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‘Al propos de l'alphabet du bambara au Mali Etienne Balenghien L’évolution de 1966 a 1988 1966 - la réunion de Bamako Du 28 février au S mars 1966 sest tenue a Bamako, sous légide de UNESCO, une “Réunion des groupes experts pour unification des alphabets des langues nationales” ordre du jour adopté par cette réunion comportait la “constitution des groupes de travail pour chacune des langues 4 considérer” en vue de la ‘mise au point dune transcription normalisée pour chaque langue” Ains! Six groupes furent créés, dont le groupe mandingue, groupe qu rassemblait des linguistes originaires de France, des USA, de IURSS et des représen- tants du Mal, de la Guinée, du Sénégal et de la Haute Volta Dans son rapport le groupe mandingue proposait I'alphabet suivant abd de @€ f g go hi k kh i ma nwony 0 6 por s sh t ty uw yz Dans rélaboration de cet alphabet les membres du groupe avaient été guidés'") par te souct de créer un alphabet correspondant au systéme pho- () ontrouvera une analyse plus détaili¢e aes ratsons expliquant Fadoption de cet alphabet dans Gérard Galtier: “Problemes dialectologiques et Phonographématiques des parlers mandingues” (These de doctorat de 3éme cycle, Universite Paris Vil, octobre 1980), pp. 260-264. 4 nologique de la tangue compte tenw des principales variantes dialectales, mais dont tous les éléments puissent étre ecrits, dactylographiés et im- primés avec les machines habituellement disponibles dans les pays con~ cernés (en pratique, puisqu'il sagissalt de pays “francophones”, le clavier ATERTY des machines a écrire). Un seul caractére ne répondait pas a cette Gerniére exigence, le “6, irréalisable avec ta plupart des machines cou- Famment utilisées. La Guinée devait dailleurs adopter par la suite une solution remédiant a cet état de choses (remplacement de 6 par 6), 1967: alphabet de quatre langues nationales Apartir des conclusions de la réunion de Bamako s'est posée au Mali la ‘question de Vofficialisation dun alphabet pour Iécriture des langues rationales et le 26 mai 1967 était promulgué le décret n° 85/PG fixant Valphabet pour 1a transcription de quatre langues nattonales . le mandin- gue, le peul, le tamashea et le songhoy alphabet mandingue se présentait comme suit abdjeé f ghik th tomn vy o oo prs ht cuwyaz Concernant 1a notation des tons le décret stipulait que “seul le ton haut est indiqué par l'accent aigu et seulement lorsquil est nécessaire, our éviter une confusion Le ton haut est indiqué sur les voyelles ouvertes @ et 6 par laccent circonflexe é et 6~ Ainsi donc, ‘alphabet mandingue off icialisé au Mali se distinguait de elu préconisé par le groupe de travail de fa réunion de Bamako par ~ a suppression de “gb”, sexpliquant sans doute par linexistence de ce phoneme dans les principales variantes dialectales du mandingue au Mali = le emplacement des “e" et “ bar “e” et “o" , Les textes officiels ne ‘mentionnent aucune raison expliquant cetty: jrermutat ion. ~ Le remplacement de “dy", "ty", “nw” par “y", “c” et “n°, ce qui contredisait les options du groupe de travail de la reunion de Bamako “introduction du “n” en particulier introduisait une lettre totalement absente des machines. @ ecrire La raison évoquée pour justifier ces changements fut Iharmo- Iisation avec les alphabets retenus pour les trois autres langues (le peul, le tamasheq et le songhoy) De 1967 a 1982, cet alphabet a ete utilise pour les publications en bambara Les signes et 0 ont posé aux usagers qui ne possédaient pas de ‘machines spéciales quelques problemes résolus avec plus ou moins de Donheur suivant les cas outre le bricolage sur les caractéres des macht= nes, les accents sur le 6 se faisaient soit a la main, soit en superposant un Wet un o, soit en employant T'apostrophe ou accent circonflexe (quel= uefois en