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PRESSES UNIVERSITA 3S DE FRANCE SAIS-JE 7 a» ONNAISSANCES ACTUELLES Ne 1311 LE POINT DES LA PROVIDENCE - AMIENS LE STRUCTURALISME par Jean PIAGET Profuseur dle Fueuiti dow Sefeneee dt Qantoe cimgurians éprcon PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 108, Bounevarp Sami-Genmaiw, Pans 19 Cuarirae Premier INTRODUCTION ET POSITION DES PROBLEMES » : 1, Definitions. — On a souvent dit qu’il est diffi- ft cile de caractériser Ie structuralisme, parse quill a revétu des formes trop multiples pour présenter un dénominateur commun et que les o structures » inyequées ont aequis des significations de plus en plus différentes. A comparer lea divers sens qu’a pris le structuralisme dans les sciences contem= poraines et dans les uussions conrantes, hélas de plus en plus 4 la mode, il semble cependant possible de s'essayer 4 une aynthise, mais ala condi- tion expreese de distinguer les deux problémes toujours lite en fait, queique indépendantes en droit, de Vidéal positif que recouvre la notion de structure dans les conquétes ou les espoirs des diverses variétés de etracturalisme, et des intentions cri- ques qui ont accompagné la naigsance et Ie déve- ea loppement de chacune d’elles en opposition avec les tendances régnantes dans lea différentes eat. ciplines, Ase livrer 4 cette dissociation, on doit alors reconnaitre qu'il existe bien un idéal commun s Mintelligibilité qu’attcignent ou que recherchent tous lea 2 strueturalistes », tandis que leura inten- tions critiques sont infiniment variables : pour 6 LE STRUCTURALISME Jes ung, comme en mathématiques, le stroctoralisme Woppose an compartimentnge des chapitres hété- rogenes en retrouvant Tunité griice 4 des isomor- phismes ; pour d'autres, comme en des générations snecessives de lingnistes, le structuralisme s'est eur- tout distaneé des recherches diachroniques portant sur des phénoménes isolés pour trouver des systéimes ensemble en fonction de la synehronie ; en pay chologie le structuralisme a davantage combattu Jes tendances « ator réduire les totalités 4 des associations ent réalables : dans les discussions courantes on voit le structuralisme s'en prendre a Whisto ne, al fonctionnalisme «1 fois mime a toutes les formes de recoura an sujet humain en gi Tl est done évident que si lon cherche a définir Je structuralisme en opposition avec d'autres atti- tudes et on insistant sur celles qu'il a pu combattre, on ne tronvera que diversité et contradictions, liées fi toutes les péripéties de histoire dea sciences du des idécs, Par contre, @ so centrer sur les carac- thres positifs de Vidie de structure, on trouve au moins deux aspects communs 4 tous les structu« ralismes ; d'une part, un idéal ou des espoirs d’ telligibilité intrinstque, fondés sur le postulat qu’ane structure se suffit 4 elle-méme et ne requiert pas, pour étre saisie, le recours 4 toutes sortes d’éléments étrangers & sa nature ; d'autre part, des réalisations, dans Ia mesure of Pon est parvenu 4 atteindre etivement certaines structures et of lear uti jon met em évidence quelques caractires ginéraux et apparemment nécessaires qu'elles présentent malgré leurs variétés. En premitre approximation, une stracture un systéme de transformations, qui comporte dus. leis on tant que systéme (par opposition aux pro- tiques » qui cherchaicnt & ments INTRODUCTION BT POSITION DES PROBLEMES 7 prittés des Géments) et qui se conserve ou s*enrichit par le jeu méme de ses transformations, sans que telles-ci aboutissent en dehors de ses frontiéres ou fasee appel i des éléments extérieurs. En un mat, une structure comprond ainsi lee trois carac- thres de totalité, de transformations et d’autoréglage, En seconde approximation, mais il peut s' dune phase bien ultéricure aussi bien que succédant fnunédiatement & Ja découverte de la structure, galle-ci doit powyoir donner liew & ume formalisation, Seulement il faut bien comprendre que cette forenali- cation est Vmuvre du théoricien, tandia que la structure est indép ante de lui, et que cette formalization peut se traduire immédiatement en équations logico-mathématiques ou passer par Vin- termédiaire d'un modtle eybernétique, Il existe done différents paliers possibles de formalisation dependant des décisions du théoricien, tandis que do mode d’existence de la structure qu'il découyre est G aes en chaque domaine particulier de recherches. La notion de transformation nous permet d'abord de délimiter le probléme, car sil fallait cnglober dans Vidée de structure tows les formalismes en tous Jes sens du terme, le structuralisme reeouvrirait en fait toutes les théories philosophiques non stricte- ment empiristes qui ont recoura a d fides essences, de Platon 4 Husserl en tout par Kant, et méme certaines vari Pirisme comme le « positivisme logiqus appel a des formes syntactiques et mines pour expliquer la lopique. Or, au sens défini a F'inse tant, Ie logique elle-méme ne comporte pay toujours de = structures « en tant que structures d’ensemble et de transformations : elle est resté ples aspects tributaire d'un atoms LE STRUCTURALISME tant et le structuralisme logique n'en cat qu’a ses debuts, Neus nous limiterons done, en ee petit ouvrage, aux stracturalismes propres aux différentes sciences, oe qi est aja ane entreprise: assex risquée, ainsi er, ad quelques mauvementa phi- ia i des degrés divers par lea gud des sciences humaines, Mais il convient dabord de commenter quelque peu la défi- nition proposée et de faire comprendre pourquoi une notion en apparence aussi abstr: qo'un systéme de transformation refermé sur lui-méme peut faire uaitre en tous les domaines de si grands cepoirs. 2. La totalité, — Le coractére de totalité propre aux structures va do soi, car la seulo opposition sur laquelle toms les structuralistes sont d'accord (au sens des intentions eritiques dont il a été question sous 1) est oclle des structures et des agrégats, ow composts & partir d'éléments indépendants du tot. Une structure est oertes formée d'éliments, mais ceuxeci sont subordonnés & des lois caractérisant le wystéene ct cea Lois de composi- tiom me se re 14 4 des associations comula- tives, mais conférent au tout en tant que tel des propriétés d'ensemble distinetes de celles des élé- ments. Par exemple, les nombres entiera n’existent pas igolément et on ne lea a pas découverts dans un ordre quelconque pour les réunir ensuite en un tout: ils nese manifestent qu’en fonction de la suite mime des nombres et celle-ci présente des pro- priétés structurales de a groupes », © corps *, 4 ans neaux a, etc., bien distinctes de celles de chaque nombre, qui pour sa part peut étre pair ou impai premier ou divisible par m > I, ete. Mais ce caractére de totalité souléve en fait bien INTRODUCTION ET POSITION DES PROBLEMES 9 dee problimes, dont nous retiendro les deux principaux relatifs l'un sa nature, Fautre a son mode de formation ou de préformation. Tl serait faux de croire qu’en tous Irs domaines les attitudes Spiatimologiques se réduisent a ane alternative: ou lareeennais- aance des totalités avec lours ructurales eu aan compoai~ tion atomistique i partir d’ékments, Quill Pagisse de truce Urea perceptivea ou Gestalt, da totalitéa ee sociales on sociétés entiéres), ct, om constate a Présuppasitinns arsaciationnistes pour la perception ou ineli- tor La sncialogie, ete, 02.8 oppoas, dans l'histoire ax sortes do conceptions, dont la asconde saule pamit conforee i Pegprit du atructuraliame contemporain. La premifre consiate 4 an contenter dinverser Ia démarche ait naturelle aux esprita voulant procédor du imple am complexe et & poser sons plus les totulités dis |e départ selon une sorte du dmurgence» considérie comme une foi de Ja nature. Quand Auguste Comte voulait expliquer Vhorme par Phumsnité et son plus l'humanité par homme, quand hein considérait le tout secinl comme émergeant tie [a réunion des individias carme les malécules de celle dea ntomes, ou quand les Gestaltistes croyaient disceroer dana les perceptions primaires une tot aux offeta de champ en électromagnétiame, da avaient certes Ip mérite de nous rappeler qu'un tout ast autre chose qu'une simple comune d’éliments préalable, mais, en cunsidirant lo tout conime antérieur wux éléments ou contemparain de leur contact, ils »pliftaivnt la tiehe au risque de mancquee les problimes centraus de la navuro dea [nis do compos sition, ‘Or, par-dela les schémas d’association atomi tique et ceux des totalités émergentes, il existe une troisiéme position, qui est celle des structura- lismes opératoires : c'est celle qui adopte das Ie départ une attitude relationnelle, selon laquelle ce qui compte n'est ni l’élément ni un tout s*imposant comme tel cans que l'ou puisse préciser comment, mais les relations entre les