FACULTE DE MEDECINE D’ALGER I

CPRS CENTRE DE PSYCHIATRIE

3ème année du résidanat de psychiatrie

LEGISLATION MEDICO-SOCIALE ET
ACTES DE PROTECTION DES MALADES
MENTAUX

Pr Nouria Benyakhlef EHS Drid Hocine Page 1

Législation de l’incapacité civile (Mesures
de Protection)
1. INTRODUCTION
La capacité civile est l’aptitude légale
d’une personne à la jouissance et à
l’exercice des droits civils.
Il en résulte que l’incapacité retire à la
personne majeure qui en est frappée, le
pouvoir qu’elle avait acquis à 18 ans, de
faire elle-même et sans limitation, les
actes concernant l’administration et la
disposition (vendre, donner, etc..) de ses
biens et la disposition de sa personne.
2. HISTORIQUE
Par référence au Droit Romain et aux
Droits Coutumiers, l’incapacité éventuelle
des malades mentaux du fait de leur
maladie est réglée dans la quasi totalité
des pays par une série de règles prévoyant
des systèmes échelonnés de plus ou moins
grande capacité.
Au maximum le malade est assimilé à un
enfant totalement incapable ou bien, la loi
organise seulement la gérance des biens
du malade pendant le temps où il est
hospitalisé.
En France, avant la loi du 3 Janvier 1968, la
protection des incapables majeurs s’était
organisée de façon restrictive, d’une part
avec la loi du 30 Juin 1838 (Art. 31 et 40)
qui établissait un régime embryonnaire
d’administration provisoire des biens des
aliénés non encore interdits et d’autre
part dans la disposition du Code Civil de
1804 relative à l’interdiction judiciaire.
Pour les aliénés et la constitution d’un
conseil judiciaire pour les «Prodigues et
les faibles d’esprit » (Art.499 et 513
ancien).
Mais de nombreuses critiques ont été
émises à l’égard de ces systèmes :
Pr Nouria Benyakhlef EHS Drid Hocine
-En premier lieu, les difficultés
d’application du régime de protection
prévu par le Code Civil, en raison de la
longueur et de la lourdeur de la procédure
à engager, notamment dans le cas par
exemple d’une demande judiciaire ainsi
que la répugnance des familles à agir en la
matière.
L’interdiction était fréquemment
considérée comme infamante
-En second lieu, l’imprécision du régime de
protection des aliénés internés non
interdits qui se révélait soit trop rigoureux
et complexe, soit insuffisant.
Les dispositions entre ces 2 systèmes
laissaient entre elle bien des lacunes. Ainsi
le malade mental non interdit, ni pourvu
d’un conseil judiciaire dans le temps où il
ne se trouvait pas interné, s’exposait à ne
pas être protégé.
Sa capacité civile est présumée ici entière.
Pour le tiers avec lequel il aura contracté
comme pour lui-même, il faudra faire la
preuve qu’il se trouvait en état de
démence au moment de l’acte dont
l’annulation est demandée.
Pour répondre aux multiples critiques ainsi
formulées, la loi du 3 Janvier 1968 a
remanié profondément la législation
relative à la protection juridique des
personnes dont les facultés mentales sont
altérées. Il faut toutefois remarquer
encore que cette loi est récente et que la
jurisprudence n’a pas encore éclairci
quelques points obscurs ou quelques
petites lacunes.
La loi du 11 Juillet 1975 sur le divorce des
malades mentaux a cependant comblé
quelques-unes de celles-ci.
Les nouvelles dispositions ont été
appliquées à partir du 1 novembre 1968 ;
à cette date il a été institué 3 régimes
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principaux de protection des malades
majeurs :
 La sauvegarde de justice
 La tutelle
 La curatelle.
Chacun de ces 3 régimes étant susceptible
de graduation et de modalités diverses.
3. DISPOSITIONS GENERALES DE LA LOI
(ART.488 à 490 – DU CODE CIVIL)
A/ INDEPENDANCE AU TRAITEMENT
MEDICAL DU REGIME DE PROTECTION
DES INTERETS CIVILS.
 L’article 490-491 du Code Civil affirme
ainsi désormais que les modalités du
traitement médical, notamment quant au
choix entre l’hospitalisation et les soins à
domicile, sont indépendantes du régime
de protection appliqué aux intérêts civils.
Réciproquement le régime applicable aux
intérêts civils est indépendant du
traitement médical.
