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13 clés

pour doper sa force mentale

Reprenez le pouvoir et entraînez-


vous à être heureux
Ce livre contient des conseils et des informations relatives à la santé. Il
n’est pas destiné à remplacer un avis médical et doit être utilisé en
complément d’un traitement prescrit par votre médecin et non en
remplacement de celui-ci. Il est recommandé que vous demandiez l’avis de
votre médecin avant d’entreprendre tout programme ou traitement médical.
Tous les efforts ont été faits pour assurer l’exactitude des informations
contenues dans ce livre au moment de la date de sa publication. L’éditeur et
l’auteur se dégagent de toute responsabilité quant aux effets pouvant
survenir à la suite de l’application des méthodes proposées dans ce livre.
Les noms et les informations de la plupart des individus décrits ici ont été
changés pour protéger leur vie privée.
Titre original : 13 Things Mentally Strong People Don’t Do

© Amy Morin, 2014.

© Éditions First, un département d’Édi8, Paris, 2015 pour la traduction


française.

Éditions First, un département d’Édi8


12, avenue d’Italie
75013 Paris - France
Tél. : 01 44 16 09 00
Fax : 01 44 16 09 01
firstinfo@efirst.com

www.editionsfirst.fr
ISBN : 978-2-7540-6723-2
ISBN Numérique : 9782754077507
Dépôt légal : mai 2015

Traduit de l’anglais par Stéphanie Rowley-Perpete


Directrice éditoriale : Marie-Anne Jost-Kotik
Édition : Charlène Guinoiseau
Avec la participation de Laurence Granier
Correction : Anne-Lise Martin
Couverture : Atelier Didier Thimonier
Mise en page : KN Conception

Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à


l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à
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juridictions civiles ou pénales.
Introduction
À vingt-trois ans, j’ai vu subitement ma mère nous quitter, emportée par
une rupture d’anévrisme. C’était une femme incroyablement vive et
travailleuse, qui avait apprécié chaque minute sur terre jusqu’à la dernière.
Nous nous étions vues la veille de son décès et avions assisté à un tournoi
de basket interscolaire. Elle avait ri, parlé, savouré la vie comme elle le
faisait toujours. Et pourtant, vingt-quatre heures plus tard, elle ne faisait
plus partie de ce monde. Je fus profondément affectée par le départ de ma
mère. Je ne pouvais m’imaginer continuer à avancer dans la vie sans ses
conseils, sans son rire ou l’amour qu’elle me portait.
À cette époque, je travaillais comme thérapeute dans un centre local de
santé mentale et je pris plusieurs semaines de congé pour pouvoir surmonter
mon deuil, dans l’intimité. Je savais pertinemment que je ne serais pas
capable d’aider les autres si je ne réussissais pas à gérer mes propres
émotions de manière utile. Apprendre à vivre dans un monde auquel ma
mère n’appartenait plus était un véritable parcours. Ce ne fut pas facile,
mais j’employai toute mon énergie à me remettre d’aplomb. Par ma
profession, je savais que le temps ne suffisait pas à panser les blessures ;
c’est plutôt notre usage de ce temps qui détermine la rapidité de notre
guérison. Je compris que le chagrin était une étape difficile mais nécessaire
et qu’à terme, il atténuerait mes souffrances. Et c’est pourquoi j’ai accepté
ma tristesse, ma colère et ce que signifiait exactement le départ de ma mère.
Ce n’était pas seulement sa présence qui allait me manquer ; je devais aussi
accepter qu’elle ne serait jamais plus présente lors des évènements
marquants et futurs de ma vie et qu’elle ne connaîtrait jamais ce qu’elle
avait pourtant tant attendu – comme prendre sa retraite ou avoir des petits-
enfants. Grâce au soutien de mes amis et de ma famille, et de ma foi en
Dieu, je pus enfin trouver la paix et, lorsqu’un peu de temps passa, je
parvins finalement à penser à ma mère avec le sourire au lieu de ressentir
un pincement au cœur.
Quelques années plus tard, à l’approche du troisième anniversaire de sa
mort, je me demandai avec Lincoln, mon mari, comment honorer au mieux
sa mémoire. Des amis nous avaient invités à venir assister à un match de
basket ce jour-là. Il se trouva que le match avait lieu dans la même salle où
ma mère et moi avions passé notre dernière soirée ensemble, trois ans plus
tôt. Nous avons alors évoqué, Lincoln et moi, ce que cela représenterait de
nous retrouver dans ce lieu où nous avions tous les deux vu ma mère pour la
dernière fois.
Nous nous sommes dit que ce pourrait être une merveilleuse façon de la
commémorer. Après tout, je n’avais gardé d’elle que de jolis souvenirs en
cette dernière soirée. Nous avions ri, pu parler d’une multitude de petites
choses et passé une très agréable soirée. Ce soir-là, ma mère avait même
prédit que ma sœur épouserait son petit ami de l’époque et elle avait eu
raison, car, quelques années plus tard, sa prédiction se réalisa.
Nous sommes donc retournés avec Lincoln dans cette même salle, et
avons passé une délicieuse soirée en compagnie de nos amis. Nous avions
l’intime conviction que ma mère l’aurait voulu. C’était bon de pouvoir
revenir dans ce lieu et, en même temps, de continuer à bien me sentir. Mais,
alors que je lâchais enfin un soupir de soulagement en constatant les
progrès que j’avais pu réaliser pour surmonter l’absence de ma mère, la vie
me joua à nouveau un bien mauvais tour.
En rentrant du match de basket, Lincoln se plaignit de douleurs dans le
dos. Comme il s’était fracturé plusieurs vertèbres dans un accident de
voiture quelques années plus tôt, ces douleurs n’étaient pas particulièrement
inhabituelles chez lui. Mais quelques minutes plus tard, il s’effondra.
J’appelai alors le Samu qui arriva très vite et le transporta à l’hôpital.
J’appelai ensuite la famille de Lincoln qui me rejoignit aux urgences. Je ne
savais pas de quoi il pouvait bien souffrir.
Après quelques minutes passées dans la salle d’attente des urgences, on
nous invita à entrer dans une petite salle privée. Avant même que le docteur
n’ouvre la bouche, je savais ce qu’il allait nous dire. Lincoln n’avait pas
survécu. Il avait eu une crise cardiaque.
Ce fut donc durant le même week-end où je commémorais le troisième
anniversaire de la mort de ma mère que je devins veuve. Cela me dépassait
complètement. Lincoln n’avait que vingt-six ans et n’avait jamais souffert
d’aucun trouble cardiaque. Comment était-ce possible ? Une minute, il était
là, et la minute suivante, je l’avais perdu à tout jamais. Je n’en étais encore
qu’à réapprendre à vivre sans ma mère et désormais je devais de surcroît
apprendre à vivre sans la présence de Lincoln. Je ne pouvais imaginer la
possibilité de surmonter, un jour, cette épreuve.
Affronter la perte d’un conjoint est une expérience tout simplement
surréelle. Prise dans un tourbillon, je me retrouvai face à des choix
impossibles à effectuer pour une personne dans mon état. En l’espace de
quelques heures, je dus prendre des décisions qui allaient de détails
concernant les funérailles de mon époux au choix des mots pour son avis de
décès. Je n’avais pas un moment de libre pour mesurer toute l’ampleur de la
situation ; je me sentais totalement terrassée.
J’eus la chance d’être admirablement bien entourée. Bien
qu’intrinsèquement individuelle, la traversée du deuil peut cependant être
adoucie par l’amour que nous portent nos familles et nos amis. Dans
certains moments, il nous semble aller mieux et puis, soudainement, tout
nous apparaît encore plus difficile. Quand parfois j’avais l’impression
d’aller mieux, je me retrouvais submergée par une nouvelle vague de
tristesse. Le deuil est un processus émotionnellement, mentalement et
physiquement éreintant.
J’avais tant de raisons de me sentir triste. Je me sentais triste en pensant à
la famille de Lincoln qui avait perdu un être si cher. Je me sentais triste à
l’idée de toutes les choses que Lincoln ne pourrait connaître. Je me sentais
triste en pensant à toutes les expériences à deux dont nous allions être
privés. Sans évoquer la tristesse de l’avoir perdu.
Je n’ai pas remis les pieds au travail aussi longtemps qu’il me le fut
permis. Je ne garde qu’un souvenir flou de ces quelques mois, car toute
mon attention était alors dirigée sur la difficile tâche que représentait le
simple fait de mettre un pied devant l’autre, jour après jour. Mais je ne
pouvais cependant pas ne jamais retourner au travail. Ayant dorénavant une
seule source de revenus, je n’avais d’autre choix que de reprendre le chemin
du bureau.
Après plusieurs mois, ma responsable m’appela et me demanda quels
étaient mes projets en ce qui concernait mon travail. On avait initialement
dit à mes clients que je serais absente pour une durée indéterminée, le temps
que je règle un problème familial. Aucun délai n’avait été évoqué puisque
personne ne savait alors quelle serait ma décision. Mais le temps était venu
pour moi de leur donner une réponse. Je n’en avais certes pas fini avec mon
chagrin et je ne me sentais pas vraiment « mieux », mais je devais reprendre
le travail.
Comme à la mort de ma mère, je devais affronter ma peine. Je ne pouvais
pas l’ignorer ou la mettre de côté. Je devais la ressentir tout en m’aidant, de
façon proactive, à guérir. Je ne pouvais accepter de m’enfermer dans une
spirale de sentiments négatifs. Même s’il était très facile de m’apitoyer sur
mon sort ou de ressasser mes vieux souvenirs, je savais que de tels
comportements n’étaient pas sains. Il me fallait faire un choix, en toute
conscience, pour m’engager sur la longue route qui me mènerait vers ma
nouvelle vie.
Je dus décider si je souhaitais atteindre seule les buts que je m’étais fixés
avec Lincoln. Pendant plusieurs années, nous avions été une famille
d’accueil et nous avions le projet, à terme, d’adopter un enfant. Mais
désormais célibataire, souhaitais-je toujours adopter ? Je continuai pendant
quelques années supplémentaires à accueillir des enfants, surtout pour
dépanner dans les cas les plus urgents, mais je n’étais plus très sûre de
vouloir adopter un enfant sans la présence de Lincoln.
Je dus également me fixer de nouveaux objectifs maintenant que j’étais
seule. Je pris le risque de tenter de nouvelles aventures. Je passai mon
permis moto et m’achetai une moto. Je me mis également à écrire. Ce fut
d’abord un loisir, puis, petit à petit, cela se transforma en un emploi à mi-
temps. J’eus à redéfinir mes relations aux autres et à découvrir quels amis
de Lincoln resteraient les miens et quelle place je pourrais avoir dans sa
famille en dépit de son absence. Heureusement pour moi, la plupart de ses
amis les plus proches restèrent mes amis et sa famille continua à me traiter
comme un de ses membres, à part entière.
Environ quatre ans plus tard, j’eus la chance de retomber amoureuse. Ou
est-ce l’amour qui m’est tombé dessus ? Je commençais à me faire à la vie
de célibataire. Mais cela changea lorsque je me mis à sortir avec Steve.
Nous nous connaissions depuis des années et, tout doucement, notre amitié
évolua jusqu’à ce que nous nous retrouvions à parler d’une future vie
commune. Quand bien même l’idée de me remarier ne m’avait jamais
effleurée auparavant, avec Steve cela semblait une évidence.
Je n’avais en revanche pas envie d’un mariage conventionnel ou d’une
réception qui ne serait qu’une parodie de celle que j’avais vécue avec
Lincoln. Et j’avais beau savoir que mes invités seraient ravis de me voir me
remarier, je savais aussi que leur cœur se serrerait au souvenir de mon
défunt époux. Je ne voulais pas que le jour de mon mariage soit un sombre
jour. C’est pourquoi nous avons opté, Steve et moi, pour un mariage moins
orthodoxe. Nous nous sommes envolés pour Las Vegas et avons fait en
sorte de fêter joyeusement notre amour et notre bonheur.
Un an environ après notre mariage, nous avons décidé de vendre la
maison dans laquelle Lincoln et moi avions vécu, et de déménager à
plusieurs heures de là. Ainsi, nous étions plus près de ma sœur et de mes
nièces et cela nous permit de prendre un nouveau départ. Je décrochai un
emploi dans un cabinet médical très fréquenté et nous avions hâte de
savourer ce futur glorieux qui s’offrait à nous. Alors que notre vie semblait
enfin paisible, la route qui devait nous mener au bonheur s’assombrit une
nouvelle fois lorsque le père de Steve apprit qu’il souffrait d’un cancer.
Au début, ses médecins annoncèrent que la thérapie qu’il suivrait pourrait
freiner son cancer pendant plusieurs années. Mais, très vite, il parut
improbable qu’il survive aux douze prochains mois. Il essaya pourtant
différents traitements mais aucun ne sembla vraiment faire ses preuves. Plus
le temps passait et plus ses médecins se montraient perplexes devant
l’absence de réaction de son corps aux différents traitements auxquels il
était soumis. Sept mois passèrent avant qu’il n’eût épuisé toutes les
thérapies possibles.
J’eus l’impression de heurter de plein fouet un mur de briques. Rob était
un personnage plein de vie. Le genre d’homme qui réussit toujours à
amuser les enfants et à vous raconter les histoires les plus hilarantes. Alors
que nous vivions dans le Maine et lui dans le Minnesota, nous réussissions
à nous voir fréquemment. Retraité, il avait en effet tout le loisir de venir
séjourner avec nous pendant plusieurs semaines d’affilée. Cela l’amusait
quand je lui disais qu’il était mon invité préféré – dans la mesure où il était
pratiquement notre unique invité.
Il était aussi l’un des plus grands fans de mes écrits. Il lisait tout ce que
j’écrivais, que ce soit un article sur la façon d’éduquer un enfant ou sur un
sujet de psychologie. Bien souvent, il m’appelait pour me faire part de ses
suggestions ou pour me donner des idées de sujets.
Même si Rob était âgé de soixante-douze ans, il me sembla qu’il était
bien trop jeune pour être si malade. L’été précédent, il sillonnait encore le
pays sur sa moto, naviguait sur le lac Supérieur ou roulait sur les routes de
campagne le toit de sa décapotable relevé. Et voilà qu’aujourd’hui, il était
désespérément malade et cela n’irait qu’en empirant, aux dires de ses
médecins.
Ce fut cependant, pour moi, une nouvelle manière d’appréhender la mort.
Le décès de ma mère et celui de Lincoln furent brutaux et soudains. Cette
fois-ci, j’étais prévenue. Je savais à quoi m’attendre et cela m’emplissait
d’effroi.
Je me mis à penser : « Nous y revoilà. » Je n’avais pas envie de
retraverser ces mêmes épreuves difficiles. Cela me semblait tellement
injuste. Je connaissais tant de personnes de mon âge qui n’avaient jamais
perdu un seul être cher, alors pourquoi me voyais-je privée de tant d’êtres
aimés ? Je m’assis et me mis à réfléchir à l’injustice de cette situation, aux
difficultés à venir et à la façon dont j’aurais aimé que les choses soient
différentes.
Je savais pourtant que je ne devais pas suivre cette mauvaise pente. Après
tout, j’avais déjà traversé ces épreuves plusieurs fois et j’avais toujours
ressorti la tête de l’eau. Si je me laissais prendre au piège de mon propre
apitoiement ou si je me mettais en tête que je ne pouvais surmonter la
disparition d’un autre être cher, cela ne me serait dans les faits d’aucune
utilité. Au contraire, cela m’empêcherait simplement d’affronter la réalité
de cette situation.
C’est à ce moment que je rédigeai ma liste : « 13 clés pour doper sa force
mentale ». Il s’agissait des habitudes contre lesquelles j’avais dû me battre
pour sortir de mon deuil. Il s’agissait de tout ce qui pouvait m’empêcher
d’aller mieux si j’y cédais.
Tout naturellement, il s’agissait des mêmes conseils que je livrais aux
patients qui venaient me consulter. Mais c’est de les noter sur le papier qui
me permit de rester en selle. Cette liste était comme une piqûre de rappel :
elle me rappelait que faire preuve de force mentale était un choix. Et j’allais
avoir besoin de cette force, car quelques semaines après la publication de
cette liste, Rob disparaissait.
Les psychothérapeutes sont réputés pour aider leurs patients à travailler
sur leur force, en leur préconisant la manière dont ils devraient agir et ce
qu’ils pourraient faire pour s’améliorer. Mais, lorsque je rédigeai ma liste
sur la force mentale, je mis volontairement de côté ce qui, chez moi, était
une seconde nature. Me concentrer sur ce que je ne devais pas faire, en
revanche, voilà ce qui changea tout. Les bonnes habitudes sont bien sûr
importantes, mais les mauvaises sont souvent celles qui nous empêchent de
libérer tout notre potentiel. Vous pouvez prendre toutes les bonnes
habitudes possibles, mais si vous conservez aussi les mauvaises, vous aurez
du mal à atteindre vos objectifs. Pensez en ces termes : vous êtes, pour ainsi
dire, la somme de vos plus mauvaises habitudes.
Les mauvaises habitudes sont comme des poids que vous traînez avec
vous dans vos tâches de la vie quotidienne. Elles vous ralentissent, vous
fatiguent et vous irritent. En dépit de votre travail acharné et de votre talent,
vous aurez du mal à atteindre tout votre potentiel si certaines pensées,
certains comportements ou encore certaines émotions vous retiennent.
Imaginez un homme qui irait à la salle de sport tous les jours. Il s’y
dépenserait pendant presque deux heures. Il noterait méthodiquement ses
performances afin de mesurer ses progrès. Après six mois de ce régime, il
ne constaterait aucun changement. Il se sentirait frustré de ne pas avoir
perdu de poids ou gagné en musculature. Il confierait à ses proches ne pas
comprendre pourquoi sa silhouette ne s’améliore pas, pourquoi il ne se sent
généralement pas mieux. Après tout, c’est vrai, il ne rate presque aucune
séance. Ce qu’il a oublié, c’est qu’il s’autorise un écart gourmand après
chaque séance. C’est que ça donne faim de se dépenser ainsi et il se dit qu’il
a bien mérité une petite récompense. Alors, tous les jours sur la route du
retour, il mange une demi-douzaine de beignets.
Cela vous semble ridicule, non ? Mais nous sommes tous coupables, dans
une certaine mesure, de ce genre de comportements. Nous travaillons dur
pour parvenir à une apparente amélioration, mais nous négligeons les
détails qui pourraient saboter tous nos efforts.
Perdre ces 13 habitudes ne vous permettra pas seulement de surmonter
votre chagrin. Vous en débarrasser vous aidera également à doper votre
force mentale, qui est essentielle dans la gestion des problèmes qui peuvent
surgir dans la vie – petits ou gros. Quels que soient vos objectifs, vous serez
bien mieux armé pour atteindre tout votre potentiel, en vous sentant
mentalement fort.
Qu’est-ce que la force mentale ?
Ce n’est pas que nous soyons mentalement forts ou faibles. Nous possédons
tous, à des degrés variables, une certaine force mentale. Ce que nous avons
en commun, c’est la chance de pouvoir l’améliorer. Développer sa force
mentale, c’est savoir gérer ses émotions, ordonner ses pensées et agir de
manière positive, quelles que soient les circonstances.
Tout comme certains ont des prédispositions pour améliorer leur force
physique plus facilement que d’autres, la force mentale semble s’imposer
plus naturellement chez certaines personnes. Plusieurs facteurs entrent en
jeu lorsqu’il s’agit de déterminer la facilité avec laquelle nous développons
notre force mentale :

La génétique – Nos gènes jouent un rôle dans l’éventuel


développement de maladies mentales, comme les troubles du
comportement.
La personnalité – Certains traits de notre personnalité font que
nous sommes amenés naturellement à penser de façon plus réaliste
ou à agir plus positivement.
Le vécu – Nos expériences influencent ce que nous pensons de
nous-mêmes, des autres et du monde en général.

Fondamentalement, certains facteurs sont inaltérables. Vous ne pouvez


pas changer une enfance qui aura été malheureuse. De même, vous ne
pourrez pas changer une prédisposition génétique à un trouble du déficit de
l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Mais cela ne veut pas dire
pour autant que vous ne pourrez pas augmenter votre force mentale. Chaque
individu a le pouvoir de doper sa force mentale en consacrant de son temps
et de son énergie aux exercices pratiques contenus dans cet ouvrage.

