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NUMÉRO

SPÉCIAL

IDEAT LANCE
SES DESIGN AWARDS
Design, lifestyle & trips

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ID-NOS CONTRIBUTEURS

Laurent Vanessa Guy-Claude Marie Jean-Christophe


Blanc Chenaie Agboton Godfrain Camuset
© GIANNI BASSO / VEGA MG, YOUNG-AH KIM, MARTIAL CAUTENET, MOHAMED KHALIL, KEFFER / LACHAMBRENOIRE, THOMAS DERON, STEPHAN JULLIARD, MARC DOMAGE, POLSKEY, NICOLAS KRIEF

Nicolas Geneviève Élisa Paulo Caroline


Krief Brunet Morère Mariotti Blanc

Gaëlle Pierre Bérénice Thomas Maïa


Le Boulicaut Lesieur Debras Jean Morgensztern

Serge Nathalie Olivier Anne-France Olivier


Gleizes Nort Reneau Berthelon Waché

Anna Ian Phillips et Béatrice Didier Maryse


Maisonneuve Stephan Julliard Andrieux Delmas Quinton

3
Services conseil décoration et conception 3D en magasin Long Beach. Canapé modulable et fauteuils,
French : français design Studio Roche Bobois.
Long Beach. Tables basses, design Philippe Bouix.
Médusa. Lampadaire, design Carlo Zerbaro.
Sun Désert. Tapis, design Nany Cabrol.
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Photo : Flavien Carlod, Baptiste Le Quiniou, non contractuelle. Sculpture : « La Grande Porta », Luigi Mormorelli / Collection Henraux et « Accrescimento – Colonna Infinita VI », Park Eun Sun / Henraux. TASCHEN.
Canapé Trampoline - Conçu par Patricia Urquiola - Cassina Perspective s’invite dehors
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designed by Patricia Urquiola

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photo Giovanni Gastel

Canapé Grande Soffice de Francesco Binfaré.


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Conteneur Scrigno et table Brasilia de Fernando et Humberto Campana.


Une mosaïque d'éclats de miroir. Chaque pièce est unique et faite à la main.

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FRANCE
74 - DELETRAZ DECORATION 74100 Annemasse 0450383139
01 - ATELIER PIA 01710 Thoiry 0450208810 74 - DECORATION TISSOT NAVARRO 74120 Megeve 0450589838
01 - LES INTERIEURS STEPHANE BERGER 01170 Cessy 0450416364 75 - GARNERO 75015 Paris 0145314056
12 - MAUVERTEX 12000 Rodez 0565674088 75 - DECO D’AME 75017 Paris 0155379053
13 - MENDES RUIZ 13520 Maussane Les Alpilles 0610815263 77 - LA MAISON BELLIFONTAINE 77300 Fontainebleau 0160700859
13 - COTE MAISON 13210 Saint Remy De Provence 0432620911 82 - ESPACE DECO SAINT LOUIS 82000 Montauban 0563631156
14 - VUES D’INTERIEURS 14500 Vire 0231591051 83 - DECORATION RIVIERA COLLECTION 83120 Sainte Maxime 0646042812
16 - VENT D’EST 16000 Angouleme 0545384804 83 - MAITRESSE DE MAISON 83990 Saint Tropez 0494548655
17 - IN DESIGN & LIFESTYLE 17640 Vaux Sur Mer 0546055714 84 - MADAME CATHERINE AUFFRET 84800 L’Isle Sur La Sorgue 0675374924
17 - ATELIER DE BAILLAC 17138 Puilboreau 0546680162 85 - L’ESTAMPILLE 85100 Les Sables D’Olonne 0251211228
20 - L’ ADRESSE DECORATION 20000 Ajaccio 0495229201 86 - MAISON BERGER 86000 Poitiers 0549880890
22 - CASSIOPEE DECORS 22500 Paimpol 0296205519 86 - YVES ROBERT 86100 Chatellerault 0549931472
24 - ETS LASCONJARIAS 24570 Le Lardin St Lazare 0553513302 92 - GALEO 92700 Colombes 0147845590
27 - MARIE DE BIASIO 27400 Acquigny 0232403292 92 - LA MAISON DE CELINE 92210 Saint Cloud 0147091882
29 - IDEES 29930 Pont Aven 0298060378 98 - FASHION FOR FLOORS 98000 Monaco 37792161216
30 - PRISM DESIGN 30000 Nîmes 0466648330
31 - FLANELLE DECORATION 31000 Toulouse 0561213220
31 - ROGER DELAI 31800 Saint Gaudens 0561952336 BELGIQUE
33 - CHRISTOPHE ROY DECORATION 33120 Arcachon 055622544
33 - FORNIAUX 33000 Bordeaux 0556814152 BENEDETTI INTERIEUR 2235 Hulshout 015222753
33 - ATELIER DU FAUTEUIL 33000 Bordeaux 0556982222 BOJOLI by Josephine de Wild 2900 Schoten 0496234568
33 - ATELIER MICHEL FEILLE 33000 Bordeaux 0556969494 BURIGAT DECORATIE 9000 Gand 092339575
33 - FREDERIQUE FOURNIER 33000 Bordeaux 0556449404 EMENTE 2000 Anvers 032331891
35 - FOUGERAY CHRISTIAN 35400 Saint Malo 0299818657 GERALD WATELET Interiors 1180 Bruxelles 0476975235
35 - LA MAISON GENERALE 35400 Saint Malo 0299408137 GERT VOORJANS 2000 Anvers 03233 8715
35 - V.B.A DECORATION 35760 Montgermont 0299231741 HUYGHE DECORATIE 9100 Saint-Nicolas 037767026
41 - ERIC MORAND 41210 Montrieux En Sologne 0254982596 INGRID DEJANS INTERIEUR 8310 Bruges 050346081
41 - SCARLETT DECORATION 41100 Vendome 0254731646 L DECORATION INTERNATIONALE 7500 Tournai 0479596498
44 - MICHEL DENIS DECORATION 44780 Missillac 0240883391 LES TISSUS DU SABLON 1000 Bruxelles 025024860
44 - AD.2S 44115 Haute Goulaine 0240062748 NEOO SELON NEO 9000 Gand 092650765
44 - MON ARTISAN TAPISSIER 44210 Pornic 0240829014 OVS DECORATIE by Olivier Van Speybroeck 8300 Knokke 050627860
44 - L’ ATELIER DE CECILE 44500 La Baule 0240241280 REBECCA VERSTRAETE 2018 Anvers 033347394
45 - LE VOLTAIRE 45800 St Jean De Braye 0238215565 TRENDSON INTERIORS 2800 Malines 015210260
49 - AIRA GLOBAL DESIGN 49300 Cholet 0241564289 YVES VAN CLEEMPUT INTERIEUR 2930 Braschaat 036531953
49 - MIGNOT BERTY 49700 Doue La Fontaine 0241590268
49 - L’ HARIDON 49100 Angers 0241883979
50 - MAISON POUTAS AS 50700 Valognes 0233401815 GRAND DUCHE DU LUXEMBOURG
53 - MURY 53500 Ernee 0243058373
54 - NICOLE LHOTTE 54000 Nancy 0383364840 LEMOGNE RIDEAUX 7240 Bereldange 003522633651
56 - CONCEPT’HOME 56860 Sene 0297543589 LUCIEN SCHWEITZER 1930 Luxembourg 003522361621
59 - REMY MOTTE 59491 Villeneuve D’Ascq 0320898891
59 - DEMEURE DE FAMILLE 59910 Bondues 0320760077
59 - FAYOLLE TAPISSIER 59670 Cassel 0328405691 SUISSE
61 - ATELIERS GORON 61000 Alencon 0233289248
62 - DELCROIX DECORATION 62000 Arras 0321596847 DUPIN 1820 1227 Les Acacias/Genève 0223044464
64 - ATELIER LEICEAGA 64122 Urrugne 0559262945 GALLI DECORATION 1211 Genève 0228183999
69 - TOSCANE 69002 Lyon 0472402392 CAMILLE ARYEH INTERIORS & ARCHITECTURE 1207 Genève 0228102555
69 - MURMURE - VOTRE INTERIEUR 69002 Lyon 0687063370 RDECO 1226 Thonex-Genève 0223483233
74 - DESIGN D’AZUR 74410 St Jorioz Lac Annecy 0450680399 PINKDESIGN 1660 Chateau D’oex 0794740362

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* L’art de la détente

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ID-ÉDITO

LE DESIGN À TOUT PRIX !


Très chers lecteurs,
J’espère que vous allez tous bien ?… Et que vous voyez la petite lumière
poindre au bout du tunnel avec le soleil à l’horizon pour nous faire oublier
les mois sordides qui viennent de s’écouler… Privés de voyages, nous avons
profité de ce stop imposé pour réfléchir à un numéro qui ferait une rétros-
pective de deux ans de créations, car à force de parcourir le monde, de
rencontrer sur les salons, dans les showrooms ou les studios des créateurs,
des designers, des éditeurs, des architectes, des décorateurs, des photo-
graphes, des artisans, des génies modestes et immodestes… À force de voir
de beaux bâtiments, de splendides appartements, des maisons de rêve, de
sublimes flagship-stores… À force d’avoir dormi dans les plus beaux hôtels,
d’avoir testé les plus beaux bars et les meilleurs restaurants du monde de-
puis plus de vingt ans, nous avons forcément un avis affirmé sur un tas d’ob-
jets, de meubles, d’endroits et de talents.
C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de lancer les IDEAT
Design Awards ! 60 gagnants élus par la rédaction d’IDEAT dans les catégo-
ries Design, Lifestyle et Trips. Le meilleur de la création mondiale vous est
donc offert dans ce numéro. Élisez maintenant votre IDEAT Design Award
préféré sur Ideat.fr et vous participerez à l’élection du Grand Prix des Lec-
teurs qui vous permettra peut-être de gagner un week-end à Venise, à l’hôtel
Il Palazzo Experimental, vainqueur de notre Award, « Best Hotel in Europe ».
Fin de crise sanitaire oblige, pas de remise de prix physique, mais si cette
manifestation plaît, nous pérenniserons ces Awards et organiserons en 2022
un événement très officiel dans un joli théâtre parisien.
Paulo Mariotti, notre illustrateur, nous a même fait la gentillesse de l’imagi-
ner sur la page d’en face.
Bonne lecture de ce numéro exceptionnel ! J’espère que vous prendrez au-
tant de plaisir à le lire que nous en avons pris à le faire. Et, personnellement,
je vous décerne l’Award des meilleurs lecteurs, vous qui nous suivez fidè-
lement depuis tant d’années. Profitez bien de la vie qui reprend ! Vive le
design et vive la vie… qui est belle, quand même !

Laurent Blanc
Éditeur & fondateur d’IDEAT
laurentblanc@ideat.fr
laurent.thegoodlife

20
ID-PAULO’S TOUCH

@PAULOMARIOTTIART

La rédaction d’IDEAT est fière de présenter ses Design Awards, une célébration qui met à l’honneur la créativité à 360°. Vive le design !

21
13 AIX-EN-PROVENCE AU FIL DES MATIÈRES - 13 MARSEILLE SÉRIÈS DÉCORATION - 16 L’ISLE D’EPAGNAC NUANCES UNIKALO - 22 MINIHY-TREGUIER AR DÉCO - 30 NIMES THEROND DÉCORATION - 31 TOULOUSE FLANELLE DÉCORATION - 31 TOULOUSE MAISON GOMEZ
35 FOUGÈRES PINTO ET FILS - 35 RENNES / MONTGERMONT VBA DÉCORATION - 36 CHATEAUROUX BARRAUD - 37 CHAMBRAY-LÈS-TOURS DÉCOR 37 - 38 ECHIROLLES CAP COLOR - 42 SAINT-ETIENNE CAPAROL CENTER SAGRA 2 - 42 SAINT-ETIENNE SIGNE INTÉRIEUR
42 SAINT-GENEST-LERPT EPARVIER - 42 SAVIGNEUX CAPAROL CENTER SAGRA - 45 ORLÉANS CPPO BCL DÉCOR - 47 AGEN LES COULEURS D’ALEX - 51 REIMS HALL DU PAPIER PEINT - 53 CRAON STÉPHANE COTTEVERTE - 53 LAVAL COLORISME - 53 LAVAL/CHANGÉ INFINI LEGNO
54 NANCY NICOLE LHOTTE - 57 FAMECK P.P.M - 57 SARREBOURG MILDÉCOR - 59 LA MADELEINE ORMERAY - 60 BEAUVAIS VA DÉCORATION - 62 ARRAS DELCROIX DÉCORATION - 62 SAINT-OMER LIONET DÉCOR - 64 BIARRITZ ITOIZ DÉCOR
65 TARBES PÉLEGRY PEINTURES - 67 SELESTAT PROJART - 69 LYON SOLMUR CITY - 69 VILLEURBANNE SOLMUR DISTRIBUTION - 73 CHAMBÉRY-VOGLANS COULEURS DE REV - 74 ANNEMASSE L’ATELIER DES PEINTRES - 75 PARIS AU FIL DES COULEURS
75 PARIS BHV MARAIS - 75 PARIS INFINI LEGNO PARIS - 75 PARIS RECA DÉCORATION - 75 PARIS VANDENBROUCKE - 76 BIHOREL LES ROUEN SOLMUR - 83 FRÉJUS LES DÉCORATEURS DU SUD - 85 LA CHÂTAIGNERAIE LOGIDÉCOR - 85 LE POIRÉ-SUR-VIE DÉCOR PEINT
92 ANTONY MARIETTE DFD - 92 NEUILLY-SUR-SEINE LA MAISON BINEAU - 94 MAISONS ALFORT INFINI LEGNO MAISONS ALFORT - 98 MONACO FASHION FOR FLOORS
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Depuis plus de quatre-vingt-cinq ans, nous imaginons des céramiques qui mettent la technique et l’innovation
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Directeur de la publication et des rédactions : Laurent Blanc. laurentblanc@ideat.fr


Assistante : Livia Rambour. lrambour@ideat.fr
Rédactrice en chef : Vanessa Chenaie
Assistante et iconographe : Lucía Pasalodos. lucia@ideat.fr
Rédactrice déco / beauté / lifestyle : Caroline Blanc. carolineblanc@ideat.fr
Chef de rubrique design : Guy-Claude Agboton. gca@ideat.fr
Secrétaires de rédaction : Solange Deloison, Julien Divisia, Nathalie Lemoine, Jean-Bernard Nussbaumer, Brigitte Roux
Première rédactrice graphiste : Chloé Séguineau Rédacteurs graphistes : Rémi Leenhardt, Alix Orbec
Rédacteur en chef Web : Jean-Christophe Camuset. jc@ideat.fr JRI : Julien Moro. jmoro@ideat.fr Stagiaires : Alyson Fortes Semedo, Emmanuelle Leroy

ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO


Rédacteurs : Béatrice Andrieux, Anne-France Berthelon, Geneviève Brunet, Sara Dal Zotto, Blandine Dauvilaire, Bérénice Debras, Serge Gleizes,
Marie Godfrain, Rikke Graff Juel, Thomas Jean, Rachel Leedham, Pierre Lesieur, Anna Maisonneuve, Élisa Morère, Maïa Morgensztern, Nathalie Nort,
Ian Phillips, Maryse Quinton, Olivier Reneau, Aurélie des Robert, Hélène Rocco, Kurt G. Stapelfeldt, Olivier Waché.
Photographes : Helenio Barbetta / Living Inside, Didier Delmas, Stephan Julliard, Christina Kayser O., Nicolas Krief, Gaëlle Le Boulicaut,
Eugeni Pons / Vega MG, Kourtney Roy, Thomas Rusch, Christian Schaulin, Rachael Smith, Jonny Valiant.
Illustrateurs : Le Duo, Paulo Mariotti.
Photogravure : Amalthéa Communication. Impression : Roularta Printing (Belgique).

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Directeur administratif et financier : Franck Baron. Tél. : +33 1 84 17 30 23.
Chef comptable : Tuan-Minh Bui. Tél. : +33 1 86 95 00 24. tbui@ideat.fr
Comptable : Dylan Jeanne. Tél. : +33 1 44 75 74 32. djeanne@ideat.fr
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Distribution Belgique : AMP. Tél. : +32 2 525 14 11. Vente au numéro et réassort : À juste titres. Laetitia Canole. Tél. : +33 4 88 15 12 45.

ÉDITEUR
IDEAT est édité par le groupe IDEAT Éditions, filiale de The Good Company SAS au capital de 71 700 €. RCS Paris B 423 011 923.
Président : Laurent Blanc.
Directeur du développement : Rodolphe Pelosse. Tél. : +33 1 86 95 31 20. Mob. : 06 03 61 58 50. r.pelosse@ideat.fr
Dépôt légal : à parution. ISSN : 1294-9485. Commission paritaire : 0624 K 78891.
Responsable marketing et communication en charge de la diffusion : Clément Legresy. Tél. : +33 1 85 09 02 17. clegresy@ideat.fr
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* IDEAT ISSN 1294-9485 is published 6 times per year by IDEAT EDITIONS LS Distribution Logistics
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Agathe Boncompain. Tél. : 01 84 17 03 37. aboncompain@ideat.fr
Assistante : Alyssa Saad. Tél. : +33 1 84 17 03 42. asaad@ideat.fr

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Contact : Rodolphe Pelosse. Tél. : +33 1 86 95 31 20. Mob. : 06 03 61 58 50. r.pelosse@ideat.fr

DÉPARTEMENT WEB
SEO & Campaign Manager : Michel Yeboua. Tél. : +33 1 44 75 76 35. myeboua@ideat.fr
Responsable Social Media et partenariats Web : Fanny Liaux-Gasquerel. Tél. : +33 1 44 75 79 45. fliaux@ideat.fr

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au Printemps de l’Homme. 64, boulevard Haussmann, 75009 Paris. Tél. : +33 1 42 82 55 75.
Responsable concept-store : Chloé Richard. Tél. : +33 01 88 33 92 06. crichard@ideat.fr
Achats et logistique : Marie Planel. Tél. : +33 1 86 95 81 63. mplanel@thegoodconceptstore.com

Ce magazine contient sur sa diffusion abonnés gracieux : un communiqué de presse, une lettre d’information et un CD audio.

© ADAGP, pour les œuvres de ses membres, Paris 2020.


Ce magazine a été imprimé sur un papier porteur de l’écolabel européen N° FI/11/001, fourni par UPM.
Provenance du papier : Allemagne et Finlande
0 % de fibres recyclées. Ptot: 0,004 kg/t
dix, cent modes de vie

design Mario Bellini - www.bebitalia.com


SOMMAIRE
event - mai 2021
SUR NOTRE COUVERTURE 
Le Camaleonda, notre
canapé mythique adoré,
créé dans les années 70 pour
B&B Italia par Mario Bellini,
est encore plus beau
aujourd’hui si bien que nous
lui avons décerné l’award de
la plus belle réédition (p. 120).
© CRISTINA CORAL

© HELEN CATHCART
68
21 PAULO’S TOUCH
L’œil de notre illustrateur Paulo Mariotti

CONTEMPORARY NEWS
58 NEWS DESIGN
Violin, une chaise au diapason de GamFratesi

60 NEWS DESIGN EXPOS


> La couleur, tout en nuances au Tripostal, à Lille
> The Parisianer au Muséum
> Deux Allemagnes, deux design ? Réponse au Vitra Design

66

68
Museum

NEWS DESIGN FOIRE


À Lyon, the place to chine

NEWS DESIGN
72
> Ilse Crawford recolore le passé chez Carl Hansen
> Guillaume Delvigne chez Pierre Frey
> Quality first chez Cappellini

74 NEWS DESIGN ICÔNE


Une perle de Gio Ponti revit chez Molteni

76 NEWS DESIGN GALERIE


La Sainte Anne Gallery défriche l’art

78 NEWS SHOP
MKRS., bazar du terroir parisien

80 NEWS PHOTO
Le MAD, au révélateur de son fonds

82 NEWS PHOTO BIRTHDAY


La photo, cette pop culture, chez YellowKorner

86 NEWS SHOP
Design de Karakter

88 NEWS HÔTEL
© ALAN KEOHANE

92
> Hotel Paradiso, la superproduction de l’année
> La Mamounia, royale de luxe par Jouin Manku

96 NEWS BOOKS
Notre sélection pour de bons motifs

40
Italian Masterpieces
Chaise Ginger et Table Bolero dessinées par Roberto Lazzeroni

poltronafrau.com
ID-SOMMAIRE

120
CONTEMPORARY DESIGN AWARDS
100 BEST DESIGNER
Cristina Celestino au ravissement général

104 BEST TABLE


Victoria Wilmotte : pas un pli chez ClassiCon

106 BEST ARMCHAIR


LucidiPevere siège chez Cinna

108 BEST CHAIR


Nemea, de CMP Design, la simplicité selon Pedrali

110 BEST LIGHTING EDITOR


Magic Circus, la meilleure entrée en lumière

112 BEST FIRE PLACE


Metalfire, un foyer moderne

114

116
BEST YOUNG EDITOR
Theoreme génération

BEST DESIGNERS’ COLLECTIVE


Colony, pionnier du design altruiste
132
118 BEST LIGHTING
« Mozaik », éclat sculptant

120 BEST SOFA REISSUE


Le Camaleonda de Mario Bellini, icône de la liberté ressuscitée

122 BEST OUTDOOR SOFA


Le canapé Sunray, radical mais original chez Minotti

124 BEST LEGACY


Serge Mouille : les incorruptibles

© OMAR SARTOR
126 BEST COLLAB
Joana Vasconcelos et Roche Bobois, l’entente joviale

128 BEST OUTDOOR RUG


Un extérieur graphique signé Nanimarquina

148 © RAPHAEL DAUTIGNY


130 BEST HIGH TECH DESIGN OBJECT
La télé belle à regarder des Bouroullec pour Samsung

132 BEST RUG’S COLLECTION


L’enfance de l’art : Faye Toogood fait son nid chez CC-tapis

134 BEST DESK


Le bureau nomade selon Unifor

136 BEST REVIVAL


Sammode réinvite Pierre Guariche

138 BEST BEDROOM


L’alcôve 2.0 selon Patricia Urquiola pour Cassina

140 BEST URBAN DESIGN


Trilib’, la liberté de trier

142 BEST YOUNG DESIGNER


Margaux Keller, sur le fil de la poésie

144 BEST GLOBAL DESIGN AGENCY


Be-poles, au-delà du logo

42
MOLTENI&C | DADA PARIS FLAGSHIP STORE 22, RUE DES SAINTS-PÈRES 75007 PARIS T 01 45 71 00 57

#MolteniGroup

Molteni@Home
RATIO— VINCENT VAN DUYSEN

CONSEILS EN CONCEPTION VIRTUEL MOLTENI.IT


ID-SOMMAIRE
152
CONTEMPORARY LIFESTYLE AWARDS
148 BEST INTERIOR DESIGNERS
Festen, héros du temps présent

152 BEST TILES


Nathalie Du Pasquier instille son art chez Mutina

154 BEST HYBRID SHOWROOM


La Manufacture, le made in Italy parisien

156 BEST COWORKING PLACE

© DELFINO SISTO LEGNANI


TheBureau : Franklin Azzi en phase avec son époque

158 BEST FREE SPIRIT


Luke Edward Hall, la sensation du moment

160 BEST FASHION STORE


Forte_forte, une griffe dans un cocon de douceur

162 BEST CONCEPT-STORE FRANCE

158
Jane de Boy, reine du mix & match

164 BEST PRIVATE INTERIOR


Un projet haute couture par Le Berre Vevaud

166 BEST WALLPAPER


Un mur de jardins parisiens chez Pierre Frey

168 BEST INTERIOR DESIGN RESTAURANT


La Gare, des couleurs sur toute la ligne avec Laura Gonzalez

170 BEST RESTAURANT’S TERRACE


Jardin urbain… bien perché

172 BEST BATHROOM


Avec Nouveau, la salle d’eau refait surface chez Ex.t

174 BEST HEADQUARTER


Merci, Merci !

176 BEST FASHION STORE (FRANCE)


Sessùn naturellement

210
© GAËLLE LE BOULICAUT
178 BEST BOOK
Fruits divins

180 BEST YOUNG ARCHITECT


Amelia Tavella, génie des lieux

182 BEST HOTEL BAR


Sape Bar, premier au concours d’élégance

184 BEST KITCHEN UNIT


Intarsio Mediterraneo, cuisine impériale chez Cesar

186 BEST FABRIC


Élitis joue sur du velours

188 BEST GARDEN HOUSE


Suite de jardin LumiPod

210 HOME 1
À Paris, passions chromatiques

222 HOME 2
À Londres, un conte moderne

234 HOME 3
À Barcelone, passé et présent en tête-à-tête

44
ID-SOMMAIRE
288
246 HOME 4
En Californie, l’héritage américain

258 HOME 5
Au Maroc, reflets dans un rêve marrakchi

270 HOME 6
À Odsherred (Danemark), un cottage entre mer
et campagne

CONTEMPORARY TRIPS AWARDS


280 BEST HOTEL
L’audacieuse expérience vénitienne à l’Experimental

© STEVENS FREMONT
282 BEST HOTEL (WORLD)
Un havre de perfection dans les confins de Kyoto : l’Aman

284 BEST HOTEL (PARIS)


L’hôtel Les Deux Gares, meilleur antidote au spleen

286 BEST HOTEL (FRANCE)


L’Arlatan : photogénique à Arles

288 BEST ISLAND


Procida, délicate voisine de Capri

290 BEST RESTAURANT & GUESTHOUSE (FRANCE)


Alexandre Gauthier ou la beauté du territoire
280
292 BEST GUESTHOUSE (EUROPE)
En toute intimité au cœur de l’Alentejo

294 BEST HOTEL SWIMMING POOL


Bain avec vue aux Roches Blanches, à Cassis

296 BEST LUXURY CAMPING


Camp Sarika, le luxe du dépouillement

298 BEST DISTRICT


Le cœur de Londres bat à Shoreditch

© KAREL BALAS
300 BEST CHEFFE IN PARIS
Pouliche, galop d’or

302 BEST CITY (EUROPE)


Milan, par-delà les modes

316 © THOMAS RUSCH


304 BEST CITY (FRANCE)
Marseille, la plus charismatique

306 BEST INTERIOR DESIGN RESTAURANT (WORLD)


À Johannesburg, Alice & Fifth par Tristan du Plessis

308 BEST PHOTO FESTIVAL


Les Rencontres d’Arles, le monde dans le viseur

310 BEST INTERIOR DESIGN FESTIVAL


Design Parade Toulon, une ode à la Méditerranée

312 BEST PALACE (PARIS)


Un parfum de légende : l’Hôtel de Crillon

314 BEST PALACE (WORLD)


Le Raffles Singapore cultive la légende

316 BEST ROAD TRIP


Weimar-Dessau-Berlin : le Bauhaus en héritage

330 MUSIC AWARDS


Benjamin Biolay, « Grand Prix » !

46
S U R ID
+

EA
T. F R
SOMMAIRE
WEB
© MATHHIEU SALVAING

VOIR (SANS LES YEUX), NOUVEAU PODCAST (1)


E N A PA R T É

Après avoir consacré ses premiers épisodes à une série de grands


entretiens (Philippe Starck, Yves Béhar, Manuelle Gautrand…), 1 2
le podcast « IDEAT en aparté » lance ce mois-ci un nouveau
format original. À l’instar de nos reportages déco « Home », l’idée
est de faire visiter un appartement singulier et remarquable
mais, cette fois, par la voix, en faisant abstraction du visuel.
Une manière de plonger dans les histoires humaines qui se
cachent derrière chaque intérieur, comme le démontre le volet
initial consacré à celui du designer Hubert de Malherbe…

DE LA LUMIÈRE À LA LAMPE (2)


Le duo Franz & Fritz, spécialisé dans la mise en lumière
de concerts, a vu son activité s’effondrer avec la crise sanitaire
et l’annulation des concerts (Eddy de Pretto, SebastiAn, Clara
Luciani…) et des défilés de mode (Jacquemus, Isabel Marant…).
Qu’à cela ne tienne ! Les deux créatifs ont profité de l’année 2020

© CYRILLE WEINER
pour réaliser des modèles de lampes qui patientaient depuis
longtemps dans leurs carnets de croquis. IDEAT leur a rendu
visite dans leur atelier du XIe arrondissement de Paris
afin de découvrir, en vidéo, leurs drôles d’objets lumineux. 3

CARNAVALET EN MAI (3)


C’est un chantier au long cours qui vient de s’achever dans
l’un des musées les plus emblématiques de la capitale. En plein
cœur du Marais, le musée Carnavalet s’apprête à rouvrir
ses portes au public après quatre années de travaux menés
conjointement par l’architecte français François Chatillon
et le studio norvégien Snøhetta. L’occasion d’une rencontre
filmée dans les murs de cette institution consacrée
à l’histoire de Paris, fin prête à prendre un nouvel envol.

IDEAT DESIGN AWARDS : VOTRE VOIX COMPTE ! (4)


Dès le 24 mai 2021, Ideat.fr vous propose de voter en ligne
pour votre IDEAT Award préféré parmi la soixantaine d’heureux
© PAULO MARIOTTI

élus à découvrir dans les pages de ce numéro événement.


Ce sera le grand prix des lecteurs. Rendez-vous sur notre site
Ideat.fr pour choisir le projet, le lieu ou la personnalité
qui a, pour vous, marqué l’année passée… et vous gagnerez
4
peut-être un magnifique séjour à Venise. (Voir aussi p. 320)

48
Sofa / Memphis
Armchair / Paris

MILANO Flagship Store Via della Moscova, 53 rugiano@rugiano.it rugiano.com


ID-IDEAT & SAMSUNG

Dans un monde uniforme


où toutes les télévisions
et les écrans se ressemblent,
The Serif, imaginée
pour Samsung par Ronan
et Erwan Bouroullec,
réinvente le téléviseur en
installant l’élégance à la
française au cœur du sujet
et de la maison.

50
Erwan et Ronan Bouroullec
ont choisi un design inédit
pour The Serif. Une silhouette
élégante en forme de « I »
qui permet à la télévision
de s’intégrer naturellement
dans n’importe quel
environnement.
© STUDIO BOUROULLEC
ID-IDEAT & SAMSUNG
ID-IDEAT & SAMSUNG

The Serif, la télé qu’on aime regarder

Dans le monde des téléviseurs, tous les écrans se ressemblent… Tous,


sauf un : un modèle dessiné par les frères Bouroullec pour Samsung.

D
epuis l’avènement des écrans plats, les téléviseurs avaient tendance à tous afficher
le même rectangle noir uniforme… Jusqu’à l’arrivée de The Serif ! Leader mon-
dial des fabricants en ce domaine, Samsung a demandé à Ronan et Erwan Bou-
roullec de délaisser le mobilier pour se pencher sur cette typologie technologique négligée
des designers. Les deux Parisiens ont d’emblée décidé de redonner de la matérialité à l’ob-
jet. Pour ce faire, ils ont placé l’écran dans un cadre, blanc ivoire ou bleu gris, dont le pro-
fil adopte celui d’un « I » majuscule. D’où son nom, The Serif, terme typographique qui
désigne les polices de caractère à empattement. Avec The Serif, la fratrie a réinventé le télé-
viseur pour donner naissance à un objet décoratif à part entière, de ceux qui trouvent leur
place dans tout intérieur. « The Serif affiche des formes et des couleurs en rupture avec les
2
thèmes qui nourrissent traditionnellement l’univers des téléviseurs. Il se différencie en ins-
tallant l’art de vivre au cœur du sujet », déclarent en chœur les deux frères. On peut choi-
sir de le poser sur une console ou une étagère et de disposer des bibelots sur son rebord.
Ou de le percher sur ses élégants pieds détachables. Dans ce cas, un passe-fil offre de ca-
moufler les câbles. Dans la même logique de dissimulation de la technologie, un panneau,
1/ D’où qu’on l’observe,
placé à l’arrière et orné de dessins signés Erwan Bouroullec, permet de cacher les prises et The Serif est un objet
les enchevêtrements. D’où qu’on l’observe, The Serif reste un objet agréable à admirer… agréable à admirer.
2/ Droit comme un « I »,
Une fois « éteint », il plonge dans un mode Ambiant – à la luminosité réduite – pour mieux il arbore un écran QLED 4K,
se fondre dans son environnement. Il peut alors afficher l’horloge dessinée par les Bouroul- une technologie développée
lec ou toute autre image choisie par l’utilisateur, voire les dernières actualités. Équipé des par Samsung, disponible
en 43 pouces, 49 pouces
technologies les plus récentes, The Serif permet de bénéficier de tous les services de vidéo ou 55 pouces, qui restitue
à la demande (Netflix, Disney+, Apple TV+…). Les possesseurs de smartphones Android magnifiquement les
couleurs et les moindres
n’auront qu’à approcher leur combiné du téléviseur pour l’appairer et l’adopter comme
détails de l’image.
second écran. Les utilisateurs d’iPhone, d’iPad ou de Mac pourront, eux, recourir à l’Air- Page de gauche Les câbles
Play 2 d’Apple. Une facilité de partage des contenus numériques pour mieux rassembler le sont dissimulés au dos,
derrière un panneau aussi
foyer autour d’une activité collective, par exemple… C’est en tout cas le sens que les Bou- sobre qu’esthétique.
roullec ont voulu donner à cette démarche. © STUDIO BOUROULLEC

55
Contemporary news
parce qu’être curieux, c’est bien !
Guggenheim Tate Modern MAC
(Bilbao) (Londres) (Niterói / Rio de Janeiro)

Centre Pompidou TIMA Palazzo Grassi


(Paris) (Imabari) (Venise)

New Museum Elbphilharmonie Guggenheim


(New York) (Hambourg) (New York)
ID-NEWS DESIGN

« Nous sommes
la combinaison de
la simplicité scandinave
et de l’exubérance
italienne. C’est cette
fusion spontanée
de deux mondes
qui fait notre force. »
Stine Gam et Enrico Fratesi, designers

58
Violin, une chaise au diapason
Conçue par le duo de designers italo-
danois, Stine Gam et Enrico Fratesi, pour
l’éditeur danois Gubi, la nouvelle chaise
Violin tombe à pic. Dans un contexte où
l’authenticité et l’essentiel priment, elle
joue la carte de la discrétion, tout en étant
loin de la froideur d’un excès d’épure. Pour
qui cherche des chaises de salle à manger
élégantes, mais pas pesantes, Violin est
un hybride, entre chaise et fauteuil. Elle
se distingue par un dossier en forme d’arc
qui s’appuie sur deux barres parallèles en
acier. Celles-ci, verticales, sont restées des
premiers traits de crayon du projet. Toute
la délicatesse du modèle est là, aussi
réelle que visuelle, entre géométrie et
symétrie. Ce nouveau siège démontre un
savoir-faire dans l’utilisation de l’acier, qui
n’est pas soudé mais relié par des fixations
mécaniques. Également en acier, les pieds
effilés accentuent la légèreté. Réunies
autour d’une table, ces chaises laissent
toujours voir l’ensemble de la pièce, sans
s’imposer, et pour durer. G.-C.A.
© TUALA HJARNO
ID-NEWS DESIGN EXPO

La couleur, tout en nuances


Par Hélène Rocco

À Lille, le Tripostal met la couleur à l’honneur. Une quarantaine


d’artistes et de designers y dévoilent des installations inédites
qui interrogent sa matérialité et son utilisation dans le processus créatif.

L
es quelque 4 000 m2 du Tripostal rouvrent leurs portes pour l’occasion : dans le cadre
2
du programme Lille3000, l’exposition « Colors, etc. » plonge le visiteur dans une
série d’installations immersives, comme autant d’expérimentations de la couleur au
cœur du design contemporain. De l’odeur que l’on associe à une teinte, au son auquel elle
renvoie, toutes les facettes de la thématique sont mises en lumière. Parmi les artistes invi-
tés à concevoir des œuvres in situ, le Mexicain Fernando Laposse célèbre les nuances ob-
tenues grâce à la cochenille, un minuscule insecte originaire d’Amérique centrale, qui pro-
duit le plus brillant colorant rouge au monde. Ode aux matières naturelles, les « fantômes
des haciendas coloniales » qu’il a imaginés sont des créatures oniriques en fibre d’agave
dont le ton rose vif fait écho au Miami des années 30. Une seconde partie de l’exposition,
intitulée « Kleureyck », est organisée en partenariat avec le musée du Design de Gand et 1/ Miami Pink de Fernando
Laposse. © FERNANDO LAPOSSE
porte sur l’utilisation de la couleur par le peintre Jan Van Eyck (1390-1441). La récente 2/ Colorful Black Installation
restauration de son œuvre, L’Adoration de l’agneau mystique, et son travail virtuose à la de Hella Jongerius. © DESIGN
MUSEUM GENT
peinture à l’huile inspirent aujourd’hui un grand nombre de designers. Au sein de cet ac-
crochage, une section appelée la « Pigment Walk » s’exporte donc au Tripostal, avec de « Colors, etc. Couleurs
nouvelles productions, après avoir d’abord été présentée en Belgique. L’occasion d’appré- et sens dans le design ».
Au Tripostal, avenue
hender cent objets évoquant des détails du magistral polyptyque du maître flamand, signés
Willy-Brandt, à Lille (59),
par des talents émergents et des figures reconnues du design, puis regroupés par couleur. jusqu’au 12 septembre.
Jeux de transparence, de réflexion, de matières et d’effets moirés entraînent ainsi le visiteur « Young Colors ».
À l’Institut pour
dans un voyage polychrome à la découverte de l’univers de Patricia Urquiola, du studio la photographie, 11, rue
Nendo, d’Oki Sato, et de Ronan et Erwan Bouroullec. Une autre section, consacrée à des de Thionville, et à l’église
projets de recherche, met entre autres en lumière le travail de Hella Jongerius. Toujours à Sainte-Marie-Madeleine,
27, rue du Pont-Neuf,
Lille, l’Institut pour la photographie présente, jusqu’au 27 juin, l’exposition « Young Co- à Lille (59), jusqu’au
lors », qui réunit 35 jeunes photographes autour du thème de la couleur. 27 juin. Lille3000.eu

60
ID-NEWS DESIGN EXPO

The Parisianer au Muséum


Par Olivier Reneau

Hommage au magazine The New Yorker, le collectif The Parisianer


s’associe au Muséum national d’histoire naturelle pour créer une série de
chroniques fictives mises en images par une vingtaine d’illustrateurs.

P
ublié depuis 1925, The New Yorker est à bien des égards un modèle du genre
dans la presse magazine culturelle, notamment en raison de l’extrême qualité de
ses contributions. Par ailleurs, son principe de couverture exclusivement com-
posée d’une illustration, et demeuré inchangé depuis les débuts, est devenu une vraie
marque de fabrique, un rendez-vous visuel.
En 2013, les directeurs artistiques français Aurélie Pollet et Michael Prigent ont eu la gé- De gauche à droite, les
niale idée d’imaginer une sorte de pendant parisien au périodique américain. En effet, la illustrations d’Alexandre
première initiative du duo, assez justement nommée The Parisianer, a été de solliciter une Clérisse, de Brecht Evens
et de Lou Rihn extraites
ribambelle de dessinateurs et d’illustrateurs pour raconter leur vision de Paris. Un livre et de l’ouvrage The Parisianer.
une exposition lui sont consacrés. Après avoir projeté en 2015 ce que pourrait être notre Chroniques du Muséum.
À découvrir parmi
futur, The Parisianer revient cet été avec une nouvelle histoire, conçue en partenariat avec
les 21 affiches exposées
le Muséum national d’histoire naturelle. Ce sont vingt et un illustrateurs parmi lesquels au Jardin des Plantes.
Catherine Meurisse, Brecht Evens, Cruschiform, Alexandre Clérisse… qui sont partis à
The Parisianer.
la rencontre d’hommes illustres (Voltaire, Buffon…) et des grands moments de l’institu- Chroniques du Muséum,
tion muséale afin d’élaborer des scénarios « science-fictionnels ». Pour les accompagner de Camille et François
dans l’aventure, Camille et François Aulas, deux auteurs éprouvés à la vulgarisation scien- Aulas, Éditions
du Muséum national
tifique, viennent poser leurs mots sur les dessins. Ainsi peut-on lire une interview imagi- d’histoire naturelle,
naire de Buffon par le naturaliste Bernard-Germain de Lacépède, un rapport secret du ré- 64 p., 25 €.
Theparisianer.eu
seau du musée de l’Homme envoyé à Jean Moulin par la résistante Suzanne X, le reportage
d’une envoyée spéciale dans le Pacifique Nord, devenu un continent de plastique… « The Parisianer.
Si l’ensemble est visible dans un bel ouvrage édité par le Muséum, il se déploie aussi Chroniques du Muséum ».
Au Jardin des Plantes,
dans le Jardin des Plantes voisin, avec un accrochage de chacune des illustrations re- à Paris (Ve), jusqu’au
produites en grand format pour une exposition gratuite. 13 octobre. Mnhn.fr

62
PH BERNARD TOUILLON

R A FA E L D E S S I N É PA R PA O L A N AV O N E N O S B O U T I Q U E S PA R I S / C A N N E S / M I L A N
L O N D R E S / R O M E / C O R T I N A D ’A M P E Z Z O / C O L O G N E

ETHIMO.COM
ID-NEWS DESIGN EXPO

Deux Allemagnes, deux design ?


