
tourmentés comme ils le sont tous les jours par bétes affreuses; il a des peurs et des visions. Il

mes lardoires, mes épingles, mon soufre, mon vient à Paris pour un procès , fait connaissance
sel, mon vinaigre et mes coeurs de boeuf. » d’une nouvelle magicienne, qui lui tire les cartes,
Les trois volumes sont en quelque sorte les g Je lui demandai dit-il si je serais toujours
, ,

Mémoires de l’auteur, que le diable ne quitte pas. malheureux elle me répondit que non que si
; ; ,

Il établit le pouvoir des farfadets; il conte, au je voulais, elle me guérirait des maux présents
chapitre IV, qu’il s’est fait dire la bonne aven- et à venir, et que je pouvais moi-méme faire le
1
M. Jules Garinct, Histoire de la magie en France, remède.— Il faut, me dit-elle, acheter une chan-
p. 432. delle de suif chez la première marchande dont la

V Google
BER — 92 — BER
boutique aura deux issues, et tâcher, en payant, I » P. S. Dans huit jours tu seras en ma puis-
de vous faire rendre deux deniers. « Elle me rc- I
sance; malheur à toi, si lu fais paraître ton ou-
commanda de sortir ensuite par la porte opposée vrage 1
! »

à celle par laquelle je serais entré , et de jeter Bérenger, hérétique du onzième siècle. Guil-
les deux deniers en l'air; ce que je fis. Je fus laume de Malmesbury raconte 1 qu’à l’heure de
grandement surpris d'entendre le son de deux sa mort Bérenger reçut la visite de son ancien
écus au lieu de celui des deux deniers. ami Fulbert, lequel recula devant le lit où gisait
» L’usage qu’elle me dit de faire de la chandelle le malade, disant qu’il n’en pouvait approcher,

fut d’allumer d’abord mon feu de jeter dedans , parce qu’il voyait auprès de lui un horrible et
du sel d’écrire sur un papier le nom de la pre-
,
grand démon très- puant. Les uns racontent
mière personne qui m'a persécuté, de piquer ce qu’on chassa ce démon; d’autres assurent qu’il
papier dans tous les sens, d'en envelopper la tordit le cou à l’hérétique mal converti et qu’il
chandelle en l’y fixant avec une épingle, et de la l’emporta.
laisser brûler entièrement ainsi, Bérésith , branche de la cabale. C’est l’étude
» Aussitôt que j'eus tout exécuté ,
ayant eu la des vertus occultes que le monde renferme.
précaution de m’armer d’un couteau en cas d'at- Bergers. On est encore persuadé dans beau-
taque, j'entendis un bruit effroyable dans le coup de villages que les bergers commercent
tuyau de ma cheminée; je m'imaginai que j’étais avec le diable, et qu’ils font des maléfices. Il est
au pouvoir du magicien Moreau, que j’avais con- dangereux assure-t-on île passer près d’eux
, ,

sulté à Paris. Je passai la nuit à alimenter le ans les saluer ils fourvoient loin de sa route le
;

feu,en y jetant de grosses poignées de sel et voyageur qui les offense font naître des orages ,

de soufre, pour prolonger le supplice de mus devant ses pas et des précipices à scs pieds. On
ennemis... » conte là-dessus beaucoup d’histoires terribles.
M. Berbiguier fit neuf jours de suite la même Un voyageur passant à cheval à l'entrée d’une
opération , sans se voir débarrassé des farfadets forêt du Mans renversa un vieux berger qui
et des magiciens. croisait sa route, et ne s’arrêta pas pour relever
Ses trois volumes sont partout de cette force,
et nous ne dirons rien de trop en rangeant cet
ouvrage parmi les plus extravagantes produc- L’homme à cheval ne fit pas d'abord attention à
tions. L’auteur se croyait en correspondance avec cetle menace; mais bientôt, réfléchissant que le
des sorciers et des démons. Il rapporte des lettres berger pouvait lui jeler un maléfice, et tout au

faites par des plaisants assez malhabiles, et qu’il moins l’égarer, il eut regret de n’avoir pas été
attribue à Lucifer, 6 Rolhomago et h d’autres plus honnête. — Comme il s'occupait de ces pen-
dont elles portent les signatures. En voici une sées, il entendit marcher derrière lui; il se re-
qu’il a transcrite scrupuleusement : tourne et entrevoit un spectre nu, hideux, qui le
poursuit sûrement un fantôme envoyé
c’est
A M. Berbiguier.
par le berger... Il pique son cheval , qui ne peut
Abomination de la détestation tremblement
« !

plus courir. Pour comble de frayeur, le spectre


de terre, déluge, tempête, vent, comète, pla-
saule sur la croupe de son cheval, enlace de ses
nète, Océan, flux, rellux, génie, sylphe, faune,
deux longs bras le corps du cavalier, et se met à
satyre, Sylvain, dryade et hamadryade!
hurler. Le voyageur fait de vains efforts pour se
» Le mandataire du grand génie du bien et du
dégager du monstre, qui continue de crier d'une
mal, allié de Belzébuth et de l’enfer, compagnon
i voix rauque, lai cheval s’effraye, et cherche à
d’armes d’Aslarolh auteur du (léché originel et
,
jeter à terre sa double charge enfin une ruade ;
ministre du Zodiaque, a droit de posséder et
I

de l’animal renverse le spectre, sur lequel le ca-


de tourmenter, de piquer, de purger, de rôtir,
valier ose à peine jeter les yeux. Il a une barbe
empoisonner, poignarder et liquéfier le très-
sale, le teint pâle, les yeux hagards; il fait d’ef-
humble et très-patient vassal Berbiguier, pour
froyables grimaces le voyageur fuit au plus
avoir maudit la très-honorable et indissoluble
vile arrivé au prochain village, il raconte sa
;

société magique en : foi de quoi nous avons fait !

mésaventure. On lui apprend que le spectre qui


apposer les armes de la société.
lui a causé tant de frayeur est un fou échappé
» Fait au soleil, en face de la lune, le grand
qu’on cherche depuis quelques heures *.
officier, ministre plénipotentiaire, le 5818* jour
Les maléfices de bergers ont eu quelquefois
et la 105819* heure de nuit, grand-croix et tri-
j
des suites plus fâcheuses, et il a été prouvé, dans
bun de la société magique. Le présent pouvoir

aura son effet sur son ami Coco (c’était l’écu- 1


M. Champfleury, dans sa curieuse galerie des
reuil de M. Berbiguier). excentriques publiée on 4856, a écrit un remar-
.

quable portrait de M. Berbiguier, qu’il a vu dans sa


» TnÉSiUROCHBTSOXtCOCHBÏSIDfcS. vieillesse toujours frappé des idées de ses farfadets.
» Par Son Excellence, le secrétaire 2 In llisloria Anglor. sub Gullielmo I.
3 Madame Gabrielle do P***, Histoire des fan-
» PlRICHICHt-PlNCHI.
» 30 mars 4818. tômes, etc-, p. 305.

Digitized by Google
,

BER — 03 — BER
lepassé, qu’ils composaient des poudres inysté- dans sa poche un berger du voisinage parvint
:

rieusesavec lesquelles ils empoisonnaient certains à le lui escamoter, et, comme il lui en voulait
pâturages et donnaient aux troupeaux des verti- depuis longtemps, il mit le sort en poudre, et

ges. Un bouclier avait acheté des moutons sans l’enterradans une fourmilière avec une taupe,
donner le pourboire au berger de la ferme. Ce- une grenouille verte et une queue de morne, en
lui-ci se vengeaen passant le pont qui se trou-
; disant Maudition perdition, destruction! et an
:
,

vait sur leur roule les moutons se ruèrent dans


, bout de neuf jours , il déterra son maléfice et le
l'eau la tête la première. sema dans l’endroit où devait paître le troupeau
On conte aussi qu’un certain berger avait fait de son voisin, qui fut détruit.
D’autres bergers, avec trois cailloux pris en
différents cimetières et certaines paroles magi-
ques, donnent des dyssenteries, envoient la gale
à leurs ennemis, et font mourir autant d’ani-
maux qu’ils souhaitent. C’est du moins l’opinion
hasardée des gens du village. Quoique les ber-
gers ne sachent pas lire, on craint si fort leur
savoir cl leur puissance, dans quelques ha-
meaux, qu’on a soin de recommander aux voya-
geurs de ne pas les insulter, et de passer auprès
d’eux sans leur demander quelle heure il est,
quel temps il fera ou telle autre chose sembla-
,

ble, si l'on ne veut avoir des nuées, être noyé


un sort avec la corne des pieds de ses bêles, par des orages courir de grands périls , et se
,

comme cela se pratique parmi eux pour conser- perdre dans les chemins les plus ouverts.
ver les troupeaux en santé. Il portait ce sort Il est bon de remarquer que, dans tous leurs

maléfices, les bergers emploient des Pater, des soldat habillé de rouge des pieds à la tête
Ave, des neuvaines de chapelet. Mais ils ont monté sur un cheval de même couleur, portant
d’autres oraisons et des prières pour la conser- la couronne au front répond sur le passé , le
; il

vation des troupeaux, Voy. Thoopevux, et pour présent et l’avenir. On


maîtrise par la vertu
le

les bergers, voy. Hocqiie, etc. des anneaux magiques mais il ne faut pas ou-;

Bergmaenlen nains de la classe des esprits


,
blier qu’il est souvent menteur. Il a le talent do
follets, qui fréquentent les fermiers de l’Obcr- changer tous les métaux on or aussi on le re- :

land, et leur rendent de petits services. garde quelquefois comme le démon des alchi-
Berith, duc aux enfers, grand et terrible. Il mistes. Il donne des dignités et rend la voix des
est connu sous trois noms quelques-uns le nom- ;
chanteurs claire et déliée. Vingt-six légions sont
ment Béal les Juifs
, Bérilh et les nécromanciens à ses ordres.
Bolfri. Il se montre sous les traits d’un jeune C’était l’idole des Sichcmites , et peut-être
, ,

BER - 94 - BER

est-ce lemême que le Béruth de Sanchoniaton ayant à peine atteint la moitié de la taille qu’on
que des doctes croient être l’allas ou Diane. en attendait, s’éteignit épuisée à quinze ans.
L'auteur du Solide trésor du Petit Albert Berna (Benedetto), sorcier qui, au rapport
conte do Béritli une aventure qui ferait croire de Bodin et de quelques autres démonographes,
que ce démon n’est plus qu'un follet ou lutin si ,
avoua à l’âge de quatre-vingts ans qu’il avait
toutefois c’est le même Bérilh. eu des liaisons pendant quarante années avec un
démon qu’il nommait Herinione ou Henneline,
et qu’il menait partout avec lui sans que per-
sonne l’aperçût il s’entretenait fréquemment,
:

dit-on avec cet esprit qu’on ne voyait pas de


, ;

manière qu’on le prenait pour un fou (et ce n’é-


tait pas autre chose). Il confessa aussi avoir
humé sang de divers petits enfants, et fait
le
plusieurs méchancetés exécrables. Pour ces faits
atroces il fut brûlé.
Bernache ou Bernacle, toy. Macreuses.
Bernard. Cardan pense que la sorcellerie ne fut
souvent qu'une espèce de maladie hypocondria-
que, causée par la mauvaise nourriture des pau-
vres diables que l’on poursuivait comme sor-
ciers. Il raconte que son père sauva un jour un
paysan nommé Bernard, que l’on allait condam-
ner à mort pour sorcellerie, en changeant sa lui

façon ordinaire de vivre. donna le matin Il lui


quatre œufs frais, et autant le soir avec de la
viande et du vin le bonhomme perdit son hu-
;

« Je me suis trouvé ,
dit-il ,
dans un château meur noire, n’eut plus de visions et évita le
où se manifestait un esprit familier qui depuis bûcher.
six ans avait pris soin de gouverner l’horloge et Bernard de Côme, inquisiteur de la foi au
d’étriller les chevaux. Je fus curieux un matin quinzième siècle, dit, dans son traité des stryges
d’examiner ce manège : mon étonnement fut ou sorciers, que la sorcellerie était de son temps
grand.de voir courir l’étrille sur la croupe du très-répandue. C’était la l auderie.
cheval , sans qu’elle parût conduite par aucune Bernard (Samuel). I'oij. Poule sotne.
main visible. Le palefrenier me dit que, pour Bernard de Thuringe, ermite allemand qui
attirer ce farfadet à son service, il avait pris une vers le milieu du dixième siècle annonçait la (in
petite poule noire, qu’il l’avait saignée dans un du monde. II appuyait son sentiment sur un pas-
grand chemin croisé que de ce sang il avait
; sage de l’Apocalypse qui porte qu’après mille
écrit sur un morceau de papier : « Bérith fera ans l’ancien serpent sera délié. Il prétendait que
ma besogne pendant vingt ans, et je le récom- ce serpent était l’Antéchrist; que par conséquent
penserai ;
qu’ayant ensuite enterré la poule à
» l’année 960 étant révolue, la venue de l’Anté-
un pied de profondeur, le même jour le farfadet christ était prochaine. Il disait aussi que, quand
avait pris soin de l’horloge et des chevaux , et le jour de l'annonciatiou de la sainte Vierge se
que de temps en "temps lui -même faisait des rencontrerait avec le vendredi saint, ce serait
trouvailles qui lui valaient quelque chose... » une preuve certaine de la fin du monde; celte
L’historien semble croire que ce lutin était prédiction a eu vainement des occasions de se
une mandragore. Les cabalislcs n’y voient autre vérifier *.

chose qu’un sylphe. Bernard le Tréviaan’, alchimiste du quin-


Berkeley, savant irlandais, supposé, nous — zième siècle, que quelques-uns croient avoir été
l’espérons, — que M. Michel Masson a repré- sorcier, né à l’adoue en I/1 O 6 . Il a beaucoup tra-
senté comme voulant usurper la puissance di- vaillé sur le grand œuvre et ses ouvrages inin- ,

vine et faire un géant haut, comme Og, de telligibles sont recherchés des alchimistes; ils

quinze pieds; il séquestra pour cela un enfant, roulent tous sur la pierre philosophale *.

et au moyen d’un régime alimentaire habilement


Voyez, dans les Légendes des saintes images l’En-
1

combiné, il fit grandir cet enfant, qui, en crois- fant dé chœur de Notre-Dame du Puy.
sant prodigieusement, devint inerte et stupide. 3 De phitosophia hermetica lib. IV. Strasbourg. ,

Le savant n’y prenait pas garde il voulait un ; 1567, 4 683 Nuremberg, 4 6 43.
;
Opus historico- —
géant, et il caressait l’espoir d’entendre dire un dogmaticum péri chumeias, cum J. -P. Pies libris
jour : Og, le roi de Bazan, est retrouvé. Le géant
tribus de au ro. Urséllis, 1598. In-8°. Traclatus —
de sirretissimo phitosophorum opéré cbimico et res-
de Berkeley a quinze pieds! Mais ce que Dieu ne ponsio adThomam de Btmonia. Baie, 1 600. Opuscula — ,

veut pas n’a pas lieu. La victime du savant. chimica de lapide phitosophorum, en français. An-

Oigitized by Google
, ,

BER — 05 — BÊT
Bernardi en Toscane, mor-
(Pierre), d’Aréia, respiration. Vers minuit il appela sa femme et
dait le nez et les oreilles de ceux qui l'appro- lui dit de promptement venir son confes-
faire
chaient, hurlait sans cesse comme une bêle fé- seur. Le prêtre était à peine dans la cour, que
roce et faisait la terreur de la contrée. On Berthold dit : — Mettez ici un siège, car le prêtre
l'exorcisa ; il déclara qu’il était possédé , et vient. — Le confesseur, étant entré, récita quel-
qu’on ne le délivrerait qu’en ôtant un maléfice ques prières, auxquelles Berthold répondit puis ;

caché sous sa porte. On ne voulut pas le faire ii tomba dans mie longue extase, et, quand il en

l>arce qu’on croyait que ces paroles étaient un sortit, il raconta un voyage que son àinc venait
mensonge du démon. Iæ savant Raggiolo, qui de en purgatoire, où il avait vu le roi dé-
faire
s'occupait de lui , parvint à contraindre le dé- funt et d'autres personnages. Après son récit
mon , qui fit en sortant des cris si effroyables il se remit à dormir et vécut encore quatorze
que l'église en fut ébranlée. Alors les parents ans*.
de Bernardi fouillèrent sous le seuil de sa porte; Berthomé du Lignon, dit Champagsiat, sor-
ils y trouvèrent, dans un linge, un morceau de cier jugé à Montmorillon , en Poitou , dans l'an-
peau d'âne chargé de caractères mystérieux, née 1599. avoua que son père l’avait mené au
Il

avec un os d’enfant et des cheveux de femme. sabbat dès sa jeunesse; qu’il avait promis au
Ils brfilèrent le tout, et la possession ne reparut diable son âme et son corps qu’à la Saint-Jean ;

pas. dernière, il avait vu un grand sabbat où le dia-


Berne (les moines de), Voy. Jetzer. ble faisait danser les gens en rond qu'il se met- ;

Bernold. Voy. Bebthold. tait au milieu de la danse en forme de bouc

Berquin (Louis), gentilhomme artésien, con- noir, donnant à chacun une chandelle allumée,
seiller de François 1"; entraîné par de mauvaises avec laquelle ils allaient lui baiser le derrière ;
mœurs, il se mit à déclamer contre les moi- que le diable lui octroyait à chaque sabbat qua-
nes et à donner dans le luthéranisme. Ses livres rante sous en monnaie, et des poudres pour faire
furent brûlés, et la protection du roi le sauva des maléfices; que, quand il le voulait, il appelait
seule d'une abjuration publique; mais on le re- le diable, qui venait à lui comme un tourbillon;
prit bientôt. Il se mêlait aux orgies des sorciers, que la nuit dernière il était venu le visiter en sa
plus fréquents que jamais depuis les excès de la prison et lui avait dit qu’il n’avait pas moyen de
réforme on le convainquit d’avoir adoré le dia-
; le tirerd’où il était. Il dit encore que le diable
ble et commis des actes abominables; on produi- défendait à tous les siens de prier Dieu, d’aller à
sit contre lui de si tristes griefs, que le roi n’osa la messe, de faire leurs Pâques, et que, pour lui,

plus le défendre, et il fut brûlé en place de il avait fait mourir plusieurs personnes et plu-
Grève le 17 avril 1529, sieurs bêtes au moyen des poudres qu’on lui

Berrid. Voy. Purgatoire. donnait au sabbat


Berson, docteur en théologie et prédicateur Berthomée de la Bedouche. Voy. Bonne-
visionnaire de la cour, sous Henri III. Il s'ima- vault (Malhurin).
ginait être Enoch, et il voulait aller porter Béruth. Voy. Béritii.
l’Évangile dans le Levant, avec un prêtre fla- Bète-bigourne. Voy. Ltcaxthropie.
mand qui se vantait d'être Élie. Taillepied dit Bêtes. Il y a dans les choses prodigieuses de
avoir entendu Berson prêcher cette bizarrerie ce monde beaucoup de bêles qui figurent avec
devant le frère du roi, à Château-Thierry '. distinction. Les bêtas ont été longtemps des in-
Berthe'. Voy. Robert, roi. struments à présages : les sorciers et les démons
Berthereau (Martine). Voy. Beausoleil. ont emprunté leurs formes, et souvent on a
Berthier (Guillaume-François), célèbre jé- brûlé des chats et des chiens dans lesquels on
suite, mort en 1782. Voltaire a publié la relation croyait reconnaître un démon caché ou une sor-
de la maladie, de la mort et de l’apparition du cière.

jésuite Berthier; mais ce n'est qu’une assez Dans campagnes, on cfTraye encore les en-
les

mauvaise plaisanterie. Le père Berthier vivait fants avec la menace de la Bile « sept tètes, dont
encore. l'imagination varie en tous lieux la laideur. L’o-
Berthold. Après la mort de Charles le pinion de cette bêle monstrueuse remonte à la
Chauve un bourgeois de Reims
, , nommé Bcr- Bile de l'Apocalypse. Selon quelques-uns, les
thold ou Bernold, gravement malade, ayant reçu sept têtes sont les sept péchés capitaux.
les sacrements, fut quatre jours sans prendre au-
Voyez ce récit dans les Légendes de l'autre
1

cune nourriture et se sentit alors si faible qu’à


, monde; il a été conservé par llincmar. arcliovèquo
peine lui trouvait-on un peu de palpitation et de de Reims, et reproduit par Letoyer, Disc, et hist.
des spectres, liv. VI, en. xui ; par dom Calmet,
vers, 1567. —
Bernardus redivivus, vel opus de c/ii- Traité sur les apparitions, ch. lxvi ; enfin par M. Ga-
mia, historiccedogmaticum , e gallico in latinum ver- rinel, Histoire de ta magie en France, p. 56.
sum. Francfort, 1635. - Discours sommaire des sortilèges et vcnéficcs
,
1
Psychologie ou Traité de l'apparition des esprits, tiré des procès criminels jugés au siège royal de Alont-
ch. ni. moritlon, en Poitou, en Tannée 1599, p. 39.
,

BET — 06 — BEU
Depuis les troubles des Cévennes , on a aussi jardin situé près d'un de ces puits. Tout à coup
effrayé les imaginations par l’image de la Bête ilaperçut une feuille blanche croissant sur une
du tiévaudan, qui n’est autre chose que la som- plante de betterave. Les Allemands regardent celle
bre Itérésie de cette contrée, laquelle produisait rencontre comme un signe de malheur, et le su-

les excès des calvinistes, entés sur les abomina- perstitieux ouvrier en eut l’esprit extrêmement
tions des Albigeois. frappé. En rentrant à la maison, il fit part à sa
Des personnes accoutumées aux visions extra- femme du nouveau présage et des sinistres pres-
ordinaires ont vu quelquefois des spectres de sentiments qui s'y rattachaient dans son esprit.
bêles. On sait la petite anecdote de ce malade Celle-ci entraîna aussitôt son mari dans le petit
à qui son médecin disait Amendez-vous,
: — enclos qui entourait leur demeure et lui montra
car je viens de voir le diable à votre porte. — une seconde feuille blanche de betterave qu'elle
Sous quelle forme? demanda le moribond. — avait également trouvée dans la matinée. Los deux
Sous celle d'un âne. —
Bon, répliqua le malade, :
époux, de plus en plus convaincus qu’un affreux
vous avez eu peur de votre ombre. malheur allait fondre sur eux, rentrèrent tout
Des doctes croient encore que les animaux, à tristes dans leur maison, et dînèrent silencieuse-
qui ils n’accordent point d’âme peuvent reve- ,
ment, livrés aux plus sombres pensées.
nir, eton cite des spectres de ce genre. » Après le repas , l'ouvrier retourna à son tra-
Meyer, professeur à l' université de Halle, vail. Au commencement de la soirée, quelques

dans son Essai sur Us apparitions, § 17, dit que personnes passant parla remarquèrent des vête-
les revenants et les spectres ne sont peut-être ments au bord de l'eau. N’apercevant pas de bai-
que les âmes des bêtes, qui , ne pouvant aller ni gneur, ils supposèrent qu'un malheur était arrivé.
dans le ciel ni dans les enfers, restent ici erran- L'eau fut draguée, et l'on retira le corps du mil-
tes et diversement conformées. Pour que celte heureux Allemand. On suppose qu'en se baignant
opinion eût quelque fondement , il faudrait il sera tombé dans quelque trou profond, et que,

croire, avec les péripaléticicns ,


que les bêtes ne sachant pas nager, il y aura trouvé la mort.
ont une âme quelconque ; ce qui n'est pas facile. » Mais voici le fait le plus curieux de celte sin-
I^s pythagoriciens sont allés plus loin ; ils ont gulière histoire. Le malheureux noyé avait une
cru que par la métempsycose les âmes passaient sœur à Brooklyn. Dans l'après-midi de la fatale
successivement du corps d'un homme dans ce- journée , elle fut frappée tout à coup d'une espèce
lui d'un animal. de sommeil somnambulique; elle vit son frère
Le père Bougeant, de la compagnie de Jésus, lutter contre l'eau qui allait l’engloutir; elle l’en-

dans un petit ouvrage plein d'esprit, Y Amuse- tendit appeler au secours. Quand elle se réveilla,

ment philosophique sur U langage des bêtes elle avait la figure brûlante et portait les signes
adopta par plaisanterie un système assez' sin- de la plus grande terreur. Elle raconta son rêve à
gulier. Il trouve aux bêtes trop d’esprit et de son mari elle lui dit qu’elle était décidée à aller
;

sentiment pour n’avoir pas un âme ; mais il pré- i Newark s’informer de son frère.
tend qu'elles sont animées par les démons les i> Son mari tâcha de retenir sa femme , dont
moins coupables, qui font pénitence sous cette l'étal d'excitation lui inspirait des inquiétudes. Il
enveloppe, en attendant le jugement dernier, lui représenta la folie de prêter ainsi foi à un
époque où ils seront renvoyés en une contrée songe et de s'alarmer sans sujet. Mais rien n'y
de l'enfer. Ce système est soutenu de la manière fit. La sœur partit pour Newark , et elle arriva

la plus ingénieuse : ce n'était qu’un amusement; précisément au moment où le cadavre du pau-


on le prit trop au sérieux. L'auteur fut grave- vre noyé était transporté dans sa demeure. Ses
ment réfuté, et obligé de désavouer publique- pressentiments ne l'avaient point trompée » !

ment des opinions qu’il n'avait mises au jour que Beurre. On croit dans plusieurs villages em-
comme un délassement. pêcher le beurre de se faire en récitant à rebours
Cependant le père Gaston de Pardies, de la le psaume Xolite Jieri ’. Bodin ajoute que, par
même société de Jésus, avait écrit quelque temps un effet d’antipathie naturelle, on obtient le même
auparavant quo les bêtes ont une certaine âme ', résultat en incitant un peu de sucre dans la
et on ne l’avait pas repris. Mais on pensa qu'au- crème et il conte qu'étant à Chelles, en Valois,
;

prèsde quelques esprits l'ingénieux amusement du il vil une chambrière qui voulait faire fouetter un

père Bougeant pouvait faire naître de fausses idées. petit laquais, parce qu'il l'avait tellement malé-
Betterave, plante potagère. Le Begisler de ficiéc en récitant à rebours le psaume cité , que
Newark, à l'occasion de la mort d'un jeune depuis le matin elle ne pouvait faire son beurre.
homme noyé dans les puits argileux d'Olivier- Le laquais récita alors naturellement le psaume,
strcet, raconte un fait qui s’est passé il y a quel- et le beurre se fil ’.

ques années au même endroit.


1 er
Thiers, Traité des superstitions t. 1 . Il n'y a
• Lu manoeuvre allemand travaillait dans un ,

pas de psaume A'otite fieri. Ce n'est qu'une division


1
Dans son Discours de ta connaissance du bêtu. du psaume 34.
2 Démonomanie des sorciers , liv II, ch.
Paris, 4* Million , 4696. I.

ygle
1 ,

BEU — 97 - BIE

Dans en- Beyrevra, chargé de le punir, lui coupa une tète


le Finistère, dit-on, l'on ensorcelle
core le On croit aussi dans ce pays que avec son ongle. Brahma, humilié, demanda par-
beurre.
si du beurre à saint Hervé, les bestiaux don, et le dieu Eswara lui promit pour le consoler
l'on ofTre
qui ont fourni la crème n’ont rien à craindre des qu'il ne serait pas moins respecté avec les quatre
loups, parce que ce saint, étant aveugle, se faisait têtes qui lui restaient qu'il ne l’était auparavant
guider par un loup avec cinq têtes.
Beurre des sorcières. Le diable donnait aux Bézuel. Voy. Df.sfontaines.
sorcières de Suède, entre autres animaux destinés Bhargheist ou Bhar-geist spectre errant ,

à les servir, des chats qu'elles appelaient cmpor- connu des Teutons. Les Anglais le voient encore
teurs, parce qu’elles les envoyaient voler dans le quelquefois dans le Yorkshirc.
voisinage. Ces cmporleurs, qui étaient très-gour- Bibésia. C’était dans la mythologie païenne
mands profitaient de l’occasion pour se régaler que Boileau admirait si niaisement, la déesse pro-
,

aussi . et quelquefois ils s’emplissaient si fort le tectrice des buveurs et des ivrognes.
ventre, qu'ils étaient obligés en chemin de rendre Bible du diable. C’est sans doute le grimoire
gorge. Leur vomissement se trouve habituelle- ou quelque autre fatras de ce genre. Mais Delancrc
ment dans les jardins potagers. « Il a une couleur dit que le diable fait croire aux sorciers qu’il a sa
aurore , et s’appelle le beurre des sorcières » Bible , ses cahiers sacrés , sa théologie et ses pro-
Beverland (Adrien), avocat hollandais de Mid- fesseurs; et un grand magicien avoua, étant sur
dei bourg, auteur des Recherches philosophiques sur la sellette au parlement de Paris, qu’il y avait à

le péché originel *, pleines de grossièretés infâmes. Tolède soixante-treize maîtres en la faculté de


Les protestants mêmes, ses coreligionnaires, s’en magie, lesquels prenaient pour texte la Bible du
indignèrent cl mirent- cet homme en prison à diable’.
Leyde ; il s’en échappa et mourut fou à Londres Bibliomancie divination ou sorte d’épreuve
,

en 1712. Sa folie était de se croire constamment employée autrefois pour reconnaître les sorciers.
poursuivi par deux cents hommes qui avaient juré Elle consistait 5 mettre dans un des cùlés d’une
sa mort ‘. balance la personne soupçonnée de magie, eldans
Beyrevra démon ,
indien , chef des âmes qui l’autre la Bible si la personne pesait moins elle
; ,

errent dans l’espace changées en démons aériens. était innocente; si elle pesait plus, elle était jugée
coupable; ce qui ne manquait guère d’arriver,
car bien peu d’in-folio pèsent un sorcier.
On consultait encore la destinée ou le sort en
ouvrant la Bible avec une épingle d’or, et en tirant
présage du premier mot qui se présentait.
Bietka. Il y avait en 1597 h Wilna, en Pologne,
une fille nommée Bietka, qui était recherchée par
un jeune homme appelé Zacharie. Les parents de
Zacharie ne consentant point h son mariage il ,

tomba dans la mélancolie et s’étrangla. Peu de


temps après sa mort il apparut à Bietka lui dit ,

qu’il venait s’unir à elle et tenir sa promesse de


mariage. Elle se laissa persuader le mort l’épousa
;

donc, mais sans témoins. Celte singularité ne de-


meura pas longtemps secrète, on sut bientôt le
mariage de Bietka avec un esprit on accourut de ,

toutes parts pourvoir la mariée; et son aventure


lui rapporta beaucoup d’argent, car le revenant

se montrait et rendait des oracles mais il ne ;

On dit qu'il a de grands ongles très-crochus. donnait ses réponses que du consentement de sa
Brahma ayant un jour insulté un dieu supérieur, femme qu’il fallait gagner. Il faisait aussi beau-
,

coup de tours; il connaissait tout le présent, et


1
Cambry, Voyage dam te Finistère, t. I, p. 1
prédisait un peu l’avenir.
et <5.
5 Bekker, Le monde enchanté, liv. IV, ch. Ï9.
Au bout de trois ans, un magicien italien, ayant
3Hadriani Beverlandi pecralum originale ohilolo- laissé échapper depuis cette époque un esprit qu’il
gice elueubrntum, a Themidis alumno, Eleutheropoli avait longtemps maîtrisé, vint en Pologne, sur le
in horto llesperidum, tapis Adami et Evœ, terra fil. bruit des merveilles de l’époux de Bietka; il re-
ln-8°, t678. La Justa detestatio libelli sceleratissimi
connut que le prétendu revenant était ledémon qui
Hadriani Beverlandi de peccnlo originali, in-8", Go-
lui appartenait il le renferma de nouveau dans
rinchemii, tS80, est une réfutation do cet écrit dé- ;

testable, dont on a publié en t73i, in-li, une imi- une bague, et le remporta en Italie, en assurant
tation mêlée de contes aussi méprisés.
4 Gabriel Peignot, Dictionnaire des litres con- 1 Delancre, Incrédulité et mécréance du sorti-
damnés au feu. lège, etc., traité VII. Voyez Universités occultes.
BIP — 98 — UIR

qu’il eût causé de très-grands maux en Pologne grès mélancoliques deviennent quelquefois sor-
s’il l’y eut laissé *. De que la pauvre Bietka
sorte ciers ou billis ; le diable s’empare d’eux dans leurs
en fut pour trois années de mariage avec un accès de tristesse, et leur apprend alors, disent-
démon. ils, à faire des maléfices et à connaître les vertus

Le fait est raconté par un écrivain qui croit fer- des plantes magiques.
mement seulement
à ce prodige, et qui s’étonne Binet (Benjamin), auteur du petit volume inti-
de ce que ce démon était assez matériel pour faire tulé Traité des dieux et des démons du paganisme,
tous les jours scs trois repas. Dns critiques n’ont avec des remarques critiques sur le système de
vu là qu'une suite de supercheries, à partir de Bekker. Delft, 1696, in-12.
la prétendue strangulation de l’homme qui fit en- Binet (Claude). On recherche de Claude Binet,
suite le revenant. avocat du seizième siècle, les Oracles des douze
Bifrons, démon qui paraît avec la figure d'un sibylles, extraits d'un livre antique, avec les figures

monstre. Lorsqu’il prend forme humaine, il rend des sibylles portraites au vif, par Jean Babel, tra-
l’homme savant en astrologie, et lui enseigne à duit du latin de Jean Dorât en vers français. Pa-
connaître les influences des planètes ; il excelle ris, 1586, in-folio.
Biragues (Flaminio de), auteur d'une facétie
intitulée T Enfer de la mère Cardine
traitant de ,

l’horrible bataille qui futaux enfers aux noces


du portier Cerbcrus et de Cardiue. In-8% Paris,
1585 et 1597. C’est une satire qui no tient que
si on le veut bien à la déinonographie. P. Didot

l’a réimprimée à cent exemplaires eu 1793. L'au-

teur était neveu du chancelier de Frauce René


de Biragues.
Birck (Humbert), bourgeois d'Oppenhcim
dont l'àmc revint après sa mort, en 1620, et se
dans la géométrie; il connaît lest erlusdes herbes,
manifesta, comme les esprits frappeurs, pour ob-
des pierres précieuses et des plantes il trans- ;

tenir des messes, ce qu’on lui accorda; après


porte les cadavres d'un lieu à un autre. On l’a vu
quoi il ne revint plus *.
aussi allumer des flambeaux sur les tombeaux des
Biron. Le maréchal de Biron que Henri IV
morts. Il a vingt-six légions à ses ordres. ,

lit décapiter pour trahison en 1602, croyait aux


Bifrost. L'Edda donne ce nom à un pont tri-
prédictions. Pendant le cours de son procès il
colore qui va de la terre aux deux et qui n’est
,
,

que l’arc-en-ciel , auquel les Scandinaves attri-


buaient la solidité. Ils disaient qu’il est ardent
comme un brasier, sans quoi les démons l'escala-
deraient tous les jours. Ce pont sera misen pièces
à la lin du monde, après que les mauvais génies
sortis de l'enfer l’auront traversé à cheval. léoy.
Suimin.
Bigois ou Bigotis, sorcière toscane qui, dit-
on, avait rédigé un savant livre sur la connais-
sance dus pronostics donnés par les éclairs cl le
lonnerrc.Ce savant livre est perdu, et sans doute
Bigoïs est la même que Bagoé.
Bigourne. l'oy. Lïcanthropie.
Bilis. ,cs Madécasses désignent sous ce nom
I

certains démons qu'ils appellent aussi anges du


septième ordre.
Billard (Pierre), né dans le Maine en 1653,
mort en 1736, auteur plat d'un volume in-12 in-
titulé la Bêle à sept tites , qui a paru en 1693. Cet
ouvrage lourd dirigé contre les jésuites est très-
, ,

niais. Selon Pierre Billard , la bête à sept têtes


prédite par l'Apocalypse était la société de Jésus.
L’auteur mourut à Charenton.
Billis, sorciers redoutés en Afrique, où demanda de quel pays était le bourreau. On lui

empêchent le riz de croitre cl de mûrir. Les uè-


ils
répondit qu’il était Parisien. — Bon, dit-il. —
1 Adrien Regenvolsius, Systema historico-chrono-
Et il s’appelle Bourguignon. — Ah! je suis perdu I

logicum ccclesiurum tclavomcarnm. Ulrccht, 1652, ' Voyez son histoire dans les Légendes des esprits
p. 95. et démons.

Digitized by Google
1

bis — 99 — BI.O

s’écria le maréchal ; on m'a prédit que si je pou- Bitra, démon. I oy. Sïtbv.
vais éviter par derrière le coup d’un Bourgui- !
Biaise de Vilfracnria, femme qui magnéti-
gnon je serais roi. sait en Lorraine, avant que l'on connût le nom
,

M. Chabot de Bouin a écrit très-agréablement I

du magnétisme. Rcmi conte dans sa Démona-


celte légende , développée dans l’Almanach pro- trie qu’en 1689 un homme qui venait lui faire

phétique de 1846. des réclamations fut invité par elle à manger des
Biscar (Jeannette), sorcière boiteuse du La- pommes quelle faisait cuire. La première pomme
bourd ,
que lo diable en forme de bouc , trans-
,
qu’il prit, toute brûlante, s’attacha à sa main;

portait au sabbat, où, pour le remercier, elle il voulut l’arracher de l'autre main qui se trouva
,

faisait, au dire de Delancre , des culbutes cl des prise aussi. 11 sortit en poussant des cris de dou-
cabrioles. leur. Les voisins lui dirent qu’il devait re-
Biscayens, vagabonds de l’espèce des bohé- tourner à la femme qui lui avait donné sa pomme.
miens. Ils disaient la bonne aventure dans les Biaise se moqua de lui, et lui fit sur les
villages. bras des passes qui ôtèrent la douleur en fai-
Bisclavaret. C'est le nom que donnent les sant tomber la pomme. Elle appelait sa malice
Bretons au loup-garou. C’est souvent uni renard une farce.
j

Blanc (M. Hippolyte), auteur d’un livre inti-


tulé De l’inspiration des Camisards, recherches
nouvelles sur les phénomènes extraordinaires
observés parmi les protestants des Cévennes à
la fin du dix-septième et au commencement du
dix-huitième siècle, pour servir à l'intelligence
de certaines manifestations modernes, ln-12,
1859. Henri Plon , éditeur. Ce savant travail éta-
blitpar d'incontestables faits la part démoniaque
de ces inspirations.
Blanc d'oeuf (Divination par le), l’oyct
OOMANCIE.
Blanchard (Élisabeth), une des démoniaques
' de Loudun. Elle se possédée de plusieurs
disait
et quelquefoisun loup qui se jette devant les ,
démons; Astaroth, Belzébuth, Pérou et Ma-
chevaux des chasseurs et les effraye. On croit !

rou, etc. I oy. Loudun.


que cet animal est un sorcier qui en a pris la Blasphème. Souvent il est arrivé malheur
forme; cl dans les temps passés, si une châte- aux gens grossiers qui blasphémaient. On en a
laine inconnue venait offrir des ralTralchissements
vu, dans des accès de colère, mourir subite-
ment. Étaient-ils étoufTés par la colère? ou frap-
pés d’un coup d’apoplexie? ou châtiés par une
puissance suprême? ou, comme on l’a dit quel-
quefois, étranglés par le diable? Torquetnada
parle, dans la troisième journée de son Hexamê-
ron, d’un blasphémateur qui fut tué un jour par
le lonnerre, et l’on reconnut avec stupeur que
la foudre lui avait arraché la langue. Si c’est un

hasard, il est bien singulier.


Blendic. On exorcisa à Soissons, en 1582,
cinq énergumènes. La relation de leurs réponses
et de leurs convulsions a été écrite par Charles
Blendic, Artésien.
aux chasseurs 4 l’instant où le Bisclavaret s'é- Bletton (Barthélemy), hydroscope qui vers ,

tait montré on la prenait pour une fée et ou se


, la fin du siècle dernier, renouvela à Paris les
M. Edouard d’Anglemont a con-
défiait d'elle. prodiges de la baguette divinatoire appliquée à

sacré une de ses légendes poétiques au Bis- la recherche des sources et des métaux. Sa gloire
clavaret. s’est promptement évanouie, l'oy. Baguette di-
Bithies sorcières fameuses chez
,
les Scythes. vinatoire et Beausoleil.
Pline dit qu'elles avaient le regard si daugereux, Bloemardine femme de Bruxelles qui, au
,

qu'elles pouvaient tuer ou ensorceler ceux qu'elles commencement du quatorzième siècle, troubla
fixaient. Elles avaient à l’un des yeux la prunelle le Brabant, où elle établit une sorte de saint-
double l’autre prunelle
,
était marquée de la fi- simonisme, abolissant le mariage et les mœurs,
gure d’un cheval *. et donnant à ses disciples dissolus le nom de
' Pline, liv. VU, ch. U. frères et de sœurs du libre esprit. Elle avait un
7.
BLO — 100 — BI.0

faiileiiil d'argent que ses adeptes regardaient furent arrêtées


, et
quinze enfants se trouvèrent
comme un talisman puissant en prodiges*. mêlés dans ces débats.
Blokula. Vers l’année 1070, il y eut en Suède, On disait que les sorcières se rendaient de
au village de Mohra, dans la province d'Elfda- nuit dans un carrefour, qu’elles y évoquaient le
len, une affaire de sorcellerie qui fit grand Bruit. diable à l'entrée d'une caverne en disant trois
On y envoya des juges. Soixante-dix sorcières fois: « Antesser! viens, et nous porte à Blo-
furent condamnées à mort; une foule d’autres kula I »

C’était le lieu enchanté et in- piqûre au doigt et si-


connu du vulgaire où se faisait gnent de leur sang un
le sabbat. Le démon Antesser engagement ou pacte;
leur apparaissait sous diverses on les baptise ensuite
formes, mais le plus souvent en justaucorps nu nom du diable, qui leur donne des raclures
gris,avec des chausses rouges ornées de ru- de cloches. Ils les jettent dans l'eau en disant
bans, des bas bleus, une barbe rousse, un cha- ces paroles abominables « De même que cette
:

peau pointu. Il les emportait à travers les airs à raclure ne retournera jamais aux cloches dont
Blokula, aidé d'un nombre suffisant de démons, elle est venue, que mon ûme ainsi ne puisse ja-
pour la plupart travestis en chèvres; quelques mais entrer dans le ciel!... »
sorcières plus hardies accompagnaient le cortège La plus grande séduction que le diable emploie
h cheval sur des manches à balai. Celles qui est la bonne chère, et il donne à ces gens un
menaient des enfants plantaient une pique dans superbe festin, qui se compose d'un potage aux
le derrière de leur chèvre tous les enfants s’y
; choux et au lard.de bouillie d'avoine, de beurre,
perchaient à califourchon à la suite de la sor- de lait et de fromage. Après le repas ils jouent
,

cière, et faisaient le voyage sans encombre. et se battent ; et si le diable est de bonne hu-
Quand ils sont arrivés à Blokula, ajoute la re- meur, il les rosse tous avec une perche , o en-
lation,on leur prépare une fêle; ils se donnent suite de quoi il se met à rire à plein ventre ».
au diable, qu’ils jurent de servir ; ils se font une D’autres fois il leur joue de la harpe.
1
Voyez son histoire aux Légendes des femmes Les aveux que le tribunal obtint apprirent que
dans la vie réelle. les fruits qui naissaient du commerce des sor-

j by C.OO
,,
, h

BOB — 101 — BOD


cières avec les démons étaient des crapauds ou des trois jours qui précédèrent sa première inesse
des serpents. Des sorcières révélèrent encore dans l'église de Sibourou Siboro (car ce malheu-
cette particularité, qu'elles avaient vu quelque- reux était prêtre) et comme on lui demandait
; ,

fois le diable malade, et qu’alors il se faisait pourquoi il disait plutôt la messe au sabbat qu’à
appliquer des ventouses par les sorciers de la i'église, il répondit que c’était pour s'essayer et
compagnie. voir s'il ferait bien les cérémonies. Sur la déposi-
Le diable enfin leur donnait des animaux tion de soixante-dix témoins, qui déclaraient l’a-
qui les servaient et faisaient leurs commissions: voir vu au sabbat chantant la messe du diable, il fut
à l'un un corbeau, à l'autre un chat, qu’ils ap- condamné à mort après avoir été dégradé. Lors-
pelaient emporteur, parce qu’on l’envoyait voler qu’il allait être exécuté (il n'avait que vingt-sept
ce qu’on désirait et qu'il s’en acquittait habile- ans), il était tellement tendu à rendre son âme au
ment. Il leur enseignait à traire le lait par diable auquel il l'avait promise, que jamais il ne
charme, de celle manière le sorcier plante un : sut dire ses prières au confesseur qui l'en pres-
couteau dans une muraille, attache à ce couteau sait. Les témoins ont déclaré que la mère les ,

un cordon qu’ih tire comme le pis d’une vache soeurs et tous les membres de la famille Bocal
et les bestiaux qu'il désigne dans sa pensée sont étaient sorciers et que quand il tenait le bassin
,

traits aussitôt jusqu’à épuisement.


Ils employaient des offrandes, au sabbat, il avait donné l’argent
le même moyen pour nuire à leurs ennemis, qui desdiles offrandes à sa mère, en récompense,
soutTraicnt des douleurs incroyables pendant tout sans doute, de ce qu’elle l’avait dès sa naissance
le temps qu'on lirait le cordon. Ils tuaient même voué au diable, comme font la plupart des autres
ceux qui leur déplaisaient en frappant l’air avec mères sorcières’. Migaléna, mère de ce malheu-
un couteau de béis. reux, âgée de soixante et un ans, fut exécutée
Sur ces aveux on brûla quelques centaines de avec lui.
sorciers sans que pour cela il y en eût moins en
, Bodeau (Jeanne), sorcière du même pays de
Suède * i mais ce qui est surprenant, c'est que Labourd. Au rapport de Pierre Delancrc, elle
les mêmes scènes de magie se reproduisent en raconta qu’à l’ab 'minable cérémonie appelée la
Suède de nos jours. I ’oy. Magie. messe du sabbat, on faisait l'élévation avec une
Bobin (Nicolas), sorcier jugé à Montmorillon, hostie noire de forme triangulaire ’, et le salut de
en Poitou, dans l’année 1599. 11 fit à peu près celte élévation était Corbeau noir! corbeau
:

la même confession que Berthomé du Lignon. Il noir ! crié trois fois.


était allé comme lui au sabbat , et s'était donné Bodilis. Cambry, dans son Voyage, au Finis-
au diable qui lui avait fait renier Dieu , le bap-
,
tère, parle de la merveilleuse fontaine de Bodilis,
tême et ses parents. Il conte qu'après l'offrande à trois quarts de lieue de Landivisiau. Les habi-
le diable se montrait quelquefois en forme tants croient qu'elle a la propriété d’indiquer si

d’homme noir ayant la voix cassée d'un vieillard; une jeune fille n'a pas fait de faute. Il faut déro-
que ,
quand il appelait le diable , il venait à lui ber à celle dont on veut apprécier ainsi la sagesse
en homme
ou en bouc; que, lorsqu’il allait au l'épine qui attache sa collerette en guise d'épin-
sabbat, il y était porté par un vent; qu’il y ren- gle , et la poser sur la surface de l’eau tout va :

dait compte de l'usage de ses poudres, qu’il avait bien si elle surnage mais si elle s’enfonce, c'est
;

toujours fidèlement employées à mal faire; qu’il qu’il y a blâme.


portail la marque du diable sur l’épaule que ;
Bodin (Jean), savant jurisconsulte et démono-
quand il donnait des maladies il les donnait au , graphe angevin, mort de la peste eu 1596. L’ou-
nom du diable et les guérissait au même nom; vrage qui fit sa réputation fut sa République , que
qu'il en avait fait mourir ainsi , et guéri plu- laHarpe appelle le germe de V Esprit des lois. Sa
sieurs ’... Démonomanie lui donne ici une place. Mais il est
Bobou, l'un des grands elfs. Il préside aux de juger Bodin. On lui attribue un livre
difficile

vents tempétueux de l'automne, s'assied la nuit intitulé Cotloquium licplaplomeron de abditis re-
sur les tilleuls et en casse les branches. Lorsqu’on ru m sublimium airains, dialogues en six livres, où
voit , en Écosse , une de ces branches cassée sept interlocuteurs de diverses religions disputent
tordue, ou éclatée d’une certaine manière, on sur leurs croyances, de manière que les chrétiens
dit ; a C'est la branche à Bobou » et on n’ose , cèdent souvent l'avantage aux musulmans, aux
pas la toucher. aux déistes. Aussi i’on a dit que B' lin était
juifs,
Bocal , sorcier qui fut arrêté à vingt-sept ans à la fois protestant, déiste, sorcier, juif et athée.
dans le pays de Labourd sous Henri IV, comme ,
Pourtant, ces dialogues sont-ils vraiment de lui?
convaincu d’avoir été vu au sabbat, vêtu en prêtre On ne les connaît que par des copies manus-
et servant de diacre ou de sous-diacre, les nuits crites, car ils n’ont jamais été imprimés. — Sa
Démonomanie des sorciers parut in-!;*, à Paris, en
Bekker. le Monde rnehantê.
1

* Discours sommaire des sortilèges et vénéfices, 1


Delancrc, Tableau de t'inconst. des démons, etc.,
tirés des procès criminels jugés au siège ruyal de liv. VI, p. ISO.
UontmoriUon en Poitou en Cannée 1 599 p. 90
, , .
. . * Ibid., liv. VI. dise. ni.

Digitized by Google
, ,

BOD — 102 — BOE


1501; on en a fait des éditions sous le titre de Boëce, l'un des plus illustres Romains du
Fléau det démons et des sorciers (Niort, 1616). sixième siècle, auteur des Consolations de la phi-
Cet ouvrage est divisé en quatre livres : tout ce losophie. Il dans ses moments de loisir,
s’amusait ,

qu’ils contiennent de curieux est cité dans ce à faire des instruments de mathématiques, dont
dictionnaire. il envoya plusieurs pièces au roi Clotaire. Il avait

L'auteur définit le sorcier celui qui se pousse construit des cadrans pour tous les aspects du
ilquelque chose par des moyens diaboliques. 11 soleil , et des clepsydres qui , quoique sans roues
démontre que les esprits peuvent s’associer et sans poids et sans ressorts, marquaient aussi le
commercer avec les hommes. Il trace la diffé- cours du soleil de la lune et des astres , au moyen
,

rence d’humeur et de formes qui distingue les d’une certaine quantité d’eau renfermée dans une
bons esprits des mauvais. Il parle des divinations boule d'étain qui tournait sans cesse, entraînée,
que les démons opèrent, des prédictions licites dit-on par sa propre pesanteur. C’était donc le
,

ou illicites. mouvement perpétuel. Théodoric avait fait pré-


Dans le livre II , il recherche ce que c’est que sent d’une de ces clepsydres à Gondebaud, roi
la magie il fait voir qu’on peut évoquer les ma-
; des Bourguignons. Ces peuples s’imaginèrent que
lins esprits, faire pacte avec le diable, être porté quelque divinité, renfermée dans celle machine,
en corps au sabbat, avoir, au moyen des dé- lui imprimait le mouvement : c'est là sans doute
mons , des révélations par extase se changer en , l’origine de l'erreur où sont tombés ceux qui l'ont
loup-garou il termine par de longs récits qui
; accusé de magie. Ils en donnent pour preuves ses
prout enl que les sorciers ont pouvoir d'envoyer automates ; car on assure qu’il avait fait des tau-
les maladies, stérilités, grêles et tempêtes, et de reaux qui mugissaient, des oiseaux qui criaient
tuer les bêles et les hommes. 1
et des serpents qui sifflaient. Mais Delrio dit que
traite des maux que peuvent faire
Si le livre II ce n’est là que de la magie naturelle, c’est-à-dire
les sorciers,on voit dans le livre III qu'il y a de la mécanique.
manière de les prévenir qu'on peut obvier aux
: Boehm (Jacob), né en 1575, dans la haute
charmes et aux sorcelleries que les magiciens ;
Lusace. De cordonnier qu'il était il se fit alchi-
guérissent les malades frappés par d’autres ma- miste, homme à extases et chef d’une secte qui
giciens. Il indique les moyens illicites d'empê- eut le nom de boehmistes. Il publia, en 1612, un
cher les maléfices. Rien ne lui est étranger. Il livre de visions cl de rêveries, intitulé l'Aurore
assure que, par des tours de leur métier, les naissante, que l'on poursuivit. Il expliquait le
magiciens peuvent obtenir les faveurs des grands système du monde par la philosophie hermé-
et de la fortune, les dignités, la beauté et les tique, et présentait Dieu comme un alchimiste
honneurs. occupé à tout produire par distillation. Les écrits
Dans le livre IV, il s'occupe de la manière de de cet illuminé , qui forment plus de cinquante
poursuivre les sorciers, de ce qui les fait recon- volumes inintelligibles, ne sont pas connus en
naître, des preuves qui établissent le crime de France, excepté ce que Saint-Martin en a tra-
sorcellerie , des tortures , comme excellent moyen duit l'Aurore naissante, Us Trois principes et
:

de faire avouer. Un long chapitre achève l'œuvre la Triple vie. Ce songe-creux était anlhropomor-
sur les peines que méritent les sorciers. Il con- phile ’ et manichéen ; il admettait pour deuxième
clut à la mort cruelle; et il dit qu’il y en a tant, principe du monde la colère divine ou le mal,
que les juges ne suffiraient pas à les juger ni les qu’il faisait émaner du nez de Dieu. On re-
bourreaux à les exécuter. « Aussi, ajoute-t-il, cherche, parmi ses livres d’alchimie, son Miroir
n’advient-il pas que de dix crimes il temporel de T éternité, ou de la Signature des
y en ait un
puni par les juges, et ordinairement on ne voit choses, traduit en français, in -8*, Francfort,
que des bélîtres condamnés. Ceux qui ont des 1669 *. Ses doctrines philosophiques ont conser-

amis ou de l’argent échappent. » vée des partisans en Allemagne.


L'auteur consacre ensuite une dissertation à Bœuf. Le bœuf de Moïse est un des dix ani-
réfuter Jean Wicrus, sur ce qu’il avait dit que maux que Mahomet place dans son paradis.
les sorciers sont le plus souvent des malades ou
des fous, et qu'il ne fallait pas les brûler. — « Je
lui répondrai, dit Bodin, pour la défense des

juges, qu'il appelle bourreaux, h


L’auteur de la Démonomanie avoue que ces
horreurs lui font dresser le poil en la tête et il ,

déclare qu’il faut exterminer les sorciers et ceux


qui en ont pitié, cl brûler les livres de Wicrus'.
Bodry. l oi/. Revenants.
1
Disquisition. magic., p. 40.
1
Jonnnis IlcuUni unirersœ naturœ theatrum, in 2 Les anlhropomorphiles étaient des hérétiques
quo rerum omnium effectrices causer et fines contem- qui donnaient à Dieu la forme humaine.
plantur. ln-8». Lugdmii Roussin. 1596.
,
On peut voir encore Jacobi Boehmi . alias dicti

Digitize

J
,

BOG — 103 — BOG


On attache à Marseille quelques idées supers- ont eu l’honneur d’être ensevelis aux pieds du
titieuses au bœuf gras qu'un promène, dans cette grand arbre-dieu. Ses feuilles sont un excellent
ville, au son des flûtes et des timbales, non pas, préservatif contre tout maléfice et sortilège.Un
comme partout, le jour du carnaval, mais la veille nombre considérable de huttes l'environnent pour
recevoir les pèlerins; et les habitants plantent
partout de petits bogahas, sous lesquels ils pla-
cent des images et allument des lampes. Cet
arbre, au reste, ne porte aucun fruit et n'a de
recommandable que le culte qu’on lui rend.
Bogarmiles, Bogomiles et Bongomiles.
Sorte de manichéens qui parurent à Constanti-
nople au douzième siècle. Ils disaient que ce
n’est pas Dieu mais un mauvais démon qui a
,

créé le monde. Ils étaient iconoclastes.


Boggart, lutin pygmée do l’espèce des Cluri-
caunes, souvent méchant. Il est connu en Irlande,
Voyez la légende d’un de ces esprits dans les
Légendes des esprits et des démons.
et le jour de la Fête-Dieu. Des savants ont cm
voir là une trace du paganisme; d'autres ont pré-
Bogies, lutins écossais, de l'espèce des Ko-
bolds et des Gobelins.
tendu que un usage qui remontait au bouc
c'était
Boglia. Les indigènes de l'Australio donnent
émissaire des Juifs. Mais Itufli, dans son Histoire de
le nom de Boglia à l'honune endiablé que nous
Marseille, rapporte un acte du quatorzième siècle
appelons un sorcier.
qui découvre l'origine réelle de cette coutume.
I.es confrères du Saint-Sacrement, voulant réga-
Boguet (Henri), grand jugo do la terre de
Saint-Claude au comté de Bourgogne, mort en
ler les pauvres, achetèrent un bœuf et en aver-
tirent le peuple en le promenant par la ville. Ce
1619, auteur d’un livre plein d'une crédulité
souvent puérile et d’un zèle outré contre la sor-
festin fit tant de plaisir qu'il se renouvela tous
les ans; depuis il s'y joignit de petites croyances.
cellerie. Ce livre, publié au commencement du
Les vieilles femmes crurent préserver les enfants
de maladie en leur faisant baiser ce bœuf; tout
le monde s’empressa d’avoir de sa chair, et on

regarde encore aujourd'hui comme très -heu-


reuses les maisons à la porte desquelles il veut
bien , dans sa marche, déposer ses déjections.
Parmi les bêtes qui ont parlé on peut comp- ,

ter les bœufs. Fulgose rapporte qu'un peu avant


la mort de César un bœuf dit à son maître qui

le pressait de labourer « Les hommes man-: —


queront aux moissons, avant que la moisson
manque aux hommes. »

On voit dans Tite-Live et dans Valèrc-Maxime


que pendant la deuxième guerre punique un bœuf
cria en place publique : —
« Rome prends garde

à toi » ! —
François de Torre-Blanca pense que
,

ces deux bœufs étaient possédés de quelque dé-


mon '. Le père Engelgrave (Lux evnngelica,
page 286 des Dominicales) cite un autre bœuf qui
a parlé, l'oy. Bhumotu.
Bogaba, arbre-dieu de l'Ile de Ccylan. On
conte que cet arbre traversa les airs afin de se
rendre d'un pays très -éloigné dans celte île
sainte; qu'il enfonça ses racines le sol pour dans
servir d'abri au dieu Bouddha, et qu'il le couvrit
de son ombrage tout le temps que ce dieu de- dix-septième siècle, est intitulé Discours des sor-
meura sur la terre. Quatre-vingt-dix-neuf rois ciers, avec six avis en fait de sorcellerie et une
instruction pour un juge en semblable matière'.
tculunici philosopbi , davis jnæcipuarum sérum çuir
in rrliquis suis seriptis occurrunl pro incipientibus ad
1
Un vol. Paris, 4 603; Lyon, 4602, 4607,
in-8°.
u tlrrinrrm considérât ionem révélai ioni s divinœ con- 4608, 4610; Rouen, 4606. Toutes res éditions sont
ieripta. 4624, un vol. in- 4°. très-rares, parce que In famille de Boguet s'efforça
' Lpt1 deUctor. si ve de magia lib. U, cap. xv. d'en supprimer les exemplaires.
, . ,

BOG — 104 — BOH


C'est une compilation des procédures aux- l’œuvre du démon ; les blasphèmes et impréca-
quelles, comme juge, l’auteur a généralement tions sont encore des indices. On peut poursuivre
présidé. On y trouve de Louise Maillai,
l'iiistoire enfin sur clameur publique.
la

possédée de cinq démons à l’âge de huit ans; de 6" Les fascinations, au moyen desquelles les
Françoise Secrétain, sorcière, qui avait envoyé sorciers éblouissent les yeux faisant paraître les ,

lesdits démons; des sorciers Gros-Jacques etWil- choses ce qu'elles ne sont pas, dormant des mon-
lermoz, dit le Baillu de Claude Gaillard, de Ro-
; naies de corne ou de carton pour argent de bon
lande Duvemois et de quelques autres. L'auteur aloi, sont ouvrages du diable; et les fascina-
détaille les abominations qui se font au sabbat ; teurs, escamoteurs et autres magiciens doivent
il dit que les sorciers peuvent faire tomber la être punis de mort.
grêle, ce qui n’est pas; qu'ils ont une poudre Le volume de Boguet est terminé par le code
avec laquelle ils empoisonnent, ce qui est vrai; des sorciers. I o y. Code
qu’ils se graissent les jarrets avec un onguent Bogounskis, mauvais esprits russes, qui dan-
pour s'envoler au sabbat; qu'une sorcière tue sent la nuit sur le lac de Goplo et quelquefois sur
qui elle veut par son souille seulement; qu’elles la Vistule.

ont mille indices qui les feront reconnaître : par Bohémiens. 11 n’y a personne qui n'ait en-
exemple ,
que la croix de leur chapelet est cas- tendu parler des Bohémiennes et de ces bandes
sée qu'elles ne pleurent pas en présence du juge
,
vagabondes qui, sous les noms de Bohémiens, dè
quelles crachent à terre quand on les force à re- Biscaîens et d'Égyplicns ou Gitanos , se répan-
noncer au diable, qu’elles ont des marques sous dirent au quatorzième siècle sur l'Europe, dans
leur chevelure, lesquelles se découvrent si on l’Allemagne surtout, la Hollande, la Belgique, la

les rase que les sorciers et les magiciens ont le


;
France et l’Espagne, avec la prétention de pos-
talent de se changer en loups; que sur U simple séder l’art de dire la bonne aventure et d’autres

soupçon mal lavé d’avoir été au sabbat, même secrets merveilleux. Les Flamands les nommaient
sans autre maléfice, on doit les condamner; que heyden, c’est-à-dire païens, parce qu'ils les re-
tous méritent d'être brûlés, et que ceux qui ne gardaient comme des gens sans religion. On leur
croient pas à la sorcellerie sont criminels. C’est donna divers autres sobriquets.
un peu trop violent, mais il faut remarquer qu'en Les historiens les ont fait venir, sur de simples
ces choses ce n’était pas le clergé qui était sé- conjectures, de l’Assyrie, de la Cilicie, du Cau-
vère ; c’étaient ces juges laïques qui se montraient case, de la Nubie, de l’Abyssinie, de la Chaldée.
violents et féroces. Bellon, incertain de leur origine, soutient qu’au
A la suite de ces discours viennent les Six avis, moins ils n’étaient pas Égyptiens ; car il en ren-
dont voici le sommaire :a contra au Caire, où ils étaient regardés comme
1* Les devins doivent être condamnés au feu, étrangers aussi bien qu'en Europe. Il eût donc

comme les sorciers et les hérétiques, et celui qui été plus naturel de croire les Bohémiens eux-
a été au sabbat est digne de mort. Il fautdonc mêmes sur leur parole, et de dire avec eux que
arrêter, sur la plus légère accusation , la personne c'était une race de Juifs, mêlés ensuite de chré-
soupçonnée de sorcellerie, quand même l'accu- tiens vagabonds. Voici ce que nous pensons être
sateur se rétracterait; et l’on peut admettre en la vérité sur ces mystérieux nomades.

témoignage contre les sorciers toutes sortes de Vers le milieu du quatorzième siècle, l’Europe
personnes. On brûlera vifs, ajoute-t-il , les sor- et principalement les Pays-Bas, l’Allemagne et la

ciers opiniâtres, et, par grâce, France, étant ravagée par la peste, on accusa les
on se contentera
d’étrangler celui qui confesse. Juifs, on ne sait pourquoi, d’avoir empoisonné
2“ Dans le crime de sorcellerie, on peut con- les puits et les fontaines. Cette accusation sou-
damner sur de simples indices, conjectures et leva la fureur publique contre eux. Beaucoup de
présomptions; on n'a pas besoin pour de tels Juifs s'enfuirent et se jetèrent dans les forêts. Ils
crimes de preuves très-exactes. se réunirent pour être plus en sûreté et se ména-
3° Le crime de sorcellerie est directement gèrent des souterrains d'une grande étendue. On
contre Dieu (ce qui est vrai dans ce crime, quand croit que ce sont eux qui ont creusé ces vastes
il existe réellement, puisque c'est une négation cavernes qui se trouvent encore en Allemagne
de Dieu et un reniement) aussi il faut punir sans et que les indigènes n'ont jamais eu intérêt à
:

ménagement ni considération quelconque... fouiller.


4* Les biens d'un sorcier condamné doivent Cinquante ans après, ces proscrits ou leurs
être confisqués comme ceux des hérétiques; car descendants ayant lieu de croire que ceux qui
sorcellerie est pire encore qu’hérésie, en ce que les avaient tant haïs étaient morts, quelques-uns
les sorciers renient Dieu. Aussi on remet quel- se hasardèrent à sortir de leurs lanières. Les
quefois la peine à l'hérétique repenti on ne doit chrétiens étaient alors occupés des guerres reli-
;

jamais pardonner au sorcier... gieuses suscitées par l’hérésie de Jean Huss. C'était
5‘ On juge qu’il
y a sorcellerie quand la per- une diversion favorable. Sur le rapport de leurs
sonne accusée fait métier de deviner, ce qui est espions, ces Juifs cachés quittèrent leurs ca-

jogle
BOH - 105 — BOH
ventes, sans aucune ressource, il est vrai, pour I Ils se choisirent d’abord un capitaine, nommé
se garantir de
misère; mais pendant leur demi-
la Znndel. Puis, comme il déclarer ce qui les
fallait
siècle de solitude, ils avaient étudié les divina- amenait en Allemagne, qui ils étaient, d'où ils
tions et particulièrement l'art de dire la bonne venaient, et qu’on pouvait les questionner aussi
aventure par l'inspection de la main ce qui ne
; sur leur religion; pour no pas se découvrir trop
demande ni instrument, ni appareil, ni dépense clairement ni pourtant se renier, ils convinrent
.

aucune ; et ils comptèrent bien que la chiroman- de dire que leurs pères habitaient autrefois
cie leur procurerait quelque argent. l'Égypte, ce qui est vrai des Juifs; et que leurs

ancêtres avaient été chassés de leur pays pour Ils s'étaient formé un argot ou un jargon dé-
n’avoir pas voulu recevoir la Vierge Marie et son guisé, mêlé d’hébreu et de mauvais allemand,
Jésus.
fils —
Le peuple comprit ce refus, du qu’ils prononçaient avec un accent étranger. Des
temps où Joseph emmena le divin Enfant en savants, qui ne voyaient pas plus loin furent ,

Égy pte pour le soustraire aux recherches d'Hé- flattés de reconnaître certains termes de la langue

rude; au lieu que les vagabonds juifs l'enten- allemande daus un patois qu’ils prenaient pour
daient de la persécution qu'ils avaient souiïerLe de l'égyptien. Ils dénaturaient aussi plusieurs
cinquante ans auparavant De là vient le nom ils appelaient un enfant un criard,
appellations;
d'Égyptiens qu’on leur donna et sous lequel l'cm- > un manteau un preneur de vent, un soulier un
pereur Sigismond leur accorda un passe-port. J
marcheur, un oiseau un volant. Toutefois, la

Digitized by Google
,

BOH — 106 — BOH


multitude de mots hébreux qui est restée dans le son mari autant d'années que le vase avait pro-
langage des Bohémiens sullirait seule pour trahir duit de morceaux. Au bout de ce temps, les
leur origine juive. époux étaient libres de se quitter ou de rompre
Ils avaient des moeurs particulières et s'étaient ensemble un nouveau pot de terre. On citerait
fait des lois qu’ils respectaient. Chaque bande se beaucoup de bizarreries de ce genre.
choisissait un chef, à qui tout le monde était tenu Dès que les nouveaux Égyptiens virent qu'ils
d'obéir. Quand parmi eux une femme se mariait, n'étaient pas repoussés, ils implorèrent la pitié
elle se bornait,pour toute cérémonie, à briser des Allemands. Pour ne pas paraître à charge
un pot de terre devant l’homme dont elle voulait ils assuraient que, par une grâce particulière du
devenir la compagne ; et elle le respectait comme ciel
,
qui les protégeait encore en les punissant

les maisons où ils étaient une fois reçus n’étaient des lignes de la main et des doigts. Ils guéris-
plus sujettes àTincendie. Ils se mirent aussi à dire saient les malades désespérés, par des remèdes
que les Anglais ont conservés et qu’ils appellent
héroïques, parce qu'ils tuent net les apoplec-
tiques s'ils ne les relèvent pas.
,

Cependant la fureur contre les Juifs s’était


apaisée ils furent admis de nouveau dans les
;

villages, puis dans les villes. Mais il resta tou-


jours de ces bandes vagabondes qui continuèrent
la vie nomade, découvrant partout l'avenir, et

joignant à celte professiun de nombreuses fri-


ponneries plus matérielles. Bientôt, quoique la
nation juive fut le noyau de ces bandes, il s'y lit
un tel mélange de divers peuples qu’il n’v eut ,

labonne aventure, sur l’inspection du visage, des pas plus entre eux de religion dominante qu'il
signes du corps, et principalement sur l’examen n'y avait de patrie. Ils parcoururent les Pava-

Digitized by Google
,

BOH — 107 — BOI

Bas et passèrent en France, où on les appela I Bohinam , idole des Arméniens ,


qui était
lesBohémiens, parce qu’ils venaient de la Bo- faite d’un métal noir, symbole de la nuit. Son
hême. nom vient du mot hébreu bohu, désolation, à ce
Pasquier, dans ses Recherches , raconte à peu que dit Leloyer. C’est le démon du mal.
près ainsi leur apparition mystérieuse sur le sol Bohmius Quelques-uns recherchent
(Jean).
français et leur arrivée aux portes de Paris en sa Psychologie ou Traité des cspriLs, publiée en
1627 : — ils étaient au nombre de cent vingt; 1 1632, à Amsterdam ', livre qui ne manque pas
l'un de leurs chefs portait le titre de duc, un d’hérésies.
autre celui de comte; ils avaient dix cavaliers Bohon-Hnpas, arbre-poison qui crott dans
pour escorte, lis disaient qu’ils venaient de la l'ile.deJava à trente lieues de Batavia. Les cri-
,

basse Égypte, chassés de leur pays par les Sara- minels condamnés allaient autrefois recueillir une
sins, qu’ils étaient allés à Rome confesser leurs gomme qui en découle, et qui est un poison si
péchés au Pape, qui leur avait enjoint pour péni- prompt et si violent, que les oiseaux qui tra-
tence d’errer sept ans par le monde, sans cou- versent l’air au-dessus de cet arbre tombent
'

cher sur aucun lit. (Les gens éclaires n'ajoutèrent morts; du moins ces choses ont été contées.
sans doute pas foi à ce conte.) — On les logea Après que leur sentence était prononcée, lesdils
au village de la Chapelle, près Paris; et une criminels pouvaient choisir ou de périr de la
grande foule alla les voir. Us avaient les che-— main du bourreau, ou de tenter de rapporter une
veux crépus, le teint basané, et portaient aux boite de gomme de l’hupas. Foerssech rapporte
oreilles des anneaux d'argent. Comme leurs qu’ayant interrogé un prêtre malais qui habitait
femmes disaient la bonne aventure et se livraient ce lieu sauvage, cet homme lui dit qu’il avait vu
6 des pratiques superstitieuses et mauvaises, passer environ sept cents criminels, sur lesquels
l’évêque de Paris les excommunia, défendit qu’on il n’en était revenu que vingt-deux; qu'il n'y
les allât consulter et obtint leur éloignement. avait pas plus de cent ans que ce pays était ha-
Le seizième siècle fut infesté de Bohémiens. bité par un peuple qui se livrait aux iniquités de
Les états d’Orléans, en 1560, les condamnèrent Sodotne et de Comorrhe que Mahomet ne vou- ;

au bannissement, sous peine des galères, s’ils lut pas souffrir plus longtemps leurs mœurs abo-
osaient reparaître. Soufferts dans quelques con- minables; qu'il engagea Dieu à les punir; et que
trées que divisait l'hérésie, chassés en d’autres Dieu fit sortir de la terre le bohon-hupas ,
qui
lieux comme descendants de Cham, inventeur de détruisit les coupables, et rendit à jamais le pays
la magie, ils ne paraissaient nulle part que inhabitable. regardent cet arbre
Les Malais
comme une plaie. On disait en Flandre qu’ils comme colère du Prophète;
l’instrument de la

étaient si experts en sorcellerie , que dès qu’on et, toutefois, la mort qu'il procure passe chez
leur avait donné une pièce de monnaie toutes , eux pour honorable voilà pourquoi les criminels
;

celles qu’on avait en poche s'envolaient aussitôt !


qui vont chercher le poison se revêtent en gé-
et allaient rejoindre la première, opinion popu- néral de leurs plus beaux habits ’.
laire qui peut se traduire en d'autres termes et Bois. Les anciens avaient une divination qui
qui veut dire que les Bohémiens étaient des se pratiquait par le moyen de quelques morceaux
escrocs. —
Leurs bandes diminuèrent au dix- de bois. Voy. Xvlomancie.
septième siècle. Pourtant on en voit encore quel- Ils croyaient les forêts habitées par des divinités
ques rares détachements. Sous les nouvelles lois bizarres; et dans les pays superstitieux, on y re-
de police des États européens, les sociétés bo- doute encore les lutins. Les Kamstchadales disent
hémiennes sont dissoutes. Mais il y a toujours çà que les bois sont pleins d'esprits malicieux. Ces es-
et là des individus qui disent la bonne aventure, prits ont des enfants qui pleurent sans cesse pour
et des imbéciles qui vont les consulter, l'oy. Chi- attirer les voyageurs ils les égarent ensuite , et

;

romancie '. ils leur ôtent quelquefois la raison. Enfin,

* Le suivant est caractéristiquo des mœurs


fnit c'est généralement dans les bois que les sorciers
des Bohémiens dont il existe encore plusieurs com-
. font le sabbat. C'était autrefois dans des bois
munautés dans la Lithuanie : diLs sacrés qu'on honorait les faux dieux.
Un Bohémien demeurant à Mehlankcn près de ,
Bois de vie. C'est le nom que les alchimistes
Tilsitl, avait été incarcéré pour vol d'un cheval; il
mourut avant que l’instruction fût terminée. La com- donnent à la pierre parfaite du grand œuvre,
munauté à laquelle il appartenait, informée de son plus clairement appelée baume universel ou pa-
décès, arriva dans la ville au moment où l'on allait
procéder à l'inhumation. Aussitôt les Bohémiennes ludière en même temps que le cercueil et obtinrent
supplièrent ceux qui portaient le corps d’ouvrir l’autorisation de faire procéder à l’ouverture et de
le cercueil et de leur permettre de faire venir un raser le défunt.
barbier pour raser le défunt; mais comme il y eut Quand cette opération fut terminée, elles en té-
impossibilité de trouver immédiatement un barbier, moignèrent la plus grande joie.
il fallut se rendre directement au cimetière.
' Joannis Bohmii psychologia, cum erra applica-
Pendant ce temps , les femmes bohémiennes avaient (lotir Joannis Angeli. ln-!f. Am- tel . ftj3i.

parcouru la ville pour chercher un barbier, et elles 2 Extrait îles ioyages de M. Foerssech, Hollandais,
Mélanges de littérature étrangère, t. 1, p. 64.
avaient fini par en trouver un. Elles arriveront au ci- !

yogle
,

BO! — 108 — BON


nacée, qui guérit tous les maux, et assure à ceux à toute force faire résilier son bail. La cause fut

qui la possèdent une jeunesse inaltérable. portée devant le siège présidial â Tours, qui
cassa le bail. Le propriétaire en appela au parle-
ment de Paris ; son avocat, tnaitre Bené Chopin,
soutint que les visions d’esprits n'étaient autre
chose que des contes de vieilles, épouvantails de
petits enfants. Le parlement ne décida rien et
renvoya la cause au tribunal de la Tournelle,
qui par son arrêt maintint la résiliation du bail*.
Boléguéans ou poulpiquets. Ce sont en
,

Bretagne des lutins du genre des Coboldcs.


Voyez quelques détails sur un de ces bons petits
lutins dans les légendes des esprits et des dé-
mons.
Bolfri. Voy. BÉnrru.
Bolingbroke. Voy. Clockstf.ii.
Bolomancie. C’est la Dilomancic. Voy. ce
•mot.
Bolotoo, île imaginaire où les naturels des
Iles de Tonga placent leur paradis. Ils croient
que les âmes de leurs chefs y deviennent des di-
vinités du second ordre. Les arbres de Bolotoo
sont chargés , disent-ils , des meilleurs fruits et
toujours couverts des plus telles fleurs qui re- ,

Démon de» hoi».


naissent toutes les fois qu'on les cueille. Ce séjour
Les Juifs nomment
bois de vie les deux bâtons divin est rempli d'animaux immortels, que l'on
qui tiennent bande roulée sur laquelle est écrit
la ne lue que pour la nourriture des dieux et des
le livre de leur loi. Ils sont persuadés que l'at- élus; mais aussitôt qu'on en tue un, un autre le
touchement de ces bâtons affermit la vue et rend remplace.
la santé. Ils croient aussi qu'il n'y a pas de Bombast (Philippe). Voy. Faiiacklse.

meilleur moyen de faciliter l'accouchement des Bona (Jean) , savant et pieux cardinal , mort
femmes que de leur faire voir ces bois, qu'il ne en 1674. On recherche de lui un Traité du dis-
leur est pas permis de toucher. cernement des esprits, in-12, publié en 1673 et
Boistuan ou Boaistuau (Pierre), dit Launay, traduit par l’abbé Leroy de Hautefonlainc , 1676.
Nantais, mort à Paris eu 1566. On recherche de te chapitre xx de cet ouvrage traite avec beau-
lui deux ouvrages rares et curieux : 1” Histoires coup de lumières de ce qu'il y a de plus difficile
prodigieuses, extraites de divers auteurs, in-8°, dans la matière des visions et des révélations
J
1561. Aux quarante histoires de Boistuau, Tessc- particulières .

rant en ajouta quinze. Belleforét, lloyer et Ma- Bonasses. Voy. Gullfts.


rionvillc les firentréimprimer avec une nouvelle Bonati(Gui), astrologue florentin du treizième
continuation, en 1575, six vol. in-16. 2“ His- — siècle. Il vivait, dit-on, d'une manière originale,

toires tragiques, extraites des œuvres italiennes et possédait l'art de prédire l'avenir. Les troupes

de Bandcl, et mises en langue française, 1568 et de Rome, sous le pontifical de Martin IV, assié-
années suivantes, 7 vol. In-16. Il n’y a que les geaient Korli , ville de la llomagne, défendue par
six premières histoires du' premier volume qui le comte deMonlferral. Bonati qui s’y était retiré,
,

aient été traduites par Boistuau ; les autres sont voyant la ville prête à faire une sortie, annonça
de la traduction de Belleforét, qui lui était bien au comte qu'il serait blessé dans la mêlée.
inférieur. L’événement justifia la prédiction et le comte ;

Bojani (Michel). On peutlire de lui une His- de Montferrat, qui avait porté avec lui ce qu’il
toire des songes', publiée en 1587. Nous ne la fallait pour panser sa blessure , fit depuis le plus

connaissons que par le titre. grand cas de l'astrologie. Bonati , sur la fin de sa
Bolacré (Gilles), bonhomme qui habitait une vie, reconnut pourtant la vanité de sa science,
maison d'un faubourg de Tours, où il prétendit se fit franciscain , et mdurut pénitent en 131)0.
qu’il revenait des esprits qui l’empêchaient de Ses ouvrages ont été recueillis par Jacques Cau-
dormir. C’était au seizième siècle. Il avait loué terus, sous le titre de Liber astronomicus in-4*.
celte maison; et comme il s'y faisait un bruit et rare. Augsbourg, 1491.
un tintamarre d'esprits invisibles, sabbats et lu- Bongomiles. Voy. Bogasmiles.
tins, qui ne lui laissaient aucun repos, il voulut
1
Leloyer, Discours des s/mtres, liv. VI, ch. xv.
1
Michaelis Bojani Historia de somniis. In -8°, 2 Joannis cardinalis Bona De discrétions spiri-
Willemberg, (587. luutn. In-tî, Paris, (673.

Digitized by Google
BON — 100 — BON
Bonica, Ile imaginaire de l'Amérique, où Bonnet pointu, ou esprit au bonnet, l'oy.
Péotatus, médecin spagirique, place une fon- Hekdeckik.
taine dont les eaux, plus délicieuses que le Bonnevault (Pierre). Un sorcier poitevin du
meilleur vin , ont la vertu de rajeunir. seizième siècle, nommé Pierre Bonnevault, fut
Boniface VIII, pape, décembre
élu le 2!i arrêté parce qu’il allait au sabbat. Il confessa
1294. On a conté que, n'étant encore que car- que la première fois qu’il y avait été mené par
dinal il lit percer une muraille qui avoisinait le
, s’était donné au diable
ses parents il à qui il ,

lit du pape Célestin, et lui cria au moyen d'une de prendre ses os après sa mort;
avait permis
sarbacane, qu’il eût à déposer la tiare s’il vou- mais pas voulu donner son âme. Un
qu'il n'avait
lait être sauvé que le bon pape Célestin obéit à
;
jour, venant de Montmorillon, où il avait acheté
celle voix qu'il croyait venir du ciel et céda la deux charges d'avoine qu'il emportait sur deux
,

place à Boniface. —
Mais ce récit n’est qu’une juments, il entendit des gens d'armes sur le
imposture entièrement supposée par les protes- chemin; craignant qu'ils ne lui prissent son
tants, qui ont imaginé celte calomnie comme avoine, il invoqua le diable, qui vint h lui comme
tant d’autres. La vérité est que le pape Célestin un tourbillon de vent, et le transporta avec ses
déposa la tiare pour s’occuper uniquement de deux juments à son logis. Il avoua aussi qu'il
son à me. Le cardinal Cajetan (depuis Boni- avait fait mourir diverses personnes avec scs
face VIII) n’y fut pour rien '. poudres; enfin il fut condamné à mort. l'oy.
Bonne aventure. Les diseurs de bonne aven- Tailletroux. C'était sa femme.
ture et les magiciens étaient devenus si nom- Bonnevault (Jean), frère de Pierre, fut aussi
breux à Rome du temps des premiers empereurs, accusé de sorcellerie; et le jour du procès, de-
qu'ils y avaient une confrérie. Pour l’art de dire vant l'assemblée, il invoqua le diable, qui l'enleva
de terre h une hauteur d'environ quatre ou cinq
pieds, et le laissa retomber sur le carreau,
comme un sac de laine, sans aucun bruit quoi- ,

qu'il eût aux pieds des entraves. Etant relevé par


deux archers, on lui trouva la peau de couleur
bleue tirant sur le noir; il écumail et souf-
frait beaucoup. Interrogé là-dessus, il répondit

qu’ayant prié le diable de le tirer de peine, il


n'avait pu l'enlever, attendu que, comme il avait
prêté serment à la justice le diable n'avait plus,

pouvoir sur lui.


Bonnevanlt (Mathurin), parent des deux pré-
cédents, accusé comme eux de sorcellerie, fut
visité par experts. On lui trouva sur l'épaule
droite une marque de la figure d’une petite rose,
dans laquelle on planta une longue épingle sans
qu'il en ressentit aucune douleur, d'où on le jugea
bien sorcier. 11 confessa qu'ayant épousé en pre-
mières noces Berlhomée de la Bédouchc, qui était
sorcière comme ses père et mère, il l'avait vue
faire sécher au four des serpents et des crapauds
pour des maléfices; qu'elle le mena alors au
sabbat, et qu'il y vit le diable, ayant des yeux
la bonne aventure, roi/. Chiromancie, Cartoman- noirs ardents comme une chandelle. Il dit que
,

cie, Astrologie, Métoposcoime, Horoscopes, le sabbat se tenait quatre fois l'an la veille de :

Cranologie, et les cent autres manières. la Saint-Jean-Baptistc , la veille de Noël, le

Bonnes. On appelle bonnes, dans certaines mardi-gras et la veille de Pâques. On le con-


provinces, des fées bienveillantes, des espèces vainquit d’avoir fait mourir sept personnes par
de farfadets femelles sans malice qui aiment les maléfices; se voyant condamné il avoua qu'il ,
,

enfants et qui se plaisent à les bercer. On a sur était sorcier depuis l'âge de seize ans. Il y —
elles peu de détails; mais c'est d'elles, dit-on, aurait de curieuses études à faire sur tous ces
que vient aux berceuses le nom de bonnes d'en- procès, si nombreux pendant les troubles san-
fants. Habondia est leur reine. glants de la réforme.
Bonnet (Jeanne), sorcière de Boissy en Forez, Bonsovanis (Barthélcmi de), brave homme
brûlée le 15 janvier 1583 pour s’étre vantée d’a- du diocèse de Trévisc, -dont un démun appelé
voir eu des liaisons abominables avec le diable. Be'.zéoul, quoique de rang inférieur dans son in-
fernale hiérarchie, parvint à s'emparer en le
1
Voyez V Histoire du pape Boniface VIII, par
11. l'abbé Jorry.
rendant jaloux de sa femme qui était pieuse et ,
, ,

BON — 110 — bor


chaste. Il devint si furieux qu’il fallut le lier, et ses entretiens sur Y Astrologie judiciaire, qui sont
ne pouvant plus tuer les autres, il se fût tué lui- curieux. Le plus connu de ses ouvrages (et il a
même si on ne l'eût délivré de son démon et
, été réimprimé plusieurs fois) est intitulé - Ilis-
de sa jalousie par l’exorcisme. loire des imaginations extravagantes de monsieur
Bonzes. Les bonzes chinois font généralement Ou/le, causées par Ja lecture des livres qui trai-
profession de prédire l'avenir et d’exorciser les tent de la magie, du grimoire, des démoniaques,
démons; ils cherchent aussi la pierre philoso- sorciers, loups-garoux incubes, succubes, et du
,

phale. Lorsqu'un bonze promet de faire pleu- sabbat des fées ogres esprits , follets génies
, , , ,

voir, dans l’espace de six jours il n’a pas tenu


si fantômes et autres revenants; des songes, de la
sa promesse, on lui donne la bastonnade. pierre philosophale, de l’astrologie judiciaire,
des horoscopes , talismans ,
jours heureux et
malheureux, éclipses, comètes et almanachs;
enfin de toutes les sortes d’apparitions, de divi-
nations, de sortilèges, d’enchantements et d’au-
tres superstitieuses pratiques. »
On voit par ce litre, que nous avons copié
tout entier, que l’auteur avait pris un cadre
assez vaste. Dans ses deux volumes in-12, ornés
de figures, il s’est trouvé à l’étroit, et son tra-
vail, qui se modèle un peu sur le Don Quichotte,
n’est recherché que pour les notes, très-nom-
breuses, lesquelles valent mieux que le texte.
Bordi ou Al-Bordi, montagne qui, selon les
Persans, est l’œuf de la terre; ils disent qu’elle
était d’abord très-petite, qu’elle grossit au com-
mencemennt, produisit le monde, et s’accrut tel-
lement, qu’elle supporte aujourd’hui le soleil sur
sa cime. Ils la placent au milieu de notre globe.
Ils disent encore qu’au lias de cette montagne
fourmillent quantité de dives ou mauvais génies,
et qu’au-dessous est un pont où les âmes pas-
sent pour aller dans l’autre monde, après
qu’elles ont rendu compte de ce qu’elles ont fait
dans celui-ci.
Borgia (César). On lui attribue l’honneur d’a-
voir eu un démon familier.
il On croit que
existe des bonzes au Congo. Borri (Joseph-François), imposteur et alchi-
leurs âmes sont errantes autour des lieux qu’ils miste du dix-septième siècle, né à Milan en
ont habités. Quand on voit un tourbillon balayer 1627. Il débuta par des actions qui l’obligèrent
la plaine et faire lever la poussière et le sable à chercher un refuge dans une église jouissant
les naturels s’écrient que c’est l’esprit des du droit d’asile. Il parut depuis changer de con-
bonzes. duite puis il se dit inspiré du ciel et prétendit
; ,

Bophomet. t’oy. Tête de Bophomet. que Dieu l’avait choisi pour réformer les hom-
Borak, jument ou mule de Mahomet, qu’il a mes et pour rétablir son règne ici-bas. Il ne de-
mise dans son paradis. Elle avait une belle tête vait y avoir, disait-il qu’une seule religion sou-
,

de femme, et s’allongeait à chaque pas aussi loin mise au pape, à qui il fallait des armées, dont
que la meilleure vue peut s’étendre. lui, Borri, serait le chef, pour exterminer tous
Borax sorte de pierre qui se trouve disent
, ,
les non catholiques. Il montrait une épée mira-
les doctes, dans la tête des crapauds; on lui at- culeuse que saint Michel lui avait donnée il di- ;

tribue divers effets merveilleux, comme celui sait avoir vu dans le ciel une palme lumineuse
d’endormir. 11 est rare qu’on la puisse recueillir, qu’on lui réservait. 11 soutenait que la sainte
et il n’est pas sur qu’elle soit autre chose qu’un Vierge était de nature divine, conçue par inspira-
os durci. tion égale à son fils et présente comme lui dans
,

Borborites. Voy. Génies. l’Eucharistie, que le Saint-Esprit s’était incarné


Bordelon (Laurent), né à Bourges en 1653, dans elle, que la seconde et la troisième per-
mort en 1730 écrivain médiocre, qui toutefois
;
sonne de la Trinité sont inférieures au Père; que
savait beaucoup de choses, et s’était occupé de la chule de Lucifer entraîna celle d’un grand

recherches sur les superstitions, les sciences oc- nombre d’anges qui habitaient les régions de
cultes et les erreurs populaires. Il est fâcheux l’air. Il disait que c’est par le ministère de ces

qu’il ait écrit si pesamment. On achèle encore anges rebelles que Dieu a créé le monde et

Digitized by Google
- , ,

BOR — 111 — BOR


animé les brûles, mais que les hommes ont une d'hui, il
y a, au milieu de la table, un pivot
âme divine; que Dieu nous a laits malgré lui, etc. surmonté d’une tige et d'un plus petit guéri-
Il finit par se dire lui-méme le Saint-Esprit in- don, sur lequel se trouvent, à la circonférence,
carné. les lettres de l’alphabet, puis du pied part une
Il fut arrêté après la mort d’innocent X et , le autre lige fixe qui se replie de manière a pré-
,

3 janvier 1661 , condamne comme hérétique et senter sa pointe sur les lettres du petit guéri-
comme coupable de plusieurs méfaits. Mais il don, et quand la table veut répondre, ce petit
parvint à fuir dans le Nord, et il fit dépenser guéridon tourne de manière que les lettres s’ar-
beaucoup d'argent à la reine Christine, en lui rêtent sous la tige. Avec les lettres ou fait des
promettant la pierre philosophale. Il ne lui dé- mots, avec les mots des phrases, et avec des
couvrit cependant pas ses secrets. Il voulait pas- phrases les révélations divines et mystérieuses.
ser en Turquie, lorsqu’il fut arrêté de nouveau Quand il s’agit d’un oui ou d’un non , la table se
dans pu petit village comme conspirateur. Le penche ou frappe.
nonce du pape le réclama, et il fut conduit à 11 y a plusieurs secrétaires sténographes;
Rome, où il vécut en prison jusqu'au 10 août il
y a le secrétaire qui rédige le procès-verbal
1695, jour de sa mort. et un lecteur. Pour gagner du temps, lorsque la
J1 est l’auteur d’un livre intitulé la Clef du table commence un mol, une ou deux lettres
cabinet du chevalier Barri, où l’on trouve diver- sullisent à M. Bort pour le compléter, sans at-
tit lettres scientifiques , chimiques et très-curieu- tendre les interminables tours du guéridon supé-
ses ,
ainsi que des instructions politiques, autres rieur. Lorsque c’est l’ange Gabriel qui parle par
choses diijncs de curiosité, et beaucoup de beaux la table, les auditeurs sont assis; mais lorsque

secrets. Genève, 1681 petit in- 2 '. Ce livre est


,
1 c’est Jésus-Christ, tout le monde se lève dans
un recueil de dix lettres, dont les deux pre- l'altitude et le sentiment du respect. Quand c’cst
mières roulent sur les esprits élémentaires. l’ange Gabriel qui répond, il commence ordinai-
L’abbé de Villars en a donné un abrégé dans rement par ces mots « Au nom du Père, du
:

l’ouvrage intitulé le Comte de Gabalit. » Fils et du Saint-Esprit. Amen. » Jésus-Christ

Bortisme. Parmi les nouvelles religions qui s'écrie : « Pais mes agneaux! Au nom du Père,
s’établissent à Genève, la plus curieuse est celle s du Fils et du Saint- Esprit. Amen. » Dans le

de M. Bort, ministre du saint Évangile, qui s’est livre des Bévélations divines et mystérieuses ar-
ouvert un temple et n’a pas d’autre autel qu'une rangé par M. Bort, il n'y aurait absolument rien
table tournante. Les détails que nous allons de lui. « La préface elle-même aurait été dictée
donner sont empruntés aux Annales catholiques » par le Sauveur. » Puis « la préface de ange
l

de Genève. » Gabriel, n puis « la déclaration de l’ange Ga-


La réunion des fidèles qui ont admis ce culte « briel , à l’occasion de quelques propos tenus
est composée d'hommes, de femmes, et même » par quelques personnes qui attribuaient à Satan,
de toutes jeunes personnes, rangés autour d'un » déguisé j,en ange de lumière, ces dictées qui
guéridon. La table est tenue par trois infiuents, » étaient pour les auditeurs un sujet d’allégresse
dont M. Bort est le principal acteur. Autrefois, h et d'actions de grâces... » Puis une oraison do-
minicale dictée par le Sauveur, différente de
celle des Évangiles ; puis les paroles de l’ange et
du Sauveur, jour par jour ;
puis une préface
toujours <i dictée par le Sauveur, pour l’ouvrage
Il intitulé Du Dieu, traduit de
repentir envers
• l'anglais par Gustave Petit-Pierre, et lu à la
n table du Sauveur »; puis les paroles du Sau-

veur à une maîtresse de pension; puis les his-


toires du Millénium, ou de la vallée sauvage; de
Mon règne s'avance, ou la cabane du pauvre
nègre de la sanctification du chrétien par l’é-
;

preuve, ou de deux petits agneaux; de l'heu-


reuse famille, ou do la main paternelle de Jého-
vah. Puis les prières, les actions de grâces, les
invocations, les supplications, réceptions, odes,
la table répondait en frappant â mesure qu'on entretiens, psaumes, hymnes, magnificat, etc.
lui nommait une lettrede l'alphabet; aujour- Et tout cela absolument de Jésus-Christ, de
l’ange Gabriel, de l’ange Luther, de l’ange Uriel,
1
cavaglierc G. F. Boni,
La Chiave del gabinelto del de l’archange Michel, de l’ange L..., de l’ange
col faror delta quale si vedono carie lettere scienti
M..., de l’ange David, etc.
/kc, chimice, e eu riosissime, con varie inslruzioni
polit ù: lie ed allre cote degne di eu riosita e molti se-
.
Le tout imprimé à Lausanne, chez Pache, cité
greti bcllissimi. Cologne (Genève), 108t. Drapière, n* 3.

Digitized by Google
BOR — 112 — BOU
l.a préface dictée par le Sauveur fait Notre- Bos (Françoise). Le 30 janvier 1606, le juge
Seigncur Jésus-Christ Genevois et calviniste ren- de Cueille procéda contre une femme de mau-
forcé. Remarquez bien que c’est le Sauveur lui- vaise vie que la clameur publique accusait d'a-
méme qui a parlé de Genève comme suit : voir un commerce abominable avec un démon
« Cette table n'est point à Bethléem. Tu ne la incube. Elle était mariée et se nommait Fran-
trouveras ni sur le Golgolha ni sur le Calvaire; çoise Bos. De plus elle avait séduit plusieurs de
non. Cette table n’est point non plus à Jérusa- scs voisines cl les avait engagées à se souiller
lem ;mais elle est à Genève , dans la petite ville avec ce prétendu démon qui avait l’audace de,

que me prépara mon serviteur Calvin ; oui, c’est se dire capitaine du Saint-Esprit mais qui au , ,

la fille de ce digne missionnaire qui reçoit au- témoignage desdites voisines, était fort puant.
jourd'hui les honneurs des cieux. Cette dégoûtante affaire se termina par la con-
Bethléem fut bénie; mais Dieu regarde Ge-
» damnation de Françoise Bos, qui fut brûlée le
nève. Le Sinaï trembla sous le pied de Jéhovah ; l/i juillet 1606. —
On présume, par l'examen
mais Genève chante sous son regard d'amour. des pièces, que le séducteur était un misérable
Le Calvaire se fendit à l'ouïe de la voix de Dieu ; vagabond '.
mais Genève s'épanouit comme une (leur à l'ap- Bosc (Jean du), président de la cour des aides
pel de sa douce voix. La colère de Jéhovah cou- de Rouen, décapité comme rebelle en 1562. Qn
vrit Jérusalem comme un déluge mais Genève ; a de lui un livre intitulé Traité de la vertu et
va se couvrir de la rosée de son souille paternel. des propriétés du nombre septénaire.
La foudre de Jéhovah frappera la ville rebelle et Botanomancie, divination par le moyen des
maudite ; mais un bon père sourit à Genève. feuilles ou rameaux de verveine et de bruyère,
» Oui, Genève ville bénie qui fus dès ton en-
! sur lesquelles les anciens gravaient les noms et
fance couchée sur les bras de ton Dieu , appelle les demandes du consultant.
tes eaux et tes riantes campagnes pour bénir le On devinait encore de cette manière : lors-
jour de i’Étcrnel ! qu'ily avait eu un grand vent pendant la nuit,
» Un Dieu, jadis, fit la garde sur tes remparts, on allait voir de bon matin la disposition des
et tes enfants écrivirent de leur sang sur tes feuillestombées, et des charlatans prédisaient
murs : • La liberté et l’amour d'un Dieu et de ou déclaraient là-dessus ce que le peuple voulait
leur patrie! «Genève! rqjève-toi !... debout!... savoir.
monte sur cadavres de tes ennemis... et pro-
les Botis. f ’oÿ. Otis.
clame encore la liberté de ton Dieu! Genève, tu Botris ou Botride, plante dont les feuilles
as encore des remparts... ne crains point! car sont velues et découpées, et les fleurs en petites
ces remparts sont î’Étemel ton Dieu, l’Éternel grappes. Les gens à secrets lui attribuent des
des années, le Dieu des combaLs, le maître des vertus surprenantes, et particulièrement celle de
batailles... avec
faire sortir facilité les enfants morts du sein
» Genève, petite ville d'entre les villes, tu es de leur mère.
grande devant le Seigneur, parce que tu as gardé Boubenhore (Michel-Louis de), jeune Alle-
la foi pour servir de flambeau aux nations de la mand de butine famille qui, entraîné par la pas-
terre! sion du jeu, se donna au démon dans un mo-
• Genève Genève 6 Genève Rome s'avance
, , ! ment où il avait tout perdu , fut possédé aussitôt
tenant à la main un joug de fer. Genève, lu es et poussé au crime. Les exorcismes le délivrè-
libre, prends garde! tu porteras la couronne de rent devant une foule immense de personnages
victoire, mais tes pieds ne seront jamais souillés considérables, et son histoire ne peut être con-
par les fers ennemis. Ton épée se rougira, mais testée : on peut la lire dans les Légendes infer-
ton front restera pur comme le lis sous la nales.
rosée. Bouc. C’est sous la forme d'un grand bouc
Enfants de Genève, restez dans vos murs
» noir aux yeux étincelants que le diable se fait
pour défendre la mère qui vous cacha au jour du adorer au sabbat; il prend fréquemment cette
danger. Tes portes, Genève, c’est le bras de l'Kter- figure dans ses entrevues avec les sorcières, et
nel, et sa voix est ton canon d’alarme. lemaître des sabbats n’est pas autrement dési-
» Ami lecteur, si tu as un cœur patriotique, gné dans beaucoup de procédures que sous le
tu me pardonneras ma petite digression mais je ;
nom de bouc noir ou grand bouc. Le bouc et le
n’ai pu retenir le torrent qui bouillonnait dans manche à balai sont aussi la monture ordinaire
mon àmc. Aimes-tu la patrie? Oh I si lu l’aimes, des sorcières, qui partent par la cheminée pour
cours aux armes, car sa voix t’appelle, et tu leurs assemblées nocturnes.
pourrais un jour pleurer le sang qu’elle versa Le bouc chez les Égyptiens , représentait le
,

sous le feu ennemi. Oui, enfants libres d’un dieu Pan, et plusieurs démonographes disent
même Dieu, prenez vos armes et courez à la que Pan est le démon du sabbat. Chez les Grecs,
frontière! Mais vos armes, ô enfants de Genève! on immolait le bouc à Bacchus; d’autres dérno-
c'est la Bible de votre Roi. n 1
M. Garinet, Histoire de la magie en France.

Digitized by Google
,

BOU — 113 — BOU


nomanes pensent que le démon du sabbat est peut procurer la même surprise à des étrangers
Bacchus. Enfin le bouc émissaire des Juifs (Aza- qu’on voudra troubler. Les villageois disent que
zel) hantait les forêls et les lieux déserts consa- le diable se montre fréquemment en forme de

crés au démon : voilà encore, dans certaines bouc à ceux qui le font venir avec le Grimoire.
opinions, les motifs qui ont placé le bouc au sab- Ce fut sous la figure d’un grand bouc qu’il em-
bat. l'ojf. Sabbat. porta Guillaume le Roux, roi d’Angleterre.
L’auteur des Admirablei tecrelt d’Albert le Voici une aventure de bouc qui peut tenir ici
Grand dit, au chapitre ni du livre II, que si on se sa place. Un voyageur couché dans une cham-
frotte le visagede sang de bouc qui aura bouilli bre d’auberge avait pour voisinage, sans le sa-
avec du verre et du vinaigre, on aura inconti- voir, une compagnie de chèvres et de boucs
nent des visions horribles et épouvantables. On dont il n’était séparé que par une cloison de bois

fort mince, ouverte en plusieurs endroits. Il s’é- céder contre cette femme. Elle confessa que
j

tait couché sans examiner son gîte et dormait I


maître Jehan , cabarelier de Blois , à l’enseigne
paisiblement lorsqu'il reçut la visite d'un bouc du Cygne, chez qui elle était servante, lui avait
son voisin : l'animal avait profité d'une ouver- fait gouverner trois mois cette marionnette ou
ture pour venir le voir. Le bruit de ses sabots mandragore, qu’elle lui donnait à manger avec
éveilla l'étranger, qui le prit d'abord pour un frayeur d’abord, car elle était fort méchante,
voleur. Le bouc s'approcha du lit et mil ses que quand son mailre allait aux champs, il lui
deux pieds dessus. Le voyageur, balançant entre disait : —
Je vous recommande ma bête, et que
le choix d’une prompte retraite ou d’une atta- personne ne s’en approche que vous.
que vigoureuse, prit le parti de se saisir du vo- Elle conta qu'une certaine fois Jehan étant allé
leur prétendu. Ses pieds, qui d'abord se présen- en voyage, elle demeura trois jours sans donner
tent au bord du lit, commencent à l’intriguer; à manger à la bête , si bien qu'à son retour elle
son effroi augmente, lorsqu’il louche une face le frappa vivement au visage Elle avait la
pointue, une longue barbe, des cornes Per- forme d'une guenon et on la cachait bien car
; ,

suadé que ce ne peut être que le diable, il saule elle était si hideuse, que personne ne l’osait re-
de son lit tout troublé. Le jour vint seul le ras- garder. Sur ces dépositions, le juge fit mettre
surer en lui faisant connaître son prétendu dé- la femme Bouchey à la question , et plus tard le

mon. Uoy. Gbiuoibb. parlement de Paris la condamna comme sor-


Boucher. Ambroise Paré raconte, dans son cière. Il est assez probable que la marionnette
livre dei Monetru, chapitre 28, qu'un valet était simplement une vraie guenon.
nommé Boucher étant plongé dans des pensées Bouddha ,
dieu des Hindous. Mais ce dieu n'é-
impures, un démon ou spectre lui apparut sous tait d’abord qu’un homme, et c’est un parvenu.

la figure d’une femme. 11 suivit le tentateur; Bouillon du sabbat. Pierre Delancre assure,
mais incontinent son ventre et ses cuisses s'en- dans l’ Incrédulité et mécréance du eortilége plei-
flammèrent, tout son corps s’embrasa, et il en nement convaincue, traité dixième, que les sor-
mourut misérablement. cières, au sabbat, font bouillir des enfants morts
Bouchey (Marguerite Ragum), femme d'un etde la chair de pendu, qu’elles y joignent des
maçon de la Sologne, vers la fin du seizième poudres ensorcelées, du millet noir, des gre-
siècle; elle montrait une sorte de marionnette nouilles, qu’elles tirent de tout cela un bouillon
animée , que les gens experts découvrirent être qu'elles boivent en disant « J’ai bu du tympa-
:

un lutin. En juin 1603, le juge ordinaire de Ro- non', et me voilà professeen sorcellerie, a On
morantin, homme avisé, se mit en devoir de pro- 1
Le tympanon était le chaudron.
8

Digitized by Google
BOU — 114 — BOU
ajoute qu’après qu’elles ont bu ce bouillon , les servis d’une boule de cristal devant laquelle ils

sorcières prédisent l’avenir, volent dans les airs, plaçaient un enfant qui voyait dans celte boule
et possèdent le pouvoir de faire des sortilèges. ce que l’on désirait apprendre. Voy. Encre.
Boule de cristal. Plusieurs devins se sont Boules de Maroc. Il existe à Maroc une tour

surmontée de trois boules d’or, si artistement Boullé. (Thomas), vicaire de Picard, sorcier
fixées au monument, que l’on a vainement tenté comme lui, et impliqué dans l'aiïaire de Made-

de les en détacher. Le peuple croit qu’un esprit leine Bavent et de la possession de Louviers. On
garde ces boules et frappe de mort ceux qui le convainquit d’avoir noué et dénoué l’aiguil-
essayent de les enlever*. lette de s'être mis sur des charbons ardents sans
,

Bonndtchegrli

se brûler et d’avoir fait plusieurs abominations, avait le sort de taciturnité , comme l’observe Bois-
II souffrit la question sans rien dire, parce qu'il roger. Cependant, quoiqu'il n’eût rien avoué,
1
H. Paillet, Histoire de l'empire de Maroc, p. 69. I
parce marque des sorciers et qu’il
qu’il avait la

Digitized by Google
,

BOU — 115 — BUO


avait commis des actes infâmes en grand nombre lequel Oruiusd répandit la force et la fraîcheur

il fut, après amende honorable, brûlé vif, àRouen, d’un adolescent de quinze ans, en jetant sur lui
sur le Vieux-Marché, le 22 août 1 6/i7 Vog. Lou- une goutte d 'eau de santé et une goutte d'eau de
V1ERS. vie. Ce premier homme s'appela Kaid-Mords ; il

Boullenc (Jacques) astrologue à Bologne, na-


,
vécut mille ans et en régna cinq cent soixante.
tifdu diocèse de Dul en Bretagne. II lit plusieurs 11 produisit un arbre, des fruits duquel naquit le

traités d’astrologie que nous ne connaissons pas; genre humain. Arimane, ou le diable, sous la
il prédit les troubles de Paris sous Charles VI, figure d’un serpent, séduisit le premier couple
ainsi que la prise de Tours par le Dauphin. Il et le corrompit; les premiers hommes déchus se
dressa aussi, dit-on, l’horoscope de Pothon de couvrirent alors de vêtements noirs et attendirent
Saintrailles,en quoi on assure qu’il rencontra tristement la résurrection car ils avaient intro-
;

juste duit lepéché dans le monde. On voit là une tra-


Boulvèse, professeur d'hébreu au collège de dition altéréede la Genèse.
Montaigu. Il a écrit l’histoire de la possession de Bounsio, Japonaise que favorisaient les Ka-
Laon en 1556; c'est l'aventure de Nicole Aubry. mis esprits familiers du Japon. Elle désirait avoir
,

Boundschescb, ou Livre de t"éternité, très- des enfants. Par l’aide de ces esprits, elle pon-
révéré des anciens Persans. C’est là qu'on voit dit cinq cents œufs, d’où sortirent cinq cents
qu'Ortnusd est l’auteur du bien et du monde pur, enfants éclos au four.
Arimane l'auteur du mal et du monde impur. Un Bourget ou Burgot, sorcier compromis avec
jour qu'Ortnusd l’avait vaincu, Arimane, pour se Michel Verdung. Vog. Verdung.
venger, tua un bœuf qu’Ormusd avait créé du : Bourignon (Antoinette), visionnaire, née à
sang de ce bœuf naquit le premier homme, sur Lille en 1616, morte en 1680 dans la Frise. Elle

était si laide, qu’à sa naissance on hésita si on ses nombreux ouvrages, qui furent tous imprimés
ne l’étoufferait pas comme un monstre. Elle se sous ses yeux, en français, en flamand et en alle-
consola de l’aversion qu’elle inspirait par la lec- mand, combattent tout culte extérieur et toulc
ture mal digérée de livres qui enflammèrent son liturgie,en faveur d'une perfection mystique qui
imagination vive et ardente. Elle eut des visions ne vient pas de Dieu. Les plus célèbres do ces
et des extases. Elle se mit à prêcher, se fit écrits sont le traité du Nouveau ciel et du règne
chasser de Lille, et se retira en Hollande. Elle de l'Antéchrist, et son livre De l’aveuglement des
voyait partout des démons et des magiciens ; et hommes cl de la lumière née en ténèbres.
Bourreau. Le maître des hautes œuvres avait
* M. Jules Garinel, Hist. de la magie en France,
jadis diverses prérogatives. On lui attribuait
p. 246.
3 Extrait d'un manuscrit do la bibliothèque du roi, même, dans plusieurs provinces, le privilège de
rapporté à la fin des Remarques de Joly sur Bayle. guérir certaines maladies, en les touchant de la
8.

Digitized by Google
BOI — 116 BOV

main lorsqu'il revenait d’une exécution de mort*. de ce fait : On soir du dernier siècle, le marquis
On disait autrefois à Paris qu'il était dangereux de Lally, revenant d’un petit souper, s'avisa de
de se jouer avec le bourreau ,
peut-être à cause vouloir s’introduire, avec deux de ses amis, dans

Bourignon. — Elle se mil à prêcher.

une maison où l'on dansait. C’était la maison du Bourra. Les Parisiens faisaient autrefois beau-
bourreau ; et le bourreau . lui-même leur ouvrit
, coup de contes sur un fantôme imaginaire qu'ils
la porte en se faisant connaître. Vingt ans après, appelaient le moine bourru. Ils en effrayaient
le marquis de Lally mourait de la main de ce les enfants. Croque-mitaine lui a succédé,

bourreau. I Boury, agent de sorcellerie, loi/. Flaqof..

Bourre au.

Bousantbropie, maladie d’esprit qui frappait seraient leurs succès auprès des jeunes tilles qu'ils
certains visionnaires, et leur persuadait qu'ils voulaient rechercher en mariage, en portant dans
étaient changés en bœufs. Mais les bousanlliropes leur poche une plante nommée bouton de bache-
sont bien moins communs que les loups-garous lier, de l’espèce des lychnis et dont la fleur res-
,

ou lycanthropes dans les annales des égarements semble à un bouton d'habit. Ils jugeaient s'il fal-
de l'esprit humain. lait espérer ou désespérer, selon que ces boutons

Bouton de bachelier. Les jeunes paysans an- s’épanouissaient ou non *.


glais prétendaient autrefois savoir d’avance quels Boville ou Bovelles, Rovillus (Charles de),
1
Smith, .Yoies aux joyruses commrres dr Shahs,
1
Tliicrs, Traité tin superstitions . t. !. p. 113. prare, acte III.

Digitized by Google
. - ,

BOX — 117 — BBA


Picard, morlvers 1553. Il veiil établir, dans son Brahma, dieu créateur des Indiens. Ils lui re-
livre De nerim, celle opinion que le monde est connaissent neuf fils, qui sont autant de petits
un animal, opinion d’ailleurs ancienne, renou- Brahmas Tahiti, né de l'orteil du dieu Poulaguin,
: ;

velée plusieurs fois depuis el assez récemment de son nombril Poulalien , de son oreille ; Pir-
;

par Félix Nogaret *. On cite encore de llovillus rougou, de son épaule Méradou, de ses mains; ;

ses lAllrci', sa Vie de Iluijimmd huile, son Traité Chanabadi de son visage Anguira , de son nez ;
, ;

des douze nombres et ses Trois dialogues sur l'im- Narissen , de sou esprit , el Alri , de ses yeux.
mortalité de l'ùme , la résurrection et la fin du Brahmanes, Brahmes et Brahmines, sectateurs
monde ’. de Brahma dans finde. Ils croient que l'ùme de
Boxhorn (Marc Zoerius) , critique hollandais, Brahma passa successivement dans quatre-vingt
né à Berg-op-Zoom en 1612. On recherche de mille corps différents, et s’arrêta un peu dans
lui un Traité des songes, qui passe pour un ou- celui d'un éléphant blanc avec plus de complai-
vrage rare et curieux sance ; aussi révèrent-ils l’éléphant blanc.
Braccesco(Jean), alchimiste de Brescia, qui Ils sunt la première des quatre castes du peuple
florissaitau seizième siècle. Il commenta l’ou- qui adore Brahma. Ces philosophes, dont on a
vrage arabe de O
ber, dans un fatras aussi obs- conté tant de choses, vivaient autrefois en partie
cur que le livre commenté. Le plus curieux de dans où ils consultaient les astres et
les bois,
ses traités est Le bois de vie, où Ton apprend la faisaient de la divination, et en partie dans les
médecine au moyen de laguelle nos premiers pères villes pour enseigner la morale aux princes in-
ont vécu neuf cents ans '. diens. Quand on allait les écouter, dit Slrabon,
Brag, lutin nocturne qui s’annonce chez les on devait le faire dans le plus grand silence. Celui
Anglais par un bruit de grelots si fort qu'on peut qui toussait ou crachait était exclu.
le prendre pour un cheval de poste. On ne le Les Brahmanes croient à la métempsycose, ne
voit pas d'abord, mais son plaisir est de poser mangent que des fruits ou du lait, et ne peuvent
ses deux pattes de devant sur les épaules du pas- toucher un animal sans se rendre immondes. Ils
sager qu'il vent intriguer. Après s’étre fait traî- disent que les bétes sont animées par les âmes
ner ainsi quelques pas, il s’enfuit en poussant un des anges déchus, système dont le père Bougeant
joyeux hennissement. Il a eu l’audace de se mon- a tiré un parti ingénieux.
trer en 1809 dans la ville d'York. Il
y avait dans les environs de Goa une secte
Bragadini (Marc-Antoine), alchimiste, origi- de brahmanes qui croyaient qu'il ne fallait pas
naire de Venise, décapité dans la Bavière, en attendre la mort pour aller dans le ciel. Lors-
1595, parce qu'il se vantait de faire de l'or, qu'il qu'ils se sentaient bien vieux , ils ordonnaient è
ne tenait que des libéralités d'un démon, comme leurs disciples de les enfermer dans un coffre et
disent les récits du temps. Son supplice eut lieu d'exposer le coffro sur un fleuve voisin qui de-
à Munich, par l’ordre du duc Guillaume II. On vait les conduire en paradis. Mais le diable était
arrêta aussi deux chiens noirs qui accompagnaient là qui les guettait; aussitôt qu’il les voyait
partout Bragadini, et que l’on reconnut être ses embarqués, il rompait le coffre, empoignait son
démons familiers. Ou leur lit leur procès; ils homme; et les habitants dn pays, retrouvant la
furent tués en place publique à coups d’arque- boîte vide, s’écriaient que le vieux brahmane
buse. était alléauprès de Brahma.
Ce Brahma chef des brahmanes ou brahmes
,
• Dans un petit volume intitulé La terre est un
ou brahmines, est, comme on sait, l'une des trois
animal.
2 F.pistoleecomplures super mathcmalicum opus personnes de la trinité indienne. Il resta plusieurs
uadripartitum recueillies avec les traités I>e duo- siècles, avant de naître, à réfléchir dans un œuf
3 eeim numeris, De numeris prrfectis, etc., à la suite d’or, do la coquille duquel il fit le ciel et la terre.
du Liber de intelleclu, de sensu, etc. In-fol., rare.
Il avait cinq tôles; il en perdit une dans une ba-
Paris, H. Fstienne. 1510.
3 Vita Bagmundi eremitæ, 5 ta suite du Commrn- taille, et se mit ensuite à produire quatorze
tarius in primordiale Ei'anqelium Joannis. lu - i". mondes, l’un de son cerveau, l’autre de ses yeux,
Paris. 151 i. —Dialogi très de anima immortalitale, le troisième de sa bouche , le quatrième de son
de resurrectione, de mundi excidio et iltius instau-
oreille gauche, le cinquième de son palais, le
ration' 1 In-S a . Lyon, Gryphius, 1552.
.

* Marci Zuerit Borhornii Oralio de. somniis. I.ug- sixième de son coeur, le septième de son esto-
duni Balav.. 1639, vol. in-4“. mac, le huitième de son ventre, le neuvième de
b Letpio delta vita rul quair si dichiara la medi
, sa cuisse gauche, le dixième de ses genoux, le
cina per la ouate i nostri primi pulri vivevano nuve
onzième de son talon le douzième de l’orteil de
cenlo anni. Rome, 1542 , m-8". —
La esposizione di
,

son pied droit , le treizième du la plante de son


Oeber jHosofo. nella quale si dichiarano molli nobi-
lissimi secreli délia niitura. ln-8". Venise, 154-4. — pied gauche el le dernier de l'air qui l'envi-
Ces deux ouvrages, traduits en latin, se trouvent ronnait. Les habitants de chacun de ces mondes
dans le recueil de Gratarole, Vera alchemice doelrina,
ont des qualités qui les distinguent, analogues à
et dans le tome 1" de la bibliothèque chimique de
Manget; ils sont aussi publics séparément sous le leur origine; ceux du inonde sorti du cerveau de
titre : De akhemia dialogi duo. ln-4°. Lugd., 4 548. Brahma sont sages et savants.

vogle
BRA — 118 — BRI

Les brahmines sont fatalistes; ils disent qu’à ne pouvoir être mis à mort pour quelque crime
la naissance de chaque Être mortel, Brahma écrit que ce soit. Un Indien qui aurait le malheur de
tout son horoscope qu’aucun pouvoir n’a plus le tuer un brahmine ne peut expier ce crime que
moyen de changer. par douze années de pèlerinage, en demandant
Les brahmines, toujours astrologues et magi- l’aumône et faisant ses repas dans le crâne de sa
ciens, jouissent encore à présent du privilège de victime.

Brahmane.

Les brahmanes de Siam croient que la terre mée. Elle parcourt les appartements du château
périra par le feu ,
et que de sa cendre il en habité par la personne qui doit mourir, sans
renaîtra une autre qui jouira d'un printemps per- qu’on ose arrêter sa marche. Il y a longtemps
pétuel. que cette apparition n'a lieu et l’on conte qu’un
;

Le juge Boguet , qui fut dans son temps le Iléau page ayant eu l’audace un jour de se placer de-
des sorciers, regarde les brahmanes comme d’in- vant la grande femme blanche , elle le jeta à terre
signes magiciens, qui faisaient le beau temps et avec tant de violence qu’il resta mort sur la
la pluie en ouvrant ou fermant deux tonneaux place.
qu’ils avaient en leur puissance. Leloyer assure, Bras de fer, berger sorcier, l’oy. Hocque.
page 337, que les brahmanes, ou brahmines, Brebis. Voy. Troupeaux.
vendent toujours les vents par le moyen du dia- Brennus, général gaulois. Après qu'il se fut
ble et il cite un pilote vénitien qui leur en acheta
;
emparé de Delphes, et qu’il eut profané le temple
au seizième siècle. d'Apollon, il survint un tremblement de terre,
Brandebourg. On assure encore, dans les vil- accompagné de foudres et d’éclairs et d'une
lages de la Poméranie et do la Marche électorale, pluie de pierres qui tombait du mont Parnasse ;
que toutes les fois qu’il doit mourir quelqu'un de ce qui mit ses gens en tel désarroi qu’ils se lais-
la maison de Brandebourg, un esprit apparait sèrent vaincre; Brennus, déjà blessé, se donna
dans les airs, sous l'apparence d’une grande sta- la mort.

tue de marbre blanc. Mais c’est une femme ani- Briffa ut, démon peu connu, quoique chef de

Digitized by Google
BRI — 119 — BRO
légion.Il s’était logé dans le corps d'une possé- gnons, qu’ils ouvrirent des yeux effrayés. De
dée de Beauvais, au commencement du dix-sep- mémoire d'homme, on n’avait entendu parler
tième siècle. dans le pays d’êtres aussi petits, aussi agiles et
Brigitte (sainte). Il
y a dans les Révélations aussi babillards que ceux-là. Ils s’imaginèrent
de sainte Brigitte de terribles peintures de l’en- que ces petits hommes qui parlaient, dansaient,
fer. Les ennemis de la religion ont trouvé dans se battaient et se disputaient si bien ne pou-
ces écrits un thème à leurs déclamations. Mais ce vaient être qu'une troupe de lutins aux ordres
ne sont pas là des livres canoniques; l’Église de Brioché.
n'ordonne pas de les croire et ils ne s’adressent
,
Cette idée se confirmant par les confidences
pas à toute sorte de lecteurs. que les spectateurs se faisaient entre eux, quel-
Brinvilliers (Marie-Marguerite, marquise de). ques-uns coururent chez le juge, et lui dénon-

cèrent le magicien.
Le juge, épouvanté, ordonna à ses archers
d’arrêter le sorcier, et l'obligea à comparaître
devant lui. On garrotta Brioché, on l'amena de-
vant le magistrat, qui voulut voir les pièces du
procès ; on apporta le théâtre et les démons de
bois, auxquels on ne touchait qu’en frémissant;
et Brioché fut condamné à être brûlé avec son at-
tirail. Cette sentence allait être exécutée , lorsque

survint un nommé Dumont, capitaine des gardes


suisses au service du roi de France curieux de :

voir le magicien français, il reconnut le malheu-


reux Brioché qui l’avait tant fait rire à Paris. Il
se rendit en toute hâte chez le juge après avoir
;

fait suspendre d'un jour l’arrêt, il lui expliqua

l’affaire, lui fit comprendre le mécanisme des

femme qui, de 1666 à 1672, empoisonna, ou du marionnettes, et obtint l’ordre de mettre Brioché
moins fut accusée d’avoir empoisonné, sans mo- en liberté. Ce dernier revint à Paris, se promet-
tifs de haine, quelquefois même sans intérêt,
tant bien de ne plus songer à faire rire les Suisses

parents, amis, domestiques; elle allait jusque dans leur pays*.


dans les hôpitaux donner du poison aux malades. Brizomantie, divination par l’inspiration de
Il faut attribuer tous ces crimes à une horrible Brizo, déesse du sommeil c’était l’art de devi-
;

démence ou à cette dépravation atroce dont on ner les choses futures ou cachées par les songes
ne voyait autrefois d’autre explication que la pos- naturels.

session du diable. Aussi a-t-on dit qu'elle s’était Brocâliande, forêt enchantée des romans de
vendue à Satan. chevalerie.

Dès l’àge de sept ans, la Brinvilliers com- Brognoli, savant religieux italien de l'ordre
mença, dit-on, sa carrière criminelle, et il a été des frères mineurs, a exorcisé et délivré plu-
permis à des esprits sérieux de redouter en elle sieurs énergumènes et laissé un livre curieux,

un affreux démon possesseur. Kilo fut brûlée en intitulé Ale.iicacon, hoc est de maleJUUs ae mo-
1676. Les empoisonnements continuèrent après ribus malefieis cognoscendit. Venise, 1716.

sa mort. l'oy. Voisin. Brohon (Jean), médecin de Cuutances, au


Dans Almanach prophétique de 1862 M. Eu-
l’ ,
seizième siècle. Des amateurs recherchent de lui ;
gène Baresle a tenté de justifier la marquise de 1* Description d'une prodigieuse et merveilleuse

Brinvilliers. Mais il n’est pas possible qu’on l'ait comète, avec un traité présagique des comètes;
noircie. — Gorres, dans sa Mystique, reconnaît in-8°, Paris, 1568. —2* Almanach, ou Journal

dans crimes de cette femme l'influence sata-


les astrologique, avec les jugements pronostiques

nique, comme on a pu la voir de nos jours dans pour l’an 1572; Rouen, 1571, in-12.
un monstre appelé Dumollard. Brolic (Corneille), jeune garçon du pays de
Brioché (Jean) arracheur de dents qui , vers
,
Labourd, que Pierre Delancre interrogea comme
l’an 1650, se rendit fameux par son talent dans sorcier au commencement du dix-septième siècle.

l'art de faire jouer les marionnettes. Après avoir Il avoua qu’il fut violenté pour baiser le derrière

amusé Paris et les provinces, il passa en Suisse du diable. « Jo ne sais s'il dit cela par modestie,
et s’arrêta à Soleure où il donna une représen-
,
ajoute Delancre; car c’est un fort civil enfant.
tation en présence d’une assemblée nombreuse, Mais il ajouta qu’il soutint au diable qu'il aime-
qui ne se doutait pas de ce qu'elle allait voir, car rait mieux mourir que lui baiser le derrière si ,

les Suisses ne connaissaient pas les marionnettes. bien qu’il ne le baisa qu'au visage ;ctil eut beau-
A peine eurent-ils aperçu Pantalon, le diable, le < Lettres de Saint-André sur la magie, Démoniana,
médecin , Polichinelle et leurs bizarres compa- Dictionnaire d'anecdotes suisses .

Digitized by Google
,

BRO — 120 — BRO


coup de peine à se tirer du sabbat, dont il n’ap- àme était celle de saint Jacques le Mineur. Il se
prouvait pas les abominations', u proposait d’aller rétablir le royaume d’Israël et ,

Bronzet, lutin qui fréquentait l'abbaye de il s’adressa dans ce but au roi et au parlement.
Montmajor, près d’Arles. V'oy. Puez. Il avait beaucoup de disciples, à qui il promettait

Brossier (Marthe), tille d'un tisserand de Ro- un miracle éclatant. Il devait changer son bâton
morantin, qui se dit possédée et convulsionnaire en serpent, au milieu du Strand, à l’heure de
en 1569, à l'àge de vingt-deux ans. Elle se fit midi; ce qui échoua. Il annonçait aussi un trem-
exorciser; les effets de la possession devinrent blement de terre; à propos de celte prophétie,
de plus en plus merveilleux. Elle parcourait les beaucoup de personnes désertèrent Londres.
villes, et le diable, par sa bouche, parlait hé- Mais le tremblement de terre n’eut pas lieu, et
breu, grec, latin, anglais, etc. On disait aussi le prophète fut mis en prison. Nous n’en savons

qu’elle découvrait les secrets; on assure que pas plus sur le compte de cet homme.
dans ses cabrioles elle s'élevait quelquefois à Broucolaqnes. Voy. Vampires.
quatre pieds de terre. Brouette de la Mort. C’est une opinion gé-
L'official d'Orléans, qui se défiait d’elle, lui néralement reçue parmi les paysans de la basse
dit qu’il allait l’exorciser, et conjugua, dans Ues- Bretagne que, quand quelqu'un est destiné à
pautère, les verbes nexo et texo. Le démon aus- rendre bientôt le dernier soupir, la brouette de
sitôt la renversa à terre où elle fit ses contor-
,
la Mort passe dans le voisinage. Elle est cou-

sions. Charles Miron, évêque d'Angers, devant verte d'un drap blanc, et des spectres ta condui-
qui elle fut conduite, la fit garder dans une mai- sent; le moribond entend même le bruit de sa
son de confiance. On mil à son insu de l’eau bé- roue 1 . Dans certains cantons, cette brouette est
nite dans sa boisson, qui n'opéra pas plus d’ef- le char de la Mort, carriek an A ankou, et le cri

fet que l’eau ordinaire on lui en présenta dans


; de la fresaie annonce son passage *.
un bénitier, qu’elle crut bénite, et aussitôt elle Brown (Thomas), médecin anglais, mort en
tomba par terre se débattit et fil les grimaces
,
1682. Il combattit les erreurs dans un savant
accoutumées. L'évéque, un Virgile à la main, ouvrage 1 que l'abbé Souchay a traduit en fran-
feignit de vouloir l'exorciser, et prononça d'un çais sous le litre d'Kssai sur les erreurs popu-
ton grave Arma virumque cano. Les convul-
: laires, ou examen de plusieurs opinions reçues
sions de Marthe ne manquèrent pas de redou- comme vraies et qui sont fausses ou douteuses.
bler. Certain alors de l’imposture, Charles Miron 2 vol. in-12. Paris, 1733 et 1742. Ce livre, utile
chassa la prétendue possédée de son diocèse, quand il parut, l'est encore aujourd’hui, quoique
comme on l’avait chassée d’Orléans. beaucoup de ses erreurs soient dissipées. Les
A Paris, les médecins furent d’abord partagés connaissances du docteur Brown sont vastes,
sur son état; mais bientôt prononcèrent qu’il
ils ses jugements souvent justes; quelquefois ce-
y avait beaucoup de fraude, peu de maladie, et pendant il remplace une erreur par une autre.
que le diable n’y était pour rien Aihit a da- : L 'Essai sur les erreurs populaires est divisé en
mone, multa ficta, a morbo pauca. Le parlement sept livres. On recherche dans le premier la
prit connaissance de l’affaire, et condamna Mar- source des erreurs accréditées; elles doivent
the h s’en retourner à Romorantin, chez ses pa- naissance à la faiblesse de l'esprit humain , à la
rents, avec défense d’en sortir, sous peine de curiosité, à l’amour de l’homme pôur le merveil-
punition corporelle. leux , aux fausses idées aux jugements préci-
,

Cependant elle se fit conduire quelque temps pités.


après devant l’évêque de Clermont qu’elle espé- Dans le second livre on examine les erreurs
rait tromper mais un arrêt du parlement la mit
; qui attribuent certaines vertus merveilleuses aux
en fuite. Elle se réfugia à Rome, où elle fut en- minéraux etaux plantes telles sont les qualités
:

fermée dans une communauté là finit sa posses- ;


surnaturelles qu’on donne à l’aimant et le privi-
sion. On peut voir sur cette affaire les lettres du lège de la rose de Jéricho qui, dans l’opinion
cardinal d'Ossat et une brochure intitulée Dis- des bonnes gens, fleurit tous les ans la veille de
cours véritable sur le fait de Marthe Brossier, par Noël.
le médecin Marcscot, qui assista aux exorcismes Le troisième livre est consacré aux animaux
(in-8*, Paris, 1599). et combat les merveilles qu’on débite sur leur
Brothers (Richard), enthousiaste anglais qui, compte et les propriétés que des charlatans don-
au dix-septième siècle, se disait prophète et ne- nent à quelques-unes de leurs parties ou de leurs
veu de Dieu, à peu près comme David-Georges. sécrétions.
Il enseignait que âmes avaient été
toutes les Le quatrième livre traite des erreurs relatives
créées en même temps que celle d’Adam, et à l'homme. L’auteur détruit la vertu cordiale
avaient péché avec dans le paradis terrestre.
lui
Il croyait à la métempsycose, et disait que sou
1
Voyage de il. Cambry dans le Finistère, t. I.
a M. Kératry, Le dernier des Beaumanoir, ch. xxvi.
1
Tableau de l'inconstance des mauvais anges, 3 Pseudodoiia epidemica or enquéries the
etc., vulgar
p. 75. errors, etc. In-fol. Londres, 4646.
, , .

BRO — 121 — BRO


accordée au doigt annulaire, le conte populaire sur le menton de ses concitoyens pendant les

qui fait remonter l’origine des étemuments à jours néfastes.


une épidémie dans laquelle on mourait en éter- François Rapaërt, médecin de Bruges , publia
nuant, la puanteur spéciale des Juifs, les pyg- contre Bruhesen le Grand et perpétuel almanach,
mées, lesannées climatériques. ou fléau des empiriques et des charlatans' Mais
Le cinquième livre est consacré aux erreurs Pierre Ilaschaert, chirurgien partisan de l’astro-
qui nous sont venues par la faute des peintres; logie, défendit Bruhesen dans son Bouclier astro-
comme le nombril de nos premiers parents, le logique contre lefléau des astrologues de François
sacrifice d' Abraham, où son fils IsaaC est repré- Hapacrt *, et depuis on a fait des almanachs sur
senté enfant, tandis qu’il avait quarante ans. le modèle de Bruhesen , et ils n’ont pas cessé
L'auteur discute dans le livre sixième les d'avoir un débit immense.
opinions erronées ou hasardées qui ont rapport Brulefer. C’est nom que donnent les Véri-
le

à la cosmographie et à l'histoire. 11 combat les tables clavicules Salomon à un démon ou


de
jours heureux ou malheureux, les idées vulgaires esprit qu'on invoque quand on veut se faire
sur la couleur des nègres. aimer.
Le septième livre enfin est consacré à l’examen Brunehaat, reine d'Auslrasie. Elle contracta
de certaines traditions reçues, sur la tner Morte, avec Satan un marché en teneur duquel il devait
la tour de Babel ,
de l’Épiphanie, etc.
les rois lui faire en une nuit une route sur Tournay. Elle
Le savant ne se montre pas crédule cepen- ; devait être finie avant le chant du coq. Mais Bru-
dant il croyait, comme tout chrétien, aux sor- nehaut fit chanter son coq au moment où le dia-
ciers et aux démons. Le docteur liutchinson cite ble apportait la dernière pierre; ce qui rompait
de lui un fait à ce sujet dans son Essai sur la le marché. Celle pierre énorme est encore visi-
sorcellerie. En 1664, deux personnes accusées de tée et s'appelle la pierre de Brunehaut *.
sorcellerie allaient être jugées à Norwich; le Bruno (Giordano), né 4 Noie dans le royaume
grand jury consulta Brown, dont on révérait de Naples, au milieu du seixième siècle. 11 quitta
l’opinion et le savoir. Brown signa une attesta- l’habit monastique pour se jeter dans la philoso-
tion dont on a conservé l’original, dans laquelle phie hostile, et publia à Londres, en 1584, son
il reconnaît l'existence de sorciers et l'influence livre de V Expulsion de la bêle triomphante *. Ce
du diable il y cite même des faits analogues à
;
'
livre fut supprimé. C’était une critique, stupide
ceux qui faisaient poursuivre les deux accusés, dans le fond, malignè dans les détails, de toutes
et qu’il présente comme incontestables. Ce fut les religions, et spécialement de la religion chré-
cette opinion qui détermina la condamnation des tienne.
prévenus. Ayant voulu revoir sa patrie, il fut arrêté à Ve-
Brownie, Le
roi Jacques re-
lutin écossais. nise en 1598, transféré àRome, condamné et brûlé
gardait Brownie comme un
agent de Satan; le l’an 1600, moins pour ses impié-
17 février de
Kirck en fait un bon génie. Aux lies d’Arkney, tés flagrantesque pour scs doctrines effroyables
on répand encore des libations de lait dans la et ses mauvaises mœurs. Il avait consumé beau-
cavité d'une pierre appelée la pierre de Brow- coup de lomps à l’étude des rêveries herméti-
nie, pour s’assurer sa protection. Le peuple ques; il a même laissé des écrits sur l'alchimie *,

de ces Iles croit Brownie doux et pacifique mais ; et d’autres ouvrages dont quelques-uns ont par-
si on l'offense, il ne reparaît plus. Dans quelques tagé son bûcher *. Sion s'étonne de cette ri-
châteaux de l'Écoxse, on croit avoir un Brownie, gueur, il faut songer que les crimes qu’on pour-
qui est un démon familier. suivait ainsi et qui troublaient la société, la
Brudemort, démon noir qui est dans la Nor- corrompaient et hâtaient sa dissolution , inspi-
mandie l’épouvante des campagnes. Il est servi raient plus d’horreur alors que n’eti inspire au-
par ses dix mille huarls, qui sont des lutins té- jourd'hui chez nous l'assassinat.
nébreux , hurlant la nuit et mettant leur joie à Brunon. « L'empereur Henri III allait en ba-
faire peur aux bonnes gens. teau sur le Danube, eu son duché de Bavière,
Bruhesen (Pierre Van), docteur et astrologue
de la Campine, mort à Bruges en 1571. 11 publia
1 Magnumet perpetuum almanach , seu empirico -
rum et medicaslroruns flagellum. ln-12, 1551.
dans cette ville, en 1550, son Grand et perpé- 3
Clyprus aslrologicus contra fiagellum astrologo-
tuel almanach où il indique scrupuleusement rum Francises Hajmrdi. ln-1 i 1551. ,

3 Voyez cette tradition dans iesLégendes infernales.


d'après les principes de l’astrologie judiciaire,
4
Spàceio de la beslia triomphante, praposto da
les jours propres à purger, baigner, raser, sai-
Ginve, effetuato dal conseglo, rei'elalo da Mercurio,
gner, couper les cheveux et appliquer les ven- reeitalo da Sofia udilo da Saulina r eyislralo dal
, ,

touses. Ce modèle de l’almanach de Liège fit Xolano, divisa in tre dialogi, subdivisi in tre parti.
d'autant plus de rumeur à Bruges, que le ma- In Parigi. Londres, 1584, tn-8°.
6 De comjtendiosa architectura et complemento arlis
gistrat, qui donnait dans l’astrologie, fit très-
Lullii, etc. ln-16. Paris, 158î, etc.
expresses défenses à quiconque exerçait dans sa 0 Particulièrement La cena de le ceneri. descrita in
ville le métier de barberie de rien entreprendre cinque dialogi, etc. ln-8°. Londres, 1581.

:ed by Google
, ,

BRU — 122 — BUC


accompagné de Brunon, évêque de Wurtzbonrg, signe de la croix, et après qu’il eut conjuré le
et de quelques autres seigneurs. Comine il pas- diable, on ne sut ce qu'il devint. Mais bientôt,
sait près du château de Crein il se trouva en ,
comme l’empereur dînait à Kbcrsberg avec sa
péril imminent de se noyer, lui et les siens, compagnie, les poutres cl le plafond d’une cham-
dans un lieu dangereux cependant il se tira: bre basse où ils étaient s’écroulèrent; l’empe-
heureusement de ce péril. Mais incontinent on reur tomba dans une cuve où il ne se fit point
aperçut au haut d'un rocher un homme noir qui de mal et Brunon eut en sa chute tout le corps
,

appela Brunon , lui disant : — Évêque , sache tellement brisé qu’il en mourut. —
De ce Brunon
que je suis un diable , et qu'en quelque lieu que ou Bruno nous avons quelques commentaires sur
tu sois , tu es à moi. Je ne puis aujourd’hui te les Psaumes'. » —
Il n'y a qu'un petit malheur

mal faire ; mais lu verras avant peu. dans ce conte rapporté par le Ueloyer, c’est que
» Brunon ,
qui était homme de bien , fit le tout en est faux.

Bronchant.

Brar, nom donné dans le Dauphiné à cer- mais on dit qu’il se montra derechef au meur-
taines femmes qui sont, en quelque sorte, pos- trier de César, la nuit qui précéda la bataille de
sédées. l'oy. Kuiigon. Philippes, où Brutus se tua de sa main.
Brutus. Plutarque rapporte que, peu de temps Bncaille (Marie), jeune Normande de Va-
avant la bataille de Philippes, Brutus, étant seul lognes.qui, au dernier siècle, voulut se faire
et rêveur dans sa tente, aperçut un fantôme passer pour béate. Mais bientôt scs visions et
d’une taille démesurée, qui se présenta devant ses extases devinrent suspectes; elle s’était dite
lui en silence, mais avec un regard menaçant. quelquefois assiégée par les démons; elle se fai-
Brutus lui demanda s'il était dieu ou homme, et sait accompagner d'un prétendu moine qui dis-
ce qu’il voulait. Le spectre lui répondit Je : — parut dès qu'on voulut examiner les faits ; elle
,

suis ton mauvais génie, cl je t’attends aux se proclama possédée. Pour s’assurer de la vé-
champs de Philippes. • Eh bien! nous nous y 1
Leloyer, Discours et histoire des spectres liv. 111
verrons! i répliqua Brutus. Le fantôme disparut; ch. xvt.

Digitized by Google
,

BUC — 123 — BUG


rité dos prodiges qu'elle opérait, on la fit en- joignit menaces aux prières, de sorte que
les
fermer au secret. On reconnut que les visions Parker se décida à lui obéir; mais il fut traité de
de Marie Bucaille n’étaient que fourberies; qu'elle fou et Buckingham dédaigna son avis.
,

n’était certainement pas en commerce avec les Le spectre reparut une troisième fois, se plai-
anges. Elle fut fouettée et marquée et tout fut , gnit de l’endurcissement de son fils, et tirant un
fini '. poignard de dessous sa robe « Allez encore, :

Bucer (Martin), grand partisan de Luther, dit-il à Parker, annoncer à l’ingrat que vous avez

mort à Cambridge en 1551. On l’a peint suivi vu l’instrument qui doit lui donner la mort. »
d’un démon qui le soufflait. « Comme il était Et de peur qu’il ne rejetât ce nouvel avertis-
sement, le fantôme révéla à son ami un des plus
intimes secrets du duc. —
Parker retourna à la
cour. Buckingham, d’abord frappé de le voir
instruit de son secret reprit bientôt le ton de la
,

raillerie, et conseilla au prophète d'aller se gué-


rir do sa démence. Néanmoins, quelques se-
maines après, le duc de Buckingham fut assas-
siné. On ne dit pas si le couteau de Felton était
ce même poignard que Parker avait vu dans la
main du fantôme.
Bucon, mauvais démon, cité dans les Cla-
vicules de Salomon. Il sème la jalousie et la
haine.
Budas, hérétique qui fut maître de Manès, et
auteur de l'hérésie manichéenne. C'était, dit
Pierre Delancre ', un magicien élève des Brah-

manes, et en plein commerce avec les démons.


Un jour qu'il voulait faire je ne sais quel sacrifice
magique, le diable l’enleva de ferre et lui tordit
1
le cou digne récompense de la peine qu'il
:

avait prise de rétablir par le manichéisme la


puissance de Satan !
Buer, démon de seconde classe, président aux
enfers il a la forme d’une étoile ou d'une roue
;

aux abois do la mort, assisté de scs amis, le à cinq branches, cl s’avance en roulant sur lui-
diable s'y trouva aussi, l’accueillant avec une
figure si hideuse, qu'il n'y eut personne qui , de
frayeur, n’y perdit presque la vie. Icelui diable
l’empoigna rudement, lui creva le ventre, le
tua en lui tordant le cou, et emporta son âme,
J
qu’il poussa rudement devant lui aux enfers . »
Buckingham (George Villiers, duc de), fa-
vori de Jacques 1", mort à Portsmouth en 1628,
illustre surtout par sa fin tragique. On sait —
qu’il fut assassiné par Fellon , officier à qui il
avait fait des injustices. Quelque temps avant sa
mort, Guillaume Parker, ancien ami de. sa fa-
mille , aperçut à ses côtés en plein midi le fan-
tôme du vieux sir George Villiers, père du duc,
qui depuis longtemps ne vivait plus. Parker prit
d’abord cette apparition pour une illusion de ses
sens; mais bientôt il reconnut la voix de son
vieil ami qui le pria d'avertir le duc de Buc-
,

kingham d’être sur scs gardes, et disparut.


Parker, demeuré seul , réfléchit à cette commis- même. Il enseigne la philosophie , la logique et
sion, et,la trouvant difficile, il négligea de s’en les vertusdes herbes médicinales. Il se vante de
acquitter. Le fantôme revint une seconde fois et donner de bons domestiques et de rendre la santé
aux malades. Il commande cinquante légions.
1
Lettres du médecin Saint-André sur la magie et
Bngnot (Étienne) gentilhomme de la cham-
les maléfices, p. 188 et 431.
,
sur
1 Delancre, Tait, de l'inconstance des démons, etc., 1
Discours des spectres liv. VIII , ch. v.
liv. I, dise. i. 1 Socrate, Uitlor. sectes., lib. I, cap. xxi.

Digitized by Google
,, .

BUI 124 — BUS


bre de Louis XIV, auteur d’un livre rare intitulé taine dose d’idées superstitieuses. Une autre
Histoire récente pour servir de preuve à la vé- preuve qu’il n’était pas magicien , mais seule-
rité du purgatoire, vérifiée par procès-verbaux ment un peu mathématicien, c’est qu’on l’élut
dressés en 1663 et 1664, avec un Abrégé de la provincial des franciscains en Angleterre *.
vie d'André llugnot, colonel d’infanterie, et le Bunis, démons tartares. l'oy. Bune.
récit de son apparition après sa mort, ln-12, Or- Buplage ou Buptage. « Après la bataille don-
léans, 1665. Cet André Bugnot était le frère née entre le roi Antiochus et les Romains , un
d’Étienne. Son apparition et ses révélations n'ont officier nommé Buplage, tué dans le combat, où
rien d’original. il avait reçu douze blessures mortelles se leva ,

Buisson d'épines. Selon une coulume assez tout d’un coup au milieu de l’armée romaine
quand il y avait un malade dans une
singulière, victorieuse, et cria d’une voix grêle à l’homtne
maison, chez les anciens Grecs, on attachait qui le pillait :

à la porte un buisson d'épines, pour éloigner


Cesse, soldat romain, de déqiouiller ainsi
les esprits malfaisants.
Ceux qui sont descendus dans l’enfer obscurci...
Bullet (Jean-Baptiste), académicien de Be-
sançon , mort en 1775. On recherche ses Disser- n 11 ajouta en vers que la cruauté des Romains
tation» sur la mythologie française et sur plusieurs serait bientôt punie, et qu’un
peuple sorti de
points curieux de l’histoire de France, ln-12, l’Asie viendrait désoler l’Europe; ce qui peut
Paris, 1771. marquer des Francs sur les terres de
l’irruption
Bune, démon puissant, grand-duc aux enfers. l’empire. Après cela, bien que mort, il monta
Il a la forme d’un dragon avec trois têtes, dont sur un chêne et prédit qu’il allait être dévoré
,

la troisième seulement est celle d'un homme. Il par un loup; ce qui eut lieu, quoiqu’il fût sur un
ne parle que par signes; il déplace les cadavres, chêne. Quand le loup eut avalé le corps , la tête
hante les cimetières et rassemble les démons parla encore aux Romains et leur défendit de lui
sur les sépulcres.Il se vante d’enrichir et de donner la sépulture. Tout cela paraît très-in-
rendre éloquents ceux qui le servent. Trente lé- croyable *. Ce ne furent pas les peuples d’Asie,
gions lui obéissent *.
mais ceux du Nord qui renversèrent l'empire
Les démons soumis à Bune et appelés Bonis, , romain mais on a cru longtemps que les Francs
;

sont redoutés des Tartares, qui les disent très- venaient de la Troade. »
malfaisants. Il faut avoir la conscience nette pour Burgifer, démon ennemi de Brudemort.
être à l’abride leur malice; car leur puissance Burgot (Pierre), loup-garou brûlé à Besan-
est grande et leur nombre est immense. Cepen- çon en 1521 avec Michel Verdung.
dant les sorciers du pays les apprivoisent, et Burrough ( George ) , ministre de la religion
c’est par le moyen des Bunis qu’ils se vantent anglicane h Salem, dans la Nouvelle-Angleterre,
de découvrir l’avenir. pendu comme sorcier en 1692. On l’accusait
Bungey (Thomas), moine anglais, élève, d'avoir maléficié deux femmes qui venaient de
ami et serviteur de Roger Bacon avec qui les , mourir, la mauvaise habitude qu'il avait de se
démonographes l'accusent d’avoir travaillé sept vanter sottement qu’il savait tout ce qu’on disait
ans à la merveilleuse tête d’airain qui parla, de lui en son absence fut admise comme preuve
comme on sait ’. On ajoute qu’il était magicien qu’il communiquait avec le diable '.

et on en donne pour preuve qu’il publia tin livre Burton (Robert), auteur d'un ouvrage in-
de la magie naturelle, De magia naturali, au- titulé Anatomie de la mélancolie , par Démoerite
jourd'hui peu connu. te jeune, in-4“, 1624; mort en 1639. L’astrologie
Les bonnes gens racontent que l’illustre reli- était de son temps très-respectée en Angleterre,
gieux ayant formé le projet d’entourer l’Angle-
, sa patrie.Il
y croyait et voulait qu'on ne doutât
terre d’un mur d’airain, avait fabriqué une tète pas de ses horoscopes. Ayant prédit publique-
de bronze, prodigieux androïde quï devait avertir ment le jour de sa mort, quand l'heure fut ve-
son serviteur, le frère Bungey, du moment favo- nue il se tua pour la gloire de l’astrologie et
rable à l’érection de la muraille. Un jour la tète pour ne pas avoir un démenti dans ses pronostics.
dit : 11 Bungey dormait. Un autre jour
est temps. Cardan et quelques autres personnages habiles
elle répéta 11 est temps.
: Bunger dormait en- dans la science des astres ont fait la même
core. Une troisième fois elle ouvrit la bouche et chose *.

s’écria Il n’est plus temps. Aussitôt la maison


:
Busas, prince infernal, l'oy. Pncrtxs.
ébranlée dans ses fondements, ensevelit Bungey
sous scs ruines. 1
Naudé, .4pol. pour les grands personnages, etc.,
Delrio l’absout de l’accusation de magie *, et p. 493.
2 Traité dogmatique des apparitions, t. II 1 83.
il avoue que son livre ne contient qu’une ccr- , p.

Leloyer, p. Î53.
1
Wierus. in Pseudomonarchia dœmon. 3 Godwin Fie des nécromanciens.
,
2 Voyez Bacon. 4 Curiosités de. la littérature, traduit de l’anglais
2 Disquisit. magie., lib. l.cap. ni, q. i. par Berlin , t. 1 , p. 51

Digitized by Google
, ,

BOT — 125 — CAB


Butadieu, démon rousseau, cité dans des formule qui enchaîne les esprits, et Byleth arrive
procédures du dix-septième siècle. dans le triangle avec soumission. S’il ne parait
Bnxtorf (Jean), Wcstphalien, savant dans pas, c’est que l’exorciste est sans pouvoir, et
la littérature hébraïque, mort en 1629. Les cu- que l’enfer méprise sa puissance. On dit aussi
rieux lisent son Abrégé du Talmud, sa Biblio- que quand on donne à Byleth un verre de vin
thèque rabbinique et sa Synagogue judaïque '. il faut le poser dans le triangle; il obéit plus

Cet ouvrage, qui traite des dogmes et des céré- volontiers et sert bien celui qui le régale. On
monies des Juifs , est plein des rêveries des rab- de lui faire un
doit avoir soin, lorsqu'il parait,
bins, à côté desquelles on trouve des recher- accueilgracieux de le complimenter sur sa
,

ches curieuses. bonne mine, de montrer qu’on fait cas de lui et


Byleth, démon fort et terrible, l’un des rois des autres rois ses frères il est sensible à tout
:

de l’enfer, selon la Pseudomonarchie de Wicrus. cela. On ne négligera pas non plus, tout le
Il se montre assis sur un cheval blanc, précédé temps qu’on passera avec lui, d’avoir au doigt
de chats qui sonnent du cor et de la trompe. du milieu de la main gauche un anneau d’argent
qu’on lui présentera devant la face. Si ces con-
ditions sont difficiles, en récompense celui qui
soumet Bvlet devient le plus puissant des hom-
mes. —
Il était autrefois de l'ordre des puis-
sances il espère un jour remonter dans le ciel
;

sur le septième trône, ce qui n’est guère croyable.


Il commande quatre-vingts légions.
Byron. Le Vampire, nouvelle traduite de
l’anglais de lord Byron, par II. Kaber; in-8",
Paris, 1819. Celte nouvelle, publiée sous le nom
de lord Byron , n’est pas l'ouvrage de ce poète,
qui l'a désavouée. L’auteur n’a pas suivi les idées
populaires Sur les vampires; il a beaucoup trop
relevé le sien. C’est un spectre qui voyage dans
la Grèce, qui fréquente les sociétés d'Athènes,
qui parcourt le monde qui se marie pour sucer
,

sa femme. Les vampires de Moravie étaient


extrêmement redoutés; mais ils avaient moins
de puissance. Celui-ci, quoiqu’il ail l’œil gris-
mort, fait des conquêtes. C’est, dit-on, une
L'adjurateur qui l'évoque a besoin de beaucoup historiette populaire de la Grèce moderne que
de prudence, car il n’obéit qu’avec fureur. Il lord Byron raconta dans un cercle et qu'tm
faut pour le soumettre avoir h la main un bé- jeune médecin écrivit à tort; car il remit h la
ton de coudrier; et, se tournant vers le point qui mode, un instant, des horreurs qu’il fallait
sépare l’orient du midi, tracer hors du cercle laisser dans l’oubli.
où l'on s'est placé un triangle; on Ht ensuite la !
Bythies. Vuy. Bithies.

Caaba. f oy. K.vvnv. l’homme invisible et commande trente-six lé-

Caacrinolaas, nommé aussi Caaaimolar et gions '. Le Grand Grimoire le nomme Clattyala-
Glastiolabolat , grand président aux enfers. Il se bolat de sergent qui
et n’en fait qu'une espèce
présente sous la forme d'un chien , et il en a la sert quelquefoisde monture à Nébiros ou Nabc-
démarche, avec des ailes de griffon. 11 donne rus. \ oy. Ckbbèue.

la connaissance des arts libéraux, et, par un Cabadès. Voy. Zocbdmu'.ïp.b.


bizarre contraste ,il inspire lés homicides. On Cabale ou Cabbale. Pic de la Mirandoleditque
dit qu'il prédit bien l'avenir. Ce démon rend ce mot, dans son origine hébraïque, signifie tra-
J
dition . L’ancienne cabale des Juifs est, selon
1
OfKfii lahnudici brevis rteensio et bibliothrvu
rabbinica. In-8". Bile, (lit J. Synayoyu juduica.. 1
Wicrus, in Ptextdomonarchia dœmon.
In- S". Bile, 4603, en allemand et en latin. Hanau, Un critique ignorant voulait faire dos affaires
5 «

4601; Bile, 4641. à Rome, au pnneo Pic do la Mirandole, particulière-

Digitized by Google
,

CAB — 126 — CAB


quelques-uns, une sorte de maçonnerie mysté- citent plusieurs saints dont le nom ressuscita des
rieuse selon d’autres, ce n’est que l’explication
;
morts.
mystique de la Bible, l’art de trouver des sens La cabale grecque, inventée, dit-on, par Py-
1
cachés dans la décomposition des mots , et la thagorc et par Platon , renouvelée par les Valen-
manière d’opérer des prodiges par la vertu de ces tiniens, lira sa force des lettres grecques com-
mots prononcés d'une certaine façon. Voyez Tué- binées et fit des miracles avec l’alphabeL

mura et Tuéomancie. Cette science merveilleuse, La grande cabale ou la cabale dans le sens
,

si l’on en croit les rabbins affranchit ceux qui


,
moderne proprement dite, est l’art de commercer
la possèdent des faiblesses de l’humanité, leur avec les esprits élémentaires elle tire parti pour ;

procure des biens surnaturels .leur communique cela de certains mots mystérieux. Elle explique
le don de prophétie , le pouvoir de faire des mi- les choses les plus obscures par les nombres,

racles , et l’art de transmuer les métaux en or, par le changement de l’ordre des lettres et par
c’est-à-dire la pierre philosophale. Elle leur ap- des rapports dont les cabalistes se sont formés
prend aussi que le monde sublunaire ne doit du- des règles. (Jr, voici quels sont, selon les caba-
rer que sept mille ans, et que tout ce qui est su- listes , les divers esprits élémentaires :

périeur à la lune en doit durer quarante-neuf Les quatre éléments sont habités chacun par
mille. des créatures particulières, beaucoup plus par-
faites que l’homme, mais soumises comine lui
aux lois de la mort. L’air cet espace immense ,

qui est entre la terre et les cieux, a des hôtes


plus nobles que les oiseaux et les moucherons.
Ces mers si vastes ont d’autres habitants que les
dauphins et les baleines. Les profondeurs de la
terre ne sont pas destinées aux taupes seulement ;
et l’élément du feu , plus sublime encore que les
trois autres, n’a pas été fait pour demeurer inu-
tile et vide.
Les salamandres habitent donc la région du
feu; les sylphes, le vague de l’air ; les gnomes,
l’intérieur de la terre ; et les ondins ou nymphes,
le fond des eaux. Ces êtres sont composés des
plus pures parties des éléments qu’ils habitent.
Adam, plus parfait qu’eux tous, était leur roi na-
turel ; mais, depuis sa faute, étant devenu impur
et grossier , il n’eut plus de proportion avec ces
substances; il perdit tout l’empire qu’il avait sur
Caacrinolus.
elles.

Que
l’on se console pourtant; on a trouvé dans
Les Juifs conservent la cabale par tradition
la nature les moyens de ressaisir ce pouvoir
orale ; que Dieu
ils croient donnée à Moïse l'a
perdu. Pour recouvrer la souveraineté sur les sa-
au pied du mont Sitiaï que le roi Salomon
; au- ,
lamandres, et les avoir à ses ordres, on attire le
teur d'une figure mystérieuse que l’on appelle
feu du soleil par des miroirs concaves dans un
V arbre Je la cabale des Juifs, y a été très-expert, , ,

globe de verre ; il s’y forme une poudre solaire


et qu’il faisait des talismans mieux que personne.
qui se purifie elle-même des autres éléments et
Toslat dit même que Moïse
ne faisait ses miracles ,

qui avalée est souverainement propre à exhaler


avec sa verge que parce que le grand nom de , ,

le nous faire devenir


feu qui est en nous, et à
Dieu y était gravé. Valderaine remarque que les
pour de matière ignée. Dès lors, les
ainsi dire
apôtres faisaient pareillement des miracles avec
habitants de la sphère du feu deviennent nos in-
le nom de Jésus, et les partisans de ce système
férieurs, et ont pour nous toute l’affection qu’ils
ont pour leurs semblables, tout le respect qu’ils
ment pour le nom de rabale qu’il trouvait dans les
ouvrages de ce prince. On demanda à co critique ce doivent au lieutenant de leur créateur.
qui l’indignait si fort dans co mot de cabale. Ko — De même, pour commander aux sylphes, aux
savez-vous pas, répondit le stupide, que ce (tabule
gnomes, aux nymphes, on emplit d’air, de terre
était un scélérat tout à fait diabolique qui eut l'im-,
ou d'eau un globe de verre on le laisse bien
, ; ,
piété d’écrire beaucoup de choses contre Jésus-Christ i

même qui forma une hérésie détestable cl dont les !


fermé, exposé au soleil pendant un mois. Chacun
,

sectateurs s'appellent encore cabalistes? » (Gabriel de ces éléments, ainsi puriûé, est un aimant qui
Naudé, Apologie pour les grands personnages accusés attire les esprits qui lui sont propres.
de magie. Adrien Baillet, Jugements des savants.
Si on prend tous les jours, durant quelques
Chap. Mil , g î des Jugements sur les livres en gé-
néral.) mois, de la drogue élémentaire, formée, ainsi
1
Voyez Abdeel. qu’on vient de le dire, dans le bocal ou globe de

Digitized by Google
CAB 127 — CAB
verre , on voit bientôt dans les airs la république et ils admirent entre Dieu et l’homme quatre
volante des sylphes, les nymphes venir en fdule sortes d’êtres intermédiaires, dont on a fait plus
au rivage, les gnomes, gardiens des trésors et tard les salamandres, les sylphes, les ondins et
des mines , étaler leurs richesses. On ne risque les gnomes. Les Chaldéens sont sans doute les
rien d'entrer en commerce avec eux on , les trou- premiers qui aient rèvéces êtres; ils disaient que
vera honnêtes , savants, bienfaisants et craignant ces esprits étaient les âmes des morts , qui , pour
Dieu. Leur âme est mortelle, et ils n’ont pas l'es- se montrer aux gens d’ici-bas, allaient prendre
pérance de jouir un jour de l'élre suprême, qu'ils un corps solide dans la lune.
connaissent et qu’ils adorent. Ils vivent fort long- La cabale des Orientaux est encore l’art de
temps, et ne meurent qu’aprês plusieurs siècles. commercer avec les génies , qu’on évoque par
.Mais qu’est-ceque le temps auprès de l'éternité? des mots barbares. Au reste, toutes les cabales
Ils gémissent donc de leur condition. Pourtant, sont différentes pour les détails mais elles se ;

il n’est pas impossible


de trouver du remède à ce ressemblent beaucoup dans le fond. On conte sur
I

mal; car, de même que l’homme, par l’alliance ces matières une multitude d’anecdotes. On dit
qu’il a contractée avec Dieu, a été- fait partici- qu’Homèrc, Virgile, Orphée furent de savants
pant de la Divinité, les sylphes, les gnomes, les cabalistes.
nymphes et les salamandres deviennent partici- Parmi les mots les plus puissants en caliale, le
pants de l’immortalité, en contractant alliance fameux mot Aijla est surtout révéré. Pour re-
avec l’homme. (Nous transcrivons toujours les trouver les choses perdues, pour apprendre par
docteurs cabalistes.) Ainsi, l’âme d’une nymphe révélations les nouvelles des pays lointains, pour
ou d’une sylphide devient immortelle quand elle faire paraître les absents, qu’on se tourne vers
est assez heureuse pour se marier à un sage un ;
l’Orient, et qu’on prononce â haute voix le grand
gnome ou un salamandre cesse d’être mortel en nom Aijla. Il opère toutes ces merveilles, même
son âme du moment qu’il épouse une tille des lorsqu’il est invoqué par les ignorants, s’ils sont
hommes. On conçoit par là que ces êtres se plai- convenablement disposés. oy. Aol*. I

sent avec nous quand nous les appelons. Les ca- Les rabbins définissent la cabale : < Une science
balistes assurent que les déesses de l’antiquité, qui élève à la contemplation des choses célestes

et ces nymphes qui prenaient des époux parmi et au commerce avec les esprits bienheureux ;

les hommes, et ces dénions incubes et succubes elle fait connaître les vertus et les attribués de la

des temps barbares , et ces fées qui , dams le divinité, les ordres et les fonctions des anges, le
moyen âge, se montraient au clair de la lune, nombre des sphères , les propriétés des astres,
]

ne sont que des sylphes , ou des salamandres, ou la pro|K>rlion (les éléments, les vertus des plantes
des ondins. et des pierres, les sympathies, l’instinct des ani-

y a pourtant des gnomes qui aiment mieux


Il maux, pensées les plus secrètes des hommes. •
les
mourir que risquer, en devenant immortels, d’être » Cinquante entrées différentes, d’après les
aussi malheureux que les démons. C’est le diable rabbins, conduisent à la connaissance générale
(disent toujours nos auteurs) qui leur inspire ces des mystères; c’est ce qui s'appelle les cinquante
sentiments; il ne néglige rien pour empêcher ces portes de l’intelligence. Dieu en fit connaître
pauvres créatures d’immortaliser leur âme par ,
quarante-neuf à Moïse; celui-ci renferma toute
notre alliance. cette doctrine, toute l'étendue de la science que
|

Les cabalistes sont obligés de renoncer â biut 1

Dieu lui avait donnée , dans les cinq livres du


commerce avec l’espèce humaine, s’ils veulent Pentateuque ; elle y est contenue, ou dans le
ne pas offenser les sylphes et les nymphes dont sens ou dans le sens allégorique, ou dans
littéral

ils recherchent l’alliance. Cependant, comme le la valeur etla combinaison arithmétiques des

nombre des sages cabalistes est fort petit, les lettres,dans les ligures géométriques des carac-
nymphes et les sylphides se montrent quelque- tères, dans les consonnances harmoniques des
foismoins délicates, et emploient toutes sortes sons. C'est à l’y découvrir que travaillent tous
d’artilicespour les retenir. l!n jeune seigneur de ceux qui se sont occupés de la cabale. Un com-
Bavière était inconsolable de la mort de sa femme. prend par ce court exposé que, s'il est cinquante
Une sylphide prit la figure de la défunte, et s'alla portes ouvertes à l'intelligence, le nombre de
présenter au jeune homme désolé, disant que celles qui sont ouvertes h l’erreur doit être infini.
Dieu l’avait ressuscitée pour le consoler de son » Quelques savants même chrétiens se sont
extrême affliction. Ils vécurent ensemble plusieurs occupés de la cabale, et ont voulu lui assigner
années, mais le jeune seigneur n’était pas assez ! une place dans les éludes sérieuses. Le fameux
homme de bien pour retenir la sage sylphide ; Pic de la Mirandole a composé un livre tout exprès
elle disparut un jour, et ne lui laissa que ses jupes pour en faire sentir l'importance.
et le repentir de n’avoir pas voulu suivre ses » [I
y dit sérieusement que celui qui connaît la
bons conseils. vertu du nombre 10 et la nature du premier
,

Plusieurs hérétiques des premiers siècles mê- nombre sphérique qui est 5 , aura le secret des
,

lèrent la cabale juive aux idées du christianisme. i


cinquante portes d'intelligence, du grand jubilé
CAB — 128 — CAD
de cinquante ans des Juifs, de la millième géné- ils appelaient spécialement ainsi un monstre ef-

ration de l'Apocalypse et du règne de tous les frayant, un spectre horrible, qui n’était pasassez
siècles dont il est parlé dans l'Évangile. U ensei- reconnaissable pour être désigné autreinenL Cha-
gnait en outre que , pour son compte il y avait ,
que homme avait son bon et son mauvais démon,
trouvé toute la doctrine de Moïse, la religion eudémon et cacodémon. Les astrologues appelaient
chrétienne, les mystères de la Trinité et de la
Rédemption, les hiérarchies des anges, la chute
des démons, les peines de l’enfer, etc. Toutes
ces assertions forment les soixante-douze der-
nières propositions des neuf cents qu’il soutint h
Rome, avec l'admiration générale, à Tâge de
vingt-quatre ans *. »
Le savant juif Cahen, qui était réaliste, ne re-
gardait guère la cabale que comme un enchaîne-
ment de superstitions, L'oy. Ensopu.
On
peut puiser sur les rêveries de la cabale des
instructions plus étendues dans les divers ou-
vrages qui en traitent spécialement, mais qui
sont peu recommandables 1" le Comte de Gabalis
:

ou Entretiens sur les sciences secrètes, par l’abbé


de Villars. La meilleure édition est de 1742,
in-12; 2° les Génies assistants, suite du Comte de
Gabalis, in-12 même année; 3" le Gnome irré-
,

conciliable, suite des Génies assistants ; 4” A'ou-


veaux entretiens sur les sciences secrètes, suite
nouvelle du Comte de Gabalis, même année; aussi la douzième maison du soleil qui est la plus ,

5” Lettres cabalistiques, par le marquis d’Argens, mauvaise de toutes, cacodémon, parce que Sa-
la Haye, 1741, 6 volumes in-12. Cet ouvrage turne y répand ses malignes influences, et qu'on
est plein, beaucoup plus que les précédents, de n’en peut tirer que des pronostics redoutables.
passages condamnés, l'oy. ZÉDf.cuiAS. Cacoux, l’oy. Caqueux.
Cabanda. Hideux démon de l’Inde il est gros ; Cactonite , pierre merveilleuse qui , selon
comme un rocher n'a ni tête ni jambes mais
, , , quelques-uns, n’est autre chose que la cornaline.
des bras longs d'une lieue et qui ont été rac- On lui attribue de grandes propriétés. Les an-
courcis par Itàma. ciens en faisaient des talismans qui assuraient la
Cabires, dieux des morts, adorés très-an- victoire.
ciennement en Égypte. Bochard pense qu'il faut Cacus, espèce d’ogre de l’antiquité. 11 était
entendre sous ce nom les trois divinités infer- filsde Vulcain et vomissaiL du feu par la gueule.
nales: Pluton, Proserpine et Mercure. Ce monstre, de taille gigantesque, moitié homme
D’autres ont regardé les cabires comme des cl moitié bouc, mangeait les passants dans sa ca-
magiciens qui se mêlaient d'expier les crimes des verne, au pied du mont Aventin, et accrochait
hommes, et qui furent honorés après leur mort. leurs têtes à sa porte. Il fut étranglé par Hercule.
On les invoquait dans les périls et dans les in- — Cacus a été peint quelquefois avec une tête de
fortunes. Il
y a de grandes disputes sur leurs bête sur un corps d’homme.
noms, qu'on ne déclarait qu'aux seuls initiés Cadavre. Selon la loi desJuifs, quiconque avait
Ce qui est certain c'est que les cabires sont des
, touché un cadavre était souillé ; il devait se pu-
démons qui présidaient autrefois à une sorte de rifier avant de se présenter au tabernacle du Sei-

sabbat. Ces orgies, qu’on appelait fêles des Ca- gneur. Quelques censeurs des lois de Moïse ont
bires,ne se célébraient que la nuit : l’initié, après jugé que cette ordonnance était superstitieuse. Il
des épreuves effrayantes, était ceint d’une cein- nous parait au contraire, dit Bergier, qu’elle était
ture de pourpre couronné d’une branche d'oli-
, très-sage. C’était une précaution contre la super-
vier et placé sur un Irène illuminé, pour repré- stition des païens, qui interrogeaient les morts
senter le maître du sabbat, pendanlqu’on exécutait pour apprendre d eux l’avenir ou les choses ca-
autour de lui des danses hiéroglyphiques plus ou chées abus sévèrement interdit aux Juifs, maisqui
:

moins infâmes. a régné chez la plupart des nations. Voy. Aimant,


Cacodémon mauvais démon. C’est le nom que
,
Cercueil , etc.
lcsanciens donnaient aux esprits malfaisants. Mais Cadière. l'oy. Girard.

Cadmée ou Cadmie qu’on appelle plus gé-


,
1
M.met y (qui cite ltcuclilin, De arts rabalistica),
II. t
néralemcntca lamine, fossile bitumineuxquidonne
Annales de philosophie chrétienne, livraison du 30 no-
vembre 1838. une teinte jaune au cuivre rouge, et que certains
1 chimistes emploient pour faire de l’or.
Dclandine, l 'Enfer des peuples anciens, ch. xix.
CAD — 129 — CÆC
Cadmns. M. Appert a établi que l’écriture nous Cadulus, pieux soldat dont la légende rap-
vient d'Adam, et que le Cadmus célébré par les porte qu’il était obsédé par le diable en forme
Grecs comme l'inventeur de l’écriture n’est autre d'ours *. Il s’en délivra par la prière.
qu'Adam Adamus, qui a reçu ce don en même
, Cæculus, petit démon né d’une étincelle qui
'

temps que celui de la parole. On a altéré le nom vola de la forge de Vulcain dans
le sein de Pre-
d'Adamus, en mettant une aspiration orientale nesta. Il parmi les bêles sauvages. On
fut élevé
devant la première lettre le reconnut à cette particularité, qu’il vivait dans
Caducée. C’est avec celte baguette ornée de , le feu comme dans son élément ; ses yeux ,
qui
deux serpents entrelacés, que Mercure condui- étaient fort petits, étaient seulement un peu en-
sait lesâmes aux enfers et qu'il les en tirait au dommagés par la fumée. Les cabalistes font do
besoin. lui un salamandre.

Cadavre.

Caf. l’oy. Kaf. sophale, le magnétisme et diverses jongleries et


Cagliostro (Joseph-Balsamo), célèbre aven- intrigues ignobles.
turier du dix-huitième siècle, connu sous le nom Il se rendit à Strasbourg, où il fut reçu, en
d'Alexandre, comte de Cagliostro, naquit, dit- 1780, avec une sorte de triomphe; il
y guérit
on, à Païenne en 17!i3 de parents obscurs. Il
, certains avec une
malades qui l'attendaient ,

montra dans ses premières années un esprit adresse si prompte que l’on a cru qu’ils étaient

porté à la friponnerie; tout jeune, il escroqua apostés et leur mal supposé, à moins que le
soixante onces d'or à un orfèvre, en lui pro- diable ne fût aux ordres de Cagliostro comme ,

mettant de lui livrer un trésor enfoui dans une beaucoup l’ont dit et comme le faisait penser
,

grotte, sous la garde des esprits infernaux; il le sa physionomie patibulaire.


conduisit dans celte grotte, où le bonhomme fut Les uns ont regardé Cagliostro comme un
assommé de coups de bâton. Cagliostro s’enfuit homme extraordinaire, un inspiré; d'autres
alors et voyagea, avec un alchimiste nommé Al- comme un charlatan; quelques-uns ont vu en
thotas, en Grèce, en Égypte, en Arabie, en lui un membre voyageur de la maçonnerie lem-

Perse, à Rhodes, à Malte. Ayant perdu là son plièrc, constamment opulent par les secours
compère, il passa en Angleterre et d’Angleterre nombreux qu’il recevait des diverses loges de
en France, vivant du produit de ses composi- l’ordre; mais le plus grand nombre s’accorde à
tions chimiques. Il donnait dans la pierre philo- donner au faste qu'il étalait une source moins
1
Voyez les Légendes de C Ancien Testament (le livre
honorable encore. Il se vantait de converser
d’Enocn). 1
Bollandi Acta sanctorum. Il aprilis.
S

Digitized by Google
, , ,,

CAG — 130 — CAL


avec les et il faisait entendre en rase
anges ,
1

Il a écrit, dit-on, la relation de quelques opé-


campagne par ventriloquie ) des voix venant rations prétendues magiques, ainsi que d'une
(
du ciel. 11 institua une espèce de cabale égyp- transmutation de métaux vils en or, faites à Var-
tienne. De jeunes garçons et de jeunes filles, sovie en 1780. —
On inet sur son compte une
qu'il appelait ses pupilles ou colombes se pla- ,
plate brochure qui apprenait aux vieilles femmes
çaient dans l’état d’innocence devant une boule à trouver les numéros de la loterie dans leurs
de cristal, et là, abrités d’un paravent, ils ob- rêves.On vendait tous les ans à Paris un grand
tenaient, par l’imposition des mains du grand nombre d'exemplaires de ce fatras dont voici le
cophtc (c’était lui qui était le grand cophle), la titre Le Vrai Cagliostro, ou le Régulateur des
:

faculté de communiquer avec les esprits. Ils actionnaires de la loterie, augmenté de nouvelles

voyaient dans cette boule tout ce qu’ils vou- cabales faites par Cagliostro, etc., in-8*, avec

laient voir. —
Les travaux de ces pupilles ou co- le portrait de l’auteur, au bas duquel on a mis
lombes ne se bornaient pas à cette cérémonie : ces treize syllabes Pour savoir ce qu’il est il
; ,

Cagliostro leur enseignait à découvrir les choses faudrait être lui-même.


occultes, les événements à venir et les matières Cagots, individus des Pyrénées qui y sont des
curieuses. On ajoute qu’il a aux fait paraître sortes de parias. Les autres habitants les évitent
grands seigneurs de Paris et de Versailles, dans comme gens maudits. Ce sont, dit-on , des restes
des glaces, sous des cloches de verre et dans de la race des Goths, appelés Ca-Golhs, en
des bocaux, des spectres animés et mouvants, en abréviation de canes üot/ti chiens de Goths.
ainsi que des personnes mortes qu'on lui deman- Caïn. Les musulmans et les rabbins disent
dait à voir.—-Un soir qu'il se trouvait à Versailles qu’Ève, ayant deux fils, Caïn et Abel, et deux
avec plusieurs des seigneurs de la cour, ceux-ci filles Aclima et Lébuda , voulut unir Caïn avec
,

témoignèrent l’envie de connaître ce que faisait en Lébuda, et Aclima avec Abel. Or, Caïn était
ce moment une dame de leur société, qui élait épris d’ Aclima. Adam pour mettre ses (ils d'ac-
,

restée à Saint-Germain. Aussitôt il forma sur le cord, leur proposa un sacrifice; et, comme on
parquet un carré passa la main dessus et l’on
,
, le sait, l’offrande de Caïn fut rejetée. Il ne vou-

vil sc tracer la figure de la dame jouant aux lut pourtant pas céder Aclima; il résolut, pour

tressettes avec trois de ses amies, loulcs assises l’avoir plus sûrement de tuer son frère Abel ;
,

sur un tapis. On envoya au logis de celte dame, mais il ne savait comment s’y prendre. Le diable,
qu’on trouva effectivement dans la même atti- qui l'épiait, sc chargea de lui donner une leçon.
tude la même occupation, et avec les mêmes
,
Il prit un oiseau
,
qu'il posa sur une pierre , et
personnes. avec une autre pierre, il lui écrasa la tête. Caïn,
On rapporte aussi que, dans des soupers qui bien instruit alors, épia le moment où Abel dor-
ont fait grand bruit à Paris, il invoquait les morts mait, et lui laissa tomber une grosse pierre sur
illustres, que Socrate, Platon, Corneille,
tels le front *.

d’Alembert, Voltaire, etc. Dans sa lettre au Caïnan. On attribue à Caïnan fils d'Ar- ,

peuple français, datée de Londres, le 20 juin phaxad la conservation d'un traité A' Astrono-
,

1786, il prédit que la Bastille serait détruite. mie qu’il trouva gravé sur deux colonnes par
Mais depuis longtemps on en avait le projet. les enfants de Scth ouvrage antédiluvien qu'il
,

Cagliostro était très-lié avec un joueur de go- transcrivit. On prétend aussi que Caïnan décou-
belets qui se disait assisté d'un esprit, lequel vrit encore d'autres ouvrages écrits par les
esprit, à ce que l'on prétend, était l’âme d’un géants, lesquels ouvrages ne sont pas venus jus-
juif cabaliste qui avait tué son père par art ma- qu'à nous
gique avant venue de Noire-Seigneur. Il disait
la Caïnites. Il y a eu dans le deuxième siècle,
,

effrontément que les prodiges qu’il opérait étaient une socle d'hommes effroyables qui glorifiaient
l’effet d’une protection spéciale de Dieu sur lui. .. ; le crime et qu'on a appelés eainilcs. Ces misé-

que l’Être suprême, pour l’encourager, avait rables avaient une grande vénération pour Caïn
daigné lui accorder la vision béalifique, etc.; pour les horribles habitants de Sodome, pour
qu'il venait convertir les incrédules. Il sc vantail Judas et pour d’autres scélérats. Ils avaient un
d'avoir assisté aux noces de Cana...; il était par évangile de Judas, et mettaient la perfection à
conséquent contemporain de Notre-Seigneur. commettre sans honte les actions les plus in-
Il est dit ailleurs que Cagliostro était né avant fâmes.
le déluge*. —
II fut arrêté à Rome en 1789, et Caiumarath ou Kaid-Mords. Le premier
condamné comme pratiquant, à l’ombre de la homme selon les Persans. Voy. Boundschesc.h.
franc-maçonnerie, de criminels mystères. Il Cala (Charles), Calabrais qui écrivait au dix-
s’étrangla dans sa prison en 1795. sepliètne siècle. On recherche son Mémoire sur

1
Charlatan* célèbres, t. I", p. Ï45. Voyex la lé- Voyez la légende de Caïn et d’Abel dans les
1

gende de Cagliostro dans les Légendes des sociétés Légende * de l'Ancien Testament.
sécrétés. * Syncelli chronographice p. 80.

Digi
,

CAL — 131 — CAL


r apparition des croix prodigieutct imprimé à et de cent autres recueils où l'on voit exacte-
Naples en 1651. ment marqués il fait bon rogner ses
les jours où
Calamités. On a souvent attribué aux démons ongles et prendre médecine; mais ces détails
ou & la malice des sorciers les calamités pu- mèneraient trop loin. Voy. Almanach *.
bliques. Pierre Delancro dit que les calamités Cali, reine des démons et sultane de l'enfer
des bonnes âmes sont les joies et les festoie- indien. On la représente tout à fait noire, avec
ments des démons pipeurs *.
Calaya. Le troisième des cinq paradis in-
dieus. Là réside lxora ou Eswara toujours à ,

cheval sur un bœuf. Les morts fidèles lo ser-


vent les uns le rafraîchissant avec des éven-
;

tails, d'autres portant devant lui la chandelle


pour l’éclairer la nuit. Il en est qui lui présen-
tent des crachoirs d'argent quand il veut ex-
pectorer.
Calcerand-Rochez. Pendant que Hugues de
Moncade était vice-roi de Sicile pour le roi Fer-
dinand d’Aragon, un gentilhomme espagnol,
nommé Calcerand-Rochez, eut une vision. Sa
maison près du port de Païenne.
était située
Une nuit qu’il ne dormait pas,
il crut entendre

des hommes qui cheminaient et faisaient grand


bruit dans sa basse-cour; il se leva, ouvrit la
fenêtre, et vit, à la clarté du crépuscule, des
soldats et des gens de pied en bon ordre, suivis
de piqueurs; après eux venaient des gens de
cheval divisés en escadrons, se dirigeant vers la
tin collier de crânes d’or. On lui offrait autrefois
des victimes humaines.
maison du vice-roi. Le lendemain, Calcerand
conta le tout à Moncade, qui n'en tint compte;
Calice dn Sabbat. On voit dans Pierre De-
lancre que, lorsque les prêtres sorciers disent la
cependant, peu après, le roi Ferdinand mourut, |

messe au sabbat, ils se servent d’une hostie et


et ceux de Palerme se révoltèrent. Cette sédi-
d'un calice noirs , et qu’à l'élévation ils disent
tion , dont la vision susdite donnait clair présage,
ces mots : Corbeau noir! corbeau noir! invo-
ne fut apaisée que par les soins de Charles d’Au-
quant le diable.
triche (Cliarlcs-Quinl) '.
Calice du Soupçon. Voy. Infidélité.
Calchas, devin de l'antiquité, qui augurait
Caligula. On prétend qu'il fut empoisonné ou
des choses sur le vol des oiseaux. Il prédit
assassiné par sa femme. Suétone dit qu'il ap-
aux Grecs que le siège de Troie durerait dix ans,
parut plusieurs fois après sa mort, et que sa
et il exigea le sacrifice d’Iphigénie. Apollon lui
maison fut infestée de monstres et de spectres,
avait donné la connaissance du passé, du présent
jusqu'à ce qu’on lui eût rendu les honneurs fu-
et de l'avenir. Il serait curieux
s’il au- do savoir
nèbres ! .
rait prédit aussi la prise de
Sa des-
la Bastille.
Callo. Voy. Spes.
tinée était de mourir lorsqu'il aurait trouvé un
devin plus sorcier que lui. Il mourut en effet de
Calmet (Doin Augustin), bénédictin de la
congrégation de Saint - Vannes l’un des sa-,
dépit, pour n'avoir pas su deviner les énigmes
vants les plus laborieux et les plus utiles du
de Mopsus. Voy. Mopsus.
dernier siècle , mort en 1757, dans son abbaye
Calegueiers. Les plus redoutables d’entre les
de Senones. Voltaire même mit ces quatre vers
génies chez les Indiens. Ils sont de taille gigan-
au bas de son portrait :
tesque, et habitent ordinairement le Patala, qui
est l’enfer des Indes. Des oracles sacrés que Dieu daigna nous rendre
Calendrier. L’ancien calendrier des païens Son travail assidu perça l’obscurité;
Il fit plus, il les crut avec simplicité,
se rattachait au culte des astres; et presque
£1 fut, par ses vertus, digno de les entendre.
toujours il était rédigé par des astrologues.
Ce serait peut-être ici l’occasion de parler du Nous le citons ici pour sa Dissertation sur les
Calendrier des bergers, de V Almanach du bon apparitions des anges, des démons et des esprits,
laboureur, du Messager boiteux de Bâle en Suisse, et sur les revenants et vampires de Hongrie, de
Bohême, de Moravie et de Silésie, in-12 , Paris,
1
Memorie historicité dell apparizione delle croc»
prodigiose da Carlo Cala. ln-i“. In Napoli, 4661. 1
Voyez aussi les Légendes du calendrier.
2 Tabl. de l'inconstance des 2 Delandine, Enfer des peuples anciens, ch. Il,
mauvais anges, etc.,
liv. I , p. Ï5. p. 346. Delancro, l’/ncoiulonce des démons, etc.,
* Leloyer, Discours et histoire des spectres p. J7Î. liv. VI, p. ici.

S.

Digitized by Google
CAL — 132 — CAM
1746. La meilleure édition est de 1751; Paris, agi de telle sorte que personne ne lui refusait
2 vol. in-12. Ce livre est fait avec bonne foi; l’aumône '.
l'auteur est peut-être un peu crédule; mais il Caméléon. Démocrite, au rapport de Pline,
rapporte ce qui est contraire à scs idées avec au- avait fait un livre spécial sur les superstitions
tant de candeur que ce qui leur est favorable. auxquelles le caméléon a donné lieu. Un plaideur
Voy. Vampibks. était sûr de gagner son procès s’il portait avec
Calundronius, pierre magique dont on ne lui la langue d’un caméléon arrachée à l’animal
désigne ni forme, mais qui a la
la couleur ni la pendant qu’il vivait. On faisait tonner et pleuvoir
vertu d’éloigner les esprits malins, de résister en brûlant la tête et le gosier d’un caméléon sur
aux enchantements, de donner à celui qui la un feu de bois de chêne, ou bien en rôtissant
porte l’avantage sur ses ennemis, et de chasser son foie sur une tuile rouge. Boguet n’a pas
l'humeur noire. manqué de remarquer cette merveille dans le
Calvin (Jean), l’un des chefs de la réforme chapitre xxm de ses Discours des sorciers. L’œil
prétendue, né à Noyon en 1509. Ce fanatique, droit d’un caméléon vivant arraché et mis dans
qui se vantait, comme les autres protestants, du lait de chèvre formait un cataplasme qui
d’apporter aux hommes la liberté d’examen, et faisait tomber les taies des yeux. Sa queue ar-

qui lit son ami parce qu’il


brûler Michel Scrvel , ,
rêtait le cours des rivières. On se guérissait de
différait d'opinion avec lui, n’élaifpas seulement toute frayeur en portant sur soi sa mâchoire, etc.
hérétique on l'accuse encore d’avoir été magi-
; Des curieux assurent encore que cette espèce
cien. i des prodiges 5 l’aide du diable,
11 faisait de lézard ne se nourrit que de vent. Mais il est
qui quelquefois ne le servait pas bien car un ;
constant qu’il mange des insectes; et comment
jour il voulut donner h croire qu’il ressusciterait aurait-il un estomac et tous les organes de la di-

un homme qui n'était pas mort; et, après qu’il gestion s'il n’avait pas besoin de digérer? Com-
,

eut fait ses conjurations sur le compère, lorsqu’il ment encore, s'il ne mange pas, produit-il des
lui ordonna de se lever, celui-ci n’en fit rien et ,
excréments dont les anciens faisaient un on-
,

on trouva qu’icelui compère était mort tout de guent magique pour nuire à leurs ennemis? La
bon pour avoir voulu jouer cette mauvaise co-
,
couleur du caméléon parait varier continuelle-
médie '. » Quelques-uns ajoutent que Calvin fut ment, selon la réflexion des rayons du soleil et
étranglé par le diable il ne l'aurait pas volé. En
; la position où l'animal se trouve par rapport à

son jeune âge, Calvin avait joué la comédie et ceux qui le regardent : c’est ce qui l’a fait com-
fait des tours d’escamotage *. parer à l’homme de cour. Delancre dit, d’un —
Cambiona, enfants des démons. Delancre et autre côté , que le caméléon est l’emblème des
Bodin pensent que les démons incubes peuvent sorciers, cl qu’on en trouve toujours dans les
s’unir aux démons succubes, et qu'il naît de leur lieux où s'est tenu le sabbat.
commerce des enfants hideux qu’on nomme cam- Camephis, le plus ancien des dieux de
bions, lesquels sont beaucoup plus pesants que l’Égypte ; il est triple : aïeul ,
père et fils.
les autres, avalent tout sans être plus gras, et Camérarius (
Joachim ) , savant allemand du
tariraient trois nourrices qu’ils n'en profiteraient seizième siècle. On recherche son traité De ta
pas mieux*. Luther, qui était très-superstitieux, nature et des affections des démons 1 et son Com-
dit dans ses Colloques que ces enfants-là ne mentaire sur les divinations *.
vivent que sept ans; il raconte qu’il en vit un Nous indiquerons aussi de Barthélemi Came-
qui criait dès qu’on le touchait, et qui ne riait rario, Bénéventin, mort en 1564 un livre Sur
,

que quand il arrivait dans la maison quelque le feu du purgatoire ‘ ; les Centuries de Jean-Ro-

chose de sinistre. dolphe Camérarius, médecin allemand du dix-


Maîole rapporte qu'un mendiant galicien exci- septième siècle, Sur les horoscopes et l'astro-
tait la pitié publique avec un cambion ; qu’un logie s
, et le fatras du même auteur Sur les
jour un cavalier, voyant ce gueux très-embar- secrets merveilleux de la nature *.
rassé pour passer un fleuve, prit, par com- Enfin ,
Élie Camérarius , autre rêveur de Tu-
passion , le petit enfant sur son cheval , mais bingue, a écrit, en faveur de la magie et des ap-
qu’il était si lourd que le cheval pliait sous
le poids. Peu de temps après, le mendiant 1
Boguct, Discours des sorciers, ch. xiv.
étant pris, avoua que c’était un petit démon 2 De mi/ura et affeclionibus dœmonum tibri
duo.
qu’il portait ainsi, et que cet afTreux marmot, Lipsiæ, 1576. In-8«.
3 Commcntarius de generibus divinationum,
depuis qu’il traînait avec lui
ac
le avait toujours
,
græcis latinisque earum vocabulis. Lipsiæ, 1 576. In-8".
* De purgatorio igné. Romæ, 1557.
1
Boguct, Discours des sorciers, ch. xvm. 5 Horaruin natatium centuriir
// pro ccrtitudinc
2 Voyez la légende do Calvin dans les Légendes m- astroloi/iœ. ln-4”. Francfort, 1607 et 1610.
fernales. • Sgltoge memorabilium medicinœ et mirabilium
3 Delancro, Tableau de l'inconstance des démons, natures arcanorum ccnturiœ XI I. ln-12. Strasbourg,
tiv. 111, à la fin. Bodin, Démonomanie, liv. Il, 16S4. L’édition in-8“ de Tuhinguc, 1683, est aug-
ch. vu. mentée et contient vingt centuries.

Google
CAM — 133 — CA.N

pari lions, des livres que nous ne connaissons métallique suspendue h un 111 qu'il tenait à la
pas. main. Ses épreuves n’ont pas eu de suites.
Camisards. Voy. Dauphiné. Camuz (Philippe), romancier espagnol du
Camnuz dans
(l'esprit de). Siprebert raconte seizième siècle. On lui attribue la Vie de Ilobert
sa chronique les malices d'un esprit frappeur te Diable', qui fait maintenant partie de la Bi-
qui fréquenta assez longtemps Camnuz près de ,
bliothèque Bleue.
Bingen, faisant divers bruits insolites et jetant Canate, montagne d’Espagne, fameuse dans
des pierres sans se montrer. Il en arriva à dé- les anciennes chroniques;
y avait au pied une il

rober divers objets et à dénoncer comme vo- caverne où les mauvais génies faisaient leur ré-
leurs ceux à qui il en voulait et chez qui il por- sidence, et les chevaliers qui s'en approchaient
tait ses larcins. 11 mil le feu à des maisons et à étaient sûrs d’être euchantés, s’il ne leur arrivait
des récoltes, et vexa le pays assez longtemps. pas pis.
On l'entendait parler sans le voir. C'était à la lin Cancer ou l'Écrevisse, l'un des signes du
du seizième siècle. Enfin, l’évôque de Mayence zodiaque. C’est l’Écrevisse qui piqua Hercule au
envoya des exorcistes qui le chassèrent. talon pendant qu’il combattait l'hydre de Lerne.
Campanella (Thomas), homme d'esprit, Voy. Horoscopes.
mais de peu de jugement né dans un bourg de , Candelier, démon invoqué dans les litanies
laCalabre en 1568. Tout jeune il rencontra, dit- du sabbat.
on , un rabbin qui l'initia dans les secrets de Cang-Hy, dieu des cieux inférieurs , chez les
l'alchimie, et qui lui apprit toutes les sciences Chinois. Il a pouvoir de vie et de mort. Trois es-
en quinze jours, au moyen de l'Art Notoire. prits subalternes sont ses ministres : Tankwam,
Avec ces connaissances, Campanella entré dans ,
qui préside à l’air, dispense la pluie; Tsuikvam,
Tordre des dominicains, se mit à combattre la qui gouverne la mer et les eaux, envoie les vents
doctrine d’Aristote, alors etl grande faveur. et les orages ; Teikwam qui préside à
,
la terre,
Ceux qu’il attaqua .l'accusèrent de magie; et il surveille l’agriculture et se mêle des batailles.
fut obligé de s’enfuir de Naples. On s'empara de Canicida. Voy. Zkrinthe.
ses cahiers. L'inquisition, y trouvant des choses Canicule constellation qui doit son nom à
,

répréhensibles, condamna l’auteur à la retraite l'étoile Syrius ou le chien, et qui domine dans le
dans un couvent. Notez que c’était l'inquisition temps des grandes chaleurs. Les Romains per- ,

d'État, et que la vraie cause qui lui (H imposer suadés de la malignité de ses influences lui sa- ,

le silence dans une sorte de séquestration fut une crifiaient tous les ans un chien roux. Une vieille
juste critique qu’il avait faite, dans son Traite opinion populaire exclut les remèdes pendant cette
de la monarchie espagnole, des torts graves de saison et remet à la nature la guérison de toutes
,

cette nation dominée alors par un immense or-


,
les maladies. C’est aussi une croyance encore
gueil. Il sortit de sa retraite par ordre du pape, répandue qu'il est dangereux de se baigner pen-
en 1626, et vint à Paris, où il mourut chez les dant la canicule.
jacobins de la rue Saint-Honoré, le 21 mai 1639. Canidia ,
magicienne dont parle Horace elle
— On
;

a dit qu’il avait prédit l’époque de sa enchantait et envoûtait avec des figures de cire,
mort et les gloires du règne de Louis XIV. Nous et, par ses conjurations magiques, elle forçait la

ne citerons de ses ouvrages que ses quatre livres lune à descendre du ciel.

Du sens des choses et de la magie ', et ses six Canigoti , montagne de France dans le Rous-
1
livres d'astrologie ;
l’auteur, qui faisait cas de Gervais de Tilbury
sillon. Elle a aussi sa légende.
cette science , s'efforce d'accorder les idées as- nous apprend, dans sa chronique, qu’au sommet
trologiques avec la doctrine de saint Thomas. presque inaccessible de cette montagne il y a un
Campbell (Gilbert). Son histoire. Voy. Es- lac d'eau noire dont on ne connaît pas le fond,
prits FRAPPEURS. que les hâtes de l'enfer ont un palais au fond de
Campetti, hydroscope, qui renouvela, à la ce lac , et que si Ton y jette une pierre , les dé-
fin du dernier siècle, les merveilles de la ba- mons aussitôt font surgir une tempête qui elTraye
guette divinatoire. né dans le Tyrol. Mais
Il était la contrée.
il a fait moins de bruit que Jacques Aymar. Au Canterme ,
nom que donnaient les anciens à
lieu de baguette pour découvrir les sources, les certains enchantements et maléfices.
trésors cachés et les traces de vol ou de meurtre, Cantwell (André-Samuel-Michel), mort bi-
il se servait d’un petit pendule formé d'un mor- bliothécaire des Invalides le 9 juillet 1802. Il est
ceau de pyrite, ou de quelque autre substance auteur d’un roman intitulé le Château d’Albert
ou te Squelette ambulant. 1799, 2 vol. iu-18.
* De
sensu rerum et magia, libri IV, etc. In-4°. Canwyll-Corph, chandelle du mort ou chan-
Francfort, 1620. delle dela mort. Superstition du pays de Galles,
2 Astrotoijicorum libri VI. In- 4°. Lyon, 16Î9.
mais bornée , dit-on , au diocèse de Saint-David.
L'édition do Francfort, 1630, est plus recherchée,
parce qu’elle contient un septième livre intitulé De 1
La vida de Roberto cl Diablo, In-fol. Séville,
fato siJerali vitando. 1629.

Digitized by Google
CAO — 134 — CAQ
Les Gallois racontent que saint David, en mou- particulièrement bénite contre les revenants , la

rant, demanda au ciel une faveur spéciale pour délivrerait de sa vision. Ce n’était que de l'eau
ses diocésains, et qu'il obtint qu'aucun d’eux ne ordinaire; mais l'imagination de la vieille femme
mourrait sans avoir reçu d'avance un avis de sa se rassura par ce petit stratagème, qu’elle ne
fin prochaine. A cet effet une lumière, qu'on ap- soupçonnait pas, et elle :ie vit plus rien, l'oyez
pelle chandelle de la mort, sort de la maison Hallucinations.
dont un habitant doit mourir, se dirige vers le Capricorne. L’un des signes du zodiaque.
cimetière et s'évanouit à la place que doit occuper C’est l’an qui , à l’assaut dus Titans, eut peur et
,

le futur défunt-, mais comme celte merveille a se changea en bouc. l’oy. Hoboscopes.
lieu la nuit, il est rare qu'on la voie. Capucin. Ce sont les protestants qui ont mis
Caous. Les Orientaux donnent ce nom à des à la mode ce stupide axiome superstitieux que
génies malfaisants qui habitent les cavernes du la rencontre d'un capucin était un mauvais pré-

Caucase.
Capnomancie ,
divination par la fumée. Les
anciens en faisaient souvent usage :on brillait
de la verveine et d’autres plantes sacrées on :

observait la fumée de ce feu les figures et la di-,

rection qu’elle prenait, pour en tirer des présages.


On distinguait deux capnomancie l’une
sortes de ;

qui se pratiquait en jetant sur des charbons ar-


dents des grains de jasmin ou de pavot, et en
observant la fumée qui en sortait; l'autre, qui
méthode
était la plus usitée, se pratiquait par la
que nous avons indiquée d’abord. Elle consistait
aussi à examiner la fumée des sacrifices. Quand
cette fumée était légère et peu épaisse c’était ,

bon augure. On respirait même celle fumée; et que l'abbé do Voisenon était allé 4
sage. l!n jour

l'on pensait qu'elle donnait des inspirations. chasse sur un terrain très-giboyeux, il aperçut
la

Cappautas grosse pierre brute qui dans les


un capucin. Dès ce moment il ne tira plus un coup
, ,

croyances populaires, guérissait de la frénésie


juste et comme on se moquait de lui
, « Vrai- :

ceux qui allaient s'y asseoir; elle se trouvait à


ment, messieurs, dit-il, vousen parlez fort à votre
aise; vous n'avez pas rencontré un capucin '. »
trois stadesde Gytbeum en Laconie.
Caperon, doyen de Sainl-Maixant. Il publia, Caqueux ou Cacoux. Les cordiers, nommés
dans le Mercure de 1726, une lettre sur les fausses caqueux ou cacoux en Bretagne sont relégués
, ,

apparitions; Lenglet-Dufrcsnoy l’a réimprimée


dans certains cantons du pays comme des espèces
dans son recueil. Il montre peu de crédulité et de parias; on les évite; ils inspirent même de
l’horreur, parce qu’ils font des cordes, autrefois
combat les fausses apparitions avec des raisons
instruments de mort et d’esclavage. Ils ne s'al-
assez bonnes. Il conte qu’un jour il fut consulté
liaient jadis qu’entre eux, et l’entrée des églises
sur une femme qui disait voir chaque jour , à
midi, un esprit en figure d'homme, vêtu de gris,
leur était interdite. Ce préjugé commence à se
avec des boutons jaunes, lequel la maltraitait dissiper cependant ils passent encore pour sor-
;

ciers. Ils profitent de ce renom ils vendent des


fort, lui donnant même de grands soufflets ; ce ;

talismans qui rendent invulnérable des sachets


qui paraissait d’autant plus certain qu'une voi- ,

sine protestait qu’ayant mis sa main contre la


à l'aide desquels on est invincible 4 la lutte ; ils
joue de cette femme dans le temps qu'elle se di- prédisent l'avenir; on croit aussi qu’ils jettent de

sait maltraitée, elle avait senti quelque chose


mauvais vents. On les disait, au quinzième siècle,
Juifs d’origine, et séparés par la lèpre du reste
d'invisible qui la repoussait. Ayant reconnu que
cette femme était fort sanguine , Capperon con-
des hommes. Le duc de Bretagne, François II,
leur avait enjoint de porter une marque de drap
clut qu’il fallait lui faire une saignée, avec la pré-
caution de lui en cacher le motif; ce qui ayant
rouge sur un endroit apparent de leur robe. On
a conté que le vendredi saint tous les caqueux
été exécuté ,
l'apparition s'évanouit.
versent du sang par le nombril. Néanmoins on
Tous les traits qu’il rapporte et tous ses rai-
sonnements prouvent que les vapeurs ou l’ima- ne fuit plus devant les cordiers ; maison ne s’allie
pas encore aisément avec leurs familles N’est-
gination troublée sont la cause de beaucoup de
ce pas ici la même origine que celle des cagots?
visions. II admet les visions rapportées dans les
livres saints mais il repousse les autres un peu
Voy. ce mol.
;

trop généralement. Il parle encore d’une autre


1
M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, etc.,
femme à qui un esprit venait tirer toutes les nuits
t. I, p. 509.
la couverture. Il lui donna de l'eau,en lui disant 5 l'ambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 4 i6 ;

d’en asperger son lit, et ajoutant que cette eau, t. I, etc.


CAR — 135 — CAR
Carabia ou Decarabia, démon peu connu, Caradoc (Saint) ,
patron de Donzy en Niver-
sombre
quoiqu'il jouisse d'un grand pouvoir au nais, sous le nom de saint Caradeu. Comme d'au-
empire. Il est roi d’une partie de l’enfer, et comte tres saints, il fut ubsédé par le diable; mais sa
d'une autre province considérable. Il se présente, vertu était si vive que le diable ne put rien
comme Buer, sous la figure d’une étoile à cinq contre lui.

rayons. Il connaît les vertus des plantes et des Cardan (Jérôme) médecin astrologue et vi- ,

pierres précieuses; il domine sur les oiseaux, mort à Rome en


sionnaire, né à Pavie en 1501 ,

qu'il rend familiers. Trente légions sont à ses 1) nous a laissé une histoire de sa vie
1576. où ,

ordres '. avoue sans pudeur tout ce qui peut tourner à


il

Caracalla. L’empereur Caracalla venait d'être sa Jionte. Il se créa beaucoup d’ennemis par ses
tué par un soldat. Au moment où l’on n’en savait mœurs; du reste, ce fut un des hommes habiles
encore rien à Rome on vit un démon en forme de son temps. 11 Qt faire des pas aux mathéma-
,

humaine qui menait un âne, tantôt au Capitole, tiques et il parait qu’il était savant médecin
, ;

tantôt au palais de l'empereur, en disant tout mais il avait une imagination presque toujours
haut qu'il cherchait un maître. On lui demanda délirante, et on l'a souvent excusé en disant qu’il
si ce n'était pas Caracalla qu’il cherchait? Il ré- était fou. Il rapporte, dans le livre De vila pro-
pondit que celui-là était mort. Sur quoi il fut pris pria, que quand la nature ne lui faisait pas sentir
pour être envoyé à l’empereur et il dit ces mots
,
quelque douleur, il s'en procurait lui-méine en
:

h Je m’en vais donc, puisqu'il le faut, non à se mordant les lèvres, ou en se tiraillant les doigts
l’empereur que vous pensez mais à un autre ; » jusqu'à ce qu'il en pleurât, parce que s'il lui ar-
,

et là-dessus on le conduisit de Rome à Capoue, rivait d'être sans douleur, il ressentait des saillies
où il disparut sans qu'on ait jamais su ce qu’il et des impétuosités si violentesqu'elles lui étaient
devint ’. plus insupportables que la douleur même. D'ail-
Caractères. La plupart des talismans doivent leurs, il aimait le mal physique à cause du plaisir
leurs vertus à des caractères mystérieux que les qu'il éprouvait ensuite quand ce mal cessait.
anciens regardaient comme de sûrs préservatifs. Il dit dans le livre VIH de la Variété des choses,
,

Le fameux anneau qui soumit les génies à la vo- qu'il tombait en extase quand il voulait, et qu'alors
lonté de Salomon devait toute sa force à des ca- son âme voyageait hors de son corps, qui de-
ractères cabalistiques. Origène condamnait chez meurait impassible et comme inanimé. Il pré- —
quelques-uns des premiers chrétiens l’usage de tendait avoir deux âmes, l'une qui le portait au
certaines plaques de cuivre ou d'étain chargées bien et à la science, l’autre qui l’entraînait au
de caractères qu'il appelle des restes de l’ido- mal et à l'abrutissement. Il assure que, dans sa
làtrie. L’Enchiridion, attribué stupidement au pape jeunesse, il voyait clair au milieu des ténèbres;
Léon III, le Dragon rouge, les Clavicules de Salo- que l'âge affaiblit en lui cette faculté que cepen- :

mon, indiquent dans tous leurs secrets magiques dant, quoique vieux, il voyait encore en s'éveil-
des caractères incompréhensibles, tracés dans lant au milieu de la nuit, mais moins parfaitement
des triangles ou dans des cercles, comme des que dans son âge tendre. Il avait cela de commun,
moyens puissants et certains pour l’évocation des disait-il, avec l’empereur Tibère il aurait pu :

esprits. dire aussi avec les hiboux.


Il donnait dans l’alchimie et on reconnaît dans ,

ses ouvrages qu'il croyait à la cabale et qu’il


faisait grand cas des secrets cabalistiques. Il dit
quelque part que, dans la nuit du 13 au là août
1/|91 sept démons ou esprits élémentaires de
,

haute stature apparurent à Fazio Cardan , son


père (presque aussi fou que lui), ayant l'air de
gens de quarante ans, vêtus de soie, avec des
capes à la grecque, des chaussures rouges et des
pourpoints cramoisis; qu’ils se dirent hommes
aériens, assurant qu’ils naissaient et mouraient;
Souvent aussi des sorciers se sont servis de qu'ils vivaient trois cents ans; qu’ils approchaient
papiers sur lesquels ils avaient écrit avec du sang beaucoup plus de la nature divine que les habi-
des caractères indéchiffrables; et ces pièces, pro- tants de la terre; mais qu’il y avait néanmoins
duites dans les procédures, ont été admises en entre euxet Dieu une distance infinie. Ces hommes
preuves de maléfices jetés. Nous avons dit quel aériens étaient sans doute des sylphes.
était le pouvoir des mots agio, abraradabra, etc. Il se vantait, comme Socrate, d'avoir un démon

Vog . Talismans. familier, qu’il plaçaitentrelessubstanceshumaines


et la nature divine, et qui se communiquait à lui
1
Wierus, in Pseudomonarchia dœmon.
3 Leloyer, Histoire et discours des spectres , liv. III,
par les songes. Ce démon était encore un esprit
ch. xvi. élémentaire; car, dans le dialogue intitulé Tetim,
, —

CAR — 136 — CAR


et dans le traité De libris propriis, il dit que son des choses bizarres dans presque tous ses ou-
démon familier tient de la nature de Mercure et vrages, qui ont été recueillis en dix volumes in-
de celle de Saturne. On sent bien qu’il s’agit ici folio, principalement dans le livre de la Variété
des planètes. Il avoue ensuite qu'il doit tous ses des choses , de la Subtilité des démons etc. et , ,

talents, sa vaste érudition et ses plus heureuses dans son Traité des songes '. Voi/. Métoposcopie
idées h son démon. Tous ses panégyristes ont fait et Onguents.
la part de son démon familier, ce qu'il est bon Carenus (Alexandre) ,
auteur d’un Traité des
2
de remarquer pour l'honneur des esprits. Cardan songes publié à Padoue en 1575.
assurait aussi que son père avait été servi trente Carlostad (André Bodenstein de), archidiacre
ans par un esprit familier. de Wurtemberg, d'ab.ird partisan, ensuite en-
Comme ses connaissances en astrologie étaient nemi de Luther mais toujours dissident comme
,

grandes, il prédit à Édouard VI roi d’Angleterre, ,


lui.Le jour où il prononça son dernier prêche,
plus de cinquante ans de règne, d'après les règles un grand homme noir A la figure triste et dé-
,

de l’art. Mais par malheur Édouard VI mourut à composée, monta derrière lui l’escalier de la
seize ans. Ces mémos règles lui avaient fait voir chaire et lui annonça qu'il irait le voir dans trois
clairement qu'il ne vivrait que quarante-cinq ans.
Il régla sa fortune en conséquence , ce qui l’in-

commoda fort le reste de sa vie. Quand il dut


avouer qu’il s’était trompé dans ses calculs il re- ,

fit son thème, et trouva qu’au moins il ne passe-

rait pas la soixante-quinzième année, la nature


s’obstina encore à démentir l’astrologie. Alors,
pour soutenir sa réputation et ne pas supporter ,

davantage la honte d'un démenti (car il pensait

que l’art est infaillible et que lui seul avait pu se

tromper), on assure que Cardan se laissa mourir


de faim.
t De tous les événements annoncés par les as-
trologues, je n’en trouve qu'un seul qui soit réel-
jours. D'autres disent que l'homme noir se tint
lement arrivé tel qu'il avait été prévu, dit un
ensuite devant lui le regardant d'un œil fixe, A
écrivain du dernier siècle * c'est la mort de ,
quelques pas de la chaire et parmi les auditeurs.
Cardan, qu'il avait lui-méme prédite et fixée à
Carlostad se troubla; il dépêcha son prêche, et,
un jour marqué. Ce grand jour arriva Cardan se :

au sortir de la chaire, il demanda si l'on con-


portait bien; mais il fallait mourir ou avouer l'in-
naissait l'homme noir qui en ce moment sortait
suffisance et la vanité de son art; il ne balança
du temple. Mais personne que lui ne l’avait vu.
pas; et, se sacrifiant à la gloire des astres, il se
Cependant le même fantôme noir était allé A la
tua lui-même; il n’avait pas expliqué s'il péri-
maison de Carlostad et avait dit au plus jeune de
rait par une maladie ou par un suicide. »
ses fils « Souviens-toi d’avertir ton père que je
:
Il faut rappeler, parmi les extravagances astro-
reviendrai dans trois jours et qu'il se tienne ,
logiques de Cardan, qu’il avait dressé l’horoscope
prêt. « Quand l’archidiacre rentra ,
son fils lui
de Notre-Seigneur Jésus-Christ : il le publia en
raconta celte antre circonstance. Carlostad épou-
Italie et en France. Il trouvait dans la conjonc-
vanté se mit au lit, dé-
et trois jours après, le 25
tion de Mars avec la lune au signe de la balance
cembre 15/il, qui était la fêle de Noël, on le
le genre de mort de l'Hoimne-Dieu ; et il voyait
trouva mort, le cou tordu. L’événement eut lieu
le mahométisme dans la rencontre de Saturne
A Bâle
avec le Sagittaire , à l'époque de la naissance du
Carmentes, déesses tutélaires des enfants chez
Sauveur.
les anciens. Elles ont été remplacées par nos
En somme, Jérôme Cardan fut un homme su-
fées; elles présidaient A la naissance, chantaient
perstitieux qui avait plus d'imagination que de
,
l'horoscope du nouveau-né, lui faisaient un don,
jugement. Ce qui est bizarre, c'est que, croyant
comme les fées en Bretagne , et recevaient de
à tout, il croyait mal aux seules merveilles vraies,
petits présents de la part des mères. Elles ne se
celles que l'Église admet. On le poursuivit à la
fois comme magicien et comme impie. Delancre
1
Hieronymus Cardanus ,
De commis. Bile, <585,
in-i°.
dit qu’il avait été bien instruit en la magie par 2 Alex. Carenus, De somniis, in-4°. Patavii, <575.
son père, lequel avait eu trente ans un démon 3 Cette anecdote se trouve encore dans les écrits

enfermé dans une cassette et discourait avec ce, de Luther, et dans un livre du dernier siècle, inti-
démon sur toutes ses affaires ’. On trouve donc tulé La ttabglone démasquée, ou Entretiens de deux
:

dames hollandaises sur la religion catholique ro-


< E»sa i sur les supeTstiliuns par M. L. C. In— 1 2. maine, etc., p. îiG, édition de Pépie, rue Saint-
• L'incrédulité et mécréance ,
etc., traité I, p. 43, Jacques, à Paris, < 717. Voyez la légende de —
•te. Carlostad dans les Légendes infernales.

Digitized by Google
, ,

CAR — 137 — CAR


montraient pas cependant on leur servait à dîner
; des corps que parce qu’elles avaient oublié Dieu.
dans une chambre isolée pendant les couches. Carpocrate prétendait que tout ce que nous ap-
On donnait aussi, chez les Romains, le nom de prenons n’est que réminiscence. Il regardait les
carmenles ou ( charmeuses ) aux devineresses célè- anges comme nous les démons ; il les disait en-
bres; et l’une des plus fameuses prophétesses de nemis de l’homme ,
et croyait leur plaire en se
l’Arcadie s’est nommée Carmentia. On l’a mise livrant à toutes ses passions et aux plaisirs les
dans le ci-devant Olympe. plus honteux. Ses disciples cultivaient la magie,
Carnaval, Voy. Mascarades. faisaient des enchantements et avaient des secrets
Camiveau démon invoqué dans
,
les litanies merveilleux. Ils marquaient leurs sectateurs à

du sabbat. l’oreille et commettaient beaucoup d’abomina-


Carnoet. Voy. Trou du chatsau. tions. Celle secte ne subsista pas longtemps.
Carnus, devin d'Acarnanie, qui, ayant prédit Carra (Jean -Louis) , aventurier du dernier
de grands malheurs sous le règne de Codrus, fut siècle, qui se lit girondin, et fut guillotiné en 1793.
tué à coups de flèches comme magicien. Apollon Il a laissé entre autres ouvrages un Examen phy-
envoya la peste pour venger sa mort. sique du magnétisme animal, in-8”, 1785.
Caron. La fable du batelier des enfers vint, Carreau démon invoqué comme prince des
,

dit-on de Memphis en (irèce. Fils de l’Erèbe


, ,
puissances dans les litanies du sabbat.
et de la Nuit, il traversait le Cocyte et l’Achéron Carrefours, lieux où quatre chemins abou-
dans une barque étroite. Vieux et avare, il n’y tissent. C’est aux carrefours que les sorciers se
recevait que les ombres de ceux qui avaient reçu réunissent ordinairement pour faire le sabbat. On
la sépulture et qui lui payaient le passage. Nul montre encore dans plusieurs provinces quel-
, ,

mortel pendant sa vie ne pouvait y entrer, à ques-uns de ces carrefours redoutés, au milieu
moins qu’un rameau d'or consacré à Proserpine desquels étaient placés des poteaux que les sor-
ne lui servit de sauf-conduit; et le pieux Énée ciers ou les démons entouraient de lanternes
eut besoin que la sibylle lui fit présent de cette pendant la fête nocturne. On fait remarquer aussi
passe lorsqu’il voulut pénétrer dans le royaume sur le sol un large rond où les démons dansaient;
de Pluton. Longtemps avant le passage de ce et l’on prétend que l’herbe ne peut y croître. C’est
prince, le nocher infernal avait été exilé pendant aussi dans un carrefour que l’on tue la poule
un an dans un lieu obscur du Tartare, pour avoir noire pour évoquer le diable.
reçu dans son bateau Hercule, qui ne s’était pas Cartagra, région du purgatoire. Voy. Gamygyn.
muni du rameau. Cartes. Voy. Cartomancie. Mais, outre l’art de
Mahomet dans le Kornn chap. 28 a con-
, , , tirer les cartes, qui est exposé plus bas, on pra-
fondu Caron avec Coré que la terre engloutit ,
tique avec ce jeu d’autres divinations. Les jour-
lorsqu'il outrageait Moïse. L’Arabe Mutardi, dans naux de janvier 1862 contenaient à ce sujet
son ouvrage sur l'Égypte fait de Caron un oncle , une anecdote que nous croyons devoir repro-
du législateur des Hébreux et comme il soutint , duire :

toujours son neveu avec zèle, ce dernier lui ap- n Le 6 janvier, jour des Rois, trois jeunes gens,
prit l’alchimie et le secret du grand œuvre, au deux frères et un de leurs amis, jouaient, le soir,
moyen duquel il amassa des sommes immenses. aux cartes au coin du feu, dans la maison de l’un
Rien ici n’est conforme aux saintes Écritures. d’eux, à Pignicourt (Aisne). Après quelques par-
Selon Hérodote Caron d’abord simple prêtre
, , ties il vint à un des joueurs la bizarre fantaisie
,

de Vulcain, usurpa le souverain pouvoir en Égyple. d’interroger le sort par la voie des cartes, et de
Devenu roi, il imposa sur les inhumations un gros jouer à l’écarté et au dernier restant quel serait
tribut et de l’or qu’il en tira il fit b&lir le célèbre
; celui des trois qui mourrait le premier. Le plus
labyrinthe d’Égypte. jeune s’opposait vivement à ce que l’on tentât
Carpentier (Richard), bénédictin anglais du ainsi le hasard mais malgré lui , les deux autres
; ,

dix-septième siècle. On recherche de lui 1" la : s’attablèrent et commencèrent leur jeu de mort.
lluine de t Antéchrist , in-8*. 1 648 2“ Preuves que ; La première partie fut perdue par le plus âgé,
1‘ astrologie est innocente ,
utile et précise iil-4* qui est mort le 16 février. Le plus jeune, celui
Londres, 1653. Il a publié une autre singularité qui avait d’abord refusé de jouer, perdit la se-
intitulée « la Loi parfaite de Dieu, sermon qui conde et mourut dix jours après son frère c'est-à- ,

n’est pas sermon ,


qui a été précisé et n’a pas été dire le 26 février. Le dernier restant à l’écarté,
prêché, 1652 ». celui qui aurait dù, ce semble, survivre, frappé
Carpocratiens ,
hérésiarques du deuxième peut-être plus vivement que les autres de la fa-
siècle qui reconnaissaient pour chef Carpocrate, tale prédiction, est mort le premier de tous, le
professeur de magie ,
selon l’expression de saint 26 janvier. Ils étaient âgés de vingt vingt-huit ,

irénée.Ils contaient que les anges venaient de et trente-trois ans. ( Journal de l’Aisne.)
Dieu par une suite de générations infinies, que Carticeya, divinité indienne qui commande
anges s’étaient avisés un jour de créer le
lesdits les armées des génies et des anges; elle a six
monde et les âmes , lesquelles n’étaient unies à faces, une multitude d'yeux et un grand nombre de

y Google
CAR — 138 — CAR
liras armés de massues de sabres et de , flèches. i
perfectionné cette science merveilleuse. On s'est

Elle se prélasse à cheval sur un paon. I


servi de tablettes peintes; et quand Jacquemin
Cartomancie, divination par les cartes, plus Gringoneur offrit les caries au roi Charles le Bien-
connue sous le nom d'art de tirer les cartes. On Aimé il n'avait eu que la peine de transporter
,

dit que les cartes ont été inventées pour amuser sur des cartons ce qui était connu des plus habiles
la folie de Charles VI; mais Alliello, qui écrivit devins sur des planchettes. Il est fâcheux que
sous le nom d'Etlcilla nous assure que la carto-
, cette assertion ne soit appuyée d’aucune preuve.
mancie qui est l’art de tirer les cartes, est bien
,
Cependant les cartes à jouer sont plus anciennes
plus ancienne. Il fait remonter cette divination au que Charles VI. Boissonade a remarqué que le
jeu des bâtons d’Alpha (nom d'un Crée fameux petit Jehan de Saintré ne fut honoré de la faveur
exilé en Espagne dit-il). Il ajoute qu'on a depuis
, l de Charles V que parce qu’il ne jouait ni aux

cartes ni aux dés. Il fallait bien aussi qu'elles fus- loyales intentions. La dame decœurcsl unefemme
sent connues en Espagne lorsque Alphonse XI les honnête et généreuse de qui vous pouvez at-
prohiba en 1332, dans les statuts de l’ordre de tendre des services; si elle est renversée, c’est
la Bande. Quoi qu’il en soit, les cartes, d’abord le présage d’un retard dans vos espérances. Le

tolérées, furent ensuite condamnées; et c'est une valet de cœur est un brave jeune homme sou- ,

opinion encore subsistante dans l'esprit île quel- vent un militaire, qui doit entrer dans votre fa-
ques personnes que qui tient les cartes tient le mille et cherche à vous être utile; il en sera em-
diable. C’est souvent vrai , au liguré. » Ceux qui pêché s’il est renversé. L’as de cœur annonce
font des tours de cartes sont sorciers le plus sou- une nouvelle agréable ; il représente un festin ou •
vent, h dit Boguet. Il cite un comte italien qui un repas d’amis quand il se trouve entoure de
vous mettait en main un dix de pique, et vous ligures. Le dix de cœur est une surprise qui fera
trouviez que c’était un roi de coeur 1 . Que pen- grande joie; le neuf promet une réconciliation,
serait-il des prestidigitateurs actuels? il resserre les liens entre las personnes qu’on
Il n’est pas besoin de dire qu’on a trouvé tout veut brouiller. Le huit promet de la satisfaction

dans les cartes histoire, sabéisme sorcellerie.


, , de la part des enfants. Le sept anuonce un bon
Il
y a même eu des doctes qui ont vu toute l’al- mariage.
chimie dans les figures; et certains cabalistesont Les huit carreaux. —
Le roi de carreau est un
prétendu y reconnaître les esprits desquatre élé- homme assez important qui pense à vous nuire,
ments. Les carreaux sont les salamandres, les et qui vous nuira s’il est renversé. La dame est
cœurs sont les sylphes, les trèfles les ondins, et une méchante femme qui dit du mal de vous, et
lespiques les gnomes. qui vous fera du mal si elle est renversée. Le
Arrivons à l'art de tirer les cartes. On se sert valet de carreau est un militaire ou un messager
presque toujours, pour la cartomancie, d’un jeu qui vous apporte des nouvelles désagréables et ;

de piquet de trente-deux cartes, où les figures s’il est renversé, des nouvelles fâcheuses. L'as

n'ont qu'une tête. Les cœurs et les trèfles sont de carreau annonce une lettre le dix de carreau,
;

généralement bons et heureux les carreaux et ; un voyage nécessaire et imprévu; le neuf, un


les piques, généralement mauvais cl malheureux. retard d'argent; le huit, des démarches qui sur-
Les figures en cœur et en carreau annoncent des prendront de la part d'un jeune homme; le sept,
personnes blondes ou châtain-blond; les figures un gain de loterie; s’il se trouve avec l'as de
en pique ou en trèfle annoncent des personnes carreau , assez bonnes nouvelles.
brunes ou châtain-brun. Voici ce que signifie Les huit piques.' — Le roi représente un com-
chaque carte Les huit cœurs.
: Le roi de cœur — missaire, un juge, un homme de robe avec qui
est un homme honorable qui cherche à vous faire on aura des disgrâces; s’il est renversé, perte
du bien s'il est renversé, il sera arrêté dans ses
; d’un procès. La dame est une veuve qui cherche
1
Discours des sorciers, ch. lui. â vous tromper si elle est renversée
: elle vous
,

Digitized by Google
CAR — 139 — CAR
trompera. Le valet est un jeune homme qui vous pour qui on opère ne se trouve pas dans les douze
|

causera des désagréments; s’il est renversé, pré- cartes que le hasard vient d’amener, on la cherche
sage de trahison. L'as, grande tristesse; le dix, dans le reste du jeu, et on la place simplement à
emprisonnement ; le neuf, retard dans les affaires; la fin des douze cartes sorties. Si, au contraire,

le huit, mauvaise nouvelle; s’il est suivi du sept elle s'y trouve, on fait tirer à la personne pour
de carreau, pleurs et discordes. Le sept,’ que- qui on travaille (ou l’on tire soi-même si c'est
relles et tourments, à moins qu’il ne soit accom- pour soi que l’on consulte) une treizième carte h
pagné de cœurs. jeu ouvert. On la place pareillement à la fin des
Les huit trèfles. —
Le roi est un homme juste, douze cartes étalées, parce qu’il est reconnu qu’il
qui vous rendra service s’il est renversé, ses in-
;
faut treize cartes. Alors, on explique sommaire-
tentions honnêtes éprouveront du retard. La dame ment l’ensemble du jeu. Ensuite, en partant de
est une femme qui vous aime; une femme ja- la carte qui représente la personne pour qui on

louse si elle est renversée. Le valet promet un


, interroge le sort, on compte sept et on s’arrête on ;

mariage, qui ne se fera pas sans embarras préli- interprète la valeur intrinsèque et relative de la
minaires, s’il est renversé. L’as, gain, profit, ar- carte sur laquelle on fait station on compte sept
;

gent à recevoir le dix , succès ; s'il est suivi du


; de nouveau et de nouveau on explique, parcou-
,

neuf de carreau, retard d’argent; perle s’il se rant ainsi tout le jeu à plusieurs reprises jusqu’à
trouve à côté du neuf de pique. Le neuf, réus- ce qu’on revienne précisément à la carte de la-
site; le huit, espérances fondées: le sept, fai- On doit déjà avoir vu bien
quelle on est parti.
blesse, ets’il est suivi d’un neuf, héritage. Il reste cependant une opération im-
des choses.
Quatre rois de suite, honneurs; trois de suite, On relève les treize cartes, on les mêle,
portante.
succès dans le commerce; deux rois de suite, on fait à nouveau couper de la main gauche.
bons conseils. Quatre dames de suite, grands ca- Après quoi on dispose les cartes à couvert sur dix
quets; trois dames de suite, tromperies; deux paquets 1“ pour la personne; 2” pour la maison :

dames de suite, amitié. Quatre valets de suite, ou son intérieur; 3" pour ce qu'elle attend; 4’ pour
maladie contagieuse; trois valets de suite, pa- cequ'elle n'attend pas; 5° poursa surprise; 6’ pour
resse; deux valets de suite, dispute. Quatre as sa consolation ou sa pensée. Les six premières —
de suite, une mort; trois as de suite, libertinage; caries ainsi rangées sur la table il eu reste sept ,

deux as de suite, inimitié. Quatre dix de suite, dans la main. On fait un second tour, mais on ne
événements désagréables; trois dixde suite, chan- met une carte que sur chacun des cinq premiers
gement d’état; deux dix de suite, perte. Quatre paquets. Au troisième tour, on pose les deux der-
neuf de suite, bonnes actions trois neuf de suite, nières caries sur les numéros 1 et 2. On découvre
;

imprudence deux neuf de suite, argent. Quatre ensuite successivement chaque paquet et on
; ,

, huit de suite, revers; trois huit de suite, ma- l'explique en commençant par le premier qui a ,

riage; deux huit de suite, désagréments. Quatre trois cartes ainsi que le deuxième, en finissant
sept de suite, intrigues; trois sept de suite, di- par le dernier qui n’en a qu’une. Voilà tout en- —
vertissements; deux sept de suite, petites nou- tier l’art de tirer les cartes; les méthodes va-
velles. rient ainsi que la valeur des cartes, auxquelles on
Il y a plusieurs manières de tirer les cartes. La donne dans les livres spéciaux des sens très-di-
plus sûre méthode est de les tirer par sept, comme vers et très-arbitraires; mais les résultats ne va-
il suit : Après avoir mêlé le jeu, on le fait couper rient pas.
de la main gauche par la personne pour qui on Nous terminerons en indiquant la manière de
opère on compte les cartes de sept en sept, met- faire ce qu’on appelle la réussite.
; Prenez éga- —
tant de côté la septième de chaque paquet. On lement un jeu de piquet de trente-deux cartes.
répète l’opération jusqu'à ce qu'on ait produit Faites huit paquets à couvert de quatre cartes
douze cartes. Vous étendez ces douze cartes sur chacun et les rangez sur la table retournez la
, ;

la table les unes à côté des autres, selon l'ordre première carte de chaque paquet; prenez les
dans lequel elles sont venues ensuite vous cher- cartes de la même valeur deux par deux comme
; ,

chez ce qu'elles signifient d’après la valeur et la deux dix, deux rois, deux as, etc., en retour-
,

position de chaque carte, ainsi qu'on l’a expliqué. nant toujours à découvert sur chaque paquet la
Mais avant de tirer les caries, il ne faut pas ou- carte qui suit celle que vous enlevez. Pour que
blier de voir si la personne pour laquelle on les la réussite soit assurée, il faut que vous reliriez
tire est sortie du jeu. On prend ordinairement le de la sorte toutes les cartes du jeu deux par ,

roi de cœur pour un homme blond marié le roi deux, jusqu'aux dernières.
; On fait ces réus- —
de trèfle pour un homme brun marié la dame de sites pour savoir si un projet ou une affaire aura
;

cœur pour une dame ou une demoiselle blonde du succès , ou si une chose dont on doute a eu
;

la dame de trèfle pour une dame ou une demoi- lieu.


selle brune le valet de cœur pour un jeune homme
; Allielte, sous le nom d’Ettcilla, a publié un
blond le valet de trèfle pour un jeune homme long traité sur cette matière. Citons encore l’O-
;

brun. — Si la carte qui représente la personne racle parfait, ou nouvelle manière de tirer les

Google
, ,

CAS — 150 — CAS


caries, au moyen de laquelle chacun peut faire titillé Angélographie
*. il a laissé un autre ou-

son horoscope. In-12, Paris, 1802. Ce petit livre, vrage que quelques personnes recherchent, sur
,

de 92 pages, est dédié au beau sexe par Albert les mystères de la nature ’.

d’Alby. L'éditeur est M. do Valembcrt, qui fait Cassandre. Fille de Priam à qui Apollon ,

observer que l'Oracle parfait devait paraître en accorda le don de prophétie pour la séduire;
1788; quo la censure l'arréla, et qu’on n’a pu mais quand elle eut le don elle ne voulut pas ,

qu'en 1802 en gratifier le public. La méthode de répondre à la tendresse du dieu et le dieu dis- ,

ce livre est embrouillée; l'auteur veut qu’on em- crédita ses pronostics. Aussi, quoique grande
ploie vingt caries disposées en cinq tas, de cette magicienne et sorcière, comme dit Delancre *,
manière un au milieu un au-dessus un au-
; , ,
elle ne put pas empêcher la ruine de Troie, ni se
dessous et un de chaque côté ce qui fait une
, ; garantir elle-même des violences d’Ajax.
croix. Les cartes d’en haut signifient ce qui doit Cassius de Parme. Antoine venait de perdre
arriver bientôt, les cartes de droite ce qui ar- la bataille d'Actium ; Cassius de Parme, qui avait

rivera dans un temps plus éloigné; les cartes !


suivi son parti se retira dans Athènes 15 , au
, ;

d'en bas sont pour le passé les cartes de gau-; milieu de la nuit, pendant que son esprit s’aban-
che pour les obstacles; les cartes du milieu donnait aux inquiétudes, il vit paraître devant
pour le présent. On explique ensuite d’après les lui un homme noir qui lui parla avec agitation.

principes. Cassius lui demanda qui il était. — Je suis ton


Mais c'en est assez sur la cartomancie. Nous :
démon *, — répondit le fantôme. Ce mauvais dé-
n’avons voulu rien laisser ignorer du fondement mon était la peur. A cette parole , Cassius s'ef-
de cette science aux dames qui consultent leurs fraya et appela ses esclaves; mais le démon dis-
cartes et qui doutent de Dieu. Cependant nous parut sans se laisser voir à d’autres veux. Persuadé
les prierons d’observer que ce grand moyen de qu'il rêvait, Cassius se recoucha et chercha 5 se
lever le nous cache l’avenir s’est
rideau qui rendormir ; aussitôt qu'il fut seul , le démon re-
trouvé quelquefois en défaut. Une des plus fa- parut avec les mêmes circonstances. Le Romain
meuses tireuses de cartes lit le jeu pour un jeune n’eut pas plus de force que d’abord ; il se fit ap-

homme sans barbe qui s'était déguisé en fille. porter des lumières , passa le reste de la nuit au
Elle lui promit un époux riche et bien fait, trois milieu de ses esclaves, et n'osa plus rester seul.
garçons, une fille, des couches laborieuses, mais Il fut tué peu de jours après par l’ordre du vain-

sans danger. —
Une dame qui commençait à hé- queur d’Actium *.
siter dans sa confiance aux cartes se lit un jour Casso ou Alouette. On assure que celui qui
une réussite pour savoir si elle avait déjeuné. portera sur soi les pieds de cet oiseau ne sera
Elle était encore à table devant les plats vides; jamais persécuté; au contraire, il aura toujours
elle avait l'estomac bien garni ; toutefois les cartes l'avantage sur ses ennemis. Si on enveloppe l’oeil
lui apprirent qu'elle était à jeun , car la réussite droit de l'alouette dans un morceau do la peau
ne put avoir lieu. d’un loup, l'homme qui le portera sera doux,
Casaubon (Médéric), flls d’Isaac Casaubon, né agréable et plaisant; et si on le met dans du vin,
à Genève en 1599. On a de un Traité de 1‘ En-
lui on se fera chérir de la personne qui le boira *.
thousiasme, publié en 1655, in-8”. Cet ouvrage Cassotide. Fontaine de Delphes, dont la vertu
eSt dirigé contre ceux qui attribuent l’enthou- prophétique inspirait des femmes qui y rendaient
siasme à une inspiration du ciel ou à une inspi- des oracles.
ration du démon. On lui doit de plus un Traité Castaigne (Gabriel de) , aumônier de Louis XIII,
de la crédulité et de Tincrédulité dans les choses cordelier et alchimiste. On lui doit l'Or potable
spirituelles, in-8”, Londres, 1670. Il
y établit la qui guérit de tous maux, in-8”, rare, Paris, 161 1 ;

réalité des esprits, des merveilles surnaturelles te Paradis terrestre, où l'on trouve la guérison
et des sorciers*. Nous citerons aussi sa Véritable de toute maladie, in-8”, Paris, 1615; « le Grand
et fidèle relation de ce qui s’est passé entre Jean » Miracle de nature métallique que en imitant ,

liée et certains esprits , 1659, in-fol. » icelle sans sophistiqueries, tous les métaux im-
Casi. C’est le nom d’une pagode fameuse » parfaits se rendront en or lin , et les maladies
sur les bords du Gange. Les Indiens recherchent
le privilège d’y mourir; car Eswara ne manque Angelographia î vol. in-8°. Francfort, <597 et
1

pas de venir souiller dans leur oreille droite 4605.


2 Eucleus mysteriorum naturœ enucleatus, 4605,
au dernier instant pour les purifier : aussi ont-
in-8°.
ils grand soin de mourir couchés sur le côté 3 Tableau de l’ inconstance des mauvais anges etc.,
gauche. liv. I. dise. m.
Casmann (Othon) , savant Allemand du sei- 4 L'original porte cacodaimon, mauvais démon.
Chez les Grecs daimou, simplement, signifiait un
zième siècle , auteur d’un livre sur les anges in-
génie, une bonne intelligence, comme le démon de
1
Cet ouvrage est connu aussi sous le titre de Socrate et quelques autres.
Traité des esprits , des sorciers et des operations sur- • Valèrc-Maxiine, et d'autres anciens.

4
naturelles, en anglais, Londres, <672, in-8". Admirables secrets d'Albert le Grand.

Digitized by Googli
,

CAS - 141 - CAS


» incurables se guériront, » in-8”, Paris, 1615. droits qu’il leur plaisait, d’avoir fait mourir plu-
Castalie. Fontaine d'Antioche, au faubourg sieurs personnes et bestiaux , et qu’ils étaient
de Daphné ; ses eaux étaient prophétiques , et il résolus de faire plusieurs maux du côté de Bor-
y avait auprès un oracle célèbre qui prédit l'em- deaux. La cour leur fit leur procès extraordi-
pire à Adrien. Quand cet oracle fut accompli, naire, qui fut prononcé le 1" mars 1610, et
Adrien fit boucher la fontaine avec de grosses condamna Diégo Castalin , Francisco Ferdillo,
pierres, de peur qu’un autre n’y allât chercher Vincentio Torrados et Catalina Fiosela à être pris
la même faveur qu'il avait obtenue. et menés par l’exécuteur de la haule justice en la
Castalin (Diégo). Discourt prodigieux et épou- place du marché aux porcs, et être conduits sur
vantable de trois Espagnols et une Espagnole un bûcher, pour là être brûlés tout vifs, et leurs
magiciens et sorciers qui se faisaient porter par corps être mis en cendres, avec leurs livres, ca-
les diables de ville en ville avec leurs déclara- ,
ractères, couteaux, parchemins, billets et autres
tions d'avoir fait mourir plusieurs personnes et choses propres servant à la magie.
bétail par leurs sortilèges, et aussi d’avoir fait » L’Espagnole qui les servait, nommée Catalina
plusieurs dégâts aux biens de la terre. Ensemble, Fiosela, confessa une infinité de méchancetés par
l’arrêt prononcé contre eux par la cour du par- elle exercées, entre autres que, par ses sortilèges,
lement de Bordeaux, in-8*, rare. Paris, 1626. elle avait infecté, avec certains poisons, plusieurs
« Trois Espagnols, accompagnés d’une femme fontaines, puits et ruisseaux , et aussi qu'elle avait
espagnole, aussi sorcière et magicienne, se sont faitmourir plusieurs bétails, et fait, par ses
promenés par l’Italie, Piémont, Provence, Fran- charmes tomber pierres et grêles sur les biens
,

che-Comté, Flandre, et ont, par plusieurs fois, et fruits de la terre.


traversé la France, et tout aussitôt qu’ils avaient » Voilà qui doit servir d’exemple à plusieurs
reçu quelque déplaisir de quelques-uns, en quel-' personnes qui s’étudient à la magie; d'autres,
ques villes, ils ne manquaient, par le moyen de sitôt qu’ils ont perdu quelque chose, s’en vont
leurs pernicieux charmes, de faire sécher les au devin et sorcier, et ne considèrent pas qu'al-
blés et les vignes; et pour le regard du bétail, il lant vers eux, ils vont vers le diable, prince des
languissait quelques trois semaines, puis demeu- ténèbres. »
rait mort, tellement qu’une partie du Piémont On ne peut voir dans ce récit que l’histoire
a senti ce que c’était que leurs maudites façons d’une bande de malfaiteurs.
de faire. Castellini (Luc) , frère prêcheur du dix-sep-
» Quand ils avaient fait jouer leurs charmes tième siècle. On rencontre des prodiges infernaux
en quelques lieux par leurs arts pernicieux, ils dans son Traité des miracles '.
se faisaient porter par les diables dans les nuées, Castor. C’est une opinion très- ancienne et
de ville en ville , et quelquefois faisaient cent très-commune que le castor se mutile pour se
lieues le jour. Mais comme la justice divine ne dérober à la poursuite des chasseurs. On la trouve
veut pas longuement souffrir les malfaiteurs. Dieu dans les hiéroglyphes des Égyptiens, dans les
permit qu’un curé, nommé messire Benoit la fables d’Ésope, dans Pline, dans Aristote, dans
Fave, passant près de Dole, rencontrât ces Es- Élien; mais cette opinion n’en est pas moins une
pagnols avec leur servante, lesquels se mirent en erreur aujourd’hui reconnue *.
compagnie avec lui et lui demandèrent où il Castor et Pollux, fils de Jupiter et de Léda.
allait.Après leur avoir déclaré et conté une partie On en fit des dieux marins et, dans l’antiquité,;

de son ennui pour la longueur du chemin, un de les matelots appelaient feux de Castor et Pollux
ces Espagnols nommé Diégo Castalin, lui dit
, : ce que nos marins appellent feux Saint-Elme.
— Ne vous déconfortez nullement, il est près Les histoires grecques et romaines sont remplies
de midi mais je veux que nous allions aujour-
; d’apparitions de Castor et Pollux. Pendant que
d’hui coucher à Bordeaux, Paul-Émile faisait la guerre en Macédoine, Publius
n Le curé ne répliqua rien croyant qu'il le di- , Valinius, revenant à Borne, vit subitement de-
sait par risée, vu qu'il y avait près de cent lieues. vant lui deux jeunes gens beaux et bien faits,

Néanmoins après s'être assis tous ensemble, ils


, montés sur des chevaux blancs, qui lui annoncè-
se mirent à sommeiller. Au réveil du curé, il se rent que le roi Persée avait été fait prisonnier la
trouve aux portes de Bordeaux avec ces Espa- veille. Vatinius se hâta de porter au sénat cette
gnols. Un conseiller de Bordeaux fut averti de nouvelle; mais les sénateurs, croyant déroger à
cette merveille; il voulut savoir comment cela la majesté de leur caractère en s’arrêtant à des

s'était passé : il dénonce les trois Espagnols et puérilités, firent mettre cet homme en prison.
la femme. On fouille leurs bagages , où se trou- Cependant, aprèsqu'on eut reconnu par les lettres
vent plusieurs livres, caractères, billets, cires, du consul que le roi de Macédoine avait été ef-
couteaux , parchemins et autres denrées servant fectivement pris ce jour-là, on tira Valinius de
à la magie. Ils sont examinés; ils confessent le sa prison on le gratifia de plusieurs arpents de
;

tout, disant, entre autres choses, d'avoir fait, par * Troctatus de miraculis. Borne, 4619.
leurs œuvres, périr les fruits de la terre aux en- 3 Brown, Des erreurs populaires, liv. III ch. iv.
,

:ed by le
3
,

CAS — 142 — CAT


terre, et le sénat reconnut que Castor et Pollux saisit un jour de son compère Djilbeguenn dit ,

étaient les protecteurs de la république. le trompeur, le fit bouillir et le mangea. Il pos-


Pausanias explique cette apparition : « C’étaient, sède une flèche qui lui revient toujours quand
des jeunes gens revêtus du costume des
dit-il, elle a accompli sa mission. Elle a percé un jour

Tyndarides et apostés pour frapper les esprits une montagne de cuivre et lui est revenue après
crédules. » avoir fait le tour de la terre. Un serpent aux
On sait que Castor et Pollux sont devenus la écailles d'or, qui avait sur sa tête une corne d'ar-
constellation des Gémeaux. gent et des yeux d’escarboucle, distants de douze
Castro (Alphonse de) , célèbre prédicateur né arpents l’un de l’autre, avec une queue sans fin,
au Pérou, et l'un des plus savants théologiens du dévora son enfant. Cataî lui décocha sa flèche au
seizième siècle, auteur d’un livre contre les ma- front, qu’elle sépara en deux. Le prince de la
giciens '. mer trouva son enfant dans le ventre du ser-
Cataboliques. « Ceux qui ont lu les anciens pent; l'enfant vivait encore là, en compagnie de
savent que les démons cataboliques sont des dé- quelques héros, vivants encore aussi, avec leurs
mons qui emportent les hommes, les tuent, bri- chevaux. Alors le cheval de Cataî dit à son maître :

sent et fracassent, ayant cette puissance sur eux. « Enlève là couverture qui est sous ma selle et ;

De ces démons cataboliques, Fulgencc raconte je donnerai à l'enfant le peu de lait qui me reste

qu’un certain Campester avait écrit un livre par- du temps où je tétais ma mère; » et l’enfant vécut;
ticulier, quinous servirait bien, si nous l'avions, et plus lard il mangea aussi son père '. Ce sont
pour apprendre au juste comment ces diables trai- là des traditions lartares.

taient leurs suppôts, les magiciens et les sor- Catalde, évêque de Tarante an sixième siècle.
ciers *. » Mille ans après sa mort, on raconte qu'il se montra
Cathaï-Khann prince de la mer chez les Tar-
,
une nuit, en vision, à un jeune Tarentin du sei-
tares. Ce démon est un affreux cannibale qui se zième siècle et le chargea de creuser en un lieu
,

qu'il lui désigna où il avait caché et enterré un


, rore comme il était en prière, il aperçut Catalde
,

livre écrit de sa main pendant qu'il était au monde, vêtu de l'habit épiscopal lequel lui dit avec une
,

lui disant qu’incontinent qu’il aurait recouvré ce contenance sévère : — Tu n’as pas tenu compte
livre, ne manquât point de le faire tenir à Fer-
il de chercher le livre que je t’avais enseigné et de
dinand, roi d'Aragon et de Naples, qui régnait l’envoyer au roi Ferdinand ; sois assuré , celte
alors. Le jeune homme n'ajouta point fui d'abord fois pour toutes, que si tu n'exécutes ce que je

à cette vision, quoique Catalde lui apparut pres- t'ai commandé, il l’en adviendra mal.

que tous les jours pour l'exhorter à faire ce qu'il Le jouvenceau intimidé de ces menaces, pu-
,

lui avait ordonné. Enfin, un matin, avant l’au- blia sa vision; le peuple ému s'assembla pour
l’accompagner au lieu marqué. On y arriva ; on
De sorlilegis ac
1
maleficis, eorumque pu nilione.
Lyon, (568.

1
M. Elic Reclus, légendes tarlares, extraites
a Leloyer, Hisl. el discours des spectres, liv. Vil, d’A. Scheifner. ( lin'uc germanique livraison d'août
ch. ir. 4860 , p. *24 et *27.)

Digitized by Google
CAT — 143 — CAT
creusa la terre; on trouva un petit coffre de qu’on peut lire dans la Mystique de Gorres,
plomb, si bien clos et cimenté que l’air n'v pou- chap. ii et m du Hvrc V.
vait pénétrer , et au fond du colfret se vit le livre Catharin (Ambroise), dominicain de Florence,
oii toutes les misères qui devaient arriver au mort il Rome en 1553, auteur d'une réfutation de
royaume de Naples, au roi Ferdinand et à ses la doctrine et des prophéties de Savonarole et
1
,

enfants, élaient décrites en formes de prophétie, d’un Traité de la mort et de la résurrection.


lesquelles ont eu lieu car Ferdinand fut tué au
;
Catherine Tog. Revenants.
premier conflit son fils Alphonse à peine mailre
; , Catherine (Sainte). Voy. Incombustibles.
du trône, fut mis en déroule par ses ennemis, et Catherine de Hédicis célèbre reine de ,

mourut en exil. Ferdinand, le puîné, péril mi- France, singulièrement maltraitée dans l’histoire,
sérablement à la fleur de son âge, accablé de où l'esprit de la réforme n'a pas ménagé les
guerres, et Frédéric, petit-fils du défunt Ferdi- princes catholiques: née h Florence en 1519,
nand, vit brûler, saccager et ruiner son pays morte en 1589. Elle avait foi à l'astrologie judi-
Catalepsie, semblance d'apoplexie état d'où ,
ciaire et, s'il faut en croire les protestants, à la

résulte, dit M. Lecouturier, « une insensibilité


capable de faire supporter sans douleur l'opéra-
tion chirurgicale la plus cruelle. La catalepsie est
causée par l’obstruction des agents qerveux. Il
en naît une singulière combinaison de roideur cl
de souplesse dans les muscles, qui fait que les
cataleptiques, complètement immobiles par eux-
mèmes, se laissent aller à tous les mouvements
réguliers qu'on leur imprime et restent fixés dans
toutes les attitudes normales qu’on leur commu-
nique. On peut même leur faire prendre des alti-
tudes pénibles dans lesquelles il serait inqrossible
à l'homme le plus robuste de se maintenir. »
Cette maladie, qui explique quelques phéno-
mènes de la sorcellerie est provoquée ou spon-
,

tanée. l oi/. Hypnotisme et Sommeil magnétique.

Catalonos ou Babailanas, prêtresses dus In-


diens des îles Philippines. Elles lisent dans l’avenir
et prédisent ce qui doit arriver. Quand elles ont
annoncé le bien ou le mal à ceux qui les consul-
tent , elles font le sacrifice d’un cochon, qu’elles
tuent d'un coup de lance et qu’elles offrent en
dansant aux mauvais génies cl aux âmes des an-
cêtres, lesquelles, dans l'opinion des Indiens,
fixent leurs demeures sous de grands arbres.
Catanancée ,
plante que les femmes de Tlies- magie; ils l'accusaient même d'avoir porté sur
salie employaient dans leurs philtres. On en trouve l'estomac une peau de vélin peut-être d’un en-
,

la description dans Dioscoride. fant égorgé (voyez l'effet de ce peut-être en his-


Cataramonachia anathème que fulminent
, toire), laquelle peau, semée de figures, de lettres
les popes grecs. Dans quelques iles de la Morée, et de caractères de différentes couleurs, devait la
on dit que cet anathème donne une lièvre lente garantir de toute entreprise contre sa personne.
dont on meurt cil six semaines. Elle fit faire la colonne de l'hôtel de Soissons ’,
Catelan (taurent), pharmacien de Montpel- dans le fût de laquelle il y avait un escalier à vis
lier au dix septième siècle. Il a laissé une His- pour monter à la sphère armillaire qui est au
toire de la nature, chasse , vertus, propriétés et haut. Elle allait y consulter les astres avec scs
usages de la licorne, Montpellier, in-8", 1024, et astrologues.
un rare et curieux discours de la plante appelée Cette princesse, que l'on a fort noircie, eut
mandragore, Paris, in-1 2 .10:19. ,
beaucoup d'ennemis, surtout les huguenots, qui
Cathares, héréliqucsabominablesqui devaient
leur nom à un chat, Catlo, dont ils baisaient le 1
Discorso contra la dutlrina r le profetie di Gira-
derrière dans leurs réunions secrètes, persuadés lamo Savonarotes, da Âmbrosio Catarino polito. Iri-K

qu'ils étaient que Satan lui-méme recevait ainsi


Venise, I3W. Thomas Neri combattit cet ouvrage
dans en livre intitulé Apologia di Tomaso Neri , in
leurs hommages sous celte forme. Ils immolaient
difesa délia dotlrina di Girolamo Savoiuirula. In-8°.
des enfants et commettaient d'autres horreurs, Florence, 1561.
2 Celte colonne existe encore à
Paris, elle est
' Histoires prodigieuses de Boisluaux, t. I. adossée à la halle au blé.
,, ,

CAT — 164 — CAT


alors ne reculaient devant aucune calomnie. Ils » Plus tard, Catiau élargit le cercle de ses

la représentent comme ayant été très-versée opérations ce ne sera plus le sort jeté sur les
;

dans l’art d'évoquer les esprits; ils ajoutent que, animaux qu’il conjurera c’est aux maladies hu-
,

sur la peau d'enfant qu’elle portait au cou maines qu’il va s’attaquer. Charles Delhaye,
étaient représentées plusieurs divinités païennes. Sgé de soixante-huit ans rentier 4 Richebourg-
,

Étant tombée gravement malade, elle remit, l’ A voué est atteint d’une hernie
, il va voir;

disent-ils, à M. de Mesmes une boite hermé- Catiau chez son gendre. Catiau lui dit qu’il a
tiquement fermée, en lui faisant promettre de reçu des missionnaires d'Amiens le pouvoir de

no jamais l’ouvrir et de la lui rendre si elle re- guérir les hernies; pour cela il faut boire de
venait à la vie. Longtemps après, les enfants l’eau que Catiau a heureusement chez lui et qui
du dépositaire, ayant ouvert la boite, dans l’es- vient d’une fontaine de Rome où 'ange va se l

poir d'y trouver des pierreries ou un trésor, baigner une fois par an. Celte consultation mer-
n’y découvrirent qu'une médaille de forme an- veilleuse coûte 150 fr. au père Delhaye. Il prend
tique, large et ovale, où Catherine de Médicis encore plusieurs bouteilles d'eau toutes lui sont
;

était représentée 4 genoux, adorant les Furies cédées généreusement au prix de 10 fr. chacune.
et leur présentant une oiïrande. » Comme on le voit, la matière exploitable
Ce conte absurde donne la mesure de vingt était bonne. Catiau ne se fait pas faute d'en
autres. Catherine de Médicis survécut à M. de user il fait croire 4 Delhaye que ses intelli-
;

Mesmes et elle n'aurait pas manqué de retirer


,
gences avec les puissances surnaturelles lui font
la cassette. entrevoir que la guerre de Crimée reviendra
Elle avait attaché à sa personne , suivant l’u- envahir la France qu'il faut se hâter de faire
;

sage du temps, quelques astrologues, parmi les- des provisions de blé, parce que tout va être
quels il ne faut pasoublier l'illustre Luc Gauric. Ils pillé ,cl que ceux qui seront pris au dépourvu
lui prédirent que Saint-Germain la verrait mourir. mourront de faim. Pour arriver 4 ce but, il faut
Dès lors elle ne voulut plus demeurer à Saint- que Delhaye retire des mains d'un notaire (car
Germain en Laye et n'alla plus 4 l'église de Saint- les notaires vont disparaître avec tout le reste
Germain d'Auxerre. Mais l’évêque de Nazareth sort fatal!) tout l'argent qu’il lui a donné en dépôt ;

l'ayant assistée 4 l’heuro de sa mort, on regarda avec cet argent qu’il achète de grandes quan-
,

la prédiction comme accomplie attendu que ce ,


tités de blé qu’il mettra dans des sacs tissus par

prélat s'appelait Nicolas de Saint-Germain. la main de filles vierges, et que Catiau a seul

Calho (Angelo), savant habile dans l’astro- le bonheur de posséder, mais qu'il cédera au
logie ,
qui prédit 4 Charles le Téméraire sa mort prix modeste de 9 fr. la pièce. Delhaye retire
funeste. Le duc de Bourgogne n’en tint compte, en effet un peu d’argent, pas trop, car le
et perdit tout, comme on sait. Malheureusement, paysan commence 4 se réveiller et 4 retrouver
rienne prouve que la prédiction ait été faite en sa malice; il achète un peu de blé qu'il met
temps utile. dans des sacs immaculés. Mais le blé ne se
Louis XI estimait tant Angelo Catho, 4 cause conserve pas; et puis Catiau s’avise de décou-
de sa science, qu’il lui donna l’archcvéché de vrir qu’outre sa hernie, Delhaye est atteint de
Vienne, en Dauphiné. C'est peut-être pour cela la pierre. Pour le coup, c'en est trop; Catiau

que les protestants en ont fait un astrologue. lui a pris plus de 1,200 fr., il veut encore le

Catiau, sorcier contemporain, condamné par gratifier d’une souffrance qu’il est sûr de ne pas
le tribunal de Béthune, le 30 juillet 1850. Voici avoir. Il porta sa plainte, et c’est ainsi que les
le résumé des faits 4 celte date : hauts faits du sorcier arrivent 4 la connaissance
« Salvien-Édouard-Joscph Catiau aujourd’hui , du public et malheureusement pour lui 4 celle
,

6gé de soixante ans, tisserand, demeurant 4 de la justice, qui poursuit ses investigations,
Loos, près Lcns, vivait péniblement de son tra- découvre une énorme série de faits et con-
vail, lorsqu’il eut, il y a cinq ans environ, la damne le sorcier 4 cinq ans de prison. »
pensée de vivre aux dépens de la sottise hu- Catillus. Voy. Gilbeht.
maine. Bien des gens de la campagne beaucoup , Catoblepas, serpent qui donne la mort à
de nos villes aussi , sont disposés , lorsque plu- ceux qu’il regarde, si on en veut bien croire
sieurs accidents ou malheurs leur arrivent, 4 Pline. Mais la nature lui a fait la tète fort basse,
les attribuer 4 une influence secrète et maligne. de manière qu’il lui. est diflicile de fixer quel-
On leur a jeté un sort ; c’est ce sort que Catiau qu’un. On ajoute que cet animal habite près de
va entreprendre de conjurer. Sa clientèle, la fontaine Nigris, en Éthiopie, que l’on pré-

d'abord restreinte, s’augmente peu 4 peu. Nous tend être la source du Nil.

voyons une femme de Douvrin ,


la dame Cappe, Caton le Censeur. Dans son livre De re
qui perd successivement ses poulets et sa basse- il enseigne, parmi
rut tira, divers remèdes, la
cour; Catiau luiune neuvaine; des
fait faire manière de remettre les membres démis, et
Pater, des Ave Maria récités journellement en- donne même les paroles enchantées dont il faut
lèveront le sort. se servir.

ed by Google
,

CAT — 145 — CAC


Catoptromancie divination par le moyen
, mais derrière la tête d'un enfant à qui l'on avait
d’un miroir. On trouve encore dans beaucoup bandé les yeux...
de villages des devins qui emploient celle di- Pausanias parle d’un autre effet de la catop-
vination, autrefois fort répandue. Quand on a tromancie. « Il y avait à Patras dit-il , devant
,

fait une perte , essuyé un vol , ou reçu quelques le temple de Cérès, une fontaine séparée du
temple par une muraille ; là on consultait un
oracle, non pour tous les événements, mais
seulement pour les maladies. Le malade descen-
dait dans la fontaine un miroir suspendu à un
fil en sorte qu’il ne touchât la surface de l’eau
,

que par sa base. Après avoir prié la déesse et


brûlé des parfums il se regardait dans ce mi-
,

roir, et, selon qu’il se trouvait le visage hâve et


défiguré ou gras et vermeil il en concluait très-
,

certainement que la maladie était mortelle ou


qu’il en réchapperait. »
Cattani ( François ) évêque de Fiésole
,

mort en 1595, auteur d’un livre sur les supers-


titions de la magic

coups clandestins dont on veut connaître l’au-


teur, on va trouver le sorcier ou devin qui in- ,

troduit le consultant dans une chambre 5 demi


éclairée. On n’y peut entrer qu'avec un bandeau
sur les yeux. Le devin fait les évocations, et le
diable montre dans un miroir le passé, le pré-
sent et le futur. Malgré le bandeau les crédules
,

villageois, dans de telles occasions, ont la tête


tellement montée qu’ils ne manquent pas de voir
quelque chose.
On se servait autrefois pour cette divination Cattéri, démon du Malabar, qui possède
d’un miroir que l’on présentait, non devant, surtout les femmes et les rend folles ou fu-

rieuses. Si elles sont belles et bien faites, il leur culté de respirer qui surviennent pendant le
donne des difformités. sommeil, causent des rêves fatigants, et ne

dans
Cauchemar. On
la
appelle ainsi
poitrine, une oppression et une
un embarras
diflî-
,

renco, 15G2.
Sopra superatitione w arte magka . F lo-

10

Digitized by Google
.

cessant que quand on se réveille. On ne savait vais ait quinzième siècle, poursuivit Jeanne
pas trop autrefois, et encore au quinzième siècle, d’Arc comme sorcière et la (il brûler à Rouen.
ce que c’était que le cauchemar, qu’on appelait Il mourut subitement eu Le pape Ci -
aussi alors chauehe-poultt. On en fit un monstre ;
lixte II! excommunia après sa mort ce prélat
c’était un moyen prompt de résoudre la dilii- déshonoré, dont le corps fut déterré et jeté à la

cullé. Les uns imaginaient dans cet accident une voirie. Ce qui est assez curieux c'est que son ,

sorcière ou un spectre qui pressait le ventre des nom a été donné depuis à l'animal immonde
gens endormis, leur dérobait la parole et la qu'on n’appelait auparavant que porc ou pour-
respiration, et les empêchait de crier et de ceau.
s’éveiller pour demander du secours les autres, ; Causa than, dénton ou mauvais génie que
un démon qui étouffait les gens. !.es médecins Porphyre se vantait d’avoir chassé d'un bain pu-
n’y voyaient guère plus clair. On ne savait blic.

d'autre remède pour se garantir du cauchemar Causimomancie ,


divination par le feu , em-
que de suspendre une pierre creuse dans l’écurie ployée chez les anciens mages. C'était un heu-
de sa maison et Dclrio
; embarrassé crut dé-
, , reux présage quand les objets combustibles jetés
cider la question en disant que Cauchemar était dans le feu venaient à n’y pas brûler.
un suppôt de Belzébulh ; il l'appelle ailleurs »«- Cautzer, fleuve du huitième ciel dans le pa-
cubus marbus. radis de Mahomet. Son cours est d'un mois de
Dans les guerres de la république française chemin; ses rivages d'or; son lit, odoriférant
en Italie on caserna en une église profanée un
, comme le musc, est semé de rubis et de perles ;

de nos régiments. Les paysans avaient averti son eau douce comme le lait son écume brillante ;

les soldats que la nuit on se sentait presque comme les étoiles. Qui en boit une fois n’a plus
suffoqué dans ce lieu-là, et que l'on voyait pas- jamais soif.

ser un gros chien sur sa poitrine. Les soldats Cayet (


Pierre-Victor- Paima), savant écrivain
en riaient; ils sc couchèrent après mille plai- tourangeau du seizième siècle. Outre la Chrono-
santeries. Minuit arrive, tous se sentent op- logie noven noire et la Chronologie srptennaire, il

pressés, ne respirent plus et voient, chacun a laissé \' Histoire prodigieuse et lamentable du
sur son estomac, un chien noir qui disparut en- docteur Faust, grand magicien, traduite de l’al-

lin, et leur laissa reprendre leurs sens. Ils rap- lemand en français. Paris, 1603, in- 1 2 ; et Y His-
portèrent le fait à leurs otliciers , qui vinrent y toire véritable comment l'âme de l'empereur Tra-
coucher eux-mêmes la nuit suivante, et furent jan a été délivrée des tourments de l'enfer par Us
tourmentés du même fantôme. —
Gomment ex- prières de saint Grégoire U Grand, traduite du
pliquer ce fait? —
« Mangez peu tenez-vous le latin d’Alphonse Chacon; in- 8”, rare. Paris,
.

1607.
Cayet rechercha la pierre philosophale ,
qu’il

; on
n’eut pas le talent de trouver débita aussi
qu'il était mais on peut voir qu'il ne
magicien ;

pensait guère à se mêler de magie dans î’épltre ,

dédicatoire qu’il a mise en tète de l’histoire de


Faust. Ce sont les huguenots, dont il avait aban-
donné le parti, qui l’accusèrent d'avoir fait pacte
avec. le diable pour qu’il lui apprit les langues.
,

C’était alorsune grande injure; Cavet s’en ven-


gea vivement dans un livre où il défendit contre
eux la doctrine du purgatoire ’.
Caym, démon de classe supérieure, grand
ventre libre, ne couchez point sur le dos, et président aux enfers il se montre habituelle- ;

votre cauchemar vous quittera sans grimoire, » ment sens la figure d’un merle. Lorsqu'il paraît
dit M. Salgues Il est certain que dans les pays en forme humaine, il répond du milieu d'un
où l’on ne soupe plus, on a moins «le cauche- brasier ardent; il porte à la main un sabre
mars. effilé. C’est, dit-on, le plus habile sophiste de
Bodin conte * qu’au pays de Valois, en Pi- l’enfer ; et il peut, par l’astuce de ses arguments,
cardie, il
y avait de son temps une sorte de désespérer le logicien le plus aguerri. C'est avec
sorciers et de sorcières qu’on appelait emuht-
La fournaise nrdente et le four du réverbère pour
1

marei, qu'on ne pouvait chasser qu'à force de évaporer les prétendues eau r de Silné et / mur corro- ,

prières. borer le purgatoire contre 1rs hérésies, calomnies


Caachon (Pierre), évêque intrus de Bcau- faussetés et cavillat ions ineptes du prétendu ministre
Dumoulin. Paris, 1603, in-8 ’. Dumoulin venait île 1

1
M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. I, publier les Eau.c de S Hoc, pour éteindre te feu du
p, 331. purgatoire, rnnire les raison? d'un rordclior |K>rlu-
1 Démonomanie des sorciers, liv. II, ch. vu. gais. ln-8”, 1603.
,

CAY — 147 — CEC

lui que Lulher eul celte rameuse dispute dont il croire au fait que le paysan raconte, et réclame
nous a conservé les circonstances. Caym donne les douze cents francs en justice. Le paysan fut
l'intelligence du chant des oiseaux, du mugis- condamné à payer une seconde fois. Mais la nuit
qui suivit celte sentence, M. Cayol apparut 4
son fils bien éveillé, et lui reprocha sa conduite.
— « J’ai été payé, ajouta-t-il; regarde derrière
le miroir qui est sur la cheminée de ma chambre,
tu y trouveras mon reçu. »
Le jeune homme se lève
tremblant, met la
main sur la quittance de son père et se hâte de
payer les frais qu'il avait faits au pauvre fer-
mier, en reconnaissant ses torts
Cazotte (.Jacques), né à Dijon en 1720, guil-
lotiné en 1793, auteur du poëme il' Olivier, où
beaucoup d'épisodes roulent sur les merveilles
magiques. Lo succès qu'obtint celle production
singulière le décida il faire paraître le Dial/le
amoureux. Comme il
y a dans cet ouvrage des
conjurations et autres propos de grimoire, un
étranger alla un jour le prier de lui apprendre
à conjurer le diable ,
science que Cazotte ne
possédait pas.
sement des lxeufs, de l'aboiement des chiens
Ce qui lui obtient encore place dans ce re-
et du bruit des ondes. Il connaît l’avenir. Ouel-
cueil, c’est sa prophétie rapportée par la Harpe;
quefois il s’est montré en homme coiffé d’une
où il avait pronostiqué la révolution dans la plu-
aigrette et orné d'une queue de paon. Ce dé-
part de ses détails. Mais on n’avait imprimé,
dit-on, qu’un fragment de cette pièce. On l’a

plus tard découverte plus entière , et quelques-


uns disent à présent que cette prophétie a été
supposée, ce qui n’est pas prouvé. On a publié
en l’an VI, 4 Paris, une Correspondance mys-
tique de Cazotte, saisie par le tribunal révolu-
tionnaire, et où brille un certain esprit prophé-
tique inexplicable.
Cébus ou Céphus, monstre adoré des Égyp-
tiens. C’était une espèce de satyre ou singe qui
avait, selon Pline, les pieds et les mains sem-
blables 4 ceux de l’homme. Diodore lui donne
une tète de lion, le corps d’une panthère et la
taille On ajoute que Pompée en
d’une chèvre.
fit venir un 4 Rome et qu’on n’en a jamais vu ,

que celte fois-là.


Cecco d'Ascoli (François Slabili, dit), pro-
fesseur d’astrologie, né dans la Marche d’An-
cône au treizième siècle. Il se mêlait aussi de
,

magie et d’hérésie. On dit, ce qui n’est pas


certain, qu'il fut brûlé en 1327, avec son livre
d’astrologie, qui est, 4 ce qu’on croit, le com-
mentaire sur la sphère de Sacrobosco ’.
mon, qui fut autrefois de l'ordre des anges, Il disait qu'il se formait dans les deux des
commande à présent trente légions aux enfers*. esprits malins qu’on obligeait par le moyen des,

Cayol ,
propriétaire à Marseille , mort au constellations, 4 faire des choses merveilleuses.
commencement de ce siècle. Un de ses fermiers Il assurait que l’influence des astres était ab-
lui apporta un jour douze cents francs; il les solue, et reconnaissait le fatalisme. Selon sa
reçut et promit la quittance pour le lendemain doctrine Noire-Seigneur Jésus-Christ n’avait été
,

parce occupé. Le paysan ne re-


qu’il était alors pauvre et n'atait souffert une mort ignomi-
vint qu'au bout de quelques jours. M. Cayol ve- nieuse que parce qu’il était né sous une constel-
nait subitement de mourir d’apoplexie. Son fils
* Infrrnaliana , p. îîfi.
avait pris possession de ses biens; il refuse de 5 Commentarii in spharram Joannis tir Sacrohoscn.
* Wierus. in Pseutlomonarchia tltemon. In-fol. Bàle, llKîi.
40 .

Digitized by Google
CEC — 148 — CEN
lation qui causait nécessairement cet effet....; Ceintures magiques. Plusieurs livres de
au contraire, l’Antéchrist sera riche et puis- secrets vous apprendront qu’on guérit toutes
sant, parce qu'il naîtra sous une constellation sortes de maladies intérieures en faisant porter
favorable. Cette doctrine stupide fut condamnée au malade une ceinture de fougère cueillie la
en 1327. veille de la Saint-Jean, à midi, et tressée de
manière à former le caractère magique HVTY.
Le synode tenu à Bordeaux en 1600 a con-
damné ce remède, et la raison, d’accord avec
l'Église, le condamne tous les jours.
Celse, philosophe éclectique du deuxième
siècle, ennemi des chrétiens. En avouant les
miracles de Jésus-Christ, il disait qu'ils avaient
été opérés par la magic , et que les chrétiens
étaient des magiciens. Il a été réfuté par Ori-
gène.
Celsius (André), Suédois, mort en 1744.
auteur d'une lettre sur Us comètes, publiée à
Upsal l’année de sa mort.
Cenchroboles, nation imaginaire dont parle
Lucien. Il dit que les Cenchroboles allaient au
combat montés sur de grands oiseaux, couverts
d’herbes vivaces au lieu de plumes.
Cendres. On soutenait dans le dix-septième
siècle, entre autres erreurs, qu’il y avait des
semences de reproduction dans les cadavres,
dans les cendres des animaux même des et
« Une preuve que Cecco était fou , disent plantes bridées; qu’une grenouille, par exemple,
Naudé et Delrio, c'est 1" : qu’il interprète le en se pourrissant, engendrait des grenouilles,
livre de Sacrobosco dans le sens des astrolo- et que les cendres de roses avaient produit d'au-
gues, nécromanciens et chiroscopistes ; 2" qu'il tres roses, loy. Palinoénésic.
cite un grand nombre d'auteurs falsifiés, comme Le Grand Albert dit que les cendres do bois
les Ombres des idées de Salomon, le Livre des astringent resserrent, cl qu'on se relâche avec
esprits d’Hippnrchus les Aspects des étoiles,
, des cendres de bois contraire. « El, ajoute-t-il,
d'Hippocrate , etc. » Dioscoride assure que lessive de cendres de
la
On demandait un jour h Cecco ce que c’était sarments, bue avec chi sel, est un remède sou-
que la lune ; il répondit : « C’est une terre verain contre la suffocation de poitrine. Quant
comme la nôtre ut terra terra est. *
, à moi ajoute-t-il j’ai guéri plusieurs personnes , ,

On a beaucoup disputé sur cet astrologue, de la peste en leur faisant boire une quantité
connu aussi sous le nom de Ceeus Aseulan et d'eau où j'avais fait amortir de la cendre chaude,
,

plus généralement sous celui de Chicus Æscti- et leur ordonnant de suer après l'avoir bue '. »
lanus. Delrio ne voit en lui qu’un homme su- Cène. Au sabbat, les meneurs qui veulent
perstitieux qui avait la tète mal timbrée. Naudé,
, singer ou contrefaire tout ce qui est du culte
ainsi que nous l’avons noté le regarde comme
, divin font même la cène ou communion, c’est-
un fou savant. Quelques auteurs, qui le mettent à-dire qu’ils donnent ce nom à une horrible scé-
au nombre des nécromanciens, lui prêtent un lératesse. On lit ceci dans les déclarations de
esprit familier, nommé Floron, de l’ordre des Madeleine Bavent. • J’ai vu faire une fois la
Chérubins, lequel Floron l’aidait dans ses tra- cène au sabbat, la nuit du jeudi saint. On ap-
vaux et lui donnait de bons conseils; ce qui ne porta un enfant tout rôti, et les assistants en
l’empècha pas de faire des livres ridicules. mangèrent. Pendant ce repas horrible, un dé-
Cécile. Vers le milieu du seizième siècle une mon circulait en disant à tous
, Aucun de vous :

femme nommée Cécile se montrait en spectacle ne me trahira. > Et ces horreurs ne sont pas des
à Lisbonne; elle possédait l’art de si bien varier contos. Voy. Sabbat.
sa voix qu’elle la de son
faisait partir tantôt Cénéthussecond roi d’Écosse. Désirant
,

coude, tantôt de son pied, tantôt de son ventre. venger la mort de son père, tué par les Pietés,
Elle liait conversation avec un être invisible il du pays à reprendre
exhortait les seigneurs
qu’elle nommait Pierre-Jean , et qui répondait h les armes; mais, parce qu'ils avaient été mal-
toutes scs questions. Cette femme ventriloque heureux aux précédentes batailles, les seigneurs
fut réputée sorcière et bannie dans File Saint- hésitaient. Cénéthus, sous prétexte de les en-
Thomas ’.
Grand,
1
Les admirables secrets d'Albert le liv. III,
1
M. Saignes, Des erreurs, etc., t. II, p. 1Î7. ch. t.

Digitlzed by Google
CEP — 149 — CER
tretenir des affaires du pays, manda les plus on s’accorde généralement à ne lui en recon-
braves chefs à un conseil. Il les fit loger dans naître que trois. Ses dents étaient noires et tran-
son château, où il avait caché dans un lieu se- chantes, et sa morsure causait une prompte mort.
cret quelques soldats accoutrés de vêtements On croit que la fable de Cerbère remonte aux
horribles faits de grandes peaux de loups ma- Égyptiens, qui faisaient garder les tombeaux par
rins, qui sont très-fréquents dans le pays, voisin
de la mer. Ils avaient à la main gauche des bâ-
tons de ce vieux bois qui luit la nuit, et dans la
droite des cornes de bœuf percées par le bout.
Ils se tinrent reclus jusqu'à ce que les seigneurs
fussent ensevelis dans leur premier sommeil :

alors ils commencèrent à se montrer avec leurs


bois qui éclairaient, et firent résonner leurs
cornes de boeuf, disant qu'ils étaient envoyés
pour leur annoncer la guerre contre les Pietés.
— I.eur victoire, ajoutaient-ils, était écrite dans
le ciel. Ces fantômes jouèrent bien leur rôle, et
s’évadèrent sans être découverts. Les chefs
émus vinrent trouver le roi, auquel ils com-
muniquèrent leur vision ; et ils assaillirent si
vivement les Pietés qu’ils ne les défirent pas
seulement en bataille, mais qu'ils eu exter-
minèrent la race *.
Céphalonomancie. Voy. Képhalonosiancie.
Ceram ,
On y remar- des dogues. Mais c'est principalement ici du dé-
l'une des Iles Moluqucs.
que, sur la mon Cerberusqu'il a fallu nous occuper. En 1586,
côte méridionale, une montagne où
résident , dit-onmauvais génies. Les navi- il fit alliance avec une Picarde nommée Marie
, les
gateurs de file d’Amboine, qui sont tous très- Martin, l’oy. Martin.
superstitieux ne passent guère en vue de cette
, Cercles magiques. On ne peut guère évoquer _

montagne sans faire une offrande à ces mauvais les démons avec sûreté sans s'être placé dans un
génies, qu'ils empêchent ainsi de leur susciter cercle qui garantisse de leur atteinte, parce que
des tempêtes. Le jour, ils déposent des fleurs et leur premier mouvement serait d'empoigner, si
une petite pièce de monnaie dans une coque de l’on n’y mettait ordre. Voici ce qu’on lit à ce
coco; la nuit, ils y mettent de l'huile avec de propos dans le fatras intitulé tirimoire du pape
petites mèches allumées, et ils laissent flotter Honorim : « Les cercles se doivent faire avec du
cette coque au gré des vagues. charbon, de l'eau bénite aspergée, ou du bois
Cérambe, habitant de la terre, qui se retira d'une croix bénite... Quand ils seront faits de la
sur une montagne au moment du déluge de Deu- sorte et quelques paroles de l'Évangile écrites ,

calion elqui fut changé en cette espèce d’escargot autour du cercle sur le sol, on jettera de l'eau ,

qui a des cornes. Il en est la tige ou la souche, bénite en disant une prière superstitieuse dont
dans l’ancienne mythologie. nous devons citer quelques mots « Alpha : — ,

Ceraunoscopie. Divination qui se pratiquait, • Oméga, Ély, Élohé, Zéhahot, Élion, Saclay.
chez les anciens par l’observation de la foudre » Voilà le lion qui est vainqueur de la tribu de
,

et des éclairs, et par l’examen des phénomènes > Juda, racine de David. J'ouvrirai le livre et
de l’air. » scs sept signets... » Il est fâcheux que l'auteur
Cerbère. Cerberus ou Naberus est chez nous de ces belles oraisons ne soit pas connu, on
un démon. Wierus le met au nombre des marquis pourrait lui faire des compliments.
de l'empire infernal. Il est fort cl puissant il sc On récite cela après quelque formule de con-
;

montre, quand il n'a pas ses trois têtes de chien, juration et les esprits paraissent. Voy. Conjura- ,

sous la forme d'un corbeau sa voix est rauque tion. Le Grand Grimoire ajoute qu'en entrant
; :

néanmoins il donne l’éloquence et l'amabilité il dans le cercle, il faut n'avoir sur soi aucun métal
;

enseigne les beaux-arts. Dix -neuf légions lui impur, mais seulement de l'or ou de l’argent,
obéissent. pour jeter la pièce à l'esprit. On plie cette pièce
On voit que ce n'est plus là le Cerbère des an- dans un papier blanc, sur lequel on n'a rien écrit;
ciens, ce redoutable chien, portier incorruptible on l’envoie à l'esprit pour l’empêcher de nuire;
des enfers appelé aussi la béte aux cent têtes, et, pendant qu’il se baisse pour la ramasser de-
,

eenticept bellua à cause de la multitude de ser- vant le cercle on prononce la conjuration qui le
, ,

pents dont ses trois crinières étaient ornées. Hé- soumet. Le Dragon rouge recommande les mêmes
siode lui donne cinquante têtes de chien; mais précautions.
1 Boistuaux Histoires prodigieuses t. I. Il nous reste à parler des cercles que les sor-
.
,

Digitized by Google
CER — 150 — CER
ciers font au sabbat pour leurs danses. On en ment. Cela pour exciter parmi les ministres
suffit
montre encore dans les campagnes; on les ap- soupçon qu'elle n’y était peut-
et les baillis le
pelle cercles du sabbat ou cercles des fées, parce être pas étrangère. En conséquence ils lui or- ,

qu’on croyait que les fées traçaient de ces cercles donnèrent de se rendre près du défunt et de
magiques dans leurs danses au clair de la lune. placer la main sur son cadavre. Elle y consentit;
Ils ont quelquefois douze ou quinze toises de dia- mais avant de le faire, elle s’écria d’une voix
mètre et contiennent un gazon pelé k la ronde de solennelle : Je souhaite humblement que le Dieu
la largeur d’un pied avec un gazon vert au mi-
,
puissant qui a ordonné au soleil d’éclairer l’uni-
lieu. Quelquefois aussi tout le milieu est aride, des- vers fasse jaillir de celte plaie un rayon de lu-
séché, et bordure tapissée d'un gazon vert.
la mière dont le reflet désignera le coupable. Dès
Jessorp et Walkor, dans les Transactions philoso- que ces paroles furent achevées, elle s'approcha,
phiques, attribuent ce phénomène au tonnerre : posa légèrement un de ses doigts sur la blessure,
ilsen donnent pour raison que c’est le plus sou- et le sang coula immédiatement. Les magistrats
vent après des orages qu’on aperçoit ces cercles. crurent y voir une révélation du ciel et Fanny, ;

D’autres savants ont prétendu que les cercles condamnée, fut exécutée le jour même.
magiques étaient l’ouvrage des fourmis, parce On voit dans la vie de Charles le Bon par ,

qu'on trouve souvent ces insectes qni y travail- Gualbert, que les meurtriers en Flandre, au dou-
lent eq foule. On regarde encore aujourd’hui, zième siècle après avoir tué leur victime, man-
,

dans les campagnes peu éclairées, les places ari- geaient et buvaient sur le cadavre dans la per- ,

des comme le rond du sabbat. Dans la Lorraine, suasion qu'ils paralysaient par cette cérémonie
les traces que forment sur le gazon les tourbil- toute poursuite contre eux à l’occasion du meur-
lons des vents et les sillons de la foudre passent tre. Les assassins de Charles le Bon avaient pris
toujours pour les vestiges de la danse des fées, cette précaution ce qui ne les empêcha pas d'être
;

et les paysans ne s'en approchent qu’avec ter- tous mis au supplice.


reur '.
Cercopes, démons méchants et impies, dont
Cercueil. L’épreuve ou jugement de Dieu par Hercule réprima les brigandages.
le cercueil a été longtemps en usage. Lorsqu’un Cerdon, hérétique du deuxième siècle, chef des
assassin, malgré les informations, restait inconnu, cerdoniens. Il enseignait que le monde avait été

on dépouillait entièrement le corps de la victime ; créé par le démon et admettait deux principes
,

un le mettait dans un cercueil et tous ceux qui


, égaux en puissance.
étaient soupçonnés d’avoir eu part au meurtre Cérès. u Qu'étaicnt-cc que les mystères de
étaient obligés de le toucher. Si l'on remarquait Gérés à Éleusis, sinon les symboles de la sorcel-
un mouvement, un changement dans les yeux, lerie, de la magie et du sabbat? A ces orgies, on
dans la bouche ou dans toute autre partie du dansait au son du clairon comme au sabbat des
,

mort, si la plaie saignait, —


celui qui touchait sorcières et il s'y passait des choses abomina-
;

le cadavre dans ce mouvement extraordinaire bles, qu'il était défendu aux profèsde révéler*. »
était regardé et poursuivi comme coupable. Ri- On voit dans Pausanias que les Arcadiens re-
chard Cœur de lion s'était révolté contre Henri II présentaient Cérès avec un corps de femme et
son père, à qui il succéda. On rapporte qu’après une tête de cheval. On a donné le nom de Cérès
la mort de Henri II, Richard s’étant rendu à à une planète découverte par Piazzi en 1801.
Fontevrault , où le feu roi avait ordonné sa sé- Celte planète n’a encore aucune influence sur les
pulture, à l'approche du fils rebelle, le corps du horoscopes. Voy. Astrologie.
malheureux père jeta du sang par la bouche et Cerf. L’opinion qui donne une très-longue vie
par le nez et que ce sang jaillit sur le nouveau
, à certains animaux, et principalement aux cerfs,
souverain. On cite plusieurs exemples sembla- est fort ancienne. Hésiode dit que la vie de l’homme
bles, dont la terrible morale n’était pas trop forte finit à quatre-vingt-seize ans, que celle de la
dans les temps barbares : corneille est neuf fois plus longue, et que la vie
Voici un petit fait qui s’est passé en Écosse : du cerf est quatre fois plus longue que celle de la
— Un fermier , nommé John Mac Intos, avait eu corneille. Suivant ce calcul, la vie du cerf est de
quelques contestations avec sa sœur Fanny Mac- trois mille quatre cent cinquante-six ans.
Allan. Peu de jours après il mourut subitement. Pline rapporte que, cent ans après la mort
Les magistrats se rendirent chez lui et remar- d’Alexandre on prit dans les forêts plusieurs cerfs
,

quèrent qu'il avait sur le visage une large bles- auxquels ce prince avait attaché lui-même des
sure, de laquelle aucune goutte de sang ne s'é- colliers. On trouva, en 1037, dans la forêt de
chappait. Les voisins de John accoururent en Sentis, un cerf avec un collier portant ces mots :
foule pour déplorer sa perte; mais, quoique la Cæsar hoc me donavit. « C'est César qui me l’a
maison de sa sceur fût proche de la sienne , elle donné » mais quel César? Ces circonstances ont
;

n’y entra pas et parut peu affectée de cet événe- fortiflé toutefois le conte d'Hésiode. Les cerfs ne
1
Madame Elise Voïart, notes au livre I" de la
vivent pourtant que trente-cinq à quarante ans.
Vierge tlArduène. 1
Leloyer, Disc, et hist. des spectres, p. 689, 768.

gle
,

CER — 151 — CÉS


Ce que l'on a débité do leur longue vie ajoute ,
inan a parfaitement établi et prouvé qu’il n’existe
Buflbn, n'est appuyé sur aucun fondement; ce aucunedifférence appréciable dans le poids moyen
n’est qu'un préjugé populaire dont Aristote lui- , et les dimensions moyennes du cerveau du nègre
même du cerf de
a révélé l’absurdité. Le collier et de l’Européen. La légère différence qu’on re-
in forêtde Senlis ne peut présenter une énigme marque dans sa forme extérieure disparaît dans
qu'aux personnes qui ignorent que tous les em- la structure interne.
pereurs d’Allemagne ont été désignés par le nom Cervelle. On fait merveille avec la cervelle
de César. de certaines bêtes. L'auteur des Admirable se- .«

Lne autre tradition touchant le cerf, c'est que crch d’Albert le Grand dit, au liv. III, que la
la partie destinée à lui tombe cha-
la génération cervelle de lièvre fait sortir les denLs aux onfanLs,
que année. Après avoir observé ce qui a
ainsi lorsqu’on leur en frotte les gencives. Il ajoute
lieu par rapport à son bois, on s'est persuadé que les personnes qui ont peur des revenants se
que la même chose arrivait à la partie en ques- guérissent de leurs terreurs paniques si elles ,

tiou. L'expérience et la raison détruisent égale- mangent souvent de la cervelle de lièvre. La


ment une opinion si absurde'. cervelle de chat ou de chatte, si on s’en frotte
Cerinthe, «lié tique du temps des apôtres. Il
1 les dehors du gosier guérit en moins de deux
,

disait que Dieu avait créé des génies cliargés de jours les inflammations qui s'y font sentir, mais
gouverner le monde; qu’un de ces génies avait après une crise de fièvre violente. Les premiers
fait tous les miracles de l’histoire des Juifs; que hommes ne mangeaient la cervelle d’aucun ani-
les enfants de ces esprits étaient devenus des dé- mal par respect pour la tête qu'ils regardaient
, ,

mons, et que le Fils de Dieu n'était descendu comme le siège de la vie et du sentiment,
sur la terre que pour ruiner le pouvoir des mau- Cesaire on Cesarius d'Heisterbach (Pierre),
vais anges. 11 avait écrit des révélations qu'il moine de Clteaux, mort en 1 2 6 0 On lui doit un .

prétendait lui avoir été faites par un ange de recueil de miracles où les démons figurent très-
bien, avec qui il se vantait de couverser familiè- souvent*. Ce recueil, nous ne saurions trop en
renient. « Mais cet ange comme dit Leloyer,
,
dire la raison a été mis à l'index en Espagne. Il
,

était un chenapant de démon, et pas autre chose.» est cité plusieurs fois dans ce dictionnaire.
Cerne, mot vieilli. C'était autrefois le nom Cesaire (Saint), l'oy. Mirabilis liber.
qu’on donnait au cercle que les magiciens tra- Césalpin (André), médecin du seizième siècle,
çaient avec leur baguette pour évoquer los dé- né à Arezzo en Toscane, auteur de Recherches sur
mons. Ut Démons où l’on explique le passage d'Hip-
Céromancie ou Ciromancie. Divination par pocrate, relatif aux causes surnaturelles de cer-
le moyen de la cire, qu'on faisait fondre et qu’on laines maladies ’. Ce traité ,
composé à la prière
versait goutte à goutte dans un vase d'eau ,
pour de l’archevêque de Pise, parut au moment ou les
en tirer selon les figures que formaient ces
, religieuses d’un couvent de celte ville étaient
gouttes, des présages heureux ou malheureux, obsédées du démon. L’archevêque demandait à
Les Turcs cherchaient surtout à découvrir ainsi tous les savants si les contorsions de ces pauvres
les crimes et les larcins. Ils faisaient fondre un filles avaient une cause naturelle ou surnalu-
murceau de cire à petit feu, en marmottant quel- relie. Césalpin, particulièrement consulté, ré-
ques paroles: puis ils ôtaient cette cire fondue pondit par le livre que nous citons. Il commence
de dessus le brasier, et y trouvaient des figures par exposer une immense multitude de faits at-
qui indiquaient le voleur, sa maison et sa rc- tribués aux démons et à la magie. Ensuite il dis-
traite. Dans l'Alsace, au seizième siècle, et peut- cute ces faits avoue qu’il y a des démons,
-, il

être encore aujourd'hui , lorsque quelqu'un est mais qu'ils ne peuvent guère communiquer ma-
inalade et que les bonnes femmes veulent dé- tériellement avec l’homme; il termine en se sou-
couvrir qui lui a envoyé sa maladie, elles pren- mettant à la croyance de l’Église. Il déclare que
nent autant de cierges d’un poids égal qu’elles la possession des religieuses de Pise est surnatu-

soup<;onnent d’êtres ou de personnes; elles les relie-, que les secours de la médecine y sont in-

allument, et celui dont le cierge est le premier suffisants, et qu'il est bon de recourir au pouvoir
consumé passe dans leur esprit pour l'auteur du des exorcistes.
maléfice *. César (Caïus Julius). On a raconté de cet
Cerveau. Les quarterons de savants qui ont homme fameux quelques merveilles surprenantes,
attaqué le dogme de l’unité de l'espèce humaine Suétone rapporte que, César étant avec son
ont avancé que le cerveau des nègres était infé-
rieur au cerveau des blancs. Mais le savant Tied- lllustrium miraeuhrum et historiarum memora-
1

bilium hbri XII, a Casario Heisterbachensi. ordinis


1
Brown, Essais sur les erreurs, etc., 1. 1, liv. 111, cisterciensis, etc.Tn-8". Anlxerpiæ, 1603. Nurem-
ch. x. M. Satgues, Des erreurs et des préjugés, t. II , berg, 1 481. In-fol. Cologne, 1599. In-8°. Douai, 1604.

p. 215. Buffon, Histoire naturelle, etc. 2


Deemonum investigatio peripatetica , in qua ex-
2 Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège plicatur locus Hippocratis : si quid divinum in morbit
pleinement convaincue, traité V. Delrio, liv. IV. habeatur. In-4«. Florence, 1580.

:ed by Google
,

CÉS — 152 — CHA


armée sur bords du Rubicon que ses soldats
les Paris, en 1611, que l'enchanteur César et un
hésitaient à traverser, il apparut un inconnu de autre sorcierdesesainisavaient été étranglés parle
taille extraordinaire qui s’avança en sifflant vers diable. On publia même, dans un petit imprimé,
le général. Les soldats accoururent pour le voir ; les détails de cette aventure infernale.
y Ce qu'il
aussitôt le fantôme saisit la trompette de l'un a de certain que César cessa tout à coup
, c'est
d'eux, sonne la charge, passe le fleuve et César ; de se montrer. Il n’était cependant pas mort; il

s'écrie , sans délibérer davantage Allons où : — n’avait même


pas quitté Paris. Mais il était de-
les présages des dieux et l’injustice de nos en- venu invisible, comme quelques autres que l'État
nemis nous appellent. —
L’armée le suivit avec se charge de loger *. J by. Ruggiêm.
ardeur. Césara. I-es Irlandais croient remonter à Cé-
Lorsqu’il débarqua en Afrique pour faire la sara, petite-fille de Noé, disent-ils, qui se ré-
guerre ù Juba , il tomba à terre. Les Romains se fugia dans leur lie, où, par grâce spéciale, elle
troublèrent de ce présage; mais César rassura fut â l'abrides eaux du déluge.
les esprits en embrassant le sol et en s'écriant, Césonie femme de Caligula. Suétone conte
,

comme si sa chute eût été volontaire: « Afrique, que, pour s’assurer le cœur de son auguste
tu es à moi, car je te liens dans mes bras. » époux elle lui fit boire un philtre qui acheva
,

On a vanté l’étonnante force de ses regards; de lui faire perdre l'esprit. On prétend qu'il y
on a dit que des côtes des Gaules , il voyait ce avait dans ce philtre de l’hippomane, qui est un
qui se passait dansl’ile des Bretons. Roger Bacon, morceau de chair qu’on trouve quelquefois, dit-
qui ne doute pas de ce fait, dit que Jules César on, au front du poulain nouveau né. l'oy. Hip-
n’examinait ainsi tout ce qui se faisait dans les POMANE.
camps et dans les villes d’Angleterre qu’au moyen Ceurawats, sectaires indiens, qui ont si
de grands miroirs destinés à cet usage. grande peur de détruire des animaux qu’ils se ,

On assure que plusieurs astrologues prédirent couvrent la bouche d’un linge pour ne pas ava-
à César sa mort funeste que sa femme Cal-
; ler d'insectes. Ils admettent un bon et un mau-
purnie lui conseilla de sede mars
défier des ides ; vais principe et croient â des transmigrations
,

qu’un devin célèbre tâcha également de l'effrayer perpétuelles dans différents corps d’hommes ou
par de sinistres présages lorsqu'il se rendait au de bêtes.
sénat, où il devait être assassiné toutes choses : Cévennes. l'oy. Dauphiné.
contées après l’événement. Ceylan. Les habitants croient que cette Ile
On ajoute qu'une comète parut à l’instant de fut le lieu qu’Adam et Ève habitèrent, après
sa mort. On dit encore qu’un spectre poursuivit avoir été chassés du jardin de délices.
Brutus, son meurtrier, à la bataille de Philippcs; Chabbalach. l'oy. Malache.
que, dans la même journée, Cassius crut voir au Chacon (Alphonse), en latin Ciaconius, do-
fort de la mêlée César accourir à lui à toute bride, minicain espagnol du seizième siècle auteur du ,

avec un regard foudroyant, et qu'effrayé de cette traité traduit par Cayet Comment l'âme de Tra- :

vision terrible, il se perça de son épée. jan fut délivrée de t enfer ’.


Quoi qu'il en soit, Jules César fut mis au rang Chacran, tonnerre de Wislmou. Les Indiens
des dieux par ordre d'Auguste, qui prétendit que le représentent sous la figure d’un cercle qui
Vénus avait emporté son âme au ciel. On le re- vomit du feu de tous côtés, comme nos soleils
présentait dans ses temples avec une étoile sur d'artifice.
la tête, à cause de la comète qui parut au moment Chahriver, amschaspand qui préside aux
de sa mort. richesses métalliques enfouies dans le sein de la
César, charlatanqui vivait àParis sous Henri IV, terre.
et qui était astrologue, nécromancien, chiroman- Chaîne du diable. C’est une tradition parmi
cien physicien , devin , faiseur de tours magi-
,
femmes de
les vieilles la Suisse que saint Ber-

ques. Il disait la bonne aventure par l'inspection nard tient le diable enchaîné dans quelqu’une
des lignes de la main. Il guérissait en pronon- des montagnes qui environnent l'abbaye de
çant des paroles et par des attouchements. Il ar- Clairvaux. Sur cette tradition est fondée la cou-
rachait les dents sans douleur, vendait assez cher tume des maréchaux du pays de frapper tous les

de petits joncs d'or émaillés de noir, comme ta- lundis, avant de se mettre en besogne, trois
lismans qui avaient des propriétés merveilleuses coups de marteau sur l'enclume pour resserrer
contre toutes les maladies. Il escamotait admira- la chaîne du diable, afin qu’il ne puisse s’é-
blement et faisait voir le diable avec ses cornes. chapper.
Quant à cette dernière opération il semble qu’il , Chaire salée. On donnait ce nom en Cham-
voulait punir les curieux d’y avoir cru ; car ils pagne à une monstrueuse effigie de dragon que
en revenaient toujours si bien rossés par les su- l’onpromenait à Troyes dans les processions
jets de Belzébuth, que le magicien lui-même était 1
Charlatans célébrés t. 1, p. 20i.
obligé de leur avouer qu'il était fort imprudent * Tractalus de libérations animer Trajani impera-
de chercher â les connaître. Le bruit courut à |
loris a parais inférai, etc. Rome, 1576. Reggio, 1585.

:ed by yogle
, ,

CHA — 153 — CH A
des Rogations. C'était un symbole de l’hérésie pierres des mains des ouvriers. Ce prodige se
domptée par saint Loup. Le jansénisme a sup- répéta tant de fois, qu’il fallut renoncer à re-
primé de nos fêtes ces accessoires, qui attiraient construire la ville, si bien que l'empereur alla
la foule et qui rappelaient des souvenirs utiles. bâtir Constantinople....
Chaires de magie. Il y a eu de ces chaires Chaldéens. On prétend qu'ils trouvèrent l’as-
tenues secrètement h l'université de Salamanque, trologie ou du moins qu'ils la perfectionnèrent.
à Tolèdeau pays de Naples et en d’autres lieux,
, Ils étaient aussi habiles magiciens.
au moyen âge et assurément il y en a encore
; Chain, troisième fils de Noé , inventeur ou
aujourd’hui. conservateur de la magie noire. Il perfectionna
Chais (Pierre), ministre protestant, né h les divinations et les sciences superstitieuses.
Genève en 1701. Dans son livre intitulé le Sens Cecco d’Ascoli dit, dans le chapitre iv de son
littéral Je l'Ecriture sainte, etc., traduit de l'an- Commentaire sur la Sphère de Sacrobosco, avoir
glais, de Stackhousc, 3 volumes in-8“, 1738, il vu un livre de magic composé par Cham, et
a mis une curieuse dissertation dont il est l’au- ,
contenant les Eléments et la pratique de la né-
teur, sur les démoniaques. cromancie. Il enseigna cette science redoutable
Chalcédoine. On conte qu’après que les à son (ils Misraïin, qui, pour les merveilles qu’il
Perses eurent ruiné Chalcédoine , sur le Bos- faisait, fut appelé Zoroaslre, et composa, sur
phore, Constantin le Grand voulut la rebâtir, cet art diabolique, cent mille vers, selon Suidas,
parce qu’il en aimait le séjour. Mais des aigles et trois cent mille, selon d’autres. — Les mons-
vinrent qui, avec leurs serres, enlevèrent les truosités de Cham lui attirèrent , dit-on , un châ-
1

Cliamrau.

liment terrible; il fut emporté par le diable à Chamans, prêtres sorciers des Yacouts. Voy.
la vue de ses disciples. Mang-Taar.
Bérose Cham est le même que
prétend que Chambres infestées. Voy. Chat, Deshou-
Zoroastre. Annius de Yiterbe pense que Cham liêhes, Despilliers, Athénagore, AvoLA.etc.
pourrait bien être le type du Pan des anciens Chameau. Les musulmans ont pour cet ani- .

païens Kircher dit que c’est leur Saturne et


. mal une espèce de vénération ils croient que ;

leur Osiris. D'autres prétendent que c’est Cham c’est un péché de le trop charger ou de le faire
ou Chamos qui fut adoré sous le nom de Ju- travailler plus qu'un cheval. La raison de ce
piter-Ammon. On dit encore que Cham a in- respect qu’ils ont pour le chameau c’est qu’il ,

venté l’alchimie et qu'il avait laissé une pro-


, est surtout commun dans les lieux sacrés de
phétie dont l’hérétique Isidore se servait pour l' Arabie, cl que c'est lui qui porte le Koran,
faire des prosélytes. Nous ne la connaissons pas quand on va en pèlerinage à la Mecque.
autrement que par un passage de Christophe Mahomet a mis dans son paradis la chamelle
Sand qui dit que Cham , dans cette prophétie
,
du prophète Saleh 1
.

annonçait l'immortalité de l'âme *. Les conducteurs des chameaux, après les


avoir fait boire dans un bassin, prennent l’écume
1
Comment, ad Berosi lib. III. Wierus, De prees-
tigiis, dit que Pan est le prince des démons incubes. 1 Voyez l’histoire de cette chamelle dans les Lé-
3
Christop. Sandii lib. Je origine anima p. SS. gendes de l’Ancien Testament..

Digitized by Google
,,

CHA — 154 — CHA


qui découle de leur bouche et s’en frottent dé- Chandelle. Cardan prétend que, pour savoir
voiement la barbe, en disant : « O père pèlerin ! si un trésor est enfoui dans un souterrain où
6 père pèlerin » Ils croient que celte cérémonie
! l’on creuse dans ce but, il faut avoir uue grosse
les préserve de mécbef dans leur voyage. Les — chandelle, faite de suif humain, enclavée dans
Turcs croient aussi que la peau du chameau a un morceau de coudrier en forme de croissant
des vertus propres aux opérations magiques. de manière à figurer avec les deux branches
On voit dans les Admirables Secrets d’Albert une fourche à trois rameaux. Si la chandelle
le Grand, livre 11, chap. ni, que « si le sang étant allumée dans le lieu souterrain, y fait
du chameau est mis dans la peau d'un taureau beaucoup de bruit en pétillant avec éclat, c’est
pendant que les étoiles brillent, la fumée qui en une marque qu’il y a un trésor. Plus on appro-
sortira fera qu’on croira voir un géant dont la chera du trésor, plus la chaiidclle pétillera;
tète semblera toucher le ciel. Hermès assure enfin elle s’éteindra quand elle en sera tout à
l’avoir éprouvé lui-mémc. Si quelqu’un mange fait voisine.

de ce sang, il deviendra bientôt fou; et si l'on Ainsi il faut avoir d’autres chandelles dans
allume une lampe qui aura été frottée de ce des lanternes, afin de ne pas demeurer sans
même sang, on s’imaginera que tous ceux qui lumière. Quand on a des raisons solides pour
seront présents auront des tètes de chameau, croire que ce sont Us esprits des hommes dé-
pourvu cependant qu'il n'y ait point d'antre funts qui gardent les trésors, il est bon de tenir
lampe qui éclaire la chambre. > l'oy. Jean-Bap- des cierges bénits au lieu de chandelles com-
tiste. munes ; et on les conjure de la part de Dieu de
Chammadai , le même t\\i' Asmodée. déclarer si l’on peut faire quelque chose pour
Chamos, démon de la flatterie, membre du les mettre en lieu de repos ; ne faudra jamais
il

conseil infernal. Les Ammonites et les Moabitcs manquer d’exécuter ce qu’ils auront demandé *.
adoraient le soleil , sous le nom de Chamos, Ka- Les chandelles servent à plus d’un usage. Qn
mosch ou Kemosch ; cl Milton l’appelle Y obscène voit dans tous les démonographes que les sor-
terreur des enfants de Moab. D’autres le con- cières, au sabbat, vont baiser le derrière du
fondent avec Jupiter-Ammon. Vossius a cru que diable avec une chandelle noire à la main. Bo-
c’était le Cornus des Grecs et des Romains, qui guet dit qu'elles allument ces chandelles à un
était le dieu des jeux , des danses cl des bals. flambeau qui est sur la tête de bouc du diable,
Ceux qui dérivent ce mot de l'hébreu Kamos entre ses deux cornes , et qu’elles s’éteignent et
prétendent qu’il signifie le dieu caché, c’est-à- s’évanouissent dès qu’on les lui a offertes ’.

dire Pluton , dont la demeure est aux enfers. N’oublions pas que trois chandelles ou trois
Chamouillard, noueur d'aiguillette et co- bougies sur une table sont de mauvais augure ;

quin coupable de plusieurs méfaits, qui fut et que quand de petits charbons se détachent de
condamné, par arrêt du parlement de Paris, en la lumière d’une chandelle, ils annoncent, selon

1597, à être pendu et brûlé, pour avoir malé- quelques-uns, une visite*; mais, selon le sen-
ficié une demoiselle de la Barrière. Voy. LIGA- timent plus général une nouvelle, agréable s’ils
,

TURES. augmentent la lumière , fâcheuse s’ils l'affai-

Champ da rire. Annibal , lorsqu'il faisait le blissent.


siège de Rome, se de devant cette
retira, dit-on, Chandelle de la mort. l'oy. Caswvu.-corph.
ville, épouvanté de vaincs terreurs et de fan- Chant. Le chant des possédés est toujours
tômes qui troublèrent ses esprits. Les Romains, altéré de manière que les femmes ont une voix
,

le voyant lever le siège, poussèrent de tels d’homme et les hommes une voix de femme.
cris de joie et firent de si grands éclats de rire, Chant du coq. Il dissipe le sabbat.
que le lieu d'où il décampa s’appela le Champ Chaomancie art de ,
prédire les choses fu-
du rire. tures par le moyen des observations qu'on fait

Champier (Syinphorien), Lyonnais du quin- sur l'air. Cette divination est employée par quel-
zième siècle, qui a publié en 1503 la Nef des ques alchimistes, qui ne nous en ont pas donné
dames vertueuses, en quatre livres mêlés de prose le secret.

et de vers, dont le troisième contient les pro- Chapeau venteux, l'oy. Eric.
phéties des sibylles. On l’a soupçonné à tort Chapelet. On a remarqué pertinemment que
d'être l’auteur du traité des Trois Imposteurs; tous les chapelets de sorcières avaient une croix
mais il a laissé un petit livre intitulé De Tri- cassée ou endommagée : c'était même un indice
plici disciplina . ln-8°, Lyon, 1508. On lui doit de sorcellerie qu'une croix de chapelet qui
aussi des dialogues sur la nécessité de pour- n’était pas entière.
suivre les magiciens*. Chapelle du damné. Raymond Diocres,
Champignon. Les Hollandais appellent le chanoine de Notre-Dame de Paris, mourut en
champignon pain du diable (duivels-brood ). 1
Le solide trésor du Petit Albert.
1
Dialogue in magicarum artium destructionem. 3 Discours des sorciers, ch. xxn.
In-l“. Lyon, Balsarin, sans date (vers 1507). 3 Brown, liv. V, ch. xxm.
, ,

CHA — 155 — CHA


réputation de sainteté vers l'an 1084. Son corps «
y avait au Bengale un charlatan qui en
11 ,

ayant été porté dans le chœur de la cathédrale, faisant plusieurs tours de souplesse, prit une
il leva la tête hors du cercueil à ces graves pa- canne longue de vingt pieds, au bout de la-
roles de l'office des morts Répondez-moi : — quelle était une petite planche large de trois ou
quelles sont mes iniquités? Retpande mihi yuan la* quatre pouces il mit cette canne à sa ceinture
;

habeo iniquilates? etc., et qu'il dit Juslo ju- : après quoi une fille de vingt-deux ans lui vint
dicia Dei areu salut mot. ( J'ai été cité devant le sauter légèrement par derrière sur les épaules,
juste jugement de Dieu.} Les assistants effrayés et, grimpant au haut de la canne, s'assit dessus,
suspendirent le service et le remirent au lende- les jambes croisées et les bras étendus. Après
main. Kn attendant, le corps du chanoine resta cela, l'homme ayant les deux bras balancés
déposé dans une chapelle de Noire-Dame la , commença à marcher à grands pas, portant
même qu’on appelle depuis la Chapelle du toujours cette fdle sur le bout de la canne ten- ,

damné. Le lendemain on recommença l'office ;


dant le ventre pour l’appuver, et regardant sans
lorsqu’on fut au même verset, le mort parla de cesse en haut pour tenir la machine en équi-
nouveau et dit —
Juste Del judicio judieatut
: libre. La tille descendit adroitement, remonta
sum. (J’ai été jugé au juste jugement de Dieu.) derechef et se pencha le ventre sur le bâton,
On remit encure l’office au jour suivant, et au en frappant des mains et des pieds les uns
même verset le mort s'écria Justes Dei ju- : — contre les autres. Le charlatan ayant mis alors
dsrio cossdemnatus sum. (J'ai été condamné au le bâton sur sa tête sans le tenir ni des mains
,

juste jugement de Dieu.) Là-dessus, dit la chro- ni des bras cette même fille et une autre petite
,

nique, on jeta le corps à la voirie; et ce miracle Mauresque de quinze ans montèrent dessus l'une
effrayant fut cause, selon quelques-uns, de la après l'autre; l'homme les porta ainsi autour de
retraite de saint Bruno, qui s’y trouvait présent. la place en courant et se penchant sans qu’il ,

Quoique celte anecdote soit contestée, elle est leur arrivât le moindre mal. Ces deux mêmes
consacrée par des monuments. La peinture s'en filles marchèrent sur la corde la tête en bas. et

est emparée et le Sueur eu a tiré parti dans sa


, firent une multitude d'autres tours de force très-
belle galerie de Saint-Bruno. merveilleux. Mais quoique plusieurs d'entre nous
Chapuis (Gabriel), né à Amboise en 1546. crussent que tous ces tours de souplesse fussent
Nous citerons de ses ouvrages celui qui porte ce faits par art diabulique, il me semble qu’ils pou-
titre les Mondes célestes, terrestres et infernaux,
: vaient se faire naturellement; car ces lilles, qui
etc., tiré des Mondes de Doni; in-8", Lyon, 1583. étaient très droites, subtiles, et dont les mem-
C’est on ouvrage satirique. bres étaient grandement agiles, faisaient tout
Char da la mort. l’oy. Brouette. cela à force de s'y être accoutumées et exer-
Charadrius, oiseau immonde que nous ne cées. »
connaissons pas les rabbins disent qu’il est mer-
; Il
y a eu des charlatans de toutes les espèces ;

veilleux, et que son regard guérit la jaunisse. Il en 1728, du temps do Law, un certain Villars
faut pour cela que le malade et l’oiseau se re- confia à quelques amis que son oncle , qui avait
gardent fixement; car si l’oiseau détournait la vécu près de cent ans, et qui n’était mort que
vue le malade mourrait aussitôt.
, par accident , lui avait laissé le secret d'une eau
Charbon d'impureté, l’un des démons de la qui pouvait aisément prolonger la vie jusqu'à
possession de Loudnn. Voy. Louons. cent cinquante années, pourvu qu’on fût sobre.
Charité. les offenses à la charité sont quel- Lorsqu’il voyait passer un enterrement ,
il levait
quefois punies par la justice divine. On lit dans les épaules de pitié. «Si le défunt, disait-il,
les Acta sasutorum
1
* qu’un Espagnol connu avait bu de mon eau , il ne serait pas où il est. »
sous le nom de Michel de Fonlarabie, ayant Ses amis , auxquels il en donna généreusement,
craché dans la main d'un pauvre mendiant qui et qui observèrent un peu le régime prescrit,
lui demandait l'aumône, fut aussitôt renversé s’en trouvèrent bien et le prônèrent ;
alors il

par terre, et, devenu furieux et possédé, se dé- vendit la bouteille six francs; le débit en fut
mena en criant que saint Yves et d'autres per- prodigieux. C’était de l’eau de Seine avec un
sonnages vêtus de blanc le rouaient de coups. » peu de nitre. Ceux qui en prirent et qui s'as-
— On cite beaucoup d'autres hommes durs aux treignirent au régime, surtout s’ils étaient nés
pauvres qui ont été possédés des démons. avec un bon tempérament, recouvrèrent en [>eu
Charlatans. On attribuait souvent autrefois de jours une santé parfaite. Il disait aux autres :
aux sorciers ou au diable ce qui n'était que l'ou- — C’est votre faute vous n’êles si pas entière-
vrage des charlatans. Si nous pensions comme ment — On sut enfin que
guéris. l’eau de Villars
au seizième siècle, tous nos escamoteurs seraient n’était que de l’eau de rivière ; on n’en voulut
des sorciers. plus et on alla à d’autres charlatans. .Mais celui-
Voici ce qtt’on lit pourtant dans le Voyage de là avait fait sa fortune. Voy. Axe, Chèvre,
Schoulen aux Indes orientales : Alexandre de Paphlagonie, etc.
* 49 mai, Vit de saint Yves de Kermartin. Charles-Martel. On attribue à saint F.ucher,

Google
CHA — 156 — CHA
évêque d’Orléans, une vision dans laquelle, avaient chargé des assassins de tuer la princesse
transporté par un ange dans le purgatoire, il vit dans la forêt Ayant ému leur
des Ardennes.
Charles-Martel qui expiait les pillages qu'il avait pitié, en obtint la vie, à condition de se
elle
soufferts contre les biens de l’Église. A cette vi- laisser passer pour morte. Elle se réfugia chez
sion, on ajoute ce conte que le tombeau de un meunier, où elle vécut plusieurs années.
Charles-Martel fut ouvert, et qu’on y trouva un l'n jour Pépin, égaré à lâchasse, vint chez

serpent, lequel n’était qu’un démon. F.t là-dessus ce meunier. Son astrologue lui annonça qu'il se
les philosophes, s'en prenant au clergé, l'ont ac- trouvait là une fille destinée à quelque chose de
cusé de fraudes. Mais le tombeau de Charles- grand. Berthe fut reconnue, rétablie dans ses
Martel n’a été ouvert à Saint-Denis que par les droits; elle devint mère de Charlemagne. La —
profanateurs de 1793 légende ajoute que la première épouse de Pé-
Charlemagne. On lit dans la légende de pin avait douné le jour à un Bis, lequel, par
Berthe au grand pied que ,
Pépin le Bref voulant la suite, élu pape sous le nom de Léon III, cou-

épouser Berthe, fille du comte de Laon, qu'il ronna Charlemagne empereur d'Occident *.
ne connaissait pas, ceux qui la lui amenaient lui il serait long de rapporter ici tous les prodiges

substituèrent une autre femme qu'il épousa. Ils que l’on raconte de Charlemagne. Son règne est

Charte magne.

l'époque chérie de nos romans chevaleresques. de sorte qu'il continua d’aimer son cadavre,
On voit toujours auprès de lui des enchanteurs, dont il ne voulait pas se séparer. L’archevêque
des géants, des fées. On a même dit qu’il ne Turpin, ayant appris la durée de cette effroyable

porta la guerre en Espagne que parce que passion, alla un jour, pendant l'absence du
saint Jacques lui avait apparu pour l'avertir qu'il prince, dans la chambre où était le cadavre,
son corps des mains des Sarrasins.
retirât atin de voir s'il n’y trouverait pas quelque sort
Ses guerres de Saxe ne sont pas moins fé- ou maléBce qui fut la cause de ce dérègle-
condes en merveilles, et les circonstances de sa ment. Il visita exactement le corps mort, et
vie privée sont rapportées également d’une ma- trouva en effet sous la langue un anneau qu'il
nière extraordinaire par les chroniqueurs. emporta. Le même jour Charlemagne, étant
On dit qu'en sa vieillesse il devint si éper- rentré dans son palais, fut fort étonné d’y
dument épris d'une Allemande, qu'il en négligea trouver une carcasse si.'puanle; et, se réveillant
non-seulement les affaires de son royaume, mais comme d’un profond sommeil il la Bl ensevelir ,

même le soin de sa propre personne. Cette promptement.


femme étant morte, sa passion ne s'éteignit pas; Mais la passion qu’il avait eue pour le ca-
1
Voyez Charles-Martel dans les Légendes de l'his-
!
Voyez dans les légendes de l'histoire de France
toire de France. la légende de la reine Berthe au grand pied.