LES RESSORTS DE LA FORCE MENTALE


Imaginez un homme qui se sentirait nerveux à l’idée d’une quelconque
relation sociale. Afin de minimiser son anxiété, il évite toute discussion
avec ses collègues. Moins il leur parle et moins ses collègues cherchent à
ébaucher une conversation avec lui. Lorsqu’il entre dans la salle du
personnel et que personne ne lui parle, il se dit « je dois être maladroit en
société ». Plus il réfléchit à cette « maladresse » et plus il se sent nerveux à
l’idée d’engager une conversation. Alors que son anxiété augmente, son
désir d’éviter ses collègues s’intensifie également : il en résulte un cercle
vicieux.
Pour comprendre ce qu’est la force mentale, vous devez comprendre
comment s’imbriquent vos pensées, vos comportements et vos émotions.
Cet enchevêtrement est à l’origine de cette spirale infernale décrite dans le
cas de figure précédent. Développer sa force mentale comprend trois
aspects :

1. Les pensées – Identifier nos peurs irrationnelles et les remplacer


par des pensées plus réalistes.
2. Les comportements – Se comporter de manière positive en
toutes situations.
3. Les émotions – Dominer ses émotions avant qu’elles ne nous
dominent.

Nous l’entendons à longueur de journée : « Pensez positif ! »


L’optimisme seul ne vous aidera cependant pas à atteindre tout votre
potentiel.

ADOPTER UN COMPORTEMENT FONDÉ SUR DES ÉMOTIONS


ÉQUILIBRÉES ET UN MODE DE PENSÉE RATIONNEL
J’ai une peur bleue des serpents. Cette peur est cependant totalement
irrationnelle. Je vis dans le Maine. Cet État ne recense aucun serpent
venimeux. Il ne m’arrive pas très souvent de rencontrer ces reptiles mais,
lorsque cela arrive, j’ai l’impression que mon cœur s’arrête de battre et je
suis tentée de courir dans la direction opposée. En général, avant de
m’enfuir, je parviens à relativiser cette peur panique grâce à des pensées
plus rationnelles qui me font prendre conscience qu’il n’y a aucune raison
logique de me sentir effrayée. Dès que je me raisonne, je peux passer à côté
du serpent sans difficulté – du moment qu’il reste une distance suffisante
entre lui et moi. Je ne souhaite pas pour autant le porter ni le toucher, mais
je peux le dépasser sans que mes peurs irrationnelles perturbent le reste de
ma journée.
C’est en équilibrant nos émotions et nos pensées rationnelles que nous
prenons les meilleures décisions. Réfléchissez une minute à la manière dont
vous réagissez lorsque vous êtes en colère. Il est fort probable que vous
ayez fait et dit des choses que vous avez ensuite regrettées, car vos actions
étaient alors influencées par vos émotions et non par votre logique.
Cependant, faire des choix en se fondant uniquement sur un mode de
pensée rationnel n’est pas non plus la meilleure solution. Nous sommes des
êtres humains, et non des robots. Notre cœur et notre tête doivent travailler
de concert pour contrôler notre corps.
Un bon nombre de mes patients remettent en question leur aptitude à
maîtriser leurs émotions, leurs pensées et leurs comportements. « Je ne peux
pas changer ce que je ressens », me disent-ils. Ou : « Je ne peux pas
supprimer les pensées négatives qui me traversent l’esprit » et « Je n’arrive
pas à trouver la motivation qui m’aidera à atteindre mes buts ». Mais en
dopant votre force mentale, je vous assure que tout cela est possible.

LA VÉRITÉ SUR LA FORCE MENTALE

Un grand nombre d’idées reçues ou d’informations erronées circulent


autour de la notion de force mentale. Pour vous aider à vous y retrouver,
voici quelques vérités :

Force mentale ne rime pas avec carapace en acier. Vous n’avez pas
à vous transformer en robot ou à donner l’impression que votre
corps est fait de béton lorsque vous êtes mentalement fort. Il
convient plutôt d’agir en accord avec vos principes.
La force mentale ne nécessite pas de mettre ses émotions de côté.
Augmenter sa force mentale ne revient pas à annihiler vos
émotions : il s’agit plutôt d’apprendre à les appréhender ; à les
interpréter et à comprendre comment vos émotions influencent votre
manière de penser et de vous comporter.
Nul besoin de traiter son corps comme une machine pour être fort
mentalement. Accroître sa force mentale, ce n’est pas repousser les
limites de son corps à l’extrême pour se prouver que l’on est
insensible à la douleur. C’est en comprenant le fonctionnement de
vos pensées et de vos émotions que vous serez capable de
déterminer quand vous devrez les repousser ou, au contraire, les
écouter.
Être fort mentalement ne veut pas dire que l’on doive compter sur
soi uniquement. Nul besoin de proclamer que vous n’avez pas
besoin d’aide (d’une autre personne, d’un enseignement
quelconque, etc.). Admettre que vous ne possédez pas toutes les
réponses, savoir demander de l’aide lorsque vous en avez besoin et
reconnaître que vous pourrez augmenter votre force en recevant une
aide extérieure est le signe de votre volonté de devenir plus fort.
Force mentale ne rime pas avec pensée positive. S’obliger à avoir
toujours des pensées positives peut être aussi préjudiciable que de
n’avoir que des pensées négatives. La force mentale, c’est penser de
façon rationnelle et réaliste.
Développer sa force mentale ne se résume pas à une quête du
bonheur. Augmenter votre force mentale vous aidera certes à vous
sentir plus heureux, mais il ne s’agit pas, pour autant, de vous
réveiller tous les matins en vous efforçant d’être heureux. La force
mentale, en revanche, vous aidera à prendre les meilleures décisions
pour déployer tout votre potentiel.
La force mentale n’est pas « tendance », ce n’est pas la dernière
mode en psychologie. Tout comme le monde du fitness qui abonde
en nouveaux régimes ou en nouveaux cours « dernier cri », celui de
la psychologie voit régulièrement naître de nouvelles « méthodes »
censées vous faire rencontrer une meilleure version de vous-même.
La psychologie apprend aux individus à changer leurs pensées, leurs
émotions et leurs comportements depuis les années 1960.
La force mentale n’exclut pas les personnes atteintes d’une maladie
mentale. L’opposition commune entre bien-être mental et maladie
mentale ne s’applique pas en matière de force mentale. Tout comme
une personne souffrant d’un mal physique (le diabète, par exemple)
pourra néanmoins être forte physiquement, vous pourrez toujours
chercher à accroître votre force mentale même si vous souffrez de
dépression, d’anxiété ou d’un autre trouble psychique. Ce n’est pas
parce que vous êtes atteint d’une maladie mentale que vous serez
destiné à prendre de mauvaises habitudes. Vous pourrez tout à fait
acquérir de bonnes habitudes : il vous faudra peut-être fournir de
plus grands efforts, mais cela restera dans le domaine du possible.

LES BIENFAITS DE LA FORCE MENTALE


Souvent, nous nous sentons forts mentalement lorsque tout va bien dans
notre vie, mais, soudain, un ennui surgit. La perte d’un travail, une
catastrophe naturelle, une maladie dans la famille ou la perte d’un être cher
sont des bouleversements souvent inévitables. Mentalement fort, vous serez
mieux préparé pour lutter contre les difficultés que vous pourrez rencontrer
au cours de votre vie. Les bienfaits de la force mentale incluent :

Une résistance accrue au stress – La force mentale est utile dans la


vie de tous les jours, pas seulement au milieu d’une crise. Vous
deviendrez mieux armé et gérerez les problèmes de façon plus
efficace, ce qui permettra de réduire votre stress.
Un sentiment de satisfaction – Alors que votre force mentale
augmentera, votre confiance en vous se développera. Vous agirez en
accord avec vos valeurs et saurez reconnaître ce qui est vraiment
important pour vous dans la vie : deux principes qui vous
apporteront la paix intérieure.
Une amélioration des performances – Que votre but soit de
devenir un meilleur parent, d’améliorer votre productivité au travail
ou de devenir un athlète plus performant : en renforçant votre force
mentale, vous déploierez tout votre potentiel.

COMMENT DÉVELOPPER SA FORCE MENTALE


Vous ne deviendrez jamais un expert en quoi que ce soit en lisant
simplement un livre. Les athlètes ne deviennent pas des concurrents de haut
niveau en lisant simplement tout ce qui se publie sur leur sport et les plus
grands musiciens n’atteignent pas l’excellence en écoutant simplement les
autres jouer. Tous, à leur niveau et dans leur domaine, doivent s’entraîner.
Les treize chapitres qui constituent cet ouvrage ne se résument pas à une
liste de règles que vous adoptez déjà dans votre vie ou non. Ils forment, en
revanche, une description des habitudes dans lesquelles nous tombons
parfois. Ces chapitres sont destinés à vous aider à trouver de meilleures
façons d’affronter vos soucis en évitant les pièges les plus communs. Il
s’agit de grandir, de s’améliorer et de faire tout son possible pour devenir
une meilleure personne que celle que vous étiez hier.
Chapitre 1

Ne perdez pas votre temps à vous apitoyer sur


vous-même
L’apitoiement est probablement le plus destructeur des narcotiques non
pharmaceutiques ; il rend dépendant, nous procure un plaisir éphémère et
nous éloigne de la réalité.
JOHN GARDNER