en effacant ta partie gauche) ; 1a queve du n se falsait a la ‘main, 2 en superposant un j au n, mais certains préféraient tout implement cemplacer te 9 , trés peu fréquent en bambara, par ng ou nk Par contre aucune publication n'a ut sé le systeme de notation des tons prevu par le déccet La pratique (en particulier le dialogue entre le Journal “kibaru” et ses iecteurs) a prowé, si besoin en était, que la Communication peut se faire de facon tres satisfaisante en bambara sans notation de tons ‘AU niveau des chercheurs, adoption d'un alphabet officiel n‘avait pas cependant éteint les controverses et les divergences de nombreuses réu- ions remettaient périodiquement en question certaines lettres de Falpha- bet officiel (n, sh, kh, 2, 0), le systéme de notation des tons, etc , discus~ sions dont on trouve les traces dans certaines publications de 'époque(2) , Maigré ces contestations, lorsauiil fut question en 1979 de mettre au point un alphabet pour toutes les langues nationales (Ie décret de 1967 ne te faisait que pour quatre langues), le projet élaboré (non officialisé par la suite) reprenait encore pour le “Manden’ alphabet du décret de 1967 (exception faite de “sh” exclus et de “kh” remplacé par “x") 1982: Alphabet de 10 langues nationales En 1978, une réunion organisée par UNESCO 4 Niamey mettait au point un “alphabet africain de référence” comprenant SB caractéres. Pour cconcrétiser dans le domaine Manden utilisation de cet alphabet africain de référence, une réunion sur harmonisation de T'orthographe du manden organisée par le CELHTO s'est tenue a Niamey du 8 au 14 novembre 1979 Elle aboutissait a la mise au point dun “alphabet manden de référence” comprenant 34 caracteres (5) Cest pour assurer la conformité de alphabet mandingue du Mali avec cos deux alphabets de référence que fut promulgué le 19 juillet £982 le decret N* 159 PG-RM fixant alphabet “des langues nat ionales suivantes ‘Un aspect du génie -samaseku, |. sebin dla (2) Entre autres! A. Samasetu, M Dukure, B.Trawele de la langue bambara’ Imprimerie de I'INAFLA, Bamako 197: m, dukure, b. Trawele : “bamanan kan’ mabén™, i-n yor, Bamaké 1975 ; Sankoré n* 8; Boubacar Diarra, Mandenkan n*7. G. Galtier (op. cit. pp. 270-274) donne des indications sur les divergences ‘at les différentes options pranées par les uns et les autres. (3) dont 51 pris dans Valphabet africain de référence et 3 ne fiyurant pas ans cet alphabet (u, wet 1) Bambara (bamanan), Bobo (bomu), Boz0, Dogon (d392~599), peul (fulfulde), Soninké (soninke), Songhoy (sonoy), Senoufo-Minianka (syenara-mamara), Tamasheq (tama[ayt) article 6 de ce décret prevoit que les regles “de notation des tons. feront objet, pour chacune des langues, d'un arréte du Ministre de lEduca~ tion Nationale” Le décret fixe également 1a graphie des lettres capitales et donne une liste des “transcriptions tolérees lorsque n'est pas disponible Je matériel nécessaire pour la dactylographie et impression des symboles honétiques” alphabet bambara se présente comme suit abecdee t ghijykimnagpoyo 2 pestuwrxryez transcriptions tolérées - é (pour €), ny (pour p), 6 (pour 3), De juillet 1982 4 nos jours (janvier 1988), 1a quasi totalite des publi- cations en bambara au Mali s'est faite en utilisant les “transcriptions tolerees", malgré I'insistance de certains en faveur de ‘adoption des symboles phonetiques, qui selon eux donnerait a la transcription un caractére plus “scientifique (sic !) Alphabet et promotion des langues Lettres spéciales et promotion de Ja langue écrite ? On a pu le constater, Iévolution dun alphabet a Iautre se caracterise par un nombre toujours croissant de caractéres phonetiques non réalisa- bles sur machine a écrire ordinaire Sur les SS caracteres prévus au total our W'écriture des 10 langues natonales retenues au Mali, 13 nécessitent tune modification du clavier