Digitized by Google
CH A — 157 — CI1A

davrc, il pour l'archevêque Turpin,


l'eut alors resteront en prison jusqu'à ce que, par l’aide de
qui portait l'anneau il le suivait
: partout et ne Dieu, ils se montrent disposés à se convertir.
pouvait Le prélat, effrayé de. celle
le quitter. loi/. Oi.UKsnF.nu , Vétin, etc.
nouvelle folie, et craignant que l'anneau ne tom- Charles le Chauve, deuxième du nom de
bât en des mains qui en pussent abuser, le jela Il eut une vi-
Charles parmi les rois des Francs.
dans un lac a lin que personne n'en pût faire
, sion qui le transporta au purgatoire et en enfer : il

usage à l'avenir. Dès lors Charlemagne devint y vit beaucoup de personnages qu’il avait connus,
amoureux du lac ne voulut plus s’en éloigner, y
, entre autres son père, Louis le Débonnaire. De
bâtit auprès un palais et un monastère, et y plusieurs il reçut des conseils et des prédictions;
fonda la ville d'Aix-la-Chapelle, où il voulut être et il écrivit lui-même la relation de ce voyage,
enseveli. On sent que tout ce récit n'est qu’un relation qui a quelque peu l’air d'une brochure
conte, mais il est fort répandu. Charlemagne, politique '.

dans ses Capitulaires, consigna contre les sor- Charles VI, roi de France. Ce prince, chez
ciers des mesures qui méritent d'être mention- qui on avait déjà remarqué une raison affaiblie,
nées. Nous citerons spécialement ce passage : allant faire la guerre en Bretagne , fut saisi en
«Quant aux conjuraleurs, aux augures, aux '

chemin d'une frayeur qui acheva de lui déranger


devins, â ceux qui troublent le temps ou com- entièrement le cerveau. Il
y vit sortir d'un buis-
mettent d'autres maléfices, l’archiprêlre du dio- 1

son, dans la forêt du Mans, un inconnu d'une


cèse les fera interroger soigneusement et les amè- ligure hideuse, vêtu d’une robe blanche, ayant
nera â avouer le mal qu'ils auront fait. Alors ils la tète et les pieds nus, qui saisit la bride de son

cheval et lui cria d’une voix rauque


,
« lîoi, : — tilège. Quoi qu’il en soit, le roi devint tout à fait

ne chevauche pas plus avant; retourne, lu es fou. lin médecin de Laon, Guillaume de Harscly,
trahi « Le monarque hors de lui-même tira
! , , fut appelé au château de Creil, et, après six
son épée et êta la vie aux quatre premières per- mois de soins de ménagements, la santé du
et
sonnes qu'il rencontra en criant « En avant
. :
— roi se Mais en 1393 son état
trouva rétablie. —
sur les traîtres! > devint désespéré, à la suite d'une autre impru-

Son épée s'étant rompue et ses forces épui- dence. La reine à l'occasion du mariage d’une
,

sées on le plaça sur un chariot et on le ramena


,
de ses femmes, donnait un bal masqué. Le roi
au Mans. y vint déguisé en sauvage, conduisant avec lui
Le fantôme de la forêt est encore aujourd'hui de jeunes seigneurs dans le même costume, atta-
un problème difficile à résoudre. Était-ce un in- chés par une chaîne de fer. Leur vêtement était
seasé qui se trouvait là par hasard? était-ce un
émissaire du duc de Bretagne contre lequel
1
és lol O
irolé Calvi de loris pernarum rl felicitate
justorum. Manuscripla bibl. imper., n° 2147, p. 188.
Charles marchait? Tous les raisonnements du Voyez ce voyage de Charles le Chauve dans les
temps aboutissaient au merveilleux ou au sor- Légendes de l’autre monde

Digitized by CjOOQic
CHA — 158 — Ci IA

fait toile enduite de poix-résine, sur la-


d'une tourner de fois sur son talon dans l'espace d'une
quelle on avait appliqué des étoupes. Le duc heure, il se livrait tous les matins à cet exercice
d'Orléans, voulant connaître les masques, ap- solennel, et que les principaux officiers de l'Étal,
procha un flambeau la flamme se communiqua
: les généraux, le chancelier, les vieux juges pi-
avec rapidité, quatre des seigneurs furent brûlés; rouettaient tous sur un seul pied pour imiter le
mais un cri s’étant fait entendre « Sauvez : — cour 1 !
prince, et lui faire leur

le roi, » Charles dut la vie à la présence d'esprit On assure qu’après le massacre politique de la
de la duchesse de Berri qui le couvrit de son ,
Saint-Barthélemi, par suite surtout de l'effroi que
manteau et arrêta la flamme. lui causaient les conspirateurs, Charles IX vit des

L’état du roi empira de cette frayeur et s’ag- corbeaux sanglants, eut des visions effroyables
grava île jour en jour le duc. d'Orléans fut soup-
;
et reçut par divers tourments le présage de sa
çonné de l'avoir ensorcelé. Jordan de Mejer, O* mort prématurée. On ajoute qu'il mourut au
divin., cap. xui écrit que ce duc, voulant exter-
,
moyen d'images de cire faites à sa ressemblance,
miner la race royale, confia ses armes et son an- et maudites par art magique que ses ennemis, ,

neau à un apostat pour les consacrer au diable


,
les magiciens protestants, faisaient fondre tous

et les enchanter par des prestiges; qu'une ma- lus jours par les cérémonies de l'envoûtement,
trone évoqua le démoli dans la lourde Mootjoie, et qui éteignaient la vie du roi à mesure qu’elles
près de Ligny qu'ensuite le duc se servit des
;
se consumaient En ces temps-là quand quel- ,

armes ensorcelées pour ùter la raison au roi Char- qu’un mourait de consomption ou de chagrin, on
les son frère, si subtilement qu’on ne s’en aperçut
.
publiait que les sorciers l'avaient envoûté. Les
pas d'abord. médecins rendaient les sorciers responsables des
Le premier enchantement, selon celle version, malades qu'ils no guérissaient pas à moins ;

se fit près do Beauvais; il fut si violent que les qu'il n’y ait, dans ce crédit universel des sor-
ongles et les cheveux en tombèrent au roi. Le ciers, un tnyslèro qui n'est 'pas encore expliqué.
second qui eut lieu dans le Maine fut plus fort
, , Charles II, duc de Lorraine. J ’oy. Svbevt.
encore ; personne ne pouvait assurer si le roi Charles le Téméraire, duc de Bourgogne.
vivait ou non. Aussitôt qu’il revint à lui : Je — Il disparut après la «taille de Moral; et, parmi
I

vous supplie, dit-il, enlevez-moi celle épée, qui les chroniqueurs, il eu est qui disent qu'il fut
me perce le corps par le pouvoir de mon frère emporté par le diable, comme Rodcrik ;
d’autres
d’Orléans. — C’est toujours Mejer qui parle. Le ;
croient qu'il su réfugia eu une solitude et se lit

médecin qui avait guéri le roi îéexistait plus ; on ermite. Cette traSiüon a fait le sujet du romande
lit venir du fond de Guienne un charlatan qui
la M. d’Arlincnurt intitulé le Solitaire.

se disait sorcier, et qui s'était vanté de guérir le Charles II , roi d'Angleterre. Quoique assez
roi d'une seule parole il apportait avec lui mi
: instruit, Charles II était, comme son père, plein
grimoire qu'il appelait Simagorad, par le moyen rie confiance dans l'astrologie judiciaire. Il re-
duquel il était maître de la nature. Les courti- cherchait aussi la pierre philosophale.
sans lui demandèrent de qui il tenait ce livre il ; Charme enchantement, sortilège, certain ar-
,

répondit effrontément que « Dieu pour consoler ,


rangement de, paroles, en vers ou en prose, dont
Adam de la mort d’Abel , le lui avait donné et , on sc sert pour produire des effets merveilleux.
que ce livre, par succession, était venu jusqu'à ( ne femme de je ne sais quelle contrée, ayant
lui ». Il traita le roi pendant six mois et ne fit grand mal aux yeux s'en alla à une école pu- ,

qu’irriter la maladie. — Dans ses intervalles lu- blique et demanda à mi écolier quelques mots
cides, le malheureux prince commandait qu'on magiques qui pussent charmer son mal et le
enlevât tous les instruments dont il pourrait frap- guérir, lui promettant récompense. L’écolier lui
per. —
J’aime mieux mourir, disait-il, que de donna un billet enveloppé dans un chiffon et
faire du mal. —
Il se croyait de bonne foi ensor- lui défendit de l’ouvrir. Elle le porta et guérit,

celé. Deux moines empiriques, à qui on eut l'im- l ue des voisinesayanl eu la même maladie porta

prudence de l’abandonner lui donnèrent des , le billet et guérit pareillement. Ce double inci-

breuvages désagréables, lui firent des scarifica- dent excita leur curiosité ; elles développent le

tions magiques; puis ils furent pendus, comme chiffon et lisent ;


« Que le diable t’écarquille les
ils s’v étaient obligés en cas que la santé du roi deux yeux bouche avec de la boue
et te les »

ne fût pas rétablie au bout de six mois de traite- Delrio cite un sorcier qui en allumant une cer- ,

ment, Au reste, la mode de ce temps-la était taine lampe charmée, excitait toutes les personnes
d’avoir près de soi des sorciers ou des charlatans, qui étaient dans la chambre, quelque graves et
comine depuis les grands eurent des fous des , réservées qu’elles fussent, à danser devant lui.
1
nains et des guenons . » Ces sortes de charmes, dit-il, s’opèrent ordi-

Charles IX, roi de France. Croirait-on qu'un nairement par des paroles qui font agir le diable. »
des médecins astrologues de Charles IX lui ayant Curiosités de la littérature, traduit de l'anglais
1

assuré qu'il v ivrait autant de jours qu'il pourrait par Berlin ,1.1, p. Ü9.
1
M. Garnie!, Hisluiredela mugir en fVanci , 1
p. 87.
* Delrio, Disquisit. mag., lib. 111, quæst. Ml.

ogle
. , ,

CHA — 159 — CHA


Toute l’antiquité a remarqué que les sorciers arrêtait le sang des plaies, on remettait les mem-
charmaient les serpents, qui quelquefois tuent le bres disloqués , on guérissait la goutte, on empê-
charmeur. Un sorcier de Salzbourg , devant tout chait un char de verser, etc. — Tous les anciens
le peuple, fit assembler en une fosse tous les ser- croyaient fermement aux charmes, dont la for-
pents d'une lieue à la ronde, et là les fit tous mule consistait ordinairement en certains vers
mourir, hormis le dernier, qui était grand, lequel, grecs ou latins.
sautant furieusement contre le sorcier, le tua. Bodin rapporte, au chap. v du liv. III de la
« En quoi il appert que ce n’est pas le mot hi- Démonomanie qu’en Allemagne les sorcières ta-
pokindo, comme dit Paracelse, ni autres mots rissent par charme le lait des vaches, et qu’on
semblables, ni certaines paroles du psaume 9* s’envenge par un contre-charme qui est tel ;

qui font seuls ces prodiges; car comment les On met bouillir dans un pot du lait de la vache
serpents eussent-ils ouï la voix d’un homme d’une tarie,en récitant certaines paroles (Bodin ne les
lieue à la ronde, si le diable ne s’en fût mêlé indique pas) et frappant sur le pot avec un bâton.
Kicélas indique à ce propos un charme qui
s’opère sans le secours des paroles : « On tue un
serpent , une vipère et tout animal portant ai-
guillon, dit-il, en crachant dessus avant déjeu-
ner... » Figuier prétend qu’il a tué diverses fois
des serpents de cette manière, « mouillant de sa
salive un bâton ou une pierre, et en donnant un
coup sur la tète du serpent...»
On cite un grand nombre d'autres charmes
dont les effets sont moins vrais qu’étonnants.
Dans quelques villages du .Finistère, on emploie
celui-ci on place secrètement sur l'autel quatre
;

pièces de six liards qu'on pulvérise après la ,

messe et cette poussière avalée dans un verre


; ,

de vin de cidre ou d'eau-de-vie rend invulné-


, ,

rable à la course et à la lutte ’. Ces charmes se


font au reste à l’insu du curé; car l’ Église a tou- En même
temps le diable frappe la sorcière d’au-
jours sévèrement interdit ces superstitions. tantde coups, jusqu'à ce qu’elle ait ôté le charme.
Le Grand Grimoire donne un moyen de char- On
dit encore que si, le lendemain du jour où

mer lès armes à feu et d’en rendre l’effet infail- l'on estmis en prison, on avale à jeun une croûte
lible; il faut dire en les chargeant « Dieu y ait : do pain sur laquelle on aura écrit Scnoiam, Go - ;

part, et le diable la sortie; » et, lorsqu’on met zoza, Gober, Dom, et qu’on dorme ensuite sur
en joue , il faut dire en croisant la jambe gauche le côté droit, on sortira avant trois jours.
sur la droite : Aon tradas...Mathon. Amen, etc. On arrête les voitures en mettant au milieu du

La plupart des charmes se font ainsi par des chemin un bâton sur lequel sont écrits ces mots :
paroles dites ou tracées dans ce sens. Charme Jérusalem , omnipotent etc. , convertis-toi, arrête-
,

vient du mot latin earmen, qui signifie non-seu- toi là. Il faut ensuite traverser le chemin par où
lement des vers et de la poésie, mais une formule l’on voit arriver les chevaux.
de paroles déterminées dont on 11 e doit point s’é- On donne à un pistolet la portée de cent pas,
carter. On nommait carmina les lois, les formules en enveloppant la bâtie dans un papier où l’on a
des jurisconsultes, les déclarations de guerre, les inscrit le nom des trois rois. On aura soin , en
clauses d’un traité, les évocations des dieux *. ajustant, de retirer son haleine, et
de dire « Je :

Tite-Live appelle lex horrendi carminis la loi qui te conjure d’aller droitoù je veux.lirer. »
condamnait mort Horace meurtrier de sa sœur.
à Un soldat peut se garantir de l’atteinte des
Quand les Turcs ont perdu un esclave qui s’est armes à feu avec un morceau de peau de loup ou
enfui ils écrivent une conjuration sur un papier
,
de bouc , sur lequel on écrira quand le soleil ,

qu’ils attachent à la porte de la hutte ou de la entre dans le signe du bélier « Arquebuse pis-:
,

cellule de cet esclave et il est forcé de revenir ,


tolet, canon ou autre arme à feu, je te commande

au plus vite, devant une main invisible qui le que tu ne puisses tirer, de par l'homme, etc. »
poursuit à grands coups de bâton *. On guérit un cheval encloué en mettant trois
Pline dit que de son temps, par le moyen de fois les pouces en croix sur son pied, en pronon-

certains charmes, on éteignait les incendies, on çant le nom du dernier assassin mis à mort, en
récitant trois fois certaines prières '...
1
Bodin, Démonomanie etc., liv. Il, ch. 11 . Il
y a une infinité d’autres charmes.
1 Cambry, Voyage dam le Finistère, l. III. p. 195.
3 Bergipr,
Dictionnaire théotogique, au mot Charme.
O 11 distingue le charme de l'enchantement, en
* Leloyer, Histoire et discours des spectres liv. IV,
ce que celui-ci se faisait par des chants. Souvent
ch. xxi. ' Thiers, Traité des superstitions.

Google
CHA — 160 — CHA
on les a confondus. Foy. Contre-Charmes EN- , oracles et prédisaient l’avenir par divers moyens.
CHANTEMENTS, MALÉFICES, TALISMANS, PAROLES, Chassanion du
(Jean de), écrivain protestant
Philactéres, Ligatures, Chasse, Philtres, etc. seizième siècle. On des Grandi
lui doit le livre «

Chartier (Alain), poêle du commencement du et redoutablesjugements et punitions de Dieu ad-


quinzième siècle. On lui attribue un traité sur la venus au inonde, principalement sur les grands,
Nature du feu de (enfer, que nous ne sommes à cause de leurs méfaits, n In-8”, Morges, 1581.
pas curieux de connaître. Dans cet ouvrage très-partial, il se Tait de grands
Chartumins, sorciers clialdécns, qui étaient miracles en faveur des protestants ce qui est ;

en grand crédit du temps du prophète Daniel. prodigieux. Chassanion a écrit aussi un volume
Chasdins astrologues de la Chaldée. Ils li- sur les géants '.

— Secrets merveilleux pour


,

raient l’horoscope , expliquaient les songes et les Chasse. la chasse.

— Mêlez le suc de jusquiame avec le sang et la supposé habiter les ruines du vieux château go-
peau d'un jeune lièvre celle composition attirera
; thique de Rodenstcin. Il traversa les airs dans la
tous les lièvres des environs. —
Pendez le gui de nuit, avec un grand fracas de meutes, de cors
chêne avec une aile d’hirondelle à un arbre; tous de chasse, de roulements de voilures, ce qui in-
les oiseaux s’y rassembleront de deux lieues et failliblement annonce la guerre, selon le préjugé
demie. — On dit aussi qu’un crâne d'homme ca- du peuple *.
ché dans un colombier y attire tous les pigeons Chassen (Nicolas) , petit sorcier de Franeker,
d’alentour. — Faites tremper une graine celle , au dix-septième siècle il se distingua dès l’âge
;

que vous voudrez, dans la lie de vin, puisjetcz-la de seize ans. Ce jeune homme. Hollandais et cal-
aux oiseaux ;ceux qui en tâteront s'enivreront, viniste, étant â l'école, faisait des grimaces étran-
et se laisseront prendre h la main. ges, roulait les yeux et se contournait tout le
Et le Petit Albert ajoute : « Ayez un hibou que corps; il montrait à ses camarades des cerises
vous attacherez à un arbre ; allumez tout près mûres au milieu de l'hiver; puis, quand il les
un gros (lambeau , faites du bruit avec un tam- leur avait offertes , il les relirait vivement et les
bour; tous les oiseaux viendront en foule pour mangeait.
faire la guerre au hibou, et on en tuera autant Dans le prêche, où les écoliers avaient une
qu’on voudra avec du menu plomb. »
Pour la chasse de Saint-Hubert , l'oy. Veneur. 1
De giganlibus eorumque reliquiis alque iis quæ
ante nnnos aliquot nostra œtate in G‘allia reperta sunt.
Foy. aussi Artiius, M. de la Forêt, Écureuils, etc.
In-8". Bâle, 1 580.
En 1832, on vit à Francfort, aux premiers jours 2 Voyez, dans les Légendes de l’autre monde, le

du printemps, un chasseur surnaturel qui est chevalier Hakelberg. seigneur de Rodcnslein.


,

CHA — 161 - CHA


place à part, il Taisait sortir de l’argent du banc qui ne respectent rien, indiquent des potions qui,
où il était assis. Il assurait qu’il opérait tous ces selon eux , ont pour effet de révéler la chasteté,
tours par le moyen d’un esprit malin qu’il appe- mais qui , selon l’expérience , ne révèlent rien du
lait Sérug. — Balthazar Bekkcr dit dans le Monde tout.
enchanté * qu’étant a cette école , il vit sur le Chat. Le chat tient sa place dans l'histoire de
plancher un cercle fait de craie , dans lequel on la superstition. Un soldat romain ayant tué par
avait tracé des signes dont l'un ressemblait â la mégarde un chat en Égypte ,
toute la ville se
tête d’un coq ; quelques chiffres étaient au milieu. souleva ce fut en vain que le
;
roi intercéda pour
Il remarqua aussi une ligne courbe comme la lui il ne put le sauver de la fureur du peuple.
,

poignée d’un moulin â bras ; tout cela était à Observons que les rois d’Égypte avaient rassem-
demi effacé. Les écoliers avaient vu Chassen faire blé dans Alexandrie une bibliothèque immense,
ces caractères magiques. Lorsqu’on lui demanda et qu’elle était publique ; les Égyptiens cultivaient
ce qu'ils signifiaient, il se tut d'abord; il dit en- les sciences, et n’en adoraient pas moins les

suite qu’ils les avait faits pour jouer. On voulut chats '.

savoir comment il avait des cerises et de l’ar-


gent; il répondit que l'esprit les lui donnait.
—Qui est cet esprit?
— Bccliébuth, répondit-il.
11 ajouta que le diable lui apparaissait sous

forme humaine quand il avait envie de lui faire


du bien d'autres fois sous forme de bouc ou de
;

veau qu’il avait toujours un pied contrefait, etc.


;

« Mais, dit Bekker, on finit par reconnaître que


tout cela n’était qu'un jeu que Chassen avait es-
sayé pour se rendre considérable parmi les en-
fants de son âge; on s’étonne seulement qu’il ait
pu le soutenir devant tant de personnes d'esprit
pendant plus d’une année. >
Chassi, démon auquel les habitants des Iles
Mariannes attribuent le pouvoir de tourmenter
ceux qui tombent dans ses mains. L’enfer est
pour eux la maison de Chassi.
Chastenet (l.éonardc) vieille femme de quatre- ,

vingLs ans, mendiante en Poitou, vers 1501 et ,

sorcière. Confrontée avec Mathurin Bonnevault,


qui soutenait l’avoir vue au sabbat, elle confessa
qu’elle y était allée avec son mari que le diable, ;

qui s'y montrait en forme de bouc, était une


bête fort puante. Elle nia qu’elle eût fait aucun
maléfice. Cependant elle fut convaincue, par dix-
neuf témoins , d'avoir fait mourir cinq laboureurs Mahomet avait beaucoup d’égards pour son
et plusieurs bestiaux. Quand elle se vit condam- chat. L'animal s'était un jour couché sur la man-
née, pourses crimes reconnus, elle confessa qu'elle che pendante de la veste du prophète , et sem-
avait fait pacte avec le diable, lui avait donné du blait y méditer si profondément que Mahomet, ,

ses cheveux , et promis de faire tout le mal qu'elle pressé de se rendre â la prière, et n’osant le tirer
pourrait elle ajouta que la nuit, dans sa prison,
; de son extase , coupa, dit-on la manche de sa ,

le diable était venu à elle , en forme de chat, veste. A son retour, il trouva son chat qui reve-
aauquel ayant dit qu'elle voudrait être morte nait de son assoupissement, et qui, s'apercevant
icelui diable lui avait présenté deux morceaux de l'attention de son maître, se leva pour lui faire
de cire, lui disant qu’elle en mangeât, et qu'elle la révérence et plia le dos en arc. Mahomet
mourrait; ce qu’elle n'avait voulu faire. Elle avait comprit ce que cela signifiait; il assura au chat
ces morceaux de cire ; on les visita , et on ne qui faisait le gros dos une place dans son paradis.
put juger de quelle matière ils étaient composés. Ensuite, passant trois fois la main sur l'animal,
Cette sorcière fut donc condamnée , et ces mor- il lui imprima, par cet attouchement, la vertu de

ceaux de cire brûlés avec elle *. » ne jamais tomber que sur ses pattes. Ce conte
Chasteté. Les livres de secrets merveilleux, n'est pas ridicule chez les Turcs ’.

> Tome IV, p. I5i. 1


Saint-Foix, Essai sur Paris, t. II, p. 300.
1 Discours sommaire des sortilèges et vénéfices , ti- s Quelquefois ils laissent à leur chat par teslamcnt
rés des procès criminels jugés au siège royal de Mont- une rente viagère. 11 existe au Caire, près do Bab-el-
morillon, en Poitou, en l'année <599, p. 49. Naza (porte de la Victoire), un hâpiul de cee ani-
<4
CHA — 162 — CHA
Voici une anecdote où le chat joue un mau- fiché de lier connaissance avec lui ; qu’on fasse
vais rôle il est vrai que c'est un chat sauvage,
; mon lit dans la chambre en question, je me
l'n aide de camp du maréchal de Luxembourg charge du reste.
vint loger dans une auberge dont la réputation Vers minuit, l'officier vit descendre le diable
n’était pas rassurante. Le diable, disait-on, arri- par la cheminée, sous la figure d’une béte fu-
vait toutes les nuits dans une certaine chambre, rieuse, contre laquelle il fallut se défendre. Il y
tordait le cou à ceux qui osaient y coucher et les eut un combat acharné, à coups de sabre de la
laissait étranglés dans leur lit. Un grand nombre part du militaire, à coups de grifres et de dents
de voyageurs remplissaient l'auberge quand l’aide de la part de la béte; celte lutte dura une heure.
de camp y entra on lui dit qu'il n’y avait mal-
;
Mais le diable finit par rester sur la place l'aide ;

heureusement de vide que la chambre fréquentée de camp appela du monde on reconnut un


:

par le diable, où personne ne voulait prendre gîte. énorme chat sauvage, qui, selon le rapport de
— Oh bien, moi, répondit-il, je ne serai pas l’hôte, avait déjà étranglé quinze personnes '.

On lit dans la Démonomauie de Bodin' que prennent volontiers la figure de cet animal. On
des sorciers de Vernon, auxquels on fit le procès lit dans Boguet qu’un laboureur près de Stras-

en 1566, s'assemblaient ordinairement en grand bourg fut assailli par trois gros chats, et qu'en se
nombre dans un vieux château sous la forme de défendant il les blessa sérieusement. Une heure
chats. Quatre hommes qui avaient résolu d’y après, le juge fit mander le laboureur et le mit
ouclier se trouvèrent assaillis par cette multi- en prison pour avoir maltraité trois dames de la
tude de chats; l'un de ces hommes y fut tué, les ville. Le laboureur étonné assura qu'il n'avait

autres blessés; néanmoins ils blessèrent aussi plu- maltraité que des chats et en donna les preuves
sieurs chattes, qui se trouvèrent après en forme les plus évidentes il en avait gardé de la peau.
:

de femmes, mais bien réellement mutilées... On le relâcha parce qu'on vit que le diable était
,

On sait que les chats assistent au sabbat, qu’ils coupable en cette affaire.
accompagnent les sorcières, et que lesdites sor- On ne finirait pas si on rappelait tout ce que
cières, aussi bien que le diable leur maître, les démonoinanes ont rêvé sur les chats. Boguet
dit encore que la chatte étant frottée d'une herbe
maux on y recueille les chats malades et sans asile
; ;

les fenêtres sont souvent encombrées d’hommes ot appelée népeta conçoit sur-le-champ, cette herbe
de femmes qui leur donnent à manger à travers les
barreaux. 1
Gabriello do P***, Histoire des fantômes et des
i
Chap. iv, liv. H, p. 257. démons, etc., p. Î03.

Digitized by Google
,

CHA — 163 — CHE


suppléant au défaut du mâle'. Les sorciers se comme l'affirment les démonographes. Ledit —
servent aussi de la cervelle des chais pour don- diable ordonna à Michelle Chaudron d’ensorceler
ner la mort car c’est un poison , selon Bodin et
; deux filles elle obéit; les parents l’accusèrent
:

quelques autres 1 . de magie les filles interrogées attestèrent qu’elles


;

Les matelots américains croient que si d’un étaient possédées. On appela ceux qui passaient
navire on jette un chat vivant dans la mer, on pour médecins ils cherchèrent sur Michelle Chau-
;

ne manque jamais d’exciter une furieuse tem- dron le sceau du diable, que le procès-verbal ap-
pête. l'oy. Blokula, Beurre. des sorcières, Mé- pelle les marques sataniques; ils y enfoncèrent
tamorphoses, Voltigeur hollandais, etc. une aiguille. Michelle fit connaître par ses cris
Château du diable. Plusieurs vieux manoirs que les marques sataniques ne rendent point in-
portent ce nom dans des traditions et des contes sensible. — Les juges protestants, ne voyant pas
populaires. de preuve complète, lui firent donner la ques-
Chat-Huant, l'oy. Chevesche, Chouette, tion. Cette malheureuse, cédant à la violence des
Hibou. tourments, confessa tout ce qu'on voulut. Elle fut
Chatrab. C’est le nom que donnent les Arabes brûlée , après avoir été pendue et étranglée chez ;

& mystérieux que nous appelons loup-garou.


l’être les catholiques, on l’eût admise à pénitence.
Chauche-Poulet. Voy. Cauchemar. Chaudron du diable, gouffre qui se trouve
Chaudière. C’est ordinairement dans une chau- au s-immet du pic de Ténériffe. Les Espagnols
dière de fer que de temps immémorial les sor-
, , ont donné le nom de Chaudron du diable à ce
cières composent leurs maléfices, qu’elles font gouffre, à cause du bruit que l’on entend lors-
bouillir sur un feu de verveine et d'autres plantes qu’on y jette une pierre elle y retentit comme ;

magiques. fait un vaisseau creux de cuivre contre lequel on

Chaudron (Madeleine-Michelle), Genevoise, frapperait avec un marteau d’une prodigieuse


accusée d'être sorcière en 1652. On dit qu'ayant grosseur. Les naturels de l'ilo sont persuadés que
rencontré le diable en sortant de la ville réfor- c’est l’enfer, et que les imes des méchants y font
mée, elle lui rendit hommage, et que le diable lui leur séjour*.
imprima sur la lèvre supérieure son seing ou Chauve-Souris. I.es Caraïbes regardent les
marque. Ce petit seing rend la peau insensible, chauves-souris comme de bons anges qui veillent

à la sûreté des maisons durant la nuit les tuer, ;


Cbeke professeur de grec
,
4 Cambridge mort ,

chez eux, est un sacrilège chez nous, c’est un


: en 1557. Il a écrit un livre 1 qu’il adressa au roi
des animaux qui figurent au sabbat. Henri VIII , de sa traduc-
et qu’il plaça à la tête
Chavigny (Jean-Aimé de), astrologue, dis- tion latine de Plutarque De la supersti-
du traité

ciple de Noslradamus, mourut en 1606. Il a com- tion. Il avait des connaissances en astrologie et

posé la Première face du Janus français, conte-


: croyait fermement 4 l’inlluence des astres quoi- ,

nant les troubles de France depuis 1536 jusqu’en qu'ils lui promissent du bonheur, tout juste 4 des

1589; Fin de la maison valésienne, extraite et époques où il devenait le plus malheureux.


colligée des Centuries et commentaires de. Michel Chemens, génies ou esprits que les Caraïbes
Xostradamus (en latin et en français), Lyon, supposent chargés de veiller sur les hommes. Ils
1594, in-8* et nouvelle édition, augmentée,
;
leur offrent les premiers fruits et placent ces of-
sous le titre de Commentaires sur les Centuries et frandes dans un coin de leur hutte, sur une table
pronostications de Xostradamus Paris, in -8°, faite de nattes, où ils prétendent que les génies
rare; les Pléiades, divisées en sept livres, prises se rassemblent pour boire et manger; ils en don-
des anciennes prophéties, et conférées avec les nent pour preuve le mouvement des vases et le
oracles de Xostradamus, Lyon, 1603; la plus bruit qu'ils se persuadent que font ces divinités

ample édition est de 1606. C'est un recueil de en soupant.


prédictions dans lesquelles l’autsur promet à Chemim est chez les Caraïbes le grand esprit
Henri VI l'empire de l'univers, l'oy. Nostra- ou l’être suprême, comme on disait en 1793.
d amis. Chemise de nécessité. Les sorcières alle-

Chax ou Scox, démon. Voy. Scox. mandes portaient autrefois une chemise faite

1
Discours des sorciers, ch. xiv, p. 8t.
1
La Harpe, Abrégé de l’histoire générale des
5 IMin. Démonomanie des sorciers, liv. 111, ch. Il, voyages, t. I.
1 lie superstition ad regem Henricum.
p. 316. e,
4L

by Google
CHE — 164 — CHE
d'une façon délestable, et chargée de croix mê- quelques idées superstitieuses sur les chemises
lées à des caractères diaboliques, par la vertu des jeunes enfants. Ils croient que si elles en-
de laquelle elles se croyaient garanties de tous foncent dans l'eau de certaines fontaines, l’en-
maux *. On l’appelait la chemise de nécessité. — fant meurt dans l'année; il vit longtemps, au
Les habitants du Finistère conservent encore contraire, si ce vêtement surnage.

Cheriour, ange terrible, chargé de punir le Cheval. Mahomet, voulant ennoblir ce bel ani-
crime et de poursuivre les criminels, selon la mal, raconte que, quand Dieu se décida h créer
doctrine des guèbres. le cheval il appela le vent du midi et lui dit ;
,

Chesnaye des Bois (François-Alexandrc-Au- « Je veux tirer de ton sein un nouvel être con- ;

bert de la), capucin, mort en 1784. On a de lui: dense-toi en te dépouillant de ta fluidité. » El il


l'Astrologue dans puits, 1740, in-12; et Lettres
le fut obéi. Alors il prit une poignée de cet élément,

critiques, avec des songes moraux sur les songes ,


souilla dessus, et le cheval parut.

philosophiques de l'auteur des lettres juives (le Ix: cheval était chez les anciens un instru-
marquis d’Argens), in-12, 1745. ment 4 présages pour la guerre. Les Suèves, qui
Cheteb ou Chereb. l oy. Debeii. habitaient la Germanie, nourrissaient à frais com-

muns dans des


, bois sacrés, des chevaux dont ils les laisser vivre en liberté dans les prairies voi-
tiraient des augures. Le grand prêtre et le chef sines, après les avoir dévoués. Jules César, avant
de la nation étaient les seuls qui pouvaient les de passer le Ilubicon, voua à ce fleuve un grand
toucher ; ils les attachaient aux chariots sacrés nombre de chevaux qu'ilabandonna dans les
et observaient avec attention leurs hennissements pâturages des environs.
et leurs frémissements. Il n’y avait pas de pré- Une tradition superstitieuse portait qu’une
sages auxquels les prêtres et les principaux de la espèce de chevaux, qu'on nommait arzels,
nation ajoutassent plus de foi. On voit encore et qui ont une marque blanche au pied de der-
que chez certains peuples on se rendait les rière du côté droit, était malheureuse et fu-
divinités favorables en précipitant des chevaux neste dans les combats. —
Anciennement on
dans les fleuves. Quelquefois on se contentait de croyait aussi que les chevaux n’avaient pas de
1
Bodin, Dimonomanie, liv. I, ch. ni. flel;mais c’est une erreur aujourd'hui presque

Digitized by Google
CHE — 165 — CHE
généralement reconnue. Voy. Drapé, Bayard, On en Bretagne qu'en soufflant des che-
croit
Troupeaux, etc. veux en on les métamorphose en animaux;
l'air

Chevalier (Guillaume), gentilhomme béar- les petits garçons d’ Plougasnou qui font des
nais, auteur d’un recueil de quatrains moraux, échanges entre eux confirment la cession en
intitulé le Décès ou Fin du monde, divisée en Iroia soufflant au vent un cheveu parce que ce che-,

visions, in-8*, 1584. veu était autrefois l’emblème de la propriété. Des


Chevalier impérial. foy. Espacnet, à la noie. cheveux dans les temps modernes ont même
Chevaliers de l'enfer. Ce sont des démons été trouvés sous des sceaux : ils tenaient lieu de
plus puissants que ceux qui n’ont aucun litre, signatures*.
mais moins puissants que les comtes, les mar- Enfin il y a des personnes qui croient qu'il faut
quis et les ducs. On peut les évoquer depuis le observer les temps pour se couper les cheveux
lever de. l’aurore jusqu’au lever du soleil, et de- et se rogner les ongles. —
Autrefois on vénérait
puis le coucher du soleil jusqu'à la nuit 1 le toupet, par lequel les Romains juraient, et
.

Chevanes (Jacques), capucin, plus connu qu’on offrait aux dieux. Il parait qu'ils étaient
sous le nom de Jacques d' Anton, du lieu de sa sensibles à ces présents, puisque, quand Béré-
naissance, mort à Dijon en 1678. On a de lui nice eut offert sa chevelure, ils en firent une
l'Incrédulité savante et la crédulité ignorante, au constellation. —
Chez les Francs, c'était une
sujet des magiciens et des sorciers. Lyon, 1671, politesse de donner un de ses cheveux, et les
in-4*. Ce recueil , plein d'excentricités curieuses, familles royales avaient seules le privilège de les
dont nous rapportons en leur lieu les passages laisser pousser dans tout leur développement.
remarquables, est une réponse à l’apologie de En Hollande beaucoup de gens croient qu’en
,

Naudé pour tous les grands personnages soup- vendant leurs cheveux à un perruquier, ils auront
çonnés de magie. Heureusement pour l'auteur, par sympathie les maux de tête de ceux qui les
dit l’abbé Papillon, l'irascible Naudé était mort porteront. Lue dame âgée, il y a peu de temps, se
depuis longtemps quand ce livre parut. faisait couper à la Haye de beaux cheveux blancs

Chevesche, espèce de chouette, que Torque- d’argent, très-abondants et très-longs. Le ton-


mada définit un oiseau nocturne fort bruyant, deur lui en offrit 20 florins (42 francs). Elle aima
lequel lâche d'entrer où sont les enfants; et, mieux les brûler. —
J’aurais, dit-elle, toutes les
quand il y est, il leur suce le sang du corps et douleurs que mes cheveux couvriraient.
le boit. Les démonographes ont donné le nom Chevillement sorte de maléfice employé par
,

de chevesche aux sorcières, parce que, semblables les sorciers et surtout par les bergers. Il empêche
à cet oiseau elles sucent le sang de ceux qu’elles d’uriner. Le nom de ce maléfice lui vient de ce
,

peuvent saisir, et principalement des petits en- que pour le faire on se sert d’une cheville de bois
fants’. C’est sans doute là l'idée mère des vam- ou de fer qu’on plante dans la muraille, en fai-
pires. Les sorcières qui sucent le sang ont aussi sant des conjurations. « J'ai connu une personne,
quelque analogie avec les gholes des Arabes. dit Wecker, qui mourut du chevillement il est :

Voy. Lamies et Gholes. vrai qu’elle avait la pierre. » Et le diable, qui


Cheveux. « Prenez des cheveux d'une femme parfois aime à se divertir, chevilla un jour la se-

dans ses jours de maladie mellez-les sous une


;
ringue d’un apothicaire en fourrant sa queue dans
terre engraissée de fumier, au commencement le piston, Voy. Noals. —
Pour empêcher l’effet
du printemps, et, lorsqu'ils seront échauffés par de ce charme, il faut cracher sur son soulier
la chaleur du soleil, il s'en formera des ser- du pied droit avant de s'en chausser. Ce qui
pents 1 ... » approche de ce qu’on lit dans Tibulle, que les
Quelques conteurs assurent que les mauvais anciens crachaient dans leur sein par trois fois
anges étaient amoureux des cheveux des femmes, pour se désensorceler ou empêcher le sortilège.
et que les démons incubes s’attachent de préfé- On voit dans un livre intitulé l'Urotopégnic ou
rence aux femmes qui ont de beaux cheveux. — chevillement, que les tonneaux, les fers, les
Les sorcières donnent de leurs cheveux au dia- fours, les lessives, les moulins à vent et ceux
ble comme arrhes du contrat qu’elles font avec
,
qui sont sur les ruisseaux et rivières, peuvent
lui le démon les coupe très-menus, puis les mêle
; être pareillement liés et maléficiés. Voy. Liga-
avec certaines poudres il les remet aux sor-
: tures.
ciers, qui s'en servent pour faire tomber la grêle ;
Chèvres. Ces animaux étaient fort révérés à
d’où vient qu’on trouve ordinairement dans la Mendès en Égypte. Il était défendu d’en tuer,
grêle de petits poils, qui n'ont pas une autre ori- parce qu’on croyait que Pan la grande divinité
,

gine... On fait encore avec ces mêmes cheveux, de cette ville, s’était caché sous la figure d'une
divers maléfices*. chèvre ou plutôt d'un bouc aussi le représen-
;

tait-on avec une face de bouc, et on lui immolait


1
VVierus, in Pseudomonarchia deemon., ad flnem.
3 Torqucmad.i Hexameron, troisième journée.
.
des brebis. Voy. Capricorne.
* Secrets d'Albert le Grand, p. 27. 1
M. Cambry, Voyage dans le Finistère, 1. 1, p. 474
* Boguet, Discourt des sorciers, cb. xv, p, 156. et 4 95.

-oogle
, ,

CH! — 166 — cm
Souvent des démons et des sorciers ont pris de la compagnie ce qu’elles faisaient dexlre-
:

la forme de chèvre. Claude Chappuis de Saint- ment, entre quatre à cinq mille personnes, et
Amour, qui suivit l'ambassadeur de Henri III près avec une façon telle, qu'il semblait qu'elles vou-
la sublime Porte, conte qu'il vit sur une place lussent parler. Or, qui ne voit clairement que ces
publique de Constantinople des bateleurs qui fai- chèvres étaient hommes ou femmes ainsi trans-
saient faire à des chèvres plusieurs tours d’agi- mués, ou démons déguisés'?... Voy. Bouc.
Chibados, secte de sorciers qui font merveille
au royaume d'Angola.
Chicota, oiseau des Iles Tonga, qui a l'habi-
tude de descendre du haut des airs on poussant
de grands cris. Les naturels sont persuadés qu'il
a le don de prédire l’avenir. Quand il s'abaisse

près d'un passant, on croit que c’est pour lui


lité de passe-passe tout à fait admirables;
et annoncer quelque malheur.
après quoi leur mettant une écuelle à la bouche
,
Chicua Æsculanus. Voy. Cecco o'Ascoli.
ils leur commandaient d'aller demander la pièce, Chien. Les chiens étaient quelquefois les com-
pour leur entretien, tantôt au plus beau ou au pagnons des magiciens. C'était le diable qui les
plus laid, tantôt au plus riche ou au plus vieux I
suivait sous cette forme, pour donner moins à

ttMMJI.

soupçonner. Mais on le reconnaissait malgré ses travesti en chien noir vint annoncer à Cimon
déguisements. Léon de Chypre écrit que le diable qu'ilmourrait bientôt.
sortit un jour d'un possédé sous la figure d’un charlatan, du vivant de Justinien, avait un
Un
chien noir. —
C’est surtout la couleur noire que le chien si habile que, quand toutes les personnes
diable prend sous une peau de chien. De bonnes d’une assemblée avaient mis à terre leurs an-
gens se noient assez fréquemment à Quimper. neaux, il les rendait sans se tromper, l’un après
Les vieilles et les enfants assurent que c’est le l’autre, à qui ils appartenaient. Ce chien distin-
diable, en forme de gros chien noir qui préci- guait aussi dans la foule ,
lorsque son maître le

pite les passants dans la rivière'. Il


y a beau- lui ordonnait, les riches et les pauvres, les gens
coup de superstitions qui tiennent au chien dans honnêtes et les fripons : « Ce qui fait voir, dit

le Finistère, où les idées druidiques ne sont pas Lelover, qu’il y avait là de la magie, et que ce
toutes éteintes. On croit encore dans le canton chien était un démon *. »
sauvage de Saint-Ronal que l’àme des scélérats Delancre conte qu’en 1530 le démon, par le
passe dans le corps d'un chien noir, les anciens moyen d’un miroir, découvrit, à un pasteur de
mages croyaient aussi que les démons se mon-
Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège
1

traient en forme de chiens et Plutarque dans


; ,
pleinement convaincues, traité VI, p. 3i8.
la vie de Cimon, raconte qu’un mauvais génie 3 Leloyer, Histoire et discours des spectres, liv. I

1
Cambry, Voyage dans le Finistère, 1. 111 ,
p. tt. cb. vin.

Digitized by Google
cm — 167 — cm
Nuremberg, des trésors cachés dans une caverne les chiens. En Bretagne surtout les hurlements ,

près de la ville et enfermés dans des vases de d'un chien égaré annoncent la mort. Il faut que 1

cristal. Le pasteur prit avec lui un de ses amis le chien de la mort soit noir et s'il aboie triste- ;

pour lui servir de compagnon ils se mirent h ment à minuit, c’est une mort inévitable qu’il
;

fouiller et découvrirent une espèce de coffré, au- annonce à quelqu’un de la famille pour la per-
près duquel était couché un énorme chien noir. sonne qui l’entend. Wierus dit qu’on chasse à
Le pasteur s’avança avec empressement pour se jamais les démons en frottant les murs de la
saisir du trésor mais à peine fut-il entré dans la chambre qu’ils infestent avec le fiel ou le sang
;

caverne qu’elle s’enfonça sous ses pieds et l’en- d'un chien noir . Voy. Aoranos, Agrippa, Biiaga-
gloutit '. Notez que c’est un conte et que per- dini , Dormants, etc.
sonne n’a vu le grand chien. Mais on peut juger M. Ménechef, dans sa spirituelle description dos
par ces traits quelle idée avaient des chiens les superstitionsdu pays de Galles, parle d'une espèce
peuples mal civilisés. Chez les anciens, on appe- de chiens assez merveilleux pour mériter ici une
lait les furies les chiennes de l’enfer; on sacri- mention « Les cwes anmon (chiens d'enfer) que
:
,

fiait des chiens noirs aux divinités infernales. Chez l’on appelle aussi quelquefois eues wytoir (chiens
nos pères on pendait entre deux chiens les plus du forment, dit-il, une meule fort extraordi-
ciel),
grands criminels. naire. Les personnes qui ont l'ouïe assez fine
Quelques peuples pensaient pourtant autre- pour cela les entendent souvent courir la chasse
ment; on a même honoré le chien d’une manière dans les airs , quoique l'on ne dise pas quel est
distinguée. Élien parle d'un pays d’Éthiopie dont legibier qu’ils poursuivent. On assure qu’ils sont
les habitants avaient pour roi un chien ils pre- ;
surtout bruyants peu de temps avant la mort des
naient ses caresses et ses aboiements pour des personnes très-perverses. Les uns disent que ces
marques de sa bienveillance ou de sa colère. Les animaux sont blancs et ont les oreilles rouges;
guèbres ont une grande vénération pourles chiens. d’autres prétendent, au contraire, qu’ils sont tout
On lit dans Tavernier que, lorsqu'un guèbre est h noirs. Ils sont peut-être de la nature du camé-
l'agonie, les parents prennent un chien dont ils léon ,
qui se nourrit d’air comme eux. »
appliquent la gueule sur la bouche du mourant, Chifflet (Jean) , chanoine de Tournay , né à
afin qu'il reçoive son âme avec son dernier sou- Besançon vers 1611. Il a publié Joannis Ma- :

pir. Le chien leur sert encore à faire connaître si carii Abrajcas, seu Apistopistus, qu as est antiqua-
le défunt est parmi les élus. Avant d'ensevelir le ria de yen: mis basilidianis disquisilio, commenturiis
corps, on le pose à terre on amène un chien
: illust., Anvers, 1657, in -4°. Cette dissertation
qui n'ait pas connu le mort, et, au moyen d’un traite des pierres gravées portant le nom caba-
morceau de pain, on l'attire le plus près du corps listique Abraxas par lequel Basilide hérétique
, ,

qu’il est possible. Plus le chien en approche, plus du deuxième siècle, désignait le Dieu créateur et
le défunt est heureux. S'il vient jusqu’à monter conservateur. Elle est curieuse , et les commen-
sur lui et à lui arracher de la bouche un morceau taires que Chifilet y a joints sont estimés.
de pain qu’on y a mis, c'est une marque assurée Chija ou Chaja (Abraham Ben), rabbin espa-
que le défunt est dans le paradis des guèbres. Mais gnol du onzième siècle. Il a écrit en hébreu le
l'éloignement du chien est un préjugé qui fait l/olumedu Révélateur ; il y traite de l’époque où
désespérer du bonheur du mort. viendra le Messie et de celle où se fera la résur-
Il
y a aussi des gens qui tiennent à honneur de rection générale. Pic de la Mirandole cite cet ou-
descendre d'un chien. Les royaumes de Pégu et vrage dans son traité contre les astrologues.
de Siam reconnaissent un chien pour chef de Childéric I". I oy. Bazi.xf. et Cimstallou ancie.
leur race. A Pégu et à Siam on a donc grand res- Childéric III, fils de Chilpéric II, et dernier
pect pour les chiens, si maltraités ailleurs ’. La des rois de la première race. Il publia, en 742,
population du Liban qui s'élève à quatre cent
,
un édit contre les sorciers, où il ordonne que
mille âmes, est composée de trois races, les An- chaque évêque aidé du magistrat défenseur des
,

sariés les Druses et les Maronites. Les Ansariés


,
églises, mette tous ses soins à empêcher le peuple
sont idolâtres. Les uns parmi eux professent le de son diocèse de tomber dans les superstitions
culte du soleil les autres celui du chien '. On a
; païennes. Il défend les sacrifices aux mânes, les
toutefois honoré quelques individus de cette race : sortilèges les philtres les augures, les enchan-
, ,

tel est le dogue espagnol Bérecillo qui dévorait tements les divinations, etc.
,
,

les Indiens à Saint-Domingue, et qui avait par Chilpéric I", roi de France, fils de Clotaire I".
jour la paye de trois soldais... Saint Grégoire de Tours rapporte, sur le témoi-
Il
y aurait encore bien des choses à dire sur gnage de Gonlrand frère de Chilpéric, cette vi-
,

sion merveilleuse. Gontrand vit l’âme de son frère


1
Madame Gabriellc do P***, Histoire des fantômes, Chilpéric liée cl chargée de chaînes, qui lui fut
p. 27.
présentée par trois évêques. L’un était Tétricus,
5 Hejnmèron de Torqucmada, traduit par G. Chap-
puis, première journée. l'autre Agricola, le troisième Nicétius de Lyon.
3 oyages du duc de Raguse. dæm.,
t 1
De preest. lib. V, cap. xxi.
,

CHI — 168 — CHO


Agricola et Nicétius plus humains que l'autre, ment aussi Bélial; il a l’orient pour district, et
disaient : — Nous vous prions de
,

le détacher, et, commande aux démons des prestiges.


après l’avoir puni de permettre qu’il s’en aille.
, Choquet (Louis) auteur d'un mystère
, très-
L’évêque Tétricus répondit avec amertume de rare intitulé V Apocalypse de saint Jean Zébédce,
cœur : —
Il n’en sera pas ainsi mais il sera châtié ; où sont comprises les visions et révélations
à cause de ses crimes. —
Enfin, dit Gontrand, qu'icelui saint Jean eut en Plie de Palm as; in-fol.
le résultat fut de précipiter celte pauvre âme Paris, 1541.
dans une chaudière bouillante que j’aperçus Chorropique (Marie), sorcière bordelaise du
de loin. Je ne pus retenir mes larmes lorsque temps de Henri IV, qui confessa s’être donnée
je vis le misérable état de Chilpéric jeté dans la ,
au diable par le moyen d’un nommé Augerot
chaudière où tout à coup il parut fondu et dis-
, d'Armore, lequel la mena dans une lande où elle
sous *. trouva un grand seigneur vêtu de noir, avec la
Chimère monstre imaginaire né en Lycie,
, , figure voilée. 11 était entouré d’une infinité de
que les poètes disent avoir été vaincu par Bellé- gens richement habillés. Marie Chorropique ayant
rophon il avait la tète et l'estomac d’un lion, le
; prononcé le nom de Jésus tout disparut incon-,

ventre d’une chèvre et la queue d’un dragon. Sa tinent. Son guide ne vint la reprendre que trois
gueule béante vomissait des flammes. I.es démo- heures après , la tança d’avoir prononcé le nom
nographes disent que c'était un démon. de Notre-Seigneur, et la conduisit au sabbat près
Chimie. On la confondait autrefois avec l’al- d'un moulin, où elle retrouva le même seigneur
chimic. La chimie, selon les Persans, est une noir, avec un nommé Menjoin, qui portait un
science superstitieuse qui tire ce qu’il y a de plus pot de terre plein de grosses araignées enflées
subtil dans les corps terrestres pour s’en servir d'une drogue blanche et deux crapauds qu’on
,

aux usages magiques. Ils font Caron (le Coré du tua â coups de gaule, et qu'on chargea Marie
Penlateuque) inventeur de celte noire science d’écorcher.
qu'il apprit, disent-ils.de Moïse. Louis de Fonte- Ensuite, Augerot pila ces araignées dans un
nettes, dans l’épllre dédicatoire de son Hippo- mortier avec les crapauds. On jeta cette compo-
crate dépaysé , dit que «d'aucuns prétendent que sition sur des pâturages pour faire mourir les
> la chimie, qui est un art diabolique, a été in- bestiaux. Après quoi , ces gens s’en allèrent au
» ventée par Chain. » bourg d'Irauris, où ils prirent sans bruit un en-
China, idole de la Sénégambie. Elle a une tète fant au berceau. Augerot et Menjoin l’étranglè-
de veau ; on lui offre en sacrifice du miel qu’on rent et le mirent entre son père et sa mère qui
fait brûler, pour obtenir de bonnes récoltes. dormaient , que le père crût que sa femme
afin
Chion, philosophe d'Héracléc, disciple de Pla- l’avait étouffé, et que la mère â son tour accusât

ton. Il fut averti en songe de tuer Cléarque , tyran son mari, lis en empoisonnèrent d'autres. Dans
d'Héraclée, qui était son ami. Il lui sembla voir toutes ces exécutions , Marie Chorropique atten-
une femme qui lui mit devant les yeux la bonne dait les deux bandits à la porte. Que penser de
renommée qu’il acquerrait par le meurtre du ces récits?
tyran et, poussé par cette vision il le tua. Mais
; . Elle ditencore que, dans un sabbat, elle vit
ce qui prouve que c'était une vision diabolique, deux sorcières qui apportèrent le cœur d'un en-
c’est que Cléarque , tyran tolérable ayant été ,
fant dont la mère s’était fait avorter, et qu'elles
tué, fut remplacé par Satyre , son frère bien plus , le gardèrent pour en faire un sacrifice au diable.

cruel que lui, et que rien ne pouvait adoucir. Cette horrible sorcière fut brûlée le 2 octobre
Chiorgaur. Voy. Gxtmie. 1576
Chiridirellès, démon qui secourt les voyageurs Chouette, espèce de hibou de la grosseur
dans leurs besoins, et qui leur enseigne leur chemin d'un pigeon. La chouette ne parait qu'au point
lorsqu’ils sont égarés. On dit qu'il se montre â du jour ou â l’approche de la nuit. Chez les Athé-
ceux qui l’invoquent sous la forme d’un passant à niens et les Siciliens, cet oiseau était d'un bon
cheval. augure ;
partout ailleurs ,
la rencontre d'une
Chiromancie ou Chiroscopie art de dire la ,
chouette est d’un mauvais présage. Celte super-
bonne aventure par l'inspection des lignes de la stition vil encore dans plusieurs contrées. Voy.
main. Cette science, que les bohémiens ont ren- Cheveschü.
due célèbre, est, dit-on, très-ancienne. Nous Choun ,
divinité adorée chez les Péruviens,
en exposons les principes b l'article Mais. qui racontaient ainsi son histoire : — Il vint des
Chiron, non pas centaure, mais Hippocen- parties septentrionales un homme qui avait un
taure, car, fils de Saturne, il était moitié Dieu corps sans os et sans muscles, et qui s’appelait
et moitié cheval. Choun; il abaissait les montagnes, comblait les
Chodar, démon que les nécromanciens nom- vallées et se frayait un chemin dans les lieux in-

' Greg. Turon., Ilist. franc., lib. VIII, cap. v. — accessibles. Ce Choun créa les premiers habi-
Lenglet-Dufresnoy , Recueil de dissertations sur les 1
Delancre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc.,
apparitions, p. 74 de la préface. p. 107.
,

CHO — 169 — CIE


tants du Pérou; il leur apprit b se nourrir des C’est la coutume du diable de bégayer dans les
herbes et des fruits sauvages. Mais un jour of- ,
choses futures *. » Cicéron devint en effet ce qu’on
fensé par quelques Péruviens, ii convertit en sa- sait. C’est lui qui disait qu’il ne concevait pas
bles arides une partie de la terre auparavant , que deux augures pussent se regarder sans rire.
très-fertile partout; il arrêta la pluie, dessécha Il a combattu quelques idées superstitieuses dans

les plantes; et ensuite, ému de compassion, il plusieurs de ses ouvrages, surtout dans les trois
ouvrit les fontaines etlit couler les rivières, pour livres de la Nature des dieux et dans les Tuseu-
réparer le mal qu'il avait causé... C'est un sys- lanet. Dans ses deux livres de ta Dioination il re- ,

tème qui n’est pas plus bête que celui des philo- connaît aux hommes le don de lire dans l’avenir.
sophes modernes. Valère-Maxime conte que Cicéron, ayant été
Choux. Une croyance qui n’est pas extrême- proscrit par les triumvirs, se retira dans sa maison
ment rare , c’est qu'on ne doit pas manger de de Formies où les satellites des tyrans ne tardè-
,

choux le jour de saint Étienne, parce qu’il s’était rent pas b le poursuivre. Dans ces moments de
caché dans un carré de choux pour éviter le mar- trouble, il vil un corbeau arracher l’aiguille d’un
tyre *... Conte très-stupide et superstition très- cadran c’était lui annoncer que sa carrière était
:

absurde. finie. Le corbeau s'approcha ensuite de lui, comme


Chrétiens. Dans les persécutions, on les ac- pour lui faire sentir qu’il allait bientôt être sa
cusait de magie. proie, et le prit par le bas de sa robe, qu'il ne
Christolytes, hérétiques du sixième siècle, cessa de tirer que quand un esclave vint dire b
qui disaient que Notre -Seigneur avait laissé son l’orateur romain que des soldats arrivaient pour
corps et son âme aux enfers, et qu’il n'était re- lui donner la mort. Les corbeaux d’aujourd’hui
monté aux deux qu’avec sa divinité. sont plus sauvages.
Christophe. Autrefois, d'après une opinion Ciel. Un tel article ne peut entrer dans ce dic-
exprimée par ce vers : tionnairoqu’à propos de quelques folles croyances.
Les musulmans admettent neuf cieux. Il y eut
Christophorum videas. postea tutus cas,
parmi les chrétiens des hérétiques qui en an-
on croyait que celui qui avait vu quelque image nonçaient troisccnt soixante-cinq, avec des anges
de saint Christophe le matin était en sûreté toute spécialement maîtres de chaque ciel. l’oy. Ba-
la journée. silide.
Christoval de la Garrade. Voy. Maiiissanf,. Bodin assure qu’il y a dix çieux ,
qui sont
Chrysolithe, pierre précieuse qu’Albert le marqués par les dix courtines du tabernacle et
Grand regarde comme un préservatif contre la par ces mots : • Les cieux sont les œuvres de les
folie. Elle a encore dit-il la vertu de mettre le
, , doigts, » qui sont au nombre de dix’... Les
repentir dans le cceur de l'homme qui a fait des rabbins prétendent que le ciel tourne sans cesse,
fautes... et qu'il y a au bout du momie un lieu où le ciel
Chrysomallon, nom du fameux bélier qui touche la terre. On lit dans le Talmud que le

portait la toison d’or. On dit qu’il volait dans les rabbin Bar-Chana , en cet endroit
s’étant arrêté
airs, qu’il nageait en perfection, qu’il courait pour se reposer , mit son chapeau sur une des
avec la légèreté d’un cerf, et que Neptune, dont fenêtres du ciel, et que, l’ayant voulu reprendre
il était fils ,
l’avait couvert de soie d’or au lieu un moment après, il ne le retrouva plus, les
de laine. Il avait aussi l’usage de la parole , et cieux l'ayant emporté dans leur course : de sorte
donnait de bons avis. Il est le premier signe du qu’il fallut qu’il attendit la révolution des mondes
zodiaque. pour le rattraper.
Chrysopée, œuvre d’or. C’est le nom grec
Cienga. C’est chez quelques peuples de l’O-
que les alchimistes donnent pierre philoso-
céanie le mauvais esprit, le démon.
à, la
phale, ou à l’art de transmuer tous métaux
Cierges. On allume deux cierges b Scaer, en
les
en or pur. Bretagne, au moment du mariage; on en place
Chrysopole, démon, l'oy. Olive. un devant le mari, l'autre devant la femme : la
Chrysoprase, pierre précieuse à laquelle la lumière la moins brillante indique celui des deux
superstition attachait la propriété de forlilier la qui doit mourir le premier. L'eau et le feu,
vue , de réjouir l’esprit et de rendre l’homme comme chez les anciens, jouent un grand rôle
libéral et joyeux. chez les Bretons. Du côté do Guingamp , et ail-
Ciaconius. l'oy. Chacos. leurs quand on ne peut découvrir le corps d’un ,

Cicéron (Marcus Tullius). Ucloyer dit qu’un noyé, on met un cierge allumé sur un pain qu’on
spectre apparut à la nourrice de Cicéron c’était abandonne au cours de l'eau on trouve, dit-on,
: :

un démon de ceux qu’on appelle génies fami- le cadavre dans l'endroit où le pain s'arrête '.
liers. Il lui prédit qu’elle allaitait un enfant qui,
1
Lcloyer, Histoire et discours des spectresf liv. II,
un jour, ferait grand bien à État. « Mais d’où I

ch. v; liv. III, ch. xvti.


tenait-il tout cela? me dira-t-on. Je répondrai :
i Préface de la Démonomanie des sorciers.
1
Tbiers, Traité des superstitions, 1. 1. * Voyage de Cambry dans le Finistère, t. III , p. f 59.
,

CIG — 170 — CIP

Cigogne. On Croit, que les cigognes préservent reviennent dans les cimetières; on dit même que
des incendies les maisons ou elles se retirent. les démons aiment à s'y montrer, et que c'est
Cette erreur n'est plus très-répandue. On a dit pour les écarter qu'on y plante des croix. On
aussi que les cigognes ne s'établissaient que dans conte des anecdotes effrayantes. Peu de villageois
les États libres; mais les Égyptiens, qui eurent traverseraient le cimetière à minuit : ils ont tou-
toujours des rois, leur rendaient un culte; et jours l'histoire de l'un d’entre eux rossé par une
c'étaitun crime capital en Thessalie, qui était âme (ou plutôt par un mauvais plaisant) qui lui

monarchique, de tuer une cigogne, parce que le a reproché de troubler sa pénitence. Henri Es-
pays est plein de serpents, et que les cigognes tienne et les ennemis du catholicisme ont forgé
les détruisent. Elles sont enfin très -communes et des aventures facétieuses, où ils attribuent de
très-protégées en Turquie, en Égypleelen Perse, petites fraudes aux gens d’église pour maintenir
où l’on ne souge guère aux idées républicaines. cette croyance ; mais ces historiettes sont des in-
Cilano (George-Chrélicn-Malemus de) , Hon- ventions calomnieuses. On a vu quelquefois, dans
grois du dix-huitième siècle qui a écrit un livre ,
les grandes chaleurs, des exhalaisons enflammées
de l'Origine et de la Célébration det Saturnales sortirdes cimetières on sait aujourd'hui qu'elles
;

chez les Romains 1


, et (sous le nom d'Antoine ont une cause naturelle.
Signatclli) des Recherches sur les géants ’. Cimmériens, peuples qui habitaient autour
Cimeriès, grand et puissant démon, marquis des Palus-Méotides, et dont les Cimbres sont les
de l'empire infernal. Il commande aux parties descendants. Beaucoup de savants ont placé
africaines. Il enseigne la grammaire, la logique dans ce pays l’antre par lequel on allait aux en-
et la rhétorique il découvre les trésors et révèle
: fers. Leloyer dit que les Cimmériens étaient de
les choses cachées; il rend l'homme léger à la grands sorciers, et qu'Ulysse ne les alla trouver
course, et donne aux bourgeois la tournure frin- que pour interroger par leur moyen les esprits
gante des militaires. Le marquis Cimeriès, capi- de l’enfer.
taine de vingt légions, est toujours h cheval sur Cimon, général athénien, fils de Miltiade.
un grand palefroi noir '. Ayant vu en songe une chienne irritée qui
Cimetière. Il n’était pas permis en Espagne, aboyait contre lui et qui lui disait d’une voix
au quatrième siècle, d’allumer des cierges en humaine : — a Viens , tu me feras plaisir à moi
plein jour dans les cimetières, de peur d'inguiéter et à mes petits, » il alla consulter un devin
les esprits. On croyait que les âmes des trépassés nommé Astyphilc, qui de
interpréta sa vision
fréquentaient les cimetières où leurs corps étaient celte mauière : — « Le chien est ennemi de
celui contre lequel il aboie; or, on ne pourrait
faire à son ennemi un plus grand plaisir que de
mourir ; et ce mélange de la voix humaine avec
l'aboi dénote un Mède qui vous tuera. » Les
Grecs étaient en guerre avec les Perses et les
Mèdes : il y avait donc chance. Malheureusement
pour le devin, le songe ne s’accomplit pas, et
Cimon ne mourut que de maladie.
Cincinnatnlus ou Cincinnatus (
le petit
frisé), esprit qui, au rapport de Rhodiginus,
parlait par la bouche d'une femme nommée Jo-
caba, laquelle était ventriloque.
Cinq. Les Grecs modernes se demandent ex-
cuse en prononçant le nombre cinq , qui est du
plus mauvais augure, parce qu'il exprime un
nombre indéfini , réprouvé par les cabalisles.
Ciones. Voy. Kiones.
Cippus Venelius, chef d'une partie de l'Italie,
qui ,
pour avoir assisté à un combat de taureaux
et avoir eu toute la nuit l'imagination occupée
enterrés ‘
; et le clergé cutjquelque peine à dé-
de cornes , se trouva un front comu le lende-
truire cette opinion. On croit encore aujourd’hui
main. D’autres disent que ce prince, entrant
dans les campagnes que les âmes du purgatoire
victorieux à Rome, s’aperçut, en se penchant
* De Saiurnalium origine
et celebrandi ritu apud
au-dessus des eaux du Tibre, car il n’avait pas

Romanos, 4759. de miroir, qu'il lui était poussé des cornes. Il


3 Or
gigantibus nova disquisitio historien et cri- consulta les devins pour savoir ce que lui pré-
tica, 47 )6.
3 sageait une circonstance si extraordinaire. On
Wierus, in Pseudomonarchia dœmon.
\ Dora Calme! ,
Traité sur les apparitions, etc.
pouvait expliquer ce prodige de plusieurs façons;
cb. xi. on lui dit seulement que c’était une marque qu’il

Digitized
. ,

CIR — 171 — CLA


régnerait dans Rome; mais il n'y voulut plus trophes, pour la plupart imaginées par les écri-
entrer. Cette modération est plus merveilleuse vains protestants, qui ont si souvent fabriqué
que les cornes. des romans et des historiettes , dans le but de
Circé, fameuse magicienne qui changea les faire lire leurs écrits. On classe cette vie prodi-
compagnons d'Ulysse en pourceaux. Elle savait gieuse dans les impostures historiques.
composer des potions magiques et des enchan- Clairon ( Claire-Josèplie-Leyris de Latude,
tements par lesquels elle troublait l’air, exci- connue sous le nom d’Hippolyte) tragédienne ,

tait les grêles et les tempêtes, et donnait aux française, morte en 1803. Dans ses Mémoires,
hommes des maladies de corps et d’esprit. publiés en 1799, elle raconte l'histoire d’un re-
Saint Jean Chrysoslome regarde la métamor- venant qu'elle croit être l’âme de M. de S....,
phose des compagnons d'Ulysse comme une vive fils d’un négociant de Bretagne dont elle avait
,

allégorie. rejeté les vœux; il en mourut de chagrin; et


Circoncellions , fanatiques du quatrième dès lors mademoiselle Clairon entendit toutes les
siècle, de la secte des donatistes. Ils parurent nuits, vers les onze heures du soir, pendant
en Afrique. Armés d’abord de hâtons qu'ils ap- plusieurs mois, un cri aigu. Ses gens, ses amis,
pelaient bâtons d’Israël, ils commettaient tous ses voisins, la police même, entendirent ce
les brigandages, sous prétexte de rétablir l’éga- bruit, toujours à la même heure, toujours par-
lité. Ils prirent bientôt des armes plus offensives lant sous ses fenêtres, et ne paraissant sortir
pour tuer les catholiques. On les appelait aussi que du vague de l'air.
scotopètes. Ils faisaient grand cas du diable et Ces cris cessèrent quelque temps, puis ils fu-
l'honoraient en se coupant la gorge , en se rent remplacés, à la même heure, par un coup
noyant, en se jetant, eux et leurs femmes, dans de fusil tiré dans ses fenêtres, sans qu’il en ré-
les précipices. A la suite de Frédéric Barbe- sultât aucun dommage.
rousse, au treizième siècle, on vit reparaître La rue fut remplie d’espions, et ce bruit fut
des circoncellions qui damnaient les catholiques. entendu , sans que jamais personne pùl voir de
Ces violents sectaires, qui pratiquaient le meurtre quel endroit il partait. A ces explosions succéda
contre eux-mêmes et contre les autres, à l’une un claquement de mains, puis des sons mélo-
et l'autre époque, ne durèrent pas longtemps. dieux. Enfin , tout cessa après un peu plus de
Cire. C’est aveç de la cire que les sorcières deux ans et demi '. Voilà ce que disent des mé-
composaient les petites figures magiques qu’elles moires publiés par mademoiselle Raucourt. C’était
faisaient fondre lorsqu'elles voulaient envoûter sans doute une mystification qui eût fait un peu
,

et faire périr ceux qu’elles avaient pour ennemis. plus de bruit à Paris si c’eût été autre chose.
On décapita à Paris, en 157â, un gentilhomme Clairvoyance. On exprime par ce mot le don
chez qui l’on trouva une petite image de cire que possèdent quelques personnes de deviner
ayant la place du cœur percée d’un poignard. des choses obscures; à peu près comme ceux qui
l'oy. Envoûtement et Cèkomancic. découvrent des sources où le commun des hom-
Ciruelo (Pierre), savant aragonais du quin- mes n'en soupçonne pas.
zième siècle, à qui l’on doit un livre d'astro- Clarns. Saint Augustin rapporte qu’un jeune
logie', où il défend les astrologues et leur science homme de condition nommé Clarus , s'étant
contre les raisonnements de Pic de la Mirandole. donné à Dieu dans un monastère d'Hippone, se
Citation, formule employée pour appeler les persuada qu’il avait commerce avec les anges.
esprits et les forcer à paraître, l'oy. Évocation. Il eu parla dans le couvent. Comme les frères
Cités. Saint Augustin a parfaitement décrit ce refusaient de le croire , il prédit que la nuit sui-
bas monde, en le divisant en deux cités la cité ; vante Dieu lui enverrait une robe blanche avec
de Dieu, peuplée des hommes attachés à l’Église, laquelle il paraîtrait au milieu d'eux. En elfel
et la cité du diable, composée de tous les autres. vers minuit, le monastère fut ébranlé, la cellule
Citu, fête au Pérou, dans laquelle tous les du jeune homme parut brillante de lumière; on
entendit le bruit de plusieurs personnes qui al-
1

habitants se frottaient d’une pâte où ils avaient


mêlé un peu de sang tiré de l’entre-deux des laient, venaient et parlaient entre elles, sans
sourcils de leurs enfants. Ils pensaient par là se qu'on pût les voir. Clarus sortit de sa cellule et
préserver pour tout le mois de tout malaise. Les montra aux frères la tunique dont il était vêtu ;

prêtres idolâtres faisaient ensuite des conjura- c'était une étoffe d'une blancheur admirable et

tions afin d'éloigner les maladies, et les Péru- d’une finesse si extraordinaire, qu'on n’avait ja-
viens croyaient que toutes les fièvres étaient mais rien vu de semblable. On passa le reste de
chassées dès lors à cinq ou six lieues de leurs la miil à chanter des psaumes en actions de

habitations. grâces ; ensuite on voulut conduire le jeune


Civile (François de) ,
gentilhomme normand, homme à saint Augustin ; mais il s'y opposa, di-
né en 1536, dont la vie fut remplie de catas- sant que les anges le lui avaient défendu. Ce-
1 Apotolrsmata astrulugiœ Humana, hoc est de mu- > Mémoires d'Uippolyte Clairon, édit, de Buisson,
talionibus Umporum. Alcala , <5X1 p. <67.
.

CLA — 172 — CLE


pendant on ne l'écouta point; et, comme on l’y nature. Il a laissé dans les Mémoires de cette
conduisait malgré sa résistance, la tunique dis- société divers opuscules singuliers. Tels sont :

parut aux yeux des assistants; ce qui fil juger « le Itemède diabolique du délire » et « les
((lie le tout n’était qu’une illusion de l’esprit de Vingt-cinq ans de séjour d’un démon sur la

ténèbres. terre *. n

Classyalabolas. I ’oy. Caacrikolaas. Son neveu, Frédéric-Guillaume Clauder, a


Claude, prieur de Laval, lit imprimer à la donné dans les Éphémérides de la même aca-
lin du seizième siècle un livre intitulé Dialogues démie un traité sur les nains *.
de la Lyeanthropie. Clauneck démon ,
turc qui a puissance sur les
Clauder (Gabriel), savant saxon, mort en biens, sur les richesses; il fait trouver des tré-
1691, membre de l’Académie des Curieux de la sors à celui qu’il sert en vertu d’un pacte. Il est

aimé de Lucifer, qui le laisse maître de prodi- les spectateurs. Le parlement de Toulouse pro-
guer l’argent. Il rend complaisance pour com- clama la fraude et dissipa cette ridicule affaire.
plaisance à qui l’appelle '.
Clavicules de Salomon. Voy. Salomon.
Clauzette. Sur la fin de 1681, une fdle in- Clay (Jean), littérateur allemand, mort en
sensée, Marie Clauzette, se mit à courir les 1592. On recherche son Atkumistica, petit poème
champs aux environs de Toulouse, en se récla- en vers allemands contre la folie des alchimistes
mant du nom de Robert, qu'elle disait être le et faiseurs d’or.
maître de tous les diables. On la crut possédée, Clédonismancie, divination tirée de certaines
et tout le monde voulut la voir. Quatrc-jeunes paroles qui, entendues ou prononcées en di-
filles, qui assistèrent aux premiers exorcismes, verses rencontres étaient regardées comme
,

se Le vicaire
crurent possédées pareillement. bons ou mauvais présages. Celte divination était
général de Toulouse, voulant éprouver si la pos- surtout en usage à Smyrne; il y avait là jadis un
session était vraie, fit employer d’abord des temple où c’était ainsi qu'on rendait les oracles.
exorcismes feints; et l'eau commune, la lecture Un nom seul offrait quelquefois l’augure d'un
d'un livre profane, le ministère d'un laïque ha- bon succès. Léotychide pressé par un Samien
,

billéen prêtre agitèrent aussi violemment les d’entreprendre la guerre contre les Perses, de-
prétendues possédées qui n'étaient pas préve-
, manda à ce Samien son nom ; et, en apprenant
nues, que si un prêtre eût lu le Rituel avec des qu'il s’appelait llégésislrate , mot qui signifie
aspersions d’eau bénite. Les médecins décla- conducteur d’armée , il répondit : « J'accepte
rèrent que le diable n'était pour rien dans cette Ce
l’augure d’Hégésistrate. » qu’il y avait de
affaire. Les possédées vomissaient des épingles commode en tout ceci, c'est qu’on était libre
crochues; mais on remarqua qu’elles les ca-
chaient dans leur bouche pour les rejeter devant
1
De diabolico delirii remedio. — De diabolo per
viginli quinque annos fréquentante cum muliere, nulla
1
Obedias illi, et obediet. Clavicules de Salomon veneficii opéra.
p. 14. * De rumorum générations.

Digitized by Google
,,

CLE — 173 — CLE


d’accepter ou de refuser le mot à présage. S'il de cette divination pour découvrir les trésors.
était saisi par celui qui l'entendait cl qu’il frap- On les a vus plusieurs fois en France recourir à
pât son imagination, il avait toute son influence; cet oracle de la clef sur l'Évangile de saint Jean
niais si l'auditeur le laissait tomber, ou n'y fai- durant l'invasion de 181 4-
sait pas une prompte attention , l’augure était Clément, prêtre écossais, contemporain de
sans force. Charlemagne. Il soutenait qu’en descendant aux
Clef d’or. On a publié, sous le titre de la enfers Jésus-Christ en avait délivré tous les dam-
Clef cT or, plusieurs petits volumes stupides qui nés, sans exception. Cette doctrine a été con-
enseignent les moyens infaillibles de faire for- damnée.
tune avec la loterie, et qui, quand la loterie Cléonice. l’ausanias, général lacédémonien
existait, ne faisaient que des dupes. La Clef d'or ayant tué à Vicence une vertueuse jeune fille,
ou le I mitable trésor de la fortune, qui se réim- nommée Cléonice, qui lui avait résisté, vécut
primait de temps en temps à Lille, chez Cas- dans un effroi continuel et ne cessa de voir, jus-
tiaux, n’est pas autre chose que la découverte qu'à sa mort, le spectre de cette jeune fille à ses
des nombres sympathiques, que l’auteur se vante côtés. — Si l'on connaissait ce qui a précédé les
d’avoir trouvés-, « ce qui lui a valu trois cent visions, on en trouverait souvent la source dans
» mille francs en deux ans demi ». Il est affreux
et les remords.
de mentir aussi impunément pour engager les Cléopâtre. C'est, dit-on, une erreur que
pauvres gens à se ruiner dans les loteries. Or, l'opinion où nous sommes que Cléopâtre se lit
les cinq nombres sympathiques ne manquent pas mourir avec deux aspics. Plutarque dit, dans la
de sortir, dit-il cfTrunlément, dans les cinq tirages vie de Marc- Antoine, que personne n’a jamais
qui suivent la sortie du numéro indicateur. Il su comment elle était morte. Quelques-uns as-
faut donc les suivre pendant cinq tirages seule- surent qu'elle prit un poison qu'elle avait cou-
ment pour faire fortune. Par exemple, les nom- tume île porter dans ses cheveux. On ne trouva
bres sympathiques de sont 30, 40, 50, 70, 76.
lt ' point d'aspic dans le lieu où elle était morte on ;

Ces cinq numéros sortiront dans les cinq tirages dit seulement qu'on lui remarqua au bras droit
qui suivront la sortie de 4 non pas tous à la fois
, deux piqûres imperceptibles; c’est là-dessus
peut-être, mais au moins deux ou trois ensemble. qu'Augiisle hasarda l’idée qui est devenue popu-
Du reste, les nombres sympathiques sont ima- laire sur le genre de sa mort. Il est probable
ginaires, et chacun les dispose 4 son gré. qu'elle se piqua avec une aiguille empoisonnée'.
Cleidomancie ou Cleidonomancie divina- ,
Cléromancie, art de dire la bonne aventure
tion par le moyen d'une clef. On voit dans Delrio par le sort jeté, c'est-à-dire avdc des dés, des
et Delancre qu'on employait celte divination osselets, des fèves noires ou blanches. On les
pour découvrir l'auteur d'un vol ou d’un meurtre. agitait dans un vase, et, après avoir prié les
On tortillait autour d’une clef un billet contenant dieux , on les renversait sur une table et l’on pré-
le nom de celui qu’on soupçonnait; puis on at- disait l'avenir d’après la disposition des objets.
tachait cette clef à une Bible qu'une fille vierge
,
Il
y avait à Bura, en Achale, un oracle d’Ilercule
soutenait de scs mains. Le devin marmottait en- qui se rendait sur un tablier avec des dés. Le
suite tout bas le nom des personnes soupçon- pèlerin, après avoir prié, jetait quatre dés, dont
nées; et on voyait le papier tourner et se mou- le prêtre d'Hercule considérait les points, cl il

voir sensiblement. On devine encore d'une autre en conjecture de ce qui devait arriver.
tirait la

manière par la cleidomancie. On attache étroi- Il que ces dés fussent faits d’os de bêles
fallait

tement une clef sur la première page d’un livre; sacrifiées’. Le plus souvent on écrivait sur des
on ferme le livre avec une corde de façon que , osselets ou sur de petites tablettes qu’on mêlait
l'anneau de la clef soit dehors; la personne qui dans une urne; ensuite on faisait tirer un lot par
a quelque secret à découvrir par ce moyen pose le premier jeune garçon qui se rencontrait et si ;

le doigt dans l'anneau de la clef, en prononçant l’inscription qui sortait avait du rapport avec ce
tout bas le nom qu’elle soupçonne. S’il est in- qu’on voulait savoir, c était une prophétie cer-
nocent, la clef reste immobile; s'il est coupable, taine. Celte divination était commune en Égypte
elle tourne avec une telle violence qu’elle rompt et chez les Romains et l'on trouvait fréquem-
;

la corde qui attache le livre '. ment des cléromanciens dans les rues et sur les
Les Cosaques et les (tusses emploient souvent places publiques, comme on trouve dans nos
celte divination mais ils mettent la clef en tra-
; fêtes des cartomanciens. 1 oy. Asthagalojuxcie.
vers et non à plat, de manière que la compres- Cléves. On dit que le diable est chef de cette
sion lui fait faire le quart de tour. Ils croient sa- noble maison et père des comtes de Clèves. Les
voir par là si la maison où ils sont est riche, si cabalistes prétendentque ce fut un sylphe qui
leur famille.se porte bien en leur absence, si vint à Clèves par les airs, sur un navire merveil-
leur père vil encore etc. Ils font usage surtout
, 1
Voyez Brown, Des erreurs populaires, liv. V,
Delancre, Incrédulité et mécréance du
1 sortilétje ch. xii.
pleinement convaincues, traité V. * Delancre, Incrédulité et mécréance, etc., traité V.

Digitiz ÇjOI
,

eu — 174 — CLO
leux traîné par des cygnes, et qui repartit un bour sur un lieu élevé ferait peut-être le même
jour, en plein midi , à la vue de tout le inonde effet d'attirer la foudre.

sur son navire aérien. « Qu'a-t-il fait aux doc- On a cru encore, dans certains pays, qu’on se
teurs qui les oblige à l'ériger en démon ? » dit mettait à l'abri de toute atteinte des orages en
l'abbé de Villars *. C'est en mémoire de celle ori- portant sur soi un morceau de la corde attachée
gine merveilleuse, diversement expliquée, qu'on à la cloche au moment de son baptême.
avait fondé au pays de Clèves l'ordre des che- Cloche du diable. Il nous reste à dire un
du Cygne.
valiers mot de cette cloche. Dusaulx visitant les Pyré-
Climatérique. Voy. Année. nées à pied, son guide, qui était un franc mon-
Clistheret, démon qui fait paraître la nuit au tagnard , le conduisit dans un marécage comme

milieu du jour, et le jour au milieu de la nuit, pour lui montrer quelque chose de curieux. Il
quand c’est son caprice, si vous en croyez Us prélendit qu’une cloche avait jadis été enfoncée
Clavicules de .Salomon. dans cet endruit; que cent ans après le diable,
Cloches. Les anciens connaissaient les cloches, à qui appartenaient alors tous les métaux souter-
dont on attribue l’invention aux Égyptiens. Elles rains, s'était emparé de cette cloche, et qu’un
étaient en usage à Athènes et chez les Romains. pâtre depuis peu de temps l'avait entendu son-
Les musulmans n'ont point de cloches dans leurs ner pendant la nuit de Noël dans l'intérieur de
minarets ils croient que le son des cloches ef-
;
la montagne. — Fort bien, dit Dusaulx; ce qu’on
frayerait les âmes des bienheureux dans le para- a pris pour le son d'une cloche ne viendrait-il
dis. Les cloches ne furent généralement em- pas plutôt des eaux souterraines qui s'engouf-
ployées dans les églises chrétiennes que vers frent dans quelque cavité ? — Oh I que non, ré-
le septième siècle. On voit dans Alcuin que la pliqua le guide.
cérémonie du baptême qui les consacre avait lieu Cloche du jugement dernier. Il y a des
déjà du temps de Charlemagne. On respecte beaucoup dans les
cloches célèbres.
C'est, dit-on, parce qu’elles sont baptisées Pyrénées la cloche de la vallée; on lui donne
que les cloches sont odieuses à Satan. On assure toutes sortes d'origines merveilleuses : la plus
que quand le diable porte ses suppôts au sabbat, commune, c’est qu'elle a été fondue par les
il est forcé de les laisser tomber s'il entend le anges. On l'entend, ou peut-être on croit l’en-
son des cloches. Torquemada raconte dans son , tendre quelquefois : mais on ne sait pas où elle
Hcxamcron, qu’une femme revenant du sabbat, est suspendue. C’est cette cloche qui doit, à ce
portée dans les airs par l’esprit malin, entendit que disent les montagnards, réveiller leurs pa-
la cloche qui sonnait V Angélus. Aussitôt le diable triarches endormis dans les creux des rochers,
l'ayant lâchée, elle tomba dans une haie d’épines, et appeler les hommes au dernier jugement.
au bord d'une rivière. Elle aperçut un jeune Lorsque Ferdinand le Catholique fut attaqué de
homme à qui elle demanda secours, et qui, à la maladie dont il mourut, la fameuse cloche de

force de prières, se décida à la reconduire en la Villela (qui a dix brasses de tour) sonna, dit-on,
sa maison. Il la pressa tellement de
lui avouer d’elle-mêmc ce qui arrive quand l’Espagne est
;

les circonstances de son aventure, qu’ellî la lui menacée de quelque malheur. On publia aussitôt
apprit; elle lui fit ensuite de petits présents, mort du roi, qui mourut ef-
qu’elle annonçait la
pour l'engager à ne rien dire mais la chose ne ; fectivement peu après*.
manqua pourtant pas de se répandre. Clofye, oiseau d'Afrique, noir et gros comme
On croit dans quelques contrées que c’est le un étourneau. C’est pour les nègres un oiseau de
diable qui excite les tempêtes, et que, par con- présage. Il prédit les bons événements, lorsque en
séquent, les cloches conjurent les orages. Les chantant il s’élève dans les airs; il en pronostique

paysans sonnent donc les cloches dès qu'ils en- de mauvais s’il s’abaisse. Pour annoncer à quel-
tendent le tonnerre, ce qui maintenant est re- qu’un une mort funeste, on lui dit que le Clofye
connu pour une imprudence. Citons à ce sujet a chanté sur lui.

un fait consigné dans les Mémoires de H Acadé- Clotho. L’une des trois Parques et la plus
mie des sciences : u En 1718, le 15 août, un jeune. C’est elle qui file les destinées; on lui

vaste orage s'étendit sur basse Bretagne, le la donne une quenouille d’une hauteur prodigieuse.
tonnerre tomba sur vingt-quatre églises situées La plupart des mythologues la placent avec ses
entre Landernau et Sainl-Polde Léon; c’était pré- sœurs à la porte du repaire de Pluton. Lucien la
cisément celles où l’on sonnait pour écarter la met dans la barque à Caron mais Plutarque dit;

foudre ;
celles où l’on ne sonna pas furent épar- qu'elle est dans la lune, dont elle dirige les mou-
gnées. » M. Saignes pense cependant que le son vements.
des cloches n’attire pas le tonnerre, parce que Clou. y a sur les clous quelques petites
Il

leur mouvement a peu d'intensité ; mais le bruit superstitions dont on fera son profit. Les Grecs
seul agite l'air avec violence, et le son du tam- modernes sont persuadés qu’en fichant le clou
1
Voyez, dans les Légendes d’Allemagne, de Raoul
1
L'abbé de Villars, dans le Comte de Gabalis. de Navêry, La cloche du prieur.

yogle
,

CLO — 175 - COC


d'un cercueil à la porte d’une maison infestée, heure, vous les verrez bêcher dans les veines
on en écarte à jamais les revenants et les fan- d’or ou d'argent, amasser ce qu’ils auront bê-
tômes. Boguct parle d’une sorcière qui, pour ché, et le mettre en des corbeilles et autres vais-
un clieval blessé, disait certains mots en forme seaux pour cet effet préparés, tourner la corde

d’oraison et plantait en terre un clou qu’elle ne et la poulie afin d’avertir ceux d'en haut de tirer
retirait jamais. Les Romains, pour chasser la le métal, cl fort rarement voit-on qu’ils offensent
peste, Gchaicnl un clou dans une pierre qui était les ouvriers ne sont grandement provoqués
, s’ils

au côté droit du temple de Jupiter; ils en faisaient de brocards, injures et risées dont ils sont im-
autant contre les charmes et sortilèges, et pour patients. Alors ils jetteront premièrement de la
apaiser les discordes qui survenaient entre les terre et de petits cailloux aux yeux des pion-
citoyens. « y en a pareillement qui, se voulant
Il niers, et quelquefois les blesseront'. »
prévaloir contre leurs ennemis, plantent un clou
dans un arbre. Or, quelle force peut avoir ce
clou ainsi planté ' ? i>

Clovis, fils du Chilpéric I". Il ne restait à


Chilpéric que ce fris de sa première femme. Le
jeune homme (utassez indiscret pour s’expliquer
sans ménagerewl sur Frédégonde , qu'il regar-
dait comme:son;ennemic. Elle résolut de se dé-
barrasser de lui. Clovis aimait une jeune fille de

basse extraction; un émissaire de Frédégonde


vint dire au roi que c’était la fille d’une magi-

; que Clovis avait employé les artifices de


cienne
cette femme pour se défaire de ses deux frères
(empoisonnés, à ce qu’on croit) , et qu’il tramait Les Allemands appellent ces mêmes démons
la mort de la reine. La vieille femme, mise il la familiers Kobold. l'oy. ce mot.

question, fut forcée d’avouer qu'elle était sor- Coboli, génies ou démons révérés par les an-
cière. Clovis, convaincu, se vit dépouillé de ses ciens Sarmates. Ils croyaient que ces esprits ha-
riches vêtements et conduit dans une prison, où bitaient les parties les plus secrètes des maisons,
des assassins le poignardèrent, si les historiens et même les fentes du bois. On leur offrait les

disent vrai ; et on fit accroire au monarque qu’il mets les plus délicats. Lorsqu’ils avaient l’inten-
s’était tué lui-mème. La magicienne , dont la fille tion de se fixer dans une habitation , ils en pré-
venait aussi d’étre mise à mort, fut épouvarttée venaient ainsi le père de famille : la uuit ils as-

de ses aveux qu’elle rétracta ; mais on se h à la semblaient des tas de copeaux et répandaient de
,

de lui imposer silence en la conduisant nu bû- la fiente de divers animaux dans les vases de
cher. C'est du moins ainsi que racontent les lait: gracieuses manières de s’annoncer. Si le

choses des chroniqueurs peu favorables, il est lendemain le maître de la maison laissait ces co-
vrai, à Frédégonde 1 .
peaux en un las, et faisait boire à sa famille le
Cluricaunes, esprits familiers un peu lutins lait ainsi souillé ,
alors les cobolis se rendaient

en Irlande. On en compte beaucoup d’histoires . 1 visibles et habitaient désormais avec lui ; mais
Cobales, génies malins et trompeurs de la s'il copeaux et jetait le lait, ils al-
dispersait les

suite de Bacchus, dont ils étaient à la fois les laientchercher un autre gite.
gardes et les bouffons. Selon Leloycr, les co- Les cobolis sont de l’essence des gobelins, des
bales, connus des Grecs, étaient des démons cobales , du kobold des Allemands des boggards ,

doux et paisibles, nommés par quelques-uns et des cluricaunes.

bonhomels ou petits bonshommes des mon- Cocconas. foy. Alexandre de Paphlagonie.


tagnes, parce qu'ils se montrent en vieux nains Cochon. F-st-il vrai, comme le croit le peuple,
de basse stature ils sont vêtus court demi-nus
; ,

la manche retroussée sur l'épaule, et portent un

tablier de cuir sur les reins.


« Cette sorte de démons est présentement assez
plaisante, car tantôt vous les verrez rire, tantôt
se gaudir, tantôt sauter do joie, et faire mille
tours de singe ;
ils contreferont et imiteront les
singes, et feront tant et plus les embesognés,
combien qu'ils ne fassent rien du tout. A cette
que de tous les animaux lecochon soit celui dont
1
Boguel, Discours des sorciers, ch. lx. de ressemblance avec
l'organisation ait le plus
a Sur le roi Clovis l rr , vovez ses légendes , dans
les Légendes de t histoire de France. Lcloyer, Histoire et discours des spectres, etc.,
1

> Voyez les Légendes des esprits et démens. p. 345, post Wierum, De præst lib. I, cap. xxu.
. ,

Digitized by Google
,

coc — 176 — COD


celle de l'homme? Sur ce point, dit M. Salgues, connaissant le sort qui le menaçait, il portait de-

on ne saurait mieux faire que de s'en rapporter puis quelque temps une calotte de fer, el qu'il ne
à Cuvier. Or, voici ce que lui ont révélé ses re- sortait qu'armé d’une épée à deux mains. On dit
cherches. L’estomac de l'homme et celui du co- encore que celui qui devait l'assassiner étant venu
chon n'ont aucune ressemblance dans l'homme, : le consulterpeuauparavanl.il lui prédit qu'avant

ce viscère a la forme d’une cornemuse dans le ;


vingt-quatre heures il se rendrait coupable d'un
cochon, il est globuleux; dans l'homme, le foie meurtre. Il est plus que probable que ces pro-
est divisé en trois lobes; dans le cochon, il est phéties n’ont été faites qu’après coup.
divisé en quatre dans l’homme, la raie est
:

courte et ramassée; dans le cochon, elle est lon-

gue et plaie; dans l’homme, le canal intestinal


égale sept è huit fois la longueur du corps; dans
le cochon , il égale quinze à dix-huit fois la même
longueur. Son cœur présente des différences no-
tables avec celui de l’homme ; et j'ajouterai, pour
la satisfaction des savants et des beaux esprits,

que le volume de son cerveau est aussi beaucoup


moins considérable, ce qui prouve que ses fa-
cultés intellectuelles sont inférieures à celles de
nos académiciens.
Il y aurait bien des choses à dire sur le cochon.
Le diable s’est souvent montré sous sa figure; et
elle est digne de lui. On conte à Naples qu'au-
trefois il apparaissait souvent avec cette forme C jelès a écrit sur la physiognomonie et la chi-
dans le lieu même où l'église de Sainte-Marie- romancie, mais son livre a subi des modifica-
Majeure a depuis été bâtie, ce qui réjouissait peu tions. L'édition originale est Physiognomonies ac :

les Napolitains. Dès que l'église fut commencée, chiromancies anaslaiis sive compendium ex plu-,

la singulière apparition ne se montra plus. C'est ribuset peut infinilis aucto ibus,cum approbations
en mémoire de cet événement que l'évêque Poin- Alriandri Achillini. Bologne, 1504, in-fol. La
ponius fit faire le pourceau de bronze qui est en- préface est d'Achillini.
core sur le portail de cette église. Camérarius Cocoto ,
démon succube, adoré aux Indes oc-
raconte que, dans une ville d'Allemagne un juif , cidentales, et mentionné par Bodin '.
malade étant venu chez une vieille, et lui ayant Cocyte, des fleuves de l’enfer desanciens.
l’un
demandé du lait de femme, qu’il croyait propre Il entourait le Tartarc, et n'était formé que des

à le guérir, la sorcière s’avisa de traire une truie larmes des méchanLs.


eten porta le lait an juif, qui le but. Ce lait com- Code des sorciers. Boguel, qui avait tant de
mençant à opérer, le juif s’aperçut qu'il grognait zèle pour l'extinction de la sorcellerie a mis à ,

et devina la ruse de la sorcière, qui voulait sans la lin de son Discours des sorciers une instruction

doute métamorphose des com-


lui faire subir la pour un juge en fait de sorcellerie. Cette pièce
pagnons d'L'lysse. du lait sans le
Il jeta le reste curieuse publiée en 1601 est divisée en quatre-
,
,

boire et incontinent tous les cochons du voisi-


, vingt-onze articles. On la connaît plus générale-
nage moururent ment sous le titre de Code des sorciers. En voici
Codés (Barthélemy) chiromancien du sei- , le précis :

zième siècle. 11 avait aussi des connaissances en Le juge du ressort instruit l'affaire et la juge,
astrologie et en physiognomonie. Il prédit à Luc sans suivre en cas pareil les formes ordinaires.
Gauric, célèbre astrologue du même temps, qu’il Ij présomption de sorcellerie suffit pour faire ar-
subirait injustement une peine douloureuse et in- rêter le suspect; l’interrogatoire doit suivre l’ar-
famante; et Luc Gauric fut en effet condamné au restation, parce que le diable assiste les sorciers
supplice de l'estrapade par Jean Bentivoglio, en prison. Le juge doit faire attention à la conte-
tyran de Bologne dont , il avait pronostiqué l’ex- nance de l’accusé, voir s’il ne jette point delartnes,
pulsion prochaine. s’il regarde à terre, s’il barbote à part, s'il blas-

Codés prophétisa qu'il serait lui-même as- phème ; tout cela est indice.
sassiné, et qu’il périrait d’encoup sur la tête. Souvent la lionte empêche le sorcier d’avouer ;

Son horoscope s'accomplit ponctuellement, car c’est pourquoi il est bon que le juge soit seul , et
Hermès de Bentivoglio, fils du tyran, ayant que le greffier soit caché pour écrire les réponses.
appris qu'il se mêlait aussi de prédire sa chute, Si le sorcier a devant lui un compagnon du sab-
le fit assassiner par un brigand nommé Caponi, bat, il se trouble. On doit le raser, afin de mettre
le 24 septembre 1504 On assure même que, à découvert le sort de taciturnilé. Il faut le visiter
1
Camérarius, Denat. et affect. dæmon., inproœmio. avec un chirurgien pour chercher les marques.
7 M. Salgues, Des erreurs et des préjugés. 1
Démonomanie liv. H, ch. vu.

Digitized by Google
. .

COD — 1 '7 — COL


Si l'accusé n’avoue pas, il faut le mettre dans quoique la pointe s'étende vers la circonférence
une dure prison et avoir gens affidés qui tirent du cadran.
de lui la vérité. Il y a des juges qui veulent qu'on Nous rappellerons que quelques hommes ont
promette le pardon, et qui ne laissent pas de eu le cœur velu. Voy. Ahistomène.
passer à l’exécution mais cette coutume me pa-; Cohoba ,
herbe dont les vapeurs enivraient
rait barbare. les Indiens d’Hispaniola jusqu'à les plonger dans
Le juge doit éviter la torture, elle ne fait rien l’extase.
sur le sorcier; néanmoins il est permis d'en On s'est formé
Coiffe. différentes idées sur la
user. membrane appelée coiffe, qui couvre quelquefois
Si le prévenu se trouve saisi de graisses, si le la tête des enfants lorsqu’ils sortent du sein de
bruit public l’accuse de sorcellerie , ce sont de leur mère. Les personnes superstitieuses la con-
grandes présomptions qu'il est sorcier. Les in- servent avec soin , comme un moyen de bon-
cs légers sont les variations dans les réponses, heur. et on dit d'un homme heureux qu'il est né
les yeux fixés en terre , le regard effaré. Les in- coiffé. On a même avancé que cette coiffe étend
dices graves sont la naissance, comme si, par ses effets favorables jusque sur ceux qui la por-
exemple, prévenu est enfant de sorcier, s’il
le tent avec eux. Sparlien parle de cette superstition
est marqué s'il blasphème. Le fils en tel cas
,
dans la vied'Antonin. Il dit que les sages-femmes
est admis à déposer contre son père. Les té- vendaient ordinairement ces coiffes naturelles à
moins reprochablesdoivent être entendus comme des jurisconsultes crédules, qui en attendaient
les autres; ou doit aussi entendre les enfants. d’heureux résultats pour leurs affaires. Ils étaient
Les variations dans les réponses du témoin ne persuadésque ce talisman leurferait gagner toutes
peuvent faire présumer en faveur de l’innocence les causes '. On se le disputait chez nous au

du prévenu, si tout l’accuse d'être sorcier. seizième siècle. Dans quelques provinces , on
La peine est le supplice du feu : on doit étran- croyait que la coiffe révélait une vocation à la vie

gler les sorciers et les briller après; les loups- monastique *. Les sages-femmes prédisaient aussi
garous doivent être brûlés vifs. On condamne jus- chez nos pères le sort de l’enfant qui apportait
tement sur des conjectures et présomptions; mais la coiffe sur la tête. Voy. Amniomancie. Avant
alors on ne brûle pas , on pend. Le juge doit as- que l'empereur Macrin montât sur le trône, sa
sister aux exécutions, suivi de son greffier, pour femme lui donna un fils qui naquit coiffé. On
recueillir les dépositions... prédit qu’il s’élèverait au rang suprême, et on le

Ce chef-d’œuvre de jurisprudence et d’huma- surnomma Diadematus. Mais quand Macrin fut


nité, ouvrage d’un avocat, reçut dans letemps tué, il arriva de Diadematus qu'il fut proscrit et

les suffrages des barreaux français. Boguetle dédia tué comme son père.
à Daniel Roinanez, avocat à Salins'. Coirières (Claude) , sorcière du seizième siè-
Codronchi (Baptiste), médecin d'Imola, au cle.Pendant qu’elle était détenue en prison elle ,

seizième siècle. Il a laissé un traité des années donna une cerlaine graisse à un nommé François
climatériques, de la manière d’en éviter le dan- Gaillard, pareillement prisonnier, lequel, s'en

ger et des moyens d’allonger sa vie ’. étant frotté les mains, fut enlevé de sa prison
,

Cœlicoles secte juive qui adorait les astres et par l’assistance du diable ,
qui toutefois le laissa
,

les anges gardiens des astres. reprendre ’.


Coeur. Des raisonneurs modernes ont critiqué Colarbase ,
hérétique Valentinien ,
qui prê-

ce qui est dit dans Y Eeclitiaste que le cœur du chait la cabale et l'astrologie comme sciences re-

sage est au côté droit, et celui de l’insensé au ligieuses. 11 était disciple de Valentin. Il disait que
côté gauche. Mais il faut entendre cette maxime la génération et la vie des hommes dépendaient
comme le mot de Jonas à propos de ceux des des sept planètes, et que toute la perfection et la
fiinivites qui ne savaient pas faire la différence plénitude de la vérité était dans l'alphabet grec,

entre leur main droite et leur gauche, c’est-à-dire puisque Jésus -Christ était nommé Alpha et

entre le bien et le mal. Que le cœur de l'homme Oméga *.

soit situé au cûlé gauche de la poitrine, c'est un Colas (Antide) , sorcière du seizième siècle,

sentiment qui, à la rigueur, peut être réfuté par qui, faisant commerce avec le diable, qu'elle

l’inspection seule , dit le docteur Brown ; car il


nommait Lizabet, fut appréhendée et mise en
est évident que la base et le centre du cœur sont prison sur l'avis de Nicolas Millière, chirurgien.
exactement placés au milieu. La pointe, à la vé- Elle confessa qu'étant détenue à Betoncourt, le

rité, inclinedu côté gauche; mais on dit de l’ai- diable s'était apparu à elle en forme d’homme
guille d'un cadran qu’elle est située au centre, noir et l’avait sollicitée à se jeter par une fenêtre
ou bien à se pendre; une autre voix l’en avait
' M. Jules Garinet Histoire de ,
la magie en France,
p. 3Î0.
1
Brown, Des erreurs populaires t. Il, p. 88.
1 De amis elimaterieis, nec non de ralime rilandi 2 Salgues, Des erreurs et des préjugés.
3
forum pericula ilemque de modis vilam producendi
, Boguet, Discours des sorciers, ch. lu, p. 3Î7.
4
commentarius. In-8°. Bologne, 4SiO. Bergier. Dictionnaire théologique.
t*

LiC
COL — 178 — COM
dissuadée. Couvaincue d'étre sorcière, mais aussi soigneusement elles répondaient d’une voix hu-
;

d’avoir commis beaucoup de lurpiludes, cette maine lorsqu'elles étaient consultées. Mais on lit
femme fut brûlée à Dôle en 1599 et c’est ainsi *
;
dans l’ausanias que c’étaient des femmes prê-
que se terminent ordinairement les histoires ra- tresses qu’on appelait colombes dodouicnncs. Les
contées par Boguet.
Colère bien des gens ont été possédés plus
,

ou moins grièvement dans un accès de colère.


Coleti (Étienne), auteur d'un livre intitulé
Manière de reconnaître et de délivrer let énergu-
mèna *.

Coley (Henry), astrologue anglais, mort en


1690. On a de lui la Clef des éléments de l'astro-
logie. Londres, 1675, in-8". C’est un traité com-
plet de cette science fantastique. On y trouve
Perses, persuadés que le soleil avait en horreur
l’art de dresser toutes sortes de thèmes d’horos-
les colombes blanches, les regardaient comme
copes, avec des exemples de nativités calculées.
des oiseaux de mauvais augure, et n'en souf-
Collanges (Gabriel de), mathématicien, né en
fraient point dans leur pays.
Auvergne en 1524. Il n’employa ses connais-
Colma, château fort sur le Danube, qui, se-
sances qu’à la recherche des secrets de la cabale
lon la tradition, est sorti de terre tout construit,
et des nombres. Il est traducteur de la Polggra-
par une puissance magique, comme autrefois
phie et universelle écriture cabalistique de Tri-
dans la mythologie grecque Pégase sous le pied
thème , Paris, 1561, in-4". On cite plusieurs ou-
de Minerve. Des savants disent qu'on réalité il a
vrages de lui , dont aucun n’a été imprimé , non
été bâti en une nuit par la puissante armée sar-
plus que sa version de la Philosophie occulte
mate du roi Deucaos.
d’ Agrippa. Il a laissé en manuscrit un Traité de

T heur et malheur du mariage.


Collehites, pierre que l’on assure être propre
à chasser les démons et à prévenir les charmes
mais on aurait dû la désigner.
Colleman (Jean), astrologue, né à Orléans;
le roi Charles VII en faisait grand cas. Louis XI,
dit-on , lui donna des pensions parce qu’il
,
lui

apprit à supputer des almanachs. que On dit


Colleman étudiait si assidûment le cours de la
lune qu’à force d'application il en devint lé-
,

preux *...
Collyre. On voit dans la Lyeanthropie de
Nynauld qu’un sorcier composait un certain col-
lyre avec le fiel d’un homme, les yeux d’un chat
noir et quelques autres choses que l'écrivain ne il mue» de Colma.
nomme pas; « lequel collyre appliqué aux yeux
faisait voir et apparaître en l’air ou ailleurs les
Colonne du diable. On conserve à Prague
ombres des démons. » trois pierres d’une colonne que le diable apporta

Colokyntho-Pirates, pirates nains fabuleux, de Rome pour écraser un prêtre avec lequel il

qui dans l'histoire véritable de Lucien navi- avait fait pacte, et le tuer [tendant qu’il disait la
, ,

guaient sur de grandes citrouilles ou coloquintes, messe. Mais saint Pierre, s'il faut en croire la lé-

longues de six coudées (trois mètres). Lors- gende populaire étant survenu jeta trois fois
, ,

qu’elles étaient sèches, ils les creusaient; les de suite le diable et sa colonne dans la mer, et
grains leur servaient de pierres dans les combats, cette diversion donna au prêtre le temps de se

et les feuilles de voiles, qu’ils attachaient à un repentir. Le diable en fut si désolé qu'il rompit

mât de roseau. la colonne et se sauva *.

Colombes. Il y avait dans le temple de Ju- Coltreni, lutins italiens, de l’espèce de nos
piter, à Dodone, des colombes que l'on gardait Gobclins.
Combadaxus, divinité dormante des Japo-
nais. C’était un bonze dont ils racontent l'anec-
1
Boguet, Discours des sorciers, ch. xm, p. 3*5.
2 Energumenos dignoscendi et liberandi ratio. Vé- dote suivante. « A huit ans il fit construire un
rone, 1 746. temple magnifique, et, prétendant être las de la
J Dclancrc, Tableo" del'inconst. des démons, etc.,
vie , il annonça qu'il voulait se retirer dans une
liv. IV, p. Î97.
4 caverne et y dormir dix mille ans : en consé-
Ancien manuscrit de la bibliothèque royale. Voyez
Joly, Remarques sur Bayle, a la On. 1
Voyages du docteur Patin.

Digitized by Google
.
, ,

COM — 179 — COM


qnence il
y entra; l'issuo fut scellée sur-le- rendent l’air plus subtil et moins dense dit-il ,

champ. l.cs Japonais le croient encore vivant, n en l’échauffant plus qu’à l’ordinaire les per- :

Combourg. » Les gens étaient persuadés (au sonnes qui vivent au sein de la mollesse, qui ne
sombre château de Combourg, en Bretagne) donnent aucun exercice à leur corps, qui se
qu’un certain comte de Combourg, à jambe de nourrissent trop délicatement, qui sont d'nnc
bois mort depuis trois siècles apparaissait â
, , santé faible, d'un âge avancé et d'un sommeil
certaines époques, et qu'on l’avait rencontré peu tranquille, souffrent dans un air moins
dans l'escalier de la tourelle. Sa jambe de bois animé et meurent souvent par excès de faiblesse.
se promenait aussi quelquefois, seule, avec un Cela arrive plutôt aux princes qu'à d’autres à ,

chat noir'. » cause du genre de vie qu'ils mènent; et il suflit


Comédiens. < Il serait bon, comme dit Bo- que la superstition ou l’ignorance aient attaché
guet de chasser nos comédiens et nos jongleurs,
, aux comètes un pouvoir funeste pour qu'on re-
attendu qu'ils sont pour la plupart sorciers et marque, quand elles paraissent, des accidenLs
magiciens n'ayaul d’autre but que de vider nos
,
qui eussent été fort naturels en tout autre temps.
bourses et de nous débaucher. » Boguel n'est — On ne devrait pas non plus s'étonner de voir
pas tout à fait dans son tort. à leur suite la sécheresse et la peste, puisqu’elles
Comenius (Joan-Amos), philologue du dix- dessèchent l’air et ne lui laissent pas la force
septième siècle. Il a laissé la Lumière dans les d'empêcher les exhalaisons pestiférées. Enfin les
ténèbres. Hollande, 1657, in-4*; idem, aug- comètes produisent les séditions et les guerres
mentée de nouveaux rayons, 1665, 2 vol. in-â", en échauffant le cœur de l’homme et en chan-
fig. C'est une traduction latine des prétendues geant les humeurs en bile noire. » On a dit de
prophéties et visions de Kotter, de Dabricius et Cardan qu'il avait deux âmes, l'une qui disait
de Christine Poniatowska, habiles gens que nous des choses raisonnables, l'autre qui ne savait
ne connaissons point. que déraisonner. Après avoir parlé comme on
Comètes. On a toujours vu dans les comètes vient de voir, l'astrologue retombe dans ses vi-
les signes avant-coureurs des plus tristes cala- sions. Quand une comète parait auprès de Sa-

mités. l'ne comète parut quand Xcrxès vint en turne, dit-il, elle présage la peste, la mort des
souverains pontifes et les révolution? dans les
gouvernements; auprès de Mars, les guerres;
auprès du soleil de grandes calamités sur tout
,

le globe; auprès de la lune, des inondations et

quelquefois des sécheresses; auprès de Vénus,


la mort des princes et des nobles; auprès de

Mercure, divers malheurs en fort grand nombre.


Wislon a fait de grands calculs algébriques
pour démontrer que les eaux extraordinaires du
déluge furent amenées par une comète, et que
Europe avec dix-huit cent mille hommes (nous quand Dieu décidera la fin du monde , ce sera
ne les avons pas comptés); elle prédisait la dé- une comète qui le brûlera....
faitede Salamine. Il en parut une avant la guerre Comiers (Claude), docteur en théologie,
du Péloponnèse; une avant la défaite des Athé- mort en 1693. Il est auteur d’un Traité de pro-
niens en Sicile une avant la victoire que les
; phéties, vatirinations , prédictions et proynosti-
Thébains remportèrent sur les Lacédémoniens; cations. Il a écrit aussi sur la baguette divina-
une quand Philippe vainquit les Athéniens; une toire et sur les sibylles.
avant la prise de Carthage par Scipion ; une Communisme, doctrine qui nie le péché ori-
avant la guerre civile de César et de Pompée; ginel, et par conséquent les démons; qui dé-
une à la mort de César une à la prise de Jéru-
; clare, d'après Jean-Jacques Rousseau, l’homme né
salem par Titus; une avant la dispersion de parfait; qui met tout en commun, qui donne à
l’empire romain par les Goths; une avant l’in- l'homme et à la femme tous les droits. C’est le

vasion de Mahomet, etc.; une enfin avant la résumé d'une foule d'hérésies et le procédé lo
chute du premier Empire. plus sûr pour ramener l'homme à l’état sauvage.
Tous les peuples regardent également les co- Les apotactiles, les bézards, les vaudois, les
mètes comme un mauvais présage; cependant, hussites et une foule d’autres sectes ont prêché
si le présage est funeste pour les uns il est heu- , cette doctrine sans pouvoir l’établir.
reux pour les autres, puisque en accablant ceux- Compltales fêtes des dieux lares ou lutins
,

ci d'une grande défaite , il donne 5 ceux-là une du foyer, chez les anciens Romains. On leur sa-
grande victoire. crifiait, dans l’origine, des enfants, auxquels

Cardan explique ainsi les causes de l’influence Bruttis substitua des têtes de pavots.
des comètes sur l’économie du globe. « Elles Comtes de l’enfer, démons d'un ordre su-
Mémoires tomo I". périeur dans la hiérarchie infernale, et qui com-
> Chateaubriand ,
t».

Digitized by Google
CON — 180 — CON
mandent de nombreuses légions. On les évoque mot et nomment conjuration leurs sortilèges
à toute heure du jour, pourvu que ce soit dans impies. Dans ce sens la conjuration est un com-
un lieu sauvage que les hommes n’aient pas cou- posé de paroles souvent sacrilèges et de céré-
tume de fréquenter monies détestables ou absurdes, adoptées par
Conclamation, cérémonie romaine du temps les sorciers pour évoquer les démons.
du paganisme. Elle consistait à appeler à grands
cris l’individu qui venait de mourir, afin d’ar-
rêter l’âme fugitive et de lui indiquer son che-
min ou de la réveiller si elle était encore trop
attachée au corps.
Condé. On lit dans une lettre de madame de
Sévigné au président du Monceau que, trois se-
maines avant la mort du grand Condé, pendant
qu’on l’attendait à Fontainebleau , M. de Vcr-
nillon, l’un de ses gentilshommes, revenant de
la chasse sur les trois heures, et approchant du

château de Chantilly (séjour ordinaire du prince),


vil, h une fenêtre de son cabinet, un fantôme
revêtu d'une armure qui semblait garder un
homme enseveli ; il descendit de cheval et s’ap- Conjuration des sorcières.
procha, le voyant toujours; son valet vit la
même chose et l’en avertit. Ils demandèrent la On commence par se placer dans le cercle
clef du cabinet au concierge ; mais ils en trou- magique (f'oy. Cf.ucle) puis on récite les for-
;

vèrent les fenêtres fermées et pn silence qui mules. Voici quelque idée de ces procédés. Nous
n’avait pas été troublé depuis six mois. On conta les empruntons aux Grimoires.
cela au prince, qui en fut un peu frappé, qui Conjuration universelle pour les esprits. — « Moi
s’en moqua cependant ou parut s’en moquer; (on se nomme), je te conjure, esprit (on nomme
mais tout le monde sut cette histoire et tremola l’espritqu'on veut évoquer), au nom du grand
pour ce prince, qui mourut trois semainesaprès. .. Dieu vivant de m’apparaltre en telle forme ( on
,

Condormants, sectaires qui parurent en Alle- l’indique); sinon saint Michel archange, in-
magne au treizième et au seizième siècle, et qui visible, te foudroiera dans le plus profond des
durent leur nom à l'usage qu'ils avaient de cou- enfers; viens donc (on nomme l’esprit), viens,
cher tous ensemble, sous prélexte de charité. Ils viens, viens pour faire ma volonté. >
adoraient une image de Lucifer et ils en tiraient Conjuration d'un livre magique. — a Je VOUS
des oracles, dans un bois voisin de Cologne. Les conjure et ordonne, esprits, tous et autant que
récits contemporains nous apprennent qu’un vous êtes, de recevoir ce livre en bonne part,
prêtre ayant apporté dans cette assemblée la afin que toutes les fois que nous lirons ledit livre,
sainte Eucharistie, l’idole se brisa en mille pièces. ou qu’on le lira étant approuvé et reconnu être
Confirentes, dieux des anciens dont parle en forme cl en valeur, vous ayez à paraître en
Arnobe et qui étaient dit Leloyer, des démons
, , belle forme humaine lorsqu'on vous appellera,
incubes. selon que le lecteur le jugera, dans toutes cir-
Confucius. On sait que ce philosophe est ré- constances. Je vous conjure de venir aussitôt
véré comme un dieu à la Chine. On lui offre sur- la conjuration faite, afin d'exécuter sans retar-
tout en sacrifice de la soie dont les restes sont dement tout ce qui est écrit et mentionné en
distribués aux jeunes filles, dans la persuasion son lieu dans cedit livre vous obéirez vous : ,

où l’on est que, tant qu’elles conservent ces pré- servirez enseignerez , donnerez , ferez tout ce
,

cieuses amulettes, elles sont à l’abri de tous dan- qui est en votre puissance , en utilité de ceux
gers. qui vous ordonneront, le tout sans illusion. — Et
Conjurateurs, magiciens qui s’attribuent le si par hasard quelqu'un des esprits appelés
pouvoir de conjurer les démons et les tempêtes. parmi vous ne pouvait venir ou paraître lors-
Conjuration, exorcismes, paroles et céré- qu’il seraitrequis, il sera tenu d’en envoyer
monies par lesquelles on chasse les démons. d'autres revêtus de son pouvoir, qui jureront
Dans l’Église romaine, pour faire sortir le démon solennellement d'exécuter tout ce que le lecteur
du corps des possédés, on emploie certaines for- pourra demander, en vous conjurant tous par
mules ou exorcismes, des aspersions d'eau bé- les très-saints noms du tout-puissant Dieu vi-
nite, des prières et des cérémonies inslituées à vant, etc »
ce dessein *. —
Les personnes superstitieuses et Conjuration des démons. — « Alerte, venez
criminelles qui s’occupent de magie abusent du tous, esprits. Par la vertu et le pouvoir de votre
1 tVicrus,
in Pseudomoiutrchia dœtnon. roi , et par les sept couronnes et chaînes de vos
a Bergier, Dictionnaire
tliéoloyique. rois, tous esprits des enfers sont obligés d'ap-

Digitized by CjOOdlC
— —
,

CON — 181 — CON


paraître à moi devant ce cercle , quand je les 1
lera la conjuration suivante : o Jo te conjure,
appellerai. Venez tous à mes ordres pour faire Nabam , au nom de Satan , aunom de Belzébuth
tout ce qui est eu votre pouvoir, étanL recom- au nom d’ Astaroth et au nom de tous les es-
mandés; venez donc de l'orient, midi, occident prits, etc. »
et septentrion; je vous conjure et ordonne, par le dimanche , à Aquiel. Cette expérience
Pour
la vertu et puissance de celui qui est Dieu , etc. » se fait la nuit, de minuit à une heure; il deman-
Conjuration pour chaque jour de la semaine .
dera un poil de votre tête ; il lui faut donner un

Pour le lundi , à Lucifer. Cette expérience se poil de renard; il le prendra. On écrira dans le
fait souvent depuis onze heures jusqu’à douze, cercle: «Viens, Aquiel; viens, Aquiel; viens,
et depuis trois heures jusqu’à quatre. Il faudra Aquiel. > Ensuite on récitera la conjuration sui-
du charbon, de la craie bénite pour faire le vante : « Je te conjure, Aquiel, par tous les
cercle, autour duquel on écrira : « Je te défends, noms écrits dans ce livre, que sans délai tu sois
Lucifer, par le nom que tu crains ,
d’entrer dans ici tout prêt à m’obéir, etc. #
ce cercle. • Ensuite on récite la formule sui- Conjuration très-forte, pour tous les jours et à
vante : h Je te conjure, Lucifer, par les noms toute heure du jour et de la nuit, pour les trésors
ineffables On, Alpha, Ya, Rey, Sol, Mossias, cachés tant par les hommes que par les esprits .

Ingodutn, etc., que lu aies à faire, sans me « Je vous commande, démons qui résidez en ces
nuire (on désigne sa demande). » lieux, ou en quelque partie du monde que vous
Pour mardi, à Nambroth. Cette expérience
le soyez, et quelque puissance qui vous ait été don-
se fait la nuit , depuis neuf heures jusqu’à dix ; née de Dieu et des saints anges sur ce lien même,
on doit donner à Nambroth la première pierre je vous envoie au plus profond des abîmes infer-
que l'on trouve, pour être reçu de lui en dignité naux. Ainsi , allez tous , maudits esprits et dam-

et honneur. On procédera de la façon du lundi ; nés, au feu éternel qui vous est préparé et à tous
on fera un cercle autour duquel on écrira : vos compagnons. Si vous m’étes rebelles et dés-
u Obéis-moi Nambroth , obéis-moi , par le nom
, obéissants, je vous contrains et commande par
que tu crains. » On récite à la suite cette for- toutes les puissances de vos supérieurs démons
mule u Je te conjure, Nambroth, et te com-
: de venir, obéir et répondre positivement à ce
mande par tous les noms par lesquels tu peux que je vous ordonnerai au nom de J.-C., etc. •
être contraint et lié de faire telle chose. » Voy. Pierbe d'Apone, etc.
Pour le mercredi, à Astaroth. Cette expérience Nous n’avons fait qu’indiquer ces stupidités
se fait la nuit, depuis dix heures jusqu’à onze; inconcevables. Les commentaires sont inutiles.
on le conjure pour avoir les bonnes grâces du l'oy. Évocations.
prince et des autres. On écrira dans le cercle : Conjureurs de tempêtes. Les marins su-
« Viens, Astaroth; viens, Astaroth; viens, As- perstitieux donnent ce nom à certains êtres, ma-
taroth ; > ensuite on récitera cette formule : « Je rins comme eux, mais en commerce avec le
te conjure, Astaroth, méchant esprit, par les diable, de qui ils pouvoir de com-
obtiennent le
paroles et les vertus de Dieu , etc. » mander aux vents. Ce pouvoir réside dans un
Pour le jeudi à Achatn. Cette expérience se
, anneau de fer qu’ils portent au petit doigt de la
fait lanuit, de trois heures à quatre; il parait main droite, et il tes soumet à certaines condi-
en forme de roi. Il faut lui donner un morceau tions , comme de faire des voyages qui ne dépas-
de pain lorsqu’on veut qu’il parte. On écrira au- sent pas un mois luuaire.de n'étre jamais à terre
tour du cercle : « Par le Dieu saint Nasim, — , plus de trois jours. Si ces conditions n'ont pas
7, 7, H. M. A. » ensuite on récitera la formule
; été observées, on n’apaise l’esprit mattre de
qui suit: < Je le conjure, Achain; je te com- l’anneau qu'en luttant avec lui , ce qui est pé-
mande par tous les royaumes de Dieu agis je , ,
rilleux, ou en jetant un homme à la mer.
t’adjure , etc. » Constantin. Tout le monde sait que, frappé
Pour le vendredi, à Béchet. Cette expérience de l’apparition d'une croix miraculeuse et de
se fait la nuit, de onze heures à douze; il lui l’avis qui lui était donné qu’il vaincrait par ce
faut donner une noix. On écrira dans le cercle : signe, Constantin le Grand se convertit et mit la
< Viens, Béchet ; viens, Béchet ; viens, Béchet; » croix sur ses étendards.
et ensuite on dira cette conjuration : « Je te con- Jusqu'au seizième siècle, aucun écrivain n’a-
jure, Béchet, et te contrains de venir à moi ;
je vait attaqué la de Constantin; tous les
vision
te conjure derechef de faire au plus tôt ce que je monuments contemporains attestent ce miracle.
veux qui eàt, etc. »
,
Mais les protestants , voyant qu’il pouvait servir
Pour le samedi à Nabam. Cette expérience se
, à autoriser le culte de la croix, ont entrepris
fait de nuit, de onze heures à douze, et sitôt d’en faire une ruse militaire Les philosophes
qu’il parait il faut lui donner du pain brillé et lui du dernier siècle n’ont pas manqué de copier
demander ce qui lui fait plaisir. On écrira dans leurs déraisonnements.
son cercle u N’entre pas , Nabam n'entre pas,
: ; J. -B. Duvoisin, évêque de Nantes, et l’abbé

Nabam ; n'entre pas Nabam ; > et puis on réci- de l'Eslocq, docteurs en Sorbonne, ont publié

ale
CON — 182 — CON
des dissertations sur la vision de Constantin qui ,
1 l’on dit que nos campagnes sont en progrès, de-
a au moins cela pour elle qu’elle n'a été con- puis qu’on y des journaux démolisseurs.
lit

testée qu’après plus de douze siècles par des Convulsions. Au neuvième siècle, des per-
gens intéressés à tout nier. sonnes suspectes déposèrent dans une église de
« Combien de remarques ne pourrait-on pas Dijon des reliques qu’elles avaient, disaient-elles,
ajouter, dit Lenglet-Dufresnoy dans son Traité apportées de Rome et qui étaient d'un saint dont
,

îles visions. On peut voir ce qu’ont dit de celle-ci elles avaient oublié le nom. L'évéque Théobald
le savant père Pagi sur Baronius, et Tillemont refusa de recevoir ces reliques sur une allégation
dans son histoire. Ces témoignages rendus à la aussi vague. Néanmoins, elles faisaient des pro-
vérité par de tels écrivains doivent l’emporter sur diges. Ces prodiges étaient des convulsions dans
les doutes des critiques à qui rien ne plaît que ceux qui venaient les révérer. L’opposition de
ce qui part de leur incrédule imagination. Vo- l’évéquefit bientôt de ces convulsions une épidé-

lontiers pour se distinguer du commun ils adop- ,


mie les femmes surtout s’empressaient de leur
;

tent des fables qui peuvent préjudicier à quelque donner de la vogue. Théobald consulta Amolon,
doctrine généralement avouée mais ils se gar- ;
archevêque de Lyon, dont il était sulfragant.
dent bien de croire des points d'histoire, appuyés « Proscrivez, lui répondit l’évêque, ces fictions
sur les preuves communément reçues dans la infernales, ces hideuses merveilles, qui ne peu-
discussion des faits historiques. » vent être que des prodiges et des impostures.
Constantin Copronyme empereur icono- ,
Vit-on jamais, aux tombeaux des martyrs, ces
claste de Constantinople. Il était, dit-on, magi- funestes prodiges qui , loin de guérir les malades,
cien; il conjurait habilement les démons, ditLe- font souffrir les corps et troublent les esprits?
loyer ; il évoquait les morts et faisait des sacri- Celle espèce de manie fanatique se renouvela
fices détestables et invocations du diable. 11 mou- quelquefois; elle fit grand bruit au commence-
rut d'un feu qui le saisit par tout le corps ,
et ment du dix-huitième siècle; et on prit encore
dont la violence était telle qu'il ne faisait que pour des miracles les convulsions, les contor-
crier'. sions et les grimaces d’une foule d’insensés. Les
Constellations. Il y en a douze, qui sont les gens mélancoliques et atrabilaires ont beaucoup
douze signes du zodiaque et que les astrologues ,

appellent les douze maisons du soleil savoir le ,


:

bélier, le taureau, les gémeaux, l’écrevisse, le


lion, la vierge, la balance, le scorpion, le sagit-
taire , le capricorne , le verscau et les poissons.
On les désigne très-bien dans ces deux vers tech-
niques ,
que tout le monde connaît :

Surit arics, tau rus, gemini, cancer, leo, virgo,


Libraque, scorpius, arcitenena, capcr, amphora, pi&ces.

On dit la bonne aventure par le moyen de ces


constellations. Voy. Horoscopes et Astrologie.
Contre - Charmes ,
charmes qu’on emploie
pour détruire l'effet d’autres charmes. Quand les

charmeurs opèrent sur des animaux ensorcelés,


ils font des jets de sel préparés dans une écuelle

avec du sang tiré d'un des animaux maléficiés.


Ensuite ils récitent pendant neuf jours certaines
formules. Voy. Gratianne, Amulettes, Sort, Contultionnairca du cimetière Saint-ilcdard.
Maléfices, Ligatures, etc.
Contre - Sorciers ,
nom que prennent des de dispositions à ces jongleries. Si, dans le temps
charlatans d'un genre spécial, qui se donnent surtout où leur esprit est dérangé, ils s’appli-
pour maîtres en fait de sorcellerie et se présen- quent ii rêver fortement, ils finissent toujours
tent comme ayant le pouvoir d'anéantir les ma- par tomber en extase, et se persuadent qu’ils
léfices. Deux hommes de ce genre ont exploité peuvent ainsi prophétiser. Cette maladie se com-
tout récemment une commune de l'Aube où ils munique aux esprits faibles, et le corps s'en res-
prétendaient que l’épizootie qui y régnait n’était sent. De là vient, ajoute Brueys', que, dans le
qu’un ensorcellement. Ils ne guérirent aucune fort de leurs accès, les convulsionnaires se jettent
bète et tirèrent des bonnes gens beaucoup d'écus. par terre , où ils demeurent quelquefois assoupis.
Le tribunal d’Arcis-sur-Aube les a condamnés à D'autres fois, ils s'agitent extraordinairement; et
dix-huit mois de prison, le 3 juillet 1857. Et — c’est en ces différents états qu’on les entend par-
ler d’une voix étouffée et débiter toutes les
1
Leloyer, Histoire des spectres et des apparitions
des esprits, liv. IV, ch. vi, p. 30Ï. 1
Préface de YHisloire du fanatisme.

Digitized by Googli
, , ,

COP — 183 — COR


extravagances dont leur folle imagination est turnes, les sorciers, instruits par le diable, ont
remplie. Tout le inonde a entendu parler des soin de lui frotter la tête et le front d'huile d’olive,
convulsions et des merveilles absurdes qui curent ou de lui meure au cou un collier de sarment.
lieu dans la capitale de la France, sur le tom-
, Beaucoup d'idées superstitieuses se rattachent h
beau du diacre inconnu pendant
Paris, homme cet oiseau, symbole du courage et de la vigilance,
sa vie, et trop célèbre après sa mort*. [.a fré- vieil emblème des Gaulois. On dit qu'un jour

nésie fanatique alla si loin que le gouvernement


,
Vitellius rendant la justice à Vienne en Dauphiné
fut obligé, en 1732, de fermer le cimetière Saint- un coq vint se percher sur son épaule ses de- ;

Médard où , Péris était enterré. Sur quoi un'plai- vins décidèrent aussitôt que l’empereur tombe-
saut fit ces deux vers : rait sûrement sous un Gaulois; et, en effet, il fut
vaincu par un Gaulois de Toulouse.
De par défense à Dieu,
le roi,
D'opérer miracle en ce lieu.
On devinait les choses futures par le moyen
du coq. Voy. Alectryomancie. On dit aussi qu'il
Dès lors les convulsionnaires tinrent leurs se forme dans l’estomac des coqs une pierre
séances dans des lieux particuliers et se don- qu'on nomme pierre alectorienne, du nom grec
nèrent en spectacle certains jours du mois. On de l'animal. Les anciens accordaient à celle pierre
accourait pour les voir, et leur réputation sur- la propriété de donner -le courage et la force :
passa bientôt celle des bohémiens ;
puis elle c’est à sa vertu qu’ils attribuaient la force pro-
lomlia , tuée par l'excès et le ridicule. digieuse de Milon de Crolone. On lui supposait
Copernic, astronome célèbre, mort en 1543. encore le don d’enrichir, et quelques-uns la re-
On communément que son système fut con-
dit gardaient comme un philtre qui modérait la soif.
damné par la cour de Rome ce qui est faux et : On pensait autrefois qu’il y avait dans le coq des
conlrouvé. Il vivait à Rome d'un bon canonicat vertus propres à la sorcellerie. On disait qu’avant
et y professait librement l’astronomie. Mais voyez d’exécuter ses maléfices, Léonora Galigal ne
à ce sujet l'article Galilée. mangeait que des crêtes de coq el des rognons
Coq. Le coq a , dit-on , le pouvoir de mettre de bélier qu’elle avait fait charmer. On voit dans
en fuite les puissances infernales; et comme on les accusations portées contre elle qu’elle sacri-
a remarqué que le démon , qu’on appelle le lion fiait des coqs aux démons 1 .
d'enfer, disparait dès qu’il voit ou entend le coq, Certains juifs, la veille du ebipur ou jour du
on a répandu aussi cette opinion que le chant ou pardon chargent de leurs péchés un coq blanc
,

la vue du coq épouvante et fait fuir le lion. C'est qu’ils étranglent ensuite, qu’ils font rôtir, que
du moins le sentiment de Pierre Delancre. « Mais personne ne veut manger, et dont ils exposent
il faut répondre à ces savanLs, dit M. Salgues’, les entrailles sur le toit de leur maison. On sacri-
que nous avons des lions dans nos ménageries ; fiait, dans certaines localités superstitieuses , un

qu'on leur a présenté des coqs que ces coqs ont ; coq à saint Christophe, pour en obtenir des gué-
chanté, et qu’au lieu d’en avoir peur, les lions risons. On croyait enfin que les coqs pondaient
n'ont témoigné que le désir de croquer l'oiseau des œufs, et que, ces œufs étant maudits, il en
chanteur; que toutes les fois qu'on a mis un coq sortait un serpent ou un basilic. « Cette supers-
dans la cage d’un lion loin que le coq ail tué le
, tition fut très-répandue en Suisse et dans une
;

lion ,
c'est au contraire le lion qui a mangé le petite chronique de Bâle, Gross raconte sérieu-
coq. > On
Sait que tout disparaît au sabbat aussi- sement qu’au mois d’août 1474 un coq de cette
tôt coq chante. On cite plusieurs exemples
que le ville ayant été accusé et convaincu de ce crime
,

d'assemblées de démons et de sorcières que le fut condamné à mort. Le bourgeois le brûla pu-
premier chant du coq a mises en déroule ; on dit bliquement avec son œuf, dans un endroit nommé
même que ce son, qui est pour nous, par une Kablenberg, à la vue d’une grande multitude de
sorte de miracle perpétuel , une horloge vivante personnes’. » l'oy. Basilic, Mariage, etc.
force les démons, dans les airs, à laisser tomber Corail. Quelques auteurs ont écrit que le co-
ce qu'ils portent : c’est à peu près la vertu qu’on rail a la vertu d’arrêter le sang et d’écarter les
attribue au son des cloches. Pour empêcher le mauvais génies. Marsilc Ficin prétend que le co-
coq de chanter pendant leurs assemblées noc- rail éloigne les terreurs paniques et préserve de

la foudre et de la grêle. Luceti en donne cette


* Carré de Mongeron a recueilli ces merveilles en
raison que le corail exhale une vapeur chaude
trois gros volumes in-i", avec figures. Voici un de
,

qui, s'élevant en l’air, dissipe tout ce qui peut


ces miracles rapporté dans une chanson de madame
la duchesse du Maine : causer la grêle ou le tonnerre. Brown dans, ses

Un décrotenr à U royal® Estais sur Us erreurs populaires, dit qu’il est


Du talon gauche estropié. tenté de croire que l’usage de mettre des colliers
Obtint, par giàce sjeciaie,
D’éue boiteux de l'autre pté. de corail au cou des enfants, dans l’espérance
de leur faire sortir les dents, a une origine su-
Voyez le cimetière de Saint-Médard, dans les
Manules infernales .
1
M. Garinct Hisl. de la magie en France, p.
,
1 00
* Dis erreurs el des préjugés, etc., préface. 2 Dictionnaire d'anecdotes suisses, p. Ht.
COR — 184 — COR
perstitieuse, et que l’on se servait autrefois du corbeau , était par ce moyen instruit des choses
corail comme d’une amulette ou préservatif contre les plus cachées.
les sortilèges. Hésiode avance que la corneille vit huit cent
Corbeau, oiseau de mauvais augure, qui, soixante-quatre ans, tandis que l'homme ne doit
vivre que quatre-vingt-seize ans, et il assure
que le corbeau vit trois fois, plus que la cor-
neille, ce qui fait deux mille cinq cent quatre-
vingt-douze ans. On croit dans la Bretagne
que deux corbeaux président à chaque maison,
et qu’ils annoncent la vie et la mort. Les habi-
tants du Finistère assurent encore que l'on voit
sur un rocher éloigné du rivage les âmes de
leur roi Gralon et de sa fille Dahut qui leur ap-
paraissent sous la forme de deux corbeaux elles ;

disparaissent à l'œil de ceux qui s’en approchent


l'oy. Odix, Cicéron, Augures, Artbus, etc.

Corbeau noir. l’oy. Calice ou sabbat.


Corde de pendn. Les gens crédules préten-
daient autrefois qu'avec de la corde de pendu on
échappait â tous les dangers et qu’on était heu-
reux au jeu. On n'avait qu'â se serrer les tempes
avec une corde de pendu pour se guérir de la
migraine. On portait un morceau de cette corde
dans sa poche pour se garantir du mal de dents.
Enfin, on se sert de cette expression prover-
biale, avoir de la corde de pendu, pour indiquer
un bonheur constant, et les Anglais du menu
peuple courent encore après la corde de pendu ’.
Cordeliers d’Orléans. On a fait grand bruit
de l'adaire des Cordeliers d'Orléans qui eut lieu ,

sous François I". Les protestants s’en empa-


rèrent et d'un tort qui est assez mal établi , on
;

fit un crime aux moines. C'était peut-être faire

leur éloge que de s'étonner qu’ils ne fussent pas


tous des anges. Voici l’histoire. Le seigneur de
dans les idées superstitieuses , annonce des mal- Saint -Mesmin, prévôt d’Orléans, qui donnait
heurs et quelquefois la mort. 11 a pourtant des dans les erreurs de Luther, devint veuf. Sa
qualités merveilleuses. Ijc livre des Admirables femme était comme lui luthérienne en secret. Il
secrets d’Albert le Grand dit que,
si l'on fait cuire la fit enterrer sans flambeaux et sans cérémo-

ses oeufs, et qu’ensuite on les remette dans le nies. Elle n'avait pas reçu les derniers sacre-
nid où on les aura pris, aussitôt le corbeau s’en ments. Le gardien et le custode de» cordeliers
ira dans une Ile où Alogricus, autrement appelé d'Orléans, indignés de ce scandale, firent cacher,
Alruy, a été enseveli, et il en apportera une dit-on un de leurs novices dans les voûtes de
,

pierre avec laquelle, touchant ses œufs, il les l'église,avec des instructions. Aux matines, ce
fera revenir dans leur premier état ; a ce qui est novice du bruit sous les voûtes. L'exorciste,
fit

tout à fait surprenant ». Cette pierre se nomme qui pouvait bien n’ôlre pas dans le secret, prit
pierre indienne, parce qu'elle se trouve ordinai- le rituel, et croyant que c'était un esprit, lui de-
rement aux Indes. On a deviné, par le chant du manda qui il était? Point de réponse. S'il était —
corbeau, si son croassement peut s'appeler chant. muet? —
Il frappa trois coups.

M. Bory de Saint-Vincent trouve que c'est un On n'alla pas plus loin ce jour-lâ. Le lende-
langage. On l'interprétait en Islande pour la con- main et le surlendemain le même incident se ;

naissance des affaires d'État. Les Islandais croient répéta. —


Fantôme ou esprit, dit alors l’exor-
le corbeau instruit de tout ce qui se passe au ciste es-tu l'âme d’un tel ?
,

Point de réponse.
loin; il annonce l'avenir, disent-ils; il prévoit — D’un tel. —
Point de réponse. On nomma —
surtout les morts qui doivent frapper une fa- successivement plusieurs personnes enterrées
mille : alors il vient se percher sur le toit de la dans l'église. Au nom de Louise de Mareau,
maison, d’où il part pour faire le tour du cime- femme de François de Saint -Mesmin, prévôt
tière, avec un cri continu et des inflexions de d’Orléans, l'esprit frappa trois coups. — Es-tu
voix. Les Islandais disent encore qu’un de leurs 1
Cambry, Voyage dans le Finistère, t. II , p. 16t.
savants, qui avait le don d'entendre l'idiome du 5 Salgues, Des erreurs et des préjugés, 1. 1, p. 133.

Digitized by C ,ooqI
, , , ,

con — 185 — cos


dans les flammes. —
Trois coups. Es-tu dam- — de Lavardin amena au roi un homme sauvage
née pour avoir partagé les erreurs de Luther? qui portait des cornes. On montrait à Paris, en
— Trois grands coups... 1699, un Français, nommé Trouillon, dont le
Les assistants étaient dans l'effroi. On se dis- front était armé d’une corne de bélier '. Voyez
posait à signifier au seigneur de Saint- Mesmin Cippus.
l'ordre d’enlever de l’église sa luthérienne; mais Dans le royaume de Naples et dans d’autres
il ne se déconcerta pas. 11 courut à Paris et ob- contrées , les cornes passent pour un préservatif
tint des commissaires du conseil d’Étal un arrêt contre les sortilèges. On a dans les maisons des
qui condamnait huit Cordeliers d'Orléans à faire cornes ornées; et dans la rue ou dans les con-
amende honorable pour avoir supposé de fausses versations, lorsqu’on soupçonne un sorcier, on
apparitions (1535). lui fait discrètement des contes avec les doigts
Cette faute (s'il y a eu faute) était individuelle, pour paralyser ses intentions magiques. On pend
et les huit condamnés, dont deux seulement au cou des enfants, comme ornement, une paire
étaient coupables, le gardien et le custode, de petites cornes.
furent bannis sans que personne appelât ni ré- Cornet d’Oldenbourg. Voy. Oldenbourg.
clamât. Cornouailles. Les habitants de ce comté disent
Coré, compagnon de Dathan et d'Abiron. Les qu’il doit son nom au petit chevalier Corinéus,
mahométans, qui le confondent avec le batelier qui a tué Gog et Magog, auprès de Plymouth.
Charon, le font cousin germain de Moïse, qui, le Corsned, sorte d'épreuve chez les Anglo-
voyant pauvre, lui enseigna l'alchimie, par le Saxons, qui consistait à faire manger par l’accusé
moyen de laquelle il acquit de si grandes richesses à jeun une once de pain ou de fromage consacré
qu’il lui fallait quarante chameaux pour porter avec beaucoup de cérémonies. Si l’accusé était
son or et son argent. Il y en a qui prétendent coupable, cette nourriture devait l'étouffer en
même que plusieurs chameaux étaient chargés s'arrêtant dans le gosier; mais si elle passait
seulement des clefs de ses coffres-forts. aisément, l’accusé était déclaré innocent
Moïse ayant ordonné aux Israélites de payer la Corybantiasme , espèce de frénésie. Ceux
dlme de tous leurs biens (nous suivons toujours qui en étaient attaqués s’imaginaient voir des
les auteurs musulmans), Coré refusa d'obéir, se fantômes et entendre continuellement des sif-
souleva même contre son bienfaiteur jusqu’à ré- flements. Ils ouvraient les yeux lorsqu’ils dor-
pandre sur lui des calomnies qui compromet- maient Ce délire sanguin a été souvent jugé
taient son autorité parmi le peuple, si Moïse ne possession du diable par les démonomanes.
s'en fût plaint à Dieu, qui punit l'ingrat; la terre Cosingas, prince des Cerrhéniens, peuples
l’engloutit, comme on
sait, avec ses adhérents. de Thrace, et prêtre de Jutton. Il s'avisa d'un
Corneille. Le chant de la corneille était re- singulier expédient pour réduire ses sujets re-
gardé par les anciens comme un très-mauvais belles. Il ordonna d’attacher plusieurs longues
présage pour celui qui commençait une entreprise, échelles les uues aux autres, et fit courir le bruit
lis l’invoquaient cependant avant le mariage, qu'il allait monter au ciel vers Junon pour lui
, ,

parce qu'ils croyaient que les corneilles, après demander raison de la désobéissance de son
la mort de l’un ou de l’autre dans chaque couple peuple. Alors les Thraces, superstitieux et gros-
observaient une sorte de veuvage. Voy. Corbeau, siers, se soumirent à Cosingas et s’engagèrent
Accuses, etc. Les sorcières ont eu quelquefois par serment à lui rester fidèles.
des corneilles à leur service, comme on ie voit Cosmas, voyageur du sixième siècle, sur-
dans plusieurs légendes'. nommé Indiropleustès parce qu’il avait beau-
Cornélius prêtro païen de Padoue , dont parle
,
coup navigué dans l'Inde, a laissé une bizarre
Aulu-Gelle. Il avait des extases et son àme voya- topographie où il établit que la terre est un carré
geait hors de son corps le jour de la bataille de
; long, le firmament un cintre supporté par des
Pharsale, il dit en présence de plusieurs assis- voûtes immenses. Il pose la terre sur une mon-
tants qu’il voyait une forte mêlée désignant les , tagne renversée qui n'est visitée que par les
vainqueurs et les fuyards; et à la fin il s'écria astres dans leur tour journalier. Mabillon a pu-
,

tout à coup que César avait vaincu '. blié ce livre curieux en 1707.
Cornes. Tous les habitants du ténébreux em- Dans ce livre où le monde est comparé à un
,

pire portent des cornes c’est une partie essen-


; grand coffre, Cosmas dit, entre autres faits singu-
tielle de l'uniforme infernal. liers, que le soleil, la lune et les autres astres

On a vu des enfants avec des cornes, et Bar- sont conduits chacun par un ange, et que ce sont
tholin cite un religieux du monastère de Saint- d'autres anges qui préparent la pluie et les orages,
Justin qui en avait deux à la tête. Le maréchal qui distribuent le chaud, le froid, la neige, la
rosée, les brouillards, etc. —
Ne nous étonnons
1
Voyez, dans les Légendes infernales, la Corneille
pas de ces opinions. Sous Philippe Auguste le
de Barklay.
* Leloyer, Histoire des spectres, ou Apparitions 1
M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. 111,

des esprits liv. IV, cb. xxv, p. 456. p. 418.


cos — 186 — COU
vulgaire croyait encore que la terre était carrée. maladies. Leur corps est à l'épreuve du poison
Cosquinomancie ou Coscinomancie, sorte et de tous les accidents.
de divination qui se pratique au moyen d'un Coudais, dieux des Tartares de l'Altaï en Si-
crible, d’un sas, ou d'un tamis. On met un crible bérie. Ils sont au nombre de sept tous géants de ,

sur des tenailles, qu’on prend avec deux doigts; forme humaine, assez peu puissants et assez peu
ensuite on nomme les personnes soupçonnées de honorés.
larcin ou de quelque crime secret, et on juge Coudrier. Les branches de cet arbre ont servi
coupable celle au nom de qui le crible tourne ou à quelques divinations, Voy Bagcette divisa- .

tremble, comme si celui qui tient les tenailles toibe.


ne pouvait pas remuer le crible à sa volonté ! Couleurs. Pline le naturaliste nous apprend
Au lieu du crible, on met aussi (car ces divi- que les anciens tiraient des augures et des pré-
nations se pratiquent encore) un tamis sur un sages de la couleur des rayons du soleil de la ,

pivot, pour connaître l'auteur d'un vol; on lune, des planètes, de l’air, etc. Le noir est le
nomme de même les personnes soupçonnées, et signe du deuil, dit Rabelais, parce que c'est la
le tamis tourne au nom du voleur. C'est ce qu’on couleur des ténèbres, qui sont tristes, et l’opposé
appelle dans les campagnes tourner le sas. Cette du blanc, qui est la couleur de la lumière et de
superstition est surtout très- répandue dans la la joie.

Bretagne loy Crible.


1
, . Coumbhacarna, géant de la mythologie in-
Cossen rocher du FicHtelberg que les Alle-
, ,
dienne, qui était si vorace qu'on craignait qu’il
mands disent être le sommet du haut duquel le ne dévorât la terre. Il fut tué par Rama.
diable montra à Notre-Seigneur tous les royaumes Coupe (divination par la), en très-usitée
de la terre. Égypte dès le temps de Joseph, employée encore
Côte. Dieu prit une côte d’Adam pour en faire aujourd’hui, l'oy. Hyoromaxcie.
notre mère Ève. Mais il ne faut pas croire pour Coups. F.n 1582, dit Pierre Delancre', il ar-
cela,comme fait le vulgaire, que dans les des- riva qu’à Constantinople, à Rome et à Paris, cer-
cendants d'Adam les hommes ont une côte de tains démuns et mauvais esprits frappaient des
moins que les femmes. coups aux portes des maisons ; c'était un indice
Cou. On regardait chez les anciens comme un de la mort d’autant de personnes qu'il y avait
augure favorable une palpitation dans la partie de coups.
gauche du cou et comme funeste celle qui avait
, Cour infernale. Wierus cl d'autres démono-
lieu dans la partie droite. manes, versés dans l’intime connaissance des
Couberen, idole de l'Inde, qui donne les ri- enfers, ont découvert qu’il y avait là des princes,
chesses. des nobles , des officiers, etc. Ils ont même compté
Couches. On prétendait en certains pays faire le nombre des démons , et distingué leurs em-
accoucher aisément les femmes en liant leur cein- plois, leurs dignités et leur puissance. Suivant ce
ture à la cloche de l’église et en sonnant trois , qu'ils ont écrit, Satan n'est plus Irop le souverain
coups. Ailleurs, la femme en couches mettait la de l'enfer; Belzébuth règne à sa place. Voici
'

culotte de son mari. l oy Aétite. . l'état actuel du gouvernement infernal :

Coucou. On croit en Bretagne qu’en comp- Princes et grands dignitaires. Belzébuth chef ,

tant le chant du coucou, on y trouve l’annonce suprême de l'empire infernal fondateur de l'ordre,

1
de l’année précise où l’on doit se marier . S'il de la Mouche; Satan, chef du parti de l'opposi-
chante trois fois, on se mariera dans trois tion. Eurynome, prince de la mort, commandeur
ans, etc. de l’ordre de la Mouche Moloch prince du pays
; ,

On dans la plupart des provinces,


croit aussi, des larmes, commandeur de l'ordre; Pluton,
que si de l’argent avec soi la première fois
on a prince du feu Léonard grand maître des sab-
; ,

qu’on entend le chant du coucou, on en aura bats, chevalier de la Mouche; llaaiherith, maître
toute l'année. —
Le coucou de Balkis, probable- des alliances; Proserpine, archidiablesse, souve-
ment la reine de Saba est un des dix animaux ,
raine princesse des esprits malins.
que Mahomet place dans son paradis. Ministères. Adrnmeleck, grand chancelier, com-
Coucoulampons anges du deuxième ordre, ,
mandeur de l'ordre de la Mouche; Astarolh, grand
qui, quoique matériels, selon les habitants de trésorier; Nergal, chef de la police secrète Baal, ;

Madagascar, sont invisibles et ne se découvrent général en chef des armées infernales, comman-
qu'à ceux qu’ils honorent d'une protection spé- deur de l’ordre de la Mouche Léviathan grand ; ,

ciale. Il y en a des deux sexes; ils contractent amiral, chevalier de la Mouche.


mariage entre eux et sont sujets à la mort; mais Ambassadeurs. Relphégor ambassadeur en ,

leur vie est bien plus longue que celle des hom- France; Mammon, ambassadeur en Angleterre;
mes, et leur santé n'est jamais troublée par les Bélial ambassadeur en Turquie; Rirnm.m, am-
,

bassadeur en Russie; Thainuz, ambassadeur en


' M. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III,
p. is. 1
Incrédulité et mécréance du sortilège, etc.,
a M Cambry, Voyage dans le Finistère, t . I , p. 1 75. traité VII, p. 37.

ized by Google
,

Espagne Hutgin, ambassadeuren


; Italie ;
Martinel, du feu est, dit-on, de mauvais augure pour les
ambassadeur en Suisse, etc. nouveaux mariés.
Justice. Lucifer, grand justicier Alastor, exé- ; Courroie de soulier. C’était un mauvais pré-
cuteur des hautes œuvres. sage chez les Romains de rompre la courroie de
Maison des princes. Verdelet maître des céré- , son soulier en sortant de chez soi. Celui qui avait
monies; Succor-Bcnotb, chef des eunuques Cha- ; ce malheur croyait ne pouvoir terminer une af-
mos, grand chambellan, chevalier de la Mouche; faire commencée et ajournait celles qu’il s’était
Melchoin, trésorier payeur; Nisroch, chef de la proposé d’entreprendre.
cuisine; Béhemnth, grand échanson; Uagon, grand Court de Gébelin, écrivain extravagant, venu
panetier; Mullin , premier valet de chambre. de Lausanne à Paris au dernier siècle; il fit, sous
Menus plaisirs. Kobal, directeur des spectacles; le titre de Monde primitif un roman philoso-
Asmodée, surintendant des maisons de jeu : Nyb- phique en neuf volumes in-4’, que la livrée de
lias, grand paradisle. Antéchrist, escamoteur et Voltaire prôna parce qu’il attaquait la vérité reli-
nécromancien. Bogoct l’appelle le singe de Dieu. gieuse, et qui est descendu chez les épiciers. Il
On voit que les démonomanes se montrent se passionna pour le magnétisme, et le 13 mai
assez gracieux envers les habitants du noir sé- 1784 il se magnétisa si bien lui-même qu’il en
jour. Dieu veuille qu'après tant do rêveries ils tomba roide mort. On lui lit cette épigraphe ;

n’aient pas mérité d’aller en leur société!


M. Berbiguier a écrit en 1821 après avoir Ci-gît ce |Kiuvre Gébelin,
,

transcrit celte liste des princes de la cour infer- Qui parlait grec, hébreu, latin.
Admirez tous son héroïsme :

nale « Cette cour a aussi ses représentants sur


;
Il fut martyr du magnétisme.

la terre Moreau magicien et sorcier il Paris,


:
,

représentant de Belzébuth; Pinel père, médecin Courtinière. Un gentilhomme breton, nommé


à la Salpétrière, représentant de Satan; Bonnet, M. de la Courtinière, ayant reçu un jour dans
employé à Versailles, représentant d’Eurynome; son château plusieurs seigneurs ses voisins, les
Bouge, associé de Nicolas, représentant de Pla- traita bien pondant quelques jours. Après leur
ton; Nicolas, médecin â Avignon, représentant départ , il se plaignit à sa femme de ce qu'elle
de Moloch: Baptiste Prieur, de Moulins, repré- ne leur avait pas fait assez bon visage; il fit sans
sentant de Pan Prieur aîné, son frère, marchand
; doute ces remontrances avec des paroles peu
droguiste, représentant de Lililh; Étienne Prieur, honnêtes la femme, d’une humeur hautaine, ne
:

de Moulins, représentant de Léonard; Papou- répondit rien, mais elle résolut intérieurement
Lominy, cousin des Prieur, représentant de Baal- de se venger. M. de la Courtinière s'étant couché
berith Jeanneton la Valette , la Mansolte et la
; et dormant profondément, la dame, après avoir
Vandeval, représentant l'archidiablesse Proser- corrompu deux de ses domestiques, leur fit égor-
pine, qui a voulu mettre trois diablesses à mes ger son mari, dont ils portèrent le corps dans un
trousses'. » f’oy. Bobigcier cellier. Ils y firent une fosse, l’enterrèrent et ,

Courils, petits démons malins, corrompus et ils placèrent sur la fosse un tonneau plein de

danseurs , dont M. Cambry a trouvé la croyance porc salé. La dame, le lendemain, annonça que
établie sur les côtes du Finistère. On les rencontre son mari était allé faire un voyage. Peu après,
au clair de la lune, sautant autour des pierres elle dit qu’il avait été tué dans un bois, en porta
consacrées ou des monuments druidiques. S’ils le deuil montra du chagrin et fit faire des ser-
,

vous saisissent par la main, il faut suivre leurs vices dans les paroisses voisines.
mouvements; ils vous laissent exténués sur la Mais ce crime ne resta pourtant pas impuni :
place quand ils la quittent. Aussi , les Bretons, le frère du défunt , qui venait consoler sa belle-
dans la nuit, évitent-ils avec soin les lieux ha- sœur et veiller à ses affaires, se promenant un
bités par cette espèce de démons, genre desco- jour dans le jardin du château, et contemplant
bales. un parterre de fleurs en songeant à son frère,
On ajoute que les courils perdirent une grande fut pris d'un saignement de nez qui l'étonna,
partie de leur puissance à l’arrivée des apôtres n’ayant jamais éprouvé cet accident. Au même
du Catholicisme dans le pays. f ’oy. Wu.us. instant il lui sembla voir l’ombre de M. de la
Courma-Vataram. Les Indiens adorent sous Courtinière qui lui faisait signe de le suivre. Il
ce nom leur dieu Vichnou dans sa seconde in- , suivit le spectre jusqu'au cellier, où il le vit dis-
carnation, qui est celle d’une tortue. paraître. Ce prodige lui ayant donné des soup-
Couronne nuptiale. Chez les habitants de çons, il en parla à la veuve, qui se montra épou-
l’Entlebuch, en Suisse, le jour des noces, après vantée. Les soupçons du frère se fortifiant de ce
le festin et les danses, unefemme vêtue de jaune trouble il fit creuser dans le lieu où il avait vu
,

demande à la jeune épousée sa couronne virgi- disparaître le fantôme. On découvrit le cadavre,


nale, qu’elle brûle en cérémonie. Le pétillement qui fut levé et reconnu par le juge de Quimper-
Corentin. Les coupables, arrêtés, furent con-
1
Les farfadets, etc., t. I, p. 4 et 5. damnés , la veuve (Marie de Sornin) , â avoir la
tête tranchée et tous les membres de son corps fois dans leur sein pour se préserver de tous
dispersés, pour être ensuite brûlés et les cendres charmes et fascinations.
jetées au vent; les deux domestiques, à avoir la Cracher sur soi : mauvais présage. Voy. Caz-
main droite coupée et après être pendus et étran- VILLF.HEST.
— Cet événe-
,

glés, leurs corps aussi brûlés Crachat de la lune. Les alchimistes appel-
ment eut lieu vers la tin du seizième siècle. lent ainsi la matière de la pierre philosophale
Courtisanes. Les chrétiens sont bien étonnés avant sa préparation. C'est une espèce d’eau con-
de voir des courtisanes servir de prêtresses dans gelée, sans odeur et sans saveur, de couleur
les Indes. Ces filles justement déshonorées chez
,
verte, qui sort de terre pendant la nuit ou après
nous, sont privilégiées là depuis l’aventure de un orage. Sa substance aqueuse est très-volatile
l'une d'elles. Dévcndiren, dieu du pays, alla trou- et s'évapore à la moindre chaleur, à travers une
ver un jour cette courtisane sous la figure d'un peau extrêmement mince qui la contient. Elle ne
homme et lui promit une haute récompense si
, se dissout ni dans le vinaigre, ni dans l’eau, ni
elle était fidèle pour l'éprouver le dieu fit le
; dans l'esprit-de-vin mais si on la renferme dans
;

mort. La courtisane, le croyant véritablement un vase bien scellé, elle s’y dissout d’elle-même
mort, se résolut à mourir aussi dans les flammes en une eau puante. Les philosophes hermétiques
qui allaient consumer le cadavre, malgré les re- la recueillent avant le lever du soleil dans du
présentations qu’onlui faisait de ce qu'elle n'était verre ou du bois et en tirent une espèce de
pas mariée. Elle allait se mettre sur le bûcher poudre blanche semblable à l’amidon, qui pro-
déjà enflammé, lorsque Dévendiren se réveilla, duit ensuite ou ne produit pas la pierre philoso-
avoua sa supercherie, prit la courtisane pour sa phale.
femme et l'emmena dans son paradis... Crampe. Les morses ont sur les babines, comme
Coutellier, démon invoqué dans les litanies au-dessous, plusieurs soies creuses. Il n'y a point
du sabbat. de matelot qui ne se fasse une bague de ces soies,
Couvéra, dieu des richesses dans l’Inde, ar- dans l'opinion qu'elles garantissenlde la crampe*.
rière-petit-filsde Brahma. C'est un lépreux dif- Crâne d'enfant. La cour d'assises de la Haute-
forme'; il a trois jambes. Sa bouche ne possède Marne a jugé, en février 1857, une affaire qui
que huit dents et une pièce d'or couvre un de
, puise sa cause première dans une horrible super-
ses yeux. stition. « Des cultivateurs de la commune d'Heuil-
Crabançon (Jacques de), f'oy. Images. lez-lc-Crand , dit l'acte d’accusation, vivaient
Crabes. Ces hideux petits habitants de la mer dans une ferme isolée, et devaient à cet isolement
sont attachés par quelque lien aux démons des même une tranquillité que rien ne semblait vou-
eaux, et, suivant le dire des Écossais riverains, loir troubler, lorsque le 21 janvier dernier un
crime horrible, unique peut-être dans les annales
dans le deuil et la déso-
judiciaires , vint les jeter
lation. Le mari, Jean-Baptiste Pinot, était parti
dès le matin pour le travail, et sa femme l’avait
bientôt rejoint après s’être assurée toutefois que
son enfant, âgé de onze mois, qui était couché
dans son berceau , dormait profondément. Comme
la grange où elle allait travailler n'était qu’à

quelques pas de la maison d'habitation elle n’a- ,

vait pas pensé en sortant à fermer les portes à


la clef.

» Le travail dura quelque temps ; la femme Pinot


ilsdansent au sabbat des sorcières, lorsqu'il se rentra la première pour s’assurer si l'enfant dor-
rassemble sur la plage. mait encore. Quel ne fut pas son effroi lorsqu'elle
Craca, magicienne qui, au rapport de Saxon s’aperçut que le berceau était vide. On fit immé-
le Grammairien, changeait les viandes en pierres diatement de vaines recherches. Ce ne fut que le
ou autres objets, aussitôt qu'elle les voyait posées lendemain, dans l'après-midi, que l’on découvrit,
sur une labié. caché sous des gerbes de paille, dans une écurie
Crachat. Lorsque les sorciers renoncent au de la ferme, le corps de l’enfant entièrement nu,
diable , ils crachent trois fois à terre. Ils assurent affreusement mutilé. La tête en avait été détachée
que le diable n'a plus alors aucun pouvoir sur au moyen d'un instrument tranchant, et ne put
eux. Ils crachent encore lorsqu’ils guérissent des être retrouvée. De profondes entailles, faites sur
écrouelles et font de leur salive un remède. l’une des épaules, indiquaient qu’on avait eu la
Les anciens avaient l'habitude de cracher trois pensée de couper le corps en morceaux pour le
1
Arrêt du parlement do Bretagne, I. II des Dis-
Le crime était constant, mais
faire disparaître.

sertations de Lenglet-Dufresnoy ; et Leloyer, liv. III, 1


II. Lebrun, Abrégé des voyages au pile nord,
ch. iv. ch. i.

Digitized by Google
CRA — 189 — CRA
quel était l'assassin , et quel intérêt avait pu d'un enfant assassiné avait la propriété de rendre

armer son bras? La pauvre victime était Agée de invisible celui qui le portait ,et de permettre A
onze mois à peine; les soupçons ne lardèrent un voleur qui s'en ferait une lanterne, de péné-
pas A se porter sur un homme qui était au ser- trer impunément dans les habitations. Vautrin
vice de la ferme. Ses antécédents étaient faits croyait à cette odieuse superstition; ainsi s’expli-
pour les éveiller. Voleur d’habitude depuis son quaient l'intérêt du crime et la mutilation. Vautrin
enfance il avait été condamné pour vol à deux
, fut arrêté ,
et l’interrogatoire qui suivit ne vint
ans de prison , et pour se soustraire aux recher- que trop confirmer les soupçons qu’on avait eus
ches de la justice, il avait changé de nom; il sur lui. Les investigations ont d’ailleurs
fait dé-
avait substitué à son nom de Vautrin celui de Mo- couvrir derrière des buissons des débris de che-
risot. Cet homme est Agé de vingt-quatre ans. Il était mise et un pantalon souillés de sang et de boue
taciturne, recherchait l'isolement, et avait plu- appartenant à Vautrin et reconnus par lui la tête ;

sieurs fois donné des preuves d'une froide cruauté. de la victime a été également retrouvée dans un
A la nouvelle de la disparition de l'enfant, Vautrin bois voisin , et à quelques mètres un vieux bonnet
avait pAli ; de se livrer comme tous à
et au lieu rayé ayant appartenu A l'inculpé. A l’audience,
des recherches actives, on l’avait vu morne et comme dans l’instruction , Vautrin se renferma
préoccupé, cherchant A diriger les soupçons sur dans un système complet de dénégations. Mais
un ancien domestique de son maître qui aurait ,
les dépositions des témoins étaient si accablantes,
pris l'enfant pour lui couper la tête et aller avec que le verdict du jury fut affirmatif sans circon-
cette tête dans les chAleaux. stances atténuantes. En conséquence , Vautrin fut
» Mais cet étrange propos, émis avant que condamné à la peine de mort. >
personne sût si la tête de l'enfant avait été mu- Crànologie. Voy. Gall.
tilée était une révélation. Il indiquait le mobile
,
Crapaud. Les crapauds tiennent une grande
et l’intérêt du crime. Vautrin avouait en effet le place dans lasorcellerie. Les sorcières les aiment et
lendemain qti’il avait entendu dire que le crAne les choient. Elles ont toujours soin d’en avoir

Crapaud te rendant an sabbat.

quelques-uns, qu'elles soignent, qu’elles nourris- coup sûr une sorcière qui l'avait mis IA pour
sent et qu’elles accoutrent de livrées de velours quelque maléfice.
vert , rouge ou noir. Pierre Delancre dit que les
grandes sorcières sont ordinairement assistées de
quelque démon qui est toujours sur leur épaule
,

gauche en forme de crapaud ayant deux petites ,

cornes en tête il ne peut être vu que de ceux


:

qui sont ou qui ont été sorciers. Le diable baptise


ces crapauds au sabbat. Jeannette Abadie et d'au-
tres femmes ont révélé qu’elles avaient vu de
ces crapauds habillés de velours rouge, et quel-
ques-uns de velours noir; ils portaient une son-
nette au cou et une autre aux pattes de derrière.
Au mois de septembre 1610, un homme se
promenant dans la campagne, près de Bazas, vit
un chien qui se tourmentait devant un trou;
ayant fait creuser, il y trouva deux grands pots
renversés l’un sur l'autre liés ensemble à leur
,

ouverture et enveloppés de toile le chien ne se ;

calmant pas on ouvrit les pots, qui se trouvè-


,
Crapauds dansant an sabbat.
rent pleins de son, au dedans duquel reposait un
gros crapaud vêtu de taffetas vert'. C'était à Nous rions de ces choses A présent , mais c’é-
taient choses sérieuses au seizième siècle, et
Delancre, Tabltau de iinconsl. des démons, etc.,
liv. Il, discours iv, p. 133. choses dont l’esprit ne nous est pas expliqué.

Digitized by Google
,

CRA — 190 — CR!

Le peuple est persuadé, dit M. Salgucs', dernier moment et l'avait étranglé', ce qui est
que le crapaud a la faculté de faire évanouir un mensonge niais, Voy. Carlostad et Luther.
ceux qu’il regarde fixement, et cette assertion Crespet (Pierre), religieux céleslin, mort en
est accréditée par un certain abbé Rousseau, qui 1595, auteur d'un traité contre la magie intitulé
a publié, dans le cours du dernier siècle quel- ,
Deux livret de la haine de Satan et des malins
ques observations d'histoire naturelle il prétend : esprits contre l'homme, etc. Paris, 1590, in-8\

que la vue seule du crapaud provoque des spas- Cet ouvrage est rare et curieux.
mes, des convulsions, la mort même. Il rapporte Crétinisme, infirmité qüi dispose quelquefois,
qu'un gros crapaud qu’il tenait renfermé sous
,
dit-on, au vampirisme.
un bocal, l'ayant regardé fixement, il se sentit Crible. Parler au crible est un ancien pro-
aussitôt saisi de palpitations d'angoisses de , ,
verbe qui signifiait faire danser un tamis par le
mouvements convulsifs, et qu’il serait mort in- moyen de paroles mystérieuses. Théoerite nom-
failliblement si l'on n'était venu ii son secours... mait les gens qui avaient ce pouvoir crible-sor-
Élicn, Dioscoride, Nicandre, Ælius, Gesner, ciers ou sorciers du crible. « Je me suis trouvé,
ont encore écrit que l'halcine du crapaud était dit Bodin’, il y a vingt ans, dans une maison à
mortelle, et qu’elle infectait les lieux où il res- Paris ou un jeune homme lit mouvoir un tamis
pire. On a cité l'exemple de deux amants qui sans y loucher, par vertu de certaines paroles
la

ayant pris de la sauge sur laquelle un crapaud françaises, devant une société, et la
et cela
s'était promené, moururent aussitôt*. Mais ce preuve, que
par le pouvoir de l’es-
dit-il, c’était
sont là souvent des contes. Cependant le cra- prit malin, c’est qu'en l’absence de ce jeune
paud est en horreur chez tous les peuples ex- ,
homme on essaya vainement d'opérer en pro-
cepté sur les bords de l'Orénoque, où, pour nonçant les mêmes paroles. » Voy. Cosqlino-
le consoler de nos mépris, des Indiens lui ren- MANCIF..
daient les honneurs d'un culte; ils gardaient soi- Criériens, fantômes des naufragés, que les
gneusement les crapauds sous des vases, pour habitanLs de Pile de Sein, en Bretagne, croient
en obtenir de la pluie ou du beau temps, selon entendre demander la sépulture, à travers ce
leurs besoins, et ils étaient tellement persuadés bruit sourd qui précède les orages. Les anciens
qu’il dépendait de ces animaux de l'accorder, Bretons disaient : « Fermons les portes, on en-
qu’on les fouettait chaque fois que la prière n'é- tend les criériens; le tourbillon les suit. »
tait pas exaucée ’. Crimes. Voy. Possessions.
Crapaudine, pierre qui se trouve dans la tôte Cristalomancie divination par , le moyen du
des crapauds ; les sorcières la recherchent pour cristal. Ondes présages des miroirs et des
tirait

leurs maléfices. Plusieurs écrivains assurent que vases de cristal, dans lesquels le démon faisait,
c'est un objet très-rare, et si rare, que quelques- dit-on sa demeure. Le roi Childéric cherchait
,

uns nient l'existence de cette pierre. Cependant l’avenir dans les prismes d’un petit globe de
Thomas Brown ne croit pas le fait impossible, cristal.
puisque, dit-il, tous les jours on trouve des sub- Les devins actuels prédisent encore par le mi-
stances pierreuses dans la tête des morues des roir. L’anecdote suivante fera connaître leur mé-

,

carpes, des gros limaçons sans coquilles. Il en est thode. Un pauv rc laboureur des environs de
qui pensent que ces crapaudines sont des con- Sézanne, à qui on avait volé six cents francs,
crétions minérales que les crapauds rejettent alla consulter le devin; c'était en 1807. Le de-

après les avoir avalées, pour nuire à l'homme '. vin lui fit donner douze francs, lui mit trois
Mais ce ne sont là encore que des contes. mouchoirs sur les yeux, un blanc, un noir et un
Crapoulet. Voy. Zozo. bleu, lui dit de regarder dans un miroir où il
Cratéis , déesse des sorciers et des enchan- faisait venir le diable et tous ceux qu'il voulait
teurs, mère de la fameuse Scylla. évoquer. —
Que voyez-vous? lui demanda-t-il.
Crédulité. Elle a ses excès, qui pourtant sont — Rien , répondit le paysan. Là-dessus le sor-

moins funestes que ceux de l'incrédulité. cier parla fort et longtemps; il recommanda au
Crescence ,
cardinal , légat du sainl-siége au bonhomme de songer à celui qu'il croyait capa-
concile de Trente, qui mourut paisiblement en ble de l’avoir volé, de se représenter les choses
1552. Jean de Chassanion, huguenot, n’aimant et les personnes. Le paysan se monta la tête, et,

pas ce prince del'Église, parce qu'il s’était élevé à travers les trois mouchoirs qui lui serraient les
contre les protestants, a écrit que le diable, en yeux, il crut voir passer dans le miroir un
forme de chien noir, était venu le voir à son homme qui avait un sarrau bleu un chapeau à ,

grands bords et des sabots. Un moment après il


Dr» erreur » et des préjugé» etc., t. I, p. 4Z3.
'
. crut le reconnaître, et il s’écria qu'il voyait son
3 C’est
3
un conte du Décaincron.
Pons, Voyage à la partie orientale de la terre
voleur. — Eh bien, dit le devin, vous prendrez

ferme de t Amérique méridionale t. I. ,


1
Des grands et redoutables jugements de Dieu,
4 Thomas Brown, Essai p. 66.
sur les erreurs populaires,
3 Uèmonomanie des sorciers, liv. II, p. 155.
t. I, liv. 111, ch. xiii, p. 31 z.
,,

CRI — 191 — CRO


un cœur de bœuf, et soixante-trois clous à lat- I lure aux rois. Les Ombites poussaient même la

tes que vous planterez en croix dans ledit cœur; superstition jusqu’à se réjouir de voir leurs en-
vous le ferez bouillir dans un pot neuf avec un fants enlevés par les crocodiles. Mais ces ani-
crapaud et une feuille d’oseille; trois jours maux étaient horreur dans le reste de
en
après, le voleur, s'il n'est pas mort, viendra l’Égypte, excepté à Tenliris ou Denderah, dont
vous rapporter votre argent, ou bien il sera en- les habitants ne les redoutaient pas. Ceux qui

sorcelé. lés adoraient disaient que, pendant les sept

Le paysan fit tout ce qui lui était recom- jours Consacrés aux fêtes de la naissance d'Apis,
mandé. Mais son argent ne revint pas ; d'où il ils oubliaient leur férocité naturelle et ne fai-

conclut que son voleur était ensorcelé, et il- s’en saient aucun mal mais que le huitième jour,
;

frotta les mains. après midi, ils redevenaient furieux.


Cristoval de Garalde. l'oy. Marissane. Croft (Élisabeth). Quand les Anglais apprirent
Critomancie, divination qui se pratiquait par que leur reine Marie Tudor, que l’on a si lâche-
le moyen des viandes et des gâteaux. On consi- ment calomniée, allait épouser le roi d'Espagne
dérait la pâte des gâteaux qu'on offrait en sacri- Philippe II, ce fut parmi les réformés un grand
fice , et la farine d'orge qu'on répandait sur les effroi et plusieurs intrigues surgirent pour em-
,

victimes, pour en tirer des présages. pêcher cette union, lin certain Drack obtint
Crocodiles. Les Égyptiens modernes assurent d’une jeune fille nommée Élisabeth Croft
que jadis les crocodiles étaient des animaux moyennant une somme d’argent, qu'elle se lais-
doux et ils racontent de la manière suivante
,
serait enfermer entre deux murs, et qu’au moyen
l’origine de leur gouverneur
férocité. Huntelh ,
de tuyaux dissimulés elle pourrait dire les pa-
d'Égypte sous Gisar Al-Mutacil calife de Bag- ,
roles qu'on lui mettrait à l’oreille, ce qui se fit.
dad ayant fait mettre en pièces l'image de
,
Bientôt donc on apprit dans Londres qu’on en-
plomb d’un grand crocodile (figure talismani- tendait des voix qui venaient certainement du
que) que l'on avait trouvée en creusant les fonde- ciel, puisqu'on ne voyait absolument personne.

ments d'un ancien temple de païens, à l'heure La multitude accourul. la voix menaçait l'An-
meme de celte exécution les crocodiles sortirent gleterre des plus affreux désastres si la reine se
du Nil et ne cessèrent depuis ce temps de
, , ,
mariait avec l’Espagnol elle s’élevait avec fu-
;

nuire par leur voracité 1


l'oy. Ktoii.es. Pline
, reur coutre Pape et contre l’Église romaine
le

et Plutarque témoignent que les Égyptiens con- et les réformés se pâmaient d'aise. Celte impos-
naissent, par l'endroit où les crocodiles pondent ture dura plusieurs jours sans qu’on en soupçon-
nât le procédé, et il n’était bruit dans Londres
que de l’ange qui parlait. Mais parmi les magis-
trats, quelques-uns étaient encore catholiques;
ils soupçonnèrent un stratagème on démolit le ;

mur d’où sortait la voix , cl on découvrit Élisa-


beth Croft. Il ne parait pas qu'on l’ait punie,
non plus que son suborneur, parce qu’ils avaient
dans la foule de nombreux partisans.
Croix. Ce saint nom, qui est la terreur de
l’enfer, ne devrait pas non plus figurer ici. Mais
la superstition, qui abuse de tout, ne l'a pas res-
'
peclé. Il y a des croix dans toutes les formules
des grimoires, et aucun sorcier ne s’est jamais
vanié de commander au moindre démon sans ce
leurs œufs, jusqu'où ira le débordement du Nil. signe.
Mais il serait difficile dit Thomas Brown
,
de ,
Les croix que les sorcières portent au cou et à
comprendre comment ces animaux ont pu devi- leurs chapelets, cl celles qui se trouvent aux
ner un effet qui dans ces circonstances, dépend
,
lieuxoù se fait le sabbat, ne sont jamais entiè-
de causes extrêmement éloignées c'est-à-dire ,
res,comme on le voit par celles que l’on décou-
de la mesure des rivages dans l’Éthiopie. Les vre dans les cimetières infestés de sorciers et
habitants de Thèbes et du lac Mœris rendaient dans les lieux où les sabbats se tiennent. La rai-
un culte particulier aux crocodiles. Ils leur met- son en est, disent les démonomanes, que le dia-
taient aux oreilles des pierres précieuses et des ble ne peut approcher d’une croix intacte.
ornements d'or, et les nourrissaient de viandes Croix (Épreuve de la), l'oy. Épreuves.
consacrées. Après leur mort, ils les embau- Croix (Magdeleine de la), l'oy. Magdei.eike.
maient et les déposaient en des urnes que l’on Cromeruach, idole principale des Irlandais,
portait dans le labyrinthe qui servait de sépul- avant l’arrivée de saint Patrice en leur pays.
1 Leloycr, Histoire tl discours des spectres, etc., ;
L’approche du saint la fit tomber, disent les ïé-
liv. IV, ch. xxi, p. 417. i
geudes, tandis que les divinités inférieures s'en-
CRO — 102 — CUR
foncèrent dans la terre jusqu’au menton. Suivant noire ii la main , et h commettre ensuite tout le
certains récits, en mémoire de ce prodige, on contraire do ce que prescrit l’Église.
voit encore leurs têtes à fleur de terre dans une Certains peuples de l'Afrique ne rendent au-
plaine qui ne se trouve plus. cun culte à Dieu ,
qu'ils croient bon , et font des
Cromniomancie, divination par les oignons. sacrifices au diable pour la raison contraire. Voy.
Ceux qui la pratiquaient mettaient , la veille de Kurdes.
Noël, des oignons sur un autel. Ils écrivaient sur Cunégonde, femme de Henri. 11, empereur
les oignons le nom des personnes dont on vou- d’Allemagne. Elle fut accusée d'adultère par des
lait avoir nouvelle. L'oignon qui germait le plus calomniateurs, et se purgea de l’accusation en
vite annonçait que la personne dont il portait le marchant pieds nus, sans accident, sur des socs
nom jouissait d'une bonne santé. de charrue rougis au feu. Voy. Épreuves.
Cette divination est encore en usage dans plu- Cupai. Voy. Kupay.
sieurs cantons de l'Allemagne, parmi les jeunes Curdes. Voy. Kurdes.
filles, qui cherchent à savoir ainsi qui elles au- Cureau de la Chambre, habile médecin,
ront pour époux '. mort en 1669. On a de lui un Discours »ur les
Croque - Mitaine ,
espèce d’ogre dont on principet de la chiromancie et de ta méloposco-
épouvante à Paris les petits enfants indociles. pie. 1653, in-8". On l’a aussi imprimé
Paris,
Aujourd’hui que ses dents sont tombées, il se sous de VArl de connaître le» hommte.
le titre

contente de les mettre au cachot et de leur don- Curko, divinité des Prussiens avant leur con-
ner le fouet, malgré les lumières du siècle. Voy. version au christianisme. Elle était leur pour-
Babau. voyeuse et ils rendaient quelques honneurs à
,

Crucifixion au sabbat. On lit dans les dé- son image. Or cette image était une peau de chè-
clarations de Madeleine Bavent, de la possession vre élevée sur une perche de trois mètres et cou-
de bouviers, qu'au sabbat, où elle a assisté long- ronnée d’épis.
temps, elle a vu crucifier plusieurs fois des hosties Curma. Du temps de saint Augustin, un pay-
consacrées, attachées à une croix et dont quel- san des environs d’Hippone, nommé Curma,
ques-unes ont saigné. Une certaine nuit, celle du mourut un matin et demeura deux ou trois jours
vendredi saint au samedi saint, elle vit une sor- sans sentiment. Comme on allait l’enterrer, il
cière apporter un enfant nouveau-né, que l’on rouvrit les yeux et demanda ce qui sc passait
crucifia en lui clouant à une croix noire les pieds chez un autre paysan du voisinage qui, comme
et les mains. On lui enfonça ensuite des clous lui, se nommait Curma. On lui répondit que ce

autour de la tête en forme de couronne, et on lui dernier venait de mourir à l'instant où lui-même
perça le côté. Elle ajoutait que deux hommes était ressuscité. —
Cela ne me surprend pas,
qui étaient venus au sabbat en novices, ayant à dit-il on s'était trompé sur les noms on vient
:
:

ce sujet témoigné quelque sentiment d’horreur, de me dire que ce n’était pas Curma le jardi-
furent crucifiés eux-mêmes et mis 5 mort. Voy. nier, mais Curma le maréchal qui devait mou-
Louviebs. rir. — Il raconta en même temps qu’il avait
Crusembourg (Guy de), alchimiste. Voy. entrevu les enfers, et il mena depuis meilleure
Pierre philosophale. vie.
Cubomancie, divination par le moyen des Curson. Voy. Pursan.
dés. Auguste et Tibère avaient grande confiance Curtius, fils d’un gladiateur romain. On dit
en cette manière de consulter le sort. Les Grecs qu’un spectre lui annonça ainsi sa mort il avait :

s’en servaient aussi. C’est it peu près la même accompagné en Afrique un lieutenant du gouver-
chose que l’aslragalomancie. Voy. ce mol. neur de ce pays conquis. Il vit un jour dans une
Cuivre. Théocrite assure que le cuivre pur a galerie le spectre d'une femme de haute sta-
naturellement la vertu de chasser les spectres cl ture, qui lui dit qu’elle était l’Afrique, et qu’elle
les fantômes c’est pourquoi les Lacédémoniens
; venait annoncer le bonheur. Elle l’assura qu’il
lui

frappaient sur un chaudron toutes les fois qu’un aurait de grands honneurs à Rome qu’il revien- ;

de leurs rois venait à mourir. drait encore sur le sol africain, non plus comme
Culte. Les dénions recevaient un culte par valet mais avec la qualité de commandant en
,

tout l'univers avant le christianisme. Jupiter et chef, et qu’il y mourrait. Cette prédiction s’ac-
les autres dieux n’étaient véritablement que des complit entièrement Curtius fut questeur, puis
;

démons mais le diable a reçu un culte plus spé-


; préteur: il eut les privilèges du consulat, et fut

cial de gens qui savaient bien qu’ils s'adressaient envoyé comme gouverneur en Afrique; mais en
à lui et non à un dieu. Ainsi les sorciers au sab- débarquant il se sentit frappé d’une maladie dont
bat adorent le diable par son nom. Le culte il mourut*. Il est très-probable que ce conté a
qu’ils lui rendent consiste principalement h lui été fait après coup. Pour un autre Curtius, voy.
baiser le derrière, à genoux, avec une chandelle Dévouement.
1
Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
1
Delancre . Incrédulité et mécréance, etc., traité V. esprits, Iiv. III, ch. xvi, p. Ï68.

Uiqiliz V_iO
, .

CWE — 193 — DAG


Cwes. l'oy. Chien. ! rissaient dans leurs temples pour connaître le
Cyclopes, personnages fabuleux qui habi- temps de la conjonction du soleil et de la lune,
|

taient. la Sicile dans la partie qui entoure l'Etna.


j
On était persuadé que, dans cette circonstance,
Ils étaient forgerons; géants rudes et grossiers, l’animaldevenu aveugle refusait toute nourri-
anthropophages, ils n'avaient qu’un œil au milieu ture.Son image placée sur les clepsydres était
, ,

du front, l’oy. l'Odyssée. purement hiéroglyphique. On prétendait qu’à


j

Cylindres, sortes d’amulettes circulaires que chaque heure du jour le cynocéphale criait très-
les Perses et les Égyptiens portaient au cou et , exactement. l'oy. Loups-gabous.
qui étaient ornées de ligures et d’hiéroglyphes. Cyprien (saint). Avant de se convertir au
Cymbale c’est le nom que les sorciers don-
,
christianisme, saint Cyprien s'occupait de ma-
nent au chaudron dans lequel ils mangent leur gie.On voit dans ses Arles, écrits par Siméon
soupe au lard parmi les fêtes du sabbat. Métaphraste, qu'il évoquait les démons, et que
Cynanthropie. Ceux qui sont attaqués de ce furent les épreuves qu’il fit de leur impuis-
cette espèce de frénésie se persuadent qu’ils sont sance contre le simple signe de la croix qui l'a-
changés en chiens. C'est, comme la bousanthro- menèrent à la foi chrétienne.
pie, une nuance de l'état de loup-garou, l'oy. Cyrano de Bergerac, écrivain remarquable du
Lopps-oaboüs. . dix-septième siècle. On trouve dans ses œuvres
Cynobalanes, nation imaginaire que Lucien deux lettres très-originales sur Us sorciers. Nous
représente avec des museaux de chien et montés n’avons pas besoin d'indiquer ses histoiics des
sur des glands ailés. empires du soleil et de la lune. Il a fait aussi un
Cynocéphale ,
singe que les Égyptiens nour- voyage aux enfers; c’est une pure plaisanterie *.

D
Dabaîda. Les naturels de Panama ont une Jean, qui s’était retiré dans une petite Ile voisine
idole de ce nom, qui était née de race mortelle des côtes de la Sicile, vit en songe, sur la mer,
et qu’on déifia après sa mort. Quand il tonne ou l’àme du roi Dagobert enchaînée dans une bar-
qu'il faitdes éclairs, c’est Dabaîda qui est fâchée ; que, et des démons qui la maltraitaient en la
alors on brûle des esclaves en son honneur. conduisant vers l’Etna, où ils devaient la préci-
Dactyles génies phrygiens du genre des ca-
,
piter. On croyait autrefois que le cratère de ce
bires ; ils enseignèrent aux hommes l’art de for- volcan était une des entrées de l’enfer, et il n’est
ger le fer, si on veut bien en croire la mytholo- pas encore vérifié que ce soit une erreur. L’âme
gie grecque. appelait à son secours saint Denis, saint Maurice
Dactylomancie, divination qui se pratiquait et saint Martin que le roi en son vivant, avait , ,

au moyen de bagues ou anneaux fondus sous fort honorés, parce qu'un jour qu’il avait offensé
l'aspect de certaines constellations et auxquels son père ils lui avaient promis Ifcur appui dans
, ,

étaient attachés des charmes et des caractères une vision. Les trois saints descendirent, re-
magiques. C'est, dit-on, avec un de ces anneaux vêtus d'habits lumineux, assis sur un nuage bril-
que Gygès se rendait invisible en tournant le lant. Ils arrêtèrent les malins espriLs, leur enle-
chaton dans sa main. Clément d’Alexandrie parle vèrent la pauvre âme et l'emportèrent *. l!n
de deux anneaux que possédaient les tyrans de monument curieux, le tombeau de Dagobert,
la Phocide, et qui les avertissaient par un son, sculpté au temps de saint Louis, retrace naïve-
,

du temps propre à certaines affaires ce qui ne ment ces circonstances. La principale façade est
;

les empêcha pas de tomber dans les griffes du divisée en trois tondes. Dans la première on voit
démon, lequel leur tendait un piège par ses arti- quatre démons (deux onl des oreilles d’âne) qui
fices'. emmènent l’âme du roi dans une barque la se- ;

Dadjal ou Deggiat, nom de l’Antéchrist chez conde représente saint Denis, saint Maurice et
les Chaldéens et chez les mahomOlans; il signifie saint Martin accompagnés de deux anges avec , ,

dans leur langue le menteur et l'imposteur par un bénitier ils chassent les démons. Sur la troi- ;

excellence. sième bande, on voit l’âme qui s’enlève, et une


Dagobert I", roi de France mort en 638, à main généreuse sort d'un nuage pour l’accueil-
,

l’âge de trente-sept ans. Une vieille légende éta- lir. Les farceurs ont glosé sur cette poésie du
blit qu'après qu'il fut mort un bon ermite, nommé moyen âge, stir cette légende et sur le tnonu-
1
Dclancre, Incrédulité et mécréance du sortilège 1
Voyez les Légendes de l'autre monde.
pleinement convaincues traité V, p. St6t 2 Gcsta Dagoberti regis etc. ,

<3

Digilized by GiOOgli
DAG DAN
ment, qui est toujours dans l'église de Saint- au moins des (leurs? Ce qu’il y a de mal, c’est

Denis. Niais quel mal y a-t-il donc dans ces récits que ces fleurs tombent quelquefois devant des
que l’Église n’a jamais imposés, et qui sont pourceaux.

T ajjohcrt

Dagon, démon de second ordre, boulanger et Dahut. l'oy. Is.


grand panelier de la cour infernale. On le trouve Damnetus ou Damachus, loup-garou de
figurant dans la possession d'Auxonne. Les Phi- l’antiquité. On conte qu’ayant mangé le ventre
listins l'adoraient sous la forme d’un monstre d’un petit enfant sacrifié à Jupiter Lycien en Ar-
réunissant le buste de l'homme à la queue du cadie il fut changé en
, loup. Mais il reprit sa
poisson. Ils lui attribuaient l’invention de l’agri- première forme au bout de dix ans. Il remporta
culture, qu’on a attribuée à tant d’autres. On lit même, depuis, le prix de la lutte aux jeux Olym-
1
dans le premier livre des Huis que, les Philistins piques .

s’étant rendus maitres de l’arche du Seigneur, Danaké. C’est le nom de l’obole que l’on pla-
et l’ayant placée b Azol dans leur temple où se , çait chez les païens sous la langue des morts, et
trouvait l'idole de Dagon, on vit le lendemain qu’ils donnaient à Charon pour leur passage dans
cette idole mutilée, et sa tête avec ses deux mains sa barque.
sur le seuil de la porte. « Depuis lors, dit l’au- Daniel l’un des quatre grands prophètes. On
,

teur sacré, les sacrificateurs de Dagon et tous lui attribue un traité apocryphe de l'Art de s

ceux qui entraient dans son temple ne marchaient sonyes. Les Orientaux le regardent aussi comme
plus sur le seuil de cette porte. » Au Pégu on l’inventeur de la géomancie.
regarde Dagon comme le Dieu créateur, et on Danijs, sorciec du dernier siècle, qui fut ac-
croit là que, quand les kiakias auront détruit ce cusé d’avoir ensorcelé un jeune homme de Noisy
monde, Dagon ou Dagoun en fera paraître un le Grand, en 1705. Ce fait est rapporté longue-
autre qui sera bien plus beau et beaucoup plus ment dans l'Hiitoire d-s pratiques superstitieuses
agréable. du père Lebrun, qui pense qu’il pourrait bien y
Dahman estchez les Persans le génie qui avoir là de la sorcellerie. D'autres croient que le
reçoit et protège les âmes des morts , et il les 1
Delancre, Tableau de ’inconst. des dénions, etc.,
I

place comme elles l’ont mérité. liv. IV. dise, ut, p. 267.

Digitized by Google
. ,

DAN — 195 — DAN


jeune homme ensorcelé n'avait que des halluci- nuit,au son de toulcs sortes d'instruments de
nations. Le magnétisme, dont un commence à musique. Celle danse est appelée par les gens
comprendre la puissance, pourrait donner raison du pays c/iorea elvarum (danse des elfes!. Saxon
au père Lebrun comme il explique maintenant
, le Grammairien fait mention de ces danses fan-
beaucoup de maléfices qu'on niait contre tous , tastiques dans son Histoire de Danemark. Poin-
les témoignages, il n'y a pas encore trente ans *. ponius Mêla, dans sa description de l’Ethiopie,
Danse de saint Guy, danse épidémique qui dit qu'on a vu quelquefois, au delà du mont Al-
moyen âge des populations tout en-
gagnait au las, des flambeaux, et entendu des flûtes et clo-
tières, et que les uns attribuaient à un châtiment chettes, et que le jour venu on n’y trouvait plus
de Dieu , les autres à l'obsession des démons et ; rien
1
. On ajoutait que les fantômes faisaient dan-
cela à propos d'un ménétrier qu'on voulait ser ceux qu'ils rencontraient sur leur chemin
mettre à mort injustement, et qui amena sa lesquels ne manquaient pas de se tenir pour
délivrance en faisant danser les masses On avertis qu'ils mourraient bientôt. On ne rencontre
plus guère de ces choscs-là.
Danse des fées. On prétendait chez nos pères
que les fées habitaient les forêts désertes, et
qu’elles venaient danser sur la gazon au clairde
lune. l oy. KÉes.
Danse des géants. Merlin, voulant faire une
galanterie de courtisan, fit venir, dit-on, d'Ir-
lande en Angleterre, des rochers qui prirent la
ligure de géants, et s'en allèrent en dansant for-
mer un trophée pour Ambrosius. C'est ce le roi

qu'on appela la danse des géants. Des écrivains


soutenaient, il n’y a pas longtemps, que ces ro-
chers dansaient encore à l’avénement des rois
d'Angleterre.
Danse des morts. L’origine des danses des
morts, dont on lit le sujet de tant de peintures,
date du moyen âge: elles ont été longtemps en
vogue. D’abord on voyait fréquemment, pendant

le temps du carnaval, des masques qui représen-

taient la mort ils avaient le privilège de danser;

en chercha la guérison à EclUornach.en Luxem- avec lotis ceux qu'ils rencontraient en les prenant
bourg, devant les reliques vénérées de saint par la main, et l'effroi des personnes qu'ils for-
AVillibrord et le souvenir de ce singulier phé- çaient de danser avec eux amusait le public.
,

nomène y est toujours vivant. Ces danses eurent Bientôt ces masques eurent l'idée d'aller dans les
lieu au quatorzième siècle surtout. On croyait ces cimetières exécuter leur danse en l'honneur des
danseurs possédés, parce qu'ils dansaient malgré trépassés. Ces danses devinrent ainsi un effrayant
eux et qu'ils se disaient frappés souvent de vi- exercice de dévotion elles étaient accompagnées ;

sions merveilleuses. Au reste on ne les guérit de sentences lugubres, et l'on ne sait pourquoi
que par des exorcismes. alors elles prirent le nom de danses macabres.

Danse des Esprits. Olaiis Magnus, au troi- On fit des images de ces danses qui furent révé-
sième livre de son Histoire des peuples' septen- rées par le peuple. Ces danses macabres se mul-
trionaux, écrit qu'on voyait encore de son temps, tiplièrent à l’infini au quinzième et an seizième
en beaucoup de ces pays-là des esprits et fan- siècle les artistes les plus habiles furent em-
,
:

tômes dansant et sautant, principalement de ployés à les peindre dans les vestibules des cou-
vents et sur les murs des cimetières. La danse
* Voyez les Légendes infemates. des morts de Bâle futd’abord exécutée danscelle
3 Voyez dans les légendes des Commandements de
Dieu le Ménétrier d' Echtemaeh. 1
Taillepicd, Psychologie p. <73.
43.

Digitized by
DAN — 196 — DAN
villeen 1435 par l’ordre du concile qui y était 1

temps M. Saint-Marc Girardin. Ce monde-ci est


rassemblé. Ce qui l’a rendue célèbre, c'est qu’elle un grand bal où la mort donne le branle. On
fut ensuite refaite par Holbein. « L'idée de celte danse plus ou moins de contredanses, avec plus
danse est juste et vraie, disait il y a quelque |
ou moins de joie; mais cette danse enün, c'est

Danse ilci fée».

toujours la mort qui la mène et ces danseurs


: le même écrivain : l’une à Dresde, dans le ei-
de tous rangs et de tous étals, que sont-ils? Des metière au delà de l'Elbe; l'autre en Auvergne,
mourants à plus ou moins long terme. dans l'admirable église de la Chaise-Dieu. Celte
• Je connais deux danses des morls, poursuit i
dernière est une fresque que l’humidité ronge

Danse de* fée».

chaque jour. Dans ces deux danses des morts, la vieillard et le jeune homme, et la mort les en-
mort est en tête d’un chœur d'hommes d'âges et traîne tousaprèselle. Ces deux danses des morts
d'étals divers : il
y a le roi et le mendiant, le expriment l’idée populaire de la manière la plus

Digitized by Google
DAN — 197 DAN
simple. Le génie d'Holhein a fécondé cette idée !
j
mort que dans leur vie, et que, comme nous
dans sa fameuse Dame des morts du cloître des vivons tous à notre manière, nous avons tous
dominicains à Bâle c'était une fresque et elle
; ,
aussi notre manière de mourir.
a péri comme périssent peu à peu les fresques.
Il en reste au musée de Bâle quelques débris et

des miniatures coloriées. La danse d’Holbein


n’est pas, comme celles de Dresde et de la Chaise-
Dieu, une chaîne continue de danseurs menés
par la mort; chaque danseur a sa mort costumée
d’une façon différente, selon l’état du mourant.
De cette manière, la danse d'Holhein est une
suite d'épisodes réunis dans le même cadre. Il
y
a quarante et une scènes dans le drame d'Hol-
bein , dans ces quarante et une scènes une
et
variété infinie. Dans aucun de ces tableaux vous
ne trouverez la même pose, la même attitude,
la même expression Holbein a compris que les
: » Holbein costume le laid et vilain squelette
hommes ne se ressemblent pas plus dans leur sous lequel nous nous figurons la mort , et il le

costume de la façon du monde la plus bouffonne, • Holbein avait ajouté à l’idée populaire de la

exprimant, par les attributs qu’il lui donne, le Danse des morts le peintre inconnu du pont de
:

caractère et les habitudes du personnage qu'il Lucerne a ajouté aussi à la danse d’Holbein. Ce
veut représenter. Chacun de ses tableaux est un ne sont pas des peintures de prix que les pein-
chef-d’œuvre d’invention. Il —
est incroyable tures du pont de Lucerne; mais elles ont un mé-
avec quel art il donne l'expression de la vie et rite d’invention fort remarquable. Le peintre a

du sentiment à ces squelettes hideux, à ces représenté, dans les triangles que forment les
figures décharnées. Tous ses morts vivent, poutres qui soutiennent le toit du pont, les scènes
pensent, respirent; tous ont le geste, la phy- ordinaires de la vie, et coinmenlla mort .les in-
sionomie, j'allais presque dire les regards et les terrompt brusquement.
couleurs de la vie. » Dans Holbein la mort prend le costume et
,

Digitized by
.

DAN — 198 — DAN


les états, montrant par là
les attributs île tous cocher, lait claquer son fouet ; les enfants rient
que nous sommes tous soumis à sa nécessité. Au cl pétillent mère seule se plaint que la voi-
: la

ture va trop vite. Que voulez-vous c'cst la mort !

qui conduit, elle a liàtc d’arriver. Allez-vous au


bal ,
voici la mort qui entre en
coiffeur, le peigne
à la main. Hâtez-vous, dit la jeune fille, hâtez-
-

vous je ne veux pas arriver trop tard.


! Je —
ferai vile! » Elle fait vile; car à peine a-t-elle
touché du bout de son doigt décharné le front
de la danseuse , que ce front de dix-sept ans se
dessèche aussi bien que les (leurs qui devaient
le parer.
» Le pont de Lucerne nous montre la murt à
nus côtés et partout à table, où elle a la ser-
;

viette autour du cou, le verre à la main, et porte


des santés; dans l'atelier du peintre, où, en
garçon barbouilleur, elle tient la palette cl broie
les couleurs ; dans le jardin , où vêtue en jardi- ,

pont de Lucerne, la mort vil avec nous. Faisons- nier, l'arrosoir à la main , elle mène le maître
nous une partie de campagne, elle s’habille en voir si ses tulipes sont écloses ; dans la boutique,

où en garçon^marchaud, assise sur des ballots se moquait des juges durant son procès, et leur
d’étoffe, elle) a l'air engageant et appelle les pra- protestait qu’ils ne pourraient la faire mourir;
tiques; dans le corps de garde, où, le tambour mais elle déchanta '.

en main elle bat le rappel dans le carrefour,


, ;

où, en faiseur de tours, elle rassemble les ba-


dauds au barreau, où, vêtue en avocat, elle
;

prend des conclusions le seul avocat (dit la


:

légende en mauvais vers allemands placés an bas


de chaque tableau) qui aille vile et qui gagne
toutes ses causes dans l’antichambre du minis-
;

tre, où, en solliciteur, l’air humble et le dos


courbé, elle présente une pétition qui sera écou-
tée; dans le combat, enfui, où elle court en tôle
des bataillons, et pour se faire suivre elle s'est
noué le drapeau autour du cou
Danse des tables, l’oij. Txbi.es tocrnantis.
Danse du sabbat. Pierre Delancre assure'
que les danses du sabbat rendent les hommes
furieux et font avorter les femmes. Le diable, |

dit-on, apprenait différentes sortes de danses aux


sorciers de Genève. Ces danses étaient fort rudes,
puisqu'il se servait de verges et de bâtonscoinme
ceux qui font danser les animaux. Il y avait dans Les démons 1 dansent avec les sorcières , en
ce pays une jeune femme à qui le diable avait
1
Delancre, Tableau Je Tinconsl. des démotu, etc.,
donné une baguette de fer qui avait la vertu de liv. III, dise, iv, p. 204
faire danser les personnes qu’elle touchait. Elle 2 Bodin, Dèmonomanir , liv. I, ch. iv.

Digitized by Google
, ,

DAN 109 — DAV


forme de bouc ou de tout autre animal. On danse fondée celte vieille croyance populaire , que le
généralement en rond au sabbat, dos à dos, ra- dauphin est l'ami de l’homme. Les anciens le
rement seul ou à deux. Il y a trois branles le : connaissaient si imparfaitement, qu'on l'a presque
premier se nomme le branle à la bohémienne ; toujours représenté avec le dos courbé en arc,
le second s’exécute comme celui de nos artisans tandis qu’il a dos plat comme les autres pois-
le
dans les campagnes, c’est-à-dire en sautant tou- sons à moins que nous ne donnions le nom de
,

jours le dos tourné dans le troisième branle, on


; dauphin à un poisson qui ne serait pas celui des
se place tous en long se tenant par les mains
, anciens. Il y a des races perdues. On trouve dans
et avec certaine cadence, à peu près comme dans Élien et dans d'autres naturalistes des enfants
ce qu’on appelle aujourd'hui le galop. On exé- qui se promènent en mer à cheval sur des dau-
cute ces danses au son d'un petit tambourin phins apprivoisés ; ce sont de ces merveilles qui
d'une fliite, d'un violon ou d'un autre instrument ne sont plus faites pour nous. On sait que le —
que avec un bâton. C’est la seule mu-
l’on frappe dauphin est le symbole de la rapidité : et c’est
sique du sabbat. Cependant des sorciers ont as- dans un sens emblématique pour rappeler qu’il ,

suré qu'il n’y avait pas de concerts au monde faut se hâter avec prudence , qu'on a peint le
mieux exécutés... dauphin entortillé à une ancre ; car il est faux que
Danse du soleil. C’est une croyance encore par affection pour l’homme il la conduise au fond
répandue dans beaucoup de villages que le soleil de la mer, comme le contaient nos pères
danse le jour de Pâques. Mais cette gracieuse Dauphiné, ancienne province de France qui,
tradition populaire n’est que de la poésie, comme dès le quatorzième siècle attaquée dans sa foi, ,

les trois soleils qui se lèvent sur l’horizon le ma- ainsi que les Cévennes, par diverses bandes hé-
tin de la Trinité. rétiques, accueillit rapidement le calvinisme, et
Dante, le plus grand poêle de l'Italie, mort lors de la révocation de l’édit de Nantes, devint
en 1321, a fait dans sa Divina Comedia une des- le théâtre de phénomènes extraordinaires où se
cription prodigieuse, en trente-trois chants, de glissa vite la magie. Il s'éleva là des écoles de
l’enfer et une autre du purgatoire. Mais il ne faut prophètes, qui, dans des extases et des transports,
chercher là qu’une grande poésie. M. E. Aroux, disaient et faisaient des choses tout à fait excen-
dans son livre intitulé YHérésie du Dante, a triques. Un nommé Serre ou Duserre était le gou-
voulu démontrer que Dante était attaché à l'hé- verneur et le maître de l’école de prophétie.
résie vaudoise. qui entratna tant d'imaginations Quelques-uns de ses élèves se firent un nom,
au treizième siècle; c'est douteux. entre autres Gabriel Astier et une jeune fille
Daphnéphages, devins qui, avant de répondre (car il y avait prophètes et prophétesses) nom-
aux questions qu'on leur faisait, mangeaient des mée Isabelle, connue sous le nom de la belle
feuilles de laurier, parce que, cet arbre étant con- Isabeau. Des ministres protestants se mêlaient à
sacré à Apollon, ils se croyaient de la sorte in- cet ébranlement Jurieu lui-même prophétisa. Il
;

spirés de ce dieu. fallut envoyer des troupes pour abattre cette tem-
Daphnomancie, divination par le laurier. On pête qui devenait menaçante. Isabeau se con-
en une branche dans le feu si elle pétil-
jetait ; verlit et la répression, que les réformés ont fort
;

lait en brûlant, c’était un heureux présage mais ; noircie, se fit av ec modération ’.On a appelé ces
si elle brûlait sans faire de bruit le pronostic , singuliers rebelles camisards , à cause de leur
était fâcheux. manière de se reconnaître dans leurs réunions
Dards magiques, les Lapons, qui passaient secrètes fisse mettaient une chemise par-dessus
;

autrefois pour de grands sorciers et qui le sont à leurs habits.


présent bien peu, lançaient, dit-on, des dards de David. Selon les Orientaux , ce prophète-roi
plomb longs d’un doigt contre leurs ennemis se faisait obéir des poissons, des oiseaux et des
absents, et croyaient leur envoyer avec ces dards pierres; ils ajoutent que le fer qu'il tenait dans
enchantés des maladies et des douleurs violentes. ses mains s'amollissait , et que les larmes qu'il
l’oy. Trac. versa pendant les quarante jours qu’il pleura son
Daroudji. Ô'est le nom que les Persans don- péché faisaient naître des plantes. Adam , disent
nent à la troisième classe de leurs mauvais génies. les musulmans ,
avait donné soixante ans do la
Darvands mauvais génies en Perse, opposés
, durée de sa vie pour prolonger celle de David,
aux amschaspands. dont il prévoyait le règne glorieux.
Daugis, auteur peu connu d’un livre contre David, prêtre apostat, mêlé à la possession de
les sorciers intitulé Traité sur la magie, le sor-
tilège, les possessions , obsessions et maléfices où
l’onen démontre la vérité et la réalité; avec une 1
Brown, Des erreurs populaires, liv. V, ch. n.
2 Voyez, dans légendes infernales, les Prophètes
méthode sûre et facile pour les discerner, et les les
du Dauphiné. M. Ilippolyte Blanc a donné récemment
règlements contre les devins, sorciers, magi-
une curieuse et très-intéressante histoire de ces faits,
ciens, elc. Paris, in-12, 1732. sous ce titre De l’inspiratiun des camisards, in-12,
:

Dauphin. On ne sait pas trop sur quoi est 1860, à Paris, chez Henri Plon.
, ,

DAV 200 — DF.L

Louviers par ses relations avec Madeleine Ba- Dedshail, le diable chez plusieurs tribusarabes.
vent. Il eut une mort subite. Dée (Jean), savant fou, né à Londres en 1 527.
David Georges, vitrier de Gand, qui en 1525 11 s'occupa de cabale, d’alchimie et d'astrologie.

se mita courir les Pays-Bas, en disant qu’il était La reine Élisabeth le tira de sa misère et l’appela
le Messie envoyé sur la terre pour remplir le son philosophe. Il a laissé quelques écrits que Ca-
ciel ,
qui avait beaucoup trop de vide. On le si- saubon a publiés. Mort en 1607.
gnala comme un fou dangereux mais il changeait ; Déification. Vespasien, se voyant sur le point
de nom pour se mettre à couvert des poursuites. de mourir, dit à ses amis, par une assez fine
11 ensorcelait les esprits, dit Delancre, taudis que raillerie de l’adulation des Romains qui déifiaient ,

les autres sorciers ensorcelaient les corps. Au leurs empereurs après la mort « Je sens que je :

bout de treize ans qu’il séjourna à Bâte , il mou- deviens dieu. »

rut. Ses disciples furent étonnés de sa mort, car Deiphobe, sibylle de Cumes. Voy. Sibylles.
ils le croyaient immortel cependant il leur avait
: Déisme. Le déisme n’est autre chose que la
prédit qu’il ressuciterail trois jours après son religion de la nature matérielle, mais en niant
trépas. Ce qui n’eut pas lieu
1
; et ses restes fu- tout dans le surnaturel : cette triste et froide doc-
rent brûlés en 1559. trine n'explique rien, ne produit rien, ne mène
David Jones. Les matelots anglais appellent à rien.
de ce nom le mauvais génie qui préside à tous Déjections. Le médecin de Ilaën, dans le der-
de la mer. Il est dans tous
les esprits malfaisants nier chapitre de son Traité de la magie, dit que
les ouragans; on l'a vu quelquefois d'une taille de quelques parties que ce soit
si l'on voit sortir

gigantesque montrant trois rangs de dents ai-


,
du corps humain, sans lésion considérable, des
guës dans sa bouche énorme, ouvrant de grands choses qui naturellement ne peuvent y entrer,
yeux effrayants et de larges narines, d'où sor- comme des couteaux, des morceaux de verre,
taient des llainmes bleues. du fer, de la poix, des touffes de crin, des os,
Deber. Des théologiens hébreux disent que des insectes de grosses épingles tordues , des
,

Deber signifie le démon qui offense la nuit; et charbons, etc. , on doit attribuer tout cela au dé-
Chcteb ou Chereb, celui qui offense en plein midi. mon et à la magie. Voy. Excréments.
Decarabia. l oy. C&iubia. Delancre (Pierre) ,
démonographe renommé,
Décius (Publias). Pendant la guerre des Ro- né à Bordeaux dans le seizième siècle. Il fut
mains contre les Latins, les consuls Publius Dé- chargé d’instruire le procès do quantités de vau-
cius et Manlius Torquatus, campés près du Vé- riens accusés de sortilèges. Dans ces travaux il
suve, eurent tous deux le même songe dans la demeura convaincu de toutes les abominations
même nuit ils virent en dormant un homme
: du sabbat et des sorciers. Il mourut à Paris vers
d'une figure haute, qui leur dit que l’mie des 1630. On a de lui deux ouvrages recherchés sur
deux armées devait descendre chez les ombres, ces matières.
et que celle-là serait victorieuse dont le général 1“ L'incrédulité et mécréance du sortilège plei-
se dévouerait aux puissances de la mort. nement convaincues est amplement et cu-
où il

Le lendemain les consuls, s'étant raconté leur rieusement traité ou illusion du sor-
de la vérité
songe, firent un sacrifice pour s'assurer encore tilège, de de l'attouchement, du
la fascination,
de la volonté des dieux et les entrailles des vic-
, scopélisme, de la divination de la ligature ou .

times confirmèrent ce qu’ils avaient vu. Ils con- liaison magique, des apparitions et d'une infi-
vinrent donc entre eux que le premier qui ver- nité d’autres rares et nouveaux sujets, par P. De-
rait plier ses bataillons s'immolerait au salut de lancre conseiller du roi en son conseil d’Élat.
,

la patrie. Paris, Nicolas Buon, 1612, in-if de près de 900


Quand le combat fut engagé, Décius, qui vit pages, assez rere, dédié au roi Louis XIII, divisé
commandait, se dévoua, et
fléchir l’aile qu’il en dix traités.
avec lui toute l’armée ennemie aux dieux infer- Dans le premier traité, l'auteur prouve que
naux, et se précipita dans les rangs des Latins, tout ce qu’on dit des sorciers est véritable. Le se-
où il reçut la mort en assurant à Rome une vic- cond, intitulé de la Fascination, démontre que
toire éclatante ’.
les sorcières ne fascinent, en ensorcelant, qu’au
Si ce double songe des consuls et les présages moyen du diable. Par le troisième traité, consacré
des victimes publiés dans les deux armées n’é- à l' attouchement on voit ce que peuvent faire
taient qu’un coup de politique , le dévouement de les sorciers par le toucher, bien plus puissant
Décius était un acte de patriotisme bien grand, que le regard. Le traité quatrième où il s’agit ,

même chez les Romains. du scopélisme, nous apprend que par cette science
Decremps, escamoteur du dernier siècle, qui secrète on maléûcie les gens en jetant simple-
ptiblia un Traité de la magie blanche. ment des pierres charmées dans leur jardin. Le
magnétisme explique aujourd'hui la plupart de
1
Voyez l'histoire de David Georges, dans les Lé-
gendes infernales. ces prodiges. Le traité suivant détaille toutes les
a Tite-Live et Valère-Maxime. divinations. Au sixième traité , on s'instruit de

Digitiz
s ,

DEL - 201 — DEM


tout qui tient aux ligatures. Le septième roule sur Il arriva un jour que des chèvres s’étant appro-
les apparitions. L’auteur, qui ne doute peut-être chées sur Parnasse d’un trou d’où sortait une
le
pas assez, en rapporte beaucoup. Il tombe, dans le exhalaison forte, elles se mirent à danser. La nou-
huitième traité, sur les juifs, les apostats et les veauté de la chose et l’ignorance où l’on était de
athées. Dans le neuvième, il s’élève contre les la vertu naturelle de ces vapeurs firent croire
hérétiques, dont l'apparition dans tous les temps qu’il y avait là-dessous du merveilleux et que ,

a produit en effet des fanatismes plus ou moins sans doute ce trou était la demeure de quelque
absurdes ou abominables. 11 se récrie , dans le dieu (ou démon), dont on ne devait pas négliger
dernier traité, contre l’incrédulité et mécréance les inspirations. Il n’en fallut pas plus : on y bâtit
des juges en fait de sorcellerie. Le tout est suivi un temple, on y institua un oracle, des prêtres,
d’un recueil d'arrits notable contre les sorciers. une pythie, des cérémonies. L’exhalaison qui
2* Tableau de T inconstance des mauvais anges montait à de la prêtresse l’agitait violem-
la tête
et Aimons, où il est amplement traité de la sor- ment c'était, comine le remarque Benjamin
:

cellerie et des sorciers ; livre très-curieux et très- Binet, l’inspiration du dieu qui la saisissait. Elle
utile , avec un discours contenant la procédure parlait sans se faire comprendre c’était le dieu :

faite par les inquisiteurs d'Espagne et de Na- qui combattait ses facultés. Elle revenait à elle-
varre à cinquante-trois magiciens, apostats, juifs même et prononçait l’oracle : c'étaiL le dieu qui,
et sorciers, en la ville de Logrogne, en Castille, le devenu le maître, parlait par son organe. La force
9 novembre 1610; en laquelle on voit combien de l’exhalaison était quelquefois si violente qu’elle
l’exercice de la justice en France est plus juridi- faisait mourir la pythie. Plutarque en cite un

quement traité et avec de plus belles formes qu'en exemple.


tous autres empires royaumes républiques et
, , Deirio (Martin-Antoine), né à Anvers en 1551,
États, par P. Oclancre, conseiller du roi au par- savant jésuite , auteur d'un livre intitulé Re-
lement de Bordeaux; Paris, Nicolas Buon, 1612, cherches magiques' en six livres, où il est traité
in-4” d’environ 800 pages ', très-recherché, sur- soigneusement des arts curieux et des vaincs su-
tout lorsqu'il est accompagné de l’estampe qui perstitions; in-4”, Louvain, 1599, souvent ré-
représente les cérémonies du sabbat. imprimé. Ce livre célèbre, qui eut dans son temps
Cet ouvrage est divisé en six livres; le premier beaucoup de vogue , a été abrégé et traduit en
contient trois discours sur l'inconstance des dé- français par André Duchesne, Paris, in-4* et in-8*,
mons, le grand nombre des sorciers et le penchant 2 vol., 1611, très-recherché. L’auteur se montre
des femmes du pays de Labourd pour la sorcellerie. généralement plus éclairé que la plupart des écri-
Le second livre traite du sabbat en cinq discours. vains de son siècle. Son ouvrage est divisé en
Le troisième roule sur la même matière et sur six livres; le premier traite de la magie en gé-
les pactes des sorciers avec le diable, pareille- néral, naturelle et artificielle, et des prestiges;
ment en cinq discours. Le quatrième livre qui ,
le second, de la magie infernale ; le troisième, des
contient quatre discours, est consacré aux loups- maléfices; le quatrième, des divinations et pré-
garous; le livre cinquième, en trois discours, dictions; le cinquième, des devoirs du juge et
aux superstitions et apparitions et le sixième, ; de manière deprocéder en fait de sorcellerie;
la

aux prêtres sorciers, en cinq discours. le sixième, des devoirs du confesseur et des re-
Tout ce que ces ouvrages présentent de cu- mèdes permis ou prohibés contre la sorcellerie.
rieux tient sa place dans ce dictionnaire. En général, ces disquisilions magiques sont un
Delangle (Louis), médecin espagnol et grand recueil de faits bizarres , mêlés de raisonnements
astrologue. On racontequ’il prédit au roi de France et de citations savantes.
Charles Vil la journée de Frémigny en liât); il Déluge. Va g. Is
prédit aussi, selon quelques auteurs, l’emprison- Démence, l’oy. Possession.
nement du petit prince de Piémont, ainsi que la Démocrite, philosophe célèbre qui fiorissait
peste de Lyon l’année suivante. On l'accusa de en Grèce environ trois cents ans après la fonda-
superslition ,
quoiqu’il ne se dit qu'astrologue. Le tion de Home. Les écrivains du quinzième et du
roi le retint à quatre cents livres de pension et seizième siècle l’ont accusé de magie; quelques-
l’envoya pratiquer sa science à Lyon. Il lit plu- uns lui ont même attribué un traité d’alchimie.
sieurs livres et traduisit d’espagnol en latin les Psellus prétend qu’il ne s'était crevé les yeux
A’alivitis,
de Jean de Séville. On ajoute qu’il pré- qu’après avoir soufflé tout son bien à la recherche
vit le jourde sa mort. Il fit faire, dit-on, quinze de la pierre philosophale. La cécité de Démocrite
jours d’avance son service, que l'on continua a embarrassé bien des personnes. Terlullien dit
jusqu’à l’heure marquée où en effet il mourut qu’il se priva de la vue parce qu'elle était pour
Delphes (l'oracle de) Diodore deSicilc nous ap-
. lui une occasion de mauvaises convoitises. Plu-
prend l’origine des merveilles qu'on en a contées.
1
Disquisitionum magicarum libri sex, etc., auc-
y a une préface de Jean d'Espagnel. une Marlino
1
II Deirio, etc.
a
Ancien manuscrit de la bibliothèque du roi, rap- s Pour lo déluge universel, voyez les Légendes de
porté à la fin des Remarques de Joly sur Bayle. l’Ancien Testament.
DÉM — 202 — DÉM
tarque pense que c'était pour philosopher plus à lise les savantes pages de la Mystique divine , na-
son aise, et c’est le sentiment le plus répandu, turelle et diabolique de Gmrres, on y verra qu'au-
quoiqu'il soit aussi dénué de fondement que les jourd’bui, au moment où ces lignes se lisent, il
autres. Démocrite ne fut point aveugle, si l’on en y a sur notre sol, dans les bas-fonds de la société,
croit Hippocrate ,
qui raconte qu'appelé par les une foule de démonolàlres ou adorateurs du dé-
Ahdëritains pour guérir la folie prétendue de ce mon qui lui rendent un culte ténébreux qui sc
, ,

philosophe, il le trouva occupé à la lecture de donnent et sc livrent à lui et qui agissent en con-
certains livres et à la dissection de quelques ani- séquence. C’est du reste la suite logique et con-
maux , ce qu’il n'eût point fait s'il eût été aveugle. stante de toutes les ères philosophiques.
De jeunes Abdérilains, sachant que Démocrite Démonologie, discours cl traités sur les dé-
s’était enfermé dans un sépulcre écarté de la ville mons. Pour la démonologie du roi Jacques, voy.
pour philosopher, s’habillèrent un jour en dé- ce nom. l’oy. aussi Walter Scott.
mons avec de longues robes noires et des mas- Démonomancie, divination par le moyen des
ques hideux puis ils l'allèrent trouver et se mi-
;
démons. Celte divination a lieu par les oracles
rent ë danser autour de lui: Démocrite n’en parut qu’ilsrendent ou par les réponses qu’ils font à
pas effrayé; il ne leva pas même les yeux de ceux qui les évoquent.
dessus son livre et continua d’écrire Il riait de Démonomanie, manie de ceux qui croient sans
tout, nous dit-on, mais son rire était moral, et réserve à tout ce qu’on raconte sur les démons
il voyait autrement que les hommes dont il se et les sorciers . comme Boguet , Leloyer , Delan-
moquait. Croyons donc, avec Scaliger, qu’il était cre, Wierus, etc. L’n ouvrage de Bodin porte le
aveugle moralement, quod aliorum more oculit litre de Démonomanie des sorciers; mais là ce mot
non utcrtlur. signifie diablerie. Voy. Bobis.
On a dit qu’il entendait le chant des oiseaux, Démons. Ce que nous savons d’exact sur les
et qu’il s'était procuré celte faculté merveilleuse démons se borne à ce que nous en enseigne l'É-
en mangeant un serpent engendré du sang mé- glise: que ce sont des anges tombés, qui privés ,

langé de certains oisillons; mais que n'a-t-on pas de vue de Dieu depuis leur révolte, ne respi-
la

dit On a dit aussi qu’il commerçait avec le diable,


! rent plus que le mal et ne cherchent qu'à nuire.

parce qu'il vivait solitaire. Ils ontcommencé leur règne sinistre par la sé-
Démogorgon ,
adoré en Arcadie, a laissé une duction de nos premiers pères; ils continuent de
curieuse histoire. Il était enfoui au milieu de la lutter contre les anges fidèles qui nous protègent,
terre, alors inerte, et il s'y ennuyait, car il n'a- et ils triomphent de nous quand nous ne leur ré-
vaitpour compagnon que le chaos. Il s'avisa donc sistons pas avec courage oubliant de nous ap-
,

de se faire une petite voiture en forme de sphère;


il la lança et se mit dessus. Comme elle tournait
toujours circulaircment , son excursion forma le
ciel. Ayant rencontré le feu en chemin, il en fit.

le soleil, et pièce à pièce il construisit ce monde.


Voilà un des dogmes des païens.
Démon barbu. Voy. Barbu.
Démoniaques, l'oy. Possédés.
Démonocratie , gouvernement des démons,
influence immédiate des esprits malfaisants , re-
ligion de quelques peuplades américaines, afri-
caines, asiatiques, sibériennes, kamtschada-
les, etc., qui révèrent le diable avant tout, comme
par exemple les Kurdes.
Démonographie, histoire et description de ce
qui regarde les démons. On appelle démonogra-
phes les auteurs qui écrivent sur ce sujet, comme
Boguet, Delaucre l.elnyer, Wicrus, etc. ,

Démonolétrie, culte des démons. On a publié


à Lyon vers 1819 un volume in- 12 intitulé
Superstitions et dimonolâtrie des philosophes Ce .

livre a étéun peu bafoué, quoiqu’il contienne de


très-bonnes choses et de sérieuses vérités. Il est
certain que chez nous-mêmes, qui sommes si fiers
puyer sur la grâce de Dieu. On ne peut nier leur
de nos iumières et de nos progrès le démon existence sans tomber dans l’absurde
,
et dans
compte encore d'innombrables serviteurs. Qu’on l’inexplicable. Lock, Clarke, Leibniz, Newton,
1
Leloyer, Histoire des spectres ou Apparition des toutes les têtes solides ont compris l'impossibilité
esprits, (iv. I. ch. ix, p. 80. de cette négation.

Digitized by Google
DÉM — 203 — DÉM
Nous ne pouvons Taire ici un traité dogmatique le soleil d’autres les ont relégués dans la lune.
;

sur les démons. Nous devons nous borner ù rap- Bornons-nous à savoir qu’ils sont dans les lieux
porter les opinions bizarres et singulières aux- inférieure, et que Dieu leur permet de tenter les
quelles ces êtres maudits ont donné de l’intérêt. hommes et de les éprouver. Nous connaissons la
Les païens admettaient trois sortes de démons, dure et incontestable histoire du péché originel,
lesbons, les mauvais et les neutres. Mais ils ap- réparé, dans ses effets éternels, par la rédemp-
démon tout esprit. Nous entendons par
pelaient tion. Depuis, le pouvoir des démons, resserré
démon un ange de ténèbres, un esprit mauvais. dans de plus étroites limites, se borne à un rôle
Presque toutes les traditions font remonter l'exis- vil et ténébreux qui a produit pourtant de lamen-

tence des démons plus loin que la création de tables faits.


l’homme. La chute des anges a eu lieu en eiïet On n’a aucune donnée du nombre des démons.
auparavant. Parmi les Juifs, Aben-Esra prétend Wierns, comme les avait comptés, dit qu'ils
s'il

qu’on doit fixer celle chute au second jour de la so divisent en six mille six cent soixante-six lé-
création. Ménassé Ben-Israël qui suit la mémo
,
gions, composées chacune de six mille six cents
opinion, ajoute qu’après leur chute, Dieu les plaça soixante-six anges noirs; il en réduit ainsi le
dans les nuages et leur donna le pouvoir d'ha- nombre à quarante-cinq millions, ou à peu près,
biter l’air inférieur ’. mais il
y en a bien davantage. Il leur donne
0 ri gène et quelques philosophes soutiennent soixante-douze princes, ducs, marquis ou comtes.
que les bons et les mauvais esprits sont beau- Ils ont leur large part dans le mal qui se fait ici-
coup plus vieux que notre monde qu’il n'est pis :
bas, puisque les mauvaises inspirations viennent
probable que Dieu se soit avisé tout d'un coup, d'eux seuls.
il
y a seulement six ou sept mille ans ’ de tout ,

créer pour la première fois; que les anges et les


démons étaient restés immortels après la ruine
des mondes qui ont précédé le nôtre, etc. Manès,
ceux qu’il a copiés et ceux qui ont adopté son
système font le diable presque éternel et le re-
gardent comme le principe du mal, ainsi que Dieu
est le principe du bien. Quoique faux à l'excès,
ce système a encore trop de partisans. Pour nous,
nous devons nous en tenir sur les démons au
sentiment de l’Église catholique. Dieu avait créé
les chœurs des anges. Toute cette milice céleste
était pure et non portée au mal. Quelques uns si;
laissèrent aller à l’orgueil; ils osèrent se croire Selon Michel Psellus, les démons se divisent
aussi grands que leur Créateur, et entraînèrent en six grandes sections. Les premiers sontles
dans leur révolte une partie de l'aimée des anges. démons du feu , qui en habitent les régions ; les
Satan le premier des séraphins
, Më
plus grand seconds sont les démons de l’air, qui volent au-
de tous les êtres créés J s'était misa la tète des
,
tour de nuus et ont le pouvoir d'exciter les
rebelles. Il jouissait dans le ciel d'une gloire inal- orages les troisièmes sont les démons de la
;

térable et ne reconnaissait d'autre maître que terre, qui se mêlent avec les hommes et s'oc-
l'Élernel. Une folle ambition causa sa perte; il cupent de les tenter; les quatrièmes sont les
voulut régner sur la moitié du ciel et siéger sur , démons des eaux, qui habitent la mer et les ri-
un trône aussi élevé que celui du Créateur. L'ar- vières, pour y élever des tempêtes et causer des
change Michel cl les anges restés dans le devoir naufrages; les cinquièmes sont les démons sou-
lui livrèrent combat. Satan fut vaincu et précipité terrains. qui préparent les iremblemenLs de terre,
avec tous ceux de son parti ' , loin du ciel, dans souillent les volcans, font écrouler les puits et
un lieu que nous nommons l'tn/er ou t'abime, et tourmentent les mineurs ; les sixièmes sont les
que plusieurs opinions placcnlau centre enflammé démons ténébreux, ainsi nommés parce qu'ils
de notre globe. Mais les démons habitent aussi vivent loin du soleil et ne se montrent que peu
l’air, qu'ils remplissent. Nous le lisons dans saint sur la terre. On ne où Michel Psellus a
sait trop
Paul. Saint Prospcr les place dans les brouillards. trouvé ces détails mais c’est dans ce système
;

Swindcn a vvulu démontrer qu'ils logeaient dans que les cabalistes ont imaginé les salamandres,
qu’ils placent dans les régions du feu les sylphes ;
1
De résurrection* uwrltwrum, lib. lit, cap. vi.
3 La version des Septante donne au monde quinze qui remplissent l’air; les ondins, ou nymphes,
ou dix-huit cents ans de plus que nous. Les Grecs qui vivent dans l'eau, et les gnômes, qui sont
modernes ont suivi ce calcul et te P. Pezron l’a un
,
logés dans l'intérieur de la terre.
peu réveillé dans l'Antiquité rétablie.
3 Quique creatura praf'.dfit in ordine primuf
Aie. Activi poem., lib. II.
— Des doctes ont prétendu que les démons mul-
tiplient entre eux comme les hommes; ainsi, leur
4 Apocalypse, ch. v, vers. 7 et 9. nombre doit s’accroître , surtout si l’on considère
. ,
,, .

DÉM — 204 — DEN


la durée de leur vie, que quelques savants ont mons, nous citerons encore Bayle, qu'on n’ac-
bien voulu supputer car il en est qui ne les font
;
cusera pas de crédulité excessive. Il reconnaît
pas immortels. Hésiode leur donne une vie de lui-inèmc l'existence des démons et les faits que
six cent quatre-vingt mille quatre cents ans. Plu- l'Église leur attribue avec fondements. « Il se
tarque, qui ne conçoit pas bien qu’on ait pu faire trouve dans les régions de l’air, dit-il, des êtres
l’expérience d’une si longue vie, la réduit à neuf pensants, qui étendent leur empire aussi bien
mille sept cent vingt ans... que leurs connaissances sur notre monde. Et
Ajoutons ici une remarque de Benjamin Binet, comme on ne peut nier l’existence sur la terre
dans son Traité det dieux et des démons du pa- d’êtres méchants qui font le mal et s’en ré-
ganisme : « Les anciens s’étaient imaginé que jouissent, on serait ridicule si on osait nier qu'il
Dieu étant esprit, il fallait que les anges et les y ait, outre ceux-là qui ont des corps, plusieurs
démons fussent des corps, 4 cause de la distance autres qu'on ne voit pas et qui sont encore plus
infinie qui éloigne le Créateur de la créature. » malins et plus habiles que l'homme'. >
a 11 est certain, dit Terlullicn, que les anges Démons blancs, l'oy. Femmes blanches.
n'ont pas eu une chair qui leur fût personnelle Démons familiers, démons qui s’apprivoi-
étant spirituels de leur nature; et s’ils ont un sent et se plaiseut à vivre avec les hommes qu’ils
corps, il convient à leur nature. (Tert. , De carne aiment assez à obliger.
Christs, cap. 6.)» Saint Macaire l'ancien pousse Un historien suisse rapporte qu’un baron de
encore chose plus loin en ce passage : u Cha-
la Regensberg s’était retiré dans une tour de son
cun est corps selon sa propre nature en ce sens ; château de Bàle pour s’y adonner avec plus de
l’ange et l’àme elle démon sont corps. «(Mac., soin à l'étude de l'Écriture sainte et aux belles-
hom. 4.) lettres. Le peuple était d'autant plus surpris du
Plutarque compare la nature des démons à choix de cette retraite, que la tour était habitée
celle des hommes. Il les représente sujets aux par un démon. Jusqu’alors le démon n’en avait
mêmes besoins, aux mêmes infirmités, se nour- permis l’entrée à personne; mais le baron était
rissant de la fumée, de la graisse et du sang des au-dessus d’une telle crainte. Au milieu de ses
sacrifices. . travaux, le démon lui apparaissait, dit-on, en
Il
y a bien des choses à dire sur les démons et habit séculier, s’asseyait à scs côtés, lui faisait

sur les diverses opinions qu’on s'est faites d'eux. des questions sur ses «.-cherches et s’entrete-
On trouvera généralement ces choses à leurs ar- nait avec lui de divers objets, sans jamais lui
ticles dans ce dictionnaire. faire aucun mal. L'historien crédule ajoute que,
Les Moluquois s’imaginent que les démons si le baron eût voulu exploiter méthodiquement
s’introduisent dans leurs maisons par l’ouver- ce démon , il en eût tiré beaucoup d’éclaircisso-

ture du toit et apportent un air infect qui donne ments utiles, l’oy. Bérith Cardan Esprits ,
, ,

la Pour prévenir ce malheur, ils


petite vérole. Lutins, Farfadets, Kobold, Socrate, etc.
placent à l’endroit où passent ces démons cer- Démons de midi. Un parlait lieaucoup chez
taines petites statues de bois pour les épouvan- les anciensde certains démons qui se montraient
ter, comme nous hissons des hommes de paille particulièrement vers midi à ceux avec lesquels
sur nos cerisiers pour écarter les oiseaux. Lorsque ilsavaient contracté familiarité, l'oy. Agathion.
ces insulaires sortent le soir ou la nuit, temps Ces démons visitent ceux à qui ils s'attachent,
attristé par les excursions des esprits malfaisants, en forme d’hommes ou de bêtes ou en se lais- ,

ilsportent toujours sur eux comme sauvegarde- sant enclore en un caractère, chiffre, fiole, ou
un oignon ou une- gousse d’ail, un couteau, bien en un anneau vide et creux au dedans. « Ils
quelques morceaux de bois; et quand les mères sont connus ajoute Leloyer, des magiciens qui
,

mettent leurs enfants au lit, elles ne manquent s’en servent, et, b mon grand regret, je suis
pas de mettre l'un ou l’autre de ces préservatifs contraint de dire que l'usage n'eu est que trop
sous leur tête. commun 1 » l'oy. Empuse.
.

Les Chingulais pour empêcher que leurs fruits Démons obsesseurs. l’oy. Obsessions.
ne soient volés annoncent qu’ils les ont donnés Démons possesseurs, l'oy. Possessions.
aux démons. Dès lors, personue n'ose plus y Denis Anjorand, docteur de Paris, médecin
toucher. et astrologue au quatorzième siècle. Ce fut lui
Les Siamois ne connaissent point d’autres dé- qui prédit venue du prince de Galles et qui
la ,

mons que les âmes des méchants qui, sortant configura d’avance par astrologie la prise du roi
des enfers où elles étaient détenues, errent un Jean à Poitiers. Mais on n’en tint pas compte.
certain temps dans ce monde et font aux hommes Néanmoins, après que la chose fut advenue, il
tout le mal qu'elles peuvent. De ce nombre sont fut grandement estimé à la cour*.
encore les criminels exécutés, les enfants mort-
Dictionnaire critique Art. Spinora et Ruggeri.
i

nés, les femmes mortes en couches et ceux qui Histoire des spectres, liv. III, ch. ïv,p. 198.
-
ont été tués en duel. Ancien manuscrit de la bibliothèque du roi, cité
3

A ceux qui sont assez obtus pour nier les dé- par Joly, Remarques sur Bayle.
, . , ,

DEN 205 — DES


Denis le Chartreux,
écrivain pieux du quin- argumentateur inconnu, lui dit, sur le point de se
zième né dans le pays de Liège. Nous ne
siècle, rendre : « Tu es le diable, ou tu es Dérodon. n
citerons que son ouvrage Des quatre dernières Ce savant a laissé un Discours contre l'astrologie
fins de l'homme, où il traite du purgatoire et de judiciaire, in-8°, 1663.
l’enfer. Voy. Esfkh. Dersail ou Detsail, sorcier du pays de La-
Denis de Tincennes, médecin de la faculté bourd, qui portait le bassin an sabbat, vers l'an
de Montpellier et grand astrologue. Appelé au 1610. Plusieurs sorcières ont avoué l'y avoir vu
service du duc Louis d’Anjou , il fut fort expert recevant les offrandes à la messe du sabbat;
en ses jugements particuliers, entre lesquels il elles ont assuré de plus qu’il employait cet ar-
en fit un audit duc , qui était gouverneur du petit gent pour les affaires des sorciers et pour les
roi Charles VI , au moyen duquel il trouva le tré- siennes '
sor du roi Charles V, qui était seulement à la Desbarolles (M. Adolphe), auteur d’un livre
connaissance d’un nommé Errart de Serreuze, intitulé les Mystères de la main, chiromancie
homme vertueux, discret et sage. Il y avait dans nouvelle, assez fantastique. Un vol. in-12 de
ce trésor, que Denis de Vincennes découvrit par 624 pages.
son art, dix-huit millions d’or. Aucuns (attendu Desbordes, valet de chambre du duc de Lor-
que ce roi avait toujours eu la guerre) disent que raine Charles IV. Ce valet fut accusé, en 1628,
Jean de Meung, auteur du roman de la Rose, lui d’avoir avancé la mort de la princesse Christine
avait amassé ce trésor par la vertu de la pierre mère du duc , et causé diverses maladies que les
philosophale ‘. médecins attribuaient à des maléfices. Chartes IV
Dents. Il y a aussi quelques histoires merveil- avait conçu de violents soupçons contre Des-
leuses sur les dents ; et d'abord on a vu des en- bordes , depuis une partie de chasse où il avait
fants naître avec des dents ; Louis XIV en avait servi un grand dîner au duc, sans autres prépa-
deux lorsqu’il vint au monde. Pyrrhus, roi des ratifs qu'une petite boite à trois étages, dans la-
Épirotes, avait au lieu de dents un os continu en quelle se trouvait un repas exquis. C'était peut-
haut de la mâchoire et un os pareil en bas. 11 être un autoclave. Dans une autre occasion, il
y
avait même en Perse une race d’hommes qui s’était permis de ranimer trois pendus (car il
apportaient ces os-là en naissant’. La république faisait toujours tout par trois) qui, depuis trois
des Gorgones devait être bien laide, comme dit jours, étaient attachés à trois gibets; et il leur
M. Salgues, s'il est vrai que ces femmes n'avaient avait ordonné de rendre hommage au duc , après
pour elles toutes qu’un œil et qu’une dent, qu'elles quoi il les avait renvoyés à leurs potences. On
se prêtaient une à l’autre.
l vérifia encore qu’il avait ordonné aux person-
En 1691 , le bruit courut en Silésie que les nages d’une tapisserie de s'en détacher et de
dents étant tombées à un enfant de sept ans, il venir danser dans le salon... Charles IV, effrayé
lui en était venu une d’or. On prétendait qu’elle de ces prodiges, voulut qu’on informât contre
était en partie naturelle et en partie merveil- Desbordes. On lui fit son procès et il fut con-
leuse, et qu’elle avait été envoyée du ciel à cet damné au feu * ; mais soyez assuré qu'il y avait
enfant pour consoler les chrétiens affligés par les à la charge de cet homme autre chose que des
Turcs, quoiqu’il n’y eût pas grand rapport entre tours de gibecière et des tours de passe-passe.
celte dent et les Turcs, et qu’on ne voie pas Descartes (Mené) , l'un des hommes célèbres
quelle consolation les chrétiens en pouvaient du dix-septième siècle. Il fut persécuté en Hol-
tirer. Cette nouvelle occupa plusieurs savants lande lorsqu’il publia pour la première fois ses
;

elle éleva plus d’une dispute entre les grands opinions. Voit (I ’oclius), qui jouissait de beau-
hommes du temps, jusqu’à ce qu'un orfèvre coup de crédit à Utrecht, l'accusa d'athéisme; il
ayant examiné la dent, il se trouva que c'était conçut même le dessein de provoquer sa con-
une dent ordinaire à laquelle on avait appliqué damnation, sans lui permettre de se défendre,
une feuille d'or avec beaucoup d’adresse mais et, avec la mansuétude protestante, de le faire
:

on commença par disputer et faire des livres, brûler à Utrecht sur on bûcher très-élevé, dont
puis on consulta l’orfèvre. la flamme serait aperçue de toutes les Provinces-
On voit dans les Admirables secrets d’Albert Unies'..., pays assez plat pour une telle tenta-
le Grand qu’on calme le mal de dents en deman- tive. —
A côté de ces fureurs peu chrétiennes,
dant l’aumône en l’honneur de saint lotirent. comparez l’Église romaine, qui s’est contentée de
C’est une superstition. —Les racines d’asperges signaler les quelques erreurs de Descartes parce
sont, dit-on, un très-bon spécifique séchées et :

appliquées sur les dents malades, elles les arra- 1


Delanrre, Tableau de l’inconsf. des démons, etc.,
chent sans douleur. Nous ne l'avons pas éprouvé. p. 90.
1 M. Salgues, Des erreurs et des préjugés et
Dérodon (David), dialecticien du dix-septième
siècle. On conte qu'un professeur, pressé par un
M. Jules Garinet, Histoire delà magie en France,
p. 204.
1
Torqueniada, Ifrxamrrim p. 29.
3 Curiosités delà littérature, trad. de l’anglais par
5 Saint -Foix, Essais,
t. I. Berlin. 1. 1. p. 52.
DÉS — 206 — DES
qu’elles sont dangereuses, cl que ce danger est Desfontaines. En 1695, un certain M. Bézuel
reconnu bien réel ,
puisque les philosophes sépa- (qui depuis fut curé de Valugnes), étant alors
res s'en appuient. écolier de quinze ans, fit la connaissance des
Déserts. C’est surtout dans les lieux déserts enfants d’ifn procureur nommé d’Abaquène, éco-
et abandonnés que les sorciers font leur sabbat liers comme lui. L’ainé était de son âge ; le ca-
et les démons dans de tels
leurs orgies. C'est det, un peu plus jeune, s’appelait Desfontaines;
lieux que le diable se montre à ceux qu'il vcuL c’était celui des deux frères que Bézuel aimait
acheter ou servir. C’est là aussi qu'on a peur et davantage. Se promenant tous deux, en 1696,
qu'on voit des fantômes, f’oy. C uinrroms. ils s’entretenaient d’une lecture qu’ils avaient

Pcbonlra.

faite de l’histoire de deux amis, lesquels s’étaient ensuite avec son frère, et les deux amis entre-
promis que celui qui mourrait le premier vien- tinrent correspondance.
drait dire des nouvelles de son état au survivant. 11 y avait six semaines que Bézuel n’avait reçu

Le mort revint disait-on et conta à son ami des


, ,
de lettres lorsque, le 31 juillet 1697, se trou-
choses surprenantes. Le jeune Dcsfonlaines pro- vant dans une prairie, à deux heures après midi,
posa à Bézuel de se faire mutuellement une pa- ilse sentit tout d’un coup étourdi et pris d’une
reille promesse. Bézuel ne le voulut pas d’abord ;
faiblesse, laquelle néanmoins se dissipa; le len-
mais quelques mois après il y consentit, au mo- demain, à il éprouva le
pareille heure, même
ment où son ami allait partir pour Caen. Des- symptôme; le il vit pendant son
surlendemain
fontaines lira de sa poche deux petits papiers affaiblissement son ami Desfontaines qui lui fai-
qu’il tenait tout prêts, l’un signé de son sang, sait signe de venir à ldi Comme il était assis,
où il promettait, en cas de mort, de venir voir il se recida sur son siège. Les assistants remar-
Bézuel; l’autre, où la même promesse était quèrent ce mouvement. Desfontaines n’avançant
écrite ,
fut signée par Bézuel. Desfnnlaines partit pas, Bézuel se leva enfin pour aller h sa ren-

Digitized by Google
DES — 207 — DES
contre; le spectre s'approcha, le prit par le bras assez fort. Elle parla d'un ton très-décidé ; car
gauche et le conduisit à trente pas de là dans elle n’avait pas peur. On ne lui répondit point.

un lieu écarté. —
* Je vous ai promis lui dit-il, , L'esprit tomber un vieux paravent et lira les
fit

que si je mourais avant vous je viendrais vous rideaux avec bruit. Elle harangua encore Paine,
le dire je me suis noyé avant-hier dans la ri-
: qui, s'avançant toujours lentement et sans mot
vière, à Caen, vers cette heure-ci. J'étais à la dire, passa dans la ruelle du lit, renversa le
promenade il faisait si chaud qu'il nous prit
; guéridon et s’appuya sur la couverture. Ce fut là
envie de nous baigner. Il me \int une faiblesse que madame Deshoulières fit paraître toute sa
dans l'eau et je coulai. L’abbé de Ménil-Jean, fermeté. — «Ah! dit-elle, je saurai qui vous
mon camarade, plongea; je saisis son pied; ôtes!.... » Alors, étendant ses deux mains vers
mais, soit qu’il crut que c’était un saumon, soit l’endroit où elle entendait le spectre , elle saisit
qu’il voulût promptement remonter sur l’eau il , deux oreilles velues quelle eut la constance de
secoua si rudement le jarret qu'il me donna un tenir jusqu'au malin. Aussitôt qu'il fut jour, les
grand coup dans la poitrine et me jeta au fond gens du château vinrent voir si elle n'était pas
de la rivière, qui est là très-profonde. » Desfon- morte. Il se trouva que le prétendu revenant
taines raconta ensuite à son ami beaucoup d’au- était un gros chien qui trouvait plus commode
,

tres choses. Bézuel voulut l'embrasser, mais il de coucher dans celle chambre déserte que dans
ne trouva qu'une ombre. Cependant son bras la basse-cour.
était si fortement tenu qu'il en conserva une Despilliers. Le comte Despilliers le père,
douleur. Il voyait continuellement le fantôme, qui mourut avec le grade de maréchal de camp
un peu plus grand que de son vivant, à demi de l’empereur Charles VI, n’était encore que
nu, portant entortillé dans ses cheveux blonds capitaine de cuirassiers lorsque se trouvant en
,

un écriteau où il ne pouvait lire que le mot m quartior d'hiver en Flandre , un de ses cavaliers
Il avait le même son de voix; il ne paraissait ni vint un jour le prier de le changer de logement,
gai ni triste, mais dans une tranquillité parfaite. disant que toutes les nuits il revenait dans sa
Il pria son ami survivant, quand son frère serait chambre un esprit qui ne le laissait pas dormir.
revenu , de le charger de dire certaines choses Despilliers se moqua de sa simplicité et le ren-
à son père et à sa mère; il lui demanda de ré- voya. Mais le militaire revint au bout de quel-
citer pour lui les sept psaumes qu'il avait eus en ques jours et répéta la même prière il fut en- ;

pénitence le dimanche précédent et qu'il n’avait core moqué. Enfin il revint une troisième fois
pas encore récités ensuite il s’éloigna en di-
;
et assura à son capitaine qu'il serait obligé de
sant ; jusqu’au revoir, qui était le terme ordi- déserter si on ne le changeait pas de logis. Des-
naire dont il se servait quand il quittait ses ca- pilliers, qui connaissait cet homme pour bon
marades. Celte apparition se renouvela plusieurs soldat, lui dit en jurant ; —
«Je veux aller cette
fois. Quelques-uns l’expliqueront par les pres- nuit coucher avec toi et voir ce qui en est. »
sentiments, la sympathie, etc. L’abbé Uézucl en Sur les dix heures du soir, le capitaine se rend
raconta les détails dans un dîner, en 1708, de- au logis de son cavalier. Ayant mis ses pistolets
vant l’abbé de Saint-Pierre, qui en fait une longue armés sur la table, il se couche tout vêtu, son
mention dans le tome IV de ses œuvres poli- épée à côté de lui. Vers minuit il entend quel-
tiques. qu’un qui entre dans la chambre, qui, en un
Desforges (Picrre-Jean-Baplisle Choudard), instant, met le lit sens dessus dessous, et en-
né à Paris en 17ii6, auteur plus que frivole. ferme le capitaine et le soldat sous le matelas
Dans les Mille et un souvenirs, ou Veillées conju- et la paillasse. Après s'étre dégagé de son mieux,
gales, livre immoral qu'on lui attribue, il raconte le comte Despilliers, qui était cependant très-
plusieurs histoires de spectres qui ont été re- brave s’en retourna tout confus et lit déloger le
,

produites par divers recueils. cavalier. Il raconta depuis son aventure, pen-
Desbouliêres. Madame Deshoulières étant sant bien qu'il avait eu atTaire avec quelque dé-
allée passer quelques mois dans une terre à , mon. Néanmoins il se trouva , dit-on que le ,

quatre lieues de Paris, on lui permit de choisir lutin n'était qu'un grand singe.
la plus belle chambre du château mais on lui ; Desrues, empoisonneur, rompu et brûlé à
en interdisait une qu'un revenant visitait toutes Paris en 1777, à i’âge de trente-deux ans. Il avait
les nuiLs. Depuis longtemps madame Deshou- été exécuté depuis quinze jours lorsque tout à
lières désirait voir des revenants et malgré les ; , coup le bruit se répandit qu’il revenait toutes
représentations qu’on lui fit, elle se logea pré- les nuits sur la place de Grève. On voyait un
cisément dans la chambre infestée. La nuit ve- homme en robe de chambre, tenant un crucifix
nue, elle se mit au lit, prit un livre selon sa à la main, se promenant lentement autour de
coutume et, sa lecture finie, elle éteignit sa lu-
; l'espace qu'avaient occupé son échafaud et son
mière et s'endormit. Elle fut bientôt éveillée par bûcher, et s'écriant d'une voix lugubre : « Je —
un bruit qui se fit à la porte laquelle se fermait
,
viens chcrclicr ma chair et mes os. » Quelques
mal ; on l'ouvrit quelqu'un entra qui marchait
,
nuits sc passèrent ainsi, sans que personne osât

Digitized by Gc
DES .
— 208 — DEV
s’approcher assez pour savoir quel pouvait être des enfants, des oncles et des tantes. Ils n'osent,
l'auteur de celle farce un peu sombre. Plusieurs pendant ce temps, ni se laver, ni se parfumer,
soldats de patrouille et de garde en avaient été ni sé raser la barbe ni même se couper les on-
,

épouvantés. Mais enfin la terreur cessa un in- : gles ; ils ne mangent point en famille. I as petit
trépide eut le courage de s’avancer sur la place; deuil dure une semaine il a lieu à la mort du
:

il empoigna le spectre et le conduisit au corps mari ou de la femme. En rentrant des funérailles,


de garde, où l’on reconnut que ce revenant était l’époux en deuil se lave les mains, déchausse ses
le frère de Desrues, riche aubergiste de Sentis, souliers et s’assied à terre, sé tenant toujours
qui était devenu fou de désespoir. en cette posture, et ne faisant que gémir et
Destinée. Foy. Fatalisme. pleurer, sans travailler à quoi que ce soit jus-
Desvigues, Parisienne qui avait, au com- qu’au septième jour. Ces usages n’ont lieu que
mencement du dix-septième siècle, des attaques chez les Juifs pur sang. Les Chinois en deuil
de nerfs dont elle voulut tirer parti pour se faire s'habillent de grosse toile blanche , coupent leur
une ressource. Les uns la disaient sorcière ou queue et pleurent pendant trois mois. Le ma-
possédée, les autres la croyaient prophélesse. gistrat n’exerce pas ses fonctions; le plaideur
Le père Lebrun ,
qui parle d’elle dans son His- suspend ses procès. Les jeunes gens vivent dans
toire des superstitions, reconnut, comme les mé- la retraite ne peuvent se marier qu'après trois
,

decins, qu'il y avait dans son une grande


fait années et n'écrivent qu'à l’encre bleue pendant
fourberie. Le bruit qu'elle avait fait tomba su- un an. Le deuil des Caraïbes consiste à se couper
bitement. les cheveux et à jeûner rigoureusement jusqu’à
Detsail. l'oy. Dersail. ce que le corps du défunt qu’ils pleurent soit
Deuil. Les premiers poètes disaient que les pourri; après quoi ils font la débauche pour
âmes, après la mort, allaient dans le sombre chasser toute tristesse de leur esprit. Chez cer-
empire c'est peut-être conformément à ces
; tains peuples de l'Amérique le deuil était con-,

idées, dit Saint-Foix, qu’ils crurent que le noir forme à l'âge du mort. On était inconsolable à la
était la couleur du deuil. Les Chinois et les Sia- mort des enfants et on ne pleurait presque pas
mois choisissent le blanc, croyant que les morts les vieillards. Le deuil des enfants, outre sa du-
deviennent des génies bienfaisants. En Turquie, rée, était commun, et ils étaient regrettés de
on porte io deuil en bleu ou en violet en gris ; tout le canton où ils étaient nés. Le jour de leur
chez les Éthiopiens; on le portait en gris de mort, on n'osait pas approcher des parents, qui
souris au Pérou quand les Espagnols y entrèrent. faisaient un bruit effroyable dans leur maison,
Le blanc, chez les Japonais, est la marque du se livraient à des accès de fureur, hurlaient
deuil, et le noir est celle de la joie. En Castille, comme des désespérés, s’arrachaient les che-
les vêtements de deuil étaient autrefois de serge veux, se mordaient, s'égratignaient tout le corps.
blanche. Les Perses s’habillaient de brun et se Le lendemain ils se renversaient sur un lit qu’ils
rasaient avec toute leur famille et tous leurs ani- trempaient de leurs larmes, la; troisième jour ils
maux. Dans la Lycie, les hommes portaient des commençaient les gémissements qui duraient
habits de femme pendant tout le temps du toute l’année, pendant laquelle le père et la
deuil. Chez nous , Anne de Bretagne femme de , mère ne se lavaient jamais. Le reste de la ville,
Louis XU, changea en noir le deuil, qui jusque- pour compatir à leur affliction, pleurait trois
là avait été porté en blanc à la cour. A Argns ce qu'on eût porté le corps
fois le jour, jusqu’à
on s'habillait de blanc et on faisait de grands à la sépulture '. l'oy. Funérailles.
festins. A Délos on se coupait les cheveux, qu’on Deumus ou Deumo, divinité des habitants
mettait sur la sépulture du mort. Les Égyptiens de Calicut, au Malabar. Celte divinité, qui n’est
se meurtrissaient la poitrine et se couvraient le qu'un diable adoré sous le nom de Deumus, a
visage de boue. Ils portaient des vêtements jaunes une couronne quatre cornes à la tête et quatre
,

ou feuille-morte. Chez les Romains, les femmes dents crochues à la bouche, qui est fort grande ;
étaient obligées de pleurer la mort de leurs ma- elle a le nez pointu et crochu, les pieds en pattes
ris, et les enfants celle de leur père, pendant de coq, et tient entre ses griffes une âme qu’elle
une année entière. Les maris ne pouvaient pleu- semble prête à dévorer *.
rer leurs femmes; et les pères n’avaient droit Dévadi, pénitent hindou de noble race, qui
de pleurer leurs enfants que s’ils avaient au avait reçu de scs dieux le privilège de rajeunir
moins trois ans. Le grand deuil des Juifs dure les vieillards.
un an il a lieu à la mort des parcnLs. Les en-
; Devaux, sorcier du seizième siècle, à qui
fants ne s’habillent pas de noir mais ils sont
; l’on trouva une marque sur le dos, de la forme
obligés de porter toute l’année les habiLs qu’ils d’un chien noir. Lorsqu’on lui enfonçait une
avaient à la mort do leur père, sans qu'il leur épingle dedans, -il n’en éprouvait aucune dou-
soit permis d’en changer, quelque déchirés qu’ils
1
Muret, Des cérémonies funèbres, etc.
soient. Ils jeûnent tous les ans à pareil jour. Le 2 Leloyer, Histoire des spectres ou Apparitions des
deuil moyen dure un mois il a lieu à la mort
; esprits, uv. 111, ch. iv, p. 207.

oogle
DEV — 209 — DEV
leur; mais lorsqu’on se disposait à y planter remporter le prix. Saisi d’horreur pour les sa-
l’aiguille, il se plaignait beaucoup, quoiqu’il ne crifices abominables que les gens de cette pro-
vit pas relui qui portait les doigts au-dessus de fession offraient aux démons, je le renvoyai au
la marque plus loin et lui fis dire que, quand la couronne
Devendiren. l’og. Courtisanes. dont il s'agissait ne se devrait jamais flétrir,
quand même ce serait une couronne d’or, je ne
consentirais jamais que, pour me la procurer,
il en coûtât la vie à une mouche.

Detin.
Devins, gens qui devinent et prédisent les
choses futures. Dans un siècle aussi éclairé que Aujourd'hui, chez nous, dans beaucoup de
le nôtre prétend l’être , il est encore des per- départements encore, les jeunes villageois que
sonnes qui croient aux devins; souvent même le recrutement militaire menace dans la plus

ces personnes si crédules ont reçu une éducation sainte des libertés vont trouver les devins pour
qui devrait les élever au-dessus de ces préjugés obtenir un heureux numéro au tirage. L’Irlande
vulgaires. Un plat d'argent ayant été dérobé a toujours des devineresses. Elles font la méde-
dans la maison d'un grand seigneur, cine, et disent surtout la bonne aventure elles
celui qui ;

avait la charge de la vaissselle s’en alla avec un tordent pour cela un écheveau mystique qu’il
de scs compagnons trouver une faut descendre dans la carrière à chaux, au bord
vieille qui ga-
gnait sa vie àCroyant déjà avoir
deviner. de laquelle la curieuse demande < Qui lient? > ;

découvert le voleur et recouvré le plat , ils arri- Elle attend la réponse avec grande inquiétude.
vèrent de bon matin à la maison de la devine- La devineresse explique si c'est un prétendant
resse, qui, remarquant en ouvrant, sa porte ou un démon. Ces femmes connaissent le lieu où
qu’on l’avait salie de boue et d'ordure, s’écria quatre sources se réunissent. C’est là qu'à une
tout en colère ; —
« Si je connaissais le gredin époque mystérieuse de l’année elles trempent la
qui a mis ceci à ma porte pendant la nuit, je chemise qui doit ensuite être déployée devant le
lui rejetterais tout au nez. » Celui qui la venait feu, à minuit, au nom de Belzébuth, pour être
consulter regardant son compagnon —
« Pour- retournée avant le matin par l’image de l’époux
:

quoi, lui dit-il, allons-nous perdre de l’argent? destiné à celle qui consulte cette voix du sort.
cette vieille nous pourra-t-elle dire qui nous a Elles font tenir le peigne de la main gauche à
volés, quand elle ue sait pas les choses qui la une jeune fille qui porte en même temps de la
louchent ’t » droite une pomme à sa bouche, pour voir son
Un passage des Confessions de saint Augustin futur adjuré dans une glace. On ôte pendant
(liv. IV, chap. n ) nous donne une idée de ce cette opération tout instrument de fer de la mai-
que faisaient les devins de son temps. « J’ai —
son; car sans cela, au lieu d’un beau jeuno
un souvenir bien distinct, dit-il, quoiqu’il y ait homme avec une bague au doigt, la curieuse
longtemps que la chose soit arrivée, qu’ayant eu verrait un corps sans této venir à elle armé
dessein de disputer un prix de poésie qui se d’une broche ou d’un fourgon.
'

donnait publiquement à celui qui avait le mieux l*oy. Cartomancie, Main, Prédictions, et cent
réussi, un certain homme qui faisait le métier autres moyens de deviner.
de devin voulut traiter avec moi pour me faire Dévouement, mouvement de ceux qui se dé-
vouent ou sort de ceux qu’on dévoue. Les his-
Delancre, Tableau de l'inconst. des démons, etc.,
1

toires grecque et romaine fournissent beaucoup


Ut. ni, p. 485.
1 Barclay dans Argenis.
,
l’ de traits de dévouement. Nous ne rappellerons
4i

Digiti; zed by VjO


, ,

DIA — 210 DIA

pas dévouement de Décius (boy. ce mol)


ici le Un chartreux étant en prières dans sa chani-
ni celuide Codrus ni tant d'autres. Il y avait
, !
bre sent tout à coup une faim non accoutumée
où l’on donnait des malédictions
aussi des villes et aussitôt il une femme, laquelle
voit entrer
à un liomme pour lui faire porter tous les maux n’étaitqu’un diable. Elle s’approche de la che-
publics que le peuple avait mérités. Valère- minée, allume le feu et, trouvant des pois qu’on
Maxime rapporte l’exemple d’un chevalier ro- avait donnés au religieux pour son dîner, les fri-
main, nommé Curtius, qui voulut attirer sur casse, les met dans l'écuelle et disparaît. Le
lui-méme tous les malheurs dont Home était me- chartreux continue ses prières, puis il demande
nacée. La terre s’était épouvantablement cnlr’- au supérieur s’il peut manger les pois que le
ouverte au milieu du marché ; on crut qu’elle ne diable a préparés. Celui-ci répond qu’il ne faut
reprendrait son premier état que lorsqu’on ver- jeter aucune chose créée de Dieu, pourvu qu’on
rait quelque action de dévouement extraordi- la reçoive avec actions de grâces. Le religieux
naire. Le jeune chevalier monte à cheval, fait le mangea les pois, et assura qu’il n’avait jamais
tour de la ville à toute bride, et se jette dans le rien mangé qui fût mieux préparé.
précipice que l'ouverture de la terre avait pro- Nous ne dirons rien de èe petit trait qui est ,

duit, et qu’on vit se refermer ensuite presque en rapporté sans doute en manière de rire par le

un moment. Ou lit dans Servius, sur Virgile, cardinal Jacques de Vilry. Mais voici d’autres
qu’à Marseille, avant le christianisme, dès qu’on histoires qui font voir qu’on a pris quelquefois
apercevait quelque commencement de peste, on pour le diable des gens qui n'étaicnl pas de
nourrissait un pauvre homme des meilleurs ali- l’autre monde. Un marchand breton s'embarqua
ments on le faisait promener par toute la ville
; pour le commerce des Indes, et laissa à sa
en le chargeant hautement de malédictions, et femme le soin de sa maison. Celte femme était
on le chassait ensuite, alin que la peste et tous sage ; le mari ne craignit pas de prolonger le
les maux sortissent avec lui'. Les Juifs dé- cours de son voyage et d’être absent plusieurs
vouaient un bouc pour la rémission de leurs pé- années. Or, un jour de carnaval, la dame, vou-
chés. I'oy. Azazel. lant pourtant s’égayer un peu donna à scs pa- ,

Voici des traits plus modernes un inquisi-


: rents et à ses amis une petite fêle qui devait être-
teur, en Lorraine, ayant visité un village devenu suivie d'une collation. Lorsqu’on se mit au jeu,
presque désert par une mortalité, apprit qu'on un masque habillé en procureur, ayant des
attribuait ce fléau à une femme ensevelie, qui sacs de procès à la main, entra et proposa à la
avalait peu à peu le drap mortuaire dont elle dame de jouer quelques pisloles avec elle; elle
était enveloppée. On lui dit encore que le fléau accepta le défi et gagna le masque présenta en-
;

de la mortalité cesserait lursque la morte, qui core plusieurs pièces d’or qu’il perdit sans dire
avait dévoué le village, aurait avalé tout son mot. Quelques personnes ayant voulu jouer con-
drap. L’inquisiteur, ayant rassemblé le conseil, tre lui perdirent; il ne se laissait gagner que
fit creuser la tombe. On trouva que le suaire lorsque la dame jouait. On fit d’injurieux soup-
était déjà avalé et digéré. A ce spectacle un ar- ,
çons sur la cause qui l’engageait à perdre. — Je
cher tira son sabre, coupa la tète au cadavre, le suis le démon des richesses, dit alors le masque
jeta hors de la tombe et la peste cessa. Après une en sortant de ses poches plusieurs bourses plei-
enquête exacte, on découvrit que cette femme nes de louis. Je joue tout cela, madame, contre
avait été adonnée à la magie et aux sortilèges ’. tout ce que vous avez gagné. La dame trembla à
Au reste, cette anecdote convient au vampi- cette proposition et refusa le défi en femme pru-
risme. I'oy. Envoûtement et Vampires. dente. Le masque lui offrit cet or sans le jouer ;
Dia. Les anciens peuples de la Sibérie ado- mais elle ne voulut pas l’accepter. Cette aven-
raient une divinité appelée Dia, qu’ils croyaient ture commençait à devenir extraordinaire. Uno
triple et une. Ses images la représentaient avec dame âgée, qui se trouvait présente, vint à s’i-
trois têtes et six bras. Elle tenait uu sceptre, un maginer que ce masque pouvait bien être le dia-
miroir et un cœur enflammé. ble. Celte idée se communiqua à l'assemblée , et
Diable. C'est le nom général que nous don- comme on disait à demi-voix ce qu’on pensait , le
nons à toute espèce de démons. Il vient d'un masque qui ,
l'entendit, se mit à parler plusieurs

mot grec qui désigne Satan, précipité du ciel. langues pour les confirmer dans cette opinion ;

Mais on dit le diable lorsqu'on parle d'un esprit puis il s’écria tout à coup qu’il était venu de
malin, sans le distinguer particulièrement. On l’autre monde pour venir prendre une dame qui
dit le diable pour nommer spécialement l'ennemi s’était donnée ne quitterait point la
à lui, cl qu’il
des hommes. place qu'il ne se fut emparé d’elle quelque ob- ,

On a fait mille contes sur le diable. Citons-en un. stacle qu'on voulût y apporter... Tous les yeux se
fixèrent sur la maîtresse du logis. Les gens cré-
1
Lebrun, Histoire des superstitions, t. I, ch. iv,
dules étaient saisis de frayeur, les autres à demi
p. 413.
1 Sprenger. Maliens malefic., part. I quæst. xv. épouvantés; la dame de ,1a maison se mit à rire.
,

Voyez aussi Énvoû'ement. Enfin le faux diable leva son masque et se fil ,
DU o 1 — DU
reconnaître pour le mari. Sa femme jeta un cri Un vieux négociant des États-Unis retiré du ,

de joie en le reconnaissant. J'apporte avec — commerce vivait paisiblement de quelques ren-


,

moi l'opulence dit-il. Puis se tournant vers les


, tes acquises par le travail. Il sortit un soir pour
joueurs Vous êtes des dupes, ajouta-t-il ap-
:
;
toucher douze cents dollars qui lui étaient dus.
prenez à jouer. Il leur rendit leur argent, et la Son débiteur, n’ayant pas davantage pour le mo-
fêle devint plus vive et plus complète. ment, ne lui paya que la moitié de la somme.

En rentrant chez lui, il se mit à compter ce qu’il Eh bien ajouta le diable en prenant les six
,

venait de recevoir. Mais, pendant qu’il s’occupait cents dollars, après un moment de réflexion, j’y
de ce soin, il entend quelque bruit, lève les consens; mais que demain, à dix heures du soir,
yeux et voit descei dre de sa cheminée dans sa
, je trouve ici les six ccnls.autres, ou je t'entralue
chambre le diable en personne. Il était en cos- sans miséricorde. Surtout que personne, si tu
tume tout son corps, couvert de poils rudes et
: tiens à la vie 11e soit instruit de notre entrevue.
,

noirs, avait six pieds de haut. De grandes cornes — Après avoir dit ces mots, le diable sortit par
surmontaient son front, accompagnées d’oreilles la porte. —
Le lendemain malin, le négociant,
pendantes; il avait des pieds fourchus, des grif- qui était un méthodiste calme alla trouver un ,

fesau lieu de mains, une queue, un museau vieil ami et le pria de lui prêter six cents dol-
,

comme on n’en voit point, et des yeux comme lars. Son ami lui demanda s'il en était bien

on n'en voit guère. pressé. — Oh ! oui , très-pressé ; il me les faut

A la vue de ce personnage, le vieux marchand avant la nuit. Il


y va de ma parole et peut-être
eut le frisson. Le diable s’approcha et lui dit : d'autre chose. — Mais n'avez-vous pas reçu hier
— Mes aiïaircs vont mal ,
je suis le diable ; il une somme? —
J'en ai disposé. Cependant je —
faut que tu me donnes sur l’heure douze cents ne vous connais aucune affaire qui nécessite ab-
dollars , si tu ne veux pas que je l’emporte en solument de l'argent. Je vous dis qu’il y va—
enfer. — Hélas! répondit le négociant, je n’ai de ma vie... Le vieil ami, étonné, demande l'é-
pas ce que vous me demandez Tu mens, — claircissement d'un pareil mystère. On lui ré-
interrompit brusquement le diable; je sais que pond que le secret ne peut se trahir.
Consi- —
tu viens de les recevoir à l’instant. Dites que — dérez, dit-il au négociant effaré, que personne

je devais les recevoir mais on ne m’en a pu ; ne nous écoute ; dites-inoi votre affaire : je vous
donner que six cents. Si vous voulez me laisser prêterai les six cents dollars. Sachez donc —
jusqu'à demain je promets de vous compter la
,
que le diable est venu me voir qu'il ;
faut que je
somme... lui donne douze cenLs dollars; que je n'ai pu
U.

Digitized by Google
,

DI A 212 DIA

hier lui en remettre que six cents , et qu’il inc vés, elle les avait économisés sou par sou. Le
faut les six cents autres. —
L’ami ne répliqua bon curé lui demanda si elle n’avait dit à per-
plus; il savait l’imagination de ce pauvre ami sonne qu’elle possédât les cent florins; elle lui

facile Il tira de son coffre la somme


à effrayer. répondit qu’elle n’avait confié ce secret qu’à sa
qu’on demandait, et la prêta de bonne grâce;
lui sage-femme. « Alors, dit le curé, il y a peut-être
mais à huit heures du soir il se rendit chez le un moyen d'arracher au diable votre argent.
vieux marchand. —
Je viens vous faire société Voici ce que vous devez faire : racontez votre
lui dit-il, et le diable que je
attendre avec vous aventure de la nuit à votre sage-femme, et dites-
ne serais pas fâchéde voir. Le négociant répon- lui qu'il est fort heureux que le diable ignorât

dit que ou qu’ils s’expose-


c’était impossible, que vous eussiez encore cinquante florins en
raient à être emportés tous les deux. Après des bonne monnaie blanche, car autrement il vous
débats, il permit que son ami attendit l’événe- aurait forcé à les lui livrer aussi. Si le diable re-
ment dans un cabinet voisin. A dix heures pré- vient chez vous, ne craignez rien; je placerai
cises, un bruit se lit entendre dans la cheminée, dans le voisinage de votre maison un exorciste
le diable parait dans son costume de la veille. Le qui l’empêchera de faire le moindre mal à vous
vieillard se met en tremblant à compter les et aux vôtres, » Ce conseil, Marie Hert le suiviL
écus. En même temps, l’homme du cabinet en- Elle fit la communication dont il s'agissait à la
tra. — Es-tu bien le diable? dit-il à celui qui de- sage-femme. Dans la même nuit, le diable lui fit
mandait de l’argent... — Puis, voyant qu’il ne une nouvelle visite, mais cette fois il n’eut pas le
se pressait pas de répondre, et que son ami fris- temps de lui demander de l’argent, car, au mo-
sonnait, grelottait et tremblotait, il tira de sa ment où il ouvrait la porte de la chambre,
poche deux longs pistolets, et, les présentant à l’exorciste, c’est-à-dire un des gendarmes, le
la gorge du diable, il s’écria Je veux savoir : — saisit par le collet. Ce prétendu diable était le

si tu es à l’épreuve du feu Le diable recula, mari de la sage-femme.


cherchant à gagner la porte. Fais-toi bien — Encore une historiette sur les idées qu’on se
vite connaître ou tu es mort... Le démon se — fait du diable :

hâta de se démasquer et de mettre bas son cos- Rich, célèbre arlequin de Londres, sortant un
tume infernal. On trouva sous ce déguisement soir de la comédie
appela un fiacre et lui dit
, ,

un voisin du bon marchand, qui faisait quelque- de le conduire à la taverne du Soleil, sur le mar-
fois des dupes et qu’on n’avait pas encore soup- ché de Clarri. A l'instant où le fiacre était près
çonné. 11 fut jugé comme escroc, et le négociant de s’arrêter, Rich s’aperçut qu’une fenêtre de
apprit par là que le diable n’est pas le seul qui la taverne était ouverte, et ne lit qu'un saut de la

soit disposé à nous nuire. portière dans la chambre. Le cocher descend,


une autre aventure où la coquinerie a
Voici ouvre son carrosse, et est bien surpris de n'y
voulu se cacher sous le masque du diable. Elle a trouver personne. Après avoir bien juré, suivant
eu lieu il n’y a que quelques années. Toute la l'usage, contre celui qui l'avait ainsi escroqué,
ville de Brunn était on émoi les rues étaient en- ; il remonte sur son siège, tourne et s’en va. Rich
combrées. Les jeunes gens riaient; les vieillards épie l’instant où la voiture repassait vis-à-vis la
et les femmes pleuraient, se signaient et appe- fenêtre, et d’un saut se remet dedans. Alors il

laient à leur aide tous les saints. Cinq gendar- crie au cocher qu’il se trompe et qu’il a passé la
mes conduisaient à la prison le diable même. taverne. Le cocher, tremblant, retourne de nou-
Tête surmontée de deux cornes, et flanquée d’o- veau, et s’arrête encore à la porte. Rich descend
reillesde bouc, corps velu, à jambes de cheval, de voiture, gronde beaucoup cet homme, tire sa
à pieds fourchus, et ce Lucifer penaud se laissait bourse et veut le payer. « A d’autres! monsieur
conduire à la geôle. Voici dans quelles circon- le diable, s’écria le cocher, je vous connais
stances. Au village de Dcrnou, une paysanne, bien vous voudriez m’empaumer; gardez votre
;

Marie llert, venait d’accoucher; pendant qu’elle argent. » A ces mots, il fouette et se sauve à
se trouvait seule dans sa chambre, elle entendit toute bride.
un bruit semblable un
de chaînes,
à cliquetis Nous nous représentons souvent le diable
puis à l'instant même s’approcha de son lit le comme un monstre noir les nègres lui attri-
:

diable que nous venons de décrire cl qui lui , buent la couleur blanche. Au Japon, les parti-
dit t Donnez-moi votre enfant nouveau-né ou
: sans de la secte de Sintos sont persuadés que le
les cent florins que vous avez en pièces neuves diable n’est que le renard. En Afrique le diable
de vingt-quatre kreutzers! » La pauvre femme est généralement respecté. Les nègres de la
intimidée indiqua au diable l’endroit où se trou- Côte-d'Or n’oublient jamais, avant de prendre
vait celle somme ; le diable s’en empara et dis- leur repas, de jeter à terre un morceau de pain
parut. qui est destiné pour le mauvais génie. Dans le
Le jour venu, Marie llert fil appeler son curé, canton d’Aulé, ils se le représentent comme un
et lui raconta ce qui lui était arrivé ; elle ajouta géant d'une prodigieuse grosseur, dont la moitié
que les cent florins que le diable lui avait enle- du corps est pourrie, et qui cause infailliblement

oogle
DIA — 213 — DIA
la mort par son attouchement; ils n’oublient rien Les habitants des Iles Philippines se vantent
de ce qui peut détourner la colère de ce mons- d’avoir des entretiens avec le diable. Ils racon-
tre. Ils exposent de tous côtés des mets pour lui. tent que quelques-uns d'entre eux, ayant hasardé
Presque tous les habitants pratiquent une céré- de parler seuls avec lui avaient été tués par ce
,

monie bizarre et extravagante, par laquelle ils génie malfaisant; aussi se rassemblent - ils en

prétendent chasser le diable de leurs villages; grand nombre lorsqu’ils veulent conférer avec le
huit jours avant cette cérémonie, on s'y prépare diable. Les insulaires des Maldives mettent tout
par des danses et des festins; il est permis d'in- en usage lorsqu'ils sont malades pour se rendre
sulter impunément les personnes même les plus le diable favorable. Ils lui sacriüent des coqs et
distinguées. Le jour de la cérémonie arrivé, le des poules.
peuple commence dès le matin à pousser des Le diable nous est singulièrement dépeint par
cris horribles; les habitants courent de tous cô- le pape saint Grégoire, dans sa Vie de saint Be-
tés comme des furieux, jetant devant eux des noit. Un jour que le saint allait dire scs prières 6
pierres et tout ce qu'ils trouvent sous leurs l’oratoire de Saint-Jean sur le mont Cassin
, il ,

mains les femmes furètent dans tous les coins


; rencontra le diable sous la forme d’un vétéri-
de la maison et récurent toute la vaisselle de
, ,
naire, avec une Dole d'une main et un licou
peur que le diable ne se soit fourré dans une de l'autre. Le texte disait In mulo medici
:

marmite ou dans quelque autre ustensile. La cé- specie; par l’introduction d’une virgtde qui dé-
rémonie se termine quand on a bien cherché et compose le sens In mulo, medici specie, un co-
:

qu'on s’est bien fatigué alors on est persuadé


;
piste fit du diable ainsi déguisé un docteur monté
que le diable est loin. sur sa mule, comme cheminaient les docteurs en

médecine avant l'invention des carrosses, et un 1

interrompit scs devoirs et sortit de la chapelle,


tableau de cet épisode ayant été exécuté d'après le saint vit un petit diable noir qui le tirait de
ce texte corrompu, Satan a été souvent repré- toutes scs forces par le pan de sa robe.
senté avec la robe doctorale et les instruments Parmi les innombrables épisodes de l’histoire
de la profession en croupe sur sa monture. du diable dans les Vies des Saints r quelques-uns
Une autre fois, on dénonça à saint Benoit la sont plus bizarres, quelques autres plus effrayants.
conduite légère d’un jeune frère appartenant à Saint Antoine vit Satan dresser sa tête de géant
l’un des douze monastères afliliés à la règle du au-dessus des nuages, et étendre ses larges mains
réformateur. Ce moine ne voulait ou ne pouvait pour intercepter les âmes des morts qui pre-
prier avec assiduité à peine s’était-il mis à ge-
; naient leur vol vers le ciel. Parfois le diable est
noux, qu’il se levait et allait se promener. Saint un véritable singe, et sa malice ne s’exerce qu’en
Benoit ordonna qu'on le lui amenât au mont Cas- espiègleries. C’est ainsi que, pendant des an-
sin, et là, lorsque le moine, selon son habitude, nées, il se tint aux aguets pour troubler la piété

Digitized by Google
.

DIA 21 h — DIB

de sainte Gudule. Toutes ses ruses avaient été il faut l'avoir. Aussitôt tout s'est réveillé, tout a
vaines, lorsque enfin il se résolut à un dernier pris les armes. On ne voyait que piques, harpons
effort. C’était la coutume de cette noble et etmousquets; j'ai couru moi-même pour voir le
chaste vierge de se lever au chant du coq et vu un grand poisson qui ressemble
diable, et j’ai
d’aller prier à l’église, précédée de sa servante à une raie, hors qu’il a deux cornes comme un
portant une lanterne. Que fit le père de toute taureau.Il a fait quelques caracoles, toujours ac-

malice? il éteignit la lanterne en soufflant des- compagné d'un poisson blanc qui de temps en ,

sus. La sainte eut recours à Dieu, ot, à sa temps, va à la petite guerre et vient se remettre
prière, la.mèche se ralluma; miracle de la foi sous le diable. Entre ses deux cornes, il porte un
qui suffit pour renvoyer le malin honteux et petit poisson gris, qu'on appelle le pilote du
confus. diable ,
parce qu’il le conduit et le pique quand
Il n’est pas sans exemple que le diable se il voit du poisson ; et alors le diable part comme
laissetromper par les plus simples artifices, et un trait. Je vous conte tout ce que je viens de
une équivoque suffit souvent pour le rendre voir *. »

dupe dans ses marchés avec les sorciers; comme Diablerets, montagnes de Suisse qui ont
lorsque Noslradamus obtint son secours à condi- reçu ce nom parce que dans la contrée on les
tion qu’il lui appartiendrait tout entier après sa croit habitées intérieurement par des diables.
mort, soit qu’il fût enterré dans une église, soit Les bonnes gens disent que c'est un faubourg de
qu'il fût enterré dehors. Mais Noslradamus ayant l’enfer.
ordonné par testament que son cercueil fût dé- Diables bleus. On appelle ainsi les hallucina-
posé dans la muraille de la sacristie, son corps tions. Voy. ce mot.
y repose encore, et il n’est ni dans l’église ni Diamant. La superstition lui attribuait des ver-
dehors. tus merveilleuses contre le poison , la peste, les

Iæ vieil Heywood a rédigé_ en vers une no- terreurs paniques , les insomnies , les prestiges et
menclature curieuse de tous les petits démons de les enchantements. Il calmait la colère et entrete-
la superstition populaire ; il
y comprend les far- nait l’union entre les époux, ce qui lui avait fait
fadets, les follets, les alfs ou elfs, les Robin donner le nom de pierre de réconciliation. Il avait
Goodfellows, et ces lutins que Shakspcare a don- en outre cette propriété talismanique de rendre
nés pour sujeLs à Obcron et à Titania. On a invincible celui qui le portait, pourvu que, sous
prouvé que le roi ou la reine de féerie n’est au- la planète de Mars, la figure de ce dieu ou celle

tre que Satan lui-méme n’importe son déguise-


, d'iiercule surmonlant l’hvdre y fut gravée. On
ment. Voy. Picx et tous les lutins. a été jusqu’à prétendre que les diamants en en-
On trouvera pcut-ôlre un peu de frivolité dans gendraient d'autres ; et Ruérus parle sérieuse-
tout ce qui vient d'être dit ici sur le diable. Mais ment d'une princesse de Luxembourg qui en avait
ce livre n’est pas un livre de théologie. Les lec- d’héréditaires, lesquels en produisaient d'autres en
teurs chrétiens savent que ce diable , dont saint certains temps s —
Enfin les savants du seizième
.

Louis ne prononçait jamais le nom et qui est à siècle croyaient qu'on pouvait amollir le diamant
tout propos dans la bouche de nous tous cet , avec du sang de bouc *.
esprit de malice noire, que nous citons souvent Diambiliche nom du diable dans l'ile de
,

pour avoir l'air de nous en jouer, est le plus per- Madagascar. 11 y est plus révéré que les dieux
fide le plus cruel et le plus implacable de nos
, mêmes les prêtres lui offrent les prémices de
:

ennemis « qu’il rôde autour de nous cherchant


; tous les sacrifices.
qui dévorer». Si nous l’avons traité ici d'une le nom du diable dans les lies
Diave. G'est
manière trop légère, c'est par mépris; ce qui Maldives. On lit dans le voyage de Evrard de
l’offense, comme l'a remarqué saint François de Laval imprimé en 1615, que les habitants de ces
,

Sales et ce même saint conseille à ceux qui se


, iles la terre comme un grand
se figuraient alors
trouvent circonvenus de lui ou des siens de re- plateau Huilant dans l'espace entouré d'un im- ,

pousser ces misérables en les nommant de sobri- mense rempart de cuivre qui le protège contre
quets qui les humilient l'envahissement des eaux. Ils croyaient que toutes
On a publié à Amsterdam une du Histoire les nuits le diablecherchait à percer ce rempart,
diable, 2 volumes in-12, qui est une espèce de et que quand il y serait parvenu ce serait le der-
mauvais roman, où les aventures du diable sont nier déluge et la fin du monde. Aussi tous ces ha-
plus que médiocrement accommodées à la fantaisie bitants se levaient avant le jour pour prier Dieu
de l’auteur. M. Frédéric Soulié a prodigué dans d' empêcher le diable.
les Mémoires du diable beaucoup de talent à faire Dibasson, sorcière arrêtée à vingt-cinq ans,
un livre, qui aurait pu être fort singulier et fort
piquant si l’auteur avait respecté les mœurs. Voy. 1
L'abbé de Cltoisy, Relation de l'ambassade de
Démons. S 1(1 TH
1 Incrédulité Pt mécréance du sortilège, etc., tr. V,
Diable de mer. « Grand bruit parmi les ma- p. 37.
telots; on a crié tout d’un coup Voilà le diable, ;
3 Erasme, Discours sur Iknfunl Jésus.

ay Google
, ,

DIC — 215 — D1G

avec Marie de la Raide. Elle allait au sabbat et donna ses travaux et se livra au vagabondage.
disait que le sabbat est un vrai paradis. Arrêté en 1 8/(5, conduit dans les prisons de Mou-
Dicke (Alice) , jeune Anglaise de Wincauton lins, puis rendu à la liberté, il continua sa vie
dont parle Glanvill. Elle avait un esprit familier errante pendant plusieurs mois. Arrêté de nou-
qui lui suçait un peu de sang tous les soirs. veau l’année suivante, il fut incarcéré dans la
Didier, imposteur bordelais du sixième siècle, maison d’arrêt de Saint-Étienne, où se trouvait
qui parut vers ce temps-là dans la ville de Tours. un jeune béguin de Sainl-Jean-Bonnefond qui,
Il se vantait de communiquer avec saint Pierre l’entendant citer à tout propos des passages de
et saint Paul ; il assurait même qu’il était plus la Bible, lui confia que depuis longtemps les ha-

puissant que saint Martin et se disait égal aux bitants de celte commune attendaient le Dieu
apôtres. Comme il avait su gagner le peuple, on prédit par les Écritures.
lui amenait de tous côtés des malades à guérir; » Digonnet se promit de tirer parti de celte
et voici, par exemple, comment il traitait les pa- confidence. Peu de temps après, ayant recouvré
ralytiques. Il ordonnait qu'on étendu le malade sa liberté , il se rendit b Saint-Jean-Bonnefond
à terre, puis il lui faisait tirer les membres si où il exécuta son projet. Les béguins crurent à sa
fort que quelquefois
il en mourait; s’il guérissait, surnommèrent leur petit bon dieu.
divinité et le
c'étaitun miracle. Didier n'était pourtant qu'un A de celte époque, de fréquentes réunions
partir
magicien cl un sorcier’, comme dit Pierre Delan- de béguins eurent lieu dans celte commune. Dans
crc: car si quelqu’un disait du mal de lui en se- ces réunions Digonnet prêchait la religion a sa
cret, il le lui reprochait lorsqu’il le voyait; « ce manière, et par snite de son ascendant sur les
qu’il ne pouvait savoir que par le moyen du dé- hommes et surtout sur les femmes , se livrait b
mon qui lui allait révéler tout ce qui se passait. > des actes d’une immoralité si profonde que la
Pour mieux tromper le public, il avait un capu- décence ne permet pas de les raconter. Arrêté
chon et une robe de poil de chèvre. Il était sobre au milieu de scs fidèles, il subit diverses condam-
devant le monde; mais lorsqu’il se retrouvait nations et fut détenu plusieurs fois dans des
en son particulier il mangeait tellement qu’un
,*
maisons d’aliénés. S'étant évadé de celle d’Au-
homme n'aurait pu supporter la vjande qu'il ava- rillac le 7 juillet 18/|8, il revint à Saint- Jean-
lait. Enfin ses fourl>eries ayant été découvertes, Bonnerond , où la gendarmerie le saisit de nou-
il de
fut arrêté et chassé la ville de Tours; et on veau pour l'emprisonner à Montbrison.
n'entendit plus parler de lui. » Ce fut dans celle dernière ville que je le vis.
Didron, savant archéologue qui a publié ré- Digonnet est de petite taille ; il a le regard terne
cemment une curieuse Histoire du diable.
. Didyme. Foy. Possédés de Flandre.

Diémats. Petites images chargées de carac-


tères que les guerriers de Pile de Java portent
comme des talismans, et avec lesquelles ils se
croient invulnérables : persuasion qui ajoute b
leur intrépidité.
Dieux. On lit dans Tite-Live (IV, 30) o Les :

édiles sont chargés de veiller à ce qu’aucun dieu


ne soit reçu à Home s’il n'est Romain et adoré à
,

la romaine... »
Digby (Le chevalier) , original anglais du dix-
septième siècle, connu sous le nom du Doeleursqm-
pathique. Il poudre sympa-
avait le secret d’une
thique avec laquelle malades sans il guérissait les
les voir cl donnait la fièvre aux arbres. Celle et sans aucune expression son front ne présente
;

poudre, composée de rognures d’ongles, d’urine aucun indice d'intelligence ses joues et le des- ;

ou de cheveux du malade et placée dans un arbre, sous de ses yeux sont colorés d’une teinte bleuâtre
communiquait, disait-il, la maladie à l'arbre. et par endroits légèrement violacée un tic ner- ;

Digonnet. C'est, de nos jours, le dieu d’une veux balance continuellement sa tête sur ses
secte de béguins qui descend des manichéens et épaules, et lorsqu’il débite ses lamentations ri-

des anabaptistes. Ce dieu est vivant et M. Daniel dicules, on voit de temps b autre passer entre les
Wurth a donné de lui dans le journal la Patrie , .trois dents jaunes qui lui restent une petite chi-
une notice si curieuse que nous croyons devoir que, qu’il parait sucer avec un sentiment de
la rapporter ici : délicieuse volupté.
« Jean-Baptiste Digonnet est né à Tenee (Haute- » Ce fut un de mes amis, commis greffier au
Loire); successivement maçon, scieur de
il fut tribunal de Montbrison, qui me procura l’avan-
long et sabotier. Un chef de la secte des momiers tage de voir ce divin vieillard et qui voulut bien
lui ayant rempli la tète d'idées mystiques, il aban- I
le prier de me faire connaître les diverses con-
,

DIG - 21G — DIN


damnations qu’il avait déjà subies. —
N'ayant ja- 1
'être qu'à soixante , mais le Père m’a avancé de
mais passé en jugement , répondit-il je n'ai pas ,
cinq années, à cause des iniquités qui se com-
encore subi de condamnation. Des brigands, il est mettent sur la terre.
vrai, m’ont fait emprisonner pour étouffer ma — Comme dieu, comme prophète, vous devez
parole mais je n’ai point été jugé et ne le serai
;
avoir don des miracles? — Oui — Ainsi,
le ! si

jamais en ce monde, parce que ne relevant que du vous vous


le vouliez, à de
sortiriez l’instant celte
Père, la justice des hommes ne peut arriver jus- prison — Non pas Descendu sur
? ! terre pour la

qu'à moi !... y accomplir un sacrifice, je dois tout souffrir


— Qu’appelez-vous donc le Père? lui deman- sans me plaindre. Les portes de cette prison se-
dai-je, après lui avoir entendu prononcer ce mot raient ouvertes que je n’en sortirais pas avant
pour la seconde fois. —Le Père! s’écria -t-il,
j
l’ordre du Père. Oh! je suis d’une gante facile
c'est Dieu!... c’est le Tout-Puissant qui m’a en- maintenant; mais quand le moment sera venu,
voyé sur la terre pour annoncer aux hommes que auront beau fermer leurs portes, tirer
les geôliers
les temps sont proches et que le châtiment sera ter- leurs verrous, je m'ouvrirai uu passage invisible
rible! — Mais, murmura en souriant mon com- dans les murs épais qui m’entourent, et quittant
pagnon, vous n'êtes donc que prophète?... Je la laide carcasse dans laquelle je suis incarné,
croyais que vous étiez dieu ? —
Je suis dieu et j’irai rejoindre le Père.
prophè te tout à la fois, me répondit-il d'une voix —
On dit, je crois, que vous fabriquez une
j

lente. Je suis le premier des sept élus qui sont échelle pour vous faciliter cette ascension. Ce —
répandus sur la terre. Il m’a mis au-dessus d'eux sont les brigands qui disent ces absurdités. . Est-ce .

parce que j’avais une foi plus forte que leur foi, que la puissance du Père ne suffira pas pour me
et en ceci il a agi comme un père de famille, qui faire traverser l’espace et m'y soutenir?... Est-ce
ayant sept enfants en aimerait un plus que les que le soleil, est-ce que la lune, est-ce que les
autres, parce que dans celui-là il aurait reconnu étoiles ont eu besoin d'une échelle pour monter
des qualités dont les autres seraient dépourvus. » au firmament? Est-ce que la puissance du Père
» En ce moment, j’avoue que j’éprouvais un n’est pas infinie? Est-ce que je ne puis pas ccque
certain plaisir à écouter ce vieillard, fou pour les je veux moi! » Le petit dieu des béguins pro-
,

uns, fripon pour les autres. Le voyant assez bien nonça ces dernières paroles avec un ton d’ani-
disposé à me répondre , je me préparais à l'in- mation qui, malgré sa mauvaise prononciation et
terroger longuement ; mais j'avais compté sans quelques liaisons hasardées, ne manquait pas
mon flûte, c'est-à-dire sans mon ami, qui, voulant d’une certaine poésie. Son visage s’était forte-
taquiner un peu son prophète, comme il l’appelait, ment empourpré et ne voulant pas sans doute ,

s'écria tout à coup: — Mais, père Digonnet, diles- s’entretenir plus longtemps avec nous, il rentra
moi donc pourquoi vous êtes si bien vêtu , vous dans sa chambre sans ajouter un seul mot.
qui défendez le luxe à vos fidèles?... Savez-vous » Maintenant si, abandonnant le côté comique
qu’il n’y a pas à faris de plus. beaux par-dessus de ce monoinane, on se prend à penser qu'au
que le vôtre; qu’on n’y voit rien d'aussi coquet dix-neuvième siècle il peut encore se rencontrer
que cette calotte de velours brodée d'or qui orne des populations assez crédules pour se laisser
votre tête que ce superbe gilet noir brodé comme prendre aux absurdes prédications d'un individu
;

votre calotte ; que celte chemise si fine , si blan- sans intelligence, sans apparence même, on est
che... si... saisi d’un sentiment de tristesse amère, et l’on
— Je sais tout cela, interrompit Digonnet sans se demande en tremblant s'il est vrai que la ci-
se fâcher du ton railleur de mon compagnon; je vilisation ait chassé le fanatisme et l'ignorance
porte ces vêtements parce que pourme les donner du fond de nos campagnes? »
les béguins s’appauvrissent, ce qui les empêche Dindarte (Marie), jeune sorcière de Sarc,
de penser au superflu... Pour moi, je vous assure dans les Basses-Pyrénées. Elle confessa avoir été
que je ne tiens pas à ces beaux habits. J’en ai de souvent au sabbat. Quand elle se trouvait seule
toutes les façons. Mes béguins m’ont donné une et que ses voisines étaient absentes, le diable lui
culotte OÙ il y a pour plus de douze mille francs donnait un onguent dont elle se frottait , et sur-
d'or en broderies. Tenez , voyez ces attaches con-
tinua-t-il en déboutonnant son gilet pour me
montrer de superbes bretelles marquées à ses
initiales ; eh bien , j’en ai encore de plus belles...
Mais , ajouta-t-il en faisant un geste des plus co-,
iniques, ça me coupe horriblement les épaules...
j'aimerais mieux n'en pas avoir. » le-champ elle se transportait par les airs. Elle
» Mon ami se mordit les lèvres pour ne pas voyageait ainsi la nuit du 27 septembre 1609 ;
rire; quant à moi, jo me hâtai de demander à on l’aperçut et on la prit le lendemain. Elle
Digonnet à quel âge il avait été inspiré. —
A cin- confessa aussi avoir mené des enfants au sabbat,
quante-cinq ans , me répondit-il ; je ne devais lesquels se trouvèrent marqués de la marque du

>y XjO
.

DIN — 217 — DIV


diable On lui demanda si on pouvait Taire Dion de Syracnse. Étant une nuit couché sur
éveillé le voyage du sabbat. Elle répondit qu’on son lit, éveillé et pensif, il entendit un grand
n’y allait qu'après avoir dormi , et que quelque- bruit, et se leva pour voir ce qui pouvait le pro-
fois il sutlisait d’avoir fermé un œil pour s’en- duire. Il aperçut au bout d’une galerie une femme
lever. de haute taille, hideuse comme les Furies, qui
Dinscops, sorcière et sibylle du pays de Clè- balayait sa maison. Il fit appeler aussitôt ses amis
ves, dont parle Bodin en son quatrième livre. et les pria de passer la nuit auprès de lui. Mais
Elle ensorcelait et maléüciait tous ceux vers qui le spectre no reparut plus. Quelques jours —
elle étendait la main. On la brûla et quand sa ; après de Dion se précipita d'une fenêtre et
le fils

main sorcière et endiablée fut bien cuite, tous se tua. Sa famille fut détruite en peu de temps,
ceux qu'elle avait frappés de quelque mal revin- et, « par manière de dire, ajoute Leloyer, balayée

rent en santé... et exterminée de Syracuse, comme la Furie, qui


Dioclétien. N’étant encore que dans les grades n'était qu’un diable avait semblé l'en avertir par
,

inférieurs de l’armée, il réglait un jour ses comptes le balai »


avec une cabaretière de Tongres dans la Gaule , Dionysio dal Borgo, astrologue italien qui
Belgique. Comme cette femme, qui était drui- professait la théologie à l'université de Paris au
desse, lui reprochait d'être avare : a Je serai plus treizième siècle. Villani conte (livre X) qu’il
généreux lui dit-il en riant quand je serai em- prédit juste la mort de Castruccio, tyran de
— Tu
, ,

pereur. le seras, répliqua la druidesse, Pistoie.


quand tu auras tué le sanglier. » Dioclétien, Diopite, bateleur, né à Locres, qui, aprèsavoir
étonné sentit l’ambition s'éveiller dans son âme
, parcouru la Grèce, se présenta sur le théâtre de
et chercha sérieusement à presser l’accouiplisse- Thèbcs pour y faire des tours. 11 avait sur le corps
ment de cette prédiction, qui nous a été conservée deux peaux de bouc, l’une remplie de vin et
par Vepiscus. Il se livra particulièrement à la l’autre de lait, par le moyen desquelles il faisait
chasse du sanglier. Cependant il vit plusieurs sortir de ces liqueurs par sa bouche, si bien
princes arriver au trône sans qu'on songeât à l’y qu’on l’a mis au rang des sorciers.
élever; et il disait sans cesse : « Je tue bien les Discours. Discours des esprits follets, publié
sangliers; mais les autres en ont le profit » 11 dans le Mercure galant de 1680. Discours épou- —
avait été consul et il occupait des fonctions im- vantable d'une étrange apparition de démons en la
portantes. Quand Numérien eut été tué par son maison d'un gentilhomme en Silésie, in-8% Lyon,
beau-père, Arius Aper toutes les espérances de
, par Jean Gazeau, 1609, brochure de 7 pages. —
Dioclétien se réveillèrent : l’armée le porta au Discours sur la vanité des songes, et sur l’opinion
trône. Le premier usage qu’il fit de son pouvoir de ceux gui croient que ce sont des pressentiments.
fut de tuer lui-même de son épée le perfide Aper, Voy. Songes, etc.
dont le nom est celui du sanglier, en s'écriant Disputes. L’abominable Henri VIII avait une
qu'il venait enfin de tuer le sanglier fatal. —
On telle passion pour l’argumentation qu’il ne dé- ,

sait que Dioclétien fut ensuite un des plus cruels daigna pas d'argumenter avec un pauvre argu-
persécuteurs de l'Église. 11 était philosophe. mentateur nommé Lambert. Une assemblée ex-
Diocres. l'oy. Chapelle du damné. traordinaire avait été convoquée à Westminster
Diodore de Catane, magicien dont le peuple pour juger des coups. Le roi voyant qu’il avait ,

de Catane garda longtemps le souvenir. C’était affaire â forte partie, et ne voulant pas avoir le
le plus grand sorcier de son temps; il fascinait dernier, donna à Lambert le choix d’être de son
tellement les personnes qu’elles se persuadaient avis ou d’être pendu. C’est ainsi qu'un dey d’Al-
être changées en bêtes il faisait voir en un in-
: ger, faisant un cent de piquet avec son vizir, lui
stant aux curieux ce qui se passait dans les pays disait « Joue cœur, ou je t’étrangle. » Lambert
:

les plus éloignés. Comme on l’eût arrêté en qua- ne joua pas cœur; il fut étranglé. Nous citons
lité de magicien il voulut se faire passer pour
, cette anecdote parce que l’abominable Henri VIH
faiseur de miracles. Il se fit donc transporter par était assurément possédé du diable.
le diable de Catane â Constantinople, et de Con- Diti, et son œuf. l'oy. Garuba.
stantinople h Catane en un jour, ce qui lui acquit Dives. Les Persans nomment ainsi les mauvais
tout d'un coup parmi le peuple une grande ré- génies ils en admettent de mâles et de femelles ;

putation mais ayant été pris malgré son habi- et disent qu’avant la création d’Adam Dieu créa
;

leté et sa puissance on le jeta en un feu ardent


, les Dives ou génies mâles et leur confia le gou-
où il fut brûlé *. Le peuple de Catane qui ne l'a vernement du monde pendant sept mille ans;
,

pas oublié, l'appelle Liodore. après quoi , les Péris ou génies femelles leur suc-
cédèrent et prirent possession de l’univers pour
' Delancre, Tableau de Tinconst. des démons, etc., deux autres mille ans, sous l’empire de Gian-
liv. IV, p. <47. mais ces créatures
ben-Gian leur souverain , ;
2 Leloyer. Histoire des speetres et apparitions
des
esprits, liv. 111, ch. vin, p. 3IC. Apres Thomas Fa- étant tombées en disgrâce pour leur désobéis-
zelli. De rebus siculis, decas I, lib. III. sance Dieu envoya contre eux Éhlis qui étant
, , ,
,

DI V — 218 — DOJ
d'une plus noble nature, et formé de l'élément oracles de Dodone. Deux colombes noires, selon
du feu, avait été élevé parmi les anges. Éblis les habitants de la contrée, vinrent dans
le pays;
chargé des ordres divins, descendit du ciel et l'une s’abattit sur un chêne et dit d’une voix
lit la guerre contre les Dives et les Péris, qui se humaine qu’il fallait bâtir sous ce chêne un
réunirent pour se défendre; Éblis les délit et temple à Jupiter ce qui cul lieu ; et le chêne
:

prit possession de ce globe, lequel n’était encore rendit des oracles. Hérodote explique ensuite
habité que par des génies. Éblis ne fut pas plus que ces deux colombes étaient deux prêtresses
sage que ses prédécesseurs Dieu pour abattre ;
,
égyptiennes. La seconde de ces colombes se ren-
son orgueil, fit l'homme et ordonna à tous les dit en Libye, où elle institua le culte de Jupiter
anges de lui rendre hommage. Sur le refus Amin on.
d’Éblis, Dieu le dépouilla de sa souveraineté et Dogdo, ou Dodo, et encore Dodu. l'oy. Zo-
le maudit. Ce ne sont là, comme on voit, que ROASTRK.
des altérations de l’Écriture sainte. Doigt. Dans le royaume de Macassar,
un si

Divinations. Il y en a plus de cent sortes. malade est à l'agonie, le prêtre idolâtre lui prend
l oi/. Alectryomaxcie, Alpiijtomancie , Astraga- la main et lui frotte doucement le doigt du mi-
LOMANCIE , ASTROLOGIE IfOTANOMANClE , Cartoman-
, lieu, afin de favoriser par cette friction un che-
cie, Catoptromancie, Chiromancie, Cristalloman- min à l’àme, qui sort toujours, selon eux, par
cie, Cranolocif., Uaphnouancie, Gastromancie, par le bout du doigt.
HïDIIOMASCIE LaMPAOOMANCIE , MÉTOTOSCOPIE ,
, Les Turcs mangent habituellement le riz avec
Mimu.u k, Nécromancie, Onomancie, Ornithoman- les doigts; ils n’emploient pour cela que le pouce,
cie, Physiognomonie Pyromancie, Rabdomancie,
, l’index et le médius; ils sont persuadés que le
Tiiéomancie, etc., etc., etc. Cicéron réduit toute diable mange avec les deux autres doigts.
la divination à deux espèces, dont l’une était na- Dans certaines contrées de la Grèce moderne,
turelle et l’autre artificielle (Cicero , De divin., on se croit ensorcelé quand on voit quelqu'un
lib. i). La première se faisait par une émotion étendre la main en présentant les cinq doigts.
de l’esprit qui , étant saisi d'uno espèce de fureur, Doigt annulaire. C'est une opinion reçue
prédisait les choses à venir. Tel était l'esprit qui que le quatrième doigt de la main gauche a une
animait la Pythie sur le trépied. La divination vertu cordiale; que celte vertu vient d'un vais-
artificielle se faisait par l'observation de signes seau d’un nerf ou d’une veine qui lui est com-
,

cl de circonstances naturelles dans les sujets que muniquée par le cœur, et par cette raison qu’il
, ,

l'on savait destinés à prédire l'avenir. A cette mérite préférablement aux autres doigts l'hon-
seconde espèce appartenait l'astrologie, les au- neur de porter l'anneau. Levinus Lenmius assure
gures, les auspices, les sortilèges et les prodiges. que ce vaisseau singulier est une artère et non ,

Djilbéguenn, magicien larlare dont le souve- pas un nerf, ni une veine, ainsi que le prétendent
nir est vivace encore en Sibérie. Il brillait dans les anciens. Il ajoute que les anneaux qui sont
les temps héroïques; et on raconte de lui de portés à ce doigt influent sur le cœur. Dans les
grandes merveilles. Il se montrait quelquefois évanouissemenLs, il avait coutume de frotter ce
sous la figure d’un monstre à neuf tètes. Il était doigt, pour tout médicament. Il dit encore que
monté sur un boeuf à trente cornes lorsqu'il la goutte l’attaque rarement, mais toujours plus

coupa la tète de Comdai-Mirguenn. Il entendait tard que les autres doigts, et que la fin est bien
le langage de tontes les bêles. A la suite de beau- proche quand il vient à se nouer.
coup d’actions atroces, il est allé en enfer et n'en Dojartzabal, jeune sorcière de quinze à seize
est pas revenu. ans qui confessa vers 1009, avoir été menée au
,

Dobie, esprit familier dans le comté d'York sabbat par une autre sorcière, laquelle était dé-
en Angleterre. Ou donne cet esprit à toute famille tenue en prison ce que celle-ci niait disant
1
; ,

qui porte le nom de Dobie. C’est, dit-on, le qu’étant attachée à de grosses chaînes de fer et
spectre d’un ancêtre qui s'attache à quelques-uns surveillée, elle ne pouvait être sortie de son ca-
de ses descendants. chot; et que, si elle en était sortie, elle n’y

Docètes, hérétiques du premier siècle qui serait pas rentrée. La jeune personne expliqua
niaient l’incarnation et qui soutenaient que Noire- toutefois que, comme elle était couchée près de
Seigneur était trop pur pour avoir pris une chair sa mère, cette sorcière l’était venue chercher
humaine. Saint Jérôme écrit à ce sujet que le sang sous la forme d’un chat..., pour la transporter
du Sauveur fumait encore dans la Judée, lors- au sabbat, et que, malgré leurs fers, les sor-
qu’on se mil à enseigner que son corps n’avait cières peuvent aller à ces assemblées, bien que
été qu'un fantôme. Ils doivent leur nom de do- le diable n'ait pas moyen de les délivrer des

cètes à un mol grec qui signifie apparence et qui mains de la justice. Elle assura encore que le
explique leur système que Jésus avait simple- diable, qui la faisait enlever ainsi d’auprès de sa
ment paru un homme. mère, mettait en sa place une figure qui lui res-
Docks, h’oy. Alfares. 1
Delancre , Tableau de Tinconst. des démons, etc.,
Dodone. Hérodote raconte ainsi l’origine des liv. II. p. 101.

Digitized by Google
, ,

DOL — 219 — DOR


semblait. Cette prétendue sorcière, qui n'exer- siècle, dura une centaine d'années. Les procédés
çait probablement qu'une petite vengeance, si des donatistes ont été renouvelés par les Albi-
elle n'était pas en proie à quelque illusion, ne geois. puis par les hussites, par les luthériens et
fut pas châtiée. par les calvinistes. Les camisars entraient dans
Dolers, démon invoqué dans les litanies du celte voie, si on ne les eût pas arrêtés.
sabbat. Boni (Antoine-François), Florentin, né en
Domfront (Guérin de),de Guillaume de
fils 1 503 il:
y a des choses bizarres dans ses Mondes
Belléme, seigneur de Domfront, ayant traîtreu- célestes, terrestres et infernaux volume in-à*,
sement fait couper la tête à son ennemi endormi dont on a une vieille traduction française.
chez lui, fut, dit-on, éloulfé par le diable Doppet (François-Amédée) membre du con- ,

Domingina-Maletana, sorcière qui, dans seil des Cinq-Cents, auteur d’un Traité théorique
une joute qu’elle fil avec une autre sorcière, et pratique élu magnétisme animal ; Turin, 1 784 ,
sauta sans se blesser du haut de la montagne un Oraison funèbre de Mesmer,
vol. in-8*; d'une
de la Rhune, qui borne les trois royaumes de avec son testament, Genève, 1785, in-8*; d'une
France, d'Kspagne et de Navarre, et gagna le Médecine occulte ou Traité de la magie naturelle
5
prix . et médicinale 1786, in-4*.
Dominique. Voy. Hallucinations. Dorâch-y-Rhibyu fée sinistre du pays de
,

Domitien. Un jour qu'il donnait un festin aux Galles. Elle vient frotter ses ailes de cuir contre
sénateurs de Rome, à l'occasion de son triomphe les vitres pour annoncer la mort de quelqu’un.
sur les Daces, Domitien, qui avait de singuliers Elle appelle le malade par un long cri lamen-
caprices, lesfit eulrer dans une salle qu'il avait table.
faittendre en noir, et qui était éclairée par des Dorée (Catherine), sorcière du dix-septième
lampes sépulcrales. Chaque convive se trouva siècle, qui fut brûlée vive pour avoir tué son en-
placé vis-à-vjs d’un cercueil, sur lequel il vit fant par ordre du diable ; elle jetait des poudres
son nom Une troupe d'enfants barbouillés
écrit... ;
et guérissait les ensorcelés en leur mettant un
de noir représentait une danse des ombres infer- pigeon sur l’estomac. Barbe Dorée, autre sor-
nales. la danse finie, ils se dispersèrent, chacun 1
cière, était parente de Catherine.
auprès du convive qu’il devait servir. Les mets Dormants. L'histoire des sept Dormants est
furent les mêmes que ceux que l’on offrait aux
'

encore plus fameuse chez les Arabes quo chez


morts dans cérémonies funèbres. Un morue
les .
les chrétiens. Mahomet l'a insérée dans son ko-
1

silence régnait dans cette assemblée. Domitien ran, et les Turcs l’ont embellie.
parlait seul ; il ne racontait que des histoires san- Sous l'empire de Décius, l'an de notre ère
glantes et n'entretenait les sénateurs que de mort. 250, il y eut une grande persécution contre les
Les convives sortirent enfin de la salle du festin chrétiens. Sept jeunes gens, attachés au service
et furent accompagnés chacun à leur maison par île l'empereur, ne voulant pas désavouer leur
des hommes vêtus de noir, armés et silencieux. croyance et craignant les supplices ,- se réfu-
— A peine respiraient-ils , que l’empereur les fit
]
gièrent dans une caverne située à quelque dis-
redemander; mais c'était pour leur donner la tance d'Éphèse. Par une grâce particulière, ils y
vaisselle qu'on avait servie devant eux et à cha- dormirent d'un sommeil profond pendant deux
cun celui de ces petits esclaves qui les avaient cents ans. Les mahomélans assurent que, durant
servis. C’était bien là un plaisir de tyran. ce sommeil, ils eurent des révélations surpre-
Domoivoî, esprits de ténèbres chez les Russes. nantes, et qu’ils apprirent en songe tout ce que
On les chusse par l’eau de la Néva, bénite le pourraient savoir des hommes qui auraient em-
jour de l'Épiphanie. I
ployé un pareil espace de temps à étudier assi-
Donatistes, sectateurs de Donat, qui domi- dûment.
naient et ne pardonnaient rien. Dans leurs fureurs Leur chien, ou du moins celui d’un d'entre
contre les catholiques, qui admettent à la récon- ;
eux , les avait suivis dans leur retraite il mit à ;

ciliation ceux qui sont tombés , les donatistes 1

profit, aussi bien qu'eux, le temps de son som-


attaquaient partout les fidèles enfants de l'Église, meil. Il devint le chien le plus instruit du monde.
les assommaient , brûlaient leurs maisons et leurs Sous le règne de Théodose le jeune, l'an de
églises. « Ils commencent leurs massacres au I
Notre-Seigneur 550 les sept Dormants se réveil-
,

» chant de YAlleluia, disent les réciLs conlem- lèrent et entrèrent dans la ville d'Éphèse, croyant
» porains; ni l’âge, ni l'innocence n'obtiennent n’avoir fait qu'un bon somme-, mais ils trouvèrent
» grâce à leurs yeux ; quand ils veulent bien faire tout bien changé. Il y avait longtemps que les per-
» miséricorde, ils tuent d’un seul coup. » Leur sécutions contre le christianisme étaient finies;
schisme , élevé au commencement du quatrième des empereurs cbiétiens occupaient les deux
trônes impériaux d'Orient et d'Occident. Les
1
Mémoires de Tliébaul de Chanipassais sur la ville
questions des frères et l’étonnement qu'ils témoi-
de Domfront.
1 Delancre, Tableau de l'inconst. des dations, etc., gnèrent aux réponses qu'on leur fit surprirent
liv. III, p. ÎIO. tout le monde, ils contèrent naïvement leur his-

Ie
?
,

DOS — 220 — DRA


loire. Le peuple, frappé d'admiration, les con- être double, c’est-à-dire qu'il peut être vu à la
duisit à l'évêque, celui-ci au patriarche et le fois qu'il peut lui-même,
en deux lieux différents,
patriarche à l'empereur. Ces sept Dormants révé- en certaines occasions, voir sa doublure devant
lèrent les choses du monde les plus singulières, lui. Celte doublure n’est qu'une ombre, à la vé-

et en prédirent qui ne l'étaient pas moins. Ils rité. Eh bien nous pouvons avoir le même avan-

,

annoncèrent entre autres l'avéncmcnt de Maho- tage en nous plaçant devant une glace. l ’oy.

met, rétablissement et les succès de sa religion, Flaxbinder.


comme devant avoir lieu deux cents ans après Dourga monstrueuse divinité des Indiens.
,

son réveil. Uoy. Etres religieuses de l’Inde.