éléments, autrement dit les procédés ou processus de composition (selon qaen parle d'opérations intentionnelles ou do LE STRUCTURALISME réalités objectives), le tout n'étant quo la résultante de ces relations ou compositions dont les lois sont celles du systame. Mais alors surgit um sccond problime, bien plus grave, qui est en vérité le probléme central de tout structoralisme : les totalites par composition sont- elles compostes de tout temps, mais comment on par qui, ou ont-elles été d'abord (ct sont-elles toujours ?) on yoie de composition ? Autrement les structures comportent-ellea une formation om ne connaissent-elles qu'une préformation plus ou moins éterncllo ? Entre les genéses sams structure que euppoze l'association atomistique et auxquelles nous a habitués Vempirisme, et les totalités ou formes sans gentse qui risquent ainsi sans cesse de rejoindre Ie terrain transcendantal des essences, des idées platoniciennes ou des formes a priori, Je structuralisme est appelé ou a choisir, ou A trouver des solutions de dépassements, Or, evest maturelle- ment sur ce point que lex opinions divergent le plus, jusqu’a celles sclon lesquellea le probléme de Ja structure et de la genése ne saurait se poser, la t intemporelle par nature (comme si pas li un choix et précigément dans le sens de la préformation). En fait ce probléme, que soulive déja la notion méme de totalité, s¢ précise dés que l'on prend an séricux la seconde caractéristique des « structures 1, au sens contemporain du terme, et qui est d'étre mn syetime de « transformations » et non pas une « forme x statique queleonque. 8. Tes transformations. — Si le propre des tota- lités structurées tient A leurs lois de composition, elles sont donc structurantes par mature et cost cette constante dualité ou plus précieément bipo- INTRODUCTION EY POSITION DES PROTEAMES 11 Tarité de propriétés d'étre toujours et simultanément: structurantes et structurées qui explique en premier licu le suecés do cette notion qui, comme celle de Pc ordre oc not {cus particulier, d'nilleurs, des structures mathématicy elles), assure son intelligibilité par son excrcice méme. Or, une ac vité strocturante ne peut consister qu’en un syetime de transformation Cette condition limitative peut J wante si l'on se réftre aux débats a: tructuralisme Jingu ailleurs que de Jes lois d’oppe ou aux premitres formes du structuralisme psycho- logique, puisqu°une Gestalt caractérise des formes perceptives en général statiques. Or, non seulement il faut juger d'un courant Widées 2 sa veetion ot non paz exclasivement 4 ses origines, mais encore, dts ces débuts linguistiques et paychologiques, on voit poindre les idées de transformations. Le systtme synchronique de la langue nest pas immobile + il refoule ou accepte les innovations em fonction des besoins déterminéa par les oppositions ow Li sons du systime, et sane que l'on ait assisté d’emblée fla naissance de « grammaires transformationnelles x au sens de Chomsky, la conception saussurienne d'un équilibre en quelque sorte dynamique s‘est prolongte rapidement en la stylistique de Bally, qui porte deja sur des transformations en un sens restreint de variations individuelles. Quant aux Gestalts psychologiques, leurs inventeurs ont parlé dis Ie départ de lois d’ « organisation », qui trans- forment Ie donné sensoricl et les conceptions pro- babilistes que Ton pout s'on faire aujourd'hui aceentuent cet aspect traneformateur de Ia per meption. ‘aitre sunpre- ssuriens du no (Saussure me parlait a, eb pour earactéris 1 LE STRUCTURALT: réalités objectives), le tout n’étant que la résultante de ces relations ou compositions dont les lois sont celles du systime. Mais alars surg fe un second probléme, bien plus grave, qui est en vérité Ie probléme central de tout structuralisme : les totalités par composition sont- elles compostes de tout temps, mais comment ou par qui, ou ont-clles été d’abord (et sont-elles toujours ?) en voie de composition ? Autrement dit, les structores comportent-elles une formation ou annaizsent-elles qu'une préformation plus ou s éternelle ? Entre les genéses sans structure m que suppose Passeciation atomiatique ot auxquelles nous a hi 4 Vermpirisme, et les totalité: ou formes sans ge de rejoindre le terrain transcendamtal des ces, des idées platoniciennes ou des formes @ privri, Je etructuralisme cat appelé ou ai choisir, ou a trouver des solutions de dépassements, Or, o"ost naturelle- ment sur ce point que les opinions divergent le plus, jusqu’d celles eclon lesquelles Je probleme de la structure et de la genése mo eaurait se poser, la T tre étant intemporelle par nature (comme si ce wétait pas 1A an choix et précisément dans le sens de la préformation). En fait ce probléme, que souléve déja la notion méme de totalité, we précise dis que Pon pread au sérieux la seconds enractéristique des « structures x, au sens contemporain du terme, ai est détre un systtme deo transformations o et non pas une a forme » statique leonque. anu 3. Les transformations, — §i Io propre des totn- lités structurées tient & leurs lois de composition, done structurantes par nature et c'cet mstante dualité ou plus précisément bipo- T POSITION DES PROBLEMES INTRODUCTION larité de propriétés d"étre toujours et simultanément SITUCtUrAntes et etructurées qui explique en premier lieu le succés de cette motion qui, comme celle de Pe ordre » chez Cournot (cas particulier, d’ailleurs, des structures mathématiques actuelles), assure aon intelligibilité par som exercice mame, Or, une acti vité stracturante ne pent consister qu’en un ayatérn de transformations. ition limitative peut paraitre surpre- mante si Von se référe aux débute sauseuriens du strocturalisme linguistique (Smuseure ne parlait Wailleurs que de « systéme 2, et pour caractériser les lois d'opposition et d'équilibre synchroniques) ou aux premiéres formes du structuralisme psycho- logique, puisqu’une Gestalt caractérise des formes perceptives en général statiques. Or, non seulement il faut juger d'un courant didées a sa vection et non pas exclusivement & ses origines, mais encore, dis cea déburs linguistiques et psychologiques, on voit poindre le: esde transformations. Le systtne synchronique de la langue nest pas immobile : il refoule ou accepte les innovations en fonction des hesoins déterminés par les oppositions ou liai- sons da eyetime, ot sans que l'on ait assisté d’embléc A Ja maissance deo grammaires transformationnelles » au sens de Chomsky, la conception sauseuricnne dun équilibre en quelque sorte dynamique s'est prolongée rapidement en la stylistique de Bally, qui porte déja sur des transformations on un sens restreint de variations individuelles. Quant aux Gestalis psychologiques, leurs inventeurs ont parlé dés le départ de lois d’ o organisation s, qui trans- forment le donné sensoriel et les conceptions pro habilistes que Ten peut s’en faire aujourd'hui accentuent cet aspect transformateur de Ta per- ception. 1a fe STRUCTURALISME En fait, toutes les structures connoe pes » mathématiques les plus élément qui réglent les parentés, ctc., cont des «ystimes de transformations, mais celles-ci peuvent étre soit intemporelles (car 1 + 1 « fomt » mmédiatement 2, ot 3c sucebde > & 2 cans intervalle de durée}, soit temporelles (car se marier prend du temps), ot si elles ne compertaient pas de telles transformations, elles se confond: it avee des formes statiques quelconques ct perdraient tout intérét explicatif. Mais alors se pose inévitablement la question de la source de ces transformations, done de leura relations avec une + fdrmation a tout court. Certes, il faut distinguer en une structure ses éléments, qui sont soumis 4 de telles transformations, et les lois mes qui iglent celles-ci : de telles lois peuvent 4 aisément étre congues comme imorualles ot 1 des structuralismes non etrictement for- mels (au sena des sciences de la formalisation) on trouve d'exeellents esprits peu enclins & Ia psycho- genése pour sauter d'un seal bond de In sti dez régles de la transformation @ leur innéite : c'est Is cas, par exemple, de Noam Chomsky, 4 ai les grammaires génératrices paraissent requérir Foxigence de lois syntactiques innées, comme si la stabilité ne pouvail pas “expliquer par des processus contraignants d'équilibration et comme si le renvet 4 la biologie que suppose Vhypothise dune inndéité ne soulewait pas des problimes de formation tout ausel complex » psychogents Mais Pespoir implicite de tous les structuralismes antihisteriques ou antigénétiques est d’asseoir em initive les structures sur des fondements intem- porels tels que ceux des systimes logico-mathémat ques (et Vinnéisme de Chomsky s'accompagn eet égard dune réduction de ses syntaxes @ une INTRODUCTION ET POSITION DES PROBLEMES 13 structure formelle de « monotde »), Seulement si Ton veut ce livrer 4 une théorie générale des struc- tures, ee ne peat étre alors que conforme aux exi- gences d'une épistémologie interdisciplinaire, i nest guire presets sauf a sexiler d'emblée dans l'em- ee jes transcendent mes, dene pas se deman- er, en présence dun systime de transformations intemporelles comme un a groupe » ou comme réseau de I’ : ensemble des parties », comment on fes obtient. On peut toujours alors procéder par décrets comme les axiomatiques, mais, du point de vue épistémologique, c'est 1d une forme éégante de vol, qui consiste 4 exploiter le travail antérienr Wune classe laborieuse de constructeurs au lien de construire soi-méme les matériaux de départ. L'awtre méthode, ¢pistémologiquement mains exposée aux aliénations cognitives, est celle de la généalogie des structures qu‘impose la distinction introduite par Goedel entre la plus ou mains grande « force » onc faiblesse » des stroctures (voir le chap. II) : en ce cas, un probléme central ne peut plus étre évité, qui est celui, non pas encore de l'histoire ni de la payehogentse, mais tout au moins de la construction dea structures et des relations indi: sociables entre Ie structuralisme et le constructi visme, Ce sera done 1a l'un, parmi d'autres, de nay thimes. 