Durant les semaines qui suivirent l’accident de Jack, sa mère ne pouvait


s’empêcher de parler de « l’horrible incident ». Chaque jour, elle narrait à
qui voulait l’entendre comment Jack eut les deux jambes brisées après
avoir été renversé par un bus scolaire. Elle se sentait coupable de ne pas
avoir été là pour le protéger et la vue de son fils dans un fauteuil roulant,
des semaines durant, était un supplice qu’elle parvenait mal à supporter.
Alors que les docteurs leur avaient annoncé une guérison totale, sa mère
répétait inlassablement à Jack que ses jambes ne se rétabliraient peut-être
jamais complètement. Elle souhaitait le voir prendre conscience qu’il ne
jouerait peut-être plus au foot ou ne pourrait plus courir comme les autres
enfants de son âge ; et ce, dans l’éventualité qu’un problème surgisse.
Malgré l’avis favorable des docteurs pour son retour à l’école, les
parents de Jack décidèrent que sa mère quitterait son travail et lui ferait
cours à domicile jusqu’à la fin de l’année scolaire. Ils présumèrent que de
voir et d’entendre des bus scolaires tous les jours ne rappelerait à Jack que
d’horribles souvenirs. Ils souhaitaient également lui éviter de devoir
regarder, impuissant depuis son fauteuil roulant, ses amis s’amuser dans la
cour de recréation. Ils espérèrent qu’en restant à la maison, il guérirait,
émotionnellement et physiquement, plus vite.
Jack faisait son travail scolaire le matin et regardait la télévision ou
jouait à des jeux vidéo tout le reste de la journée. En l’espace de quelques
semaines, ses parents remarquèrent un changement dans son humeur. Petit
garçon joyeux et optimiste à l’origine, Jack était devenu un être triste et
facilement irritable. Ses parents s’inquiétèrent à l’idée que l’accident ait pu
le traumatiser au-delà de ce qu’ils avaient pu imaginer. Ils se tournèrent
vers la thérapie dans l’espoir qu’elle puisse aider Jack à soigner ses
blessures émotionnelles.
Ils l’emmenèrent alors consulter une thérapeute de renom, spécialisée
dans les traumatismes chez l’enfant. Comme elle était recommandée par le
pédiatre de Jack, elle avait déjà eu vent de l’histoire du petit garçon avant
de le rencontrer pour la première fois.
Alors que sa mère poussait son fauteuil roulant dans le cabinet de la
thérapeute, Jack fixait le sol en silence. Sa mère commença ainsi : « C’est
tellement dur, pour nous tous, depuis ce terrible accident. Il a ruiné nos vies
et causé tant de troubles émotionnels chez Jack. Il n’est plus le même petit
garçon qu’il était auparavant. »
À la surprise de sa mère, la thérapeute ne manifesta aucune compassion.
Au contraire, elle s’écria avec enthousiasme : « Bon sang, que j’avais hâte
de te voir, Jack ! Je n’ai jamais rencontré de petit garçon capable de battre
un bus scolaire ! Il faut que tu me racontes, par quel hasard t’es-tu retrouvé
dans une bataille contre un bus et comment as-tu fait pour gagner ? » Pour
la première fois depuis l’accident, Jack décrocha un sourire.
Au fil des semaines qui suivirent, Jack travailla avec sa thérapeute à la
rédaction de son propre livre. Il l’intitula, très justement, Comment battre
un bus scolaire ? Il raconta l’histoire extraordinaire de son combat avec un
bus scolaire et sa victoire avec seulement quelques os fracturés.
Il embellit légèrement la réalité en décrivant comment il avait saisi le
silencieux du bus pour faire pivoter son corps et le protéger en partie du
choc. En dépit de quelques exagérations, la plupart des détails étaient
conformes à la réalité – il survécut grâce à sa force. Jack acheva son
ouvrage par un autoportrait. Il se dessina dans son fauteuil roulant, paré
d’une cape de super-héros.
La thérapeute ne manqua pas d’inclure les parents de Jack dans son
traitement. Elle leur fit prendre conscience de la chance que Jack s’en soit
sorti avec seulement quelques os fracturés. Elle les encouragea à arrêter de
s’apitoyer sur le sort de leur enfant et leur recommanda de le traiter comme
un enfant solide, physiquement et émotionnellement, capable de surmonter
l’adversité avec brio. Et au cas où il ne récupérerait pas l’usage complet de
ses jambes, elle les pria de rester concentrés sur tout ce que Jack pourrait
tout de même accomplir dans la vie, plutôt que sur tout ce que l’accident
l’empêcherait de réaliser.
La thérapeute et les parents de Jack travaillèrent de concert avec le
personnel de l’école pour faciliter son retour. Au-delà des installations
particulières que nécessiterait son fauteuil roulant, ils souhaitaient
s’assurer que ni les écoliers ni les professeurs ne le traiteraient avec pitié.
Jack put même faire découvrir son livre à ses camarades et leur raconter
comment il avait réussi à battre un bus scolaire et leur faire comprendre
qu’ils n’avaient aucune raison de s’apitoyer sur son sort.

VOUS COMPLAISEZ-VOUS DANS L’APITOIEMENT ?


Nous faisons tous l’expérience de la souffrance et du chagrin à un moment
de notre vie. Et, alors que la tristesse est une émotion normale et saine, s’y
complaire est autodestructeur. Vous reconnaissez-vous dans certaines des
affirmations suivantes ?

Vous avez tendance à penser que vos problèmes sont plus graves
que ceux des autres.
Sans la malchance, vous êtes certain que vous n’auriez aucun souci.
Les difficultés semblent s’accumuler dans votre vie plus vite que
dans celle des autres.
Vous êtes convaincu que personne ne réalise vraiment à quel point
votre vie est difficile.
Vous renoncez parfois à des plaisirs ou des engagements sociaux
afin de rester chez vous et de ressasser vos problèmes.
Vous avez tendance à raconter aux autres ce qui s’est mal passé dans
votre journée plutôt que ce qui s’est bien passé.
Vous vous plaignez souvent de l’injustice du sort.
Vous avez du mal à trouver des raisons de vous montrer
reconnaissant envers la vie.
Vous pensez que les autres ont la chance d’avoir une vie plus facile.
Vous vous demandez parfois si la vie ne vous en veut pas un peu.

Vous retrouvez-vous dans certains de ces exemples ? L’apitoiement sur


soi vous consume avant de finalement changer votre manière de penser et
de vous comporter. Mais vous pouvez choisir de reprendre le contrôle.
Même lorsque vous ne pouvez pas changer les circonstances, vous pouvez
décider de modifier votre attitude.

POURQUOI NOUS APITOYONS-NOUS SUR NOUS-


MÊMES ?
Si l’apitoiement est un phénomène bel et bien autodestructeur, pourquoi y
avons-nous recours ? Et pourquoi est-ce réconfortant et facile de s’y laisser
glisser ? La pitié est le seul mécanisme de défense que les parents de Jack
ont trouvé pour protéger leur fils et eux-mêmes d’éventuels dangers. En
choisissant de regarder seulement ce que Jack ne pourrait plus réaliser, ils le
protégeaient d’autres difficultés auxquelles il pourrait avoir à faire face.
Tout naturellement ils se sont alarmés pour sa sécurité plus
qu’auparavant. Ils ne voulaient pas le quitter des yeux et s’inquiétaient de
l’émotion que lui provoquerait la vue d’un bus scolaire. Ce n’était qu’une
question de temps avant que la pitié dont il était inondé se transforme en
auto-apitoiement.
Il est tellement facile de tomber dans le piège de l’apitoiement. Occupé
que vous êtes à vous plaindre, vous n’avez plus le temps de vous confronter
à vos peurs ou de prendre vos responsabilités pour passer à l’action.
S’apitoyer sur soi-même fait, en quelque sorte, gagner du temps. Au lieu
d’agir ou d’avancer, on exagère la réalité de la situation afin de justifier son
inaction.
La plupart des individus utilisent souvent la pitié pour attirer l’attention
sur eux. Jouer le « Calimero » de service attire, dans les premiers temps, la
sympathie et la bienveillance des autres. Pour ceux qui ont peur du rejet, la
pitié – que suscitent les mésaventures d’un « pauvre de moi » – est une
manière indirecte d’obtenir de l’aide.
Hélas, le sentiment du malheur est alors souvent contagieux et il s’ensuit
parfois une conversation à l’issue de laquelle une médaille sera remise à
celui qui aura le plus souffert. L’apitoiement sur soi-même est aussi une
manière de ne pas prendre ses responsabilités. Se plaindre à son supérieur
hiérarchique de la difficulté de sa vie peut venir de l’espoir qu’il en attende,
en retour, moins de vous.
D’autres fois, l’apitoiement sur soi semble être un acte de défi. C’est
comme si nous supposions que nous pouvions changer quelque chose en
nous contentant de signifier à l’univers que nous méritons mieux.
Malheureusement la vie ne fonctionne pas ainsi. Il n’y a pas un être
supérieur qui surgirait de nulle part pour s’assurer que nous sommes tous
traités équitablement.

POURQUOI S’APITOYER SUR SOI-MÊME EST-IL


PROBLÉMATIQUE ?
S’apitoyer sur soi-même est autodestructeur. Cela entraîne de nouveaux
problèmes lourds de conséquences. Au lieu de se sentir reconnaissants que
Jack ait survécu à son accident, ses parents se sont inquiétés de ce que cet
accident leur avait pris. En conséquence, ils ont donné à cet évènement
tragique la possibilité de leur prendre davantage encore.
Il est utile de rappeler que, bien évidemment, cela ne fait pas d’eux des
parents moins aimants. Leur comportement vient du désir de protéger leur
enfant. Cependant, plus ils ont pris Jack en pitié et plus cela a influé sur son
humeur.
Se complaire dans l’apitoiement, c’est prendre le risque de vivre toute sa
vie ainsi :

En perdant son temps. Avoir pitié de soi requiert une grande énergie
mentale, sans pour autant changer votre situation. Même si vous ne
pouvez pas régler votre problème, vous avez toujours la possibilité
d’affronter les obstacles de manière positive. Vous apitoyer sur
vous-même ne vous rapprochera pas de la solution.
En éprouvant toujours plus d’émotions négatives. Dès lors que vous
lui donnez de la légitimité, l’apitoiement déchaîne une foule
d’émotions négatives : colère, ressentiment, solitude, et bien
d’autres émotions qui continueront d’alimenter vos pensées
négatives.
En étant condamné à un éternel auto-apitoiement. Il est fort
improbable que vous accomplissiez de grandes choses en vous
apitoyant sans cesse sur vous-même. Il en résultera une
multiplication des problèmes et des échecs qui entraîneront un plus
grand apitoiement sur vous-même.
En ne parvenant pas à gérer d’autres émotions. L’apitoiement sur
soi empêche de gérer des émotions comme la peine, la tristesse, la
colère. Il pourra en effet retarder votre guérison et vous empêcher
d’avancer, car l’apitoiement nous oblige à nous concentrer sur la
nécessité que les choses soient différentes plutôt que d’accepter la
réalité de la situation.
En ne remarquant pas les bonnes choses qui arrivent dans sa vie.
L’apitoiement vous amènera à regarder l’unique désagrément au
milieu de cinq bienfaits. En vous apitoyant sur vous-même, vous
passerez à côté des aspects positifs de votre vie.
En détériorant ses relations avec les autres. Se dépeindre en victime
n’est pas particulièrement valorisant. Vous entendre vous plaindre
de la difficulté de votre vie risque vite de fatiguer les autres. Vous
n’avez jamais entendu quelqu’un dire : « Ce que j’aime par-dessus
tout chez lui, c’est qu’il s’apitoie constamment sur lui-même. »

SE SORTIR DE L’APITOIEMENT SUR SOI


Vous rappelez-vous les trois aspects qui consolideront votre force mentale ?
Pour diminuer ce sentiment d’apitoiement, vous devez changer votre
comportement dominé par la pitié et empêcher votre esprit de sombrer dans
celle-ci. Pour Jack, cela voulait dire qu’il ne devait plus passer ses journées
à regarder la télévision ou jouer à des jeux vidéo. Il devait, en revanche,
recommencer à s’entourer d’enfants de son âge, reprendre ses précédentes
activités qui lui étaient toujours accessibles, comme de se rendre à l’école.
Ses parents ont, eux aussi, modifié leur mode de pensée et commencé à voir
Jack comme un survivant et non comme une victime. Dès lors qu’ils ont pu
changer la perception qu’ils avaient de leur fils et de son accident, la pitié
qu’ils ressentaient s’est muée en un sentiment de gratitude.