Quand ils eurent de l’em-
satisfait la curiosité Dourlet (Simone). Voy. Possédées de Flasore.
pereur, ils se retirèrent de nouveau dans leur Douze, c’est un nombre heureux. Les apèlres
caverne et y moururent tout de bon on montre : étaient douze, dit Césaire d’Ilesterbach, parce
encore cette grotte auprès d'Éphèsc. que le nombre douze est composé de quatre fois
Quant à leur chien Kralim ou Kalmir, il acheva trois, ou de trois fois quatre. Ils ont été élus
sa carrière et vécut autant qu’un chien peut douze ajoute -t- il, pour annoncer aux quatre
vivre en ne comptant pour rien les deux cents
,
coins du monde la foi de la sainte Trinité. Les
ans qu’il avait dormi en compagnie de ses maîtres. douze apôtres, dit-il encore, sont les douze
C’était un animal dont les connaissances surpas- signes du zodiaque , les douze mois de l’année
saient celles de tous les philosophes les savants ,
les douze heures du jour, les douze étoiles de la

et les beaux esprits de son siècle aussi s’em- : couronne de l’épouse. Les douze apôtres sont
pressait-on de le fêler et de le régaler ; et les mu- encore les douze fils de Jacob, les douze fon-
sulmans le placent dans le paradis de Mahomet, taines du désert, les douze pierres du Jourdain,
entre l'âne de Balaam et celui qui portait INotre- les douze boeufs de la mer d’airain, les douze

Seigneur le jour des Rameaux. fondements de la Jérusalem céleste.


Cette historiette a tout l’air d’une contre-partie Drac , démon du rang des princes de l'enfer.
de la fable d’Épiménides de Crète, qui, s'étant Il se montra à Faust en manière de flamme bleue,

endormi sur le midi dans une caverne en cher- a a ec une queue rougeâtre.
chant une de ses brebis égarée, ne se réveilla Drack, lutin du midi de la France. Dans cer-
que quatre-vingt-sept ans après, et se remit à taines contrées, ce n'est qu'un follet malin qui
chercher scs brebis comme s’il n’eût dormi qu'un prend toutes sortes de formes cl fait toutes sortes
peu de temps. d’espiègleries. Dans d’autres, c'est un ogre.
automne
Delrio parle d'un paysan qui dormilun l 'oy. Ou a es.
et un hiver sans se réveiller 1
. Draconites ou Dracontia. Pierre fabuleuse
Dosithée, magicien de Samaric, contempo- que Pline et quelques naturalistes anciens ont
rain de Simon le Magicien il se présentait comme
; placée dans la tête du dragon. Pour se la procu-
étant le vraie Messie, et il parvint à séduire la rer, il fallait l’endormiravant de lui couper la tête.
foule par des prestiges, des enchantements et Dragon. Les dragons ont fait beaucoup de
des tours d'adresse. Il menait avec lui trente bruit; et, parce que nous n’en voyons plus, les
disciples, autant qu'il y avait de jours dans le sceptiques les ont niés : mais Cuvier et les géo-
mois, et n'en voulait pas plus. 11 avait admis à logues modernes ont reconnu que les dragons
sa suite une femme qu'il appelait la Lune. Il ju- avaient existé. C’est seulement une race perdue.
daïsait, et le point capital de sa doctrine consis- C'étaient des sortes de serpents ailés. Philostrate

tait, pour ceux qu’il entraînait, à passer le jour ditque, pour devenir sorciers et devins, les
du sabbat dans l'immobilité la plus complète. Arabes mangeaient le cœur ou le foie d'un dra-
Double. On croit en Ecosse qu'un homme peut gon volant. On montre auprès de Beyrouth le

lieu où saint Georges tua un monstrueux dragon ; de saint Georges,une église qui ne subsiste plus',
il
y avait sur ces lieux, consacrés par le courage II est fait mention de plusieurs dragons dans les
< Dans les Disquiiitùm» magiquet. I ' Voyage de Monconis, de Thévenot et dn P. Goujon.

Digitized by Google
DRA — 221 — DRE
légendes ;
quelques-uns. peuvent être des allé- qui dévastait le Hainaul', lorsqu'il fut tué par le

goriesoù par le dragon il faut entendre le dé- vaillant Gillesde Chin, en 1132. Et que direz-
mon que les saints ont vaincu. Le diable, en effet, vous du dragon de Rhodes, qui n’est certainement
porte souvent le nom d'ancien dragon, et quel- pas un conte’? Voy. Tuou du chateau de Cab-
quefois forme de cet animal merveil-
il a pris la noet.
leux : montra à sainte Margue-
c'est ainsi qu’il se Dragon rouge. Lz dragon rouge, ou l’art de
rite. Onque le dragon dont parle Possidonius
dit commander les esprits célestes, aériens, ter-
couvrait un arpent de terre, et qu’il avalait, restres, infernaux, avec le vrai secret de faire
comme une pilule, un cavalier tout armé; mais parler les morts, de gagner toutes les fois qu’on
ce n'était encore qu’un petit dragon en compa- met aux loteries, de découvrir les trésors ca-
raison de celui qu’on découvrit dans l’Inde, et chés, etc., etc., in-18, 1521.
qui , suivant Maxime de Tyr, occupait cinq ar- On a réimprimé très-fréquemment ce fatras
pents de terrain. absurde, dont on trouvera les plus curieuses élu-
Les Chinois rendent une espèce de culte au cubrations à leur place, dans ce dictionnaire.
dragon. On en voit sur leurs vêtements, dans Drames. Le théâtre n'a pas négligé les mer-
leurs livres, dans leurs tableaux. Ils le regardent veilleuses ressources que lui offraient les démons,
comme le principe de leur bonheur ils s’ima- ; les follets , les revenants ,
la magie et les sciences
ginent qu'il dispose des saisons et fait à son gré occultes. De nos jours on a fait les Sept châteaux
tomber la pluie et gronder le tonnerre. Ils sont du Diable, les Pilules du Diable, la Part du
persuadés que tous les biens de la terre ont été Diable; on a même mis en vaudeville Ut Mé-
confiés à sa garde, et qu’il fait son séjour ordi- moires du Diable, de M. Soulié. L'Esprit follet,
naire sur les montagnes élevées. de Collé; le Spectre, de Séraminis; celui d’Uam-
Le dragon était aussi très-important chez nos let; les Sorcières, de Macbeth; ta Sylphide, le
aïeux et tous nos contes de dragons doivent re-
; Magicien du Pied de mouton, et une foule d’au-
montera une haute antiquité. Voici la chronique du tres données sont prises, comme llobin des bois,
dragon de Niort ‘. L'n soldat avait été condamné le Chasseur rouge, Trilby, U Vampire, les ffï-
à mort pour crime de désertion; il apprit qu’à lis, etc., etc., du vaste répertoire de prodiges
Niort, sa patrie, un énorme dragon faisait depuis qui alimentent les livres de démonologie.
trois mois des ravages, et qu’on promettait bonne Drapé. On donne à Aigues-Mortes le nom de
récompense à celui qui pourrait en délivrer la Lou Drapé à un cheval fabuleux, qui est la ter-
contrée. Il se présente on l’admet à combattre
; reur des enfants, qui les retient un peu sous
le monstre, et on lui promet sa grâce s’il par- l’ailede leurs parents, et réprime la négligence
vient à le détruire. Couvert d'un masque de verre des mères. On assure que quand Lou Drape \ ient
et armé de toutes pièces, l'iutrépide soldat'va à à passer, il ramasse sur son dos, l'un après
l’antre obscur où se tient le monstre ailé, qu’il l’autre, tous les enfants égarés; et que sa croupe,
trouve endormi. Réveillé par une première bles- d’abord de taille ordinaire, s’allonge, au besoin,
sure, il se lève, prend son essor et vole contre jusqu’à contenir cinquante et cent enfants qu'il
l’agresseur. Tous les spectateurs se retirent, lui emporte on ne sait où.
seul reste et l’attend de pied ferme. Le dragon ] Drawcansir, lutin matamore qui, chez les
tombe sur lui et le terrasse de son poids mais ; Anglais, gourmande les rois, disperse les armées
au moment qu’il ouvre la gueule pour le dévo- et sème le désordre partout. C'est probablement
rer, le soldat saisit l'instant de lui enfoncer son ce que les anciens appelaient la terreur panique.
poignard dans la gorge. Le monstre tombe à ses Drépano. de Drépano a aussi sa cé-
L’esprit
pieds. Le brave soldat allait recueillir les fruits lébrité : il grand bruit jetait des pierres
faisait ,

de sa victoire, lorsque, poussé par une fatale qui ne blessaient pas, lançait en l’air les usten-
curiosité, il ôta son masque pour considérer à siles de ménage sans rien briser, et chantait des
son aise le redoutable ennemi dont il venait de chansons scandaleuses , le tout sans se montrer.
triompher. Déjà il en avait fait le tour, quand le Quand le maître de la maison où il hantait reve-
monstre, blessé mortellement, et nageant dans nait de quelque course trempé par la pluie , il
son sang, recueille des forces qui paraissaient l'annonçait avant que personne le vit, et pres-
épuisées, s'élance subitement au cou de son vain- sait la famille d’allumer un grand feu. C’était un
queur communique un venin si malfaisant
et lui
au milieu de son triomphe.
qu’il périt On voyait — 1
Voyez cette légende dans Les douze convives du
chanoine de Tours .
encore, y a peu de temps, dans le cimetière
il
2 « Les divers insectes carnivores, vus au micro-
de hôpital de Niort, un ancien tombeau d'un
I
scope, sont des animaux formidables; ils étaient peut-
homme tué par le venin du t erpent. Est-ce aussi être cesdragons ailés dont on retrouve les anatomies;
une allégorie ? diminués de taille à mesure que la matière diminuait
d’énergie, ces hydres, griffons et autres se trouve-
A Mons, on vous contera l’histoire du dragon
raient aujourd’hui à l’état d’insectes. Les géants anté-
diluviens sont les petits hommes d'aujourd'hui. »

• Voyage dans le Finistère, 1. 111, p. tlî. (Chateaubriand, .Mémoires, tome IL)


DR1
1
222 — DRU
démon obsesseur qui ne réussil pas car les ha- ; Druidesses. Dans la petite lie de Sena. au-
[

bilan ts maison se conduisirent en chré-


de la jourd’hui Sein, vis-à-vis la côte de Quimper, il

tiens, ce qui suffit souvent .


y avait un collège de druidesses que les Gatdois
Driff, nom donné à la pierre de Bultlcr, à la- appellent Scan (prophétesses). Elles étaient au
quelle on attribuait la propriété d'attirer le ve- nombre de neuf, gardaient une perpétuelle vir-
nin ; , dit-ou
elle était composée de mousse for-
,
ginité, rendaient des oracles et avaient le pou-
mée sur des têtes de mort, de sel marin, de voir de retenir les vents et d'exciter les tem-
vitriolcuivreux empâté avec de la colle de pois- pêtes; elles pouvaient aussi prendre la forme de
son. a poussé le merveilleux jusqu’à pré-
On !
toute espèce d’animaux, guérir les maladies les
tendre qu'il suffisait de loucher celte pierre du plus invétérées et prédire l’avenir. Elles exer-
bout de la langue pour être guéri des maladies çaient un sacerdoce. Il y avait d'autres drui-
les plus redoutables. Van Ilclmont en fait de desses qui se mariaient; mais elles ne sortaient
grands éloges. qu'une fois dans l'année, et ne passaient qu'un
Drolles. Les drolles sont des démons ou lu- seul jour avec leurs maris '. f'oy. aussi Dio-
tins qui, dans certains pays du Nord, prennent clétien , Velléda, etc.
soin de panser les chevaux , font tout ce qu'on ,

leur commande et avertissent des dangers, f'oy.


Farfadets, Béritii , Kobold, etc.
Drouva, roi de l’Hindouslan, qui régna vingt-
six mille ans, on ne sait où, cl qui laissa trois

Üru'dc.

enfants: Karpagalarou , Kouraga et Kourkala;


ce qui est peu pour une silongue vie.
Druses peuplade
,
féroce qui habite le Liban.
Elle adore un veau et n’est' ni chrétienne ni
Drows. C'est le nom qu’on donne aux duer-
gars dans les lies Orcades.
I musulmane.
Drude (la), cauchemar femelle qui, en forme Drusus. Chargé par l'empereur Auguste du
d'une vieille furie, parait serrer la gorge d’une commandement de l’armée romaine qui faisait
Malum der- la guerre en Allemagne Drusus se préparait à
personne endormie. Pline l'appelle ,

passer l'Elbe, après avoir déjà remporté plu-


moniacum.
Druides, prêtres des Gaulois. enseignaient sieurs victoires, lorsqu’une femme majestueuse
la sagesse cl morale aux principaux person-
la
Ils
luiapparut et lui dit : —
» Où cours-tu si vite,

nages de la nation. Ils disaient que les âmes cir- Drusus? Ne seras-tu jamais las de vaincre? Ap-
culaient éternellement de ce monde-ci dans
prends que tes jours touchent à leur terme... »
l'autre ; c’est-à-dire que ce qu'on appelle la mort
Drusus troublé tourna bride, fit sonner la re-
traite et mourut au bord du Rhin. On vit en
est l’entrée dans l’autre monde, cl ce qu’on ap-
pelle la vie en est la sortie pour revenir dans même temps deux chevaliers inconnus qui fai-
ce monde-ci ’.
chevaux autour des tran-
saient caracoler leurs

Les druides d'Aulun attribuaient une grande chées du camp romain, et on entendit. aux en-
virons des plaintes et des gémissements de
vertu à l'œuf de serpent; ils avaient pour ar-
moiries dans leurs bannières d'azur à la cou- :
femmes ; ce qui n’est pas merveille dans une

chée de serpents d'argent, surmontée d'un gui déroute.

de chêne garni de ses glands de sinople. Le chef Drutes. Les drutes sont des sorcières qui
suivent Holda avec leurs quenouilles, l'oy.
des druides avait une clef pour symbole ’.
Holda.
j

1
Dclriu. lUsiiuisit., lit). VI. cap. II.
2 biodorc de Sicile. !
Sainl-Foix, Essais sur Paris, t. III. p. 38i.
3 Saint-Fois. Essais, etc., I. H. 2 Dion Cassius.

Digitized by Google
DRY — 223 — DL’E

Dryden (Jean), célèbre poêle anglais, mort corps des animaux plus nobles, jusqu’à ce
en 1707. On rapporte qu'il tirait aux dés le jour qu’elles rentrent dans des corps humains, où
de la naissance de ses curants, pour deviner s'il elles peuvent mériter ou démériter sur nouveaux
aurait un garçon ou une lille; et sa prédiction frais.
relative au sexe de son (ils Charles se réalisa '
; Dualisme. Il V a des tremblements de terre,
ce qui n’est pas fort étonnant, l oi/. Astiuga- des tempêtes, des ouragans, des débordements
LOMANCIE. de rivières, des maladies pestilentielles dns ,

Dsigofk, partie de l'enfer japonais où les lrétes venimeuses, des animaux féroces, des
méchants sont tourmentés suivant le nombre ou hommes naturellement méchants, perfides et
la qualité de leurs crimes.
Leurs supplices ne cruels. Or, un être bienfaisant, disaient les dua-
durent qu'un certain temps, au bout duquel leurs listes, ne peut être l’auteur du mal. Donc il y a
âmes sont renvoyées dans ce monde, pour animer deux êtres, deux principes, l’un bon, l’autre
les animaux impurs dont les vices s’accordent mauvais, également puissants, coéternels, et qui
avec ceux dont ces âmes s’étaient souillées. ne cessent point de se combattre. Si l'on réflé-
De là elles |>as.sent successivement dans les chit sur le dualisme, dit Saint-Foix, je crois

t>uergar*.

qu'on le trouvera encore plus absurde que l'ido- le moral que dans le physique, venait unique-
lâtrie. ment de leur mésintelligence, l’une se plaisant
Les Lapons disent que Dieu, avant de pro- à gâter, à changer ou à détruire tout ce que fai-
duire la terre, se consulta avec l'esprit malin, sait Ia>s manichéens ont adopté le sys-
l’autre.

afin de déterminer comment il arrangerait chaque tème des deux principes, liardesane, les Ap-
chose. Dieu se proposa donc de remplir les ar- l>clhsles et une foule d'autres chefs de secte les
bres de moelle, les lacs de lait, et de charger ont dans celte voie précédés ou suivis. I,a vé-
les plantes et les arbres de tous Tes plus beaux rité et le sens commun ont toujours repoussé

fruits. l’ar malheur, un plan si convenable à ces absurdes suppositions. Les luttes du bien et
l'homme déplut à l'esprit malin ,
qui fit toutes du mal nous sont exposées dans leur réalité par
sortes de niches; cl il en résulta que Dieu n'éta- la doctrine de l'Église catholique.
blit pas
choses aussi bien qu'il l'aurait voulu...
les Duende. Le Dutnde, lutin espagnol, cor-
Un certain Ptolomée soutenait que le grand Être respond au Golielin normand et au Tomte-
avait deux femmes; que, par jalousie . elles se gobbe suédois. Duende, selon Cobartivias, est
contrariaient sans cesse, et que le mal , Unit dans une contraction de dueno de rasa, maître de la
1
Berlin. Curiosités dr h littérature , i. I. p. 2iK. maison. Ce farfadet espagnol a été cité de tout

Digitized by Google
,

DIT — 224 — DUR


temps pour la facilité de ses métamorphoses. dans lequel le dernier vers de la première stance
Duergars. Les diables nains ou duergars de termine toutes les autres.
la Scandinavie sont de la même famille que les Dufay (Charles-Jérôme de Cisternay), al-
elfs de la nuit. Ils assistent à la mort de la chimiste, quoique homme
de guerre. Il s'oc-
dame de la maison qu'ils hantent et la gardent cupait du grand œuvre-, et il dépensa beaucoup
la nuit. Les doctrines Scandinaves disent que d'argent h la recherche de la pierre philoso-
leurs dieux les ont fait naître en foule du phale. Il mourut en 1723.
cadavre d’Iiner, et leur ont infusé toutes les Duffo ou Duffus, roi d'Écosse. Pendant une
sciences et tous les arts. Les Norvégiens attri- maladie de ce prince, on arrêta plusieurs sor-
buent la forme régulière et le poli des pierres ciers de son royaume qui rôtissaient, auprès
cristallisées aux travaux de ces petits habitants d’un petit feu, une image faite à la ressem-
de la montagne dont l’écho n’est autre chose blance du roi sortilège qui selon leurs confes-
, ,

que leur voix. Cette personnification poétique a sions, causait le mal du monarque. Eu effet,
donné naissance à un mètre particulier en Is- après leur arrestation la santé de DulTus se ré-
,

lande, appelé le galdralug, ou le lai diabolique, tablit

Dnlot (Jacques), magicien. Voy. Mawgnt. d'œuvre où son pinceau , son crayon et son bu-
Dumons (Antoine), sorcier du dix-septième rin n'ont jamais offensé en rien la religion ni les
siècle, accusé de fournir des chandelles au sab- mœurs. On raconte de lui une vision que nous
bat pour l'adoration du diable. rapporterons ici :

Duncanius, abbé de Liebenlhal, qui, au 0 pieux artisle, rêvait quelque nou-


Albert, le

douzième siècle, fit un pacte avec le diable pour veau chef-d’œuvre; il voulait se surpasser lui-
l'érection d'un immense édifice cl crut jouer le même; mais le génie de l'homme a ses limites

malin. Mais le diable lui avait laissé un livre de que jamais il ne peut franchir sans se perdre
conjurations au moyen duquel tout était pos- dans les abîmes du monde intellectuel. Pendant
sible. L'abbé osa s’en servir; il fil des choses une belle nuit d’été, il avait commencé et re-
prodigieuses, entra dans les voies de l'orgueil, commencé l’esquisse des quatre évangélistes. Il

tomba dans au bout de quinze ans,


les vices, et, voulait retracer les traits de ces hommes inspires
devint la proie de Satan
qui l’emporta. Sa lé-
,
qui furent trouvés dignes de devenir les histo-
gende a été écrite par Henry Zschokke. riens de rilommc-Dieu. Mais rien de ce que sa
Dupleix (Scipion), conseiller d’Élat et his- main produisait ne rendait à son gré les traits
toriographe de France, mort en 1661. Parmi ses qui se peignaient dans son âme. C’était 4 Nu-
ouvrages très-remarquables, on peut voir la remberg. La nuit était superbe la lune éclairait ,

Cause de la veille et du sommeil, des songes, de la de sa magique lumière les églises de Saint-Sé-
vie et de la mort. Paris, 1615, in-12; Lyon, bald et de Saint-Laurent. Des milliers d'étoiles
1620, in-8". brillaient à la voûte céleste au-dessus de cette
Durandal.épée merveilleuse de Charlemagne. ville silencieuse et de ses rues désertes. « Dieu
romans de chevalerie, un ou-
C’était, selon les s'écria Albert, a permis 4 des hommes de trans-
vrage des fées. former ici des débris de rochers en bâtiments
Durer (Albert), peintre illustre, né à Nu- magnifiques, pleins d’harmonie dans leur cn-
remberg en 1471 , mort eu 1528, avec la gloire 1
Leloyer, Histoire et discours des spectres, etc.,
assez rare d'avoir laissé beaucoup de chefs- Bv. IV, ch. xv, p. 369.

Digitized by Google
DUS — 225 — EAU
semble et dans toutes leurs parties , élevant ma- sur ses traces échouèrent souvent, non parce
jestueusement leurs tours vers le ciel et , il ne que le talenL leur manquait, mais parce qu’ils
me permettrait pas à moi de rendre sur la toile n’avaient pas sa foi naïve et forte. Le ciel et ses
et en son honneur les portraits de ses saints en- merveilles restèrent cachés pour eux, derrière
voyés portraits que cependant je porte en mon
,
lessombres nuages du monde matériel « '.

âme! «Albert se sent ému; ses mains se re- Duses, démons de la nuit qui effrayent les
joignent pour prier et en ce moment l'église de
;
Allemands par une sorte de cauchemar.
Saint-Sébald se colore de feu et de flamme des ; Duvernois. l'oy. Rolande.
nuages bleus forment le fond sur lequel se des- Dysers, déesses des anciens Celtes, que l’on
sinent les ligures imposantes des quatre évangé- supposait employées à conduire les âmes des
listes. « Oh voilà, dit-il, les traits que j'ai en vain
! héros au palais d’Odin , où ces âmes buvaient
cherchés, qui échappaient à mon art débile! » de la bière dans des coupes faites des crânes de
Il court à sa toile abandonnée, il saisit ses pin- leurs ennemis.
ceaux et bientôt l’esquisse est terminée. 11 ne Dythican, démon prince qui se montra au
sera pas difficile au grand artiste d'achever di- docteur Faust sous la forme d’une perdrix co-
gnement son œuvre. lossale , avec le cou moucheté de vert.
• Durer croyait rt voyait. Voilà pourquoi il Dzivogeon, femmes étranges, du genre des
sut créer des chefs-d’œuvre d'une si pure spiri- esprits élémentaires. Elles habitent plusieurs
tualité. Beaucoup de ceux qui voulurent marcher montagnes de la Russie.

--OOS-

Eatuas ou Atouas, dieux subalternes desOtaï- bouillir, de peur d’en renverser quelques gouttes.
tiens, enfants de leur divinité suprême, Taroa- Les cabaiistcs peuplent l’eau d’ondins et de
taihéloomoo , et du rocher Lépapa. Les Eatuas, nymphes, l'oy. ces mots.
dit-on , engendrèrent le
premier homme. Eau amère (Epreuve de 1’). Elle avait lieu

Ces dieux sont des deux sexes : les hommes ainsi chez les anciens Juifs : lorsqu'un homme
adorent les dieux mâles, et les femmes les dieux soupçonnait sa femme en mal
il demandait qu'elle
,

femelles. Us ont des temples où les personnes se purgeât selon la Le juge envoyait les par-
loi.

d’un sexe différent no sont pas admise 5 , quoiqu'ils ties à Jérusalem, au grand consistoire, composé

en aient aussi d'autres où les hommes et les de soixante vieillards. La femme était exhortée à
femmes peuvent entrer. bien regarder sa conscience, avant de se sou-
Le nom A’Eatua ou Aloua est aussi donné à mettre au hasard de boire les eaux amères. Si
des oiseaux , tels que le héron et le martin-pê- elle persistaità dire qu’elle était nette de péché,
cheur. Les Otaïtiens et les insulaires leurs voi- on la menait à la porte du Saint des saints, et on

sins honorent ces oiseaux d’une attention parti- la promenait afin de la fatiguer et de lui laisser
culière ne les tuent point et ne leur font
; ils le loisir de songer en elle-même. On lui donnait
aucun mal: mais ils no leur rendent pourtant alors un vêtement noir. Un prêtre était chargé
aucune espèce de culte, et paraissent n’avoir à d'écrire son nom et toutes les paroles qu'elle avait
leor égard que des idées superstitieuses relatives dites; puis se faisant apporter un pot de terre,
à la bonne ou mauvaise fortune ainsi le peuple ; il versait dedans avec une coquille la valeur d’un

à demi dégrossi en a chez nous sur le rouge- grand verre d'eau ; il prenait de la poudre du ta-
gorge, sur l'hirondelle et sur quelques autres bernacle, avec du jus d’herbes amères, raclait le
oiseaux. nom écrit sur le parchemin et le donnait à boire
Les Otaïtiens croient que le grand Ealua lui- à la femme, qui, si elle était coupable, aussitôt
même est soumis en certains cas aux génies in- blêmissait ; les yeux lui tournaient et elle ne tar-
!
férieurs à quiil a donné l’existence, qu’ils le dé- dait pas à mourir ;
mais il ne lui arrivait rien
vorent souvent, mais qu’il a toujours le pouvoir si elle était innocente.
de se recréer. Eau ardente, renommée chez les sorciers
Eau. Presque tous les anciens peuples ont fait d'autrefois. Elle prenait feu au contact d’une al-
une divinité de cet élément, qui, suivant certains lumette enflammée : ce que fait l'eau-de-vie à
philosophes, était le principe de toutes choses. Les présent.
Guébres le respectent; un de leurs livres sacrés Eau bénite. C’est une coutume aussi ancienne
leur défend d'employer l'eau la nuit et de jamais 1
Nouvelle revue de Bruxelles. Février 1814.
emplir tout à fait un vase d’eau pour la faire 2 Lelover, Histoire des spectres, liv. IV, ch. xxi.

15

Digitized by Google
EAU — 226 — EAU
que l'Église et de tradition apostolique', de bénir dent tiré du foyer des sacrifices. Quand il
y avait
par des prières, des exorcismes et des cérémo- un mort dans une maison on mettait à la porte ,

nies, l'eau dont on fait des aspersions sur les fi- un grand vase rempli d'eau lustrale, apportée de
dèles et sur les choses qui sont à leur usage. Par quelque maison où il n’y avait point de mort.
cette bénédiction , l’Église demande à Dieu de Tous ceux qui venaient à la maison en deuil s'as-
puriDer du péché ceux qui s’en serviront , d'é- pergeaient de cette eau en sortant. Les druides —
carter d’eux les embûches de l'ennemi du salut employaient l'eau lustrale ji chasser les maléfices.
et les fléaux de ce monde*. Dans les constitutions Eau verte. On lit dans Delancre que les sor-
apostoliques, l’eau bénite est appelée un moyen ciers composaient de son temps une eau verte,
d’expier le péché et de mettre en fuite le démon. dont le contact donnait la mort. Voy. Poisons.
On se sert aussi au sabbat d’tmc eau particu- Ébérard archevêque de Trêves, mort en
,

lière, que l’on ose appeler eau bénite. Le sorcier 1067. Ayant menacé les Juifs de les chasser de
qui fait les fonctions sacrilèges qu'on appelle la sa ville si dans un certain temps qu'il leur ac-
,

messe du sabbat est chargé d’en asperger les corda pour se faire instruire, ils n’ernbrassaient
assistants '. pas le christianisme, ces misérables, qui se di-
Eau bouillante (Épreuve de I’). On l’em- saient réduits au désespoir, subornèrent un
ployait autrefois pour découvrir la vérité dans les du nom
sorcier qui, pour de l’argent, leur baptisa
tortures qu’on appelait témérairement jugements de l’évêque une image de cire, à laquelle ils at-
de Dieu. L’accusé plongeait la main dans un vase tachèrent des mèches et des bougies ils les al- ;

plein d'eau bouillante, pour y prendre un anneau lumèrent le samedi saint comme , le prélat allait

suspendu plus ou moins profondément. Ensuite donner le baptême. Pendant qu’il était occupé à
on enveloppait la main du patient avec un linge celle sainte fonction, la statue étant à moitié
sur lequel le juge et la partie adverse apposaient consumée, Ébérard se sentit extrêmement mal;
leurs sceaux. Au bout de on les levait
trois jours ;
on le conduisit dans la sacristie, où (dit la chro-
s'il ne paraissait point do marque de brûlure, nique) il expira bientôt après '.

l’accusé était renvoyé absous. Éblis, nom que les mahométans donnent au
Eau d'ange. Pour faire de bonne eau d'ange, diable.Ils disent qu'au moment de la naissance

ayez un grand alambic dans lequel vous mettez de leur prophète , le trône d'Éblis fut précipité
les drogues suivantes benjoin, quatre onces;
: au fond de l’enfer et que les idoles des gentils
styrax, deux onces; sandal citrin, une once; furent renversées.
clous de girofle, deux drachmes; deux ou trois Ébroin. On lit ceci dans le B. Jacques de Va-
morceaux d’iris de Florence la moitié d'une ;
rasc (legenda exiv) : — Une petite troupe de
écorce de citron deux noix muscades; cannelle,
;
pieux cénobites regagnait de nuit le monastère.
demi-once; deux pintes de bonne eau de roche; Ils arrivèrent au bord d'un grand fleuve et s’ar-
chopine d’eau de fleurs d’orange chopine d’eau ;

de inélilot vous mettez le tout dans un alambic


;

bien scellé et vous distillez aq bain-marie. Cette


distillation sera une eau d’ange exquise * ainsi ,

nommée parce que la recette en fut enseignée


par un ange... Elle guérit beaucoup de maladies,
disent ses prûneurs.
Eau froide (Épreuve de I’). Elle était fort en I

usage au neuvième siècle et s'étendait non-seu- I

lemenl aux sorciers et aux hérétiques, mais encore I

à tout accusé dont le crime n’était pas évident. Le


coupable ou prétendu tel était jeté, la main droite
liée au pied gauche, et la main gauche liée au
pied droit, dans un bassin ou dans une grande
cuve pleine d'eau, sur laquelle on priait pour
qu’elle ne put supporter un criminel de façon :

que celui qui n'enfonçait pas était déclaré in-


nocent.
Eau lustrale. Eau commune dans laquelle,
chez les peuples païens, on éteignait un tison ar- rêtèrent sur le gazon pour se reposer un instant.
Bientôtils entendirent plusieurs rameurs qui des-

1
Lo P. Lebrun, Explication des cirèm., t. I, p. 76. cendaient le fleuve avec une grande impétuosité.
2 Bergier, Dictionnaire théologique,
L'un des moines leur demanda qui ils étaient ;

3 Boguet, Discours des sorciers ch. xxii, p. 141,


, n Nous sommes des démons, répondirent les ra-
et Dclancrc, Tableau de T inconstance des démons, etc.,
liv. IV, dise. III, p. 457.
meurs, cl nous emportons aux enfers l’âme d’É-
4 Secrets du Petit Albert,
p. 162. Histoire des archevêques de Trêves, ch. lvii.
1

Digitized by Google
EBR — 227 — ÉCL
broïn maire du palais, qui tyrannisa la France
,
sant le combla de faveurs et lui donna le nom de
et qui abandonna le monastère de Saint-Gai pour fidèle que la tradition lui maintient. Mais les cour-
rentrer dans le monde. » tisans, jaloux de son influence, parvinrent à le
Ébron démon honoré à Toumay du temps
, , faire tomber en disgrâce. Le duc de Bourgogne
de Clovis. On ne voyait que sa tête, qui se re- le bannit et lui enleva ses deux fils, dont il n'eut

muait pour répondre à ses dévots. Il est cité plus de nouvelles qu’au bout de plusieurs an-
parmi les démons dans le roman de Godefroid de nées. Alors il apprit que l'ingrat prince avait fait
Bouillon, vieux poème dont l’auteur était du périr ses deux fils voulant anéantir sa race, et
,

Ilainaut. qu'il était lui-même en danger. Or il y avait dans

Écho. Presque tous les physiciens ont attribué un canton de l'Uelvétie, qui reconnaissait alors
la formation de l'écho à une répercursion de son, l'autorité de ce duc une montagne dite la Mon-
,

semblable à celle qu’éprouve la lumière quand tagne de Freya (la Vénus des Germains). Un mys-
elle tombe sur un corps poli. 1,’écho est donc térieux joueur de guitare en sortait de temps en
produit par le moyen d'un ou de plusieurs ob- temps et il tirait de sa guitare des sons d’une
,

stacles qui interceptent le son et le font rebrousser magie si puissante qu’ils entraînaient les passants
en arrière. Il y a des échos simples et des échos dans une caverne dont on ne les voyait plus
composés. Dans les premiers, on entend une sortir. Le fidèle Eckart s’était retiré non loin de
simple répétition du son, dans les autres on l'en- là et connaissait ce sortilège. Un jour le duc de

tend une, deux, trois, quatre fois et davantage. Bourgogne, égaré à la chasse où il avait perdu son
Il en est qui répètent plusieurs mots de suite les cheval, se traînait épuisé dans le bois qui servait
uns après les autres ce phénomène a lieu toutes
; de refuge au fidèle Eckart. Le vieux serviteur eut
les fois qu’on se trouve à une distance de l’écho pitié de son prince malgré son crime; il le porta
telle qu’on ait le temps de prononcer plusieurs sur ses épaules à une cabane où il reçut des
mots avant que la répétition du premier soit par- soins là il fut reconnu par le duc, qui lui rendit
;

venue à l'oreille. Dans la grande avenue du châ- ses bonnes grâces et le nomma tuteur de ses fils.
teau de Villebertain, à deux lieues de Troyes, on Il s’acquitta dignement de ses devoirs sans quitter

entend un écho qui répète deux fois un vers de sa retraite. Un soir qu’il se promenait avec eux,
douze syllabes. Quelques échos ont acquis une le joueur de guitare parut et les entraîna. Mais

sorte de célébrité. On cite celui de la vigne de Eckart était avec eux il combattit et mit en
:

Simonetta, qui répétait quarante fois le même fuite les mauvais génies qui voulaient s’emparer
mot. A Woodslock, en Angleterre, y en avait
il des jeunes princes, les écarta de la caverne de
un qui répétait le même son jusqu'à cinquante Freya, et craignant que ce danger se renouvelât
fois. A quelques lieues de Glascow, en Écosse, pour eux il se dévoua à rester devant l’entrée
,

il se trouve un écho encore plus singulier, lin du repaire infernal pour en repousser tous ceux
homme joue un air de trompette de huit à dix qui y seraient attirés il y est encore, mais on ne
;

notes; l’écho les répète fidèlement, mais une le voit pas.


tierce plus bas et cela jusqu’à trois fois, inter- Éclairs. On rendait autrefois une espèce de
rompues par un petit silence. culte aux éclairs, en faisant du bruit avec la
Il
y eut des gens assez simples pour chercher bouche et les Romains honoraient sous le nom
;

des oracles dans les échos. Les écrivains du der- de Papysma une divinité champêtre, pour qu’elle
nier siècle nous ont conservé quelques dialogues en préservât les biens de la terre. Les Grecs dé
de mauvais goût sur ce sujet : —
Un amant : Dis- l’Orient les redoutent beaucoup.
moi, cruel amour, mon bonheur est-il évanoui? Éclipses. C'était une opinion générale chez
L'écho : Oui. —
L’amant : Tu ne parles pas ainsi les païens que les éclipses de lune procédaient
quand tu séduis nos cœurs, et que tes promesses de la vertu magique de certaines paroles par les-
les entraînent dans de funestes engagements. quelles on arrachait la lune du ciel , et on l’atti-
L'écho : Je mens. —L'amant : Par pitié, ne ris rait vers la terre pour la contraindre à jeter sur
pas de ma peine. Réponds-moi, me reste-t-il les herbes une écume qui les rendait plus propres
quelque espoir ou non? L'écho —
L’amant: aux sortilèges des enchanteurs. Pour délivrer la
Eh bien , c’en est fait, tu veux ma mort, j’y cours. lune de son tourment et pour éluder la force du
L’écho : Cours. —
L’amant : La contrée, instruite charme, on empêchait qu'elle n’en entendit les
de tes rigueurs, ne sera plus assez insensée pour paroles en faisant un bruit horrible.
dire de toi un mot d’éloges. L'écho : Déloge. Une éclipse annonçait ordinairement de grands
Les anciens Écossais croyaient que l'écho était malheurs , et on voit souvent dans l'antiquité des
un esprit qui se plaisait à répéter les sons. Les armées refuser de se battre à cause d’une éclipse.
païens en avaient fait une nymphe. Voy. La visam. Au Pérou, quand le soleil s’éclipsait, les gens du
Eckart (Le fidèle). Ce héros d'une tradition pays disaient qu’il était fâché contre eux et se
allemande vivait à la cour d’un duc de Bourgogne croyaient menacés d’un grand malheur, llsavaient
de la première dynastie. Dans un combat il sauva encore plus de crainte dans l’éclipse de lune. Ils
ce duc en exposant sa vie. Le prince reconnais- la croyaient malade lorsqu’elle paraissait noire;
< 5.
ÉCL — 228 — ÊCR
ils comptaient qu’elle mourrait infailliblement Dans les Indes on est persuadé, quand le soleil
si elle ou la lune s'éclipse, qu'un certain démon aux
achevait de s’obscurcir; qu’alors elle tom-
berait du que la fin griffes noires les étend sur l’astre dont il veut se
ciel, qu’ils périraient tous et
du monde arriverait. Ils en avaient une telle saisir; pendant ce temps on voit les rivières cou-
frayeur, qu’aussitôt qu’elle commençait à s’é- vertes de têtes d’indiens qui croient soulager
clipser ils faisaient un bruit terrible avec des l’astre menacé en se tenant dans l’eau jusqu’au
trompettes des cornets et des tambours
,
ils cou et jetant sans relâche avec leurs mains de
; ,

fouettaient des chiens pour les faire aboyer, dans l'eau au nez du soleil ou de la lune. Les Lapons
l’espoir que la lune qui avait de l’affection pour sont convaincus aussi que les éclipses de lune
,

ces animaux aurait pitié de leurs cris et s'éveil- sont l’ouvrage des démons. Les Chinois préten-
,

lerait de l’assoupissement que sa maladie lui cau- daient, avant l’arrivée des missionnaires jésuites,
sait. En môme temps, les hommes, les femmes qui les éclairèrent, que les éclipses étaient occa-
et les enfants la suppliaient, les larmes aux yeux sionnées par un mauvais génie, lequel cachait le
et avec de grands cris, de ne point se laisser soleil de sa main droite et la lune de sa main
mourir, de peur que sa mort ne fut cause de leur gauche. Cependant cette opinion n’était pas gé-
perte universelle. Tout ce bruit ne cessait que nérale, puisque quelques-uns d’entre eux disaient
quand la lune reparaissant ramenait le calme qu'il y avait au milieu du soleil un grand trou, et
dans les esprits épouvantés. que, quand la lune se rencontrait vis-à-vis, elle
devait naturellement être privée du lumière. Dieu,
disent les Persans lient le soleil enfermé dans
,

un tuyau qui s'ouvre et se ferme au bout par un


volet. Ce bel œil du monde éclaire l’univers et
l’échauffe par ce trou; et quand Dieu veut punir
les hommes par la privation de la lumière, il en-
voie l’ange Gabriel fermer le volet, ce qui produit
les éclipses. Mais Dieu est si bon qu’il n'est ja-
mais fâché longtemps.
Les Mandingues, nègres mahométans de l’in-
térieur de l'Afrique attribuent les éclipses de
,

lune à un chat gigantesque qui met sa patte entre


la lune et la terre; et pendant tout le temps que

dure l’éclipse, ils ne cessent de chanter et de


danser en l'honneur de Mahomet. Les Mexicains
effrayés jeûnaient pendant les éclipses. Les fem-
mes se maltraitaient, et les filles se liraient du
sang des bras. Ils s'imaginaient que la lune avait
Les Talapoins prétendent que quand la lune été blessée par le soleil pour quelque querelle
s’éclipse, c'est un dragon qui la dévore; et que de ménage.
quand elle reparaît, c’est le dragon qui rend son On racontait des habitants de l’Arcadie qu’ils
dîner. Dans les vieilles mylhologies germaniques, étaient tellement ignorants qu'au moment d’une
deux loups poursuivaient sans cesse le soleil et éclipse ils éventrèrent un âne qu’ils accusaient
la lune les éclipses étaient des luttes contre ces
; d’avoir mangé la lune, parce que l’image de la
monstres. Les Européens, crédules aussi, regar- lune avait disparu dans l'eau où l’âne buvait à
daient autrefois les éclipses comine des sigues l’instant où l’éclipse avait eu lieu.
fâcheux une éclipse de soleil qui eut lieu le
; Écregores, pères des géants, suivant un livre
13 août I66Z1 fut annoncée comme l'avanl-courcur apocryphe d’Énoch. Les anges qu'il nomme ainsi
d’un déluge semblable â celui qui était arrivé du s'assemblèrent sur le mont Hémon, du temps du
temps de Noé ou plutôt d’un déluge de feu qui patriarche Jared , et s'engagèrent par des ana-
devait amener la lin du monde. Celte prédiction thèmes à ne se point séparer qu’ils n’eussent en-
épouvanta tellemeut les masses qu'un curé de levé les tilles des hommes.
campagne (c’est un petit conte que nous rappor- Écriture. Art de juger les hommes par l'écri-
tons) ne pouvant sullire à confesser tous scs ture, d’après Lavalcr. Tous les mouvements de
paroissiens qui craignaient de mourir dans cette
, notre corps reçoivent leurs modifications du tem-
circonstance, et sachant que tout ce qu’il pour- pérament et du caractère. Le mouvement du sage
rait leur dire de raisonnable à cet égard ne pré- n'est pas celui de l'idiot le port et la démarche
,

vaudrait pas contre les prédictions fâcheuses, fut diffèrent sensiblement du colérique au flegmati-
contraint de leur annoncer au prône qu’ils ne se que, du sanguin au mélancolique.
pressassent pas tant , et que l’éclipse avait été De tous les mouvements du corps, il n’en est
remise à quinzaine *.
point d’aussi variés que ceux de la main et des
1
Legall., CultnJ. véritable, p. 46. doigts, eL de tous les mouvements de la main et

Digitized by Go
ÉCR 229 ÉCR
des doigts, les plus diversifiés sont ceux que nous ront distinguer. Si l’on est obligé d’admettre une
faisons en écrivant. Lemoindre mol jeté sur le expression caractéristique pour les ouvrages de
papier, combien de points, combien de courbes peinture,
pourquoi voudrait-on qu’elle disparût
ne renferme-t-il point!... Il est évident encore, entièrement dans les dessins et dans les figures
poursuit Lavater, que chaque tableau, quo chaque que nous traçons sur le papier? Chacun de nous
figure détachée, et aux yeux de l'observateur cl a son écriture propre, individuelle et inimitable,
du connaisseur, chaque trait conservent et rap- ou qui du moins ne saurait être contrefaite que
pellent l'idée du peintre. —Que cent peintres, Irès-diOicilcment et très-imparfaitement. Les ex-
que tous les écoliers d’un même maître dessinent ceptions sont en trop petit nombre pour détruire
la même figure, que toules ces copies ressem- la règle. Cette diversité incontestable des écri-

blent à l'original de la manière la plus frappante, tures ne serait-elle point fondée sur la différence
elles n’en auront pas moins chacune un caractère réelle du caractère moral ?
particulier, une teinte et une touche qui les fe- On objectera que le même homme, qui pour-

tant n’a qu'un seul et même caractère peut di-


,
autrement son écriture quand il traite une affaire

versifier son écriture. Mais cet homme, malgré désagréable, ou quand il s'entretient cordiale-
son égalité de caractère, agit ou du moins parait ment avec son ami. Chaque nation, chaque pays,
agir souvent de mille manières différentes. De chaque ville a son écriture particulière, tout
même qu'un esprit doux se livre quelquefois à comme ils ont une physionomie et une forme qui
des emportements, de même aussi la plus belle leur sont propres*. Tous ceux qui ont un com-
main se permet dans l’occasion une écriture né- merce de lettres un peu étendu pourront vérifier
gligée ; mais alors encore celle-ci aura un ca- la justesse de cette remarque. L’observateur in-
ractère tout à fait différent du griffonnage d’un telligent ira plus loin , et il jugera déjà du carac-
homme qui écrit toujours mal. On reconnaîtra la tère de son correspondant sur la seule adresse
belle main du premier jusque dans sa plus mau- (
j’entends l'écriture de l'adrrste, car le style fournit
vaise écriture, tandis que l’écriture la plus soi- «les indices plus positifs encore), à peu près
gnée du second se ressentira toujours do son comme le titre d’un livre nous fait connaître sou-
barbouillage. Cette diversité de l'écriture d'une vent la tournure d’esprit de l'auteur. Une belle
seule et même personne no fait que confirmer écriture suppose nécessairement une certaine jus- •

la thèse; il résulte de là que la disposition d'es- tesse d’esprit, et en particulier l’amour de l’ordre.
prit où nous nous trouvons influe sur notre écri-
* Quand Lavater on n'avait pas encore
écrivait,
ture. Avec la même encre, avec la même plume introduit l'écriture mécanique, dite écriture anglaise
et sur le même papier , l'homme façonnera tout ou américaine.

Digitized by Google
ÉCR — 230 — EDR
Pour écrire avec une belle main, il faut avoir du sonne. On attribua aussi aux rois de France le
moins une veine d'énergie, d'industrie, de pré- don d'enlever les écrouelles par l’imposition
cision et de goût, chaque effet supposant une des mains, accompagnée du signe de la croix.
cause qui lui est analogue. Mais ces gens dont Louis XIII en 1639 toucha â Fontainebleau douze
l’écriture est si belle et si élégante la peindraient cents scrofuleux, et les mémoires du temps at-
,

peut-être encore mieux, si leur esprit était plus cul- testent que plusieurs furent guéris. On fait re-
'
tivé et plus orné. On distingue dans l’écriture la monter celte prérogative jusqu'à Clovis. l oy Lan- .

substance et le corps des lettres, leur forme et leur cinkt , Crachat, Gréatraxes, etc.
arrondissement, leur hauteur et leur longueur, Écume. On a remarqué que beaucoup de pos-
leur position , leur liaison l’intervalle qui les sé- sédés écument de la bouche comme les chiens
,

pare, l’intervalle qui est entre les lignes, la net- enragés. Une jeune fille que l'on amena à saint
teté de l’écriture, sa légèreté ou sa pesanteur. Vincent Ferrier, rendait par la bouche et par le
Si tout cela se trouve dans une parfaite harmonie, nez une écume qui prenait successivement plu-
il n’est nullement difficile de découvrir quelque sieurs nuances *.
chose d’assez précis dans le caractère fondamental Ecureuils. Les chasseurs des monts Ourals
de l’écrivain. ont pour la chasse de l’écureil une superstitieuse
Une écriture do travers annonce un esprit faux, idée qu’on ne peut déraciner. Ils ne cherchent
dissimulé, inégal. Il y a la plupart du temps une dans toute la journée les écureuils qu’au haut des
analogie admirable entre le langage, la démarche sapins rouges, si le premier tué le matin s’est
et l’écriture. Des lettres inégales, mal jointes, trouvé sur un arbre de celte espèce et ils sont ;

mal séparées, mal alignées, et jetées en quelque fermement convaincus qu'ils en chercheraient en
sorte séparément sur le papier, dénotent un na- vain ailleurs. Si c’est au contraire sur un sapin
turel dogmatique, lent, peu ami de l’ordre et sylvestris qu’ils ont aperçu leur premier écureuil,
de la propreté. Une écriture plus liée, plus sui- ils ne porteront leurs regards que sur cette sorte
vie, plus énergique et plus ferme accuse plus de d’arbres pendant tout le jour de la chasse.
vie, plus de chaleur, plus de goût. Il
y a des Edda, livre des origines Scandinaves. Il est
écritures qui signalent la lenteur d’un homme plein de rudes merveilles.
lourd et d'un esprit pesant. Une écriture bien Edeline ou Adeline (Guillaume), docteur
formée, bien arrondie, promet de l'ordre, de la en théologie du quinzième siècle, prieur des
précision et du goût. Une écriture extraordinai- Carmes de Saint-Germain en Laye. 11 fut exposé
rement soignée annonce plus de précision et de et admonesté publiquement à Évreux pour s’être
fermeté, mais peut-être moins d’esprit. Une écri- donné au diable, afin de satisfaire ses passions
ture lâche dans quelques-unes de ses parties, mondaines. 11 avoua, sans
y être poussé par la
serrée dans quelques autres, puis longue, puis torture, qu’il s’était transporté au sabbat à cheval
étroite, puis soignée, puis négligée, laisse entre- sur un balai que de sa bonne volonté il avait
voir un caractère léger, incertain et flottant. Une fait hommage à l’ennemi, qui était là sous la forme
écriture lancée, des lettres jetées pour ainsi dire d’un mouton ;
qu'il lui avait alors baisé brutale-
d'un seul trait, et qui dénotent la vivacité de ment sous la queue son derrière en signe de ré-
l’écrivain, désignent un esprit ardent, du feu et vérence et d’hommage ’. Ce sabbat n’était com-
des caprices. Une écriture un peu penchée sur posé que de Vaudois. Le jour du jugement étant
la droite et bien coulante annonce de l’activité arrivé, il fut conduit en place publique, ayant une
et de la pénétration. Une écriture bien liée, cou- mitre de papier sur la tête-, l'inquisiteur l'en-
lante et presque perpendiculaire promet de la ,
gagea à se repentir et lut la sentence qui le con-
finesse et du goût. Une écriture originale et ha- dumnait à la prison , au pain et à l'eau. « Lors
sardée d’une certaine façon , sans méthode, mais ledit maître Guillaume commença à gémir et à
belle et agréable, porte l'empreinte du génie, etc. condouloir de son méfait, criant merci à Dieu, à
Il est inutile d’observer combien, avec quelques l'évêque et à justice *. » Quinzième siècle.
remarques judicieuses, ce système est plein de Edris, nom que les musulmans donnent à
témérités et d’exagérations, l'oy. Mimique et Phy- Énoch ou Hénoch sur lequel ils ont forgé di-
,

siognomonie. verses traditions. Dans les guerres continuelles


Écrouelles. Delancre dit que ceux qui nais- que se faisaient les enfants de Seth et de Caïn,
sent légitimement septièmes mâles, sans mélanges Hénoch, disent-ils, fut le premier qui introduisit
de filles ont le don inné de guérir les écrouelles
,

en les touchant. Les anciens rois d'Angleterre, * Gorres, Mystique, liv. VII, ch. xi, d’après la
suivant certains auteurs, avaient ce pouvoir 1 , Demonomania de Georges Seiler.
2 Eductus scopam sumere et inter femora equitis
mais d’une autre source. Quand Jacques 11 fut ,

reconduit de Rochcster à White-Hall, on proposa instar ponere, quo volebat brevi momento, etc Ga-
guin, liv. X.
de lui laisser faire quelque acte de royauté, comme 3 Monstrelet, Alain Chartier, à l’année (433.
de toucher les écrouelles. 11 ne se présenta per- 4
Monstrelet, cité par M. Garinel, Histoire de la
1
Polydore Virgile. magie en France, p. (07.

îogle
,

EFF — 231 — ÉLÉ


la coutume de faire des esclaves. Il avait reçu du coin, est élastique De telles raretés ont passé
ciel, avec le don de science et de sagesse, trente autrefoispour œuvres de féerie.
volumes remplis des connaissances les plus ab- Eléazar, magicien Juif de naLion qui atta-
, ,

straites; lui-même en composa beaucoup d'autres, chait au nez des possédés un anneau où était en-
aussi peu connus que les premiers. Dieu l’envoya i
chàssée une racine dont Salomon se servait, et
aux Caïniles pour les ramener dans la bonne voie. que l’on présume être la squille '. A peine le
Mais ceux-ci ayant refusé de l’écouter, il leur fil démon l’avail-il flairée qu’il jetait le possédé par
j

la guerre et réduisit leurs femmes et leurs enfants '

terre et l’abandonnait. Le magicien récitait en-


en esclavage. Les Orienlaux lui attribuent l’in- suite des paroles que Salomon avait laissées par
vention de la coulure et de l’écriture • , de l’as- écrit; et, au nom de ce prince, il défendait au
tronomie de l’arithmétique et encore plus par-
, , démon de revenir dans le même corps; après
ticulièrement de la géomancie. On dit de plus quoi il remplissait une cruche d’eau et com-
qu'il fut la cause innocente de l'idolâtrie, l’n de mandait audit démon de la renverser. L’esprit
ses amis, affligé de son enlèvement, forma de malin obéissait; ce signe était la preuve qu’il
lui, par l'instigation du démon, une représenta- avait quitté son gite.
tion si vivement exprimée, qu'il s’entretenait des Eléazar de Garniza, auteur hébreu qui a
jours entiers avec elle, et lui rendait des hom- laissé divers ouvrages dont plusieurs ont été im-
mages particuliers qui peu à peu dégénérèrent
,
primés et d’autres sont restés manuscrits. On
en superstition. Voy. Hénoch. distingue de lui un Traité de l'âme, cité par Pic
Effrontés, hérétiques qui parurent dans la de la Mirandole dans son livre contre les astro-
première moitié du seizième siècle. Ils niaient le logues, et un Commentaire cabalistique sur le
Saint-Esprit, pratiquaient diverses superstitions, Pcntaleuquc.
rejetaient le baptême et le remplaçaient par une Eléments. Les éléments sont peuplés de sub-
cérémonie qui consistait à se racler le front avec stances spirituelles, selon les cabalisles. Le feu
un clou jusqu’à efTusion de sang, puis à le panser est la demeure des salatnaudres ;
l'air, celle des
avec de l'huile. C’est cette marque qui leur res- sylphes; les eaux, celle des ondins ou nymphes,
tait au front qui leur a fait donner leur nom et la terre, celle des gnômes. Il est certain que
d 'effrontés. les éléments, l’air surtout, sont abondamment
Égérie, nymphe qui seconda Numa Pompi- peuplés de démons et d’esprits , et que les puis-
lius dans son projet de civiliser les Romains. Les sances de l’air ne le laissent pas vide.
démonomanes en ont fait un démon succube et , Ëlépbant. On a dit des choses merveilleuses
les cabalisles un esprit élémentaire, une ondine de l'éléphant. On lit encore dans de vieux livres
selon les uns, une salamandre selon les autres, qu’il n'a pas de jointures et que par cette rai-
, ,

qui la disent fille de Vcsta. Voy. Zoroastre et son, il est obligé de dormir debout, appuyé
Numa. contre un arbre ou contre un mur; que s’il
Ëgipans démons que
, les païens disaient ha- tombe il ne peut se relever. Cette erreur a été
,

biter les bois et les montagnes, et qu’ils re- ! accréditée par Diodore de Sicile par Strabon et ,

présentaient comme de petits hommes velus, par d’autres écrivains. Pline conte aussi que
avec des cornes et des pieds de chèvre. Les an- l'éléphant prend la fuite lorsqu’il entend un co-
ciens parlent de certains monstres de Libye, chon et, en effet, on a vu en 1709 qu’un co-
;

auxquels on donnait le même nom ils avaient ; chon ayant été introduit dans la ménagerie de
un museau de chèvre avec une queue de pois- Versailles, son grognement causa une agitation
son : c’est ainsi qu’on représente le capricorne. si violente à un éléphant qui s’y trouvait qu’il

On trouve cette même figure dans plusieurs mo- eût rompu scs barreaux si l’on n'eût retiré aus-
numents égyptiens et romains. sitôt l'animalimmonde. Ælien assure qu’on a vu
Égithe, sorte d’épervier boiteux, dont une un éléphant qui avait écrit des sentences entières
idée bizarre avait répandu l’opinion chez les an- avec sa trompe, et même qui avait parlé. Chris-
ciens que sa rencontre était du plus heureux tophe Acosta assure la même chose *. Dion Cas-
présage pour les nouveaux mariés. sius prêle à cet animal des sentiments religieux.
Eglise (!’) et les Sorciers. Les pauvres Le matin, dit-il, il salue le soleil de sa trompe;
êtres accusés do sorcellerie n’ont jamais été le soir il s'agenouille; et quand la nouvelle lune
traités par l’Eglise avec les cruautés des juges parait sur l’horizon , il rassemble des fleurs pour
laïques. Voy. l'article Sorciers, à la fin. lui en composer un bouquet. On sait que les élé-
ÉlaSs, une des filles d'Anios, d’Éléc, magi- phants ont beaucoup de goût pour lamusique ;

cienne qui changeait en huile tout ce qu’elle tou- Arrien rapporte qu’il y en a eu un qui faisait
chait. danser ses camarades au son des cymbales. On
Elasticité. y a des pierres élastiques et des
Il
1
Mônthly Magazine oct. 1823, p. 224.
grès flexibles, line poutre en marbre qui fait 2
,
,
Bodin, Démonomanie liv. I, ch. in, p. 88.
l’étonnement des curieux à la cathédrale de Lin- 5 Thomas Brown, Essai sur les erreurs populai-
> Voyez Cadmus. res, liv. III, ch. i, p. 241.

>y Google
,

ÉLÉ — 232 — ÉLÉ


vit à Rome des éléphants danser la pyrrhique Au Bengale l'éléphant blanc a les honneurs

et exécuter des sauts périlleux sur la corde... de la divinité; il ne mange jamais que dans la
Enfin, avant les fêles données p3r Germanicus, vaisselle de vermeil. Lorsqu'on le conduit à la

douze éléphants en costume dramatique exé- promenade , dix personnes de distinction por-
cutèrent un ballet en action. On leur servit en- tentun dais sur sa tète. Sa marche est une es-
suite une collation ils prirent place avec dé-
;
pèce de triomphe, et tous les instruments du
cence sur des lits qui leur avaient été préparés. pays l'accompagnent. Les mêmes cérémonies
Les éléphants mâles étaient revêtus de la luge; s’observent lorsqu'on le mène boire. Au sortir

les femelles do la tunique. Ils se comportèrent de la rivière, un seigneur de la cour lui lave les

avec toute l'urbanité de convives bien élevés, pieds dans un bassin d'argent.
choisirent les mets avec discernement et ne se Voici sur l'éléphant blanc des détails plus
firent pas moins remarquer par leur sobriété que étendus : « l'n Européen établi à Calcutta de-
,

par leur politesse '. puis deux ans ,


écrivait dernièrement au Séma-

phore de Marseille une lettre dont le passage sui- l’entendantlui déclarer qu’il allait chercher un

vant rappelle une des plus étranges superstitions éléphant blanc, et qu’il était décidé à mourir
des peuples de l’Inde : s’il ne trouvait pas l’animal sacré. Tungug-Poura
« Je vous envoie le récit que vient de me faire ne faisait pas sur M. Smilhson l’effet d’un chas-
M. Smilhson, voyageur anglais, arrivé tout ré- seur bien habile : les éléphants blancs se trou-
cemment de Juthia, capitale du royaume de vent en très-petit nombre dans des retraites
Siam. M. Smithson m'a beaucoup amusé aux dé- d’eaux et de bois d'un accès difficile. Mais rien

pens de ces Siamois qui continuent toujours à ne put changer la résolution de Tungug, qui
adorer leurs éléphants blancs. Depuis plusieurs serrant avec reconnaissance une petite somme
mois, la tristesse était à la cour et parmi tous d'argent dont son maître le gratifia , partit avec
les habitants de Juthia : un seul éléphant blanc un arc des flèches et une mauvaise paire de
,

avait survécu à une espèce de contagion qui pistolets. —


M. Smithson, que je vais laisser
s'était glissée dans les écuries sacrées. Le roi parler, me disait donc l’autre soir : < Cinq mois
fit publier à son de trompe qu'il donnerait dix après , je me réveillai au bruit de tous les tam-
esclaves, autant d’arpents de terre qu’un élé- bours de l'armée du roi un tintamarre affreux ;

phant pourrait en parcourir dans un jour, et une remplissait la ville. Je m’habille et descends dans
de ses filles en mariage à l'heureux Siamois qui la rue, où des hommes, des femmes, des en-
trouverait un autre éléphant blanc.— M. Smilh- fants couraient en poussant des cris de joie. Je
son avait pris à son service, pour lui faire quel- m’informai de la cause de tous ces bruits; on
ques commissions dans la ville, un pauvre hère me répondit que l’éléphant blanc arrivait. Cu-
borgne, bossu, tout exténué de misère, qui rieux d'assister à la réception de ce grand et
s'appelle Tungug-Poura. Ce Tungug-Poura avait haut personnage, je me rendis à la porte de la
touché le cœur compatissant du voyageur an- ville que précède une place immense entourée
glais, qui l'avait fait laver, habiller, et le nour- d’arbres et de canaux; la foule la remplissait.
rissait dans sa cuisine. Tungug, malgré sa ché- Sous un vaste dais, des officiers richement vêtus
tive et stupide apparence, nourrissait une vaste attendaient le monarque, qui a bientôt paru avec
ambition dans sa chemise de toile, son unique tous ses minisLrcs et scs esclaves. On agitait de-
vêlement; il entendit la proclamation de l'em- vant lui un vaste éventail de plume. L'élé- —
pereur de Siam et vint, d'un air recueilli, se phant sacré, arrivé la veille, avait passé la nuit
présenter à M. Smilhson, qui rit beaucoup en sous une tente magnifique dont j’apercevais les
1
M. Salgues, Des erreurs, etc., t. III, p. 196. banderoles. Peu après les gongs, les tambours,

Digitized by Google
ÉLÉ — 233 — ELF
les cymbales retentirent avec leurs sons aigres marais où il couché abattu par une fièvre
était ,

et perçants. J'étais assez commodément placé. à laquelle les animaux de cette espèce sont su-
Un cortège de talapoins commença à défiler; ces jets; car leur couleur blanche est, comme on
prêtres avaient l'air grave et s’avançaient lente- sait, le résultat d'une maladie. Tungug-Poura
ment. Une triple rangée de soldats entourait le s’approcha de l’éléphant, le nettoya, versa de
noble animal qui avait un air maladif et mar-
,
l'eau sur les plaies et les boutons du dos, et pro-
chait difficilement. — On cria à mes côtés : digua tellement ses soins et ses caresses à l'in-
Voilà celui qui l'a pris. — Je regardai et vis un telligente bête que celle-ci lécha Tungng de sa
petit homme borgne et bossu qui tenait un des trompe et se mit à le suivre avec la docilité d'un
nombreux rubans durés passés au cou de l'élé- petit chien. Tungng est ainsi parvenu , favorisé
phant; cet homme était mon domestique, Tun- d'abord par un hasard presque inespéré, à s'em-
gug-Poura. Le voilà donc gendre du roi. Il vint parer d’un éléphant blanc. Le pauvre bossu a
me voir un jour en palanquin et me parut fort maintenant des esclaves et possède la princesse
content de sa nouvelle position. L'éléphant blanc dont le nom signifie en langue siamoise les yeux
qui a fait sa fortune se présenta à lui à cin- de In nuit. >
quante journées de marche de Julhia dans un ,
Éléphant-Dieu. Voy. Kosaks.

I.a reine tir» Elfe*.

Elfdal, vallée des Elfes dans la Suède. Là on mer est toute noire. Ce roi a une grande armée
des épreuves aux enfants qu’on vou-
faisait subir à ses ordres ses soldats ne sont autre chose que
;

lait au sabbat. On les menaçait de les


initier les grands chênes qui parsèment Pile. Le jour
jeter dans des fondrières s'ils refusaient de re- ils sont condamnés à vivre sous une écorce
noncer à Dieu. Dans les procédures qui eurent d'arbre; mais la nuit ils reprennent leur casque
lieu contre eux, plusieurs de ces enfants décla- et leur épée et se promènent fièrement au clair
rèrent que souvent un ange blanc s'en venait au de la lune. Dans les temps de guerre, le roi les
devant d'eux et leur défendait de faire ce que le assemble autour de lui. On les voit errer au-
démon leur demandait. dessus de la côte, et alors malheur à celui qui
Elfes, génies Scandinaves. On croit aux tenterait d’envahir le pays'! La tradition des
bords de la Baltique qu'il y a un roi des Elfes, bons et des mauvais anges est sensible dans les
lequel règne à la fois sur l’ilo de Stern sur celle ,
fictions de l’Edda. Snorro Sterlason nous ap-
de Mœ et sur celle de Hugen. Il a un char attelé prend que les elfe de la lumière, dont Ben John-
de quatre étalons noirs. Il s'en va d'une Ile à son a fait les esprits blancs de ses masques , sé-
l'autre en traversant les airs; alors on distingue journent dans Alf-Heim (demeure des Elfsj, le
très-bien le hennissement de ses chevaux et la ,
1
H. Marinier, Traditions de la Baltique.

Digitized by Google
ELF — 23ii — ÉLI

palais du ciel, tandis que les swart elfs, elfs de Elf-Roi, le roi des Elfes. Voy. Nain-Laoiun.
la nuit , habitent les entrailles de la terre. Les Élie. Les musulmans et la plupart des Orien-
premiers ne seront pas sujets à la mort; car les taux font de ce grand prophète un puissant ma-
flammes de Surtur ne les consumeront pas, et gicien 1
: ils l'appellent Khizzer.
leur dernière demeure sera Vid-Blain, le plus Élie de Worms, rabbin juif allemand, qui
haut des bienheureux; mais
ciel les sw.-irt elfs passait au treizième siècle pour un magicien très-
sont mortels et sujets à toutes les maladies, habile.
quels que soient d’ailleurs leurs attributs. — Les Éligor, démon, le même qu'Abigor. Voy.
Islandais modernes considèrent aussi le peuple Abioor.
elf comme formant une monarchie, ou du moins Élinas, roi d’Albanie, père de Mélusine.
ils le font gouverner par un vice-roi absolu qui, l'oy. Mélusine.
tous les ans, se rend en Norvège avec une dé- Élingsor. Dans le poërne de Percival, c'est
putation de pucks (lutins), pour y renouveler un magicien qui descend de la famille de Virgile.
son serment d’hommage-ligc au souverain sei- Il est né dans la Calabre il est initié à la magie
;

gneur qui réside dans la mère patrie. Il est évi- par des Juifs. Il bâtit sur une montagne un palais
dent que les Islandais croient que les elfs sont, enchanté où l’on voit un lit qui fuit devant celui
comme eux une , colonie transplantée dans l’ile *. qui veut y monter et qui lui lance des flèches
Voy. Danses des espiuts. s'il
y parvient. C’est un vieux conte populaire
Elflaud, le pays, File, le royaume des fées qui remonte au temps où les Sarasins occu-
et des Elfes. Les fées et les Elfes, qui sont les paient la Sicile et une partie du pays de Naples.
fées du Nord , enlèvent quelquefois les enfants Élixir de vie. L’élixir de vie n’est autre
et les emportent dans l’Elfland pour le peupler. chose, selon le Trévisan, que la réduction de la
Quelques hommes faits y ont été transportés pierre philosophale en eau mercurielle ; on l'ap-
aussi, lorsqu’ils s’étaient endormis sur quelque pelle aussi or potable. Il guérit toutes sortes de
montagne hantée par les fées ou les Elfes. Voy. maladies et prolonge la vie bien au delà des
Erceldouse. bornes ordinaires. L 'élixir parfait au rouge

change le cuivre, le plomb, le fer et tous les pée par tranches dans trois chopines de vin
métaux en or plus pur que celui des mines. blanc, sur des cendres chaudes, agitant de
L’élixir parfait au blanc, qu’on appelle encore temps en temps; vous passerez ce vin dans un
huile de talc, change tous ies métaux en argent linge sans l’exprimer mettez celle colalure dans
:

très-fin. lesdits sucs avec le miel, faisant bouillir douce-


Voici la recette d’un autre élixir de vie. Pour ment le tout et cuire en consistance de sirop;
faire cet élixir, prenez huit livres de suc mer- vous le ferez rafraîchir dans une terrine ver-
curiel ; deux livres de suc de bourrache tiges , nissée, ensuite le déposerez dans des bouteilles
et feuilles; douze livres de miel de Narbonne ou que vous conserverez en un lieu tempéré, pour
autre, le meilleur du pays; mettez le tout à vous en servir, en en prenant tous les matins
bouillir ensemble un bouillon pour l’écumcr; une cuillerée. Ce sirop prolonge la vie , rétablit
passez-le par la chausse à hypocras et clarifiez- la santé contre toutes sorles de maladies, même
le. Mettez à part infuser, pendant vingt-quatre la goutte, dissipe la chaleur des entrailles; et
heures, quatre onces de racine de gentiane cou- 1
Voyez sa légende dans les Légendes de l’Ancien
1 Traditions populaires, dans la Quarlerly Review. Testament.

Digitized by Google
, ,

ÉLO — 235 — ÉME


quand il ne resterait dans le corps qu’un petit celte hardiesse ,
condamna à mort le mandarin
morceau de poumon et que le reste serait gâté qui d’un air tranquille
lui dit « Si ce breuvage :

il maintiendrait le lion et rétablirait le mauvais; donne l’immortalité, vous ferez de vains efforts
il guérit les douleurs d’estomac , la sciatique, les pour me faire mourir; et s’il ne la donne pas,
vertiges, la migraine et généralement les dou- auriez-vous l’injustice de me faire mourir pour
leurs internes. Ce sécréta été donné par un pau- un si frivole larcin ?» Ce discours calma l’empe-
vre paysan de Calabre ii celui qui fut nommé reur, qui loua la sagesse et la prudence de son
par Charlcs-Quint pour général de celte armée ministre.
navale qu’il envoya en Barbarie. Le bonhomme Éloge de l’enfer, ouvrage critique, histo-
était âgé de cent trente-deux ans, à ce qu’il as- rique et moral ;
nouvelle édition ; la Haye, 1759,
sura à ce général , lequel était allé loger chez 2 vol. in-12, lig. — C’est un livre satirique très-

lui, et, le voyant d’un si grand âge, s’était in- pesamment écrit, dans un esprit très-médiocre.
formé de sa manière de vivre et de celle de plu- Élossite, pierre qui a la vertu de guérir les

sieurs de ses voisins, qui étaient presque tous maux de tête. On ne sait pas trop où elle se

âgés comme lui '. trouve.


On conte qu’un médecin charlatan apporta Elpide, médecin qui vivait sous Théndoric,
un jour h l’empereur do la Chine Li-kon-pan roi des Ostrogolhs. Sa maison était hantée par
un élixir merveilleux et l’exhorta à le boire, des lutins qui lui jetaient souvent des pierres.
en lui promettant que ce breuvage le rendrait Saint Césaire, d’Arles, étant venu 5 Ravenne,
immortel, l’n ministre qui était présent, ayant purifia cette maison avec de l’eau bénite, et dès
tenté inutilement de désabuser le souverain ,
prit lors elle ne fut plus infestée.
la coupe et but la liqueur. Li-kon-pan, irrité de Elspeth-Rule ,
sorcière écossaise qui (loris-

sait en 1708. Elle était signalée comme faisant Embungala prêtre idolâtre du Congo. Il
,

mourir ceux qui la priaient et guérissant ceux passe, chez les noirs de ces contrées, pour un si
qui la maltraitaient. grand sorcier, qu’il peut d’un coup de sifflet
Elxai ou Elcesai, chef des elcésaltes, héré- faire venir devant lui qui bon lui semble, s’en

tique du deuxième siècle qui faisait du Saint- servir comme d’un esclave et le vendre mémo
,

Esprit une femme et qui proposait une liturgie


,
s’il le juge à propos.
dont les prières étaient des jurements absurdes. Émeraude. La superstition a longtemps at-

Émagninquilliers, race de géants, serviteurs tribué ii cette pierre des vertus miraculeuses,

d’Iamen dieu de la mort chez les Indiens. Ils


,
entre autres quo celle d’empêcher les
telles

sont chargés de tourmenter les méchants dans symptômes du mal caduc, et de se briser lorsque
les enfers. la crise est trop violente pour qu’elle puisse la

Embarrer. l’oy. Ligatures. vaincre. La poudre de franche émeraude arrê-


tait, disait-on, la dyssenlerie et guérissait la
1 Admirables secrets du Petit Albert, p. 165. morsure des animaux vénéneux. Les peuples de

Digitized by Google
EMM — 236 — ENC
Il vallée de Manta, au Pérou, adoraient une veuve et rompent les bras à ceux qui osent les
émeraude grosse comme un œuf d'autruche et regarder en face. Le moyen de conjurer l'Einpuse
lui offraient d'autres émeraudes. et de s'en faire ol>éir chez les anciens, c'était de
Emma, fille de Richard II duc de Normandie. , lui dire les plus grandes injures. Chacun a ses
Cette princesse épousa Elhelred, roi d'Angle- goûts.
terre , et en eut deux fils dont l’un régna après Vasco de Ganta cité par Lelovcr 1 rapporte
, ,

la mort de son père : c'est saint Édouard. Ce qu'il y a dans la ville de Calicul un temple con-
prince écoulait avec déférence les pieux avis de sacré à des démons qui sont des espèces d'Ein-
sa mère ; mais un ambitieux que l'histoire peint puses. Personne n’ose entrer dans ces temples,
sous d’assez laides couleurs, Godwin, comte de surtout le mercredi , qu'après que le midi est
Kent, qui était son ministre, et qui voyait avec passé car si on y entrait à cette heure-là , on
;

peine son autorité partagée avec Emma , cher- mourrait à l’instant même.
cha à perdre cette princesse ; il l’accusa de Énarque. Il revint de l’autre monde (ou d'une
différents crimes, et il eut l’adresse de faire syncope) après avoir passé plusieurs jours en
appuyer son accusation par plusieurs seigneurs, enfer, et raconta à Plutarque lui-même tout ce
mécontents comme lui du pouvoir d’Emma. Le qui concernait Pluton, Minos, Éaque, les Par-
roi dépouilla sa mère de toutes ses richesses. La ques, etc. ’.
princesse eut recours à Alwin évêque de Win- , Encelade, géant de la mythologie grecque. U
chester, son parent. Le comte de Kent, voulant avait cent bras et donnait de grandes inquiétudes
écarter un protecteur aussi puissant, et ne re- à Jupiter. Minerve, qui n'avait que deux bras,
culant pas devant les moyens les plus infâmes, mais longs et solides, jeta sur le géant Pile de la
accusa la princesse d’un commerce coupable Sicile: etil est retenu sous l'Etna, où il soupire

avec ce prélat : celle odieuse accusation , ap- toujours. C'est là celte mythologie que Boileau
puyée impudemment par les ennemis de la prin- admirait.
cesse et du saint évêque, fit impression sur l'es- Encens. En la région Sachalile, qui n’est
«
prit d’Édouard il eut la faiblesse
; de mettre sa autre que royaume de Tartas l’encens qui s’y
le ,

mère en jugement! elle fut condamnée à se recueillait se mettait à grands monceaux en cer-
purger par l’épreuve du feu. La coutume de ce taine place non loin du part où les marchands
,

temps-là en Angleterre voulait que l'accusé pas- abordaient. Cet encens n'était gardé de personne,
sât nu-pieds sur neuf coulres de charrue rougis parce que assez gardé des démons ;
le lieu était

au feu et la condamnation portait qu'Emma


; et ceux qui abordaient près de la place n’eussent
ferait sur ces coutres neuf pas pour elle-même osé, en cachette ni ouvertement, prendre un seul
et cinq pour l’évêque de Winchester. Elle em- grain d'encens et le mettre en leur navire sans la
ploya en prières la nuit qui précéda cette pé- licence et permission expresse du prince; autre-
rilleuse épreuve; puis raffermie, elle marcha ment leurs navires étaient retenus par la puissance
sur les neuf coutres, au milieu de deux évêques, secrète des démons ,
gardiens de l'encens et ne
habillée comme une simple bourgeoise et les pouvaient se mouvoir ni partir du port »

jambes nues jusqu’aux genoux. Le feu ne lui fit Enchantements, ün entend par enchante-
aucun mal de sorte que son innocence fut re-
;
ment l'art d’opérer des prodiges par des paroles
connue. chantées; mais on a beaucoup étendu le sens de
Émodès, l'un des démons qui possédaient Ma- ce mot.
deleine de la Palud. On voyait, au rapport de Léon l’Africain, tout
Émole, génie que les basilidiens invoquaient au haut des principales tours de la citadelle de
dans leurs cérémonies magiques. Maroc, trois pommes d’or d'un prix inestimable,
Empuse, démon de midi. Aristophane, dans si bien gardées par enchantement, que les rois

sa comédie des Grenouilles, le représente comme de Eez n'y ont jamais pu toucher, quelques ef-
un spectre horrible qui prend diverses formes, forts qu'ils aient faits. Ces pommes d'or ne sont
,

de chien, de femme, de bœuf, de vipère qui a ,


plus.
le regard atroce un pied d'âne et un pied d’ai-
,
Marc Paul conte que les Tartares, ayant pris
rain, une flamme autour de la tête, et qui ne huit insulaires de Zipangu, avec qui ils étaient en
cherche qu'à faire du mal. Les paysans grecs et guerre, se disposaient à les décapiter mais ils ;

russes ont conservé des idées populaires atta- n’en purent venir à bout, parce que ces insu-
chées à ce monstre ils tremblent au temps des
;
laires portaient au bras droit, entre cuir et chair,
foins et des moissons à la seule pensée de l'Em- une petite pierre enchantée qui les rendait in-
puse, qui, dit-on, rompt bras et jambes aux fau- sensibles au tranchant du cimeterre de sorte :

cheurs et aux moissonneurs, s’ils ne se jettent la qu’il fallut les assommer pour les faire mourir.
face en terre lorsqu’ils l’aperçoivent. On dit même
Histoire des spectres, liv. 111, ch. XIV.
1

en Russie que l’Empuse et les démons de midi, 3 M. Salgucs: lies erreurs et des préjugés, t. I,
qui sont soumis à cet horrible fantôme, parcou-
p. 313.
rent quelquefois les rues à midi en habits de 3 Lelovcr, I) ici. et hist. des spectres, p. <15.
.

ENC — 237 — ENE


Voy. Paroles magiques, Charmes, Fascination, ledôme. —
Vous voyez, nous dit-il, tout ce que
Tour enchantée , etc. j'aipu rassembler de piquant et de curieux en
On entend souvent par enchantement quelque mécaniques. —
Cependant nous n'apercevions de
chose de merveilleux. Les arts ont aussi produit tous côtés que des tapisseries sur lesquelles étaient
des enchantements, mais naturels, et regardés représentées des machines utiles, telles que des
comme œuvre de magie par ceux-là seuls qui horloges, des pompes, des pressoirs, des inoulius
attribuent à la magie tout ce qui est extraordi- à vent, des vis d’Archimède, etc.
naire. —M. Van Estin, dit Decrcmps dans sa —
Toutes ces pièces ont apparemment beau-
Magie blanche dévoilée nous fit voir son cabinet coup de valeur, dit en riant M. Hill; elles peu-
de machines. Nous entrâmes dans une salle bien vent récréer un instant la vue mais il parait ;

éclairée par de grandes fenêtres pratiquées dans qu’elles ne produiront jamais de grands effets

Enfant par une Fée. — Paye 238.

par leurs mouvements. M. Van Estin répondit étaitun arbre. Plusieurs serpents rampaient au-
par un coup de sifflet. Aussitôt les quatre tapis- tour du tronc et allaient successivement se ca-
series se lèvent et disparaissent; la salle s’agrandit cher dans les feuillages. Dans une cage voisine
et nos yeux éblouis voient ce que l'industrie hu- étaient deux serins qui chantaient en s’accompa-
maine a inventé de plus étonnant. D’un côté des gnant, un homme qui jouait de la flûte, un autre
ser|>ents quirampent des fleurs qui s’épanouis-
,
qui dansait un petit chasseur et un sauteur chi-
,

sent des oiseaux qui chantent de l’autre des


, ; ,
nois, tous artificiels et obéissant au commande-
cygnes qui nagent, des canards qui mangent et ment. Voy. BniocuÉ etc. ,

qui digèrent des orgues jouant d'elles-mêmes,


,
Enchiridion. Voy. Léon III.

et des automates qui touchent du clavecin. Encre. Divination par la goutte d'encre. Voy.
M. Van Estin donna un second coup de sifflet, Harvis.
cl tous lesmouvements furent suspendus. Endor (Pvthonisse d’). Voy. Pythonisse.
Un instant après nous vîmes un canard nageant Énergumène. On appelle énergumènes ceux
et barbotant dans un vase au milieu duquel
, qui sont possédés du démon, Voy. Possession.

Digitized by Google
ENF — 238 - ENG
Enfants. Croirait-on que des savants en dé- Les anciens et la plupart des modernes pla-
mence et des médecins sans clientèle ont re- cent les enfers au centre de la lerre. Le docteur

cherché les moyens do s’assurer du sexe d’un Swinden dans ses recherches sur le feu de l'enfer,
,

enfant qui n’était pas né et qu'on a fait autour


,
prétend que l'enfer est dans le soleil parce que ,

de ce thème absurde des livres niais qui trou- le soleil est le Jext perpétuel. Quelques-uns ont

vent de niais lecteurs? l’oy. Sexe. ajouté que les damnés entretiennent ce feu dans
Enfants du diable, l'oy. Cambioxs. une activité continuelle, et que les taches qui
Enfants volés par les fées. On prétend dans paraissent dans le disque du soleil après les
le Nord que les fées enlèvent quelquefois les en- grandes catastrophes ne sont produites que par
fants qui leur plaisent et leur substituent de petits l’encombrement.
monstres nés d’elles. Pour les forcer à rendre Il serait très-jong de rapporter les sentiments

l’enfant qu’elles ont pris,on expose l’enfant sub- des différents peuples sur l'enfer Les Druscs
stitué sur une pelle et on' le tourmente cruelle- disent que tout ce qu’on mangera dans les enfers
ment. En Danemark la mère chauffe le four et aura un goût de fiel et d'amertume et que les ,

met l’enfant sur la pelle en menaçant de le lancer damnés porteront sur la tête en signe d’une ,

dans la flamme, ou bien elle le fouette avec dos éternelle réprobation un bonnet de poil de co- ,

verges, elle le jette daas la rivière. En Suède et chon d'un pied et demi de long.
en Irlande on l’expose à la porte sur une pelle. Ce que nous savons positivement, c’est que
Quelquefois on lui fait boire une potion de co- l'enfer a été fait pour les démons et pour ceux
quilles d'oeufs. Dans le Glossaire provincial de qui les suivent.
Grose, on voit la mère d’un enfant volé casser Enflure. L'enflure du corps est un symptôme
une douzaine d'œufs et placer les vingt-quatre de la possession. Un moine fut possédé au cou-
demi-coquilles devant l’enfant substitué, qui s’é- vent de l'abbé Baithin successeur de saint Co- ,

crie « J’avais sept ans quand on me mit en nour-


: Icnnban en Écosse. Il était tout enflé. L’abbé of-
,

rice quatre ans se sont passés depuis, et je n’ai


,
frit pour lui le saint sacrifice, le fit amener dans

jamais vu de petits pots aussi blancs. » Le chan- l'église cl chassa le démon. Au moment où le
gement d'un enfant est toujours fait avant le bap- démon sortit, l'enflure disparut tout à coup et la
tême. Le moyen de prévenir ce malheur est de peau parut collée sur les os. Souvent l’enflure est
faire une croix sur la porte et sur le berceau, de mobile et passe d’une partie du corps à une
mettre un morceau de fer auprès de l'enfant, de autre, affectant diverses formes *.
laisser une lumière allumée. En Thuringe on sus- Engagements du sabbat. L’initié s'oblige par
pend au mur les culottes du père '. d’horribles serments à faire tout le contraire de
En Écosse on attribue le même crime de rapt ce que prescrit l'Église, à détruire tout ce qui est
aux elfes et quand un enfant est sourd muet, sacré à séduire au moins une fois par mois un
, , ,

aveugle ou contrefait ou le croit substitué.


, chrétien pour l’attacher au démon à lui amener ,

Les sorcières, ce que les procédures ont établi, des enfants, en un mot à reculer devant tout ce
enlevaient aussi des enfants, ou pour les aflilier qui est bien et h faire avec zèle tout ce qui est
au diable ou pour les lui sacrifier. l'oy. Elfb.u... réprouvé. Ces excès ont été avoués dans presque
toute.-, les procédures.
Engastrimisme, art des ventriloques. On l'at-

tribuait autrefois à la magie.


Engastrimithes ou Engastrimandres, de-
vins qui faisaient entendre leurs réponses dans
leur ventre, l’oy. Vintiulooie, Cécile, etc.
Engelbrecht (Jean), visionnaire allemand,
mort en lfi'i2. Il était protestant et d’un naturel
EubuUi au sabbat. si mélancolique qu’il tenta souvent de s’ôter la
vie. l u soir, vers rnimiit.il lui sembla que son
Enfants dans la divination, l'oy. ILvr.vis,
corps était transporté, et il arriva à la porte de
Enfers, où
lieux inférieurs méchants su-
les
l’enfer où régnait une obscurité profonde, et d’où
bissent après leur mort le châtiment dû à leurs
s’exhalait une puanteur à laquelle il n’y a rien à
crimes. Nier qu'il y ait des peines cl des récom-
comparer sur la terre. De là il fut conduit eu pa-
penses après le trépas, c'est nier l'existence de
radis. Quand il en eut goûté les délices un ange ,
Dieu, puisqu’il ne peut être que nécessairement
le renvoya sur la terre, et il raconta sa vision. Il
juste. Mais les tableaux que certains poètes et
en eut d’autres; il entendit pendant quarante
d’autres écrivains nous ont faits des enfers ont été
nuits une musique céleste si harmonieuse qu’il
souvent les fruits de l'imagination. On doit croire
ce que l’Église enseigne, sans s’égarer dans des dé- 1
Voyez les Légendes de l'autre monde, pour servir
à riustiare (tu paradis du purgatoire cl de l’enfer.
tails que Dieu n’a pas jugé à propos de révéler.
.

- G. .ri es, Mjshqne. In. VU, ch. xxn, extrait des


1
M. Dul’au, Contes irlandais. |
Acta Sancturum . mai. S. Dunstan,
ÉNI — 239 — ENL
ne put s'empêcher d'y joindre sa voix. Parcourant céleste, Brême, 1625, in-4*; cet écrit manque
la basse Saxe, il prêchait, disait-il , comme il en dans le recueil Œuvres, visions et révé-
intitulé
avait reçu l'ordre d’en haul. Un jour qu'il racon- lations de Jean Engelbrecht , Amsterdam, 1680,
tait ses extases, il dit qu’il avait vu les âmes des in-4“.
bienheureux voltiger autour de lui, sous la forme Énigme. On lit dans de vieilles histoires de
d’étincelles, et que voulant se mêler à leur danse, Naples que sous le règne de Robert Guiscard, on
,

trouva une statue qui avait eu la tête dorée, et


sur laquelle était écrit ,4ux calendes de mai,
:

quand le soleil se lèvera, j'aurai la tels toute d’or.


Robert chercha longtemps à deviner le sens de
cette énigme mais ni lui ni les savants de son
:

royaume ne purent la résoudre. Un prisonnier de


guerre sarasin promit de l’interpréter si on lui
accordait la liberté sans rançon. Il avertit donc
le prince d'observer aux premiers jours de mai
l’ombre de la tête de la statue au lever du soleil,
et de bêcher la terre à l’endroit où tombe-
faire
rait cette ombre. Robert suivit ce conseil et trouva
de grands trésors, qui lui servirent dans ses
guerres d'Italie. Il récompensa le Sarasin, non-
seulement en lui accordant la liberté, mais en lui

donnant de bonnes sommes.


Il
y a beaucoup d’énigmes dans les divina-
tions. On peut voir le traité des énigmes du père
Méneslrier, de la compagnie de Jésus, intitulé
il avait pris le soleil d'une main et la lune de la Philosophie des images énigmatiques où il est
,

l'autre. Ces absurdités ne l’empêchèrent pas de traité des énigmes , hiéroglyphes ,


oracles, pro-
faire des prosélytes parmi les réformés, lia laissé phéties, sorts, divinations, loteries, talismans,
divers volumes : 1° Véritable vue et histoire du songes, centuries de Nostradamus, et de la ba-
ciel,Amsterdam, 1690, in-4" c'est le récit de : guette. Lyon, 1694, in-12.
son excursion en enfer et en paradis ; 2‘ Mandat Enlèvement. Nous ne parlons ici que de ceux
par la chancellerie
et ordre divin et céleste délivrés qui ont été enlevés par le diable. Une Allemande

avait contracté l'habitude de jurer et de dire des beaucoup de livres qu'un certain comte de Mâcon,
roots de corps de garde. Elle fut bientôt prise homme violent et impie , exerçait une espèce de

pour modèle par quelques femmes de son pays, tyrannie contre les ecclésiastiques et contre ce
et il fallut un exemple qui arrêtât le désordre. qui leur appartenait sans se mettre en peine de
,

Un jour qu’elle prononçait avec énergie ces pa- cacher de colorer ses violences. Un jour qu’il
ni
roles qui sont tristes, surtout dans la bouche était assisdans son palais, bien accompagné, on
d'une femme : Que le diable m'emporte!... le y vit entrer un inconnu à cheval qui s'avança ,

diable arriva en hussard et l'emporta 1


. On lit en jusqu’auprès du comte, et lui dit Suivez-moi, : —
' Wierus, De prœst. dam.,
lib. II; Bodin, Démo- j'ai 4 vous parler : —
Le comte suit l’étranger,
nomanie, liv. III, ch: i. entraîné par un pouvoir surnaturel. Lorsqu'il ar-

Digitized by Google
,

rive à la porte , il trouve un cheval préparé , le Ensorcellement. Bien des gens se sont crus
monte et il est transporté dans les airs, criant |
ensorcelés, qui n'étaient que le jouet de quelque
d'une voix terrible à ceux qui étaient présents: Journal des
hallucination. On lisait ce fait dans le

— A moi! au secours!... On le perdit de vue, et Débats du 5 mars 1841. « Il y a trois jours, —


on ne put douter que le diable ne l'eût em- M. Jacques Coquelin, demeurant rue du Marché
porté '. Dans la même ville, il y eut un bailli Saint-Jean, n” 21, à Paris, logé au troisième étage,
qui fui aussi enlevé par le diable à l’heure de son rentrait chez lui vers onze heures du soir, la tête
dîner et porté trois fois autour de Mâcon â la échauffée par le vin. Arrivé sur le palier du
,

vue de tous les habitants, qui assurent ne l'avoir deuxième étage, il se croit dans son domicile ; il
pas vu revenir *. Ce fait est raconté par un pro- se déshabille tranquillement, jette une à une ses
testant. Voy. Agrippa , Carlostad , Gabrielle hardes par une large fenêtre donnant sur la cour
d’Kstrées, Luther, etc., etc. et que dans son ivresse il prend pour son alcôve;
Ennoia, la suprême intelligence chez quel- puis il se fait un bonnet de nuit avec sa cravate,
ques disciples de Simon le Magicien. Voy. MÉ- et n'ayant plus que sa chemise sur le corps il se
j

NANDRE. lance lui-même par la fenêtre, croyant se jeter sur


I

Énoch. Voy. Hénoch. son lit... Ce ne fut que le lendemain vers six heures
Enrico, comte allemand qui reparut en fan- du matin que les autres habitants de la maison
tôme. Voy. Armées prodigieuses. s’aperçurent de ce malheureux événement. Le
Enrôleurs de Satan. Ceux qui s'engagent au corps de l'infortuné Coquelin était étendu sans
diable s'obligent à lui amener des recrues; mouvement sur les dalles de la cour. Pourtant cet
comme il se fait au reste dans toute société se- homme, âgé seulement de vingt-sept ans et doué
crète. Voy. Engagements. d'une grande force physique, n’était pas mort,
Ensalma dores. Voy. Saludadores. quoique son corps fût horriblement mutilé. Trans-
Ensoph, dieu suprême de la cabale juive. Il porté chez lui, il vécut deux jours encore; mais
est caché dans les plus profonds abîmes de l'être. son état était désespéré, et il expira après soixante
Il est tout, et pourtant il n’est rien de ce qui est. heures des plus cruelles souffrances. » Dans —
C’est lui qui a tout créé par Mcnra, qui est son d'autres temps ou dans d'autres pays, on eut vu
verbe. F.t Menra a produit les trois grands séphi- là un ensorcellement. Voy. toutefois Sortilèges,
rolhs; de ces Irois sont sortis les séphirolhs in- Paroles, Bergers, etc., etc.
férieurs. Ensoph s’est manifesté dans les dix Enterrés vivants. Voy. Vampire, à la fin.
sphères qui composent l'univers; ses émanations Enthousiastes. On a donné ce nom à certains
j

s’étendent sur les quatre mondes, depuis les es- sectaires qui, étant agités du démon, se croyaient
prits les plus hauts jusqu’à la matière là plus in- inspirés.
fime. Dans ces émanations se trouvent diverses Énus. Voy, Guxeu.
séries d’esprits ou démons que l’on rencontre Envie (L') péché capital qui réjouit le dé-
,

partout des esprits particuliers sont chargés de


; mon, parce qu'il offense Dieu.
surveiller les soixante-dix peuples. De ces esprits, Envoûtement. Les sorciers font, dit-on, la
les uns sont des esprits de lumière qui ont pour figure en cire de leurs ennemis, la piquent, la
chef suprême Jézer-Job; les autres sont des es- tourmentent, la fondent devant le feu, afin que
prits de ténèbres qui obéissent à Jézer-Hara. Trois les originaux vivants et animés ressentent les
intelligences supérieures Métralon, Sandalphon
, mêmes douleurs. C'est ce que l’on appelle en-
et Acatries, president les phalanges des bous es- voûter, du nom de la figure, vols ou voulL Voy.
prits, qui se partagent en dix chœurs et ont pour I
Vols.
séjours les trois cieux et les sept planètes. Le Éon de l'Étoile. Dans le douzième siècle, un
chef des esprits mauvais est Samaël ou Satan, certain Éon de
l'Étoile , gentilhomme breton
qui a puur lieutenants Astnodée et Bédargon , et abusant de manière dont on prononçait ces pa-
la
pour ministres les Schédim , les Sayrim ,
les Ma- roles l'er tum qui venlurus est (on prononçait
:

Inche-Chabbalah. Ces mauvais esprits ou démons per Eon) , prétendit qu'il était le fils de Dieu qui
ont domicile dans les sept régions de l'enfer. Les doit venir juger les vivants et les morts, se donna
esprits de la nature (sans doute les fées, les elfes, pour tel, eut des adhérents qu’on appela Éoniens,
les follets et toutes les espèces de ce genre), sont et qui se mirent, comme tous les novateurs, à
dispersés entre les bons et les mauvais esprits piller les églises et les monastères.
des séjours invisibles. Ils pullulent dans notre Éons. Selon les gnostiques, les Éons sont les
atmosphère et se montrent à l’occasion *. êtres vivants et intelligents que nous appelons
des esprits. Les Grecs les nommaient démons;
1
du comte Guillaume lit. qu’on
C’est l'histoire ce mot a le même sens. Ces Éons prétendus
peut voir, détaillée,
dans les Légendes infernales.
2 Jean de étaient ou des attributs de Dieu personnifiés ou ,
Chassanion huguenot Des grands et re-
, ,

doutables jugements de Dieu, advenus au monde, loire, doctrine et noms de toutes les sectes juives
p. 116. ui ont existe autrefois et existent encore aujour-
3 Gorrcs, Mystique, V, ch. n. Tiré de l'his-
liv. ’hui ,
par Beer.
, . ,

ÉPA — 241 — ÉPI

des mois hébreux lirés de l’Écriture, ou des mois mands prirent à la conquête de l’Angleterre par
barbares forgés à discrétion. Ainsi de Pléroma, les Normands dit que les Flamands qui vinrent
,

la plénitude ou la divinité, sortaient Sophia, la en Angleterre connaissaient l’avenir et le passé


sagesse; A'ous, l’intelligence; Siyé, le silence; par l’inspection de l’épaule droite d’un mouton,
Loyos, le verbe; Achamoth la prudence, etc. dépouillée de la viande non rôtie, mais cuite à
L’un de ces Éons avait formé le inonde, l’autre l’eau « Par un art admirable et vraiment pro-
:

avait gouverné les Juifs ef fabriqué leur loi, un phétique, ajoute le même écrivain, jls savent les
troisième était venu parmi les hommes sous le choses qui dans le moment même se passent loin
nom de de Dieu ou de Jésus-Christ. Il n’en
Fils d’eux ; ils annoncent avec la plus grande certi-
coûtait rien pour les. multiplier les uns étaient ; tude, d’après certains signes, la guerre et la
mâles et les autres femelles, et de leurs ma- paix, les massacres et les incendies, la maladie et
riages il était sorti une nombreuse famille. Les la mort du roi. C’est à tel point qu’ils prévirent un

Éons étaient issus de Dieu par émanation et par an auparavant le bouleversement de l’État après
nécessité do nature. Les inventeurs de ces la mort de Henri I", vendirent tous leurs biens

rêveries disaient encore que l’homme a deux et échappèrent à la ruine en quittant le royaume
âmes, l’une sensitive qu’il a reçue des Éons, et avec leurs richesses. » —
Pourtant on voit dans
l’autre intelligente et raisonnable que Dieu lui a les historiens du temps que ce fait avancé par
donnée pour réparer les bévues des Éons mal- Giraud n’est pas exact, et qu’il arriva au con-
adroits *. traire à ces Flamands beaucoup de choses qu’ils
Épaule de mouton. Giraud, cité par M. Gau- n’avaient pas prévues.
trel, dans son mémoire sur la part que les Fla- Éphialtes ou Hyphialtes, Éphélès, nom grec

du cauchemar. Les Éoliens donnaient ce nom à c’est que l’on a mal pris sa doctrine ;
en effet
une sorte de démons incubes qui étouffent’ il ne faisait pas consister la félicité dans les
Épicure. ci Qui pourrait ne pas déplorer le plaisirsdu corps, mais dans ceux de l’âme, et
sort d’Épicure, qui a le malheur de passer pour dans que selon lui on ne peut ob-
la tranquillité

avoir attaché le souverain bien aux plaisirs des tenir que de la sagesse et de la vertu *. » Voilà
sens et dont à cette occasion on a flétri la mé-
,
ce que disent quelques critiques combattus par
moire ? Si l’on fait réflexion qu’il a vécu soixante- d’autres.
dix ans, qu’il a composé plus d’ouvrages qu’aucun Épidémies démoniaques. Voy. Booricnon,
des autres philosophes, qu’il se contentait de Orphelines d’Amsterdam, Kentorp, etc.
pain et d’eau, et que quand il voulait dîner avec Épilepsie. Les rois d’Angleterre ne guéris-
Jupiter, il n’y faisait ajouter qu’un peu de fro- saientpas seulement les écrouelles; ils bénissaient
mage , on reviendra bientôt de cette fausse pré- encore des anneaux qui préservaient de la crampe
vention. Que l’on consulte Diogène Laërce, on et du mal caduc. Cette cérémonie se faisait le
trouvera dans scs écrits la vie d’Épicure, ses vendredi saint. Le roi , pour communiquer aux
lettres, son testament, et l’on se convaincra que anneaux leur vertu salutaire, les frottait entre
les faitsque l’on avance contre lui sont ca- ses mains. Ces anneaux, qui étaient d’or ou d’ar-
lomnieux. Ce qui a donné lieu à cette erreur, gent, étaient envoyés dans toute l’Europe comme
des préservatifs infaillibles; il en est fait mention-
1 Bergier, Dicl thcologique , au mot Gnostiques.
.

Leloyer, Hist. des spectres, ou Apparitions des es- 1


Brown, Essai sur les erreurs, etc., liv. VII,
prits, liv. O, ch. v, p. 197. ch. xxvn p. 329.,

<6

Digitized by Google
,,

ÉPO — 262 — F.RC

dans différents monuments anciens '. Il y a d’au- cités des premiers anabaptistes et ailleurs une ,

tres moyens naïfs de traiter l’épilepsie , qui n’o- de ces époques. La guerre de trente ans, dont
bligent pas à passer la mer. On croyait en guérir le héros était un manichéen affilié aux sociétés

chez nos aïeux en attachant au bras du malade infernales, a failli jeter l'Europe dans la barbarie.
un clou tiré d’un crucifix. La même cure s’opé- Les triomphes de la philosophie séparée se sont
rait en lui mettant sur la poitrine ou dans la poche presque toujours clos, par un retour aux choses
les noms des trois mages, Gaspar, Balthasar, de Satan. Les États-Unis sont aujourd’hui avec
Melehior. Cette recette est indiquée dans des li- leur spiritisme à une de ces époques que nous
vres anciens: signalons.
Gaspar fort myrrham, thus Melrhior, Baltha/ar aurutn, Épreuves. L’épreuve gothique qui servait 6
llæc tria qui secum portabit nomina regum reconnaître les sorciers a beaucoup de rapport
Solvitur a morbo, Christi a pietate, caduco.
avec la peuple emploie
manière judicieuse que le
Mais il y a encore bien d’autres remèdes. Le pour s'assurer si un chien est enragé ou ne l’est
Journal du Cateau publiait dernièrement , sous pas. La foule se rassemble et tourmente autant
le titre d'une tradition suédoise, les faits que que possible le chien qu’on accuse de rage. Si
voici Dans ce pays de Suède que j’habite de-
: ii
l’animal dévoué se défend et mord, il est con-
puis peu la peine de mort consiste en la décol-
, damné d’une voix unanime d’après ce principe,
lationpar le moyen d'une hache, et à cet effet la qu'un chien enragé mord tout ce qu’il rencontre.
tètedu patient est posée sur un billot devant le- S’il tâche au contraire de s’échapper et de fuir à

quel on creuse une fosse où la tête tombe après toutes jambes, l’espérance de salut est perdue
avoir été coupée , et où l’on jette aussi le corps sans ressource ; on sait de reste qu’un chien en-
du supplicié après quoi on la remplit de ma-
; ragé court avec force et tout droit devant lui
nière qu'il n'en reste aucune trace à la surface sans se détourner. La sorcière soupçonnée était
du sol. Or, il existe parmi le peuple suédois une plongée dans l’eau, les mains et les pieds forte-
croyance déplorable à savoir, que le sang d’une
; ment liés ensemble. Surnageait-elle , on l'enlevait
personne décapitée, pris comme médicament in- aussitôtpour la précipiter dans un bûcher comme
terne, guérit radicalement l'épilepsie; et ce qui convaincue d’être criminelle , puisque l'eau des
est encore plus déplorable , c’est que l'autorité, épreuves la rejetait de son sein. Enfonçait-elle,
d’après un usage immémorial, permette ou tolère son innocence était dès lors irréprochable mais ;

que les spectateurs des exécutions recueillent ce cette justification lui coûtait la vie
sang. Dans une exécution qui a eu lieu ces jours- 11 y avait bien d'autres épreuves. Celle de la

ci, après que la tète du criminel eut été séparée croix consistait généralement, pour les deux ad-
du corps, une paysanne d’un âge mûr, atteinte versaires, ù demeurer les bras étendus devant
du haut mal se précipita vers le lieu du sup-
, une croix , celui qui s’y tenait le plus longtemps
plice avec un morceau de pain à la main, pour le gagnait sa cause. Mais le plus souvent les épreu-
tremper dans le sang qui jaillissait du cadavre; ves judiciaires se faisaient autrefois par l'eau ou
mais au moment où elle allait consommer cet le feu. Voy. Eau bouillante, Cercueil, Fer cbaud,
acte, elle fut frappée d’une attaque de sa cruelle Ordalie etc.
,

maladie, et elle tomba roidc morte dans la fosse Épreuves du Sabbat. Voy. Elfdal.
où venait de rouler la tète ensanglantée. Cet effet Érard, vieillard de Césarée, dont la fille fut
a produit sur l’opinion égarée un grand mouve- ensorcelée par un valet lui-même possédé. Saint
ment. La foule semblait frappée de terreur. Basile les délivra’.
Alors l'autorité profitant de cette épouvante
, Erceidoune. Les aventures merveilleuses de ,

s'est empressée de faire comprendre au public Thomas d’Erceldoune sont l'une des plus vieilles
par des affiches qui défendent à l’avenir un pa- légendes de fées que l'on connaisse. Thomas
reil usage, combien Dieu le réprouvait, puisqu'il d’Erceldoune, dansle Lauderdale, surnommé le
le punissait de mort subite et faisait tomber les Rimeur, parce qu’il avait composé un roman
deux cadavres dans la même fosse. » poétique sur Tristrcm et Yseult, roman curieux
Épona ,
déesse des écuries chez les Romains. comme l’échantillon de vers anglais le plus an-
Son image était honorée dans les étables. Elle cien qu’on sache exister florissait sous le règne
,

avait eu pour père Fulvius Stcllus et pour mère d'Alexandre III d’Écosse. Ainsi que d’autres hom-
une jument. mes de talent i cette époque, Thomas fut soup-
Époques diaboliques. On donna ce nom aux çonné de magie. On disait aussi qu'il avait le don
temps déplorables où la recrudescence des sor- de prophétiser, parce qu’il était entré un jour
ciers a produit le plus d'horreurs. Les manichéens dans le royaume des fées '.
albigeois ont présenté au treizième siècle une de
ces époques sinistres. Le seizième siècle a vu re- 1
Goldsmith Essai sur les mœurs.
,

2 Voyez cette histoire f/n pacte à Césarée, dans


naître dans la guerre des paysans dans les atro-
:
,
les Légendes infernales.
a Voyez sa légende dans les Légendes des esprits
< Lebrun , Histoire des pratiques superstitieuses ,

t. II, p. 1*8. (lutins, fées et démons).


ERE — 2h3 — ERI,

Ërèbe, fleuve des enfers. On le prend aussi donner extérieurement la plus grande ressem-
pour une partie de l’enfer et pour l'enfer même. blance avec lui il monte son cheval favori cou-
; ,

Il y avait chez les païens un sacerdoce particulier vert d’une selle brillante et aux sons guerriers
;

pour les âmes qui étaient dans l’Érèbe. de la trompette et d'autres instruments escorté ,

Ergenna devin d'Étrurie dans


,
l’antiquité. par le peuple et
guélongs qui font les prières
les

Eric au chapeau venteux. On lit dans Hector prescrites pour un tel cas, il est conduit autour
j

de Boëce que le roi de Suède Éric ou Henri, sur- j


de l’houroul (temple de l'idole) , et puis on le
nommé le Chapeau venteux faisait changer les ,
poursuit à grands cris comme un andyne (exclu).
vents, en tournant son bonnet ou chapeau sur sa L’andyne peut cependant se naturaliser dans un
tête pour montrer au démon avec qui il avait autre oulousse (village) ; il peut même s'y ma-
,

fait pacte de quel côté il les voulait et le démon ;


rier; mais il conserve le nom d’andyne et le
était si exact à donner le vent que demandait le transmet à ses enfants. Toutefois cet usage se
signal du bonnet, qu’on aurait pu en toute sûreté perd, et on substitue des andynes d’argile ou de
prendre le couvre-chef royal pour une gi- :
farineaux andynes vivants. —
Indépendamment
rouette. de ces artifices, les guéloungs se servent d'autres
j

Erichtho, sorcière qui, dans la guerre entre expédients. Dans le but de satisfaire leur avidité,
César et Pompée, évoqua un mort lequel prédit ils réussissent quelquefois â persuader au malade
toutes les circonstances de la bataille de Phar- que son âme s’est déjà séparée du corps, et qu’il
sale ’. faut attribuer aux derniers efforts de sa force vi-
Erles, esprits ou génies qui donnent la peur tale ce qui lui reste encore de connaissance et de
en Allemagne. Goethe a fait sur eux une bal- respiration. Cependant ils lui laissent l’espoir qu’il
lade. est possible de réunir son âme à son corps, alors
Erleursortok , le diable au Groenland. Il est que l’infortuné offre tout ce qu’il possède pour pro-
toujours aux aguets, et il se jette sur toute âme longer ses jours. Le guéloung semble faire des
qui s'échappe de sa prison mortelle; habituelle- efforts pour rappeler l’âme, d’abord en faisant
ment il la dévore, car il a toujours faim. entendre le son d'instruments à vent puis il sort ;

Erlik ou Erlig. Les Kalmouks croient que tout de la kibithé (tente) fait des signes à l'âme qui
,

désastre leur est causé par un mauvais génie s'enfuit et l'invite en lui criant « Reviens sur tes
:

nommé Erlik ou le diable, qui , avec son nez en pas, si tu ne veux être dévorée par les loups. » Le
malade , flottant entre la crainte et l’espérance,
le résultat de ces efforts, et le guéloung demande
répond : a Tout va bien; l'âme se montre déjà
dans le lointain et semble disposée à revenir. >
Il continue ainsi à flatter sou malade jusqu'à sa

mort ou jusqu’à son rétablissement. Dans ce der-


nier cas il le félicite de l’heureux retour de son
âme mais si l’événement est contraire, il assure ;

aux parents du défunt que l'âme était sur le point


de revenir, quand le méchant Erlik employa un
artifice inattendu qu'il raconte en détail.
Si dans une maladie grave un homme tombe
dans le délire et prononce des paroles inintelli-
trompe, flaire les mourants. Dès qu'un malade
gibles les assistants ne manquent pas de croire ,
n' offre plus d’espoir, les guéloungs (leurs prêtres)
que l'Erlik le tourmente et veut lui ravir son
ont recours à l’expédient du rachat en présen- ,
âme. Alors ils font non-seulement dans la kibi-
tant à l'Erlik qui s'obstine à ne pas se montrer,
,
thé, mais aussi au dehors, un bruit effroyable;
une poupée d'argile comme offrande. Pour con- ceux qui se trouvent auprès du malade
s’arment
server la vie d'un kan ou de quelque autre chef
de tout ce qui leur tombe sous les mains, courent
important si l'opiniâtreté de la maladie prouve
,
de tous tes côtés en jetant de grands cris, frap-
clairement que l'Erlik est décidé à s’emparer du
pent l’air et s'efforcent de chasser le mauvais gé-
malade on cherche parmi ses subordonnés un nie, encouragés d'ailleurs
,
par l’exemple et les
individu qui, par attachement, soit disposé à se
exhortations des guéloungs*.
sacrifier pour lui. Des exemples d’un pareil dé-
Erlik-Khan, prince des enfers; il a une tête
vouement ne sont pas rares chez les Kalmouks. de buffle ornée de cornes et un collier de crânes
Celui qui se détermine à sauver des griffes de
autour du cou. Quelquefois il prend une tête
l'Erlik un chef atteint d'une affection mortelle
d'homme, car il en a deux à son usage. Quand il
reçoit le nom les habillements les plus riches et
fait l’homme, il tient dans l'une de ses quatre
,

l’armure complète du malade on tâche de lui ;

1
Extrait d'un voyage fait en 1831 et 1833 au paya
1
Wierus ,
De prœttigiit, lib. Il, cap. ix. des Kalmouks, par Nésédieff.
16 .

Digitized by Google
, ,

ERO - 244 ESC

mains un sceptre surmonté d’une tête de mort. Érus ou Er,fils de Zoroaslre. Platon assure

Sa femme s’appelle Sainorindo ou Samoundo. de son tombeau douze jours après


qu'il sortit

Éroconopes, peuples imaginaires que Lucien avoir été brûlé sur un bûcher, et qu'il conta
représente comme d'habiles archers, montés sur beaucoup de choses sur le sort des bons et des
des moucherons monstres. méchanLs dans l’autre monde.
Érocordacès, autre peuple imaginaire que le Escalibor, épée merveilleuse du roi Arlhus.
même auteur représente combattant avec des Escamotage. On l'a pris quelquefois pour la
raves en guise de flèches. sorcellerie; le
diable dit Leloyer, s'en est sou-
,

Éromantie, une des six espèces de divina- vent mêlé. Delrio (liv. Il, quest. 2) rapporte
tions pratiquées chez les Perses par le moyen de qu'on punit du dernier supplice, à Trêves, une
l’air. Ils s'enveloppaient d'une serviette,
la tête sorcière très-connue qui faisait venir le lait de
exposaient 4 l'air un vase rempli d’eau et pro- toutes les vaches du voisinage en un vase placé
féraient à voix basse l’objet de leurs vœux. Si dans le mur. Sprenger assure pareillement que
l’eau venait à bouillonner, c’était un pronostic certaines sorcières se postent la nuit dans un
heureux. coin de leur maison tenant un vase devant elles
, ;

Érotylos ,
pierre fabuleuse dont Démocrite et quelles plantent un couteau ou tout autre in-
Pline après lui vantent la propriété pour la di- strument dans le mur; qu'elles tendent la main
vination. pour traire, en invoquant le diable, qui travaille
Erouniakcha. Dans la mythologie hindoue avec elles à traire telle ou telle vache qui parait
c'est un fils de Diti mère des génies nialfaisanLs.
, la plus grasse et la mieux fournie de lait; que le

Un jour il prit le inonde et le jeta dans la mer. démon s'empresse de presser les mamelles de la
Nous ne chargeons pas, nous copions. Vichnou vache et de porter le lait dans l'endroit où se
irrité revêtit pour le combattre la forme d’un trouve la sorcière, qui l'escamote aussi. Dans nos
sanglier; ce qui est sa troisième incarnation. Il villages, les escamoteurs ont encore le nom de
éventra le fils de Diti et remit le monde à sa sorciers. Mais il
y a mieux qu’eux ;
dogmes
place. Voilà des I route de Bombay à Pounah (en 1839),
« Faisant

Erreurs populaires. Lorsque le Dante publia dit M. Théodore Pavie', je m’arrêtai à Karli
son Enfer, la simplicité de son siècle le reçut pour visiter le temple souterrain creusé dans la
comme une véritable narration de sa descente colline qui fait face au village; et pendant la

dans les sombres manoirs. A l'époque où l’utopie chaleur du jour je me reposais sous l’ombrage
de Thomas Morus parut pour la première fois, des cocotiers, si beaux en ce lieu, quand je vis
elleoccasionna une plaisante méprise. Ce roman s'avancer, au bruit d'instruments discordants,
poétique donne le modèle d’une république ima- une bande d’Hindous. L'un d’eux tenait dans
ginaire dans une lie qui est supposée avoir été chaque main une cobra-rapella la plus terrible
nouvellement découverte en Amérique. Comme espèce de serpents dont l’Inde puisse se vanter,
c’était le siècle, dit Granger, Iluddée et d’au- et en outre il portait en sautoir un énorme boa.
tres écrivains prirent le conte pour une histoire Arrivé près de moi , le jongleur jeta ses serpents
véritable et regardèrent comme une chose im- à terre, les lit courir, irrita les cobras, qui dé-
portante qu’on envoyât des missionnaires dans roulaient leurs anneaux d’une manière effrayante,
celle lie. — Ce ne fut que longtemps après la embrassa son boa; puis il se prit à les faire dan-
publication des Voyages de Gulliver, par Swift, ser tous les trois au son d'un flageolet singulier
qu’un grand nombre de ses lecteurs demeurèrent comme une vielle, bien qu’il fût
qui se touchait
convaincus qu'ils étaient fabuleux '. formé d'une calebasse. Pendant ce temps, ses
Les erreurs populaires sont en si grand nombre acolytes avaient disposé tout leur établissement
qu'elles ne tiendraient pas toutes dans ce livre. sur la poussière; le tambourin rassemblait les
Nous ne parlerons pas des erreurs physiques ou enfants du village , et bientôt se forma un cercle
des erreurs d’ignorance nous ne nous élève-
: considérable de spectateurs de dix ans et au-
rons ici que contre les erreurs enfantées par les dessous les plus petits nus, les autres portant
:

savants. Ainsi Cardan eut des partisans lorsqu’il une ceinture, et tous accroupis dans l'attente des
débita que, dans le nouveau inonde, les gouttes grandes choses qui se préparaient.
d'eau se changent en petites grenouilles vertes. » Ce jongleur avait toute la volubilité d'ex-
Cédrénus a écrit très-merveilleusement que tous pressions d’un saltimbanque européen. 11 s'ex-
les rois francs de la première race naissaient primait très-clairement, en bon hindoustani,
avec l’épine du dos couverte et hérissée d’un bien qu’il se trouvât en pays mahratte ; mais le

poil de sanglier. Le peuple croit fermement, public semblait n’y rien perdre, tant ses gestes
dans certaines provinces , que la louve enfante et ses gambades étaient inintelligibles. D'abord
avec ses louveteaux , un petit chien qu'elle dé- il posa par terre une marionnette, soldat portant
vore aussitôt qu’il voit le jour. Voy. la plu- — 1
Les harvis et les jongleurs, écrit daté de Pounah,
part des articles de ce dictionnaire. chez les Mahraltes le Î5 décembre 1 839 publié par
, ,

1
Bertin, Curiosités de la littérature, 1. 1, p. 30i. la Revue des Deux-Mondes.

>y CjOOglc
,

ESC — 2/|5 — ESC


le sabre et l'arc. A l'entendre, c’était un sipahi, de la porte! Le jongleur prit une poignée de blé
un grand chasseur, un lueur de lions, de tigres, noir (
djouari ), la mit dans un manteau; puis,
de gazelles... Bientôt, à son commandement, la quand on eut bien secoué le manteau, bien
marionnette lança une flèche et renversa le but vanné le grain il se trouva changé en un beau
,

disposé devant elle, non pas une fois, mais à riz blanc, pur, prêt à faire un karry. Je n’y

plusieurs reprises, à la satisfaction évidente de avais rien compris, et je commençais à rentrer


la jeune assemblée. dans mes habitudes de crédulité lorsque l’esca-
» Ce n’était là qu'un préambule, les bagatelles moteur ambulant étala une seconde marionnette

Escamoteur indien.

longue de six pouces au plus


et de la grosseur magiques) et traçait des cercles avec sa ba-
du poignet. poupée épouvanta
Celle informe guette. Mais il avait sur scs confrères d’Europe
grandement la partie la plus naïve du public; un avantage, ou plutôt une supériorité bien mar-
mais quelle ne fut pas la surprise générale quand quée car il opérait sur le sol, sans table ni go-
;

de ce morceau de bois caché sous un mouchoir belets, et complètement nu, sauf le turban et la
sortirent successivement jusqu'à quatre gros pi- ceinture que les Hindous ne quittent jamais:
geons! Ils devaient y être contenus d'avance, à donc, pas de manches, pas de gibecière. Son
moins de sortilège... Quant à moi, j'aurais eu cabinet consistait en quelques mauvais paniers
peine à y introduire quatre moineaux. Notre jon- de bambou , destinés à porter les serpents qu’il
gleur accompagnait scs tours de montras (prières escamotait aussi et faisait paraître et disparaître

Digitized by Google
,

ESC — 246 — ESC


avec une telle adresse que le plus fin n’y eût tachaient le jeune Hindou; puis le panier se
rien compris. Ainsi d’un mouchoir déroulé se- , ferma de lui-même, et une voix qui semblait
coué et mis au vent comme un pavillon , je le sortir des nues cria : Adieu 1 —
une de ces cobras laissée dans
vis faire sortir » —
Il est parti pour Ahmed-Nagar, il est en-

un panier près de moi ,' à une très-grande dis- volé ; Our-Gaya! Our-Gaya! répéta le jongleur
tance du lieu où il se trouvait ; en sorte que avec transport il ne saurait tenir dans un aussi
;

voyant le nid de l’animal entièrement vide je petit espace (et cela paraissait physiquement
,

soupçonnai qu’il s’était frayé un chemin sous impossible). Je vais donc attacher le panier et
terre. prendre congé de l’assemblée.
» Cependant les tours de magic continuaient » Le paquet fut ficelé ; il ne restait plus qu’à
sans interruption. Le jongleur tenait à la main le mettre sur le dos du buffle destiné à porter les
une cruche aussi impossible à vider que le ton-
neau des Danaîdes l’était à remplir : il versait
bagages de la troupe. —
lin instant! reprit su-
bitement le jongleur; si pourtant il était dans le
l’eau à terre
dait par la
, la jetait dans son oreille et la ren- panier! Qui sait? —
Et là-dessus, tirant un long
bouche , s’administrait des douches sabre, il traversa le panier presque par le mi-
sur la tête,, et toujours le vase était plein jus- lieu... Le sang coula en abondance... l’anxiété
qu’au bord. Ensuite il tira de son sac une paire était à son comble... lorsque tout à coup le cou-
de pantoufles de bois plus larges que la plante vercle se lève de nouveau, et d’un bond le grand
de ses pieds. Après bien des discours et des garçon saute hors de sa niche frais et dispos,
charges, il Dnit par faire adhérer à ses talons sans la moindre égratignure !

nus ces semelles très-polies, et fit plus de gam- » Ce tour est simple très-simple dira-t-on
, , ;

bades avec de telles chaussures que n’en pour- mais se débarrasser des cordes et du filet, se
raient faire à l’Opéra de jolis petits pieds chaus- cacher dans un si petit espace, y rester un quart
sés d’élégants escarpins. Tantôt s’élevait en
il d’heure sans broncher, et de telle façon que le
l’air; tantôt il frappait la pantoufle sur la terre, sabre ne puisse rencontrer quelque membre à
de manière à la faire tomber; mais jamais elle entamer, ce sont là des prodiges de dextérité,
ne glissait. Ce fut encore là une chose inexpli- de souplesse et de patience que l'on ne peut
cable pour moi car il n’avait appliqué à ses pieds
;
concevoir, surtout quand on les a vus.
aucune substance collante, et il pouvait à vo- » Après ce nie plus ultra de la science les ,

lonté lâcher ces pantoufles unies comme la glace. jongleurs firent leurs paquets et se mirent en
» Enfin la séance se termina par une expé-
marche vers Nagapour, leur patrie. Je les vis se
rience plus surprenante encore que, par celte
perdre dans de bœufs chargés que des
la foule
raison sans doute, notre magicien gardait pour
troupes de maltraites, tribus ambulantes traînant
la dernière. L’un des joueurs de tambourins,
avec eux armes et bagages, femmes et enfants,
grand garçon d’une belle taille, se laissa atta- conduisent dans l’intérieur. La foule se dispersa
cher les pieds, lier les mains derrière le cou et peu à peu *. »
enfermer dans un filet à poissons bien serré par
une douzaine de nœuds. Dans cet état, après 1
Voici une anecdote d'escamotage rapportée par
l’avoir promené autour du cercle des specta- la Chronique de Courtrai du Ï5 avni 4843.
« Dans une des baraques sur la Grand’Placc, hier,
teurs, on le conduisit près d’un panier de deux ,

pendant qu’un escamoteur exécutait ses tours, il vit


pieds de haut sur quatorze pouces de large. un des assistants dérober fort adroitement le mou-
« — Voulez-vous que je le jette dans l’étang? choir de son voisin et s'en écarter aussitôt en allant
demanda le chef de bande. C’est un vaurien ; le se placer d’un autre côté. Il trouva là une occasion

voilà bien lié; l’occasion est bonne j’ai envie


superbe de se donner du relief. Monsieur, dit l'es- —
: camoteur titulaire à la victime du larcin, prêtez-moi,
de m’en défaire » I s’il vous plaît votre foulard je vais faire un tour
.
,

» Et l’auditoire
crédule se tournait déjà du des plus surprenants. Celui-ci s'empressa de mettre
la main dans sa poche, et tout ébahi s'écria qu'il était
côté de cette pièce d’eau ombragée d’arbres ma-
volé, en dirigeant ses regards accusateurs sur ceux
gnifiques et creusée au bas de la pagode pour les qui l'entouraient. —
Volé! s'écria l'escamoteur tout
ablutions et les besoins du village. — Non dit étonné ; eh bien , tant mieux mon tour en sera plus
— !

en s’interrompant le jongleur, après une minute


,
beau. De quelle couleur est votre foulard? Rouge —
de réflexion je vais l’escamoter, l’envoyer. .. où
;
et jaune. —
Bon, soyez tranquille , s’il est encore dans
la salle, il vous reviendra. Et faisant tourner sa
vous voudrez à Pounah, à Dehli, à Ahmed-
:
baguette sur le bout de ses doigts, il en arrêta le
Nagar, à Bénarès I mouvement dans la direction de l'escamoteur de con-
» Et sur-le-champ il enleva le patient, tou-
trebande, et lui dit :

Le foulard est dans ta poche,
rends-le. Cette apostrophe consterna le voleur, qui
jours incarcéré dans son filet, et le plaça au fond
cependant se remit aussitôt, afTecta une grande sur-
du panier, en rabattant le couvercle sur sa tête prise et passa le mouchoir à son propriétaire aux
;

il s eu fallait de plus de trois pieds que les bords acclamations des spectatehrs saisis a’admiration. La
se joignissent. On jeta un manteau sur le tout. police fut avertie , le filou mis en prison et l’art du
devin , prôné par toutes les bouches ne cessa d'at-
» Insensiblement le volume diminua, s'affaissa ; ,

tirer une foule considérable à sa baraque pendant


on vit voler en l’air le filet et les cordes qui at- toute ta journée. »
ESC — 267 — ESC
Escargots. On ne voit nulle part que ces hon- la boiutole pasilalinique - sympathique . Si vous
nêtes créatures aient jamais figuré au sabbat. trouvez ce nom bizarre, l’agent de cette boussole
Mais il paraît qu'elles ont aussi leur côté mysté- ne l’est pas moins c'est l’escargot. Deux amis
-,

rieux, et qu'elles pourraient, quand les études séparés par de grandes distances se seront munis
dont s'occupent les savants auront abouti, faire chacun d’un escargot de même espèce , les au-
concurrence au télégraphe électrique. On a donc ront magnétisés ensemble pour établir la sym-
proposé en 1850 un procédé qui se mûrit, c’est pathie; puis l’ami resté à Paris chargera son es-

cargot des nouvelles qu’il veut transmettre à son ront, ou bien un esprit, de ceux qui tiennent
ami Pékin , et ce dernier répondra de la
installé à aux tables, pourra parler pour eux.
même manière; par quels moyens faciles? nous Eschyle, tragique grec à qui on avait prédit
l’ignorons mais en mars de la présente année,
;
qu’il mourrait de la chute d'une maison ce qui ,

les journaux disaient qu’on était h la veille de ré- fit qu’il s'alla loger en pleine campagne ;mais le
sultats satisfaisants, et les spirites affirment que conte ajoute qu’un aigle qui portait une tortue
cette découverte se rattache à ce que nos pères entre ses griffes la laissa tomber sur la tête chauve
appelaient la magie naturelle. Un Américain pré- du poète, pensant que ce fût un rocher, et la

tend même que les escargots magnétisés parle- prédiction s’accomplit.

Digitized by Google
,.

ESD — 248 — ESP


Esdras pour les,
écrits cabalistiques qu’on lui dit Wecker , sont les seigneurs de
l'air ; ils peu-

attribue, voy. Pic de la Mibandole*. vent exciter tempêtes, rompre les nues et les
les
Eskthirnir, daim monstrueux des mytholo- transporter où ils veulent avec de grands tour-
que s’échap-
gies Scandinaves. C’est de ses cornes billons, enlever l'eau de la mer, en former la
pent les fleuves qui circulent sur la terre. grêle et tout ce que bon leur semble. »
Espagnet (Jean d'). philosophe hermétique, Il
y a dans l’intérieur de l'Amérique septen-
qui a fait deux traités intitulés, l’un Enchiridion trionale des peuplades sauvages qui croient que
de la physique rétablie, l’autre Secret de la philo- lorsqu'un homme est enterré sans qu’on place
sophie hermétique 1
; encore lui conleste-t-on ce auprès de lui tout ce qui lui a appartenu, son es-
dernier, que l'on attribue à un inconnu qui se prit revient sous forme humaine, et se montre
faisait appeler le Le Secret
Chevalier Impérial *. sur les arbres les plus près de sa maison armé
de la philosophie renferme la pratique du grand d’un fusil ; ne peut jouir du repos
on ajoute qu’il

œuvre et l' Enchiridion la théorie physique sur


,
qu’après que réclame ont été
les objets qu’il

laquelle repose la transmutabilité des métaux. déposés dans sa tombe. Les Siamois admettent
D’Espagnet est encore auteur de la préface qui une multitude d'esprits répandus dans l'air; leur
précède le Traité de l'inconstance des démons de puissance est fort grande et ils sont très-malfai-
Pierre Delancre. On lit dans cette préface que les sants. On .trace certaines paroles magiques sur
sorcières ont coutume de voler les petits enfants des feuilles de papier pour se prémunir contre
pour les consacrer au démon. leur malice. Lorsqu'on prépare une médecine,
Espagnol (Jean I’), docteur en théologie, on garnit le bord du vase d'un grand nombre
grand prieur de Saint-Remi de Reims, auteur de ces papiers, de peur que les esprits n'em-
d'un livre intitulé Histoire notable de la conver- porlcnt la vertu des remèdes. Les auteurs caba-
sion des Anglais, etc., in-8", Douai, 1614. La listiques prétendent que les esprits sont des

vingtième annotation qui commence h la page créatures matérielles composées de la substance


,
,

206 et va jusqu'à la page 306, est un traité sur la plus pure des éléments; que plus cette ma-

les apparitions des esprits, où avec des choses tière est subtile plus ils ont de pouvoir et d'ac-
,

passables et médiocres on trouve de bonnes ob- tion. Ces auteurs en distinguent de deux sortès,

servations *. de supérieurs et d’inférieurs les supérieurs sont :

Esprits. Les anciens ont cru que les esprits, ou célestes ou aériens; les inférieurs sont ou
démons ou génies, étaient des
qu’ils appelaient aquatiques ou terrestres. Ceux qui ont cru que
demi-dieux. Chaque nation, dit Apulée, même ces esprits étaient des créatures matérielles les
chaque famille et chaque homme a son esprit ,
ont assujettis à la mort comme les hommes.
qui le guide et qui veille sur sa conduite. Tous Cardan dit que les esprits qui apparurent à son
les peuples avaient du respect pour eux et les père lui firent connaître qu'ils naissaient et qu'ils
Romains les révéraient. Ils n’assiégeaient les villes mouraieut comme nous r mais que leur vie était
et n'entreprenaient leurs guerres qu’après que plus longue et plus heureuse que la nôtre.
leurs prêtres avaient invoqué le génie du pays. Voici de petits traits d'esprits : Guillaume de
Caligula même lit punir publiquement quelques- Paris écrit que, l'an 1447, il y avait un esprit à
uns de ceux qui les avaient maudits *. Des philo- Poitiers dans la paroisse de Saint-Paul, lequel

sophes se sont imaginé que les âmes des morts rompait vitres et verrières et frappait à coups de
dès qu'elles étaient séparées de leurs corps, er- pierres sans blesser personne'. Cæsarius raconte
raient incessamment sur la terre. Ce sentiment que la lillc d'un prévôt de Cologne était si tour-
leur paraissait d’autant plus vraisemblable, qu'ils mentée d'un esprit malin qu’elle en devint fréné-
se vantaient de voir des spectres auprès des tom- tique. Le père fut averti de faire aller sa fille au

beaux, dans les cimetières et dans les lieux où l'on delà du Rhin et de la changer de lieu , ce qu'il
avait tué quelques personnes. « Les esprits, fit. L'esprit fut obligé d'abandonner la fille,
mais il battit tant le père qu'il en mourut trois
Voyez, dans les Légendes de f Ancien Testament, jours après ’. Cet esprit pouvait bien être un
la
'

légende d Esdras. corps. —


Au commencement du règne de Char-
1 Enchiridon physicœ restitua. Arcanum philoso- les IV, dit le llel , l'esprit d’un bourgeois mort
phiœ hermetica. depuis quelques années parut sur la place pu-
3 Ce chevalier, très-révéré des alchimistes, est
blique d'Arles en Provence ; il rapportait des
mentionné souvent dans la Trompette française, petit
volume contenant une Prophétie de Itombart sur la choses merveilleuses de l’autre monde. Le prieur
naissance de fouis XIV. On a du Chevalier impé- des jacobins d’Arles, homme de bien , pensa que
rial le Miroir des alchimistes avec instructions aux
, cet esprit pouvait être un démon déguisé. Il se
dames pour dorénavant être belles sans plus user rendit sur la place soudain l’esprit découvrit
;
de fards venimeux, 1609. In— I C.
qui il était et pria qu'on le tirât du purgatoire.
‘ Lenglet-Dufresnoy, Catalogue des auteurs qui ont
écrit sur les apparitions.
6 Discours sur
les esprits follets , Mercure galant • Bodin, Démonomanie des sorciers, liv. III, p. 393.
1680. 4 Bodin, Démonomanie des sorciers, liv. Ul, p.393.

VjOi
KSP ESP
Ayant ainsi parlé, il disparut, et comme on pria contre l’ordinaire de ceux de son espèce. Voy.
pour son à rue il ne fut oncquei vu depuis
, Hecdeeix.
En 1750 un officier du prince de Conti, étant Sur la lin de l'année 1756 on entendit comme
couché dans le château de l'Ile-Adam, sentit tout des soupirs qui partaient d'un coin de l’impri-
à coup enlever sa couverture. Il la relire on re- ;
merie du sieur Lahard , l’un des conseillers de la
nouvelle le manège tant qu’à la fin l'officier en- ville de Constance. Les garçons de l’imprimerie
nuyé jure d’exterminer le mauvais plaisant met ,
n’en firent que rire d'abord. Mais dans les pre-
l'épée 5 la main cherche dans tous les coins et
, miers jours de janvier on distingua plus de bruit
ne trouve rien. Étonné, mais brave, il veut avant qu’auparavant. On frappait rudement contre la
de conter son aventure éprouver encore le len- muraille, vers le même coin où l’on avait d’abord
demain si l’importun reviendra. Il s'enferme avec entendu des soupirs; on en vint jusqu’il donner
soin, se couche, écoute longtemps et finit par des soufflets aux imprimeurs et 5 jeter leurs cha-
s’endormir. Alors on lui joue le mémo tour que peaux par terre. L’esprit continua son manège
la veille. Ildu lit renouvelle ses mena-
s’élance , pendant plusieurs jours, donnant des soufflets
ces et perd son temps en recherches. La crainte aux uns, jetant des pierres aux autres; en sorte
s’empare de lui il appelle un frotteur qu’il prie
; que les compositeurs furent obligés d’abandonner
de coucher dans sa chambre, sans lui dire pour ce coin de l'imprimerie. Il se fil alors Ixsaucoup
quel motif. Mais l'esprit, qui avait fait son tour, ne d’autres tours , dans lesquels les expériences de
parait plus. La nuit suivante il se fait accompa- la physique amusante entrèrent probablement
gner du frotteur, 5 qui il raconte ce qui lui est pour beaucoup et enfin cette farce cessa sans
,
1

arrivé, et fisse couchent tous deux. Lu fantôme explication. Voy. Devenants , Ai-pabitioss, Diio-
vient bientôt , éteint la chandelle qu'ils avaient les, etc.
laissée allumée, les découvre et s’enfuit. Comme Voici l’histoire d'un esprit qui fut cité en jus-
ils avaient entrevu cependant un monstre dif-
|

tice : —En 1761 un fermier de Soulhams, dans


forme, hideux et gambadant, le frotteur s’écria le comté de Warvvick (Angleterre) , fut assassiné

que c'était le diable et courut chercher de l'eau en revenant chez lui. Le lendemain un voisin
bénite. Mais au moment qu’il levait le goupillon vint trouver la femme de ce fermier et lui de-
pour asperger la chambre , l’esprit le lui enlève manda si son mari était rentré ; elle répondit que
cl disparaît... Les deux champions poussent des non et qu’elle en était dans de grandes inquié-
cris on accourt, on passe la nuit en alarmes, et le
; tudes. —
Vos inquiétudes, répliqua cet homme,
matin on aperçoit sur le toit de la maison un ne peuvent égaler les miennes, car comme j'étais
gros singe qui, armé du goupillon, le plongeait couché cette nuit sans être encore endormi, votre
dans l’eau de la gouttière et en arrosait les pas- mari m’est apparu, couvert de blessures et m’a
sants. dit qu’il avait été assassiné par son ami John
En 1210 un bourgeois d'Épiual nommé Hu- , Dick et que son cadavre avait été jeté dans une
gues, fut visité par un esprit qui faisait des choses marnière. La fermière alarmée fit des perquisi-
merveilleuses, et qui parlait sans se montrer. On tions. On découvrit dans la marnière le corps
lui demanda son nom et de quel lieu il venait. Il
'

blessé aux endroits que le voisin avait désignés.


répondit qu'il était l'esprit d'uu jeune homme de |
Celui que le revenant avait accusé fut saisi et
Clérentine, village à sept lieues d’Épiual et que ,
i
mis entre les mains des juges, comme violemment
sa femme vivait encore. En jour Hugues ayant ;
soupçonné de meurtre. Son precès fut instruit à
ordonné à son valet de seller son cheval et de j
Warvvick; les jurés l’auraient condamné aussi
lui donner à manger le valet différa de faire ce
, témérairement que le juge de paix l’avait arrêté,
qu’on lui commandait; l’esprit fil sbn ouvrage si lord Baymond, le principal juge, n’avait sus-
au grand étonnement de tout le monde. En autre pendu l'arrêt. —
Messieurs, dit-il aux jurés, je
jour Hugues, voulant se faire saigner, dit à sa fille crois que vous donnez plus de poids au témoi-
de préparer des bandelettes. L’esprit alla prendre gnage d'un revenant qu'il n'en mérite. Quelque
une chemise neuve dans une autre chambre, la cas qu’on fasse de ces sortes d’histoires, nous
déchira par bandes et vint la présenter au maître n’avons aucun droit de suivre nos inclinations par-
en lui disant de choisir les meilleures. En autre ticulières sur ce point. Nous formons un tribunal
jour la servante du logis ayant étendu du linge de justice et nous devons nous régler sur la loi
, ;

dans pour le faire sécher, l'esprit le


le jardin or je ne connais aucune loi existante qui admette
porta au grenier et le plia plus proprement que le témoignage d’un revenant, et quand il y en au-

n’aurait pu faire la plus habile blanchisseuse. Ce rait une qui l’admettrait le revenant ne parait
,

qui est remarquable c’est que pendant six mois


,
pas pour faire sa déposition. Huissier, ajouta-t-il,
qu’il fréquenta cette maison, il n’y fit aucun mal appelez le revenant. Ce que l'huissier fit par trois
à personne et ne rendit que de bons offices, fois sans que le revenant parût. Messieurs, —
continua lord Baymond, le prisonnier qui est il

1
Leloyer, Histoire des t/ieefre* et apparitions des labarre est, suivant le témoignage de gens irré-
esprits. prochables, d'une réputation sans tache, et il n'a

àoogle
ESP — 250 — ESP
point paru dans le cours des informations qu’il donnent quelquefois pour de bons anges ou pour
y eu aucune espèce de querelle entre lui et
ail des âmes d'honnêtes défunts il ne faut pas s'y ,

le mort. Je le crois absolument innocent, et comme tromper. On voit dans saint Thomas que souvent
il n'y a aucune preuve contre lui, ni directe ni les esprits se font passer pour des âmes dont ils
indirecte, il doit être renvoyé. Mais par plusieurs prennent frauduleusement le nom, afin de ne pas
circonstances qui m’ont frappé dans le procès, je effrayer tout d'abord '. Aussi l'Église catholique
soupçonne fortement la personne qui a vu le re- a-t-elle partout défendu ces coupables tentatives
venant d’être le meurtrier, auquel cas il n’est qui appellent les démons.
pas difficile de concevoir qu’il ait pu désigner la Sur ces faits nouveaux qui déconcertent la
place les blessures, la marnière et le reste sans
,
science humaine ,voici le jugement d'un savant
aucun secours surnaturel en conséquence de ces
;
médecin, publié dans la Revue médicale :
soupçons, je me crois en droit de la faire arrêter « En ma qualité de chrétien je crois sur la,

jusqu’à ce que l’on fasse de plus amples infor- parole de l’Évangile que la foi, cette force de
mations. — Cet homme fut effectivement arrêté ; l’homme par excellence, peut faire qu’un mûrier
on fit des perquisitions dans sa maison ;on trouva planté sur une rive du fleuve, aille se planter sur
les preuves de son crime qu’il ,
avoua lui-même l’autre rive. Je crois, sur la parole de saint Paul,
à il fut exécuté
la fin, et aux assises suivantes. qu’il y a des puissances répandues dans l'air ,

Esprits élémentaires. Les cabalistes, qui s'ob- des esprits, des intelligences intermédiaires dont
stinent à ne reconnaître que quatre éléments : Dieu, le diable et l'homme peuvent provoquer
l'air, le feu, l’eau et la terre, peuplent ces élé- l’intervention pour produire dans le monde phy-
,

ments d’esprits divers. Les salamandres habitent sique des phénomènes dont le physicien aura le
le feu; les sylphes, l’air; les gnomes, la terre; droit d’être fort étonné... Quant à la question
l’eau est le séjour des ondins ou nymphes. Voy. spéciale du fait réalisé, la quantité, et dans cette
ces mots. Les cabalistes, cherchant les mystères du quantité la qualité des témoins qui l'attestent,
grand œuvre dans toutes les figures, les trouvent me paraît suffisante pour obliger à l’admettre.
jusque dans les cartes. Suivant ces doctes, les Les tables ont donc tourné et parlé. Mais après
carreaux sont les salamandres; les cœurs, les la question de réalité vient pour moi la question

sylphes; les trèfles, les ondins, et les piques, les de l'utilité des tables tournantes au beau milieu
gnomes. du dix-neuvième siècle. Selon moi, si un fait
Esprits familiers. Scaliger, Cecco d’Ascoli, comme celui-là n'était pas utile, il aurait beau être
Cardan et plusieurs autres visionnaires ont eu, possible, il ne se serait pas réalisé. Je crois donc
comme Socrate, des esprits familiers. Bodin dit qu’à l’époque où des corps bruts et inertes ont
avoir connu un homme qui était toujours accom- exécuté des mouvements et reproduit des signes
pagné d’un esprit familier, lequel lui donnait un d'intelligence il y avait utilité à ce que cela eût
,

petit coup sur l'oreille gauche quand il faisait lieu ainsi. Je ne sais pas ignorant que je suis,
,

bien et le tirait par l’oreille droite quand il faisait tout ce à quoi pouvaient servir ces manifesta-
mal. Cet homme était averti de la même façon si tions mais je sais que , lorsqu’elles ont paru , la
;

ce qu'il voulait manger était bon ou mauvais, s'il science selon nos savants n’existait que pour et
se trouvait avec un honnête homme ou avec un par l'observation : la science était l'observation
coquin, etc. C'était très-avantageux. même et l’observation sensuelle la plus gros-
Esprits follets, l'oy. Feux follets. sière L'intelligence avait failli, dans ces temps de
!

Esprits frappeurs. Depuis les précédentes lumière menteuse, devenir inutile et superflue...
éditions de ce livre, des faits nouveaux sont venus Je connais des savants de la veille qui n’osent
jeter de grandes lumières sur les esprits. Tout le plus prononcer le mot observation depuis qu’ils
monde sait aujourd’hui qu'on peut les évoquer ont observé des tables tournantes. Le fait était
par divers procédés, et notamment au moyen de donc utile pour le rétablissement des droits de
tables qu'ils animent. Ces tables dès lors frap- l'intelligence. En un mot, je crois que les tables
pent, tournent, s’agitent, marchent, gesticulent ont tourné pour la mystification des savants, qui
et répondent aux questions. C’est aux États-Unis avaient dégradé la science jusqu'à la réduire à ce
que Dieu a permis d’abord ces manifestations. qu’ils appelaient l’observationsensuelle... »
Elles ont éclaté bientôt partout, comme pour con- Voici un fait très-singulier et en même temps
firmer ces paroles de saint Paul, que nous vivons assez remarquable pour donner à réfléchir au
entourés des puissances de l’air contre lesquelles lecteur; il est raconté par M. de Mirville dans
nous avons à lutter. Les consciencieux ouvrages son livre sur la Question des esprits : « M. le baron
de M. Eudes de Mirville et de M. des Mousseaux de N*** occupant une position officielle et con-
,

ont parfaitement donné l’histoire de ces nou-


veaux prodiges. Mais leurs savants écrits ne peu- Pour mieux venir à bout de leurs mauvais des-
1

seins, les dénions, dit saint Thomas, feignent sou-


vent pas être mis indifféremment dans toutes les
vent d'être les âmes des morts Fréquenter damones :

mains. Il y a danger à se jouer avec les démons, simulant se esse animas mortuorum. [Summa, p. 1,
et quoique les esprits frappeurs et parleurs se quest. cxvn. art. i.)
— ,

ESP — 251 ETA


sidérable dans un des ministères de Paris, en parce que C être est le seul bien que je tienne en-
nous permettant, à M. des Mousseaux et à nous, core de lui, et qu' alors, ne lui devant plus rien
de raconter les faits qui vont suivre, a bien voulu je serais quitte envers lui. Quant à l’autre Non : — ,

y joindre la permission de le nommer verbalement. je n’accepterais pas, dit-il, parce que je n'aurais
Nous rappelant parfaitement ses expressions, nous plus la consolation de le hoir. Tu hais donc —
croyons pouvoir les reproduire avec la plus grande bien!... —
Si je hais! Mais mon nom est ; la
fidélité. —
Nourri, nous dit-il, ou plutôt saturé haine. Je hais tout; je me hais moi -mime...
de tout le scepticisme du dix-huitième siècle, Quant à l’authenticité du récit, nous ferons re-
doublé au dix-neuvième de celui que je tenais de marquer pour la dernière fois que la permission
ma propre nature j’avais et j'aurais défié tous de nommer équivaut à l’acte de signer. »
,

les prédicateurs du monde de pratiquer la moindre Ce qui doit sembler prodigieux à tout esprit qui
brèche une pareille forteresse... Mais arrivè- n'est pas détraqué, c’est que les pays protestants
ii

rent les tables; les manier, les écouter et deviner voient s’élever dans leur sein le culte des espriLs
tout le mystère ne fut pas long pour moi. Vous à la hauteur d’une religion. Les démons, qui ont
dire quelle révolution cette conviction nouvelle déjà des temples à Genève, à New-York et ail-
opéra dans mon esprit serait une chose impos- leurs, se (latte sans doute de ramener le paga-
sible. Dès le premier instant, j’entrevis à quelles nisme au sein des sociétés que les philosophes
extrémités tout cela devait infailliblement me con- ont égarées. C’est du reste la fin et la clôture de
duire, et je ne le cachai pas à ces convertisseurs toutes les époques de philosophie.
d’un nouveau genre. —
Savez-vous bien, leur Citons encore un petit trait fort original rap- ,

disais-je, que vous travaillez contre vous? Savez- porté dans le journal français de New-York :

vous que vous me mènerez tout droit à confesse? « Un jeune homme, fiancé à. une jeune fille de
— Non non répondirent-ils.
, Mais si , si. — —
Bordentown, où il demeurait, mourut vendredi
— — —
,

Non. Si. Non , je t’en empêcherai bien. dernier. Les deux promis et leurs familles étaient
Et comment pensez-vous vous y prendre? —
Tu les uns et les autres de fermes croyants dans
le verras. Le fait est que je remportai la vic- l’existence et les manifestations des esprits, ce
toire et que j'allai tout droit à ce qui les révoltait qui leur suggéra l'idée la plus bizarre dont on
tant. Mais à partir de ce moment, leur vengeance ait entendu parler. Il fut résolu d'un commun ac-
fut atroce je devins leur
: table à mon tour ils cord que le mariage ne serait pas suspendu par
;

s'emparèrent de' moi et Y identification fut com- la mort du futur, mais que son esprit dégagé de ,

plète. Je ne pensais plus par moi-même; ce n'é- l’enveloppe terrestre, serait néanmoins uni à
tait plus moi qui parlais; je souffrais tous les l’esprit incarné dans le corps de la fiancée.
tourments de l’enfer et littéralement j’étais fou » Dimanche, en effet, la cérémonie a été cé-
ou plutôt possédé. Mon désespoir était extrême, lébrée entre la jeune fille, pleine de vie et de
et je ne sais ce que tout cela fût devenu , sans jeunesse, et le cadavre inanimé de son adorateur,
la grande et prudente vertu du directeur que je dont l'esprit avait guidé ces absurdes prescrip-
m'étais donné. Grèce à lui à la paix à l’obéis- tions.
, ,

sance, au redoublement de prière et de con- » Heureusement cette mômerie impie ne sau-


fiance dans lesquels il avait su me maintenir, la rait avoir d'effet qu’autant que la survivante le
possession disparut, et le dernier de ces cruels trouvera bon car il n'est pas de loi au monde ,

hôtes me quitta en me disant —


Adieu, tu l’em- qui reconnaisse un pareil mariage. Lors donc que
:

portes mais nous te retrouverons sur ton lit et la première exaltation sera calmée, elle sera libre
,

à l’heure de la mort c'est là que nous sommes encore de reconnaître efficacement que, si l’union
;

tout-puissants. Depuis lors, messieurs, je me des esprits a quelque chose de séduisant, c'est
regarde comme 6auvé et suis le plus heureux surtout lorsqu’ils ont des corps animés pour leur
,

des hommes. Néanmoins, un jour, je voulus en- servir d'intermédiaires. » Voy. Drépano, Hude-
core essayer de tirer d’eux quelques vérités et mcllen, Spiritisme, Tables tourxantes, Weslet,
peut-être quelque bien. —
Donnez-nous leur di- Bortisme, etc. ,

sais-je, quelque idée de la bonté divine. Com- —


Esséniens, secte célèbre parmi les Juifs. Les
ment le voudrais-tu, puisqu'elle est infinie? — Esséniens avaient des superstitions particulières.
Elle est infinie, et cependant tu souffres, mal- Leurs devins prétendaient connaître l’avenir par
heureux! — Cruellemeut... — Et toujours? — l’élude des livres saints faite avec certaines
Toujours... — Mais, misérable comme parais lu préparations. Ils y trouvaient même la méde-

l'être, Dieu étant bon comme


et tu le dis, si tu cine et toutes les sciences par des combinai-
,

essayais de Qui —Tu demandes


le fléchir!... sait? sons cabalistiques.
encore une chose absolument impossible. —
là E8terelle. fée. Voy. Fées.
El pourquoi ? —
11 ne saurait me pardonner, puis- Étang de la vie. Au sortir du pont où se fait

que je ne le veux pas ? —


Et s’il te proposait l’a- la séparation des élus et des réprouvés, les doc-
néantissement complet, accepterais- tu? Après teurs persans font descendre les bienheureux
quelque hésitation, l’un des esprits répond ; Oui, dans cet étang dont les eaux sont blanches et

DOgle
ÉTÉ — 252 — ÉTÉ

eut en Italie une sorte de peste qui se manifestait


douces comme le miel. Pour la commodité des
5mes, il y a toul le long de l'étang des cruches par des éternuments; tous les pestiférés éter-
en forme d’étoiles, toujours pleines de cette nuaient; on se recommanda à Dieu, el c’est de
là qu'est venue l’opinion populaire que la
cou-
eau les fidèles en boiront avant d’entrer dans le
;

paradis, parce que c’est l'eau de la vie éter-


nelle, et que si l’on en boit seulement une
goutte, on n’a plus rien h désirer.
Éternité. Boëce définit l’éternité : l'entière,

parfaite et complète possession d’une manière


d'exister ,
sans commencement , sans fin , sans
aucune succession. Le latin est plus rapide : /«-
terminabilix vitœ loin ximul el per/ecla potsessio.
L’éternité n’a pointde parties qui se succèdent;
ellene va point par le présent du passé au fu-
tur,comme fait le temps; elle est un présent
continuel. Voilà pourquoi, comme le remar-
quent les théologiens. Dieu dit en parlant de lui-
même : f. yo juin i/ui mm. L’éternité n'appar-
tient qu'à Dieu; elle ne peut être communiquée
à aucune créature, puisque ce qui est créée un
commencement. .Mais pourtant on dit I éternité,

pour désigner la vie future des intelligences


créées, vie qui n'aura point de fin. Dans ce sens
il
y aura dans de bonheur pour
le ciel l’éternité

les justes et dans l’enfer l’éternité de peines


tume de se saluer tire son origine d'une maladie
pour les réprouvés. C’est un dogme que les cer-
épidémique qui emportait ceux dont la mem-
veaux impies ont combattu, mais qu’ils n’ont
brane pituitaire était stimulée trop vivement.
pu ébranler: el saint Thomas d’Aquin en a dé-
montré la nécessité équitable.
Éternument. On
vous salue quand vous
éternuez,
pour vous
marquer, dit Aristote,
qu’on honore votre cer-
veau, le siège du bon
sens et de l’esprit. Celte
politesse s'étend jusque
chez les peuples que nous
traitons de barbares.
Quand l'empereur du Monomotapa éternuait, ses

sujets en étaient avertis par un signal convenu,


et il se faisait des acclamations
généralesdans tous
ses Étals. Le père Farnien Strada prétend que,
pour trouver l’origine de ces salutations, il faut
remonter jusqu’à Prométhée que cet illustre ;

contrefacteur de Jupiter, ayant dérobé un rayon


solaire dans une petite boite pour animer sa En général l'étcrnumenl chez les anciens était

statue, le lui insinua dans les narines comme pris tantôt en bonne, tantôt en mauvaise part,
une prise de tabac ce qui la fit éternuer aus-
, suivant les temps, les lieux et les circonstances.
sitôt. Les rabbins soutiennent que c’est à Adam Un bon éternument était celui qui arrivait depuis
qu’il faut faire honneur du premier éternument. midi jusqu’à minuit, et quand la lune était dans
Dans l’origine des temps, c’était, dit-on, un les signes du Taureau, du Lion, de la Balance,
mauvais pronostic et le présage de la mort. Cet du Capricorne et des Poissons; mais s'il venait
état continua jusqu’à Jacob, qui ne voulant pas , de minuit à midi si la lune était dans le signe
,

mourir pour cause aussi légère, pria Dieu de de la Vierge, du Verseau, de l’Écrevisse, du
changer cet ordre de choses et c’est delà qu'est
; Scorpion; si vous sortiez du lit ou de la table,
'.
venu, selon ces docteurs, l’usage de faire des c’était alors le cas de se recommander à Dieu
souhaits heureux quand on éternue. On a trouvé 1
M. Salgues, Des erreurs et des préjutjrs. Quel-
une autre raison de cette politesse; c'est que, ques savants, entre autres Perkains et \oet. ont
sous le pontificat de saint Grégoire le Grand.il y blâmé la coutume de saluer Tétcmument, parce

Digitized by
ÉTI — 253 — EUR
L’élemument, quand on l’onteiulaîl à sa droite, et tout son peuple de démons qui hurlaient de
était Grecs et les Romains
regardé chez les désespoir et redemandaient à grands cris les
comme un heureux présage. Les Grecs, en par- àtnes que la nouvelle foi venait de leur ravir '.
lant d'une belle personne disaient que les ,
Ethnophrones, hérétiques du septième siècle,
amours avaient éternué à sa naissance. l>es Sia- qui joignaient au christianisme les superstitions
mois admettent un enfer. Ils disent que, dans païennes, l'astrologie, les augures, les expia-
cet affreux séjour, y a des juges qui écrivent
il tions, les jours heureux et malheureux, les di-

sur un grand livre tous les péchés des hommes, vinations diverses.
que leur chef est continuellement occupé à par- Étoiles. Mahomet dit que les étoiles stables

courir ce recueil et que les personnes dont il


,
et les étoiles qui filent sont les sentinelles du
lit ne manquent jamais d'éternuer au
l'article ciel; ellesempêchent les diables d’en approcher
même instant. De là, disent-ils, est venue la et de connaître les secrets de Dieu. Les Romains
coutume de souhaiter une longue vie ou l'as- voyaient des divinités dans les étoiles. Les
sistance divine à ceux qui éternuent. Lorsque Éléens observaient, un certain jour de l’année,
le roi de Sennaar éternuait, scs courtisans lui le lever de l'étoile Sirius : si elle paraissait obs-
tournaient le dos, en sc donnant de la main une cure ,
ils croyaient qu’elle annonçait la peste.
claque sur la fesse droite. Étraphill, l’un des anges des musulmans. Il

Étienne. Un homme qui s’appelait Étienne se tient toujours debout : c'est lui qui embou-
avait la mauvaise habitude de parler à ses gens chera la trompette pour annoncer le jour du ju-
comme s'il eût parlé au diable, ayant toujours gement.
le diable à la bouche. Un jour qu'il revenait de Étrennes. Dans les temps reculés, chez nos
voyage, il appela son valet en ces termes : — pères, loin de se rien donner mutuellement dans
Viens çà, bon diable, lire-moi mes chausses. les familles le premier jour de l’an,on n’osait
A peine eut-il prononcé cas paroles qu’une griffe même rien prêter à son voisin. Mais chacun met-
invisible délia ses caleçons, fit tomber ses jar- tait à sa porte des tables chargées de viandes
retières et descendit scs chausses jusqu'aux ta- pour les passants. On y plaçait aussi des pré-
lons. Étienne , effrayé, s'écria: — Retire-toi, sents superstitieux pour les esprits. Peut-être
Satan, ce n'est pas toi, mais bien mon domes- était-ce un reste de ce culte que les Romains
tique que j’appelle. Le diable se retira sans se rendaient, le premier jour de l'année, aux di-
montrer, et maître Étienne n’invoqua plus ce vinités qui présidaient aux petits cadeaux d'amis.
nom '. Quoi qu’il en soit, l'Église fut obligée, sous
Pour un autre Étienne, l'oy. Guido. Charlemagne, d'interdire les présents supersti-
Etna. Le christianisme chassa de l'Etna et tieux que nos ancêtres déposaient sur leurs
des îles de Lipari Yulcain les Cyclopes et les ,
tables. Las canons donnent à ces présents le
Géants. Mais les démons se mirent à leur place ;
nom d'élrennes du diable.
et quand on institua la fête des morts, alin d’en- Etteilla. On a publié sous ce notn déguisé,
lever.au purgatoire et de rendre au paradis une qui est l'anagramme d’Alliette, plusieurs traités
foule d'àmes souffrantes , on entendit , comme le de cartomancie.
raconte lui saint ermite,- des bruits affreux dans Eubius, auteur d’un livre intitulé Apparitions
l’Etna et des détonations étourdissantes dans les d'Apollonius, ou Démonstration des apparitions
îles voisines. C'était Satan et toute sa cour, Satan d'aujourd’hui, in-/|", Amsterdam, 1735 (en latin).

. Eucharistie. « L'épreuve par l’Eucharistie


que cette coutume nous est venue des Juifs et des
gentils comme si nous devions rejeter tous les usages se faisait en recevant la communion. Ainsi Lo-
,

honnêtes qui nous sont venus des uns et des autres. taire, roi de Lotharingie, jura, en recevant la
Ils ajoutent qu’elles doivent passer pour criminelles, communion de la main du pape Adrien II qu'il ,
puisque les Pères do l'Eglise les ont condamnées.
avait renvoyé Valdrade, sa concubine; ce qui
Mais, ajoute Chevreau, « ils n'ont condamné que la
superstition et les augures que l'on tirait d'éternuer était faux. Comme Lolhairc mourut un mois
le soir, le matin ou à minuit, à certaines heures, à après, en 8C8, sa mort fut attribuée à ce par-
droite ou à gauche, une fois ou deux, sous le signe jure sacrilège. Cette -épreuve fut supprimée par
du Bélier, du Taureau, du Sagittaire, du Capri-
le pape Alexandre 11 «
corne, etc.; et il ne faut que le Mai commun pour
être assuré que cela ne présage ni bien ni mal. Mais Euchites. Voy. Sataxaki.
si nous souhaitons bonheur et santé à nos parents et Eumèces, caillou fabuleux, ainsi nommé de
à nos amis quand ils s’embarquent pour un long sa forme oblongue et que l’on disait se trouver
,

voyage, ou qu'ils entreprennent une grande affaire,


dans la Bactrianc. On lui attribuait la vertu d'ap-
où* est te mal de leur dire Dieu vous soit en aide!:

quand ils éternuent, puisque léternument est une prendre à une personne endormie ce qui s'était
espèce de convulsion et d’cpilepsie de courte durée; passé pendant son sommeil , si elle avait dormi
qu’il est nuisible quand il est violent et redoublé;
avec cette pierre posée sur sa tête.
que nous savons, des historiens et des médecins,
qu'il a été suivi de la mort en quelques rencontres,
Eurynome, démon supérieur, prince de la

et qu'il en est même quelquefois un signe? » 1


M. Didron, Histoire du diable.
1
Gregorii Magni Dialog., lib. III, cap. xx. 1 Bergier, Dictionnaire théoloyique.

:ed by °gle

ÉVA — 254 — EXC


mort, scion quelques démonomanes. Il a de d’une poule , à condition que ces trois animaux
grandes et longues dents, un corps effroyable soient sa propriété. jure ensuite fidélité et
Il

tout rempli de plaies, et pour vêtement une peau obéissance éternelles et reçoit une marque au
moyen de laquelle il jouit d’une puissance ab-
solue sur trois esprits infernaux, l’un de la terre,
l’autrede la mer, le troisième de l’air '. On se
de faire venir le diable en lisant certaines
flatte

formules du Grimoire. Voy. Conjurations. Deux


chevaliers de Malte avaient un esclave qui se
vantait de posséder le secret d'évoquer les dé-
mons de les obliger à découvrir les choses
et
cachées. On le conduisit dans un vieux château
où l'on soupçonnait des trésors enfouis. L’es-
clave descendit dans un souterrain, fit ses évo-
cations un rocher s’ouvrit, et il en sortit un
:

coiïre. Il tenta plusieurs fois de s’en emparer;


mais il n’en put venir à bout, parce que le coffre
rentrait dans le rocher dès qu’il s’en approchait.
Il vint dire aux chevaliers ce qui lui arrivait et

demanda un peu de vin pour reprendre des


forces. On lui en donna. Quelque temps après,
comme il ne revenait point, on alla voir ce qu'il
de renard. Les païens le connaissaient. Pausa- faisait; on le trouva étendu mort, ayant sur

nias dit qu'il se repaît de charognes et de corps toute sa chair des coups de canif représentant
morts. Il avait dans le temple de Delphes une des croix. Les chevaliers portèrent son corps au
statue qui le représentait avec un teint noir, bord de la mer et l'y précipitèrent avec une
montrant scs grandes dents comme un loup af- pierre au cou’. —
Sur l’évocation des âmes,
famé et assis sur une peau de vautour. voy. Nécromancie, Tables tournantes, etc.

Évangile de saint Jean. On croit dans les Ezael le dixième des premiers anges. 11 ap-
,

campagnes que celui qui porte sur soi l’Évangile prit aux hommes, selon le livre d’Énoch, l'art

de saint Jean, In principio erat l'erbum, écrit de fabriquer les armes et les machines de guerre,
sur du parchemin vierge, et renfermé dans un les ouvrages d’or et d’argent qui plaisent aux

tuyau de plume d'oie, le premier dimanche de femmes; il leur enseigna l’usage des pierres pré-
l'année une heure avant le lever du soleil sera
, ,
cieuses et du fard.
invulnérable et se garantira de quantité de Exagération. Il
y en a beaucoup dans la

maux *. Voy. Cléidomancie. plupart des juges laïques qui ont écrit sur les sor-
Éve. Les musulmans et les talmudistes lui ciers et qui ont vu trop généralement des crimes
donnent, comme à notre premier père, une où il n'y avait souvent que démence ou maladie.
taille d'une lieue Voy. Adam et une singulière Cependant le mal diabolique, malum dœmoniacum,
facétie au mot Paniers. était si répandu à certaines époques qu’il est
Évêque marin. On lit dans la Grande Chro- permis de leur trouver là des excuses. Les juges
nique des Pays-Bas, sous l’année 1433, qu’on ecclésiastiques ont pourtant toujours été beau-
pêcha cette année-là dans la mer du Nord un coup plus indulgents. Voy., à la lin de l’article
poisson qui avait la forme d’un homme mal dé- Sorciers, les prescriptions de la cour romaine,
grossi, une mitre en tête formée d’écailles, et et comparez-les au code des sorciers de BogueL
les nageoires disposées de manière à présenter Excommunication. Il y a eu quelquefois des
la ressemblance des autres ornements d’un abus de la part des hommes dans l'usage des
évêque qui oflicie. On ajoute qu’il se pouvait excommunications; et on est parti de là pour
dresser sur ses pieds, qu'if se laissait toucher crier contre ces excommunications, qui ont
sans témoigner d'effroi mais qu'il manifestait
; rendu cependant de si grands services à la so-
un extrême désir de retourner à la incr. Aldo- ciété dans des siècles barbares. Mais on ne trou-
vrandus, dans son livre des poissons, décrit un verait pas facilement dans toute l’histoire un ex-
être tout semblable à celui que la Grande Chro- communié frappé régulièrement par le saint-siège
nique des Pays-Bas appelle Yévéque marin. Est-ce qui ait prospéré jusqu’au bout '. On lit dans les

un conte? est-ce un phénomène?


Évocations. Celui qui veut évoquer le diable Daneeus Fortianis.
1

5
D. Calmet et Guyol-Delamarre.
lui doit le sacrifice d’un chien, d’un chat ou
3 Voyez, dans les Légendes des commandements de
1
Thiers, Traité des superstitions , t. I. Dieu la Légende du chanoine de Liège et dans les
, ,

9 Voyez la légende d'Eve et d'Adam, dans les Lé- Légendes des commandements de l'Eglise, le para-
gendes de l’Ancien Testament. graphe intitulé Ne touchez pas au Pape.

Digitized by Google
,

EXC — 255 — EXO


Menée» des Grec», au 16 octobre , « qu'un reli- Jean Bromton raconte dans sa chronique que
gieux du désert de Scélé, ayant été excommunié saint Augustin, apôtre de l’Angleterre, ayant dit
par son supérieur pour quelque désobéissance, devant tout le peuple, avant de commencer la
sortit du désert et vint à Alexandrie, où il fut messe : « Que nul excummunié n'assiste au
arrêté par le gouvernement de la ville, dépouillé saint sacrifice » on vit sortir aussitôt de l'église
!

du saint habit, puis vivement sollicité de sacri- un mort qui était enterré depuis longues années.
fier aux faux dieux. Le solitaire résista géné- Après la messe, saint Augustin, précédé de la
reusement; il fut tourmenté en diverses ma- croix, alla demander à ce mort pourquoi il était
nières, jusqu'à ce qu'enfin on lui tranchât la sorti. Le défunt répondit qu'il était mort dans
tète; on jeta son corps hors de la ville. Les l'excommunication. Le saint pria cet excom-
chrétiens l’enlevèrent la nuit, et l’ayant enve- munié de lui dire où était enterré le prêtre qui
loppé de linceuls l’enterrèrent dans l’église avait porté contre lui la sentence. On s’y trans-
comme martyr. Mais pendant le saint sacrilice porta. Augustin conjura le prêtre de se lever:
de la messe le diacre ayant crié tout haut à l'or- il le fit; à la demande du
saint évêque, il donna
dinaire Que les catéchumènes
: < ceux qui ne et l’absolution àl'excommunié et les deux morts ,

communient pas se retirent >, un vit tout à coup retournèrent dans leurs tombeaux. » Les Grecs
le tombeau s’ouvrir de lui-même et le corps du schismatiques croient que les corps excommuniés
martyr se retirer dans le vestibule de l’église. ne pourrissent pas en terre , mais qu’ils s’y con-
Après la messe il rentra de lui-même dans son servent noirs et puants.
sépulcre. Un pieux vieillard ayant prié pendant En Angleterre, le tribunal des doctors som-
trois jours apprit par révélation que ce religieux mons excommunie encore; et, en 1837, il a
avait encouru l’excommunication pour avoir dés- frappé de cette peine un marchand de pain
obéi à son supérieur, et qu’il demeurait lié jus- d’épices, nommé Studberrv, pour avoir dit une
qu’à ce que ce même supérieur lui eût donné parole injurieuse à un autre paroissien, dans
l'absolution. On alla donc au désert; on en une sacristie anglicane. Voy. Interdit.
amena le supérieur, qui fit ouvrir le cercueil du Excréments. On
sait que le dalaï-lama, chef
martyr et lui donna l'absolution après quoi il ; de la des Tartares indépendants, est
religion
demeura en paix dans son tombeau *. » C’est là regardé comme un dieu. Ses excréments sont
un fait merveilleux que nous ne prétendons pas conservés comme des choses vénérables. Après
donner comme fréquent. qu’on les a fait sécher et réduire en poudre, on
Dans le second concile de Limoges, tenu en les renferme dans des boites d’or enrichies de

1031, l’évêque de Cahors raconte une aventure pierreries, et on les envoie aux plus grands
qui lui était particulière et qu’il présenta comme princes. Son urine est un élixir propre à guérir
toute récente : « Un chevalier de notre diocèse toute espèce de maladie. Dans le royaume de
dit ce prélat ,
ayant été tué dans l’excommuni- Boutan on fait sécher également les plus gros-
,

cation, je ne voulus pas céder aux prières de sières déjections du roi, et après les avoir ren-
ses amis, qui me suppliaient vivement de lui fermées dans de petites boites, on les vend dans
donner l’absolution je voulais en faire un : les marchés pour saupoudrer les viandes. Voy. Dé-
exemple afin que les autres fussent touchés de
, jections, Fiente, Tancuelm, Vache, etc.
crainte ; il fut enterré par quelques gentils- Exorcisme, conjuration, prière à Dieu et
hommes, sans cérémonies ecclésiastiques et sans commandement fait au démon de sortir du corps
l'assistance des prêtres, dans une église dédiée des personnes possédées. Souvent il est seule-
à saint Pierre. Le lendemain matin on trouva ment destiné à les préserver du danger. On re-
son corps hors de terre et jeté au loin de son garde quelquefois exorcisme et conjuration comme
tombeau, qui était. demeuré entier, et sans au- synonymes; cependant la conjuration n’est que
cune marque qui prouvât qu'on y eût touché. la formule par laquelle on commande au démon

Les gentilshommes qui l’avaient enterré n’y trou- de s'éloigner; l’exorcisme est la cérémonie en-
vèrent que les linges où il avait été enveloppé ; tière '. —
Les gens qui s’occupent de magie ont
ils l’enterrèrent une seconde fois et couvrirent aussi leurs exorcismes pour évoquer et ren-
la fosse d'une énorme quantité de terre et de voyer. Voy. Conjurations.
pierres. Le lendemain ils trouvèrent de nouveau Voici une légende bizarre sur un exorcisme :
le corps hors du tombeau sans qu’il parût qu’on , on lit dans Césaire d'Hesterbach 1 que « Guil-
y eût travaillé. La même chose arriva jusqu’à laume, abbé de Sainte-Agathe, au diocèse de
cinq fois. Enfin ils enterrèrent l’excommunié Liège, étant allé à Cologne avec deux de ses
comme ils purent, loin du cimetière, dans une moines, fut obligé de tenir tête à une possédée.
terre profane ; ce qui remplit les seigneurs voi- Il fit à l'esprit malin des questions auxquelles
sins d’une si grande terreur qu’ils vinrent tous celui-ci répondit comme il lui plut. Le diable fai-

demander la paix *. > 1


Bcrgicr, Dictionnaire théoiogique.
1 Cæsarii Heisterbach miracul., liv. V, ch. xxix,
' D. Calmel, Dissertation sur les revenants, p.3i9.
1 Concil., t. IX, p. 908. et Schellen, De diabol., liv. VU.
EXH — 256 — EXT
sant autant de mensonges que de réponses, l’abbé !
porl en esprit seulement, parce qu’ils recon-
s’en aperçut et le conjura de dire la vérité; il naissent le en chair et en os, par
transport
obéit, il apprit au bon abbé comment se por- j
l’aide et assistance diable. Une sorcière se
du
laienl plusieurs défunts dont il voulait savoir frotta de graisse ,
pâmée sans aucun
puis tomba
des nouvelles, Un des frères qui l'accompa- sentiment; et trois heures après elle retourna en
gnaient voulut lier conversation avec le diable. son corps, disant nouvelles de plusieurs pays
— Tais-loi, lui dit l’esprit malin, lu as volé hier quelle ne connaissait point, lesquelles nouvelles
douze sous à ton abbé ces douze sous sont furent par
;
la suite avérées '. Le magnétisme fait

maintenant dans ta ceinture. —


L’abbé, ayant en-, tout cela.
tendu ces choses, voulut bien en donner l’abso-
lution h son moine; après quoi il ordonna au
diable de quitter la possédée.
» — Où voulez-vous que j’aille? demanda le

démon. — Je vais ouvrir ma bouche ,


répondit
l'abbé, tu entreras dedans, si tu peux. Il —
y
fait trop chaud répliqua le diable vous avez
—-Eh , ;

communié. bienl mets-loi ici. Et l’abbé,


qui était gai , tendait son pouce. — Merci vos ,

doigLs sont sanctifiés. — En ce cas vas ,


oji tu
voudras, mais pars. si — Pas vile, répliqua le

diable; j’ai permission de rester ici deux ans


encore....
» L’abbé dit alors au diable Monlre-toi
: —
à nos yeux dans ta forme naturelle. Vous le —
voulez ? — Oui. — Voyez. Cardan dit avoir connu un homme d'église
» En même temps la possédée commença de qui tombait sans vie et sans haleine toutes les
grandir et de grossir d’une manière effroyable. fois qu'il le voulait. Cet état durait ordinaire-
En deux minutes elle était déjà haute comme ment quelques heures; on le tourmentait, on le
une tour de trois cents pieds; ses yeux dev inrent frappait, on lui brillait les chairs sans qu’il
ardents comme des fournaises et ses traits épou- éprouvât aucune douleur. Mais il entendait con-
vantables. Les deux moines tombèrent évanouis; fusément, et comme à une distance très-éloi-
l’abbé, qui seul avait conservé du courage, ad- gnée, le bruit qu’on faisait autour de lui. Cardan
jura le diable de rendre à la possédée la taille assure encore qu’il tombait lui-mème en extase
et la forme qu’elle avait d'abord. Il obéit encore à sa volonté; qu’il entendait alors les voix sans
et dit à Guillaume : —
Vous faites bien d’étre y rien comprendre , et qu’il ne sentait aucune-
pur; car nul homme ne peut, sans mourir, me ment les douleurs.
'

voir tel que je suis, s’il est souillé.» l oy Pactes, . Le père de Prestantius, après avoir mangé
Possessions, etc. un fromage maléficié, crut qu'étant devenu che-
Expiation. Les anciens Arabes coupaient val il avait porté de très -pesantes charges,
l’oreille àquelque animal et le lâchaient au tra- quoique son corps n'eùl pas quitté le lit ; et l'on
vers des champs en expiation de leurs péchés. regarda comme une extase produite par sor-
— Un juif, dit Saint-Foix, s’arme d’un couteau, tilège cc qui n’était qu'un cauchemar causé par
prend un coq le tourne trois fois autour de sa
, une indigestion.
tète et lui coupe la gorge en lui disant Je : — « Saint Augustin distingue deux sortes d’ex-
te charge de mes péchés; ils sont à présent à tases ’, l’une naturelle et l’autre surnaturelle, et
toi tu vas à la mort et moi je suis rentré dans
; , cite comme appartenant à la première l’exemple
le chemin de la vie étemelle d’un prêtre nommé Rcstitut, de l’église de
Extases. L'extase (considérée comme crise Talama. Toutes les fois qu'on imitait devant
matérielle) est un ravissement d'esprit, une lui la voix d’un homme qui se plaint, il perdait
suspension des sens causée par une forte con- l’usage de ses sens et devenait semblable à un
templation de quelque objet extraordinaire et mort; de sorte qu’on pouvait le piquer, le pin-
surnaturel. Les mélancoliques peuvent avoir des cer ou même le briller sans qu'il le sentit. Sa
extases. Saint Augustin fait mention d’un prêtre respiration s’arrêtait. Cependant, si on lui par-
qui paraissait mort à volonté et qui resta mort, lait sur un ton élevé, il lui semblait, disait-il,
très-involontairement sans doute, dans une de entendre des voix lointaines*. » Les extases
scs expériences. S’il fit le mort, il le fil bien. naturelles sont généralement périodiques ou
Ce prêtre se nommait Prétextai; il ne sentait amenées par des causes spéciales. L’extase sur-
rien de ce qu'on lui faisait soufTrir pendant son 1
Bodin, dans la Démonomanie.
extase. 5 La Cité de Dieu, liv. XIV, ch. xxiv.
Les déinoiiomanes appellent l’extase un Irani- 3 Gôrres, Mystique, liv. IV, ch. v.

Digitized by Google
, — ,

ÉZÉ — 257 — FAK


naturelle est à son tour de deux sortes : l’extase tomba comme morte. Le magistrat ne la quitta
chrétienne et l'extase diabolique. De la première point. Elle revint à elle au bout de cinq heures
on peut voir beaucoup de faits dans la vie des et raconta beaucoup de choses toutes actuelles
saints. L’autre est souvent exposée dans les des lieux qu’elle avait parcourus. On fit prendre
procédures de ces malheureux qui ont aban- sur-le-champ des informations, et les déclara-
donné la cité de Dieu pour entrer dans la cité tions de la sorcière furent trouvées véritables.
du diable. C'était souvent dans des extases que Les âmes des somnambules magnétisés font la
les sorcières assistaient au sabbat Bodin raconte même chose. Ce qui est la preuve de l’existence
dans sa Démonomanie qu’en 1571 une sorcière des âmes, à part des corps qu’elles occupent.
emprisonnée à Bordeaux ayant avoué qu’elle Voy. Elfdal.
allait au sabbat toutes les semaines, le magis- Ezéchiel. Les musulmans disent que les os-
trat Bélot la pria d’y aller devant lui. Elle ré- sements desséchés que ranima le prophète Ézé-
pondit qu'elle n'en avait pas le pouvoir. 11 la de la
chiel étaient les restes ville de Davardan
mit donc en liberté. Aussitôt elle s’oignit tout, le que la peste avait détruite et qu’il releva par
corps d’un onguent dont l'effet fut tel qu’elle une simple prière '.

-ooo-

F
Faal, nom que les habitants de Saint- Jean des horoscopes et des prévisions surprenantes,
d’Acre donnent à un recueil d’observations astro- si elles sont vraies. Il est certain que sa prudence
logiques, qu'ils consultent dans beaucoup d’oc- habile tira souvent son maître d'embarras 1
.

casions. Faim diabolique. y a des possédés chez


Il

Faber (Albert-Othon) , médecin de Hambourg lesquels le démon


à produire une faim
s’est plu
au dix-septième siècle ; il a écrit quelques rêve- insatiable. Brognoli délivra un enfant qui man-
ries sur l'or potable. geait sans s’arrêter du matin au soir et ne pou-
Faber (Abraham); de simple soldat, il devint vait se rassasier. Gôrres, au chap. xx du livre VII
maréchal de France, et il s’illustra sous Louis XIV. de sa Mystique , cite beaucoup d’exemples de cette
C’était alors si extraordinaire qu'on l’accusa de faim enragée, entre autres un enfant qui buvait
devoir ses succès à un commerce avec le diable. d’un seul coup un seau d’eau. Ce qui est digne de
Ce qui a pu donner lieu à cette prévention, c’est remarque c'est que ces affreuses maladies n’ont
,

qu’il croyait à l'astrologie judiciaire. jamais été guéries que par l'exorcisme.
Fabre (Pierre-Jean) , médecin de Montpellier, Fairfax (Édouard), poêle anglais du seizième
qui Gt faire des pas 5 la chimie au commence- siècle, auteur d’un livre intitulé la Démonologie,
ment du dix-septième siècle. Il
y mêlait un peu où il parle de la sorcellerie avec assez de cré-
d’alchimie. Il a écrit sur cette matière et sur la dulité.
médecine spagyrique. Son plus curieux ouvrage Fairfolks, espèce de farfadets qui se mon-
est Y Alchimiste, chrétien ( Alchimistes christianus) trent en Écosse, et qui sont à peu près nos fées.
in-8"; Toulouse, 1632. 11 a publié aussi Y Hercules Fairies. C’est le nom qu’on donne aux fées
piochymiass, Toulouse, 1634, in-8‘, livre où il en Angleterre.
soutient que les travaux d’Hercule ne sont que Fakir. Poy. Faquir.
des emblèmes qui couvrent les secrets de la phi- Fakone, lac du Japon, où les habitants pla-
losophie hermétique. cent une espèce de limbes habités par tous les
Fabricius (Jean-Albert), bibliographe alle- enfants morts avant l’âge de sept ans. Ils sont
mand, né à Leipzig en 1668. Il y a des choses persuadés que les âmes de ces enfants souffrent
curieuses sur les superstitions et les contes popu- quelques supplices dans ce lieu-là , et qu'elles y
lairesde l’Orient dans son recueil des livres apo- sont tourmentées jusqu’à ce qu’elles en soient ra-
cryphes que l'Église a repoussés de l'Ancien et chetées par les passants. Les bonzes vendent
du Nouveau Testament *. des papiers sur lesquels sont écrits les noms de
F adhel-ben-Sahal , vizir du kalife Almamon, Dieu. Comme ils assurent que les enfants éprou-
était aussi grand astrologue, et on cite de lui vent allégement lorsqu’on jette ces papiers sur
l'eau ,
on en voit les bords du lac couverts. — Il
1
Codex psevdepigraphus Veteris Testamenti col- ,

lectas, castigatus lestimoniisque censuris et ani-


,
1
Voyez cette légende dans les Légendes de l'An-
madversionibus illuslralus. In-8“. Hambourg et Leip- cien Testament.
zig, t7t5. —
Codex npocriphus NoviTestamenti, etc. a Voyez son histoire, dans les Légendes de
l'esprit
Hambourg, 1719. In-S». prophétique. „
47

Digitized by Google
,

FAL — 258 — KAN


est aisé de reconnaître dans ces usages des tra- » puis trente ans est célèbre dans les annales ca-
ditions altérées de l’Église.. » balistiques. Il se nomme
Caïn Chenul Falk, et il
Falcon. L’annaliste allemand Archenolz, mort » est connnu généralement sous le nom de doc-
» leur Falcon. Un certain comte de Ranzow
» mort depuis peu au service de France comme
» maréchal de camp assure dans ses mémoires
,

» cabalistiques, magiques, etc., avoir vu ce Falk


» dans le pays de Brunswick, sur une des terres
» de son père, en présence de beaucoup de pér-
il sonnes connues, qu’il nomme toutes et qu'il
» prend à témoin de la vérité de ce qu’il avance.
» (Il évoquait les esprits.) Falk s'est-il servi dans

u cette opération de la méthode de Schropfer?


» Je n’en sais rien, ce qu’il y a de certain, c’est
» que cet homme vit actuellement à Londres.
» Lorsqu’il sort, ce qui arrive très-rarement, il

n est toujours revêtu d’un long lalar, qui va très-


» bien avec sa longue barbe et. sa figure sé-
» rieuse et Intéressante. Il âgé de
est actuellement
» soixante-dix ans à peu près. Je ne me donnerai
» pas la peine de rapporter ici toutes les choses
en 1812, raconte ce qui suit, dans son Tableau » incroyables et extraordinaires qu’on raconte de
de ? Angleterre, publié à Paris en 1788 « Il y a : » ce vieillard... n l oi/. Sciiopfeh.

» h Londres un homme extraordinaire qui de- I


Falconet (Noël), médecin, mort en 1734.

Padhel-btn-Sahal.

Nous ne citerons de ses ouvrages que ses Lettres j


souvent appelé fanatisme ce qui ne l’était pas. Ils
remarques sur l'or prétendu potable; elles
et ses se sont trompés ou ils ont trompé lorsque , par
sont assez curieuses. exemple, ils ont attribué le massacre politique
Fanatisme. L’Église l’a toujours condamné, de la Saint-Barlhélemi â la religion, qui y fut
comme elle condamne tous Jcs excès. Les actes étrangère lorsqu'ils ont défendu les fanatiques
;

de fanatisme des conquérants du nouveau monde des Cévcnnes, qui exterminaient tout autour
étaient commis par des scélérats, contre lesquels d’eux, etc.
le clergé s’élevait de toutes ses forces. On peut Il
y a eu très-souvent du fanatisme outré dans
le voir dans la vie et dans les écrits de Barlhé- les hérésies et même dans la sorcellerie. Sous le
lemi de Las Casas. Les écrivains philosophes ont règne de Louis XII un écolier de l'uuiversité de
,

Digitized by Google
FAN — 259 — FAN
Paris ,
persuadé que la religion d’Homère était la tombe, afin que l’ombre puisse la voir et la pour-
bonne, arracha la sainte hostie des mains d'un suivre.Des fantômes sont venus quelquefois an-
prêtre qui la consacrait et la foula aux pieds: noncer la mort; uu spectre se présenta pour cela
Voilà du fanatisme. Les Juifs en ont fourni de aux noces du roi d’Écosse, Alexandre III, qui
nombreux exemples et un très-grand fanatisme
,

mourut peu après. Camerarius rapporte que de


son temps on voyait quelquefois dans les églises

Falconet

distingue beaucoup de philosophes modernes.


« y a un fanatisme politique, un fanatisme lit-
Il

téraire, un fanatisme guerrier, un fanatisme phi-


losophique '. » On a nommé d'abord fanatiques
les prétendus devins qui rendaient leurs oracles
dans les temples fana. Aujourd'hui on entend
,

par fanatisme tout zèle aveugle.


Fannius (Gains), historien qui mourut de peur
en composant un ouvrage contre Néron. Il en
avait terminé trois livres, et il commençait le
quatrième, lorsque Néron, dont il avait l'imagi- des fantômes sans tète, vêtus en moines et en
nation remplie, lui apparut en songe, et, après religieuses, assis dans les stalles des vrais moines
avoir parcouru les trois premiers livres de son et des sœurs qui devaient bientôt mourir. — Un
ouvrage, se retira sans toucher au quatrième chevalier espagnol avait osé concevoir une pas-
qui était en train. Ce rêve frappa Fannius; il crut sion criminelle pour une religieuse. Une nuit
y voir que son ouvrage ne serait pas achevé, et qu'il traversait l’église du couvent dont il s’était
il mourut en effet peu après. procuré la clef, il vit des cierges allumés et des
Fantasmagoriana, titre d'un rccueilde contes prêtres, qui lui étaient inconnus, occupés à cé-
populaires, où les apparitions et les spectres lébrer l’office des morts autour d’un tombeau. Il

jouent les premiers rôles. Ces contes prolixes s’approcha de l'un d'eux et demanda pour qui
sont, pour la plupart, traduits de l’allemand, en faisait le service. « Pour vous, » lui dit le
2 vol. in-12; Paris, 1812. prêtre. Tous les autres lui firent la même ré-
Fantasmagorie, spectacle d'optique, du genre ponse ; il sortit effrayé ,
monta à cheval s’en re-,

des lanternes magiques perfectionnées, et qui, tourna à sa maison , et deux chiens l'étranglèrent
aux yeux des ignorants, peut paraître de la sor- à sa porte '.

cellerie. Une dame voyageant dans une chaise de poste


Fantômes, esprits ou revenants de mauvais fut surprisepar la nuit près d’un village où l'es-
augure, qui effrayaient fort nos pères, quoiqu'ils sieu de sa voiture s'était brisé. On était en au-
sussent bien qu’on n'a aucunement peur des fan- tomne, l’air était froid et pluvieux; il n’y avait
tômes, si l’on lient dans sa main de l’ortie avec point d'auberge dans le village; on lui indiqua
du millefeuillc 5 Les Juifs prétendent que le fan- le château. Comme elle en connaissait le maître,
.

tôme qui apparaît ne peut reconnaître la personne elle n’hésita pas à s’y rendre. Le concierge alla
qu'il doilefTrayer, si elle a un voile sur le visage; la recevoir, et lui dit qu’il y avait au château dans

mais quand cette personne est coupable, ils ce moment beaucoup de monde qui était venu
croient, au rapport de Buxtorf, que le masque •célébrer une noce, et qu’il allait informer le sei-
1
gneur de son arrivée. La fatigue le désordre de ,
Bergicr, Dictionnaire theoloqique.
3 Leu admirable I secrets d'Albert le Grand. 1
Torquemada, Hexamerun
(7.

Digitized b]
KAN — 260 — FAQ
sa toilette et le désir de continuer son voyage suitdans l'ouvrage de M. Osborne, intitulé la
engagèrent voyageuse à prier le concierge de
la Cour et le camp de Rundjet-Sing : < A la cour de
ne point déranger son maître. Elle lui demanda ce prince indien , la mission anglaise eut l’occa-
seulement une chambre. Toutes étaient occupées, sion de voir un personnage appelé spécialement
à l'exception d’une seule, dans un coin écarté du le Fakir, homme
enterré et ressuscité dont les ,

château, qu’il n’osait lui proposer à cause de son prouesses avaient fait du bruit dans les provinces

délabrement; mais elle lui dit qu’elle s'en con- du Punjaub. Ce Fakir est en grande vénération
tenterait, pourvu qu’on lui fit un bon lit et un parmi les Sihks, à cause de .la faculté qu’il a de
bon feu. Après qu’on eut fait ce qu'elle désirait, s’enterrer tout vivant pendant un temps donné.
elle soupa légèrement, et s'étant bien réchauf- Nous avions ouï raconter de lui tant d'histoires,
fée, elle se mit au lit. Elle commençait à s’en- que notre curiosité était excitée. Depuis plusieurs
dormir, lorsqu'un bruit de chaînes et des sons années, il fait le métier de se laisser enterrer.
lugubres la réveillèrent en sursaut. Le bruit ap- Le capitaine Wade me dit avoir été témoin d’une
proche, la porte s’ouvre, elle voit, â la clarté de ses résurrections, après un enterrement de
de son feu entrer un fantôme couvert de lam-
, quelques mois. La cérémonie préliminaire avait
beaux blanchâtres; sa figure pâle et maigre, sa eu lieu en présence de Rundjet-Sing, du général
barbe longue et touffue, les chaînes qu'il portait Ventura et des principaux sirdars. Les prépara-
autour du corps, tout annonçait un habitant d’un tifsavaient duré plusieurs jours, on avait arrangé
autre monde. Le fantôme s’approche du feu se , un caveau tout exprès. Le Fakir termina ses
couche auprès tout de son long, se tourne de dispositions finales en présence du souverain; il
tous côtés en gémissant, puis, à un léger mouve- se boucha avec de la cire les oreilles le nez et ,

ment qu’il entend près du lit, il se relève promp- tous les autres orifices par lesquels l'air aurait

tement et s’en approche. Quelle amazone eût pu entrer dans son corps. Il n’excepta que la

bravé un tel adversaire? Quoique notre voya- bouche. Cela fait, il fut déshabillé et mis dans
geuse ne manquât pas de courage, elle n’osa l’at- un sac de après
qu’il se fut retourné la
toile,

tendre, se glissa dans la ruelle du lit, et, avec langue pour fermer passage de la gorge, et
le

une agilité dont la frayeur rend capables les qu’il se fut posé dans une espèce de léthargie;

moins légères, elle se sauve eu chemise à toutes le sac fut fermé et cacheté du sceau de Rundjet-

jambes, enfile de longs et obscurs corridors, Sing et déposé dans une boite de sapin, qui,
toujours poursuivie par le terrible fantôme, dont fermée et scellée également, fut descendue dans
elle entend le frottement des chaînes contre la le caveau. Par-dessus on répandit et on foula de
muraille. Elle aperçoit enfin une faible clarté, la terre, on sema de l’orge et on plaça des sen-
et, reconnaissant la porte du concierge, elle y tinelles permanentes.
frappe et tombe évanouie sur le seuil. Il vient » Il paraît que le maha-rajah, très-sceptique
ouvrir, la fait transpurter sur son lit et lui pro- sur cette mort, envoya deux fois des gens fouil-
digue tous les secours qui sont en son pouvoir. ler la terre, ouvrir le caveau et visiter le cer-
Elle raconta ce qui lui était arrivé, llélas I s’é- cueil. On trouva chaque fois le Fakir dans la

cria le concierge , notre fou aura brisé sa chaîne même position et avec tous les signes d’une sus-
et se sera échappé! Ce fou était un parent du pension de vie. Au bout de dix mois, terme fixé,

maître du château, qu'on gardait depuis plusieurs le capitaine Wade accompagna


maha-rajah le
années. 11 avait effectivement profité de l’absence pour assister à l'exhumation il examina atten- :

de ses gardiens ,
qui étaient à la noce , pour dé- tivement par lui-même l’intérieur de la tombe;
tacher ses chaînes, et le hasard avait conduit ses il vit ouvrir les serrures, briser les sceaux et
pas à la chambre de la voyageuse, qui en fut porter la boite ou cercueil au grand air. Quand
quitte pour une grande peur *. l'oy. Apparitions, on en tira le Fakir, les doigts posés sur son ar-
Visions, Hallucinations, Esprits, Heyenants, tère et sur son cœur ne purent percevoir au-
Spectres, Deshoulières, etc., etc. cune pulsation. La première chose qui fut faite
Fantôme volant, On croit, dans la Basse- pour le rappeler à la vie, et la chose ne se fit
Bretagne, entendre dans les airs, lorsqu’il fait un pas sans peine fut de ramener sa langue à sa
,

orage , un fantôme volant qu’on accuse de déra- place naturelle. Le capitaine Wade remarqua
ciner les arbres et de renverser les chaumières. que l’occiput était brûlant, mais le reste du corps
l'oy. Voltigeur hollandais. très-frais et très-sain. On l’arrosa d’eau chaude,
Fapisia, herbe fameuse chez les Portugais, — et au bout, de deux heures le ressuscité était

qui l’employaient comme un excellent spécifique aussi bien que dix mois auparavant
pour chasser les démons ’. > Il prétend faire dans son caveau les rêves
Faquir ou Fakir. Il y a dans l'Inde des fa- les plus délicieux : aussi redoute-t-il d’être ré-
kirs qui sont d'habiles jongleurs. On lit ce qui veillé de sa léthargie. Ses ongles et ses cheveux
cessent de croître : sa seule crainte est d’être
1
Spectriana, p. 79.
- Delancre, Tableau de T inconstance de démons, etc., entamé par des vers ou des insectes c’est pour ;

liv. IV. p. Î97. s’en préserver qu’il fait suspendre au centre du


FAR — 261 — FAS
caveau la boite où il repose. Ce Fakir eut la Farmer (Hugues), théologien anglican, mort
maladroite fantaisie de faire l’épreuve de sa en 1787.On a de lui un Essai sur les démonia-
mort et de sa résurrection devant la mission an- ques du Nouveau Testament, 1775, où il cherche
glaise, lorsqu’elle arriva à Lahore. Mais les An- à prouver, assez gauchement, que les maladies
glais, avec une cruelle méfiance, proposèrent de attribuées à des possessions du démon sont l’ef-
lui imposer quelques précautions de plus ils fet de causes naturelles, cl non l’effet de l’action
:

montrèrent des cadenas à eux appartenant, et de quelque malin esprit.


parlèrent de mettre au tombeau des factionnaires Fascination, espèce de charme qui fait qu’on
européens. Le Fakir fit d'abord de la diploma- ne voit pas les choses telles qu'elles sont. Un
tie; il se troubla et finalement refusa de se sou- bohémien sorcier, cité par Boguet, changeait
mettre aux conditions britanniques. Rundjet-Sing des bottes de foin en pourceaux, et les vendait
se fâcha. —
Je vois bien, dit le Fakir au capitaine comme tels, en avertissant toutefois l’acheteur
Osborne, que vous voulez me perdre, et que je de ne laver ce bétail dans aucune eau. Un acqué-
ne sortirai pas vivant de mon tombeau. Le ca- reur de la denrée du bohémien n’ayant pas ,

pitaine, ne désirant pas du tout avoir à se re- suivi ce conseil, vit, au lieu de pourceaux, des
procher la mort du pauvre charlatan renonça à bottes de foin nager sur l’eau où il voulait dé-
,

l’épreuve. » Voy. Jamambuxes. crasser ses bêtes.


Farfadets, -esprits, lutins ou démons fami- Delrio conte qu’un certain magicien, au moyen
liers, que les personnes simples croient voir ou d’un certain- arc et d’une certaine corde tendue
entendre la nuit. Quelques-uns se montrent sous à cet arc, tirait une certaine flèche, faite d'un
des figures d'animaux; le plus grand nombre certain bois et faisait tout d’un coup paraître ,

restent invisibles. Ils passent généralement pour devant lui un fleuve aussi large que le jet de
rendre de bons offices. Des voyageurs content cette flèche. Et d’autres rapportent qu’un sorcier
que les Indes sont pleines de ces esprits bons ou juif, par fascination, dévorait des hommes et des
mauvais, et qu'ils ont un commerce habituel avec charretées de foin, coupait des têtes et démem-
les hommes du pays. brait des personnes vivantes, puis remettait tout
Voici l’histoire d’un farfadet En l’année 1221, en bon état.
:

vers le temps des vendanges, le frère cuisinier Dans la guerre du duc Vladislas contre Grémo-
d’un monastère de Citeaux chargea deux servi- zislas, duc de Bohême, une vieille sorcière dit
teurs de garder les vignes pendant la nuit. Un soir, à son beau-fils, qui suivait le parti de Vladislas,
l’un de ces deux hommes, ayant grande envie de que son maître mourrait dans la bataille, avec
dormir, appela le diable à haute voix et promit la plus grande partie de son armée, et que,
de le bien payer s’il voulait garder la vigne à sa pour lui il pouvait se sauver du carnage en fai- ,

place. 11 achevait à peine ces mots, qu’un far- sant ce qu’elle lni conseillerait; c’est-à-dire, qu’il
fadet parut. —
Me voici prêt, dit-il à celui qui tuât le premier qu’il rencontrerait dans la mê-
l'avait demandé. Que me donneras-tu si je remplis lée qu’il lui coupât les deux oreilles et les mit
; ,

ta charge? —
Je te donnerai un panier de rai-
sin, répondit le serviteur, et du bon, à condition
que tu veilleras jusqu’au matin. Le farfadet —
accepta l’offre et le domestique rentra à la mai-
;

son pour s’y reposer. Le frère cuisinier, qui était


encore debout, lui demanda pourquoi il avait
quitté la vigne? — Mon compagnon la garde, ré-
pondit-il, et il la gardera bien. —
Va, va, reprit
le cuisinier, qui n’en savait pas davantage, ton
compagnon peut avoir besoin de toi. Le valet —
n’osa répliquer et sortit; mais il se garda bien de
paraître dans la vigne. Il appela l'autre valet,
lui conta le procédé dont il s’était avisé et tous ;

deux, se reposant sur la bonne garde du lutin,

entrèrent dans une petite grotte qui était près


de là et s'y endormirent. Les choses se passè- Le bounet magique.
rent aussi bien qu’on pouvait l’espérer; le farfa-
det fut fidèle à son poste jusqu’au matin, et on dans sa poche; puis qu'il fit, avec la pointe de
lui donna le panier de raisin promis. Ainsi — son épée une croix sur la terre entre les pieds
,

finit le conte '. Voy. Berbigi’ier, Bêritii, Esprits, de devant de son cheval , et qu’après avoir baisé
Feux follets, Hecdeiin, Orthon, etc. cette croix il se hâtât de fuir. Le jeune homme,
Farfarelli. C’est le nom qu’on donne aux far- ayant accompli toutes ces choses singulières,
fadets en Italie. revint sain et sauf de la bataille où périrent Vla-
1 Catarius Heisttrbacheensis <11. miraeul., lib. V. dislas et le plus grand nombre de ses troupes.

Digitized by Google
,,

FAT — 262 — F AU

Mais en rentrant dans Ja maison de sa marâtre Il joua un autre tour semblable en payant un
ce jeune guerrier trouva sa femme qu’il chéris- ,
festin, au moyen do son chapeau, qu’il disait

sait uniquement, percée d'un coup d'épée, ex- magique et qu'il faisait pirouetter sur son doigt
pirante et sans oreilles.... pour solder l’addition. Le dîner pareillement se
Mais beaucoup et la plupart des fascinations ne trouvait payé d’avance.
sont généralement que des tours d’adresse. On Les femmes maures s’imaginent qu’il y a des
lit dans les Aventures de Til l'espiègle des fas- sorciers qui fascinent par leur seul regard, et
cinations de ce genre. Un jour, dans une foire, tuent les enfants. Celle idée leur est commune
il paria avec un grand seigneur que, sur un signe avec les aneiens Humains ,
qui honoraient le

magique qu’il allait faire, une marchande de dieu Fascinus, à qui l'on attribuait le pouvoir de
faïence briserait toute sa boutique, ce qui eut garantir les enfants des fascinations et maléfi-
lieu. Mais il avait payé d’avance les pots cassés. ces. l'oy. Yeux, Zilon, Prestiges, etc.

Le j fiicticci briscos

Fatalisme, doctrine de ceux qui reconnais- L'homme vertueux ,


qui parvient par de grands
sent une destinée inévitable. Si quelqu’un ren- efforts â vaincre ses passions, n'a donc plus be-
contre un voleur, les fatalistes disent que c’était soin de s’étudier à bien faire ,
puisqu’il ne peut
sa destinée d'être tué par un voleur. Ainsi cette être vicieux?... C'est un peu la détestable doc-
fatalité a assujetti le voyageur au fer du voleur, trine de Calvin.
et a donné longtemps auparavant au voleur l’in- Faunes dieux rustiques inconnus aux
, Grecs.
tention et la force afin qu’il eût , au temps mar-
, On les distingue des satyres et sylvains ,
quoi-
qué, la volonté et le pouvoir de tuer celui-ci. qu’ils aient aussi des cornes de chèvre ou de
Et si quelqu’un est écrasé par la chute d'un bouc , forme d'un bouc depuis la ceinture
et la
bâtiment. Te mur est tombé parce que cet homme jusqu'en bas. Mais ils ont les traits moins hideux,
était destiné à être enseveli sous les ruines de sa une figure plus gaie que celle dos satyres , et
maison Dites plutôt qu'il a été enfoui sous moins de brutalité. D’anciens Pères les regardent
les ruines parce que le mur est tombé '. Où comme des démons incubes 1
; et voici l’histoire
serait la liberté des hommes, s’il leur était im- qu’en donnent les ducteurs juifs : « Dieu avait

possible de se soustraire à une fatalité aveugle déjà créé les âmes des faunes et des satyres,
à une destinée inévitable? Est-il rien de plus lorsqu’il fut interrompu par le jour du sabbat en ,

libre que de se marier, de suivre te! ou tel sorte qu'il ne put les unir à des corps , et qu'ils
genre de vie? Est-il rien de plus fortuit que de restèrent ainsi de purs esprits et des créatures
périr par le fer, de se noyer, d'être malade?... ' Delancre. Tableau de l’inconstance des démons, etc.,
< Bardai . dans l' Argents. p. 21t.

Digitized by Google
FAU — 263 — FAU
imparfaites. Aussi, ajoutent-ils, ces esprits crai- indomptable , un immense désir de savoir, telles
gnent le jour du sabbat , et se cachent dans les étaient, disent ses panégyristes, ses qualités
ténèbres jusqu’à ce qu'il soit passé; ils prennent prononcées. Il apprit la médecine, la jurispru-
quelquefois des corps pour épouvanter les hom- dence, la théologie ; il approfondit la science des
mes. Mais ils sont sujets à la mort. Cependant astrologues; quand il eut épuisé les connais-
ils peuvent approcher si près des intelligences sances naturelles, il se jeta dans la magie. On —
célestes qu’ils leur dérobent quelquefois la con-
,
l'a confondu souvent avec Faust, l'associé de
naissance de certains événements futurs, ce qui Guttenberg dans l’invention de l'imprimerie; on
leur a produire des prophéties, au grand
fait sait que quand les premiers livres imprimés pa-
étonnement des amateurs. » rurent, on cria à la sorcellerie; on soutint qu’ils
Faust (Jean), célébrité allemande dans la étaient l'ouvrage du diable; et sans la protection
magie. Il brilla au commencement du seizième de lx>uis XI et de la Sorbonne l’imprimerie en
,

siècle. Un génie plein d’audace, une curiosité naissant était étouffée ii Paris.

Fauat el Méphufopliélè*.

Mais l'histoire de Faust ne sera jamais bien le chef des nécromanciens, le premier astrologue,

connue dans ses détails intimes. Ceux qui l'ont le second dans la magie ,dans la chiromancie et
vu poétiquement le font naître à Weimar, ou les autres divinations. Ayant hérité alors des
à Anhalt ou dans la
,
Souabe ou dans la Marche
, biens considérables que laissait un oncle qu’il
de Brandebourg. On ne peut guère trouver rien avait àWiltemberg, il se livra sans frein à la dé-
de positif sur cet homme que dans Trithème et bauche et s'adonna entièrement à l’évocation des
dans Mélanchthon. Il était né à Gundling, dans le esprits elaux sortilèges. Il se procura tous les
Wurtemberg, à la fin du quinzième siècle. Son livres magiques, prit des leçons d’un célèbre
père était un paysan; il avait des parents riches crislallomancien (Christophe Kavllinger), et re-
à Wiltemberg il y alla y fit ses études et con-
; ,
chercha tous les arts défendus. On dit qu’il se
nut là Luther, Mélanchlhon et plusieurs autres vanta de faire d'aussi grands miracles que le
philosophes avancés. On voit, dit Philippe Camera- Christ. Ce qui parait incontestable, c'est qu’à
rius, qu’il alla, à dix-neuf ans, étudier la magie vingt-sept ansil conjura le démon et fit avec lui

à Cracovie, où l’on donnait alors des leçons de un pacte qui devait durer vingt-quatre ans, au
sciences occultes. Il reparut ensuite, se disant bout desquels il s'obligeait à livrer son àme. Il

Digitized by Google
,

FEC — 264 — FEE


reçut pour serviteur assidu le démon Méphisto- la fécondité d’une femme produite par la seule
phélès, et dès lors il De
6t tout ce qu'il voulut. puissance de l'imagination. Cet arrêt supposé
graves historiens rapportent les fascinations n’est qu'une assez mauvaise plaisanterie.
étonnantes qu’il produisit à la cour do l’empe- Fécor, compagnon d'Anarazel. l'oy. ce mot
reur Maximilien et à cour de Charles-Quint.
la Fées. Si les histoires des génies sont anciennes
Il prétendait que les armées impériales lui de- dans l’Orient, la Bretagne a peut-être le droit
vaient toutes leurs victoires. Mélanchthon, qui le de réclamer les fées et les ogres. Nos fées ou
connaissait personnellement, le peint comme la fades (Jatidicœ) sont assurément les druidesses
béte la plus immonde, le cloaque des hâtes de de nos pères. Chez les Bretons, de temps immé-
l’enfer, chassé de partout par les magistrats. Il morial et dans tout le reste des Gaules pen-
, ,

raconte qu’ayant tenté de voler, comme Simon dant la première race des rois francs, on croyait
le magicien, il fut à demi écrasé en tombant. Au généralement que les druidesses pénétraient les
terme de son pacte, il fut étranglé par le démon, secrets de la nature et disparaissaient du monde
,

auprès de Rimlich , et l'écrivain que nous citons visible. Elles ressemblaient en puissance aux
parle de cette fin horrible comme d’un fait magiciennes des Orientaux. On en a fait des
notoire. fées. On disait qu’elles habitaient au fond de3
Dans l’étude publiée par M. François Hugo sur puits, au bord des torrents, dans des cavernes
le Faust anglais[Revuefrançaise du 10 mai 1858), sombres. Elles avaient le pouvoir de donner aux
Faust est l'imprimeur. Le Parlement de Paris le hommes des formes d’animaux et faisaient quel- ,

tient emprisonné mais il s’évade et gagne


, quefois dans les forêts les mêmes fonctions que
Mayence. Il évoque le diable, qui parait sous di- les nymphes du paganisme. Elles avaient une
verses formes, de dragon, de griffon, d’étoile, reine qui les convoquait tous les ans en assem-
de poutre de feu enfin de moine gris. Il s’ac-
,
blée générale pour punir celles qui avaient
,

corde avec lui et va le visiter en enfer. Sa visite abusé, de leur puissance et récompenser celles
lui est rendue assez vite, et sept princes de qui avaient fait du bien.
l’enfer arrivent chez lui Belzébub, habillé en
: Dans certaines contrées de l’Écosse on dit ,

bœuf Lucifer en homme couleur des glands du que les fées sont chargées de conduire au ciel
;

chêne rouge; Astarolh en serpent, avec deux les âmes des enfants nouveau-nés, et qu'elles
petits pieds jaunes; Satan en âne, avec une aident ceux qui les invoquent à rompre les ma-
queue de chat; Anabry en chien noir et blanc, léfices de Satan. On voit dans tous les contes et
avec des oreilles de quatre aunes; Dythican en dans les vieux romans de chevalerie où les fées ,

perdrix; Drac en flamme bleue, avec une queue jouent un très-grand rôle que quoique im- , ,

rouge; Bélial en éléphant, riche d’une trompe mortelles elles étaient assujetties à une loi qui
,

démesurée. les forçait à prendre tous les ans, pendant quel-


On a recueilli sous le nom de triple ban de ques jours la forme d’un animal et les expo-
, , ,

l'enfer de Faust, une sorte de rituel infernal qui sait sous cette métamorphose â tous les ha-
, ,

donne des formules de la dernière stupidité pour sards, même à la mort, qu'elles ne pouvaient
évoquer toute espèce de démons. On y voit qu'il recevoir que violente. On les distinguait en
faut écrire des sommations à comparaître sur du bonnes et méchantes fées on était persuadé que ;

papier noir avec du sang de corbeau, l'oy. Pactes. leur amitié ou leur haine décidait du bonheur
— Wagner, disciple de Faust, Videman et plu- ou du malheur des familles. A la naissance de
sieurs autres, ont écrit l'histoire de Faust. Goethe leurs enfants, les Bretons avaient grand soin de
en a fait un poëme singulier dresser dans une chambre écartée une table
Fechner (Jean), auteur d’un traité latin sur abondamment servie, avec trois couverts, afin
la pneumatique, ou doctrine des esprits selon les d'engager les mères ou fées à leur être favo-
plus célèbres philosophes de son temps. Bres- rables, à les honorer de leur visite, et à douer
lau, in-12, 1698. le nouveau-né de quelques qualités heureuses.
Fécondité. De graves écrivains affirment que Ils avaient pour ces êtres mystérieux le même
le vent produit des poulains et des perdrix. respect que les premiers Romains pour les ear-
Varron dit qu’en certaines saisons le vent rend mentes déesses tutélaires des enfants, qui pré-
fécondes les juments et les poules de Lusitanie. sidaient à leur naissance chantaient leur horos- ,

Virgile, Pline, Columelle, ont adopté ce conte, cope et recevaient des parents un culte.
et le mettent au nombre des faits constamment On trouve des fées chez tous les anciens peu-
vrais, quoiqu'on n’en puisse dire la raison. On ples du Nord, et c'était une opinion partout
a soutenu autrefois beaucoup d'impertinences de adoptée que la grêle et les tempêtes ne gâtaient
ce genre, qui aujourd’hui sont reconnues des pas les fruits dans les lieux qu’elles habitaient.
erreurs. On a publié un arrêt donné en 1537 Elles venaient le soir, au clair de la lune, danser
par le parlement de Grenoble, qui aurait reconnu dans les prairies écartées elles sc transportaient
;

aussi vite que la pensée partout où elles souhai-


1 Voyez la légende de Faust et de Méphistophélè3,
dans les Légendes infernales. taient à cheval sur un griffon ou sur un chat
, ,
, ,

fée — 265 — FÉE


d’Espagne, ou sur un nuage. On assurait que, tude de ces esprits , que les légendaires
par un caprice de leur destin , les fées étaient appelèrent des démons, les cabalistes des sylphes,
aveugles chez elles et avaient cent yeux dehors. et nos chroniqueurs des fées. Corneille de Kem-
Frey remarque qu'il y avait outre les fées pen assure que du temps de Lothaire il y avait
, ,

comme parmi les hommes inégalité de moyens


, en Frise quantité de fées qui séjournaient dans
et de puissance. Dans les romans de chevalerie les grottes, autour des montagnes, et qui ne
et dans les contes on voit souvent une bonne sortaient qu'au clair de la lune. OlaQs Magnus
fée vaincue par une méchante qui a plus de dit qu’on en voyait beaucoup en Suède de son
pouvoir. temps. » Elles ont pour demeure, ajoute-t-il,
Les cabalistes ont aussi adopté l’existence des des antres obscurs dans le plus profond des fo-
fées mais ils prétendent qu’elles sont des syl-
, rêts; elles se montrent quelquefois, parlent à
phides, ou esprits de l'air. On vit, sous Charle- ceux qui les consultent, et s’évanouissent subi-
magne et sous Louis le Débonnaire, une multi- tement. » On dans Froissart
voit qu’il y avait

P^e de» caverne».

également une multitude de fées dans l'ile de de la croyance aux fées telles sont ces grottes
:

Céphalonie qu’elles protégeaient le pays contre


;
du Chablais qu’on appelle les grottes des fies. On
tout méchef, et qu'elles s'entretenaient familiè- n'y aborde qu’avec peine. Chacune des trois
rement avec les femmes de l’ile. Les femmes grottes a ,
dans le fond un bassin dont l’eau
,

blanches de l’Allemagne sont encore des fées; passe pour avoir des vertus miraculeuses. L’eau
mais celles-là étaient presque toujours dange- qui distille dans la grotte supérieure à travers
,

reuses. le rocher, a formé, sous la voûte, la figure

Leloyer conte que les Écossais avaient des d’une poule qui couve ses poussins. A côté du
fées ,
ou faire , ou fairfolks qui venaient la nuit
,
bassin on voit un rouet, ou tour à filer, avec la
dans les prairies. Ces fées paraissent être les quenouille. Les femmes des environs, dit un
strigei ou magiciennes , dont parle Ausone. écrivain du dernier siècle prétendent avoir vu
,

Hector de Boëce , dans ses Annales d'Ecosse, dit autrefois, dans l’enfoncement, une femme pétri-
que de ces fées prophétisèrent à Banquo
trois fiée au-dessus du rouet. Aussi on n’osait guère
chef des Stuarts la grandeur future de sa mai-
,
approcher de ces grottes mais depuis que la
;

son. Skakspearc dans son Macbeth


,
en a fait, figure de la femme a disparu on est devenu moins
trois sorcières. 11 reste beaucoup de monuments timide. Auprès de Ganges, en Languedoc, on

Digitized by Google
,

montre une autre grotte des fées ou grottes des


, une fée ; il
y avait dans son destin celte particu-
demoiselles, dont on fait des contes merveilleux. larité ,
qu’elle était obligée tous les samedis de
On voit à Mcrlingen, en Suisse, une citerne prendre forme d’un serpent dans la partie in-
la

noire qu'on appelle te puits de la fée. Non loin férieure de son corps. La fée qui épousa le sei-
de Bord-Saint-Georges à deux lieues de Cham-
, gneur d'Argouges au commencement du quin-
,

bon, on respecte encore les débris d'un vieux zième siècle, l’avait, dit-on, averti de ne jamais
puits qu'on appelle aussi le puits des fées ou parler de la mort devant elle; mais un jour
fades et sept bassins qu'on a nommés les creux qu’elle s’était fait longtemps attendre son mari, ,

des fades. On voit près de là sur la roche de


, impatienté, lui dit qu'elle serait bonne à aller
Bcaune, deux empreintes de pied humain l’une : chercher la mort. Aussitôt la fée disparut en
est celle du pied de saint .Martial l'autre appar-
, laissant les traces de ses mains sur les murs,
tient, suivant la tradition, à la reine des fées, contre lesquels elle frappa plusieurs fois de dépit.
qui dans un moment de fureur, frappa si forte-
, C'est depuis ce temps que la noble maison d'Ar-
ment le rocher de son pied droit qu’elle en laissa gouges porte dans ses armes trois mains posées
la marque. On ajoute que, mécontente des habi- en pal et une fée pour cimier. L’époux de Mé-
,

tants du canton elle tarit les sources minérales


, lusine la vit également disparaître pour n'avuir
qui remplissaient les creux des fées, et les fit pu vaincre la curiosité de la regarder à travers
couler à Uvaux où elles sont encore. On voyait
, la porte dans sa métamorphose du samedi '.

près de Domrémy l'arbre des fées : Jeanne d’Arc La reine des fées est Titania, épouse du roi
fut même accusée d’avoir eu des relations avec Obéron, qui a inspiré à Wieland un poème cé-
les fées qui venaient danser sous cet arbre. lèbre en Allemagne.
On remarque dans la petite île de Concourie, Felgenhaver {
Paul ) ,
visionnaire allemand
à une lieue de Saintes, une haute butte de terre du dix-septième siècle. Il se vantait d'avoir
qu'on appelle le Mont des fées.. La Bretagne est reçu de Dieu la connaissance du présent, du
pleine de vestiges semblables plusieurs fontaines
;
passé et de l'avenir; il prêchait un esprit astral,
y sont encore consacrées à des fées lesquelles , soumis aux régénérés ( ses disciples) ,
lequel
métamorphosent en or, en diamant, la main des esprit astral est celui qui a donné, dit-il, aux
indiscrets qui souillent l'eau de leurs sources '. prophètes et aux apôtres le pouvoir d’opérer
Le inail d'Amiens, appelé aujourd'hui prome- des prodiges et de chasser démons. Ayant été les
nade de la Hauloye, était autrefois le mai! des mis en prison à cause de quelque scandale qu’il
fées. avait causé, il composa un livre où il prouvait
Le comte d’Angeweiller épousa une fée, comme la divinité de sa mission par ses soulfrances. Il

le rapporte Tallcmanl des Héaux elle lui donna


; y raconle une révélation dont le Seigneur,
à

un gobelet, une cuiller et une bague, trois mer- ce qu'il disait, l’avait favorisé. Ses principaux
veilleux objets qui restèrent dans sa famille ouvrages sont :

comme gages de bonheur. On lit aussi dans la 1” Chronologie ou efficacité des années du
légende de saint Armenlaire, écrite en l'an 1300, monde sans désignation du
, lieu d'impression,
quelques détails sur la fée Esterelle qui vivait , 1620, prétend y démontrer que le
in-à*. Il

auprès d’une fontaine où les Provençaux lui ap- monde de deux cent trente-cinq ans plus
est
portaient des offrandes. Elle donnait des breu- vieux qu’on ne le croit que Jésus-Christ est né ;

vages enchantés aux femmes. Le monastère de l'an 4235 de la création et il trouve de grands ;

Notre-Dame de l'Esterel était bâti sur le lieu mystères dans ce nombre, parce que le double
1
qu’avait habité cette fée. Mélusine était encore septénaire y est contenu Or, le monde ne .

pouvant pas subsister plus de six mille ans, il


1
Le Quimpérois racontait, il y a quinze ans, une n'avait plus, en 1620, à compter que sur une
singulière aventure arrivée auprès de Chàteaulin :
a Le bateau à vapeur le Parisien revenant du
,

pardon de Sainte-l’hilomène à Landévénec, coula


1
Voyez les légendes de Mélusine et tle quelques
dans la rivière de Chàteaulin. Il faisait nuit; les dames autres /dans les Légendes des esprits et démons.
qui se trouvaient à bord furent débarquées comme
1 C'est de la cabale comme en a fait dans l'alma-
:

les autres passagers sur la plage. Elles se dirigèrent


nach prophétique M. Eug. Baresle : 4.235 se compo-
v ers une métairie située à quelque distance pour
sent (le quatre chiffre- qu’on additionne ;
y
demander l'hospitalité. Le fermier, qtti était couche, 4
vint à leur appel ouvrir sa porte. Mais aussitôt qu’il t
les eut vues dans leurs élégantes et blanches parures, 3
il ferma vivement son huis et refusa obstinément de 5
les recevoir, les prenant pour des fées ou pour des
fantômes. Le jour, toute la ferme eût été à leur
1 4 on deux fois 7.

disposition, elles v eussent été reçues comine dos Mais 4.136 donnent le même résultat, aussi bien
reines; la nuit, elles en furent chassées comme des qu'une foule d’autres combinaisons de quatre chif-
esprits malfaisants. Si pareille aventure arrivait à tel fres, par exemple 3,243, 2,453, etc., à moins qu'on
.

de nos poètes ou antiquaires celtiques, on les verrait ne veuille prendre le premier et le troisième chiffre
sans doute moins épris des naïves et touchantes su- qui font 7. comme le second avec le quatrième; ce
perstitions de la Bretagne. » qui ne fait que diminuer le nombre des combinaisons.
FEM — 267 — FEM
durée de cent quarante-cinq ans. Le jugement I même on les voit dans les écuries ,
tenant des
dernier était très-proche, et Dieu lui en avait chandelles de cire allumées dont elles laissent
révélé l'époque, qui était 1765. 2’ Miroir des tomber des gouttes sur le. toupet et le crin des
temps, dans lequel , indépendamment des admo- chevaux, qu’elles peignent et qu'elles tressent
nitions adressées à tout le monde, on expose aux ensuite fort proprement; ces femmes blanches,
yeux qui a été et ce qui est parmi tous les
ce ajoute le même auteur, sont aussi nommées
Etats par la grâce de Dieu et par l'inspi-
écrit sibylles et fées. En Bretagne , des femmes blan-
ration du Saint-Esprit..., 1620, in-4*; 3" Pos- ches, qu’on appelle lavandières ou chanteuses de
tillon ou Xouveau calendrier et pronoslicon-as- nuit, lavent leur linge en chantant, au clair de
troloqico-propheticum présenté à tout l'univers
,
la lune, dans les fontaines écartées; elles ré-
et à toutes les créatures, 1636, in-12 (en alle- clament l’aide des passants pour tordre leur
mand). Felgenhaver, en résumé, nous parait linge et cassent le bras à qui les aide de mau-
avoir été un rival de Matthieu Laensberg. vaise grâce.
Femmes. Il y eut une doctrine adoptée par Érasme parle d’une femme blanche célèbre
quelques hérétiques, que les femmes étaient des en Allemagne cl dont voici le conte « La : —
brutes, mulieres non esse homincs. Les prélats, chose qui est presque la plus remarquable dans
au second concile de Mâcon, foudroyèrent cette notre Allemagne, dit-il, est la femme blanche,
extravagance, qui venait des rabbins. Nous ne qui se fait voir quand la mort est prêle à frapper
rapporterons pas ici toutes les mille et une er- à la porte de quelque prince et non-seulement
,

reurs qu’on a débitées contre les femmes. De- en Allemagne, mais aussi en Bohême. En effet,
lancre et Hodin assurent qu'elles sont bien plus ce spectre s’est montré à la mort de la plupart
aptes que les hommes à la sorcellerie, et que c’est des grands de Neuhaus et de Hosemberg, et il
une terrible chose qu'une femme qui s'entend se montre encore aujourd'hui. Guillaume Sla-
avec le diable. D'anciens philosophes disent aussi vala, chancelier de ce royaume, déclare que
que la présence des femmes en certains jours cette femme ne peut être retirée du purgatoire
fait tourner le lait, ternit les miroirs, dessèche tant que le ch&tcau de Neuhaus sera debout.

les campagnes, engendre des serpents et rend Elle y apparaît non-seulement quand quelqu’un

les chiens enragés. Les philosophes sont bien doit mourir, mais aussi quand il se doit faire

niais. un mariage ou qu'il doit naitre un enfant; avec


Femmes blanches. Quelques-uns donnent le cette différence que quand elle apparaît avec

noin de femmes blanches aux sylphides, aux des vêtements noirs, c’est signe de mort; et,
au contraire, un témoignage de joie quand on
la voit tout en blanc. Gerlanius témoigne aussi

avoir oui dire au baron d'Ungenaden, ambas-


sadeur do l'empereur à la Porte, que celle
femme blanche apparaît toujours en habit noir
lorsqu’elle prédit en Bohème la mort de quel-
qu’un de la famille de Hosemberg. Le seigneur
Guillaume de Roscmberg s'étant allié aux quatre
maisons souveraines de Brunswick de Brande- ,

bourg, de Bade et de Pernslein, l’une après


l’autre, et ayant fait pour cela de grands frais,
surtout aux noces de la princesse de Brande-

bourg, la femme blanche s'est rendue familière


à ces quatre maisons et à quelques autres qui
leur sont alliées. A l’égard de ses manières d'agir,
elle passe quelquefois très-vile de chambre en
chambre, ayant à sa ceinture un grand trous-
seau de clefs dont elle ouvre et ferme les portes
aussi bien de jour que de nuit. S'il arrive que
quelqu'un la salue pourvu qu’on la laisse faire,
,

elle prend un ton de voix de femme veuve, une


gravité de personne noble, et, après avoir fait

nymphes des fées qui se montraient en


et à une honnête révérence de la tête, elle s'en va.
Allemagne, protégeant les enfants et s’intéressant Elle n’adresse jamais de mauvaises paroles à

à quelques familles. D'autres entendent par là cer- personne; au contraire, elle regarde tout le
tains fantômes qui causent plus de peur que de monde avec modestie et avec pudeur. 11 est vrai
mal. Il
y a une sorte de spectres peu dangereux, que souvent elle s’est fâchée, et que même elle
dit Dclrio, qui apparaissent eu femmes toutes a jeté des pierres à ceux à qui elle a entendu te-
blanches dans les bois et les prairies; quelquefois nir des discours inconvenants tant contre Dieu

>gle
, —

FEM — 268 — FER


que contre son service ; elle se montre bonne en- fois le tour d'une chaise , l’ayant toujours à la

vers les pauvres et se tourmente fort quand on main ; et lemari fut pleinement rassuré. Ce trait

ne les aide pas à sa fantaisie. Elle en donna des eut lieu sous Jean Cantacuzène.
marques lorsque, après que les Suédois eurent Sur la côte du Malabar, l’épreuve du fer chaud
pris le château, ils oublièrent de donner aux était aussi en usage. On couvrait la main du
pauvres le repas de bouillie qu'elle a institué de criminel d’une feuille de bananier, et l'on y ap-
son vivant. Elle mena si grand charivari que les pliquait rouge; après quoi le surinten-
un fer
soldats qui y faisaient la garde ne savaient où dant des blanchisseurs du roi enveloppait la
se cacher. Les généraux mêmes ne furent pas main de l’accusé avec une serviette trempée
exempts de ses importunités, jusqu'à ce qu'enfin dans de l'eau de riz; il la liait avec des cor-
un d’eux rappelât aux autres qu’il fallait faire dons; puis le roi appliquait lui-même son cachet
de la bouillie et la distribuer aux pauvres-, ce sur le nœud. Trois jours après on déliait la main
qui ayant été accompli, tout fut tranquille. > et on déclarait le prévenu innocent, s’il ne res-
Voy. Fées. tait aucune marque de brûlure; mais s’il en

Femmes-cygnes. Il
y a des femmes-cygnes était autrement, il était envoyé au supplice.
dans les légendes Scandinaves : ce sont des on- Au reste, l'épreuve du fer chaud est fort an-
dines; mais elles ont quelque chose d’humain, cienne; car il en est question dans 'Electre de l

quoiqu’elles ne soient pas de l’espèce, tandis Sophocle.


que chez les Tartares de l’Altaï ce sont probable- FerdinandIV, dit l'Ajonrné roi de Castille ,

ment des démons. On en voit une se déguiser et de Léon, né en 1285. Ayant condamné à
en renard noir pour égarer les héros. 11 parait mort deux frères que l’on accusait d’avoir as-
qu'elles sont au nombre de quarante. Un jour sassiné un seigneur castillan au sortir du palais,
trente de ces femmes se métamorphosèrent en il voulut que la sentence fût exécutée, quoique
un seul loup-garou. Quelquefois elles concen- les accusés protestassent de leur innocence et
trent leur quarante perfidies pour constituer une quoiqu’il n’y eût aucune preuve solide contre
seule femme-cygne dont la malice est alors ef- eux. Alors, disent les historiens de ce temps,
froyable. Pour se défatiguer, elle avale du sang les deux frères , en montant le rocher du haut
trois fois plein sa main, après quoi elle peut duquel ils devaient être précipités, ajournèrent
courir quarante ans sans désemparer '. Ferdinand à comparaître dans trente jours au
Femmes vertes. Les Écossais donnent ce tribunal du juge des rois; et, précisément trente
nom à des fées qui paraissent, aux lieux déserts, jours après, le roi, s’étant retiré après le diner
habillées de robes vertes éclatantes. pour dormir, fut trouvé mort dans son lit. Voy.
Fenris. Le loup Fenris est un des monstres Ajournement.
de l’enfer Scandinave, né de Loke et de la géante Fernand (Antoine), jésuite espagnol, au-
Angerbode. Il est assez fort pour éhranler la teur d'un commentaire assez curieux sur les vi-
terre. 11 doit, à la fin du monde, dévorer Odin. sions et révélations de \' Ancien Testament, publié
Jusque-là il est enchaîné. en 1617.
Fer chaud (épreuve du). Celui qui voulait Ferragus géant dont ,
parle la Chronique de
se justifier d’une accusation, ou prouver la vé- l’archevêque Turpin. Il avait douze pieds de
ritéd’un fait contesté, et que l’on condamnait haut et la peau si dure qu'aucune lance ou épée
pour cela à l'épreuve du fer chaud, était obligé ne la pouvait percer. Il fut vaincu par l’un des
de porter à neuf ou douze pas une barre de preux de Charlemagne.
fer rouge pesant environ trois livres. Cette Ferrier (Auger), médecin et astrologue,
épreuve se faisait aussi en mettant la main dans auteur d'un livre peu connu intitulé Jugements
un gantelet de fer sortant de la fournaise, ou d’astronomie sur les nativités, ou horoscopes,
en marchant sur du fer rougi. Voy. Emma. Un in-16, qu’il dédia h la reine Catherine de Mé-
mari de Didymotèque, soupçonnant la fidélité de dicis. — Auger Ferrier a laissé encore un petit
sa femme, lui proposa d’avouer son crime ou traité latin, De somniis, imprimé à Lyon en 1569,
de prouver son innocence par l’attouchement avec le traité d’Hippocrate sur les insomnies.
d'un fer chaud. Si elle avouait, elle était morte ; Féry (Jeanne) , jeune fille de Sore sur ,
la

si elle tentait l’épreuve, elle craignait d'être Sambre, qui, ayant été maudite par son père,
brûlée. Elle eut recours à l’évêque de Didymo- fut obsédée d’un démon dès l’âge de quatre ans.
lèque ,
prélat recommandable ; elle lui avoua sa Il donnait du pain blanc et des pommes et
lui
faute en pleurant et promit de la réparer. faisait qu’elle ne sentait pas les coups qu'on lui
L'évêque, assuré de son repentir, et sachant appliquait comme châtiment. Lorsqu'elle fut

que le repentir vrai restitue l’innocence lui dit , grande, il la démoralisa peu à peu ; il lui fil
qu'elle pouvait sans crainte se soumettre à signer un papier où elle renonçait à son bap-
l'épreuve. Elle prit un fer rougi au feu , fit trois tême, à l’Église et au Christ. Elle avala ensuite
1
M. Elie Reclus, Légendes tartares, dans ce papier dans une orange, et, livrée au démon,
la Re-
vue germanique 31 août 1360. elle commit tous les péchés imaginables, pro-
,

FES — 269 — FÊT


fana lions, sacrilèges, blasphèmes, abominations. aux images de la déesse et des divinités qui
aux réunions diaboliques,
Elle était transportée l’entourent. Les cérémonies et les sacrifices qui
où adora plusieurs démons; elle en nomma
elle s’accomplissent deuxième
et le troisième jour
le
quelques-uns dans sa confession l’un s’appelait : sont presque semblables à ceux du premier. A
Charme, un autre Ninus, un autre Esprit de la fin, lorsque tous les animaux ont été im-
Sang un autre Béléal etc. Lorsqu’elle eut vingt-
, , molés, la multitude se couvre de boue et de
cinq ans, on remarqua à beaucoup de signes sang coagulé , puis danse avec frénésie au lieu
qu’elle était possédée. L’archevêque de Cam- même où elle s’est prosternée. Le lendemain
brai , Louis de Berlaimont , la fil exorciser. Mais des fêtes, l’idole est dépouillée de ses pouvoirs
ces exorcismes, où do grandes horreurs furent par le même brahme qui l’en avait revêtue.
révélées, durèrent près de deux ans; et une Celte statue, l’une des plus révoltantes qu’on
foule de témoignages très-graves ne permettent puisse imaginer, représente Dourga ou Cali,
pas de contester cette histoire, dont les détails personnifiant la mort : c’est une horrible femme
nombreux sont reproduits par Gôrres au livre VIII très-noire, quelquefois bleue, qui tient d’une de
de sa Mystique, chap. xn. La malheureuse ses quatre mains un cimeterre, del'autre une
Jeanne fut délivrée enfin par la protection spé- tête de géant qu’elle a saisie par les
cheveux;
ciale de sainte Marie Madeleine qu’elle invoquait de étendue tout ouverte, elle semble
la troisième,
ardemment. bénir, et de la quatrième elle défend d'avoir
Festins du sabbat. Le sel n’y parait jamais. peur. Ses boucles d'oreilles sont deux squelettes;
Le pain n'est pas fait de farine de blé, mais de son collier une rangée de crânes. Sa langue
farine de pois. Les viandes sont de la chair de tombe jusqu’au bas de son menton, en témoi-
chien ou de chat volé. Si elle est en putréfac- gnage de la honte qu’elle éprouve en s’aperce-
tion, c’est un régal. On mange des cadavres vant que, dans sa fureur indomptable, elle a
d’enfants. En quelques lieux, les habitués du foulé aux pieds son mari Siva. Des têtes de
sabbat ont déterré corps d’un des leurs dé-
le géants coupées entourent sa taille d’une cein-
cédé et l’ont mangé à toutes sauces. Dans les ture, et ses nattes tombent jusque sur ses ta-
procès des sorciers, on voit des sorcières con- lons. Comme elle a bu le sang des géants qu'elle
. vaincues d’avoir mis à la broche des enfants dé- a ttiéé pendant le combat, ses sourcils ont pris
robés. On ne boit que des liqueurs. Le vin, la couleur du breuvage qui l'a désaltérée, et un

l’huile, le sel et tout ce que l’Église bénit est ruisseau vermeil de la même nature, s’échappe
,

exclu dans ces hideuses fêtes. de sa poitrine; ses yeux sont rouges comme
Fêtes dans l’Inde. Nous donnons ici une ceux d'un ivrogne; elle est debout, un pied sur
idée du culte public en un pays où les Anglais, la poitrine de son mari l’autre sur sa cuisse.
,

depuis cent ans, auraient porté la lumière s’ils Cette statue est placée par les prêtres sur une
étaient restés catholiquesc’est la fête que les: estrade de bambous et transportée, accompagnée
Hindous célèbrent au commencement d’octobre d’une foule immense ,
au bruit des tambours, des
en l’honneur de la déesse Dourga, épouse de cornets et d’autres instruments hindous, sur la rive
Siva , appelée aussi Bhavani , et de sa fille Cali, du fleuve sacré ; on la précipite dans les Ilots, en
née de son œil, appelée encore Mohakali, la présence d’un concours de tous rangs et de toutes
noire, la grande noire, et Roudrani, la mère conditions, tandis que les prêtres invoquent la
des larmes. Cette fête est l’une des plus magni- déesse et lui demandent la vie, la santé et la

fiques, des plus coûteuses et des plus populaires prospérité, la suppliant, elle, leur mère univer-
du culte hindou. Voici les détails que donne, à selle, comme ils disent, de retourner momenta-
propos de ces cérémonies religieuses, Y India, de nément dans ses domaines, pour revenir plus
J. -Th. Stocqueler : tard au milieu d'eux.
Les préliminaires seuls prennentplus de temps Pendant ces trois jours d 'adoration, les mai-
que l’adoration qui dure cependant trois jours.
,
sons des riches Hindous sont splendidement illu-
Pendant toute cette période, les affaires sont minées la nuit, et ouvertes le jour â tout venaut.
suspendues, et chacun se livre sans mesure au Mais tout n’est pas jour suivant on
fini : le

plaisir et à la gaieté. Le premier jotir on donne apporte des villages, souvent fort éloignés du
la vue et l’existence à l’idole destinée à devenir fleuve, des idoles que l’on vient y jeter, et le

l’objet de la vénération générale. Un brahme s’en tumulte, la confusion qui régnent alors sont in-
acquitte en touchant les joues, les yeux la poi- ,
descriptibles. Les statues exhibées en pareille
trine et le front de la divinité, en disant : occasion sont faites de foin, de morceaux de
« Puisse l'Ame de Dourga être longtemps heu- bois, d'argile, et quelques-uues atteignent dix à
reuse dans ce corps! » D’autres cérémonies, douze pieds de haut.
ainsi que l’immolation d'un grand nombre de Ces fêtes absorbent des sommes immenses;
bestiaux, tels que des bisons, des moutons, des une partie, et c’est la plus considérable, est dis-
chèvres, etc., succèdent à celle-là. La chair et tribuée en aumônes, employées à nourrir et à
le -sang des victimes sont' offerts en holocauste vêtir les prêtres et les mendiants; le reste est
,

FÉT — 270 — FEU


consacré aux réjouissances publiques et à enri- Feu. Plusieurs nations ont adoré cet élément.
chir les bayadères qui dansent devant la déesse. En Perse, on faisait des enclos fermés de mu-
Les Anglais n'ont jamais porté la lumière dans railles et sans toit, où l'on entretenait du feu. Les

ces hideuses ténèbres ; et ils n’ont rien fait pour grands y jetaient des essences et des parfums.
empêcher ces abominations. Quand un roi de Perse était à l'agonie, on étei-
Fétiches, divinités des nègres de Guinée. Ces gnait le feu dans les villes principales du royaume,
divinités varient ce sont des animaux dessé-
: pour ne le rallumer qu’au couronnement de son
chés des branches d'arbres des arbres mêmes
, ,
successeur. Certains Tartares n’abordent jamais
des montagnes, ou toute autre chose. Us en ont les étrangers qu'ils n'aient passé entro deux feux
de petits qu'ils portent au cou ou au bras, sou-
l

pour se purifier ; ils ont bien soin de boire la face

vent des coquillages. Ils honorent un arbre qu’ils tournée vers le midi, eu l'honneur du feu. Les
appellent Varhre des fétiches; ils placent au pied Jagous, peuple de Sibérie, croient qu'il existe
Hue table couverte de vin de palmier, de riz et dans le feu un être qui dispense le bien et le
de millet. —
Cet arbre est un oracle que l’on mal ; ils lui offrent des sacrifices perpétuels.
consulte dans les occasions importantes il ne ; On sait que, selon les cabilistes le feu est ,

manque jamais de faire connaître sa réponse par l'élément des Salamandres, l oi/, ce mol.
l’organe d'un chien noir, qui est le diable, selon Parmi les épreuves superstitieuses qu’on ap-
nos démonographes. —
Un énorme rocher nommé pelait jugements de Dieu l'épreuve, du feu ne
,

Tabra, qui s’avance dans la mer en forme «le doit pas être oubliée. Voy. Fur chaud, Eau bouil-
presqu’île, est le grand fétiche du cap Corse. On lante, etc.
lui rend des honneurs particuliers, comme au Feu de la Saint-Jean. En 1634, à Quimper,
plus puissant des fétiches. Au Congo, personne — en Bretagne, les habitants mettaient encore des
ne boit sans faire une oblation à son principal sièges auprès des feux de joie de la Saint-Jean,
fétiche, qui est souvent une défense d’éléphant. pour que leurs parents morts pussent en jouir à
Nous empruntons ce qui suità la llevue coloniale : leur aise. —
On réserve, en ce pays, un tison
o Dans les deux Guinées règne partout un af- du feu de la Saint-Jean pour se préserver du ton-
freux fétichisme, avec un cortège de supersti- nerre. Les jeunes filles, pour être sûres de se
tions ridicules, dégradantes et parfois cruelles. marier dans l'année, sont obligées de danser au-
La métempsycose, la polygamie, le divorce, les tour de neuf feux de joie dans celte même nuit :
humains et même souvent l'anthropo-
sacrifices ce qui n'est pas difficile, car ces feux sont telle-
phagie sont consacrés par la religion. ment multipliés dans la campagne qu'elle paraît
» Pour comprendre la force et l’influence des illuminée. On conserve ailleurs la même opinion
idées et des pratiques superstitieuses de ces peu- qu’il faut garder des lisons du feu de Saiut-Jean
ples, il est bon de faire observer qu’elles font comme d'excellents préparatifs qui, de plus,
partie intégrante de leur état social , et que les portent bonheur. —A Paris, autrefois, on jetait
fétichistes, pas plus que les mahoinélans, n'éta- deux douzaines de petits chats (emblèmes du
blissent de distinction entre l’ordre politique et diable sans doute) dans le feu de la Saint-Jean 1
,
I

l’ordre religieux. Chez eux les idées et les pra parce qu'on était persuadé que les sorciers fai-
tiques religieuses de leur état
sont l’essence saient leur grand sabbat celte nuit-là. On di- —
social. Aussi le culte de leurs fétiches ou génies sait aussi que la nuit de la Saint-Jean était la
protecteurs se révèle partout, dans la vie pu- plus propre aux maléfices, et qu’il fallait recueil-
blique comme dans la vie individuelle. Ainsi il y lir alors le trèfle à quatre feuilles, et toutes les
a le fétiche du royaume , celui du village , celui autres herbes dont on avait besoin pour les sor-
de la famille, celui de l’individu. tilèges.
> C’est au nom du fétiche que les chefs gou- Feu grégeois. Du terrible feu grégeois et de
vernent, qu'ils jugent les litiges, qu’ils règlent la manière de le composer. « Ce feu est si vio-
le commerce et même l'usage des aliments. C’est lent qu'il brûle tout ce qu’il touche, sans pou-
au nom du fétiche que le maître exerce suè son voir être éteint, si ce n’est avec de l'urine, de
esclave son droit de vie et de mort, et que la fort vinaigre ou du sable. On le compose avec
chair humaine devient l’aliment de l'homme. du soufre vif, du tartre, de la sarcocole, de la
C'est au fétiche supposé irrité qu'on immole des picole, du sel commun recuit, du penlréole et
victimes humaines pour l’apaiser. de l’huile commune; on fait bien bouillir le tout,
> Les formes sous lesquelles le fétiche est ho- jusqu'à ce qu'un morceau de toile qu’on aura
noré varient selon les pays. Tantôt c'est sous la jeté dedans consumé; on le remue avec
soit
figure d'un animal, tel que le lézard, le cheval, une spatule de fer. 11 ne faut pas s'exposer à
l’hyène, le tigre, le vautour et plus souvent le faire cette composition dans une chambre, mais
serpent tantôt c'est sous la forme d’un arbre ou
; dans une cour parce que si le feu prenait on
; ,

d'une plante dont l'espèce devient sacrée; tantôt, serait très-embarrassé pour l’éteindre 1 . •
enfin , c'est sous l image d'une statuette de bois 1
Voyez l’article Chat.
à Dgurc humaine. » 1 Admirables secrets du Petit Albert, p. 88.

aogle
,

Ce n’est sans doute pas là le feu grégeois d'Ar- de course, il arriva, en se recommandant à Dieu
chimède. de toutes ses forces à la porte d’une église où
,

Feu Saint-Elme, ou Feu Saint-Germain, tout s'engloutit. Cette vision, ajoute Cardan, était
ou Feu Saint-Anselme. Le prince de Radzivill le présage d’une grande peste qui ne larda pas à

dans son Voyage de Jérusalem, parle d’un feu se faire sentir, accompagnée de plusieurs autres
qui parut plusieurs fois au haut du grand mât fléaux. Cardan était enfant lorsqu’on lui raconta
du vaisseau sur lequel il était monté il le nom- ; cette histoire, de sorte qu’il peut aisément l’avoir
mait feu Saint - Germain ; d'autres, /eu Saint- dénaturée. Le jeune homme qui eut la vision
Elme, et /eu Saint-Amelme. Les païens attri- n'avait que vingt ans il était seul, il avait éprouvé
;

buaient ce prodige à Castor et Pollux, parce que une grande frayeur. Quant à la peste qui suivit,
quelquefois il parait double. Les physiciens disent elle était occasionnée, aussi bien que l'exhalai-
que ce n'est qu'une exhalaison enflammée. Mais son par une année de chaleurs extraordinaires.
,

les anciens croyaient y voir quelque chose de Voy. Elfs, Jack or Lantern, etc.
surnaturel et de divin '. Un des habitants de Cardigan, en Écosse, eut
Feux follets. On appelle feux follets, ou es- une vision de follets qui ne parait pas tant une
prits follets, ces exhalaisons enflammées que la illusion. Elle est rapportée par Barter, dans son
terre échauffée par les ardeurs de l'été laisse
, , livre De la certitude des esprits. S’étant réveillé
échapper de son sein, principalement dans les une nuit après minuit sonné, il vit entrer succes-
longues nuits de l'Avent; et, comme ces flammes sivement, un à un, dans sa chambre, douze feux
roulent naturellement vers les lieux bas et les follets qui avaient forme de femmes portant de
petits enfants. Sa chambre en était parfaitement
éclairée. Les follets, après avoir dansé , s’assirent
autour d'un tapis et parurent se disposer à sou-
per. Ils l'invitèrent même
à venir manger avec
eux ; et comme pendant cette vision une
il priait ,

voix lui dit de n’avoir pas peur. Au bout de quatre


heures Celui qui l'avait eue
la vision disparut.

jura qu’il était bien éveillé et qu’il n'était pas le


jouet d'une illusion. C’était un homme de bon
sens et qui méritait confiance.
Féval (Paul) , auteur de la belle légende inti-
tulée la Femme blanche des marais, de la Fée des
grives etDu fils du diable. 1846. Ce dernier ou-
vrage est moins recommandable.
Fèves. Pythagore défendait à ses élèves de
manger des fèves, légume pour lequel il avait
une vénération particulière, parce qu’elles ser-
vaient à ses opérations magiques et qu’il savait
marécages, paysans, qui les prennent pour
les bien qu’elles étaient animées. On dit qu'il les
de malins esprits, s’imaginent qu’ils conduisent faisait bouillir; qu'il les exposait ensuite quelques
au précipice le voyageur égaré que leur éclat nuits à la lune, jusqu'à ce qu’elles vinssent à se
éblouit, et qui prend pour guide leur trompeuse convertir en sang, dont il se servait pour écrire
lumière. Olaiis Magnus dit que les voyageurs et sur un miroir convexe ce que bon lui semblait.
les bergers de son temps rencontraient des es- Alors, opposant ces lettres à la face de la lune
prits follets qui brillaient tellement l’endroit où quand elle était pleine, il faisait voir à ses amis
ils passaient qu’on n’y voyait plus croître ni éloignés ,
dans le disque de cet astre , tout ce
herbe verdure *. Chez les Russes et chez les
ni qu'il avait écrit sur son miroir... Pythagore avait
Polonais , les feux follets sont les âmes des morts. puisé ses idées sur les fèves chez les Égypliens,
Un homme revenant de Milan pendant
jeune ,
qui ne touchaient pas à ce légume, s'imaginant
une nuit fort noire, fut surpris en chemin par qu'il servaitde refuge à certaines âmes, comme
un orage bientôt il crut apercevoir dans le loin-
; les oignons servaient de logement à certains
tain une lumière et entendre plusieurs voix à sa dieux. On. conte qu'il aima mieux se laisser tuer
gauche; peu après il distingua un char enflammé par ceux qui le poursuivaient que de se sauver à
qui accourait à lui , conduit par des bouviers dont travers un champ de fèves. C’est du moins une
les cris répétés laissaient entendre ces mots : légende borgne très-répandue. Quoi qu’il en soit,
Prends garde à toi! Le jeune homme épouvanté on oiïrait chez les anciens des fèves noires aux
pressa son cheval; mais plus il courait, plus le divinités infernales.
char le serrait de près. Enfin , après une heure Il
y avait en Égypte, aux bords du Nil, de pe-
1
DomCalmet, Dissert, sur Us apparitions, p. 88.
tites pierres faites comme des fèves, lesquelles
1 Dom Calmet, Dissert, sur les apparitions, p. 409. mettaient en fuite Ie9 démous. N'étaieot-cc pas
, , ,

FEY — 272 — FIE

des fèves pétrifiées ï Festus prétend que la fleur la tête d’une femme qui dort, on connaît si elle

de la fève a quelque chose de lugubre , et que le est fidèle ou infidèle ;


parce que, si elle est infi-
fruit ressemble exactement aux portes de l’en- dèle, elle s’éveille en sursaut et de mauvaise hu-
fer... Dans l’ Incrédulité et mécréance du sortilège meur; au contraire, elle est fidèle, elle a un
si,
pleinement convaincue, page 263, Delancre dit réveil gracieux. Le Petit Albert dit qu’on peut
qu’en promenant une fève noire , avec les mains être bien sûr de la fidélité d’une femme, quand
nettes, par une maison infestée, et la jetant en- on lui a fait manger de la moelle de l'épine du
suite derrière le.dos en faisant du bruit avec un dos d'un loup *.
pot de cuivre et priant neuf fois les fantômes de Fien (Thomas), Anversois, auteur d’un livre
fuir, on les force de vider le terrain. Les jeunes curieux sur les effets prodigieux de l’imagina-
filles de Venise pratiquaient avec des fèves noires tion, De viribut imaginalionis Londres, 1657.
une divination qui n’est pas encore passée de Fientes. Des vertus et propriétés de plusieurs
mode. Quand on veut savoir de plusieurs cœurs sortes de fientes. — « Comme l’homme est la plus
quel sera le plus fidèle, on prend des fèves noires, noble créature, ses excréments ont aussi une
on leur donne à chacune le nom d'un des jeunes propriété particulière pour guérir plusieurs ma-
gens par qui on est recherchée on les jette ,
ladies. Dioscoride et Galien en font cas et assu-
ensuite sur le carreau la fève, qui se fixe en
: rent qu’ils enlèvent les maux de gosier ou esqui-
tombant, annonce le cœur certain; celles qui nancies. Voici la manière de les préparer. On
s'écartent avec bruit sont des poursuivants vo- donnera à manger à un jeune homme de bon
lages. tempérament des lupins pendant trois jours et
Fey, nom que l’on donne en Écosse à toute du pain bien cuit, où il y aura du levain et du
personne que l’on croit ensorcelée. sel; on lui fera boire du vin clairet, et on gar-
Fian, docteur en médecine, qui, selon les dera les excréments qu’il rendra après trois jours
procédures, était associé ou affilié aux sorcières de ce régime. On les mêlera avec autant de miel
du temps du roi Jacques, l'oy. Jacques. et on les fera boire et avaler comme de l’opiat,
Fiard (l’abbé), auteur de Lettres philoso- ou bien si le malade n'est pas ragoûté d'un tel
,

phiques sur la magie, du livre intitulé la France condiment, on les appliquera comme un cata-
trompée par les démonolâtres d'un autre intitulé plasme le remède est infaillible. » Nous ne di-
;

les Précurseurs de l’Antéchrist, d’un autre inti- rons pas s’il est agréable.
tulé Superstitions et prestiges des philosophes ou Fiente de chien. —
Si on enferme un chien
ci

les démonolâtres du de lumières, mort à


siècle et qu’on ne lui donne pendant trois jours que
Paris en 1818. Onbeaucoup critiqué, parce
l’a des os à ronger, on ramassera sa fiente, qui,
qu’il voyait dans les ennemis de Dieu des servi- séchée et réduite en poudre, est un admirable
teurs du diable. C'est pourtant conforme à l’adage remède contre la dyssenterie. On prendra des
divin qui n’est pas pour moi est contre moi. fl
: cailloux de rivière qu’on fera chauffer; ensuite
disait que Voltaire était un démon mais Thomas ; on les jettera dans un vaisseau plein d'urine,
Ta dit avant lui. dans lequel on mettra un peu de cette fiente de
Ficino (Marsile) philosophe florentin né en
,
, chien réduite en poudre on en donnera à boire ;

1 33. Un jour qu’il disputait avec Michel Mer-


/i au malade deux fois la journée, pendant trois
cati, son disciple, sur l’immortalité de l'âme, jours, sans qu’il sache ce qu’on lui donne... Cette
comme ils ne s’entendaient pas, ils convinrent fiente est aussi un des meilleurs dessiccatifs pour
que le premier qui partirait du monde en vien- les vieux ulcères malins et invétérés... »
drait donner des nouvelles è l’autre. Peu après Fiente de loup. —
« Comme on sait que cet
iis se séparèrent. Un soir que Michel Mercati, animal dévore souvent les os avec la chair de sa
bien éveillé, s’occupait de ses études, il entendit proie , on prendra les os que Ton trouvera parmi
le bruit d'un chevaTqui venait en toute hâte â sa fiente, parce que, pilés bien menus, bus dans
sa porte, et en même temps la voix de Marsile du vin c’est un spécifique contre la colique. »
Ficino qui lui criait : — Michel , rien n’est plus Fiente de
,

bauf « La fiente de
et de vache. —
vrai que ce qu’on dit de l’autre vie. — Michel bœuf et de vache, récente et nouvelle, envelop-
Mercati ouvrit la fenêtre et vit son maître Fi- pée dans des feuilles de vigne ou de chou, et
cino, monté sur un cheval blanc, qui s’éloignait chauffée dans les cendres, guérit les inflamma-
au galop. Il lui cria de s’arrêter; mais Marsile tions causées par les plaies. La même fiente
Ficino continua sa course jusqu’à ce qu’on ne le apaise la sciatique. Si on la mêle avec du vi-
vit plus. Le jeune homme, stupéfait, envoya aus- naigre, elle a la propriété de faire suppurer les
sitôt chez Ficino et apprit qu’il venait d’expirer. glandes scrofuleuses et écrouelles. Galien dit
Marsile Ficino a publié sur l’astrologie, sur qu’un médecin de Mysie guérissait toutes sortes
l’alchimie, sur les apparitions et sur les songes, d’hvdropisies en mettant sur l’enflure de la fiente

divers ouvrages devenus rares. chaude de vache. Cette fiente aussi appliquée sur
Fidélité. On lit dans Les admirables secrets
d’Albert le Grand qu’en mettant un diamant sur 1
Le solide trésor du Petit Albert, p. S4.

àoogle
,

FIE — 273 — FIG

la piqûre des mouches à miel, frelons et autres, corne de cerf, du corail blanc et de la farine de
en enlève aussitôt la douleur. » riz, autant de l’un que de l’autre; on broiera le
Fiente de porc. — « Cette fiente guérit les cra- tout dans un mortier, bien menu, on le fera
chements de sang. On la fricasse avec autant de tremper ensuite dans de l’eau distillée d’une sem-
crachats de sang du malade, y ajoutant du beurre blable quantité d'amandes, de limaces de vigne
frais, et on la lui donne il avaler (s’il eu a le cou- ou de jardin, et de fleurs de bouillon-blanc.après
rage). » cela on y mêlera autant de miel blanc, et l'on
Fiente de chèvre. —
« La fiente de chèvre a la broiera encore le tout ensemble. Cette composi-

vertu de
suppurer toutes sortes de tumeurs.
faire tion doit être conservée dans un vase d’argent
Galien guérissait fort souvent ces tumeurs et les ou de verre, et l'on s'en servira pour se frotter
1
duretés des genoux mêlant cette ficiilc avec de
, le visage et les mains ... » Voilà, convenez-en,

la farine d’orge et de l’oxycrat, et l'appliquant une singulière pharmacopée.


en forme de cataplasme sur la dureté; elle est Fièvre. Quelques personnes croient encore
admirable pour les oreillons, mêlée avec du se guérir de la fièvre en buvant de l’eau bénite
beurre frais et de la lie d’huile de noix. Ce secret la veille dé Pâques ou la veille de la Pentecôte.

semblera ridicule mais il est véritable car on


; , En Flandre, on croyait autrefois que ceux qui
a guéri plus de vingt personnes de la jaunisse, sont nés un vendredi ont reçu de Dieu le pou-
leur faisant boire tous les matins, pendant huit voir de guérir la fièvre 5 .

jours, à jeun , cinq petites crottes de chèvre dans Figuier (M. Louis), auteur d’études curieuses
du vin blanc... » sur le merveilleux daus les temps modernes.
Fiente de brebis. —
« Il ne faut jamais prendre Trop sceptique.
celte fiente par la bouche comme celle des autres Figures du diable. Le diable change sou-
animaux, mais l'appliquer extérieurement sur le vent de formes, selon le témoignage de quan-
mal elle a les mêmes propriétés que la fiente
: ;
tité de sorcières. Marie d’Aguerre confessa qu’il

de chèvre. Elle guérit toutes sortes de verrues, |


sortait eu figure de bouc d'une cruche placée au
de furuncles durs et de clous, si on la détrempe milieu du sabbat. Françoise Socrélain déclara
avec du vinaigre, et qu'on l'applique sur la dou- qu'il avait la mine d'un grand cadavre. D’autres
leur. n sorcières ont dit qu’il se faisait voir sous les
Fiente des pigeons ramiers et des pigeons do
aestiques. —
« Four les douleurs de l’os ischion,
la des pigeons ramiers ou domestiques est
fiente
admirable, étant mêlée avec de la graine de cres-

son d'eau et lorsqu’on veut faire mûrir une


;

tumeur ou une fluxion on peut user d’un cata-,

plasme dans lequel entre une once de cette fiente,


deux drachmes de graine de moutarde et de cres-
son, une once d’huile distillée de vieilles tuiles.
Il est sûr que plusieurs personnes ont été guéries
par celte fiente, mêlée avec de l'huile de noyaux
de pêches. « Galien dit que la fiente d’oie est inu-
tile à cause de son âcreté ; mais on est certain Un» de» figures «lu diable.

qu’elle guérit aussi de la jaunisse, lorsqu’on la


traits d’un tronc d’arbre, sans bras et sans
détrempe dans du vin blanc et qu’on en boit pen-
pieds, assis dans une chaire, ayant cependant
dant neuf jours. « Dioscoride dit que la fiente de
quelque forme de visage humain. Mais plus gé-
poule ne peut être efficace que pour guérir de la
néralement c’est un bouc ayant deux cornes par
brûlure, lorsqu’elle est mêlée avec de l’huile ro-
sat mais Galien et Éginclte assurent que jointe
devant et deux par derrière. Lorsqu’il n’a que
;
,
trois cornes, on voit une espèce de lumière dans
avec de l’oxymel, cette fiente apaise la suffoca-
celle du milieu laquelle sert à allumer les bou-
tion et soulage ceux qui ont mangé des champi-
,

gies noires du sabbat. Il a encore une manière île


gnons, car elle fait vomir tout ce qui embarrasse
le cœur. Un médecin du temps de Galien guéris-
bonnet ou chapeau au-dessus des cornes. Il s’est

sait la colique avec cette fiente, détrempée d'hy-


montré aussi en squelette.
pocras fait de miel et de vin. La fiente de souris,
Un a prétendu que le diable se présente sou-
mêlée avec du miel, fait revenir le poil lorsqu'il vent sous l’accoutrement d’un homme qui ne
est tombé pourvu qu’on en frotte l'endroit avec
veut pas se laisser voir clairement et qui a le ,

,
visage rouge de feu *. D’autres disent qu’il a
cette mixtion... »
«
Pour conserver la beauté, voici un secret * Secrets d' Albert le Grand p. fli7.
i
Delancre, Incrédulité, cl mécréance du sortilège
très-important au beau sexe c'est une manière :

pleinement convaincue, p. ts7.


défaire le fard. On prendra de la fiente de petits 3 Delancre. 7uW. ilel inconstance des démons, etc.,
lézards, du tartre de vin blauc, de la raclure de I
liv. U, p 70.
<8

Digitized by Google
,

FIL — 276 — FIN

deux visages à comme Janus. Delancre


la télé , lards dissipés, et en quelque sorte réduits et
rapporte que ,
dans
procédures de la Tour-
les condensés par l’action des rayons solaires, « de
nelle, on l’a représenté en grand levrier uoir, et sorte qu’il ne nous faudrait qu’une certaine suite
parfois ressemblant à un bœuf d'airain couché à de beaux soleils et de brouillards secs pour
terre. Il prend encore la forme d’un dragon , ou approvisionner nos manufactures et nous fournir
bien c'est un gueux qui porte les livrées de la un coton tout filé , beaucoup plus beau que celui
misère, dit Leloycr. D'autres fois il abuse de la que nous tirons des pays chauds '. »
figure des prophètes; et, du temps de Théodose, Filiat-Chout-Chi, dieu des Kamlschadales,
il prit celle de Moïse pour noyer les Juifs de père de Touita.
Candie, qui comptaient, selon ses promesses, Filles du diable. Voy. Mariage du diable.
traverser la mer à pied sec *. Le commentateur Fin du monde. Hérodote a prédit que le
de Thomas Valsingham rapporte que le diable monde durerait 10,800 ans; Dion, qu'il dure-
sortit du corps d’un diacre schismatique sous la* rait 13,986 ans; Orphée, 120,000 ; Cassander,

figure d’un Sue, et qu’un ivrogne du comté de 1,800,000. Il serait peut-être mieux de croire à
Warwick fut longtemps poursuivi par un esprit ces gens-là, dont les prédictions ne sont pas en-
malin déguisé en grenouille. Leloyer cite quelque core démenties, qu’à une foule de prophètes,
part un démon qui se montra à Laon sous la maintenant réputés sots dans les annales astro-
figure d'une mouche ordinaire. Ces métamor- logiques. Tels furent Aristarque, qui prédisait la

phoses diverses que se donnent les démons pour débâcle générale du genre humain en l’an du
se faire voir aux hommes sont multipliées 6 monde 3386; Darétès en l'an 5552; Amauld de
l’infini. Quand ils apparaissent avec un corps Villeneuve, en l’an de Notre-Seigneur 1395 ; Jean
d’homme , on les reconnaît à leurs pieds de bouc llilten. Allemand, en 1651. L’Anglais Wistoos,
ou de canard , à leurs griffes et à leurs cornes explicateur de l’Apocalypse, qu'il voulait éclair-
qu’ils peuvent bien cacher en partie, mais qu’ils cir par la géométrie et l’algèbre, avait conclu,
ne déposent jamais entièrement. après bien des supputations, que le jugement
Cæsarius d'Heisterbach ajoute à ce signale- dernier aurait lieu en 1715, ou au plus tard en
ment qu’en prenant la forme humaine, le diable 1716. Ou nous a donné depuis bien d’autres
n'a ni dos ni derrière, de sorte qu’il se garde frayeurs. Le 18 juillet 1816 devait être le der-
de montrer scs talons. (Miracul., lib. III.) Les nier jour. M. de Krudener l’avait remis à 1819,
Européens représentent ordinairement le diable M. de Libenstein à 1823, M. de Sallmard-Mont-
avec un teint noir et brûlé; les nègres au con- forl à 1836, et d'autres prophètes, sans plus de
traire soutiennent que le diable a la peau blanche, succès, au 6 janvier 1860. Attendons; mais si
lin officier français se trouvant au dix-septième nous sommes sages , tenons-nous prêts.
siècle dans le royaume d’Ardra, en Afrique, alla Non loin d'Avignonel, village qui est auprès
faire une visite au chef des prêtres du pays. Il de Villefranche en Languedoc , est un petit mon-
aperçut dans la chambre du pontife une grande ticule situé au milieu d'une des plus fertiles

poupée blanche et demanda ce qu'elle représen- plaines de l'Europe; au haut de ce monticule


tait. On lui répondit que c’était le diable. — sont placées les pierres de Naurause, c'est-à-
Vous vous trompez, dit bonnement le Français, dire deux énormes blocs de granit qui doivent
le diable est noir. — C’est
vous qui êtes dans avoir été transportés là du temps des druides.
l’erreur, répliqua le vieux prêtre vous ne pou-
;
Or, faut que vous sachiez (tous les gens du
il

vez pas savoir aussi bien que moi quelle est la pays vous le diront) que quand ces deux pierres
couleur du diable : je le voit loue Ut jours, et je viendront à se baiser, ce sera le signal de la fin
vous assure qu'il est blanc comme vous '. Voy. du monde. Les vieilles gens disent que depuis
à leurs articles particuliers les principaux dé- un siècle elles se sont tellement rapprochées
mons. Voy. aussi Formes. qu'un gros homme a tout au plus entre elles le
Fil de la Vierge. Les bonnes gens croient passage libre, tandis qu’il y a cent ans un homme
que ces flocons blancs cotonneux qui nagent à cheval y passait sans difficulté. Voy. Bernard
dans l’atmosphère et descendent du ciel sont des de Thuringe, Felgenhaver, Éclipses, etc.
présenLs que la sainte Vierge nous fait, et que Finnes. On lit dans Albert Kranlz ‘ que les
c’est de sa quenouille céleste qu’elle les détache. Finnes ou Finlandais sont sorciers qu’ils ont le
,

Ils annoncent le beau temps. Le physicien La- pouvoir de connaître l’avenir et les choses ca-
marck prétend que ce ne sont pas des toiles chées; qu’ils tombent en extase; que, dans cet
d’araignées ni d’autres insectes fileurs, mais des état, ils font de longs voyages sans que leur
filaments atmosphériques qui se remarquent corps se déplacent qu'à leur réveil ils racontent
dans les jours qui n'ont pas offert de brouillard. ce qu’ils ont vu, apportant en témoignage de la
Selon le résultat des observations de ce savant,
1
M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. III,
le fil de la Vierge n'est qu'un résidu des brouil-
p. m.
1
Socrate, Hist. eccl., liv. VII, ch. xxviu. 3 Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des
s Anecdotes africaines de la côte des Esclaves , p. 57. esprits, fiv. IV, p. 450.
,

KIN — 275 - FI..V

vérité une bague un bijou que leur âme a pris


, dit — De grandes richesses seront données;
: te
en voyageant dans les pays éloignés. Delancre Gertrude obéit
lève-toi. devant un
et voit elle
dit que ces sorciers du Nord vendent-les vents, homme qui —
lui ditveux être mon
: Si tu es-
dans des outres, aux navigateurs, lesquels se clave, tu posséderas tous mes trésors qui sont
dirigent alors comme ils veulent. Mais un jour dans la terre. Elle avait eu l'imprudence de ré-
un maladroit, qui ne savait ce que contenaient pondre, poussée par l’avarice Qui que tu : —
ces outres, les ayant crevées, il en sortit une si sois, tu es mon mailre. —
Tout à coup l’appa-
furieuse tempête que le vaisseau y périt. Olaüs rition avait pris une forme terrible, et Gertrude
Magnus rapporte que certains de ces magiciens était possédée. L'histoire de cette fille offre des
vendaient aux navigateurs trois nœuds magiques circonstances bizarres qu’il est inutile de ra-
serrés avec une courroie. En dénouant le pre- conter '. Qu'on sache seulement qu’avant que le
mier de ces noeuds , on avait des vents doux et démon , chassé de son corps par les prières de
favorables; le second en élevait de plus véhé- l'Église, l’eût détinitivemenl quittée, elle exer-
ments; le troisième excitait les plus furieux ou- çait sur lesmétaux une attraction inimaginable.
ragans. Gardons-nous donc de l’avarice, qui, corroborée
* Finskgalden, espèce de magie en usage chez par des influences sataniques, peut nous attirer
les Islandais; elle a été apportée en Islande par le même sort. »
un magicien du pays, qui avait fait à ce dessein Flade, recteur de l’université de Trêves,
un voyage en Laponie. Elle consiste à maîtriser grand ennemi des sorciers, en fit brûler plu-
un esprit, qui suit le sorcier sous la forme d'un sifeurs; après quoi, reconnu sorcier lui-même et

ver ou d'une mouche, et lui fait opérer des mer- vendu aux démons que ses cruautés servaient,
veilles. il fut brûlé publiquement lui-même dans sa ville,

Fioravanti (Léonard), médecin, chirurgien en l'an 1586. Temps et pays de réformel


et alchimiste du seizième siècle.On remarque Flaga, fée malfaisante des Scandinaves. Quel-
parmi ses ouvrages, qui sont nombreux, le Ré-
sumé des teertl» qui regardent la médecine, la chi-
rurgie et F alchimie '. Venise, 1571, in-8”, 1666;
Turin, 1580.
Fiorina. Vog. Florins.
Fischer (Gertrude). M. l’abbé David, du
diocèse de Liège, a conté l'histoire de celte fille,
à la suite d’un récit très-remarquable intitulé le
Million de l' usurière : « L'histoire d'une per-
sonne nommée Gertrude, fille de Fischer, bour-
geois de Luhus, qui vivait au seizième siècle,
prouve que l’amour de l’argent nuus dispose
quelquefois à recevoir les influences du démon.
Gertrude n’avait qu'à prendre quelqu’un par son
habit, ou par sa manche, ou par sa barbe, pour
être sûre d'attraper toujours de l'argent; puis
elle le mettait aussitôt dans sa bouche, le mâ-
chait et l'avalait, si on ne l'en empêchait. Plu-
sieurs habitants de sa ville natale ont conservé
longtemps des pièces de monnaie qui leur étaient ques-uns disent que ce n’était qu'une magicienne
venues d’elle. Son contemporain, le trop fameux qui avait un aigle pour monture.
docteur Martin Luther, fut consulté sur l’état de Flambeaux. Trois flambeaux allumés dans la
Gertrude. Il conseilla de la conduire au sermon même chambre sont un présage de mort. Ayez
et de prier Dieu pour elle. Les pasteurs protes- donc soin d’en avoir deux ou quatre.
tants n'ayant rien pu pour la soulager, le père Flamel ( Nicolas ) célébrité du quatorzième
,

de Gertrude Fischer s'adressa à un prêtre ca- siècle. On ne sait précisément ni la date ni le


tholique, qui reconnut en elle une véritable pos- lieu de sa naissance, que l’on suppose avoir eu
session du démon de l’avarice, et la délivra lieu à Paris ou à Pontoise. Il fut écrivain public
par l'exorcisme. Gertrude servit, après sa gué- aux charniers des Innocents, poète, peintre,
rison comme domestique dans une maison où
, architecte. De pauvre qu’il était, il devint extrê-
l’on n'eut qu'à se louer de sa conduite. mement riche, et on attribua sa fortune au
» Voici comment Gertrude avait été séduite bonheur qu'il avait eu de trouver la pierre phi-
par le démon. Elle était tourmentée du désir losophale. Les uns disent qu’elle lui fut révélée
de posséder del'or et de l'argent. Une nuit clic par un esprit dont on ne déclare pas l'espèce ;

entend pendant son sommeil une voix qui lui Gorres, dans
1
sa Mystique, en rapporte quelques-
i Compendia dei ucreti etc. unes, t. V, p. Î8i.
18 .

Digitized by Google
, ;

FLA — 276 — FLA


les autres qu’il la dut à une certaine prière ca- les arts célestes cl occultes, qui possède la

balistique que plusieurs curieux ont récitée sans science et l’intelligence de toutes choses. Faites
profit et qu'il parvint à changer le cuivre en or.
,
qu’elle m’accompagne dans toutes mes œuvres;
Dans un livre que M. Aug. Vallet, de l’École que par son esprit j'aie la véritable intelligence;
des chartes, a analysé, Flamel conte qu’il trouva, que je procède infailliblement dans l'art noble
à force d’aides et d’application , le secret du auquel je me suis consacré, dans la recherche
grand œuvre. 11 devint riche à cinq millions de la miraculeuse pierre des sages que vous avez
qui en valaient plus de cinquante d’aujourd'hui. cachée au monde mais que vous avez coutume
,

Mais ce ne sont là que des fables. L’abbé Vilain au moins de découvrir à vos élus; que ce grand
a démontré que Flamel était un simple bour- œuvre que j’ai à faire ici-bas je le commence, je
geois qui devint riche par le travail opiniâtre, ,
le poursuive et je l’achève heureusement; que,

et qui fit de bonnes œuvres. Toutefois bien des content, j’en jouisse à toujours. Je vous le de-
amateurs voient encore en lui le plus habile des mande par Jésus-Christ, la pierre céleste, an-
philosophes hermétiques ; et il se trouve des gulaire, miraculeuse et fondée de toute éternité,
gens, même de nos jours, qui croient que, qui commande et règne avec vous *, etc. «
grâce à la pierre philosophale, qui est aussi Cette prière eut tout son effet, puisque Flamel
l’élixir de vie, Nicolas Flamel n’est pas mort. convertit d'abord du mercure en argent, et
Voici toutefois sa légende : « Une nuit, dit-on, bientôt du cuivre en or. Il ne se vit pas plutôt
pendant son sommeil, un ange lui apparut, te- en possession de la pierre philosophale qu'il
nant un livre assez remarquable , couvert de voulut que des monuments publics attestassent
cuivre bien ouvragé Us feuilles d'écorce déliée,
,
sa piété et sa prospérité. Il n'oublia pas aussi
gravées d’une Ires-grande industrie, et écrites de faire mettre partout ses statues et son image,
avec une pointe de fer. Une inscription en grosses sculptées, accompagnées d'un écusson où une
lettres dorées contenait une dédicace faite à la main tenait une écritoire en forme d'armoirie.
gent des Juifs, par Abraham le Juif, prince, Il fit graver, de plus, le portrait de sa femme,
prêtre , astrologue et philosophe. Flamel dit — ,
Pernelle , qui l’accompagna dans ses travaux al-
l’ange, vois ce livre auquel tu ne comprends chimiques,
rien pour bien d’autres que toi il resterait inin-
:
Flamel fut enterré dans l’église de Saint-Jac-
telligible; mais tu y verras un jour ce que tout ques de la Boucherie, à Paris. Après sa mort, plu-
autre n’y pourrait voir. —
A ces mots Flamel tend sieurs personnes se sont imaginé que toutes les
les mains pour saisir ce présent précieux mais ;
sculptures allégoriques de celle église étaient au-
l'ange et le livre disparaissent, et il voit des (lots tant de symboles cabalistiques qui renfermaient
d’or rouler sur leur trace. 11 se réveilla ; et le un sens qu’on pouvait mettre à profiL Sa maison,
songe tarda longtemps à s’accomplir, que son
si vieille rue de Marivaux, n* 16, passa dans leur

imagination s'était beaucoup refroidie, lorsqu’un imagination pour un lieu où l’on devait trouver
jour, dans un livre qu'il venait d'acheter en des trésors enfouis un aini du défunt s'enga-
:

bouquinant, il reconnut l'inscription du même gea, dans cet espoir, à la restaurer gratis; il
livre qu’il avait vu en songe la même couver- , brisa tout et ne trouva rien.
ture , la même dédicace et le même nom d’au- D’autres ont prétendu que Flamel n’était pas
teur. Ce livre avait pour objet la transmutation mort, et qu’il avait encore mille ans à vivre il :

métallique, et les feuillets étaient au nombre de pourrait même vivre plus, en vertu du baume
vingt et un, qui font la mystérieuse combinaison universel qu'il avait découvert. Quoi qu’il en
cabalistique de trois fois sept. Nicolas se mit à soit, le voyageur Paul Lucas affirme, dans une
étudier; et, ne pouvant comprendre les ligures, de ses relations, avoir parlé à un derviche ou
il fit un vœu, disent les conteurs hermétiques, moine turc, qui avait rencontré Nicolas Flamel
pour posséder l'interprétation d’icelles, qu’il n’ob- et sa femme s'embarquant pour les Indes.
tint pourtant que d'un rabbin. Le pèlerinage à On ne s’est pas contenté de faire de Flamel un
Saint-Jacques , qui était son vœu , eut lieu aus- adepte, on en a fait un auteur. En 1561, cent
sitôt; Flamel en revint tout à fait illuminé. Et quarante-trois ans après sa mort, Jacques Goliorry
voici, selon les mêmes conteurs, la prière qu’il publia, in-18, sous le titre de Transformation
avait faite pour obtenir l'intelligence : — « Dieu métallique, trois traités en rhythme française : la
tout-puissant, éternel, père de la lumière, de Fontaine des amoureux (Us sciences les Remon-
qui viennent tous les biens et tous les dons par- trances de nature à l’alchimiste errant, avec la
faits ,
j’implore votre miséricorde infinie; laissez- réponse, par Jean de Meung, et le Sommaire
moi connaître votre éternelle sagesse; c'est elle philosophique attribué à Nicolas Flamel. On met
qui environne votre trône, qui a créé et fait, qui aussi sur son compte le Désir désiré, ou Trésor
conduit et conserve tout. Daignez me l’envoyer de philosophie, autrement le Livre des six pa-
du ciel , votre sanctuaire , et du trône de votre roles, qui se trouve avec le Traité du soufre, du
gloire, afin qu’elle soit et qu’elle travaille en 1
Hydrolicus sophicus seu aquarium sapient. Bibl.
moi: car c’est elle qui est la maîtresse de tous chim. de Mangct, t. Il, p. 557.
,

FLA — 277 — FLA


Cosmopolite, et l’œuvre royale de Charles VI, de Mirvaux; n'étant pas toujours heureux dans
Paris, 1618, 1620, in-8”. On le fait encore au- ses cures, il persuadait à ses malades que l’on
teur du Grand éclaircissement de la pierre phi- avait jeté un sort sur eux il leur conseillait de ;

lotophnle pour la transmutation de tous métaux, chercher un devin plus savant que lui cepen- ;

in-8”, Paris, 1628. L’éditeur promettait la Joie dant il se faisait payer et se retirait. Ces escro-
parfaite de moi, Xicolas Flamcl, et de Femelle, queries n'étaient que le prélude de facéties plus
ma femme, ce qui n'a point paru. On a donné graves. En 1820, le charron Louis Pâque, ayant
enfin la Musique chimique opuscule très-rare, et besoin d'argent, se rendit à Amiens; là il en em-
d'autres fatras qu’on ne recherche plus. prunta à un menuisier. Boury, qui sut la chose,
Au résumé, Flamel était un homme laborieux dit qu’il procurerait de l’argent à meilleur compte,
qui sut acquérir de la fortune en travaillant avec moyennant quelques avances. Le charron alla le
les juifs, et comme il en lit mystère, on l'attri- trouver Boury lui déclara que le meilleur moyen
;

bua à des moyens merveilleux. L’abbé de Villars d'avoir des fonds était de se vendre au diable et ;

métamorphose Flamel dans le Comte de Gabalis,


, voyant que Pâque ne reculait pas à une telle pro-
en un chirurgien qui commerçait avec les esprits position, il lui demanda deux cents francs pour
élémentaires. On a débité sur lui mille contes assembler le conseil infernal Louis Pâque les ;

singuliers et de nos jours un chercheur de


; donna. Boury s’arrangea de façon à toucher ainsi
dupes, ou peut-être un plaisant, répandit en pour frais préliminaires sept à huit mille francs.
mai 1818, dans les cafés de Paris, une espèce Enrm il fut convenu qu'en donnant ençore quatre
d’avertissement où il déclarait qu’il était le fa- louis, Pâque obtiendrait cent mille francs; mal-
meux Nicolas Flamel qui recherchait la pierre heureusement il s'était fort dépouillé il n’en put ;

philosophale au coin do la rue Marivaux, à Paris, donner que deux. Il partit néanmoins avec Boury,
il
y a plus de quatre cents ans qu’il avait voyagé :
Flaque, le chef sorcier, et un sieur de Noyen-
dans tous les pays du monde , et qu’il prolon- court, pour le bois de Sainl-Gervais. Boury tira
geait sa carrière depuis quatre siècles par le d’une de ses poches un papier écrit qu'il fit tenir
moyen de Yélixir de vie qu’il avait le bonheur aux assistants, chacun par un coin. Il était mi-
de posséder. Quatre siècles de recherches l’a- nuit. Flaque fit aussitôt trois conjurations. Le
vaient rendu , disait-il , très-savant et le plus diable ne parut pas. Noyencourt et Boury dirent
savant des alchimistes. Il faisait de l’or à volonté. alors que le diable était occupé ce jour-là on ;

Les curieux pouvaient se présenter chez lui , rue prit un autre rendez-vous an bois de Naours.
de Cléry, n* 22, et y prendre une inscription Pâque â cet autre rendez-vous mena sa fille avec
qui coûtait trois moyennant
cent mille francs, lui pauvre fille Mais Boury lui avait dit qu'il
; !

quoi ils seraient initiés aux secrets du maître, fallait que son premier-né assistât à l'opération.

et se feraient sans peine un million huit cent Flaque cl Boury appelèrent le diable en latin. Le
mille francs de rente. diable enfin parut II avait une redingote rouqe-
Flaque (Louis-Eugène) sorcier jugé h Amiens ,
blcuiitrc, un chapeau galonné. Il portait un
en 1825. On l'accusa d'escroqueries à l’aide d'opé- sabre. Sa taille était d’environ cinq pieds six
rations magiques et cabalistiques, de complicité pouces. Le nom do ce démon était Robert, et
avec Boury, teinturier, logé rue des Hautes- celui du valet qui l’accompagnait Saday. Boury
Cornes, audit Amiens, et encore avec François dit au diable : — Voici un homme que je te pré-
Russe, laboureur de Conti. Au mois de mars — sente; il désire avoir quatre cent mille francs
• 1825, la cour royale d’Amiens confirma un juge- pour quatre louis, peux-tu donner? Le les lui —
ment par lequel il appert que les trois individus diable répondit Il les aura. : —
Pâque lui pré- —
susnommés ont, par des manœuvres fraudu- senta l'argent et le diable lui fit faire le tour du
;

leuses, persuadé à des particuliers l'existence bois en quarante-cinq minutes, avec Boury et
d'un pouvoir mystérieux surnaturel; sur quoi, Flaque, avant de bailler les quatre cent mille
et pour en user, l'un de ces crédules particuliers francs. L’un des sorciers perdit même un de ses
remit h Boury la somme de cent quatre-vingt- souliers dans la course. Pâque, à son détour,
douze francs; Boury présenta le consultant à un aperçut une table et des chandelles dessus; il
individu déguisé en démon, dans le bois de poussa un cri —
Tais-toi, lui dit Flaque, ton
;

Naours. Le démon promit au particulier huit cri a tout perdu; l’affaire est manquée. Le —
cent mille francs, qui n'arrivèrent jamais. Boury, stupide charron s'enfuit à travers le bois; puis
Flaque et Russe n’en gardèrent pas moins les reprenant courage, il revint devant le diable, qui
cent quatre-vingt-douze francs; mais le bailleur lui dit : — Scélérat, tu as traversé le bois au lieu
les poursuivit. Boury fut condamné à quinze mois d’en faire le tour. Retire-toi sans te retourner,
de prison. Flaque et Busse à une année, il l’amende ou je te lords le cou...
de cinquante francs, et au remboursement des Mais ce n’était pas fini. Une autre opération
frais, etc. eut encore lieu dans le môme bois quand Pâque
Voici ce qu’on apprit dans les débats. Boury cette fois demanda l'argent, le diable
;

lui dit :

exerçait l’état de chirurgien dans la commune Adresse-toi au bureau. — C'était un buisson...

Google

FLA — 278 FLO


Comme il n’y avait rien dans ce buisson ,
le dé- Ce spectre était assis près d’un bureau couvert

mon promit que la somme se trouverait le len- de livres, et paraissait profondément occupé à
demain dans la cave même du charron Pâque ;
méditer et à lire tour à tour. Persuadée qu’elle
s’y rendit le lendemain, avec sa femme et celle voyait son fils, et agréablement surprise, elle se
du bonhomme qui avait donné les cent quatre- livrait à la joie que lui donnait ce changement

vingt-douze francs pour la première affaire. Mais inattendu lorsqu’elle entendit dans la rue la voix
,

néant encore; et pour surcroît, Boury, qu’ils de ce même Flaxbinder, qui lui semblait ôt r »
prenaient h partie, les menaça de se plaindre au dans la chambre. Elle fut horriblement effrayée.
procureur du roi... Pâque reconnut qu’il était On le serait à moins. Cependant ayant observé
trompé, et se relira avec son argent perdu... que celui qui jouait le rôle de son fils ne parlait
Nous sommes cependant dans le dix-neuvième pas, qu’il avait l’air .sombre, hagard et taciturne,
siècle, et nous avons les lumières du dix-hui- elle conclut que ce devait être un spectre ; et,

tième !... cette conséquence redoublant sa terreur, elle se

Flanros ,
grand général aux enfers. Il se fait hâta de faire ouvrir la porte au véritable Flax-
voir sous la figure d’un terrible léopard. Lors- binder. Il entre, il approche; le spectre ne se
qu’il prend la forme humaine , il porte un visage dérange pas. Flaxbinder, pétrifié à ce spectacle,
forme,. en tremblant, la résolution de s'éloigner
du vice, de renoncer à ses désordres, d’étudier
enfin et d'imiter le fantôme. A peine a-t-il conçu
ce louable dessein que le spectre sourit d’une
manière un peu farouche, comme font les sa-
vants, ferme les livres et- s’envole... »
Flèches. Voici une divination qui se pratique
chez les Turcs par le moyen dos flèches. S’ils
doivent aller à la guerre, entreprendre un voyage,
ou acheter quelque marchandise, ils prennent
quatre flèches qu'ils dressent en pointe l’une
contre l’antre, et qu’ils font tenir par deux per-
sonnes, c'est-à-dire par quatre mains; puis ils
mettent sur un coussin une épée nue devant eux,
et lisent un certain chapitre du Koran. Alors les
flèches se battent durant quelque temps, et enfin
les unes montent sur les autres. Si, par exemple,
les victorieuses ont été nommées chrétiennes (car
dans les divinations relatives à la guerre ils ap-
affreux, avec des yeux enflammés. Il connaît le pellent deux de ces flèches les Turcs, et donnent
passé, le présent et l’avenir, soulève tons les aux deux autres le nom de leur ennemi) c'est ,

démons ou esprits contre scs ennemis les exor- signe que les chrétiens vaincront; si autrement,
cistes, et commande vingt légions*. c’est une marque du contraire*.... Vog. Bélo-
Flavia-Veneria-Beas a femme qui fit bâtir , MAXCIE.
une chapelle en l’honneur des anciens monarques Fleurs. On a eu aussi des idées mystérieuses
de l’enfer, Pluton et Proserpine par suite d’un ,
sur. les fleurs.On donnait des vertus à leurs pé-
avertissement qu’elle avait eu en songe *. tales, surtout quand ils sont au nombre de
Flavin, auteur d’un ouvrage intitulé l'Etat cinq. On croyait guérir la fièvre quotidienne
des âmes trépassées, in-8*, Paris, 1579. avec un pétale, la fièvre tierce avec trois, la
Flaxbinder. Le professeur Hanov, bibliothé- fièvre quarte avec quatre.
caire à Dantzig, après avoir combattu les ap- Flins. Les anciens Vandales adoraient sous ce
paritions et les erreurs des différents peuples nom une grosse pierre qui représentait la Mort
touchant les revenants et les spectres, raconte couverte d’un long drap, tenant un bâton à la
toutefois le fait suivant : main et portant une peau de lion sur les épaules.
n Flaxbinder, plus connu sous le nom de Ces peuples croyaient que cette divinité, lors-
Johannes de Curiis, passa les années de sa jeu- qu'elle était de bonne humeur, pouvait les res-
nesse dans l’intempérance et la débauche. Un susciter après leur trépas.
soir, tandis qu’il se plongeait dans l’ivresse des Florent de Tilliers. Voj. Viiliers.
plus sales plaisirs, sa mère vit un spectre qui Florimond de Rémond, conseiller au parle-
ressemblait si fort, par la figure et la conte- ment de Bordeaux, mort en 1602. Il s'était jeté
nance, à son fils qu’elle le prit pour lui-même. dans la réforme de Calvin. I.es révélations d’une
Wierus, De præstigiis dtsmon., possédée qu’il vit exorciser le firent rentrer dans
*
p. 9Î9.
3 Letoycr, Hist. des spectres ou apparitions, Lebrun, Histoire des pratiques superstitieuses,
t. IV, '

p. 439. t. II, p. 403.

Digitized by Google
, ,

FLO — 279 — FON


l’Église. Il a écrit sur l’Antéchrist et sur les hé- Foi. Un ministre suisse de la secte des dissi-
résies , ouvrages présentent de précieuses
et ses dents méthodistes , persuadé que tout est possible
recherches. Mais les protestants qu’il avait dé- à la foi et à l’esprit de Dieu, deux grâces qu’il se
sertés se sont efforcés de l’amoindrir. flattait vaniteusement de posséder, se vanta en

Florine, Fiorina etFlorinde, nom d’un dé- 1832 qu’il marcherait sur le lac de Constance.
mon familier qui au rapport de Pic de la Miran-
, I.e résultat de celte épreuve insensée a été ce

te, fréquenta longtemps un sorcier nommé Pinet. qu’on pouvait prévoir, sans que cette étrange
Floron, démon familier de Cecco d’Ascoli. Il confiance ait pu s’ébranler dan9 le cœur de celui
est de l’ordre des chérubins damnés. qui s’y livrait. Il en tira laconséquence que sa
Flotilde. Ce personnage est inconnu mais ses ; foi était trop faible, que son cœur n’avait pas
Viiione ont été conservées. On les trouve dans assez ressenti l'efficacité de l’esprit de Dieu ; et
1
le Recueil de Duchesne*. il remit à l’année suivante de recommencer sa
Flots. Carabry parle d’un genre de divination tentative. Cette seconde épreuve faite en 1833
assez curieux qui se pratique dans les environs
,
s'est terminée comme la première. Le ministre a
de Plougasnou des devins interprètent les mou-
: prisun bain 1 ; et il a pu apprendre là 1* que la
vements de la mer, les flots mourants sur la plage, foi vraie ne s’amuse pas à tenter Dieu ; 2° qu'il
et prédisent l’avenir d’après cette inspection*. ne sc fait pas de miracles dans les branches sé-
Fluide. « Cette force souveraine , et simple ou parées de l’Église. Voy. Raison.
composée, que le vulgaire nomme fluidique, elle Folgar, fête des nègres du Sénégal , avec les
est nommée donc elle existe, celte force
; I elle âmes de leurs parents. Voy. Lézards.
fonctionne; elle est connue de toute antiquité. Folie. Voy. Possession.
Verrons-nous se former et naître d'elle, on — Follet. Voy. Feux eoi.i.ets, Lutins, Farfa-
nous le dit, —
le lien qui noue le magnétisme dets, etc.
à la magie, l'Aine au corps, notre personne à Fong-Chwi, opération mystérieuse qui se pra-
d’autres esprits que le nôtre, nos Ames et ces tique en Chine dans la disposition des édifices,

esprits enfin aux êtres divers de la création, et surtout des tombeaux. Si quelqu’un bâtit par
avec lesquels je ne sais quelle nécessité de na- hasard dans une position contraire à ses voisins,
ture les oblige à communiquer ? » Des hommes et qu'un coin de sa maison soit opposé au côté
sérieux pensent que le fluide nerveux est l'agent de celle d’un autre c'est assez pogr faire croire
,

qui met les hommes en communication avec les que tout est perdu. 11 en résulte, des haines qui
esprits, Voy. Magnétisme, Panthéisme, Esprits durent aussi longtemps que l’édifice. Lo remède :

frappeurs. Spiritisme, etc. consiste à placer dans une chambre un dragon


Fo ou Foé, l'un des principaux dieux des Chi- ou quelque autre monstre de terre cuite, qui
nois. Il naquit dans les Indes, environ mille ans jette un regard terrible sur le coin de la fatale
avant notre ère. Sa mère, étant enceinte de lui. maison, et qui repousse ainsi toutes les influences
songea qu’elle avalait un éléphant blanc, conte qu’on en peut appréhender. Les voisins qui
qui peut-être a donné lieu aux honneurs que les prennent cette précaution contre le danger ne
rois indiens rendent aux éléphants de cette cou- manquent pas chaque jour de visiter plusieurs
leur. Il finit ses jours à soixante-dix-neuf ans. fois le magot chargé de veiller à leur défense. Ils

Les bonzes assurent qu’il est né huit mille fois, brûlent de l’encens devant lui ou plutôt devant
,

et qu'il a passé successivement dans le corps l’esprit qui le gouverne, et qu'ils croient sans
d’un grand nombre d’animaux avant de s’élever cesse occupé de ce soin.
à la divinité. Aussi est-il représenté dans les pa- Fong-Onhang, oiseau fabuleux auquel les
godes sous la forme d’un dragon d’un éléphant, ,
Chinois attribuent à peu près les mêmes proprié-
d’un singe, etc. Ses sectateurs l’adorent comme tés qu'au phénix. Les femmes se parent d’une

le législateur du genre humain. figure de cet oiseau, qu'elles portent en or, en


Focalor, général aux enfers. Il se montre sous argent ou en cuivre, suivant leurs richesses et
les traits d’un homme ayant des ailes de griffon. leurs qualités.
Sous cette forme il tue les bourgeois et les jette Fonséca (le P. Pierre de). Dans sa métaphy-
dans les flots. 11 commande à la mer, aux vents, sique estimée il établit que les âmes des saints,

et renverse les vaisseaux de guerre. Il espère qui reviennent en ce monde, peuvent prendre
rentrer au ciel dans mille ans; mais il se trompe. un corps et le rendre visible.
11 commande à trente légions, et obéit en rechi- Fontaines. On prétend encore dans la Bre-
gnant à l’exorciste *. tagne que les fontaines bouillonnent quand le
prêtre chante la préface le jour de la Sainte-Tri-
1
Flotilda visiones , in (. Il Script. Jliet franc., nité*. Voy. Hvdromancie. Il y avait au château
And. Duchesne, 1836. de Coucy, en Picardie, une fontaine appelée Fort-
1 Voyage dam le Finistère 1. 1, p. 195.
3
M. le chevalier Gougenot des Mousseaux, La
magie au dix-neuvième siècle p. 199. 1
Le libre examen, journal protestant. Janvier 183t.
* Wierus, De prœstigiie dam.,
p. 9Î6. * Cambry, Voyage dam le Finistère, t. Il, p. 15.
laine de la Mort, parce qu’elle se tarissail lors- armées françaises, emporta un jour, devant
qu’un seigneur de Cnucy devait mourir. Louis XIV, un cheval chargé de son cavalier. Il
Fontanelle. Son Histoire des oracles est loin alla trouver une autre fois un maréchal ferrant;
d’être exacte, Elle a été réfutée par le P. Baltes. il lui donna un fer de cheval à forger. Celui-ci

Ses Entretiens sur la pluralité des mondes sont s’étant un peu éloigné, Barsabas prit l’enclume
un jeu d’esprit. et la cacha sous son manteau. Le maréchal se
Fontenettes (t'.liarles) auteur d’une Disser-
, retourne bientôt pour battre le fer; il est tout
tation sur une fille de Grenoble qui depuis quatre étonné de ne plus trouver son enclume et bien ,

ans ne manje 1737, in-f|", prodige qu’on


boit ni ,
plus surpris encore de voir cet officier la remettre
attribuaitau diable , et dont Fontenettes explique sans difficulté à sa place. Ln Gascon ,
que Barsa-
les causes moins ténébreuses. bas avait offensé dans une compagnie, lui pro-
Foray ou Horaz. loy. Motux. posa on duel —
Très- volontiers, lui répondit
:

Forças, Forras ou Furcas, chevalier, grand Barsabas touchez là.


;

Il prit la main du Gas-

président des enfers ; il npparait sous la forme con , si fort que tous les doigts en
et la lui serra
[

d’un homme vigoureux, avec une longue barbe furent écrasés.Il le mit ainsi hors d’état de se

et des cheveux blancs; il est monté sur un grand battre.Le maréchal de Saxe était de même ca-
libre. —
Dans les anciens jours, on regardait
comme favorisés par le diable les gens doués
d’une force extraordinaire.
Forêts. Les forêts sombres sont des lieux où.
comme dit Leloycr \ les diables se mêlent avec
les sorciers. Ces diables y font leurs orgies com-
modément sous la fouillée, et il n’v a pas de

lieux où ils se rendent plus volontiers visibles.


Formes du diable. « Le démon , quand il
veut approcher de l'homme, prend diverses for-

cheval et tient un dard aigu. Il cunnuil les vertus


des hîrbes et des pierres précieuses il enseigne ;

la logique, l’esthétique,
la chiromancie, la pyro-

mancie Il rend l'homme invi-


et la rhétorique.
sible, ingénieux et beau parleur. Il fait retrouver
les choses perdues il découvre les trésors, et il
;

a sous ses ordres vingt-neuf légions de démons'.


Force. Milon de Crotonc n'eut pas seul une
force prodigieuse. Louis de llouffiers, surnommé'
le Fort, au quatorzième siècle, possédait une
- c
force et une agilité extraordinaires, s'il faut en mes, à l'exception de celles de l’agneau et de la
croire les récits du temps. Quand il avait croisé colombe que Dieu semble lui avoir interdites. Il
ses deux pieds, il était impossible de le faire prend souvent la forme du bouc. S’il veut se
avancer ou reculer d'un pas. Il brisait sans peine
un fer à cheval et lorsqu’il saisissait un taureau
;

par la queue, il l'entraînait où il voulait. Il enle-


vait un cheval et l’emportait sur scs épaules. On
l’a vu souvent, armé de toutes pièces, sauter à
cheval sans s’appuyer et sans mettre le pied dans
Sa vitesse à la course n'était pas moins
l’étrier. rendre familier, il prend celle d'un chat ou d'un
remarquable, puisqu’il dépassait le cheval d’Es- chien; celle d'un cheval, s'il veut emporter quel-
pague le plus léger, dons un espace de deux qu’un; celle d une souris ou d'une fouine, s'il

Ln certain Barsabas, qui servait au


cents pas. faut passer par un lieu étroit; celle d'un bour-
commencement du dix-huitième siècle dans les 1
Leloycr, Histoire des spectres ou apparitions,
'
Wierus, De prcesligiis, p. 92 t. ch. iv. p’. 344.

Digitized by Google
FOR — 281 — FOR
don, s’il veut empêcher de parler; celles d'un trefaçon ne peut jamais être parfaite; il est
loup, d’un vautour, d’un renard, d’un hibou, donc toujours sale, puant, laid; son nez est in-
d'une araignée d'un dragon, s’il prétend ef-
,
correct; ses yeux sont enfoncés, ses mains et
frayer. Quelquefois il prend une tête d’homme ses pieds ont des grifTes: il boite d’une jambe
sur un corps de bête. Les coqs alors le devinent quand il ne boite pas des deux. Sa voix semble
et s'en effrayent. Sil parait en homme , la con- sortir d’une pierre creuse ou d’un tonneau'... »

M. Didrnn, en tête do sa curieuse Histoire du des démons est Satan; il est représenté par saint
diable (Histoire archéologique), fait remarquer Jean avec sept têtes, dix cornes, sept couronnes
que «dans l'Inde le diable, avec ses formes mons- et une queue immense. Il a deux lieutenants :
l’un, qui règne sur les mers, a pareillement sept
tètes, dix cornes et dix couronnes, trois de plus

trueuses, ne se compose tpic de membres con- que le maître, avec un corps du léopard, des
fus d’animaux féroces ou perfides; il a généra- pieds d’ours et une queue de lion; l'autre, qui
règne sur la terre, est une bête à deux cornes
qui n'a que le nom de la Bête. Les démons su-
balternes ont d'autres formes de bêtes mons-
trueuses. Voy. Figures.
Fornéus, marquis infernal semblable à un
,

monstre marin. Il instruit l'homme dans les plus


hautes affaires, fait du bien à ses amis et du mal
à ses ennemis; il a sous son pouvoir vingt-neuf
légions de Trônes et d’Anges *.
Forras. l'oy. Forças.
Fortes-épaules. l-e peuple de Dijon croit Ji
l'existence d’une espèce de lutin de ce nom
qui porte des fardeaux, et qui rappelle le Forte-
lement plusieurs têtes et plusieurs bras. En ichine de madame d’Aulnoy, dans le conte du
Occident, le diable a le plus souvent la forme Chevalier Fortuné.
humaine, mais laide et repoussante. » Le savant Gürrcs, Mystique, liv. Vil, ch. xxvi.
1

archéologue induit de l’Apocalypse que le chef 2 Wicrus lie prœstigiis.


,

Digitized by Google
FOS — 282 — FOU
Fosite. Saint Willibrord, au septième siècle, que leur dieu Fosite ne pouvait rien contre eux.
apôtre des Frisons, jeté par une tempête dans Le roi frison, Radbod, furieux de l’audace des
une petite île des côtes de la Frise , File d’Ale- missionnaires, ordonna de tirer au sort trois jours
mand, appelée alors Fositeland 1
vit avec dou-
, de suite et trois fois chaque jour, déclarant qu'il
leur que ces pauvres peuples adoraient là le dé- ferait périr celui sur qui le sort tomberait. Il

mon Fosite, qui donnait son nom au pays. y tomba sur un compagnon du saint, qui fut sacri-
Il

recevait un culte étendu. On regardait comme fié à la superstition, et mourut martyr de la vé-
impie et sacrilège quiconque aurait osé tuer les rité. Mais il ne tomba jamais sur saint Wil-
animaux qui y vivaient, manger quelque chose librord.
de ce qu’elle produisait, et parler en puisant de Fossiles. Ce qu’on a découvert des fossiles,
l'eau à une fontaine qui y était. Le saint voulut dans ce premier feuillet de la géologie, que nous
détromper ces peuples, aveuglés d’une supersti- n’avons encore tourné qu'à demi est venu dé- ,

tion si grossière. 11 Ht tuer quelques animaux molir toutes les tours de Babel que dressaient
que lui et ses compagnons mangèrent et il bap- ; les philosophes du dernier siècle. Et Cuvier, qui
tisa trois enfants dans la fontaine, en pronon- n’est pas allé loin , a déjà fait voir aux pauvres
çant à haute voix les paroles prescrites par têtes étroites, qui n’ont pas place pour loger un
l’Église. Les insulaires s’attendaient à voir les peu de foi que Moïse ne pouvait pas être atta-
— Attendons.
,

saints punis de mort mais ils durent reconnaître


; qué.

Fotsoyeor de» caUcombet.

Fossoyeur. Dans beaucoup de villages peu nuit; les âmes des corps qu’il a mis en terre
avancés, les bonnes gens ont une certaine peur pourraient vaguer autour de sa demeure. — On
oublie trop que la fonction de fossoyeur doit être
entourée, quand elle est dignement remplie, de
respect et non de crainte, et que dans les cata-
combes elle était un des ordres mineurs établis
par l'Église. Les fossoyeurs préparaient les tom-
bes; ils prenaient soin des vases où l’on recueil-
lait le sang des martyrs, et des lampes qui éclai-
raient les saintes funérailles.
Foudre. L’empereur Auguste gardait soigneu-
sement une peau de veau marin pour se mettre
à l'abri de la foudre. — Tibère portait dans la
du fossoyeur; on le croit en communication avec même vue une couronne de laurier. — Quand la
les morts et on n’ose pas trop l’aller visiter la
; foudre parlait de l'orient, et que, n’ayant fait
1
Land dans l’idiomo néerlandais
, , veut dire pays. qu'effleurer quelqu’un, elle retournait du même

Digitized by Google
, —

FOL’ — 283 — FRA


côté, c’étaitle signe (l’un bonheur parfait. Les tendaient avoir un secret par lequel, au moyen
Grecs modernes chassent les chiens et les chats de la graine de fougère, ils se rendaient invi-
quand il tonne, parce que leur présence est cen- sibles.
sée attirer la foudre sur les maisons. Foulques. Au temps de la guerre des Albi-
geois, vivait un méchant comte Foulques, lequel
avait la coutume détestable de jurer et mau-
gréer. L'n jour qu’étant à cheval il blasphémait ,

furicusemant, il fut jeté à bas de sa monture et

ne se releva point. On pensa qu’il avait été as-


sommé par le diable, son grand ami.
Fourberies. Voy Sohciers, Sabbat, etc.
Va y. aussi les divers imposteurs.
Fourmis. Les Thessaliens honoraient ces ani-
maux, dont ils croyaient tirer leur origine. Les
Grecs étaient si sottement vains qu'ils aimaient
mieux descendre des fourmis de la forêt d’Égine,
que de reconnaître qu’ils étaient des colonies de
peuples étrangers. —
La fourmi était un attribut
de Cérès; elle fournissait matière aux observa-
tions des augures.
Fourner (Catherine). Voy. Possédées de
Flandre.
Fous. On sait le respect superstitieux que les
musulmans ont pour les fous. Ils les croient des
saints. Voy. Possession.
Francs-maçons. Les francs-maçons font re-
monter leur origine jusqu’au temps de Salomon
Lumps tM-Uiranl le* funérailles.
et l'entourent de contes merveilleux. C’est un
Fougère. » Personne n'ignore Jes mauvaises ordre qui paraît avoir pris naissance en Angle-
cl diaboliques façons dont on se sert pour cueil- terre et qui avait pour but dans le principe la
,

lir la fougère aux maléfices. Le 23 juin, veille de construction des églises. Maintenant ce gnût de
la Saint-Jean-Baptiste, après un jefme de qua- maçonnerie est purement allégorique, et il a bien
rante jours, plusieurs sorciers, conduits par Sa- changé de destination former le cœur, régler
:

tan , recueillent pendant cette nuit la graine de l'esprit, rappeler le bon ordre, voilà, disent les
cette herbe, qui n'a ni tige, ni lleur, ni semence, maçons ce qu’on entend par le compas et IV-
,

et qui renaît de la même racine; qui plus est, le guerre. Mais la vérité est que la franc-maçonne-
malin se joue de ces misérables sorciers en leur rie .comme société secrète créée au commen-
,

apparaissant cette nuit-là, au milieu des tempê- cement du dernier siècle par un Anglais, lord
tes, sous quelques formes monstrueuses, pour les Montague, n'est autre chose que le protestan-
épouvanter davantage. Ils croient s'en défendre tisme parvenu à l'état d'indifférence, et une
par leurs exorcismes, par les cercles et caractères sourde conspiration contre le Catholicisme. —
qu’ils font sur la terre autour d'eux ; ensuite ils Quand la franc-maçonnerie, qui détruit à pré-
mettent une nappe neuve de fin lin ou de chan- sent, construisait, il n'y avait qu’un seul grand

vre sous la fougère qu'ils croient voir fleurir en maître, qui résidait en Angleterre; aujourd'hui
une heure, pour en recevoir la graine. Ils la chaque pays a le sien. Les assemblées des ma-
plient dans un taffetas ou dans un parchemin çons se nomment communément loges. Une loge
vierge, et la gardent soigneusement pour devi- doit être au moins composée de sept membres.
ner les songes et faire paraître les esprits. Le Le président de la loge porte le nom de vénéra-
démon par ses malices et menteries , leur per- ble. Il a au-dessous de lui deux surveillants qui
,

suade que cette semence n'est pas seulement font exécuter les règlements de l'ordre. Dans —
propre à deviner, et que si on met de l’or ou de les assemblées solennelles, chaque fr 'ere a un ta-
l’argent dans la bourse où l’on doit garder la blier de peau ou de soie blanche , dont les cor-
semence de fougère, le nombre en sera doublé dons sont blancs aussi et d'étoffe pareille à celle
le jour suivant. Si l’événement n’a pas lieu les ,
du tablier; les apprentis le portent tout uni, les
magiciens vous accuseront de mauvaise foi, ou compagnons l’entourent des couleurs de la loge,
ils diront que vous avez commis quelque crime, les maîtres y font broder une équerre un com- ,

tant nous nous laissons aller à ces abominables pas, deux colonnes et les divers ornements de
impostures de Satan *. » Des sorciers anglais pré- l'ordre. Les maîtres portent aussi un cordon

Delancre, Tab. de i Inconstance des démons, etc.,


1 bleu, auquel pendent une équerre et un compas.
p. 151. — Dans les repas, les lumières doivent être en

Digitized by Google
FRÀ — 28/, — FRA
triangle; la table servie a trois, cinq, sept, neuf caractère de maçon à Salomon, qui se fit hon-
couverts et plus, suivant le nombre des convives, neur de le porter.

mais toujours en nombre impair. Tous les ter- Adoniram ,


que Salomon avait chargé de diri-

mes qu’on y emploie sont empruntas de l'artille- ger les travaux de son temple, avait un si grand
rie, comme ceux qu'on emploie dans les travaux nombre d'ouvriers à payer, qu’il ne pouvait les
sont empruntés de l'architecture. On porte la connaître tous. Pour né pas risquer de payer
première santé au prince à qui on obéit, la se- l’apprenti comme le compagnon, et le compa-
conde au grand maître, la troisième au vénérable gnon comme le maître ,
il convint avec les maî-
de la loge. On boit ensuite aux surveillants aux ,
tres de mots et d’attouchements qui serviraient
nouveaux reçus et à tous les frères. Le fils — à les distinguer de leurs subalternes, et donna
d’un franc-maçon est Lou/lon
1
; il peut être reçu pareillement aux compagnons des signes de re-
à quatorze ans. Le fils d’un profane (celui qui connaissance qui n’étaient point connus des ap-
n'est pas franc-maçon) ne peut l’être qu’à vingt prentis. — Trois compagnons, peu salisfaiLs de
etun ans. Entre plusieurs signes mystérieux qui leur paye, formèrent le dessein de demander le
on remarque au milieu
se voient dans les 1 loges, mot cle maître à Adoniram dès qu’ils pourraient ,

de Yétoile flamboyante, un G, première lettre de le trouver seul , ou de l’assassiner s’il ne voulait


God (en anglais Dieu). —- Il y a dans la maçonne- pas le leur dire. Ils l'attendirent un soir dans le
rie trois principaux grades. Il faut être apprenti temple, et se postèrent, l’un au nord, l'autre au
avant d’être compagnon, et compagnon avant midi, le troisième à l'orient. Adoniram étant en-
d’être maître. Les maîtres n’entrent en loge qu’a- tré seul par la porte de l’occident, et voulant
vec le geste de l'horreur’, et cela en mémoire softir par celle du midi, un des trois compagnons
de la mort d'Adonlram ou Hiram, dont on ra- lui demanda le mot de maître , en levant sur lui
conte diversement l'histoire. — Cette histoire ou le marteau qu’il tenait à la main. Adoniram lui
ce conte n’est que pour amuser les niais. On dit qu’il n’avait pas reçu le mot de maître de
peut appeler ainsi ceux qui se parent des trois celle façon-là. Aussitôt le compagnon lui porta
grades dont nous venons de parler, et qui ne sur la tête un coup de marteau, l-e coup n'ayant

sont pas initiés aux grands secrets réservés aux pas été assez violent pour le renverser, Adoni-
dignitaires supérieurs. —
Les uns vous diront ram s'enfuit vers la porte du nord , où il trouva
que dans ce récit il s'agit de Hiram, roi de Tyr, le second, qui lui en fil autant. Cependant ce se-
qui fit alliance avec Salomon, et lui fut d'un cond coup lui laissant encore quelques forces il ,

grand secours pour la construction du temple. tenta de sortir par la porte de l’orient, où le
— D'autres content que ce Hiram était un ex- troisième , après lui avoir fait la même demande
cellent ouvrier en or, en argent et en cuivre; que les deux premiers, acheva de l'assommer.
qu'il était (ils d’un Tyrien et d’une femme de la Les assassins enfouirent le corps sous un tas de
tribu de Nephlali que Salomon le fit venir de
;
pierres, et quand la nuit fut venue, ils le trans-
Tyr pour travailler aux ornements du temple, portèrent sur un monticule où ils l’enterrèrent;
comme on le voit au quatrième livre des Rois; et, afin de pouvoir reconnaître l’endroit, ils
qu’entre autres ouvrages, il construisit, à l'en- plantèrent une branche d’acacia sur la fosse. —
trée du temple, deux colonnes de cuivre, qui Salomon, ayant été sept jours sans voir Adoni-
avaient chacune dix-huit coudées de haut et qua- ram ordonna à neuf maîtres de le chercher.
,

tre du diamètre; qu’il donna le nom de Jakin à Ces neuf maîtres exécutèrent fidèlement l’ordre.
l’une, près de laquelle on payait les apprentis, Après de longues et vaines recherches, trois
et le nom de Booz à l’autre, près de laquelle on d’entre eux, qui se trouvaient fatigués, s'étant
payait les compagnons, etc. Mais voici l’histoire assis par hasard à l’endroit où Adoniram avait
d Adoniram * ou de Hiram, suivant l’opinion la été enterré, l'un des trois arracha machinale-
plus commune chez les francs-maçons. Ils pré- ment la branche d'acacia, et s'aperçut que la
tendent qu’elle a été puisée dans le Talmud, où terre, en cet endroit, avait été remuée depuis
on lit que le vénérable Hiram donna l'habit et le peu. Les trois maîtres, curieux d’en savoir la
cause, se mirent à fouiller et trouvèrent le corps

1
La plupart des Français disent improprement d’ Adoniram. appelèrent les autres, et
Alors ils

Louveteau. ayant tous reconnu leur chef, dans la pensée


- Les lamentations des maîtres sur la mort de
que quelques compagnons pouvaient bien avoir
Hiram , décédé il y a bientôt trois mille ans, rappel-
lent, en quelque sorte, les fêtes funèbres d'Adonis
commis le crime, et qu’ils avaient peut-être tiré
chez les païens. d’Adoniram le mot de maître, ils le changèrent
3
Salomon tulil Hiram de Tyro, Glium mulieris sur-le-champ 1 et allèrent rendre compte à Sa-
,

viduæ de tribu Nephtali, artificem acrarium, etc. lomon de cette aventure. Ce prince en fut tou-
(
tteg., lib. IV.)