Par Guy-Claude Agboton

1 2

Trente-deux ans après la chute du mur de Berlin, l’exposition « Design


allemand 1949-1989, deux pays, une histoire », au Vitra Design Museum,
resitue création et production industrielle dans le contexte
d’une nation divisée en deux. Un défilé aussi créatif que politique.
3

T
oute pièce de design possède une histoire. Dans l’exposition que le Vitra Design
Museum consacre au design allemand d’avant la réunification, chacune est contex-
tualisée suivant son origine. En général, les curateurs de design parlent d’esthé-
tique ou de processus industriels. Ici, impossible d’éviter l’aspect idéologique auquel ces
objets renvoient, selon qu’ils viennent de l’une ou l’autre des deux Allemagnes. Les visi- 1/ Publicité pour la
teurs se voient proposer des comparaisons pertinentes et même des parallèles entre les Porsche 911 Targa, icône de
l’Ouest, en 1967. © COMPANY
deux types de production. Il n’y a pas d’un côté le tout gris et de l’autre le tutti frutti. En
ARCHIVE PORSCHE AG
ce sens, l’exposition ne manque pas de surprises. On imagine souvent l’est de l’Europe 2/ À l’Est, en 1978, le
de cette période tendu de noir et blanc. Ce serait méconnaître la créativité de ses produc- psychédélisme industriel
du Combinat textile
tions textiles. De fait, personne n’a médiatisé, dans ce que l’on appelait alors « le monde
de Cottbus ou l’art d’unir
libre », le côté postpsychédélique des imprimés fleuris proposés dans les années 70 par les fleurs aux cheminées.
le Combinat textile de Cottbus. Il est cependant amusant de voir, éternel retour des styles © AKG-IMAGES / GÜNTER
RUBITZSCH 3/ Le chariot
oblige, que ces tissus feraient de très crédibles vêtements Prada en 2021 ! Bien sûr, les balançoire Schaukelwagen,
icônes allemandes du design de l’Ouest sont aussi au rendez-vous : des calculatrices aux de Hans Brockhage
platines de Dieter Rams (ces dernières cosignées avec Hans Gugelot), jusqu’au graphisme et Erwin Andrä, en 1950.
© ANDREAS SÜTTERLIN
des publicités rutilantes pour les bolides de Porsche. L’histoire en objets de cette double
Allemagne s’égrène sans que la curatrice Erika Pinner prétende tout expliquer. C’est « Design allemand
1949-1989 : deux pays,
d’abord un moyen de rappeler que l’histoire du design allemand ne s’est pas faite qu’à
une histoire ».
l’Ouest et l’occasion de ne pas réduire celui de l’Est à la Trabant 601, voiture populaire Au Vitra Design
longtemps considérée avec condescendance… avant d’être collectionnée. Un autre re- Museum, à Weil am
Rhein, en Allemagne,
gard, plus empathique, permet de réaliser que si ce n’est pas le design qui a réuni les deux jusqu’au 5 septembre.
Allemagnes, tout est projet, les objets du quotidien comme l’unité d’un pays. Design-museum.de

64
ID-NEWS DESIGN FOIRE

À Lyon, the place to chine


Par Blandine Dauvilaire

1 2 3

Installées aux portes de l’ancienne capitale des Gaules depuis 1995, les
Puces du canal sont devenues le deuxième marché de brocanteurs et
d’antiquaires de France, après Saint-Ouen, et le cinquième d’Europe. Une
destination qui attire plus d’un demi-million de visiteurs par an. Old is gold !

Q
ue l’on arpente les allées dès potron-minet pour dégoter l’affaire du jour, ou 1/ Aux Traboules, l’une des
que l’on flâne en famille à la recherche d’un coup de cœur, les Puces du canal quatre sections des Puces
du canal, on trouve des
possèdent un charme unique. Dans une ambiance ultra-conviviale, les pièces galeries d’antiquaires haut
de collection côtoient les curiosités ludiques. Depuis cinq ans et l’arrivée à sa tête de de gamme, mais aussi
Stephan Blanchet, ce territoire dévolu à l’art de vivre vintage ainsi qu’aux antiquités du des boutiques d’artisans-
commerçants, comme celle
XIIIe au XXe siècle s’est réinventé. « Le nombre d’exposants a quasiment doublé avec d’Émilie Bosch, formée à la
200 marchands installés sur place, rejoints par 400 déballeurs le dimanche ; la clientèle tapisserie-sellerie, qui
a rajeuni et s’est renouvelée en partie grâce à la programmation culturelle étoffée ; et rénove des pièces
d’époque. 2/ et 3/ Du côté
malgré la crise de la Covid-19, la fréquentation n’a cessé d’augmenter depuis un an », du Village des containers,
constate ce quinquagénaire qui déborde d’idées pour dynamiser le lieu. Petits et grands une quarantaine de
trésors sont répartis dans quatre zones. Les Traboules (bâtiment principal) réunissent « box » abritent objets
anciens détournés,
plus de 90 antiquaires et galeries d’art haut de gamme, dont Maison rive droite et Ga- personnalisés, recyclés
lerie du futur, connues pour leurs belles pièces de design. La halle Louis la brocante, qui dans une approche
est la colonne vertébrale des puces, abrite une cinquantaine de magasins. Paradis de contemporaine, qui laisse
toute sa place à l’insolite.
l’upcycling, le Village des containers fait le bonheur des instagrammeurs et de ceux qui Ici, le container du
souhaitent donner une deuxième vie aux objets. Enfin, L’École et ses anciennes salles de brocanteur Mickael Verger.
classe abritent les trouvailles de 13 commerçants (univers de l’enfant, musique...). En
Les Puces du canal.
complément, maraîchers, boulanger, fleuriste et restaurants affirment le caractère au- 5, rue Eugène-Pottier,
thentique de ce village attachant. « Nous attirons de nouvelles typologies de marchands, 69100 Villeurbanne.
certains du Sud et d’autres des puces de Saint-Ouen, reprend Stephan Blanchet. La liste Ouvert le jeudi et
le samedi de 7 h à 13 h,
d’attente s’allonge et la sélection devient plus pointue, mais la partie brocante reste très le dimanche de 7 h à 15 h.
importante. On trouvera toujours ici des objets à un euro. » Pucesducanal.com

66
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ID-NEWS DESIGN

Ilse Crawford recolore le passé


Propos recueillis par Marie Godfrain

1 2

Au début des années 50, Hans Wegner couleurs. L’éditeur m’a demandé de travailler sur la
dessine cinq chaises pour le danois Carl décennie à venir. J’ai donc développé une palette de
Hansen, les « First Masterpieces », à l’origine cinq  coloris pour ces cinq  «  First Masterpieces  ». Pour
de la philosophie de la marque. Soixante- cela, j’ai cherché ce qui manquait à la palette du fabri-
dix ans plus tard, la designer britannique cant et j’ai engagé une conversation imaginaire avec Hans
rhabille ces icônes d’une nouvelle palette Wegner, entre nos deux époques, en réfléchissant à la
de couleurs et nous explique en quoi ce manière dont on utilise son mobilier dans nos intérieurs.
travail n’est pas qu’un simple rafraîchissement. Je me suis figuré l’atmosphère contemporaine qu’appor-
terait le mariage de nos tonalités à ces formes moder-
Vous qui travaillez sur la sensorialité et nistes. Il fallait que nos teintes dialoguent avec la beauté
l’expérience, que vous évoque cette série originelle de ces icônes… Comme un travail de géologue
de chaises du début des années 50 ? qui explorerait les strates esthétiques sur plusieurs âges.
D’abord un confort incomparable… Surtout la chaise
Wishbone ou CH24. C’est la raison pour laquelle je La nature est-elle une inspiration pour vous ? 1/ La designer Ilse
l’utilise beaucoup dans mes projets d’aménagement. Oui, c’est une attitude «  terrienne  » qui a inspiré nos Crawford a été choisie
J’en ai aussi plusieurs chez moi, car j’apprécie l’ap- teintes terreuses. J’aime beaucoup la nature quand elle par l’éditeur danois Carl
Hansen pour repenser
proche de ce designer, toujours centrée sur l’humain est vue à travers l’œil d’un artiste, mais aussi quand elle sa nouvelle gamme
et qui dessine des sièges à l’assise décontractée. est respectée à travers la qualité de la peinture choisie, de couleurs, applicable
pour la décennie à venir.
naturellement écologique… Pour créer notre collec- © HELEN CATHCART
Quel est votre lien au modernisme danois ? tion, nous avons pioché dans une gamme à base d’eau 2/ Les cinq « First
J’ai littéralement grandi avec. Ma mère était danoise, dont nous avons ensuite travaillé la finition légèrement Masterpieces », de Hans
Wegner, ont revêtu les
des îles Féroé précisément. Je côtoie donc le mobilier translucide pour laisser transparaître le grain du chêne. couleurs qu’Ilse Crawford
danois depuis ma jeunesse et je sais par expérience a imaginées dans
un dialogue intérieur
combien il se bonifie avec l’âge. Ces pièces sont éter- Quel est l’intérêt de travailler
avec le designer disparu,
nelles. Peu de meubles peuvent s’en vanter… sur des meubles existants ? pour épouser nos
Je pense qu’il existe suffisamment de modèles pour ne intérieurs contemporains.
© YELLOWS.DK
Quel travail accompli avec Carl Hansen ? pas toujours créer des nouveautés. Rafraîchir et actuali-
Tous les dix ans, Carl Hansen actualise sa gamme de ser l’existant, c’est comme cela que je vois l’avenir. Carlhansen.com

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Guillaume Delvigne chez Pierre Frey


Par Guy-Claude Agboton

Dans sa nouvelle démarche d’édition de mobilier, la maison


Pierre Frey, grand nom français du tissu d’ameublement, a collaboré
avec le designer Guillaume Delvigne. Ce dernier signe
la collection « Litho » qui exprime sa veine sculpturale tout
en reflétant le savoir-faire de la marque.

U
n canapé, une chauffeuse, un banc. Trois pièces aux formes généreuses tour-
nant le dos aux codes classiques et qui rappellent, dans un autre registre, le
travail en marbre et en bois que Guillaume Delvigne avait exposé à la Tools
Galerie, à Paris. Le designer a conçu très librement la nouvelle collection de mobilier
« Litho » pour la maison Pierre Frey. De fait, celle-ci, fondée en 1935, a toujours été
en contact avec des créateurs, par définition innovants et inattendus. Côté tissu, Guil-
laume Delvigne a choisi le bouclé, à l’instar des canapés de Jean Royère, sans craindre
de verser dans le revival devenu un peu la tarte à la crème de la décoration. Car cette
collection n’a rien de néo-vintage ! Le tissu est la peau du vêtement. Du toucher naît
le ressenti. L’étoffe a donc été spécialement mise au point afin d’avoir la souplesse re-
quise pour tapisser des formes denses et arrondies. Pour le designer, « le confort com-
mence aussi par l’œil ». Enfin, ces meubles peuvent se combiner et créer des configu-
rations aussi originales que sculpturales, dans un salon ou dans un espace de réception.
Trois modèles de tapis ont aussi vu le jour. Leur surface est semée de virgules. Le créa-
Pour enrichir son offre
teur les a dessinées au feutre, trait par trait, sur une feuille A3. Il s’en dégage une vibra- de mobilier, la maison
tion, car après avoir été scannés, ces motifs ont été agrandis puis reproduits à la main Pierre Frey présente la
collection « Litho », signée
en brins de laine, irrégularités comprises. Arriveront bientôt un pouf et un canapé qui
Guillaume Delvigne. Cette
compléteront cette collection. Comme la maison Pierre Frey a désormais ses propres création tout en rondeurs
ateliers près de Paris, « ils peuvent y fabriquer un produit de A à Z, ce qui est assez est complétée par trois
modèles de tapis tissés
rare », rappelle Guillaume Delvigne. « Litho » a été conçue en mai 2020, en septembre main. Bientôt s’ajouteront
la production était lancée. En période troublée, la création continue. un canapé et un pouf.

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ID-NEWS DESIGN

Quality first chez Cappellini


Par Guy-Claude Agboton

Le Salon du meuble de Milan planche avec des professionnels


de l’édition de mobilier sur la meilleure façon de s’adapter aux
circonstances actuelles. Parmi les acteurs du design consultés, les plus
grandes attentes proviennent aussi d’éditeurs qui, comme Cappellini,
font déjà primer, dans les nouveautés, la qualité sur la quantité.

P
our envisager le futur, nous devons regarder ce que nous faisions par le passé »,

« nous dit Giulio Cappellini, le directeur artistique de la marque familiale, en


évoquant son bonheur de collaborer avec Shiro Kuramata, Tom Dixon ou
Marc Newson. Mais aujourd’hui, ce sont également des designers de 30 à 40 ans aux-
quels l’éditeur italien fait appel. L’Allemand Sebastian Herkner présente ainsi le nouveau
canapé Litos. Il est bas, sans pieds, mais très large. Il s’installe aussi bien en canapé ou-
vert sur le côté qu’en modèle plus grand quand il est accolé à un fauteuil doté d’un seul
bras. Chez Cappellini, travailler avec de jeunes créateurs est ancré dans l’histoire de la
maison. Venus de République tchèque, Cyril Dundera et Matej Janský ont voulu leur
chaise Hiroi avant tout confortable. Elle n’a ni âge ni nationalité, simplement de la per-
sonnalité. Ils ont ajouté à l’assise de bois noir un dossier en cuir. Cette association a prio-
ri ordinaire fait partie des projets à l’esthétique discrète convenant aussi bien à un inté-
rieur privé qu’à un lobby d’hôtel. Quel visage présenterait le label sans les trente années
de collaboration entre Giulio Cappellini et Jasper Morrison ? Le designer anglais n’a ja-
mais œuvré pour surprendre ou séduire. Il s’est toujours distingué par sa volonté de conce-
voir des sièges fonctionnels à la ligne sobre. Sa réputation s’est de plus bâtie sur des créa-
tions de qualité qui s’adaptent partout. Ainsi, dans la veine intemporelle de sa Pad Chair,
désormais culte, il propose ses chaises Tate. Elles s’empilent, se rangent facilement, à la Si elles existent aussi en
maison ou dans un espace public. C’est la grande variété de couleurs qui donne au mo- version textile, les chaises
Tate, de Jasper Morrison,
dèle un impact esthétique, réchauffant une forme presque trop sage. Chez Cappellini, entre s’exposent ici en version
nouvelles recrues et stars confirmées du design, l’important est de rester à part. bois, pour durer sans lasser.

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ID-NEWS DESIGN ICÔNE

La nouvelle perle de Gio Ponti


Par Guy-Claude Agboton

En 1954, le fauteuil Round D.154.5, qui meublait les projets


d’architecture intérieur de Gio Ponti, concrétisait déjà la modernité
que prônait la revue Domus, bible du design italien.
Réédité aujourd’hui par Molteni, il n’a pas pris une ride.

V
u de dos, le fauteuil Round D.154.5 se distingue par deux tiges plates en frêne.
Structurelles autant qu’esthétiques, elles partent du dessous de l’assise, qu’elles
soutiennent, et remontent jusqu’en haut du dossier. La bonne idée, c’est de choi-
sir un tissu ou un cuir en harmonie avec la finition des pieds, en acier chromé ou en lai-
ton brossé. Qui croirait que ce fauteuil édité aujourd’hui date de 1954 ? À cette époque,
son concepteur, l’architecte et designer Gio Ponti, alors âgé de 63 ans, est en pleine phase
de transition. Après avoir été l’un des tenants des arts décoratifs des années 30, évoluer
vers un mobilier au dessin plus contemporain lui apparaît comme une évidence. De fait,
quoi de plus normal pour un architecte qui participe, au même moment, à la construc-
tion du plus haut gratte-ciel d’Europe, la tour Pirelli (127,1 mètres), à Milan ? La fonc-
tionnalité s’impose dès lors, pour lui, presque nue. Et ce fauteuil Round D.154.5 en
témoigne. Après avoir consulté les très riches archives de Gio Ponti, à Milan, dirigées par
Salvatore Licitra, son petits-fils, l’éditeur Molteni ressort un modèle finalement inconnu
du grand public. Le label l’a intégré à sa collection « Heritage » en faisant ce constat :
ont été conçus de si beaux projets de design en Italie qu’il importe d’y piocher ce qui de-
meure d’actualité. Dans les films italiens des années 50, il est fréquent de voir ce mobilier
décorer des intérieurs bourgeois. Reflétant l’esprit novateur des personnages, il souligne
là encore combien l’Italie et Milan ont été très tôt le creuset d’une grande modernité. Dans L’éditeur italien Molteni
la vraie vie, on retrouve le fauteuil Round D.154.5 à la villa Planchart, à Caracas (1955), a intégré le fauteuil
Round D154.5, signé
ou à l’Institut culturel italien de Stockholm (1957), des projets (cultes) signés Ponti. C’est
Gio Ponti, dans sa
sur ce même siège que la compagnie aérienne Alitalia recevait ses clients dans ses bureaux collection « Heritage »,
de Manhattan, en 1958. Les entreprises de ce secteur ne souffraient que le mobilier der- où l’on redécouvre des
pièces de design, trésors
nier cri. La designer française Charlotte Perriand l’a prouvé avec Air France, de Paris à du passé étonnamment
Brazzaville. Gio Ponti, né avant elle, reste pourtant d’une modernité inclassable. contemporains.

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ID-NEWS DESIGN GALERIE

La Sainte Anne Gallery défriche l’art


Par Marie Godfrain

Quand les artistes retrouvent le goût de la matière et de la nature,


la Sainte Anne Gallery leur réserve un espace d’expression…
Un nouveau lieu parisien dans le quartier inattendu de l’Opéra.

A
lors que l’artisanat infuse toute la création, du design jusqu’à l’art contemporain, les
deux curatrices Bianca Lee Vasquez et Masha Novoselova livrent leur version de ce
mouvement avec leur Sainte Anne Gallery. Dans ce petit espace sur deux niveaux,
situé au cœur du quartier japonais de Paris, « un environnement peu porté sur la création
contemporaine », selon les fondatrices, loin du Marais ou de Saint-Germain, elles veulent as-
socier art et nature dans des expositions temporaires. « Nous allons proposer une démarche
expérimentale en associant, parfois littéralement, art et nature. La première exposition mon-
trera par exemple de la vaisselle sur laquelle vont pousser des algues. Et, à l’étage, nous pro-
poserons toute l’année des plantes et des pièces de mobilier vintage. En revanche, on n’y verra
jamais de bouquets de fleurs coupées car nous sommes une ode au vivant », détaille Bianca
Lee Vasquez. C’est au rez-de-chaussée que leur curation sera la plus personnelle. Les deux
femmes, Bianca, artiste d’origine cubaine, et Masha, d’origine russe, vont inviter des créateurs
qui façonnent avec leurs mains : les sculptures aux formes organiques de Berta-Blanca Iva- La galerie de Bianca Lee
Vasquez et de Masha
now ou les céramiques d’Aurore Piette. Celle-ci place à marée basse, dans l’eau, des moules Novoselova associe art
fabriqués à la main et fixés avec des cordes. De ce jeu entre l’eau, le vent et la matière puis de et nature à travers
la cuisson au four vont naître des formes étonnantes… « Nous nous intéressons à la création des œuvres façonnées
manuellement. Le lieu
contemporaine basée sur des traditions primitives, comme le tissage ou le travail de la terre. a été réaménagé par
Nous n’exposerons pas de travail conceptuel, nous aimons trop la main », insiste Blanca. Une l’architecte Eleonora
Santucci.
curation radicale qui tournera donc le dos à la peinture ou à la photo, « des mediums qui ont
pris trop de place dans l’histoire de l’art ». Ainsi, leur première exposition collective baptisée Sainte Anne Gallery.
« Granum » s’intéressera à la production d’artistes d’Aubervilliers et d’Ivry qui travaillent la 46, rue Sainte-Anne,
75002 Paris.
céramique. Et, en septembre, la galerie accueillera un couple de danseurs qui viendra vivre et Instagram.com/
investir l’espace durant une semaine dans un esprit de défrichage permanent. sainteannegallery/

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Made in Paris
Par Marie Godfrain

À la fois bureau, boutique et vitrine, MKRS., comme makers, ne choisit


pas et s’adapte aux circonstances et aux envies de sa fondatrice, Kate Van
den Boogert, qui conçoit son lieu comme un bazar du terroir parisien.

D
u fromage aux champignons en passant par la céramique, les savons, les vêtements,
les cahiers, la capitale regorge de labels et lieux dévolus à la création tous azimuts.
Parmi leurs catalyseurs, l’Australienne Kate Van den Boogert, parisienne d’adop-
tion, qui œuvre à la reconnaissance de ces « faiseurs » made in Paris. Après ses Gogo City
Guides, puis son ouvrage Makers Paris, elle s’engage encore davantage aujourd’hui avec
l’ouverture d’une boutique au cœur de la ville. Dans cet ancien atelier de céramiste, qu’elle
a rénové avec l’aide de l’architecte d’intérieur Gilles Tombeur, elle a synthétisé tout l’esprit
parisien : la vitrine de son nouveau lieu hybride arbore une devanture vert pop, couleur de
son e-shop et, au sol, un mariage de travertin et de chêne inspiré de l’histoire de la ville. Son
espace modulable, qui lui sert de bureau, de vitrine, de boutique, de galerie et de point
click & collect, ambitionne de promouvoir les créateurs en proposant expositions et ateliers.
Si l’occasion fait le larron, Kate Van den Boogert, elle, est tombée amoureuse de ce quartier
du Sentier et s’y sent dans son élément ! Parmi ses voisins et ses lieux de prédilection, elle
cite en vrac Terroirs d’avenir (les magasins qui promeuvent l’agriculture paysanne), les res-
taurants de Greg Marchand (les restos Frenchie), le Grand Rex, le mur végétal de Patrick La boutique de Kate Van
Blanc ainsi que tous les marchands de tissus et ateliers de confection : « Je suis au cœur de den Boogert, enracinée
dans le quartier du Sentier,
tout ce qui fait le paysage parisien d’hier et d’aujourd’hui, dit-elle. C’est dans cet écosystème promeut le travail de
que je veux exprimer ma vision du terroir parisien en invitant des makers, qu’ils soient pho- créateurs en prise directe
avec un terroir unique et
tographes, barmen ou fromagers… » Pour peaufiner sa sélection, elle invite des curateurs à
fertile : Paris.
venir piocher dans son e-shop des pièces à mettre en avant dans sa vitrine. Première invitée
de marque : Sarah Andelman, la fondatrice du concept-store Colette, qui a repéré quelques MKRS. Paris Shop.
6, rue Thorel,
pépites comme la théière Mirza, des Tsé & Tsé, ou le mug de la librairie Shakespeare and 75002 Paris.
Company. Un inventaire à la Prévert qui renouvelle notre regard sur Paname. Shop.mkrs.family

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par Patricia Urquiola,
2019

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set coordinator Marco Viola
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Le MAD, au révélateur de son fonds


Par Béatrice Andrieux

1 2 3

Le musée des Arts décoratifs de Paris dévoile 400 tirages originaux


et des négatifs. Atget, Albin-Guillot, Beaton… cet ensemble fait émerger
un siècle et demi d’histoires du médium, rappelant le rôle prépondérant
de cette institution dans la reconnaissance de la photographie.

S
i son usage demeure principalement lié à une activité commerciale, la photographie L’accrochage chronologique
n’en reste pas moins, dès son apparition, une pratique formidablement inventive. En et thématique de ces
collections, présentées
1864, l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie – devenue les Arts dé- au public pour la première
coratifs – considère le médium comme « un art appliqué à l’enseignement et à la vulgarisa- fois, se révèle un puits de
trésors. 1/ Modèle d’Yves
tion ». La création de la Société française de photographie, en 1854, puis celle de la Chambre
Saint Laurent, Vogue Italia,
syndicale de la photographie, en 1862, illustre son importance au XIXe siècle. Le parcours septembre 1985, de David
chronologique proposé au MAD, articulé en six sections, rappelle que l’institution installe un Seidner. © DAVID SEIDNER
ARCHIVES INTERNATIONAL
laboratoire en 1883 afin que les opérateurs réalisent des modèles pour former le regard. Au CENTER OF PHOTOGRAPHY /
fil des ans, le musée et sa bibliothèque mettent en place une politique d’acquisitions en s’enri- MAD, PARIS / CHRISTOPHE
DELLIÈRE 2/ Samouraï, vers
chissant de milliers de tirages, dont ceux d’Henri Cartier-Bresson et de Jacques Henri Lartigue.
1882, de Raimund von
Dès 1916, cette discipline est valorisée par l’« Exposition des photographies de guerre », ou, Stillfried. © MAD, PARIS / JEAN
en 1936, par l’« Exposition internationale de la photographie contemporaine ». Quant aux THOLANCE 3/ Madame
Bernon dans un corset de
expositions universelles, elles offrent au public un moment unique en présentant des clichés Mainbocher, 1991 (négatif
de paysages pris à l’étranger ou bien des vues d’architecture, comme celles d’Henri Le Secq de 1939), de Horst P. Horst.
© HORST P. HORST, VOGUE /
ou de Charles Marville. Les années 20 et 30, avec l’essor du modernisme, voient le dévelop-
CONDÉ NAST / MAD, PARIS /
pement de la publicité, dont Man Ray fut le plus célèbre ambassadeur. Éditeurs, graphistes et CHRISTOPHE DELLIÈRE
décorateurs collaborent pour créer de nouvelles formes. On découvre aussi des épreuves réa-
« Histoires de
lisées par des femmes, comme l’Américaine Thérèse Bonney (1894-1978), qui fonda à Paris le
photographies,
premier service de presse illustrée américain en Europe, ou comme l’Autrichienne Dora Kall- collections du musée
mus (1881-1963), qui introduisit le glamour dans la photo de mode. Genre qui gagnera peu des Arts décoratifs ».
Au MAD, à Paris (Ier),
à peu ses lettres de noblesse, mais dont le vrai point de départ se situe en 1939 avec l’image jusqu’au 12 décembre.
publicitaire pour les corsets Mainbocher, de Horst P. Horst, devenue iconique. Madparis.fr

80
TEN YEARS OF CC-TAPIS
ID-NEWS PHOTO BIRTHDAY

La photo, cette pop culture


Par Béatrice Andrieux

Pour fêter les 15 ans de YellowKorner, éditeur de photographies en


séries limitées et numérotées, quoi de plus parlant qu’une exposition ?
Résolument graphique, elle donne l’occasion de découvrir de nouveaux
artistes punchy dans toutes les galeries du réseau dès leur réouverture.

C
omme tant d’autres projets de célébrations, celui de l’exposition « Pop culture »,
qui aurait dû débuter en avril dans toutes les galeries YellowKorner pour les 15 ans
de la maison d’édition française de photographies, n’a pu voir le jour qu’en ligne.
Dans l’attente de la réouverture prochaine de ses espaces, Alexandre de Metz, cofondateur,
en évoque la création : « Passionnés par les éditeurs de musique, nous voulions devenir, lors
du lancement de YellowKorner, il y a quinze ans, les Deutsche Grammophon de la photogra-
phie. Avec l’idée de la rendre accessible en tant que produit culturel, en cherchant à révéler
la diversité des écritures photographiques, au même titre que l’avait fait la FNAC avec la mu-
sique ou la littérature. » Populaire dans le bon sens du terme, YellowKorner se présente
comme une porte d’accès à l’art photographique, prônant une approche décomplexée et dé-
En haut Audrey, Kate Moss
tachée des critères de cote ou du marché de l’art. « Aujourd’hui, avec l’exposition ‘‘Pop et Maria Callas ou les
culture’’, nous souhaitons montrer et faire découvrir de nouveaux talents, au croisement de portraits de stars revues
l’art graphique et de la photographie ; des œuvres où les textes sont très présents. L’idée est à travers le prisme du
collage par André Monet.
d’inscrire le projet de manière pérenne dans nos 150 galeries. Malgré le contexte actuel, les Ci-dessus Liberation,
ventes sur Internet prennent le relais et le public est au rendez-vous. Nous sommes ravis de de Marie-Laure Vareilles,
convoque aussi le collage,
voir le succès numérique de nos nouvelles collaborations avec notamment Marie-Laure Va-
mais à partir d’une prise
reilles et André Monet. » Ces deux adeptes du collage portent une approche différente sur de vue réalisée par l’artiste.
cette technique. Marie-Laure Vareilles ne travaille qu’à partir de ses propres photos, prises Ou l’art de laisser le choix
au spectateur d’inventer
partout dans le monde lors de reportages, et conçoit des montages de paysages imaginaires,
sa propre histoire.
mais réalistes, sur la question de l’uniformité de la culture et de la pensée. Les immenses por-
traits-collages d’André Monet mélangent, eux, fragments d’écrits et peinture acrylique pour « Pop culture ».
Dans toutes les galeries
mieux réinventer et sublimer les stars d’hier et d’aujourd’hui. Une tendance street-art qui se YellowKorner, jusqu’au
dessine aussi avec les travaux d’Helio Bray, proche du graffiti, et de Mark Lovejoy. 9 juin. Yellowkorner.com

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Une expérience de vie personOelle.
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ID-IDEAT & MONNAIE DE PARIS

Ruée vers l’or à la Monnaie de Paris


Propos recueillis par Élisa Morère

1 2

Marc Schwartz, à la tête depuis deux ans Le bâtiment, inauguré sous Louis XV, paraît
de cette maison, à la fois musée et entreprise assez intimidant…
d’État, souhaite valoriser le site historique Car il a été conçu comme un coffre-fort où l’on n’entre
et réorienter les expositions autour des métiers pas ! L’enjeu, aujourd’hui, est de le rendre accessible en
d’art et de la monnaie. Ce qui ne change pas ? engageant des partenariats avec, par exemple, l’école
Le succès des ventes de monnaies de collection Boulle, l’École nationale supérieure des arts décoratifs
qui y sont frappées : elles partent toujours et les Beaux-Arts. L’été, leurs étudiants exposeront dans
comme des petits pains ! nos cours. Avec l’Éducation nationale, nous développons
des visites de classes et nous discutons avec l’Institut de
Que représente pour vous France voisin, qui souhaite ouvrir ses portes, lui aussi.
la Monnaie de Paris ?
C’est un musée, mais aussi une entreprise avec un site in- Quelles sont vos nouvelles orientations ?
dustriel à Paris et un autre à Pessac (en Gironde). Rappe- Elles se déploient à travers des thématiques de plus
lons qu’elle est la plus ancienne manufacture du monde, en plus grand public, telles que nos pièces Harry Pot-
frappant monnaie depuis douze  siècles pour l’État en ter en or et en argent, qui rencontrent un très grand
France ainsi que pour des États étrangers. De plus, elle succès, et un projet avec Netflix, via La Casa de Papel,
crée des monnaies de collection, des médailles, des dé- pour créer un escape game baptisé « Venez braquer la 1/ Le président-directeur
corations, des objets d’art vendus dans le monde entier. Monnaie de Paris ! ». Ce virage stratégique a pour but, général, Marc Schwartz,
met au point plusieurs
vous l’aurez compris, de séduire les plus jeunes. projets pour ouvrir
Comment expliquez-vous cet attrait du davantage la Monnaie
public pour vos monnaies de collection ? Et du côté du musée ? de Paris au jeune public.
2/ Depuis douze siècles,
Il se justifie à la fois par le goût de la collection, la di- Restauré en 2017, il occupe une place centrale, ludique et la plus ancienne institution
mension d’épargne et la volonté de transmission, et pédagogique. Il est fait pour que les visiteurs voient aussi de France et la plus vieille
entreprise du monde
par la réorientation dans le choix des thèmes traités. nos ateliers à l’œuvre. Quant au programme culturel, il
frappe la monnaie en
En fait, l’intérêt pour le métal précieux n’a jamais été sera plus en lien avec notre site, notre identité et nos mé- France pour l’État ainsi que
aussi fort. La totalité du tirage à 5 000 exemplaires du tiers. Nous inviterons des sculpteurs, des designers, des pour des États étrangers.
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nouveau Laurier or, à valeur faciale de 1 000 €, est déjà plasticiens et nous prévoyons des expositions abordant
vendue. Du jamais-vu ! les thèmes de la monnaie et des métiers d’art. Monnaiedeparis.fr

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Design de Karakter
Par Marie Godfrain

1 2 3

Une jeune maison d’édition danoise vient d’ouvrir ses portes à Paris.
Elle propose essentiellement des pièces de designers qui n’avaient
pas encore vu le jour. L’enseigne Karakter nous convie à un voyage dans
le temps où le fil rouge demeure une esthétique épurée et innovante.

A
lors que les archives des designers regorgent de dessins, croquis et prototypes
d’objets et de meubles jamais édités ou tombés dans l’oubli, deux entrepreneurs
danois, Christian Elving et Kim Mekawi, décident de fonder, en 2014, Karakter.
Cette maison d’édition se consacre au lancement de designers contemporains mais, sur-
tout, à la production de pièces signées de maîtres scandinaves ou italiens, comme Achille
Castiglioni ou Angelo Mangiarotti. On doit à Karakter, par exemple, la réédition de la bi-
bliothèque Il Kilometre, de Joe Colombo… En 2019, l’éditeur danois passe à la vitesse su-
périeure en étant racheté par Lifestyle Design (ex-Poltrona Frau Group), géré par Cassina,
autre spécialiste des rééditions de maestri. C’est d’ailleurs à quelques pas du showroom
germanopratin de ce dernier, à la place de Cappellini, label du même groupe, que Karakter
s’installe pour exposer ses icônes. Disséminés dans la boutique, des podiums présentent le
1/ Parmi les rééditions
travail de chaque designer/architecte, comme Aldo Bakker, Joe Colombo, Achille et Pier présentées dans le
Giacomo Castiglioni, Bodil Kjær, Angelo Mangiarotti et Paul McCobb. showroom de Karakter :
la table Console d’Aldo
Après Muuto, c’est un nouvel acteur du meuble scandinave qui s’implante dans le Bakker (au fond).
triangle d’or du design… Et c’est surtout la première adresse « physique » pour Karak- 2/ Les bougeoirs Jazz de
ter, qui reçoit sur 160 m2 particuliers et professionnels, comme des décorateurs et des Max Brüel. 3/  Les étagères
d’Achille et Pier Giacomo
architectes de projets contract (hôtels, restaurants…) autour de scénographies assez Castiglioni et les luminaires
muséales. Des bougeoirs Jazz de Max Brüel (1961), au bureau Rampa, de Castiglioni de Joe Colombo.
© FRANCIS AMIAND
(1965), toutes les typologies sont ici proposées. « L’ouverture de notre magasin phare
à Paris représente la première étape d’un voyage passionnant pour Karakter. Paris a une Karakter.
affinité avec la créativité, l’artisanat et l’élégance, et nous sommes impatients d’inviter 242 bis, boulevard
Saint-Germain,
les clients dans ce magnifique espace pour explorer notre monde », explique Christian 75007 Paris.
Elving, président de Karakter. Karakter-copenhagen.com

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Hotel Paradiso, la superproduction de l’année


Par Nathalie Nort

1 2

Malgré les cinémas fermés depuis des mois, c’est le meilleur scénario
pour se faire une toile, puis deux, puis trois… Un casting d’enfer,
une mise en scène léchée, un grand écran, mais avant tout, une envie
de septième art plus que jamais adaptée au contexte. Bonne séance !

S
’assoupir au cinéma, ça arrive à tout le monde, même aux plus cinéphiles. Mais
dormir au cinéma, dans un vrai lit king size, ça n’arrive qu’ici, et autant vous pré-
venir, vous garderez les yeux grands ouverts. Imaginez : chacune des 34 chambres
(et des trois suites) devient votre salle de projection privée. C’est le génial pari d’Elisha
et Nathanaël Karmitz, les fils du cinéaste distributeur et exploitant Marin Karmitz, qui
ont convoqué la crème des créatifs pour mettre leur projet de cinéma-hôtel à exécution.
Commençons par les deux suites qui occupent tout le septième et dernier étage. Elles
sont les seules à offrir la technologie pour voir les films à l’affiche dans les six salles 1/ Avec leur hôtel-cinéma,
Elisha et Nathanaël Karmitz
du MK2 Nation voisin. Le check-in se fait à partir de 16 heures, le check-out est fixé (de gauche à droite),
à midi. Ainsi, leurs 40 m2 poussent à convier deux ou trois amis pour partager l’expé- les fils du fondateur du
rience. À peine arrivé, on compose le numéro du room-service : pop-corn, bagels gua- réseau MK2, Marin Karmitz,
ont décidé de pousser
camole ou pastrami, planche veggie, matcha cookies (délicieux), cocktails ou vin mil- l’expérience cinéphilique
lésimé by Francis Ford Coppola, tout est fait pour vivre une projection unique. Il faut un (é)cran plus loin.
© FRED LAHACHE
simplement se mettre d’accord sur le choix du film. En plus d’offrir l’accès à six cata-
2/ Dans cette chambre
logues, donc des centaines, voire des milliers de possibilités, la tablette numérique avec taille art et essai, la star,
son interface (développée par Bowo) est votre premier assistant : contrôle des lumières c’est justement l’écran,
comme une fenêtre
ambiantes, son Dolby numérique, vidéoprojecteur et grand écran (de 2,5 mètres de ouverte sur l’imaginaire.
large), mais aussi la playlist concoctée par l’auteur-compositeur-interprète Woodkid ou © ROMAIN RICARD

88
Hand made
—— ceramic
design

Vasque Tiberino couleur Brina, miroir Round 60


design Andrea Parisio, Giuseppe Pezzano
ceramicacielo.it
ID-NEWS HÔTEL

1 2 3

la conciergerie ad hoc (VTC, guide de Paris, etc.). Du côté de l’écran, le cinéma d’art et 1/ L’artiste JR a pris
d’essai est mis à l’honneur par MK2 Curiosity, et les partenariats avec Mubi ou Car- possession du paysage
parisien avec son clin d’œil
lotta Films sont complétés par les offres d’Arte, Netflix, MyCanal ou encore Disney+. à Charlot et son Kid, visible
« Chaque semaine, une programmation de films et de séries issus des plates-formes est depuis plusieurs chambres
de l’hôtel. © JR 2/ La chambre
proposée aux clients de l’hôtel. Elle est éditorialisée par les équipes de MK2 et de Trois
Grande Paradiso. © ROMAIN
Couleurs, notre magazine de cinéma. On peut même la recevoir tous les lundis via notre RICARD 3/ La chambre

newsletter », explique Nathanaël Karmitz. À cela s’ajoutent la PlayStation (en option) Paradiso. © ROMAIN RICARD
4/ Et si l’on a encore envie
et une DVDthèque sur le palier de chaque étage. Blockbusters de l’année ou films cultes de se faire une toile
d’hier, ce n’est plus une nuit blanche que vous allez vivre, mais un festival ! Enfin, pour grandeur nature, il y a le
une intimité à deux sans rogner sur ce classieux scénario, la Junior Suite Paradiso, avec MK2 Nation tout proche.
© FRED LAHACHE
sa baignoire face à l’écran, est un rêve !
Derrière l’architecture impeccable du bâtiment confiée à l’agence DVVD, la déco de l’hô- Hotel Paradiso.
135, boulevard Diderot,
tel, signée Alix Thomsen, tient de la nouvelle vague actuelle : béton banché, mood scan-
75012 Paris.
dinave, teintes rabattues, étoffes moelleuses, tout tend vers une épure sophistiquée, bref, Tél. : 01 88 59 20 01.
un arrêt sur image que l’on aimerait prolonger ad vitam aeternam. À saluer, la mise en Mk2hotelparadiso.com
Chambre à partir de 100 €.
lumière de Philippe Collet (une star dans son domaine) particulièrement soignée, tant Suite à partir de 300 €.
pour la façade de l’immeuble que pour les chambres. D’autres collabs viennent servir
cette mise en scène léchée. « On voulait avant tout donner une âme à ce lieu en faisant
appel à nos amis artistes. Christian Boltanski est un proche de notre père, Marin Kar-
mitz. De la même façon, avant que JR soit connu dans le monde entier, on l’a accompa-
gné dès son premier film. Idem pour Alexandre Mattiussi, à la tête de sa maison AMI,
qui a créé toutes les tenues du staff. Quant à Woodkid, on l’a rencontré lors de nos évé-
nements Cinéma Paradiso. C’est quelqu’un qui s’inspire beaucoup du cinéma dans ses
compositions », poursuit Elisha. D’autant que la superproduction Paradiso ne s’arrête
pas aux portes des chambres. Pour les beaux jours, le ciné-club sur le toit-terrasse offre
une jolie vue et La La Land, la salle de karaoké vouée aux musiques de film, promet
4
déjà de jouer à guichets fermés.

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ID-NEWS HÔTEL

La Mamounia, royale de luxe


Par Nathalie Nort

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C’est une vibration où le bleu Majorelle et l’ocre de la ville se mêlent


à la luxuriance des jardins. C’est une histoire des Mille et Une Nuits,
extravagante et jouissive, un lieu qui subjugue par sa vivacité à traduire
le tropisme de l’époque, un écrin pour des souvenirs inoubliables.
Dans cette histoire sans fin, partagée entre héritage, grand luxe et
avant-garde, l’agence Jouin Manku vient d’écrire un nouveau chapitre.

N
ovembre 2020. Les neiges de l’Atlas et les sublimes jardins s’offrent en merveil-
leuses toiles de fond. Alors que la moitié de la planète étouffe sous le bâillon d’une
pandémie installée pour durer, le palace La Mamounia, à Marrakech, tente de
faire belle figure. Un chantier achevé en quelques mois à peine réinvente complètement ses
lieux de convivialité, à savoir une dizaine d’espaces éparpillés sur son domaine de 15 hec-
tares. Pour sublimer de tels endroits, Pierre Jochem, directeur général, a eu la bonne idée de 1/ À l’entrée du Menzeh,
le salon de thé Pierre
missionner un tandem bien rodé au firmament des étoilés Michelin : Patrick Jouin et Sanjit Hermé, un monumental
Manku. Leur vocabulaire à la française, truffé de références, brouille volontiers les lignes lustre de cristal Lasvit
entre architecture intérieure et design global, création industrielle et artisanat d’art. Après surplombe une fontaine
en Inox poli. 2/ Architectes
qu’Alain Ducasse leur a commandé ses tables les plus spectaculaires à Paris, Londres, Mo- et designers habitués
naco, Las Vegas et Bangkok, et à force de servir de faire-valoir au gotha de la gastronomie, aux défis soulevés par
les lieux d’hospitalité
budgets souvent stratosphériques à l’appui, les usages contemporains du fine dining n’ont
et les tables gastronomiques,
plus de secret pour le duo et ses 40 collaborateurs. Patrick Jouin et Sanjit
Ici, le talent de chefs cosmopolites, Jean-Georges Vongerichten et Pierre Hermé, s’exé- Manku viennent de
réinventer les bars et
cute tout au long des menus et de la ronde des assiettes. Le sens d’une hospitalité légen- espaces de restauration
daire, chère au cœur des Marocains, a présidé à cette production expresse et majuscule du palace marocain.