Ce principe d’indépendance offre un
régime de protection ni systématique ni
automatique, mais un régime accessible
souple et adapté à l’individu. Par ailleurs,
ce principe tient compte aussi de la
nécessité de protéger les catégories
d’incapables majeurs autres que celles des
malades mentaux.
Le sens d’une telle réforme est de
désaliéner le malade mental, de
l’autoriser, toutes les fois qu’il en est
capable, à mener une existence aussi
normale que possible au sein de la société.
Mais tout en posant le principe
d’indépendance, la loi invite expressément
le médecin à collaboration harmonieuse
avec le juge.
Ainsi l’article 490-1 stipule clairement que
toutes les décisions par lesquelles le juge
organise la protection des intérêts civils
doit être précédée obligatoirement de
l’avis du médecin traitant.
Pr Nouria Benyakhlef EHS Drid Hocine
Donc au niveau du médecin traitant, l’avis
de celui-ci est requis pour indiquer au juge
la nécessité éventuelle de protéger dans
les actes de la vie civile, tel ou tel patient
(Art.490 1) .Cet avis peut être formulé sur
papier libre ou même verbal.
Au niveau du médecin spécialiste, celui-ci
choisi sur une liste établie par le procureur
de la république, doit attester, après
examen, de l’existence d’une altération
des facultés mentales ou corporelles chez
le sujet (Art.493-1).
B/LES PERSONNES PROTEGEES 
La loi vise les majeurs dont les facultés
personnelles sont altérées ou qui
compromettent leur sécurité ou celle des
leurs, par des comportements
inadaptés (prodigalité, intempérance ou
oisiveté).L’altération désignée par la loi
concerne aussi bien les facultés mentales
que corporelles. L’altération des facultés
corporelles doit être ou peut être de
nature à empêcher l’expression de sa
volonté (Art.280-2). L’altération des
facultés peut être aussi bien due à une
maladie, qu’à une infirmité, qu’à un
affaiblissement dû à l’âge (Art.42-43 Code
Civil Algérien).
C/SOIT DES ACTES ACCCOMPLIS PAR DES
PERSONNES NON PROTEGEES
La nullité des actes juridiques pour des
troubles mentaux est prévue par l’article
489 du Code Civil (Art.85 C.A) qui dispose
que pour faire un acte valable, il faut être
sain d’esprit.
Mais c’est à ceux qui agissent en nullité
pour cette cause de prouver l’existence
d’un trouble mental au moment de l’acte
(l’insanité d’esprit peut transitoire ou
durable, s’appliquer aussi bien à la
maladie mentale qu’à toute altération des
facultés mentales résultant de l’usage
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éventuel de l’alcool, de la drogue, des
thérapeutiques diverses, des maladies
somatiques, voire même sous l’emprise
d’une extrême émotion. Ce qui compte,
c’est l’absence de discernement au
moment précis où l’acte a été conclu.
La nullité de l’acte est en fait relative et
non absolue, comme dans le seul intérêt
de la personne à protéger. Donc ne peut
l’action en nullité que l’incapable après
jugement de main levée de sa tutelle ou
son curateur, et après sa mort, ses
héritiers et encore dans trois situations
strictement limitées, c’est-à-dire si l’acte
porte en lui la preuve du trouble mental
ou si son auteur était sous sauvegarde de
justice ou en instance de tutelle ou de
curatelle (Art.485 et 489-1 du Code Civil).
D/RESPONSABILITE CIVILE DE
L’INCAPABLE MAJEUR
La loi pose le principe du droit à la
réparation pour la victime d’un dommage
causé par un malade mental même si
celui-ci est considéré comme pénalement
irresponsable ( Art.489-2).
REGIMES DE PROTECTION
1-La sauvegarde de justice
C’est une mesure de protection
administrative d’attente (provisoire) qui
résulte non pas d’un jugement mais d’une
déclaration faite au Procureur de la
République par le médecin traitant (avec
avis d’un spécialiste) ou celui du service si
le majeur est dans un établissement
spécialisé.
Pour le médecin traitant ce n’est pas une
obligation, mais ça l’est par contre,
comme nous l’avons dit pour le médecin
de l’établissement s’il constate l’altération
des facultés.