4. Mantoréglage. — Le troisiime caractére fon- damental des stractures est de se régler ellea-mémes, cet autoréglage entrainant leur conservation et une certaine fermeture. A commencer par ces deux résultantes, elles cignifient que les transformations inhérentes @ une structure ne conduisent pus en dehors de ses frontitres, mais n’engendrent que des éliments appartenant toujours a la etracture ot lt LE STRUCTURALISME INTRODUCTION ET POSITION DES PROBLEMES 15 conservant aes lois. Cost ainsi qu'en additionnant ou soustrayant lon a ou de Pautre deux nombres entiers ahsolament queleonques on obtient toujours encore des nombres entiers, ot qui vérifient les lois du ¢ groupe additif o de ces nombres, C'est en ce sens que la structure ce referme eur clle-méme, mais cette fermeture ne signifie en rien que la structure considérée ne peut pas entrer & titre de sous-strac- ture dans une structure plus large, Seulement cette modification des frontiéres générales n’abolit pas Jes premiéres : il n’y a pas annexion, mais confedé- ration et les lois de la sous-structure ne sont pas altérges mais conservées, de telle sorte que le chan- gement intervenu est un enrichissement. Ces caractéres de conservation avee stabilité des frontiéres malgré la construction indéfimie de nouveaux éléments supposent done un autoréglage des structures, et cette propriété essontielle reniorce sans aucun doute importance de la notion et les espoirs qu'elle suscite en tous les domaines, car lorsqu’on parvient @ réduire un certain champ de connaissances & une structure autorégulatrice, on a Vimpression dentrer en posseecion du moteur intime du systime, Cet autoréglage e'effectue d’ail- leurs selon des procédés ou des processus divers, ce qui introduit la considération d'un ordre de complexité croiccante et raméne par consiquent aux questions de construction et en définitive de formation. Aw sommet de Péchelle (mais s terme il peut y avoir divergences et les una parleront de la base Wune pyramide 14 of nous voyons un + semmet 0}, Vautoréglage proctde par optrations bien réglées, ces rhzles n’étant autres que Jes lois de totalité de In structure considérée. On pourrait dire alors que c'est jouer sur les mote que de parler d’auteré- a glage, puisque on pense on bien aux lois de In re et il va de soi qu’elles Ia réglent, ou bien 1 logicien qui opare, et il an de soi que, il est en état normal, il ees actes, Seulement si ses opérations wont bien réglées, et si les lois de In structure sont des lois de transformation, done de caractére opé- ratoire, il reste 4 ec demander ce quest une opéra- tion dans Ia perspective maactael » Or, du point de vue eybemétique (done dela scionce du réglage) celle cst une régulation « parfaite » : cela signifie qu'elle ne se borne pas 4 corriger les erreurs, au vu du résultat dee actes, mais qu'elle en constitue ume précorrection grace 4 dea moyens internes de controle tels que la réversibilité (par exemple --n—n = 0), source du principe de contradiction Gi + n—n #0 alors x & nj. TVautre part, existe Fimmense catégoric des etruc= tures non stricterent logiques ou mathématiques, west-a-dire dont les transformations se déroulent temps : linguistiques, secielogiques, paycho- ete. et il va alors de soi que leur réglage it suppose en ce cas des régulations, au sens eybernétique du terme, fondées non pas sur des opérations strictes, cest-d-dire ontitrement réver- bles {par inversion ou réciprocités), mais sur un jeu danticipations et de rétreactiona /fiedbacks), dont Je domaine d'application couvre la vie entire (dés les régulations physiologiques et Uhoméostasic du_génome on du « pool génétique « : voir § 10), Enfin, les régulations au aens habituel du terme semblent bien procéder de mécanismes atrocturagx encore plus simples, auxqaels il est impossible de refuser lo droit d"acoés au domaine des ¢ structures » en général : ce sont les mécanismes de rythmes, que l'on retrouve a toutes les échelles biologiques 1 LE STRUCTURALISME: et humaines (1). Or le rythme assure son autorégu- lation parles moyens les plus élémentaires fondés sur les symétrice ot “les répEtitions. Rythmes, régulations et opérations, telles sont done les trois procédures cssenticlles de lautoré ging ge ou de Vautoconservation des structures ; bre 4 chacun d’y voir les étapes dela construction « réelle o de ces steoctures, ou de renverecr l'ordre en mettant 4 la base les mécanismes opératoircs sous une forme intemporelle et quasi platoniciennc, en en tiramt tout le reste. Mais il convient encore, du moins au point de yue de la construction des structures nouvelles, de distinguer deux paliers de régulations. Les unes demeurent internes 4 la structure déja construite om presque ache ec constituent ainsi son autorégulation aboutissant, dans les étate d’équilibre, d son outoréglage, Les autres interviennent dans la constraction de nou- velles structures englobant la ou les précédentes et les in mt sous la forme de sous-structures au sein de structures plas vastes. st anime fend depuls quelues tutes toute une Sse cialis avec sea techniques mathimatiques comme ex} a, 8 fA la sclonce des rythmes ct pérlodicites bi Rigues (eyitines clreadiens, ovtsti-dire d'enviro 24 heures, font extrnordinulrement eniraux, ote). Coarmng I LES STRUCTURES MATHEMATIQUES ET LOGIQUES 5, La notion de groupe. — Il est impossible de se livrer i un exposé critique du structuraliame sans débuter par examen des structures mathéma- tiques, ct cela pour des raisons non seulement logiques, mais encore tenant di Mhistoire méme des idecs, Si les influences formatrices qui ont pu inter- venir aux débuts du structuralisme linguistique et psyehologique n'ont pas été de nature mathé- matiqne (de Saussure s'est inspiré de la seience économique en sa doctrine sur léquilibre synchro- nique, et les Gestaltistes de la physique), le maitre actuel de Fanthropologie sociale ot culturelle, Lévi-Strauss, a par contre tiré directement sea modéles structuranx de Valgtbre générale, D'autre part, si l'on accepte la définition des structures présentée sous 1, il semble incontestable que la plus ancicnne structure connue et étadiée comme telle a été celle de « groupe x, découverte par Galois ct qui a peu 4 pea conquis les mathé- matiques du xix" eitele, Un groupe eat un ensemble Wcléments (par exemple les nombres entiers positits et mégatifs) réunis par une opération de compesition (par exemple l'additinn) telle que, appliqués a dea Gléments de Fensemble, elle Jfedonne un élément do Vensemble ; il existe un élément neutre (dana 18 LE STRUCTURALISME Vexemple ehoisi, le xéro}, tcl que composé avec un autre il ne le modifie pas (ici n + 0 — 04+ n—n), et il existe surtout une opération inverse (dans le s particulier la soustraction), telle que, composte avec l'opération directe, elle donne élément neutre (hn n= —n + n= 0); enfin les compositions sont associatives (ici [n+ m] + l= n-+ [m+ I). Fondement de Palgtbre, la structure de groupe west révélée étre d'une généralité et d'une févondité extraordinaires. On la retrouve dans presque tous les domaines des mathématiques et en logique; elle a acquis une importance fondamentale en phy- sique et ilest probable quill en sera on jour de méme en bidlogie. 