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4

– le temps d’un été et sans même fermer – et fait suite au grand chelem imaginé par le
décorateur Jacques Garcia entre 2006 et 2009. Là, à l’exception des 209 chambres et
suites, de quelques salons, patios et du spa, restés dans le mood Garcia, le projet Jouin
Manku se déploie sur plus de 1 700 m2 dans un florilège d’expériences gustatives et
conviviales, toutes plus moelleuses les unes que les autres : un restaurant asiatique, un
autre italien, un salon de thé, une œnothèque, trois ou quatre bars, une pool house ainsi
qu’une salle de cinéma, incluant pour la plupart un volet outdoor. « Au delà d’une cou-
leur ou d’un ornement, il s’agissait d’aller contre certains repentirs. Nous avons ra-
pidement eu envie de célébrer la lumière, ce matériau, cette alchimie qui incite à (re)-
découvrir l’ensemble dès le seuil franchi. Ce fut un point de départ, une intuition », com-
3/ Changement de
mente Patrick Jouin depuis la galerie Mamounia, qui sert de lobby à l’hôtel mythique, sans
perspectives, création
doute le plus fameux du royaume. « Nous avons choisi de désorienter cet espace central, au- « d’objets extraordinaires »,
trefois plus sombre, en libérant les axes cardinaux vers les lumineux jardins que l’on aperçoit la lumière s’inscrit en
composant essentiel
tout au fond, afin d’animer naturellement d’autres circuits, limitrophes, hier peu fréquen- du projet. Lanternes,
tés », poursuit Sanjit Manku. Un changement radical de perspectives qui apporte bien plus appliques, suspensions
de lisibilité. Exit l’atmosphère de musée un brin figée, place à un patrimoine réellement vi- ou veilleuses de table,
l’éclairage (conçu par
vant, grand luxe à la croisée d’un prestige attaché aux traditions et d’un art de vivre moins la société Voyons Voir)
corseté, « comme un bonbon qui fondrait lentement », ajoute Patrick Jouin. intègre une trentaine
de typologies. 4/ L’entrée
À l’ouest de la galerie jaillissent les mille et une flammes du monumental lustre de cris-
principale du palace.
tal Lasvit. Pièce maîtresse installée à l’aplomb d’une fontaine en Inox poli, elle signe l’en- De la bouche de Winston
trée du salon de thé Pierre Hermé, qui déborde à ciel ouvert sur le Patio andalou. Lui ré- Churchill, qui aimait y aller
en villégiature, « c’est un
pond une forêt de lanternes aux motifs inspirés des palmes ou des moucharabiehs, telles des lieux les plus beaux
des lampes d’Aladin capables de fixer l’échelle des souvenirs. Cette richesse de l’imaginaire du monde ». © ALAN KEOHANE

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ID-NEWS HÔTEL

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combinée à l’excellence d’un artisanat de haute facture, le pâtissier star l’a faite sienne sur 1/ L’Asiatique, l’une des
des tablettes de chocolat dont il dit avoir trouvé le motif « exclusif » en foulant la légen- tables pilotées par Jean-
Georges Vongerichten
daire place Jemaa el-Fna. Outre les douceurs confectionnées à base d’amlou, trésor pré- dans son intimiste décor
paré avec de l’huile d’argan, des amandes et du miel, d’autres gourmandises prolongent la dedans-dehors, fait la part
belle à l’artisanat : mobilier
nouvelle parenthèse salée du déjeuner, notamment ce burger qui a nécessité 300 « crash sur mesure Cassina, tissus
tests ». Ou encore ce rituel du thé à la menthe servi au Menzeh, à l’ombre d’oliviers cen- Pierre Frey, lave émaillée
tenaires qui fournissent jusqu’à 6 000 litres d’huile par an. Ici encore, le toit du restaurant de Marie-Hélène Soyer,
boiseries de chêne fumé
marocain étrenne son nouveau bar sous les étoiles. Dans cet éden intemporel travaillent incrustées de métal. 2/ Non
jusqu’à 600 employés dévoués. Comme dans la majorité des communs, Cassina et son pôle loin du potager, au milieu
des oliviers centenaires,
contract ont œuvré de concert avec le studio parisien et la maison Pierre Frey pour la créa-
le Menzeh par Pierre Hermé
tion des assises. Intérieur nuit cette fois, le bar Churchill échauffe les sens. Une volupté fer- sert de cadre au rituel
roviaire, de bois fumé et de verre rétroéclairé, qui n’est pas sans rappeler l’appartenance du du thé, autour des glaces
et pâtisseries créées à base
5-étoiles à l’Office national des chemins de fer (ONCF). Au rayon lumière, on aimera tout d’amlou (un beurre
autant la note cuivrée du Pavillon de la piscine que les liens bordeaux et terracotta tissés d’amandes, d’argan et
de miel). © ALAN KEOHANE
avec le vin de l’Œnothèque. Plus avant vers le sud, autour d’une piazza virtuelle, les deux
3/ Le verger exerce un
restaurants de Jean-Georges Vongerichten, L’Italien et L’Asiatique, qui concentrent ce qui irrésistible pouvoir
se fait de mieux en matière de fusion culinaire, ont bénéficié d’une même attention à l’ar- d’attraction. Au XVIIIe,
le sultan donna le palais
tisanat d’art tout en tressant des ponts entre dehors et dedans. et son jardin en cadeau de
« Il faut que tout change pour que rien ne change. » Le destin de La Mamounia, cette grande mariage à son fils, le prince
Al Mamoun. © ALAN KEOHANE
dame quasi centenaire qui vient tout juste de changer de garde-robe, peut tenir tout entier
dans la métaphore du Guépard, le roman du prince de Lampedusa, écrit en 1958 et porté à La Mamounia.
l’écran par Luchino Visconti en 1963. Cadeau de mariage hors du temps offert par un père Avenue Bab-Jdid,
40040 Marrakech, Maroc.
à son fils, La Mamounia ne cesse tout au long de sa glorieuse carrière d’accueillir le tour- Tél. : +212 (0) 524 388 600.
billon de la vie, irriguée par la surnaturelle beauté de ses jardins. Mamounia.com

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« Meilleur laboratoire photo du monde »
Primé par les rédactions de 26 prestigieux magazines photo
Vainqueur TIPA World Awards 2013, 2017 et 2020

les plus respectés, les plus talentueux et les plus influents du monde entier et font
confiance à WhiteWall pour l’impression de leurs œuvres. Découvrez des
supports de grande qualité « Made in Germany », tels que le tirage photo sous
Plexi dans une caisse américaine en bois, réalisée sur mesure dans
l’atelier WhiteWall.

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Berlin, Londres, Paris, New York
ID-NEWS BOOKS

Par Marie Godfrain

L’art du tapis Luxe, calme et modestie Une aventure du textile


A Tale of Warp and Weft – Fort Street Studio, de Brad Design Commune, de Roman Alonso et Steven Savoir & Faire – Les Textiles, collectif, Actes Sud /
Davis et Janis Provisor, en anglais, Rizzoli, 288 p., 75 €. Johanknecht, Abrams Books, 288 p., 60 €. Fondation d’entreprise Hermès, 416 p., 49 €.

Le tissage est l’une des plus anciennes techniques À l’opposé des intérieurs américains aux teintes Il y a six ans, Hermès lançait une académie des sa-
artisanales. Son vocabulaire est sans cesse remis au pastel et au mobilier néoclassique, Commune est voir-faire dont chaque session serait consacrée à un
goût du jour par des créateurs tels que Brad Davis l’héritier des modernistes qui ont fait le goût cali- matériau. Cette année, celle-ci, sous la direction ar-
et Janis Provisor, qui transforment des peintures en fornien. Dans cette seconde monographie consa- tistique de Matali Crasset, se penche sur le tissu. Un
tapis. Vingt ans après la naissance de leur marque, crée au duo Roman Alonso et Steven Johanknecht, ouvrage complet, composé d’une multitude d’essais
Fort Street, leur monographie dévoile les coulisses on retrouve leurs intérieurs inspirés du mouvement pour un portrait impressionniste de cette matière.
de leur création (des images émouvantes de la tein- Arts & Crafts, habillés de matériaux naturels et de On passe des textiles de l’Antiquité à un chapitre
ture des fils de soie dans leur usine chinoise) et des teintes sourdes, parfois sophistiqués ou plus dé- sur Sheila Hicks, sur le lien entre musique et tissu
intérieurs luxueux habillés de leurs créations. De contractés. Ils mixent le vintage scandinave et l’arti- (imprimé jazz de Sonia Delaunay), mais aussi sur les
véritables œuvres d’art, abstractions colorées qui sanat américain contemporain dans des « cabines » innovations technologiques et les dernières solu-
clôturent les débats entre art mineur et art majeur. au fond des bois californiens ou dans des hôtels. tions pour lutter contre sa surconsommation.

Une histoire de goût Un siècle de progrès Une artiste complète


Olivier Dwek à la lumière de la modernité, Modèles déposés… 1000 objets design, de Thomas Vera Székely, de Daniel Léger et Mathieu Buard,
de Philip Jodidio, Rizzoli, 216 p., 65 €. Rinaldi, Phaidon, 1 056 p., 39,95 €. Norma Éditions, 288 p., 65 €.

Patrie du bon goût, la Belgique a produit ces der- Passionné d’inventions, le designer américain Tho- Célèbre pour ses céramiques, Vera Székely est une
nières années une génération de créateurs ta- mas Rinaldi a sélectionné 1 000 dessins et modèles artiste complète, multipliant les médiums et les for-
lentueux. Parmi eux, Olivier Dwek, qui se définit déposés aux États-Unis entre 1900 et aujourd’hui. mats dans tous les contextes pour assouvir sa soif
comme «  curateur, décorateur, architecte  ». Il se Classés par ordre chronologique dans une somme de créer. Cette monographie très complète, riche
replonge dans l’histoire de l’art et du design du de 1 200 pages en papier bible, ils font chacun l’ob- en photos et autres documents, dresse le portrait
XXe  siècle pour créer des lieux très lumineux ins- jet d’une page comprenant son nom, celui de son d’une femme inspirée, de sa participation aux J.O.
pirés de l’architecture vernaculaire grecque et des inventeur, son année de dépôt et son dessin. Un té- de Berlin pour la Hongrie, comme nageuse, à son
formes cubiques du courant De Stilj. Des beautés moin de l’évolution des technologies, l’occasion de départ pour la France avec Pierre, son époux, sculp-
épurées mais habitées, imaginées par ce profes- découvrir des designers prolifiques au trait familier. teur… L’occasion de redécouvrir ses sculptures mo-
sionnel repéré par Louis Vuitton, qui lui avait confié D’un immeuble de Raymond Loewy au téléphone numentales comme des voiles gonflées au musée
sa boutique bruxelloise dans les années 2000. combiné… Autant d’instantanés d’une époque. d’Art moderne de la ville de Paris, sa consécration.

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ID-ARTIFORT & IDEAT

1 2 3

Artifort, l’histoire d’une vie


Un fauteuil Artifort se reconnaît au premier à Paulin et Harcourt de dessiner leurs premiers modèles.
coup d’œil. L’éditeur néerlandais perpétue Toute l’expertise technique innovante de l’atelier est à leur
son style iconique avec les grands designers disposition. Pierre Paulin conçoit de véritables sculptures
d’aujourd’hui. recouvertes de tissus élastiques. Le Mushroom®, l’Orange
Par Caroline Tossan Slice®, le Ribbon® conquièrent le public, tandis que les
fauteuils à coque de Geoffrey D. Harcourt et les canapés

S
ur le site d’Artifort, les fans de la marque racontent de Kho Liang Ie gagnent le marché des bureaux et des aé-
leur histoire. Une histoire d’amour avec leur fau- roports. Si ces modèles fondateurs sont toujours édités,
teuil de leur couleur préférée. C’est Tonnie, qui a les grandes signatures d’aujourd’hui, les Néerlandais Ri-
acheté en 1961 son Oyster dessiné par Pierre Paulin et af- chard Hutten, Scholten & Baijings, René Holten et Khodi
firme qu’elle le gardera toute sa vie. C’est Bea qui, petite, Feiz, le Français Patrick Norguet, l’Italien Luca Nichetto,
faisait tourner le Tulip de ses parents et a passé des heures la Suédoise Monica Förster apportent un sang nouveau
sur Internet pour en trouver un d’occasion. Depuis les an- à l’ADN d’Artifort. Ils perpétuent la tradition du fauteuil
nées 60, Artifort entretient un lien sentimental et passionnel tapissé de mousse et de tissu dans des formes organiques
avec ses clients. À l’époque, les fauteuils signés du Français indémodables. Les structures sont réalisées artisanalement
Pierre Paulin ou du Britannique Geoffrey D. Harcourt RDI aux Pays-Bas et recouvertes en Belgique, respectant les
ont propulsé la marque au panthéon de la renommée inter- dernières normes environnementales. La large gamme de 1/ Le fauteuil Soft Facet
de Scholten & Baijings.
nationale. On sait moins que la société a plus de 130 ans peinture poudrée ouvre d’infinies possibilités de couleurs. Une nouvelle version
d’existence : elle a débuté à Maastricht en 1890, sous l’im- La famille Van der Lande, trois frères et une sœur, désor- de ce fauteuil sera mise en
avant en octobre prochain.
pulsion de Jules Wagemans, avec sa propre entreprise de mais propriétaire, protège l’intégrité de la marque comme
2/ Le fauteuil Ribbon de
meubles. De père en fils, l’atelier s’est taillé une belle répu- un trésor. Un fauteuil ou un canapé Artifort est construit Pierre Paulin, créé en 1966.
tation. Le destin d’Artifort bascule en 1958, quand Harry pour durer toute une vie. Le premier geste écologique est 3/ Le fauteuil F 588 de la
série « F 500 » conçue
Wagemans recrute l’iconique Kho Liang Ie à la direction de le rapporter à l’atelier pour lui offrir une seconde jeu- par Geoffrey D. Harcourt
artistique. Le designer d’origine indonésienne demande nesse. Les fans adorent. en 1967.

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« À force de parcourir
le monde, de rencontrer
designers, architectes,
éditeurs, talents modestes
et immodestes ; à force de
visiter des maisons de rêve,
de dormir dans les plus beaux
hôtels de la planète, de tester
les meilleurs restaurants,
nous avons décidé de vous
donner nos préférences
du moment et, surtout,
de les récompenser. »
NUMÉRO
D E S I G N AWA R D S ÉVÉNEMENT

Pour la
première fois,
IDEAT décerne
60 Awards dans
les catégories
Design, Lifestyle
et Trips.
Bienvenue dans
un monde
plus beau !
ID-DESIGN AWARDS

BEST DESIGNER

Cristina Celestino
au ravissement général

Dans le monde du design, il arrive parfois que se produise un moment


magique : celui où une personnalité capte l’air du temps et exalte nos
émotions. Comme une évidence. La designer italienne Cristina Celestino
n’est pas célébrée pour son aura médiatique, mais pour la délicatesse
de son travail, l’originalité de sa démarche et la fraîcheur de ses créations.
Par Guy-Claude Agboton

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1 2

Page de gauche L’historique pâtisserie Cucchi, à Milan, est


devenue le Caffè Concerto Cucchi, le temps du Fuorisa-
lone 2019, grâce à la réinterprétation de la designer Cristina
Celestino. Dans ce lieu, l’un des préférés des Milanais, des
vitrines, des uniformes et des gâteaux revisités… L’archi-
tecte d’intérieur mélange textures, matériaux précieux et
couleurs vives, recourant à ses propres créations : papier
peint Oasi, collection « Esotismi » (Misha Milano), lampes
coquelicots Opyo en verre soufflé (Kundalini), chaises ta-
pissées de velours et petites tables équipées de plateaux
en miroir rosé. © MATTIA BALSAMINI 1/ Au salon Design Miami
2016, Fendi présentait The Happy Room, un salon VIP itiné-
rant aménagé avec une collection de mobilier conçue par
l’architecte. 2/ Scénographie de Cristina Celestino pour
le céramiste Fornace Brioni © MATTIA BALSAMINI 3/ Canapé
modulaire Gala (Saba). © MATTIA BALSAMINI 4/ Poufs Char-
lotte pour Sergio Rossi (Attico Design). © MATTIA BALSAMINI
5/ Lampadaires Leila (Esperia). © MATTIA BALSAMINI 6/ La
boutique The Pink Closet, située à quelques mètres de
l’entrée du Palazzo Avino, à Ravello, se veut un « antre des
merveilles ». Elle se pare de rose, symbole de l’hôtel, de
tuiles vernissées en forme de coquillage et de marbre
3 4
polychrome, évocateurs des fonds marins.

5 6

101
ID-DESIGN AWARDS

1 2 3

C
ertes, Cristina Celestino intervient dans des lieux choisis : hôtels, salons de thé
ou boutiques de luxe. Mais n’est-ce pas là que se cristallisent les dernières ten-
dances ? Le Palazzo Avino, hôtel 5 étoiles à Ravello (Italie), est un cocon raffi-
né, alliant le rose, qui pourrait passer pour la couleur fétiche de la designer, le bleu, mais
aussi le beige, avec ou sans motif, sol en céramique compris. En tant qu’architecte d’inté-
rieur, elle investit les espaces avec élégance, comme le bar de l’hôtel Il Palazzo Experimen-
tal, à Venise. Créatrice de meubles, elle conçoit pour l’éditeur Saba le système de sofa Gala
qui, en plus d’être sculptural, invente un nouveau genre. Chez Maison Matisse, éditeur
inspiré par l’artiste peintre, elle interprète certaines harmonies de couleurs de ses œuvres 1/ La suspension Pulsar
pour des tapis, des vases ou des jardinières. Chez Budri, ses vases Bangles ressemblent à existe en deux versions.
des superpositions de bracelets en marbre et en onyx. Pour la collection « Amazonia », Celle-ci propose plusieurs
globes lumineux en cristal
de l’éditeur germano-colombien Ames, elle fait naître des orchidées cattleya en fibre de enfermés dans une
palmier… rien que pour orner les murs. Avec elle, rien n’est froid. Son fauteuil Corolla, structure de cercles de
laiton brossé à l’effet satiné
chez Billiani, dessine une forme encore jamais vue. La collection de papiers peints « Eso-
(Esperia). 2/ La collection
tismi », chez Misha, démontre qu’elle a déjà assez produit pour puiser dans ses propres « Giardino delle Delizie ».
créations afin d’habiller ses chantiers déco. Jamais provocante, son esthétique peut pour- Un projet qui joue sur
la répétition rythmique
tant surprendre. Pour preuve, son tapis Plissé, chez CC-tapis, un mirage reproduisant des de silhouettes isolées pour
rideaux jaune et bleu en trompe-l’œil. Bénédiction pour le made in Italy, Cristina Celesti- engendrer des dessins
no réinvente la tuile en terracotta avec Fornace Brioni : coquilles Rocaille striées comme géométriques sophistiqués
(Fornace Brioni). 3/ Le
un tiramisu ou tuiles Capriccio qui, au sol, rappellent les motifs de chaînes de Gio Ponti. tramway Corallo, moyen
Pour son propre label, Attico Design, elle édite le sofa Powder, inspiré de la forme d’un de transport de 1928
emblématique de la ville
poudrier, intégralement tendu de velours doux… Cristina Celestino est devenue le visage
de Milan, est devenu, une
du design italien. Arrivée à Milan après avoir quitté sa région natale du Frioul-Vénétie fois revisité par l’architecte
Julienne, elle en a aimé les codes classiques pour mieux les réinterpréter ensuite. Ainsi, en d’intérieur italienne, l’une
des installations les plus
2018, la jeune femme sillonnait la cité lombarde dans un tram Corallo qui arborait, signe attendues du FuoriSalone
mémorable, ses couleurs, le temps du Salone del Mobile, au ravissement général. 2018. © MATTIA BALSAMINI.

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Réédition du plafonnier Tuyau, création 1955

www.serge-mouille.com
ID-DESIGN AWARDS

BEST TABLE
Victoria Wilmotte : pas un pli chez ClassiCon
S’il existe déjà de bonnes adresses pour qui cherche une table en marbre, celle imaginée par Victoria Wilmotte
pour l’éditeur allemand ClassiCon, baptisée Pli (photo), va plus loin qu’un beau plateau veiné. Le sien, en marbre
Amazonia, donne l’impression, quand on s’en approche, de survoler la Terre. En outre, cette conception possède
une esthétique remarquable, aussi minérale que cristalline, car la designer l’a dotée d’un très brillant piétement
de panneaux d’acier réfléchissant. Faisant preuve d’une créativité innovante, mais maîtrisée, Victoria Wilmotte
a travaillé la matière en amont dans l’atelier de sa VW Factory. C’est ce profil de designer au savoir-faire très
technique qui laisse entrevoir un avenir prometteur à l’univers de la création d’objets. G.-C.A.

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Rimadesio Modulor boiserie,
Self bold meuble conteneur.
Design Giuseppe Bavuso
rimadesio.com

PPCM Sarl +33 381403600 rimadesio@ppcmsarl.fr


ID-DESIGN AWARDS

BEST ARMCHAIR
LucidiPevere siège chez Cinna
Michel Roset, président de Cinna, rappelait récemment son attachement à « l’artisanat de haute facture
et à l’élégance pure, avec des matières naturelles offrant une sensualité bien nécessaire dans la période actuelle ».
L’expression « loveseat » pour désigner le fauteuil Paipaï, du duo de designers italiens LucidiPevere, chez Cinna,
appuie son propos. Ce qui distingue Paipaï, c’est sa forme ronde, qui se « déploie », comme celle de l’éventail dont
il tient son nom. Juché sur de fins pieds métalliques, le fauteuil semble matelassé, rembourré de mousses à haute
performance. Quant au coussin, il contient de la plume d’oie. Le tout garantit un confort (vraiment) optimal. On
peut être très beau et, en plus, avoir les pieds sur terre : les housses, tissu ou cuir, sont amovibles. G.-C.A.

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ÉLOGE
DU BIEN-ÊTRE

#LAPAUSEALAFRANÇAISE

lafuma-mobilier.com

© Pierrick Verny
ID-DESIGN AWARDS

BEST CHAIR
Nemea, de CMP Design, la simplicité selon Pedrali
Côté designers, rien n’est plus difficile à faire qu’une chaise. Côté public, on pense à tort pouvoir choisir
cette dernière vite, alors qu’on va la garder longtemps. Ce qui nous a séduits chez Pedrali, c’est l’outil industriel
sophistiqué mis au service du plus grand nombre. Ce qui nous a convaincus, c’est la chaise Nemea, du trio de
créateurs de CMP Design (Michele Cazzaniga, Simone Mandelli et Antonio Pagliarulo) : un concentré de simplicité,
en frêne et en aluminium. Son dossier façonné à bonne hauteur permet de bien la ranger autour de la table.
Pour arriver à cette évidence, ouvriers, techniciens, entrepreneurs et utilisateurs potentiels ont été consultés.
Derrière la grâce classique de la chaise Nemea, la recherche n’est pas la « tendance », mais l’essentiel. G.-C.A.

© GUY CREVIER

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ATOLLO METAL
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- Photo © M. Zagnoli

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www.quattro-benelux.com
ID-DESIGN AWARDS

BEST LIGHTING EDITOR


Magic Circus, la meilleure entrée dans la lumière
C’est l’histoire d’une magicienne des temps modernes. Son pouvoir ? Transformer les lieux en pays onirique en
créant des luminaires qui naviguent entre poésie et élégance, ouvrant une porte sur l’imaginaire. Dans les veines
de Marie-Lise Féry coule une substance surnaturelle et c’est en 2015 qu’elle décide de la distiller aux yeux de tous
en fondant Magic Circus Éditions. Pari réussi pour cette amoureuse du spectacle ! Façonnées à la main, ses pièces
sculpturales aux formes rassurantes et aux couleurs poudrées réenchantent notre quotidien en lui injectant
une dose de fantaisie. Nous avons été envoûtés par ces bijoux féeriques, comme ces suspensions Balloon
Canne (photo), aux dimensions hors normes et qui propulsent la maison dans un univers très théâtral. C.B.

© PIERRICK VERNY

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art+works: altrodesign - photo: enza procopio

Canapé 360_CONFIDENT Table basse 9020_POINT design: gianluigi landoni

JVU[HJ[']PIPLќLJVT^^^]PIPLќLJVT
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BEST FIRE PLACE


Metalfire, un foyer moderne
Qui a dit qu’une cheminée devait rimer avec vieilles pierres et poutres apparentes ? Sûrement pas la société Metalfire,
qui met un point d’honneur à créer des gammes aux lignes épurées pouvant s’intégrer très naturellement dans
des aménagements intérieurs contemporains. Depuis 2003, cette entreprise belge s’est fixé comme modus operandi
de partir du design pour concevoir ses appareils. Et ce en respectant toutes les normes environnementales en vigueur,
qu’il s’agisse de foyers alimentés au bois, comme la collection de cheminées « Ultime D », ou au gaz, tels que la ligne
« Avenue » (photo). Avec la sortie progressive des énergies fossiles qui continuera à s’amplifier d’ici à 2040, l’entreprise
belge poursuit sur la même ligne exigeante, développe des foyers fermés et ouverts, dotés d’une ingénierie complexe,
mais invisible pour l’utilisateur, sans pour autant perdre en performances ni déroger aux critères écologiques. O.R.

© STUDIO LEEMAN / CAFEINE

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ID-DESIGN AWARDS

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BEST YOUNG EDITOR

Theoreme génération
Nouvelle maison d’édition française de design contemporain fondée
par Jérôme Bazzocchi et le très actif David Giroire, Theoreme Editions
est d’ores et déjà celle qui chuchote le plus à l’oreille des décorateurs et
collectionneurs. Et, de facto, celle qui soutient activement la jeune création.
Par Anne-France Berthelon

A
vec l’élégance cultivée qui le caractérise, David Giroire a installé son agence de
communication dans l’ancien appartement de Jean Cocteau, au Palais-Royal. De-
1/ Montrer les pièces de
puis 2011, il accompagne, avec une justesse sur mesure assez inédite dans ce mé- jeunes designers attachés
tier, différents créatifs et marques du monde du design, de l’architecture et du luxe, et cisèle à la dimension narrative
de leur travail, c’est ce qui
des connexions. Anti-white cube par essence, GALERIE!, l’espace d’expression expérimental
a motivé Jérôme Bazzocchi
lié à David Giroire Communication, accueille ainsi selon un calendrier indexé sur les coups (à gauche) et David Giroire
de cœur des expositions rares, à l’instar des « Screen Tests » d’Andy Warhol rassemblés par pour fonder Theoreme
Editions. © NOEL MANALILI
James Hedges, mais aussi des performances. De sa rencontre si complémentaire avec Jérôme 2/ Certaines pièces de leur
Bazzocchi, transfuge du marketing du luxe à Londres et collectionneur convaincu, est née « Collection 01 », révélation
en 2019 une nouvelle maison d’édition soutenant activement la fraîcheur et l’audace de la de la Milan Design Week,
en 2019 : étagères Totem
jeune garde du design français : Theoreme Editions. Son ambition ? Mettre en lumière des et miroir Ellsworth, de Joris
talents émergents, discrets et singuliers, souvent formés à l’architecture intérieure et parti- Poggioli, et banc Constantin
de Francesco Balzano.
culièrement attentifs aux savoir-faire, au choix subtil et exigeant des matériaux ainsi qu’à
© FRANCESCA IOVEN
la dimension narrative de la création. Résultat ? Dévoilées en avril 2019 à Milan, puis à la 3/ Les tables Strap
galerie Joyce à Paris et à la foire Collectible à Bruxelles, les pièces de la « Collection 01 », (« Collection 01 ») signées
par le studio Services
qui rassemblait entre autres Pool Studio, Emmanuelle Simon ou Garnier & Linker, sont déjà
Généraux. © BRICE CHATENOUD
cultes. La « Collection 02 » comptera, elle, des pièces signées Wendy Andreu, SCMP et Exer-
cice… « Theoreme », comme une ode à l’audace et à la beauté des assertions mathémati- Galerie !
11 bis, rue de Beaujolais,
co-numériques si chères aux nerds d’aujourd’hui, couplée à celle, éminemment sensuelle, 75001 Paris.
du film homonyme de Pier Paolo Pasolini : un duo qui ne peut qu’être gagnant. Davidgiroire.com

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illustration Giacomo Bagnara

Strong — bar table+stool desalto.it


design Eugeni Quitllet
2019
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BEST DESIGNERS’ COLLECTIVE

Colony, pionnier du design altruiste


L’éditeur rassemble une communauté de créateurs indépendants autour du
made in America. Son système de cooptation fonctionne sur le modèle d’un
capitalisme raisonné. Un collectif qui semble toujours avoir un coup d’avance.
Par Maïa Morgensztern

D
epuis sa naissance en 2012 à New York, Colony, éditeur pas comme les autres, reven-
dique son amour pour le design national dans un milieu obnubilé par le savoir-faire
européen. Lorsque Moss, la mythique galerie qui exposait les jeunes talents de la ré-
gion, ferme définitivement à Manhattan, Jean Lin, styliste et journaliste spécialisée dans l’ar-
chitecture intérieure, se mobilise pour soutenir la création locale. Elle rassemble des œuvres
conçues à partir de débris ramassés après le passage de l’ouragan Sandy et les présente dans
un espace prêté par Ligne Roset. Un réseau d’entraide se met en place… Colony est né. À la
fois altruiste et commercial, le collectif s’organise autour d’un modèle de vente inédit. Les ar-
tistes et designers, une fois cooptés, créent des pièces uniques ou en édition limitée et paient
un abonnement annuel qui leur permet d’accéder aux lieux d’exposition. Dès les débuts, les
collaborations, bien que rares, sont très suivies par la communauté du design autant que par
le monde de l’art. Le projet 40 Bleecker met ainsi en scène des intérieurs raffinés et rebelles
pour les condominiums du studio Rawlings Architects PC dans le quartier de NoHo, à Man-
hattan. Au septième étage, l’appartement 7E, baptisé Paris20, s’inspire de l’esprit de Coco
Chanel. Y cohabitent dans une atmosphère soignée les étagères de la collection « KWH »
(Colony), en noyer rehaussé de laiton, le canapé Ploum (Ligne Roset), des frères Bouroul-
lec, et du linge de maison signé Sferra. Plus loin, l’appartement London70 rend hommage à
la capitale punk de Vivienne Westwood. « C’est un projet qui me tient très à cœur, affirme
la fondatrice de Colony. Il représente à lui seul la force créatrice de notre collectif, nos va-
leurs et notre capacité d’adaptation dans une ville en constante ébullition. » Pour l’exposi-
tion prévue à l’automne 2021, Jean Lin et ses acolytes préparent des œuvres sur le thème de
« la résurgence émotionnelle à travers le design ». Actuel et judicieux. On approuve !

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1 2

Page de gauche Le lit de jour Oak Crescent Lounge, du


duo de designers américains Vonnegut/Kraft (Katrina
Vonnegut et Brian Kraft), exprime une nouvelle façon
de concevoir le design haut de gamme. Les designers
sont libres de travailler avec d’autres galeries et la coo-
pérative Colony ne perçoit que 20 % des ventes au lieu
des 50 % pratiqués ailleurs. 1/ La table Repeat / Arc Side
de KWH, en marbre de Carrare, en bois ou en acrylique
voisine avec le banc Cantilever de Phaedo, disponible
en chêne, érable, cerisier ou noyer. 2/ Le luminaire
Monoscope 4, des artisans designers américains d’Allied
Maker, possède quatre têtes éclairantes. 3/ Assise sur
le fauteuil club en mohair Salon, de Moving Mountains,
la fondatrice et curatrice de Colony, Jean Lin, designer
elle-même, a modelé son label en forme de coopérative
pour alléger les contraintes limitant la liberté des desi-
gners en début de carrière. © CHRISTIE BUCKLEY 4/ Laiton
et verre soufflé, la suspension Tri Cone, d’Allied Maker,
éclaire la table Pastille de Vonnegut/Kraft. 5/ Le siège
Slipper, de Moving Mountains, en harmonie avec la
table d’appoint Dish de Grain. 6/ Cuir, chêne et laiton,
le fauteuil EAE Black d’Erickson Aesthetics prend de la
3 4
hauteur au-dessus de la table Lexan End de Phaedo…

5 6

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ID-DESIGN AWARDS

BEST LIGHTING
Mozaik, éclat sculptant
Véritable innovation d’architecture, la collection « Mozaik » a mis beaucoup de lumière dans une année 2020
parfois obscure. En suspension nomade, en lustre (photo) ou encore en panneaux capables de fractionner l’espace
sans jamais le cloisonner, cette troisième collaboration entre le designer italo-suisse Davide Oppizzi et l’éditeur
français Designheure, qui réinvente l’éclairage, emporte nos suffrages. Mélangeant l’élégance du laiton brossé aux
couleurs chatoyantes du fil tissé, la gamme fait entrer la lumière dans une autre dimension en structurant les volumes.
Une réussite de plus pour l’entreprise sétoise, indissociable de ses fondateurs, Bénédicte et Jean-Baptiste Collod,
qui, en 2005, ont tout plaqué pour se lancer dans l’aventure du luminaire. Un pari remporté depuis longtemps
par ce duo dont la success-story entièrement made in France méritait largement notre soutien. P.L.

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«GEORGES» Signe d’or Bruxelles 1971 /
Fauteuil et Ottoman Edition : Be.Classics
- Photo © J-P. Gabriel
Design : Georges Charles Van Rijk Painting: Clément Jacques-Vossen

Quattro Bénélux
Altenaken, 11
3320 Hoegaarden
België / Belgique
T. 00 32 16 765 400
www.quattro-benelux.com
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BEST SOFA REISSUE


Le Camaleonda de Mario Bellini,
icône de la liberté ressuscitée
Remis en production cinquante ans après sa création, ce canapé
modulable édité par B&B Italia revient dans une version « écologique ».
Il n’a pas vieilli d’un pouce et, en plus, il est vertueux. On salue doublement !
Par Olivier Waché

I
l est né en 1970, porté par l’engouement pour les assises confortables dans lesquelles il
était possible, voire conseillé, de se vautrer. Il n’aura vécu que neuf petites années, pé-
riode suffisante pour qu’il marque son époque. Et bien au-delà, puisque, cinquante ans
plus tard, B&B Italia fait renaître le fameux canapé Camaleonda en le rééditant. Pour cela,
l’enseigne italienne s’est tout simplement adressée à son créateur, Mario Bellini. Voilà bien
ce qui a séduit la rédaction d’IDEAT et nous a fait choisir précisément ce modèle parmi
tant d’autres. Camaleonda, ce n’est donc pas qu’un canapé modulable. C’est un symbole.
De son époque, mais pas seulement. En plus d’être très recherché des amateurs de design Le Camaleonda n’aura
vécu que neuf petites
et d’enflammer les sites de mobilier vintage, il fait souffler un vent de décontraction. Mario
années dans les années 70
Bellini dit d’ailleurs de lui : « Parmi tous les objets que j’ai conçus, c’est sans doute Ca- avant d’opérer son retour
maleonda qui représente le mieux le concept de liberté. » Car il se compose à loisir et quasi en fanfare au XXIe siècle !
Si la forme est la même,
à l’infini, grâce à ses dix-neuf modules. Ce qui nous plaît aussi dans cette histoire est le dé- le fond a changé puisque
roulement de la réédition dans le plus strict respect de l’original, sur la forme comme sur sa confection est beaucoup
le fond. Après un an de travail sur le projet, le nouveau Camaleonda semble en tout point plus conforme aux
standards écolos de
identique au modèle d’origine. Or, ce canapé qui se voulait durable, car intemporel, l’est notre époque. Reste que,
d’autant plus qu’il est désormais confectionné avec des matériaux recyclés et faciles à trier grâce à Mario Bellini,
son indéfectible créateur,
pour permettre leur réemploi. Sa structure en sandwich est composée de diverses couches
il est de nouveau possible
de polyuréthane, pour assurer confort et effet ressort. L’ossature est en hêtre FSC, la housse de s’y abandonner pour
amovible en Dacron tissé à partir de PET recyclé (tissu polyester obtenu à partir de bou- réfléchir au temps qui passe.
Ou d’essayer de ne rien
teilles en plastique), tout comme le velours côtelé chenille qui l’habille. Bref, on aime Ca- penser du tout… © CRISTINA
maleonda aussi pour sa capacité à se fondre partout sans jamais passer inaperçu ! CORAL (PHOTO CI-DESSUS)

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ID-DESIGN AWARDS

BEST OUTDOOR SOFA


Le canapé Sunray, radical mais original et convivial
C’est assurément l’un des canapés outdoor les plus réussis de cette année ! Sans doute parce que son créateur,
Rodolfo Dordoni, le directeur artistique de Minotti, a planché sur des figures géométriques indémodables,
le carré, le rectangle et le cercle. C’est ce que démontrent l’élégante structure en teck du canapé, son piétement
en métal de couleur et son dossier en corde tressée, réconciliant ainsi, dans une subtile harmonie, radicalité
et douceur. Conçue pour composer un véritable salon d’extérieur, la ligne comprend fauteuil, canapé, bout
de canapé, chaise longue, lit de jour à dossier inclinable et petite table carrée ou rectangulaire. Dans le même
esprit ont vu le jour une banquette Sunray Luke, habillée d’un tissu tressé, et des tables Sunray Meg déclinées
dans des laques brillantes blanches, rouille et vert kaki. De la haute couture outdoor ! S.G.

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ID-DESIGN AWARDS

BEST LEGACY
Serge Mouille : les incorruptibles
Nombreux sont les éditeurs historiques qui reproduisent des icônes du design. Mais si nous distinguons les Éditions
Serge Mouille, qui pérennisent depuis 1999 la collection de luminaires « Formes noires » (1952), c’est parce que
chaque lampadaire sortant de l’atelier de Monthiers (Aisne) – que ce soit le Lampadaire droit, la Lampe Antony
(ci-dessous) ou n’importe quel modèle à trois bras – est soudé suivant les règles de l’artiste. Une machine ancienne a
même été chinée pour travailler comme au temps de Mouille. Toutes les lampes sont numérotées et possèdent
un certificat d’authenticité. À la tête de la maison, Didier Delpiroux et sa fille Julia ne réinterprètent rien, à l’instar
des fondateurs, Claude Delpiroux et Gin Mouille, veuve du créateur. Pas de collab mode ni d’excès de storytelling.
Comme si toute la vérité de chacun de ces « appareils d’éclairage » (sic) tenait dans son numéro de série. G.-C.A.

© KARL SAUVADE

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ILE DE FRANCE:
75008 PARIS MODULNOVA Paris Tél. +33 01 88337388 - 75006 PARIS Wagner Interior Design Tél. +33 01 43291817 - 78100 SAINT-GERMAIN-EN-LAYE Theoreme Tél. +33 01 39730621
20167 AJACCIO (AFA) Cucina Vostra Tél. +33 06 03466449 - 56400 AURAY Tanguy Design Tél. +33 02 97562853 - 06310 BEAULIEU-SUR-MER Authentic Design Tél. +33 04 93799820
73230 CHAMBERY (SAINT-ALBAN-LEYSSE) Le Showroom Tél. +33 06 63030951 - 53000 LAVAL Campo Tèl. +33 02 43686584 - 69800 LYON (SAINT PRIEST) B Design Cuisine +33 06 80271914
34070 MONTPELLIER Portovenere Tél. +33 04 67653820 - 51100 REIMS Cuisinium Tél. +33 03 26461482 - 3300 SALON DE PROVENCE (PELISSANNE) Martine Espi Tél. +33 04 90550010
83190 TOULON (OLLIOULES) Tél. La Suite +33 04 94890646
Agences France: Rhone Alpes - Sud France Tél. +33 06 62572030 - Ile de France - Nord France Tél. +33 06 76268754
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BEST COLLAB
Joana Vasconcelos et Roche Bobois, l’entente joviale
Pour les 60 ans de Roche Bobois, la marque et son directeur artistique, Nicolas Roche, persistent. Ils collaborent
avec des designers, des stylistes et des artistes, qu’ils choisissent librement, comme la créatrice Joana Vasconcelos. Née
à Paris, elle, justement, a grandi avec le canapé Mah Jong, de Hans Hopfer pour l’éditeur français, dans le salon parental.
Pour sa collection « Bombom », l’artiste portugaise a conçu un système de sofa modulable tout en privilégiant le confort.
Son dossier, élément nomade, tient sans accroche ni aimant. Il permet de multiples façons de s’asseoir. Viennent
s’ajouter à cette création, tels des tableaux aux couleurs flamboyantes, des tapis. Le résultat de cette collaboration ?
Une impression de joie et de liberté, en lien avec le « French Art de vivre », credo de Roche Bobois. G.-C.A.

© MICHEL GIBERT

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COLLECTION NUAGE WWW.DESIGNHEURE.COM
Designer : Hervé Langlais contact@designheure.com
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BEST OUTDOOR RUG


Un extérieur graphique signé Nani
En voilà un revêtement de sol pour rendre des terrasses originales ! Le tapis outdoor Oaxaca, de l’Espagnole Nani
Marquina, illustre pleinement toute la créativité de la designer, qui a mélangé ici, avec l’élégante audace qu’on lui connaît,
des carreaux noirs et blancs à des motifs floraux colorés, pour un effet graphique qui tape à l’œil. Oaxaca, c’est donc tout
l’art de confronter avec humour des histoires sans lien apparent et de marier des motifs a priori inconciliables… qui révèlent
une harmonie totale. Un tapis tissé à la main en Inde dans une fibre PET (issue du recyclage de bouteilles en plastique
et elle-même recyclable) plus que jamais en phase avec la philosophie que Nani Marquina défend depuis 1987, date de
création de la marque qui porte son nom, connue dans le monde entier et dont le principe consiste à créer des collections
de tapis contemporains complètement inédits, réalisés selon des techniques artisanales traditionnelles. S.G.

© ALBERT FONT

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Scannez ici pour voir la collection complète de Calypso!

www.royalbotania.com
Contact: Agence Iode - royalbotania@agenceiode.com
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BEST HIGH TECH DESIGN OBJECT


La télé belle à regarder des Bouroullec
Tout projet doit correspondre à un besoin pour que le designer s’en empare. La Serif, dessinée pour Samsung
par Ronan et Erwan Bouroullec, est tout ce que la télé n’était pas avant elle : esthétique, pratique et originale.
Si pertinente qu’elle ouvre même la voie à une fonctionnalité supplémentaire : être un objet décoratif. Perchée
sur des pieds (amovibles) ou disposée sur une étagère ou une desserte (en 43, 49 ou 55 pouces), elle dissimule
ses câbles et sa connectique derrière un gracieux panneau. Son profil calligraphié de « I » majuscule (d’où son nom
de typographie), mais aussi ses couleurs (un cadre blanc ou bleu) lui permettent de se fondre dans le paysage
domestique actuel. Même l’écran noir disparaît grâce au « mode ambiant » qui laisse danser des motifs poétiques
et colorés dessinés par les frères Bouroullec. La lucarne est devenue tableau, miroir… bref, elle s’est humanisée ! V.C.