AZERTY, non compris les 5 caractéres avec point souscrit du tamasheq qui ne sont pas sans poser quelques problemes ‘aux dactylographes 11 est peut-etre (relativement) factle pour un tinguiste au sein d'une institution specialisée et bien equipee dobtenir une qualité satisfaisante «e la dactylographie ou de 1a composition de textes comportant des carac- teres phonétiques non courants. On comprend des lors que Tutitisation de ‘caracteres spéciaux ne lul paraisse pas poser de problémes majeurs La situation est totalement différente lorsqu'il s'agit de promotion une langue écrite ce rest que lorsque Thabitude sera prise dune utili- sation massive a tous les niveaux (circulaires, rapports, journaux, con- trats, papiers commerciaux ou administratifs, avis publicitaires, courrier, cartes dinvitation ou de veux, etc) et sous toutes les formes possibles (textes écrits 3 1a main, dactylographiés en un ou plusieurs exemplaires, polycopies, imprimés, etc.) quen pourra vraiment parler de promotion de la langue écrite La condition dune telle promotion est évidente - ‘La transcription doit pouvoir étre écrite avec une machine @ écrire sans que le clavier ait 8 subir des modifications codteuses, si possible. Luttli- sation de signes spéciaux serait non seulement onéreuse, mais encore empécherait les personnes ne possédant auiun clavier normal dutiliser 1a transcription’ (4) Ajoutons que méme en admettant le principe dune modification de cla~ Vier (souvent difficile a realiser en des pays sous-€quipés), la limite ac- ceptable est vite atteinte La publication de textes courants sur des sujet divers ne peut se passer sans dommage des signes marquant la ponctua- (4) 14, Swadesh + “Possibilités de simplification des transcriptions des 1 ues atricaines (communication rédigée pour la réunion de Bamako 1966) : tion, les chiffres, les tirets, parentheses, signes d operations mathemat - ‘ques, etc. ; chaque lettre “spéciale” comporte deux réalisations (majuscule et minuscule) Les quelques changements possibles ne permettent souvent méme pas ¢écrire plusieurs langues nationales avec un seul clavier (5) Est-il possible déviter les lettres spéciales ? La transcription du langage oral est une tache classique du linguiste et celui-ci estime nécessaire pour accomplir cette tache de facon satistai- Sante lutilisation de caracteres speciaux (les signes des alphabets phoné- tiques), Faut-il en conclure quune écriture ne faisant pas recours a ces sSignes speciaux ne peut que perdre en qualité, étre moins rigoureusement. Fidéle au texte du locuteur, et presenter des risques dambiguité dans Vinterprétation du message 7 Ce serait oublier les aifferences entre transcription phonétique dun langage oral et utilisation dun code ecrit pour ta transmission dun mes- sage, differences expliquant que T'elaboration du code écrit dune langue Fest pas soumise aux mémes contraintes que celle dun alphabet phonetique. ~ Lorsqu'il met par écrit un énonce a l'aide des symboles phonétiques, le (3) Apres 1a parution du décret de 1982, une étude a eté faite & 18 ONAFLA Pour établir des claviers standards devant servir de base a la confection de boules pour lécriture des 11 langues en usage (10 langues nationales ot le frangats, langue officielle). 11 est apparu que pour écrire chacune des langues sans avoir 4 changer de boule, c'était, malgré les regroupements des alphabets “harmonisés” et en employant toutes les astuces techniques Possibles, un minimum de 4 boules spéciales différentes quill fallait avoir @ 58 disposition. 