Notons ici le rôle prépondérant du
médecin qui seul peut provoquer la
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sauvegarde de justice, sans même à
prendre l’avis de la famille ni à l’en
informer. En dehors de lui, et seulement
dans l’attente de l’ouverture d’une tutelle,
seul le juge des tutelles peut provoquer
cette sauvegarde.
La durée et le renouvellement de la
sauvegarde de justice :
Lorsque la sauvegarde a été établie par la
déclaration du médecin, elle se périme
après un délai de deux mois (Art.895-2) à
compter de la date d’inscription sur le
registre du parquet. Elle peut être
renouvelée dans les mêmes formes que la
première déclaration, elle a alors une
durée de 6 mois. Le nombre de
renouvellement n’est pas limité en
principe. Mais les parquets refusent
ordinairement plusieurs renouvellements
de 6 mois.
La sauvegarde de justice ne pouvant dans
l’esprit du législateur, s’appliquer qu’à des
malades atteints d’affection de courte
durée, au délai de 8 mois. Si la protection
est encore nécessaire, il faudrait donc
l’ouverture d’une tutelle.
Publicité :
Cette mesure n’est accompagnée
d’aucune publicité. En dehors des
autorités judiciaires, seules certaines
personnes peuvent obtenir du Procureur
de la République communication par
extrait d’une déclaration en vue de la
sauvegarde de justice. Ce sont les
personnes qui auraient qualité pour
l’ouverture d’une tutelle et sur demande
motivée. Les avocats, avoués, notaires et
huissiers justifient de l’utilisation de la
communication pour un acte de leur
fonction.
En effet :
Le malade placé sous la sauvegarde de
justice conserve l’exercice de ses droits
civils et de ses droits politiques. Il peut
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demander sous réserve d’un large pouvoir
d’appréciation des tribunaux, soit
l’annulation des actes qu’il a accomplit, à
condition de prouver l’existence d’un
trouble mental, soit leur rescision en cas
de lésion.
« Cas d’annulation d’un acte lorsqu’il y a
préjudice causé à l’une des parties
contractantes, quand par la suite d’une
erreur d’appréciation, elle a accepté de
fournir une prestation à ce qu’elle reçoit
en échange, en la matière. L’annulation ne
peut être demandée que par le majeur
sous sauvegarde de justice, s’il est lésé et
non par un cocontractant ».
Soit encore la réduction en cas d’excès
« l’acte excessif se distingue de l’acte
lésionnaire ; il n’y a pas déséquilibre entre
les prestations du contrat, mais les
dépenses faites sont inutiles ou
disproportionnées aux ressources de la
personne protégée ».
Mais dans le placement sous sauvegarde
de justice, la gestion des biens peut ne pas
être faite par le majeur protégé par lui-
même :
Celui-ci peut tout d’abord donner mandat
à une personne chargée de gérer ses
biens, à défaut on peut avoir recours à la
gestion d’affaires qui permet à toute
personne de faire les actes nécessaires
dans l’intérêt d’un tiers ( ce sont là les
dispositions du droit commun) puisque le
malade sous sauvegarde de justice
conserve l’exercice de ses droits civils ; sa
situation est semblable à celle d’un
malade quelconque qui ne peut
momentanément s’occuper
personnellement de ses affaires .
La loi fait obligation à ceux qui auraient
qualité pour demander l’ouverture de la
tutelle et au directeur de l’établissement
le traitement d’accomplir les actes
conservatoires du patrimoine du malade.
Pr Nouria Benyakhlef EHS Drid Hocine
→Par ailleurs le juge des tutelles peut
designer, soit d’office, soit à la requête de
tout intéressé, un mandataire spécial
chargé de faire certains actes
d’administration courante.
Le régime de la sauvegarde de justice
prend fin par :
A / une nouvelle déclaration indiquant
que l’état d’incapacité a cessé.
B/la péremption de la déclaration après
un délai de deux mois ou par la
péremption de la déclaration aux fins de
renouvellement après un délai de six mois.
A cet égard, il est important de rappeler
au médecin que c’est à lui seul
qu’incombe le renouvellement de la
sauvegarde de justice, lorsque celle-ci doit
être maintenue.
C/la radiation par le Procureur
D/la mise sous tutelle ou curatelle
2. La tutelle 
Le régime qui remplace l’ancien régime de
l’interdiction judiciaire, s’inspire de la
tutelle de mineurs, entrainant une
incapacité absolue. Il est institué lorsque
du fait d’une altération des facultés
corporelles empêchant l’expression de la
volonté, un majeur a besoin d’être
représenté de façon continue dans les
actes de la vie civile (Code Civil). C’est le
régime de protection le plus complet. Le
majeur protégé est dans ce cas déchargé
entièrement de la gestion de ses biens au
profit de son représentant légal.