© STUDIO BOUROULLEC

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BEST RUG’S COLLECTION

L’enfance de l’art
La collaboration de Faye Toogood avec CC-tapis, éditeur de tapis
milanais, pour la collection « Doodles », est un exemple édifiant
de complicité et de complémentarité entre un styliste et un éditeur.
Par Jean-Christophe Camuset

L
a designer anglaise Faye Toogood cultive un caractère insaisissable. Particulièrement
ces deux dernières années où, après avoir donné naissance à son premier enfant, elle
a décidé de réduire ses activités professionnelles pour mûrir sa réflexion et mettre
au point un nouveau vocabulaire créatif. Elle a notamment pratiqué le doodling, qui
désigne l’habitude de gribouiller sur une feuille pendant une conversation téléphonique
ou une réunion. Une sorte de dessin automatique à l’esthétique singulière, qui inspire
de plus en plus de créateurs. Avant de se lancer dans un projet concret, elle a préféré
prendre le temps de se pencher sur les formes et les couleurs dont elle voulait nourrir la
suite de sa production. À force d’expérimenter dans son atelier, elle a fait éclore de petits
tableaux-maquettes sur lesquels elle a assemblé différents matériaux autour de dessins
naïfs. C’est alors que Fabrizio Cantoni et Nelcya Chamszadeh, les deux fondateurs de
CC-tapis, la sollicitent pour créer une nouvelle collection et lui rendent visite dans son
studio londonien. Découvrant ces tableaux candides, ces toiles peintes et cousues, ils
lui demandent si elle accepterait de les reproduire sur des tapis. Mais, attention ! pas à
l’identique. « Nous tenions avant tout à capturer la matérialité et la richesse de chacune
Ensemble, la marque
de ces œuvres, leur expression à travers l’usage de couleurs nuancées », racontent-ils. italienne CC-tapis
Faye Toogood a alors créé six dessins en 2D destinés à être transformés en autant de et Faye Toogood ont
imaginé la collection
tapis. Un long processus a été nécessaire pour restituer toute la subtilité des compositions
« Doodles ». Six tapis faits
originales. Chaque pièce comporte donc six hauteurs de relief et soixante-dix teintes ont main qui traduisent la
été spécialement développées. Pour Faye Toogood, la collection « Doodles » marque un volonté pour la designer
d’un retour à la créativité
retour à la créativité originelle de l’enfance, celle qui ne s’embarrasse ni de codes ni de originelle de l’enfance.
références. Un but qu’elle dit vouloir poursuivre dans ses prochains travaux. © OMAR SARTOR

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BEST DESK
Le bureau nomade UniFor
Le studio de design milanais Klass (Marco Maturo et Alessio Roscini) a conçu pour qui travaille dans un monde
qui bouge le meilleur des points d’ancrage. Réalisée en 2019 pour UniFor, label de bureau haut de gamme
appartenant à Molteni & C, cette station de travail Touch Down Unit a finalement été intégrée en 2020 à la
collection du groupe italien. Déjà élégante au bureau, elle se fait plus chaleureuse à la maison, en noyer canaletto,
avec des plateaux amovibles en bois ou en cuir. Travailler, ranger… elle permet de tout faire de façon plus
confortable, que l’on soit assis ou debout, port USB et batterie rechargeable compris ! À l’heure où même
le bureau le plus directorial mute – n’ayant parfois pas besoin d’autre chose qu’un simple smartphone –, le Touch
Down Unit résout parfaitement selon nous l’équation on ne peut plus actuelle du travail nomade. G.-C.A.

© DELFINO SISTO LEGNANI

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BEST REVIVAL
Sammode réinvite Pierre Guariche
C’est une chose d’être une vieille maison pleine de belles pièces, c’en est une autre de vivre son histoire en restant
pertinente. Ce que nous saluons chez Sammode, concepteur et fabricant français de luminaires fondé en 1927, producteur
d’un fameux tube de lumière depuis 1967, c’est l’action de son jeune président, Emmanuel Gagnez. Sans attendre
la monographie sur Pierre Guariche (1926-1995), il a décidé de rééditer, grâce au savoir-faire de son entreprise, la fine
fleur des luminaires cultes du célèbre designer français. Désormais, en dehors des exemplaires vintage, la mythique lampe
à poser G25, de 1953, ou le lampadaire G30 peuvent entrer chez plus de gens. Ces rééditions, déclinées en plusieurs
couleurs, sont proposées en appliques (ci-dessous, la G25), en lampadaires ou en lampes à poser. D’éditeur, Sammode
se fait passeur, associant au mythe de l’un des plus grands créateurs de mobilier la réalité de l’usage. Chapeau ! G.-C.A.

© MORGANE LE GALL

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BEST BEDROOM

L’alcôve 2.0 selon Patricia Urquiola


Plus qu’un lit, un petit bijou technique. Plus qu’une chambre, un refuge
qui met l’agitation à distance. Ce que l’on salue ici, c’est aussi un virage
écologique pris par Cassina sous l’impulsion de sa directrice artistique.
Par Marie Godfrain

S
anctuaire par excellence, la chambre fait pourtant rarement l’objet d’évolutions…
Rattrapant cet oubli, Patricia Urquiola a dessiné le lit Bio-mbo dans le cadre du pro-
gramme Cassina LAB, un laboratoire de réflexions et d’expériences mis en place avec
l’École polytechnique de Milan. Deux axes de travail ont été retenus pour ce premier projet
interdisciplinaire : la purification de l’air et l’absorption du son, primordiaux pour passer une
bonne nuit de sommeil. Il fallait la maestria de Patricia Urquiola, directrice artistique de Cas-
sina, passionnée d’usages et d’expérimentations, pour mettre en œuvre ces technologies. Elle
a imaginé Bio-mbo, petit cocon douillet qui ambitionne de réinventer le concept d’intimité.
Esthétiquement très classique, il est en réalité conçu comme une micro-pièce matérialisée par
une tête de lit rembourrée, disponible en deux hauteurs, et dotée d’ailettes latérales mobiles,
à ouvrir ou à replier selon l’humeur, et qui fonctionnent comme une alcôve, dissimulant des
Le paravent et la coiffeuse
espaces de rangement dans ses plis. Mais la principale innovation de cette « chambre » est de la collection « Stay »,
invisible : il s’agit d’un tissu caché dans la doublure de la tête de lit, équipé du système The- signée Neri & Hu (en haut
Breathe, qui capture et désintègre les polluants mécaniquement, sans moteur. Cette techno- à gauche), ainsi que la
commode Rondo (en haut
logie est également présente dans les coussins d’Acute, le nouveau lit aux lignes minimalistes à droite), de Patricia
de Rodolfo Dordoni. Deuxième invention située dans la tête du lit Bio-mbo, un panneau Urquiola (au centre)
viennent parfaitement
insonorisant en Soundfil, un isolant thermique qui va « emprisonner » et donc diminuer la
compléter le lit Bio-mbo
réverbération des fréquences sonores propagées par l’environnement. Voisins chahuteurs, (page de droite), pour
rumeurs de la ville et autres bruits de fond qui perturbent nos nuits seront absorbés. Com- monter sur le podium
de notre Best Bedroom.
plétant la gamme de lits et de matelas, développée aussi à base de matériaux écologiques, la © DEPASQUALE+MAFFINI
collection « Stay », signée Neri & Hu, propose une coiffeuse et un paravent. (SAUF PORTRAIT DR)

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ID-DESIGN AWARDS

BEST URBAN DESIGN


Trilib’, la liberté de trier
Après deux ans d’expérimentation dans quatre arrondissements, un millier de stations Trilib’ ont été déployées
dans tout Paris au cours de l’année 2020. Alors que 15 % des immeubles de la capitale manquent de place
pour installer des bacs jaunes (emballages) et 30 %, des bacs blancs (verre), ce dispositif permet enfin à tous
les Parisiens de trier leurs déchets. Développés par le studio Aurel Design urbain – qui signe aussi cette année
le mobilier des arrêts de tram de Liège ou encore celui des gares de la ligne des Chemins de fer de Provence –,
ces espaces de tri sélectif sont pensés pour que les habitants se les approprient, grâce à des assises ou à des
jardinières éventuellement disposées autour, mais aussi grâce à la forme des conteneurs, qui évoque le soin qu’on
apporte aux objets dont on se débarrasse. Une initiative tellement indispensable qu’elle méritait d’être saluée. P.L.

© MARWAN HARMOUCHE

140
Architectural fireplaces
Made in Belgium
metalfire.eu
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BEST YOUNG DESIGNER

Margaux Keller, sur le fil de la poésie


Ce qui fait la saveur du travail de la designer, c’est qu’elle l’ancre dans
l’histoire des arts décoratifs français. Ce qui fait son attrait, c’est la poésie de
chacun de ses objets. Ce qui fait son charme, ce sont ses multiples talents.
Par Marie Godfrain

N
otre monde en perpétuelle évolution, Margaux Keller parvient à en embrasser la
complexité pour en livrer une vision fraîche et joyeuse. Très agile, elle est aussi
à l’aise dans ses collaborations avec un éditeur grand public que lorsqu’elle se
lance dans l’autoédition. Pour Made.com, on retient de jolis bancs, des consoles en pin
et roseau et des luminaires en verre dépoli. On craque en revanche tout à fait pour ses
miroirs-bijoux, sa carafe à vin ou ses étagères murales aux noms provençaux : Galinette,
Fani, Calabrun ou Pinède, qu’elle fait fabriquer par des artisans français et distribue sur
son propre e-shop, Margaux Keller Collections. Cette partie-là de son activité, lancée en
2019, ne propose que des séries limitées. La trentenaire s’épanouit donc aussi bien dans le
dessin de mobilier que dans la direction artistique, usant de sa souplesse d’esprit et de sa
capacité d’adaptation, passant d’un éditeur à l’autre : de Roche Bobois à Boqa ou de Bibelo
à la Compagnie française de l’Orient et de la Chine… Sa vision holistique du design l’a
également poussée à s’essayer à la création d’espaces. Elle livre régulièrement appartements,
boutiques, salons de coiffure, avec une prédilection pour les teintes pastel et les arrondis.
Avec l’humour et la poésie pour fil d’Ariane. Cette liberté s’incarne aussi dans sa façon de
vivre, puisque la jeune femme a quitté Paris en 2012 pour retourner à Marseille, sa ville
d’origine, où elle navigue entre son studio et son appartement avec le bleu de la Méditer-
ranée pour horizon. Après cinq ans d’études en design à l’École nationale supérieure des
arts appliqués et des métiers d’art (Olivier de Serres), puis à l’école Boulle, elle obtient en
2010 un diplôme de design et d’architecture intérieure avec les félicitations du jury. Elle
poursuit ensuite sa formation auprès d’Eugeni Quitllet, dans l’agence de Philippe Starck,
avant d’ouvrir son propre studio. Un beau parcours qu’on aura plaisir à suivre.

142
1 2

Page de gauche La designer marseillaise Margaux Kel-


ler envoûte avec ses créations tout en rondeur et en
douceur, qu’elle vend en son nom ou chez des éditeurs
renommés, mais la jeune femme ne se contente pas de
créer dans la solitude puisqu’elle répond aussi à des
commandes d’architecture intérieure, sollicitée pour des
boutiques ou des appartements. 1/ Bougeoirs de la série
« Paradis perdus ». © LAURE MELONE 2/ Fauteuil Galinette.
© LAURE MELONE 3/ La lampe Planier, inspirée par le phare
de la ville éponyme, est posée sur la table d’appoint Fani
et voisine avec un verre Parasol. © LAURE MELONE 4/ Une
collection de petits miroirs comme des ornements de mur,
les Bisou Bijou, couleur bronze, orage ou rose, fabriqués
dans une miroiterie marseillaise, flirtent à nous rendre ja-
loux. 5/ La table d’appoint Fani peut servir de tabouret et
multiplie les combinaisons de couleurs, celles-ci pouvant
être choisies différentes pour le plateau et pour le pié-
tement ; en frêne massif issu de forêts françaises gérées
durablement, tourné à la main et recouvert de peinture
écologique. © LAURE MELONE 6/ De gauche à droite, bou-
gie Calabrun en verre soufflé bleu, vase Belle-Dame
(avec des fleurs), carafe à vin Pia en verre transparent
3 4
et, au-dessus, bijoux de mur Papilloun. © LAURE MELONE

5 6

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ID-DESIGN AWARDS

BEST GLOBAL DESIGN AGENCY

Be-poles, au-delà du logo


Ils ont inventé le design narratif. En ne laissant rien au hasard
et en convoquant tous nos sens, Clémentine Larroumet, Antoine Ricardou
et leur équipe révèlent l’âme d’un projet. Avec simplicité et authenticité.
Par Marie Godfrain

C
’est une histoire entendue. Même si vous avez les meilleurs produits ou les meil-
leures idées, vous les garderez sur les bras si vous ne savez pas les vendre… Le rôle
de Be-poles, c’est précisément d’aider ces « produits » d’exception et ces concepts
innovants à connaître le destin qu’ils méritent. Agence aux compétences multiples, Be-poles
signe la direction artistique de projets, définit des identités visuelles et va jusqu’à superviser
l’architecture de lieux ultra-désirables, comme l’hôtel Le Barn, un refuge bucolique en ban-
lieue parisienne. Il y a deux tournants dans l’histoire de Be-poles. Le premier, à la fin des
années 2000, lorsque Marie-France Cohen contacte l’agence tout juste créée pour fonder sa
2
marque, Merci. Ensemble, ils se retrouvent autour de la notion de « no design ». On sait le
succès qu’a connu Merci… Le deuxième moment charnière, c’est en 2012, lorsque le studio
1/ Be-poles ou l’art du
parisien s’occupe de l’identité visuelle de l’hôtel NoMad, à New York. Défenseurs du « nar- storytelling. Mam, à Paris,
rative design », c’est-à-dire l’action de révéler la philosophie d’une marque, ils ont collaboré épicerie nouvelle vague
avec l’épicerie branchée Maison Plisson ou La Botte Gardiane. Fous de photos, ils élargissent de la cheffe Stéphanie
Le Quellec, laisserait croire
leur regard en éditant la collection de petits livres « Portraits de villes », où chaque destination à une maison centenaire.
correspond à une carte blanche laissée à un photographe. Désormais installé dans un ancien © BENOÎT LINERO 2/ Le
rebranding de la pâtisserie
atelier de bijouterie du IXe arrondissement de Paris, leur terrain de jeu créatif laisse sa place
Cyril Lignac.© SYLVAIN LEWIS
au « faire », valeur cardinale de l’époque puisque le studio sera doté d’un four à céramique et Page de droite Clémentine
d’une presse à gravure taille-douce, permettant le prototypage à demeure, évitant les allers-re- Larroumet et Antoine
Ricardou, un duo plein
tours entre conception et réalisation. Un travail hybride, toujours remis en question par les d’audace dont l’agence a
deux fondateurs, Antoine Ricardou, par ailleurs sportif accompli, et Clémentine Larroumet, déménagé dans un ancien
qui adore dessiner la montagne à ses heures perdues. Deux esprits créatifs dans des corps atelier de bijouterie du
IXe arrondissement de Paris,
sains, symboles d’une génération qui puise son inspiration autant dans le cœur battant des qu’ils ont entièrement
villes, l’atelier d’un ébéniste ou au sommet d’une vague de l’Atlantique. rénové. © BENOÎT LINERO

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Contemporary life
parce que la vie avec du style, c’est chic !
Famille «Hipster» Famille «Arty» Famille «Healthy»
(New York) (Berlin) (Los Angeles)

Famille «Urban chic» Famille «Rétro» Famille «Bobo»


(Londres) (Madrid) (Paris)

Famille «Business» Famille «Hippie chic» Famille «Fashion»


(Shanghai) (Amsterdam) (Milan)
ID-LIFESTYLE AWARDS

BEST INTERIOR DESIGNERS

Festen, héros
du temps présent

Dix ans après leurs débuts, Charlotte de Tonnac et Hugo Sauzay ont assis
leur réputation. Entre références au passé et libre création, leurs réalisations
– les hôtels Rochechouart, Pigalle ou Les Roches rouges, mais aussi des
aménagements d’appartements ou de boutiques – nous séduisent à chaque fois.
Par Guy-Claude Agboton

148
1 2

Page de gauche et 1/ Charlotte de Tonnac et Hugo


Sauzay appliquent à leur propre biotope ce qu’on
aime dans leur travail : absence de superflu, parquet
préservé, objets aimés, mobilier chiné ou sur mesure,
art tout sauf frimeur et de l’espace pour circuler. © RA-
PHAEL DAUTIGNY 2/ Dans les bureaux du producteur de
spiritueux Hennessy, rien de tel que de chaleureuses
boiseries cognac et des fauteuils Murena, de Lazzarini
Pickering Architetti (Marta Sala Editions). On y oublie
l’esprit du club anglais. © FRANÇOIS COQUEREL 3/ La mai-
son en bois au cap Ferret ayant été, avec celle de l’île
de Ré, tellement médiatisée dans les années 90 que
Festen ne peut que l’interpréter en l’épurant au maxi-
mum, sans codes. © KAREL BALAS 4/ À Saint-Raphaël, à
l’hôtel Les Roches rouges, le plus connu des canapés
de Sven Adolph (de Sede), le modèle DS-600, invite
plus à se délasser qu’à jouer les personnages de
James Bond, décor autour oblige. © RORY WILIE 5/ et
6/  Toujours aux Roches rouges, à l’heure du déjeuner,
rien de superfétatoire ne doit gêner. Tout a été pensé
pour que la vue, fantastique, demeure le spectacle
principal. © BENOIT LINERO
3 4

5 6

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ID-LIFESTYLE AWARDS

L
a première fois que nous avons vu un projet de l’agence d’architecture intérieure
Festen, et avant même de connaître ses fondateurs, ce fut le coup de foudre im-
médiat. Nous avons aimé leur façon de se passer du superflu sans jamais livrer
d’espaces cliniques. Si épure il y a, elle se trouve chez eux au carrefour de différentes
époques et styles du passé. Sobriété de l’espace, murs blancs, mobilier sur mesure ou
chiné, tout cela est récurrent dans leur travail même si l’on a souvent l’impression que
tout a été posé très librement. Dans un appartement du quartier de la République, ils
ont conçu une cuisine tout en Inox. Le seul arrondi des portes produit l’élégance de
l’ensemble et rappelle que l’on est « at home » et pas dans un pseudo-laboratoire de
grand chef. Charlotte de Tonnac et Hugo Sauzay sont à l’aise avec la transmission et
les influences. S’ils ne font pas table rase du passé, ils ne plagient jamais pour autant.
À Paris, à l’hôtel-restaurant Le Pigalle, la structure et les détails classiques du bâtiment
d’origine, les vestiges historiques du lieu, sont partout sympathiques : du marbre très
graphique distillé dans les salles de bains au canapé en cuir vintage, qui tend littéralement
les bras aux convives. À l’Hôtel Rochechouart, grand établissement Art déco parisien du
IXe arrondissement, on pourra changer de chambre à chaque passage puisqu’elles sont
toutes différentes. Il y flotte en plus une atmosphère de décor de cinéma, sans tomber
dans la reconstitution muséale. À Saint-Raphaël, dans l’écrin moderniste de l’hôtel Les
Roches rouges, avec vue imprenable sur la mer, la dissimulation des écrans plats s’impose.
Cela se passe de déclaration de style. Il s’agit plutôt d’une partition (d’aménagements)
jouée en harmonie avec le paysage, au service du bien-être des hôtes. De Portofino (Ita-
lie) à Majorque (îles Baléares), les groupes hôteliers sont plusieurs à les solliciter pour
leur talent à distiller, à l’hôtel, la libre intimité que l’on trouve chez soi. Dépoussiérer,
À l’hôtel Les Roches
démaquiller des espaces ou faire revivre un lieu sans pastiche, Charlotte et Hugo sont rouges, à Saint-Raphaël,
du genre à dessiner tout le mobilier d’un projet sans que cela transparaisse. Finalement, ambiance de maison de
vacances au décor inspiré
leur atout maître, quand ils achèvent un chantier, c’est de ne jamais donner l’impression du modernisme fifties.
de vous remettre les clés de chez eux. © BENOIT LINERO

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ID-LIFESTYLE AWARDS

BEST TILES
Nathalie Du Pasquier instille son art chez Mutina
Il n’y a pas mieux que les artistes pour insuffler de la créativité à l’industrie. Éditée par Mutina, la collection de carreaux
« Mattonelle Margherita » de l’artiste et designer française Nathalie Du Pasquier (installée à Milan depuis 1979 et membre
du groupe Memphis dans les années 80) va plus loin. Elle prend tout son sens en invitant chacun à personnaliser
son carrelage sur une base singulière, forte, minimale et géométrique, en dehors des modes. Jusque-là, les designers
enchantaient volontiers les plus « couture » des éditeurs de céramiques. Nathalie Du Pasquier, elle, a créé 35 motifs
ultra-graphiques dans lesquels piocher pour habiller les sols et les murs des intérieurs, restaurants, boutiques ou hôtels.
Cette collection éco-friendly n’est pas pour demain, mais bien contemporaine. Notre Award vaut aussi pour Brac, son
beau moucharabieh de briques, dont un seul élément posé sur une table suffit pour faire office de sculpture. G-C. A.

© DELFINO_SISTO_LEGNANI

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ID-LIFESTYLE AWARDS

BEST HYBRID SHOWROOM


La Manufacture, le made in Italy parisien
La devise de l’éditeur de mobilier contemporain Robert Acouri pourrait être « Persiste et signe ». Son audace a été
d’oser ouvrir, à Paris, un lieu mêlant mode et mobilier. « Impossible », auraient dit les Cassandre du design. Il ne les
a pas consultés. Inconditionnel du made in Italy, Robert Acouri pensait simplement à de beaux produits. La styliste
Milena Laquale l’a rejoint pour la ligne de mode ainsi que Luca Nichetto pour la direction artistique des meubles
design. Dans la boutique qu’il a imaginée, et qui fait aussi showroom, deux univers se répondent. On vient pour la
mode, on revient pour le design : vêtements de designers, chaise Wired, de Michael Young, projets d’aménagement…
L’écrin est mixte, l’offre pointue. Accueil convivial, détails d’architecture, accessibilité directe et tactile aux produits,
il règne ici un je-ne-sais-quoi d’allure française mêlée à cette aisance pour le beau que l’on adore à Milan. G.-C.A.

© FRANÇOIS COQUEREL

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Panneau et coussin Donnie, Coussin Zayi, Tapis Amar www.madura.fr
ID-LIFESTYLE AWARDS

BEST COWORKING PLACE


TheBureau, en phase avec son époque
Laurent Geneslay (au milieu), co-créateur du concept TheBureau, a fait appel à Franklin Azzi (à gauche) pour
restructurer les 3 400 m2 de sa troisième adresse. L’architecte a réhabilité et relié deux édifices pour mettre
en œuvre ses convictions sur un thème qui lui est cher : l’hybridation. Délaissant les codes traditionnels, il a puisé son
inspiration du côté de l’hôtellerie pour obtenir un hot spot hyper-contemporain. Visant une clientèle haut de gamme,
TheBureau mise sur l’élégance, mais aussi sur la convivialité, dans une ambiance années 50 orchestrée par Constance
Gennari (à droite), fondatrice du site Internet et de la marque de décoration The Socialite Family, qui a imaginé
un décor sur mesure. Une quatrième adresse ouvrira bientôt dans le quartier de Notre-Dame-des-Victoires. M.Q.
The Bureau III, 25, rue du Quatre-Septembre, 75002 Paris. Tél. : 01 83 75 64 00. Thebureau.club

© VALERIO GERACI

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ID-LIFESTYLE AWARDS

BEST FREE SPIRIT

Luke Edward Hall,


la sensation du moment
Ce touche-à-tout British se promène avec aisance entre différents
univers parallèles : du mobilier jusqu’à la mode en passant par
la décoration. Surprenant par son originalité et son goût détonnant
des mélanges, le jeune Luke est, pour nous, du côté de la force.
Par Élisa Morère

À
peine 30 ans et déjà une cote d’enfer ! De son parcours, retenons l’expérience chez Ben
Pentreath, où Luke Edward Hall s’est frotté à la théâtralité des fastueuses demeures
de style Queen Anne, rénovées par cette agence d’architecture réputée. Diplômé en
architecture et décoration, il a également étudié la mode masculine à Central Saint Martins,
à Londres. Pressé, le jeune homme crée son studio à 26 ans. Depuis, les commandes pleuvent.
Mais qu’a-t-il donc de si singulier, ce jeune Anglais ? D’abord, il est inclassable, donc intrigant.
En effet, Luke Edward Hall est à la fois ensemblier, designer, chroniqueur hebdomadaire pour
le Financial Times et dessinateur. Il a un coup de crayon linéaire très proche de celui de Jean
Cocteau, où le trait prolonge la main pour dérouler une écriture poétique. De ses croquis
surgissent des figures antiques, lesquelles ornent des coussins pour Habitat (en Angleterre)
ou The Rug Company, ainsi que des services en faïence chez Ginori 1735 ou des chaussons
vénitiens rehaussés d’une figurine de Haute-Égypte pour Stubbs & Wootton. Il fait assaut de
créativité avec une facilité qui laisse pantois, jusqu’à surprendre la saison dernière avec une
collection capsule pour la marque de mode Gant. On retient la rigueur britannique des coupes,
le clin d’œil à Agatha Christie, le velours et le tweed, le corsage de miss face au pull bariolé, le
tout chipé aux années 70 et pouvant convenir à un week-end campagnard chez… Luke. On
peut voir son travail à Paris, à l’Hôtel Les Deux Gares (lire p. 284). Son tout premier projet
hôtelier, commandé par le groupe Touriste, fondé par Adrien Gloaguen et Antoine Raccat.
L’équilibre idéal entre des businessmans avec du flair et un électron libre qui a eu toute lati-
tude pour se lâcher, nous offrant un nouveau rendez-vous parisien simplement parfait.

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1 2 3

Page de gauche Luke Edward Hall a fait du mix & match


ludique et joyeux sa marque de fabrique avec une
aisance déconcertante qui cache un véritable bourreau
de travail. Ancré dans la pittoresque campagne anglaise
des Cotswolds, il fignole ses projets de A à Z, avouant
que son moment préféré reste celui où le produit final
arrive enfin et qu’il peut le photographier en le mettant
en scène. 1/ et 3/ Pour l’Hôtel Les Deux Gares, à Paris,
l’architecte d’intérieur s’est transformé en ensemblier
qui ose toutes les associations, tous les motifs et coloris
afin d’offrir un salon délirant semblant droit sorti d’un
décor de film de Wes Anderson, son idole. © BENOIT
LINERO 2/ et 6/ Motifs animaliers ou jeunes éphèbes
imprimés sur des coussins pour The Rug Company ou,
comme ici, pour Svenskt Tenn rappellent le trait et le
style de Jean Cocteau. 4/ et 5/ S’inspirant des séries
des 70’s, il s’est fait styliste pour Gant avec une petite
ligne de vêtements féminins et masculins incarnant un
week-end rêvé, chez lui, dans ses collines du sud-ouest
de l’Angleterre. 7/ Luke Edward Hall ou l’art de mettre
le dessin au centre de la table et, plus généralement,
sur tous les supports pouvant l’accueillir.
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6 7

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ID-LIFESTYLE AWARDS

BEST FASHION STORE


Forte_forte, une griffe dans un cocon de douceur
Depuis 2002, l’Italienne Giada Forte porte l’âme stylistique de Forte_forte, la marque de vêtements qu’elle a créée avec
son frère Paolo. En boutique, Robert Vattilana, le compagnon de Giada, habille leur vision de la mode d’un écrin
métallique et minéral depuis 2018, d’abord à Milan, puis à Paris. La ligne pure des portants, dessinée à main levée et fil
rouge de l’enseigne, révèle des vêtements de soie imprimés d’animaux totems, qui changent au fil des collections. Des
objets oniriques, pris dans des filets de pêcheurs suspendus, balisent un parcours initiatique, spécifique à chaque lieu.
Dans la boutique de Londres (photo), les murs de brique rouge sont rehaussés de céramique bleue craquelée et de pavés
travaillés à la feuille d’or. Dans celle de Forte dei Marmi, inaugurée au printemps 2021 sur la mer de Ligurie (Toscane),
le sol fait écho aux cristaux de sel dans un décor aux reflets marins. Un travail hors du temps et des modes. M.M.

© DANILO SCARPATI

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ID-LIFESTYLE AWARDS

BEST CONCEPT-STORE FRANCE

Jane de Boy, reine du mix & match


Mêlant mode et lifestyle, ce concept-store s’est imposé dans le Sud-Ouest
à travers la sélection pointue et pleine de pep de Marie Diard, fondatrice
du label. Nous saluons ici la fraîcheur et la curiosité d’une proposition, dont
le raffinement tout en décontraction rejoint parfaitement les valeurs d’IDEAT.
Par Anna Maisonneuve

J
’aime prendre le temps en boutique, être près de mes clients, leur apporter

« quelque chose qui me ressemble », confie Marie Diard. Depuis 1999, date
de l’ouverture d’une première adresse au Cap-Ferret, ce supplément d’âme
a magnétisé une clientèle éclectique et intergénérationnelle, que la fondatrice de Jane
de Boy a fait croître au fil des ans en duo avec son acolyte Georges Simon, rencontré
en 2001. Dans un savant alliage d’intuition et d’audace, la curiosité de Marie Diard
et de son équipe traque les nouveautés et les tendances pour en distiller une sélection
aussi affûtée qu’exigeante, qui embrasse un large champ pour homme et femme avec
2
vêtements, chaussures, accessoires, produits de beauté, bijoux, objets de décoration,
livres d’art, épicerie fine, high-tech, linge de maison, papeterie, etc. Dénicher en France,
1/ Avec ses quatre
comme à l’international, des articles signés par des créateurs émergents et confidentiels, boutiques du Bassin
les associer à d’autres, plus en vogue – à l’instar de Golden Goose, Isabel Marant et girondin, Jane de Boy
propose aux amoureux
Gigi Clozeau –, pour entrelacer les formes, les couleurs, les matières et les esthétiques
de mode et de lifestyle
dans un style unique, ce mix & match réinitialisé en permanence emballe les clients des une vision aussi affûtée
quatre enseignes physiques basées dans le Sud-Ouest : deux au Cap-Ferret, une à Arcachon qu’exigeante, comme ici, à
Bordeaux. © MAXIME ARTENZO
et une autre dans le centre-ville de Bordeaux, où le point de vente s’épanouit sur 200 m2. 2/ Marie Diard, fondatrice
Une offre qui truste aujourd’hui 240 labels triés sur le volet et même un magazine, où en 1999 d’un réseau qui,
sont décryptées les tendances les plus récentes et les pièces incontournables et où sont depuis 2006, s’exporte aussi
sur la Toile, où sa boutique
partagées des conseils de mode, de lecture, de gastronomie et d’idées de voyage. De quoi en ligne présente une
s’immerger depuis chez soi dans l’esprit pétillant et décontracté de Jane de Boy. offre encore plus élaborée.

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*Laissez opérer la magie…

Des moments uniques chez soi


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créez votre propre espace de vie à l’extérieur… Rendez-vous dans votre jardin.

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ID-LIFESTYLE AWARDS

1 2 3

BEST PRIVATE INTERIOR

Un projet haute couture


Pour le duo d’architectes d’intérieur parisiens Raphaël Le Berre
et Thomas Vevaud, chaque projet est l’occasion de raconter
une histoire. Celle que nous avions publiée en février 2020 reste
pour nous l’un des chantiers les plus réussis de l’année passée.
Par Ian Phillips / Photos Stephan Julliard

C
’est comme dans une pièce de théâtre en plusieurs actes, explique Thomas

« Vevaud. Chacun des espaces doit avoir sa propre singularité. » Cet apparte-
ment situé dans le VIIIe arrondissement de Paris en est un exemple magistral.
On est transporté d’une entrée marquée par des formes anguleuses à un salon dominé
par un canapé vintage de Sede, en passant par une salle à manger empreinte d’une poésie
presque magnétique, avec ses murs habillés d’un papier peint panoramique sur le thème de
l’Égypte. Des univers bien divers ? Certes, mais qui sont reliés par ce qui fait la signature
Le Berre Vevaud : un souci de la symétrie, la création de perspectives fortes, une justesse
dans les proportions et une précision minutieuse dans le dessin. C’est sur les bancs de
l’école Camondo, en 1996, que les deux associés et amis se sont rencontrés. « Nous avons
rapidement constaté que nous avions la même sensibilité, les mêmes envies », se rappelle
Raphaël Le Berre. Parmi leurs inspirations, ils citent le Bauhaus, de vieilles affiches de
cinéma et des bolides italiens des années 50 et 60. Après l’obtention de leur diplôme,
chacun a suivi son propre chemin avant de se retrouver une dizaine d’années plus tard
pour fonder leur agence en 2008. Depuis, la plupart de leurs réalisations ont été principa-
lement parisiennes et résolument résidentielles. Pour ce projet, ils ont été confrontés à un
appartement de 220 m2 dans un état de vétusté avancé, qui présentait des problématiques
structurelles importantes. Avec brio, ils l’ont complètement remanié, redessinant le plan,
supprimant des couloirs et installant des portes coulissantes ou pivotantes qui permettent
de moduler les espaces. Le résultat ? Un univers contemporain décomplexé et sophistiqué,
qui bouscule les codes classiques, mais avec respect et finesse. Un récit bien maîtrisé !

164
4 5

1/ Les murs de l’entrée sont décorés avec un patchwork


de formes anguleuses et de finitions subtilement
texturées. 2/ Associés depuis 2008, Thomas Vevaud
(à gauche) et Raphaël Le Berre (à droite) allient rigueur
architecturale et fantaisie. 3/ Saisissante et poétique, la
salle à manger, avec son papier peint panoramique sur le
thème de l’Égypte (DayDream, Besson) et sa banquette
suspendue tapissée de velours Nakhon (Jim Thompson).
Suspension Satélise d’Élise Fouin (Forestier). Chaises
CH33P de Hans Wegner (Carl Hansen & Søn). Chaise à
accoudoir 109 Chair de Finn Juhl. 4/ Ambiance vintage
dans le salon : face à la cheminée, l’imposant canapé
DS 600 (de Sede) et les fauteuils Œufs (Jean Royère).
5/ Le couloir se démarque par sa sobriété, idéale pour
l’exposition d’œuvres d’art. 6/ Le salon donne sur la
cuisine, qui se ferme par des portes coulissantes.
7/ Contraste de couleurs et de styles dans la cuisine.
8/ et 9/ Les tonalités unies et reposantes de la chambre
des parents détonnent avec les couleurs acidulées de
celle des enfants. 10/ Baignée de lumière, la salle de
bains en marbre affiche ses rondeurs. Baignoire Antonio-
Lupi, robinetterie Vola, miroir Pouenat. Tabouret Raphaël
6 7
Thomas Éditions (l’entité éditrice de Le Berre Vevaud).

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ID-LIFESTYLE AWARDS

BEST WALLPAPER
Un mur de jardins parisiens
C’est une belle balade dans la capitale que propose le papier peint Jardins parisiens, dessiné par Marin Montagut
pour Pierre Frey, et tout particulièrement dans les jardins du Luxembourg, des Tuileries et le Jardin des Plantes…
Pour croquer ces espaces verts, il s’est inspiré de dessins du XVIIIe siècle et présente ce Paris bucolique
en deux versions, aquarellée et noir et blanc. Son travail, façon encyclopédie, planches botaniques ou livres
de naturalistes anciens, ne manque pas d’humour, d’une tendresse bon enfant, rassurante comme le parfum
d’un quatre-quarts à peine sorti du four. Nouvelle rencontre donc entre Pierre Frey, autre amoureux de Paris,
friand de nouvelles collaborations, et ce globe-trotteur qui parcourt le monde crayons et carnet en poche
puis diffuse ses collections poétiques d’objets et de mobilier dans sa boutique du VIe arrondissement. S.G.

© ANNE-EMMANUELLE THION

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ELYOPUR LAQUE
—LA PEINTURE DÉPOLLUANTE
POUR MURS ET BOISERIES
QUI ASSAINIT L’AIR INTÉRIEUR

Retrouvez la gamme ELYOPUR LAQUE dans les magasins Seigneurie, le Comptoir Seigneurie Gauthier et sur
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ID-LIFESTYLE AWARDS

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BEST INTERIOR DESIGN RESTAURANT

La Gare, des couleurs sur toute la ligne


Revampée de frais par la décoratrice Laura Gonzalez, cette institution
du XVIe arrondissement de Paris s’est offert un nouveau départ. Apéro
en terrasse, déjeuner sous les frondaisons du Ranelagh, street food du
monde, décor exotique campent une adresse hors des sentiers battus.
Par Nathalie Nort

R
econvertie en restaurant dans les années 90, la mythique gare de Passy-la Muette (Paris
XVIe) est devenue au fil des ans un lieu phare de ce quartier huppé. Récemment, le 1/ Au restaurant La Gare,
bâtiment ferroviaire Second Empire a changé de locataires. Les nouveaux arrivants dans le XVIe arrondissement,
les voyageurs ont cédé leur
ont demandé à l’architecte d’intérieur, qui avait déjà signé le décor du précédent restaurant, place aux gourmets. Il s’agit
de réinventer l’univers joyeux et décontracté du lieu. Ainsi, après le restaurant Manko, Laura toujours de dépaysement,
mais qui désormais opère
Gonzalez remettait le couvert avec Moma Group et le chef Gastón Acurio dans ces 600 m2
dans l’assiette et dans
aménagés à même les anciennes voies, incluant jardin et terrasse pour voir et être vu tout en l’imaginaire, grâce au décor.
prenant le frais (250 places à l’extérieur). Dans l’assiette, c’est un périple entre des saveurs asia- © JÉRÔME GALLAND 2/ Laura
Gonzalez excelle dans la
tiques, péruviennes et méditerranéennes, version street food de luxe, à travers sushis, dim sums,
création d’univers métissés
tapas et tacos, mais aussi mezcal ou saké au bar à cocktails. Autour du voyage, Laura a donc et chaleureux. © MARIA
réinventé un décor, en privilégiant un imaginaire en adéquation avec la cuisine. En parallèle MIKULASOVA 3/ La collection
de « boules japonaises »
de ses créations, elle s’est entourée d’artistes et d’artisans qu’elle a guidés dans leurs travaux : au motif kilim orientalise le
aux tissus dessinés par ses soins et fabriqués par Pierre Frey se mêlent les motifs ethniques restaurant et le tire du côté
de l’Atelier Roma, les suspensions en faïence de Béatrice Markovitch et les fresques peintes de ces intérieurs où l’usage
de textiles à motifs est
par l’artiste Claire de Quénetain. L’ensemble explose de couleurs et invite à l’ailleurs. Dans la une marque de raffinement
grande salle, les banquettes aux motifs ikat (Le Manach) ponctuent un espace aux faux airs et de sophistication.
© JÉRÔME GALLAND
de piscine avec son calepinage de zelliges verts. Du décor existant, Laura a conservé les splen-
dides panoramiques Zuber, associés désormais aux carreaux terracotta de Fornace Brioni ou La Gare.
à ceux des Ateliers Zelij. Autre élément marquant, l’accumulation de suspensions, comme des 19, chaussée de la
Muette, 75016 Paris.
boules japonaises, repensées dans du lin imprimé kilim. C’est la fameuse « Gonzalez touch », Tél. : 01 42 15 15 31.
un travail d’assemblage d’inspirations et de motifs exotiques, actuel et unique. Lagare-paris.com

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L E S C O U T E AU X D E TA B L E
ID-LIFESTYLE AWARDS

BEST RESTAURANT’S TERRACE

Jardin urbain… bien perché


L’été dernier, porte de Versailles, à Paris, ouvrait le sixième Perchoir,
en l’occurrence un toit-terrasse parmi les plus chill de la capitale.
D’un territoire atypique, mais sans âme, Studio Perrier a fait un refuge
où la nature fait merveille. Un tour de force qui nous a bluffés.
Par Nathalie Nort

D
epuis l’entrée et le corridor, la patine cuivrée des murs nous accompagne vers la lu-
mière. Le travail des matières et les feuillages peints par l’artiste Fanny Chaix Bryan
dans des tons poudrés offrent une parenthèse douce et intime qui tranche avec les vo-
lumes XXL du bar et du restaurant, spectaculaires avec leurs grandes baies sur fond d’oliviers
et de larges canapés d’extérieur. On retrouve là l’ADN des Perchoir, des lieux où l’on cultive
en rooftop « l’amour de la fête et des rencontres artistiques et culinaires », un moscow mule
à la main. La formule qui cartonne depuis dix ans à Ménilmontant a déjà produit cinq clones
à Paris, en attendant de réinventer le Pavillon Puebla aux Buttes-Chaumont l’an prochain
dans une version plus bucolique encore qu’à sa création en 2015. Dans l’ouest de la capitale,
Fanny Perrier, à qui a été confié l’aménagement de l’adresse qui nous intéresse, conjugue vé-
gétal et métiers d’art. D’une part, parce que ce « jardin d’hiver » partage le gigantesque toit
du pavillon 6 du parc des expositions avec la plus grande ferme urbaine d’Europe – quelque
14 000 m2 y seront exploités à terme pour produire fruits, légumes et aromates à destination
des riverains et des cuisines du Perchoir. Locavore et veggie pur jus ! D’autre part, parce que
la designer – à l’instar d’un Joseph Dirand ou des Jouin Manku, chez qui elle débuta – aime
manier le sur-mesure et les savoir-faire capables d’apporter poésie et personnalité à n’importe
quel espace. D’un ballet d’oiseaux dans le vestibule par la céramiste Brigitte de Bazelaire au
Le Perchoir
monumental calepinage de faïence imitant le bambou de la formidable manufacture Bottega- Porte de Versailles.
Nove, des hautes lanternes de la vitrailliste Marie-Pierre Bouaziz aux papillons oniriques de 2, avenue de la Porte-
de-la-Plaine, 75015 Paris.
l’artiste Jean-Marie Appriou, toutes ces réalisations montrent que l’on peut être restaurateur, Tél. : 06 17 54 77 56.
choisir de faire « beau et bon », tout en soutenant la création contemporaine. Leperchoir.fr

170
1 2 3

Page de gauche et 3/ Derrière le restaurant, le bar fait


cohabiter cocktails, trattoria et pâtisseries. Il est recou-
vert de sections de troncs de bambous en céramique
vernissée. Une création dessinée par Fanny Perrier et
réalisée à Venise par BottegaNove. Le plan de travail
est en lave émaillée. 1/ La terrasse, voulue comme une
« parenthèse enchantée », offre un poumon de verdure
où les Parisiens peuvent s’évader. 2/ Au plafond du vesti-
bule, un treillis de bois et de verre sablé rétroéclairé sert
de décor à une Nuée d’oiseaux, de l’artiste céramiste
Brigitte de Bazelaire. 4/ La designer et architecte d’inté-
rieur Fanny Perrier signe au Perchoir, porte de Versailles,
un jardin suspendu urbain. 5/ Pour régaler ses clients,
le chef Jérémy Claudepierre se sert des produits de la
plus grande ferme urbaine d’Europe, installée sur les
toits de Paris Expo. 6/ Le restaurant, pensée comme
un jardin d’hiver, présente un sol de tommettes, sous
cinq mètres de hauteur sous plafond. Les meubles sur
mesure mélangent fer forgé, marbre Arabesco Vagli et
travertin. 7/ Sur la terrasse, le bar ressemble à un caba-
non à bardage d’iroko, comme un souvenir de vacances.
Des matières naturelles encore, comme le refrain d’un
4 5
poème à la gloire de la nature. © JÉRÔME GALLAND

6 7

171
ID-LIFESTYLE AWARDS

BEST BATHROOM
Avec Nouveau, la salle d’eau refait surface
Pourquoi aimons-nous Ex.t ? Parce que cette marque toscane bouscule, depuis une dizaine d’années déjà, les normes de la
salle de bains en s’appuyant sur son savoir-faire artisanal. Parce qu’elle rend ses lettres de noblesse et toute sa dimension
à cette pièce souvent délaissée ou mal traitée. Et pourquoi aimons-nous « Nouveau », la gamme de Bernhardt & Vella ?
Justement parce que ce duo, formé par la designer allemande Ellen Bernhardt et l’architecte d’intérieur Paola Vella,
renoue ici avec la revendication du style en puisant dans les codes de l’Art déco. En collaboration avec la marque
italienne, les deux créatrices ne se sont pas contentées de proposer les habituels vasque, baignoire, douche et meubles.
Tout au contraire, à la manière des ensembliers, elles nous offrent une plongée à 360° dans un univers affirmé, nourri
de miroirs, de porte-serviettes, voire de papier peint ou d’un rideau de douche pour mieux poursuivre l’histoire… O.W.

