Chère grand-mère,

En cette journée de Noël m’est venu un humble souhait, celui, de te raconter une simple petite
histoire, histoire, que chacun peut offrir au joyeux bambin qu’il fut.

Hier, un joli flocon de neige se sentant seul parmi les nuages eut la drôle d’idée de se laisser porter,
virevoltant dans les bras vent. Alors que, libre comme l’air, il entamait langoureusement sa descente
incertaine, il aperçut, loin, perdues derrière des collines immaculées, de minces volutes de fumée.
Et soudain, lorsque le sol se fit proche, et que la cime des grands cèdres apparut sous le brouillard,
une vive appréhension lui vint… « N’aurais-je pas dû attendre mon tour ? ». Mais alors que sa chute
devint vertigineuse, il vit marcher sur la pointe des coussinets, un vieux matou tricolore ; à moins
que ce ne fusse un chaton... Une étrange quiétude saisit l’être fébrile tandis qu’il se posait
délicatement sur le museau engourdi du félin. Alors qu’il s’apprêtait à glisser fébrilement sa langue
pour se réchauffer, le flocon le supplia de bien vouloir le conduire là où il pourrait assouvir sa soif
de chaleur. Le chat, épris d’une attention particulière, accepta et regagna son domicile. Arrivé
devant la porte fermée, il gratta longtemps et miaula jusqu’à s’époumoner ! Mais cela ne faisait
rien. Elle s’ouvrit enfin devant une dame tout ce qu’il y a de plus sincère et distinguée qui se
précipita dans sa cuisine pour emplir une gamelle généreuse de croquettes bon marché. Le chat,
voulant présenter son nouvel ami, essaya malgré lui, de le déposer au bord de son écuelle de lait. Il
se rendit malheureusement compte que dans un dernier souffle de bonheur, le joli flocon de neige
s’était évaporé, en cette journée de Noël.