→ Procédure d’ouverture
L’ouverture d’une tutelle peut être
demandée par le patient lui-même, par
son conjoint à condition que la
communauté de vie n’ait pas cessé entre
eux, ses ascendants, descendants, ses
frères et sœurs, son curateur et le
ministère public.
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 Elle peut être d’office par le juge. Le
médecin traitant et le directeur de
l’établissement de soins ne peuvent
qu’aviser le juge des tutelles, de la cause
qui justifierait une telle mesure de
protection. Il en de même pour les autres
parents, les alliés, les amis du majeur à
défendre
L’intervention médicale se situe dans ce
cas au niveau du médecin spécialiste
inscrit sur une liste établie par le
Procureur de la république.
Un certificat médical délivré par un
médecin spécialiste choisi sur cette liste,
constatant l’altération des facultés
mentales ou corporelles doit accompagner
en effet la requête d’ouverture de la
tutelle.
Lorsque le juge saisi d’office d’une
procédure aux fins de tutelle, il commet
lui-même un médecin spécialiste de la
liste pour constater l’état du sujet.
Ce certificat médical, pièce maitresse de la
procédure, doit être descriptif de la
symptomatologie présentée par le
patient ; il portera mention de la nécessité
d’une représentation de l’intéressé dans
les actes de la vie.
Dans les textes rien ne s’oppose, si le
médecin traitant est lui-même un médecin
agréé à ce qu’il délivre ce certificat, de
même par le médecin chef de l’hôpital
psychiatrique.
→ Instruction de la demande par le juge
des tutelles
C’est le juge des tutelles du domicile du
sujet qu’il convient de saisir (Art.352-2 du
Code de la Santé).
Néanmoins le juge des tutelles du lieu de
l’établissement pourrait subsidiairement
en quelque sorte se déclarer compétent.
Conformément à l’article 891 du code de
procédure civile, le juge des tutelles doit
entendre la personne visée dans la
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requête et lui donner connaissance de la
procédure introduite. Si l’audition est de
nature à porter préjudice à sa santé, le
juge par disposition motivée, sur l’avis du
médecin, peut décider qu’il n’y a pas lieu
d’y procéder. Il ordonne, par connaissance
de la procédure pour donner à la
personne à protéger et dans une forme
appropriée à son état.
En pratique ce sera le médecin traitant,
une assistante sociale ou un membre de la
famille du sujet qui s’en chargera.
→L’audience et le jugement
Un mois avant la date fixée pour
l’audience, le juge communique son
dossier au Procureur de la République qui
doit le lui renvoyer dans un délai d’une
quinzaine, avec son avis écrit.
L’audience n’est pas publique, elle se tient
en chambre du conseil, le ministère public
présent. La décision du jugement est
modifiée en requérant ainsi qu’au patient,
selon la règle en vigueur pour la tutelle
des mineurs.
Toutes les personnes auxquelles la
décision doit être notifiée peuvent
formuler un recours. Lorsque le jugement
ouvre la tutelle, le recours est accessible à
tout parent, allié ou ami de la personne
protégée (Art.493 du Code Civil).
Le recours est formé, conformément à
l’article 882-3 du code de la procédure,
par le dépôt d’un mémoire motivé, rédigé
et signé par un avocat, soit par une lettre
sommairement motivée et signée par
l’une des personnes ayant qualité pour
agir.
Le délai de recours est de 15 jours à
compter du jour de la notification. Le
recours est porté devant le tribunal de
grande instance. Le jugement du tribunal
de grande instance ne peut faire quant à
lui l’objet d’un recours devant la cours
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d’appel mais seulement donner lieu à
pourvoir en cassation
La cassation de la tutelle
L’article 507 du Code Civil prévoit que la
tutelle cesse avec les causes qui l’ont
déterminée. Néanmoins la main levée
n’en sera prononcée qu’en observant les
formalités prescrites pour parvenir à son
ouverture et la personne en tutelle ne
pourra reprendre l’exercice de ses droits
qu’une fois le jugement de main levée.