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SERVICE COMMERCIAL FRANCE


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BEST HEADQUARTER

Merci, Merci !
Le QG des maîtres du lifestyle à la française valait bien un petit détour.
Après avoir été disséminés pendant des années sur plusieurs sites, les
employés du concept-store Merci ont investi un bureau qui leur ressemble.
Par Marie Godfrain / Photos Nicolas Krief

O
n ne présente plus le concept-store parisien Merci, né en 2009, sous l’impulsion
de Bernard et Marie-France Cohen, dans un local incroyable du boulevard
Beaumarchais, entre la Bastille et le Marais. Quand la famille Gerbi reprend
les rênes de Merci en 2013, Arthur Gerbi, le directeur général, cherche un espace afin
de rassembler les employés jusque-là éparpillés dans plusieurs bâtiments. Il ne le trouve
qu’en 2018, rue Amelot, juste à côté ! « Le coup de cœur pour cet endroit qui nous res-
semblait fut immédiat. Les volumes étaient fous, sur une très belle base d’un peu moins de
500 m2, déployée sur deux niveaux », s’enthousiasme Arthur Gerbi. Daniel Rozensztroch,
1/ C’est dans un immeuble
à la direction artistique depuis le début de l’aventure Merci, se fait le chef d’orchestre de
typique du quartier
la réhabilitation avec l’architecte Jules Mesny-Deschamps. « Nous avons apporté notre de la Bastille, juste à côté
philosophie pour dessiner un lieu qui fédère nos valeurs de convivialité et d’hédonisme, du concept-store, que
les bureaux de Merci ont
explique-t-il. Nous avons composé une architecture de loft en jouant avec la structure été installés.
métallique existante et conservé l’enfilade de pièces et leurs moulures dans un esprit plus 2/ Arthur Gerbi (à gauche),
bourgeois pour l’étage. » Mariant les époques et utilisant les cicatrices du site, le directeur le directeur général
de Merci, et Daniel
artistique a créé des accidents, des décalages… Car, au final, il s’agissait de faire de ce QG Rozensztroch (à droite),
une vitrine de l’écosystème Merci. « Nos bureaux montrent que nous sommes cohérents le directeur artistique
de la marque, qui a
dans notre démarche, que nous sommes une entreprise globale. Il est essentiel d’avoir un
orchestré la réhabilitation
espace de travail qui retranscrive cela », renchérit Arthur Gerbi. C’est dans le même ordre du bâtiment.
d’idée que l’équipe a installé « l’appartement Merci », dans un autre endroit historique du 3/ Le rez-de-chaussée du
lieu reprend l’architecture
quartier, où sont organisés des événements. « Là aussi, il s’agit d’un laboratoire sur nos d’un loft. Une volonté
modes de vie, une réflexion sur ce qu’est Merci », se réjouit Daniel Rozensztroch. de Daniel Rozensztroch.

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Conçu et fabriqué en Suède. stringfurniture.com

Créé en 1949. Des milliers de combinaisons restent encore à découvrir.


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BEST FASHION STORE (FRANCE)

Sessùn naturellement
La boutique de la marque française née à Marseille en 1996 est devenue
un véritable repère dans le quartier de Charonne. Sa fine structure en hêtre,
en osmose avec l’élégance bohème des collections, y est pour beaucoup !
Par Marie Godfrain

C
et immense cocon a vu le jour en 2019. À travers la vitrine de Sessùn, on devine
deux espaces. La partie « historique », vaste, à laquelle a été rattachée une extension
gagnée sur l’ancien bar mitoyen. « Il était assez compliqué de s’approprier cette sur-
face relativement petite, alors j’ai souhaité y imprimer un geste architectural fort, transformant
ce défaut en qualité », explique l’architecte d’intérieur Aurélie Rimbert. Il faut dire qu’Emma
François, fondatrice de la marque Sessùn, qui a fait des études d’anthropologie, avait envie Rue de Charonne, la très
jolie structure en osier que
d’une hutte chamanique. Parmi ses autres souhaits, la collaboration avec une coopérative l’on aperçoit depuis la rue
agricole qui travaille l’osier. « C’est ainsi que j’ai imaginé cette structure en hêtre, fabriquée par – conçue par la fondatrice
de Sessùn et Aurélie
l’Atelier Jean-Brieuc, puis habillée d’osier tressé par la Vannerie de Villaines », poursuit l’archi-
Rimbert, son architecte
tecte. À l’intérieur de la hutte, un meuble gainé de cuir naturel non teinté, comme un cheval d’intérieur – remplit une
d’arçons, file le long du mur. C’est ici que sont exposés les éditions limitées, les collaborations partie de la boutique,
comme une volière
avec d’autres créateurs, mais aussi tous les objets décoratifs qu’Emma François a sélectionnés ouverte. Assortie au
et vend dans sa boutique. Quand on lève la tête, on aperçoit une ouverture. « Nous avons plancher clair, elle nous
laissé un ciel symbolique, inspiré des habitats vernaculaires. Pour le mur, nous avons choisi invite à entrer dans
un monde naturellement
une couleur terracotta, parce que celle-ci converse parfaitement avec le hêtre et le cuir, mais raffiné, à la douceur
aussi pour rappeler le côté solaire de Sessùn. » La marque marseillaise, qui a combiné dès ses enveloppante.
© ROBAIN BOURDAIS
débuts artisanat et culture urbaine, imprime dans le lieu une vision élégante et bohème du Sud,
à l’image de sa fondatrice. Emma François (une Phocéenne d’adoption, puisqu’elle est native Sessùn.
de Montpellier), était partie il y a une vingtaine d’années en Amérique du Sud pour boucler 34, rue de Charonne,
75011 Paris.
son mémoire. Elle y découvrit un artisanat qui l’inspira au point de fabriquer elle-même des Tél. : 01 48 06 55 66.
vêtements, comme une alternative à un job d’étudiant… Son talent l’a rattrapée ! Fr.sessun.com

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BEST BOOK

Fruits divins
Cette réimpression XXL, publiée aux éditions Taschen, est une merveille
de poésie et de délicatesse. Un voyage dans le temps où les agrumes
flottent dans le ciel et surplombent aussi bien les plus belles villas du nord
de l’Italie que les jardins luxuriants de Nuremberg.
Par Caroline Blanc

L
’histoire se déroule au XVIIe siècle. Johann Christoph Volkamer, marchand de soie
réputé de Nuremberg, en Allemagne, consacre une grande partie de sa vie à étudier
et à observer dans les moindres détails des agrumes aux couleurs vivifiantes appe-
lés Citrus. L’homme était tellement fasciné par ces fruits exotiques en provenance d’Asie,
et presque inconnus au nord des Alpes à l’époque baroque, qu’il décida de leur consacrer
deux ouvrages. Le premier volume est donc publié en 1708, sous l’impressionnant titre
Les Hespérides de Nuremberg, ou La description détaillée de ces nobles fruits, citrons,
limons et oranges amères : comment ceux-ci peuvent être correctement plantés, soignés et
répandus dans cette même région et dans la région avoisinante... Ouf ! The Book of Citrus Fruits
Ces sommes, qu’on pourrait qualifier d’encyclopédies, deviennent très vite des références met en scène 170 variétés
d’agrumes. Un ouvrage
pour la classification de ces végétaux. Mais ce sont surtout de véritables livres d’art, exceptionnel, tel un livre
car ils sont illustrés de magnifiques planches que l’auteur a commandées auprès d’une d’art, qui rend hommage
équipe de graveurs sur cuivre. Elles mettent en scène pas moins de 170 variétés d’agru- à l’œuvre de Johann
Christoph Volkamer.
mes qui planent au-dessus de paysages du nord de l’Italie et aussi de Nuremberg, sa
ville natale. La magie opère instantanément. On s’émerveille devant ces œuvres surréa- J.C. Volkamer. The Book
of Citrus Fruits, édition
listes où les Citrus en lévitation sont présentés grandeur nature tels des diamants bruts,
multilingue (allemand,
des astres célestes qui évoquent « la représentation d’une félicité éternelle » et qui trans- anglais, français) d’Iris
forment les jardins en paradis terrestre. Qualité de reproduction exceptionnelle, cou- Lauterbach, reliure
en tissu (27,6 x 39,5 cm,
verture en tissu... un ouvrage sublime dans lequel l’imagination peut voguer à sa guise, 4,40 kg), Taschen,
éblouie par la lumière de la Méditerranée. 384 pages.

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BEST YOUNG ARCHITECT

Amelia Tavella, génie des lieux


Basée à Aix-en-Provence, c’est pourtant le plus souvent en Corse,
dont elle est originaire, que cette jeune architecte exerce son
savoir-faire à travers des bâtiments qui se fondent dans le paysage.
Par Marie Godfrain

J
’ai besoin de ressentir un désir fou pour les lieux dans lesquels j’interviens

« et ça, je l’éprouve surtout pour mon île. Construire en Corse est un acte
héroïque et romantique », révèle Amelia Tavella. Petite, elle sillonnait l’île
à cheval, ce qui lui a permis de développer un rapport à la nature et à l’esthétique
très fort. Pour autant, la quadragénaire n’envisage pas de retourner y vivre. « Il est
au contraire intéressant d’avoir cette distance. Cela impose une forme de neutralité
bienvenue. Et puis, les trajets m’aident à chaque fois à mûrir mes projets qui se situent
toujours sur des sites sensibles », philosophe-t-elle. C’est ainsi qu’elle a livré en Corse-
du-Sud le groupe scolaire A Strega, dans le remarquable écrin de Santa-Maria-Siché,
à la lisière d’une forêt, ou qu’elle a réhabilité un couvent à Sainte-Lucie-de-Tallano,
un monument historique datant de 1480. Si la Corse est donc au cœur de son activité,
elle y développe des projets à toutes les échelles, de la restructuration et de l’aména-
gement d’une maison (la sublime Casa Santa Teresa, à Ajaccio) à l’urbanisme d’un
quartier entier (l’aménagement paysager et urbain de la citadelle d’Ajaccio, ainsi que
celui de la cité génoise mitoyenne). Ancienne élève de l’École spéciale d’architecture, Amelia Tavella prône
e
à Paris (XIV ), elle est restée sept ans dans une agence où elle a planché sur nombre une approche holistique
de son métier : « Que ce
de bâtiments publics. Une expérience qui lui sert beaucoup maintenant qu’elle est soit en architecture
entourée de ses cinq collaboratrices. Sans compter les interventions plus modestes, ou en urbanisme, une fois
mais non moins riches, sur des maisons ou au domaine viticole du Château du Seuil, qu’on fait la psychanalyse
de la ville, on sait ce
près d’Aix-en-Provence. Là aussi, elle s’attache à poser un regard contextuel. Elle sait qu’on veut lui insuffler.»
que la patine du temps est son alliée. © MARIANNE TESSIER

180
1 2

1/ et 2/ À Ajaccio, la Casa Santa Teresa, construite dans les


années 50, a été totalement repensée par l’architecte. Dans
la chambre, les baies vitrées pivotantes s’effacent, rendant
la vue sur le golfe encore plus saisissante. Même sobriété
au niveau des terrasses, où l’association de la chaux et
de la pierre nous transporte, avec un peu d’imagination,
jusque dans les Cyclades, en toute sérénité. © THIBAUT DINI
3/ Le couvent Saint-François, à Sainte-Lucie-de-Tallano,
dans la région de l’Alta Rocca. Amelia Tavella a remplacé
une aile du bâtiment tombée en ruine par une extension
contemporaine, recouverte d’une résille en cuivre. © THI-
BAUT DINI 4/ Le projet du conservatoire Henri-Tomassi, à
Ajaccio, conçu en collaboration avec Rudi Ricciotti, à qui
l’on doit le Mucem. Ou comment deux tempéraments
volcaniques « tenants de l’architecture méditerranéenne »
peuvent s’associer pour le meilleur. 5/ L’école A Strega, à
Santa-Maria-Siché, en Corse-du-Sud. L’architecte a réussi
la gageure de construire dans un site remarquable. Le bâti-
ment, qui s’intègre parfaitement à son environnement, a été
plusieurs fois distingué. © STÉPHANE ABOUDARAM 6/ L’école et
l’espace culturel Edmond-Simeoni, à Lumio, est un jeu de
contrastes entre les lignes et les courbes, le béton et les
3 4
pierres sèches. © SIMON PARILLA

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ID-LIFESTYLE AWARDS

BEST HOTEL BAR


Sape Bar, premier au concours d’élégance
Il suffit de grimper au premier étage de l’hôtel 25hours Terminus Nord pour s’approprier un petit morceau d’Afrique
à Paris. Face à la gare du Nord, les œuvres exposées sur les murs du Sape Bar racontent l’histoire et la culture des
dandys congolais du quartier Château-Rouge. Inspirée par le mouvement de la « Sape » né au début des années 80
– acronyme de Société des ambianceurs et des personnes élégantes –, la déco évoque toute l’identité d’un courant
issu de la diaspora, qui conjugue vêtements de marque, couleurs vives et extravagance. Un kaléidoscope fait de wax
et de mocassins en croco sur une playlist où se mêlent soukous et ndombolo, Manu Dibango et l’immense Fela.
Un univers scintillant, imaginé ici par l’agence Visto Images. Aussi soigné qu’une photo de Malick Sidibé. N.N.
12, boulevard de Denain, 75010 Paris. Tél. : 01 42 80 82 31. Sapebar.fr

© STEVE HERUD

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Dégustologie
par WMF
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KITCHENminis ultra compacte, performante et élégante.

Avec WMF, le meilleur de la technologie culinaire


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Redécouvrez chaque jour le plaisir de préparer et déguster vos boissons
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bouilloire, blender, cuiseur vapeur, mini raclette... des produits performants
au design contemporain et ultra compact, qui trouvent leur place dans
toutes les cuisines même les plus petites.

instagram.com/wmf_france

Serviceplan I Crédits photos : WMF Group, Qualitimage


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BEST KITCHEN UNIT


Intarsio Mediterraneo, cuisine impériale
Depuis qu’ils occupent la direction artistique de Cesar, Vicente García Jiménez et Cinzia Cumini ont insufflé
à la marque un esprit de renouveau, en se servant de leur approche baptisée « slow design ». Grâce à ce travail
d’enquête et de recherche en amont sur les utilisateurs et sur les processus de production, ils imaginent des
créations qui tombent juste. Et c’est bien cela que l’on aime avec cette cuisine Intarsio Mediterraneo pour l’éditeur
italien Cesar. Partant du bois, matériau traditionnel par excellence, le duo créatif le met en valeur en jouant
avec le sens du veinage sur les façades et en l’opposant à un marbre vert. Les détails font ici toute la différence,
comme la poignée en aluminium brossé champagne incrustée. Intarsio est aussi un exemple de la place de la cuisine
dans nos espaces de vie, laquelle se fond dans son environnement. Autre tendance affirmée de ces dernières années. O.W.

© ANDREA FERRARI

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Instant de grâce

Karma ou l’épure. Bloc minéral, pureté des lignes, grâce du volume...


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BEST FABRIC
Élitis joue sur du velours
Rendez-vous, le dernier velours lancé par Élitis, est né de la rencontre de deux tissages, le premier ayant l’aspect
du raphia, le second, du velours. Deux sources d’inspiration pour deux effets complémentaires : l’un naturel,
presque rugueux, l’autre sophistiqué, vibrant de lumière et de douceur. De cette union sont nés trois dessins
qui se fondent dans tous les styles de décors, les motifs abstraits Cayo coco et Nisyros et les rayures Batz,
les trois graphismes étant déclinés dans de subtiles tonalités paille, kaki, terracota, céladon, jaune, rose ancien…
Une collection qui confirme la quête toujours très active sur les matières, les couleurs et les tissages que mène
Élitis, notamment pour ce Rendez-vous aux reliefs délicats travaillés ton sur ton. S.G.

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BEST GARDEN HOUSE


Suite de jardin LumiPod
Voilà une pièce pour le jardin dont le design « ovniesque » et les luxueuses finitions nous ont immédiatement
tapé dans l’œil ! Fondée en 2015, l’entreprise lyonnaise Lumicene développe un concept inédit de menuiserie
cylindrique, avec une fenêtre courbe à mi-chemin entre la véranda et le bow-window. Fruit de cette innovation,
le LumiPod, lancé par la start-up en 2020 : pensé comme une chambre d’hôtel haut de gamme, ce module
parfaitement rond, d’un diamètre de 5,45 mètres et de 2,25 mètres de hauteur sous plafond, contient une
chambre, une douche, un W.-C. et une penderie dans seulement 18 m2. Partiellement bardée de douglas noir,
la structure en bois se prolonge par une spectaculaire baie en verre dont le coulissement circulaire permet
de faire disparaître les quatre vantaux dans les murs, pour une immersion totale au cœur de la nature. P.L.

© KEVIN DOLMAIRE

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Vous allez aimer
être chez vous

Passez nous voir : 52 rue Étienne Marcel, Paris 2e / 11 bis rue Jarente, Lyon 2e
Suivez nous @madedotcom
TOUTES
PARISIENNES

LA
RENAULT 4
A 60 ANS !
© KOURTNEY ROY
ID-IDEAT & RENAULT

TOUTES PARISIENNES

Balade en Renault 4
en 12 chansons
Élodie Frégé, Elsa Kopf, Morgane Imbeaud, Adrienne Pauly, Marine
Quéméré, Fredrika Stahl, six des douze artistes qui signent l’album
« Toutes Parisiennes », célèbrent avec IDEAT le 60e anniversaire
de la 4L, dans les rues de Paris. C’est l’œil assuré de la photographe
canadienne Kourtney Roy qui a saisi leur périple dans quatre lieux
emblématiques de la Ville Lumière. Un portfolio exclusif.
Sur une idée originale de Laurent Blanc (éditeur et fondateur d’IDEAT) pour Renault
Photos Kourtney Roy / Stylisme Théophile Hermand / Production Lambert Lambert 
Illustration Paulo Mariotti

1961-2021. La 4L a 60 ans ! Peu d’automobiles en France et dans le monde ont


autant accompagné la vie des gens ! Qui ne se souvient pas des sorties d’école, de la
voiture du facteur, de celle de la gendarmerie, ou encore de celle qui vous a permis
de partir à la découverte de la vie et du monde ? On a tous en nous quelque chose de
la 4L ! Une photo, un souvenir, une odeur, un baiser, un instant de grâce, un moment
de bonheur, le goût de la liberté, de la vie, de voir des gens heureux… comme une
madeleine de Proust. Souvent ces moments de vie sont accompagnés de morceaux
de musique qui marquent, à leur façon, une époque, une ambiance, un état d’esprit
et aussi une certaine forme d’insouciance !
La RENAULT 4 a eu également sa période (très) chic puisqu’elle est sortie en sep-
tembre 1963 sous la forme d’une série un peu particulière répondant au joli nom de
« Parisienne ». Quand on la regarde aujourd’hui, on entend encore Joe Dassin, Serge
Gainsbourg, Françoise Hardy, Brigitte Bardot, Nino Ferrer, Dalida ou France Gall.
Qui incarnerait cet esprit « Parisienne » aujourd’hui ? Difficile question à laquelle
toute une génération de jeunes musiciennes et chanteuses a voulu répondre pour
fêter l’anniversaire de la 4L, avec 12 reprises réarrangées en souvenir d’une période
jolie, amusante et si intense… « Toutes Parisiennes » célèbre les 60 ans de la 4L…
qui vous remercie de l’avoir tant aimée !

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ID-IDEAT & RENAULT

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Page d’ouverture
Adrienne
Robe Rowen Rose.
Marine
Top et jupe Sandro.
Collant Falke.
Sac et escarpins Carel.
Élodie
Chemise Rowen Rose.
Pantalon Sézane.
Boucles d’oreilles personnelles.
Valises Louis Vuitton.

Ci-contre
Marine
Top et jupe Sandro.
Collant Falke. Sac Carel.

195
ID-IDEAT & RENAULT

196
Fredrika
Top Mango.
Pantalon Sézane.

197
ID-IDEAT & RENAULT

198
Ci-contre Page de gauche, en bas
Elsa Morgane
Robe Forte Forte. Top Rowen Rose.
Jupe Sézane.
Page de gauche, en haut Fredrika
Morgane Chemise Miu Miu.
Top Rowen Rose.
Jupe Sézane. Elsa
Collant Falke. Robe La Prestic Ouiston.
Chaussures et sac Carel.
Fredrika
Total look Miu Miu.
Collant Falke.

199
ID-IDEAT & RENAULT

Ci-contre
Morgane
Top Forte Forte.

Page de droite en haut


Adrienne
Combinaison Sézane.
Foulard personnel.

Page de droite en bas


Adrienne
Robe Rowen Rose.
Collant Falke.
Marine
Top et jupe Sandro.
Collant Falke.
Élodie
Chemise Rowen Rose.
Pantalon Sézane.

200
201
ID-IDEAT & RENAULT

Ci-contre
Adrienne
Veste Sézane.
Élodie
Robe Rowen Rose.

Page de droite en haut


Fredrika
Top Mango.
Elsa
Robe Forte Forte.

202
RENDEZ-VOUS DANS 40 ANS

Stylisme mode Théophile Hermand assisté de Claudia Cali. Maquillage Fidel


Fernández & Monica Bibalou. Coiffure Miwa Moroki. Assistants photo Frédéric
Congiu & William Fleming. Retoucheur Paolo Battistel.

IDEAT remercie chaleureusement France Galop, l’hippodrome d’Auteuil (france-galop.


com), l’Hôtel de Crillon, A Rosewood Hotel (rosewoodhotels.com/en/hotel-de-crillon),
le Ken Club (kenclub.com), Laurence & Mickaël Jarno du restaurant Le Square Trousseau
(squaretrousseau.com) pour leur accueil, ainsi que Margot Canton Lamousse (Lambert
Lambert), Rodolphe Polin-Michaut (180 Grammes) ; les artistes et leurs managers Gaby
Concato, Laurent Managanas, Lucas Njami, Charlotte Picas, Chet Samoy, Patricia Teglia,
Bob Vincent, Didier Félix et Marie Filion (Didier Félix Avocat), Robson Galdino, Elena
Giustiniani, Leandro Peirano, Marcos Fairweather pour la réalisation du shooting
et l’enregistrement de l’album « Toutes Parisiennes ». Paulo Mariotti pour la réalisation
de l’illustration de couverture de l’album.

203
ID-IDEAT & RENAULT

Elles célèbrent la
Renault 4 en chansons
Pour célébrer le 60e anniversaire de la 4L, IDEAT se lance dans la production musicale
et sort, pour Renault, Toutes Parisiennes, une compilation disponible sur toutes les
plates-formes de streaming. Nous y avons invité 12 artistes françaises et internationales
à réinterpréter une chanson mythique des années 60 et 70… Que vous évoque cette
époque ? En quoi vous sentez-vous parisienne ? Pourquoi avoir choisi d’interpréter
ce titre ? Elles se livrent toutes à IDEAT et nous donnent un aperçu de l’album.
Propos recueillis par Giovanna Castelli

Élodie Frégé problèmes de fuites, de toits qui s’écroulent, OMon amour pour Paris est infini. J’ai été triste
Elle se fait connaître en rem- la cheminée… Malgré tout, j’aime beaucoup avec elle tout au long de l’année 2020 et en-
portant la saison  3 de «  Star mon cocon parisien ! Je ne me lasserai jamais core ces jours-ci, j’ai hâte de la revoir vivre de
Academy », sur TF1, avant de d’admirer la capitale et elle ne cessera pas de nouveau, il me tarde qu’elle retrouve sa lu-
sortir quatre albums – dont Le m’inspirer. Avec tous les liens que j’ai tissés ici, mière. Paris est mon plus vieil amant, je veille
Jeu des 7 erreurs, réalisé par Benjamin Biolay – je me sens de plus en plus parisienne. sur cette ville comme elle veille sur moi.
et de se lancer dans la récitation au théâtre, à la
télé, au cinéma. Solaire, plurielle, Élodie nous en- O La Chanson d’Hélène de Philippe Sarde O La Question de Françoise Hardy
chante avec ses airs aux sonorités qui piochent Je cherchais une chanson de film des an- Pour moi, cette chanson fait partie des grands
dans la tradition de la variété française des nées  70 et je ne voulais pas tomber dans un classiques, les mots de Françoise et la mélodie
années 60 et 70, nostalgiques, certes, mais plus titre qu’on entendait à la radio, j’avais envie de de Tuca (chanteuse brésilienne, NDLR) illustrent
que jamais dans l’air du temps. travailler sur un souvenir émouvant pour moi une émotion qui m’a été familière dans le passé
aussi. J’ai une grande affection pour la carrière en tant que femme amoureuse à la recherche
O L’art, la mode, les couleurs pop, les épau- de Romy Schneider et pour le film Les Choses de réponses. La vie fait qu’en apprenant à la
lettes, les Jackson Five, les perruques, la de la vie, de Claude Sautet, dont la musique a vivre, nous trouvons pas mal de réponses, mais
danse… Pendant les années 70, même dans les été composée par Philippe Sarde. La Chanson la question reste la même lorsqu’on cherche
talk-shows à la télé, on pouvait exprimer son d’Hélène me bouleverse depuis toute petite, à connaître et à comprendre quelqu’un qu’on
avis plus qu’aujourd’hui. Il y avait beaucoup elle coule dans mes veines… J’ai voulu rendre aime sans éprouver le besoin de le juger.
de liberté et d’émancipation pour les femmes, hommage à la beauté du texte, à la musique et
les adolescents, les étudiants… Ce sont aussi aussi à la beauté de Romy Schneider.
les années durant lesquelles mes parents se Carolina Bubbico
sont rencontrés et mariés… me permettant de Sensible et spontanée, cette
naître pendant la décennie suivante ! Keren Ann chanteuse italienne trente-
C’est une douce mélancolie naire, pianiste, compositrice,
O Je suis née dans la Nièvre, mais ma mère qui se dégage des ballades arrangeuse et originaire des
est originaire de Montmartre et mon père, de folk aux allures 70’s de cette Pouilles, forge sons, paroles et mélodies au
© SABINE VILLIARD – © AMIT ISRAELI – © LUCIA OLIVIERI
Fontainebleau. Ils ont longtemps vécu à Paris, prolifique artiste française cœur d’une belle vitalité rythmique. Ses talents
puis un jour ont décidé de s’exiler et de vivre d’origine israélienne et néerlandaise, à la fois aux allures jazzy la conduisent, entre autres, à
à la campagne. Pendant mon enfance –  nous autrice, compositrice, interprète, guitariste l’écriture de bandes sonores pour le cinéma et à
sommes quatre enfants –, nos copains d’école et réalisatrice exigeante dans son travail… prendre part en tant que cheffe d’orchestre au
nous appelaient «  les Parisiens  », alors qu’on Pour saisir Keren Ann Zeidel, il faut prendre célèbre Festival de San Remo, en Ligurie. Sorti en
était tous nés dans le même village ! En 2003, le temps d’écouter les paroles et de s’arrêter 2020, Il Dono dell’Ubiquità est son dernier opus.
j’ai débuté ma carrière de chanteuse et voulu sur les arrangements exquis de ses chansons.
m’installer à Paris, où étaient les contacts. Dix- O Les plus grands mouvements de jeunesse
huit  ans après, je loge toujours dans un petit OC’est la décennie de ma naissance. Le son des et les courants musicaux les plus novateurs
appartement du Marais, avec tout ce qui fait 60’s et 70’s est mon paysage sonore le plus fa- de l’histoire ont fleuri au cours de ces années
le chic et le désuet de la ville : les poutres, les milier, celui dans lequel je sens du confort. dorées, laissant une empreinte inégalable.

204
Avec du recul, cette époque me fait penser O Love in Portofino de Dalida Morgane Imbeaud
au parfum de la liberté, à la force des idées J’adore la version de Dalida de Love in Portofino Chanteuse du groupe Co-
et au courage de les exposer, le pouvoir de la depuis toujours ! À la fois en italien et en fran- coon aux origines auver-
communauté était grand. Les idées fusaient çais, c’était un grand défi de réinterpréter ces gnates, Morgane est aussi
comme une vague d’énergie irrépressible. Tout paroles ! J’ai aussi voulu rendre hommage à mon connue pour ses collabo-
cela nous manque beaucoup aujourd’hui. La grand-père, qui était un grand fan de Dalida. rations avec Julien Doré, Jean-Louis Murat,
musique de ces années a fait école et a inspiré Daniel Darc et Elias Dris. Deux ans après un
des générations entières. Les artistes allaient album de reprises des titres de Simon and
au-delà des modèles connus pour chercher de Elsa Kopf Garfunkel, sort en 2020 un petit chef-d’œuvre
nouvelles voies d’expérimentation. On la croise souvent entre d’électro-folk au nom évocateur, Amazone,
Paris, Berlin, l’Espagne, composé en Norvège. Dans ses chansons, sa
O J’ai abordé Paris pour la première fois de façon l’Asie –  ses fans sont nom- douce voix laisse pourtant transparaître une
intense lors d’un voyage avec une amie chère. breux en Corée du Sud – et, personnalité forte et sincère.
J’étais fascinée par les couleurs et les parfums plus récemment, la Normandie… Les univers
d’une ville magique et planante, qui attendait folk et jazz lui sont chers tout comme les pro- O J’aurais adoré être une adolescente chan-
d’être découverte. Une rue après l’autre, j’en sai- ductions électro-pop. Il suffit d’entendre Mai ceuse ayant pu découvrir à la radio Blondie,
sissais plein de détails, son atmosphère rêveuse. en moi ou Cinderella pour s’en rendre compte. The Doors, The Velvet Underground, Simon
Bienveillante, magnétique, Elsa prépare son and Garfunkel... ; ou Gisèle Halimi à travers
O Une belle histoire de Michel Fugain retour sur les scènes françaises avec sa « Tour- le procès de Bobigny puis lors de la créa-
Je connaissais cette merveilleuse chanson de née des lieux que j’aime ». Son prochain album tion, avec Simone de Beauvoir, du mouve-
Fugain dans sa version italienne, réécrite par est prévu pour septembre. ment Choisir la cause des femmes ; ayant pu
Franco Califano, Un’Estate fa, qui a connu un se battre pour le droit de vote des femmes
grand succès pour ses nombreuses réinterpré- O Pour moi qui ai grandi pendant les années 80, et voir Gloria Steinem créer le magazine Ms.
tations. J’ai été fascinée par la beauté de sa les 70’s incarnent une période un peu merveil- Tant de révolutions et d’événements impor-
mélodie au goût de l’été, qui parvient à conte- leuse et magique, qui représente pour l’enfant tants ont eu lieu durant ces décennies. Je les
nir tant de sentiments : insouciance, nostalgie, que j’étais « le monde avant moi », un idéal, une fantasme peut-être, mais elles m’évoquent la
romantisme, légèreté. C’est l’histoire de deux source d’imagination et de rêve infinie. Artisti- liberté, l’insouciance, la richesse culturelle, la
jeunes amants racontée délicatement, dans quement, c’était une période très fertile, libre créativité et surtout l’espoir.
une chanson qui semble ne jamais s’arrêter. et riche en propositions nouvelles. Je l’associe
à une grande douceur et à la musique qui m’a O Je me souviens de mon déménagement dans
influencée, comme celle de Françoise Hardy, le IXe  arrondissement, lorsque j’avais 20  ans.
Bely Basarte d’Antônio Carlos Jobim, de Danielle Licari ou J’étais une jeune femme encore emprisonnée
Cette charismatique artiste encore de Joni Mitchell, des idoles. dans ses angoisses, mais déterminée à les éra-
madrilène commence à col- diquer de sa vie. Paris m’a prise dans ses bras,
lectionner les succès avec O Une Parisienne, c’est une femme libre, cu- m’a rassurée et m’a aidée à grandir. J’avais la
ses célèbres reprises diffu- rieuse, qui aime voyager, qui ose rechercher chance de déjà vivre de la musique. J’ai visité
sées via YouTube (Viva la Vida, de Coldplay, seule un style propre à elle, qui aime l’origina- la ville en marchant et en me perdant volon-
est notre préférée). À Desde mi Otro Cuarto, lité, qui a un sens de l’esthétique, qui a le goût tairement dans ses rues claires et élégantes,
son premier album, succède, en 2020, El Cami- des belles choses… et qui aime bien perdre je me sentais libre. Depuis, je chéris la rue
no que no me Llevó a Roma, top 3 en Espagne. son temps au café. Attentive aux parfums, Condorcet, j’ai laissé un peu de moi dans un
Teintée de rock indé et d’un brin d’électro, sa aux produits de qualité, elle n’essaye pas de petit appartement au-dessus du primeur.
© BLACK PRADA – © AXELLE MANFRINI – © GOLEDZINOWSKI

pop non conventionnelle nous enchante. rentrer dans un moule, d’ailleurs on ne le lui
demande pas ! O À toi de Joe Dassin
OLes années 70 ont dû être amusantes. Tous J’affectionne depuis toujours son intro au
ces imprimés psychédéliques sur les vête- O La Madrague de Brigitte Bardot Rhodes, je l’entendais à la maison lorsque j’étais
ments, les platform boots, la musique de Su- J’ai l’impression que cette chanson fait partie enfant. Elle me ramène vers de beaux souve-
pertramp, Pink Floyd, Queen... une belle dé- de mon ADN. Quand j’ai commencé à chanter, nirs, même si les paroles peuvent s’éloigner de
cennie pour casser les codes et aimer la vie. lors de mon premier voyage à Paris, à 16 ans, ce que je pense, de qui je suis. Je ne veux pas
j’ai eu la chance de rencontrer l’auteur de La d’enfant, alors j’ai du mal à comprendre l’émo-
O J’ai rêvé d’être parisienne à chaque fois que Madrague, le parolier Jean-Max Rivière, qui tion que l’on ressent lorsqu’on désire avoir un
je visitais cette ville précieuse. Certaines des est pour moi un grand maître de la chanson enfant par amour. Je reste pourtant curieuse
meilleures histoires de ma vie s’y sont dérou- française et désormais aussi un ami brillant et et je me dis qu’en la chantant, peut-être que
lées, j’ai hâte d’y retourner ! plein d’esprit, d’humour et d’histoires. je pourrais ainsi m’identifier à ces amoureux.