20 Tinguiste a pour objectif la transcription des réalisations orales de 1a langue, transcription qui dott étre la plus littérale possible parce que destinge a servir de base solide a des études ultérieures sur le code oral utilisé La fonction du code écrit est tout différente - visant avant tout 1a transmission du message, ce code peut en certains cas se libérer sans dommage dune fidélité trop servile aux réalisations orales de la langue Ainsi par exemple, dans la forme écrite dun énoncé tel que “Tu pars avec les bagages 7”. le simple point interrogation traduit directement 1a portée interrogative de 'énoncé, remplagant de facon tres économique 1a notation de tout un schéme mélodique. De la méme facon des conventions d'écriture peuvent traduire directe- ment certains aspects du message, permettant méme quelquefois déviter les ambiguités du langage oral. le francais utilise des lettres ajoutées pour marquer Ie genre et le nombre (ami/amie/amis/amtes) et pour dist in- ‘quer des mots (est/et), des accents (a/a, ou/ou) ou des segmentations différentes (bienfait/bien fait) pour distinguer certaines formes ; V'alle~ mand utilise 1a majuscule pour signaler les noms ; etc Cette possibilité de prendre quelque distance par rapport a une trans ription Jittérale du langage oral pourrait sans doute constituer, en certains cas, une solution plus pratique que le recours aux caractéres spéciaux - Ainsi par exemple, des schemes tonaux pertinents différenciant les lexémes ou exprimant le genre, le nombre, le temps, 1a négation, etc. pourraient étre signalés par un signe conventionnel (lettre “neutre’ Vinitiale ou en finale des mots, soulignement de la lettre initiale ou finale, lettre capitale en initiate, segmentation des composés, apostrophe, etc. etc), en veillant évidemment a ce que, dans le cadre de Ia langue en ‘question, le signe choisi ne soit susceptible d'aucune autre interprétation RDN SESE a ete 2 ‘A ceux @ qui déplairait le caractere empirique de telles solutions Fappelons qu'il ne s'agit pas de trower 1a solution la plus satisfaisante sur le plan de la théorie, iI s'agit de trouver celle dont, apres considé- ration de toutes les consequences en tous les domaines, le bilan global avantages/inconvenients est le plus positit ~ La transcription phonétique du linguiste devant étre accessible a ¢au- tres personnes n’ayant aucune connaissance de la langue décrite, elle doit, Pour éviter toute ambiguité, s'en tenir strictement aux conventions admi- Se5 entre linguistes . code universel fixant une valeur constante et bien efinie pour chaque signe phonetique employe. Vorthographe dune langue Peut se libérer en partie de cette contrainte dans la mesure ot elle Sadresse avant tout a des dest inataires eux-mémes locuteurs de la langue ‘Ainsi la transcription d'un son par un digraphe est absolument interdite au linguiste pursque siopposant au principe de la valeur constante dun méme signe phonétique «s'il niexiste pas de caractére courant pour transcrire ce son, i tui faudra impérativement introduire dans son alphabet une “lettre spéciale”. L’orthographe dune langue par contre ne Connaissant comme contrainte que le souct déviter au lecteur toute inter- pretation ambigue, iI n'y a aucun inconvenient utiliser un digraphe si on est assure de l'impossibilité, dans le contexte de cette langue, de toute interprétation erronée de ce digraphe Ces latitudes du code écrit par rapport 3 1a transcription phonétique Permettratent sans doute deéviter, au prix de quelques efforts ¢'imagina- ton, sinon a totalite, dy moins le plus grand nombre des caracteres spéciaux C'est dailleurs ce quiavaient réalisé pour alphabet mandingue les participants a la reunion de Bamako 2 ‘Mais, nous Tavons vu, Fintroduction a deux reprises de caracteres spéciaux dans cet alphabet n'a pas été imposée par les exigences internes de Vécriture du mandingue, mais par la nécessité “dunifier les alphabets II nest peut-étre pas inutile de se poser quelques questions sur cette unification si contraignante Unification des alphabets 11 faut distinguer (on oublie souvent de le faire) deux niveaux dunif ication ~ Premier niveau: