LA TRADITION
A. — MARIE GARDIENNE DE LA FOT
(On a dit plus haut que Ja mission apostolique de Marie
s‘étend et @ la doctrine et & la vie chrétienne:
Chapitre IV
MARIE ARGUMENT LOGIQUE CONTRE
LES HERESIES ()
Lraction victorieuse de Marie se présente sous divers
aspects. Il y a d'abord celui d'un argument de raison,
@tant donné qu'il y a une opposition logique entre ses
fonctions et priviléges et les affirmations de Ihérésie.
Cot aspect apparait surtout dans Ja lutte des premiers
ares contre les hérésies christologiques de leur temps.
Lhumanité vraie du Cheist ot la maternité humaine de
Marie
Les premiers hérétiques que T'Eglise rencontra furent
‘se préoccupaient non'de
enseignaient la méme
Mari et a defense dee doymey do ft
2 La Mission Apestlique de MaioLA MISSION APOSTOLIQUE DE MARIE EE LA. NOTRE
Lenjeu de
Or les novateurs étaient des hommes généralement sa-
vants, éloquents, influents, habiles; l'un d’eux, Valentin,
‘put espérer pendant quelque temps monter sur le siége
de saint Pierre, La grande tache des Pares et des théolo-
giens de cette époque était de défendre la vérité de 'hu-
manité du Christ.
Or, leur grand argument était sa naissance de Marie,
Déja’ saint Ignace 'Antioche écrivait aux Tralliens :
«Bouchez-vous les oreilles si Von vous parle d'une autre
doctrine que de Jésus-Christ, qui ost de la race de David,
qui est de Marie, qui a été vraiment engendré. » (*) Ala
suite dignace, Irénée de Lyon, Clément d'Alexandrie,
Ter de Carthage, Hi dautres
prouvent invariablement 6 de Jésus
parce qu’il est né de Marie;
vers) Marie, comme le prétendafent les Valent
ne lui accordaient qu'un corps formé d'une matiére as-
trale, lequel n’avait fait que passer par le sein de la
Vierge ()-
La Divinité du Christ et 1a Virginité de Marie
Que Ia croyance @ Ja divinité du Christ rencontrat des
adversaires dés le début du christianisme, il fallait s'y
altendre.
Cétaient daberd les Juifs. Ts n’attendaient comme
un homme sur qui reposait 4 un degré excep-
puissance de Di is non un Messie divin.
pendant les pret ibcles les plus obstinés
s haineux négat
Tl y avait aussi une secte judéo-chrétienne qui, tout
‘en edmettant la messianité de Jésus, niait sa divinité.
Ciétaient les Ebionites.
MARIE ARGTLOENT CONTRE LS wéRéstES 35
Pamni les Gnostiques, nous connaissons principalement
deux adversaires de la divinité du Christ, Cérinthe, que
saint Jean semble avoir visé dans ses lettres (*), et Car-
pocrate: tous deux ne voyaient en Jésus qu'un homme
supérieur, né comme Tes autres hommes.
Tous ces négateurs de la
‘méme temps sa naissance
défenseurs de sa divinité s'a
Ginité de sa Mere.
Saint Ignace déja mentionne «la virginité de Marie
avec fla vérité de] son enfantement et 1a mort da Christ
comme un des trois mystéres & proclamer 4 grands cris,
qui ont été accomplis dans le silence de Dieu » (%.
Les Péres qui suivent ne se contentent pas d’affirmer
Ja virginité de Marie, ils s‘attachent a la démontzer par
lune variété d’arguments, Justin, Irénée, Tertullien, Oxi-
gene, Hippolyte, Lactance s'y sont employés avec ardeur
et eloquence.
Parmi les Gnostiques nous n’avons mentionné que
Cérinthe et Carpocrate comme négateurs directs de la
it6 de Marie parce que négaieurs de la divinité de
ls. Mais 1a lutte contre les autres Gnostiques qui
Voyaient en Jésus un étre divin amenait égalemem ies
Pores a insister sur la conception virginale. C'est que
de Jésus niaient en
si Jésus était homme parce que vraiment né, il était plus
qu'un simple homme parce que né d'une vierge. Aussi
Jes mémes Péres cités plus haut comme défendant la
divinité de Jésus par la virginité de Marie seraient &
citer comme défendant Ia possibilité de l'union de sa divi-36 “LA MISSION APOSTOLIQUE DE MARIE ET La NOTRE
nité avec son humanité par l'explication de la virginité
de Marie (9.