La demande de main levée est portée
devant le juge du domicile du tuteur
(Art.108 du Code Civil). Le jugement
portant main levée est toujours notifiée à
l’intéressé alors qu’à l’ouverture, cette
notification peut n’avoir pas eu lieu.
→La publicité de la tutelle (Art.493-2 et
509 du Code civil)
Guidé par le souci de discrétion, il n’y a
pas de publicité au cours de l’instruction
(débats à huit-clos, pas de publicité dans
les journaux, pas d’affichage). La publicité
s’effectue par le moyen de l’état civil ; il
est porté en effet en marge de l’acte de
naissance, une mention sommaire
constituée par les initiales R.C. suivie d’un
numéro. En cas de main levée complète,
cette mention (R.C.) figurant sur les
registres de naissance sera supprimée.
Organisation et fonctionnement de la
tutelle
Trois formes de tutelle peuvent être
adaptées par le juge en fonction de la
situation familiale du majeur protégé.
1°/ La tutelle complète :
Elle comporte la désignation d’un tuteur,
surveillé dans sa gestion par le subrogé
tuteur qui l’assiste (personne choisie par
le conseil de famille pour surveiller ou
assister le tuteur), le conseil de famille, le
juge des tutelles, et pour les actes
spécialement importants, le tribunal de
grande instance.
Pr Nouria Benyakhlef EHS Drid Hocine
En application de l’article 496 du CC, si le
majeur protégé est marié, l’époux est le
tuteur de son conjoint à moins que la
communauté de vie n’ait cessé entre eux
ou que le juge estime qu’une cause autre,
interdit de lui confier la tutelle. Dans les
autres cas, patient non marié par exemple,
c’est le conseil de famille qui désigne le
tuteur. Celui-ci peut être choisi parmi les
membres de la famille de l’incapable ou
parmi ses amis. Il peut être un tiers, voire
un homme de loi ou un professionnel de
l’administration des patrimoines.
La tutelle peut être référée aussi à une
personne morale par exemple, une
association, un bureau d’aide sociale, etc.
Le médecin-traitant peut participer au
conseil de famille à titre consultatif, mais
ne peut être ni tuteur ni subrogé-tuteur
(Art 496 du CC), de même que la tutelle ne
peut être référée ni à l’établissement, ni à
aucune personne salariée de cet
établissement (à moins qu’elle ne soit de
celle ayant qualité pour demander
l’ouverture de la tutelle).
A l’exception de l’époux, des descendants,
et des personnes morales, la personne
désignée comme tuteur ne sera pas tenue
de conserver ses charges plus de cinq ans.
A l’expiration de ce délai elle pourra
demander et devra obtenir son
remplacement.
Le tuteur a pour obligation de prendre
soin de l’incapable, de gérer ses biens. Il
accomplit seul comme représentant, tous
les actes d’administration concernant le
patrimoine de celui-ci (aliénation du bien
immobilier d’usage courant, de récoltes,
exploitation d’un fonds industriel
commercial ou agricole, perception de
loyers, recouvrement des capitaux,
paiements ou dettes, actions de justice
etc..).
Pour les actes de disposition, il lui faut
l’accord et l’autorisation du conseil de
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famille (aliénation, emprunts, constitution
d’hypothèques, emploi de capitaux).
2°/L’administration légale :
C’est une forme de tutelle plus simple ; le
juge peut nommer soit le conjoint, soit un
ascendant ou un descendant, un frère ou
une sœur de l’incapable comme tuteur
légal sous contrôle judiciaire ; ici il n’y a
pas de conseil de famille ou de subrogé-
tuteur.
3°/La gérance de tutelle (Art. 499-500 du
CC)
Pour les majeurs sans famille ou ayant peu
de biens, le juge peut designer un gérant
de tutelle qui peut être soit un préposé de
l’établissement, soit un administrateur
spécial dont les conditions de désignation
ont été fixées par deux décrets du 15
Février 1969.Ces gérances de tutelle
concernent les malades soignés dans un
établissement public ou privé et ne
semble guère devoir s’appliquer à ceux
soignés à domicile.
Le gérant n’a que des pouvoirs
d’administration limités, il pourra être
investi de pouvoirs plus étendus par le
juge. En cas de sortie de l’établissement, il
appartiendra au juge d’arrêter de
nouvelles modalités de protection le cas
échéant.
L’incapacité du majeur en tutelle.