1 importe done de chercher 4 compren- dre les raisons de ee sucets, car, pourant étre consi- déré comrnie un prototype des « structures » et en des domaines of tout ce que l'on avance doit étre démon- tré, Ie groupe fournit les plus solides raisons d’espé- rer en Vavenir du structuralisme lersqu'il revét des formes précises, La premiére de ces raisons est la forme logico- ématique d’abstraction, dont procéde le groupe et qui explique la généralité de ses utilisations. Lorsqu'une propriété est découverte par abstrac- tion 4 partir des objets eox-mémes, elle nows ren- seigne certes sur ces objets, mais plus la propriété est générale plus elle ristque d’étre pauvre et peu utilisable pares que s"appliquant & tout. Le propre au contraire de Vabstraction réfléchissante earac- ‘térise la penaée logieo-mathématique est d'etre tinée non pas dea objets, mais des actions que l'on peat exercer sur eux ct essenticlloment des coordinations lea plus générales de ces actions, telles que de réunir, ordonner, mettre en farce ete. Or, ef sont précistment ces coordinations générales que l'on retrowye dans le groupe, et avant tout STRUCTURES MATHEMATIQUES ET LOGIQUES 19 a) la possibilite d'un retour au point de départ {opération inverse du groupe) et &) la possibilité d'atteindre un méme but par des chemins différents et sans que ce point d’arnivée soit modifié par liti- néraire parcouru (associativité du groupe). Quant Ala nature des compositions (réunions, etc.}, elle peut étre indépendante de ordre (groupes commu- tatife) ow porter sur un ordre nécessaire. Cela étant, la structure de groupe est par conaé- quent un instrument de eohérence, qui comparte Ha propre lo aur son réglage interne ou auto- régulation, Il met, en offet, en uv aon exercice mime trois des prineipes fondamentaux da rat ame: celui de nonevontr: oa qi est incarné dans la réversih des transformations, celui de Videntité, qui est assurée par la permanence de élément neutre, et enfin ce principe, eur lequel on insiste moins mais qui cst tomt aussi essentiel, selon Jequel le point d’arrivée demeure indépendant do chemin parcouru. Par exemple l'ensemble des déplacoments dans Pespace forme un groupe (puis: que deux déplacements successifs sont encore un léplacement, puisqu’un déplacement peut étre annulé parle déplacement inverse ou oretours, etc.) + or Vassociativité du groupe des déplacements qui correspond 2 ln conduite des « détours + est & cet ard fondamentale pour la cohérence de Vespace, les points darrivée étaient constamment modifiés par les chemins parcourus il n’y aurait plus espace mais un flux perpétucl comparable an fleuve d’Heéraclite, Le groupe est ensuite un instrament essentiel de transformations mais de transformations ration: nelles qui ne modifient pas tout & Ia fois ct dont chacune est solidaire d'un invariant : c'est ainsi que le déplacement d'un solide dans l'espace usuel Jaisse inchangées sea dimensions, que la repartition dun tout en fractions Inisse invariante la comme totale, etc. A clle ecule la structure de groupe saffit 4 dénoncer le caractére artificiel de lanti- thise eur laquelle E, Meyerson fondait son épisté- mologie, et selon laquelle toute modification était irrationnelle, lidentité seule caractérisant la raison. En tant que combinaieon indistociable de In transformation ot de ls conservation, le groupe ost alors surtout an instrument incomparable do constructivité, non seulement puisqu'll eat uo systime de transformations, muis encore ot surtout pares que cellesci peuvent @re en quelque sorte dostes par la différencintion d'un groupe on bea eoweproupes et par les sages posaillea d'un dé ooux-ei aux autres. C'est ainsi io groupe dea déplacemienta laisse invariants, en plus dew dimensions de la figure déplacée (donc dos distances), ace angles, acs paralléles, nes draites, etc. On peut slurs faire varier les dimensions, mais en conaervant tour le reste, ot on obtient un groups plus gi dont le groupe des déplacements levient un pous-groupe : cleat celal dos similitudes, permettant dagrandis unefiguee asns en modifier la forme, On peut ensuite nvodifiee Tee anglee, mais en conservant [ee paralléles ot lew deaites, ete. ; on obtient ainai un groupe encore plus général, dont celui des similitudes devient an aoue-groupe : ost colai de Ia géométsle « affinn n qui itervient, par exemple, en tranaformant un Torange em un autre, On comtinueca en modi- fant lea paralléles tout en conarrvunt lea draites : on aboutit slora an groupe « projectif » (perspectives, ete.) dont les précédlents deviennent des sous-grogpes emboités, Entin on pent ne plus conserver les droltes elleeantmes, et considérer dea figures en quelque sorte dlastiques dont seulos sont muin- torued let eorreapomdasens biunivoquer et bivontinuss cates Joura points, et eo sera 1h le groupe le plus général on groupe desc homéomorphies » propre a la topolugic. Ainsi les diffe. Tentga géométries, qui pardissaient conetituer le modéle de descriptions stutiques, purement figueatives et réparties en chapitres disjaints, ne forment plua, en utilisant la etructure de graupo, qu'uno vaste construction dont Ine truasfurmations permettent, par lembottement des sous-growpea, de passer Wune sousatracture it une autre (sans parler de la mé péndrale que l'on peut uppuyer aur la topalagie pour en titer fea métriques particuliéess, noo ¢nelidieanes ow euclidienue ef revenir parle au groupe dea déplacements). Cheat ce chan- STRUCTURES MATHEMATIOUES ET LOGIQUES 21 gement radical (une géométrie figurative en on systine total de transformations que F, Klein a pm exposer en son famoux « Programme d'Erlungen » et eet Wi um precniar exemple do ce que, grfice i la structure de groupe, on peut appeler une victoire positive du: atructuraliame, 6, Les structures méres. — Mais ce n'cat encore qqu'une victoire partielle et le propre de ce que l'on a puappeler lécole structuraliste en mathématiques. eest-i-dire celle des Bourbali, a été de cherel a suhordonner les mathématiques entitres a lid ide structure. Les mathématiques clussiques étaient formées Wun ensemble de chapitres hétérogines, algtlre, des nombres, analyse, géométrie, caleul des éa, etc., portant chacun sur un domaine sur des objets ou « dtres » définis pur leurs Propriétés intrinséques. Le fait que la structure de groupe ait pu s'appliquer anx éléments les plus divers ct non pas seulement aux opérations algé- briques a alors poussé les Bourbaki a généraliser Ja recherche des structores selon un principe ana- logue abstraction. Si l'on appelle « éléments » dos objets déja abstraits tels que des nombres, des déplacements, des projections, ete. {et l'on voit qu'il y a déja dea ceaiet Wopérations aussi bien que des opérations en elles-mémes), le groupe n'est a5 caractérici par In nature de ccs éléments, mais les dépasse par une nouvelle abstraction de degrs supérieur qui consiste 4 dégager certaines trans: formations communes auxquelles on peut soumettre wWimporte quelles sortes d'éléments. De mime, la tode des Bourbaki a consisté, par un procédé de nis isomorphismes, & dégager les structures leg plus générales auxquelles peuvent ¢ soumettre des éléments mathématiques de toutes yariétés, quel que soit le domaine auquel on les emprunte, 2 LE STRUCTURALISHE ement totalement abstraction et en faisant enti de leur nature purticulidre. Le point de départ d*une telle entreprise a donc consisté en une sorte d'induction, puisque ni le nombre ni la forme des structures fondamentales recherchies n'ont été déduites a priori, Cette mé- thade a conduit 4 la découverte de trois « structures mires 0, ¢'est-a-dire sources de toutes les autres, mais jugécs irréductibles entre elles (ee nombre de trois Tésultant done d*une ans Tégressive et mon pas une construction aprionque). Ty a d'abord lex « structures algébriques », dont le prototype est Te roupe mais avec tous les dérivés tivés de hui t anmeanx s, © corps 0, ete,). Elles sont caractérisées par la présonce d'opérations directes et inverses, au aang d'une réveraihilité par négation (si T est Topération et T-* son inverse, alors T 1. T = 0), On peut distinguer ensuite les « structures dordre », qui portent sur les relations et dont le prototype est le a réseau » om « treillia » (lattice), ¢'est-i-dire une structure d'une généralité comparable & celle du groupe, mais qui a été étudiée plus récemment (par Dedekind, Hirkhoff, ete. ). Le résean unit ses éléments au moyen des relations x succéde » on « préctde 1, deux éléments comportant toujours une plas petite « horae supérieure » (Ie plus proche des suecesseurs ou supremum) ct une plus grande « borne inféricure x {le plus élevé des prédéces- seurs ou infimum), Tl cee comme le groupe &oun nombre considérah e ens (par exemple iT « ensemble des parties © d'un ensemble ou « simplexe » (1), ow & un groupe ct ses sous- (2) Un easomble 2 ftant fermé de nm ps Fensomile de, parties (1) ett celal que T'on obtient en privant oes parties 1 A 1, Ha 2, otc, ¥ compris Ventemible vide ot Mensemble Blais P(E} a dede 2" dements, STRUCTURES MATHEMATIQUES ET LOGIGUES 