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Fiche Platon Théétète
Fiche Platon Théétète
PROLOGUE (142a-143c)
(Euclide / Terpsion) Euclide a croisé Théétète a demi-vivant, qui s’est illustré dans une
bataille mais meurt de dysenterie. Euclide se remémore le sens divinatoire de Socrate qui,
discutant avec Théétète, a admiré la nature de ce dernier et présagé qu’il s’illustrerait.
Terpsion demande a Euclide le récit de l’entretient entre Socrate et Théétète, encore
adolescent. Socrate l’avait raconté à Euclide, qui ne s’en souvient plus, mais l’avait noté par
écrit, puis avait demandé à Socrate d’en combler les lacunes. L’esclave d’Euclide va leur faire
la lecture de cet écrit.
Théétète se rappel de quelque chose qu’il a entendu : la science est l’opinion vraie
accompagnée de définition, de logos. Ce qui est alogos ne peut pas être objet de science, n’est
pas epistêta.
Comment départager le « sachable », pourvu d’un logos, et le non « sachable », qui est
alogos. Socrate va expliciter l’opposition logos / alogos en une opposition entre les choses
composées et leurs éléments : Les premiers éléments des choses sont alogos, ils ne possèdent
qu’un nom, et d’eux, on ne peut rien dire de plus. Les éléments s’entrelacent pour former des
choses, comme les mots s’entrelacent pour former un logos. Les éléments ne sont pas connus
mais sentis, les composés sont connus, et objets d’une opinion vraie. L’âme qui saisit
l’opinion vraie au sujet de la chose est dans le vrai, mais elle ne connaît la chose, elle n’en a la
science, que quand elle est capable d’en donner ou d’en accueillir le logos.
Mais quelque chose chagrine Socrate : que les éléments ne soient pas connus, alors
que les composés le sont à partir d’eux.
202e-206c : Critique de la théorie des éléments
La théorie est examinée en utilisant un modèle : celui des lettres et des syllabes.
Apparemment, ça colle : les syllabes, composées de lettres, sont définies à partir de leurs
éléments (« SO » = S+O), mais les lettres, elles, sont alogos, seul un son leur appartient.
Mais celui qui connaît les syllabes ignore-t-il ce qui les compose ? Cela semble
impossible, et qui connaît un composé devra nécessairement en connaître les éléments (nous
considérons ici le composé comme la somme des éléments, et pas « une forme douée d’unité
qui s’est constituée quand les éléments se sont groupés »). Mais nous avons dit que les
éléments étaient inconnaissables, nous sommes donc dans l’impasse. Peut être fallait-il donc
dire que le composé est différent de la somme des éléments, qu’il possède un aspect propre,
bien qu’il soit formé de la somme des éléments.
Socrate se livre à un ensemble de distinction. Il faut distinguer le tout (to holon),
l’ensemble (ta panta), et la somme (to pan). L’ensemble et la somme ne sont que deux aspects
d’une même chose, ainsi par exemple dans une numération, 1+1+1+1+1+1, c’est un ensemble
d’éléments, et cet ensemble ne se distingue pas de la somme, 6. Mais il faut les distinguer du
tout qui est une forme douée d’unité différente de l’ensemble des parties, sans quoi on
retombera dans l’impasse précédente, avec des parties inconnaissables, et une somme
connaissable. Mais comment cela serait-il possible ? Soit le composé ne se confond pas avec
les éléments, qui ne sont pas ses parties, mais dans ce cas il est lui-même comme un élément
premier, et il sera alogos. Soit il se confond avec ces éléments, mais dans ce cas, il n’est rien
d’autre qu’une somme.
Alors, il ne reste plus qu’une seule possibilité : dire qu’une connaissance des éléments
est possible, et que c’est elle qui est décisive (ex. de l’apprentissage des lettres ou des notes,
dans lesquelles on commence par les éléments pour arriver aux composés).
206c-210b : Les trois sens du logos
Il faut donc revenir sur la définition de la science : qu’indique le mot logos ? Trois
possibilités : (a) User de logos, c’est rendre apparente sa pensée par la voix, c’est se figurer
une image de sa doxa « comme en un miroir ou dans de l’eau ». Mais dans ce cas, le logos ne
se distingue en rien de l’opinion, et la définition s’expose aux critiques précédentes. (b)
Donner le logos, c’est être capable de détailler tous les éléments d’une chose, d’en restituer le
compte exact. En ayant une opinion droite, on se contente d’énumérer les parties principales,
mais quand on donne le logos, on donne le compte exact. Mais dans ce cas, le logos n’est pas
la science, car on peut faire le compte exact des éléments d’une chose sans en avoir la science,
comme l’enfant qui connaît toute les lettres et se trompe en écrivant « Théodore »
« Téodore ». (c) Donner le logos, c’est donner le signe distinctif par lequel l’objet diffère de
tout le reste. Mais nous sommes en fait encore dans le domaine de l’opinion, car celui qui a
l’opinion droite est capable de donner le signe distinctif d’un objet.
En fait, c’est la définition qui est mauvaise, qui suppose ce qu’elle doit définir : dire
que la science est opinion+logos, cela revient à dire que la science est opinion+science.
210b-d : Epilogue
On n’a donc trouvé « que du vent et rien qui vaille ». Mais Théétète a au moins été
purifié de ses opinions fausses, et il ne peut à présent qu’accoucher de quelque chose de
meilleur, et même s’il n’accouche de rien, la philosophie l’a rendu plus doux, car il ne croit
pas savoir ce qu’il ne sait pas.