FAIRE EN SORTE QU’IL VOUS SOIT DIFFICILE DE VOUS


PLAINDRE DE VOTRE SORT
Quatre mois après le décès de Lincoln, sa famille et moi affrontâmes ce qui
aurait dû être son vingt-septième anniversaire. Cela faisait plusieurs
semaines déjà que je redoutais cette journée, car je me demandais comment
nous arriverions à passer le temps. Je nous imaginais tous assis en cercle,
partageant une même boîte de mouchoirs et parlant de l’injustice que
Lincoln ne soit plus parmi nous.
Lorsque je trouvai enfin le courage de demander à ma belle-mère ce
qu’elle avait prévu pour cette journée tant redoutée, elle me répondit sans
hésitation : « Que penses-tu d’un saut en parachute ? » Le plus drôle est
qu’elle était vraiment sérieuse. Et je dois avouer que sauter d’un avion me
sembla plus attrayant que de passer la journée à nous morfondre. Cela me
parut même la façon la plus fidèle d’honorer le caractère aventurier de
Lincoln. Il avait toujours aimé rencontrer de nouvelles personnes, découvrir
de nouveaux endroits et se lancer dans de nouvelles aventures. Ce n’était
pas inhabituel pour lui de s’envoler à la dernière minute pour un week-end
spontané, même si cela voulait dire qu’il rentrerait les yeux rougis par la
fatigue et devrait se rendre au travail immédiatement après avoir débarqué
du dernier vol de nuit. Il disait que d’avoir à lutter contre la fatigue pendant
une journée de travail valait bien tous les souvenirs que nous rapportions de
nos week-ends. Sauter en parachute me sembla une activité à laquelle
Lincoln aurait adoré participer et, en ce sens, m’apparut comme une
excellente manière de célébrer son existence sur terre.
Il est impossible de s’apitoyer sur son sort et, au même moment, de
s’élancer d’un avion – à moins, bien sûr, d’avoir oublié son parachute. Non
seulement nous nous sommes amusés, mais cette expérience marqua le
début d’une tradition annuelle. Chaque année, le jour de l’anniversaire de
Lincoln, nous célébrons son amour de la vie et de l’aventure en vivant des
expériences incroyables – en nageant avec des requins, en traversant le
Grand Canyon à dos de mules ou encore en prenant des cours de trapèze.
Chaque année, la famille entière prend part à cette journée particulière.
Certaines années, la grand-mère de Lincoln nous observe, l’appareil photo à
la main ; mais, il y a deux ans, à l’âge de quatre-vingt-huit ans, elle est
apparue la première au sommet des arbres, accrochée à une tyrolienne.
Même si je suis aujourd’hui remariée, cette tradition se perpétue et mon
mari, Steve, y participe avec nous. C’est devenu une journée que nous
attendons avec une grande impatience chaque année.
Ce choix de passer la journée de façon agréable ne signifie pas que nous
cherchons à ignorer notre chagrin ou à le masquer. Il s’agit, au contraire,
d’un choix délibéré de célébrer les joies de la vie et de refuser de nous
apitoyer. Au lieu de nous apitoyer sur ce que nous avons perdu, nous
choisissons d’être reconnaissants pour ce que nous avons.
Lorsque vous prenez conscience qu’un sentiment d’apitoiement
s’introduit dans votre vie, choisissez plutôt de mettre de la distance entre ce
que vous ressentez et la manière dont vous agissez. Vous n’avez pas à sauter
d’un avion pour prendre de la distance par rapport à un sentiment
d’apitoiement sur vous-même. Parfois, un changement subtil suffit à faire la
différence. En voici quelques exemples :

Devenez bénévole dans une association qui défend une cause qui
vous tient à cœur. Vous oublierez vos soucis et vous vous sentirez
mieux à l’idée d’avoir aidé votre prochain. Il est difficile de
s’apitoyer sur soi-même lorsque l’on sert de la soupe à des sans-
abris ou que l’on passe du temps avec des personnes âgées dans une
maison de retraite.
Faites une action charitable. Que vous tondiez la pelouse du voisin
ou donniez de l’argent à une association de défense des animaux,
une bonne action donnera un sens à votre journée.
Soyez actif ! Une activité physique ou mentale vous aidera à ne pas
songer uniquement à vos malheurs. Faites de l’exercice, suivez des
cours, lisez un livre, peu importe : ce changement de comportement
vous aidera à changer d’attitude.

Pour réussir à changer ce que vous ressentez, vous devrez trouver les
comportements qui vous permettent de diminuer votre sentiment
d’apitoiement. Il vous faudra peut-être tâtonner, car un même
changement de comportement n’aura pas le même effet sur chaque
individu. Si ce que vous faites ne vous semble pas convenir, essayez autre
chose. Si vous ne faites pas un pas dans la bonne direction, vous
n’avancerez jamais.

REMPLACER LES PENSÉES QUI FAVORISENT L’APITOIEMENT


J’ai, un jour, assisté à un petit accrochage entre deux véhicules sur le
parking d’un supermarché. Les deux voitures reculèrent au même moment
et leurs pare-chocs arrière entrèrent alors en collision. Les dommages sur
chaque véhicule furent cependant assez minimes.
Je vis un des conducteurs sortir de son véhicule et s’exclamer : « Bon
sang ! C’est juste ce dont j’avais besoin ! Pourquoi est-ce que cela n’arrive
qu’à moi ? Comme si je n’avais pas assez de problèmes aujourd’hui. »
Au même moment, l’autre conducteur descendit lui aussi de sa voiture en
secouant la tête. D’une voix étrangement calme, il dit : « Quelle chance que
personne ne soit blessé. On peut s’estimer heureux le jour où l’on ressort
d’un accident de voiture sans une seule égratignure. »
Bien qu’ayant vécu exactement la même expérience, chacun de ces deux
hommes en a eu une perception différente. Quand l’un s’est vu la victime
d’un horrible évènement, l’autre s’est estimé chanceux. Chacune de leur
réaction découle de la perception différente qu’ils ont pu avoir de
l’évènement.
Il est possible de regarder les évènements qui surviennent dans vos vies
de manières bien différentes. Si vous choisissez de vous dire que vous
méritez mieux, vous prendrez pitié de vous. Si vous choisissez, en
revanche, de voir le côté positif, même dans les situations difficiles, vous
vous sentirez bien plus heureux.
Presque toutes les situations présentent un bon côté. Demandez à des
enfants quel est le point positif dans le divorce de leurs parents, la plupart
vous répondront qu’ils reçoivent le double de cadeaux à Noël. Les
avantages d’avoir des parents divorcés ne sont sans doute pas très
nombreux, mais recevoir deux fois plus de cadeaux est une consolation non
négligeable pour la plupart de ces enfants.
Repenser la manière dont vous évaluez une situation n’est pas toujours
facile lorsque vous vous sentez accablé d’apitoiement pour vous-même.
Cependant, vous poser les questions suivantes pourra vous aider à
transformer vos pensées négatives en des pensées un peu plus proches de la
réalité :

Quelle autre vision puis-je avoir de ma situation ? Pensez en termes


de « verre à moitié vide ou verre à moitié plein ». Si vous envisagez
votre situation sous l’angle du « verre à moitié vide », essayez
d’imaginer comment une personne adoptant la perspective du
« verre à moitié plein » appréhenderait votre situation.
Quels conseils donnerais-je à une personne aimée qui aurait les
problèmes que je rencontre ? Nous sommes souvent plus doués pour
réconforter les autres que nous-mêmes. Il est fort peu probable que
vous disiez à quelqu’un : « Tu as la pire vie qui soit. Rien ne va
jamais. » Vous risquez plutôt d’avoir pour cette personne des mots
gentils et apaisants : « Tu vas trouver une solution et t’en sortir. Je
n’en ai aucun doute. » Suivez vos propres conseils !
Ai-je des preuves que je peux m’en sortir ? L’apitoiement sur soi-
même naît souvent d’un manque de confiance en sa capacité à faire
face aux problèmes. Nous avons tendance à penser que nous ne nous
en sortirons jamais. Souvenez-vous de la manière dont vous avez
réglé certains problèmes par le passé ou fait face à certains drames.
Passer en revue points forts, réseaux de soutien et expériences
passées permet de retrouver une dose de confiance en soi parfois
nécessaire pour éradiquer un sentiment d’apitoiement.

Plus vous ferez appel à des pensées qui vous leurrent, intentionnellement,
sur la réalité de votre situation et moins bien vous vous sentirez. Ce genre
de pensées conduit bien souvent à un sentiment d’apitoiement :

Je ne peux pas faire face à un problème de plus


Les bonnes choses n’arrivent qu’aux autres
Les pires situations me sont toujours destinées
Ma vie est de pire en pire
Personne d’autre n’a à gérer de tels problèmes
Mes problèmes s’enchaînent les uns après les autres
Il est tout à fait possible de contenir le flot de pensées négatives qui vous
vient à l’esprit avant qu’il ne vous échappe complètement. Même si cela
demande travail et rigueur, remplacer les pensées négatives par des pensées
plus réalistes est incroyablement efficace pour réduire l’apitoiement sur soi.
Si vous ne cessez de vous répéter « je suis abonné aux mauvaises
nouvelles », dressez une liste de toutes les bonnes choses qui vous sont
aussi arrivées. Puis nuancez votre mode de pensée par des phrases comme
« il m’arrive quelques tuiles, mais plein de bonnes choses m’arrivent
aussi ». Il ne s’agit pas de transformer un évènement négatif en une
affirmation positive dépourvue de réalité. Il s’agit plutôt de veiller à trouver
une façon réaliste d’appréhender la situation dans laquelle nous nous
trouvons.