205
ID-IDEAT & RENAULT

Adrienne Pauly Souchon… je l’aime ! Tendre, profond, marrant China Moses


C’est en tant que comé- aussi. Son regard affûté pour nous rappeler à Fille de Dee Dee Bridgewa-
dienne que cette future nos vies et, quand il s’assombrit, jamais pesant. ter, cette chanteuse et anima-
autrice, interprète et musi- Jamais content, Bidon ou seul devant sa boîte trice télé (sur MTV, Canal+,
cienne entame sa carrière. de Sardine (un morceau méconnu, je vous le Arte) franco-américaine sort
Rien d’étonnant pour la fille d’un réalisateur, recommande). Parce que malgré les aléas, une à 16 ans son premier single. Son charisme et sa
Marco Pauly, et d’une scénariste, Odile Bars- nostalgie parfois ou carrément Le Dégoût, en voix chaude font le reste et China devient une
ki. Elle joue donc pour Claude Chabrol, Jean- chantant ça, Le Baiser, L’Amour en fuite et que référence, qu’il s’agisse de RnB contemporain,
Pierre Mocky, Francis Girod ou Rodolphe Tis- «  les papas des bébés sont nuls  », Souchon de jazz, de soul ou de rhythm and blues.
sot puis écrit. En 2006, sa personnalité et ses vous rend le cœur et la tête plus légers. Une
voix intenses, rock and roll et déjantées ap- mélodie, des mots qu’il sait faire swinguer et O Je ne connais tout cela que par les livres,
paraissent dans un premier album, qui porte avec lesquels il joue comme un bon gosse… la musique, les films et les histoires qu’on m’a
son nom, auquel succèdent plusieurs collabo- Pour la bonne santé physique et mentale, de 7 racontées, mais je sais que les 70’s furent une
rations – avec Juliette Gréco, Adamo… –, puis à 77 ans, écoutez Alain Souchon ! grande période pour la soul et le jazz fusion et
un second opus, À vos amours, en 2018. Un marquèrent les débuts du funk. Une époque
troisième est en préparation… de libération aux États-Unis pour la commu-
Marine Quéméré  nauté noire – avec le combat pour les droits ci-
O La destruction des Halles et du vieux Paris Marine nage à contre-cou- viques – et d’évolution de la pensée en France.
(ses villages). La tour Montparnasse, des im- rant et verse dans un genre Beaucoup de musiciens nord-américains noirs
meubles moches. Et avant que les robots bien à elle : une pop rêveuse, venaient faire des disques en France. C’est
nous piquent tous nos boulots !? Les belles sensuelle et solaire où senti- aussi Gainsbourg, c’est ce je-ne-sais-quoi que
chansons de Souchon, de Michel Jonasz, de ments, dérision, poésie et jolie mélodie s’en- le monde essaie de copier, sans arriver tou-
Gainsbourg, de Régine… Un vent de liberté, tremêlent. Autrice, compositrice, arrangeuse jours à le faire, c’est aussi le moment de la
une insolence aussi. Coluche, Iggy Pop, Claire et musicienne avant tout, cette jeune Pari- libération de la femme et de celle du corps…
Bretécher, Jean-Pierre Marielle, Dutronc, la sienne se laisse inspirer par la folk et le rock
pilule (merci à eux !). À cette époque, des co- indé. Sa voix désinvolte chante des paroles O Quand je suis arrivée à Paris, à huit  ans, je
pains montent un théâtre, Le Café de la gare. qui sont souvent des images, comme dans Un ne savais pas à quoi m’attendre. J’ai appris
Jean Yanne hurle sur Marlène Jobert dans jean et des boots ou Yeah. le français en six  mois. Pour une petite fille
Nous ne vieillirons pas ensemble, la tendresse noire américaine, qui a grandi à Los Angeles, la
et le désespoir, la poésie des films de Pialat, O Les années  70 ? Je pense à la mode et à France était le pays de mes aïeux : James Bald-
justement, de Jean Eustache. La beauté crue l’architecture : des formes géométriques, des win, Joséphine Baker, Nina Simone, Quincy
et l’humour noir des dessins de Reiser. Pour couleurs acidulées, toniques. Je pense aussi à Jones, Ada « Bricktop » Smith, Lena Horne et
finir le voyage ? Des envies d’évasion, des au- l’image de Mireille Darc et sa robe sulfureuse mon père, le réalisateur et metteur en scène
to-stoppeurs, plein de voitures ! dessinée par Guy Laroche, dans Le Grand Gilbert Moses. Il est venu en France pour étu-
Blond avec une chaussure noire. dier à la Sorbonne, il jouait de la guitare dans
O Parisienne avec ou sans masque ? En ce le métro. Il s’est retrouvé dans les cafés à dis-
moment, c’est un peu compliqué. Mais disons O Je me sens parisienne pour ma passion de cuter de philo, de la négritude, du jazz et du
qu’à Paris, j’y suis née. Bien névrosée, bien la mode, des tenues vintage et des bonnes blues et de l’importance du théâtre pour la
schizo comme il faut, et si tous les cafés, ci- adresses secrètes, mais aussi de la bringue, communauté noire américaine avec ses amis
némas, musées, salles de concerts ont fermé, des cafés très allongés en terrasse à obser- érudits. Pour moi, la France représentait un
je continue à fumer plein de clopes, je car- ver les gens passer, de l’odeur des croissants endroit où je serais protégée et où ma culture
bure au café, râle plus qu’un Normand (avec chauds et du bitume mouillé au petit matin. noire américaine serait respectée. C’était le
l’accent dans le nez !). En voyage, j’écoute Comme la plupart des Parisiens, je râle beau- rêve de ma mère. C’est tout simplement deve-
«  Revoir Paris… Seul sous la pluie, parmi la coup : notamment lorsque je mets une heure nu ma vie ! Je suis fière de ma double culture,
foule des grands boulevards (…), ce n’est pas trente chaque jour à trouver un vélo élec- je suis heureuse de ce que la France m’a ap-
© DR – © MARIE MANGIN – © EDDY BRIERE

un rêve, c’est l’île d’amour que je vois ». Pari- trique en libre-service qui fonctionne. porté et je suis fière d’être parisienne !
sienne, je ne sais plus trop, mais avec cette
chanson de Charles Trenet, je revois Paris et O Le Ciel, le soleil et la mer de François Deguelt O Message personnel de Michel Berger
tout me revient ! Je cherchais quelque chose de solaire, car J’ai choisi ce titre, car je suis une fan absolue
IDEAT m’a contactée au creux de l’hiver, en de Michel Berger et aussi parce que ma meil-
O J’ai dix ans d’Alain Souchon « semi-confinement » et ce morceau évoque ab- leure amie, l’architecte et scénographe Ysabel
Une chanson pour vous mettre en joie, solument tout ce dont je rêve en ce moment : Sequeira, est une vraie Parisienne. C’est grâce
faire rire les enfants et ma môman. Et Alain de la chaleur, de la légèreté et de la sensualité. à elle que j’ai découvert le plaisir de sauter les

206
cours pour boire des cafés et discuter pendant captive. L’imagination est l’une des plus belles Fredrika Stahl
des heures en terrasse, que j’ai visité tous les choses en chanson : on peut être qui on veut, où En l’écoutant, on s’apercevra
musées en tant qu’élève en histoire de l’art, que et quand on le veut, pendant un temps donné. que, dans son monde bipo-
j’ai appris une bonne partie de ma culture non Je suis sûre que Dany, Pam et moi étions pari- laire, le jour et la nuit durent
musicale. De lui, c’est l’une de mes chansons siens le temps de cette chanson. des semaines. L’univers de
préférées. Et puis, il y a cette intro parlée… Je cette autrice, compositrice et interprète fran-
m’y retrouve tellement, car dans la musique O Laisse tomber les filles de France Gall co-suédoise embrasse une pop indé onirique
noire américaine, c’était presque une obligation J’aime beaucoup la musique française, le mou- et mélancolique, dans laquelle on reconnaît
dans les années  50 et 60 d’avoir un passage vement yé-yé et France Gall en particulier. pourtant quelques délicates sonorités élec-
parlé ! Il y a des choses que l’on partage entre Laisse tomber les filles est une chanson que j’ai tro. Après la BO du film Demain, de Cyril Dion
les États-Unis et la France… J’espère que les toujours aimée. Il y a quelques mois, j’ai partagé et Mélanie Laurent, Fredrika Stahl a sorti,
fans de cette chanson ne seront pas déçus. une playlist Spotify pour le réveillon de Noël et cette année, Natten (« La Nuit », en suédois),
devinez quoi ? C’était la chanson d’ouverture de un magnifique disque personnel qu’elle rêve
la liste. C’est un véritable honneur pour moi de de porter sur scène prochainement…
Karen Souza participer à la célébration de l’anniversaire de
On dit de sa voix qu’elle est la Renault 4L avec une interprétation de cette O Je suis née dans les années  80, mais mon
«  comme un message  ». Sa belle chanson intemporelle ! père, qui est un grand mélomane, ne passait
musique est feutrée et sen- que des disques des années 60 et 70 à la mai-
suelle. Du Japon à l’Amérique son. C’était une époque incroyable. Les Beat-
latine, en passant par l’Europe, c’est le monde Bïa les, Paul Simon, les Bee Gees, Neil Young, les
entier qu’elle a parcouru avec ses nombreuses Née à Rio de Janeiro, bilingue Beach Boys… Ce qui m’a beaucoup influen-
tournées. Chanteuse, compositrice et produc- français-portugais, maîtrisant cée, ce sont surtout les harmonies vocales. Je
trice de jazz et de bossa-nova originaire de l’anglais et l’espagnol, Bïa connaissais moins la musique française des
La Pampa, en Argentine, Karen Souza se fait Krieger chante un peu de tout années  70. Lorsque j’ai dû choisir une chan-
connaître par ses reprises, comme Creep de et Chico Buarque l’inspire. C’est avec sa voix en- son pour l’album Toutes Parisiennes, j’ai passé
Radiohead (plus de 30  millions d’écoutes sur voûtante et ses rythmes chauds qu’elle tisse des des soirées entières à écouter les plus grands
Spotify), Valerie, d’Amy Winehouse ou Every liens entre les multiples cultures qui l’habitent tubes de l’époque. C’était vraiment super, j’ai
Breath you Take, de Police. À écouter sans mo- jusqu’à réinterpréter Souchon, Brassens, Le Fo- découvert plein de pépites.
dération, tout comme ses propres albums. restier en portugais et adapter Antônio Carlos
Jobim ou Caetano Veloso en français… O Je suis d’origine suédoise et une grande
O Les années 70 ont été une décennie très riche partie de ma famille habite en Suède. Quand
pour moi qui suis musicienne, mais surtout fan O Les 70’s ? Au Brésil et en France, elles que je leur rends visite (même si cela est un
de musique. La créativité musicale était floris- m’évoquent deux mouvements de libération, peu compliqué en ce moment), je me rends
sante et c’était l’époque de genres nouveaux, différents mais parallèles. En France, la libéra- compte de ce qui me retient à Paris : la
que j’écoute toujours. Cette glorieuse décennie tion sexuelle, les étudiants dans la rue pour la culture, les musées, les salles de concerts, les
est reconnue pour ses équipements haut de fin du règne de la « morale bourgeoise » ; au Bré- bars, les restaurants, les terrasses, le bordel
gamme, tels que les amplificateurs, les instru- sil, la dictature militaire et les luttes étudiantes et le côté bon vivant des Parisiens. La vie à
ments de musique… un must pour qui, comme pour le retour des libertés civiles. Alors le mot Paris est intense, mais tellement inspirante !
moi, chérit la qualité. J’aurais aimé avoir 20 ans qui s’impose : « Liberté ! Liberté chérie, Combats
dans les années 70 pour profiter de cette mu- avec tes défenseurs ! » O La Rua Madureira de Nino Ferrer
sique en live, mais je n’étais pas encore née. La mélodie est magnifique, mais j’ai surtout
© LOUIS KERLEREN – © LEANDRO PEIRANO – © EMMA BIRSKI

O Depuis ma jeunesse au Brésil, Paris symbo- été touchée par les paroles. Il s’agit de deux
O Ce sentiment d’être parisienne ressort dans lisait le charme, le cran, l’irrévérence. À Paris, amants qui habitent des continents diffé-
l’une des mes chansons, évidemment intitulée j’aime arpenter les rues chargées d’histoire, les rents. Leur histoire d’amour tourne à la tra-
Paris. Écrite avec mes amis Dany Tomas (lauréat cheveux au vent, et me sentir au centre des Lu- gédie quand l’un d’entre eux monte dans un
d’un Grammy Award) et Pamela Phillips Oland mières du monde. avion… qui n’arrivera jamais à destination.
(dernière parolière de Sinatra) à Los Angeles,
en 2010, elle ouvre mon deuxième album, Hotel O La Mauvaise Réputation de Georges Brassens
Souza. Nous y racontons une histoire d’amour Ce texte est parfait pour illustrer la mesquine-
interdite, qui mêle fantaisie et réalité, et qui se rie de partout ! C’est tout naturellement que
prête à une interprétation et une fin ouvertes les mots du grand Georges se sont glissés dans
pour que le public fantasme le rapport entre la vie des villages brésiliens et, pour moi, faire Retrouvez tout de suite cette série de reprises,
la protagoniste et un homme mystérieux qui la connaître sa poésie là-bas est un pur plaisir ! Toutes Parisiennes, sur Spotify.

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ID-IDEAT & RENAULT

© KOURTNEY ROY
Kourtney Roy
Arrivée à Paris voilà une quinzaine d’années, cette talentueuse photographe canadienne
cherche le plus souvent à (se) mettre en scène sur la route, aux États-Unis, au Canada ou
en France. En mêlant performance, humour et couleurs pop le temps de ce shooting exclusif
dans les rues de Paris, elle célèbre avec IDEAT et RENAULT l’anniversaire de la 4L
et les seventies. Elle nous livre ses émotions au cours de ces moments particuliers.
Propos recueillis par Giovanna Castelli

Qu’évoque le charme Comment définissez-vous votre Comment avez-vous conçu ce


des années 70 pour vous ? métier de photographe ? shooting « Toutes Parisiennes » ?
Je suis née dans les années 80 et n’ai pas C’est comme si, par mon travail, j’arrivais Cela s’est passé comme je l’avais imaginé !
vécu cette décennie qui me paraît magique. à donner vie à plusieurs mondes dans ma Des endroits sublimes avec de grandes ar-
De mon point de vue idéaliste, j’imagine cette tête. Nos univers imaginaires sont tellement tistes, le temps était parfait, une belle lumière
époque pleine d’espoir et de possibilités : sous-estimés. Et moi j’ai tellement de chance, et des 4L magnifiques ! What more could one
les choses s’amélioraient, la condition de la car je suis rémunérée pour imaginer des si- ask for ? (« Que demander de plus ? »)
femme et les droits civils avançaient, le sida tuations bizarres et les photographier. C’est
n’existait pas encore. Quelle liberté ! fou, quand j’y pense ! Dans notre métier nous Quel a été, à votre avis,
pouvons nous adapter à plusieurs demandes. le meilleur endroit pour capturer
Un coin de Paris qui vous fait vous Je suis aussi à l’aise sur un shooting commer- l’essence de la 4L ?
sentir dépaysée ? cial, un reportage photo ou en travaillant sur L’essence de la 4L ? Waouh… Je n’avais jamais
Au bord de la Seine, avec une ou deux bou- mes projets artistiques personnels. Cet en- pensé qu’un jour j’aurais pu en shooter une !
teilles de vin. J’aime aussi Montreuil, à vingt semble de pratiques rend mon activité en- Je trouve que ces deux 4L « Parisiennes » se
minutes du centre-ville, c’est l’endroit idéal core plus intéressante et complète, ce qui prêtaient particulièrement bien au décor de
pour m’éloigner des hordes et de la cacopho- me permet de développer une grande varié- l’hippodrome d’Auteuil, elles étaient exacte-
nie parisienne. té de compétences techniques que je peux ment à leur place en face des estrades.
ensuite adapter à différent types de projets.
En quoi vous sentez-vous La meilleure façon de célébrer
parisienne ? Quel est votre moment préféré ? son anniversaire ?
Je me « sens » parisienne par défaut ! Depuis Quand on passe au shooting : mon sujet et En bonne compagnie et avec du vin, et des
que je suis arrivée en France, j’y ai vécu. Paris moi commençons à nous plonger dans l’at- garçons dans les parages. It ain’t a party if
est comme un pays à part, un pays que le mosphère et dans l’action. C’est là que la there aren’t any men ! (« Il n’y a pas de fête
reste de la France aime détester. magie opère… sans hommes ! »)

208
C R É AT E U R D E

beauté
intérieure

TAO © DR - Visiolab - Photos non contractuelles

Ce que l’on trouve chez vous… c’est vous. c’est libérer son esprit, c’est organiser ses pensées, lutter
Votre maison, votre appartement est un prolongement de contre le stress et redonner de l’espace à sa sérénité.
votre personnalité, un concentré de ce que vous êtes, de Pour que votre intérieur ne trahisse jamais vos sensations,
ce que vous aimez et de ce qui construit votre quotidien. nous concevons, réalisons et installons vos aménagements
Aujourd’hui, nous le savons : aménager son intérieur, sur mesure pour que vous retrouviez votre beauté intérieure.

archea.fr
ID-HOME 1

À Paris
Passions chromatiques
Dans cet appartement sur lequel plane le charme d’un Paris oublié, l’artiste peintre en décors
muraux et en fresques Solène Eloy a mis toute sa passion de la couleur et de la matière.
Un lieu d’habitation dans lequel elle dévoile aussi une partie de son travail, qu’elle développe
depuis 2010 au sein de L’Atelier du mur, dont elle est la fondatrice et la directrice artistique.
Par Serge Gleizes / Stylisme Aurélie des Robert / Photos Gaëlle Le Boulicaut pour IDEAT

210
Page de gauche Solène Eloy, Les Passions de Tom, au marché
fondatrice et directrice artistique aux puces Paul Bert Serpette,
de L’Atelier du mur, vit à à Saint-Ouen, sculpture en bambou
Montmartre, dans les murs Fossil de Jiro Yonezawa (galerie
de l’ancien cabaret Le Chat noir. Le Sentiment des choses). Au mur,
Ci-contre La salle à manger photo AD6387 de Mona Kuhn
est installée sous un puits de (Galerie XII). Tapis moldave
lumière naturelle. Autour de la table (Le Monde Sauvage). À droite,
italienne des années 60, chaises sur le rebord de la fenêtre,
Marteau d’Arne Jacobsen (Fritz obi japonais vintage acheté à Nara.
Hansen). À gauche, lampe en métal À droite du canapé en velours Andy,
des années 70. Sur l’enfilade de Pierre Paulin (Ligne Roset),
Japanese, de Cees Braakman porte-cierge d’église sicilien du XIXe,
(Pastoe), dégotée à la galerie monté en lampe.
Sur l’enfilade des années 60
de Cees Braakman, de gauche
à droite, photo AD6387, de Mona
Kuhn, pichet en barbotine
(Galerie Vauclair) et fleurs
Debeaulieu, arrangées par la
maîtresse des lieux, passionnée
d’ikebana, sculpture en bambou
Fossil, de Jiro Yonezawa,
et lampe de table en bois dans
l’esprit de Frank Lloyd Wright
(L’Atelier 55). Tapis moldave
(Le Monde Sauvage).
ID-HOME 1

S
olène Eloy ne raffole pas du blanc, à moins qu’il ne flirte avec d’autres pigments. Dans le salon, à droite de la
C’est ce que prouve de manière poétique son grand salon aux trois nuances de cheminée et au-dessus de la table
roulante en rotin (Galerie Vauclair),
vert : des tonalités sapin, émeraude et thé matcha. « La couleur met la moindre applique Lune d’hiver en verre soufflé
chose en valeur, dit-elle, le mobilier, les tableaux et les photos. » Il ne reste rien de ce que de Jeremy Maxwell Wintrebert.
fut ce lieu à la fin du XIXe siècle, le cabaret du Chat noir, transformé depuis en habitation, Fauteuil Pumpkin de Pierre Paulin
(Ligne Roset). Sur le mur, photo
sinon une plaque donnant sur la rue, indiquant son histoire, et la belle hauteur sous AD6046 de Mona Kuhn (Galerie XII).
plafond de la pièce principale qui fut jadis la salle de spectacle. L’appartement actuel Réédition du lampadaire G1 (1951)
de Pierre Guariche (Sammode).
s’étend sur trois niveaux, 150 m2 tout de blanc vêtus au moment de l’achat. « Nous
À gauche de la cheminée, guéridon
l’avons acquis tel quel il y a deux ans pour y vivre en famille, explique-t-elle. C’était Tulip, d’Eero Saarinen, en marbre
impeccable, nous nous sommes contentés de nous approprier les espaces en y mettant de blanc (Knoll). Au centre, trio de
tables basses Astrée, en métal et
la couleur et de nouveaux revêtements muraux. » Autrement dit, la maîtresse de maison
verre églomisé à l’or 21 carats, conçu
y a ajouté sa patte. Et cela se voit dès l’entrée avec ses murs recouverts d’enduits peignés. et réalisé par Solène Eloy. À gauche,
Dans le salon ensuite, où l’un des grands murs rose pastel, réalisés avec un enduit à la paire de fauteuils du Suédois Yngve
Ekström (L’Atelier 55) et, sur le rebord
chaux mélangé de poudre de marbre, fait écho aux trois tonalités vertes qui habillent
de la fenêtre, céramiques de Jacques
le reste de la pièce. Dans la salle de télévision située à l’étage, Solène Eloy a appliqué Pouchain. Sur la cheminée, vase
sur le plafond un enduit peigné imitant le bois. Sur la mezzanine, la porte coulissante de Marie-Victoire Winckler et
céramique de Bénédicte Vallet.
de la bibliothèque a été peinte du décor Météorite, emblématique de L’Atelier du mur, Sur le mur, à gauche, papier
et l’embrasure de celle donnant sur une chambre a été anoblie de panneaux en verre japonais Sogara Yuzen, acheté à
églomisé – une technique qui consiste à peindre un motif sous une plaque de verre avec Kyoto. Gravure encadrée Canopus
de Victor Vasarely. Peintures
des feuilles d’or ou de cuivre. Côté mobilier, la propriétaire l’a choisi avec son époux, soit murales Ressource. Tapis en jute
des créations du XXe siècle essentiellement, « des meubles, des objets et des photos qui et laine J.D. Staron.

213
Dans la chambre de Flore, la fille des
propriétaires, le mur est tapissé d’un papier
peint Hérons (Gucci). Devant le bureau rétro,
chaise en velours AM.PM. Lampe de table
Akari en papier washi, d’Isamu Noguchi,
inspirée des lampions utilisés par les pêcheurs
japonais. Suspension Singapour en lin et
cannage (Market Set). Tapis en laine AM.PM.
Une réédition du fauteuil Pumpkin, de Pierre
Paulin (Ligne Roset), voisine avec une table
basse Astrée en métal et verre églomisé à l’or
21 carats, design et réalisation Solène Eloy.
Derrière, table roulante en rotin du XIXe
(Galerie Vauclair). Sur le mur, photo AD6046
de Mona Kuhn (Galerie XII). Lampadaire G1,
de Pierre Guariche (Sammode). Au sol,
gravure Le Sablier d’or, de Victor Vasarely, et
verre églomisé Nuage à l’or Caplain, créé par
Solène Eloy. Tapis en jute et laine J.D. Staron.
Peinture murale Ressource.
Page de gauche Un mur de la cuisine se pare
du papier peint Neige, collection « Les Paysages
singuliers » (L’Atelier du mur). Tabourets hauts
AM.PM. Sur la table, bougeoirs marocains, verres
à pied japonais soufflés à la bouche, verres de
Bohême, hanap et assiettes vintage peintes à la
main HB Henriot Quimper. Suspensions Casalto.
Ci-contre Bien plus qu’un lieu de passage,
l’entrée donne le ton avec une commode en
acajou des années 60 (Galerie Yvan Royer).
À droite, chaise Marteau d’Arne Jacobsen (Fritz
Hansen). Au mur travaillé à l’enduit peigné par la
propriétaire elle-même, pour jouer avec la
lumière, l’œuvre Flaque, en verre églomisé de la
série « Objets de réflection », est également une
création de Solène Eloy.
ID-HOME 1

1 2

se répondent », explique-t-elle. Les pièces, scandinaves pour la plupart, viennent, entre


autres, des galeries Vauclair, Le Sentiment des choses, à Paris, et Les Passions de Tom,
aux puces de Saint-Ouen, mais aussi de boutiques de la ville de Nara, au Japon, où la
maîtresse des lieux a exposé en 2014. Ce goût pour la peinture a fresco, Solène Eloy l’a
découvert à 18 ans en visitant les églises romaines, alors qu’elle vivait avec ses parents
dans la Ville éternelle. De retour en France et le baccalauréat en poche, elle s’est inscrite
à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art Olivier de Serres,
section décor mural. Aujourd’hui, elle est devenue une spécialiste des décors et fresques
réalisés à partir d’éléments minéraux, mélangeant sable, chaux, poudre de marbre et
pigments de couleur, puisant son inspiration dans des techniques ancestrales. Côté gra- 1/ Une belle harmonie de
phisme, son univers végétal est le fruit d’une formation qu’elle a suivie en ikebana. Elle couleurs : le bleu Klein et le vert
sapin de la gamme de peintures
complète ce travail avec la création d’œuvres telles que Flaque, qu’elle a présentée en Ressource. 2/ Suspension Bolle
octobre dernier à la galerie Private Choice et lors d’une exposition collective intitulée en laiton bruni à la main et cristal
soufflé transparent (Gallotti & Radice).
« Nature sensuelle », à Paris.
Page de droite Le bureau en bois
(Le Cèdre Rouge) est éclairé
L’art du revêtement par une applique des années 70.
Au-dessus de la commode
Au sein de L’Atelier du mur, dont elle se sert comme laboratoire d’idées et d’expérimen-
scandinave datant des années 60,
tations, Solène Eloy jongle avec différentes techniques selon les projets. Outre la peinture papier japonais Sogara Yuzen,
murale, les fresques et les papiers peints, elle s’est spécialisée dans les enduits peignés et le acheté à Kyoto. Au sol, triptyque
de tapis tuftés en laine et bambou
verre églomisé. Des décors que l’on retrouve sur les plafonds, les parois, les crédences et Élément d’Elsa Poux (collab’
les plateaux de tables, qu’elle réalise avec un talent amplement reconnu puisque les plus Mapoésie & Pinton).

218
ID-HOME 1

1 2

grandes agences d’architecture intérieure la sollicitent régulièrement pour intervenir sur


leurs chantiers. Elle est ainsi l’auteur d’un décor inspiré de La Nuit étoilée, de Vincent Van
Gogh, commandé par l’architecte d’intérieur Anne-Sophie Pailleret pour un appartement
parisien. Elle a aussi créé le plateau de table Vague et les détails cuivrés en verre églomisé Page de gauche Dans la chambre
du paravent Ossa, pour la nouvelle collection de mobilier « Empreinte » de Raphaël Le parentale, aux murs peints de
couleurs Perrot & Cie, plusieurs
Berre et Thomas Vevaud ; trois décors peints à la main sur papier pour l’enseigne Cartier
œuvres plastiques voisinent :
de Dubaï, aménagée par Laura Gonzalez ; un trio de plateaux de tables basses en verre gravures Le Cantique des
églomisé Effervescence, pour un projet résidentiel signé Damien Langlois-Meurinne, et des cantiques, de Nicole de Bertier,
photos d’Agnès Roché, photo de
décors pour l’Hôtel Belloy, repensé par Sandra Benhamou. Sans oublier des œuvres sur Jors et linogravure de Véronique
mesure réalisées pour l’exposition actuelle à la Galerie du Patrimoine de la boutique Van Trimming. Tapis Genesis (J.D. Staron).
Cleef & Arpels, place Vendôme, intitulée « Les Transformations de l’or ». Sur cette liste, on 1/ Dans la salle de bains, linge,
céramiques et tabourets en bois
trouve également des décors pour des restaurants, L’Ours, à Vincennes, et Neso, à Paris, Maison de Vacances. 2/ Dans
ainsi que de nombreux chantiers à Ibiza, Bangkok, Bruxelles et Londres. Mais les toutes la chambre, sur le mur de gauche,
tableau Îles sur mer de nuages,
dernières nouveautés de L’Atelier du mur sont des papiers peints signature, exécutés à la
de Béatrice Pontacq (Galerie OAK).
main ou imprimés et créés à partir d’œuvres originales. Parmi eux figurent la collection À gauche du lit, grand tableau en
« Les Dorés », imprimée sur des fonds dorés, argentés ou cuivrés, et la collection « Les plâtre en relief FD63 et, à droite,
lampe à poser dans le style de
Paysages singuliers », des panoramiques minéraux ou végétaux, tel le décor Neige, présent
celles d’Id Fabiansen (L’Atelier 55).
dans la cuisine. Parfaits pour des têtes de lit, des alcôves et des pans de mur. « Ces deux Linge de lit en toile brodée
collections ont mûri durant le premier confinement, révèle-t-elle. Leur principe est simple : Cyclades (Maison de Vacances).
Suspensions en soie Fortuny. Tapis
imprimer un décor sur mesure et à la commande. » La jeune femme exposera son travail Genesis noué main en laine, aloe
à Paris, en juin 2022, au Grand Palais, lors du salon Révélations. et coton (J.D. Staron).

221
À Londres
Un conte moderne
Dans le quartier de Lewisham, au sud-est de la capitale anglaise,
les architectes de l’agence londonienne 31/44 ont investi un ancien
espace désaffecté pour y construire une maison familiale sur mesure.
Volumes rectilignes en brique côtoient la situation verdoyante du site.
Un minimalisme léger qui se marie parfaitement à une décoration sobre.
Par Rachel Leedham / Photos Rachael Smith
Située dans la banlieue
londonienne, à côté d’un parc
et au milieu d’un jardin, cette
maison au style californien a été
construite sur l’emplacement
d’anciens garages. Elle accueille
les visiteurs au rythme apaisant
du ruissellement de l’eau
d’un bassin agrémenté de
plantes. Quant au trampoline
encastré, il fait le bonheur
de Paris et d’Amelie,
les filles des propriétaires,
Jon et Pia Fairhurst.

© LIVING INSIDE
ID-HOME 2

1 2

D
es espaces familiaux baignés de lumière, qui s’ouvrent sur de vastes terrasses : Page de gauche Moment
voici une construction nouvelle que l’on s’attend à trouver davantage dans un de détente pour Jon et Pia
dans leur séjour habillé
quartier de Los Angeles que dans celui d’une banlieue londonienne. Ce lotisse- de panneaux de contreplaqué
ment situé à Lewisham est venu remplacer des garages bordant une rivière et des espaces en chêne. Canapé One Deko.
verts. « Être accueillie par de la verdure, le clapotis de l’eau et le chant des oiseaux quand Mini-appliques murales
de la collection « Type 75 » de
on rentre du travail : c’est la détente assurée », remarque Pia Fairhurst, qui vit ici avec Kenneth Grange (Anglepoise).
son mari Jon et leurs deux filles, Paris, 9 ans, et Amelie, 6 ans. Si Pia et Jon ne sont pas Suspension Glo-Ball de Jasper
à l’origine de cette habitation, ils se sont totalement appropriés les lieux. La transforma- Morrison (Flos). En arrière-plan,
le rideau rose a été confectionné
tion du bâtiment a été confiée à l’agence 31/44 Architects pour le compte d’un promo- sur mesure par Hespera Home
teur. Et c’est en visitant la maison de Stephen Davies, l’un des membres de 31/44, à l’oc- avec du lin naturel d’Ada & Ina.
casion de portes ouvertes architecturales en 2016, que le couple a entendu parler de ce 1/ À L’entrée du séjour, fauteuil Ro
de Jaime Hayón (Fritz Hansen).
nouvel ensemble. « Cet après-midi-là, alors que nous avions prévu de voir d’autres pro- 2/ À l’arrière de la maison,
priétés, nous nous sommes précipités sur place, se souvient Jon. Dès l’entrée du jardin, un salon a été transformé en
ce fut le coup de foudre. » espace de lecture. Pia a fait appel
à l’illustratrice Emma Jones pour
L’architecture ne manque pas de mettre en valeur le cadre, exceptionnellement idyl- réaliser une peinture murale
lique pour un lotissement de la banlieue londonienne. « Le jardin autour de la mai- botanique. Chaise Slow signée
son se fond avec l’intérieur », observe Pia qui, d’origine australienne, est particuliè- Ronan et Erwan Bouroullec (Vitra).
Tabouret en liège Model A,
rement sensible à la nature. Les volumes sont agencés de façon à faire entrer dans de la collection « Cork Family »
les pièces un maximum de clarté par des puits de lumière et par une fenêtre côté sud de Jasper Morrison (Vitra).

225
ID-HOME 2

Page de gauche Dans la salle de lecture,


pour faire le lien avec la végétation
extérieure, Pia et Jon ont disposé
de nombreuses plantes en pot achetées
dans la jardinerie The Nunhead Gardener.
Au premier plan, à droite, chaise Slow
signée Ronan et Erwan Bouroullec (Vitra).
Tabouret en liège Model A, de la collection
« Cork Family » de Jasper Morrison (Vitra).
À gauche, sur la table d’appoint Don’t
Leave Me rose de Thomas Bentzen (Hay),
oiseau Shorebird de Sigurjón Pálsson
(Normann Copenhagen). Devant la fenêtre,
canapé Polder de Hella Jongerius (Vitra).
Lampadaire AJ d’Arne Jacobsen
(Louis Poulsen). Table basse Araignée
de Victor Wilkins (G-Plan).

227
ID-HOME 2

située en hauteur. Le rez-de-chaussée s’articule autour de quatre espaces : une cui-


sine séparée, deux salons et une réserve, desservis par un couloir en croix, tandis que
l’étage, avec son hall construit telle une galerie, comporte une suite parentale, trois
chambres et une salle de bains.

Sous l’influence des arts décoratifs


Directrice de la création au sein du groupe Azzurri, propriétaire des chaînes de res-
taurants Zizzi et ASK Italian, Pia avait une idée relativement précise des aménage- Page de gauche Les plantes
ments intérieurs. « La base de départ était idéale », explique-t-elle à propos des cou- en pot de la jardinerie The
Nunhead Gardener rappellent
leurs et des matériaux utilisés lors de la conception de la maison, notamment le la nature environnante.
chêne clair, les murs blancs et le carrelage gris. Afin de personnaliser le salon situé Ci-dessus Les architectes
ont conçu une cuisine
à l’arrière (transformé en coin lecture pour toute la famille), Pia a fait appel à l’ar-
minimaliste en chêne. « C’est
tiste Emma Jones pour réaliser une fresque colorée, qui n’est pas sans évoquer comme s’ils avaient secrètement
une version désordonnée des motifs de William Morris. « Cette création nous in- pensé à nous », souligne Jon.
Luminaire suspendu Aim
suffle énergie et motivation. Et j’adore les rideaux couleur safran ; sous l’effet du
de Ronan et Erwan Bouroullec
soleil matinal, on croirait de l’or liquide. » (Flos). Table Mira signée Ebbe
Une autre fresque dans l’entrée, également signée Emma Jones, représente un motif Gehl (John Lewis). Pia a fait
recouvrir les chaises Arco (UHS)
végétal monochrome, hommage plus discret aux animaux qui peuplent le parc voisin. d’un tissu d’Eley Kishimoto
Il faut dire que les plantes, les vraies, occupent une place centrale dans cet intérieur. (Kirkby Design).

229
ID-HOME 2

1 2

3 4

230
Page de gauche 1/ et 2/ Au premier étage, À droite, horloge murale Mr Clarke (Newgate
le couloir, où l’on retrouve des panneaux de contre- World). 4/ Dans le hall, jeu de contrastes
plaqué en chêne, distribue la suite parentale, entre le contreplaqué en chêne naturel,
trois chambres et une salle de bains. Dans l’escalier gris et la peinture murale monochrome
sa chambre, la petite Paris a disposé sur les d’Emma Jones. L’artiste a voulu rendre
étagères String des jouets et objets comme un hommage discret aux animaux qui peuplent
autant de touches de couleurs. 3/ Pia Fairhurst le parc voisin de la maison. Ci-contre Au premier
dans le hall, dont le sol est en carreaux de étage, la chambre d’Amelie donne sur le parc.
céramique Mosa. À gauche, une fresque murale Tabouret en liège Model B, de la collection
monochrome réalisée par l’illustratrice Emma « Cork Family » de Jasper Morrison (Vitra).
Jones, et à nouveau de nombreux végétaux, qui Lampe de table néon Flamant rose sur une base
occupent une place centrale dans la maison. en bois (Lumosnap). Au sol, peau de mouton
Trépieds pour plantes en fil d’acier Ferm Living. Fabulous Fleece Company.
ID-HOME 2

« Elles adoucissent les espaces, et j’aime les voir grandir et s’épanouir », explique Pia,
qui en prend soin tous les week-ends, telle une activité thérapeutique. D’ailleurs, elle
et Jon font partie des habitués du Nunhead Gardener, la jardinerie de leur quartier :
« Nous cherchons toujours de nouvelles variétés pour compléter notre collection. »

Une nature encore plus proche Page de gauche Dans la chambre


d’amis, le plafond est recouvert
Quant à l’ameublement, quelques icônes contemporaines (le très joyeux canapé Polder, de motifs peints par l’artiste
de Hella Jongerius et la chaise Slow créée par Ronan et Erwan Bouroullec) côtoient des de rue Nick Wakeling. « L’espace
pièces des années 60, comme la table basse Araignée, de Victor Wilkins pour G-Plan. sert également de salle de jeux,
je voulais qu’il soit amusant
Concernant le rose vif qui traverse l’ensemble de la décoration, Pia reconnaît avoir été et énergique », précise Pia.
la première étonnée : « Je ne me rendais pas compte à quel point j’apprécie cette couleur. Coussins roses Steelcut Trio
Dot et couvre-lit Mega Dot (Hay).
Peut-être que cela remonte à mon enfance. » Les trois terrasses sont pensées tels de véri-
Table de chevet Tatsuma (Habitat).
tables prolongements des espaces de vie. Sur celle de la cuisine sont installés une table et Patère de la collection « Buddy »
des bancs récupérés dans une brasserie allemande. En plus du trampoline encastré dans d’Alan Wisniewski (Umbra).
Ci-dessus Pia, Jon et leurs
le sol à l’avant de la maison, une cuisine d’été devrait prochainement jouxter la salle à
filles sur la terrasse qui donne
manger. Par ailleurs, le couple envisage de revoir l’aménagement extérieur de manière à sur la cuisine. La table pliante
intégrer encore plus harmonieusement le bâtiment dans son décor naturel : « Nous plan- et les bancs, qui proviennent
d’une brasserie allemande, ont
tons des herbes sauvages et des fleurs des champs à l’arrière de la maison, pour un jardin été chinés sur le marché de
plus organique, confirme Pia. Ainsi il deviendra une extension du parc voisin. » North Cross Road, à Londres.

233
À Barcelone
Passé et présent
en tête-à-tête
Pour tirer le meilleur parti de cet
immense appartement du quartier
de l’Eixample, l’architecte Georg Kayser,
qui a monté son agence à Barcelone
en 2014, s’est appliqué à créer
une atmosphère intime avec force
couleurs, velours, teintes et textures.
Par Kurt G. Stapelfeldt
Photos Eugeni Pons / Vega MG
Page de gauche Vue du couloir entièrement
refait. Au sol, le « tapis » en céramique
est toutefois constitué de carreaux d’origine
trouvés sur place et restaurés. Fauteuil
Barcelona de Ludwig Mies van der Rohe
(Knoll). Le lustre, réalisé par un artisan,
s’inspire du Noon 12, d’El Schmid (Zeitraum).
Le chien en céramique vient de chez
DomésticoShop et la table ronde a été achetée
au marché des Encants, tous deux à Barcelone.
Ci-contre Dans le salon gris foncé aussi
domine un lustre dont seules des pièces
majestueuses comme celles de cet
appartement peuvent supporter le volume.
Ce plafonnier, inspiré du modèle Nimbus
(CTO Lighting), a été commandé par Georg
Kayser à des artisans locaux. Une bonne
partie des éléments vintage a été acquise
chez Ox Mobiliari, à Barcelone.
ID-HOME 3

S
pectaculaire. » C’est le mot que l’architecte Georg Kayser a prononcé quand il Page de gauche Le solarium est
l’une des pièces les plus lumineuses

« a déniché cet appartement pour un ami dans le quartier de l’Eixample – cette


extension du centre historique de Barcelone, réalisée à la fin du XIXe siècle
par l’architecte et urbaniste Ildefons Cerdà, a été conçue selon un système de quadril-
de la maison avec son exposition
qui épouse la course de l’astre du
jour. Les carreaux de sol, d’origine,
lage devenu un trait caractéristique de cette « nouvelle vieille ville ». « L’édifice de style d’après un dessin d’Antoni Gaudí,
ont été restaurés. Fauteuil nordique
néoclassique remonte aux années 40 et le logement se situe au troisième étage. Raison trouvé chez Ox Mobiliari. Table
pour laquelle s’y trouvent ces très hauts plafonds culminant à 4,80 mètres », explique d’appoint en céramique Zara Home.
Portes en verre et en métal, sur
Georg Kayser. Sans oublier la conception si particulière du plancher… « L’Eixample
mesure, de Georg Kayser.
conserve ceci de spécial que, lorsque deux rues s’y croisaient, en lieu et place d’une in- Ci-dessus Dans le salon, nombre
tersection habituelle, l’architecte “tournait” le bâtiment de 45 degrés et en biseautait les de pièces vintage ont été acquises
chez Ox Mobiliari, parmi lesquelles
coins de manière à créer des espaces plus larges, dont découlent ces façades aux formes
le canapé en velours safran, la table
atypiques. Le plancher est donc triangulaire, ce qui peut compliquer la tâche, car en cer- basse attribuée à Joan Barberà
tains endroits, il est souvent ardu d’apporter la lumière. » Heureusement pour Georg Vizcarro, le buffet et le candélabre
en argent ainsi que la paire de
Kayser, cette dernière ne lui a pas vraiment manqué ici. Il a même presque pu l’utili- fauteuils FD 137, ou Japan, signés
ser comme un élément physique supplémentaire à la disposition de l’ensemble. Les im- Finn Juhl (France & Daverkosen).
pressionnantes fenêtres de la façade enveloppent toute la partie avant de l’habitation, y Au sol, la grande lampe Left or Right,
de Julian Appelius (Konstantin
compris l’une des chambres, et les pièces à vivre sont inondées du chaud soleil catalan. Slawinski), est maintenue en place
Occupant plus de 350 m2, les volumes regorgent d’astuces intéressantes visant à rendre par une pile de magazines.

237
Si le plan des pièces respecte globalement
l’architecture d’origine, un changement de taille
a été opéré avec le déplacement de la cuisine
vers le centre du logement. Conçue par Georg
Kayser, elle tente de proposer une échelle
humaine en regard de ses dimensions royales.
Chaises de table Beetle, de GamFratesi, et
suspension Multi-Lite, de Louis Weisdorf (les
deux Gubi). À gauche, chaise Tripp Trapp
de Peter Opsvik (Stokke). Four Neff.
Côté face, dans la cuisine, le meuble en îlot
en chêne teinté avec des détails en laiton
a été réalisé sur mesure. Robinetterie issue
de la collection « Innovo » de Natalio Malasorti
(CEA Design). Plaques de cuisson Neff.
ID-HOME 3

l’espace harmonieux tout en créant un refuge familial confortable et contemporain, sans


pour autant affaiblir le charme d’antan. « Avoir un si grand appartement et établir une
atmosphère intime et accueillante a été l’un des plus gros défis de ce projet. Les proprié- Ci-dessus La bibliothèque
sur mesure au verre dépoli
taires anglais vivaient auparavant dans un logement aux dimensions classiques. Lorsqu’ils et aux ferrures en laiton a été
ont emménagé ici, ils ont été impressionnés, surtout en découvrant la pièce principale conçue par Georg Kayser.
Fauteuil en cuir noir Amiral
de 50 m2 avec ses 5 mètres de hauteur sous plafond. Nous avons ainsi dû jouer avec les
des années 60, design Eric
couleurs, les matières, les textures et la lumière pour rendre ces proportions plus convi- Merthen (Ire Möbler). Porte-
viales. Nous avons tout rénové du sol au plafond : presque toutes les pièces ont changé revues vintage provenant
du magasin Ox Mobiliari.
de fonction. Nous avons inventé un fil conducteur entre les espaces et rouvert les vastes Page de droite Dans le couloir
fenêtres sur la cour intérieure que le propriétaire précédent avait condamnées. » Mais avec vue sur le salon gris, carreaux
au-delà de la couleur, c’est clairement l’utilisation de parquet qui a permis d’apporter de sols originaux trouvés sur place
et restaurés. Lustre inspiré du
autant de chaleur à cet espace. Georg Kayser a conservé les meilleures parties du carre- Noon 12, d’El Schmid (Zeitraum),
lage d’origine dans les zones stratégiques et les a agrémentées de chêne blanchi. Quant et fabriqué par un artisan. Le chien
en céramique vient de chez
aux plafonds, il s’est révélé délicat d’en préserver le caractère originel, notamment du
DomésticoShop et la table ronde
fait de la création d’espaces. Ils ont parfois été percés afin d’accueillir des poutres tandis du marché des Encants,
que les unités d’air conditionné étaient dissimulées derrière de nouveaux murs et autres à Barcelone. Le lustre du salon
est inspiré du modèle Nimbus
panneaux. Pour accorder toute l’attention nécessaire à sa réalisation, ce chantier a de- (CTO Lighting) et a aussi été
mandé un an et demi. Trois permis ont été déposés et les services de conservation des réalisé par des artisans locaux.

242
ID-HOME 3

bâtiments ont été de la partie. « Avec ces espaces anciens, il y a toujours des surprises,
confie l’architecte. Certaines sont mauvaises, mais d’autres, proprement stupéfiantes,
comme ces fresques de paysages que nous avons découvertes et restaurées. La société
de BTP nous a mis en contact avec un vieil artiste originaire de Pologne, qui a travaillé Page de gauche Dans la salle de
pendant trois mois en mélangeant ses couleurs à de la coquille d’œuf, comme autrefois. bains, Georg Kayser a fait réaliser
un plafond en arc de cercle
Le voir évoluer là, dans cet univers, en fumant pendant qu’il peignait, a été fascinant. »
qui profite de l’imposant volume
pour offrir une atmosphère pleine
L’art du dysfonctionnement de majesté. Baignoire Baìa
de Carlo Colombo (Antonio Lupi).
Partout, les meubles se combinent savamment entre pièces vintage, classiques du milieu Robinetterie INV10 de Natalio
du XXe siècle et design contemporain. Les finitions se distinguent par leur texture et Malasorti (CEA Design). Plafonniers
le velours joue un rôle majeur dans l’ajout de chaleur. Georg Kayser affirme d’ailleurs Habitat. Ci-dessus Les fresques
du solarium sont d’origine et ont
qu’il aborde chaque projet en laissant parler son instinct. « Je n’aime pas entrer dans été restaurées par un artisan
un appartement où tout est neuf et coordonné. Je préfère voir que certaines choses ne polonais. Elles datent des années 40
et représentent les décors
fonctionnent pas, qu’il y a un trou quelque part ou qu’un objet est un peu cassé. C’est
fantastiques du parc du labyrinthe
ce qui rend l’espace plus réel, plus humain et plus facile à appréhender, reconnaît-il. Ce d’Horta, à Barcelone. Au premier
bien est sans doute l’une des plus belles demeures d’époque qu’il m’ait été donné de plan, fauteuil de design nordique
trouvé chez Ox Mobiliari. Dans la
voir récemment. S’il était possible de choisir où habiter en arrivant au paradis, j’opte- chambre, la tête de lit en velours
rais pour un endroit comme celui-là ! » est une création de Georg Kayser.