L’Écriture nous apprend que celui qui condui-


4

sait les travaux du temple de Salomon s’appelait Ado-


1
Le mot de maître était Jéhovah. Celui qu'on a
niram. Joséphc , dans son Histoire des Juifs, le pris depuis signifie, selon les francs-maçons, le corps
nomme Adoram. est corrompu.

LjOI
, ,- , — ,

FRA — 285 - FRA


ché; il ordonna 5 tous les maîtres de transporter Frank (Christian) visionnaire qui mourut en
,

le corps d’Adonirain dans le temple, où on l'en- 1590; il changea souvent de religion, ce qui le
terra en grande pompe. Pendant la cérémonie, lit surnommer la Girouette. Il croyait la religion

tous les maîtres portaient des tabliers et des japonaise meilleure que les autres, parce qu’il
gants de peau blanche, pour marquer qu'aucun avait lu que ses ministres avaient des extases.
d'eux n'avait souillé ses mains du sang de leur Frank (Sébastien), autre visionnaire du sei-
chef. zième siècle , sur la vie duquel on a peu de don-
Telle est l’histoire d’Adoniram. — L’ordre des nées positives, quoiqu’il ait dans son temps excité

francs-maçons a des prétentions il la gravité, l'attention du public. Il donna en 1531 un traité


quoiqu’il soit pétri et nourri de ridicules. Ce se- de l'Arbre de la science du bien et du mal, dont
rait peu s’il n'avait pas en religion de perni- Adam a mangé la mort, et dont encore aujour-
cieuses tendances. Aussi le sainl-siége, par qua- d’hui tous les hommes la mangent. Le péché
tre actes différents, a-t-il formellement condamné d'Adam n'est selon lui qu'une allégorie, et l'arbre
la franc-maçonnerie. Les mystérieuses jongleries que la personne, la volonté, la science, la vie
de leurs loges leur ont donué la réputation de d’Adam. Frank mourut en 15(|5.
sorciers dans les campagnes. Outre les ordres — On a encure de lui une traduction allemande
de chevalerie qu'ils ont créés pour leur amu- de P Eloge de la folie, par Érasme; le Traité de
sement, il y a chez eux plusieurs schismes, et la vanité des sciences, et l’Eloge de l’âne, traduits
on citerait beaucoup de sociétés secrètes de ce d'Agrippa en allemand ; Paradoxa on Deux cent
genre plus ou moins absurdes. Les mopses, en quatre-vingts discours miraculeux, tiré de l’Écri-
Allemagne, étaient des francs-maçons qui avaient Utre sainte, Ultn, 1533, in-8\ Témoignage de
pour emblème un bouledogue. Une autre secte l’Ecriture sur les bons et les mauvais anges, 1535,
s'appelle I ordre de la liberté, et ceux-là regar- pas le père du précédent?
in-8', etc. N’était-il
dent Moïse comme leur fondateur. Les cheva- Franzotius, auteur d'un ouvrage intitulé :

liers prussiens font remonter leur origine à la De la divination des anges, in-4*, Francfort ou
tour de Babel ; d'autres à Noé. Venise, 1632.
On ne reçoit les femmes chez les francs-maçons Frappeurs. On cite dans le pays de Galles
que dans les loges dites d'adoption loges où l’on , des esprits dits frappeurs qui habitent les mines.
fait bals et festins. On change alors les mots et Louis Merris a écrit deux lettres sur ces esprits
les signes d'argot, pour ne pas exposer les se- dans le troisième volume du Gentleman’s maga-
crets de l’ordre. — Insulte de plus aux femmes '. sine. Ces esprits ont peu de rapports avec ceux
qui parlent aujourd'hui par les tables, l og. Es-
1
Voyez le livre intitulé Jacqucmin le franc-maçon prits frappeurs.
légendes des sociétés secrètes.
Fratricelles, rainas de vagabonds qui for-
Le Journal de Bruxelles a obtenu d'un illustre
franc-maçon communication d'un diplôme à lui dé- maient au treizième et au quatorzième siècle une
livre* par les puissants et souverains grands inspec- société occulte, opposée à l’Église, mais alliée à
teurs généraux trente -troisième degré et dernier du ceux qu'on appelait vaudois ou sorciers. Ils avaient
rite écossais. En voici la description :
des orgies, où hommes et femmes se jetaient de
« L'immense parchemin déroulé sous nos regards
nous a presque éblouis par son luxe. I)e doutées ai- main en main un enfant jusqu'à ce qu’il fût mort.
les déployées portant une épée dans les serres, un Celui entre les mains duquel il expirait, on le
rapeau parsemé de petits carrés autour du lion proclamait grand prêtre. Il brûlait l’enfant mort;
néerlandais avec la devise Je maintiendrai trois :
quand il était réduit en cendres, il noyait ces
sceaux suspendus par des cordons de couleurs diffé-
rentes, tout cela était de nature à inspirer le res- cendres dans du vin et faisait boire cette potion
pect. On v remarque trois mots en majuscules : à tous ceux qui voulaient être initiés.
Santé Stabilité, Pouvoir. Les signataires déclarent
,

écrire sous la voûte céleste du zénith; ils se qualifient — maitre élu des neuf, — élu des
Israël, illustre
de « puissants, souverains grands inspecteurs géné- quinze, — sublime chevalier — grand maître élu,
rale. membres du suprême conseil. El tes lettres de arehiteete — royale arche — grand — grand élu
écossais, — sublime maçon, — chevalier de
, , ,

créance sont adressées « A nos très-illustres, très- l'Orient


:

ou de
s vaillants et sublimes Princes du royal secret, Che- — prince de Jérusalem — chef des l'épée ,
— chevalier d’Orient d'Occidenl.
,

loges
» vatiers A'.*. //.*. Illustres princes et chevaliers régulières, et
— chevalier du Péliran de Saint-André — sou-
> grands, ineffables et sublimes, libres et acceptés ma- et
» pma de tous grades anciens et modernes sur la sur verain prince rose-croix, — grand — su- pontife
,

blime écossais, — vénérable grand maitre des loges


,

s face des deux hémisphères, n


symboliques — grand maître ad vitam — Noachito,
M. Verhaegon, chef de V Université libre de Bruxel-
les, et l’auteur du manifeste contre les évêques, a — chevalier prussien — royale hache, — grand pa- ,

puis- triarche — prince du Liban — chef du tabernacle


,

obtenu un diplôme semblable où tout lesdits


souverains grands inspecteurs déclarent ce — prince de Mercv, — chevalier du Serpent
, ,
,

sants et d'ai-
qui suit — grandducommandeur du Temple, — chevalier
rain,
Nous
v
:

proclamons
certifions et maître de qu'il est— prince adepte — grand
: l'Aigle et Soleil ,

symboliques — maître secret — maître écossais do Saint- André — patriarche des croisades,
,

des loges
parfait — intime — maître anglais — — grand
secrétaire
,

— chevalier de
,

blanc élu,
,

l'Aigle et noir,
juge, — maitre chevalier Kadosch, — grand inspecteur
, ,
,

— intendant —des bâtiments, — maître en commandeur chevalier de Saint-André.


maître par prévôt
curiosité, et inquisiteur,
irlandais, *
,

FRA — 286 — FRA


Frayeur. Piron racontait souvent qu'il avait de sa maladie : — Vous voyez , mon cher voisin
environ dix ans lorsqu'un soir d’hiver, soupant répondit le tonnelier, l’homme le plus misérable!
en famille chez son père, on entendit des cris Ah maudite femme on
! ! m’avait bien dit que ses
affreux qui partaient de chez un tonnelier voisin; liaisons avec la plus détestable sorcière de la

on alla voir ce que c’était. Un petit garçon transi


,
Bourgogne ne tarderaient guère à m’étre fa-
de peur, conduisit les curieux dans la chambre tales... —
Ces propos faisant soupçonner que la
d’où venaient les cris, qui redoublèrent bientôt. tête de cet homme était dérangée, on attendit
— Ah! messieurs, dit le tonnelier tremblant, que le chirurgien fut arrivé. Monsieur, s’écria—
couché en travers sur son lit, daignez âu plus le tonnelier lorsqu’il le vit entrer, j’implore votre
tôt faire appeler un chirurgien, car je sens que secours, je suis un homme mort ! — Sachons
je n'ai pas longtemps à vivre. —
Le père de d'abord, lui dit le chirurgien, de quoi il s'agiL
Piron après avoir chargé un domestique de rem-
,
— Ah ! faut-il queen vous disant
je sois forcé ,

plir les intentions du prétendu malade, s’étant d’où partent mes douleurs, de déshonorer ma
approché de lui , et l’ayant interrogé sur la cause femme meme répondit le pauvre homme. Mais
!

Frédéric Barberon»?.

elle le mérite, et, dans mon état, je n'ai plus si toute autre main que celle de Lucifer même
rien à ménager. Apprenez donc qu’en rentrant put jamais appliquer une pareille claque! Au pre-
chez moi ce soir, après avoir passé deux heures mier aspect de la plaie, de sa noirceur et des
au plus chez le marchand de vin du coin, ma griffes quisemblaient y être imprimées, la plu-
femme, qui me croit toujours ivre, m'ayant trop part des assistants furent saisis, et le petit Piron
poussé à bout, je me suis vu forcé, pour pouvoir voulut se sauver. Mais on rassura le malade sur
me coucher en paix d’étre un peu rude à son
,
les idées qu’il avait conçues, tant contre sa femme
égard; sur quoi, après m’avoir menacé de sa que contre la prétendue sorcière le chirurgien ;

vengeance, elle s'est sauvée du logis; je me suis lui appliqua les remèdes convenables on le Jaissa :

déshabillé pour gagner mon lit mais au moment


; un peu dans son effroi, ce qui le corrigea légère-
d’y monter... Dieu! la méchante créature! une ment de son ivrognerie. Ce remède avait été em-
main, pour ne pas dire une barre de fer, plus ployé par la femme (au moyen d’un parent qu'elle
brûlante qu’un tison, est tombée sur ma fesse avait fait cacher dans la maison) pour corriger
droite, et la douleur que j’en ai ressentie, jointe l’intempérance du tonnelier.
à la peur qui m’a saisi, m’a fait manquer le cœur, Voici une autre anecdote assez connue :

au point que je ne crois pas y survivre 1... Mais Un homme, couché dans une hôtellerie, avait
vous en riez, je crois? Eh bien, messieurs, voyez pour voisinage, sans qu’il le sût, une compagnie

Digitized by Goc
, ,,

de chèvres et de boucs ; une cloison fort mince avoir une vertu qui éloigne les esprits malfai-
et ouverte par plusieurs trous les séparait de son sants.
appartement. Notre homme, très-fatigué, s'était Fribourg. M. Lucien Brun, dans un piquant
couché sans examiner son gîte et dormait de- récit, a conté comment un jour le vieux Conrad
puis deux heures d'un sommeil tranquille lors , de Blumenthal, alors bourgmestre de Fribourg
qu’il fut troublé par la visite d’un bouc, son voi- en Brisgaw, ayant dit à propos des privilèges de
sin, qui avait profité d’une grande ouverture sa ville que l'on entamait, cette imprudente pa-
pour le venir voir. Le bruit de ses sabots éveilla role : —
Je veux que Satan nous emporte et avec
aisément notre voyageur, qui fut fort inquiet et nous la moitié de notre bonne cité, si dès hier
prit l’animal pour un voleur de nuit; le bouc, je n’y ai mis quelque ordre C’était une bra- ! —
après plusieurs tours de chambre, vint au lit et vade. Deux démons, qui l’entendaient sans être
mit les deux pieds dessus. Le pauvre homme, vus, enlevèrent aussitôt la moitié de Fribourg
en ce moment, balançant entre le choix d'une en Brisgaw et s'en allèrent la poser sur le flanc
prompte retraite ou d’une attaque vigoureuse, d’une montagne de la vieille Helvétie. Telle —
prit le parti de se saisir du voleur prétendu. Ses est l'origine de Fribourg en Suisse
pieds, qui les premiers se présentent à lui, l’in- Frisson des cheveux. On disait autrefois,
triguent; mais il est bien plus surpris, lorsque dans certaines provinces, que le frisson des che-
mettant sa main sur la face pointue de cet ani- veux annonçait la présence ou le passage d'un
mal, il y, trouve une grande barbe, et plus haut démon.
des cornes. Persuadé alors que ce ne pouvait être Front. Divination par les rides du front. C’est
que le diable il sauta de son lit tout troublé et
, , la métoposeopie.
passa le reste de la nuit à genoux, en prières et Cardan publia au seizième siècle un traité de
dans une continuelle frayeur. Le jour, qui dissipa MétoposcopU , dans lequel il fait connaître au pu-
enfin les ténèbres, fit voir à cet homme son pré- blic une foule de découvertes curieuses. Le front
tendu diable. dit-il est de toutes les parties du visage la plus
,

Frédéric Barberousse. On croit en Alle- importante et la plus caractéristique un physio- ;

magne qu'il n’est pas mort, mais endormi dans nomiste habile peut, sur l’inspection du front
un souterrain du vieux château de Kilfhausen, seul deviner les moindres nuances du caractère
,

devant une table de marbre, que sa barbe, qui d’un homme. En général, un front très-élevé,
pousse toujours, a déjà enveloppée de trois tours. avec un visage long et un menton qui se termine
Il apparaît quelquefois sur sa montagne, et il en pointe, est l’indice de la nullité des moyens.
est l’objet de beaucoup de légendes 1
. Un front très-osseux annonce un naturel opi-
Frêne. Cet arbre passe, dans le Nord, pour niâtre et querelleur. Si ce front est aussi très-

charnu , il est le signe de la grossièreté. Un front rieure, et sans rides dans sa moitié inférieure,
carré, large, avec un œil franc sans effronterie, serait l’indice de quelque stupidité. Les rides ne
indique du courage uni à la sagesse. Un front ar- se prononcent qu'avec les années. Mais avant de
rondi et saillant par le haut, qui descend ensuite paraître, elles exislcnt dans conformation du la

perpendiculairement sur l’œil , et qui paraît plus front ; le travail marque dans l'àge
quelquefois les
large qu'élevé, annonce du jugement, de la mé- tendre. Il y a au front sept rides ou lignes prin-
moire, de la vivacité, mais un cœur froid. Des cipales qui le traversent d'une tempe à l'autre.
rides obliques au front, surtout si elles se trou- La planète de Saturne préside à la première,
vent parallèles, annoncent un esprit soupçon- c’est-à-dire la plus haute; Jupiter préside à la
neux. Si ces rides parallèles sont presque droites seconde Mars préside à la troisième le Soleil à
; ;

régulières, pas très-profondes, elles promettent la quatrième Vénus à la cinquième Mercure à


; ;

du jugement, de la sagesse, un esprit net. Un la sixième; la Lune à la septième qui est la der- ,

front qui serait bien ridé dans sa moitié supé- nière , la plus basse et la plus voisine des sour-
1
Voyez-en quelques-unes dans les Légendes de cils. Si ces ligues sont petites , tortueuses , faibles
f autre monde. 1
Voyez les Légendes des esprits et démons.
FRO — 288 — FRO
elles annoncent un homme débile et dont la vie ment prononcée, elle contient de l’audace, de la

sera courte. Si elles sont interrompues, brisées, colère de l’emportement. Quand la ligne du So-
,

inégales, elles amènent des maladies, des cha- leil manque tout à fait, c’est le signe de l’avarice.

grins, des misères; également marquées, dispo- Brisée et inégale, elle dénote un bourru maus-
sées avec grâce ou prononcées fortement, c’est sade cl avare, mais qui a de meilleurs moments.
l'indice d’un esprit juste et l’assurance d'une vie Fortement prononcée, elle annonce de la modé-
longue et heureuse. Remarquons cependant que ration, de l'urbanité, du savoir-vivre, un pen-
chez un homme à qui le travail ou des revers ont chant à la magnificence. La ride de Vénus forte-
sillonné le front de rides profondes, on ne peut ment prononcée est le signe d'un homme porté
plus tirer de ce signe les mêmes conséquences ; aux plaisirs. Brisée et inégale, cette ride promet
des retours sur soi-même. Si elle n’est presque
pas marquée, la complexion est froide. La ride
de Mercure bien prononcée donne de l’imagina-
tion, les inspirations poétiques, l'éloquence. Bri-
sée, elle n'amène plus que l’esprit de conversa-
tion, le ton de la société. Si elle ne parait pas
du tout, caractère nul. Enfin la ride de la Lune,
lorsqu’elle est très-apparente, indique un tempé-
rament froid, mélancolique. Inégale et brisée,
elle promet des moments de gaieté entremêlés
de tristesse. Si elle manque tout à fait, c’est l’en-
jouement et la bonne humeur. L'homme qui a
une croix sur la ride de Mercure se consacrera
aux lettres et aux sciences. Deux lignes parallèles
et perpendiculaires sur le front annoncent qu'on
se mariera deux fois, trois fois si ces ligues sont
au nombre de trois, quatre fois si elles sont au
nombre de quatre, et toujours ainsi. Une figure
car alors ces lignes étant forcées, ce n'est plus qui aura la forme d'un C, placée au haut du front
que l'indice de la constance. Quand la ligne de sur la ligne de Saturne, annonce une grande mé-
Saturne n'est pus marquée, on peut s’attendre à moire. Ce signe était évident sur le front d'un
des malheurs que l'on s’attirera par imprudence. jeune Corse dont parle Muret, qui pouvait rete-
Si elle se brise au milieu du front c'est une vie
,
nir en un jour et répéter sans effort dix -huit
agitée. Prononcée fortement, c’est une heureuse mille mots barbares qu'il n’entendait pas. Un C
mémoire, une patience sage. La ride de Jupiter, sur la ligne de Mars présage la force du corps.
Ce signe était remarquable sur le front du maré-
chal du Saxe qui était si robuste qu'il cassait
,

des barres de fer aussi aisément qu'un paysan


ordinaire casse une branche d'arbre ou un bâton
de bois blanc. Un C sur la ligne de Vénus promet
de mauvaises affaires. Un C sur la ligne de Mer-
cure annonce un esprit mal fait, un jugement
timbré. Un C entre les deux sourcils, au-des-
sous de la ride de la Lune, annonce un naturel
prompt à s'emporter, une humeur vindicative.
Les hommes qui portent celle figure sont ordi-
nairement des duellistes, des boxeurs. Les époux
qui ont le front chargé de ce signe se battent en
ménage...
Ces aphorismes sont bien hardis. Celui qui
aura entre les deux sourcils, sur la ligne de la

Lune la ligure d'un X, est exposé à mourir au


,

champ d'honneur dans une grande bataille. Celui


quand elle est brisée présage qu'on fera des sot-
,
qui porte au milieu du Iront, sur la ligne du So-
pas marquée, esprit faible, in-
tises. Si elle n'est leil, une petite figure carrée ou un triangle, fera

conséquent, qui restera dans la médiocrité. Si fortune sans peine. Si ce signe est à droite, il

elle se prononce bien, on peut espérer les hon- promet une succession. S'il est à gauche, il an-
neurs et la fortune. l>a ligne «le Mars brisée pro- nonce des biens mal acquis. Deux lignes partant
met un caractère inégal. Si elle ne paraît point, du nez et se recourbant des deux côtés sur le
c’est un homme doux, timide cl modeste. Forte- front au-dessus des yeux annoncent des procès.
, ,

Digitized t jogle
; ,

FIIO — 289 — KLM


Si ces lignes sont au nombre de quatre et qu’elles Fruit défendu. Voy. Tabac, Pomme d’Adam,
se recourbent deux à deux sur le front, on peut etc.
craindre d'étre un jour prisonnier de guerre et Fruitier. Celui qui fait le fromage et le beurre
de gémir captif sur un sol étranger... Les ligures dans le Jura est le docteur du canton. On l'ap-
rondes sur la ligne de la Lune annoncent des pelle le fruitier; il est sorcier, comme de juste.
maladies aux yeux. Si vous avez dans la partie I richesse publique est dans ses mains il peut
-a
;

droite du front, sur la ligne de Mars, quelque â volonté faire avorter les fromages, et en accu-
figure qui ressemble à un V, vous aurez des ser les éléments. Son autorité suffit pour ouvrir
rhumatismes. Si cette figure est au milieu du ou fermer en ce pays les sources du Pactole ; on
front, craignez la goutte. Si elle est à gauche, sent quelle considération ce pouvoir doit lui don-
toujours sur la ligne de Mars, vous pourrez bien ner, et quels ménagements on a pour lui Si vous !

mourir d’une goutte remontée. La figure du ajoutez à cela qu’il est nourri dans l'abondance
chiffre 3 sur la ligne de Saturne annonce des et qu'une moitié du jour il n'a rien à faire qu’à
coups de bâton sur la ligne de Jupiter, un em-
; songer au moyen d’accaparer encore plus de con-
ploi lucratif; sur la ligne de Mars, commande- fiance qu’il voit tour à tour, en particulier, les
;

ment d’un corps d’armée dans une bataille, mais personnes de chaque maison, qui viennent faire
le commandant sera fait prisonnier dans le com- le beurre à la fruiterie qu’il passe avec elles une
bat. Sur la ligne du Soleil, ce signe annonce matinée tout entière; qu’il peut les faire jaser
quelque accident qui vous fera perdre le tiers sans peine, et par elles apprendre, sans même
do votre fortune. Sur la ride de Vénus, disgrâces qu'elles s'en doutent , les plus intimes secrets de
dans le ménage. Sur la ligne de Mercure, elle leurs familles ou de leurs voisins j si vous pesez
fait un avocat. Enfin, sur la ligne de la Lune, la bien toutes ces circonstances , vous ne serez point
figure du chiffre 3 annonce â celui qui la porte étonné d’apprendre qu’il est presque toujours sor-
qu'il mourra malheureusement, s'il ne réprime cier, au moins devin ; qu’il est consulté quand on
sa passion pour le vol. la figure d'un V sur la a perdu quoique chose, qu’il prédit l’avenir, qu'il
ligne de Mars annonce qu’on sera soldat et qu'on jouit enfin dans le canton d'un crédit très-grand,
mourra caporal, la figure d’un H sur la ligne du et que c'est l'homme qu’on appréhende le plus
Soleil ou sur celle de Saturne est le présage qu’on d'offenser'.
sera persécuté pour des opinions politiques. La Fume-Bouche, démon invoqué, nous ne sa-
figure d un V est le signe, partout où elle parait, vons à quel litre, dans les litanies du sabbat.
d un penchant â la gourmandise qui pourra faire Fumée. Dans toutes les communes du Finis-
fairede grandes fautes. Nous terminerons ce petit tère, on voit à chaque pas, dit Canibry, des
traité par la révélation du signe plus flatteur: usages antérieurs à
le la religion catholique. Quand
c est celui qui a une ressemblance plus ou moins un individu va cesser d'étre, on consulte la fu-
marquée avec la lettre M. En quelque partie du mée. S’élève-t-elle avec facilité, le mouraut doit
front, sur quelque ride que cette figure paraisse, habiter la demeure des bienheureux. Est-elle
elle annonce le bonheur, les talents, une con- épaisse, il doit descendre dans les antres du dé-
science calme la paix du cœur, une heureuse
, sespoir, dans les cavernes de l’enfer. C’est —
aisance, l’estime générale et une bonne mort. une espèce de proverbe en Angleterre que la
Toutes bénédictions que je vous souhaite. fumée s'adresse toujours à la plus belle per-
Frothon. On lit dans Albert Kranlz que Fro- sonne. Et quoique cette opinion ne semble avoir
llion roi de Danemark fut tué par une sorcière
, , aucun fondement dans la nature, elle est pour-
transformée en vache. Ce roi croyait à la magie tant fort ancienne. Viclorin et Casaubon en ont
et entretenait à sa cour une insigne sorcière qui fait la remarque, à l'occasion d'un personnage
prenait à son gré la forme des animaux. Elle d’Athénée, où un parasite se dépeint ainsi :

avait un fils aussi méchant qu’elle, avec qui elle « Je suis toujours le premier arrivé aux bonnes
déroba les trésors du roi , et se retira ensuite. tables, d’où quelques-uns se sont avisés de m’ap-
Frothon, s'étant aperçu du larcin et ayant appris peler soupe. Il n’y a point de porte que je n'ouvre
que la sorcière et son fils s’étaient absentés, ne comme un bélier-, semblable à un fouet, je m’at-
douta plus qu'ils n’en fussent coupables. Il ré- tache à tout, et, comme la fumée, je me lie tou-
solut d'aller dans la maison de la vieille. La sor- jours à la plus belle 1 » On (ht en Champagne que
.

cière, voyant entrer le roi chez elle, eut recours la fumée du foyer, quand elle s’échappe, s'adresse
aussitôt â son art, se changea en vache et son aux plus gourmands.
fils en bœuf. Le roi s'étant baissé pour contem- Fumée (Martin), sieur de Génillé; il a publié,
pler la vache plus à son aise pensant bien que
,
comme traduit d’Athéuagore un roman dont il ,

c’était la sorcière, la vache se rua avec impétuo- est l'auteur, intitulé Du vrai et parfait amour.
sité sur lui et lui donna un si grand coup dans Tout insipide qu’est ce roman Fumée trouva le ,

les flancs qu’elle le tua sur-le-champ'.


1
Lequinio, Voyage dans le Jura, t. II, p. 366.
2 Thomas Urovvn Essai sur les erreurs, etc.,
,

1
Lcloycr, Des spectres, etc., p. UJ. ch. xxu, p. 80.
19
,

FUM — 290 — GAB


l’a prouvé par plusieurs tableaux, la Descente
moyen de le faire rechercher des adeptes alchi- j
il

mistes, par diverses allusions, et surtout par un d'Odin au Xastmnd; Lock dieu des jours noirs,
,

passage curieux où sous le voile de l'allégorie


,
dévorant des victimes humaines, etc. Fusely avait

il peint la confection du grand œuvre. Ce


pas- tant de prédilection pour son Thor combattant le

sage, devenu célèbre chez les enfants de l’art, serpent, qu’il le présenta à l’Académie royale,

se trouve à la page 3fi5 de l’édition de 1612, comme son tableau d’admission. 11 était embar-
moins rare que la première, ainsi que dans Y Har- rassé quand il avait à peindre la beauté tranquille
monie mystique de David Laigneau, Paris, 1636, i

in-8°.
Fumigations. Quelques doctes pensent que
les bonnes odeurs chassent les démons gens qui ,

puent et qui ne peuvent aimer, comme a dit une


grande sainte. Les exorcistes emploient diverses
fumigations pour chasser les démons les magi- ;

ciens les appellent également par des fumigations


de fougère et de verveine mais ce ne sont que ;

des cérémonies accessoires.


Funérailles. Voy. Deuil.
Furcas (le même que Forças). Voy. ce nom.
Furfur, comte aux enfers. Il se fait voir sous
la forme d’un cerf avec une queue enflammée; il

ne dit que des mensonges, à moins qu’il ne soit


enfermé dans un triangle. Il prend souvent la
figure d’un ange parle d’une voix rauque et en-
,

tretient l’union entre les maris et les femmes. Il


fait tomber la foudre, luire les éclairs et gronder Furfur.
le tonnerre dans les lieux où il en reçoit l’ordre.
Il répond sur les choses abstraites. Vingt-six lé- ou les grâces paisibles. Dans les sujets chrétiens,

gions sont sous ses ordres 1


. il introduisait toujours Satan ou Lucifer. Son goût
Furies, divinités infernales chez les anciens, pour les sujets effrayants était si connu île ses
ministres de la vengeance des dieux et chargées ,
confrères qu’ils l’avaient surnommé le peintre
d’exécuter les sentences des juges de l’enfer. ordinaire du diable. Il en riait lui-même en cau-
Fusely (Henri) ,
célèbre artiste anglais. Il res- sant avec eux. — C’est vrai , disait-il , le diable

semblait un peu à nos peintres de l’école roman- a souvent posé pour moi , et rendre
si j’avais pu le

tique : il affectionnait les sujets hideux et sau- comme je l’ai vu, j’aurais surpassé Michel-Ange,
vages. C'est pour cela, sans doute, qu’il aimait et vous seriez tous morts de peur et d’admira-
beaucoup la mythologie barbare des Scandinaves : tion.

G
Gaap (autrement dit Tap). l’oy. Tap. çaient Rome; après quoi elle se tut, à ce que
Gabinius ou Gabienus. Dans la guerre de disent Pline et Valère Maxime.
Sicile, entre Octave et Sextus Pompée, un des Si ce trait aquelque fondement, c’était sans
gens d’Octave, nommé Gabinius, ayant été fait doute une fourberie exécutée au moyen d’un ven-
prisonnier, eut la tête coupée. Un loup emporta triloque, et imaginée pour relever le courage des
celte tête ; on l’arracha au loup, et sur le soir on troupes. Mais elle n'eut point de succès : Sextus
entendit ladite télé qui se plaignait et demandait Pompée, vaincu et sans ressource, s’enfuit en
à parlera quelqu'un. On s'assembla autour; alors Asie, où il fut tué par les gens de Marc-Antoine.
la bouche de cette tête dit aux assistants qu'elle Gabino démon de l’espèce de Klcudde il se
, ;

était revenue des enfers pour révéler Pompée il montre le plus souvent sous la peau du cheval
des choses importantes. Pompée envoya aussitôt sauvage, très-redotité dans le pays de Vannes.
un de scs lieutenants, à qui le mort déclara que Gabkar. Les Orientaux croient à une ville fa-
ledit Pompée serait vainqueur. La tête chanta buleuse appelée Gabkar, qu’ils disent située dans
ensuite dans un poème les malheurs qui mena- les déserts habités par les génies.
1
Wierus ,
in Vseudwnonarchia itœin. Gabriel (Gilles) a écrit au dix - septième

Digitized by Goog
, .

GAB — 291 — GAL


siècle un essai de la morale chrétienne comparée en présence du peuple, qui applaudit avec trans-
à la morale du diable Specimina moralis chri-
: port. —
C'était une singerie qu’on faisait pour
stianœ et moralis diabolicœ in praxi. Bruxelles, balancer les miracles réels du christianisme.
1675, in-12. Galachide ou Garachide, pierre noirâtre, à
Gabrielle. Dans le Vexin français, le bourgeois laquelle des auteurs ont attribué plusieurs vertus
qui a quatre filles et veut avoir un garçon nomme merveilleuses, celle entre autres de garantir celui
la dernière Gabrielle ; charme qu'il croit de na- qui la des mouches et autres insectes.
tenait
ture à lui amener infailliblement un fils. Pour en faire épreuve, on frottait un homme de
Gabrielle d'Estrées, maîtresse de Henri IV, miel pendant l’été et on lui faisait porter cette
,

morte en 1599. Elle cherchait à épouser le roi pierre dans la main droite quand cette épreuve
:

et se trouvait logée dans lu maison de Zamet, réussissait, on reconnaissait que la pierre était
riche financier de ce temps. Comme elle se pro- véritable. On prétendait aussi qu’en la portant
menait dans les jardins, elle fut frappée d'une dans sa bouche, on découvrait les secrets des
apoplexie foudroyante. On la porta chez sa tante, autres.
madame de Sourdis. Elle eut une mauvaise nuit; Galanta, sorcière du seizième siècle. Elle
le lendemain elle éprouva des convulsions qui la donna un jour une pomme à goûter à la lille du
firent devenir toute noire sa bouche se con-
: suisse de l’église du Saint-Esprit à Bayonne, qui
tourna, et elle expira horriblement défigurée. On désirait avoir trois paniers de ces pommes. Cette
parla diversement de sa mort; plusieurs en char- n’eut pas plutôt mordu la pomme, qu'elle
fille

gèrent le diable; on publia qu'il l’avait étranglée ; tomba du haut mal et la force du maléfice fut
;

et au fait en était bien capable.


il telle, qu'elle en fut tourmentée toute sa vie.
Gabrielle de F., auteur de Histoire des fan-
l' Aussitôt qu’elle voyait la sorcière, les accès lui

tômes et des dénions qui se sont montrés parmi prenaient très -violemment ; « ce qui a été con-
les hommes, in-12, 1819, et du Demoniana ou firmé devant nos yeux, » comme dit Delancre.
Anecdotes sur les apparitions de démons, de lu- De nos jours, on n’attribuerait peut-être pas cela
tins et de spectres, in-18, 1820. au sortilège ; mais alors on poursuivit la sor-
Gaetch fils de Touita , dieu des morts chez
,
cière.
les Kamtschadales. Voy. Lézards. Galdarkrafligans, sorciers des Anglo-Saxons,
Gaffarel (Jacques), hébraïsant et orientaliste, qui liaient ou déliaient par des chants magiques
né à Mannes en Provence en 1601, mort en 1681 appelés Galdra. Ce chant vient d’Odin.
Ses principaux ouvrages sont Mystères secrets
: Galien. Le plus grand médecin des temps
delà cabale divine, défendus contre les paradoxes passés après Hippocrate. On lui attribue un
dessophistes, Paris, 1625, in-4*. Curiosités inouïes Traité des enchantements, et les médecins empi-
sur la sculpture talismanique des Persans, l’ho- riques ont souvent abusé de son nom.
roscope des patriarches et la Lecture des Etoiles. Galigaï { Léonora ) épouse du maréchal
,

Paris, 1629, in-8*. Index de 19 cahiers cabalis- d’Ancre Concino Concini qui fut tué par la po-
,

tiques dont s'est servi Jean Pic de la Mirandole. pulace en 1617. On la crut sorcière; et en effet
Paris, 1651, in-8°. Histoire universelle du monde elle s’occupait de sciences occultes et de charmes.
souterrain, contenant la description des plus beaux On publia que par ses maléfices elle avait ensor-
antres et des plus rares qrottes, caves, voiltcs, ca- celé la reine; surtout lorsqu'on eut trouvé chez
vernes et spélonques de la terre. Le prospectus de elle trois volumes pleins de caractères magiques,

ce dernier ouvrage fut imprimé à Paris, 1666, cinq rouleaux de velours destinés à dominer les
in-folio de 8 feuillets il est très-rare. Quant au
: esprits des grands, des amulettes qu’elle se met-
livre, il ne parut pas, à cause de la mort de l’au- tait au cou, des agnus que l’on prit pour des ta-
teur. On dit que c’était un monument de folie et lismans, car elle mêlait les choses saintes aux
d’érudition. 11 voyait des grottes jusque dans abominations magiques, et une lettre que Léo-
l’homme, dont le corps présente mille cavités; il nora avait ordonné d’écrire à une sorcière nom-
parcourait les cavernes de l'enfer, du purgatoire mée Isabelle. Il fut établi au procès que le maré-
et des limbes, etc. Ce savant avait été bibliothé- chal et sa femme se servaient pour envoûter
caire du cardinal de Richelieu. d’images de cire qu’ils gardaient dans de petits
Gaîlan. Les Arabes appellent ainsi une es- cercueils; qu’ils consultaient des magiciens, des
pèce de démon des forèLs qui lue les hommes astrologues et des sorciers ; qu’ils en avaient fait

et les animaux. venir de Nancy pour sacrifier des coqs aux dé-
Gaillard (François). Voy. CoimfcaES. mons, et que dans ces cérémonies Galigaï ne
Gaius, aveugle guéri par un prodige, du temps mangeait que des crêtes de coqs et des rognons
d’Antonin. Esculapc l’avertit, dans un songe, de de bélier qu’elle faisait charmer auparavant. Elle
venir devant son autel, de s’y prosterner, de pas- fut encore convaincue de s’être fait exorciser par
ser ensuite de la droite h la gauche, de poser scs un certain Matthieu de Montanay, charlatan sor-
cinq doigts sur l’autel, de lever la main, et de la cier. Sur ses propres aveux dit - on , elle eut la ,

mettre sur ses yeux. 11 obéit et recouvra la vue tête tranchée , en place de Grève à Paris , et fut
19 .

Ie
?
GAL — 292 — GAL
brûlée en 1617. Cependant le président Courtin l
teurs l’ont écrit, mais dans l’appartement du fis-

lui demandant par quel charme elle avait ensor- cal. Au bout de dix - huit mois, s’étant rétracté,
celé la reine, elle répondit fièrement : o Mon c’est-à-direayant renoncé à sa conciliation de
sortilège a été le pouvoir que les âmes fortes ont Copernic et de la sainte Bible, seule question qui
sur les âmes faibles. » fût en cause, il s’en retourna dans sa patrie.
Galilée. Les protestants , copiés par les jan- Voici ce qu’il écrivait en 1633, au P. Récénéri,
sénistes, ont beaucoup déclamé contre la préten- son disciple : — «Le pape me croyait digne de son
due persécution qu’essuya Galilée à cause de ses estime. Je fus logé dans le délicieux palais de la

decouvertes astronomiques. On a fait fracas de ce Trinité-du-Mont. Quand j’arrivai au saint-office,


qu'on appelle sa condamnation au tribuual de deux pères dominicains m’invitèrent très-honnê-
l’inquisition romaine. Mais il est prouvé, il est tement à faire mon apologie. J’ai été obligé de
constant, il est avéré, il est établi, depuis long- rétracter mon opinion en bon catholique. Pour
temps déjà, qu’on en impose effrontément dans me punir, on m’a défendu les dialogues, et con-
ces récits infidèles ce qui n'empüche pas les
: gédié après cinq mois de séjour à Rome. Comme
de les répéter toujours, et les peintres
écrivailleurs la peste régnait à Florence, on m’a assuré pour

ignorants de déshonorer leurs pinceaux par ces demeure le palais de mon meilleur ami, monsei-
mensonges. Galilée ne fut pas censuré comme gneur Piccolomini, archevêque de Sienne; j’y ai
astronome, mais comme mauvais théologien. Il joui d’une pleine tranquillité. Aujourd'hui je suis
voulait expliquer la Bible. — Ses découvertes, à à ma campagne d’Arcètre, où je respire un air
l'appui du système de Copernic, ne lui eussent pur auprès de ma chère patrie'. » Néanmoins
pas fait plus d'ennemis qu’à cet autre savant. Ce les philosophes rebelles continueront à faire de
fut son entêtement à vouloir concilier, à sa ma-Galilée une victime de la superstition et du fana-
nière, tisme. On citera le conte de Galilée en prison,
la Bible et Copernic, qui le fit rechercher

parl’inquisition. En même temps que lui, vivaient écrivant sur la muraille, autour d’un cercle, e
à Borne un grand nombre d’hommes célèbres, et pur si muove,- « et pourtant elle tourne! * Comme
le saint-siège n’était pas entouré d’ignorants. En si jamais on lui eût interdit d'avancer cela. On

1611, pendant son premier voyage dans la capi- consacrera cette malice absurde par la peinture
tale du monde chrétien , Galilée fut admiré et et la gravure ; et on citera avec
emphase la même
comblé d’honneurs par les cardinaux et les grands fausseté malveillante illustrée par les beaux vers
seigneurs auxquels montra ses découvertes.
il de Louis Racine, dans le poème de la Ucligion :
Lorsqu'il y retourna, en 1615, le cardinal Del- Tant il est difficile de déraciner une erreur pas-
inonte lui traça le cercle savant dans lequel il sionnée Dans tout cela, nous ne jugeons pas le
!

devait se renfermer. Mais son ardeur et sa vanité système de Galilée, sur lequel il n'est pas impos-
l’emportèrent. « H exigeait, dit Guichardin, que sible que le dernier mot ne soit pas dit. On vient
le Pape et le saint-office déclarassent le système de retrouver les manuscrits de Galilée que l'on ,

de Copernic fondé sur la Bible, » Il écrivit à ce avait dit brûlés par l’inquisition. Que ne peut-on
sujet mémoires sur mémoires. Paul V, fatigué de retrouver, à l’usage des ennemis de l’Église la ,

ses instances, accorda que cette controverse fût bonne foi I

jugée dans une congrégation. Malgré tout l'em- Gall (Jean-Joseph) , né vers 1775 dans le Wur-
portement qu’y mit Galilée , il ne fut point inté- temberg, mort à Montrouge près Paris, en 1828,
,

ressé dans le décret rendu par la congrégation, inventeur d’une science qui juge le caractère et
qui déclara seulement que le système de Coper- les dispositions des hommes sur l’inspection des
nic ne paraissait pas s’accorder avec les expres- protubérances du crâne. Cette science était chez
sions de la Bible. Avant son départ, il eut une lui le résultat de longues études sur un grand
audience très-gracieuse du Pape; et Bellarmin se nombre de crânes d’hommes et d’animaux. On
borna, sans lui interdire aucune hypothèse astro- l'appelle crànologie et phrénologie. Comme Gall
nomique , à lui interdire ses prétentions théolo- est mort après cinq jours d’idiotisme, où il ne
giques. put témoigner d'aucun sentiment religieux, on
Quinze ans après, en 1632, sous le pontificat l'a accusé de matérialisme; et on a jeté cette
d'Urbain VIII, Galilée imprima ses célèbres dia- même injure à son système, un peu aventureux.
logues Délit due massime système del manda, avec Nous ne voyons pas cependant, comme quel-
une permission et une approbation supposées. ques-uns l’ont dit, que la crànologie consacre le
Personne ne réclama. Il fit reparaître ses mé- matérialisme, ni qu'elle consolide les funestes
moires écrits en 161G, où il s’efforçait d’ériger principes de la fatalité. Nous sommes persuadé
la rotation du globe sur son axe en question de au contraire que les dispositions prétendues in-
dogme. Ses bravades le firent citer à Bonte. Il y nées se modifient par l’éducation religieuse sur- ,

arriva le 3 février 1633. ne fut point logé àIl tout par rapport aux mœurs. Dans les arts on dit
l’inquisition, mais au palais de l’envoyé de Tos- bien que le génie est inné c'est peut-être vrai
:

cane. Un mois après, il fut mis, non dans les — en partie seulement, _ car il n'y a pas de génie
prisons de l’inquisition, —
comme tant de men- 1
Bergier. Dict. de théologie, au mot Sciences.
t ,

GAL — 293 — GAI.

brut qui ait produit des chefs-d'œuvre. Les hommes qui dès leur tendre jeunesse ont eu
, ,

grands poëtes et les grands peintres ne sont un penchant décidé pour tel art on telle science,
pourtant devenus grands qu’à force de travail. l-n plupart des grands peintres et des poëtes dis-

Le génie, a dit BufTon, c'est la patience; et So- tingués se sont livrés aux beaux-arts par cetle
crate, né vicieux, est devenu homme de bien. inclination et sont devenus fameux quelquefois
Avant Gall et Spurzheiin, son élève, les vieux malgré leurs parenLs. Ces dispositions peuvent
physiologistes n’avaient jeté que des idées vagues être développées et perfectionnées par l’éduca-
sur la crànologie, ou crànoscopie, ou phrénolo- tion mais elle n’en donne pas le germe, car les
;

gie ,
qui est l’art de juger les hommes au moral premiers indices de ces talents commencent à se
montrer quand les enfants ne sont pas encore
propres à une éducation proprement dite.
Dans le règne animal, toutes les espèces ont
des inclinations qui leur sont particulières : la
cruauté du tigre, l’industrie du castor, l’adresse
de l'éléphant, sont dans chaque individu de ces
espèces, sauf quelques variations accidentelles.
L'homme n’est pas ainsi restreint dans une spé-
cialité.

De même donc qu’il y a des dispositions in-


nées, de môme il existe autant d’organes ras-
semblés et placés les uns près des autres dans le
cerveau, qui est le mobile des fonctions supé-
rieures de la vie. Ces organes s’expriment sur la
surface du cerveau par des protubérances. Plus
ces protubérances sont grandes, plus on doit
s'attendre à de grandes dispositions. Ces organes
exprimés à la surface du cerveau, produisent né-
cessairement des protubérances à la surface exté-
rieure du crâne, enveloppe du cerveau depuis sa
première existence dans le sein maternel. Cette
thèse au reste n'est applicable qu’aux cerveaux
sains en général , les maladies pouvant faire des
exceptions. Mais il ne faut pas, comme a fait
par la conformation du Crâne et ses protubé- Gall, l’appliquer aux vertus et aux vices, qui se-
rances. Gall et Spurzheim en firent un système raient sans mérite si les bosses du crâne les don-

qui, à son apparition, divisa le public en deux naient. t’.e serait admettre une fatalité matérielle.
camps, comme c’est l'usage ; les uns admirèrent S'il est vrai qu'un voleur ait la protubérance du
et applaudirent ; les autres doutèrent et firent de vol ,
c'estson mauvais penchant qui peu à peu,
,

l’opposition. Peu à peu on reconnut des vérités a fait croître la protubérance en agissant sur le
dans les inductions crànologiques des deux Alle- cerveau. Mais la protubérance antérieure n’est
mands. Le système devint une science; la méde- pas vraie.
cine légale y recourut; aujourd'hui il y a des Voici une notice rapide de tout ce système :

chaires de crànologie, et peut-être que celle L'instinct de propagation se manifeste par deux
science, dont on avait commencé par rire, de- éminences placées derrière l’oreille immédiate-
viendra un auxiliaire de la procédure criminelle. ment au-dessus du cou. Cet organe est plus for-
On a soutenu fréquemment que l'âine a son tement développé chez les mâles que chez les
siège dans cerveau, bans toute l’échelle de la
le femelles. L’amour dei enfant est dans la plus
création masse du cerveau et des nerfs aug-
, la étroite union avec ces organes. Aussi la protubé-
mente en raison de
la capacité pour une éduca- rance qui le donne est-elle placée auprès de celle
tion plus élevée. La gradation pour ne parler ,
qui indique l’instinct de la propagation. Elle s'an-
ici que matériellement, a lieu jusqu'à l'homme, nonce par deux éminences sensibles derrière la
qui, parmi tous les êtres créés, roi de la créa- tête, au-dessus de la nuque, à l'endroit où se
tion, est susceptible du plus haut degré d’enno- termine la fosse du cou. Elle est plus forte chez
blissement, et à qui Dieu a donné le cerveau le les femelles qup chez les mâles; et si on com-
plus parfait et proportionnellement le plus grand. pare les crânes des animaux, on le trouvera plus
Il
y dans certains animaux certaines disposi-
a prononcé dans celui du singe que dans tout autre.
tions innées. Il
y a immensément de ces disposi- L'organe de Vamitié et de la fidélité est placé
tions dans l’homme, que peut-être on n'aurait dans la proximité de celui des enfants; il se pré-
jamais dû comparer à ce qui n'a pas comme lui sente des deux côtés par deux protubérances ar-
la raison. L'histoire nous offre plusieurs grands rondies, dirigées vers l'oreille. On le trouve dans

Digitized by Google
,

GAL — 294 — GAL


les chiens, surtout dans le barbet et le basset. migrations. 11 est très-sensible au crâne de la ci-

L’organe de l’Aurocur querelleuse sc manifeste de gogne. C’est par la disposition de cet organe que
chaque côté par une protubérance demi-globu- la cigogne retrouve l’endroit où elle s’est arrêtée

laire, derrièro et au-dessus de l’oreille. On le l’année précédente, et que, comme l'hirondelle,


trouve bien prononcé chez les duellistes. L’or- elle bâtit tous les ans son nid sur la même che-
gane du meurtre s’annonce de chaque côté par minée. L’organe du sens des couleurs forme de
une protubérance placée au-dessus de l'organe chaque côté une protubérance au milieu de Tare
de l’humeur querelleuse, en se rapprochant vers des sourcils, immédiatement à côté du sens des
les tempes. On le trouve chez les animaux car- lieux. Lorsqu'il est porté à un haut degré, il
nivores et chez les assassins. L'organe de la ruse I

forme une voûte particulière. C’est pour cela que


est indiqué de chaque côté par une éminence qui les peintres ont toujours le visage plus jovial,
s’élève au-dessus du conduit extérieur de l'ouïe, plus réjoui, que les autres hommes, parce que
entre les tempes et l'organe du meurtre. On le leurs sourcils sont plus arqués vers le haut. Cet
rencontre chez les fripons, chez les hypocrites, organe donne la manie des fleurs et le penchant
chez les gens dissimulés. On le voit aussi chez à réjouir l’œil par la diversité des couleurs qu’elles
de sages généraux, d’habiles ministres et chez offrent. S’il est lié avec l'organe du sens des
des auteurs de romans ou de comédies, qui con- lieux, il forme le paysagiste. Il parait que ce
duisent finement les intrigues de leurs fictions. sens manque aux animaux , et que leur sensibi-
L’organe du vol se manifeste de chaque côté par lité à l’égard de certaines couleurs ne provient

une protubérance placée au haut de la tempe, que de l’irritation des yeux. L’organe du sens des
de manière à former un triangle avec le coin de nombres est placé également au-dessus de la ca-
l'œil cl le bas de l’oreille. On le remarque dans vité des yeux, à côté du sens des couleurs, dans
les voleurs et dans quelques animaux. Il est très- l'angle extérieur de l’os des yeux. Quand il existe
prononcé au crâne de la pie. L’organe des arts à un haut degré, il s’élève vers les tempes un

forme une voôte arrondie â côté de l’os frontal gonflement qui donne à la tête une apparence
au-dessous de l’organe du vol il est proéminent ; carrée. .Cet organe est fortement exprimé sur un
sur les crânes de Raphaël de Michel-Ange et de
, buste de Newton, et, en général, il est visible
Rubens. L’organe des tons et de la musique s'ex- chez les grands mathématiciens. 11 est ordinaire-
prime par une protubérance à chaque angle du ment lié aux têtes des astronomes avec l'organe
front, au-dessous de l’organe des arts. On trouve du sens des lieux. L’organe de la mémoire a son
ces deux protubérances aux crânes du perroquet, siège au-dessus de la partie supérieure et posté-
de la pivoine, du corbeau et de tous les oiseaux rieure de la cavité des yeux. Il presse les yeux
mâles chantants on ne les rencontre ni chez les
; en bas et en avant. Beaucoup de comédiens cé-
oiseaux et les animaux à qui ce sens manque, ni lèbres ont les yeux saillants par la disposition de
môme chez les hommes qui entendent la musique cet organe. le sens de la méditation se manifeste
avec répugnance. Cet organe est d'une grandeur par un renflement du crâne, environ un demi-
sensible chez les grands musiciens, tels que Mo- ponce sous le bord supérieur du front. On le
zart, Gluck, Haydn, Viotti, Boïeldieu, Rossini, trouve au buste de Socrate et à plusieurs pen-
Meyerbeer, etc. L’organe de l'éducation se mani- seurs. L’organe de la sagacité se manifeste par
festepar une protubérance au bas du front , sur un renflement oblong au milieu du front. L’or-
la racine du nez, entre deux sourcils. Les
les gane de la force de l’esprit se manifeste par deux
animaux qui ont le crâne droit, depuis l'occiput protubérances demi-circulaires, placées au-dos-
jusqu’aux yeux , comme le blaireau , sont inca- sous du renflement de la méditation et séparées
pables d’aucune éducation et cet organe se dé- par l’organe de la sagacité. On le trouve dans
;

veloppe de plus en plus dans le renard, le lévrier,, Lesage, Boileau, Cervantes, etc. L’organe do la
le caniche, l'éléphant et l’orang-outang, dont le bonhomie se manifeste par une élévation oblongue
crâne approche un peu des têtes humaines mal partant de la courbure du front vers le sommet
organisées. L’organe du sens des lieux se mani- de la tête, au-dessus de l'organe de la sagacité.

feste extérieurement par deux protubérances pla- On trouve au mouton


au chevreuil et à plu-
le ,

cées au-dessus de la racine du nez, à l’os inté- de chiens. L'organe de ia piété vraie
sieurs races
rieur des sourcils. Il indique en général la capacité ou /aime se manifeste par un gonflement au-
de concevoir les distances le penchant pour
, dessus de l'organe de la bonhomie. L'organe de
toutes les sciences et arts où il faut observer, Vorgueit et de la fierté se manifeste par une pro-
mesurer et établir des rapports d’espace par tubérance ovale au haut de l’occiput. L’organe
:

exemple, le goût pour la géographie. Tous les de l'ambition et de la vanité se manifeste par
voyageurs distingués ont cet organe, comme le deux protubérances placées au sommet de la tète
prouvent les bustes de Cook, de Colomb et d’au- et séparées par l'organe de la fierté. L'organe
tres. On le trouve aussi chez les animaux er- de la prudence se manifeste par deux protubé-
rants. Les oiseaux de passage l'ont plus ou moins, rances placées à côté des protubérances de l'am-
selon le terme plus ou moins éloigné de leurs bition, sur les angles postérieurs du crâne. Enfin,
,

GAM — 295 GAN


l'organe constance el «le la fermeté se ma-
«le la corps, ou do quelques plantes, et qui ont des
nifeste par une protubérance placée derrière la vertus merveilleuses; ainsi celles qui représen-
tête, au-dessous de l'organe de la fierté. tent du sang arrêtent les pertes, etc.
Ce système du docteur Gall a eu comme on , Gamoulis, esprits qui, selon les habitants du
l'a dit, de nombreux partisans, mais il n'a guère Kamtschatka, produisent les éclairs, en se lançant
eu moins d'ennemis. Quelques-uns l'ont comparé dans leurs querelles les tisons à demi consumés
aux rêveries de certains physionomistes, quoi- qui ont chauffé leurs huttes. Lorsqu’il tombe de
qu’il ail, en apparence du moins, un fondement la pluie, ce sont les Gamoulis qui rejettent le

moins chimérique. On a vu cent fois le grand superflu de la boisson.


homme et l’homme ordinaire se ressembler par Gamygyn, grand marquis des enfers. C'est
les traits du visage, et jamais, dit-on, le crâne un puissant démon. On le voit sous la forme d'un
du génie ne ressemble à celui de l'idiot. Peut- petit cheval. Mais dès qu’il prend celle d’un
être le docteur Gall a-t-il voulu pousser trop loin homme , il a une voix rauque et discourt sur les
sa doctrine, et on peut s’abuser en donnant des arts libéraux. Il fait paraître aussi devant l’exor-
règles invariables sur des choses qui ne sont pas ciste les âmes qui ont péri dans la mer, el celles
toujours constantes. Un savant de nos jours a qui souffrent dans celte partie du purgatoire qui
soutenu, contre le sentiment du docteur Gall, est appelée Carlagra (c’est-à-dire affliction des
que les inclinations innées n’existaient pas dans âmes). Il répond clairement à toutes les ques-
les protubérances du crâne, puisqu’il dépendrait tions qu'on lui fait; il reste auprès de l'exorciste

alors du bon plaisir des sages-femmes de dé- jusqu’à ce qu’il ait exécuté tout ce qu’on lui

former les enfants, et de les modeler, dès leur ordonne; cependant là -bas, trente légions lui
naissance, en idiots ou en génies; mais le doc- sont soumises *.
teur Gall trouve cette objection risible, parce Gandillon (Pierre), sorcier de la Franche-
que, quand même on enfoncerait le crâne par Comté, qui fut brûlé vers 1610, pour avoir couru
exemple à un endroit où se trouve un organe la nuit en forme de lièvre ’.

précieux cet organe comprimé se rétablirait


,
Gandreid, sorte de magie en usage chez les
peu à peu de lui-même, et parce que le cer- Islandais, laquelle magie donne la faculté de voya-
veau résiste à toute pression extérieure par ger dans les airs; elle est, dit-on, d'invention
l’élasticité des tendres filets, et qu’aussi long- nouvelle quoique le nom en soit connu depuis
,

temps pas été écrasé ou totalement dé-


qu'il n’a des temps reculés. Mais on attribuait autrefois les
truit, ilune répression suffisante. Cependant
fait cavalcades aériennes au diable et à de certains
Blumenbach écrit que les Caraïbes pressent le esprits. Les Islandais prétendent aujourd’hui que

crâne de leurs enfants avec une certaine ma- ce sont des sorcières montées sur des côtes de
chine et donnent à la tête la fonne propre à ce
,
cheval et des tibias, en guise de manche à balais,
peuple. Les naturalistes placent aussi les qualités qui se promènent par les airs. Les sorcières de
de l’esprit, non dans les protubérances, mais basse Saxe et du duché de Brunswick se mettent
dans la conformation du crâne, et plusieurs pré- à califourchon sur la même monture et tous les ;

tendent qu'un souffiet ou une pression au crâne autres ossements qui se trouvent dans la cam-
de Corneille venant de naître en eût pu faire un pagne se pulvérisent à l'approche de l’un de ces
imbécile. On voit d'ailleurs des gens qui perdent cavaliers nocturnes. L’art de préparer leur équi-
la raison ou la mémoire par un coup reçu â la page consiste dans une courroie d’une espèce de
tête. Au surplus, le docteur Fodéré parle, dans cuir qu’ils appellent Gandreid-Jaum, sur laquelle
sa Médecine légale, de voleurs et de fous sur le ils impriment leurs runes ou caractères ma-
crâne desquels on n'a point remarqué les protu- giques *.

bérances du vol ni celles de la folie. Ajoutons Ganelon. Voy. Guinefort.


que le crâne de Napoléon I" avait des bosses qui Ganga-Gramma démon , femelle que les In-
ont fort intrigué les phrénologisles. diens craignent l>eaucoup, et par conséquent
Gamahéou Camaïeu, espèce de talisman qui auquel ils rendent de grands honneurs. Il a une
consiste dans des images ou des caractères na- seule tête et quatre bras; il tient dans la main
turellement gravés sur certaines pierres, aux- gauche une petite jatte, et dans la droite une

quels la superstition, a fait attribuer de grandes fourchette à trois pointes. On le mène en pro-
vertus, parce qu’elle les croit produits par l’in- cession sur un char avec beaucoup de pompe ;

quelquefois il se trouve des fanatiques qui se font


fluence des esprits. GafTarcl dit qu’Albcrt le Grand
avait une de ces pierres, sur laquelle était un écraser par dévotion sous ses roues. Les boucs
serpent qui possédait celte admirable vertu d’at- sont les victimes ordinaires qu'on immole. lui

tirer les autres serpents lorsqu’on la plaçait dans Dans les maladies ou dans quelque autre danger,
le lieu où ils venaient. D'autres pierres , ajoute- il se trouve des Indiens qui font vœu s’ils en ,

t-il, guérissent les morsures el chassent les ve- 1


Wierus, De prœst. dœm., p. 926.
nins.Georges Agricola rapporte qu’on voit des > M. Garinet Hisl. de la magie en France p. 1 66.
, ,

Garnahés de la forme de quelques parties du 3 Voyageen Islande traduit du danois, etc., 1802.
GAN — 296 — CAR
réchappent, do pratiquer en l'honneur de Ganga- Garcia (Marie), femme de Madrileschos, près
Grantma la cérémonie suivante. On leur enfonce de Tolède, qui, ayant mangé une orange qu’pne
dans la j)eau du dos des crochets, par le moyen autre femme lui avait donnée devint possédée
,

desquels on les élève en l'air; là ils font quel- et fut tourmentée sept ans par une légion de dé-
ques tours d'adresse, comme des entrechats, en mons. Elle fut exorcisée enfin; le démon qui la
présence des spectateurs. Il se trouve des femmes dominait, sommé de dire son nom répondit ,

l’on persuade que celte


simples et crédules, à qui qu’il s'appelait Asmodée, et qu’il était logé chez

cérémonie est agréable à Ganga- Granuna, et cette femme avec plusieurs autres. On leur de-
manda un signe de leur soumission; ils répondirent
que la veille ils avaientcnlevé quelques pièces de
monnaie d'argent chez la soeur du prêtre qui les
forçait à sortir, parce que cette femme ne les ,

ayant pas retrouvées, les avait données au diable.


On signifia aux démons de rapporter immédiate-
ment ces pièces; aussitôt la possédée tendit le
cou et les vomit. Ces faits eurent lieu le 14 oc-
tobre 1609, devant une foule d’assistants.
Garde des troupeaux. Voy. Troupeaux.
Gardemain (.Marie). Voy. Glocester.
Gargantua, héros populaire de taille gigan-
tesque, dont la légende ne s’accorde pas avec le
roman de Rabelais. Quoique son histoire ne soit
qu'un conte bleu, on montre aux environs d’Ai-
gues-Morles la vieille tour de Gargantua ; et on
n’ose en approcher la nuit, de peur d’élre happé
par un bras de vingt-cinq mètres.
Gargouille. < Que vous dire de la gargouille
qu’elle ne cause aucune douleur. Lorsqu'elles la de Rouen? Il est certain que tous les ans le cha-
sentent, il n’est plus temps de s’en dédire, elles pitre métropolitain de celte ville présentait au
sont déjà en l’air, et les cris des assistants étouf- parlement, le jour de l’Ascension, un criminel
fent leurs plaintes. Une sorte de pénitence, tou- qui obtenait sa grâce, en l’honneur de saint Ro-
jours en l'honneur du même démon, consiste à (
main et de la gargouille. La tradition portait
se laisser passer une ficelle dans la chair, et à qu’à l’époque où saint Romain occupait le siège
danser pendant que d’autres personnes tirent épiscopal do Rouen, un dragon, embusqué à quel-
cette ficelle. La nuit qui suit la fête de Ganga- ;
que distance de la ville, s’élançait sur les pas-
Gramma, on lui sacrifie un buffle dont on re- sants et les dévorait. C'est ce dragon qu’on ap-
cueille le sang dans un vase on le place devant;
pelle la gargouille. Saint Romain, accompagné
l'idole, et l’on assure que le lendemain il se trouve d’un criminel condamné à mort, alla attaquer le
vide. Des auteurs disent qu'autrefois, au lieu d'un monstre jusque dans sa caverne; il l’enchaiua et
buffle, on immolait une victime humaine. le conduisit sur la place publique, où il fut brûle,

Ganguy (Simone), dite la petite mère, sor- à la grande satisfaction des diocésains'. » On a
cière, amie de Madeleine Bavent. Il ne paraît pas contesté cette légende en niant les dragons, dont
qu elle ait été brûlée. les géologues actuels reconnaissent pourtant que
Ganipotes, loups-garous de la Sainlonge. l'existence a été réelle. Il se peut toutefois que
Voy. Ltcanthropie. ce dragon soit ici une allégorie. Des historiens
Ganna, devineresse germaine; elle avait suc- rapportent que, du temps de saint Romain, la

cédé à Velléda elle fit un voyage à Rome où


; ,
ville de Rouen fut menacée d’une inondation;
elle reçut de grands honneurs de Domitien'. que ce saint prélat eut le bonheur de l'arrêter
Gantière, sorcière. En 1582, le parlement par ses soins et par ses prières. Voilà l'explica-
de Paris confirma la sentence de mort du bailli tion toute simple du miracle de la gargouille. Ce
de la Ferlé contre la femme Gantière. Elle avouait mot, dans notre vieille langue, signifie irruption,
que la Lofarde l’avait transportée au sabbat; que bouillonnement de l'eau. Des savants auront
le diable l'avait marquée; qu’il était vêtu d’un rendu le mot hydra par celui de dragon.
habit jaune qu’il lui avait donné huit sous pour
;
Garibaut (Jeanne), sorcière. Voy. Grenier et
payer sa taille; mais que, de retour dans son lo- Pierre Larourant.
gis, elle ne les avait plus trouvés dans son mou- Garinet (Jules), auteur de l' Histoire de la ma-
choir. gie en France, Taris, 1818, in-8". On trouve à la
Garandier, démon invoqué dans les litanies tête de cet ouvrage curieux une description du
du sabbat. sabbat, une dissertation sur les démons, un dis-
1
Tacite, Annotes, 65. 1
M. Salgues, Des erreurs, I. III, p. 370.

Digitized by Google
GAR — 297 — GAU
cours sur les superslilions qui se rattachent à la Gastrocnémie pays imaginaire dont parle
,

magie chez les anciens et chez les modernes. Lucien, où les cnfanLs étaient portés dans le gras
Beaucoup de faits intéressants mériteraient h ce de la jambe; ils en étaient extraits au moyen
livre une nouvelle édition mais l'auteur, fort
; d’une incision.
jeune lorsqu’il le publia lui a donné une teinte
, Gastromancie ou Garosmancie, divination
philosophique et peu morale que son esprit élevé qui se pratiquait en plaçant entre plusieurs bou-
et scs vastes études doivent lui faire désapprou- gies allumées des vases de verre ronds et pleins
ver aujourd’hui. Une nouvelle édition serait donc d’eau claire; après avoir invoqué et interrogé
recherchée. les démons à voix basse , on faisait regarder
Garnier (Gilles), loup-garou, condamné à attentivement la superficie de ces vases par un
Dole, sous Louis XIII, comme ayant dévoré plu- jeune garçon ou par une jeune femme; puis on
sieurs enfants. On le brûla vif, et son corps, ré- lisait la réponse sur des images tracées par la
duit en cendres, fut dispersé au vent. Henri Ca- réfraction de la lumière dans les verres. Ca-
mus, docteur en droit et conseiller du roi, exposa gliostro employait cette divination.
que « Gilles Garnier avait pris dans une vigne Une autre espèce de gastromancie se prati-
une jeune fille de dix ans, l’avait tuée et occise, quait par le devin qui répondait sans remuer les
l’avait traînée jusqu'au bois de la Serre, et que, lèvres, en sorte qu'on croyait entendre une voix
non content d’eo manger, il en avait apporté à aérienne. Le nom de cette divination signifie di-
sa femme; qu’un autre jour étant en forme de vination par le ventre; aussi, pour l’exercer, il
loup (travestissement horrible qu’il prenait sans faut être ventriloque, ou possédé, ou sorcier.
doute pour sa chasse), il avait également tué et Dans le dernier cas, on allume des flambeaux
dévoré un jeune garçon, à une lieue de Dole, autour de quelques verres d’eau limpide, puis on
entre Grédisans et Monotéc ; qu’en sa forme agite l’eau en invoquant un esprit qui ne larde
d’homme il non de loup il avait pris un nuire pas à répondre d’une voix grêle dans le ventre
jeune garçon de l'àgc de douze à treize ans, et du sorcier en fonction. Les charlatans trouvant
qu’il l’avait emporté dans le bois pour l'étran- dans les moindres choses des moyens sûrs d’en
gler... '. » C'est sans doule le même que Ger- imposer au peuple et de réussir dans leurs four-
mar. beries, la ventriloquie doit être pour eux d’un
Garniza. l'oy, Éléazas. grand avantage. Un marchand de Lyon, étant un
Garosmancie. Voij. Gastromancif.. jour à la campagne avec son valet, entendit une
Garuda ,
oiseau fabuleux qu’on représente voix qui lui ordonnait, de la part du ciel, de
souvent avec la tête d’un beau jeune homme, un donner une partie de ses biens aux pauvres, et
collier blanc et le corps d'un aigle. Il sert de de récompenser son serviteur. Il obéit et re-
mouture à Wishnou, comme l’aigle servait de garda comme miraculeuses les paroles qui sor-
taient du ventre de son domestique. On savait
si peu autrefois ce que c’était qu’uu ventri-
loque que les plus grands personnages attri-
,

buaient toujours ce talent à la présence des


démons. Photius, patriarche de Constantinople,
dit dans une de ses lettres « On a entendu
:

le malin esprit parler dans le ventre d'une per-

sonne, et il mérite bien d'avoir l’ordure pour


logis. »
Gâteau des rois. La part des absents quand ,

on partage le gâteau des rois, se garde précieu-


sement; dans certaines maisons superstitieuses,
elle indique l'état de la santé de ces personnes
absentes par sa bonne conservation une mala- ;

die, par des taches ou des ruptures.


Gâteau triangulaire de Saint-Loup. Le;
personnes superstitieuses font ce gâteau le 29 juil-
let, avant le lever du soleil; il est composé de

pure farine de froment, de seigle et d’orge pé- ,

véhicule à Jupiter. Les Indiens racontent qu’il trie avec trois œufs et trois cuillerées de sel en ,

naquit d’un cruf que sa mère Dit! avait pondu et forme triangulaire. On le donne, par aumône, au
qu'elle couva cinq ans. premier pauvre qu’on rencontre, pour rompre
Gaspard, démon qui servait Héliodore. l'oyez les maléfices.
ce mot. Gauchelin, prêtre du onzième siècle, qui eut
1
M. Jules Garinet, Ilitl. Je la magie en France, une vision célèbre. C'était une immense troupe
p. m. de défunts faisant leur pénitence et conduits par

Digitized by Google
GAll — 298 — GAV
des démons. Elle a été conservée par Orderic 1575, 3 vol. in-fol. On y trouve aussi un A' toge
Vital '. de T astrologie. On attribue à son frère Pompo-
Gaufridi (Louis-Jean-Baplisle) , curé de Mar- nius Gauric un livre dans lequel on traite de la
seille qui, infidèle à ses devoirs, tomba dans le physiognomonie , de l'astrologie naturelle, etc. 1 ;

désordre et se fit sorcier vers la fin du seizième mais il ne parait pas que cet ouvrage soit de
siècle. On raconte que le diable lui apparut un Poinponius, il serait plutôt de Luc. Le Traité
jour, pendant qu'il lisait un livre de magie; ils astrologique de Luc Gauric’ est un livre assez
entrèrent en conversation et firent connaissance. curieux. Pour prouver la vérité de l’astrologie,
Le prêtre se livra au diable par un pacte en rè- il dresse l'horoscope de tous les personnages
gle, à condition qu’il lui donnerait le pouvoir
de illustres, dont il a pu découvrir l’heure do la
suborner et de séduire en souillant au visage. naissance; il démontre que tout ce qui leur est
Le diable y consentit d’autant plus volontiers, arrivé se trouvait prédit dans leur horoscope, —
qu'il trouvait dans ce marché un double avan- comme si on n'y trouvait pas tout ce qu’on vent!
tage. L'apostat s'éprit de la fille d’un gentil- Gaurie, génie ou lutin que la superstition des
homme, Madeleine de la Palud, dont l'histoire villageois bas bretons croit voir danser autour
est devenue célèbre. Mais bientôt la demoiselle des amas de pierres, ou monuments druidiques,
effrayée se retira dans un couvent d’ursulines. désignés dans la langue des anciens insulaires
Gaufridi furieux y envoya, disent les relations du par le mot chiorgaur, que l'on a traduit par
temps, une légion de démons; la sorcellerie du ceux-ci ; chorea gigantum ,
ou danse des géants,
prêtre fut prouvée. Un arrêt du parlement de mais qu’il serait peut-être plus exact d'entendre
Provence le condamna au feu, en avril 1611. chorca Oauriorum, danse des Gauries.
Gauric (Luc), astrologue né en
napolitain, Gauthier (Jean), alchimiste. Charles l\,
1/|76. Selon Mézeray et le président de Thou, il trompé par ses promesses, lui fit donner, pour
annonça positivement que le roi Henri II serait faire de l'or, cent vingt mille livres, et l’adepte
tué dans un duel et mourrait d’une blessure à se mil à l'ouvrage. Mais après avoir travaillé huit
l’fL-il ce qui fut vrai. Catherine de Médicis avait
; jours, il se sauva avec l'argent du monarque:
on courut à sa poursuite, on l’attrapa, et il fut
pendu.
Gauthier, conspirateur écossais. Foy. Wal-
Tt;n.

Gauthier de Bruges. On conte que ce cor-


dclier, nommé évêque par le pape Nicolas III,
et déposé par Clément V, appela h Dieu de cette
déposition et demanda qu'en l'inhumant on lui
mit son acte d’appel à la main. Quelque temps
après sa mort, le pape Clément V, étant venu à
Poitiers, et se trouvant logé au couvent des Cor-
deliers, désira visiter les restes de. celui qu’il
avait déposé; on ajoute qu'il se fit ouvrir le
tombeau, et qu’il fut effrayé en voyant Gauthier
de Bruges agitant son acte d'appel d’une main
desséchée ’. » Conte imaginé par les ennemis du
Pape.
Gayot de Pitaval, Lyonnais, auteur de la

compilation des Causes célèbres, ouvrage indi-


geste.Mort en 1743. Nous ne le citons que pour
faireremarquer l’esprit léger, mais hostile, dans
lequel à propos de la possession de Loudun il
, ,

a admis tous les mensonges de Saint- Aubin.


en Luc Gauric la confiancela plus entière. Ben-
Foy. ce nom.
tivoglio, seigneur de Bologne, le condamna à
cinq tours d’estrapade ,
pour avoir eu la har- Pomponii Gaurici Neapolitani traclatus de sym-
*

diesse de lui prédire qu’il serait chassé de ses metriis , lineamentie et physiognomonia ejusque spe- .

États; ce qui n’était pas difficile à prévoir, vu la ciebus, etc., Argcnlor,, <630, avec la Chiromancie
do Jean Ab Indagine.
disposition des esprits qui délestaient ce sei- 3 I.ucre' Gauriri
geophonensis epixeopi cicitatensis
gneur. Gauric mourut en 1558, Jgé de quatre- traclatus astrulogicus , in quo aqilur de prrrteritis
vingt-deux ans. On a de lui une Description de la multorum hominum acridentibus per proprias eorum
sphère céleste, publiée dans ses œuvres, Bâle, genituras, ad unguem examinons. Venetiis. ln-4°,
1552.
3 M. de Mnrchangy, Tristan le voyageur, ou la
Voyez cette vision dans
1
les Légendes de l’autre
France au quatorzième er
monde. siècle, t. I ,
ch. iv, p. 63.

Digitized by Google
GAZ — 299 — GÉL
Gazardiel, ange qui, selon leTahnud, pré- Baastrausée, pêcheur de son métier, qui avait
side à l’Orient, afin d'avoir soin que le soleil se huit pieds du Rhin de hauteur et qui pesait cinq
lève et de l'éveiller s’il ne se levait pas. cents livres. Pour la force, nous citerons Milon
Gaze (Théodore de), propriétaire d'une ferme de Crotone, tant de fois vainqueur aux jeux Olym-
dans Campanie, au seizième siècle; il la fai-
la piques ; ce Suédois qui, sans armes, tua dix sol-
sait cultiver par un fermier. Comme ce bon- dats armés; ce Milanais qui portail un cheval
homme travaillait un jour dans un champ, il chargé de blé; ce Barsabas qui, du temps de
découvrit un vase rond où étaient enfermées les Louis XIV, enlevait un cavalier avec son équipage
cendres d’un mort. Aussitôt il lui apparut un et sa monture; ces géants et ces hercules qu’on
spectre qui lui commanda de remettre en terre montre tous les jours au public. Mais la différence
le même vase avec ce qu'il contenait, sinon qu'il qu’il y a entre eux et le reste des hommes est
ferait mourir son fils aîné. Le fermier ne tint petite si on compare leur taille réelle à la taille
,

compte de ces menaces et peu de jours après


, prodigieuse que les traditions donnent aux an-
son fils ainé fut trouvé mort dans son lit- Quel- ciens géants.
que temps plus tard le même spectre lui appa-
, Geber, roi des Indes et grand magicien , au-
rut, lui réitérant le même commandement, et le quel on attribue un traité absurde du rapport
menaça de faire mourir sou second fils. Le la- des sept planètes aux sept noms de Dieu, et
boureur avertit de tout cela Théodore de Gaze, quelques autres opuscules inconnus*.
qui vint lui-même à sa métairie et fit remettre Gedi, pierre merveilleuse qui, dans l'opinion
le tout à sa place : sachant bien, dit Leloyer, des Gètes, avait la vertu, lorsqu’on la trempait
qu’il fait mauvais jouer avecmorts les dans l’eau, de changer l’air et d’exciter des vents
Gaziel, démon chargé degarde des trésors
la et des pluies orageuses. On ne connaît plus la
souterrains, qu’il transporte d’un lieu à un autre forme de celte pierre.
pour les soustraire aux hommes. C’est lui qui Geilana, duchesse deFranconie, ayant ordonné
ébranle les fondements des maisons et fait souf- le meurtre de saint Kilian, fut, aussitôt après le
fler des vents accompagnés de flammes. Quel- crime, possédée d’un démon.
quefois il forme des danses qui disparaissent tout Geillis Duncane, sorcière anglaise qui gué-
à coup; il inspire la terreur par un grand bruit rissait certaines maladies par l'aide d’un démon,
de cloches et de clochettes il ranime les cada-
;
comme elle ledéclara. Le roi Jacques la fil arrêter.
vres, mais pour un moment. Anarazel est son Geiralda, sorcière. Voy. Kalta.
compagnon. Gello ou Giio, c'était une fille qui avait la
Géants. Les géants de la fable avaient le re- manie d’enlever les petits enfants. On dit même
gard farouche et elfrayant, de longs cheveux, que parfois elle les mangeait et qu’elle emporia
,

une grande barbe des jambes et des pieds de


,
un jour le petit empereur Maurice; mais qu’elle
serpent, et quelques-uns cent bras et cinquante- ne put lui faire aucun mal , parce qu’il avait sur
têtes. Homère représente les Aloldes, géants re- lui des amulettes. Son fantôme errait dans l'ile

marquables, comme étant d'une taille si prodi- de Lesbos, où, comme elle était jalouse de toutes
gieuse qu’à l'âge de neuf ans ils avaient neuf les mères, elle faisait mourir dans leur sein les

coudées de grosseur, trente-six de hauteur, et enfants qu'elles portaient, un peu avant qu’ils
croissaient chaque année d’une coudée de cir- fussent à terme ’. On voit que c’était l’épouvan-
conférence et d’un mètre de haut. Les talmudistes tail du sixième siècle. Elle n'était pas seule.

assurent qu'il y avait des géants dans l’arche. Gelions, compagnons de Gello en Grèce. Ces
Comme ils y tenaient beaucoup de place on fut ,
esprits pénètrent dans les appartements quoique

obligé, disent-ils, de faire sortir le rhinocéros, les portes en soient fermées et y enlèvent les
qui suivit l’arche à la nage. Aux noces de Charles enfants. Voyez aussi G éludes.
le Bel, roi de France, on vit une femme de Zé- Gellone (vallée de). Voy. Ptr..
lande d'une taille extraordinaire, auprès de qui Geloscopie. Espèce de divination qui se tire

les hommes les plus hauts paraissaient des en- du rire. On prétend acquérir ainsi la con-
fants elle était si forte, qu’elle enlevait de chaque
;
naissance du caractère d'une personne et de ,

main deux tonneaux de bière, cl portait aisément ses pcnchanLs bons ou mauvais. Un rire franc
huit hommes sur une poutre '. Il est certain qu'il n’annonce certainement pas une âme fausse, et
on peut se défier quelquefois d'un
y a eu de tout temps des hommes d'une taille
rire forcé.

et d’une force au-dessus de l'ordinaire. On trouva Voy. Physiognomonie.


au Mexique des os d'hommes trois fois aussi Géludes, sorcières-vampires de l’Orient. Saint

grands que nous, et, dit-on, dans l’ile de Crète Jean Damascène parle de ces monstres qui en-
un cadavre de quarante-cinq pieds... Hector de traient dans les maisons malgré serrures et ver-
Boëce dit avoir vu les restes d'un homme qui
1
Naudé, Apologie pour toux lex grandi person-
avait quatorze pieds. En 1693, il y avait à Lo-
nages soupçonnes de magie, ch. xiv, p. 360.
kerké un homme assez maigre, nommé Gucrrit J Delrio, Dixquisitions magiques; YVierus, De
1
Junsthoni thaumatographia. prœxt., p. i66.

LiOi
tous , le sang des enfants ou les enle-
suçaient I l'auteur du mal; que, pour gouverner le cours
vaient pour mangerleur foie. Mais il cite ces du soleil des étoiles et des planètes, il a créé
,

propos commecroyances erronées. une multitude innombrable de génies, qui ont


Gématrie. une des divisions de la cabale
C’est été qui sont et seront toujours bons et bienfai-
,

chez les Juifs. Elle consiste à prendre les lettres sants; qu’il créa l’homme indifféremment avec
d’un mot hébreu pour des chiffres ou nombres tous les autres animaux, et que l'homme n'avait
arithmétiques, et à expliquer chaque mot par la que des pattes comme les chiens; que la paix et
valeur arithmétique des lettres qui le composent. la concorde régnèrent sur la terre pendant plu-

Selon d'autres, c’est une interprétation qui se fait sieurs siècles, et qu'il ne s’y commettait aucun
par la transposition des lettres. désordre que malheureusement un génie prit
;

Gemma (Cornélius), savant professeur de l'espèce humaine en affection, lui donna des
Louvain, auteur d'un livre intitulé l>c< carartii es mains, et que voilà l’origine et l'époque du mal.
divins et des choses admirables' publié à Anvers,
,
L’homme alors se procura des forces artificielles,
chez Christophe Plantin.-architypographe du roi ; se fabriqua des armes attaqua les autres ani-
,

1573, in-12. C’est un tableau des merveilles de maux, lit des ouvrages surprenants; et l’adresse
la nature dont l’auteur a profondément saisi la de ses mains le rendit orgueilleux l'orgueil lui ;

marche et le but. Il y a des réllexions admirables, inspira le désir de la propriété et la vanité de


exprimées avec un langage de sentiment qui posséder certaines choses à l’exclusion des autres;
touche autant qu’il instruit le lecteur. les querelles et les guerres commencèrent ; la

Génération. Voy. Enfants. victoire fit des tyrans et des esclaves, des riches
Gengues, devins japonais qui font profession et des pauvres. Il est vrai, ajoutent les borbo-
de découvrir les choses cachées et de retrouver rites, que si l’homme n’avait jamais eu que des
1
les choses perdues. Ils habitent des huttes per- pattes, il n’aurait pas bâti des villes, ni des pa-

chées sur le sommet des montagnes et sont tous lais, ni des vaisseaux ; qu'il n’aurait pas couru les
extrêmement laids. Il leur est permis de se ma- mers: n’aurait pas inventé l’écriture, ni
qu'il
rier, mais seulement avec des femmes de leur composé des livres ; et qu’ainsi les connaissances
caste et de leur secte. Un voyageur prétend que de son esprit ne se seraient point étendues. Mais
le signe caractéristique de ces devins est une aussi il n’aurait éprouvé que les maux physiques
corne qui leur pousse sur la tête. Il ajoute qu’ils et corporels, qui ne sont pas comparables à ceux
sont tous vendus au diable qui leur souille leurs d’une âme agitée par l'ambition, l’orgueil, l’ava-
oracles; quand leur bail est fini, le diable leur ’•

rice, par les inquiétudes et les soins qu'on se


ordonne de l’attendre sur une certaine roche. A donne pour élever une famille, et par la crainte
midi, ou plus sauvent vers le soir, il passe au de l’opprobre, du déshonneur, de la misère et
milieu de l'assemblée; sa présence cause une des châtiments. Aristote observe que l’homme
vive émotion. Une force irrésistible entraîne alors n'est pas supérieur aux animaux parce qu'il a
ces malheureux, qui sont précipités & sa suite et une main, mais qu'il a une main parce qu'il est
ne reparaissent plus supérieur aux animaux.
Géniane, pierre fabuleuse à laquelle on attri- '

Les Arabes ne croient pas qu’Adam ait été le


buait la vertu de chagriner les ennemis de ceux | premier être raisonnable qui ait habité la terre,
qui la portaient. On pouvait de très-loin, en fret- I
mais seulement le père de tous les hommes ac-
'

tant sa pierre, vexer de toute façon les amis tuellement existants. Ils pensent que la terre
dont on avait à se plaindre, et se venger sans se était peuplée avant la création d’Adam par des
compromettre. Les doctes n'indiquent pas où se êtres d'une espèce supérieure à la nôtre que ;

trouve cette pierre curieuse. dans la composition de ces êtres, créés de Dieu
Génies. La tradition parvenue
des anges, comme nous, il entrait plus de feu divin et moins
altérée chez les en a fait des génies.
païens, de limon. Ces êtres, qui ont habité la terre pen-
Chacun avait son génie. Un magicien d Égypte dant plusieurs milliers de siècles, sont les génies,
avertit Marc-Antoine que son génie était vaincu qui ensuite furent renvoyés dans une région par-
par celui d’Octave; et Antoine intimidé se retira ticulière, mais d’où il n’est pas impossible de les
vers Cléopâtre Néron, dans Ilritannicus, dit en
.
évoquer et de les voir paraître encore quelque-
parlant de sa mère : fois, par la force des paroles magiques et des

talismans. Il y a deux sortes de génies, ajoutent-


Mon génie étonné tremble devant le sien.
ils,les péris, ou génies bienfaisants, et les dives,

Les borborites, hérétiques des premiers siècles ou génies malfaisants. Gian-lten-gian, du nom de
de l’Église, enseignaient que Dieu ne peut être qui ils furent appelés ginnes ou génies, est le

plus fameux de leurs rois. Le Ginnislan est un


1
De nalurte divinis çtusracterismis ,
seu raris et I

pays de délices et de merveilles, où ils ont été


admirandis spectaculis, euttsis, wdiciis, projtrictatibus \

relégués parTaymural, l’un des plus anciens rois


re rum in partibus siwjulis uniiersi libri il, aucturr
Cornetio Gemma . etc. de l’erse. Ce sont encore là des vestiges altérés
2 Plutarque, l ie de Marc-Antoine. de l’ancienne tradition.

iigitized by CjOOgl
GÉN — 301 — GÉR
Les Chinois ont des génies qui président aux procédé que celui du marc de café. Selon d’auLres
eaux aux montagnes et chacun d'eux est honoré
, ; docteurs, la géomancie se pratique tantôt en
pur des sacrifices solennels. l oi/. Fées, Anges, — traçant par terre ou sur un gloi>c des lignes et des
Esprits, etc. cercles, sur lesquels on veut deviner ce qu'on a
Génirade, médecin matérialiste, ami de saint
Augustin et très-connu à Carthage pour sa grande
capacité. doutait qu'il y eût un autre monde
Il

que celui-ci. Mais une nuit il vit en songe un


jeune homme qui lui dit : — Suivez-moi. — Il le
suivit et se trouva dans une ville où il entendit
une mélodie admirable. Une autre fois il vit le
ménie jeune homme qui lui dit : — Me connais-
sez-vous? —
Fort bicrt, lui répondit-il. — Et d’où
me connaissez-vous ? — Gérinadc. lui raconta ce
qu’il lui avait fait voir dans la ville où il l’avait
conduit. Le jeune homme ajouta Est-ce en : —
songe ou éveillé que vous avez vu tout cela ? —
C’est en songe, répondit le médecin. Le jeune
homme dit : — Où est à présent votre corps? —
Dans mon lit. — Savez-vous bien que vous ne
voyez rien à présent des yeux du corps? Je —
le sais. —
Quels sont donc les yeux par lesquels envie d'apprendre Lan tôt en faisant au hasard, par
;

vous me voyez?... Comme le médecin hésitait terre ou sur le papier, plusieurs points sans gar-
et ne savait que répondre, le jeune homme lui der aucun ordre-, que le hasard forme
les figures
dit encore : —
De même que vous me voyez et alors fondent un jugement sur l'avenir; tantôt
m’entendez, à présent que vos yeux sont fermés enfin en observant les fentes et les crevasses qui
et vos sens engourdis, ainsi après votre mort se font naturellement à la surface de la terre,
vous vivrez vous verrez vous entendrez mais
,
d'où sortent, dit -on, des exhalaisons prophéti-
des yeux de l’esprit. Ne doutez donc plus.
, ,

— ques, comme de l’antre de Delphes.


Génirade conclut que si l'âme pouvait voyager Gérard. C'est le nom, à co qu’on croit, de
ainsi dans le sommeil, elle n’était donc pas liée l'architecte qui entreprit la somptueuse basilique
à la matière ; et il se convertit. de Cologne. Plusieurs traditions se rattachent à
Gennadius ,
patriarche de Constantinople. Al- cet immense édifice. Selon les unes, le diable en
lant à son église, il rencontra un spectre hideux. aurait fait le plan et l'aurait offert â Gérard,
11 reconnut que c’était le diable, le conjura et moyennant un pacte qui lui eût livré son âme.
entendit une voix qui lui dit : — Je t'avertis, L'architecte aurait d’une main saisi le plan, et
Gennadius, que durant tu vie je ne pourrai nuire de l’autre, armée d’une relique de sainte Ursule,

plus que toi à l’Église grecque; mais après la ilaurait mis le diable en fuite. Mais en se retirant
mort je la ruinerai. Le patriarche se mit à — violemment le diable avait arraché du plan la
genoux, pria pour son Église, et mourut peu portion la plus importante ce qui fit que le mo-
;

après'. Ceri se passait tandis que Mahomet II nument n'a pu être achevé. Selon d'autres tra-
faisait la conquête de l’empire. ditions, Gérard était avancé dans l'érection de sa
Geoffroi d'Iden, chevalier du treizième siècle, cathédrale au point où nous la voyons lorsqu'il ,

qui fut tué dans une guerre injuste au diocèse de paria orgueilleusement avec le diable qu’il au-
Mâcon, et qui revint, deux mois après, réclamer rait achevé sa grande tour avant que lui, Satan,

des prières. Il se montra deux fois à deux per- eût terminé le grand aqueduc de Trêves à Co-
sonnes différentes, portant encore saignante logne, qu’il avait entrepris. Mais le diable gagna
l’énorme blessure qui lui avait donné la mort le pari, et Gérard humilié se précipita du haut de
;

et il obtint ce qu’il demandait. Ces faits, dont sa tour, dont personne jusqu’ici n'a entrepris
tonte la contrée ne put douter, sont rapportés l’achèvement.
par I'ierrc le Vénérable 1 .
Gérard le Diable, garnement du treizième
Géomancie ou Gèomance, divination par la siècle, enfant de grande maison à Gand. La si-
terre. Elle consiste à jeterune poignée de pous- nistre histoire de ce possédé de son (ils Gérard
,

sière ou de terre au hasard sur une table-, pour le Maure cl de la tour rouge est établie dans les
juger des événements futurs par les lignes et les Légendes infernales.
figures qui en résultent c'est â peu près le même :
Gérardine (Pose) pauvre femme de la Lor-
,

raine qui fut arrêtée comme sorcière eu 1856.


' Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des
Elle confessa qu’on l’avait emmenée au sabbat
esprits, p. Z70.
* Voyez celte histoire
dans les Légendes de l'autre malgré elle, qu'on l'avait cruellement lia Une
monde (légendes du purgatoire). parce qu'elle se refusait à faire le mal qui lui

Digitized by (joogle
, .

GER — 302 — GH!

était prescrit; et elle montrait les traces des Préchac en Gascogne, qui confessa vers 1608
plaies qu’elle avait reçues. Elle no fut pas punie. que, lorsqu’une sorcière revenant du sabbat était
Gerbert. l’oy. Sylvestre II. tuée dans le chemin, le diable avait l'habitude
Géréabs. Les habitants de Ceyla'n croient les de prendre sa figure, et de la faire reparaître et
planètes occupées par des esprits qui sont les mourir dans son logis pour la tenir en bonne ré-
arbitres de leur sort, lis leur attribuent le pou- putation. Mais si celui qui l’a tuée a quelque
voir de rendre leurs favoris heureux en dépit bougie ou chandelle de cire sur lui, et qu’il en
des démons. Ils forment autant d’images d'argile fasse une croix sur la morte , le diable ne peut,
appelées Géréahs qu’ils supposent d’esprits mal malgré toute sa puissance, la tirer de la et par ,

disposés;ils leur donnentdes ligures monstrueuses conséquent est forcé de l'y laisser
et leshonorent en mangeant et buvant le festin ;
Gervais archevêque de Reims, mort en 1 067,
,

est accompagné de tambours et de danses jus- dont on conte celte aventure. Un chevalier nor-
qu’au point du jour: les images sont jetées alors mand qui le connaissait, voulant, pour le besoin
sur les grands chemins, où elles reçoivent les de son âme, aller à Rome visiter les tombeaux
coups et épuisent la colère des démons malin- des saints apôtres, passa par Reims, où il de-
tentionnés. manda à l’archevêque sa bénédiction ,
puis il

Germanicus, général romain qui fut empoi- reprit son chemin, dont il s’était écarté. Il arriva
sonné par Plancine. Ou ne dit pas si ce fut par â Rome et fit ses oraisons. Il voulut ensuite aller
des parfums ou par un poison plus direct, on par au mont Saint-Ange. Dans son chemin, il ren-
des maléfices; mais ce qui est certain, dit Tacite, contra un ermite qui lui demanda s’il connaissait
c’est que l’on trouva dans sa demeure des osse- Gervais, archevêque de Reims à quoi le voya- ;

ments et des cendres de morts arrachés aux tom- geur répondit qu'il le connaissait. —«Gervais est
beaux, et le nom de Germanicus écrit sur une mort, reprit l'ermite. Le Normand demeura —
lame de plomb qu’on avait dévouée à l’enfer’. stupéfait il pria l'inconnu de lui dire comment
;

Germar (Gilles), infâme coquin, né â Lyon il savait celte nouvelle. L’ermite lui répondit,
et arrêté à Dôle pour ses crimes à travers les ,
qu'ayant passé la nuit en prière dans sa cellule,
guerres de la réforme. Il avoua, sans y être con- il avait entendu le bruit d’uue foule de gens qui
traint, qu’un jour, habillé en loup-garou, il avait, marchaient le long de son corridor en faisant
dans le bois de la Serre près de Dôle , étranglé beaucoup de bruit ; qu’il avait ouvert sa fenêtre,
une jeune fille et qu'après avoir mangé la chair et demandé où ils allaient que l'un d’eux lui ;

de ses bras et de scs jambes, il en avait porté à avait répondu Nous sommes les anges de Sa-
:

sa femme qui partageait ses goûts; qu’un mois tan; nous venons de Reims. Nous emportions
après il avait , sous la même forme de loup-ga- l’âme de Gervais; mais à cause de ses bonnes
rou, tué une jeune fille pour la manger pareille- œuvres, on vient de nous l’enlever, ce qui nous
ment, mais qu’il en avait été empêchée par l’ar- fâche rudement. Le pèlerin remarqua le temps
rivée de trois personnes à l’aspect desquelles il
, et le jour où il avait appris tout cela, et de retour
s'était enfui;que quinze jours plus tard, dans la à Reims, il trouva que l’archevêque Gervais était
vigne de Grédisans, il avait tué un enfant et en mort à la même heure *.
avait mangé aussi la chair des bras et des jambes ; Geyseric, démoniaque goth, dont l’âme fut
enfin que, cette fois en sa forme d'homme et non emportée par le diable en enfer après que son
plus en loup-garou, il avait tué un enfant de douze corps eut crevé, comme ceux de Bucer et d’Arius,
à treize ans dans le bois de Pérouze et qu’il se pendant qu’il était au lit ’.
disposait à le manger lorsqu’on l’avait arrêté. Ghilcul nu Gilgoul. Chez les Juifs modernes
Cet anthropophage fut condamné au feu’. c’est la métempsycose ou transmigration des
Géroldseck l'un des vieux manoirs des bords
,
âmes en d’autres corps , doctrine reçue dans quel-
du Rhin. Sous ses ruines sont ensevelis Wittich ques-unes de leurs sectes. Selon une de leurs
Siegfried et d’autres chevaliers bandits des plus traditions, le prophète Élic avait été auparavant
mauvais jours du moyen âge, attendant le juge- Phinéès, fils d'Aaron.
ment dernier. Ghirardelli (Corneille), franciscain, né à
Gerson (Jean Charlier de), chancelier, pieux Bologne vers la fin du seizième siècle. Il étudia
et savant, de l’université de Paris, mort en lè29, l’astrologie etla métoposcopie on connaît de ;

auteur de Y Examen des esprits, où l’on trouve lui des discours astrologiques, des almanachs
des règles pour discerner les fausses révélations comme celui de Matthieu Lænsberg, enfin la Cé-
des véritables ; auteur aussi de V Astrologie refor- phalonie p/iysionomique, avec cent têtes dessi-
mée, qui eut un grand succès. Nous ne parlons
pas ici de ses ouvrages de piété.
1
Delancre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc.,

p. 45,’i
Gert (Berlhominc de), sorcière de la ville de 2 Manuscrit de la bibliothèque impériale, rapporté

Leloyer. Histoire des spectres


• et apparitions des par Lcnglct-Dufresnoy, Dissertations, t. 1er .
esprits, p. 370. 3 flelancre Tabl. dé l'inconstance des démons, etc.,
,

* Bodin, Démonomanie, liv. 11. p. 5.

Digitized by Google
,

GHO — 303 — GIR

nées el des jugements sur chaque figure, lesquels l’abbaye de Saint-Guislain l’épitaphe de Gilles
jugements sont renfermés en un sonnet rehaussé de Chili ; mais elle a disparu avec la vieille
d’un distique; in-ù", 1630. église '.

Gholes. La croyance aux vampires, aux gho- Gilles de Vailladoros. f'oy. Vailladoros.
les , aux lamies qui sont h peu prés le même
,
Gilo. f'oy. Geli.0.
genre de spectres, est répandue de temps immé- Gimi ou Gimin, génies que les musulmans
morial chez les Arabes, chez les Perses, dans la croient d’une nature mitoyenne entre l’ange el
Grèce moderne et dans tout l'Orient. Les Mille et l'homme. Ce sont nos esprits follets.
une Xuits et plusieurs autres contes arabes rou- Ginguérers cinquième tribu des géants ou
,

lent sur celte matière, et maintenant encore cette génies malfaisants chez les Orientaux.
terrible superstition porte l'épouvante dans plu- Ginnes, génies femelles chez les Persans, qui
sieurs contrées de laGrèce moderne el de l'Ara- les disent maudites par Salomon, et formées
bie. Les gholes sont du sexe féminin. On en cite d'un feu liquide et bouillonnant avant la création
des histoires qui remontent jusqu'au dixième de l’homme.
siècle et même jusqu’au règne d’Haroun al Ras- Ginnistan, pays imaginaire où les génies mal-
chid. Klles mangent la chair humaine et boivent faisants font leur résidence, selon les opinions
le sang, comme les loups-garous plutôt que comme populaires des Persans. f'oy. Génies.
les vampires, car elles n’ont pas toujours besoin Ginnungagap , nom de l'ablme, partie de
d’être mortes pour se livrer à leurs festins fu- l’enfer chez les Scandinaves.
nèbres. Quand la chair vivante leur manque, Gioerninca-Vedur. Les Islandais appellent
elles vont dans les cimetières déterrer les cada- de ce nom le pouvoir magique d’exciter des orages
vres frais. Ces traditions doivent être fondées sur et des tempêtes, et de faire périr des barques et
des faits sinistres. des bâtiments en mer. Cette idée superstitieuse
On voit aussi dans les contes orientaux une appartient autant à la magie moderne qu'à l'an-

espèce de vampire qui ne peut conserver son cienne. Les ustensiles que les initiés emploient
odieuse vie qu'en avalant de temps en temps le sont très-simples par exemple une bajoue de
:

cœur d’un jeune homme : ces contes prouvent tête de poisson sur laquelle ils peignent ou gra-
que les horribles idées du vampirisme sont an- vent différents caractères magiques, entre autres
ciennes en Arabie. la tête du dieu Thor, de qui ils ont emprunté cette

Ghoolée-Beenban, vampire, ou lamie ou espèce de magic. Le grand art consiste à n’ein-


ghole. Les Afghans croient que chaque solitude, ploycr qu'un ou deux caractères, el tout leur se-
chaque désert de pays est habité par un
leur cret est que les mots Thor hafol ou hafut puis-
démon Ghoolée-Beenban ou
qu'ils appellent le sent être lus devant eux ou en leur absence sans ,
,

le spectre deIls désignent souvent la


la solitude. être compris de ceux qui ne sont pas admis à la
férocité d’une tribu en disant qu’elle est sauvage connaissance de ces mystères.
comme le démon du désert. Giourtasch, pierre mystérieuse que les Turcs
Giall, fleuve des enfers Scandinaves; on le orientaux croient avoir reçue de main en main
passe sur un pont appelé Giallar. de leurs ancêtres en remontant jusqu'à Japliet,
Gian-ben-Gian toy. Génies. fils de Noé, et qu'ils prétendent avoir la vertu de

Gibel, c'est l’Etna, montagne volcanique au leur procurer de la pluie quand ils en ont besoin.

sommet de laquelle se trouve un cratère d’où l’on Girard (Jean-Baptiste) jésuite né à Dole en ,

entend lorsqu'on prête l’oreille des gémissements 1680. Les ennemis de la société de Jésus n'ont
et un bouillonnement effroyable. Les Grecs je- négligé aucun effort pour le présenter comme un
taient dans ce soupirail des vases d'or et d’argent, homme de scandale. Ils l’ont accusé d’avoir sé-
el regardaient comme un l>on présage que la duit une lille nommée Catherine Cadière, et sur

flamme ne les repoussât pas ils pensaient apaiser ;


ce thème ils ont bâti tous les plus hideux ro-
par là les dieux de l'enfer, dont ils croyaient que mans. Celte fille, folle ou malade, sembla pos-
cette ouverture était une des entrées *. sédée dans les idées du temps ou le fut peut-
Gilbert, démon dont parle Olaüs Magnus. Il être, et on dut l'enfermer aux trsulines de Brest.

se montrait chez les Ostrogoths et il avait en- Sur quelques divagations qu'elle débita, un procès
chaîné dans une caverne le savant Catillus, né- fut intenté par le parlement d’Aix. Mais toutes

cromancien suédois qui l’avait insulté *. choses examinées el pesées il fallut se borner à ,

Gilles de Chin chevalier célèbre par sa force


,
rendre Catherine Cadière à sa famille. On ne put
et son courage est regardé comme le vainqueur
,
pas même trouver moyen d’impliquer le père
d'un dragon terrible qui désolait les environs de Girard dans cette affaire comme coupable, quoi-
Mons dans le Hainaut. On montre la tête du dra- qu'on eût ameuté trois partis violents contre lui,
gon à l'hôtel de ville de Mons, et on voyait à les jansénistes le parlement et les philosophes.
,

1
Leloycr, Histoire des spectres ou apparitions des 1
Voyez l'histoire de Gilles do Chin , dans les Lé-
esprits ,
[I. 50. gendes des douze convias du chanoine de Tours nou-
5 VVierus, De pnest., p. 466. velle édition.

Digitized by Googli
— Ce qui n’a pas empêché les écrivains antireli- duchesse de Glocester, voulant la perdre, l'accu-
gieux de faire revivre sur s m
compte îles calom- sèrent d’être sorcière. On prétendit qu’elle avait
nies condamnées. On a rassemblé ces calomnies eu des entretiens secrets avec ltoger Bolingbroke,
en six gros volumes. L’avocat janséniste François soupçonné de nécromancie, et Marie Gardcmain,
Iticher les a concentrées dans ses Causes célèbres réputée sorcière. Ou déclara que ces trois per-
avec une férocité haineuse qui fait peine. Fréron,
dans l'Annie littéraire 1772, t. Il, p. 250, a pul-
vérisé, preuves en main , cet échafaudage d’odieux
mensonges. Ce qui n'a pas empêché une tête
obtuse dans son (ici de les republier de nos jours
en une brochure in-8* intitulée Détails historiques
sur le père Girard, jésuite, et mademoiselle Cadière
de Toulon, imprimée à Nimes, chez Ballivet et
Fabre, 1845. Au résumé, la Cadière était une
coquine,le père Girard un saint et ses calomnia-
teurs des faussaires
Girtanner, docteur de Cœltingue qui a an-
noncé que, dans le dix-neuvième siècle, tout le
monde aurait le secret de la transmutation des
métaux que chaque chimiste saurait faire de
;
La duclicatc de Glocctlrr.
l’or; que les instruments de cuisine seraient d'or
et d'argent, ce qui contribuera beaucoup, dit-il, sonnes réunies avaient, à l’aide de cérémonies
à prolonger la vie, qui se trouve aujourd'hui com- diaboliques, placé sur un feu lent une effigie du
promise par les oxydes de cuivre, de plomb et de roi faite en cire, dans que les forces de ce
l’idée
fer que nous avalons avec notre nourriture ’. Les prince s'épuiseraient à mesure que la cire fon-
bons chimistes actuels partagent cet avis. drait, et qu’à sa totale dissolution la vie de
Gitanos, mot espagnol , qui veut dire Égyp- Henri VI serait terminée. Celte accusation s’ac-
tiens. l'o y. Bohémiens. crédita sans peine. Tous trois furent déclarés
Giwon esprit japonais. Les habitants croient
,
coupables, et ni le rang ni l'innocence ne purent
qu'il veille particulièrement à la conservation de les sauver. La duchesse fut condamnée à un
leur vie, et qu’il peut les préserver de tout acci- emprisonnement perpétuel Roger Bolingbroke
,

dent fâcheux comme des chutes, des mauvaises


, pendu et Marie Gardcmain bridée dans Smilh-
rencontres, des maladies et surtout de la petite lield *.
vérole. Aussi ont-ils coutume de placer sur la Glubbdubdrib. Ile des sorciers da ns les voyages
porte de leurs maisons l’image de Giwon. de Gulliver. Swift y fait des contes très-piquants.
Glanvil curé anglican d'Ahbcy-Church â
, Gnomes, esprits élémcnlaircsamisde l'homme,
Bath, mort en 1G80. On lui attribue un traité des composés des plus subtiles parties de la terre,
Visions et apparitions, in-8" Londres, 1700 , ; dont ils habitent les entrailles, scion les caba-
mais il est certainement auteur d’un ouvrage in- listes. —
La terre, disent-ils, est presque jus-
titulé Considérations philosophiques touchant l’exis- qu’au centre remplie de gnomes, gens de petite
tence des sorciers et la sorcellerie, 1G6G, in-/j\
Glaphyra, épouse d'Alexandre, fils de cet ef-
froyable Hérodc, qu’on a appelé Hérode le Grand.
Celte princesse, ayant perdu Alexandre, se maria
avec Archclaüs, son beau-frère, et mourut la
nuit même de ses noces, l'imagination troublée
par la vision de son premier époux, qui semblait
lui reprocher ses secondes noces avec son frère *.

Glasialabolas. l’o y. Caacrinolaas.


Gleditch. loq. Hallucinations.
Glocester. Sous Henri VI, les ennemis de la

Nous ajouterons avec regret que dans le tome IV ,

de sa Mystique, Giirres cxjiose assez mal pages 1 76 .

à 179, l’affaire lie la Cadiere; Jl est vrai qu'un peu


plus loin, page 18i, il détend le père Girard. I] est
fâcheux qu’il n'ait pas lu ta judicieuse dissertation de
Fréron, que nous avons citée. stature, gardiens des trésors, des mines et des
s Philosophie magique, t. VI,
p. 383, cilée dans pierreries. Ils aiment les hommes, sont ingénieux
les Curiosités ,r
île la littérature, l. I p. 26S.
3
,
et faciles à gouverner. Ils fournissent aux caba-
Leloyer, Histoire des spectres et des ap/iaritions
des esprits, cli. xxm, p. 43G. 1
Goldsmitli ,
Histoire d’ Angleterre.

Digitized by Google
, ,

GNO — 305 — GOB


listes tout l'argent qui leur est nécessaire et ne les bons génies des campagnes. S'ils sont irrités

demandent guère, pour prix de leurs services, cependant, ils entrent dans les maisons et chan-
que la gloire d'être commandés. Les gnomides, gent les enfants, mettant le fils d'un prince dans
leurs femmes, sont petites, mais agréables, et le berceau d’un fils de mendiant et celui-ci dans
vêtues d'une manière fort curieuse*. Les gnomes le berceau royal.
vivent et meurent à peu près comme les hommes On appelait Gobelin ce démon d'Évreux que.
;

ils ont des villes et se rassemblent en sociétés. saint Taurin expulsa, mais qui, ayant montré un
Les cabalisles prétendent que ces bruits qu’on respect particulier au saint exorciste, obtint la
entendait, au rapport d'Aristote, dans certaines permission de ne pas retourner en enfer, et con-
Iles,où pourtant on ne voyait personne, n'étaient tinua de hanter la ville sous diverses formes, â
autre chose que les réjouissances et les fêles de condition qu’il sc contenterait de jouer des tours
noces de quelque gnome. Ils ont une âme mor- innocents aux bons chrétiens de l’Eure. Mais le

telle mais ils


;
peuvent se procurer l'immortalité Gobelin d’Évreux semble s’étre ennuvé de ses es-
en contractant des alliances avec les hommes, piègleries depuis quelques années, et il a rompu
l’oy. Incijbo, Cabale, Pvr.uf.es, Nains, Gobe- son ban pour aller tourmenter les habitants de
lins, Kobold, etc. Caen. L'un de ces derniers hivers, les bourgeois
Gnostiques, hérétiques qui admettent une de la bonne ville de Guillaume le Bâtard furent

foule de génies producteurs de tout le monde, souvent effrayés de ses apparitions. Il s'était alfu-
l.eur nom signifie illuminés ; ils l'avaient pris blé d’une armure blanche et se grandissait jus-
parce qu'ils se croyaient plus éclairés que les qu’à pouvoir regarder à travers les fenêtres des
autreshommes. Ils parurent au premier et au étages les plus élevés. L'n vieux général rencon-
deuxième siècle, principalement dans l'Orient. Ils ira ce diable importun dans une impasse et le
honoraient, parmi les génies, ceux qu’ils croyaient défia mais Gobelin lui répondit
, Ce n’esl pas
: —
avoir rendu au genre humain les bons offices les de toique j’ai reçu ma mission ce n’esl pas à
,

plus imporlanLs. Ils disaient que le génie qui loi que je dois en rendre compte. Le général
avait appris aux hommes à manger le fruit de ayant insisté, six diables blancs de la même taille

de la science du bien et du mal avait


l'arbre fait sortirent tout àcoup do terre , et le général jugea
pour nous quelque chose de très-signalé... Ils prudent de battre en retraite devant le nombre,
l’honoraient sous la figure qu’il avait prise, et Le journal du département rendit justice à son
tenaient un serpent enfermé dans une cage : lors- courage mais le général n'eut pas moins besoin
;

qu'ils célébraient leurs mystères, ils ouvraient la de se faire saigner par le docteur Vastel. l'oy. La-
çage et appelaient le serpent, qui montait sur tins, Follets, Kobold, etc.
une table où étaient les pains, et s’entortillait Gobineau de Montluisant, gentilhomme
alentour. C'est ce qu'ils. appelaient leur eucharis- chartrain qui cherchait la pierre philosophale. Il

lie... Les gnostiques, auxquels se rattachaient voyait toute la science hermétique exposée dans
les basilidions, simoniens, les
les ophites, les le portail de Notre-
les sculptures qui décorent
carpocratiens, etc., tentèrent contre le Catholi- Dame de
Le Père éternel et les deux anges Paris.
cisme de grands efforts. Leur serpent , non plus q U sont auprès de lui représentent, dit-il, le j

que les autres, n'y put faire qu'user ses dents. Créateur tirant du néant le souffre incombustible
l'oy. Tête de Bophoaiet, Éons, etc. et le mercure de vie, figurés parcesdeux anges.
Goap, roi des démons de midi. On peut l’évo- Une figure a sous ses pieds un dragon volant qui
1

quer de trois heures du malin à midi, et de neuf mort sa queue; elle n’est pas autre chose que
|

heures du soir h minuit 1 . la pierre philosophale, composée de deux sub-

Gobbino. l'oy. Imagination. stances, la fixe et la volatile. La gueule du dra-


Gobelins, espèce de lutins domestiques qui se gon dénote le sel fixe qui, par sa siccilé, dévore
retirent dans les endroits cachés de la maison le volatile que désigne la queue glissante de l’ani-

sous des tas de bois. On les nourrit des mets les mal. Une autre figure a sous ses pieds un chien
plus délicats, parce qu'ils apportent à leurs et une chienne qui s’entremordent. C'est encore 1

maîtres du blé volé dans les greniers d'autrui. la lutte de l'humide et du sec, etc. Le savant [

Us sont de l’espèce des cobales. Ou dit que la abbé Lebomfa vu ces figures avec d'autres yeux,
manufacture des Gobelins à Paris doit son nom à |gi statue qui foule aux pieds le dragon est Jésùs-
quelques follels qui, dans l’origine, venaient tra- Christ vainqueur du démon; l'autre, qui a au-
vailler avec les ouvriers et leur apprendre à faire dessous d’elle un chien et une chienne, repré-
de beaux lapis. C'est d'eux ajoutc-t-on qu’on sente le même Jésus-Christ écrasant le péché et
, ,

lient le secret des riches couleurs. l’hérésie, etc.


Les Normands regardent les Gobelins comme Gobs, lutins écossais du genre des Gobelins.
Gobes. On appelle gobes dans la campagne
,

rontes de gnomes doi-


y a apparence que ces ^es boules sphériques que l’on trouve quelque-
' Il

vent leur origine aux relations de quelques ancien»


^ l’estomac des animaux ruminants, et
voyageurs en Laponie. ; „ , , ^
* Wieruà, in Pseudomonarchia dœinon. Cjui soi) t fonuucs de poils avalés spontanément »
so

)y v_jC
1 ,

GOD — 306 — GOL


mêlés de fourrages et agglutinés par les sucs gas- qui se raillait des Croisés et du saint sépulcre,
triques. On persuaderait dillicilement à la plupart et qui fut emporté par le diable

des gens de la campagne que ces boules ne sont Godwin, comte de Kent. I oy. Emma.
pas ï’elîel d'un sort'. Godwin, écrivain anglais qui a publié la Vie
Godeslas, meunier du diocèse de Maëstriclit, Jet nécromancien! ou histoire des personnages

GodcsUs.

les plus célèbres auxquels on a attribué, dans les nouissenient au point du jour, toute joyeuse de
différents âges, une puissance surnaturelle. les avoir revus; et ce qui. est singulier, c’est que
Goëthe, auteur du drame de Faust, qui a fait la bonne qui gardait vu avec
les enfants avait

un si grand bruit. M. François Hugo a démontré surprise leur mère


en silence sur leur lit à
assise
que le fond de ce poëme appartient à Marlowe, l’heure même où elle était évanouie, à quatre
poêle anglais, antérieur à Goëthe de deux siècles. lieues de là. La pauvre mère mourut ce même
Goétie. La goétie est une phase de la magic, jour.
qui consiste â s'adresser aux esprits de l’ablmc Goguis, démons de forme humaine qui ac-
pour se les rendre favorables et arracher leurs compagnent les pèlerins du Japon dans leurs
secrets par des enchantements, des formules mys- voyages, les font entrer dans une balance et les
térieuses, des conjurations, des amulettes et des contraignent de dire leurs péchés. Si les pèlerins
talismans. taisent une de leurs fautes dans cet examen , les
Quand on s'adresse aux puissances de la lu- diables font pencher la balance de sorte qu'ils ,

mière, c’est la théurgie. ne peuvent éviter de tomber dans un précipice


Il y a dans le magnétisme des faits qui tien- où ils te rompent tous les membres 1 .
nent de la goétie et d’autres qui sont de la théur- Gohorry (Jacques), écrivain alchimiste assez
gie. —
La goétie est la magic noire des temps ignoré.
antiques, et la théurgie leur magic blanche. Goitres. Les Arabes prétendent guérir cette
Golfe (Marie), femme de Rochester, qui se sen- infirmité avec des amulettes. 1 æ docteur Abcr-
tant mourir témoigna un ardent désir de revoir nelhy, que l’on consultait sur la manière de dis-
ses enfants, dont elle était éloignée de quelques siper un goitre , répondit : n Je crois que le meil-
lieues. 3 juin 1691. On lui fit com-
C'était le leur topique serait de siffler... »
prendre qu'elle ne pouvait être transportée; ce Goldner. On lit dans la Chronique de Thorn,
qui l'affligea vivement. A deux heures du malin, en Prusse, que le fils d’un marchand de cette
le 4 juin, elle eut une sorte d’extase qui la mit
auprès de ses enfants. Elle sortit de son éva- 1
Voyez son
histoire dans les Uqendes infernales.
1 Leloyer, Histoire des spectres
ou apfuiritiuns des
1
Salgues, Bm erreurs et des préjugés , t. Il, p. 14. esprits , ch. , p. 336.

Digitized by Google
,

GOM — 307 — GOG


ville, nommé Goldner, avail un enfant obsédé par ceux qui l’accompagnaient, et qui étaient éveil-
un esprit frappeur. Cet esprit se montrait quel- lés, virent sorlir de sa bouche une bête blanche

quefois en forme de bouc , de chevreuil ou semblable â une petite belette, qui s’en alla droit
d'autre animal, battait l’enfant et le tourmentait à un ruisseau assez près de là. Gn homme d'annes,
de plusieurs manières; ce qui dura Irois mois de la voyant monter et descendre le bord du ruis-

l'année 1665. seau pour trouver un passage, tira son épée et


Gomory, puissant duc des enfers ; il apparaît en fit un petit pont sur lequel elle passa et courut
sous la forme d'une femme ; il a une couronne plus loin... Peu après, on la vit revenir, et le

ducale sur ta tête, et il est monté sur un cha- même homme d’annes lui
de nouveau un pont fit

de son épée. La bête passa une seconde fois et


s'en retourna à la bouche du dormeur, où elle
rentra... Il se réveilla alors; et comme on lui
demandait s’il n'avait point rêvé pendant son
sommeil il répondit qu'il se trouvait fatigué et
,

pesant, ayant fait une longue course et passé deux


fois sur un pont de fer. Mais ce qui est plus mer-
veilleux, c’est qu’il alla par le chemin qu’avait
suivi la belette qu’il bêcha au pied d'une petite ;

colline et qu’il déterra un trésor que son âme


avait vu en songe. Le diable, dit Wierus, se sert
souvent de ces machinations pour tromper les
hommes et leur faire croire que l’âme quoique ,

invisible est corporelle et meurt avec le corps


, ;

car beaucoup de gens ont cru que celle bêle


blanche était l'âme de ce soldat, tandis que
c’était une imposture du diable...
Goo épreuve par le moyen de pilules de pa-
,

pier que les jammabos, fakirs du Japon, font


meau. Il répond sur le présent, le passé et l’ave- avaler aux personnes soupçonnées d’un vol ou
nir il fait découvrir les trésors cachés il com- de quelque autre délit. Ce papier est rempli de
;
;

mande à vingt-six légions'. caractères magiques et de représentations d’oi-


Gonderic, roi des Vandales, qui fut, à l’exemple seaux noirs; le jammabos y inet ordinairement
de Geyscric et de Buccr, éventré par le diable, et son cachet. Le peuple est persuadé que si celui
dont l'âme, selon les chroniqueurs, fut conduite qui prend cette pilule est coupable, il ne peut la
en enfer’. digérer et souffre cruellement jusqu’à ce qu’il
Gonin. Les Français d’autrefois donnaient le confesse son crime, l'oy. Khomano-Goo.
nom de maître gonin à leurs petits sorciers, Goodwin. Voy. Parris.
Gœrres, auteur contemporain d’un très-sa-
.'5
vant livre, qui a pourtant quelques erreurs : La
Mystique divine , naturelle et diabolique. Cet ou-
vrage a été traduit en français par M. Ch. Sainte-
Foi. 5 vol. in-S”, 1855.
Gor80n, l’un des principaux démons, roi de
l'Occident-, il est visible le matin à neuf heures'.
Gouffres. On en a souvent fait des objets d’ef-
froi. Sur une montagne voisine de Villefranche
on trouve trois gouffres ou étangs considéra-
bles, qui sont toujours le théâtre des orages les ;

habitants du pays croient que le diable est au


fond, et qu'il ne faut qu’y jeter une pierre pour
de tours de qu’il s’élève aussitôt sur ces étangs une tempête.
charmeurs, escamoteurs et faiseurs
passe-passe *.
Gougou. « Champlain à la fin de son pre-
,

Gontran. ilelinand conte qu’un soldat nommé mier voyage au Canada, en 1603, raconte que
« proche de la baie des Chaleurs, tirant au sud,
Gontran, de la suite de Henry, archevêque de
O est une lie où fait résidence un monstre épou-
Reims, s’étant endurmi en pleine campagne après
» vantable que les sauvages appellent Gougou. »
le dîner, comme il dormait la bouche ouverte,
Le Canada avait son géant, comme le cap des
' Wierus, in Pseudtimon. dœmonum. Tempêtes avait le sien. Homère est le véritable
1 Delancre , TM. de inconstant? des damons,
I etc.,
père de ces inventions; ce sont toujours les
p. 5.
3 Bodin, Démonomame, p. HS. 1
Wierus. Pseudtnn. dam., p. 03t.
ÎO.

Digitized by Google
,

cyclopes ,
Charybde et Scylla , ogres ou gou- I de France croient qu’en se mettant un balai
gous*. n entre les jambes, elles sont transportées sans
Goul, espèce de larves ou sorcières vampires graisse ni onguent. Celles d'Italie ont toujours
qui répondent aux empuses des anciens. C'est la un bouc à la porte pour les transporter.
même chose que yhole. Gralon. l’oy. Is.
Goule (la grande). C’est un énorme dragon Grandier (Urbain). L'histoire de cet homme
que l'on promenait à Poitiers aux processions n'est guère connue du public que par le livre du
des Rogations. On l’appelait la bonne sainte ver- calviniste Saint-Aubin, qui l'a écrite sous le titre
mine; ce qui est assez singulier; car elle repré- d 'Histoire des diables de lentdun , et qui avait in-
sentait le démon ,
que la foi chrétienne avait térêt, dans de sa secte, h travestir les
l'esprit

détrôné. en était aiusi de la Chair Salée de


Il faits. Son on le reconnaît aujourd’hui,
livre,
Troyes, de la Graouilli de Metz, de la Gargouille n’est qu'un pamphlet menteur et calomnieux.
de Rouen, du Dragon de saint Marcel à Paris, de Grandier était malheureusement un prêtre plus
la Tarasque à Tarascon. dissipé, comme le disent les récits du temps, que
Gouleho , génie de la mort chez les habitants sa condition ne le comportait. Il avait donc là un
des îles des Amis. Il gouverne un royaume som- titre aux sympathies des ennemis de l'Église

bre où se rendent les âmes. romaine. Il y avait depuis sept ans à Loudun
Gourmandise (la), péché capital, odieux au un couvent d’ursulines, que Grandier voulut sé-
Ciel et h la terre, et qui envoie aux enfers beau- duire. Il ensorcela les religieuses, comme on
coup de recrues. Elle a un autre effet qui suffi- ,
disait alors; on dirait aujourd’hui il les magné-
rait peut-être aux matérialistes pour les faire hési- tisa, au moyeu de fleurs charmées qu'il leur fit

ter devant elle: c’est qu'elle amène brusquement parvenir; et ces saintes filles devinrent possé-
le triomphe de cet âpre squelette que nous ap- dées et frénétiques. Les phénomènes que pro-
pelons la mort. duit magnétisme sous nos yeux expliquent
le

Goyon. l'oy. Matignon. bien des faits que les dissidents et les philoso-
Graa ,
sorte d'immortelle (plante) que les Is- phes ont traités d’absurdes, et qu'on ne peut
landais employaient autrefois à la magic, et qui plus révoquer en doute. Une procédure fut enta-
servait aussi à écarter les sorciers. mée, suivie avec beaucoup d'ordre, de lenteur
Grains bénits. On se sert encore dans les et de sagesse. Grandier, cil prison, composait on
campagnes (et cette coutume est désapprouvée fredonnait des chansons, il fut condamné à mort.
par l’Église comme superstitieuse) de certains On s’est récrié contre celle sentence et on a
grains dits liée ils qui ont la propriété de délivrer gémi à propos vie son exécution. Mais le magné-
les possédés par l'attouchement ,
d'éteindre les tisme et les tables tournantes ont produit ou pro-
incendies et les embrasements, de garantir du duiront des crimes, qui seront, aussi bien que
tonnerre, d'apaiser les tempêtes, de guérir la ceux de Grandier, du ressort des cours prévôta-
peste, la lièvre, la paralysie; de délivrer des les ou des cours d’assises, loy. Loudin '.
scrupules, des inquiétudes d'esprit, des tenta- Grando. Une légende citée par Gürrcs 3 parle
tions contre la foi ,
du désespoir, des magiciens d'un vampire nommé Grando, qui inquiéta assez
et des sorciers *. longtemps les habitants de la Carniole. On le

Grains de blé, divination du jour de Noël. trouva tout rouge, longtemps après sa mort. Son
Dans plusieurs pays du Nord, ou fait, le jour de visage fit les mouvements du rire lorsqu'on le
Noël une cérémonie qui ne doit pas manquer
, découvrit, et il bâilla comme pour respirer l’air

d'apprendre au juste combien on aura de peine frais. On lui présenta un crucifix ;


aussitôt il

à vivre dans le courant de l’année. Les paysans versa des larmes. Après qu’on eut prié pour le

surtout pratiquent cette divination. On se ras- repos de son àme, on eut recours à l'expédient
semble auprès d’un grand feu, on fait rougir une qui délivre des vampires, on lui coupa la tête; il
plaque de fer ronde, et, lorsqu’elle est bridante, poussa un cri ,
se tourna et se tordit comme s'il

on y place douze grains de blé sur douze points eût été vivant et remplit tout le cercueil de son
marqués à la craie, auxquels on a donné les sang...
noms des douze mois de l’année. Chaque grain Grange dtt diable. On voit encore à la ferme
qui brûle annonce disette et cherté dans le mois d'Hamelghein, qui appartient à M. d'iloogsvorth,
qu’il désigne; et si tous les grains disparaissent, et qui est tenue par M. Slerckx, frère de l’arche-
c’est le signe assuré d’une année de misères. vêque de Malines , ferme dépendante de la coin -
Triste divination ! mune d’Osselt, entre Meysse et Ophem, à une
Graisse des sorciers. On assure que le dia- lionne lieue de Vilvorde, à trois lieues de Bruxel-
ble se sert de graisse humaine pour ses malé- les; en allant par Laeken, on voit, dis-je, daus
fices.Les sorcières se frottent de cette graisse cette ferme une grange, qui passe pour la plus
pour aller au sabbat par la cheminée mais celles ;
1
Voyez aussi l'histoire de Grandier, dans les Lé-
1
Chateaubriand, Mémoires, tome IL gendes infernales.
3 Lebrun, Histoire des superstitions t. er 3 Livro V de sa Mystique, ch. xiv.
I , p. .197.
GRA — 309 — GRA
vaste du pays, mais qui en est assurément la 1
qui manque à toutes ces granges. On en cite
plus remarquable, et qu’on appelle la Grange du plusieurs qui sont fameuses*.
|

Diable { Dugvel's dak). Granson. Paul Diacre (Hut. Longob.) raconte


• Il n'y a presque pasde province où l'on ne ceci Deux seigneurs lombards, nommés Aldon
:

montre, dans quelque ferme écartée, une grange et Granson, ayant déplu à Cunibert, roi de Lom-
mal famée qu'on appelle la Grange du diable. bardie, ce prince résolut de les faire mourir. Il

Par suite d’un pacte avec un paysan dans l'em- s'entretenait de ce projet avec son favori, lors-
barras, c'est toujours le diable qui l'a bâtie en qu'une grosse mouche vint se planter sursoit front
une nuit, et partout le chant du coq l’a fait fuir et le piqua vivement; Cdnibert chassa l'insecte,
avant qu’il eût gagné son pari; car il y a un trou qui revint h la charge, et qui l'importuna jusqu’il
qui n’est pas couvert, ou quelque autre chose le mellre dans une grande colère. Le favori,

GrindierCn prison.

voyant son maître irrité, ferma la fenêtre pour em- le monde de scs sifflements dans lesj tempêtes.
pêcher l'ennemi de sortir et se mit it poursuivre Gratarole (Guillaume), médecin du seizième
la mouche, pendant que le roi tira son poignard siècle, mort en 1568. Il est auteur d'un ouvrage
pour la tuer. Après avoir sué bien longtemps, intitulé Observations des différentes parties du
Cunibert joignit l’insecte fugitif, le frappa; mais corps de l'homme pour juger de ses facultés mo-
il ne lui coupa qu’une patte, et la mouche dispa- rales *. Bâle, 1555, in-8. Il a composé aussi sur
rut. — Au même instant Aldon et Granson qui ,
l’Antéchrist un ouvrage que nous ne connaissons
étaient ensemble virent apparaître devant eux
,
pas; enfin, des traités sur l’alchimie et sur l'art

une espèce d’homme qui semblait épuisé de fa- de faire des almanachs.
tigue et qui avait une jambe de bois. Cet homme Gratianne (Jeannette), habitante de Sihour
les avertit du projet du roi Cunibert, leur con- ou Siboro, au commencement du dix-septième
seilla de fuir et s’évanouit tout aussitôt. Les siècle. Accusée de sorcellerie à l’âge de seize ans,
deux seigneurs rendirent grâces à l'esprit de ce
1
Vovez la Grange du diable, dans les Légendes
qu'il faisait pour eux; après quoi ils s'éloignèrent
infernales.
cuinme l'exigeaient les circonstances. J De prirdictiime morum naturarumgue hominuni
Grasvitnir, dragon Scandinave qui épouvante facili ex inspectùme partium corporis.

Digitized by Cîc
CRA — 310 — GRÉ
elle déposa qu'elle avait été menée au sabbat; Évremont écrivit contre la folle confiance qu'on
qu’un jour le diable lui avait arraché un bijou de lui accordait. Mais Greatrakes a eu des défen-
cuivre qu’elle portait au cou ; ce bijou avait la seurs, et Deleuze, dans son Histoire du magné-
forme d’un poing serré, le pouce passé entre les tisme animal, l'a présenté sous un jour qui fait

doigts, ce que les femmes du pays regardaient voir que c'était en effet un magnétiseur.
comme un préservatif contre toute fascination et Green (Christine), Anglaise du dix-septième
sortilège. Aussi le diable ne le put emporter, siècle, citée par Glanvil. Elle avait un esprit fa-
mais le laissa prés de la porte. Elle assura aussi milier qui vivait avec elle sous la forme d'un hé-
qu'en revenant un jour'du sabbat, elle avait vu risson , et lui suçait tous les matins un peu de
le diable en forme d'homme noir, avec six cornes sang pour lui donner des extases.
sur la tête, une queue au derrière, deux vi- Grégoire le Thaumaturge (saint). Voy.
sages, etc.; que, lui ayant été présentée, elle Idoles.
en avait reçu une grosse poignée d'or; qu’il Grégoire VII (saint), l’un des plus grands
l’avait fait renoncer à son Créateur, à la sainte papes, sauva l’Europe au onzième siècle. Comme
Vierge, h tous les saints et à tous ses pa- ilfit de grandes choses pour l'unité, il eut des

rents '.... ennemis dans tous les hérétiques et en dernier ,

lieu dans les protestants, qui l’accusèrent de


magie et même de commerce avec le diable.
Leurs mensonges furent stupidement répétés par
les catholiques. Ce saint pape vient d'être bien
vengé; car l'histoire, qui lui rend justice enfin,
est écrite par un protestant ( Voigt) *.

Greillmeil, sorcier. Voy. Jacqces 1".


Grêle. Chez les Romains, lorsqu'une nuée pa-
raissait disposée à se résoudre eu grêle, on im-
molait des agneaux; ou, par quelque incision à
un doigt, on en faisait sortir du sang dont la
“vapeur, montant jusqu’à la nuée, l’écartait ou
la dissipait entièrement ce que Sénèque réfute :

Gratidia, devineresse qui trompa Pompée, comme une folie ’.


comme le rapporte Horace car lui ayant de-
; Grenier (Jean), loup-garou qui florissait vers
mandé l’issue de la guerre de Pharsale, elle l'an 1600. Accusé d'avoir mangé des enfants,
l’assura qu’il serait victorieux; néanmoins il fut par Jeanne Garibaut et par d’autres, quoiqu’il
vaincu ’. eût à peine quinze ans, il avoua qu'il était fils
Gratoulet, insigne sorcier qui apprenait le d'un prêtre noir (prêtre du sabbat ) , qui portait
secret d'einbarrer ou nouer l’aiguillette, et qui une peau de loup ’, et qui lui avait appris le
s'était vendu à Belzébuth. Il donna des leçons .métier. On le condamna à servir toute sa vie
de sorcellerie à Pierre Aupetit, condamné en dans un couvent, où il se convertit. Voy. Poi-
1508. rier et Pierre Labourant.
Greatrakes (Valentin), empirique qui fit du Grenouille. On n'ignore pas cet admirable
bruit en Angleterre dans le dix-septième siècle;" secret des paysans que la grenouille des buis- .

il était né en Irlande en 1628. On ignore la date sons, coupée et mise sur les reins, fait telle-
de sa mort. Il remplit de brillants emplois, mais ment uriner, que les hydropiques en sont gué-
il avait la tête dérangée. En 1662, il lui sembla ris Voy. Messie des Juifs, Tremblement de
entendre une voix lui dire qu’il avait le don de terre, etc.
guérir les écrouelles; il voulut en user et se crut Des philosophes allemands ont prétendu à ,

même appelé à traiter toutes les maladies ce force de profondes recherches, établir que nous
:

qui lui attira une grande célébrité. Cependant descendons de la grenouille, qui, peu à peu,
une sentence de la cour de l'évêque de Lismore s’est perfectionnée ce qu’elle ne fait pourtant :

lui défendit de guérir. Sa méthode consistait à plus. Et Lavater a fait graver un tableau pour
appliquer les mains sur la partie malade cl à montrer qu'au moyen d’une vingtaine de transi-
faire de légères frictions de haut en bas; était- tions légères, une tête de crapaud devient une
ce du magnétisme? Il touchait même les pos- tête d’Apollon....
sédés, qui tombaient dans des convulsions aus- Grésili, l’un des démons qui possédaient
sitôt qu’ils le voyaient ou l’entendaient parler. Louise Capelle, compagne de Madeleine de la
Plusieurs écrivains se moquèrent de lui. Saint- Palud.

1
Delancre Tabl. de l'inconstante des démons , etc.,
,
1
Voyez l’abrégé de cette histoire par M. l'abbé
liv. iv. p. 43t. Jorrv.
2 Delancre, Tabl. de l'inconstance des démons, de., 2 Lebrun t. 1 er p. 376.
, ,

U, 2 M. Jules Garinel, Histoire de la magie en France.


liv. p. 53.
,

CRI — 311 — GRI

Grey-Meil, Anglaise qni remplissait au sab- Grimaldi. Sous le règne de Louis le Débon-
bat les fonctions de portière, dans la procédure naire il y eut dans toute l'Europe une maladie
,

d'Agnès Sampson , dirigée par le roi Jacques. épidémique qui s'étendit sur les troupeaux. Le
Griffon. Brown assure qu'il y a des griffons, bruit se répandit dans le peuple que Grimaldi,
c’est-à-dire des animaux mixtes qui par devant duc de Bénévent, ennemi de Charlemagne, avait
ressemblent à l'aigle et par derrière au
lion, avec occasionné ce dégât en faisant répandre de tous
des oreilles droites, quatre pieds et une large côtés une poudre meurtrière par ses affidés. On
queue. Des traditionsdu moyen âge donnaient au arrêta un grand nombre de malheureux soup-
grilTon l’aigle pour père et la louve pour mère. çonnés de ce crime; la crainte et la torture leur
Grigri, démon familier que l’on voit chez les firent confesser qu’ils avaient en effet répandu
Américains, et surtout dans les forêts du Ca- cette poudre qui faisait mourir les troupeaux.
nada et de la Guinée. Saint Agobard archevêque de Lyon
, prit leur ,

Grillandus (Paul), Castillan, auteur d'un défense et démontra que nulle poudre n'avait la
traité des Maléfices ( De malefieiis ) publié à , vertu d'infecter l'air ; et qu'en supposant même
Lyon en 1555 de traités des sortilèges des
; , que tous les habitants de Bénévent, hommes,
lamies, de la torture, etc.; Lyon, 1536, et de femmes ,
jeunes gens , vieillards et enfants ,
se
quelques autres ouvrages de ce genre. Il conte fussent dispersés dans toute l'Europe, chacun
quelque part qu'un avocat, ayant été noué par suivi de trois chariots de celte poudre ils n'au- ,

un puissant maléfice que nul art de médecine ne raient jamais pu causer le mal qu'on leur attri-
pouvait secourir, eut recours à un magicien qui buait '.

lui fit prendre, avant de dormir, une certaine Grimalkin. C’est le nom que les sorcières
potion, et lui dit de ne s’effrayer de rien. A anglaises donnent au démon lorsqu'il vient au
onze heures et demie de la nuit, survint un vio- sabbat sous la figure d’un chat.
lent orage accompagné d’éclairs; l’avocat crut Grimoire. Tout le monde sait qu’on fait venir
d’abord que la maison lui tombait sur le dos; il le diable en lisant le Grimoire; mais il faut avoir
entendit bientôt de grands cris, des gémisse- soin, dès qu'il parait, de lui jeter quelque chose
ments, et vit dans sa chambre une multitude de à la tête, une savate, une souris, un chiffon,
personnes qui se meurtrissaient à coups de poing autrement on risque d'avoir le cou tordu. Le
et à coups de pied et se déchiraient avec les on-
, terrible petit volume connu sous le nom de
gles et les dents; il reconnut une certaine femme Grimoire, autrefois tenu secret, était brûlé très-
d’un village voisin, qui avait la réputation de sor- justement dès qu'il était saisi. Nous donnerons
cière, et qu'il soupçonnait de lui avoir donné son ici quelques notes sur les trois Grimoires les
mal; elle se plaignait plus que tous et s'était elle- plus connus.
même déchiré la face et arraché les cheveux. Ce Grémoire (sic) du pape Honorine , avec un re-
mystère dura jusqu'à minuit, après quoi le maî- cueil des plus rares secrets ; sons la rubrique de
tre sorcier entra; tout disparut; il déclara au Rome , 1670 in-16, orné de figures et de cer-
,

malade qu'il était guéri ce qui fut vrai '. : cles. Les cinquante premières pages ne con-
Grillon. Dans beaucoup de villages, et surtout tiennent que des conjurations. l 'oy. Conjubatio.ns
en Angleterre, on regarde les grillons qui ani- et Évocations. —
Dans le Itecucil des plus rares
ment le foyer à la campagne , et qui chantent si secrets, on trouve celui qui force trois demoi-
joyeusement la nuit, comme de petits esprits selles le soir dans une chambre.
à venir danser
familiers d’une nature bienveillante, qui em- Il que tout soit lavé dans cette chambre;
faut
pruntent leur forme exiguë pour échapper aux qu'on n’y remarque rien d’accroché ni de pendu;
malices humaines. Beaucoup de villageois se qu'on mette sur la table une nappe blanche,
figurent que leur présence porte bonheur dans trois pains de froment, trois sièges, trois verres
la famille et qu'on ne les lue pas impunément. d'eau ; on récite ensuite une certaine formule de
Aussi, en général, ne voit-on pas d’un bon œil conjuration *, et les trois personnes qu'on veut
le pied brutal qui les écrase. « Toute la tribu des voir viennent, so mettent à table et dansent;
grillons se compose de puissants esprits ,
bien mais au coup de minuit tout disparaît. On trouve
que cela soit ignoré des gens qui ont affaire à dans le même livre beaucoup de bêtises de ce
eux ; et il n'est pas dans le monde invisible de genre que nous rapportons en leur lieu.
voix plus gentilles et plus sincères à qui on Grimorium verum, tel probatissimer Salomonis
puisse se lier davantage ou dont les conseils clavicules rabbini Hebraici, in qui bus lum na-
soient plus dévoués et plus sûrs que les voix
qu’empruntent ces esprits de l'àlre et du foyer 1
M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. I,
pour s’adresser à l’espèce humaine *. » p. S9K.
2 Voici les paroles de cette conjuration ; « Besli-
1
Delancre, Tabl. de l’inconstance des dévions, etc., cirum consolation , viens à moi. Vertu créon , crëon
!

p. 356. créon... Je ne mens pas; je suis maître du parche-


2 M Ch. Dyckens Le grillon du foyer, conte de
. min; par la louango, prince de la montagne, fais
,

Noël. taire mes ennemis et donne-moi ce que tu sais, a

1 by Google
r.m — 312 — GRI

luralia, htm supernaturalia sécréta, lied abdi- trésors cachés et se faire obéir à tous les es-
tissima, inpromptu apparent , modo operator prits; suivisde tous les arts magiques, in- 18,
perneeetsaria contenta faeiat; seiat tamen
et sans date ni nom de lieu. Ces deux grimoires
opportet dœmonum polcntia duntnxal peraijuntur: contiennent, comme l'autre, des secrets que
traduitde l'hébreu, par Plaingière, avec un re- nous donnons ici aux divers articles qu'ils con-
cueilde secrets curieux. A. Memphis, chez Ali- cernent.
beck l’Égyplicn, 1317, in-16 ( sic omnia ); et une anecdote sur le Grimoire
Voici Un : —
sur le revers du litre Les véritables clavicules
: petit de village venait d'emprunter
seigneur
de Salomon, à Memphis, chez Alibcck l'Kgyp- à son berger le livre du Grimoire avec lequel

lien, 1317. celui-ci se vantail de forcer le diable à paraître.


Le t/rand Grimoire avec la ijrande clavicule de Le seigneur, curieux de voir le diable, se re-
Salomon, et la magie nuire ou les forces in- tira dans sa chambre et se mil 3 lire les paroles
fernales du grand Agrippa, pour découvrir les qui obligent l’esprit de ténèbres à se montrer.

(irimtlLin.

Au moment où il prononçait avec agitation ces si bien représenté le diable. Il avait vu dans le

syllabes niaises qu'il croyait puissantes, la porte, miroir un bouc semblable 3 lui et avait brisé la
qui était mal fermée, s’ouvre brusquement ; le glace en voulant combattre son ombre *.

diable parait, armé <Jc ses longues cornes et Grisgris, nom de certains fétiches chez les
tout couvert de poils noirs... Le curieux sei- Maures d’Afrique, qui les regardent comme des
gneur perd connaissance et tombe mourant de puissances subalternes. Ce sont de petits billets
peur sur le carreau, en faisant le signe de la sur lesquels sont tracées des figures magiques
croix. Il resta longtemps sans que personne vint ou des pages du Koran en caractères arabes; ces
le relever. Enfin il rouvrit les yeux et se re- billets sont vendus assez cher, et les habitants

trouva avec surprise dans sa chambre. Il visita les croient des préservatifs assurés contre tous

les meubles pour voir s’il n’y avait rien de dé- les maux. Chaque grisgris a sa forme et sa pro-
gradé un grand miroir qui était sur une chaise
: priété. Voy. Goo.
se trouvait brisé; c’était l'oeuvre du diable. Mal- Grisou. Le feu grisou est un gaz qui s'en-
heureusement pour la beauté du conte, on vint flamme spontanément ou par occasion dans les
dire lin instant après à ce pauvre seigneur que mines de houille, et qui produit souvent de
son bouc s'était échappé et qu'on l’avait repris grands désastres. —
Beaucoup de mineurs re-
devant la porte de celte mémo pièce oii il avait 1
Histoire des fantômes et des démons, p. 214.

Digitized by Google
, ,

GRO — 313 — GUA


gardent le grisou comine un lutin de méchante été renouvelée, dans son temps, par l’ange de
espèce. la face de l’Élernel , notre Seigneur Jésus-Christ.
Grœnjette. Il
y a sur les côtes de la Bal- J'atteste et je confesse devant Dieu et devant
tique,comme dans la plupart des contrées mon- l’univers qu’en accomplissant ce devoir qui
tagneuses de l'Europe, des chasseurs défunts, m’est commandé, je ne fais rien de moi-même;
condamnés pour leurs méfaits à courir éternel- mais que je suis guide par l'ange du Tout-Puis-
lement à travers les marais et les taillis. Les sant, qui me parle visiblement en esprit et en
habitants du Slernsklint entendent souvent le vérité. J’atteste et je confesse encore que cet
soir les aboiements des chiens de Gram jette; ils ange est celui qui m’a dicté et fait écrire la
le voient passer dans la vallée , le chasseur ré- Doctrine céleste. »
prouvé, la pique à la main; et ils déposent de- Or, cette doctrine céleste, dictée par un ange
vant leur porte un peu d’avoine pour son cheval, au duc de Normandie, n’ost autre chose que la

afin que dans ses courses il ne foule pas aux négation de tout l’Ancien Testament pour éta- ,

pieds leurs moissons l'oij. Vekeuh. blir l'éternitéde la matière et un stupide pan-
Gros-Jacques, sorcier, l'oij. Bocuei. théisme tiré des plus absurdes écarts de Pigault-
Grospetter. l'oy. I.agmernaiid. Lebrun, de Dupuis, de d’Holbach et de Voltaire.
Grossesse. On a cru longtemps a Paris qu’une Ce livre a été publié à Paris par le docteur
femme enceinte qui se regarde dans un miroir Charles de Cosson seulement en sa première
,

croit voir le diable fable autorisée par la peur


: partie. En 1841, une deuxième et une troisième
qu'eut de son ombre une femme grosse, dans partie ont paru réunies en un autre volume in-12,
le temps qu’elle s’y mirait, et persuadée par son sous le litre de Salomon te Sage, fils de David,
accoucheur qui lui dit qu’il était toujours dan- sa renaissance sur cette terre et révélation céleste,
gereux de se regarder enceinte. On assure aussi publié par M. Gruau de la Harre, ancien pro-
qu’une femme grosse qui regarde un cadavre cureur du roi. Deuxième et troisième partie , fai-
aura un enfant pâle et livide '.Dans certains can- sant suite à la première, intitulée Révélations
tons du Brésil, aucun mari ne tue d’animal durant sur les erreurs de l'Ancien le duc Testament. Si
la grossesse de sa femme, dans l’opinion que le de Normandie a démoli l’histoire de nos ori-
fruit qu'elle porte s'en ressentirait, l'oy. Ixuci- gines, M. Gruau de la Barre la reconstruit. Il
natiov. On ignore encore le motif pour lequel fait créer le monde avec cent soixante-douze pa-
certaines églises particulières refusèrent long- radis, par l’éternel Esprit-Saint. La terre mbit
temps la sépulture aux femmes qui mouraient six révolutions avant d'être propre à recevoir
enceintes ; c’était sans doute pour engager les des hommes pour habitants. Alors l'éternel Es-
femmes à redoubler de soins envers leurs en- prit-Saint forme I.ilbamann son premier né, et
fants. Un concile tenu à Rouen en 1074 a or- crée toutes les âmes , leur donnant la connais-
donné que la sépulture en terre sainte ne fût sance du bien et du mal. Il crée aussi les anges,

mille part refusée aux femmes enceintes ou parmi lesquels il y a bientôt un séditieux qu’on
mortes pendant l'accouchement. appelle Lisathama. L’éternel Esprit-Saint met
Grosse-Tête (Robert), évêque de Lincoln, les âmes créées dans des corps qui peuplent la
auquel Gouvérus donne une androïde comme terre il chasse du ciel Lisathama et ses adhé-
;

celle d’Albert le Grand. rents, qui vont tenter les hommes et les font
Gruau de la Barre, un des nombreux pré- tomber. Caïn tue Abel; mais pourtant Caïn est
tendants que nous avons vus réclamer le trône bon au fond et fait une grande pénitence. Toute
de Louis XVI, en prenant sans peur le nom l'histoire sainte est travestie ensuite de la ma-
de Louis XVII, a fait imprimer en 1840 un nière la plus prolixe et dans un but que nous ne
volume in-12 intitulé Révélation! sur Us erreurs pouvons apercevoir.
de l’Ancien Testament. Il débute ainsi : Guacharo. Dans la montagne de Tuméré-
quiri, située à quelque distance de Cumana, se
« Londres, 48iO, le mercredi ü février. trouve la caverne de Guacharo, fameuse |iarini

les Indiens. Elle est immense et sert d'habitation


Moi, Charles-Louis, duc de Normandie, qui
n
à des milliers d’oiseaux nocturnes dont la graisse
écris ceci , j'ai reconnu que la sainte volonté de
donne l’huile de guacharo. Il en sort une assez
('Éternel , le Tout-Puissant , est infaillible ; et
grande rivière ; on entend dans l’intérieur le cri
que Dieu, selon son incomparable sagesse, dans
lugubre de ces oiseaux, cri que les Inuiens attri-
l'intérêt du salut des mortels de cette terre, a
buent aux âmes qu’ils croient forcées d’entrer
voulu se servir de l’orphelin du Temple , fils du
dans cette caverne pour passer dans l'autre
roi-inarlvr de France et de Marie-Antoinette,
monde. Ce séjour ténébreux, disent-ils, leur ar-
pour répandre dans le monde entier la lumière
rache les gémissements plaintifs qu’on entend
de la véritable doctrine céleste qui déjà avait
au dehors. Les Indiens du gouvernement de Cu-
1
Marinier, Trad. de la Bultique. mana, non convertis à la fui, ont encore du
2 Brown, Essai sur les erreurs populaires p. 101. respect pour cette opinion. Parmi ces peuples,

ay Google
,

GUA - 31'i GUI

jusqu’à deux cenls lieues de la caverne, des- Gueldre. On trouve ce récit dans les histo-
cendre uu-Guac/iaro est synonyme <le mourir. riens hollandais « Un monstre affreux, d’une
:

Guayotta, mauvais génie que les habitants grandeur prodigieuse, ravageait la campagne,
de l’île Ténériffe opposent à Achguava-Xérac dévorant les bestiaux et les hommes mêmes; il
qui est chez eux le principe du bien. empoisonnait le pays de son souffle empesté.
Gudeman (bon homme). C’est le nom d’un Deux braves gens Wichard et Lupold entre-
, ,

esprit redouté en Écosse auquel les laboureurs


,
prirent de délivrer la contrée d’un fléau si ter-

croient devoir laisser un de leurs champs qu’ils rible, et y réussirent. Le monstre, en mourant,
ne cultivent jamais. jeta plusieurs fois un soupir qui semblait ex-
Guecuba, esprit du mal chez les Araucans. primer mot ghelre. Les deux vainqueurs vou-
le

Vor/. Toqui. lurent qu’en mémoire de leur triomphe, la ville

Entrée du (iuAcliaro

qu’ils bâtirent prît le nom de Ghelre, dont nous On croyait que l’eau charmée ainsi par le gui
avons fait Gueldre. de chêne était très-eflicacc contre le sortilège et
Guérin (Pierre), l'oy. Illuminés. guérissait de plusieurs maladies, l'oy. Gutheyl.
Gui de chêne, plante Dans plusieurs provinces on est persuadé que si
parasite qui s'attache
au chêne, et qui était regardée comme sacrée on pend le gui de chêne à un arbre avec une
chez les druides. Au mois de décembre, qu’on aile d’hirondelle, tous les oiseaux s’y rassem-
appelait le mois sacré ils allaient la cueillir en bleront de deux lieues et demie.
,

grande cérémonie. Les devins marchaient les Guibert de Nogent, abbé de Nogent-sous-
premiers en chantant, puis le héraut venait, Coucy, au diocèse de Laon (onzième siècle),
suivi de trois druides portant les choses néces- homme savant, qui a écrit, sous le nom de Gesla
saires pour le sacrifice. Enfin paraissait le chef Det per Francos, l’histoire des premières croi-
des druides, accompagné de tout le peuple; il sades. Il y a dans ses écrits plusieurs petits faits
montait sur le chêne, coupait le gui avec une qui établissent les relations des vivants avec les
faucille d’or, le plongeait dans l’eau lustrale et morts.
criait « Au gui de l’an neuf (ou du nouvel an). »
: Guido. Un seigneur nommé Guido, blessé à

Digitized
, , , ,

Cl'I — 315 — C.UL

mort dans un combat, apparut autrefois tout de son règne), il fut tué d’une flèche lancée
arme à un prêtre nommé Étienne ou Stéphane, par une main invisible. Pendant qu’il reudait le
et le chargea de commissions qui devaient, en dernier soupir, le comte de Cornouailles, qui
réparant quelques-unes do scs fautes, abréger s’était un pou écarté de la chasse
1 vit un grand ,

son purga'oire. Cette histoire est rapportée par bouc noir et velu qui emportait un homme dé-
,

l’ierre le Vénérable *. figuré et percé d’un trait de part en part.... Le


Guillaume, domestique de Mynheer Clatz comte, troublé de ce spectacle, cria pourtant au
gentilhomme du duché de Julicrs, au quinzième bouc de s’arrêter, et lui demanda qui il était,
siècle. Ce Guillaume fut possédé du diable et qui il portait, où il allait? Le bouc répondit :

demanda pour exorciste un pasteur hérétique n Je suis le diable; j’emporte Guillaume le Roux,
nommé Itarlholoinée Panen, homme qui se fai- et je vais le présenter au tribunal de Dieu où ,

sait payer pour chasser le diable, et qui, dans il sera condamné pour sa tyrannie; et il viendra

cette circonstance, fut penaud. Comme le dé- avec nous » .

moniaque pâlissait, que son gosier enflait et Guillaume de Paris. Il est cité par les dé-
qu'on craignait qu’il ne fût suffoqué entièrement, monngraphes [tour avoir fait des statues par-
l’épouse du seigneur Clatz dame pieuse, ainsi
, lantes à l'exemple de Roger Bacon
, chose qui ,

que toute sa famille , se mit à réciter la prière ne peut avoir lieu que par les opérations dia-
de Judith. Guillaume alors se prit à vomir, entre boliques Naudé a réfuté cette imputation.
autres débris, la ceinture d'un bouvier, des Guillaume comté de Bour-
III , comte de la
pierres, des pelotons de lil du sel des aiguilles,
, , gogne. C’était un bandit sans vergogne et un
des lambeaux de l’habit d'un enfant des plumes . bourreau sans pitié. Un jour que chargé de ,

de paon que huit jours auparavant il avait arra- crimes et de sacrilèges il était en orgie, un in- ,

chées de la queue du paon même. On lui de- connu le fit demander pour lui offrir un beau
manda la cause de son mal. Il répondit que, cheval. Dès qu'il l’eut monté, il fut emporté et
passant sur un chemin il avait rencontré une
,
disparut. L’inconnu était le diable qui venait
femme inconnue qui lui avait soufflé au visage, prendre son bien 1
.

et que tout son mal datait de ce moment. Ce- Guillemiu, esprit familier de Michel Ver-
pendant, lorsqu’il fut rétabli, il nia le fait, et dung avec l'aide duquel il pouvait courir aussi
,

ajouta que le démon l'avait forcé à faire cet aveu, vile qu'il le voulait.
et que toutes ces matières n'étaient pas dans son Guinefort. C'est le nom d’un chien que les
corps; mais qu'à mesure qu’il vomissait, le dé- fabliaux du moyen âge ont illustré. Ce chien
mon changeait ce qui sortait de sa bouche ’.... ayant sauvé un enfant qu'un serpent voulait dé-
Guillaume de Carpentras, astrologue qui vorer, fut tué par son maître, qui lui voyant la ,

fit, pour le roi René de Sicile et pour le duc de gueule ensanglantée, crut qu’il avait étranglé
Milan, des sphères astrologiques sur lesquelles son eufant; suivant une autre version, il péril
ou tirait les horoscopes. Il en fit une pour le dans le combat avec le serpent. Ié maître
roi Charles VIII à qui elle coûta douze cents écus ; éclairé lui fil un petit tombeau ce qui élait im- ;

cette sphère, contenant plusieurs utilités, était prudent car, dans la suite des paysans trom-
; ,

fabriquée de telle manière que tous les mouve- pés prirent ce tombeau pour celui d’un saint et
ments des planètes, à toute heure du jour et de invoquèrent saint Guinefort. Le P. Bourbon,
nuit, s'y pouvaient trouver; il l'a, depuis, ré- dans une mission qu'il fil au pays de Lyon et
digée par écrit en tables astrologiques *. en Auvergne, fil tomber cette superstition, qui
Guillaume le Roux, fils de Guillaume le certainement n'était qu’une suggestion du diable.
Conquérant, et tyran de l'Angleterre dans le Ce chien, appelé Guinefort dans le Lyonnais,
onzième siècle. C’était un prince abominable, s’appelait Ganelon en Auvergne ‘.
sans foi, san3 mœurs, blasphémateur et cruel. Guivre monstre qu’on ne trouve que dans
,

Il fil beaucoup de mal à l'Église chassa l’arche-


, les bestiaires du moyen âge et que les artistes
vêque de Cantorbéry et ne voulut point que ce ont reproduit. M. Paulin Paris a établi qu’il ne
siège fût rempli de son vivant, afin de profiter faut pas confondre la Guivre avec la Vouivre ;
des revenus qui y étaient attachés. Il laissa les la Guivre n'est qu’un griffon ou une hydre que
prêtres dans la misère et condamna les moines l'on voit figurer sur quelques vieux inonumenLs.
à la dernière pauvreté. Il entreprit des guerres Gullets ou Bonasses, démons qui servent
injustes et se fit généralement détester. Un jour les hommes dans la Norvège, et qui se louent
qu'il était à la chasse (en l’année 1100 dans la ,

quarante-quatrième de son âge et la treizième 1


Matthœi Tympii prremia virlutum. — Matthieu
Péris, Hisloria major, t. IL
Voyez -la dans les Légendes de l'autre monde
1
:
2 Naudé, Ajtulogie futur les grands personnages ac-

Légendes du purgatoire. cusés de magie ch. xvn ,


p. 493.
2 Wierus, De prirst., lib. III, cap. vi. 3 Voyez sa légende dans les Légendes infernales.
3 Extrait d’un ancien manuscrit
,
cité à la fin des * Voyez les Fabliaux du moyen âge recueillis par
Remarques de Joly sur Bayle. J. Loysèau, t 846 p. su. ,

Lit)
,

GIN — 316 — II AB

pour peu de chose. Ils pansent les chevaux, les quels il lançait une flèclie. C'est à cause de ces
étrillent, les frottent, les brident, les sellent, vertus magiques, attribuées au gui de chêne,
dressent leurs crins et leurs queues, comme le qu'on l'appelle en Alsace ilarentakein c’est-à-
meilleur palefrenier : ils font même les plus dire arbrisseau des spectres.
viles fonctions de la maison. Voy. Béiuth , Hec- Guymond de la Touche, poète dramatique
DEXIX ,
etc. et philosophe du dernier siècle. Il était allé le

Gunem, appelé aussi tous ,


soldat anglais 11 février 1760 chez une sorcière, à Paris, dans
qui, après avoir servi sous le roi fitienne, se le dessein de rire ne croyait à rien. 11
, car il

trouvant chargé de bien des crimes, s’en alla fut frappé pourtant mystérieux qui
de l'appareil

en Irlande, décidé h faire sa pénitence dans le entourait la sorcière cl de l'attention grave que
purgatoire de Saint-Patrice. Il y subit diverses lui prêtaient les assistants. Sa curiosité fut pi-

douleurs qu'il accepta en expiation, s’en revint quée. Dans l'instant où un peu troublé, il s'ap-
,

soulagé et mena depuis une vie exemplaire. prochait d’une jeune fille à qui on enfonçait des
Gurme , chien redoutable espèce de Cerbère
,
épingles dans la gorge : * Vous êtes bien em- —
de l'enfer des Celles. Pendant l'existence du pressé, lui dit la sorcière, à vous éclairer de ce
monde, ce chien est attaché à l’entrée d’une ca- qu'on fait ici. Puisque vous êtes si curieux, ap-
verne: mais au dernier jour il doit être lâché, prenez que vous mourrez dans trois jours. » —
attaquer le dieu Tyr ou Thor, et le tuer. C’est le Ces paroles dites avec solennité firent sur Guy-
même que le loup Fenris. mond de la Touche, qui ne rroyail à rien, une
Gusandal (vallée de lumière). En Suède, où impression telle qu'il se relira chez lui boule-
la magie est en plein mouvement, de nos jours, versé, se mit au lit etmourut en effet trois jours

on donne ce nom au carrefour où se fait le après, le l(i février 1760


sabbat. Gymnosophistes, philosophes ainsi nommés
Gusoyn, grand-duc aux enfers. Il apparaît parce qu'ils allaient nus ou sans habits. Chez les

sous forme d'un chameau. Il répond sur le


la démonomanes, les gymnosophistes sont des ma-
présent, le passé, l’avenir, et découvre les choses giciens qui obligeaient les arbres à s’incliner et
cachées. Il augmente les dignités et affermit les à parler aux gens comme des créatures raison-
honneurs. Il commande à quarante-cinq légions. nables. Tespesion , l’un de ces sages, ayant com-
Gustaph. Voy. Zeno.vsTiiE. mandé à un arbre de saluer Apollonius, il s’in-
Gutheyl ou Guthyl, nom sous lequel les clina, et, rabaissant le sommet de sa tête et scs
Germains vénéraient le gui de chêne. Ils lui at- branches les plus liantes, il lui fit des compli-
tribuaient des vertus merveilleuses, particuliè- ments d’une voix distincte, mais féminine, « ce
rement coDlrc l'épilepsie, et le cueillaient avec qui surpasse la magie naturelle 1 » .

les mêmes cérémonies que les Gaulois. Dans Gyromancie ,


sorte de divination qui se pra-
certains endroits de la haute Allemagne, celle tiquait en marchant en rond ou en tournant au-
,

superstition s’est conservée, et les habitants sont tour d’un cercle, sur duquel
la circonférence
encore aujourd'hui dans l’usage de courir de étaient tracées des lettres. A force do tourner
maison en maison et de ville eu ville, en criant: on s’étourdissait jusqu’à se laisser tomber, et de
« Gutheyl Gutheyl i> —
Des Septentrionaux l’assemblage des caractères qui se rencontraient
s'imaginaient qu'un homme muni du gui de aux divers endroits où l’on avait fait des chutes,
chêne non-seulement ne pouvait être blessé, on tirait' des présages pour l'avenir, l'uy. Ai.ec-
mais était sûr de blesser tous ceux contre les- TStOMANCIE.

H
Haagenti, grand président aux enfers. Il furies etdes harpies, comme l’assure Pierre De-
parait sous- la ligure d'un taureau avec des ailes lancre en son livre de l’Inconstance des démons.
de griffon. Lorsqu'il se montre portant face hu- Haborym, démon des incendies, appelé aussi
maine, il rend l'homme habile à toutes choses: Aym. Il porte aux enfers le titre de duc il se :

il enseigne en perfection l'art de transmuer tous montre à cheval sur une vipère, avec trois têtes,
les métaux en or, et de faire d’excellent vin l’une de serpent, l'autre d'homme, la troisième
avec de l'eau claire. Il commande trente-trois
légions.
1
Voyez celle histoire dans les Légendes de l'autre
monde.
Habondia, reine des fées, des femmes blan- 2 IMancre Incrédulité et mécréance du sortilège
,

ches, des bonnes , des sorcières, des larves, des ;


pleinement convaincues, p. 33.

Digitized by Google
,

MAC 317 — UAL


de chai. Il lient à la main une torche allumée. de sa tombe à minuit pour chasser avec fufeiir.
Il commande vingt-six légions. (.luelqucs-nns Lorsqu'il se laisse voir, c'est un signe de guerre
disent que c'est le même que Itaum ; ce qui prochaine. Lorsqu’on l’évoque, il se montre;
nous parait au moins douteux. mais à son aspect effroyable et au bruit de sa
suite, le curieux tombe à demi mort de peur et ;

aussitôt la vision s’évanouit '.

Hakkims, médecins qui guérissent par char-


mes, en Perse.
Hakkiu. l'og. Hvquin.
Haleine. Une haleine forte et violente est la
marque d’un grand esprit, dit un savant , et an
contraire, ajoute-t-il, une haleine faible est la
marque d'un tempérament usé et d’un esprit
débile...
Hallucination. Waller Scott, dans sa Démo-
nologie, voit la plupart des apparitions comme

de véritables hallucinations. Il a raison quelque-

Haceldama ou Hakeldama ,
qui signifie hé-
ritage nu portion de sang, f.e mol est devenu
commun à toutes les langues du Christianisme
depuis le récit sacré qui nous apprend qu’après
que Judas se fut pendu , les prêtres juifs ache-
tèrent, des trente pièces d'argent qu'ils lui

avaient données pour trahir Noire-Seigneur, un


champ qui fut destiné à la sépulture des étran-
gers, et qui porta le nom d'Haccldama. On
montre encore ce champ aux étrangers. Il est
petit et couvert d'une voûte sous laquelle on
prétend que les corps qu’on y dépose sont con-
sumés dans l’espace de trois à quatre heures. fois. Mais il ne faut pas faire de celte explication
Hack, démon cité dans les Clavicules dites de un système, à la manière des esprits qui veulent
Salomon, comme un des plus puissants chefs de tout comprendre, dans un monde où nous sommes
l’enfer. environnés de tant de choses que nous ne com-
Hakelberg. « L’origine du nom de ll'oden ou prenons pas. C’est une hallucination épidémique
Odln se révèle par la racine étymologique de ou un singulier mirage, que l’exemple qu’il cite
l’anglo-saxon Woodin, qui signifie le féroce ou le de l’Écossais Patrick Walker, si, en effet, il n'y
furieux. Aussi l’appelle-t-on dans le Nord le avait là que les phénomènes d’une aurore bo-
chasseur féroce, et en Allemagne Oroden’shccr ou j

réale. —
« En l’année 1686, aux mois de juin et
ll'oden sheer. AVoden, dans le duché de Bruns- de juillet, dit l’honnèle Walker, plusieurs per-
wick, se retrouve sous le nom du chasseur Ha- sonnages encore vivants peuvent attester que,
helbcrg *. » près le bac de Crosford, â deux milles au-dessous
Il était seigneur de Rodenstein, et avait renoncé de Lanark, et particulièrement aux Mains, sur la
à sa part de paradis pour qu’il lui fût permis de rivière de la Clyde, une grande foule de curieux
chasser toujours. Le diable, avec qui il faisait le se rassembla plusieurs fois après midi pour v oir
pacte , lui avait promis qu’il chasserait jusqu'au une pluie de bonnets, de chapeaux,, de fusils et
jour du jugement dernier. Il mourut, et on montre d'épées; les arbres et le terrain en étaient cou-
dans la forêt d'Usslar une pierre brute qui est, verts des compagnies d'hommes armés mar-
;

dit-on, son tombeau, parmi les ruines de son chaient en l’air le long de la rivière, se ruaient
château de Rodenstein. Les savants pensent que les unes contre les autres, et disparaissaient pour
cette pierre est un monument druidique. Mais les faire place à d'autres bandes aériennes. Je suis
voisins racontent qu'elle est gardée par les chiens allé là trois fois consécutivement dans l’après-
de l’enfer, et que le chasseur indomptable sort
1
Voyez le chevalier Hakelberg, dans les Legendei
1
Trail lions populaires. Quarterlg lleueies). infernales.

Digitized by Google
UAL — 318 — UAL
midi, et j’ai observé que les deux tiers des té- ne se bornait pas à vendre des livres, c’était
moins avaient vu, et que l'autre tiers n'avait rien encore un littérateur; il eut le courage moral
vu. Quoique je n'eusse rien vu moi-llléme, ceux d’exposer à la Société philosophique de Berlin le
qui voyaient avaient une telle frayeur et un tel récit de ses souffrances, et d’avouer qu’il était
tremblement, qne ceux qui ne voyaient pas s’en sujet à une suite d’illusions fantastiques. Ixs cir-
apercevaient bien. Lin gentilhomme, tout près de constances de ce fait peuvent être exposées très-
moi, disait : —
Ces damnés sorciers ont une brièvement, comme elles l'ont été au public,
seconde vue; car le diable m’emporte si je vois attestées par les docteurs Ferriar, Hibbert et
quelque chose ! — Et, sur-le-champ, il s’opéra autres qui ont écrit sur la démonologie. Nicolaï
un changement dans sa physionomie. 11 voyaiL.. fait remonter sa maladie à une série de désagré-
— Plus effrayé que les autres, il s’écria : — Vous ments qui lui arrivèrent au commencement de
tous qui ne voyez rien, ne dites rien ; car je vous 179t. L'affaissement d’esprit occasionné par ces
assure que c’est un fait visible pour tous ceux événements fut encore aggravé par ce fait qu’il
qui ne sont pas aveugles. — Ceux qui voyaient négligea l’usage de saignées périodiques aux-
,

ces choses-là pouvaient décrire les espèces de quelles il était accoutumé un tel état de santé
;

batterie des fusils, leur longueur et leur largeur, créa en lui la disposition à voir des groupes de
et la poignée des épées, les ganses des bon- fantômes qui se mouvaient et agissaient devant
nets, etc. « lui, et quelquefois même tiii parlaient. Ces fan-

Ce phénomène singulier, auquel la multitude tômes n'oITraient rien de désagréable à son ima-
croit, bien que seulement les deux tiers eussent gination, soit par leur forme, soit par leurs ac-
vu, peut se comparer, ajoute Waller Scott, à tions; cl le visionnaire possédait trop de force
l’action de ce plaisant qui, se posant dans l'atti- d’âme pour être saisi, à leur présence, d’un sen-
tude de l’étonnement, les yeux fixés sur le lion timent autre que celui de la curiosité, convaincu
de bronze bien connu qui orne la façade de l’hô- qu’il était, pendant toute la durée de l’accès, que
tel de Northumberland dans le Strand à (Londres), ce singulier effet n'était que la conséquence de
attira l’attention de ceux qui le regardaient eu sa mauvaise santé, et ne devait sous aucun autre
disant : —
Par le ciel, il remue!... il remue de rapport être considéré comme sujet de frayeur.
nouveau !—
et réussit ainsi, en peu de minutes, Au bout d'un certain temps, les fantômes parurent
à faire obstruer la rue par une foule immense : moins distincts dans leurs formes, prirent des
les uns s’imaginant avoir effectivement aperçu le couleurs moins vives, s'affaiblirent aux yeux du
lion de Percy remuer la queue les autres atten- , malade, et finirent par disparaitre entièrement.
dant pour admirer la même merveille. Un malade du docteur Gregory d'Édimbourg,
De véritables hallucinations sont enfantées par l’ayant fait appeler , lui raconta dans les tonnes
une funeste maladie, que diverses causes peuvent suivants scs singulières souffrances: — J’ai l’ha-
Leur source la plus fréquente est pro-
faire naître. bitude, dit-il, de dîner à cinq heures; et lorsque
duite par les habitudes d’intempérance de ceux six heures précises arrivent ,
je suis sujet à une
qui ,
à la suite d'excès de boisson , contractent visite fantastique.La porte de la chambre, même
ce que le peuple nomme les diables bleus, sorte lorsque j’ai eu la faiblesse de la verrouiller, ce
de spleen ou désorganisation mentale. Les joyeuses qui m’est arrivé souvent, s'ouvre tout à coup:
illusions que, dans les commencements, enfante une vieille sorcière semblable à celles qui han-
,

l’ivresse, s’évanouissent avec le temps et dégé- taient les bruyères de Forrès, entre d'un air
nèrent en impressions d'effroi. Le fqiÇ qui va menaçant, s’approche, se pose devant moi, mais si
suivre fut raconté à l’auteur par un ami du pa- brusquement, que je ne puis l'éviter, et alors me
tient. Lu jeune homme riche, qui avait mené une donne un violent coup de sa béquille je tombe ;

vie de nature à compromettre à la fois sa santé de ma chaise sans connaissance, et je reste ainsi
et sa fortune, se vit obligé de consulter un méde- plus ou moins longtemps. Je suis tous les jours
cin. Une des choses dont il se plaignait le plus sous la puissance de celte apparition. Quelque-
était la présence habituelle d’une suite de fan- fois la vieille est une dame qui en parure de ,

tômes habillés de vert, exécutant dans sa chambre bal, me fait des mines. Le docteur demanda —
une danse bizarre, dont il était forcé de suppor- au malade s’il avait jamais invité quelqu'un à
ter la vue, quoique bien convaincu que tout le être avec lui témoin d’une semblable visite. Il
corps de ballet n'existait que dans son cerveau. répondit que non. Son mal était si particulier,
— Le médecin lui prescrivit un régime ii lui on devait si naturellement l'imputer à un dé-
;

recommanda de se retirer à la campagne, d'y rangement mental qu'il lui avait toujours ré-
pbserver une diète calmante de se lever de pugné d’en parler à qui que ce fôt.
, Si vous —
bonne heure, de faire un exercice modéré, d’évi- le permettez, dit le docteur, je dînerai avec vous
ter une trop grande fatigue. Le malade se con- aujourd'hui tête à tête et nous verrons si votre ,

forma à cette prescription et se rétablit. méchante vieille viendra troubler notre société.
Un autre exemple d'hallucinations est celui de Le malade accepta avec gratitude. Ils dînèrent,
M. Nicolaï, célèbre libraire de Berlin. Cet homme et le docteur, qui supposait l'existence de quel-

Goosle
UAL — 319 — UAL
que maladie nerveuse, employa le charme de sa plexie. Le fantôme à la béquille était simplement
brillante conversation à captiver l'attention de une sorte de combinaison analogue à celle dont?
son hôte, pour l’empêcher de penser à l'heure lafantaisieproduitlc dérangement appelééphialle,
fatale qu'il avait coutume d'attendre avec ter- ou cauchemar ou toute autre impression exté-
,

reur. Il réussit d’abord. Six heures arrivèrent rieure exercée sur nos organes pendant le som-
sans qu’on y fil attention. Mais A peine quelques meil.
minutes étaient-elles |écûulées que le monoinane Un autre exemple encore me fut ci lé, dit
s'écria d’une voix troublée : — Voici la sorcière ! Waller Scott, par le médecin qui avait été dans
— et, se il perdit con-
renversant sur sa chaise, le cas de l'observer. Le malade était un hono-

naissance. Le médecin un peu de sang, et


lui tira rable magistral, lequel avait conservé entière sa
sc convainquit que cet accident périodique, dont réputation d'intégrité, d’assiduité et de bon sens.
se plaignait le malade, était une tendance à l'apo- — Au moment des visites du médecin, il en était

Une dame en parure de ImI. — l'ije 318.

réduit à garder la chambre, quelquefois le lit; caractère. Le médecin cul donc recours avec le
cependant, de temps A autre, appliqué aux af- monomanc A une explication il lui parla de la
;

faires ,de manière que rien n’indiquait A un folie qu’il y avait A se vouer à une mort triste et
observateur superficiel la moindre altération dans lente, plutôt que de dévoiler la douleur qui le
ses facultés morales aucun symptôme ne faisait
; minait. Il insista sur l'atteinte qu'il portait A sa
craindre une maladie aiguë ou alarmante mais ; réputation, en laissant soupçonner que son abat-
la faiblesse du pouls, l'absence de l'appétit, le tement pût provenir d’une cause scandaleuse,
constant affaiblissement des esprits, semblaient peut-être même trop déshonorante pour être pé-
prendre leur origine dans une cause cachée que nétrée il lui lit voir qu'ainsi il léguerait à sa fa-
;

le malade était résolu à taire. Le sens obscur des mille un nom sus|>ect et terni. I,e malade frappé
paroles de cet infortuné, la brièveté et la con- exprima le désir de s'expliquer franchement avec
trainte de ses réponses aux questions du méde- le docteur, et la porte de la chambre fermée, il
,

cin, le déterminèrent A une sorte d’enquête. Il entreprit sa confession en ces termes :

eut recours A la famille : personne ne devinait « Vous ne pouvez comprendre la nature de


la cause du mal. L'état des affaires du patient mes souffrances ,
et votre zèle ni votre habileté
était prospère ; aucune perte n'avait pu lui oc- ne peuvent m’apporter de soulagement. La si-
casionner im chagrin ; aucun désappointement tuation où je me trouve n’est pourtant pas nou-
dans scs affections ne pouvait se supposer A son velle , p uisqn'on la retrouve dans le célèbre ro-
Age; aucune idée de remords ne s'alliait A sou man de Lesage. Vous vous souvenez sans douto
|

Digitized by Google
UAL — 320 — UAL
de la maladie dont il
y est dit que mourut le duc Il même.
est présent à l'instant —
Et dans quelle
d'OIivarès : l’idée qu’il était visité par une ap- partie de votre chambre le voyez-vous? Ait —
parition, à l'existence de laquelle il n’ajoutait pied de mon lit lorsque les rideaux sont enlr’ou-
;

aucunement foi en mourut néanmoins,


; mais il verts, il se place entre eux et remplit l'espace
vaincu et terrassé par son imagination. Je suis —
dans la même position ; la vision acharnée qui
me poursuit est si pénible et si odieuse, que ma
raison ne suffit pas à combattre mon cerveau af-
fecté : bref, je suis victime d'une maladie imagi-
naire- »

Le médecin écoutait avec anxiété.


Mes visions, reprit le malade, ont com-
<i

mencé il y a deux on trois ans. Je me trouvais


de temps en temps troublé par la présence d’un
gros chat qui entrait et sortait sans que je pusse
direcomment , jusqu’à ce qti'enfin la vérité me
fûtdémontrée, et que je me visse forcé à ne plus
le comme un animal domestique mais
regarder ,

bien comme un jeu qui n'avait d'existence que


,

dans mes organes visuels en désordre, ou dans


mon imagination déréglée. Jusque-là je n’avais
nullement pour cet animal l'aversion absolue de
ce brave chef écossais qu'on a vu passer par les vide. —
Aurez-vous assez de courage pour vous
différentes couleurs de son plaid lorsque par lever et pour vous placer à l'endroit qui vous

hasard un chat se trouvait dans un appariement semble occupé, afin de vous convaincre de la
avec lui. Au contraire je suis ami des chats, cl déception? »
,

je supportais avec tranquillité la présence de Le pauvre homme soupira et secoua la tête

mon visiteur imaginaire, lorsqu'un spectre d'une d'une manière négative. « Eh bien dit le doc- ,

grande importance lui succéda. Ce n’était autre teur nous ferons l'expérience une autre fois. •
,

chose que l'apparition d'un huissier "de la cour. Alors il quitta sa chaise aux côtés du lit; et se
Ce personnage , avec la bourse et l’épée une plaçant entre les deux rideaux entr'ouverls, in-
,

veste brodée et le chapeau sous le bras se glis- ,


diqués comme la place occupée par le fantôme,
sait à mes côtés, et, chez moi ou chez les autres, il demanda si le spectre était encore visible,
montait l’escalier devant moi, comme pour m'an- a Non entièrement dit le malade, parce que votre
,

noncer dans un salon, puis se mêlait à la société, personne est entre lui et moi; mais j'aperçois sa
quoiqu’il fut évident que personne ne remarquait tête par-dessus vos épaules. »
sa présence , et que seul je fusse sensible aux Le docteur tressaillit un moment ,
malgré sa
chimériques honneurs qu'il me voulait rendre. philosophie, à une réponse qui affirmait d'une
Celle bizarrerie ne produisit pas beaucoup d'effet manière si précise que le spectre le louchait de
sur moi : cependant elle m'alarma à cause de si près. Il recourut à d'autres moyens d'investi-
l’influence qu'elle pouvait avoir sur mes facultés. gation mais sans succès.
, Le malade tomba dans
Après quelques mois, je n’aperçus plus le fan- un marasme encore plus profond; il en mourut,
tôme de l'huissier. Il fut remplacé par un autre, etson histoire laissa un douloureux exemple du
horrible à la vue, puisque ce n'est autre chose pouvoir que le moral a sur le physique, lors
que l’image de la mort elle-même , un squelette. même que les terreurs fantastiques ne parvien-
Seul ou en compagnie, la présence de ce fantôme nent pas à absorber l'intelligence de la personne
ne m'abandonne jamais. Eu vain je me suis ré- qu'elles tourmentent.
pété cent fois que ce n’est qu'une image équi- Ilapportons encore, comme fait attribué à l'hal-
voque et l’effet d'un dérangement dans l’organe lucination, la célèbre apparition de Maupcrtuis à
de ma vue ; lorsque je me vois , en idée à la vé- un de scs confrères, professeur de Berlin. Elle
rité, le compagnon d’un tel fantôme, rien n'a de est décrite dans les Actes de ta Société royale de
pouvoir contre un pareil malheur, et je sens que llcrlin , cl se trouve rapportée par M. Thiéhaut

je dois mourir victime d'une affection aussi mé- dans ses Souvenirs de Frédéric le Grand. Il est
lancolique , bien que je ne croie pas à la réalité essentiel de prévenir que M. Gleditch, à qui elle
du spectre qui est devant mes yeux.» est arrivée, était un botaniste distingué, profes-
Le médecin affligé fit au malade, alors au lit, seur de philosophie naturelle, et regardé comme
plusieurs questions. « Ce squelette, dit-il, semble un homme d'un caractère sérieux , simple et
donc toujours là? —
Mon malheureux destin est tranquille. Peu de temps après la innrl de Man-
de le voir toujours. —
Je comprends; il est, à perUiis, M. Gleditch, obligé de traverser la salle
l'instant même, présent à votre imagination? — dans laquelle l'académie tenait ses séances, ayant

Digitized by Google
,

HAL — 321 — HAQ


quelques arrangements à faire dans lu cabinet geance dont il se chargea. Shakspeare a illustré
d’hislnire'liaturellequi étailde son ressort, aperçut cette sombre histoire.
toujours sur une On montre
en entrant dans la l’ombre de M. de Mau-
salle collinevoisine d’Elseneur la tombe d’Hatnlel,
perluis, debout et dans le premier angle à
fixe que des croyances peureuses entourent et pro-
main gauche yeux braqués sur lui. Il était
et ses tègent.
trois heures de l’après-midi. Le professeur de Hammerlein. C’est le nom que donnait au
philosophie en savait trop sur sa physique pour démon qui le dominait un possédé cité par Bro-
supposer que son président, mort à Bâle dans la gnoli dans son AUxiacon. Cet homme ne put être
famille de Bernouilli, serait revenu à Berlin en délivré.
personne. Il ne regarda la chose que comme une Handel, célèbre musicien saxon. Se trouvant
illusion provenant du dérangement de ses or- en 1700 à Venise, dans le temps du carnaval, il
ganes. Il continua de s'occuper de ses affaires joua de la harpe dans une mascarade. Il n’avait
;

sans s'arrêter plus longtemps à cet objet. Mais il alors que seize ans , mais son nom dans la mu-
raconta cette vision à scs confrères, les assurant sique était déjà très-connu. Dominique Scarlati,
qu'il avait vu une ligure aussi bien formée et habile musicien d’alors sur cet instrument, l’en-
aussi parfaite que M. de Maupertuis lui-mème tendit et s’écria : « Il n’y a que le Saxon Handel
auiait pu la présenter. ou le diable qui puisse jouer ainsi...»
Voici un autre petit fait : Un prince, s'étant Hanneton. Il y a dans la Cafrcrie une sorte
imaginé mort ne voulut plus prendre
qu’il était ,
de hanneton qui porte bonheur quand il entre
de nourriture quelque chose qu’on lui dit pour
,
dans une hutte. On lui sacrifie des brebis. S’il se
lui persuader qu’il vivait. Cette diète hors de pose sur un nègre, le nègre en devient tout fier.
raison faisait craindre avec justice des suites fâ- Hannon, général carthaginois, distingué par
cheuses, et l’on commençait à perdre toute es- cette fourberie : il nourrissait des oiseaux à qui
pérance, lorsqu'un des principaux oülciers s’avisa il apprenait à dire : Hannon est un dieu; puis il

de faire habiller trois valeLs de chambre en sé- leur donnait la liberté.


nateurs romains tels qu’on les voit représenter
,
Hantise, fréquentation. Le mol hanter est tou-
sur les théâtres, et les fit placer à que table jours pris en mauvaise part « Dis-moi qui tu :

garnie d'excellents mets, qu’il fit dresser dans la hantes, je te dirai qui tu es. » Les maisons où
chambre où le prince était couché le prince : paraissent des démons s’appellent des maisons
voyant cet appareil demanda qui étaient ces hantées. Sous le titre de la Maiion hantée, le
étrangers? «Ce sont, dit l'officier, Alexandre, comte Yermolof a écrit avec beaucoup de charme
César et Pompée. —
Comment répliqua le prince, ! une tradition de Moscou. Cette maison avait été
ils sont morts, et les morts ne mangent point. — habitée par un alchimiste qui évoquait les esprits
Il est vrai, répondit-il, qu'ils sont morts, mais élémentaires. Une salamandre la hantait, et on
ils mangent de bon appétit. —
Si cela est dit le ,
disait que depuis qu'elle avait brûlé quelques-
prince, qu’on me mette mon couvert, je veux uns des évocateurs , elle gémissait tous les jours

manger avec eux. » Ce mort d’imagination se à minuit, sans qu’on vit jamais rien et sans qu’on
leva, mangea avec ses illustres convives, et celte pût rien découvrir dans la chambre où l’alchi-
invention de son officier lui fit recouvrer la santé miste avait opéré.
du corps et de l'esprit qui était en grand danger '. Hapi. Voy. Apis.
Halphas, grand comte des enfers. Il parait Haquart. Rémi, dans sa Démonologie rap-
sous la forme d’une cigogne, avec une voix porte qu’une sorcière nommée Françoise Ha-
bruyante. Il bâtit des villes, ordonne les guerres quart, condamnée au feu en 1587, avait livré sa
et commande vingt-six légions *. C’est peut-être fille Jeanne au démon lorsqu’elle n’avait encore
le même que Malphas. que sept ans. Une femme chrétienne se chargea
Haltias. Les Lapons donnent ce nom aux va- de cette enfant, et pour la protéger contre le dé-
peurs qui s’élèvent des lacs, et qu’ils prennent mon, elle la mit coucher entre deux pieuses
pour les esprits auxquels est commise la garde servantes. Mais, à la vue de tous les voisins, elle
des montagnes. fut enlevée et resta longtemps suspendue en l'air,
Hamlet, prince de Danemark à qui apparut ,
pendant que les servantes criaient « Seigneur :

le spectre de son père pour demander une ven- Jésus, sauvez-nous. » Elle resta huit jours saas
prendre aucun aliment, et on ne la délivra que
1 I n de Restout, peintre célèbre, mort
tableau par l'exorcisme.
en 1768, donna lieu à une aventure assez plaisante.
Haquin. Les anciennes histoires Scandinaves
Le tableau représentait la destruction du palais d'Ar-
mide. Un Suisse , qui était dans le vin se passionna font mention d'un vieux roi de Suède , nommé
,

pour ro palais, ;i peu près comme don Quichotte pour Haquin, qui commença à régner au troisième
don Galiféros et la belle Mélissande. 11 prit son sabre, ne mourut qu’au cinquième, âgé de deux
siècle et
et frappant à grands coups sur les démons qui démo-
cent dix ans, dont cent quatre-vingt-dix de règne.
lissaient cet édifice, il détruisit l’effet magique du
Il avait déjà cent ans lorsque ses sujets s’étant
tableau et le tableau lui-mème. ,

* Wierus, in Pteudomonarchia dam. révoltés contre lui , il consulta l’oracle d’Odin


si

y/ Google
HA R — 322 — HAR
qu’on révérait auprès d’L’psal. Il lui fut répondu troldman (magicien) espionner le pays après
que s'il voulait sacrifier le seul fils qui lui restait, avoir étudié ses abordages. Le troldman, pour
il vivrait et régnerait encore soixante ans. Il
y con- n'être pas deviné , se changea en baleine , et

sentit, et sesdieux lui tinrent parole. Bien plus, sa nagea vers l’Islande. Il vil venir à lui dans une
vigueur se ranima à l'àge de cent cinquante ans; nacelle un Islandais qui, étant aussi magicien, le
il eut un fils à nouveau et successivement cinq reconnut sous son déguisement ; le prétendu ba-
autres, depuis cent cinquante ans jusqu’à cent telier siffla ; et les ladwaiturs ,
génies protecteurs
soixante. Se voyant près d’arriver à son terme, de l'Islande, dûment avertis, s'élancèrent en
il tâcha encore de le formes de dragons et firent tomber sur la ba-
prolonger; et les oracles
lui répondirent que s’il de ses en- leine une trombe de venin. Le troldman déguisé
sacrifiait l’ainé

fants, il régnerait encore dix ans; il le fit. Le s'échappa et courut dans un autre site sous la
second lui valut dix autres années de règne, et forme d’un énonne oiseau. Le magicien islandais
ainsi de suite jusqu'au cinquième. Enfin il ne lui l’attaqua avec une pique l'oiseau blessé tomba ; :

restait plus que celui-là; il était d’une caducité le troldman en sortit encore et se métamorphosa

extrême, mais il vivait toujours; ayant voulu en un taureau monstrueux; c'était auprès de Bri-
sacrifier encore ce dernier rejeton de sa race, le dafort; échouant de nouveau, il reparut en géant;
peuple, lassé du mouarque eide sa barbarie, le mais toujours sans succès; et Harold-Germson
chassa du trône il mourut, et son fils lui succéda. ne put avoir les renseignements qu’il voulait.
;

Delancre dit que ce monarque était grand sor- Tout ce récit nous vient d'une saga due à un
cier, et qu'il combattait ses ennemis à l'aide des vieux barde idolâtre et c’est une altération de ,

éléments. Par exemple il leur envoyait de la pluie la vérité. Il s'agit là des efforts que firent les rois
ou de la grêle. Scandinaves Olof Triggvason et liarald ou Ha-
Haridi, serpent bonoréàAkbmin.villod'Égyptc. rold-Germson pour convertir l'Islande au chris-
Il y a quelques siècles qu'un derviche nommé tianisme. Ce ne furent pas des magiciens, mais
|

Haridi y mourut on lui éleva un tombeau sur- des missionnaires qu'ils y envoyèrent; et il fal-
; ,

monté d'une coupole au pied de la montagne


, lut des elTorls immenses pour établir dans cette
;

les peuples vinrent lui adresser des prières. Un lie sauvage un peu de christianisme, qui depuis

autre derviche profita de la crédulité des bonnes est tombe avec celui des autres pays du Nord, ,

gens, et leur dit que Dieu avait fait passer l’es- dans le luthéranisme, tout en conservant scs ma-
prit du défunt dans le corps d’un serpent. Il eu giciens ou sorciers, qui fiorissent encore de nos
avait apprivoisé un de ceux qui sont communs jours*.
dans la Thébaïde et qui ne font pas de mal ce Harpe. Chez les Calédoniens, lorsqu'un guer-
;

reptile obéissait à sa voix. Le derviche mil à l'ap- rier célèbre était exposé à un grand péril les ,

parition de son serpent tout l'appareil du charla- harpes rendaient d’elles-mémes un son lugubre
tanisme il éblouit le vulgaire et prétendit guérir et prophétique souvent les ombres des aïeux du
; ;

toutes les maladies. Quelques succès lui donnè- guerrier en pinçaient les cordes. Les bardes alors
rent la vogue. Ses successeurs n’eurent pas de commençaient un chant de mort, sans lequel au-
peine à soutenir une imposture lucrative ils s'en- cun guerrier n’était admis dans le palais de
;

richirent en donnant à leur serpent l'immortalité nuages, et dont l'effet était si salutaire que les
}'
et poussèrent l’impudence jusqu’à en faire un fantômes retournaient dans leur demeure pour
essai public le serpent fut coupé en morceaux
; recevoir avec empressement et revêtir de ses
eu présence de l'émir, et déposé sous un vase armes fantastiques le héros décédé.
pendant deux heures. A l'instant où le vase fut Harppe. Thomas Bartholin, qui écrivait au
levé les serviteurs du derviche eurent sans doute dix-septième siècle, raconte, après une ancienne
,

l'adresse d'en substituer un semblable; on cria magicienne nommée Landela, dont l'ouvrage n'a
au prodige, et l’immortel Haridi acquit un nou- jamais été imprimé, un trait qui doit être du trei-
veau degré de considération. zième siècle ou du quatorzième. Un homme du —
Paul Lucas raconte que , voulant s'assurer des Nord, qui se nommait Harppe, étant à l’article de
choses merveilleuses que l'on racontait de cet la mort, ordonna à sa femme de le faire enterrer
animal il ,fit pour le voir le voyage d’Akhmin tout debout devant la porte de sa cuisine, afin
;

qu’il s'adressa à Assan-Bey lequel fit venir le qu’il ne perdit pas tout à fait l’odeur des ragoûts
,

derviche avec le serpent ou l’ange, car tel est le qui lui étaient chers, et qu’il pùt voir à son aise
nom qu'on lui donnait, et que ce derviche tira de ce qui se passerait dans sa maison. La veuve
son sein en sa présence l'animal merveilleux. exécuta docilement et fidèlement ce que son inari
C’était, ajoute-t-il, une couleuvre do médiocre lui avait commandé. Quelques semaines après
la

grosseur et qui paraissait fort douce. mort de Harppe, on le vit souvent apparaître,
Haro, amille noble d'Espagne, qui prétend sous la forme d’un fantôme hideux, qui tuait les
descendre d'une fée. de
Voyez la belle cl savante 1
introduction
Harold-Germson, roi de Norvège qui, vou- M. Léouzon-le-Duc à sa traduction du Glaive runiqve
lant châtier l’Islande, envoya un habile et savant de Nicander.

>y CjOOglc
HAR — 523 - HAR
ouvriers et molestait tellement les voisins, que Le corps de Harppe, dit ici Dom Calmet (si
«
personne n'osait plus demeurer dans le village, l'onadmet la vérité de ce fait), était donc réel-
lin paysan, nommé Olaûs Pa, fut assez hardi pour lement sorti de terre lorsqu'il apparaissait. Ce
attaquer ce vampire, car c’en était un il lui porta
; corps devait être palpable et vulnérable, puisqu’on
un grand coup de lance et laissa la lance dans
, trouva la lance dans la plaie. Comment sortit-il
la plaie. Le spectre disparut Le lendemain, Olaiis de son tombeau, et comment y rentra-t-il ? C’est
fit ouvrir le tombeau du mort; il trouva sa lance la difficulté car qu’on ait trouvé la lance et la
;

dans le corps de Harppe, au même endroit où il blessure sur son corps, cela ne doit pas sur-
avait frappé le fantôme. Le cadavre n’était pas prendre, puisqu'on assure que les sorciers, qui
corrompu; on le tira de terre; on le brilla, on se métamorphosent en chiens, en loups-garous,
jeta ses cendres à la mer, et on fut délivré de ses en chats, etc., portent dans leurs corps humains
funestes apparitions '.
les blessures qu’ils ont reçues aux mêmes parties

Jti

Le mtijicieo Ulandai* l atUqua avec une pique. — Page 3*22.

des corps dont ils se sont revêtus, et dans les- La mère de Jeanne avait été brûlée comme sor-
quels ils apparaissent. » Le pluscroyable sur celte cière. Elle, qui du reste avait commis d'autres
histoire peu avérée est probablement qu’elle est crimes, fut également brûlée, à l'âge de cinquante
fort altérée, loy. Vampires. ans, le dernier jour d'avril de l'année 1378
Harvilliers (Jeanne), sorcière des environs Harvis. C’est le nom qu'ou donne aux sor-
de Coinpiègne, au commencement du seizième ciers de l’Égypte moderne.
siècle. elle raconta que sa mère
Dans son procès, « De tout temps, dit M. Théodore Pavie,

l'avait présentée au diable dès l’âge de douze l'Égypte a eu des sorciers. Les devins qui lut-
ans; que un grand nègre vêtu de noir;
c'était tèrent contre Moïse firent tant de prodiges, qu'il
qu'il arrivait, quand
elle le voulait, botté, épe- fallut au législateur des Hébreux la puissance

ronné et ceint d'une épée qu'elle seule le voyait, invincible dont Jéhovah l'avait doué pour triom-

;

ainsi que sou cheval, qu’il laissait à la purte. pher de scs ennemis. La cabalistique, la magie,
1
Bartholini, De causa contemnlus mollis, etc., 1
M. Jules Garinet, Hisl. de la magie en France,
lib. II. p. 133.
il.

Digitized by Google
.

HAR — 324 — HAR


les sciences occultes, importées par les Arabes lui accorder puis tout à coup il tira de sa poche
;

en Espagne, puis dans toute l’Europe, ou déjà un calam (sorte de plume) eide l’encre, demauda
elles avaient paru sous d'autres formes à la suite un réchaud, et se mil à écrire ligne à ligne, sur
des barbares venus d'Orienl par le Nord, n’étaient un long morceau de papier, de mystérieuses sen-
que des tentatives pour retrouver ces' pouvoirs tences. Dès qu’il eut jeté dans le feu quelques-
surnaturels, premier apanage de l'homme, alors unes de ces lignes, déchirées successivement, le
qu'il commandait aux choses de la création en charme commençant à opérer, un enfant fut in-
les appelant du nom qtte la voix de l’Élernel leur troduit. C'était un Nubien de sept à huit ans,

avait imposé. Désormais, soit que les lumières de esclave au service de l'un de nos convives ré- ,

la vérité, plus répandues, rendent moins faciles cemment arrivé de son pays, noir comme l'encre
les expériences des sorciers dégénérés , soit que du harvi, et affublé du plus simple costume turc.
l'homme en avançant dans les siècles perde peu
à peu ce reste d'empire sur la matière, qu’il
cherche aujourd’hui à dompter par l'analyse des
lois auxquelles elle obéit, toujours est-il que la
magie est une science perdue on considérée
comme telle. L'Égypte cependant prétend en
avoir conservé latradition et les devins du Caire
;

jouissent encore, sur les bords du Nil, d'une ré-


putation colossale. Il ne s'agit pas pour eux pré-
cisément de jeter des sorts de prédire des mal-
,

heurs; ils n’ont pas la seconde vue du Tyrol ou


de l'Ecosse leur science consiste à évoquer, dans
;

le creux de la main d'un enfant pris au hasard,


telle personne éloignée dont le nom est prononcé
dans l’assemblée, et de la faire dépeindre parce
même enfant, sans qu’il l’ait jamais vue, sous
des traits impossibles à méconnaître. Le plus cé-
lèbre des Itarvis a eu l’honneur de travailler de- L*AljérieB cl son Nubien

vant plusieurs voyageurs européens dont les ,

écrits ont été lus avec avidité, et il a générale- Le sorcier prit la main de l'enfant, y laissa tom-
ment assez bien réussi pour que sa gloire n'ait ber une goutte du liquide magique, l'étendit avec
eu rien à souffrir de ces rencontres périlleuses. sa plume de roseau et abaissant la tète du pa-
,

Voir cet homme, assister à une séance de magie, tient sur scs doigts, de manière qu'il ne put
juger par mes propres yeux de l’état de la sor- rien voir, il le plaça dans un coin de l'apparte-
cellerie en Orient, ces trois désirs me tentaient ment, près de dos tourné à l’assemblée.
lui, le

violemment: l’occasion s’en présenta. — Lady K... s'écria le plus impétueux des
!

> C’était au Caire, dans une des hôtelleries de spectateurs. —


Et l’enfant, après avoir hésité
cette capitale de l’Égypte. A la suite de quelques quelques instants, prit la parole d’une voix faible.
discussions qui s’étaient élevées entre nous au — Que vois-tu ? lui demanda son maitre, tandis
sujet du grand harvi, il fut unanimement résolu que le harvi, de plus en plus sérieux, marmottait
de appeler. La table était presque toute
le faire des vers magiques tout en brûlant ses papiers,
,

composée d'Anglais. Vers la tin du diner, le sor- dont il tira une grande poignée de dessous sa
dei* arriva. Il entre, fait un léger signe de tète, robe. —Je vois, répondit le petit Nubien; je
et va s'asseoir au coin du divan, dans le fond du vois des bannières, des mosquées, des chevaux,
salon. Bientôt, après avoir accepté le café et la des cavaliers, des musiciens, des chameaux...
pipe, comme chose due à son importance, il se — Toutes choses qui n’ont rien à faire avec
recueille, tout en parcourant l’assemblée d’un Lady K..., me dit tout bas un esprit fort. —
regard scrutateur. Le devin est né à Alger; sa Sfiouf ta' ib ! Shouf ta’ ib ! regarde bien ! criait

physionomie n'a rien de gracieux, son œil est le spectateur qui voulait évoquer lady K... L’en-
perçant et peu ouvert; sa barbe grisonnante fant se taisait, balbutiait; puis il déclara qu'il
laisse voir une bouche petite, à lèvres minces et voyait une personne. — Est-ce une dame, un
serrées ; ses traits, plus fins que ceux d’un Égyp- monsieur ? — Une dame — Le I harvi s’aperçut
tien, n'ont pas non plus le calme impassible et à nos regards qu’il avait déjà converti à moitié
sauvage du Bédouin; il est grand, fier, dédai- les plus incrédules.— Et comment est celte dame?
gneux, et se pose en homme supérieur. Tandis — Elle est belle, reprit l’enfant, bien vêtue et
que nous achevions de fumer, celui-ci son ehi- bien blanche ; elle a un bouquet à la main elle -,

bouk, celui-là son narguilé le harvi, immobile


, est près d'un balcon , et regarde un beau jardin.
dans son coin, cherchait à lire sur nos visages le — On dirait que ce négrillon a vu quelquefois
degré de croyance que nous étions disposés à les portraits de l.au rence ,
dit le maitre de l'es-

Digitized by Google
— ,

HAR — 325 — HAR


clave è son voisin; il a deviné juste, et pourtant ne fut pas heureux ou ne fut pas adroit'. M. Léon
jamais rien de semblable ne s’est présenté à ses de .aborde avait été plus favorisé car voici un
I


;

yeux. Et puis, reprit l’enfant après quelques fragment curieux qu’il a publié en 1833 dans la
secondes, car il parlait lentement et par mots Revue des deux mondes, et qu'on retrouve dans
entrecoupés, cette belle dame a trois jambes! ses Commentaires géographiques sur la Genèse.
L’effort que fit le harvi pour ne pas anéantir le n L’Orient, cet antique pays, ce vieux ber-
négrillon d’un coup de poing se trahit par un ceau de tous les arts et de toutes les sciences,
sourire forcé. Il lui répéta avec une douceur con- fut aussi et de tout temps le domaine du savoir
trainte, une grâce pleine de rage: — Shouf ta' occulte et des secrets puissants qui frappent l'ima-
ib ! regarde bien ! L’enfant tremblait ; toutefois il gination des peuples. J’étais établi au Caire de-
affirma que le personnage évoqué dans le creux puis plusieurs mois (1827), quand je fus averti
de sa main avait trois jambes. un matin par lord Prudhoe qu’un Algérien 1 sor- ,

» Aucun de nous ne put se rendre compte de ;


cier de son métier, devait venir chez lui pour lui
l’illusion mais on fit retirer le petit nègre qui
;
,
montrer un tour de magie qu’on disait extraor-
fut remplacé par un autre en tout semblable. dinaire. Bien que j'eusse alors peu de confiance
Durant cette interruption, le sorcier avait mar- dans la magie orientale, j'acceptai l'invitation;
motté bon nombre de phrases magiques et brillé c'était d’ailleurs une occasion de me trouver en

force papiers. L’assemblée fumait, le café circu- compagnie fort agréable. I-ord Prudhoe me reçut
lait sans cesse l’animation allait croissant. On
: avec sa bonté ordinaire et cette humeur enjouée
convint d’évoquer cette fois sir F. S..., facile à qu’il avait su conserver au milieu de ses connais-

reconnaître, puisqu’il a perdu un bras. Le nou- sances si variées et de ses recherches assidues
veau négrillon prit la place du premier, abaissa dans les contrées les plus difficiles à parcourir.
de tnéme sa tète sur la goutte d'encre, et l’on fit (Jn homme grand et beau, portant turban vert

silence. —
Sir F. S... ! dit une voix dans l’as- et benisch de mè.me couleur, entra c'était l’Al- :

semblée, et l'enfant répéta, syllabe par syllabe, gérien. Il laissa ses souliers sur le bout du tapis,

ce nom tout A fait barbare pour lui. Ainsi que son alla s’asseoir sur un divan et nous salua tous, à

prédécesseur , il déclara voir des chevaux des ,


tour de rôle, de la formule en usage en Egypte.
chameaux, des bannières et des troftpes de mu- Il avait une physionomie douce et affable, un
siciens c’est le prélude ordinaire, le chaos qui
: regard vif, perçant, je dirai même accablant, et
se débrouille avant que la lumière magique de la qu’il semblait éviter de fixer, dirigeant ses yeux

goutte d’encre éclaire le personnage demandé. â droite et â gauche plutôt que sur la personne à
Le harvi ne comprend ni le français, ni l'anglais, laquelle il parlait; du reste, n’ayant rien de ces
ni l’italien ; mais, habitué à lire dans les regards airs étranges qui dénotent des talents surnaturels
du public, il devina qu'on lui proposait un sujrt et le métierde magicien. Habillé comme les écri-
marqué par quelque signe particulier. Jadis on vains ou les hommes de loi, il parlait fort sim-
lui avait demandé de faire paraître Nelson, h qui, plement de toutes choses et même de sa science,
comme chacun sait, il manquait un bras et une sans emphase ni mystère, surtout de ses expé-
jambe, et il avait rencontré juste, grâce à la riences qu’il faisait ainsi en public et qui sem-
,

célébrité du héros. Celte fois, il eut vent de blaient à ses yeux plutôt un jeu, â côté de ses
quelque tour de ce genre; aussi, après bien autres secrets qu’il ne faisait qu'indiquer dans la
des réponses confuses, l'enfant s'écria Je : — conversation. On lui apporta la pipe et le café,

vois un monsieur c’est un chrétien il n’a pas


! ,
et pendant qu'il parlait, on fil venir deux enfants
de turban: son habit est vert Je ne vois sur lesquels il devait opérer.
qu’un bras! A ces mots, nous échangeâmes » Le spectacle alors commença. Toute la so-
un sourire, comme des gens qui s’avouent vain- ciété se rangea en cercle autour de l’Algérien,
cus il fallait
: croire à la magie... Mais mon qui fit asseoir un des enfants près de lui, lui prit

voisin l’esprit fort , après avoir fait bouillonner la main sembla le regarder attentivement. Cet
et
l'eau de son narguilé avec un bruit effroyable enfant, fils d’un Européen, était âgé de onze ans
regarda le harvi. Je remarquai que notre pensée et parlait parfaitement l’arabe. Achmed voyant ,

avait été tnal interprétée par le devin, et qu'il son inquiétude au moment où il tirait de son
chancelait dans son afiirmation, supposant que écritoire sa plume de jonc, lui dit N'aie pas : —
nous avions ri de pitié. Il demanda donc à l'en- peur, enfant, je vais t'écrire quelques mots dans
fant: Tu ne vois qu'un bras? El l’autre? la main, tu y regarderas, et voilà tout. L’enfant

L’enfant ne répondit pas, et il se fil un grand se remit de sa frayeur, et l’Algérien lui traça
silence. On entendit les petits papiers s’enflam- dans la main un carré, entremêlé bizarrement
mer plus vivement sur le réchaud. — L’autre de lettres et de chiffres, versa au milieu une
bras, reprit le négrillon... je le vois: ce mon- encre épaisse et lui dit de chercher le reflet de
sieur le met devant son dos, et il tient un gant 1
L’extrait qu'on vient de lire de M. Théodore
de cette main !... > Pavie a vu le jour on 1839.
Ainsi le harvi qui opéra devant M. Th. Pavie a Ce n’était pas celui que vit plus tard M. Pavie.
,,

HAR — 326 — HAR


son visage. L'enfant répondit qu’il le voyait. Le enfin le major Félix, compagnon de voyage de
magicien demanda un réchaud qui fut apporté lord Prudhoe. — Ordonnez au
soldat d’amener
sur-le-champ puis il déroula trois petits cornets Shakspeare, dit l’Algérien. Amène Shaks- —
;

de papier qui contenaient différents ingrédients, peare cria l’enfant d’une voix de maître.
! Le —
qu'il jetaen proportion calculée sur le feu. Il voilà ajouta-t-il après le temps nécessaire pour
!

l'engagea do nouveau à chercher dans l'encre le écouter quelques-unes des formules inintelligibles
reflet de ses yeux, à regarder bien attentive- du sorcier. Notre étonnement serait difficile à dé-
ment, et h l’avertir dits qu’il verrait paraître un crire, aussi bien que la fixité de notre attention
soldat turc balayant une place. L’enfant baissa aux réponses de l'enfant. Comment est-il? — —
la tête ; les parfums pétillèrent au milieu des Il porte un beniscb noir; il est tout habillé de

\

charbons : et le magicien, d’abord à voix basse, noir, il a une barbe. Est-ce lui? nous demanda
puis l'élevant davantage, prononça une kyrielle le magicien d'un air fort naturel, vous pouvez
de mots dont à peine quelques-uns arrivèrent d'ailleurs vous informer de son pays , de son âge.
distinctement à nos oreilles. — Le silence était — Eh bien , où est-il né ? dis-je. Dans un pays —
profond : l'enfant avait les yeux fixés sur sa main ;
tout entouré d'eau. Cetle réponse nous étonna
la fumée s’éleva en larges flocons, répandant une encore davantage. — Faites venir Cradock, ajouta
odeur forte et aromatique. Achmed, impassible, lord Prudhoe avec cette impatience d’un homme
semblait vouloir stimuler de sa voix qui de douce qui craint de se fier trop facilement à une super-
devenait saccadée, une apparition trop tardive,
,

cherie. Le caouas (soldat turc) l’amena. — Com-


quand tout à coup jetant sa tête en arrière pous-
, ,
ment est-il habillé? —
Il a un babil rouge, sur

sant des cris et pleurant amèrement, l’enfant sa têteun grand tarbousch noir, et quelles drôles
nous dit à travers les sanglots qui le suffoquaient,
,
de bottes! je n’en ai jamais vu de pareilles :
qu’il ne voulait plus regarder, qu’il avait vu une elles sont noires et lui viennent par-dessus les
figure affreuse; il semblait terrifié. L’Algérien jambes.
n’en parut point étonné, il dit simplement ;
— n Toutes ces réponses dont on retrouvait la
Cet enfant a eu peur, laissez-le en le forçant, on ; vérité sous un embarras naturel d'expressions
pourrait lui frapper trop vivement l’imagination. qu'il aurait été impossible de feindre , étaient
» On amena un petit Arabe an service de la mai- d'autant plus extraordinaires qu’elles indiquaient
son et qui n'avait jamais vu ni rencontré le ma- d’une manière évidente que l’enfant avait sous
gicien ; peu intimidé de tout ce qui venait de se les yeux des choses entièrement neuves pour lui.
passer, il se prêta gaiement aux préparatifs et Ainsi, Shakspeare avait le petit manteau noir
fixa bientôt ses regards dans le creux de sa main de l’époque qu’on appelait benisch et tout le
, ,

sur le reflet de sa figure, qu’on apercevait même costume de couleur noire qui ne pouvait se rap-
de côté, vacillant dans l’encre. Les parfums — porter qu’à un Européen puisque le noir ne se ,

recommencèrent h s'élancer en fumée épaisse et , porte pas en Orient et en y ajoutant une barbe
,

les formules parlées en un chant monotone, se que les Européens ne portent pas avec le cos-
renforçant et diminuant par intervalles, sem- tume franc, c’était une nouveauté aux yeux de
blaient devoir soutenir son attention Le voilà, : — l'enfant. Le lieu de sa naissance t expliqué par
s’écria-t-il et nous remarquâmes l'émotion sou-
, un pays tout entouré d'eau est à lui seul sur- ,

daine avec laquelle il porta ses regards sur le prenant. Quant à l'apparition de M. Cradock,
centre des signes magiques. Comment est-il — qui était alors en mission diplomatique près du
habillé? —Il a une veste rouge brodée d'argent pacha elle est encore plus singulière
, car le ;

un turban et des pistolets à sa ceinture. One — grand tarbousch noir, qui est le chapeau mili-
fait-il ? — Il balaye une place devant une grande taire à trois cornes, et ces bottes noires qui se
tente riche et belle rayée de rouge et
; elle est portent par-dessus la culotte étaient des choses
de vert avec des boules d’or en haut. Regarde — que l'enfant avouait n'avoir jamais vues aupara-
,

qui vient à présent? —


C’est le sultan suivi de vant ; et pourtant elles lui apparaissaient.
tout son monde. Oh! que c'est beau!... Et l'en- Nous fîmes encore apparaître plusieurs per-
»
fant regardait à droite et à gauche, comme dans sonnes; et chaque réponse, au milieu de son
les verres d’une optique dont on cherche à étendre irrégularité, nous laissait toujours une profonde
l’espace. —
Comment est son cheval ? Blanc — impression. Enfin le magicien nous avertit que
avec des plumeh sur la tête. Et le sultan ? — — l'enfant se fatiguait ; il lui releva la tête , en lui

U a une barbe noire, un beniscb vert. appliquant ses pouces sur les yeux et en pronon-
» Ensuite l’Algérien nous dit Maintenant, mes- : çant des paroles mystérieuses; puis il le laissa.
sieurs, nommezpersonne que vous désirez
la L’enfant était comme ivre : ses yeux n’avaient
faire paraître; ayant soin seulement de bien arti- point une direction fixe son front était couvert
,

culer les noms, afin qu’il ne puisse pas


y avoir de sueur tout son être semblait violemment at-
;

d’erreur. Nous nous regardâmes tous, et, comme taqué. Cependant il se remit peu à peu, devint
toujours, dans ce moment personne ne retrouva gai content de ce qu'il avait vu il se plaisait à

, ;

un nom dans sa mémoire. Shakspeare, dit I le raconter, à en rappeler toutes les circon-
,,

HAR — 327 — HAS


stances, et y ajoutait des détails comme A un événe- » L’Algérien opéra sur son enfant devant moi.
ment qui se serait réellement passé sous ses yeux. Ce petit garçon en avait une telle habitude que
» Mon étonnement avait surpassé mon at- les apparitions se succédaient sans difficulté. Il

tente; mais j'y joignais une appréhension plus nous raconta des choses fort extraordinaires , et
grande encore je craignais une mystification, et
; dans lesquelles on remarquait une originalité qui
je résolus d'examiner par moi-même ce qui ôtait toute de supercherie. J'opérai le
crainte
dans ces apparitions, en apparence si réelles et lendemain devant Achmed avec beaucoup de
certainement si faciles à obtenir, appartenait au succès et avec toute l’émotion que peut donner
,

métier de charlatan, et ce qui pouvait résulter le pouvoir étrange qu’il venait de me commu-
d'une influence magnétique quelconque. Je me niquer. A Alexandrie je fis de nouvelles expé-
retirai dans le fond de la chambre, et j'appelai riences pensant bien qu’avec cette distance je
,

Bellier, mon drogman. Je lui dis de prendre à ne pourrais avoir de doute sur l'absence d’intel-
part Achmcd et de lui demander si pour une ,
ligence entre le magicien et les enfants que j’em-
somme d’argent, qu'il fixerait, il voulait me dé- ployais, et, pour en être encore plus sûr, je les
voiler son secret ; à la condition , bien entendu allai chercher dans les quartiers les plus reculés
que je m’engagerais à le tenir caché de son vi- ou sur les routes, au moment où ils arrivaient
vant. —
Le spectacle terminé Achmed tout en , , de la campagne. J'obtins des révélations surpre-
fumant s’était mis il causer avec quelques-uns
, nantes qui toutes avaient un caractère d’origi-
,

des spectateurs, encore surpris de son talent; nalité encore plus extraordinaire que ne l’eût été
puis après il à peine seul avec Bel-
partit. J’étais celui d’une vérité abstraite. Une fois entre autres,
lier, que je m'informai de la réponse qu’il avait je fis apparaître lord Prudhoe, qui était au Caire,
obtenue. Achmed lui avait dit qu’il consentait à et l’enfant, dans la description de son costume,
m’apprendre son secret. se mit A dire : —
Tiens , c’est fort drôle, il a un
* Le lendemain nous arrivâmes A la grande sabre d’argent. Or, lord Prudhoe était le seul
mosquée El-Ahzar, près de laquelle demeurait peut-être en Égypte qui portât un sabre avec un
Achmed l’Algérien. Le magicien nous reçut po- fourreau de ce métal. De retour au Caire, je sus
liment et avec une gaieté affable; un enfant jouait qu’on parlait déjà de ma science, et un matin,
près de lui c'était son fils. Peu d'instants après,
: A mon grand étonnement, les domestiques de
un petit noir d'une bizarre tournure nous ap- M. Msarra, drogman du consulat de France, vin-
porta les pipes. La conversation s’engagea. rent chez moi pour me prier de leur faire re-
Achmed nous apprit qu’il tenait sa science de trouver un manteau qui avait été volé A l’un
deux cheicks célèbres de son pays' et ajouta d’eux. Je ne commençai cette opération qu’avec
qu’il ne nous avait montré que bien peu de ce une certaine crainte. J'étais aussi inquiet des ré-
qu’il pouvait faire. —
Je puis, dit-il, endormir ponses de l’enfant que les Arabes qui atten-
quelqu'un sur-le-champ le faire tomber, rouler,
, daient le recouvrement de leur bien. Pour comble
entrer en rage , et au milieu de ses accès le for- de malheur, le caouas ne voulait pas paraître,
cer de répondre à' mes demandes et de me dé- malgré force parfums que je précipitais dans le
voiler tous ses secrets. Quand je le veux aussi, je feu et les violentes aspirations de mes invoca-
,

fais asseoir la personne sur un tabouret isolé , et tions aux génies les plus favorables enfin il ar- ;

tournant autour avec des gestes particuliers je ,


riva et, après les préliminaires nécessaires, nous
l’endors immédiatement; mais elle reste les évoquâmes le voleur. Il parut, il fallait voir les
yeux ouverts, parle et gesticule comme dans têtes tendues, les bouches ouvertes, les yeux fixes
l'état de veille. de mes spectateurs, attendant la réponse de l’ora-
n Nous réglâmes nos conditions; il demanda cle , qui en effet nous donna une description de
quarante piastres d’Espagne et le serment sur le sa figure, de son turban de sa barbe C’est ; —

,

Koran de ne révéler ce secret â personne. La Ibrahim , oui ,


c’est lui , bien sûr ! s’écria-t-on
somme fut réduite â trente piastres; et le ser- de tous côtés; et je vis que je n’avais plus qu’A
ment ou plutôt chanté il fit monter son
fait ,
appuyer mes pouces sur les yeux de mon patient,
petit garçon et prépara pendant que nous fu- ,
car ils m’avaient tous quitté pour courir après
mions, tous les ingrédients nécessaires A son Ibrahim. Je souhaite qu'il ait été coupable, car
opération. Après avoir coupé dans un grand rou- j'aientendu vaguement parler de quelques coups
leau un petit morceau de papier, il traça dessus de bâton qu’il reçut A cette occasion.... »
les signes A dessiner dans la main et les lettres Hasard. Le hasard, que les païens appelaient
qui y ont rapport puis après un moment d’hé-
; ,
la Fortune, a toujours eu un culte étendu, quoi-

sitation il, me le donna. J’écrivis la prière que qu'il ne soit rien par lui-même. Les joueurs, les
voici sous sa dictée : « Anzilou-Aiouha-cl-Djenni- guerriers, les coureurs d’aventures, ceux qui cher-
Aiouha-el-Djennoun-Anzilou-Bettakki-Matalahou- chent la fortune dans les roues de la loterie, dans
touhou-Aleikoum-Taricki-Anzilou-Taricky. » — l'ordre des cartes, dans la chute des dés, dans
Les trois parfums sont: « Takeh-Mabachi, — un tour de roulette, ne soupirent qu’après le
Ambar-lndi. —
Kousombra-Djaou. n hasard! Qu'est-ce donc que le hasard? Un évé-
,

HAS — 328 — HÉC


nemcnt fortuit amené par l'occasion ou par des bizarrerie et la rencontre du nom, du saut et du
causes qu’on n'a pas su prévoir, heureux pour sauteur, dit gravement Delancre Un Allemand
:

les uns, malheureux pour les autres. « Un Alle- saule au saut de l'Allemand, et la mort ,
au troi-

mand sautant en d'Agen sur Je gravier,


la ville sième saut ,
lui fait faire le saut de la mort . . . » On
l'an 1397, au saut de l'Allemand, mourut tout voit qu'au seizième siècle même on trouvait aussi
roiile au troisième saut. Admirez le hasard, la des hasards merveilleux dans les jeux de mots.

Lr Htfaril ou la Porlunr.

Hasparius-Eubedi. Saint Augustin cite cet Haussy (Marie de) sorcière du seizième siè-
,

homme de son diocèse comme ayant eu sa maison cle, qu’une autre sorcière déclara dans sa con-
infestée par les esprits malins. Un prêtre qu'il fession avoir vue danser au sabbat avec un sor-
envoya l'en délivra *. cier de la paroisse de Faks, lequel adorait le
Hatchy. Uoij. H n acmicii. diable '.

Hatton II, surnommé Bonose, usurpateur Hécate, diablesse qui préside aux rues et aux
du siège archiépiscopal de Mayence; il vivait carrefours. Elle est chargée, aux enfers, de la

en 1074. Il avait refusé de nourrir les pauvres police des chemins


de la voie publique. Elle n
et
dans un temps de famine, et avait même fait trois visages de cheval, le gauche de
: le droit
brûler une grange pleine de gens qui lui deman- chien le mitoyen de femme. Delrio dit : « Sa
,

daient du pain il périt misérablement. On rap-


; présence fait trembler la terre, éclater les feux
porte que cet intrus, étant tombé malade dans et aboyer les chiens, a Hécate, chez les anciens,
une tour qui est située en une petite île sur les était aussi la triple Hécate Diane sur la terre. :

bords du Rhin, y avait été visité de tant de rats, Proserpine aux enfers, la lune dans leciel. Ce sont,
qu’il fut impossible de les chasser. Il se fit trans- au dire des astronomes, les trois phases de la lune.
porter ailleurs, dans l'espuir d'en être délivré, Hécatonchires. Ce sont les géants marins qui
mais les rats, s’étant multipliés, le suivirent à la se révoltèrent contre Jupiter avec les Titans. Ils
nage , le joignirent et le dévorèrent. Poppiel II, doivent leur nom à cette circonstance qu'ils
roi de Pologne, souillé de crimes, fut pareillement avaient cent bras et cinquante têtes.
dévoré par les rats.

1
Delancre . Tableau de l'inconstance des démon»
1
La Cité de Dieu, liv. XXII, ch. vin. p. U.

Digitized by Google
,

HÉC — 329 1 — HF.L

Hécla. Les Islandais prétendaient autrefois que ouvert, ne se remplissait jamais. Elle avait le
l'enfer étaitdans leur lie, et ils le plaçaient dans ,
même nom que l’enfer. La mythologie Scandi-
le goufre du mont Hécla. Ils croyaient aussi que nave donne le pouvoir de la mort à Héla, qui
le. bruit produit par les glaces, quand elles se gouverne les neuf mondes du Niflhcim. Ce nom
choquent et s’amoncellent sur leurs rivages, vient signifie mystère, secret, abîme. Selon la croyance
des cris des damnés tourmentés par un froid populaire des paysans de l'antique Cimbrie, Héla
excessif, et qu’il y a des âmes condamnées à répand au loin la peste et laisse tomber tous les
geler éternellement, comme il y en a qui brû- lléaux de ses terribles mains en voyageant la
lent dans des feux éternels. nuit sur le cheval à trois pieds de l'enfer (Hel-
Cardan dit que celte montagne est célèbre par hest). Héla et les loups de la guerre ont long-
l'apparition des spectres et des esprits. Il pense temps exercé leur empire en Normandie. Cepen-
avec Leloyer' que c’est dans celte montagne dant lorsque les hommes du Xord de Hastings
,

de l'Ilécla que les aines des sorciers sont punies devinrent les Xonnands de Rullon, ils semblent
après leur mort. n'avoir pas perdu le souvenir de leurs vieilles su-
Hecdekin ou Hodeken. En l'année 1130, un persiitions aussi rapidement que celui de leur
démon que les Saxons appelaient Hecdekin ou langue maternelle. D'Iléla naquit llellequin , nom
Hodeken,. c'est-à-dire J’Mpr/'< ou bonnet, à cause dans lequel il est facile de reconnaître ilela-
dn bonnet dont il était coiffé, vint passer quel- kïon, la race d'Iléla déguisée sous l'orthographe
ques mois dans la ville dilildeshcim , en liasse romaine. Ce fut le fils d'Héla que Richard Sans
Saxe. L’évêque d'Hildesheim en était aussi le peur, lils de Robert le Diable, duc de Normandie,
souverain. En raison de ces deux titres, le dé- rencontra chassant dans la forêt. Le roman ra-
mon crut devoir s’attacher à sa maison. Il se conte qu’Hellequin était un cavalier qui avait
posta donc dans le palais et s’y lit bientôt con- dépensé toute sa fortune dans les guerres de
naître avantageusement, soit en se montrant avec Charles -Martel contre les Sarasins païens. La
complaisance à ceux qui avaient liesoin de lui, guerre finie, llellequin et ses fils, n’ayant plus
soit en disparaissant avec prudence lorsqu’il de- de quoi soutenir leur rang, se jetèrent dans do
venait importun, soit en faisant des choses re- mauvaises voies. Devenus de vrais bandits, ils

marquables et difficiles. Il —
donnait de bons n’épargnaient rien leurs victimes demandèrent
;

conseils dans les affaires diplomatiques, portait vengeance au ciel et leurs cris furent entendus.
,

de l’eau à la cuisine et servait les cuisiniers. Hellequin tomba malade et mourut; ses péchés
La chose s’est passée dans le douzième siècle les :
l’avaient mis en danger de damnation éternelle :

moeurs étaient alors plus simples qu'aujourd'hni. heureusement ses mérites comme champion de
Il fréquentait donc la cuisine et le salon; et la foi contre les païens lui servirent. Son bon
les voyant de jour en jour plus
marmitons, le ange plaida pour lui, et obtint qu'en expiation de

familier, se divertissaient en sa compagnie. — scs derniers crimes, la famille d'Hellequin erre-

Mais un soir un d'eux se porta contre lui aux rait après sa mort ,
gémissante et malheureuse,
injures, quelques-uns disent même aux voies de tantôt dans une forêt, tantôt dans une autre,
fait. Le démon en colère s’alla plaindre au maître n'ayant d’autres distractions que la chasse au

d'hôtel, de qui il ne reçut aucune satisfaction; sanglier, mais souvent poursuivie elle-même par

alors il crut pouvoir se venger. Il étouffa le mar- une meule d’enfer , punition qui durera jusqu'au
miton, en assomma quelques autres, rossa le !
jugement dernier.
maître d’hôtel , et sortit de la maison pour n’y Hélène ou Oleine, reine des Adiabénites,
plus reparaître *. dont le tombeau se voyait à Jérusalem, non sans
Héhugaste, sylphide qui se familiarisait avec artifice , car on ne pouvait l’ouvrir et le fermer

l'empereur Auguste. Los cabalistcsdisentqu’Ovide qu’à certain jour de l'année. Si on l’essayait dans
fut relégué à Tomes pour avoir surpris Auguste un autre temps . tout était rompu '.
en tête-à-tête avec elle ; que la. sylphide fut si Hélène ou Sélène, compagne mystérieuse de
piquée de ce que ce prince n’avait pas donné Simon le magicien *.
d'assez bons ordres pour qu’on ne la vit point Hélénéion, plante que Pline fait naître des
qu’elle l'abandonna pour toujours *. larmes d'Hélène auprès du chêne où elle fut
Hékacontàlithos. Pierre qui en renferme pendue et qui avait la vertu d’cmbcilir les fem-
,

soixante autres diverses, que les troglodytes of- mes et de rendre gais ceux qui en mettaient dans
fraient au diable dans leurs sorcelleries *. leur vin.
Héla, fille d'Angerbode et reine des trépassés Helgafell, montagne et canton d'Islande, qui
chez les anciens Germains. Son gosier, toujours a joui longtemps d’une grande réputation dans

1
Histoire des spectres, p. 519. Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des
1

- Trithème, Chronique a Mésange. Voyez sur celte reine les Légendes du


esprits, p. 61.
3 lettres cabalistiques, t. I", p. 64. bouveau Testament.
4 Uelancre, Tabl. de t' inconstance des démons, etc., 2 Voyez, dans les Légendes infernales, celle de

p. 18. i Simon le magicien.


HEL — 330 — HÉN
l’esprit des Islandais. Lorsque des parties plai- lias lui dit : — Vous n'étes pas mon maître, car
daient sur des objets douteux, et qu’elles ne pou- il porte une fraise blanche et du clinquant à ses
vaient s’accorder , elles s’en allaient à Helgafell habits. Au même instant, il fit le signe de b
pour y prendre conseil : on s’imaginait que tout croix et le diable incontinent disparut... »
ce qui s’y décidait devait avoir une pleine réus- Était-ceune hallucination?
site. Certaines familles avaient aussi la persuasion Héliodore, magicien qui se donna au démon
qu'après leur mortelles devaient revenir habiter et que quelques-uns croient être le mémo que
ce canton. La montagne passait pour un lieu Diodore; il fit à Catane des prodiges que la Si-

saint. Personne n’osait la regarder qu’il ne se fût cile raconte encore. On le compare à Simon le

lavé le visage et les mains. magicien, à Virgile et aux plus célèbres enchan-
Helhest, cheval à trois pieds de l'enfer. teurs. Comme Faust était servi par Méphisto-
l'oy. Héla. phélès, Héliodore était servi par un autre démon
Hélias. « Apparition admirable et prodigieuse nommé Gaspard. Il faisait accepter des pierres
arrivée à Jean Hélias, le premier jqur de l’an 1623, pour de l'or. Il voyageait sur un cheval qui était
au faubourg Saint-Germain à Paris. » C’est un — un démon. Il fascinait ceux qui voulaient l’arrêter
gentilhomme qui conte * : « Étant allé le di- en prenant une figure et des formes qui n'étaient
manche, premier jour de l’année 1623, sur les pas les siennes. On lit dans la vie de saint Léon,
quatre heures après midi à Notre-Dame, pour traduite du grec en 1826, qu’un jour l’impudent
parler à M. le grand pénitencier sur la conversion magicien, entrant dans la basilique où saint Léon
de Jean Hélias, mon laquais, ayant décidé d’une célébrait les saints mystères, annonça que par ,

heure pour le faire instruire, parce qu'il quittait son charme, il allait le faire danser avec tous ses
son hérésie pour embrasser la vraie religion je ,
prêtres. Mais le saint descendit de l’autel le lia ,

m’en fus passer le reste du jour chez M. de de son étole et le conduisit à un bûcher préparé,
Sainte-Foi, docteur en Sorbonne, et me retirai où il resta avec lui jusqu’à ce que cet homme
sur les six heures. Lorsque je rentrai j’appelai ,
vendu au diable fût réduit en cendres.
mon laquais avant de monter dans ma chambre; Héliogabale, empereur de Rome il s’occupait ;

il ne me répondit point. Je demandai s’il n’était de nécromancie , quoiqu’il méprisât toute reli-
pas à l'écurie on ne m’en sut rien dire. Je mon-
; gion. Bodin assure qu’il allait au sabbat et qu'il
tai, éclairé d'une servante; je trouvai les deux
y adorait le diable.
portes fermées les clefs sur les serrures. En
, Héliotrope. On donnait ce nom à une pierre
entrant dans la première chambre j’appelai en- ,
précieuse, verte et tachetée ou veinée de rouge,
core mon laquais, qui ne répondit point; je le à laquelle les anciens ont attribué un grand nombre
trouvai à demi couché auprès du feu la tête ap- , de vertus fabuleuses, comme de rendre invisibles
puyée contre la muraille , les yeux et la bouche ceux qui la portaient.
ouverts; je crus qu’il avait du vin dans la tète; L’héliotrope, plante qui suit, dit-on, le cours du
et, le poussant du pied, je lui dis Levez-vous, : — soleil, a été aussi l'objet de plusieurs contes
ivrogne! —
Lui, tournant les yeux sur moi —
: populaires.
Monsieur, me dit-il ,
je suis perdu; je suis mort; Hellequin, fils d’Héla. Pour sa légende,
le diable tout à l’heure voulait m’emporter. — Il voij. Héla.
poursuivit qu’étant entré dans la chambre, ayant Helsingeland, contrée de la Suède qui a une
fermé les portes sur
allumé le feu il s’assit
lui et , femme blanche. On dit qu’elle ne fait que du
auprès, tira son chapelet de sa poche et vit bien. On l’appelle la dame de l’Helsingeiand '.

tomber de la cheminée un gros charbon ardent Hennisseur (Le), lutin flamand, ainsi nommé
entre les chenets. Aussitôt on lui dit : — Eh bien, à cause de son cri qui est celui d’un cheval en
vous voulez donc me quitter? Croyant d’abord — hilarité.
que c’était moi qui parlais, il répondit Par- — : Hénoch. Les rabbins croient qu’Hénoch, trans-
donnez-moi, monsieur, qui vous a dit cela? — porté au ciel fut reçu au nombre des anges, et
,

Je l’ai bien vu dit le diable vous êtes allé tantôt


, ; que c’est lui qui est connu sous les noms de Mé-
à l'église. Pourquoi voulez-vous me quitter? je traton et de Michel, l’un des premiers princes du
suis bon maître tenez, voilà de l’argent prenez-
; ciel lequel tient registre des mérites et des pé-

; ,

en tant qu’il vous plaira. Je n’en veux point, chés des Israélites. Ils ajoutent qu’il eut Dieu et
répondit Hélias. Le diable voyant qu'il refusait , Adam pour maîtres. Saint Jude, dans son Épitre,
son argent, voulut lui faire donner son chapelet. parlant de plusieurs chrétiens mal convertis, dit
— Donnez-moi ces grains que vous avez dans la « C’est d'eux qu’Hénoch qui a été le septième
main, dit-il, on bien jetez-les au feu. Mon la- depuis Adam a prophétisé en ces termes
,
,

;

quais répondit : —
Dieu ne commande point cela ; Voilà le seigneur qui va venir avec la multitude
je ne veux pas vous obéir. Alors le diable se [
de ses saints pour exercer son jugement sur tous
montra à lui et voyant qu’il était tout noir, Hé-
; les hommes, et pour convaincre tous les impies. »
1
Recueil de dissertation de Lenglet-Dufresnoy, 1
Voyez Ilodéaldis, dans les IJgmdes des esprits
t. Il, p. 159. et damons.

>y Google
,

HEN — 331 — HEN


Le Livre d'Hénoch tel que nous l'avons passe ,
vailler à éteindre la simonie , fréquente surtout
pour apocryphe et n’est probablement pas celui en Allemagne. Henri devint empereur en 1139;
que cite saint Judc. il se souvint de sa parole et l’exécuta. Mais il ne

Henri III fils de Catherine de Médicis il


, ; tarda guère à tomber dans une fâcheuse mala-
était infatué de superstitions. Ses contemporains die; il fut trois jours â l'extrémité sans aucun
le représentent comme sorcier. Dans un des pam- sentiment. Un faible mouvement du pouls fit juger
phlets qu’on répandit contre lui, on lui reproche seulement qu’il y avait encore quelque lueur
d'avoir tenu au Louvre des écoles de magie et d’espérance de le ramener i la vie. Le prince
d'avoir reçu en présent des magiciens un es- recouvra en effet la santé. Aussitôt il fit appeler
prit familier nommé Terragon (voyez ce mot), du ce prélat, qu'il avait fait si précipitamment évê-
j

nombre des soixante esprits nourris à l’école de !


que, et, de l’avis de son conseil , il le déposa.
Soliman. Cette accusation de sorcellerie est, dit- 1

Afin de justifier un jugement aussi bizarre, il as-


on, ce qui mit le poignard dans les mains de sura que, pendant les trois jours de sa léthargie,
Jacques Clément. Les ennemis de ce mauvais les démons de cette même canule
se servaient
prince avaient tenté auparavant de le faire mourir d'argent, qui avait été prix de l’évêché pour le ,

en piquant ses images en cire ce qui s'appelait , lui souffler un feu si violent que notre feu élé-
envoûter. mentaire ne saurait lui être comparé. Ce fait
Voici l’extrait d’un pamphlet intitulé les Sor- singulier est rapporté par Guillaume de Malmes-
celleriesde Henri de Valois et les oblations qu'il bury, historien du douzième siècle.
faisaitau diable dans le bois de Vincennes, Didier- Henri IV, empereur d’Allemagne, l’un des
Millot, 1589, pamphlet qui parut quelques mois monstres de l’histoire. Excommunié, il eut une
avant l'assassinat de Henri III « Henri de Valois,
: mort misérable 1
. Son fils, Henri V, marcha sur
d'Épernon et les autres mignons faisaient quasi ses traces.
publiquement profession de sorcellerie, étant Henri IV ,
roi d’Angleterre. Il poursuivit les
commune à la cour entre iceux et plusieurs per- sorciers ; mais encouragea d'autres philosophes,
il

sonnes dévoyées de la religion catholique; on a j


Au rapport d’Evelyn, dans ses A umismata,
trouvé chez d’Épernon un coffre plein de papiers Henri IV fut réduit à un tel degré de besoin par
de sorcellerie, auxquels il y avait divers mots ses folles dépenses , qu'il chercha à remplir ses
hébreux chaldaïques , latins et plusieurs carac-
, coffres avec les secours de l’alchimie. L’enregis-
tères inconnus, des rondeaux ou cernes, desquels trement de ce singulier projet contient les pro-
alentour il
y avait diverses ligures et écritures ; testations les plus solennelles et les plus sérieuses
même des miroirs, onguents ou drogues, avec de l'existence et des vertus de la pierre philoso-
des verges blanches, lesquels semblaient être de phale, avec des encouragements à ceux qui s’oc-
coudrier, que l’on a incontinent bridés pour l’hor- cuperont de sa recherche , et leur affranchisse-
reur qu’on en avait. On a encore trouvé derniè- ment de toute espèce de contrariétés de la part
rement au bois de Vincennes deux satyres d’ar- des statuts et prohibitions antérieures. On avait
gent, de la hauteur de quatre pieds. Ils étaient prédit à ce roi Henri IV qu’il mourrait à Jérusa-
au-devant d’une croix d’or, au milieu de laquelle lem. Il se garda bien d'y aller. Mais il tomba ma-
on avait enchâssé du bois de la vraie croix de lade subitement dans l’abbaye de Westminster et
Jérusalem.
Noire Seigneur Jésus-Christ. Les politiques disent y mourut dans une chambre appelée
que c'étaient des chandeliers. Ce qui fait croire Henri VIII. Le Néron de l'Angleterre servait
le contraire, c’est que dans ces vases, il n’v le diable, aussi bien que Luther, Calvin et con-

avait point d'aiguille qui passât pour y mettre un sorts.

cierge ou une petite chandelle. Ces monstres Henri IV ,


roi de France. On fit une recherche
diaboliques ont été vus par messieurs de la ville. assez curieuse sur le nombre quatorze relative-
Outre ces deux diables, on a trouvé une peau ment à Henri IV. Il naquit quatorze siècles, qua-
d’enfant, laquelle avait été corroyée, et sur icelle torze décades , et quatorze ans après l’ère chré-

avait aussi plusieurs mots de sorcellerie et di- tienne. Il vint au monde le 1 b décembre et mourut
y
vers caractères... > Le fait est que les Valois le 14 mai. Il a vécu quatre fois quatorze ans,

s'occupaient de sciences occultes. On fit l'ana- quatorze semaines, quatorze jours. Enfin, dans
gramme du nom de Henri III : Henri de Valois, son nom de Henri de Bourbon, il y a quatorze
où l’on trouve Vilain Hérode. lettres.
Henri empereur d'Allemagne. Étant en-
III, Henri le Lion. C’est le duc Henri de Bruns-
core très-jeune, Henri III obtint d'un clerc une wick, qui partit â la croisade vers la fin du dou-

petite canule d'argent avec laquelle les enfants zième siècle, et fut jeté en revenant dans une lie
s’amusent à jeter de l’eau. Pour l'engager à lui déserte, où un lion s’attacha à lui. Il y avait sept
faire ce modique présent, il avait promis à ce ans qu’il soupirait là après sa patrie lorsque le ,

clerc que dès qu’il serait monté sur le trône, il


, diable se présenta à ses regards, offrant de le
ne manquerait pas de le faire évêque. C'était à
une époque où le saint-siège ne cessait de tra- 1
Voyez à ce sujet les Légendes des croisades.
HÉP — 332 — HER
remettre dans son palais s'il voulait lui vendre Mais on ajoute qu'il disparut en 1 1 95, emporté
son
,

àmc marché qu'il accepta. Il fut donc re-


,
|

j
par la même voie qui l'avait tiré du désert. —
porté chez lui en un clin d'oeil , lui et son lion, ! C’est une calomnie, et le Hun un conte*.

Hépatoscopie ou Hiéroscopie, divination vices des Romains. Ils provoquèrent le courroux


qui avait lieu par l'inspection du foie des victimes
dans les sacrifices, chez les Romains. Quelques
sorciers modernes cherchaient aussi l'avenirdans
les entrailles des animaux. Ces animaux étaient
ordinairement ou un chat, nu une taupe ou un ,

lézard, ou une chauve-souris, on un crapaud, ou


une poule noire. Voij. Aauspic.es.
Héra. C'est en Westphalie une bonne fée qui
parcourt les airs entre Noël et l'Épiphanie, ré-
pandant sur la terre l'abondance et le bonheur.
Héraïde. l'oy. Hermaphrodites.
Herbadilla. Autrefois, il y avait à la place du
lac de Grand-Lieu en Bretagne un vallon déli-
cieux et fertile qu'ombrageait la forêt de Vertou.
Ce fut là que se réfugièrent les plus riches citoyens
de Nantes, et qu'ils sauvèrent leurs trésors de la
rapacité des légions de César. Ils y bâtirent une liée

citéqu’on nomma Herbadilla, à cause de la beauté du ciel. Un jour que saint Martin de Vertou, fati-
des prairies qui l'environnaient. Le commerce gué de ses courses apostoliques, se reposait près
centupla leurs richesses mais en même temps
; 1
Voyez cette aventure dans les Uganda infer-
le luxe charria jusqu'au sein de leurs murs les notes.

Digitized by GoogI
HEU — 333 — HER
d'Herbadilla, à l’ombre d’uu chêne, une voix lui Herbourt, famille de la grande Pologne dont
cria : Fidèle confesseur de la foi, éloigne-toi de la on a ern que les membres sont changés en oi-
cité pécheresse. Saint Martin s’éloigne, et soudain seaux lorsqu'ils meurent.
jaillissent, avec un bruit affreux, des eaux jus- Hérésies. Celui qui étudiera un peu altentive-
qu'alurs inaperçues, et qui faisaient éruption vement l'origine des diverses hérésies recon-
d'une caverne profonde. Le vallon où s’élevait la naîtra que tous les rebelles qui les ont fondées
Babylone des Bretons fut tout à coup submergé. étaient évidemment possédés, d’une manière plus
A la surface de celle onde sépulcrale vinrent ou moins patente, par quelqu'un de ces anges in-
aboutir par milliers des bulles d'air, derniers surgés qui sont devenus les démons. Ajoutons
soupirs de ceux qui expiraient daus l'abime. Pour qu'aucun de ces pervers n'a quitté ce monde par
perpétuer le souvenir du châtiment, Dieu permet
1
une mort douce.
que l’on entende encore au fond de cet abîme Hérenberg (Juan -Christophe), auteur de
les cloches de la ville engloutie, et que l'orage y Pensées philosophit/ues et chrétiennes sur les vam-
vive familièrement. Auprès est une au milieu Ile pires, 1733.
de laquelle s'élève une pierre en forme d’obé- Hermaphrodites. Lougtempsavanl Antoinette
lisque. Cette pierre ferme l'entrée du gouffre qui Bourignon , qui soutint cette singulière thèse au
a vomi les eaux du lac , et ce gouffre est la pri- dix-septième siècle, il s'était élevé, sous le pon-
son d'un géant formidable qui pousse d'horribles tificat d’innocent 111, une secte de novateurs qui
rugissements. C'est une légende. enseignait qu’Adam était à sa naissance liuimne
A quatre lieues de cet endroit, vers l'est, on et femme tout à la fois. Pline assure qu'il existait
trouve une grande pierre qu’on appelle la vieille de en Afrique, au delà du désert de Zara, un peuple
Saint-Martin ; car il est bon de savoir que celte d'androgynes. —
Les lois romaines mettaient les
pierre, qui pour bonne raison garde ligure hu- hermaphrodites au nombre des monstres, et les
maine, fut jadis une femme véritable, laquelle, condamnaient à mort. Tite-Live et Kutrope rap-
s'étant retournée malgré la défense en sortant de portent qu’il naquit auprès de Rome, sous le
la ville d'Herbadilla, fut transformée en statue , consulat de Claudius Néron, un enfant pourvu des
l'oy. Is. deux sexes ;
que le sénat, effrayé de ce prodige,
Herbe de Les habitants de Panama
coq. décréta qu'il fallait le noyer. Ou enferma l’enfant
vantent beaucoup une herbe qu'ils appellent dans un coffre ; on l’embarqua sur un bâtiment
herbe de coq, et dont ils prétendent que l'appli- et on le jeta en pleine mer. Leloyer parle lon-
cation est capable de guérir sur-le-champ un guement d’une femme de Macédoine, nommée
poulet à qui l’on aurait coupé la tête, en respec- Héraïde, qui se maria comme femme, et devint
tant une seule vertèbre du cou. Des voyageurs homme ensuite dans une absence de son mari.
sollicitèrent eu vain ceux qui faisaient ce récit de C’était, dans les vieilles opinions, un hermaphro-
leur montrer l’herbe ils ne purent l’obtenir,
;
dite. Mais on ne voit plus d'hermaphrodites au-
quoiqu’on leur assurât qu'elle était commune : jourd'hui. Les hermaphrodites, dans les contes
d’où l’on doit conclure que ce n’est qu’un conte plus anciens, avaient les deux sexes deux tètes ,

1
populaire . quatre bras et quatre pieds. Les dieux , dit Pla-
Herbe d’or. l'oy. Baahas. ton, avaient d'abord formé l'homme avec deux
Herbe maudite. Les paysans normands croient corps et les deux sexes. Ces hommes doubles
qu’il existe une llenr qu’on appelle Vherbe mau- étaient d'une force si extraordinaire qu'ils réso-
dite : celui qui marche dessus ne cesse de tour- lurent .de faire la guerre aux dieux. Jupiter irrité

ner dans un même cercle, et il s'imagine qu’il les partagea pour les affaiblir; et Apollon seconda
continue son chemin , sans avancer d’un pas au le père des dieux dans I exécution de ses volontés,
delà du lieu où l'herbe magique l’a enchaîné. l'oy. PoLïcaiTK.
Herbe qui égare. Il y a, dit-on aussi, dans le Hermeline, démon familier qui s’appelait
Périgord, une certaine herbe qu'on ne peut fou- aussi llermione et liermelinde
, et qui fréquenta

ler sans s’égarer ensuite de manière â ne plus quarante ansBenedetto Berna, dont François Pic
retrouver son chemin. Cette herbe, qui n'est pas de la Mirandole rapporte lui-méme l'histoire.
connue, se trouvait abondamment aux environs « Cet homme, dit-il, buvait, mangeait, parlait
du château de Lusignan, bâti par Mélusinc ceux ; avec son démon, qui l'accompagnait partout sans
qui marchaient dessus erraient dans de longs qu'on le vit; de sorte que le vulgaire, no pouvant
en vain de s'éloigner, et se
circuits, s’efforçaient comprendre le mystère de ces choses, se persua-
retrouvaient dans l'enceinte redoutée jusqu'à ce dait qu’il était fou. » Le vulgaire n'avait peut-
qu'un guide préservé de l'enchantement les remit être pas tort.
dans la bonne voie. Hermès. On vous dira qu'il a laissé beaucoup
de livres merveilleux ,
qu’il a écrit sur les démons
1
SL de Marchangv, Tristan le voyageur, t. I,
et sur l’astrologie. C’est lui qui a décidé que,
3
p. «15. comme y a sept trous à la tète, il y a aussi sept
il

3
La Harpe, Histoire abrégée des voyages. planètes qui président àecs trous, savoir Saturne ;

oogle
HER — 334 — HIB

et Jupiter aux deux oreilles Mars et Vénus aux ,


hommes à tête de chien, poissons à face hu-
deux narines, le soleil et la lune aux deux yeux, maine ,
pygmées sauvages qui n’ont qu’un
,

et Mercure à la bouche. mil, etc. M.de ReifTenberg a donné une curieuse


Hermialites ou Hermiens, disciples d’un analyse de ce voyage singulier, dans le Recueil
hérétique du deuxième siècle, nommé llermas; encyclopédique belge.
ils honoraient l'Univers-Dieu, disant à la fois que Heure, Voy. Minuit. Anges ou démons des
ce monde est Dieu et que ce monde est l’enfer. heures. Voy. I’ieurb d'Apone.
Hermione. Voy. Hermeuine. Hexagone, habitant de l’ile de Chypre, qui
Hermolao Barbaro, savant du quinzième vivait très-bien avec les serpents. Il en donna la
siècle, qu’on accusa, selon Bodin, d’avoir invoqué preuve en se faisant jeter dans une cuve pleine
le diable pour obtenir l’intelligence de quelques de serpents, lesquels, loin de lui faire aucun mal,
passages difficiles d’Aristote. l’enlaçaieul d’une manière caressante et le lé-

Hermotime. On sait que Cardan et une foule chaient de leurs langues en lui faisant de bons
d'autres se vantaient de faire voyager leur âme yeux.
sans que le corps fût de la partie. L’âme d'Iler- Hibou, oiseau de mauvais augure. On le re-
motime de Clazomène s'absentait de son corps garde vulgairement comme le messager de la

lorsqu’il le voulait, parcourait les pays éloignés,


et racontait à son retour des choses surprenantes.
Apparemment que Hermotime eut des ennemis.
Un jour que son âme était allée en course, et que
son corps était comme de coutume semblable à
un cadavre ses ennemis le brûlèrent et ôtèrent
,

ainsi à l’âme le moyen de rentrer dans son étui.


Mais, dans d’autres versions, Hermotime est un
vampire. Voy. Huet.
Hirodiade. Onen Catalogne que la dan-
dit
seuse homicide d’Hérode , l’infâme Salomé , fille
d’Hérodiadc, ayant longtemps couru le monde, se
noya dans le Ségré. fleuve qui passe à Lérida, et
cause de temps en temps des dévastations. Les
bonnes femmes ajoutent qu’Hérode y est enseveli
avec elle.
D’autres traditions noient Salomé dans un lac
glacé sur lequel elle dansait; ce qu’elle n’avait
cessé de faire depuis son affreuse aventure. La
glace se creva sous ses pieds, et, se refermant
pendant qu’elle s'enfoncait, lui trancha la tête.
Ce lac est en Suisse, et cette tête danse tou-
jours. Maispeu de gens la peuvent voir. D'autres
font noyer cette malheureuse dans le Rhône. mort; et les personnes superstitieuses qui per-
Héron, ermite qui. après avoir passé plus de dent quelque parent ou quelque ami se ressou-
cinquante ans dans les déserts de la Tbélralde, viennent toujours d'avoir entendu le cri du hibou.
se laissa persuader par le diable , sous la figure Sa présence, selon Pline, présage la stérilité. Son
d’un ange, de se jeter dans un puits, attendu œuf, mangé en omelette, guérit, dit-on, de
que, comme il était en bonne grâce avec Dieu, il l'ivrognerie.
ne se ferait point de mal. 11 ajouta foi, dit Le- Cet oiseau est mystérieux, parce qu’il recherche
loyer, aux paroles du diable, et, se précipitant la solitude qu’il hante les clochers, les tours et
,

d’un dans la persuasion que les anges


lieu élevé,
les cimetières. On redoute son cri parce qu’on
,

le soutiendraient, il tomba dans le puits, d’où on ne l’entend que dans les ténèbres; et, si on l’a
le retira disloqué; il mourut trois jours après 1
.
vu quelquefois sur la maison d’un mourant , il y
Hertha femme blanche honorée dans
, la Po- était peut-être attiré par l’odeur cadavéreuse ou ,

méranie, où elle fait croître l'herbe dans les prai- par le silence qui régnait dans celte maison. L'n
ries et remplit les greniers. philosophe arabe, se promenant dans la campagne
Hervilliers (Jeanne). C'est la même que avec un do ses disciples, entendit une voix dé-
Jeanne Harvillicrs. testable qui chantait un air plus détestable encore.
Hèse (Jean de), voyageur du quinzième siècle, — Les gens superstitieux, dit-il, prétendent que
qui a parcouru l'Asie et vu des merveilles, le chant du hibou annonce la mort d’un homme ;

1 si cela était vrai, le chant de cet homme annon-


I-cnglcl-Dufrcsnoy, Dissertations sur les appari-
cerait la mort d'un hibou. Cependant si le hibou
, Démonomanie des
tions t i , p.
, 1 39 , et Bodin sor-
ciers, p. Î79. est regardé comme un mauvais présage chez les

Digitized by Google
, ,

HIÉ — 335 — HIP

gens de la campagne ,
quand on le voit perché avait neuf hiérarchies de bons et neuf de mau-
sur le haut d'une maison , il est aussi regardé vais. Wierus, son disciple, a fait l’inventaire de
comme d’un bon augure quand il vient se réfu- la monarchie de Satan, avec les noms et surnoms
gier dans un colombier. Les anciens Francs con- de soixante-douze princes et de plusieurs millions
damnaient à une forte amende quiconque tuait de diables, nombres fantastiques, qui ne sont ap-
ou volait le hibou qui s’était réfugié dans le co- puyés sur d'autres raisons que sur la révélation
lombier de son voisin Il
y détruisait les souris de Satan même. Voy. Cour infernale.
et les rats; et c’est une grande maladresse aux Hiéroglyphes. Les Égyptiens avaient beau-
laboureurs de tuer le hibou. coup d’idées superstitieuses, s’il faut les juger
On ne peut passer sous silence ses vertus. par leurs hiéroglyphes. Ils expriment le sexe
Si l’on met son cœur avec son pied droit sur masculin par un vautour, (lit un ancien, parce
une personne endormie, elle dira aussitôt ce que tous les vautours sont femelles, et que le
qu'elle aura fait et répondra aux demandes qu’on veut seul féconde leurs œufs ; ils représentaient
lui adressera de plus, si on met les mêmes par-
; le cœur par deux drachmes parce que le cœur
,

ties de cet oiseau sous les aisselles, les chiens ne d'un enfant d’un an ne pèse que deux gros. L'ne
pourront aboyer après la personne qui les por- femme qui n’avait qu'un enfant , ils la figuraient
tera; et enfin, si on pend son foie à un arbre, par une lionne, parce que cet animal ne fait
,
tous les oiseaux se rassembleront dessus . qu’un petit (du moins ils le croyaient de la sorte).
Hiérarchie. Agrippa disait qu'il y avait au- Ils indiquaient l’avortement par un cheval qui

tant de mauvais anges que de bons, qu’il y en donne un coup de pied à un loup, parce que,

disaient-ils, une cavale avorte si elle marche sur de celles qu’elles attribuent à Virgile'. On met
les traces d’un loup ', etc. M. Champollion donne sous son nom un Traité des songes dont on re-
d'autres explications. cherche les éditions accompagnées des Commen-
Hiéromnénon ,
pierre que les anciens em- taires de Jules-César Scaliger; in-8”, Gnesne,
ployaient dans leurs divinations, mais dont ils 1610 et un autre livre intitulé les Aspects des
;

ne nous ont laissé aucune description. étoiles.


Hiéroscopie. Voy. Hépatoscofie. Hippogriffe, animal fabuleux, composé du
Himmemberg contrée du paradis d’Odin.
,
cheval et du griffon que l’Arioste et les autres
,

On y arrivait par un pont lumineux, qui est l'arc- romanciers donnent quelquefois pour monture
en-ciel. aux héros des romans de chevalerie.
Hipokindo mot , qui prononcé d'une certaine
,
Hippomane, excroissance charnue que les
façon, charme les serpents et les empêche de poulains apportent 5 la tête en naissant et que ,

nuire. Paracelse en parle. iamère mange aussitôt. Les anciens donnaient le


Hipparchus. On lui attribue un ouvrage in- nom d 'hippomane à certains philtres, parce qu'on
titulé le Livre des esprits. prétend qu’il y entrait de cette excroissance.
Hippocrate, père de la médecine. Les lé- Hippomane est aussi le nom d’une herbe qui
gendes du moyen âge font de lui un grand ma- fait entrer les chevaux en fureur lorsqu’ils la
gicien, et lui prêtent des aventures dans le genre broutent On raconte qu’une cavale de bronze,
placée auprès du temple de Jupiter Olympien
1
M. Salgues, Des erreurs et îles préjugés, etc., faisait hennir les chevaux comme si elle eût été
t. I, p. 439.
3 Des admirables secrets d'Albert
le Grand, p. 107.
3 Brown Essai sur les erreurs populaires, 1
Voyez ces légendes, dans les Légendes infernales.
, t. II

p. 69. 3 Manuel lexique do l'abbé Prévost.

Digitized by Google
HIP — 336 — HOC
vivante, vertu qui lui était communiquée par sans nom d'auteur. Nous n’en citerons que quel-
l'hippomane qu'on avait mêlée avec le cuivre en ques-unes : « Histoire d’une apparition , avec des
la fondant, l oi/. Philtres. réflexions qui prouvent la difficulté de savoir la

Hippomancie, divination des Celtes. Ils for- vérité sur le retour des esprits; in-8”; Paris,
maient leurs pronostics sur le hennissement et chez Sangria, 1722, brochure de 2!i pages. —
le trémoussement de certains chevaux blancs, Histoire prodigieuse nouvellement arrivée à Pa-
nourris aux dépens du public dans des forêts ris , d’une jeune fille agitée d’un esprit fantas-
consacrées , où ils n’avaient d’autre couvert que tique, in-8*. — Histoire du diable, in-12 ; Amster-
les arbres. On les faisait marcher immédiatement dam, 1729, Rouen, 1730 2 vol.
2 vol. ; et ,

après le char sacré. I.c prêtre et le roi ou chel Histoire miraculeuse advenue en la Rochette,
du canton observaient tous leurs mouvements, ville de Maurienne en Savoie, d’une jeune fille
et en tiraient des augures auxquels ils donnaient ayant été enterrée dans un jardin en temps de
une ferme coniiance persuadés que ces animaux , peste, l’espace de quinze ans, par lequel son
étaient confidents du secret dos dieux, tandis esprit est venu rechercher ses os par plusieurs
qu’ils n'étaient eux-mêmes que leurs ministres. évidents signes miraculeux in-8", Lyon. His-;

Les Saxons tiraient aussi des pronostics d’un toire remarquable d'une femme décédée depuis
cheval sacré, nourri dans le temple de leurs cinq ans, laquelle est revenue trouver son mari,
dieux , et qu'ils en faisaient sortir avant de dé- et parler à lui au faubourg Saint-Marcel Paris, ;

clarer la guerre à leurs ennemis. Quand le cheval 1618, etc. » l'oy. Apparitions.
avançait le pied droit, l'augure était favorable; Hocque. Après l’édit de 1682 pour la punition
sinon, le présage était mauvais, et ils renon- des maléliccs, la race des sorciers malfaisants
çaient à leur entreprise. diminua sensiblement en France. Mais il restait
Hippomyrmèces, peuple imaginaire, placé encore dans la Brie aux environs de Paris,
,

par Lucien dans le glolie du soleil. C’élaieut des une cabale de bergers qui faisaient mourir les
hommes montés sur des fourmis ailées , qui cou- bestiaux ,
attentaient à la vie des hommes , com-
vraient deux arpents de leur ombre, et qui com- mettaient plusieurs autres crimes et s’étaient
battaient de leurs cornes. rendus formidables a la province. Il
y en eut
Hippopodes, peuple fabuleux qui avait des enfin d’arrêtés; le juge de Pacy instruisit le pro-
pieds de cheval , et que les anciens géographes cès, et par les preuves il parut évident que tous
placent au nord de l'Europe. ces maux étaient commis par maléfices et sor-
Hirigoyen ,
sorcier du commencement du tilèges.
dix-septième siècle, que l'on a vu danser au Les sorts et les poisons dont ces bandits se
sabbat avec le diable qu'il adorait '.
, servaient pour faire mourir les bestiaux consis-
Hirondelles. Plutarque cite l’histoire d'un taient dans une composition qu’ils avouèrent au
nommé Bessus qui avait tué son père et dont on procès, et qui est rapportée dans les facturas,
ignorait le crime. Étant un jour près d'aller à un mais remplie de sacrilèges, d’impiétés, d’abo-
souper, il prit une perche avec laquelle il abattit
ininalions et d'horreurs, en même temps que de
un nid d’hirondelles. Ceux qui le virent en fu- poisons. Ils mettaient cette composition dans un
rent indignés et lui demandèrent pourquoi il
pot de terre, et l’enterraient ou sous le seuil de
maltraitrait ainsi ces pauvres oiseaux. Il leur
la porte des étables aux bestiaux, ou dans le
répondit qu’il y avait assez longtemps qu’elles
chemin par où ils passaient ; et tant que ce sort
lui criaient qu’il avait tué son père. Toutes stu-
demeurait en son lieu, ou que celui qui l'avait
péfaites de cette réponse, ces personnes la rap-
posé était en vie, la mortalité ne cessait point ;

portèrent au juge qui ordonna de prendre Bes-


, c’est ainsi qu’ils s'en expliquèrent dans leurs in-
sus et de le mettre à la torture. Il avoua son
terrogatoires.
crime et fut pendu *. Brown dans son Kuai sur ,
Une circonstance singulière de leur procès fit
les erreurs populaires, dit que l'on craint de
croire qu’il y avait un vrai pacte entre eux et le
tuer les hirondelles, quoiqu'elles soient incom-
diable pour commettre tous ces maléfices. Ils
modes, parce qu’on est persuadé qu'il en résul- avouèrent qu’ils avaient jeté des sorts sur les
terait quelque malheur. Élien nous apprend que
bestiaux du fermier de la terre de Pacy, près de
les hirondelles étaient consacrées aux dieux Pé-
Brie-Comte-ltol)ert, pour venger l’un d’eux que
nales, et que par celte raison on s'abstenait
ce fermier avait chassé et mis hors de son ser-
de les tuer. On les honorait, dit-il comme les ,
de leur composition
vice. Ils firent le récit exact ;

hérauts du printemps, et à Rhodes on avait mais jamais aucun d’eux ne voulut découvrir le
une espèce de chant pour célébrer le retour des lieu où ils avaient enterré le sort, et on ne savait,
hirondelles.
après de semblables aveux, d’où pouvait venir
Histoire. Il
y a dans la bibliographie infer-
leur réticence sur ce dernier fait. Le juge les
nale beaucoup d'histoires prodigieuses publiées
pressa de s’en expliquer ; ils dirent que s’ils dé-
1
De l'inconstance des démons, etc., p. I U. couvraient ce lieu , et qu’on levât le sort, celui
3 Taillepied, Apparitions des esprits, p. 40. qui l’avait posé mourrait à l’instant.

Dy Google
,

17

L’un de leurs complices nommé Élienne


, Pacy avait fait tenir de l’argent, fit un jour tant
Hocque, moins coupable que les autres, et qui boire Hocque qu'il l’enivra, et en cet état le mit
n’avait été condamné qu’aux galères, était à la sur le chapitre du sort de Pacy. Il tira de lui le
chaîne dans les prisons de la Tournelle. On ga- secret qu'il n'y avait qu’un berger nommé Bras-
gna un autre forçat nommé Béatrix, qui était dc-Fcr, qui demeurait près de Sens, qui put le-
attaché avec lui. Ce dernier, à qui le seigneur de ver Je sort par scs conjurations.

Béatrix profitant de ce commencement de


,
trouva effectivement le sort qui avait été jeté
confidence, engagea le vieux berger à écrire à sur les chevaux et sur les vaches; il le leva et
son fils une lettre par laquelle il lui mandait d'al- le jeta au feu , en présence du fermier et de ses

ler trouver Bras-de-Fer, pour le prier de lever domestiques. Mais à l'instant il parut chagrin
le sort, et lui défendait surtout de dire à Bras- témoigna du regret de ce qu'il venait de faire et
de-Fer qu'il fût condamné et emprisonné, ni que ditque le diable lui avait révélé que c’était
c’était lui , Hocque, qui avait posé ce sort. Hocque son ami qui avait posé le sort en cet
, ,

Cette lettre écrite, Hocque s’endormit. Mais à endroit, et qu’il était mort à six lieues de Pacy,
son réveil, les fumées du vin étant dissipées, cl au moment où ce sort venait d’être levé....
poussa des
réfléchissant sur ce qu’il avait fait, il En effet, par les observations qui furent faites
cris et des hurlements épouvantables, se plai- au château de la Tournelle, il
y a preuve qu'au
gnant que Béatrix l’avait trompé et qu'il serait même jour et à la même heure où Bras-de-Fer
cause de sa mort. Il se jeta en même temps sur avait commencé à lever le sort, Hocque, qui
lui et voulut l’étrangler, ce qui excita les autres était un homme des plus forts et des plus ro-
forçats contre Béatrix, en sorte qu’il fallut que bustes, était mort en un instant dans des con-
le commandant de la Tournelle vint avec ses vulsions étranges , et se tourmentant comme un
gardes pour apaiser ce désordre et tirer Béatrix possédé, sans vouloir entendre parler de Dieu ni
de leurs mains. de confession....
Cependant envoyée au seigneur,
la lettre fut Bras-de-Fer avait été pressé de lever aussi le
qui la fit remettre h son adresse. Bras-de-Fer sort jeté sur les moulons, mais il dit qu'il n'en
vint à Pacy, entra dans les écuries, et, après ferait rien ,
parce qu'il venait d'apprendre que
avoir fait des figures et des imprécations, il ce sort avait été posé par les enfants de Hocque,
st

Digitized by Google
,,

IIOD — 338 — HOI.

et qu'il ne voulait pas les faire mourir comme horrible forfait. La peste s’y déclara , et les cou-
leur père. Sur ce refus, le fermier eut recours pables errèrent vainement de port en port, of-
1
aux juges du lieu. Bras-de-Fcr, les deux fils et frant leur riche cargaison pour prix d'un asile.
la fdlc de Hocquc furent arrêtés avec deux au- On les repoussait partout, de peur de la conla-
1

tres bergers, leurs complices, nommés Jardin et gion. Les matelots disent que la Providence,
le Petit-Pierre ; leur procès instruit , Bras-dc- pour perpétuer le souvenir de ce châtiment,
Eer, Jardin et le Petit-Pierre furent condamnés à permet que le Hollandais errant apparaisse en-
êtrependus et bridés, et les trois enfants de core dans ces mers où la catastrophe eut lieu.
Hocquc bannis pour neuf ans '.... Cette apparition est considérée comme un mau-
vais augure par les navigateurs .

Le Hollandais errant, sujet de beaucoup de


traditions , s’appelle aussi le I oUigeur hollandais.
Hollere, magicien danois qui s’était acquis,
au treizième siècle, la réputation d'un homme à

miracles, et qui n’était qu’un sorcier adroit.


Pour passer mer, il se servait d’un os gigan-
la

tesque, marqué de quelques charmes et carac-


tères magiques. Surce singulier esquif, il traver-
sait l’Océan comme s’il eût été aidé de voiles et
poussé par les vents. 11 fut maltraité par les
autres sorciers, scs envieux, qui l’obligèrent à

quitter le pays '.

Holzhauser (Barthélemy), pieux allemand,


né en 1613, célèbre par des visions sur les-
quelles nous ne saurions nous prononcer ’, cl
qui sont admises comme respectables. Sa vie a
été publiée, en 1836, par M. l’abbé Trcsvaux
qui l'avait traduite de l’Italien.
Homme. Il parait qu'il n'y a que l’homme à
qui la nature ait donné une ligure droite cl la

faculté de contempler les deux. Seul parmi les


Drai-dc-Fcr animaux il a l’épine du dos et l’os de la cuisse
en ligne droite. C’est un fait, dit Aristote, que
Hodeken. Voy. Hf.cdekin. si l'homme est le seul à qui il arrive des illusions
Hoffmann. Célèbre auleur allemand de con- nocturnes, c'est parce qu'il n’y a proprement
tes nocturnes ou fantastiques et d'autres écrits,
,
que lui qui se couche sur le dos, c’est-à-dire de
où le surnaturel a une place très-originale.
manière que l’épine et la cuisse fassent une
Holda. La holda était, chez les anciens Gau- ligne droite, et que l’une et l'autre, avec les bras,
lois, une espèce de sabbat nocturne, où des
soient parallèles à l'horizon. Or, les animaux ne
sorciers faisaient leurs orgies avec des démons peuvent pas se coucher ainsi quoique leur :

transformés en danseuses. Voy. Bensozia. On épine soit parallèle à l'horizon , leurs épaules
parle encore en Allemagne de holda, la bonne
sont détournées et forment deux angles.
ftleuse (sorte de fée qui remplace dans les opi- ,
Lisez Hérodote, Plutarque et autres histo-
nions populaires, une divinité antique). Elle riens, vous verrez qu’il existe des contrées fa-
visite sans être vue la maison du laboureur, elle
buleuses où les hommes ont une tête de dogue
charge de laine les fuseaux des ménagères dili-
ou de bichon , des pays où ils n’ont qu'un mil
gentes et répand l’abondance autour d’elle 5 .
d'autres où ils n’ont qu’un pied, sur lequel ils
Mais dans d’autres contrées, holda est la reine
sautent, de sorte que quand ils veulent courir,
des sorcières.
ils sont obligés de se mettre deux et de se tenir
Hollandais errant. C'est un vaisseau fantas-
par le bras d’autres enfin où ils n’ont point de
;

tique qui apparaît, dit-on, dans les parages du ‘.


tête, etc.
cap de Donne-Espérance. Ce. vaisseau déploie
toulcs scs voiles lorsque aucun navire n'oserait 1
Waller Scott Mathilde de Bokeb y, chant n p
, .

2 Jugements de DiSU, de Ciiassanion, j>. 1 1 4.


en risquer une seule. On est partagé d'opinions
3 Hiographia venerabilis servi Dei Barlholomai
sur la cause de ce prodige; d’après la version la
Holzhauser, etc., Bambcrgæ, 17S4, in-8°. Accedunt
plus répandue, c'était, dans l'origine, un navire ejusdrm in Aporalypsim commentons plane admira-
richement chargé à bord duquel se commit un liiles. — Visiones venerabilis servi Dei Bartholumœi
Holzhauser, etc., (ligna œvi nostri memoria ad ejus
1
Le commis-aire Dolamarro, Traite de la police. Hintjraphiam appendix, Bambcrgæ, 1793, in-8".
2 M. Ozanam, l)e l'établissement du christianisme * M. Saignes, Des erreurs et des préjugés, l. I,

en Allemagne. p. 10.

Digitized by Google
,

HOM — 339 — HOM


Homme noir. L’homme noir qui promet aux faits? Je t'avais priéde hi'amener ta femme, et
pauvres de les faire riches s’ils veulent se don- tu viensavec la mère de Dieu, qui va me
ici

ner à lui, n’est autre que le diable. On lit ce — renvoyer aux enfers!» I.e diable dut en effet se
qui suit dans la Légende dorée: Un chevalier — retirer. Le chevalier éperdu se jeta à genoux de-
qui dépensait sa fortune en libéralités, devint vant Notre-Dame, et retourna à l’église où sa
pauvre et tomba dans une grande tristesse. Oc- femme dormait encore. Les deux époux ren-
cupé de ses chagrins il s’égara dans une soli-
,
trèrent chez eux ; ils se dépouillèrent des ri-
tude ; il y vit un homme noir, d’une taille haute, chesses qu’ils tenaient du diable mais ils n’en ;

monté sur un beau cheval. Ce cavalier lui de- furent pas plus pauvres , parce qu’ils reconnu-
manda la cause de sa douleur, et quand il l'eut rent que les biens matériels no sont pas les vraies
apprise il lui dit : • Si vous voulez me rendre
, richesses •.

hommage , je vous donnerai plus de richesses Le père Abram rapporte l’anecdote suivante,
que vous n’en avez perdu. » Le chevalier promit dans son histoire manuscrite de l’université de
à l'étranger de faire ce qu’on exigerait. « Eh Pont-à-Mousson « Un jeune garçon de bonne
:

bien reprit le diable (car c’était lui) , retournez


I famille, mais peu fourni d’argent, se mit à servir
à votre maison, vous trouverez dans tel endroit dans l’armée parmi les valets. De là ses parents
de grandes sommes d'or et une quantité de l'envoyèrent aux écoles; mais ne s'accommodant
pierres précieuses. Quant à l'hommage que j’at- pas de l'assujettissement que demandent les
tends de vous, c’est que vous ameniez votre éludes, il résolut de retourner à son premier
femme ici dans un an.» Le chevalier s'engagea, genre de vie. En chemin il rencontra un homme
regagna sa maison, trouva les trésors indiqués, vêtu de soie noire, mais de mauvaise mine, qui
reprit son habitude de largesses, et à la fin de lui demanda où il allait cl pourquoi il avait l’air
l’année, il songea à tenir ce qu’il avait promis. triste? —Je suis, ajouta-t-il, en état de vous
Il appela sa femme. « Vous allez monter à che- mettre à votre aise, si vous voulez vous donner
val et venir avec moi , lui dit-il nous avons un , à moi. Le jeune homme, croyant qu’il parlait de
voyage à faire. » C’était une dame pieuse, qui l’engager à son service, lui demanda un moment
avait grande dévotion à la sainte Vierge. Elle lit pair y penser. Mais, commençant à se délier
sa prière et suivit son mari sans demander où des magnifiques promesses que l’étranger lui
il la conduisait. Après avoir marché une heure, faisait, il le considéra de plus près, et ayant re-
les deux époux rencontrèrent une église. La marqué qu’il avait le pied gauche fendu comme
dame voulant y entrer, descendit de cheval ; son celui d’un bœuf, il fut saisi de frayeur, fit le
mari l’attendit à la porte. A peine fut-elle dans signe de la croix et invoqua le nom de Jésus. Le
l’église qu’elle s’endormit ; la sainte Vierge ayant spectre s’évanouit. Trois jours après, la même
pris sa figure , rejoignit le chevalier et partit figure lui apparut de nouveau et lui demanda
avec lui au rendez-vous. Lorsqu'ils arrivèrent au s’il avait pris sa résolution? Le jeune homme
lieu désigné , le démon y parut avec fracas. Mais répondit qu’il n’avait pas de maître.
besoin
en apercevant la dame que le chevalier lui ame- L'homme noir jeta à ses pieds une bourse pleine
d'écus dont quelques-uns paraissaient d’or et
,

nouvellement frappés. Dans la même bourse il y


avait une poudre que le spectre disait très-sub-
tilc. Il lui donna ensuite des conseils abomina-

bles et l’exhorta à renoncer à l’usage de l’eau


bénito et à l'adoration de l'hostie. Le jeune
homme eut horreur de ces propositions; il fit le

signe de la croix sur son cœur, et en même


temps il se sentit jeté si rudement contre terre
qu’il y demeura une demi-heure. S’étant relevé
il retourna chez ses parents, fit pénitence et
changea de conduite. Les pièces qui paraissaient
d’or et nouvellement frappées , ayant été mises
au feu , ne se trouvèrent être que du cuivre. »
Ainsi, bonnes gens, défiez-vous de l'homme noir.

Homme rouge, démon des tempêtes. « La
nuit, dans les affreux déserts des côtes de la
Bretagne, près Sainl-Paul-de-Léon ’, des fan-
tômes hurlants parcourent le rivage. L’homme
rouge en fureur commande aux éléments et pré-

* Voyez, dans les Légendes infernales, la légende


nait, il trembla, e Homme perfide, s’écria-t-il, du Sire de Cfuimjf- Fleury.
est-ce ainsi que tu devais reconnaître mes bien- 2 Cambrv, Voyage dans le Finistère, t. t.

33

Digitized by Google
)

HON — 840 — hor


cipite dans les ondes
voyageur qui trouble ses le quent jamais d’être accompagnées des mugisse-
On a cru un
secrets et la solitude qu’il aime. » ments du Horey. Ce bruit ressemble au son le
moment dans le peuple qu’un petit homme rouge plus bas de la voix humaine. Il se fait entendre
mystérieux avait apparu à Napoléon 1" pour lut à peu de distance et cause une frayeur extrême
annoncer ses revers. aux jeunes gens. Dès qu'il commence, les nègres
Hongrois, l'oy. Ogres. préparent des aliments pour le diable et les lui
Honorius. l'oy. Grimoire. portent sous un arbre. Tout ce qu’on lui pré-
Hopkins, juge anglais qui, du temps de Char- sente est dévoré , dit-on , sur-le-champ , sans
les I", lit mourir une multitude de malheureuses qu'il en reste un os. Si la provision ne lui suffit

accusées de sorcellerie. Il continua ses fonctions pas, il trouve le moyen d’enlever quelque jeune

sous le long parlement, et Grey rapporte qu’il homme non encore circoncis. Les nègres pré-
possédait une liste de trois mille personnes sup- tendent qu’il garde sa proie dans son ventre , et
pliciées en ce temps-là, le plus grand nombre par que plusieurs jeunes gens y ont passé jusqu’à
ce juge qui se croyait doué d’un talent sans pareil dix ou douze jours. Après sa délivrance, la vic-
pour deviner les sorcières. Jamais l’Église ca- time qui a été avalée demeure muette autant de
tholique n'eût souffert ces abominations. Cet jours qu'elle en a passé dans le ventre du diable.
homme faisait avouer, par des tortures de Les nègres parlent avec effroi de cet esprit ma-
cinq à six jours, tout ce qu’il voulait. lin ,et l’on ne peut qu'être surpris de la con-
Nous empruntons quelques détails sur lui à de fiance avec laquelle ils assurent avoir été non-
curieuses recherches publiées par le Droit : seulement enlevés, mais avalés par ce monstre.
< Un certain Matthew Hopkins fut nommé Hornock, docteur suédois, qui raconte avec
rechercheur de sorcières (witch finder pour complaisance le supplice de soixante-deux fem-
quatre comtés et dans l'espace d'un an, dans la
,
mes et de quinze enfants, accusés d’avoir été au
seule ville d’Esscx, il ne Ht pas pendre moins de sabbat et d’y avoir soigné le diable ,
qui s'y trou-
soixante malheureuses femmes. Ce misérable pré- vait malade.... Ce spectacle, car il donne ce
tendait avoir acquis une expérience infaillible nom à l’exécution d'une pareille sentence , eut
pour les reconnaître à de certaines taches sur la lien le 25 août 1672 , * par un temps superbe. »
peau , certains signes , certaines veines qu’il re- Horoscopes. Un maréchal ferrant de Beau-
gardait comme autant de tétines pour allaiter de vais avait fait tirer l’horosco|>e
de son fils. L’as-
petits démons. Son épreuve favorite était celle trologue après avoir examiné les divers aspects
,

de l'eau. Si les sorcières prétendues revenaient


à la surface de l’eau et nageaient, il les déclarait
coupables, les faisait retirer de l'eau cl brûler;
si au contraire elles enfonçaient, elles étaient
simplement noyées, mais leur innocence était
reconnue. Cette épreuve venait peut-être d’une
parole fort sage que sa Très-Sacrée Majesté le
roi Jacques avait souvent à la bouche, à savoir
que, comme quelques personnes avaient renoncé
aux avantages de leur baptême par l'eau, de
même l’eau refusait à son tour de les recevoir
dans son sein.
« A la lin Hopkins ce qui est assez original, ,

devint lui-mêine suspect de sorcellerie on lui ;

fit subir l’épreuve qu'il avait souvent fait subir

aux autres il eut la maladresse de nager il fut


; ;

tout naturellement déclaré coupable pendu et ,


des astres, découvrit que l'enfant était menacé
brûlé vif. de mourir à quinze ans d'un coup de tonnerre.
h 11 ne fut pas
rechercheur de sorcières;
le seul Il désigna en même temps le mois, le jour et
bien d'autres se mêlèrent de ce métier, qui ne l'heure où l'événement devait avoir lieu; mais il

laissait pas que d’être lucratif, puisqu’il leur ajouta qu'une cage de fer sauverait le jeune
procurait vinglscbellings (25 francs) par chaque homme. Quand le temps arriva le père chercha ,

exécution. > comment la cage de fer puurrail éviter à son fils


Hoppo ,
maître sorcier et vrai coquin ,
qui fut une mort si prématurée ; il pensa que le sens de
poursuivi à Berne. Il était de la secte des Lol- l’oracle était probablement d’enfermer ce jour-là
lards et faisait des disciples. Nous ignorons sa fin. son enfant dans une cage de fer bien fermée. 11
Horey nom que nègres de la côte occi-
,
les se mit à travailler à la construction de cette cage
dentale d'Afrique donnent au diable, qui n’est sans en parler à personne. Le moment arriva.
sans doute qu’un nègre aposté par les mara- Une nuée paraissait se former dans le ciel , et
bouts. Les cérémonies de la circoncision ne man- justifiait jusqu’alors le dire de l'astrologue. 11

Digitized by G'
HOR — 341 — HOR
appella donc son fils et lui annonça que son étoile forme , et tout différents pour les présages. Les
le condamnait à être tué du tonnerre, un peu personnes qui se trouvent ici nées avec le plus
avant midi s’il n'avait heureusement trouvé le
, heureux naturel , seront ailleurs des êtres abo-
moyen de le soustraire 4 sa mauvaise planète; il minables. Les astrologues ont fondé leurs oracles
le pria d’entrer dans la cage de fer. Le fils, un sur le caprice de leur imagination, et chacun
peu plus instruit que son père, pensa que, d'eux nous a donné les passions qui se sont ren-
loin de le garantir du tonnerre, cette cage ne contrées sous sa plume au moment où il écri-
servirait au contraire qn’4 l’attirer ; il s'obstina vait. Qui croira aux présages de sa constellation,
à rester dans sa chambre, où il se mil à réciter devra croire aussi 4 tous les pronostics de l’al-
l'Évangile de saint Jean. Cependant les nuages manach journalier, et avec plus de raison encore,
s’amoncellent , le temps se couvre ,
le tonnerre puisque les astres ont sur la température une
gronde, l'éclair brille, la foudre tombe sur la influence qu’ils n’ont pas tant sur nous. Enfin,
cage de fer et la réduit en poudre. Le maréchal si la divination qu’on va lire était fondée, il n’y

surpris bénit pour la première fois le ciel d’avoir aurait dans les hommes et dans les femmes que
rendu son fils désobéissant , et vit toutefois l’ora- douze sorles de naturels, dès lors que tous ceux
cle accompli. Du moins tel est le conte. Voy. qui naissent sous le même signe ont les mêmes
Astrologues. passions et doivent subir les mêmes accidents ;

Horoscopes tout faits ,


ou moyen de con- et tout le monde sait si dans les millions de mor-
naître sa destinée par les constellations de la tels qui habitent la surface du globe, il s’en
naissance. Nous empruntons ces plaisanteries, trouve souvent deux dont les destinées et les
qui ont été si sérieuses pour nos pères , et que caractères se ressemblent.
l’Église a toujours combattues, aux divers livres 1* !.a Balance. (C’est la balance de Thémis
sur la matière, traitée par Jacques de Hagen et qu’on a mise au nombre des constellations. Elle
par cent autres , du ton le plus grave. Les au- donne les procès.) La Balance domine dans le
teurs qui ont écrit sur les horoscopes ont établi ciel depuis22 septembre jusqu’au 21 octobre.
le
plusieurs systèmes semblables 4 celui-ci pour la — Les hommes qui naissent dans cet espace do

temps naissent sous le signe de la Balance. Ils — des incendies et de l’eau chaude. —
La femme
sont ordinairement querelleurs. Ils aiment les qui naît sous celle constellation sera aimable,
plaisirs, réussissent dans le commerce, princi- gaie, agréable, enjouée, assez heureuse. Elle
palement sur les mers, et feront de grands vuya- aimera les fleurs; elle aura de bonnes manières;
ges. Ils ont en partage la beauté, des manières la douce persuasion coulera de ses lèvres. Elle

aisées, des talents pour la parole; cependant ils sera cependant susceptible et querelleuse. — Elle
manquent 4 leurs promesses et ont plus de bon- se mariera 4 dix-sept ou 4 vingt- trois ans. Qu'elle
heur que de soin. Ils auront de grands héritages. se délie du feu et de l’eau chaude.
Ils seront veufs de leur première femme et n’au- 2°Le Scorpion. (C’est Orion , que Diane chan-
ront pas beaucoup d’enfants. Qu’ils se défient gea en cet animal et qu’on a mis au nombre des
,

Digitized by G
,

UOR — 342 — HOR


Il donne la malice et la fourberie.)
constellations. ques qualités tant de l’esprit que du cœur. —
Le Scorpion domine dans le ciel du 22 octobre Elle se mariera à dix-neuf ou â vingt-quatre ans.

au 21 novembre. —
Ceux qui naissent sous celle Elle sera bonne mère.

constellation seront hardis, c(Trontés, flatteurs, U • Le Capricorne. (C’est la chèvre Amallhée


fourbes et cachant la méchanceté sous une ai- qui allaita Jupiter, et qui fut mise au nombre des
mable apparence. On les entendra dire une chose, constellations. Elle donne l'étourderie. ) Le Ca-

tandis qu’ils en penseront une autre. Ils seront pricorne domine dans le ciel du 22 décembre au
généralement secrets et dissimulés. Leur naturel 21 janvier. Celui qui nait sous celte constellation
emporté les rendra inconstants. Ils jugeront mal sera d'un naturel irascible, léger, soupçonneux,
des autres, conserveront rancune, parleront ami des procès et des querelles; il aimera le tra-
beaucoup de mélancolie. Ils
cl auront des accès vail, mais il hantera de mauvaises sociétés. Ses

n’aimeronl à rire qu’aux dépens d'autrui auront ,


excès le rendront malade. Rien n'est plus incon-
quelques amis et remporteront sur leurs enne- stant que cet homme, s’il est né dans la nuit. Il

mis. —
Ils seront sujets aux coliques et peuvent sera enjoué, actif et fera quelquefois du bien. Son
étoile lerendra heureux sur mer. Il parlera mo-
dérément, aura la tête petite et les yeux enfoncés.
Il deviendra riche et avare dans les dernières
années de sa vie. Les bains, dans ses maladies,
pourront lui rendre la santé. —
La femme qui
nait sous cette constellation sera vive ,
gaie, et
cependant tellement timide dans ses jeunes an-
nées, qu’un rien pourra la faire rougir. Mais son
caractère deviendra plus ferme et plus hardi dans
l'âge plus avancé. Elle se montrera toujours
bonne, avec un peu de jalousie. Elle parlera sa-
gement év itéra les inconséquences sera bonne
, ,

fdle et bonne mère ; elle aimera à voyager, et sera


d'une beauté moyenne.
5” Le Verseau. (C’est Ganymède, fils de Tros,
s'attendre à de grands héritages. — )La femme que Jupiter enleva pour verser le nectar aux
qui naît sous cette constellation sera adroite et dieux, et qu’on a mis au nombre des constella-
trompeuse. Elle se conduira moins bien avec son tions. Il donne la gaieté.) Le Verseau domine
premier mari qu’avec son second. Elle aura les dans le ciel du 22 janvier au 21 février. —
paroles plus douces que le cœur. Elle sera en- L’homme qui naît sous cette constellation sera
jouée, gaie , aimant à rire mais aussi aux dépens
, aimable, spirituel ami de la joie, curieux, sujet
,

des autres. Elle fera des inconséquences, par- à la fièvre, facile aux projets, pauvre dans la
lera beaucoup, pensera mal de tout le monde. première partie do sa vie, riche ensuite, mais
Elle deviendra mélancolique avec l’âge. Elle — modérément. Il sera bavard et léger, quoique
aura un cautère aux épaules à la suile d'une ma- discret. Il fera des maladies, courra des dangers.
ladie d’humeurs. Il aimera la gloire, vivra longtemps, et aura peu

3“ I-e Sagittaire. (C'est Chiron le Centaure d’enfanls. —


La femme qui liait sous cette con-
qui apprit à Achille à tirer de l’arc, et qui fut stellation sera constante, généreuse, sincère et
mis au nombre des constellations. Il donne libérale. Elle aura des chagrins, sera en butte
l'amour de la chasse et des voyages.) Le Sagit- aux adversités, et fera de longs voyages. Elle sera
taire domine dans le ciel du 22 novembre au 21 sage et enjouée.
décembre. —
L’homme qui naît sous cette con- 6” Les Poissons. (Les dauphins qui jmenèront
stellation aimera les voyages et s’enrichira sur Amphitrite à Neptune furent mis au nombre des
les mers. 11 sera d'un tempérament robuste, aura constellations. Ils donnent la douceur.) Les Pois-
de l’agilité montrera d’un esprit attentif.
et se sons dominent dans le ciel du 22 février au
11 se fera des amis dont il_ dépensera l’argent. Il 22 mars. — Celui qui nait sons celte constellation
aura un goût déterminé pour l'équitation, la sera officieux, gai, aimant à jouer, d’un bon na-
chasse, les courses, les jeux de force et d'adresse, turel, heureux hors de sa maison. 11 ne sera pas
et les combats. Il sera juste, secret, lidèle, la- riche dans sa jeunesse. Devenu plus aisé, il

borieux , sociable , et aura autant d’amour-propre prendra peu de soin de sa fortune, et ne profitera
que d'esprit. — La femme qui nait sous celle pas des leçons de l’expérience. Des paroles in-
constellation sera d'un esprit inquiet et remuant; discrètes lui attireront quelques désagréments. Il
elle aimera le travail. Son âme s’ouvrira aisé- sera présomptueux. —
La femme qui nait sous
ment à la pitié ; elle aura du goût pour les voya- cette constellation sera belle. Elle éprouvera des
ges et ne pourra rester longtemps dans le même ennuis et des peines dans sa jeunesse. Elle aimera
pays. Elle sera présomptueuse et douée de quel- à faire du bien. Elle sera sensée, discrète, éco-

Digitized by Google
I10R — 343 — HOR
nome, médiocrement sensible, cl fuira le inonde. irascibles, prompts, vifs, éloquents, studieux,
Sa santé, faible jusqu’à vingt-huit ans, deviendra violents, menteurs, enclins 4 l'inconstance. Ils

alors plus robuste. Kilo aura cependant de temps tiennent rarement leur parole et oublient leurs
en temps des coliques. promesses. courront des dangers avec les che-
Ils
7" Le Délier. (C'est le bélier qui portait la toi- vaux. Ils aimeront la pèche et la chasse. La —
son d’or, et qui fut mis au nombre des constel- femme qui naît sous cette constellation sera jolie,
lations. Il donne les emportements.) Le bélier vive et curieuse. Klle aimera les nouvelles, aura
domine dans le ciel du 23 mars au 21 avril. — un grand penchant pour le mensonge, et ne sera
Ceux qui naissent sous cette constellation sont pas ennemie de la bonne chère. Klle aura des

colères, sera médisante dans sa vieillesse et ju- les courses et les v oyages et ne cherchera pas
,

gera sévèrement les femmes. Klle se mariera de beaucoup 4 augmenter sa fortune cependant il ;

bonne heure et aura beaucoup d'enfants. ne s'appauvrira point. Il sera rusé, gai, enjoué;
8° Le Taureau. (C’est le taureau dont Jupiter il aura des dispositions pour les arts. La femme —
prit laforme pour enlever Kurope, et qui fut mis qui naît sous celte cunstcllation est aimante et
au nombre des constellations. Il donne la har- belle. Elle aura le cour doux et simple. Klle
diesse cl la force. ) Le Taureau domine dans le négligera peut-être un peu trop ses affaires. Les
ciel du 22 avril au 21 mai. —
L’homme qui naît beaux-arts, principalement le dessin et la mu-
sous celte constellation est audacieux ; il aura des sique, auront beaucoup de charmes pour elle.
ennemis qu’il saura mettre hors d'état de lui 10° /.' Écrevisse. (C'est le cancer ou l'écrevisse
nuire. Le bonheur ne lui sera pas étranger. Il qui piqua Hercule tandis qu'il tuait l'hydre du
voyagera dans des pays lointains. Sa vie sera marais de Lcrnc, et qui fut mise au nombre des
longue et peu sujette aux maladies. —
La femme constellations.Elle donne les désagréments. )
qui naît sous cette constellation est douée de force L’Ecrevisse domine dans le ciel du 22 juin au
et d'énergie. Elle aura du courage; mais elle sera 21 juillet. — Les hommes qui naissent sous celle
violente et emportée. Néanmoins elle saura se constellation sont sensuels. Ils auront des procès
plier h son devoir et obéir 4 son mari. On trou- et des querelles, dont ils sortiront souvent 4 leur

vera dans cette femme un fonds de raison et de avantage ils éprouveront de grands périls sur
;

bon sens. Elle parlera pourtant un peu trop. Elle mer. Cet horoscope donne ordinairement un pen-
sera plusieurs fois veuve et aura quelques en- chant 4 la gourmandise; quelquefois aussi de la
fants, 4 qui elle laissera des richesses. prudence de l'esprit, une certaine dose de mo-
,

9” Les Gémeaux. ( Les Gémeaux sont Castor et destie. —


La femme qui naît sous celle constel-
Pollux qu’on a mis au nombre des constellations. lation est assez belle, active, emportée, mais
Ils donnent l'amitié. ) Les Gémeaux dominent facile 4 apaiser. Elle ne deviendra jamais très-
dans le ciel du 22 mai au 21 juin. —
Celui qui grasse ; elle aimera 4
rendre service, sera timide
naît sous cette constellation aura un bon cœur, et un peu trompeuse.
une belle figure, de l'esprit, de la prudence et 11“ l.e Lion. (C'est le lion de la forêt do Né-

de la générosité. Il sera présomptueux, aimera mée, qu'Hcrculc parvint 4 étouffer, et qui fut

Digitized by Google
l

HOR - m- HOR
mis au nombre des constellations. Il donne le vant il les aura cherchés longtemps. Il aura de
courage.) Le Lion domine dans le ciel du 22 juillet gros mollets. — La femme qui naît sous cette
au 21 août. —
Celui qui naît sous celte constel- constellation sera vive, colère et hardie. Elle
lation est brave, hardi, magnanime, fier, éloquent gardera rancune. Elle parlera beaucoup, et scs
et orgueilleux. Il aime la raillerie. Il sera souvent paroles seront souvent amères. Au reste , elle
entouré de dangers; ses enfants feront sa conso- sera belle ; elle aura la tète grosse. — Qu’elle se
lation et son bonheur. Il s’abandonnera à sa co- tienne en garde contre l’eau bouillante et le feu.
lère et s’en repentira toujours. Les honneurs et Elle sera sujette aux coliques d'estomac. Elle
les dignités viendront le trouver ; mais aupara- aura peu d'enfants.

Le dessin aura du charme pour elle. — Page 243.

12* La Vierge. (C’est Aslrée qu'on a mise au livre intitulé Bibliothèque magique, ou la magie,
nombre des constellations. Elle donne la pudeur.) la théurgie, la nécromancie, etc. Nous y avons
La Vierge domine dans le ciel du 22 août au trouvé quelques faits.
21 septembre. — L'homme qui naît sous cette Hortensius (Martin), célèbre professeur de
constellation est bien fait, sincère, généreux, mathématiques à Amsterdam, donnait dans les
spirituel, aimant les honneurs. Il sera volé. Il ne petitesses de l’astrologie. Dans un voyage qu’il
saura garder le secret des autres ni le sien. Il fit en Italie , il voulut se mêler de faire son ho-
aura de l’orgueil, sera décent dans son maintien, roscope, et dit à deux jeunes Hollandais de sa
dans son langage, et fera du bien à ses amis. Il compagnie qu'il mourrait en 1639, et que pour
sera compatissant aux maux des autres. 11 aimera eux ils ne lui survivraient pas longtemps. Il mou-
la propreté et la toilette. —
La femme qui naît rut en effet l'été de celle année-là. Les Hollan-
sous cette constellation sera chaste, honnête, ti- dais en furent si frappés, que l'un d’eux mourut
mide, prévoyante et spirituelle. Elle aimera à bientôt après, et que l’autre qui était fils de Da-
faire et à dire du bien. Elle rendra service toutes niel Hcinsius, était devenu si languissant, qu'au
les fois qu'elle le pourra ; mais elle sera un peu rapport de Descartes, qui fait mention de celte
irascible.Cependant sa colère ne sera ni dange- aventure, il semblait faire tout son possible pour
reuse ni de longue durée... ne pas démentir l’astrologue*.
On peut espérer que ne s'arrêtera à
le lecteur Hortilopits ( Jeanne ) sorcière du pays de ,

cette ridicule prescience, que pour se divertir un Labour, arrêtée comme telle en 1603, dès l'âge
instant. de quatorze ans, et châtiée pour avoir été au
Horst (Conrad), conseiller ecclésiastique du sabbat.
grand duché de Hesse, a publié en allemand un 1
Büillet , Vie lie Desearte

Digitized by Google
,

HOU — 345 — HRA


Houille. Ijb charbon de terre qui se trouve i
çoive distinctement en se permettant cette dé-
dans le Hainaut et dans le pays de Liège, et que bauche, est celle-ci : un grand coup de bûton
;

que l'on y brûle communément, porte le nom de qu’on vous assène sur la nuque c'est l’initiation, ;

houille, à cause d'un certain maréchal nommé et il faut convenir qu'elle est parfaitement turque.
Prudhomme-le-Houilleux qui, dit-on, en fit la Mais la transition de l’état normal à l’extase con-
première découverte au onzième siècle et des ; siste à sentir sa tête se détacher doucement du
doctes assurent qu’un fantôme, sous la figure corps et prendre une vie joyeusement séparée de
d’un vieillard habillé de blanc, ou sous celle ce grossier amas de matières qu'elle n’a plus be-
d'un ange, lui montra la première mine et dis- soin de gouverner. La tête se soutient en l’air
parut. d'une façon fantastique, comme celle des chéru-
D'autres contes populaires font intervenir un bins dans les églises au milieu des nuages; après
gnome ou un gobelin dans la découverte de la quoi tout est bouleversé, et le désordre s'empare
houille, qui eut lieu au douzième siècle, selon de l'esprit, plus on moins, selon les tempéra-
les uns, au onzième, selon d'autres, mais qui est ments et en raison de l'habitude.
beaucoup plus ancienne ' car il en est question ; » A la bastide de M. B..., eut lieu une scène
dans Job. comique et douloureuse à la fois; sitôt que ces
Houmani génie femelle qui gouverne la ré-
,
messieurs arrivèrent à celle période de l’influence
gion des astres chez les Orientaux, l'oy. Scuada- du hrachich, M. B. lui-même, jeune homme connu
. .

Schivaoun. par sa gaieté expansive et franche et par une ,

Houris, vierges merveilleuses du paradis de organisation ardente, se prit à pleurer et à san-


Mahomet elles naîtront des pépins de toutes les
; gloter dans d'effrayantes convulsions; M. V...
oranges servies aux fidèles croyants dans ce sé- d’une coinplexion délicate et nerveuse, se crut
jour fabuleux. Il y en aura de blanches, de jaunes, mort; il s’étendit sur le plancher et croisa ses
de vertes et de rouges. Leur crachat sera néces- mains sur sa poitrine; il lui semblait qu'on l’avait
sairement parfumé. placé sur un catafalque noir dans une chapelle
Hrachich ,
matière enivrante qui produit des ardente; il entendait les chants des moines, et à
hallucinations singulières. Sa préparation n’est travers cela les coups de marteau qui clouaient
pas un secret; les Arabes nous ont appris que ce le cercueildans lequel il était renfermé, lin autre
qui causait l’ivresse n’était autre chose que de la se persuada qu'il avait des ailes, il s'élança hors

graine et de la racine de chanvre infusées, qu'on de la chambre, et franchissant les degrés Mme
fait bouillirdans du beurre, et dont on forme une un oiseau , il alla se poser sur la table du salon
[

friandise en la mêlant avec du sucre, des amandes au rez-de-chaussée. A cette table dînaient plu-
ou des pistaches. On le vend en tablettes grandes sieurs dames de la famille de M. B..., qu'on
comme la main, et la moitié suffit pour procurer n’avait pas voulu, par convenance, rendre té-
l'ivresse. On le prend aussi en liqueur. Voici une moins des effets du hrachich. Qu'on se figure le
anecdote qui a été racontée dans le Sémaphore désastre 1... les plats, les cristaux, les bouteilles
de Marseille : renversés et brisés, etl'effroi de ces dames!...
« Quatre jeunes gens de notre ville ont voulu Force fut d’aller chercher du secours dans le
ces jours derniers, à leurs risques et périls, s’ex- voisinage. Les amis arrivèrent de tous côtés et
périmenter sur le hrachich ; mais leur curiosité a on parvint, à grahd'peine à maiü'iser les plus ,

failli leur être funeste. On s'était réuni dans une furieux.


bastide des environs de Saint-Loup; M. B...,
serait trop long d'entrer dans le récit dé-
» 11

négociant d'Alexandrie, fournissait hrachich,


du drame qui se déroula bien avant dans la
le taillé
et aidait do ses conseils l’inexpérience de ses nuit chez M. B... 11 suffit de savoir que ces mas-
trois compagnons. Avant toute chose, on prit sieurs furent livrés durant leur longue excitation,
du café, du café ordinaire, et on mit dans chaque aux conceptions les plus folles, aux fantaisies les
tasse deux ou trois morceaux de sucre raffiné tout plus bizarres, aux féeries les plus étincelantes.
simplement; puis on passa au hrachich. Chaque A les voir dans l’état où ils étaient tous les as- ,

convive avala courageusement sa cuillerée; le sistants consternés les croyaient pour jamais pri-
poison n'était pas mauvais au goût, au contraire, vés de la raison. Lejeune négociant d’Alexandrie,
il fut trouvé fort agréable immédiatement après qui avait une mince lueur de perception au sein
;

on se mit à table, et ce ne fut que vers la fin du du désordre général, gémissait au fopd de l'ûme
repas que se manifestèrent chez nos amis de du triste résultat de la partie, et craignait de les
vrais symptômes de désorganisation cérébrale, avoir empoisonnés tout de bon. Cependant deux
précurseurs des hallucinations étranges qui al- d’entre eux en ont été quittes pour cinq ou six
laient bientôt les assaillir. jours de douleurs de tête, sans compter l’atouie
» La première impression physique qu’on re- morale qu'ils n'ont pas encore tout à fait secouée ;

M. V... seul se trouva beaucoup plus fatigué que


1
Voyez la légende du houilleur, dans les Légendes les autres, line véritable congestion cérébrale a
des esprits et des démons. misses jours en danger, et il ne s’en est tiré que
, , ,

HUA — 3/iG — 11UE

grâces aux soins empressais du docteur Cauvière, Hudemuhlen château de Lunebourg. qui fût
,

qui Ta tout de suite saigné abondamment. » infesté au temps de la réforme par un lutin qui
Quand on est dans des dispositions de gaieté se disait chrétien, mais qui paraissait peu catho-
eide bonheur, dit M. Granal, le hrachich pris, lique. Il chantait sans se montrer, et frappait
en dose raisonnable, vous promène à travers les comme les esprits de nos jours.
mille et mille caprices de l'imagination la plus Huet (Pierre-Daniel), célèbre évêque d’A-
riche je crois qu’on y acquiert la perception
;
vranches, mort en 1721. —
On trouve ce qui
d’un monde invisible, de ce inonde de fées et suit dans le Huetiana, ou Pensées diverses de
1
do génies que nos yeux ne peuvent voir dans M. Huet , évêque d'Avranches , touchant les
l'état naturel. On ne connaît pas l'autour des broucolaques et les lyinpanites des Iles de l’Ar-
Mille tl ime Nuits je crois le tenir; c'est, j’en chipel. « C’est une chose assez étrange que ce
suis sûr, le hrachich en personne. J’ai vu peu de qu'on rapporte des broucolaques des Iles de
cas de sombre fureur quelquefois des accès de ;
l’Archipel. On dit que ceux qui , après une mé-
colère très-passagers, le plus souvent la gaieté chante vie, sont morts dans le péché, paraissent
la plus folle. J’ai retenu une seule fois, un hra- en divers lieux avec la même figure qu'ils por-
chaeh (preneur de hrachich) qui, se croyant oi- taient pendant leur vie; qu’ils font souvent du
seau, voulait s’envoler de la fenêtre sur un arbre désordre parmi les vivants, frappant les uns,
du jardin, il avait dénoué les deux bouts de sa tuant les autres ; rendant quelquefois des services
ceinture de soie, el, les tenant dans ses mains, il utiles, et donnant toujours beaucoup d’effroi. Ils

s'écriait « Je suis oiseau de paradis


: je vais ,
croient (pic ces corps sont abandonnés à la puis-
m’envoler. » Heureusement, on mit l’oiseau en sance du démon, qui les conserve, les anime et

cage un autre entendait le langage des serpents,


; s’en sert pour la vexation des hommes. Le Père
et, ce qui est plus fort, il le parlait; je n’en Richard, jésuite, employé aux missions de ces
compris pas un mot, bien que je fusse monté â Iles, il y a environ cinquante ans, donna au public

son diapason. Il paraîtra extraordinaire que les une relation de l'Ue de Sainl-Erini ou de Sainte-
individus dans celte situation ne se méprennent Irène, qui était la Thera des anciens, dont la
pas sur le compte les uns des autres ; ils se trai- fameuse Cyrène fut une colonie. Il a fait un grand
tent de Tous sans façon mais, si une personne ; chapitre de l’histoire des broucolaques. Il dit
dans son état de bon sens se moque d’eux cl les que, lorsque le peuple est infesté de ces appari-
contrarie, ils sc fâchent, s'irritent, entrent en tions, on va déterrer le corps qu’on trouve en-
,

fureur ou tombent dans la tristesse. Sentir sa tête tier et sans corruption , qu'on le brûle, ou qu’on
se détacher du corps est encore un des effets du le met en pièces, principalement lecteur; après
hrachich niais ce n’est pas un effet nécessaire ; quoi les apparitions cessent et le corps se cor-
il en est qui sentent toujours leur tête sur leurs rompt’. Le mot de Broucolaques vient du Grec
épaules. Dans une de ces parties ,
j’ai vu un cas moderne Boutros qui signifie de ta boue, et de
à peu près semblable. Un de mes amis s’écriait ; l.aucos qui signifie fosse, cloaque, parce qu’on
« Ne me loucher, pas, je suis statue, vous allez trouve ordinairement, comme on l’assure, les
me briser ; et, quelqu’un l'ayant touché ;
« Voilà tombeaux où mis ces corps, plein ; de boue.
l'on a
n qui est bien, dit-il ;
ma tète roule par ici, mes Je n'examine point si les faits que l’on rapporte
» bras par là ,
mes jambes s’eb vont chacune de sont véritables, ou si c'est une erreur populaire;
» leur côté. » mais il est certain qu’ils sont rapportés par tant
« J'ajouterai, dit encore M. Granal, que le d’auteurs habiles et dignes de foi, et par tant de
Vieux do la Montagne exaltait ses sectaires par témoins oculaires , qu’on ne doit pas prendre
l’emploi de celle drogue ; de là le nom de hra- parti sans beaucoup d’attention. Il est certain
chuchin, qui est le pluriel de hrachach , qui veut aussi que celle opinion, vraie ou fausse, est fort
dire preneur de hrachich, d’où vient le nom fran- ancienne, el les auteurs en sont pleins. Lorsqu’on
çais d 'assassins. Auriez-vous peusé que ces mots avait tué quelqu'un frauduleusement et par sur-
assassiner, assassin, avaient une parenté quel- prise, les anciens habitants croyaient ôter au mort
conque avec le hrachich ? C'est pourtant la vé- le moyen de s’en venger en lui coupant les pieds,
rité. » les mains, le nez et les oreilles. Cela s’appelait
Huarts, lutins des forêts de Normandie, qui Aeroteriazein. Ils pendaient tout cela au cou des
ont le cri du chat-huant, et qui huèrent Itichard défunts, on ils le plaçaient sous leurs aisselles,
sans Peur, croyant l’effrayer. Ils sout de la suite d’où s’est formé le mot Muscalizcin qui signifie
du démon Brudeinorl. la même chose. On en lit un témoignage exprès

Hubner (Étienne), revenant de Bohême. dans les Scholies grecques* de Sophocle. C'est
Plusieurs auteurs ont dit qu’il parut, quelque
temps après sa mort, dans sa ville, et qu’il em- 1
In-IS, Paris, t7îî.
2 Relation délité Sanlerini, par le P. Richard,
brassa môme quelques-uns de ses amis qu’il ren-
ch. xvni.
contra'. < ’ Vide Elect.,v. 418: Meursium in Lyeophroncm,
1
Lenglcl-Dufresnoy, Dissertations 1. 1. p. 309; Stanleium in Æschil. Ceeph. v.437.