En principe le majeur en tutelle est frappé
d’une incapacité complète, mais à tout
instant le juge peut y déroger soit pour
autoriser l’incapable à participer à un acte
avec l’assistance de son tuteur, soit pour
autoriser à accomplir seul un acte
d’administration ou de gestion.
Les actes accomplis par le malade en
tutelle sont nuls de droit sur requête du
tuteur, de l’incapable, de ses héritiers. Les
actes antérieurs sont annulables si la
cause qui a déterminé la tutelle existait à
l’époque où ils ont été faits.
Pr Nouria Benyakhlef EHS Drid Hocine
 Le mariage d’un majeur en tutelle n’est
permis qu’avec le consentement d’un conseil
de famille spécialement convoqué pour en
délibérer. Il n’y a pas lieu d’un conseil de
famille si le père et la mère donnent l’un et
l’autre leur consentement au mariage. Dans
tous les cas l’avis du médecin-traitant doit
être requis.
Pour passer les conventions
matrimoniales, le majeur doit être assisté
dans le contrat, par les personnes qui
doivent consentir à son mariage. A défaut
de cette assistance, l’annulation des
conventions peut être poursuivie dans
l’année du mariage, soit par l’incapable
lui-même soit par les membres du conseil
de famille, père, mère, curateur ou tuteur.
Un malade sous tutelle ne peut plus faire
de testament, avec l’autorisation du
conseil de famille, les donations peuvent
être faites au nom du majeur en tutelle,
mais seulement au profit de ses
descendants et à situer d’avance sur la
part du bénéficiaire dans la succession ou
en faveur de son conjoint.
-Le majeur en tutelle perd l’exercice de
ses droits civiques et politiques : le droit
de vote devient inéligible.
 La Curatelle (Art.101 à108 du Code de
la Famille Algérien.) 
Ce régime est intermédiaire entre la
tutelle et la mise sous sauvegarde de
justice. Il est destiné aux individus majeurs
qui, sans être hors d’état d’agir par eux-
mêmes, ont cependant besoin d’être
conseillés ou contrôlés dans les actes de la
vie civile. La curatelle vise également ceux
qui par, leur prodigalité, leur
intempérance, ou leur oisiveté s’exposent
à tomber dans le besoin ou
compromettent l’exécution de leurs
obligations familiales (alinéa 3, Art.488 du
CC).
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Ce régime s’ouvre et prend fin de la même
façon que la tutelle et est soumis au
même type de publicité.
Si l’incapable est marié, son conjoint sera
de droit son curateur, sauf si la
communauté de vie a cessé ou si le juge
des tutelles voit un empêchement.
Le majeur sous tutelle garde une
autonomie pour tous les actes
d’administration de son patrimoine, pour
les autres actes, notamment les actes de
dispositions, il doit requérir l’assistance
de son curateur ; si le curateur refuse son
assistance à un acte, il peut demander au
juge des tutelles une autorisation
supplétive.
Enfin si la personne protégée effectue
seule un acte pour lequel l’assistance du
curateur était requise, cet acte peut être
annulé à sa demande ou à celle de son
curateur. Le curateur annule ici donc un
rôle de représentation et d’assistance.
Nommé dans ces conditions, le curateur
doit rendre compte de sa gestion chaque
année au juge des tutelles.
Mariage et contrat de mariage
En matière de mariage et de contrat de
mariage, l’incapable conserve toutes ses
capacités s’il est placé sous simple
sauvegarde de justice. S’il est placé sous le
régime de la curatelle, il ne peut se marier
seul, ni passer de contrat de mariage. Il
devra demander l’autorisation du tuteur
qui doit donner son consentement ou à
défaut celle du juge des tutelles (Art 514
du C.C). Il agira en personne, signera l’acte
de mariage et le curateur ne fait que le
cosigner. Pour le contrat de mariage, il
doit être assisté du curateur ou autorisé
par le juge des tutelles.
Toutefois l’article 511 du C.C permet au
juge d’inscrire l’acte de mariage et de
passer contrat de mariage dans la liste des
Pr Nouria Benyakhlef EHS Drid Hocine
actes que le majeur en curatelle peut
effectuer seul.
Si le sujet est placé sous le régime de la
tutelle, l’incapable ne peut se marier seul.
L’autorisation du tuteur n’est pas
suffisante, il doit au préalable obtenir le
consentement du conseil de famille (Art
506 al.1 du C.C) spécialement convoqué
pour en délibérer.