245
ID-HOME 4

En Californie
L’héritage américain

Après plus de dix ans passés à New York où il a exercé ses talents de styliste spécialisé
dans la décoration, Marcus Hay s’est envolé pour la Californie où il a retrouvé l’océan
et une qualité de vie proche de ses souvenirs d’enfance en Australie. Et c’est avec
un même goût pour l’éclectisme et la chine qu’il a aménagé son nouveau foyer, une petite
maison construite dans les années 30, dont le jardin n’est pas le moindre des atouts.
Par Ian Phillips / Photos Jonny Valiant

246
Page de gauche Construite dans
les années 30 et entourée
d’un jardin luxuriant, la maison
de Marcus Hay, à Laguna Beach,
est située à une dizaine de
minutes à pied de la plage.
Ci-contre Les classiques du
design du XXe siècle ont toujours
occupé une place importante
dans chacun des intérieurs
que le propriétaire a aménagés
pour lui-même. Dans le salon,
on retrouve une Saarinen Side
Table, une Saarinen Coffee Table
ainsi qu’un fauteuil Womb, tous
signés Eero Saarinen (Knoll).
Table d’appoint Occasional LTR
de Charles et Ray Eames (Vitra).
Œuvre de Curtis Jeré (Curtis
Freiler et Jerry Fels), la sculpture
en métal accrochée au mur a été
dénichée en Arizona. Au-dessus
de la cheminée, sculpture
d’oiseau dite Eames House Bird.
ID-HOME 4

M
arcus Hay se rappelle clairement le moment où il a décidé de déménager à
Laguna Beach. Il était en train de déjeuner dans un restaurant de plage dans
Page de gauche Marcus a créé un
la célèbre station balnéaire californienne. « Je détonnais avec ma tenue toute poste de travail dans un coin de
noire de la tête aux pieds, raconte-t-il. Le soleil brillait et les gens avaient l’air telle- la chambre d’amis, avec une chaise
ment heureux. Après treize années de vie new-yorkaise, je me suis dit qu’il était temps Serie 7, d’Arne Jacobsen (Fritz
Hansen), une table Nelson X-Leg,
pour moi d’opérer un changement radical. » Pour le styliste d’origine australienne, qui de George Nelson (Herman Miller),
compte parmi ses clients des marques de mobilier telles que CB2 et West Elm, s’expa- et une lampe de bureau Original
1227, dessinée par George
trier vers la côte Ouest des États-Unis lui permettait en quelque sorte de renouer avec
Carwardine en 1935 (Anglepoise).
les joies de son enfance. « J’ai été élevé principalement à Sydney, au bord de la mer. J’ai Le patin à roulettes de la marque
passé une bonne partie de ma jeunesse à observer les petits crustacés que je retrouvais Areaware lui rappelle son enfance
en Australie, tandis que les
sur la plage dans les flaques laissées par la marée. » miniatures de l’Empire State
Marcus est loin d’être la première personne à succomber aux charmes indéniables de Building témoignent d’une affection
Laguna Beach. Le romancier John Steinbeck a écrit Tortilla Flat au 504 Park Avenue, pour New York. Sur la petite
armoire en verre, deux figurines
tandis que des stars hollywoodiennes comme Charlie Chaplin, Judy Garland ou Bette Wooden Dolls d’Alexander Girard
Davis y possédaient des résidences secondaires. La maison du styliste a une histoire assez (Vitra). Ci-dessus Faisant face
à l’une des iconiques Cherner
fascinante. Construite sur un terrain escarpé, dans les années 30, par une suffragette du
Armchairs, de Norman Cherner,
nom de Nita Carman, elle se trouvait au cœur d’une sorte de communauté artistique. le canapé des designers
« Tous les gens qui vivaient dans les habitations environnantes étaient des amis de Nita, Norman & Quaine fait partie
du mobilier que Marcus a rapatrié
explique Marcus. Elle organisait de nombreux goûters et cocktails dans le jardin. » Pour depuis l’Australie lorsqu’il a émigré
lui, le jardin en question représente l’un des atouts principaux de la propriété. Sa mare, aux États-Unis en 2005.

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Ci-contre Un cactus éléphant accueille les
visiteurs à l’entrée de la propriété. Page de
droite Dans un coin du salon, un fauteuil RAR
(Rocking Armchair), de Charles et Ray Eames
(Herman Miller), est placé devant une affiche
vintage pour une production de Médée, de Luigi
Cherubini, et un portrait de la présentatrice
Oprah Winfrey. À gauche, une platine Music Hall
ainsi qu’une lampe des années 70, trouvée
dans le New Hampshire, ont été posées sur
une bibliothèque de chez Design Within Reach.
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1 2

investie par des carpes koï, et sa profusion d’arbres ont particulièrement séduit l’Aus- Page de gauche Une suspension
tralien. « C’est un petit écosystème en soi, avec une cinquantaine d’écureuils, des coli- Bubble, de George Nelson (Herman
Miller), surplombe la Saarinen
bris et des papillons monarques », note-t-il. Quant à la maison, elle offre une distribu- Dining Table d’Eero Saarinen (Knoll)
tion assez insolite : le séjour est perché tout en haut, tandis que les deux chambres et la et les chaises Plywood Group DCM
buanderie sont situées dans les étages inférieurs. « On croirait descendre dans un ba- (Dining Chair Metal) de Charles et
Ray Eames (Herman Miller). Sur la
teau », remarque Marcus Hay – un sentiment renforcé par la présence d’ouvertures en table, la bannette en liège provient
forme de hublot dans la chambre d’amis. du magasin canadien EQ3, tandis
que le trio de bougeoirs suédois
sur le rebord de la fenêtre date
Une exposition internationale des années 60. 1/ Marcus Hay a
Dans la plupart de ses résidences précédentes, le maître de maison n’a pas hésité à re- redécouvert les joies du barbecue
grâce à la terrasse à l’arrière
peindre les murs. Mais ici, l’intérieur venait d’être complètement rénové et il n’était pas de la maison, meublée avec deux
opposé à l’idée de vivre dans un cadre essentiellement blanc. « La maison n’est pas im- chaises Tamarack en bois d’acacia
mense et cela lui confère une plus grande impression d’espace. » Les tonalités claires (CleverMade). 2/ Sur l’un des murs
de la cuisine, Marcus Hay a
permettent également de bien mettre en valeur sa collection de mobilier et d’objets, en accroché plusieurs tableaux, dont
commençant par quelques icônes du design du XXe siècle, dont des tables d’Eero Saa- une représentation d’un studio
d’artiste réalisée par le peintre
rinen, des chaises de Charles et Ray Eames ou de Norman Cherner, et des luminaires de
Jeremy Miranda (à gauche),
George Nelson ou de Michele De Lucchi. « Ce n’est pas un hasard si ces pièces sont de- ainsi qu’une main indienne et
venues des classiques, déclare l’heureux propriétaire. Elles sont tellement belles à regar- un visage en céramique du Danois
Bjørn Wiinblad. Lampe de table
der qu’elles servent toujours de base à chacun de mes aménagements. » Un amour pro- Mantis BS3 de Bernard
fond des objets se ressent d’ailleurs chez lui, qui reconnaît humblement ne pas pouvoir Schottlander (DCW Editions).

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Parmi toutes les plages du coin,
celle d’Aliso Creek, située à
l’embouchure du fleuve éponyme,
est la préférée de Marcus.
« Elle me rappelle mon enfance
à Sydney… » confie-t-il.
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1 2

s’empêcher de chiner en permanence, où qu’il aille. L’Australien a ainsi découvert dans le Page de gauche Les fenêtres hublot
New Hampshire le tableau d’un studio d’artiste peint par Jeremy Miranda et l’a accro- donnent à la chambre d’amis une
touche maritime. Au mur, affiche
ché sur l’un des murs de la cuisine, et dans l’Arizona la sculpture en forme de ruban, de publicitaire vintage et sculpture en
Curtis Jeré, qu’il a exposée au-dessus de la cheminée du séjour. La plaque en céramique forme d’oiseaux signée Curtis Jeré.
À côté du lit, lampe en papier IKEA
représentant une fille au foulard bleu, qui a trouvé sa place près de la fenêtre de la salle
posée sur une table achetée chez
à manger a, quant à elle, été rapportée d’un voyage au Danemark. « Depuis, elle est de- Flora Grubb Gardens, à San
venue une sorte de mascotte. Elle me suit à chaque déménagement. » Le globe-trotteur Francisco. 1/ Sur le lit de la chambre
principale, grand coussin fabriqué
a aussi souhaité introduire quelques références plus locales dans cet ensemble interna- avec un tissu français ancien.
tional, que ce soit par l’ajout paradoxal d’une collection de vases vintage d’ikebana – la Lampe Tolomeo, de Michele De
présence ici de cet art traditionnel issu du pays du Soleil-Levant est le signe que de nom- Lucchi et Giancarlo Fassina
(Artemide), posée sur un tabouret
breux artisans japonais se sont installés dans la région juste avant la Seconde Guerre Stool B à côté d’une Eames
mondiale – ou celui d’une série de figurines d’animaux marins en bois. Fiberglass Side Chair DSR, tous
deux de Charles et Ray Eames
(Vitra). 2/ En bout de lit, les
La nature retrouvée repose-pieds J16 de Hans Wegner
Mais c’est la redécouverte de la nature qui s’est révélée la plus grande joie de cette nou- (Fredericia). Fauteuil RAR (Rocking
Armchair) de Charles et Ray Eames
velle existence californienne. Car Marcus, qui adore organiser des barbecues sur la ter-
(Herman Miller). Au-dessus de
rasse arrière, s’est épris de jardinage et prend régulièrement des bains de mer. « Après la cheminée, une vieille affiche
plus d’une décennie passée à New York, je me suis reconnecté avec certaines expériences de Donald Judd dialogue avec
de photos noir et blanc ainsi
sensorielles, que ce soit celle du sel marin sur ma peau ou le goût plus prononcé des to- qu’avec des bougeoirs empilables
mates, affirme-t-il. Mais, avant tout, j’ai retrouvé mon amour pour l’océan. » de Fritz Nagel et Ceasar Stoffi (BMF).

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© LIVING INSIDE

Au Maroc
Reflets dans un rêve
marrakchi
Tous deux Parisiens d’origine, Cyrielle Astaing et Julien Phomveha façonnent
leur maison familiale marocaine en se laissant porter par un processus
d’imagination, de création et de découverte insatiable. Un moyen d’écrire
sa propre histoire pour ce couple à l’esprit artistique fertile et bohème.
Par Sara Dal Zotto / Photos Helenio Barbetta

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Page de gauche Sur la terrasse couverte, Cyrielle,
Julien, Nino Bandith, leur fils, et l’âne Kawa. Table
en chêne Rigotang, du nom de leur propre société
de design et d’architecture intérieure, qui a ici
fait appel à l’artisanat local pour ses réalisations.
Dessus, poteries de Tamegroute, au Maroc.
Chaises en métal et suspensions en osier naturel
tressé conçues et réalisées par des artisans
marrakchis. Ci-contre Dans le salon, tapis
marocain chiné lors d’un road trip en moto et
fabriqué de manière traditionnelle dans les
hauteurs de l’Atlas. Tables basses venant
d’Afghanistan. Vases d’Inès Longevial. Banquette
en chêne et en velours Rigotang. Dames-jeannes
fin XIXe, carte de Marrakech illustrée par Marin
Montagut. Applique murale AJ d’Arne Jacobsen
(Louis Poulsen). Poteries de Zagora, au Maroc.
Fauteuil pliant fin XIXe en bois et cannage.
ID-HOME 5

I
maginer et créer des espaces sublimes : plus qu’un travail, pour les deux artistes et
voyageurs dans l’âme que sont Cyrielle Astaing et Julien Phomveha, il s’agit là de
toute une vie, eux qui ont transformé leurs six années d’expatriation au Maroc en
une quête permanente de beauté. Le couple, qui pratique la photographie argentique,
le design et le stylisme pour des professionnels comme pour des particuliers, et qui pos-
sède par ailleurs les riads Jardin secret et Le Chant des oiseaux, à Marrakech, s’est beau-
coup investi, en 2019, dans le projet très personnel de l’achat d’une ferme marocaine,
Page de gauche Cyrielle et Julien
dont ils ont fait leur magnifique demeure familiale, à vingt minutes de Marrakech en au travail. Bureau Rigotang avec
direction de Fès. En plus de son jardin avec piscine, cette habitation spacieuse compte pied en chêne et plateau en béton
ciré jaune. Lampe Jieldé. Grand
trois chambres, un salon orné de granito dans le style marocain et de peinture à la
tirage argentique en noir
chaux, un bureau, le petit espace où Cyrielle confectionne ses bouquets de fleurs sé- et blanc signé Cyrielle Rigot.
chées (leur coin préféré) et, enfin, un atelier où Julien restaure des motos. « Nous raf- Ci-dessus Au bord de la piscine,
terrasse en planches de cèdre
folons du côté traditionnel de la construction et le fait qu’elle soit sur un seul niveau,
brûlé selon une méthode nippone
intégrant de vastes volumes où l’on peut même faire du roller, courir et s’amuser », ancestrale appelée yakisugi
plaisante Cyrielle. « Le précédent propriétaire avait tout juste commencé la rénova- ou shou sugi ban. Poteries
du paysagiste Madison Cox.
tion. Quand nous l’avons visitée, cette maison était une toile vierge et c’est exactement Table basse marocaine chinée
ce que nous voulions. Nous adorons le jardin, la nature, le paysage, la vue très dégagée aux puces de Marrakech.

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1/ De gauche à droite et de haut en bas, 3/ L’ancienne bergerie, aux murs en
vase vert venant de Tamegroute, pisé et au soubassement recouvert
poteries et assiettes peintes d’Inès de chaux, est devenue l’atelier
Longevial ; tasses jaunes et blanches de fleurs séchées de Cyrielle. 4/ Dans
achetées à un artisan de Marrakech, la salle à manger, sur la table, poterie
service à thé de la fin du XIXe et carafe ancienne chinée aux portes du désert
à huile d’olive achetée aux Saintes- de Zagora. Bougeoirs en céramique
Maries-de-la-Mer, en Camargue. de Tamegroute. Miroir en rotin.
2/ Julien, dans l’embrasure des grandes Peintures de danseuses marocaines
portes peintes traditionnellement chinées chez un antiquaire de
à la main par un artisan de Marrakech. Marrakech. Ci-contre Table Rigotang
Pot en terre cuite venant de Zagora. avec un plateau en onyx vert d’Inde
Fauteuil en rotin Sika-Design. et un pied en chêne. Chaises Thonet.
ID-HOME 5

sur le ciel étoilé et sur l’horizon, du lever au coucher du soleil », ajoute Julien. « Cela
faisait deux ans que nous cherchions une maison à la campagne, afin d’y mener une vie
plus respectueuse de l’environnement, à la fois pour nous et pour notre fils, Nino Ban-
dith, dans le but de lui montrer la nature et de lui apprendre à faire pousser des plantes
et des légumes », poursuit Cyrielle. Ici, comme souvent dans leurs projets en général, ils
ont souhaité créer une véritable atmosphère : « Nous choisissons et dessinons des inté-
rieurs de manière à tout faire de A à Z. Partout, nous aimons mettre sur pied toute une
scénographie autour de la musique, de l’espace et de l’art. » C’est ainsi que, de l’agen-
cement à la décoration en passant par le jardin, Cyrielle et Julien se sont occupés eux-
Les extérieurs aussi déploient leur
mêmes de chaque aspect, allant jusqu’à concevoir de nombreux meubles, mais aussi la
propre scénographie, qui traduit
cuisine et même des étagères en béton peint. Ce lieu éclatant et dynamique ne connaît bien le besoin qu’avaient Cyrielle
aucun temps de pause. « Parce que c’était notre maison à nous, nous l’avons travaillée et Julien de se rapprocher de
la nature tout en lui donnant une
au gré de notre humeur, sans faire de plan. Cet endroit devait évoquer la France, pays
forme bien à eux. L’allée en pierre
de nos racines et, bien évidemment, le Maroc, où notre fils est né. Cela se retrouve dans de l’Ourika est ainsi entourée
la rencontre des meubles européens vintage, des créations locales et des trouvailles que de plumeaux et de cactus et
évoque à sa façon le jardin Majorelle,
nous avons rapportées des marchés. Autant de pièces que nous changeons au fil de nos que possédaient Yves Saint Laurent
envies », précise Julien. Pour la confection du mobilier dessiné par leur société, Rigotang, et Pierre Bergé, à Marrakech.

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Page de gauche Lumière de coucher
de soleil sur des murs en pisé.
Suspensions en osier naturel tressé
par un artisan de Marrakech. Porte
ancienne chinée aux puces de Bab
el-Khemis, à Marrakech.
Ci-contre Julien et ses deux chiens,
Boussa et Petite, assis en fin
de journée sur un banc en bois
au tressage naturel, réalisé par
un artisan de Marrakech.
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Cyrielle et Julien ont mis un point d’honneur à faire appel à l’artisanat local, démarche
qu’ils adoptent dans tous leurs projets. Ici, toutefois, cette approche s’est parée d’une
poésie nouvelle : « Nous tenions à ce que notre fils soit témoin de ce cheminement, afin
de lui montrer qu’il est possible de construire des objets à partir de rien », souligne Ju-
lien. Pour ce qui est des œuvres partout exposées, le couple a choisi des artistes accueil-
lis en résidence au fil des ans, comme un souvenir de leur présence.

Le témoin d’une chronologie


Forte de ces influences et de ces élans créatifs variés, cette maison est véritablement Page de gauche Dans la chambre,
banc de ferme chiné aux puces.
unique, suspendue entre deux continents et entre le présent, le passé et l’avenir. Elle est
Pot ancien venant de Zagora.
aussi le témoin d’une chronologie, tel un fil d’actualités, qui reflète la personnalité et le Linge de lit en lin choisi chez
vécu de ses occupants, comme Julien aime à le raconter. Aujourd’hui, avec Cyrielle, ils Merci, à Paris. Suspension
en feuilles de palmier tressées
y accueillent régulièrement des proches et des invités, profitant de leur compagnie et de
par un artisan de Marrakech.
la nature environnante dans un mode de vie qui vient concrétiser leurs rêves. Appelé Ci-dessus Dans cet espace
à s’installer dans le sud de la France pour de nouvelles aventures, le couple prévoit de extérieur imaginé par le couple,
le sol est en zelliges vert
conserver sa maison, lien avec sa période marocaine, tout en imaginant son évolution émeraude provenant de Fès.
future… Une histoire sans fin. Douche extérieure en cuivre.

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ID-HOME 6

© LIVING INSIDE

À Odsherred (Danemark)
Un cottage entre mer
et campagne
C’est au cœur de la lande d’une côte danoise que Stine et Andreas ont fait leur nid.
Une petite maison en bois pleine d’âme et de caractère, conçue sur un terrain boisé tapissé
de bruyères. En quelques mois, ils ont soigneusement restauré ce cottage conçu
dans les années 60, en veillant à rester fidèles aux dessins originaux de son architecte.
Par Rikke Graff Juel / Photos Christina Kayser O.

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Page de gauche En août,
les bruyères de la lande
fleurissent, transformant le
jardin en une magnifique mer
violette. Ci-contre Stine Ny
Jensen est consultante dans
le secteur de l’éducation, et son
mari, Andreas Buchard, est
menuisier. Il a donc pu réaliser
lui-même la plupart des
rénovations et des extensions
de leur maison. Toutefois,
le couple n’aurait pas été
en mesure de mener à bien
un tel projet sans l’aide
de sa famille et de ses amis.
Les parents d’Andreas
ont contribué à la construction,
ceux de Stine ont été d’un
grand secours pour s’occuper
des enfants…
ID-HOME 6

L
a vie à la campagne n’était étrangère ni à Stine ni à Andreas, qui ont passé cha- Page de gauche Stine et Andreas
cun de nombreuses vacances en famille sur l’île de Bornholm, au Danemark. Tou- ont créé dans le jardin des
espaces simples pour la détente
tefois, c’est d’abord chez Andreas que l’idée d’une maison a commencé à germer. et le jeu, qui s’intègrent
Pour ce menuisier, construire un véritable foyer, qui apporterait à leurs fils autre chose naturellement dans
l’environnement sauvage de la
que ce qu’un appartement à Copenhague peut offrir, était un rêve qui lui semblait acces-
parcelle. La belle région du
sible. Il a fini par convaincre Stine et, peu à peu, ils se sont mis tous les deux à consul- nord-ouest du Danemark possède
ter les annonces. « Plus on regardait, plus le projet m’emballait, avoue Stine. Mais en une des natures les plus variées
du pays, avec à la fois des landes
même temps, nous sommes devenus de plus en plus exigeants, qu’il s’agisse de l’empla- vallonnées, de grandes zones
cement et du terrain ou de la bâtisse elle-même. Nous ne voulions pas d’un bâtiment boisées et de belles plages.
récemment rénové et préférions même qu’il ne le soit pas du tout ! Nous souhaitions le Pendant les mois d’été en
particulier, la vie locale est très
faire nous-mêmes. Nous rêvions d’espace extérieur pour observer la faune et la flore, animée avec des festivals, des
un endroit assez sauvage, bien différent du jardin public qui était notre “arrière-cour” marchés d’artisanat local et de
à Copenhague. » Aussi ont-ils d’abord cherché à s’éloigner géographiquement. Mais produits de la ferme… Dans le
passé, Odsherred a attiré des
c’est à ce moment-là que la cousine de Stine a acheté un chalet à Odsherred, pour elle artistes et des artisans en raison
et sa famille. Ils ont alors commencé à s’intéresser à la région, qui leur rappelait leurs de la lumière spéciale de la
péninsule avec son littoral sur trois
vacances d’été sur l’île de Bornholm, au large de la côte sud de la Suède. « Odsherred
côtés. Ci-dessus La maison est
me fait un peu penser à Bornholm, avec son terrain vallonné, ses petites villes, ses mar- située sur un terrain naturel de
chés, son art et sa céramique, ses ventes à la ferme, ses festivals et son histoire », ra- 1 700 m2 de la baie de Sejerø. En
1967, l’architecte qui a conçu le
conte Stine. Un jour, une maison à vendre dans la baie de Sejerø attire l’attention de cottage Formbo avait prévu une
la jeune femme. « Quand je l’ai montrée à Andreas, il s’est un peu moqué de moi et a superficie de 43 m2. Légèrement
pensé que c’était une blague, car il y avait beaucoup à faire. Mais j’avais un bon fee- rénové et agrandi en 2018, il
mesure aujourd’hui 55 m2. Sa
ling et j’ai compris que c’était une occasion unique. Elle n’était pas du tout comme les nouvelle terrasse en pin traité se
autres que nous avions vues et répondait à presque tous nos critères », rapporte Stine. deploie sur environ 70 m2.

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Page de gauche 1/ Petits vases dénichés en fenêtres ont été remplacées. Stine et Andreas
brocante. Ils contiennent chacun un bouquet ont choisi des encadrements noirs parce qu’ils
séché, cueilli dans le jardin ou lors d’une s’intègrent bien au style funkis (abréviation
promenade. 2/ Stine adore les objets trouvés du mot suédois funktionalism, en référence
aux puces et les poteries de Bornholm ainsi au fonctionnalisme, mais qui s’étend à un style
que les vieux livres, comme les ouvrages de de vie) de l’architecture et qu’ils mettent en valeur
référence sur les plantes de la région. 3/ Elle la vue sur le jardin. Ci-contre Stine et Andreas
aime se détendre sur la terrasse, face au terrain ont choisi d’installer un nouveau poêle (Morsø)
vallonné. La chaise était suspendue à l’intérieur pour remplacer le chauffage électrique existant,
lorsque le couple est arrivé ici et, comme seule source de chaleur dans le cottage lorsqu’ils
beaucoup d’autres meubles, elle a été réutilisée, ont emménagé. La chaise en osier provient du
mais à un emplacement différent. 4/ Toutes les magasin Jysk. Oreiller Studio Feder.
ID-HOME 6

La petite habitation, implantée sur une parcelle couverte de bruyères, était à vendre par Page de gauche C’est à une aire
Mme Møller, 92 ans, qui l’avait fait construire avec son mari, en 1967, sur les plans d’un de jeux publique que la famille
a emprunté l’idée du tipi, construit
architecte. Elle en était toujours la propriétaire, mais elle n’avait pas été occupée depuis avec des branches de bouleau
quelques années et commençait à se délabrer. « Pour Mme Møller, cela comptait beau- du jardin. Ci-dessus La cuisine
coup de la préserver. Elle préférait la savoir restaurée et réaménagée plutôt que démolie, est située dans la plus grande
pièce de la maison qui contient
et c’est probablement ce qui l’a poussée à nous choisir plutôt que d’autres acquéreurs, qui également les coins salle à manger
avaient pourtant surenchéri », raconte Stine. et salon. Stine et Andreas
Pendant l’année 2018, le couple a réalisé son rêve, avec l’aide de quelques amis et membres souhaitaient donc qu’elle s’intègre
naturellement. Ils ont résolu ce
de la famille. Morceau par morceau, la résidence en bois a été restaurée en respectant
problème en installant des
le concept original. « Ce n’était pas difficile parce qu’elle affichait un style assez intem- armoires presque invisibles sur
porel, qui nous convenait bien pour une vie de famille, et l’idée d’une extension, en réa- le mur du fond, du même ton que
les boiseries des murs et de l’îlot.
lité, existait déjà, car les plans originaux l’anticipaient ! Ils nous ont été très utiles, tout
Au fond, à droite, la chambre
comme les dessins techniques que la municipalité possédait », analyse Stine. Le couple a des enfants, dans laquelle un
donc fait fusionner ses objectifs au projet original. « C’était quand même un peu une lo- espace de couchage pour les
invités est prévu. La porte noire
terie, car les lieux n’ayant pas été entretenus pendant de nombreuses années, ils étaient
date de la construction du
en très mauvais état. Nous les avons attentivement visités, veillant avant tout à nous assu- cottage ; elle est la seule de toute
rer que la structure porteuse était solide… », confirme Stine. À la fin du printemps 2018 la maison à avoir été conservée,
avec celle de la salle de bains.
se sont ajoutées deux extensions : une chambre pour les enfants et une autre pour les pa-
Stine adorant le recyclage et
rents. En outre, toit, fenêtres, portes extérieures, salle de bains, cuisine, poêle et plafond les trouvailles, elle a commencé
ont été remplacés ; les planchers, poncés ; et toutes les boiseries, intérieures et extérieures, à chercher des meubles qui
repeintes. Enfin, une terrasse et une remise ont été construites. « Malgré tous les travaux pourraient s’intégrer dans ce cadre
des années 60 dès la signature
que nous avons entrepris, beaucoup de nos voisins n’ont même pas remarqué l’existence de la vente. Table shaker et chaises
des extensions ! » conclut Stine. Promesse tenue ! hautes de Børge Mogensen.

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Contemporary trips
parce que les voyages forment la jeunesse !
Shanghai Miami New York City

Londres Sydney Moscou

Paris Rio de Janeiro Venise


ID-TRIPS AWARDS

BEST HOTEL (EUROPE)

L’audacieuse expérience vénitienne


Au cœur du quartier Dorsoduro, le Palazzo Experimental est notre halte
de prédilection pour un séjour dans la Sérénissime. Ce boutique-hôtel
de 32 chambres remplit toutes les cases de l’hospitalité contemporaine.
Par Olivier Reneau

S
ixième adresse hôtelière de l’Experimental Group bien connu des amateurs de
mixologie, le Palazzo Experimental n’a pas traîné pour s’imposer dans le paysage
hôtelier vénitien. Situé sur le quai des Zattere, face à la Giudecca, l’établissement
est à la fois en dehors du brouhaha touristique et à seulement dix minutes à pied de la
Punta della Dogana (qui abrite une partie de la collection Pinault), et à peine plus en
vaporetto de la place Saint-Marc. Le cadre privilégié du Palazzo Molin abrite désormais
32 chambres et suites. Celles au premier étage bénéficient d’une incroyable hauteur sous
plafond et les nombreuses chambres donnant sur le canal profitent d’une exposition plein
sud. Le traitement des espaces est d’inspiration vénitienne, à l’image des enduits muraux
en marmorino ou des sols en terrazzo. C’est la designer quasi attitrée de l’Experimental
Group, Dorothée Meilichzon, qui signe ici le concept visuel, avec une approche qui intègre
les éléments architecturaux existants dans une esthétique inspirée des années 50-60. L’at-
mosphère rappelle, à qui l’aurait oublié, que l’on est bien en Italie, avec un design 100 %
« made in local » : luminaires de Luciano Vistosi, assises de Gae Aulenti, tissus Dedar et
Rubelli… La restauration est l’un des points forts de l’établissement, avec une série de pro-
positions qui satisferont les hôtes jusque tard le soir. Le Ristorante Adriatica met l’accent
sur la fraîcheur et la saisonnalité, avec un penchant naturel pour la cuisine et les produits
Palazzo Experimental.
de l’Adriatique : bucatini, chou noir et moules ; poulpe grillé, crème de café et poutargue…
Fondamenta Zattere
En dehors des heures de repas, on peut évidemment commander au bar décoré par Cristina Al Ponte Lungo
Celestino (lire p. 100) un expresso, un cappuccino ou un Spritz accompagné de cicchetti, Dorsoduro 1410, 1411, 1412,
30123, Venise, Italie.
les amuse-bouches vénitiens. Plus tard, les hôtes sont conviés à passer au bar, qui dispose Tél. : +39 041 098 02 00.
de sa propre entrée sur les Zattere, pour un cocktail de haute volée. Palazzoexperimental.com

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1 2

Page de gauche Témoignage flamboyant de la Renais-


sance vénitienne, le palais Molin, quai des Zattere, abrite
depuis peu le Palazzo Experimental. Sa façade de brique
ocre et marbre blanc, tout juste rénovée, donne sur le
canal de la Giudecca. 1/ Le Ristorante Adriatica. Dans
cette architecture fortement marquée par les influences
byzantines et gothiques, Dorothée Meilichzon a voulu ins-
crire un décor aux lignes épurées inspiré des années 50.
2/ À l’écart des trépidations du Dorsoduro, le jardin inté-
rieur offre aux hôtes une parenthèse luxuriante. 3/ Doro-
thée Meilichzon, qui a signé l’architecture intérieure de la
plupart des adresses de l’Experimental Group, mélange
les styles et les univers pour créer des lieux à l’atmosphère
unique. 4/ Les chambres sur le canal de la Giudecca ont
une vue imprenable sur le dôme de San Giorgio Mag-
giore et, juste en face de l’hôtel, sur l’impressionnante
architecture industrielle du moulin Stucky. 5/ Le bar à vin
du restaurant met à l’honneur les producteurs régionaux.
Pour siroter un cocktail dans une ambiance plus feutrée,
l’hôtel dispose d’un autre bar, conçu par Cristina Celes-
tino. 6/ Les 32 chambres et suites accueillent les voya-
geurs dans un décor sobre et coloré où la Renaissance
3 4
rencontre le style Memphis. © KAREL BALAS

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ID-TRIPS AWARDS

BEST HOTEL (WORLD)

Un havre de perfection
dans les confins de Kyoto
Inauguré fin 2019, le troisième hôtel du groupe Aman au Japon
bat tous les records de délicatesse, de raffinement et de luxe,
mais sans une once d’ostentation.
Par Thomas Jean

D
ifficile de croire qu’à quelques minutes à pied de là, des hordes de touristes armés
de perches à selfies assaillent le Kinkaku-ji, le fameux temple du Pavillon d’or de
Kyoto. Car rien n’est plus rassérénant, plus silencieux, plus ouaté que cette luxueuse
propriété se nichant dans les confins nord de l’ancienne capitale impériale, là où la ville cède
peu à peu la place aux collines boisées. Ici, le groupe singapourien Aman a fait très fort dans
l’harmonie entre architecture et nature : l’agence Kerry Hill, missionnée pour l’occasion, a
disséminé parmi les cèdres, les pins et les érables, de sobres pavillons de bois noir, clin d’œil Sis dans une sorte de
aux machiya, ces maisons traditionnelles kyotoïtes. Pour passer d’un bâtiment à l’autre, che- jardin secret, entouré
d’une forêt de 32 hectares,
mins moussus et allées de pierres serpentent, qui semblent avoir toujours été là, alors que
l’Aman Kyoto a eu le chic
l’établissement n’a pas même deux ans d’existence. À l’intérieur, pareil souci d’intempora- de s’extraire des flux
lité. Les suites, sur le modèle des ryokan, de typiques auberges, arborent des sols en tatami kyotoïtes pour imposer
tout en douceur le calme,
qui fleurent bon la paille de riz, tandis que bois clairs et papier washi subdivisent tranquille- la sérénité et la beauté
ment les volumes. L’hyper-luxe, ici, n’est fait que de petits riens, ainsi ces jarres écaillées dans dans un équilibre
lesquelles on a disposé des ikebanas ou ces coupes de fruits façonnées par le potier Terada nipponissime. Ci-dessus,
le pavillon d’entrée et,
Teppei, qui rappellent la vaisselle à saké. Il y a même dans chaque chambre un tokonoma, à droite, le spa.
petite alcôve dont se parent tous les logis nippons et qu’on orne de calligraphies. Tout cela © AMAN-NACASA & PARTNERS INC.

s’ouvre, par l’entremise de larges baies vitrées, sur des feuillages dont les verts et les rouges,
Aman Kyoto.
selon la saison, invitent à d’infinies contemplations. Quant aux plaisirs du palais, entre cui- 1 Okitayama,
sine kaiseki – le plus haut degré de sophistication de la gastronomie japonaise – et perfec- Washimine-cho, Kita-ku,
Kyoto 603-8458, Japon.
tions d’obanzai – sortes de plats mijotés caractéristiques de Kyoto –, ils confinent évidem- Tél. : +81 75-496-1333.
ment au sublime. En somme, l’art de vivre nippon dans sa quintessence. Aman.com

282
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BEST HOTEL (PARIS)

L’hôtel Les Deux Gares,


meilleur antidote au spleen
Parisien en diable avec sa décoration délurée et colorée signée
du so british Luke Edward Hall, l’hôtel du groupe Touriste donne envie
d’y poser ses valises et d’y écrire un bouquin en regardant passer les trains.
Par Élisa Morère

A
vec pour horizon les voies ferrées, cet établissement tout frais nous embarque dans
un univers pas banal. Situé dans un immeuble bourgeois longtemps abandonné et dé-
sormais réhabilité, le bien nommé hôtel Les Deux Gares, niché entre la gare de l’Est
et la gare du Nord, est la propriété du groupe Touriste, créé en 2008 par Adrien Gloaguen
et son ami d’enfance Antoine Raccat. Il s’ajoute à leur collection d’hôtels parisiens et londo-
nien. En choisissant Luke Edward Hall pour la décoration, l’aménagement et même pour en
dessiner le logo, le duo de businessmen a fait le choix de l’étoile montante. Bonne pioche !
Même si Adrien Gloaguen nous avoue avoir eu les cheveux dressés sur la tête en comptant
jusqu’à dix-huit couleurs sur un croquis de chambre… C’est que, pour son premier projet
de ce type, le trublion anglais de 31 ans (lire p. 158) a dynamité les codes de l’hôtellerie, for-
geant des assemblages iconoclastes dans les 40 chambres, toutes différentes, et jusque dans la
salle de fitness où l’on transpire devant un papier peint imprimé Svenskt Tenn. En fait, Luke
Edward Hall semble avoir plongé dans un de ces paquets de bonbons à la réglisse Liquorice
Allsorts, péchés mignons outre-Manche : lobby vert émeraude à sol de marbre noir, imprimés
sur les murs, céramiques et mobilier Art déco ou encore objets 70’s chinés. Le rose poudré le
dispute au bleu ciel ou mentholé, les têtes de lit à rayures rouges s’amourachent de fauteuils
crapauds léopard ou violines, les salles de bains osent un jaune caniculaire. Ça pique les yeux,
mais le pari de la bonne humeur est réussi. En plus, Luke, insolent talentueux, y a placé ses Hôtel Les Deux Gares.
références : Wes Anderson adouci d’un zeste d’Amélie Poulain (de Jean-Pierre Jeunet) en ciné- 2, rue des Deux-Gares
75010 Paris.
ma, le tout mixé au répertoire éclectique kitsch de Madeleine Castaing et à celui exubérant et Tél. : 01 85 73 11 83.
70’s de David Hicks en déco. Résultat : une adresse délurée, corsée et optimiste. Hoteldeuxgares.com

284
1 2

Page de gauche L’hôtel siège dans un immeuble


bourgeois parisien à la façade restaurée, sobre et
lumineuse dont on ne peut deviner l’exubérance des
couleurs qui décorent l’intérieur. 1/ 3/ et 4/ Dans les
chambres, triples, standard et supérieures, la palette
et les motifs choisis (rayures larges, imprimés chargés,
unis profonds…) évoquent la passion que le créateur
voue au réalisateur Wes Anderson et, notamment, à
son film The Grand Budapest Hotel (2014). La décora-
tion, à travers œuvres et mobilier, multiplie les styles,
comme la référence aux plâtres antiques des ateliers
de dessin, rajeunis d’un clin d’œil mode. Un coup de
crayon et un profil qui ne sont pas sans rappeler ceux
de Jean Cocteau. 2/ Dans les salles de bains jaune d’or
(ou vert émeraude), une grecque noir et blanc borde les
carreaux, un motif récurrent évocateur de l’Antiquité,
mais aussi des années 30, que Luke Edward Hall affec-
tionne. 5/ Canapé léopard, tapisserie en toile de Jouy,
rideau à rayures et colonne minérale, un décor un peu
chargé… pour une expérience inoubliable qui sort du
conformisme et de la standardisation hôtelière. 6/ et
7/ Mélange osé de couleurs profondes comme une si-
3 4
gnature affirmée en forme de manifeste. © BENOÎT LINERO

5 6 7

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BEST HOTEL (FRANCE)

L’Arlatan : la couleur de l’année


Kaléidoscope géant, profusion chromatique, grand écart entre architecture
Renaissance et design contemporain, le palais comtal se réinvente en hôtel
postmoderne. Une œuvre d’art totale qui ne laisse jamais indifférent.
Par Nathalie Nort / Photos Didier Delmas

D
ifficile de parler d’Arles et d’art contemporain sans évoquer Maja Hoffmann, devenue,
en moins d’une décennie, une figure tutélaire. À travers sa fondation Luma, archipel
culturel où arts visuels et lifestyle cultivent le goût de l’avant-garde, la constellation
s’est aussi enrichie de performances hôtelières. Le Cloître, adossé à l’église Saint-Trophime ;
La Chassagnette, table bucolique ; puis L’Arlatan, au terme de trois ans de travaux ; et, plus
récemment, le légendaire Grand Hôtel Nord-Pinus. Lorsque la mécène helvète rachète l’hôtel
L’Arlatan en 2014, celui-ci n’est ni plus ni moins qu’un hôtel de tourisme avec de beaux restes
Renaissance sur fond de vestiges romains et gothiques ; un patrimoine convoité et surveillé
par les architectes des Bâtiments de France. Très vite, le projet trouve des échos dans l’œuvre
totale que l’artiste américano-cubain Jorge Pardo a construite à Tecoh, dans le Yucatán. L’Arlatan, bien plus
qu’un hôtel, un vertige
« J’aime brouiller les frontières entre l’art et la vie, l’esthétique et la fonction, en utilisant
multicolore, artistique
quantité de médiums différents afin que l’on ne puisse jamais dire où l’œuvre commence, où et architectural mené
elle se termine ou ce qu’elle comprend précisément », résume le plasticien californien d’origine d’une main sûre par l’artiste
et architecte américano-
cubaine, basé au Mexique. Dépoussiéré, l’ADN du palais comtal repose donc à nouveau sur cubain Jorge Pardo
la couleur, en mémoire de Jean d’Arlatan de Beaumont, anobli par le roi René (1409-1480) et par la mécène Maja
pour avoir libéré la plaine de la Crau d’une bestiole qui ravagea les chênes kermès, dont on Hoffmann. Collectionneuse
de mobilier du XXe siècle,
tirait la cochenille, la base du vermillon provençal. La couleur que, grâce à la mosaïque, Jorge celle-ci a dispersé
Pardo a replacée au cœur du dispositif architectural : dix-huit teintes, deux millions de tesselles, quelques-uns de ses trésors
dans les espaces de l’hôtel.
onze tailles différentes, soit 6 000 m2 de sols et de murs calepinés d’après un dessin numérique,
en regard des plafonds en bois peint, de l’escalier à vis et des fenêtres à meneaux Renaissance. L’Arlatan.
S’ajoutent à ce kaléidoscope géant, une dentelle de métal découpée au laser, une cascade de 20, rue du Sauvage,
13200 Arles.
lanternes multicolores, du mobilier sur mesure en bois tropical, des portes et panneaux peints Tél. : 04 65 88 20 20.
en hommage à Van Gogh. Bref, une expérience camarguaise qui déboussole. Arlatan.com

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Photo : © Stanislas Wolff

W W W. P E Y R A S S O L . C O M
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION
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BEST ISLAND

Procida, délicate voisine de Capri


La plus petite des îles de la baie de Naples est aussi la plus authentique.
Refuge des marins, décor chéri des cinéastes, on s’y enivre des effluves
de la campagne et de la mer. Procida la discrète nous enchante.
Par Geneviève Brunet / Photos Stevens Frémont