Google
HCG — 347 — HCG
ainsi que fut traité par Ménélas Déiphobe , mari gulièrement à son corps les derniers devoirs.
d’Hélène, et ce fut en cet élat qu'il fut vu d'Énée Servius 1 marque expressément que les âmes des
dans les enfers. morts (dans l’opinion des anciens) ne trouvaient
Alque hic Priamidem laniatum coqiorc loto le lieu de leur repos qu'après que le corps était
Dcïphobum vidit, lacerum crudelitcr ora, entièrement consumé. Les Grecs aujourd'hui sont
Ora, manusque unifias, pupulataniie tempora raptis
encore persuadés que les corps des excommu-
Auribus, et truncas inhonesto vulnere lunes.
niés ne se corrompent point, mais s'enllent
- Suétone écrit qu'après la mort violente de comme un tambour et en expriment le bruit
Caligula , son corps n’ayant été brillé qu’à moitié quand on frappe ou qu'on les roule sur le
les
et enterré fort superficiellement, la maison où pavé. C'est ce qui les fait appeler loupi ou tym-
on l'avait tué et les jardins où il était mis en panilcs. »

terre furent inquiétés de spectres toutes les Hugon, espèce de mauvais fantùme, à l'exis-
nuits, jusqu’à ce que cette maison fût brûlée, et tence duquel le peuple de Tours croit très-fer-
que les sœurs du défunt eussent rendu plus ré- mement. Il servait d'épouvantail aux petits

enfants, pour qui il était une manière de Cro- présentant à lui ,


le plus apparent lui dit : Me
quemitaine. C’est de lui, dit-on, que les réformés connais-tu? — Non, répondit Hugues; qui peux-tu
sont appelés huguenot s, à cause du mai qu'ils être? — Je suis, dit l’homme noir, le puissant
faisaient et de l’eiïroi que semait leur passage au des puissants , le riche des riches si tu veux ;

seizième siècle, qu'ils ont ensanglanté et cou- croire en moi je le ferai vivre. Quoique ce ca-
,

vert de débris. pitaine eût été assez dérangé dans sa vie il fit ,

Hugues, bourgeois d'Epinal. l’oy. Espiuts. le signe de la croix. Aussitôt cette bande de dia-
Hugues le Grand, chef des Français, père bles se dissipa en fumée ’.

de Hugues Capet. Gualbcrt Radulphe rapporte 1


In ÆneiJ., liv. IV, vers. 418
qu’il était guetté par le diable à l’heure de la 2 Lelover, Histoire des spectres ou apparitions des
mort. Une grande troupe d'hommes noirs se esprits, liv. III ,
p. Î73.
,

HUI — 3!|8 — HUT


Huile bouillante. Les habitants de Cevlan parut après sa mort pour réclamer des prières *.

et des côtes du Malabar emploient l’huile bouil- Humma ,


dieu souverain des Cafres ,
qui fait
lante comme épreuve. Les premiers n’y recou- tomber la pluie, souiller les vents, et qui donne
rent que dans les affaires de grande importance, le froid et le chaud. Ils ne croient pas qu’on soit
comme lorsqu’ils ont des
procès pour leurs ter- obligé de lui rendre hommage, parce que, di-
res , de témoins. On se ser-
et qu’il n’y a point sent-ils , il les brûle de chaleur et de sécheresse
vait autrefoisen Europe de l’épreuve par l’huile sans garder la moindre proportion.
bouillante pour les causes obscures. L’accusé Hunéric. Avant la persécution d’Hunéric , fils
mettait le poing dans la chaudière s’il le reti- ; de Genseric, roi des Vandales, qui fut si vio-
rait sans brûlure, il était acquitté. lente contre les catholiques d'Afrique ,
plusieurs
Huile de baume. «L'huile de baume, extraite signes annoncèrent dit-on cet orage. On aper-
, ,

du marc de l'eau céleste, dissipera la surdité, çut sur le mont Ziquen un homme de haute sta-
si on en met dans les oreilles trois gouttes de ture, qui criait b droite et b gauche : « Sortez,
temps en temps, en bouchant lesdites oreilles sortez. • On vit aussi bCarthage dans l'église ,

avec du colon imbibé de ce baume.- 11 guérit de Saint-Kauste , une grande troupe d’Élhiopiens
toute sorte de gale et de teigne les plus invété- qui chassaient les saints comme le berger chasse
rées, aposlèmes, plaies, cicatrices, ulcères ses brebis. 11 n’y eut guère de persécution d’hé-
vieux et nouveaux, morsures venimeuses de ser- rétiques contre les catholiques plus forte que
pents, de scorpions, etc., fistules, crampes et celle-là *,
érésypèles , palpitation de cœur et des au: res Huns. Les anciens donnent à ceshistoriens
membres, le tout par fomentation et emplâtre. peuples l’origine la plus monstrueuse. Jornahdès
Crollius en lait tant d'estime, qu'il le nomme raconte * que Philimer, roi des Goths entrant ,

par excellence huile mère de baume » dans les terres gétiques, n’y trouva que dos sor-
Huile de talc. Le talc est la pierre philoso- cières d’une laideur affreuse ;
qu’il les repoussa
phale fixée au blanc. Nos anciens ont beaucoup de son armée qu'elles errèrent seules dans loin ;

parlé de l'huile de talc, â laquelle ils attribuaientles déserts où des démons s'unirent avec elles. ,

tant de vertus que presque tous les alchimistes C'est de ce commerce infernal que naquirent les
ont mis en œuvre tout leur savoir pour la com- Huns, si souvent appelés le» enfants du diable.
poser. Ils ont calciné purifié, sublimé le talc et Ils étaient d'une difformité horrible. Les histo-
,

n’en ont jamais pu extraire cette huile précieuse. riens disent qu'b leurs yeux louches et sauvages,
— Quelques-uns entendent, sous ce nom, l'élixir b leur ligure torse à leur barbe de bouc on ne , ,

des philosophes hermétiques. pouvait s'empêcher de les reconnaître pour en-


Hu-Jum-Sin , célèbre alchimiste chinois qui fants de démons. Besoldus prétend après Ser- ,

trouva, dit-on, la pierre philosophale. Ayant tué vi» que le nom de Huns vient d'un mol lu- ,

un horrible dragon qui ravageait le pays, Hu- desque, ou celtique, ou barbare, qui signifie
Jum-Sin attacha ce monstre à une colonne qui se puissants par la magie grands magiciens. Bon- ,

voit encore aujourd'hui, et s’éleva ensuite dans naire dit, dans son Histoire de France que les ,

le ciel. Les Chinois, par reconnaissance, lui éri- Huns, venant faire la guerre b Cherebert ou ,

gèrent un temple dans l’endroit même où il avait Caribert furent attaqués près de la rivière d’Elbe ,

tué le dragon. par Sigebert, roi de Metz , et que les Francs fu-
Hulin, petit marchand de bois d’Orléans. rent obligés de combattre contre les Huns et
Étant ensorcelé b mort il envoya chercher un contre les spectres dont ces barbares avaient
,

sorcier qui se vantait d'enlever toutes les mala- rempli l’air, par un effet de la magie ce qui ren- ;

dies. Le sorcier répondit qu’il ne pouvait le gué- dit leur victoire plus distinguée. Voy. Ocncs.
rir, s’il ne donnait la maladie b son fils qui était Huppe, oiseau commun, nommé parles Chal-
encore b la mamelle. Le père y consentit. La déens Bon, et par les Grecs Isan. Celui qui le
nourrice, ayant entendu cela, s’enfuit avec l'en- regarde devient gros si on porte les yeux de la ;

fant pendant que le sorcier touchait le père pour huppe sur l'estomac, on se réconciliera avec
lui ôter le mal. Quand il eut fait, il demanda où tous ses ennemis. Enfin, c’est de peur d’être
était l'enfant. Ne le trouvant pas , il commença trompé par quelque marchand qu’un homme de
b s'écrier ;
— Je suis mort, où est l'enfant? — précaution a sa tête dans une bourse '.
Puis il s'en alla très-piteux mais ; il n'eut pas Hus, l’un des précurseurs de Luther. Il fit
plutôt mis les pieds hors la porte ,
que le diable faire des progrès b la confrérie occulte des sor-
le tua soudain. Il devint aussi noir que si on l'eût ciers.
noirci de propos délibéré ; car la maladie était Hutgin démon ,
qui trouve du plaisir b obli-
restée sur lui *.

Humbert de Beaujeu. Geoffroi d'Iden lui ap-


1
Voyez cette légende du purgatoire dans les Lé-
gendes de l’autre monde.
3 Leloyer, Histoire des spectres,
p. Î7Î.
1 Le Petit Albert, p. 4(1. 3 De rebus gothicis.
3 Bodin Déinonomanie p. 330. 4 Secrets d'Albert le
, Grand, p. 414.
HVE — 349 — HYD
ger les hommes, se plaisant en leur société, dait au cou pour se défendre de la peste. De
répondant à leurs questions, et leur rendant ser- plus, elle fortifiait le coeur, garantissait de la

vice quand il le peut selon les traditions de la


, fondre et augmentait les richesses et les hon-
Saxe. Voici une des nombreuses complaisances neurs.
qu'on lui attribue : —
Un Saxon partant pour un Hydraoth magicien célébré par le Tasse il
,
:

voyage et se trouvant fort inquiet sur la con-


, était père du Soudan de Damas et onrlc d’Armide,
duite do sa femme, dit à Hulgin Compa- ;
— dans les arLs magiques '.
qu’il instruisit
gnon, je te recommande ma femme aie soin de ; Hydromancie ou Hydroscopie art de pré- ,

la garder jusqu’à mon retour. La femme, aus- — dire l'avenir par lemoyen de l'eau on en attri- ;

sitôt que son mari fut parti voulut se donner , bue l’invention aux Perses. Les doctes en distin-
des licences; mais le démon l'en empêcha. Enfin guent plusieurs espèces 1° Lorsqu'à la suite des
;

le mari revint; Hutgin courut au devant de lui et invocations et autres cérémonies magiques, on
lui dit : —
Tu fais bien de revenir, car je com- voyait écrits sur l'eau les noms des personnes
mence à me lasser de la commission que tu m'as ou des choses qu'on désirait connaître; et ces
donnée. Je l’ai remplie avec toutes les peines du noms 2* on se
se trouvaient écrits à rebours ;

monde cl je te prie de ne plus l'absenter, parce


; se servait d'un vase plein d’eau et d'un anneau
que j'aimerais mieux garder tous les pourceaux suspendu à un avec lequel on frappait un
fil,

de la Saxe que ta femme '. On voit que ce dé- certain nombre de du vase; 3* on
fois les côtés
mon ne ressemble guère aux autres. jetait successivement, et à de courts intervalles,
trois petites pierres dans une eau tranquille et
dormante, et, des cercles qu’en formait la sur-
face, ainsi que de leur intersection , on tirait des
présages 4" on examinait attentivement les di-
;

vers mouvements et l’agitation des flots do la


mer. Les Siciliens et les Eubéens étaient fort
adonnés à cette superstition ; 5° on tirait des pré-
sages de la couleur de l'eau et des figures qu’on
croyait y voir. C’est ainsi, selon Varron, qu'on
apprit à Rome quelle serait l’issue de la guerre
contre Milhridatc. Certaines rivières ou fontaines
passaient chez les anciens pour être plus pro-
pres que d’autres à ces opérations; 6” c'était en-
La Happe.
core par une espèce d'hydromancie que nos
Hvergelmer, fontaine infernale. I oy, Nir- pères les Gaulois éclaircissaient leurs soupçons
LHF.IM. sur la fidélité des femmes: ils jetaient dans le
Hyacinthe, pierre précieuse que l’on pen- Rhin , sur un bouclier, les enfants dont elles ve-

Hyène.

naient d'accoucher; s’ils surnageaient, ils les coupe ou une tasse, et, après avoir prononcé
enaient pour légitimes, et pour bâtards s'il al- dessus certaines paroles on examinait si l'eau
,


laient au fond ;
7° on remplissait d’eau une bouillonnait et se répandait par-dessus les bords;
8" on mettait de l'eau dans un bassin de verre
• Wierus, De prirntiqiit d<rm., etc.
5 Voyez, dans les légendes de l'histoire de France, 1
Delancre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc.,
l ne famille gauloise avaitI César. liv. I, p. 57.

Digitized by Google
, ,

HYK — 350 — ICH

ou de cristal ; puis on y jetait une goutte d'huile, leur séjour, elle aperçut, attaché avec des chaî-
et l’on s'imaginait voir dans cette eau , comme nes de fer, sous le trône de Jupiter, un homme
dans un miroir, ce dont on désirait d'être instruit; robuste, d’un teint roux, le visage tacheté de
9" les femmes des Germains pratiquaient une lentilles. Elle demanda à son guide quel était cet

neuvième sorte d’hydromancie en examinant ,


homme ainsi enchaîné ? Il lui fut répondu que
pour y deviner l’avenir, les tours et détours et c’était le mauvais destin de l'Italie et de la Sicile,

le bruit que faisaient les eaux des fleuves dans et que, lorsqu’il serait délivré de ses fers, il

les gouffres ou tourbillons qu’ils formaient; causerait de grands maux. Hyméra s'éveilla
10“ enfin, on peut rapporter à l'bydromancie là-dessus, et le Icudcmain elle divulgua son
une superstition qui a longtemps été en usage en rêve.
Italie. Lorsqu’on soupçonnait des personnes d'un Quelque temps après, quand Denys le Tyran
vol on écrivait leurs noms sur autant de petits
, se fut emparé du trône de la Sicile, Hyméra le
cailloux qu’on jetait dans l'eau. Le nom du voleur vit entrer à Syracuse et s'écria que c’était ,

ne s'effaçait pas. l 'oy. Oomxncie. Cacliostbo, etc. l’homme qu’elle avait remarqué si bien enchaîné
Hyène. Les Égyptiens croyaient que la hyène dans le ciel. Le tyran ayant appris cette singu-
changeait de sexe chaque année. On donnait le lière circonstance fit mourir la songeuse *.
,

nom de pierres de la hyène à des pierres qui, au Hynerfanger (Isaac) ,


juif cabaliste du trei-
rapport de Pline, so trouvent dans le corps de zième siècle ,
qui fut considéré comme un puis-
la hyène, lesquelles, placées sous la langue, at- sant magicien.
tribuaient li celui qui les portait le don de pré- Hypnotisme. C’est le nom qu’on a donné à
dire l'avenir. un procédé du docteur Braid (Anglais), lequel
Hyméra. — l'ne femme de Syracuse , nom- consiste au moyen du sommeil nerveux ou ma-
,

mée Hyméra, eut un songe, pendant lequel elle gnétique, à produire un étal de catalepsie arti-
crut monter au ciel conduite par un jeune
, ficielle , et permet ainsi de faire des opérations

homme qu’elle ne connaissait point. Après qu elle chirurgicales sans douleur actuelle. On pourrait
cul vu tous les dieux et admiré les beautés de expliquer par là quelques fails de sorcellerie.

Ialysiens, peuple dont parle Ovide, et dont pour ceux qui tuaient un ibis, même parmégarJe.
les regards avaient la vertu magique de gâter De nos jours, les Égyptiens regardent encore
tout ce qu’ils fixaient. Jupiter les changea en ro- comme sacrilège celui qui lue l'ibis blanc, dont
chers exposa aux fureurs des Ilots.
cl les la présence bénit, disent-ils, les travaux cham-
Iamen, dieu de la mort chez les Indiens. pêtres, et qu'ils révèrent comme un symbole
Ibis, oiseau d'Égypte, qui ressemble à la ci- d'innocence.
gogne, sauf le bec qui est un peu courbe. Quand Iblis, le même qu'Éblis. f 'oy. Ce mot.
Ichneumon ,
rat du Nil , auquel les Égyptiens
rendaient un culte particulier; il avait scs prêtres

|
et ses autels. Bulfon dit qu’il vit dans l’état de
domesticité , et qu’il sert comme les chats à
prendre les souris. Il est plus fort que le chat
s’accommode de'lout, chasse aux oiseaux, aux
quadrupèdes, aux serpents cl aux lézards. Pline
coule qu’il fait la guerre au crocodile, qu’il l’épie

pendant son sommeil, et que, si ce vaste reptile


est assez imprudent pour dormir la gueule ou-
verte l’ichneumon s’introduit dans son estomac
,

et lui ronge les entrailles. M. Denon assure que


c’est une fable. Ces deux animaux n’ont jamais

sa tôle et son cou sous ses rien à démêler ensemble , ajoute-t-il puisqu’ils
il met ailes, dit Élicn, ,

peu près celle du cieur humain. n’habilcnl pas les mêmes parages. On ne voit pas
sa ligure est à
On que cet oiseau a introduit l’usage des la-
dit
de crocodiles dans la basse Égypte on ne voit :

vemenLs, honneur qui est réclamé aussi par les pas non plus d’ichneumons dans la haute 1 .

cigognes. Les Égyptiens autrefois lui rendaient * Yalèrc-Maxime.


5 M. Salgues, Des erreurs,
les honneurs divins, et il y avait peine de mort etc., t. III, p. 361.

Digitized by Google
, ,

ICH — 351 — IDO


Ichthyomancie ,
divination très-ancienne qui qui veulent passer pour des dieux et se faire
sc pratique par l’inspection des entrailles des adorer par les hommes; il faut les apaiser, de
poissons. Pnlydamas, pendant la guerre de Troie, peur qu’ils ne nous nuisent. Les uns, gais et en-
et Tirésias s’en sont servis. — On dit que les joués, se laissent gagner par des spectacles et
poissons de la fontaine d'Apollon à Miré, étaient des jeux; l’humeur sombre des autres veut l'odeur
prophètes, cl Apulée fut aussi accusé de les avoir de la graisse et se repaît des sacrifices san-
consultés'. glants. »
On voit dans la légende de la bienheureuse
Ida. Ce qui est bien singulier, c’est qu'aujourd’hui
Ida de Louvain quelques apparitions du diable, il a, à Hirmingham, une fabrique d'idoles pour
y
qui cherche à la troubler et qui n’y parvient les payons de l’Inde et de la Chine. Voici un ex-
pas. {Bollandistcs 13 avril.) trait de son curieux catalogue « Yamen, dieu : —
Iden (Gcoffroid). f’oy. UEorrnoiD. » de la mort, en cuivre fin, fabriqué avec beau-

Idiot.En Écosse, les gens du peuple ne voient ” coup de goût. —


Nirondi, roi des démons;
pas comme un malheur un enfant idiot dans une » modèles très-variés. Le géant qu'il monte est

famille. Ils vuienl là, au contraire, un signe de s du plus hardi dessin, et son sabre de modèle

bénédiction. Cette opinion est partagée par plu- » moderne. —


Varonnin, dieu du soleil, plein de
sieurs peuples de l’Orient. Nous nous bornons à » vie; son crocodile est en airain et son fouet en

la mentionner sans la juger. » argent. —


Couberen, dieu des richesses; ce
Idoles. L'idole est une image, une figure, une • dieu est d’un travail admirable ; le fabricant y
représentation d’un être imaginaire ou réel. Le » a mis tout son art et tout son talent. On trouve
culte d’adoration rendu à quelque idole s'appelle » des demi-dieux et des démons inférieurs de
idolâtrie. — chez les payons
Si les idoles ont fait » toute espèce. — On ne
pas de crédit, cs-
fait
des choses que l’on pouvait appeler prodiges, » compte sur payement comptant. »
ces prodiges n’ont eu lieu que par le pouvoir Mais, les Indiens respectent leurs stupides
des démons ou par le charlatanisme. Saint Gré- idoles, tandis que les payens de l’antiquité trai-
goire le thaumaturge sg rendant à Néocésarée, ,
taient assez cavalièrement les leurs. Itenjamin
fut surpris par la nuit et par une pluie violente Binet, dans son Traité des dieux cl des démons du
qui l'obligea d’entrer dans un temple d'idoles, paganisme, nous en fournit quelques exemples:
fameux dans la contrée à cause des oracles qui « On ne peut rien concevoir, dit-il, de plus

s’y rendaient. Il invoqua le nom de Jésus-Christ, indigne que la manière dont ils traitaient leurs
fit le signe de la croix pour purifier le temple, et idoles. Je ne parle point d'Ochus, roi des Perses,
passa une partie de la nuit à chanter les louanges qui tua le bœuf Apis et le mangea avec ses amis
de Dieu, suivant son liobitudc. Après qu’il fut (Plut., de Isid. et Osid.), parce que l’on pourrait
parti, le prêtre des idoles vint au temple, sc dis- demander si ce bœuf était ou un simple hiéro-
posant à faire les cérémonies de son culte. Les glyphe, ou le dieu même des Perses. Quoi qu’il
démons lui apparurent aussitôt , et lui dirent en soit, c’était une extrême profanation de faire
qu’ils ne pouvaient plus habiter ce lieu, depuis d'un animal si sacré un repas à ses amis. Denis,
qu’un saint évêque y avait séjourné. Il promit roi de Sicile, n'était pas plus favorablement pré-

bien des sacrifices pour les engager à tenir ferme venu en faveur des dieux de la Grèce et de leurs
sur leurs autels; mais la puissance do Satan s’était images. Comme il ne manquait pas d'esprit, il
éclipsée devant Grégoire. Le prêtre, furieux, apostropha agréablement Jupiter Olympien pour
poursuivit l'évêque de Néocésarée, et le menaça s'approprier ses riches dépouilles : « Je te plains,
de le faire punir juridiquement s'il ne réparait le lui dit-il, d’être toujours chargé d'un habit d’or;
mal qu'il venait de causer. Grégoire, qui l’écou- il t’est trop pesant en été, et trop léger en hi-
tait sans s’émouvoir, lui répondit : — Avec l’aide ver; prends plutôt cet habit de laine, qui te
de Dieu, qni chasse les démons, ils pourront re- sera commode en l'une et l’autre saison (Arn .

venir s’il le permet. Il prit alors un papier sur lib. vt, et Lact., lib. u , cap. à). » Ce fut ce

lequel il écrivit : — Grégoire à Satan : Rentre. même prince qui, ne pouvant souffrir qu’Escu-
Le sacrificateur étonné porta ce billet dans son lape, fils d’Apollon, portât une barbe d’or longue
temple, fit ses sacrifices, et les démons y revin- et épaisse, pendant que son père paraissait comme
rent. Réfléchissant alors à la puissance de Gré- un jeune homme sans barbe , la lui arracha , di-
goire, il retourna vers lui à la hâte, sc fit instruire sant : « Que peut-on voir de plus malséant qu’Es-
dans la religion chrétienne et, convaincu par un culape, fils d’Apollon, ait le menton chargé d'une
nouveau miracle du saint thaumaturge, il devint barbe philosophique , et qu’ Apollon ne paraisse
son disciple. —
Porphyre avoue que les démons que comme un jouvenceau sans barbe {Am. et
s'enfermaient dans les idoles pour recevoir le IjscI., ib.)7 » Il poussa encore la profanation

culte des gentils. * Parmi les idoles, dit-il, il


y jusqu’à prendre des mains des idoles des coupes
a des esprits impurs, trompeurs et malfaisants, et des ornements d'or et d'argent, parce que,
disait-il ,
il ne faut rien refuser de ta main des
1
Delancrc, Incrédulité cl mécréance, etc., p. ÎG7. dieux. Nous lisons aussi que Caligula outragea les
IFU — 352 — ILE

dieux de la Grèce de la manière la plus cruelle : de leurs empereurs, les massacrer quand ils fou-
« car, dit Suétone, il commanda que l’on appor- lent aux pieds leurs privilèges ici au conlraire ;

tât de Grèce les images des dieux célèbres par ils demeurent tranquilles, lorsque l’on détruit

leur culte et par leur art, entre lesquelles était leur religion, la chose du monde à laquelle les
celle de Jupiter Olympien, et il les lit décapiter hommes sont le plus attachés. Mais choisissons
pour y mettre sa tête (Sue!., lib. tv, cap. 22). » un exemple décisif, c’est celui de César. Les ar-
Vous direz apparemment qu’il ne faut pas s’éton- mées navales de Sextus Pompée et les tempêtes
ner que ces princes, qui étaient des tyrans, aient ayant dissipé ses deux flottes, il s'écria : Je vain-
eu si peu de vénération pour les dieux qu'étant ;
crai, en dépit de Neptune! et afin de montrer
les oppresseurs de la liberté et de la religion, combien il méprisait les dieux, il jeta par terre
leur exemple ne prouve rien. Mais il est étrange l'image de ce dieu pendant la célébration des jeux
que le sénat, les prêtres, les peuples ne se soient circulaires où l'on portait en pompe les images
pas soulevés contre cette impiété. Vous les voyez des dieux pour les rendre témoins de cet honneur

tous se liguer contre la tyrannie de leurs rois et (Siicton., lib. Il, cap. 16). *

Illumine» allemand*.

Ifurinn ,
enfer des Gaulois. C’était une région les marées étaient faites pour conduire nos vais-
sombre et terrible, du
inaccessible aux rayons seaux dans les ports, ne savaient sûrement pas
soleil infectée d'insectes venimeux de reptiles,
, , que la Méditerranée a des ports et point de rcllux.
de lions rugissants et de loups carnassiers. Les Voy. K nn tons, Merveilles, Prodiges, etc., etc.
grands criminels étaient là enchaînés dans des Ile fantôme. C’est Plie de Saint- Brandan,
cavernes encore plus horribles, plongés dans un riche de sept belles cités, que beaucoup de voya-
étang plein de couleuvres et brûlés par les poi- geurs ont cru voir de loin, mais qu’ils n'ont ja-
sons qui distillaient sans cesse de la voûte. Les mais abordée, parce qu’elle disparait à mesure
gens inutiles ceux qui n'avaient fait ni bien ni
, que l’on croit s’en approcher. Ce n'est qu’un
mal, résidaient au milieu des vapeurs épaisses et mirage.
pénétrantes, élevées au-dessus de ces hideuses Iles. Il
y a, dans la Baltique, des Iles rappro-
prisons. Le plus grand supplice était un froid chées que les pêcheurs croient avoir été faites
très-rigoureux. parties enchanteurs, qui voulaient s'en aller plus
Ignorance. Ceux qui enseignèrent que l’Océan facilement d'un lieu à un autre, et qui établis-
était salé de peur qu’il ne se corrompit , et que saient ainsi des stations sur leur roule. C'est une

Digitized by Google
,,

ILL — 353 — IMA

tradition des riverains de la mer Baltique ,


men- cheveux blancs, parce qu’il avait rêvé qu’il était
tionnée par M. Marmier. condamné à un supplice cruel et infamant. Dans
Illuminés, sorte de francs -maçons d'Alle- le Dictionnaire de police de des Essarls, on trouve

magne, qui croient avoir la seconde vue et qui l'histoiro d'une jeune tille à qui une sorcière

prophétisent. On connaît peu leur doctrine qui ,


prédit qu’elle serait pendue ce qui produisit un
;

est vague et libre mais ils ont eu des prédéces-


; tel effet sur son esprit, qu’elle mourut suffoquée

seurs. En 1575 Jean de Villalpando et une car-


,
la nuit suivante. Athénée raconte que quelques

mélite, nommée Catherine de Jésus, établirent jeunes gens d’Agrigente étant ivres, dans une
une secte d'illuminés, que l’inquisition de Cor- chambre de cabaret, se crurent sur uno galère,
doue dispersa. Pierre Guérin les ramena en an milieu de la mer en furie, et jetèrent par les
France en 1634. Ils prétendaient que Dieu avait fenêtres tous les meubles de la maison, pour sou-
révélé à l'un d’entre eux le frère Antoine Boc- ,
lager le bâtiment. Il y avait à Athènes un fou
quet une pratique de vie et de foi suréminente
, qui se croyait maître de tous les navires qui en-
au moyen de laquelle on devenait tellement saint, traient dans le Pirée et il donnait ses ordres en
,

qu'on ne faisait plus qu’un avec Dieu, et qu'alors conséquence. Horace parle d’un autre fou qui
on pouvait sans péché se livrer à toutes ses pas- croyait toujours assister à un spectacle, et qui,
sions. lisse nattaient d'en remontrer aux apôtres, suivi d’une troupe de comédiens imaginaires,
à ions les saints et à toute l'Église. I-ouis XIII portait un théâtre dans sa tête, où il était tout à
'
dissipa celte secte de fous. l oy Saint Martin. . la fois et l'acteur et le spectateur. On voit chez
Images de cire. Ceux qui faisaient des images les maniaques des choses aussi singulières ; tel

de cire pour l'envoûtement les baptisaient au s'imagine être un moineau, un vase de terre, un
nom de Béelzébub puis ils les perçaient de coups
;
serpent; tel autre se croit un dieu, un orateur,
de stylet ou les brûlaient dans la pensée que , un Hercule. Et parmi les gens qu'on dit sensés,
la personne dont l’imago portait le nom subissait en est-il beaucoup qui maîtrisent leur imagina-
le traitement île l’image. Cette sorcellerie était tion, et se montrent exempts de faiblesses et
'
connue des anciens, l oy Envoûtement, Üurrvs,. d'erreurs? Plusieurs |>ersonnes mordues par des

Ebkrard, Henri 111, etc. chiens ont été très-malades parce que, les sup-
Imagination. Les rêves, les songes les chi- ,
posant atteints de la rage, elles se croyaient
mères, les terreurs paniques, les superstitions, menacées où déjà affectées du même mal. La
les préjugés, les prodiges, les châteaux en Es- Société royale dos sciences de Montpellier rap-
pagne, le bonheur, la gloire et plusieurs contes porte, dans un mémoire publié en 1 730, que, deux
d'esprits et de revenants, de sorciers et de diables,
sont ordinairement les enfantements de l'imagina-
tion. Son domaine est immense, son empire est
despotique une grandq force d'esprit peut seule
;

en réprimer les écarts. Un Athénien, ayant rêvé


qu'jl était devenu fou, eu eut l'imagination telle-
ment frappée, qu’à son réveil il lit des folies
comme il croyait devoir en faire et perdit en ,

effet la raison. On connaît l’origine de la fièvre


de Saint-Vallicr. A cette occasion, Pasquier parle
de la mort d’un bouffon du marquis de Fcrrarc
nommé Guncllc, qui, ayant entendu dire qu’une
grande peur guérissait de la fièvre, voulut guérir
de la fièvre quarte le prince son maître qui en ,

était tourmenté. Pouf Cet effet, passant avec lui


sur un pont assez étroit, il le poussa et le fit frères ayant été mordus par un chien enragé,
tomber dans l’eau au péril de sa vie. On repêcha l'un d’eux partit pour la Hollande, d’où il ne
le souverain, et il fut guéri. Mais, jugeant que revint qu’au bout dix ans. Ayant appris, à son
l’indiscrétion de Goncllc méritait quelque puni- retour, que son frère, depuis longtemps, était
tion, il le condamna à avoir la tête coupée, bien mort hydrophobe, il se sentit malade et mourut
résolu cependant à ne pas le faire mourir. Le lui-même enragé par la crainte de l’être.
jour de l’exécution, il lui fit bander les yeux, et Voici un fait qui n’est pas moins extraordi-
ordonna qu’au lieu d'un coup de sabre on ne lui naire un jardinier rêva qu’un grand chien noir
:

donnât qu’un petit coup de serviette mouillée ; l'avait mordu. Il ne pouvait montrer aucune trace
l’ordre fut exécuté et Gonelle délié aussitôt après ; de morsure sa femme qui s’était levée au pre-
; ,

mais le malheureux bouffon était mort de peur. mier cri, lui assura que toutes les portes étaient
Est-ce vrai? Mais Pasquier a fait tant de coules! bien fermées et qu'aucun chien n'avait pu entrer.
Héquet parle d'un homme qui, s’étant couché Ce fut en vain l’idée du gros chien noir restait
;

avec les cheveux noirs, se leva le matin avec les toujours présente à son imagination ; il croyait
*3

Googl
,

IMA — 354 — IMA


le voir sans cesse : il en perdit le sommeil et lui dit-il avec anxiété, si elle avait fait des petits?
l’appétit, devint triste, rêveur, languissant. Sa — Impossible! c'est un mâle. »
femme, aucuinmenccment, avait
qui, raisonnable On attribue ordinairement à l’imagination des
fait tous scs efforts pour le calmer et le guérir femmes la production des foetus monstrueux.
de son illusion, ûnit pars’iinaginer que, puis- M. Saignes a voulu prouver que l'imagination n’y
qu'elle n'avait y avait quelque
pas réussi, il avait aucune part , en citant quelques animaux
chose de réel dans l’idée de son mari, et qu’ayant qui ont produit des monstres, et d'autres preuves
été couchée à côté de lui , il était fort possible pourtant insuffisantes. Plessman, dans sa Mé-
qu’elle eut été aussi mordue. Celle disposition decine puerpérale; Mailing, daus une thèse;
d'esprit développa chez elle les mêmes symp- Dcmangeon , dans ses Considérations physiologi-
tômes que chez sou mari, abattement, lassitude, ques sur le pouvoir de 1‘ imagination maternelle
frayeur, insomnie. Le médecin, voyant échouer dans la grossesse, soutiennent l'opinion générale.
toutes les ressources ordinaires de son art contre Les femmes enceintes déligureut leurs enfants,
cette maladie de l’imagination, leur conseilla quoique déjà formés, lorsque leur imagination
d’aller en pèlerinage à Saint-Hubert. Dès ce mo- est violemment frappée. Malcbranche parle d'une
ment les deux malades furent plus tranquilles : femme qui, ayant assisté â l’exécution d'un mal-
ils allèrent à Saint-Hubert, y subirent le traite- heureux condamné à la roue , en fut si affectée,
ment usité, et revinrent guéris'. qu'elle mit au monde un enfant dont les bras, les
Un homme pauvre et malheureux s’était telle- cuisses et les jambes étaient rompus à l’endroit
ment frappé l'imagination de l’idée des richesses, où la barre de l’exécuteur avait frappé le con-
qu’il avait fini par sc croire dans la plus grande damné. Le peintre Jean-Baptiste Hussi fut sur-
opulence. Un médecin le guérit, et il regretta sa nommé Gobbino parce qu’il était agréablement
folie. On a vu, en Angleterre, un homme qui gobho, c'est-à-dire bossu. Sa mère était enceinte
voulait absolument que rien ne l'affligeât dans ce de lui lorsque son père sculptait le gobbo, béni-
monde. Eu vain on lui annonçait un événement tier devenu célèbre, el qui a fait le pendant du
fâcheux ; il s’obstinait â le nier. Sa femme étant pasquino, autre bénitier de Gabriel Cagliari.
morte, il n'en voulut rien croire. Il faisait mettre Une femme enceinte aux cartes. En re-
jouait
à table le couvert de la défunte, et s’entretenait levant son jeu, elle voit que, pour faire un grand
avec elle , comme si elle eût été présente : il en coup, il lui manque l’as de pique. La dernière
agissait de même lorsque son fils était absent. carte qui lui rentre était effectivement celle qu'elle
Près de sa dernière heure, il soutint qu'il n’était attendait. Une joie immodérée s’empare de son
pas malade, et mourut avant d'en avoir eu le esprit, se communique, comme un choc élec-
démenti. trique, à toute son existence; et l'enfant qu’elle
Voici une autre anecdote : Un maçon ,
sous mit au monde porta dans la prunelle de l’œil la
l'empire d'une monomanie qui pouvait dégénérer forme d’un as de pique, pans que l'organe de la
en folie absolue, croyait avoir avalé une cou- vue fût d'ailleurs offensé par cette conformation
leuvre ; il remuer dans son ventre.
disait la sentir extraordinaire. Le trait suivant est encore plus
M. Jules Cloquet, chirurgien de l’hôpital Saint- étonnant, dit Lavaler. < Un de mes amis m’en a
Louis, â qui il fut amené, pensa que le meilleur, garanti l’authenticité. Une dame de condition du
peut-être le seul moyen pour guérir ce mono- Rhinthal voulut assister, daus sa grossesse, au
mane, était de se prêter à sa folie. Il offrit en supplice d’un criminel qui avait été condamné à
conséquence d'extraire la couleuvre par une opé- avoir la tète tranchée et la main droite coupée.
ration chirurgicale. Le maçon y consent; une Le coup qui abattit la main effraya tellement la
incision longue, mais superficielle, est faite à la femme enceinte, qu'elle détourna la tête avec un
région de l'estomac, des linges, des compresses, mouvement d’horreur, et se retira sans attendre
des bandages rougis par le sang sont appliqués. la On de l’exécution. Elle accoucha d’une fille
La tête d'une couleuvre dont on s’était précau- qui n’eut qu'une main, et qui vivait encore lors-
tionné est passée avec adresse entre les bandes que mon ami me Bt part de celte anecdote;
el la plaie. « Nous la lenous enfin, s'écria l'adroit l’autre main sortit séparément, après l'enfante-
chirurgien ; la voici. » En même temps, le patient ment. >
arrache son bandeau : Il veut voir le reptile qu’il 11 y a , du reste, sur les accouchements prodi-

a nourri dans son sein. Quelque temps après, une gieux bien des contes : « J'ai lu dans un recueil
nouvelle mélancolie s’empare de lui ; il gémit, il de faits merveilleux, dit M. Salgues, I)cs erreurs
soupire; le médecin est rappelé : « Monsieur, et des préjugés répandus dans la société, qu’e il 1 7 78
un chat, né à Slap, en Normandie, devint épris
d'une poule du voisinage et qu'il lui fit une cour
1
Cette anecdote no doit infirmer en rien la juste
réputation du pèlerinage de Saint-Hubert, où il est assidue. La fermière ayant mis sous les ailes de
avéré (comme il cet facile aux curieux de s’en con- la poule des œufs de cane qu’elle voulait faire
vaincre) qu'aucun malade n'est allé sans trouver la couver, le chat s'associa à ses travaux maternels.
guérison. Il détourna une partie des œufs et les couva si

y Google
IMA — 355 IMA

tendrement, qu’au bout de vingt-cinq jours il en d’un chat puisse dénaturer le germe renfermé
sortit de petits (‘très amphibies, participant de dans l’oeuf? Alors pourquoi l’incubation de la

la cane cl du chat, tandis que ceux de la poule poule aurait-elle été moins efficace et n’aurait-
étaient des canards ordinaires. Le docteur Yi- elle pas produit des êtres moitié poides et moitié
mond atteste qu'il a vu, connu, tenu le père et canards? »

la mère de cette singulière famille, et les petits Ou rit aujourd'hui de ces contes, on n’oserait
eux-mèmes. Mais on dit au docteur Vimond :
— plus écrire ce que publiaient les journaux de
Aviez-vous la vue bien nette quand vous avez Paris il y a soixante ans, qu’une chienne du
examiné vos canards amphibies? vous avez trouv é faubourg Saint Honoré venait de mettre au jour
l'animal vêtu d'un poil noirâtre, touffu et soyeux; quatre chats et trois chiens. Élien dans le — ,

mais ne savez-vous pas que c'est le premier vieux temps a pu parler d'une truie qui mil
,

duvet des canards? Croyez-vous que l'incubation bas un cochon ayant une tête d'éléphant, et

L* coup <|ti jballit la main effraya lrll<-mrnl la frniiuc eurriulr. . . — fajjc 334.

d’une brebis qu mit bas un lion. Nous le range- trologues d'Italie l’heure de la naissance de celle
rons à côté de Torquemada qui rapporte, dans béte, les priant de lui faire l’horoscope d'un bâ-
,

la sixième journée de son Hcxamcron, qu’en un tard né dans son palais sous les conditions qu’il

lieu d’Espagne, qu’il ne nomme pas, une jument indiquait. Il prit bien soin qu'ils ne sussent pas
était tellement pleine, qu’au temps do mettre que c'était d’un mulet qu'il voulait parler. Les

bas son fruit, elle creva et qu’il sortit d’elle une devins liront de leur mieux pour flatterie prince,
mule qui mourut incontinent, ayant comme ra ne doutant pas que ce bâtard ne fût de lui. Les
mère le ventre si gros et si enflé que le maître
,
uns dirent qu’il serait général d'armée; les au-
voulut voir ce qui était dedans. On l’ouvrit et on tres en firent mieux encore et tous le comblèrent

y trouva une autre mule de laquelle elle était


de dignités. —
Mais rentrons dans les accouche-
pleine... ments prodigieux. On publia au seizième siècle
Autre anecdote : L’n duc de Mantone avait dans qu'une femme ensorcelée venait d'enfanter plu-
ses écuries une cavale pleine qui mil bas un sieurs grenouilles. De telles nouveautés étaient
mulet. Il envoya aussitôt aux plus célèbres as- reçues alors sans opposition. Au commencement
33 .

Digitized by Google
IM A — 356 — IMB

du dix-huitième siècle les gazelles d'Angleterre crochus, deux bouches, deux langues et seule-
annoncèrent , d’après le certificat du chirurgien ment deux 'oreilles. L’intérieur renfermait deux
accoucheur, appuyé de l'anatomiste du roi, qu’une cerveaux, deux cervelets et trois cœurs; les autres
paysanne venait d’accoucher de beaucoup de la- viscères étaient simples. Ce garçon vécut une
pins ; et le public le crut jusqu’au moment où heure et peut-être eùt-il vécu plus longtemps si
;

l’anatomiste avoua qu’il s’était prêté à une mys- la sage-feinme, qui en avait peur, ne l’eut laissé

tification. On fil courir le bruit, en 1471, qu’une tomber. —


Le phénomène des êtres bicéphales
femme à Pavie, avait mis bas un chien; on cita est moins rare que celui des acéphales. On pré-
la Suissesse qui, en 1278, avait donné le jour h senta en 1779, à l’Académie des sciences de Paris,
un femme que Pline dit avoir été mère
lion, et la un lézard à deux têtes, qui se servait également
d’un éléphant. —
On voit dans d'autres conteurs bien de toutes les deux. Le Journal de médecine
anciens qu’une autre Suissesse se délivra d’un du mois de février 1808 donne des détails curieux
lièvre; une Thuringienne , d'un crapaud; que sur un enfant né avec deux têtes, mais placées
d’autres femmes mirent bas des poulets '. Am- l’une au-dessus de l’autre de sorte que la pre-
,

broise Paré cite , sur ouï-dire , un jeune cochon mière en portail une seconde; cet enfant était né
napolitain qui portait une tète d’homme sur son au Bengale. A son entrée dans le monde, il ef-
corps de cochon. Boguct assure ,
dans scs Dis- fraya tellement la sage-femme que, croyant tenir
cours des exécrables sorciers, qu’une femme ma- le diable dans les mains, elle le jeta au feu. On

léficiéc mit au jour ii la fois, en 1531 , une tête sc hâta de l’en retirer, mais il eut les oreilles
d’homme ,
un serpent à deux pieds et un petit endommagées. Ce qui rendait le cas encore plus
pourceau. Bayle parle d’une femme qui passa singulier, c’est que la seconde tête était ren-
pour être accouchée d’un chat noir; le chat fut versée, le front en bas et lo menton en haut
brûlé comme produit d’un démon Volaterranns Lorsque l'enfant eut atteint l’âge de six mois, les
se préoccupe d’un enfant qui naquit homme jus- deux têtes se couvrirent d’une quantité à peu
qu'à laceinture, et chien dans la partie infé- près égale de cheveux noirs. On remarqua que la
rieure du corps. Un autre enfant monstrueux vint tête supérieure ne s’accordait pas avec l'infé-
au monde, sous le règne de Constance, avec deux rieure; qu'elle fermait les yeux quand l’autre les
bouches, quatre yeux, deux petites oreilles et de ouvrait, et s’éveillait quand la tête principale
la barbe. Un savant professeur de Louvain, Cor- était endormie elles avaient alternativement des
;

nélius Gemma ,
écrivant à une époque où l’on ad- mouvements indépendants et des mouvements
mettait beaucoup de choses, rapporte qu'en 1545 sympathiques. Le rire de la bonne tête s’épa-
nue dame de noble lignée mit au monde, dans nouissait sur la tête d'en haut mais la douleur
;

la Belgique, un garçon qui avait, au dire des de celte dernière ne passait pas â l’autre; de
experts, la tête d'un démon avec une trompe sorte qu'on pouvait la pincer sans occasionner la
d’éléphant au lieu de nez, des pattes d’oie au moindre sensation à la tête d'en bas. Cet enfant
lieu de mains, des yeux de chat au milieu du mourut d'un accident à sa quatrième année.
ventre une tête de chien à chaque genou deux
, , Ce que nous venons de rapporter n’est peut-
visages de singe sur l'estomac et une queue de être pas impossible. Mais remarquez que ces mer-
scorpion longue d’une demi -aune de Brabant veilles viennent toujours de très-loin. Cependant
(trente-cinq centimètres). Ce petit monstre ne nous avons vu de nos jours Ritta-Christina, celte
vécut que quatre heures et poussa des cris en , jeune tille à deux têtes, ou plutôt ces deux jeunes
mourant par les deux gueules de chien qu'il avait filles accouplées. Nous avons vu aussi les jumeaux

aux genoux 5 . Siamois, deux hommes qu’une partie du ventre


Nous pourrions multiplier ces contes fondés , rendait inséparables et semblait réunir en un seul
sur quelques phénomènes naturels que l’imagi- être. Pour le reste, le plus sûr est de rejeter en
nation des femmes enceintes a produits. Arrê- ces matières ce qui n’est pas certifié par de suf-
tons-nous un moment aux faits prodigieux plus fisants témoignages. Dans ce genre de faits, on
réels. Tels sont les eufants nés sans tête, ou attribuait autrefois au diable tout ce qui sorlaiL
plutôt dont la tête n'est pas distincte des épaules. du cours ordinaire de la nature , et il est certain
Un de ces enfants vint au monde au village de qu’on exagère ordinairement ces phénomènes.
Schmcchten, près de Paderbom, le 16 mai 1565 ; On a vu des fœtus monstrueux, à qui on donnait
il avait la bouche à l’épaule gauche et une seule gratuitement la forme d'un mouton, et qui étaient
oreille à l’épaule droite. Mais en compensation aussi bien un chien, un cochon, un lièvre, etc.,
de ces enfants sans tète, une Normande accoucha, puisqu'ils n’avaientaucune figure distincte. On
le 20 juillet 1684, d'un enfant mâle dont la tête prend souvent pour une cerise, ou pour une
semblait double. Il avait quatre yeux, deux nez fraise, ou pour un boulon de rose, ce qui n'est
qu’un seing plus large et plus coloré qu'ils ne le
1
Bayle, République des lettres, 4684, t. III, p. 472,
sont ordinairement, l'oy. pu aï ko ns, IIallucixa-
cité par 11. Saignes.
2 Bayle, République des lettres, 4080. t. III, p. 4018. tioxs, etc.
3 Comelit Gemmai cosmocrilica, lib. 1, cap. vin. Imberta l'oy. Possédées de Flandre.

ed by C,oogle
[ME — 357 — IMP

Imer ou Imir. I oy. Ymer. s'affaisseen poussant un profond soupir et le ,

Immortalité. Ménandre, disciple de Simon coffre de chêne se referme sur elle'.


le magicien, se vantait do donner un baptême Impair. Une crédulité su|ierslitieuse a attribué,
qui rendait immortel. On fut bien vite détrompé. dans tous les temps, bien des prérogatives au
Les Chinois sont persuadés qu’il y a quelque part nombre impair '. l.c nombre pair passait chez
les Romains pour mauvais, parce que ce nombre,
pouvant être divisé également, est le symbole de
la mortalité et de la destruction c’est pourquoi ;

Numa, corrigeant l'année de Homulus, y ajouta


un jour, afin de rendre impair le nombre de ceux
qu’elle contenait. C’est en nombre impair que les
livres magiques prescrivent leurs opérations les

plus mystérieuses. L’alchimiste d’Espagnet, dans


sa Descriptiondu jardin det sages, place à l’entrée
une fontaine qui a sept sources. « Il faut, dit-il,

y faire boire le dragon par le nombre magique


de trois fois sept, et l’on doit y chercher trois
sortes do (leurs, qu’il faut y trouver nécessaire-
ment pour réussir au grand œuvre. » Le crédit du
nombre impair s'est établi jusque dans la méde-
cine : l’année climatérique est, dans la vie hu-
maine, une année impaire.
Impostures. On lit dans Lcloycr qu’un valet,
par le moyen d’une sarbacane, engagea une veuve
une eau qui empêche île mourir, et ils cherchent d’Angers à l'épouser, en le lui conseillant de la
toujours ce breuvage d'immortalité, qui n'est pas part de son mari défunt. Plus d’un imposteur a
trouvé encore. employé ce stratagème. Un roi d’ Écosse, voyant
Les Strulldbruggcs nu immortels de Gulliver, que ses troupes ne voulaient pas combattre contre
sont fort malheureux de leur immortalité. La' les l'ictes, suborna des gens habillés d’écaillcs
même pensée se retrouve dans celle légende des brillantes, ayant en main des bâtons de bois lui-
bords de la Baltique : —
A l'alster, il y avait au- sant qui , se présentant comme des anges , les
,

trefois une femme fort riche qui n’avait point excitèrent à combattre, ce qui eut le succès qu’il
d’enfants. Elle voulut faire un pieux usage de sa souhaitait'. Nous aurions un gros volume à faire,

fournie, et elle bâtit une église. L’édifice achevé, si nous voulions citer ici toutes les impostures do
elle le trouva si bien qu’elle se crut en droit de l’histoire. On y pourrait joindre maints strata-
demander à Dieu une récompense. Kilo le pria gèmes et ruses de guerre. Voy. Apparitions,
donc de la laisser vivre aussi longtemps que son Fantômes, Bohémiens, Jetzer, etc.
église subsisterait. Son voeu fut exaucé. La mort Imprécations. Ce qui va suivre est de Clias-
passa devant sa porte sans entrer; la mort frappa sanion, huguenot, en ses Grands Jugements de
autour d’elle voisins, parents, amis et ne lui Dieu : u Quant à ceux qui sont adonnés à mau-
montra pas seulement le bout de sa faux. Elle gréer et qui, comme des gueules d’enfer, à tout
vécut au milieu do toutes les guerres, de toutes propos dépitent Dieu par d’horribles exécrations,
les pestes, de tous les fléaux qui traversèrent le et sontsi forcenés que de le renier pour se donner

pays. Elle vécut si longtemps qu’elle ne trouva au diable, ils méritent bien d’être abandonnés
plus un ami avec qui elle pût s’entretenir. Elle de Dieu et d'être livrés entre les mains de Satan
parlait toujours d’une époque si ancienne que pour aller avec lui en perdition : ce qui est ad-
personne ne la comprenait. Elle avait bien de- venu visiblement à certains malheureux de notre
mandé une vie perpétuelle mais elle avait ou-
; temps, qui ont été emportés par le diable, au-
blié de demander aussi la jeunesse ; le ciel ne quel ils s’étaient donnés. Il y a quelque temps

lui donna que juste ce qu’elle voulait avoir, et la qu'en Allemagne un homme de mauvaise vie
pauvre femme vieillit; elle perdit ses forces, était si mal cmliouché que jamais il ne parlait
,

puis la vue , et l’ouïe et la parole. Alors elle se sans nommer les diables. Si en cheminant il lui
fit enfermer dans une caisse de chêne et porter advenait de faire quelque faux pas ou de se
dans l’église. Chaque année, h Noël, elle recou- heurter, aussitôt il avait les diables dans sa gueule.
vre, pendant une heure, l’usage de ses sens; et De quoi, combien que plusieurs fois il eût été
chaque année à cette heure-là le prêtre s'ap-
, , repris par scs voisins, et admonesté de se châtier
proche d'elle pour prendre scs ordres. La mal- d’un si méchant et détestable vice, toutefois ce
heureuse se lève à demi dans son cercueil et
s’écrie : « Mon église subsisle-t-elle encore? — 1

!
Marmior, Traditions de
Numéro Deus impure
la Baltique.
gaudet.
Oui, répond le prêtre. —
Hélas! » dit-elle. Et elle 3 llerlor do Bocco.
,

IMP — 358 — INC


futen vain Continuant dans cette mauvaise etdam-
. Imprimerie (L’), inventée, comme on sait, au
nable coutume, il advint un jour qu’en passant quinzième siècle. Nous ne citons ici cette admi-
sur un pont il trébucha et, étant tombé du liant en rable découverte instrument si prodigieux pour
,

bas, proféra ces paroles « Lève-toi par tous les


: le bien si terrible dans le mal
,
,
que dans la né-
cent diables. » Soudain, voici celui qu’il avait tant cessité de remarquer l'étonnement qu'il lit naître
de fois appelé qui le vint étrangler et l'emporta. à sa naissance et l’humilité du parlement de
,

» L’an mil cinq cent cinquante et un près ,


l’aris. Ce corps si vanté ne croyait pas les pro-
Mégalopole, joignant Voilsladt, il advint encore, duits de l'imprimerie possibles au génie humain ;

durant les fêles de la Pentecôte, ainsi que le


peuple s'amusait h boire, qu’une femme, qui était
de la campagne, nommait ordinairement le diable
parmi ses jurements, lequel, cette heure, en la îi

présence d’un chacun l’enleva par la porte de


,

la maison et l’emporta en l’air. Ceux qui étaient

présents sortirent incontinent, tout étonnés, pour


voir où cette femme était ainsi transportée la- :

quelle ils virent, hors du village, pendue quelque


temps en l'air bien haut, dont elle tomba en bas,
et la trouvèrent à peu près morte au milieu d'un
champ. Knviron ce temps-là il y eut un grand ilen attribuait les œuvres au diable et il eût ,

jiircur en une ville de Savoie, homme fort vicieux faitbrûler les premiers imprimeurs comme sor-
et qui donnait beaucoup de peine aux gens de ciers, si Louis XI et la Sorbonne, plus lucides,

bien, qui, pour le devoir de leur charge, s’em- ne les eussent pas protégés.
ployèrent à le reprendre et l’admonestèrent bien Incendie. Kn 1807, un professeur de Bruns-
souvent, afin qu’il s’amendât: à quoi il ne voulut wick annonça qu'il vendait de la poudre aux
oneques entendre. Or, advint que la peste étant incendies, comme un apothicaire vend de la
dans la ville il en fut frappé et se relira en un
, poudre aux vers; il ne s’agissait, pour sauver un
sien jardin avec sa femme et quelques parents. édifice, que de le saupoudrer de quelques pin-
Là, les ministres de l'Église ne cessèrent de cées de cette poudre; deux onces suffisaient par
l’exhorter à repentance, lui remontrant scs fautes pied carré : et comme la livre ne coûtait quo
et péchés pour le réduire au bon chemin. Mais sept à huit sous, et qu’un homme n’a que qua-
tant s’en fallut qu’il fût touché par tant de bonnes torze pieds de superficie , on pouvait pour dix- ,

et saintes remontrances, qu'au contraire il ne fil sept sous six deniers (vieux style), se rendre
que s’endurcir davantage en scs péchés. Avan- incombustible. Quelques gens crédules achetè-
çant donc son malheur, un jour, comme ce mé- rent la poudre du docteur. Les gens raisonnables
chant reniait Dieu , et se donnait au diable et jugèrent qu’il voulait attraper le public, et se
l'appelait tant qu'il pouvait, voilà le diable qui moquèrent de lui '.
le ravit soudainement et l’emporta en l'air; sa Incombustibles. Il y avait jadis en Espagne
femme et sa parente le virent passer par-dessus des hommes d'une trempe supérieure qu’on ap-
leurs têtes. Étant ainsi transporté, son bonnet lui pelait Suludadores, Santiguadores, Ensabnadores.
tomba du chef et fut trouvé auprès du Rhône. Le Ils avaient non-seulement la vertu de guérir
magistrat, averti de cela, vint sur le lieu et s’in- toutes les maladies avec leur salive, mais ils
forma du fait, prenant attestation de ces deux maniaient impunément ils pouvaient ava-
le feu ;

femmes de ce qu’elles avaient vu. Voilà des évé- ler de l’huile bouillante, marcher sur les char-
nements terribles, épouvantables, pour donner bons ardents, se promener à l’aise au milieu des
crainte et frayeur à tels ou semblables jureurs cl bûchers enflammés. Us se disaient parents de
renieurs de Dieu desquels le monde n'est que
,
sainte Catherine et montraient sur leur chair
trop rempli aujourd’hui. Refrénez donc, miséra- l’empreinte d'une roue, signe manifeste de leur
bles que vous êtes, vos langues infernales; dé- glorieuse origine. Il —
existe aujourd’hui en
partez-vous de toutes méchantes paroles et exé- France, en Allemagne ctdaps presque toute l’Eu-
crations, et vous accoutumez à louer et glorifier rope des hommes qui ont les mêmes privilèges,
,

Dieu, tant de bouche que de fait * cl qui pourtant évitent avec soin l’examen des
Quand les femmes grecques entendent des im- savants et des docteurs. Léonard Vair conte
précations , comme il s’en fait dans les chaudes qu'un de ces hommes incombustibles ayant été
colères de leur pays, elles se hâtent de mouiller sérieusement enfermé dans un four très-chaud
leurs seins avec leur salive, de peur qu’une par- on le trouva calciné quand on rouvrit le four. Il
tie de ces malédictions ne tombent sur elles 1
. y a quelques années qu'on vit à Paris un Espa-
l'oy. Jciif.mf.nts. gnol marcher pieds nus sur des barres do .fer
1
Chassanion, Jugements de Dieu, p. 169. 1
M. Salguos, Des erreurs
1 Mac-Fcrlane, et des préjugés, t. III
Souvenirs du Levant. p. 213.

Digitized by Google
,

INC — 359 — INC


rougies au feu, promener des laines ardentes I mais il ne se découragea point. Il conçut que ses
sur ses bras et sur sa langue , se laver les mains chairs ne pouvaient acquérir subitement les mê-
|

avec du plomb fondu elc. on publia ces mer-


, ; mes facultés que celles du fameux Lionetti qui
,

veilles. Dans un autre temps, l'Espagnol eût était alors incombustible qu’il était nécessaire
;

passé pour un homme qui avait des relations de répéter longtemps les mêmes tentatives, et
avec le démon ; alors on se contenta de citer que, pour obtenir les résultats qu’il cherchait,
Virgile, qui dit que les prêtres d'Apollon, au il fallait beaucoup de constance. A force de soins,

mont Soracte, marchaient sur des charbons ar- il réussit. Il se fit sur le corps des frictions sul-

dents; on cita Varron, qui affirme que ces prê- fureuses et les répéta si souvent, qu'onfm il put
tres avaient le secret d'une composition qui les y promener impunément une lame de fer rouge.
rendait pour quelques instants inaccessibles h Il essaya de produire le même effet avec uno
l'action du feu. Le P. Régnault, qui a fait quel- dissolution d'alun l'une des substances les plus ,

ques recherches pour découvrir les secrets de propres à repousser l’action du feu le succès :

ces procédés, en a publié un dans ses Entretiens fut encore plus complet. Mais quand M. Semen-
sur la physique expérimentale. Ceux qui font mé- lini avait lavé la partie incombustible il perdait ,

tier, dit-il , de manier le feu et d'en tenir à la aussilét tous ses avantages, cl devenait aussi pé-
bouche emploient quelquefois un mélange égal rissable que le commun des mortels. Il fallut
d'esprit de soufre, de sel ammoniac, d’essence donc tenter de nouvelles expériences.
de romarin et de suc d’oignon. L’oignon est, en Le hasard servit à souhait M. Sementini. En
effet regardé par les gens de la campagne comme cherchant jusqu’à quel point l'énergie du spéci-
un préservatif contre la brûlure. fique qu’il avait employé pouvait se conserver,
Dans le temps où le P. Régnault s’occupait de il passa sur la partie froltée un morceau de sa-
ces recherches, un chimiste anglais, nommé Ri- von dur, et l’essuya avec un linge il
y porta :

chardson remplissait toute l'Europe du bruit de ensuite une lame de fer. Quel fut son étonne-
,

scs expériences merveilleuses. Il mâchait des ment de voir que sa peau avait non-sculomcnt
charbons ardents sans se brûler il faisait fondre conservé sa première insensibilité, mais qu'elle
;

du soufre le plaçait tout animé sur sa main et en avait acquis une bien plus grande encore
, , I

le reportait sur sa langue où il achevait de se Quand on est heureux on devient entreprenant


, , :

consumer; il mettait aussi sur sa langue des M. Sementini tenta sur sa langue ce qu'il venait
charbons embrasés y faisait cuire un morceau d'éprouver sur son bras et sa langue répondit
, ,

de viande ou une huître et souffrait, sans sour- parfaitement à son attente elle soutint l'épreuve
, ;

ciller, qu'on excitât le feu avec un soufflet; il sans murmurer; un fer étincelant n'y laissa pas
tenait un fer rouge dans ses mains, sans qu’il y la moindre empreinte de brûlure Voilà donc —
restât aucune trace de brûlure, prenait ce fer les prodiges de l'incombustibilité réduits à des
dans ses dents, et le lançait au loin avec une actes naturels et vulgaires Mais ces découvertes '
.

force étonnante il avalait de la poix et du verre ne peuvent atténuer la protection toute divine
'

fondus du soufre et de la cire mêlés ensemble des saints qui ont résisté à l'action du feu en
, ,
j

et tout ardents , de sorte que la flamme sortait des temps où aucune des découvertes qu'on vient
de sa bouche comme d’une fournaise. Jamais, de lire n'avait eu lieu.
j

dans toutes ces épreuves, il ne donnait le moin- Incrédules. On a remarqué, par de tristes
1

dre signe de douleur. Depuis le chimiste Ri- expériences, que les incrédules, qui nient les
chardson, plusieurs hommes ont essayé comme faits de la religion croient aux fables supersti- ,

lui de manier le feu impunément. En 177â, on tieuses, aux songes, aux caries, aux présages,
vil â la forge de Latine un homme qui marchait, aux plus vains pronostics, comme pour mon- —
sans se hrûler, sur des barres de fer ardentes trer que l'esprit fort est surtout un esprit faible,
tenait sur sa main des charbons et les soufflait et que suivant cet axiome que les extrêmes se
,

avec sa bouche: sa peau était épaisse et enduite touchent les incrédules, devant les vérités éter-,

d'une sueur grasse, onctueuse, mais il n'cm- nelles, sont les plus crédules devant les men-
ployait aucun spécifique. Tant d’exemples prou- songes.
vent qu’il n'est pas nécessaire d’être parent de Incubes. Démons qui séduisaient les femmes.
sainte Catherine pour braver les effets du feu. Servies Tullius, qui fut roi des Romains, était le
Mais il fallait que quelqu'un prit la peine de fils d’une esclave et de Vulcain, selon d'anciens
prouver, par des expériences décisives, qu’on auteurs; d’une salamandre, selon les cabalistes;
peut aisément opérer tous les prodiges dont l'Es- d’un démon incube selon les démonographes. ,

pagnol incombustible a grossi sa réputation ce Incubo génie gardien des trésors de la terre.
; ,

physicien s’est trouvé â Naples. æ petit peuple de l’ancienne Rome croyait que
1

M. Sementini premier professeur de chimie à les trésors cachés dans les entrailles de la terre
,

de cette ville, a publié à ce sujet des


l’université étaient gardés par des esprits nommés Incubanes,
recherches qui ne laissent rien à désirer. Ses '
M. Salgues, Des erreurs tt des préjugés, t. Il,

premières tentatives ne furent pas heureuses ; p. 186 et suiv.

zed by Google
,

INF| — 360 — INQ

qui avaient de chapeaux dont il fallait


petits les damnés souffrent, y avait été tourmentée
d’abord se on avait ce bonheur, on de-
saisir. Si avec ces malheureux 1
.

venait leur maître, et on les contraignait à dé- Infidélité. Quand les hommes de certaines
clarer et à découvrir où étaient ces trésors. Ces peuplades d'Égypte soupçonnaient leurs femmes
esprits sont nos gnomes et nos lutins. d’infidélité, ils leur faisaient avaler de l’eau sou-

Infernaux. On nomma ainsi, dans le sei- frée, dans laquelle ils mettaient de la poussière
zième siècle les partisans de Nicolas Gallus et
,
etde l’huile de lampe, prétendant que, si elles
de Jacques Smidelin, qui soutenaient que, pen- étaient coupables, ce breuvage leur ferait souf-
dant les trois jours de la sépulture de Notre- frirdes douleurs insupportables ; espèce d’é-
Sejgneur, son âme descendue dans le lieu où
,
preuve connue sous le nom de calice du soupçon.

Calice du »ou|i«;on.

Influence des astres. Le Taureau domine quatrième siècle, devait les faire régner partout
sur le cou ; les Gémeaux sur les épaules ; l’Écre- où elle serait placée au milieu d'eux.
visse sur les bras et sur les mains; le Lion sur Initiations. Voy. Sabbat.
la poitrine, le cœur cl le diaphragme; la Vierge Inquisition. Ce fut vers l’an 1200 que le
sur l’estomac les intestins , les côtes et les mus-
,
pape Innocent 111 établit le tribunal de l’inquisi-
cles la Balance sur les reins ; le Scorpion sur
;
tion pour procéder contre les Albigeois, héré-
les parties secrètes; le Sagittaire sur le nez et tiques perfides, qui bouleversaient la société et
les excréments le Capricorne sur les genoux ; le
;
ramenaient les hommes à l’état sauvage. Déjà,
Verseau sur les cuisses ; le Poisson sur les pieds. en 1185 le concile de Vérone avait ordonné aux
,

Voilà en peu de mots ce qui regarde les douze évêques de Lombardie de rechercher ces héré-
signes du zodiaque touchant les différentes par- tiques rebelles et de livrer au magistrat civil
ties du corps. Il est donc très-dangereux d’offen- ceux qui seraient opiniâtres. Le comte de Tou-
ser quelque membre lorsque la lune est dans le louse adopta ce tribunal en 1229 Grégoire IX,
;

signe qui domine, parce que la lune en aug- en 1233, le confia aux dominicains. Les écri-
mente l’humidité , comme on le verra si on ex- vains qui ont dit que saint Dominique fut le pre-
pose de la chair fraîche pendant la nuit aux mier inquisiteur général ont dit là une chose qui
rayons de la lune : il s’y engendrera des vers, n’est pas. Saint Dominique ne fut jamais inqui-
et surtout dans la pleine lune *. Voy. Astiiologie. siteur; il était mort en 1221. Le premier inqui-
. Inis-Fail, nom d’une pierre fameuse atta- siteur général fut le pieux légat Pierre de Castel-
chée encore aujourd'hui sous le siège où l'on nau, que les Albigeois assassinèrent. Le pape
couronnait, dans l'église de Westminster, les rois Innocent IV étendit l’inquisition dans toute l’Ita-
de la Grande-Bretagne. Cette pierre du destin lie, à l’exception de Naples. L’Espagne y fut sou-

que dans la légende héroïque de ces peuples les mise de Iâ80 à lâ84, sous le règne de Ferdi-
anciens Écossais avaient apportée d’Irlande, au nand et d'Isabelle le Portugal l’établit en 1557.
;

* Admirables secrets d'Albert le Grand, p. <8. 1


Bergier. Dictionnaire ihéulogique.

Digitized by Google
,,
. .

INQ — 361 — INQ


L'inquisition parut depuis dans les pays où ces gouvernement ecclésiastique sévirait-il en Es-
puissances dominèrent mais elle ne s’est exer-
; pagne au milieu d’une nation éminemment noble
,

cée dans aucun royaume cjue du consentement et généreuse ? Dans l’examen de toutes les ques-
et le plus souvent à la demande des souverains ‘
tions possibles, il n'y a rien de si essentiel que
Il faudrait plus d'espace que nous ne pouvons d'éviter la confusion des idées. Séparons dune
en occuper ici pour renverser tous les mensonges et distinguons bien exactement lorsque nous
,

calomnieux que les ennemis de l’Église protes-,


raisonnons sur l’inquisition la part du gouver-
,

tants, jansénistes et philosophes, ont accumulés nement de celle de l'Église. Tout ce que le tri-
à l’envi contre l’inquisition. Dans les deux pre- bunal montre de sévère et d’effrayant, et la
mières éditions de ce livre l’auteur, jeune et
, peine de mort surtout appartient au gouverne-
,

stupidement égaré, a reproduit les hostiles et ment c’est son affaire c'est à lui et c'est à lui
; ; ,

détestables quolibets do Voltaire sur ce grave seul qu’il faut en demander compte. Toute la
sujet, les plates suppositions de Gilles de VVitte ,clémence au contraire , qui joue un si grand rôle
la fable de Montesquieu d’une jeune juive brûlée à dans le tribunal de l'inquisition, est l’action de
Lisbonne, uniquement parce qu’elle était née ,
l’Église qui ne se mêle de supplices que pour
juive, et d’autres contes pareils. Depuis, on a les supprimer ou les adoucir. Ce caractère in-
fait paraître, mais surchargée à dessein, V His- délébile n'a jamais varié. Aujourd'hui ce n’est ,

toire de l’inquisition de Llorenle; et plus récem- plus une erreur, c’est un crime de soutenir,
ment on a publié , sous le titre do Mystères de d’imaginer seulement que des prêtres puissent
l'inquisition, un énorme roman qui est un arse- prononcer des jugements de mort. Il y a dans
nal d’imputations fausses. On a même illustré de l’histoire de France un grand fait qui n’est pas
gravures ces divers pamphlets, et on a traduit assez observé, c’est celui des templiers; ces
pour les yeux, it l’usage de ceux qui ne savent infortunés, coupables ou non (ce n'est point
pas lire, des mensonges souvent impurs à la de quoi il s’agit ici), demandèrent expressé-
charge de l'inquisition. Nous reproduisons ici une ment d’être jugés par le tribunal de l’inquisition ;

de ces planches d’imposture elle représente des car ils savaient bien, disent les historiens que
;
,

faits imaginaires dont l'Espagne et le Portugal s’ils obtenaient de tels juges, ils ne pouvaient plus
n'ont jamais eu le spectacle. A la place des ar- être condamnés à mort.... I.e tribunal de l’inquisi-
chers , on a mis des moines bien plus , un de tion était composé d’un chef nommé grand inqui-
;

ces religieux, armé ‘d’une torche, met le feu au siteur, qui était toujours archevêque ou évêque;
bûcher; ce qui ne s'est jamais fait. Les moines de huit conseillers ecclésiastiques, dont six étaient
n'étaient aux aulo-da-fé que pour donner aux toujours séculiers, et de deux réguliers, dont l’un
condamnés les consolations suprêmes. était toujours dominicain en vertu d’un privilège
,

Après Joseph de Maistre, l'abbé Jules Morel e! accordé par le roi Philippe III ’. »
l'abbé Léon Godard ont fait pleine justice de ces Ainsi les dominicains ne dirigeaient donc pas
tristes licences de la presse. l’inquisition puisque l’un d’eux seulement en fai-
,

« Si l'un excepte un très-petit nombre d'hom- sait partie par privilège.


mes instruits, dit Joseph de Maistre, il ne vous « On ne voit pas bien précisément , dit encore
arrivera guère do parler de l’inquisition sans Joseph de Maistre , à quelle époque le tribunal de
rencontrer dans chaque tête trois erreurs capi- l’inquisition commença à prononcer la peine de
tales , plantées et comme rivées dans les esprits, mort. Mais peu nous importe; il nous suffit de
au i>oiiit qu’elles cèdent à peine aux démonstra- savoir, ce qui est incontestable, qu’il ne put ac-
tions ies plus évidentes. On croit que l'inquisi- quérir ce droit qu'en devenant royal et que ,

tion est un tribunal purement ecclésiastique tout jugement de mort demeure, par sa nature,
:

cela est faux. Ou croit que les ecclésiastiques étranger au sacerdoce, La teneur des jugements
qui siègent dans ce tribunal condamnent certains établit ensuite que les confiscations étaient faites
accusés à la peine de mort : cela est faux. On au profit de la chambre royale et du fisc de- Sa
croit qu'ils les condamnent pour de simples opi- Majesté. Ainsi, encore im coup, ce tribunal était
nions cela est faux. Le tribunal espagnol de purement royal, malgré la fiction ecclésiastique;
;

l’inquisition était purement royal. C’était le roi et toutes les belles phrases sur l’avidité sacer-
qui désignait l'inquisiteur général, et celui-ci dotale tombent à terre. Ainsi l’inquisition reli-
nommait à son tour les inquisiteurs particuliers gieuse n’était dans le fond , comme dit Garnier,
,

avec l'agrément du roi. Le règlement constitutif qu’une inquisition politique Le rapport des
de ce tribunal fut publié en l’année l?|8!i par le Cortès de 1812 appuie ce jugement. Philippe II
cardinal Torquemada de concert avec le roi *.
, le plus absolu des princes, dit ce rapport, fut le
Doux, tolérant, charitable, consolateur dans véritable fondateur de l’inquisition. Ce fut sa po-
tous les pays du inonde, par quelle magie le litique raffinée qui la porta à ce point de hauteur

' Bcrgirr. Dictionnaire thcologiquc. 1


Joseph de Maistre, Lettres à un gentilhomme
‘s
Voyez le rapport officiel en vertu duquel l’inqui- russe sur l'inquisition espagnssU,
sition fut supprimée par les Cortès de tSIî. - Histoire de François I". t, II, ch. ni.
INQ — S62 — INQ

où elle était montée. I.es rois ont toujours re- renvoyer les inquisiteurs, et qu'ils n’ont, d'ail-
poussé les avis qui leur étaient adressés contre leurs, rien à craindre de l'inquisition, qui n'csl
ce tribunal , parce qu'ils sont dans tous les cas,
, terrible que pour leurs sujets. .. » Ainsi tombent
maîtres absolus de nommer, de suspendre ou de ces contes bleus de rois d’Espagne qui s'api-

toyaient sur des condamnés sans pouvoir leur On ferait un volume effrayant du catalogue des
faire grâce, quand il est démontré que c'étaient mensonges qui ont été prodigués dans ce sens
ces rois eux-mêmes qui condamnaient. par les historiens. La plupart viennent de la ré-
On a dit que depuis trois siècles l’histoire était forme; mais les écrivains catholiques les copient
une vaste conspiration contre le Catholicisme. tous les jours sans réflexion. C’est la réforme
!.NQ — 363 — INQ
qui la première a écrit l'histoire de l'inquisition ; lement la guerre aux francs-maçons et aux sor-
on a trouvé commode de transcrire son odieux ciers. A la fin du dernier siècle, un artisan fut
roman qui épargnait des recherches. Vous trou-
,
arrêté au nom du saint-office pour avoir dit dans
verez donc partout des faits inventés qui se pré- quelques entretiens qu'il n'y avait ni diables, ni
sentent avec une effronterie incroyable. Noms en aucune autre espèce d’esprits infernaux capables
citerons deux ou trois. « Si l'on en croit quel- de se rendre maîtres des âmes humaines. Il
ques historiens, Philippe III, roi d'Espagne, avoua, dans la première audience, tout ce qui
obligé d’assister à un .auto-da-fé (c’est le nom lui était imputé, ajouta qu’il en était alors per-

qu'on donne aux exécutions des inquisiteurs), suadé pour les raisons qu’il exposa, et déclara
frémit et ne put retenir ses larmes en voyant qu’il était prêt à délester de bonne foi son cr-
ime jeune juive et une jeune Maure de quinze à reur, à en recevoir l’absolution, et à faire la pé-
seize ans qu'on livrait aux flammes, et qui n’é- nilence qui lui serait imposée. J’avais vu (dit-il
(aient coupables que d’avoir été élevées dans la en se justifiant) un si grand nombre de inal-
rcligion de leurs pères Ces histo-
et d'y croire. heurs, dans ma persoune, ma famille, mes biens
riens-ajontent que l’inquisition un crime à ce
fit et mes affaires que j'en perdis patience, et que,
,

prince d'une compassion si naturelle; que le dans un moment de désespoir, j’appelai le diable
grand inquisiteur osa lui dire que pour l’expier à mon secours je lui offris en retour ma pér-
;

il fallait qu'il lui en coûtât du sang; que Phi- sonne et mon âme. Je renouvelai plusieurs fois
lippe III se laissa saigner, et que le sang qu'on mon invocation dans l’espace de quelques jours,
lui Lira fut brûlé par la main du bourreau.... » mais inutilement, car le diable ne vint point. Je
j

C’est Saint-Koix qui rapporte ce tissu de fausse- i


m'adressai à un pauvre homme qui passait pour
tés, dans ses Essais sur Paris, sans songer sorcier; je lui fis part de ma situation. Il me
|

qu'aucun historien n'est là pour appuyer ces conduisit chez une femme, qu’il disait beaucoup
j

faits; qu’ils ont été imaginés quatre-vingts ans plus habile que lui dans les opérations de la sor-
après la mort de Philippe III; que Philippe 111 cellerie. Cette femme me conseilla de me rendre,
j

était maître de faire grâce cl de comlamner que ; !


trois nuits de suite sur la colline des distillas
,

l’inquisition ne brûlait pas les juifs et les Maures de saint François, et d’appeler à grands cris
coupables seulement d’avoir été élevés dans la Lucifer, sous le nom A'atiye de lumière, en re-
religion de leurs pères et d'y croire; qu’elle se niant Dieu et la religion chrétienne et en lui
contentait de les bannir pour raisons politi- offrant mon àme. Je fis tout ce que cette femme
ques, etc. m’avait conseillé, mais je ne vis rien alors elle ;

Vous lirez ailleurs que le cardinal Torqucmada, me dit de quitter le rosaire le scapulaire et les
,

qui remplit dix-huit ans les fonctions de grand autres signes de chrétien que j'avais coutume de
inquisiteur, condamnait dix mille victimes par porter sur moi, et de renoncer franchement et
an, ce qui ferait cent quatre-vingt mille victimes, de toute nton âme à la foi de Dieu, pour em-
Mais vous verrez pourtant ensuite qu’il mourut '

brasser le parti de Lucifer, en déclarant que je


ayant fail dans sa vie six mille poursuites, ce ;
reconnaissais sa divinité et sa puissance comme
qui n’est pas cent quatre-vingt mille; que le pape supérieures à celles de Dieu même; et après
des représentations pour arrêter
lui fit trois fois
j
m’être assuré que j’étais véritablement dans ces
sa sévérité; vous trouverez dans les jugements j
pendant trois autres
dispositions, de répéter,
assez peu de condamnations à mort. Les auto- nuits, ce que j'avais fait la première fois. J'exé-
,

da-fé ne se faisaient que tous les deux ans les cutai ponctuellement ce que cette femme venait
;
^

condamnés à mort attendaient longuement leur de me prescrire cependant 1 'ange de lumière ;

exécution, parce qu’on espérait toujours leur ne m'apparut point. La vieille me recommanda
:

conversion: et vous regretterez de rencontrer si de prendre de mon sang et de m'en servir pour
rarement la vérité dans les livres. Un gros ou- écrire sur du papier que j’engageais mon âme à
vrage qui vient de paraître (le Dictionnaire Lucifer, comme à son maître et à son souverain ;

universel de la géographie et de l’histoire, par de porter cet écrit au lieu où j’avais fait mes in-
M. Bouillct) porte à cinq millions le nombre des vocations, et, pendant que je le tiendrais à la
personnes que l'inquisition a fait périr en Es- main de répéter mes anciennes paroles je fis
. :

pagne.... C’est, de plus de quatre millions et neuf tout ce qui m'avait été recommandé, mais tou-
cent quatre-vingt-dix mille, une erreur, —
pour jours sans résultat. Me rappelant alors tout ce
ne pas dire plus. qui venait de se passer, je raisonnai ainsi S’il ;

Rapportons maintenant quelque procédure de y avait des diables, et s’il était vrai qu'ils dési-
l'inquisition. Le fait qui va suivre est tiré de rassent de s'emparer des âmes humaines, il se-
l’histoire de l'inquisition d'Espagne, faite à Paris rait impossible de leur en offrir une plus belle
sur les matériaux fournis par D. Llorente maté- occasion que celle-ci, puisque j’ai véritablement
,

riaux qu'on n'a pas toujours employés comme désiré de leur donner la mienne. Il n’est donc
Llorente l'eût voulu ; car on a fait de son livre pas vrai qu’il y ait des démons; le sorcier et la
un pamphlet. —
« L’inquisition faisait naturel- sorcière n’ont donc fait aucun pacte avec le dia-

/ Google
;

INQ — 364 — INT

ble , et ils ne peuvent être que des fourbes et des sévère) , il prononçait quelques paroles de né-
charlatans l'un et l’autre. » cromancie. Il fut bien constaté que la poudre
Telles étaient en substance les raisons qui avait été administrée à des personnes de tout
avaient fait aposlasier l’artisan Jean Pérez. Il les rang. Rodriguez fut condamné â être conduit
exposa, en confessant sincèrement son péché. dans de Madrid, monté sur un âne, et b
les rues

On entreprit de lui prouver que tout ce qui s'était être fouetté. On lui imposa de plus quelques pra-
passé ne prouvait rien contre l’existence des dé- tiques de religion et l’exil de la capitale pour
mons, mais faisait voir seulement que le diable cinq ans. La lecture de la sentence fut souvent
avait manqué de se rendre à l’appel, Dieu le lui interrompue par do grands éclats de rire aux- ,

défendant quelquefois, pour récompenser le cou- quels se joignait le mendiant lui-même. Le cou-
pable de quelques bonnes œuvres qu’il a pu faire pable fut, en effet, promené par les rues mais ,

avant de tomber dans l’apostasie. Il se soumit, non fouetté; et pendant la route, on lui offrait
reçut l’absolution et fut condamné h une année du vin et des biscuits pour se rafraîchir.... »
de prison à se confesser et à communier aux
, Nous pourrions rassembler beaucoup de traits
fêtes de Noël, de Pâques et de la Pentecôte, pen- pareils, qui peindraient l’inquisition tout autre-
dant le restede ses jours, sous la conduite d’un ment que ne la montrent des livres infiniment

prêtre qui lui serait donné pour directeur spiri- trop menteurs. Bornons-nous â citer encore le
tuel ; â réciter une partie du rosaire et à faire témoignage d'un homme qui n'est pas suspect
tous les jours des actes de foi, d'espérance, de aux ennemis do l’Église catholique :

charité, de contrition, etc. Tel fut son châtiment. « Depuis le seizième siècle, dit le protestant
Voici maintenant l’histoire d'un autre épou- Rankc, l’inquisition n’était qu'un tribunal royal
vantable auto-da-fé, extraite du Voyage fait en muni d'armes spirituelles. Les inquisiteurs <>

Espagne pendant les années 1786 cl 1787, par n’étaient en effet que des fonctionnaires royaux,
Joseph Fuwnscnd ,
réclcur de Pc w se y : n Un en partie laïques, soumis aux inspections royales,
nommés et destitués par le roi relevant d’un ,

conseil qui siégeait â la cour. Tout le bénéfice


des confiscations prononcées par eux revenait au
roi; aucune grandesse, aucun prélat ne pouvait
se soustraire h ce tribunal , toujours docile. C’est
par lui que Charles-Quint fit juger les évêques
partisans des communes; c’est â lui que Phi-
lippe Il son ex-favori Pérez. Il en étendit la
livra
juridiction aux arts, au commerce, aux impôts
et à la marine. « Ce tribunal, ajoute Rankc, fait

partie de ces dépouilles du pouvoir ecclésias-


tique, dont le gouvernement s'est enrichi. » Le
nonce Visconti écrivait en 1563 que l’inquisition
espagnole avait diminué grandement l'autorité
du saint-siège. Saint Charles Borromée en em-
pêcha l'établissement à Milan pendant sa vie; le
clergé de Sicile la combattit, et elle ne put être
toute-puissante ni en Italie ni dans les provinces
basques. » l'oy. Tribunal ski: a et.
Insensibilité. On a exposé souvent que le
diable rendait les sorciers insensibles b la ques-
tion ou torture , et ce fait s'est vu souvent avec
certitude,notamment dans les possédés.
Institor (Henri), auteur, avec Sprenger, du
Malleus maleficorum Lyon, 1484.
Interdit, censure de l’Église qui suspend les
ecclésiastiques de leurs fonctions et qui prive le

peuple de l’usage des sacrements, du service


divin et de la sépulture en terre sainte. L’objet
de dans son origine, que de
l’interdit n’était,

mendiant nommé Ignazio ltodriguez fut mis en


, ,
punir ceux qui avaient causé quelque scandale
jugement au tribunal de l’inquisition pour avoir public, et de les ramener an devoir en les obli-
distribué des philtres amoureux dont les ingré- ,
geant b demander la levée de l’interdit. Ordi-
dients étaient tels que l'honnêteté ne permet pas nairement l’interdit arrêtait les dérèglements des
de les désigner. En administrant le ridieulc re- monastères, empêchait les hérésies de s’étendre,
mède (il parait que le prédirent anglais n'est pas mettait un frein aux excès des seigneurs tyran-

Di Goooi
,

INT — 365 — INV


niques, des criminels puissants, des perturbateurs I l'humanité, qui sans de toutes parts.
lui périssait

de la paix publique. Ainsi apres le massacre des


, !
— prononcé dans les mêmes
(.'interdit doit être
vêpres siciliennes, le pape Martin IV mit en in- formes que l'excommunication , par écrit nom-
,

terdit la Sicile et les Étals de Pierre d'Aragon. mément, avec l'expression de la cause et après
Grégoire VII, qui fit grand usage de l'interdit, trois monilions. La peine de ceux qui violent
sauva plus d'une fois par celte mesure
la cause de l’interdit est de tomber dans l’excommunication.

I c pape lanrnnl l'interdit.

Intersignes. Avis mystérieux et sympathique servant d’aller prendre de l’eau au coup de mi-
qui arrive d'une manière inexplicable. Dans une fontaine; après quoi allumez votre
le nuit à
l>cau récit de M. Hippnlyte Violeau intitulé une feu mettez le chat dans le pot, et tcnez-lc cou-
, ,

Punion funeste, une mère, inquiète de son fils, vert de la main gauche sans jamais bouger ni
l'entend qui l’appelle à son secours. Il était h une regarder derrière vous, quelque bruit que vous
lieue d’elle ;cependant ello l'entend court en entendiez; et après l'avoir fait bouillir vingt-
,

hâte et le sauve d’une mort affreuse. Les Bre- quatre heures, toujours sans bouger, sans regar-
tons croient aux intersignes, qu’on appelle aussi der derrière vous, sans boire ni manger, mettez-
quelquefois des pressentiments. lc dans un plat neuf, prenez la viande et la jetez

Invisibilité. Pour être invisible il ne faut par-dessus l’épaule gauche, en disant ces pa-
,

que mettre devant soi le contraire de la lumière; roles Aecipe tpiod tibi tlo et nihil amplius ; puis
:

un mur, par exemple *. Mais le Petit Albert et mettez les os l’un après l’autre sous vos dents,
les Clavicules de Salomon nous découvrent des du côté gauche, en vous regardant dans le mi-
sccrcLs plus rares et plus importants pour l'invi- roir et si l’os que vous tenez n’est pas le bon
;

sibilité. On se rend invisible par exemple en jelcz-lc successivement, en disant les mêmes
, ,

portant sous son bras droit le cœur d’une chauve- paroles jusqu'à ce que vous l’ayez trouvé sitôt ;

souris, celui d’une poule noire ou celui d’une que vous ne vous verrez plus dans le miroir,
grenouille. Ou bien, disent ces infimes petits retirez-vous à reculons. La possession de cet os
livres de secrets stupides, volez un chat noir, vous rendra invisible toutes les fois que vous le
achetez un pot neuf, un miroir, un briquet, une prendrez entre les dents.
pierre d’agate du charbon et de l'amadou ob-
,
On peut encore pour se rendre invisible, faire
, ,

1
Le comte de Gabalis. cette opération que l'on commence un mercredi,

Digitized by Google
,

INV — 366 — IPE

avant le soleil levé. On se munit de sept fèves voulez pas. Il vous la demandera encore vous ;

noires puis on prend une tête de mort; on met


: la lui refuserez jusqu'à ce qu'il tende la main,

une fève dans la bouche, deux dans les narines, où vous verrez une figure semblable à celle que
deux dans les yeux et deux dans les oreilles; on vous avez faite sur la tète vous devez être as-
;

fait ensuite sur celte tète la figure d'un triangle suré dès lors que c’est l'esprit véritable de la tète.
puis on l’enterre la face vers le ciel; on l’arrose — N'ayant plus de surprise à craindre, vous lui
pendant neuf jours avec d’excellente eau-de-vie, donnerez votre fiole, il arrosera lui-même, et
de bon matin, avant le soleil levé. Au huitième vous vous en irez. —
Le lendemain qui est le ,

jour, vous y trouverez un esprit ou démon qui neuvième jour, vous y retournerez; vous y trou-
vous demandera —
Que fais-tu là?
: Vous lui — verez vos fèves mûres, vous les prendrez, vous
répondrez : —
J'arrose ma plante. Il vous dira — ; en mettrez une dans votre bouche, puis vous
— Donne-moi cette bouteille je l’arroserai moi- regarderez dans un miroir si vous ne vous y :


,

môme. Vous lui répondrez que vous ne le voyez pas, elle sera bonne. Vous en ferez de

Uu cl/* (roi» te rend invisible.

même de toutes les autres ;


celles qui ne vau- peu court; il connaît le passé et l’avenir, donne
dront rien doivenl être enterrées au lieu où est
la tête. —
Pour celte expérience, ayez toutes les
choses bien préparées avec diligence et avec ,

toutes les solennités requises....


Il
y a encore de malheureux niais qui croient
à ces procédés. Voy. Anneau.
Invocations. Agrippa dit que, pour invoquer
le diable et l’obliger à paraître, on se sert des
paroles magiques : Oies mies jcsquH benedo e/cl
donvema en ilemaiis! Mais Pierre Leloycr dit que
ceux qui ont des rousseurs au visage ne peuvent
faire venir les démons, quoiqu'ils les invoquent.
Voy. Évocations et Conjurations.
femme que Junon changea en génisse
Io. Celte
de sorcière dans les démonographes.
est traitée
Dclancre assure que c’était une magicienne qui
se faisait voir tantôt sous les traits d’une femme,
tantôt sous ceux d’une vache avec ses cornes.
Ipès ou Ayperos, prince et comte de l’enfer;
il la forme d’un ange, quelquefois
apparait sous
sous celle d'un lion, avec la tête et les pattes du génie et de l’audace aux hommes, et com-
d’une oie et une queue de lièvre ce qui est un , mande trente-six légions.

Digitized by Google
IRL — 367 — IVO
Irlande. Parmi beaucoup d'opinions poétiques va disparaître :
parlons. » Gralon monte aussitôt
qu'une personne
et bizarres, les Irlandais croient à cheval et s’éloigne à toute bride; sa fille Dahut
qui doit mourir naturellement ou par accident le suit en croupe. La main de l’Ktcrucl s’abaisse;
se montre la nuit à quelqu’un, ou plutôt son les plus hautes tours de la ville sont englouties,
image, enveloppée d'un drap mortuaire. Cette r
les Ilots pressent cn grondant le coursier du saint
apparition a lieu dans les trois jours qui précè- roi qui ne peut s’en dégager
,
une voix terrible
;

dent la mort annoncée. se fait entendre ; « Prince , si lu veux te sauver,


Irie-Khane. l'oij. Kmane. renvoie le diable gui te suit en croupe. » La belle
Irmentrude. Une demoiselle provençale nom- Dahut perdit la vie; elle se noya près du lieu
mée Irmentrude, ayant épousé Isambard comte , qu'on nomme Poul-Dahut. La tempête cessa, l’air
d'Altorf, accoucha un jour de douze garçons, en devint calme , le ciel serein mais depuis ce;

l'absence de son mari. Comme elle n’en voulait moment le vaste bassin sur lequel s'étendait une
nourrir qu’un, elle ordonna à sa servante d’aller partiede la ville d'Is fut couvert d'eau. C'est
jeter les onze autres à la rivière. Mais le comte maintenant la baie de Douarncnez '.
Isambard, ayant rencontré la femme qui les avait Isaacarum ,
l’un des adjoints de Leviathan,
dans son tablier, lui demanda ce qu'elle portait là. dans la possession de Loudun.
«Ce sont de petits chiens que je vais aller noyer, » Isabelle ou Isabean, propliélessc. l'oy. D.vu-
dit-elle. Isambard voulut les voir découvrant
: ptnxf:.
bientôt tout le mystère, il prit les onze enfants, Isis avait un temple à Isemberg (montagne
les lit élever en secret et ne les présenta à sa d'isis) au canton de Zurich. On en croit qu’elle a
femme que lorsqu'ils furent devenus grands. Ils aussi un culte à Paris.
prirent, en mémoire de cette aventure, le nom Islandais. < Les Islandais sont si experts dans

de Welf, qui en allemand signifiait chien, et l’art dit un voyageur du dernier siècle,
magique,
que leurs descendants gardent encore, l'oy. Tiu- qu’ils font voir aux étrangers ce qui se passe
ZÉGSIES. dans leurs maisons, même leurs pères, mères,
Is, ville bretonne, gouvernée par le roi Gra- parents et amis, vivants ou morts » Les Islan-
lon. Toute espèce de luxe et de débauche régnait dais prétendent encore avoir la seconde vue et
dans cette opulente cité. Les plus saints person- voir les esprits.
nages y prêchaient en vain les mœurs et la ré- Isle en Jourdain (Mainfroy de I'), habile
forme. La princesse Dahut, fille du roi, oubliant devin qui découvrit par l’astrologie l'horrible
la pudeur et la modération naturelles à son sexe, conduite de deux chevaliers, Philippe et Gauthier
y donnait l’exemple de tout genre de déprava- d’Aunoy, lesquels étaient amants, l’un de Mar-
tion. L’heure de la vengeance approchait le : guerite de Navarre, femme de Louis le Hulin, et
calme qui précède les plus horribles tempêtes, l’autre de Blanche, femme de Charles le Bel on ;

les clianLs, la musique, le vin, toute espèce de prouva encore qu'ils envoûtaient les maris de ces
spectacle et de débauche enivraient, endormaient deux dames. C'étaient les deux frères de Phi-
les habitants endurcis de la grande ville. Le roi lippe de Valois. Le roi Philippe cn fit justice :
Gralon seul n’était pas insensible à la voix du les deux chevaliers furent écorchés vifs et pendus,
ciel. Cn jour le prophète Guénolé prononça d'une et les deux dames périrent en prison.
Isparetta, idole principale des habitants de
la côte du Malabar. Antérieurement à toute créa-

tion Isparetta se changea en un œuf d’où sor-


,

tirent le ciel et la terre et tout ce qu'ils contien-


nent. On le représente avec trois yeux et huit
mains, une sonnette pendue au cou, une demi-
lune cl des serpents sur le front.

Israfil ou Asrafil. l’oy. Askafil.


Ithyphalle, nom d’une espèce d'amulette
que l’on pendait au cou des enfants et des ves-
tales; on lui attribuait de grandes vertus. Pline
dit tpie c’était un préservatif pour les empereurs
mêmes, qu’il protégeait contre les ellets de
l’envie.
Ivo le noir. Au pied de la tour d’Obod un ,

des plus vieux monuments du Monténégro, dans


une sombre et profonde caverne, dort Ivo le
noir, le héros, le fondateur ou plutôt l’organisa-
voix sombre ces niôls devant le roi Gralon :

# Prince, le désordre est au comble, le bras de • Cambry, Voyage dans le Finistère, t. IL


l'Élcrnel se lève, la mer se gonfle, la cité d’is * A’o u rcu u voyage au septentrion, 1708 p. 66. ,

Digitized by Google
,

1WA — 368 — JAC

leur sauvage de la nation ou peuplade qui Isabile Iwan Basilowitz. l'oy. Jeu*.
leMonténégro. Quand la mer Bleue et Kalaro se- Iwangis, sorciers des Iles Moluques, qui font
ront rendus aux Monténégrins, alors ko sortira aussi le On prétend
métier d’empoisonneurs.
de son sommeil magique et se mettra de nouveau qu’ils déterrent les corps morts et s’en nour-
à la tête de ses descendants pour renvoyer les rissent, ce qui oblige les Moluquois à monter
Autrichiens dans leurs humides et nuageuses la garde auprès des sépultures, jusqu’à ce que

contrées les cadavres soient pourris.

-CÆO-

Jabamiah, mot puissant de la cabale élémen- bleuâtres pendant la nuit, et font même entendre
taire , lequel ,
prononcé par un sage cabaliste, de légères détonations.
restitue les membres tronqués. Le plus terrible de ces démons est celui qui
Jacob, Eternvment.
l'oy. fond son essence vivante dans les liqueurs fer-
Jacobins de Berne, l’oy. Jetzer. mentées, qui s’introduit sous cette forme liquide
Jack. Parmi les démons inférieurs de la sphère dans les veines d’un buveur, et y allume à la
du feu, nous ne saurions oublier le feu follet ap- longue un incendie qui le dévore en fournissant ,

pelé vulgairement en Angleterre Jack wilh tlie aux médecins un exemple do plus de ce qu'ils
lantern, Jack à la lanterne, que Millon nomme appellent scientifiquement une combustion spon-
aussi le moine des marais. Selon la chronique de tanée '.

l'abbaye de Corwey, ce moine en séduisit un Jacques I". Le roi d'Angleterre Jacques I",
autre, frère Sébastien, qui, revenant de prêcher que Henri IV appelait si plaisamment maître
la fête de saint Jean, se laissa conduire à travers Jacques, ne se contentait pas do faire brûler les
champs par la fatale lanterne jusqu'au bord d'un sorciers; il a produit encore, sous le titre de
précipice où il périt. C’était en l’année 1 Oéà ;
Démonoloyie un gros volume pour prouver «pie
nous ne saurions vérifier le fait. les sorciers entretiennent un commerce exécrable
Les paysans allemands regardent ce diable de avec le diable. Aujourd’hui on ne peut nier l'in-
feu comme très-irritable; pourtant ils ont quel- tervention des esprits dans les choses de la vie
quefois la malice de lui chanter un couplet qui commune. Mais le roi Jacques mit peut-être à

le met en fureur. —
Il n’y a pas trente ans qu'une poursuivre ces délits une férocité un peu grande.
fille du village de Lorsch eut l’imprudence de Elle était de son temps et de sa secte. En 1591,
chanter ce refrain au moment où le follet dan-
,
un attentat contre la vie du roi Jacques et de la

sait sur une prairie marécageuse aussitôt il : reine fut attribué à la magie. Voici comment on
poursuivit la chanteuse; celle-ci se mit à courir parvint à le découvrir domestique nommée
: l'ne
de toute la vitesse de scs jambes elle se croyait ; Gellis Duncan avait soupçons de son
attiré les
déjà sauvée en apercevant sa maison mais à , maître par certaines cures extraordinaires. Le
peine franchissait-elle le seuil que Jack à la lan- bailli de Trancnt, pour les éclaircir, la fit ap-

terne la franchit aussi et frappa si violemment pliquer à la question. On lui serra les doigts
de ses ailes tous ceux qui étaient présents qu’ils dans des poucettes et ou lui comprima la tète à
en furent éblouis. Quant à la pauvre fille, elle.cn l’aide d'une corde; mais sans en tirer aucun
perdit la vue elle ne chanta plus que sur le banc
; aveu. On conclut de son silence qu'elle portail
de sa porte, lorsqu'on lui assurait que le ciel une marque du diable et on n’en douta plus
,

était pur. Telle est du moins la légende. quand on eut remarqué un signe sur sa gorge.
Il ne faut pas être un très-fort chimiste pour A celte vue le charme tomba; elle avoua
deviner la nature de ce démon électrique mais ; n’avoir fait de cure extraordinaire qu'avec l’aide
on peut le classer avec les démons du feu qui de Satan; elle révéla des maléfices inouïs jus-
dénoncent les trésors cachés par les fiammes li- qu’alors, commis avec l'assistance d'une fotde de
vides qu'ils font exhaler de la terre, et avec ceux complices qu'elle signala et dont trente ou qua-
,

qui parcourent les cimetières par un temps rante furent arrêtés. Dans ce nombre figuraient
d’orage. Maintes fois, autour des sources sulfu- de grandes dames, entre autres Euphémie Ma-
reuses où les petites maîtresses vont chaque an- calzcan, sœur de lord Clistonhall, l’un des mem-
née réconforter leurs poitrines délicates, le mon- bres du sénat judiciaire d’Édinbourg. Jacques
tagnard des Pyrénées voit voltiger des gobelins devait se faire un point d'honneur de suivre as-
de la mémo famille : ils agitent leurs aigrettes sidûment les fils de ce dédale de mystères dia-

1
M. Edmond Texier, Le priucede Monténégro, 1 834. 1
Emprunté à la Quarlerly Review.

Digitized by Google
JAC — 369 JAC
boliques. Chaque jour il était présent à l'examen Il danse du sabbat exécutée par
assista à la ,

des accusés et manifestait son élonuemcnt à Duncan, dont la fameuse Agnès Sampson,
Gellis
chaque trait horrible ou grotesque de leur con- nommée la femme sage de Keith avait la pre-
,

fession. mière reconnu le taleut. Le personnage le plus

Qaelqiirs-iinc» dru lorrit-rr* du roi Jarqaes

important de ce drame est le nommé Cuningham, croyance, c'est l'aplomb avec lequel les deux
que l'instruction désigne sous le nom du docteur accusés révélèrent les incidents le plus horrible-
Fian , maître d'école près de Trancnt. Il subit la ment grotesques; aussi Jacques s'écria-t-il après
torture avec une énergie physique et un courage les avoir entendus « Voilà de grands impos-
:

moral extraordinaires. On commença par lui ser- teurs. »

rer fortement une corde autour de la tête. Cette


première épreuve ne lui arracha aucun aveu. On
essaya la persuasion pour l'engager à confesser
sa folie. Ce procédé fut également inutile. Enfin
on le soumit à un instrument de torture nommé
Us bollts. Après avoir eu les jambes écrasées à
la troisième application du fatal instrument, il
révéla des détails qui attestaient une profonde
immoralité et embrassaient toutes les circon-
stances du crime de haute trahison à l'aide de
maléfices. Ramené dans sa prison et mis au se-
cret pendant deux ou trois jours, Fian parvint à
s’échapper. Repris après son évasion, il rétracta
ses aveux, au grand désappointement du roi,
qui, pour lui rendre la mémoire, le lit remettre
à la question. On lui écrasa les ongles à l’aide
d'une pince, et, entre les oggles cl la chair, on
enfonça jusqu'à la tète des clous garnis de deux
pointes.
Il persistanéanmoins à garder le silence.
On le soumit encore au supplice des bottes, et
cette horrible épreuve dura si longtemps qu'à la

fin ses jambes n’étaient plus qu'une plaie, et que


ses os brisés se faisaient jour à travers des lam-
beaux de chair d'où le sang ruisselait à dots.
Enfin, vaincu par ladouleur, le docteur rompit
le silence, et scs réponses offrirent avec les On sait que la monomanie superstitieuse de
aveux que la torture arracha à Agnès Sampson Jacques était de guerroyer contre Satan et ses
une coïncidence qui frappa de douleur et de stu- agents terrestres. Les chroniques du temps as-
peur l’esprit du roi. Mais ce qui passe toute surent même qu’un jour, désappointé du mauvais
Si

itized by Google
JAG — 370 — JAD

succès d’un attentat contre sa personne, le diable sentir qu'il avait dit une sottise. Il recommanda
s’écria en français. « Je n’ai aucun pouvoir sur ensuite expressément à ses disciples de faire au
lui, il est l’homme de Dieu... n Un voyage que Sa roi tout le mal qu'ils pourraient;
après quoi il
Majesté fit à Norway
pour y voir la reine et la
,
quitta la chaire et reçut en partant leurs hom-
ramener à Édimbourg, offrit aux instruments de mages , accompagnés de cérémonies qu'il serait
Satan une occasion favorable. Le comité diabo- trop long de décrire ici.
lique résolut de soulever une tempête pour en- Le sort des insensés qui firent de tels aveux
gloutir son plus terrible ennemi. Les préparatifs ne pouvait être un instant douteux dans ce siècle
en furent solennels. Le prince des ténèbres pro- de superstition. Fian, dont la vie n'était plus
posa d’élever un brouillard qui ferait échouer le d'aucun prix après tant de souffrances , fut étran-
roi sur la côte d’Angleterre, et le docteur Fian, glé et livré aux flammes. Agnès Sampson subit
en sa qualité de secrétaire de Sa Majesté Infer- le même sort.
nale, écrivit à Marion Linkup et à quelques au- Barbara Napier, désignée comme l’un des ac-
tres associés pour les inviter à se rendre dans teurs dans la scène de Northberwick , acquittée
cinq jours sur l'Océan à la rencontre de leur
, sur ce chef, fut condamnée pour d’autresfaits de
maître dans le dessein de faire périr le roi.
,
sorcellerie.La victime la plus digne d'intérêt
Le ban et l’arrière-ban, ainsi convoqués, sc dans ce drame épouvantable était Euphémie Mac
mirent en route au nombre de deux cents, et Alzean fille de lord Clistonhall douée d'un es-
, ,

chaque sorcière s’embarqua sur un crible ou un prit ferme, animée de passions ardentes, zélée

tamis. On ne dit pas à quelle latitude elles ren- catholique, ennemie jurée de Jacques et de la
contrèrent le diable. réforme.
Dès qu'il leur apparut, il expédia à Robert On établit nécessairement qu’elle avait eu des
Wierson un chat qui avait été pendu neuf fois à rapports intimes avec des sorciers, et qu'elle
une crémaillère, et en même temps il proféra ces avait employé leur assistance pour se défaire des
mots « Jette-le dans la mer, holà! n Le charme
: personnes qui contrariaient sa pervcrtiU. Son
produisit son effet, car Jacques, dont la (lotte acte d’accusation la charge d'un tissu de malé-
n'avait aperçu la terre qu'en vue du Danemark, fices ou de tentatives de crime. Acquittée sur
déclara que son vaisseau était le seul qui eût le quelques chefs par le jury elle fut convaincue
,

vent contraire. d’avoir participé à d’anciens meurtres, et d’avoir


Le premier acte de ce drame terminé , les sor- assisté à la convention de Northberwick et à
cières prirent terre ,
toujours sur leurs cribles, d’autres assemblées de sorciers conjurés contre
qui leur servirent de coupes dans les nombreuses la vie du roi. La peine de crimes semblables était
libations qu’elles firent après le débarquement. d'être élranglé à un poteau et ensuite livré aux
Elles se rendirent en procession à l’église de (lamines : elle fut condamnée à être brûlée vive,
Northberwick second rendez-vous que
(c’était le supplice qu’elle subit avec un grand courage
leur maître leur avait assigné), la bande était de le 25 juin 1591. Telle fut l’impression produite
plus de cent (Agnès Sampson en désigne trente- par ces scènes sur l’esprit du Salomon écossais
deux dans sa révélation) ; elle était précédée par qu’elles lui inspirèrent un projet de statut amen-
Gellis Duncan, qui chantait en s'accompagnant dant la procédure contre les sorciers et son
de la harpe. bizarre Traita de dimonologie '.

Là, leur maître leur apparut sous la forme Jade. Pierre à laquelle les Indiens attribuaient,

d'un prédicateur. Le docteur Fian joua le rôle entre autres propriétés merveilleuses, celles de
de maître des cérémonies. D’un souille il fit crier soulager les douleurs de reins, quand on l’y ap-
les portes de l’église sur leurs gonds rouillés, et pliquait, et de faire écouler le sable de la vessie,
convertit en charbons allumés les cierges qui ils la regardaient aussi comme un remède sou-
bordaient la chaire. Greilltneil remplit l'office de verain contre l’épilepsie, et s’étaient persuadé
portier. Soudain le diable en personne apparut que, portée en amulette, elle était un préservatif
en chaire, couvert d'une robe et d’un chapeau contre les morsures des bêtes venimeuses. Ces
noirs. Voici son portrait, crayonné à la façon du prétendues propriétés lui avaient donné la vogue
Dante, dans les Mémoires de James Melville : à Paris il y a quelques années ; mais cette pierre
Son corps était dur comme le fer sa figure ter- , prodigieuse a perdu sa réputation, et ses grandes
rible, son nez comme le bec de l’aigle, ses yeux vertus sont mises au rang des fables.
comme un brasier ardent, ses mains et ses pieds Jagghernat, horrible idole de l’Inde; nous
armés de grifTes et sa voix entrecoupée. 11 fit allions dire imprudemment divinité, car on abuse
d'abord l’appel de sa congrégation. Il demanda des mots. Mais ce n'est qu'un démon et des pires.
ensuite à chacun s’il l’avait fidèlement servi, ce Le sang et la mort sont ses délices; et quand les
qu’il avait fait depuis la dernière assemblée pour Anglais se disent effrontément les civilisateurs du
le succès de la grande conjuration contre le roi. monde, Jagghernat règne encore. Voici ce qu’on
Creillmeil, le portier, ayant étourdiment répondu: ' Extrait de la Foreign Quartcrly Rcvieic, juillet
Bien encore, Dieu merci.' Lucifer lui fit rudement 1830.

sd by Google
,

JAK — 371 — JAN


a pu lire il
y a peu de temps dans tous les jour- Jamambnxes ou Jammabos, espèce de fa-
naux (1847) : • La grande procession de Jag- natiques japonais du genre des fakirs. Ils errent
ghernat, qui a lieu tous les ans dans l’Inde, a etc dans les campagnes et prétendent converser fa-
inaugurée le 5 août dernier par le renouvellement milièrement avec le diable. Quand ils vont aux
de ces sacrifices volontaires qu'inspire le fana- cnterremenLs, ils enlèvent, dit-on, le corps, sans
tisme, et auxquels les Anglais se vantaient d'avoir qu’on s’en aperçoive, et ressuscitent le mort.
mis fm. Cinq dévots exaltés se postèrent auprès Après s'être meurtris de coups de bâton pendant
de la pagode de Bali, sans donner le moindre trois mois, ils entrent en nombre dans une bar-
soupçon de leur projet aux agents de l’autorité que, s’avancent en pleine mer, font un trou
et, au moment où le char gigantesque de l’idole à la barque et se noient en l’honneur de leurs
venait de sortir, ils se précipitèrent sous les roues, dieux.
en invoquant Visshnou, et restèrent littéralement Cette sorte de fakirs fait sa profession, à ce
broyés sur la place. A la vue d’une ferveur si qu’on assure , entre les mains dn diable même,
ardente, l’enthousiasme de la multitude fut excité qui se montre à eux sous une forme terrible. Ils

à tel point que, sans l'intervention de la force découvrent perdus ou dérobés; pour
les objets

armée, le char sacré eût écrasé une centaine de cela, ils font asseoir un petit garçon à terre, les
victimes dans son parcours. Le moyen qui a le deux pieds croisés ensuite ils conjurent lo diable
;

mieux réussi à contenir les dévots, ç'a été la d'entrer dans le corps du jeune homme, qui
menace de supprimer la procession pour toujours, écume, tourne les yeux, et fait des contorsions
si de nouveaux suicides venaient ensanglanter la effrayantes. Le jamambuxe après l’avoir laissé ,

fête. » se débattre lui recommande de s’arrêter et de


,

Jakises, esprits malins répandus dans l'air dire où est ce qu’on cherche ; le jeune homme

chez les Japonais. On célèbre des fêles pour ob- obéit : prononce d'une voix enrouée le nom du
il

tenir leurs bonnes grâces. voleur, le lieu où il a mis l'objet volé, le temps
Jaldabaoth , une des déités des Ophites. Ce où il l’a pris, et la manière dont on peut le faire"
personnage avait pour mère Sophie ou la Sagesse rendre. l’oy. Coô.
et pour père le Chaos. Jamblique, philosophe platonicien du qua-

Jannè* el Membre» fainninil paraître d<*» ^minntHe» , dr* serpent»...

trième siècle, né en Syrie sous règne de Con- le toute la populace. Lcloycr dit* encore que c'est
stantin le Grand. Il de
fut disciple d'Anatole et Jamblique et Maximus qui ont perdu Julien l'Apos-
Porphyre. Il admettait l’existence d’une classe de tat. —On recherche de Jamblique le trait»; des
démons ou esprits d’un ordre inférieur, média- Mystères des Egyptiens, des Chaldcens et des As-
teurs entre Dieu et les hommes. Il s’occupait des syriens Il s’y montre crédule pour toutes les

divinations, et on a vu, â l'article Alcctryomancic, rêveries des astrologues.


que c’est lui qui prédit par cette divination l'avé- Jamma-Loka enfer indien d'où, après un
,

nement au trône de Théodose. On ignore où, certain temps de peines et de souffrances, les
quand et comment il mourut mais Bodin assure ;
àtnes reviennent en ce monde pour y animer le
qu'il s’empoisonna lui-même pour éviter le sup- premier corps où elles peuvent entrer.
plice que Valens réservait aux magiciens. On Jannës et Mambrès ,
magiciens d'Égypte, les
conte qu’étant un jour dans la ville de Gadare en plus anciens que les saints livres nous fassent
Syrie, pour faire voir sa science magique, il ht connaître par leur nom, après Cham. Ils faisaient

sortir en présence du peuple deux génies ou dé- apparailre des grenouilles, des serpents ils chan- ;

mons d'une fontaine ; il les nommait Amour et geaient l'eau du Nil en sang, et tâchaient d’anéan-
Contre-Amour 1
; l’Ainour avait les cheveux dorés,
tressés el flottants sur les épaules ils paraissaient
1
Histoire des spectres ou apimritions des esprits,
;

liv. IV, n. 31 i.
éclatants comme les rayons du soleil; l’autre
J Jamblicus, De mysteriis Ægyptiorum, Chat-
était moins brillant; ce qui attira l’admiration de dæorum , Asstjrioruin , avec d’autres opuscules. Jn-
j

1
Eros et Antéros. 16 , 1607 .

Si.

30 by VjOO g!e
JAI» - 372 — JAY
lir par Jours prestiges la vérité des miracles que ont la même crédulité. Heureusement tout cela

Dieu faisait par l’organe de Moïse *. estdépourvu le plus souvent de malice et d’arti-
Jarretière. Secret ete la jarretière pour les fice; mais quelquefois leur aveuglement, excité
voyageurs. Vous cueillerez de l'herbe que l’on par des motifs puissants, les pousse aux excès
appelle armoise, dans le temps où le soleil fait les plus coupables et les plus dangereux.
son entrée au premier signe du Capricorne vous ; Entre les pratiques les moins à redouter, je
la laisserez un peu sécher à l’ombre, et en ferez citerai la suivante. Il est d'usage parmi les vo-
des jarretières avec la peau d’un jeune lièvre, leurs, à Java, d’exorciser, pour ainsi dire, la

c'est-à-dire qu’ayant coupé la peau du lièvre en maison qu’ils ont dessein de piller; à cet effet,

courroie de la largeur de deux pouces, vous en ils murs, et même, s’il est pos-
jettent contre les
ferez un redoublé dans lequel vous coudrez ladite sible, jusque dans le lit des habitants, une cer-
herbe, et les porterez aux jambes. Il n’y a point taine quantité de terre tirée d’une fosse nouvel-
de cheval qui puisse suivre longtemps un homme lement creusée, afin d'y introduire un sommeil
de pied qui est muni de ces jarretières. léthargique après quoi ils volent avec la plus
;

Ou bien vous prendrez un morceau de cuir de parfaite sécurité. Cette croyance n’est point bor-
la peau d’un jeune loup, dont vous ferez deux née aux seuls larrons; leurs victimes la partagent
jarretières; sur lesquelles vous écrirez avec votre également. Ils mettent précieusement en réserve
sang les paroles suivantes Abumalit/i endos; : de la terre préparée pour cette opération, et
vous serez étonné de la vitesse avec laquelle vous souvent, dans les tournées que mes fonctions
cheminerez étant muni de ces jarretières à vos
,
me forçaient de faire pour réprimer les dépré-
jambes. De peur que les caractères écrits ne s’ef- dations, les voleurs que j’ai interrogés m’ont
facent, il sera bon de doubler la jarretière d'un expliqué comment ils s'en servaient.
padoue de fil blanc du côté de l’écriture. L'ancien code de Java, encore en vigueur à
« Il
y a encore une manière de faire la jarre- Bali, est rempli de lois contre la sorcellerie , et
tière, que j'ai lue dans un vieux manuscrit en prouve jusqu’à l’évidence les funestes effets de la
lettres gothiques. En voici la recette. Vous aurez superstition sur l'esprit d’un peuple ignorant et
les cheveux d’un larron pendu, desquels vous entêté. En voici quelques extraits : « Si l'on
ferez des tresses dont vous formerez des jarre- » écrit le nom d'un individu quelconque sur un

tières que vous coudrez entre deux toiles de telle • drap mortuaire, une bière, une figure de pâle,

couleur qu’il vous plaira; vous les attacherez aux » ou une feuille, et ensuite si l'on enterre cet

jambes de derrière d’un jeune poulain puis vous » objet, si on le suspend à un arbre, si on l’ex-
;

laisserez échapper le poulain, le ferez courir à » poœ sur la voie, publique, ou au milieu de deux

perte d'haleine, et vous vous servirez ensuite » chemins qui se croisent, il


y a sorcellerie.

avec plaisir de ces jarretières *. » » Si l’on écrit le nom d'un individu quelconque

On prétendait autrefois que les magiciens pou- » sur un ossement, soit de la tête , soit de toute
vaient donner une jarretière enchantée, avec u autre partie du corps, et qu'après avoir em-
laquelle on faisait beaucoup de chemin en peu » ployé pour cette opération un mélange de sang
de temps. C'est là peut-être l’origine des bottes a et de charbon, on le place sur le seuil d’une
de sept lieues. » porte, il
y a sorcellerie. —
Quiconque use de
Jaunisse. Les rois de Hongrie croyaient avoir » sortilèges, sera condamné à mort par le juge,
le privilège de guérir la jaunisse par l’attouche- » et si la chose est prouvée d’une manière évi-
ment *. » dente, la peine de mort s’étendra sur les pa-
Javanais. Nous empruntons aux Études sur » rents, les enfants, les petits-enfants du cou-
les Indes d’un résident néerlandais quelques dé- » pable, sans qu’aucun puisse en être excepté.
tails sur les superstitions des Javanais idolâtres: » — Qu’il ne soit point permis aux criminels
Ils ont une foi entière aux songes, aux présages, » convaincus d’une telle abomination de souiller
divisent les jours en heureux et malheureux, h plus longtemps la terre par leur présence que ;

jettent le sort à la naissance , croient aux dons h leurs propriétés de toute espèce soient conlis-
surnaturels, à l’invulnérabilité , à la sorcellerie, » quées; que les parents et enfants du sorcier
aux enchantements, aux charmes, aux philtres. » soient relégués dans la partie la plus reculée
Rocs, forêts, montagnes, cavités, abîmes, tout n du pays, et s’ils prennent la fuite, qu'ils soient
est, selon eux, habité par des êtres invisibles; n punis de mort; que leurs biens soient, dans
et, ne se bornant point aux rêves de leur cerveau n tous les cas, recherchés et confisqués. »
malade, ils ont adopté tout ce que le continent Jayct d'Islande. Les anciens Islandais attri-
de l’Inde, l’Arabie, la Perse, présentent d’êtres buaient des vertus surnaturelles à ce jayet, qu’ils
merveilleux. Grands et petits, princes et paysans, regardaient comme un ambre noir. Sa principale
qualité était de préserver de tout sortilège celui
1
Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
qui en portait sur lui. En second lieu, ils le
esprits, liv. Il, p. 129.
- Secrets du l'etit Albert, p. 90. croyaient un antidote contre le poison. Sa troi-
3 Salgucs, Des erreurs cl des préjugés, sième propriété était de chasser les esprits et
1. 1, p. 272.
, ,

JEA — 373 — J F. A

lesfantômes, lorsqu’on en brûlait dans une mai- lieu obscur, pour avoir tenu au cachot des pri-
son; la quatrième, de préserver de maladies sonniers innocents dans la seconde excursion ;

épidémiques les appartements qui en étaient par- il fut encore plus tourmenté pour avoir accablé

fumés. La plupart de ces idées superstitieuses le peuple d’impôts et son successeur Théodore ;

subsistent encore. eut soin de l’en décharger en partie, hvan mou-


Jean (Évangile de saint). Voy. Bibliomancie. rut à son troisième voyage son corps jeta une ;

Jean magicien sectateur d'Apollonius de


,
puanteur si infecte qu’on ne pouvait l’approcher;
Tyane. Il courait de ville en ville, faisant le mé-
ce qui fit penser que son âme avait été emportée

tierde charlatan, et portait une chaîne de fer au par le diable ; d’autant plus que son cadavre
cou. Après avoir séjourné quelque temps à Lyon, avait disparu ,
quand vint le jour fixé pour l’en-

il acquit une si grande célébrité par ses cures terrement*.


merveilleuses, que le souverain du pays l’admit Jean-Baptiste. Il y a des paysans qui croient,
en sa présence. Jean donna à ce prince une su- on ne sait sur quelle autorité que saint Jean- ,

perbe épée enchantée elle s'entourait merveil-


;
Baptiste est né dans un chameau...

leusement, dans le combat, de cent quatre-vingts Jean d’Arras, écrivain français du quator-
couteaux tirés. 11 lui donna aussi un bouclier zième siècle qui compila le roman de Mélusine.
,

portant un miroir qu’il disait avoir la vertu de Voy. CE MOT.


,

divulguer les plus grands secrets. Ces armes dis- Jean d’Estampes. D’anciennes chroniques
parurent un jour ou furent volées; sur quoi De- rapportent que Jean d'Eslampes, l’un des gardes
lancre conclut* que si les rois de France dres- de Charlemagne, mourut en 1139, après avoir
saient, comme les ducs d’Italie, des arsenaux de vécu 336 ans mais d’autres disent qu’il ne vé-
;

vieilleries (ce qu’ils font à présent), on y trou- cut que 250 ans malheureusement son secret
:

verait de ces armes enchantées et fabriquées par de longévité n’est connu de personne *.
quelque magicien ou sorcier. Jean de Leydeou Jean Bockelson, chef des
Jean, patriarche schismatique de Constanti- anabaptistes de Munster, qu'il constitua en répu-

nople. Zonaras conte que l’empereur grec Théo-


phile, se voyant obligé de mettre à la raison une
province révoltée sous la conduite de trois capi-
taines, consulta le patriarche Jean, habile en-
chanteur. Celui-ci fit faire trois gros marteaux
d’airain, les mit entre les mains de trois hommes
robustes, et conduisit ces hommes au milieu d.i

cirque, devant une statue de bronze à trois têtes.


Ils abattirent deux de ces avec leurs mar-
tètes
teaux, et firent pencher cou à la troisième
le
sans l’abattre. Peu après une bataille se donna
,

entre Théophile et les rebelles deux des capi- ;

taines furent tués, le troisième fut blessé et mis


hors de combat et tout rentra dans l’ordre.
,

Jean XXII, pape, mort en 133!i, après un


pontificat de dix-huit ans. On. lui attribue les
Taxes de la chambre apostolique traduites en
français sous le titre de Taxes des parties casuelles
/,V WESTPHALEN
de la boutique du pape. Ce texte, presque par-
tout, est une supposition d’un protestant faus- blique communiste et sociale il s’y posa en in- ;

saire. On donne encore h Jean XXII P Élixir des spiré, fit une constitution ébouriffante et une reli-
philosophes ou l'Art traiismutatoirc des métaux, gion spéciale. Il était tailleur à Leydc ; il se
livre qu’il n’a pas fait. Co livre a été traduit du proclama roi à Munster, prit la couronne cl bat-
latin en français; in-12, Lyon, 1557. tit monnaie. Il disait qu’il ramenait le règne de

On dit enfin que Jean XXII ou Jean XXI s’oc- Salomon. Dans sa liturgie commode, on dansait,
cupait d’astrologie et s’amusait à supputer les puis on communiait en plein air avec des gâteaux
changements de temps. On a fait là-dessus de et du vin le gâteau et la coupe étaient présentés
;

petits contes assez dépourvus de sel. aux hommes par des femmes et aux femmes par
Jean oiç Iwan Basilowitz, grand-duc de des hommes. Devenu roi, Jean, que possédaient
Moscovie au quatorzième siècle tyran cruel. A
, , évidemment plusieurs démons dont il servait les
l’article de la mort, il tomba, dit-on, dans des désirs, épousa seize femmes qu’il appela toutes
pâmoisons terribles, et son aine fit de pénibles reines; il tua en même temps tous ceux qui lui
voyages. Dans le premier, il fut tourmenté en un
* Leloyer, nistoire des spectres ou apparitions des
1
Tableau de l’ inconstance des démons, etc., liv. V, esprits, liv. IV, p. 301.
p. 343. 2 Legal!, Catend. véritab., p. 140.
JEA — 374 — JEA

paraissaient suspects de ne pas le vénérer. Il en Jean de Meung, astrologue qui composa le


venait à se faire adorer, quand les princes qu’il roman de ta Ilote, où il montra bien son savoir,
quoiqu’il ne fût âgé que de dix-neuf ans lorsqu’il
le lit. Il est aussi l'auteur d’un livre intitulé
Traité sur la direction des nativités et révolutions
des ans ; il traduisit le livre des Merveilles d’Ir-
lande. On prétend que c'est lui qui a prédit les
hauts faits d’armes du connétable de France Ber-
trand du Guesclin'.
Jean de Milan, astrologue du quinzième
siècle, qui prédit à Velasquez, gouverneur d'His-
paniola on Saint-Domingue, l’heureuse issue de la
guerre du Pérou, entreprise par Fernand Cortez.
Jean de Sicile habile astrologue et théolo-
,

gien qui prédit le couronnement de l'empereur


Sigismond. C’est encore lui qui annonça à Bou-
cicault ce qui lui devait advenir, et qui l’avertit
de la trahison que firent aux Français le marquis
Le néleau et lit coupe liaient prrtenléa aux homme» par dit
femme* et aux femme» par de* homme». — de Montferrat et le comte Francisque trahison ,
Paye 313.
qu’il évita en fuyant *.
dépossédait l’assiégèrent dans Munster, le prirent Jean le Chasseur, l'oij. Kojosed.
et le mirent à mort sur un échafaud Jean Mullin. Voy. Mollis.

Le «upplice de Jean de Leydc et do »e» complice».

Jeanne d'Arc, dite la Pucelle d’Orléans, née France ne fut accablée do calamités aussi grandes
j

en Champagne, à Domrémi près de Vaucouleurs,


sur
' Manuscrit do la bibliothèque impériale, cité dans
la lisière de la Lorraine, en 1410. Jamais la
1

,
les Remarque» de Joly sur Bayle.
1
Voyez, dans la légende du Juif errant et des seize 2 Manuscrit de la bibliothèque impériale, extrait
reines uo Munster, toute l'histoire de Jean de Loyde. du livrede Joly.
JEA — 375 — JEA
que durant le demi-siècle qui précéda l'année dans le jardin de sou père l’archange Michel,
mémorable où l'on vit le courage abattu de ses l’ange Gabriel, sainte Catherine et sainte Mar-
guerriers, près de subir complètement le joug de
guerite resplendissants de lumière. Ces saints,
,

l’élranger, se ranimer à la voix d’une jeune fille depuis, guidèrent dans scs actions. Les voix
la
de dix-huit ans, Charles VII était sur le point de (car elle s'exprimait ainsi) lui ordonnèrent d'aller
céder à l’ennemi Chinon, sa dernière place, en aide au roi de France , et de faire lever le
lorsque Jeanne d'Arc parut, vers la fin de février siège d'Orléans. Maigri) les avis contraires, elle
1429. Ce n'était qu’une simple paysanne. Son obéit aux voir et se rendit d’abord à Vaucouleurs.
père se nommait Jacques d’Arc sa mère, Isabelle
; Jean de Metz, frappé de ce qu’elle lui dit, se
Roinée. Dès sa plus tendre enfance elle avait chargea de la présenter au roi. Ils arrivèrent tous
montré une timidité sans exemple et fuyait le deux, le 24 février 1429, à Chinon, où Charles
plaisir pour se livrer tout entière à Dieu; elle tenait sa petite cour. Jeanne s’agenouilla devant
avait seize ans, lorsqu’un jour, à midi, elle vit L'étonnement
lui. fut grand et on hésita d’abord
;

avait donné trop de preuves de sa vaillance et ,

l'armée avait trop de confiance- en elle, pour


qu'on lui accordât sitôt sa liberté. Ce fut la cause
de ses malheurs : elle les prévit, les annonça en
pleurant; et bientôt, s’étantjeléedansCompiègne
pour défendre cette place contre le duc de Bour-
gogne, elle fut prise par un gentilhomme picard
qui la vendit 4 Jean de Luxembourg, lequel la

revendit aux Anglais.


Pour se venger de ce qu’elle les avait trop
souvent vaincus, ceux-ci l’accusèrent d’avoir
employé les sortilèges et la magie 4 ses triomphes.
On la traduisit devant un tribunal corrompu, qui
la déclara fanatique et sorcière. Ce qui n’est pas
moins horrible , c’est que l’ingrat monarque qui
lui devait sa couronne l'abandonna il crut n'avoir ;

plus besoin d’elle. Le procès se poursuivit avec


devant une mission si merveilleuse ; mais après activité. Durant l'instruction. Ligny- Luxembourg
un examen sérieux et de savantes consultations, vint la voir, accompagné de Warwick et de Straf-
on donna 4 la jeune fille des chevaux et des fort : — Je sais bien, leur dit- elle ,
que ces An-
hommes; on l’arma d’une épée que, sur sa révé- glais me feront mourir, croyant qu’après ma
lation, on trouva enterrée dans l'église de Sainte- mort ils gagneront le royaume de France. Mais,
Catherine de Fierbois. Elle se rendit aussitôt sous avec ce qu’ils sont 4 pré-
seraient-ils cent mille,
les murs d’Orléans, et combattit dès le premier sent, ils n’auront pas ce royaume. Fatiguée —
jour avec un courage qui éclipsa celui des grands de mauvais traitements, elle tomba dangereuse-
capitaines. Elle chassa les Anglais d’Orléans, ment malade. Bedfort, Wincester, Warwick char-
fit

ensuite, selon l’ordre qu’elle avait reçu sacrer gèrent deux médecins d'avoir soin d’elle, et leur
.

son roi 4 Reims, lui rendit Troyes, Chàlons, enjoignirent de prendre bien garde qu'elle ne
Auxerre, et la plus grande partie de son royaume. mourût de sa mort naturelle « le roi d’Angleterre -,

Après quoi, elle voulut se retirer, disant formel- l’avait trop cher achetée pour être privé de la
lement que sa miésion était accomplie. Mais elle joie de la faire brûler. »
,

JEA — 376 — JÉC

Enfin on la conduisit U la place du cimetière idolâtre. Deux pères dominicains la soutenaient ;

de l’abbaye de Rouen. L’exécuteur l'attendait là elle s’écriait sur la route: Ah 1 Rouen, Rouen,
avec une charrette, pour la mener au bûcher tu seras ma dernière demeure !
sous l'escorte de cent vingt hommes. On l'avait On avait élevé deux échafauds sur la place du
revêtue d'un habit de femme sa télé était char-
; Vieux-Marché. Les juges attendaient leur victime
gée d'une mitre en carton, sur laquelle étaient chargée de fers. Son visage était baigné de pleurs:
écrits ces mots: Hérétique, relapse, apostate, on la fit monter sur le bûcher, qui était fort élevé,

pour que le peuple entier pût la voir. Lorsqu’elle de vingt-neuf ans. Un l’avait vue plusieurs fois
sentit que la fiamme approchait elle avertit les
, danser au sabbat elle disait que ceux qui y vont
;

deux religieux de se retirer. Tant qu’elle conserva trouvent le temps si court qu'ils n'en peuvent
un reste de vie, au milieu des gémissements que sortir sans regret. Il ne paraît pas qu’elle ait été
lui arrachait la douleur, on l'entendit répéter brûlée
le nom de Jésus, en baisant une croix de bois Jeanne du Hard, sorcière, saisie à l’âge de
qu’elle tenait de scs mains enchaînées. l!n der- On
cinquante-six ans. la trouve impliquée dans
nier soupir, longuement prolongé, avertit qu'elle l’affaire de Marie Chorropique, pour lui avoir
venait d’expirer. Alors le cardinal de VVincester touché lequel devint mort. Nous ne dirons
le bras,
fit rassembler ces cendres, et ordonna qu'elles pas si elle fut brûlée *.

fussent jetées dans la Seine. Son cœur, dit-on Jeanne (Mère). Une vieille fille vénitienne,
fut respecté par les flammes on le trouva sain
: connue sous le nom de mère Jeanne, infatua
et entier. En face du bûcher, s’élevait un ta- tellement Guillaume Postcl de ses rêveries qu’il
bleau portant une inscription qui qualifiait Jeanne soutint, dans un livre écrit à son sujet, que la
de meurderesse, invocatrice des démons, apo- rédemption des femmes n’avait pas encore été
state et mal créante de la foi de Jésus-Christ. achevée et que celte Vénitienne devait accom-
,

Louis XI fit réhabiliter la mémoire de Jeanne plir ce grand ouvrage. C’était la mère que cher-
d’Arc. Deux de ses juges furent brûlés vifs, deux chent aujourd’hui les saints-simoniens et qu’ils
autres exhumés ,
pour expier aussi dans les ne retrouvent plus.
flammes leur jugement inique. Mais le procès de Jeanne Southcote. l-'oy. Southcote.
la Pucelle n'en sera pas moins à jamais un sujet Jéchiel, rabbin cl cabaliste. loi/. L.vupe mer-
d'opprobre pour les Anglais et aussi pour le roi veilleuse.
Charles VII
Jeanne Dibisson, sorcière, arrêtée à l’âge ' Delancre . Tabl. de l’ inconstance des démons, etc,,
|iv. III. p. <J7.
' Voyez dans
, les Légendes des femmes, la vie de 2 Delancre. Takl.de l’inconstance des démons, etc.,
Jeanne d’Arc. liv. Il ,
p. 107.

Digitized by Google
JÉD — 377 — JET
Jédaî, peu précise des Tartares de
divinité sortait; mais sans pousser une seule plainte, sans
l'Altaï. donnent cependant le titre de roi.
Ils lui répondre un seul mot , sans donner le moindre
et ils racontent qu’il possédait un briquet duquel témoignage de souffrance, il criait toujours et
il faisait jaillir des guerriers par centaines il en ; sans relâche : « Malheur à toi , Jérusalem » I

tirait aussi des ponts pour traverser les fleuves, Enfin, un jour qu’il se trouvait sur le rempart,
et des vents qui lui frayaient une roule à travers il s’écria : « Malheur à moi-même 1 » et un in-
les déserts *. stant après il fut écrasé par une des pierres que
Jéhovah. Ce nom auguste est employé souvent lançaient les assiégeants
chez les cabalistes juifs. On le trouve dans les Jésabel, reine des Israélites, que Jéhu fit

odieuses et absurdes conjurations de la magie manger aux chiens après l’avoir fait précipiter
noire. du haut d’une tour, etque Bodin met au nombre
Jénotme8. Quelques Arabes nomment ainsi des sorcières. Elle mérite cet opprobre, car elle
une sorte de génies intermédiaires entre les anges adorait les démons.
et les diables : ils fréquentent les bosquets et les Jetzer. L’affaire des jacobins de Berne a fait
fontaines, cachés sous la forme de divers rep- un grand bruit et les ennemis de la religion
;

tiles,exposés à être foulés sous les pjeds des l’ont travestie avec une insigne mauvaise foi.
passants. La plupart des maladies sont le ré- Voici toute l’histoire :

Les dominicains ou jacobins ne s’accordaient


pas entièrement avec les cordeliers sur le fait
auguste de l’immaculée conception de la très-
sainte Vierge. Les dominicains ne l'admettaient
pas absolument. Or, au commencement du sei-
zième siècle, il y avait au couvent des domini-
cains de Berne , alors fort reléché , quatre mau-
vais moines, qui imaginèrent une affreuse jonglerie
pour faire croire que la sainte Vierge se pronon-
çait contre les cordeliers, qui défendaient une de
sultat de leurs vengeances. Lorsqu’un Arabe est ses plus belles et de ses plus incontestables pré-
indisposé il s'imagine avoir outragé un de ces
, rogatives. Ils avaient parmi eux un jeune moine,
agents invisibles; il a aussitôt recours à une ma- simple et crédule, nommé Jetzer; ils lui firent
gicienne qui se rend à quelque source voisine, y apparaître pendant la nuit des Ames du purga-
brûle de l'encens et sacrifie un coq ou une toire et lui persuadèrent en
qu’il les délivrerait
poule, un bélier ou une brebis, suivant le sexe, restant couché en croix dans une chapelle
pen- ,

la qualité du malade ou la nature de la maladie. dant lo temps qu’on célébrerait la sainte messe.
Jérflme (Saint). On a eu le front de lui at- On lui fitvoir ensuite sainte Barbe è laquelle il ,

tribuer des livres de nécromancie, et particuliè- avait beaucoup de dévotion, et qui lui annonça
rement l'Art notoire. Vog. ce mot. qu’il était destiné à de grandes choses. Par une

Jérôme, habitant de Plaisance au quinzième nouvelle imposture sacrilège, le sous-prieur, qui


siècle. Séduit par une magicienne, il se frotta était un des quatre moines criminels, fit le per-
d'un onguent qu’elle lui donna et fit certains si- sonnage de la sainte Vierge, s’approcha la nuit
gnes qu’elle lui indiquait. Il se sentit aussi en- de Jetzer et lui donna trois gouttes de sang di- ,

levé, comme s’il eût été sur un cheval et em- ,


sant que c'étaient trois larmes que Jésus-Christ
porté au sabbat, autour du noyer de Bénévcnt. avaient répandues sur Jérusalem. Ces trois larmes
Éclairé ainsi, il renonça à Satan et entra dans signifiaient que la sainte Vierge était restée trois
l'orilre de Saint-Benoît, où il mourut chrétien. heures dans le péché originel... Cette explication
Jérusalem. Avant la destruction de Jérusalem était rehaussée de diatribes contre les cordeliers.
par Titus, (ils de Vespasien, on distingua, dit-on, Jetzer, qui était de bonne foi et qui avait l’ème
une éclipse de lune qui se répéta douze nuits de droite, s’inquiétait de la passion qui perçait dans
suite, lin soir, vers le coucher du soleil, on cette affaire, et sc troublait surtout de reconnaître
aperçut dans l'air des chariots de guerre des , la voix du sous-prieur dans la voix de la sainte
cavaliers, des cohortes de gens armés, qui, mélés Vierge. Pour le raffermir, on l’endormit avec un
aux nuages, couvraient toute la ville et l'envi- breuvage et on voulut le stigmatiser; puis, comme
ronnaient de leurs bataillons. Pendant le siège, il ne répondait pas à l'espoir qu'on avait mis en

et peu de jours avant la ruine do la ville, on vil lui ,on chercha dit-on à l’empoisonner et on
, ,

tout è coup paraître un homme absolument in- l’enferma mais il trouva moyen de s’échapper
; ;
'

connu qui se mit à parcourir les rues et les


, il s’enfuit à Borne, où il révéla toute l’intrigue. Le

places publiques, criant sans cesse « Malheur : saint-siège fit poursuivre les moines scélérats et
à toi, Jérusalem »On le ût battre de verges on
! ;
1
Voyez Josèphe, Histoire de la guerre de Judée ,
le déchira de coups, pour lui faire dire d'où il Bossuet, Discours sur f histoire universelle, deuxième
1
Revue germanique, août (860, p. il 9. partie, ch. vm.
5

JEll — 378 — JOS

les fit au bras séculier. Les quatre domini-


livrer minuit sonnant, il recevrait son prix. Le mar-
cains coupables furent brûlés le 31 mars 1509, chand y alla ,
son argent lui fut payé en pièces
la porte de Berne. Mais le malheur de ces grandes antiques, et l'acheteur l’invita à visiter sa rési-

profanations, c'est que les ennemis de l'Église dence. Il avec étonnement plusieurs lon-
suivit
oublient la réparation ou la taisent, et n'en gar- gues rangées de stalles, dans chacune desquelles
dent que le scandale. un cheval se tenait immobile, tandis qu’un soldat
Jeu. Prenez une anguille morte par faute d'eau ; armé de toutes pièces était couché, aussi sans
prenez le liel d’un taureau qui aura été lué par mouvement, aux pieds de chaque noble animal,
la fureur des chiens; mettez-lo dans la peau de a Tous ces hommes, dit à voix basse le maître

cette anguille, joignez-y une drachme do sang de du lieu, s’éveilleront à la bataille de SherifTmoor. »
vautour liez la peau d'anguille par les deux
; A l'extrémité étaient suspendus une épée et
bouts avec de la corde de pendu , et cachez cela un cor qui devait rompre le charme. Le jockey
dans du fumier chaud l’espace de quinze jours; prit le cor et essaya d'en donner. Les chevaux
puis vous le ferez sécher dans un four chauffé tressaillirent aussitôt dans leurs stalles; les sol-
avec de la fougère cueillie la veille de la Saint- dats se levèrent et firent retentir leurs armes.
Jean , et vous en ferez un bracelet , sur lequel Une voif forte prononça ces mots : < Malheur au
vous écrirez avec une plume de corbeau et de lâche qui ne saisit pas le glaive avant d’enfler le

votre propre sang ces quatre lettres H V T V et, , cor. » Un tourbillon de vent chassa l’acheteur
portant ce bracelet autour de votre bras, vous de la caverne , dont il ne put jamais retrouver
ferez fortune dans tous les jeux '. Voy. Roitelet. l’entrée *...
Jeudi. Les sorciers font ce jour-là un de leurs Jogonnata. l’og. Jaggiiernvt.
plus abominables sabbats, s’il faut en croire les Johannes de Cnrd8. l'og. Flaxbinbek.
démonomanes. Johnson (Samuel). Johnson, incrédule pour
Jézer-Tob, Jézer-Hara. Suivant l'ancienne tout ce qui n’était qu’extraordinaire ,
adoptait
cabale des Juifs, le monde des esprits est par- avec plus de confiance tout ce qui sentait le mi-
tagé, comme notre monde , en deux catégories ; racle, traitant de fable, par exemple, un phéno-
les esprits de lumière et les esprits de ténèbres. mène de la nature, et écoutant volontiers le récit
Jézer-Tob est le chef ou président des esprits d’un songe doutant du tremblement de terre de
;

de lumière, et Jézer-Hara le chef des esprits de Lisbonne pendant six mois, et allant à la chasse
ténèbres ou démons. du revenant de Cock-Lane rejetant les généalo- ;

Joachim, abbé de Flore, en Calabre, passa gies et les poèmes celtiques, et se déclarant prêt
pour prophète pendant sa vie et laissa des livres à ajouter'foi à la seconde vue des montagnards
de prédictions qui ont été condamnés en 1215 d’Écosse. En religion ,
plusieurs de ses opinions
par le concile de Latran. On lui attribue aussi étaient plus que libres, et en même temps il vi-
l'ouvrage intitulé l'Evangile éternel. vait sous la tyrannie de certaines pratiques su-
Job. Des alchimistes disent que Job, après son perstitieuses *,

affliction,connut le secret de la pierre philoso- Joli-Bois. l'og. Verdelet.


phale, et devint si puissant qu'il pleuvait chez Jongleurs. Voy. Escamoteurs, Harvis, Char-
lui du sel d’or idée analogue à celle des Arabes,
: latans, etc.
qui tiennent que la neige et les pluies qui tom- Jormungandnr, serpent monstrueux de l’en-
baient chez lui étaient précieuses.
Isidore place dans l’Idumée la fontaine de Job,
claire trois mois de l’année , trouble trois mois,
verte trois mois et rouge trois autres mois. C'est
peut-être cette fontaine que. selon les musul-
mans, l’ange Gabriel en frappant du
fit sortir
pied, cl dont il lava Job et le guérit.

Jobard, savant très-spirituel, mort à Bruxelles


en 1861. Les spirites de Paris l'ont évoqué il a ;

répondu au moins on l’assure et les journaux


:
;

annonçaient, au commencement de 1862, que sa


verve était très-compro menante pour beaucoup
de savants restés en vogue.
Jocaba. l’og. Ciscinnxtui.cs.
Jockey des Fées. On a souvent répété, en fer Scandinave, né du diable et de la géante
Écosse l’histoire d’un audacieux jockey lequel Angerbode.
, ,

vendit un cheval à un vieillard très-vénérable Josefsdal (Vallée de Josef). De nos jours en-
d'extérieur, qui lui indiqua, dans les montagnes
1
Walter Scott, Démonologie.
d’Eildon, Luckcn-Hare comme l’endroit où, à 1 J. Macaulay, Samuel Johnson et ses contempo-
• Admirables secrets du Petit Albert, p. 15. rains.

Digitized by Google
JOS — 379 — JL'!

core, on donne ce nom, en Suède, au lieu où se Judas eut vendu son maître, Ahasvérus abandonna
fait le sabbat des sorciers. aussi celui qu'on trahissait.
Joseph. On croit dans plusieurs pays que les
magiciens et sorciers n'ont aucun pouvoir sur
ceux qui ont reçu au baptêmele nom de Joseph
Josué Ben-Levi, rabbin si rusé et si sage
qu'il trompa le ciel et l'enfer tout ensemble.
Comme il était près de trépasser, il gagna si

bien le diable qu'il lui fit promettre de le porter


jusqu'à l’entrée du paradis, lui disant qu'il ne
voulait que voir le lieu de l’habitation divine, et
qu'il sortirait du monde plus content. Le diable,
ne voulant pas lui refuser celte satisfaction, le
porta jusqu’au guichet du paradis; mais Josué,
s’en voyant si près, se jeta dedans avec vitesse,
laissant le diable derrière, et jura par le Dieu
vivant qu'il n'en sortirait point Dieu, disent les
rabbins fit conscience que le rabbin se parjurât
,
Comme on conduisait Jésus au Calvaire chargé
et consentit à ce qu’il demeurât avec les justes’. de l’instrument de sa mort, le bon Sauveur voulut
Jours. Les magiciens et sorciers ne peuvent se reposer un instant devant la boutique du cor-

rien deviner le vendredi ni le dimanche. Quel- donnier, qui , craignant de se compromettre , lui

ques-uns disent même que le diable ne fait pas dit : « Allez plus loin, je ne veux pas qu’un cri-

ordinairement ses orgies et ses assemblées ces minel se repose à ma porte. > Jésus le regarda
jours-là mais ce sentiment n’est pas général. Si on
;
et lui répondit u Je vais et reposerai; mais
:

rogne scs ongles les jours de la semaine qui ont vous marcherez et vous ne reposerez pas vous ;

un r, comme le mardi, le mercredi et le vendredi, marcherez tant que le monde durera et au juge- ,

il viendra des envies aux doigts. Il n’est pas facile ment dernier vous me verrez assis à la droite
d’en donner la raison. Suivant une autre croyance de mon Père. » Le cordonnier prit aussitôt un
répandue en Hollande en ne coupant ses ongles bâton à la main et se mit à marcher sans pouvoir
,

que le vendredi, on n'a jamais mal aux dents. On s’arrêter nulle part. Depuis dix-huit siècles il a

a fait des tables des jours heureux et malheureux parcouru toutes les contrées du globe sous le
pour chaque mois; mais comme elle* varient nom de Juif errant. Il a affronté les combats les ,

toutes, le jour heureux de l’une étant malheureux naufrages, les incendies. Il a cherché partout la
dans l'autre, nous laissons aux amateurs le soin mort et ne l'a pas trouvée. 11 a toujours cinq sous
de dresser ces tables à leur gré pour leur usage '. dans sa bourse. Personne ne peut se vanter de
Judas Iscariote. Après sa trahison infâme, l’avoir vu; mais nos grands-pères nous disent

il fut possédé du diable et se pendit à un sureau.


que leurs grands-pères l'ont connu, et qu'il a
I.es Flamands appellent encore les excroissances paru, il y a plus de cent ans, dans certaines
parasites.de l’écorce du sureau sueur de Judas ‘. villes. Les aïeux de nos grands-pères, en disaient

Jugement de Dieu. foy. Épreuves , Obda- autant, et les bonnes gens croient à l'existence

iie etc. personnelle du Juif errant.


,

Jugement dernier. Les musulmans disent Ce n’est pourtant qu'une allégorie ingénieuse,
que le jour du jugement dernier durera cinquante qui représente toute la nation juive, errante et

mille ans. Mais chacun y sera si occupé qu'on ne dispersée depuis l’anathème tombé sur elle. Leur
s'en apercevra pas. race ne se perd point, quoique confondue avec
Juif errant. Ou voit dans la légende du Juif les nations diverses, et leurs richesses sont à
errant tpie ce personnage était cordonnier de sa peu près les mêmes dans tous les temps aussi
profession, et qu'il se nommait Ahasvérus; mais bien que leurs forces. M. Edgar Quinet a fait sur
la complainte rappelle Isaac Laquedcm. A l’àge Ahasvérus un poème humanitaire M. le baron ;

de dix ans, il avait entendu dire que trois rois de Reiffenberg une chronique *.
cherchaient le nouveau roi d'Israël il les suivit ;
Juifs. Indépendamment de ce coup de foudre

et visita avec eux la sainte étable de Bethléem. Il qui marque partout les juifs et les fait partout

allait souvent entendre Noire-Seigneur. Lorsque


reconnaître , il
y a sur eux plusieurs signes d’a-
bandon. Tant qu’ils ont été le peuple fidèle, ils
1
L'alliance de lainl Joseph, Bruxelles, 4695. ont conservé intact le dépôt des saintes Écritures.

p. 46. Depuis leur crime , les enseignements de Moïse


3 Voyez aussi, dans Légendes infernales
les ,
le et des prophètes se sont étouffés chez eux sous
maréchal de Tamine. les incroyables absurdités du Talmud ; et le sens
3 Voyez sur les jours les légendes du calendrier.
4 Voyez les traditions sur Judas dans les Légendes ' Voyez les Légondes du Juif errant et des seize
du .Voue eau Testament. reines de Munster.

zed by Google
JU! — 380 JCI

n’est plus avec eux. La terre sainte qui était le ,


I Parmi les moyens que
l’on employait pour les
le plus beau pays du monde, mau-
plus fertile et découvrir, en est un singulier que rapporte
il

dite depuis dix-huit siècles, est devenue si mi- Toslat dans son livre des Démons : c'était une
sérable qu’elle ne nourrit plus scs rares habi- tête d’airain, une androïde, qui, en Espagne,
tants. Partout les juifs se sont vus mal tolérés. dit-il, révélait les juifs cachés...
Souvent on les poursuivit pour des crimes ima- Ils faisaient l’usure et dépouillaient les chrétiens
ginaires mais leur histoire est souvent chargée
:
dans les contrées où ils étaient soufferts; puis,
de crimes trop réels. On les chassa de l’Espagne, quand ils avaient tout ravi, les princesqui avaient
qu’ils voulaient dominer-, et sans celte mesure besoin d'argent les faisaient regorger avec vio-
la Péninsule serait aujourd’hui la proie des juifs lence. Dans de tels cas, ils essuyèrent surtout de
et des Maures. Souvent, sans doute, on mit peu grandes vexations chez les Anglais, Le roi Jean
d'humanité dans les poursuites exercées contre lit un jour emprisonner les riches juifs de son

eux mais on ne les bannissait pas sans leur


;
royaume pour les forcer à lui donner de l'ar-
donner trois mois pour s'expatrier, et ils s’obsti- gent; un d'eux, à qui on arracha sept dents
naient à demeurer dans les pays où leurs télés i l'une après l'autre, en l'engageant de la sorte à
étaient proscrites. I contribuer, paya mille marcs d’argent à la hui-

Dm Juif* , à Contlanlinoplr , dirent qu'il» feraient l« seul» qui entreraient an paradi» — Page 381.

tième. Henri III tira d’Aaron, juif d’York, qua- ront mariés; et leurs jours seront heureux; et
rante mille marcs d'argent et dix mille pour la vous jouirez longtemps de leur bonheur.
reine. Il vendit les autres Juifs de son pays à son » Le bois que sollicitent ces enfants est destiné
frère Richard pour le terme d’une année, afin à brûler Us juifs. C’est le soir du jeudi saint des
que ce comte éventràt ceux qu’il avait déjà Grecs qu’on allume les feux ; chaque petite troupe
écorchés, comme dit Matthieu Pàris... En gé- allume lésion. On fabrique un homme depailleavec
néral, lorsqu’on tolérait les juifs, on les distin- le costume juif, et la victime en effigie est ainsi
guait des autres habitants par des marques in- conduite devant le feu au milieu des clameurs ,

famantes. et des huées. Lesenfantsdélibèrent gravement sur


« Avant de quitter JafTa , dit un illustre voya- le genre de supplice auquel il faut condamner
geur, je ne vous parlerai pas d’une coutume que l’Israélite les uns disent
; Crucifions-le, il a cru-
:

vous ignorez peut-être et qui est établie chez les cifié Jésus- Christ; les autres: Coupons-lui la
Grecs de cette ville. Chaque soir, pendant le ca- barbe et les bras; puis la tête; d’autres enfin :
rême, les petits enfants des familles grecques Fcndons-le, déchirons-lui les entrailles, car il a
vont à la porte des maisons chrétiennes et de- tué notre Dieu. Le chef de la troupe prenant

,

mandent avec des cris monotones, qu’on pren- alors la parole ; Qti’est-il besoin, dit-il , de re-
drait pour une complainte, du bois ou des paras courir à tous ces supplices? Il
y a là un feu tout
(liards) pour acheter du bois. Donnez don- — , allumé ; brûlons le juif. — Et le juif est jeté dans
nez, disent-ils; cl l’an prochain vos enfants se- les flammes. — Feu, feu, s’écrient les enfants.
)

JUI — 381 — JUI

ne l’épargne pas, dévore-lo il a soufllelé Jésus- obligé de faire descendre du toit mon fils qui est

;

Christ; il lui a cloué les pieds et les mains. en danger; quand je l’aurai sauvé, je vous re-
I -Os enfants énumèrent ainsi toutes les souffran- mettrai l’échelle. Et ainsi des autres circon-
ces que les juifs firent endurer au Sauveur. stances. »
Quand la victime est consumée, on jette au vent » Ce passage n’est qu’une paraphrase du texte

ses cendres avec des imprécations: et puis cha- talmudique de YAvoda-Sara, chap. n, qui pres-
cun se retire, satisfait "d’avoir puni le bourreau crit les mêmes manœuvres pour faire périr les
du Christ. —
De semblables coutumes portent hérétiques. 11 ajoute un autre expédient, celui
avec elles leur caractère, et n'ont pas besoin de fermer le puits aumoyen d’une pierre, et de
d’étre accompagnées de réflexions » dire qu’on l’a couvert de crainte que le bétail
Les diverses religions sont plus ou moins to- n’y tombât. L'objet de ces homicides est moins
lérées dans les Étals des Turcs et des Persans. déterminé dans le Talmud que dans le passage de
Des juifs, à Constantinople, s'avisèrent de dire, Maimonides ; il laisse plus de latitude aux coups
en conversation qu’ils seraient les seuls qui en-
,
meurtriers. Tous les minim sont désignés au fer
treraient dans le paradis. Où serons-nous donc, — assassin ; et que les chrétiens sout
il est notoire
nous autres ? leur demandèrent quelques Turcs appelés de ce nom. Le Talmud appelle les Évan-
avec qui ils s'entretenaient. Les juifs, n’osant — giles le livre des minim. Maimonides compte
pas leur dire ouvertement qu’ils en seraient ex- parmi les hérétiques (minim) ceux qui prétendent
clus, leur répondirent qu’ils seraient dans les que Dieu a pris un corps et qui adorent, outre le
cours. Le grand vizir, informé de cette dispute, Seigneur, un médiateur entre lui et nous, c’est-
envoya chercher les chefs de la synagogue et à-dire les chrétiens.
leur dit que puisqu'ils plaçaient les musulmans
,
» La haine des juifs contre les chrétiens est
dans les cours du paradis, il était juste qu’ils leur ancienne. Sans remonter au premier siècle , tout
fournissent des tentes afin qu’ils ne fussent pas
,
plein d'exemples sanglants, Khosroès, roi de
éternellement exposés aux injures de l'air. On Perse, fit, en 615, une irruption sur la Pales-

prétend que c’est depuis ce temps-là que les tine ; il comptait sur les juifs pour sc défaire des
juifs, outre le tribut ordinaire, payent une somme chrétiens. 11 prit Jérusalem et fit une multitude
considérable pour les tentes du grand seigneur et de prisonniers chrétiens qu’il vendit aux juifs.
de toute sa maison quand il va à l'armée *.
,
Leur empressement fut tel que chacun consa-
Nous ne réveillerons pas ici les accusations crait une partie de son patrimoine à l'achat des
portées contre les juifb à propos de l’assassinat prisonniers chrétiens ,
qu’il massacrait aussitôt.
commis à Damas, le 5 février 1840, contre le Mais est-ce vrai? Basnage, dans son Histoire des
père Thomas et son domestique. Ceux qui ont lu juifs, raconte ces massacres sans élever le
les pièces officielles de ce triste procès savent ce moindre doute sur leur authenticité. Des Juifs
qu’ils doivent en penser. Mais nous extrairons convertis ont avoué plusieurs fois que chez eux
du savant Journal historique et littéraire, de Liège on massacrait des enfants volés ou achetés, sous
(janvier 1841) un passage relatif à la doctrine prétexte qu’en les tuant on empêchait toute une
des juifs sur le meurtre ; race idolâtre de naître. On peut aller loin avec
« Le célèbre rabbin Maiinonidcs, mort en 1205, ce principe.
écrivait à l’époque où les juifs furent le plus ac- • Leurs rabbins disent que le précepte du Dé-

cusés de meurtres sur les chrétiens. Un de ses calogue: Aon vous ne tuerez point,
occides,
principaux ouvrages est le Jad t'.haiakah ou la n’oblige qu'à des Israélites. Lévi beu
l'égard
Main forte, qui est un abrégé substantiel du Gersom, dans son commentaire sur le Penla-

Talmud. Voici ce qu’il dit : teuque, dit n Les paroles t ous ne tuerez point
:

« Il nous est ordonné de tuer les hérétiques signifient : vous ne tuerez point parmi les Israé-
( minim c'est-à-dire ceux des Israélites qui sc
, lites ; car il nous est permis de tuer les animaux ;

livrent à l’idolâtrie ou celui qui pèche pour irri-


,
il nous est aussi ordonné de tuer une partie des

ter le Seigneur, cl les épicuriens, c’est-à-dire nations, comme Amalech et les autres nations à
ceux des Israélites qui n'ajoutent pas foi à la loi qui il nousest commandé de ne pas laisser la
et à la prophétie. Si quelqu’un a la puissance de vie. Il est donc clair que le commandement
les tuer publiquement par le duel, qu’il les lue défend seulement de tuer les Israélites. »
de cette manière. S’il ne peut faire ainsi, qu’il u Maimonides dit aussi qu'on viole ce comman-

tâche de les circonvenir par fraude jusqu'à ce dement lorsqu'on tue un Israélite, laissant assez
qu’il leur ait donné la mort. Mais de quelle ma- entendre qu'on ne le viole pas en tuant un chré-
nière? Je réponds S'il voit l’un d'eux tombé au
: tien ou un gentil. « Un Israélite qui a tué un
fond d’un puits dans lequel une échelle avait été étranger habitant parmi nous, dit-il ailleurs, ne
placée auparavant, qu’il la retire et dise : Je suis peut d'aucune manière être condamné à mort. >
Dans le Bava mezia, il est encore dit que les
1
MichaudelPoujoulat, Cirrrespondancedel'Orient. juifs sont des hommes et que les autres peuples
* Saint-Foix, Essais, t. U. du monde sont des brutes. Les rabbins ensei-
JUL — 382 — Jl'R

gncnt que les autres peuples du monde n’ont pas Après sa mort, on trouva dans le palais qu'il
d'àine humaine; et ils les traitent, surtout les habitait des charniers et des cercueils pleins de
chrétiens, de porcs, de bœufs, de chiens, d’ànes têtes et de corps morts. En la ville de Carres de
et de sangliers. Dès lors le précepte Vous ne ; Mésopotamie dans un temple d’idoles, on trouva
,

tuerez point, n'obligeant point envers les ani- une femme morte pendue par les cheveux, les
maux , n'oblige pas envers les chrétiens. bras étendus, le ventre ouvert et vide. On pré-

> Ces doctrines ne sont de Moïse, ni


ni celles tend que Julien l'avait iihmolée pour apaiser les
celles des autres livres saints. Ce sont les doc- dieux infernaux auxquels il s'était voué , et pour
trines des talmudistes, rabbins ou scribes. Mais apprendre par l’inspection du foie de cette femme
Buxtorf assure (in Synagoga Judaïca) que cet le résultat de la guerre qu’il faisait alors contre
axiome est vulgaire Mon fils faites plus atten-
:
,
las Perses.

tion aux paroles des scribes (ou rabbins) qu'à La mort de l’Apostat fut dans signifiée, dit-on,
celles de la loi. Salomon Jarchi un des plus fa-
,
plusieurs lieux à au même moment
la fois, et
meux docteurs juifs, écrit dans ses commen- qu’elle advint. Un de ses domestiques, qui allait
taires sur le Deutéronome « Vous ne vous écar-
; le trouver en Perse , ayant été surpris par la

terez pas des paroles des rabbins, quand même nuit et obligé de s'arrêter dans une église, faute
ils vous diraient que votre main droite est votre d’auberge , vit en songe des apôtres et das pro-
main gauche, ou que votre gauche est votre phètes assemblés qui déploraient les calamités de
droite. Vous le ferez donc bien moins lorsqu'ils l’Église sous un prince aussi impie que Julien ;

appelleront votre droite, droite, et votre gauche, et un d’entre eux, s’étant levé, assura les autres
gauche. » qu'il allait y porter remède. La nuit suivante,

Cependant, de nos jours et chez nous, les ce valet, ayant vu dans son sommeil la même
juifs, non plus tolérés seulement, mais devenus assemblée, vit venir l’homme de la veille qui
citoyens ne s'occupent plus de la magie comme
,
annonça la mort de Julien. Le philosophe Di-
autrefois et abandonnent complètement les doc- dyme d’Alexandrie vit aussi en songe des hom-
trines désolantes de leurs vieux talmudistes. Nous mes montés sur des chevaux blancs, et courant
pourrions en citer plusieurs parmi les notables dans les airs en disant ; « Annoncez à Didyrae
qui comprennent le lien des deux testaments et qu'à celte heure Julien l’Apostat est tué. »
qui sont beaucoup plus près du catholicisme que Jung, auteur allemand, vivant encore peut-
les philosophes et quelques protestants. Dieu être. Il a écrit sur les esprits un ouvrage inti-
veuille qu’ils deviennent tous bientôt nos frères tulé Théorie de Gtuler - Kunder Nuremberg, ,

en Jésus-Christ ! 1808, in-8*.


Julien l’Apostat, né en 331, empereur ro- Junier, démon invoqué comme prince des
main mort en 363. Variable dans sa philosophie,
,. anges dans les litanies du sabbat.
inconstant dans sa manière de penser, après Jupiter- Ammon. Les Égyptiens portaient sur
avoirélé chrétien il retomba dans le paganisme.
, le cœur, comme un puissant préservatif, une

Les ennemis seuls de l’Église ont trouvé dans amulette ou philactère, qui était une lame sur
quelques qualités apparentes des prétextes pour laquelle ils écrivaient le nom de Jupiter-Ammon.
faire son éloge. Ce sage consultait Apollon et Ce nom était si grand dans leur esprit, et même
sacrifiait aux dieux de pierre, quoiqu’il connût chez les Romains, qu’on en croyait l’invocation
la vérité. Les démonomanes l'ont mis au nombre suffisante pour obtenir toutes sortes de biens.
.

des magiciens; et il est vrai qu’il croyait ferme- On sait que Jupiter-Ammon avait des cornes de
ment à la magie, qu’il attribuait à cette puis- bélier. Sa statue adorée à Thèbes dans la haute
, ,

sance les miracles de Notre-Seigneur, dont il Égypte, était un automate qui faisait des signes
n’était pas assez stupide pour nier l’évidence, et de tête.
il expliquait de la même manière les prodiges Jurement. « C’est une chose honteuse, dit
que Dieu accordait alors encore à la foi ferme un bon légendaire, que d’entendre si souvent
des chrétiens. Enfin, avecMaximusel Jamblique, répéter le nom du diable sans nécessité. Un père
il évoquait les espriLs, consultait les entrailles en colère dit à ses enfants Venez ici, mau-
: —
des victimes et cherchait l’avenir par la nécro- vais diables Un autre s’écrie
I Te voilà bon : — ,

mancie. Il avait des visions : Ammien Marcellin diable Celui-ci qui a froid vous l'apprend en
I

rapporte que peu avant sa mort, comme il écri- disant: —


Diable! le temps est rude. Celui-là
vait dans sa tente, à l’imitation de Jules César, qui soupire après la table dit qu’il a une faim
il vit paraître devant lui le génie de Rome avec de diable. Un autre qui s'impatiente souhaite
un visage blême. que le diable l’emporte. Un savant de société,
Il fut tué par un trait que personne ne vit ve- quand il a proposé une énigme, s’écrie brave-
nir, à l’àge de trente-deux ans. Ennemi acharné ment : —
Je me donne au diable si vous devinez
de Jésus-Christ, il recueillit, dit-on, en tombant, cela. Une chose parait-elle embrouillée, on vous
un peu de son sang dans sa main et le lança vers avertit que le diable s’en mêle. Une bagatelle
le ciel en disant: «Tu as vaincu, Galiléenl » est-elle perdue on dit qu’elle est à tous les dia-
,

jogle
, ,

JUR — 383 — KAA


blés. Un homme laborieux prend-il quelques mo- au Mans. Le jour venu l’avocat gascon, ayant,

ments de sommeil, un plaisant vient vous dire que longuement réfléchi sur les moyens qu’il avait à
le diable le berce. Ce qu’il y a de pis, c'est que— prendre pour ne courir aucun péril, s’avança
des gens emploient le nom du diable en bonne devant les juges et demanda qu’avant de re-
part ainsi on vous dira d'une chose médiocre
; : courir à une plus violente ordalie on lui permit
— Ce n'est pas le diable. Un homme fait-il plus d’abord d’essayer celle-ci , c’est-à-dire qu’il se
qu'on ne demande, on dit qu’il travaille comme le donnait hautement et fermement au diable, lui

valet du diable. Que l’on voie passer un grenadier et sa partie, s’ils avaient touché l’argent dont ils

de cinq pieds dix pouces on s’écrie Quel grand ,


:
— niaient la dette. Les juges, étonnés de l’audace
diable D’un homme qui vous étonne par son
1 du Gascon , se persuadèrent là-dessus qu’il était
esprit par son adresse ou par ses talents vous
, ,
nécessairement fort de son innocence et se dis-
dites : —
Quel diable d’homme On dit encore I : posaient à l’absoudre; mais auparavant ils or-
Une force de diable un esprit de diable un cou- , ,
donnèrent à l’avocat de la partie adverse de pro-
rage de diable un homme franc est un bon
;
noncer le même dévouement que venait de faire
diable; un homme qu’on plaint, un pauvre l’avocat gascon, — Il n’en est pas besoin , s’écria
diable un homme divertissant a de l’esprit en
; aussitôt du fond de la salle une voix rauque.
diable, etc. et une foule de mots semblables.
, En même temps on vit paraître un monstre
Ce sont de grandes aberrations. » noir, hideux ayant des cornes au front des ailes
, ,

Un père en colère dit un jour à son fils :


— de chauve-souris aux épaules, et avançant les
Va-t'en au diable Le fils, étant sorti peu après,! griffes sur l’avocat gascon Le champion,
rencontra le diable qui l’emmena et on ne le , , tremblant, se hâta de révoquer sa parole, en
revit plus '. Un autre homme irrité contre sa suppliant les juges et les assistants de le tirer des

,

fille qui mangeait trop avidement une écuelle de griffes de l’ange des ténèbres. le ne céderai,
lait, eut l’imprudence de lui dire : — Puisses-tu répondit le diable, que quand le crime sera
avaler le diable dans ton ventre ! La jeune fille révélé
sentit aussitôt la présence du démon et elle fut , Disant ces mots , il s'avança encore sur le plai-
possédée plusieurs mois ’. Un mari de mauvaise deur manccau et sur l’avocat gascon.... Les deux
humeur donna au môme
sa femme au diable ; menteurs, interdits, se hâtèrent d’avouer, l’un,
instant, comme bouche de s’il fût sorti de la qu’il devait la somme qu'on lui demandait,
l’époux, le démon entra par l’oreille dans le l’autre , qu'il soutenait sciemment une mauvaise
corpsde cette pauvre dame’. Ces contes vous font cause. Alors le diable se retira; mais on sut par
rire puissent-ils vous corriger
; ! la suite que le second avocat, sachant combien

Un avocat gascon avait recours aux grandes le Gascon était peureux avait été instruit de son
,

figures pour émouvoir ses juges. Il plaidait au idée ; qu’il avait en conséquence affublé son do-
quinzième siècle, dans ces temps où les juge- mestique d’un habit noir bizarrement taillé et
ments de Dieu étaient encore en usage. Un jour l’avait équipé d’ailes et de cornes pour découvrir
qu’il défendait la cause d'un Manceau cité en la vérité par ce ministère. Voy. Imprécations.
justice pour une somme d’argent dont il niait la Jurieu, ministre protestant, né en 1637, mort
dette, comme il n'y avait aucun témoin pour en 1713. Il prit ses désirs pour des inspirations
éclaircir l'affaire les juges déclarèrent qu'on au-
, et se fit prophète. Dans son livre , De faccom-
rait recours à une épreuve judiciaire. L’avocat plisscmcnt des prophitia il annonçait en 1 685

de lapartie adverse, connaissant l’humeur peu avec la ferme assurance d’un oracle, que dans
belliqueuse du Gascon demanda que les avocats , cinq ans le calvinisme triompherait par toute la
subissent l’épreuve, aussi bien que leurs clients; France. Mais 1690 arriva et n’eut pas la com-
le Gascon n’y consentit qu’à condition que l'é- plaisance de lui donner raison. Ce qui l’aplatit
preuve fût à son choix. — La chose se passait un peu.

K
Kaaba. Ce lieu célèbre à la Mecque, dans selon les croyances musulmanes. Le seuil est un
l’enceinte du temple ou plutôt de la mosquée, bloc de pierre qui a élé ,
disent les Arabes, la

est, dit-on, la maison d’Abraham, bâtie par lui, statue de Saturne , autrefois élevée sur la Kaaba
même, et renversée par un prodige, ainsi que
Cœsarii Heisterb. miracul.,
1
lib. V, cap. xit.
a toutes les autres idoles du lieu, au moment de la
Ejustlem, cap. n, ibid.
1 Ejusicm, cap. il, xbid. naissance de Mahomet.

Digitized by Google
, ,

KAB — 384 — KAH


La Kaaba est un petit édifice d’une quinzaine ne peut faire que sous la conduite d'un être su-
de pieds. Les musulmans l’appellent la maison périeur. C'est, dit-on, la demeure des génies. 11

carrée et la maison de Dieu dans le Koran elle


; est souvent parlé de cette montagne dans les
est désignée comme le lieu le plus saint de la contes orientaux. Voy. Sakhrat.
terre aussi les bons musulmans se tournent -ils
: Kaha, maléfice employé aux lies Marquises.
toujours dans leurs prières vers la Kaaba et il ; Les habitants attribuent au Kaha la plupart de
faut être peu dévot pour n’en pas faire au moins leurs maladies. Voici comment il se pratique;
une fois en sa vie le pèlerinage. On y révère la < Quelque sorcier aura attrapé de votre salive
fameuse pierre noire qui servait d'échafaud à et puisil vous a lié du terrible Kaha ou maléfice

Abraham lorsqu’il maçonnait la maison carrée. du pays en enveloppant cette salive dans un
,

On conte qu’elle se haussait et se baissait d’clle- morceau de feuille d’arbre et la conservant en sa


métne, selon les désirs du patriarche. Elle lui puissance. Il tient là votre âme et votre vie en-
avait été apportée par l’ange Gabriel ; et on chaînées. —
A ce mal voici le remède ceux qui :

ajoute que cette pierre, se voyant abandonnée ont eu le pouvoir de vous jeter le charme ont
après qu'on n’eut plus besoin d’elle, se mit à aussi le pouvoir de vous l'ôler, moyennant quel-
pleurer; Abraham la consola en lui promettant que présent. Le sorcier vient donc se coucher
qu'elle serait extrêmement vénérée des musul- près de vous il voit ou il entend le génie du
;

mans ; et il la plaça en effet près de la porte, où mal ou de la maladie quand il entre en vous et
elle est baisée par tous les pèlerins. quand il en sort, car il parait que ces génies se
Kabires, dieux des morts, adorés très-an- promènent souvent; et il l'attrape comme au vol,
ciennement en Égypte. Bochard pense qu'il faut ou bien il le saisit en vous frottant le bras, et il
entendre sous ce nom les trois divinités infer- l’enferme à son tour dans une feuille, où il peut
nales Pluton, Proserpine et Mercure.
; le détruire *. » .

D’autres ont regardé les Cabires comme des Kahlhammer (Marie) , Bavaroise ,
qui a fait

magiciens qui se mêlaient d’expier les crimes des récemment beaucoup de bruit à Munich, à pro-
hommes, et qui furent honorés après leur mort. pus de scs communications avec les esprits au
On les invoquait dans les périls et dans les infor- moyeu des tables tournantes. lin livre d'elle,
tunes. Il y a de grandes disputes sur leurs noms,
qu’on ne déclarait qu'aux seuls initiés*. Ce qui
est certain, c’est que les Cabires sont des démons
qui présidaient autrefois à une sorte de sabbat.
Ces orgies qu’on appelait fêtes des Cabires , ne
,

se célébraient que la mut: l'initié, après des


épreuves effrayantes, était ceint d'une ceinture
de pourpre, couronne de branches d'olivier et
placé sur un trône illuminé, pour représenter le
maître du sabbat, pendant qu’on exécutait auLutir
|

de lui des danses hiéroglyphiques plus ou moins


infimes.
Kaboutermannekens, petits lutins flamands
qui font des niches aux femmes de la campagne,
surtout en ce qui touche le laitage et le beurre.
Kacher, vieux magicien qui, dans l’histoire
fabuleuse des anciens rois de Kachcmire , trans-
forma le lac qui occupait ce beau pays en un
donna aux eaux une issue
vallon délicieux, et
miraculeuse en coupant une montagne nommée
Baraboulé. intitulé Communications îles bienheureux esprits
Kaf , montagne prodigieuse qui entoure l’hori- etde l'archange Raphaël |>ar la main de Marie
zon de tous cotés, à ce que disent les musul- Kahlhammer et parla bouche de Cressencc WolfT,
mans. La terre se trouve au milieu de celte mon- a étécondamné comme superstitieux et dange-
tagne, ajoutent-ils, comme le doigt au milieu de reux , cl les deux héroïnes excommuniées.
l’anneau. Elle a pour fondement la pierre Sakhrat, Kaïdmords. Chez les Perses, c'est le nom du
dont le moindre fragment opère les plus grands premier homme il sortit de la jambe de devant
;

miracles. C’est celte pierro, d’une seule


faite d’un taureau, selon la doctrine des mages; il fut
émeraude, qui excite les tremblements de terre, tué par les Dives; mais il ressuscitera le jour du
en s'agitant selon que Dieu le iui ordonne. jugement. On invoque son àme chez les Guèbres.
Pour arriver à la montagne de Kaf, il faut tra- Voy. Boundscuksc.ii.
verser de vastes régions ténébreuses, ce qu’on 1
Lettres du P. Mathias Gracia sur les Iles Mar-
1
Delandine, l’Enfer des peuples anciens, ch. xrx. quises, lettre sixième.

itized by Google
KAI — 385 — KAI.

Kaiomers ,
le premier rui de l’antique dynastie sont dans les attributions des geljuncs, prêtres et
des Pichadiens; il était, suivant les historiens devins. Pendant la nuit qui précède le nouvel an,
persans, le petit-fils de Noé. C’est lui qui vainquit chaque Kalmouk allume une lampe devant son
les Dives ou mauvais génies à la puissance des- idole et, quand ses moyens le lui permettent, va
quels le pays était soumis. trouver le geljune pour se faire prédire ce qui
Kakos, démon invoqué dans les litanies du arrivera dans l’année. Le geljune, assis grave-
sabbat. ment sur un tabouret, examine les entrailles d’un
Kalmouks. Les Kalmouks rendent hommage agneau parcourt ses tables astrologiques et ré-
,

<ideux êtres puissants au génie du bien et : pond aux questions qui lui sont posées par des
au génie du mal, sacrifiant sur le sommet des paroles à double sens. Là ne se bornent point ses
fonctions. Il doit qjmonccr aussi quel temps il fera
pendant l’année, si les récoltes seront bonnes, etc.
Au reste, il faut avo'uer que les Kalmouks sont
d’excellents prophètes en ce qui concerne le
temps. Il y a quelques années, un Kalmouk qui
passait par la ville de Slawropo! prédit deux ou
trois semaines avant Pâques que ce jour-là il
tomberait do la neige.
C’était dans les derniers jours du mois de mars
(ancien style); le temps était superbe, les prés
commençaient à verdir, les arbres à bourgeonner.
On le traita de fou; et comme il s'en allait dans
le bazar, criant A Pâques, de la neige de la
: !

montagnes, sur les bords des rivières , ou dans neige à Pâques ! on l'arrêta , en lui promettant
l'intérieur de3 cabanes, à l’un comme à l’autre, que, s'il disait vrai, on lui compterait 25 roubles ;

mais le plus souvent à la divinité malfaisante, mais que, dans le cas contraire, on lui adminis-
parce qu'ils jugent nécessaire de la fléchir et trerait une correction exemplaire. Le temps resta
d'apaiser son courroux. Le soleil, ou, comme ils comme il était; mais le dimanche de Pâques,
l’appellent, l'œil de Dieu, est pour eux l’objet vers dix heures, voilà tout à coup qu’un léger
d’un culte Quelque dégénérée que
particulier. vent nord-ouest se met à souffler , devient plus
soit cette fausse religion,on reconnaît cependant intense, et, à onze heures, éclate une véritable
le rapport qui existe entre elle et l’une des plus tempête de neige, qui força les habitants de
anciennes, celle des disciples de Zoroastre, qui Slawropol à s'envelopper de leurs plus chaudes
avait étendu son influence non -seulement sur pelisses. Au lieu de 25 roubles le Kalmouk en
,

l’Inde et la Perse, mais encore sur les peuples reçut 75.


nomades des steppes mongoles et nous voyons ; Aujourd’hui, comme
au moyen âge, les Kal-
encore de nos jours des tribus, telles que les mouks ont des sc/tamancs qui abusant de leur
,

Kalmouks, qui en ont conservé le souvenir pen- crédulité, leur persuadent qu'ils possèdent un
dant une suite de siècles. empire magique sur une foule de génies invisibles
Les Kalmouks, dans le département de Staw- dont ils se disent accompagnés et qui leur révè-
ropol (Russie) célèbrent l’entrée de la nouvelle
, lent l'avenir et les choses secrètes. Comme au
année par des sacrifices et des prédictions qui moyen âge, le mort et même le malade leur in-

Digitized by Google
K Al. — 386 — KAN
spirenl une horreur qu'ils n’onl garde de cacher. main à sa bru. Ceux que Geiralda avait envoyés
Après avoir placé près de lui tout ce donl il peut tuer Oddo s'en revinrent déconcertés. Us n'avaient
avoir besoin à leur avis, ils s'éloignent du ma- rencontré que Kalta, filant du lin à une grande
lade, fut-ce leur père; la couche du mourant', quenouille. — Fous, leur dit Geiralda, celte que-
s'il est riche, est gardée tout au plus par un nouille était Oddo. — Ils retournèrent sur leurs
schamane ; la famille se contente d'envoyer de pas, s’emparèrent de la quenouille et la brûlèrent.
temps en temps demander de scs nouvelles. Cette Mais alors Kalia avait caché son fils sousla forme
indifférence inhumaine ne les empêche pas de d'un chevreau. Une troisième fois, elle le chan-
rendre après la mort tous les honneurs possibles gea en pourceau. Les émissaires, furieux de ne
à celui qu'ils viennent de perdre. Le défunt, vêtu pouvoirmetlre la inainsurcelui qu’ils cherchaient,
de ses plus beaux habits, est quelquefois enterré voulurent sedédommager de leurs peines, s’em-
au fond des bois, avec son arc et scs flèches, sa parèrent du porc, le tuèrent, et ne furent qu’à
pipe , sa selle et son fouet. D’autres suspendent
leurs morts dans des couvertures de feutre au
haut des arbres les plus élevés; d'autres enfin
en brûlent les restes mortels sur un bûcher pour
garder leurs cendres. Dans ce cas le cheval fa-
vori du défunt est brûlé avec lui. Ce sont encore
les mœurs dont parlent les chroniques et les
voyageurs du moyen âge. En général cette peu-
plade offre jusqu'à présent l’image fidèle de ce
qu'étaient les Mongols à une époque malheureu-
sement trop glorieuse pour cette nation, lorsque,
conduits par Tchinguis-Khan ils portèrent de
,

victoire en victoire la terreur et la désolation


jusqu'au centre de l'Europe, jusque dans les
plaines riantes de la Silésie. —
Voyez Kosaks.
Kalpa-Tarou, arbre fabuleux sur lequel les demi satisfaits quand, le charme détruit, ils re-
connurent qu’au lieu d'un cochon gras, ils n’a-
vaient que le cadavre du fils de Kalta.
Kamis, esprits familiers au Japon.
Eamlat, opération magique en usage chez
les Tartares de Sibérie, et qui consiste à évoquer
le diable aumoyen d'un tambour magique ayant
la forme d'un tamis ou plutôt d'un tambour de
basque. Le sorcier qui fait le kamlal marmotte

quelques mots tartares, court do côté et d'autre,


s'assied, se relève, fait d'épouvantables grimaces
et d'horribles contursions, roulant les yeux , les
fermant , et gesticulant comme un insensé. Au
bout d'un quart d'heure , il fait croire que , par
ses conjurations, il évoque le diable, qui vient
toujours du côté de l’occident en forme d'ours,
pour lui révéler ce qu'il doit répondre ; il fait

entendre qu’il est quelquefois maltraité cruelle-


ment par démon, et tourmenté jusque dans le
le
sommeil. Pour en convaincre ses auditeurs, il
feint de s'éveiller en sursaut en criant comme un
possédé.
Eamosch et Eemosch. l'oy. Ciiamos.
Kantius le Silésien. L'histoire de Jean Kan-
Indiens d'autrefois cueillaient tout ce qu'ils pou- tius, racontée au docteur More par un médecin
vaient désirer. de la Silésie un des exemples les plus frap-
, est
Kalstrara. C'est le nom que donnaient les pants de celle croyance aux vampires, qui a
anciens Bavarois aux sorciers charmeurs. régné en souveraine sur certains esprits au der-
Ealta. On trouve dans l'Eyrbiggia Saga l’his- nier siècle. —On dit que Kantius, échevin de la
toire curieuse d'une lutte entre deux sorcières ville de Peslh. sortant du tombeau, apparut dans

du Nord. L'une d’elles, Geiralda était résolue à


, la ville qui l'avait vu naitre mais ce qui est po-
;

faire mourir Oddo, le fils de l’autre, nommée sitif, c’est que de nombreuses rumeurs, relatives

Kalta, qui dans une querelle avait coupé une à ce même fait, jetèrent une agitation violente

Digitized by Google
,

KAN — 387 — KAR


et une terreur profonde parmi ses concitoyens étonnant. On ne put tirer le corps de la fosse,
et dans toute l’étendue de la Silésie. On con- tant il était pesant.
Enfin les citoyens de Pcstli, bien inspirés,
cherchèrent et découvrirent le cheval dont la
ruade avait tué Kantius; ce cheval parvint à
grand'peine à amener hors de terre les restes de
son ancien maître. Lorsqu'il s'agit d'anéantir ces
restes, une autre difficulté se présenta. On mit
le corps sur un bûcher allumé, et il ne se con-
suma pas... On fut obligé de le couper en mor-
ceaux que l’on réduisit partiellement en cendres,
et depuis lors l'échevin Jean Kantius cessa de
faire des apparitions dans sa ville natale.
Karajaméa. Les Persans ont un livre mysté-
rieux appelé Karajaméa recueil des révolutions
(

futures); est pour eux ce qu’étaient autrefois


il

les oraclesdes sibylles pour le peuple romain.


K «u tint le Silêiien.
On le consulte dans les affaires importantes, et
surtout avant d'entreprendre une guerre; on le
damna son cadavre à être bridé comme vam- dit composé de neuf mille vers, chaque vers
pire... Mais l'exécution rencontra un obstacle formant une ligne de cinquante lettres. Son au-

Le diable lient toujours en forme d'our*. — Page 386.

leur est le célèbre cheik Sephy, l’aïeul.du prince rouge ,


à l'adepte ou sorcier qui parle avec les
qui régnait au temps du voyageur Chardin; et esprits.
l'on croyait fortement en Perse qu’il contenait Kardec (Allan), écrivain contemporain, qui
une partie des principales révolutions d'Asie, s'occupe du spiritisme et s’est mis en rapport
jusqu'à la fin du monde. Il étailalors gardé avec avec les esprits. Il a publié quelques ouvrages
soin dans le trésor royal, comme un original dont le plus important est intitulé « Le Livre de»
dont il n'y a point de double ni de copie, car la u eifirit» contenant les principes de la doctrine
connaissance en était interdite au peuple. » spirite sur la nature des esprits leur mauifes-
,

Karcist , nom qu'on donne , dans le Dragon » talion et leurs rapporLs avec les hommes, les
Î5.
KAK — 388 — KEL
n lois morales, la vie présente, la vie future et Compère, ne faut pas que tu t’en ailles; reste
il

» l'avenir de l’humanité', écrit sous la dictée et assis là des affaires dont il est nécessaire
; j’ai

» publié par l’ordre d’esprits supérieurs, par que je m’occupe; mais je reviendrai dans une
» Allan Kardec. » Paris, 1837, chez Dentu. D’a- heure, et je le dirai quelque chose.
près le système de ce livre, qui n’est pas d’accord » Le berger donc attendit; le katakhanès s’en
avec notre foi , nos âmes vivaient à l’état d’es- alla à environ dix milles de là, où vivaient deux

prits avant de s’incarner en nous et elles revi- ,


jeunes époux nouvellement mariés; il les égorgea
vront esprits en nous quittant, l'oy. Spiritisme. tous deux. A son retour, le berger s'aperçut que
Karra-Kalf le plus haut degré de la magie
,
les mains du vampire étaient souillées de sang,

en Islande. Dans les temps modernes , lorsqu'on et qu'il rapportait un foie dans lequel il soufflait,
j

pratiquait le kara-kalf, le diable paraissait sous ; comme font les bouchers, pour le faire paraître
la forme d’un veau nouvellement né et non en- plus grand. —
Asseyons-nous, compère, lui dit
core nettoyé par sa mère. Celui qui désirait d’être le katakhanès, et mangeons le foie que j'apporte.

initiéparmi les magiciens était obligé de nettoyer — Mais le berger fit semblant de manger; il

le veau avec sa langue par ce moyen, il parve- ;


n'avalait que le pain et laissait tomber les mor-
nait à la connaissance des plus grands mystères. ceaux de foie sur scs genoux.
Katakhanès. C’est le nom que les habitants » Or, quand le moment de se séparer fut venu,
de l'Ile de Candie donnent à leurs vampires. En le katakhanès dit au berger: Compère, ce que —
aucune contrée du Levant la croyance aux vam- tu as vu, il ne faut point en parler; car, si tu le
pires ou katakhanès n’est aussi générale que dans fais, mes vingt ongles se fixeront dans ta figure

cette lie, où l'on croit aussi aux démons des et dans celles de les enfants. Malgré cela le — ,

montagnes, de l'air et des eaux. Voici un fait berger ne perdit point de temps il alla sur-le- ;

raconté il n’y a pas longtemps à un voyageur champ tout déclarer à des prêtres et à d'autres
anglais* : personnes; et, on se rendit au tombeau, dans
n l'n jour, le village de dans le dis-
Kalikrali, lequel on trouva le corps du katakhanès précisé-
trict de Sfakia, fut visité par un katakhanès; les ment dans l'état où il était quand on l’avait en-
habitants s’efforcèrent de découvrir qui il était et terré : tout le monde fut convaincu que c'était
d'où il venait. Ce katakhanès tuait non-seulement lui qui était cause des maux qui pesaient sur le
les enfants ,
mais encore les adultes , et il éten- pays. On rassembla une grande quantité de bois
dait ses ravages jusqu’aux villages des environs. que l’on jeta dans la tombe, et on brûla le ca-
Il avait été enterré dans le cimetière de l’église davre. Le berger n’était pas présent ; mais, quand

de Saint-Georges à une arcade avait


Kalikrali, et le katakhanès fut à moitié consumé, il arriva pour
été construite au-dessus de sa tombe. Un garçon, voir la fin de la cérémonie , et alors le vampire

gardant ses moutons et ses chèvres auprès de lança un crachat : c'était une goutte de sang qui

l’église, fut surpris par une averse et vint se ré- tomba sur Ip pied du berger ce pied se dessécha ;

fugier sous cette arcade. Après avoir ôté scs comme s'il eût été consumé par le feu. Quand on

armes pour prendre du repos, il les posa en vit cela, on fouilla avec soin dans les cendres;
croix à côté de la pierre qui lui servait d’oreiller. on y trouva encore l'ongle du petit doigt du ka-
La nuit était venue. Le katakhanès, sentant alors takhauès; et on le réduisit en poussière. » Telle —
le besoin de sortir, dit au berger Compère, : — est la terrible histoire du vampire de Kalikrali.
lève-toi de là car il faut que j’aille à mes affaires.
; C’est sans doute au goût qu’on suppose à ces
Le berger ne répondit ni la première fois, ni la êtres malfaisants pour le foie humain qu’il faut
deuxième, ni la troisième. Il supposa que le mort attribuer cette exclamation que Tavemicr attribue
inhumé dans celte tombe était le katakhanès, au- à une femme candiote J’aimerais mieux man-
: —
teur de tous les meurtres commis dans la contrée. ger le foie de mon enfant ! l’oy. Vamiurks.
Eu conséquence, la quatrième fois qu'il lui adressa Katmir. Chien des sept Dormants. Voy. Dor-
la parole, le berger répondit : Je ne — me lèverai mants.
point de là, compère, car je crains que tu ne Kaybora, esprit des forêts, à l’existence du-
vailles pas grand’chose et tu pourrais me faire
; quel croient encore les Américains; ils disent que
du mal ;mais s’il faut que je me lève, jure par cet esprit enlève les enfants , les cache dans le

ton linceul que tu ne me toucheras pas; alors je creux des arbres et les y nourrit
*.

me lèverai. Kay Ilin ger, fameux cristalomancien allemand,


» Le katakhanès ne prononça pas d'abord les de qui Faust prit des leçons pendant deux ans.
paroles qu’on lui demandait; mais le berger per- Kelby, esprit qu’une superstition écossaise
sistantà ne point se lever, il finit par faire le suppose habiter les rivières sous différentes for-
serment exigé. Sur cela le berger se leva et ôta mes mais plus fréquemment sous celle du che-
,

ses armes du tombeau; le katakhanès sortit aus- val. 11 est regardé comijie malfaisant et porte
sitôt après avoir salué le berger , il lui dit :
;

1
Voyayc au Brésil, par le P. Ncuwied, t. U,
' M. Pashlcy, Itcuuf britannique , mars 1837. cil. XII.
KEL — 380 — KIR

quelquefois une torche. On attribue aussi h ses Japon. On appelle goo un petit papier rempli de
un pouvoir de fascination.
regards caractères magiques, de figures de corbeau et
Kelen et Nysrock, douions que les démono- d’autres oiseaux noirs. On prétend que ce pa-
graphes font présider aux débauches, aux danses, pier est un préservatif assuré contre la puissance

aux orgies. des esprits malins ; et les Japonais ont soin d'en
Kelpie, cheval-diable. Voy. Nickab.
Kemosch. Voy. Ciiamos.
Kenne, pierre fabuleuse qui se forme dans
l’œil d’un cçrf, et à laquelle on attribue des ver-
tus contre les venins.
Kentorp, couvent non loin de Hamm, dont
les religieuses furent possédées au seizième siècle
par des maléfices que leur cuisinière mêlait,
comme elle l’avoua, à leurs aliments. Leur pos-
session consistait en démences et en épilepsies.
Wicrus parle de ces faits.

Kephalonomancie, divination qui se prati-

acheter pour les exposer à l’entrée de leurs mai-


sons. Mais parmi ces goos, ceux qui ont la plus
grande vertu viennentd’un certain endroit nommé
Khumano ce qui fait qu’on les appelle Khumano-
;

goos. Lorsque quelqu'un est accusé d’un crime


et qu'il n’y a pas de preuves suffisantes pour le
condamner, on le force à boire une certaine
quantité d’eau dans laquelle on met un morceau
de khumano-goo. Si l’accusé est innocent, cette
quait en faisant diverses cérémonies sur la tète boisson ne produit sur lui aucun effet ; mais s’il

cuite d’un âne. Elle était familière aux Germains. est coupable, il se sent attaqué de coliques qui le
Les Lombards y substituèrent une tête de chèvre. forcent à avouer. Quelquefois on fait avaler le
Delrio soupçonne que ce genre de divination, en goo. Voy. CE MOT.
usage chez les juifs infidèles, donna lieu à l’im- Kiakiak, le démon au Pégu. Il a son temple
putation qui leur fut faite d'adorer un âne. Les au sommet d’une montagne, et les bonzes seuls
anciens la pratiquaient en mettant sur des char- osent y entrer. Kiakiak doit un jour détruire le
bons allumés la tête d’un âne, en récitant des monde. Mais alors Dagoun, le dieu suprême, qui
prières superstitieuses en prononçant les noms
, s’y attend et qui sc prépare , en créera un autre

de ceux qu’on soupçonnait d'un crime, et en ob- bien plus parfait.


servant le moment où les mâchoires se rappro- Kijoun, nom d'une idole que les Israélites
chaient avec un léger craquement. I.e nom pro- honorèrent dans le désert, et qui paraît avoir été
noncé en cet inslant désignait le coupable. Le Le prophète Amos en parle au chap. v.
le soleil.

diable arrivait aussi quelquefois sans se montrer Kiones, idoles communes en Grèce. C’étaient
pour répondre aux questions qu'on avait à lui des pierres oblongues en forme de colonnes, d’où
faire. vient leur nom.
Kericoff, démon des lacs, très-redoulé en Kirghis. Les Kirghis, voisins des Kalmouks,
Russie. Il bat les flots de ses pieds do cheval à sont mahométans ; ils ont un grand prêtre appelé
travers les tempêtes, élève des trombes et, de Ae/ioun, qui réside près du khan; ignorants et
ses grandes mains noires , fait sombrer les bar- superstitieux , ils croient aux sortilèges et possè-
ques. Il poursuit ensuite le marin qui cherche à dent cinq classes de magiciens : les uns font leurs
sc sauver sur une planche ou sur un tonneau , et prédictions avec des livres, d’autres se servent
si l’infortuné se retourne , il voit la grosse tête de l'omoplate d’une brebis , dépouillée avec un
humaine du mauvais esprit. couteau, car elle serait sans vertusi quelqu'un
y
Khizzer. Les Orientaux donnent ce nom au avait porté les dents une troisième classe, pour
;

prophète Élie, dont ils font un grand enchanteur, liredans l’avenir, sacrifie un cheval, un mouton
attaché â Alexandre le Grand. ou un bouc sans défaut; la quatrième consulte la
Khumano-Goo, sorte d’épreuve en usage au flamme qui s'élève du beurre ou de la graisse

Digitized by Google
KIS — 390 — KIS

jetés dans le feu. Enfin il


y a des sorcières qui
génieusement inventé : Un parti de Kirghis se
ensorcèlent les esclaves, persuadent aux maîtres mit un jour en campagne avec un des devins de
que si l’esclave ensorcelé venait à déserter, il la seconde classe pour attaquer les Kalmouks;

s’égarerait indubitablement dans sa fuite et re- ceux-ci avaient également un devin qui, em-
tomberait dans les mains de son maître ;
que s’il ployant toute sa science, avertit ses compatriotes
s'échappait , il rentrerait au moins dans l'escla- de l'arrivée des Kirghis, et les engagea à s'éloi-
vage du même peuple. gner h mesure que ceux-ci avançaient. Le devin
Pallas rapporte, d’après le récit même qu’il en Kirghis, voyant que son frère le Kalmouk allait
a entendu faire par les Kirghis, un fait assez in- faire échouer l'entreprise, employa la ruse; il

KerikofT, démon de* lac*. — rage 389.

dit aux Kirghis de seller leurs chevaux à recu- officiersdu tribunal de Belgrade, lesquels ont fait
lons et de monter dessus. Le Kalmouk, ainsi une descente sur les lieux, et par un officier des
induit en erreur, vil sur son os que les Kirghis troupes de l’empereur, à Gradisch celui-ci a été
:

rétrogradaient; il conseilla donc à son parti de témoin oculaire des procédures. Au commence-
revenir sur ses pas. Les Kirghis joignirent parce ment de septembre mourut, dans le village de
moyen les Kalmouks et les firent prisonniers'. Kisilova, un vieillard âgé de soixante -deux ans.
Kisilova (le vampire de). Le marquis d’Ar- Trois jours après qu'il fut enterré il apparut à
,

gens, qui n’était pas un homme crédule, raconte, son fils pendant la nuit et lui demanda 5 manger.
dans sa cent trente-septième lettre juive, une Celui-ci l'ayant satisfait, le spectre mangea;
histoire de vampire qui eut lieu au village de après quoi il disparut. Le lendemain , le fils ra-
Kisilova à trois lieues de Gradisch. Ce qui doit
, conta à ses voisins ce qui lui était arrivé. Le
le plus étonner dans ce récit, c'est que d’Argens, fantôme ne se montra pas ce jour-là mais trois
;

alors incrédule, ne met pas en doute cette aven- nuits après, il revint demander encore à souper.
ture : On ne sait pas si son fils lui obéit encore ou
On vient d’avoir en Hongrie, dit-il, une scène non mais on le trouva le lendemain mort dans
;

de vampirisme qui est dûment attestée par deux son lit. Le même jour, cinq ou six personnes
1
La Russie pittoresque. tombèrent subitement malades dans te village, et

Digitized by Google
KIS — 391 — KLE
moururent l’une après l'autre en peu de temps. Le bourreau lui enfonça un pieu dans le cœur;
Le bailli du lieu, informé de ce qui se passait, on fit un bûcher et l'on réduisit en cendres son
en fit présenter une relation au tribunal de Bel- cadavre. On ne trouva aucune marque de vam-
grade, qui envoya à ce village deux de ses agents. pirisme ni dans le corps du fils, ni dans celui
des autres morts.
« Grâces à Dieu, ajoute le marquis d’Argcns,

nous ne sommes rien moins que crédule; nous


avouons que toutes les lumières de la physique
que nous pouvons approcher de ce fait ne décou-
vrent rien de ses causes cependant nous ne
:

pouvons refuser de croire véritable un fait attesté


juridiquement et par des gens de probité. »
Klabberou Kab-Outer, lutins de petite taille
qui , en Écosse quand
l’hiver,
,
il n'y a pas de
clair de lune, descendent par les cheminées
dans les maisons des paysans, s’assoient tran-
quillementdevant le foyer, qu'ils rallument, mais
qu’on ne voit pas brûler, et se chauffent. Le ma-
Le vampire de Kmloia.
tin, quand la ménagère se lève, elle voit que
avec un bourreau, pour examiner l’affaire, lin tout le bois qu’elle avait laissé dans l’àtre est
officier impérial s’y rendit de Gradisch, pour consumé, excepté quelques menus brins. Si elle
être témoin d’un fait dont il avait si souvent oui les rallume, ils font autant de chaleur et de profit
parler. On ouvrit les tombeaux de.tous ceux qui que de grosses bûches. Si elle fait le signe de la
étaient morts depuis six semaines. Quand on en croix ou si elle maudit le klabber,' le^charme est
vint à celui du vieillard, on le trouva les yeux rompu, et le lutin se venge par quelque malice.
ouverts, d'une couleur vermeille, ayant une res- Les klabbers sont vêtus de rouge et ont la peau
piration naturelle, cependant immobile et mort : verte.
d'où l’on conclut que c'était un insigne vampire. Kleudde. Kleudde, tout barbare, tout caco-

g
iss

1M
BESEE
iouei ci
ï

et
ia niaeur
et bruine a:'
les

channps
* •

incultes.
r* —
Nuire et semer
lE mm
^

KU — 392 — KOJ

douloureuse comme une brûlure. Son rire est nières de l’Allemagne, il leur rend de bons of-

semblable à celui des damnés son cri rauque ; , fices; il chevaux, il lave la maison,
étrille leurs

et indéfinissable, fait tressaillir jusqu'au fond des tient la cuisine en bon ordre et veille à tout.
entrailles; Kleuddc a du sang de démon dans les
veines. Malheur à qui, le soir, dans sa route,
1
rencontre Kleudde, le lutin noir 1

Klinger (Frédéric-Maximilien de), militaire


allemand, né à Francfort-sur-Ie-Mein en 1753,
mort à Saint-Pétersbourg en 1831, auteur de
quelques ouvrages’singulicrs, entre autres la :

Vie, les faits et gestes de Faust et sa Descente aux


enfers, publié à Kœnigsberg, en 1819.
Knipperdolinck, l'un des associés de Jean de
Leydc. Voyez ce mot.

Qu’on ne s’avise pas de le négliger. Si c’est une


cuisinière, rien ne lui réussit elle se brûle dans
;

l’eau bouillante; elle brise la vaisselle; elle ren-


verse ou gâte les sauces; et quand le maître du
logis la gronde elle entend le Kobold rire aux
,

éclats derrière elle. S’il a reçu quelque insulte,


la scène devient plus tragique, il verse dans les

plats du poison ou du sang de vipère; quelque-


fois même il tord le cou 5 l’imprudent valet qui
l’a harcelé*. » — Il est de la famille des Cobales
et des Coboli ; peut-être leur tige. Voy. ces mots.
Kojozed. « Le lévrier du seigneur de Kojozed

B£KNHARgtfllPPü‘flOl.l.l,\ CK,
sta orvocr zumunstehjn vicstphalen
IS33.

Knox (Jean), apostat écossais et l’un des plus


féroces brigands de la réforme né en 1505,
,

mort en 1572. Il était chapelain d’Édouard VI et


se fit chasser pour ses mœurs immondes. 11 alla
se redresser à Genève , revint dans son pays ré-
former en abattant les églises, en assommant les
prêtres; car il marchait suivi d’une bande. Il
contribua par scs diatribes 5 la perle de Marie
Stuart. Il s’occupait aussi de magie, et dans le
procès qu’il dut subir sur cette accusation, on
établit qu’il avait fait des évocations dans le
cimetière de Saint- André, qu’il y avait fait pa-
raître le diable sous une forme épouvantable, et
que cette apparition terrible avait frappé son
secrétaire, présent à cette scène, d’un tel effroi
qu’il en était mort...
Eobal, démon perfide qui mord en riant, di-
recteur général des farces de l’enfer, peu joyeuses
sans doute ;
patron des comédiens.
Kobold ,
esprit de la classe des lutins. « C’est
un petit nain étrange, de forme rabougrie, avec
des habits bariolés, un bonnet rouge sur la tête.
Honoré par les valets, les servantes et les cuisi- parcourt les bois et les plaines ,
léger comme le

souille du vent; c’est le favori de son maître. Le


M. le baron Jules de Saint-Génois. Voyez la lé-
1

gende de Claude dans les Légendes des esprits et


,
1
Article signé XX, dans l’Ami de la religion, oc-
démons . tobre tait.

Digitized by Google
KOR — 393 — KRA
hautain seigneur, qui hait les hommes, donne De miraatlis mortuorum, imprimé in-8* l'année
toute son affection à l'animal ,compagnon de ses de sa mort et devenu très-rare.
courses vagabondes par les forêts et les campa- Kosaks. Les Kosaks, ainsi que les Kaimouks
gnes. Mais il a disparu le beau lévrier, l'ami de leur voisinage, ne sont généralement ni chré-
constant du seigneur. Le front assombri , le re- tiens ni mùsulmans. Ils ont tiré de l’Asie une
gard menaçant, environné des vassaux qui le cosmogonie où se retrouvent, comme partout,
redoutent, Kojozed revient de la chasse. 11 veut quelques souvenirs de l'Ancien Testament, en-
qu'on retrouve son chien ; sa menace épouvante fouis sous des monceaux de folles croyances. De
ceux qui l’entourent. Vingt chasseurs s'élancent leurs bourkans ou dieux celui qui protège spé- ,

et battent les bois du voisinage. Mais le lévrier cialement la terre est un éléphant blanc comme
ne revient pas. Une femme , accablée par l’âge, la neige, long de deux lieues, riche de trente-
hideuse comme la mort, arrête la bride du cheval trois têtes rouges, chacune desquelles se joue de
de Kojozed. —
Que veux-tu ? dit le seigneur. — six trompes qui lancent six fontaines. Ce dieu
Te rendre l’ami que lu as perdu. est-il? —Où principal est peut-être unique dans les mytho-
— Seule je le sais ; il va dépasser les frontières logies.
de la Bohême. —
Vieille, comment le sais-tu? Mais les Kaimouks content, ainsi que quelques
— Je suis vieille, mais puissante. Regarde-moi. » hordes de Kosaks , que les hommes au commen- ,

La vieille se redressa , l’œil étincelant de som- cement, vivaient plusieurs siècles ; qu’ils étaient
bres feux ; une clarté sinistre brillait sur sa tête ; heureux ; que l'un d’eux mangea d'un fruit qu’il
le cheval, averti par son instinct, hennissait et n’était pas permis de manger, que tous les autres
voulait fuir : le seigneur de Kojozed reconnut la l’imitèrent et qu’alors l’espèce humaine perdit
sorcière. sa sainteté et le privilège qu’elle avait de prendre
c Si tu me donnes Jean le Chasseur, ton son vol et d’aller dans les cieux ;
qu’elle vécut
vassal ,
je te rendrai ton lévrier. Tu sais que la longuement dans les ténèbres et dans la misère ;

magicienne ne peut recouvrer sa jeunesse perdue que la terre, maudite à cause de leur péché,
qu’en baignant ses membres flétris dans le sang devint stérile, etc. Ils attendent un réparateur et
d’un jeune homme. croient à un enfer où les méchants souffriront
— Que cela soit ! » répondit Kojozed. deux cents millions d'années.
Jean frémit et tomba aux genoux de son maître: Kotter, visionnaire. Voy. Comenius.
Mes pères, s’écrie-t-il, ont servi vos pères
n Koughas, démons ou esprits malfaisants, re-
pendant deux cents ans ma mère vous a nourri ; doutés des Aléotes, insulaires voisins du Kamt-
de son lait, et vous voulez me donner la mort! schatka. Ils attribuent leur étal d’asservissement
Oh ne donnez pas le sang de Jean le Chasseur
I et leur détresse â la supériorité des koughas
pour un lévrier » ! russes sur les leurs: ils s’imaginent aussi que les
Mais il prie en vain le pacte s’accomplit. Quand
: étrangers, qui paraissent curieux de voir leurs
la sorcière ramènera le lévrier à son maître, elle cérémonies, n’ont d'autre intention que d’insulter
emmènera le jeune homme. Elle témoigne de sa à leurs koughas , et de les engager à retirer leur
joie par un affreux sourire, et bientôt elle revient protection aux gens du pays.
tenant en laisse le chien favori. Jean le Chasseur Koupaïs. Ce sont les dieux des Tarières de
est livré comme payement de la dette contractée l’Altaï. Ils sont sept et peu puissants; ils laissent
par son seigneur, et bientôt, parmi les rites ma- faire.
giques, le sang du vassal coule dans une urne Kourrigans ,
lutins redoutés qui se promè-
d’airain, et la sorcière se plonge dans ce bain nent à cheval sur des juments blanches dans les
effroyable. La noire caverne retentit des derniers forêts de la Bretagne.
soupirs de Jean et des accents de joie de la ma- Kraken. « C’est une tradition répandue dans
gicienne, qui a retrouvé les forces et les grâces les mers du Nord et sur les côtes de Norvège
de la jeunesse. qu’on voit souvent des îles flottantes surgir au
Tout était fini : Jean le Chasseur venait d’ex- sein des vagues avec des arbres tout formés,
pirer, quand le lévrier chéri, auquel Kojozed aux rameaux desquels pendent des coquillages
avait sacrifié son serviteur, mourut sous les yeux au lieu de feuilles, mais qui disparaissent au
de son maître '.
bout de quelques heures. Debcr y fait allusion
Kolfi. C’est aussi sous ce nom qu'on désigne dans son livre intitulé Fcroa reserata, cl Harpelius
les kobolds. dans son Mundut mirabilis, Torfceus dans son
Koran ,
livre et code des musulmans écrit par Histoire de la Norvège. Les gens du peuple cl les
Mahomet, plein de fables, de singularités et de matelots regardent ces lies comme les habitations
prodiges, l'oyez Maoridatu. sous-marines d'esprits malins, qui ne les font
Kornmann (Henri) ,
jurisconsulte allemand, ainsi surnager que pour railler les navigateurs,
mort en 1620. Il a laissé un livre curieux intitulé confondre leurs calculs et multiplier les embarras
1
Légende do Snaidcr, poêle bohème, publiée avec de leur voyage. Le géographe Burœus avait
plus d'étendue par le Dimanche des familles. placé sur sa carte une de ces îles merveilleuses

îigitized by Google
,

qu'on appelait Gommer' t-Ort et qui apparaît qui couvre un espace d’un mille et demi de la

parmi les récifs en vue de Stokholm. Le baron partie supérieure de son dos.
Charles de Grippenheim raconte qu’il avait vai- > Les poissons surpris par son ascension, sau-
nement cherché cette lie en sondant la côte, tillent un moment dans les creux humides formés
lorsqu’un jour, tournant la tête par hasard, il par les protubérances inégales de son enveloppe
distingua commetrois points de terre qui s’é- extérieure; puis de cette masse flottante sortent
taient tout àcoup élevés sur la surface des flots. des espèces de pointes ou de cornes luisantes,
«Voilà sans doute la Gummer's-Ore de Buroeus? qui se déploient et se dressent, semblables à des
demanda-t-il au pilote qui gouvernait sa cha- mâts armés de leurs vergues ce sont les bras du
;

loupe. —Je ne sais, répondit celui-ci; mais kraken , et telle est leur vigueur que s’ils sai-
soyez certain que ce que nous voyons pronos- sissaient les cordages d'un vaisseau de ligne, ils
tique une tempête ou une grande abondance de le feraient infailliblement sombrer. Après être
poisson. » Gummer’s-Ore n'est qu’tm amas de resté quelque temps sur les flots, le kraken re-
récifs à fleur d'eau, où se tient volontiers le descend avec la même lenteur, et le danger n'est
Sa-trolden ou plutôt c'est le Sa-trolden lui- guère moindre pour le navire qui serait à sa
même. > portée, car en s’affaissant il déplace un tel vo-
En citant celte conversation, le savant baron lume d'eau, qu’il occasionne des tourbillons et
ajoute que l’opinion du pilote lui parut plus vrai- des courants aussi terribles que ceux de la fa-
semblable que celle du géographe , et il l'adopta. meuse rivière Male.
« Les pêcheurs norvégiens, dit Pontuppidan, » C’est évidemment du kraken que parle Olaüs
affirment tous, et sans la moindre contradiction Wormius sous le nom de hafgufe. Cet auteur dit
dans leurs récits, que, lorsqu’ils poussent au large aussi que son apparition sur l’eau ressemble plutôt
à plusieurs milles, particulièrement pendant les à celle d’une tic qu’à celle d’un animal, timiliorem
jours les plus chauds de l'année, la mer semble insulœ quant butta, et il ajoute qu’on n'a jamais
tout à coup diminuer sous leurs barques, et s’ils trouvé son cadavre, parce que le kraken doit
jettent la sonde, au lieu de trouver quatre-vingts vivre aussi longtemps que le monde, et qu’il
ou cent brasses de profondeur, il arrive souvent n’est pas probable qu'aucun pouvoir ou instru-
qu’ils en mesurent à peine trente c'est un kra-: ment soit capable d'abréger violemment la vie
ken qui s'interpose entre les bas-fonds et l’onde d’un animal si monstrueux. Cependant, en 1680,

supérieure. Accoutumés à ce phénomène, les un jeune kraken vint s’engager daus les eaux
pêcheurs disposent leurs lignes certains que là
, qui courent entre les récifs d’Altstahong; il y
abonde le poisson, surtout la morue et la lingue, périt misérablement. Comme ce corps immense
et ils les retirent richement chargées mais si la ; remplissait à peu près tout le chenal , la putré-
profondeur de l'eau va toujours diminuant, et faction fut telle qu’on eut une crainte assez fon-
si ce bas-fond accidentel et mobile remonte les , dée que la peste ne vint désoler le pays. L’as-
pêcheurs n’ont pas de temps à perdre c’est le : sesseur consistorial de Bodœn, M. Friis, dressa
kraken qui se réveille, qui se meut, qui vient un rapport de cet événement.
» Olaüs Magnus, dans son ouvrage De piscibui
monstruosis; Pauli nus, dans ses Ephimérides des
curiosités de la nature, et Bartholin, dans son
Histoire anatomique, admettent également l'exis-
tence du kraken et le décrivent à peu près dans
les mêmes termes que M. Wormius. Bartholin
ajoute que l'évêque de Nidros, voyant cette lie

flottante apparaître sur les eaux, eut la pieuse


idée de la consacrer immédiatement à Dieu, en
y célébrant le sacrifice de la messe. Il y fit trans-
porter et dresser un autel et officia lui-même.
Soit hasard , soit miracle, le krakei) resta immo-
bile au soleil tout le temps que dura la céré-
monie; mais à peine l’évêque eut-il regagné le
rivage, on vit l'ile supposée se submerger elle-
même et disparaître. Selon le même Bartholin,
il n’y aurait que deux krakens, qui dateraient du
commencement du inonde et ne pourraient se
multiplier. De peur que l’eau, la nourriture et
respirerl'air et étendre ses larges bras au soleil. l'espace ne vinssent à manquer à une race de
Les pêcheurs font alors force de rames, et quand, dans sa prévoyance, aurait
pareils géants, Dieu,
à une distance raisonnable, ils peuvent enfin se mesuré avec une sage lenteur tous les mouve-
reposer avec sécurité,ils voient en effet le monstre ments du kraken , qui n'éprouverait les senti-

Digitized by Google
;

KRA — 395 — [.AB

ments de la faim qu'une fois dans l'année. Sa cinq cents personnes, parmi lesquelles les femmes
digestion achevée, le monstre, dit encore Bar- étaient en grande majorité.
tliolin, laisse échapper ses excréments, qui ré- Kuhlmann (Quirinus), l'un des visionnaires
pandent une odeur si suave que les poissons du dix-septième siècle, né à Breslau en 1651. Il
accourent pour s'en repaître; mais lui, ouvrant était doué d’un esprit vif étant tombé malade à
;

une effroyable gueule, semblable à un golfe ou l’àge de huit ans, il éprouva un dérangement
détroit, instar sinus aut freli,
y aspire tous dans ses organes et crut avoir des visions. Une
les malheureux poissons aflriandés et pris au fois il s'imagina voir le diable, escorté d'une
piège » foule de démons subalternes un autre jour il se
:

Kratim nu Katmir. C'est le nom qu'on donne persuada que Dieu lui avait apparu dès ce mo-
;

au chien des sept Dormants. Voy. Dormants. ment, il ne cessa de voir 5 côté de lui une au-
réole éclatante de lumière. Il parcourut le Nord

escorté d'une très-mauvaise réputation. Il escro-


quait de l’argent 5 ceux qui lui montraient quelque
confiance, et l’employait, disait-il, à l'avance-
ment du royaume de Dieu. de Hol-
Il fut chassé
lande au commencement de l’année 1675 et
voulut se lier avec Antoinette Bourignon, qui
rejeta ses avances. Il fut arrêté en Russie pour ,

des prédictions séditieuses, et brûlé à Moscou le


3 octobre 1689. Il a publié à Lubeck un Traité
de la sagesse infuse d'Adam et de Salomon on 1
;

lui doit une quarantaine d'opuscules qui n’ont

d’autre mérite que leur rareté.


Kupay, nom qui, chez les Péruviens, désignait
le. diable. Quand ils prononçaient ce nom, ils

crachaient par terre en signe d'exécration. On


l’écrit aussi Cupaï, et c'est encore le nom que
les Kloridiens donnent au souverain de l'enfer.
Kurdes, habitants de l'Asie qui adorent le

diable.
Krechtiug , l’un des séides du Jean de Leyde. Kurgon nom que ,
en Gascogne
l'on donnait
l'oyez ce mot. et en Dauphiné aux sorcières qui allaient adorer
Krodo, vieux dieu Scandinave qui vit 5 cheval le diable en forme de bouc au sabbat.
sur un poisson gigantesque, et autour duquel on Kutuktus. Les Tarlares Kalkas croient que
sent l'odeur du sang mêlée au parfum des fleurs. leur souverain pontife, le kutuktus, est immortel ;
Kuffa (Catherine), sorcière lorraine qui vi- et, dans le dernier siècle, leurs fakirs firent dé-
vait sous Henri 111. Klle confessa qu’elle avait terrer et jeter à la voirie le corps d'un savant
hanté le sabbat et qu'un jour elle y avait compté qui, dans ses écrits, avait paru en douter.

-oeo-

L
Labadie (Jean), fanatique du dix-septième fut qu’un détestable hypocrite. Il mourut en 1674.
siècle, né en 1610 à Bourg sur la Dordogne. 11 Voici quelques-unes de ses productions Le Hé- :

se crut un nouveau Jean-Baptiste envoyé pour , raulddu grand roi Jésus, Amsterdam, 1667, in-12.
annoncer la seconde venue du Messie cl il s'ima- , Le Véritable exorcisme, ou l' unique moyen de
gina qu’il avait des révélations. Il assurait que chasser le diable du monde chrétien. Le Chant —
Jésus-Christ lui avait déclaré qu’il l'envoyait sur royal du roi Jésus -Christ. Ces ouvrages sont
la terre comme son prophète. Il poussa bientôt condamnés.
la suQlsance jusqu'à se dire revêtu de la divinité Labitte, dit Y abbé de peu de sens, peintre,
et participant du nom et de la substance de Notre-
Seigneur. Mais joignit à l’ambition d’un sec- 1
De sapientia infusa Adamea Sulomoneaque. —
taire le
il

goût des plaisirs ; il faisait servir à ses


Arcanum microcosnncum Paris, 1681. Prodromus —
quinquennii mirabilis. In-8"; Leyde, 1674. On n'a
odieux projets le masque de la religion , et il ne qu'un volume de cet ouvrage, qui devait en avoir
1
M. Ferdinand Denis, Le monde enchanté. trois et contenir cent mille inventions curieuses, etc.

Digitized by Google
LAB 396 — LAC
poêle et prêtre d’Arras au milieu du quinzième à Toulouse un lac célèbre, consacré au dieu du
siècle. Il était très- excentrique, ce qui lui fit jour, et dans lequel les Tectosages jetaient en
donner le surnom que nous venons de citer, et offrandes de l’or et de l’argent à profusion tant ,

il recherchait un peu les sociétés de ce que nous en lingots et monnayé que mis en œuvre et
appelons aujourd’hui le demi-monde. Il se fit façonné.
initier à la vauderie , hérésie descendue bien bas, On dans la Vie de saint Sulpice, évêque de
lit

puisqu'on y adorait le diable , que ses fêtes étaient Bourges, qu’il y avait de son temps dans le Berry
le sabbat, et qu’elle reconnaissait pour son maitre un lac de mauvaise renommée qu’on appelait le ,

ou l'un des princes


et seigneur Lucifer, le prince lac des Démons. Voy. Pilate, Herbadilla, !s, etc.
des anges déchus. Les Vaudois vivaient en union Lacaille (Üenyse de). En 1612, la ville de
apparente avec les chrétiens fidèles. Dans les Beauvais fut le théâtre d’un exorcisme sur lequel
causeries où l’on disait du bien de la sainte Vierge, on n’a écrit que des facéties sans autorité. La
des bienheureux et des choses saintes, ils ren- possédée était une vieille nommée Dcnyse de
chérissaient, mais ils ajoutaient toujours celte lacaille. Nous donnons de cette affaire la pièce
conclusion : « N’en déplaise à mon maître, ou suivante en résumé : elle a été évidemment sup-
n’en déplaise à mon Seigneur. » Au moyen de posée par quelque farceur.
cette restriction, toute parole chrétienne leur Extrait de la sentence donnée contre les démons
était permise par leur maitre que nous avons qui sont sortis du corps de Dcnyse de Lacaille ;

nommé. Cet homme fut arrêté comme ha- « Nous étant dûment informés que plusieurs
bitué du sabbat. Dans sa prison, il se coupa la démons et malins esprits vexaient et tourmen-
langue avec un canif pour ne rien révéler. Mais taient une certaine femme nommée Denyse de
il fut condamné au feu et brûlé en 1459. Jacques Lacaille, do la Landelle, nous avons donné à Lau-
du Clerq raconte au long celle triste histoire dans rent Lepot toute-puissance de conjurer lesdits
ses mémoires. Louis Tieck en a fait, sous le titre malins esprits. Ledit Lepot, ayant pris la charge,
de Sabbat des sorcières, un roman hostile aux a fait plusieurs exorcismes et conjurations, des-
catholiques, qu’on a traduit en français. quels plusieurs démons sont sortis, comme le
Labourd, pays de Gascogne dont les habitants procès-verbal le démontre. Voyant que, de jour
s’adonnaient au commerce et entreprenaient de en jour, plusieurs diables se présentaient; connue
longs voyages, où ils croyaient que le diable les il est certain qu’un certain démon nommé Lissi

protégeait. Pendant que les hommes étaient ab- a dit posséder ladite Denyse, nous commandons,
sents, Delancre dit que les femmes devenaient voulons, mandons, ordonnons audit Lissi de
d’habiles sorcières. Henri IV envoya en 1609 un descendre aux enfers , sortir hors du corps de
conseiller au parlement de Bordeaux, Pierre De- ladite Denyse, sans jamais y rentrer; et, pour
lancre, que nous avons souvent cité, pour purger obvier à la venue des autres démons, nous com-
le pays de ces sorcières. Instruites de son arri- mandons, voulons, mandons et ordonnons que
vée, elles s’enfuirent en Espagne. Il en fit toute- Belzébuth Satan , Motelu et Brifiault les quatre
, ,

fois brûler quelques-unes qui étaient d’affreuses chefs, et aussi les quatre légions qui sont sous
coquines. leur puissance, et tous les autres, tant ceux qui
Labourant. Voy. Pierre Labourant. sont de l’air, do l’eau, du feu, de la terre et au-
Labrosse. Le médecin Labrosse se mêlait de tres lieux, qui ont encore quelque puissance do
lire aux astres. Le jeune duc de Vendôme qui ladite Denyse de Lacaille, comparaissent main-
,

avait grande confiance en cet astrologue, vint un tenant et sans délai ,


qu’ils aient à parler les uns
malin conter à Henri IV que labrosse recom- après les autres, à dire leurs noms de façon
mandait au roi de se tenir sur ses gardes ce qu’on puisse les entendre, pour les faire mettre
jour-là. Henri IV répondit : « Labrosse est un par écrit.
vieux fou d’étudier l’astrologie, et Vendôme un » Et à défaut de comparoir ,
nous les mettons
jeune fou d’y croire. » et les jetons en la puissance de l’enfer, pour
Lac. Grégoire de Tours rapporte que dans le être tourmentés davantage que de coutume ; et,
Gévaudan il y avait une montagne appelée Hé- faute de nous obéir, après les avoir appelés par
lanic, au pied de laquelle était un grand lac; à trois fois, commandons, voulons, mandons que
certaines époques de l’année les villageois s’y chacun d’eux reçoive les peines imposées ci-
rendaient de toutes parts pour y faire des festins, dessus, défendant au même Lissi, et à tous ceux
offrir des sacrifices et jeter dans le lac , pendant qui auraient possédé le corps de ladite Denyse
trois jours, une infinité d’offrandes de toute es- de Lacaille, d’entrer jamais dans aucun corps,
pèce. Quand ce temps était expiré , selon la tra- tant de créatures raisonnables que d’autres.
dition que rapporte Grégoire de Tours, un orage » Suivant quoi ledit Lessi, malin esprit, prêt
mêlé de tonnerre s’élevait; il était
d’éclairs cl à sortir, a signé ces présentes. Belzébuth parais-
suivi d’un déluge d’eau et de pierres. Ces scènes sant ,
Lissi s’est retiré au bras droit ; lequel Bcl-
durèrent jusqu’à la fin du quatrième siècle. zébuth a signé; pareillement Belzébuth s’étant
Cent ans avant l’ère chrétienne il y avait aussi retiré, Satan apparut, et a signé pour sa légion,

Digitized by Google
, ,

LAC — 397 — LAM


se retirant an bras gauche; Molclu, paraissant, Lamies, démons mauvais, qu'on trouve dans
a signé pour toute la sienne, s’étant retiré à les déserLs sous des figures de femmes, ayant
l’oreille droite ; incontinent BrilTault est comparu des têtes de dragon au bout des pieds. Elles
et a signé ces présentes. —
Signé : Ltsst, Bf.lzê-
buth, Satan, Motf.lu, Bkiffailt.
» te signe et la marque de ces cinq démons
sont apposés à l’original du procès-verbal. Beau-
vais, le 12 décembre 1612. »
Nous le répétons, c’est une farce de huguenot
sur un objet sérieux, mais qui a fait peu de bruit.
Lachanopteres, animaux imaginaires que Lu-
cien place dans le globe de la lune. C’étaient de
grands oiseaux couverts d'herbes au lieu de
plumes.
Lachus, génie céleste, dont les Basilidiens
gravaient le nom sur leurs pierres d’aimant ma-
gique; ce talisman préservait des enchantements.
Laci (Jean), auteur d'un ouvrage intitulé Avcr-
tisiements prophétique! publié en 1708, un vo-
lume in-8°; il parut différents ouvrages de cette
sorte à l’occasion des prétendus prophètes des
Cévennes, qui étaient des foux furieux.
Ladwaitnrs, génies propices chez les Scan-
dinaves. l'oy. Harold. hantent aussi les cimetières, y déterrent les ca-
Læns'bergh (Matthieu). Vuy. Matthieu Læns- davres, les mangent ol ne laissent des morts que
BFIU.1I. les ossements. A la suite d’une longue guerre,

Lafin (Jacques) , sorcier qui fut accusé d’en- on aperçut dans la Syrie, pendant plusieurs nuits,
voùlement sous Henri IV; on dit qu’on trouva sur des troupes de lamies qui dévoraient les cadavres
lui des images de cire qu’il faisait parler '. des soldats inhumés à fleur de terre. On s'avisa
Laghernhard (Nicole) femme du pays de , de leur donner la chasse, et quelques jeunes
Labourd qui, au mois d’août 1590, vit sur la li- gens en tuèrent plusieurs a coups d’arquebuse ;
sière d’une forêt, à l'heure de midi, des hommes il se trouva que le lendemain ces lamies n’étaient

cl des femmes dansant une ronde en se tournant plus que des loups et des hyènes.
le dos. Elle remarqua quelques-uns de ces per- Il se rencontre des lamies, très-agiles à la
sonnages qui avaient des pieds de chèvre, cl, course ,
dans l’ancienne Libye ; leur voix est un
présumant que c'était le sabbat elle fit le signe , sifflement de serpent. Quelle que de- soit leur

de la croix en invoquant le nom de Jésus. Aus- meure, il est certain, ajoute Leloyer, qu’il
en
sitôt tout disparut. Un certain Grospelter s’en- existe, « puisque celle croyance était en vigueur
leva dans les airs en laissant échapper une brosse chez les anciens •. Le philosophe Ménippe fut
à nettoyer les fours. Un berger qui, assis sur les épris d'une lamie. Elle l’attirail à elle; heureu-
branches d’un chêne jouait de la flûte avec sa
,
sement qu’il fut averti de s’en défier, sans quoi
houlette dont il tirait des sons, fut enlevé pareil- il eût été dévoré. # Semblables aux sorcières,
encore Leloyer , ces démons sont très-friands
1
lement; et Nicole Laghernhard se sentit rem- dit
portée par un tourbillon dans sa maisonnette, où du sang des petits enfants. »
elle dut garder lu lit huit jours... Tous les démonomanes ne sont pas d’accord
Lagneau ou Laigneau (David) , adepte mort sur la forme dos lamies Torquemada dans son :
,

au dix-septième siècle. Il a traduit les Doute Hexameron dit qu'elles ont une figure de femme
clef» de la philotophie (hermétique), de Basile Va- et des pieds de cheval ;
qu’on les nomme aussi
lentin ; et l’on voit dans son Harmonie mystique, chcveschcs ,
à cause du cri et de la friandise de
publiée à Paris en 1636, qu’il s'occupait d’al- ces oiseaux pour la chair fraîche. Ce sont des es-
chimie. pèces de sirènes selon les uns; d'autres les com-
Laica. Nom de fées chez les Péruviens. Les parent aux gholes de l’Arabie. On a dit bien des
laicas étaient ordinairement bienfaisantes, au bizarreries sur ces femmes singulières. Quelques-
lieu que la plupart des autres magiciennes met- uns prétendent qu’elles ne voient qu’à travers
taient leur plaisir à faire du mal. une lunette Wierus parle beaucoup de ces
Lamia, reine de Libye, qui fendait le ventre monstres dans le troisième livre de son ouvrage
des femmes grosses pour dévorer leurs fruits.
1
Histoire des spectres ou apparitions des esprits,
Elle a donné son nom aux lamies.
liv. 111, p. 499.
2 Naudé, Apol.pour les grands personnages, etc.,
1
M. Garinet, /fis/, de la magie en France, p. 173. ch. vin.

Digitized by Google
,

LAM — 398 — LAM


sur les Prestiges. Il a même consacré aux lamies lieu de la chambre ; aussitôt la terre s’entr’ouvrait
un traité particulier et engloutissait les mauvais plaisants *.
« Les lamies écossaises, dit un écrivain que Les miracles de la lampe inextinguible éton-
nous croyons h ses initiales être M. Alfred Mi- naient tout Paris. Saint Louis, en ayant entendu
chiels, enlèvent surtout des enfants, et c'est ce parler, lit venir Jéchiel afin de le voir; il fut
qui a rendu les fées en général si redoutables en content, disent les juifs, de la science étonnante
nos contrées. Il y en avait en Flandre qui en- de ce rabbin, qui peut-être avait découvert
voyaient de toutes parts des esprits inférieurs, quelque gaz.
conduisant des voitures peintes en rouge cou- , Lampes perpétuelles. En ouvrant d’anciens
vertes de toiles rouges, attelées d’un cheval noir. tombeaux tels que celui de la fille de Cicéron,
Les enfants qu'ils trouvaient isoles, ceux qu’ils on trouva des lampes qui répandirent un peu de
pouvaient attirer par des promesses, ou en leur lumière pendant quelques moments, et même
montrant des dragées et des joujoux, étaient pendant quelques heures; d'où l’on a prétendu
emmenés par eux, et ils les jetaient dans la voi- que ces lampes avaient toujours brûlé dans les
lure avec un bâillon dans la bouche. Selon d’au- tombeaux, n Mais comment le prouver? dit le
tres, ils les massacraient aussitôt; c’est pour que père Lebrun; on n’a vu paraître des lueurs
le sang ne se vît pas qu’ils avaient adopté la cou- qu’après que les sépulcres ont été ouverts et
leur rouge pour leurs voitures. Ces voilures s’ap- qu’on leur a donné de l’air. Or, il n’est pas sur-
pelaient bloed-chies et ceux qui les menaient prenant que dans les urnes qu’on a prises pour
bloed-elven. Dès qu’on les poursuivait ils dispa- des lampes il y eût une matière qui étant expo- ,

ne trouvait plus que de grandes


raissaient, et l’on sée â l’air, devint lumineuse comme les phos-
taupinièresau beau milieu du pavé. Cette croyance phores. On sait qu’il s'excite quelquefois des
causait un effroi grand aux enfants que dès
si , flammes dans les caves dans les cimetières et
,

qu’une voilure de couleur rouge venait à passer, dans tous les endroits où il y a beaucoup de sel
tous se sauvaient en grande hâte. Je me rappelle et de salpêtre. L'eau de la mer l’urine et cer- ,

fort bien avoir partagé la terreur générale. » tains bois produisent de la lumière et même des
Lamotte le Vayer (François), littérateur, flammes et l’on ne doute pas que cet effet ne
,

né à Paris en 1588 et mort en 1672. C’était, vienne des sels qui sont en abondance dans ces
selon Naudé, le Plutarque de la France, ressem- sortes de corps.
blant aux anciens par ses opinions et scs moeurs. Ferrari a voulu démontrer, dans une savante
11 a laissé des Opuscules sur le sommeil et les dissertation que ce qu'on débitait sur ces lampes
,

songes, in-8‘, Paris, 1653. étemelles n'était appuyé que sur des contes et
Lampadomancie, divination dans laquelle on des histoires fabuleuses ’.

observait la couleur et les divers mou-


forme, la
Lampon, devin d’Alhènes. On apporta un jour
vements de la lumière d’une lampe, aûu d’en à Périclès, de sa maison de campagne un bélier
,

tirer des présages pour l’avenir. qui n’avait qu’une corne très-forte au milieu du
Lampe merveilleuse. 11 y avait à Paris du front; sur quoi Lampon pronostiqua (ce que tout
temps de saint Louis un rabbin fameux nommé , le monde prévoyait) que la puissance, jusqu'alors
Jéchiel, grand faiseur de prodiges, et si habile partagée en deux factious, celle de Thucydide et
à fasciner les yeux par les illusions de la magie celle de Périclès, se réunirait daus la personne
ou de la physique que les juifs le regardaient de celui chez qui ce prodige était arrivé.
comme un de leurs saints, et les Parisiens comme
un sorcier. La nuit, quand tout le monde était 1
Sauvai Antiquités de Paris etc.
,
couché, il travaillait à la clarté d’une lampe mer- s Vers <750 cependant, on fit, à Naples, la
dé-
veilleuse, qui répandait dans sa chambre une couverte d'un phosphore que l'on dut également au
lumière aussi pure que celle du jour. 11 n’y met- hasard. Le prince do San-bevero travaillait à un pro-
cédé chimique. Il ouvrit, à une heure après minuit,
tait point d’huile ; elle éclairait continuellement,
quatre cucurbites de verre. En voulant les examiner
sans jamais s’éteindre et sans avoir besoin de trop près avec une bougie, la matière contenue
d’aucun aliment. On disait que le diable entre- dans un de ces vases prit feu sur-lc-champ et donna
tenait cette lampe et venait passer la nuit avec une flamme jaune très-vive. Il laissa brûler pendant
environ six heures la matière renfermée dans ce vase.
Jéchiel. Aussi tous les passants heurtaient à sa
La flamme, au bout de cet espace de temps, s'étant
porte pour l’interrompre. Quand des seigneurs trouvée aussi belle ,et aussi forte qu'au premier in-
ou d’honnêtes gens frappaient, la lampe jetait stant, le prince San-Scvero l'étouffa; mais ayant
une lueur éclatante, et le rabbiu allait ouvrir; voulu la raviver le lendemain , il n’y put parvenir
qu'en ajoutant dans le même vase un quart donre de
mais toutes les fois que des importuns faisaient
la même matière, quoiqu’elle ne fût pas sensiblement
du bruit pour le troubler dans son travail, la diminuée de poids, l’ne fois rallumée, elle brûla six
lampe pâlissait; le rabbin, averti, donnait un mois de suite, sans mouvement, sans altération de
coup de marteau sur un grand clou fiché au mi- clarté, et sans déperdition apparente. Cette décou-
verte justifia, jusqu'à un certain point, la vérité des
lampes sépulcrales dont ont parlé les anciens, et que
1
J. IFieri de Lamiis liber. In 4“. Bâle ,
1577. des savants modernes ont traitées de fables.
Lamproies, poissons auxquels on a donné neuf I facilitait le plaisir de parler à deux personnes en
yeux mais on a reconnu que c’était une erreur
; même temps *. Mahomet vit dans son paradis
populaire, fondée sur ce que les lamproies ont des anges bien plus merveilleux ; car ils avaient
sur le côté de la tête des cavités, qui n'ont au- chacun soixante-dix mille têtes, à chaque tète
cune communication avec le cerveau soixante-dix mille bouches, et dans chaque bouche
Lancinet. Les rois de France ont de temps soixante-dix mille langues qui parlaient chacune
immémorial revendiqué l’honneur de guérir les soixante-dix mille idiomes différents.
écrouelles. Le premier qui fut guéri fut un che- Les sorcières prétendaient avoir le don de
valier nommé Lancinet. Voici comment le fait parler toutes les langues ce qui ne s’est pas vé-
;

est conté : rifié, sinon dans quelques possédées.


« Il était un chevalier nommé Lancinet, de Langue primitive. On a cru autrefois que si
l’avis duquel le roi Clovis se servait ordinaire- on abandonnait des enfants à la nature , ap-
ils

ment lorsqu’il était question de faire la guerre à prendraient d’eux- mômes la langue primitive,
ses ennemis. Étant affligé de cette maladie des c’est-à-dire celle que parlait Adam, que l'on
écrouelles, et s’étant voulu servir de la recette croit être l'hébreu. Mais malheureusement l’ex-
dont parle Cornélius Celsus, qui dit que les périence a prouvé que cette assertion n’était
écrouelles se guérissent si l’on mange un serpent, qu’une erreur populaire*. Les enfants élevés par
l’ayant essayée par deux fois, et ce remède ne des chèvres parlent l’idiome des boucs , et il est
lui ayant point réussi, un jour, comme le roi impossible d’établir que le langage n'a pas été
Clovis sommeillait, il lui fut avis qu'il touchait révélé.
doucement le cou à Lancinet, et qu'au même Languet, curé de SaintSulpice qui avait un ,

instant ledit Lancinet se trouvait guéri sans que talent tout particulier pour l’expulsion de cer-
même il parût aucune cicatrice. tains esprits malins. Quand on lui amenait une
» Le roi , joyeux qu’à l’ordi-
s’étant levé plus de ces prétendues possédées que les convulsion-
naire, tout aussitôt qu'il lit jour, manda Lancinet naires ont produites, et qui ont donné matière à
et essaya de le guérir en le touchant, ce qui fut tant de scandales, il accourait avec un grand
fait; et toujours depuis, celte vertu et faculté a 'bénitier plein d’eau commune, qu’il lui versait
été comme héréditaire aux rois de France, et sur la tête en disant : c Je l’adjure de te rendre
s'est transmise à leur postérité *. » tout à l’heure à la Salpêtrière, sans quoi je t’y
Voilà, sans contredit,
un prodige; mais on re- ferai conduire à l’instant. » La possédée ne re-
présentera que personne ne se nommait Lancinet paraissait plus.
du temps de Clovis; que ni Clovis, ni Clotaire, Lanthila, nom que les habitants des Moluques
ni le roi Dagobert, ni aucun des Mérovingiens ne donnent à un être supérieur qui commande à
se vantaient de guérir les humeurs froides; que tous les Nétos ou génies malfaisants.
ce secret fut également inconnu aux Carlovin- Lapalud. l'oy. I’.uxd.
giens, et qu'il faut descendre aux Capétiens pour Lapons. Les Lapons se distinguent un peu
en trouver l'origine ’. des autres peuples : la hauteur des plus grands
Landat ou Landalde (Catherine), paysanne n’excède pas un mètre et demi; ils ont la tête
des frontières de l’Espagne. Delancre dit qu'in- grosse, le visage plat, le nez écrasé, les yeux
terrogée sur ses voyages au sabbat, elle déclara petits, la bouche large, une barbe épaisse qui
qu'elle n'avait pas besoin de dormir pour s’y leur pend sur l’estomac. Leur habit d’hiver est
rendre; que dès qu’elle s'asseyait près de son une peau de renne, taillée comme un sac, des-
feu, si elle sentait un grand désir d’aller au sab- cendant sur les genoux, et rehaussée sur les
bat, elle s'y trouvait aussitôt transportée. Celle hanches d’une ceinture ornée de plaques d’ar-
femme avait trente ans. gent; ce qui a donné lieu à plusieurs historiens
Landela, magicienne, t'oy. H.crppe. de dire qu’il y avait des hommes vers le Nord

Langeac, ministre de France, qui employait velus comme des bêtes, et qui ne se servaient
beaucoup d'espions, et qui fut souvent accusé point d’autres habits que ceux que la nature leur

de communiquer avec le diable *. avait donnés.


Langue. On lit dans Diodore de Sicile que les On y a chez eux une école de magie
dit qu’il
anciens peuples de la Taprobane avaient une où les pères envoient leurs enfants, persuadés
langue double, fendue jusqu’à la racine, ce qui que la magie leur est nécessaire pour éviter les
animait singulièrement leur conversation et leur embûches de leurs ennemis, qui sont eux-mêmes
grands magiciens. Ils font passer les démons fa-
1
Brown, Des erreurs populaires, t. liv. III, miliers dont ils se servent en héritage à leurs
1,
p. 349.
3 Delancre, Traité île i attouchement,
p. <59; For-
cadel, Dr'imper. et philosop. gall.
1
M. Salgues, Des- erreurs et des préjugés, l. 111,
3 M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, etc., p. 449.
3 Thomas Brown, Essai sur erreurs,
t. 1, p. Î73. les t. II,
4 Berlin, Curiosités de la littérature. 1.
1, p. SI. i,
ch. xxiii , p. 95.

Digitized by
,

enfants ,
afin qu’ils les emploient à surmonter il ne donne plus signe de vie; les assistants con-
les démons des autres familles qui leur sont con- tinuent do chanter jusqu’à ce qu’il soit revenu à
traires. Ils se servent souvent d’un tambour pour lui, car on cesse de chanter, l’homme meurt,
si

les opérations de leur magie. Quand ils ont en- diseDt-ils, ce qui lui arrive également si quel-
vie d’apprendre ce qui se passe en pays étran- qu'un essaye de l’éveiller en le touchant de la
ger, un d’entre eux bat le tambour, mettant main ou du pied. On éloigne même de lui les
dessus ,
b l’endroit où l’image du soleil est des- mouches et les autres animaux. Quand il reprend
sinée, des anneaux de laiton attachés ensemble ses sens de lui-même, il répond aux questions
par une chaîne de même métal. Il frappe sur ce qu'on lui fait sur le lieu où il a été envoyé. Quel-
tambour avec un marteau fourchu fait d'iui os, quefois il ne se réveille qu’au bout de vingt-
de telle sorte que ces anneaux se remuent. Le quatre heures, selon que le chemin qu'il lui a
curieux chante en même temps d’une voix dis- fallu parcourir a été long ou court. Pour ne lais-
tincte une chanson que les Lapons nomment ser aucun doute sur la vérité de ce qu’il raconte,
jonk; tous ceux qui sont présents, hommes et il se vante d’avoir rapixirté du pays où il a été
femmes, y ajoutent chacun son couplet, expri- la marque qu’on lui a demandée, comme un cou-

mant de temps en temps le nom du lieu dont ils teau, un anneau, un soulier ou quelque autre
désirent savoir quelque chose. Le Lapon qui chose. Les Lapons se servent aussi du même tam-
frappe le tambour le met ensuite sur sa tête d’une bour pour savoir la cause d'une maladie, ou pour
certaine façon et tombe aussitôt par terre , où |
faire perdre la vie ou la santé à leurs ennemis.

Lapons.

Parmi ces peuples, certains magiciens ont une toits et des maisons. Apulée dit que les lares
espèce de gibecière de cuir, dans laquelle ils n’étaient autre chose que les âmes de ceux qui
tiennent des mouches magiques ou des démons, avaient bien vécu et bien rempli leur carrière.
qu'ils lâchent de temps en temps contre leurs Au contraire, ceux qui avaient mal vécu erraient
ennemis, ou contre le bétail, ou simplement vagabonds et épouvantaient les hommes. Selon
pour exciter des tempêtes cl faire le\ er des vents Scrvius, le culte des dieux lares est venu de ce
orageux. Ils ont aussi une sorte de dard qu’ils qu’on avait coutume autrefois d'enterrer les
jettent en l’air, et qui dans leur opinion cause
, , corps dans les maisons, ce qui donna occasion
la mort à tout ce qu’il rencontre. Ils se servent, au peuple crédule de s'imaginer que leurs âmes
pour ce même effet, d'une pelote nommée lyre, y demeuraient aussi , comme des génies secou-
de la grosseur d’une noix fort légère presque
, ,
rables cl propices, et de les honorer en celte
ronde, qu’ils envoient contre leurs ennemis pour qualité.
les faire périr; si par malheur cette pelote ren- La coutume s’étant introduite plus tard d’in-
contre en chemin quelque autre personne ou humer les morts sur les grands, chemins, on en
quelque animal, elle ne manque pas de leur causer prit occasion de les regarder comme les dieux
la mort *. l'oy. Finnes, Tvre, etc. des chemins. C’était le sentiment des platoni-
Lares. Les lares étaient, chez les anciens, des ciens, qui des âmes des bons faisaient des lares,
démons ou des génies gardiens du foyer. Cicé- et les lémures des âmes des méchants. On pla-
ron traduisant le Timée de Platon appelle lares
, , çait les statuettes des lares dans un oratoire que
ce que Platon nomme démons. Festus les ap- l'on avait soin de tenir proprement. Cependant
pelle dieux ou démons inférieurs gardiens des , quelquefois on perdait le respect à leur égard
1
fiom Calmet ,
Sur les vampires. comme à la mort de quelques personne? chères ;

Digitized by Google
, ? ?

LAR — 401 — LAZ


on les accusait de n'avoir pas bien veillé à leur Lavater (Louis), théologien protestant, né à
conservalion, etdcs’flro laissé surprendre par Kibourg en 1527, autour d’un traité sur les spec-
les esprits malfaisnnls. Caligula (il jeter les siens tres, les lémures 1 , etc. ; Zurich, 1570, in-12,
par la fenêtre, parce que, disait-il, il était plusieurs fois réimprimé.
mécontent de leurs services. Lavater (Jean-Gaspard), né à Zurich en 1741,
Quand les jeunes garçons étaient devenus assez
grands pour quitter les bulles qu’on ne portail
que dans la première jeunesse , ils les pendaient
au cou des dieux lares. Les esclaves y pendaient
aussi leurs chaînes , lorsqu'ils recevaient la

liberté.
Larmes. Les femmes accusées de sorcellerie
étaient regardées comme véritablement sorcières
lorsqu’elles voulaient pleurer et qu'elles ne le

pouvaient. Une sorcière dont parle Boguel dans


son Premier avis ne put jeter aucune larme, bien
qu'elle se fut plusieurs fois efforcée devant son
juge h Car il a été reconnu par expérience que
:

les sorciers ne jettent point de larmes : ce qui a mort en 1801 auteur célèbre de VArt de juger 1rs
,

donné occasion h Spranger, Grilland et Bodin de hommes par la physionomie l'og. Physiocnomomz. .

dire que l'une des plus fortes présomptions que Lavisari. Cardan écrit qu’un Italien nommé
l’on puisse élever contre le sorcier est qu’il ne Lavisari , conseiller et secrétaire d’un prince ,
se
larmoie point'. » trouvant une nuit seul dans un sentier, le long
Larrivey (Pierre), poète dramatique du sei- d’une rivière et ne sachant où était le gué pour
,

zième siècle, né à Troyes en 1596. Il s’est fait la passer, poussa un cri dans l’espoir d’être en-
connaître par un Almanach avec grandes prédic- tendu des environs. Son cri ayant été répété par
tions, le tout diligemment calculé, qu’il publia une voix de l’autre côté de l’eau il se persuada ,

de 1618 à 1647. Il précéda ainsi Matthieu l.acns- que quelqu'un lui répondait et demanda , : —
bergh. Il ne mangeait point de poisson parce , Dois-je passer iri La voix lui répondit: —
Ici. —
que selon son horoscope
,
il devait mourir , Il vit alors qu'il était sur le bord d’un gouffre

étranglé par une arête, prédiction qui ne fut pas où l’eau se jetait en tournoyant. Épouvanté du
accomplie. Les almanachs qui continuent de danger que ce gouffre lui présentait, il s’écrie
porter son nom sont encore très-estimés dans le encore une fois —
Faut-il que je passe iri
: —
midi de la Krance, comme ceux de Matthieu La voix lui répondit : — Passe ici. — ll'n’osa s’y
Laensbergh dans le Nord. hasarder, et ,
prenant l’écho pour le diable ,
il

Larves, âmes des méchanLs que l’on dit errer crut qu'il voulait le faire périr et retourna sur
çà et là pour épouvanter les vivants; on les con- ses pas '.

fond souvent avec les lémures , mais les larves Layra nom
d’une maladie que donnaient les
,

ont quelque chose de plus effrayant. sorciers dans une pomme ou dans un autre ali-
Lorsque Caligula fut assassiné , on dit que son ment, et qui produisait le besoin indomptable
palais devint inhabitable, à cause des larves qui d’aboyer. Delancre en a eu les preuves. Les
l’occupaient, jusqu’à ce qu'on lui cul décerné mêmes coquins infusaient aussi par le même
une pompe funèbre. procédé de violentes épilepsies.
Launoy (Jean), célèbre docteur de Sorbonne, Lazare , tzar des Serviens dans leurs temps
né le 21 décembre 1603 à Yaldéric, diocèse de héroïques. On lit sur ce prince dans les chants ,

Coutances. Il a laissé une dissertation pédan- populaires des Serviens, de singulières légendes.
lesque sur la vision de saint Simon Stock qu'il Leur grand cycle poétique, c’est l'ère fatale
n’a pas su comprendre , étant un peu trop jansé- de la conquête c’est la bataille de Kossowo , où
,

niste. L’n volume in-8" 1653 et 1663. ; périt le roi Lazare , trahi par son gendre Wuk et
Laurier, arbre qu’Apulée met au rang des par ses douze mille guerriers. A cette bataille,
plantes qui préservent les hommes des esprits le poêle fait intervenir le prophète Élio, qui
malins. Ou croyait aussi chez les anciens qu'il annonce au roi la volonté do Dieu et l’avertit
garantissait de la foudre. qu’il est temps de choisir entre le royaume du
Lauthu, magicien lunquinois, qui prétendait ciel et celui de la terre. Lazare mande le pa-
avoir été porté soixante-dix ans dans le sein de triarche de Servie et les douze grands archevê-
sa mère. Ses disciples le regardaient comme le ques, pour qu’ils donnent la sainte communion
créateur de toutes choses. Sa morale est très-
1
De speelris, magnis atgue insolitis
lemuribus et
relâchée c’est celle que suit le peuple, tandis
;
fraguribus et quœ obilum Iwminum,
prcvsagiliimibiu
que la cour suit celle de Confucius. dalles mutai iuncsgue imperiorum ftracedunt, etc.
1
Boguet, Premier avis, n 60 , p. S6.
- Lenglel-Dufresnov, Dissertations, t. I, p. 169.
96

Digitized by Google
, , . ,

LAZ — 102 — LÉC

.H ses braveset que purifiés ils se préparent à


,
été placées dans des communautés religieuses,
la mort Au moment où les troupes défilent se trouvèrent immédiatement paisibles.
en bon ordre la tzarine Mililza demande à son
,
Lebrun (Charles) , célèbre peintre , ué à Paris
noble époux qu'au moins un de scs frères reste en 1619, mort on 1690. On lui doit un Traili
avec elle dans la forteresse de Kruschwatz. Ils sur ta physionomie humaine comparée avec celle
refusent tous. Golabun, le serviteur, reste seul. des animaux 1 vol. in-folio.

Dès que l’aube du matin parait, deux corbeaux Lebrun (Pierre), oratorien, né à Brignolles
messagers arrivent auprès de la tzarine qui se en 1661, mort en 1729. On a de lui : 1° let-

trouble puis le guerrier Milutine, couvert de tres qui découvrent l'illusion des philosophes sur
;

dix-sept blessures et portant sa main gauche la baguette, et qui détruisent leurs systèmes,

dans sa droite vient lui conter comment l’illustre


,
1693, in-12; 2° Histoire critique des pratiques
tzar, son époux, est tombé, comment est tombé superstitieuses qui ont séduit les peuples et embar-

le vieux lug, son père, comment sont tombés rassé les savants , 1702, 3 vol. in-12, avec un
les neuf lugowitz et comment est tombé Milosch supplément, 1737, in-12.
le waiwode. Nous avons occasion de le citer souvent.
< On n’avaitpu retrouversurla sanglante plaine Lécanomancie, divination par le moyen de

la tête de Lazare, linjeune Turc né d'une Ser-


, l'eau. Ou écrivait des paroles magiques sur des

vienne, l'avait jetée dans une source d’eau vive; lames de cuivre, qu’on mettait dans un vase
elle y resta quarante ans, et elle brillait comme plein d’eau, et une vierge qui regardait dans
la lune sur l’eau. Tirée de là enfin et déposée sur cette eau y voyait ce qu'on voulait savoir, ou ce
le gazon, elle alla rejoindre son corps, qui fut qu'elle voulait y voir. Ou bien on remplissaitd’cau
déposé par les douze grands archevêques dans un vase d’argent pendant un beau clair de lune;
le beau monastère de Rawanitza en Macédoine, ensuite on réfléchissait la lumière d’une chan-
« fondé par Lazare de sou propre argent sans ,
lame d'un couteau, et
delle dans le vase avec la

qu’il en coûtât un para ou une larme à son y voyait ce qu'on cherchait à connaître.
l’on

pauvre peuple’». que chez les
C’est encore par la lécanomancie
Lazare (Denys), prince de Servie, qui vivait mettait dans un bassin plein d’eau
anciens on
en l’année de l’hégire 788. 11 est auteur d’un ou- des pierres précieuses et des lames d’or et d'ar-
vrage intitulé les Songes publié en 1686; 1 vol. gent, gravées de certains caractères, dont on
in-8". Il prétend avoir eu des visions nocturnes faisait offrande aux démons. Après les avoir con-
dans les royaumes de Stéphan de Mélisch et de jurés par certaines paroles, on leur proposait la
,

Prague. question à laquelle on désirait une réponse. Alors


Leaupartie, seigneur normand d’un esprit il sortait du fond do l'eau une voix basse, sem-
épais, qui fit paraître en 1735 un mémoire pour blable à un silllement de serpent, qui donnait la
établir la possession et l’obsession de scs enfants solution désirée. Glycas rapporte que Neclanc-
et de quelques autres filles qui avaient copié les bus, roi d’Égypte, connut par ce moyen qu'il
extravagances de ces jeunes demoiselles. 11 —
serait détrôné et Delrio ajoute que de son temps ;

envoya à la Sorbonne et à la faculté de médecine cette divination était encore en vogue parmi les
do Paris des observations pour savoir si l’état Turcs. Elle était anciennement familière aux
des possédées pouvait s’expliquer naturellement. Chaldéens, aux Assyriens et aux Égyptiens.
11 exposa que les possédées entendaient le latin Vigenère dit qu’on jetait aussi du plomb fondu
;

qu’elles étaient malicieuses; qu'elles parlaient en tout bouillant dans un bassin plein d'eau et par ;

hérétiques; qu'elles n’aimaient pas le son des les figures qui s'en formaient on avait réponse à
cloches ;
qu’elles aboyaient comme des chiennes ; ce qu’on demandait *
que l'aboiement de l'une d'elles ressemblait à Lecanu (
du clergé de Paris au-
M. l’abbé ) , ,

celui d'un dogue; que leur servante Anne Née], teur d’un livre intitulé < Histoire de Satan, sa
quoique fortement liée, s'était dégagée pour se chute, son culte, scs manifestations, ses œu-
jeter dans le puits : ce qu'elle ne put exécuter, vres, la guerre qu’il fait à Dieu et aux hommes;
parce qu'une personne la suivait; mais que, pour magie, possessions, illuminisme, magnétisme,
échapper à cette poursuite, elle s’élança contre esprits frappeurs, spirites, etc. » ln-8”, Paris,
une porte fermée et passa au travers etc. Le ,
— 1862.
bruit s’étant répandu que les demoiselles de Léchies , démons des bois espèces do satyres ,

Leaupartie étaient possédées, un curé nommé chez les Russes, qui leur donnent un corps hu-
Heurlin, faible ou intrigant, s’empara de l’af- main ,
depuis la partie supérieure jusqu'à la cein-
faire , causa du scandale , fil des extravagances. ture, avec des cornes, des oreilles, une barbe
Mgr de Luynes, évêque de Bayeux , le fit renfer- de chèvre et do la ceinture en bas , des formes
; ,

mer dans un séminaire; et les demoiselles, ayant de bouc. Quand ils marchent dans les champs
1
lugowitz, enfants de lug.
2 Extrait do comptes rendus par la presse pério- 1 K:l ancre,
1
Incrédulité et niècréance du sortilège

dique sur les légendes de


Servie. la plcincmetsl convaincues, p. 268.

Digitized by Google
. ; ,

LEC — 403 — LF.N

ils se rapetissent au niveau des herbages ; mais des Erreurs et des préjugés répandus dans la
lorsqu’ils courent dans les forêts, ils égalent en société.
hauteurs les arbres les plus élevés. Leurs cris Légions. Il
y a aux enfers six mille six cent
sont effroyables. Ils errent sans cesse autour des soixante-six légions de démons. Chaque lé-
promeneurs, empruntent une voix qui leur est gion de l'enfer se compose de six mille six cent
connue, et les égarent vers leurs cavernes, où soixante-six diables, ce qui porte le nombre de
ils prennent plaisir à les chatouiller jusqu'à la tous ces démons à quarante-quatre millions quatre
mort. cent trente-cinq mille cinq cent cinquante-six , à
la tête desquels se trouvent soixante-douze chefs,
selon le calcul de Wlerus. Mais d'autres doctes
mieux informés élèvent bien plus haut le nombre
des démons.
Leleu (Augustin), contrôleur des droits du
duc de Chaulnes sur la chaîne de Piquigny, qui
demeurait à Amiens, rue de l'Aventure, et dont
la maison fut infestée de démons pendant qua-

1 torze ans. Après s’étre plaint, il avait obtenu


qu’on fit la bénédiction des chambres infestées;
ce qui força les diables à détaler *.

Leloyer. l'oy. Lovrn (le).


Lemia, sorcière d'Athènes, qui fut punie du
dernier supplice, au rapport de Démoslhène,
pour avoir enchanté charmé et fait périr le bé-
,

tail car dans cette république on avait établi une


;

chambre de justice pour poursuivre les sorciers 3 .

Lemnus ou Lemmens (Liévin), né en 1305


à Ziriczée en Zélande , médecin et théologien
Lfcbie*.
publia un livre sur ce qu'il y a de vrai et de faux
en astrologie et un autre sur les merveilles
,

Lecoq ,
sorcier qui fut exécuté à Saumur, au occultes de la nature *.
seizième siècle, pour avoir composé des véné- Lémures, génies malfaisants ou âmes des
lices et poisons contre les enfants. Le bruit cou- morts damnés qui ( selon les croyances supersti-
rait dans ce temps-là que lui et d'autres sorciers tieuses) reviennent tourmenter les vivants, et
ayant jeté leurs sorts diaboliques sur les liLs de dans la classe desquels il faut mettre les vam-
plume, il devait s’y engendrer certains serpents pires. On prétend que le nom de Lémure est une
qui piqueraient et tueraient les bonnes gens en- corruption de Rémure qui vient à son tour du
,

dormis; si bien qu’on n’osait plus se coucher. nom de Rémus, tué par Romulus, fondateur de
On attrapa Lecoq et on le brûla, après quoi on Rome; car après sa mort les esprits malfaisants
alla dormir ce que vous pouvez faire aussi.
, se répandirent dans Rome*, l'oy. Lares, Lak-
Ledoux (Mademoiselle), tireuse de cartes, vf.s, Spectrrs, Vampires, etc.
dont on fit le procès à Paris le là juillet 18)8. Lenglet-Dufresnoy (Nicolas) né à Beauvais ,

Elle fut condamnée à deux ans d’emprisonnement en 1674 et mort en 1755. On lui doit 1“ une :

et à douze francs d'amende, pour avoir prescrit Histoire de la philosophie hermétique, accompa-
à une jeune demoiselle d'aller la nuit en pèleri- gnée d’un catalogue raisonné des écrivains do
nage au Calvaire du inont Valérien près Paris, , cette science, avec le véritable Philalite, revu
et d’y porter quatre queues de morue envelop- sur les originaux, 1742, 3 vol. in-12; 2* un
pées dans quatre morceaux d’un drap coupé en Traité historique et dogmatique sur les appari-
quatre, afin de détacher, par ce moyen cabalis- tions, visions et révélations particulières, avec
tique, le cœur d'un jeune homme riche de neuf , des observations sur les dissertations du R. P.
veuves et demoiselles qui le poursuivaient en dom Calmetsur les apparitions et les revenants,
mariage
Legendre (Gilbert-Charles), marquis de Saint- 1 Lenglet-Dufresnoy, Dissertations sur les appari-
Aubin-sur-Loire, né à Paris en 1688, mort en tions, t. III p. 21 3.

1746. On a de lui un Traité de l'opinion, ou


2
.

M. Garinct, Hist. de lu mayie m


France, p. 14.
3 De Âstrologia liber unus, in qooobiter irai irotor
Mémoires pour servir à l’histoire de l’esprit hu- ij u ni ilia veri, quid ticli fatsique habrat, et t/ualenus

main, Paris, 1733,0 vol. in-1 2 ouvrage dont i arti sit habenda /ides Anvers, 1534, in-8". De —
M. Salgucs a tiré très-grand parti pour son livre occultis natures miraculis libri U; Anvers, 1559,
in-12. Réimprimé chez PUuitin en quatre livres;
1
Delancre, Incrédulité, elc., |>. 268. Anvers, 4564.
3 M. Uarinet, Histoire de la mayie en France, * Lelovcr, Histoire des spectres ou apparitions des
p. 191 esprits, ch. v.
26 .

Digitized by Google
LEN — 404 — LÉO
oraisons pour conjurer le diable. Foy. Coxjira-
1751, 2 vol. in-12; 3* un Rentcil de dissertations
anciennes et nouvelles sur les apparitions, les tioxs, etc.

visions et les songes, avec une préface histo- Léonard, démon des premiers ordres, grand
rique et un catalogue des auteurs qui ont écrit maître des sabbats chef des démons subalternes,
.

les visions, les apparitions, les inspecteur général de la sorcellerie, de la magic


sur les esprits ,

songes et les sortilèges ; 1752 , 4 vol. in-12. noire et des sorciers. On l’appelle souvent U
Nous avons puisé fréquemment dans ces ou-
vrages.
Lenormand (Mademoiselle), femme qui, sous

l’Empire cl la Beslauration ,
exerçait à Paris le

métier de sibylle. Elle prenait le nom de sibylle


il u faubourg Saint-Germain
lirait les caries et ,

disait la bonne aventure par le marc de café. On


prétend qu’elle était un des organes de la police.
Elle a laissé des mémoires et des souvenirs sibyl-
lins. Morte en 1843. Ce qui est curieux, c’est
que , de notre temps les grandes daines allaient
,

la consulter.
Le Normant (Martin), astrologue qui fut

Jean auquel prédit la vic-


apprécié par le roi ,
il

gagna contre les Flamands '.


toire qu’il
Léon III élu pape en 795. On a eu l'eflron-
,

terie de lui attribuer un recueil de


platitudes,

embrouillées dans des figures et des mots inin-

Grand A’èyre. Il préside au sabbat sous la figure


d'un bouc de haute (aille; il a trois cornes sur la

tête, deux de renard , les cheveux héris-


oreilles
sés, les yeux ronds , enflammés et fort ouverts,

une barbe de chèvre et un visage au derrière.


Les sorciers l’adorent en lui baisant ce visage
inférieur avec une chandelle verte à la main.
Quelquefois il ressemble à un lévrier ou à un
boeuf, ou à un grand oiseau noir, ou à un tronc
d’arbre surmonté d’un visage ténébreux. Ses
pieds, quand il en porte au sabbat, sont tou-
jours des pattes d’oie. Cependant, les experts

qui ont vu le diable au sabbat observent qu’il

n'a pas de pieds quand il prend la forme d’un


tronc d’arbre et dans d'autres circonstances ex-
traordinaires. Léonard est taciturne et mélan-
colique mais dans toutes les assemblées de sor-
;

telligibles, composé par un visionnaire plus de ciers et de diables où il est obligé de figurer, il

trois cents ans après lui , sous le titre A'Enchiri- se montre avantageusement et déploie une gra-
!
dion Leonis papas . On a ajouté qu'il avait en- vité superbe
voyé ce livre à Charlemagne. Voici le titre exact Léopold, fils naturel de l’empereur Rodol-
de ce ridicule fatras Enchiridion du pape Léon,
: phe II. Il embrassa la magie et étudia les arts du
donné comme un présent précieux au sérénis- diable, qui lui apparut plus d’une fois. Il arriva
sime empereur Charlemagne récemment purgé , que son frire Frédéric fut pris en bataille en
de toutes scs fautes. Home, 1070 in-12 long, , combattant contre Louis de Bavière. Léopold,
avec un cercle coupé d'un triangle pour vignette, voulant lui envoyer un magicien pour le délivrer
et à l'entour ces mots en légende Formation :
, de la prison de Louis sans payer rançon, s'en-
réformation, transformation. Après un avis aux ferma avec ce magicien dans une chambre en ,

sages cabalislcs, le livre commence par l'Évan- conjurant et appelant le diable, qui se présenta
gile de saint Jean, que suivent les secrets et à eux sous forme et costume d’un messager de
pied ayant ses souliers usés et rompus, le cha-
,
1
Manuscrit cité à la fin des remarques de Joly sur peron en tête; quant au visage, il avait les yeux
Bavle.
1 Enchiridion Isonix papas ser enissimo imperalori chassieux. 11 leur promit, sans que le magicien
Carolo Uagno in munus preliosum datum, nuperrime
mendis omnibus purgatum etc. .
1
Ddrio, Delancre, Bodin, etc.

Digitized by Google
,

LÉP — 405 — LEU


se dérangeât de tirer Frédéric d'embarras
, au derrière ayant chacun une chandelle à la
pourvu qu'il y consentit. Il se transporta de main '.
suite dans la prison changea d’habit et de forme,
, Lescot, devin de Parme, qui disait indiffé-
prit celle d’un écolier, avec une nappe autour du remment à tout homme qui en voulait faire l’es-
cou, et invita Frédéric h entrer dans la nappe, sai « Pensez ce que vous voudrez, et je devi- :

ce qu’il refusa en faisant le signe de la croix. Le nerai ce que vous pensez, » parce qu’il était
diable s’en retourna confus chez Léopold qui servi par un démon ’. ,

ne le quitta point pour cela car pendant la ma- ; Lespéce. Italien qui fut avalé pendant le sé-
ladie à la suite de laquelle il mourut, s'étant levé jour de la Hotte française au port de Zante, sous
un jour sur son séant, il commanda â son magi- le règne de Louis XII. Il était dans le brigantin
cien, qu’il tenait à gages, d’appeler le diable, de François de Grammont. Un jour, après avoir
lequel se montra sous la forme d'un homme noir bien bu il se mit à jouer aux dés et perdit tout ,

et hideux Léopold ne l’eut pas plutôt vu qu’il


;
son argent. Il maugréa Dieu , les saints, la bien-
dit C'est assez; et il demanda qu’on le recou- heureuse Vierge Marie, mère de Dieu, et invo-
:

chât dans son lit, où il trépassa qua le diable à son aide. La nuit venue, comme
Lépapa rocher mystique, Voy. Eatcas.
,
l’impie commençait â ronfler, un gros et horrible
Lépréchan. C’est le nom qu’on donne au clu- monstre, aux yeux étincelants, approcha du
ricaune dans quelques comtés de l'Irlande, l'oyez brigantin. Quelques matelots prirent cette bête
Clcricaune. pour un monstre marin et voulurent l’éloigner ;

Leriche (M. l'abbé), prêtre du diocèse de mais elle aborda le navire et alla droit â l'héré-
Poitiers, auteur d’un savant livre intitulé Éludes tique ,
qui fuyait de tous côtés. Dans sa fuite , il

sur les possessions en général et sur ta possession trébucha et tomba dans la gueule de cet horriblo
de iMsdun en particulier , précédées d’une lettre serpent '.

du P. Ventura, t vol. in-12, 1859. Dans cet ou- Léthé , fleuve qui arrosaitune partie du Tar-
vrage, parfaitement écrit et solidement appuyé tare et allait jusqu'à l'Élysée. Ses ondes fai-
de preuves, l'auteur a mis au néant tous les saient oublier aux ombres, forcées d'en boire,
mensong&s du calviniste Saint-Aubin. les plaisirs et les peines de la vie qu’elles avaient
Leroux de Lincy. auteur vivant do travaux quittée.On surnommait le Léthé le fleuve d’Huile,
curieux intitulés Le Livre des légendes , 1836. parce que son cours était paisible , et par la même
Lesage, l'oy. Luxembourg. raison Lucain l'appelle deus tacitus, dieu silen-
Lescorière (Marie), vieille sorcière arrêtée cieux, car il ne faisait entendre aucun murmure.
au seizième siècle à l’âge de quatre-vingt-dix Les âmes des méchants, après avoir expié leurs
ans. Elle répondit dans son interrogatoire qu'elle crimes par de longs tourments, venaient aux
passait pour sorcière sans l’être qu'elle croyait ;
bords du Léthé perdre le souvenir do leurs
en Dieu, l'avait prié journellement, et avait maux et puiser une nouvelle vie. Sur ses rives,
quitté le diable depuis longtemps; qu’il y avait comme sur celles du Cocyte , on voyait une porte
quarante ans qu’elle n'avait été au sabbat. Inter- qui communiquait au Tartare '.

rogée sur le sabbat, elle dit qu'elle avait vu le Lettres de l’alphabet. Leur mystère. Voyez
diable en forme de bouc, qu'elle lui Marc l'hérétique.
d'homme et
avait cédé les galons dont elle liait ses cheveux Lettres infernales, ou Lettres des campagnes
,

que le diable les lui avait payés un écu qu'elle infernales, publiées en 1734. Ce n’est qu’une sa-
avait mis dans sa bourse qu'il lui avait surtout tire contre les fermiers généraux.
;

recommandé de ne pas prier Dieu, de nuire aux Lettres sur les diverses apparitions d’un béné-
gens de bien et qu'il lui avait remis pour cela dictin de Toulouse, in-4’, 1679. Ces apparitions
,

de la poudre dans une boite qu’il était venu la étaient, dit-on, des supercheries de quelques
;

trouver en forme de chat, et que, parce qu’elle novices de la congrégation de Saint-Maur, qui
avait cessé d'aller au sabbat, il l'avait meurtrie voulaient tromper leurs supérieurs. On les fit
à coups de pierres que quand elle appelait le sortir de l’ordre.
;

diable, il venait à elle en ligure de chien pen- Leuce-Carin, hérétique du second siècle,
dant le jour et en figure de chat pendant la nuit; auteur apocryphe d'un livre intitulé Voyages des
qu’une fois elle l'avait prié de faire mourir une apôtres. 11 y conte des absurdités.
voisine, ce qu’il avait fait; qu'une autre fois, Leucophylle, plante fabuleuse qui, selon les
passant par un village les chiens l'avaient suivie anciens, croissait dans le Phase, fleuve de la
,

et mordue que dans l’instant elle avait appelé


;

le diable, qui les avait tués. Elle dit aussi qu’il 1


Discours des sortilèges et vénéfices, tirés des pro-
ne se faisait autre chose au sabbat sinon hon- cès criminels.
3 Delancrc. Incrédulité et mécréance de la divina-
neur au diable, qui promettait ce qu'on lui de-
tion, du sortilège, p. 304.
mandait; qu'on lui faisait offrande en le baisant 3 D'Auton, Histoire de Louis X
II, cité par M. Iules

Garinet, dans son Histoire de la Magie en France.


1 4 Delandine, Y Enfer des anciens,
Leloyer. Histoire îles spectres, p. 304. p. Î84.

Digitized by Google
,,

LÉV — 606 - LIE

Colchide. On lui attribuait la vertu d’empécher les cérémonies que les anciens pratiquaient dans
les infidélités; mais il fallait la cueillir avec de la libanomancie. On prend,dit-il, de l’encens,

certaines précautions, et on ne la trouvait qu'au et, après avoir fait des prières relatives aux
point du jour, vers le commencement du prin- choses que l’on demande, on jette cet encens
temps, lorsqu'on célébrait les mystères d’Hé- dans le feu , afin que sa fumée porte les prières
cate. jusqu'au ciel. Si ce qu'on souhaite doit arriver,
Lévi de Moravie, rabbin juif, réputé grand l'encens s'allume sur-le-champ ,
quand même il

magicien au x\r siècle. serait tombé hors du feu ; le feu semble l'aller
Léviathan, grand amiral de l’enfer, selon les chercher pour le consumer. Mais si les voeux
démonomanes. Wierus l'appelle le grand men- qu’on a formés ne doivent pas être remplis, ou
teur. Il s’est mêlé de posséder, de tous temps l'encens ne tombe pas dans le feu , ou le feu s'en
les gens qui coureriL le monde. Il leur apprend à éloigne et ne le consume pas. Cet oracle, ajoute-
mentir et h en imposer. Il est tenace ferme à ,
t-il, prédit tout, excepté ce qui regarde la mort

son poste et difficile à exorciser. On donne aussi et le mariage.


le nom de Léviathan h un poisson immense que Libertins, fanatiques qui s'élevèrent en Flan-
les rabbins disent destiné au repas du Messie. Ce dre au milieu du seizième siècle et qui sé répan-
poisson est monstrueux qu’il en avale d'un
si dirent en France, où ils eurent pour chef un
coup un autre lequel pour être moins grand
,
,
tailleur picard nommé Quinlin. Ils professaient
que lui ne laisse pas d'avoir trois lieues de long.
, exactement le panthéisme des philosophes de nos
Toute la masse des eaux est portée sur Lévia- jours; et les rêveurs allemands les copient. Ils

than. Dieu, au commencement, en créa deux, regardaient le paradis et l'enfer comme des illu-
l’un mâle et l'autre femelle mais de peur qu’ils ;
sions et se livraient à leurs sens. Le nom qu'ils
ne renversassent la terre et qu’ils ne remplissent se donnaient, comme affranchis, est devenu une
l’univers de leurs semblables, Dieu, disent en- injure.
core les rabbins tua la femelle et la sala pour
,
Libres penseurs, personnages qui se posent
le repas du Messie qui doit venir. En hébreu de nos jours en esprits forts et qui ont toutes les
Léviathan veut dire monstre des eaux. Il parait doctrines des hérétiques dont on vient de parier.
que c’est le nom de la baleine dans le livre de Licorne. On croyait chez nos pères que la
Job, chap. lxi. Samuel Bochard croit que c’est corne de licorne préservait des sortilèges. Les
aussi le nom du crocodile, l’oy. Kuaken. licornes du cap de Bonne-Espérance sont décrites
Lewis (Matthieu-Grégoire) auteur de romans ,
avec des têtes de cheval, d’autres avec des têtes
et de pièces de théâtre né en 1773 et mort en
,
de cerf. On dit que le puits du palais de Saint-
1818. On a de lui le Moine 1795, 3 vol. in-12, ,
Marc ne peut être empoisonné, parce qu'on y a
production effroyable et dangereuse, qui fit plus jeté des cornes de licornes. On est d'ailleurs in-
de bruit qu’elle ne mérito; le Spectre du château ,
décis sur ce qui concerne ces animaux , dont la
opéra ou drame en musique, etc. race semble perdue , quoique , dit-on , elle existe
Lézards. Les Kamtschadalcs en ont une crainte encore en Chine. Voy. Couses.
superstitieuse. Ce sont, disent-ils, les espions de Lierre. Nous ne savons pourquoi les Flamands
Gaeth (dieu des morts) qui viennent leur pré- appellent le lierre fil du diable (Duivels-Naai-
dire la fin de leurs jours. Si on les attrape, on garen).
les coupe en petits morceaux pour qu’ils n’aillent Lieder (Madeleine) femme de Lewenburg en
,

rien dire au dieu des morts. Si un lézard échappe, Saxe, qui fut possédée en 1605, avec des crises
l’homme qui l’a vu tombe dans la tristesse et singulières. Quelquefois son démon l’enroulait
meurt quelquefois de la peur qu’il a de mourir. comme une pelote ,de sorte que sa tête touchait
Les nègres qui habitent les deux bords du ses genoux; et, dans cette situation, elle était
Sénégal ne veulent pas souffrir, au contraire, lancée en l’air. D’autres fois sa taille grandissait
qu’on tue les lézards autour de leurs maisons. Ils au point que sa tête Louchait le plafond. D’autres
sont persuadés que ce sont les âmes de leurs
pères , de leurs mères et de leurs proches pa-
rents qui viennent faire le folgar, c’est-à-dire se
réjouir avec
eux '.
Libanius magicien né en Asie, qui pendant
, ,

le siègede Ravenne par Constance, employait


des moyens magiques pour vaincre les ennemis *.
Libanomancie divination qui se faisait par
,

le moyen de l'encens. Voici, selon Dion Cassius,


1
Abrégé des voyages, par de la llarpc, t. U,
p. 131.
2 Leloycr, Histoire et discours des spectres, otc., yeux sortaient de sa tête gros comme des
fois ses

p. 726. œufs de poule, ou sa langue pendait noire et

iitized ogle
LIÉ — 407 — UG
longue d'un pied hors de sa bouche*. On l'exor- conduit et empêchait par exemple les déjections
cisa , et le démon qui la possédait dit ,
par sa naturelles. On appelait embarrer l’empêchement
bouche, que ses meilleurs amis étaient judas, magique qui s'opposait à un mouvement. On appe-
Hérode, Pilate et Faust. lait plus spécialement ligature le maléfice qui af-
Lièvre. On raconte des choses merveilleuses fectait d'impuissance un bras, un pied ou tout
du lièvre. Évax et Aaron disent que si l'on joint autre membre.
ses pieds avec la tête d’un merle, ils rendront Le plus fameux de ces sortilèges est celui qui
l’homme qui les portera si hardi qu’il ne crain- est appelé dans tous les livres où il s’agit de su-
dra pas même la mort. Celui qui se les attachera perstitions, dans le curé Thiers, dans le père
au bras ira partout où il voudra, et s’en retour- Lebrun et dans tous les autres, le nouement de
nera sans danger. —
Si on en fait manger à un l’aiguillette ou l'aiguillette nouée, désignation
chien avec le creur d’une belette il est sùr qu’il
, ,
honnête d’une chose honteuse. C'est au reste le
n’obéira jamais quand même on le tuerait
,
terme populaire. Cette matière si délicate, que
Si des vieillards aperçoivent un lièvre traver- nous aurions voulu pouvoir éviter, tient trop de
sant un chemin, ils ne manquent guère d’en au- place dans les abominations superstitieuses pour
être passée sous silence.
Les rabbins attribuent à Cham l'invention du
nouement de l’aiguillette. Les Grecs connaissaient

ce maléfice. Platon conseille à ceux qui se ma-


rientde prendre garde à ces charmes ou ligatures
qui troublent la paix des ménages*. On nouait
aussi l’aiguillette chez les Romains; cet usage
passa des magiciens du paganisme aux sorciers
gurer quelque mal. Ce n’est pourtant, au fond, modernes. On nouait surtout beaucoup au moyen
1

qu'une menace des anciens augures exprimée en âge. Plusieurs conciles frappèrent d’anathème les
ces termes : Inauspicatutn dat iler oblatus lepus. noueurs d’aiguillette le cardinal du Perron lit
;

Celte idée n'avjiit apparemment d’autre fonde- même insérer dans le rituel d’Évreux des prières
ment , si ce n’est que nous devons craindre quand contre l’aiguillette nouée; car jamais ce maléfice
un animal timide passe devant nous; comme un ne fut plus fréquent qu’au seizième siècle. Le
renard, s’il y passe aussi, nous présage quelque im- nouement de l’aiguillette devient si commun, dit
posture. Ces observations superstitieuses étaient Pierre Delancre, qu’il n’y a guère d'hommes qui
défendues aux Juifs. Chez les Grecs modernes, si osent se marier, sinon à la dérobée. On se trouve
un lièvre croise le chemin d’une caravane, elle lié et de tant de façons que
sans savoir par qui ,

fera halte jusqu'à ce qu'un passant qui ne l'ail le comprend rien. Tantôt le malé-
plus rusé n’y
pas vu coupe le charme en traversant la même fice estpour l’homme, tantôt pour la femme, ou
roule '. —
Les Romains croyaient que celui qui pour tous les deux. 11 dure un jour, un mois, un
mangeait du lièvre pendant sept jours était par là an. L’un aime et n’est pas aimé; les époux se
fort embelli; et on conte qu’Alexandre-Sévère, mordent, s'égratignent et se repoussent; ou bien
qui apparemment avait un grain de coquetterie, le diable interpose entre eux un fantôme, etc.
mangeait du lièvre à tous ses repas. Le démonologue expose tous les cas bizarres et
A l’honneur des lièvres, voij. Sakimouni. embarrassants d’une si fâcheuse circonstance.
Lièvre (Le Grand). LesChipouyans, peuplade Mais l’imagination, frappée de la peur du sor-
sauvage qui habite l'intérieur de l'Amérique sep- tilège, faisait le plus souvent tout le mal. On
tentrionale, croient que le Grand Lièvre, nom aux sorciers les accidents qu’on no
attribuait
qu’ils donnent à l'Être suprême, étant porté sur comprenait point, sans se donner la peine d’en
les eaux avec tous les quadrupèdes qui compo- chercher la véritable cause. L’impuissance n’était
saient sa cour, forma la terre d’un grain de sable donc généralement occasionnée que par la peur
tiré de l’Océan et tira les hommes des corps des du maléfice, qui frappait les esprits et affaiblis-
animaux. Mais le Grand Tigre, dieu des eaux, sait les organes; et cet état ne cessait que lorsque
s'opposa aux desseins du Grand Lièvre. Voilà, la sorcière soupçonnée voulait bien guérir l'ima-
suivant eux les principes qui se combattent per-
, gination du malade en lui disant qu’elle le resti-
pétuellement. tuait. Une nouvelle épousée de Niort, dit Bodin ,
Ligature. On donne ce nom à un maléfice spé- accusa sa voisine de l’avoir liée. Le juge fit mettre
cial par lequel on liait et on paralysait quelque
, la voisine au cachot. Au bout de deux jours, elle
faculté physique de l’homme ou de la femme. On commença à s’y ennuyer et s'avisa de faire dire
appelait chevilleinent le sortilège qui fermait un aux mariés qu'ils étaient déliés; et dès lors ils
furent déliés. — Les détails de ce désordre sont
1
Demonomania do Tobie Seilcr, cité par Gôrres,
t. IV, p, 3ti0 de sa Mystique.
3 Secrets d'Albert te Grand, 1
Platon, Des lois, liv. II.
p. 108.
3 3 IHmonomanie
Brown. Erreurs populaires. des sorciers, liv. IV, ch. v.

ligitized by Google
UC. — 408 — LIG

presque toujours si ignobles qu’on ne peut mettre On trouve dans Ovide et dans Virgile les pro-
sous les yeux d'un lecteur honnête cet cnchenil- cédés employés par les noueurs d’aiguillette de
lement, comine l’appelle Delancrc'. leur temps. Ils prenaient une petite figure de
Les mariages ont rarement lieu en Russie sans cire qu’ils entouraient de rubans ou de cordons;
quelque frayeur de ce genre. « J'ai vu un jeune ils prononçaient sur sa tète des conjurations, en

homme, dit un voyageur 1 , sortir comme un fu- serrant les cordons l'un après l'autre ; ils lui en-
rieux de la chambre de sa femme ,
s’arracher les fonçaient ensuite à la place du foie des aiguilles
, ,

cheveux et crier qu'il était ensorcelé. On eut re- ou des clous, et le charme était achevé.
cours au remède employé chez les Russes, qui Bodin assure qu'il y a plus de cinquante moyens
est de s’adresser à des magiciennes blanches, les- de nouer l'aiguillette. Le curé Thiers rapporte
quelles pour un peu d’argent, rompent le charme avec blùmc plusieurs de ces sortes de moyeus,
et dénouent l'aiguillette ce qui était la cause de qui sont encore usités dans les villages.
l’état où je vis ce jeune homme. »
;

Contre l'aiijuilletle nouée. — On prévient ce


maléfice en portant un anneau dans lequel est
enchâssé l’œil droit d'une belelte; ou en mettant

du dans sa poche, ou des sous marqués dans


sel
ses souliers, lorsqu’on sort du lit; ou, selon
Pline, en frottant de graisse de loup le seuil et
les poteaux de la porte qui ferme la chambre à
coucher. —
Hincmar de Reims conseille avec
raison aux époux qui se croient maléficiés du
nouement de l’aiguillette la pratique des sacre-
ments comme un remède efficace; d'autres or-
donnaient le jeûne et l'aumône.

Le Petit Albert conseille contre l'aiguillette


nouée de manger un pivert rôti avec du sel bé-
nit, ou de respirer la fumée de la dent d'un mort
jetée dans un réchaud. —
Dans quelques pays on
se datte de dénouer l’aiguillette en mettant deux
chemises à l’envers l’une sur l'autre. Ailleurs,
on perce un tonneau de vin blanc, dont on fait
passer le premier jet par la bague de la mariée.
Ou bien, pendant neuf jours, avant le soleil levé,
on écrit sur du parchemin vierge le mot aviya-
zirtor. Il n’y a, comme on voit, aucune extrava-
gance qui n'ait été imaginée.
Voici , avant de finir, un exemple curieux d’une
manière peu usitée de nouer l'aiguillette « L'ne :

sorcière, voulant exciter une haine mortelle entre


deux futurs époux, écrivit sur deux billets des ca-
DciiMTord. ractères inconnus et les leur fil porter sur eux.
Comme ce charme ne produisait pas assez vite
Xouement de l'aiijuilletle. Nous croyons de- — 1'efTcL qu’elle désirait, elle écrivit les mêmes ca-
voir rapporter, comme spécimen des bêtises de ractères sur du fromage qu'elle leur fit manger ;

l'homme, la stupide formule suivante, qn'on lit puis elle prit un poulet noir qu’elle coupa par le
au chapitre premier des Admirables scerels du milieu, en offrit une partie au diable et leur
Petit Albert :
donna l’autre, dont ils firent leur souper. Cela
* Qu'on prenne
la verge d’un loup nouvelle- les anima tellement qu’ils ne pouvaient plus se
ment tué qu’on
aille à la porte de celui qu’on
; regarder l'un l’autre. —Y a-t-il rien de si ridi-
veut qu'on l’appelle par son propre nom.
lier, et
cule, ajoute Delancrc, persuadé pourtant de la
Aussitôt qu’il aura répondu, on liera la verge du peut-on reconnaître en cela
vérité fait, cl
avec un lacet de fil blanc, et le pauvre homme quelque chose qui puisse forcer deux personnes
sera impuissant aussitôt. •
qui s’entr’aiment à se haïr à mort? »
Ce qui est surprenant, c’est que les gens de On dit que les sorciers ont coutume d'euterrer
village croient à de telles formules, qu’ils les
des têtes et des peaux de serpents sous le seuil de
emploient, et qu’on laisse vendre publiquement
la porte des mariés, ou dans les coins de leur
des livres qui les donnent avec de scandaleux maison, afin d’y semer la haine et les dissen-
détails.
sions. Mais ce ne sont que les marques visibles
1
I.' incrédulité et mécréance, etc., traité VI. des conventions qu’ils ont faites avec Satan , le-
J Nouveau voyage vers te septentrion , ch. il. quel est le maître et l’auteur du maléfice de la

Digitized by Google
, ,,

LIM — 409 — LIN

haine. Parfois, continue Dulancrc, le diable ne dans les villes ; mais on noue encore l'aiguillette
va pas si avant, et se contente, au lieu de la dans les villages ; bien plus , on se sert encore
haine, d'apporter seulement de l’oubli, mettant des procédés que nous rapportons ici, car la su-
les maris en tel oubli de leurs femmes qu'ils en perstition n'est pas progressive. El tandis qu’on
perdent tout à fait la mémoire, comme s’ils ne nous vante à grand bruit l’avancement des lu-
s’étaient jamais connus. Ln jeune homme d’Elru- mières, nous vivons à quelques lieues de pauvres
rie devint si épris d’une sorcière, qu’il aban- paysans qui ont leurs devins, leurs sorciers, leurs
donna sa femme et ses enfants pour venir de- présages, qui ne se marient qu’en tremblant, et
meurer avec elle et il continua ce triste genre qui ont la tète obsédée de terreurs infernales.
,

de vie jusqu’à ce que sa femme, avertie du malé- Lilith. Wicrus et plusieurs autres déinono-
fice, l'étant venue trouver, fureta si exactement manes font de Lilith le prince ou la princesse
dans la maison de la sorcière, qu’elle découvrit des démons succubes. Les démons soumis à —
sous son lit le sortilège, qui était un crapaud Lilith portent le môme nom que leur chef, et
enfermé dans un pot, ayant les yeux cousus et comme les Lamies, cherchent à faire périr les
bouchés; elle le prit, et, lui ayant ouvert les nouveau-nés-, ce qui fait que les juifs, pour les
yeux, elle le brûla. Aussitôt l'amour cl l'affection écarter, ont coutume d’écrire aux quatre coins
qu’il avait autrefois pour sa femme et scs enfants de la chambre d’une femme nouvellement accou-
revinrent tout à coup dans la mémoire du jeune chée: s Adam, Eve; hors d'ici Lilith » 1
!

homme, qui s’en retourna chez lui honteux et Lilly (William), astrologue anglais du dix-
repentant et passa dans de bons sentiments le septième siècle qui se une réputation en pu-
fil

reste do ses jours. — Delancre cite d'autres bliant l’horoscope de Charles I". Il mourut en
exemples bizarres des effets de ce charme, 1681. Sa Vie, écrite par lui-méme, contient des
comme des époux qui se délestaient de près et détails si naïfs et en même temps une imposture
qui se chérissaient de loin. Ce sont de ces choses si palpable qu'il est impossible de distinguer ce

qui se voient aussi de nos jours, sans qu’on pense qu’il croit vrai de ce qu’il croit faux. C’est lui qui

à y trouver du sortilège. a fourni la partie la plus considérable de l'ou-


Le P. Lebrun ne semble pas croire aux noueurs vrage intitulé Folie des astrologues. Les opinions
d'aiguillette-,cependant il rapporte le trait de de Lilly et sa prétendue science avaient tant de
l’abbé Guibert de Nogenl, qui raconte' que son vogue dans son siècle que Galaker, théologien
père et sa mère avaient eu l'aiguillette nouée anglican, d’écrire contre cette
se crut obligé
pendant sept ans, et qu'après cet intervalle pé- déception populaire. Parmi un grand nombre
nible une vieille femme rompit le maléfice et leur d’écrits ridiculesdont le titre indique assez le
rendit l'usage du mariage. —
Nous le répétons, sujet, nous citerons de Lilly 1” le Jeune Antjlait
:

la peur de ce mal, qui n'a guère pu exister que Merlin, Londres, 1664; 2“ le Messager des étoiles
dans les imaginations faibles, était autrefois très- 1645; 3* Recueil de prophéties 1646.
répandue. Personne aujourd'hui ne s’en plaint Limaçons. Les limaçons ont de grandes pro-

priétés pour le corps humain, dit l’auteur des nue de Jésus-Christ. On donnait aussi le nom de
Secrets d'Albert le Grand, et il indique de suite Limbes aux lieux où vont les âmes des enfants
quelques jocrissades. —
De nos jours, on a es- morts sans baptême.
sayé de les douer de sympathies telles qu’ils Limyre, fontaine do Lycie qui rendait des
remplaceraient le télégraphe électrique. Mais on oracles par le moyen de ses poissons. Les con-
a reconnu dans celle donnée une mystification. sultants leur présentaient à manger : si les pois-
Voy, Escargot. sons se jetaient dessus, le présage était favorable ;
Beaucoup de personnes doutent si les limaçons s’ils le refusaient, surtout s’ils le rejetaient avec,
ont des yeux. On s’est guéri de ce doute par le leurs queues, c’était un mauvais indice.
secours des microscopes; les points ronds cl Linkup ou Linkop (Marion), sorcière, l'oyez
noirs de leurs cornes sont leurs yeux, et il est Jacques I".
certain qu’ils en ont quatre. Linurgus, pierre fabuleuse qui se trouvait,
Limbes. C’est le mot consacré parmi les théo- dit-on , dans le fleuve Achéloüs. Les anciens l’ap-
logiens pour signifier le lieu où les âmes des saints pelaient lapis lincus. On l’enveloppait dans un
patriarches étaient détenues en attendant la ve-
1
Dom Calmet, Dissertation sur les apparitions,
1
De vita sua, lib. I, cap. xi. t. Il, p. 74.

Digitized by Google
,

LIO — 'ilO — LOA


linge, et lorsqu’elle devenait blanche, on se pro- quarte Si vous portez les yeux de cet animal
mettait bon succès dans ses projets de mariage. sous l’aisselle, toutes les bêtes s'enfuiront devant
Lion. Si on fait des courroies do sa peau , celui vous en baissant la tête
qui s’en ceindra ne craindra point ses ennemis Le lion est un des signes du zodiaque, l'oij. Ho-

;

si on mange de sa chair, ou qu’on boive de son roscopes. Le diable s’est montré quelquefois
urine pendant trois jours, on guérira de la fièvre sous la forme d’un lion , disent les déuionc-

graphes. l'n des démons^qui possédèrent Élisa- mant, elle répondra aux questions qu’on lui fera,
1
beth Blanchard est désigné sous le nom du lion mais d’une voix faible comme celle d’un enfant ...
d’cnftr. Voy. Messie des joies. Lituus, baguetto d’augure, recourbée dans
Lios. Voy. Alfares. le bout le plus fort et le plus épais. Le lituus

Lisathama. Voy. Gruau de la Barre. dont on fil usage à l’élection de Ruina , second
Lissi, démon peu connu qui posséda Denise roi de Borne , était conservé dans le temple de
de la Caille et signa le procès-verbal d'expul- Mars. On conte qu’il fut trouvé entier après l’in-
!
, qui n’est qu’une farce. cendie général de Borne .
sion
Litanies du sabbat. Les mercredis et ven- Livres. Presque tous les livres qui contiennent
dredis on chantait au sabbat les litanies sui- les secrets merveilleux et les manières d’évoquer
vantes , s'il faut en croire les relations : le diable ont été attribués à de grands person-
Lucifer, Belzébulh Léviathan , prenez pitié de
, nages. Abel, Adam, -Alexandre, Albert le Grand,
nous. Baal ,
prince des séraphins ; Baalbérith , Daniel, Hippocrate, Galien, Léon 111, Hermès,
prince des chérubins ;
Astaroth ,
prince des Platon, saint Thomas, saint Jérôme, passent,
Trônes ; Bosier, prince des Dominations'; Car- dans des imbéciles, pour auteurs de livres
l’idée
reau, prince des Puissances; Bélias, prince des magiques. La plupart de ces livres sont inintel-
Vertus; Perrier, prince des Principautés; Olivier, ligibles et d’autant plus admirés des sots qu’ils
prince des Archanges ; Junior, prince des Anges; en sont moins entendus. Voyez à leurs noms les
Sarcueil, Fuinc-Boiiche, Pierre-de-Feu ,
Carni- grands hommes auxquels on attribue les livres
veau, Terrier, Coulellier, Candelier, Béhémoth, magiques. Le 1. ivre des prodiges, ou Histoires et
Oilelte, Bclphégor, Sabathan, Garandier, Dolers, aventures merveilleuses et remarguables de spec-
Pierre-Fort, Axaphat, Prisier, Kakos, Lucesme, tres revenants, esprits , fantômes , démons, etc.,
priez pour nous*. —
U faut remarquer que Satan
,

rapportées par des personnes dignes de foi. f vo-


n’est pas invoqué dans ces litanies, non plus lume in-12, cinquième édition, Paris, 1821 ;

qu’une foule d’autres. compilation sans objet. Voy. Mirabilis Liber.
Litbomana. Voy. Gruau de la Barre. Lizabet, démon. Voy. Colas.
Lithomancie, divination par les pierres. Elle Loannocks (Susanna), Anglaise qui, en 1659,
se faisait au moyen de plusieurs cailloux qu’on fut accusée par une de ses voisines de lui avoir
poussait l’un contre l’autre et dont le son plus , ensorcelé son rouet, en sorte qu’elle ne pou-
ou moins clair ou aigu donnait à connailrc la vait plus le faire tourner. Elle offrit de soutenir
volonté des dieux. On rapporte encore à celle son dire par serment. Le mari de l’accusée nia

divination la superstition de ceux qui croient que la culpabilité de sa femme sans nier la possibi-
,

l’améthyste a la vertu de faire connaître à ceux lité du crime; et, pour la disculper, il demanda
qui la possèdent les événements futurs par les qu’elle fût soumise h Y épreuve de la Bible. Les
songes. On disait aussi que si on arrose l’amé-
thyste avec de l’eau et qu’on l’approche de l’ai-
1
Admirables secrets d'Albert le Grand, p. 109.
2 Brown, Erreurs populaires t. 1, p. 102.
1
M. Garinet , Histoire de la magie en France. 3 Lebrun, Traité des superstitions , t. II, p. 394.

Digitized by Google
,

LOC — 411 — LOT


magistrats y consentirent, et c’est probablement Cagliostro. Il disait la bonne aventure avec beau-

ladernière fois que cette singulière épreuve eut coup de cérémonies qui en imposaient.
lieu. L’accusée fut conduite en chemise à l’église Longévité. On a vu, surtout dans les pays
de la paroisse et placée dans un plateau de la du Nord, des hommes qui ont prolongé leur vie
balance , tandis qu’on mit dans l’autre la grande au delà des termes ordinaires. Cette longévité ne
Bible de l'Église. La femme fut plus lourde que peut s’attribuer qu'à une constitution robuste,
le livre, et en conséquence honorablement ac- à une vie sobre et active, à un air vif et pur. Il
quittée; car c'était un fait incontestable et in- n'y a pas cinquante ans que Kolzcbue rencontra
contesté jusqu’alors chez les anglicans qu’une en Sibérie un vieillard bien portant, marchant et
sorcière déshabillée ne pesait pas une Bible d'é- travaillant encore, dans sa centquaranle-deuxièmc
glise *. année. Des voyageurs dans le Nord trouvèrent
Lock. Chez Scandinaves, les tremblements
les au coin d'un bois un vieillard à barbe grise qui
de terre étaient personnifiés dans un dieu, un pleurait à chaudes larmes. Ils lui demandèrent le
dieu mauvais, un démon nommé Lock. Après sujet de sa douleur le vieillard répondit que
;

avoir répandu mal dans toute la Scandinavie,


le son père l’avait battu. Les voyageurs surpris le
comme un semeur sa graine, Lock fut à la fin reconduisirent à la maison paternelle et intercé-
enchainé sur des roches aiguës. Lorsqu’il se re- dèrent pour lui. Après quoi, ils demandèrent au
tourne, ainsi que le ferait un malade, sur son lit père le motif de la punition infligée à son fils.
de pierres coupantes, la terre tremble; lorsqu'il « Il a manqué de respect à son grand-père, »

écume et répand sa bave, qui est un poison, scs répondit le vieux bonhomme.
nerfs entrent en convulsion et la terre s'agite *. Les chercheurs de merveilles ont ajouté les
Lofarde, sorcière qui fut accusée, en 1582, leurs à celles de la nature. Torqucmada conte
par sa compagne la femme Gantière, de l’avoir qu’en 1531 un vieillard de Trente, âgé do cent
,

menée au sabbat, où le diable l'avait marquée, ans, rajeunit et vécut encore cinquante ans; et
lequel était vêtu d’un hilaret jaune’. Langius dit que les habitants de l’ile de Bonica
Logherys. l'oij. Luricauxes. en Amérique peuvent aisément s’empêcher de
Lohen (Nephtali), rabbin de Francfort, réputé vieillir, parce qu’il y a dans cette lie une fon-
au treizième siècle grand magicien. taine qui rajeunit pleinement, l’oij. Haqcin. Lors-
Loki, démon farceur des Scandinaves. C’est que l’empereur Charles-Quint envoya une armée
lui qui égaye les dieux et les héros de Walhalla. navale en Barbarie, le général qui commandait
Lokman fabuliste célèbre de l’Orient. Il vi-
,
cette expédition passa par un village de la Ca-
vait, dit-on, vers le temps de David, ce qui labre où presque tous les paysans étaient âgés de

n'est pas certain il fut surnommé le Sage. Les


;
cent trente-deux ans, et tous aussi sains et dispos
Perses disent qu'il trouva le secret de faire re- que S’ils n’en avaient eu que trente. C'était , di-

vivre les morts, et qu’il usa de ce secret pour sent les relations, un sorcier qui les rajeunis-
lui-même. Ils lui accordent une longévité de trois sait. En 1773 mourut, près de Copenhague, un
cents ans; quelques-uns prétendent qu’il en matelot nommé Drakcriberg, âgé decentquarante-
vécut mille. six ans ; la dernière fois qu’il se maria il avait

II a laissé, ou du moins on a mis sous son cent onze ans, et il en avait cent trente quand
nom , des apologues qui jouissent d’une grande sa femme mourut. Il devint épris d’une jeune
célébrité. Les écrivains de l’Asie réclament pour de dix-huit ans qui le refusa; de dépit il
fille

lui la plupart des faits et gestes que les Grecs jura de vivre garçon désormais, et il tint parole.

attribuent 4 Ésope *. En 1670, sous Charles II, mourut dans l’York-


Lollard (Gauthier) , hérétique qui commença shire Henri Jenkins, né en 1501, sous Henri VIL
Il se rappelait à merveille d’avoir été de l’expé-
en 1315 à semer ses erreurs; il les avait prises
des Albigeois. 11 enseignait que les démons avaient dition de Flandre sous Henri VIII, en 1513. Il

été chassés du ciel injustement, qu'ils y seraient mourut à cent soixante-neuf ans révolus après ,

un jour rétablis, et que saint Michel et les autres avoir vécu sous huit rois sans compter le règne ,

anges seraient alors damnés à leur tour. 11 prê- de Cromwell. Son dentier métier était celui de
chait des mœurs corrompues, et ses disciples pêcheur. Agé de plus de cent ans, il traversait
Orent beaucoup de mal. Brûlé à Cologne en 1322. la rivière à la nage. Sa petite-fille mourut à Cork
Lomelli (Battisla), mystique italien qui pré- à cent treize ans. Voy. AnTiiEpnius, Dormants,
céda à Paris, sous Louis XIII, les prestiges de Flamkl.Jean d’Estamj"f.s, Lokman, Zoroastre, etc.
Loota, oiseau qui, dans l’opinion des habitants
1
Rerhercbes curieuses sur la sorcellerie, publiées des îles des Amis, mange, à l’instant de la mort
dans le llroil en 1 845. les âmes des gens du peuple, et qui, pour cet
2 Didron Histoire du diable.
,
effet, se promène sur leurs tombes. ( Voyages
3 Hilaret espère de jaquette, qui s'appelle aujour-
,
de Cook.)
d'hui coachmann.
4 Voyez sur Lokman les Légendes de fAncien Tes- Loray. Voy. Orav.
tament. Loterie. La loterie doit son origine à un Gé-

Coogle
LOU — 412 — LOU
nois. F.llc Gênes en 1720, en France
fut établie à le remplacer. La supérieure le refusa. Bientôt des
elle a été supprimée de nos jours. phénomènes singuliers se produisirent dans le
Entre plusieurs moyens imaginés par les vi- couvent : les quatorze religieuses se trouvèrent
sionnaires pour gagner à la loterie, le plus com- possédées et, chose surprenante, toutes voyaient
;

mun la nuit Grandier, pour qui elles ressentaient une


:
était celui des songes. l n rêve, sans que
l'on en sache la raison, indiquait à celui qui grande répulsion, se présenter à elles et les
l’avait fait numéros qui devaient sortir au
les pousser à mal faire. Ce fut un grand bruit dans
prochain tour de roue. Si l’on voit en songe un la ville; les parents avaient retiré leurs enfants,
aigle, disent les livres qui enseignent cette science, et les ursulines vivaient dans une épouvante,

il donne 8, 20, 40; un ange, 20, 46, 56; un dans des crises et des convulsions contre les-
bouc, 10, 13, 90; des brigands , 4, 19, 33; un quelles les médecins ne pouvaient rien. Un con-
champignon, 70 80 , 90 ; un chat-huant 1 3, 85
, , ;
seiller du roi Louis XIII fut envoyé à Loudun pour

un crapaud, 4, 46; le diable, 4, 70, 80; un connaître de ce mystère ;


on exorcisa les reli-
dindon, 80, 40, 66; un dragon, 8, 12, 48, 60; gieuses, et les mauvais esprits qui les possé-
les fantômes, 1, 22, 52; une femme, 4, 9, 22; daient, contraints par les conjurations ecclésias-
une lillc, 20, 35, 58; une grenouille, 3, 19, 27; tiques, déclarèrent Grandier qui les
que c’était
la lune, 9, 46, 79, 80; un moulin, 15, 49, 62; avait envoyés et les retenait dans les corps de
un ours, 21 , 50, 63; un pendu, 17, 71 des ; ces femmes.
puces, 45, 57, 83. Des rats, 9, 40, 56 ; un spectre, Une grande
affluence de curieux et de savants
31 43, 74, etc. Or, dans cent mille personnes
,
aux exorcismes. On parlait 4 ces simples
assistait
qui mettaient à la loterie, y avait cent mille
il filles en
latin en grec en hébreu , en turc et
, ,

rêves différents, et il ne sortait que cinq nu- dans d’autres idiomes de l'ancien et du nouveau
méros; de plus, aucun système ne ressemblait à monde. Elles comprenaient tout et répondaient
un autre. Si Caglioslro donnait pour tel rêve les 4 tout exactement qu'un savant s'écria : < Il
si

numéros 11 27 82, un autre indiquait des nu-


, , faudrait être fou ou athée pour nier ici la posses-
méros tout différents. —
Croirait-on que les livres sion.» et que plusieurs hérétiques, entre autres
de secrets merveilleux dorment gravement ce lord Montage, plusieurs hommes dissolus, entre
procédé pour gagner 4 la loterie? Il faut avant : autres Kériolct, se convertirent publiquement.
de vous coucher, réciter trois fois la formule qui Un éminent écrivain du diocèse de l’oitiers,
va suivre; après quoi vous la mettrez sous votre M. l’abbé Lcrichc, a publié tout récemment, en
oreiller, écrite sur un parchemin vierge; et pen- un livre plein d’intérêt 1 , l’histoire de cette pos-
dant votre sommeil le génie de votre planète session , et ses preuves mettent 4 néant les pas-
viendra vous dire l’heure où vous devez prendre quinades du protestant Saint-Aubin et des antres
votre billet, et vous révéler en songe les nu- esprits avariés qui ont voulu ne pas voir. Nous em-
méros. Voici la formule « Seigneur, montrez-
: prunterons à ce livre quelques renseignements
moi donc un mort mangeant du bonnes viandes, utiles. Voici les noms des religieuses madame de :

un beau pommier ou de l’eau courante, tous llelcicl fille du baron de Cuse en Saintonge , en
,

bons signes; et cnvoyez-iuoi les anges Uriel, religion sœur Jeanne des Anges, supérieure;
Kubiel ou Barachiel qui m'instruisent des nom-
,
madame de Zazilli, en religion sœur Claire de
bres que je dois prendre pour gagner; par celui Saint-Jean; madame de la Motte, fille du mar-
qui viendra juger les vivants et les morts et le quis de la Molte-Baracé, en religion sœur Agnès
siècle par le feu. » Dites alors trois Paiera t trois de Saint-Jean ; les deux dames de Barbeziers, en
Ave pour les ûmes du purgatoire... religion sœur Louise de Jésus et sœur Catherine
Loudun ville de France dans le département
,
delà Présentation, toutes deux de l’illustre maison
de la Vienne, célèbre par une possession qui fit de Nogeret; madame d’Escoubleau de Sourdis,
grand bruit dans le premier tiers du dix-sep- en religion sœur Jeanne du Saint-Esprit; trois
tième siècle. Un couvent d'ursulines, qui s’oc- autres dont les noms de famille ne sont pas con-
cupaient de l’éducation des jeunes filles, avait nus , sœur Élisabeth de la Croix , sœur Monique
été établi à Loudun en 1626. Il était tenu par de Sainte- Marthe et sœur Séraphique Archer,
quatorze religieuses, toutes de bonnes et honnêtes enfin huit sœurs laies, en tout dix-sept religieuses.
familles cl toutes d’une vie irréprochable. Il
y S'intéressaient, présents aux exorcismes, ex-
avait en même temps dans Loudun un prêtre cepté le cardinal de Richelieu l’évêque de Poi- :

nommé Urbain Grandier, d'une conduite si lé- tiers, l’archevêque do Tours, l’archevêque de
gère que l’évêque de Poitiers l’avait interdit a Toulouse, l’évêque de Nîmes, huit prêtres pieux
divinit le 3 janvier 1630. On savait qu'il faisait et savants, cinq docteurs de Sorbonne, onze
des chansons, des pamphlets et qu'il écrivait pères de la compagnie de Jésus, deux pères car-
contre le célibat des prêtres. Peu après la sen-
1
Elutles sur les possessions eu général et sur celle
tence de l'évêque qui devait le ramener 4 des
de Loudun en particulier, I vol. iu- 1 i précédé d'une
mœurs plus recueillies, le directeur des ursu- lettre du P. Ventura. Paris, 1859, chez Henri Plon,
,

lines étant mort, Grandier osa se présenter pour éditeur.

sogle
t

LOU — 413 — LOU


mes, six capucins, un dominicain, un recolle!, roi de France du nom de I-oys. Anne d’Autriche
deux oraloriens, etc., et parmi les laïques, outre avait aussi treize lettres en son nom ; son âge
le roi Louis XIII, la reine Anne d’Autriche, Lau- était de treize ans, et treize infantes du même
bardemont, conseiller du roi, intendant de la nom se trouvaient dans maison d'Kspagne.
la

Touraine du Maine et de l’Anjou


, les sieurs , Anne et l-oys étaient de la mêmetaille; leur con-

Itoalin, Chevallier, Richard et Housnain, magis- dition était égale ;


ils étaient nés la même année
trats de Poitiers, Cottreau, Rurges, Péguincau, et le même mois.
Texier, Dreux, Delabarre, Lapicherie, Riverain,
Constant, Deniau, magistrats de Tours, de Chi-
non, de Saint-Maxent, de Laflèche. Outre huit
docteurs en médecine, douze médecins appelés
de tous les environs; enfin, douze personnages
éminents, entre autres lord Monlagu, lord Kille-
grew , Kériolet, etc. , etc. ,
etc.
C’est une dont nous ne
pareille assistance,
nommons que sommités, que les niais, qui
les
nient tait, ont osé accuser de fourberie, ou de
connivence ou de stupidité. Or, le crime de
Grandier, après deux années d'études et d’examen
consciencieux, fut reconnu-, Grandier fut empri-
sonné; il s’occupait là à écrire sa défense. Mais
un arrêt, rendu le 18 août 1G34, le condamna
au feu, comme reconnu coupable de magie et
1
d'autres méfaits .

Louis I", surnommé le Pieux et le Débon-


naire, fils de Charlemagne, né en 778, mort
en 840. Les astrologues jouirent, dit-on, de Louis XIV. l ot/. Axs c. a mues.
quelque faveur à sa cour. A l’article de la mort, Louis de Hongrie. Peu de temps avant la
on raconte qu’au moment où il recevait la der- mort de ce prince, arrivée en 1526, comme il
nière bénédiction, il se tourna du côté gauche, dînait enfermé dans la citadelle de Rude, on vit
roula les yeux comme une personne fâchée et paraître à sa porte un boiteux mal vêtu, qui de-
proféra ces mots allemands llulz, liutz (dehors, :
mandait avec instance à parler au roi. Il assurait
dehors) ! Ce qui fit conclure qu’il s'adressait au qu’il avait des choses de la dernière importance

diable, dont il redoutait les approches '. à lui communiquer. On le méprisa d'abord et ,

Louis XI, de France, né en 1423, mort en


roi l'on ne daigna pas l’annoncer. Il cria plus haut et

1483. Un astrologue ayant prédit la mort d'une protesta qu’il ne pouvait découvrir qu’au roi seul
personne qu'il aimait, et cette personne étant
morte en effet, il crut que la prédiction de l'as-
trologue en était la cause. Il le fit venir devant
lui avec le dessein de le faire jeter par la fenêtre.