Divorce
La loi du 11Juillet 1975 portant reforme
sur le C.C, admet désormais le divorce
pour altération des facultés mentales.
Aussi l’article 238 du C.C stipule qu’un
époux peut demander le divorce
<<lorsque les facultés mentales du
conjoint se trouvent depuis six ans, si
gravement altérées qu’aucune
communauté de vie ne subsiste plus entre
les époux et les prévisions les plus
raisonnables ne pourraient se constituer
dans l’avenir.
Le juge peut rejeter d’office cette
demande «  sous réserve des dispositions
de l’article 240 du C.C, si le divorce risque
d’avoir des conséquences trop graves sur
la maladie du conjoint  ».
L’incapable sous le régime du tuteur ne
peut réclamer le divorce seul. Sa demande
doit être présentée par le tuteur avec
l’autorisation du conseil de famille, après
avis du médecin-traitant.
Le majeur en curatelle exerce par contre
l’action lui-même avec l’assistance de son
curateur (Art.245 du C.C).
Dans le cas où l’un des époux se trouve
placé sous la sauvegarde de justice, la
demande ne peut être examinée par le
juge aux affaires matrimoniales qu’après
organisation de la tutelle ou de la
curatelle.
Notons enfin qu’il est exclu d’envisager ici
la possibilité du divorce par consentement
mutuel.
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Le juge peut rejeter d’office cette
demande «  sous réserve des dispositions
de l’article 240 du C.C, si le divorce risque
d’avoir des conséquences trop graves sur
la maladie du conjoint  ».
Le juge peut rejeter la demande s’il est
établi pour le conjoint menacé que le
divorce aurait pour lui, compte tenu
notamment de son âge, de la durée du
mariage, soit pour l’avenir des enfants,
des conséquences matérielles ou morales
d’une exceptionnelle gravité (Art. 240 du
C.C).
Le décret du 5 Décembre 1975 portant
reforme du code de procédure de divorce
et de la séparation des corps, ajoute que
le tribunal ne peut prononcer le divorce
qu’au vu d’un rapport médical établi par
trois médecins-experts désignés sur la liste
prévue à l’article.
Annexe
DISPOSITIONS GENERALES
Art.81- Toute personne complètement ou
partiellement incapable du fait de son
jeune âge, de sa démence, de son
imbécilité ou de sa prodigalité est
légalement représentée par un tuteur
légal ou testamentaire ou d’un tuteur
datif, conformément aux dispositions de la
présente loi.
Art.82-Les actes de toute personne
n’ayant pas atteint l’âge de discernement
à cause de son jeune âge, conformément à
l’article 42 du Code Civil sont nuls.
Art.83-Les actes de la personne ayant
atteint l’âge de discernement, sans être
majeur au sens de l’article 43 du Code
Civil, sont valides dans le cas où ils lui sont
profitables, et nuls s’ils lui sont
préjudiciables.
Ces actes sont soumis à l’autorisation du
tuteur légal ou du tuteur testamentaire,
Pr Nouria Benyakhlef EHS Drid Hocine
lorsqu’il y a incertitude entre le profit ou
le préjudice.
En cas de litige, la justice est saisie.
Art.84-Le juge peut autoriser la personne
ayant atteint l’âge de discernement à
disposer de tout ou partie de ses biens, à
la demande de toute personne y ayant
intérêt. Toutefois le juge peut revenir sur
sa décision, s’il en admet le bien fondé.
Art.85-Les actes d’une personne atteinte
de démence, d’imbécilité ou de
prodigalité, accomplis sous l’empire de
l’un de ces états sont nuls.
Art.86-Toute personne majeure non
frappée d’interdiction est pleinement
capable conformément aux dispositions
de l’article40 du Code Civil.
DE LA TUTELLE
Le père est tuteur de ses enfants
mineurs. A son décès, l’exercice de la
tutelle revient à la mère de plein droit.
Art.88-Le tuteur est tenu de gérer les
biens de son pupille au mieux de l’intérêt
de celui-ci. Il est responsable au regard du
droit commun et doit solliciter
l’autorisation du juge pour les actes
suivants :
1°) Vente, partage, hypothèque
d’immeuble et transaction ;
2°) Vente de biens meubles d’importance
particulière ;
3°) Engagement de capitaux du mineur
par prêt, emprunt en action en
participation ;
4°) Location de biens immobiliers du
mineur, pour une période supérieure à
trois années ou dépassant sa majorité
d’une année.
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