S
i, si, on adore Capri. Mais notre cœur bat pour sa petite voisine. Parce que toute l’île
dégage un parfum d’enfance avec ses hameaux, ses jardinets, ses barques de pêcheurs
et ses triporteurs qui se faufilent à toute allure dans l’entrelacs de venelles. On aime
Procida pour les petites routes qui serpentent entre les jardins décorés de gloriettes écroulées,
les grilles rouillées ouvrant sur des domaines perchés à l’aplomb de la mer et les potagers
De l’intimité des ruelles
luxuriants festonnés d’aloès et de palmiers. On l’aime pour les citronniers et leur fragrance
ombragées à la beauté
qui plane sur l’île ; pour les routes pavées et les chemins creux ouvrant des perspectives vers théâtrale du port de
la mer, longeant des palais de capitaines, des maisons fraîches dallées de carreaux de ciment Corricella, les contrastes
et les sensations se
et aux treilles ombragées. On l’aime pour la forteresse de Terra Murata, dédale de cours, de
bousculent. Havre
ruelles colorées, de « traboules » imbriquées qui lui donnent des airs de casbah. d’authenticité, Procida
On l’aime parce que c’est un délice de poser notre serviette sur ces plages creusées au pied éveille les sens et invite
à la douceur de vivre.
des falaises, certaines au sable noir comme de l’ébène ; de suivre les processions aux côtés
des insulaires en habit du dimanche ; de retrouver les habitués sur le port de Marina Grande Pour aller à Procida.
pour le meilleur Martini de la Méditerranée : short drink glacé et son zeste de citron. On Compter au moins 1 h 30
de l’aéroport de
l’aime pour ses autres délices : les anchois marinés, la salade de citrons de l’île et les pâtes Naples-Capodichino.
aux oursins servis sur le petit port de Corricella, entre les filets de pêche et les maisons roses, Liaisons ferry depuis
le port de Naples
jaunes et vert menthe. On l’aime aussi parce que les seules boutiques de l’île proposent des
(env. 1 h de traversée)
blouses en Nylon ou sont des bazars-quincailleries un peu poussiéreux, et qu’il n’y a qu’une ou de Pouzzoles
poignée d’hôtels de charme pour accueillir les initiés. Certains disent que c’est ici qu’Ulysse (env. 30 min de
traversée). Office
aurait rencontré Nausicaa. Nous, on y croit, autant que l’on aime cette Italie de cinéma. national italien
Une avant-première ? Elle sera ville italienne de la culture en 2022. de tourisme : Enit.it

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BEST RESTAURANT & GUESTHOUSE (FRANCE)

Alexandre Gauthier
ou la beauté du territoire
Le chef français a fait de La Grenouillère un lieu où l’art de vivre
le plus innovant croise la tradition culinaire de la Côte d’Opale.
C’est notre adresse préférée pour un week-end gastronomique à la fois
insolite et authentique. Et doublement étoilé…
Par Olivier Reneau

I
l y a une quinzaine d’années, le jeune cuisinier Alexandre Gauthier reprenait l’auberge fa-
miliale pour y insuffler un vent de modernité. D’abord par la cuisine, ancrée dans ce ter-
ritoire entre terre et mer, mais résolument visionnaire avec des plats aux accords parfois
inattendus : millefeuille de céleri rôti, confit à la laitue de mer, clémentines grillées clams et
Pour transformer et
coques, butternut en mont-blanc… autant d’audaces qui croisent cette création contempo-
agrandir cette ancienne
raine si inspirante à ses yeux. Aussi, il décide de convier l’architecte Patrick Bouchain à re- chaumière du Pas-de-
visiter la chaumière devenue célèbre par ses fresques de grenouilles festoyant… Ce dernier Calais avec la même
sincérité qui teinte son
a conservé l’existant, mais lui a juxtaposé deux grands chapiteaux de verre et de métal, for-
assiette, Alexandre
mant un formidable écrin pour la mise en œuvre des repas. Ici, la salle à manger s’ouvre di- Gauthier ne pouvait mieux
rectement sur la cuisine, qui se transforme en une véritable scène pour les convives attablés. choisir que l’architecte
Patrick Bouchain.
Pour permettre à ces derniers de vivre pleinement l’expérience et de passer une nuit (ou plus) Un parfait écrin pour
à la propriété, le cuisinier et l’architecte ont disséminé dans le jardin des huttes inspirées des une cuisine qui s’ancre
cabanes de chasse locales. Depuis peu, c’est une nouvelle demeure, La Maison de la source, naturellement dans son
terroir, entre terre et mer.
située à 200 mètres de là, qui offre le confort douillet de trois suites aménagées comme une © MARIE-PIERRE MOREL
maison de campagne. Après une balade à travers les marais, on bouquine au coin du feu en © PAPI AIME MAMIE STUDIO

prenant un thé ou bien on profite des bains installés dans chacune d’entre elles. Le matin,
La Grenouillère.
lorsqu’on découvre le petit déjeuner, c’est le même ravissement que la veille au soir. Discrè- 19, rue de la Grenouillère,
tement dressé avant le réveil, il est composé de produits du cru. Pour ceux qui voudraient 62170 La Madelaine
-sous-Montreuil.
déjà se mettre l’eau à la bouche, Alexandre Gauthier a publié un second tome (Éditions de Tél. : 03 21 06 07 22.
La Martinière) consacré à cette cuisine de territoire qu’il a faite sienne. Lagrenouillere.fr

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BEST GUESTHOUSE (EUROPE)

En toute intimité
au cœur de l’Alentejo
En pleine ruralité portugaise, presque à la frontière espagnole,
cet établissement de sept chambres conjugue avec une folle maestria
l’architecture vernaculaire locale et le design germano-nordique.
Un gîte de campagne unique au monde, qui vous enrichit l’esprit.
Par Thomas Jean / Photos Didier Delmas

L
a maison d’hôtes la plus exquise de l’arrière-pays portugais s’appelle Dá Licença. Un
bijou de blancheur perché sur une colline verdie d’oliviers… Celle-ci se nomme Ou-
teiro das Freiras (« la colline des Nonnes »), tandis que la blancheur provient de l’ef-
fet conjugué de la chaux et du marbre : vos hôtes, Vitor Borges et Franck Laigneau, ont mer-
veilleusement retapé et chaulé l’ancienne exploitation agricole des nonnes en question – une
porcherie, un four à pain, un pressoir… –, tout en créant, dans les interstices, un sidérant jar-
din minéral. Des dalles de marbre, à la manière de pas japonais, serpentent entre les citron-
niers et les herbes aromatiques, puis débouchent sur une piscine parfaitement circulaire, bas-
sin cosmique dans l’axe duquel le soleil se couche, ou sur une terrasse ombragée, jouxtant
une antique fontaine, où l’on déjeune au son du clapotis. Des marbres, il y en a encore, par-
tout, dans les chambres. Pas pour faire luxe, mais parce que l’Alentejo en regorge. Marbre
de Vila Viçosa pour les guéridons pensés par Vitor. Marbre d’Estremoz pour les poignées de
porte dessinées par Franck. Les deux hommes, avant leur nouvelle vie bucolique, ont fait car-
rière à Paris dans les hautes sphères de la création et ça se voit. Idéalement éparpillées dans
les sept chambres et les salons, contrastant en beauté avec la pureté des sols et des murs, la
Dá Licença.
banquette-étagère aux bas-reliefs extravagants, qui nous vient des années 20 finlandaises, ou
Outeiro das Freiras,
la cheminée conique hyper-sixties, d’Ico Parisi, sont vite repérées. Sans compter les myriades Santo Estêvão,
d’armoires et de chaises fascinantes à volumes biseautés, typiques de l’anthroposophie, mou- 7100-580 Estremoz,
Portugal.
vement austro-suisse du début du XXe siècle, qui prônait le retour aux formes organiques et Tél. : +351 962 950 540.
terriennes. Quoi de plus cohérent pour un hôtel si merveilleusement ancré dans le sol ? Dalicenca.pt

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1 2

Page de gauche et 3/ Des volumes simples, immaculés,


qui s’intègrent parfaitement au paysage. L’architecture
des lieux a été pensée en collaboration avec Procale,
une agence basée dans la petite ville d’Estremoz. 1/ et
2/ Plusieurs piscines ponctuent la propriété. Certaines,
personnelles, sont réservées aux occupants des suites.
Deux autres, communes, brillent par leurs lignes pures.
Longiligne, creusée à l’horizontale de la colline, ou
circulaire, dans l’axe de laquelle le soleil se couche,
chacune permet de nager avec les oliveraies en ligne
de mire. 4/ Franck Laigneau (au premier plan) et Vitor
Borges ont, dans une autre vie, fait carrière à Paris dans
les hautes sphères de la création. Le premier dans le
design, tenant rive gauche une galerie à son nom, Lai-
gneau, spécialisée dans les niches les plus pointues du
mobilier historique, et le second chez Hermès. 5/ 6/ et
7/ Dans le genre « maison d’hôtes au chic rustique », Dá
Licença se pose là. Mais avec un sens aigu de l’audace
et de l’exception, où les pièces de design européen du
XXe siècle le disputent à l’artisanat local et au marbre,
omniprésent. Quant aux baignoires sculpturales qui
trônent dans certaines salles de bains, elles ont né-
3 4
cessité des semaines de travail, à la main et au burin…

5 6 7

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ID-TRIPS AWARDS

BEST HOTEL SWIMMING POOL


Bain avec vue aux Roches Blanches, à Cassis
À l’heure où les esprits s’éveillent, le spectacle est déjà sur la mer. L’air sent le sel et le myrte et nous nous glissons
avec délice dans ce long bassin bleu marine. Accoudés à la mince margelle, nous regardons le cap Canaille, géant
rocheux, plonger dans les eaux étincelantes de la Méditerranée. Au large, pointus de pêcheurs et voiliers défilent
lentement. Derrière nous, la maison de maître, devenue hôtel mythique dans les années 20 – et revampée en havre
discret et élégant par l’architecte Monika Kappel, qui en est propriétaire avec son époux –, est prête à nous accueillir
pour le petit déjeuner. Mais revenons à la piscine pour admirer, entre deux longueurs, les humeurs changeantes
de la lumière, projetée sur la falaise comme sur un écran géant. Douce et jolie paresse à Cassis. G.B.
Les Roches Blanches. 9, avenue des Calanques, 13260 Cassis. Tél. : 04 42 01 09 30. Roches-blanches-cassis.com

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© DIDIER DELMAS

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BEST LUXURY CAMPING


Camp Sarika, le luxe du dépouillement
Tous les records de glamping – ce mot-valise agaçant, fusionnant glamour et camping – sont ici pulvérisés. Imaginez
l’aridité de l’Utah, avec ses folles concrétions et ses buissons d’herbes sèches, rien que pour vous. Au beau milieu
d’un cirque rocheux, non loin de l’hôtel Amangiri, le groupe Aman a planté les larges tentes du Camp Sarika. Avec
leurs courbes et pointes anthracite, elles évoquent les architectures du désert US de John Lautner ou de Kendrick
Bangs Kellogg. En dessous, des huttes au summum de l’épure – bois clair, lin et pas grand-chose d’autre –, en prise
directe avec l’extérieur. Plus méditatif, plus racé, on ne fait pas ! Et pour prolonger le rêve, des conteurs, le soir, autour
d’un brasero, vous narrent des histoires de canyons et de sierras. Soit le Far West en version fabuleuse. T.J.
1 Kayenta Road, Canyon Point, Utah, États-Unis. Tél. : +1 435 675 3999. Aman.com

© AMAN RESORTS

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BEST DISTRICT

Le cœur de Londres bat à Shoreditch


Passer un week-end à Londres demeure un vrai moment dépaysant,
où nous avons tant de choses à (re)découvrir. Notre quartier préféré ?
Shoreditch. Parce qu’il est plein de contrastes… comme les Anglais !
Par Marie Godfrain / Photos Anne Leroy

É
ternel Phénix, Londres se réinvente sans cesse… Alors lorsque le Ace Hotel,
établissement emblématique du quartier de Shoreditch, dans l’est de la capitale
anglaise, a fermé ses portes à l’automne 2020 et que les rues de la City, le quartier
des affaires mitoyen, se sont vidées de leurs businessmen, on a craint pour ce secteur
en perpétuelle évolution… Et puis, l’ouverture du Light Bar, en mars dernier, dans une
ancienne centrale électrique, a prouvé encore une fois que les ressources de Shoreditch
ne s’étaient pas taries. Dans les années 80, les créatifs de tout poil ont trouvé refuge dans
de grands entrepôts où ils ont installé bureaux et appartements et, par la même occasion,
investi les murs et façades de ses rues avec des œuvres de street-art puissantes et engagées.
C’est au mitan des années 2000 que la zone a véritablement changé. Sheridan Coakley,
fondateur de la boutique de design SCP, s’est établi dans ce qui n’était qu’un no man’s
land trente ans auparavant. Depuis, les restaurants, les bars et les hôtels branchés (The
Boundary, de Terence Conran, puis le Soho House), mais aussi les designers se sont ap-
proprié cet environnement idéal. Les anciennes manufactures abritent parfaitement leurs
équipes et leur matériel. Jasper Morrison fut le premier, puis Barber & Osgerby et, plus
récemment, Faye Toogood, qui habite dans une petite maison de ville en brique brune. La
designer y dessine et expose indifféremment vêtements, mobilier et projets d’architecture
intérieure (lire p. 132). À quelques encablures, le centre international d’arts visuels Ri-
vington Place mérite le détour, un monolithe noir à damiers, signé David Adjaye, discret
mais efficace. Et quelques ruelles plus loin, toujours à l’abri des regards, le désormais
célèbre Tramshed, ancien entrepôt gigantesque reconverti en restaurant et qui, signe des
temps, vient d’inaugurer une immense terrasse… Se réinventer, toujours !

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1 2

Page de gauche Quartier multiethnique, dans l’est de


Londres, Shoreditch recèle des adresses gourmandes
et des bars branchés, qui figurent dans les meilleurs
guides touristiques. 1/ Au Geffrye Museum, créé en
1914, on peut découvrir des period rooms, des pièces
représentant le style d’une époque. 2/ Chaque coin de
rue est un mélange de commerces trendy, de street-art
et de vie populaire. Une ambiance très appréciée par
les Londoniens et les touristes. 3/ Hassan Hajjaj, Anglais
d’origine marocaine, a installé sa boutique bohème
Larache Shop, en 2005, dans un HLM. Le choix y est
éclectique : Motobécane au siège recouvert de fausse
toile Vuitton, panneaux routiers transformés en sièges…
4/ et 5/ Chaque chambre de l’hôtel The Boundary est
dédiée à un designer de renom et meublée de pièces
de créateurs. Ici, un fauteuil signé Lisa Whatmough.
Ouvert en 2009, le boutique-hôtel est un ancien bâ-
timent industriel réhabilité et entièrement décoré par
le designer Terence Conran, récemment décédé. Trois
lieux différents pour se restaurer sont proposés aux
voyageurs : une boulangerie-café, un restaurant et un grill.
6/ La Shoreditch House permet de profiter d’un joli jar-
3 4
din suspendu avec piscine installé sur son toit-terrasse.

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ID-TRIPS AWARDS

BEST CHEFFE IN PARIS

Pouliche, galop d’or


CV de compète, parcours sans faute, Amandine Chaignot s’inscrit en
cheffe de file d’une génération montante. Dans la foulée de son restaurant
Pouliche, elle s’apprête à ouvrir un nouveau lieu cet été et à sortir un livre.
Par Nathalie Nort

O
n la suit depuis un bail. Depuis sa première place comme cheffe de cuisine à l’hôtel
Raphael, à Paris, en même temps que sa première apparition médiatique comme
membre du jury de « MasterChef » en 2013. Car après avoir poussé la porte de
l’école Ferrandi parce qu’elle s’ennuyait en fac de pharmacie, la pétillante Amandine affûtait
son CV dans les palaces et auprès des caciques de la gastronomie tricolore, les Ducasse,
Frechon, Alléno, Hache et consorts. Un joli parcours qui a fait grandir sa motivation : la
cuisine serait sa vie et « la pouliche » (surnom que lui donna Bernard Leprince, au Prunier)
n’entendait pas rester au box. Après trois années intenses au chic hôtel Rosewood de Londres,
cette grande bosseuse saute la Manche dans l’autre sens. C’est donc le faubourg Saint-Denis,
ancien quartier d’écuries royales, qu’elle choisit pour faire cavalier seul en ouvrant Pouliche,
à tout juste 40 ans. Six mois plus tard, la pandémie sera le nouvel obstacle à son « travail de
passion et de transmission qui implique de s’entourer d’une super équipe ». Néanmoins, la
crinière blonde transforme rapidement ce galop d’essai prometteur en confinement « insolite
mais solidaire », avec marché de producteurs et repas cuisinés pour les soignants. S’ensuit
« une année éprouvante » entre terrasse bricolée, fréquentation estivale clairsemée et nouveau
confinement. « Après cet épisode harassant pour mon équipe et pour moi, il était vital de
prendre du recul, respirer l’air de la campagne et réfléchir à d’autres projets », confie-t-elle.
Depuis février, Pouliche propose des plats à emporter et des « dwichs » briochés versions
ris de veau, burrata ou lobster roll. La suite a les couleurs d’une résilience. Toujours associé Pouliche.
aux frères Chantzios (épicerie Kalios), un second lieu, mi-café, mi-bistrot parisien, devrait 11, rue d’Enghien,
75010 Paris.
ouvrir cet été au pied de la butte Montmartre. La réalisation de son premier livre de recettes Tél. : 01 45 89 07 56.
(éditions Solar) autour d’une cuisine de week-end participe de cette remise en selle. Poulicheparis.com

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1 2

Page de gauche L’équipe de Pouliche n’a eu le temps de


faire qu’un tour de piste avant le premier confinement.
Mais l’enthousiasme communicatif d’Amandine a permis
au restaurant de traverser la tempête en proposant de la
vente à emporter et en se métamorphosant en marché
de producteurs. 1/ L’aménagement a été confié à l’atelier
UOA. Côté rue, la devanture bleue ne laisse entrevoir
qu’un espace à l’ambiance feutrée, articulé autour du bar
à cocktails. Tapie au bout du couloir, cette salle intimiste
et chaleureuse, qui s’ouvre sur une cour pavée et végéta-
lisée, accueille les convives dans « un esprit table d’hôte,
auberge urbaine » cher à la cheffe. 2/ et 3/ Pour l’épauler,
elle peut compter sur sa « dream team » avec Martin, en
cuisine, et Jérémy, en salle. 4/ et 7/ Salade de cocos de
Paimpol et plat spécial Saint-Valentin. Dans l’assiette, les
légumes de saison et les crudités jouent les premiers
rôles, sans oublier pour autant la viande ou le poisson.
5/ Le credo d’Amandine Chaignot : « Une cuisine simple,
spontanée, qui parle du produit. On recherche avant tout
le plaisir et la convivialité. » 6/ À l’image de la cuisine qui
sublime le produit et joue la naturalité, la déco se veut
sobre et chaleureuse en rehaussant les matériaux bruts
3 4
de touches plus sophistiquées. © BENEDETTA CHIALA

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ID-TRIPS AWARDS

BEST CITY (EUROPE)

Milan, par-delà les modes


Le nombril de l’Italie n’a pas que ses géants du design pour nous épater.
Il a aussi son appétit pour la nouveauté et cet art de vivre lombard
qui mêle au plus-que-parfait mode, créativité, bonnes tables et business.
Par Élisa Morère / Photos Young-Ah Kim

A
mbitieuse, cultivée, gourmande, la capitale économique de l’Italie bluffe par son pa-
trimoine, son élégance, son sens du spectacle. Réglés comme les pendulettes du musée
Poldi Pezzoli, la Fashion Week fait tournoyer les têtes autant que les robes, tandis
que le pharaonique Salon international du meuble révèle chaque année les talents du design.
Leurs créations se retrouvent chez les grands éditeurs italiens établis Via Durini, comme Cassi-
na ou B&B Italia, ou dans les galeries telles que la Camp Design Gallery, dans le quartier des
Navigli. Autant d’occasions de se balader dans les rues étroites où se découvrent la discrète
opulence des quartiers années 30 semés de villas, les jardins de la Villa Reale ou les ruelles
branchées de Brera. Et s’il tombe trois gouttes, on se réfugie au Corso Como, à la galerie Ni-
lufar, dans celle de Rossana Orlandi ou bien à la pinacothèque de Brera pour le chef-d’œuvre
de Piero Della Francesca, la Pala Montefeltro. Point de passage obligé, toute la ville se croise
devant le Duomo, ciselé dans le marbre blanc. Tout aussi centrale et monumentale, la gale-
rie Victor-Emmanuel-II, où l’on fait du lèche-vitrine tout en savourant une glace crémeuse
qui poisse les doigts. Après une semaine consacrée aux affaires, le dimanche, le Tout-Milan
se détend à la Rinascente. Sur le toit du grand magasin, mocassins en daim mauve aux pieds
et pantalon dévoilant la cheville, on picore son risotto safrané al dente. C’est aussi un poste Ci-dessus La bouillonnante
idéal pour compter les clochers romans et les toits des palazzi du XVIIIe tout en saluant reli- cité lombarde contemplée
par des siècles d’architec-
gieusement Luchino Visconti. On en redescend pour admirer les immeubles de style Liberty, tures, de sculptures, de
les trattorias anciennes qui ont vu défiler des générations de Milanais, la Scala et l’architec- culture. Du toit du Duomo,
on voit ici la tour Velasca,
ture moderne des années 50, incarnée par les créneaux néogothiques de la tour Velasca. Pour
un gratte-ciel brutaliste
connaître le futur, rendez-vous à Porta Nuova, devenu le laboratoire milanais de l’architec- de 1958. Page de
ture du XXIe siècle. Enfin, voici le moment de l’aperitivo où le verre de Campari ne quitte ja- droite Chez Rossana
Orlandi, le design n’inspire
mais les mains du barman sans olive. Mais quel est donc le secret de cet amaro rosso qui, à pas la mélancolie et ne
la première gorgée, donne tellement envie de revenir avant même d’être parti ! rime jamais avec ennui.

302
ID-TRIPS AWARDS

BEST CITY (FRANCE)

Marseille, la plus charismatique


Une cité léchée par la mer, à la luminosité crue et aux habitants
rebelles : Marseille la fantasque nous emballe parce qu’elle brouille
les pistes et pétille d’idées décalées. Son incroyable énergie,
son inépuisable soleil nous donnent envie d’aller respirer son air iodé.
Par Geneviève Brunet / Photos Christian Schaulin

N
on, ce n’est pas parce qu’elle est classée ville la plus ensoleillée de France que
Marseille nous éblouit. C’est plutôt pour son tempérament très hot. La métropole
emblématique de la relation entre Europe et Méditerranée a pris depuis quelques
années un virage vertueux, révélant une nouvelle façade maritime et développant des
idées audacieuses. Porte de l’Orient, son port fut, à l’apogée de l’empire colonial français,
l’un des plus flamboyants du monde. En partant de ses quais, on découvre les recoins de
cette ville-mosaïque, dont chacun des cent onze villages respire une forte identité. Selon la
tendance, les terrasses du Panier, de Noailles ou du quartier Vauban se remplissent. On y
fait beaucoup la fête et souvent dans des lieux improbables. Les toits-terrasses des friches
industrielles grouillent dès les beaux jours d’expositions, d’apéros au coucher du soleil et
de séances de cinéma en plein air. Imperturbable, Notre-Dame-de-la-Garde veille sur ce
joyeux fatras et regarde se développer les nouveaux quartiers au pied d’une skyline domi-
née par deux signatures célèbres : Zaha Hadid et Jean Nouvel. De leurs étages, on voit la
mer, rappelant s’il le faut que Marseille reste avant tout une ville à la plage. Depuis celle
des Catalans, en plein centre, jusqu’aux fabuleuses calanques ourlées de pins parasols et
d’eaux cristallines. Comment faire pour travailler dans ce décor ? Le hub méditerranéen
a pourtant commencé à attirer une génération d’entrepreneurs, de patrons et d’acteurs
culturels nouvelle vague. Ce qui n’empêche pas la capitale du Sud de continuer à grouiller,
à blaguer et à garder son inépuisable charme. Avec sa gourmandise et ses tables 3 étoiles,
Marseille s’invente un nouvel art de vivre. De plus en plus belle, la vie.

304
1 2

Page de gauche Bâtiment de l’architecte Rudy Ric-


ciotti, le Mucem (musée des Civilisations de l’Eu-
rope et de la Méditerranée) impose sa construc-
tion remarquable à l’entrée du Vieux-Port, devant
la cathédrale de la Major. Ce haut lieu de l’archi-
tecture et du patrimoine est prisé des Marseillais
et des touristes. 1/ Sur le toit-terrasse de la Cité
radieuse, chef-d’œuvre de Le Corbusier, en lieu et
place du gymnase, le centre d’art MaMo, imaginé par
le designer Ora-ïto. 2/ Nina Handlbauer accueille et
conseille les visiteurs dans sa boutique Aussih, un
family-store déco-cantine-salon, situé dans le quartier
des Catalans. 3/ La néo-byzantine cathédrale de la
Major marque l’entrée du Panier, le plus ancien quartier
de la ville. 4/ Ancrée au fort Saint-Jean, la goélette Noc-
tilio organise balades en mer et apéros au coucher du
soleil. 5/ et 6/ À côté de la plage des Catalans, l’hôtel
Les Bords de mer, tout de marbre blanc, propose ses
19 chambres avec vue sur la Grande Bleue. 7/ À Mar-
seille, les styles urbains se mélangent. Ici, sur la cor-
niche Kennedy, le vallon des Auffes, où l’on pourra se
régaler d’une bouillabaisse dans ce petit port de pêche,
3 4
entre la plage des Catalans et l’anse de Malmousque.

5 6 7

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ID-TRIPS AWARDS

BEST INTERIOR DESIGN RESTAURANT (WORLD)


À Johannesburg, Alice & Fifth
Lové dans un sous-sol du quartier des affaires de Johannesbourg, Alice & Fifth est l’un des spots incontournables de la
métropole sud-africaine. Inspiré des nuits parisiennes des Années folles, le restaurant-cabaret est pensé comme un lieu
de « décadence raffinée » par l’architecte d’intérieur natif Tristan du Plessis. Côté restaurant, les banquettes de velours
vert, encastrées dans des boiseries sombres, forment de petites alcôves. Côté bar, les chaises hautes en cuir et laiton
rappellent les tabourets LC7 de Charlotte Perriand. Un écrin rétro à la programmation artistique hors du temps où il fait
bon perdre ses repères. La star montante – qui a créé son agence il y a six ans – développe un univers très reconnaissable
et pourtant bien ancré dans les villes où il opère grâce à des collaborations d’artisans et d’artistes locaux. À suivre ! M.M.
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BEST PHOTO FESTIVAL


Les Rencontres d’Arles, le monde dans le viseur
Lorsque le festival a fêté sa 50e édition en 2019, son formidable directeur, Sam Stourdzé (nommé depuis à la Villa
Médicis et remplacé par Christoph Wiesner) avait monté pour l’occasion 50 expos, au lieu des 35 habituelles.
La manifestation a ceci de fantastique, qu’elle n’est pas du tout comme un musée qui guide ses visiteurs selon un
chemin tout tracé. Au contraire, les « Rencontres », si bien nommées, encouragent chacun à trouver des résonances
entre les thèmes, les sujets et les artistes. La foule française et internationale qui s’y presse trois mois durant,
en plein été, expérimente aussi une ville à travers les lieux d’exposition. Célèbre, le festival l’est, mais ce qui fait
sa valeur, c’est sa capacité à se renouveler chaque année, à ne pas se préoccuper du « marché », cultivant avant
tout un esprit de découverte et donnant à la photo ses vraies lettres de noblesse : révéler l’état du monde. V.C.

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BEST INTERIOR DESIGN FESTIVAL


Design Parade Toulon, une ode à la Méditerranée
« Une pièce à vivre dans une villa au bord de la Méditerranée. » Tel est le brief sur lequel planchent chaque année les
architectes d’intérieur en herbe du monde entier, pour figurer parmi les dix lauréats qui pourront effectuer leur premier
chantier, à Toulon. Dans cette ville distinguée pour son dynamisme urbain et culturel, les jeunes talents ont l’opportunité
(unique !) de réaliser une pièce, avec l’aide d’artisans locaux. Histoires multiples dans un lieu patrimonial (l’ancien évêché,
l’hôtel de la Marine…), ces réalisations immersives sont ouvertes au public. Le jury du festival, sous l’impulsion d’un
président charismatique (cette année, le Studio KO), apporte un regard bienveillant aux projets exposés tandis que divers
partenaires et sponsors sont là pour les épauler. Les festivals imaginés par la Villa Noailles reflètent la personnalité de son
directeur, Jean-Pierre Blanc, farouche défenseur de la création. Nous sommes fiers de les accompagner depuis 2015. V.C.

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BEST PALACE (PARIS)

Un parfum de légende
Après quatre ans d’un chantier titanesque, l’Hôtel de Crilllon rouvrait
en juillet 2017. Emblème du luxe parisien, chef-d’œuvre de l’architecture
néoclassique, le palace pouvait reprendre le cours de son histoire.
Par Serge Gleize

O
n l’aime pour sa fabuleuse localisation, sa façade néoclassique dominant l’une
des plus belles places de Paris, la Concorde. On l’aime pour son accueil situé dans
un boudoir aux boiseries classées, rehaussées de panneaux en cuir de Cordoue ;
pour cette impression d’être, non pas dans un hôtel, mais dans une grande demeure privée.
Quatre ans de rénovation ont été nécessaires (le gros œuvre sous la direction de Richard
Martinet et de l’agence Affine Design) pour transformer l’adresse mythique – à l’origine,
un palais construit par Ange-Jacques Gabriel pour Louis XV, en 1758 – en un palace du En guise de limousine,
e
XXI  siècle comptant 124 chambres et suites somptueuses. À noter, la suite Marie-Antoinette, le Crillon a fait le choix
de l’exclusivité décalée
dont la terrasse, ouverte pour la première fois au public, propose, de 17 h à 23 h, des moments
avec cette DS Pallas
idylliques, avec caviar et champagne. Très prisé également, le rooftop de la suite Bernstein, de 1973, icône du design
au dernier étage de l’hôtel, 200 m2 avec une vue spectaculaire sur Paris, et qui propose éga- français. Son habitacle
a totalement été revisité
lement ses apéritifs « Bonsoir Paris ». La rénovation de ce palace légendaire a été confiée à
par Tristan Auer, architecte
des stars de la déco : Tristan Auer, Chahan Minassian, Cyril Vergniol et l’agence Culture in d’intérieur et spécialiste
Architecture. Même le regretté Karl Lagerfeld a décoré deux suites spectaculaires dominant du car tailoring, qui est
aussi un des principaux
la Concorde. Le tout sous la direction artistique de la décoratrice Aline Asmar d’Amman,
acteurs de cette
qui a veillé à conserver le faste du lieu sans le plonger dans une modernité impersonnelle. Ce rénovation exemplaire.
sont 147 métiers d’art qui ont participé à son embellissement : Atelier Rémy Garnier, Maison © HÔTEL DE CRILLON

Lucien Gau, Mathieu Lustrerie, Chevalier Conservation… À cela s’ajoutent la magie de son
Hôtel de Crillon,
bar mythique, Les Ambassadeurs, l’excellence de ses tables, L’Écrin, le Jardin d’Hiver… son A Rosewood Hotel.
sublime spa Sense a Rosewood Spa, sa piscine au fond constellé de mosaïques et au mur 10, place de la Concorde,
75008 Paris.
décoré d’un panneau de l’artiste céramiste Peter Lane, son salon de coiffure avec coin barbier Tél. : 01 44 71 15 00.
de David Lucas et, enfin, sa DS customisée par Tristan Auer, le carrosse VIP de l’hôtel. Rosewoodhotels.com

312
1 2

1/ Le compositeur de West Side Story avait ses habitu-


des à l’Hôtel de Crillon. Le palace lui rend hommage
avec la suite Bernstein, située au dernier étage. De
sa terrasse de 200 m2, l’impression d’avoir Paris à
ses pieds est sans égale. © RETO GUNTLI 2/ Du petit
déjeuner au dîner, la quiétude de la cour d’honneur
est idéale pour faire une pause. © HÔTEL DE CRILLON
3/ Au 2 e étage, la suite Duc de Crillon a été amé-
nagée par Aline Asmar d’Amman. La décoratrice a
voulu perpétuer l’esprit d’origine en conservant une
partie des boiseries qui ornaient la chapelle privée
de la famille Crillon. © RETO GUNTLI 4/ Le Jardin d’Hiver,
signé Chahan Minassian, ouvre sur la cour d’honneur.
Il accueille les convives dans une ambiance feutrée
et propose tout au long de la journée un service de
restauration continu. On peut y déguster, entre autres,
les pâtisseries du chef Matthieu Carlin. © HÔTEL DE CRIL-
LON 5/ et 6/ Revampée par Aline Asmar d’A mman, la
suite Marie-Antoinette, hommage à l’ancienne reine
de France, réinterprète dans des tons poudrés les
codes néoclassiques de la deuxième moitié du
XVIIIe siècle. © RETO GUNTLI
3 4

5 6

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ID-TRIPS AWARDS

BEST PALACE (WORLD)


Raffles Singapore
Dans la cité-État ultramoderne, le Raffles fait figure de vieux sage. Depuis 1887, ce palace a vu passer les plus grands,
des écrivains aux stars de cinéma : Rudyard Kipling, Ernest Hemingway, Elizabeth Taylor ou encore Ava Gardner.
Le cocktail singapore sling, du Long Bar, est connu dans le monde entier. En août 2019, le légendaire 5-étoiles, racheté
par Accor en 2013 (cocorico !), est sorti d’une longue rénovation sous la houlette d’Alexandra Champalimaud,
accompagnée par le cabinet d’architecture et d’aménagement intérieur Aedas. Le résultat est bluffant ! Bien ancré
dans le XXIe siècle, il a su garder toute son âme et offre une délicieuse échappée dans le temps. Very chic. B.D.
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BEST ROAD TRIP

Weimar-Dessau-Berlin :
le Bauhaus en héritage

Il y a cent ans, le Bauhaus devenait à la fois une école, un atelier et un


laboratoire d’idées. Entre 1919 et 1933, Weimar, Dessau, puis Berlin allaient
accueillir successivement l’institution. IDEAT a adoré faire ce road trip
architectural, réalisé l’année de la célébration du centenaire du Bauhaus,
en 2019. Un périple qui reste une excellente option pour un long week-end.
Par Guy-Claude Agboton / Photos Thomas Rusch

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1 2

Page de gauche À Dessau, au deuxième siège his-


torique du Bauhaus, la magistrale géométrie de la
façade du bâtiment érigé par Walter Gropius en 1925.
1/ À Weimar, dans le très goethéen Ilmpark, les ruines
du Tempelherrenhaus, un pavillon néogothique de
1788, détruit en 1945. Peintre et professeur au Bau-
haus, le Suisse Johannes Itten y installa un temps son
studio. 2/ À Dessau, signée Carl Fieger, la rotonde du
restaurant Kornhaus. À l’intérieur, de la fourchette
au portemanteau, tout rappelle les trois âges d’or du
Bauhaus. 3/ Symphonie de couleurs ultra-graphiques
dans les escaliers du Bauhaus de Dessau. 4/ Tout a
commencé ici, en 1919, au premier Bauhaus de Weimar,
devenu université, toujours sublimée par les fresques
signalétiques de Herbert Bayer. 5/ À Dessau, une (re)
création de l’architecte Bruno Fioretti Marquez ac-
tualise l’esprit Bauhaus. 6/ À Bernau, la maison Lemke,
ultime projet de Mies van der Rohe en Allemagne,
dernier directeur du Bauhaus à Berlin, avant qu’il ne
s’expatrie en Amérique.

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ID-TRIPS AWARDS

1 2 3

L
a légende du Bauhaus débute à Weimar, lorsque l’architecte Walter Gropius
reçoit, dans l’Allemagne défaite de 1919, ses premiers élèves, qui rêvent d’un
monde nouveau. La modernité de son bureau scotche les visiteurs. Des luminaires
au mobilier, tout a été pensé par des créateurs d’exception. Weimar, berceau de cette
modernité, est pourtant la cité classique qui accueillit Bach, Schiller et Goethe ! Entre
la Thuringe et la Saxe-Anhalt, il faut aussi voir 39 bâtiments qui doivent au Bauhaus
leur caractère. L’école migre en 1925 à Dessau, fuyant l’ire des milieux conservateurs 1/ À Bernau, l’école fédérale
de Weimar. Gropius en érige la principale construction. En 1932, son escalier graphique de la Confédération
syndicale allemande
inspirera au peintre Oskar Schlemmer l’une de ses plus belles toiles, qui représente des générale (ADGB). Sa
étudiants en train de gravir les marches. Les différentes ailes de ce complexe abritent construction a été conduite
par Hannes Meyer,
des ateliers, un auditorium, un café et des chambres. Autre émotion : celle qui étreint
architecte et urbaniste
le visiteur dans les maisons des maîtres, inscrites sur la Liste du patrimoine mondial de suisse, marxiste et
l’Unesco. Bienvenue chez Josef et Anni Albers, Oskar Schlemmer, László Moholy-Nagy directeur du Bauhaus
de 1928 à 1930. 2/ La
et Vassily Kandinsky ! Le directeur Hannes Meyer, successeur de Gropius entre 1928 boutique du Bauhaus-
et 1930, trouvait un peu systématique cette symphonie de murs blancs et vivait dans Archiv (un musée berlinois
la couleur… On ne repart pas sans une visite du côté de Törten, où toute une cité-jar- construit pour abriter
les archives du Bauhaus)
din de 314 habitations, construites de 1926 à 1928, est restée dans son jus. Suivre un en résidence temporaire
itinéraire Bauhaus immerge le pèlerin dans du design, mais aussi dans l’histoire même à Charlottenbourg
jusqu’en 2022.
de l’Allemagne. Quand Mies van der Rohe, son directeur à partir de 1930, déménage
3/ À Berlin, la cour de
l’école à Berlin, les crédits lui seront coupés malgré ses efforts pour faire passer l’ins- la maison Lemke, signée
titution comme apolitique. Il n’y a donc pas de bâtiment emblématique à Berlin, en Mies van der Rohe.
1933. Mais, grâce à une kyrielle de designers et d’architectes qui vont s’expatrier, le Thuringe-tourisme.fr
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blable à du tweed, au tombé incroyable. Sur le site de l’éditeur, on
retrouve non seulement la gamme des « Essentiels », mais aussi les
papiers peints et les tissus à motifs, sans oublier des tapis, du mobi-
lier, de la peinture et des accessoires. Les dernières collections des
marques Ralph Lauren, Christian Lacroix, John Derian et William
Yeoward, qui appartiennent au groupe Designers Guild, y sont éga-
lement disponibles. Tous ces univers sont présentés au showroom
parisien et chez les revendeurs.
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Conçu par le couple d’architectes Nisse et Kajsa Strinning en 1949,
le système de rayonnages String permet depuis, à chacun, de créer
sa propre combinaison. Couleurs, finitions ou taille des étagères, la
collection « String Furniture » est devenue l’emblème du design qui
s’adapte et qui dure. En ajoutant aux étagères des accessoires bien
pensés, tels que des vide-poches muraux, on peut créer un espace
de travail unique et personnalisé, mais aussi stimulant, modulable
et discret, grâce à son iconique signature minimaliste. La marque
pense également aux tout-petits, pour que les jeux et les dessins
se fassent dans un cadre idéal, permettant l’apprentissage de la
concentration et de la créativité.
Modernliving.fr

VOXEL CHEZ VONDOM


Dans le sillage de la collection « Voxel », créée par le designer Karim
Rashid, une chaise longue d’extérieur moderne et fonctionnelle est
née. Fabriquée en polypropylène injecté renforcé de fibre de verre,
elle se caractérise par ses formes géométriques angulaires à facettes.
Son design élégant convient à tous les espaces extérieurs contem-
porains. Robuste et empilable, elle affiche en outre un piétement en
patin qui l’empêche de s’enfoncer dans le sable, ce qui en fait aussi
une option idéale pour se détendre en bord de mer. Enfin des roues
cachées à l’intérieur facilitent son déplacement. Pour vivre tous les
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NUMÉRO 20 - EN KIOSQUE LE 11 JUIN - 9,90 €


ID-MUSIC AWARDS

BEST MUSIC

Grand Prix, de Benjamin Biolay


C’est son neuvième album. Un album qui renoue avec toutes ses
obsessions musicales, celles de New Order, des Strokes ou des Smiths.
Après mûre réflexion, qui pouvait-on nommer d’autre que Benjamin
Biolay et son Grand Prix, hommage au pilote automobile Jules Bianchi,
et sorti en plein confinement l’an dernier ?
Par Laurent Blanc

V
ingt ans après Rose Kennedy (2001), Grand Prix embrasse toute la carrière de
Biolay. La musique, les femmes et les hommes de sa vie, les victoires, les dé-
faites, le sport automobile, l’Argentine, les questions métaphysiques… Difficile
de tenir le niveau de La Superbe (2009) ou de Palermo Hollywood (2016)… et pour-
tant Biolay nous sort ici un petit bijou influencé par le rock, anglais bien sûr, mais aussi
avec un côté très variétés des années 80. C’est un « concept album » bourré de tubes
(il les écrit comme il respire). La voix est très sourde, mais un peu plus claire que d’ha-
bitude, elle crée quelque chose d’étrange. Pour une fois, il chante vraiment. La guitare
électrique est très présente. Biolay est bon et, qu’on l’aime ou pas, force est de consta-
ter qu’il fait toujours l’événement musical et la différence. Il suffit d’écouter cet album
une fois pour l’avoir dans la tête. En réunissant Adé (Parc fermé) et Juliette Armanet
(Rue Saint-Louis-en-l’Île), il nous enchante aussi très joliment. Ce gars fait partie de
notre vie. On s’identifie à ses chansons, à leurs paroles : Comment est ta peine ? Tous
les titres ont été enregistrés à la guitare en quatuor, à la façon d’un groupe de rock et
dans les conditions du live. La cover de l’album a été réalisée par le jeune photographe
en vue Mathieu César et met en scène le musicien dans une combinaison de pilote, né-
gligemment assis sur la roue arrière d’une Matra des années 60, conduite à l’époque
par Jean-Pierre Beltoise. Derrière lui, un pilote en flamme, évocation de l’accident dont
fut victime Niki Lauda dans sa Ferrari, au Grand Prix du Nürburgring, en Allemagne, Grand Prix (2020)
en 1976. Magnifique album, qui nous rend la vie plus belle. Fasse que Biolay nous en- intitule le dernier album
de Benjamin Biolay,
chante encore de longues années avec ses notes qui entrent dans nos têtes comme l’air chez Polydor.
entre dans nos poumons ! Je reviendrai… On l’espère tous, monsieur Biolay. © MATHIEU CÉSAR

330
TERATAI BY BRETZ
SHOWROOM: ALEXANDER-BRETZ-STR. 2 ¡ D-55457 GENSINGEN ¡ TÉL 00.49.67.27.89.50
RETROUVEZ LA LISTE DES REVENDEURS SUR: BRETZ.FR ¡ INFO@BRETZ.FR

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