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PROLOGUE (227a-230e)
- Rencontre hors les murs de Phèdre et de Socrate
- Phèdre a écouté un discours de Lysias sur la séduction d’un beau garçon : il doit
accorder ses faveurs à celui qui ne l’aime pas et non à celui qui l’aime
- Désir de Socrate d’écouter le discours (Socrate « amoureux des discours), dont
Phèdre possède la transcription écrite (par laquelle « Lysias est ici présent »), bien
qu’il désirait essayer de la reproduire par lui-même.
- Choix d’un lieu propice à la lecture. Le mythe de Borée, la nécessité de se
connaître soi-même avant d’examiner la vraisemblance des mythes. Lecture à
l’ombre d’un gattilier en fleur. Socrate ne va jamais hors les murs : il préfère
l’entretient avec les hommes.
Un signal divin a avertit Socrate qu’il a commis une faute envers la divinité et qu’il ne
doit pas quitter l’endroit avant de l’avoir expiée. Il vient d’offenser Eros, qui est un dieu, et ne
saurait donc être mauvais. Nécessité de se purifier en composant une palinodie.
(a) Il n’est pas vrai qu’il ne faille pas accorder ses faveurs à celui qui aime sous
prétexte qu’il est fou, car la folie peut être un don divin. Quatre formes de folie dispensée par
les dieux : la divination, la prophétie, la poésie, l’amour.
(b) Il faut montrer que cette forme de folie est dispensée par les dieux pour le bonheur
des hommes. Pour cela, nécessité de se faire une juste idée de la nature de l’âme. 1. L’âme est
immortelle ; démonstration : l’être immortel doit se mouvoir toujours, ce qui n’est possible
que s’il se meut lui-même, ce qui n’est possible que s’il est principe ( = ce à partir de quoi
quelque chose vient à l’être, et qui lui-même ne vient de rien) de son mouvement. Telle est
l’âme, en tant que principe du mouvement du corps. Elle est donc immortelle. 2. La forme de
l’âme ne peut être saisie en elle-même, il faut dire « de quoi elle a l’air ». Utilisation d’une
image : l’attelage ailé. Chez les dieux, l’attelage est composé de chevaux de bonne race, chez
les hommes, il y a deux types de chevaux : l’un bon pour le cocher qui commande (c-à-d
obéissant), l’autre mauvais. L’âme liée au corps compose un vivant, qui est mortel quand
l’attelage a perdu ses ailes, immortel quand l’âme est ailé. Nous sommes des vivants mortels ;
comment nos âmes ont-elles perdu leurs ailes ? Description de la vie divine : suit un cycle de
révolutions : contemplation des êtres au-delà du ciel, qui « sont » réellement, puis retour sur la
voûte céleste . La vie des âmes : réussissent la contemplation et repartent pour une nouvelle
révolution, ou échouent, et tombent sur terre. Différentes possibilités d’incarnations
humaines, de différent rang (du philosophe au tyran), selon la richesse de sa vision. Selon la
vie menée, possibilité par la suite de rétrograder au rang de bêtes ou de rejoindre à nouveau le
cortège des dieux. 3. L’âme du philosophe est celle qui « arrive à saisir ce qu’on appelle
« forme intelligible », en allant d’une pluralité de sensations vers l’unité qu’on embrasse au
terme d’un raisonnement ». Cette saisie est une réminiscence (anamnêsis) des réalités
contemplées dans le cortège des dieux.
(c) On peut comprendre à partir de là pourquoi l’amour est une forme de folie, c’est-à-
dire une manière de se lier au divin : la vision des beaux corps provoque une réminiscence des
réalités contemplées dans le cortège des dieux. La beauté possède en effet un privilège : « elle
a reçu pour lot le pouvoir d’être ce qui se manifeste avec le plus d’éclat et ce qui suscite le
plus d’amour ». Celui qui ne garde pas de souvenir de la beauté se porte directement sur ce
qu’il voit ; le philosophe au contraire « a les yeux plein des visions de jadis », et fait de l’aimé
son agalma, sa statuette qui le met en communication avec le divin. Description de la vision
de l’aimé, de « ce dont font l’expérience ceux qui aiment », comme déploiement des ailes de
l’âme. Le choix de l’aimé : il dépend du dieu que l’on a suivi et que l’on cherche à imiter.
L’amant cherche à se conformer à ce dieu, et à conformer l’aimé à cette image.
(d) Que se passe-t-il pour l’aimé ? Il éprouve le « contre-amour » : il « se voit lui-
même dans son amoureux comme dans un miroir », et fait à son tour l’expérience de la
réminiscence, mais plus affaiblie.
(e) mode de vie des vrais et des faux amants ; leur récompense et leur punition.
(f) Conclusion.
LA QUESTION DE L’ECRITURE
Reste donc la question de savoir s’il convient ou non d’écrire. Pour répondre à la
question, Socrate propose un récit égyptien : celui du dieu Theuth et du roi Thamous. Theuth
présente à Thamous son invention : l’écriture, et son utilité : elle permet d’acquérir le savoir et
la mémoire. Thamous nie cette utilité : cet art produira le contraire, il produira l’oubli chez les
savants, « parcequ’ils cesseront d’exercer leur mémoire : mettant, en effet, leur confiance
dans l’écrit, c’est du dehors, grâce à des empreintes étrangères, et non du dedans, grâce à
eux-même, qu’ils feront acte de remémoration ; ce n’est donc pas de la mémoire (mnêmê)
mais de la remémoration (hupomnêsis) que tu as trouvé le remède. Quant à la science, c’en
est la semblance que tu procures à tes disciples, non la réalité ». L’écriture ne permet donc
pas d’acquérir la science ou de la mémoriser, elle est un simple « moyen de rappeler
(hupomnêsai) à celui qui les connaît déjà, les choses traitées dans cet écrit ».
On peut à partir de là comparer le discours parlé et le discours écrit : le discours écrit
dit toujours la même chose, peut tomber entre les mains de n’importe qui, et ne peut se
défendre tout seul ; le discours parlé peut se défendre lui-même, il sait parler aussi bien que se
taire devant qui il faut, c’est un discours vivant et doté d’une âme.
Le savant n’ira donc pas écrire des discours qui iront errer hors de lui, mais sèmera ses
paroles dans des âmes choisies, et n’usera de l’écriture qu’à des fins de remémoration.
RECAPITULATION