28 groupes, cte.). Sa forme générale de réversibilivé n'est plus linversion, mais la réciprocité ; « 4.8 précéde A+ B » transformé en « A+ B sucetde # A.B » par permutation des (-+) et des (.) ainsi que des relations « préctde s et « succéde s, Hnfin les troisikmes structures mires sont de nature topolo- fondées sur les notions de voisinage, de ité et de limite. res fondamentalee étant distinguées ‘actérisées, les autres s'ensuivent par deux provessus : ou par combingison en soumettant un ensemble d’éléments a deux structures 4 la foi {exemple 1a topologie algébrique) ou par differe ciation, c'est-d-dire en imposant dea axiames limi- tatifs qui définissent des sous-structures (exemple les groupes géométriques dérivant & titre de sous: mpes successivement emboités du groupe dee oméomorphies topologiques en introdmisant la conservation des droites, puis des paralléles, p des angles, ete. : Voir § 5). On pent aussi passer de structures fortes 4 des « strartures plus faibles », par exemple un semi-groupe qui cet associatif mais qui n’a pas d’éléments neutre ni d'inverse (les nombres naturels = 0). Pour relier les uns aux autres ces différents aspects et pour aider a précizer ce que pourrait Gtre une signification générale des struct’ i est intéressant de sc demander si les fondements de cette « architecture des mathématique est des Bourbaki) présentent un caractire urel x OU Te peuvent ge situer que aur le terrain formel des axiomatiques, Nous prendrons ici le terme de enaturel » au sens of Pou a pu parler de x mombres naturels» pour désigner les entivrs positifs qui ont été constroits avant que lea mathématiques ne les wti- lisent, et construits au moyen d’opérations tintes STRUCTURES MATHEMATIQUES ET LOGIQUES 25 44 LE STRUCTURALISME de Paction quotidicune, telles que la correspondance hiunivoque utilisée par les saciétés primitives dans Téchange un contre un ou par lenfant qui joue, des m res avant que Cantor s'en soit servi peur constituer le premier cardinal transfini Or il ext frappant de constater quo lea pramiéres opérations dont se serve Menfant en san développement, et qui dérivent directement des courdinations générales dn sea uctions sur len ehjets, peuvent précisdment ov répartir om trois grandes catigeric, eulon ‘que lour niversibilité pructde par inversion winites des structures algéhriques (dana in ena piurti- structures de classifications et ds nombres) ou par réciprocité comme dans Jes structures d’ordre (dans Je cna particulier = eériations, corremondances sériales, ete.) om «que, ca de se fonder sur lea resteriblances et différem prockdent par dos lois de voisinagge, de con es, co qui constitue des structures tepolog s (qui sont, au point de vue psychogénstique, jeuzes aux structures métriques ot projectives, contraize- ment au déroulement historique des ctométries, mnuis comfor- mément & ordre de filiation théarique |), Ces faite acrblent dane indiquer que les structures notres des Rourbaki corespandent, sous ung forme maturellement tris fimentaire, sinon rudimentaize, et fort loignée de tn pénd- qolité ot de Lx formulisatina possible qu'elles revétent sur Je plan théorique, a des coordiaations mécessnires au fonction nement de toute intelligenos dés les stades aacex primitifa de sn for Tl ne serait pas difficile, en effet, de montrer que les premiires opérations dont il vient d question procédent, en fait, des coordinations scnsori-motrices elles- mémes, dont les actions instramentales, chee le bébé de l'bomme comme ches le chimpunsi, comportent assurément déji des «structures {vair lo chap. ae de Tron is avant de dégager ce que cos constatations jsnifient du point de vue logique, rappelons que le structuralisme des Bourbaki est en voie de trans- formation sous Vinfluenee d'un courant qu'il est utile de signaler, car il fait bien apercevoir le mode de découverte, sinon de formation, dea structures nouvelles. Tl s‘agit de linvention des « catégorics » (Mac Lane, Eilenberg, stc.), c'est-i-dire d'une classe éléments y compris les fonctions qu'lls compar: tent, done accompagnée de morphismes. En effet, en son acception actuelle une fonction est I’ « appli- sation x d'un cnsemble sur un autre ou sur Iui-méme et conduit ainsi a la construction d'isomorphismes ou de « morphismes » sous toutes leurs formes. Crest assex dire que, en insistant sur les fonctions, les catégories sont axées non plus sur les structures mires, maiz sur les procédés mimes de mise en relation qui ont permis de les dégager, ce qui revient considérer la nouvelle structure comme tirte, on pas des « étres » auxquels ont abouti les opéra- tions précédentes, mais de ces opérations mémex en fant que processus formateurs. Ce nest done pas sans raison que §. Pay dang les catégories un effort pour saisir les ap du mathématicien plus que de «lao mathéma Cest ld un nouvel exemple de cette abstraction réfléchissante qui tire sa substance non pas des ob- jets mais des actions exercées sur eux (méme quand Tea objets antéricurs étaient deja le produit d'une tells abstraction), ct ces faits sont présicux quant fila nature et au mode de constraction des structures, 1, Les strmctures | » — La logique parait au premier abord constituer le terrain privilégié des structures, puisqu’elle porte sur les formes de Ja connaissance et non pas sur ses contenus, Bien ie lorsque Von souléve le problime (mal vu des logiciens) de la logique naturelle au sens (indiqué 3 5) des « nombres naturels o, om aperooit vite que les contenus manipulés par les formes logiques ont encore des formes, orientées dans la direction de celles qui eont logicisables, ces formes dea cont nus comprenant des contenus moins élaborés, mais qui ont & nouveau des formes, et ainsi de suite, 26 LE STRU. chaque élément étant um contenu pour celui qui lui est supérieur et une forme pour l’inférieur. Mais si cet embhoitement des formes et cette relativité des formes et des contenus sont haute- ment instructifs pour la théerie du structur: ils nintéressent pas la lopicpoe, ai quant au probléme deg frontiére: tion (voir § 8). La logique symbolique ow mathéma- tique (la seule qui compte aujourd'hui) s'installe en un point queleonque de tette marche arcendante, mais avec Vintention systématique d’en faire on commencement absolu, ct cette intention est rai- sonnable puisqu'elle ext réalisable aréce a la mé- thodé axiomatique. Tl suffit, en effet, de choisir comme point de départ un certain nombre de notions considérées comme indéfinissables, en ce sens que ce sont elles qui serviront 4 définir lea autres, et de propositions considérées comme indé- motitrables (relativement au systéme choisi, car leur choix est libre) et qui serviront a Ia démons- tration. Il faut seulement que ces notions premiéres et ces axiomes soient suffisants, itibles entre eux ef réduits au minimum, o’est-a-dire non redon- dants. I] suffit ensuite de se donner des régles de censtruction, sous la forme d'une prooédure opératoire, ct In formalisation constitue alors un systéme qui se suffit i lui-méme, sang a des intuitions extéricures, et dont le point de départ est cn on sens absolu, Il reste bien entendu le pro- blame des frontitres supérieures de la formalisati et la question épistémologique de savoir ce que recouvrent les indéfinissables et les indémontrables, mais, du point de voe formel of se place le logieten, i] ya bien 14 Vexemple sans doute unique Uune anto= nomie radicale dans Ie sena d‘un réglaze porement, interne, cea e autorégulation parfuite, de la formalisa- adire d F I n STRUCTURES MAL ATIQUES ET LOGIQUES 21 On pourrait done soutenir, aun point de vue Glargi, a chaque systéme de logique (et ils sont innom- wables} constitue une structure puisqu'il comporte les aia earactires de totalité, de transformations et Wauloréglage. Seulement, d'une part, il s‘agit de © structures o élaborées ad hoc et, qu'on le dise ou non, la tendanee intime du structuralisme est Watteindre des structures o naturelles o, ee concept Un peu Aquiveque vt souvent mal famé recouvrant, soit Vidée d'un cnracinement profond dans la nature humaine (avec un risque de retour a lapriorisme), soit au contraire Vidée d'une existence absolue indépendante en un sens de la nature humaine, qui doit simplement s'y adapter {oc second eens courant le risqae d’un retour aux essences trans. cendantales). Tantre part, et ceci est plus grave, un systéme de logi hien une totalité fermée quant 4 lensemble dea théortmes quill démontre, mais ce relative, car fe systim. reste ouvert par le haut quant aux théo fumes qu'il : pas (notamment le ‘idabl cause des limites de la formalisation) et ouver Io bas, car les notions ct axiomes de départ recou- yrent un monde d'éléments impl Gest de ce dernier probléme que s'est surtout ocenpé ce que l'on peut appeler le structuralisme