« Toi, qui prétends être si habile homme, lui

dit-il, apprends-moi quel sera ton sort?» Le


prophète, qui se doutait du projet du prince, lui
répondit : « Sire, je prévois que je mourrai trois
jours avant Votre Majesté. » Le roi le crut et se
garda bien de le faire mourir. Du moins tel est
le conte , et on en a prêté beaucoup à ce roi si
partialement jugé.
Louis XIII, roi de France, né en 1601 morl ,

en 1641, surnommé le Juste, parce qu'il était


né sous le signe de la balance mais il mérita ce ;

surnom. Lorsqu'il épousa l’infante Anne d’Au-


triche, on prouva, dit Sainte-Foix, qu'il y avait
entre eux une merveilleuse et très-héroïque cor-
respondance. Le nom de I-oys de Uourbon con-
tient treize lettres. Ce prince avait treize ans
quand le mariage fut résolu il était le treizième ;

1
Voyez l'histoire d’Urbain Grandier, dans les Lé-
gendes infernales. ce dont il était chargé. Ou alla dire à Louis ce
z Garinet Histoire de la magie en France,
, p. i . qui se passait. Le prince envoya le plus apparent

Digitized by Googlp
(les seigneurs qui étaient auprès de lui et qui fei- lité;refermez la fenêtre. C'est une comète qui
gnit d'étre le roi; il demanda à cet hotmne ce qu'il m’annonce la mort; il faut donc s'y préparer. »
avait à lui dire. Il répondit : que vous
« Je sais Les médecins l’assuraient néanmoins qu'elle n'en
n’êtes pas le roi ; mais, puisqu'il méprise de m'en- pas là. « Si je n'avais vu, dit-elle, le signe
était

tendre, dites-lui qu'ilmourra certainement bien- de mort, je le croirais , car je ne me sens point
tôt. »Ayant dit cela, il disparut, cl le roi mourut si bas. »
en ciïel peu après '. Cette comète n’est pas la seule qui ait épou-
Louise de Savoie, duchesse d'Angoulème, vanté Louise de Savoie. Comme elle se prome-
mère de François 1", morte en 1532. Elle avait nait dans le Imis de Romoranlin la nuit du
,

quelques préjugés superstitieux et redoutait sur- 28 août 1514 elle en vit une vers l'occident, et
,

tout les comètes. Brantôme raconte que, trois s'écria : —


Les Suisses les Suisses
! Elle resta
! —
jours avant sa mort, ayant aperçu pendant la persuadée que c'était un avertissement que le
nuit une grande clarté dans sa chambre, elle lit roi serait en grande affaire contre eux '.

tirer son rideau et fut frappée de la vue d'une Loup. Chez les anciens Germains et chez les
comète. « Ali! dit-elle alors, voilà un signe qui Scandinaves, le diable ou le mauvais principe
ne parait pas pour une personne de basse qua- était représenté par un loup énorme et béanL

C'est Lock. A Quimpor, en Bretagne, les habi- pendre un cœur de loup au cou d’un mouton,
tants mettent dans leurs champs un trépied ou un et le pacifique animal n’en a pas moins brouté
couteau fourchu, pour garantir le bétail des loups l'herbe*. Foy. Onvtsox du loup.
et autres bétes féroces *. Pline dit que si un loup L'n journal anglais de l’Inde dit qu’il a été pu-
aperçoit unhomme avant qu'il en soit vu, cet blié un étrange document constatant qu’en un
homme deviendra enroué et perdra la voix fable ; très-court espace de temps il a été dévoré 600 en-
qui est restée en vigueur dans toute l'Italie. En fants par les loups dans le Penjaub (royaume
Espagne, on parle souvent des sorciers qui vont de Lahore). Il y a vingt ans, près de 1,000 en-
faire des courses à cheval sur des loups , le dos fants ont été dévorés de la même manière dans
tourné vers la tête de la bfte, parce qu’ils ne le voisinage d’Agra. On retrouve les vêtements

sauraient aller autrement, à cause de la rapidité. de ces pauvres petites victimes dans les antres
Ils font cent lieues par heure car ces loups sont ;
où se tiennent ces animaux. Les misérables qui
des démons. 1-a queue de ces loups est roide font le métier de recueillir les habillements ou
comme un bâton, et il
y a au bout une chandelle parures des victimes ont eu l’habileté d'accrédi-
qui éclaire la route. ter parmi le peuple le bruit que tout village où
Il n’v a pas un homme à la campagne qui ne l'on tue un loup doit être infailliblement ruiné;
vous assure que les moutons devinent à l'odorat de là cette superstitieuse vénération pour ces
la présence du loup qu’un troupeau ne franchira
;
animaux féroces. Quand on en prend, on s’em-
jamais le lieu où l'on aura enterré quoique por- presse de les relâcher en se contentant de leur
tion des entrailles d’un loup; qu’un violon monté attacher une sonnette au cou.
avec des cordes tirées dés inteslius d'un loup Lon-pécat, nom du diable en Gascogne.
mettrait en fuite tout le bercail. Des hommes Loup-garon (le). C’est le nom du démon de
instruits et sans préjugés ont vérifié toutes ces la nuit à Blois. Il est de mauvaise rencontre.

croyances et en ont reconnu l’absurdité. Kirker Loups- garons. On appelle loups-garous en


a répété à ce sujet des expériences démonstra- sorcellerie les hommes et les femmes qui ont
tives; il a môme poussé l’épreuve jusqu'à sus- été métamorphosés ou qui se métamorphosent

1
Leunclavius. Pandectes hist. turcicff, etc., p. 59. 1
M. Weiss, Biographie universelle.
2 Voyage au Finistère, t. 111, p. 35. 2 Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. I, p. 9.

Digitized by Google
,

LOU — 415 — LOU


el se transmuent eux-mêmes en loups, ou qui sc qui lui demanda s’il avait fait bonne chasse. Il

travestissent pour feindre cette transmutation, tira de sa gibecière la palte coupée au prétendu
ou qui, s'imaginant, par une démence abominable, loup, mais il fut bien étonné de la voir con-
qu'ils sontchangés en loups , prennent des habi- vertie en main de femme, et à l’un des doigts
tudes et des mœurs de loups. Le nom de loups- un anneau d’or que le gentilhomme reconnut
garous veut dire loups dont il faut se garer. être celui de son épouse. Il alla aussitôt la trou-
Les loups-garous ont été bien longtemps la ver. Elle était auprès du feu, cachant son bras
terreur des campagnes, parce qu’on savait que droit sous sou tablier. Comme elle refusait de
les sorciers ne pouvaient se faire loups que par l’en tirer, il lui montra la main que le chasseur
le secours du diable. Dans les idées des démono- avait rapportée; cette malheureuse, éperdue,
graphes, un loup-garou est un sorcier que le avoua que c’était elle, en effet, qu’on avait pour-
diable lui-même transmue en loup, et qu'il oblige suivie sous la figure d’un loup-garou ce qui se ;

à errer dans les campagnes en poussant d'affreux vérifia encore en confrontant la main* avec le
hurleinenLs. L’existence de loups-garous est at- bras dont elle faisait partie. Le mari courroucé
testée par Virgile, Solin, Strabon, Pomponius livra sa femme à la justice ; elle fut brûlée.
Mêla, Dionysius Afer, Varron, et par tous les Que penser d’une telle histoire, racontée par
jurisconsultes et aussi par des démonoinanes des Boguet comme étant de son temps ? Était-ce une
derniers siècles. A peine commençait-on h en trame d'un mari qui voulait, comme disent les
douter sous Louis XIV. L’empereur Sigismond lit Wallons, êlrc quille de sa femme ?
débattre devant lui la question des loups-garous, Daniel Sennert, médecin célèbre qu’on a appelé
et iljful unanimement résolu que la transformation le Galien do l’Allemagne, au chap. v de ses Ma-

des loups-garous était mi fait positif et constant. ladies occultes, rapporte des faits d'où il résul-
Un garnement qui voulait faire des friponneries terait que l'habitude pour certains maniaques
mettait aisément les gens en fuite en se faisant endiablés de courir le loup - garou aurait de l'ana-
passer pour loup-garou. Il n'avait pas besoin logie avec la mystérieuse puissance qui trans-
pour cela d’avoir la figure d’un loup, puisque portait au sabbat certaines personnes dont le
les loups-garous de réputation étaient arrêtés corps, pendant celte excursion, restait en syn-
comme tels, quoique sous leur figure humaine. cope. Une femme accusée d’avoir couru le loup-
On croyait alors qu'ils portaient le poil de loup- garou, rassurée par la promesse de son juge,
garou entre cuir et chair. qui lui assurait la vie sauve si elle voulait donner
Peucer conte qu’en Livonie, sur la fin du mois la preuve de ce qu'elle faisait dans ses courses,

de décembre, il se trouve tous les ans un bclltre se frolta le corps d’un onguent particulier et
qui va sommer les sorciers de se rendre en cer- tomba aussitôt endormie. Elle ne se réveilla
tain lieu; et, s’ils y manquent, le diable les y qu'au bout de trois heures. Elle raconta alors
mène de force, à coups si rudement appliqués qu'étant changée en loup, elle avait éventré une
que les marques y demeurent. Leur chef passe brebis près d’un bourg qu’elle nomma on y en- ;

devant, et quelques milliers le suivent, traver- voya aussitôt, et on trouva qu'en effet la brebis
sant une rivière laquelle passée ils changent
, , qu’elle avait désignée, était déchirée et mou-
leur figure en celle d’un loup, se jeltent sur les rante. Comment expliquer cela ?
hommes et sur les troupeaux et font mille dom- Les loups-garous étaient fort communs dans
mages. Douze jours après, ils retournent au le Poitou; on les y appelait la bile bigoumt qui
même fleuve et redeviennent hommes. court la galipode. Çfuand les bonnes gens enten-
On attrapa un jour un loup-garou qui courait dent les hurlements du loup-garou, ce qui n’ar-
dans les rues do Padotic on lui coupa ses pattes
; rive qu'au milieu de la nuit, ils se gardent de
de loup, et il reprit au même instant la forme mettre la télé à la fenêtre, parce qu’ils auraient
d’homme, mais avec les bras et les pieds coupés, le cou tordu. On assure, dans cetto province,

à ce que dit Fincel. qu’on peut forcer le loup-garou à quitter sa


L’an 1588, en un village distant de deux lieues formo d’emprunt, en lui donnant un coup de
d’Apchon , dans les montagnes d’Auvergne un ,
fourche entre les deux yeux.
gentilhomme étant sur le soir à sa fenêtre
,
On sait que la qualité distinctive des loups-
aperçut un chasseur de sa connaissance et le garous est un grand goût pour la chair fraîche.
pria de lui rapporter de sa chasse. Le chasseur Delancre assure qu'ils étranglent les chiens et
promit, et, s’étant avancé dans la plaine, il vit les enfants ; qu’ils les mangent de bon appétit ;
un gros loup qui venait h sa rencontre. 11 lui qu'ilsmarchent à quatre pattes; qu’ils hurlent
lécha un coup d’arquebuse cl le manqua. Le loup comme de vrais loups, avec de grandes gueules,
se jeta sur lui et l’attaqua vivement. Mais l’autre, des yeux étincelants et des dents crochues.
en se défendant, lui ayant coupé la paltc droite On dit, dans la Saintonge, que la peau des
avec son couteau de chasse, le loup estropié loups-garous est d'une dureté telle qu'elle est à
s’enfuit et ne revint plus. Comme la nuiL appro- l'épreuve des balles ordinaires ; mais il n'en est
chait, le chasseur gagna la maison de son auii, pli» de même si ces balles ont été bénites à

Google
LOU — 416 — LOY
certaines heures mystérieuses de la nuit, dans dans plusieurs villages des loups-garous, ou de
une chapelle dédiée à saint Hubert alors le sor- : mauvais gamemenLs qui passent pour tels. On se
cier peut être tué, et la forme de bête qu’il avait demandera comment il se peut qu’un sorcier ou

prise s’évanouit et disparait. Or, les cérémonies un loup-garou trouble ou épouvante une contrée
de la bénédiction des balles sont d’un accomplis- pendant trois ou quatre ans sans que la justice ,

sement difficile; il faut avoir sur soi tant de l’arrête. C'est encore une des misères de nos

choses précieuses , du trèfle à quatre feuilles paysans. Comme il y a chez eux beaucoup de
surtout, que la peau coriace des loups-garous méchants, ils se craignent entre eux; ils ont un
échappe le plus souvent aux embûches et c’est ;
discernement et une expérience qui leur appren-
ce qui fait que nul ne peut être assuré avoir vu nent que la justice n’est pas toujours juste; et ils
un sorcier autrement que sous la forme natu- disent Si nous dénonçons un coupable et qu’il
:

relle de. bête bipède. Les croyances sainton- ne soit pas hors d'état de nuire, c'est un ennemi
geoises, au reste, ne s’éloignent en rien de celles implacable que nous allons nous faire. Les paysans
des peuples du Nord, et sont nées aux mêmes sont vindicatifs. Après dix ans de galères, ils
sources que la fable de ttohin des Bois des char- ,
reviennent se venger de leurs dénonciateurs. Il
bonniers allemands. Le nom des loups-garous a faudrait peut-être qu’un coupable qui sort des
été connu dans toutes les provinces de France galères n’eût pas le droit de reparaître dans le
1

au moyen âge, bien que souvent travesti en pays qui a été le théâtre de ses méfaits. Voy. Cv-
loups-lxlroux. NAXTunoriE Bocsantiiroime Raollet, Bisclava-
, ,

iiodin raconte sans rougir qu'en 1542 on vit bet, etc.


un matin cent cinquante loups-garous sur une Louviers (possession de), lin prêtre, nommé-
place de Constantinople. —
On trouve dans le David, déserteur de Dieu, se trouvant confesseur
roman de Persilis et Sigismonde, dernier ouvrage des religieuses franciscaines de Louviers, perver-
de Cervantes, des lies de loups-garous et des tit ces jeunes sœurs et les mit sur les voies qui
sorcières qui se changent en louves pour enlever mènent aux démons. En mourant, après avoir
leur proie comme on trouve dans Gulliver une
, entamé son œuvre infernale, il eut pour succes-
lie de sorciers. Mais au moins ces livres sont des seur son ami Mathurin Picard , qui était comme
romans. —
Uelanere propose comme un bel 1
lui lié â Satan et qui se faisait seconder par
exemple ce trait d'un duc de Russie. Averti qu’un Boulé, son vicaire. C’en était assez pour amener
sien sujet se changeait e;i toutes sortes de bêtes, une possession chez les franciscaines de lou-
il l’envoya chercher, enchaîner et lui
le fit viers. Cette possession devint effroyable.
Made-
commanda de donner une preuve de son art; ce leine Bavent, qui était venue là innocente et
qu’il fit , se transformant en loup mais ce duc ; dévouée à saint François, déclara comment on
, j

ayant préparé deux dogues, les fil lancer contre l'avait entraînée 5 profaner la sainte hostie et à
ce misérable, qui aussitôt fut mis en pièces. — j
commettre d’autres sacrilèges. Elle raconta com-
On amena au médecin Pomponace un paysan |
ment elle avait été emmenée à ces orgies exé-
atteint de lycauthropie, qui criait à ses voisins crables qu’on appelle le sabbat. Elle y trouvait
de s’enfuir s’ils ne voulaient pas qu’il les mangeât. 1

Picard, Boulé, son vicaire, ses sœurs Catherine


Comme ce pauvre homme n'avait rien de la de la Croix, Anne Barré, Élisabeth de la Nativité,
forme d’un loup, les villageois, persuadés pour- Catherine de sainte Geneviève, une nommée
tant qu’il l’était, avaient commencé à l'écorcher, Simonclte et plusieurs autres personnes qui fai-
pour voir s’il ne portait pas le poil sous la peau. saient sans horreur des abominations affreuses.
Pomponace le guérit ; ce n’était qu’un hypo- C’est toute une monstrueuse histoire. Les posses-
condre. sions de cette maison se manifestèrent si violem-
J. de Nynauld a publié en 1615 un traité ment qu’on dut exorciser les religieuses. La plus
complet de la Lycanthropie, qu'il appelle aussi saillante étaitMadeleine Bavent. Après la déli-
Folie louvièrc et lycaonie, mais dont il admet vrance du couvent, on ne la condamna qu’à une
incontestablement la réalité. —
Un sieur de Beau- pénitence qu’elle fit généreusement toute sa vie.
voys de Chauvincourt , gentilhomme angevin a ,
Mais Boulé fut condamné au feu par le parlement
fait imprimer en 1599 (Paris, petit in-12) un do Rouen et il le méritait. On déterra le corps
;

volume intitulé Discours de la lycanthropie, ou de Picard pour lui faire subir le même supplice;
de la transmutation des hommes en loups. — ce misérable était mort, un peu avant la sentence.
Claude, prieur de Laval , avait publié quelques On publia qu’il s’était suicidé, peut-être aidé par
années auparavant un autre livre sur la même Satan.
matière, intitulé Dialoyue de la lycanthropie. Loyer (Pierre le), sieur de la Brosse, con-
Ils affirment tous qu'il y a certainement des seiller du roi au siège présidial d’Angers et ,

loups-garous. démonographe, né à Huillé dans l’Anjou, en S.'it), 1

Ce qui est plus singulier, c’est qu’il y a encore auteur d’un ouvrage intitidé Discours et histoires
des spectres, visions et apparitions des esprits,
1
Inconstance des mauvais anges. liv, IV, p. 304. anges, démons et âmes se montrant visibles aux

:ed by Google
.

LOÏ - 417 - LUC


hommes ; divisé en huil livres, desquels, par les Lubin. C'est le poisson dont le fiel servit au
visions merveilleuses et prodigieuses apparitions jeune Tobie pour rendre la vue à son père. On
avenues en tous les siècles, tirées et recueillies dit qu'il a contre l’ophthalmie une grande puis-
des plus célèbres auteurs tant sacrés que profanes, sance, et que son cœur sert à chasser les démons *
est manifestée la certitude des spectres et visions Lucesme , démon invoqué dans les litanies du
des esprits, et sont baillées les causes d’iceux, sabbat.
leurs effets, leurs différences, les moyens pour Lucien, écrivain grec dont on ignore l’époque
reconnaître les bons et les mauvais et chasser de la vie et de la mort. On a dit qu’il fut changé
les démons; aussi est traité des extases et ravis- en âne, ainsi qu' Apulée, par les sorciers de La-
sements; de l’essence, nature et origine des rissc, qu’il était allé voir pour essayer si leur
âmes, et de leur état après le décès de leurs art magique était véritable; de sorte qu’il devint
corps; plus des magiciens et sorciers; de leurs sorcier.
communications avec les malins esprits ensemble ;
Lucifer, nom de l'esprit qui préside à l’orient,
des remèdes pour se préserver des illusions et selon l’opinion des magiciens. Lucifer était évo-
impostures diaboliques. Paris, chez Nicolas Buon, qué le lundi, dans un cercle au milieu duquel
1605, 1 vol. in-è". était son nom. 11 se contentait d'une souris pour
Ce volume singulier est dédié Deo optimo
maximo; il est divisé en huit livres, comme
l'annonce le titre qu’on vient de lire. Le premier
contient la définition du spectre, la réfutation
des saducéens, qui nient les apparitions et les
esprits la réfutation des épicuriens, qui tiennent
;

Le deuxième livre traite,


les esprits corporels, etc.
avec la physique du temps des illusions de nos
,

sens, des prestiges, des extases et métamorphoses


des sorciers, des philtres. Le troisième livre éta-
blit les degrés, charges grades et honneurs des
,

esprits les histoires de Philinnion et de Poly-


;

critc, et diverses aventures de spectres et de


démons.
Dans le livre suivant, on apprend à quelles
personnes les spectres apparaissent; on y parle
des démoniaques, des pays où les spectres et
démons se montrent plus volontiers. Le démon
de Socrate, les voix prodigieuses les signes,

merveilleux, les songes diaboliques; les voyages


de certaines finies hors de leur corps tiennent prix de ses complaisances. On le prend souvent
place dans ce livre. Le cinquième traite de l'es- pour le roi des enfers, et, selon quelques démo-
sence de l’âme, de son origine, de sa nature, de nomames, ilest supérieur à Satan. On dit qu'il
son étal après la mort, des revenants. Le livre est parfois facétieux, et qu’un de ses tours est
sixième roule tout entier sur l’apparition des de retirer les balais sur lesquels les sorcières
âmes; ou y démontre que les âmes des damnés vont au sabbat et de leur en donner sur les
et des bienheureux ne reviennent pas; mais seu- épaules ; ce que les sorcières de Moira, en Suède,

lement les âmes qui souffrent en purgatoire. ont attesté en 1672. Les mêmes sorcières ont
Dans le septième livre , on établit que la pylho- affirmé qu’elles avaient vu au sabbat le même
nisse d’Endor fit paraître tin démon sous la figure Lucifer eu habit gris, avec des bas bleus et des
de l'âme de Samuel. Il est traité en ce livre de culottes rouges, ornées de rubans. Lucifer com-
la magie, de l’évocation des démons, des sor- mande aux Européens et aux Asiatiques. Il ap-
ciers, etc. Le dernier livre est employé à l’indi- paraît sous la forme et la ligure du plus bel
cation des exorcismes, fumigations, prières et enfant. Quand il est en colère, il a le visage en-
autres moyens anlidiaboliques. L’auteur, qui a flammé, mais cependant rien de monstrueux.
rempli son ouvrage de recherches et de science C'est selon quelques démonographes le grand
, ,

indigérée, combat le sentiment ordinaire qu’il justicier des enfers. Il est invoqué le premier
faut donner quelque chose au diable pour le ren- dans les litanies du sabbat.
voyer. Lucifériens, nom donné aux partisans de
« Quant à ce qui est de donner quelque chose Lucifer, évêque schismatique de Cagliari, au qua-
au diable, dit-il, l’exorciste ne le peut faire, non trième siècle.
pas jusqu’à un cheveu de la tête, non pas jus-
qu’à un brin d'herbe d’un pré; car la terre et 1
Leiover, Histoire des spectres ou apparitions des
tout ce qui habite en elle appartient à Dieu. » esprits , fiv. VIII, p. 833.
17

I bv Google
, ,,

LUC — 418 — LUN


Lucumoriens , sujets du czar de Moscovie, lants pour avoir ri de l'attention avec laquelle
qui, à l’instar de la marmotte, depuis le mois ils écoutaient le cri de cet oiseau. — Tais-toi. lui
d’octobre jusqu'à la fin du mois d’avril suivant dit rudement un vieillard, ne nous empêche pas
demeurent comme morts, au dire de Lelover*. d'entendre les nouvelles que nos grands-pères
Ludlam, sorcière, fée ou magicienne très- nous envoient.
fameuse, dont les habitants du comté de Surrey, Lulle (Raymond), l’un des maîtres le plus
en Angleterre, placent l’habitation dans une souvent cités de la philosophie hermétique et ,

caverne voisine du château de Famham connu ,


l’un des savants les moins connus du moyen
dans le pays sous le nom de Ludlam’s Hole, âge. Il était né à Palma, dans l'ilc de Majorque,
caverne de la mire Ludlam. La tradition popu- en 1235.
laire porte que cette sorcière n’était point un de C’était un saint plus encore qu'un savant. Il
ces êtres malfaisants qui tiennent une place dis- consacra presque toute sa vie missionnaire dé- ,

tinguée dans la démonologie; au contraire, elle voué à la conversion des Maures. Il reçut le
,

faisait du bien à tous ceux qui imploraient sa martyre près de Bougie, à l'âge de quatre-vingts
protection d'une manière convenable. Les pau- ans, tué à coups de pierre par les sectateurs de
vres habitants du voisinage, manquant d’usten- Mahomet, le 29 juin 1315 jour de Saint-Pierre. ,

siles de cuisine ou d’instruments de labourage Toutefois, il était savant chimiste; et les an-
nales de son temps soutiennent, avec preuves,
qu’il (Il de l’or. M. E.-J. Delécluse termine ainsi
une belle notice qu’il a publiée sur cet homme :

« Les chimistes des onzième douzième et ,

treizième siècles étaient-ils des fous, et la trans-


mutation des métaux est-elle une opération im-
possible?
» Il ne m'appartient pas de traiter une pareille
question , et je me bornerai à rapporter à ce su-
jet les paroles d’un des chimistes les plus éclairés
de nos jours —
S'il ne sort de ces rapproche-
:

ments dit M. Dumas , aucune preuve de la pos-


,

sibilité d'opérer des transmutations dans les corps


n’avaient qu'à lui manifester leurs besoins , ils la
simples du moins s’opposent-ils à ce qu’on re-
,
trouvaient disposée à leur prêter ce qui leur était
pousse cette idée comme une absurdité qui
nécessaire. L’homme “qui voulait avoir un de ces
serait démontrée par l’état actuel de nos connais-
meubles se rendait à la caverne à minuit, en
faisait trois fois le tour et disait ensuite :
— sances. »
Lumière merveilleuse. Prenez quatre —
Bonne mère Ludlam ayez la bonté de m'envoyer
,
onces d'herbe appelée serpentinette, mettez-la
un chaudron ou telle chose je vous promets de
, ;
dans un pot de terre bouché, puis faites-la digé-
vous le rendre dans deux jours.
rer au ventre de cheval c’est-à-dire dans le fu- ,

Celte prière faite, on se retirait; le lendemain,


mier chaud , quinze jours elle se changera en ;

de grand matin on retournait à la caverne à


, ,
de petits vers rouges, desquels vous tirerez une
l’entrée de laquelle on trouvait la chose deman-
huile selon les principes de l’art; de cette huile
dée. Mais ceux qui invoquaient la mère Ludlam vous garnirez une lampe, et lorsqu’elle sera al-
ne se montrèrent pas toujours aussi honnêtes lumée dans une chambre, elle provoquera au
qu’elle un paysan vint la prier une fois de lui
:
sommeil et endormira si profondément ceux qui
prêter une grande chaudière et la garda plus
seront dans ladite chambre, que l’on ne pourra
longtemps qu’il ne l’avait promis. La mère
en éveiller aucun tant que la lampe brûlera.
Ludlam, offensée de ce manque d’exactitude, Lune, la plus grande divinité du sabéisme
refusa de recevoir sa chaudière lorsqu’on la lui
après le soleil. Pindare l'appelle l'œil de la nuit,
rapporta, et depuis ce temps elle se venge en ne du Une des
et Horace la reine silence. partie
se prêtant plus à aucune des demandes qu’on
Orientaux l'honoraient sous le titre d'Uranie.
lui fait *.
C'est l’Isis des Égyptiens, l’Astarté des Phéni-
Lugubre ,
oiseau du Brésil , dont le cri fu-
ciens, la Mylitla dos Perses, l’Alilatdes Arabes,
nèbre ne se fait entendre que la nuit; ce qui le
la Séléné des Grecs, et la Diane, la Vénus, la
fait respecter des naturels,
qui sont persuadés Junon des Romains. César ne donne point d’au-
qu’il estchargé de leur apporter des nouvelles tres divinités aux peuples du Nord et aux an-
des morts. Léry, voyageur français, raconte que, ciens Germains que le feu le soleil et la lune. ,

traversant un village , il en scandalisa les habi- Le culte de la lune passa dans les Gaules, où la
1
lune avait un oracle desservi par des druidesses
Lelover, Histoire des spectres ou apparitions des
esprits IV, p. 4' 5.
[iv.
dans nie de Sein, sur la côte méridionale de la
9 Noté, Dictionnaire de la Fable. basse Bretagne. Elle avait un autel à Arlon (Ara

Digitized by Google
,,

LUN — 419 — LUN


l.unœ). Les magiciennes de Thessalie se vantaient que la lune indue sur le corps humain, comme
d'avoir un grand commerce avec la lune , et de sur bien d’autres choses
pouvoir, par leurs enchantements, la délivrer La plupart des peuples ont cru encore que le
du dragon qui voulait la dévorer (lorsqu'elle lever de la lune était un signal mystérieux auquel

était éclipsée) ou la faire h leur gré descendre


,
les spectres sortaient de leurs tombeaux. Les
sur la terre. Orientaux content que les lamies et les gholes
L’idée que cet astre pouvait être habité a déterrent les morts dans les cimetières et font
donné des fictions ingénieuses : telles sont,
lieu h leurs festins au clair de la lune. Dans certains
entre autres , les voyages de Lucien , de Cyrano cantons de l'orient de l’Allemagne, on préten-
de Bergerac et la fable de l’Ariosle qui place
, ,
dait que les vampires ne commençaient leurs
dans la lune un vaste magasin rempli de fioles infestations qu'au lever de la lune, et qu'ils
étiquetées, où le bon sens de chaque individu est étaient obligés de rentrer en terre au chant du
renfermé. On chaperon
a publié en 1835, sous le coq.
du savant astronome Herschell, qui sans doute L’idée la plus extraordinaire, adoptée dans
ne soupçonnait pas l'honneur qu’on lui faisait quelques villages, c'est que la lune ranimait les
une plaisante description des habitants de la lune, vampires. Lorsqu’un de ces spectres, poursuivi
canard qui venait des États-Unis. dans ses courses nocturnes , était frappé d'une
Les Péruviens regardaient la lune comme la
1
Ceux qui ont observé les phénomènes que pré-
sœur et la femme du soleil ,
et la mère de leurs sente le climat des régions intertropicales n'ont pas
Incas; ils l’appelaient mère universelle, et avaient prêté une assez grande attention à l’influence que la
pour elle la plus grande vénération. Cependant lune y exerce. Si l’on s’accorde à reconnaître que la
ils ne lui avaient point élevé de temple à part et
pression ou l’attraction lunaire agit fortement sur les
marées , on ne doit pas craindre d’affirmer que l’at-
ne lui offraient point de sacrifices. Ils préten- mosphère est soumise à une action semblable. Ce
daient que les marques noires qu'on aperçoit qu'il y a de cerlain, c’est que. dans les basses terres
dans la lune avaient été faites par un renard qui ries régions interlropicales , un observateur attentif

ayant monté au ciel l’avait embrassée si étroi- de la nature est frappé du pouvoir que la lune exerco
,
sur les saisons aussi bien que sur le régne animal et
tement qu’il lui avait fait ces taches à force de sur le végétal. A Démérara , il y a chaque année treize
la serrer. printemps et treize automnes; car il est constaté que
Suivant les Taïtiens, les taches que nous la sève (les arbres y monte aux branches et redescend

voyons à aux racines treize fois alternativement.


la lune sont des bosquets d’une espèce
Le vallaba, arbre résineux assez commun dans
d’arbres qui croissaient autrefois à Taîti ; un acci- les bois de Démérara. et qui ressemble à l'acajou,
dent ayant détruit ces arbres, les graines fu- fournit un exemple très-curieux en ce genre. Si on
rent portées par des pigeons à la lune, où elles le coupe la nuit, quelques jours avant la nouvelle
lune, son bois est excellent pour les charpentes et
ont prospéré *.
toute espèce de constructions, et la dureté en est
Les mahométans ont une grande vénération telle quon ne peut le fendre qu'avec beaucoup de
pour la lune ils la saluent dès qu’elle parait, lui
; peine, et encore inégalement. Abattez-le pendant la
présentent leurs bourses ouvertes et la prient pleine lune, vous le partagez en une infinité de plan-
ches aussi minces et aussi droites qu’il vous plait avec
d’y faire multiplier les espèces à mesure qu’elle
la plus grande facilité ; mais alors il ne vaut rien pour
croîtra. les constructions et se détériore bientêl. Faites des
La lune est la divinité des Nicaborins, habi- pieux avec des bambous de la grosseur du bras si ;

tants de Java. Lorsqu’il arrive une éclipse de vous les avez coupés à la nouvelle lune, ils dureront
dix à douze années mais si c’est pendant qu’elle était
lune, les Chinois idolâtres, voisins de la Sibérie, ;

dans son plein, ils seront pourris en moins do deux


poussent des cris et des hurlements horribles, ans.
sonnent les cloches frappent contre du bois ou
, Les effets de la lune sur la vie animale sont prouvés
des chaudrons et touchent 4 coups redoublés aussi par un grand nombre d'exemples. On a vu en
Afrique des animaux nouveau-nés |iérir en quelques
sur les timballes de la grande pagode. Ils croient
heures auprès de leur mère pour être restés exposés
que le méchant esprit de l’air Arachula attaque aux rayons do la pleine lune. S’ils en sont frappés,
la lune, et que leurs clameurs doivent l’effrayer. les poissons fraîchement pêchés se corrompent, et la
viande ne se peut plus conserver, même au moyen
Il
y a des gens qui prétendent que la lune est
du sel.
douée d’un appétit extraordinaire; que son esto-
Le marinier qui dort sans précaution la nuit sur
mac comme celui de l’autruche digère des
, , le tillac, la facetournée vers la lune, est atteint do
pierres. En voyant un bâtiment vermoulu, ils nyctalopie ou cécité nocturne , et quelquefois sa tête
disent que la lune l’a mutilé et qu’elle peut ron- enfle d’une manière'prodigieuse. las paroxy smes des
fous redoublent d’une manière effrayante a la nou-
ger le marbre, ce qui est vrai dans certains
velle et à la pleine lune; les frissons humides de la
cliinaLs. fièvre intermittente se font sentir au lever de cet
Cumbien de personnes n’osent couper leurs astre, dont la douce lueur semble à peino effleurer
la terre. Mais, qu’on ne s’y méprenne pas, ses effets
cheveux dans le décours de la lune dit M. Sal- !

sont puissants, et, parmi les agents qui régnent sur


gucs Mais les médecins sont convenus enfin
l’atmosphère, on peut affirmer qu’elle ne tient pas le
1 Voyages de Cook. dernier rang.
* Des erreurs et des -préjugés, etc., t . I p. 240. (ilarlins history of tke British colonies.)
,

«.
,

LL’N — 420 — LUT


ballo ou d’un coup de lance, on pensait qn’il la partagent pas s'y soumet par égard pour l'opi-
pouvait mourir une seconde fois, mais qu'exposé nion publique.
aux rayons de la lune il reprenait ses forces cl Lure (Guillaume), docteur en théologie, qui
pouvait sucer de nouveau les vivants. fut condamné comme sorcier, à Poitiers, en 1 453,
Lundi. En Russie , passe pour un jour
le lundi convaincu par son propre aveu, par témoins, et
malheureux. Parmi le peuple et les personnes pour avoir été trouvé saisi d’un pacte fait avec
superstitieuses, la répugnance à entreprendre ce le diable, par lequel il renonçait à Dieu et se

jour-là quelque chose, surtout un voyage, est si donnait à icelui diable


universelle que le petit nombre des gens qui ne Luricaunes ,
lutins pygmées de la race des

fées. On les appelle en Irlande luricaunes et Nous ne pouvons ici faire sa vie’, mais sa
cluricaunes, lurigadaunes à Tipperari, logherys mort nous revient. Ses ennemis ont assuré que
dans l’Ulster. Ils connaissent les trésors cachés. le diable l’avait étranglé d'autres qu’il mourut
;

Luridan ,
puissant esprit de l’air en Norvège subitement en allant à la garde-robe, comme
et en Laponie, l'oy. Harold. Arius, après avoir trop soupé; que, son tombeau
Lusignan. On prétend que la maison de Lu -
ayant été ouvert le lendemain de son enterre-
signan descend en ligne directe de Mélusine. ment, on n’y avait pu trouver son corps, et qu’il
Voy. Mélusine. en était sorti nue odeur de soufre insupportable.
Lusmore. Les Irlandais donnent ce nom à la — Georges Lapôtre ledit fils d'un démon et d'une

digitalis purpurca, qu'ils appellent aussi plus sorcière.


communément bonnet de fie, à cause de la res- A la mort de Luther, disent les relations ré-
semblance supposée de ses clochettes avec celte pandues chez ses contemporains les démons en ,

partie de l'habillement des fées. On prétend deuil, habillés en corbeaux, vinrent chercher cet
qu’elle salue les êtres surnaturels en pliant de- ami de l’enfer. Ils assistèrent invisiblement aux
vant eux sa longue tige en signe de reconnais-
, funérailles ; et Thyræus ajoute qu’ils l’emportè-
sance rent ensuite loin de ce monde où il ne devait ,

Luther (Martin), le plus fameux novateur re- que passer. —


On conte encore que le jour de sa
ligieux du seizième siècle, né en 1484 en Saxe, mort tous les démons qui se trouvaient en une
mort en 1546. Il dut son éducation à la charité certaine ville de Brabant (à Malincs) sortirent des
des moines et entra chez les auguslins d'Erfurt. corps qu'ils possédaient et y revinrent le lende-
Devenu professeur de théologie il s’irrita de ne , main et comme on leur demandait où ils avaient
;

pas être le Judas des indulgences, c’est-à-dire de passé la journée précédente, ils répondirent que,
n’en pas tenir la bourse; il écrivit contre le Pape par l’ordre de leur prince , ils s’étaient rendus à
et prêcha contre l’Église romaine. Devenu épris l’enterrement de Luther. Le valet de Luther, qui
de Catherine Bore, religieuse, il l’enleva de son l'assistait mort, déclara, ce qui est très-
à sa
couvent avec huit autres sœurs, se hâta de singulier, en conformité de ceci, qu'ayant mis la
l’épouser et publia un écrit où il comparait ce tête à la fenêtre pour prendre l’air au moment
rapt à celui que Jésus-Christ fit, le jour de la du trépas de son maître, il avait vu plusieurs
Passion , lorsqu'il arracha les âmes de la tyrannie
de Satan
1
Delancre, Inconstance des démons t. VI p. 495.
,
1 On trouvera cette vie de Luther dans les Légendes
1
M. Dufau ,
Contes irlandais. infernales.

Digitized by Google
LUT — 421 — LUT
esprits horribles qui dansaient autour de la mai- syllogismes très-embarrassants. Luther, offensé,
son, et ensuite des corbeaux maigres qui accom- lui dit brusquement —
Vos questions sont trop
:

pagnèrent le corps en croassant jusqu’à Wit- embrouillées; j'ai pour le moment autre chose à
temberg faire que de vous répondre. Cependant il se le-
La dispute de Luther avec le diable a Tait beau- vait pour argumenter encore, lorsqu’il remarqua
coup de bruit. Un religieux vint un jour frapper que le religieux avait le pied fendu et les mains
rudement à sa porte èn demandant à lui parler.
, armées de griffes. —
N'es-tu pas, lui dit-il, celui
Le renégat ouvre; le prétendu moine regarde un dont la naissance du Christ a dû briser la tète?
moment le réformateur et lui dit : — J'ai décou- EL le diable, qui s’attendait avec son ami à un
vert dans vos opinions certaines erreurs papis- combat d'esprit et non à un assaut d’injures,
tiques sur lesquelles je voudrais conférer avec reçut dans la figure l’encrier de Luther, qui était
vous. — Parlez, répond Luther. L’inconnu pro- de plomb 1
il dut en rire à pleine gorge. On
:

posa d’abord quelques discussions assez simples, montre encore sur la muraille, à Wiltemherg,
que Luther résolut aisément. Mais chaque ques- les éclaboussures de l’encre. On trouve ce fait
tion nouvelle était plus diflicile que la précé- rapporté, avec quelque différence de détails,
dente , et le moine supposé exposa bientôt des dans le livre de Luther lui-méme sur la messe

Lolhtr.

privée , sous de Conférence de I.ulher avec


le titre Lutins. Les lutins sont du nombre des démons
le diable'. Il conte que, s’étant éveillé un jour, qui ont plus de malice que de méchanceté. lisse
vers minuit, Satan disputa avec lui, l’éclaira sur plaisent à tourmenter les gens et se contentent
les erreurs du Catholicisme et l’engagea à se de de peur que de mal. Cardan parle
faire plus
séparer du Pape. C’est donner à sa secte une d'un de scs amis qui, couchant dans une chambre
assez triste origine. L’abbé Cordcmoy pense, que hantaient les lutins, sentit une main froide
avec beaucoup d'apparence de raison que cer- ,
et molle comme du coton passer sur son cou et
tains critiques ont tort de prétendre que cette son visage, et chercher à lui ouvrir la bouche.
pièce n'est pas de Luther. Il est constant qu'il Il se garda bien de bâiller; mais, s'éveillant en
était très-visionnaire; M. Michelet l'a reconnu sursaut il entendit de grands éclats de rire sans
,

positivement, ce qui doit suffire aux incrédules; rien voir autour de lui. Lelover raconte que de
pour les croyants, il était très en état de voir le son lemps il y avait de mauvais garnements qui
diable. Il est même possible que la bravade de faisaient leurs sabbats dans les cimetières pour
l’encrier soit une vanterie. établir leur réputation et se faire craindre, et
que, quand ils y étaient parvenus, ils allaient
1
Colloquium Lutherum inter et diabolum, ab ipso dans les maisons buffeter le bon vin.
Luthero conscriptum in cjus libro de hlissa pri-
,

t ota. etc. ' Mélanchthon , De examin. theolog. operum, t. I.

Digitized by Google
LUT — 422 — LYN
Los lutins s’appelaient ainsi parce qu’ils pre- temps, et auquel elle était attachée. Ce vieillard
naient quelquefois plaisir à lutter avec les hom- tomba tout à coup dangereusement malade. La
mes. 11 y en avait un à Thcrmesse qui se battait maréchale était dans l'inquiétude. Elle ne cessait
avec tous ceux qui arrivaient dans celle ville. Au d’envoyer demander des nouvelles de cet homme,
reste, disent les bons légendaires, les lutins ne et souvent allait elle-même en savoir. Se portant
mettent ni dureté ni violence dans leurs jeux.... très-bien , elle s’éveille au milieu de la nuit avec
Voy. Elfes, etc. une agitation singulière; elle veut sonner pour
Lutschin. Au pied de Lutscbin, rocher gigan- demander ce que fait son valet de chambre: elle
tesque de la Suisse ,coule un torrent où se noya ouvre les rideaux de son lit; à l’instant, l'imagi-
un fratricide en voulant laver son poignard en- nation fortement frappée, elle croit apercevoir
sanglanté. La nuit, à l’heure où le meurtre fut dans son appartement un fantôme couvert d'un
commis, on entend encore prés du torrent des linceul blanc ; elle croit entendre ces paroles :
soupirs et comme le râle d’un homme qui se — Ne vous inquiétez point de moi, je ne suis
meurt. On se dit aussi que l'aine du meurtrier plus de ce monde, et avant la Pentecôte vous
rôde dans les environs, cherchant un repos viendrez me rejoindre. « La fièvre s’empara
qu'elle ne peut trouver. d'elle; elle fut bientôt à toute extrémité.
Ce qui
Lutteurs, démons qui aiment la lutte et les contribua ie plus à augmenter sa terreur, c'est
petits jeux de mains. C’est de leur nom qu'on a qu'à l'instant même où elle fut frappée de cette
nommé les lutins. vision ,
I hem me en question venait effectivement
Luxembourg (François de Montmorency), d’expirer. La maréchale a cependant survécu à
maréchal de France, né en 1628, mort en 1695. la prédiction du fantôme imaginaire, et cetto ré-

On l’accusa de s’étre donné au diable. On de ses surrection lait furieusement de tort aux spectres
gens, nommé Bonard voulant retrouver des pa-
, pour le» cho»es de l'avenir*. »
piers qui étaient égarés, s'adressa h un certain Lycanthropie ,
transformation d’un homme
Lesage pour les retrouver. Ce Lesage était un en loup. Le lycanthrope s’appelle communément
homme dérangé, qui se mêlait de sorcellerie et lonp-garoU. boy. Loccs-garous.
de divination.' Il lui ordonna d’alier visiter les Lycaon, tiis de Phorénée, roi d’Arcadie, à
églises, de réciter des psaumes; Bonard se sou- laquelle il donna le nom de Lycaonie. Il bâtit sur
mit à tout ce qu'on exigeait de lui et les papiers, les montagnes la ville de Lycosure, la plus an-
ne se retrouvèrent pas. Une fille, nommée la cienne de toute la Grèce, et y éleva un autel à
Dupin, les retenait. Bonard, sous les yeux do Jupiter Lycæus, auquel il commença à sacrifier

Lesage, lit une conjuration au nom du maréchal des victimes humaines. II faisait mourir, pour
de Luxembourg; la Dupin ne rendit rien. Déses- les manger, tous les étrangers qui passaient dans
péré, Bonard fit signer un pacte au maréchal qui ses États. Jupiter étant allé loger chez lui, Ly-
se donnait au diable. A la suite de ces menées, caon se prépara à ôter la vie à son hôte pendant
la Dupin fut trouvée assassinée. On en accusa le qu’il serait endormi mais auparavant il voulut
;

maréchal. Le pacte fut produit au procès. Lesage s'assurer si ce n'était pas un dieu et lui fit ser-

déposa que le maréchal s’était adressé au diable vir à souper les membres d’un de ses hôtes,
et à lui pour faire mourir la Dupin. Les assassins d’autres disent d'un esclave. Un feu vengeur,
de cette fille avouèrent qu’ils l’avaient découpée allumé par l’ordre de Jupiter, consuma bientôt
en quartiers et jetée dans la rivière par les ordres le palais, et Lycaon fut changé en loup. C’est le
du maréchal.- La cour des pairs devait le juger ; plus ancien loup-garou.
mais on mit de la négligence à instruire son pro- Suivant quelques traditions, il reprenait la
cès; enfin on lui confronta Lesage et un autre figure d’homme an bout de dix ans, si, dans ces
sorcier, nommé Davaux, avec lesquels on l’ac- dix ans, il s’était abstenu de chair humaine.
cusa d’avoir fait des sortilèges pour faire mourir Lycas, démon de Thémèsc, chassé par le
plus d’une personne. —
Parmi les imputations champion Euthymies, et qui fut en grande re-
horribles qui faisaient la base du procès, Lesage nommée chez les Grecs. Il était très-noir, avait
dit que le maréchal avait fait un pacte avec le le visage et tout le corps hideux, et portail une
diable, pour pouvoir allier un de ses fils avec la peau de loup pour vêtement*.
famille de Louvois. Le procès dura quatorze Lychnomancie, divination qui se faisait par
mois. Il n’y eut de jugement ni pour ni contre. l’inspection de la flamme d'une lampe; il en reste
La Voisin, la Vigoureux et Lesage, compromis quelques traces. Lorsqu’une étincelle se détache
dans ces crimes, furent' brûlés à la Grève. Le de la mèche, elle annonce une nouvelle et ia di-
maréchal de Luxembourg fut élargi passa quel- , rection de cette nouvelle. Voy. Lampadomakcie.
ques jours à la campagne, puis revint à la cour Lynx. Les anciens disent des merveilles du
et reprit ses fonctions
de capitaine des gardes... lynx. Non-seulement ils lui attribuent la faculté
Luxembourg (la maréchale de). Madame la i Histoire des menants ou prétendus tels, t. I,
maréchale de Luxembourg avait pour valet de
p. <71.
chambre un vieillard qui la servait depuis long- s Leloyer, Histoire des spectres
, p. 198.
LYS — 423 — MAC
de voir à travers les murs, mais encore la verlu Mais il ajoute que, par un sentiment de jalousie-,
de produire des pierres précieuses. Pline raconte cet animal avare a soin de nous dérober ces
richesses en couvrant de terre ses précieuses
évacuations. Sans cela nous aurions pour rien
l’ambre, les rubis et les escarboucles 1 .
Lysimachie, plante ainsi nommée parce que,
posée sur le joug auquel les bœufs et autres ani-
maux étaient attelés, elle avait la vertu de les
empêcher de se battre.
Lysimaque, devin dont parle Oémétrius de
Ljtu. Phalère dans son livre de Socrate. Il gagnait sa
vie à interpréter des songes au moyen de cer-
sérieusement que les lilets de son urine se trans- taines tables astrologiques. 11 se tenait auprès du
forment en ambre, en rubis et en escarboucles. temple de Bacchus *.

M
Ma, nom japonais de l’esprit malin; on le rieux sur l'autre monde. Était-ce une léthargie
donne au renard, qui cause de grands ravages avec rêve ou une grâce spéciale ? C’est ce que
au Japon, où des sectaires n’admettent qu’une nous ne décidons pas.
espèce de démons, qui sont les âmes des mé- Mac-Donald (Archibald) , voyant célèbre. 11
chants, lesquelles, après la mort, sont unique- voyait à dix lieues un homme qui passait, et le
ment destinées à animer les renards. décrivait avec toutes les singularités qui pou-
Mab. C'est en Irlande la reine des fées, appe- vaient le faire reconnaître*.
lée aussi Titania. Macha-Halla ou Messa-Hala, astrologue
Maberthe. On lit dans V Histoire des possédés arabe du huitième siècle de notre ère. On a de
de Flandre, tome II, page 215, qu'il y avait, en lui plusieurs ouvrages dont on trouve la liste dans
quelque royaume de l’Europe, une jeune fille Casiri. Les principaux ont été traduits en latin :

nommée Maberthe , menant une vie qui semblait 1° lin Traité des éléments et des choses célestes;
céleste qu'elle fut reçue en pitié dans la maison
;
un autre De la révolution des années du monde;
2’ ,

du seigneur de Swert, l’an 1618. Elle se faisait 3°nn troisième De la signification des planètes
,

passer pour sainte et se vantait que son Dieu lui pour les nativités, Nuremberg, 1549. La biblio-
parlait souvent. Mais elle refusa de conférer de thèque Ëodléienue a parmi ses manuscrits une
ces merveilles avec un évêque, ce qui parut sus- traduction hébraïque de ses Problèmes aslrolo-
pect; et comme on disait qu’un jour le diable gigues, faite par Aben-Ezra.
l’avait prise par la main et s'était promené avec Machines. Des savants ont produit par la mé-
elle, le seigneur de Swert insista pour qu'elle en canique des machines compliquées où de bonnes
parlât audit évêque, ce qu’enfin ello accorda. gens ont vu de la magie, parce qu'ils ne savaient
Après la conférence, qui embarrassa tout le pas. Voy. Albert le Grand.
monde sans rien éclaircir, elle s’en alla de la Descartes avait fait, dit-on, avec beaucoup
maison en disant « S’ils savaient que je sais ce
: d’industrie, une machine automate pour prou-
que je sais, ils diraient que je suis une sorcière. » ver démonstrativement que les bêtes n’ont point
On Unit par découvrir de grandes abominations d'âme et que ce ne sont que des machines bien
,

dans cette fille. Mais elle était effrontée et lors- ;


composées qui se remuent à l’occasion des corps
qu’on lui parlait de se convertir, elle répondait : étrangers qui les frappent et leur communiquent
« J’y penserai; il y a vingt-quatre heures au une partie de leur mouvement. Ce philosophe
jour. » On croit qu’elle finit par être brûlée. ayant mis cette machine sur un vaisseau, le ca-
Mac- Allan (Fanny). Voy. Cercueil. pitaine eut la curiosité d’ouvrir la caisse dans
Mac-Alzéan (Euphémic), accusée de sorcelle- laquelle elle était enfermée surpris des mouve- ;

rie parce qu’elle était catholique. Voy. Jacques I". ments qu’il remarqua dans cette machine, qui
Mac-Cartby. Les légendes irlandaises racon- agissait comme si elle eût été animée, il la jeta
tent l’histoire d’un certain Charles Mac-Carthy
qui , après une jeunesse très-dissipée mourut un
1
M. Saignes, Des erreurs, etc., t. Il, p. <05.
Plutarque Vie d Aristote, 8 66.
,
2
jour et ressuscita au moment où on allait l'enle-
,
3 Cité a propos de la seconde vue , dans le t. III
,

ver pour le cimetière. Il raconta des détails cu- de laMystique de Oôrres.

Digitized by Google
,, ,

MAC - 424 - MAC


dans la mer, croyant que c'était le diable. Au encore tout rouges. Ce phénomène parut si éton-
reste , la raison que donnait Descartes pour éta- nant que l'on déposa la pièce de bois dans
,

blir que les bêtes n’ont point d'âmes, c’est qu’elles l’église voisine, où elle fut conservée. Bocce
sont à jamais incapables de progrès. Ce qui est ajoute à ce conte et pour le faire tenir debout
,

prouvé depuis le commencement du monde. qu’il fut lui -même témoin d'un prodige sem-
Hachlyes peuple fabuleux d'Afrique, que
,
blable; que le ministre d’une paroisse voisine
Pline prétend avoir eu les deux sexes et deux ma- des bords de la mer ayant pêché une grande
melles, la droite semblable à celle d'un homme, quantité d'algues et de roseaux , il aperçut à
et lagauche à celle d’une femme. l’extrémité de leurs racines des coquillages sin-
Mac-Intos. Voy. Cercueil. guliers, qu’il les ouvrit et y trouva au lieu de
Macreuses oiseaux de la famille des canards
,
poissons des oiseaux. L’auteur assure que le pas-
qui sont très-communs sur les côtes d'Angleterre leur lui part de cette merveille, et il répète
fit

d 'Écosse et d'Irlande. de bien


Ils ont été le sujet qu'il fut lui-même témoin de la vérité du fait....
des contes. Plusieurs auteurs ont assuré que ces Mac-Rodor, médecin écossais dont voici
oiseaux sont produits sans œufs les uns les font : l'aventure « En l'année 1574, un nommé Trois-
;

venir des coquilles qui se trouvent dans la mer ; Rieux s’obligea envers un médecin écossais,
d'autres ont avancé qu’il y a des arbres sem- nommé Mac-Rodor (tous deux habitants de Bor-
blables à des saules, dont le fruit se change en deaux), de lui servir de démon après sa mort;
macreuses, et que les feuilles de ces arbres qui c'est-à-dire que son esprit viendrait lui obéir en
tombent sur la terre produisent des oiseaux pen- ,
toutes choses et lui faire connaître ce qui était
dant que celles qui tombent dans l'eau deviennent caché aux hommes. Pour parvenir à ces fins, ils
des poissons. Il est surprenant, dit le P. Lebrun, signèrent un pacte en lettres de sang sur un par-
que ces pauvretés aient été si souvent répétées, chemin —
Ce Mac-Rodor était regardé
vierge.
quoique divers auteurs aient remarqué et assuré comme il eut une fin misé-
sorcier et magicien ;

que les macreuses étaient engendrées de la même rable que toute sa famille. On surprit chez
, ainsi
manière que les autres oiseaux. Albert le Grand lui que nous venons de mentionner,
l'obligation
l’avait déclaré en termes précis; et depuis, un avec une platine de cuivre ronde, de médiocre
voyageur a trouvé, au nord de l’ Écosse , de grandeur, sur laquelle étaient gravés les sept
grandes troupes de macreuses et les œufs qu’elles noms de Dieu , sept anges , sept planètes et plu-
devaient couver, dont il mangea. sieurs autres figures, caractères, lignes, points,
« Il n’y a pas longtemps qu’un journal de Nor- tous inconnus*. »
mandie nous racontait sérieusement, dit M. Sal- Maczocha ,
gouffre célèbre en Pologne par
gues', qu’on venait de pécher, sur les côtes de l'aventure d'un condamné qui ,
jeté là du temps
Granville, un màt de vaisseau qui donnait depuis des hussites, en fut tiré par un monstrueux dra-
plus de vingt ans sous les eaux que l’on fut fort ;
gon , sur le dos duquel il se glissa. Voy. Obesslix.
étonné de le trouver enveloppé d’une espèce de Madeleine de la Croix, religieuse de Cor-
poisson fort singulier, que les Normands nomment doue, qui mena mauvaise vie au seizième siècle,
bernacle ou bemache. Or, ce bernache ou ber- se disant sorcière et se vantant d’avoir pour
nacle est un long boyau rempli d’eau jaunâtre, familier un démon. François de Torre-Blanca ra-
au bout duquel se trouve une coquille qui ren- conte qu’elle avait à volonté des roses en hiver,
ferme un oiseau, lequel produit une macreuse. de la neige dans le mois d'août, et qu’elle pas-
Celte absurde nouvelle se répandit, et les Pari- sait à travers les murs, qui s'ouvraient devant
siens, ajoute M. Salgues, furent bien étonnés elle. Elle fut arrêtée par l’inquisition; mais ayant
d’apprendre qu’il y avait des oies qui naissaient tout confessé, elle fut admise à pénitence; car
au bout d’un boyau, dans une petite coquille. » les inquisiteurs n'ont jamais eu la férocité que

Johnston, dans sa Taumatographie naturelle, leur prêtent certains livres ultra-menteurs.


rapporte que les macreuses se forment dans le Magares, sorciers de Mingrélie, fort redoutés
bois pourri ;
que le bois pourri se change en ver des gens du pays, parce qu’ils nouaient l'aiguil-
et le ver en oiseau... Hector de Boëce est l’homme lette. Aussi la cérémonie du mariage, eu ce pays,

dont l’autorité lui parait la plus imposante. Or, ce se faisait toujours en secret, et sans qu'on en
savant rapporte qu’en 1490 on pêcha sur les côtes sût le jour, de peur que ces prétendus sorciers
d'Écosse une pièce de bois pourri qu'on l’ouvrit ;
ne jetassent quelques sortilèges fâcheux sur les
en la présence du seigneur du lieu , et qu’on y époux. Voy. Ligatures.
trouva une quantité énorme de vers; mais ce qui Mages, sectateurs de Zoroastre, adorateurs
surprit singulièrement l’honorable baronnet et les du feu et grands magiciens. C'est d’eux, disent
spectateurs, c’est que plusieurs de ces vers com- lesdémonomanes, que la magic ou science des
mençaient à prendre la forme d’oiseau que les
,
mages tire son nom. Ils prêchaient la métempsy-
uns avaient des plumes, et que les autres étaient cose astronomique; c’est-à-dire que, selon leur

* Delancre, Tabl.de l'inconstance des démons, etc.,


1
Det erreurs et des préjugés, t. I, p. 448. liv. Il,p. 174.
MAC — h 25 — MAG
doctrine, les âmes, au sortir de ce monde, al- diable, et pratiquée sous son influence, est l’art
laient habitersuccessivement toutes les planètes de commercer avec les dénions, en conséquence
avant de revenir sur la terre. d’un pacle fait avec eux et de se servir de leur
,

Magie et Magiciens. La magie est l'art de ministère pour opérer des effets au-dessus de la
produire dans la nature des choses au-dessus du nature. C’est de celle magie que sont accusés
pouvoir des hommes, parle secours des démons, ceux qu’on appelle proprement magiciens. Cham
ou en employant certaines cérémonies que la re- en a été, dit-on, l’inventeur ou plutôt le conser-
ligion interdit. Celui qui exerce cet art est appelé vateur; car Dieu n’envoya le déluge, disent les
magicien. On distingue la magie noire, la magie démonomanes, que pour nettoyer la terre des
naturelle, la rœleslialis, qui est l’astrologie judi- magiciens et des sorciers qui la souillaient. Cham
ciaire, et la cter'emonUilis. Celte dernière consiste enseigna la magie et la sorcellerie à son fils Mis-
dans l'invocation des démons, en conséquence raîm ,
qui ,
pour les grandes merveilles qu’il
d’un pacte formel ou tacite fait avec les puis- faisait, fut appelé Zoroastre. On a dit qu’il avait
sances infernales. Ses diverses branches sont la composé cent mille vers sur ce sujet et qu’il fut ,

cabale, l'enchantement, le sortilège, l’évocation emporté par le diable en présence de ses dis-
des morts et des esprits malfaisants, la décou- ciples.
verte des trésors cachés et des plus grands se- En fait, la magic existe; et l’Église n’a pu se
don de prophétie, celui
crets, la divination, le tromper en la considérant comme une apostasie
de guérir par des termes magiques et par des et un enrôlement dans les phalanges de Satan.
pratiques mystérieuses les maladies les plus opi- Il n’est pas nécessaire d’établir ici la vérité des

niâtres, de préserver de tous maux , de tous faits rapportés dans l’Écriture sainte sur la magie
dangers, au moyen d’amulettes, de talismans; la et les magiciens. Ils ne sont contestés que par la
1
fréquentation du sabbat, etc. mauvaise foi des incrédules qui ont leur parti
La magio naturelle, selon les démonographes, pris de nier. Mais tous les peuples ont reconnu
est l'artde connaître l’avenir et de produire des l’existence de la magie; et les plus forts des esprits
effets merveilleux par des moyens naturels, mais forts ne la nieront pas, s’ils ont vu quelques-unes
au-dessus de la portée du commun des hommes. des merveilles du magnétisme. Nous ne parlons
La magie artificielle est l'art de fasciner les yeux ici que des faiLs et non de la manière de les in-

et d’étonner les spectateurs, ou par des automates, terpréter. Disons toutefois qu’on a attribué à cet
ou par des escamotages, ou par des tours de art noir bien des accidents qui n’en ont pas été
physique. La magie blanche est l'art de faire des les produits. Il est constant que les écrivains des

opérations surprenantes par l’évocation des bons siècles passés ont entouré les histoires de faits
anges, ou simplement par adresse et sans aucune magiques d’une crédulité trop étendue. La ma-
évocation. Dans le premier cas, on prétend que gie, disent-ils, donne à ceux qui la possèdent
Salomon en est l’inventeur dans le second la
; ,
une puissance à laquelle rien ne peut résister :

magie blanche est la même chose que la magie d’un coup de baguette, d’un mot, d’un signe, ils
naturelle, confondue avec la magie artificielle. bouleversent les éléments, changent l’ordre im-
La magie noire ou diabolique enseignée par le
,
muable de la nature, livrent le monde aux puis-
sances infernales, déchaînent les tempêtes, les
1
« Je ne sais si je dois vous dire que l’on compto vents et les orages; en un mot, font le froid et
d’ordinaire six espèces principales do magie la né- :
lechaud. Les magiciens et sorciers, dit Vecker,
cromancie, la pyromancie, taéromancie, l’hydro-
sont portés par l’air d’un très-léger mouvement,
mancie, la géomancie et la chiromancie. Mais peut-
être ne screx-vous r>as fiché que j’observe que ces vont où ils veulent, et cheminent sur les eaux,
diverses espèces de divination étaient bien sacrées en comme Oddon le pirate, lequel voltigeait çà et
substance, quand les lois les autorisaient comme au-
là en haute mer, sans esquif ni navire
tant de mystères, mais qu’elles étaient abominables
lorsque d’autres que le collège des prêtres s'en mê- On conte qu’un magicien coupa la tête d’un
laient; parce que l'on s'imaginait qu'il n’y avait valet en présence de plusieurs personnes qu’il
que les prêtres qui eussent le droit, en vertu des voulait divertir; toutefois il coupait cette tête
lois, de consulter les bons démons; et que, par con-
avec le dessein de la remettre; mais pendant
séquent, les magiciens, qui n’étaient que des per-
sonnes particulières sans vocation n’agissaient que qu’il se disposait à la rétablir, il vit un autre ma-
,

par illusion, ou tout au plus par le commerce des gicien qui s’obstinait à le conlre-carrer, quelque
mauvais démons, qui ne demandaient pas mieux que prière qu’il lui adressât; il fit naître tout d’un
de donner par leur ministère des marques de leur
coup un sur une table, et en ayant abattu la
lis
malignité.
» C’est pourquoi les païens, qui avaient en horreur
tête, son ennemi tomba par terre sans tête et
le seul nom de magie, donnèrent à leurs mystères sans vie. Puis il rétablit celle du valet et s'en-
celui de divination, et alin d’y mettre une différence fuit. Ce sont là des contes. Or, ces contes sur
plus réelle, ils en changèrent, autant qu’ils le pu-
l’histoire la chargent sans l’anéantir.
rent, les divers sujets, et en augmentèrent les es-
pèces. » autre magicien, en 128â, délivra la ville
Un
(Binft, Traité historique de* dieux et des démons d’Hameln des raLs innombrables qui l'infestaient ;
du paganisme, lettre troisième.) il opéra cette merveille au moyen d'une flûte en-

V Google
MAG — 426 — MAG
chantée dont les sons attiraient invinciblement lissent quatre rues attends debout et en silence
;

après ce service rendu, les magis-


les rats. Mais, ce que le hasard t’amènera. Tu n'y seras pas
trats d'tlameln refusèrent au magicien le prix longtemps sans voir passer plusieurs personnages,
convenu. Il s’en vengea, au moyen d’une autre chevaliers, piétons, gentilshommes : les uns ar-
flûte qui, par ses vibrations, entraîna tous les més, les autres sans armes; les uns tristes, les
enfants de la ville. On ne les revit plus; et des autres gais. Quoi que tu voies et que tu entendes,
documents établissent qu’ils furent transportés garde-toi de parler ni de remuer. Après cette
en Transylvanie. Des monuments appuient ce troupe, suivra un certain , puissant de taille,
trait d’histoire', dont Gustave Nierilz a fait un assis sur un char; tu lui remettras ta lettre sans ,

conte de fantaisie dire un mot , et tout ce que lu désires arrivera. >


Moucheinberg, dans la suite de i Argents, Le jeune homme fit ce qui lui était prescrit et
va plus loin. Il raconte les aventures bizarres du vit passer un grand cortège. Le maitre de la
magicien Lexilis. Ce magicien ayant été mis en compagnie venait le dernier , monté sur un char
prison par ordre du souverain de Tunis (le fait triomphal. Il passa devant le lils du geôlier, et,
a eu lieu quelque temps avant la splendeur de jetant sur lui des regards terribles, il lui demanda
Rome) , il arriva dans ces entrefaites une chose de quel front il osait se trouver à sa rencontre ?
étrange au du geôlier de la prison où Lexilis
flls Le jeune homme, mourant de peur, eut pourtant
était détenu. Co jeune homme venait do se ma- le courage d’avancer la main et de présenter sa

rier, et les parents célébraient les noces hors de lettre. L’esprit, reconnaissant le cachet, la lut
la Le soir venu on joua au ballon. Pour
ville. ,
aussitôt et s’écria « Ce Lexilis sera-t-il long-
:

avoir main plus libre le jeune marié ôta de


la ,
temps encore sur la terre I... » Un instant après,
son doigt l'anneau nuptial il le mit au doigt d’une
-,
ilenvoya un de ses gens ôter l’anneau du doigt
statue qui était près de là. Après avoir bien joué, de la statue, et le jeune époux cessa d’être
il retourne vers la statue pour reprendre son troublé.
anneau mais la main s’était fermée et il lui fut
; ,
Cependant le geôlier fit annoncer au souverain
impossible de le retirer. Ce fait se retrouve dans de Tunis que Lexilis s’était échappé. Tandis qu'on
pl usieurs légendes du moyen âge. Le jeune homme le cherchait de toutes parts le magicien entra ,

ne dit rien d’un tel prodige mais quand tout le ;


dans le palais suivi d’une vingtaine de jeunes
,

monde fut rentré dans la ville il revint seul de- ,


filles qui portaient des mets choisis pour le prince.

vant la statue, trouva la main ouverte et étendue Mais, tout en avouant qu’il n'avait rien mangé
comme auparavant, toutefois sans la bague qu'il de si délicieux, le roi de Tunis n'en renouvela
y avait laissée. Ce second événement le jeta dans pas moins l'ordre d’arrêter Lexilis. Les gardes,
une grande surprise. Il n'en alla pas moins re- voulant s'emparer de lui, ne trouvèrent à sa place
joindre sa famille. Mais il voulut inutilement se qu’un chien mort, sur le ventre duquel ils avaient
rapprocher de sa femme. Un corps solide se pla- tous la main,... prestige qui excita la risée gé-
çait continuellement devant lui. « C'est moi que nérale. Après qu'on se fut calmé, on alla à la
tu dois embrasser, lui dit-on enfin, puisque tu maison du magicien; il était à sa fenêtre, regar-
m’as épousée aujourd'hui je suis la statue au :
dant venir son monde. Aussitôt que les soldats le
doigt de laquelle tu as mis ton anneau. • Le jeune virent, ils coururent à sa porte, qui se ferma in-

époux effrayé révéla chose à ses parents. Son


la continent. De par le roi, le capitaine des gardes
père trouver Lexilis dans son
lui conseilla d’aller lui commanda de se rendre, le menaçant d’en-

cachot ; il lui en remit la clef. Le jeune homme foncer la porte s'il refusait d'obéir. « Et si je me

s’y rendit et trouva le magicien endormi sur la rends, dit Lexilis, que ferez-vous de moi? —
table. Après avoir attendu longtemps qu’il s’é- Nous voiis conduirons courtoisement au prince.
veillât, il le tira doucement par le pied le pied ;
— Je vous remercie de votre courtoisie mais ;

avec la jambe lui demeura dans les mains... par où irons-nous au palais? Par cette rue , * —
Lexilis, s’éveillant alors, poussa un cri la porte : reprit le capitaine en la montrant du doigt.
du cachot se referma d’elle-même. Le marié En même temps il aperçut un grand fleuve qui
tremblant se jeta aux genoux du magicien, lui venait à lui en grossissant ses eaux et remplis-

demanda pardon de sa maladresse et implora son sait la rue qu'il venait de désigner, tellement
assistance. Le magicien promit de le débarrasser qu'en moins de rien ils en eurent jusqu’à la
de la statue moyennant qu'on le mit en liberté.
,
gorge. Lexilis, riant, leur criait : » Retournez
Le marché fait, il rajusta sa jambe à sa place et au palais car pour moi je ne me soucie pas d’y
,

sortit. Quand il fut libre, Ixtxilis écrivit une lettre aller en barbet. »
qu’il donna au jeune homme « Va-t’en à mi- : Le prince, ayant appris ceci, résolut de perdre
nuit, lui dit-il, dans le carrefour voisin où abou- sa couronne plutôt que de laisser le magicien
impuni il s’arma lui-même pour aller à sa pour-
:

' Voyez celle curieuse tradition dans les Légendes


suite et le trouva dans la campagne qui se pro-
des Cnmnunidements de Dieu.
2 Le sifflet magique, traduit de l'allemand en fran- menait paisiblement. Les soldats l'entourèrent
çais, par J. B. j. Champagnne. 1 vol. in-lt. pour le saisir; mais Lexilis faisant un geste.
MAG — A 27 — MAC,
chaque soldat se trouva la tête engagée entre '
d’esprit. Dès lors le remède tomba mais
;
il
y en
deux piquets, avec deux cornes de cerf qui l'em- :

eut beaucoup qui ne voulurent point se dédire


pêchaient do se retirer. Ils restèrent longtemps de la confiance qu'ils y avaient ajoutée. Les ma-
dans celte posture, pendant que des enfants leur ladies n'existent souvent que dans l’imagination :

donnaient de grands coups de houssine sur les telle personne guérira avec un charlatan en qui
cornes... Le magicien sautait d'aise à ce spec- elle a confiance telle autre ne guérira point avec
;

tacle, et le prince était furieux. Ayant aperçu à un excellent médecin de qui elle se défie.
terre, aux pieds de Lexilis, un morceau de par- La magie a reparu en Suède en 1859 avec une
chemin carré sur lequel étaient tracés des ca-
, sorte d’épidémie diabolique. Voici ce qu’on écri-
ractères, le roi de Tunis se baissa et le ramassa vait alors :

sans être vu du magicien. Dès qu’il eut ces ca- « Une superstition étrange, qui a pris la forme
ractères dans la main, les soldats perdirent leurs d'une véritable épidémie, a sévi pendant l’été
cornes, les piquets s’évanouirent, Lexilis fut pris, dernier dans quelques contrées de la Suède. Le
enchaîné , mené en
prison , et de lâ sur l’écha- prévôt du chapitre de Leksand , le docteur Hva-
faud pour y être rompu. Mais ici il joua encore ser, chargé de faire une enquête, a consigné
un tour de son métier ; car , comme le bourreau dans son rapport les faits suivants :

'
déchargeait la barre de fer sur lui, le coup tomba n Cette superstition a beaucoup de ressem-
sur un tambour plein de vin, qui se répandit sur blance avec celles des sorcières du moyen âge
la place, et Lexilis ne reparut plus â Tunis... qui croyaient avoir assisté au sabbat du diable,
Voici une autre histoire contée par Wieros : ce qui s'appelait en Suède aller â Blokulla. Mais
« Un magicien de Magdebourg gagnait sa vie en cette fois, et c’est ce qu'il y a de plus curieux,
faisantdes tours de son métier, des enchante- ce ne sont presque que des enfants qui sont en
ments, des fascinations et des prestiges sur un proie h ces hallucinations. En outre, ce n'est
théâtre public. L’n jour qu’il montrait, pour quel- plus â Blokulla qu'on est censé aller, mais à Jo-
que monnaie, un petit cheval auquel il faisait exé- sefsdal, qui doit être près de Stockholm.
cuter, par la force de sa magie, des choses in- » Voici ce que les enfants racontent sur leurs
croyables , après qu’il eut fini son jeu , il s'écria pérégrinations. D’abord ils sont changés en vers,

qu’il gagnait trop peu d’argent avec les hommes et ils s’échappent au dehors à travers un trou
et qu’il allait monter au Ayant donc jeté
ciel... pratiqué dans la fenêtre ; ensuite ils prennent la

son fouet en l’air, ce fouet commença de s’en- forme de pies, et, quand ils se sont rassemblés,
lever. Le petit cheval ayant saisi avec sa mâ- ils redeviennent enfants. Alors ils montent sur
choire l’extrémité du fouet, s'enleva pareillement. des peaux de veaux ou de vaches â travers les
L'enchanteur, comme s’il tût voulu retenir son airs vers un clocher, où ils se vouent au diable.
bidet, le prit par la queue et fut emporté de • Anciennement on enlevait des parcelles du

même. La femme de cet habile magicien em- métal de la cloche en prononçant ces mots : « Que
poigna à son tour les jambes de son mari qu'elle » mon âme n'arrive jamais au règne de Dieu avant
servante s'accrocha aux pieds de
suivit; enfin la » que ce métal redevienne une cloche. » Aujour-
sa maîtresse , le valet aux jupes de la servante, d’hui la farine a remplacé le métal et arrivé à ,

et bientôt le fouet, le petit cheval, le sorcier, la Josefsdal, on en prépare une bouillie appelée
femme, la cuisinière, le laquais, s’enlevèrent si u-elling, qu'on mange en société avec le malin
haut qu’on ne les vit plus. Pendant que tous les esprit, qui s'appelle Xordtgu bb (le vieux du Nord).
assistants demeuraient stupéfaits d’admiration, il » En dansant, il porte des bottes fourrées dont

survint un homme qui leur demanda pourquoi il se débarrasse quand il s’est échauffé. Presque

ils bayaient aux corneilles , et quand il le sut ; tous les enfants des deux communes de Gagnef
« Soyez en paix, leur dit-il, votre sorcier n’est et de Mockjards sont affectés de ces hallucina-
» pas perdu , je viens de le voir â l'autre bout de tions. Quelques-uns en souffrent, d’autres restent
» la ville, qui descendait â son auberge avec tout bien portants. Les parents, qui croient leurs en-
» son monde *... » foy. Harvis. fants perdus et vendus au prince des ténèbres,
On raconte qu'Hemmingius , théologien cé- s’en désolent. D’autres, et ce ne sont pas les
lèbre, cita un jour deux vers barbares dans une moins superstitieux, quand leurs enfants ne veu-
de ses leçons, et ajouta, pour se divertir, qu'ils lent pas faire des aveux, les tourmentent d’une
pouvaient chasser la fièvre parce qu'ils étaient
,
manière incroyable.
magiques. L’un de ses auditeurs en fit l’essai sur » Un petit garçon nommé Grabo Pehr, qui af-
son valet et le guérit. Puis après on fit courir le firmait avoir été plusieurs fois â Josefsdal ,
pré-
remède, et il arriva que plusieurs fébricitants tendait y avoir vu une petite fille, et lorsque la
s’en trouvèrent bien. Hemmingius, après cela, mère de celle-ci interrogeait Grabo Pehr. il indi-
se crut obligé de dire qu’il n’avait parlé de la quait pour preuve qu'en mangeant h Josefsdal,
sorte qu'en riant, et que ce n'était qu'un jeu la petite fille s’était éclaboussée à la figure ,
d’où
ilserait résulté une blessure qui ne pourrait ja-
Wierus, De prasl., lib. Il, cap. vu. mais guérir. La petite fille, en effet, souffrait,
. , ,

MAG — 428 — MAG


1

tout près d'une plaie de mauvaise nature


de l’œil ,
diabolique, de Gôrres, est aussi un livre que les
et dont on ignorait l'origine. On peut croire négations ne tueront pas. Foy. Boum , Delrio,
quelle impression fâcheuse une telle coïncidence Delancre, Leeoïer, Bocuet, Wiehus, etc.
apparente faisait sur sa pauvre mère. La petite Magie islandaise. La première magie de ces
Dite, cependant, n’avait aucune idée de Josefs- peuples, devenus aujourd'hui plus sensés, con-
dal, ni du welling, et par conséquent ne put sistait autrefois à évoquer des esprits aériens,

jamais faire aucune révélation. et à les faire descendre sur la terre pour s’ea
» Heureusement cette épidémie, dans ces deux servir. Elle était regardée comme la magie des
villages, s'est calmée un peu au bout de quelques grands. Cependant ces derniers en avaient une
mois; mais les esprits de la population n'en sont seconde, qui consistait à interpréter le chant des
pas moins extrêmement agités, et des symptômes oiseaux, surtout des corneilles, les oiseaux les
alarmants sc montrent dans les contrées voisines. » plus instruits dans la connaissance des affaires
Il
y a eu do tout temps, chez tous les peu- d’Élat et les plus capables de prédire l'avenir.
ples peu éclairés, grand nombre de magiciens, Mais comme il n’en existe point en Islande, les
et on a beaucoup écrit contre eux. Nous citerons corbeaux remplissaient cet office : les rois ne
iciquelques-uns des mille et un volumes qui trai- faisaient pas môme scrupule de se servir de celte
tent de cette matière ex professa : 1° le Traité magie.
de la magie blanche, ou de l'escamotage, de De- Magnétisme science longtemps occulte. Ce-
,

cremps 2* la Magie naturelle de Porta 3* la


; ; pendant elle a été pratiquée par l'hérétique Marc,
Véritable magie noire, ou le Secret des secrets, plus récemment par Mesmer et Caglioslro. Voici
manuscrit trouvé à Jérusalem dans le sépulcre ce qu'écrivait à Bruxelles, en 1839, dans un re-
de Salomon contenant quarante-cinq talismans,
,
cueil périodique intitulé le MagnétophUc, un écri-
avec la manière de s’en servir et leurs merveil- vain qui pouvait être M. Jobard ou M. Victor
leuses propriétés; plus, tous les caractères ma- Jdgiez ;

giques connus jusqu’à ce jour, traduit du mage « Le nom de magnétiseurs ne désignait autre-
Iroé-Grcgo, Rome, 1750. Cet ouvrage stupide est fois que quelques mesmériens ou illuminés et
donné comme un écrit de Salomon. On y trouve quelques songe-creux. Aujourd'hui le magné-
surtout des conjurations. 4° Trinum magicum, tisme a fraternisé avec les sciences physiques,
ou Traité des secrets magiques, contenant des re- qui seules pouvaient éclairer ses données ; il forme
cherches sur la magie naturelle, artificielle et la souche principale dont les autres sciences ne
superstitieuse; les talismans, les oracles de Zo- sont que les rameaux... Ses progrès sont liés
roastre les mystères des Égyptiens
, Hébreux, , plus immédiatement au profit de la société qu'elle
Chaldéens, etc. , in-8°, Francfort, 1673; 5* Lettres ne semble le penser dans la préoccupation de
(

de Saint-André conseiller médecin ordinaire du


, ses mesquines passions, de sa vie tumultueuse
roi, à quelques-uns de ses amis, au sujet de la et agitée. Sous quelque point de vue qu'on le
magie, des maléfices et des sorciers, etc., Paris, considère, son importance éclate et grandit chaque
in-12, 1725 6” Traité sur la magie, le sortilège,
; jour; mais son immensité nuit encore à ses pro-
les possessions, obsessions et maléfices, etc.; grès, parce que personne, isolément, n’a encore
par M. Daugis; Paris in-12, 1732. De nos jours
, le pouvoir d’embrasser son étendue. Le magné-

on a vu paraître sur ces matières quelques ou- tisme est un problème qui se débat depuis près
vrages d'esprit divers. M. Jules Garinet a donné d’un siècle en Europe, dont l’Académie de mé-
en 1818 une Histoire de la magie en France, decine, en France, a ranimé l’énergie sans en
pleine de faits curieux, mais trop sceptiques. donner la solution et qui se complique, au con-
,

Plus récemment, M. Alfred Maury a écrit sur la traire, chaque jour davantage par des phéno-
magie pour la nier. M. Louis Figuier a voulu mènes plus merveilleux. On l’a vu concentré
ainsi expliquer le merveilleux sans trop l'ad- d'abord entre les mains de quelques adeptes
mettre. L’abbé Fiard, dont on s'est raillé, a été ignorants ou fanatiques; de grandes expériences
peut-être un peu crédule aux yeux du vulgaire; ont été faites ensuite, appuyées sur des noms
mais il n’a pas toujours vu faux. M. Eudes de qui ont porté la conviction dans quelques esprits.
Mirville a parfaitement démontré l’existence pal- Aujourd'hui des savants le rejettent encore, il
pable des esprits. M. le chevalier Gougenot des est vrai mais un savant se décide si difficilement
;

Mousseaux, dans son savant livre intitulé la Magie à désapprendre! Une innovation l'épouvante, car
au dix-neuvième siècle, a solidement établi les elle l'humilic et le détrône. Les doctrines carté-
faits magiques, dans le passé et de nos jours, siennes ont lutté longtemps en France contre
ainsi que le concours actif des démons autour de les vieilles universités avant d'obtenir leur droit
nous ‘. Enfin, la Mystique divine, naturelle et de cité; plus lard elles repoussèrent elles-mêmes
les principes de la philosophie newtonienne;
1
la magie au dix-neuvième siècle, ses agents, ses
celle-ci rejetait les découvertes d'Huygens;
vérités, ses mensonges par le chevalier Gougenot des
Mousseaux, etc. Beau vol. in-8", Henri Plon, édi- Bcaumé et Lesage niaient les belles théories de
teur, 1 SCI la chimie moderne-, Romé-Delisle persiflait l'in-
? n ,

MAG — 429 — MAI


lcrprèle des phénomènes éleclro -magnétiques. naître impartialement le magnétisme sont les li-
D'ailleurs, le labac, le café, l’éinétique, la vac- vres spéciaux de M. Aubin Gauthier, surtout son
cine el jusqu'aux pommes de terre, n’ont-ils pas Traité pratique du maynétisme, in-8*, Paris, 1845.
éprouvé leur temps de persécution? L'Académie On peut voir aussile livre de M. l’abbé Loubers

de médecine ne se conslilua-t-elle pas formelle- et le remarquable ouvrage de M. de Mirville sur


ment opposée à ce que la chimie, cette corne les esprits.
d'abondance des sociétés modernes, fût enseignée Magoa l’un des plus puissants démons roi
, ,

dans Paris, comme étant , pour bonnet causes et de l'Orient. On l’évoque par l'oraison suivante
considérations , défendue et censurée par arrêt du prononcée au milieu d'un cercle. Elle peut servir
parlement L’établissement des banques, des éco- tous les jours et à toute heure, dit un grimoire.:
les, des voitures publiques, ne rencontra -t- il « Je te conjure et invoque , à puissant Magoa
pas également une opposition formidable dans ce roi de l’Orient je ;
te fais commandement d’obéir
même parlement? Jacquart ne vit-il pas brûler à ce que tu aies à venir ou m’envoyer sans re-
en place publique, par ordre des prud'hommes tardement Massaye) , Asiel , Satiel Arducl Aco- , ,

de Lyon, ses métiers, qui devaient faire cepen- rib et sans aucun délai
, pour répondre à tout ,

dant la prospérité et la fortune de cette seconde ce que je veux savoir et faire. >
capitale de la France? Franklin ne fut-il pas tourné Magog. Schradérus , dans son lexique Scan-
en ridicule quand il apprit aux campagnards l'art dinave, fait le géant Magog chef des anciens
de fertiliser les champs avec du plâtre? Chris- Scythes, invenlenr des runes, espèces d’hiéro-
tophe Colomb ne fut-il pas chassé de toutes les glyphes ou caractères dont se sont servis les
cours quand son génie lui fit apparaitre un monde peuples septentrionaux , et dont l'usage a pré-
dont il voulaitdotersa patrie'?... Pitheas, Wedcl, cédé en Europe celui des lettres grecques, l 'oy. Oo.
Cook, Billinghauscn Biscoé et autres voyageurs
, Mahomet, imposteur suffisamment connu. On
célèbres, ne furent-ils pas taxés d'imposture? peut voir le plus curieux de scs faits extraordi-
Averrhoès, Voila, Fulton, Salomon deCaus, Davy, naires, son voyage au paradis, dans les Légendes
Arkwright, Gall, Lavater et tous ceux qui se de l'autre monde.
sont présentés, une découverte à la main, à la Maillat ( Louise ) petite démoniaque qui , ,

porte de ce vaste Charcnto qu'on appelle le vivaiten 1598; elle perdit l'usage de ses mem-
monde, n'ont-ils pas été reçus à coups de sif- bres on la trouva possédée de cinq démons qui
;

flets?... s'appelaient loup, chat, chien, joly ,


griffon.
n Cependant le magnétisme voit aussi son Deux de ces démons sortirent d'abord par sa
triomphe. Déjà il a détruit les doctrines impies de bouche en forme de peiotes de la grosseur du
l’école médicale physiologique de Broussais, qui poing la première rouge comme du feu
;
la ;

prétendait ramener aux seuls organes matériels deuxième, qui était le chat, sortit toute noire les ;

du corps les nobles facultés de l'intelligence ;


autres partirent avec moins de violence. Tous
mission d’autant plus grande que là sont les ces démons, étant hors du corps de la jeune per-
bases de toute société , la clgf de voûte et le ci-
sonne firent plusieurs tours devant le foyer et
,

ment de tout édifice social. Le premier el le plus disparurent. Ou a su que c'était Françoise Secré-
bel apanage du magnétisme est donc de devenir lain qui avait fait avaler ces diables à celte pe-
une arme toute-puissante contre les partisans de tite fille dans une croûte de pain de couleur de
1
la matière, une preuve irrésistible, irréfragable, fumier
évidente palpable de l'existence de l'àme indé-
, ,
Maimon ,
chef de la neuvième hiérarchie des
pendante du secours des sens... » démons, capitaine de ceux qui sont tentateurs,
Sans oser juger ici le magnétisme, et sans insidiateurs , dresseurs de pièges, lesquels se
pouvoir nier ses effets, qui sont évidents, bor- tortillentautour de chaque personne pour contre-
nons-nous à dire que le magnétisme existe; que carrer le bon ange ’.

c’est une nouvelle branche de merveilles plus Main. On s'est moqué avec raison des bor-
incompréhensible encore que le galvanisme; boriles, secte hérétique des premiers siècles de
qu’on n'en pourra jamais sans doute établir les l’Église, qui avaient des idées absurdes en théo-
éléments, mais qu'on eu doit tirer un immense logie, el qui disaient que la main est toute la
parti en médecine. L'Académie des sciences, qui civilisation de l'homme; que sans la main
s’obstinait à le nier lorsqu’elle n’était composée l'homme no serait qu’un cheval ou un lxruf;
en majorité que de matérialistes, le reconnaît que l’esprit ne serait bon à rien avec des pieds
aujourd’hui. Les juges religieux n’out condamné fourchus ou des mains de corne ou des pattes à
que ses abus. Voy. Somnambulisme. b'oy. aussi longues griffes. Ils faisaient un système d’ori-
Mcsuen. gines; ils contaient que l’homme, dans le com-
Les plus sûrs ouvrages à consulter pour con-
1
M. Gnrinet, Histoire de la magie en France,
p. 162.
1
Cet écrivain, se trompant comme tant d'autres, 1 Dclancre, Tabl. de l' inconstance desdémons, etc.,
cite Galilée. Voyez Guidée. liv. 1 , p. 22.

Digitized by Google
,

MA! — 430 — MAI

mencemeut, n'avait que des pattes comme les accordaient aux bohémiennes; et voici les prin-
chiens; que tant qu'ils n’eurent que des pattes, cipes de l'art de dire la bonne aventure dant la
les hommes , comme des brutes , vécurent dans main science célèbre parmi
, les sciences mysté-
la paix , l’heureuse ignorance et la concorde ;
rieuses,appelée par les adeptes chiromancie,
mais, ajoutaient-ils, un génie prit les hommes xeiromancie et chiroscopie.
en affection et leur donna des mains. Dès lors y a dans la main plusieurs parties qu’il est
Il

nos pères se trouvèrent adroits; ils se firent des important de distinguer : la paume ou dedans de
armes, ils subjuguèrent les autres animaux, ils
imaginèrent, ils produisirent avec leurs mains

des choses surprenantes, bâtirent des maisons,


taillèrent des habits et firent des peintures. Otez
à l’homme ses mains, disaient-ils, et, avec tout
son esprit, vous verrez ce qu’il deviendra.
Mais nous avons les mains , et c’est Dieu qui
nous les a données. Quoique nous n’en possé-
dions que deux, la loi de l’égalité si vantée,
cette loi impossible, a échoué aussi dans nos
mains. 11 y a de l’aristocratie jusque-là. La main
droite se croit bien au-dessus de la main gauche;
c’est un vieux préjugé qu’elle a de temps immé-
morial. Aristote cite l’écrevisse comme un être
privilégié ,
parce qu’il a la patte droite beaucoup
plus grosse que la gauche. Dans les temps an-
ciens, les Perses et les Mèdes faisaient comme
nous leurs serments de la main droite. Les nè-
gres regardent la main gauche comme la ser-
vante de l’autre; elle est, disent-ils, faite pour
le travail , et la droite seule a le droit de porter
les morceaux à la bouche et de toucher le vi-
sage. Un habitant du Malabar ne mangerait pas
d’aliments que quelqu'un aurait touchés de la
main gauche. Les Romains donnaient une si haute
préférence à la droite que , lorsqu’ils se mettaient
à table, ils se couchaient toujours sur le côté la main, le poing ou dehors de la main lors-
gauche pour avoir l’autre entièrement libre. Ils qu’elle est fermée, les doigts, les ongles, les
se défiaient tellement de la main gauche ,
qu'ils jointures, les lignes et les montagnes. — Il
y a
ne représentaient jamais l’amitié qu'en la figurant cinq doigts ; le pouce ,
l'index , le doigt du mi-
par deux mains droites réunies. Chez nous, lieu, l’annulaire, l’auriculaire ou petit doigt. Il
y
toutes ces opinions ont survécu. Les gens su- a quinze jointures : trois au petit doigt, trois à
perstitieux prétendent même qu’un signe de croix l'annulaire trois au doigt du milieu , trois à l'in-
,

fait de la main gauche n'a aucune valeur. Aussi dex, deux au pouce et une entre la main et le
on habitue les enfants à tout faire de la main bras. Il y a quatre lignes principales. La ligne de
droite et à regarder la gauche comme nulle, la vie, qui est la plus importante, commence au

tandis que peut-être il y aurait avantage à se haut de la main, entre le pouce et l'index, et se
servir également des deux mains. prolonge au bas de la racine du pouce jusqu’au
Puisqu’on attache à la main une si juste im- milieu de la jointure qui sépare la main du bras;
portance , on doit voir sans surprise que des sa- la ligne de la santé et de l’esprit, qui a la même
vants y aient cherché tout le sort des hommes. origine que la pouce et
ligne de vie, entre le
On a écrit d’énormes volumes sous le litre de l’index , main en deux et finit au milieu
coupe la

chiromancie ou divination par la main. Cette de la main entre la jointure du poi-


base de la ,

science bizarre présente une foule d’indices qui gnet et l'origine du petit doigt la ligne de la ;

sont au moins curieux c’est toute la science des


; fortune ou du bonheur, qui commence à l'ori-
bohémiennes que nos pères regardaient ordinai-
,
gine de l’index finit sous la base de la main
,

rement comme des prophétesses et que l'on en deçà de la racine du petit doigt enfin la ligne ;

écoule encore dans les campagnes. De tout temps, de la jointure, qui est la moins importante, se
dit-on, l'homme fut de glace pour les vérités et trouve sous le bras, dans le passage du bras à
de feu pour les mensonges; il est surtout ami du la main c'est plutôt un pli qu’une ligne. On re-
;

merveilleux. Si Peau d’Ane m’était conté, a dit marque une cinquième ligne qui ne se trouve pas
la Fontaine, j’y prendrais un plaisir extrême. dans toutes les mains elle se nomme ligne du ;

Voilà la cause de la crédulité que nos bous aïeux triangle, parce que, commençant au milieu de

Digitized by Google
,

MAI — 431 — MAI


la jointure, sous la racine du pouce, elle finit <
qu’elle porte en largeur la longueur du doigt du
sous la racine du petit doigt. Il
y a aussi sept milieu. Si la ligne rie la jointure, qui est quel-
tubérosités ou montagnes, qui portent le nom quefois double est vive et colorée elle annonce
, ,

des sept planètes. Nous les désignerons tout à un heureux tempérament. Si elle est droite, éga-
l'heure. Pour la chiromancie on se sert toujours
, lement marquée dans toute sa longueur, elle
de la main gauche, parce que la droite, étant promet des riéhesses et du bonheur. Si la join-
ture présentait quatre lignes visibles , égales et
droites, on peut s’attendre à des honneurs, à
des dignités , à de riches successions. Si elle est
traversée de trois petites lignes perpendiculaires
ou marquée de quelques points bien visibles,
c’est le signe certain qu’on sera trahi. Des lignes
qui partent de la jointure et se perdent le long
du bras annoncent qu’on sera exilé. Si ces lignes
se perdent dans la paume de la main elles pré- ,

sagent de longs voyages sur terre et sur mer.


line femme qui porte la figure d’une croix sur la
ligne de la jointure est chaste, douce, remplie
d’honneur et de sagesse elle fera le bonheur de ;

son époux. Si la ligne de vie, qui se nomme aussi


ligne du cœur, est longue, marquée, égale, vive-
ment colorée, elle présage une vie exempte de
maux et une belle vieillesse. Si cette ligne est
sans couleur, tortueuse, courte, peu apparente,
séparée par de petites lignes transversales, elle
annonce une vie courte, une mauvaise santé. Si
cette ligne est étroite, mais longue et bien co-
lorée , elle désigne la sagesse ,
l'esprit ingénieux.
Si elle est large et pâle, c’est le signe quelquefois
de profonde et d’une cou-
la sottise. Si elle est
leur inégale elle dénote la malice , le babil , la
,

jalousie, la présomption. Lorsqu’à sun origine,


entre le pouce et l’index la ligne de vie se sé-
,

plus fatiguée, quoique plus noble ,


présente quel- pare en deux ,
de manière à former la fourche
quefois dans les lignes des irrégularités qui ne c'est le signe de l'inconstance. Si cette ligne est
sont point naturelles. On prend donc la main coupée vers le milieu par doux petites lignes
gauche lorsqu’elle est reposée, un peu fraîche transversales bien apparentes, c'est le signe
et sans aucune agitation , pour voir au juste la d'une mort prochaine. Si la ligne de vie est en-
couleur des lignes et la forme des traits qui s’y tourée de petites rides qui lui donnent la forme
trouvent. La figure de la main peut déjà donner d'une branche chargée de rameaux pourvu que ,

une idée , sinon du sort futur des personnes, au ces rides s'élèvent vers le haut de la main c’est ,

moins de leur naturel et de leur esprit. En géné- le présage des richesses. Si ces rides sont tour-
ral une grosse main annonce un esprit bouché,
, nées vers le bas de la main , elles annoncent la
à moins que les doigts ne soient longs et un peu pauvreté. Toutes les fois que la ligne de vie est
déliés. Une main potelée , avec des doigts qui se interrompue brisée, c'est autant de maladies.
,

terminent en fuseau, comme on se plaît à en La ligne de la santé et de l'esprit est aussi ap-
souhaiter aux femmes, n'annonce pas un esprit pelée ligne du milieu. Lorsqu’elle est droite, bien
très-étendu. Des doigts qui rentrent dans la main marquée, d’une couleur naturelle, elle donne
sont le signe non équivoque d’un esprit lent, la santé et l'esprit, le jugement sain, une heu-
quelquefois d’un naturel enclin à la fourberie. reuse mémoire et une conception vive. Si elle
Des doigts qui se relèvent au-dessus de la main est longue, on jouira d’une santé parfaite. Si
annoncent des qualités contraires. Des doigts elle est tellement courte qu'elle n’occupe que la
aussi gros à l’extrémité qu’à la racine n’annon- moitié de la main, elle dénote la timidité, la
cent rien de mauvais. Des doigts plus gros à la faiblesse, l'avarice. Si la ligne de santé est tor-
jointure du milieu qu'à la racine n’annoncent tueuse, elle donne le goût du vol: droite, au
rien que de bon. contraire c’est la marque d'une conscience pure ,

Nous donnons sérieusement ces détails, ne et d’un cœur juste. Si celte ligne s'interrompt
pensant pas qu’il soit nécessaire de les réfuter. vers le milieu pour former une espèce de demi-
Une main large vaut mieux qu’une main trop cercle, c’est le présage qu’on sera exposé à de
I

étroite. Pour qu'une main soit belle, il faut grands périls avec les bfites féroces. La ligne de
|

Digitized by Google
,

MAI — ii 32 — MAI

la fortune ou du bonheur commence comme ,


dans beaucoup de mains, sans qu’on en soit plus
nous l’avons dit sous la racine de l'index et se
, ,
malheureux. Si la ligne du triangle est droite,
termine à la base de la main en deçà de la ra-,
apparente (car ordinairement elle parait peu) et

cine du petit doigt elle est presque parallèle à


: qu'elle s’avance jusqu’à la ligne de la santé, elle
la ligne de santé. Si la ligne de la fortune est promet de grandes richesses. Si elle se prolonge
égale, droite, assez longue et bien marquée, jusque vers la racine du doigt du milieu, elle
elle annonce un excellent naturel la force la , ,
donne les plus heureux succès. Mais si elle se
• modestie et la constance dans le bien. Si au lieu ,
perd au-dessous de la racine du petit doigt, vers
de commencer sous la racine de l’index entre ,
le bas de la main , elle amène des rivalités. Si

l'index et le doigt du milieu, elle commence elle est tortueuse ,inégale, de quelque côté qu'elle
presque au haut de la main c’est le signe de ,
se dirige , elle annonce qu’on ne sortira pas delà
pauvreté.

l'orgueil. Si elle est très-rouge dans sa partie


supérieure, elle dénote l'envie. Si la ligne de la L’éminence ou gonflement charnu qui se trouve
fortune est chargée de petites lignes formant des à la racine du pouce cl s'étend jusqu'à la ligne
rameaux qui s’élèvent vers le haut de la main de la vie se nomme la montagne de l'ému. Quand
elle présage des dignités, le bonheur, la puis- cette tubérosité est douce, unie, sans rides, c'est
sance et les richesses; mais si cette ligne est l'indice d’un heureux tempérament. Si celte mon-
absolument nue, unie, sans rameaux, elle pré- tagne est ornée d’une petite ligne parallèle à la

pare la misère et l'infortune. S’il se trouve une ligne de vie et voisine de celte ligne , c’est le

petite croix sur la ligne de la fortune, c’est la présage des richesses. Si le pouce est traversé
marque d'un emur libéral, ami de la véracité, dans sa longueur de petites lignes qui se rendent
bon, affable, orné de toutes les vertus. Si la de l’ongle à la jointure , ces lignes promettent un
ligne du bonheur ou de la fortune, au lieu de grand héritage. Mais si le pouce est coupé de
naître où nous l'avons dil prend racine entre
,
lignes transversales, comme le pli des jointures,
le pouce et l'index au môme lieu que la ligne
, c'est le signe qu’on fera des voyages longs et
de santé do façon que les deux lignes forment
, périlleux. Si le pouce ou la racine du pouce pré-
ensemble un angle aigu, on doit s'attendre à de sente des points ou des étoiles, c’est la gaieté.
grands périls, à des chagrins. Si la ligne de santé L’éminence qui se trouve à la racine de l’index
ne se trouvait pas au milieu de la main et qu'il se nomme la montagne de Jupiter. Quand cetie
,

n’y eut que la ligne de vie et la ligne de la for- tubérosité est unie et agréablement colorée, c'est
tune et du bonheur réunies à leur origine de le signe d'un heureux naturel et d'un cœur porté
,

manière à former un angle, c’est le présage à la vertu. Si elle est chargée de petites lignes
qu’on perdra la tète à la bataille ou qu'on sera doucement marquées, on recevra des honneurs
blessé mortellement dans quelque affaire. Si la et des dignités importantes. La tubérosité qui
ligne de la fortune est droite et déliée dans sa s'élève dans la paume de la main, à la racine du
partie supérieure elle donne le talent de gou- doigt du milieu
, se nomme ta montagne de Sa- ,

verner sa maison et de faire face honnêtement à turne. Si celte éminence est unie et naturelle-
ses affaires. Si celle ligne est interrompue vers ment colorée elle marque la simplicité et l'a- ,

le milieu par de petites lignes transversales, elle mour du travail mais si elle est chargée de pe- ;

indique la duplicité. Si la ligne de la fortune est tites rides, c'est le signe de l'inquiétude, c'est
pèle dans toute sa longueur, elle promet la pu- l'indice d’un esprit prompt à se chagriner. Si la
deur et la chasteté. La ligne du triangle manque jointure qui sépare la main du doigt du milieu

Digitized by Google
,,

MAI — 433 — MAI


présente des plis tortueux , ello désigne un juge- portera >ur ses rivaux. L’éminence qui s'élève
ment lent, un esprit paresseux, une conception dans la main à la racine du petit doigt se nomme
dure. Lue femme qui aurait sous le doigt du mi- la montagne de Mercure. Si cette éminence est
lieu, entre la seconde jointure et la jointure voi- unie, sans rides, on aura un heureux tempéra-
sine de l'ongle , la ligure d'une petite croix, por- ment, de la constance dans l'esprit et dans le
terait là un signe heureux pour l'avenir. cceur; pour les hommes, de la modestie; pour
La tubérosité qui se trouve àla racine du doigt les femmes, de la pudeur. Si cette éminence est
annulaire se nomme montagne du Soleil. Si
la traversée par deux lignes légères qui se dirigent
cette montagne est chargée de petites lignes na- vers le petit doigt, c'est la marque de la libéra-
turellement marquées, elle annonce un esprit lité.

vif et heureux, de l’éloquence, des talents pour L’espace qui se trouve sur le bord inférieur
les emplois un peu d'orgueil. Si ces lignes ne
, de main au-dessous de la montagne de Mer-
la
sont qu’au nombre de deux, elles donnent moins cure depuis la ligne du bonheur jusqu'à l'extré-
,

d'éloquence mais aussi plus de modestie. Si la


, mité de la ligne de l'esprit, se nomme la mon-
racine du doigt annulaire est chargée de lignes tagne de la Lune. Quand cet espace est uni
croisées les unes sur les autres celui qui porte , doux , net , il indique la paix do amel et un es-
ce signe sera victorieux sur ses ennemis et l’em- prit naturellement tranquille. Lorsqu'il est fort

coloré , c'est le signe de la tristesse d'un esprit , craintes; s'ils sont noirs, ils annoncent des
chagrin et morose, et d’un tempérament mélan- frayeurs et des dangers; s'ils sont rouges, ce
colique. Si cet espace est chargé de rides, il an- qui est plus rare, des malheurs et des injustices;
nonce des voyages et des dangers sur mer. s'ils sont d'un blanc pur, des espérances et du
L’espace qui se trouve au bord inférieur de la bonheur. Quand ces signes se trouvent à la ra-
main en deçà de la montagne de la Lune depuis
, , cine de l'ongle, l'accomplissement de ce qu’ils
l'extrémité de la ligue de l'esprit jusqu'à l'extré- présagent est éloigné. Ils se rapprochent avec le
mité inférieure de la ligne de la jointure, se temps, et sc trouvent à la sommité de l'ongle
nomme la montagne de Mars. Qu:md cet es- quand les craintes et les espérances se justifient
pace est uni, doux et net, il est le caractère du par l'événement.
vrai courage et de cette bravoure que la pru- Pour qu’une main d'homme ou de femme soit
dence accompagne toujours. S’il est fortement très-heureuse.,il faut qu'elle ne soit pas trop
coloré, il désigne l’audace, la témérité. Lorsque potelée, qu'elle soit un peu longue, que les
la montagne de Mars est chargée de grosses ri- doigts ne soient pas trop arrondis que l'on dis-
,

des, ces rides sont autant de dangers plus ou tingue les nœuds des jointures. La couleur en
moins grands, suivant leur profondeur et leur sera fraîche et douce, les ongles plus longs que
longueur ; c'est aussi le présage d’une mort larges ;
de la vie bien marquée égale
la ligne , ,

possible entre les mains des brigands, si les fraîche ne sera point interrompue et s’éteindra
,

lignes sont livides ; elles sont l'indice d’un dans la ligue de la jointure. La ligne de la santé
trépas funeste si elles sont fort rouges, d’une occupera les trois quarts de l’étendue de la main.
mort glorieuse au champ de bataille si elles sont La ligne de la fortune sera chargée de rameaux
droites. Des croix sur la montagne de Mars pro- et vivement colorée.
mettent des dignités et des commandcmenLs. On voit, dans tous les livres qui traitent de la
N’oublions pas les signes des ongles. Le petits chiromancie, que les doctes en cette matière
signes blanchâtres sur les ongles présagent des renconnaissaienl deux sortes de divinations par
28

Digitized by Google
,

— 434 — MAI

le moyen de la main : la chiromancie physique, ment de son index (comme le disent les maîtres

qui, par la simple inspection de la main, devine en chiromancie astrologique) ? que Vénus a soin
lecaractère cl les destinées des personnes et la : de son pouce, et Mercure de son petit doigt?
chiromancie astrologique , qui examine les in- Quoi Jupiter est éloigné de vous immensément
!
;

main, il est quatorze cents fois plus gros


que le petit
fluences des planètes sur les lignes de la

et pré- globe que vous habitez et décrit dans sou or-


et croit pouvoir déterminer le caractère
,

bite des années de dduze ans, et vous voulez


dire ce qui doit arriver en calculant ces in-
fluences. Nous nous sommes plus appesanti sur qu’ils'occupe de votre doigt médius !... »

les principes de la chiromancio physique parce ,


Le docteur Brubier, dans son ouvrage des
que c’est la seule qui soit encore en usage. C’est Caprices de l'imagination , rapporte qu’un homme

aussi la plus claire et la plus ancienne. de quarante ans, d'une humeur vive et enjouée,
Aristote regarde la chiromancie comme une rencontra en société une fetpme qu'on avait fait
science certaine; Auguste disait lui -même la venir pour tirer des horoscopes. Il présente sa
bonne aventure dans la main. Mais les dérnono- main la vieille le regarde en soupirant
;
Quel : —
manes pensent qu'on ne peut pas être chiroman- dommage qu'un homme si aimable n'ait plus

cien sans avoir aussi un peu de nécromancie, cl qu’un mois â vivre 1 — Quelque temps après, il

s’échauffe à la chasse, la fièvre le saisit, son ima-


que ceux qui devinent juste en vertu de cette
et la prédiction de la bohé-
science sont inspirés souvent par quelque mau- gination s’allume ,

vais esprit'. mienne s’accomplit à la lettre. »


t Gardez-vous, en chiromancie, dit M. Sai- Un personnage important du dernier siècle,
gnes', des lignes circulaires qui embrasseraient M. Raiilon racontait souvent que, dans sa jeu-
,

la totalité du pouce ; les cabalistes les nomment nesse, s’étant fait dire sa bonne aventure par une
l’anneau de Gygès, et Adrien Sicler nous pré- bohémienne ,
elle lui avait surtout conseillé de

prendre garde à l’échafaud, qui lui serait funeste.


vient que ceux qui les portent courent risque
qu’un jour un lacet fatal ne leur serre la jugu- Son état et sa conduite le mettaient certainement

laire. l’ourle prouver, il cite Jacquin Caumont, à l'abri de toute crainte à cet égard. Cependant,
enseigne de vaisseau, qui fut pendu, ne s'étant le tristehoroscope s'est malheureusement ac-
pas assez méfié de celle funeste figure. Ce serait compli quoique d’une manière bien différente
,

bien pis si ce cercle était double en dehors et du sens que l'on attribue à ce mot pris en mau-
simple en dedans : alors nul doute que votre vaise part. Étant à Paris, et se faisant bâtir un
triste carrière ne se terminât sur une roue. Le hôtel, il voulut voir par lui-même si les ouvriers
même Adrien Sicler a connu à Nîmes un fameux exécutaient bien ses ordres. Monté sur un écha-
impie qui fut roué en 1559, et qui portait ce faud mal construit , qui cassa sous lui , il tomba
signe mortel à la première phalange. de trente pieds de hauteur, et resta mort sur le

n II n’est pas possible de vous tracer toutes les coup.


lignes décrites et indiquées par les plus illustres Main de gloire. Ce que les sorciers appellent
chiromanciens pour découvrir la destinée et fixer main de main d'un pendu, qu'on
gloire est la
l’horoscope de chaque individu; mais il est bon prépare de la sorte on l’enveloppe dans un
;

que vous sachiez qu'lsaac Kiin-Ker a donné morceau de drap mortuaire, en la pressant bien,
soixante-dix figures de mains au public; le docte pour lui faire rendre le peu de sang qui pourrait
Mélampus, douze; le profond Compotus, huit; la met dans un vase de
y être resté; puis on
Jean de llagen, trente-sept; le subtil Romphilius, terre, avec du sel du salpêtre du zimat et du
, ,

six-, l’érudit Corvæus, cent cinquante ; Jean Ci- poivre long , le tout bien pulvérisé. On la laisse

rus, vingt; Patrice Tricassus, quatre-vingts; Jean dans ce pot l’espace de quinze jours ; après quoi
Belot, quatre; Traisnerus, quarante, clPcrrucho, on l’expose au grand soleil de la canicule, jus-
six; ce qui fait de bon compte quatre cent vingt- qu’à ce qu’elle soit parfaitement desséchée si le :

trois mains sur lesquelles votre sagacité peut soleil ne suffit pas, on la met dans un four
s’exercer. Mais, dites-vous, l’expérience et les chauffé de fougère et de verveine. On compose
faitsparlent en faveur de la cliiromancie. Un ensuite une espèce de chandelle avec de la
Grec prédit à Alexandre de Médicis, duc de Tos- graisse de pendu de la cire vierge et du sésame
,

cane, sur l'inspection de sa main, qu’il mourrait de Laponie et on se sert de la main de gloire,
;

d’une mort violente; et il fut en effet assassiné comme d’un chandelier, pour tenir celte mer-
par Laurent de Médicis, son cousin. De tels faits veilleuse chandelle allumée. Dans tous les lieux
ne prouvent rien car si un chiromancien ren-
; , où Ton va avec ce funeste instrument ceux qui ,

non
contra juste une fois ou deux, il se trompa mille y sont demeurent immobiles, et ne peuvent
fois. A quel homme raisonnable persuadera-l-on plus remuer que s’ils étaient morts.
de la
en effet que le soleil se mêle de régler le mouve- Il
y a diverses manières de se servir
main de gloire t les scélérats les connaissent bien;
* Ihxamcron do Torqucmada ,
quatrième journée.
5 Des erreurs et îles préjugés etc.,t. Il p. 49 et
mais depuis qu’on ne pend plus chez nous ce
,
,
,

suivantes. doit être chose rare.

ed by Google
MAI — 435 — MAI
Deux magiciens, étant venus loger dans un faisaient. Elle vit qu’ils liraient d’un sac la tnain
cabaret pour y voler, demandèrent à passer la d'un corps mort, qu’ils en signaient les doigts de
nuit auprès du feu , ce qu’ils obtinrent. Lorsque je ne sais quel onguent, et les allumaieut, 4
tout le monde fut couché, la servante, qui se l'exception d'un seul qu'ils ne purent allumer,
défiaitde la mine des deux voyageurs alla re- quelques efforts qu’ils lissent, et cela
,
parce que,
garder par un trou de la porte pour voir ce qu’ils comme elle comprit,
le il n'y avait qu'elle des

Milgrd I» fftooit qn'il reçu! de» Siruios, lu attira , it fui lad dam la combat. — Page 436.

gens de la maison qui ne dormit point; car les deux voleurs commençaient à faire leur coup
autres doigts étaient allumés pour plonger dans dans une chambre voisine. Les deux magiciens,
le plus profond sommeil ceux qui étaient déjà se voyant découverts, s’enfuirent au plus vite, et
endormis. Elle alla aussitôt à son maître pour on ne les trouva plus '.

l'éveiller, mais elle ne put en venir à bout, non Les voleurs ne peuvent se servir de la main
plus que des autres personnes du logis, qu’après
avoir éteint les doigts allumés, pendant que les 1
Delrio, Ditqmtitiom magiquel.
M.

igitized by Googl
MAI — 436 — MAL
de gloire, la précaution de frotter
quand on a eu la manufacture du diable , et que cette aventure
le seuil porte avec un onguent composé de
de la ne pouvait être que l’ouvrage des sorciers ou
fiel de chat noir, de graisse de poule blanche et des revenants les personnes plus instruites, tout
;

de sang de chouette, lequel onguent doit être fait aussi crédules, ne surent que penser. la police

dans la canicule découvrit enfin que ces revenants n’étaient que


Main Gaspard Schott, dans sa
invisible. des habitants de la maison voisine, aidés d'un
Magie universelle, livre IV, page 407, rapporte physicien de leurs amis, qui, au moyen de l'élec-
le fait suivant, dont il a été témoin dans son en- tricité et d'un trou imperceptible pratiqué dans
fance, et qu’il a entendu raconter à des témoins le mur, parvenait 4 faire mouvoir 4 leur gré
plus âgés que lui. Deux compagnons sortaient les meubles de la maison prétendue ensorcelée.
d’une armés et portant leur bagage, pour
ville, Ils avaient pour objet d'empêcher le nouveau
aller travailler dans une contrée. L’un d’eux propriétaire de la vendre ils se vengeaient en ;

ayant trop bu attaque l'autre, qui refuse de se même temps d’une personne dont ils croyaient
battre avec un homme ivre; niais il reçoit un Vog. Alessandro, Athéno 1
avoir à se plaindre .

coup à la tête. Voyant couler son sang, il riposte DORE, AyOLA, BoEACRÉ, CHAMBRES INFESTÉES, RE-
et perce de part en part le malheureux ivrogne. VENANTS, etc.
On accourt aussitôt de la ville, et parmi les as- Malache-Chabbalah. On nomme ainsi, dans

sistants se trouve la femme même du mort. Dans la cabale juive , les dénions qui sont aux ordres

le moment qu’elle donnait des soins 4 son époux, de Samaël. Ils remplissent « les sept régions de
le meurtrier, qui s’enfuyait, se sentit saisi par une l'enfer ».

main invisible et fut entraîné auprès du magis- Malades. « Divers sont les jugements qui se
trat, lequel le fit mettre en prison. Qu’élait-ce font d’aucuns, si un malade doit vivre ou mourir;
que celte main invisible î Celle du mort qui reve- mais je publierai ce présent signe infaillible,
nait dégrisé. duquel se pourra servir un chacun, et en faire
Hainfroi ou Manfred de Naples qui
,
roi ,
un ferme jugement Prenez une ortie et la met- :

régna dans les Deux-Siciles de 1254 à 1266, fils tez dans l’urine du malade, incontinent aprèsque
naturel de l’empereur Frédéric 11. Lorsqu’il fut le malade l’aura faite, et avant qu’elle soit cor-

excommunié pour ses crimes, il s’occupa, dit-on, rompue : dans ladite urine l'espace
laissez l’ortie
de magie. Pic de la Mirandolc conte que Main- de vingt-quatre heures ; et après, si l’ortie se
froi, étant en guerre contre Charles d'Anjou, trouve verte, c’est un signe de vie ’. »
voulut savoir des démons l’événement de la ba- 1
Delancre nous conseille de ne pas admettre
taille qu'il allait lui livrer, et que le démon, pour l’opinion des gnostiques, qui disent que chaque
le tromper, ne lui répondit qu’en paroles ambi- maladie a son démon, et d’éviter l’erreur popu-
guës, quoique cependant il lui prédit sa mort; et laire qui prétend que tous ceux qui tombent du

en effet, malgré les secours qu’il reçut des Sara- haut mal sont possédés. Les maladies ont sou-
sins, scs alliés, il fut tué dans le combat. On vent causé de grands désordres. Le P. Lebrun
remarque que Charles d’Anjou écrivit à Mainfroi, rapporte l’exemple d’une femme attaquée d’une
avant la bataille ces singulières paroles « Au-
,
: maladie de l’œil qui lui faisait voir une foule
jourd’hui ,
je t’enverrai en enfer si tu ne m'en- d'images bizarres et effrayantes; elle se crut en-
voies pas en paradis. » On a attribué à Manfred sorcelée : un habile oculiste l’opéra, et guérit en
un livre latin intitulé la Pomme philosophique, même temps son œil et son imagination. Plu-
où il traite de la science de l'alchimie ,
qu'il dit sieurs des sorciers , loups-garous et possédés
être la sœur germaine de la magie ’. n’étaient que des malades ; mais il est des cas
Maison ensorcelée. A la fin de nivôse an xiu où les maladies sont des eiïets de possessions.
(1805) , il s'est passé à Paris, rue Notre-Dame- Vog. Haeeucination.
de-Nazarclh, dans une ancienne maison dont on Malafar. Vog. Vaeafar.
avait dépouillé des religieuses cordelières , une Malaingba nom général des anges du pre-
,

scène qui fit quelque bruit. On vit tout à coup mier ordre chez les habitants de Madagascar.
voler en l’air des bouteilles depuis la cave jus- Ces anges font mouvoir les deux, les étoiles, les
qu’au grenier ; plusieurs personnes furent bles- planètes, et sont chargés du gouvernement des
sées ; les débris de bouteilles restèrent entassés saisons : les hommes sont confiés 4 leur garde,
dans le jardin, sans que la foule des curieux put ilsveillent sur leurs jours détournent les dan- ,

découvrir d'où provenait ce phénomène. On con- gers qui les menacent et écartent les dénions.
sul la des physiciens et des chimistes, ils ne Malatasca. C’est le nom que sainte Catherine
purent pas même dire de quelle manufacture ve- de Sienne donnait au diable.
naient les bouteilles qu’on leur montra. Les gens Mal caduc. Pour guérir ce mal, on se sert d’un
du quartier se persuadèrent qu’elles venaient de
Salgues Des erreurs et des préjugés.
1
,

> J> solide trésor du Petit Albert. 1 Le Petit Albert.


3 Lcloyer, Histoire des spectres et apparitions des 3 Tableau de i inconstance des démons ,
sorciers il

esprits, liv. IV, p. 303. magiciens, liv. IV, p. 284.

oy Google
MAL — 4 37 — MAL
anneau dont voici la recette « Vous ferez un : à Salamanque et entra chez les jésuites de Rome
anneau de pur argent, dans le chaton duquel en 1562. Deux ans après, il ouvrit, au collège de
vous enchâsserez un morceau de corne de pied Clermont, à Paris, un cours de philosophie, dans
d’élan puis vous choisirez un lundi du printemps
; lequel il obtint les plus brillants succès, quoiqu’il
auquel la lune sera en aspect bénin ou en con- n’eût encore que trente ans. Ayant formé le des-
jonction avec Jupiter ou Vénus, et â l'heure fa- sein de travailler 4 un commentaire sur les quatre
vorable de la constellation vous graverez en
, évangélistes, il crut voir, pendant quelques nuits,
dedans de l’anneau ce qui suit Dabi Dabi, : un homme qui l’exhortait 4 finir promptement cet
Habtr, Habi. Soyez assuré qu’en portant ouvrage, et qui l’assurait qu'il l’achèverait, mais
habituellement cet anneau au doigt du milieu de qu’il survivrait peu de jours 4 sa conclusion; cet
la main, il vous garantira du mal caduc » Si homme lui marquait en môme temps un certain
vous n'y croyez pas, moi non plus. endroit du ventre, qui fut le mémo où Maldonat
Maldonat, célèbre jésuite, né en 1534, à dont il mourut en 1583,
sentit les vives douleurs
Casas de la Reina dans l'Kstramadurc. Il étudia peu de temps après avoir achevé son ouvrage.

Si l'orlic »c trouve verte, c'e»t un »ijjoc de vie. — P.tge 436.

Male-Bête, monstre qui passait autrefois, qu'en faisant semblant de couper le gigot avec un

dans l’opinion du peuple de Toulouse, pour cou- rasoir : c'est du moins ce qui a été raconté'.
rir les rues la nuit. La superstition avait fait Voy. Mau.ebiuxche.
croire quo tous ceux qui rencontraient ou envi- Maléfices. On appelle maléfices toutes pra-
sageaient la male-bète mouraient le lendemain. tiques superstitieuses employées dans le dessein
Halebranche (Nicolas), savant prêtre de de nuire aux hommes, aux animaux ou aux fruits
l’Oratoire, né 4 Paris en 1638, mort en 1715. On de la terre. On appelle encore maléfices les ma-
trouve dans sa Recherche de la virili d’assez ladies et autres accidents malheureux causés par
bonnes choses sur la sorcellerie, qu’il regarde un art infernal et qui ne peuvent s’enlever que
,

comme une maladie d'imagination : ce qui est par un pouvoir surnaturel. Il y a sept principales
vrai assez souvent. On dit qu'en un certain temps sortes de maléfices employés par les sorciers :

il pas se moucher, parce qu'il était per-


n’osait 1" ils mettent dans le cœur une passion crimi-
suadé qu’il lui pendait un gigotde mouton au bout nelle 2° ils inspirent des sentiments de haine
;

du nez. On ne le guérit de cette hallucination


M. l'abbé Blampignon dans la remarquable vio
'
,

de Malebranche, qu'il a mise en avant de sa pré-


1
Le Petit Albert, p. 156. cieuse étudo sur ce grand homme, n'a pas cité ce fait.
,

MAL — m— MAL
ou d'envie à une personne contre une autre; les chevaux, de façon qu'on aurait pu la prendre
S* ils jettent des ligatures; 4* ils donnent des pour une basse-cour ambulante.
maladies ; 5* ils font mourir les gens 6* ils ôtent ; Une sorcière avait rendu un maçon impotent
l’usage de la raison 7* ils nuisent dans les biens
; et tellement courbé , qu'il avait presque la télé
et appauvrissent leurs ennemis. Les anciens se entre les jambes. Il accusa la sorcière du malé-
préservaient des maléfices à venir en crachant fice qu’il éprouvait; on l'arrêta, et le juge lui dit

dans leur sein. En Allemagne, quand une sor- qu’elle ne se sauverait qu’en guérissant le ma-
cière avait rendu un homme ou un cheval impo- çon. Elle se lit apporter par sa fille un petit
tent et maléiicié, on prenait les boyaux d'un paquet de sa maison, et, après avoir adoré le
autre homme ou d'un cheval mort, on les traî- diable, la face en terre, en marmottant quelques
nait jusqu’à quelque logis, sans entrer par la charmes, donna le paquet au maçon, lui
elle
porte commune, mais par le soupirail de la cave, commanda de se baigner et de le mettre dans
ou par-dessous terre et on y bridait ces intes- ,
son bain en disant : Va de par le diable ! Le
,

tins. Alors la sorcière qui avait jeté le maléfice maçon le lit, et guérit. Avant de mettre le paquet
sentait dans ses entrailles une violente douleur, dans le bain, on voulut savoir ce qu’il contenait ;

et s'en allait droit à lamaison où l’on brûlait les on y trouva trois petits lézards vifs; et quand le
intestins pour y prendre un charbon ardent, ce maçon fut dans le bain, il sentit sous lui comme
qui faisait cesser le mal. Si on ne lui ouvrait trois qu’on chercha un moment
grosses carpes ,

promptement la porte, la maison se remplissait après sans rien trouver *.


de ténèbres avec un tonnerre effroyable, et ceux Les sorciers mettent parfois le diable dans des
qui étaient dedans étaient contraints d’ouvrir noix , et les donnent aux petiLs enfants qui de-
,

pour conserver leur vie '. Les sorciers, en ôtant viennent maléficiés. Un de nos démonographes
un sort ou maléfice, sont obligés de le donner à (c’est, je pense
Boguet) rapporte que, dans je
,

quelque chose de plus considérable que l'être ne un sorcier avait mis sur le
sais quelle ville,
ou l'objet à qui ils l’ôtent: sinon, le maléfice parapet d’un pont une pomme maléficiée, pour
retombe sur eux. Mais un sorcier ne peut ôter un de ses ennemis , qui était gourmand de tout
un maléfice s’il est entre les mains de la justice ; ce qu'il pouvait trouver sans desserrer la bourse.
il faut pour cela qu’il soit pleinement libre. Heureusement le sorcier fut aperçu par des gens
On a regardé souvent les épidémies comme expérimentés, qui défendirent prudemment à qui
des maléfices. Les sorciers, disait-on. mettent que ce fût d’oser porter la main à la pomme,
quelquefois sous le seuil de la bergerie ou de sous peine d’avaler le diable. Il fallait pourtant

l'étable qu'ils veulent ruiner une touffe de che- t'ôler, à moins qu'on ne voulût lui donner des

veux ou un crapaud, avec trois maudissons, pour gardes. On fut longtemps à délibérer, sans trou-
faire mourir étiques les moutons et les bestiaux ver aucun moyen de
s'en défaire; enfin il se
qui passent dessus on n’arrêta le mal qu’en
; présenta un champion qui, muni d’une perche,
ôtant le maléfice. Delancre dit qu’un boidanger s’avança à distance de la pomme et la poussa
de Limoges voulant faire du pain blanc suivant dans la rivière, où étant tombée , otren vit sor-
sa coutume, sa pâte fut tellement charmée et. tirplusieurs petits diables en forme de poissons.
maléficiée par une sorcière, qu’il fit du pain noir, Les spectateurs prirent des pierres et les jetèrent
insipide et infect. Une magicienne ou sorcière, à la de ces petiLs démons qui ne se mon-
tête
,

pour gagner le cœur d’un jeune homme marié trèrent plus... Boguet conte encore qu'une jeune
mit sous son lit, dans un pot bien bouché, un fille ensorcelée rendit de petits lézards, lesquels

crapaud qui avait les yeux fermés; le jeune s’envolèrent par un trou qui se fit au plancher.
homme quitta sa femme et ses enfants pour s'at- Voy. Charmes, Enchantements, Magiciens, Sor-
tacher à la sorcière ; mais la femme trouva le ciers, etc.
maléfice, le fit brûler, et son mari revint à elle’. Maletena (Domingina), femme des environs
Un pauvre jeune homme ayant quitté ses sabots de Fontarabic, qui allait au sabbat et qui fit un
pour monter à une échelle, une sorcière y mit jour le pari de sauter plus loin que ses com-

quelque poison sans qu’il s'en aperçût, et le jeune pagnes elle le gagna en montant sur le mont de
;

homme, en descendant, s'étant donné une en- la Rhune et de là exécutant, devant témoins, un

torse, fut boiteux toute sa vie Une femme en- saut qui l’emporta à deux lieues
sorcelée devint si grasse , dit Delrio ,
que c’était Malheur. En beaucoup de lieux détruire le ,

une boule dont on ne voyait plus le visage, ce nid d’une hirondelle, tuer un roitelet, un grillon
quinelaissaitpasqued’être considérable. De plus, du foyer un chien devenu caduc au service de
,

on entendait dans ses entrailles le même bruit la famille et quelques autres faits de ce genre
,

que font les poules, les coqs, les canards, les portent malheur. Et pourquoi pas, puisque ce
moutons les bœufs les chiens les cochons et
, , ,
sont des actions mauvaises ?
Malices des démons. On trouve sur ce cha-
1 Bodin, Démonomanie , liv. IV.
2 Delrio, Disquisitions magiques. 1
Bodin, Démonomanie.
3 Delancre, De l'inconstance, etc. 2 Rapporté par Pierre Delancre.

ed by Google
MAL — 439 — MAM .

pitre des légendes bien naïves. Il


y avait à Bonn, inexpugnables, renverse les remparts ennemis,
dit Césaire d’Ileisterbach, un prêtre remarquable faittrouver de bons ouvriers , donne des esprits
par sa pureté, sa bonté et sa dévotion. Le diable familiers, reçoit des sacrifices et trompe les sa-
se plaisait à lui jouer de petits tours de laquais; crificateurs ; quarante légions lui obéissent.
lorsqu'il lisait son bréviaire, l'esprit malin s’ap-
prochait sans se laisser voir, mettait sa griffe sur
la leçon du bon curé et l'empêchait de Qnir; une
autre fois il fermait le livre, ou tournait le feuillet

à contre- temps. Si c'était la nuit, il souillait la


chandelle.Le diable espérait se donner la joie

de mettre sa victime en colère; mais le bon


prêtre recevait tout cela si bien et résistait si

constamment 4 l'impatience, que l’importun es-


prit fut obligé de chercher une autre dupe '.
f.assien parle de plusieurs esprits ou démons
de la même trempe qui se plaisaient & tromper
les passants, à les détourner de leur chemin et 4
leur indiquer de fausses routes le tout par ma- ,

licieux divertissement*.
Un baladin avait un démon familier qui jouait
avec lui et se plaisait 4 lui faire des espiègleries.
Le matin il le réveillait en tirant les couvertures,
quelque froid qu’il fit; et quand le baladin dor-
Malphu.
mait profondément, spn démon l’emportait hors
du lit et le déposait au milieu de la chambre *. Mambrés, célèbre enchanteur de l'Égypte,
Pline parle de quelques jeunes gens qui furont un de ceux que Moïse confondit par ses miracles.
tondus par le diable. Pendant quo ces jeunes gens Mammon, démon de l'avarice c’est lui, dit ;

dormaient, des esprits familiers, vêtus de blanc,


Milton, qui, le premier, apprit aux hommes 4
entraient dans leurs chambres, se posaient sur
déchirer le sein de la terre pour en arracher les
leur lit, leur coupaient les cheveux proprement,
trésors.
et s’en allaient après les avoir répandus sur le
plancher *.

Malin. C'est une des épithètes qu’on donne


volontiers au démon, appelé souvent l'esprit ma-
lin elle est prise dans son plus mauvais sens.
:

Malina. Voy. Aknixca.


Mallebranche, marqueur du jeu de paume,
demeurant en la rue Sainte-Geneviève 4 Paris, ,

lequel fut, le 11 décembre 1618, visité par un


revenant. C'était sa femme morte depuis cinq ,

ans. Elle lui donna de bous conseils qui redres-


sèrent sa mauvaise vie, mais parla sans se mon-
trer. On a fait là-dessus une brochure in-12,

intitulée Histoire nouvelle et remarquable de


l’esprit d'une femme qui s'est apparue au fau-
bourg Saint- Marcel, après qu'elle a demeuré cinq
ont entiers ensevelie ; elle a parlé à son mari, lui
a commandé de faire prier pour elle, ayant com-
mencé de porterie mardi H
décentre 1618. Paris,
in-12, 1618*. Mammon.
Malphas, grand président des enfers, qui
apparait sous la forme d’un corbeau. Quand il se Mammouth, animal dont la race est perdue.
montre avec la figure humaine, le son de sa voix Voici sur ce monstre une tradition des indigènes
est rauque ;
il bâtit des citadelles et des tours de l’Amérique du Nord :

> Il y a dix mille lunes que cette terre était


1
Cttsarii lleisterh. miracul., lib. V, cap. lui. couverte de forêts épaisses. Des bandes de bêles
* Cassiani collât. Vit, cap. xxxu. féroces et des hommes aussi libres qu’elles
3 lluillclnii Parisiensis partis II princip., cap. vin.
4
du pays. Il existait une
étaient les seuls maîtres
Plin., lib. XVI, episl. xxvii.
5
Voyez
celle aventure résumée dans les Légendes raced'animaux grands comme un précipice, cruels
des esprits et ttémons. comme des panthères, légers comme l’aigle; les

Digitized by Google
»

chênes craquaient sous leurs pieds, et le lac dimi- leur de cet ouvrage fut invité par un de ses amis
nuait quand ils venaient y éteindre leur soif. C'est à l'accompagner chez une vieille femme qui pas-
en vain qu’on tirait contre eux le fort javelol ; la sait pour une grande devineresse , et dont il dé-
flèche aiguë était également inutile. Les forêts couvrit la fourberie. Cette vieille conduisit le:
étaient dévastées et réduites en farine. On en- deux amis dans un cabinet obscur, éclairé seu-
tendait de tous côtés les gémissements des ani- lement par une lampe, à la lueur de laquelle on
maux expirants, et des contrées entières habitées voyait, sur une table couverte d'une nappe, une
par des hommes étaient détruites. Les clameurs espèce de petite statue ou mandragore, assise
qu’excitait cette désolation s’étendaient de tous sur un trépied, ayant la main gauche étendue et
côtés, jusque dans la région de la paix, qui est à tenant de celle main un cordon de suie très-dé-
l’ouest. lié, au bout duquel pendait une pclito mouche
» L’esprit bon s'interposa pour sauver les mal- de fer bien poli. On avait placé au-dessous un
heureux : un éclair fourchu brilla et un très- verre de cristal, en sorte que la mouche se trou-
grand coup de tonnerre ébranla le monde ; les vait suspendue au-dessus de ce verre. Le mys-
feux du ciel furent lancés seulement contre les tère de la vieille consistait à commander à la
cruels destructeurs et les échos des montagnes
, mandragore de frapper la mouche contre le verre,
retentiront des mugissements de la mort. Tous pour rendre témoignagne de ce que l'on voulait
furent tués, excepté un mâle, le plus féroce de savoir. Ainsi elle disait, en s'adressant â la sta-
la race, contre lequel les traits du ciel frappèrent tue «
: le l’ordonne, mandragore, au nom de
en vain. L’animal monta sur le sommet le (dus celui à qui tu dois obéir, que si monsieur doit
bleu d'où sort la source du Monangohela, et par être heureux dans le voyage qu’il va faire, lu
ses terribles rugissemcnls , il bravait toute ven- fasses frapper trois fois la mouche contre le
geance la foudre rouge cassa un très-gros chêne
: verre. » La mouche frappait aussitôt les trois
et lança contre lui les éclats de cet arbre mais ; coups demandés, quoique la vieille ne touchât
à peine eflleurèrent-ils la peau du monstre en- aucunement ni au verre , ni au cordon de soie,
ragé. A la fin, la fureur le rendit fou; il lit un ni à la mouche, ni à la statue; ce qui surprenait
grand saut par-dessus les vagues de l’ouest, et il les spectateurs. Et afin de mieux duper les gens
règne maintenant monarque absolu du désert il ;
par la diversité du ses oracles, la vieille faisait
règne malgré la toute-puissance divine'. de nouvelles questions à la mandragore et lui
Han .ennemi de Sommona-Kodom. Les Siamois défendait de frapper si telle ou telle chose devait
le représentent comme une espèce de monstre, ou ne devait pas arriver; alors la mouche restait
avec une tête hérissée de scrpenLs, un visage immobile. Voici en quoi consistait tout l'artifice
fort large et des dents horriblement grandes. de la vieille la mouche de fer, qui était suspen-
;

Hancanas, imposteur- qui dans les Iles Ma- , due dans le verre, étant fort légère et bien ai-
riannes, s'attribuait le pouvoir de commander mantée, quand la vieille voulait qu’elle frappât
aux éléments, de rendre la santé aux malades, contre le verre, elle mettait ü un de ses doigts
de changer les saisons et de procurer une récolle une bague dans laquelle était enchâssé un gros
abondante ou d’heureuses pêches. morceau d'aimant. On sait que la pierre d’ai-
Manche & balai. Quand les mant a la vertu d’attirer le fer l’aimeau de la
:

sorciers et les démons faisaient le vieille mettait en mouvement la mouche ai-


sabbat, les sorcières s’y rendaient mantée, et la faisait frapper autant de fois
souvent à cheval sur un manche qu’elle voulait contre le verre. Lorsqu’elle dési-
à balai. rait que la mouche ne frappât point, elle ôtait
Mandragores ,
démons fami- la bague de son doigt, sans qu'on s'en aperçut.

liers assez ils appa-


débonnaires ; Ceux qui étaient d’intelligence avec elle avaient
raissent sous lado petits
figure soin de s'informer îles affaires de ceux qu’ils lui
hommes sans barbe, avec les che- menaient, et c'est ainsi que tant de personnes
veux épars. Un jour qu'une man- furent trompées.
dragore osa se montrer à la re- Les Germains avaient aussi des mandragores
quête d’un sorcier qu’on tenait en qu'ils nommaient Alrunes c'étaient des ligures
:

justice, le juge ne craignit pas de de bois qu’ils révéraient, comme les Romains
lui arracher les bras et de les jeter leurs dieux lares ,
et comme les nègres leurs fé-
dans le feu. Ce qui explique ce tiches. Ces figures prenaient soin des maisons et
fait, c'est qu’on appelle aussi man- des personnes qui les habitaient. On les faisait
dragores de petites poupées dans
lesquelles le diable se loge, et
r1
des racines les plus dures, surtout de la man-
dragore. On les habillait proprement, on les cou-
que les sorciers consultent en cas T '

rbait mollement dans de petits coffrets; toutes


d'embarras. On lit dans le Petit Albert que, les semaines on les lavait avec du vin et de l’eau,
voyageant en Flandre et passant par Lille, l'au- cl à chaque repas on leur servait h boire et à
1
M. Ferdinand Denis, Le monde enchante. manger, sans quoi elles auraient jeté des cris

Digitized by Google
,
, , ,

MAN — Ml — MAN
comme des enfants qui soufTriraient la faim et I se lever de leurs tombeaux et errer dans la ville
la soif, ce qui eût attiré des malheurs; enfin on champs en jetant des hurlements affreux.
I
et les
les tenait renfermées dans un lieu secret , d'où Ces apparitions ne cessèrent avec la peste , sui-
on ne les retirait que puur les consulter. Dès vant ce poète , que quand on eut rétabli les fêles
qu’on avait le bonheur d’avoir chez soi de pa- JiraUa établies par Numa et qu’on eut rendu
, ,

reilles ligures (hautes de huit à neuf pouces), on aux ombres le culte ordinaire qu'on avait depuis
se croyait heureux on ne craignait plus aucun quelque temps interrompu. Lorsque les mânes
,

danger, on en attendait toutes sortes de biens étaient nommés Lémures ou /lémures, on les
surtout la santé et la guérison des maladies les regardait comme des génies irrités, malfaisants
plus rebelles. Mais ce qui était encore plus admi- et ardents à nuire. Leloyer 1 dit que les mânes
rable, c'est qu’elles faisaient connaître l'avenir; n’étaient que des démons noirs et hideux, comme
on les agitait pour cela, et on croyait attraper les diables et les ombres infernales, l'oy. Lé-
leurs réponses dans des hochements de tête que mires.
le mouvement leur imprimait. On dit que celte Manfred, l'oy. Mainfroi.
superstition des anciens Germains subsiste en- Mang-Taar, espèce d’enfer des Yakouts, ha-
core aujourd’hui parmi le peuple de la basse bité par huit tribus d’esprits malfaisants; ces
Allemagne, du Danemark cl de la Suède. esprits ont un chef, dont le nom est Ac/iaraï
Les anciens attribuaient de grandes vertus à llio/io, le Le bétail dont le poil est en-
puissant.
la plante appelée mandragore. Les plus merveil- tièrement blanc est sacré pour les Yakouts,
leuses de ces racines étaient celles qui avaient comme dévoué au grand Acharaï. Les Yakouts
pu être arrosées de l’urine d’un pendu mais on ; croient que, dès que leurs schamanes meurent,
ne pouvait l'arracher sans mourir. Pour éviter |
ils se réunissent à ces esprits. Ces schamanes

ce malheur, on creusait la terre tout autour, on sont des sorciers, ou prétendus tels, qui font au-
y fixait une corde attachée par l’autre extrémité près de leurs idoles l’office de prêtres.
au cou d’un chien; ensuite ce chien, étant Manichéens, sectateurs de l’hésésiarque Ma-
chassé, arrachait la racine en s’enfuyant; il suc- nès, né dans la Perse en 2fi0. Ils reconnaissaient
combait à l’opération , mais l’heureux mortel qui deux principes également puissants, également
ramassait alors cette racine ne courait plus le éternels Dieu auteur du bien et le diable au-
, , , ,

moindre danger et possédait un trésor inestimable teur du mal.


contre les maléfices, l'oy. Bouche v, Brioché, etc. Manie. Il y a des manies féroces qu’on n’ex-
Hâné-Raja. C’est le Noé de la mythologie plique plus. Nos pères y voyaient une possession,
indienne, qui n’est qu’une tradition horriblement pas si tort. Lo 2 h oc-
et peut-être n'avaient-ils
altérée de l’Écriture sainte. Il fut sauvé au jour tobre 1833, un fermier de Haliershausen (Ba-
du déluge universel , en récompense des vertus vière), nommé Joseph Raas, sans doute possédé,
qu’il avait seul pratiquées au milieu do la cor- tua sa femme par fanatisme ; il la croyait elle-
ruption de son temps. L'n jour qu’il se baignait, même possédée du démon il voulait le chasser ,

Dieu se présenta à lui sous la forme d’un petit du corps de cette malheureuse à cet effet il la ;

poisson et lui dit de le prendre Màné l’ayant


: frappa à egups redoublés d’une croix de métal
fait, et le voyant grossir dans sa main, le mit qui lui ôta la vie. Pendant cette affreuse opéra-
dans un vase où il grossit encore avec tant de tion, quatre de ses enfants étaient présents et
promptitude, que lo raja fut contraint de le por- priaient, par son ordre, pour l’heureuse déli-
ter dans un grand bassin, de là dans un étang, vrance de leur mère. Aux cris de la victime, les
puis dans le -Gange, et enfin dans la mer. Alors voisins accoururent; mais malheureusement il
le poissonlui apprit que tous les hommes al- était trop lard : l'infortunée venait d’expirer.
laient être noyés dans les eaux du déluge, à Dernièrement, à Paris, un homme d'une qua-
l'exceptionde lui, Màné. Il lui ordonna en con- rantaine d’années, ayant une visite à faire dans
séquence de prendre une barque qui se trouvait le quartier Saint-Marcel ,
s’aperçut que sa barbe
aUachée au rivage, de l'amarrer à ses nageoires, était plus longue qu'il ne convenait ,
cl entra
et de se .mettre dedans à sa remorque. Màné pour se faire raser, chez le sieur B. perruquier ,

ayant obéi, fut sauvé de la sorte, et le poisson dans une petite rue du quartier Mouflelard. Le
disparut quand les eaux se retirèrent. Le déluge barbier silencieux harbouilla de mousse de savon
indien ne dura que sept jours. le visage de sa pratique et commença son office.

Mânes, dieux des morts, qui présidaient aux |


Quand il en fut arrivé au cou du patient, il s’ar-
tombeaux chez les anciens. Plus souvent encore rêta tout à coup et alla fermer à double tour la
les mânes sont les âmes des morts. Le nom de porte d’entrée, dont il mit la clef dans sa poche.
mânes en Italie était particulièrement attribué Il revint alors vers son homme, qui l'avait re-

aux génies bienfaisants et secourables. Les mânes gardé avec étonnement , et lui mettant le rasoir
pouvaient sortir des enfers, avec la permission sur la gorge : « Monsieur, lui dit-il ,
je suis sous
de Summanus leur souverain. Ovide rapporte
,
la dépendance d'un esprit qui est toujours invi-
que, dans une peste violente, on vit les mânes 1
Histoire des spectres etc.

Digitized by Google
MAN - kl)2 - MAR
sible prèsde moi et qui vient de m’ordonner de Manitou. C’est le nom que les nègres don-
vous couper le cou. » Trouvant la plaisanterie nent au diable, l’oy. Matchi-Manitou.
assez déplacée, le monsieur regarda le perru- Manto, sibylle thessaüenne , à qui on attribue
quier et remarqua que ses yeux brillaient d'un cette prophétie, appliquée à Noire-Seigneur Jé-
éclat extraordinaire. Quoique commençant à s'ef- sus-Christ : « Celui qui est grand viendra ; il

frayer, il ne perdit pas son sang-froid, et d’un traversera les montagnes et les eaux du ciel ; il

air dégagé il répondit « Vous me laisserez au


: régnera dans pauvreté et dominera dans
la le

moins le temps de faire ma prière. —C'est juste, silence, et il naîtra d’une vierge »

répond le barbier, et pour que ma présence ne Mansote (La), l'oy. Berbiguier.


vous dérange pas, je vais me retirer. » Il entra Manÿ, faux prophète et peintre célèbre parmi
en effet dans l’arrière-boutique et en ferma la lesOrientaux, qui fonda en Perse une secte,
porte sur lui. Le monsieur courut alors à la de- dont l’existence des deux principes éternels du
vanture, Brisa un carreau et appela du monde. bien et du mal , la métempsycose ,
l’abstinence
La porte ayant été enfoncée, on pénétra dans des viandes la prohibition du meurLrc de tout
,

l'arrière-boutique, et. on trouva le perruquier animal, sont les dogmes principaux. C’est, dit-
étendu sanglant sur le parquet; il s'était ù lui- on le mémo que Mânes.
,

même coupé la gorge avec le rasoir. Depuis Maoun, troisième ciel des musulmans, peu-
quelques jours cet homme donnait des signes plé d’anges qui ont la ligure du vautour.
d’aliénation mentale mais on était loin de sup-
; Maoridath, préservatif contre les enchante-
poser qu’il atteindrait d’une manière si subite le ments. C'est le nom que
musulmans donnent les
paroxysme de la folie. aux deux derniers chapitres du Koran qu’ils ré- ,

Manifestations fluidiques. l'oy. Tables citent souvent pour se garantir des sortilèges et
TOURNANTES. de toutes autres mauvaises rencontres.
Manipa, idole adorée dans les royaumes de Marais. Dans le Pallène contrée du Septen- ,

Tangut et de Barantola , en Tartarie. Elle a neuf trion que nous ne connaissons pas, les conteurs
têtes, qui s’élèvent en pyramide. Tous les ans, anciens signalent un marais non moins ignoré,
des jeunes gens armés, saisis d’une rage enthou- où ceux qui se baignaient neuf fois recevaient le
siaste, courent la ville et tuent tout ce qu’ils plumage d’un cygne et la faculté de voler.
rencontrent, en l’honneur de Manipa, croyant se Marat, monstre qui éclata chez nous en 1793
faire ainsi de grands droits à ses faveurs. et qui était sans doute un démon incarné pro- ,

bablement le démon du massacre; au moins il tant à genoux devant sa figure. De plus, on lui
en était possédé, et il était Prussien. A sa mort, éleva une chapelle dans son club , et on se re-
on lui rendit un cidte è Paris. Son buste était sur 1
Magnus veniet et Iran-ilut montes et aquascadi,
.

une sorte d'autel à la place du Carrousel et les


, regnabit in paupertato et in sîlentio dominabitur,
passants devaient lui faire hommage en se met- nasceturque ex utero virginis.

Digitized by Google
MAR - 443 — MAR
commandait en ce lieu au ccrur de Marat Il Marbas ou Barbas ,
grand président dns en-
est vrai que, peu de jours après on jeta son buste ,
fers ;
il se montre sous la forme d'un lion furieux.
et ce qui restait de lui dans l’égout de la rue Lorsqu’il est en présence d'un exorciste, il prend
Montmartre *. la figure humaine et répond sur les choses ca-

chées. Il envoie les maladies il donne la con-


: I Vous l’agiterez en tous sens, avec légèreté, pen-
naissance des arts mécaniques il change l’homme
; dant une minute ensuite vous répandrez douce-
;

en différentes métamorphoses; il commande ment un autre vase. Par ce


tout le liquide dans
trente-six légions moyen ne reste dans l’assiette que des parti-
il

Marc. L’hérésiarque Valentin cul entre autres cules de tfiarc de café disposées de mille ma-
disciples un nommé Marc qui exerçait une es- ,
nières, et formant une foule de dessins hiéro-
pèce de magnétisme par lequel il prétendait glyphiques. Si ces dessins sont trop brouillés,
communiquer le don de prophétie. Quand une que le marc soit trop épais, que l'assiette ne
femme h qui il avait promis ce don lui disait ; ressemble à rien vous recommencerez l’opéra-
,

Mais je ne suis pas prophétesse, il faisait sur elle tion. On ne peut lire les secrets de la destinée

des invocations afin de l’étonner, et il ajoutait : que si les dessins de l’assiette sont clairs et dis-
Ouvre la bouche 4 présent et dis tout ce qui le tincts,quoique pressés. Les bords sont ordinaire-
viendra tu prophétiseras. La pauvre femme se
, ment plus épais il
y a même souvent des parties
;

hasardait et se croyait prophétesse. Il donnait embrouillées dans le milieu mais on ne s'en in- ;

dans la cabale ; et sans doute ses sectateurs te- quiète point; on peut deviner quand la majeure
naient de lui cette doctrine que les vingt-quatre partie de l’assiette est déchiffrable. Des sibylles
lettres de l’alphabet sont vingt-quatre éons ou prétendent qu’on doit dire certaines paroles mys-
esprits qui dirigent toutes choses. On ajoute que térieuses 1 en versant l'eau dans la cafetière, en
dans ses prestiges car il faisait aussi de la ma-
, remuant le marc avec la cuiller devant le feu,
gie, il était secondé par le démon Azazel. en le répandant sur l’assiette. C’est peut-être une
Marc de café (Art de dire la bonne aventure supercherie. Les paroles n'ont pas ici de vertu. Si

par le). I,cs préparatifs de l'art de lire les choses on les ajoute ce n'est que pour donner à l'œuvre
,

futures dans le marc de café, sont fort simples. quelque solennité et pour contenter les gens qui
Vous laisserez dans la cafetière le marc que le veulent que tout se fasse en cérémonie.
café y a déposé ; qu’il soit vieux ou frais, il a des Le marc de café après qu’on l’a versé dans
,

résultats, pourvu qu’il soit h peu près sec quand l’assiette y laisse donc diverses figures. Il s’agit
,

vous voudrez l'employer. Vous jetterez un verre de les démêler; car il y a des courbes, des on-
d'eau sur ce marc ; vous le ferez chauffer jusqu’à- dulations, des ronds, des ovales, des carrés,
ce qu'il se délaye. Vous aurez une assiette blan- des triangles, etc., etc. Si le nombre des ronds
che, sans tache, essuyée et séchée. Vous re-
muerez d'abord le marc avec une cuiller, vous 1
Los voici. En jetant l'eau sur le marc : Aqua
le verserez sur l’assiette, mais en petite quantité boraxil ténias carajus; en remuant le mare avec la
cuiller : Fixatur et patricam explinabit tomare ;
et de façon qu’il n’emplisse l'assiette qu’à moitié.
en répandant le mare sur l'assiette ; Fax rerlica-
' Voyez la légende de Sylvain Marcschal dans les line, pax fantas marobum, mu.c destinatus, veida
Légendes de l’autre monde. porut. Ces paroles ne signifiant rien, ne s’adressant
* Wicrus, in Pseudomonarrhia dœmnn. a personne, pourraient bien être sans utilité.

pjgjtized by
.

MAR - 4M - MAR
ou cercles ,
plus ou moins parfaits , remporte sur val ou sur tout autre quadrupède, un homme
la quantité des antres figures , ce signe annonce estimable fait pour vous de grandes démarches.

qu'on recevra de l’argent. S'il y a peu de ronds ,


Quand vous apercevez trois figures l’une auprès
ily a de la gène dans les finances de la personne de l’autre, attendez quelque emploi honorable.
qui consulte. Des figures carrées annoncent des Si vous distinguiez une couronne de croix, un
désagréments, en raison de leur nombre. Des homme de vos parents mourrait dans l'année.
figures ovales promettent du succès dans les af- Une couronne de triangles ou de carrés annonce
faires, quand elles sont nombreuses ou distinc- la mort d'une de vos parentes également dans

tement marquées. Des lignes grandes ou petites, l’année qui court. Un bouquet composé de quatre
pourvu qu'elles soient saillantes ou multipliées, fleurs ou d'un plus grand nombre est le plus
présagent une vieillesse heureuse. Les ondula- heureux de tous les présages. Voil4. —
tions ou lignes qui serpentent annoncent des Marceau, l'un des généraux les plus renom-
revers et des succès entremêlés. Une croix au més de la première république française. La
milieu des dessins de l'assiette promet une mort Gazette de Cologne a publié récemment l’histoire
douce. Trois croix présagent des honneurs. S’il suivante, qui lui a été communiquée par son
se trouve dans l'assiette un grand nombre de correspondant de Coblentz, et qui forme encore
croix, on reviendra à Dieu après la fougue des dans cette ville le sujet de toutes les conver-
passions il eilt été mieux de ne pas le quitter.
: sations.
Un triangle promet un emploi honorable. Trois On sait qu’au-dessous du fort Empereur-Fran-
triangles à peu de distance l'un de l’autre sont çois, auprès de la route de Cologne, se trouve
un signe heureux; en général, cette figure est le monument du général français républicain
de bon présage. Une figure qui aurait la forme Marceau, qui tomba 4 Altenkirchen et fut ense-
d'un II annonce un empoisonnement. Un carré veli 4 Coblentz , sur le mont Saint-Pierre , où se
long bien distinct promet des discordes dans le trouve maintenant la partie principale du fort
ménage. Si vous apercevez au milieu des dessins sus-menlionné. Le monument du général, qui
de l’assiette une raie dégagée , c'est un chemin est une pyramide tronquée, fut plus tard enlevé,
qui annonce un voyage. Il sera long, si ce che- lorsqu’on commença les fortifications de Coblentz
min s'étend ; facile si le chemin est net ; embar- Toutefois, sur l’ordre exprès du feu roi Frédéric-
rassé si le chemin est chargé de points ou de Guillaume III, il fut reconstruit 4 la place où il

petites lignes.Un rond dans lequel on trouve se trouve maintenant.


quatre points promet un enfant. Deux ronds de M. de Slramberg, qui, dans son Rheinnischcn
cette sorte en promettent deux et ainsi de suite. ,
antiquarins, donne une biographie très-détaillée
Vous découvrez dans l’assiette la figure d’une de Marceau, raconte, en faisant mention du mo-
maison à côté d'un cercle? Attendez-vous h pos- nument de ce dernier, que des personnes pré-
séder cette maison. Elle sera à la ville, car vous tendent avoir vu le général, de nuit, 4 diffé-
voyez un X dans le voisinage. Elle serait à la rentes reprises, après sa mort, monté sur un
campagne si vous distinguiez auprès de ce signe cheval blanc et couvert d’un manteau de même
la forme d’un arbre d’un arbuste ou d'une plante
,
couleur (des chasseurs français), se dirigeant
quelconque. Celle maison vous sera donnée, ou vers le mont Saint-Pierre.
du moins vous l'aurez par héritage, lorsqu’elle Dernièrement , un soldat qui était en faction 4
est accompagnée de triangles. Vous y mourrez si minuit sur ce mont dit avoir vu venir 4 lui un
elle est surmontée d’une croix. Vous trouverez spectre blanc monté sur un cheval gris. N'ayant
peut-être la forme d’une couronne elle vous ; reçu aucune réponse 4 son interpellation, le sol-

promet des succès à la cour. On rencontre sou- dat a fait feu trois fois. Une patrouille, étant
vent la figure d'un ou de plusieurs petits pois- arrivée au bruit de ces décharges, a trouvé la
sons ils annoncent qu'on sera invité 4 quelque
; sentinelle étendue sur le sol presque évanouie
,

bon dîner. La figure d'un animal à quatre pattes et dans un affreux paroxysme de fièvre. Elle a
promet des peines. La figure d'un oiseau présage été transportée 4 l'hôpital, où elle est tombée
un coup de bonheur. Si l’oiseau semble pris dans dangereusement malade, et où, au milieu du
un filet, c'est un procès. La figure d’un reptile délire, elle n’a parlé que de l'apparition sus-
annonce une trahison. La figure d’une rose donne mentionnée.
la santé la forme d'un saule pleureur, une mé-
; Marcellus, médecin en Pamphylie , contem-
lancolie la figure d'un buisson des retards. La
; , porain de l’empereur Marc-Aurèle , a composé un
forme d'une roue est le signe d'un accident. Une poëtnesur la lycanthropie, mélancolie diabolique
fenêtre ou plusieurs carrés joints ensemble de qui frappe ceux qui en sont atteints de l'idée qu’ils
manière 4 former une espèce de croisée vous sont changés en loups. Des fragments de ce
avertissent que vous serez volé. C’est bon 4 sa- poème sont conservés dans le Corpus poelarum
voir. Si vous voyez une tête ou une forme de de Mailtaire. Londres, 1713 41722, 27 v. in-12.
chien 4 côté d’une figure humaine, vous avez un Marchocias , grand marquis des enfers. Il se
ami. Si vous voyez un homme monté sur un che- montre sous la figure d'une louve féroce ,
avec
,,

MAR — 645 - MAR


des ailes du griffon et une queue do serpent; toujours à Loosduyncn, près de la Hayo, où
sous ce gracieux aspect le marquis voinil des cette histoire n’est pas mise en doute. Avec les
flammes. Lorsqu'il prend la figure humaine, on deux plats bien conservés, on montre le tombeau
des trois cent soixante-cinq enfants, morts tous
aussitôt après leur baptême '.
Marguerite, Italienne qui avait un esprit fami-
lier. Lcnglel-Dufresnoy rapporte ainsi son histoire

croit voir un grand soldat. Il obéit aux exor-


cistes, est de l’ordre des Dominations et com-
mande trente légions *.

Marcionites hérétiques du cinquième


, siècle
qui avaient pour chef Marcion. dua- Ils étaient
listes et disaient que Dieu avait créé nos âmes
sur lu témoignage de Cardan « Il y avait à Milan
:

mais que le diable, jaloux, avait aussitôt créé une femme nommée Marguerite, qui publiait
nos corps dans lesquels il avait emprisonné les-
, partout qu'elle avait un démon ou esprit familier
diles âmes. qui la suivait et l'accompagnait partout, mais
Hardi. Si on rogne ses ongles les jours de la qui pourtant s'absentait deux ou trois mois de
semaine qui ont un II comme le mardi 1e mer-
, , l'année. Elle trafiquait de cet esprit; car souvent
credi el'le vendredi, les bonnes gens disent qu'il elle était appelée eu beaucoup de maisons, et
viendra des envies aux doigts. incontinent qu'un lui avait fait commandement
Maréchal de salon, f'oy. Miciiei.. d’évoquer son esprit, elle courbait la tête ou
Marentakein ,
arbrisseau des spectres, l'oy. l'enveloppait de son tablier et commençait à
Gutheïl. l’appeler et adjurer en sa langue italienne. Il se
Margaritomancie ,
divination par les perles. présentait soudain à elle cl répondait à son évo-
On en pose une auprès du feu; on la couvre cation ; la voix de cet esprit nu s’entendait pas
d'un vase renversé, ou l'enchante en récitant les auprès d'elle , mais loin, comme si elle fût sor-
noms de ceux qui sont suspects. Si quelque chose tie de quelque trou de muraille; et si quelqu'un
a été dérolié, au moment où le nom du larron se voulait approcher du lieu où la voix de cet
est prononcé, la perle bondit en haut et perce le esprit résonnait, il élait étonné qu'il ne l'enten-
fond du vase pour sortir; c'est ainsi qu'on re- dait plus en cet endroit, mais en quelque autre
connaît le coupable ’. coin de la maison.
Marguerite, Hollandaise qui vivait au trei- » Quant à la voix de l’esprit, elle n’était point
zième siècle. Ayant refusé brutalement l'aumône articulée ni formée de manière qu'on la put bien
à une pauvre femme qui avait plusieurs enfants, entendre; elle était grêle cl faible, de sorte
et lui ayant reproché sa fécondité celle pau- ,
qu'elle se pouvait dire plutôt un murmure qu'un
vresse lui prédit qu'elle-même auraitautantd'en- son de voix. Après que cet esprit avaitsifllé ainsi
fants qu'il y a de jours dans l'an. Elle accoucha et murmuré , la vieille lui servait de truchement
en effet de trois cent soixante-cinq enfants, qui et faisait entendre aux autres ce qu'il avait dit.
furent présentés au baptême, tous les garçons Elle a demeuré en quelques maisons où les fem-
gros comme le doigt, avec le nom de Jean, et mes qui ont observé ses façons de faire disent
, ,

toutes les filles, aussi mignonnes, avec le nom qu'elle enferme quelquefois cet esprit en un lin-
de Marie, sur deux grands plats que l'on garde ceul et qu'il a coutume de lui mordre la bouche
,

tellement qu’elle a presque toujours les lèvres


1
Wierus, in Pseudomonarchia dœmon.
2 Delancre, Incrédulité
et mécréance du sortilège 1
Voyez celle légende dans les Légendes des vertus
pleinement convaincues p. 170. , théologales.

Digitized by Google
MAR — W— MAR
ulcérées. Cette misérable femme est en si grande Ceux qui désirent apprendre (
toujours chez
horreur à tout le monde, h cause de cet esprit, les Russes)
si une jeune fille se mariera bientôt

qu'elle ne trouve personne qui la veuille loger ni font un treillage en forme de pont avec de petites
qui consente h fréquenter avec elle 1
. » Nous branches entrelacées, et le mettent sous son
n’avons pas besoin d'ajouter que c’était làun chevet sans qu’elle s’en aperçoive. Le lendemain
tour de ventriloquie. on demande ce qu’elle a vu en songe si elle ;

Marguerite de Navarre. Cette reine, ma- raconte avoir passé un pont avec un jeune homme,
lade , une grande lumière, et, appre-
vit la nuit c'est un signe infaillible qu’elle lui sera unie la
nant que une comète, elle regarda celte
c’était même année. Celte divination s’appelle en russe
apparition comme l'annonce de sa mort. Quoi- most mastite
qu’elle ne se sentit pas trop mal , elle s’y pré- On lit dans les Admirables secrets du Petit
para, frappée, et mourut en effet trois jours Albeit cette manière de connaître avec qui on
après. s’unira. Il faut avoir du corail pulvérisé et de la

Mariacho de Molères, insigne sorcière qui poudre d'aimant, les délayer ensemble avec du
fut accusée par nne jeune fille nommée Marie sang de pigeon blanc on fera un petit peloton
;

Aspiculelte, âgée de dix-neuf ans, de l’avoir de pâte qu'on enveloppera dans un morceau de
menée au sabbat, l’emportant sur son cou après taffetas bleu; on se le pendra au cou; on mettra
s’être frottée d’une eau épaisse et verdâtre , dont sous son chevet une branche de myrte vert; et
elle se graissait les mains les hanches et les
,
on verra en songe la personne qu’on doit épou-
genoux '. ser. Les filles ou veuves obtiennent le même ré-
Mariage. On a plusieurs moyens de connaître sultat en liant une branche de peuplier avec leurs
quand et avec qui on se mariera. M. Chopin chausses sous leur chevet, et se frottant les
conte qu'en Russie les jeunes tilles curieuses de tempes, avant de dormir, d’un peu de sang de
connaître si elles seront mariées dans l’année huppe.
forment un cercle dans lequel chacune répand On croit aussi dans plusieurs provinces, et on
devant soi une pincée de grains d'avoine. Cela le croit sur nombre d'exemples, que les époux

fait, une femme placée au centre, et tenant un qui mangent ou boivent avant la célébration de
coq enveloppé tourne plusieurs fois sur elle-
,
leur mariage ont des enfants muets.
même en fermant les yeux et lâche l'animal, Les coutumes superstitieuses qui en Écosse
qu’on a eu soin d'alfamer; il ne manque pas précèdent et suivent les mariages sont innom-
d'aller picoter le grain. Celle dont l’avoine a été brables; le peuple croit que les évocations, ac-
la première entamée peut compter sur un pro- compagnées de certaines paroles magiques ont ,

chain mariage. Plus le coq y met d’avidité, et la puissance de faire apparaître l’ombre, des fu-

plus promptement l'union pronostiquée doit se turs époux, et que des noisettes jetées au feu in-
conclure. diquent, par les divers pétillements de la flamme,
S’il est naturel à une jeune fille russe de dé- si leur union sera heureuse. Un savant regrette
sirer le mariage , ilne l’est pas moins qu'elle de n’avoir pu découvrir l'origine certaine et la
souhaite de connaître celui qui sera son époux. signification des présentséchangés entre les fian-
Le moyen suivant satisfait sa curiosité. Elle se cés. L’anneau est
symbole de l'esclavage qui
le

rend à minuit dans une chambre écartée où sont pèse sur la femme et on a cru qu'il était placé
,

préparés deux miroirs placés parallèlement vis- au quatrième doigt de la main gauche, parce
à-vis l’un de l’autre et éclairés de deux flam- qu’une veine conduit de ce doigt au cœur. Cette
beaux. Elle s’assied et prononce par trois fois ' opinion était répandue chez les Égyptiens et chez
ces mots : h'to moy soujnoy kto moy riajnoy, lot les Grecs. Un anneau de mariage avec un dia-
pokajetsia mnie. « Que celui qui sera mon époux mant présageait une union malheureuse, parce
m’apparaisse! » Après quoi elle porte ses regards que l’interruption du cercle annonçait que l’atta-
sur l’un des miroirs, et la réflexion lui présente chement des époux no serait pas de durée on a ,

une longue suite de glaces ; sa vue doit se fixer donc adopté un cercle d’or.
sur un espace éloigné et plus obscur, où l'on On entend dire encore de nos jours que quand
prétend que se fait l’apparition. On conçoit que deux mariages se font à la même messe, l'un des
plus le lieu observé parait éloigné, plus il est fa- deux n’est pas heureux.
cile à l’imagination déjà préoccupée de se faire Mariage du diable. Gôrres, dans le chapi-
une illusion. On se sert du mémo procédé pour tre xiv de la sixième partie de sa Mystique rap- ,

savoir ce que font des personnes absentes. porte une allégorie que voici « L’idée vint un:

jour au diable de prendre femme afin de pro- ,


1
Recueil de dissertations do Lenglet-Dufresnoy,
t. I, p. 156. pager sa race. Il s’adressa donc à l’Impiété ,
2 Dolancre,
Tabl. de l'inconstance des démons, etc., et après- l’avoir épousée il en eut sept filles.
liv. Il, p. 116. Il les maria bientôt, l’Orgueil aux puissants de
3 Les Russes supposent au nombre trois une vertu
particulière. Roy tionbit troitcon est un dicton popu- M. Chopin. De l’état actuel de la Russie,
1
ou
laire qui signifie Dieu aime le nombre trois.
:
coup d'ail sur Saint-Pétersbourg , p. 82.
,

mar — 447 — MAR


la terre, l’Avarice atix marchands, l'Avidité dé- Marie (Thomas de), comte d’Amiens et sire
loyale aux mercenaires, l’Hypocrisie aux fourbes, de Coucy, dont on peut lire les crimes dans les
l’Envie aux artistes, la Vanité aux efféminés. chroniques du règne de Louis le Cros. A sa mort,
L’Impureté lui restait; car, réllexion failo, il sé- il recula sur ses forfaits et voulut se réconci-
taitdécidé h la garder chez lui pour que ceux lier avec Dieu mais comme il refusait de réparer
;

qui désireraient l'avoir vinssent la chercher. Il une des plus sombres actions de sa vie *, lors-
comptait sur un grand nombre de visites, et il qu'il se souleva pour recevoir la sainte commu-
ne fut pas trompé dans ses prévisions. nion qu’il avait demandée Suger atteste qu’une
,

Mariagrane (Marie ) ,
sorcière qui dit avoir main invisible lui tordit le cou.
v u souvent le diable , et qui se trouve citée dans Marlowe. poêle anglais de la fin du seizième
Delancre. siècle, né en février 1563, tué en duel le 15 juin
Marigny ( Enguerrand de ) , ministre de 1593 h l'âge de trente ans. C’était téi débauché,
l.ouis X, roi de France. Alix de Muns, femme si on s’en rapporte à son épitaphe. Il a laissé un

d'Enguerrand, et la dame de Canleleu, sa sieur, poème de Faust, antérieur de deux siècles à


furent accusées d'avoir eu recours aux sortilèges celui de Goethe ’.
pour envoûter le roi , messire Charles , son frère, Marot. Mahomet cite l'histoire des deux anges
et autres barons, et d'avoir fait des maléfices Arot et Marot pour justifier la défense qu’il fait
pour faire évader Enguerrand , qui était empri- de boire du vin. « Dieu dit-il, chargea Arot et
,

sonné. On fit arrêter les deux dames. Jacques Marot d’une commission sur la terre. Une jeune
Dulot magicien , qui était censé les avoir ai-
,
dame les invita à dîner, et ils trouvèrent le vin si
dées de ses sortilèges, fut mis en prison sa ; bon qu'ils s’enivrèrent. Ils remarquèrent alors
femme fut brûlée et son valet pendu. Tous ces que leur hôtesse était belle, s'éprirent d'amour et
gens étaient des bandits. Dulot, craignant pareil se déclarèrent. Celte dame, qui était sage, ré-
supplice, se tua dans son cachot, Le comte de pondit qu’elle ne les écoulerait que quand ils lui
Valois, oncle du roi, lit considérer à ce prince auraient appris les mots dont ils se servaient
que la mort volontaire du magicien était une pour monter au ciel. Dès qu’elle les sut, elle s'é-
grande preuve contre Marigny. On montra au leva jusqu'au trôno de Dieu, qui la transforma,
monarque les images de cire ; il se laissa persuader pour prix de sa vertu en une étoile brillante
-,

et déclara qu’il ôtait sa main de Marigny et qu'il (c'est l'étoile du matin), et qui condamna les
l'abandonnait à son oncle. On assembla aussitôt deux anges ivrognes à demeurer jusqu’au jour
quelques juges ; la délibération ne fut pas longue ; du jugement suspendus par les pieds dans le
Marigny fut condamné, malgré sa qualité de puits de Babel que les pèlerins musulmans vont
,

gentilhomme, à être pendu comme sorcier. L'ar- visiter encore auprès de Bagdad.

rêt fut exécuté la veille de l'Ascension, et son Marque du diable. On sait que les sorcières
corps fut attaché au gibet de Montfaucon qu’il ,
qui vont au sabbat sont marquées par le diable,
avait fait relever durant son ministère. Le peu- et ont particulièrement un endroit insensible que
ple, que l’insolence du ministre avait irrité, se les juges ont fait quelquefois sonder avec de lon-
montra touché de son malheur. Les juges n’osè- gues épingles. Lorsque les prévenues ne jettent
rent condamner sa femme et sa soeur; le roi lui- aucun cri et ne laissent voir aucune souffrance,
tnéine se repentit d’avoir abandonné Marigny à elles sont réputées sorcières et condamnées

ses ennemis. Dans son testament il laissa une comme telles parce que c'est une preuve évi-
,

somme considérable à sa famille, en considéra- dente de leur transport au sabbat. Delancre *


tion , dit-il de la grande infortune qui lui était
,
ajoute que toutes celles qui ont passé par ses
arrivée *. *« mains ont avoué toutes ces choses lorsqu'elles
_
Marionnettes. On croyait autrefois que dans furent jetées au feu. Bodin prétend que le diable
les marionnettes .logeaient de petits démons. ne marque point celles qui se donnent 4 lui vo-
l'oy. Brioché, Boccuey, Mandragores, etc. lontairement et qu’il croit fidèles; mais Delancre
Marissane. Un jeune homme de quinze ou réfute cette assertion , en disant que toutes les

seize ans, nommé Chrisloval de la Garrnde, fut plus grandes sorcières qu'il a vues avaient une
enlevé, sans graisse ni onguent, par Marissane ou plusieurs marques, soit 4 l'œil, soit ailleurs.
de Tariras, sorcière, laquelle le porta si loin et Ces marques ont d'ordinaire la forme d'un petit
si haut à travers les airs, qu'il ne put recon- croissant ou d’une griffe , ou d'une paire de
naître le lieu du sabbat; mais il avoua qu’il avait cornes qui font la fourche.
été -bien étrillé pour n’avoir pas voulu prendre Marquis de l’enfer. Les marquis de l’enfer,
part audit sabbat, et sa déposition fut une des
preuves qui firent brûler la sorcière. Pourtant il ' Il tenait sa belle-mère enfermée dans un cachot

pouvait n'avoir fait qu’un rêve. foy. Ralde. ignoré de tous, connu de lui seul; il s'obstina en
mourant à ne pas révéler son affreux secret. ...
Marius. Il menait avec lui une sorcière scythc a M. François Hugo nous a fait connaître le poème
qui lui pronostiquait le succès de ses entreprises. do Marlowe, dans la /troue française, mai 1858.
3 Tableau de l’inconstance des démons, p. 103.
' M. Garinct, Histoire de la mayie en France.

ay Google
,

MAD - 4'i8
- MAR
comme Plucnix, Cimeriès, Andras, sont, ainsi diocèse do Soissons au quinzième siècle. Lies té-
chez nous
(|iie un peu supérieurs aux comtes.
,
moins déclarèrent l'avoir vue danser an sabbat
On les évoque avec fruit (dans le sens diaboli- avec quatre crapauds habillés, l'un sur son épaule
que) depuis trois heures du soir jusqu'à la chute gauche, l'autre sur son épaule droite, et les deux
du jour autres sur ses deux poings, où ils se tenaient
Marsay. Voy. Odi-mîit. comme les faucons ou les éperviers sur le poing
Martibel (Sarena ou Séréna), sorcière du du chasseur.

Martin (Saint). Un jour que saint Martin de à prendre, il mil le parchemin entre ses dents et

Tours disait la messe, le diable entra dans l’église le lira de toutes ses forces pour l’allonger* mais
avec l’espoir de le distraire. C'est une naïve his- la feuille se déchira, et la tête du diable alla
toriette de la Lryrndc doric ; elle est représentée frapper contre un pilier qui se trouvait derrière
dans une église de Brest. Elle parut à Grosnetuji lui. Saint Martin, qui se retournait alors pour le

trait si joli qu'il le mit en vers. Le diable élail Dominai vobiscum se mil à rire de la grimace
,

selon cet ancien poêle dans un coin de l'église


,
du diable et perdit ainsi le mérite de sa messe,
écrivant sur un parchemin les caquets des fem- au jugement du moins de l'esprit malin, qui toute-
mes et les propos inconvenants qu'on tenait à ses fois se hâta de fuir...
oreilles pendant les saints offices. Quand sa feuille Martin (Marie), sorcière du bourg de la Neuf-
fut remplie, comme il avait encore bien des notes ville-le—Roi , cil Picardie, qui fut arrêtée pour
avoir fait mourir des bêtes et des hommes par
1
Wierus, in RjcudomonarcAin deemon. sortilège ou plutôt par maléfice, cor au moins ce

Digitized by Google
,, ,

MAR - 469 - MAS


mol veut dire mauvaise action. Un magicien qui Martinet démon
familier, qui accompagnait
,

passaitpar là la reconnut, et, sur son avis, la les magiciens et leur défendait de rien entre-
sorcière fut rasée. On lui trouva la marque du prendre sans sa permission, ni de sortir d’un
diable, ayant l’empreinte d’une patte de chat. lieu sans le congé de maître Martinet. Quelque-

Elle dit au juge qu’elle se reconnaissait cou- fois aussi il rendait service aux voyageurs en ,

pable. la prévôté, elle avoua qu'elle


Traduite à leur indiquant les chemins les plus courts, ce
était sorcière, qu’elle jetait des sorts au moyen qui était dela complaisance.

d'une poudre composée d’ossements de trépas- Martre. On croit, en Russie, que la peau de
sés; que le diable Cerbérus lui parlait ordinaire- martre est un préservatif assuré contre les char-
ment. Elle nomma les personnes qu’elle avait mes, sortilèges et maléfices.
ensorcelées et les chevaux qu'elle avait malé- Martym ou Batym, duc aux enfers, grand
liciés. Elle dit encore que, pour plaire à Cerbé- et fort : il a l'apparence d’un homme robuste,
rus, elle n'allait pas à la messe deux jours avant et au derrière une queue de serpent. Il monte
de jeter, ses sorts; elle conta qu’elle était allée un cheval d’une blancheur livide. Il connaît les
au chapitre tenu par Cerbérus, et qu'elle V avait vertus des herbes et des pierres précieuses. 11

été conduite la première fois par Louise Morel transporte les hommes d’un pays dans un autre
sa tante. Dans son second interrogatoire, elle avec une vitesse incroyable. Trente légions lui
déclara que la dernière fois qu'elle était allée au obéissent.
sabbat c'était à Varipon, près Noyon; que Cer- Mascarades. Les Gaulois croyaient que My-
bérus, vêtu d’une courte robe noire, ayant une thras présidait aux constellations ; ils l’adoraient
barbe uoire, coiffé d’un chapeau à forme haute, comme le principe de la chaleur, de la fécondité
tenait son chapitre près des haies dudit Varipon, et des bonnes et mauvaises influences. Les initiés
et qu’il appelait là par leurs noms les sorciers à ses mystères étaient partagés
en plusieurs con-
et les sorcières. Elle fut condamnée par le con- fréries, dont chacune avait pour symbole une
seil de de Montdidier à être pendue le
la ville , constellation ; les confrères célébraient leurs fêtes

2 juin 1 586. Elle en appela au parlement de Paris, et faisaient leurs processions et leurs festins dégui-
qui rejeta le pourvoi. Son exécution cul lieu le sés en lions, en béliers , en ours, en chiens, etc.
25 juillet même année c’est-à-dire sous les figures qu'on suppose à ces
Martin (Thomas), laboureur de Cailla rdon en constellations. Voilà sans doute, selon Saint-Foix,
Bcnucc, qui eut, dans un de ses champs, le 15 l'origine de nos mascarades.
janvier 1816, vers deux heures de l’après-midi On lit, sur les mascarades , cette plaisanterie
une vision d'un personnage vêtu de blanc, le- ingénieuse dans Montesquieu :

quel le chargea d’une mission pour le roi On demandait à un Turc, revenu d’Europe,
Louis XVIII. Il eut beau s'en défendre, la vision ce qu'il y avait vu de remarquable. '« A Venise,
sc représenta tant de fois qu'on le fit partir pour répondit-il, ils deviennent fous pendant un temps
de l'année; ils courent déguisés par les rues, et
celle extravagance augmente au point que les
ecclésiastiques sont obligés de l’arrêterde sa- ;

vants exorcistes font venir les malades un cer-


tain jour (le mercredi des Cendres), et, aussitôt
qu’ils leur ont répandu un peu de cendre sur la
tôle, le bon sens leur revient, et ils retournent
à leurs affaires. »
Massaliens ou Messaliens, illuminés des
premiers siècles qui croyaient que chaque homme
lire de scs parents et apporte en lui un démon
qui ne le quitte pas. Us faisaient de longues prières
pour le dompter; après quoi ils dansaient et se
livraient à des contorsions et à des gambades en
disant qu’ils sautaient sur le diable. Une autre
secte de massaliens.au dixième siècle, admettait
Paris,ou, après avoir été minutieusement exa- deux dieux nés d'un premier être; le plus jeune
miné par les plus habiles médecins, il fut admis gouvernait le ciel, l'aîné présidait à la terre;
devant le roi, avec qui il s'entretint seul à seul ils nommaient le dernier Sathan, et supposaient
pendant une heure. Quelques-uns ont cru que que les deux frères se faisaient une guerre con-
Martin était un halluciné , ce qui n'a pu être éta- tinuelle, mais qu’un jour ils devaient se récon-
bli. On a publié cette aventure plusieurs fois. La cilier *.
meilleure relation est celle qui a été éditée chez
Mastication. Les anciens croyaient que les
Hivert, à Paris, en 1831 petit iu-8*.
, morts mangeaient dans leurs tombeaux. On nu
1
M. Carinct, Uist. de la magie ch France , p. tic. 1
Bergier, Dictionnaire théologique'.
19
, , ,

MAS — 450 — MAU


sait pas s’ils les entendaient mâcher ;
mais il est prince des démons, dans un livre apocryphe cité
certain qu’il faut attribuer A l’idée qui conservait par Cédrénus et qui a pour titre la Petite Ge- :

aux morts la faculté de manger l’habitude des nèse.

repas funèbres qu'on servait de temps immémo- Matchi-Hanitou, esprit malfaisant, auquel
rial, et chez tous les peuples, sur la tombe du lessauvages de l’Amérique septentrionale attri-
défunt. buent tous les maux qui leur arrivenL Ce mau-
L’opinion que les spectres se nourrissent est vais génie n'est autre que la lune. Plusieurs de
encore répandue dans le Levant. 11 y a longtemps ces sauvages s’imaginent que les orages sont
que les Allemands sont persuadés que les morts causés par l'esprit de la lune. Ils jetleDt à la mer
mâchent comme des fora dans leurs tombeaux ce qu’ils ont de plus précieux dans leurs canots,
et qu’il est facile do les entendre grogner en espérant apaiser par ces offrandes l’esprit irrité.
broyant ce qu'ils dévorent. Philippe Rherius, au Matière. C’est le culte de la matière qui a
dix-septième siècle, et Michel Rauiït, au com- donné naissance à la cabale et à toutes les sciences
mencement du dix-huitième , ont même publié occultes.
des Traités sur les morts qui mâchent dans leurs Matignon (Jacques Goyon de ) ,
gentilhomme,
sépulcres *. Ils disent qu’en quelques endroiLs de qui servit Henri III et Henri IV. Ses envieux,
l’Allemagne, pour empêcher les morts de mâ- apparemment puur le décrier, disaient que l’es-
cher, on leur met dans le cercueil une motte de prit, l'habileté, la prudence, courage n'étaient
le

terre sous le menton ailleurs on leur fourre dans


;
point naturellement en lui, mais qu’ils lui venaient
la bouche une petite pièce d'argent, et d'autres d'un pacte qu'il avait fait avec le diable. Il fallait

leur serrent fortement la gorge avec un mou- que ce diable fut une bonne créature, dit Saint-

choir. Ils citent ensuite plusieurs morts qui ont Foix, puisque Matignon donna, dans toutes les
dévoré leur propre chair dans leur sépulcre. On occasions, des marques d’un caractère plein de
doit s’étonner de voir des savants trouver quelque douceur et d’humanité'.
chose de prodigieux dans des faits aussi naturels. Matignon (le P. A. de), de la compagnie de
Pendant la nuit qui suivit les funérailles du comte Jésus, a publié en 1861 la Question du surna-
Henri de Salm on entendit dans l'église de l’ab-
,
turel, vol. in-12, qui traite du merveilleux et
baye de Haule-Scille, où il était enterré, des notamment du spiritisme, et, en 1862, les Morts
cris sourds que les Allemands auraient sans doute et les l’ira nti, entretiens sur les communications
pris pour le grognement d'une personne qui mè- d’outre-tombe, vol. in-12, qui se rattache au
che; et le lendemain, le tombeau du comte ayant précédent.
été ouvert, on le trouva mort, mais renversé et Matthieu Laensberg, Liégeois célèbre qui
le visage en bas au lieu qu’il avait été inhumé
, le peuple pour le plus grand mathé-
passe parmi
sur le dos. On l'avait maticien astrologue et prophète des temps mo-
enterré vivant , comme on ,

en a enterré tant d’autres. dernes. C’était un bon chanoine, qui donnait dans
On doit attribuer à une cause semblable l'his- l’astrologie. Ses prédictions trouvent encore
toire, rapportée par Rauflt, d’une femme de Bo- dans les campagnes, do bonnes gens qui se fo-
hême, qui, en 1345, mangea, dans sa fosse, la raient scrupule d'en douter, et qui quand son ,

moitié de son linceul sépulcral. Dans le dernier almanach prédit de la pluie pour un jour de beau
siècle, un pauvre homme ayant été inhumé temps, se contentent de dire « 11 pleut ailleurs. » :

précipitamment au cimetière, on entendit pen- Le premier almanach de Matthieu Laensberg a


dant la nuit du bruit dans son tombeau on paru en 1636 *. :

l'ouvrit le lendemain, et on trouva qu'il s'était Matzou, divinité chinoise. C’était, suivant
mangé les chairs des bras. Cet homme, ayant bu quelques auteurs, une magicienne.
de l’eau-de-vie avec excès, avait été enterré Maupertuis. Voy. Hallucination.
vivant. Une demoiselle d’Augsbourg étant tom- Maurice empereur, couronné en 582. On lit ,

bée en léthargie on la crut morte, et son corps dans sa vie qu'étant petit enfant, il fut enlevé et
,

fut mis dans un caveau profond, sans être cou- emporté plusieurs fois, par les esprits appelés
vert de terre. On entendit bientôt quelque bruit Gelions; mais qu’ils ne lui purent faire aucun
dans son tombeau mais on n'y fit pas attention. mal, à cause de son baptême.
;

Deux ou trois ans après, quelqu'un de la famille Maury (Alfred), savant de notre temps qui
mourut on ouvrit le caveau et l’on trouva le a écrit avec une grande érudition sur la magie et
:
,

corps de la demoiselle auprès de la pierre qui en l’astrologie, mais pour nier la magîfe, malgré ses
fermait l'entrée. Elle avait inutilement tenté de évidences. Nous n'entendons ici par la magie que
déranger cette pierre, et elle n'avait plus de les relations avec les mauvais esprits qui nous
doigts 4 la main droite, qu’elle s’était dévorée entourent.
de désespoir. Voy. Vampires. Maury (Jean-Sillrein). Un colporteur, en
Mastiphal. C’est le nom qu'on donne au
Histoire de l'ordre du Saint-Esprit promotion
1

de 1579.
< De mastications mortuorum in tumulis. 5 Voyez sa légende dans les Légendes du calendrier.

xi by
,

MÉC — 451 — MÉD


1792 pour mieux piquer la curiosité du peuple
,
Autrefois, nous le répétons, on ne voyait dans
de Paris, criait, en vendant ses pamphlets Mort : lesandroïdes que l’œuvre d’une science occulte.
Je l'nbbi Maury ! L’abbé passe, s’en approche ,
Aujourd’hui, par un revirement inconcevable,
lui donne un soufflet et lui dit « Tiens, si je suis
: on semble faire peu de cas de ces efforts du gé-
mort, au moins tu croiras aux revenants. > nie de la mécanique. On a laissé périr tous les
Mécanique. Ainsi que toutes les sciences automates célèbres, et nos musées et nos conser-
compliquées, la mécanique a produit des combi- vatoires, qui sont encombrés de tant de futilités,
naisons surprenantes qui ont été reçues autrefois ne possèdent pas d’androïdes.
comme des prodiges. Ce qui a le plus étonné les Mécasphins, sorciers chaldéens qui usaient
esprits, c'est l'automate qu'on appelait aussi an- d'herbes, de drogues particulières et d'os de
droïde. Nous avons parlé de l'androïde d'Albert morts, pour leurs opérations superstitieuses.
le Grand qui passa aux yeux de ses contempo-
,
Méchant. Le diable est appelé souvent le mé-
rains pour une œuvre de magie. Jean Muller, chant , le mauvais et le malin. Il est le principe
savant du quinzième siècle plus connu sous le
,
en effet et le père de la méchanceté.
nom de Regiomontanus Dt, dit-on, un aigle au-
,
Mechtilde (sainte). Elle parut environ cent
tomate qui avait la faculté de se diriger dans les ans après sainte llildegardc. Elle était sœur de
airs ; il devançait le canard automate de Vaucan- sainte Gertrude. Ses visions et révélations ont
son, qui barbotait, voltigeait, cancanait et digé- été imprimées en 1513. C’est un recueil assez
rait. Aulu-Gelle rapporte qu’Architas, dans l’an- curieux et assez rare, qui contient le livre du
tiquité, avait construit un pigeon qui prenait son Patleur et les Vuionsia moine Velin, réimprimées
vol , s’élevait à une certaine hauteur et revenait depuis par le père Mabillon, au quatrième livre de
à sa place. On attribue à Roger Bacon une tête scs Actes de l'ordre de saint Benoit, partie pre-
qui prononçait quelques paroles. Vaucanson fil mière. On y trouve aussi les révélations de sainte
Élisabeth de Schonaw, qui contiennent cinq
livres, aussi bien que celles de sainte Mechtilde.
Celles de sainte Gertrude viennent ensuite, et
sont suivies des visions du frère Robert, domini-
cain, qui vivait en 1330. Sainte Mechtilde est
morte en l’an 1285 ou 1286. On trouve dans ce
recueil beaucoup de descriptions de l’enfer.
Médecine. Si la médecine et la chirurgie ont
fait quelque progrès en Turquie et en Égypte,

lisait-on, il y a six ou sept ans, dans la Revue


britannique c'est grâce aux efforts de quelques
Européens actifs et éclairés ; les Persans en sont
encore réduits, dans toutes les maladies graves,
aux prédictions des astrologues et aux incanta-
tions mystiques de leurs hakkims; souvent l’in-
fortuné patient meurt faute de soins, lorsque
l’emploi des moyens convenables lui aurait faci-
lement conservé la vie. Celui qui ferait en ce
pays des expériences chimiques passerait pour
être en correspondance avec le diable et serait
immédiatement regardé comme un magicien;
des Persans s’opposent à toute
ainsi les préjugés
espèce de progrès.
un joueur de flûte qui exécutait plusieurs airs. Médée, enchanteresse de Colchide qui ren-
Jacques Droz son contemporain fit au dernier
, ,
dit Jason victorieux de tous les monstres et gué-
siècle un automate qui dessinait et un autre qui rit Hercule de sa fureur par certains remèdes
jouait du clavecin. Dans le même temps, l'abbé magiques. Elle n’est pas moins célèbre par ses
Mical construisit deux tètes de bronze qui, comme vastes connaissances en magie que parle meurtre
l’androïde de Roger Bacon prononçaient des
,
de ses enfants (récit qui, selon Elicn, est une
paroles. Mais ce qui fit plus d’elTet encore, ce fut calomnie). Les démonographes remarquentqu’elle
lejoueur d’échecs du baron de Kempelen. C’était pouvaitbien êire grande magicienne, parce qu’elle
un automate mû par des ressorts, qui jouait aux avait appris la sorcellerie de sa mère, Hécate.
échecs contre les plus forts joueurs et les gagnait Les songe-creux lui attribuent un livre de con-
quelquefois. On ignorait, il est vrai ,
que le mé- juration qui porte en effet son nom. Voy. Mélyk.
canisme était dirigé par un homme
caché dans Médie. On trouvait, dit-on, chez les Mèdes,
l’armoire à laquelle l’automate était adossé. Mais des pierres merveilleuses, noires ou vertes, qui
ce n’en était pas moins un travail admirable. rendaient la vue aux aveugles et guérissaient la
29 .
MEE — 452 — MÉL
goutte, appliquées sur le mal dans une compresse pez leurs regards que de beaux anges et de sujets
de lait de brebis. gracieux ; évitez de les conduire aux spectacles
Meerman homme , de mer. Les habitants des de monstres, etc. A Paris, où les salons de pein-
bords de la mer Baltique croient à l’existence de ture occupent les dames, les enfants ont été long-
ces hommes de mer ou espriLs des eaux, qui ont temps plus jolis que dans les villages, où l’on
la barbe verte et les cheveux tombants sur les voit rarement des choses qui puissent donner
épaules comme des tiges de nénuphar*. Ils une idée de la beauté. Si aujourd’hui la popu-
chantent le soir parmi les vagues appelant les ,
lation parisienne est généralement laide, on le

pécheurs. Mais malheur à qui se laisse séduire doit aux caricatures qui s’étalent partout et s’ap-
par eux ; leur chaut précède les tempêtes. pliquent à tout. C'est un goût qui nous vient des
Mégalanthropogénésie , moyen d'avoir de Anglais mais les Anglais ne font pas autant de
;

beaux enfants et des enfants d'esprit. — On sait laideurs que nous. Chez les Cosaques où tout ,

quels sont les effets de l’imagination sur les in- est grossier, tous les enfanls sont hideux comme
telligences qui s’y laissent emporter; ces effets leurs pères. Pour obtenir des enfants d’esprit, il

sont surtout remarquables dans les femmes en- n’est pas nécessaire que les parents en aient,
ceintes, puisque souvent l’enfant qu’elles portent mais qu’ils en désirent, qu'ils admirent ceux qui
dans leur sein est marqué de quelqu'un des ob- en ont, qu'ils lisent de bons livres, que la mère
jets dont leur imagination a été fortement occu- se frappe des avantages que donnent l'esprit la ,

pée pendant la grossesse. Quand Jacob voulut science, le génie; qu'on parle souvent de ces
avoir des moutons de diverses couleurs, il pré- choses, qu’on s’occupe peu de sottises. Foy. Ima-
senta aux yeux des brebis des choses bigarrées, gination.
qui les frappèrent assez pour amener le résultat On a publié il y a quelques années un traité de
qu'il en espérait. L’effet que l’imagination d’une MérjaUin thropoginisie qui est un peu oublié, et
brebis a pu produire doit agir plus sûrement en- qui mérite de l’être davantage, 2 vol. in-8*.
core sur l’imagination incomparablement plus Mehdi. Les journaux d'avril 1841 annonçaient
vive d’une femme. Aussi voyons-nous bien plus l'apparition en Arabie d’un nouveau prophète
de variété dans les enfants des hommes que dans appelé Mehdi. • Ceux qui croient en lui (disaient

les petits des animaux. On a vu des femmes ces journaux ) et ils


, sout nombreux, comptent
mettre au monde des enfants noirs et velus; et la nouvelle ère mahomélanc du jour de son ap-

lorsque l’on a cherché la cause de ces effets, on parition. Ils disent qu’il entrera à la Mecque dans
a découvert que, pendant sa grossesse, la femme sa quarantième année que de là il ira à Jérusa-
,

avait l’esprit occupé de quelque tableau mons- lem et régnera avec puissance et grandeur jus-
trueux. Les statues de marbre et d'albâtre sont qu’à ce que Dedschail, le démon du mal, se soit
quelquefois dangereuses. Une jeune épouse ad- levé contre lui et l'ait vaincu. Alors Jésus, le
mira une petite statue de l'Amour de marbre prophète -des chrétiens, viendra à son secours
blanc. Cet Amour était si gracieux, qu’elle en avec soixante -dix mille anges. Toute la terre
demeura frappée ; elle conserva plusieurs jours reconnaîtra Mehdi, et après la conversion des
les mêmes impressions, et accoucha d’un enfant païens , des juifs et des chrétiens à l’islamisme,
plein de grâces, parfaitement semblable à l’Atnour commencera l'empire des mille cl mille années.
de marbre , mais pâle et blanc comme lui. Tor- Ce prophète a fait battre des monnaies, sur les-
quemada rapporte qu’une Italienne des environs quelles il s’intitule Imam des deux continents et

de'Florence s’étant frappé l'esprit d’une image


, des deux mers. » Toutefois on ne parla de ce ,

de Moïse, mit au monde un fils qui avait une Mehdi qu’un moment. C’était ce qu’on appelle un
longue barbe blanche. On peut se rappeler, sur canard de journal et voici l’origine de celui-là :
;

le même sujet, une foule d’anecdotes non moins Les Persans disent qu’il y a eu douze grands imams
singulières; peut-être quelques-unes sont- elles ou guides. Ali fut le premier scs successeurs ;

exagérées. Foy. Accouchements. furent les enfants qu’il eut de Falimé, sa glorieuse
En 1802, une paysanne enceinte, arrivant à épouse, fille de Mahomet. Le dernier a été retiré
Paris pour la première fois ,
fut menée au spec- par Dieu de ce monde corrompu et les hommes ;

tacle par uue sœur qu’elle avait dans la capitale. sont restés sans imam visible.il s'appelle le Mehdi,
Un acteur qui jouait le rôle d'un niais la frappa !
r.’est-à-dirc celui qui est conduit et dirigé par
si fortement, que son fils fut idiot, stupide cl Dieu. Il doit reparaître sur ia terre à la lin du
semblable au personnage forcé que la mère avait monde.
vu avec trop d’attention. Meigmalloch de l’espèce des Brow-
, esprit
Puisque l’imagination des femmes est si puis- nies. 1! forme d’une jeune
paraît toujours sous la
sante sur leur fruit, c'est de cette puissance qu’il fille et semble se plaire en Écosse.

faut profiter, disent les professeurs de inégalan- Mélampus, auteur d’un Traité de l’art de ju-
thropogénésic. Ornez la chambre des femmes de ger les inclinations et le sort futur des hommes
belles peintures durant toute la grossesse n’occu-
; par l’inspection des seings ou grains de beauté,
1
M. .Marinier, Traditions de la Baltique. loy. Seings.

ed by Google
MÉL — 453 — MÉL
Mélanchthon, disciple de Luther, mort en fit signe au franciscain de passer un moment
1568. Il croyait aux revenants comme son maître, dans la en attendant qu’il eût fait
pièce voisine ,

et ne croyait pas à l'Église. Il rapporte, dans un connaître ses volontés à sa femme; alors il la
de ses écrits, que sa tante, ayant perdu son mari pria de lui faire dire des messes et l’engagea â
lorsqu’elle était enceinte , vit un soir , étant as- lui donner la main sans crainte ; elle donna donc
sise auprès de son feu deux personnes entrer
, la main à son mari , et elle la retira sans dou-

dans sa chambre, l’une ayant la figure de son leur, mais brûlée, de sorte qu'elle en demeura
époux défunt, l’autre celle d'un franciscain de la noire tout le reste de ses jours. Après cela , le
ville. D’abord elle en fut effrayée; mais son dé- spectre rappela le franciscain , et tous deux dis-
funt mari la rassura et lui dit qu’il avait quelque parurent...
chose d'important à lui communiquer. Ensuite il Mélancolie. Les anciens appelaient la mélan-

Xlelidi.

colie le bain du diable, à ce que disent quel- Melissa. l'oy. Abeilles.


ques démonomanes. Les personnes mélancoliques Mélèze, arbre maudit chez les Tartares.
étaient au moins maléficiées, quand elles n’étaient
pas démoniaques; et les choses qui dissipaient
l’humeur mélancolique, comme faisait la musique
sur l’esprit de Saùl, passaient pour des moyens
sûrs de soulager les possédés.
Melchisédech. Plusieurs sectes d'hérétiques,
qu’on appela melchisédéchiens, tombèrent dans
de singulières erreurs h propos de ce patriarche.
Les uns crurent qu’il n'était pas un homme, mais
la grande vertu de Dieu et supérieur à Jésus-
Christ; les autres dirent qu’il était le Saint-Es-
prit. Il
y en eut qui soutinrent qu'il était Jésus-
Christmême. Une de ces sectes avait soin de ne
toucher personne , de peur de se souiller.
Melchom , démon qui porte la bourse il est ;

aux enfers le payeur des employés publics.


Melek-al-Mout. C'est le nom que les anciens
Persans donnent à l’ange de la mort. Les Per-
sans modernes l’appellent aussi l’ange aux vingt Ifrlcbom.
mains, pour faire entendre comment il peut suf-
fire à expédier toutes les âmes. Il parait être Mélusine fée célèbre qui épousa le chef de
,

l'ange Azraël des Juifs et le Mordad des mages, la maison de Lusignan , â condition qu’il n’entre-
appelé encore Asuman. rait jamais, le samedi, dans la chambre où elle

Digitized by Google
, .

MEL — 454 - MÉP


se relirait. C’est qu'elle était obligée tous les sa- né vers 1604. Il a beaucoup écrit sur le Thalmud.
medis de passer ce jour dans sa forme naturelle Il
y a quelques faits merveilleux dans ses Troie
moitié femmeet moitié serpent. Il vécut longtemps livrée de la résurrection des morts *. Son ouvrage

avec elle et en eut plusieurs enfants, surmontant de t Espérance d'Israël ’ est curieux. Un juif con-
jusque-là sa curiosité. Mais un jour, qu'il n’en verti de Villafior en Portugal, Antoine Monte-
fut pas le maître, c’était un samedi, il alla, par sini, étant venu à Amsterdam vers 1649, publia
une fente de la porte, épier sa femme, et il la vit qu'il avait vu dans l’Amérique méridionale de
telle qu’elle était. La fée s’aperçut de l’indiscré- nombreuses traces des anciens Israélites. Ménas-
tion, s'envola et ne se remontra plus à son mari. seh ben Israël s’imagina là-dessus (avait-il tort?)
On dit, dans le Poitou, qu’elle vient la nuit que les dix tribus enlevées par Salmanasar étaient
battre des mains et pousser des cris autour du allées s'établir dans ce pays-là et que telle était ,

château de Lusignan toutes les fois qu'un de ses


, l'origine des habitants de l'Amérique-, il publia
descendants doit mourir*. son Spes Israelis pour le prouver. Dans la troisième
Melye. y avait chez les fées, comme chez
Il partie de son livre, Souffle de vie 1 il traite des ,

les hommes, une inégalité de moyens et de puis- esprits et des démons selon les idées des rab- ,

sance. On voit dans les rôinans de chevalerie et bins de son temps, et, dans la quatrième partie,
dans les contes merveilleux que souvent une de la métempsycose, qui est pour beaucoup de
fée bienfaisante était génée dans ses bonnes in- juifs une croyance. Il avait commencé un traité
tentions par une méchante fée dont le pouvoir de la science des thalmudistes et un autre de la
était plus étendu. philosophie rabbinique, qui n’ont pas été achevés.
Melye était une méchante fée. l'oy. L'bgasde. Hénestrier (Claude-François), jésuite, auteur
Menah. C'est une vallée mystérieuse à quatre d’un livre intitulé la Philosophie des images énig-
lieues de la Mecque. Les pèlerins qui la par- matiques, où il traite des énigmes, hiéroglyphes,
courent doivent y jeter sept pierres par-dessus oracles, prophéties, sorts, divinations, loteries,
leur épaule. On en trouve trois raisons chez les talismans, songes, centuries de Noslradamus et
docteurs musulmans : c’est, selon les uns, pour baguette divinatoire, in-12, Lyon, 1694.
renoncer au diable et le rejeter, à l’imitation Meneurs de loups. Près du château de Lu-
d'Ismaël,
qu’il voulut tenter au moment où son signan , ancienne demeure de Mélusine on ren- ,

père Abraham allait le sacrifier (car ils confon- contre de vieux bergers, maigres et hideux comme
dent Ismaël avec Isaac). Ismaël, disent-ils, fit des spectres on dit qu’ils mènent des troupeaux
:

fuir le démon en lui jetant des pierres. de loups. Cette superstition est encore accréditée
Mais d’autres docteurs disent que le diable dans quelques pays, entre autres dans le Ni-
4
tenta Abraham lui -même, voulant l’empêcher vernais .

d’égorger Ismaël. Il ne put rien gagner, ni sur Menippe, compagnon d’Apollonius de Tyane.
le patriarche, ni sur Ismaël ,
ni même sur Agar : Visité d'une lamie ou démon succube, il en fut
ces trois personnages l’éloignèrent à coups de délivré par Apollonius *.

pierres. Le troisième sentiment diffère : cette Menjoin, sorcier. Vog. Chomiopiqce.


cérémonie aurait lieu en mémoire des pierres Menra ou le Verbe. C'est le Créateur dans
qu'Adam jeta au diable lorsqu'il vint l'aborder la doctrine des cabalistes.
effrontément après lui avoir fait commettre le Mensonge. Le diable est appelé dans l’Évan-
péché originel. gile le père du mensonge.
Ménandre, de Simon le Magicien il
disciple ; Méphistophélès démon de Faust; on le re-
,

profita des leçons de son maître et enseigna la connaît à sa froide méchanceté , à ce rire amer
même doctrine que lui. Il professait la magie. qui insulte aux larmes, à la joie féroce que lui
Simon se faisait appeler la Grande l'ertu. Mé- cause l'aspect des douleurs. C'est lui qui, par la
nandre dit que, quant à lui, il était envoyé sur raillerie, attaque les vertus, abreuve de mépris
la terre par les puissances invisibles pour opérer les talents, fait mordre sur l’éclat de la gloire la
le salut des hommes. Ainsi Ménandre et Simon rouille de la calomnie. Il n'était pas inconnu à
doivent être mis au rang des faux messies plutôt Voltaire, à Pamy et à quelques autres. C’est,
qu'au rang des hérétiques. L’un et l’autre ensei- après Satan, le plus redoutable meneur de l’en-
gnaient que la suprême intelligence, qu’ils nom- fer*. Voy. Faust.
maient Ennola, avait donné l'être à un grand
nombre de génies qui avaient formé le monde et I Libri 1res de résurrections mortuorum Amster-
dam, 1636, in-8°. Typis sumptibus auctoris.
la race des hommes. Valentin, qui vint plus tard,
Spes Israelis, Amsterdam, 1630, in-lî.
II

trouva là ses éons *. Ménandre donnait un bap- 3


En hébreu. Amsterdam, 5112 (1652), in-4°.
tême qui devait rendre immortel... * M. de Marchangy, Tristan le voyageur, ou la

Menasseh ben Israël, savant juif portugais, France au quatorzième siècle, t. I ,r .

6 Leloyer, Histoire des spectres et des apparitions


1
Voyez sa légende dans les Légendes des upritiet des esprits, liv. IV, p. 310.
ù MSI. Desaur et de Sainl-Geniès, les
démoru. Aventures
3 Bergier, Dictionnaire HMogique. de Faust, t. I".
MER — 455 — MER
Mercana ,
branche de la cabale qui donne la répéta tant de fois que le roi assembla les ma-
science des choses surnaturelles. giciens pour les consulter. Ceux-ci déclarèrent
Mercati (Michel). Voy. Ficino. fondements de la tour
qu'il fallait affermir les
Mercier, auteur d'un Tableau de Parie, qui avec sang d'un petit enfant qui fût né sans
le
a fait quelque bruit, et de Songee philosophiques, père. Après beaucoup de recherches, dans le
où l’on trouve deux ou trois songes qui roulent pays et hors du pays, on apprit qu'il venait de
sur les vampires et les revenants. naître dans l’île de Sein un petit enfant d’une
Mercredi. Ce jour est celui où les sorciers druidesse, qui n'avait point de père connu. C'était
jouent au sabbat leurs mystères et chantent leurs Merlin. Il présentait les qualités requises par les

litanies. Toy. Litanies du sabbat. Les Persans magiciens on l’enleva et on l’amena devant le
;

regardent le mercredi comme un jour blanc, roi Wortigern. Merlin n’avait que seize jours.
c'est-à-dire heureux, parce que la lumière fut Cependant il n’eut pas plutôt entendu la décision
créée ce jour-là ; pourtant ils exceptent le dernier des magiciens qu’il se mit à disputer contre eux
mercredi du mois de séphar, qui répond à fé- avec une sagesse qui consterna tout l’auditoire.
vrier ils appellent celui-là le mercredi du mal-
; 11 annonça ensuite que sous les fondements de,

heur; c'est le plus redouté de leurs jours noirs. la tour que l’on voulait bâtir, il y avait un grand
Mercure. 11 est chargé, dans l'ancienne my- lac, et dans ce lac deux dragons furieux. On
thologie, de conduire les âmes des morts à leur creusa les deux dragons parurent : l’un
; qui ,

destination dernière. était rouge, représentait les Anglais ; l'autre qui


,

Mères. C’est le nom qu’on donne souvent aux était blanc, représentait les Saxons. Ces deux
féesen Bretagne et comme on croit qu’elles se
; peuples étaient alors en guerre et les deux dra- ,

changent fréquemment en oies, on appelle quel- gons étaient leurs génies protecteurs. Ils com-
quefois les contes de fées , Canles de ma mire l’oie. mencèrent, à la vue du roi et de sa cour, un
Merle ,
oiseau commun, dont la vertu est ad- combat terrible, sur lequel Merlin se mit à pro-
mirable. Si l'on pend
les plumes de son aile phétiser l'avenir des Anglais. On pense bien
droite avec un rouge au milieu d'une maison
fil qu’après ce qui venait de se passer, il ne fut plus
où l'on n’aura pas encore habité, personne n'v question de tuer le petit enfant. On se disposa à
pourra sommeiller tant qu’elles y seront pendues. le reconduire dans son pays et on l’invita à visiter
Si l’on met son cœur sous la tête d’une personne quelquefois l’Angleterre. Merlin pria qu'on ne
endormie et qu'on l’interroge, elle dira tout haut s’occupât point de lui ;
il frappa la terre, et il en
ce qu'elle aura fait dans la journée. Si on le jette sortit un grand oiseau sur lequel il se plaça ; il
dans de puits, avec le sang d’une huppe,
l’eau fut en moins d’une heure dans les bras de sa
et qu’on frotte de ce mélange les tempes de mère, qui l’attendait sans inquiétude, parce qu'elle
quelqu'un, il tombera malade et en danger de savait ce qui se passait. Merlin fut donc élevé
mort. On se sert de ces secrets sous une planète dans les sciences et dans l’art des prodiges par
favorable et propre, comme celles de Jupiter et son père et par les conseils de sa mère, qui était
de Vénus, et quand on veut faire du mal celles , prophétesse; on croit même qu’elle était fée.
de Saturne et de Mars*... Le diable s'est quelque- Quand il fut devenu grand, il se lia d'amitié avec
fois montré sous la forme de cet oiseau. On sait Ambrosius, autre roi des Anglais. Pour rendre plus
aussi qu'il y a des merles blancs. solennelle l’entrée de ce prince dans sa capitale, il
Merlin. Merlin n’est pas né en Angleterre, fit venir d’Irlande en Angleterre plusieurs rochers

comme on le dit communément, mais en basse qui accompagnèrent en dansant le cortège royal,
Bretagne, dans file de Sein. Il était fils d’un dé- et formèrent en s’arrêtant une espèce de trophée
mon et d'une druidesse, fille d’un roi des bas à la gloire du monarque. On voit encore ces ro-
Bretons. Les cabalistes disent que le père de chers à quelques lieues de Londres, et on assure
Merlin était un sylphe. Que ce fût un sylphe ou qu’il y a des temps où ils s’agitent par suite du

un démon il éleva son fils dans toutes les sciences


,
prodige de Merlin on dit même que pour ce
;

et le rendit habile à opérer des prodiges. Ce qui roi son ami


, il bâtit un palais de fées en moins
,

a fait croire à quelques-uns que Merlin était An- de temps que Satan ne construisit le Pandémo-
glais c'est qu’il fut porté dans ce pays quelques
,
nium des enfers.
jours après sa naissance. Voici l’occasion de ce Après une foule de choses semblables. Merlin,
voyage : jouissant de la réputation la plus étendue et de
Wortigern, roi d’Angleterre, avait résolu de l’admiration universelle, pouvait étonner le monde
faire bâtir une tour inexpugnable où il pùt se et s’abandonner aux douceurs de la gloire; il
mettre en sûreté contre les bandes de pirates aima mieux agrandir ses connaissances et sa sa-
qui dévastaient ses États. Lorsqu’on en jeta les gesse. 11 se retira dans une forêt de la Bretagne,
fondements, la terre engloutit pendant la nuit s'enferma dans une grotte et s’appliqua sans re-
tous les travaux de la journée. Ce phénomène se lâche à l'étude des sciences mystérieuses. Son
père le visitait tous les sept jours et sa mère plus
1
Albert le Grand, Admirables secrets, p. 1 1 ü. fréquemment encore ; il fit, sous eux, des progrès
,

MER — /i56 — MÉR


étonnants et les surpassa bientôt l'un et l’autre. Quelques-uns ont dit que Merlin mourut dans
On a lu dans les histoires de la chevalerie hé- une extrême vieillesse-, d’autre q qu’il fut emporté
roïque les innombrables aventures de Merlin. 11 par le diable mais l'opinion la plus répandue
;

purgea l'Europe de plusieurs tyrans; il protégea aujourd'hui en Bretagne c'est que Merlin n'est
,

les dames, et bien souvent les chevaliers errants pas mort; qu’il a su se mettre à l’abri de la fa-
bénirent sos heureux secours. Las de parcourir talité commune, et qu’il est toujours plein de vie
le monde, il se condamna à passer sept ans dans dans une forêt du Finistère nommée Brocéliande,
de Sein.
l’ile C’est là qu'il composa ses prophé- où il est enclos cl invisible à l’ombre d’un bois

ties, dont quelques-unes ont été publiées. On d'aubépine. On assure que messire Gauvain et
sait qu'il avait donné à l'un des chevaliers er- quelques chevaliers de la Table-Ronde cherchè-
rants qui firent la gloire de la France une épée rent vainement partout ce magicien célèbre ;
enchantée avec laquelle on était invincible un ; Gauvain seul l’entendit, mais ne put le voir,
autre avait reçu un cheval indomptable à la course. dans la forêt de Brocéliande.
Le sage enchanteur avait aussi composé pour le La science donne à Merlin le nom de Mtjr-
roi Arlhus une chambre magique, où ne pou- dhinn
vaient entrer que les braves, une couronne trans- Mérovée, troisième roi des Francs, dont la
parente qui se troublait sur la tête d'une co- naissance doit élrc placée vers l’an MO ; il monta
quette, et une épée qui jetait des étincelles dans sur le trône en fjfiO et mourut en ?|58. Il siégeait

les mains des guerriers intrépides. dans les provinces holgiques. Des chroniqueurs

LYpée d'Arthu»

rapportent ainsi sa naissance « La femme de


: conté qu'il yavaitàCambaya, dans l'Uindoustan,
Clodion Chevelu, se promenant un jour au
le un roi qui se nourrissait de venin , et qui devint
bord de la mer, fut surprise par un monstre qui si parfaitement vénéneux
,
qu’il tuait de son ha-

sortit des flots ; elle en eut un fils qui fut nommé leine ceux qu'il voulait faire mourir.
Mérovée, cl qui succéda à Clodion. » Sauvai croit On lit dans Pausanias que, quatre cents ans
que cette fable fut inventée par Mérovée lui- après la bataille de Marathon on entendait toutes
,

même, pour imprimer du respect dans l’esprit les nuits dans l'endroit où cette grande lutte
des siens en s'attribuant une origine si extraor- avait eu lieu des hennissements de chevaux et
dinaire. Des chroniqueurs ont dit que son notn des bruits de gens d'armes qui se battaient. El
Mcer-Wech signifie veau marin.... ce qui est admirable, c’csl que ceux qui y ve-
Merveilles. Pline assure que les insulaires de
Minorquc demandèrent un secours de troupes à M. lo vicomte delà Villemarqué vient de publier
1

l’empereur Auguste contre les lapins qui renver- sur co personnage un livre très-remarquable et très-
curieux, intitulé Myrdhinn, ou r enchanteur Merlin,
saient leurs maisons et leurs arbres. Aujourd’hui
son histoire, ses ceuvret, son influence. In-S*’. Paris,
dit un critique moderne, on demanderait à peine <862. Nous ne devions donner ici que les traditions
un secours de chiens. Un vieux chroniqueur populaires.

Digitized by Google
MES — 457 — Mf.T

noient exprès n'entendaient rien de ces bruits: de dire les saintes paroles de la consécration,
ils n'étaient entendus que de ceux que le hasard on dit au sabbat Belzibuth, Belzébuth, ttelzé-
:

conduisait 14. buth. Le diable vole sous la forme d'un papillon


Albert le Grand assure qu'il y avait en Aile- autour de celui qui dit la messe et qui mange
magne deux enfants jumeaux dont l'un ouvrait une hostie noire, qu'il faut màcherpour l'avaler',
les portes les mieux fermées en les touchant avec Voy. Sabbat.
son bras droit; l’autre les fermait en les touchant Messie des juifs. Comme ils n’ont pas re-
avec son bras gauche. connu le vrai ,
plusieurs faux messies se sont
Paracelse dit qu’il a vu beaucoup de sages offerts h eux: Dosilhée, André, Uar Kokébas, le
passer vingt années sans manger quoi que ce fût. faux Moïse, Julien, Alruy, Sabataï-Zévi , etc.
Si on veut se donner cette satisfaction, qu'on Pour prévenir de nouvelles tentatives d’impos-
enferme, dit-il, de la terre dans un globe de leurs vulgaires, les rabbins ont représenté le
verre ,
qu’on l'expose au soleil jusqu’à ce qu’elle messie qu’ils attendent avec une apparence et dos
soit pétrifiée, qu’on se l'applique sur le nombril, entourages si gigantesques qu’on ne peut les
et qu’on la renouvelle quand elle sera sèche, on simuler. Ainsi pour son festin, où
se prépare
se passera de manger et de boire sans aucune seront appelés tous les juifs un boeuf qui mange ,

peine. Paracelse assure intrépidement avoir fait chaque jour le foin do mille montagnes, un poiv
lui-même cette expérience pendant six mois, son qui occupe de sa masse tout un océan, et un
l'oy. la plupart des articles de ce Dictionnaire, oiseau qui couvrirait Paris de sa queue’.
Mesmer (Antoine), médecin allemand, fa- Métamorphoses. La mythologie des païens
meux par la doctrine du magnétisme animal , né avait ses métamorphoses variées nous avons ;

à Mesburg en 1734, mort en 1815. Il a laissé aussi les transformations gracieuses des fées et
plusieurs ouvrages dans lesquels il soutient que les transformations plus brutales des sorciers,
les corps célestes, en vertu de la même force Les sorciers qu'on brûla à Vernon, en 1566,
qui produit leurs attractions mutuelles, exercent s’assemblaient dans un vieux château, sous des
une influence sur les corps animés, et principe- formes de chats. Quatre ou cinq hommes, un
lement sur le système nerveux, par l’intermé- peu plus hardis qu'on ne l’était alors, résolurent
diaire d’un fluide subtil qui pénètre tous les corps d’y passer la nuit; mais ils se trouvèrent assaillis
et remplit tout l’univers. Il alla s'établir à Vienne, d’un si grand nombre de chats que l’un d'eux
et tenta de guérir parle magnétisme minéral en fut tué et les autres grièvement blessés. Les
appliquant des aimants sur les parties malades, chats, de leur côté, n’étaient pas invulnérables;
Ayant trouvé un rival dans cet art, il se restrei- et on en vil plusieurs le lendemain qui ayant ,

gnit au magnétisme animal , c'est-à-dire à l’ap- repris leur figure d'hnmmes et de femmes por- ,

plication des mains seulement sur le corps, ce taient les marques du combat qu'ils avaient sou-
qui le regarder à tort comme un fou et un
fit tenu. l'oy. Loups-gaboijs.
visionnaire par les différentes académies de mé- Spranger conte qu’un jeune homme de l'ilc de
decine où il présenta ses découvertes. Mais les Chypre fut changé en âne par une sorcière, parce
académies nous prouvent tous les jours qu'elles qu'il avait un penchant pour l'indiscrétion. Si
ne sont pas infaillibles, il vint à Paris le peuple : les sorcières étaient encore puissantes, bien des
et la cour furent surpris de ce nouveau genre de jeunes gens d'aujourd’hui auraient les oreilles
cures. On nomma des docteurs pour examiner longues. On dit quelque part qu'une sorcière
le magnétisme animal et on publia des écrits si
,
métamorphosa en grenouille un cabaretier qui
violents contre Mesmer qu’il fut contraint de mettait de l’eau dans son vin. Voy. Fées, Ur-
quitter la France. Il alla vivre incognito en An- canoë, SonciEns, etc.
gleterre, ensuite en Allemagne, où il mourut. Il Métatron, une des trois intelligences de la
reste de lui: 1* De l’influence des planètes, cabale; les deux autres sont Acalriel et San-
Vienne, 1766, in— 12 2“ Mémoire sur la décou-
;
dalphon.
verte du maynétisme animal, Paris, 1779, in-12 ;
Métempsycose. la mort, suivant celte doc-
3 * Précis historique des faits relatifs au magné- trine n’était autre chose que le passage de l’âme
,

tisme animal, jusqu’ en avril Londres, 1781, dans un autre corps. Ceux qui croyaient à la
in-8”; 4" Histoire abrégée du magnétisme animal, métempsycose disaient que les âmes, étant sor-
Paris, 1783, in-8"; 5* Mémoire de F. -A. Mesmer lies des corps, s’envolaient, sous la conduite de
sur ses découvertes, Paris, an vit (1799), in-8‘. Mercure, dans un lieu souterrain où étaient d'un
Voy. Magnétisme. côté le Tartare et de l’autre les champs Élysées.
Messa-Hala. Voy. Macda-IIalla. Là, celles qui avaient mené une vie pure étaient
Messe du diable. On a vu ,
par différentes heureuses tandis que les âmes des méchanLs se
,

confessions de sorciers ,
que le diable fait aussi voyaient tourmentées par des furies. Mais, après
dire des messes au sabbat. Pierre Aupetit, prêtre
mécréance. etc., _
,, ....
. . ,
apostat du village de fossas, en Limousin, fut
. V , .
,
1 , ,
Delancrc, Incrédulité
2 Voyez, sur le Messie des
,
et
. . .
p. 506.
Juifs, les Léyendes de
brûlé pour y avoir célébré les mystères. Au lieu t Ancien Testament, à la fin.
,

MÉT — f|58 — *
MEY
un certain temps, les unes et les autres quit- par punition, de laisser passer son &me dans le
taient ce séjour pour habiter (le nouveaux corps, corps d'un rat ou d’une mouche. L’état où l’on
même ceux des animaux et afin d'oublier en-
;
sera mis après sa mort sera pareillement opposé
tièrement tout le passé elles buvaient de l'eau
,
à l’état où l'on est pendant la vie celui qui est :

du fleuve Léthé. On peut regarder les Égyptiens riche sera pauvre et celui qui est pauvre de-
,

comme les premiers auteurs de cette ancienne viendra riche. C’est cette dernière croyance qui
opinion de la métempsycose que Pythagore a
,
dans les temps, multiplia un peu le parti des
répandue dans la suite. Les manichéens croient manichéens, l'oy. Ghilcul et Transmigration.
à la métempsycose, tellement que les èmes, Métoposcopie. Art de connaître les hommes
selon eux, passent dans les corps de l’espèce par les rides du front. Voy. Front.
qu'elles ont le plus aimée dans leur vie précé- Meurtre. « Dans la nuit qui suivit l’enseve-
dente ou qu'elles ont le plus maltraitée. Celui lissement du comte de Flandre Charles le Bon,
qui a tué un rat ou une mouche sera contraint, ses meurtriers selon la coutume des païens et
,

des sorciers firent apporter du pain et un vase


, «Supposons, dit-il, un homme dont la mé-
plein de cervoise. Ils s’assirent autour du ca- moire est remplie d’histoires de revenants; car
davre, placèrent la boisson et le pain sur le lin- les nourrices, les vieilles et les premiers maî-
ceul, comme sur une table, buveant et mangeant tres ne manquent pas de nous en apprendre;
sur le mort, dans la confiance que par cette que cet homme pendant la nuit soit couché seul
action ils empêcheraient qui que ce fût de ven- dans sa chambre, s’il entend devant sa porte
ger meurtre commis '. - Année 1127.
le une démarche mesurée, lourde et traînante,
Meyer, professeur de philosophie à l'univer- ce qui marche est peut-être un chien , mais
sité de Halle auteur d’un Essai sur Us appari-
, il est loin d’y songer, et il a entendu un reve-
tions, traduit de l'allemand par F.-Ch. de Baer, nant, qu’il pourra même avoir vu dans un
17ù8, in-12. L’auteur convient qu’on est sur un moment de trouble. » L'auteur termine en don-
mauvais terrain lorsqu’on écrit sur les spectres. nant cette recette contre les apparitions :
Il avoue qu’il n’en a jamais vu et n’a pas grande 1* qu’on tâche d'améliorer son imagination et
envie d'en voir. 11 observe ensuite que l'imagi- d'éviter ce qui pourrait la faire exlravaguer;
nation est pour beaucoup dans les aventures 2° qu’on ne lise point d'histoires de spectres;
d'apparitions. car un homme qui n’en a jamais lu ni entendu
n’a guère d’apparitions. « Qu’un spectre soit ce
* Gualbert, Vie de Charles le Bon, ch. xvm, dans
la collection des bollandisles, î mars. qu’il voudra, ajoute Meyer, Dieu est le maître.

Digitized by Google
MIC — 459 — MIC

et il nous sera toujours plus favorable qile con- senter au premier ministre du roi. Le ministre
traire. » voulut savoir les motifs qui engageaient ce bon-
Michael (Éliacim). Jean Desmarels, sieur de homme à parler au prince en secret. Michel , 4
Saint-Sorlin, avait publié des Avis du Sain /-Es- qui le spectre apparut de nouveau b Versailles,
prit au roi. Mais le plus éclatant et le plus im-
portant des avis de cette sorte est celui qui fut
apporté un peu plus tard par le grand prophète

Éliacim Michael. nous avertissait, dit Baillet,


Il

que dans peu de temps on verrait une armée de


cent quarante mille hommes de troupes sacrées
sous les ordres du roi , qui aurait pour lieute-
nants les quatre princes des anges. Il ajoutait
que Louis XIV, avec cette armée, exterminerait
absolument tous les hérétiques et tous les maho-
métans, mais que tousses soldats merveilleux
seraient immolés *.

Michaélis (Sébastien), dominicain, né au dio-


cèse de Marseille en 1543. il a écrit YHistoire
véritable de ce qui s'est passé dans f exorcisme de
trois filles possédées au pays de Flandre, avec un
Traité des sorciers et des magiciens, 2 vol. in-12,
très-rares, imprimés b Paris en 1623, cinq ans
après la mort de l'auteur. Il dit dans cet ou-
vrage que les tribunaux sensés ne considéraient Le «peclre.
la confession de magie et d'assistance au sabbat
que comme preuves chimériques, et qu'ils ne assura qu’au risque de sa vie il ne pouvait rien

condamnaient la magie que si elle était aggravée divulguer, et, comme


il était néanmoins pressé

par la circonstance d'un attentat contre les hom- de parler, il dit au ministre que, pour lui prouver
mes ou contre leurs biens. qu’il ne s’agissait pas de chimères, il pouvait de-
Michel (Mont Saint-). Il y a sur le mont Saint- mander à Sa Majesté si à sa dernière chasse de
,

Michel en Bretagne cette croyance que les dé-


, , Fontainebleau elle-même n’avait pas vu un fan-
,

mons chassés du corps des hommes sont en- tôme? si son cheval n’en avait pas été troublé?
chaînés dans un cercle magique au haut de celte s’il n’avait pas pris un écart? et si Sa Majesté,

montagne. Ceux qui mettent le pied dans ce persuadée que ce n’était’ qu’une illusion n’avait ,

cercle courent toute la nuit sans pouvoir s’arrê- pas évité d’en parler ù personne? Le marquis et
ter : aussi la nuit on n’ose traverser le mont le ministre ayant informé le roi de ces particula-
Saint-Michel ’. rités, Louis XIV voulut voir secrètement Michel
Michel, maréchal ferrant de Salon en Pro- le jour même. Personne n’a jamais pu savoir ce

vence, eut une singulière aventure en 1697. Un qui eut lieu dans celle entrevue. Mais Michel,
spectre, disait-on, s'était montré à un bourgeois après avoir passé trois jours à la cour, s’en revint
de la ville et lui avait ordonné d’aller parler h dans sa province, chargé d’une bonne somme
Louis XIV, qui était alors à Versailles, en lui re- d’argent que lui avait donnée Louis XIV, avec
commandant le secret envers tout autre que l'in- l’ordre de garder le secret le plus rigoureux sur
tendant de la province, sous peine de mort. Ce le sujet de sa mission. On ajoute que, le roi étant
bourgeois effrayé conta sa vision 5 sa femme et un jour à la chasse, le duc de Duras, capitaine
paya son indiscrétion de sa vie. Quelque temps des gardes du corps, ayant dit qu’il n’aurait ja-
après, la même apparition s’étant adressée à un mais laissé approcher Michel de la personne du
autre habitant de Salon , il eut l’imprudence à son roi, s’il n’en avait reçu l’ordre, Louis XIV répon-
tour d’en faire part b son père, et il mourut dit : « Il n’est pas fou , comme vous le pensez et ,

comme le premier. Tous les alentours furent voilà comme on juge mal. » Mais on n’a pu dé-
épouvantés de ces deux tragédies. Le spectre se couvrir autre chose de ce mystère.
montra alors b Michel , le maréchal ferrant ; Michel de Sahourspe, sorcier du pays de
celui-ci se rendit aussitôt chez l’intendant, où il Saxe, qui déclara qu’il avait vu au sabbat un
fut d’abord traité de fou; mais ensuite on lui grand et un petit diable que le grand se servait
;

accorda des dépêches pour le marquis de Barbc- du petit comme d’un aide de cainp; et que le
zienx, lequel lui facilita les moyens de se pré- derrière du grand maître des sabbats était un
visage.
> P. Nicolle, sous le nom deDamvilliere, Lettres
Michel l'Écossais ,
astrologue du seizième
des visionnaires; Baillet, Jugements des savants,
siècle. Il prédit qu’il mourrait dans une église;
Préjugés des titres des livres.
* Cambry, Voyage dans le Finistère, 1. 1, p. 211. ce qui arriva, dit Oranger. Comme il était un

Digitized by Google
,

MIC — Ii60 — • MIL


jour à l'office, il lui tomba sur la tête une pierre déserts; les dieux n'y résidant plus, personne

de la voûte qui le tua. ne vient en troubler la solitude.


Michel le Bohémien, médecin empirique du Le mikado ne touche jamais la terre de son
seizième siècle, accusé d’avoir eu des relations pied sacré notre planète est indigne d’un tel
;

avec le diable. On le cite souvent sous le nom de honneur. Toujours porté sur les épaules de ses
Michel Boemius valets, ce monarque ne sort jamais de sa de-
Midas. Lorsque Midas, qui fut depuis roi de meure ; nul regard profane ne saurait venir le
Phrygie, était encore enfant, un jour qu’il dor- souiller. Tout ce qui pourrait ressembler à une
mutilation de sa personne auguste est défendu ;
c’est lorsqu’il dort qu’on lui coupe les cheveux
que l’on rogne ses ongles. Il peut épouser neuf
fois neuf femmes, mais habituellement il juge
que neuf c'est bien assez pour un dieu japonais.
On ne l'approche qu'à genoux, on le consulte
sur toutes les affaires importantes, mais on ne
lui accorde, après tout, qu'un vain titre et de
riches revenus. Sa race est impérissable s’il ad- ;

vient cependant qu’il ne devienne point père , le


ciel y pourvoit; on trouve un matin sous un arbre

du jardin un bel enfant que des mains surnatu-


relles y ont déposé durant la nuit : c’est le mikado
présomptif. Le mikado actuel est le cent dix-
septième de la troisième dynastie, cl la première
dynastie monta sur le trône, suivant les clirono-
logistes japonais les plus exacts, 830794 ans
avant notre ère. C'est une date qu’on peut dé-
mait dans son berceau, des fourmis emplirent sa battre.
bouche de grains de froment. Ses parents vou- C’est dans le corps du mikado que s'est incarné
lurent savoir ce que signifiait ce prodige : les le dieu Ama-tcrasu-oo-Kami, l’arbitre souverain
devins consultés répondirent que ce prince serait des hommes et des choses ; il s’occupe à fixer les
le plus riche des hommes. Ce qui n’a été écrit jours auxquels doivent se célébrer certaines fêtes
qu'après qu’il l’était devenu. mobiles; il détermine les couleurs propres à ef-
Midi. Voy. Démos oe midi. frayer les mauvais esprits; il passe, chaque vingt-
Migalena sorcière du pays de Labourd, qui
, quatre heures, un assez long espace de temps
fut arrêtée à l’âge de soixante et un ans et tra- assis sur son trône, dans une immobilité com-
duite devant les tribunaux, en même temps que plète. S’il faisait, de droite ou de gauche, le
Bocal, son fils, sorcier du même terroir. Miga- moindre mouvement, on ne doute point qu’il
lena avoua qu'elle avait été au sabbat, qu’elle y n’amenât d’affreuses catastrophes sur ce côté ré-
avait fait des choses abominables, qu'elle y avait prouvé de l’empire. Lorsqu’il est demeuré ainsi
assisté aux mystères en présence de deux cents comme pétrifié durant trois heures, il se lève et
sorciers. Pressée par son confesseur de prier s’en va. Le reste du temps, la couronne impé-
Dieu , elle ne put réciter une prière couramment : riale occupe sa place; elle doit se conformer au
elle commençait le Pater et l'Ave, sans les ache- même principe d'immobilité absolue durant vingt
ver, comme si le diable, qu’elle servait, l’en eût heures.
empêchée formellement ’. Le mikado ne porte jamais deux fois le même
Mikado, l’un des deux empereurs du Japon. vêtement tout ce qui a touché sa personne sa-
;

Il est spécialement chargé du spirituel. Aux yeux crée est brûlé aussitôt qu’il s’en dépouille les
;

de ses sujets, disent les voyageurs, le mikado verres, les plats, les assiettes, qui paraissent sur
n’est pas un homme, c’est un dieu; c’est même sa table sont brisésimmédiatement après le des-
bien plus qu'un dieu, car tous les autres dieux sert; nul profane ne pourra s'en servir.
de la mythologie japonaise, tous les kamis (ainsi L’empereur temporel s’appelle le Talcoun.
les nomme-t-on) sont d'un rang inférieur au mi- Milan, oiseau qui a des propriétés admirables.
kado; ils le craignent, ils lui obéissent, et ils Albert le Grand dit que, si l'on prend sa tête et
viennent, tous les ans, passer un mois à sa cour. qu'on la porte devant son estomac, on se fera
Il est vrai qu’ils ne sont visibles qu’à l’œil du
aimer de tout le monde. Si on l’attache au cou
mikado. Pendant ce mois, les temples restent d'une poule , elle courra sans relâche jusqu’à ce
qu'elle l’ait déposée ; si on frotte de son sang la
1
M. Cli. Bakou a donné sur lui des détails curieux
dans le Châtiment des pipeurs et charlatans. crête d'un coq il ne chantera plus. Il se trouve
,

2 Dclancre, Tableau de
l'inconstance des démons , dans ses rognons une pierre qui, mise dans la
liv. VI, p. ii:t. casserole où cuit la viande que doivent manger

Digitized by Google
,

MIL — 461 — MIM


deux ennemis, les rend bons amis et les fait vivre siècle. Une jeune nommée
fille, Slanoska, s'étant
en bonne intelligence... couchée un soir en parfaite santé, se réveilla au
Millénaires. Ou a donné ce nom 1* à des : milieu de la nuit toute tremblante jetant des cris
,
gens qui croyaient que Notre-Seigneur, à la On aiïreux, et disant que le jeune Millo, enterré de-
du inonde, régnera mille ans sur la terre; 2° à puis neuf semaines, avait failli l’étrangler. Celte
d’autres qui pensaient que la fin du monde arri- fille mourut au bout de neuf jours. On pensa
que
verait en l’an mil ; 3“ à d’aucuns encore qui Millo pouvait être un vampire; il fut déterré, re-
avaient imaginé que, de mille ans en mille ans, connu pour tel et décapité après avoir eu le cœur
il
y avait pour les damnés une cessation des percé d'un clou. Scs restes furent brûlés et jetés
peines de l’enfer. dans la rivière. Voy. Vami'ihes.

Milon, athlète grec, dont on a beaucoup vanté


la force prodigieuse. Galien, Mercurialis et d’au-
tres disent qu'il se tenait
si ferme sur une planche

huilée, que trois hommes ne pouvaient la lui faire


abandonner. Athénée ajoute qu'aux jeux Olym-
piques il porta longtemps sur ses épaules un bœuf
de quatre ans, qu'il mangea le même jour tout
entier; fait aussi vrai que le trait de Gargantua,
lequel avala six pèlerins dans une bouchée do
1
salade .

Milton. Dans son beau poème du Parodie


perdu, il a pompeusement peint les démons. Sa-
tan figure aussi dans son Paradis reconquis.
Mimer. En face de Kullan on aperçoit une col- ,

line couverte de verdure, qu’on appelle la colline


d’Odin. C’est là, dit-on, que le dieu Scandinave
JUilao.
a été enterré. Mais on n’y voit que le tombeau
Miller. Le prophète américain Miller, qui avait du conseiller a’Élat Schimmelmaun, qui était un
commencé en 1833 ses prédictions de la fin pro- homme fort paisible . tris-peu soucieux ,
je crois,
chaine du monde, et qui les a continuées pen- de mouler au Yalhalla et de boire le miced avec
dant dix ans sans que les démentis qu’il recevait les valkyries. Cependant une enceinte d'arbres
périodiquement parussent altérer sa confiance im- protège l’endroit où les restes du dieu suprême
perturbable, est mort le 20 décembre 1844 à ont été déposés une source d’eau limpide y coule
;

ilampton, dans le comté de Washington (État de avec un doux murmure. Les jeunes filles des en-
New- York), à l'âge de 08 ans. Ses calculs du virons, qui connaissent leur mythologie, disent
millenium étaient fondés sur l’interprétation d'un que de la sagesse, la source
c'est la vraie source
passage de l’Apocalypse qui a déjà occasionné les de Minier, pour laquelle Odin sacrifia un de ses
commentaires les plus extravagants. Cet illuminé yeux. Dans les beaux jours d'été, elles y viennent
5
ne comptait pas moins de 30 ou 40,000 disciples. boire .

Leurs rêveries ont donné lieu à plusieurs contes- Mimi. Voy. Zozo.
tations judiciaires, dont les journaux américains Mimique, art de connaître les hommes par
ont rendu compte. leurs gestes, leurs habitudes. C'est la partie la
Les millinairct, persuadés qu’ils n’avaient plus moins douteuse peut-être de la physiognomonie.
que peu de temps à vivre s’empressaient de
,
!
La figure est souvent trompeuse, mais les gestes
vendre leurs biens, et surtout croyaient pouvoir et les mouvements d’une personne qui no se croit
se dispenser de payer leurs dettes. Le dernier pas observée peuvent donner une idée plus ou
délai de rigueur irrévocable et sans remise, fixé moins parfaite de son caractère. Rien n’est plus
à un certain jour de l’année 1843, s’est écoulé significatif, dit Lavater, que les gestes qui ac-
sans autre phénomène qu’une éclipse totale de compagnent l’altitude et la démarche. Naturel ou
lune annoncée dans tous les almanachs. Depuis alTeclé, rapide ou lent, passionné ou froid, uni-
ce temps, la crédulité des adeptes du prophète a forme ou varié, grave ou badin, aisé ou forcé,
été fort ébranlée, et, s’il reste encore des illu- dégagé ou roidc noble ou bas fier ou humble
, ,

sions à quelques-uns d'entre eux la mort même


,
hardi ou timide, décent ou ridicule, agréable,
du prophète a dé les faire évanouir. Il avait an- gracieux, imposant, menaçant, le geste est dif-
noncé que lui et un très-petit nombre d’élus férencié de mille manières. L'harmonie étonnante
devaient survivre à la catastrophe, afin de pro- qui existe entre la démarche, la voix et le geste,

noncer l'oraison funèbre du genre humain et de se dément rarement. Mais pour déméler le fourbe,
solliciter la clémence céleste lors du jugement 1
Brown pesai sur ,
les erreurs populaires, liv. VII,
dernier, que Miller appelait le jour île l’épreuve. ch. xvlit , p. 334.
Millo, vampire de Hongrie au dix-huitième - Marinier, Souvenirs danois.

Digitized by Google
MIM — 462 — MIM

il faudrait le surprendre au moment où, se croyant honnête un aperçu de malhonnêteté. Souvent


seul, il est encore lui- même et n'a pas eu le c’est parce qu’il est timide, et non point parce
temps de faire prendre à son visage l'expression qu’il est faux que celui qui vous fait un récit ou
,

qu'il sait lui donner. Découvrir l’hypocrisie est la une confidence n'ose vous regarder en face. N’at-
chose la plus difficile et en même temps la plus tendez jamais une humeur douce et tranquille
aisée : difficile tant que l’hypocrite se croit ob- d'un homme qui s’agite sans cesse avec violence;
servé, facile dès qu’il oublie qu’on l’observe. et en général ne craignez ni emportement ni excès
Cependant on voit tous les jours que la gravité de quelqu’un dont le maintien est toujours sage
et la timidité dopnent à la physionomie la plus cl posé.

Avec une démarche alerte , on ne peut guère homme sensé. L’attitude du sage annonce la mé-
être lent et paresseux; et celui qui se traîne non- ditation, le recueillement ou le repos. L'imbécile
chalamment à pas comptés n'annonce pas cet reste sur sa chaise sans savoir pourquoi ; il semble

esprit d'activité qui ne craint ni dangers ni ob- fixer quelque chose, et son regard ne porte sur
stacles pour arriver au but. Une bouche béante et rien ; son assiette est isolée comme lui-même. La
fanée, une altitude insipide, les bras pendants et prétention suppose un fond de sottise. Attendez-
la main gauche tournée en dehors, sans qu’on en vous à rencontrer l’une et l’autre dans toute phy-
devine le motif, annoncent la stupidité naturelle, sionomie disproportionnée et grossière, qui af-
la nullité, levide, une curiosité hébétée, fecteun air de solennité et d'autorité. Jamais
La démarche d'un sage est différente de celle l’homme sensé ne se donnera des airs, ni ne
d'un idiot, et un idiot est assis autrement qu'un prendra l’altitude d’une tète éventée. Si son at-

y Google
MIM — /iG3 — MIM
tendon excitée l’oblige à lever la tête, il ne croi- sionomie qui n'a rien de désagréable, mais qui
sera pourtant pas les bras sur le dos; ce maintien n'est pas celle d'un penseur, lin air d'incertitude
suppose de l'affectation , surtout avec une phy- dans l’ensemble, un visage qui, dans sou immo-

bilité, ne dit rien du tout, ne sont pas des signes La crainte d'être distrait se remarque dans la
de sagesse, l'n homme qui, réduit à son néant, bouche. Dans l’attention elle n’ose respirer.
s'applaudit encore lui-même avec joie qui rit
,

comme un sot sans savoir pourquoi , ne parvien- lin homme vide de sens qui veut se donner des
dra jamais à former ou h suivre une idée raison- airs met la main droite dans son sein et la gauche
nable. dans la poche de sa culotte, avec un maintien

Digitized by Google
MIM — w> - MIM
Une personne qui est toujours
affecté et théâtral. Si la démarche d’une femme est sinistre, non-

aux écoutes ne promet rien de bien distingué. seulement désagréable , mais gauche impé- ,

Quiconque sourit sans sujet avec une lèvre de tueuse, sans dignité, se précipitant eu avant et
de côté d’un air dédaigneux, soyez sur vos gardes.
Ne vous laissez éblouir ni par le charme de la
beauté, ni par les grâces de son esprit, ni même
par l’attrait- de la confiance qu'elle pourra vous
témoigner ; sa bouche aura les mêmes caractères
que sa démarche, et ses procédés seront durs et
faux comme sa bouche; elle sera peu touchée de
tout ce que vous ferez pour elle et se vengera
de la moindre chose que vous aurez négligée.
Comparez sa démarche avec les lignes de son
front et les plis qui se trouvent autour de sa
bouche, vous serez étonné du merveilleux accord
de tous ces signes caractéristiques.
Ayez le plus de réserve possible en présence
de l’homme gras cl d’un tempérament colère qui
semble toujours mâcher, roule sans cesse les
yeux autour de soi, ne parle jamais de sens rassis,
s’est donné cependant l’habitude d'une politesse
travers, quiconque se tient souvent isolé sans affectée, mais truite tout avec une espèce de
aucune direction sans aucune tendance déter-
, désordre et d’improprelé. Dans son nez rond,
minée, quiconque salue le corps roide, n’in- court, retroussé, dans sa bouche béante, dans
clinant quela tète en avant est un fou.
, les mouvements irréguliers de sa lèvre inférieure,

de son front saillant et plein d'excroissances, lèvre inférieure se pousse en avant, dont les
dans sa démarche, qui se fait entendre de loin, mains se tournent eu poings, mais qui se calme
vous reconnaîtrez l’expression du mépris et de tout à coup ,
qui reprend le ton d’une politesse
la dureté, des demi-talents avec la prétention froide, qui fait rentrer dans un calme apparent
d'un talent accompli de la méchanceté sous
, ses yeux et ses lèvres, s'il est interrompu par
une gauche apparence de bonhomie. laprésence imprévue d'un personnage important
Fuyez l'homme dont la voix tendue, toujours qui se trouve être votre ami. —
L'homme dont les
montée toujours haute et sonore ne cesse de
, ,
couleur du
traits et la visage changent subite-
décider; dont les yeux, tandis qu'il décide, s’a- ment qui cherche avec
,
soin à cacher cette alté-
grandissent, sortent de leur orbite; dont les ration soudaine et sait reprendre aussitôt un air
sourcils se hérissent, les veines se gonflent, la calme; celui qui possède l'art de tendre et dé-

Digitized by Google
MIM — 465 — MIM
tendre les muscles de sa bouche, de les tenir ne marchent, qui reculent en s’avançant, qui
pour ainsi dire en bride, particulièrement lorsque disent des grossièretés d'une voix basse et d'un
l'oeil observateur se dirige sur lui cet homme
: air timide qui vous fixent hardiment dès que
,

a moins de probité que de prudence; il est plus vous ne les voyez plus et n'osent jamais vous
courtisan que sage et modéré. regarder tranquillement en face, qui ne disent
Rappelez-vous les gens qui glissent plutôt qu’ils du bien de personne, sinon des méchants, qui

trouvent des exceptions à tout et paraissent avoir porte en arrière (que cette tête soit grosse ou
toujours contre l’assertion la plus simple une singulièrement petite) ; celui qui se mire dans
contradiction toute prête fuyez l'atmosphère où
; ses pieds mignons de manière à les faire remar-
ces gens respirent. Celui qui relève la tête et la quer; celui qui, voulant montrer de grands yeux

encore plus grands qu'ils ne sont, les tourne moment qu’il aperçoit la réplique sur vos lè-
exprès de côté comme pour regarder tout par- vres, prend un air sourcilleux et murmure tout
dessus l’épaulecelui qui, après vous avoir prêté
; has d'un ton propre à vous ordonner le silence :

longtemps un silence orgueilleux vous fait en-


,
cet homme a pour le moins trois qualités haïssa-
suite une réponse courte, sèche et tranchante, bles, avec tous leurs symptômes, l'entêtement,
qu'il accompagne d'un froid sourire; qui, du l'orgueil , la dureté ; très-probablement il
y joint
30

Digitized by Google
MIM — 466 — MIM
encore la fausseté , la fourberie et l’avarice. Le forte ou faible ,
claire ou sourde douce ou rude,
,

corps penché en avant annonce un homme pru- juste ou fausse. Le son de la voix son articula- ,

dent et laborieux. Le corps penché en arrière tion, sa faiblesse et son étendue, ses inflexions
annonce un homme vain, médiocre et orgueil- dans le haut et dans le bas, la volubilité et l'em-

leux. barras de la langue ,


tout cela est infiniment ca-
ractéristique.Le cri des animaux les plus cou-
rageux est simple, dit Aristote, et ils le poussent
sans effort marqué. Celui des animaux timides
est beaucoup plus perçant. Comparez à cet égard
coq qui chante son triomphe,
le lion, le boeuf, le
avec le cerf et le lièvre ceci peut s'appliquer
;

aux hommes. La voix grosse et forte annonce un


homme robuste la voix faible un homme timide.
;

La voix claire et sonnante dénote quelquefois un


menteur; la voix habituellement tremblante in-
dique souvent un naturel soupçonneux. L’elîronté
et l'insolent ont la voix haute. La voix rude est
un signo de grossièreté. La voix douce et pleine,
agréable à l’oreille, annonce un heureux naturel.

Les borgnes, les boiteux et surtout les bos-


sus, dit Albert le Grand, sont rusés, spiri-
tuels, un peu malins et passablement méchants.
L’homme sage ne rit aux éclats que rarement

Un homme raisonnable se met tout autrement


qu’un fat; une femme pieuse, autrement qu’une
coquette. La propreté et la négligence, la sim-
plicité et la magnificence le bon et le mauvais
,

goût, la présomption et la décence, la modestie


et la fausse honte voilà autant de choses qu'on
:

distingue à l’habillement seul. La couleur, la

coupe, la façon, l’assortiment d’un habit, tout


cela est expressif encore et nous caractérise. Le
sage est simple et uni dans son extérieur; la

simplicité lui est naturelle. On reconnaît bientôt


et peu. 11 se contente ordinairement de sourire. un homme qui s'est paré dans l’intention de
Quelle différence entre le rire affectueux de l’hu- plaire, celui qui ne cherche qu’à briller et celui
manité et le rire infernal qui se réjouit du mal qui se néglige, soit pour insulter à la décence,
d'autrui ! 11 estdes larmes qui pénètrent lescieux; soit pour se singulariser.
il en est d’autres qui provoquent l’indignation et Il
y aurait aussi des remarques à faire sur le
le mépris. choix et l'arrangement des meubles, dit Lavater.
Remarquez aussi la voix (comme les Italiens le Souvent d’après ces bagatelles on peut juger
font dans leurs passe-ports et dans leurs signale- l'esprit et le caractèredu propriétaire ; mais on
ments); distinguez si elle est haute ou basse, ne doit pas tout dire. Voy. Physiognomonie.

Digitized by Google
, ,

MIN — 467 — MIH


Mineurs (Démon). Il y a de malins esprits Bernard, un paquet enveloppé d’une serviette;
qui, sous les formes de satyres, de boucs et de l’ayant emporté chez lui il le délia et
y trouva
,

clièvres, vont tourmenter les mineurs; on dit un peu d'or, qu’il donna à Augier, lui en pro-
qu’ils apparaissent souvent aux mines métalli- mettant davantage et le priant de lui prêter qua-
ques et battent ceux qui tirent les métaux. Ce- rante francs; ce qui doit sembler assez singulier.
pendant ces démons ne sont pas tous mauvais, L’ami lui prêta celte somme, lui passa un billet
puisqu'on en cite qui, au contraire, aident les par lequel il reconnaissait lui devoir vingt mille
ouvriers. Olaüs Magnus dit que ces derniers se livres, et lui remettait les quarante francs. Le
laissent voir sous la forme de nains, grands d’un billet fut signé le 27 septembre 1726. Quelque
demi-mètre; qu’ils aident à scier les pierres, à temps après, Mirabel demanda le payement du
creuser la terre mais que malgré cela ils ont
;

toujours une tendance aux tours malicieux, et


que les malheureux mineurs sont souvent vic-
times de leurs mauvais traitements. Au reste, on
a distingué six sortes d’esprits qui fréquentent
les mines et sont plus ou moins méchants. Quel-
ques-uns disent qu’ils en ont vu dans les mines
d’Allemagne, pays où les démons semblent assez
se complaire , et que ces malins esprits ne lais-
saient aucun repos aux travailleurs, tellement
d’abandonner le métier.
qu’ils étaient contraints
Entre autres exemples qu'ils donnent de la ma-
de celte engeance infernale, nous ne si-
lignité
gnalerons qu’un démon mineur qui tua douze
artisans à la foisce qui fit délaisser une mine
:

d'argent très- productive Voy. Asncbebg,


Montxcnabds, etc. . billet ; comme on le refusa ,
parce que le sorcier
Mingrélie. Le christianisme dans ce pays de n'avait donné que des espérances qui ne s'étaient
schisme grec est très-corrompu. On y voit des pas réalisées, il eut la hardiesse d’intenter un
prêtres baptiser les enfants distingués avec du procès; mais, en fin de cause, il se vit, comme
vin. Lorsqu’un malade demande des secours spi- on l'a dit, condamné aux galères, par messieurs
rituels, le prêtre ne lui parle pas de confession; du parlement d’Aix '.
mais il cherche dans un livre la cause de sa ma- Mirabilis liber. On attribue la plus grande
ladie et l’attribue à la colère de quelqu'une de part de ce livre à saint Césaire. C’est un recueil
leurs images, qu'il faut apaiser par des offrandes. de prédictions dues à des saints et à des sibylles.
Minoson, démon qui fait gagner 4 toutes Ce qui peut surprendre les esprits forts, c’est
sortes de jeux ; il dépend de Baël , l’un des plus que dans l’édition de 1522 on voit annoncés les
puissants chefs de l’enfer événements qui ont clos si tragiquement le der-
Minuit. C’est à celle heure-14 que se fait gé- nier siècle, l’expulsion et l’abolition de, la no-
néralement le sabbat des sorciers, et que les blesse , les persécutions contre le clergé , la sup-
spectres et les démons apparaissent. Cependant pression des couvents, le mariage des prêtres,
le diable n'aime pas uniquement l’heure de mi- le pillage des églises, la mort violente du roi

nuit, car il peut tenir sabbat à midi, comme et de la reine , etc. On y lit ensuite que l'aigle
l'ont avoué plusieurs sorcières, telles que Jean- venant des pays lointains rétablira l’ordre en
nette d'Abadie et Catherine Naguille *. France ’....
Mirabel (Honoré), fripon qui fut condamné Miracles. Un certain enchanteur abattit une
aux galères perpétuelles, après avoir été appli- bosse en y passant la main; on cria au mi-
qué à la question, par arrêt du 18 février 1729. racle !.... La bosse était une vessie enflée *. Tels
Il avait promis 4 un de ses amis, nommé Au- sont les miracles des charlatans. Mais parce que
guier, de
faire trouver des trésors par le
lui les charlatans font des tours de passe-passe qui
moyen du diable. Il fouilla, après maintes con- singent les faits surnaturels proprement appelés
jurations, dans des ruines près de Marseille, et miracles (et il n'y a de miracles que ceux qui
dit qu'il y avait 14 un sac de pièces portugaises viennent de Dieu), il est absurde de les nier.
que lui avait indiqué un spectre. Il lira en pré- , Nous vivons entourés de miracles qui ne se peu-
sence de plusieurs personnes et d’un valet nommé
1
Dom Calmet, Dissert, sur les apparitions, p. lis,
1
I-englet-Dufresnoy, Recueil de dissertations, 1. 1
2 Mirabilis liber qui prophetias recelât ionesque

p. 16 ». neenon Tes m
irandas, prceieritas, prtrscntes ci fuiuras
2
Clavicules de Salomon , p. 10. apertc demonstrat. In-4”. Paris, 15ÎÏ.
2
Delancro, Tabl. de f inconstance des démons, etc., • Voyez, dans les Légendes des sept péchés copie
bv. Il, p. 66. taux, la légende de Tachclin.
30.

Digitized by Google
, .

Ml R — 668 - Mm
vent expliquer, quoiqu'ils soient constants. Nous autre gratification , sous la condition de ne point
ne pouvons parler ici que des faux miracles, employer leur talent à la résurrection d’un vieux
oeuvre de Satan, ou fourberies des imposteurs qui parent dontils venaient d’hériter. Ceux-ci furent

servent ainsi la cause de l’esprit du mal. Ce qui suivispar d'autres, qui apportèrent aussi leur
est affligeant, c’est que les jongleries ont sou- argent pour de pareilles craintes, en faisant la
vent plus de crédit chez les hommes fourvoyés même supplication. Enfin le juge du lieu vint
que les faits extraordinaires dont la vérité est lui-même dire aux deux charlatans qu’il ne dou-
établie , comme les superstitions ont plus de ra- tait nullement de leur pouvoir miraculeux qu'ils
,

cines que les croyances religieuses dans les têtes en avaient donné des preuves par une foule de
détraquées '. guérisons; mais que l'expérience qu’ils devaient
On raconte l’anecdote suivante pour prouver faire le lendemain dans le cimetière avait mis
que les plus grandes absurdités trouvent des par- d'avance toute la ville en combustion que l’on ;

tisans. Deux charlatans débutaient dans une craignait de voir ressusciter un mort dont le
petite ville de province, au temps où Cagliostro retour pourrait causer des révolutions dans les
et d'autres personnages importants venaient de fortunes qu'il les priait de partir, et qu'il allait
;

se présenter à Paris à titre de docteurs qui gué- leur donner une attestation comme quoi ils res-
rissaient toutes les maladies. Ils pensèrent qu’ils suscitaient réellement les morts. Le certificat fut
fallait quelque chose de plus relevé pour accré- signé, paraphé, légalisé, dit le conte; et les
diter leur savoir-faire. Ils s’annoncèrent donc deux compagnons parcoururent las provinces,
comme ayant le pouvoir de ressusciter les morts; montrant partout la preuve légale de leur talent
et, afin qu’on n'en pftt douter, ils déclarèrent surnaturel....
qu'au bout de trois semaines jour pour jour, ils
,
Mirage, déception des sens, causée par cer-
rappelleraient à la vie publiquement , dans le
,
tains phénomènes de l’atmosphère , qui fait voir
cimetière indiqué , le mort dont on leur montre- des aspects enchanteurs, soit sur les mers, soit
rait la sépulture ,fût-il enterré depuis dix ans. sur les déserts de sables tandis qu’il n’y a rien.
,

Ils demandent au juge du lieu qu’on les garde à Certains voyageurs ont cru voir là des charmes
vue pour s’assurer qu’ils ne s’échapperont pas, magiques.
mais qu’on leur permette en attendant de vendre Mirak. Voy. Agrafés*.
des drogues et d'exercer leurs talents. La pro- Miroir. Lorsque François I” faisait la guerre
position parait si belle qu’on n'hésite pas à les à Charles-Quint on conte qu'un magicien ap-
,

consulter. Tout le monde assiège leur maison ; prenait aux Parisiens ce qui se passait à Milan
tout le monde trouve de l'argent pour payer de en écrivant sur un miroir les nouvelles de cette
tels médecins. Le grand jour approchait. Le plus ville et l’exposant à la lune, de sorte que les
jeune des deux charlatans, qui avait moins d'au- Parisiens lisaient dans cet astre ce que portait le
dace, témoigna ses craintes h l’autre, et lui dit; miroir. Ce secret est perdu comme tant d’autres.
— Malgré toute votre habileté, je crois que vous Voy. PvTtiAcoBz. Pour la divination par le mi-
nous exposez à être lapidés; car enfin vous roir, eoy. CnisTALLOMANciz. En Bretagne, se re-
n’avez pas le talent de ressusciter les morts. — garder la nuit dans un miroir, c’est le moyen de
Vous ne connaissez pas les hommes, lui répliqua devenir laide ou d’être ornée d'un visage de loup
le docteur, je suis tranquille.
L'événement justifia sa présomption. Il reçut
d'abord une lettre d'un gentilhomme du lieu ;

conçue « Monsieur, j’ai appris


elle était- ainsi ;

que vous deviez faire une grande opération qui


me fait trembler. J'avais une ihéchanle femme ;

Dieu m’en a délivré; et je serais le plus malheu-


reux des hommes si vous la ressuscitiez. Je vous
conjure donc de ne point faire usage de votre
secret dans notre ville et d'accepter un petit
,

dédommagement que je vous envoie, etc. » line


heure après les charlatans virent arriver chez
,

eux deux jeunes gens qui leur présentèrent une

1
On contait devant M. Mayran qu'il y avait une
boucherie à Troyes où jamais la viande no se gâtait,
quelque chaleur qu’il fit. Il demanda si dans le pays
on n’attribuait pas cette conservation à quelque chose
de particulier. On lui dit qu’on l’attribuait a la puis-
sance d’un saint révéré dans l'histoire. « Kh bien
dit M. Mayran, je me range du côté du miracle, Mirville (J. Eudes de), auteur de travaux
pour ne pas compromettre ma physique. » Ce saint remarquables sur les Eipriu, leurs faits incontes-
est saint Loup. tables et leur réalité.

Digitized by Google
, ,,

MIS — 669 — MOI


Miscaun-Marry. On donne ce nom , en Ir- corela contrée qu’ils habitaient le pays des Mogs.

lande, au feu follet, iynis fatuus. Les Mogols viendraient-ils des Mogs?
Misraim , fils de Chain, l'oy. Magic. Mogol. Delancre dit qu’un empereur mogol
Mœnsklint. Les riverains de la mer Baltique guérissait certaines maladies avec l'eau dans la-
vous montrent avec orgueil une grande masse de quelle il lavait ses pieds.
roc toute blanche , taillée à pic , surmontée de Mohra bourg , célèbre dans la Suède pour les
quelques flèches aiguës et couronnée d'arbustes. sorciers qu'il a produits. En 1559, pendant les
Mais voyez ce que le géologue appelle pierre
,
débuts de la réforme , on y arrêta soixante-dix
calcaire, ce n’est pas la pierre calcaire, et ce sorcières qui avaient séduit trois cents enfants.
qui s'élève au haut de cette montagne sous la Moine bonrru. Boniau. l'oy.

forme d’un massif d'arbres, ce n'est pas un Moines. On lit partout ce petit conte. Dn
massif d’arbres. Il y a là une jeune fée très-belle moine qu'une trop longue abstinence faisait
qui règne sur les eaux et sur l’Ile. Ce roc nu souffrir s’avisa un jour, dans sa cellule, de faire
c’est sa robe blanche qui tombe à grands replis cuire un ceuf à la lumière de sa lampe. L'abbé,
dans les vagues et se diapré aux rayons du soleil ; qui faisait sa ronde, ayant vu le moine occupé à
celle pyramide aiguë qui le surmonte, c'est son sa petite cuisine, l’en reprit; le bon religieux
sceptre et ces rameaux de chêne, c'est sa cou-
;
pour s’excuser, dit que c’était le diable qui
ronne. Elle est assise au haut du pic qu’on ap- l’avait tenté et lui avait inspiré cette ruse. Tout
pelle le üronninys Stol (le siège de la Heine). De aussitôt parut le diable lui-même, lequel était
là elle veille sur son empire elle protège la bar- caché sous la table cl s’écria en s’adressant au
, ,

que du pécheur et le navire du marchand. Sou- moine « Tu en as menti par ta barbe ce tour :
;

vent on a entendu sur cette côte des voix n’est pas de mon invention et c’est toi qui viens
la nuit ,

harmonieuses , des voix étranges qui ne ressem- de me l'apprendre. » Césaire d'Heisterbach donne
blent pas à celles qu'on entend dans le monde. cet autre petit fait. « Le moine Herman, compa-
Ce sont les jeunes fées qui chantent et dan- rant la rigoureuse abstinence de son ordre aux
sent autour de leur reine, et la reine est là bons ragoûts que l'on mange dans le monde, vit
qui les regarde et leur sourit. Oh le peuple entrer dans sa cellule un inconnu de bonne mine
!

est le plus grand de tous les poêlés. Là où la qui lui offrit un plat de poisson. Il reçut ce pré-
science analyse et discute, il invente, il donne sent et lorsqu’il voulut accommoder son pois- ,

la vie à la nature animée, il spiritualise les êtres son il ne trouva plus sous sa main qu'un plat de,

que le physicien regarde comme une matière fiente de cheval. Il comprit qu’il venait de rece-
brute. Il passe le long d’un lac, et il y voit des voir une leçon, et fut plus sobre
esprits; il passe au pied d'un roc de craie, il y Mois. Divinités de chaque mois chez les païens.
voit une reine et il l’appelle le Mansklint (le —
Junon présidait au mois de janvier; Neptune,
rocher de la Jeune Fille) '. à février; Mars, au mois qui porte son nom; Vé-
Mog. De ce nom peut-être est venu le mot nus, au mois d’avril; Phébus, au mois de mai;
magus magicien. On retrouve encore dans l’Ar- Mercure, au mois de juin; Jupiter, à juillet; Cé-
,

ménie l’ancienne région des Mogs. « Le nom de rès au mois d'août Vulcain à septembre Pal- , ; , ;

Mog dit M. Eugène Boré ’, est un mot zend et las, au mois d'octobre; Diane, à novembre;
,

pehlvi qui a passé dans la langue chaldécnne à Vesta, à décembre.


l'époque où le symbole religieux de la Perse fut Anges de chaque mois. Selon les cabalistes,
adopté par le peuple de Babylone. Il représentait janvier est le mois de Gabriel février, le mois ;

la classe pontificale initiée sans doute à des doc-


,
de Barchiel mars, le mois de Machidiel avril, ; ;

trines secrètes dont l'abus et l’imposture firent le mois d’Asmodel mai, le mois d’Ambriel juin, ; ;

tomber ensuite ce titre en discrédit. Les prêtres le mois de Muriel juillet, le mois de Vercîhcl; ;

ainsi désignées étaient ces anciens desservants août, le mois d’Hamaliel; septembre, le mois
du temple de Bélus, qu'avait visités et entrete- d’Uriel octobre le mois de Barbiel novembre, ; , ;

nus Hérodote, et qu'il nomme Chaldéens aussi le mois d’Adrachiel; décembre, le mois d’Ha-
bien que le prophète Daniel. Ils avaient encore naël.
le nom de sages ou philosophes
de voyants et ,
Démons de chaque mois. Janvier est le mois de
d'astronomes. Lorsqu’ils mêlèrent aux principes Bélial; février, le mois de Léviathan; mars, le
élevés de la science et de la sagesse les super- mois de Satan-, avril, le mois d'Astarté; mai, le
stitions de l’idolâtrie et toutes les erreurs de pioisde Lucifer; juin, le mois de Baalberith;
l'astrologie et de la divination ils furent appelés ,
mois de Belzébuth août, le mois d’As-
juillet, le ;

enchanteurs, interprètes de songes, sorciers, en taroth; septembre , le mois de


Thamuz ; octobre
un mot magiciens. o Mais, au dixième siècle, Tho- lemois de Baal; novembre, le mois d’Hécate;
mas Ardzérouni, cité par M. Boré, appelle en- décembre, le mois de Moloch.

1
Marinier. Traditions de la mer Baltique. 1
Cæsarii Ileistcrbach., De tentât., lib. IV Miraeul.,
;

3 De la Chaldée et des Chaldéens. cap. lxxxvji.


-

ogle
, .

MOI — 470 — MOM


. Animaux de chaque moii. La brebis est consa- oiseaux. On leur offre des vœux et des sacrifices
crée au mois de janvier; le cheval, au mois de pour les apaiser. Voy. Fétiches.
février: la chèvre, an mois de mars; le bouc, au Molitor (Ulrich), auteur d'un livre rare inti-
mois d'avril; le taureau, au mois de mai; le tulé Traité des lamies et des pythonisses Trac- :

chien, au mois de juin; le cerf, au mois de juil- talus de lamiis et pythonieis Constance, 1!|89,
,

let; le sanglier, au mois d’août; l’âne au mois


,
in-i“. Paris, 1561, in-8". On y voit des choses
de septembre; le loup, au mois d’octobre; la singulières, qui ne sont pourtant pas des fables,
biche, au mois de novembre; le lion, au mois car l'auteur est circonspect et critique sérieux.
de décembre. Moloch, prince du pays des larmes, membre
Oiseaux de chaque mois. Le paon est consacré du conseil infernal. Il était adoré par les Ammo-

au mois de janvier; le cygne, au mois de février; nites sous la Ggure d'une statue de bronze assise
le pivert, au mois de mars; la colombe, au mois
d'avril; le coq, au mois de mai l’ibis, au mois
;

de juin l'aigle au mois de juillet; le moineau,


; ,

au mois d’août ; l’oie , au mois de septembre la ;

chouette, au mois d’octobre; la corneille, au


mois de novembre; l'hirondelle, au mois de dé-
décembre.
Arbres de chaque mois. Le peuplier est l’arbre
de janvier; l'orme, de février; le noisetier, de
mars; le myrthe, d’avril; le laurier, de mai le ;

coudrier, de juin; le chêne, de juillet; le pom-


mier, d’août; le buis, de septembre; l’olivier,
d’octobre le palmier, de novembre ; le pin , de
;

décembre.
Moïse. Les talmudistes et les Orientaux ont
surchargé l’histoire de Moïse de beaucoup de lé-
gendes et de contes prodigieux 1 . En (i36,un im-
posteur, selon les uns, le diable lui-même, selon
les autres, se présenta aux Israélites de Candie
en leur disant qu’il était Moïse , ressuscité pour
les ramener en Palestine. La multitude se laissa dans un trône de même métal, ayant une tête de
séduire et suivit son prétendu chef jusqu’à la veau surmontée d’une couronne royale. Ses bras
mer, comptant bien qu'elle allait s’ouvrir de nou- étaient étendus pour recevoir les victimes hu-
veau pour lui livrer passage; mais il n’y eut pas maines on lui sacrifiait des enfants. Dans Mil-
:

de miracle. La mer furieuse engloutit vingt mille ton Moloch est un démon affreux et terrible cou-
,

Juifs, s'il faut en croire les historiens, et le faux vert des pleurs des mires et du sang des enfants.
Moïse ne se retrouva plus. Les rabbins prétendent que dans l’intérieur ,

Moiset. C’est le nom que prit le démon ou le de la statue du fameux Moloch dieu des Ammo- ,

fourbe qui se donnait pour tel, et qui engagea nites on avait ménagé sept espèces d’armoires.
,

pour le sabbat et la sorcellerie Pierre Bourget et On en ouvrait uue pour la farine une autre pour ,

Michel Verdung. les tourterelles, une troisième pour une brebis,


Mokissos, génies révérés des habitants de une quatrième pour un bélier, la cinquième pour
Loango, mais subordonnés au Dieu suprême. Ils un veau, la sixième pour un bœuf, la septième
pensent que ces génies peuvent les châtier et pour un enfant. C'est ce qui a donné lieu de con-
même leur ôter la vie s’ils ne sont pas fidèles à fondre Moloch avec Mithras, et ses sept portes
leurs obligations. Lorsqu’un homme est heureux mystérieuses avec les sept chambres. Lorsqu on
et bien portant, il est dans les bonnes grâces de voulait sacrifier des enfants à Moloch on allu- ,

son mokisso. Est-il malade ou éprouve-t-il des mait un grand feu dans l'intérieur de cette sta-
revers, il attribue cette calamité à la colère de tue. Mais afin qu’on n'entendit pas leurs cris
son génie. Ces peuples donnent le même nom à plaintifs, les prêtres faisaient un grand bruit (le
leur souverain auquel ils croient une puissance tambours et d’autres instruments autour de >-
,
I

divine et surnaturelle comme de pouvoir faire dole. Voy. Mïstêres.


,

tomber la pluie et d’exterminer en un instant des Momies. Le prince de Radzivill, dans son
milliers d’hommes, etc. Les mokissos sont des Voyage de Jérusalem raconte une chose singu-
,

figures de bois qui représentent ou des hommes lière dont il a été le témoin. Il avait acheté en
grossièrement faits, ou des quadrupèdes , ou des Égypte deux momies l'une d’homme et l'autre
,

de femme, et les avait enfermées secrèteuien


vaisseau
1
Voyez ccs excentricités dans les Légendes de l'An- en des caisses qu’il fit mettre dans son
tu-
cien Testament. lorsqu’il partit d’Alexandrie pour revenir en

jitized by Google
,

MON - 471 - MON


rope. II n’y avait que lui et ses deux domesti- circonstance ; le prince et sa suite y répondaient.
ques qui sussent ce que contenaient les caisses, Mais prêtre était tourmenté, disait-il, par deux
le
parce que les Turcs alors permettaient difficile- spectres (un homme et une femme) noirs et
ment qu'on emportât les momies, croyant que hideux ,
qui le harcelaient et le menaçaient. On
les chrétiens s'en servaient pour des opérations crut d’abord que la frayeur et le danger du nau-
magiques. Lorsqu’on fut en mer, il s'éleva une frage lui avaient troublé l’imagination. Le calme
tempête qui revint à plusieurs reprises avec tant étant revenu, il parut tranquille ; mais le tumulte
de violence, que le pilote désespérait de sauver des éléments reparut bientôt; alors ces fantômes
le navire. Tout le monde était dans l’attente d’un le tourmentèrent plus fort qu’auparavant, et il
naufrage prochain et inévitable. Un bon prêtre n'en fut délivré que quand on eut jeté les deux
polonais, qui accompagnait le prince de Radzi- momies à la mer, ce qui fit en même temps ces-
vill , récitait les prières convenables à une telle ser la tempête *. •

Ajoutons que de nos jours les marins du Le- qu’il est dans le sépulcre , et commencent leur
vant conservent celte opinion que les momies interrogatoire par cette demande : Qui est—
attirent les tempêtes, et on ne peut les embar- votre seigneur, et qui est votre prophète? —
quer qu’à leur insu. Leurs fonctions sont aussi de tourmenter les ré-
Monarchie infernale. compose, selon
Elle se prouvés. Ces anges ont un aspect hideux et une
Wierus, d’un empereur, qui est Belzébuth; de voix aussi terrible que le tonnerre. Après qu'ils
sept rois qui régnent aux quatre points cardi-
,
ont reconnu que le mort est dévoué à l’enfer, ils

naux, et qui sont Baël, Pursan, Bylelh, Paymon, le fouettent avec un fouet moitié fer et moitié
Belial, Asmoday, Zapan; de vingt-trois ducs, feu. Les mahométans ont tiré celte idée du
savoir Agarès, Busas, Gusoyn, Batliym Eligor,
:
,
Talmud.
Valefar, Zepar, Sytry, Bune, Berith, Astaroth, Monsieur de Laforât. C’est le nom qu’on
Vepar, Chax, Pricel, Murmur, Focalor, Gomory, donnait autrefois au fantôme plus connu sous le
Amduscias Aym Orobas , Vapula , Hauros
, , titre de grand Veneur de la iorêt de Fontaine-

Alocer; de treize marquis, Aamon, Loray, Na- bleau. Voy. Veneur.


berus, Forneus, Ronève, Marchocias, Sabnac, Sa résidence ordinaire était dans cette forêt;
Gamigyn Arias Andras Androalphus Cime-
, , , ,
mais il s'en écartait quelquefois. Delancre rap-
ries, Phoenix; de dix comtes, Barbatos, Botis, porte qu'un enfant qui vivait en Allemagne fut
Morax, Ipès, Furfur, Itaym, llalplias, Vine, trouvé vêtu d’une peau do loup et courant comme
Decarabia, Zalcos; de onze présidents, Marbas, un petit loup-garou ; il dit que c’était M. de La-
Buer, Glasialabolas, Forças, Malphas, Gaap, forêt qui lui avait donné sa peau que son père ;

Caym, Volac, Oze, Ainy, liaagenti, et de plu- s'en servait aussi. Dans un interrogatoire , cet
sieurs chevaliers , comme Furcas, Bifrons, etc. enfant avoua que si M. de Laforêt lui apparais-

Les forces de monarchie infernale se compo-


la sait, il pouvait le mettre en fuite par des signes
sent de 666G légions, chacune de 6666 démons; de croix. Il ajouta que M. de Laforêt lui deman-
ce qui ne fait que 44, 635,566 combattants. Mais dait quelquefois s’il voulait être à lui, et qu'il lui
chacun de ces démons a sous lui des bandes. offrait pour cela de grandes richesses.
Voy. Coca. Monstres. Méry, célèbre anatomiste et chi-
Monde. Voy. Origines. rurgien-major des Invalides, vit et disséqua, en
Monkir et Nékir, anges qui, selon la croyance
des musulmans, interrogent le mort aussitôt 1
Dom Calmct ,
Dissertation sur les apparitions.

Digitized by Google
,

MON — 472 — MON


1720, un petit monstre né à six mois de terme, organisée, qui tenait au petit monstre par un
sans tète ,
sans bras , sans cœur, sans poumons, cordon ombilical commun. Son observation est
sans estomac, sans reins, sans foie, sans rate, consignée dans les Mémoires de l'Académie des
sans pancréas, et pourtant né vivant. Cette pro- sciences. Comment la circulation du sang s’opé-
duction extraordinaire fut suivie d’une tille bien 1
rait-el le dans cet individu dépourvu de cœur?

ilonUytiartU.

Torquemada rapporte qu'Alexandre le Grand


lorsqu’il faisait la guerre des Indes, vit plus de
cent trente mille hommes ensemble qui avaient

Méry essaya de l'expliquer dans une disserta-


tion En d'autres temps, on eût tout mis sur
le compte du diable, et qui sait? Voy. Imagina- des tôles de chiens et aboyaient comme eux ;

tion. ce qui ne se voit de nos jours que dans les


1
M. Saleues, Des erreurs caricatures.Il dit aussi que certains habitants
et des préjugés, etc.,
t. III, p. 446 du mont Milo avaient huit doigts aux pieds et les

Digitizec 3ode
,

MON — 475 — MOR


pieds tournés en arriére, ce qui rendait ces Montalembert ( Adrien de ) , aumônier de
hommes extrêmement légers à la course. François auteur d’un ouvrage intitulé La
I",
On voit dans de vieilles chroniques qu’il y merveilleuse Histoire de l’esprit qui depuis naguère
avait au nord des hommes qui n’avaient qu'un s’est apparu au monastère des religieuses de Saint-
oeil au milieu du front en Albanie des hommes
; ,
Pierre de Lyon. Paris, 1528, in-4*; Rouen, 1529;
dont cheveux devenaient blancs dés l'enfance,
les Paris, 1580, in-12. C'est l’histoire d'Alice de
et qui voyaient mieux
la nuit que le jour (conte Télieux.
produit par les Albinos) des Indiens qui avaient
; Montan, chef des hérétiques montanisles au
des têtes de chien d’autres sans cou et sans tète,
; onzième siècle. C'était un eunuque phrygien. II

ayant les yeux aux épaules, et, ce qui surpasse avait des attaques d'épilepsie , et il le? fil passer
toute admiration un peuple dont le corps était
, pour des extases où il s’entretenait avec Dieu. 11

velu et couvert de plumes comme les oiseaux, reconnaissait que le Saint-Esprit était venu , mais
et qui se nourrissait seulement de l'odeur des il le distinguait du Paraclet, et il disait ; C'est
fleurs. On a pourtant ajouté foi 4 ces fables. moi qui suis le Paraclet. Les montanistes ad-
N’oublions pas celles qui se trouvent consi- mettaient les femmes à la prêtrise.
gnées dans le Journal des voyages de Jean Slruys, Montanay, sorcier. Voy. Galigaï.
qui dit avoir vu de ses propres yeux les habi- Montézuma. Voy. Présages.
tants de l'Ue de Formose ayant une queue au Monture des esprits. Dans les idées de l'Ir-

derrière, comme les bœufs. 11 parle aussi d'une lande et de plusieurs autres peuplades du Nord,
espèce de concombre, qui se nourrit, dit-on, les esprits, fées ou lutins, qui ont à voyager en-

des plantes voisines. Cet auteur ajoute que ce fourchent un jonc, un brin d’herbe un tronc de ,

fruit surprenant a la figure d’un agneau avec les ,

pieds, la tête et la queue de cet animal distinc-


tement formés ; d’où on l’appelle, en langage du
pays, banaret ou bonarex, qui signifie agneau.
Sa peau est couverte d'un duvet fond blanc,
aussi délié que la soie. Les Tartares en font
grand cas, et la plupart le gardent avec soin dans
leurs maisons, où cet auteur en a vu plusieurs.
Il croit sur une tige d’environ trois pieds de
haut. L’endroit par où il tient à sa tige est une
espèce de nombril , sur lequel il se tourne et se
baisse vers les herbes qui lui servent de nourri-
ture , se séchant et se flétrissant aussitôt que ces
herbes lui manquent. Les loups l'aiment et le
dévorent avec avidité , parce qu’il a le goût de choux, et toute autre chose; sur cette monture
la chair d’agneau; et l'auteur ajoute qu’on lui a ils parcourent des distances incroyables en un

assuré que cette plante a effectivement des os, quart d’heure.


du sang et de la chair : d'où vient qu’on l'appelle Mopsus, devin de l'antiquité, qui se montra
encore dans le pays xoaphiti, c'est-à-dire plante plus habile que Calchas et. le lit mourir de ja-
animale '. lousie.
Montagnards, démons qui font leur séjour Morail, démon qui a la puissance de rendre
dans les mines sous les montagnes, et tourmen- invisible ,
selon les Clavicules de Salomon.
tent les mineurs. Us ont trois pieds de haut, un Horax ou Forai, capitaine, comte et prési-
visage horrible, un air de vieillesse, une cami- dent de plusieurs bandes infernales; il se fait
sole et un tablier de cuir, comme les ouvriers dont voir sous la forme d’un taureau. Lorsqu’il prend
ils prennent souvent la figure. Ils sont soumis à la figure humaine il instruit l'homme dans l’as-
,

un esprit géant; ce qui fait contraste. On dit que tronomie et dans tous les arts libéraux. Il est le
ces démons autrefois n’étaient pas malfaisants, prince des esprits familiers qui sont doux et
qu’ils entendaient même la plaisanterie ; mais sages.
une insulte leur était sensible, et ils la souffraient 11 a sous ses ordres trente-six légions.
rarement sans se venger. Un mineur eut l’audace Mordad ,
l'ange de la mort chez les mages.
de dire des injures à un de ces démons. Le dé- Moreau, chiromancien du dix-neuxième siè-

mon indigné sauta sur le mineur et lui tordit le cle, qui, dit-on, prédit à Napoléon sa chute et
cou. L'infortuné n'en mourut pas, mais il eut le ses malheurs. Bien d'autres furent aussi sorciers
cou renversé et le visage tourné par derrière tout que lui. 11 mort en 1825.
exerçait à Paris, où il est

le reste de sa vie. Il y a eu des gens qui l’ont vu Morel (Louise), sorcière, tante de Marie
en cet état, dit le narrateur.... Us avaient de Martin. Voy. Martin.
bons yeux. Voy. Mixeurs. Morgane sœur du ,
roi Arlhus , élève de Mer-
' Lebrun, Histoire des superstitions 1. 1, p. ttZ. lin, qui lui enseigna la magie; elle est fameuse

Digitized by Google
A- «m .
, ,

MOR - 674 - MOR


dans les romans de chevalerie par ses enchan- sortant du tombeau, se présentait à son ami, lui
tements et par les tours qu’elle joua à Genièvre, recommandait de dire des prières pour le rache-
sa belle-sœur. C'est dans la Bretagne une grande ter des flammes et le conduire à la félicité des
fée, l'une des prophétesses de l’He de Sein, et élus '. •

la plus puissante des neuf sœurs druidesses. Les De tous les spectres de ce monde, la mort
Bretons l’appellent la Chanteuse des mers , et il est le plus effrayant. Dans une année d’indi-
y a dans ce pays des pêcheurs qui prétendent gence, un paysan se trouve au milieu de quatre
descendre d’elle. petits enfants qui portent leurs mains à leur
Pour plusieurs Morgane est un mirage Mor-
, ;
bouche, qui demandent du pain, et à qui il n’a
giane , chez les Orientaux est une péri qu’ils
,
rien à donner ... La démence s’empare de lui;
appellent aussi Mergiann. il saisit un couteau il égorge les trois aînés; le
-,

Morin {Jean-Baptiste), médecin de mademoi- plus jeune qu’il allait frapper aussi se jette à

,
,

selle de Guise, né au Mans en 1615, et mort en ses pieds et lui crie Ne me tuez pas , je n’ai
:

1705. Il pronostiquait comme Luc Gauric. Ori plus faim.


dit qu'il annonça le sort de Gustave-Adolphe et Dansarmées des Perses, quand un simple
les
du jeune Cinq-Mars, et qu'il fixa, à quelques soldat était malade à l’extrémité, on le portait
légères différences près, le jour et l’heure où en quelque forêt prochaine avec un morceau de ,

moururent le cardinal de Richelieu et le conné- pain, un peu d’eau et un bâton pour se défendre
table de Lesdiguières. On lui atlribue à tort la contre les bêtes sauvages, tant qu’il en aurait la
réponse adroite de cet astrologue qui, interrogé force. Ces malheureux étaient ordinairement dé-
par Louis XI s’il connaissait lui-même l'époque vorés. S’il en échappait quelqu’un qui revint
de sa propre mort, répondit: Oui, prince, — chez lui , tout le monde le fuyait comme si c’eût
trois jours avant la vôtre. été un démon ou un fantôme on ne lui permet- ;

Sous le règne de Louis XIII, on était très-in- taitde communiquer avec personne qu’il n’eût
fatué de l'astrologie judiciaire. Morin ayant pré- été purifié. On était persuadé qu'il devait avoir
dit que tel jour le roi était menacé de quelque eu de grandes liaisons avec Jes démons, puisque
malheur, on respecta assez sa prédiction pour les bêtes ne l’avaient pas mangé, et qu’il avait
recommander au roi de ne pas sortir. Il garda recouvré ses forces sans aucun secours.
effectivement l'appartement toute la matinée; Les anciens attachaient tant d’importance aux
mais s’ennuyant l’après-midi il voulut prendre , cérémonies funèbres qu’ils inventèrent les dieux

,

l’air et tomba. Qu'on ne parle pas de cela à mènes pour veiller aux sépultures. On trouve
Morin dit le prince cet accident le rendrait trop
, ;
dans la plupart de leurs écrits des traits frap-
glorieux. pants qui nous prouvent combien était sacré
Morin (Simon), visionnaire fanatique du dix- parmi eux ce dernier devoir que l'homme puisse
septième siècle, né vers 1623, qui voulut réta- rendre à l'homme. Pausanias conte que cer- ,

blir la sectedes illuminés, et qui annonçait que tains peuples de l'Arcadie ayant tué inhumaine-
Notre -Seigneur Jésus-Christ s’était incarné en ment quelques jeunes garçons qui ne leur fai-
lui. Il lit quelques prosélytes ; mais à la suite de saient aucun mal, sans leur donner d’autre
plusieurs détentions à la Bastille, il fut condamné sépulture que les pierres avec lesquelles ils les
à être brûlé, après avoir fait amende honorable avaient assommés, et leurs femmes, quelque
comme accusé de conspiration contre le roi il ;
temps après, se trouvant atteintes d’une maladie
monta sur le bûcher le 14 mars 1663. C’était un qui les faisait toutes avorter, on consulta les ora-
agitateur fanatique qui eût bien voulu une petite cles, qui commandèrent d’enterrer au plus vite
révolution. les enfants si cruellement privés de funérailles.
Mort. « La mort si poétique parce qu’elle
, Les Égyptiens rendaient de grands hon-
louche aux choses immortelles, si mystérieuse à neurs aux morts. Un de leurs rois, se voyant
cause de son silence, devait avoir mille ma- privé d’héritiers par la mort de sa fille unique
nières de s’énoncer pour le peuple. Tantôt un n’épargna rien pour lui rendre les derniers de-
trépas se faisait prévoir par le tintement d'une voirs et tâcha d’immortaliser son nom par la
cloche quf sonnait d'elle-môme , tantôt l’homme plus riche sépulture qu'il put imaginer. Au lieu
qui devait mourir entendait frapper trois coups d’un mausolée, il lui fit bâtir tut palais; et on
sur le plancher de sa chambre. Une religieuse de ensevelit le corps de la jeune princesse dans un
Saint-Benoît, près de quitter la terre, trouvait bois incorruptible, qui représentait une génisse
une couronne d’épines blanches sur le seuil de Rouverte de lames d’or et revêtue de pourpre.
sa cellule. Une mère perdait-elle son fils dans un Celte figure était à genoux, portant entre ses
pays lointain elle en était instruite à l'instant
, cornes un soleil d'or massif, au milieu d’une
par ses songes. Ceux qui nient les pressentiments salle magnifique et entourée de cassolettes où
ne connaîtront jamais les roules secrètes par où brûlaient continuellement des parfums odorifé-
deux cœurs qui s’aiment communiquent d’un rants.
bout du monde à l’autre. Souvent le mort chéri M. de Cliatcaubriand
1
,
Génie du christianisme.
mor - 475 — MOR
Les Égyptiens embaumaient les corps et les ils avaient un soin extrême. Ils se faisaient au-
conservaient précieusement; les Grecs et les tant de gloire de les nourrir grassement que les
Romains les brûlaient. Celte coutume de brûler autres peuples de se bâtir de superbes tombeaux.
les morts est fort ancienne. Les Égyptiens, avant Un Bactrien faisait beaucoup d'estime du chien
de rendre à leurs rois les honneurs funèbres les ,
qui avait mangé son père. Les Barcéens faisaient
jugeaient devant le peuple cl les privaient de consister le plus grand honneur de la sépulture
sépulture conduits en tyrans.
s’ils s’étaient à être dévorés par les vautours; de sorte que
Quand des Tarlares mourait , on mettait
le roi toutes les personnes de mérite et ceux qui mou-
son corps embaumé dans un chariot, et on le raient en combattant pour la patrie étaient aus-
promenait dans toutes ses provinces. Il était sitôt exposés dans où les vautours pou-
les lieux
permis à chaque gouverneur de lui faire quelque vaient en faire curée.Quant à la populace on ,

outrage, pour se venger du tort qu’il en avait l’enfermait dans des tombeaux ne la jugeant
,

reçu. Par exemple, ceux qui n’avaient pu obte- pas digne d’avoir pour sépulture le ventre des
nir audience maltraitaient les oreilles, qui leur oiseaux sacrés.
avaient été fermées; ceux qui avaient été indi- Plusieurs peuples de l’Asie eussent cru se ren-
gnés de ses débauches s’en prenaient aux che- dre coupables d’une grande impiété en laissant
veux, qui étaient sa principale beauté, et lui pourrir les corps; c’est pourquoi , aussitôt que
faisaient mille huées, après l’avoir rasé, pour le quelqu'un était mort parmi eux, ils le mettaient
rendre laid et ridicule. Ceux qui se plaignaient en pièces et le mangeaient en grande dévotion
de sa trop grande délicatesse lui déchiraient le avec les parents et les amis: C’était lui rendre
nez, croyant qu’il n’était devenu efféminé que honorablement les derniers devoirs. Pythagore
parce qu’il avait trop aimé les parfums. Ceux enseigna la métempsycose des âmes; ceux-ci
qui décriaient son gouvernement lui brisaient le pratiquaient la métempsycose des corps, en fai-
front d’où étaient sorties toutes scs ordonnances
, sant passer le corps des morts dans celui des
tyranniques; ceux qui en avaient reçu quelque vivants. D’autres peuples, tels que les anciens
violence lui mettaient les bras en pièces. Après Hiberniens, les Bretons et quelques nations asia-
qu’on l’avait ramené au lieu où il était mort on , tiques, faisaient encore plus pour les vieillards:
le brûlait avec une de ses femmes un échan-
, ils les égorgeaient dès qu'ils étaient septuagé-
son, un cuisinier, un écuyer, un palefrenier, naires et en faisaient pareillement un festin.
quelques chevaux et cinquante esclaves C'est ca qui se pratique encore chez quelques
Quand un Romain mourait, on lui fermait les peuplades sauvages.
yeux pour qu’il ne vit point l’affliction de ceux Les Chinois font publier le convoi pour que ,

qui l’entouraient. Lorsqu’il était sur le bûcher, le concours du peuple soit plus nombreux. On
on les lui rouvrait pour qu'il pût voir la beauté fait marcher devant le mort des drapeaux et des
des cieux qu’on lui souhaitait pour demeure. On bannières, puis des joueurs d’instruments, sui-
faisait faire ordinairement la ligure du mort, ou vis de danseurs revêtus d'habits fort bizarres,
en cire, ou en marbre, ou en pierre; et cette qui sautent tout le long du chemin avec des
figure accompagnait le cortège funèbre, entourée gestes ridicules. Après cette troupe viennent des
de pleureuses à gages. Chez plusieurs peuples de gens armés de boucliers et de sabres, ou de
l'Asie et de l’Afrique, aux funérailles d’un homme gros bâtons noueux. Derrière eux, d’autres por-
riche et de quelque distinction, on égorge et on tent des armes à feu dont ils font incessamment
enterre avec lui cinq ou six de ses esclaves. des décharges. Enfin, les prêtres, criant de
Chez les Romains, dit Sainl-Foix, on égorgeait toutes leurs forces, marchent avec les parents,
aussi des vivants pour honorer les morts; on qui mêlent à ces cris des lamentations épouvan-
faisait combattre des gladiateurs devant le bû- tables; le cortège est fermé par le peuple. Cette
cher, et on donnait à ces massacres le nom de musique enragée et ce mélange burlesque de
jeux funéraires. En Égypte et au Mexique, dit le joueurs, de danseurs, de soldats, de chanteuses
même auteur, on faisait toujours marcher un et de pleureurs donnent beaucoup de gravité à
chien ù la tâte du convoi funèbre. Eu Europe, la cérémonie. On ensevelit le mort dans un cer-
sur les anciens tombeaux des princes et des che- cueil précieux , et on enterre avec lui , entre
plu-
valiers, on voit communément des chiens ù leurs sieurs objets, de petites figures horribles, pour
pieds. faire sentinelle près de lui et effrayer les démons ;

Les Parthes, les Mèdes et les Ibéricns expo- après quoi on célèbre le festin funèbre, où l’on
saient les corps, ainsi que chez les Perses, pour invite de temps en temps le défunt â manger et
qu’ils fussent au plus dévorés par les bêtes
tôt à boire avec les convives. Les Chinois croient
sauvages, ne trouvant rien de plus indigne de que morts reviennent en leur maison une fois
les
l’homme que la putréfaction. Les Bactriens nour- tous les ans, la dernière nuit de l’année. Pen-

rissaient, pour ce sujet, de grands chiens dont dant toute cette nuit, ils laissent leur porté ou-

verte, afin que les âmes de leurs parents tré-


1
Muret, Del cérémoniel funèbres. passés puissent entrer; ils leur préparent des lits
,

MOR — 476 — MOR


et mettent dans la chambre un bassin plein d’eau que d'honneur que souvent on ne l’accordait
pour qu’ils puissent se laver les pieds. Ils atten- qu’aux grands seigneurs et aux souverains. Les
dent jusqu'à minuit. Alors, supposant les morts Tibaréniens, les Suédois, les Golhs suspendaient
arrivés, ils leur font compliment, allument des les corps à des arbres et les laissaient se défi-
cierges, brûlent des odeurs et les prient, en gurer ainsi peu à peu, et servir de jouet aux
leur faisantde profondes révérences, de ne pas vents. D'autres emportaient dans leurs maisons
oublier leurs enfants et de leur obtenir des dieux ces corps desséchés et les pendaient au plancher
la force, la santé, les biens et une longue vie. comme des pièces de cabinet Les Groënlan-
I.es Siamois brûlent les corps et mettent autour dais, habitant le pays du monde le plus froid,
du bûcher beaucoup de papiers où sont peints ne prennent pas d'autres soins des morts que de
des jardins, des maisons, des animaux, des les exposer nus à l’air, oit ils se gèlent et se dur-
fruits, en un mol, tout ce qui peut être utile et cissent aussitôt comme des pierres puis de peur; ,

agréable dans l’autre vie. Ils croient que ces pa- qu’en les laissant au milieu des champs ils ne
piers brûlés deviennent réellement ce qu’ils re- soient dévorés par les ours, les parents les en-
présentent. Ils croient aussi que tout être, dans ferment dans de grands paniers qu'ils suspendent
la nature, quel qu'il soit, un habit, une flèche, aux arbres. Les Troglodytes exposaient les corps
une hache un chaudron etc. a une àme et
, , , , morts sur une éminence le derrière tourné vers
,

que cet àme suit dans l'autre monde le maître à les assistants; de sorte qu'excitant, par celte
qui la chose appartenait dans ce monde-ci. On posture le rire de toute l'assemblée on se mo-
, ,

aurait dit sérieusement pour eux ces vers bur- quait du mort au lieu de le pleurer; chacun lui
lesques : jetait des pierres, et quand il en était couvert,
on plantait au-dessus une corne de chèvre et on
J’aperçus l'ombre d’un cocher
se relirait. Les habitants des îles Baléares dépe-
Qui, tenant l’ombre d'une brosse,
En frottait l'ombre d'un carrosse *. çaient le corps en petits morceaux et croyaient
honorer infiniment le défunt en l’ensevelissant
Le gibet, qui nous inspire tant d’horreur, a dans une cruche. Dans certains pays de l'Inde,
passé chez quelques peuples pour une telle mar- la femme se brûle sur le bûcher de son mari.

Lorsqu’elle a dit adieu à sa famille, on lui apporte personnes riches, de remplir la bouche du mort
des lettres pour le défunt des pièces de toile,
, de pièces d’or et d'argent, pour ses besoins dans
des bonnets, des souliers, etc. Quand les présents l’autre monde. On revêt l'homme de sept de ses
cessent de venir , elle demande jusqu’à trois fois meilleurs habits et la femme de neuf robes. Les
à l’assemblée si l'on n’a plus rien à lui apporter Galales mettaient dans la main du mort un cer-
et àrecommander, ensuite elle fait un paquet
lui tificat de bonne conduite.
de toutet l’on met le feu au bûcher. Dans le Chez les Turcs, on loue des pleureuses qui
royaume de Tonquin, il est d’usage, parmi les accompagnent le convoi, et on porte des rafraî-
1
De Ch. Perrault, attribués mul à propos à Scarron. 1
Muret , Des cérémonies funèbres etc

Google
!

MOR — 677 - MOR


chissements auprès du tombeau pour régaler les tant hommes que femmes, et parmi eux quel-
passants, qu’on invite à pleurer et à pousser des ques nains et quelques bouffons pour son diver-
cris lamentables. Les Gaulois enterraient avec le tissement. Le lendemain on enfermait les cen-
,

corps mort ses armes, ses habits, ses animaux, dres dans une petite grotte voûtée, toute peinte
et même ceux de ses esclaves qu’il avait paru en dedans, et on mettait au-dessus la ligure du
le plus chérir.Quand on découvrit le tombeau prince, à qui l'on faisait encore de temps en
de Childéric, père de Clovis, à Toumay, on y temps de pareils sacrifices, car le quatrième jour
trouva des pièces d’or et d'argent des boucles, , après qu'il avait été brûlé, on lui envoyait quinze
des agrafes, des filaments d'habits, la poignée esclaves en l'honneur des quatre saisons, afin
d’une épée le tout d'or ; la figure en or d'une
, qu'il les eût toujours belles; on en sacrifiait cinq
tête de bœuf, qui était, dit-on, l’idole qu’il ado- levingtième jour, afin qu’il eût, toute l’éternité,
rait; les os, le mors, un fer et quelques restes une vigueur pareille à celle de vingt ans; le
du harnais d'un cheval un globe de cristal dont
, soixantième, on en immolait trois autres, afin
il se servait pour deviner, une pique, une hache qu’il ne sentit aucune des principales incommo-
d’armes, un squelette d’homme en entier, une dités de la vieillesse, qui sont la langueur, le

autre tête moins grosse qui paraissait avoir été


,
froid et l’humidité. Enfin, au bout de l'année,
|

celle d’un jeune homme, et apparemment de i on lui en sacrifiait encore neuf, qui est le nombre
l'écuver qu’on avait tué, selon la coutume, pour le plus propre à exprimer l’éternité, pour lui

accompagner et aller servir là-bas son maître. souhaiter une éternité de plaisir.
On voit qu’on avait eu soin d'enterrer avec lui Quand les Indiens supposent qu’un de leurs
ses habits , ses armes , de l'argent un cheval, un
, chefs est près de rendre le dernier soupir, les
domestique, des tablettes pour écrire, en un mot savants de nation se rassemblent. Le grand
la

tout ce qu'on croyait devoir lui être nécessaire prêtre et médecin apportent et consultent
le
dans l’autre monde. Quelquefois même on en- chacun la figure de la divinité, c’est-à-dire de
terrait avec les grands personnages leur médecin. l’esprit bienfaisant de l’air et de celui du feu.
La belle Austregilde obtint en mourant, du roi Ces figures sont en bois, artislcmenl taillées, et
Contran, son mari, qu'il ferait tuer et enterrer représentent un cheval, un cerf, un castor, un
avec elle les deux médecins qui l’avaient soignée cygne, un poisson, etc. Tout autour sont sus-
pendant sa maladie. <iCe sont, je crois, les seuls, pendues des dents de castor des griffes d'ours,

dit Saint-Foix, qu'on ait inhumés dans le tom- et d'aigle. Leurs maîtres se placent avec elles
beau des rois; mais je ne doute pas que plusieurs dans un coin écarté de la cabane pour les con-
autres n'aient mérité le même honneur. » sulter; il existe ordinairement entre eux une ri-
On observait anciennement en Fronce une valité de réputation, d’autorité, decrédit; s’ils
coutume singulière aux enterrements des nobles : ne tombent pas d'accord sur la nature de la ma-
on faisait coucher dans le lit de parade qui se ladie, ils frappent violemment ces idoles les unes
portait aux enterrements un homme armé de contre les autres, jusqu’à ce qu’une dent ou une
pied en cap pour représenter le défunt. On trouva griffe en tombe. Cette perle prouve la défaite de
dans les comptes de la maison de Polignac : l’idole qui Ta éprouvée et assure par conséquent
Donné cinq iota à U laite , pour avoir fait le che- une obéissauce formelle à l'ordonnance de sou
valier mort, à la sépulture de Jean, fils de Ran- compétiteur.
donnet- Armand , vicomte de Polignac. Aux funérailles du roi de Méchoacan, le corps
Quelques peuples de l’Amérique enterraient était porté par le prince que le défunt avait choisi
leurs morts assis et entourés de pain d'eau de , ,
pour son successeur la noblesse et le peuple le
;

fruits et d'armes. A Pannco, dans le Mexique, on suivaient avec de grandes lamentations. Le con-
regardait les médecins comme de petites divi- voi ne se mettait en marche qu’à minuit, à la
nités, à cause qu’ils procuraient la santé, qui est lueur des torches. Quand il était arrivé au temple,
le plus précieux de tous les biens. Quand ils on faisait quatre fois le tour du bûcher; après
mouraient, on ne les enterrait pas comme les quoi on y déposait le corps et on amenait les of-
autres ; on les brillait avec des réjouissances pu- ficiers destinés à le servir dans l'autre monde;
bliques; les hommes et les femmes dansaient entre autres, sept jeunes filles. Tune pour serrer
pêle-mêle autour du bûcher. Dès que les os ses bijoux, l'autre pour lui présenter sa coupe,
étaient réduits en cendres, chacun tâchait d’en la troisième pour lui laver les mains, la quatrième

emporter dans sa maison et les buvait ensuite pour lui donner la serviette, la cinquième pour
avec du vin comme un préservatif contre toutes
,
lui faire sa cuisine, la sixième pour mettre son

sortes de maux. Quand on brûlait le corps de couvert, la septième pour laver son linge. On
quelque empereur du Mexique, on égorgeait d’a- mettait le feu au bûcher, et toutes ces malheu-
bord sur son bûcher l'esclave qui avait eu soin, reuses victimes, couronnées de fleurs, étaient
pendant sa vie, d’allumer ses lampes, afin qu’il assommées à grands coups de massue et jetées
lui allât rendre les mêmes devoirs dans l'autre dans les flammes.
monde. Ensuite on sacrifiait deux cents esclaves, Chez les sauvages de la Louisiane, après les

ogle
MOU — m MOR
cérémonies des obsèques, quelque homme no- I sans l’enterrer ; sescompagnons lui apportent
table de la nation, mais qui doit n'étre pas de la tous les matins à manger cl à boire; mais enfin,
famille du mort, fait son éloge funèbre. Quand il voyant qu’il ne veut point revenir à la vie, ni
a fini, les assistants vont tout nus, les uns après toucher à ces viandes , ils les lui jettent sur la

les autres, se présenter devant l’orateur, qui leur tête, et,comblant la fosse, ils font un grand
applique h chacun, d'un bras vigoureux, trois feu, autour duquel ils dansent avec des hur-
coups d’une lanière large de deux doigts, en di- lements.
sant « Souvenez- vous que pour être un bon
: Les Turcs en enterrant les morts leur lais-
guerrier comme l’était le défunt, il faut savoir sent les jambes libres, pour qu'ils puissent se
souffrir. » mettre à genoux quand les anges viendront les
Les protestants luthériens n’ont point de ci- examiner ils croient qu’aussitôt que le mort est
;

metière et enterrent indistinctement les morts dans la fosse son lune revient dans son corps et
,

dans un champ dans un bois dans un jardin.


, ,
que deux an(;es horribles se présentent à lui et
« Parmi nous, dit Simon de Paul l’un de leurs ,
lui demandent « Quel est ton dieu, ta religion
:

prédicants, il est fort indifférent d’être enterré et ton prophète? » S'il a bien vécu il répond , :

dans les cimetières ou dans les lieux où l’on « Mon dieu est le vrai Dieu ma religion est la

,

écorche les ânes. Hélas, disait un vieillard du vraie religion , et mon prophète est Mahomet. »
Palatinat, faudra-t-il donc qu’après avoir vécu Alors on lui amène une belle figure, qui n’est
avec honneur, j'aille demeurer après ma mort autre chose que ses bonnes actions, pour le di-
parmi les raves, pour en être éternellement le vertir jusqu’au jour du jugement, où il entre en
gardien? > paradis. Mais si le défunt est coupable, il tremble
Les Circassiens lavent les corps des morts, à de peur et ne peut répondre juste. Les anges
moins que le défunt ne soit mort loyalement noirs le frappent aussitôt avec une massue de
dans une bataille pour la défense du pays, au- feu et l’enfoncent si rudement dans la terre
quel cas on l'enterre dans son harnais, sans lé que tout le sang qu’il a pris de sa nourrice s’é-
laver, supposant qu’il sera reçu d’emblée en pa- coule par le nez. Là-dessus vient une figure très-
radis vilaine (ses mauvaises actions) qui le tourmente
Les Japonais témoignent la plus grande tris- jusqu'au jour du jugement, où il entre en enfer.
tesse pendant la maladie d'un des leurs, et la C’est pour délivrer le mort de ces anges noire
plus grande joie à sa mort. Ils s’imaginent que que les parents lui crient sans cesse « N’ayez :

lesmaladies sont des dénions invisibles, et sou- pas peur et répondez bravement. » Ils font une
vent ils présentent requête contre elles dans les autre distinction des bons et des méchants qui
,

temples. Ces mêmes Japonais poussent quelque- n’est pas moins absurde, ils disent qu'au jour du
vengeance, qu’ils ne se contentent
fois si loin la jugement Mahomet viendra dans la vallée de Jo-
pas de faire périr leur ennemi mais ils se don- ;
saphat, pour voir si Jésus-Christ jugera bien les
nent encore la mort pour aller l’accuser devant hommes qu’après le jugement il prendra la
;

leur dieu et le prier d’embrasser leur querelle ;


forme d’un mouton blanc; que tous les Turcs se
on conte même que des veuves , non contentes cacheront dans sa toison, changés eu petite ver-
d’avoir bien tourmenté leurs maris pendant leur mine, qu’il se secouera alors, et que tous ceux
vie , se poignardent pour avoir le plaisir de les qui tomberont seront damnés, tandis que tous
faire enrager après leur mort. ceux qui resteront seront sauvés, parce qu’il les
Quand un Caraïbe est mort, ses compagnons mènera en paradis. Des docteurs musulmans expo-
viennent visiter le corps et lui font mille ques- sent encore autrement la chose : Au jugement
tions bizarres, accompagnées de reproches sur dernier, Mahomet se trouvera à côté de Dieu,
ce qu’il s’est laissé mourir comme s’il eût dé-
,
monté sur le Borak et couvert d'un manteau fait
pendu de lui de vivre plus longtemps a Tu : des peaux de tous les chameaux qui auront porté
pouvais faire si bonne chère! il ne te manquait à la Mecque le présent que chaque sultan y en-
ni manioc, ni patates-, ni ananas; d’où vient donc voie à son avènement à l’empire. Les âmes des
que tu es mort ? Tu étais si considéré chacun I bienheureux musulmans se transformeront en
avait de l’estime pour toi, chacun t'honorait, puces, qui s'attacheront aux poils du manteau du
pourquoi donc es-tu mort?... Tes parents t'ac- prophète, et Mahomet les emportera dans son
cablaient de caresses; ils ne te laissaient man- paradis avec une rapidité prodigieuse il ne sera ;

quer de rien; dis -nous donc pourquoi tu es plus question alors que de se bien tenir, car les
mort? Tu étais si nécessaire au pays! tu t’étais âmes qui s’échapperont , soit par la rapidité du
signalé dans tant de combats! tu nous mettais à vol, soit autrement, tomberont dans la mer, où
couvert des insultes de nos ennemis d'où vient ;
elles nageront éternellement.
donc que tu es mort? » Ensuite on l'assied dans Parmi les juifs modernes aussitôt que , le ma-
une fosse ronde; on l'y laisse pendant dix jours lade est abandonné des médecins, on fait venir
un rabbin, accompagné, pour le moins, de dix
1
Stanislas Bol! ,
Voyage en Circattie. personnes. Le juif répare le mal qu’il a pu faire;

uigitiz
,

MOU — 479 — MOR


puis change de nom, pour que l’ange de la
il ferme pas un des plus proches pareiiLs est me-
,

mort, qui doit le punir, ne le reconnaisse plus; nacé sous peu de cesser d’être ' On dit ailleurs .

ensuite il donne sa bénédiction à ses enfants, s'il que tout le monde voit les démons en mourant,
en a, et reçoit celle de son père, s’il ne l'a pas et que la sainte Vierge fut seule exempte de cette
encore perdu. De ce moment on n’ose plus le vision. Le jour de la Commémoration des tré-
laisser seul, de peur que l’ange de la mort, qui passés, les Bretons ne balayent pas leurs maisons
est dans sa chambre, ne lui fasse quelque violence. pour ne pas troubler les morts, qui y reviennent
Ce méchant esprit, disent-ils, avec l’épée qu’il a ce jour-là en grandes troupes.
dans sa main paraît si effroyable que le malade
,
Les Arméniens frottent les morts d’huile, parco
en est tout épouvanté. De cette épée, qu'il tient qu’ils s’imaginent qu'ils doivent lutter corps à
toujours nue sur lui, découlent trois gouttes d’une corps avec de mauvais génies. Chez les chrétiens
liqueur funeste la première qui tombe lui donne
: schismatiques de l'archipel Grec, si le corps d'un
la mort, la seconde le rend pile et difforme, la mort n’est pas bien roide, c’est un signe que le
dernière le corrompt et le fait devenir puant et diable y est entré, et on le met on pièces pour
infect. Aussitôt que le malade expire, les assis- empêcher ses fredaines. Les Tonquinois de la
tants jettent par la fenêtre toute l’eau qui se secte des lettrés rendent un culte religieux à ceux
trouve dans la maison ;
ils la croient empoison- qui sont morts de faim les premiers jours de
;

née, parce que l’ange de la mort, après avoir chaque semaine , ils leurs présentent du riz cuit
tué le malade, y a trempé son épée pour en ôter qu’ils ont été mendier par la ville.
le sang. Tous les voisins, dans la même crainte, Chez les anciens, celui qui rencontrait un ca-
en font autant. Les juifs racontent que cet ange davre était obligé de jeter sur lui par trois fois, ,

de la mort était bien plus méchant autrefois; de la poussière, sous peine d'immoler à Cérès
mais que, par la force du grand nom de Dieu, la victime que l’on nommait força prœcidane.a;

des rabbins le lièrent, un jour et lui crevèrent on regardait même comme maudits ceux qui
l’oeil gauche; d’où vient que, ne voyant plus si passaient devant un cadavre sans lui rendre ce
clair, il ne saurait, plus faire tant de mal. Dans dernier devoir.
leurs cérémonies funèbres, les juifs sont per- Voici sur les morts des anecdotes d'un autre
suadés que, si on omettait une seule des observa- genre. Méhémet Almédi , roi de Fez ,
prince am-
tions et des prières prescrites, l’âme ne saurait bitieux, rusé, hypocrite, eut une longue guerre
être portée par les anges jusqu'au lit de Dieu, à soutenir contre des peuples voisins qui refu-
pour s'y reposer éternellement; mais que, tris- saient de se soumettre à lui. Il remporta sur eux
tement obligée d’errer çà et là, elle serait ren- quelques victoires mais ayant perdu une ba-
;

contrée par des troupes de démons qui lui fe- taille, où il avait exposé scs troupes avec une

raient souffrir mille peines. Ils disent qu'avant fureur aveugle elles refusèrent de retourner à
,

d’entrer en paradis ou en enfer, l'âme revient l’ennemi. Pour les ranimer, il employa un strata-
pour la dernière fois dans le corps et le fait lever gème. Il offrit à un certain nombre de ses offi-
sur ses pieds; qu'alors l'ange de la mort s’ap- ciers, ceux qui lui étaient le plus affectionnés,
proche avec une chaîne, dont la moitié est de fer des récompenses considérables .s’ils voulaient se
et l’autre moitié de feu, et lui en donne trois laisser enfermer quelques heures dans des tom-
coups au premier, il disjoint tous les os et les
: beaux, comme s’ils fussent morts à la bataille.
fait tomber confusément à terre; au second, il — J’ai fait pratiquer à ces tombeaux leur dit-il ,

les brise et les éparpille, et au dernier, il les ré- des ouvertures par lesquelles vous pourrez respi-
duit en poudre. Les bons anges viennent ensuite rer et vous faire entendre ; car je disposerai les
et ensevelissent les cendres. Les juifs croient que esprits, et, quand l’armée passera, je vous inter-
ceux qui ne sont point enterrés dans la terre rogerai; vous répondrez que vous avez trouvé
promise ne pourront point ressusciter; mais que ce que je vous avais promis c'est-à-dire une ,

toute la grâce que Dieu leur fera, ce sera de leur félicité entière et parfaite, récompense de votre

ouvrir de petites fentes au travers desquelles ils dévouement, bonheur réservé à tous ceux qui
verront le séjour des bienheureux. Cependant le combattront avec vaillance. Le tout s’exécuta
rabbin Juda, pour consoler les vrais israélites, comme l’avait proposé Méhémet Almédi. Il cacha
assure que les âmes des justes enterrées loin du parmi les morts ses plus fidèles serviteurs, les
pays de Chanaan rouleront par de profondes ca- couvrit de terre, leur laissant un petit soupirail
vernes, qui leur seront pratiquées sous terre, pour respirer et se faire entendre. Ensuite il ren-
jusqu'à la montagne des Oliviers d’où elles tra au camp, et faisant assembler les principaux
entreront en paradis.
,

chefs au milieu de la nuit : — Vous êtes, leur


En Bretagne, on croit que tous les morts ou- dit-il , les soldats de Dieu , les défenseurs de la
vrent la paupière à minuit ». Et à Plouerden, loi et les protecteurs de la vérité. Disposez-vous
près Landernau, si l'oeil gauche d'un mort ne se à exterminer nos ennemis, qui sont aussi ceux

1
Cambrv, Voyage dans le Finistère , l. H, p. IB. 1
Cambrv, Voyage dans le Finistère, t. Il ,
p. 170,

iogIe
, ,.

du Très-Haut; comptez que vous ne retrouverez se donner à lui. Le mari, dit-on, y consentit; la

jamais une occasion aussi certaine de lui plaire. femme revécut. Mais un jour qu’on prononça (le-
Mais comme il pourrait se trouver parmi vous vant elle le nom de Jésus elle retomba morte
,

des cœurs pusillanimes qui ne s‘en rapporteraient et ce fut toutde bon.


pas à mes paroles, je veux les convaincre par un Most-Mastite. l'oy. Mariage.
grand prodige. Allez au champ de bataille; inter- Motelu, démon que l’on trouve cité dans le
rogez ceux de nos frères qui ont été tués aujour- procès intenté à Denise de Lacaille.
d'hui ; ils vous assureront qu’ils jouissent du plus Motogon, le dieu créateur en Australie. « Les
parfait bonheur, pour avoir perdu la vie dans la Australiens disent que le Motogon, qu’ils croient
guerre sainte. Il conduisit alors ses guerriers sur un homme très-fort, très-grand, très-sage, de
le champ de bataille, où il cria de toute sa force : leur couleur et de leur pays, quand il créa le
— Assemblée des fidèles martyrs, faites-nous sa- soleil, la terre, les arbres, le kangarou, etc.,
voir ce que vous avez vu des merveilles du Dieu usa de cette parole : « Terre ,
parais dehors ! .> et
Très-Haut. Les compères enfouis répondirent : il souilla, et la terre fut créée. « Eau. parais de-
— Nous avons reçu du Tout-Puissant dés récom- hors 1 >il souffla, et l’eau fut créée. Ainsi de tous
penses infinies et qui ne peuvent être comprises les autres êtres. C’est une tradition assurément
par des vivants. Les chefs, surpris du prodige de la formule de la Genèse ’. » Chez ces peuples,
de cette réponse coururent la publier dans l'ar-
,
ledémon se nomme Cienga.
mée et réveillèrent le courage dans le cœur de Mouche. Le diable apparaît quelquefois en
tous les soldats. Pendant que le camp s'agitait forme de mouche ou de papillon. On le vit sortir
le roi , feignant une extase occasionnée par le sous cette forme de la bouche d’un démoniaque

miracle qui venait d'avoir lieu , était demeuré de Laon*. Les démonomanes appellent Belzé-
près des tombeaux où ses serviteurs ensevelis buth seigneur des mouches; les habitants de Cey-
attendaient leur délivrance. Mais il boucha les lan appellent le diable Aehor, qui signifie en leur
soupiraux par lesquels ils respiraient et les en- langue dieu des mouches ou chasse-mouches;
voya recueillir, par ce barbare stratagème, les lui offrent des sacrifices pour tire délivrés
ils

récompenses qu'il venait de ces insectes, qui causent quelquefois dans


d’annoncer à leurs
frères. leur pays des maladies contagieuses ils disent ;

Disons un mol de la peur que tous les hommes qu’elles meurent aussitôt qu’on a sacrifié à Aclior*.
ont pour les morts. Trois mauvais sujets de mu- M. Éméric David à propos de Jupiter, dit que ,

siciens, au retour d’une partie de débauche pas- les ailes de mouches qui dans
,
quelques monu- ,

saient devant un cimetière ils y entrent après ments, forment (à ce qu’on prétend) la barbe
; ;

s’être permis, pour s’encourager, de mauvaises de Jupiter, sont un hommage au feu générateur,
plaisanteries sur les morts qui habitaient là, une les mouches étant produites par la canicule
idée folle leur vint. Ils portaient avec eux leurs Vog. Granson, Myiagorcs, etc.
instruments de musique. Ils trouvent original de Moult (Thomas-Joseph), astrologue napoli-
donner un concert à un tas d’ossements rassem- tain, inférieur à Matthieu Laensberg; il a laissé
blés en faisceau dans l’une des extrémités de ce des prédictions populaires.
champ du repos. Ils n’ont pas plutôt commencé Mouni, esprits quo reconnaissent les Indiens,
leur affreuse sérénade, qu’un cri part du fond de quoique aucun de leurs livres sacrés n’en fasse
l’ossuaire; tous les ossements qui le composent mention ils leur attribuent les qualités que les ;

se meuvent, s’agitent, s’entrechoquent avec bruit, Européens accordent aux esprits follets. Ces es-
semblent se réunir et se ranimer pour punir les prits n’ont point de corps, mais ils prennent la
audacieux qui bravent ainsi l’empire de la mort. forme qui leur plaît, ils rôdent la nuit pour faire
Les concertants sont tellement effrayés que deux mal aux hommes, tâchent de conduire les voya-
d’entre eux tombent morts à l’instant, et l’autre, geurs égarés dans des précipices, des puits ou
à demi écrasé reste longtemps sans connais- des rivières, se transformant en lumière et ca-
,

sance. En reprenant ses sens il demeura si vive-


ment frappé qu’il se lit ermite. Voici le secret — 1
Voyage en Australie, par le R. P. Salvado, tra-
duit par M, Charles Auberive.
de l’aventure. Un pauvre mendiant, qui n’avait 2 Lcloycr, Histoire et discours des spectres.
pas d’asile, s’était réfugié derrière le monceau 2 Les Aciiatiques étaient des fêtes qui se célé-

d’ossements, pour y passer la nuit; cette musique braient tous les trois ans en l’honneur d’Apollon.
inattendue lui avait fait une telle frayeur, en le Elles avaient pris leur nom du promontoire d’ Actiuin
réveillant en sursaut, qu’il s’était enfui et qu’en Ces fêles consistaient en jeux et danses; on v tuait
un boeuf qu’on abandonnait aux mouches, (fans la
se sauvant il avait fait crouler la pyramide fatale.
|iersuasion où l’on était que, rassasiées de son sang,
l'oy.Nécromancie, Vampires, Revenants, etc. elles s’envolaient et ne revenaient plus. Auguste,
Hortemart. Un seigneur de celle famille cé- vainqueur de Marc-Antoine, renouvela les jeux Ac-
lèbre perdit sa femme qu’il chérissait. Tandis tiatiques; on ne les célébra d’abord qu’à Actium. et
tous les trois ans; niais ce prince en transporta ta
qu’il se livrait à son désespoir, le diable lui appa-
célébration à Rome et en fixa le retour tous les cinq
rut et lui offrit de ranimer la défunte s’il voulait ans.
,

MOU — 481 - MUM


chant le péril où ils les entraînent. C’est pour se Mulet. C’est sous cette forme que se montre
les rendre propices que les Indiens élèvent en le lutin Odet.
leur honneur de grossières statues colossales, Muller (Jean) astronome et astrologue, plus
,

auxquelles ils vont adresser des prières. connu sous le nom de RegiomonUmus né en ,

Mouton. Le diable s’est montré plusieurs fois 1430, en Franconie, mort à Rome en 1470. Il
parait qu’il prophétisait aussi puisqu’on dit qu’il
,

annonça ladu monde en même temps que


fin
Stoffler. Ces deux hommes firent tant de bruit
1

que les esprits faibles crurent que le monde fini-


rait infailliblement en 1588. On dit qu’il con-
struisit deux automates merveilleux : 1” un aigle
qui volait et qui alla au-devant de l'Empereur,
lors de son entrée à Halisboune 2° une mouche ;

de fer, qui faisait le tour d’une table en bourdon-


nant à l’oreille de chaque convive, et revenait se
sous forme d’un mouton. Le sorcier Aupetit,
la
poser sur sa main. Ses contemporains voyaient
qui fut condamné à être brûlé vif, avoua qu’il dans ces deux objets, dont on exagère la perfec-
tion des œuvres de magie.
s’était présenté à lui sous la figure d’un mouton ,

plus noir que blanc, et qu'il lui avait dit que


toutes les fois qu’il verrait dans les nuages un
mouton, ce serait le signal du sabbat Quand .

vous rencontrez dans un voyage des moutons


qui viennent à vous c'est un signe que vous
,

serez bien reçu s’ils fuient devant vous


; ils ,

présagent un triste accueil, l'oy. Moûts.