En somme, hérétiques et orthodoxes partaient du prin-
cipe qu'un Dieu ne peut naitre que d'une vierge, et que
dune vierge ne peut maitre qu'un Dieu. Au-point de vue
ontologique, Ie principe n'est pas d'une rigueur absolue,
de vue psychologique il exprime une exi-
gence de I'ame religiouse.
Cest ce méme principe que nous trouvons impliqué
ttitude de certains hérétiques modemes. Vers le
du XIXé ‘siele, te docteur Pusey, théologien
tholigue de son cull
Newman, son ancien
+ de plus beau au XIX® siécle sur la dévotion & Marie.
Pusey avait prétendu que le culte que nous rendons &
Marie doit nécessairement reléguer dans Yombre son
Newman demande d'abord qu'on prouve le
ef est un autre fait, et qui parle
moi. Si nous jetons les yeux sur l'Europe,
jus? En some les pays et les peuples qui
en la divinité du Christ sont précisé-
ment ceux qui ont délaissé la dévotion envers sa Mére.
Ceux, au contraire, qui Yont plus spécialement honorée,
je. Comparez, par exemple,
les Crecs aux Calvinistes, 1a France & ‘Allemagne du
Nord, ou les Catholiques aux Protestants en Inlande. »
Or cest un fait encore que les pays et les peuples qui
‘ont perdu leur foi en Ta divinité de Jésus-Christ sont aussi
ceux qui rejettent 1a virginité de Marie.
Autour de Vannée 1900, il y eut en Allemagne, parmi
Jes théologiens protestants, de chaudes discussions a pro-
(EN, Marie dons Mglve Aatésitenne, $7- 122
mais ils voyalent que l'enjeu, c‘était
je de la Mére que la divinité de son Fils.
France, au nom du progrés de la science
exégétique, les modernistes travaillaient eux au:
démolir sournoisement la foi en la divinité du
Rome n'avait pas encore parlé. Sur ces en!
‘Marie. 11 ouvrit les yeux a un grand nombre de leurs
disciples, bien intentionnés, qui les suivaient de con-
fiance, et les ramena la fot tra
censuré par I'Archevéché de Pt
‘modernisme par Pie X suivit quelque temps aprés,
Union personnelle entre les deux natures en Jésus
= Conception virginale; Maternité divine,
Les doctrines gnosti
taient entre humanit
union trés lache. D'aprés
divin et un étre hum:
nelle. s'appli-
quérent tous & montrer I'unité de personne dans la dk
des natures, Leur argument décisif, ce fut encore la cor
ment homme, puisqu'il était né de Marie, et vraimer
Dieu, puisquil en était né virginalement. Saint Ignace
Antioche est trés explicite sur le point. Il écrit par
‘exemple aux Ephésiens : « Notre médecin est un, de chair
et esprit, engendré et non engendré, Dieu fait
dans la mort, vie veritable, et de Marie et de Dieu,
‘Méme doctrine expliquée plus en détail dans J
(Aa Beh38 LA sussioN AFOsTOLIQUE DE MARIE EX LA NORE
Irénée, Tertullien, Origéne, Hippolyte. Tertullien écrit par
ce qui équivaut
>. Le mot Thé
III? sidcle, car on Ie trouve dans la plus ancienne priére
& Marie, le Sub tuum grec dont on a découvert récem-
ment le texto dans un datant. au plus tard du
‘commencement du IV"
connu meme des
Or voici quiau
Ne ‘lave publiquement contre Tem-
forge, prétendant y trouver un sens
Quelle était au juste la pensée de
yn entre Les deux natures en Jésus ?