en logique, son intention explicite étant de recher- cher ce qu'il peut y avoir sous les opérations de départ, codifiées par les axiomes. Et ce que l'on a trouvé est bien alors um ensemble de structures authentiques, non seulement comparables aux grandes stroctures qu'utilisent les mathématiciens Simposent intuitivement indépendamment ur formalisation, mais encore identiques 4 certaines d’entre elles et rentrant alors dans ce 28 LE STRUCTURALISME que Pon appelle aujourd’hui Valgebre générale ot qui est une théoric dee structures, H ect on particulier frappamt qué Iu logique de Toole, Mun dea grands fondoteurs de 1a logique symbolique du x1x* sidele, constitue une algihre dite algebre d fe. Cotte algébre, qai couyre Ja logique des classes ot celle des propositions sous s2 forme classique, correspond nar ailleurs 4 dee arithmé- tique module 2, e'gst-i-dire dont les seules valears sont et 1, Or, do cette algéhea on peut titer une stracture dea résequ® (voir § 6) en ajoutant aux propriété: communes i tana les réseuux celles d'dtze distributive, de contenir un élément masinum et un minimam et surtout d'étee complimentée (chaque terme compartant ainsi som inwerss ou mépation) 2 on pariera alors d'une réseau de Boulom. Dante part, les deux opérations booléennes de La dis jonction exclusive (ou p on q, mals pas les deux) ot d'équive- lies (pret yu ai aches lotrel pertie et aay ex teers de constituer un groups, et chacun da ces deux geoapes peut Bre trunsiormé on uh anneau exmmntatt (I) On voit and qu'on retrouve cn Iogique les deux principales structures qui sont courantes en mathématicques ‘Mais om peut dégager en outrs un groupe plus général, & titre de cas particulier du groupe de quaternalite de Klein, Soit tine apfration telle que Fimplication p > q ; si nous invorsons {I¥) on aura pig (co qui aio dome Timplcaion), Si nous en permotons Ina teres, ou simplement que nou conservons sa forme mais entre propoitions nies (p = @), on aura sa réciproque R suit y > p. Si, dansla forme normale de pq (soit p.g¥B.g¥ p.9) nous peemutons les (v) et I nous obtenons In enrrélative C do p= q, soit pig. Zafty ol/sona labiuni pf mayq ldctoamcte ertaaral a! eralehie mation identique f. Oe, on ade fagan commutative: VR — C: NE=R; CR = Net NRO= I Hy a done Ji um groupe do quatre transformations dont [es opirations de In logique hivalente des propositions (qu’olles soicat binwires, terauires, ete,) fournissent aucant Wexemples quien pent farmer de quaternes aves Ina éliment= de sone ensemble de purtica (2); pour certains de cos quan- (2) ote JB. Gaye Howtos po ATTy La ef conmatsraren Boars KET ef Ole}, Eth oiclie fe fa Pbdic (ved, XXIE, (2) Ce INAG que nows avons décrit en 1048 (Traitd de denne Leu 4 an commentaire de Mare Bannir (Les Temps mogernes, now. 1860, n° 246, Problimes du structurelisme, Hf), q2al pout doanes Hew A un mulentencuy xt Hoe senile Fc STRUCTURES MATHEMATIQUES ET LOGIQUES 29 feraes on a J—R ct N=C on F=C ct N= R, mais Daturellement jamais I= 1 Au total, il est done clair qu’il existe en logique les « structures » au sens plein et d'autant ai ‘intéressantes, pour la théorie du structuralisme, ‘que l'on peut suivre leur paychogentse dans le développement de la pensée naturelle, Ty a done 1 un probléme sur lequel il conviendra de revenir, 4. Les limites vieariantes de la formalisntion, — Mais la réflexion sur les structures logiques présente Hn autre intérét pour le structuralisme en général, qui est de montrer en quoi les « structures 2 ne se Confondent pas avec leur formalisation et en quoi elles proctdent bien ainsi d’une réalité x naturelle » _¢n un sens que nous nous efforcerons de préciser "peu a peu. En 1931, Kurt Goedel a fait une découverte dont Ie retentissement a été cousidérable parce _ qwen définitive elle mottait en cause les opinions | Tégnantes tendant a une réduction intégrale des mathématiques a la logique et de celleri a Ia pure formalisation; et parce qu’elle imposait & celle-ci des frontiéres, sans doute mobiles ow viea- Tiantes, mais toujours existantes en un moment donné de la construction. Il a, en effet, démontré "qu'une théorie sufficamment riche et consistante, comme par exemple Varithmétique élémentaire, fe pout pas parvenir par ses propres moyens, ou | par des moyens plus ¢ faibles » (dans le tas pare AB, on peat nditure tes trols auteus 13) changer 3 ou Xp changer tos fae des réelpenelts Gliments non pas Ios ple AD, Ale, , tabs tre a6 combinaisons de sat shsemahie de frarticnt ibinaisans pours prapusstions, Aud peycbalogique itll qa'aw oven fate Eescenen, taneis que: tes jpsea ie groupes fi ¢ Géments | ®ynqués par Barbut sont nocessibles des 7-8 ae A, LE STRUCTURALISME ticulier la logique des Principia mathematica de Whitehead et Russell), 4 démontrer sa propre non- contradiction ; en sen tenant & seuls instro= ments elle aboutit, en effet, A des propositions indécidables et ne parvient done pas dla saturation. Par contre, on a trouvé ensuite que ces démons- ‘trations, irréalisables au sein de la théorie dedépart, deviennent possibles en employant des moyens plus « forts o: e’est ce qu’a obtenu Gentzen pour larith- métique (lémentaire en aeipan sur larithmé- tique transfinie de Cantor. Mais celle-ci 4 son tour ne suffit pas 4 achever son propre systime et pour y parvenir il faudra recourir 4 des theories de type euptrienr. 6 premicr intérét de telles constatationa est qu'elles inteoduisent Ja notion de Ia plus ou moins grande foree ou faiblesse des structures, en un do- maine délimité of elles sont comparables. La hit- rarchie ainsi introduite suggére alors aussitét une idée de construction, de mémo qu'en biologie la hiérarchie des caractires a suggéré Vévolution ; I semble, en effet, raisonnable qu'une structure faible utilise des moyens plus élémentaires et qu’a la force croissante correspondent des instruments dont I'élaboration est plus complexe. ‘Or, cette idée de construction nest pas une le vue de lesprit. Le second enseignement fondamental des découverte; de Goedel est, en effet, de Pimposer de fagon tris directe, puisque, pour achever une théorie dans le sens de la démons- tration de sa mon-contradiction, il ne suffit plus Panalyser sea présuppositions mais il devient néces- saire de constraire la suivante! On pouvait jus que-li considérer les théorices comme formant une belle pyramide reposant eur une base se suffisamt 4 elle-méme, V'étage inférieur étant Ie plus solide STRUCTURES MATHEMATIQUES ET LOCIQUES #1 puisque formé truments Irs plas simples. devient signe de faiblesse et que pour consolider un étage il faille construire suivant, la consistamce de la pyramide est en réalité suspendue & son eommet ct ad um sommet par lui-méme inachevé et devant étre élevé sans eesse : Vimage de la pyramide demande alors 4 $tre renversée ct plus précisément remplacte par ‘celle d'une spirale 4 tours de plus en plus larges en fonction de la montée, jEu fait, Pidée de la structure comme systime dé transformations devient ainsi solidaire d'un constructiviame de la formation continue. Or, la ‘raizon de cet état de chosea apparait en définitive assez simple et de portée assex trale. On a tiné des résultats de Goedel des eonsidérations impor- tantes sur les limites de la formalisation et l'on e pu if tenee, en plus des puliers formels, de _ palliers distinets de connaissances semt-formelles et semi-intuitives ou approchées a des degrés divers qui attendent, pour ainsi dire, la venue de leur _ tour de formalisation, Les frontiéres de la formali- sation sont done mobiles ou vicariantes, et non pas fermécs une fois pour toutes comme une muraille Mmarquant les limites d’un empire. J. Ladritre a proposé linterprétation ingénieuse selon laquel { nous ne pouvons pas survoler d'un seul coup toutes les opérations possibles de la pensée » (1), ce i est une premitre approximation « » Ais Pune part le nombre des opérations possibles de Hotre pensée n'est pus fixé une fois pour toutes et pourrait bien s'accroitre, ct, d'autre part, motre gapacité de suryol ec modific tellement avec le déve- — doppement mental qu'on peut aussi espérer létendre. (1) Dialeetiea, RIV, 1960, ps SRL, a2 LE STRUCTURALISME Par contre, si l'on se référe a la relativité des formes et des contenus rappelée au début du § 7, les limites de la formalisation tiendraient plus simplement au fait qu'il n’existe pas de forme en soi ni de contenu en soi, tout élément (des actions senserimotrices aux opérations, ou de celles-ci aux théories, etc.) jouant simultanément le role de forme par rapport aux contenus qu'il subsume et du contenu par apport aux formes supérieures : l'arithmétique @émentaire est une forme, 4 n’en pas douter, mais qui devient un contenu dans Varithmétique trans- finie (4 titre de « puissance du dénombrable x). Le ultat en est