unification des alphabets dune méme langue écrite dans plusieurs pays. Du point de vue promotion des langues nationales, i! ne peut y avoir que des avantages @ ce que les publications faites dans un pays puissent étre diffuses dans un pays voisin, réduisant ainsi les couts de revient et rmultipliant "impact des cuvres publiges. Dans cette perspective, 11 va de sot que I'unification des alphabets est de tout point sounaitable En ce qui concerne te mandingue, cette harmonisation peut se faire sans intro duction de tettres nouvelles Ajoutons que 1a mise au point dun alphabet commun rest quiune premiére étape (non la plus décisive) Cest seulement lorsque seront éga- lement unifiges les transcriptions retenues par le lexique, les régles Gorthographe, de segmentation, etc. , bref lorsque la fagon décrire sera exactement 1a méme, que la lecture des mémes publications ne posera plus aucun probléme pour des lecteurs de pays différents, La thése de Gérard Galtier iIlustre bien 1a possibitite dune telle unification pour ensemble “manenka-dyoula-bambara’, mais également les concessions mutuelles que 23 cela suppose'®?, Force est de constater malheureusernent quion assiste Dlutot actuellement au chotx dans chacun des pays concernes dun dialecte qui tend a Sofficialiser (Manenka en Guinée, Bambara au Mali‘7), Dyoula au Burkina Faso et en Céte divoire ), chotx qui risque bien détre fatal a la cause de unification ~ Deuxiéme niveau : harmonisation des alphabets de langues différentes ‘alphabets . tenant compte dune unité de transcription a Tintérieur dune méme langue et des autres langues considerées . un son, une graphie” (8) unification a ce niveau rvest-elle pas un mythe 7 Une communication de M1 Houts®) a ta réunion de Bamako insistait sur le fait que alphabet a utiliser pour Vécriture dune langue doit se baser Sur la phonolagie de cette langue, principe qui rvest plus actueliement contesté par personne, Est-11 besoin de rappeler la différence entre le son (unité phonétique ‘analysable en tant que phénoméne articulatoire ou acoustique) et le honéme (unite abstraite definte par son opposition aux autres unites dun systéme phonologique) ? Un méme signe écrit peut permettre (en principe) identifier de facon (relativement) satisfaisante au niveau de la trans- (8) Gerard Galtier, op. cit. (7) On aura remarqué que Valphabet appelé “mandingue* dans le décret de 1967 s‘appelte “bambara* dans celui de 1982. 8) Rapport ae 1a biegation malienne & 18 conférence internationale sur unification des alphabets des langues de Ouest africain organisée par UNESCO & Bamako du 28 fevrier au 5 mars 1966, p. 4~ (9) tt. outs: “Comment écrire tes lanyues africaines ? Phonologie et orthograpne a cription phonétique un son bien déterminé dans plusieurs langues dliffe- rentes et Cest dans ce but quiont éte élabores les alphabets précisement appelés “phonétiques’ Vouloir qulune écriture “phonologique” aboutisse au méme résultat (Cun son, une graphie") semble bien, dans le cas de langues différentes, incompat ble avec 1a notion méme de phonéme Dans Ja pratique, tout locuteur de deux langues sait bien que, dune langue 4 Tautre, des sons méme voisins sont loin d@tre identiques. Un locuteur francais voulant lire le mot angiais "paper", devra obligatoire- ment s‘exercer a la prononciation dune occlusive aspirée quil n'a jamais, rencontrée dans sa propre langue. Cela fait tout simplement partie de ‘apprentissage dune langue, au méme titre que 12 maitrise dun noweau stock lexical, des régles grammaticales, des schemes mélodiques, etc Les conséquences de cette unification Dans le cadre dune seule langue, iI est souvent possible quoique difficile deliminer les caractéres spéciaux en utilisant certaines des latitudes mentionnées ci dessus dans la création dun code écrit. Au niveau de la création d'un alphabet commun a