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Gestalt est un terme complexe qui n’a pas vraiment d’équivalent dans les autres langues.

Le
terme est donc utilisé en français, aussi bien pour désigner la théorie de la forme, la
gestalt-théorie, qu’une thérapie comportementale humaniste : la gestalt-thérapie. Gestalten
signifie mettre en forme, donner une structure signifiante (n’ayant pas d’équivalent en français
cela reste une définition approximative). Le résultat, la Gestalt, est une forme prenant sens pour
celui qui regarde car structurée, organisée par notre cerveau.

D’après la théorie de la Gestalt nous percevons primordialement des formes globales (holisme)et
non des détails . Il s’agit pour notre cerveau de faire une synthèse, un assemblage qui rend
l’ensemble compréhensible, rapidement. Pour cela plusieurs mécanismes cognitifs complexes
traduisent ce qui est perçu, de façon physique, par l’œil. Prenons le cas des étoiles. Lorsque que
nous regardons le ciel étoilé notre cerveau organise notre observation de telle manière à
perçevoir des groupes, à les structurer, et donc à pouvoir en dégager des formes. L’étoile,
stimulus inital, sera associée à d’autres étoiles pour s’organiser en « forme » : la constellation.
Cette démarche permet une appréciation rapide par notre cerveau puis aboutit à une
identification. Ainsi nous pouvons trouver et reconnaitre la grande ourse en regroupant
mentalement les étoiles de la « grande casserole ».

Pour le dire autrement, un ensemble ne peut se réduire à la somme des stimuli perçus. Un
visage n’est pas l’addition d’un nez, d’une bouche et de deux yeux tout comme un texte n’est pas
la simple addition de mots. Ce n’est pas tant chaque élément qui compte mais leurs relations les
uns avec les autres mais également avec le « tout ». Chaque élément tire ses propriétés
particulières de sa place et de sa fonction au sein de ce tout. Cette approche, telle que définie
par le Gelstat, est systémique. C’est à dire multiple et globale.

La systémie en graphisme comme en musique, c’est l’art de composer un ensemble harmonieux,


homogène et signifiant. Elle consiste donc en une approche qui élargit, qui s’intéresse à
l’ensemble, qui com-prend du latin cum, « avec », et prehendere, « prendre / saisir ».
Un exemple du philosophe Jean-Paul Sartre, influencé par la Gestalt theorie, permet de bien
comprendre cette systémie :

« J’ai rendez-vous avec Pierre à quatre heures. J’arrive en retard d’un quart d’heure : Pierre est
toujours exact ; m’aura-t-il attendu ? Je regarde la salle, les consommateurs, et je dis : Il n’est pas
là.(…). J’ai tout de suite vu qu’il n’était pas là… Il est certain que le café, par soi-même, avec ses
consommateurs, ses tables, ses banquettes, ses glaces, sa lumière, son atmosphère enfumée, et
les bruits de voix, de soucoupes heurtées, de pas qui le remplissent, est un plein d’être. Et toutes
les intuitions de détail que je puis avoir sont remplies par ces odeurs, ces sons, ces couleurs…

Mais il faut observer que, dans la perception, il y a toujours constitution d’une forme sur un fond.
Aucun objet, aucun groupe d’objets n’est spécialement désigné pour s’organiser en fond ou en
forme : tout dépend de la direction de mon attention. Lorsque j’entre dans le café, pour y
chercher Pierre, il se fait une organisation synthétique de tous les objets du café en fond sur quoi
Pierre est donné comme devant paraître...

Chaque élément de la pièce, personne, table, chaise, tente de s’isoler, de s’enlever sur le fond
constitué par la totalité des autres objets et retombe dans l’indifférenciation de ce fond, il se
dilue dans ce fond. Car le fond est ce qui n’est vu que par surcroît, ce qui est l’objet d’une
attention purement marginale. (…) Je suis témoin de l’évanouissement successif de tous les objets
que je regarde, en particulier des visages, qui me retiennent un instant (« Si c’était Pierre ? ») et
qui se décomposent aussi précisément parce qu’ils « ne sont pas » le visage de Pierre. Si,
toutefois, je découvrais enfin Pierre, mon intuition serait remplie par un élément solide, je serais
soudain fasciné par son visage et tout le café s’organiserait autour de lui, en présence discrète.»

QUATRE PRINCIPES DE BASE

La gestalt présente quatre principes de base qui régissent notre perception visuelle.

#1 Émergence
L’identification d’un objet se fait par comparaison avec des formes qui nous sont familières. Ainsi,
cette tasse de thé devient compréhensible par comparaison avec les formes que nous avons
mémorisées et qui nous permettent de l’identifier comme étant une tasse de thé (voyez-vous le
biscuit sec posé sur la soucoupe à gauche ?).

#2 Réification

L’esprit comble le vide des éléments manquants pour reconstituer un tout. Ici, le décor a été
reconstitué sans le bateau car aucun indice ne figurait sur l’image de gauche. Or, il y a bien un
bateau amarré au ponton.

#3 Multistabilité
L’œil identifie un tout ou un autre tout. Jamais les deux à la fois. Ici, vous voyez soit le lapin, soit
le canard.

#4 Invariance

Un objet ayant été déformé, mis en perspective, changé d’échelle ou même changé de style sera
reconnaissable et identifié comme le même objet. C’est cette invariance qui peut nous tromper
et donner lieu à des illusions d’optique bien connues telles que celles ci-dessous.

LES LOIS DE GESTALT

Loi de clôture

Les informations de perception sont complétées par notre cerveau afin de former un tout
cohérent. Ici, les indices sont suffisants pour comprendre que cette forme partielle est un cercle.
Loi de séparation fond/forme

Nous avons la capacité de séparer les formes sur leur fond. Ici, vous voyez soit deux visages de
profil, soit le vase blanc entre ces deux visages.

Loi de proximité

Les éléments qui sont proches sont spontanément associés pour créer un groupe. Les
séparations entre les éléments dans une mise en page revêtent, dès lors, une importance
capitale.

Loi de similarité
Les formes présentant des similitudes (forme, couleur, orientation, etc.) sont regroupées
spontanément entre elles. Les cercles bleus forment un groupe. Les cercles mauves, un autre
groupe. Enfin les losanges mauves se démarquent eux aussi.

Loi de continuité

Notre œil suit les lignes que nous percevons. La connaissance de ce phénomène permet dans
une composition d’inciter le regard à suivre un cheminant « prédéfini ».

La loi de destin commun

Deux mêmes formes allant dans une même direction vont être regroupées. Un mouvement
équivalent induit une connection entre les formes.
Loi de symétrie

La symétrie nous est familière et les éléments symétriques d’une composition sont associés en
un tout cohérent et signifiant.

Prägnanz

Les formes simples et nettes sont plus facilement et rapidement comprises et interprétées que
les formes complexes. Dès lors, les formes géométriques ont notre préférence et la simplification
des formes entraine une amélioration de la rapidité de compréhension.

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