que, 4 chaque niveau, la formali- sation possible d'un contenu donné demeure limitée par la nature de ce contenu. La formalisation de Jao logique naturelle © ne mine pas loin, bien que celle-cl soit une forme par rapport aux actions concrétes ; celle des mathématiques intuitives méne beaucoup plus loin, bien qu'il les faille amender pour pouvoir les traiter formellement, ete. ‘Or, ei l'on retrouve des formes 4 tous les étages du comportement humain, jusqu'aux schémes sen- sori-moteurs et @ leurs cas particuliers les schémes perceptifs, ete., faut-il en conclure que tout eat 9 structure o et terminer la notre exposé ? En un eut-Gtre, mais en ce sens eeuloment que tout est structurable. Mais la structure en tant que sye= time autoréguluteur de transformations me sc confond pas avee une forme queleongue + un tas da cailloux présente pour nous ume forme (ear il existe, selon la théorie de la Gestalt, de « mauvaises » comme de a bonnes formes a § 11}, mais il ne peut devenir une » structure » que si lon s’en donne une théorie raffinée faisant intervenir le syatime total de aes mouvements « virtucls ». Ceci nous conduit a la physique. i Caarimee TID LES STRUCTURES PHYSIQUES EY BIOLOGIQUES 9, Structures physiques et causalité. — Le structs, Talisme étant Vattitude théorique qui a renowvel et continue d'inspirer les seiences de Phomme en leurs mouvements avant-garde, il était indispen- sable de commencer par examiner ce qu'il signific en mathématiques ¢t en logique, mais on pent se demander pourquoi aussi en physique ? Pour cette raison qu'on ne sait pas a priort si les structures Tennent a Thomme, a la nature ou aux denx et que fa jonction des deux est 4 chercher sur Is terrain de Ae licution humaine des phénoménes physiques, Liidéal scientifique du physicien a consisté long. temps A mesurer des phénoménes, 4 établir des lois quantitatives et 4 interpréter ces lois en recourant fi des motions telles que Paccélération, la masse, Je travail, l'énergie, ete., définies les unes en fonetion dee autres de maniére 4 préserver certains principes de conservation expri autant qu’on peut parler de stroctures en ee stade classique de la physique, ce sont done surtout celles des grandes théories, an sein desqmuelles lee relations Sajustent en un systime relationnel, comme chez Newton avee Vinertic, Végalité do P'sction et de la réaction ct la force comme produit doe la masse et a. hese 2 34 LE STRUCTURALISME de l'accélération ; ow chez Maxwell avec la récipro- cité des processus électriques et magnotiques, Mais depuis I’ébranlement de law physique des principes », Fextension de la recherche aux niveaux extrémes, supérieurs ot inférieurs, de l'échelle des phénoménes, et depuis des renversements de perspectives aussi imprévas que Ja subordination de la mécanique & Pélectromagnétisme, on assiste A une valorization progressive de l'idée de etructure : la théorie de la mesure devenant le point délicat de la physique contemporaine, on en vient @ chercher la stracture avant la mesure et 4 concevoir la structure comme un ensemble d’étate et de transformations poseibles au sein desquels Ie syetime réel étudié vient prendre ea place déterminée, mais du méme coup interprétés on expliquér en fonction de ensemble des possibles. Le problime prineipal que souléve alors pour le structuralisme cette évolution de la physique est celui de la mature de la causelité et plus précisément celui des rapports entre les structures lngico-mathé- ues utilisées dans l'explication causale des lois et les structures supposées du récl. Si, avec le positivisme, on interpriéte lea mathématiques comme un simple langage, la question nexiste assurément plus et la seience se réduit elle-méme 4 une pure description, Mais sitét que l'on reconmait lexistence de structures logiques ou mathématiques en tant que systimes de transformations, le problime ee pose d'établir si ce sont ces transformations for- molles qui seules rendent compte des modifications et conservations réelles obaervécs dans les faite ; ei, au contraire, les premitres ne constituent qu'un reflet intériorisé en notre esprit des mécaniames inhérents 4 la causalité physique objective et indé- pendante de nous; ou enfin =‘il existe entre ces structures extéricures ct celles de nos opérations un / secon STRUCTURES PHYSIQUES ET BIOLOGIQUES 35 lien permanent mais sana identité, ct um lien que Yon trouverait a l'wuvre, incarné concrétement en des domaines mitoyens tels que, par exemple, ceux des stractures biologiques ou de nos actions sensori= matrices, Pour fixer les idées, doux des grandes doctrines de la causa- fité, au début de co sidcle, so sunt orientées vers Lea deux smiéres de ces trois sulutions; 1b. Meyerson an coneovant iu causalité comme apeioriqua parce qua ae réduisant 4 Widen "tification du divers ct L, Brunschvicg en définissant la enusalité par la formule« il y a un universi (an sens de In relativité), isle In difficulté évidento du premier de cen deux systémes st de m’espliquer que lea conservations et de roléguer lea _ transformations, qui sant poortant esscnticlles & In causalité, dans le domaine de I irrutionnel », Quant au second, i a Pour conséquence d'intégrer les structures opératoires dans la et de considérer arithmétique comme une discipline ormithimatique» (analers tout ca que l'on a pa dire de V'idiéslisme brunschvirgien !). Maia il reste & soumettre cette bypathies i une vérification paychobiologique. Pour en revenir 4 la physique, une premiére évidence est que la déduction logico-mathématique dun ensemble de lois ne suffit pas a leur explication, _ tant que cette déduction demeure formelle : l'expli- cation suppose en plus des étres ono objets » situés sous les phénoménes et des actions effectives de ces Stres Jes uns sur les autres, Mais le fait frappant est “que ces actions ressemblent en bien dea eas a des upérations et que o’rst précisément dans la mesure ott il x 4 correspondance emtre les premitres et les lea que nous avons impression de « compren- dre s. Mais comprendre ou expliquer ne se borne oullement alors 4 appliquer nos opérations au réel et A constater que celui-ei s¢ « laisse faire » : une Simple application demeure intérieure au niveau des lois. Pour le dépasser et atteindre les causes, il - faut plus ; il est nécessaire d'attribuer ces opérations aux objets comme tely et de les concevoir comme a LE STRUCTURALISME constituant en eux-mémes des opérateurs (1), C'est alors, at alora geulement, que Yon peut parler de a structure » causale, cette structure étant le sye- thme odjectif dea opérateura en leurs interactions effectives. Dun tel point de vue laceord permanent des alités yaiques ct des instruments mathéma- és pour les décrire ext déja assex extra- car cea instruments ont bien souvent préexisté 4leur utilisation ct lorsqu‘ils sont construits 4 Veccasion d'un fait nouveau ils ne sont pas tirés de ce fait physique, mais élaborés déductivement jusqu’a imitation. Or, cet accord n'est pas simple ment, comme le croit le tivisme, celui d'un lan- gage avec les objets désignés (ear ce n'est pas Phabitude des langages de vaconter d'avance. les événements qu‘ils décrivent), mais celui des opé- rations humaines avee celles des objets-opérateurs, done une harmonie entre cet opératenr particulier (ou ¢e fabricant d’opérations maultiples) qu’eat Vhomme en son corps ct em son esprit, et ces opé- rateurs innombrables que sont les objets physiques a toutes Tes échelles : il y a done li, ou lien la reuve éclatante de cette harmonic préétablie entre s monades a volets clos dont révait Leibniz, ou bien, si les monades n’étaient par hasard pas fermées mais overtes, le plus bel exemple dee adaptations biologiques connues {c’est-d-dire 4 la fois physico- chimiques et cognitives). Mais si cela est déja vrai des opérations en général, cela reste vrai des plus notables des « structures » opératoires. Qn sait assex, par exemple, que les structures de groupe (voir & 5) sont dan emploi (1) Notion esurnnte em mlerophysique ot es pramcdeurs obser aoa spall completes nr es aperatvirs Inietih ovendaalas sade Sra a Rat ne aay a pea TTInN ec voroos ten secant STRUCTURES PHYSIQUES ET BIOLOGIQUES #4 tris général en physique, de échelle microphysique pean’ Ja mécanique céleste relativiste. Or, cot emploi eat d'un grand intérét quant aux rapports entre les structures opératoires du sujet et celles des opérateurs extériours et objectifs, On peut dis- oe trois cas a ect égard. Hy a d’abord celui oi le groupe peut avoir une valeur heuristique pour le physicien, tout on ne représentant que des trans- formations irréalisables physiquement, tel le groupe de quaternalité POT ot P est la parité (transfor- jmation d'une configuration en sa symétrie en iniroir), Cla charge (transformation d'une particule *n som