REMPLACER L’APITOIEMENT SUR SOI PAR DE LA GRATITUDE


Marla Runyan est une femme accomplie. Elle possède un master, a écrit un
livre et a participé aux Jeux olympiques. Elle est aussi la première femme
américaine à avoir fini le marathon de New York en un temps extraordinaire
de 2 heures et 27 minutes. Marla est d’autant plus exceptionnelle qu’elle a
réalisé toutes ces prouesses en étant presque complètement aveugle.
Elle avait neuf ans lorsqu’on diagnostiqua chez elle la maladie de
Stargardt, une forme de dystrophie maculaire qui touche les enfants. Alors
que sa vision se détériorait, Marla découvrit sa passion pour la course à
pied. Au fil des années, elle s’est révélée comme l’une des coureuses les
plus rapides au monde même sans voir les lignes d’arrivée.
Marla commença par se distinguer au cours des Jeux paralympiques. Elle
participa une première fois en 1992, puis à nouveau en 1996. Non contente
de rafler cinq médailles d’or et une médaille d’argent, elle inscrivit
également, à son palmarès, plusieurs records mondiaux. Mais elle ne
s’arrêta pas là pour autant.
En 1999, elle participa aux Jeux panaméricains et remporta la course du
1500 mètres. En 2000, elle fut la première athlète officiellement non
voyante à participer aux Jeux olympiques. Elle devint la première
Américaine à franchir la ligne d’arrivée dans la course du 1500 mètres et
remporta la huitième place.
Marla ne considère pas sa cécité comme un handicap. Au contraire, elle
la conçoit comme un don qui lui permet de briller dans les courses de
longues ou de courtes distances. Dans son livre, No Finish Line : My Life as
I See it1, Marla écrit : « Ça ne m’a pas seulement obligée à prouver mes
compétences, cela m’a aussi poussée à réussir. Elle [ma cécité] m’a offert la
volonté et la persévérance ; des dons qui me servent tous les jours. » Marla
ne se préoccupe pas de ce que sa perte de vision lui a pris ; au contraire, elle
se réjouit de ce qu’elle lui a offert.
Une personne qui s’apitoie sur elle-même se dit qu’elle mérite mieux,
alors qu’une personne reconnaissante se dit qu’elle reçoit plus qu’elle ne
mérite. Ressentir de la gratitude demande quelques efforts mais reste un but
facile à atteindre. Chaque individu peut apprendre la gratitude en
développant de nouvelles habitudes.
Commencez par reconnaître la gentillesse et la générosité des autres.
Reconnaissez qu’il y a du bon dans ce monde et vous commencerez à
apprécier ce que vous avez.
Vous n’avez pas à être riche, à réussir tout ce que vous entreprenez ou à
avoir une vie parfaite pour vous sentir reconnaissant. Une personne qui
gagnerait 30 000 euros par an pourrait ne pas s’estimer particulièrement
riche mais elle appartient, en fait, au 1 % de la population la plus riche au
monde. Si vous lisez ce livre, vous avez plus de chance que le milliard de
personnes qui ne sait pas lire et dont la majorité vivra toujours sous le seuil
de pauvreté.
Cherchez toutes les petites choses de la vie que vous considérez comme
acquises et efforcez-vous d’intensifier votre sentiment de gratitude à leur
égard. Voici quelques habitudes, simples à prendre, qui pourront vous aider
à rester concentré sur les motifs de vous montrer reconnaissant :

Écrivez un journal de gratitude. Chaque jour, notez-y au moins un


fait pour lequel vous vous sentez reconnaissant. Vous pouvez y
inclure de simples plaisirs, comme celui de respirer un air pur ou de
jouir d’un rayon de soleil, ou des bienfaits plus personnels, comme
votre travail ou votre famille.
Nommez ce pour quoi vous êtes reconnaissant. Si vous savez que
vous ne réussirez pas à tenir votre journal, prenez l’habitude
d’énoncer ce pour quoi vous êtes reconnaissant. Trouvez un
nouveau motif de gratitude chaque matin et un autre chaque soir et
nommez-le à voix haute. L’entendre intensifiera votre sentiment de
gratitude.
Offrez une alternative à l’apitoiement. Lorsque vous remarquez que
vous commencez à avoir pitié de vous-même, détournez votre
attention. Ne vous laissez pas aller à penser que la vie est injuste ou
qu’elle serait plus plaisante si elle était différente. Mais asseyez-
vous et dressez la liste des personnes, des évènements et des
expériences pour lesquels vous pouvez vous montrer reconnaissant.
Si vous tenez un journal, référez-vous-y et lisez-le dès que vous
sentirez poindre un sentiment d’apitoiement.
Demandez aux autres ce pour quoi ils se sentent reconnaissants.
Intéressez-vous à ce qui rend les autres reconnaissants. Entendre ce
qu’ils ont à dire vous aidera peut-être à révéler certains aspects de
votre vie qui mériteraient un peu de votre gratitude.
Apprenez aux plus jeunes à être reconnaissants. Si vous êtes parent,
apprendre à votre enfant à se montrer reconnaissant est le meilleur
moyen de rester vous aussi « à jour » dans ce domaine. Prenez
l’habitude de demander chaque jour à votre enfant ce pour quoi il se
sent reconnaissant. Demandez à chaque membre de votre famille
d’écrire leur « gratitude » sur un bout de papier et placez-le dans un
bocal ou affichez-le sur un tableau au mur. Votre famille bénéficiera
ainsi d’une façon ludique d’intégrer la gratitude dans sa vie de tous
les jours.

POURQUOI EN FINIR AVEC L’APITOIEMENT VOUS


RENDRA-T-IL PLUS FORT ?
Jeremiah Denton2 fut un pilote naval américain qui servit durant la guerre
du Vietnam. En 1965, son avion fut abattu et il dut s’éjecter. Il fut ensuite
capturé par les Nord-Vietnamiens et fait prisonnier de guerre.
Le commandant Denton et les autres officiers continuèrent à diriger leurs
hommes, captifs à leurs côtés, bien qu’ils soient battus, affamés, torturés de
façon quotidienne. Le commandant Denton était bien souvent placé en
cellule d’isolement pour avoir incité les autres prisonniers à résister aux
tentatives des Nord-Vietnamiens de leur extraire des informations. Mais
cela ne l’arrêta pas. Il mit au point différentes stratégies qui lui permirent de
communiquer avec les autres prisonniers au moyen de signes, de petits
coups sur le mur et de séries de toux.
Dix mois après sa capture, il fut choisi pour participer à une interview
télévisée qui servirait comme moyen de propagande. En répondant aux
questions qui lui étaient posées, il feignit d’être indisposé par l’éclairage vif
des caméras afin de cligner des yeux le mot T-O-R-T-U-R-E en morse. Il
révéla ainsi secrètement au monde le traitement qui lui était réservé ainsi
qu’à ses compagnons d’infortune. À travers cette interview, il continua à
exprimer son soutien au gouvernement américain.
Après sept années de captivité, il fut enfin relâché en 1973. Aussitôt
descendu d’avion, il déclara : « Nous sommes honorés d’avoir eu
l’opportunité de servir notre pays, malgré des conditions de détention
difficiles. Nous sommes profondément reconnaissants envers notre
commandant en chef et envers notre nation de ce jour béni. Que Dieu
bénisse l’Amérique. » Après avoir pris sa retraire militaire en 1977, il fut
élu sénateur dans l’État d’Alabama.
Malgré les circonstances atroces de sa captivité, Jeremiah Denton ne s’est
jamais autorisé à s’apitoyer sur lui-même. Il employa son énergie, au
contraire, à garder son sang-froid et à se concentrer sur ce qu’il pouvait
faire pour supporter la situation. À sa libération, au lieu de s’apitoyer sur le
temps perdu en prison, il décida de se sentir reconnaissant d’avoir pu servir
son pays.
Des chercheurs ont étudié les différences qui peuvent apparaître entre les
personnes qui concentrent leur attention sur leurs problèmes et celles qui
veillent à se montrer reconnaissantes. Le simple fait d’identifier plusieurs
motifs de reconnaissance a un grand pouvoir de transformation. La
gratitude n’a pas seulement un effet sur votre bien-être psychologique, il
semblerait qu’elle puisse également influencer votre bien-être physique.
Une étude, publiée en 2003 dans le Journal of Personality and Social
Psychology3, a établi ceci :

Les gens reconnaissants tombent moins souvent malades que les


autres. Leur système immunitaire est plus fort et ils font état d’un
moins grand nombre de douleurs. Leur tension est plus basse et ils
pratiquent une activité physique plus fréquemment que les autres. Ils
prennent davantage soin de leur santé, dorment plus longtemps et
semblent plus reposés au réveil que les autres.
La gratitude s’accompagne d’un flot d’émotions positives. Les
personnes reconnaissantes se sentent plus heureuses, joyeuses et
épanouies dans leur vie de tous les jours. Elles se sentent plus alertes
et énergiques.
La gratitude améliore les relations aux autres. Les personnes
reconnaissantes pardonnent plus facilement aux autres. Elles ont
plus d’entrain et se sentent moins seules ou isolées. Elles sont plus
enclines à venir en aide à leurs prochains et à se comporter avec
générosité et compassion.

AIDE-MÉMOIRE
Dans les moments de stress, si vous laissez l’apitoiement sur vous-même
vous gagner, vous éloignerez vos chances de trouver une solution à votre
problème. Apprenez à reconnaître les signes avant-coureurs de
l’apitoiement et adoptez une attitude proactive lorsque vous verrez
apparaître ses premiers signes.