plusieurs langues, cette entreprise ‘se révéle pratiquement impossible 1! suffit en effet que dans une langue quelconque tel digraphe se revéle ambique pour qui! devienne impossible Ginclure ce digraphe dans alphabet commun ; i! suffit que dans Tune des langues on n'ait pas réussi a noter les tons autrement que par des accents, sur les voyelles pour que soit interdit a toutes les langues (méme sans ton) du groupe demployer ces accents pour un au' usage, etc unification es alphabets dans ce cas se traduit par extension toute une série de langues des difficultés particuliéres a chacune Elle a our conséquence, non une harmonisation permettant 1a réduction du nom- 25 bre de caracteres, mais au contraire leur multiplication sous le prétexte Géviter des graphies ambigues Ajoutons quielle est de nature 4 decourager la recherche de solutions au niveau de chacune des langues Si a cause des caractéristiques dune seule langue, i est imposé 4 toutes de laisser libre la partie supérieure des caractéres, ne devient-i1 pas bien inutile pour les autres langues orienter la recherche vers Vinstauration de conventions décriture qui éviteraient 1a notation des tons par des accents 7 "Mais alors, comment peut-t se faire que des linguistes qui se disent partisans de la promotion des langues nationales, et dont i! n'est aucune raison de mettre en doute la sincérite, en arrive & preconiser de telles solutions si évidemment contraires @ leurs intentions ? La question est sans doute complexe. Contentons nous de remarquer que lorsque Yon considére les décisions prises en certaines instances et les Justifications qui Yes accompagnent, on ne peut quelquefois éviter impression d'un net mangue ée recul de certains linguistes par rapport a leurs habitudes de travail, déformation professionnelle qui tes inclinerait Inconsciemment a minimiser les differences entce transcription phoné- Luque et utilisation dun code écrit. explication peut-#tre de certains Phénoménes {elle Tallergie bien connue de certains tinguistes aux digrapnes! 10? (9) Cest ce quvexprimait un intervenant 4 la réunion de Bamako en 1966 assimilant le refus des digraphes a une acceptation “que meure 1a langue, Pourvu que vive la linguistique* ! 6 Alphabets de référence 7 Faut-il pour autant renoncer a tout jamais a ces fameux alphabets de reference ? Si Ton continue a les concevoir comme un carcan que devratent imposer toutes les langues concernées au grand dam de Ia promotion des langues et de alphabet sation en langues nationales, assurément oul. Le moins quon puisse dire de ces tentatives utopiques dunification des alphabets au niveau de langues différentes est que les inconvénients en ‘sont nettement plus importants que les avantages, Hest cependant une autre conception des “alphabets de référence’ 11 S‘agiralt de réaliser, aprés que chaque langue ait essayé de régler ses pro- blémes particuliers de transcription avec le moins possible de caractéres ‘spéciaux, une liste “normalisée” des signes (espérons le, peu nombreux) dont utilisation se révéle absolument incontournable. Une telle liste pourrait servir de base a 'établissement dun “clavier africain’ de machine (a instar des claviers anglais, francais, espagnol, allemand, etc), ermetttant de réaliser face aux fournisseurs un “front commun” représen- ‘tant un marché important"? Nut doute quiune telle réalisation serait de nature @ faciliter les problémes de publication de nombreux écrits de tous genres en langues nationales, condition sine qua non de ieur promotion en tant que langues écrites, (1) Une étude de ce genre a été effectuée lors gun séminaire sur les langues africaines 8 Douala du 2 au 14 juillet 1973. ef. “Projet de clavier standard de machine 4 écrire pour transcrire les langues africaines", présenté par F. de Gastines.

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