Mouzouko nom que les habitants du Mono-
,

molapa donnent au diable, qu’ils représentent


comme fort méchant 1 Il n'est bon nulle part. .

Mozart. Tout le monde sait les circonstances


singulières de la mort de ce célèbre compositeur,
l'n inconnu vint lui demander, à haut prix une ,

messe de Requiem pour un grand personnage


qu'il ne voulut pas lui nommer. Le mystère dont

s’entourait cet inconnu, sa figure peut-être, l’im-


possibilité de découvrir qui il était, troublèrent
l’esprit de Mozart. Il traîna assez longtemps le
travail promis, se figurant que ce serait sa der-
nière œuvre. mourut après l’avoir terminé.
Il

Saliéri son rival, qu’il ne connaissait pas,


,

avoua en mourant
, son tour, que c’était lui
qui avait joué le personnage de l’inconnu et il ;

s'accusa ainsi de la mort de Mozart, dont il était


envieux.
Mugeta d'Essen ,
sorcière lorraine qui fut
condamnée au bûcher. Avant d’y monter, elle
déclara que l’esprit impur défend 4 ses adhérents
de se laver le matin et qu'il a la propreté en hor-
reur. En conséquence, elle conseilla à son mari,
s’il voulait faire reculer les démons, de se laver
tous les matins les mains et la figure et de se re-
commander à Dieu dès son réveil *.

Muhazimim nom , donnent que les Africains


iloxart.

à leurs possédés. Ils font des cercles, impriment


des caractères sur le front de ces muhazimim, et Mullin, démon d'un ordre inférieur, premier
le diable qui les possède déloge aussitôt'. valetde chambre de Uelzébuth. Il y a aussi dans
quelques procès de sorciers un certain maître
1
Delancre, Tableau de Tinconsl. des démons, etc., Jean Mullin, qui est le lieutenant du grand maître
p. 503. des sabbats.
2 Abrégé des Voyages par la Harpe.
3 Remi, Démonologie. Mummol. En 578, Frédégonde perdit un de
4 Bodin, Démonomanie, p. 396. ses fils, qui mourut de la dyssenterie. On accusa
31

Ce
MUN — 682 — MUN
le général Mummol,
qu’elle haïssait, de l’avoir gonde partit pour Compiègne et accusa Mummol
fait charmes et des maléfices. Il
périr par des auprès du roi 1 Ce prince le fit venir; on lui lia
.

avait eu l’imprudence de dire à quelques per- les mains derrière le dos; on lui demanda quel

sonnes qu’il connaissait une herho d’une eflica- maléfice il avait employé pour tuer le prince ; il
1
cité absolue contre la dyssenlerie . Il n’en fallut ne voulut rien avouer de ce qu’avaient déposé
pas davantage pour qu'il fût soupçonné d’être les sorcières; mais il convint qu'il avait souvent

sorcier. La reine fit arrêter plusieurs femmes de charmé des onguents et des breuvages, pour ga-
Paris, qui confessèrent qu’elles étaient sorcières, gner la faveur du roi et de la reine. Quand il fut
qu'elles avaient tué plusieurs personnes, que retiré de la torture, il appela un sergent et lui
Mummol devait périr, et que le prince avait été commanda d’aller dire au roi qu’il n'avait éprouvé

sacrifié pour sauver Mummol. De ces sorcières, aucun mal. Chilpéric, entendant ce rapport,
qui étaient coupables de meurtres, les unes furent s’écria s II faut vraiment qu’il soit sorcier pour
:

brûlées, d’autres noyées; quelques-unes expi- n’avoir pas souffert de la question !.. » En même .

rèrent sur la roue. Après ces exécutions, Frédé- temps il fit -reprendre Mummol; on l'appliqua de

Munccr (Thomas).

nouveau mais quand on se préparait


à la torture; masses qu’il rassembla une armée de quarante
à lui trancher la reine lui fit grâce de la
la tête , mille hommes. Comme il saccageait non-seule-
vie, se contentant de prendre scs biens. On le ment les églises et les objets sacrés, mais les
plaça sur une charrette attelée pour le conduire châteaux des princes, ceux-ci s'armèrent contre
à Bordeaux où il était né il ne devait point y
, ; lui. Il marcha à la bataille en annonçant que
mourir, tout son sang se perdit pendant la route, l’esprit qui l’inspirait lui assurait pleine victoire
et il expira d’épuisement. On brûla tout ce qui et qu’il recevrait dans sa manche tous les bou-
avait appartenu au jeune prince, autant à cause lets qu’on allait lancer contre ses fidèles. Mais il

des tristes souvenirs qui s’y attachaient, que pour s'en tint si loin qu'il n'en put recevoir aucun.
anéantir tout ce qui portail avec soi l'idée du sor- Cependant on lui tua sept mille hommes et on
tilège ’.
dispersa ses bandes. Lui-même, pris â Mulhouse,
Muncer (Thomas), d'abord disciple de Luther, monta sur lechafaud en 1525 Ct alla rejoindre
puis son rival.Il se donna comme inspiré de l'Es-
l'esprit qui le possédait.
prit-Saintpour renverser tous les trônes et rendre Munnings, vieille Anglaise qu’on amena aux
tous les hommes égaux. Il pratiquait la prophé- juges, comme sorcière, en 1694. Un témoin jura
tie, racontait ses visions; et il charma si bien les que, sortant du cabaret vers neuf heures du soir,
et regardant chez elle par sa fenêtre, il l’avait
1
C’est l'herbe que les pavsans appellent I herlie
vue tirer de son panier deux petiLs démons, l’un
à cochon.
5 Grégoire de
Tours, livre IV de V Histoire des blanc et l’autre noir. La pauvre femme eut beau
Francs. Cité par M. Garinct, Histoire de la magie en
France. 1
Chilpéric I".

Digitized by Google
.

MU N — Û83 — MUR
protester que le démon blanc était un fuseau de leurs maisons ,
pour leur communiquer la même
laine blanche qu’elle allait filer, et que le démon solidité. Elle a été bâtie par l’empereur Adrien.
noir n’en était que l’ombre, elle n'en fut pas Un jardinier écossais ouvrant
la terre dans son
,

moins pendue. C’était la justice laïque. L'Église jardin, trouva une pierre d’une grosseur consi-

romaine, qui n’envoyait les vrais sorciers ni à la dérable , sur laquelle on lisait en caractères du ,

potence ni au feu, et qui se contentait de les exor- pays, qu’elle était là pour la sûreté des murs du
ciseravec l’eau bénite et la prière, n’a jamais vu château et du jardin, et qu’elie y avait été ap-
ces barbaries qu’avec horreur. portée do la grande muraille dont elle avait fait
Munster. « Si l'on en croit le témoignage de autrefois partie ; mais qu'il serait aussi dange-
quelques contemporains, des signes précurseurs reux de la remuer qu’il y aurait d’avantage à la
avaient annoncé les calamités qui frappèrent laisser à sa place. Le seigneur de la maison,
Munster (de 1531 à 1535, sous la domination moins crédule que ses ancêtres voulut la faire ,

des anabaptistes). Dès 1517, la veille des ides de transporter dans un autre endroit, pour l'exposer
janvier, on vit trois soleils à la fois, que perçaient à la vue, comme un ancien monument. On entre-
d'outre en outre des glaives lumineux. Quelques prit de la faire sortir de terre à force de ma-
jours après, trois lunes;' on ne dit pas qu’elles chines, et on en vint à bout, comme on l'aurait
aient été traitées aussi cruellement que les so- fait d'une pierre ordinaire. Elle demeura sur le

leils.Mais les étoiles ne furent point épargnées. bord du trou, pendant que la curiosité y fit des-
De petites épées qu'on apercevait çà et là dans cendre le jardinier, plusieurs domestiques les ,

les nues semblaient les poignarder In nubibus : deux fils du gentilhomme, qui s'amusèrent quel-
spartim gladioli, quasi slellas transfigentes N'ou- ques moments à creuser encore le fond. La pierre
blions point un bras qui ne tenait à rien, étendu fatale,qu'on avait négligé apparemment de pla-
vers le nord et armé d’un sabre nu, ni des éclipses cer dans un juste équilibre, prit ce temps pour
de soleil et de lune ni une comète, ni des feux
, retomber au fond du trou et écrasa tous ceux ,

errants pendant la nuit. Ajoutons à ces prodiges qui s’y trouvaient. Ce n'était là que le prélude
des enfantements monstrueux. En plein jour, un des malheurs que devait causer cette pierre. La
homme céleste traversa les airs; il avait une jeune épouse de l'ainé des deux frères apprit ce
couronne d’or sur la tète, un glaive dans une qui venait d'arriver. Elle courut au jardin elle ;

main, une verge dans l’autre. Mais qu’était-ce, y arriva dans le temps que les ouvriers s’empres-
en comparaison d’un spectre hideux vu pareil- , saient de lever la pierre, avec quelque espérance
lement en l’air, tenant dans ses mains décharnées de trouver un reste de vie aux infortunés qu’elle
des entrailles palpitantes, qu'il comprimait si couvrait. Us l'avaient levée à demi et l’on s’a- ,

réellement, que le sang et) dégoutta sur le toit perçut en effet qu’ils respiraient encore, lorsque
de plusieurs maisons ? l’imprudente épouse, perdant tout soin d’clle-
o L’auteur que je suis est trop sage pour ga- même, se jeta si rapidement sur le corps de
rantir ces tristes merveilles, et je me borne son mari, que les ouvriers, saisis de son action,
comme lui à les donner pour ce qu’elles valent. lâchèrent malheureusement les machines qui sou-
Il en est une cependant qui mérite plus d'atten- tenaient la pierre et l’ensevelirent ainsi avec les
tion, parce que l'historien assure qu’il en fut té- autres. Cet accident confirma plus que jamais la
moin, prmente me, dit-il. La fille d’un tailleur, superstitieuse opinion des Écossais on ne man- :

nommé Tomberg, âgée de quinze à seize ans, qua pas de l’attribuer à quelque pouvoir établi
timide et parlant difficilement, fut tout à coup pour la conservation du mur d’Ecosse et de toutes
saisie d’un enthousiasme terrible, parla trois les pierres qui en sont détachées.
heures de suite avec une sorte de fureur, annon- Murmur, grand-duc et comte do l'empire
çant à la ville les malheurs dont elle était mena- infernal, démon de la musique. Il parait sous la
cée. Sa prédiction finie, elle tomba morte. Ce forme d'un soldat monté sur un vautour et ac-
trait ressemble assez au juif du siège de Jérusa- compagné d’une multitude de trompettes; sa tête
lem*. > Voy. Jean de Leyde. est ceinte d’une couronne ducale; il marche pré-
Muraille du diable. C'est celte fameuse mu- cédé du bruit des clairons. Il est de l’ordre des
raille qui séparait autrefois l’Angleterre de l’É- Anges cl de celui des Trônes '.
cosse ,
dont il subsiste encore diverses parties
et Murzanti. Une jeune Italienne de Poncini était
que le temps n’a pas trop altérées. La force du possédée d’un esprit qui se donnait pour l’âme
ciment et la dureté des pierres ont persuadé aux d'un homme appelé Murzanti ,
lequel avait été
habitants des lieux voisins qu’elle a été faite de assassiné dans une partie de jeu. L’esprit, inter-
la main du diable et les plus superstitieux ont
; pellé, déclara qu’il quitterait le corps de cette
grand soin d'en recueillir jusqu’aux moindres jeune fille lorsqu’on aurait des prières
fait dire

débris, qu’ils mêlent dans les fondements de et des messes pour le repos de son âme. On le fit,
et la possédée fut guérie.
* M. Baston, Jean Bockelson. Fragment historique
tiré d'un manuscrit contemporain de la prévôté do
Variante 'b 1
Wierus, in Pseudomonarchia damon.
31 .
MUS - m- MYR
Muschat. En Écosse, près d'Edimbourg et des de grosses mouches viendraient infester leur pays
rochers de Salisbury, on remarque une élévation sur la fin de l’été et semer la peste, l'oy. Action,
appelée butte de Muschat , i> ainsi nommée
« la Bclzébuth.
parce que là môme un scélérat nommé Muschat
coupa gorge à sa femme. Les témoins indignés
la

le même où il venait de
lapidèrent sur le lieu
commettre son crime et la butte s’est formée,
;

dit-on, de l'immense quantité de pierres amon-


celées sur l’assassin et sa victime. Or, on pré-
tend dans la contrée que Muschat et sa femme
sont toujours là-dessous, que la femme a recousu
son gosier et qu’ils se querellent encore.
Musique céleste. Entre plusieurs découvertes
surprenantes que fit Pythagure, on admire sur-
tout cette musique céleste que lui seul entendait.
Il trouvait les sept tons de lamusique dans la
distance qui est entre les planètes de la terre a :

la lune, un ton; de la lune à Mercure, un demi-

ton de Mercure à Vénus, un demi-ton de Vé-


; ;

nus au soleil, un ton et demi; du soleil à Mars,


un ton de Mars à Jupiter, un demi-ton de Ju-
; ;

piter à Saturne, un demi-ton et de Saturne au,


Mycale.
zodiaque, un ton et demi. C’est à celle musique
des corps célestes qu’est attachée l'harmonie de Myoam génie invoqué par les basilidiens.
,

toutes les parties qui composent l’univers. Nous Myomancie divination par Ie3 rats ou les
,

autres, dit Léon l'Hébreu, nous ne pouvons en- souris on tirait des présages malheureux ou de
;

tendre cette musique, parce que nous en sommes leur cri, ou de leur voracité. Elien raconte que
trop éloignés, ou bien parce que l’habitude con- le cri aigu d’une souris suffit à Fabius Maximes
tinuelle de l'entendre fait que nous ne nous en
apercevons point, comme ceux qui habitent
près de la mer ne s'aperçoivent plus du bruit des
vagues, parce qu'ils y sont accoutumés.
Muspelheim. Les Scandinaves nomment ainsi
un monde lumineux, ardent, inhabitable aux
étrangers. Surtur le Noir y tient son empire; dans
ses mains brille une épée flamboyante. H viendra
à la fin du inonde, vaincra tous les dieux et livrera
l'univers aux flammes.
Musucca nom du diable chez quelques peu-
,

ples de en ont une très-grande peur


l’Afrique. Ils
et le regardent comme l'ennemi du genre hu-
main mais ils ne lui rendent aucun hommage.
;

C’est le même que Mouzouko.


Mutisme. Souvent les possédés sont privés
passagèrement ou longtemps de l’usage de la pa-
role; dans le cas surtout où réside en eux l’es-
prit qu'on appelle le démon muet. On exorcisa à
Laon, en 1566, une femme par la bouche de la- pour l'engager à se démettre de la dictature; et,
quelle le démon parlait, tandis que la langue de selon Varron Cassius Klaminius , sur un pareil
,

la possédée était retirée dans sa gorge. présage, quitta la charge de général de cavalerie.
Mycale magicienne qui faisait descendre la
,
Plutarque dit qu'on augura mal de la dernière
lune par la force de ses charmes. Elle fut mère campagne de Marcellus, parce que des rais avaient
de deux célèbres Lapilhes, Brotéas et Orion. rongé quelques dorures du temple de Jupiter. Un
My agorus, génie imaginaire auquel on attri- Romain vint un jour fort effrayé , consulter Ca-
,

buait la vertu de chasser les mouches pendant ton , parce que les rats avaient rongé un de ses
les sacrifices. Les Arcadiens avaient des jours souliers. Caton lui répondit que c’eut été un tout
d'assemblée cl commençaient par invoquer ce
, autre prodige si le soulier avait rongé un rat.
dieu et le prier de les préserver des mouches. Myricæus surnom donné à Apollon ,
comme
,

Les Éléens encensaient avec constance les autels présidant à la divination par les tiges de bruyère,
de Myagorus, persuadés qu’aulrement des essaims à laquelle on donnait l'épithète de prophétique.

Digitized by Google
MYS — h 85 — MYT
On lui mettait alors à la main une tige de cette dieux, prenait d’étranges formes ponr séduire et
plante. ravir les femmes : il se changeait tantôt en pluie
Mystères. Nonnus que chez les Romains
dit d'or, tantôt en cygne, tantôt en taureau.
il fallait passer par quatre-vingts épreuves diffé- » Pour ce qui est des fonctions des dieux, Ar-
rentes pour être initié dans les mystères de nobe reproche aux païens qu'ils en avaient dont
Mithras ou du Soleil. D’abord on faisait baigner les uus étaient drapiers, les autres matelots,
le candidat, puis on l'obligeait à se jeter dans le ménétriers, gardes du bétail que l’un était mu- ;

feu ;ensuite on le reléguait dans un désert, où sicien, l’autre servait de sage-femme, l’autre sa-
il était soumis à un jeûne rigoureux de cinquante vait l’art de deviner, l’un était médecin, l'autre
jours; après quoi on le fustigeait durant deux présidait^ l'éloquence, l’un se mêlait des armes,
jours; on le mettait vingt autres jours dans la l’autre était forgeron. > Enfin, saint Augustin,
neige. Ce n’était qu’après ces épreuves, sur parlant des charges que les païens attribuaient à
l'observation rigoureuse desquelles veillait un leurs dieux, conclut que « cela sent plutôt la

prêtre, et dans lesquelles le récipiendiaire suc- bouffonnerie de théâtre que la majesté de Dieu
combait souvent qu’on était admis aux mys-
,
(De Civil. Dei, lib.III cap. v ».) ,

tères. Il y avait d’autres cérémonies très-bizarres « Mais afin do vous montrer combien la théo-
aux mystères d’Éleusis, de Trophonius, de la logie des païens était grossière, il faut vous en

grande déesse, etc. donner un petit abrégé plus exact. Évhémérus


Mythologie. Contentons - nous de citer ici de Messine, qui a recueilli l'histoire de Jupiter et
quelques fragments de Benjamin Binet dans son des autres dieux avec leurs titres, leurs épitaphes
Traité des dieux et des démons du paganisme : et leurs inscriptions, trouvées dans les temples
« Si l’on fixait la théologie païenne à ce que les plus anciens et particulièrement dans celui
,

les poêles nous en débitent et à ce que le vul-


, de Jupiter Triphilin, qui possédait une colonne
gaire a cru, il y aurait d’abord de quoi s’étonner où Jupiter avait lui-même gravé ses actions; cet
en voyant comment l'homme, qui a conservé Évhémérus dit en substance que Saturne prit
quelques linéaments de l'image de Dieu et qui en Ops pour femme que Titan qui était l’aîné de
; ,

a une idée naturelle, s’est abandonné à des su- ses enfants, voulut régner mais que Vesta, :

perstitions si absurdes. Les païens, qui n'avaient leur mère, et Céres et Ops, leurs sœurs, conseil-
point d'autre guidé que la mèche fumante de leur lèrent à Saturne de ne point céder l’empire. Ce
raison, sont tombés dans une espèce de délire en que voyant. Titan, qui se sentait le plus faible,
faisant autant de monstres de dieux qu'il
y avait de s’accorda avec Saturne, à condition que , s’il en-

créatures. Ilest juste, avantd’examinerla croyance gendrait des enfants miles, il ne les élèverait
des philosophes, de vous décrire succinctement point, afin que l’empire revint à scs enfants :

combien la croyance du vulgaire était grossière. ainsi ils tuèrent le premier fils qui naquit i Sa-
» Leurs dieux les plus vénérés, tels que les turne; qu’ensuite naquirentJupiteretJunon, dont
poêles nous les dépeignent, étaient plus propres ilsne montrèrent que Junon et donnèrent Jupi- ,

à faire rire qu’à exciter la dévotion.


Ils en avaient ter à Vesta pour le nourrir en cachette qu'après ;

de ronds, de carrés, de triangulaires, d’informes, vint Neptune, que l'on cacha aussi, et enfin Plu-
de boiteux, de borgnes, d’aveugles. Combien ton et Glauca que l’on montra Glauca, qui mou-
;

d'extravagances ne leur attribuait-on pas Les ! rut bientôt après, et que Pluton fut nourri, comme
poêles nous parlent d’une manière bouffonne des Jupiter, en cachette. Or, cela étant parvenu aux
amours d'un Anubis impudique et de la Lune; oreilles de Titan, il assembla ses enfants, et mit
ilsnous apprennent que Diane avait été fouettée ; Saturne et Ops au cachot. Mais Jupiter, étant
nous y lisons la précaution pieuse d'un Jupiter devenu grand, combattit contre les Titans, les
qui , étant sur le point de mourir , fit son testa- vainquit, et mit son père et sa mère hors de pri-
ment ; nous y voyons les dieux en guerre au siège son. Cependant, ayant découvert que son père,
de Troie, l'attentat des Titans contre Jupiter, la qu’il avait rétabli était jaloux de lui et attentait
,

terreur qu'ils donnèrent à tous les dieux, terreur à sa vie, il s’empara de l’État et le relégua en
qui leur fit quitter leur domicile et interrompre Italie. ( Codant ., lib. I, cap. xiv.)
leurs fonctions pour aller se cacher en Égypte, Les païens distinguaient leurs dieux en divers
n

et s’v métamorphoser en crocodiles et en oignons. ordres; les uns étaient majores ou communes,
Ils nous dépeignent la faim pressante des trois comme Virgile les appelle ( Æneid lib. xn),
Hercules, les accents lugubres du Soleil déplorant parce qu’ils étaient reconnus et servis pour tels
le malheur de son fils foudroyé par Jupiter, les par toutes les nations sujettes ù l’empire romain.
soupirs d’une Cybèle lascive qui se plaint de l’in- On les nommait aussi avilemi. Ces grands dieux

différence d'un berger insensible à ses flammes. composaient une espèce de cour souveraine et
Hercule vidait du fumier. Apollon était bouvier; étaient au nombre de douze , compris en ces deux
Neptune se loua àLaomédon pour bâtir les murs vers d’Ennius :
de Troie, et fut en cela d’autant plus malheureux Juno, Vesta, Mincrva, Ceres, Diana Venus, Mars, ,

qu’il n’en fut pas payé. Jupiter, le plus grand des Mercurius, Jupiter, Neptunus, Vulcanus Apollo. ,

Digitized by Google
,

NAB — Ù86 — NAC


» Les autres dieux passaient pour des divinités fissent point de mal (Aul. Gell., lib. v). Ces
moyennes, célestes, terrestres, aquatiques et divinités hautes, moyennes et basses, n’étaient
infernales, auxquelles gouverne- on confiait le pas toutes également vénérées: on rendait à
ment de certaines parties de l’univers. Il y en celles du premier ordre un culte suprême et uni-
avait d'autres que l'on ne reconnaissait que pour versel, à celles du second un service subalterne.
des dieux nouveaux qui avaient été ou engendrés Que l'on adore dit Cicéron les dieux et ceux
, ,

des hommes et des dieux , ou déifiés par l'apo- gui ont toujours été estimés célestes, et ceux que
théose, à cause des bienfaits que l'on en avait leurs mérites ont élevés au ciel (De leg. lib. n). ,

reçus. Ces dieux s’appelaient indigetes, semidei. Mais pour les dieux inférieurs, étrangers, incer-
Tels étaient Hercule, Castor, Pollux, Esculape, tains et particuliers, on ne leur déférait qu’un
cl tous ceux que leurs mérites avaient élevés au honneur arbitraire, ou proportionné à leur faible
ciel. Sur quoi Cicéron dit agréablement que le pouvoir, qui ne s’étendait que sur certaines par-
ciel est peuplé du genre humain. Il y en avait en- ties du monde, dont on leur avait donné le gou-

core d’autres que l'on ne considérait que comme vernement.


des dieux ou barbares et étrangers, ou incer- » le ne dirai rien de cette multitude de divi-
tains et inconnus, que l’on invoquait d’une ma- nités païennes dont le nom seul est ridicule : tels
nière douteuse , si tu es dieu ,
si tu es déesse , ou étaient les dieux l'agitonus, Robigus, Ficus,
en général sans les nommer, comme fait le
,
Tiberinus, Filumnus, Consus; telles étaient les

bouffon comique de Plaute Fassent, dit-il, tous : déesses Cloacina, Educa, Potina, Volupia
les dieux grands ou petits, et les dieux des pots Febris, Fessonia, Flora, etc. Je ne vous en rap-
(Plaut., Cist., act. 11 ), etc. Ce sont ces divinités porterai point mille histoires absurdes pour vous
qu’Ovide appelle la populace tics dieux, \os Faunes, prouver que ce que l’on contait des dieux ne
les Satyres, les Lares, les Nymphes. venait que des fictions des poètes, que le peu-
• De tous ces dieux y en avait de bons et
, il ple, naturellement superstitieux, avait adoptées
de mauvais ,
auxquels on sacrifiait aûn qu’ils ne comme conformes à ses préjugés. »

N
Nabam, démon que l'on conjure le samedi. vreau , ont cru certaine la réprobation de Nebu-
l og. Conjurations. chadnetzar, les autres n'ont douté nullement de
Nabérus, appelé
aussi Nébiros, marquis du son salut. On a fait encore des questions assez
sombre empire maréchal de camp et inspec-
, inutiles sur le texte que
de Daniel , où il est dit
teur général des armées. Il se montre sous « Nabuchodonosor fut banni sept ans de la com-
la figure d’un corbeau; sa voix est rauque; pagnie des hommes; qu'il demeurait avec les
il donne l’éloquence ,
l’amabilité et enseigne les bêtes des champs qu’il mangeait l'herbe comme
;

arts libéraux. Il fait trouver la main de gloire ; lesbœufs; que son poil devint long comme les
il indique les qualités des métaux, des végétaux plumes des aigles et ses ongles comme ceux dos
,

et de tous les animaux purs et impurs; l'un des oiseaux. » Saint Cyrille de JérusalemCédrenus ,

chefs des nécromanciens, il prédit l’avenir. Il et d’autres ont été persuadés qu’il avait été
commande à dix-neuf légions '. changé en bœuf ; et notre Bodin y aurait sous-
Nabuchodonosor, roi de Babylonc, crut pou- crit, lui qui a cru à la lycanthropie. Je ne pous-
voir exiger des peuples le culte et les hom- serai point celte question , et je me contente de
mages qui ne sont dus qu'à Dieu, et il fut dire ici, après beaucoup d’autres, qu'il perdit
pendant sept ans changé eu bœuf. Les paradisles l'usage de la raison changé
;
qu'il fut tellement
croient faire une grande plaisanterie en annon- par les injures de l’air, par la longueur de son
çant qu’on verra chez eux l’ongle de Nabuchodo- poil et de ses ongles et par sa manière de vivre
,

nosor * parmi d’autres bagatelles; mais l’ongle avec les bêtes, qu'il s'imagina qu’il en était une.
de Nabuchodonosor est dans le cabinet de curio- Tertullien dit qu’en cet état il fut frénétique;
sités du roi de Danemark.... saint Thomas ,
qu'il eut l'imagination blessée ;

« Entre les Pères de l’Église, les uns, ditClie- de saint Jérôme sont remarquables :
et les paroles
Quando autem dixit sensumsibi redditum, os ten-
dit tum formam se amisisse, sed mentem '. »
VVierus, in Pseudomonarchia dæmunurn.
1

s Et plus exactement Nebuchadnetzar,


nom qui Nachtmaneken ou petit homme de nuit, ,

signifie .Xcbo le dieu prince, et Ncbo serait le nom nom que les Flamands donnent aux incubes.
chaldécn de la planète de Mercure (M. Eugène Boré,
lie la Chaldée et des Chaldéens ). 1
Chevrœana, t. I, p. 249.

Digitized by Google
,

NAC — 487 — NA1

Nachtvrouwtje, ou petite femme de nuit, qûres, et ce culte subsistait encore dans des ca-
nom que Flamands donnent aux succubes.
les vernes il n’y a pas longtemps
Nagates, astrologues de Ceylan. Des voya- Naguille Catherine) petite sorcière âgée de
,

geurs crédules vantent beaucoup le savoir de ces onze ans, qui fut accusée d'aller au sabbat en
plein midi *.
Naguille (Marie), jeune sorcière, soeur de la
précédente. Arrêtée à seize ans elle avoua que ,

sa mère l’avait conduite au sabbat. Lorsqu'elles


devaient y aller ensemble, lo diable venait ou-
vrir la fenêtre de leur chambre et les attendait à
la porte. La mère tirait un peu de graisse d'un
pot, s'en oignait la tète, excepté la figure, pre-
nait sa fille sous le bras, et elles s’en allaient en
l’air au sabbat. Pour revenir à la maison, le
diable leur servait de porteur. Elle avoua encore
que le sabbat se tenait à Pagole ,
près d'un petit
bois ’.

Nahama, sœur de Tubalcain. On lit dans le


Talmud que c'est une des quatre mères des
diables. Elle est devenue elle-même, selon les
démonomanes, un démon succube.
devins, qui, disent-ils, font souvent des prédic- Nain-Laurin ou l’Elf-roi. C'est le roi des
tions que l’événement accomplit. Ils décident du
sort des enfants. S'ils déclarent qu’un astre malin
a présidé à leur naissance, les pères, en qui la

superstition étouffe la nature, leur ôtent une vie


qui doit être malheureuse. Cependant, si l'en-
fant qui voit le jour sous, l’aspect d’une planète
contraire est un premier-né , le père le garde, en
dépit des prédictions; ce qui prouve que l’as-
trologie n’est qu’un prétexte dont les pères trop
chargés d’enfants se servent pour en débarrasser
leur maison. Ces nagates se vantent encore de
prédire, par l'inspection des astres, si un ma-
riage sera heureux, si une maladie est mor-
telle, etc.
Naglefare, vaisseau fatal chez les Celtes. Il

est fait des ongles des hommes morts; il ne doit


être achevé qu’à la lin du monde, et son appa-
rition fera trembler les hommes et les dieux.
C’est sur ce vaisseau que l’armée des mauvais
génies doit arriver d'Orient.
Nagual. C’est le nom que donnent les Mexi-
cains à leur esprit familier. Chaque nouveau-né
a le sien. Les peuplades ont le leur collectif. Le
nagual de chaque nouveau-né est vivant sous la

forme d'un animal , d’un poisson , d'un oiseau


qui est signalé le jour de sa naissance par son
horoscope. C'est un tigre, un chat, un perro-
quet, un insecte. Dans le culte du Mexique, avant
la conquête, on offrait souvent du sang aux
dieux et aussi aux esprits familiers; on tirait à

l'enfant qui venait de naître une goutte do sang petits clfs, des kobolds et d’autres esprits nains.
sous ou sous la langue pour l’offrir avant
l’oreille 1
Voyez sur ces faits de curieux détails dans l’in-
tout à Chalchinhlicué, la déesse des eaux et la téressant voyage de M. l’abbé Brasseur de Bourbourg,
protectrice des enfants. sur l’isthme de Téhuantépec, l’Etat de Cliiapos et la
L’ara, gros perroquet, recevait un culte pro- république de Guatémala.
a Dclancre, Tableau de l'inconst. des démons, etc.,
vincial dans quelques lieux du Mexique. Il avait
liv. II ,
p. 66.
ses prêtres, qui lui présentaient goutte par 3 Delancre, Tableau de l'inconst. des dénions, etc.,
goutte leur propre sang en se tatouant de pi- liv. II, p. 418.

Digitize Google
NAI — 188 — NAP
Il joue un grand rôle dans le poème de Nibe- soleil, avait vu de petits nains pas plus hauts que
lungs. le pouce.
Nains. Presque tous les esprits de l’espèce Les Celtes pensaient que les nains étaient des
des fées sont nains en Irlande. espèces de créatures formées du corps du géant
Aux noces d’un certain roi de Bavière, on vit Ime, c’est-à-dire de la poudre de la terre. Ils
un nain si petit qu’on l'enferma dans un pâté, n’étaient d'abord que des vers; mais, par l’ordre
armé d’une lance et d'une épée. Il en sortit au des dieux , ils participèrent à la raison et à la
milieu du repas, sauta sur la table la lance en ,
figure humaines, habitant toujours cependant
arrêt et excita l’admiration de tout le monde *.
,
entre laterre et les rochers. « On a découvert
ta fable dit que les pygmées n’avaient pas sur les bords de la rivière Merrimak , à vingt
deux pieds de haut et qu'ils étaient toujours en milles de. Plie Saint-Louis, dans les États-Unis,

guerre avec les grues, Les Grecs, qui reconnais- des tombeaux en pierre, construits avec une
saient des géants, pour faire le contraste parfait, sorte d’art et rangés en ordre symétrique , mais
imaginèrent ces petits hommes, qu’ils appelèrent dont aucun n’avait plus de quatre pieds de long.
pygmées, l.’idée leur en vint peut-être de cer- Les squelettes humains n’excèdent pas trois
tains peuples d’Éthiopie, appelés Pichiniet, qui pieds en longueur. Cependant les dents prou-
étaient d'une petite taille. Et comme les grues vent que c'étaient des individus d'un âge mûr.
se retiraient tous les hivers dans leur pays, ils I-es crânes sont hors de proportion avec le reste

s’assemblaient pour leur faire peur et les empê- du corps. Voilà donc les pygmées retrouvés*. »

cher do s’arrêter dans leurs champs : voilà le Voy. Pygmée.


combat des pygmées contre les grues. Laissons passer une anecdote de nain.
On montre dans le château d’Umbres, à une
lieue d’inspruck, le tombeau d'Haymon, géant
né dans le Tyrol au quinzième siècle. Il avait
seize pieds de haut et assez de force, dit-on,
pour porter un bœuf d'une main. A côté du sque-
lette d’Haymon est celui d’un nain qui fut cause
de sa mort. Ce nain ayant délié le cordon du sou-
lier du géant, celui-ci se baissa pour le renouer;
le nain profita de ce moment pour lui donner un
soufflet. Cette scène se passa devant l’archiduc
Ferdinand et sa cour on en rit : ce qui fit tant
;

de peine au géant que peu de jours après il en


mourut de chagrin.
C'était un luxe, autrefois, d’avoir à la cour
des nains ou des fous.
Nairancie. Espèce de divination usitée parmi
les Arabes et fondée sur plusieurs phénomènes
du soleil et de la lune.
Nakaronkir, esprit que Mahomet envoie dans
leur sommeil aux musulmans coupables pour les ,

pousser au repentir.
Nambrotb, démon que l'on conjure le mardi.
Voy. Conjurations.
Nan, mouches assez communes en Laponie.
Les Lapons les regardent comme des esprits et
les portent avec eux dans des sacs de cuir, bien
persuadés que par ce moyen ils seront préservés
de toute espèce de maladies.
Napier (Barbara). Voy. Jacques I".
Napoléon I", empereur des Français. On a
prétendu qu’il avait un génie familier, comme
Socrate et tous les grands hommes dont les ac-
tions ont excité l’admiration de leurs contempo-
rains. On l'a fait visiter par un petit homme
rouge, espèce de génie mystérieux. Des esprits
Swift fait trouver à son Gulliver des hommes
hostiles ont vu aussi dans Napoléon un des pré-
hauts d’un demi-pied dans Plie de Lilliput. Avant
curseurs de l’Antéchrist; ce qui est absurde.
lui, Cyrano de Bergerac, dans son Voyage au
1
Johnston. Thaumatographia naturalis. * Journal des Débats du 25 janvier 4819.

Digitized by Google
NAB — &89 — NAU
Narac enfer des Indiens ; on y sera tour-
, poisonné, dans les ondes rapides duquel flotte-
menté par des serpents. ront les parjures, les assassins et les adultères.
Nastrande ou Nastrund, partie de l'enfer Dans une autre région, la condition des damnés
des Scandinaves. Là sera un bâtiment vaste et sera pire encore car un loup dévorant y déchi-
:

infâme; la porte, tournée vers le nord, ne sera rera sans cesse les corps qui y seront envoyés.
construite que de cadavres
de serpents, dont
et Nathan de Gaza juif visionnaire qui se pré-
,

toutes les têtes, tendues à l’intérieur, vomiront senta en précurseur du faux messie Sabathaï-
des flots de venin. Il s’en formera un fleuve em- Zévi.

Napoléon l
rr
, rtnprrcur des Français. — l'ajjc 48 H.

Natona(Berthc), Génoise qui fut possédée en se demanda-t-il. Et si on lui objecte que le diable

1217 de trois démons. Ils l’enlevaient en l’air à a pris la ligure du serpent, il répond qu’un es-

huit ou neuf pieds. Elle fut délivrée devant les prit n’a pas non plus les organes qui parlent. Il
reliques de saint Ubald dont ses exorcistes im-
, en tire donc cette conclusion « Cela ne sc peut :

ploraient l’intercession. naturellement donc cela n'est pas. » Mais Ben-


;

Naturel et Surnaturel. Ce qui a fourvoyé jamin Binet lui a répliqué « Ce que vous répon-
:

beaucoup d’esprits qui se sont crus forts parce dez, c'est ne rien dire, puisqu'il s’agit là d'un
qu'ils étaient faibles et qu’ils ne s'en doutaient fait surnaturel. »
pas , c’est qu’ils ont confondu ces deux essences ; Les naturalistes, les rationalistes, les réalistes
le naturel et le surnaturel. Ainsi Balthasar Bec- (car nous avons ces sectes autour de nous) rai-
ker,dans son Monde enchanté, veut anéantir les sonnent comme Becker; et ainsi ils déraisonnent.
démons, parce que sa laideur faisait dire qu'il Naudé (Gabriel), l'un des savnnLs distingués
était l'un d'eux. Il voulait s’escrimer sur la chute de son temps, né à Paris en 1000. Il fut d'abord
de l'homme ; or, il s’insurgea contre ces paroles bibliothécaire du cardinal Mazarin ensuite de la ,

de Moïse ; « Le serpent dit à la femme. » Est-ce que reine Christine, et mourut à Abbeville en 1653.
le serpent a les organes qu'il faut pour parler? Il a laissé une Intime lion à la France sur la vé-
,

NAII — 490 — NÉC


rite de l'histoire des frères de la
Rose-Croix 1623, de prêcher ceux de sa secte jusqu’à sa mort.
Naudé y prouve que les pré-
in-// et in-8*; rare. Naxac, séjour de peines où les habitanLs du
tendus frères de Rose-Croix n'étaient que des
la Pégu font arriver les âmes après plusieurs trans-
fourbes qui cherchaient à trouver des dupes, en migrations.
se vantant d’enseigner l’art de faire de l'or, et Nébiros. l'og. Naberus.
d’autres secrets non moins merveilleux. Ce cu- Nécato sorcière d’Andaye qui allait an sabbat
,

rieux opuscule est ordinairement réuni à une avec d'autres, quoique emprisonnée ; ce qui éta-
antre brochure intitulée Avertissement au sujet blit que, comme plusieurs de ces malheureuses,
des frères de la Rose-Croix. On a encore de lui : elle n’y allait qu’en esprit. Delancre dépeint cette
Apologie pour les grands hommes fausspment soup- comme un monstre de laideur. Elle avait
sorcière
çonnés de magie, 1625, in-8°. Cet ouvrage, peut- une barbe de satyre, des yeux de chat sauvage,
être un peu trop systématique, a eu plusieurs une voix rauque. Son regard effrayait même ses
éditions, y prend la défense des sages, anciens
il compagnes.
et modernes, accusés d’avoir eu des génies fami- Nécromancie, art d’évoquer les morts ou de
liers, tels que Socrate, Aristote, Plotin, etc., deviner les choses futures par l'inspection des
ou d’avoir acquis par la magie des connaissances cadavres, l’og. Antiikopomancie, ÉntCHTBO, etc.
au-dessus du vulgaire. 11 y avait à Séville, à Tolède et à Salamanque

Naurause (Pierres de), Vog. Fin du monde. des écoles publiques de nécromancie dans de
Navius (Accius). Ce Navius, étant jeune, dit profondes cavernes, dont la grande Isabelle fit
Cicéron, fut réduit par la pauvreté à garder les murer les entrées. Pour prévenir les superstitions
pourceaux. En ayant perdu un, il fit vœu que, de l'évocation des mânes et de tout ce qui a pris
s’il le retrouvait, il offrirait aux dieux la plus le nom de nécromancie, Moïse avait fait de sages

belle grappe de raisin qu'il y aurait dans l’année. défenses aux Juifs. Isaïe condamne également
Lorsqu’il eut retrouvé son pourceau il se tourna ceux qui demandent aux morts ce qui intéresse
,

vers le midi, s'arrêta au milieu d'une vigne, par- les vivants et ceux qui dorment sur les tombeaux
tagea l’horizon en quatre parties-, et après avoir pour avoir des rêves. C'est même pour obvier
eu dans les trois premières des présages con- aux abus de la nécromancie répandue en Orient
traires, il trouva une grappe de raisin d'une que chez le peuple israélite colui qui avait tou-
admirable grosseur. Ce fut le récit de celle aven- ché un mort était impur. Cette divination était
ture qui donna A Tàrquin la curiosité de mettre en usage chez les Grecs et surtout chez les Thes-
h l’épreuve son talent de divination. Il coupa un saliens-, ils arrosaient de sang ctiaud un cadavre,
jour un caillou avec un rasoir, pour prouver et ils prétendaient ensuite en recevoir des ré-
qu’il devinait bien. ponses certaines sur l’avenir. Ceux qui consul-
Naylor (lames), imposteur du seizième siècle, taient le mort devaient auparavant avoir fait les
né dans le diocèse d’York, en Angleterre. Après expiations prescrites par le magicien qui prési-
avoir servi quelque temps en qualité de maréchal dait à cette cérémonie, et surtout avoir apaisé
des logis dans le régiment du colonel i-ambert, par quelques sacrifices les mânes du défunt :
il se retira parmi les trembleurs et s’acquit tant sans ces préparatifs, le défunt demeurait sourd
de réputation par ses discours, qu’on le regardait à toutes les questions. Les Syriens se servaient
comme un saint homme. Voulant profiter de la aussi de cette divination, et voici comment ils
bonne opinion qu’on avait de lui et se donner s’y prenaient Ils tuaient de jeunes enfants en :

en quelque sorte pour un dieu, il résolut, en leur tordant le cou leur coupaient la tête, qu’ils ,

1656, d’entrer dans Bristol en plein jour, monté salaient et embaumaient, puis gravaient sur une
sur un cheval dont un homme et une femme lame ou sur une plaque d'or le nom de l’esprit
tenaient les rênes, suivi de quelques autres qui malin pour lequel ils avaient fait ce sacrifice ils ;

chantaient tous : Saint, saint, saint, le Dieu de plaçaient la tète sur celte plaque, l'entouraient
sabaoth *. Les magistrats l’arrêtèrent et l’en- de cierges, adoraient cette sorte d’idole et en
voyèrent au parlement, où, son procès ayant été tiraient des réponses*. Voy. Magie.
instruit,il fut condamné, le 25 janvier 1657, Les rois idolâtres d'Israël et de Juda se livrè-
comme blasphémateur et séducteur du peuple, à rent à la nécromancie. Satd y eut recours lors-
avoir langue percée avec un fer chaud et le
la qu'il voulut consulter l'ombre de Samuel. 1,’Église
front marqué de la lettre B (blasphémateur), à a toujours condamné ces abominations. Lorsque
être ensuite reconduit à Bristol , où il rentrerait Constantin, devenu chrétien permit encore aux
,

à cheval , ayant le visage tourné vers la queue : païens de consulter leurs augures pourvu que ,

ce qui fut exécuté 5 la lettre, quoique ce fou ce fût au grand jour, il ne toléra ni la magie
misérable eût désiré paraître sur un âne. Naylor noire ni la nécromancie. Julien se livrait à celle
fut ensuite enfermé pour le reste de ses jours; pratique exécrable.
mais on l’élargit un peu plus tard , et il ne cessa Il restait, au moyen âge, quelques traces
1
Nous traduisons le Dieu des armées; mais Deus 1
Lelover. Histoire des spectres ou apparitions des
sabaoth veut dire le Dieu des phalanges célestes. esprits, (iv. V, p. SU.
, , , ,

de la nécromancie dans l’épreuve du cercueil. de Babel, et voyant, disent les auteurs arabes,
Neffesoliens, secte de maliométans qui pré- que cette tour, à quelque hauteur qu'il l'eût fait
tendent être nés du Saint-Esprit, c’est-à-dire élever, était encore loin d'atteindre au ciel, il
sans opération d’homme cq qui les fait telle- : imagina de s’y faire transporter dan$ un panier
ment vénérer qu’on ne s'approche d’eux qu’avec par quatre énormes vautours. Les oiseaux l’em-
réserve. On prétend qu’un malade guérit pour portèrent en effet lui et son panier, mais si haut
peu qu’il puisse toucher un de leurs cheveux. et si loin que depuis on n'entendit plus parler
Mais üelancre dit que ces saints hommes sont au de lui.
contraire des enfants du diable, qui tâchent de Nénufar, plante aquatique froide, dont voici
1
lui faire des prosélytes ; et c’est le plus pro- un effet Un couvreur travaillait en été sur une
:

bable. maison à l’une des fenêtres do laquelle le maître


,

Néga. a Tu as fait un vœu à sainte Néga. » avait un flacon d'eau do (leurs de nénufar à puri-
Expression des bandits corses. Celte sainte n’est fier au soleil. Le couvreur, étant échauffé et altéré,
pas dans le calendrier ; mais chez ces bandits
, prit le flacon et but de cette eau il s'en retourna ;

se vouer à sainte Néga ,


c'est nier tout de parti chez lui avec les sens glacés. Au bout de quel-
pris’. ques jours, surpris de son refroidissement, il se
Négation. La première négation a été faite crut ensorcelé. Il se plaint du maléfice qu'on lui
par Satan, qui a donné un insulent démenti à a fait. Le maître de la maison examine son flacon
Dieu même. La plus affreuse négation dans ce et le trouve vide. Il reconnaît aussitôt d'où vient
monde est celle des insensés qui nient Dieu. La le maléfice, console le couvreur en lui faisant
mort les éclairera malheureusement trop tard. boire du vin de gingembre confiL et toutes choses
Nègres. Il est démontré que les nègres ne propres à le réchauffer. Il le rétablit enfin et fit

sont pas d'une race différente des blancs , comme cesser ses plaintes
1
.

l’ont voulu dire quelques songe-creux qu'ils ne ; Néphélim, nom qui signifie également géants
sont pas non plus la postérité de Caïn , laquelle ou brigands. Aussi est-ce celui que l’Écriture
a péri dans le déluge. Les hommes, cuivrés en donne aux enfants nés du commerce des anges
Asie, sont devenus noirs en Afrique et blancs avec les filles des hommes. Selon l’auteur du
dans le Septentrion ;
et tous descendent d'un livre d'Énoch les néphélim étaient fils des géants.
,

seul couple. Les erreurs, plus ou moins inno- Nequam, prétendu prince des magiciens, à
centes, des philosophes à ce sujet ne sont plus qui les chroniques tnayençaises attribuent la fon-
admises que par les ignorants. Les sorciers ap- dation de Mayence.
pelaient quelquefois le diable le grand nègre. Un Ner ou Néré. C'est le nom que l’on donne en
jurisconsulte dont on n’a conservé ni le nom ni Perse aux génies mâles de la race des Dives. Ils
le pays, ayant envie de voir le diable, se fit con- sont très-méchants. Les plus renommés de ces
duire par un magicien dans un carrefour peu fré- dives pour leur férocité sont Demrousch-Néré
quenté, où les démons avaient coutume de se Séhélan-Néré , Mordach-Néré , Cahamérage-Néré.
réunir. 11 aperçut un grand nègre sur un trône Ils ont fait la guerre aux premiers monarques do
élevé, entouré de plusieurs soldats noirs armés l’Orient (dans les temps fabuleux). Tahmuras les
de lances et de bâtons. Le grand nègre, qui était a vaincus et enchaînés dans des cavernes bien
le diable, demanda au magicien qui il lui ame- closes 1 .

nait. — Seigneur, répondit le magicien, c'est un Nergal, démon du second ordre, chef de la
serviteur fidèle. — Si tu veux me servir et m'ado- police du ténébreux empire, premier espion do
rer, dit le diableau jurisconsulte, je te ferai as- Belzébulh, sous la surveillance du grand justi-

seoir à ma droite. Mais le prosélyte, trouvant la cier Lucifer. Ainsi le disent les démonomanes.
cour infernale plus triste qu’il ne l’avait espéré, Toutefois Nergal ou Nergel fut une idole des
fit le signe de la croix, et les démons s'éva- Assyriens; il parait que dans cette idole ils ado-
1
nouirent . raient le feu.
Les nègres font le diable blanc. Néron, empereur romain, dont le nom odieux
Nékir. Vog. Mosiir. est devenu la plus cruelle injure pour les mau-
Nembroth, un des esprits que les magiciens vais princes. Il portait avec lui une petite statue
consultent. Le mardi lui est consacré et on l’évoque ou mandragore qui lui prédisait l'avenir. On rap-
ce jour-là il faut, pour le renvoyer, lui jeter une
: porte qu’en ordonnant aux magiciens de quitter
pierre ; ce qui est facile. l’Italie il comprit sous le nom de magiciens les
,

Nemrod, roi d’Assyrie. Ayant fait bâtir la tour philosophes, parce que, disait-il, la philosophie
favorisait l’art magique. Cependant il est cer-

Delancre, Tableau de l’inconsl. des démons, etc.,


1 tain, disent les démonomanes, qu'il évoqua lui-
liv. 111, p. Z3t. même les mânes de sa mère Agrippine ’.
> P. Mérimée, Colomba.

* Legemla aurea Jaeobi de Voragine leg. lxiv. * Saint-André, Lettres sur la magie.
2 D'Hcrbelot Bibliothèque orientale art. Div.
Voyez sur les nègres les Légendes de ï Ancien Tes- .

tament, p. 84. 3 Suétone, l ie de Néron, ch. xxiv.


NET — 492 — NIF

Netla. t'oy. Orn-iE. I et les rivières de la Scandinavie, où il soulève


Nétos, génies malfaisants aux Moluques. Ils des tempêtes et des ouragans. Il
y a dans l'ile

ont pour chef Lanthila. de Rugen un lac sombre dont les eaux sont
Neuf. Ce nombre est sacré chez diiïérenLs troubles et les rives couvertes de bois épais. C'est
peuples. Les Chinois se prosternent neuf fois là qu’il aime à tourmenter les pécheurs en faisant
devant leur empereur. En Afrique, on a vu des chavirer leurs bateaux et en les lançant quelque-
princes, supérieurs aux autres en puissance, exi- fois jusqu’au sommet des plus hauts sapins. Du
ger des rois leurs vassaux de baiser neuf fois la Nickar Scandinave sont provenus les hommtt
poussière avant de leur parler. l’allas observe d’eau et les femmes d’eau, les nixes des Teutons.
que les Mogols regardent aussi ce nombre comme Il n’en est pas de plus célèbres que les nymphes
très-auguste, et l'Europe n'est pas exemple de de l’Elbe et de la Caal. Avant l’établissement du
celte idée. Christianisme, les Saxons qui habitaient le voisi-

Neuhaus (Femme blanche de), l’oy. Femmes nage de ces deux lleuves adoraient une divinité
BLANCHES. du sexe féminin, dont le temple était dans la
Neures ou Neuriens, peuples de la Sarmatie ville de Magdebottrg ou Megdcburch (ville de la
européenne qui prétendaient avoir le pouvoir de jeune fille), cl qui inspira toujours depuis une
se métamorphoser en loups une fois tous les ans, certaine crainte comme la naïade de l’Elbe. Elle
et de reprendre ensuite leur première forme. apparaissait à Magdebourg, où elle avait cou-
New-Haven. I,a barque de la fée de New- tume d’aller au marché avec un panier sous le
Ilaven apparaît, dit-on, sur les mers avant les
naufrages au nouveau monde. Cette tradition
prend sa source dans une de ces apparitions
merveilleuses et inexplicables qu’on suppose
être occasionnées par la réfraction de l’atmo-
sphère, comme le palais de la fée Morgane, qui
brille au-dessus des eaux dans la baie de Messine.
Niais est un adjectif qui vient de nier; et ceux
qui nient n'en doivent pas être bien fiers.

Nibrianes. Les nibrianes sont les fées des


Napolitains. Il
y en a une attachée à chaque mai-
son ;et ceux qui ('occupent offensent la nébriane
s’ils se plaignent de leur logis. C’est là sans doute

une invention de propriétaires.


Nickar ou Nick. D’après la mythologie Scan-
dinave source principale de toutes les croyances
,

populaires de l'Allemagne et de l'Angleterre,


bras elle était pleine de grâce, propre, et au
:

premier abord on l'aurait prise pour la fille d'un


bon bourgeois mais les malins la reconnais-
;

saient à un petit coin de son tablier, toujours


1
humide, en souvenir de son origine aquatique .
Chez les Anglais, les matelots appellent le
diable le vieux Aick.
Nicksa. l’oy. Nixas.
Nicolaï. Voy. Hallucination.
Nid , degré supérieur de magie que les Islan-
dais comparaient à leur seidur ou magie noire.
Cette espèce de magie consistait à chanter un
charme de malédictions contre un ennemi.
Nider (Jean), savant dominicain mort en
1440. Son Formicarium contient sur les posses-
sions des faits curieux.
Niflheim (Abîme), nom d'un double enfer
chez les Scandinaves. Ils le plaçaient dans le
neuvième monde; suivant eux, la formation en
avait précédé de quelques hivers celle de la
Odin prend lenom de Nickar ou Hnickar lors- terre. Au milieu de cet enfer, dit l’Edda il y a ,

qu’il agit comme principe destructeur ou mau- une fontaine nommée Ilvergelmcr. De là coulent
vais génie. Sous co nom et sous la forme de
Traditions populaires du
1
fiord. ( Revue britan-
kelpic, cheval-diable d'Écossc habile les lacs
,
il nique, 4837.)

Digitized by Google
,, ,

NIG — A93 — NOM


les fleuves suivants : l'Angoisse, l’Ennemi de la et possède une grande portion de sa puissance.
Joie, le Séjour de la Mort, la Perdition, le Gouf- Le matelot anglais, qui semble ne rien craindre,
fre, la Tempête, le Tourbillon le Rugissement, , avoue la terreur que lui inspire cet être redou-
le Hurlement, le Vaste; celui qui s’appelle le table, qu'il regarde comme l’auteur des diffé-
Bruyant coule près des grilles du Séjour de la rentes calamités auxquelles sa vie précaire est
Mort. Cet enfer est une espèce d’hôtclieric , ou continuellement en butte.
si l'on veut, une prison dans laquelle sont déte- Noals (Jeanne) , sorcière qui fut brûlée par
nus les hommes lâches ou paciliqucs qui ne peu- arrêt du parlement de Bordeaux , le 20 mars
vent défendre les dieux inférieurs en cas d’atta- 1619, pour avoir chevillé le moulin de Las-Cou-
que imprévue. Mais lès habitants doivent en dourleiras, de la paroisse de Végenne. Ayant
sortir au dernier jour pour être condamnés ou porté un jour du blé à moudre à ce moulin avec
absous. C'est une idée très-imparfaite du purga- deux autres femmes, le meunier, Jean Ueslradc,
toire. les pria d’attendre que le blé qu’il avait déjà
Nigromancie, art de connaître les choses depuis plusieurs jours fût moulu; mais elles s’en
cachées dans les endroits noirs, ténébreux, allèrent mécontentes, et aussitôt le moulin se
comme les mines, les pétrifications souterrai- trouva chevillé de façon que le meunier ni sa
,

nes, etc. Ceux qui faisaient des découvertes de femme n’en surent trouver le défaut. Le maître
ce genre évoquaient les démons et leur comman- du moulin ayant été appelé, il s’avisa d'y amener
daient d’apporter les trésors cachés. La nuit était ladite sorcière, qui, s’étant mise à genoux sur
particulièrement destinée à ces évocations, et l’engin avec le meunier avait coutume
lequel
c’est aussi durant ce temps que les démons exé- d’arrêter l'eau en sorte qu’un quart d’heure
, fit

cutaient les commissions dont ils étaient chargés. après le moulin se remit à moudre avec plus de
Ninon de Lenclos. On conte qu'elle dut de vitesse qu'il n'avait jamais fait '.
conserver une certaine beauté, trop vantée, jus- Nodier (Charles) , spirituel auteur de Trilhg
qu'à l’àge de quatre-vingts ans, à certain pacte ou te lutin d'Artjail (Argyle), et de beaucoup
avec le diable lequel lui avait apparu,
qu’elle fit ,
d’écrits charmants où les fées et les follets tien-
dans un moment de vanité, sous les traits d’un nent poétiquement leur personnage.
nainvêtu de noir. On ajoute qu’à l’heure de sa Noé. Les Orientaux ont chargé do légendes
mort elle vil aux pieds de son lit le nain qui merveilleuses l'histoire do ce patriarche
l’attendait *. Noël (Jacques) , prétendu possédé et peut-
Nirndy ou Nirondy, roi des démons malfai- être obsédé, qui fit quelque bruit en 1667. Il
sants chez les Indiens. On le représente porté était neveu d’un professeur de philosophie au

sur les épaules d’un géant et tenant un sabre à collège d’Harcourt, à Paris. Il s’imaginait sans
la main. cesse voir des spectres. Il était sujet aux convul-
Nis et Nisgodreng, lutins danois de l’espèce sions épileptiques, faisait des grimaces, des con-
des Cluricaunes. t’oy. ce mot. torsions, des cris et des mouvements extraordi-
Nisses, petites fées en Écosse. naires. On le crut démoniaque, on l'examina ; il

Nitoès, démons ou génies que les habitants prétendit qu’on l’avait malélicié, parce qu’il n’a-
des lies Moluques consultent dans les affaires vait pas voulu aller nu sabbat. Il assura avoir vu
importantes. On se rassemble, on appelle les le diable plusieurs fois en différentes formes *.

démons au son d’un petit tambour, on allume On finit par découvrir qu'il était fou.

des flambeaux, et l’esprit parait, ou plutôt un de Noh. nom du premier homme selon les Ilot-
ses ministres; on l’invite à boire et à manger, et, tenlols. prétendent que leurs premiers pa-
Ils

sa réponse faite, l’assemblée dévore les restes du rents entrèrent dans le pays par une porte ou
festin. par une fenêtre; qu’ils furent envoyés de Dieu
Nixas ou Nicksa, dieu d’une rivière ou de même, et qu'ils communiquèrent à leurs enfants

l’Océan, adoré sur les bords de la Baltique, pa- l'art de nourrir les bestiaux, avec quantité d’au-
rait incontestablement avoir tous les attributs tres connaissances.

de Neptune. Parmi les vents brumeux et les Noix. Un grand secret est renfermé dans les
épouvantables tempêtes de ces sombres contrées, noix car si on les fait brûler, qu'on les pile et
;

ce n’est pas sans raison qu’on l’a choisi comme qu'on les mêle avec du vin et de l’huile elles ,

la puissance la plus contraire à l’homme, et le entretiennent les cheveux cl les empêchent de


caractère surnaturel qu’on lui a attribué est tomber *.
parvenu jusqu'à nous sous deux aspects bien dif- Nomancie divination par les noms et par les
,

férents. La Nixa des Germains est une de ces


j

aimables fées nommées Naïades par les anciens ; 1


Delancre , Incrédulité et mécréance de la divina-
,

le vieux Nick (le diable en Angleterre) est un


tion, du sortilège, etc., tr. VI, p. 318.
3 Voyez ces légendes dans les Légendes de l’Ancien
véritable descendant du dieu de la mer du Nord Testament .

3 Lettres de Saint-André sur la magie, etc.


1
Voyez son aventure dans les Légendes infernales. * Albert le (iruttd p. 199.

Digitized by Google
NOM — m- NOY
lettres qui les composent. C'est la même science regardèrent comme un visionnaire, les autres
que l’onoinancie. Voy. ce mot. imaginèrent qu’il avait commerce avec le diable,
Nombre deux. Depuis Pylhagore, qui avait d'autres qu'il était véritablement prophète. Le
regardé le nombre deux comme représentant le plus grand nombre des gens sensés ne vit en
mauvais principe, ce nombre était aux yeux de lui qu’un charlatan qui , n'ayant pas fait fortune
l’Italie le plus malheureux de tous; Platon, imbu à son métier de médecin , cherchait à mettre à
de cette doctrine, comparait le nombre deux à profit la crédulité du peuple. La meilleure de ses
Diane, toujours stérile, et partant peu honorée. visions est celle qui lui annonça qu’il s’enrichi-
C’est d’après le même principe que les Romains rait à ce métier. 11 fut comblé de biens et d’hon-
avaient dédié à Pluton le deuxième mois de l'an* neurs par Catherine de Médicis, par Charles IX
née et le deuxième jour du mois; parce que tout et par le peuple des petits esprits. Le poète Jo-
ce qui était de mauvais augure lui était spéciale- delle fit ce jeu de mots sur son nom :

ment consacré.
Diverses croyances s'attachaient à quelques
K outra damus cura falià tlamus, un fat 1ère noslrum rut ;
lût cum falsa damus , ntl niai nostra damus.
autres nombres. Voy. Neuf, etc.
Nonos ,
géuies malfaisants, que les Indiens des Ce n'est point merveille, dit Naudé, si, parmi
lies Philippines placent dans des sites extraordi- le nombre de mille quatrains, dont chacun parle
naires entourés d'eau ; ils ne passent jamais dans toujours de cinq ou six choses différentes, et
ces lieux ,
qui remplissent leur imagination d'ef- surtout de celles qui arrivent ordinairement, on
froi , sans leur en demander permission. Quand rencontre quelquefois un hémistiche qui fera
ils sont attaqués de quelque infirmité ou mala- mention d’une ville prise en France, de la mort
die, ils portent à ces génies, en forme d’offrande, d’un grand en Italie, d'une peste en Espagne,
du riz, du vin, du coco et le cochon, qu’on d'un monstre, d'un embrasement, d'une victoire
donne ensuite à manger aux malades. ou de quelque chose semblable. Ces prophéties
Nomes, fées ou parques chez les Celles. Elles ne ressemblent à rien mieux qu’à ce soulier de
dispensaient les Ages des hommes , et se nom- Théramène ,
qui se chaussait indifféremment par
maient llrda (le passé), Verandi (le présent) et toutes sortesde personnes. Et quoique Chavi-
Skalda (l’avenir). gny. qui a tant révé là-dessus, ait prouvé, dans
Norsgubb, le Vieux du Nord ou des Norses. son Janus français que la plupart des prédic-
,

C’est le nom populaire du diable en Suède. tionsde Nostradamus étaient accomplies au com-
Nostradamus (Michel), médecin et astro- mencement du dix-septième siècle , on ne laisse
logue, né en 1503 à Saint-Remi en Provence ,
pas néanmoins de les remettre encore sur le
mort à Salon en 1506. Les talents qu’il déploya tapis. Il en est des prophéties comme des alma-
pour la guérison de plusieurs maladies qui affli- nachs les idiots croient à tout ce qu’ils y lisent,
;

geaient la Provence lui attirèrent la jalousie de parce que sur mille mensonges ils ont rencontré
ses collègues; il se retira de la société. Vivant une fois la vérité. Nostradamus est enterré à
seul avec ses livres, son esprit s’exalta au point Salon il avait prédit de son vivant que son tom-
:

qu’il crut avoir le donj’de connaître l’avenir. Il beau changerait de place après sa mort. On l’en-
terra dans l’église des Cordeliers, qui fut dé-
truite. Alors le tombeau se trouva dans un champ,
et le peuple est persuadé plus que jamais qu'un
homme qui prédit si juste mérite au moins qu’on
le croie *.

Notarique, une des trois divisions de la ca-


bale chez les Juifs. Elle consiste à prendre ou
chaque lettre d’un mot pour en faire une phrase
entière ou les premières lettres d’une sentence
,

pour en former un seul mot.


Noyés. Les marins anglais et américains croient
que retirer un noyé et l’amener sur le pont d’un

1
De Thou rapporte que le lits de Nostradamus so
disait héritier du don de son père, et se mêlait de
prédire comme lui. Lorsqu’on assiégeait le Poussin,
en Dauphiné, interrogé par Saint-Luc sur le sort qui
écrivit ses prédictions dans un style énigmati- attendait le Poussin, il lui répondit « II périra : —
que; et. pour leur donner plus de poids, il les par le feu. » —
Pendant que les soldats pillaient la
ilace, continue l’historien, le 61s du prophète
mit en vers. Il en composa autant de quatrains, y mit
f ui-méme le feu en plusieurs endroits afin que sa
dont il publia sept centuries à Lyon en 1555. Ce ,

prédiction fût accomplie. Mais Saint-Luc, irrité de


recueil eut une vogue inconcevable on prit parti ; cette action poussa son cheval contre le jeune astro-
,
pour le nouveau devin ; les plus raisonnables le logue qui en fut foulé aux pieds.

Digitized by Google
.

r NUI — 195 — N DM
navire qui va appareiller, c'est, si le noyé y perstitieusc des Flamands ait entouré de plus

meurt, un mauvais présage, qui annonce des grandes terreurs que le 1" novembre, l-cs morts
malheurs et le danger de périr. Superstition in- sortent à minuit de leurs tombes pour venir, en
humaine. Aussi laissent-ils les noyés à l’eau. longs suaires rappeler les prières dont ils ont
,

Voici une légende qui a été racontée par le besoin aux vivants qui les oublient. La sorcière
poète Œhlcusclilœsger. Ce n’est point une lé- et le vieux berger choisissent cette soirée pour
gende, c'est un drame de la vie réelle. Un pauvre exercer leurs redoutables maléfices. L'ange Ga-
matelot a perdu un fils dans un naufrage et la ,
briel soulève alors pour douze heures le pied

douleur l'a rendu fou. Chaque jour il monte sur sous lequel il retient le démon captif, et rend à
cet infernal ennemi des hommes le pouvoir mo-
mentané de les faire souiïrir. D’ordinaire, la dé-
solation de la nature vient encore ajouter aux
terreurs de ces croyances; la tempête mugit, la
neige tombe avec abondance, les torrents se
gonflent et débordent enfin la soulTrauce et la
;

mort menacent de toutes parts le voyageur '.


Numa-Pompilius second roi de Rome. Il
,

donna à son peuple des lois assez sages, qu'il


disait tenir de la nymphe Égérie. Il marqua les
jours heureux et les jours malheureux, etc. J .
Les démonomanes font de Numa un insigno
enchanteur et un profond magicien. Cette nym-
phe, qui se nommait Ægérie, n'était autre chose
qu’un démon qu'il s'était rendu familier, comme
étant un des plus versés et mieux entendus qui
aient jamais existé en l’évocation des diables.
Aussi tient-on pour certain , dit Leloyer, que ce
fut par l’assistance et l’industrie de ce démon
qu’il fit beaucoup de choses curieuses pour se
sa barque et s'en va en pleine mer; là ,
il frappe
mettre en crédit parmi le peuple de Rome, qu’il
à grands coups sur un tambour, et il appelle son
llls & haute voix : — Viens, lui dit-il , viens ! sors
voulait gouverner à sa fantaisie. A ce propos,

de ta retraite, nage jusqu'ici, je le placerai à


Denys d'Halicarnasse raconte qu’un jour, ayant
invité à souper bon nombre de citoyens, il leur
côtéde moi dans mon bateau ; et si tu es mort,
fit servir des viandes simples et communes en
je tedonnerai une tombe dans le cimetière, une
vaisselle peu somptueuse ; mais dès qu'il eut dit
tombe entre des (leurs et des arbustes; lu dor-
miras mieux là que dans les vagues. Mais le mal-
un mot, sa diablesse le vint trouver, et tout in-
continent la salle devint pleine de meubles pré-
heureux appelle en vain et regarde en vain.
cieux, et les tables furent couvertes de toutes
Quand la nuit descend , il s'eu retourne en di-
sant : — J'irai demain plus loin, mon pauvre fils
sortes de viandes exquises et délicieuses. Il était
si habile dans ses conjurations, qu’il forçait Jupi-
ne m’a pas entendu '

ter à quitter son séjour et à venir causer avec


Nuit des trépassés. De tous les jours de
lui. Numa-Pompilius fut le plus grand sorcier et
le plus fort magicien de tous ceux qui ont porté
couronne, dit Dclancre; il avait encore plus de

H. Berthould La nuit de la Toussaint.


1
,

3
Entre autres choses, il présenta aux Romains,
un jour, un ccrlain bouclier (qu’on nomma ancile ou
ancilic) et qu'il dit l'Ire tombe du ciel pendant une
peste qui ravageait l'Italie; il prétendit qu'à la con-
servation de ce bouclier étaient attachées les des-
tinées de l'empire romain, important secret qui lui
avait été révélé par Egérie et les Muses. Do peur
qu’on n’enlcvàt ce boucher sacré , il en fit faire onze
autres, si parfaitement semblables, qu'il était im|wis-
siblo de les distinguer du véritable, et que Numa
lui-même fut dans l'impossibilité de le reconuailre.
Les douze boucliers étaient échancrés des deux cotés.
Numa en confia la garde à douze prêtres qu'il in-
stitua pour cet effet, et qu’il nomma Saliens ou
Agonaux. Mammurius, qui avait fait les onze copies
si habilement, ne voulut d’autre récompense de son
travail quo la gloire de avoir convenablement exé-
l

1
Marmicr, Traditions des bords de la Baltique. cuté.

Digitized by Google
,

MR — 496 — NVM
dines ou nixes, le principe diabolique fait tou-
pouvoir sur les diables que sur les hommes. Il
jours partie de leur essence : l'esprit du mal n’est
composa des livres de magie qu’on brida quatre
cents ans après sa mort... l'oij. Écéiue.
Nursie, au royaume de Naples. Là était la
grotte de la Sibylle, remplacée au moyen âge
par des sorcières qu’on allait consulter.
Nybbas démon d’un ordre inférieur, grand
,

paradiste de la cour infernale. Il a aussi l'inten-


dance des visions et des songes. On le traite avec
assez peu d’égards le regardant comme bateleur
,

et charlatan.
Nymphes, démons femelles. Leur nom vient
de la beauté des formes sous lesquelles ils se Xymplic».

montrent. Chez les Grecs, les nymphes, très-ho-


couvert (|ue d'un voile plus ou moins transpa-
norées , étaient partagées en plusieurs classes :
rent, et tôt ou lard la parenté de ces beautés
les inélies suivaient les personnes qu'elles vou-
laient favoriser où tromper elles couraient avec
mystérieuses avec Satan devient manifeste, line
;

une vitesse inconcevable. Les nymphes gcnelyl-


lides présidaient à la naissance, assistaient les
enfants au berceau, faisaient les fonctions de
sages-femmes, et leur donnaient mémo la nour-
riture. Ainsi Jupiter fut nourri par la nymphe
Mélisse, etc. Ce qui prouve que ce sont bien des
démons, c’est que les Grecs disaient qu’une per-
sonne était remplie de nymphes pour dire qu’elle
était possédée des démons. Du reste, les caba-
listes pensent que ces démons habitent les eaux
ainsi que les salamandres habitent le feu, les
sylphes l’air, et les gnomes ou pygmées la terre.

l’oy. O.NDISS.
Nymphe de l'Elbe, l'rélorius, auteur esti-
mable du seizième siècle, raconte que la nymphe
de l’Elbe s'assied quelquefois sur les bords du
fleuve, peignant ses cheveux à la manière des
sirènes. Lnc tradition semblable à celle que
Walter Scott a mise en scène dans la Fiancée de
Lamermoor avait cours au sujet de la sirène de
l'Elbe; elle est rapportée tout au long par les mort inévitable est le partage de quiconque se
frères Grimm, dans leur Recueil de légendes ger- laisse séduire par elles. Des auteurs prétendent
maniques. Quelque belles que paraissent les on- que les dernières inondations du Valais furent

Digitized by Google
,

N VN — 497 — OBE
causées par des démons qui ,
s’ils ne sont pas donné audit diable, sous promesse qu’il aurait
des nickars ou des nixes, sont du moins de na- des richesses et serait bien heureux au monde
ture amphibie. Il y a près de la vallée de Bagnes « et lui bailla pour gage sa ceinture partie de ,

une montagne fatale où les démons font le sab- ses cheveux , et après sa mort un de ses poucas.
bat. En l'année 1818, deux frères mendiants de Ensuite le diable le marqua sur l'épaule; il lui

Sion, prévenus de celte assemblée illégale, gra- commanda de donner des maladies, de faire
virent la campagne pour vérifier le nombre et mourir les hommes et les bestiaux de faire , périr
les intentions des délinquants, Un diable, l'ora- les fruits par des poudres qu’il jetterait au nom
teur de la troupe, s’avança. —
Révérends frères, de Satan. Il avoua encore que le diable l’avait
dit-il , nous sommes ici une armée telle que, si fait danser au sabbat avec les autres sorciers
on divisait entre nous à parts égales tous les gla- ayant chacun une chandelle, et que quand le
ciers et tous les rochers des Alpes, nous n’en diable se retirait enfin eux tous se trouvaient,

aurions pas chacun une livre pesant '. transportés dans leurs maisons. » Vingt-huit té-
Nynauld (Jean de), auteur d'un livre intitulé moins confrontés soutinrent que le vicomte de
De la Lycanthropie , transformation et extases des Brosse avait la réputation de sorcier, et qu’il
sorciers. Paris, 1615, in-8°. avait fait mourir quatre hommes et beaucoup de
Nyol, vicomte de Brosse, poursuivi comme bestiaux '. Il fut condamné.
du seizième siècle. Il confessa
sorcier à la fin Nypho ou Nyphus (Augustin), sorcier italien,
qu'ayant entendu dire qu’on brûlait les sorciers, qui avait un démon familier et barbu dit Dclan- ,

il avait quitté sa maison et en était demeuré crc 1 lequel démon lui apprenait toutes choses.
,

longtemps absent. Ses voisins, l’ayant suivi, l'a- Il a fait un livre Des divinations , imprimé à la
vaient trouvé dans une étable de pourceaux ; ils suite de l'explication des songes par Artémidore.
l'interrogèrent sur différents maléfices dont il l/oy. Artémidore.

était accusé; il reconnut qu'il était allé une fois Nysrock, démon du second ordre, chef de
au sabbat, à la croix de la Motte, où il avait vu cuisine de Belzébuth seigneur de la délicate ten-
,

le diable en forme de chèvre noire qu'il s'était ;


tation et des plaisirs de la table.

O
Oannès ou Oès, monstre moitié homme et mystique, né en 1725, 5 Arbon en Suisse, et
moitié poisson, dans les vieilles mythologies de mort en 1798. Son père avait eu le même goût
l’Orient; venu de la mer égyptienne, il sortait pour l'alchimie, qu’il appelait l’art de perfec-
de l'œuf primitif, d'où tous les autres êtres avaient tionner les métaux par la grâce de Dieu. Le (ils
été tirés. Il parut dit Bérose , près d'un lieu
,
voulut profiter des leçons que lui avait laissées
voisin de Babvlone. Il avait une tête d’homme le vieillard ; comme sa famille était réduite à l’in-
sous une tête de poisson. A sa queue étaient digence il travailla sans relâche dans son labo-
,

joints des pieds d’homme et il en avait la voix


, ratoire; mais l’autorité vint le fermer, comme
et la parole. Ce monstre demeurait parmi les dangereux pour la sûreté publique. Cependant il
hommes sans manger, leur donnait la connais- réussit à prouver que ses opérations ne pouvaient
sance des lettres et des sciences, leur enseignait nuire , et il s’établit chez un frère de Lavater.
les arts, l’arithmétique, l'agriculture; en un mot, Depuis dix-huit ans, Jacques (qui était fou),
tout ce qui pouvait contribuer à adoucir les connaissait disait-il , une personne qu’il nomme
,

mœurs. Au soleil couchant, il se retirait dans la Tfieintis , bergère séraphique ; il l'épousa dans
mer et passait la nuit sous les eaux. C’était un un château , sur une montagne entourée de nua-
poisson comme
on n’en voit guère. ges. « Notre mariage, dit-il, n'était ni platonique
Ob, démon des Syriens, qui était, à ce qu’il ni épicurien, c’était un état dont le monde n'a
parait, ventriloque. Il donnait ses oracles par le aucune idée. » Elle mourut au bout de trente-
derrière, organe qui n'est pas ordinairement des- six jours, et le veuf, se souvenant que Marsay,
tiné à la parole et toujours d’une voix basse et
,
grand mystique de ce temps, avait entonné un
sépulcrale, en sorte que celui qui le consultait cantique de reconnaissance à la mort de sa femme,
De l'entendait souvent pas du tout, ou plutôt chanta à gorge déployée durant toute la nuit
entendait tout ce qu’il voulait.
Obereit (Jacques Hermann), alchimiste et 1
Rikiug, Discours sommaire des sortilèges, véné-
fiers . idolâtries, etc.
2 Tableau de T inconstance des mauvais anges,
1
Traditions populaires du Nord. (Revue britan- etc.,
nique, tS37.) liv. V, p. tti.
32

Digitized by Google
,

OBE — 498 — OBE


du décès de la sienne. Il a publié, en 1776, à de quinze livres, parties le plussouvent de l'in-
Augsbourg, un Irailé de la Connexion originaire térieur de la maison où ces pierres ne se trou-
des esprits et des corps , d’après les principes de vaient pas, qui brisaient la vaisselle, cassaient
Newton. On lui doit aussi les Promenades de Ga- les pots et jetaient rudement 4 la tête des assis-
maliel , juif philosojtlie 1780. tants les cuillers à pot en fer, lesquelles arrivaient
Obergemeiner, propriétaire h Munchhof, près violemment 4 leur but, mais sans causer le moindre
de Gratz d'une maison qui fut infestée en jan-
, , mal, au contraire des pierres qui brisaient les
vier 1821, de mains invisibles ou de procédés vitres. l.e seau plein d'eau s'enlevait tout seul
inexplicables qui, malgré la surveillance de trente au plafond; les plats volaient et faisaient des
hommes armés, lançaient aux fenêtres des pierres courbes. On n’a pu avoir explication de ces plié-

Obéron rt Tilania.

Obéron , roi des fées et des fantômes aériens.


Il joue un grand rôle dans la poésie anglaise;
c’est l’époux de Titania. Ils habitent l’Inde ; la

nuit , ils mers et viennent dans


franchissent les
nos climats danser au clair de la lune ils re- ;

doutent le grand jour et fuient au premier rayon


nomènes, mentionnés et décrits longuement dans du soleil , ou se cachent dans les bourgeons des
la Mystique de Gôrres *. arbres jusqu'au retour de l’obscurité. Obéron est
le sujet d'un poëme célèbre de Wieland.
1
Chapitre xx du livre Y. Obesslik. Du temps des hussites, un brigand

Digitized by Google
OBS — m— onr
nommé Obesslik se remtil à la justice, qui le pour- Obsequens (Julius). Il a laissé un livre des
suivait mais il sc rendit à
depuis longtemps; prodiges, dont une partie est perdue.
condition qu'on épargnât son sang. Il fut donc Occultes. Un appelle sciences occultes la
condamné à mourir de faim et descendu dans le magie, la nécromancie, la cabale, l’alchimie et
gouffre de Maczocha avec une cruche d'eau et un toutes les sciences secrètes.
seul pain. Le pain fut bientôt dévoré, la cruche Ochosias, roi d'Israël, mort 896 ans avant
d'eau bientôt vidée. Alors commença pour lui notre ère. Il s’occupait de magie et consultait
cette horrible agonie dont on peut se faire une Bel/ébulh , honoré à Accaron. Il eut une fin
idée après avoir lu l’épisode d’Ugolin dans le misérable.
Dante. La mort lente s'approchait avec le déses- Oculomancie, divination dont le but était de
poir, lorsque tout à coup le condamné entendit découvrir un larron, en examinant la manière
un sifflement étrange dans l’air et viten levant , dont jl tournait l’œil après certaines cérémonies
,

les yeux, un dragon ailé qui plongea à grands superstitieuses.


coups d’aile dans le précipice. Obesslik, qu’é- Oddo. Voy. Kalta.
pouvantait que ce dragon le dévorerait,
l’idée Odlon, flamand des temps anciens,
pirate
ramassa le reste de ses forces, sc recula dans qui voguait en haute mer par magie , sans esquif
une crevasse de la paroi prit une pierre et la ,
ni navire.
jeta vers le dragon, qui fut atteint sous le ventre, 0d-6Bprit. M. Gagne, qui est un des adeptes
seul endroit qui n’était pas protégé par des du spiritisme, croit avoir découvert dans l’at-
éraillés comme tout le reste de son corps. Un mosphère un agent impondérable où flottent les
sang noir sortit de la blessure du monstre, qui esprits qui nous circonviennent et avec qui les ,

s’abattit sur une saillie du cratère, où il se reposa habiles se mettent en communication. Il appelle
quelque temps; une demi-heure s’écoula ainsi, cet agent l’Od-esprit.
et, quand il eut repris quelques forces par le Odet, démon de la nuit, qui se montre à Or-
repos, il se releva et sortit. Ainsi délivré de son léans sous la forme d’un mulet et fait de mauvais
hôte monstrueux Obesslik pensa ceci , : tours à ceux qu'il rencontre. 11 est de l'espèce de
« Ne pourrais-je pas me sauver par son se- kleudde.
cours , s’il revenait ? Odeur. On voit dans tous les procès de sor-
Le lendemain, à dragonla même heure, le cellerie que l'odeur des sorciers est abominable,
redescendit dans le gouffre et se mit à fouiller la ce qui ne peut surprendre, puisque leurs chefs
vase avec son bec immense pour y chercher des leur défendent de se laver. — Plusieurs possédés
vipères d’eau dont il se nourrissait. Obesslik se sont aussi très-puants.
glissa derrière lui et se plaça sur son dos écaillé. Odin ,
dieu des Scandinaves. Deux corbeaux
Quand le monstre se fut bien repu, il reprit son sont souvent placés sur ses épaules et lui disent
vol, sans s’apercevoir qu’un homme était sur à l’oreille tout ce qu’ils ont vu ou entendu de
lui, et sortit du précipice. Il s’éleva bien haut neuf. Odin les lâche tous les jours; et, après
dans l’air ,
portant toujours son cavalier, qui at- qu’ils ont parcouru le monde, ils reviennent le
tendait un moment favorable pour descendre soir à l’heure du repas. C'est pour cela que ce
de son étrange coursier. Ses ailes bruissaient dieu sait tant de choses, et qu'oit l’appelle le
dans le vent, et il s'abattit dans une forêt voi- dieu des corbeaux. A la fin des siècles, il sera
sine, où il se coucha sous un grand chêne et mangé par le loup Kcnris. Les savants vous di-
s’endormit. ront que l’un de ces corbeaux est l’emblème de
Obesslik sauvé reprit son ancien métier de dé- la pensée; quelle pensée! et l’autre le symbole

valiseur, et plus d’une fois l’effroi sc répandit de la mémoire. Les deux loups qui se tiennent aux

que
dans la contrée au récit des crimes de celui pieds d'Odin figuraient la puissance. Il y a des
l’on croyait mort dans la Maczocha. Les monta- gens qui ont admiré ce mythe.
gnes de Hradi étaient surtout le théâtre de ses Odin, h la fois pontife, conquérant, monarque,
sanguinaires exploits. Mais il fut repris et déca- orateur et poète, parut dans le Nord, environ
pité à Olmütz. soixante-dix ans avant Notre-Seigneur selon les
Obole pièce de monnaie que les Romains et
,
uns , plus tard selon d’autres. Le théâtre de ses
les Grecs mettaient dans la bouche des morts, exploits fut principalement le Danemark. Il avait
pour payer leur passage dans la barque à Caron. la réputation de prédire l’avenir et de ressusciter
Obsédés. Dom Calmet fait celte distinction les morts. Quand il eut fini ses expéditions glo-

entre les possédés et les obsédés. Dans les posses- rieuses, il retourna en Suède, et, se sentant
sions, dit-il, le diable parle, pense, agit pour le près du tombeau il ne voulut pas que la ma-
,

possédé. Dans les obsessions il se lient au de- ,


ladie tranchât le fil de ses jours après avoir si ,

-
hors, il assiège, il tourmente, il harcèle. Saül souvent bravé la mort dans les combats, il con-
était possédé, le diable le rendit sombre; Sara, voqua tous ses amis, les compagnons de ses ex-
qui épousa jeune Tobie, n’était qu 'obsédée, le
le ploits; il se (il, sous leurs yeux, avec la pointe
diable n'agissait qu’autour d'elle. I oy. Possédés. d’une lance , neuf blessures en forme de cercle ;

32.

Digitized by Google
ODO — 500 — ŒUF
et, au moment d'expirer, il déclara qu'il allait Odontotyrannus.
dy. Serpent de meh. I

dans la Scylhie prendre place parmi les dieux, Odorat. Cardan XIII de la Subtilité
dit au livre
promettant d’accueillir un jour avec honneur dans qu’un odorat excellent est une marque d’esprit,
son paradis tous ceux qui s’exposeraient cou- parce que la qualité chaude et sèche du cerveau
rageusement dans les batailles, ou qui mour- est propre à rendre l’odorat plus subtil et que ,

raient les armes à la main. Toute la mythologie ces mêmes qualités rendent l'imagination plus
des Islandais a Odin pour principe, comme le vive et plus féconde. Rien n'est moins sûr que
prouve l’Edda, traduit par Mallet, à la tête de celte assertion ; il n’y a point de peuple qui ait
son Histoire de Danemark *. l'oy. Wodex Ha- , si bon nez que les habitants dé Nicaragua, les
KE1.BEHG , etc. Abaquis, les Iroquois; et on sait qu’ils n'en sont

Odel, démon de II nuit, (oun la forme d’un mulet. — fige 499.

pas plus spirituels. Mainurra, selon Martial’ ne qui n’ont pas coutume d'en agir ainsi. Quoi qu'il
consultaitque son nez pour savoir si le cuivre en remonte h une très-haute anti-
soit, cette loi
qu'on lui présentait était de Corinthe. quité. On voit, par un passage de Pline, que les
Œil. Les gorgones avaient un seul œil, dont Romains y attachaient une grande importance.
elles se servaient tour à tour pour changer en L’œuf était regardé comme l'emblème de la na-
pierres tous ceux qui les regardaient. Les anciens ture, comme une substance mystérieuse et sacrée.
font mention des Aritnaspes, comme de peuples On était persuadé que les magiciens s'en ser-
qui n’avaient qu’un œil et qui étaient souvent
, vaient dans leurs conjurations, qu’ils le vidaient
aux prises avéc les griffons, pour ravir l'or coudé et traçaient dans l’intérieur des caractères ma-
à la garde de ces monstres. Pour le mauvais œil, giques dont la puissance pouvait opérer beaucoup
l’oy. Yeux. de mal. On en brisait les coques pour détruire
Œnomancie, divination par le vin, dont on les charmes. Les anciens se contentaient quel-
considère la couleur en le buvant, et dont on re- quefois de les percer avec un couteau et dans ,

marque les moindres circonstances pour en tirer d’autres moments de frapper trois coups dessus.
des présages. Les Perses étaient fort attachés à Les œufs leur servaient aussi d’augure. Julie,
cette divination. fille d'Auguste, étant grosse de Tibère, désirait

Œnothère, géant de l’armée de Charlemagne, ardemment un lils. Pour savoir si ses vœux se-
qui, d'un revers de son épée, fauchait des batail- raient accomplis, elle prit un œuf, le mit dans
lons ennemis comme on fauche l'herbe d'un pré J . son sein l'échaulfa quand elle était obligé de
, ;

Œonistice, divination par le vol des oiseaux. le quitter elle le donnait à une nourrice pour lui
,

l'oy. Augures. conserver sa chaleur. L’augure fut heureux, dit


Oès. l'oy. Oannks. Pline : elle eut un coq de son œuf et mil au
Œufs. On doit briser la coque des œufs frais, monde un garçon '.

quand on les a manges par pure civilité


, ; aussi Les druides pratiquaient, dit-on, cette super-
cet usage pratiqué par les gens bien élevés,
est-il

dit M. Salgues'; cependant il


y a des personnes Cicéron rapporte qu'un homme ayant rêvé qu’U
1

mangeait un œuf frais alla consulter l’interprète des


1
Le livre unique, numéro 9. songes, quilui dit que le blanc d’œuf signifiait qu’il
1 M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, etc., aurait bientôt de l’argent, et le jaune, de l’or. Il eut
t. I, p, 416. effectivement peu après une succession où il v avait
3 Des erreurs des préjugés,
et t. I, p. 39Ï. de l’un et de l'autre. Il alla remercier l’interprète, et

Digitized by Google
,,.

00 ! — 501 — OGR
stition étrange; ils vantaient fort une espèce tombe, comme Frédéric-Barberousse et d’autres '
d'œuf inconnu à tout le monde, formé en été par Ogres. Sauf le nom, ces monstres étaient con-
une quantité prodigieuse de serpents entortillés nus des anciens. Polyphème, dans V Odyssée,
ensemble qui y contribuaient tous de leur bave
,
n'est autre chose qu’un ogre ; on trouve des ogres
et de l'écume qui sortait de leur corps. Aux sif- dans Us Voyages de Sindbad le marin; ef un autre
flements des serpents, l’œuf s’élevait en l’air; il passage des Mille et une nuits prouve que les
fallait s’en emparer alors, avant qu’il touchât ogres ne sont pas étrangers aux Orientaux. Dans
la terre celui qui l’avait reçu devait fuir; les
: le conte du Vizir puni, un jeune prince égaré

serpents couraient tous après lui jusqu’à ce qu’ils rencontre une dame qui le conduit à sa masure :

fussent arrêtés par une rivière qui coupât leur elle dit en entrant ; —
Réjouissez-vous mes fils, ,

chemin Ils faisaient ensuite des prodiges avec je vous amène un garçon bien fait et fort gras.

,

cet œuf. Maman répondent les enfants où est-il, que


, ,

Aujourd'hui on n’est pas exempt de bien des nous le mangions? car nous avons bon appétit.
superstitions sur l’œuf. Celui qui en mange tous — Le prince reconnaît alors que la femme, qui
les matins sans boire meurt, dit-on, au bout de se disait fille du roi des Indes, est une ogresse,
l’an. Il ne faut pas brûler les coques des œufs,
I
femme do ces démons sauvages qui se retirent
suivant une croyance populaire superstitieuse, dans les lieux abandonnés et se servent de mille
de peur de brûler une seconde fois saint Lau- ruses pour surprendre et dévorer les passants,
rent, qui a été brûlé sur un feu nourri de pareils comme les sirènes, qui, selon quelques mytho-
aliments *. Albert le Grand nous apprend, dans logues, étaient certainement des ogresses. C'est
ses Secrets, que la coque d’œuf, broyée avec du à peu près l’idée que nous nous faisons de ces
vin blanc et bue, rompt les pierres tant des êtres effroyables les ogres .dans nos opinions
;

reins que de la vessie. tenaient des trois natures humaine, animale et


;

Pour la divination par les blancs d'œufs, voyez infernale. Ils n'aiment rien tant que la chair
Oomancie Gauuda, etc. , fraîche; et les petits enfants étaient leur plus dé-
Og. roi de Basai!. Og, selon les rabbios, était licieuse pâture. Le Drac, si redouté dans le Midi
un de ces géants qui ont vécu avant le déluge. Il était un ogre qui avait son repaire aux bords du

s’en sauva en montant sur le toit de l’arche où Rhône, où il se nourrissait de chair humaine. Il
étaient Noé et ses iils. Il était si pesant, qu’on parait que cette anthropophagie est ancienne dans
fut obligé de mettre dehors le rhinocéros, qui nos contrées, car le chapitre lxvii de la loi sa-
suivit l’arche à la nage. Noé cependant fournit à lique prononce une amende de deux cents écus
Og de quoi se nourrir, non par compassion, mais contre tout sorcier ou stryge qui aura mangé un
pour faire voir aux hommes qui viendraient après homme.
le déluge quelle avait été la puissance du Dieu Quelques-uns font remonter l’existence des
qui avait exterminé de pareils monstres. Les ogres jusqu'à Lycaon, ou du moins à la croyance

géants vivaient longtemps. Og était encore du où l’on était que certains sorciers se changeaient
monde quand les Israélites, sous la conduite de en loups dans les orgies nocturnes, et mangeaient
Moïse, campèrent dans le désert. Le roi de Basai) au sabbat la chair des petits enfants qu’ils pou-
leur lit la guerre. Voulant d’un seul coup détruire vaient y conduire. On ajoutait que, quand ils en
le camp d’Israël, il enleva une montagne large de avaient mangé une fois, ils en devenaient extrê-
six mille pas, avec laquelle il se proposait d’écra- mement friands et saisissaient ardemment toutes
ser l’armée de Moïse. Mais Dieu permit que des les occasions de s’en repaître : ce qui est bien le

fourmis crevassent la montagne, à l’endroit où naturel qu'on donne à l'ogre. On voit une multi-
elle posait la tête du géant
sur de sorte qu’elle , tude d’horreurs de ce genre dans les procès des
tomba sur son cou en manière de collier. Ensuite sorciers on appelait ces ogres des loups-garous
; ;

ses dents s’étant accrues extraordinairement, s'en- et le loup du petit Chaperon -Rouge n'est pas
foncèrent dans le roc et l'empêchèrent de s’en autre chose. Quant à l'origine du nom des ogres,
débarrasser. Moïse alors le tua, mais non sans l'auteur des Lettres sur les contes des fées de
peine ; car le roi Og était d'une si énorme sta- Ch. Perrault l'a trouvée sans doute. Ce sont les
ture, que Moïse, qui lui-même était haut de féroces Huns ou Hongrois du moyen âge qu'on ,

six aunes, prit une hache de la même hauteur; appelait Hunnigours, Olgours, et ensuite par cor-
et encore fallut-il qu'il fil un saut de six aunes ruption Ogres. Les Hongrois, disait-on, buvaient le
pour parvenir à frapper la cheville du pied sang de leurs eunemis ; ils leur coupaient le cœur
d'Og. par morceaux et le dévoraient eu manière de
Ogier le Danois. On croit qu’il vit dans sa remède contre toute maladie. Ils mangeaient
de la chair humaine, et les mères hongroises,
luidonna uno pièco d'argent. L’interprète, en le re- pour donner à leurs enfants l'habitude de la dou-
conduisant, lui dit : —
Et pour le jaune n’y a-t-il
rien? Nihilne de viteUof
1
Pline, ch. ni.
liv. XXIX, 1
Voyez sa légende dans les Légendes de Vautre
5 Titien,, Traite des superstitions, etc. monde.
,
,

OIA — 502 — OU)


leur, lesmordaient au visage dès leur naissance. ques prélats; car il entendit un petit moineau
en effet un terrible peuple que ces
C'était qui avertissait les autres par son chant qu’un
païens, dont les hordes innombrables, accou- chariot de blé venait de verser à la porte Ma-
rues des extrémités septentrionales de l'Asie, dé- jeure, et qu’ils trouveraient là de quoi faire leur
vastèrent pendant deux tiers de siècle l'Italie, profit*.
l’Allemagne et la France. Ils incendiaient les villes A la côte du Croizic, en Bretagne, sur un ro-
et les villages, égorgeaient les habitants ou les cher au fond de la mer, les femmes du pays vont
emmenaient prisonniers, la pitié leur était in- parées avec recherche, les cheveux épars, or-
nées d’un beau bouquet de fleurs nou-
velles ; elles se placent sur le rocher, les
yeux élevés vers le ciel, et demandent
avec un chant sentimental aux oiseaux
de leur ramener leurs époux et leurs
fiancés 1 Voy. Accents, ConstiLLE
, Hi- ,

bou, etc.
Okkisiks, nom sous lequel les Mu-
rons désignent des génies ou esprits, bien-
faisants ou malfaisants, attachés à chaque
homme.
Oldenberg, montagne de l’Allemagne
sous laquelle Charlemagne vit toujours
avec ses douze pairs et son armée. Tra-
dition locale.
Oldenbourg. « Je ne puis m'empêcher, dit
Balthasar Bekker, dans le tome IV, chapitre xvii
du Monde enchanté, de rapporter une fable dont
j’ai cherché aussi exactement les détails qu'il m’a

été possible c'est celle du fameux cornet d’Ol-


:

denbourg. h (Jn dit que le comte Olton d'Olden-


bourg, étant allé un jour à la chasse sur la mon-
tagne d'Ossomberg, fut atteint d’une soif qu'il ne
pouvait étancher; il se mit à jurer d’une manière
indigne, en disant qu'il ne se souciait pas de ce
qui pourrait lui arriver, pourvu que quelqu'un
lui donnât à boire. Le diable lui apparut aussitôt

Hongrois.

connue, car ils croyaient que les guerriers étaient


servis dans l'autre monde par les ennemis qu'ils
avaient tués dans celui-ci. line défaite signalée
que leur éprouver Othon, empereur d’Alle-
fit

magne, délivra pour jamais de leurs ravages


l’Europe occidentale. La terreur profonde qu’ils
avaient inspirée se propagea longtemps encore
après leur disparition, et les mères se servirent
du nom des Hongrois, ogres, pour épouvanter
leurs petits enfants. Voy. Fér.s, Omestès, etc.
Oiarou, objet du culte des Iroquois. C’est la
première bagatelle qu'ils auront vue en songe,
un calumet, une peau d'ours, un couteau, une
plante, un animal, etc. Ils croient pouvoir, par
la vertu de cet objet, opérer ce qui leur plaît,
même se transporter et se métamorphoser.
Oigours. Voy. Ou a es.
Oilette démon sans renomméo invoqué dans
, , sous la forme d'une femme elle semblait sortir
;

les litaniesdu sabbat. de terre elle lui présenta à boire dans un cornet
;

Oiseaux. Naudé conte que l'archevêque Lau-


* Apologie pour les grands personnages accusés de
rent expliquait le chant des oiseaux, comme il
magie.
en fit en jour l'expérience à Home devant quel- 3 Cambry, Voyage dans le Finistère.

Digitized by Google
. ,

OLD — 503 — OND


fort riche, d’une matière inconnue et qui ressem- santé, à l'air refrogné. Il joue un rôle dans la
blait au vermeil. Le comte, se doutant de quelque Boucle de cheveux enlevée de Pope.
chose, ne voulut pas boire et renversa ce qui Omestès surnom de Bacchus considéré
, ,

était dans le cornet sur la croupe de son cheval. comme chef des ogres ou loups-garous qui man-
La force de ce breuvage emporta tout le poil aux gent la chair fraîche.
endroits qu’il avait touchés. Le comte frémit; Omomancie, divination par les épaules chez,
mais il garda le cornet, qui subsiste encore, dit-on, les rabbins. I.esArabes devinent par les épaules
etque plusieurs se sont vantés d'avoir vu. On le du mouton, lesquelles, au moyen de certains
trouve représenté dans plusieurs hôtelleries ; points dont elles sont marquées, représentent
c’est un grand cornet recourbé , comme un cor- diverses figures de géomancie.
net à bouquin et chargé d’ornements bizarres. »
, Omphalomancie, divination par le nombril.
Old Gentleman. Le peuple en Angleterre ap- Les sages-femmes, par les nœuds inhérents au
pelle le diable le vieux gentleman. nombril de l'enfant premier-né, devinaient com-
Olive (Robert) , sorcier qui fut brûlé à Falaise bien la mère en aurait encore après celui-là.
en 1556. On procès que le diable le
établit à son Omphalophysiques, fanatiques de Bulgarie
transportait d’un lieu à un autre que ce diable
; que l’on trouve du onzième au quatorzième siècle,
s’appelait Chrysopole, et que c’était à l’instiga- et qui, par une singulière illusion, croyaient voir
tion dudit Chrysopole que Robert Olive tuait les la lumière du Thabor à leur nombril.
au feu*.
petiLs enfants et les jetait On, mot magique, comme tétragrainmaton
Olivier, démon invoqué comme prince des dont on se sert dans les formules de conjurations.
archanges dans les litanies du sabbat. Ondins ou Nymphes, cspriLs élémentaires,
Ololygmancie, divination tirée du hurlement composés des plus subtiles parties de l’eau qu’ils
des chiens. Dans la guerre de Mcssénie, le roi habitent. Les mers et les fleuves sont peuplés,
Aristodème apprit que les chiens hurlaien t comme disent les cabalistes, de même que le feu, l’air
des loups, et que du chiendent avait poussé au- et la terre. Les anciens sages ontnommé Ondins
tour d’un autel. Désespérant du succès, d’après
cet indice et d’autres encore (f ’oy. Ophionkes) ,

quoiqu’il eût déjàimmolé sa fille pour apaiser les


dieux, il se tua sur la foi des devais, qui virent

dans ces signes de sinistres présages.


Olys, talisman que les prêtres de Madagascar |

donnent aux peuples pour les préserver de plu-


sieurs’inalheurs, et notamment pour enchaîner
la puissance du diable.
Ombre. Dans le système de la mythologie
païenne , ce qu’on nommait ombre n’appartenait
ni au corps ni à l'àme , mais à un état mitoyen.
C’était cette ombre qui descendait aux enfers.
On croyait que les animaux voyaient les ombres
des morts. Aujourd’hui même, dans les mon-
tagnes d’ Écosse, lorsqu’un animal tressaille subi-
tement, sans aucune cause apparente, le peuple
attribue ce mouvement à l'apparitiond'un fantôme.
En Bretagne, les portes des maisons ne se <

ferment qu’aux approches de la tempête. Des


feux follets, des sifflements l’annoncent. Quand
on entendait ce murmure éloigné qui précède
l’orage, les anciens s’écriaient : —
Fermons les
portes , écoutez les criériens ; le tourbillon les
suit. Ces criériens sont les ombres, les ossements

des naufragés qui demandent la sépulture, dé-


sespérés d’être depuis leur mort ballottés par les
éléments’. On dit encore que celui qui vend son
àme au diable n’a plus d’ombre au soleil cette ;

tradition , très-répandue en Allemagne , est le fon-


dement de plusieurs légendes. Voy. Revenants.
Ombriel, génie vieux et rechigné, à l’aile pc-
ou Xymphes cette espèce de peuple. Il y a peu do
1
Bodin, Démonomanie, p. 108. mâles, mais les femmes y sont en grand nombre;
» Cambry, Voyage dans le Finistère. I. II, p. 25,1 leur beauté est extrême , et les filles des hommes

Digitized by Google
,,

ONE — 504 — OOM


n’ont rien de comparable 1 , Voy. Cabale, Nic- que en compose de différentes façons,
le diable
kar , etc. at qu’il lesemploie à nuire au genre humain. Pour
En Allemagne, le peuple croit encore aux endormir, on en fait un avec de la racine de bel-
Ondines, esprits des eaux, qui ont une assez ladone, de la morelle furieuse, du sang de chauve-
mauvaise réputation. Du fond de leurs humides souris , du sang de huppe , de l'aconit de la suie ,

demeures, elles épient le pécheur qui rêve au du persil, de l’opium et de la ciguë. Voy. Graisse.
bord des ondes et l’attirent dans un gouffre où Onomancie ou Onomatomancie, divination
il disparaît pour toujours. par les noms. Elle était fort en usage chez les
On croit en Suède à l'esprit des eaux. Chaque anciens. Les pythagoriciens prétendaient que les
rivière a le sien tous sont soumis à un chef. De
;
esprits, les actions et les succès des hommes
même que ceux des montagnes, ils sont invi- étaient conformes à leur destin, à leur génie et
sibles leur main seule ne l’est pas, suivant la
: à leur nom. On remarquait qu’Hippolyte avait
tradition en vogue le long du lac Miæsen. Un pé- été déchiré par ses chevaux, comme son nom le
cheur qui demeurait sur ses bords, désirant pré- portait. De même, on disait d'Agamemnon que,
senter un gâteau de Noël & l’esprit des eaux le ,
suivant son nom, il devait rester longtemps de-
porta au rivage; l’eau était gelée, il ne voulut vant Troie ; et de Priam, qu'il devait être racheté
pas poser le gâteau sur la glace, pour ne pas don- d'esclavage. Une des règles de l'onomancie, parmi
ner au démon la peine de la casser il retourna ; les pythagoriciens , était qu'un nombre pair de
chez lui pour y prendre une pioche puis frappa ,
voyelles dans le nom d'une personne sigoiûait
de toute sa force pour briser la glace, mais ne quelque imperfection au côté gauche , et un
réussit qu’à faire un trou trop petit pour que le nombre impair quelque imperfection au côté
gâteau put y passer. Dans son désespoir, ne sa- droit. Ils avaient encore pour adage que de deux
chant plus que faire, il plaça son gâteau sur la personnes, celle-là était la plus heureuse dans le
glace aussitôt une très-petite main, aussi blanche
: nom de laquelle les lettres numérales jointes en-
que la neige, sortit du trou, et le gâteau se ré- semble formaient la plus grande somme. Ainsi,
duisant à une dimension proportionnée, la main disaient-ils, Achille devait vaincre Hector, parce
put s’en saisir et l'emporter. que les lettres numérales comprises dans le nom
Les habitants du bord du lac ont profité de cet d'Achille formaient une somme plus grande que
exemple pour épargner leur farine et leurs rai- celles du nonxd’ Hector. C’était sans doute d’après
sins secs. Alin d'éviter au génie du Miæsen la un principe semblable que, dans les parties de
peine de changer la dimension du gâteau, celui plaisir,. les Romains buvaient à la santé de leurs
qu'ils lui offrent est toujours de taille à pouvoir belles autant de coups qu'il y avait de lettres
pénétrer par la plus petite ouverture que l’on dans leur nom. Enfin, on peut rapporter à l’ono-
puisse faire dans la glace. Cette tradition a formé mancie tous les présages qu'on prétendait tirer
matière à un compliment pour les dames on dit : des noms soit considérés dans leur ordre natu-
,

habituellement de celles dont on veut faire l'éloge ; rel soit décomposés et réduits en anagrammes
, ;

« Elle a la main comme celle de l'esprit du lac. » folie trop souvent renouvelée chez les modernes.
Voy. Nymphes Nictar, etc.
, Voy. Anagrammes.
Oneirocritiqne, art d’expliquer les songes. Cœlius Rhodiginus a donné la description d'une
Voy. Songes. singulière espèce d'onomancie; Théudat, roi des
Ongles. Les Madécasses ont grand soin de se Goths, voulant connaître le succès de la guerre
couper les ongles une ou deux fois la semaine; qu'il projetait contre les Romains, un devin juif
ils s’imaginent que le diable s’y cache quand ils lui conseilla de faire enfermer un certain nombre
sont longs. C’était une impiété chez les Romains de porcs dans de petites étables, de donner aux
que de se couper les ongles tous les neufs jours. uns des noms goths, avec des marques pour les
Cardan assure, dans son traité De varietate rerum, distinguer, et de los garder jusqu’à un certain
qu'il avait prévu par les taches de ses ongles jour. Ce jour étant arrivé on ouvrit les étables
,

tout ce qui lui était arrivé de singulier. Voy. Chi- et l’on trouva morts les cochons désignés par des
romancie. noms goths, ce qui fit prédire au juif que les
On pousse des envies aux doigts
sait qu’il Romains seraient vainqueurs 1 .

quand on coupe ses ongles les jours qui ont un R, Onychotnancie divination par les ongles.
,

comme mardi, mercredi cl vendredi.... Enfin, Elle se pratiquait en frottant avec de la suie les
quelques personnes croient en Hollande qu’on ongles d’un jeune garçon qui les présentait au,

se met à l'abri du mal de dents en coupant ré- soleil, et l’on s'imaginait y voir des figures qui
gulièrement ses ongles le vendredi. Voy. Ony- faisaient connaître ce qu’on souhaitait de savoir.
chomancie. On se servait aussi d’huile et de cire.
Onguents. Il y a plusieurs espèces d'onguents, Oomancie ou Ooscopie divination par es ,

qui ont tous leur propriété particulière. On sait œufs. Les devins des auciens jours voyaient dans

1
L’abbé de Vlllars , dans le Comte de Gabalis. * M. Noël Dictionnaire de la Fable.
,
,

OPA — 505 — OPT


la forme extérieure et dans les figures intérieures qu’alors, et, d'après leur réponse, prédisait ce
d’un neuf les secrets les plus impénétrables de qui leur devait arriver. Ce n’était pas si bête.
l’avenir. Suidas prétend que cette divination fut Aristodèmo, roi des Messéniens, ayant consulté
inventée par Orphée. l’oracle do Delphes sur le succès de la guerre
On devine
à présent par l'inspection des blanc» contre les Lacédémoniens, il lui fut répondu que

iTauf»; et des sibylles modernes (entre autres quand deux yeux s’ouvriraient à la lumière et se
mademoiselle Lenormand ) ont rendu celte divi- refermeraient peu après, c'en serait fait des Mes-
Il faut prendre pour cela un verre
nation célèbre. séniens. Ophioneus se plaignit de violents maux
d’eau, casser dessus un (euf frais et l’y laisser de tête qui durèrent quelques jours, au bout des-
tomber doucement. On voit par les figures que le quels scs yeux s’ouvrirent pour se refermer bien-
l

blanc forme dans l'eau divers présages. Quel- tôt. Aristodème, en apprenant celle double nou-

ques-uns cassent l’œuf dans de l’eau bouillante ; velle, désespéra du succès et se tua pour ne pas
on explique alors les signes comme pour le marc survivre à sa défaite, l'oy. Ololygiiancie.
de café. Au reste, cette divination n'est pas nou- Ophites ,
hérétiques du deuxième siècle qui
velle ; elle est même indiquée par le Grimoire. rendaient un culte superstitieux au serpent. Ils

« L’opération de l’œuf, dit ce livre, est pour sa- enseignaient que le serpent avait rendu un grand
voir ce qui doit arriver à quelqu'un qui est pré- service aux hommes en leur faisant connaître le
sent lors de l'opération. On prend un œuf d'une bien et le mal; ils maudissaient Jésus-Christ,
poule noire, pondu du jour; on le casse, on en parce qu’il est écrit qu’il est venu dans le monde
tire le germe ; il faut avoir un grand verre bien pour écraser la tète du serpent. Aussi Origène ne
fin et bien net l’emplir d'eau claire et y mettre
, les regardait-il pas comme chrétiens. Leur secte
le germe de l'œuf; on met ce verre au soleil de était peu nombreuse.
midi dans l’été, en récitant des oraisons et des Ophthalmius, pierre fabuleuse qui rendait,
conjurations, et avec le doigt on remue l'eau du disait-on, invisible celui qui la portait.
verre pour faire tourner germe on le laisse le ; Ophthalmoscopie art de connaître le carac-
,

ensuite reposer un instant, et on regarde sans .


tère ou le tempérament d’une personne par l’in-
toucher. On voit ce qui aura rapport à celui ou spection de ses yeux. l'oy. Physiognomonie.
à celle pour qui l’opération se fait. Il faut tâcher Optimisme. On parle d’une secte de philoso-
que ce soit un jour de travail, parce qu'alors les phes optimistes qui existaient jadis dans l’ Arabie
objets s’y présentent dans leurs occupations or- et qui employaient tout leur esprit à ne rien
dinaires '. (’oy. O’.crs. trouver de mal. Un docteur de cette secte avait
Opale. Cette pierre récrée le cœur, préserve une femme acariâtre, qu’il supporta longtemps,
de tout venin et contagion de l'air, chasse la tris- mais qu'enlîn il étrangla de son mieux; et il
tesse, empêche les syncopes, les maux de cœur irouva que tout était bien. Le calife fit empaler
et les affections malignes... le coupable, qui souffrit sans se plaindre. Comme
Opalski sources d'eaux chaudes dans le
,
les assistants s’étonnaient de sa tranquillité :

Kamtschatka. Les habitants s'imaginent que c'est Eh mais! leur dit-il, ne suis-je pas bien empalé?
la demeure de quelque démon et ont soin de lui On fait aussi ce conte : Le diable emportait un
apporter de légères offrandes pour apaiser sa philosophe de la même secte ,
et celui-ci se lais-
colère. Sans cela, disent-ils, il soulèverait contre saitemporter tranquillement. Il faut bien que —
eux de terribles tempêtes. nous arrivions quelque part, disait-il, et tout est
Opbiogènes, charmeurs qui, dans l'Helles- pour le mieux'.
pont, guérissaient par le simple toucher les mor-
sures des serpents. Varron cite quelques-uns de 1
Un jeune homme était bossu; il se consacrait
ces habiles qui faisaient la même chose avec leur aux arts et ne rêvait que la gloire. Un savant chirur-
gien redressa; devenu un homme bien fait, il se
le
salive.
jeta dans le monde et y fut englouti sans y laisser de
Ophiomancie, divination par les serpents. nom. M. Eugène Guinol , qui cite ce fait,' ajoute :

Elle était fort usitée chez les auciens, et consis- « Esope n’aurait peut-être pas composé ses fables,

tait à tirer présage des divers mouvements qu'on si l'orthopédie avait été inventée de son temps. Le

voyait faire aux serpents. On avait tant de foi à


même écrivain cite d’autres victimes de la science.
Un homme du monde était bègue, on lui trouvait de
ces oracles, qu’on nourrissaitexprès des serpents l'esprit ; l'hésitation prêtait de l'originalité â ses dis-
pour connaître ainsi l'avenir, l'oy. Seiipknts. cours il avait le temps de réfléchir en parlant; il
;

Ophionie, chef des démons ou mauvais gé- s’arrêtait quelquefois d’une mnnièro hourcuse au mi-
lieu d'une phrase; il avait des demi-mots qui faisaient
nies qui se révoltèrent contre Jupiter, selon Phé-
fortune. Un opérateur lui rend le libre exercice de sa
récyde le Syrien. langue ; il jvartc net, et on trouve qu'il n'est plus qu’un
Ophioneus, célèbre devin de Messénie, aveugle sot. Un pauvre aveugle, commodément installé sur
de naissance. Il demandait à ceux qui venaient le pont Neuf, recevait d’abondantes aumônes. Un
savant docteur lui rend la vue. Il retourne â son
le consulter comment ils s'étalent conduits jus-
poste; mais bientdt un sergent de ville le prend au
collet en vertu des ordonnances nui régissent la men-
' La Iroh grimoire » ,
p. 55. dicité. —
Je suis en règle, dit le mendiant, voici
ORA — 506 — ORA
Oracles. Les oracles étaient chez les anciens les interprètes des dieux et que les sorciers ne
,

ce que sont les devins parmi nous. Toute la dif- peuvent relever que du diable. On honorait les
férence qu'il y a entre ces deux espèces, c'est premiers on méprise les seconds.
;

que les gens qui rendaient les oracles se disaient I.e P. Kirker, dans le dessein de détromper les

Un docteur de celte iccle avait une femme acariâtre

gens superstitieux sur les prodiges attribués à lelait sans cesse ; elle ne ressentait rien que rage ;
l'oracle de Delphes, avait imaginé un tuyau adapté elle remuait la tête, faisait la roue du cou, pour
avec tant d’art à une figure automate, que quand
quelqu'un parlait un autre entendait dans une
chambre éloignée ce qu’on venait de dire, et ré-
pondait par ce même tuyau , qui faisait ouvrir la
bouche et remuer les lèvres de l'automate. Il sup-
posa en conséquence que les prêtres du paga-
nisme, en se servant de ces tuyaux, faisaient
accroire aux sols que l'idole satisfaisait b leurs
questions.
L’oracle de Delphes est le plus fameux de tous.
Il était situé sur un côté du Parnasse, coupé de
sentiers taillés dans le roc, entouré de rochers
qui répétaient plusieurs fois le son d’une seule
trompette. Un berger
le découvrit en remarquant
que ses chèvres étaient enivrées de la vapeur
que produisait une grotte autour de laquelle elles
paissaient. La prétresse rendait scs oracles, as-
sise sur un trépied d’or, au-dessus de cette cavité;
la vapeur qui en sortait la faisait entrer dans une

sorte de délire effrayant, qu’on prenait pour un


enthousiasme divin.
Les oracles de la Pythie n’étaient autre chose
qu'une inspiration démoniaque, dit Leloyer, et
ne procédaient point d’une voix humaine. Dès
qu’elle entrait en fonction, son visage s’altérait,
sa gorge s’enflait , < sa poitrine pantoisait et ha-
Devin.

mon autorisation. — Vous vous moquez, reprit le


parler comme le poète Stace, agitait tout le corps
sergent de ville , cette permission est pour un aveu-
gle, et vous jouissez d'une fort bonne vue. Vous irez et rendait ainsi ses réponses. »
en prison. » Les prêtres de Dodone disaient que deux co-

Digitized by Google
ORA — 507 — ORA
lombes étaient venues d’Égypte dans leur forêt, toute la contrée. Euchidas se chargea d’aller
parlant le langage des hommes, et qu’elles avaient chercher celui de Delphes avec toute la diligence
commandé d'y bâtir un temple à Jupiter, qui possible. En effet, il partit en courant et revint
promettait de s’y trouver et d'y rendre des ora- de même, après avoir fait mille stades dans un
cles.Pausanias conte que des filles merveilleuses jour. En arrivant, il salua ses compatriotes, leur
se.changeaient en colombes, et sous cette forme remit le feu sacré et tomba mort de lassitude.
rendaient les célèbres oracles de Dodone. Les Les Platéens lui élevèrent un tombeau avec
chênes dans celte forêt enchantée
parlaient celte épitaphe : « Ci-gît Euchidas, mort pour
(l oi/. Arbres), et on y voyait une statue qui ré- être allé à Delphes et en être revenu en un seul
pondait 5 tous ceux qui la consultaient, en frap- jour. »
pant avec une verge sur des chaudrons d’airain, Philippe . roi de Macédoine averti par
, fut
laissant h ses prêtres le soin d'expliquer les sons l’oracle d'Apollon qu’il serait tué par une char-
prophétiques qu’elle produisait. rette : c'est pourquoi il commanda aussitôt qu’on
Le bœuf Apis, dans lequel Pâme du grand fit sortir toutes les charrettes et tous les chariots
Osiris s’était retirée, était regardé chez les Égyp- de son royaume. Toutefois il ne put échapper au
tiens comme un oracle. En le consultant, on se sort que l'oracle avait si bien prévu Pausanias, :

mettait les mains sur les oreilles et on les tenait qui lui donna la mort, portait une charrette gra-
bouchées jusqu'à ce qu’on fût sorti de l’enceinte vée à la garde de l’épée dont il le perça. Ce
du temple; alors on prenait pour réponse du dieu même Philippe désirant savoir s’il pourrait vaincre
la première parole qu'on entendait. les Athéniens, l’oracle qu’il consultait lui répondit
Ceux qui allaient consulter en Achaîe l'oracle
Avec lances d’argent quand lu feras la guerre,
d’Hercule, après avoir fait leur prière dans le
Tu pourras terrasser les peuples de la terre.
temple , jetaient au hasard quatre dés sur les ,

faces desquels étaient gravées quelques figures; Ce moyen lui réussit merveilleusement, et il di-
ils allaient ensuite à un tableau où ces hiéroglyphes sait quelquefois qu’il était maître d'une place s'il

étaient expliqués et prenaient pour la réponse pouvait y faire entrer un mulet chargé d’or.
du dieu l'interprétation qui répondait à la chance L’ambiguïté était un des caractères les plus
qu'ils avaient amenée. ordinaires des oracles, et le double sens ne pou-
Les oracles présentaient ordinairement un vait que leurêtre favorable. Ainsi, quand la Pythie
double sens, qui sauvait l’honneur du dieu et leur dit à Néron : # Garde-toi des soixante-treize ans, »
donnait un air de vérité, mais de vérité cachée ce prince crut que les dieux lui annonçaient par
au milieu du mensonge, que peu tfe gens avaient là une longue vie. Mais il fut bien étonné quand

l’esprit de voir. il vit que cette réponse indiquait Galba, vieillard

Théagène de Thase avait remporté quatorze de soixante-treize ans. qui le détrôna.


cents couronnes en différents jeux de sorte , Quelquefois les oracles ont dit des vérités.
qu’après sa mort on lui éleva une statue en mé- Qui les y contraignait? On est surpris de lire
moire de ses victoires. Un de ses ennemis allait dans Porphyre que l'oracle de Delphes répondit
souvent insulter celle statue, qui tomba sur lui un jour à des gens qui lui demandaient ce que
et l'écrasa. Ses enfants , conformément aux lois c’était que Dieu : « Dieu est la source de la vie,
de Dracon, qui permettaient d’avoir action même le principe de toutes choses le conservateur de ,

contre les choses inanimées, quand il s’agissait tous les êtres. Tout est plein de Dieu il est par- :

de punir l'homicide, poursuivirent la statue de tout. Personne ne l'a engendré : il est sans mère.
Théagène pour le meurtre do leur père ; elle fut Il sait tout, et on ne peut rien lui apprendre. Il

condamnée àêtrejetéedansla mer. LesThasiens est inébranlable dans ses desseins, et son nom
furent peu après affligés d'une peste. L'oracle est ineffable. Voilà ce que je sais de Dieu, ne
consulté répondit ; Jtappelez vos exilés. Ils rap- cherche pas à en savoir davantage : ta raison ne
pelèrent en conséquence quelques-uns de leurs saurait le comprendre, quelque sage que lu sois.
concitoyens; mais la calamité ne cessant point, Le méchant et l’injuste ne peuvent se cacher
ilsrenvoyèrent à l’oracle, qui leur dit alors plus devant lui ; l’adresse et l’excuse ne peuvent rien
clairement Tous ave: détruit les honneurs du
: déguiser à scs regards perçants. »

grand Théagène !. la statue fut remise à sa


. . Dans Suidas, l’oracle de Sérapis dit à Thulis,
place; on lui sacrifia comme à un dieu, et la roi d'Égypte : « Diêu, le Verbe, et l'Esprit qui
peste s'apaisa. les unit, tous ces trois ne sont qu’un ; c'est le
On consultait l'oracle sur toutes choses. Eu- Dieu dont la force est étemelle. Mortel, adore et
chidas, jeune Platécn ,
périt victime de son zèle tremble, ou tu es plus à plaindre que l’animal
pour son pays. Après la bataille de Platée, l’oracle dépourvu de raison. »
de Delphes ordonna à ses compatriotes d'éteindre Le comte de Gabalis, en attribuant les oracles
tout le feu qui était dans le pays, parce qu’il avait aux esprits élémentaires ajoute qu'avant Jésus-
,

été profané par les barbares, etd'en venir prendre Christ ces esprits prenaient plaisir à expliquer
un plus pur à Delphes, le feu fut éteint dans aux hommes ce qu’ils savaient de Dieu et à leur

Google
, ,

ORA — 508 — OR!

donner de sages conseils mais qu'ils se retirèrent ; Orias, démon des astrologues et des devins,
quand Dieu vint lui-même instruire les hommes, grand marquis de l'empire infernal. 11 se montre
et que dès lors les oracles se lurent. sous les traits d'un lion furieux , assis sur uu
« On pensera des oracles des païens ce que cheval qui a la queue d'un serpent. Il porte dans
l’on voudra, dit dom Calmet dans ses Disserta- chaque main une vipère. Il connaît l’astronomie
tions sur les apparitions, je n'ai nul intérêt à les et enseigne l’astrologie. Il métamorphose les
défendre, je ne ferai pas même difficulté d’avouer hommes à leur volonté leur fait obtenir des di- ,

qu’il y a eu de la part des prêtres et des prê- gnités et des titres , et commande trente légions.
tresses qui rendaient ces oracles beaucoup de Originel (Péché) , la source de tous les maux
supercheries et d’illusions. Mais que le
s’ensuit-il qui affligent l'humanité, réparé par le baptême
démon ne s'en soit jamais mêlé? On ne peut dis- dans scs conséquences éternelles. Ceux qui nient
convenir que, depuis le Christianisme, les oracles le péché originel n’ont pourtant jamais pu expli-

ne soient tombés insensiblement dans le mépris quer leur négation, f’oy. Péché.
au silence, et que les prêtres,
et n'aient été réduits Origines du monde. Tout s'accorde pour,
qui se mêlaient de prédire les choses cachées et reconnaître au monde une origine peu éloignée.
futures, n'aient été souvent forcés d’avouer que L’histoire , aussi bien que la sainte Bible, ne nous
la présence des chrétiens leur imposait silence. » permet guère de donner au monde plus de six
Orages, foy. Criérikns, Tonnerre, etc. mille ans; et rien dans les arts, dans les monu-
Oraison du loup. Quand on l'a prononcée ments dans la civilisation des anciens peuples,
,

pendant cinq jours au soleil levant, on peut dé- ne contredit l’Écriture sainte. Racontons toute-
lier les loups les plus affamés et mettre les chiens fois les rêveries des conteurs païens. Sanction ia-
à la porte. La voici, celte oraison fameuse : ton présente ainsi l’origine du monde. Le Très-
« Viens, bête à laine, c’est l’agneau d'humilité; Haut et sa femme habitaient le sein de la lumière.
Va droit, bête grise, à gris agripeusc
je te gardo. -, Ilseurent un fils beau comme le Ciel dont il ,

va chercher ta proie, loups et louves et louve- porta le nom et une fille belle comme la Terre
,

teaux : tu n’as point à venir à celte viande qui dont elle porta le nom. Le Très-Haut mourut,
est Vadt rétro, o Salana! » loi/. Gardes.
ici. tué par des bêtes féroces, et ses enfants le déifiè-
Oray ou Loray grand marquis des enfers, qui
,
rent. Le Ciel maître de l'empire de son père,
,

se montre sous la forme d’un superbe archer por- épousa alors la Terre, sa sœur, et en eut plu-
tant un arc et des (lèches; il anime les combats, sieurs enfants, entre autres Hus ou Saturne. 11
empire les blessures faites par les archers, lance prit encore soin de sa postérité avec quelques
les javelines les plus meurtrières. Trente légions autres femmes mais la Terre en témoigna tant
;

le reconnaissent pour dominateur et souverain '. de jalousie qu’ils se séparèrent. Néanmoins le


Orcavelle magicienne célèbre dans les ro-
, Ciel revenait quelquefois à elle et l’abandonnait
mans de chevalerie. Elle opérait des enchante- ensuite de nouveau ou cherchait à détruire les
,

ments extraordinaires. enfants qu’elle lui Quand Saturne


avait donnés.
Ordalie. On donnait le nom d 'ordalie à une fut grand, il parti de sa mère et la pro-
prit le
série d'épreuves par les éléments. Elles consis- tégea contre son père avec le secours d’Hermès,
,

taient à marcher les yeux bandés parmi des socs son secrétaire. Saturne chassa son père et régna
de charrue rougis au feu à traverser des bra- , en sa place. Ensuite il bâtit une ville, et se dé-
siers enflammés, à plonger le bras dans l'eau fiant de Sadid, l'un de ses fils, il le tua et coupa
bouillante, à tenir à la main une barre de fer la tête à sa fille au grand étonnement des dieux.
,

rouge, è avaler un morceau de pain mysté- Cependant le Ciel, toujours fugitif, envoya trois
rieux à être plongé les mains liées aux jambes
, , de ses filles à Saturne pour le faire périr; ce
dans une grande cuve d’eau, enfin à étendre pen- prince les fit prisonnières et les épousa. A cette
dant assez longtemps les bras devant une croix, nouvelle, le père en détacha deux autres que
loy, Croix, Eau, Feu etc. , Saturne épousa pareillement. Quelque tempsaprès
Oreille. On dit que nos amis parlent de nous Saturne, ayant tendu des embûches à son père,
quand l'oreille gauche nous tinte, et nos ennemis l'estropia et l'honora ensuite comme un dieu.
quand c'est la droite. Tels sont les divins exploits de Saturne , tel fut
Oresme (Guillaume), astrologue du quator- l’âge d’or. Astarté la Grande régna alors dans le
zième siècle , dont on sait peu de chose. pays par le consentement de Saturne; elle porta
Orfa. Le lac d'Orfa, près d’Édesse, pullule de sur sa tète une tète de taureau pour marque de
Il est expressément dé-
poissons réputés sacrés. sa royauté, etc. *.

fendu, en mémoire d’Abraham, d’y jamais tendre


L’auteur du Monde primitif trouve la clef de ce
1

un filet ou d’v jeter une amorce. morceau dans l'agriculture d’autres en cher- ;

Orgueil, le péchéqui ouvre la phalange odieuse chent l’explication dans l’astronomie, ce qui n'est
des sept péchés capitaux. C'est le péché d’Adam, pas moins ingénieux ceux-ci n’y voient que les opi-
;

nions religieuses des Phéniciens louchant ( origine du


et il nous est resté.
monde, ceux-là y croient voir l'histoire dénaturée
1
Wierus, in Pseudom. dtem. des premiers princes du pays, etc.

ngitized by GoogI
ORI — 5119 — ORI

Au commencement, dit Hésiode, était le Chaos, d'une grandeur démesurée et donnèrent leur nom
ensuite la Terre, le Tartare, l'Amour, le plus aux montagnes du pays; que bientôt ils adoré- .
beau des dieux. Le Chaos engendra l'Érèbe et la rent deux pierres, l’une consacrée au Vent l'au- ,

Nuit de l’union desquels naquirent le Jour et la


, tre au Feu et leur immolèrent des victimes.
,

Lumière. La Terre produisit alors les étoiles, les Mais le Soleil fut toujours le premier et le plus
montagnes et la mer. bientôt unie au Ciel, elle , grand de leurs dieux.
enfanta l'Océan, Hypérion, Japhet, Rliéa, l’htrbé, Tous les peuples anciens faisaient ainsi remon-
Tliétis, Mnémosync, Thémis cl Saturne, ainsi ter très-haut leur origine, et chaque nation se
qne les cyclopes et les géants Briaréc et Gygès, croyait la première sur la terre. Quelques nations
A mesure
qui avaient cinquante têtes et cent bras. modernes ont la même ambition ; les Chinois se
que ses enfants naissaient, le Ciel les enfer- disent antérieurs au déluge de quelques centaines
mait dans le sein de la Terre. La Terre, irritée, de mille ans. Ils croient la matière éternelle; ils
fabriqua une faux qu’elle donna ù Saturne. Ce- lui font produire un jour le dragon, la tortue, le

lui-ci en frappa son père, et du sang qui sortit dragon-cheval, des oiseaux singuliers, et un
de celte blessure naquirent les géants et les fu- homme que les chroniques chinoises appellent
ries. Saturne eut de Rhéa, son épouse et sa sœur, Pan-kou quand il s'est tâté et reconnu dans le
;

Vesta, Cérès, Junon, Pluton Neptune et Jupiter. ,


chaos, Pan-kou, qui n’est ni créé ni créateur, se
Ce dernier, sauvé de la dent de son père qui ,
fait un ciseau et un maillet avec quoi il débrouille

mangeait ses enfants, fut élevé dans une caverne,


et par la suite lit rendre <t Saturne ses oncles
qu’il tenait en prison ses frères qu'il avait ava-
,

lés, le chassa du ciel, et, la foudre à la main,


devint le inaitre des dieux et des hommes.

les éléments divers. Les Japonais soutiennent


que les dieux dont ils sont descendus ont habité
leur pays plusieurs millions d'années avant le
règne de Sin-Alu , fondateur de leur monarchie.
Les Kgyptiens faisaient naître l'homme et les C’estainsi que les vieux chroniqueurs français font
animaux du limon échaufTé par le Soleil. Les remonter la généalogie de nos rois plus loin (pie

Phéniciens disaient que le Soleil, la Lune et les Noé. Une seule découverte dans ces prétentions
astres ayant paru, le Limon, fils de l’Air et du explique toutes les autres. Nos chroniqueurs ont
Feu, enfanta tous les animaux; que les premiers mis à la Ole soixante petits rois qui régnaient
hommes habitaient la Phénicie; qu’ils fureul ensemble, dans lu même temps, chacun en sa

Digitized by Google
,

ORN — 510 — ORP


ville. Telle est la vérité des dynasties chinoises, de l’essence divine. Consulté, il donne des ré-
. égyptiennes et japonaises. ponses sur le passé, le présent cl l’avenir. Il
l.es Parais ou Cuèbres prélendent que ,
pour
peupler plus promptement le inonde nouvelle-
ment créé, Dieu permit qu'Ève, notre mère
commune, mît au inonde chaque jour deux en-
fants jumeaux ils ajoutent que durant mille ans
;

la mort respecta les hommes et leur laissa le

temps de se multiplier. Les Lapons, qui ne sont


pas très-forts s’imaginent que le monde existe
,

de toute éternité et qu’il n’aura jamais de fin.


Disons un mot de quelques autres origines.
Les hommes tirent plus de vanité d’une noble
souche ou d’une souche singulière que d’un
cœur noble et d’un mérite personnel. Les peu-
ples de la Côte-d'Or, en Afrique, croient que le
premier homme fut produit par une araignée.
Les Athéniens se disaient descendus des fourmis
d'une forêt de l’Atlique. Parmi les sauvages du
Canada, il y a trois familles principales l’une :

prétend descendre d’un lièvre, l’aulre dit qu’elle


descend d’une très-belle et trcs-couragcuse femme découvre' le mensonge, accorde des dignités et
qui cul pour mère une carpe, dont l’oeuf fut des emplois, réconcilie les ennemis, et a sous

échaulïé par les rayons du soleil; la troisième ses ordres vingt légions.
famille se donne pour premier ancêtre un ours. Oromasis, salamandre distingué que les ca-
Les mis des Golhs étaient pareillement nés d'un balistes donnent pour compagnon de Noé dans
ours. Les Pégusiens sont nés d'un chien. Les l’arche.
Suédois et les Lapons sont issus de deux frères, Oromaze, Ormos, Ormuzd. La mythologie
dont le courago était bien différent, s’il faut en persane dit quele dieu Oromaze fit vingt-quatre

croire les Lapons. Un jour qu'il s’élait élevé une dieux, et les mit tous dans un œuf. Abrimane,
tempête horrible, l’un des deux frères (ils se son ennemi , en ayant aussi fait un pareil nom-
trouvaient ensemble) fut si épouvanté qu’il se bre , ceux-ci percèrent l'œuf, et le mal sc trouva
glissa sous une planche, que Dieu, par pitié, alors mêlé avec le bien. Vog. Ahbumne.
convertit en maison. De ce poltron sont nés tous Oronte. Pausanias raconte qu’un empereur
les Suédois. L'autre, plus courageux, brava la romain voulant transporter ses troupes depuis
,

furie de la tempête , sans chercher même à se la mer jusqu’à Antioche, entreprit de rendre
cacher ce brave fut le père des Lapons, qui
: l'Oronte navigable, afin que rien n’arrêtàt ses
vivent encore aujourd’hui spos s'abriter. vaisseaux. Ayant donc fait creuser un canal avec
Les Syriens disent que notre planète n’était beaucoup de peines et de frais, il détourna le
pas faite pour être habitée originairement par des fleuve et lui fit changer de lit. Quand le premier
gens raisonnables , mais que parmi les citoyens ,
canal fut à soc , on y trouva un tombeau de bri-
du ciel il se trouva deux gourmands , le mari et
,
ques long do onze coudées, qui refermait un
la femme, qui s’avisèrent de manger une galette. cadavre de pareille grandeur et de figure hu-
Pressés ensuite d’un besoin qui est la suite de la maine dans toutes ses parties. Les Syriens ayant
gourmandise, ils demandèrent à un des princi- consulté l’oracle d'Apollon, àClaros, pour savoir
paux domestiques de l'empire où était la garde- ce que c'était, il leur fut répondu que c’était
robe. Celui-ci leur répondit: Voyez- vous la Oronte Indien de nation.
,

terre ,
ce petit globe qui est à mille millions tic Orphée, époux d'Eurydice, qu'il perdit le
lieues de nous? C’est là. Ils y allèrent, et on les jour de ses noces, qu'il pleura si longtemps, et
y laissa pour les en punir. qu'il alla enfin redemander aux enfers. Pluton la

Selon les Indiens, huit éléphants soutiennent lui rendit , à condition qu'il ne regarderait point
le monde; ils les appellent Achtequedjams. derrière lui jusqu’à ce qu'il fût hors du sombre
On peut voir, pour plus de détails,
le préam- empire. Orphée ne put résistera son impatience;
Ugendee de l’Ancien Testament.
bule des il se retourna et perdit Eurydice une seconde
Ornithomancie divination qu’on tirait de la
, fois et Il s'enfonça alors dans un dé-
sans retour.
langue, du vol, du cri et du chant des oiseaux. sert, jura de ne plus aimer, et chanta ses dou-
Vog. Acoinzs. leurs d’un ton si touchant qu'il attendrit les bêtes

Orobas grand prince du sombre empire. On


,
féroces. Les bacchantes furent moins sensibles
sous la forme d'un beau cheval. Quand il
le voit car sa tristesse le fit mettre en pièces par ces
parait sous la figure d’un homme, il parle furieuses. Les anciens voyaient dans Orphée un

Digitized by Google
, ,
,

ORP — 511 — OUI


musicien habile à qui rien ne pouvait résister. d’Amsterdam. Hooft, dans son Histoire du Pays-
Les compilateurs du moyen Age l’ont regardé Bas, rapporte que soixante-dix de ces pauvres
comme un magicien insigne, et ont attribué aux enfants étaient évidemment possédés par de mau-
charmes de la magie les merveilles que la my- vais esprits. Ils grimpaient aux murs les plus
thologie attribue aucharme de sa voix. élevés et couraient sur les toits comme des chats.
Orphée grand sorcier et le plus
fut le plus Si on les fâchait, leurs figures devenaient hor-
grand nécromancien qui jamais ait vécu, dit ribles. Ils parlaient des langues qu'ils n'avaient
Pierre Leloyer. Ses écrits ne sont farcis que des jamais apprises et racontaient dans leur petite
louanges des diables, il savait les évoquer. Il chambre ce qui se passaiL et ce qui se disait à
institua l’ordre des Orphéotélestcs espèce de l'hôtel de ville, au moment même où ils parlaient.
sorciers, parmi lesquels Bacchus tenait ancien- C’était donc une épidémie diabolique et nous ne ;

nement que le diable lient aujour-


pareil lieu saurions dire comment elle fut calmée.
d'hui aux assemblées du sabbat. Bacchus, qui Orphéotelestes, gens qui faisaient le sabbat,
n'était qu'un diable déguisé, s'y nommait Saba- c’est-à-dire les mystères d'Orphée.
sius : c'est de là que le sabbat a tiré son nom. Or portable, Or artificiel, l'oy. Alchimie.
Après la mort d’Orphée sa tête rendit des ora-
, Orr (John). C'était un Américain, en corres-
cles dans l’ile de Lesbos. Tzetzès dit qu'Orphée pondance sans doute avec les esprits. Il prêchait
apprit en Égypte la funeste science de la magie le spiritisme dans les rues, se disant l’ange Ga-

qui y était en grand crédit, et surtout l’art de briel et par conséquent à l'abri de la mort. Il
,

charmer les serpents. Pausanias explique sa des- avait des adeptes qui furent donc bien surpris de
cente aux enfers par un voyage en Thesprotie le voir mourir comme un homme, au commence-
ou l’on évoquait par des enchantements les âmes ment de l'année 1857, à Démérara.
des morts. L’époux d'Eurydice trompé par un , Orthon lutin ou esprit familier qui s'attacha
,

fantôme qu’on lui fit voir pendant quelques in- au comte de Koix. Le bon Froissart en a parlé
stants, mourut de regret, ou du moins renonça Ortie brûlante. Les Islandais, qui appellent
pour jamais à la société des hommes et se retira cette plante netla, croient qu'elle a une vertu
sur les montagnes de Thrace. Leclerc prétend singulière pour écarter les sortilèges. Selon eux,
qu’Orphée était un grand magicien que ses ;
il faut en faire des poignées de verges et en
hymnes sont des évocations infernales, et que, fouetter les sorciers à nu.
si l’on en croit Apollodore et Lucien , c’est lui Os des morts. Certains habitants de la Mau-
qui a mis en vogue dans la Grèce magie l’art
la ,
ritanie ne mettent jamais deux corps dans la
de lire dans les astres et l’évocation des mânes. même sépulture de peur qu’ils ne s’escamotent
,

Orphelinats. Plusieurs fois ces établissements mutuellement leurs os au jour de la résurrection.


de charité ont été obsédés par les malins esprits. Othon. Suétone dit que le spectre de Galba
Dans la maison d'orphelines fondée à Lille au mi- poursuivait sans relâche Othon, son meurtrier,
lieu du dix-septième siècle par Antoinette Bouri- hors du lit, l'épouvantait et lui causait
le tiraillait

gnon , la fondatrice crut voir un jour une nuée mille tourments. C’était peut-être le remords.

de petits démons voltigeant autour des têtes de Otis ou Botis, grand président des enfers. Il
ses jeunes filles. Elle les entoura de surveillance. apparaît sous la forme d’une vipère; quand il

Un jour, une d'elles s'étant échappée d'une prend la figure humaine, il a de grandes dents,
chambre bien close où on l’avait enfermée on ,
deux cornes sur la tête et un glaive à la main ; il

lui demanda qui l’avait mise en liberté ; elle ré- répond effrontément sur le présent, le passé et
pondit : « l'ai été délivrée par un esprit auquel l'avenir. Il a autant d’amis que d’ennemis. Il

je nie suis vouée dès l’enfance. » Dès lors cin- commande soixante légions *.

quante orphelines se déclarèrent possédées; elles Ouahiche, génie ou démon dont les jon-
disaient qu’elles étaient emportées au sabbat gleurs iroquois se prétendent inspirés. C’est lui

toutes les nuits. On accusa la Bourignon d'avoir qui leur révèle les choses futures.
enflammé les imaginations de ces pauvres jeunes Ouikka, mauvais génie qui, chez les Esqui-
filles, et la peur qu’elle eut d’être poursuivie maux, fait naître les tempêtes et renverse les
l’engagea à s'enfuir. barques.
En 1669, les orphelins de l’hospice de llom Otilon-Toyon, chef des vingt-sept tribus d’es-
furent pareillement atteints de convulsions et de prits malfaisants, que les Yakouts supposent ré-
délire. C’était un pays de protestants, et les pandus dans l'air et acharnés à leur nuire. Il a
démons avaient beau jeu ; car les ministres, qui une femme et beaucoup d’enfants.
chez eux remplaçaient nos prêtres, ne pouvaient Oapires. l'oy. Vampires.
exorciser. Cependant, ces orphelins hurlaient et Ouran ou Ouran-Soangue, homme endiablé,
aboyaient comme des chiens. Ils se jetaient par sorte de magiciens de l’ile Gromboccanorc dans ,

terre et se heurtaient à se briser contre des corps


' Voyez son histoire dans les Légendes des esprits
durs. Un siècle auparavant, en 1566, la même et démons.
crise avait eu lieu dans la maison des orphelins s Wierus, in Pseudom. deemon.

Digitized t Google
OUR — 512 — OZE

les Indes orienlales. Ils ont la réputation de se Le diable prend quelquefois la forme de cet
leur plaît, et de se animal. Il s’est présenté un jour sous cette peau
rendre invisibles quand il

transporter où ils veulent. Le peuple les craint à une Allemande il entraînait à sa suite quel-
;

et les liait mortellement; quand on peut en at- ques petits, qui n’étaient que des cobolds. L’Alle-
traper quelqu’un on le lue sans miséricorde.
,
mande se défia et le mit en fuite par le signe de
la croix. Un choriste de Clteaux s’étant légère-
Ourisk, lutin du genre des sylvains et des ,

satyres du paganisme.
ment endormi aux matines s’éveilla en sursaut ,

et aperçut un ours qui sortait du choeur. Cette


Ours. Quand les Ostiacks ont tué un ours, ils
arbre au- commença à l’effrayer, quand il vit l’ours
l’écorchent et mettent sa peau sur un
vision
ren- reparaître cl considérer attentivement tous les
près d’une de leurs idoles; après quoi ils lui
dent leurs hommages, lui font de
très-humbles novices, comme un officierde police qui fait sa
de lui avoir donné la mort et lui repré- ronde... Enfin le monstre sortit de nouveau en
excuses ,

le fond ce n'est pas eux qu disant • Ils sont bien éveillés; je reviendrai
sentent que dans ii il :

forgé le tout à l’heure voir s’ils donnent... » Le naïf lé-


doit s’en prendre, puisqu’ils n’ont pas
que la plume qui a hâté le gendaire ajoute que c'était le diable, qu’on avait
fer qui l'a percé, et
étranger. envoyé pour contenir les frères dans leur devoir'.
vol de la flèche appartient 5 un oiseau
On croyait autrefois que ceux qui avaient mangé
Au Canada, lorsque des chasseurs tuent un ours,
s’en approche, lui met entre les dents lacervelle d'un ours étaient frappés de vertiges,
un d’eux
le tuyau de sa pipe, souille dans le fourneau, et, durant lesquels ils se croyaient transformés en
lui remplissant ainsi de fumée la gueule et le ours et en prenaient les manières.
gosier, il conjure l’esprit de cet animal de ne
pas Ovide. On lui attribue un ouvrage de magie
que nous ne con-
s'offenser de sa mort. Mais comme l’esprit ne fait intitulé le IAvre de la vieille,

aucune réponse, le chasseur, pour savoir si sa naissons pas.


prière est exaucée coupe le filet qui est sous
,
la Ozyones, peuples imaginaires de Germanie,
langue de l’ours et le garde jusqu’à la fin de la qui avaient, dit-on, la tête d’un homme et le

chasse. Alors on fait un grand feu dans toute la reste du corps d’une bête. C’est une fable et

bourgade, et toute la troupe y jette ces filets avec une farce. Les faiseurs de caricalut'es ont sou-
cérémonie :
y pétillent et se
s’ils retirent, comme vent pris ce thème, notamment en 1791 pour le ,

il doit naturellement arriver,


c’est une marque général Lafayelte, qui était toujours à cheval.
certaine que les esprits des ours sont apaisés;

Oze, grand président des enfers. Il se présente


sous la forme d'un léopard ou sous celle d’un
art-'
homme. Il rend ses adeptes habiles dans les

Il répond sur les choses divines et


abs-
libéraux.
traites, métamorphose l’homme, le rend insensé
faire croire qu’il est roi ou
em-
au point de lui

autrement on se persuade qu’ils sont irrités et pereur.Oze porte une couronne mais son règne ;

que la chasse ne sera point heureuse l’année ne dure qu’une heure par jour
d’après, à moins qu’on ne prenne soin de se les

réconcilier par des présents et des invocations 1
Cæsarii lloisterb. iliracul. illuttrium, lib-

cap. xlix.
1
La Harpe, llisl. des voyages, t. XVIII, p. 396. S Wierus, in Pseudomon. dœmon.

Digitized by Google
PA — 513 — PAC

P
Pa (Olaüs). Voy. Hakppe. Donnons une pièce curieuse des grimoires.
ici
Pacte.y a plusieurs manières de faire pacte
Il C’est ce qu’ils appellent le «Sanctum regnum de
avec le diable. Les gens qui donnent dans les la Clavicule, ou
la véritable manière de faire les
croyances superstitieuses pensent le faire venir pactes; avec les noms, puissances et talents de
en lisant le Grimoire à l’endroit des évocations, tous les grands esprits supérieurs, comme aussi la
en récitant les formules de conjuration rappor- manière de Us faire paraître par la force de la
tées dans ce dictionnaire, ou bien en saignant grande appellation du chapitre des pactes de la
une poule noire dans un grand chemin croisé, et grande Clavicule , qui les force d’obéir à quelque
l’enterrant avec des paroles magiques. Quand le opération que l’on souhaite ».
diable veut bien se montrer, on fait alors le mar-
ché, que l’on signe de son sang. Au reste, on dit
l’ange des ténèbres accommodant, sauf la con-
dition accoutumée de se donner à lui.
Le comte de Gabalis qui ôte aux démons leur
,

antique pouvoir, prétend que ces pactes se font


avec les gnomes ,
qui achètent Taine des hommes
pour les trésors qu’ils donnent largement; en
cela, cependant, conseillés par lus hôtes du sombre
empire.
tJn pacte, dit Bergier, est une convention,
expresse ou tacite, faite avec le démon, dans
l’espérance d'obtenir par son entremise des
« Le véritable sanctum regnum de la grande
choses qui passent les forces de la nature, l'n
Clavicule, autrement dit \es pacta conventa deemo-
pacte peut donc être exprès et formel, ou tacite
niorum, dont on parle depuis si longtemps, sont
et équivalent. Il est censé exprès et formel ; 1* lors-
une chose fort nécessaire à établir ici pour l’in-
que par soi-méme on invoque expressément le
telligence de ceux qui, voulant forcer les esprits,
démon et que Ton demande son secours, soit que
n’ont point la qualité requise pour composer la
Ton voie réellement cet esprit de ténèbres, soit
verge foudroyante et le cercle cabalistique. Ils ne
que Ton croie le voir; 2” quand on l'invoque par
le ministère de ceux que Ton croit être en rela-

tion et en commerce avec lui 3" quand on fait ;

quelque chose dont on attend l'effet do lui. Le


pacte est seulement tacite ou équivalent, lorsque
Ton se borne à faire une chose de laquelle on
espère an effet qu’elle ne peut produire naturel-
lement, ni surnaturellement et par l’opération de
Dieu, parce qu 'alors on ne peut espértr cet effet
que par l’intervention du démon. Ceux , par
exemple, qui prétendent guérir les maladies par
des paroles doivent comprendre que les paroles
n’ont pas naturellement cette vertu. Dieu n’y a
pas attaché non plus cette efficacité. Si donc elles peuvent venir à bout de forcer aucun esprit de
produisaient cet effet, ce ne pourrait être que par paraître s'ils n’exécutent de point en point tout
,

l’opération de l’esprit infernal. De Ih , les théolo- ce qui est décrit ci-après touchant Ja manière de
giens concluent que non-seulement toute espèce faire des pactes avec quelque esprit que ce puisse
de magie mais encore toute espèce de supersti-
, être, soit pour avoir des trésors, soit pour dé-
tion. renferme un pacte au moins tacite ou équi- couvrir les secrets les plus cachés, soit pour faire
valent avec le démon, puisque aucune pratique travailler un esprit pendant la nuit à son ouvrage,
superstitieuse ne peut rien produire, à moins ou pour faire tomber une grêle ou la tempête
qu’il ne s’en mêle. C’est le sentiment de saint partout où Ton souhaite; soit pour se rendre in-
Augustin de saint Thomas et de tous ceux qui
, visible, pour se faire transporter partout où Ton
ont traité cette matière '.
veut, pour ouvrir toutes les serrures, voir tout
ce qui se passe dans les maisons et apprendre
1
Bergier, Dictionnaire théologique. Voyez les dîf-
dans Légendes tous les tours et (messes des bergers; soit pour
féreats pactes les plus célèbres, les
infernales. acquérir la main de gloire et pour connaître les
33

igitized by Google
PAC — 514 — PAC

qualités et les vertus des métaux chacun des talents des six esprits supérieurs ce
et des minéraux,

des végétaux et de tous les animaux purs et im-


dont il aura besoin.
» Le premier est le grand Lucifiige Rofocale,
purs pour faire, en un mot des choses si mer-
;
,

veilleuses, qu’il n’y a aucun homme qui n'en soit


premier ministre infernal il a la puissance que ;

Lucifer lui a donnée sur toutes les richesses et


dans la dernière surprise. C’est par la grande
trésors du monde.
Clavicule de Salomon que l’on a découvert la vé- sur tous les
est « Le second est Satanachia, grand général il a
ritable manière de faire les pactes; il s’en
;

servi lui -même pour acquérir de grandes ri- la


puissance de soumettre tontes les femmes et

chesses, et pour connaître les plus impénétrables


commande la grande légion des esprits.
» Agaliarept, aussi général, a la puissance de
secrets de la nature.
« Nous commencerons par décrire les noms
des découvrir les secrets les plus cachés dans toutes
principaux esprits avec leur puissance et pouvoir, les cours et dans tous les cabinets du monde ; il

et ensuite nous expliquerons les porta damonio-


dévoile les plus grands mystères; il commande
rum, ou la véritable manière de faire les pactes la seconde légion des cspriLs.
a la puissance
avec quelque esprit que ce soit. Voici les noms » Fleurety, lieutenant général ,

des principaux de faire tel ouvrage que l'on souhaite pendant la


:

» Lucifer, empereur. Belzébut, prince. — nuit; il tomber la grêle partout où


fait aussi il

Astarot, grand-duc. veuL II commande un corps très-considérable

» Ensuite viennent les esprits supérieurs qui d’esprits.

sont subordonnés aux trois nommés ci-devant : Sabgatanas, brigadier, a la puissance de vous
h

• Lucifuge, premier ministre. Satanachia, — rendre invisible, de vous transporter partout,


grand général. —
Flecrety lieutenant géné- d'ouvrir toutes les serrures, de vous faire voir

,

ral. —
Nebiros, maréchal de camp. Agaua- tout ce qui se passe dans les maisons , de vous

rei*t, grand sénéchal. —


Sabgatanas, brigadier apprendre tous les tours et finesses des bergers ;

chef. il commande plusieurs brigades d’esprits.

» Les six grands esprits que je viens de nommer » Nebiros,maréchal de camp et inspecteur
ci-devant dirigent, par leur pouvoir, toute la général ,
donner du mal à
a la puissance de

puissance infernale qui est donnée aux autres qui il veut ; il fait trouver la main de gloire, il
esprits. Ilsont à leur service dix-huit autres es- enseigne toutes les qualités des métaux, des

prits qui leur sont subordonnés, savoir : minéraux , des végétaux et de tous les animaux
» Baël,Agarès, Marbas, Prullas, Aarnon, Barba- purs et impurs; c'est lui qui a aussi l’art de
tos,Buer, Gusoyn, Bolis, Balhim, Pursan, Abigar, prédire l'avenir, étant un des plus grands né-
Loray, Valafar, Foray, Ayperos, Naberus, Glas- cromanciens de tous les esprits infernaux il ;

syalabolas. va partout; il a inspection suc toutes les malices


» Après vous avoir indiqué les noms des dix- infernales.

huit esprits ci-devant, qui sont inférieurs aux six Quand vous voudrez faire votre pacte avec un
»

premiers, il est bon de vous prévenir de ce qui des principaux esprits que je viens de nommer,
suit, savoir :
l’avant-veille du pacte, vous irez couper, avec un

» Que Lucifuge commande sur les trois pre- couteau neuf qui n’ait jamais servi, une baguette
miers, qui se nomment Baël, Agarès et Marbas; de noisetier sauvage qui n'ait jamais porté et
,

Satanachia sur Prullas, Aarnon etBarbatos; Aga- qui soit semblable à la venje foudroyante ; vous

liarept sur Buer, Gusoyn et Bolis; Flecrety sur la moment où le soleil


couperez positivement au
Bathim, Pursan et Abigar; Sargatanas sur Loray, parait sur l'horizon. Gela fait,vous vous munirez
Valafar et Foray Nebiros sur Ayperos, Naberus
;
d'une pierre ématille et de deux cierges bénits,
et Glassyalabolas. et vous choisirez ensuite pour l’exécution un
endroit où personne ne vous incommode. Vous
» Et, quoiqu'il y ail encore des millions d’es-
prits qui sont tous subordonnés à ceux-là il est ,
pouvez même faire le pacte dans une chambre
très-inutile de les nommer, à cause que l'on ne écartée ou dans quelque masure de vieux château
s’en sert que quand il plaît aux esprits supérieurs ruiné, parce que l’esprit a le pouvoir d’y trans-
de les faire travailler à leur place, parce qu’ils porter tel trésor qui lui plaît. Vous tracerez un
se servent de tous ces esprits inférieur? comme triangle avec votre pierre ématille, et cela seule-
s’ils étaient leurs esclaves. Ainsi , en faisant le ment la première fois que vous faites le pacte;

pacte avec un des six principaux dont vous avez ensuite vous placerez les deux cierges bénits à
besoin, il n'importe quel esprit vous serve; néan- côté vous écrirez autour le saint nom de Jésus,
;

moins demandez toujours à l'esprit avec lequel afin les esprits ne vous puissent faire aucun
que
vous faites votre pacte que ce soit un des trois mal. Ensuite vous vous poserez au milieu du
principaux qui lui sont subordonnées. triangle, ayant en main la baguette mystérieuse,
» Voici précisément les puissances , sciences, avec la grande appellation à l’esprit, la demande
arts cl talents des esprits susnommés , afin que que vous voulez lui faire le pacte et le renvoi ,

celui qui veut faire un pacte puisse trouver dans de l’esprit.


515 — PAI
» Vous commencerez à réciter l'appellation sui- qu’à condition que tu le donnes à moi dans vingt
vante avec fermeté. ans, pour faire de ton corps et de ton àme
ce
qu'il me plaira. »
"Alors vous lui jetterez votre pacte, qui doit
de votre propre main sur un petit mor-
être écrit
ceau de parchemin vierge il consiste en ce peu ;

do mots auxquels vous mettrez votre signature


avec votre véritable sang. « Je promeus au grand
Lucifuge de récompenser dans vingt ans de
le
tous les trésors qu’il me donnera. En foi de quoi
je me suis signé, a
» L'esprit vous répondra t Je ne puis accorder :

ta demande. •
» Alors, pour le forcer à vous obéir,
vous relirez
la grande interpellation avec les terribles paroles
de la Clavicule, jusqu'à ce que l'esprit reparaisse
et vous dise ce qui suit : < Pourquoi me tour-
mentes-tu davantage ? Si tu me laisses en repos,
je te donnerai le plus prochain trésor, à condition
que tu me consacreras une pièce tous les pre-
miers lundis de chaque mois, et que tu ne m'ap-
pelleras qu’un jour de chaque semaine, de dix
heures du soir à deux heures après minuit. Ra-
masse ton pacte, je l’ai signé ; et, si tu ne liens
pas ta parole
moi dans vingt ans.
, tu seras à —
» J’acquiesce à ta
demande, à condition que tu
« Empereur Lucirrn maître de , tous les esprits me feras paraître le plus prochain trésor que je
rebelles, je le priede m'étre favorable dans l’ap- pourrai emporter tout de suite. »
pellationque je fais à ton grand ministre Lucimjge » L’esprit dira : « Suis-moi et prends le trésor
Roeocalk, ayant envie de faire pacte avec lui. Je que je vais te montrer. »
te prie aussi, prince lielzébut, de me protéger » Vous le suivrez sans vous épouvanter; vous
dans mon entreprise. Comte Astarot sois-moi ,
jetterez votre pacte tout signé sur le trésor, en
propice, et fais que dans cette nuit le grand le touchant avec votre baguette vous en pren- ;

Luciflge m’apparaisse sous une forme humaine, drez tant que vous pourrez et vous vous en ,

sans aucune mauvaise odeur, et qu’il m'accorde, retournerez dans le triangle en marchant à recu-
par le moyen du pacte que je vais lui présenter, lons vous y poserez votre trésor devant vous,
;

toutes les richesses dont j'ai besoin. O grand et vous commencerez tout de suite à lire le ren-
Lueifugr! je te prie de quitter ta demeure, dans voi de l’esprit.
quelque partie du monde qu'elle soit, pour venir maintenant la conjuration et renvoi de
» Voici

me parler; sinon je t’y contraindrai par la force l’espritavec lequel on a fait pacte :
du grand Dieu vivant de son cher Fils et du
,
« O
grand Lucifuge je suis content de toi !

Saint-Esprit; obéis promptement, ou lu vas être pour le présent; je te laisse en repos et te per-
éternellement tourmenté par la force des puis- mets do te retirer où bon te semblera, sans faire
santes paroles de la grande Clavicule de Salomon, aucun bruit ni laisser aucune mauvaise odeur.
paroles dont il se servait pour obliger les esprits Pense aussi à ton engagement de mon pacte, car,
rebelles à recevoir son pacte. Ainsi parais au si tu y manques d’un instant, tu peux être sur
,

plus tôt, ou je te vais continuellement tourmen- que je te tourmenterai éternellement avec les
ter par la force de ces puissantes paroles de la grandes et puissantes paroles de la Clavicule de
Clavicule ; Agion, tetagram.vaychéon stimulama- Salomon, par lequel on force tous les esprits
ton y czparès tetragrammalon oryoram irion esy- rebelles à obéir * »
tion exislion eryona onera brasim moyrn messias Pain (Épreuve du).C’était un pain fait de fa-
solerEtnanuel Sabaot Adonay, te adoro et invoco. » rine d'orge, bénit ou plutût maudit par les im-
» Vous êtes sûr que d'abord que vous aurez
, lu précations d’un Les Anglo-Saxons le
prêtre.
ces puissantes paroles, l’esprit paraîtra et vous faisaient manger à un accusé non convaincu,

dira ce qui suit : « Me voici : que me demandes- persuadés que s'il était innocent ce pain ne lui
tu? Pourquoi troubles -tu mon repos? Réponds- ferait point de mal que s’il était coupable il ne
;

moi. — Je te demande pour faire pacte avec toi, pourrait l’avaler, ou que s’il l’avalait, il élouflc-
et enfin que tu m'enrichisses au plus tût; sinon
je te tourmenterai par les puissantes paroles de 1
Voyez sur les pactes plusieurs légendes dans les
la Clavicule. — Je ne puis t’accorder la demande Lryendet infernalts.
33 .
,,

l'Al — Sl6 — PAL

rait. Le juge qui faisait cette cérémonie deman- Palingénésie. Ce mot veut dire renaissance.
dait, par une prière composée exprès, que les Duchênc dit avoir vu à Cracovie un médecin

mâchoires du criminel restassent roides, que son polonais qui conservait dans des fioles la cendre

gosier se rétrécit, qu’il ne put avaler, qu’il reje- de plusieurs plantes lorsqu’on voulait voir une
;

tât le pain de sa bouche. C'était une


profanation rose dans ces fioles, il prenait celle où se trou-
vait la cendre du rosier , et la mettait sur une
des prières de l’Église *. La seule chose qui fût
réelle dans cette épreuve, qu’on appelait souvent
1 chandelle allumée après qu'elle avait un peu
:

senti la chaleur, on commençait à voir remuer la


l'épreuve du pain conjuré, c'est que, de toutes les
espèces de pain, le pain d’orge moulue un peu cendre; puis on remarquait comme une petite
gros est le plus difficile à avaler. Voy. Corsned, nue obscure qui se divisant en plusieurs parties,
,

Alpiiitomancie, etc. venait enfin à représenter une rose si belle, si

Pain bénit. Du côté de Guingamp en Bretagne, fraîche et si parfaite, qu’on l'eut jugée palpable

et dans beaucoup d’autres lieux, quand on


ne et odorante comme celle qui vient du rosier.

peut découvrir le corps d’un noyé, on met


un Cette nouveauté fut poussée plus loin. On assura

petit cierge allumé sur un pain que l’on


a fait que morts pouvaient revivre naturellement,
les

bénir et qu’on abandonne au cours de l’eau on ; et qu’on avait des moyens de les faire ressusciter
trouve le cadavre dans l’endroit où le pain s’ar- en quelque façon. Van derBeken, surtout, a donné
rête et ce qui peut surprendre les curieux, ces opinions pour des vérités incontestables; et
,

c'est que ce prodige s'est vu très-souvent. Com- dans le système qu’il a composé pour expliquer
ment l'expliquer ? On a le même usage en Cham- de si étranges merveilles, il prétend qu’il y a
pagne et ailleurs. dans le sang des idées séminales, c’est-à-dire des
Pajot (Marguerite) sorcière qui fut exécutée
,
corpuscules qui contiennent en petit tout l’ani-
à Tonnerre en 1570, pour avoir été aux assem- mal. Quelques personnes, dit-il, ont distillé du

blées nocturnes des démons et des sorciers. Elle sang humain nouvellement tiré, et elles y ont
composait des maléfices et faisait mourir les vu, au grand étonnement des assistants saisis de
hommes et les animaux. Elle avait de plus tué frayeur, un spectre humain qui poussait des gé-
un sorcier qui n’avait pas voulu lui prêter un lo- missements. C’est pour ces causes ajoute-t-il ,

pin de bois avec lequel il faisait des sortilèges. que Dieu a défendu aux Juifs de manger le sang
des animaux, de peur que les esprits ou idées de
leurs espèces qui y sont contenues ne produisis-
sent de funestes effets. Ainsi en conservant les ,

cendres de nos ancêtres, nous pourrons en tirer


des fantômes qui nous en représenteront la figure.
Quelle consolation, dit le P. Lebrun que de re- ,

passer en revue son père et ses aïeux ,


sans le
secours du démon et par une nécromancie très-
permise Quelle satisfaction pour les savants que
!

de ressusciter en quelque manière les Romains


les Grecs , les Hébreux et toute l’antiquité ! Rien
d’impossible à cela , il suffit d’avoir les cendres
de ceux qu'on veut faire paraître. Ce système
eut, comme toutes les rêveries, beaucoup de
partisans. On prétendait qu’après avoir mis un
moineau en cendres et en avoir extrait le sel, on
avait obtenu, par une chaleur modérée, le résul-
L’académie royale d’Angleterre essaya,
tat désiré.

dit-on, cette expérience sur un homme. Je ne


sache pas qu’elle ait réussi. Mais cette décou-
verte, qui n'aurait pas dû occuper un seul instant
les esprits, ne tomba que quand un grand nom-
bre de tentatives inutiles eurent prouvé que ce
n’était non plus qu’une ridicule chimère, l'oy.
Cendres. La palingénésie philosophique de Bonnet
est un système publié au dernier siècle et con-
damné il est plus du ressort des théologiens que
;

Une remarque siiigulière qu’on avait notée, c’est du nôtre.


qu'elle revenait du sabbat toujours toute froide 3 .
Palmoscopie, augure qui s’appelait aussi pal-
micum, et qui se lirait de la palpitation des
1
Bergier, Dictionnaire théologique.
2 Cambry, l'oyage dans le Finistère, t. III, p. 159. parties du corps de la victime, calculées à la
3 bodin Démonomanie. main.
,

Digitized by Google
PAL — 517 — PAN
Palud (Madeleine de Mendoz de la), fille ,
C.aufridi, vieille et n'avant qu’un chien pour
d’un gentilhomme de Marseille, et sœur du cou- compagnie, voulut se mêler encore de sorccl-
vent des Ursulines, qui fut ensorcelée parC.au- lerie, elle fut condamnée, par arrêt du par-
fridi à l'àge de dix-neuf ans. l'oij. OvurniDt. !
Icment de Provence, h la prison perpétuelle,
Celte femme, quarante ans nprès le procès de ! en 1653.

Pamilius. Pamilius de Pliures, tué dans un compagnie qui n'en fût effrayé. Ce Thamus ne
combat, resta dix jours au nombre des morts; répondit qu'à la troisième fois, lorsque la voix,
on l'enleva ensuite du champ de bataille pour le se renforçant, lui cria que quand il serait arrivé
porter sur le bûcher; mais il revint à la vie et en un certain lieu qu'elle désignait, il annonçât
conta des histoires surprenantes de ce qu’il avait que le grand Pan était mort. On délibéra pour
vu pendant que son corps était resté sans senti- savoir si on obéirait, et la conclusion fut que si
ment *. pas assez fort pour outre-passer le
le vent n’était

,Pan
l'un des huit grands dieux ou dieux de lieu indiqué il fallait exécuter l’ordre. C’est
,

la première classe chez les Égyptiens. On le re- pourquoi, le calme les arrêtant, Thamus cria de
présentait sous les traits d’un homme dans la toute sa force : Ix tjrantt Pan est mort. Il n’eut
partie supérieure de son corps, et sous la forme pas plutôt achevé que l’on entendit de tous côtés
d’un bouc dans la partie inférieure. Dans les — des plaintes et des gémissements. L’empereur
démonographies , c'est le prince des démons Tibère,informé de l’aventure, envoya quérir
incubes. Quelques-uns entendent par le grand Thamus, et assembla à ce sujet les savants. Sur
Pan le règne des démons , qui fut brisé par la quoi Démétrius, pour confirmer cetto pensée de
mort de Jésus-Christ sur la croix. Plutarque ra- la mort des démons, ajouta une autre histoire :

conte qu'à cette époque solennelle, Épilherse il dit qu'ayant été lui-même envoyé par l'empe-
s'étant embarqué sur un vaisseau avec plusieurs reur pour reconnaître certaines lies stériles si-

autres pour aller en Italie le vent leur manqua


, tuées vers l’Angleterre, aborda à une de celles
il

près de certaines îles de la mer Égée que ;


qui sont habitées; que peu après il s'éleva une
comme la plupart des passagers veillaient et tempête effroyable qui lit dire aux insulaires que
buvaient après souper, l’on entendit tout d’un c’était quelqu'un des dénions ou des demi-dieux

coup une voix venant de l'une de ces lies, qu'il qui était mort *.

appelle Paxis, et qui appelait si fort Thamus, Pandæmonium ,


capitale de l’empire infer-
pilote égyptien, qu'il n’y eut personne de la nal, selon Milton.

1
Leloyer, Histoire de» spectres ou apparition* de* benjamin Binet
1
,
Traité îles dieux et démons du
esprits. paganisme.

Digitized by Google
, ,

PAN — 518 — PAP


Panen (Bartholomée) , exorciste protestant. les remet dans le drap de soie consacré pour s’en
Voy. Guillaume. servir au besoin.
Paneros. Pline cite une pierre précieuse de On ne peut faire aucune opération magique
ce nom qui rendait les femmes fécondes. pour exorciser les espriLs sans avoir ce sceau,
Paniers. Les rabbins racontent une fable assez qui contient les noms de Dieu. Le pantacle n’est
plaisante sur l'étymologie du mot Ève. Ève, di- parfait qu’après qu'on a renfermé un triangle
sent-ils, dérive du mol qui signifie causer; la dans les cercles ; on lit dans le triangle ces trois
première femme prit ce nom parce que lorsque . mois : /< snalio reformatio, transformatio. A
,

Dieu créa le monde, il tomba du ciel douze pa- côté du triangle est le mot agla ,
qui est très-
niers remplis de caquets, et qu'elle en ramassa puissant pour arrêter la malice des esprits. Il faut
neuf, tandis que son mari n’eut le temps de ra- que peau sur laquelle on applique le sceau soit
la
masser que les trois autres. exorcisée et bénite on exorcise aussi l'encre et
;

Panjacartaguel. Ce mot, qui chez les In- la plume dont on se sert pour écrire les mois

diens désigne les cinq dieux, exprimait aussi que l’on vient de citer.
les cinq éléments qui, engendrés par le Créa- Pantarbe ,
pierre fabuleuse b laquelle quel-
teur, concoururent à la formation de l’univers. ques docteurs ont attribué la propriété d’attirer
Dieu, disent-ils, tira du néant. L'action
l'air l’or, comme l’aimant attire le fer. Philostrate
de l’air forma le vent. Du choc de l'air et du dans la Vie d" Apollonitu , en raconte des mer-
vent naquit le feu. A sa rolraile celui-ci laissa veilles. L'éclaten est si vif, dit-il qu'elle ra- ,

une humidité, d'où l'eau tire son origine. De mène le jour au milieu de la nuit; mais, ce qui
l’union de ces puissances résulta une écume; la est le plus étonnant encore, cette lumière est un
chaleur du feu en composa une masso qui fut esprit qui se répand dans la terre et attire insen-
la terre. siblement les pierres précieuses; plus cette vertu
Panjangam, almanach desbrahmines.où sont s’étend plus elle a de force et toutes ces pierres
,
;

marqués les jours heureux et les jours malheu- dont la pantarbe se fait une ceinture ressemblent
reux , et les heures du jour et de la nuit heu- à un essaim d’abeilles qui environnent leur roi.
reuses ou malheureuses, De peur qu’un si riche trésor ne devint trop vil
Pantacles, espèces de talismans magiqdes. non-seulement la nature l’a caché dans la terre
Toute la science de la Clavicule dépend do l'usage profonde, mais elle lui a donné la faculté de s’é-
des pantacles qui contiennent les noms ineffa-
, chapper des mains de ceux qui voudraient la
bles de Dieu. Les pantacles doivent être faits le prendre sans précaution. On la trouve dans cette
mercredi , au premier quartier de la lune, à trois partie des Indes où s'engendre l’or. Suivant l’au-
heures du matin, dans une chambre aérée, nou- teur des Amours de Thiayine et de CharicUe:
vellement blanchie, où l'on habite seul. On y elle garantit du feu ceux qui la portent.
brûle des plantes odoriférantes. On a du parche- Paouaouci, enchantements ou conjurations
au moyen desquels les naturels de la Virginie
prétendent faire paraître des nuages et tomber
de la pluie.
Pape. Les huguenots orit dit que le pape était
l’Antéchrist. C’est ainsi que les filous crient au
voleur pour détourner l’attention.
Le conte absurde de la papesse Jeanne, inventé
par les précurseurs de Luther, est maintenant
reconnu si évidemment faux qu’il ne peut nous
arrêter un instant *.

min vierge, sur lequel on décrit trois cercles


l'un dans l'autre , avec les trois principales cou-
leurs : or, cinabre et vert; la plume et les cou-
leurs doivent être exorcicées. On écrit alors les
noms sacrés, puis on met le tout dans un drap de
soie.On prend un pot de terre, où l’on allume
du charbon neuf, de l’encens mâle ot dn bois Papillon. L’image matérielle de l'ftinc la plus
d’aloès , le tout exorcisé et purifié ;
puis, la face généralement adoptée est le papillon. Les artistes
tournée vers l'orient, on parfume encore les au mot
1
Voyoz Bcrgicr, Dictionnaire thJologique
pantacles avec les espèces odoriférantes, et on Papesse Jeanne.
,

PAR — 519 — PAR


anciens donnent à Platon «nie tôle avec des ailes vient, la terre est fouillée, et une belle source
.de papillon ,
parce que c’est premier philo-
le jaillit à tous les yeux. Le riche propriétaire se
sophe grec qui ait écrit dignement sur Timmor- prépare enfin à jouir du fruit de son stratagème
talilé de l'âme. et de la confusion de l’abbé. Il retourne sur ses
Paracelse (Philippe Bombast, dit), né dans pas, accompagné de la foule ; il veut lui montrer
le canton de Zurich en 1A93. Il voyagea, vit les la riche fontaine qu’il avait dissimulée. Qui fut
médecins de presque toute l’Europe, et "«liera surpris? La source a disparu. L'hvdroscope l’a-

avec eux. Il se donnait pour le réformateur de vait arrêtée dans sa course an milieu du champ
la médecine; et voulant en arracher le sceptre à du cultivateur. Notre homme jura mais un peu ,

Hippocrate et à Galien il , décria ieurs principes lard qu'on ne l'y prendrait plus.
,

.etleur méthode. On lui doit la découverte de Parchemin vierge. Il est employé dans la
l'opium et du mercure , dont il enseigna l’usage. magie en plusieurs manières. On appelle parche-
Paracelse est surtout le héros de ceux qui croient min vierge celui qui est fait de peaux de hôtes
à la pierre philosophale et qui lui attribuent
, n’ayant jamais engendré. Pour lo faire, on met
hautement l'avantage de l'avoir possédée s’ap- , l’animal qui doit le fournir dans un lieu secret
puyant en cela de sa propre autorité. C’était où personne n'habite on prend un bâton vierge
;

quelquefois un homme étonnant et un grand ou de la sève de l’année on le taille en forme de ;

charlatan. Quand il était ivre, dit Wettem,


« couteau puis on écorche l'animal avec ce cou-
,

qui a demeuré vingt-sept mois avec lui il me- , teau de bois, et avec le sel on sale ladite peau,
naçait de faire venir un million de diables ,
pour que l’on met au soleil pendant quinze jours. On
montrer quel empire et quelle puissance il avait prendra alors un pot de terre vernissé, autour
sur eux; mais il ne disait pas de si grandes extra- duquel on écrira des caractères magiques dans ;

vaganccs quand il était à jeun. » Il avait, selon les ce pot on mettra une grosse pierre de chaux
démonomanes un démon familier renfermé dans
, vive avec de l’eau bénite et ladite peau;. on l’y
le pommeau de son épée. Il disait que Dieu lui laissera neuf jours entiers. On la tirera enfin et ,

avait révélé le secret de faire de l'or, et il se avec le couteau de bois, on la ratissera pour en
vantait de pouvoir, soit par le moyen de la pierre ôter le poil on la mettra sécher pendant huit ;

philosophale, soit par la vertu de ses remèdes, jours à l'ombre après l’avoir aspergée on la ser- , ;

conserver la vie aux hommes pendant plusieurs rera ensuite dans un drap de soie avec tons les
siècles. Néanmoins il mourut à quarante -huit instruments de l’art. Qu’aucune femme ne voie
ans, en 15fti, à Salzbourg. ce parchemin, parce qu’il perdrait sa vertu.
Les médecins, ses rivaux, n’ont pas peu con- C’est sur ce parchemin qu’on écrit ensuite les
tribué à le décrier. « Ce fut le diable, dit le doc- pantaclcs, talismans, figures magiques pactes ,

teur Louis de l’onleneltes, dans la préface de son et autres pièces.


Hippocrate dépayse qui suscita Paracelse, auteur
,
Parfuma. On dit que si Ton se parfume avec
de la plus damnable hérésie qui ait jamais été de la semence de lin et de pselliuin, ou avec les
tramée contre le corps humain. » racines de violette et d'acho, on connaîtra les
Paramelle Tout le monde a connu de répu- choses futures, et que, pour chasser les mau-
tation l’abbé Parainelle, qui découvrait â coup vais esprits et fantômes nuisibles, il faut faire un
sûr les sources cachées, sans baguette divinatoire. parfum avec calament, pivoine, menthe et palina-
Voici une de ses anecdotes : christi. On peut assembler les serpents par le
Un riche propriétaire du lura voulut se mo- parfum des os de l’extrémité du gosier de cerf,
quer un peu de la science de l’hydroscope. Il et, au contraire on les peut chasser et mettre ,

possédait dans son jardin une source abondante; en fuite si on allume la corno du même cerf. La
il la cacha soigneusement aux yeux. Aurai-je corne du pied droit d'un cheval ou d’une mule
<i

le bonheur de trouver de l’eau sur celte pro- allumée dans une maison chasse les souris et , ,

priété? » Telle est la question qui fut adressée celle du pied gaucho les mouches, Si on fait un
à l’abbé Paramelle. —
Non, répondit-il résolu- parfum avec du fiel do soicho, du thymiamas,
ment. — Mais enfin, monsieur l’abbé, voyez, des roses et du bois d'aloès et qu'on jette sur ,

cherchez bien il est impossible qu'il n’y ait pas ce parfum allumé de l'eau ou du sang, la maison

;

ici quelque source. Non, vous dis-je, il n’y semblera pleine d'eau ou de sang, et si on
aura pas de source ici. Le financier rit sous jette dessus de la terre labourée, il semblera
cape; son hôte n’a pas l'air de s’en apercevoir, que le sol tremble '.

et se dirige jusqu’à un champ éloigné de quel- Paris. Une prédiction avait annoncé que Paris
ques centaines de pas. C'était l’unique richesso serait détruit par une pluie de feu le 6 janvier
d’un pauvre paysan.’ « Seriez-vous bien aise, 18!|0. Mais la catastrophe a été remise au cin-
loi dit l'abbé de posséder une source dans votre
,
quième mois de Tannée 1900.
champ? — Hé! monsieur l’abbé, répond l’autre, Parker (Guillaume), l'oy. Bcckinchau.
je n’ai pas le moyen do souscrire. Vous l’au- —
rez gratis. Apportez une pioche, n La pioche ' Nvnanld .
p. 7Ï de la Lycanlhropte.

Google
,

PAR — 520 — PAU


Parkes (Thomas), Anglais qui, en voulant se connaître la présence ou l’absence de la virgi-
mettre en relation avec les esprits , se vit pour- nité. On mesurait le cou d’une fille avec un fil
suivi de visions épouvantables. et en répétant l’épreuve avec le même fil , on
Parlements. Le clergé n’a jamais demandé tiraitmauvais présage du grossissement du cou.
lamort des sorciers. Ce sont les parlements qui Pasétès, magicien qui achetait les choses
lesont toujours poursuivis avec chaleur. A la lin sans les marchander; mais l'argent qu'il avait
du dix-septième siècle, le clergé réclamait contre donné n’enrichissait que les yeux, car il retour-
l’exécution de plusieurs sorcières convaincues nait toujours dans sa bourse. Vog. Pistole vo-
d’avoir fait le sabbat avec maître Verdelet; le lante.
parlement de Rouen pria très-humblement le roi Passalorynchithes , hérétiques des premiers
de permettre qn'on brûlât incontinent toutes les siècles ,
ainsi nommés de deux mots grecs qui
sorcières. On citerait mille exemples pareils. veulent dire pieu dans le nez. Ils croyaient qu’on

Paroles magiques. On peut charmer les dés ne pouvaient prier convenablement qu’en se
ou les caries de manière à gagner continuelle- mettant deux doigts, comme deux pieux dans ,

ment au jeu, en les bénissant en même temps les deux narines.


que l'on récite ces paroles Contra me ad incarte
: Patala nom de l’enfer des Indiens.
,

cia, a filii a Eniol, Lieber, liraya, Braguesra. On Patiniac, superstition particulière aux Indiens
n’est point mordu des puces si l’on dit en se des lies Philippines. C’est un sortilège qu'ils
couchant : Och och. On fait tomber les verrues
, prétendent attacher au fruit d’une femme, dont
des mains en les saluant d'un bonsoir le malin et Tenet est de prolonger les douleurs de l’enfante-
d’un bonjour le soir. On fait filer le diable avec ment et même de l’empêcher. Pour lever le
ces mots Per ipsum
; et cum ipso, et in ipso.
, charme, le mari ferme bien la porte de sa case,
Qu’on dise Sista, pista , rista, xista, pour n’a-
: fait un grand feu tout à l'entour, quitte le peu de

voir plus mal â la cuisse. Qu'on prononce trois vêlements dont il est ordinairement couvert,
fois Onasages, pour guérir le mal de dents. On
; prend une lance ou un sabre, et s’en escrime
prévient les suites funestes de la morsure des avec fureur contre les esprits invisibles jusqu’à
chiens enragés en disant ; Hax ,
pax ,
mai. ce que sa femme soit délivrée.
l'oy.Beurre, Charmes, Sabbat, Éléazar, Asa- Patris (Pierre), poète, né à Caen en 1583.
nisapta,
Amulettes, etc. Il fut premier maréchal des logis de Gaston de

Parque (Marie de la), compagne au sabbat France, duc d'Orléans. L'esprit de plaisanterie
de Domingina Maletena. l’oy. ce mot. lui valut sa fortune et la confiance dont il jouis-

Parques ,
divinités que les anciens croyaient sait auprès du prince. Il mourut à Paris en 1671.
présider à la vie et à la mort; maîtresses du sort On raconte qu'étant au château d'Egmond dans ,

des hommes', elles en réglaient les destinées. La une chambre où un esprit venait de se montrer,
vie était un fil qu’elles filaient l'une tenait la : il ouvrit la porte de cette chambre, qui donnait

quenouille, l’autre le fuseau, la troisième, avec sur une longue galerie au bout de laquelle se
,

ses grands ciseaux, coupait le (il. On les nomme trouvait une grande chaise de bois si pesante
Clolho, iMhcsis et Atropos. On les fait naître de que deux hommes avaient peine à la soulever.
la Nuit, sans le secours d’aucun dieu. Orphée, Il vit celte chaise matérielle se remuer, quitter
dans l'hymne qu’il leur adresse, les appelle les sa place et venir à lui comme soutenue en l'air.
fille de l'Érèbe. Il s'écria : —
Monsieur le diable les intérêts de ,

Parris, famille protestante établie à Salem, Dieu à part je suis bien votre serviteur mais
,
;

dans la Nouvelle-Angleterre. Plusieurs jeunes je vous prie de ne pas me faire peur davantage.
filles de celte famille, dont le père était ministre, La chaise s'en retourna à sa place comme elle
furent obsédées en 1692, et tombèrent dans un était venue. Cette vision, dit-on, fit une forte
état extraordinaire. Elles se glissaient dans des impression sur l’esprit de Patris, et ne contribua
trous, sous les bancs, sous les meubles, et fai- pas peu à le faire rentrer dans son devoir.
saient des contorsions étranges. En ce môme Patroûs. Jupiter avait, sous le nom de Patroüs,
temps une jeune fille d’un nommé Goodwin, à Argos, une statue de bois, qui le représentait
dans la même ville, avait des hallucinations, avec trois yeux, pour marquer qu’il voyait ce
voyait à tout moment un cheval devant elle, se qui se passait dans le ciel, sur la terre et dans les
mettait à califourchon sur une chaise et prenait enfers. Les Argiens disaient que c’était le Jupiter
le galop. On crut que ces jeunes filles étaient Patroûs qui était dans lo palais de Priam, et que
ensorcelées, d’autant plus qu'elles accusaient ce fut au pied de son autel que ce prince fut tué
certaines femmes de les avoir maléficiécs. On par Pyrrhus.
mit ces femmes en prison , et les obsédées respi- Pauana. C’est le nom qu'on donnait en Flandre
rèrent. Tout cela est un peu obscur; mais ce qui à ladanse infernale, violente, déhanchée, excen-
est clair, c'est que l’esprit malin était là pour trique,que dansaient les sorcières au sabbat.
quelque chose. Paul (Arnold), paysan de Médroïga, village de
Parthénomancie , divination ridicule pour Hongrie, qui fut écrasé par la chute d’un chariot
,

PAU — 521 — PÉC


chargé de foin, vers l’an 1728. Trente jours montre aux exorcistes c’est sous la forme d'un
,

après sa mort quatre personnes moururent su-


,
homme 5 cheval sur un dromadaire, couronné
bitement et de la même manière que meurent d’un diadème étincelant de pierreries, avec un
ceux qui sont molestés des vampires. On se res- visage de femme. Deux cents légions, partie de
souvint alors qu’Arnold avait souvent raconté
qu’aux environs de Cassova , sur les frontières
de la Turquie, il avait été tourmenté longtemps
par un vampire turc; mais que, sachant que
ceux qui étaient victimes d’un vampire le deve-
naient après leur mort, il avait trouvé le moyen
de se guérir en mangeant de la terre du tombeau
du défunt et on se frottant de son sang. On pré-
suma que si ce remède avait guéri Arnold (Paul),
il ne l’avait pas empêché de devenir vampire à

son tour en conséquence on le déterra pour s'en


;

assurer, et, quoiqu'il ftUinhumé depuis quarante


jours, on lui trouva le corps vermeil on s'aper- ;

çut que ses cheveux, ses ongles, sa barbe, s’é-


laient renouvelés, et que ses veines étaient rem-
plies d’un sang lluide. 1-e bailli du lieu en ,

présence de qui se lit l’exhumation, et qui était


un homme expert , ordonna d'enfoncer dans le
cceur de ce cadavre un pieu fort aigu et de le
percer de part en part; ce qui fut exécuté sur- l’ordre des Anges, partie de l’ordre des Puis-
le-champ. Le corps du vampire jeta un cri et lit sances, lui obéissent. Si Paymon est évoqué par
des mouvements après quoi on ; lui coupa la tôle quelque sacrifice ou libation, il parait accompa-
et on le brûla dans un grand bûcher. On lit subir gné des deux grands princes Uébal et Abalain*.
ensuite le même traitement aux quatre morts Péanite, pierre fabuleuse, que les anciens
qu’Arnold (Paul) ‘avait tués, de peur qu’ils ne croyaient douée du privilège do faciliter les ac-
devinssent vampires 5 leur tour, et il
y cul un couchements.
peu de calme, l oi/. Vampires. Peau. Pour guérir les taches de la peau et les
Paul (Saint). Voy. Art de saint Paul. verrues, il suflit, selon certaines croyances popu-
Paule. Il y avait au couvent des Cordeliers laires, de toucher un cadavre ou de se frotter les
de Toulouse un caveau qui servait de catacom- mains au clair de la lune. Voy. Verrues*.
bes les morts s’y conservaient. Dans ce caveau
; Péché, chemin de l’enfer.
était enterrée depuis la lin du seizième siècle,
, Péché originel. « Un enfant, dites-vous, ne
une femme célèbre dans le pays, sous le nom de peut naître responsable de la faute d'un père.
la belle Paule. Il était d'usage de visiter son tom- En êtes-vous bien sûr? Au sein de l'humanité un
beau le jour anniversaire de sa mort. Un jeune sentiment universel se manifeste ; la vie de tous
cordelier, la tête un peu échauffée, s’était un jour les peuples exprime par les faits les plus signi-
engagé à descendre dans ces catacombes sans ficatifs l'existence d’une loi terrible et mysté-
lumière et sans témoin et à enfoncer un clou ,
rieuse, de la loi d'hérédité et do solidarité pour
dans le cercueil de Paule. Il y descendit en effet ;
le crime et la peine entre les hommes. Interro-
mais il attacha par mégarde au cercueil un pan gez les nations qui furent les plus voisines des

de sa robe. Lorsqu’il voulut remonter, il se crut traditions primitives. En Chine, le fils est puni
retenu par la défunte ce qui lui causa une telle
;
pour lepère ; une famille et même une ville en-
frayeur qu'il tomba mort sur la place. tière répondent pour le crime d’un seid. Dans
Pansanias. Quelques écrivains ont prétendu l'Inde, les parents, l'instituteur, l'ami du cou-
que les Lacédémoniens n’avaient point de sor- pable, doivent être punis. Tout l’Orient jugeait
ciers, parce que, quand ils voulurent apaiser les ainsi. Il en est de même encore parmi les peu-
mènes de Pausanias, qu’on avait laissé mourir de plades sauvages. De 15 aussi ces chants lugubres
faim dans un temple, et qui s'était montré depuis des poètes qui , voyant Rome désolée par les
à certaines personnes, on fut obligé de faire venir guerres civiles, en donnent instinctivement pour
des sorciers d’Italie pour chasser le spectre du de Laomédon
raison qu'elle expiait les parjures
défunt. Mais ce trait ne prouve rien sinon que ,
les le parricide de Romu-
parjures des Troyens,
les sorciers de Lacédémone n'étaient pas aussi crimes commis par ses aïeux.
lus, c'est-5-dire les
habiles que ceux de l'Italie. Alexandre meurt au milieu de ses plus belles

Pavanis (Les). C'est le nom qu’on donne aux années après lui de sanglantes divisions se dé-
;

magiciens et devins dans l’isthme de Dari. 1


Wienis, in Pseudomon. dtemon.
Paymon l’un des rois de l’enfer. S’il se
,
* Brown, Erreurs populaires, t. IL
, ,

PÉD — 522 — PÉN


clarcnt; des maux sans nombre accablent les sans être remarqué, courut devant, se mit en
parents du conquérant ; les historiens païens at- chemise et se cacha sous son manteau au pied
tribuent sans hésiter tous ces malheurs à la ven- de la potence en attendant les autres. Quand ils
geance divine ,
qui punissait les impiétés et les furent arrivés, le plus hardi de la bande monta
parjures du père d’Alexandre sur sa famille. 5 l'échelle et se mit à couper la corde pour faire
Thésée, dans Euripide, troublé de l’attentat dont tomber le corps mais aussitôt le camarade caché
;

il croit son fils coupable, s’écrie « Quel est donc : se montra et dit « Qui êtes-vous ? et pourquoi
:

n celui de nos pères qui a commis un crime digne venez-vous enlever mon corps ?» A ces mots
» de m'attirer un tel opprobre ? » J’omets à des- et à la vue du fantôme blanc qui gardait la po-
sein une foule d'autres monuments, cl je m’abs- tence les jeunes gens prennent la fuite épou-
,

tiens même de citer les' livres de l’Ancien Tes- vautés; celui qui était sur l'échelle saute à bas
tament, fort explicites sur ce point. Mais parmi sans compter les échelons, pensant que l'esprit
ces témoignages et ces faits, une loi est écrite lu pendu le tenait déjà. < Et ne furent ces pauvres
évidemment ; elle est écrite en caractères de sang chirurgiens de longtemps rassurés'. »
dans les annales de tous les peuples c’est la loi :

de l’hérédité du crime et de la peine. Un senti-


ment profond et universel la proclame. Ce cri des
peuples ne saurait être ni la fausseté ni l’injus-
1
tice . »

Pédasiens. Chez les Pédasiens, peuples de


Carie , toutes les fois qu’eux ou leurs voisins
étaient menacés de quelque malheur, une longue
barbe poussait il la prétresse de Minerve. Héro-
dote remarque que ce prodige arriva trois fois.
Pédegache. Voy. Veux.
Pégomancie divination par les sources. Elle
,

se pratiquait soit en y jetant un certain nombre


de pierres dont on observait les divers mouve-
ments, soit en y plongeant des vases de verre,
et en examinant les efforts que faisait l’eau pour

y entrer et chasser l’air qui les remplissait. La


plus célèbre des pégomancies est la divination On lisait dernièrement ce Jqui suit dans le
par le sort des dés, qui se pratiquait à la fontaine Moniteur du Calvados : —
e Voici un déplorable
d’Abano, près de Padouc; on jetait les dés dans exemple d'aberration causée par la ridicule
'l’eau pour voir s’ils surnageaient ou s’ils s’enfon- croyance aux erreurs et aux préjugés populaires,
çaient, et quels numéros ils donnaient; sur quoi malheureusement enracinés encore profondément
un devin expliquait l’avenir. dans l'esprit de nos populations des campagnes.
Pigu. Kiak-Kiak, dieu des dieux, ou plutôt Un maçon, honnête ouvrierd’une petite commune
démou des démons, idole principale du Pégu, est du département de l’Orne, arrivait à grand'peine,
représenté sous une figure humaine, qui a vingt à l'aide d'un travail opiniâtre, à nourrir sa nom-
aunes de longueur, couchée dans l’attitude d’un breuse famille; aussi, la tête troublée par les
homme endormi. Celte idole est placée dans un superstitions et la lecture du Petit-Albert réso-
temple magnifique, dont les portes et les fenêtres lut-il de se pour le bonheur des siens.
sacrifier
sont toujours ouvertes et dont l’entrée est per- Il se pendit, en laissant un billet ainsi conçu ;
mise à tout le monde. « Adieu , ma femme et mes enfants Comme je !

Peigne. Trouver un peigne présage de bon- , » n’ai pas de fortune à vous donner* je veux
heur. » vous laisser de quoi réussir dans tout ce que
Pendus. On sait qu’on gagne à tous les jeux, » vous entreprendrez : Partagei-vous ma corde. »
quand on a dans sa poche de la corde de pendu. Pénitence. Le Kari-Chang est le temps de
— Un soldat de belle corpulence ayant été pendu, pénitence des idolâtres de l’ile Formose; et chez
quelques jeunes chirurgiens demandèrent la per- les peuples que les ténèbres couvrent encore,
mission d’anatomiser son corps. On la leur ac- les pénitences sont bien autrement dures que
corda, et ils allèrent, à dix heures du soir, prier chez les chrétiens. Le Kari-Chang les oblige à
lebourreau de le leur remettre. Le bourreau était vingt-sept articles qu'ils doivent observer exac-
déjà couché il leur répondit qu’il ne se souciait
; tement, sous peine d’être sévèrement châtiés.
pas de se lever, et qu’ils pouvaient aller eux- Entre autres choses, il leur est défendu, pendant
mêmes dépendre le mort. Pendant qu’ils s’y dé- ce temps, de construire des (luttes, de se marier,
cidaient, le plus éveillé d'entre eux se détacha de vendre des peaux , de semer , de forger des
1
Le P. du Ravignan, Confèrence» de 1 843 à Notre-
Dame de Paris. 1
Leloyer, Histoire des spectres.

Digitized by Google
PF.N — 523 — PER
armes, de faire rien de neuf, de luer dos cochons, riclès par son nom , et lui commanda de com-
de nommer un enfant nouveau-né, etc. battre, l’assurant que les dieux donnaient la
Les Formosans prétendent que ces lois leur victoireaux Athéniens. Cette voix fut entendue
ont été imposées par un de leurs compatriotes, des ennemis, comme venant de Pluton et ils en ,

qui, se voyant exposé au mépris, parce qu’il eurent une telle peur qu’ils s’enfuirent sans tirer
était difforme et hideux, conjura les dioux de l’épée.
l'admettre dans le ciel ,
la première fois qu'il Péris, génies femelles des Persans , d’une
recevrait quelque insulte. Ses vœux furent en- beauté extraordinaire; elles sont bienfaisantes,
tendus.Ce Formosan qui avait à peine ligure
,
habitent le Ginnistan , se nourrissent d'odeurs
d'homme, devint donc un dieu, et, comme il exquises , et
ressemblent un peu à nos fées. Elles
était laid un dieu redoutable. 11 ne tarda pas à
, ont pour ennemis les dives. l'ay. Dives.
se venger des railleries de ses compatriotes il : Périthe ,
pierre jaune qui avait, dit- on, la
descendit dans l'ile de Formose et leur apporta vertu de guérir la goutte et qui brûlait la main
les vingt-sept articles du Kari-Chang, leur faisant quand on la serrait fortement.
les plus terribles menaces, s’ils en négligeaient Péroun, génie ou dieu du tonnerre chez les
un seul. anciens Slaves; il était très-redouté ; et son culte
Penote. lin alchimiste, réduit à l’hôpital (c’était avait lieu encore au sixième siècle.
Penolc), avait coutume de dire qu’il ne souhai- Perrier, démon invoqué comme prince des
tait rien à ses plus mortels ennemis’qu’un peu de principautés, dans les litanies du sabbat.
goût pour l’alchimie. Persil (Maître). Voy. Vebdelet.
Penteman. l.e peintre Penteman né à Rot- , Perteman. Une jeune lille de la commune
terdam, vers l’an 1650, fut chargé de représenter d'Uccle (près de Rruxelles) avait dit à plusieurs
dans un tableau des têtes de morts et plusieurs personnes qu’elle était ensorcelée; que la nuit
autres objets capables d’inspirer du mépris pour des spectres et des revenants vêtus de longues ,

les amusements et les vanités du siècle. Afin robes jaunes se présentaient devant son lit et
,

d’avoir sous les yeux des modèles il entra dans , venaient lui causer de grandes frayeurs, au point
un cabinet d’anatomie, qui devait lui servir d’ate- que sa santé en était altérée. Les frères de celte
lier. En dessinant les tristes objets qui l'entou- jeune fille croyant que leur sœur était réellement
,

raient, l’artiste s’assoupit malgré lui et céda bien- ensorcelée eurent recours à un individu de la
,

tôt aux charmes du sommeil. Il en goûtait à peine commune surnommé le perteman (le joueur do
les douceurs, par un bruit ex-
qu’il fut réveillé mauvais tours), qui avait la réputation de pos-
traordinaire. Quelle dut être sa frayeur, en voyant séder le moyen de conjurer les spectres et les es-
remuer les têtes des squelettes qui l’environ- prits malins. Cet homme s'attendait probablement,
naient , et en apercevant les corps suspendus au et pour cause, à être consulté par les parents
plancher s'agiter et se heurter avec violence! de la jeune il se mit donc en devoir d’em-
fille ;

Saisi d’clïroi Penteman sort de ce lieu terrible,


, ployer, moyennaut salaire, bien entendu, ses ta-

se précipite du haut de l’escalier et tombe dans lents surnaturels comme il les appelait pour
, ,

la rue à demi mort. Lorsqu’il eut repris connais- combattre les œuvres des nombreuses sorcières
sance, il fut facile de s'assurer que le spectacle dont il prétendait que la jeune fille était la vic-
dont il venait d'être épouvanté n'était que trop time. Presque tous les soirs il se rendait, muni
naturel, puisqu'il avait été occasionné par un d’un gros livre, au domicile de la fille, y allumait
tremblement de terre. Mais la terreur avait telle- des chandelles et restait souvent là toute la nuit;
ment glacé son sang qu’il mourut peu de jours cependant le revenant reparaissait toujours lors-
après. que l’exorciseur ne venait past enfin, le perte-
Pératoscopie, divination par l'inspection des man vint annoncer qu'il était parvenu à recon-
phénomènes et choses extraordinaires qui appa- naître la cause du malheur et le remède à
raissent dans les airs. employer; ce remède était une somme de 15 fr.
Perdrix. On dit qu’un malade ne peut mou- à répartir entre les trente sorcières qui assié-
rir lorsqu'il est couché sur un lit de plumes d'ailes geaient la malheureuse jeune fille on les calmait ;

do perdrix '. donc à raison do 50 centimes par tête.


Pérez (Juan). Voy. Inquisition. Le frère de cette infortunée, ne possédant pas
Périclès, général athénien qui, se défiant de la somme de quinze francs alla consulter le ,

l’issue d'une bataille, pour rassurer les siens, fit bourgmestre, et l’on conçoit qu'il n’en fallut pas
entrer dans un bois consacré à Pluton un homme davantage pour mettre un terme aux manœuvres
d’une taille haute, chaussé de longs brodequins, du sorcier. L’autorité communale envoya, le soir
ayant les cheveux épars, vêtu de pourpre, et assis même où le perteman devait venir opérer le dé-
sur un char traîné par quatre chevaux blancs; senchantement définitif, deux gardes forestiers
il parut au moment de la bataille, appela Pé- chargés de vérifier ce qui se passait; ceux-ci
trouvèrent le perteman 4ms la maison. Il s’oc-
1
Tïiiers . Traité des superstitions. cupait à feuilleter son gros volume à jeter de ,

agle
,

PER — 524 — PEU


l’eau bénite et 4 marmotter certaines paroles; ils détruisaient les édifices sacrés et brûlaient les
vers minuit, ils virent approcher de la maison croix et les images.
une femme habillée de jaune qui alla écouter à
,
Pettimancie, divination par le jet des dés.
la porte; un instant après, le prrteman sortit, Voy. Astragabomancie et Cubomancie.
disposé 4 lier conversation avec le revenant il ; Peucer (Gaspard),' médecin, né 4 Bautzen
aperçut alors les gardes, prit la fuite ainsi que , en 1 525. Il gendre de Mélanchthon et comme
était
la femme, et dans son trouble il laissa tomber lui séparé de l’Église. Il a laissé un livre sur les
son volume mystérieux qui, vérification faite, fut divinations : De prœcipuis divinalionum generi-
trouvé être un ouvrage de Mirabeau intitulé De ,
bus, traduit en français par Simon Goulard. An-
la monarchie prussienne sous Frédéric le Grand. vers, 1584.
Le perteman fut arrêté et depuis le revenant n'a
,
Peuplier. Les anciens regardaient le peuplier
plus été vu ni par la jeune fille ni par personne. comme un arbre dédié aux enfers et aux démons.
Ce fait s'est passé il y a moins de trente ans. Peur. On prétend que pour se préserver de
Pertinax. Trois ou quatre jours avant que la peur il faut porter sur soi une épingle qui ait

l’empereur Pertinax fût massacré par les soldats été fichée dans le linceul d’un mort.
de sa garde on conte qu’il vit dans un étang je
,
Un offiieier logé en chambre garnie, et sur le
ne sais quelle figure qui le menaçait l’épée au point de rejoindre son régiment, était encore
poing. dans son lit au pelit point du jour, lorsqu’un
Peste. Les rois de Hongrie se vantaient de menuisier, porteur d’un cercueil pour un homme
guérir la jaunisse, comme les rois de France qui venait de mourir dans la pièce voisine, entra,
guérissaient les écrouelles, et comme ceux de croyant ouvrir la porte de la chambre du mort.
Bourgogne dissipaient la peste. « Voilà, dit-il, une bonne redingote pour l’hiver.»

Dans le pays de Reuss on attribue les pestes


, L’officier ne douta pas qu'on ne vint pour le vo-
et les diverses épidémies 4 une grande diablesse ler. Aussi tût il saute 4 bas du lit et s’élance contre

maigre, et remarquable par ses grands cheveux le prétendu voleur.... Le menuisier, voyant quel-
noirs et sordides. Elle parcourt les airs sur un que chose de blanc laisse tomber son cercueil
,

chariot noir et marche, suivie de nombreuses et s'enfuit 4 toutes jambes criant que le mort
,

filles de l’enfer, qui répandent partout des germes était 4 ses trousses.... On dit qu’il en fut malade.
de mort. Un marchand de la rue Saint-Victor, 4 Paris,
Pet. Qui pèle en mangeant voit le diable en donnant un grand souper, la servante de la mai-
mourant. Axiome populaire, répandu pour ensei- son fut obligée de descendre 4 la cave 4 dix
gner la bienséance aux enfants dans les contrées heures du soir. Elle était peureuse; elle ne fut
où l’on mange beaucoup de choux et de navets. pas plutôt descendue , qu’elle remonta tout épou-
Petchimancie divination par les brosses ou
,
vantée, en criant qu'il y avait un fantôme entre
vergeltes. Quand un habit ne peut pas se verge- deux tonneaux!... L'effroi se répandit dans la
ter, c’est un signe qu’il maison, les domestiques les plus hardis descen-
y aura de la pluie.
Petit monde. On appelait pelit monde une dirent 4 la cave, les maîtres suivirent, et l’on
société secrète qui conspirait en Angleterre au reconnut que le spectre était un mort qui y avait
dernier siècle pour le rétablissement des Stuarls. glisséde la charrette de l’Hôtel-Dieu, et était
On débitait beaucoup de contes sur cette société : tombé dans la cave par le soupirail.
par exemple, on disait que le diable en personne, Un provincial venu 4 Paris dans le temps du
assis dans un grand fauteuil présidait aux as-
,
carnaval fit la partie, comme tant d'autres idiots,
semblées. C'étaient des francs-maçons. d'aller au bal masqué avec un de ses amis, et il
Petit-Pierre. 'Les contes populaires de l’Alle- se déguisa en diable c'était très-ingénieux. Les
;

magne donnent ce nom au démon qui achète les deux amis se retirèrent avant le jour. Comme le
âmes et avec qui on fait pacte. Il vient au lit de carrosse qui les remmenait passait dans le quar-
mort, sous la forme d’un nain, chercher ceux tier où logeait le provincial, il fut le premier qui
qu’il a achetés. descendit, et son ami le laissa’ devant sa porte,
Petpayatons. Les Siamois appellent ainsi les où il frappa vivement, parce qu’il faisait grand
mauvais esprits répandus dans l'air. S'ils prépa- froid. Il fut obligé de redoubler les coups avant
rent une médecine, ils attachent au vase plusieurs depouvoiréveiller une vieille servante de son au-
papiers, où sont écrites des paroles mystérieuses berge qui vint enfin 4 moitié endormie lui ouvrir,
,

pour empêcher que les Pctpayatons n’emportent mais qui, dès qu’elle le vit, referma sa porte au
la vertu du remède. plus vile et s’enfuit en criant. Le provincial ne
Pétrobusiens disciples de Pierre de Bruys,
,
pensait pas 4 son costume; et, ne sachant ce
hérétique du Dauphiné contemporain de la pre-
, que pouvait avoir la servante, il se remit 4 frap-
mière croisade. Ils reconnaissent deux créateurs : per; mais inutilement personne ne revint. Mou-
,

Dieu et le diable. Ils disaient que les prières sont rant de froid ij prit le parti de chercher gîte
,

aussi bonnes dans un cabaret que dans une église, ailleurs. En marchant le long de la rue, il aper-
dans une étable que sur un autel en conséquence,
; çut de la lumière dans une maison pour comble ;
PHA — 525 — PHÉ
de bonheur, la porte n’était pas fermée tout à fut tout effrayé, croyant de son côté voir le défunt
fait. Il vil en entrant un cercueil avec des cierges à ses trousses. Quand il, fut revenu de sa frayeur,
autour, et un bon homme qui, en gardant le il IH réflexion sursoit habillement et comprit que
mort, endormi auprès d'un bon brasier.
s’élait c'était ce qui avait causé ses embarras. Comme
Le proviucial sans faire de bruit, s’approcha le
, le jour commençait à paraître, il alla changer de
plus qu’il put du brasier, s’y installa et s'endor- mise dans une friperie et retourna à son au-
mit aussi fort tranquillement sur un siège. Cepen- berge, où il n'eut pas de peine cette fois à se
dant le gardien s'éveilla ; voyant la ligure qui lui faire ouvrir la porte. Il apprit en entrant que la
compagnie avec ses cornes et le reste, il
faisait , servante était malade , et que c'était une visite
ne douta pas que ce ne fut le diable qui venait que le diable lui avait rendue qui causait son
prendre le mort. Il poussa des cris si épouvan- mal. Il n'eut garde de dire que lui-méme était le
tables que le provincial, s'éveillant en sursaut. diable. Il sut ensuite que l'on publiait dans le

l\uccr (Gaspard).

quartier que le diable était venu pour enlever un fant; avant de se montrer à l'exorciste, il rend
voisin. Ixi servante attestait la chose ; et ce qui des sons mélodieux. Il faut au contraire se bou-
y donnait le plus de vraisemblance, c’est que le cher les oreilles quand on lui commande de
pauvre défunt avait été usurier, l oi/. Appari- prendre la forme humaine. Il répond sur toutes
tions, Revenants, Fannius, Visions, etc. les sciences. C’est un bon poëte qui satisfait en ,

Phara-Ildis, ou simplement P/iara, bonne et vers à toutes les demandes. Après mille ans, il
bienfaisante fée en Norvège. , espère retourner an septième ordre des rônes. 'I

1
Pharmacie, divination employée par les ma- Vingt légions lui obéissent .

giciens cl enchanteurs, lesquels devinent, à l'aide Phénix. Il y a, dit Hérodote, un oiseau sacré
du commerce qu'ils ont avec les dénions, qu’ils qu'on appelle phénix. Je ne l'ai jamais vu qu'en
évoquent pour cela au moyen de fumigations peinture. Il est grand comm& un aigle son plu- ;

faites sur un réchaud. mage est doré et entremêlé de rouge. Il se nour-


Phénix grand marquis des enfers. Il parait
,

sous la forme d’un phénix avec la voix d'un en- 1 Wierus, in Pstudomonarchia damon.

Digitized by Google
,, ,,

PH K — 526 — PHÉ
rit d’aromates et vient tous les cinq cents ans en ramide dans le milieu du front la nature y avait
,

Égypte, chargé du cadavre de son père enve- placé une tache noire qui dominait le reste du
loppé de myrrhe, qu’il enterre dans le temple visage. Une autre pyramide blanche, s’appuyant
du Soleil. Solin dit que le phénix naît en Arabie; sur la partie inférieure du cou, s’élevait avec
que sa gorge est entourée d’aigrettes, son cou proportion, et, partageant le menton, venait
brillant comme l'or, son corps pourpre , sa queue aboutir au-dessus de la lèvre inférieure. Depuis
mêlée d’azur et de rose qu’il vit cinq cent qua-
;
l’extrémité des doigts jusqu'au-dessus du poi-
rante ans. Certains historiens lui ont donné jus- gnet, et depuis les pieds jusqu'à la moitié des
qu'à douze mille neuf cent cinquante-quatre ans jambes, la jeune fdle paraissait avoir des bottines
de vie. et des gants naturels, d’un noir clair, tirant sur
Saint Clément le Romain rapporte qu’on croit le cendré, mais parsemées d’un grand nombre
que le phénix naît en Arabie, qu’il est unique de mouches aussi noires que du jais. De l'extré-
dans son espèce, qu'il vit cinq ans; que, lors- mité inférieure du cou descendait une espèce de
qu’il est près de mourir, il se fait, avec de l’en- pèlerine noire sur la poitrine et les épaules ; elle

cens, de la myrrhe et d'autres aromates, un cer- se terminait en trois pointes, dont deux étaient
cueil où il entre à temps marqué, et il y meurt; placées sur les gros muscles des bras; la troi-

que sa chair corrompue produit un ver qui se sième, qui était la plus large, sur la poitrine.
nourrit de l’humeur de l’animal mort et se revêt Les épaules étaient d’un noir clair, tacheté comme
de plumes; qu'ensuile, devenu plus fort, il prend celui des pieds et des mains. Les autres parties
le cercueil de son père et le porte en Égypte, sur du corps étaient tachetées de blanc et de noir
l’autel du Soleil à Héliopolis.
, dans une agréable variété deux taches noires
;

Outre que tous ceux qui parlent de cet oiseau couvraient les deux genoux. Toutes les personnes
mystérieux ne l’ont point vu et n'en parient que du pays voulurent voir ce phénomène, com-
par ouï-dire, qui peut être sûr qu’il a vécu cinq blèrent celte petite Bile de présents et on offrit ;
t

cents ans? qui peut assurer qu’il soit seul de son de l’acheter à grand prix.
espèce? L’auteur à qui nous empruntons celte descrip-
Le P. Martini rapporte, dans son Hùloirc de In tion assure que la mère avait une petite chienne
i

Chine, qu'au commencement du règne de l’em- noire et blanche qui ne la quittait jamais, et
pereur \ao-llao IV, on vit paraître l'oiseau du so- qu’ayant examiné en détail les taches de sa Bile
leil dont les Chinois regardent l’arrivée comme
,
et de la chienne, il y trouva une ressemblance
un heureux présage pour le royaume. Sa forme, totale, non-seulement par la forme des couleurs,
dit-il, le ferait prendre pour un aigle, sans la mais encore par rapport aux lieux où les nuances
beauté et la variété de son plumage. Il ajoute étaient placées. Il en conclut que la vue conti-
que sa rareté lui fait croire que cet oiseau est le nuelle de cet animal avait été plus que suffisante
même que le phénix'. pour tracer dans l’imagination de la mère celte
Phénomènes. Une négresse de Carlhagène, variété de teintes et l’imprimer à la fille qu’elle
dans nouveau royaume de Grenade, mit an
le portait dans son sein.
monde un enfant tel qu'un n'en a jamais vu ; On dit que le peuple anglais est un peuple de
c’était une fille qui naquit en 1738 et vécut en- philosophes; ce qui n’empêcha pas, en 1726,
viron six mois. Elle était tachetée de blanc et de une femme de Londres d’acconcher, disait-elle
noir, depuis le sommet de la tête jusqu’aux pieds d’un lapereau chaque jour le chirurgien qui l’ac-
;

avec tant de symétrie et de variété qu'il semblait couchait , nommé Saint-André , assurait que rien
que ce fût l’ouvrage du compas et du pinceau. n’était plus positif, et le peuple philosophe le
Sa tête était couverte de cheveux noirs bouclés, croyait. — Marguerite Daniel, femme de René
d'entre lesquels s’élevait une py ramide de poil Rondeau, du bourg du Plessc dépendant du mar-
,

crépu, qui du sommet de la tête descendait, en quisat de Blin, devint grosse en 1685, vers la
élargissant ses deux lignes latérales, jusqu’au mi- mi-octobre. Elle sentit remuer son enfant le jour
lieu des sourcils, avec tant de régularité dans la de la Chandeleur et entendit le vendredi saint
division des couleurs que les deux moitiés des suivant trois cris sortir de son ventre. Depuis,
sourcils qui servaient de base aux deux angles son enfant continua de faire les mêmes cris trois
de pyramide étaient d'un poil blanc et bou-
la ou quatre fois le jour, à chaque fois quatre, cinq
clé, au lieu que les deux autres moitiés, du côté cris, etmême jusqu'à huit et neuf fort distincts,
des oreilles, étaient d’un poil noire! crépu. Pour semblables à ceux d’un enfant nouvellement né ;
relever encore l’espace blanc que formait la py- mais quelquefois avec de tels efforts, qu’on voyait
l’estomac de celte femme s’enfler comme si elle
1
Dos critinues pensent que le phénix était le sym- eût dû étouffer...
bole de la chasteté et de la tempérance chez les
En octobre une femme ac-
18/|2, à Bruxelles,
païens; ils comptaient quatre apparitions de cet oi-
seau merveilleux la première sous le roi Sésostris
coucha, dans l’hospice de la Maternité, d’une
,

la seconde sous Amasis, la troisième sous le troi- petite, fille qui avait une queue de cheval. Son
sième des Ptolémées la quatrième sous Tibère.
, père était un cocher. L’opération qui l’a délivrée
, ,

PHI — 527 - PH!


sans la compromettre aucunement, de cet orne- avait faite; elle jeta des cris épouvantables e
ment singulier, a été faite par
docteur Seulin le supplia Mâchâtes de l'avertir quand sa fille re-
et le phénomène fut aussitôt régulièrement con- viendrait, ce qu’il exécuta. Le père et la mère la
staté Voy. Imagination, etc, virent et coururent à elle pour l'embrasser. Mais
Philinnion. Voici un trait rapporté par Phlé- Philinnion, baissant les yeux, leur dit avec une
gon, et qu'on présume être arrivé à Hypate
en contenance morne —
Hélas mon père et vous
: !
,

Thessalic. Philinnion, fille unique de Démocrate ma mère, vous détruisez ma félicité, en m'em-
et de Charito, mourut un âge nubile; ses parents pêchant par votre présence importune de vivre
, ,

inconsolables tirent enterrer avec le corps mort seulement trois jours. Voire curiosité vous sera
les bijoux et les atours que la jeune tille avait le funeste, car je m'en retourne au séjour de la
plus aimés pendant sa vie. Quelque temps après, mort, et vous me pleurerez autant que quand je
un jeune seigneur, nommé Mâchâtes, vint loger fus portée en terre pour la première fois. Mais je
chez Démocrate qui était son ami. Le soir.
,
vous avertis que je ne suis pas venue ici sans la
volonté des dieux. Après ces mots, elle retomba
morte, et son corps fut exposé sur un lit à la vue
de tous ceux de la maison. On alla visiter le tom-
(

beau, qu’on trouva vide et ne contenant seulement


j

|
que l’anneau de fer et la coupe que Mâchâtes lui
avait donnés
Philosophie hermétique. Voy. Pierre pm-
losophale.
Philotanus, démon d’ordre inférieur, soumis
à Bélial.
Philtre, breuvage ou drogue dont l’effet pré-
tendu est de donner l'amour. Les anciens, qui en
connaissaient l’usage, invoquaient dans la con-
fection des philtres les divinités infernales. Il
y
entrait différents animaux, herbes ou matières,
tels que le poisson appelé remore, certains os de
grenouilles, la pierre astroïte et surtout l’hippo-
mane. Dclrio, qui met les philtres au rang des
maléfices, ajoute qu’on s’est aussi servi pour les
composer de rognures d’ongles, de limailles de
métaux, de reptiles, d’intestins de poissons et
d'oiseaux, et qu'on y a mêlé quelquefois des
|

!
fragments d'ornements d'église.
Les philtres s’expliquent, comme les poisons,
par la pharmacie. L’hippomane est le plus fa-
comme il était dans sa chambre, Philinnion lui meux de tous les philtres ; c'est un morceau de
apparaît, lui déclare qu’elle l'aime; ignorant sa chair noirâtre et de forme ronde ,de la grosseur
mort, l’épouse en secret. Mâchâtes, pour gage
il d’une figue sèche, que le poulain apporte quel-
de son amour, donne à Philinnion une coupe d’or quefois sur le front en naissant. Suivant les livres
et se laisse tirer un anneau de fer qu'il avait au de secrets magiques, ce mystérieux morceau de
doigt. Philinnion, de son côté, lui fait présent chair fait naître une passion ardente, quand,
de son collier et d'un anneau d’or, et se retire étant mis en poudre, il est pris avec le sang de
avant jour. Le lendemain , elle revint à la même
le celui qui veut se faire aimer. Jean-Baptiste Porta
heure. Pendant qu’ils étaient ensemble, Charito détaille au long les surprenantes propriétés de
envoya une vieille servante dans la chambre de l’hippoinane; il est fâcheux qu’on n’ait jamais pu
Mâchâtes pour voir s’il ne lui manquait rien. le trouver tel qu’il le décrit, ni au front du pou-
Cette femme retourna bientôt éperdue vers sa lain naissant, ni ailleurs. Voy. Hippomane.
maîtresse et lui annonça que Philinnion était avec Les philtres sont en grand nombre et plus ri-
Mâchâtes. On la traita de visionnaire mais ; dicules les uns que les autres. Les anciens les
comme elle s’obstinait à soutenir ce qu'elle disait, connaissaient autant que nous, et chez eux on
quand le matin fut venu, Charito alla trouver son rejetait sur les charmes magiques les causes
hôte et lui demanda si la vieille ne l’avait point d’une passion violente, un amour dispropor-
trompée. Mâchâtes avoua qu’elle n'avait pas fait tionné, le rapprochement de deux cœurs entre
un mensonge raconta les circonstances de ce qui
, qui la fortune avait mis une barrière, ou que les
lui était arrivé, et montra le collier et l'anneau parents ne voulaient point unir.
d’or que la mère reconnut pour ceux de sa fille. 11 y a de certains toniques qui enflamment les
Cette vue réveilla la douleur de la perle qu'elle intestins, causent la démence ou la mort et in-

Digitized by Google
PHL — 528 — PHY
spirent une ardeur qu’on a prise pour de l’amour. écrites ou gravées comme de phylactères et pré-
mouches cantharides avalées dans
Telles sont les servatifs. L’Église a toujours condamné cet abus.
un breuvage. Un Lyonnais, voulant se faire ai- l’oy. Amulettes.
mer de sa femme qui le repoussait, lui lit avaler Phyllorhodomancie, divination par les feuilles
quatre de ces insectes pulvérisés dans un verre de roses. Les Grecs faisaient claquer sur la main
de vin du Rhône; il s'attendait à un succès, il une feuille de rose et jugaient par le son du suc-
fut veuf le lendemain. A ces moyens violents on cès de leurs vœux.
a donné le nom de philtres. Physiognomonie, art de juger les hommes
Rien n’est plus curieux, dit un contemporain, par les traits du visage, ou talent de connaître
que la superstition qui en Écosse préside aux l'intérieur de l'homme par son extérieur.
moyens employés pour l’amour ou
faire naître Celle science a eu plus d'ennemis que de par-
vaincre la résistance de l’objet aimé. Sir John tisans; elle ne parait pourtant ridicule que quand
Colquhoun avait épousé depuis peu de mois lady on veut la pousser trop loin. Tous les visages,
Lilia Graharn, fille aînée de Jean, quatrième toutes les formes, tous les êtres créés diffèrent
comte de Montrosc, lorsque lady Catherine, sa entre eux, non-seulement dans leurs classes,
belle-sœur, vint passer quelque temps chez lui. dans leurs genres, dans leurs espèces, mais aussi
Bientôt il en devint épris, et, pour vaincre l’in- dans leur individualité. Pourquoi celte diversité
différence qu'elle lui témoignait, il eut recours de formes ne serait-elle pas la conséquence de la
à un nécromancien habile qui composa un bou-,
diversité des caractères, ou pourquoi la diversité
quet formé de diamants, de rubis et de saphirs des caractères ne serait-elle pas liée à celte di-
montés en or, et le doua de la propriété de livrer versité de forme? Chaque passion, chaque sens,
à la personne qui le donnait le corps et l'âme de chaque qualité prend sa place dans le corps de
celle qui le recevait. Il parait que sir John fit un tout être créé; la colère enfle les muscles : les

usage immédiat de ce talisman. Los chroniques muscles cnllés sont donc un signe de colère?....
de cette époque disent qu’il partit avec lady Ca- Des yeux pleins de feu, un regard aussi prompt
therine pour Londres, après qu’il eut criminel- que l’éclair et un esprit vif et pénétrant se re-
lement abandonné sou épouse , cl qu'il fut obligé trouvent cent fois ensemble. Un œil ouvert et

d’y rester caché pour échapper à la sentence de serein se rencontre mille fois avec un cœurfranc
mort qui avait été prononcée contre lui dans sa et honnête. Pourquoi ne pas chercher à con-
patrie. naître les hommes
par leur physionomie? On
Mais on comprend très- bien l’effet sur une juge tous les jours le ciel sur sa physionomie. Un
femme mondaine cl vaniteuse d'un philtre com- marchand apprécie ce qu’il achète par son exté-
posé de riches diamants. rieur, par sa physionomie Tels sont les rai-
Phlégéton, neuve d'enfer qui roulait des tor- sonnements des physionomistes pour prouver la
rents de flamme et environnait de toutes paris la sûreté de leur science. Il est vrai, ajoutent-ils,
prison des méchants. On lui attribuait les quali- qu’on peut quelquefois s'y tromper; mais une
tés les plus nuisibles. Après un cours assez long exception ne doit pas nuire aux règles.
en sens contraire du Cocyte, il se jetait comme J’ai vu, dit Lavater, un criminel condamné à

lui dans l’Achérun. la roue pour avoir assassiné son bienfaiteur, et

Phooka, mauvais esprit qui parait en Irlande ce monstre avait le visage ouvert et gracieux
sous la forme d'un poulain sauvage, chargé do comme l'ange du Guide. 11 ne serait pas impos-
chaînes pendantes, ou sous l'apparence d'une sible de trouver aux galères des têtes de Régulus
vache farouche d'un oiseau de proie , d’un che-
, et des physionomies de vestales dans une maison
val maigre. Il parle; et son plus grand plaisir est de force. Cependant le physionomiste habile dis-
d’inquiéter les voyageurs égarés pendant la nuit. tinguera les traits, souvent presque impercep-
Phosphore. Voy. Lamees perpétuelles, Stra- tibles, qui annoncent le vice et la dégradation.
tagèmes, etc. Quoi qu'il eu soit de la physiognomonie, en
Phrénologie ou Crânologie, art ou science voici les principes, tantôt raisonnables, tantôt
qui donne les moyens de juger les hommes par forcés ; le lecteur saura choisir.
les protubérances du crâne, l'oy. Gall. La beauté morale est ordinairement ep harmo-
Phylactères, préservatifs. Les Juifs portaient nie avec la beauté physique. (Socrate et mille et
5 leursmanches et à leur bonnet des bandes de mille autres prouvent le contraire.) Beaucoup de
parchemin sur lesquelles étaient écrits des pas-
, personnes gagnent à mesure qu'on apprend à les
sages de la loi ce que Notre-Seigneur leur re-
; connaître quoiqu’elles vous aient déplu au pre-
,

proche dans saint Matthieu, chap. xxni. Leurs mier aspect. Il faut qu’il y ait entre elles et vous
descendants suivent la même pratique et se per- quelque point de dissonance, puisque, du pre-
suadent que ces bandes ou phylactères sont des mier abord, ce qui devait vous rapprocher ne
amulettes qui les préservent de tout danger, et vous a point frappé. Il faut aussi qu’il y ait entre
surtout qui les gardent contre l’esprit malin. vous quelque rapport secret, puisque plus vous
Des chrétiens ont fait usage aussi de paroles vous voyez, plus vous vous conveuez. Cepen-

Digitized by Google
PHV — 520 — PHV
dant faites attention au premier mouvement d'in- jusqu’à l’extrémité de l’os du menton. Plus ces
stinctque vous inspire une nouvelle liaison. Tout trois étages sont symétriques, plus on peut comp-
homme dont la figure, dont la bouche, dont la ter sur la justesse de l’esprit et sur la régularité
démarche dont l'écrilure est de travers, aura
, du caractère en général. Quand il s’agit d’un vi-
dans sa façon de penser, dans son caractère, sage dont l’organisation est extrêmement forte
dans ses procédés du louche de l’inconsé-
, , ou extrêmement délicate le caractère peut être
,

quence, de la partialité, du sophistique, de la apprécié plus facilement par le profil que par la
fausseté, de la ruse, du caprice, des contradic- face. Sans compter que le profil se prête moins
tions, de la fourberie, une imbécillité dure et des lignes plus vigou-
à la dissimulation ,
il offre
froide. Voy. Mimique, Écriture, etc. reusement prononcées, plus précises, plus sim-
La tête est la plus noble partie du corps hu- ples, plus pures; par conséquent la signification
main, le siège de l'esprit et des facultés intellec- en est aisée à saisir; au lieu que souvent les
tuelles. ( Le docteur Van Helmont plaçait les fa- lignes de la face en plein sont assez dilliciles à
cultés intellectuelles dans l'estomac.) "Une tête démêler.
qui est en proportion avec le reste du corps, qui Un beau profil suppose toujours l’analogie d’un
paraît telle au premier abord, qui n’est ni trop caractère distingué. Mais on trouve mille profils
grande ni trop petite, annonce un caractère d'es- qui, sans être beaux, peuvent admettre la supé-
prit plus parfait qu'on n'en oserait attendre d'une riorité du caractère. Un visage charnu annonce
tête disproportionnée. Trop volumineuse, elle une personne timide, enjouée, crédule et pré-
indique presque toujours la grossièreté trop pe- somptueuse. Un homme laborieux a souvent le
;

tite, elle est un signe de faiblesse. Quelque pro- visage maigre. Un visage qui sue à la moindre
portionnée que soit la tête au corps il faut encore agitation annonce un tempérament chaud, un
,

qu'elle ne soit ni trop arrondie ni trop allongée : esprit vain et grossier, un penchant à la gour-
mandise.
Les cheveux offrent des indices multipliés du
tempérament de l'homme, de son énergie, de sa
façon de sentir, et aussi de ses facultés spiri-
tuelles. Ils n’admellent pas la moindre dissimu-
lation; ils répondent à notre constitution phy-
sique comme les plantes et les fruits répondent
,

au terroir qui les produit. Je suis sûr, dit Lava-


|

ter, que par l’élasticité des cheveux on pourrait


I

juger de l’élasticité du caractère. Les cheveux


!

longs, plats, disgracieux u’annoncent rien que


'

d’ordinaire.

plus elle est régulière, et plus elle est parfaite.


On peut appeler bien organisée celle dont la hau-
teur perpendiculaire ,
prise depuis l’extrémité de V
l'occiput jusqu'à la pointe du nez, est égale à sa
largeur horizontale. Une tête trop longue an- Les chevelures d'un jaune doré, ou d'un blond
nonce un homme de peu de sens, vain, curieux, brun, qui reluisent doucement, qui
tirant sur le
envieux et crédule. La tête penchée vers la terre se roulent facilement et agréablement, sont les
est la marque d’un homme sage, constant dans chevelures nobles (en Suisse, patrie de Lavater).
scs entreprises. Une tête qui tourne île tous côtés Des cheveux noirs, plats, épais et gros dé-
annonce la présomption, la médiocrité, le men- notent peu d’esprit, mais de l'assiduité et de
songe, un esprit pervers, léger, et un jugement l’amour de l'ordre. Les cheveux blonds annon-
faible. cent généralement un tempérament délicat, san-
On peut
diviser le visage en trois parties, dont guin- flegmatique.Les cheveux roux caracté-
la première s’étend depuis le front jusqu’aux homme souverainement bon,
risent, dit-on, un
seconde depuis les sourcils jusqu'au
sourcils; la ou souverainement méchanL Les cheveux fins
bas du nez; la troisième depuis le bas du nez marquent la timidité; rudes, ils annoncent le
34

Digitized by Google
,

PHY — 5î PHY

gination, de l’esprit et de la délicatesse. Une


courage (Napoléon les avait fins, dit-on) : ce
perpendicularité complète, depuis les cheveux
signe caractéristique est du nombre de ceux qui
sont communs à l’homme et aux animaux. Parmi jusqu’aux sourcils, est le signe d’un manque
quadrupèdes, le cerf, le lièvre la brebis, qui total d'esprit. Une forme perpendiculaire, qui se
les ,

sont au rang des plus timides se distinguent par-


,

ticulièrement des autres par la douceur de leur


poil, tandis que la rudesse de celui du lion et
du sanglier répond au courage qui fait leur ca-
ractère.
Mais que dire du chat et du tigre, qui ont le

poil lin?

voûte insensiblement par le liant, annonce un


esprit capable de beaucoup de réflexion, un
penseur rassis et profond. Les fronts proémi-
nents appartiennent à des esprits faibles et bor-
nés et qui ne parviendront jamais à une certaine
maturité. Plus le front est allongé, plus l’esprit
est dépourvu d’énergie cl manque de ressort.
Plus est serré, court cl compacte, plus le ca-
En appliquant ces remarques à l'espèce hu- il

ractère est concentré, ferme et solide Pour


maine, les habitants du Nord sont ordinairement
très-courageux et ils ont la chevelure rude les
, ;

Orientaux sont beaucoup plus timides, et leurs


cheveux sont plus doux.
Les cheveux crépus marquent un homme de
dure conception. Ceux qui ont beaucoup de che-
veux sur les tempes et sur le front sont grossiers
et orgueilleux. Alexandre Dumas est crépu.
Une barbe fournie et bien rangée annonce un
homme d’un bon naturel et d’un tempérament
raisonnable. Celui qui a la barbe claire et mal
disposée tient plus du naturel et des inclinations
de la femme que de celles de l’homme. Si la cou-
leur de barbe diffère de celle des cheveux,
la
elle n’annonce rien de bon. De même, un con-
traste frappant entre la couleur de la chevelure
et la couleur des sourcils peut inspirer quelque
défiance
Le front, de toutes les parties du visage, est la
plus importante et la plus caractéristique. Les
fronts, vus de profil, peuvent se réduire à trois qu’un front soit heureux, parfailement beau et
classes générales. Ils sont ou penchés en arrière, d’une expression qui annonce à la fois la richesse
ou perpendiculaires ou proéminents. Les fronts du jugement et la noblesse du caractère, il doit
penchés en arrière indiquent en général de l’ima- se trouver dans la plus exacle proportion avec le

Google
pin — 531 — ph y
reste du visage. Exempt de toute espèce d’iné- anciens physionomistes y attachaient l’idée d'un
galités et de rides permanentes, il doit pourtani caractère sournois. La première de ces deux opi-
en être susceptible. Mais alors il ne se plissera nions est fausse, la seconde exagérée, car on
que dans les moments d’une méditation sérieuse, trouve souvent ces sortes de sourcils aux physio-
dans un mouvement de douleur ou d'indignation. nomies les plus honnêtes et las plus aimables.
Il doit reculer par le haut. La couleur de la peau Les sourcils minces sont une marque infaillible
doit en être plus claire que celle des autres par- de flegme et de faiblesse; ils diminuent la force
ties du visage. et la vivacité du caractère dans un homme éner-
Si l’os de l’œil est un peu saillant, c’est gique. Anguleux et entrecoupés, les sourcils dé-
le signe d'une aptitude singulière aux travaux de notent l'activité d'un esprit productif. Plus les
l'esprit,d’une sagacité extraordinaire pour les sourcils s'approchent des yeux, plus le caractère
grandes entreprises. Mais sans cet angle saillant, est sérieux ,
profond et solide. Une grande dis-
il
y a des têtes excellentes, qui n'en ont que tance de l’un à l'autre annonce une âme calme et
plus de solidité lorsque le bas du front s'affaisse, tranquille. Le mouvement des sourcils est d’une
comme un mur perpendiculaire, sur des sourcils expression infinie; il sert principalement à mar-
placés horizontalement, et qu’il s’arrondit et se quer les passions ignobles, l’orgueil, la colère,
voûte imperceptiblement des deux côtés ven- , , le dédain. Un homme lourcilleux est un être
tes tempes. Les fronts courts, ridés, noueux, méprisant et souventes fois méprisable.
irréguliers, enfoncés d’un côté, échancrés, ou C’est surtout dans les yeux, dit Buflon, que se
qui se plissent toujours différemment, ne sont peignent les images de nos secrètes agitations,
pas une bonne recommandation et ne doivent , et qu'on peut les reconnaître. L’œil appartient à
pas inspirer beaucoup de confiance. Les fronts l’âme plus qu'aucun autre organe; il semble
y
carrés, dont les marges latérales sont encore toucher et participer à tous scs mouvements; il
assez spacieuses, et dont de l’œil est en l’os en exprime les passions les plus vives et les
même temps bien solide, supposent un grand émotions les plus tumultueuses comme les sen-
,

fond de sagesse et de courage. Tous les physio- timents les plus délicats. Il les rend dans toute
nomistes s'accordent sur ce point. Un front très- leur force, dans toute leur pureté, tels qu’ils
osseux et garni de beaucoup de peau annonce un viennent de naître; il les transmet par des traits

naturel acariâtre et querelleur. Un front élevé, rapides. Les yeux bleus annoncent plus de fai-
avec un visage long et pointu vers le menton, blesse que les yeux bruns ou noirs. Ce n'est pas
est un signe de faiblesse. Des fronts allongés, qu’il n’y ait des gens très-énergiques avec des

avec une peau fortement tendue et très-unie, yeux bleus; mais, sur la totalité, les yeux bruns
sur lesquels on n’aperçoit, même à l’occasion sont l'indice plus ordinaire d'un esprit mâle; tout
d'une joie peu commune, aucun pli doucement comme le génie, proprement dit, s’associe pres-
animé, sont toujours l'indice d'un caractère que toujours des yeux d'un jaune tirant sur le
froid, soupçonneux caustique, opiniâtre, fâ-
,
brun. Les gens colères ont des yeux de diffé-
cheux, rempli de prétentions, rampant et vindi- rentes couleurs, rarement bleus, plus souvent
catif. Un front qui, du haut, penche en avant et bruni ou verdâtres. Les yeux de cette dernière
s'enfonce vers l’œil est, dans un homme fait, nuance sont en quelque sorte un signe distinctif
l'indiced'une imbécillité sans ressource, l’oy. Mé- de vivacité cl de courage. On ne voit presque ja-
TOPOSCOPIE. mais des yeux bleu clair à des personnes colères.
Au-dessous du front commence sa belle fron- Des yeux qui forment un angle allongé, aigu et
de paix dans sa dou-
tière, le sourcil, arc-en-ciel pointu vers le nez, appartiennent à des per-
ceur, arc tendu de la discorde lorsqu’il exprime sonnes ou très-judicieuses ou très-fines. Lors-
lecourroux. Des sourcils doucement arqués s’ac- que la paupière d'en haut décrit un plein cintre,
cordent avec la modestie et la simplicité. Placés c’est la marque d’un bon naturel et de beaucoup
en ligne droite et horizontalement, ils se rap- de délicatesse, quelquefois aussi d’un caractère
portent à un caractère tnàle et vigoureux. Lors- timide. Quand fa paupière se dessine presque
que leur forme est moitié horizontale et moitié horizontalement sur l'œil et coupe diamétrale-
courbée la force de l’esprit se trouve réunie à
, ment la prunelle, elle annonce souvent un homme
une bonté ingénue. très-adroit, très-rusé; mais il n'est pas dit pour
Des sourcils rudes et en désordre sont tou- cela que cette forme de l'œil détruise la droiture
jours le signe d’une vivacité intraitable: mais du cœur. Des yeux très-grands, d’un bleu fort
cette même confusion annonce un feu modéré, si clair, et vus de profil presque transparents, an-

le poil est fin. Lorsqu’ils sont épais et compactes, noncent toujours une conception facile, étendue,
que les poils sont coupés parallèlement, et pour mais en même temps un caractère extrêmement
ainsi dire tirés au cordeau, ils promettent un sensible, difllcile à manier, soupçonneux, jaloux,
jugement mftr et solide, un sens droit et rassis. susceptible de prévention. De petits yeux noirs,
Des sourcils qui se joignent passaient pour un étincelants, sous des sourcils noirs et touffus, qui
trait de beauté chez les Arabes, tandis que les paraissent s’enfoncer lorsqu'ils sourient maligne-
,,

pin — 532 — PHI


ment, annoncent de la ruse, des aperçus pro- dessous. Les gens fins et rusés ont coutume de
fonds, un esprit d'intrigue et de chicane. Si de tenir un oeil et quelquefois les dedx yeux à demi
pareils yeux ne sont pas accompagnés d’une fermés. C’est un signe de faiblesse. En effet, on
bouche moqueuse, ils désignent un esprit froid voit bien rarement un homme bien énergique qui
et pénétrant beaucoup de goût de l'élégance,
, ,
soit rusé : notre méfiance envers les autres naît
de la précision, plus de penchant à l'avarice qu'à du peu de conliance que nous avons en nous.
la générosité. Des yeux grands, ouverts, d’une Les anciens avaient raison d'appeler le nez
clarté transparente, et dont le feu brille avec une /loneslamenlum faciei. L'n beau nez ne s’associe
mobilité rapide dans les paupières parallèles, jamais avec un visage difforme. On peut être
peu larges et fortement dessinées, réunissent ces laid et avoir de lieaux yeux mais un nez régu- ;

caractères une pénétration vive, de l’élégance


: lier exige nécessairement une heureuse analogie

et du goût, un tempérament colère, de l’orgueil. des autres traits; aussi voit-on mille beaux yeux
Des yeux qui laissent voir la prunelle entière, contre un seul nez parfait en beauté, et là où il
et sous la prunelle encore plus ou moins de blanc, se trouve il suppose toujours un caractère dis-
,

sont dans un état de tension (gui n’est pas natu- tingué : Non cuiquam dalum est habere nasum.
rel, ou n’apg>artiennent qu’à des hommes in- Voici, d'après les physionomistes, ce qu’il
quiets, passionnés, à moitié fous, jamais à des faut pour la conformation d’un nez parfaitement
hommes d’un jugement sain, mûr, précis, et qui beau sa longueur doit être égale à celle du
:

méritent confiance. Certains yeux sont très-ou- front il doit y avoir une légère cavité auprès de
;

verts, très-luisants,avec des physionomies sa racine. Vue par-devant, l'épine du nez doit
fades; annoncent de l'entêtement, de la bê-
ils être large et presque parallèle des deux côtés;
tise unie à des prétentions. mais il faut que cette largeur soit un peu plus
Les gens soupçonneux, emportés, violents, sensible vers le milieu. Le bout ou la pomme du
ont souvent les yeux enfoncés dans la tête et la nez ne sera ni dure ni charnue. De face il faut ,

vue longue cl étendue. Le fou, l’étourdi, ont que les ailes du nez se présentent distinctement
et que les narines se raccourcissent agréable-
ment au-dessous. Dans le profil le bas du nez ,

n’aura d'étendue qu'un tiers de sa hauteur. Vers


le haut, il joindra de près l’arc de l’os de l’œil
et sa largeur, du côté de l’œil, doit être au moins
d’un demi-pouce, l’n nez qui rassemble toutes
ces perfections exprime tout ce qui |ieut s’expri-
mer. Cependant nombre de gens du plus grand
mérite ont le nez difforme; mais il faut diffé-
; roncier aussi l’espèce de mérite qui les distingue.
Un petit nez, échancré en prolil, n’empêche pas
d’être honnête et judicieux, mais ne donne point
le génie. Des nez qui se courbent au haut de la
racine conviennent à des caractères impérieux
appelés à commander, à opérer de grandes
choses , fermes dans leurs projets et ardents à
les poursuivre. Les nez perpendiculaires (c’est-
à-dire qui approchent de cette forme, car, dans
toutes scs productions, la nature abhorre les
lignes complètement droites) tiennent le milieu
entre les nez échancrés et les nez arqués ; ils

supposent une âme qui sait agir et souffrir tran-


quiUemesit et avec énergie. Un nez dont l'épine
est large, n’importe qu’il soit droit ou courbé,
annonce toujours des facultés supérieures. Mais
celte forme est très-rare. La narine petite est le
signe certain d'un esprit timide, incapable de
hasarder la moindre entreprise. Lorsque les ailes
du nez sont bien dégagées, bien mobiles, elles
dénotent une grande délicatesse de sentiment,
qui peut dégénérer en sensualité. Où vous ne

Olitier Ir Daim.
trouverez pas une petite inclinaison , une espèce
d’enfoncement dans le passage du front au nez,
souvent les yeux hors de la tête. Le fourbe a, en à moins que le nez ne soit fortement recourbé,
parlant, les paupières penchées et le regard en n’espérez pas découvrir le moindre caractère de

'igitized by Google
PHY — 533 — PHY
grandeur. Les hommes dont le nez penche ex- n'admet pas le moindre déguisement; elle a ses
trêmement vers la bouche ne sont jamais ni vrai- convenances et une analogie particulière avec
ment bons, ni vraiment gais, ni grands, ni l'individu auquel elle appartient. Quand le bout du
nobles leur pensée s'attache toujours aux choses
: l'oreille est dégagé , c’est un bon augure pour
de la terre; ils sont réservés, froids, insensibles, les facultés intellectuelles. Les oreilles larges et
peu communicatifs; ils ont ordinairement l'esprit dépliées annoncent l'effronterie la vanité
, la ,

malin; ils sont hypocondres ou mélancoliques. faiblesse du jugement. Les oreilles grandes et
Les peuples tariares ont généralement le nez grosses marquent un homme simple, grossier,
plat et enfoncé; les nègres d’Afrique l’ont ca- stupide. Les oreilles petites dénotent la timidité.
mard les Juifs, pour la plupart, aquilin les
; ;
Les oreilles trop repliées et entourées d'un
Anglais, cartilagineux et rarement pointu. S’il bourrelet mal dessiné n’annoncent rien de bon
faut en juger par les tableaux et les portraits, les quant à l’esprit et aux talents.
beaux nez ne sont pas communs parmi les Hol- Une oreille moyenne, d'un contour bien ar-
landais. Chez les Italiens, au contraire, ce trait rondi, ni trop épaisse, ni excessivement mince.
est distinctif. Enfin , il est absolument caractéris-
tique pour les hommes célèbres de la France et
de la lielgique.

Des juues charnues indiquent l’humidité du ne se trouve guère que chez des personnes spi-
tempérament. Maigres et rétrécies, elles an- rituelles, judicieuses, sages et distinguées.
noncent la sécheresse des humeurs. Le chagrin La bouche est l’interprète de l’esprit et du
les creuse la rudesse et la bètissc leur impriment
; cœur; elle réunit, dans son état de repos et
des sillons grossiers; la sagesse, l’expérience et dans la variété infinie de ses mouvements, un

la finesse d'esprit les entrecoupentde traces lé- monde de caractères. Klle est éloquente jusque
gères et doucement ondulées. Certains enfonce- dans son silence. On remarque un parfait rap-
ments, plus ou moins triangulaires, qui se re- port entre les lèvres et le naturel. Qu’elles soient
marquent quelquefois dans les joues, sont le fermes, qu’elles soient molles et mobiles, le ca-
signe infaillible de l'envie ou de la jalousie. Une ractère est toujours d'une trompe analogue. De
joue naturellement gracieuse, agitée par un doux grosses lèvres bien prononcées et bien propor-
tressaillement qui la relève vers les yeux, est le tionnées, qui présentent des deux côtés la ligne
garant d’un cœur sensible. Si, sur la joue qui du milieu également bien serpentée et facile h
sourit, on voit se former trois lignes parallèles reproduire au dessin de telles lèvres sont in-
,

et circulaires, comptez dans ce caractère sur un compatibles avec la bassesse, elles répugnent
fond de folie. aussi à la fausseté et à la méchanceté. La lèvre
L’oreille , aussi bien que les autres parties du supérieure caractérise le goût. L’orgueil et la co-
corps humain, a sa signification déterminée; elle lère la courbent; la finesse l'aiguise; lu bonté

Digitized by Google
,

PHV — 534 — PH Y

l’arrondit; le libertinage l’énerve et la flétrit. est toujours peureuse, timide à l’excès, d'une
L’usage de la lèvre inférieure est de lui servir de vanité puérile, et s'énonce avec difficulté. S’il se
support. joint à cette bouche de grands yeux saillants.
Une bouche resserrée, dont la fente court en
ligne droite, et oit le bord des lèvres ne parait
pas est l'indice certain du sang-froid d’un es-
, ,

pritappliqué, de l’exactitude et de la propreté,


mais aussi de la sécheresse de cœur. Si elle re-
monte en même temps aux deux extrémités, elle
suppose un fond d'alfectation et de vanité. Des
lèvres rognées inclinent à la timidité et à l'ava-
rice. Une lèvre de dessus qui déborde un peu
est la marque distinctive de la bonté; non qu’on
puisse refuser absolument cette qualité à la lèvre
d'en bas qui avance mais, dans ce cas, on doit
;

bonho-
s'attendre plutôt à une froide et sincère
mie qu’au sentiment d'une vive tendresse. Une
lèvre inférieure qui se creuse au milieu n’ap-
partient qu’aux esprits enjoués. Regardez atten-
tivement un homme gai dans le moment où il va
produire une saillie , le centre de sa lèvre ne
manquera jamais de se baisser et de se creuser
un peu.
Une bouche bien close, si toutefois elle n’est
pas affectée et pointue, annonce le courage;
et dans les occasions où il s’agit' d'en faire
preuve, les personnes mêmes qui ont l’habi-
tude de tenir bouche ouverte la ferment ordi-
la

nairement. Une bouche béante est plaintive; une


bouche fermée souffre avec patience, dit le Brun,
dans son Traité des panions et c’est la partie
qui, de tout le visage, marque le plus particu-
lièrement les mouvements du cœur. Lorsqu'il se
plaint, la bouche s'abaisse par les côtés; lorsqu’il
est content, les coins de la bouche s’élèvent en
haut; lorsqu'il a de l’aversion, la bouche se
pousse en avant et s’élève par le milieu. Toute
bouche qui a deux fois la largeur de l’œil est la troubles, un menton osseux, oblong, et surtout
bouche d’un sot; j’entends la largeur de l'œil si la bouche se tient habituellement ouverte.
prise de son extrémité vers le nez jusqu’au bout
intérieur de son orbite les deux largeurs mesu-
,

rées sur le môme plan. Si la lèvre inférieure,


avec les dents, dépasse horizontalement la moitié
de la largeur de la bouche vue de profil, comptez,
suivant l’indication des autres nuances de phy-
sionomie, sur un de ces quatre caractères isolés,
ou sur tous les quatre réunis, bêtise, rudesse,
avarice, malignité. De trop grandes lèvres,
quoique bien proportionnées, annoncent toujours
un homme peu délicat, sordide ou sensuel, quel-
quefois même un homme stupide ou méchant.
Une bouche, pour ainsi dire, sans lèvres, dont
la ligne du milieu est fortement tracée, qui se

retire vers le haut, aux deux extrémités, et dont


la lèvre supérieure, vue de profil depuis le nez,

parait arquée; une pareille bouche ne se voit


guère qu’à des avares rusés, actifs, industrieux, soyez encore plus sur de l'imbécillité d'une pa-
froids, durs, flatteurs et polis, mais atterrants reille tête.
dans leurs refus. Une petite bouche, étroite, Les dents petites et courtes sont regardées,
sous de petites narines, et un front elliptique, par les anciens physionomistes, comme le signe

Digitized by Google
PHY — 5S5 — PHY
d'une constitution faible. De longues dents sont I
jours soupçonner quelque côté faible. Les men-
un indice de timidité. Les dents blanches, pro- tons de seconde classe inspirent la confiance.
la
pres et bien rangées, qui, au moment où la bouche Ceux de la troisième dénotent un esprit actif
s'ouvre ,
paraissent s’avancer sans déborder , et et délié, pourvu qu’ils ne fassent pas anse, car
cette forme exagérée conduit ordinairement à
la pusillanimité et à l'avarice. Une forte incision
au milieu du menton semble indiquer un homme
judicieux ,
rassis et résolu, à moins que ce trait
ne soit démenti par d’autres traits contradictoires
Un menton pointu passe ordinairement pour le
signe de la ruse. Cependant on trouve cette forme
chez les personnes les plus honnêtes; la ruse
n’est alors qu'une bonté raflinée.
Cet entre-deux de la tête et de la poitrine, qui
tient de l’une et de l’autre, est significatif comme
tout ce qui a rapport à l’homme. Nous connais-
sons certaines espèces de goitres qui sont le signe
infaillible de la stupidité, tandis qu’un cou bien
proportionné est une recommandation irrécusable
pour la solidité du caractère. Le cou long et la
tête haute sont quelquefois le signe de l’orgueil
et de la vanité. Un cou raisonnablement épais et

qui ne se montrent pas toujours entièrement à


découvert, annoncent dans l’homme fait un esprit
doux et poli , un cœur bon et honnête. Ce n’est
pas qu'on ne puisse avoir un caractère très-es-
timable avec des dents gâtées, laides ou inégales;
mais ce dérangement physique provient, la plu-
part du temps, de maladie ou de quelque mé-
lange d’imperfection morale. Celui qui a les dents
inégales est envieux. Les dents grosses, larges et
fortes sont la marque d'un tempérament fort,
et promettent une longue vie, si l’on en croit
Aristote.
Pour être en belle proportion, dit Herder, le
menton ne doit être ni pointu, ni creux, mais
uni. Un menton avancé annonce toujours quelque

chose de positif, au que la signification du


lieu
menton reculé Souvent le
est toujours négative.
caractère de l’énergie ou de la non-énergie de

l'individu se manifesteuniquement par le menton.


11 y a trois principales sortes de mentons les :

mentons qui reculent, ceux qui, dans le profil,


sont en perpendicularité avec la lèvre inférieure, un peu court ne s’associe guère à la tête d’un fat
et ceux qui débordent la lèvre d'en bas, ou, en ou d'un sot. Ceux qui ont le cou mince, délicat
d'autres termes, les mentons pointus. Le menton et allongé sont timides comme le cerf, au senti-
reculé, qu’on pourrait appeler hardiment le men- ment d’Aristote, et ceux qui ont le cou épais et
ton féminin, puisqu’on le retrouve presque à court ont de l’analogie avec le taureau irrité. Mais
toutes les personnes de l'autre sexe, fait lou- les analogies sont fausses pour la plupart, dit

Digitized by Google
, ,

PHY — 536 — PHY

Lavater et jetées sur le papier sans que l’esprit Le singe , le cheval et l’éléphant sont les ani-
,

d’observation les ait dictées. maux qui ressemblent le plus à l’espèce humaine,
dissemblance par le contour de leurs profils et de leur face.
Il
y a autant de diversité et de
entre les formes des mains qu’il y en a entre les Les plus belles ressemblances sont celles du che-
physionomies. Deux visages parfaitement ressem- val, du liun, du chien, de l’éléphant et de l'aigle.

blants n’existent nulle part de même vous ne ;


Ceux qui ressemblent au singe sont habiles, ac-
rencontrerez pas chez deux personnes différentes tifs, adroits, rusés, malins , avares et quelquefois

deux mains qui se ressemblent. méchants. La ressemblance du cheval donne le


Chaque main, dans son état naturel, c'est-à- courage et la noblesse de l'àme. Un front comme
celui de l'éléphant annonce la prudence et l’é-
dire abstraction faite des accidents extraordi-
naires se trouve en parfaite analogie avec les nergie. Un homme qui par le nez et le front
,

corps dont elle fait partie. Les os, les nerfs, les ressemblerait au profil du lion ne serait certai-

muscles , le sang et la peau de la main ne sont nement pas un homme ordinaire (la face du lion
que conlinualion des os, des nerfs, des mus-
la
porte l'empreinte de l’énergie, du calme et de la

cles, du sang et de la peau du reste du corps. Le force); mais il est bien rare que ce caractère

même sang circule dans le cœur , dans la tête et puisse se trouver en plein sur une face humaine.

dans la main. La main contribue donc, pour sa


part, à faire connaître le caractère de l'individu ;

elle est, aussi bien que les autres membres du


corps, un objet de physiognomonie, objet d'au-
tant plus significatif et d'autant plus frappant, que
la main ne peut pas dissimuler et que sa mobilité
la trahit à chaque instant. Sa position la plus
tranquille indique nos dispositions naturelles; ses
flexions, nos actions etnos passions. Dans tous
ses mouvements, elle suit l’impulsion que lui
donne le reste du corps, l'oy. Main.
Tout le monde sait que des épaules larges, qui
descendent insensiblement et qui ne remontent
pas en pointe sont un signe de santé et de force.
Des épaules de travers influent ordinairement
aussi sur la délicatesse de la complexion; mais
on dirait qu’elles favorisent la finesse et l’activité
de l’esprit, l’amour de l'exactitude et de l'ordre.
Luc poitrine large et carrée, ni trop convexe, ni
trop concave, suppose toujours des épaules bien
constituées et fournit les mêmes indices. Une
poitrine plate, et pour ainsi dire creuse, dénote
la faiblessedu tempérament. Uu ventre gros et
proéminent incline bien plus à la sensualité et à
la paresse qu’un ventre plat et rétréci.

On doit attendre plus d’énergie et d’activité,


plus de flexibilité d’esprit et de finesse, d’un tem-
pérament sec que d'un corps surchargé d’em-
bonpoint. Il se trouve cependant des gens d’une La ressemblance du chien annonce la fidélité, la

qui sont excessivement lents et pa-


taille effilée droiture et un grand appétit
1
; celle du loup, qui
resseux mais alors le caractère de leur indolence
;
en diffère si peu, dénote un homme violent, dur,

reparaît dans le bas du visage. Les gens d’un lâche, féroce, passionné, traître et sanguinaire ;

celle du renard indique la petitesse, la faiblesse,


mérite supérieur ont ordinairement les cuisses
maigres. Les pieds plats s’associent rarement avec la ruse et la violence. La ligne qui partage le

museau de l'hyène porte le caractère d'une du-


le génie.
Quoiqu’il n’y ait aucune ressemblance propre- reté inexorable. La ressemblance du tigre an-
ment dite entre l'homme et les animaux selon ,
nonce une férocité gloutonne. Dans les yeux et
la remarque d'Aristote, il peut arriver néanmoins
lemulle du tigre, quelle expression de perfidie!
que certains traits du visage humain nous rap- La ligne que forme la bouche du lynx et du tigre
pellent l'idée de quelque animal. est l’expression de la cruauté. Le chat hypo- ;

dans crisie attention et friandise. Les chats sont des


Porta a été plus loin ,
puisqu’il a trouvé ,

chaque figure humaine la ou


figure d'un animal tigres en petit, apprivoisés par une éducation

d’un oiseau, et qu'il juge les hommes par le na- 1


Dans la Phijsioqnomonie de Porta Platon res-
turel de l’animal dont ils simulent un peu les traits. semble à un chien do chasse.

y Googl
,

PHY — 537 — PHY


domestique. La ressemblance de l’ours indique parce que son naturel est affreux, que son visage
la fureur, le pouvoir de déchirer, une humeur l’annonce et que le signe en est certain, im-
misanthrope * celle du sanglier ou du cochon
; muable, la physiognomonie sera une scienco
annonce un naturel lourd vorace et brutal. Le
, abominable -qui établit le fatalisme.
blaireau est ignoble, méfiant et glouton. Le boeuf On a vu des gens assez, infatués de cette science
est patient, opiniâtre, pesant, d’un appétit gros- pour se donner les défauts que leur visage por-
sier. La ligne que forme la bouche de la vache tait nécessairement, et devenir vicieux, en quelque

et du bœuf est l'expression de l’insouciance , de sorte, parce que la fatalité de leur physionomie
la stupidité etde l’entêtement. Le cerf et la bi- les y condamnait, semblables à ceux-là qui aban-

che : timidité craintive, agilité, attention, douce donnaient la vertu parce que la fatalité de leur
et paisible innocence. La ressemblance de l'aigle étoile lesempêchait d'étre vertueux.
annonce une force victorieuse ; son œil étince- Les pensées suivantes, publiées parle Journal
lant a tout le feu de l'éclair. Le vautour a plus de santé, sont extraites d’un petit Traité de la
de souplesse, et en même temps quelque chose physiognomonie par M. Bourdon :
de moins noble. Le hibou est plus faible, plus « La douleur physique, les souffrances, don-
timide que le vautour. Le perroquet : affectation nent souvent à la physionomie une expression
de force, aigreur et babil, etc. Toutes ces sortes analogue à celle du génie. J'ai vu une femme du
de ressemblances varient à l’infini, mais elles peuple, affectée d'un cancer, qui ressemblait par-
sont difficiles à trouver. faitement à madame de Staël quant à l'expression
Tels sont les principes de la physiognomonie, profonde de la physionomie. Je dis la même chose
d’après Aristote, Albert le Grand, Porta, etc., des passions contrariées, des violents chagrins,
mais principalement d’après Lavaler, qui a le des fatigues de l’esprit et de l’abus des jouis-
plus écrit sur cette matière et qui du moins a , sances : tout ce qui remue vivement notre âme,
mis quelquefois un grain de bon sens dans ses tout ce qui porte coup à la sensibilité, a des ef-
essais. Il parle avec sagesse lorsqu’il traite des fets à peu près semblables sur la figure.
mouvements du corps et du visage ,
des gestes > Une grosse tête annonce de l’imagination par

et des parties mobiles qui expriment, sur la figure instants, de la pesanteur par habitude, de l’en-
de l’homme, ce qu’il sent intérieurement et au thousiasme par éclairs, beaucoup de volonté et
moment où il le sent. Mais combien il extravaguc souvent du génie. Un front étroit indique de la
aussi lorsqu’il veut décidément trouver du génie vivacité un front rond de la colère.
;

dans la main Il juge les femmes avec une injus-


! > Chaque homme a beaucoup de peine à se faire

tice extrême. une juste idée de ses propres traits; les femmes
Tant que physiognomonie apprendra à
la elles-mêmes n’y parviennent que très-dillicile-
l'homme à connaître la dignité de l'être que Dieu ment. Cela vient de ce qu’on ne peut voir les mou-
lui a donné celte science , quoique en grande
,
vements des yeux, par qui la physionomie reçoit
partie hasardeuse, méritera pourtant quelques sa principale expression.
éloges, puisqu'elle aura un but utile et louable. » On peut, jusqu’à un certain point, juger de la

Mais lorsqu’elle dira qu’une personne constituée respiraliou d'une personne d'après son style,
de telle sorte est vicieuse de sa nature qu'il faut ; d'aprèsla coupe de ses phrases et sa ponctuation.

la fuir et s’en défier; que, quoique celte personne Assurément J. J. Rousseau ne ponctuait pas
présente un extérieur séduisant et un air plein de comme Voltaire, ni Bossuet comme Kénelon.

bonté et de candeur, il faut toujours l’éviter, Quand je dis qu'on peut à l'aide du style ap-
précier la respiration d’un individu, c’est dire
Beaucoup d'écrivains se sont exercés dans ces
1

données. M. Alexis Dumesnil, dans ses Mœurs poli- qu'on peut aussi juger des passions qui l’agitent,
tiques, divise les hommes en deux espèces sociales, de l’émotion qu'il éprouve; car les vives pen-
l’espèce conservatrice et l'espèce destructive. Le mot
sées ont pour effet de remuer le cœur, et les
n'est pas correct. Pour être conséquent on langage,
palpitations du cœur accélèrent la respiration et
l’auteur aurait dù dire l’espèce destructrice. Destruc-
:

tif non plus no s’appliqoe pas rigoureusement aux rendent la voix tremblante. Voilà d’où vient le
êtres animés; et nous le sommes, nous que M. Du- pouvoir qu’une voix émue est toujours sûre
œesnil détracteur du présent juge en dernier res-
, ,
d’exercer sur nous : elle attire l'attention elle
,
sort espèce destructive. Ge sont les anciens qui con-
servaient, si on veut l'en croire, eux qui n’ont cessé
indique un orateur ou inspiré, ou timide, ou
de saccager et de renverser. Il va plus loin ; il pré- consciencieux. Les orateurs froids et médiocres
tend qu'on peut reconnaître par la mimique et la simulent cette émotion vraie, qui vient du cœur,
physiognomonie les individus destructifs. « L'espèce à l'aide de l'agitation oscillatoire et saccadée des
destructive, dit-il, a sa forme de tète particulière,
courte ordinairement et étroite du haut, quelquefois bras.
même terminée en pain de sucre, mais toujours re- » La même émotion morale qui hâte la respira-
marquable [wir un très-grand développement du frêne tion, qui fait palpiter le cœur et rend la voix
vers les oreilles; ce qui lui donne (“apparence d'une
tremblante, rend de même tous les mouvements
poire, » Voilà qui passe la plaisanterie; une tète au
contraire qui a la tournure d'un pain de sucre ren- du corps vacillants et incertains ,
tant que dure
versé ou d'un navet dénote l’espèce conservatrice l'inspiration morale , et quelquefois même long-

ogk
PH Y — 538 — PIC

temps après que l'agitation de l’esprit a cessé. à quelle place et à quels emplois chacun d'eux
Voilà pourquoi l’écriture de nos grands écrivains pouvait être propre, que ce prince ne se déter-
est généralement si illisible ; et comme il est écrit minait , soit en bien soit en mal sur les choix
, ,

que toujours l’incapacité singera jusqu’aux dé- qu'il avait à faire qu’après avoir consulté ce sin-
fauts inséparables du vrai mérite, voilà pourquoi gulier oracle. « Si je meurs avant Sa Majesté,
beaucoup d’hommes médiocres se sont crus en- disait Lachambre elle court grand risque de
,

gagés d’honneur à graver en caractères indé- faire à l'avenir beaucoup de mauvais choix. » La-

chiffrables les stériles pensées qu’une verve en- chambre mourut en effet avant le roi, et sa pré-
gourdie leur suggérait. diction parut plus d’une fois justifiée. Ce mé- —
» L'extrême laideur est presque toujours un decin a laissé des ouvrages dont le genre dénote
signe d’esclavage, de souffrances morales ou de assez le penchant qu’il avait à étudier les phy-
durs travaux. Il est certain que l’oisiveté, qu'une sionomies. l'oy. Mimique.
douce incurie sont favorables à la beauté corpo- Piaces, prêtres magiciens de l’ile d'iiispaniola,
relle il y avait donc plus de vrai qu'on ne pense
: au moment de la conquête ou découverte de cette
dans ce titre de gentilhomme dont on gratifiait lie.On voit dans Y Hit loire des Indes de Kerdi-
jadis tout heureux fainéant. nand d'Oviédo, ami de Christophe Colomb, des
»;ll n’est pasd’homme peut-être qui ne consentit faitsqui établissent sérieusement l’intervention
très-volontiers à échanger, à son choix et selon des démons dans les paroles des piaces qui ré-
son goût, quelque de sa physionomie, une
trait vélaient exactement ce qui se faisait au loin ; à
partie quelconque de son corps. On n’est jamais moins que ce ne fût du magnétisme.
aussi complètement satisfait de sa figure que de Piaches, prêtres idolâtres de la côte de Cu-
son esprit. Jugez combien la perfection corporelle mana, aussi en Amérique. Pour être admis dans
doit être rare chez les peuples actuels de l'Eu- leur ordre, il fallait passer par une espèce de
rope, puisque la Vénus de Tornwaldscn lui a né- noviciat qui consistait à errer deux ans dans les
cessité trente différents modèles J'observe tou- ! forêts. Ils persuadaient au peuple qu’ils rece-

tefois que la démoralisation des villes capitulas, vaient là des instructions de certains esprits en
mais surtout les bienfaits récents de la vaccine, forme humaine. Ils disaient que le soleil et la
sont descausesqui doivent puissamment seconder lune étaient le mari et la femme. Pendant les
le génie des peintres et des sculpteurs de nos éclipses, les femmes se tiraient du sang et s’é-
jours. gratignaient les bras; elles croyaient la lune en
> Un homme qui a le malheur de loucher doit querelle avec son mari.
se montrer beaucoup plus réservé qu’un autre Ces piaches, qui ressemblent aux piaces
dans ses actions et ses discours; car la malignité d'Hispaniola donnaient un talisman en forme
,

humaine est naturellement disposée à augurer de X comme préservatif contre les fantômes. Ils
mal de la symétrie de tout édifice dont les issues disaient que les échos sont les voix des trépassés.
sont désordonnées. Picard (Mathurin), direeleurd’un couvent de
» De profondes rides aux côtés de la bouche font Louviers, qui fut accusé d’être sorcier et d’avoir
conjecturer qu’on est ou moqueur, ou naturelle- conduit au sabbat Madeleine Bavent, tourière de
ment gai ou soumis aux caprices d’un maître
, ce couvent. Comme il était mort lorsqu’on arrêta
mauvais plaisant. Madeleine, et qu'on lui fit son procès où il fut
,

« Le rire (je ne parle pas du sourire) est un ca- condamné ainsi qu’elle, son corps fut délivré à
ractère d’ineptie plutôt que d’intelligence les : l’exécuteur des sentences criminelles, traîné sur
hommes supérieurs sont généralement graves. des claies par les rues et lieux publics, puis con-
L’habitude des grandes pensées rend presque tou- duit en la place du Vieux -Marché là brûlé et les ;

jours indifférent aux petites choses qui sont en cendres jetées au vent; 1647.
possession d’exciter le rire. Picatrix, médecin ou charlatan arabe, qui
» Plus sont profondes celles des rides qui dé- vivait en Espagne vers le treizième siècle. Il se
pendent des muscles, et plus il est permis de livra de bonne heure à l’astrologie, cl se rendit
croire à une longue vie, à une santé durable. En si recommandable dans cette science, que ses
effet, l’énergie des muscles indique toujours une parmi les amateurs des
écrits devinrent célèbres
heureuse organisation, des fonctions régulières. sciences occultes. On dit qu’Agrippa ,
étant allé
Voilà sur quel principe vrai l’art de la chiromancie en Espagne eut connaissance de ses ouvrages
,

est fondé : s’il ne conduit si souvent qu’à des et y prit beaucoup d’idées creuses, notamment
mensonges , cela vient de ce qu’on lui fait dire dans que Picatrix avait laissé De la phi-
le traité

autre chose que ce qu’il dit en effet... n losophie occulte.


Terminons ce long article par une anecdote : Pic de la Mirandole (Jean), l'un des hom-
Louis XI Vêtait si persuadé du talent que Lacham- mes les plus célèbres par la précocité et l’éten-
bre, médecin et académicien français, s'attribuait due de l'étude, né le 24 février 1463. 11 avait
de juger, sur la seule physionomie des gens, quel une mémoire prodigieuse et un esprit très-péné-
était non-seulement leur caractère mais encore , trant. Cependant un imposteur l’abusa en lui

'igitize
,

PIC — 539 — PIE

faisant voir soixante manuscrits qu'il assurait M. Berbiguier dit que la pie voleuse, dont on a
avoir été composés par l’ordre d'Esdras, et qui fait un mélodrame était un farfadet.
,

ne contenaient que les plus ridicules rêveries


cabalistiques. L’obstination qu'il mil à les lire
lui fit perdre un temps plus précieux que l’ar-

gent qu’il en avait donné et le remplit d'idées


chimériques dont il ne fut jamais entièrement
désabusé. Il mourut en 11(94. On a recueilli de
ses ouvrages des Conclusions philosophiques de
cabale et de théologie, Rome, Sill>ert, in-folio
extrêmement rare c'est là le seul mérite de ce
;

livre. Car, de l’aveu même de Tiraboschi on ne ,


Pied. Les Romains distingués avaient dans
peut que gémir en le parcourant de voir qu’un leur vestibule un esclave qui avertissait les visi-
,

si beau génie, un esprit si étendu et si laborieux,


teurs d’entrer du pied droit. On tenait à mauvais

se soit occupé de questions si frivoles. Ou a dit augure d’entrer du pied gauche chez les dieux
qu’il avait un démon familier. et chez les grands. On entrait du pied gauche

Pichacha, nom collectif des esprits follets lorsqu'on était dans le deuil ou dans le chagrin '.

chez les Indiens. Les anciens avaient pour règle de religion de


Picollus, démon révéré par les anciens habi- construire en nombre impair les degrés des

tants de la Prusse, qui lui consacraient la tête temples ; d'où il résultait qu’après les avoir
montés, un entrait nécessairement dans l'édifice
auquel ces degrés conduisaient parle pied droit;
ce que les païens regardaient comme un point
essentiel et d’un augure aussi favorable que le
contraire eût été funeste.
Pied fourchu. Le diable a toujours un pied
fourchu quand il se montre en forme d’homme.
Pierre à souhaits, l'oy. Aselle.
Pierre d'aigle ainsi nommée parce qu'on a
,

supposé qu’elle se trouvait dans les nids d’aigle.


l’oy. Aétite, et à leur nom les autres pierres
précieuses, l 'oy. aussi Rbgneii et Sakhbat.
Pierre du diable. y a dans la vallée de
Il

Schellenen , en Suisse, des fragments de rocher


de beau granit, qu’on appelle la pierre du diable.
Dans un démêlé qu’il y eut entre les gens du
pays et le diable, celui-ci les apporta là pour ren-
verser un ouvrage qu’il avait eu quelque temps
.

auparavant, la complaisance de leur construire.


Pierre philosophale. On regarde la pierre
d’un homme mort et brûlaient du suif en son
honneur. Ce démon se faisait voir aux derniers
philosophale comme une chimère. Un mépris si
mal raisonné, disent les philosophes hermétiques,
jours des personnages importants. Si on ne l'a-
est un effet du juste jugement de Dieu, qui ne
paisait pas , il se présentait une seconde fois et ;

permet pas qu’un secret si précieux soit connu


lorsqu'on lui donnait la peine de paraître une
des méchants et des ignorants. La science de la
troisième, on ne pouvait plus l’adoucir que par
pierre philosophale ou la philosophie hermétique
l'effusion du sang humain.
fait partie de la cabale, et ne s’enseigne que de
Lorsque Picollus était content, on l'entendait
rire dans son temple; car il avait un temple.
bouche à bouche. —
Les alchimistes donnent une
foule de noms à la pierre philosophale : c’est ta
Pie, oiseau de mauvais augure. En Bretagne
filledu grand secret; le soleil est son père, la
les tailleurs sont les entremetteurs des mariages;
lune est sa mire, le vent l'a portée dans son ven-
ils se font nommer, dans cette fonction bas- ,
tre, etc.
vanals; ces basvanals, pour réussir dans leurs
Le secret plus ou moins chimérique de faire
demandes, portent un bas rouge et un bas bleu,
de l’or a été en vogue parmi les Chinois long-
et ils rentrent chez eux s’ils voient une pie, qu'ils
temps avant qu'on n’en eût les premières notions
regardent comme un funeste présage *.
en Europe. Ils parlent dans leurs livres, en ter-
Plusieurs vieilles sorcières ont eu leur démon
mes magiques, de la semence d'or et de la pou-
familier en forme de pie ou de corbeau. Les pies
dre de projection. Ils promettent de tirer de leurs
sont le symbole des caquetages.
creusets non -seulement de l’or, mais encore un
1
Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 47. 1
M. Xisurd, Staee.

Digitized by Google
, , ,,

PIF. — 5'|0 — PIE

remède spécifique et universel qui procure à ceux il faut de l’or, du plomb, du fer, de l’antimoine,

qui le prennent une espèce d’immortalité. du vitriol, du sublimé, de l’arsenic, du tartre,


Zosime, qui vivait au commencement du cin- du mercure, de la terre et de l’air, auxquels on
quième siècle, est un des premiers parmi nous joint un œuf de coq, du crachat, de l'urine et
qui aient écrit sur l’art de faire de l’or et de l’ar- des excréments humains. Aussi un philosophe a
gent , ou la manière de fabriquer la pierre philo- dit avec raison que la pierre philosophale était
sophale. Celte pierre est une poudre ou une une salade, et qu’il y fallait du sel de l'huile et ,

liqueur formée de divers métaux en fusion sous du vinaigre.


une constellation favorable. Nous donnerons une plus ample idée de la
Gibbon remarque que les anciens ne connais- matière et du raisonnement des adeptes en pré-
saient pas l’alchimie. Cependant on voit dans sentant au lecteur quelques passages du Traité
Pline que l’empereur Caligula entreprit de faire de chimie philosophique et hermétique publié à
de l’or avec une préparation d’arsenic, et qu’il Paris en 1725'. « Au commencement, dit l’au-
abandonna sou projet parce que les dépenses
,
teur, les sages, ayant bien considéré, ont reconnu
l’emportaient sur le profit. que l’or engendre l’or et l’argent, et qu'ils peu-
Des partisans de cette science prétendent que vent se multiplier dans leurs espèces.
les Égyptiens en connaissaient tous les mystères. » Les anciens philosophes, travaillant par la
Cette précieuse pierre philosophale, qu’on appelle mie sèche, ont rendu une partie de leur or volatil,
aussi élixir universel , eau du soleil poudre de ,
et l’ont réduit en sublimé blanc comme neige et
projection qu’on a tant cherchée , et que sans
,
luisant comme cristal; ils ont converti l’autre
doute on n’a jamais pu découvrir 1 , procurerait partie en sel fixe et de la conjonction du volatil
;

à celui qui aurait le bonheur de la posséder des avec le fixe, ils ont fait leur élixir. Les philoso-
richesses incompréhensibles, une santé toujours phes modernes ont extrait de l’intérieur du mer-
florissante,une vie exempte de toutes sortes de cure un esprit igné, minéral, végétal et multi-
maladies, et même, au sentiment de plus d’un plicatif, dans la concavité humide duquel est
cabalisle, l'immortalité... Il ne trouverait rien caché mercure primitif ou quintessence univer-
le

‘qui pût lui résister, et serait sur la terre le plus selle. le moyen de cet esprit , ils ont attiré
Par
glorieux , le plus puissant, le plus riche et le plus la semence spirituelle contenue en l'or; et par
heureux des mortels; il convertirait à son gré cette voie, qu’ils ont appelée voie humide, leur
tout en or, et jouirait de tous les agréments. soufre et leur mercure ont été faits : c'est le
L’empereur Rodolphe n'avait rien plus à cœur mercure des philosophes, qui n’est pas solide
que celte recherche. Le roi d’Espagne Philippe 11 comme le métal , ni mou comme le vif-argent
employa, dit-on, de grandes sommes à faire mais entre les deux. Ils ont tenu longtemps ce
travailler les chimistes aux conversions des mé- secret caché, parce que c’est le commencement,
taux. Tous ceux qui ont marché sur leurs traces le milieu et de l'œuvre nous l'allons dé-
la fin ;

n'ont pas eu de grands succès. Quelques-uns couvrir pour le bien de tous. Il faut doue pour
donnent cette recette comme le véritable secret faire l’œuvre 1" purger le mercure avec du sel
:

de faire l’œuvre hermétique Mettez dans une : et du vinaigre (salade) 2” le sublimer avec du
;

fiole de verre fort au feu de sable de l'élixir


, , vitriol et du salpêtre; 3* le dissoudre dans l’eau-
d'Arislée, avec du baume de mefreure et une forte; 4° le sublimer derechef; 5“ le calciner et
pareille pesanteur du plus pur or de vie ou pré- le fixer; G° en dissoudre une partie par défail-
cipité d'or, et la calcination qui restera au fond lance h la cave, où il se résoudra en liqueur ou
de la fiole se multipliera cent mille fois. Que si huile (salade) 7' distiller cette liqueur pour en
;

l'on ne sait comment se procurer de l’élixir d’A- séparer l’eau spirituelle, l’air et le feu; 8* mottre
ristée et du baume de mercure, on peut implo- de ce corps mercuriel calciné et fixé dans l’eau
rer les esprits cabalistiques, ou même, si on spirituelle ou esprit liquide mercuriel distillé;
l’aime mieux, le démon barbu, dont nous avons 9“ les putréfier ensemble jusqu’à la noirceur;
parlé. puis il s'élèvera en superficie de l’esprit un sou-
On a dit aussi que saint Jean l'évangéliste avait fre blanc non odorant, qui est aussi appelé sel
enseigné le secret de faire de l’or; et en effet, on ammoniac; 1 0“ dissoudre ce sel ammoniac dans
chantait autrefois dans quelques églises une l’esprit mercuriel liquide, puis le distiller jusqu'à
hymne en son honneur, où se trouve une allé- ce que tout passe en liqueur, et alors sera fait
gorie que les alchimistes s'appliquent : le vinaigre des sages; 11' cela parachevé, il fau-

dra passer de l’or à l’antimoine par trois fois


Inexhaustum fert thcsauruin
Qui de virgis facit aurum et après le réduire en chaux; 12' mettre celle
Gemmas de lapidibus.
1
Traité de chimie philosophique et hermétique ,
D’autres disent que, pour faire le grand œuvre, enrichi des opérations les plus curieuses de fart,
sans nom d’auteur. Paris, 1723, in-14, avec appro-
* Voyez pourtant Raymond Lullo ,
quant à ce qui bation signée Audry, docteur en médecine , et privi-
concerne l'or. lège du roi.

D
,

PIE — 541 — PIE


chaux d’or dans ce vinaigre très-aigre, les lais- tique qu'ils attribuent à Marie, sœur de Moïse, à
ser putréfier; et en superficie du vinaigre, il Hermès Trismégiste, à Démocrile, à Aristote, à
s'élèvera une terre feuillée de la couleur des saint Thomas d’Aquin etc. La boite de Pandore,
,

perles orientales il faut sublimer de nouveau


; la toison d’or de Jason
le caillou de Sisyphe
, la ,

jusqu'à ce que cette terre soit très-pure; alors cuisse d’or de Pythagore, ne sont selon eux que
vous aurez fait la première opération du grand le grand œuvre '. Ils trouvent tous leurs mystères
œuvre. dans la Genèse, dans Y Apocalypse surtout, dont
» Pour le second travail prenez au nom de , ,
ils font un poème à la louange de l’alchimie ;

Dieu, une part de cette chaux d’or et deux parts dans YOdyssée, dans les Métamorphoses d’Ovide.
de l'eau spirituelle chargée de son sel ammoniac; Les dragons qui veillent, les taureaux qui souf-
mettez cette noble confection dans un vase de flent du feu, sont les emblèmes des travaux her-

cristal de la forme d’un œuf, scellez le tout du métiques.


sceau d'Hermès entretenez un feu doux et con-
;
Gobineau de Montluisant, gentilhomme char-
tinuel l’eau ignée dissoudra peu à peu la chaux
: train, a même donné une explication extrava-
d’or; il se formera une liqueur qui est l’eau des gante des figures bizarres qui ornent la façade
sages et leur vrai chaos, contenant les qualités de Notre-Dame de Paris; il y voyait une histoire
élémentaires, chaud, sec, froid et humide. Lais- complète de la pierre philosophale. Le Père éter-
sez putréfier cette composition jusqu'à ce qu’elle nel étendant les bras et tenant un ange dans
devienne noire : cette noirceur, qui est appelée chacune de ses mains annonce assez, dit-il, la
la tête de corbeau et le Saturne des sages, fait perfection de l’œuvre achevée.
connaître à l'artiste qu’il est en bon chemin. D’autres assurent qu’on ne peut, posséder le
Mais pour ôter cette noirceur puante, qu’on ap- grand secret que par le secours de la magie; ils
pelle aussi terre noire, il faut faire bouillir de nomment démon barbu le démon qui se charge
nouveau jusqu'à ce que le vase ne présente plus
,
de l’enseigner; c’est, disent-ils, un très -vieux
qu'une substance blanche comme la neige. Ce démon.
degré de l’œuvre s’appelle le cygne. 11 faut enfin On trouve à l'appui de cette opinion , dans
fixer par le feu cette liqueur blanche, qui se plusieurs livres deconjurations magiques, des
calcine et se divise en deux parts, l’une blanche formules qui évoquent les démons hermétiques.
pour l'argent, l’autre rouge pour l’or alors vous ;
Cédrénus, qui donnait dans cette croyance, ra-
aurez accompli les travaux et vous posséderez la conte qu’un alchimiste présenta à l’empereur
pierre philosophale. Anastase, comme l’ouvrage de son art , un frein
» Dans le? diverses opérations, on peut tirer d'or et de pierreries pour son cheval. L’empe-
divers produits : d’abord le lion vert qui est un reur accepta le présent et fil mettre l'alchimiste
liquide épais, qu’on nomme aussi Yazot, et qui dans une prison, où mourut; après quoi le
il

fait sortir l’or caché dans les matières ignobles ;


frein devint noir, et on reconnut que l’or des
1

le lion rouge, qui convertit les métaux en or : alchimistes n’était qu’un prestige du diable, beau-
c’est une poudre d’un rouge vif ; la IHe de corbeau, coup d’anecdotes prouvent que ce n'est qu'une
dite encore la voile noire du navire de Thésée, friponnerie ordinaire.
dépôt noir qui précède le lion vert, et dont l’ap- Un rose-croix, passant à Sedan, donna à
parition au bout de quarante jours promet le
succès de l’œuvre : il sert à la décomposition et
putréfaction des objets dont on veut tirer l’or;
la poudre blanche, qui transmue les métaux blancs
en argent fin; l 'élixir au rouge, avec lequel on
faitde l'or et on guérit toutes les plaies Yélixir ;

au blanc, avec lequel on fait de l'argent et on


se procure une vie extrêmement longue on :

l'appelle aussi la fille blanche des philosophes.


Toutes ces variétés de la pierre philosophale
végètent et se multiplient... » Le reste du livre
est sur le même ton. il contient tous les secrets
de l’alchimie, boy. IIacme cxiversel, Euxtn de
VIE, On POTABLE CtC. ,

Les adeptes prétendent que Dieu enseigna l'al-


chimie à Adam, qui en apprit le secret à Hé-
noch, duquel il descendit par degrés à Abraham,
à Moïse, à Job, qui multiplia ses biens au septu-
ple par le moyen de la pierre philosophale, à
Henri I", prince de Bouillon , le secret de faire
Paracelse, et surtout à Nicolas Flatnel. Ils citent
avec respect des livres de philosophie herrné- 1
Naudé, Apol. pour les granits personnages, etc.
PIE — 5/j2 — PIE

de l'or, qui consistait à faire fondre dans un mille onces d’or. Le philosophe était pressé de
creuset un grain d’une poudre rouge qu'il lui re- partir; il allait la grande assem-
à Venise tenir
mit, avec quelques onces de lilharge. Le prince blée des philosophes hermétiques il ne lui res- ;

fit l'opération devant le charlatan et tira trois ,


tait plus rien, mais
il ne demandait que vingt
onces d’or pour trois grains de cette poudre; il Le duc de Bouillon les lui donna et le
mille éens.
fut encore plus ravi qu’étonné; et l'adepte, pour renvoya avec honneur. Comme en arrivant à
achever de le séduire, lui fit présent de toute sa Sedan le charlatan avait fait acheter toute la
poudre transmutante, Il y en avait trois cent lilharge qui se trouvait chez les apothicaires de
mille grains. Le prince crut posséder trois cent celte ville, et l’avait fait revendre ensuite char-

te baron lie Plumcrollra nrfofnli i Cliarlca IX,

gée de quelques onces d'or, quand cette lilharge la pierre philosophale ; la fameuse Élisabeth la
fut épuisée, leprince ne fit plus d'or, ne vil chercha longtemps. Jean Gauthier, baron de
plus le rose-croix et en fut pour ses vingt mille Plumerolles, se vantait de savoir faire de l’or;
cus - Charles IX, trompé par ses promesses, lui fit
Jérémie Médérus, cité par Delrio *, raconte un donner cent vingt mille livres, et l’adepte se
tour absolument semblable qu'un autre adepte mit à l'ouvrage. Mais après avoir travaillé huit
joua au marquis Ernest de Bade. jours.il se sauva avec l'argent du monarque.
Tous les souverains s’occupaient autrefois de On courut à sa poursuite, on l’attrapa, et il fut
1
Vifquisil. ma g., lib. I, cap. v, quart. 3. 1
pendu ; mauvaise fin, même pour un alchimiste!

Digitized by Google
,

PI K — 543 — PI K

En 1616 la reine Marie de Médicis donna à


, ! Les alchimistes était appelés autrefois multi-
<Jui de Cruscmbourg vingt mille ('eus pour Ira- j
plicateurs; on le un statut de Henri IV
voit par
vailler dans la Bastille à Taire de l’or. Il s’évada d’Angleterre, qui ne croyait pas à l'alchimie. Ce
au bout de trois mois avec les vingt mille écus, statut se trouve rapporté dans la patente do
et ne reparut plus en France. Charles II. Comme il est fort court, nous le cite-
I.c pape Léon X fut moins dupe. Un homme rons. « Nul dorénavant ne s’avisera de multiplier
qui se vantait de posséder le secret de la pierre l’or et l'argent, ou d’employer la supercherie de
philosophale lui demandait une récompense. Le la multiplication , sous peine d’être traité et puni
protecteur des arts le pria de revenir le lende- comme félon.»
main, et il lui fit donner un grand sac, en lui di- On lit dans les Curiotilit de la littérature ,
sant que, puisqu’il savait faire de l'or, il lui offrait ouvrage traduit de l'anglais par Th. Berlin,
de quoi le contenir '. Mais il y eut des alchimistes qu’une princesse de la Grande-Bretagne, éprise
plus fiers. L’empereur Rodolphe II, ayant en-
j

tendu parler d'un chimiste franc-comtois qui i

passait pour être certainement un adepte lui ,


j

envoya un homme de confiance pour l’engager i

à venir le trouver à Prague. Le commissionnaire !

n’épargna ni persuasion, ni promesses pour s’ac-


quitter de sa commission mais le Franc-Comtois ;

fut inébranlable , et se tint constamment à cette


réponse : Ou je suis adepte ou je ne le suis pas ;

si jo le suis, je n’ai pas besoin de l'empereur, et


si je ne le suis pas, l'empereur n’a que faire de
moi.
Un alchimiste anglais vint un jour rendre visite
au peintre Rubens, auquel il proposa de partager
avec lui les trésors du grand œuvre , s’il voulait
construire un laboratoire et payer quelques petits
frais. Rubens, après avoir écouté patiemment les
extravagances du soufileur, le mena dans son
atelier. Vous êtes venu, lui dit-il, vingt ans trop
tard, car depuis ce temps j’ai trouvé la pierre
philosophale avec cette palette et cos pinceaux.
Le
roi d’Angleterre Henri VI fut réduit à un
teldegré de besoin que , au rapport d’Évelyn
(dans scs Xumiimala) , il chercha à remplir ses
codres avec le secours de l’alchimie. L’enregis-
trement du ce singulier projet contient les pro- de l'alchimie, fil rencontre d’un homme qui pré-
testations les plus solennelles et les plus sérieuses tendait avoir la puissance de changer le plomb
de l'existence et dos vertus de la pierre philoso- en or. Il ne demandait que les matériaux et le
phale, avec des encouragements à ceux qui s'en temps nécessaires pour exécuter la conversion.
occuperont. Il anntde et condamne toutes les Il fut emmené à la campagne de sa protectrice

prohibitions antérieures. Aussitôt que cette pa- où l'on construisit un vaste laboratoire, et, afin
tente royale fut publiée, y eut tant de gens il qu’il ne fût pas troublé, on défendit que per-
qui s’engagèrent à faire de l’or, selon l’attente sonne n’y entrât. Il avait imaginé de faire tour-
du roi, que l’année suivante Henri VI publia un ner sa porte sur un pivot, et recevait à manger
autre édit dans lequel il annonçait que l’heure sans voir, sans être vu sans que rien put le dis-
,

était prochaine où par le moyen de la pierre


,
traire. Pendant deux ans il ne condescendit à
philosophale, il allait payer les dettes de l'Étal parler â qui que ce fut, pas même à la princesse.
en or et en argent monnayés. Lorsqu’elle fut introduite enfin dans son labora-
Charles II d’Angleterre s’occupait aussi d'al- toire, elle vil des alambics, des chaudières, de
chimie. Les personnes qu'il choisit pour opérer longs tuyaux des forges des fourneaux et trois
, , ,

le grand œuvre formaient un assemblage aussi ou quatre feux d’enfer allumés; elle ne contem-
singulierque leur patente était ridicule. C'était pla pas avec moins de vénération la figure enfu-
une réunion d’épiciers, de merciers et de mar- mée de l’alchimiste, pâle, décharné, affaibli par
chands de poisson. Leur patente fut accordée ses veilles, qui lui révéla, dans un jargon inin-
aut/iorilale parliamenti. telligible, les succès obtenus; elle vit ou crut
voir des monceaux d’or encore imparfait répan-
1
Le comte d’Oxensticm attribue ce trait au pape
Urbain VIII , à qui un adepte dédiait un traité d'al- dus dans le laboratoire. Cependant l'alchimiste
chimie. Pcniées, 1. 1, p. 47t. demandait souvent un nouvel alambic et des

Digitized by Google
, , ,

PIE - m- PIE

quantités énormes de charbon. La princesse, I dure et susceptible d'un beau poli. On taille ces
malgré son zèle, voyant qu'elle avait dépensé pyrites en facettes comme le cristal, et l'on en

une grande partie de sa fortune à fournir aux fait des bagues, des boucles et d'autres orne-

besoins du philosophe, commença à régler l’essor ments. Sa couleur est à peu près la même que
de son imagination sur les conseils de la sa- celle de l'acier poli. On lui donne le nom de
gesse. Elle découvrit sa façon de penser au physi- santé d'après le préjugé où l’on est qu’elle pâlit ,

cien celui-ci avoua qu’il était surpris de la lenteur lorsque la santé de la personne qui la porte est
:

de ses progrès; mais il allait redoubler d'efforts sur le point de s’altérer.


et hasarder une opération de laquelle, jusque- Pierre-de-fen , démon inconnu qui est in-
là, il avait cru pouvoir se passer. La protectrice voqué dans les litanies du sabbat.
se relira les visions dorées reprirent leur pre-
;
Pierre-fort, démon invoqué dans les litanies
mier empire. L'n jour qu’elle était à dîner, un cri du sabbat. Nous ne le connaissons pas autrement,
affreux, suivi d’une explosion semblable à celle et il se peut aussi que ce soit un des plus affreux
d’un coup de canon se fit entendre ,
elle se saints des sorciers. ;

rendit avec ses gens auprès du chimiste. On Pierre d'Apone, philosophe, astrologue et
trouva deux larges rclorles brisées une grande médecin né dans le village d’Abano ou Apono
',
, ,

partie du laboratoire en flamme et le physicien près de Padoue, en 1250. C’était le plus habile
,

grillé depuis les pieds jusqu’à la tète. magicien de son temps, disent les démonomanes ;

Élie Ashmole écrit dans sa Quotidienne du 13 il s’acquit la connaissance des sept arts
libéraux
mai 1655 : «Mon père Backouse (astrologue qui par le moyen de sept esprits familiers qu’il tenait
l’appelait son fils, méthode pratiquée par les
gens de cette espèce) étant malade dans Fleet-
Strcet près de l’église de Saint-Dunstan
,
et se ,

trouvant, sur les onze heures du soir, à l’article


de la mort, me révéla le secret de la pierre phi-
losophale et me le légua un instant avant d’ex-
,

pirer. »
Nous apprenons par là qu’un malheureux qui
connaissait l’art de faire de l'or vivait cependant
de charités, et qu’ Ashmole croyait fermement
être en possession d’une pareille recette.
Ashmole a néanmoins élevé un monument cu-
rieux des savantes folies de son siècle, dans son
Theatmm chimicum britannicum vol. in-4°,dans
lequel il a réuni les traités des alchimistes anglais.
Ce recueil présente divers échantillons des mys-
tères de la secte des roses-croix , et Ashmole
raconte des anecdotes dont le merveilleux sur-
passe toutes les chimères des inventions arabes.
Il dit de la pierre philosophale qu’il en sait assez

pour se taire et qu’il n’en sait pas assez pour enfermés dans des bouteilles ou dans des boites
en parler. de cristal. Il avait de plus l’industrie de faire
La chimie moderne n’est pourtant pas sans revenir dans sa bourse tout l’argent qu’il avait
avoir l’espérance, pour ne pas dire la certitude, dépensé. Il fut poursuivi comme hérétique et

de voir un jour vérifiés les rêves dorés des alchi- magicien ; et s'il eût vécu jusqu’à la fin du procès,
mistes. Le docteur Girtanner de Gœltingue a der- il
y a beaucoup
d’apparence qu'il eut été brûlé
nièrement hasardé celte prophétie que dans le ,
vivant, comme il le fut en cfiigie après sa mort.
dix-neuvième siècle, la transmutation des métaux Il mourut à l’âge de soixante-six ans. Cet homme

sera généralement connue; que chaque chimiste avait, dit-on, une telle antipathie pour le lait

saura faire de l'or; que les instruments de cui- qu'il n’en pouvait sentir le goût ni l'odeur. Tho-
sine seront d’or et d’argent ce qui contribuera mazo Garsoni dit, entre autres contes merveilleux
,

beaucoup à prolonger la vie, qui sc trouve au- sur Pierre d’Apone, que, n’ayant point de puits
jourd'hui compromise par les oxydes de cuivre dans sa maison, il commanda au diable de porter
de fer et de plomb que nous avalons avec notre dans la rue le puits de son voisin, parce qu'il
nourriture '. C’est ce que surtout le galvanisme refusait de l’eau à sa servante. Malheureusement
amènera.
y a dans le village d’Abone, aujourd’hui
1
Pierre de santé. A Genève et en Savoie, on 11

Abano, une fontaine qui prêtait autrefois la parole


appelle ainsi une espèce de pyrite martiale Lrès-
aux muets et qui donnait à ceux qui y buvaient le
,

talent de dire la bonne aventure. Voyez le septième


• Philosophie magique, v. VI, p. 383. chant do la Pharsale de Lucain.

Digitized by Google
,
, ,

PIE — 545 — PIE

pour ces belles histoires, il parait prouvé que Majesté nous t’exorcisons ; et si tu ne parais
;

Pierre d’Aponeune sorte de pauvre esprit


était pas aussitôt ici, devant ce cercle, pour nous

fort qui ne croyait pas au diable du reste homme ,


obéir en toutes choses, nous te maudissons et
de mauvais renom. Les amateurs de livres su- le privons de tout oflice, bien et joie; nous te
perstitieux recherchent sa Géomancie *. Mais ne condamnons à brûler sans aucun relâche dans
lui attribuons pas un petit livre qu'on met sur l'étang de feu' etde soufre, etc. » Cela dit, on
son compte et dont voici le titre Ut Œuvres : verra plusieurs fantômes qui rempliront l’air de
magiques de Henri-Corneille Agrippa, par Pierre clameurs. On ne s’en épouvantera point, et on
tf A ban , latin et français, avec des secrets occultes, aura soin surtout de ne point sortir du cercle.
in-24, réimprimé à Liège, 1788. On dit dans ce On apercevra des spectres qui paraîtront mena-
livre que Pierre d’Aban était disciple d’Agrippa çants et armés de flèches; mais ils n'auront pas
qui vécut trois siècles après lui... puissance de nuire. On souillera ensuite vers les
La partie principale est intitulée Heptaméron quatre parties du monde
: « Pourquoi et on dira
ou Us Éléments magiques. On y trouve les sûrs tardez-vous? soumettez-vous h votre maître. »
moyens d’évoquer les esprits et de faire venir le Alors paraîtra l’esprit en belle forme qui dira :
diable. Pour cela , il faut tracer trois cercles l’un « Ordonnez et demandez me voici prêt à vous ,

dans l’autre, dont le plus grand ail neuf pieds de obéir en toutes choses. » Vous lui demanderez ce
circonférence, et se tenir dans le plus petit, où que vous voudrez , il vous satisfera , et après que
l’on écrit le nom des anges qui président à l’heure, vous n'auroz plus besoin de lui vous le renver- ,

au jour, au mois, à la saison , etc. rez en disant « Allez en paix chez vous, et
:

Voici les anges qui président aux heures. Notez soyez prêt 4 venir quand je vous appellerai. »
que les heures sont indiquées ici dans la langue Voilà ce que présentent de plus curieux les Œu-
infernale. Yayn ou première heure, l’ange Mi- vres magiques. Et le lecteur qui s'y fiera sera
du
chaël; lanor ou deuxième heure, Anaël; Nasnia moins mystifié '.
ou troisième heure , Raphaël ; Salla ou quatrième Pierre Labourant, nom que des sorciers
heure , Gabriel ; Sadedali ou cinquième heure donnèrent au diable du sabbat. Jeanne Garibaut
Cassiel ; Thamus ou sixième heure , Sachiel ; sorcière, déclara que Pierre Labourant porte une
Ourer ou septième heure, Samaël; Thanir ou chaîne de fer qu’il ronge continuellement, qu’il
huitième heure, Araël ; Néron ou neuvième heure, habile une chambre enflammée où se trouvent
Cambiel; Jaya ou dixième heure, llriel; Abaî ou des chaudières dans lesquelles on fait cuire des
onzième heure Azaël ; Natalon ou douzième
, personnes, pendant que d’autres rôtissent sur de
heure, Sambaël. —
Les anges du printemps, caba- larges chenets, etc.
listiquement nommés ïalvi.sunl Spugliguel, Cara- Pierre le Brabançon, charlatan, né dans les
casa Commissures et Amatiel le nom de la
, ; Pays-Bas. M. Salgues rapporte de lui le fait sui-
terre est alors Amadal, le nom du soleil Abraîm, vant. Étant devenu épris d’une Parisienne, riche
celui de la lune Agusila. Les anges de l'été, héritière Brabançon contrefit aussitôt la voix
, le
nommés Gasmaran, sont Tubiel, Gargatie), Tariel du père défunt et lui fit pousser, du fond de sa
et Gaviel. La terre s’appelle alors Festalivi, le tombe de longs gémissements le mort se plai-
, ;

soleil Athémaï, et la lune Armatas. Les anges de gnit des maux qu'il endurait au purgatoire, et
l’automne, qui se nommera Ardaraël, sont Tor- reprocha à sa femme le refus qu'elle faisait de
quaret, Tarquam et Guabarel. La terre s’appelle donner sa fille à un si galant homme. La femme,
Rahiinara , le soleil Abragini , la lune Matali- effrayée n’hésita plus
, le Brabançon obtint la :

gnaïs. Les anges de l'hiver, appelés Fallas, sont main de la demoiselle, mangea la dot, s'évada
Allarib, La terre se nomme
Amabaël , Crarari. de Paris et courut se réfugier à Lyon. Un gros
Gérënia le soleil Commutât et la lune ABaterim.
,
financier venait d’y mourir, et son lils se trou-
Pour les anges des mois et des jours, voy. Mois vait possesseur d’une fortune opulente. Le Bra-
et Jouas. bançon va le trouver, lie connaissance avec lui,

Après avoir écrit tous les noms dans le cer- et le mène dans un lieu couvert et silencieux ; là,
cle , mettez les parfums dans un vase de terre il entendre la voix plaintive du père qui se
fait
,

neuf, et dites :parfum, pour


« Je l’exorcice, reproche les malversations qu’il a commises dans
que tout fantôme nuisible s’éloigne de moi.» ce monde , et conjure son fils de les expier par
Ayez une feuille de parchemin vierge sur la- des prières et des aumônes; il l’exhorte d'un
quelle vous écrirez des croix; puis appelez des ton pressant et pathétique à donner six mille francs
quatre coins du monde les anges qui président à au Brabançon pour racheter des captifs. Le fils
l'air, les sommant de vous aider sur-le-champ, hésite et remet l’affaire au lendemain. Mais le
et dites « Nous t'exorcisons par la mer flottante
: lendemain la même voix se fait entendre et le ,

et transparente, par les quatre divins animaux père déclare nettement à son fils qu’il sera damné
qui vont et viennent devant le trône de la divine lui-mèine s'il tarde davantage à donner les six

1 Geomantia , in-tJ°, Venise, 1549. * Des erreurs et des préjugés, 1. 1, p. 3t5.


35

Dioitized t
,

PIE - 5ù6 — PIO


mille francs à ce bravo homme que le ciel lui a Pilate (Mont), montagne de Suisse, au som-
envoyé. Le jeune traitant ne se le lil pas dire met de laquelle est un lac ou un étang célèbre
irois fois; il compta les six mille francs au ven- dans les légendes. On disait que Pilate s'y était
triloque, qui alla boire et rire à ses dépens. jeté, que les diables y paraissaient souvent, que
Pierre le Vénérable, savant abbé de Cluny, Pilate, en robe de juge, s’y faisait voir tous les
mort en 1150. Il a laissé un livre de miracles ans une fois, et que celui qui avait le malheur
qui contient plusieurs légendes où les démons ne d’avoir cette vision mourait daus l’année. I)c
jouent pas le beau rôle. plus, il passait pour certain que, quand on lan-
Pierres d'anathéme. « Non loin de Palras, çait quelque chose dans ce lac , celle imprudence
je vis des tasde pierres au milieu d'un champ ; excitait des tempêtes terribles qui causaient de
j’appris que c'était ce que les Grecs appellent grands ravages dans le pays; en sorte que, même
pierres d’anathème, espèce de trophées qu’ils au seizième siècle, on ne pou\ait monter sur
élèvent à la barbarie de leurs oppresseurs. En cette montagne, ni aller voir ce lac, sans une
dévouant leurs tyrans aux génies infernaux, ils les permission expresse du magistrat de Lucerne, et
maudissent dans leurs ancêtres dans leur àtne et ,
il était défendu, sous de fortes peines, d’y rien
dans leurs enfants; car tel est le formulaire de jeter. La même tradition se rattache au lac de
leurs imprécations. Ils se rendent dans le champ Pilate, voisin de Vienne en Dauphiné'.
qu’ils veulent vouer à l’anathème, et chacun Piletski, puissante famille polonaise, dont les

jette sur le même coin de terre la pierre de ré- filles, après leur mort, se changeaient en co-
probation. Les passants nu manquant pas dans la lombes si elles n'étaient pas mariées; et, si elles

suite d’y joindre leur suffrage , il s’élève bientôt étaient mariées, en papilluns de. nuit. Elles al-

dans le lieu voué à la malédiction un tas de


pierres assez, semblable aux monceaux de cail-
loux qu’on rencontre sur le bord de nos grandes
routes, ce qui du reste nettoie les champs *. n
Pigeons. C’est une opinion accréditée dans le
peuple que le pigeon n’a point de fiel. Cependant

Aristote et de nos jours l’analoinie ont prouvé


qu’il en avait un sans compter que la fiente de
,

cet oiseau contient un sel inflammable qui ne peut


exister sans le fiel. On conte que le crâne d’un
homme caché dans un colombier y attire tous les
pigeons des environs.
Le maréchal de Mouchy prétendait que la chair
du pigeon a une vertu consolante. Lorsque ce sei- laient, sous ces fermes, annoncer leur mûri à

gneur avait perdu un ami un parent, il disait à


, tous leurs parents. C'est une de ces traditions
son cuisinier « Vous me servirez à diner des pi-
: de mentionner et qui est probable-
qu’il suffit
geons rôtis. J’ai remarqué, ajoutait-il, qu’après ment l'œuvre de quelque poète légendaire.
avoir mangé deux pigeons, je me lève de table Pinet. Pic de la Mirandole parle d’un sorcier
beaucoup moins chagrin. » nommé Pinet, lequel eut commerce trente ans
PÜ. nom que les Siamois donnent aux lieux avec le démon Eiorina
où les âmes des coupables sont punies elles y ; Pipi (Marie) sorcière qui sert d’échanson au
,

doivent renaître avant de revenir en ce monde. sabbat; elle verse à boire dans le repas non-
Pilal-Karras, exorcistes ou devins du Mala- seulement au roi de l’enfer, mais encore à ses
bar, aux conjurations desquels les pêcheurs de ollicicrs et à scs disciples, qui sont les sorciers
perles ont recours pour se mettre à l’abri des et magiciens*.
attaques du requin, lorsqu'ils plongent dans la Piqueur. A Marianne, village du Dauphiné,
mer. Ces conjuraletirs se tiennent sur la côte, près de Montélirnarl, on entend toutes les nuits,
marmottent continuellement des prières et font vers les onze heures, un bruit singulier que les
mille contorsions bizarres. gens du pays appellent It piqueur : il semble, en
1
Filapiens, peuples qui habitent une pres- effet, que l’on donne plusieurs coups sous terre .

qu’îlesur les bords de la mer Glaciale, et qui M. Berbiguier, dans son tome III des Farjndelt,
boivent, mangent et conversent familièrement nous apprend qu’en 1821 les piqueurs qui pi-
avec ombres. On allait autrefois les consulter.
les quaient les femmes dans les rues de Paris n'étaient
Leloyer rapporte que, quand un étranger voulait 1
Voyez, dans les Légendes du Xouvrau Testament,
savoir des nouvelles de sou pays, il s'adressait à les légendes de Pilate.
un Pilapien, qui tombait aussitôt en extase et in- 5 Leloyer, llisluiredes spectres ou apparitions des

voquait le diable, lequel lui révélait les choses esprits lis. III , p. ilS.
3 Delnncre, Tableau de Vinconst. desdêmons, etc.,
cachées.
liv. Il ,
p. 1 43.
' M. Mangcurl, Souvenirs de lu Morée , 1830. * llibliothéque de société, t. III.