Tl ne Ya pas définie.
suite, des honneurs spéciaux pour 'humanité, mais non
une ‘union proprement substantielle, par laquelle les
actions des deux natures appartiennent 4 un méme mol,
grec : hypostatique — entre les deux natures en appelant
‘sa Mére Mére de Dieu, Théotokos. Le Concile d'Ephese,
ire @’honneur, le plus grand, de la Vierge Mari
it Ia doctrine orthodoxe sur la personne du Ci
il sauvait la doctrine traditionnelle de la Rédemption,
Timmolation du corps du Christ ne pouvait nous racheter
que si son corps était le corps d'un Dieu,
eg fltsquon vient de sieftioner saisnt & moatrer
a Marie le ponse decisive & toutes les hévéses chee
tologigies. Le mystere de incarnation est le mystere
‘ental du christienime. Tous les ensolgnements de note
foi en dependent plus ou moins directement, ot Marie
intervient ane maniete ou d'une autre dans la refut
(6) Ade. Proseon, 2,
MARIE ANCUMENT connE Ls minéstES 39
tion des diverses autres hérésies qui ont surgi au cours
des siécles. On pourrait le montrer par histoire; mais
cela nous entrainerait trop loin. Du reste, la preuve en a
été faite par divers auteurs ().
La refutation de Nestorius fournit l'occasion non seu-
Jement de donner une preuve particuliérement éclatante
de la fonction de Marie comme gardienne de la foi, mais
de'porter tune affirmation explicite de cette fonction.
homélie que saint Cyrille est dit avoir prononcée au
de la condamnation de I'hérési
mn suivante: «Salut a toi, Théotokos, vrai trésor de
ivers, flamme inextinguible, couronne des vierges,
sceptre de orthodoxie...!» Mais cette homélic a été
attribuée a tort au grand adversaire de Nestorius. Elle
fut «prononcée & Ephése lors du retour des sept délégués
du Conciie aprés les conférences de Chaleédoi
tion de Maximien de Constantinople (25 oct
dans le courant de Novembre
avait déja regagné Alexandrie. » ( porte peu
Pour notre but que ce soit Cyrille ou un théol
rononcée : il reste qu'a cette époque
is conscience du réle
thodoxie catholique. Lal
aire a méme plus de chances de présenter
une croyance commune que celle d'un génie.
Cette conscience du réle de Marie devint peu & peu
'snette. En Orient, on rencontre, au début du Ville sigcle,
Yaffirm:
pide qui submerge toute V'armée des
vers le milieu du méme siécle, en Occi-40 LA MSsION APOSTOLIQUE DE MARNE ET LA NOTRE
dent, on se trouve en présence du répons : Gaude, Maria,
Virgo cuncias haereses sola interemisti in universo mun-
do, Tl semble avoir été employé dabord dans Italie
méridionale; do 1a i passa on Gaule et de 18 dans les
autres pays de la chrétienté ("9 Par le
texte liturgique répsté A chaque féte
avoir une grande influence dans la
‘ance 4 la mission de Marie comme
te ot in wate 2
Deron slo fotremisl fw tniverso mundo»
Chapitre v
MARIE ARGUMENT DU C@UR
La foi chrétienne n'est pas un systéme de
sique. Le Christ n'a’ pas dit: «Ma parole est
philosophic >, mais: «Ma parole est esprit et
divine, A combien dhommes lexpérience — peut-étre
une douloureuse expérience — a prouvé la vérité du mot
de Pascal : « Dieu sensible au coeur ct non a Ia raison. »
Or st Marie est un argument logique, simple et con-
cluant, dans la réfutation des hérésies, elle est, pour
beaucoup, un argument bien plus convaincant’ parce
qu'elle est un argument
La Vierge tiont une tel
de tout vrai catholique qu'elle lui est devenue tout spé-
cialement chére,
ir de certaines fetes, de certains évé-
douleurs consolées, tentations vain-
cues, défaites réparées, heures d’angoisse adoucies, dif-
ficultés surmontées, maladies guéries, peut-etre sentl-
ments de révolte contre Dieu, désespoirs changés on ro-
pentirs, abandon,
Hique ne se ra sa, pensée, son it
moment particulitrement doulouroux ou heuroux de son
existence? Méme pour ceux qui ne la prient plus, elle
jan, VEChapitre Vil
INTERVENTIONS MIRACULEUSES
DE MARIE
DANS LE SOUTIEN ET LA DIFFUSION
DE LA FOI
Les divers aspects de Vactivité de la Vierge en faveur
‘un certain point
fen est un autre,
suleux, Sans doute,
comme la foi est une grace et que toutes les graces nous
viennent par la Madiatrice de toutes les graces, on peut
affirmer que tout acte de foi fait par un fidéle suppose,
son origine, une intervention de la Vierge, Mais cette
intervention, nous Y croyons, nous ne Ia constatons pas.