CE QUI AIDE

Observer sa situation à travers le prisme de la réalité afin de ne


pas exagérer la difficulté de ses problèmes
Remplacer les pensées arbitrairement négatives par des
pensées plus réalistes
Chercher à résoudre ses problèmes de façon proactive et
travailler à améliorer sa situation
Rester actif et se comporter d’une manière qui laissera moins
de place à l’apitoiement, même si vous n’en avez pas envie
Pratiquer la gratitude jour après jour
CE QUI N’AIDE PAS

S’autoriser à penser que sa vie est pire que celle des autres
Se complaire dans des pensées négatives exagérées quant à la
difficulté de sa situation
Faire preuve de passivité face à sa situation et se concentrer
uniquement sur ce que vous ressentez et non sur ce que vous
pourriez faire
Refuser de participer à des évènements ou des activités qui
pourraient vous aider à mieux vous sentir
Considérer tout ce que vous n’avez pas plutôt que tout ce que
vous avez

1. Marla Runyan, No Finish Line : My Life as I See It, New York, Berkley, 2002. Ouvrage non
disponible en français (NdT).
2. Voir Jeremiah Denton, When Hell Was in Session, Washington, WND Books, 2009. Ouvrage non
disponible en français (NdT).
3. Robert Emmons et Michael McCullough, « Counting Blessings Versus Burdens : An Experimental
Investigation of Gratitude and Subjective Well-Being in Daily Life », Journal of Personality and
Social Psychology 84, 2003, no 2, p. 377-389. Non disponible en français (NdT).
Chapitre 2

Ne cédez pas votre pouvoir aux autres


En haïssant nos ennemis, nous leur accordons un pouvoir : le pouvoir de
contrôler notre sommeil, notre appétit, notre pression artérielle, notre santé
et notre bonheur.
DALE CARNEGIE

Lauren était convaincue que sa belle-mère, une femme autoritaire et


envahissante, finirait par ruiner son mariage, si ce n’était sa vie tout
entière. Même si elle avait toujours trouvé Jackie, sa belle-mère,
particulièrement ennuyeuse, c’était depuis la naissance de ses deux enfants
qu’elle la jugeait vraiment insupportable.
Jackie leur rendait plusieurs visites « surprises » par semaine : des
visites qui pouvaient durer des heures. Lauren trouvait celles-ci
dérangeantes, car elles empiétaient sur le peu de temps qu’elle avait à
passer avec ses filles entre l’heure où elle rentrait du travail et celle où ses
filles allaient se coucher.
Ce qui ennuyait particulièrement Lauren était la façon dont Jackie
essayait constamment de saboter son autorité face à ses enfants. Jackie
disait aux filles : « Vous savez, regarder un peu de télévision ne vous fera
pas de mal. Je ne sais pas pourquoi votre mère refuse que vous la
regardiez » ou « Si c’était moi, je vous laisserais manger un dessert, mais
votre mère est persuadée que le sucre est mauvais pour votre santé ». Elle
sermonnait parfois Lauren sur ses méthodes « new age » d’éducation et lui
rappelait sans cesse qu’elle avait elle-même laissé ses enfants regarder la
télévision et manger des sucreries et qu’ils s’en étaient très bien sortis dans
la vie.
Lauren répondait toujours aux remarques de Jackie par un hochement
poli de tête accompagné d’un sourire, mais en réalité, à l’intérieur, elle
bouillait de rage. Elle en voulait à Jackie, mais c’est pourtant à son mari
qu’elle s’en prenait. Dès que Lauren se plaignait de sa mère à son mari, il
lui disait : « Tu sais bien comment elle est » ou « Ignore ses remarques. Elle
veut juste bien faire ». Lauren se réconfortait en se plaignant de sa belle-
mère auprès de ses amies qui l’avaient affectueusement renommée « belle-
monstre ».
Mais le jour où Jackie lui suggéra de commencer à faire du sport, car,
selon elle, elle avait l’air d’avoir pris du poids, tout explosa. À cette
remarque, Lauren vit rouge. Elle quitta la maison et passa la nuit chez sa
sœur. Le jour suivant, elle ne se sentait toujours pas prête à rentrer chez
elle. Elle avait peur de se faire sermonner par Jackie sur la manière dont
elle avait quitté le domicile conjugal. C’est à ce moment précis que Lauren
réalisa qu’elle devait choisir : chercher de l’aide ou mettre son mariage en
danger.
Au départ, Lauren demandait conseil pour apprendre à gérer sa colère
et, ainsi, répondre avec plus de sérénité aux commentaires de sa belle-mère.
Cependant, après quelques séances de thérapie, elle comprit qu’elle devait
aussi chercher à devenir proactive dans la prévention des problèmes et pas
seulement à se montrer moins réactive aux remarques de Jackie.
Je demandai alors à Lauren de remplir un diagramme circulaire qui
montrerait le temps et l’énergie consacrés aux différents aspects de sa vie :
travail, sommeil, détente, famille et temps passé avec sa belle-mère. Je lui
fis ensuite remplir un second diagramme circulaire qui indiquerait le temps
passé « physiquement » dans chaque domaine. À la fin de l’exercice, elle
découvrit avec stupeur la « disproportion » dans la répartition de son temps
et de son énergie. Même si elle ne passait que cinq heures en présence de sa
belle-mère, elle consacrait peut-être cinq heures supplémentaires à ruminer,
penser, ressasser ses histoires avec Jackie. Cet exercice l’aida à prendre
conscience du pouvoir qu’elle laissait entre les mains de sa belle-mère, au
détriment de nombreux aspects de sa vie. Quand elle aurait pu employer
son temps à entretenir ses relations avec son mari ou s’occuper de ses
enfants, elle le passait bien souvent à contempler son aversion pour sa
belle-mère.
Dès qu’elle s’aperçut de tout le pouvoir qu’elle laissait entre les mains
de Jackie, elle se dit qu’il était temps de faire quelques ajustements. Elle se
mit, aidée de son mari, à construire des « frontières » saines autour de sa
famille. Ensemble, ils établirent des règles qui les aideraient à limiter
l’influence de Jackie sur leur famille. Ils l’informèrent qu’elle ne pourrait
désormais plus leur rendre visite à l’improviste. À la place, ils l’inviteraient
à dîner quand ils le désireraient. Ils lui annoncèrent également qu’elle ne
pourrait plus saper l’autorité maternelle de Lauren et que si elle décidait de
le faire quand même, on lui demanderait de quitter les lieux. Lauren décida
également d’arrêter de se plaindre de sa belle-mère. Elle reconnut que cela
ne faisait qu’augmenter son irritation et consumer son temps et son énergie.
Lentement, mais sûrement, Lauren eut l’impression de reprendre
possession de sa vie et de sa maison. Les visites de Jackie cessèrent même
de l’effrayer dès qu’elle reconnut qu’elle n’avait pas à tolérer un
comportement impoli ou irrespectueux sous son toit. Mais qu’au contraire,
elle avait le pouvoir de contrôler ce qui s’y passait.

DONNEZ-VOUS AUX AUTRES LE POUVOIR DE VOUS


CONTRÔLER ?
Donner aux autres le pouvoir de contrôler la manière dont vous pensez,
ressentez, vous vous comportez rend mentalement moins fort. Est-ce que
certaines des affirmations ci-dessous vous correspondent ?

Vous vous sentez profondément offensé par les critiques ou les


remarques négatives, quelle qu’en soit la source.
Les autres ont la capacité de vous mettre dans une telle colère que
vous pouvez par la suite regretter ce que vous avez pu dire ou faire.
Vous avez modifié vos objectifs à la suite de ce qu’on a pu vous dire
sur la façon dont vous devriez mener votre vie.
Le déroulement de votre journée est étroitement lié au
comportement des personnes que vous rencontrez.
Quand on cherche à vous faire faire quelque chose en vous
culpabilisant, vous avez tendance à céder même si, au fond, vous ne
le souhaitez pas.
Vous vous efforcez d’être bien vu, car votre estime de vous-même
dépend énormément de la façon dont les autres vous perçoivent.
Vous passez beaucoup de temps à vous plaindre des autres et des
circonstances qui vous déplaisent.
Vous vous plaignez souvent de tout ce que vous « avez à faire » dans
la vie.
Vous faites votre possible pour éviter les émotions inconfortables
comme la gêne ou la tristesse.
Vous avez du mal à imposer des limites, puis vous en voulez aux
autres du temps et de l’énergie qu’ils vous volent.
Vous éprouvez facilement de la rancune à l’encontre d’une personne
qui vous a offensé ou blessé.

Vous retrouvez-vous dans certains de ces exemples ? Conserver votre


pouvoir, c’est avoir confiance en la personne que vous êtes et dans les choix
que vous faites, en dépit des personnes et des circonstances qui vous
entourent.

POURQUOI CÉDONS-NOUS NOTRE POUVOIR ?


Lauren souhaitait être quelqu’un de bien et elle pensait qu’être une bonne
épouse impliquait de tolérer sa belle-mère, quel que soit son comportement.
Elle avait l’impression qu’il serait irrespectueux de sa part de demander à sa
belle-mère de ne pas leur rendre visite et elle avait du mal à exprimer ses
émotions lorsqu’elle se sentait blessée. Lauren avait reçu une éducation
dans laquelle il fallait « tendre l’autre joue ». Avec de l’aide, cependant, elle
réalisa que poser des limites saines n’était ni odieux ni irrespectueux. Au
contraire, imposer ses conditions sur ce qui était autorisé ou non sous son
toit fut bénéfique pour sa famille et moins nuisible à sa santé mentale.
En refusant de poser des limites émotionnelles ou physiques entre vous et
les autres, vous prenez le risque de céder votre pouvoir aux autres. Peut-être
n’osez-vous pas dire non lorsqu’un voisin vous demande une faveur ? Ou
alors vous redoutez les appels de cet ami qui se plaint constamment ? Et
pourtant, à chacun de ses appels, vous ne pouvez vous empêcher de
décrocher à la première sonnerie. Chaque fois que vous évitez de dire non à
quelque chose que vous ne souhaitez pourtant pas faire, vous cédez votre
pouvoir. Si vous n’essayez pas de répondre à vos propres besoins, vous
autorisez les autres à prendre une partie de vous.
Un manque de frontières émotionnelles est tout autant dangereux. Si vous
n’aimez pas la façon dont une personne vous traite mais ne réagissez pas,
vous confiez à cette personne un certain pouvoir sur votre vie.