Digitized by Google
, , ,

pib — 5£i7 — PLA


ni des liions, ni des méchants, mais des farfadets Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Chaque
ou démons. < Jetais plus savant, dit-il, que le planète gouverne un certain nombre d’années*.
vulgaire ,
qui ignore que les farfadets ue font le Les années où Mercure préside sont bonnes au
mal que par plaisir. > commerce, etc.; la connaissance de cette partie
Piripiris, talismans en usage chez certains de l'astrologie judiciaire s'appelle Atfriduric.
Indiens du Pérou. Ils sont composés de diverses Plante-bornes. Le plante-borne» est une des
plantes ils doivent faire réussir la citasse, assu-
;
plus poétiques et des plus morales traditions. Les
rer les moissous, amener de la pluie, provoquer Auvergnat» ont la passion de la propriété ; con-
des inondations et défaire les armées ennemies. server et surtout agrandir l’héritage, c’est le but
Pison. Après la mort de Germanicus, le bruit principal de leur vie, l'honneur d’un nom; et
courut qu'il avait été empoisonné par les malé- l'on dit : « Ce champ est dans ma famille de-
fices de Pison. On fondait les soupçons sur les puis un siècle, • avec l'orgueil que l'on peut
indices suivants : on trouva dans la demeure de avoir ailleurs en montrant un parchemin établis-
Germanicus des ossements de mort, des charmes sant que son ancêtre était cousin de saint Louis
et des imprécations contre les parois des murs, ou frère d’armes de François I". A cet amour de
le nom de Germanicus gravé sur des lames de la propriété, il fallait un frein; car la tentation

plomb, des cendres souillées de sang, et plu- était dangereuse dans un pays où l’on ne connais-
sieurs autres maléfices par lesquels on croyait sait pas de clôtures. La religion fut ce frein salu-
les hommes dévoués aux dieux infernaux*. taire; et longtemps encore après la révolution,
Fistole volante. Quoique les sorciers de pro- ce n’étaient ni les juges, ni les experts qui ré-
fession aient toujours vécu dans la misère, on glaient les différends entre propriétaires, mais
prétendait qu'ils avaient cent moyens d’éviter bien le curé. Le prêtre avait donc dû placer le
l'indigence et le besoin. On cite entre autres la respect des limites des champs au rang des choses
pistolc volante qui, lorsqu’elle était encliantée les plus sacrées, et menacer souvent des ven-
par certains charmes et paroles magiques reve- ,
geances éternelles ceux qui failliraient à ce res-
nait toujours dans la poche de celui qui l'em- pect. Il n'est donc pas étonnant que des ima-
ployait au grand prolit des magiciens qui ache-
,
ginations frappées si vivement aient conçu la
taient, et au grand détriment des bonnes qui pensée du plante-borne» c'est-à-dire de l’esprit,
vendaient ainsi en pure perle, l'oy. Amure», ou plutôt de l'âine du l'homme injuste revenant
Kiust, l’Asérès, etc. après sa mort expier son crime, en réparant ou
Pithon , démon qui était familier avec Made- faisant réparer, le dommage causé à ses voisins.
leinede la Croix. Le piaule-bornes est d’un autrement puissant
effet

Pivert. Nos anciens, dit le Petit Albert, as- que la loi ; mais aveugle ; sou-
elle est terrible ,

surent que le pivert est un souverain remède vent, avec de certaines précautions, on peut lui
contre le sortilège de l'aiguillette nouée, si on le échapper; tandis qu'avec le monde des esprits,
mange rôti à jeun avec du sel bénit c’était un ;
il n’est ni ruses, ni chicanes, ni secret possible.
oiseau d’augure. Élius, préteur romain, rendait L’amour de la famille même, le désir si naturel
la justice sur son tribunal, lorsqu'un pivert vint à tous les cœurs d’enrichir ses enfants, de les
se reposer sur sa tête.Les augures, consultés sur rendre heureux, conduisent le propriétaire à se
ce fait, répondirent que tant qu'Klius prendrait surveiller scrupuleusement, à ne commettre ja-
soin de l'oiseau, sa famille prospérerait, mais mais la plus légère infraction aux règles de la
que ia république serait malheureuse; qu'au con- probité. Quel père voudrait léguer à scs fils des

traire, lorsque le pivert périrait, la république tourments perpétuels , la honte publique , avec le
prospérerait et la famille d'Éiitis serait à plaindre. soin de réparer ses fautes, sous peine de la mort
Ce dernier, préférant l’intérét public au sien, tua la plus affreuse?

sur-le-champ l'oiseau en présence du sénat ; cl Car le plante-bornes ne s’en Lient pas à une
quelque temps après, dix-sepl jeunes guerriers course vague, désordonnée, à travers les vil-
de sa maison furent tués à la bataille de Cannes. lages, mêlée de douloureux gémissements; il
Mais celte bataille n’accomplit que la moitié de Unit par arriver à sa destination, frappe trois
la prédiction et. démentit l'autre, puisqu’elle fut grands coups à l’étroite fenêtre de sa chaumière,
la plus désastreuse de toutes celles que perdit la en répétant par trois fois « Plante-bornes!!! •
:

république. Si les habitants, sous l’empire de la terreur, res-

Planètes. Il y a maintenant plus de soixante tent inueLs, on entend autour de la maison des
planètes. Les anciens n’en connaissaient que sept
en comptant la lune, qui n'est qu’uu satellite de 1
Les sept vieilles planètes président aussi aux sept
la terre; ainsi les nouvelles découvertes dé- jours de la semaine. Jarchas, brachmane, avec le-
truisent tout le système de l’astrologie judiciaire. quel Apollonius de Tyune philosopha secrètement,
reçut de lui en présent sept anneaux portant les noms
Les vieilles planètes sont : le soleil, la lune,
des sept planètes ; il les mettait à ses doigts les jours
ou elles régnaient, et chacun avait une vertu jiarti-
1
Tecile. culière.
35.

üigitized by Google
,

PLA — 548 - PLU


pas lourds et des battements d’ailes ; et le plante- blié de lui une prophétie contre les francs-
bornes revient gémir tous les soirs, sans se lasser maçons des doctes l’ont expliquée comme celles
;

jamais, jusqu’à ce qu’enliu l’on se décide à lui de Nostradamus.


répondre. Plats. Divination par les plats. Quinte-Curce
Il sé trompe quelquefois, s’adresse à une fa- dit que les prêtres égyptiens menaient Jupiter
mille pure de toutes fraudes, et qui peut hardi- Ammon sur une nacelle d’or d’où pendaient des
ment répondre pour ses aïeux mais c'est pour plats d'argent, par le mouvement desquels ils
;

lui ménager un triomphe; car, sûr de sa con- jugeaient de la volonté du dieu, et répoudaieul
science et de celles de ses pères , le chef de fa- à ceux qui les consultaient.
mille ouvre la fenêtre , crie trois fois : « Plante-les Pline. Les Orientaux en font un géomètre pro-
toi-même! u Alors tout est fini ; la paroisse est en digieux ; il est lié , chez eux , à l’histoire d'Alexan-
admiration devant ceux qui ont pu chasser les dre le Grand.
plante-bornes. C’est connue une consécration de Plogojowits (Pierre), vampire qui répandit
l’antique probité de la famille; chasser un plante- la terreur au dernier siècle dans le village de ki-

bonus, c'est plus honorable que faire ses preuves solova en Hongrie, où il était enterré depuis dix

de cent ans de noblesse devant Chérin. semaines. apparut la nuit à quelques-uns des
Il

Mais si, se mentant à lui-même, le fils d'un habitants pendant leur sommeil et leur serra tel-
coupable osait prononcer la formule sacramen- lement le gosier qu’en vingt-quatre heures ils en
telle, malheur à luit Un homme injuste mourut moururent. Il fit périr ainsi neuf personnes, tant
subitement; il avait bien souvent dit à son fils, vieilles que jeunes, dans l'espace de huit jours.

en se raillant des croyances superstitieuses « Si ; La veuve de Plogojowits déclara elle-même que


» jamais je reviens vous tourmenter pour le bor- son mari lui était venu demander ses souliers;
» nage, n’ayez pas peur; chassez-moi. » ce qui l’effraya tellement qu’elle quitta le village

Cependant une vieille femme l’avait ajourné de Kisolova. Ces circonstances déterminèrent les
devant ce même fils « Vous avez planté des; habitants du village à tirer de terre le corps de
» arbres sur le champ qui m'appartenait; vous Plogojowits et à le brûler pour se délivrer de ses
» ne voulez pas vous arranger avec moi pendant infestations. Ils trouvèrent que son corps n’exha-
n que vous êtes vivant prenez garde il en coûte: , lait aucune mauvaise odeur qu’il était entier et ;

» aux morts de se lever de leurs tombes » I comme du nez, qui parais-


vivant, à l’exception
Des semaines, des mois s’écoulèrent, le fils sait flétri que ses cheveux et sa barbe avaient
;

commençait à rire des plante-bornes ; mais un poussé et qu’à la place de ses ongles qui étaient
, ,

soir, tout le monde l'affirme, la paroisse était en tombés, il lui en était venu de nouveaux; que
émoi on frappa à la porte de sa chaumière. Kien
; sous la première peau qui paraissait comme ,

ne bougea à l’intérieur; alors, ce qui n'était plus morte et blanchâtre, il en croissait une nouvelle,
jamais arrivé arriva le plante-bonus appela son
: saihe et de couleur naturelle. Ils remarquèrent
fils par son nom. Furieux , celui-ci s’élança vers aussi dans sa bouche du sang tout frais, que le
la fenêtre, l'ouvrit, et aux cris de plante-bornes!... vampire avait certainement sucé aux gens qu'il
qui se répercutaient dans les montagnes, il ré- avait fait mourir. On envoya chercher un pieu
pondit effrontément : « Plante-les toi-même! » pointu, qu’on lui enfonça dans la poitrine, d’où
puis il voulut refermer le volet mais une invi- ; il sortit quantité de sang frais et vermeil, de
sible main le saisit à la gorge, et l'on entendit même que par le nez et par la bouche. Ensuite
de très-près crier d’une voix désolée : « Plante- les paysans mirent le corps sur un bûcher, le ré-
bornes! plante-bornes! n L'infortuné, demi-mort duisirent en cendres ', et il ne suça plus.
de frayeur, refusant encore de croire au surnatu- Plotin philosophe de l’école d’Alexandrie, au
,

rel essaya de se défendre au même instant, sa


, ; troisième siècle. Il se vantait d'avoir un esprit
femme, ses enfants, sa vieille mère le virent dis- familier de haut rang et de la race des dieux ce ;

paraître dans l’espace; puis, la chute d’un corps qui parait peu dans ses écrits, qui n’ont rien de
les fit frisonner ;
puis un cri divin. Il se croyait bien au-dessus de l’humanité,
déchirant remplit la contrée; et eût été flatté d’espérer l’apothéose. Lorsqu’il
il

et le lendemain on trouva, le mourut, à soixante-six ans, il disait : Je m’oc-


corps de l'esprit fort étendu cupe de réunir le dieu qui est en moi à la divi-
mort sur le pavé du chemin nité qui occupe l’univers. Au même instant on
les lèvres sanglantes et les vit un serpent sortir de dessous son lit et s’échap-
mains crispées'. per par un trou qui existait dans la muraille. Les
Platon, célèbre philosophe assistants prétendirent que ce serpent était le
grec, né l'an 4 30 avant Jésus- dieu qui possédait Plotin ou du moins qui habi- ,

Christ. On lui attribue un livre tait en lui.


de nécromancie. Il y a vingt-cinq ans qu’on a pu- Pluies merveilleuses. Le peuple met les

1
llermann ,
Les provinces. 1
Traité des visions et apparitions, t. II, p.
, , ,

PIX — 549 — POI


pluies de crapauds et de grenouilles au nombre limes devaient toujours s'interpréter en bonne
des phénomènes de mauvais augure ; et il n’y a part.
pas encore longtemps qu'un les attribuait aux Pnigalion. C’est le nom que quelques méde-
maléfices des sorciers. Elles ne sont pourtant pas
difficiles à concevoir : les grenouilles et les cra-
pauds déposent leur frai en grande quantité dans
les eaux marécageuses. Si ce frai vient à être
enlevé avec les vapeurs que la terre exhale, et
qu’il reste longtemps exposé aux rayons du so-
leil il en naît ces reptiles que nous voyons tom-
,

ber avec la pluie. Les pluies de feu ne sont autre


chose que la succession très-rapide des éclairs et
des coups de tonnerre dans un temps orageux.
Des savants ont avancé que les pluies de pierres
nous venaient de la lune; et cette opinion a grossi
la masse énorme des erreurs populaires. Ces

pluies ne sont ordinairement que les matières cins ont donné au] cauchemar, parce que, au
volcaniques, les ponces, les sables et les terres moyen de visions effrayantes, il étouffe la voix
brûlées qui sont portés par les vents impétueux et l'estomac.
à une très-grande distance. On a vu les cendres Pocel, roi de l’enfer chez les Prussiens. Ils

du Vésuve tomber jusque sur les côtes d'Afrique. nomment aussi Poeol le chef des hordes d'esprits
La quantité de ces matières, la manière dont elles aériens, et Ponpsel celui qui garde les forêts. Ce
se répandent dans les campagnes, souvent si loin dernier est le Pan des anciens*, l'oy. Picollus et
de leur origine, et les désastres qu’elles occa- Pucel.
sionnent quelquefois, les ont fait mettre au rang Pochwist, divinité de l'hiver et du mauvais
des pluies les plus formidables. Mais, de toutes temps chez les Polonais, avant qu'ils fussent chré-
les pluies prodigieuses, la pluie de sang a tou- tiens.
jours été la plus effrayante aux yeux du peuple ; Pogoda, chez les mêmes, à la même époque,
et cependant elle est chimérique. Il n'y a jamais divinité du beau temps.
eu de vraie pluie de sang. Toutes celles qui ont Points de côté. De bonnes gens dans les Ar-
paru rouges ou approchant de cette couleur ont dennes croient guérir les points de côté au moyen
été teintes par des terres, des poussières de mi- de celte singulière prière « Pointe Pointe sur ; !

néraux ou d’autres matières emportées par les pointe! que Dieu te guérisse de cette pointe!
vents dans l'atmosphère , où elles se sont mêlées comme saint Côme et saint Damien ont guéri
avec l'eau qui tombait des nuages. Plus souvent les plaies de Notre-Seigneur dans le jardin des
encore ce phénomène, en apparence si extraor- Olives.... »
dinaire , a été occasionné par une grande quan- Poirier (Marguerite), petite, fille de treize ans
titéde petits papillons qui répandent des gouttes qui déposa comme témoin contre Jean Grenier,
d’un suc rouge sur les endroits où ils passent’. jeune loup-garou. Elle déclara qu'un jour qu’elle
Plntarqne , le plus sage des philosophes , mort gardait ses moulons dans la prairie. Grenier s’était
4 Rome l’an 140 de notre ère. Il était initié et jeté sur elle en forme de loup et l’eût mangée
prêtre d'Apollon à Delphes. Cependant il a mérité si elle ne se fût défendue avec un bâton, dont
par ses écrits les éloges même des chrétiens. Ses elle lui donna un coup sur l’échine. Elle avoua
récits do la Cessation des oraelei son Histoire de qu’il lui avait dit qu’il se changeait en loup à vo-
Thespéshss et ses Livrtt de morale, comme ses lonté, qu’il aimait à boire du sang et 4 manger
Vite des hommes illustres, établissent sa probité. la chair des petits garçons et dos petites filles ;

Il dû connaître les chrétiens.


a cependant qu’il ne mangeait pas les bras ni les
Pluton, roi des enfers, selon les païens, et, épaules’.
selon les démonomanes, archidiable, prince du Poisons. On a souvent attribué à la magie des
feu, gouverneur général des pays enflammés, forfaits qui n’étaientdus qu’à la connaissance de
surintendant des travaux forcés du ténébreux l’art des poisons. « Il est certain que, pendant le

empire. seizième siècle, dans les années qui le précé-


Plutus, dieu des richesses. Il était mis au dèrent et le suivirent, l’empoisonnement était
nombre des dieux infernaux, parce que les ri- arrivé àune perfection inconnue 4 la chimie mo-
chesses se tirent du sein de la terre. Dans les derne et que l’histoire a constatée. L’Italie, ber-
en son honneur, les signes ordinaire-
sacrifices ceau des sciences modernes , fut à cette époque
ment funestes qu'oiïraipnt les entrailles des vic- 1
I. ployer.

Histoire des spectres, etc., liv. III,
p. 21 î.
* Voyez ’ Histoire naturelle de fuir
l et (les météores 1 Drlancrc, Tableau de l’ ineonst . des dMnons etc.,
par l’abbé Richard. liv. IX. p. Ï37.

Digitized by Google
,

POL — 550 — POL


inventrice et maîtresse de ces secrets, dont plu- avec une femme de Locres. Mais il mourut la
sieurs se perdirent.De là vint cette réputation quatrième nuit de ses noces et la laissa enceinte
qui pesa, durant les deux siècles suivants, sur d’un hermaphrodite , dont elle accoucha neuf
les Italiens. Les romanciers en ont si fort abusé, mois après. la» prêtres et le? augures, ayant été
que partout où ils introduisent des Italiens, ils consultés sur ce prodige, conjecturèrent que les
leur font jouer des rôles d'assassins et d’empoi- Étoliens et les I.ocriens auraient guerre ensemble,
sonneurs. Si l'Italie avait alors l’entreprise des parce que ce monstre avait les deux sexes. On
poisons subtils dont parlent quelques historiens conclut enfin qu’il fallait mener la mère et l’en-
il faudrait seulement reconnaître sa suprématie fant hors des limites d'Klolie et les brûler tous
en toxicologie comme dans d’autres connais- deux. Comme on était près de faire cette abomi-
sances. Elle servait les passions dn siècle, comme nable exécution, le spectre de Polycrite apparut
elle bâtissait
d’admirables édifices, commandait et se mit auprès de son enfant. Il était vêtu d’un
les armées, peignait de belles fresques, chantait babil noir. Les assistants, effrayés, voulaient s’en-
des romances, dessinait des fêtes ou des ballets fuir; il ies rappela, leur dit de ne rien craindre
et raffinait la politique.
A Florence l'art des poi- , et fit ensuite, d’uno voix grêle et basse , un beau
sons était à un si haut point, qu’une femme par- discours par lequel il leur montra que, s'ils brû-
tageant une pêche avec un duc, en se servant laient sa femme et son fils, ils tomberaient dans
d'une lame d'or dont un côté seulement était em- des calamités extrêmes. Mais, voyant que, mal-
poisonné, mangeait la moitié saine et donnait la gré ses remontrances, les Étoliens étaient décidés
mort avec l’autre. Une paire de gants parfumés à faire ce qu’ils avaient résolu il prit son enfant,
,

infiltrait par les pores une maladie mortelle. On le mit en pièces et le dévora. Le peuple poussa
mettait lepoison dans un bouquet de roses natu- des huées contre lui et lui jeta des pierres pour
relles, dont la seule senteur, une fois respirée, le chasser il fit peu d’attention à ces insultes et
;

donnait la mort. Don Juan d'Autriche fut, dit-on, continua de manger son fils, dont il ne laissa
empoisonné par une paire de bottes'. » que la tète, après quoi il disparut. Ce prodige
Polhan, centaure des Slavons, auquel on at- sembla si effroyable qu’on prit le dessein d’aller
tribuait une force et une vitesse extraordinaires. consulter l’oracle de Delphes. Mais la tête de
Dans les anciens contes russes, on le dépeint l’enfant, s’étant mise à parler, leur prédit, en
homme depuis la tête jusqu'à la ceinture, et che- vers, tous les malheurs qui devaient leur arriver
val ou chien depuis la ceinture. En clieval, ses dans la suite , et , disent les anciens conteurs , la
ruades gracieuses ont donné naissance à la danse prédiction s’accomplit. La tête de l’enfant de Po-
bête qu’on nomme polka. lycrite, se trouvant exposée sur un marché pu-
Pollier (Abraham). C’était un Suisse qui ser- blic ,
prédit encore aux Étoliens, alors en guerre
vait comme dragon chez le comte de Hohenlohe- contre les Acarnaniens, qu’ils perdraient la ba-
Pfédelbach au commencement de l’an 1684. Le
, taille. —
Le Polycrite de ce conte était un vampire
4 avril, il annonça qu’il allait être congédié; et ou un ogre.
comme on s’en étonnait, il ajouta qu’il était au Polyglossos, nom que les anciens donnaient
service du diable; que le diable, en prenant hy- i
à un chêne prophétique de la forêt de Dudone ;

polhèque sur son àme, lui avait avancé de l'ar- ce chêne extraordinaire rendait des oracles dans
j

gent ; mais que toutes les fois qu’il avait voulu la langue de ceux qui venaient le consulter.
le rembourser, comme il s’en était réservé le Polyphage. On a publié à Witteniberg, il y a
droit dans le pacte conclu entre eux, il manquait vingt ou trente ans, une dissertation suas ce
toujours un thaler, et enfin qu'on ne le reverrait titre : De polyphayo et alto triophago U 'ilUmhar-
plus le lendemain. Il disparut en effet le soir. Et, getuis diuertatio, in-4“. C'est l'histoire d’un des
durant cette soirée, on l’entendit dans plusieurs plus grands mangeurs qui aient jamais existé. Cet
hameaux implorer du secours , sans que personne homme, si distingué dans son espèce, dévorait
osât aller à son aide. On trouva, au matin qui quand il voulait (ce qu'il ne faisait toutefois que

suivit, ses armes et ses habits près du village pour de l'argent) un mouton entier, ou un co-
qu il avait quitté. Huit jours après, un pêcheur chon, ou deux boisseaux de cerises avec leurs
repêcha son haut-de-chausse et sa chemise, et noyaux il brisait avec les dents, mâchait et ava-
;

peu après son corps, où l'on constata qu'il avait lait des vases de terre et de verre, et même des
eu le cou tordu. On l’enterra sous la potence pierres très-dures ; il engloutissait des animaux
Polycrite. y avait en Étolie un citoyen vé-
Il vivants, oiseaux, souris, chonilles, etc. Enfin,
nérable, nommé Polycrite, que le peuple avait ce qui surpasse toute croyance, on présenta un
élu gouverneur du pays, à cause de son rare mé- jour à cet avale-tout une écritoire couverte de
rite et de sa probité. Sa dignité lui fut prorogée plaques de fer; il la mangea avec les plumes, le
jusqu'à trois ans, au bout desquels il se maria canif, l'encre et le sable. Ce fait si singulier, qui
doit consterner nos hummes sauvages, nos man-
M; do Balzac le -Secret des Raggirri.
,
geurs de cailloux et nos jongleurs de places pu-
;
2 üôrres. Mystique, liv. VI, ch. xvu. bliques, a été attesté par sept témoins oculaires,
,

POI. — 551 — POP


devant le sénat de Wittemberg. Quoi qu’il en Ceylan , où les indigènes placent le paradis ter-
soit, ce terrible estomac jouissait d’une santé restre. C’est, selon les Chingulais, le chemin par
vigoureuse il termina scs prouesses à l’5ge de
;
lequel Adam, chassé du paradis, se rendit sur le
soixante ans. Alors il commença à mener une continent. Les Indiens disent que le golfe se
vie sobre et réglée, et vécut jusqu’à l'àge de referma pour empêcher son retour.
soixante-dix-neuf ans. Son cadavre fut ouvert; Pont du diable. Dans la vallée de Schellcnen,
on le trouva rempli de choses extraordinaires, en Suisse, l’imagination croit voir partout les
dont l’auteur donne la description I.a seconde 1
. traces d’un agent surnaturel. Le diable n'est
partie de la dissertation renferme l’histoire de point , aux yeux de ces montagnards un ennemi ,

quelques hommes do cette trempe et l’explica- malfaisant; il s’est même montré assez bonne

tion de ces singularités. Mais le tout nous semble personne, en perçant des rochers, en jetant des
un peu farci de ce que l'on appelle, en termes ponts sur les précipices, etc., ce que lui seul, selon
de journalisme, des canards ; et il y en a beau- les habitants, pouvait exécuter. On ne peut rien

coup dans les récits de merveilles. imaginer de plus hardi que la route qui parcourt
Polyphéme, géant qui n’avait qu'un mil au la vallée de Schellenen. Après avoir suivi quel-

milieu du front, célèbre dans l’Odyssée, type que temps les détours capricieux de celte route
effrayant de nos ogres. terrible, on arrive à cette œuvre de Satan, qu’on
Polyphidée. devin d’Hvpérésie, paysd'Argos. appelle le Pont du diable. Cette construction im-
Polythéisme. I n brahme deCalculta a publié, posante est moins merveilleuse encore que le site
ces dernières années, une défense théologique du où elle est placée. Le pont est jeté entre deux
système des Hindous, qui admettent trois cent cin- montagnes droites et élevées, sur un torrent fu-
quante millions de dieux et de déesses. rieux, dont les eaux tombent par cascades sur
Pomme d’Adam. La légère protubérance qu'on des rocs brisés et remplissent l’air de leur fracas
appelle pomme d’Adam à la gorge des hommes et de leur écume'.
vient, dans les opinions populaires, d'un pépin Le pont de Jouy-aux-Arches, près Metz, était
qui s’arrêta là quand notre premier père mangea aussi l’ouvrage du diable, aussi bien que l’ancien
si désastreusement le fruit défendu.

Pomponace, professeur de philosophie sou-


vent hasardée; né à Mantoue en l/;62, mort
en 1525. Dans" son Traité des enchantements il

prétend que les démons ne sont pour rien dans


la magie et les phénomènes occultes; mais que
toutce qu’on leur attribue est l’a' livre des astres,
dont il fait des démons.
Poniatowska (Catherine), visionnaire du
Nord. Voy. Comknius.
Pont. Les anciens Scandinaves disaient que
lesdieux avaient fait un pont qui communiquait
terre, et qu'ils le montaient à che- pont de Saint-Cloud qui s'ébranla au seizième
du ciel à la ,

val. Quand Satan se révolta contre Dieu, il lit siècle, au passage d'un enfant qu'on venait do
bâtir un fameux pont qui allait de l'abime au pa- baptiser, et s’écroula ensuite. Plusieurs autres

radis. Il est rompu.


ponts ont le même nom.
appelle Pont d’Adam une Popoguno enfers des Virginiens, dont le sup-
Pont d'Adam. On ,

de bancs de sable qui s'étendent presque en plice consiste à être suspendu entre le ciel et la
suite
ligne directe entre l'ile de Manar et celle de terre.

1
Voyage en Suisse il' Hélène-Marie Williams.
1
Extrait de Y Almanach historique de l'on xi.

Digitized b
, ,

POP — 552 — POS


Poppiel
I", roi de Pologne au neuvième siècle. I Porrici», entrailles de la victime que les
On rapporte qu'il jurait souvent et que son ser- prêtres jetaient dans le feu, après les avoir con-
ment ordinaire était ; Qhic les rats me puissent sidérées pour en tirer de bons ou de mauvais
manger! Si ce serment ne lui fut pas funeste, il présages.
le fut du moins à sa postérité, comme on va le Porta (Jean-Baptiste), physicien célèbre, qui
voir. Il mourut de maladie, dans un Age peu a des pas à la science et qui a préparé
fait faire
avancé. Poppiel II , son fils, fut comme lui un les découvertes photographiques dont nous jouis-
tyran. On lui avait donné pour tuteurs ses oncles, sons aujourd’hui, né à Naples vers 1550. On dit
guerriers braves et expérimentés, qu’il n’écouta qu'il composa à quinze ans les premiers livres de
point, il épousa une princesse qui s’empara de sa Magie naturelle qui sont gâtés par les préju-
son esprit, lui rendit d’abord ses oncles suspects, gés du siècle où il vécut. Il croyait à l'astrologie
ensuite odieux , et ses conseils le décidèrent à les judiciaire, à la puissance indépendante des es-
faire empoisonner. I,a cour frémit et le peuple priLs, etc. On cite, comme le meilleur de ses ou-
s’indigna à cette nouvelle. Poppiel, avec l’audace vrages, Physiognomonie céleste, 1661, in-/»* il
Va :

qui est propre des grands criminels, accusa ses


le s’y déclare contre les chimères de l'astrologie ;
oncles de trahison et défendit qu’on leur accordât mais il continue néanmoins à attribuer une grande
ni bûcher, ni sépulture. Les Polonais, qui aimaient influence aux corps célestes. On lui doit encore
ces princes si lâchement assassinés, murmurèrent un traité de Physiognomonie où il compare les
de nouveau mais on n’eût fait que les plaindre,
; ligures humaines aux figures des animaux pour ,

si le ciel ne leur eût envoyé des vengeurs. Du en tirer des inductions systématiques, l'oy. Phy-
milieu de leurs restes tombés en pourriture, il siognomonie, à la fin.
sortit une armée de destinés à punir Pop-
rats , Porte. Les Tartares mantchoux révèrent un
piel. L’horreur qu'avait inspirée son crime avait esprit gardien de la porte, sorte de divinité do-
fait fuir laplus grande partie de sa cour; elle mestique qui écarte le malheur de leurs maisons.
était presque réduite à la reine elà lui seul, lors- Portes des Songes. Dans Virgile, l’une est de
que ces bêtes les assiégèrent et vinrent à bout de corne, l’autre est d’ivoire. Par la porte de come

les dévorer, l'oy. Hatton. passent les Songes véritables, et par la porte
Porcs (Divination par les). Nous ne pouvons d'ivoire, les vaines illusions et les Songes trom-
citer qu'un exemple de ce singulier procédé pour peurs.
la connaissance de l'avenir. Justinien ayant dé- Possédés. Le bourg de Teilly ; à trois lieues
claré la guerre à Théodat ce roi des Goths fut ,
d'Amiens, donna en 1816 le spectacle d’une fille
vaincu par Bélisaire ou plutôt par la peur. Pro- qui voulait se faire passer pour possédée. Elle
cope explique ainsi le fait : Ce pauvre prince au pouvoir de trois démons,
était, disait-elle,
ayant consulté un juif qui passait pour un devin Mimi, Zozo et CrapouleL Un honnête ecclésiastique
très-habile, afin de savoir d'avance le résultat de prévint l'autorité, qui reconnut que cette fille
la guerre le Juif enferma trente porcs , dix par
, était malade. On la fit entrer dans un hôpital et ,

dix , dans trois étables. On les tint un certain il ne fut plus parlé de la possession. On trouve
temps sans manger. Le terme de l’expérience de la sorte dans le passé quelques supercheries
étant expiré le prince et le juif entrèrent dans que la bonne foi de nos pères a su réprimer
,

les étables on avait donné aux porcs de la pre-


;
souvent. Il y eut jadis bien moins de scandales
mière le nom de Goths , à ceux de la seconde le qu'on ne le conte, et les possessions n'étaient
nom de Domains et aux porcs de la troisième le pas de si libre allure qu’on le croit, line démo-
nom de Grecs. Les porcs qui représentaient les niaque commençait à faire du bruit sous Henri III ;

Goths se trouvèrent morts, à l’exception de deux; le roi aussitôt envoya son chirurgien Pigray,
cinq des porcs romains restaient debout; mais avec deux antres médecins pour examiner l’af- ,

les porcs grecs se montrèrent tous vivants. Théo- faire. Quand la possédée fut amenée devant ces

dat vit là que la victoire serait à l'empereur, et docteurs, on l’interrogea, et elle débita des
subit en conséquence une défaite. Les Goths, in- surnettes. Le prieur des capucins lui fit des
struits de ces détails , chassèrent leur roi Théodat demandes en latin auxquelles elle répondit fort
et proclamèrent à sa place Vitigès, son écuyer. mal; et enfin on trouva, dans certains papiers,
Porom-Houngse, sorte de fakirs chez les qu’elle avait été déjà, quelques années précédem-
Indiens. Ils se vantent d’étre descendus du ciel ment, fouettée en place publique pour avoir voulu
et de vivre des milliers d’années sans jamais se faire passer pour démoniaque on la condamna
;

prendre la moindre nourriture. Ce qu'il y a de à une réclusion perpétuelle. Du temps du même


vrai, c'est qu’on ne voit jamais un porom-houngse Henri 111, une Picarde se disait possédée du
manger ou boire en public. diable , apparemment pour se rendre formidable.
Porphyre , visionnaire grec et philosophe L'évêque d’Amiens, soupçonnant quelque impos-
creux du troisième siècle que quelques-uns de ,
ture, la fit exorciser par un laïque déguisé en
ses ouvrages ont fait mettre au rang des sorciers. prêtre et lisant les épitres de Cicéron. La démo-
Il donnait dans les arts magiques. niaque savait son rôle par cœur; elle se tour-
, , ,

POS — 553 — POS


menla, fit des grimaces effroyables, des cabrioles mobilité clameurs du ventre 6” le regard
;
5" les ;

et des cris, absolument comme si le diable, qu'elle fixe ; en français à des mois la-
7” dos réponses

disait chez elle, eût été en face d’un prêtre lisant tins; 8" les piqûres de lancette sans effusion de
le livre sacré démasquée.
Elle fut ainsi sang, etc. Mais, dit-on, les saltimbanques et les
Mais il y a les vrais possédés ou démoniaques. grimaciers font des contorsions, sans pour cela
Ce sont ceux dont le diable s’est emparé. Plusieurs être possédés du diable; et qu'en savez -vous?
aujourd'hui prétendent que les possessions sont L’endure du visage, de la gorge, de la langue,
des monotnanies, des folies plus ou moins fu- est souvent causée par des vapeurs ou par la
rieuses, plus ou moins bizarres. Mais comment respiration retenue. L’insensibilité peut bien être
expliquer ce fait qu’à Cheel en Belgique, où l'on la suite de quelque maladie ou n'être que fac-
traite les fous colonisés, on guérit les fous fu- tice, la personne insensible a l>caucoup de
si

rieux en lçs exorcisant?... force, lin jeune Lacédémonien se laissa ronger


le savant docteur Moreau dans la visite of- ,
le flanc par un renard
qu’il venait de voler, sans
ficielle qu’il a faite à Glieel en 18!|2 , et qu'il a donner le moindre signe de douleur un enfant ;

publiée, a reconnu ce fait, qui ne peut être con- se laissa brûler la main dans un sacrifice que
testé. Le diable serait- il donc pour quelque faisait Alexandre, sans faire aucun mouvement;
chose dans certaines folies 1 et connaissons-nous du moins les historiens le disent. Ils en content
bien tous les mystères au milieu desquels nous bien d’autres. Ceux qui se faisaient fouetter de-
vivons? Dans tous les cas, si plusieurs posses- vant l’autel de Diane ne fronçaient pas le sour-
sions ont été soupçonnées de charlatanisme, nous cil On vous dira même que L’immobilité est
croyons que
le soupçon a été fondé moins sou- volontaire, aussi bien dans les gestes que dans
vent qu’on ne le dit. les regards, qu’on est libre de se mouvoir on
On a beaucoup écrit sur les démoniaques qui ,
de ne pas se mouvoir, pour peu qu’on ail de
sont, disent les experts, plus ou moins agités, fermeté dans les nerfs; que les clameurs et jap-
suivant le cours de la lune. L’historien Josèphe pements que les possédés faisaient entendre dans
dit que ce ne sont pas les démons, mais les âmes leur ventre sont expliqués par nos ventriloques.
des méchants, qui entrent dans les corps des On explique aussi les piqûres d’aiguille ou de
possédés et les tourmentent. lancette sans effusion de sang; dans les mélan-
On a vu des démoniaques à qui les diables coliques, dit-on, le sang qui est épais et grossier
arrachaient les ongles des pieds sans leur faire ne peut souvent sortir par une petite ouverture,
de mal. On en a vu marcher ù quatre pattes, se et certainespersonnes piquées de la lancette ne
traîner sur le dos, ramper sur le ventre, marcher saignent point.On exclura des possédés les gens
sur la y en eut qui se sentaient cha-
tête. Il d’un estomac qni ne digérant point, rendent les
,

touiller les pieds sans savoir par qui d’autres ; choses telles qu’ils les ont avalées, ainsi que les
parlaient des langues qu'ils n'avaient jamais ap- fous et les maniaques. Les symptômes de la
prises. Comment expliquera-t-on les convulsion- manie sont si affreux* que nos ancêtres l’ont
du dernier siècle, si on en
naires jansénistes mise sur le compte des esprits malins. Et qui
1
? En l’an 1556, il se trouva à
exclnt le diable pourra établir qu’ils se trompaient?
Amsterdam une phalange d’enfants démoniaques, On a publié un traité sur ce sujet , intitulé
que les exorcismes ordinaires ne purent délivrer; Hecherches sur ce qu'il faut entendre par les tlé-
on publia qu’ils n'étaient en cet état que par ma- moniaques dont il est parlé dans le Nouveau Tes-
léfices et sortilèges; ils vomissaient des ferre- tament par T. P. A. P. O. A. B. J. T. C. O. S.
ments, des lopins de verre, des cheveux, des in-12, 1738, livre où la question n’est pas du
aiguilles et autres choses semblables. On conte tout décidée.
Rome prétendues
qu’à ,
dans un hôpital, soixante-dix filles Il
y a sur quelques possessions
devinrent folles ou démoniaques en une seule des explications naturelles, comme dans celte
nuit; deux ans se passèrent sans qu’on les pût anecdote :

guérir. Cela peut être arrivé, dit Cardan, ou par


le mauvais airdu lieu, ou par la mauvaise eau, * La manie universelle est le spectacle le plus hi-
deux et le plus terrible qu’on puisse voir. Le maniaque
ou par la fourberie, ou par suite de mauvais dé-
a tes yeux fixes, sanglants, tantôt hors de l'orbite,
porleinents. C'est que la suite de mauvais dé- tantôt enfoncés, le visage rouge, les vaisseaux en-
portements entraîne souvent les mauvais esprits gorgés, les traits altérés, tout le corps en contrac-
contre lesquels nous luttons tous et sans cesse tion; il ne reconnaît plus ni amis, ni parents, ni en-
fants, ni épouse. Sombre, furieux, rêveur, cherchant
sinous ne sommes à eux. On croyait reconnaître la terre nue et l’obscurité, il s’irrite du contact de
autrefois qu’une personne était démoniaque à ses vêtements, qu’it déchire avec les ongles et avec
plusieurs signes 1* les contorsions 2” l’enllure
; ;
les dents, même de celui de l’air et do la lumière,

du visage; 3‘ l’insensibilité et la ladrerie ; à” l’im- contre lesquels il s'épuise en sputations et en vocifé-


rations. La faim, la soif, le chaud, le froid , devien-
* Pigrav, Traité rie chirurgie. nent souvent, pour le maniaque, des sensations in-
1
Yove: dans les Légendes infernales /. ’
cimetière connues, d’aulros fois exaltées. (Le docteur Fodcré,
rie ram) Mettant. Médecine légale.)
, ,

POS — 55b POS


Duns une du Piémont, un abbé qui
petite ville que faite par le diable. Elle confessa avoir été à
s’en revenait de la promenade étant tout à coup la synagogue (c’est ainsi qu'elle nommait le sab-
tombé dans rue la population l’environne le
la , , bat), y avoir eu commerce avec le diable et y
porte dans une maison voisine où tous les se- , avoir reçu ses marques. Elle s’accusa d’avoir fait
cours ordinaires ne peuvent le rappeler à la vie. des maléfices, d’avoir reçu du diable des poudres
Arrive un distillateur, qui lui remplit sans succès pour nuire, de les avoir employées avec certaine
la bouche d'une liqueur très-spiritueuse. Quel- formule de paroles terribles. Elle avait, disait-
ques-uns des assistants courent donc à la pa- elle, un démon familier de l’ordre de Belzébulh.
roisse la plus voisine et reviennent avec un
,
Elle dit encore qu’elle avait entrepris d'ôter la
vicaire, qu’on prie, à tout hasard, de lui adnii- dévotion à sa communauté pour la perdre; que,
nistrer les sacrements. Le jeune prêtre désire pour elle , elle avait mieux aimé le diable que son
s’assurer d’abord de l’état du malade; c’était le Dieu. Elle avait renoncé â Dieu, se livrant corps
soir il demande
: une lumière et la porte à la ,
et âme au démon ce qu’elle avait confirmé en
;

bouche du patient. Un hoquet du prétendu mort donnant au diable quatre épingles convention :

en sort aussitôt, et cette vapeur s'enflamme à la qu’elle avait signée de son sang, tiré de sa veine
chandelle; les assistants fuient en criant que avec une petite lancette que le diable lui avait
l’abbé a un démon dans le corps; ils vont sup- fournie. Elle se confessa encore de plusieurs
plier le curé de venir l’exorciser. Pendant ce abominations, et dit qu'elle avait entendu parler
temps, le hoquet, auteur de l’esclandre, ayant au sabbat d’un certain grand miracle par lequel
été suivi d’une explosion d'humeurs qui étouf- Dieu exterminera la synagogue et alurs ce sera ;

faient le pauvre abbé, les exorcistes, en arrivant, fait de Belzébulh, qui sera plus puni que les

sont surpris de le trouver debout le distillateur ; autres. Elle parla de grands combats que lui
rentre et éclaircit le prodige ayant été forcé de
: livraient le diable et la princesse des enfers pour
quitter pour quelques instants le malade après , empêcher sa confession. Puis elle désavoua tout
lui avoir rempli la bouche.de son élixir, il n'avait ce qu'elle avait confessé, s’écriant que le diable
pu expliquer que le hoquet, en repoussaut au la perdait. Était-ce folie ? dans tous les cas celle

dehors la liqueur spirilueuse, avait naturellement folie était alTreuse. Marie de Sains disait de son
produit la flamme dont l'assemblée avait été si côté qu’elle s’était aussi donnée au diable, quelle
vivement électrisée. avait assisté au sabbat , qu’elle y avait adoré le
Mais ces petits faits n’atténuent pas l’incontes- diable une chandelle noire à la main. Elle pré-
,

table véracité des possessions réelles, qui ne tendit que l’Antéchrist était venu , et elle expli-
peuvent être repoussées que par l’Église, l'oy. quait l’Apocalypse. Simone Dourlet avait aussi
Giiandier, Bavent, Picard, Boulé, etc. fréquenté le sabbat. Mais comme elle témoignait
Possédées de Flandre. L’alfaire des possé- du repentir, on la mit en liberté, car elle était
dées de Flandre, au dix-septième siècle, a fait arrêtée comme sorcière. Un jeune homme de Va-
trop de bruit pour que nous puissions nous dis- lenciennes, de ces jeunes geus dont la race n’est
penser d’en parler. Leur histoire a été écrite en pas perdue, pour qui le scandale est un attrait,
deux volumes in-8* par les Pères Domptius et
.
s’éprit alors de Simone Dourlet
et voulut l’épou-
Michaelis. Ces possédées étaient trois sorcières ser. L’ex-sorcière y consentit. Mais le comte
qu'on exorcisa à Douai. L’une était Didyme, qui d’Eslaires la fil remettre en prison, où elle fut
répondait en vers et en prose, en latin et en retenue longtemps avec Marie de SaiDS. Didyme
hébreu. C'était une pauvre religieuse infectée fut brûlée, l'oy. Sabbat.

d’bérésie et convaincue des mauvaises mœurs Postel (Guillaume), visionnaire du seizième


qui sont les compagnes de l’apostasie, la seconde siècle , né au diocèse d’Avranches. Il fut si pré-

était une Allé, appelée Simone Dourlet, qui ne coce qu’à l’àge de quatorze ans on le fit maître
,

répugnait pas à passer pour sorcière. la troi- d’école. Il ne devint absurde que dans l’âge mûr.
sième était Marie de Sains, qui allait au sabbat et On dit qu’une lecture trop approfondie des ou-
prophétisait par l'esprit de Satan... La presse du vrages des rabbins et la vivacité de son imagina-
temps a publié un factum curieux intitulé Us , tion le précipitèrent dans des écarts qui semèrent
Confessions de Didyme ,
sorcière pénitente ,
avec sa vie de troubles, et lui causèrent de cuisants
les choses quelle a déposées touchant la synagoyue chagrins. Il crut qu’il était appelé de Dieu à
de Satan. Plus, Us instances que cette complice réunir tous les hommes sous une même loi, par
(qui depuis est rechutée) a faites pour rendre nulles la parole ou par le glaive, voulant toutefois les

scs premières confessions : véritable récit de tout soumettre à l’autorité du Pape et du roi de
en celte affaire; Paris, 1C23. On
ce qui s'est passé France à qui la monarchie universelle apparte-
,

voit dans cette pièce que a Didyme n’était pas nait de droit, comme descendant en ligne directe
en réputation de sainteté , mais suspecte au con- du fils ainé de Noé. S’étant donc fait nommer
traire, à cause de ses mœurs fâcheuses ». On là aumônier de l’hôpital de Venise, il se lia avec
reconnut possédée et sorcière; on découvrit, le une femme timbrée , connue sous le nom de
29 mars 1617, qu'elle avait sur le dos une mar- mère Jeanne dont les visions achevèrent de lui
POT — 555 — POU
tourner la tête. Postcl se prétendit capable d’in- qu’avec peine cet esprit malin qui faisait des
,

struire et de convertir le monde entier. A la tours de physique amusante '.

nouvelle des rêveries qu'il débitait, il fut dénoncé Poudres. Les sorciers composaient pour leurs
comme hérétique ; mais on le mil hors de cause maléfices des poudres qui, comme leurs on-
en considérant qu’il était fou. Après avoir par- guenls , étaient des poisons.
couru l’Orient et fait paraître plusieurs ouvrages Poule noire. C'est en sacrifiant une poule
dans lesquels il parle des visions de la mère noire à minuit, dans un carrefour isolé , qu’on
engage le diable à venir faire pacte. Il faut pro-
noncer une conjuration, ne se point retourner,
faireun trou en terre, y répandre le sang de la

poule et l’y enterrer. Le même jour, et plus or-


dinairement neuf jours après, le diable vient et
1

donne de l'argent; ou bien il fait présent à celui


qui a sacrifié d'une autre poule noire qui est une
poule aux œufs d'or. Les doctes croient que ces
sortes de poules, données par le diable, sont de
vrais démons. Le juif Samuel Bernard, banquier
de la cour de France mort à quatre-vingt-dix
,

ans en 1739, et dont on voyait la maison 4 la


place des Victoires, à Paris, avait, disait-on, une
poule noire qu’il soignait extrêmement: il mou-
rut peu de jours après sa poule, laissant trente-
Jeanne, il rentra dans de meilleurs sentiments, trois millions. La superstition de,Ta poule noire
se retira au prieuré de Saint-Martin des Champs, est encore très-répandue. On dit en Bretagne
à Paris, et y mourut en chrétien à quatre-vingt- qu'on vend la puule noire au diable, qui l’achète
seize ans, le 6 septembre 1581. On lui attri- à minuit, et paye le prix qu’on lui en demande 1 .

bue à tort le livre des Trois Imposteurs, l'oy. Il


y a un mauvais et sot petit livre dont voici le
Jeanne. litre « La Poule Noire ou la poule aux œufs
: ,

Pot à beurre. Un certain exorciste avait en- d’or, avec la science des talismans et des anneaux
fermé plusieurs démons dans un pot à beurre ;
magiques, l’art de la nécromancie et de la cabale,
après sa mort, comme les démons faisaient du pour conjurer les esprits infernaux , les sylphes,
bruit dans le pot, les héritiers le cassèrent, per- les ondins, les gnomes, acquérir la connaissance

suadés qu’ils allaient y surprendre quelque tré- des sciences secrètes, découvrir les trésors et
sor; mais ils n'y trouvèrent que le diable assez obtenir le pouvoir de commander à tous les êtres
mal logé. Il s’envola avec ses compagnons e. et déjouer tous les maléfices et sortilèges, etc. »
laissa le pot vide '. Conte populaire. En Égypte, 740, 1 vol. in-18. — Ce n’est qu’un
Pou d'argent. C’est la décoration que le fatras niais et incompréhensible.
diabledonne aux sorciers. Poulets, l'oy. Augures.
Poudot, savetier de Toulouse, dans la maison Poulpiquets. l'oy. Bolêguéans.
duquel le diable se cacha en 1557. I.e malin je- Poupart, l'oy. Apparitions.
taitdes pierres qu'il tenait enfermées dans un Pourang, nom du premier homme, selon les
coffreque l’on trouva fermé à clef, et que l’on Japonàis ,
lequel sortit d'une citrouille échauflée
enfonça; mais, malgré qu’on le vidât, il se rem- par l'haleine d’un bœuf, après qu’il eut cassé
plissait toujours. Cette circonstance fit lieaucoup l’œuf d'où le monde était issu.

de bruit dans la ville et le président de la cour


,
Pou-Sha dieu de la porcelaine chez les Chi-
,

de justice, M. Latumy, vint voir cette merveille. nois.Des ouvriers, dit-on, ne pouvant exécuter
Le diable fit sauter son bonnet d’un coup de un dessin donné par un empereur, l’un d’eux,
pierre, au moment où il entrait dans la chambre nommé Pou-Sba, dans un moment de désespoir,
au coffre; il s’enfuit effrayé, et on ne délogea magie en France,
1
M. Gariuct, Histoire de la
p. 424.
1
Legenda aurea lac. de Voragine,
. leg. lxxxviii. 2 Cambry, Voyage dons le Finistère, t. 111, p. 46.

Digitized by Google
POU — 556 — PRÉ
s'élança dans le fourneau tout ardent. Il fut à gistrat s'appuya de cette stupidité pour obtenir la
l’instant consumé, et la porcelaine prit la forme grâce du malheureux.
que souhaitait le prince. Ce malheureux acquit Pra-Âriaseria, personnage fameux qui vivait
à ce prix l’honneur de présider, en qualité de dans le royaume de Siatn du temps de Som-
dieu, aux ouvrages de porcelaine. mona-Codom. Les Siamois en font un colosse de
Poussière, l it nuage de poussière soulevé par quarante brasses et demie de circonférence, et
le vent est toujours suppose', par les basses classes de trois brasses et demie de diamètre, ce qui
du peuple irlandais, être occasionné par la marche parait peu compréhensible. Il est vrai que nous
d’une trou[>c de fées changeant de domicile, et ne savons pas quelle était sa forme.
l’on observe scrupuleusement envers ces cava- Préadamites. En 1655 , Isaac de la Perreyre

lières invisibles les mêmes politesses que si la fit imprimer, en Hollande, un livre dans lequel
poussière était causée par une société de per- ilvoulait établir qu'il y a eu des hommes avant
sonnes les plus considérables du pays. En Écosse, Adam. Quoiqu'il n'eût pour appui que les fables
le bruit des brides retentissant dans les airs ac- des Égyptiens et des Chaldéens, ce paradoxe eut
compagne toujours le tourbillon qui marque la un moment des sectateurs, comme en ont toutes
marche des fées. les absurdités. Desmarais, qui professait à Gro-
Powel, chief-justice anglais, en 1711. On lui ningue , le combattit, et plus tard l'auteur même
amena un charlatan accusé de relations avec le se rétracta.
diable. Le misérable avoua que l’accusation était Précy. l'oy. Rambouillet.
vraie, et il confessa que le diable s'était montré Prédictions. D'habiles astrologues avaient as-
à lui sous diverses formes. Powel ne vit là qu’un suré à Pompée, à César eL à Orassus qu’ils mour-
homme, ou imposteur par nécessité ou affligé ,
raient chez eux comblés de gloire, de biens et
d’hallucinations, ou fou et comme les jurés, qui
; d'années, et tous trois périrent misérablement.
voyaient partout des sorciers, voulaient le con- Charles-Quint, François I" et Henri VIII, tous trois
damner au feu , il leur demanda s’ils le décla- contemporains, furent menacés de mort violente,
raient coupable sur le chef d’accusation portant et leur mort ne fut que naturelle. Le Grand Sei-
qu'il était entré en communication avec le diable, gneur Osman voulant déclarer la guerre à la Po-
sous la forme d’un chat. Le chef du jury répon- logne en 1621 , malgré les remontrances de ses
dit : « Oui, il est coupable sur ce chef. » Le ma- ministres, un santon aborda ce sultan et lui dit :

« Dieu m’a révélé la nuit dernière , dans une vi- pendant Osman réussit mal dans son entreprise
sion, que si Ta Haulesse va plus loin, elle est en contre la Pologne, et perdit, peu de temps après,
danger de perdre son empire; ton épée ne peut la vie avec l’empire.

cette année faire do mal à qui que ce soit. » On cite encore le fait suivant, comme exemple
t Voyons dit Osman
, si la prédiction est cer-
, de prédiction accomplie Un ancien coureur,
:

taine. » Et donnant son cimeterre à un janissaire, nommé Languille , s'était retiré sur ses vieux
il lui commanda de couper la tête à ce prétendu jours à Aubagnc, près de Marseille. Il se prit de
prophète , ce qui fut exécuté sur-le-champ. Ce- querelle avec le bedeau de la paroisse, qui était

gle
, ,

PRÉ — 557 — PRÉ


en même temps fossoyeur; cette dispute avait
j
garder comme des indices de l’avenir les événe-
produit une haine si vive, que Languide avait ments les plus simples et les plus naturels, est
signifiéau bedeau qu'il ne mourrait jamais que l’une des branches les plus considérables de la
par dé sorte que le pauvre bedeau, effrayé,
lui ;
j
superstition. Il est à remarquer qu’on distinguait
comme un ennemi formidable. Peu de
l'évitait autrefois les présages des augures, en ce que
temps après Languille mourut , âgé de soixante-
, ceux-ci s’entendaient des augures recherchés ou
quinze ans. 11 logeait dans uue espèce de chambre interprétés selon les règles de l’art augurai et ,

haute où l’on montait par un escalier étroit et


, que les présagesqui s’offraient fortuitementétaient
très-roide.Quand il fut question de l’enterrer, le interprétés par chaque particulier d'une manière
bedeau, bien joyeux, alla le chercher et chargea plus vague et plus arbitraire. De nos jours on
sur ses épaules la bière dans laquelle était le
1

regarde comme d’un très-mauvais augure de dé-


corps de Languille ,
qui était devenu assez gros. j
chirer trois fois se; manchettes, de trouver sur
Mais , en le descendant d’un air triomphal ,
il Ut une table des couteaux en croix d’y voir des ,
j

un faux pas, glissa en avant; la bière, tombant salières renversées, etc. Quand nous rencontrons
sur lui, l’écrasa. Ainsi s’accomplit la menace de en chemin quelqu’un qui nous demande où nous
Languille ,
autrement sans doute qu’il ne l'avait allons, il faut, selon les enseignements supersti-
entendu. tieux, retourner sur nos pas, de peur que mal ne
On avait prédit à un duc de Choiseul qu’il nous arrive. Si une personne à jeun raconte un
périrait dans une sédition. On a prétendu que mauvais songe à une personne qui ait déjeuné
celte prédiction s'était accomplie quoique le duc ,
le songe sera funeste à la première. Il sera fu-
mort de maladie parce qu’il expira dans le
soit ,
neste à la seconde si elle est à jeun, et que lu ,

moment où douze médecins, rassemblés pour une première ait déjeuné. Il sera funeste à toutes les
consultation à son sujet, se battaient à propos deux si toutes les deux sont à jeun. Il serait sans
,

des moyens divers proposés pour le guérir. conséquence si toutes les deux avait l’estomac
Alvaro de Lima, favori de Jean 11, roi de Cas- garni... Malheureux généralement qui rencontre
tille , fut mis à mort pour avoir gouverné l’État le malin, ou un lièvre, ou un serpent, ou un lé-

en despote. Après avoir consulté un astrologue zard ou un cerf ou un chevreuil ou un san-


, , ,

sur sa destinée, il lui avait été répondu qu’il eill glier Heureux qui rencontre un loup, une cigale,
I

a se garder de Cadahalso. Il crut que c’était d’un une chèvre, un crapaud Voy. Araignée, Chasse, !

village près de Tolède, qui portait ce nom; il Pie, Hibou, etc., etc., etc. Cécilia, femme de
s’abstint d’y aller. Mais ayant été condamné à Métellus, consultait les dieux sur l'établissement
perdre la tête sur un échafaud, que les Espagnols de sa nièce, qui était nubile. Cette jeune fille,
appellent aussi cadahalso on dit qu'il s’était , lasse de se tenir debout devant l'autel sans rece-
trompé sur le sens du mot. voir de réponse pria sa tante de lui prêter la
,

En 1382, un astrologue anglais fft crier parla moitié de son siège, c De bon cieur lui dit Cé- ,

ville de Londres que la veille de l’Ascension cilia je vous cède ma place tout entière. » Sa
,

personne ne sortit de sa maison sans avoir dit bonté lui inspira ces mots, qui furent pourtant,
cinq fois le Pater noster, et sans avoir déjeuné , dit Valère-Maxime, un présage de ce qui devait
à cause du brouillard pestilentiel qui arriverait !
arriver car Cécilia mourut quelque temps après,
:

ce jour-là parce que ceux qui ne le feraient pas


;
et Métellus épousa sa nièce. lorsque Paul-Émile
mourraient infailliblement. Plusieurs, se fiant à faisait la guère au roi Persée il lui arriva quel- ,

cette prédiction , firent ce que l’astrologue avait que chose de remarquable, lin jour, rentrant à
prescrit; mais, comme on reconnut après qu’il sa maison, il embrassa, selon sa coutume, la plus
avait trompé le peuple, on le mit sur un cheval [
jeune de ses filles nommée Tertia et la voyant , ,

à reculons ,
tenant la queue en place de bride plus triste qu'à l’ordinaire, il lui demanda le su-

avec deux marmites au cou et on le promena


, jetde son chagrin. Cette petite fille lui répondit
ainsipar toute la ville. que Persée était mort (un petit chien que l’enfant
W'ecker, dans les Secrets merveilleux, donne ce nommait ainsi venait de mourir). Paul saisit le
procédé comme infaillible pour prédire l'avenir : présage et en effet, peu de temps après, il vain-
;

Qu'on brûle de la graine de lin, des racines de quit le roi Persée, et entra triomphant dans
persil et de violette; qu’on se mette dans cette (tome *.

fumée, on prédira les choses futures. Voy. Astro- Un peu avant l’invasion des Espagnols au
logie , Prophéties Bohémiens, etc. , Mexique on prit au lac de Mexico un oiseau de
,

Préjugé. Manière banale , absurde ou irréflé- la forme d’une grue, qu’on porta à l'empereur
chie d’apprécier les choses. Les sujets du Grand Montézuma comme une chose prodigieuse. Cet
,

Mogol sont dans l’usage de peser leur prince oiseau, dit le conte, avait au haut de la tête une
tous les ans, et c’est toujours en raison de ce espèce de miroir où Montézuma vit les cieux
qu'ilpèse qu’ils l'estiment valoir plus ou moins. parsemés d’étoiles, de quoi il s'étonna grande-
Prélati charlatan de magie. Voy. Raiz.
,

Présages. Celle faiblesse ,


qui consiste à re- 1
Vnlère-Maximp.

Digitized by Google
, ,

PKK — 558 — PRK

ment. Puis, levant les yeux au ciel, et n’y voyant tel, qui que tu sois, examine et pèse tant que
plus d'étoiles , il regarda une seconde fois dans tu voudras; nul sur la terre ne sait quelle fin
le miroir, et aperçut un peuple qui venait de l'attend. »
l’Orient, armé, combattant el tuant. Ses devins Préservatifs. Voy. Amulettes, Corses, Phy-
étant venus pour lui expliquer ce présage , l’oi- lactères , Troupeaux , etc.
seau disparut, en grand trouble.
les laissant Pressentiment. Suétone assure que Calpur-
« C'était , à mon , son mauvais
avis, dit Delancre nie fut tourmentée de noirs pressentiments peu
démon qui venait lui annoncer sa lin, laquelle d’heures avant la mort de César. Mais que sont

lui arriva bientôt. » Dans le royaume de Loango, les pressentiments? Est-ce une voix secrète et
en Afrique, on regarde comme le présage le plus intérieure? Est-ce une inspiration céleste? Est-ce

funeste pour le roi que quelqu'un le voie boire laprésence d’un génie invisible qui veille sur nos
et manger : ainsi il est absolument seul el sans destinées? Les anciens avaient fait du pressenti-

domestiques quand il prend ses repas. Les voya- ment une sorte de religion, et de nos jours on y
geurs, en parlant de cette superstition, rappor- ajoute foi. M. C. de R..., après s'être beaucoup

tent un trait barbare d’un roi de Loango lin de : amusé au bal de l’Opéra , mourut d’un coup de
ses fils, âgé de finit ou neuf ans, étant entré im- sang en rentrant chez lui. Madame de V..., sa
prudemment dans la salle où il mangeait, eldans sœur, qui l’avait quitté assez tard, fut tourmentée
le moment qu’il buvait, il se leva de table, ap- toute la nuit de songes affreux qui lui représen-

pela le grand prêtre qui saisit cet enfant le (iL


, , taient son frère dans un grand danger, l’appelant
égorger , et frotta de son sang les bras du père à son secours. Souvent réveillée en sursaut, et
pour détourner les malheurs dont ce présage dans des agitations continuelles, quoiqu'elle sût
semblaiL le menacer. Un autre roi de Loango fit que son frère était au bal de l'Opéra, elle n’eut
assommer un chien qu’il aimait beaucoup, et qui, rien de plus pressé, dès que le jour parut, que
l’ayant un jour suivi, avait assisté à son dîner'. de demander sa voilure el de courir chez lui.
Les hurlements des bêtes sauvages, les cris des Elle arriva au moment où le suisse avait reçu
cerfs et des singes sont des présages sinistres ordre de ne laisser entrer personne et de dire
pour les Siamois. S'ils rencontrent un serpent que M. C. de R... avait besoin de repos. Elle
qui leur barre le chemin, c’est pour eux une rai- s’en retourna consolée el riant de sa frayeur. Ce
son suffisante de s’en retourner sur leurs pas, ne fut que dans l’après-midi qu’elle appritque
persuadés que l'affaire pour laquelle ils sont sor- ses noirs pressentiments ne l avaient point trom-
tis ne peut pas réussir. La chute de quelque pée. Voy. Songes.
meuble que le hasard renverse est aussi d’un On lisait dans le journal la Patrie, en sep-
très-mauvais augure. Que le tonnerre vienne à tembre 1857 :
tomber, par un effet naturel et commun, voilà « M. de S... , neveu de la comtesse K..., ha-

de quoi gâter la meilleure alTairc. Plusieurs pous- bite l’Angleterre. Un soir, il rentre chez lui, l'esprit
sent encore plus loin la superstition el l’extrava- fort tranquille. A peine a-t-il allumé sa bougie
gance dans une circonstance critique et embar-
: qu’il entend un bruit étrange. Il se détourne et ,

rassante, ils prendront pour règle de leur con- voit sur sa table une main qui trace rapidement
duite les premières paroles qui échapperont au quelques lettres sur le papier et disparaît. Il
hasard à un passant, el qu’ils interpréteront à s’approche et lit Godefroy. C’est le nom d’un
:

leur manière. Dans le royaume de Bénin, en de ses amis qui voyageait alors dans l'Amérique
Afrique, on regarde comme un augure très-favo- du Nord.
rable qu’une femme accouche de deux enfants » M. de S... a pris note précise du jour et de

jumeaux le roi ne manque pas d’être aussitôt


: l’heure de celte apparition ; quelque temps après,
informé de cette importante nouvelle, et l’on cé- il a su officiellement que ce même jour, à la
lèbre par des concerts et des festins un événe- même heure, son ami était mort au Canada.
ment si heureux. Le même présage est regardé L’impression que cet événement a produite sur
comme très -sinistre dans le village d’Arebo, lui a été si vive, qu’il vient de renoncer au
quoiqu’il soit situé dans le même royaume de monde et d’entrer aux oratorieus de Londres. »
Bénin. Pressine. Voy. Mélusine.
Un serpent s'était entortillé autour d’une clef Prestantius. Voy. Extases;
à la porte d une maison, et les devins annonçaient Prestiges, r 11 y a eu de nos jours, dit Gas-
que c'était un présage. « Je ne le crois pas dit ,
pard Pèucer, en ses commentaires De divina-
un philosophe, mais c’en pourrait bien être un si lione, une vierge bateleuse à Bologne, laquelle,

la clef s'était entortillée autour du serpent. » pour l’excellence de son art, était fort renommée
Prescience, connaissance certaine et infail- par toute l’Italie; néanmoins elle ne sut, avec
lible de l'avenir. Elle n’appartient qu'à Dieu. toute sa science, si bien prolonger sa vie, qu'en-
Ilappelons-nous ici la maxime d'Hervcy : « Mor- fin, surprise de maladie, elle ne mourût. Quelque
autre magicien, qui l’avait toujours accompagnée
1
Sainl-Foix, Essais historiques. sachant le profit qu'elle relirait de son art pen-

ad by Google
, ,

PRÈ — 559 — PMO


liant sa vie, lui mil, pur lu secours des esprits, Pour toutes les blessures : Dieu me bénisse et
quelque charme ou poison sous les aisselles : de me guérisse, moi pauvre créature, de toute es-
sorte qu'il semblait qu’elle eût vie com- ; et elle pèce de blessure, quelle qu'elle soit, en l'honneur
mença à se retrouver aux assemblées, jouant de de Dieu et de la Vierge Marie, et de MM. saint
la guitare, chantant, sautant et dansant, comme Cosme et saint Damien. Amen.
Pour les maladies des yeux : M. saint Jean, pas-
sant par ici, trouva trois vierges eu son chemin.
Il leur dit : Vierges, que faites-vous ici? Nous
guérissons de la maille. — Oh I guérissez, vierges,
guérissez cet œil.
Pour arrêterle sany du nez : Jésus-Christ est

né en Bethléem et a souffert en Jérusalem. Sou


sang s’est troublé je le dis et le commande
;

sang, que lu t'arrêtes par la puissance de Dieu,


par l'aide de saint Fiacre et de tous les saints,
tout ainsi que le Jourdain, dans lequel saint Jean-
Baptiste baptisa Noire-Seigneur, s’est arrêté. Au
nom du Père et du du Saint-Esprit.
Fils et
Contre la induré Feu de Dieu, perds ta cha-
:

leur, comme Judas perdit sa couleur, quand il


vendit Noire-Seigneur au jardin des Olives, l'oyez
Point de côté, Oiiaison du loue, Cardes, Baiibk-
a-Dieu, etc.
Prierio (Sylvestre Mozzolino de), savant do-
minicain a publié un livre curieux sur les faits
,

étranges des sorcières cl des démons De strigi- :

elle avait accoutumé de sorte qu elle ne diffé-


: mwjarum ilemonumque prcsliyiis. Rome, 1521;
rait d'une personne vivante que par la couleur, in-4“.
qui était excessivement pâle. Peu de jours après, Prisier, démon invoqué dans les litanies du
il se trouva à Bologne un autre magicien lequel ,
sabbat.
averti de l’excellence de l'art de cette fille, la Prodiges, événements surprenants dont on
voulut voir jouer comme les autres. Mais à peine ignore la cause et que l’on est tenté de regarder
,

vue, qu’il s'écria


l'eul-il Que faites-vous ici, : comme surnaturels. C’est la définition de Bergier.
messieurs? celle que vous voyez devant vos yeux Sous le consulat de Volumnius, on entendit par-
qui de si jolis soubresauts, n'est autre qu'une
fait ler un bœuf. Il tomba du ciel, en forme de pluie,
charogne morte. Et à l'instant elle tomba morte des morceaux de chair, que les oiseaux dévo-
à terre au moyen de quoi le prestige et l’en-
: rèrent en grande partie le reste fut quelques ;

chanteur furent découverts. » jours sur la terre sans rendre de mauvaise odeur.
Une jeune femme de la ville de Laon vit le Dans d'autres temps, on rapporta dos événe-
diable sous la forme de son grand-père, puis ments aussi extraordinaires, qui ont néanmoins
sous celles d’une bête velue, d'un chat, d’un trouvé créance parmi les hommes. Un enfant de
escarbot, d'une guêpe et d'une jeune fille*. six mois cria victoire dans un marché de bœufs.
Ce sont plutôt des hallucinations que des pres- Il plut des pierres à Picenna. Dans les Gaules,
tiges. l'oy. Apparitions, Enchantements, Sici- un loup s'approcha d'une sentinelle, lui tira l'épée
dites. Métamorphoses, Chaumes, etc. du fourreau et l'emporta. Il parut en Sicile une
Prêtres noirs. C'est le nom quo donnent les sueur de sang sur deux boucliers, et, pendant la
sorciers aux prêtres du sabbat. seconde guerre punique, un taureau dit, en pré-
Prières superstitieuses. Nous empruntons sence de Cnéus Domilius Borne, prends garde à ;

à l'abbé Thiers et à quelques autres ces petits


chefs-d’œuvre do- niaiserie ou de naïveté.
Poui le mal de dents : Sainte Apolline, qui êtes
assise sur la pierre; sainte Apolline, que faites-
vous là? — Je suis venue ici pour le mal de

dents. Si c’est un ver, ça s’ôtera ; sic'est une


goutte, ça s’en ira.

Contre le tonnerre : Sainte Barbe, sainte Fleur,


la vraie croix de Nntre-Seigneur. Partout où celle
oraison se dira, jamais le tonnerre ne tombera. toi
1
7 Dans la ville de Caléna, sous le consulat de

1
Cornelii gemmœ cuvnocritie/r, lib. II, cap. n. 1
Valère-Maximc.

Digitized by Google
,

PRO 560 PRO


Lépide, ou enlendit parler lin coq d’Inde, qui ne à l'ombre et se rafraîchissait au soleil. Il s’est

s’appelait pas alors un coq d’Inde; car c’était une trouvé une Athénienne qui a vécu de ciguë jus-
pintade. Voilà des prodiges. qu’à la vieillesse et un certain Mahomet, roi de
;

Dolancre parle d’une sorcière qui, de son Cambaye, s’accoutuma si bien aux viandes em-
temps, sauta du haut d’une montagne sur un ro- poisonnées, dans la peur qu'il eut do périr par le
cher éloigné de deux lieues. Quel saut!.... Un poison, qu’il n'en eut plus d’autres dans ses repas.
homme ayant bu du lait, Schenck dit qu’il vomit Il venimeux qu’une mouche qui le lou-
devint si

deux petits chiens blancs aveugles. Vers la lin du chait tombait morte dans le même instant; il

mois d’août 1682, on montrait à Charenton une tuait de son haleine ceux qui passaient une heure

tille qui vomissait des chenilles, des limaçons, avec lui. Pyrrhus, roi d’Épire, comme le disent

des araignées et beaucoup d’autres insectes. Les Pline et Plutarque ,


guérissait avec le pouce de
docteurs de Paris étaient émerveillés. Le fait sem- son pied droit tous les maux de rate, et, selon
blait constant. Ce n’était pas en secret : c’était d'autres, tous les ulcères qui s’étaient formés
devant des assemblées nombreuses que ces sin- dans la bouche
mais ce qui n’est pas moins
;

guliers vomissements avaient lieu. Déjà on pré- étonnant, c’est que, le corps de Pyrrhus étant

parait de toutes parts des dissertations pour brûlé et réduit en cendre on trouva tout entier ,

expliquer ce phénomène, lorsque le lieutenant le môme pouce , qui fut porté en cérémonie dans

criminel entreprit de s'immiscer dans l’alTaire. Il un temple, et là enchâssé comme une relique.
interrogea la peur du fouet et
maléliciée, lui fit C’en est assez pour justifier qu’il y a des choses
du carcan et elle avoua que depuis sept ou huit
,
historiques qui ne sont presque jamais vraisem-
mois elle s’était accoutumée à avaler des che- blables*.
nilles, des araignées et des insectes; qu’elle dési- Prométhée. Atlas et Prométhée, tous deux
rait depuis longtemps avaler des crapauds mais ,
grands astrologues , vivaient du temps de Joseph.
qu'elle n’avait pu s'en procurer d’assez petits 1
. Quand Jupiter délivra Prométhée de l’aigle ou du
On a pu lire, il y a vingt ans, un fait pareil rap- vautour qui devait lui dévorer les entrailles pen-
porté dans les journaux une femme vomissait
: dant trente mille ans, le dieu, qui avait juré de
des grenouilles et des crapauds; un médecin peu ne le point détacher du Caucase, ne voulut pas
crédule, appelé pour vérifier le fait, pressa de fausser son serment, et lui ordonna de portera
questions la malade et parvint à lui faire avouer son doigt un anneau où serait enchâssé un frag-
qu’elle avait eu recours à cette jonglerie pour ment de ce rocher. C’est là , selon Pline l’origine ,

gagner un peu d’argent 1 . des bagues enchantées.


« il y a, dit Chevreau, des choses historiques Pronostics populaires. Quand les chênes
et qui ne sont presque pas vraisemblables. Il plut portent beaucoup de glands, ils pronostiquent
du sang sous l’empereur Louis II de la laine sous ; un hiver long et rigoureux. Tel vendredi, tel di-
l’empereur Jovinien des poissons, dont on ne
; manche. Le peuple croit qu’un vendredi pluvieux
put approcher pour leur puanteur, sous Othon III ; ne peut être suivi d'un dimanche serein. Racine
et Valère-Maxime dans le chapitre des Prodiges,
, a dit au contraire :
de son premier livre, a parlé d’une pluie de
-Ma foi sur l'avenir bien fou qui se fiera
pierres et d’une autre de pièces sanglantes de , ;

Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.


chair, qui furent mangées par les oiseaux. Louis,
fils de Ladislas, roi de Hongrie et de Bohème, Si la huppe chante avant que les vignes ger-
pour être venu avant terme, naquit sans peau, ment, c’est un signe d’abondance de vin :

et les médecins trouvèrent moyen de lui en faire


une. Une femme dans le Péloponnèse comme le
,
De saint Paul la claire journée
,
Nous dénote une bonne année.
dit Pline, eut en quatre couches vingt enfants,
Si l’on voit épais les brouillards,
cinq à la fois dont la plupart vécurent et selon
, ; Mortalité de toutes parts.
Trogus, une autre, en Égypte, eut sept enfants S’il fait vent, nous aurons la guerre;
S’il neige ou pleut, cherté sur terre;
d'une même couche. Saint Augustin, dans le cha-
Si beaucoup u’eau tombe en ce mois,
pitre xxnt du livre XIV de la Cité de Dieu, dit Lors peu de vin croître tu vois.
qu'il a vu un homme qui suait quand il voulait,
sans faire aucun exercice violent, et qu’il y pre- Des étoiles en plein jour pronostiquent des in-
nait un fort grand plaisir. Le bras d’un des capi- cendies et des guerres. Sous le règne de
Con-
taines de ürutus sua de l'huile rosat en telle pendant
stance, il
y eut un jour de ténèbres
abondance, que toute la peine qu’on se donna lequel on vit les étoiles; le soleil à sou lever
la
pour l’essuyer et pour le sécher fut inutile. Dé- émit aussi pâle que la lune : ce qui présageait
mophon, maître d'hôtel d’Alexandre, s'échauffait Jamine el la peste.

1
Dictionnaire des merveilles de la nature, article Du jour de saint Médard, en juin,
Estomac. Lo laboureur se donne soin ;

- M. Saignes, Des erreurs et des préjuges t. Il,


p. 9t. * Chevrcrana. I. I, p. Î57.

Digitized by Google
PRO — 561 — PRO
Car les anciens disent S'il pleut,
: Trois soleils pronostiquent un triumvirat. On vit
.
Quarante jours pleuvoir il peut. trois soleils, dit Cardan, après la mort de Jules
Et s'il fait beau, sois tout certain
D'avoir abondamment de grain.
César ; la même chose eut lieu un peu avant le
règne de François I", Charles-Quinl et Henri VIII.
On lit dans les Mélanges tirés d'une grande Si le soleil luit avant la messe le jour de la
bibliothèque que, les habitants de Salency ayant, Chandeleur, c’est un signe que l'hiver sera en-
dans un temps de sécheresse, invoqué particu-
'
core bien long. —
Qui se couche avec les chiens
lièrement saint Médard . évêque de ISoyon pour ,
se lève avec les puces.
obtenir de la pluie, il arriva qu'en eiïel celte Les paysans ont mille signes que nous n'avons
sécheresse fut suivie d'une pluie du quarante pas pour prévoir le beau ou le mauvais temps ;

jours. C’est là, dit-on, l'origine du pronostic al- 1


leurs baromètres naturels sont souvent plus in-
tribut’ à saint Médard. On dit encore que : que les nôtres; leurs signes, en eiïel,
faillibles

sont fondés sur une constante observation. New-


S'il pleut le jour do saint Gerçais,
ton, se promenant à la campagne avec un livre
Il pleuvra quinze jours après.
à la main, passa devant un pâtre, à qui il enten-
Les tonnerres du soir amènent un orage les ;
dit marmotter : —
Ce gentleman ne lira pas tout
tonnerres du malin promettent des vents; ceux le long de sa promenade , ou bien son livre sera
qu’on entend vers midi annoncent la pluie. Les mouillé; et le philosophe ne tarda pas à voir tom-
pluies de pierres pronostiquent des charges et ber la pluie. Il repasse et demande au pâtre :

des surcroîts d'impôts. — A quoi, mon ami, avez-vous donc jugé qu’il
allait pleuvoir? C’est, répondit-il , que mes vaches
Quiconque en août dormira
Sur midi s'en repentira.
fourraient leurs museaux dans les haies'.

Bref, en tout temps je te predi Prophètes. Les Turcs reconnaissent plus de


Qu'il ne faut dormir à midi. cent quarante mille prophètes ; les seuls que nous

Un groupe (loi cent quarante mille prophète» lurc».

devions révérer comme vrais prophètes sont ceux parce que milord était malade. — Dites à milord
des saintes Écritures. Toutes les fausses religions que de la part do Dieu répliqua le vi-
je viens ,

en ont eu de faux comme elles. siteur.Le domestique se rendit auprès de son


Voici quelques mots sur un prophète moderne, maître, qui lui donna ordre de faire entrer. —
comme il s’en voit encore. Le lord juge llolt avait Qu’y a-t-il pour votre service? lui demanda le
envoyé en prison un soi-disant prophète qui se juge. —
Je viens, lui dit l’aventurier, de la part
donnait à Londres les airs de passer pour un en- du Seigneur, qui m’a envoyé vers toi pour t'or-
voyé du ciel. Un particulier, partisan de cet in-
spiré, se rendit chez milord et demanda à lui 1
Voyez les pronostics populaires plus étendus
parler. On lui dit qu'il ne pouvait pas entrer, dans les Légendes du Calendrier.
36

Digitized by Google
PRO — 562 — PSL
donner de mettre en liberté John Atkins, son qui a établi que la propriété est le vol. Le diable
que lu as fait meure en prison.
fidèle serviteur, a dû bien rire.
— Vous êtes un faux prophète et un insigne men- Pruflas ou Busas, grand prince et grand-duc
teur, lui répondit le juge, car si le Seigneur vous de l'empire infernal. Il régna dans Babylone;
avait chargé de celle mission, il vous aurait et là il avait la tète d'un hibou. Il excite les dis-
adressé au procureur général. Il sait qu’il n’est cordes, allume les guerres, les querelles et
pas en mon pouvoir d’ordonner l'élargissement réduit les gens à la mendicité; il répond avec
d’un prisonnier; mais je puis lancer un décret profusion à tout ce qu'ou lui demande; il a
de prise de corps contre vous, pour que vous vingt-six légions sous ses ordres*.
lui teniez compagnie et c'est ce que je vais faire.
,
Psellus (Michel), auteur du livre De opera-
La rébellion contre l'Église connue sous le tionc dœmonum. Paris, 1623; in-8*. Il a été tra-

nom de la réforme a eu ses prophètes, dont les duit en français par Gaulmin. Il est fort curieux.
plus célèbres sont Aslier, Isabeau et Jul ien ,
qui On y voit que les démons promettaient à ceux
a prophétisé si bien à rebours. Voyez Us Pro- qu’ils pouvaient enrôler sous leurs bannières des
phètes du Dauphiné, dans Us l,igendes infernales. honneurs, de l’or et des richesses; niais qu'ils

Comme le diable cherche toujours à singer n'accomplissaient pas leurs" promesses; qu'ils
Dieu , il a donc aussi scs prophètes. Mais ils sont trompaient habituellement leurs initiés par une
menteurs. Tous des faux dieux pas-
les oracles certaine fantasmagorie et par des apparitions lu-

saient pour prophéties. Mais sur cent de ces mineuses qu'ils appelaient théopsies ou visions
oracles, quatre-vingt-dix-neuf n’étaient que des divines mais que las amateurs ne pouvaient y
;

énigmes qu’il fallait deviner. Voy. Psellus. arriver qu'après avoir commis des actions abo-
Propreté. Saint Rernard met la propreté au minables. Psellus parle aussi d’excréments hu-
nombre des vertus; car Dieu aime ce qui est pur. mains, solides et fluides, que les sorciers devaient
Les démons, naturellement opposés, font de la goûter pour se rendre las démons favorables. Il
propreté un vice dans leurs adeptes, qui sont raconte une aventure qui lui fut personnelle et
obligés de l’éviter. que nous empruntons à la traduction de Gôrres
Proserpine, épouse de Pluton selon les païens, par M. de Sainte-Foi.
et reine de l’empire infernal. Selon les démono- Psellus ,
qui était puissant à
la cour de Constan-

manes, Proserpino est archiduchesse et souve- tinople, fit mettre en prison un sorcier mani-
raine princesse des esprits malins. Son nom vient
de proserpere, ramper, serpenter; les interprètes
voient en elle le serpent funeste.
Pro3trophies, esprits malfaisants qu'il fallait
supplier avec ferveur, chez les anciens, pour évi-
ter leur colère.

chéen qui prophétisait. « Comme je lui deman-


dais, dit-il, d'où il tenait le don de prophétie, il

Proflu. refusa d’abord de répondre. Mais, forcé de parler,


il me dit qu’il avait appris son art d'un vagabond
Proudhon, écrivain contemporain qui a eu la de Libye. — Celui-ci, me poursuivit-il, m'ayant
stupide grossièreté d'écrire que Dieu est le diable, mené la nuit sur une montagne, me fit goûter
et de s’offrir pour gouverner mieux que lui les
choses de ce monde. C’est cet ennemi de Dieu 1
Wierus, in Pseudom. tUrrnonum.

Digrtized by Google
J
,

PS K — 563 — PUC
d’une certaine herbe, me cracha dans la bouche, ou art d’évoquer les morts. Voy. Nécromancie.
m’oignit les yeux d’un certain onguent et me fit Psy lies ,
peuples de Libye , dont la présence
voir une multitude de démons, parmi lesquels seule charmait le poison le plus subtil des ser-
j’en aperçus un qui volait vers moi sous la forme pents les plus redoutables. Ils prétendaient aussi
d’un corbeau et, entrant par ma bouche, il pé-
;
guérir la morsure des serpents avec leur salive
nétra jusqu’au fond de mes entrailles. A partir ou par leur simple attouchement. Hérodote pré-
de ce moment jusqu’aujourd’hui, j’ai pu lire dans tend que les anciens Psylles périrent dans la
l'avenir toutes les fois que mon démon l'a bien guerre insensée qu’ils entreprirent contre le vent
voulu. Il n’y a que quelques jours dans l’année du midi, indignés qu'ils étaient de voir leurs
où je ne puis obtenir de lui qu’il me révèle quoi sources desséchées.
que ce soit c'est aux fêtes de la Croix, aux jours
: Psylotoxotes, peuples imaginaires de Lucien.
de la Passion et de la Résurrection. Il me dit — Ils étaient montés sur des puces grosses comme
ensuite : Vous aurez beaucoup 5 souffrir dans des éléphants.
votre corps; les démons vous en veulent, parce Publius. Voy. Tête.
que vous abolissez leur- culte ; et ils vous ont Pucel , grand et puissant duc de l’enfer. Il
préparé des dangers auxquels vous n’échapperez parait sous la forme d'un ange obscur; il répond
pas, si une puissance supérieure à la leur ne vous sur les sciences occultes; il apprend la géomé-
arrache de leurs mains. —
Tout arriva comme il trie et les arts libéraux; il cause do grands bruits

l’avait prédit, ajoute Psellus, et je serais mort et fait entendre le mugissement des eaux dans
au milieu des dangers de toutes sortes dont j’ai les lieux où il n'y en a pas. Il commande qua-

été environné, si Dieu ne m'eu avait inopiné- rante-huit légions. Il pourrait bien être le même
ment délivré*. que Pocel.
Pucelle d'Orléans. Voy. Jeanne d’Arc.
Puces. L’abbé Thiers, parmi les super-
stitions qu'il a recueillies, rapporte celle-
ci qu’on peut se prémunir contre la mor-
:

sure des puces en disant Och, och. :

Puck. C’était un démon familier que ce


Puck qui eut longtemps son domicile chez
,

les dominicains de Schwerin dans le Mec-


klembourg. Malgré les tours qu’il jouait aux
étrangers qui venaient visiter le monastère,
Puck, soumis aux moines, avait l'air d'étre
pour eux un bon serviteur. Sous la forme
d'un singe, il tournaitbruche, tirait le
la

vin, balayait la cuisine. Cependant, malgré tous


ces services, le religieux à qui nous devons la
Vcridica relulio de diemonio Puck no reconnaît

en lui qu’un esprit malin. Lo Puck de Schwerin


recevait pour ses gages deux pots d’étain et une
veste bariolée de grelots en guise de boutons.
l'a paille charmeur.
Le moine Rusch, de la légende suédoise, et
Psephos, sorte de divination où l’on faisait Bronzet, de l’abbaye de Monlmajor, près d’Ar-
usage depetitscaillouxqu’on cachait dans du sable. les sont encore Puck sous d’autres noms. On le
,

Psychomancie divination par les esprits,


,
retrouve en Angleterre sous la forme de Robin
1
Myntiquc deG’orres, liv VIII ch. ut. Goodfellow ou de Robin Hood (Robin des bois)
,
36 .

Digitized by
,

PUN — 564 — PYG


le fameux bandit de la forêt de Sherwood ayant indiqué dans saint Matthieu, chap. xu, où Noire-
reçu ce surnom à cause de sa ressemblance avec Seigneur parle de péchés qui ne sont remis ni
ce diable populaire. Enfin Robin Hood est aussi dans le siècle présent, ni dans le siècle futur.
leRed Cap d’ Écosse et le diable saxon Mode ken, Or, les péchés qui peuvent être remis dans le
ainsi appelé de l’hoodiwen, ou petit chaperon siècle futur ne le seront ni dans le ciel , où rien
rouge qu’il porte en Suède lorsqu'il y apparaît de souillé ne peut entrer, ni dans l’enfer, où il
sous la forme du Niue ou Kissegodreng. Puck, n'y a plus de rémission. Donc ils seront expiés
en Suède, se nomme Xitiegodreng (ou Nisse le dans un lieu intermédiaire; et ce lieu est le pur-
bon enfant), et vit en bonne intelligence avec gatoire.
Tomlegobbe, ou le Vieux du Grenier, qui est un Purrikeh épreuve par , le moyen de l'eau et
diable de la même classe. On trouve Nissego- du feu, en usage chez les Indiens pour décou-
dreng et Tomtegobbe dans presque toutes les vrir les choses cachées.
fermes, complaisants et dociles si on les traite Pursanou Ourson, grand roi de l'enfer. Il

avec douceur, mais irascibles et capricieux si on


les offense.
Dans le royaume voisin , en Danemark les ,

Pucks ont un rare talent comme musiciens. Il


existe une certaine danse appelée la gigue du
roi des Elfes bien connue des ménétriers de
,

campagne et qu’aucun d'eux n’oserait exécuter.


L’air seul produit le même effet que le cor d’O-
béron à peine la première note se fait-elle en-
:

tendre, vieux et jeunes sont forcés de sauter en


mesure; les tables, les chaises et les tabourets
de la maison commencent à se briser, et le mu-
sicien imprudent ne peut rompre le charme
qu’en jouant la même danse à rebours sans dé-
placer une seule note, ou bien en laissant appro-
cher un des danseurs involontaires assez adroit
pour passer derrière lui et couper toutes les apparaît sous la forme humaine, en costume du
cordes du violon par-dessus son épaule '. temps, avec une tête qui rappelle le lion; il
Punaises. Si on les boit avec de bon vinai- porte une couleuvre; il est quelquefois monté
gre elles font sortir du corps les sangsues que sur un ours et précédé continuellement du son
,

l'on a avalées, sans y prendre garde en buvant de la trompette. Il connaît à fond le présent
,
le ,

de l’eau de marais ’. passé, l’avenir, découvre les choses enfouies,


Purgatoire. Les juifs reconnaissent une sorle comme les trésors. En prenant la forme d’un
de purgatoire il dure pendant toute la première homme, il est aérien; il est le père des bons
;

année qui suit la mort de la personne décédée. esprits familiers. Vingt-deux légions reçoivent
L'âme, durant ces douze mois, a la liberté de ses ordres *.
venir visiter son corps et revoir les lieux et les Pntéorites, secte juive dont la superstition
personnes pour lesquels elle a eu quelque affec- consistait h rendre des honneurs particuliers aux
tion particulière. Le jour du sabbat est pour elle puits et aux fontaines.
un jour de relâche. Les Kalmouks croient que Pygmées peuplo fabuleux qu’on disait avoir
,

les Berrids, qui sont les habitants de leur purga- existé en Thrace. C’étaient des hommes qui n’a-
toire, ressemblent à des tisons ardents et souf- vaient qu'une coudée de haut leurs femmes ;

frent surtout de la faim et de la soif. Veulent-ils accouchaient â trois ans et étaient vieilles à huit.
boire, â l'instant ils se voient environnés de Leurs villes et leurs maisons n'étaient bâties que
sabres, de lances, de couteaux; â l’aspect des de coquilles d’œufs; à la campagne, ils se reti-
aliments, leur bouche se rétrécit comme un trou raient dans des trous qu’ils faisaient sous terre.
d’aiguille, leur gosier ne conserve que le dia- Ils coupaient leurs blés avec des cognées, comme

mètre d’un fil, et leur ventre s’élargit et se dé- s’il eut été question d'abattre une forêt. Une
ploie sur leurs cuisses comme un paquet d’allu- armée de ces petits hommes attaqua Hercule
mettes. Leur nourriture ordinaire se compose qui s’était endormi après la défaite du géant
d'étincelles. Ceux qui ont dit que le purgatoire Antéc, et prit pour le vaincre les mêmes précau-
n’est séparé de l’enfer que par une grande toile tions qu’on prendrait pour former un siège. Les
d'araignée ou par des murs de papier qui en deux ailes de celle petite armée fondent sur la
forment l’enceinte et la voûte ont dit des choses main droite du héros et, pendant que le corps
, ,

que les vivants ne savent pas. Le purgatoire est de bataille s’attache â la gauche et que les ar-
1
Quarterly Review.
2 Albert le Grand, Wierus
p. <87. l'seudom. dœrnon.
1
,
,

PYR — 565 — PYT


chers tiennent ses pieds assiégés, la reine, avec il passa à Crotone, oùil éleva une école de phi-

ses plus braves sujets, livre un assaut 5 la tête. losophie dans maison du fameux athlète Milon.
la
Hercule se réveille, et, riant du projet de ces C'était vers le règne de Tarquin le Superbe. Il
fourmilières, les enveloppe toutes dans sa peau enseignait la morale, l’arithmétique, la géomé-
de lion et les porte à Euryslhée. trie et la musique. On le fait inventeur de la
Les Pygmées avaient guerre permanente contre métempsycose. Il paraît que, pour étendre l’em-
les grues, qui venaient de la Scythie les atta- pire qu'il exerçait sur les esprits, il ne dédaigna
quer. Montés sur des perdrix ou , selon d’autres, pas d’ajouter le secours des prestiges aux avan-
sur des chèvres d'une taille proportionnée à tages que lui donnaient ses connaissances et ses
la leur, ils s’armaient de toutes pièces pour aller lumières. Porphyre et Jamblique lui attribuent
combattre leurs ennemis. des prodiges il se faisait entendre et obéir des
;

Pris de Morlaix, il existe, dit-on, de petits bêtes mêmes. (Jne ourse faisait de grands ravages
hommes d'un pied de haut, vivant sous terre, dans le pays des Dauniens ; il lui ordonna de se
marchant et frappant sur des bassins. Ils étalent retirer : elle disparut. Il se montra avec une
leur or et le font sécher au soleil. L’homme qui cuisse d’or aux jeux olympiques; il se fit saluer
tend la maiD modestement reçoit deux poignées par Nessus il arrêta le vol d'uD aigle ;
le fleuve ;

de ce métal celui qui vient avec un sac dans


; mourir un serpent ; il se fit voir, le même
il lit

l’intention de le remplir est éconduit et mal- jour et à la même heure, à Crotone et à Méla-
traité leçon de modération qui lient à des temps
, ponle. 11 vit un jour, à Tarenle, un bœuf qui
reculés Voy Nains, Gnomes, etc.
.

Pyramides. Les Arabes prétendent que les


pyramides ont été bâties longtemps avant le dé-
luge par une nation de géants. Chacun d'eux
apportait sous son bras une pierre de vingt-cinq
aunes.
Pyromancie divination par le feu. On jetait
,

dans le feu quelques poignées de poix broyée, et,


si elle s'allumait promptement, on en tirait un
bon augure; Qu bien on brûlait une victime, et broutait un champ de fèves; il lui dit à l’oreille
on prédisait l'avenir sur la couleur et la figure de quelques paroles mystérieuses qui le liront cesser
la flamme. Les démonomancs regardent le devin pour toujours de manger des fèves *. On n’ap-
Amphiaraûs comme l’inventeur de cette divina- pelait plus ce bœuf que le bœuf sacré, et, dans
tion. Il y avait à Athènes un temple de Minerve sa vieillesse il ne se nourrissait que de ce que
,

Poliade où se trouvaient des vierges occupées à les passants lui donnaient. Enfin, Pythagore pré-
examiner les mouvements de la flamme d'une disait l’avenir et les tremblements de terre avec
lampe continuellement allumée. Delrio rapporte une adresse merveilleuse; il apaisait les tem-
que, de son temps, les Lithuaniens pratiquaient pêtes, dissipait la peste, guérissait les maladies
une espèce de pyromancie qui consistait à mettre d’un seul mot ou par l’attouchement. 11 fit un
un malade devant un grand feu et si l’ombre ; voyage aux enfers, où il vit l'Ame d'Hésiode atta-
formée par le corps était droite et directement chée avec des chaînes îi une colonne d'airain , et
opposée au feu, c’était signe de guérison; si celle d’Homère pendue à un arbre au milieu
l'ombre était de côté, c’était signe de mort. d’une légion de serpents pour toutes les fictions
,

Pyrrhus, roi d’Épire ,


avait forcé les Locriens injurieuses à la Divinité dont leurs poèmes sont
à remettre entre ses mains les trésors de Proser- remplis. Pythagore intéressa les femmes au suc-
pine. Il chargea ses vaisseaux de ce butin sacri- cès de ses visions, en assurant qu’il avait vu
lège et mit à la voile ; mais il fut surpris par une dans les enfers beaucoup de maris très-rigou-
tempête si furieuse qu’il échoua sur la côte voi- reusement punis pour avoir maltraité leurs fem-
sine du temple. On retrouva sur le rivage tout mes, et que c’était le genre de coupables le moins
l’argent qui avait été enlevé, et on le remit dans ménagé dans l'autre vie. Les femmes furent con-
dépôt sacré *.
le tentes les maris eurent peur, et tout fut reçu. Il
,

Pythagore fils d’un sculpteur de Satnos. Il


,
y eut encore une circonstance qui réussit mer-
voyagea pour s'instruire les prêtres d’Égypte l'i-
: veilleusement : c’est que Pythagore, au moment
nitièrent à leurs mystères, les mages de Chaldée de son retour des enfers et portant encore sur
,

lui communiquèrent leurs sciences: les sages de le visage la pâleur et l'effroi qu'avait dû lui cau-
Crète leurs lumières. 11 rapporta dans Samos tout ser la vue de tant de supplices, savait parfaite-
ce que les peuples les plus instruits possédaient
de sagesse et de connaissances utiles; mais trou- 1
Les pythagoriciens respectaient tellement les
fèves, que non-seulement ils n’en mangeaient point,
vant sa patrie sous le joug du tyran Polycrale
mais meme il ne leur était pas [tennis de passer dans
1 Cambry, Voyage dans le Finistère, en 1 794. un champ de fèves, de peur d'écraser quelque parent
1 Valère-Maxime. dont elles pouvaient loger l’âme.

Digitized by Google
,

PYT — 566 — PYT


ment tout ce qui était arrivé sur la terre pendant eux-mêmes bienheureux , ils n’envient point la fé-
son absence. licitéde leurs semblables, et ne pourront pas les
Pythonisse d’Endor. L’histoire de la pytho- rendre sujets au pouvoir prétendu d’une pytho-
nisse dont dans le vingt-huitième cha-
il est parlé nisse. Quidam' dicunt Samuelem vere revocatum
pitre du premier livre des Rois a exercé beau- esse ,
dit Procope de Gaza sur le verset : J’ai vu un
coup de savants, et leurs opinions sont partagées. grand homme qui montait : Quid mtsgis impium
Les uns croient que cette femme évoqua vérita- est, quam si dicamus damones incantamentis curio-
blement l’àmc de Samuel et les autres n’en , sorum, in intimas polestalem habere, in quas qua- ,

sont nullement persuadés. Le cardinal Bellarmin, nd homines vixerunt , polestatem nullam habue -
qui est de la première opinion , appuie fort sur runt? On peut cependant remarquer ici que Saûl,
les parolesde la pythonisse, qui dit u qu’elle a vu qui auparavant avait tâché d’exterminer tous les
un homme haut avec sa robe, et que par là Saûl devins, était persuadé du contraire, puisqu'il de-
connut que ce devait être Samuel. » Il y a dans mande à cette femme qu’elle lui fasse voir Sa-
l'hébreu Klohim, qui, par quelques-uns a été muel et c’est de là qu’elle eut une occasion de
;

traduit des dieuxun dieu un homme divin un , , , le tromper , comme l’a remarqué Van Dale dans
grand homme; par Jonathan Y ange du Seigneur; , son livre des Oracles, qu’il a donné au public.
et ceux qui sont faits au style de l'Écriture se En effet, quoiqu’elle feignit de ne point con-
souviendront du vingt- deuxième chapitre de naître ce premier roi des Israélites qui s’était
l’Exode : Tu ne médiras point d" Elohim ou de déguisé et avait changé d’habit, il ne pouvait pas
l’ange du Seigneur, c’est-à-dire des magis- lui être inconnu; son palais ne devait pas être

trats des juges du peuple et des prophètes.


, fort éloigné de la maison de la pythonisse et il ;

Dans le verset douzième elle dit qu’elle a vu , était assez remarquable par sa beauté, puisqu’il
Samuel, et c’est une manière de parler dans était le plus beau des Israélites, et par sa taille,
toutes les langues où l’on appelle du nom des , puisqu’il surpassait les autres hommes de toute
choses la plupart de celles qui les représentent. la tête. Ajoutez que toute cette pièce fut jouée

Nicolas de Lyre dit à ce propos Rerum simili- : par la pythonisso que Saiil interrogea sans avoir
tudinrs in sacra Scriptura fréquenter nominantur rien vu; il y avait peut-être quelque muraille
nominibus ipsarum. Quand Pharaon vit sept va- ou quelque autre séparation entre lui et elle.
ches grasses et sept vaches maigres sept épis , Comme elle connaissait le trouble d’esprit où

de blé qui étaint sortis d’un tuyau et sept autres était le roi pour ce que Samuel lui avait prédit,
qui étaient flétris , il ne vit ni ces épis ni ces va- et que les armées des Israélites et des Philistins
ches, puisqu’il songea seulement qu’il les voyait. étaient en présence, elle put lui dire fort sûre-
Où il est dit que Saul connut que ce devait être ment < Toi et ton Dis serez demain avec inoi,
:

Samuel , le mot hébreu a été rendu par crut , s’i- ou vous ne serez plus au monde. » Pour ne pas
magina, se mit dans l’esprit; et l'opinion de saint porter son coup à faux, elle se servit du mot
Augustin est que Satan qui se transforme quel- ,
machar, demain, qui signifie un temps à venir
quefois en ange de lumière, apparut sous la forme indéfini, bientôt, comme on le peut voir dans le
de Samuel à la pythonisse. Deutéronome, chap. vi, vers. 20, et dans Josué,
Rabby Ménassé Ben Israël, qui, dans le deuxième chap. îv, vers. 6. Objicere aliquis posset ajoute
livre de la Résurrection des morts, chap. vi, ne Procope de Gaza , ignoranliam mortis Saulis;
trouve point de fondement dans l'opinion de non enim postero die, sed diebus aliquol interjeclis,
saint Augustin, établit pour une maxime indubi- videtur obiisse. Nisi dicamus, etc. Ainsi la scène
table qu'il y a certains esprits qui peuvent se a pu se passer naturellement, sans le secours de
mettre dans le corps les âmes de ceux qui n'ont la magie, par la seule adresse d’une femme qui
plus de vie, parce que l’àme n'est pas tout à fait devait être assez bien instruite daosson métier*.
absente du corps la première année qui suit la Pythons. Les Grecs nommaient ainsi, du nom
mort • que dans ce temps-là elle y peut rentrer
; d’Apollon Pythien, les esprits qui aidaient à pré-
et en sortir, et qu’après ce temps elle ne dépend dire les choses futures, et les personnes qui en
plus de ces esprits. Mais il raisonne sur une étaient possédées.La Vulgate se sert souvent de
fausseté, qu'il suppose comme une vérité indu- ce terme pourexprimer les devins, les magiciens,
bitable avec la plupart des talmudistes. Quoique les nécromanciens. La sorcière qui fit apparaître
Saûl soit mort sept mois après Samuel comme , devant Saûl l’ombre de Samuel est appelée la
le croient quelques-uns cela ne fait rien pour , Pythonisse d’Endor. l’og. l’article précédent. On
Ménassé, qui ne s’en rapporte qu'à ses rabbins, dit aussi esprit de python pour esprit de devin.
fort persuadés, avec l’auteur du Juchasin qu’il Les prêtresses de Delphes s'appelaient pylho-
y ,

a eu deux années entières entre la mort de l’un nisses ou pythées. Python, dans la mythologie

et de l'autre. Si ces esprits dont il parle sont des grecque est un serpent qui naquit du limon de
,

démons, les âmes des bienheureux ne peuvent la terre après le déluge. 11 fut tué par Apollon,
êlro de leur dépendance; et si ces esprits sont pour cela surnommé Pythien.
1
Voyez Pi'aoATOiar. * Chevraana, t. I, p. 28J.
01 A — 567 — QUE

Q
Quakerisme, secte fondée chez les Anglais ment, mais jusqu’à ce que l’esprit vienne in-
en 1657, par un cordonnier nommé Kox. Il exposa spirer quelqu’un de
la compagnie. Cette inspira-

sa doctrine , qui consiste , en raison de ce que tions'annonce par des convulsions et par un
tous les hommes sont égaux, à tutoyer tout le certain tremblement; ce qui n’est pas trop la
inonde, à ne saluer personne, à ne porter ni manière du Saint-Esprit. Ce tremblement a con-
boulons, ni dentelles, ni aucune autre superfluité, stitué le nom des quakers, qui veut dire trem-

à prêcher, qu'on soit homme ou femme, enfant bleurs. Aussitôt que l’un ou l’une des danseurs
ou vieillard , dès qu'on se sent inspiré par l’es- sent l'Esprit, il ou elle se met à prêcher.
prit, à n'avoir ni culte, ni prêtres, etc. Cette Qoeiran (Isaac) sorcier de Nérac , arrêté à
,

doctrine grossière fut fardée par deux savants, Bordeaux, où il était domestique depuis vingt-
Guillaume Penu et Robert Barklay, à qui cette cinq ans. Interrogé comment il avait appris le
intervention ne fait pas très-grand honneur. La métier de sorcier il avoua qu’à un
, âge encore
secte s’étendit en Angleterre et en Amérique. jeune, étant au service d’un habitant de la Bas-
Son culte consiste à se réunir pour danser grave- tide d'Armagnac, un jour qu’il allait chercher

du feu chez une vieille voisine, elle lui dit de se senti l’odeur , il fut enlevé et porté dans les airs
bien garder de renverser des pots qui étaient jusqu'au lieu où se tenait le sabbat. Des hommes
devant la cheminée ils étaient pleins de poison
: et des femmes y criaient et y dansaient; ce qui
que Satan lui avait ordonné de faire. Cette cir- l’ayant épouvanté, il s’en retourna.
constance ayant piqué sa curiosité, après plu- Le lendemain, comme il passait par la métairie
sieurs questions, la vieille lui demanda s'il voulait de son maître, un grand homme maigre se présenta
voir le grand maître des sabbats et son assemblée. à lui et lui demanda pourquoi il avait quitté l’as-
suborna de telle sorte qu’après l’avoir oint
Elle le semblée où il avait promis à la vieille de rester.
d'une graisse dont il n'a pas vu la couleur ni Il s’excusa sur ce qu'il n’y avait là rien à faire

Digitized by Google
,

QUE — 568 — QUI


pour lui; et il voulut continuer son chemin. Mais sonnes. On appela quintillianites les abomina-
l’homme maigre lui déchargea un coup de gaule sur bles sectateurs qu’elle forma. Il parait qu'elle
l’épaule, en lui disant « Demeure, je te baillerai
: ajoutait encore d'horribles pratiques aux infamies
bien chose qui t’y fera venir. » Ce coup lui fit mal : des caïnites. Voy. Caïn.
pendant deux jours, et il s’aperçut que ce grand
|
Quirim ,
pierre merveilleuse qui , suivant les
homme noir l’avait marqué sur le bras auprès de démonographes, placée sur la tête d’un homme du-
la main la peau en cet endroit paraissait noire
; rant son sommeil, lui fait dire tout ce qu’il a dans
et tannée. l’esprit. — On l'appelle aussi pierre des traîtres.
Un autre jour, comme il traversait le pont de la Quivogne (femme), sorcière contemporaine.
rivière qui est près de la Bastide, le même homme Les prétendus sorciers et sorcières, ou devine-
maigre lui apparut de nouveau, lui demanda resses, trouvent encore tous les jours, dans notre
s’il se ressouvenait des coups qu'il lui avaitdon- siècle si éclairé le moyen de faire des dupes,
,

nés , et s’il voulait le suivre. Il refusa. Le diable quelle que soit la grossièreté des pièges qu’ils
aussitôt, l’ayant chargé sur son cou, voulut le tendent à la crédulité et à l’ignorance. Tout ré-
noyer; mais le pauvre garçon cria si fort, que cemment une fille Rupt, de Vesoul s’était laissé ,

les gens d’un moulin voisin de là étant accourus,


le vilain noir fut obligé de fuir. Enfin le diable
l’enleva un
dans une vigne qui appartenait à
soir
son maître, et le conduisit, quoi qu’il en eût, au
sabbat; il y dansa et mangea comme les autres.
Un petit démon frappait sur un tambour pendant
les danses, jusqu’à ce que le diable, ayant en-
tendu les coqs chanter, renvoya tout son monde. |

persuader par la femme Quivogne qu'à l’aide


d’un char aérien son futur, qui était au service
L'homme maijjre.
allait lui être ramené pour l'épouser. Elle avait
Interrogé s’il n’avait pas fait quelques malé- exigé pour cela douze francs, qu’elle devait em-
fices, Queiran répondit qu’il avait malélicié un ployer, assurait-elle, à faire dire des messes, puis
enfant dans la maison où il avait servi qu’il lui ;
elle avait reçu du linge et d'autres objets. Tout
avait mis dans la bouche une boulette que le cela était passé dans les mains de la femme Qni-
diable lui avait donnée laquelle avait rendu cet
,
vogne; mais il fallait encore, pour faire le corps
enfant muet pendant trois mois. Après avoir été de la machine, quinze aunes de toile; et c’est
entendu en la chambre de la Tournelle, où il fut lorsque la pauvre jeune fille délaissée cherchait
reconnu pour un bandit qui faisait l'ingénu, Quei- à se les procurer qu'elle avoua à la marchande
ran fut condamné au supplice le 8 mai 1009 '. à qui elle s’adressait l’emploi qui devait en élre
Question. Foy. Insensibilité. fait. —Tout étant découvert ainsi, la sorcière fut
Queys, mauvais génies chez les Chinois. arrêtée, jugée et convaincue de bien d'autres es-
Quintillianites. Une femme de la secte des croqueries encore. Enfin elle a été condamnée à
caïnites, nommée Quintille, vint en Afrique du un an de prison, d’où probablement son art ne l’a
temps de Tertullien et y pervertit plusieurs per- tirée qu’à l’expiration de sa peine. Autrefois —
on eût été plus sérieux; on eût séquestré cette
1
Delancre, Incrédulité et mécréance, etc., p. 178. voleuse infâme de la société. Aurait-on eu tort?

Digitized by Google
RAB — 569 — RAL

R
Rabbats, du vacarme dans les
lutins qui font pent quelquefois pour venir au secours des mal-
maisons et empêchent gens de dormir. On les
les heureux. Mais elles ne sont pas toutes bonnes;
nomme rabbats parce qu’ils portent une bavette c'est comme chez nous.
à leur cravate, comme les gens qu’on appelle en Raguse (George de), théologien, médecin et
Hollande consolateurs de.t malades, et qui ne con- professeur à l’université de Padoue ,
a publié un
solent personne. livre rare sur les divinations, où il traite spécia-

Rabbins, docteurs juifs qui, rebelles à la vé- lement de l’astrologie, de la chiromancie, de la


rité, furent longtemps soupçonnés d’être magi- physiognomonie de la ,
géomancie de la no-
,

ciens et d’avoir commerce avec les démons mancie, de la cabale, de la magie, etc. Paris, 1623,
Rabdomancie, divination par les bâtons. C’est in-8”.
une des plus anciennes superstitions. Ézéchiel et Rahouart, démon que nous ne connaissons
Osée reprochent aux Juifs de s'y laisser tromper. pas.Dans la Moralité du mauvais riche et du ladre,
On dépouillait, d’un côté et dans toute sa lon- imprimée à Rouen sans date chez Durzel et
, , ,

gueur, une baguette choisie; on la jetait en l’air;

si, en retombant, elle présentait la partie dé-


pouillée, et qu’en la jetant une seconde fois elle
présentât le côté revêtu de l’écorce, on en tirait

un heureux présage. Si, au contraire, elle tom-


bait une seconde fois du côté pelé, c’était un au-
gure fâcheux. Celte divination était connue chez
les Perses, chez les Tartares et chez les Romains.
La baguette divinatoire, qui a fait grand bruit
sur la fin du dix-septième siècle, tient à la rab-
domancie. Voy. Baci i:t te. Bodin dit qu’une sorte
de rabdomancie était de son temps en vigueur à
Toulouse; qu'on marmottait quelques paroles;
qu'on faisait baiser les deux parties d'un certain
bâton fendu , et qu'on en prenait deux parcelles
qu’on pendait au cou pour guérir la fièvre quarte.
Racbaders, génies malfaisants des indiens.
Radcliffe (Anne) , Anglaise qui publia il y a ,

cinquante ans, des romans pleins de visions, de


spectres et de terreurs, comme les Mystères jouée à la fin du quinzième siècle, Satan a pour
itudolphe, etc. compagnon le démon Rahouart. C’est dans sa
Ragalomancie, divination qui se faisait avec hotte que Rahouart emporte l’âme du mauvais
des bassinets, des osselets, de petites balles, riche quand il est mort,
des tablettes peintes, et que nul auteur n’a pu Rail. Voy. Retz.
bien expliquer Raide (Marie de la) sorcière qu'on arrêta â
,

Rage. Pour être guéri de la rage, des écrivains l'âge de dix-huit ans, au commencement du dix-
superstitieux donnent ce conseil On mangera : septième siècle. Elle avait débuté dans le métier
une pomme ou un morceau de pain dans lequel â dix ans, conduite au sabbat pour la première
on enfermera ces mots Zioni, Kirioni, Ezuza;
: fois par la sorcière Marissane. Après la mort de
ou bien on brûlera les poils d’un chien enragé, cette femme , le diable , selon la procédure , la
on en boira la cendre dans du vin et on guérira
, mena lui-même à son assemblée , où elle avoua
Le seul moyen sûr de guérir la rage et qui n’a qu’il se tenait en forme de tronc d'arbre. Il sem-
jamais manqué, c’est d’aller à Saint-Hubert, blait être dans une chaire , et avait quelque ombre
comme l’attestent les noms de plus de trois cent humaine fort ténébreuse. Cependant elle l’a vu
mille pèlerins qui y sont enregistrés. sous la figure d’un homme ordinaire, tantôt rouge,
Raginia, espèce de fées chez les Kalmouks. Elles tantôt noir. Il s'approchait souvent des enfants,
habitent le séjour de la joie, d’où elles s’échap- tenant un fer chaud à la main mais elle ignore
;

s'il les marquait. Elle n’avait jamais baisé le


1
Leloycr, Histoire des spectres ou apparitions des diable; mais elle avait vu comment on s’y pre-
esprits, p. 29t.
nait : le diable présentait sa ligure ou son der-
vDelancrc , Incrédulitéet mécréance du sortilège
pleinement convaincues, p. 278. rière, le tout à sa discrétion et comme U lui plaisait.
3 Lemnius. Elle ajouta qu’elle aimait tellement le sabbat

Digitized by Google
RAL — 570 — R AN

qu’il lui semblait aller à la noce, « non pas tant Cette dame était une femme de grande vertu ;

par la liberté et licence qu’on y a , mais parce elle avait fondé un refuge pour les malheureux
que le diable tenait tellement liés leur cœur et que le monde abandonne à cause de leurs fautes.
leurs volontés qu’à peine y laissait-il entrer nul Les démons, à qui elle ravissait leur proie, du-
autre désir ». En outre les sorcières y entendaient rent se réjouir de la posséder. On l'amena à
une musique harmonieuse, et le diable leur per- Nancy où les évêques de Nancy et de Tool la
,

suadaitque l’enfer n'est qu'une niaiserie, que le firent exorciser par les plus saints prêtres et les
feu qui brûle continuellement n'est qu’artificiel. plus habiles théologiens. On la questionnait, ou
Elle dit encore qu’elle ne croyait pas faire mal plutôt le démon qui était en elle, en latin, en
d’aller au sabbat, et que même elle avait bien du grec et en hébreu à peine lire
; et quoiqu'elle sût
plaisir à la célébration de la messe qui s'y disait, ne comprit d’autre idiome que
le latin et qu’elle

où le diable se faisait passer pour le vrai Dieu.


!

sa langue elle répondait avec une exactitude


,
1

Cependant elle voyait à l’élévation l’hostie noire*. extrême. Ijë démon, qui parlait par sa bouche,
Il ne parait pas que Marie de la Raide ait élé relevait même les solécismes et les autres fautes
brûlée mais on ignore ce que les tribunaux en
; qui échappaient à ses interrogateurs. L’histoire
firent.
i
de ces exorcismes est assez longue. Ils se faisaient
Raleigh (Walter), courtisan célèbre de la reine devant le duc de Lorraine Henri II et devant une
Élisabeth.Il se vante d’avoir vu, dans l'Améri- assemblée immense, que les grandes douleurs de
que du Sud des sauvages trois fois aussi grands
, cette pauvre dame intéressaient vivement. Elle
que des hommes ordinaires, des cyclopes qui fut délivrée enfin, en même temps que le cou-
avaient les yeux aux épaules, la bouche sur la pable qui avait causé ces horreurs avoua son
poitrine et la chevelure au milieu du dos. crime et fut condamné à mort par la cour de jus-
Rambouillet. Le marquis de Rambouillet, tice de Nancy. (La Magie an dic-neuvième siècle.)
partant avec Louis XIV pour la guerre de Flandre, Rani-Razal, femme de Bava-Coumba chez ,

et le marquis de Précy retenu au lit par la fièvre, les Indiens du Satpoura. Les jeunes mariés loi
s'étaient promis que celui des deux qui mourrait rendent un culte et font des offrandes à son idole
le premier viendrait donner à l'autre des nou- sous un arbre qui lui est consacré.
velles de l'autre monde. Six semaines après, à Rannou. C’est une légende bretonne qui a élé
six heures du matin. Rambouillet vint éveiller publiée, il
y a vingt ans, dans une feuille catho-
son ami, lui annoncer qu’il avait élé tué la veille, lique et signée : lin Glaneur.

lui montrer sa blessure, lui déclarer que lui- < La mère de Rannou était une pauvre femme

même Précy serait tué à la première bataille à qui en se promenant un jour au bord de la mer
,

laquelle il prendrait part, et disparut. Précy aus- pour chercher des coquillages , aperçut une si-
sitôt réveilla sa maison, raconta ce qui venait rène que les eaux, en se retirant, avaient laissée
d’arriver et fut pris pour un visionnaire dont la à sec. La pauvre femme, tout effrayée, allait fuir
fièvre avait troublé les sens. Huit jours après la lorsque monstre la rappela de sa voix la plus
le
poste de Flandre apporta la nouvelle de la mort douce. Venez donc à mon aide disait la sirène
« , ;

de Rambouillet, avec les détails donnés par Précy. ne pas une pauvre mère mourir ici sans
laissez
Cependant on est si difficile à croire l’extraordi- secours. Je suis une créature inoffensive, qui ne
naire qu’on persuada à Précy que son aventure fais jamais de mal à personne; bien plus, sou-
n'était qu’un pressentiment produit par la sym- vent par mes chants j’avertis les matelots de la
pathie. Sans doute qu’il en vint à le croire lui- présence des écueils. »
même, puisqu’il alla peu après au combat du La mère de Rannou avait l’àme bonne; elle
faubourg Saint-Antoine, et il y fut tué ce qui dut : fut tellement touchée par les prières de la sirène
le faire réfléchir. qu’elle l'aida à regagner la mer. Alors celle-ci
Ranfaing (Marie de). M. le chevalier Gougenot lui dit « Que veux-tu que je fasse pour toi? de-
:

des Mousseaux raconte l'histoire de cette dame : mande et tu es sûre d'obtenir. Je ne suis —
« line veuve illustre a refusé la main d’un mé- qu’une pauvre femme; Dieu m’a fait la grâce
decin, dont l’amour n’excita en elle qu’un insur- d’être contente de mon sort. Je ne veux rien
montable dégoût ; et ce misérable ,
qui croyait à pour moi. Mais j’ai un fils encore tout enfant je ;

la magie, parvient à lui faire boire un philtre pré- voudrais bien qu’il eût de l’esprit et de la vail-
paré par son art. Celte femme tombe aussitôt lance. »
dans un lamentable Les médicaments que
état. La sirène plongea dans la mer et revint un
lui administrent les plus habiles médecins, réunis instant après avec une coquille pleine d’un breu-
en consultation, ont perdu toute efficacité. La vage semblable à du lait. « Voici, dit-elle, un
science est à bout de voies et déclare- enfin que philtre que tu feras prendre à ton enfant. Mais
les accidents éprouvés par la patiente ne peuvent fais attention à ce qu’il le boive tout entier et
avoir d’autre cause qu’une possession diabolique. » sans qu'une seule goutte soit perdue. Adieu, et
fais ponctuellement ce que je te recommande. »
1
M. J. Garinet, Histoire île la magie en France. La pauvre femme s’en revint avec le présent
, , ,

RAO — 571 REI

de la sirène; mais, craignant les tromperies de un événement funeste, et la guerre des Marses,
quelque fée malicieuse, elle n’osa pas donner le qui survint bientôt après, donna un nouveau
philtre à son enfant avant d'en avoir fait l'expé- crédit à cette superstition. Le voile de Proser-
rience. Elle commença donc par en faire boire pine était parsemé de rats brodés.
une partie à son chat. Quelques jours après,
comme elle se promenait encore au bord de la
mer, elle revit la sirène, qui lui dit « Vous avez :

manqué de foi malheur à vous , car vous serez


,

la cause de grandes infortunes. » Puis elle dis-


parut sous les Ilots.
La prédiction ne tarda pas à s’accomplir. Le
chat et l’enfant de la pauvre femme ressentirent Les peuples de Rassora et de Cainbaie se fe-
*
bientôt, mais d'une façon différente, les effets du raient un cas de conscience de nuire à ces ani-
mystérieux breuvage. Rannou devint si fort et maux, qu’ils révèrent.

si robuste qu’à l’àge de huit ans il jouait au palet Les matelots donnent aux rats un^ prescience
avec des meules de moulin. Le chat, de son remarquable. « Nous sommes condamnés, disent-
côté acquit une intelligence surhumaine; mais ils, à un calme plat ou à quelque autre accident ;

comine ces animaux qui hantent les sabbaLs il n'y a pas un seul rat à bord... » Ils croient
,

sont d’une nature méchante et infernale, il ne se que les rats abandonnent un bâtiment qui est
servit de son esprit que pour faire du mal. La destiné à périr. Voy. Hatton, Poppiel, Sim.ET
chose en vint au point que la population du can- IUCIQÜE.
ton se souleva en masse pour le tuer. « Les Indiens jadis menaient un grand deuil
Quant à Rannou, il resta tellement dépourvu lorsqu’ils avaient immolé par mégarde quelques
de toule intelligence, qu'il ne savait pas faire rats musqués , la femelle du rat musqué étant
usage de sa force prodigieuse. Par désoeuvrement comme chacun sait, la mère du genre humain.
Les Chinois meilleurs observateurs tiennent
il arrachait les vergers et abattait les maisons , ,

sans penser à mal. Il tua même sa mère, avec pour certain que le rat se change en caille et la
laquelle il voulait plaisanter, et qu’il s’amusait à taupe en loriot '. »
lancer en l’air comme un jouet.On forma aussi Raum , grand comte du sombre empire il ;

une ligue contre lui, et une mort malheureuse se présente sous la forme d’un corbeau lorsqu'il

mit fin à cette existence funeste. est conjuré. Il détruit des villes, donne des di-
gnités. Il est de l’ordre des Trônes et commande
Que d’existences manquées ainsi parce que
l'on a négligé quelques gouttes du breuvage de trente légions

la sirène, c’est-à-dire de la religion! Réalisme, la plus aplatie de toutes les philo-

Raollet (Jacques), loup-garou de la paroisse sophies exposées par les songe-creux. Selon cette
de Maumusson près de Nantes, qui fut arrêté doctrine, tout s'est créé soi-même, comme l'é-
,

et condamné à mort par le parlement d’Angers.


tablitM. Michelet dans son livre de La Mer, et tout
est une portion de Dieu, un chou, un navet, un
Durant son interrogatoire, il demanda à un gen-
tilhomme qui était présent s'il ne se souvenait cloporte, aussi bien que M. Comte, M. Michelet

pas d’avoir tiré de son arquebuse sur trois loups; lui-même et M. Sue.
celui-ci ayant répondu affirmativement, il avoua Red-cap ,
lutin écossais, Voy. Plck.

qu’il était l’un des trois loups, et que, sans l'ob- Regard, Voy. Yeux.
stacle qu’il avait eu en celte occasion , il aurait Regensberg. Voy. Démons familiers.
dévoré une femme qui était près du lieu. Rickius Regiomontanus. Voy. Muller.
dit que, lorsque Raollet fut pris, il avait les che- Reid ( Thomas ) Écossais qui eut commerce
,

veux flottants sur les épaules, les yeux enfoncés assez long avec les fées *.

dans la tête, les sourcils refrognés, les ongles Reine Guétet, dite la Possédée de Riel-les-
extrêmement longs; qu'il puait tellement qu’on Eaux. M. Roze des Ordons a publié dans les jour-

ne pouvait l’approcher. Quand il se vit con- naux, en 1853, de curieux détails sur celle
damner par la cour d'Angers, il ajouta à ses femme connue dans la Côte-d'Or sous le nom
,

aveux qu’il avait mangé des charrettes ferrées, de la Possédée de Ricl-les-Eaux (dans l’arrondis-
des moulins à vent, des avocats, procureurs et sement de Chàtillon-sur-Seinc). Se trouvant à ce
village, le 8 mai 1853, qui était un dimanche,
sergents, disant que cette dernière viande était
tellement dure et assaisonnée qu’il n’avait pu la comme on lui disait que le démon ne tourmen-
1 tait la pauvre Reine que le dimanche ou les jours
digérer
Rat. Pline dit que, de son temps, la rencontre de fête, il eut le désir de la voir, quoiqu’on lui
d'un rat blanc était de bon augure. Les boucliers attestât que, sous la possession de son démon,
de Lavinium rongés par les rats présagèrent 1
Chateaubriand, Mémoires , t. II.
3 YVierus, in Pseudom. dæm.
1
Rickius, Distourt de la lyconthropie p. 48. 3 Voyez les Légendes des esprits et démons.

Digitized by Google
,,
,

R El — 572 — REI

cette sage et pieuse fille n’était plus « une créa- fait encore couler mes larmes A peine l’inno- !

ture humaine mais un monstre hideux qui hur-


, ,
cente créature a-t-elle touché la possédée que
lait, qui beuglait, qui jappait, qui grinçait des le corps de Reine, comme frappé de la foudre,

dents, qui rugissait; que son œil fauve alors ne s’affaisse sur lui-même sans mouvement, sans
pouvait plus voir le ciel, ni supporter la douce voix. Le calme succède à la tempête, le tumulte
lumière du jour; qu’elle se tenait enfermée dans a fait place à un silence profond !

l'ombre et se cachait à tous les regards enfin ; Alors je vois une tête humaine , une figure
»

que le malheur de cette infortunée était impéné- angélique, un doux regard fixé sur moi... Je vois
trable. » la pauvre Reine Tout le monde rassuré en-
! , ,

M. Roze.des Ordons obtint assez difficilement vahit la demeure; on approche du lit, dont on
la permission de voir cette calamité affreuse : répare ledésordre. On tend la main à Reine. Ma
mais enfin il l’obtint : il fut bientôt accompagné bonne Reine, lui dit-on, c’est M. Roze qui vient

d’un notaire du voisinage et du curé de Riel. Les vous voir et qui ne voulait pas s’en aller sans
habitants qui le savaient disposé à voir la pos-
,
vous faire ses adieux et vous dire un mot d’a-
sédée dans sa crise de l’œil comine
, le suivaient , mitié.
on suit un insensé qui parle de se jeter 5 la ri- » — Ah ! monsieur, que je suis reconnaissante,
vière. Quand a parente de Reine prit sa grosse
| pauvre affligée ; je savais bien que
dit alors la
clef pour ouvrir la portedulieuoù se renfermailla vous, vous vous êtes nommé en entrant;
c’était
possédée les curieux s'arrêtèrent pour entrevoir
, vous m’avez dit de me calmer, de me contenir
de loin ce qui allait se passer. Mais laissons le — un peu pour vous entendre ; je vous entendais
narrateur raconter lui-même. * Tout cela n’était parfaitement, mais je ne pouvais pas vous ré-
pas rassurant, dit-il. Je recommandai à notre in- pondre : je n’avais plus l’usage de ma parole
troductrice de ne pas fermer la porte sur nous ; car ce n'est pas moi qui blasphème le saint nom
je lui dis que la porte restée ouverte, nous per-
, de Dieu, croyez-le bien, mon cher monsieur;
mettrait mieux de voir au fond du sombre appar- j'aimerais mieux mourir Mon corps seul est cou-
!

tement; mais c’était, en réalité, pour me mé- pable, puisqu'il sert au démon ; mais mon âme
nager une retraite en cas d'accident. D'un tour n’est pas en son pouvoir ;
il ne l'aura jamais
de clef la porto nous est ouverte; j’entre hardi- elle n’appartient qu’à Dieu.
ment, je vais droit au lit et je soulève le rideau. » — Et donc ce petit enfant, ma bonne
c’est
Un cri afTreux s’est fait entendre; j’avance en Reine, qui calme vos tourments et chasse le
m’écriant : Reine, ma bonne Reine, écoulez- démon?
moi. » Ohl— oui, monsieur; tant que cette inno-
Des hurlements de bête féroce, d'horribles
» cente créature est dans mes bras, je suis comme
imprécations, des vociférations assourdissantes inviolable, et le démon n’oserait pas profaner ce
couvrent ma voix. Je vois tourbillonner devant qu'il touche; mais je retomberai sous sa puis-
moi quelque chose qui rugit, qui souffle, qui sance dès que mon ange m'abandonnera.
râle Une tête qui bat sur ses épaules avec s Et la nous regardait avec un
pauvre fille

une telle violence que je ne puis en distinguer doux sourire; elle semblait toute heureuse de
les traits... Un corps qui roule comme un ser- l'intérêt que nous lui témoignions et du bien-être,
pent et bondit par soubresauts terribles à se bri- hélas! de si courte durée qu’elle goûtait avec
ser contre les murailles. Plus j’insiste pour être nous. Elle comblait de caresses son petit ange
entendu, plus la rage redouble, plus la tempête gardien. L'enfant tendait toujours ses bras à sa
devient furieuse. On criait au dehors Retirez- : mère, qui amusait son impatience pour prolonger
vous, monsieur, retirez-vous; elle va se tuer. le plus longtemps possible cette touchante en-
Le notaire était déjà bien loin. M. le curé , que trevue. Mais enfin il fallut bien céder à ses in-
des personnes charitables avaient fait prévenir, stances réitérées. La pauvre Reine s’en aperçut,
accourait avec une jeune femme tenant un enfant et je la vis pâlir. Le charme allait cesser, et nous
dans ses bras. Cette femme, pâle et émue, était touchions à cet instant terrible dont l’attente ser-
arrêtée devant la porte; elle semblait vouloir me rait tous les cœurs.
parler et me montrait son enfant. On me criait : » A peine la jeune femme eut-elle enlevé son
«Prenez l'enfant, ne craignez rien; prenez donc enfant des bras de ^infortunée ,
que l’on vit ses
vile et le portez sur Reine. « Je regardais ,
j’é- bras se tordre et s’agiter de désespoir, comme
coutais et je ne comprenais point. s'ils flammes de l’enfer.
eussent ressenti les
• Enfin, la jeune femme, surmontant sa frayeur, Bientôt la rage du démon si merveilleusement ,

entre précipitamment, va droit au lit et pose son enchaînée, si longtemps comprimée, éclatait en
enfant sur le corps enragé. O prodige inouï et affreux rugissements. Un spectre échevelé se
incompréhensible , marque éclatante de la puis- dressait devant nos yeux. 11 fallut fuir. En un
sance du ciel sur celle de l’enfer! O spectacle instant la chambre fut déserte. Je sortis le der-
admirable et que je n’oublierai de ma vie! ô nier ; mais je restai cloué derrière cette porte
science attendrissante et digne des anges, qui écoutant, dans une muette terreur, ces cris
RE — 573 — RE
sinistres ,
ces plaintes lamentables, ces voix ago- à l'évidence? Pouvons-nous mettre en doute un
nisantes influes à des accents de rage, à de fait public qui se renouvelle depuis trente ans et
sourds gémissements, tels qu'on en peut entendre sans interruption à la face de tout un pays? Ce
dans une lutte acharnée entre un bourreau et sa fait résulte-t-il d’un préjugé de notre part, d’une
victime. J'attendais avec anxiété la fin de ce erreur populaire ou du charlatanisme d’une co-
pénible drame, qui ne devait se dénouer que médienne? Cnefemme peut jouer la comédie et
dans les ombres de la nuit et quand la vie serait faire des dupes elle peut en imposer quelques
;

éteinte ou les forces de la martyre épuisées. Je jours et même quelques années mais elle ne ;

ne pouvais m’arracher de ces lieux étranges où , saurait continuer toute sa vie ce jeu terrible dont
m’enchaînait le charme du prodige dont je venais la conséquence est la mort. Voyez l’état de la
d'être témoin. Ce n'était point un rêve, une vaine pauvre Reine; elle ne marche plus, elle se
illusion. Ce fait, je n'en pouvais douter; je l’avais traîne, son corps est disloqué ; c’est un spectre
vu de mes yeux et louché de mes mains. Je ren- ambulant qui n’a que le souille de la vie, et,
dais grâces à Dieu. en effet, après les crises affreuses dont vous
» Oui , m’écriais-je dans le transport de mon avez été témoin et qui se renouvellent si sou-
admiration la religion a ses lois éternelles qu’il
, vent, son existence tient du prodige. Mais ce
n’est pas permis de mettre en doute Oui , il y a ! qui fait l'objet de notre admiration, c’est le
des jours saints, consacrés pour elle, que le moyen si extraordinaire et si simple que le Ciel,
génie du mal s'efforce de profaner! Oui, le dé- dans sa miséricorde, vient de nous révéler pour
mon existe, l’enfer existe! Mais au-dessus de calmer les tourments de la pauvre Reine ; c'est
l'enfer est le ciel I Au-dessus de l’ange des ténè- celui que vous avez vu et dont nous nous ser-
bres ,
l'ange de lumière et de l'innocence dont vons maintenant pour lui administrer la com-
j’ai triomphe! Dieu tout-puissant! donnez-
vu le munion. Dès qu’elle est préparée à cette action,
moi , comme
à vos apôtres l’esprit divin de la , elle se couche; on lui apporte un jeune enfant,
parole, et je publierai vos merveilles, vos misé- on le pose sur son coeur, et elle reçoit avec bon-
ricordes infinies. Labia mea aperiet et os meum heur le pain des forts. Reine, avec l’enfant, est
annunliabit laudem tuant ! invincible. Assis sur sa poitrine comme sur un
» El impii ad te ronvertenlur, ajoute M. le trône inébranlable, le petit ange défie l'enfer. En
curé en me frappant doucement sur l’épaule, car vain Satan relève la tête, il terrasse le monstre,
il était là depuis une heure , ce digne et bon il le tient écrasé sous ses pieds. Super atpidem
pasteur. Eh bien mon cher monsieur, me dit-il
« , et basiliscum ambulabis et concukabis leonein et
en me serrant la main vous voilà donc converti ,
draconem! Vous voyez donc que le bon Dieu
aux contes de bonne femme. Ces bons habitants fait encore quand il lui plaît, des choses extra-
,

de Hiel-les-Eaux les trouvez-vous toujours bien


,
ordinaires et vous pouvez en rendre témoi-
,

simples de croire à la possédée? Monsieur le — gnage. —


Si je le puis, monsieur le curé! mais

curé je suis anéanti. Mais il y a donc encore c’est un devoir sacré pour moi. Je monterai sur

,

des possédés? Eh qu'y voyez-vous d’impos- les toits pour publier ce que j'ai vu et pour ren-

!

sible? qu’y a-t-il d'impossible à Dieu ? S’il permet dre hommage à la vérité. Ne montez pas si
au démon d’éprouver les âmes, ne peut-il lui haut contentez-vous de glorifier Dieu en racon-
;

permettre d’éprouver nos corps? Ce qu'il a voulu tant tout simplement et sans emphase le fait dont
jadis, ne peut-il le vouloir aujourd’hui? Ne lisez- vous avez été témoin. La vérité parle d’elle-
vous pas dans l’Évangile que Notre -Seigneur a méme et n'a pas besoin de recommandation,
chassé les démons qui tourmentaient les possé- faites mieux , adressez-moi vos incrédules; qu’ils
dés? Dieu voulut qu’au temps de Jésus-Christ il viennent comme vous s’assurer du fait par eux-
y en eût un plus grand nombre sans doute [tour , mêmes. Je sers un Dieu de charité; envoyez-moi
lui fournir plus d'occasions de signaler sa puis- tous vos amis : ils sont déjà les miens mes bras ;

sance et nous donner plus de preuves de sa mis- leur sont ouverts, je les accueillerai avec joie.
sion et de sa divinité. Qui me dira que Dieu n’a Mon presbytère ne sera jamais trop étroit pour
pas eu ses desseins en permettant, dans notre les recevoir, ni mon cceur pour les bénir » 1

humble village, le phénomène étrange que nous » Lecteurs, entendez cette voix, si vous dou-

avons en ce moment devant les yeux? Saint Jé- tez encore. Hàtez-vous d’aller voir celle terre où
rôme et saint Hilaire assurent que l’on voyait de vous attendent, non les jouissances d’une frivole
leur temps des personnes extraordinairement curiosité, mais un grand enseignement, de vives
tourmentées par les démons sur les tombeaux et salutaires émotions, l’occasion si heureuse
des saints martyrs. De nos jours, Reine Guctet d’affermir votre foi et de glorifier Dieu.
ne peut entrer dans une église ni passer un seul » Roze des Ordons. »
jour de dimanche ou de fête sans être elle-même
extraordinairement tourmentée. Nous croyons Riel-les-Eaux, le <1 juin 1853.

ce que nous voyons; comment faire autrement? Le journal chrétien qui contenait ce récit
Peut-on fermer ses yeux à la lumière et résister ajoutait u Conformément aux désirs et aux re-
;

by Google
R El — 574 — HEM
commandations de M. Roze des Onlotis, nous charges grotesques dont le type est Noé; ses
avons pris des renseignements. Nous rapportons, trois fils sont les trois grands dieux Jupiter, Nep-
pour dégager notre responsabilité, la lettre sui- tune et l’iulon. Ce n’est pas ici le lieu de le dé-
vante : montrer; la thèse a été savamment établie.
J’apprends que M. Itoze des Ordons vous a
» Le diable s’est un peu mêlé de la chose; et
transmis la relation d'un Tait extraordinaire, dont comme des lunes, des semaines et des jours on
lui, un notaire et moi avons été témoins, lequel a fait des années et des siècles, pour donner k
fait se répète depuis environ trente-cinq ans dans ces niylhologies quelque antiquité granitique, on
la personne de Reine Guélet, ma paroissienne. les a fortifiées dans leur essence qui est l’erreur.
,

Tous les faits donnés par M. Roze sont exacts. La religion de Bouddha par exemple , est une
,

M. Roze est fabricien de la cathédrale de Sens, singerio très-singulière du christianisme. Seule-


honnête père d’une nombreuse famille, et sur- ment née au deuxième ou au troisième siècle, les
tout bouline de foi, catholique pratiquant. Ce savants doublent son kge et la font remonter au
témoignage d’un prêtre qui le connaît depuis dix voisinage du déluge assertion aussi fondée que
;

ans me semble suflisant pour mettre votre res- les généalogies merveilleuscs.de nos vieux chro-
ponsabilité à couvert. niqueurs, qui posent à la tête des Francs quatre-
» Agréez , etc. Bergerot, vingts rois successifs avant l’haramond.
curé de Hiel- les- Eaux. »
Remi (Nicolas) magistrat qui s'occupa beau-
,

Reines du sabbat. On voit dans la plupart coup des sorciers de la Lorraine an commencement
des relations qui nous remettent sous les yeux du seizième siècle. Son livre De la démoiwldtrie
ces monstrueuses assemblées que la plus jeune contient un grand nombre de faits et de détails
et la plus belle des sorcières présentes était invi- singuliers.
tée par le démon président à s’asseoir auprès de Remmon. l'oj. Rimmon.
lui comme reine du sabbat. Remords. Voici sur ce sujet, qui a produit
Religion. Toutes les erreurs sont tilles de la bien des spectres, une ballade populaire alle-
vérité , mais des filles perdues qui ne savent ,
mande, dont nous regrettons de ne pouvoir nom-
plus reconnaître leur mère. Toutes les fausses mer le traducteur ;

religions ainsi n’ont d'autre source que la vraie « La duchesse d'Orlamunde a deux enfants

religion. Brahma est Abraham prodigieusement de son premier mari qui l’a laissée veuve. Elle
,

travesti. Bacchus, Janus, Saturne, sont des s’éprend du comte de Nuremberg; ce dernier lui

dit qu’il ne peut l'épouser il y a daus sa maison


: détache de son voile de veuve les épingles que
quatre yeux qui l'en empêchent; ces yeux fu- l’assassin doit enfoncer dans la cervelle des en-
nestes sont ceux des enfants de la veuve. Poussée fants, lorsqu'ils seront k jouer. Ainsi armé, il

au crime par sa passion, elle charge un de ses s'avance vers eux ; il les trouve jouant dans la
gens nommé dans le conte le chatseur farouche,
, grande salle du château. Aujourd’hui même on a
de tuer les pauvres petits. La mauvaise mère conservé le souvenir des rimes puériles que pro-

Digitized by Google
,

RÉM — 575 — RÉS


noncent les enfants de la duchesse au milieu de animaux qui font beaucoup de ravages en ce
leurs jeux ; elles sont encore répétées par les pe- pays. l'oy. Lune et Ma.
tits garçons dans la haute Lusace. La scène de
l'assassinat des enfants est aussi touchante que
celle où Shakspeare montre le jeune Arthur priant
Hubert de ne pas crever ses petiLs yeux.
» Le garçon promet au meurtrier son duché
s'il veut lui laisser la vie. La petite fille lui offre

toutes ses poupées, et enfin son oiseau favori. Il


refuse. L’oiseau, devenu le persécuteur du meur-
trier, le suit partout ,en lui répétant le nom de
l’enfant qu’il a égorgée. « Mon Dieu! mon Dieu!
s'écrie-t-il, où fuirai-je cet oiseau qui me pour-
suit de tous côtés? Il ne cesse de me redire le
nom de cette enfant O mon Dieu où aller
! !

mourir? »
n Dans son désespoir, il se brise le crâne, et
les deux enfants tués, dit la ballade, restent dans

leurs cercueils de marbre, sans que la corrup-


tion défigure leurs petits corps innocents, dont
Réparé, homme qui, avec un soldat nommé
la pureté défie la mort. » Étienne, eut une vision du purgatoire, de l’enfer
L'auteur de la ballade allemande n’a pas achevé et du paradis vers le douzième siècle.
,

le récit. Le duc égoïste et la duchesse dénaturée Repas du mort, cérémonie funéraire en usage
voyaient partout devant eux leurs deux petites vic- chez les anciens Hébreux et chez d’autres peu-
times. Ils se noyèrent tous deux dans l’ürla, après ples. Dans l’origine, c’était simplement la cou-
quelques années d’une vie misérable, croyant évi- tume de faire un repas sur le tombeau de celui
ter les deux spectres.... qu’un venait d’inhumer. Plus tard on y laissa des
Rémore, poisson sur lequel on a fait bien des vivres, dans l’opinion que les morts venaient les
contes. « Les rémores, dit Cyrano de Bergerac, manger.
qui était un plaisant, habitent vers l'extrémité Repas du sabbat. D'après les relations des
du pôle au plus profond de la mer Glaciale ; et
, doctes, les festins du sabbat s’ouvrent par cette
c’est la froideur évaporée de ces poissons à tra- , formule Au nom de Belzébulh, notre grand
: «
vers leurs écailles, qui fait geler en ces quar- maître, souverain commandeur et seigneur, nos
tiers-là l’eau de la mer, quoique salée. La rémore viandes boire et manger, soient garnis et munis
,

contient si éminemment tous les principes de la pour nos réfections, plaisirs et voluptés. » Sur
froidure, que, passant par-dessous un vaisseau, quoi tous crient en chœur Ainsi soit-il. Après :

le vaisseau se trouve saisi de froid en sorte qu’il , le repas, on dit; « De notre réfection salutaire,
en demeure tout engourdi jusqu'à ne pouvoir dé- prise et rendue, notre commandeur, seigneur et
marrer de sa place. La rémorc répand autour maître Belzébulh soit loué, gracié et remercié,
d’elle tous les frissons de l’hiver. Sa sueur forme à sou exaltation et commun bien. Ainsi soit-il '. »

un verglas glissant. C'est un préservatif contre l’oy. Psellcs.


la brûlure Rien n’est plus singulier, dit le Résurrection. Les Parsis ou Guèbrcs pensent
P. Lebrun, que ce qu’on raconte de la rémorc. que les gens de bien après avoir joui des délices
,

Aristote, Ælicn, Pline, assurent qu'elle arrête de l’autre monde pendant un certain nombre de
tout court un vaisseau voguant à pleines voiles. siècles, rentreront dans leurs corps et revien-
Mais ce fait est absurde et n'a jamais eu lieti ; dront habiter la même terre où ils avaient fait
cependant plusieurs auteurs l'ont soutenu, et ont leur séjour pendant leur première vie mais cette ;

donné pour cause de cette merveille une qua- terre, purifiée et embellie, sera pour eux un nou-
litéoccuhe. Ce poisson qu’on nomme à présent
, veau paradis. Les habitants du royaume d'Ardra
tucctl, est grand de deux ou trois pieds. Sa peau sur la côte occidentale d'Afrique, s'imaginent que
est gluante et visqueuse. Il s’attache et se colle ceux qui sont tués à la guerre sortent de leurs
aux requins, aux chiens de mer il s’attache ; tombeaux au bout de quelques jours et repren-
aussi aux corps inanimés; de sorte que, s’il s'en nent une vie nouvelle. Cette opinion est une in-
trouve un grand nombre collés à un navire, ils vention de la politique pour animer le courage
peuvent bien l’empêcher de couler légèrement des soldats. Les amantas, docteurs et philosophes
sur les eaux , mais non l’arrêter. du pays, croyaient la résurrection universelle,
Rémures, l'oy. Lémlkes et Mânes. sans pourtant que leur esprit s'élevât plus haut
Renards. Les sinloïstes, secte du Japon, ne que celte vie animale pour laquelle ils disaient
reconnaissent d’autres diables que les âmes des
méchants qu’ils logent dans le corps des renards. 1
Gorrcs. Mystique, liv. VIII, ch. xxi,

Digitized by Google
,

RET — 570 — RET


que nous devions ressusciter, et sans attendre ni « Commej’étais à l’une des portières avec made-

gloire ni supplice. Ils avaient un soin extraordi- moiselle de Vendôme, dit le cardinal dans scs
naire de mettre en lieu de sûreté les rognures de Mémoires, je demandai au cocher pourquoi il
leurs ongles et de leurs cheveux et de les cacher ,
s’arrêtait? Il me répondit, avec une voix trem-
dans les fentes ou dans les trous de muraille. Si blante ; — Voulez-vous que je passe par-dessus
par hasard ces cheveux et ces ongles venaient a
, tous les diables qui sont là devant moi? Je mis la

tomber à terre avec le temps, et qu’un Indien tète hors de la portière, et, comme j’ai toujours

s’en aperçut, il ne manquait pas de les relever eu la vue ne vis rien. Madame de
fort basse, je
de suite et de les serrer de nouveau. Savez- — Choisy, qui était à l’autre portière avec M. de
vous bien, disaient-ils à ceux qui les question- Turenne, fut la première qui aperçut du carrosse
naient sur cette singularité, que nous devons re- la cause de la frayeur du cocher ; je dis du car-

vivre dans ce monde, et que les âmes sortiront rosse, car cinq ou six laquais, qui étaient der-
des tombeaux avec tout ce qu’elles auront de rière criaient Jettes, Maria! et tremblaient déjà
,
:

leurs corps ? Pour empêcher donc que les nôtres de peur. M. de Turenne se jeta en bas aux cris
ne soient en peine de chercher leurs ongles et de madame de Choisy. Je crus que c’étaient des
leurs cheveux (car il y aura ce jour-là bien de la voleurs je sautai aussitôt hors du carrosse; je
;

presse et du tumulte), nous les mettons ici en- \


pris l’épée d’un laquais et j’allai joindre M. de
semble, afin qu’on les trouve plus facilement. ;
Turenne, que je trouvai regardant fixement quel-
Gaguin,. dans sa description de la Moscovie, : que chose que je ne voyais point. Je lui demandai
dit que, dans le nord de la Russie, les peuples ce qu’il regardait, etil me répondit, en me pous-

meurent le 27 novembre, à cause du grand froid, sant du bras et assez bas Je vous le dirai : — ;

et ressuscitent le
24 avril ce qui est, à l’instar
: mais il épouvanter ces dames, qui,
ne faut pas
des marmottes, une manière commode de passer à la vérité, hurlaient plutôt qu’elles ne criaieul.
l'hiver, l'oy. Gabinjus, Pamilius de Piiéres, Tues- Voilure commeuça un orrmut; madame de Choisy
pésiüs, Vampires, etc. poussait des cris aigus; mademoiselle de Ven-
Retz ou Raiz (Gilles de Laval de) maréchal , dôme disait son chapelet madame de Vendôme ;

de France qui fut convaincu de forfaits mons- voulait se confesser à M. de Lisieux qui lui di- ,

trueux au quinzième siècle. Pour d'affreux dé- sait : — Ma fille , n’ayez point de [leur, vous êtes
bordements il s’était vendu au diable, qu’il vou- en la main de Dieu. Le comte de Brion avait en-
lait servir en égorgeant des enfants et se souillant tonné bien tristement les litanies de la saiulc
des plus odieuses infamies. Il était dirigé par un Vierge. Tout cela se passa, comme on peut se
escroc italien nommé Prélati, qui se disait magi- l’imaginer, en même temps et en moins de rien.
cien et qui disparut après l’avoir volé. M. de Turenne, qui avait une petite épée à son
Le diable ne répondit pas aux espérances du côté, l’avait aussi tirée, et, après avoir un peu
maréchal de Retz; et il fut condamné à mort. regardé, comme je l’ai déjà dit, il se tourna vers
Comme le président Pierre de l'Hôpital le pres- moi de l'air dont il eût donné une bataille, et me
saitde dire par quel motif il avait fait périr tant dit ces paroles : — Allons voir ces gens -la! —
d’innocents, et brûlé ensuite leurs corps; le ma- Quelles gens? lui repartis-je; — et dans la vé-
réchal impatienté lui dit : —
Hélas! monseigneur, rité, je croyais que tout le monde avait perdu le
vous vous tourmentez , et moi avec ; je vous en sens. Il me répondit : — Effectivement je crois

ai dit assez pour faire mourir dix mille hommes. que ce pourraient bien être des diables. Comme
Le lendemain le maréchal en audience publique
, nous avions déjà fait cinq ou six pas du côté de
réitéra ses aveux. Il fut condamné à être brûlé la Savonnerie et que nous étions par conséquent
,

vif, le 25 octobre 1440. L'arrêt fut exécuté dans plus proches du spectacle je commençai à entre- ,

le pré de la Madeleine, près de Nantes'. voir quelque chose, et ce qui m’en parut fut une
Retz. Le cardinal de Retz n’étant encore
, longue procession de fantômes noirs, qui me
qu’abbé , avait fait la partie de passer une soirée donna d’abord plus d’émotion qu’elle n’en avait
à Saint-Cloud, dans la maison de l'archevêque de donné à M. de Turenne, mais qui, parla réflexion
Paris, son oncle, avec madame et mademoiselle que je fis que j’avais longtemps cherché des es-
de Vendôme madame de Choisy, le vicomte de
, prits, et qu’apparemment j’en trouverais en ce
Turenne, l'évêque de Lisieux, et MM. Brion et lieu me fit faire deux ou trois sauts vers la pro-
,

Voiture. On s'amusa tant que la compagnie ne


, cession. Les pauvres auguslins déchaussés, que
put s'en retourner que très-tard à Paris. La petite l’on appellecapucins noirs et qui étaient nos pré-
pointe du jour commençait à paraître (on était tendus diables, voyant venir à eux deux hommes
alors dans les plus grands jours d’été) quand on qui avaient l’épée à la main, eurent encore plus
fut au bas de la descente des Bons-Hommes. Jus- peur. L’un d’eux , se détachant de la troupe nous
,

tement au pied, le carrosse s’arrêta tout court. cria : —


Messieurs, nous sommes de pauvres re-
1
M. Garinet, Histoire de ta magie en France. de mal à personne, cl qm
ligieux, qui ne faisons
Voyez l'histoire du maréchal do Retz dans les Lé- venons nous rafraîchir un peu dans la rivière
gendes infernales. pour notre santé. Nous retournâmes au carrosse.
REV — 577 — REV
M. de Turenûe et moi, avec des éclats de rire Un italien , retournant à Rome après avoir fait

que l’on peut s’imaginer. » enterrer son ami de voyage s’arrêta le soir dans
,

Rêve. Au bon temps de la loterie royale, les une hôtellerie où il coucha, filant seul et bien
bonnes femmes croyaient que, quand on dor- éveillé il lui sembla que son ami mort, tout pôle
,

mait le petit doigt de la main gaucbc dans la et décharné, lui apparaissait et s'approchait de
main droite, on était assuré de voir en rêve une lui. Il leva la tête pour le regarder et lui de-

multitude d’ambes, de ternes et de quaterncs. manda en tremblant qui il était. Le mort ne ré-
Un homme rêvait qu'il mangeait la lune. Ce rêve pond rien, se dépouille, se met au lit et se serre
le frappe ; il se lève encore à moitié endormi il ,
contre le vivant, comme pour se réchauffer.
court à sa fenêtre; regardant au ciel, il ne voit L’autre, ne sachant de quel côté se tourner,
plus que de cet astre.... il s’écrie
la moitié ;
: — s’agite et repousse le défunt. Celui-ci, se voyant
Mon Dieu vous avez bien fait de me réveiller
! ;
ainsi rebuté, regarde de travers son ancien com-
car, avec l’appétit que j’avais, la pauvre lune, pagnon, se lève du lit, sc rhabille, chausse ses
je l’aurais mangée tout entière, l'oy. Songes. souliers et sort de la chambre, sans plus appa-
Réveille- matin. Les Flamand» appellent cette raître. Le vivant a rapporté qu’ayant touché dans

plante le lait 4a diable (Duivçtsnielk). le lit un des pieds du mort, il l’avait trouvé plus

Révélations. Un citoycu d’Alexandrie vit sur ,


froid que la glace. —
Celte anecdocte peut n’êtrc
le minuit des statues d'airain se remuer et crier
,
qu’un conte. En voici une autre qui est plus
à haute voix que l’on massacrait à Constantinople claire ;

l’empereur Maurice et ses enfants ; ce qui se Un aubergiste d’Italie qui venait de perdre sa
trouva vrai. Mais la révélation ne fut publiée mère, étant monté le soir dans la chambre de la

qu’après que l’événement fut connu. L'arche- défunte en sortit hors d’haleine en criant à tous
, ,

vêque Angelo-Catto (Philippe de Comines l’at- ceux qui logeaient citez lui que sa mère était re-
teste) connut la mort de Charles le Téméraire, venue et couchée dans son lit; qu'il l’avait vue,
qu’il annonça au roi Louis XI à la même heure mais qu’il n’avait pas eu le courage de lui parler.
qu’elle était arrivée. —
Les prodiges faux sont Un ecclésiastique qui se trouvait là voulut
y mon-
toujours des singeries de vrais miracles. Pareille- ter; toute la maison se mit de la partie. On entra
ment une foule de révélations supposées ont dans la chambre; on tira les rideaux du lit, et
trouvé le moyen de se faire admettre, parce on aperçut la figure d'une vieille femme, noire
qu’il y a eu des révélations vraies. et ridée coiffée d’un bonnet de nuit et qui faisait
,

Nous ne parlons pas ici de la Révélation qui des grimaces ridicules. On demanda au maître
est un des fondements de notre foi, et sam la- de la maison si c’était bien là sa mère? Oui, —
quelle rien ne peut s’expliquer dans l'homme. s'écria-t-il, oui, c’est elle ah! ma pauvre mère!
;

Revenants. On débite comme une chose as-


,
Les valets la reconnurent de même. Alors le
surée, qu’un revenant se trouve toujours froid prêtre lui jeta de l’eau bénite sur le visage. L’es-
quand on ie touche. Cardan et Alessandro-Alcs- prit, se sentant mouillé, sauta à la figure de l’abbé.

sandri sont des témoins qui l’alTirment. Cajelan Tout le monde prit la fuite en poussant des cris.
en donne la raison, qu'il a apprise de la bouche Mais la coiffure tomba et on reconnut que la
d’un esprit, lequel, interrogé à ce sujet par une vieille femme n'était qu'un singe. Cet animal
sorcière, lui répondit qu'if fallait que la choie avait vu sa maîtresse se coiffer, il l’avait imitée.

fût ainsi.La réponse est satisfaisante. Elle nous L’auteur do Paris, Versailles et les provinces au
apprend au moins que le diable se sauve quel- dix-huitième siècle raconte une histoire de reve-
quefois par le pont aux ânes. nant assez originale. M. Bodry, fils d'un riche
Dom Calmet a rapporté l’histoire d'un revenant négociant de Lyon, fut envoyé, à fige de vingt-
du Pérou qui sc manifestait en esprit frappeur. deux ans, à Paris, avec des lettres de recomman-
Plusieurs autres en ont fait autant; et de nos dation de ses parents pour leur correspondant,-
jours on en a de fréquents exemples. dont il n’était pas personnellement connu. Muni
Walter-Scott, dans Péveril du Pic, raconte d’une somme assez forte pour pouvoir vivre agréa-
qu’un brasseur de Chesterfield, mort du spleen, blement quelque temps dans la capitale, il s’as-
dans un domaine voisin qui lui avait appartenu, socia pour ce voyage un de ses amis, extrême-
revenait 5 la connaissance de tous et se pro- ment gai. Mais, en arrivant, M. Bodry fut attaqué
menait dans une allée solitaire accompagné du ,
d’une fièvre violente son ami qui resta près de
;
,

gros dogue qui lorsqu’il était vivant était son


, ,
lui la première journée, ne voulait pas le quitter,

favori. et se refusait d'autant plus aux instances qu’il lui

y a des revenants, quoi qu'en disent ceux qui


Il faisait pour l’engager à se dissiper, que, n'ayant

doutent de tout, des revenants réels. Mais les fait ce voyage que par complaisance pour lui, il

revenants supposés, ou par la supercherie, ou n’avait aucune connaissance à Paris. M. Bodry


par un ma! entendu, ou par le hasard, ou par la l’engagea à se présenter sous son nom chez le
peur, sont mille fois plus nombreux que les reve- correspondant de sa famille et à lui remettre ses ,

nants véritables. lettres de recommandation, saufàéclaircir comme


.17
,

REV — 578 — REV

le pourrait l'imbroglio qui résulterait de cette s’en revenant, il aperçoit un paysan qui chemi-
il

supposition , lorsqu'il se porterait mieux. nait à petits pas. Ce bonhomme portait une veste
Lne proposition aussi singulière ne pouvait que dont poche était entrebâillée. Le pécheur trouva
la

plaireau jeune homme elle fut acceptée sous ;


: plaisant de prendre une de ses grenouilles et de
le nom de M. Bodry , il se rend chez le corres- la glisser dans la poche de la veste du paysan.

pondant, lui présente les lettres apportées de Ce dernier, nommé Joachim Jacquemin, rentre
i.von ,
joue très-bien son rôle et se voit parfai- chez lui et se couche, après avoir mis sa veste
tement accueilli. Cependant, de retour au logis, sur son lit. Au milieu de la nuit, il est réveillé
il trouve son ami dans l'état le plus alarmant ; et, par un corps étranger qu’il sent sur sa figure, et
nonobstant tous les secours qu’il lui prodigue, il qui s'agitait en poussant de petits cris inarticulés.
a le malheur de le perdre dans la nuit. Malgré le C'était la grenouille qui avait quitté sa retraite,
trouble que lui occasionnait ce cruel événement,
il de le taire au
sentit qu’il n'était pas possible
correspondant de la maison Bodry mais com- ;

ment avouer une mauvaise plaisanterie dans une


si triste circonstance ? N’ayant plus aucun moyen

de la justifier, ne serait-ce pas s'exposer volon-


tairement aux soupçons les plus injurieux sans ,

avoir, pour les écarter, que sa bonne foi, à la-


quelle on ne voudrait pas croire?... Cependant
il ne pouvait se dispenser de rester pour rendre
les derniers devoirs à son ami et il était impos- ;

sible de ne pas inviter le correspondant à cette


lugubre cérémonie. Ces différentes réflexions, se et qui , cherchant sans doute une issue pour se
mêlant avec le sentiment de la douleur, le tinrent sauver, était arrivée jusque sur le visage du dor-

dans la plus grande perplexité mais une idée ; meur et s’était mise à coasser.Le paysan n’ose
originale vint tout à coup fixer son incertitude. remuer, et bientôt sa visiteuse nocturne dispa-
Pâle, défait par les fatigues, accablé de tris- raît Mais le pauvre homme, dont l'esprit était
tesse, il se présente à dix heures du soir chez le d’une grande faiblesse ne doute pas qu'il n’ait
,

correspondant ,
qu'il trouve au milieu de sa fa- eu affaire à un revenant. Sur ces entrefaites, un
mille , cl qui, frappé de celle visite à une heure de ses amis, voulant lui jouer un tour, vient le
indue, ainsi que du changement de sa ligure, lui prévenir qu’un de scs oncles, qui habile Sens,
demande ce qu'il a, s'il lui est arrivé quelque est mort il y a peu de jours, et il l'engage à se
malheur... « Hélas! monsieur, le plus grand de rendre sur les lieux pour recueillir l’héritage.
tous, répond le jeune homme d’un ton solennel ;
» Jacquemin fait faire des vêtements de deuil

je suis mort ce matin, et je viens vous prier pour lui et pour sa femme, et se met en route
d'assister à mon enterrement qui se fera demain. » pour le chef-lieu du département de l'Yonne,
Profitant de la stupeur de la société, il s’échappe distant de son domicile de huit lieues. Il se pré-
sans que personne fasse un mouvement pour sente à la maison du défunt; la première per-
l'arrêter; on veut lui répondre; il a disparu. On sonne qu'il aperçoit en entrant, c’est son oncle
décide que le jeune homme est devenu fou, et le tranquillement assis dans un fauteuil et qui té-
,

correspondant se charge d'aller le lendemain, avec moigne à sen neveu la surprise qu’il éprouve de
son fils,lui porter les secours qu'exige sa situa- le voir. Jacquemin saisit le bras de sa femme et
tion. Arrivés en effet à son logement ils sont , se sauve en proie à une terreur qu’il ne peut
,

troublés d’abord par les préparatifs funéraires; dissimuler, et sans donner â son oncle étonné
ilsdemandent M. Bodry on leur répond qu’il est ; aucune explication. Cependant la grenouille n’avait
mort la veille et qu’il va être enterré ce matin... pas abandonné la demeure du paysan elle avait :

A ces mots, frappés de la plus grande terreur, ils trouvé une retraite dans une fente de plancher,
ne doutèrent plus que ce ne fut Pâme du défunt et là elle poussait fréquemment des coassements
qui leur avait apparu et revinrent communiquer qui jetaient Jacquemin dans des angoisses épou-
leur effroi à toute la famille, qui n’a jamais voulu vantables, surtout depuis qu’il avait vu son oncle.
revenir de cette idée. Il était convaincu que c’était l’ombre de ce pa-

On a pu lire ce qui suit dans plusieurs jour- rent qu’il avait aperçue, et que les cris qu'il en-
naux « Une superstition incroyable a causé ré-
: tendait étaient poussés par lui qui revenait
,

cemment un double suicide dans la commune de chaque nuit pour l’effrayer. Pour conjurer le ma-
Bussy-en-Oth , département de l’Aube. Voici les léfice, Jacquemin fit faire des conjurations, qui
circonstances de ce singulier et déplorable évé- restaient inefficaces car les coassements n’en
;

nement (1851) : un jeune homme des environs continuaient pas moins. Chaque nuit le malheu-
pêche aux grenouilles et en avait
était allé â la reux se relevait, prenait sa couverture, qu’il met-
mis plusieurs toutes vivantes dans un sac. En tait sur sa tête en guise de capucc, et chantait

Digitized by Google
REV — 579 — REV
devant un bahut qu'il avait transformé en autel. ne se troubla point. Il proposa à son futur beau-
Les coassements continuaient toujours 1... Enfin, père de passer la nuit dans sa chambre , llervias
u'y pouvant plus tenir, le pauvre Jacqueinin lit y consentit. Le jeune cousin feignit donc de par-
part à quelques personnes de l’intention où il tir le soir pour la ville , et rentra dans la ferme

était de se donner la mort, et les pria naïvement après la chute du jour. Il resta sur une chaise
de l'y ailler; il acheta un collier en fer, se le mit auprès du lit d’Hervias, et tous deux attendirent
au cou , et un de ses amis voulut bien serrer la patiemment le spectre. La fenêtre s’ouvrit vers
vis pour l’étrangler; mais il s'arrêta quand il minuit ; comme la veille , on vit paraître le fan-
crut que la douleur aurait fait renoncer Jacque- tôme dans le même accoutrement, il répéta le
min à son projet. Le paysan choisit un autre même ordre. Hervias tremblait, le jeune cousin,
moyen et pria une autre personne de l'étouffer qui ne craignait pas les apparitions, se leva et
entre deux matelas; cette personne feignit d’y dit : a Voyons qui nous fait des menaces si pré-
consentir , et s’arrêta quand elle pensa que Jac- cises. • En même temps il sauta sur le spectre
quemin avait assez souffert et que ce serait pour qui voulait fuir ; il le saisit, et, sentant entre ses
lui une leçon. Mais l’esprit de Jacqueinin était bras un corps solide, il s’écria : « Ce n'est pas
trop vivement impressionné , et un malheur était un esprit. » 11 jeta le fantôme par la fenêtre, qui

imminent. En effet un jour, on fut étonné de ne


, était élevée de douze pieds. On entendit un cri
pas l'apercevoir; on fit des recherches dans la plaintif, a Le revenant n'osant plus revenir dit ,

maison, et on le trouva pendu dans son grenier. le jeune cousin ,


allons voir s’il se porte bien. »
Le lendemain, sa femme, au désespoir de la perte Le fermier ranima son courage autant qu’il put,
de son mari, se jeta dans une mare où elle trouva et descendit avec son gendre futur. On trouva
aussi la mort. » que le prétendu démon était le valet de la mai-
Et voilà les suites d’une de ces stupides plai- son... On n'eut pas besoin de lui donner des
santeries comme les jeunes étourdis en font tant! soins; sa chute l’avait assommé, et il mourut au
On conte qu’il y avait dans un village du Poi- bout de quelques heures sort fâcheux dans tous ;

tou un fermier nommé Hervias. Le valet de cet les cas.


homme pensa qu'il lui serait avantageux d'épou- Dans le château d’Ardi villiers près de Bre- ,

ser la tille de la maison, qui s'appelait Catherine leuil, en Picardie, au temps de la jeunesse de
et qui était riche. Comme il ne possédait rien, Louis XV, un esprit faisait un bruit effroyable.
et que pour surcroît la main de la jeune fille était C’étaient toute la nuit des flammes qui faisaient
promise à un cousin qu'elle aimait, le valet ima- paraître le château en feu, c'étaient des hurle-
gina un stratagème. Un mois avant la noce, ments épouvantables. Mais cela n’arrivait qu'en
comme le fermier se trouvait une certaine nuit certain temps de l'année, vers la Toussaint. Per-
plongé dans son meilleur sommeil il en fut tiré
, sonne n’osait y demeurer que le fermier, avec
en sursaut par un bruit étrange qui se fit auprès qui l’esprit était apprivoisé. Si quelque malheu-
de lui. Une main agita les rideaux de son lit; et reux passant y couchait une nuit, il était si bien
il vit au fond de sa chambre un fantôme couvert étrillé qu’il en portait longtemps les marques.
d’un drap noir sur une longue robe blanche. Le Les paysans d’alentour voyaient mille fantômes
fantôme tenait une torche à demi éteinte à la qui ajoutaient à l’effroi. Tantôt quelqu’un avait
main droite et une fourche à la gauche. 11 traî- aperçu en l’air une douzaine d’esprits au-dessus
nait des chaînes; il avait une tête de cheval lu- du château ils étaient tous de feu et dansaient
;

mineuse. llervias poussa un gémissement, son un branle à la paysanne un autre avait trouvé ;

sang se glaça ; et il eut à peine la force de deman- dans une prairie je ne sais combien de prési-
der au fantôme ce qu'il voulait. dents et de conseillers en robe rotlge, assis et ju-
« Tu mourras dans trois jours, répondit bru- geant à mort un gentilhomme du pays, qui avait
talement l'esprit, si tu songes encore au mariage eu la tête tranchée il y avait bien cent ans. Plu-
projeté entre ta fille et son jeune cousin ; tu dois sieurs autres avaient vu ou tout au moins ouï ,

la marier, dans ta maison, avec le premier homme dire, des merveilles du château d’Ardivilliers,
que tu verras demain à ton lever. Garde le si- Cette farce dura quatre ou cinq ans, et fit grand
lence ; je viendrai la nuit prochaine savoir la tort au maître du château, qui était obligé d'af-
réponse. » En achevant ces mots, le fantôme fermer sa terre à très-vil prix. 11 résolut enfin de

disparut. faire cesser la lutinerie, persuadé par beaucoup


llervias passa la nuit sans dormir. Au point du de circonstances qu’il y avait de l’artifice en tout
jour, quelqu’un entra pour lui demander des cela. Il se rend à sa terre vers la Toussaint, cou-
ordres; c’était le valet. Le fermier fut consterné che dans son château et fait demeurer dans sa
de la pensée qu'il fallait lui donner sa fille mais
; chambre deux gentilshommes de ses amis, bien
ilne témoigna rien se leva , alla trouver Cathe-
, résolus, au premier bruit ou à la première appa-
rine et finit par lui raconter le tout. Catherine, rition, de tirer sur les esprits avec de bons pis-
désolée ne sut que répondre. Son jeune cousin
,
tolets. Les esprits, qui savent tout, surent appa-
vint ce jour-là ; elle lui apprit la chose ,
mais il remment ces préparatifs; pas un ne parut. Ils sc
37 .
HEV — 580 — RI1A

contentèrent de traîner des chaînes dans une ou du droit de le fréquenter , ne se défendaient


chambre du haut au bruit desquelles la femme et
,
pas contre les hommes, mais devenaient fort
les enfants du fermier vinrent au secours de leur traitables à lamenace d’une procédure légale.
seigneur, en se jetant à ses genoux pour l'empê- L’Evrbiggia-Saga nous apprend que la maison
cher de monter dans cette chambre. d'un respectable propriétaire en Islande se trouva,
« Ah ! monseigneur, lui criaient-ils, qu’est-ce peu après que l'île fut habitée exposée à une ,

que la force humaine contre des gens de l’autre infestation de cette nature. Vers le commence-
monde? Tous ceux qui ont tenté avant vous la ment de l’hiver, il se manifesta, au sein d’une
même entreprise en sont revenus disloqués. » Ils famille nombreuse, une maladie contagieuse qui,
tirent tant d’histoires au maître du château que ,
emportant quelques individus de tout âge, sem-
ses amis ne voulurent pas qu'il s'exposât; mais bla menacer tous les autres d’une mort précoce.
ils montèrent tous deux à cette grande et vaste Le trépas de ces malades eut le singulier résultat
chambre où se faisait le bruit, le pistolet dans de faire rôder leurs ombres autour de la maison,
une main, la chandelle dans l’autre. Ils ne virent en lerrifiaut les vivants qui en sortaient. Comme
d’abord qu’une épaisse fumée , que quelques le nombre des morts dans cette famille surpassa

flammes redoublaient par intervalles. Un instant bientôt celui des vivants, les esprits résolurent
après, elle s’éclaircit et l’esprit parut confusé- d’entrer dans la maison et de montrer leurs for-
ment au milieu. C’était un grand diable tout noir mes vaporeuses et leur affreuse physionomie
qui faisait des gambades, et qu’un autre mélange jusque dans la chambre où se faisait le feu pour
de flammes et de fumée déroba une seconde fois l’usage général des habitants, chambre qui pen-
â la vue. Il avait des cornes, une longue queue. dant l'hiver, en Islande, est la seule où puisse se
Son aspect épouvantable diminua un peu l'audace réunir une famille. Les survivants effrayés se re-
de l’un des deux champions. « Il y a là quelque tirèrent à l'autre extrémité de la maison et aban-
chose de surnaturel, dit-il à son compagnon; donnèrent la place aux fantômes. Des plaintes
retirons-nous. —
Non, non, répondit l’autre; ce furent portées au pontife du dieu Thor, qui
n'est que de la fumée de poudre à canon... et jouissait d’une influence considérable dans Plie.
l’esprit ne sait son métier qu'à demi de n'avoir Par son conseil, le propriétaire de la maison
pas encore souillé nos chandelles. » II avance à ces hantée assembla un jury composé de ses voisins,
mots, poursuit le spectre, lui lâche un coup de constitué en forme, comme pour juger en ma-
pistolet, ne le manque pas; mais au lieu de tom- tière civile, et cita individuellement les divers
ber, le spectre se retourne et le fixe. Il com- fantômes et ressemblances des membres morts
mence alors à s’effrayer à son tour. Il se rassure de la famille, pour qu'ils eussent à prouver en
toutefois, persuadé que ce ne peut être un es- vertu de quel droit ils disputaient à lui et à ses
prit ; et voyant que le spectre évite de l’appro-
,
serviteurs la paisible possession de sa propriété,
cher, il se résout à le saisir, pour voir s’il sera et quelle raison ils pouvaient avoir de venir ainsi
palpable ou s'il fondra entre ses mains. L'esprit, troubler et déranger les vivants. Les mânes pa-
trop pressé, sort de la chambre et s’enfuit par rurent dans l’ordre où ils étaient appelés; après
un petit escalier. Le gentilhomme descend après avoir murmuré quelques regrets d’abandonner
lui, ne le perd point de vue traverse cours et
, leur toit, ils s'évanouirent aux yeux des jurés
jardins, et fait autant de tours qu'en fait le spectre, étonnés.
tant qu’enlin le fantôme, étant parvenu à une Un jugement fut donc rendu alors par défaut
grange qu'il trouve ouverte se jette dedans et
,
contre les esprits; et l'épreuve par jury, dont
fond contre un mur au moment où le gentilhomme nous trouvons ici l’origine, obtint un triomphe
pensait l’arrêter. Celui-ci appelle du monde; et inconnu à quelques-uns de ces grands écrivains,
dans l’endroit où le spectre s’était évanoui, il qui en ont fait le sujet d’une eulogie.
découvre une trappe qui se fermait d’un verrou Le singulier fait que nous venons d’exposer
après qu’on y était passé. Il descend, trouve le est emprunté à la Démonoloyie de Walter Scott.
fantôme sur de bons matelas, qui l'empêchaient Dans la Guinée, on croit que les âmes dos
de se blesser quand il s’y jetait la tête la pre- trépassés reviennent sur la terre, et qu’elles
miùre. Il l’en fait sortir, et l’on reconnaît sous le prennent dans les maisons les choses dont elles
masque du diable le malin fermier, qui avoua ont besoin ; de sorte que, quand on a fait quel-
toutes ses souplesses et en fut quitte
pour payer que perte, on en accuse les revenants; opinion
à son maître les redevances de cinq années sur très-favorable aux voleurs. Voy. Apparitions,
le pied de ce que la terre était affermée avant Fantômes, Spectres, Atuénagore, etc.
les apparitions. Le caractère qui le rendait à Rhapsodomancie ,
divination qui se faisait
l’éprouve du pistolet était une peau de buffle en ouvrant au hasard les ouvrages d'un poète,
ajustée à tout son corps... et prenant l'endroit sur lequel on tombait pour
Mais retournons aux revenants sérieux. Les une prédiction de co qu’on voulait savoir. C'était
peuples du Nord reconnaissaient une espèce de ordinairement Homère et Virgile que l’on choi-
revenants qui, lorsqu’ils s’emparaient d’un édifice sissait. D’autres fois on écrivait des sentences ou
RHO — 581 — RIB
des vers détachés du poêle on les remuait dans
; cas qu’on entend dans de la Fourche le glacier
une urne ; la sentence ou le vers qu’on en lirait qui produit le Rhin est
l'effet des cris et des
On jetait encore des dés. sur
déclarait le sort. gémissements des âmes qui ont mal vécu sur
une planche où des vers étaient écrits, el ceux
sur lesquelles s’arrêtaient les dés passaient pour
contenir la prédiction. Chez les modernes, on

la terre et qui sont condamnées là à travailler


dans pour alimenter sans
les glaces souterraines,
relâche cours violent du fleuve.
le

Rhotomago, magicien fameux au théâtre des

ouvrait le livre avec une épingle, et on interpré-


tait le vers que l’épingle marquait.
Rhombus instrument magique des Grecs,
,

espèce de toupie dont on se servait dans les sor-


tilèges. On l'entourait de lanières tressées, à l’aide
desquelles on la faisait pirouetter. Les magiciens
prétendaient que le mouvement de cette toupie
avait la vertu de donner aux hommes les pas-
sions et les mouvements qu'ils voulaient leur
inspirer; quand on l'avait fait tourner dans un ombres chinoises. M. Berbiguicr en fait sérieuse-
sens, si l'on voulait corriger l'effet qu'elle avait ment une es[>ècc de démon qui serait ,
le grand
produit et lui en donner un contraire , le magi- maître des sorciers'.
cien la reprenait et lui un cercle
faisait décrire Rhune, montagne du pays basque, appelée le
opposé 5 celui qu'elle avait déjà parcouru. Les bosquet du Bouc ,
parce que les sorciers se sont
amants malheureux la faisait tourner en adres- longtemps réunis là pour faire leur sabbat.
-

sant à Némésis des imprécations contre l’objet de Ribadin (Jeannette) jeune personne de dix- ,

leur amour, s'ils en étaient dédaignés. huit ans, dont l’histoire a fait du bruit au sei-
Rhône. Ce fleuve est honoré de quelques petits zième siècle. Elle était de la paroisse de Jouin de
contes. De temps immémorial quand les glaciers ,
Cernes aux environs de Bordeaux. Cueillant un
,

se fondent, on voit le diable descendre le Rhône dimanche des herbes dans la campagne elle fut ,

à la nage une épée nue d’une main un globe


, ,
de convulsions et réprimandée par un de
saisie
d’or de l’autre. Alors il est en homme. D’autres ses parents ,
qui voulut qu'elle publiât sa faute
fois il le descend travesti en femme sur un ra- en pleine assemblée ; il la conduisit à la paroisse
deau grossier. Il s'arrêta un jour devant la ville après lui avoir donné ses instructions. Un grand
de Martigny, et cria en patois Anjou, haoüitou!: concours arriva la jeune fille annonça au peuple
;

(Fleuve, soulève-toi!) Aussitôt le Rhône obéit en assemblé qu'elle avait eu grand mal pour avoir
franchissant ses rives, et détruisit une partie de travaillé le dimanche; ce qu’il fallait éviter pour
la ville qui est encore en ruines.

On croit, dans l'Oberland (Suisse), que le fra- 1


Les Furfadtlt, l. I, p. DK.

f by Google
,

RI H — 582 — RIM

ne pas s’attirer les mêmes maux; ensuite elle romans de chevalerie le présentent comme ayant
des extases, se roula par terre, et pro-
feignit épousé un démon succube. Vog. aussi Héla.
nonça d'un ton prophétique que Dieu ne voulait
pas que les femmes portassent des manches
froncées, ni les hommes des bonnets rouges.
L'aflaire parvint aux oreilles de l'archevêque
de Bordeaux, qui la fil arrêter avec son com-

plice, reconnutfraude et fit avouer à la


la
filleque l’argent que les fidèles lui donnaient
pour ses prétendues révélations était partagé
entre trois suborneurs qui l’avaient engagée à
contrefaire la sainte. Le juge ecclésiastique la
condamna à faire amende honorable en l'église
métropolitaine de Saint - André , la torche nu
poing et là demander pardon à bien. Celle
,

sentence fut exécutée; mais elle fut encore ren-


voyée en la cour, on, par arrêt donné à la Tour-
nelle ,
elle fut condamnée ,
comme criminelle
d’imposture, de séduction, d’impiété, d'abus et
de scandale public (1587 ). Ses complices furent
condamnés avec elle à la réclusion comme ,

convaincus de séductions envers celte malheu-


reuse fille. Ce qui fait voir que] les fraudes
pieuses n'étaient pas encouragées autrefois
comme le disent les menteurs qui attaquent la
religion.
Ribesal, spectre dont le peuple en Silésie
place la demeure au sommet du Hisemberg. C’est

Richard Cœur de lion.

Richelieu. Le maréchal de Richelieu, étant


ambassadeur à Vienne se fit initier dans la so-
,

ciété de quelques nécromanciens, qui lui promi-


rent de lui montrer Bclzébulh, le prince des dé-
mons. Il donna dans cette chimère. Il y eut une
assemblée nocturne, des évocations en sorte :

que l’affaire éclata. L’n jour que le maréchal


disait à Louis XV que les Bourbons avaient peur
du diable, le roi lui répondit C’est qu'ils ne
: ti

l’ont pas vu comme vous. »


Rickius (Jacques) auteur d'une défense des
,

épreuves par l'eau froide publiée en latin , à


;
1

Cologne, 1597.
Rigoux (maître), nom donné quelquefois au
lui, dans leur idée, qui couvre subitement cette démou qui préside le sabbat.
montagne de nuages et qui excite les tempêtes. Rimmon, démon d’un ordre inférieur, peu
C’est lemême que Rubezal. Vog. ce mol. considéré là-bas, quoique premier médecin de
Richard Cœur de lion. On a accusé ce prince l’empereur infernal. 11 était adoré à Damas sous
orgueilleux de certain commerce avec le diable. le nom de Remmon ou Remnon ,
qui , selon les
Les protestants l’ont maltraité, comme ils font en uns, est Saturne, et, selon les autres, le soleil.
général de tous les héros du catholicisme et ;
On lui attribuait le pouvoir de guérir la lèpre.
Waller Scott Ta sacrifié dans un de ses romans'.
Defensio compendiosa certisque modis ostricta
1
Richard Sans peur, fils selon les uns, frère
probe ut loquuntur aquæ frigides qua in examina-
selon les autres de Robert le Diable. Quelques tione malejicorum judiccs hotlie utuntur, omnibus
srilu ptrquum n ccessaria, quatuor distincta eapi-
1
Vov ez cependant sur lui un conte singulier, dans tibus; auctore Jacobo Ricliio, in- 1 2. Coluuia.' Agrip-
lesLéÿeiu/i'si/escroisadcs.VoyrzaussiTai'ticIcSa/adin. pinæ, 1597

Digitized by Google
,

RIV — 583 - non


Rivière (Roch le Baillif , sieur de la) médecin ,
en 1331, au bannissement et à la confiscation de
empirique et astrologue, né à Falaise, dans le ses biens. Il avait formé le dessein d'envoûter le
seizième siècle. Il devint premier médecin de roi, la reine et le duc de Normandie. Il avait
Henri IV, fut comblé des faveurs de la cour, et montré â un prêtre une petite figure de cire
mourut le 5 novembre 1605. On dit que Henri eut mystérieusement enveloppée dans un écriu. Cette
la faiblesse de lui faire tirer l'horoscope de son figure représentait Jean, duc de Normandie, fils
fils, depuis Louis XIII. Il s'en défendit longtemps; du roi '.

mais enfin , forcé par le roi , dont sa résistance Robert, roi de France. Ce monarque avait
avait excité la curiosité, il lui prédit que ce jeune épousé Berlhe, sa cousine issue de germain. Le
prince s’attacherait à ses opinions, et que cepen- pape Grégoire V examina l'affaire dans un con-
dant il s'abandonnerait 5 celles des autres qu’il ; cile. Suivant la discipline du temps, le mariage
aurait beaucoup à souffrir des huguenots; qu'il fut déclaré incestueux, et le concile décréta que
ferait de grandes choses et vivrait âge d'homme. les époux seraient tenus de se séparer et de faire
Henri IV fut affligé de cette prédiction, dont il pénitence. Le roi Robert, hésitant à se sou-
aurait pu deviner aussi une partie. La Rivière a mettre, fut excommunié et son royaume mis en
passé, de son temps, pour un grand amateur de interdit. Un jour qu'il était allé faire sa prière à
philosophie naturelle, et curieux des secrets de la porte d'une église, on lui présenta un petit

celle science. On a de lui Discourt sur lu signi-


: monstre qui avait le cou et la tête d’un canard.
fication de la comète apparue en Occident au signe Mais c'est un conte des historiens. La reine était
du Sagittaire, le 10 novembre. Rennes, 1577, accoucfiéc d’un enfant mort, le roi , frappé se ,

in-/»* . rare. sépara de Berlhe, et l’excommunication fut levée.


Robert. C'est le nom que la petite démoniaque C’est â cause de cette fable que la reine Berlhe,
Marie Clauzetlu donnait au maître des sabbats. femme de Robert, fut représentée dans quelques-
C’est aussi le nom du démon évoqué par Flaque. unes de ses statues avec un pied d’oie.
Robert le Diable, frère aîné selon les uns, Robin Hood ou Robin des bois. Vog. Puck.
père selon d'autres, de Richard Sans peur. On dit Robinet de Vaulx, faux ermite, affilié à la

vauderie et condamné à Arras, avec Labille, dit


l’abbé de peu de sens quinzième siècle.
:

Rocaya (Marie de) sorcière fameuse par ses


,

crimes, qui fut condamnée au feu dans le pays


basque , à la fin du seizième siècle.

Rodenstein. l'og. llAkHLBEnu.


Roderik ou Rodrigue. Roderik, dernier roi
des Goths en Kspagne, se rendit fameux par scs
crimes et scs débauches, au commencement du

huitième siècle ;>maisil


y eut une fin. Il était de-
qu’il était fils d’un démon. Ce fut un effroyable venu épris de la fille du comte Julien, l'un des
bandit. Après les excès les plus horribles, il se grands seigneurs de l'Espagne; il la déshonora
convertit, fit une longue pénitence et mourut et la renvoya ensuite de sa cour. Le comte Julien

ermite. On croit en Normandie que son spectre se vengea en ouvrant aux Maures les portes de
errant doit expier jusqu’au jugement dernier. l’Espagne. Dans une grande bataille qui dura sept
l’og., dans les Légendes infernales et dans les jours, Roderik fut tué, et comme on ne put re-
Légendes de l’autre monde la chronique de Ro- trouver son corps, on publia qu'il avait été enlevé
bert le Diable, avant et après sa mort.
Robert, sorcier de l'Artois, qui fut condamné, 1
M. Carinct. llist. delà magie en lianes, p. 87.

Digitized by Google
ROD — 58(i
— RI B

par le démon, que ses méfaits avaient rendu son Rosemberg.


l'oy. Femmes blanches.
maître Rosendal. Les Suédois de nos jours donnent
Rodriguez (Ignazio). l'oy. Inquisition. ce nom (vallée des roses) au lieu où se fait le
Rois de l'enfer. Les rois de l’enfer sont au sabbat.
nombre de sept. Ou peut les lier depuis trois Rosier, démon invoqué comme prince des
heures jusqu'à midi, et depuis neuf heures jus- Dominations dans les litanies du sabbat.
qu'au soir, l'oij. Monarchie infernale. Roskolnicks, sectaires russes qui proscrivent
Rois de France. Il est rapporté dans quelques le tabac, qu’ils appellent l'arbre du diable.
chroniques que les premiers rois de France por- Rounfl. C’est le nom que les Bretons donnent
taient une queue comme les singes; qu’ils avaient aux ogres.
du poil de sanglier tout le long de l’épine du Ronssalkis, ondines des Russes, chez qui elles
dos, etc. peuplent les étangs et les rivières.
Roitelet. Une plume de cet oiseau portée en Roustem ou Rustam ,
héros si fameux dans
secret gagner à tous les jeux. On le croit au
fait la Perse qu'il y est devenu presque fabuleux. Il
moins dans les villages. vivait au sixième siècle. Un lui prêle des actions
Rolande du Vernois. Boguet citecettc femme surnaturelles, comme d'avoir tué mille Tartares
comme sorcière. Elle fut convaincue, au seizième d'un seul coup, d’avoir vaincu des dragons et
siècle tout à la fois d'être possédée voleuse et
, ,
des diables blancs, d’avoir pris des villes à lui

ventriloque, et fut pendue et brûlée. seul. C’est l'Hercule des Persans '.
Rome, siège et domaine de l’figlise, à qui
Notre-Seigneur a dit que « les puissances de l'en-
fer ne prévaudront jamais contre elle ». Satan
et ceux qu’il entraîne savent bien que Rome et
tous ses monuments appartiennent au Pape que ;

Constantin se sentant amoindri en face du seul


,

pouvoir incontestablement divin, céda Rome et


ses filais au Saint-Siège et se fit une autre capi-
tale; que Charlemagne confirma et agrandit celle
donation; que tous ceux qui ont honoré ou dé-
fendu l'Église Romaine ont été bénis et ont pro-
spéré ;
que, depuis saint Pierre jusqu'à nos jours,
par la violence ou par les sophismes, tous ceux
qui ont attaqué le Pape, ou dans sa personne, ou
dans son pouvoir, ou dans son domaine, ont
subi les coups de la justice divine. Mais Satan, le
père des hérésies des schismes et des déser-
,

tions ne désarme pas.


,

Romulus, celui qui éleva


la ville de Rome.
Itonar.
Romulus était enfant
du diable selon quelques-
uns , et grand magicien selon tous les démono- Roux. Il y a chez les modernes une antipathie
manes. Mars, au fait, qui fut son père n'était assez générale contre les roux. On expliquait au-
qu’un démon. Après qu’il eut bien établi son em- trefois ainsi l'origine des barbes rousses, l-orsque
pire, un jour qu'il faisait la revue de son armée, Moïse surprit les Israélites adorant le veau d'or,
il fut enlevé par un tourbillon, devant la mul- il le lit mettre en poudre, mêla cette poudre
titude, et Bodin observe que le diable, à qui il dans de l'eau et la fit boire au peuple. L’or s'ar-
devait le jour, l’emporta dans un autre royaume. rêta sur les barbes de ceux qui avalent adoré
Ronwe, marquis et comte de l’enfer, qui ap- l'idole et les fit reconnaître; car toujours depuis
paraît sous la forme d’un monstre; il donne à scs ils eurent la barbe dorée
adeptes la connaissance des langues el la bien- Rubezal, prince des gnomes, fameux chez
veillance de tout le monde. Dix-neuf cohortes les habitantsdes monts Sudètes. Il est extrême-
infernales sont sous ses ordres *.
ment malin, comme tous les êtres de son espèce,
Rose-croix. Les rose-croix sont maintenant et joue mille tours aux montagnards. On a écrit
de hauts officiers dans les grades ridicules de la des volumes sur son compte; il est même le
maçonnerie. Autrefois c’étaient les conservateurs héros de quelques romans ; Musœus a conté lon-
des secrets de la cabale. guement ses prouesses. Et toutefois on n’a pas
Naudé a écrit sur les rose-croix un petit livre encore suffisamment éclairci ce qui concerne ce
curieux, l'oy. Naudé Andrea:, etc. , lutin qui probablement est un personnage de
,

Rose de Jéricho, l’oy. Brown.


' M. Eugène Flandin, Voyage en Perse.
1
Voyez son histoire dans les Ugendet infernales. 2 Jérémie de Pours. la Divine mélodie du saint
2 Wicrus, in Psevdomon. dam. Psalmiste, p. 829.

Digitized by Google
.

Rt'B — 585 — Rf'N

l'ancienne mythologie slave. Il paraît encore, et la remirent à sa place où elle se rejoignit com-
dit-on, dans quelque coin éloigné; mais chaque plètement; un d’entre eux avala, sans en rien
année perd de sa renommée et de sa considé-
il souffrir,de grandes quantités d’arsenic, pen-
ration. — C’est
le même que Rihenzal. dant qu’un autre dévorait les bracelets et les
Rubis. Les anciens attribuaient à celte pierre pendants d'oreilles comme les enfants dévorent
,

précieuse la propriété de résister au venin de , les friandises.


préserver de la peste, de bannir la tristesse et Tout cela s’opérait à un pied de moi, àu mi-
»
de détourner les mauvaises pensées. S’il venait à lieudes lampes , de manière que je ne pouvais
changer de couleur, il annonçait des malheurs supposer aucune supercherie. Mais ce spectacle
qui devaient arriver; il reprenait sa teinte aus-
|
me faisait mal , et je ne savais qu'en penser. Le
sitôt qu’ils étaient subis. colonel m’assurait que tout ce que je voyais était
Rued'Enfer. Voy. Vaijvert. réel , et que si quelque imposture s’y mêlait, il
Ruffaïs magiciens musulmans qui font leurs
,
;
l’aurait découverte depuis longtemps. Cependant
prestiges publiquement dans l’Inde, où toute j
j’hésitais, et comme je disais que j’aurais plus de
magie paraît avoir les coudées franches. Voici confiance si ces faits extraordinaires se passaient
ce qu’on lit à ce sujet, et c'est très-remarquable, au grand jour, sans tambours et sans bruit, le
dans le Magasin naval et militaire, publié par des lendemain , un peu après midi je lisais un jour- ,

Anglais sérieux, 1838, n* 116 : nal, étendu sur mon lit, lorsque le chef des ruf-
« Depuis que nous sommes dans l'Inde, j'avais faïs vint à moi, portant sous son bras toutes sortes
entendu parler très-souvent d’une secte de mu- d’instruments qu’il jeta à terre. Il prit une lame
sulmans qu’on appelle les ruffaïs. Ils prêchent de poignard se l’enfonça dans la joue gauche,
,

l’islamisme et croient le prouver en s’enfonçant en planta une autre dans la joue droite, se perça
des épées dans les chairs, en se coupant la langue la langue d'une troisième et d’une quatrième ia
qu’ils font rôtir et qu’ils replacent ensuite, et ils gorge puis il plongea dans son corps trois pouces
;

offrent de donner le pouvoir d’opérer ces pro- d’une lame de couteau très-affilée; tout cela sans
diges à leurs disciples , en ajoutant qu'avec leur qu'une goutte de sang sortit. Il allait se couper
foi on peutde son corps tout ce que l’on
faire la langue, je l'en empêchai avec horreur, car il
veut, jusqu’à s’arracher les yeux et se couper se tailladait le visage, et ses regards, égarés par
la tête. une sorte de fureur, me faisaient frémir. Il avala
Le colonel G. avait été témoin de ces expé-
n trois onces d'arsenic; puis il retira toutes les
riences, en compagnie d’un grave ecclésiastique, lames qui le lardaient, et il ne sortit de son corps
qui, s'en trouvant mal, s'était enfui en disant que aucune goutte de sang
c'était là l’œuvre de Satan. Le colonel s’écriait qu’il L’officier qui a écrit ce compte rendu déclare
n'y voyait que magie ce qui se ressemble assez.
; en finissant qu’il ne sait que croire de tout cela,
J’eus grand’peine à cruire que ces récits fussent mais qu’il atteste avoir vu positivement tout ce
autre chose qu’une mystification et quand plu- ; qu’il expose.
sieurs témoignages m’eurent ébranlé, j’exprimai Ruggieri (Cosme) , sorcier florentin et cour-
le désir de voir de mes propres yeux ce que j’ap- tisan de Catherine de Médicis il fut appliqué à ;

pelais des jongleries. Le jour fixé pour l’épreuve, la comme prévenu d’avoir at-
question en 157Z»,
on dressa une large tente; on y apporta cin- tenté par ses charmes aux jours de Charles IX,
quante lampes des plats pleins d'arsenic et des
, qu'il voulait envoûter *.
plants d'une sorte de cactus qui fournit un suc Rugner, géant Scandinave, dont la lance
laiteux dont une seule goutte produit des am-
, énorme était faite de pierre à aiguiser. Dans un
poules sur la peau. On se procura aussi de vieux duel Thor la lui brisa d’un coup de sa massue,
,

pendants d’oreilles, de vieux bracelets, des poi- grosse comme un dôme, et en fit sauter les éclaLs
gnards, des épées, des broches de fer, et quand si loin que c’est de là que viennent toutes les
,

tout fut prêt, nous entrâmes, cinq officiers et pierres à aiguiser que l’on trouve dans le monde,
moi, avec une centaine de curieux. Vingt ruffaïs et qui paraissent évidemment rompues par quel-
se trouvaient là, battant du tambour. Aussitôt que effort.
que nous fûmes assis, les ruffaïs chantèrent des Rule (Elspet) Écossais convaincu de sorcel-
,

paroles tirées de leurs livres saints, accompa- lerie en 1708. Les cours de justice devenant alors
gnées des tambours qui alors battaient en me- moins rigoureuses contre ces cri mes, il ne fut con-
sure. Ce vacarme alla crescendo jusqu’à ce que damné qu'au bannissement avec une joue brûlée.
tous se sentissent en une sorte d’extase leurs : Runes, lettres ou caractères magiques que
corps étaient secoués par des tressaillements con- les peuples du Nord croyaient d’une grande vertu
tinuels. Ils saisirent lesinstruments qu'on avait dans les enchantements. Il y en avait de nuisi-
apportés uns se percèrent les joues , la lan-
;
les bles, que l’on nommait runes amères; on les
gue, la gorge avec des broches et des poignards; employait lorsqu’on voulait faire du mal. Les
les autres se traversèrent le corps avec des épées ;
quelques-uns se coupèrent la langue , la rôtirent 1
M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 454
RIS — 586 — SAB
runes secourables détournaient les accidents ; les en cercle , soit en ligne serpentante , soit en
runes victorieuses procuraient la victoire à ceux triangle etc. On trouve encore plusieurs de ces
,

qui en faisaient usage; les runes médicinales gué- caractères tracés sur les rochers des mers du Nord.
rissaient des maladies; on les gravaitdessur Rush, lutin suédois. Voy. Pues.
feuilles d'arbre. Enfin, il y avait des runes pour Ryence roi fabuleux de la partie
,
septentrio-
éviter les naufrages pour soulager les femmes
,
nale du pays de Galles; il était magicien et por-

en travail pour préserver des empoisonnements.


,
tait un manteau bordé de vingt-quatre barbes (Je
Ces runes différaient par les cérémonies qu'on ob- rois. Il fut tué par le roi Arthus.
servait en les écrivant, par la matière sur laquelle Rymer, géant, ennemi des dieux chez les
on les traçait, par l’endroit où on les exposait, Scandinaves; il doit à la On du monde être le

par la façon dont on arrangeait les lignes, soit pilote du vaisseau Naglefare. Voy. ce mot.

-CC O-

Sabaoth. Les archontiques, secte du deuxième I


lieu qui sert à ce rassemblement reçoit une telle
de Sabaoth un ange douteux qui
siècle, faisaient malédiction qu'il n’y peut croître ni herbe ni
était pour quelque chose dans les affaires de ce autre chose. Slrozzi dit avoir vu autour d’un
monde. Les mêmes disaient que la femme était châtaignier, dans un champ du territoire de Vi-
l’ouvrage de Satan ,
galanterie digne des héré- cence, un cercle dont la terre était aussi aride
tiques. que les sables de la Libye, parce que les sorciers
Sabasius, chef du sabbat, selon certains dé- y dansaient et y faisaient le sabbat. Les nuits
monographes. C’élait autrefois l’un des surnoms ordinaires de la convocation du sabbat sont celles
de Kacchus grand maître des sorciers dans l’an-
,
du mercredi au jeudi et du vendredi au samedi.
tiquité païenne. C'est un gnome chez les caba- Quelquefois le sabbat se fait en plein midi mais ,

lisles. c’est fort rare. Les sorciers et les sorcières por-


Sabathan, démon invoqué dans les litanies du tent une marque qui leur est imprimée par le
sabbat. diable cette marque par un certain mouvement
; ,

Sabba, devineresse mise au nombre des si- intérieur qu’elle leur cause, les avertit de l’heure
bylles.On croit que c’élait celle de Lûmes. du ralliement. En cas d'urgence le diable fait ,

Sabbat. C’est l’assemblée des démons, des paraître un mouton dans une nuée (lequel mou-
sorciers et des sorcières dans leurs orgies noc- ton n’est vu que des sorciers), pour rassembler
turnes. Nous devons donner ici les relations des son monde en un inslanL
démonotnanes sur ce sujet. On s’occupe au sab- Dans les circonstances ordinaires, lorsque
bat, disent-ils, à faire ou à méditer le mal, à l’heure du départ est arrivée , après que les sor-
donner des craintes et des frayeurs à préparer
, ciers ont dormi ou du moins fermé un œil ce
, ,

les maléfices, à accomplir des mystères abomi- qui est d'obligation, ils se rendent au sabbat
nables. Le sabbat se fait dans un carrefour ou montés sur des bâtons ou sur des manches à
dans quelque lieu désert et sauvage, auprès d'un balai oints de graisse d’enfant; ou bien des dia-
bles subalternes les transportent sous des formes
de boucs de chevaux d’ânes ou d’autres aui-
, ,

maux. Ce voyage se fait toujours en l’air. Quand

les sorcières s’oignent pour monter sur le manche


â balai qui doit les porter au sabbat, elles répè-
lac, d'un étang, d’un marais, parce qu'on y pro- tent plusieurs fois ces mots Emen-hélan ! ernen-
;

duit la grêle et qu'on y fabrique des orages. Le hétan ! qui signifient, dit Delancre : Ici et là I ici

Digitized by Google
,

SAB — 587 SAB

et là! Il
y avait cependant en France des sor- yeux ronds, grands, fort ouverts, enflammés et
cières qui allaient au sabbat sans bâton, ni hideux; une barbe do chèvre, les mains comme
graisse, ni monture, seulement en prononçant celles d’un homme, excepté que les duigtssont
quelques paroles. Mais celles d’Ilalie ont toujours tous égaux courbés comme les griffes d'un oi-
,

un bouc qui les attend pour les emporter. Elles seau de proie, et terminés en pointe les pieds ;

ont coutume , commede sortir géné-


les nôtres,
ralement par la cheminée. Ceux ou celles qui
manquent au rendez-vous payent une amende ;

le diable aime la discipline.


Les sorcières mènent souvent au sabbat, pour ,

différents usages, des enfants qu'elles dérobent,


j

Si une sorcière promet de présenter au diable , i

dans le sabbat prochain le fils ou la fille de


,

quelque gueux du voisinage et qu’elle Tte puisse ;

venir à bout de l'attraper, elle est obligée de


présenter son propre fils ou quelque autre en-
fant d’aussi haut prix. Les enfants qui plaisent
au diable sont admis parmi ses sujets de celte
manière : Maître Léonard , le grand nègre pré- ,

sident des sabbats, et le petit diable, maître Jean en pattes d'oie lu queue longue comme celle
,

Mullin, son lieutenant, donnent d'abord un par- d'un âne; il a la voix effroyable et monotone,
rain et une marraine à l'enfant ( foy. Baptême tient une gravité superbe, et porte toujours sous
du diable); puis on le fait renoncer Dieu, la la queue un visage d'homme noir, visage que

Vierge et les saints, et, après qu’il a renié sur le tous les sorciers baisent en arrivant au sabbat :
grand livre, Léonard le marque d'une de ses c’est là ce qu'on appelle l’hommage. Il donne
cornes dans l'œil gauche. 11 porte cette marque ensuite un pou d’argent à tous scs adeptes; puis
pendant tout son temps d'épreuves, à la suite il se lève pour le festin
, où le maître des céré-
duquel, s’il s’en est bien tiré, le diable lui admi- monies place tout le monde, chacun selon son
nistre un autre signe qui a la figure d'un petit rang, mais toujours un diable à côté d’un sorcier.
lièvre, ou d'une patte de crapaud, ou d'un chat Quelques sorcières ont dit que la nappe du
noir. sabbat est dorée, et qu’on y sert toutes sortes de
Durant leur noviciat, on charge les enfants bons mets, avec du pain et du vin délicieux.
admis de garder les crapauds, avec une gaule Mais le plus grand nombre do ces femmes ont
blanche, sur le bord du lac, tous les jours de déclaré, au contraire, qu'on n'y sert que des cra-
sabbat; quand ils ont reçu la seconde marque, pauds, de la chair de pendus, de petits enfants
qui est pour eux un brevet de sorciers ils sont , non baptisés et mille autres horreurs, et que le
admis à la danse et au festin. Les sorciers, initiés pain du diable est fait de millet noir. Ou chante
aux mystères du sabbat, ont coutume de dire : pendant le repas des choses abominables; et
J'ai bu du tabourin j’ai mangé du cymbale
,
après qu’on a mangé on se lève de table , un
,

et je suit fait profit. Ce que Leloyer explique de adore le maître, puis chacun se divertit. Les uns
la sorte » Par le tabourin, on entend la peau
: dansent en. rond, ayant chacun un chat pendu
de bouc enflée de laquelle ils tirent le jus et con- au derrière; d'autres rendent compte des maux
sommé pour boire, et par le cymbale le chau- qu’ils ont faits, et ceux qui n'en ont pas fait assez
dron ou bassin dont ils usent pour cuire leurs sont punis. Des sorcières répondent aux accusa-
ragoûts. » Les petits qui ne promettent rien de tions des crapauds qui les servent; quand ils se
convenable sont condamnés à être fricassés. Il y plaignent de n’élre pas bien nourris par leurs
a lâ des sorcières qui les dépècent et les font maîtresses , les maîtresses subissent un châti-
cuire pour le banquet. ment.
Lorsqu’on est arrivé au sabbat, le premier de- Les correcteurs dn sabbat sont de petits dé-
voir est d’aller rendre hommage au maître. Il est mons sans bras, qui allument un grand feu, y
assis sur un trône; ordinairement il affecte la jettent les coupables, et les en retirent quand il
figure d’un grand bouc ayant trois cornes, dont le faut.

celle du milieu jette une lumière qui éclaire l'as- Ici, on fait honneur à des crapauds, habillés

semblée; quelquefois il prend la forme d’un oi- de velours rouge ou noir, portant une sonnette
seau, ou d'un bœuf, ou d’un tronc d’arbre sans au cou et une autre au pied droit. Ou les donne
pied, avec une face humaine fort ténébreuse ou ;
comme d'utiles serviteurs aux sorcières qui ont
bien il paraît en oiseau noir ou en homme tantôt bien mérité des légious infernales. Là, une ma-
noir, tantôt rouge. Mais sa figure favorite est gicienne dit la messe du diable pour ceux qui
celle d'un bouc. 11 porte une couronne noire, les veulent l’entendre. Ailleurs se commettent les
cheveux hérissés, le visage pâle et Iroublé, les plus révoltantes et les plus honteuses horreurs.

iogIe
,

SAB — 588 — SAB

Ceux et celles qui vont baiser le visage intérieur malgré son prix et sa rareté, le vase est sans doute
du maître tiennent une chandelle sombre à la retourné à son premier maître. Pareillement, un
main. Il en est qui forment des quadrilles avec boucher allemand entendit, en passant de nuit
des crapauds vêtus de velours et chargés de par une forêt, le bruit des danses du sabbat; il
sonnettes. Ces divertissements durent jusqu’au eut la hardiesse de s’en approcher, et tout s’éva-
chant du coq. Aussitôt qu’il se fait entendre, nouit. Il prit des coupes d'argent qu’il porta au
tout est forcé de disparaître. Alors le grand nègre magistral, lequel fit arrêter et pendre toutes les

leur donne congé, et chacun s'en retourne chez personnes dont les coupes portaient le nom '.
soi '. Un sorcier mena son voisin au sabbat en lui pro-
On conte qu’un charbonnier, ayant été averti mettant qu'il serait l’homme le plus heureux du
que sa femme allait au sabbat, résolut de l’épier, monde. 11 le transporta fort loin, dans un lieu où
line nuit qu'il faisait semblant de dormir, elle se trouvait rassemblée une nombreuse compa-
se leva, se frotta d’une drogue et disparut. le gnie, au milieu de laquelle était un grand bouc.
charbonnier, qui l’avait bien examinée ,
prit le Le nouvel apprenti sorcier appela Dieu à son se-
pot à la graisse, s'en frotta comme elle, et fut cours. Alors vint un tourbillon impétueux : tout

aussitôt transporté par la cheminée , dans la disparut; il demeura seul et fut trois ans à re-
,
3
cave d’un comte, homme considéré au pays; tourner dans son pays .
il trouva 15 sa femme et tout le sabbat rassemblé « Ije sabbat se fait, disent les cabalistes, quand

pour une séance secrète. Le souper descendait les sages rassemblent les gnomes pour les enga-
là par une poulie. La femme du charbonnier, ger à épouser les filles des hommes. Le grand

l'ayant aperçu, ht un signe au même instant : Orphée fut le premier qui convoqua ces peuples
tout s’envola et il ne resta dans la cave que le
,
souterrains.A sa première semonce, Sabasius, le
pauvre charbonnier, qui, se voyant pris pour un plus ancien des gnomes, contracta alliance avec
voleur, avoua ce qui s’était passé à son égard et une femme. C’est de ce Sabasius qu’a pris son
ce qu’il avait vu dans celle cave ’. nom cette assemblée, sur laquelle on a fait mille
contes impertinents. Les démonomanes 'préten-

dent aussi qu'Orphée fut le fondateur du sabbat,


et que les premiers sorciers qui se rassemblèrent
de la sorte se nommaient orphioléleslet. La véri-
table source de ces orgies sinistres a pu prendre
naissance dans les bacchanales , où l'on invo-
quait Baccbus en criant : Saboé ! »
Dans l'affaire de la possession de Louviers,
Madeleine Bavent, tourière du couvent dccetlo
ville,confessa dos choses singulières sur le sab-
bat. Elleavoua qu'étant à Rouen, chez une cou-
turière,un magicien l'avait engagée et conduite
au sabbat; qu’elle fut mariée là à Dagon, diable
d’enfer; que Mathurin Picard l’éleva à la dignité
de princesse du sabbat, quand elle eut promis
d’ensorceler toute sa communauté; qu’elle com-
posa des maléfices en se servant d'hosties consa-
crées: que, dans une maladie qu’elle éprouva,
Picard lui fit signer un pacte de grimoire; qu’elle
vit accoucher quatre magiciennes au sabbat;
qu’elle aida à égorger et à manger leurs enfants;
que le jeudi saint on y fit la cène en y mangeant
un petit enfant; que, dans la nuit du vendredi,
Picard et Boulé avaient percé une hostie par
le

" Un paysan se rencontrant de nuit dans un lieu milieu, et que l’hostie avait jeté du sang. De
plus,

où l’on faisait le sabbat, on lui ofTril à boire. Il elle confessa avoir assisté à révocation de l’âme
une
jeta la liqueur à terre et s’enfuit, emportant le de Picard faite par Thomas Boulé dans
,

vase, qui était d’une matière et d’une couleur grange pour confirmer les maléfices du diocèse
,
devant
inconnues. Il fut donné à Henri le Vieux, roi d’Évreux. Elle ajouta à ces dépositions,
di-
d’Angleterre, si l’on en croit le conte '. Mais leparlement de Rouen que David premier , ,
avait
recteur du monastère, était magicien; qu’il
1
M. Jules Garinet, après Delancre, Bodin, Delrio, donné à Picard une cassette pleine de sorcelle-
Maiol, Leloyer, Danæus, Boguot, Monstrelet, Tor- pouvoirs
ries ,
et qu'il lui avait délégué tous ses
quemada ,
etc.
3 Delrio, DisquisUùms magiques, et Bodin, p. 30.
1
Joachim de Cambrai.
3 T nnum magicum. 1 Torquemada dans l 'Hcxamerm.,

Dil by Google
,

SAB — 589 SAB


diaboliques qu’un jour, dans le jardin , s'étant
;
dans des fermes peu éloignées. Et payent-ils —
assise sous un mûrier, un horrible chat noir et ce qu'ils prennent? demanda Charles. Loin de —
puant lui avaiL mis scs pattes sur ses épaules et payer, répondit le fermier, ils emportent encore
avait approché sa gueule de sa bouche c’était ; ce qui leur convient, et s'ils ne se trouvent pas
un démon. Elle dit en outre qu’on faisait au sab- bien reçus, nous en passons de dures; mais que
bat la procession; que le diable, moitié homme voulez -vous qu'on fasse contre des sorciers et
et moitié bouc , assistait à ces cérémonies exécra- des démons? » Le prince, étonné, voulut appro-
bles, etque sur l’autel il y avait des chandelles fondir ce mystère il dit quelques mots à l’oreille
;

allumées qui étaient toutes noires. On trouve gé- d'un de scs écuyers, et celui-ci partit au grand
néralement le secret de ces horreurs dans les ! galop pour la ville de Toul, qui n’était qu'à trois
mœurs abominables de la fm du seizième siècle. lieues. Vers deux heures du matin, une trentaine

Dans le Limbonrg, il n’y a pas cent ans, on de sorciers, de sorcières et de démons entrèrent;
comptait encore beaucoup de bohémiens et de les uns ressemblaient à des ours, les autres

bandits qui faisaient le sabbat. Leurs initiations avaient des cornes et des griffes. A peine étaient-
avaient lieu dans un carrefour solitaire, où végé- ils à table que l’écuyer de Charles II reparut

tait une masure qu'on appelait la Chapelle des suivi d’une troupe de gens d’armes. Le prince,
boucs. Celui qu'on recevait sorcier était enivré, escorté, entra dans la salle du souper ; Des —
puis mis à califourchon sur un bouc de bois diables ne mangent pas, dit-il; ainsi vous vou-
qu’on agitait au moyen d’un pivot; on lui disait drez bien permettre que mes gens d’armes se
qu’il voyageait par les airs. Il le croyait d'autant mettent à table à votre place. Les sorciers vou-. .

plus qu’on le descendait de sa monture pour le lurent répliquer, et les démons proférèrent des
jeterdans une orgie qui était pour lui le sabbat '. menaces. — Vous démons leur
n'êtes point des ,

sait, dit Malcbranche, que celte erreur du


On cria Charles : les habitants de l'enfer agissent
sabbat n'a quelquefois aucun fondement que le ; plus qu’ils ne parlent, et si vous en sortiez, nous
prétendu sabbat des sorciers est quelquefois l'ef- serions déjà tous fascinés par vos prestiges.
fet d'un délire et d'un dérèglement de l'imagina- Voyant ensuite que la bande infernale ne s’éva-
tion, causé par certaines drogues desquelles se nouissait pas, il ordonna à ses gens de faire
servent les malheureux qui veulent se procurer main basse sur les sorciers et leurs patrons. On
ce délire. Ce qui entretient la crédulité populaire, arrêta pareillement les autres membres du sab-
ajoute Bergicr, ce sont les récits de quelques bat, et le matin Charles II se vit maître de plus
peureux qui, se trouvant égarés la nuit dans les de cent vingt personnes. On les dépouilla , et on
forêts, ont pris pour le sabbat des feux allumés trouva des paysans, qui, sous ces accoutrements,
par les bûcherons et les charbonniers, ou qui, se rassemblaient de nuit dans la forêt pour y
s'étant endormis dans la peur, ont cru entendre faire des orgies abominables, et piller ensuite les
et voir le sabbat, dont ils avaient l'imagination riches fermiers. Le duc de Lorraine ( qui avait
frappée. Il n'y a aucune notion du sabbat chez généreusement payé son souper avant de quitter
les anciens Pères de l’Église. Il est probable que la ferme) fit punir ces prétendus sorciers et dé-

c'est une imagination qui a pris naissance chez mons comme des coquins et des misérables. Le
les barbares du Nord que ce sont eux qui l’ont
;
voisinage fut délivré pour le moment de ces
apportée dans nos climats, et qu’elle s'y est accré- craintes; mais la peur du sabbat ne s’affaiblit
ditée par des faits comme celui de la Chapelle
, pas pour cela dans la Lorraine.
des boucs, au milieu de l’ignorance dont leur Duluc, dans ses lettres sur F histoire de la terre
irruption Tut suivie. et de l'homme, tome IV, lettre 91 rapporte en- ,

Charles II , duc de Lorraine, voyageant inco- core ce qui suit : « Il y a environ dix ans, vers

gnito dans ses États, arriva un soir dans une 1769 ,


formé dans la Lorraine alle-
qu’il s’était
ferme, où se décida à passer la nuit. Il fut sur-
il mande dans l'électorat de Trêves une associa-
et
pris de voir qu’après son souper on préparait un tion de gens de la campagne qui avaient secoué
second repas plus délicat que le sien, et servi tout principe de religion et de morale. Ils s’é-
avec un soin et une propreté admirables. Il de- taient persuadé qu’en se mettant à l’abri des lois .

manda au fermier s’il attendait de la compagnie. ils pouvaient satisfaire sans scrupule toutes
« Non , monsieur, répondit le paysan mais c’est ; leurs passions. Pour se soustraire aux poursuites
aujourd’hui jeudi et toutes les semaines, à pa-
, de la justice, ils se comportaient dans leurs vil-
reille heure, les démons se rassemblent dans la lages avec la plus grande circonspection : l’on
forêt voisine avec les sorciers des environs pour n’y voyait aucun désordre mais ils s’assem-
;

y faire leur sabbat. Après qu’on a dansé le branle blaient la nuit en grandes bandes, allaient à force
du diable, ils se divisent en quatre bandes. La ouverte dépouiller les habitations écartées, com-
première vient souper ici ; les autres se rendent mettaient d'abominables excès, et employaient
les menaces les plus terribles pour forcer au si-
1
Voyez, aux Légende J infernales, l’histoire de la
chapitre des sor-
lence les victimes de leur brutalité. Un de leurs
Chapelle des boucs, insérée dans le

ciers; complices ayant été saisi par hasard pour quel-


|
SAB — 590 — SAD
que délit isolé, on découvrit la trame de cette les lumières de la révélation, s’est fait des dieux
confédération détestable, et l’on compte par cen- cruels, altérés de sang, avides de carnage. Hé-
taines les scélérats qu’il a fallu faire périr sur rodote dit que les Scythes immolaient la cin-
l'échafaud. » l'oy. Blokula, Litanies du sab- quième partie de leurs prisonniers à Mars Exter-
bat, etc. minateur. Autrefois les Sibériens se disputaient
Sabbathaï Zévi, faux messie des juifs au dix- l'honneur de périr sous le couteau de leurs prê-

septième siècle *. tres. — Tout cela est un mystère, sur lequel on


Sabéisme culte que l’on rend aux éléments
,
doit lire ce qu’en a écrit Joseph de Maistre.
et aux astres, et qui, selon quelques-uns, est l’o- y avait un temple chez les Thraces où
Il

rigine de l’astrologie judiciaire. l’on n'immolait que des victimes humaines ; les
Sabellicus (Georges), farceur allemand qui prêtres de ce temple portaient un poignard pendu
parcourait l’Allemagne au commencement du au cou pour marquer qu'ils étaient toujours
,

dix-septième siècle, en se disant chef des nécro- prêts à tuer. Dans le temple de Bacchus, en
manciens, astrologues, magiciens, chiroman- Arcadie, et dans celui de Minerv e, à Lacédémone,
ciens pyromanciens etc. Il gagna ainsi beau-
, ,
on croyait honorer ces divinités en déchirant im-
coup d’argent, et fut très-révéré des vieilles pitoyablement, à coups de verges, de jeunes
femmes et des petits enfants ’. filles sur leurs autels. Les Germains et les Cam-

Sabiénus. Dans la guerre de Sicile entre bres ne sacrifiaient les hommes qu’après leur
César et Pompée, Sabiénus, commandant la flotte avoir fait endurer les plus cruels supplices. Il y
de César, ayant été pris, fut décapité par ordre avait dans le l’égu un temple où l'on renfermait
de Pompée.. Il demeura tout le jour sur le bord les filles les plus belles et de la plus haute nais-

de la mer, sa tète ne tenant plus au corps que sance; elles étaient servies avec respect; elles
par un filet. Sur le soir, il pria qu’on fil venir jouissaient des honneurs les plus distingués; mais
Pompée ou quelqu’un des siens, parce qu’il arri- tous les ans une d'elles était solennellement sa-
vait des enfers, et qu’il avait des choses impor- crifiée à l'idole de la nation. C’était ordinairement

tantes à communiquer. Pompée envoya plusieurs la plus éclatante qui avait l’honneur d'être choi-

de ses amis , auxquels Sabiénus déclara que la sie cl le jour de ce sacrifice était un jour de fête
;

cause et le parti qu’ils servaient alors étaient pour tout le peuple. Le prêtre dépouillait la vic-
agréables aux dieux des enfers , et que leur chef time, l’éLranglait, fouillait dans son sein, en ar-
réussirait ;
qu’il avait ordre de le lui annoncer, rachait le cœur, et le jetait au nez de l’idole.
et que, pour preuve de ce qu’il disait, il allait Les Mexicains immolaient des milliers de victimes
inuurir aussitôt : ce qui eut lieu. Mais on ne voit humaines au dieu du mal. Presque tous les peu-
pas que le parti ait réussi, dans le sens naturel ples, hors le peuple de Dieu dans 1ère ancienne
du mot. et les chrétiens dans la nouvelle, ont exercé sans
Sabim nom des astrologues turcs.
, scrupule de pareilles barbaries.
Sable. Les Madécasses n’entreprennent jamais C'est un usage établi à Bénin de sacrifier aux
la guerre sans consulter leurs augures ceux-ci : idoles les criminels; on les réserve dans celte
ont une petite calebasse remplie d’un sable qui vue. Ils doivent toujours être au nombre de
no se trouve qu’en certains lieux; ils le ré- vingt-cinq. Lorsque ce nombre n'est pas com-
pandent sur une planche et y marquent plusieurs plet, les officiers du roi sc répandent dans l’obs-
figures. Ils prétendent connaître par là s’ils vain- curité de la nuit et saisissent indistinctement
cront leurs ennemis tous ceux qu’ils rencontrent; mais il ne faut pas
Sabnacou Salmac, grand marquis infernal, qu’ils soient éclairés par le moindre rayon de
démon des fortifications. Il a la forme d’un sol- lumière, les victimes saisies sont remises entre
dat armé, avec une tète de lion. Il est monté sur lesmains des prêtres, qui sont maîtres de leur
un cheval hideux. 11 métamorphose les hommes sort. Les riches ont la liberté de se racheter,
en pierres, et bâtit des tours avec une adresse ainsi que leurs esclaves les pauvres sont sacrifiés.
;

surprenante. Il a sous scs ordres cinquante lé- Ce qu'on appelait l'hécatombe était le sacri-
gions *. ficede cent victimes, proprement de cent bœufs,
Sacaras, anges du sixième ordre chez les mais qui s’appliqua dans la suite aux sacrifices
Madécasses. Ils sont tous malfaisants. de cent animaux de même espèce, même de cent
Saccilaires ,
anciens charlatans qui sc ser- lions ou de cent aigles; c’était le sacrifice impé-
vaient de la magic pour s'approprier l’argent rial. Ce sacrifice se faisait en même temps sur

d'autrui. cent autels de gazon par cent sacrificateurs.


Sacrifices. L’homme ,
partout où il a perdu On accusait les sorciers de sacrifier au diable,
dans leurs orgies, des crapauds, des poules noires
1 Voyez son histoire à la fin des Ugendcs de l'An- cl de petits enfants non baptisés : belle assimila-
cien Testament.
tion!
2 Salgues Des erreurs et des préjuges.
,

3 Voyage de Madagascar de t75î. .


Sadey, compère de Flaque. Voy. ce mot.
* Wicrus, in Tseudom. deem. Sadial ou Sadiel ange qui, selon les musul-
,

oogle
,

SA1 — 591 — SAI

roans, gouverne le troisième ciel et qui est chargé Saint-Germain (le comte de) charlatan cé- ,

d'affermir la terre , laquelle serait dans un mou- lèbre du dernier siècle, qui se vantait de faire de
vement perpétuel, s’il n'avait le pied dessus. l’or, de gonfler les diamants et d’opérer beaucoup

Saignement de nez. Quand on perd par le de choses merveilleuses. Comme on ignorait son
nez trois gouttes de sang seulement, c’est un pré- origine, il se disait immortel par la vertu de la
sage de mort pour quelqu’un de la famille. Si on pierre philosophale ; et le bruit courait qu’il était
en perd quatre, le présage est nul. âgé de deux mille ans. Il avait l’art d’envelopper
Sainokavara , endroit du lac Fakone où les ses dupes dans le tissu de ses étranges confi-
Japonais croient que les âmes des enfants sont dences. Contant un jour qu'il avait beaucoup
retenues comme dans une espèce de limbes. connu Ponce-Pilate à Jérusalem, il décrivait mi-
Sains (Marie de), sorcière et possédée. nutieusement la maison de ce gouverneur romain
loi/. Possédées de Flandre. et disait les plats qu’on avait servis sur sa table,
Saint-André. Ce docteur ,
qui a écrit contre un soir qu'il avait soupé chez lui. Le cardinal de
les superstitions , en 1726, par une
fut appelé, Rohan , croyant n’entendre là que des rêveries

femme qui lui fil confidence qu’elle était accou- s’adressa au valet do chambre du comte de Saint-
chée d'un lapereau. Le docteur témoigna d’abord Germain, vieillard aux cheveux blancs, à la
sa surprise; mais, quelques jours après, cette figure honnête • Mon ami lui dit-il
: j’ai de la , ,

femme prétendit ressentir des tranchées; elle ne peine à croire ce que dit votre maître. Qu'il soit
douta pas qu'elle n’eût encore quelque lapin à ventriloque, passe; qu’il fasse de l’or, j'y con-
mettre au monde. Saint-André arrive, et, pour sens mais qu'il ait deux mille ans et qu’il ail vu
ne rien négliger, il délivre lui-méme la malade.
;

Ponce-Pilate , c'est trop fort. Étiez-vous là ? —


Elle acoouche en effet d'un petit lapin encore Oh non, monseigneur, répondit ingénument le
!

vivant. Les voisines et le docteur de crier mi- valet de chambre, c’est plus ancien que moi. Il
racle. On donne de l'argent à la mère des la- n’y a guère que quatre cents ans que je suis au
pins; elle prend goût au métier, et se met indis- service de M. le comte
crètement à accoucher tous les huit jours. La Saint-Gille, marchand épicier à Saint-Ger-
police étonnée d'une si féconde maternité, croit
, main en Laye, qui fut présenté comme ventri-
devoir se mêler de celle affaire. On enferme la loque à l’Académie îles sciences, le 22 décembre
dame aux lapins, on la surveille exactement, et 1770. 11 avait le talent d'articuler des paroles
l'on s'assure bientôt qu'elle s’est moquée du pu- très-distinctes , la bouche bien fermée et les
blic cl qu'elle a cru trouver une dupe dans le
, lèvres bien closes, ou la bouche grandement ou-
docteur Saint-André *. verte, en sorte que les spectateurs et auditeurs
Il a laissé des lettres surla magic, un vol. in-12. pouvaient y plonger. Il variait admirablement le
Son jugement n'est pas exact. timbre, la direction et le ton de sa voix, qui
Saint-Aubin ,
auteur calviniste de l 'Histoire semblait venir tantôt du milieu des airs , tantôt
des diables de leoudun, dans l’affaire d’Urbain du toit d’une maison opposée, de la voûte d’un
Grandier. vol. in-12. Amsterdam, 1716. Ce
Un temple, du haut d’un arbre , tantôt du sein de la

livre, écritavec une mauvaise foi insigne, n'est terre, etc.


plein que de faussetés. Saints. D'impudents charlatans ont imaginé
M. l’abbé Leriche, à la suite de ses belles
Eludes sur les possessions en général et sur celle
de l/mdun en particulier, a redressé complè-
tement les mille et un mensonges de ce calvi-
niste, « qui n'a donné son livre au public, que
soixante ans après l'événement, lorsque les juges
et les témoins étaient morts, qui a supprimé tout
ce qui le gênait dans son roman , qui présente
comme un innocent opprimé ce Grandier, homme
orgueilleux, violent, vindicatif, débauché. Indé-
pendamment du crime de magic bien prouvé, cet
iiommc méritait le feu, < sur la déposition de
soixante témoins ».
Saint-Aubin a été copié par Gayot do Pitaval,
dans sa lourde collection des Causes célèbres. Les Le sorcier. — Page 592.
cœurs droits qui recherchent la vérité feront
bien de lire le savant ouvrage que nous citons ; une abominable superstition dont les saints mêmes
et nos biographes , s’ils sont seulement honnêtes, sont l’objet. Le tribunal de Saint-Quentin a jugé,
ne poseront plus Grandier en victime. en mars 1828, une cause où cette imposture s’est
' Salgues, Des erreurs et des préjugés, etc., t. III, • Le ventriloque de l’abbé de la -Chapelle cité ,

p. IM. par M. Garinet Hist. de la magie en France, p. Ï78.


,

Digitize
,

SAK — 592 — SAL


mise à jour. Des paysannes, dont les enfants dé- blement de terre il commande à cette pierre de
,

périssaient, s'adressèrent à un sorcier, nommé donner le mouvement à quelqu’une de ses ra-


Pierre -Louis D batteur en grange à Pithon cines. La terre se trouve au milieu de cette mon-

(diocèso de Cambrai). Il leur dit que le mal dont tagne, comme le doigt au milieu de l’anneau;
elles gémissaient venait de quelques saints mé- sans cet appui elle serait dans une perpétuelle
,

contents, que la famille avait irrités, et qui fai- agitation. Pour y arriver, il faut traverser un

saient sentir leur colère sur les enfants; mais très-grand pays ténébreux; nul homme n’y peut
qu’il y avait moyen de les apaiser. Ce moyen,
pénétrer s'il n'est conduit par quelque intelli-
il l’employa en se faisant donner
des pièces de gence. C'est là que les dives ou mauvais génies

six liards (monnaie qui n’est plus qu’un souvenir) ont été confinés, après avoir été subjugués par
dans do l’eau, qu’il disait les premiers héros de la race des hommes c’est
et les faisant sauter ;

bénite pour son opération. Éclairé par cette cé- là aussi que les péris ou fées font leur demeure

rémonie le sorcier, car on lui donnait ce nom,


,
ordinaire.

révéla les noms des bonnes fem-


saints dont les Sakimonni, génie ou dieu, dont les légendes

mes devaient désarmer la vengeance. Nous citons


ses expressions. Après quoi il se fit payer sa ,

consultation. Mais comme les enfants n’éprouvè-


vèrent aucun soulagement, sur la rumeur pu-
blique,D fut appelé en justice et condamné
à un an de prison.
Sakhar génie infernal qui, suivant le Talmud,
,

s’empara du trône de Salomon. Après avoir pris


Sidon et tué le roi de cette ville , Salomon em-
mena sa fille Téréda comme elle ne cessait de
;

déplorer la mort de son père , il ordonna au


diable de lui en faire l'image pour la consoler.

Mais celte statue, placée dans la chambre de la


princesse , devint l’objet de son culte et de celui
de ses femmes. Salomon informé de cette idolâ-
,

triepar son vizir Asaf, brisa la statue, châtia sa


femme et se retira dans le désert, où il s'humilia
devant Dieu. Ses larmes et son repentir ne le
sauvèrent pas de la peine que méritait sa faute.
Ce prince était dans l'usage de remettre avant ,

d’entrer dans le bain son anneau , dont dépen-


. des Kalmouks racontent qu'il habitait le corps
dait sa couronne , à une de ses femmes nommée d’un lièvre; il rencontra un homme qui mourait
Amina. Un jour, Sakhar vint à elle sous les traits de faim il se laissa prendre pour satisfaire l’ap-
,

du roi et, recevant l’anneau de ses mains, prit,


,
pétit de ce malheureux. L’esprit de la terre, sa-
en vertu de ce talisman possession du trône et
,
, tisfait de cette belle action plaça aussitôt l'âme
,

lit dans les lois tous les changements dont sa de ce lièvre dans la lune où les Kalmouks pré-
,

méchanceté s'avisa. En même temps Salomon, tendent la découvrir encore '.


dont la figure n'était plus la même méconnais- , Saladin. Au moyen âge, on croyait très-gé-
sable aux yeux de ses sujets fut obligé d’errer , néralement que les Sarasins dans leurs guerres,
,

et de demander l'aumône. Enfin, au bout de étaient, comme insignes sorciers, assistés par le
quarante jours, espace de temps durant lequel diable. Walter Scott, dans sa Dimonoloijie rap-
l’idole avait été honorée dans son palais, le porte un exemple que voici il est tiré du vieux
;

diable prit la fuite et jeta l'anneau dans la mer. roman de Richard Ccrur de lion.
Un poisson qui venait de l’avaler fut pris et servi Le fameux Saladin, y est-il dit, avait envoyé
devant Salomon qui retrouva la bague dans ses
,
une ambassade au roi Richard, avec un jeune
entrailles. Rentré en possession de son royaume, cheval qu’il lui offrait comme un vaillant destrier.
ce prince saisit Sakhar, lui chargea le cou d’une Il défiait en même temps Cœur de lion à un
pierre et le précipita dans le lac de Tibériade.
,
combat singulier, en présence des deux armées,
Sakhrat. Il y a une montagne que les inaho- dans le but de décider tout d'un coup leurs pré-
métans croient entourer tout le globe. C’est la tentions à la Palestine et la question théologique
montagne de Kaf. Elle a pour fondement la pierre de savoir quel était le vrai Dieu, ou le Dieu des
Sakhrat, dont Lokman disait que quiconque en chrétiens, ou celui qu’adoraient les Sarasins. Mais
aurait seulement le poids d'un grain ferait des ce semblant de défi chevaleresque cachait une
miracles. Cette pierre est faite d’une seule éme- perfidie, dans laquelle l’esprit malin jouait un
raude ,
cl c'est de sa réflexion que le cielnous
parait azuré. Lorsque Dieu veut exciter un trem- * Voyage» île Poilus.

Digitized by Google
, ,

SAL — 593 — SAL


rôle. L'n charmeur sarasin avait enfermé deux dé- Salgues (Jean-Baptiste) , auteur d’un livre in-
mons dans les corps d’une jument et de son pou- titulé Des erreurs et des préjugés répandus dans
lain leur donnant pour instruction que chaque
,
les diverses classes
de la soeiélé 3 vol. in-8%
fois que la jument hennirait, le poulain, qui était 3* édit., Paris,1818. Lue quatrième édition a
d’uno taille peu commune , devrait s’agenouiller paru depuis; mais ce livre a maintenant peu de
pour teter sa mère. Le poulain maléficié fut en- lecteurs.
voyé au roi Richard, dans l’espoir qu'il obéirait Salière. Le sel, chez les anciens, était consa-
au signal accoutumé, et que le Soudan, monté cré à la sagesse; aussi n’oubliait-on jamais la sa-
sur la mère , aurait ainsi l’avantage. Mais le mo- lière dans les repas. Si l’on ne songeait pas à la
narque anglais fut averti par un songe du piège servir, cet oubli était regardé comme un mauvais
qu'on lui tendait, et avant le combat le poulain présage.
fut exorcisé, avec ordre de rester docile à la voix Il était aussi regardé
le symbole de comme
de son cavalier durant le choc. L'animal endiablé l’amitié; les amis avaient coutume de s’en servir
promit soumission en baissant la tète; et celte au commencement des repas et si quelqu’un en ,
j

promesse n'inspirant pas assez de confiance, on répandait, c’était le signe de quelque brouillerie
lui boucha encore les oreilles avec de la cire. future. Aujourd’hui c’est encore un mauvais au-
Ces précautions prises Richard armé de toutes , ,
gure pour personnes superstitieuses , lorsque
les
pièces, courut à la rencontre de Saladin qui, ,
les salières se renversent sur la table.
se confiant dans son stratagème, l’attendit de Le maréchal de Montrcvel étant 5 table chez ,

pied ferme. I.a cavale hennit de manière 5 faire le père du maréchal de Biron vit renverser une ,

trembler la terre à plusieurs milles h la ronde; salière sur son habit. Il en fut si effrayé, qu’il
mais le poulain ou démon , que la cire empê- s'écria 5 l’instant un homme mort »
: « Je suis !

chait d’entendre le signai , n'y put obéir. Sala- En effet, il tomba en faiblesse on l'emporta chez ;

din , désarçonné , n’échappa que difficilement à lui; la fièvre le prit, et il mourut au bout de

la mort, et son armée fut taillée en pièces par quatre jours (1718). Cet événement fortifia la
les chrétiens. superstition des gens qui sont aussi sots. Voy.
Salamandres. Selon les cabalistes, ce sont Sel.
des esprits élémentaires , composés des plus sub- Salisateurs, devins du moyen Age qui for-
tiles parties du feu ,
qu'ils habitent. « Les sa- maient leurs prédictions sur le mouvement du
lamandres, habitants enflammés de la région premier membre de leur corps qui venait à se
du feu, servent les sages, dit l’abbé de Villars; remuer, et en tiraient de bons ou mauvais pré-
mais ils ne cherchent pas leur compagnie : leurs sages.
tilles et leurs femmes se font voir rarement. De Salive. Pline le naturaliste rapporte , comme
tous les êtres élémentaires , les salamandres sont un ancien usage celui de porter avec le doigt
,

ceux qui vivent le plus longtemps. » Les histo- un peu do salive derrière l’oreille, pour bannir
riens disent que Romulus était fils de Mars. Les les soucis et les inquiétudes. Mais ce n'est pas là
esprits forts ajoutent : c'est une fable; les démo- toute la vertu de la salive ; elle tue les aspics et
nomanes disent : il était Gis d'un incube. Nous les serpents, les vipères et les autres reptiles
qui connaissons la nature ,
poursuit le même au- venimeux. Albert le Grand dit qu'il faut qu’elle
teur, nous savons que ce Mars prétendu était un soit d'un homme à jeun et qui ait demeuré long-
salamandre. Voy. Cabale. temps sans boire. Figuier assure qu’il a tué plu-
Il
y a un animal amphibie, du genre des sieurs serpents d'un petit coup de bâton mouillé
lézards, qu’on nomme la salamandre. Sa peau de sa salive. M. Salgues ajoute qu’il est possible
est noire, parsemée de taches jaunes, sans écailles de tuer les vipères avec un peu de salive, mais
et presque toujours enduite d’une matière vis- qu’il est à propos que le coup de bâton qui l'ac-
queuse qui en suinte continuellement. La sala- compagne soit suffisant. Ce qui est certain, c’est
mandre ressemble, pour la forme, h un lézar’d. que Redi a voulu vérifier les témoignages d’Aris-
Les anciens croyaient que cet animal vivait dans tote, de Galien de Lucrèce, etc. Il s'est amusé
,

le feu. « La salamandre loge dans la terre dit ,


à cracher, à jeun sur une multitude de vipères
,

Bergerac, qui est toujours farceur, sous des mon- que le grand-duc de Toscane avait fait rassem-
tagnes de hitume allumé, comme l’Etna, le Vé- bler mais à la grande confusion de l’antiquité,
; ,

suve et le cap Rouge. de l’huile bouil- Elle sue les vipères ne sont pas mortes. Voy. Crachat.
lante et crache de l’eau-forte,
quand elle s’échauffe Salomon. Les philosophes , les botanistes, les
ou qu’elle se bat. Avec le corps de cet animal devins et les astrologues orientaux regardent
on n’a que faire de feu dans une cuisine. Pendu Salomon ou Soliman comme leur patron. Selon
à la crémaillère, il fait bouillir et rôtir tout ce eux, Dieu, lui ayant donné sa sagesse, lui avait
que l’on met devant la cheminée. Scs yeux éclai- communiqué en mémo temps toutes les connais-
rent la nuit comme de petits soleils; et, placés sances naturelles et surnaturelles; et entre ces
dans une chambre obscure , ils y font l’effet dernières, la science la plus sublime et la plus

d’une lampe perpétuelle.. » utile, celle d'évoquer les esprits et les génies,
38
, , , . ,

SAL — 59/j — SAN


de leur commander. Salomon avait, disent-ils, mon repos, en me forçant à remonter sur la terre ?
un anneau chargé d'un talisman qui lui donnait Les uns pensent que l’àme du prophète pouvaiL
pouvoir absolu sur tous les êtres intermédiaires seule prononcer ces paroles; d’autres soutien-
entre Dieu et l'homme. Cet anneau existe encore ; nent que ces mots remonter sur la terre s’appli-
il est renfermé dans le tombeau de Salomon et , quent au corps seulement, que le diable avait pu
quiconque le posséderait deviendrait le maître emprunter. Le rabbin Meyer-Gabaï, qui est du
du monde mais on ne sait où trouver le tom-
; sentiment des premiers, ajoute que Samuel seul
beau. Il ne reste que des formules des pratiques , pouvait dire à Saül devant la sorcière qui le fai-
,

et des figures par lesquelles on peut acquérir,


,
sait venir : Demain, toi et tes fils, vous viendrez
quoique imparfaitement, une petite partie du me rejoindre. Cras tu et filii lui mecum erunt.
pouvoir que Salomon avait sur les esprits. Ces C’est aussi l'avis de la plupart des théologiens'.
beaux secrets sont conservés dans les livres niais Sanaves. Amulettes que les femmes madé-
qu’on attribue à ce prince et surtout dans scs ,
casses portent au cou et aux poignets; ce sont
Clavicules, intitulées les V éritables Clavicules de des morceaux d’un Irais odorant, enveloppés
Salomon in-1 8, à Memphis chez Alibeck ,
l’Égyp- dans une toile; ils préservent de l’atteinte des
tien. On y trouve des conjurations et des for- sorciers.
mules magiques. Agrippa, dit- on faussement, Sanche, serviteur de Pierre d’Engelbert, qui
faisait grand cas de cet ouvrage. On attribue en- l’avait envoyé à ses frais au secours d'Alphonse,
core à Salomon un Traité de la pierre philoso- roi d’Aragon alors en guerre avec la Castille.
,

phale, les Ombres des idées, le Livre des neuf Le serviteur revint sain et sauf, quand la guerre
anneaux le Livre des neuf chandeliers le Livre , fut finie mais bientôt il tomba malade et mou-
;

des trois figures des esprits des Sceaux qui chas- rut. Quatre mois après sa mort, Pierre, son
sent les démons, et un Traité de nécromancie maitre , couché dans sa chambre , vit entrer au
adressé à son fils Koboam. Toij. Conjurations, clairde la lune un spectre à demi nu qui s'ap- ,

Saxiiar, Bélial, Asrael, Asmodêe, Art notoire. procha de la cheminée, découvrit le feu et se
Saludadores, gens qui se mêlent en Espagne chauffa. Pierre lui demanda qui il était. < Je suis,

de guérir certaines maladies, et qui tous ont, répondit fantôme d'une voix cassée Sanche
le ,

dit - on , de naissance certaine marque sur le , votre serviteur. —


Hé que viens-tu faire ici ?
!

corps, en forme de demi-roue. Ils se disent des- — Je vais en Castille , avec quelques autres
cendants de sainte Catherine qui n’eut pas de ,
expier le mal que nous y avons fait. Moi en par-
descendants, l'oy. Hommes incomblstibles. ticulier, j’ai pillé les ornements d’une église ; je
Salvation de Rome. l'oy. Virgile. suis condamné pour cela à faire ce voyage. Vous
Salverte (Eusèbe), auteur d’un Essai sur la pouvez me soulager par vos bonnes œuvres et ;

magie, les prodiges, etc., un vol. in-12, Bruxelles, votre femme, qui me doit huit sous, m'obligera
1821 réimprimé à Paris. C'est un traité philo-
; de les donner aux pauvres en mon nom. » Pierre
sophique dans le mauvais sens de ce moL
, lui demanda alors des nouvelles de quelques-uns
Samaél prince des démons, selon les rab-
, de ses amis morts depuis peu ; Sanche le satisfit
bins. Ce fut lui qui monté sur le serpent sé-
, ,
là-dessus. « Et où est maintenant le roi Al-
,

duisit Eve. C’est encore, chez plusieurs docteurs phonse? n demanda Pierre. Alors un autre spectre,
de la mort, qu'ils représentent tantôt
juifs, l’ange |
qu’il n'avait pas. vu d’abord et qu'il aperçut dans,

avec une épée, tantôt avec un arc et des flèches. l’embrasure de la fenêtre, lui dit « Sanche ne :

C’est enfin pour quelques-uns le même qu’As- peut rien vous apprendre touchant le roi d’Ara-
modée. gon ; il n’y a pas assez longtemps qu’il est dans

Samaritaine une fontaine élevée


(la). C’était notre bande , pour en savoir des nouvelles moi, ;

sur le pont Neuf et chère aux Parisiens. Suivant qui suis mort il
y a cinq ans, je puis vous en
une opinion répandue parmi eux, le jour où l’on dire quelque chose. Alphonse, après son trépas,
détruirait cette fontaine, les peuplades du Nord a été quelque temps avec nous; mais les prières
entreraient en France pour envahir Paris. On la des bénédictins de Cluny l'en ont tiré, et je ne
détruisit en 1813. sais où il est à présent. •» Alors les deux reve-
Sambethe. l'oy. Sibtlles. nants sortirent. Pierre éveilla sa femme et lui
Sampson (Agnès), l'oy. Jacques I". demanda si elle ne devait rien à Sanche. « Je lui
Samuel. Une nécromancienne, la pythonisse dois encore huit sous , « répondit-elle. Pierre ne
d’Endor, fil voir au roi Saül l'ombre du prophète douta plus, fit des prières et distribua des au-
Samuel qui lui prédit ses désastres. Menassé-
,
mônes pour l’àme du défunt '.
ben lsraël dans son second livre de la Résurrec-
, Sandalphon l'une des trois ,
intelligences su-
tion des morts, dit que la pythonisse ne pouvait périeures de la cabale juive.
pas forcer Finie de Samuel à rentrer dans son Sang. Les anciens regardaient le sang de tau-
corps, et que le fantôme qu’elle évoqua était un
'
Voyez Bergier. Dictionnaire de théologie, au mol
démon revêtu de la forme du prophète. Cepen- Pythonisse.
dant Samuel dit au roi Pourquoi troublez-vous : 1 Dom Calmct, Dissertations sur les appuritions

iogIe
SAi\ — 595 — SAU
reau comme uu poison ; Plutarque rapporte que elle devint sous-prieure; mais la contrainte où
Thémislocle s’empoisonna avec ce sang; Pline elle vivait lui pesait trop, quoique en secret elle
conte que les prêtres d’Égine ne manquaient ja- cultivât la magie. Des contrariétés qui lui vinrent
mais d’en avaler avant de descendre dans la la poussèrent à ensorceler les religieuses ses com-
grotte où l’esprit prophétique les attendait. Quoi pagnes. Aussitôt elles furent troublées de mala-
qu’il en soit, le sang de taureau n’empoisonne dies, de visions, de tumultes nocturnes, d’op-
pas , à moins qu’il ne soit vicié tous les jours on
; pressions de mauvais traitements et de singuliers
,

en fait du boudin. Pline assure que le sang de On découvrit enfin, par des exorcis-
vertiges.
cheval tue aussi l'homme mais il se contredit
; mes, que ce désordre était l’œuvre de la sous-
dans un autre passage, lorsqu’il dit que les Sar- prieure.On trouva dans sa chambre des boites
males mêlaient de la farine et du sang de cheval d'onguent, des herbes magiques, un vêtement
pour en faire des gâteaux fort délicats. Knfiu les jaune et d’autres objets singuliers. Reconnue cou-
anciens, qui regardaient le sang de taureau pable , elle fut remise aux juges séculiers, qui la
comme un poison pour le corps, l’estimaient condamnèrent à la peine de mort. On voit qu’elle
comme un remède pour l’âme ; on expiait les se repentit; mais les maux qu’elle avait causés
crimes en se faisant asperger de sang de taureau. étaient grands qu’elle
si fut exécutée le 21 jan-
On immolait un taureau , on en recueillait le sang vier 1 7fi9. Osxvald Loschert, abbé d’Obcrzell, et
dans un vase dont le fond était percé de petits témoin de tous les faits, a écrit l’histoire de cette
trous , criminel se tenait dessous
le après quoi possession et l’a envoyée à Marie-Thérèse.
;

il se retirait puriûé. Santabarenus. Basile, empereur do Constan-


Parmi les classes populaires en Suède, et sur- tinople, ayant perdu son fils Constantin, qu’il
tout parmi les paysans, règne mie croyance ab- aimait uniquement, voulut le voir à quelque prix
surde, à savoir, que le sang d’une personne dé- que ce fût. 11 s’adressa à un moine hérétique,
capitée, lorsqu’on en boit et surtout lorsqu'on nommé Santabarenus,, qui après quelques con
,

chaud au moment où il jaillit du corps,


l’avale tout jurations, lui montra un spectre semblable à son
immédiatement après la décollation, fait vivre üls *.

très-longtemps, rend robustes les faibles, bien


portants les malades, et guérit toutes les maladies,
particulièrement l'épilepsie.
Sanger (Rénée), jeune fille née â Munich
vers 1680, à cette époque sauvage où la guerre
de trente ans avait ramené toutes les perversités
des plus mauvais jours. Une vieille femme l’initia

Pareillement, un prétendu sorcier a fait voir


à uu fanatique admirateur de Frédéric II le
spectre de ce roi de Prusse, et cela de notre
temps, par la fantasmagorie, qui a été certaine-
ment connue des anciens.
aux mystères diaboliques dès l'âge de sept ans; Saphis, morceaux de papier sur lesquels sont
à onze ans, elle reçut d’autres leçons d’une ser- écrits des passages du Koran , et que les Maures
vante, d’une grande dame et de deux officiers. vendent aux nègres , comme ayant la propriété
Elle alla aux réunions du sabbat; là, pour prix de rendre invulnérable celui qui les porte.
de sa formelle apostasie, on lui promit soixante- Sapondomad, génie sous la protection duquel
dix ans de vie et de santé. Mais à l'âge de dix- est la terre, et qui, selon les Guèbrcs, fait des

neuf ans, ses parents, qui ne soupçonnaient rien souhaits pour celui qui la cultive, cl des impré-
de son état , la mirent dans un couvent où elle cations contre celui qui la néglige.

se trouvaon clôture; il lui fallut donc vivre d’hy- Sarcueil, démon que nous ne connaissons
de dissimulation. Elle joua si hienson
pocrisie et pas, invoqué dans les litanies du sabbat.
personnage que, dans son monastère d'L’nlerzell, • Michel Givras.
38.

Digitized by Google
SAlt — 596 — SAT
Sare (Marguerite de). Prévenue de sorcellerie savants. Nous l’exposerons donc à nos lecteurs,
à seize ans, elle mourut en prison à Bordeaux, espérant qu'ils parviendront à comprendre le
où elle avait été renfermée pour avoir fait un vrai sens des idées du philosophe de Berlin.
pacte avec le diable 1
vers l’an 1600. une puissance,
» Satan, selon lui, était d'abord
Sarmenius-Lapis, pierre à laquelle on attri- un principe universel : tout le système repose,
buait la vertu de prévenir les avortements. comme on sait, sur des puissances qui précèdent
Sas, divination par le sas ou tamis, l'oy. Cos- des réalités. Dieu lui-méine débute comme puis- 1

QUMOMAHCie. sance, et il en est de même du démon. Schelling

Satan, démon du premier ordre, du troisième avoue cependant que le mot hébreu husatan avec ,

selon Réginald Scott chef des démons et de l’en-


,
l'article défini signifie un adversaire déterminé,
,

fer, selon l'opinion générale; démon de la dis- qu'on peut concevoir comme personne indivi-
corde, selon les démonomanes, prince révolu- duelle ou comme esprit général.
tionnaire dans l'empire de Belzébuth. Quand les » Dans le Nouveau Testament, Satan est repré-
anges se révoltèrent contre Dieu, Satan, alors senté comme l'adversaire du Christ, qui est venu
gouverneur d'une partie du nord dans le ciel, se pour détruire scs oeuvres. Cette position du prince
mit à la tête des rebelles il fut vaincu et préci-
; des ténèbres prouve sa dignité. S'il u'cüt été
pité dans l’abime. Le nom de Satan en hébreu qu’une simple créature, la lutte, qui ne peut avoir
veut dire ennemi, adversaire. Milton dit que lieu qu’entre des puissances égales, n'aurait pas

Satan est semblable à une tour par sa taille, et, été possible entre le Christ et Satan. Le Christ
un peu plus loin, il fixe sa hauteur à quarante n'aurait pas eu un adversaire digne de lui s'il ,

mille pieds. 11 n'est pas invoqué dans les litanies n’avait eu affaire qu’à une pauvre créature. Les
du sabbat. grands préparatifs les travaux et les souffrances
,

On y a vingt ans, une lettre de


a publié, il du Sauveur ne pourraient alors se comprendre,
Satan aux francs-maçons ; elle eut pu être plus dit-il. On a jusqu’ici regardé le diable comme
piquante. On a vu de nos jours, à Paris, un jour- une créature qui, bonne d’abord, devint mé-
nal intitulé d'abord Satan, cl ensuite le Corsaire- chante; mais, selon Schelling, c’est une erreur.
Satan, comme
y en avait un à Bruxelles intitulé
il Les bogoiniles, secte hérétique du onzième siècle,
Méphistopliélès. Ce ne sont pas des esprits bien avaient mieux compris la nature du démon dont ,

spirituels qui se mettent ainsi sous le couvert des ils faisaient le frère aîné du Christ... Dans le
esprits malins. Nouveau Testament, Satan est nommé le prince
Satan, un jour, s'est montré à Faust, sous de ce monde : l’apôtre saint Paul l’appelle même
la forme d’un âne, avec des cornes longues le dieu de ce monde. Il a ses anges, ses ministres

d’une aune et la queue d’un chat ’. à lui voilà des dignités auxquelles une simple
;

Satanaki. On voit dans Psellus que les mani- créature ne peut aspirer. Il est donc évident,
chéens, ou du moins quelques-unes de leurs sectes, pour Schelling, que Satan est un principe ou une
rendaient un culte à Satanaki , créateur des ani- puissance qu'il est reçu dans l’économie de Dieu,
;

maux et des plantes. dans l’ensemble des puissances, et que nous lui
Satamins, démons contradicteurs de la suite devons du respect comme à une puissance légi-
.de Satan dans la cabale juive.
, time
Satanalogie. Dans un tableau remarquable » Il n’est pas permis, dit Schelling, de le mé-
des écarLs de l'école philosophique allemande, connaître, de le mépriser, de s’en moquer. Té-

public à Louvain il y a quelques années, le savant moin l'apôtre saint Jude, qui, parlant de lui, dit
professeur Mocller a consacré un curieux chapitre que l’archange Michel, dans la contestation qu'il
à la satanalogie. Nous ne pouvons faire mieux eut avec le démon touchant le corps de Moïse,
que de le reproduire ici : n'osa le condamner avec, exécration et se contenta
< La théorie du Christianisme deSchelling se- de lui dire : « Que le Seigneur te réprime! »
rait incomplète s’il avait passé sous silence l’es- (Epist. , vers.9.) Le même apôtre, continue
prit puissant qui, depuis le commencement des Schelling, blâme ceux qii méconnaissent la di-
choses, a joué un si graud rôle dans le monde. gnité des démons, et dit d’eux « Cet personnes :

La satanalogie, ou la théorie du démon, ne pou- méprisent la domination et blasphèment la ma-


vait manquer de trouver place dans son système. jesté. » (Vers. 8.) L’apôtre nomme ici le démon
Ce chapitre de sa philosophie actuelle est si re- la domination , s’il faut suivre l'interprétation de
marquable , il renferme des idées sur la nature Schelling, comme on dit sa seigneurie en parlant
du démon tellement neuves (mais erronées) , il d'un seigneur; car c'est de ta majesté du démon
présente sur cette puissance méconnue jusqu'ici guit est question, dit-il. Saiut Pierre, dans sa se-
des vues et des éclaircissements si extraordi- conde épllre, se trouve d'accord avec saint Jude ;
naires, qu'il mérite de fixer toute l’attention des ilparle également, en les blâmant, de ces per-
sonnes qui méprisent les puissances. (Vers. 10.)
* Delancro, Tabl. de l'inconstance des dénions, etc.,
p. 95 .
Dans ces puissances, le philosophe allemaud voit
5 M. François Hugo, le Faust anglais. 1
Pour nous.

JOgle
SAT — 597 — SAT
encore les démons. Sclielling nous explique aussi jours. (On nous excusera de citer ces erreurs.)
j

la cause de la lutte de saint Michel contre le dé- Le principe aveugle était renfermé dans des li-
mon : u Le corps de Moïse était le principe cos- : mites qu’il n’aurait jamais du franchir; mais Satan,
mique et païen, qui existait encore dans le ju- le principe incitatif, vint alors et remua l'homme.
daïsme voilà pourquoi le démon prétendit avoir
: ! Celui-ci éveilla le principe aveugle qui s’empara
un droit sur ce corps. » Si Satan n'avait été de lui et l’assujettit. Dès lors Satan devint mé-
qu'une créature comment demande Schelling,
, , chant ; il devint une personne réelle et cosmique
aurait-il pu montrer au Christ tous les royaumes qui tend partout des pièges à l'homme.
du monde, avec leur gloire et lui dire Je vous : » Aucune notion, dit encore Schelling, n’est
donne tout cela, « voue voulez m’adorer/... Satan aussi dialectique que celle de Satan , qui varie à
est donc un principe cosmique... : chaque époque de son existence. D'abord il p’est
n Sachant maintenant la haute dignité de Satan, pas méchant du tout; il révèle seidement le mal
il nous reste à comprendre quelle est son origine. caché dans l’homme mais insensiblement il s’en-
;

Nous avons assigné, dit Schelling, au Christ une venime il s'empire et devient méchant à la fin
,

position intermédiaire entre Dieu et la créature. : de la lutte, lorsque sa puissance lui a été enlevée
Son antagoniste, le démon, ne pouvait lui êlre par le Christ. Cependant il continue à exister; et
inférieur, puisque le combat devait avoir lieu I
l’on doit toujours êlre sur ses gardes pour ne
entre des personnes d'un rang égal. Par consé- pas retomber sous sa puissance. Mais à la fin,

quent, Satan n'est ni créateur ni créature, mais lorsque le Fils aura assujetti toutes choses au
une puissance intermédiaire, fonctionnant dans Père, lorsque Dieu sera devenu tout en tous,
l'économie de Dieu. Quelle est celte fonction? Satan aura terminé sa carrière.
L’Écriture sainte lui donne plusieurs épithètes; u Schelling explique, dans sa Satanalogie, plu-
elle le nomme accusateur, calomniateur, celui sieurs autres passages du Nouveau Testament.
qui excite des soupçons et des doutes. Le vrai — Satan, comme créature, n’aurait jamais eu,
sens de ces dénominations se trouve dans le livre dit-il, de puissance sur l’homme; mais comme
de iob. Dans l'introduction de ce livre, il est dit il est le dieu du
principe universel et cosmique,
qu'un jour Satan se présenta hardiment parmi monde. Tous les hommes sonl-soumis à son pou-
les enfants de Dieu, pour rendre suspectes les voir car chacun de nous sait que toute sa vie,
;

intentions de l’ancien émir. Dieu lui permit alors quoiqu’il fasse, est mauvaise devant Dieu. C’est
de dépouiller Job de sa fortune. Satan, incapable dans ce sens que l’Apôtre dit : —Nous avons à
d’ébranler la fidélité du serviteur de Dieu, ap- combattre, non contre la chair et le sang, mais
parut une seconde fois devant le Seigneur pour contre les principautés et les puissances do l’air.
l’accuser. Voilà, dit Schelling, la fonction du dé- » Dans Genèse, continue-t-il, Satan est re-
la
mon d’accuser les hommes devant Dieu, de pré-
: présenté comme un serpent. Le symbole est vrai
venir Dieu contre eux d'éveiller des doutes et
, et profond, car le démon s’insinue d’une manière
des soupçons sur leur conduite. Il est, par consé- imperceptible et empoisonne notre intérieur. Il
quent, le principe actif qui travaille à la manifes- est la Proserpinc de la mythologie ancienne : ce
tation de ce qui est caché. Sous son influence, nom en effet vient de proserpere .ramper. Ce qui
l'incertain devient certain, et ce qui est encore se passa intérieurement dans l’homme est raconté
indécis parvient à être décidé. dans la Genèse comme un fait extérieur. — C’est
» F.n vertu de ce principe, le mal qui est caché un mythe, si l’on veut, mais c’est un mythe né-
au fond du cœur de l'homme se manifeste, et cessaire, puisque le principe latent sollicite con-
Satan contribue ainsi à la gloire de Dieu ; car le tinuellement l’homme pour arriver à une exis-
mal, pour pouvoir être vaincu et repoussé, doit tence réelle. Il rôde autour de l'homme comme

êlre mis à nu. C’est à cause de cela qu’il remplit un lion affamé, cherchant son repos dans l’homme,
de si importantes fonctions lors de la chute de là où il trouve l’entrée ouverte; et chassé d’un

l'homme. Si l'homme eût soutenu l’épreuve à lieu, il se rend à un autre. Il est le principe mo-

laquelle il fut soumis, la fonction de Satan aurait bile de l’histoire, qui sans lui arriverait bientôt à
été terminée; mais l'homme succomba, et ce fut un état de stagnation et de sommeil. Il dresse tou-
au Christ de vaincre le démon. D'après Schelling, jours des embûches à la conscience de l'homme,
Satan était donc d’abord une puissance ayant caria vie consiste dans la conscience du moi.
pour fonction de révéler ce qui était caché au » Comparons encore, continue Schelling, notre
fond des cœurs; et ce ne fut pas Satan qui cor- manière de voir avec d’autres passages des saintes
rompit l'homme, mais bien l’homme qui cor- Écritures. Nous lisons dans l’Apocalypse que Sa-
rompit le démon. —
L'homme dans son état pri- ,
tan tomba du ciel sur la terre. 11 ne s’agit pas
mitif d'innocence, fut, dit-il, un être indécis; il ici d’un bon ange devenu méchant, mais d’un

ne une décision que par sa chute. L’être


prit changement des relations du démon avec Dieu.
aveugle,le principe de tonte existence, même Il perdit par le Christ sa fonction religieuse, et

cellede Dieu était caclié et latent au fond de


, acquit en même temps une existence politique;
l'homme et devait rester dans cet état pour tou- son action se révéla sur les champs de bataille

logle
— \

SAT — 598 SAT


arrosés de sang. C’estdonc selon Schelling,
,
» Tout hommX
et tout peuple a son ange.
dans la politique, que, de nos jours, le démon Aussi longtemps q»e l'homme ne s'était pas sé-
exerce son empire. Lorsque saint Jean dit : Celui paré de Dieu, Khv$ anges n’avaient pas Ire-
les

qui commet le péché est du diable, parce que le soin de le’Voilà pourquoi le Christ dit
suivre.
diable pèche dès le commencement, » on ne doit des enfants que leurs anges voient toujours le
pas entendre par ces paroles le commencement de visage du Père dans le ciel ce qui veut dire que
:

son existence, mais de son activité; car aussi les enfanLs sont auprès de Dieu. A l’époque de
longtemps dans un état latent , comme
qu’il resta la crise, vers la fin de la lutte décidée par le

puissance inactive, il n’était pas encore question Christ, les anges reviennent plus souvent. Ils
de lui. En dehors de celle fonction historique et apparaissent alors plusieurs fois, car les bons
politique, Satan est encore en rapport avec cha- anges sont les ministres du Christ. Ils échangent

que homme. —
Chacun de nous, dit Schelling, alors la possibilité avec la réalité, tandis que les
naît sous l’influence du principe satanique et c’est ; mauvais anges rentrent de nouveau dans l’état
là le vrai sens du péché originel , qui n'est nié de simple possibilité. Les mauvais anges sont,
que par une philosophie superficielle... L’avéne- d’après l’ÉpIlre de saint Jude, retenus par des
inent du Christ fut le moment de la crise pour Sa- chaînes étemelles dans les profondes ténèbres,
tan. C’ait maintenant, dit saint Jean , que le prince jusqu’au grand jour du jugement. »
du monde va être chassé dehors. » C'est-à-dire, C’est là de la philosophie allemande (et con-
selon Schelling, il perd son domaine dans la re- damnée) que nous ne donnons qu'à titre de
ligion pour le regagner dans la politique. curiosité. On y voit qu’en se perdant parmi les
» Schelling ajoute quelques observations sur nuages germaniques, Schelling peut altérer les
les anges tant lions que mauvais. Que
les anges grandes vérités, mais non les nier.
soient pour lui des puissances, cela va sans dire. Satyres. Les satyres étaient cher les païens des
« Les mauvais anges, dit-il, sont des puissances divinités champêtres qu’on représentait comme
négatives; à chaque royaume et à chaque pro- de petits hommes velus, avec des
(

vince de Satan, préside une de ces puissances, cornes et des oreilles de chèvre, wJ»
v
dont il est le chef.qui les
à leur naissance, elle est la
gouverne toutes. Quant
mêmeque celle de leur du même
la queue les cuisses et les jambes
,

animal.
Vj)
Ç~\

chef. Ce ne sont pas des êtres créés; ils doivent, Pline le naturaliste croit que les VSé/t/\
comme lui, leur existence à la volonté de l'homme. satyres étaient une espèce de sin-
]
La raison île leur existence est cependant posée ges, et il assure que dans une
par la création ; ce sont des possibilités opposées montagne des Indes il se trouve
à la

terminée
création réelle. Aussitôt!
les possibilités négatives devaient ap-
,
que la création fut des singes qu'on prendrait de loin
pour des hommes : ces sortes de
rfr
“h
paraître. Siun état, par exemple, se forme, tous singes ont souvent épouvanté les bergers. Les
les crimes deviennent possibles. Les bous anges, démonomanes disent que les satyres n’ont ja-
comme les mauvais, sont des puissances, mais mais été autre chose que des démons qui ont
opposées à ceux-ci. » Ici se manifestent, selon paru sous celte figure sauvage; les cabalistes n'y
Schelling, des relations très-intéressantes et très- voient que des gnomes.
remarquables lorsque les mauvais anges de-
: Saint Jérôme rapporte que saint Antoine ren-
viennent des réalités, les bons anges deviennent contra dans son désert un satyre qui lui présenta

des possibilités ; et la réalité des bons anges ré- des dattes, et l'assura qu'il était un de ces habi-
duit les mauvais à de pures possibilités. Les mau- tants des bois que les païens avaient honorés sous
vais anges sortirent, par le péché de l'homme, les noms de satyres et de faunes ; il ajouta qu'il
de leur étal purement potentiel et devinrent des était venu vers lui comme député de toute sa
réalités par conséquent les bons anges, les anges
;
nation, pour le conjurer de prier pour eux le
positifs, furent renfermés dans la simple poten- Sauveur, qu’ils savaient bien être venu en ce
tialité. C'est là le sens de cette expression ils ; monde. Les satyres ne seraient ainsi que des sau-
restaient dans le ciel, c'est-à-dire dans l’état po- vages.
tentiel. L’homme se sépara, par sa chute, de son Le maréchal de Beaumanoir chassant dans
bon ange, qui fut mis en dehors de lui et privé une forêt du Maine, en 1599, ses gens lui ame-
de son existence réello. Les bons anges sont les nèrent un homme qu’ils avaient trouvé endormi
idées positives, ce qui doit être. L’homme dont, dans un buisson, et dont la figure était très-sin-
ayant accueilli par sa volonté ce qui ne doit gulière il avait au haut du front deux cornes,
:

pas être a chassé le contraire. Toutefois ces


,
faites et placées comme celle d’un bélier; il était
idées positives suivirent, comme des envoyés chauve, et avait au bas du menton une barbe
divins, l'homme même dans son plus grand éloi- rousse par flocons, telle qu’on peint celle des sa-
gnement de Dieu. C’est ainsi qu’on peut dire tyres. Il conçut tant de chagrin de se voir prome-
avec raison que chaque homme se trouve placé ner de foire en foire , qu’il en mourut à Paris , au
entre son bon et son mauvais ange... bout de trois mois. On l’enterra dtfns le cimetière

Digitize
, ,

SAU — 599 — SCH


de Saint-Cômc. « Sous le roi Étienne, dit Leloyer, en ordre, rangés en bataille, et se faisaient éclai-
en temps de moissons, stmirent en Angleterre rer par des piqueurs d’une forme élancée. On les
deux jeunes enfants de cyuleur verte, ou plutôt exorcisa, suivant l'usage du temps, et, chose qui
deux satyres, môle et femelle, qui, après avoir surprend les niais, le tourbillon, mis en déroule,
appris le langage du pays, se dirent être d'une s’alla précipiter dans la mer*.

terre d'antipodes, où le soleil ne luisait, et ne Sauveurs d'Italie, charlatans qui se disent


voyaient que par une lumière sombre qui pré- parents de saint Paul et portent imprimée sur
cédait le soleil d’orient, ou suivait celui d’occi- leur chair une figure de serpent qu’ils donnent
dent. Au surplus étaient chrétiens et avaient des
,
pour naturelle. Ils se vantent de ne pouvoir être
églises. » Enfin, un rabbin s'est imaginé que les blessés par les serpents, ni par les scorpions, et
satyres et les faunes des anciens étaient en effet de les manier sans danger.
des hommes mais dont
, la structure était restée Savon. Dans l'ilc de Candie et dans la plupart
imparfaite, parce que Dieu, lorsqu'il les faisait, des lies de Turquie et de la Grèce, on évite d’of-
surpris par le soir du sabbat, avait interrompu frir du savon à quelqu'un. On craindrait par là

son ouvrage. d’effarer l'amitié.


Saubadine de Subiette, mère de Marie de Savonarole (Jérôme) célèbre dominicain fer-
,

Naguille, sorcière, que sa fille accusa de l'avoir rerais du quinzième siiÿle. Machiavel dit qu’il
menée au sabbat plusieurs fois 1 . avait persuadé au peuple de Florence qu'il par-
Sausine, sorcière et prêtresse du sabbat. Elle laitavec Dieu. Nardin, dans son Histoire de Flo-
était très-considérée des chefs de l’empire infer- rence, livrell dit que les partisans de Savonarole
,

nal. C’est la première des femmes de Satan. On étaient appelés Piagnoni, les pleureurs, et ses
ennemis Arrabiali (les enragés) ou les indiscipli-
nables’. Nous ne jugerons pas ici cet homme,
qui put bien avoir des torts graves.
Sayrims, ministres de Satan dans la cabale.
Scaf ou Schaf, magicien du canton de Berne,
au quinzième siècle. Il pouvait, disait-il, se chan-
ger en souris pour échapper à ses ennemis, qui
le prirent et le tuèrent.
Scandinaves. Alfader est le plus ancien des
dieux dans la Théogonie des Scandinaves. L’Edda

lui donna douze noms premièrement Alfader


: ,

(père de tout); deuxièmement, lléréon (seigneur


ou plutôt guerrier); troisièmement, Nikar (le sour-
mécontent; quatrièmement,
cilleux), lorsqu’il est
.Nikuder (dieu de la mer); cinquièmement, Fiol-
ner (savant universel); sixièmement, Orne (le
bruyant); septièmement, Bifid (l’agile); huitième-
ment, Vidrer (le magnifique); neuvièmement, Svi-
drer (l’exterminateur); dixièmement, Svider (l’in-
cendiaire) ; onzièmement, Oské (celui qui choisit
les morts); douzièmement, Falkcr (l'heureux).
Alfader est le nom que l'Edda emploie le plus

souvent. l’oy. Odin.


Schada-Schivaoun, génies indiens qui ré-
gissent le monde. Ils ont des femmes; mais ce

ne sont que des attributs personnifiés. La prin-


cipale se nomme Houmani : c'est elle qui gou-
verne le ciel et la région des astres.
l’avue souvent, avec ses yeux troubles, dans les Schadukian, province du Ginnistan, que les
assemblées qui se tenaienl au pays de Labour’. romans orientaux disent peuplée de dives cl de
Saute-Buisson, l'oy. Vkudei.kt. péris.
Sauterelles. Pendant que Charles le Chauve Schamanes, sorciers de la Sibérie, qui font
assiégeait Angers, des sauterelles grosses comme des conjurations pour retrouver une vache per-
le pouce, ayant six ailes, vinrent assaillir les Fran- due, pour guérir une maladie, et qui invoquent
çais. Ces enuemis d’un nouveau genre volaient les esprits en faveur d’une entreprise ou d’un
voyage. Us sont très-redoulés.
1 Delancre, Tableau de T inconstance des démons
sorciers et magiciens liv. Il, p. 1t9.
8 Delancre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc., 1
M. Garinel, Hist. de la magie-en France, p. 48.
8 Saint-Foix. III, p. 368.
p. 444. t.

qle
SCH — 600 - SCH

Schéda, le Faust juif aux premiers temps de rencontra le démon qu’il avait invoqué, s’égara,
notre ère. Il se vantait d’avoir appris beaucoup fut accablé de peines diverses et ne put être dé-
avec le diable. livré que par les exorcismes.
Schédims ,
ministres de Samaël dans la Schoumnus, fées malfaisantes très-redoulées
cabale. des Kalmouks; elles se nourrissent du sang et de
Scbeithan , Satan chez les musulmans, qui ne la chair des humains, prennent souvent la forme

prononcent jamais son nom sans ajouter Dieu : de femmes charmantes ; mais un air siuistre , un
nous en préserve ! regard perlide dévoilent leur âme infernale.
,

Schenck (Jean-Georges) , médecin de Hague- Quatre dents de sanglier sortent ordinairement


nau qui publia en 1609 une curieuse histoire des
, , de leur bouche qui se prolonge quelquefois en
,

monstres : Monstrorum hisloria mirabilis. Franc- trompe d’éléphant.


fort; in-4*. Schramm (Michel), jeune Allemand qui faisait
Scbéol. Nom de l'enfer chez les Hébreux. ses études àWurzbourg, et qui, selon l'usage
Scbertz (Ferdinand), auteur de la Maijin pos- malheureusement trop fréquent, y lit de mau-
Ihuma. Olinutz, 1706. l'oy. Vampires. vaises connaissances. Il avait dix-sept ans, lors-
Schmidt jeune forgeron d’Heydings-
(Hans) ,
qu'un de ses amis qui, comme lui, étudiait le
feld, envoyé à Ingolstadl pour acheter du fer droit le présenta chez un homme qui s’occupait
avec un compagnon noihmé Wolf, fut enrôlé par de magie. Tout en buvant, on parla d'uné cer-
lui dans les bandes du diable. Wolf lui prêta un taine racine qui, introduite dans un doigt, ou-
de magie et ne le lui expliqua que
petit livre vrait les portes et les caisses et attirait l'or. Le
quand ce jeune homme lui eut juré de le suivre magicien ajouta qu’il était facile de se la procu-
rer; qu'il fallait seulement avoir le courage de

supporter la vue du démon ,


qui du reste n'était
pas trop désagréable, et lui signer un petit écrit.

Celte merveille les tente; le magicien rédige deux


pactes, pique à chacun des deux étudiants un
doigt ; il en sort une goutte de sang avec laquelle
ils signent leur engagement. Le magicien leur
donne à chacun un bâton les conduit à un car- ,

dans sa voie. Alors il lui dit qu'il devait tous les refour hors de la ville, trace autour d'eux un
matins se lever en sortant du lit le pied gauche et cercle et appelle le diable, qui parait sous les
invoquant le nom du diable, puis lire un passage traits d'un jeune homme. L’épouvante les saisit,
du livre magique. Mais Hans s'elTraya bientôt, et ils veulent fuir; mais le magicien les avait liés.

jeta son livre et voulut se dégager. Dès lors Ils présentent en tremblant leurs pactes, au bout

Wolf, devenu son ennemi, le persécuta, cher- de leurs bâtons; le diable fixe alors la racine
chant h le tuer. "Il s'enfuit de chez son maître, magique dans leurs doigts, à l’endroit qui avait
,

SCII — 601 — SCO


été piqué cl sans qu’ilsen ressentent aucune dou- 1 Scimasar une des douze espèces d'augures
,

leur. Dès lendemain leurs doigts ouvraient les


le ‘
que Michel Scot distingue dans son Traité de la
serrures et attiraient les pièces d’or; ils deve- physionomie. Il l'appelle Scimasar nova. Lorsque
|

naient donc riches. i


vous voyez, dit-il, un homme ou un oiseau der-
Mais Michel Schramui, en songeant qu’il avait rière vous, qui vous joint ou vous passe, s’il
vendu son âme perdit tout repos. 11 cul l'heurçux
,
passe à votre droite c'est bon augure et mau-
, ,

courage ou plutôt la grâce de retourner â Dieu. Il vais s’il passe à votre gauche.
se rendit chez les jésuites de Molsheim ,
abjura sa Sciopodes, peuples fabuleux de l'Éthiopie,
lâcheté et fut délivré au bout de trois semaines, le dont parle l’line, lesquels, n'ayant qu’un pied,
démon, contraint par les exorcismes, ayant rendu s'en servaient pour se mettre à l’ombre du soleil,
son pacte. Ce qui eut lieu le 13 janvier 1613 '. en se couchant par terre et levant leur pied en
Schroettelis les esprits montagnards ou
,
l’air.

gnomes en Suisse. Scopelisme, sorte de maléfice qu'on donnait


Schroter (Ulrich). En 1552, à Willissaw, dans par le moyen de quelques pierres charmées. Un

le canton de Lucerne un joueur de profession


, jetaitune ou plusieurs pierres ensorcelées dans
nommé Ulrich Schroter, se voyant malheureux un jardin ou dans un champ la personne qui les :

au jeu proférait des blasphèmes qui ne rendaient


,
découvrait ou y trébucliait en recevait le malé-
pas ses parties meilleures. Il jura que s’il ne ga- ,
fice . qui faisait parfois mourir.
gnait pas, dans la chance qui allait tourner, il Scorpion. Les Persans croient que, par le
jetterait sa dague contre un crucifix qui était sur moyen de certaines pierres merveilleuses, on
la cheminée. Les menaces d’Ulrich n’épouvan- peut ôter le venin aux scorpions, qui so trouvent
tèrent point celui dont il outrageait l’image; Ul- chez eux en grand nombre.
rich perdit encore. Furieux, il se lève, lance sa Frey assure qu’il n'y a jamais eu ni de ser-
dague, qui n’atteignit pas son but sacrilège, et pents ni de scorpions dans la ville de Hamps, â
aussitôt, disent les chroniques du temps, une cause du la ligure d’un scorpion gravée sur un
troupe de démons tombe sur lui et l'étouffe, avec talisman dans les murailles de cette ville.
un bruit si épouvantable, que toute la ville en Scot, magicien, l'oy. Sibylles, à la fin.
fut ébranlée ’. Scotopètes. l'oy. U la co n ert. lions.
Sciamancie, divination qui consiste à évo- Scott (Michel), magicien écossais, que Dante a
quer les ombres des morts, pour apprendre les mis dans son enfer. Il vivait au treizième siècle.
choses futures. Elle différait de la nécromancie Scott (Kéginald) a publié en Angleterre uno
et de la psychomancie en ce que c'était, non description et statistique du gouvernement des
l'âme ni le corps du défunt qui paraissait, mais démons. Il n’est pas d’accord avec Wierus.
seulement un simulacre. Scott (Walter), l oy. Walteu Scott.
Sciences. Les musulmans attribuent la diffu- Scouminkes, esprits familiers allemands, qui
sion des sciences dans le monde â Édris, qui s’attachent surtout aux maisons ambles.
n’est autre qu’Énoch. Ce nom Édris vient Scox ou Chax, duc et grand marquis des en-
d'un mot arabe qui signifie méditation, étude.
Édris, disent-ils, fut l’un des plus anciens pro-
phètes. Dieu lui envoya trente volumes qui ren-
fermaient les principes de toutes les sciences et
de toutes les connaissances humaines. Il ht la
guerre aux infidèles descendus de Caïn, et ré-
duisit le premier en esclavage ses prisonniers de
guerre; il inventa la plume et l'aiguille, l'arith-
métique et l’astronomie. Édris vécut 375 ans et
fut enlevé nu ciel.

Sciences occultes ou Sciences secrètes. On


donne ce nom â la magie, â la théurgie, au plus
grand nombre des divinations, â la jurisprudence
des pactes, à l’art notoire, à fart des talismans,
aux pratiques des grimoires aux secrets et aux ,

combinaisons des sorciers, aux procédés qui évo-


quent, dirigent ou renvoient les démons et les
esprits, etc., etc., etc.

1
Gloria poslhuma S. Ignalii, cité par Gorrcs, fers. Il a la voix rauque, l'esprit porté au men-
Mystique, hv. VI, ch. xvi.
songe ; il se présente sous la forme d’une cigogne.
1 Bodin, Détnonomanie, liv. 111, ch. i, après Job-

Finccl et André-Muscul. Voyez les preuves de ce


Il vole l’argent dans les maisons qui en possèdent
fait dans lés Ugendes des saintes images. et ne restitue qu'au bout de douze cents ans, si

Digitized by Google
,

SCY 602 — SEC


toutefois il en reçoit l’ordre. Il enlève les che- faut cracher sur le soulier du pied droit, et qu’on
vaux. Il exécute tous les commandements qui lui se préserve des maléfices en crachant trois fois
sont donnés, lorsqu'on l’oblige d'agir de suite; sur les cheveux qu’on s'arrache en se peignant,
et quoiqu'il promette d'obéir aux exorcistes, il avant de les jeter à terre.
ne le fait pas toujours. Il ment, s’il n’est pas lin ancien assure qu’une vierge arrête la grêle
dans un triangle; si au contraire il y est ren- en en mettant trois grains dans son sein. Nous
fermé , il dit la vérité en parlant des choses sur- entrons là dans les secrets plus mystérieux. On
naturelles. Il indique les trésors cachés qui ne empêche un mari de dormir en mettant dans son
sont pas gardés par les malins esprits. Il com- lit un œuf d’hirondelle.

mande trente légions*. Mettez un œuf dans le vin s’il descend de


:

Scyllà, nymphe dont Claucus fut épris. N’ayant suite au fond, le vin est trempé; s'il surnage, le
pu la rendre sensible, il eut recours à Circé, qui vin est pur. Qu’on mêle l'herbe centaurée avec le
mit un charme dans la fontaine où Scylla avait sang d'une huppe femelle, et qu'on en mette
coutume de se baigner. A peine y fut-elle entrée, dans une lampe avec de l’huile, tous ceux qui se
qu'elle se vit changée en un monstre qui avait trouveront présents se verront les pieds en l’air
douze griffes, six gueules et six télés-, une meute et la tête en bas. Si on en met au nez de quel-
de chiens lui sortait de la ceinture. Effrayée qu’un, il s’enfuira et courra de toutes ses forces.
d'elle-même Scylla se jeta dans la mer à l'en-
, Celui-ci est d’Albert le Grand, ou du moins du
droit où est le détroit qui porte son nom. livre de secrets merveilleux qu'on lui attribue.
Sébhil ou Sébhaël génie qui selon les mu-
, , Qu’on mette pourrir la sauge dans une fiole, sous
sulmans, tient les livres où sont écrites les bonnes du fumier, il s’en formera un ver qu’on brûlera.
et les mauvaises actions des hommes. En jetant sa cendre au feu, elle produira un coup
Secrétain (Françoise), sorcière qui fut brûlée de tonnerre. Le même livre ajoute que, si on en
à Saint-Claude, en Franche-Comté, sous Boguct. mêle à l’Imile de la lampe, toute la 'chambre sem-
Elle avoua qu'elle avait vu le diable, tantôt en blera pleine de serpents.
forme de chien, tantôt en forme de chat, tantôt La poudre admirable que les charlatans ap-
en forme de poule *. Elle le vit aussi sous les traits pellent poudre de perlimpinpin, et qui opère tant
peu agréables d’un grand cadavre.... de prodiges, se fait avec un chat écorché, un
Secrets merveilleux. Faites tremper une crapaud, un lézard et un aspic, qu’on met sous
graine quelconque dans la lie de vin puis jetez-la ,
de bonne braise jusqu’à ce que le tout soit pul-
aux oiseaux; ceux qui en tâteront s'enivreront et vérisé *. On pourrait citer une foule de secrets
se laisseront prendre à la main. Mangez à jeun pareils car nous en avons de toutes les couleurs
, ;

quatre branches de rue neuf grains de genièvre


, mais ceux qu’on vient de lire donnent une idée
une noix, une ligue sèche et un peu de sel, pilés de la totalité. I ’oy. Chaumes, Enchantements,
ensemble, vous vous maintiendrez en parfaite Maléfices, Pbièbes, Scpebstitions, etc.
santé, dit le Petit Albert. Qu’on pile et qu’on Pline assure qu’un certain Babilius fit en six
prenne dans du vin une pierre qui se trouve jours la traversée de la Sicile à Alexandrie, par
dans la tête de quelques poissons, Avicenne dit la vertu d’une herbe dont il ne dit pas le nom.
qu’on guérira de la pierre. Mizaldus prétend que On cite d'autres voyageurs qui ont fait en un jour
les grains d’aubépine, pris avec du vin blanc, cent lieues à pied au moyen de la jarretière du
guérissent de la gravelle. La grenouille des buis- bon voyageur. Voy. Jabbetiêiie.
sons, coupée et mise sur les reins, fait tellement Il
y a des livres très-gros, uniquement consa-
uriner, si l’on en croit Cardan que les hydro- crés aux formules des secrets dits naturels et des
,

piques en sont souvent guéris. secrets dits magiques. Nous devons donner une
Qu’on plume, qu’on brûle et qu’on réduise en idée textuelle de cette partie de l’encyclopédie
poudre la tête d’un milan qu’on en avale dans infernale.
,

de l’eau autant qu’on peut en prendre avec trois


doigts, Mizaldus promet qu’on guérira de la SEUETS DE L'UT MlCIQlt DE EUS» (IIMOIIE.
goutte. Cardan assure encore qu’une décoction n Composition de mort, ou la pierre philoso-
de l’écorce du peuplier blanc, appliquée sur les phale. —
Prenez un pot de terre neuf, ineltez-y
membres souffrants, guérit la goutte sciatique. une livre de cuivre rouge avec une deini-chopine
Wecker déclare qu’une tasse de thé guérit les d’eau-forte que vous ferez bouillir pendant une
morsures des vipères. demi-heure après quoi vous y mettrez trois
:

On voit dans Thiers qu’on fait sortir les or- onces de vert-de-gris que vous ferez bouillir une
dures des yeux en crachant trois fois. heure puis vous mettrez deux onces et demie
;

Ce ne sont là que des secrets de santé. Leloyer d’arsenic que vous ferez bouillir une heure; vous
dit que, pour se garantir des enchantements, il
y mettrez trois onces d’écorce de chêne, bien
pulvérisée, que vous laisserez bouillir une demi-
* Wierus, in Vsrudomon . (item.
2 Boguel , Discours tirs exécrables sorciers. 1
Kiva&swHi.

Digitized by Google
,

SKC — 603 — SEC


heure, une potée d’eau rose bouillie douze mi- videre , cognoscere et prcevidere per ilium Deum
nutes, trois onces de noir de fumée que vous qui venturus est judicare vivos et mortuos, et stecu-

laisserez bouillir jusqu’à ce que la composition lum per ignem. Amen. Vous direz trois Pater et
soit bonne. Pour voir si elle est assez cuite, il trois Ave Maria pour les âmes du purgatoire....
faut y tremper un clou si elle y prend, ôtez-la;
: » Pour charmer les armes à feu. Il faut dire : —
elle vous procurera une livre et demie de bon — Dim y ait part et le diable la sortie, — et lors-
or; et si elle ne prend point, c’est une preuve qu’on met en joue, il faut dire en croisant la
qu'elle n’est pas assez cuite ; la liqueur peut ser- jambe gauche sur la droite Aon tradas Domi- : —
vir quatre fois. num nostrum Jesum Christum. Mathon. Amen....
» Pour parler aux esprits la veille de la Saint-
Jean-Baptiste. —
Il faut se transporter, de onze

heures à minuit, près d’un pied de fougère, et


dire ; —
Je prie Dieu que les esprits à qui je
souhaite parler apparaissent à minuit précis. —
Et aux trois quarts vous direz neuf fois ces cinq
paroles Bar, Kirabar, Alti, Alla-Tetragamaton.
:

« Pour se rendre invisible. — Vous volerez un


chat noir, et vous achèterez un pot neuf, un mi-
roir, un briquet, un pierre d'agate, du charbon
et de l’amadou, observant d’aller prendre de l’eau
au coup de minuit à une fontaine; après quoi,
allumez votre feu, mettez le chat dans le pot, et
tenez le couvert de la main gauche sans bouger
ni regarder derrière vous, quelque bruit que
vous entendiez; et, après l’avoir fait bouillir
vingt-quatre heures, vous le mettez dans un plat
» Pour faire la baguette divinatoire et la faire neuf; prenez la viande et la jetez par-dessus l’é-

tourner. —Dès le moment que le soleil parait paule gauche , en disant ces paroles Accipe quod :

sur l'horizon, vous prenez de la main gauche tibi do, et nihil amplius 1
puis vous mettrez les
;

une baguette vierge de noisetier sauvage et la os un à un sous les dents du côté gauche , en
coupez de la droite en trois coups, en disant Je : vous regardant daus le miroir ; et si ce n’est pas
le ramasse au nom d’Eloim, Mutralhon, Adonaï le bon os, vous le jetterez de même, en disant
et Semiphoras afin que tu aies la vertu de la les mêmes paroles jusqu'à ce que vous l'ayez
verge de Moïse et de Jacob .pour découvrir tout trouvé, et sitôt que vous ne vous verrez plus
ce que je voudrai savoir. F.t pour la faire tour- dans le miroir, retirez-vous à reculons en disant :

ner, il faut dire, la tenant serrée dans ses mains Pater, in manus tuas commendo spiritum meum...
par les deux bouts qui font la fourche Je te re- : Pour faire la jarretière de sept lieues par
»

commande au nom d’Eloim, Malrathon, Adonai heure. —


Vous achèterez un jeune loup au-des-
et Semiphoras de me relever
, sous d’un an que vous égorgerez avec un cou-
,

» Pour gagner toutes les fois qu’on met aux teau neuf à l'heure de Mars en prononçant ces ,

loteries. —
Il faut, avant de se coucher, réciter paroles Adhumalis cados ambulavit in forliludine
:

trois fois cette oraison après quoi vous la met-


, cibi illius; puis vous couperez sa peau en jarre-

trez sous l'oreiller, écrite sur du parchemin tières larges d’un pouce , et y écrirez dessus les
vierge sur lequel vous aurez fait dire une messe
, mêmes paroles que vous avez dites en l’égor-
du Saint-Esprit..., et pendant le sommeil le génie geant, savoir, la première lettre de votre sang,
de votre planète vient vous dire l’heure où vous la seconde de celui du loup et immédiatement ,

devez prendre votre billet Domine Jesu Christc,


; de même jusqu’à la fin de la phrase. Après qu'elle
qui dixisti ego sum via, veritas et vita, ecce enim est écrite et sèche, il faut la doubler avec un pa-
veritatem dilexisti, incerta et occulta sapientia doue de fil blanc et attacher deux rubans violets
,

tuer manifestasli mihi, adhuc quce révélés in hac aux deux bouLs pour la nouer du dessus au-des-
b acte sicut Ha rcvelatum fuit parvulis solis ,
inco- sous du genou il faut prendre garde qu’aucune
;

gnitoet ventura unaque alia me doceas, ut possim femme ou fille ne la voie; comme aussi la quitter
omnia cognoscere, si et si sit; ita monslra mihi avant de passer une rivière, sans quoi elle no
monlem ornatum Omni vino bono, pulchrum et serait plus assez forte.
gratum pomarium, aut quamdam rem gratam, » Composition de l’emplâtre pour faire dix
sin autem ministra mihi ignem ardentem , vel par heure.
lieues —
Prenez deux onces de graisse
aquarum currentem, vel aliam quamcunque rem humaine, une once d’huile de tferf, une once
quer Domino placent ,
et vel Angeli Ariel, Rubicl
et Barachiel mihi mullum amatores et faclo-
sitis
1
On disait à Belphégor :

res ad opus istud oblinendum qnod cupio scire, Accipe quotl tibi do , stercus in are ftw».

Digitize
,
, ,

d’huilede laurier, une once de graisse de cerf Segjin, septième partie de l’enfer chez les
une once de momie naturelle une demi-chopine ,
mahomélans. On y jette les âmes des impies
de verveine. Vous
d’esprit-de-vin et sept feuilles sous un arbre noir et ténébreux
où l'on ne voit ,

ferez bouillir le tout dans un pot neuf jusqu’à jamais aucune lumière ; ce qui n'est pas gai.
demi-réduction puis vous en formez les emplâ-
;
Seidur magie noire chez
, les Islandais. V. Nid.
tres sur de peau neuve, et, lorsque vous les
la Seings. Divination à l'aide des seings , adressée
appliquez sur la rate, vous allez comme le vent. par Mélampus au roi Plolcmée. Un seing ou —
Pour n'êlre point malade quand vous le quittez, grain de beauté, au front de l'homme ou de la
il faut prendre trois gouttes de sang dans un femme promet des richesses. Un seing auprès
,

verre de vin blanc. des sourcils d’une femme la rend à la fois bonne
» Composition de l’encre pour écrire Us pactes. et belle; auprès des sourcils d’un homme, un
— Les pactes ne doivent point être écrits avec seing le rend riche et l>eau. Un seing dans les
l’encre ordinaire. Chaque fois qu’on fait une sourcils promet à l'homme cinq femmes et à la
appellation à l’esprit, on doit en changer. Mettez femme cinq maris. Celui qui porte un seing à la
dans un pot de terre vernissé neuf de l'eau de joue deviendra opulent. Un seing à la langue
rivière et la poudre décrite ci-après. Alors pre- promet le bonheur en ménage. Un seing aux lè-
nez des branches de fougère cueillie la veille de vres indique la gourmandise. Un seing au men-
la Saint-Jean, du sarment coupé en pleine lune ton annonce des trésors. Un seing aux oreilles
de mars; allumez ce bois avec du papier vierge, donne une banne réputation. Un seing au cou
et dès que votre eau bouillira, votre encre sera promet une grande fortune mais pourtant celui
;

faite. Observez bien d’en changer à chaque nou- qui porte un seing derrière le cou pourrait bien
velle écriture que vous aurez à faire. Prenez dix être décapité. Un seing aux reins caractérise un
onces de noix de galle et trois onces de vitriol pauvre gueux. Un seing aux épaules annonce une
romain, ou couperose verte; d’alun de roche ou captivité. Un seing a la poitrine ne donne pas de
de gomme arabique, deux onces de chacun; grandes richesses. Celui qui porte un seing sur
mettez le tout en poudre impalpable, dont, lors- le cœur est quelquefois méchant; celui qui porte
que vous voudrez faire de l'encre, vous prépa- un seing au ventre aime la bonne chère. Ceux
rerez comme il est dit ci-dessus. qui ont un seing aux mains auront beaucoup
» Encre pour noter Us sommes qu'on prendra d'enfanLs. l’oy. Chiromancie.
dans Us trésors cachés et pour en demander de plus Sel. Le sel, dit Uoguet, est un antidote souve-
fortes à Lucifuge dans les nouveaur besoins.
' — rain contre la puissance de l'enfer. Le diable a
Prenez des noyaux de pèche sans en ôter les tellement le sel en- haine qu'on ne mange rien de
amandes, meltez-les dans le feu pour les réduire salé au sabbat. Un
Italien, se trouvant par hasard
eu charbons bien brûlés alors retirez-les et
; , à cette assemblée pendable, demanda du sel
lorsqu’ils sont bien noirs, prenez-en une partie, avec tant d’importunité que le diable fut con-
,

que vous mêlerez avec autant de noir de fumée; traint d'en faire servir. Sur quoi l’Italien s’écria :
ajoulez-y deux parties de noix de galle concas- — Dieu soit béni puisqu’il m’envoie ce sel ! et
,

sées; faites dans l’huile desséchée de gomme tout délogea à l'instant. Quand du
sel se répand
arabique quatre parties que le tout soit mis en
; sur mauvais présage, que l’on conjure en
la table,
poudre très- fine et passée par le tamis. Mettez prenant une pincée du sel répandu et le jetant
cette poudre dans de l'eau de rivière. Il est inu- derrière soi avec la main droite par-dessus l’é-
tile de faire remarquer que tous les objets dé- paule gauche. Les Écossais attribuent une vertu
crits ci-dessus doivent être absolument neufs. extraordinaire à l'eau saturée de sel les habi- ;

» Lecteur bénévole, dit pour sa conclusion tants des Hébrides et des Orcades n’oublient ja-
l’auteur de ces recettes, dont nous ne donnons que mais de placer un vase rempli d'eau et de sel
le bouquet, pénétre-toi bien de tout ce que le sur la poitrine des morts, afin, disent-ils do chas-
grand Salomon vient de t’enseigner par mon ser les espriLs infernaux. Le sel est le symbole
organe. Sois sage comme lui, si lu veux que de l’éternité et de la sagesse parce qu'il ne se
,

toutes les richesses que je viens de mettre en corrompt point, l’oy. Salièbe.
ton pouvoir puissent faire ta félicité; Sois humain Sépar. l’oy. Vépah.
envers tes semblables, soulage les malheureux; Séphirioths (les) sont dans la cabale des
vis content. Adieu, n êtres supérieurs mal déûnis.
Il est triste de savoir que de tels livres se ven- Sépulture. Quelques philosophes qui voya-
dent en grand nombre dans nos campagnes. Les geaient en Perse, ayant trouvé un cadavre aban-
vollairicns se plaignent de l'innocente diffusion donné sur le sable, l’ensevelirent et le mirent en
de quelques petites brochures pieuses qui prê- terre. La nuit suivante, un spectre apparut à l’un
chent la paix; ils ne disent rien des Grimoires et de ces philosophes et lui dit que ce mort était le
des Clavicules. » corps d’un infâme qui avait commis un inceste,
et que la terre lui refusait son sein. Les philoso-
1
Pour Lucifaqe qui fait la lumière), voyez Pactes. phes se rendirent le lendemain au même lieu

Digitized by Google
SER - 605 — SER
pour déterrer le cadavre ; mais ils trouvèrent la mit le feu à leurs comptoirs ,
et leurs marchan-
besogne faite, et continuèrent la roule sans plus dises furent consumées par les flammes.
s’en occuper. Voy. Mobt et Funérailles.
Nous pouvons ajouter un trait de plus aux bi-
zarreries des usages funèbres.
Jonas, l’un des rois coinans, mourut subite-
ment avant d’ètre baptisé ; pour celte raison, on
l'enterra comme païen hors des murs de Constan-
tinople. On permit à ses officiers de faire scs fu-
nérailles selon leurs pratiques barbares. Son mo-
nument fut dressé sur une éminence, et dans la
fosse ,
autour de son cadavre , on pendit à sa
droite et à sa gauche plusieurs de ses écuyers
qui s'offrirent volontairement à aller servir leur
maître dans l'autre inonde; on y pendit aussi,
pour le même usage , vingt-six chevaux vivants.
Sermons, l.c diable, qui affecte de singer tous
les usages de l'Église, fait faire au sabbat des
sermons auxquels doivent assister tous les sor-

Des chimistes ont soutenu que le serpent,


en muant et en se dépouillant de sa peau ra- ,

jeunit, croît, acquiert de nouvelles forces, et


qu’il ne meurt que par des accidents et jamais
de mort naturelle. Ou ne peut pas prouver par
ciers. Asmodée est son prédicateur ordinaire, et des expériences la fausseté de cette opinion car ;

plusieurs sorcières ont rapporté lui avoir entendu si l’on nourrissait un serpent et qu’il vint à mou-

prêcher des abominations. rir, les partisans de son espèce d’immortalité

Serosch, génie de la terre chez les Parsis. Il diraient qu'il est mort de chagrin de n’avoir pas
préserve l'homme des embûches du diable. sa liberté ou parce que la nourriture qu'on lui
,

Serpent. C’est sous cette figure redoutée que donnait ne convenait point à son tempérament.
Satan ht sa première tentation. Le serpent noir On dit qu’Ajax, roi des Locriens, avait appri-
de Pensylvanie a le pouvoir de charmer ou de voisé un serpent de quinze pieds de long, qui le
fasciner les oiseaux et les écureuils : s’il est cou- suivait comme un chien et venait manger à table.
ché sous un arbre et qu'il fixe scs regards sur Voy. Alexandre de Paphlagonie, Ane, Harold,
l’oiseau ou l’écureuil qui se trouve au-dessus de Haridi, etc.
lui , il le force à descendre cl h se jeter directe- Serpent de mer (Le grand). On se rappelle
ment dans sa gueule. Celte opinion est justement le bruit que fit en 1837 la découverte du grand
très-accréditée, et ceux qui la nient parce qu’elle serpent de mer vu par le navire le Havre à la
tient du merveilleux ne connaissent pas les effets hauteur des Açores. Tous les journaux s’en sont
de la fascination naturelle. Il
y a dans les royau- occupés; et, après s'en être montrée stupéfaite,
mes de Juida et d’Ardra, en Afrique, des serpents la presse, faisant volte-face, a présenté ensuite
très-doux, très-familiers, et qui n'ont aucun ve- le grand serpent marin comme un être imagi-
nin ils font une guerre continuelle aux serpents
; naire. M. B. de Xivrey a publié à ce propos, dans
venimeux : voilé sans doute l’origine du culte le Journal des Débats, des recherches curieuses

qu'on commença et qu’on a continué de leur que nous reproduisons en partie :


rendre dans ces contrées. Un marchand anglais, n Les mers du Nord dit-il paraissent être au-
,
,

ayant trouvé un de ces serpents dans son maga- jourd’hui la demeure habituelle du grand serpent
sin , le tua, et, n’imaginant pas avoir commis une de mer et son existence est en Norvège un fait
,

action abominable, le jeta devant sa porte. Quel- de notoriété vulgaire. Ce pays a vu souvent
ques femmes passèrent poussèrent des cris af-,
échouer sur ses eûtes des cadavres de cas ani-
freux et coururent répandre dans le canton la
,
maux sans que l’idée lui soit venue île mettre
,

nouvelle de ce sacrilège. Une grande fureur s'em- de l’importance à constater ces faits. Les souve-
para des esprits : on massacra las Anglais on ; nirs s’en sont mieux conservés lorsqu'il s’y joi-

Digitized by Googl
, , , ,

SCR — 606 — SER

gnait quelque aulre incidenl plus grave ,


comme effetsde l'exagération poétique, mais nous n’a-
la corruption de l’air causée quelquefois par la pu- vons pas les données suffisantes pour marquer le
tréfaction de ces corps. Pontoppidan en a cité des point précis où elle abandonne la réalité.
exemples, mais jatnaison n'avait pensé à rédiger, à » En comparant ces notions avec ce que peu- 1

l'occasion de pareils faits, un procès-verbal. Celui vent nous offrir d’analogue les traditions du moyen
qui fut rédigé à Stronza offre les notions les plus Age et de l'antiquité je trouve des similitudes
,

précises que l’on possède sur la figure du ser- frappantes dans la description qu' Albert le Grand
pent de mer. Nous y voyons notamment ce signe nous a laissée du grand serpent de l’Inde « Avi- :

remarquable de la crinière, dont les observateurs cenne en vit un, dit-il, dont le cou était garni
plus anciens et les récits des Norvégiens s’accor- dans toute sa longueur de poils longs et gros
dent à faire mention. Nous le trouvons dans une comme la crinière &' uu cheval. » Albertajoule que
lettre datée de Bergen, 2f février 1751 , où le ces serpents ont à chaque mâchoire trois dents
capitaine Laurent Ferry termine ainsi sa descrip- longues et proéminentes. Cette dernière circon-
tion du serpent de mer qu’il rencontra : « Sa stance parait une vague réminiscence do ce que
tête, qui s'élevait au-dessus des vagues les plus Ctésias, dans ses Indiques et d'après lui Élicn,
hautes, ressemblait à celle d'un cheval; il était dans ses Propriétés des animant, ont rapporté
de couleur grise, avec la bouche très-brune, les du ver du Gange. Pour la dimension, ce ver est

yeux noirs et une longue crinière qui nouait sur sans doute inférieur à la grandeur que peut at-
son cou. Outre la tête de ce reptile, nous pûmes teindre le serpent marin ,
puisque ces auteurs
distinguer sept ou huit de ses replis, qui étaient grecs lui donnent sept coudées de long et une
très-gros et renaissaient h une toise l’un de l'autre. circonférence telle qu'un enfant de dix ans aurait
Ayant raconté cette aventure devant une per- de la peine à l’embrasser. Les deux dents dont
sonne qui désira une relation authentique je la ,
ils le disent pourvu, une à chaquç mâchoire , lui

rédigeai et la lui remis avec la signature des deux servent à saisir les bœufs, les chevaux ou les
matelots, témoins oculaires, Nicolas Peterson chameaux qu’il trouve sur la rive du fleuve, où
Kopper et Nicolas Nicolson Angleweven, qui sont il les entraîne et les dévore. propos de
Il est à
prêts à attester sous serment la description que remarquer ici qu’un grand nombre de traits d'Hé-
j’en ai faite. » rodote et même de Ctésias, rejetés d’abord comme
» C’est probablement cette crinière que Paul des contes ridicules, ont été plus tard repris pour
Égède compare à des oreilles ou à des ailes dans ainsi dire en sous-œuvre par la science, qui sou-
sa description du serpent marin qu'il vit à son vent y a découvert des faits vrais et même peu
second voyage au Groenland : * Le 6 juillet, Malte-Brun a plusieurs fois envisagé Cté-
altérés.
nous aperçûmes un monstre qui se dressa si haut sias sous ce pointde vue.
sur les vagues, que sa tète atteignait la voile du » Nous arrivons naturellement à l’épouvantable

grand mât. Au lieu de nageoires, il avait de animal appelé odontotyrannus dans les récits
grandes oreilles pendantes comme des ailes; des romanesques des merveilles qu'Alexandre ren-
écailles lui couvraient tout le corps, qui se ter- contra dans l’Inde. Tous les romans du moyen
minait comme celui d’un serpent. Lorsqu’il se âge sur ce conquérant, provenant des textes grecs
reployait dans l’eau, il s'y jetait en arrière et, désignés sous le nom du Pseudo-Callisthène, sont
dans celte sorte de culbute il relevait sa queue
,
unanimes sur l' odontotyrannus dont parlent aussi
de toute la longueur du navire. » plusieurs auteurs byzantins. Tous en font uu ani-
» OlaüsMagnus, archevêque d’Lpsal au milieu mal amphibie, vivant dans le Gange et sur ses
du seizième siècle, fait une mention formelle de bords, d’une taille dont la grandeur dépasse toute
cette crinière, dans le portrait du serpent de vraisemblance, « telle, dit Palladius, qu’il peut
deux cents pieds de long et de vingt de circonfé- avaler un éléphant tout entier». Quelque ridicule
rence, dont il parle comme témoin oculaire « Ce : que paraisse celte dernière circonstance, on pour-
serpent a une crinière de deux pieds de long; il rait y voir une allusion hyperbolique à la ma-
est couvert d’écailles et ses yeux brillent comme nière dont les plus gros serpents terrestres dévo-
deux flammes il attaque quelquefois un navire,
; rent les grands quadrupèdes, comme les chevaux
dressant sa tête comme un mût et saisissant les et les bœufs; ils les avalent en effet sans les di-
matelots sur le tillac. » Les mêmes caractères, viser, mais après les avoir broyés, allongés en
qui se reproduisent dans d'autres récits dont la une sorte de rouleau informe, par les puissantes
réuniou serait trop longue, se retrouvent dans étreintes et les secousses terribles de leurs replis.
les descriptions des poètes Scandinaves. Avec une 11 est vrai que M. Grœfe, par une docte disserta-

tète de cheval, avec une crinière blanche et des tion insérée dans les Mémoires de l'Académie
joues noires ,
ils attribuent au serpent marin six impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, a
cents pieds de long. Ils ajoutent qu'il se dresse prétendu que T odontotyrannus des traditions du
tout à coup comme un mût de vaisseau de ligue,
Fournies par l’auteur anglais d'un article de la
1

et pousse des sifflements qui effrayent comme le Rétrospective nrvieu- traduit en 4835 dans la Revue
cri d'une tempête. Ici nuus apercevons bien les britannique.
SER — 607 — SER
moyen âge devait être un souvenir du mammouth. ritable poisson. Mais si l’on en fait un reptile, on

Le savant russe ne peut guère fonder cette sin- luisupposera par cela même une nature amphibie,
gulière interprétation que sur les versions latines avec ja faculté dç rester indéfiniment dans l’eau,
du roman d 'Alexandre, dont monsignor Mai a et l'on pourra enmême temps rapporter au même
publié un texte en 1818, sous le nom de Julius animal les exctnplesde serpents énormes vus sur
Valérius. 11 est dit que l’ odontolyrannus foula aux terre et consignés de loin en loin dans la mé-
pieds (conculcavil) un certain nombre de soldats moire des hommes. Le serpent de mer dont
macédoniens. Le même récit se trouve dans une Olaüs Magnus a conservé une description était,
prétendue lettre d’Alexandre à Aristote, et dans au rapport du même prélat, un serpent amphibie
un petit Traité des monstres et des bêtes extraor- qui vivait de son temps dans les rochers aux en-
dinaires, récemment publié. Mais dans les au- virons de Bergen, dévorait les bestiaux du voisi-
teurs grecs que je viens d'indiquer, c’est-à-dire nage et se nourrissait aussi de crabes, lin siècle
les divers textes grecs inédits du Pseudo-Callis- plus tard, Nicolas Grammius, ministre de l’Évan-
Cédrénus, Glycas, llamarto-
lliène et Palladius, gile à Londen en Norvège, citait un gros serpent
lus,on n'ajoute aucun détail figuratif à l’expres- d'eau qui des rivières Mios et Banz, s’était rendu
sion d’une grandeur énorme et d’une nature à la mer le 6 janvier 1656. « On le vit s'avanccf
amphibie. tel qu’un long mât de navire, renversant tout sur

d Pour la qualité d'amphibie qui n’appartient


,
son passage, même les arbres et les cabanes.
certainement pas au mammouth , peut-elle s'ap- Ses sifflements, ou plutôt ses hurlements, fai-
pliquer au grand serpent de mer? Sir Exerard saient frissonner tous ceux qui les entendaient.

Home, en proposant de placer parmi les squales Sa tète était aussi grosse qu’un tonneau et son
,

celui qui avait échoué sur la place de Slronza, corps, taillé en proportion, s’élevait au-dessus
a prouvé par là qu’il, le regardait comme un vé- des ondes à une hauteur considérable. »

» Eu des temps plus anciens , nous i itérons le dans une inondation du Tibre, et qu’il représente
serpent de Plie de Rhodes, dont triompha au grand comme une forte poutre in modum trahis
:

quatorzième siècle le chevalier Gozon, qui , par valider. Le mol draro, dont se sert là notre vieil

suite de cet exploit, trop légèrement traité de historien, est le terme de la bo

Vous aimerez peut-être aussi