Ici nous voudrions parler de certaines interventions cons-
talables de Marie, et partant miraculeuses.
Plusieurs de ces interventions ne semblent pas faire de
récit de certaines autres peut avoir été enrichi
Idgendaires. Flles sont cependant un témolgnage
véridique, sinon des faits racontés, du moins de la tra-
dition qui attribue & le Mére de Jésus un réle efficace
dans Ia défense et dans le progrés de la vrale fol.
Saint Grégoire le Thaumaturge
La plus ancienne de ces interventions se trouve'men-
tionnée dans la vie de saint Grégoire le Thaumaturge
par saint Grégoire de Nysse. Ce dernier semble tenir son62 LA MISSION APOSTOLIQUE DE MARIE ET LA NOTRE
récit de Ia bienheureuse Macrine, sa grand-mére, qui
avait connu Ie Thaumaturge dans sa ville épiscopale de
Néocésarée. Grégoire de Nysse raconte qu'une nuit que
Je Thaumaturge réfléchissait sur des points controversés
de la foi catholique, il vit apparaitre un vieillard véné-
rable. Effrayé d'abord,
tion quand le vieillard lui montza
«uno auire apparition, une figure féminine d'un aspect, sur-
Jean; cst le symbole trinitaire qui porte son nom > (4
Au moyen age, nous trouvons FOrdre de Notre-Dame
de la Merci, de 1a Rédemption des captiis, 1a promiére
famille religicuse, ce semble, dommes portant dans son
nom la mention de Ia Vierge. Il avait été fondé pour le
Le saint était venu faire un pélerinage a la
son sanctuaire de Montserrat. La, pendant qi
prigre devant sa statue, Marie Iui apparut et
son ardent désir de le voir entreprendre un O1
INTERVENTIONS MIRACULSUSES DB MARIE 63
de fonder cette ceuvre. Pierre Nolasque alla trouver son
confesseur, saint Raymond de Pefiafort, qui venait de
rocevoir la méme mission de la Mére de Dieu. Ensemble
fils se rendirent chez le roi Jacques premier Aragon,
dont Je concours leur é
recu le méme message d
fut fondé. Outre les trois voeux ordinaires de
Jes Mercédaires émettaient Ie vou de se livrer eux-
mémes en captivité pour lo rachat des chrétiens quand
Yargent pour leur rancon ferait défaut.
fait certain qui, pout-ttre, se
de saint Pierre Nolasque
Pierre Nolasque fut cont
Ordre pour Ie rachat des captifs chrétiens, avec le voou
de donner sa propre vie, comme le Christ avait donné
Ia sfonne pour le genre humain. » (*)
LOrdre contribua puissamment au maintien dans la
4 leur foi d'un grand nombre de chrétiens tombés
entre Jes mains des Turcs. Un de ses membres, saint
Raymond Nonnat, se distingua tout spécialement dans
cet apostolat.
Notre-Dame de Bourguillon, Gardienne de la Foi
‘Voici une intervention différonte de Marie en favour
du maintien de la vraie fol, laquelle semble également
tenir du miracle.
Sur la hauteur qui domine 1a ville de Fribourg du coté
Est, on rencontre une jolie chapelle, appelée Notre-Dame
de Bourguillon. A
des fidéles en prize,
minée au-dessus du_ mai
une statue de la Vierge tenant son Enfant
gauche et un sceptre dans la main droite. On ne voit dis-
tinctement que la téte de Marie et celle de son Bambino,
‘OP MARIA, Th, 738,