antiparticule) et T Vinyersion du sens du temps ! Il y a ensuite le cas oft les transformations, aims constituer des processus physiques indépen- dants du physicien, résultent d’actions matérielles de Lesrensoentetnl manipulant les facteurs, ou encore de coordinations entre dea lectures possibles piseanele de mesure par des observatcurs en différentea situations. L'une des rénlisations du peaks de Lorentz correspond & ¢e second type, lorequ'il intervient des changements de référentiel qui coordonnent les points de vue de dewx obser vateurs ayant des vitesses différentes, Les transfor- mations du groupe sont alora des opérationa du sujet, mais physiquement réalisables en certains cas, ge que montre la ceconde réalisation de ce groupe, lorsqu’il s‘ugit de transformations réelles opérées par un méme sujet sur Ie systime étudié, Ceci conduit au troisitme cas ot les transformations du groupe sont physiquement réslisées indépendam- ment des manipulations de Vexpérimentatenr, on encore physiquement significativee mais a I'état a virtuel » ou potenticl, Ce troisiéme cas, le plus intéressant, ext celui de la composition des forces (le parallélogramme) lors- 38 LE STRUCTURALISME que les forces se composent d'cllee-mémes, Kt il eet 4 rappeler que pour deux forces ayant une més tante J, i suffit d'imverser le sens de cette résul- fante pour que cette troisiéme force R’ égale et de sena opposé ad A tienne les deux premiéres en équilibre. I] faut alors évequer aussi ladmirable explication des états déquilibre par la compensa- tion de tous les ¢ travaux virtuels » compatibles avec Ice liaisons du systime, ce qui, joint aux principes de la composition des forges, constitue une vaste « structure » explicative fondée sur celle de groupe, Max Planck, dont on ait’asces le fle qu‘il a joud on erkant a physique quantique, mais dont on sait aucsl quill ne seat pas entidremest adapts wa courant d'idbes qu'il a déclenchtea, & soutenu que, & efth de la eausnlité efficiente, lea phéno- mines physiques abéieent d'une maniére aussi totale an principe d'action minimum : or, co principe, selon lui, relive dune « couse finals qui, a Minverse, fait du futur, ou plas précisiment d'une tind erminge, co dent proctde to ddéroule- ment des processus qui y canduisent » (1). Mais, avant de Rirceiaae: ine tran (deus le susan lemghicenee nike aaa fle b nous par Je chemin optique ie plus court malré toutes les réfractions snbiea en traversant les couches del'atmosphere) Je pouvoir de 0 comporters comme des étres donde dé raiaona (ibid p. 129), en plus de Ia qualité Wopératenrs que nons leur attrilwons ddjii, dl reste 4 ae demandor equament es déser- mine an co cas Tintégealy de Fermat quia une valear mini par rapport & tous bea chemins voisina, Or. ici i nouveau comme dans Is cos des travaux virtuels, c'est on situant Je réel dana les transformations possibles que lon trouve lexpli- cation par une compensation de peache en proche eatre toutes les variations possibles on voldinage da teafet xécl, Co File dea transformations possihles net enfin évident dans To cas des explications probabilistes ¢ expliquer le second prin- eipo de Ia thermodynamique por In croissones de la proba th (etort-hedire de Pentzopic}, c'est A nowraan, bien qu'il s'agisso cette fois d'une icréversibilité comtraire aux compo- (0) ME. Brasee, Eimage de monde dons ta papsigue moderne, 7. 1863, 180. _ STRUCTURES PHYSIQUES ET BIGLOGIQUES 329 4itions d'un groupe, déterminer une stracture en compasant Venstmble des possibles pour en déduire le téel (pnisque la probabilité eat le rapport dos ons favornbles & ces cus % pasaibles 0), Au total, il existe done des « structures » phy- siques indépendantes de nous, mais qui correspon- dent 4 nes structures opérateires, y compris en ca caractire qui aurait pu paraitre spécial aux activités de Vesprit, de porter aur le possible ot de cituer le réel dans lo eysttme des virtuels. Cette parenté dos Mructures causales et opératoires, assez compréhen- sible dans lea cas oi Vexplication tient encore & des modéles construits en partie artificiellement ou dans les situations spécinles 4 la microphysique of Te déroulement des processus est indissociable de Vaction de l'expérimentateur {d’ot les propos un peu désabusés Eddington qui estime trop naturel alors de retrouver sans cesse des formes deo grom pes»), pore par contre un probléme lorsque des Tecoupernents multiples montrent Vobjectivité de Ja structure extérieure & nous. L'explication la plua simple consiste cn ce cas ad se rappeler que c'est Wabord dans action propre que nows découvrons Ia cansalité, non pas dans Vaction d'un « moi » aw fens métaphysique de Maine de Biran, mais dans Pastion sensori-motrice ct insteumentale oi le jeune enfant déja découvre la transmission du mouvement: et Ie réle des poussées et des résistances. Or, Paction eet également lan source des opérations, non pas qu'elle les contienne d'avance, pas plus qu'elle m6 contient toute la causalité, mais paree que ses soordinations générales comportent certaines struc- tures élémentaires suffisent & servir de point de départ aux abstractions rafléchivsantes ct aux Constructions ultérieures. Mais eeti conduit aux structures biologiques. ww EE STRUCTURALISME 10, Les structures organiques, — Lorganisme vie want est tout dla fois un systéme physico-chimique pare lea autres ot la source des activités du sujet. Si une structure est bien, comme nous l'avons admis (§ 1), um systéme total de transformations auto- rigulatrices, Vorganisme est done le prototype des structures et ai lon conmnaissait la sienne aver pré- nous fournirait Ia elef du structuralisme par sa double nature objet physique complexe ect de moteur du comportement. Mais mous n’en sommes pas li; un structuralisme biologique au- thentique n'est méme qu’en voie de formation aprés des si¢cles de réductionnisme simplificateur ou de Vitalisme plus verbal qqu’explicatif. Les cesais do réduction du vital au plysico- chimique sont deja a eux seuls instructifs pour Te structuralieme, comme tous les problimes de réduc- tion, mais avee une acuité particulitee cn co cas d'importance majeure, Le principe en a été que, connaissant dans le monde inorganique les phéno- mines 4, 8, C, ete., il doit sutfire pour comprendre Vorganisme d*en composer la somme ou Ie produit : Woh ane longue série de doctrines dites « méen- nistea x et dont les plus faichewx exemples sont bea animaux-machines de Descartes et cet aveu impli- cite de défaite quest le schéma, encore en honneur en hier dea milienx, d'une évolotion par variations fortuites et sélection aprés coup. On a ainsi simple- ment onblié deux faits capitaux, L’wn est que la physique ne procéde pay par addition d°informa- tions cumulatives, mais que les découvertes nou- velles M, NV, ste, comdui pias refonte des connaissances 4, B,C, ete, : or, reste les inconnues de Vavenir X, ¥, ete. L’autre est que, en physique méme, les essais de réduel du complexe au simple, comme de Méle ing mentale dans le domaine des Gestalts on structures STRUCTURES PHYSIQUES ET BIOLOGIQUES 41 tisme au mécanisme, aboutissent & des synthises eh Vinféricur est enrichi par le supérieur et on Tassimilation réciproque qui en résulte met en évidence I'existence de « structures x d’ensemble On aux compositions additives on iden- ‘On peut done attendre enns inquiétude Jes réduetions du vital au physico-chimique, ear elles ne © réduiront » rien mais transformeront a deur avantage les deux termes du rapport. A ces ezsais de réductions, simplificateurs et antistructuralistes, le vitalisme a constamment opposé les idées de totalité, de finalité interne ou externe, etc., mais ¢e ne sont pas li dee structures, fant que l'on ne précise pas les modalités causales et opératoires des transformations en jeu dans le systéme, De méme la doctrine de Fu émergence » défendue par Lloyd Morgan et d'autres se borne a constater l'existence de totalités de divers nivenux, mais dire qu’elles © émergent » 4 un moment donné ne consiste qua signaler qu'il y a li des problimes, Dautre part, Ie vit. amis laccent sur Vorganisme comme sujet, ou souree du sujet, en oppasition avec le mécaniame de Vohjet, il s'est toujours contents d'une représentation du sujet inspirée par les introspections du sens commun ou, avee Dricech, do la métaphysique des « formes o aristotéliciennes. Tl est intéressant de signaler a cet égard que le premior caeni de structuralisme explicite en biclogie, I «© organicisme » de L. von Bertalanify, a été ré par les travaux de ln psychologic expéri- pereeptives et motriccs, Mais si Vouvre de oo théortcien de la biologie est d'un incontestable intérét par son éffort de fonder une « théorie péné= tale des systémes e, co sont surtout les progrés

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