POURQUOI CÉDER LE POUVOIR AUX AUTRES EST-IL


PROBLÉMATIQUE ?
Lauren donna le pouvoir à sa belle-mère de décider quelle serait sa soirée.
Si Jackie se présentait chez eux, Lauren se sentait en colère et amère à
l’idée de ne pas passer un bon moment avec ses enfants. Lorsque Jackie ne
leur rendait pas visite, ces jours-là en revanche, elle se sentait plus
détendue. Elle laissa le comportement de Jackie interférer dans ses relations
avec ses enfants et dans son mariage.
Au lieu de passer son temps libre à discuter avec son mari et ses amies de
sujets plaisants, elle consumait toute son énergie à se plaindre de sa belle-
mère. Elle se portait même volontaire, parfois, pour travailler tard, car
l’idée de savoir Jackie chez eux ne l’excitait guère. Plus elle accordait de
pouvoir à Jackie et moins elle se sentait capable d’agir pour le reprendre.
Céder votre pouvoir comporte un grand nombre de risques :

Vos émotions dépendent d’autrui. Lorsque vous cédez votre pouvoir,


vos émotions sont complètement régies par les autres et les
circonstances extérieures. Votre vie prend alors l’allure d’une
montagne russe : lorsque tout va bien, vous allez bien, mais lorsque
les circonstances changent, ce sont aussi vos pensées, vos émotions
et vos comportements qui changent.
Vous laissez les autres décider de votre propre valeur. Si vous
laissez aux autres le pouvoir de déterminer votre « valeur », vous
aurez souvent l’impression de ne pas « valoir » grand-chose. Vous
serez seulement à la hauteur de l’opinion que l’on aura de vous et
vous ne recevrez jamais assez d’encouragements ou de
commentaires favorables si vous dépendez des autres pour vous
sentir content de vous-même.
Vous évitez d’affronter les vrais problèmes. En cédant son pouvoir,
on finit par se sentir impuissant. Au lieu de vous concentrer sur ce
que vous pourriez faire pour améliorer votre situation, vous trouvez
des excuses qui justifient vos problèmes.
Vous devenez la victime des circonstances. Vous deviendrez le
passager dans votre propre vie, plutôt que le pilote. Vous direz que
les autres vous culpabilisent ou vous obligent à vous comporter
d’une manière que vous n’aimez pas. Vous accablerez les autres au
lieu d’accepter d’endosser la responsabilité de vos choix.
Vous devenez ultra-sensible à la critique. Vous perdrez la capacité à
évaluer la critique. Vous prendrez à cœur tout ce qu’on pourra vous
dire. Vous accorderez bien plus de valeur à la parole de l’autre
qu’elle n’en possède réellement.
Vous perdez de vue vos objectifs. Vous ne pourrez pas construire la
vie dont vous rêvez en laissant aux autres le pouvoir de contrôler
vos buts. Vous ne pourrez pas atteindre vos objectifs en laissant les
autres se mettre en travers de votre route et vous empêcher
d’avancer.
Vous dégradez vos relations avec les autres. Si vous ne prenez pas la
parole lorsque vos sentiments sont blessés ou lorsque vous laissez
les autres s’immiscer dans votre vie malgré vos désirs, vous finirez
très certainement par leur en vouloir.

REPRENDRE LE POUVOIR
Si vous n’êtes pas sûr de vous, votre estime de vous-même risque de
dépendre uniquement de ce que les autres pensent de vous. Que se passera-
t-il si vous blessez quelqu’un ? Si on ne vous aime plus ? Vous serez peut-
être d’abord confronté à quelques réactions violentes en imposant des
barrières nécessaires dans votre vie. Mais avec une estime de vous-même
suffisamment forte, vous apprendrez à être capable d’en supporter les
conséquences.
Lauren découvrit qu’elle pouvait se montrer ferme avec sa belle-mère
tout en continuant à lui témoigner du respect. Puisque les confrontations la
terrifiaient, Lauren et son mari expliquèrent leurs inquiétudes à Jackie
ensemble. Tout d’abord, Jackie se sentit blessée lorsqu’ils lui annoncèrent
qu’elle ne pourrait plus venir chez eux tous les soirs. Ensuite, elle essaya
d’argumenter lorsqu’ils l’informèrent qu’elle n’aurait plus le droit de faire
des remarques désobligeantes sur les règles que Lauren choisissait
d’imposer à ses filles. Mais, avec le temps, Jackie comprit qu’elle devait
suivre leurs règles si elle voulait continuer de leur rendre visite.

IDENTIFIER LES PERSONNES QUI S’EMPARENT DE VOTRE


POUVOIR
Steven McDonald est l’exemple incroyable d’une personne qui a choisi de
ne pas céder son pouvoir. Alors qu’il travaillait comme officier de police
pour la ville de New York en 1986, l’officier McDonald enquêta sur de
récents vols de vélos et, dans ce cadre, alla interroger des adolescents à ce
sujet. L’un des jeunes en question, âgé d’une quinzaine d’années, saisit une
arme à feu et lui tira dans la tête et le cou. À la suite de cette attaque, il resta
paralysé du cou au pied.
L’officier McDonald survécut miraculeusement. Il passa ensuite dix-huit
mois à l’hôpital pour se remettre et apprendre à vivre sa nouvelle vie de
quadriplégique. Lorsque son accident se produisit, il était marié depuis huit
mois et son épouse était enceinte de six mois.
De façon remarquable, il décida avec sa femme de ne pas ressasser tout
ce dont cet adolescent les privait. Au contraire, ils firent le choix conscient
de lui pardonner. Quelques années plus tard, son assaillant l’appela
d’ailleurs de prison pour lui demander pardon. L’officier McDonald ne se
contenta pas d’accepter ses excuses, il lui dit qu’il espérait qu’un jour ils
pourraient traverser ensemble le pays et raconter leur histoire afin de
prévenir ce genre d’incidents violents. Ils n’eurent cependant jamais cette
chance, car, trois jours après sa sortie de prison, le jeune homme perdit la
vie dans un accident de moto.
L’officier McDonald se lança seul dans la mission dont il se sentait
investi : répandre son message de paix et de pardon. « Il aurait été pire de
nourrir une vengeance dans mon cœur que de recevoir une balle dans ma
colonne vertébrale », écrit-il dans son livre Why Forgive4 ? Il perdit peut-
être sa mobilité physique dans cette attaque, mais il ne laissa pas à cet acte
de violence ni même à son assaillant le pouvoir de ruiner sa vie. L’officier
McDonald est désormais un intervenant très recherché qui enseigne
l’amour, le respect et le pardon. Cet officier est l’exemple d’une personne
qui, victime d’un acte gratuit de violence, a choisi de ne pas perdre son
temps à céder son pouvoir à son assaillant.
Décider de pardonner à quelqu’un qui vous a blessé, que ce soit
physiquement ou moralement, ne veut pas dire que vous excusiez son
comportement ; cela veut dire, en revanche, que vous abandonniez toute la
colère contenue en vous. Cela vous permettra alors de consacrer votre
énergie à une cause plus importante.
Si vous avez passé votre vie à vous sentir la victime des circonstances, il
vous faudra accomplir un gros travail sur vous-même pour reconnaître que
vous avez le pouvoir de choisir le chemin que vous souhaitez suivre dans
votre vie. Le premier pas consiste à apprendre à repérer les situations dans
lesquelles vous accablez les autres ou les circonstances extérieures pour la
façon dont vous pensez, ressentez et vous comportez. Passez en revue
toutes les personnes auxquelles vous accordez la plus grande partie de votre
temps et de votre énergie. Sont-elles bien celles à qui vous souhaitez
l’accorder ? Si ce n’est pas le cas, il se peut que vous leur accordiez bien
plus de pouvoir qu’elles ne le méritent à vos yeux.
À chaque seconde où vous vous lamentez auprès de vos collègues d’être
injustement traité par votre chef, vous cédez à celui-ci un peu plus de votre
pouvoir. Chaque fois que vous vous plaignez auprès de vos amies de
l’emprise que votre belle-mère a sur vous, vous lui cédez un peu plus de
votre pouvoir. Décidez-vous à ne plus donner votre temps et votre énergie à
des personnes que vous ne souhaitez pas voir jouer un grand rôle dans votre
vie.

APPRENDRE À REFORMULER
Conserver le pouvoir, c’est parfois simplement changer la manière de
regarder votre situation. Les formulations qui indiquent que vous cédez
votre pouvoir incluent des phrases de ce genre :

« Mon chef me met dans une colère folle. » Il se peut que vous
n’appréciez pas le comportement de votre chef, mais est-ce lui qui
vous met en colère réellement ? Son comportement influence peut-
être ce que vous ressentez, mais il ne vous oblige pas à ressentir
quoi que ce soit.
« Mon petit ami m’a quittée parce que je ne suis pas assez bien pour
lui. » Est-ce vraiment que vous n’êtes pas assez bien ou est-ce
l’opinion d’une seule personne ? Si vous demandez l’avis de cent
personnes, pensez-vous vraiment obtenir un consensus ? Ce n’est
pas parce qu’une personne, seule, émet un jugement que cela le rend
juste. Ne laissez pas le point de vue d’une seule personne déterminer
qui vous êtes.
« Ma mère me donne des complexes parce qu’elle est sans arrêt en
train de me critiquer. » En tant qu’adulte, êtes-vous vraiment obligé
d’écouter les critiques répétées de votre mère indéfiniment ? Est-ce
que ces commentaires que vous n’aimez pas doivent vraiment
diminuer l’estime que vous avez de vous-même ?
« Je dois inviter mes beaux-parents à dîner tous les dimanches
soir. » Est-ce que vos beaux-parents vous forcent vraiment à les
inviter ou est-ce un choix que vous faites parce que c’est important
pour votre famille ?

PENSER AVANT DE RÉAGIR


Rachel est venue me consulter avec sa fille parce que celle-ci refusait de
l’écouter. Quoi qu’elle demande à sa fille, celle-ci refusait en bloc. J’ai alors
demandé à Rachel de me décrire sa réaction lorsque sa fille refusait de
suivre ses directives. Exaspérée, elle m’a répondu : « Je crie et on se
dispute. » Chaque fois que sa fille lui dit « non », Rachel lui dit en criant :
« Fais-le ! »
Elle ne le comprenait pas encore, mais elle cédait ainsi une part
importante de pouvoir à sa fille. Chaque minute passée à la disputer était
une minute supplémentaire pendant laquelle sa fille ne rangeait pas sa
chambre. Chaque fois qu’elle perdait son sang-froid, Rachel cédait un peu
plus de son pouvoir. Au lieu de contrôler le comportement de sa fille, elle
donnait à sa fille le pouvoir de la contrôler.
Si quelqu’un tient des propos que vous n’aimez pas et que vous vous
mettez à crier ou à argumenter, vous accordez à ces propos qui vous
déplaisent beaucoup de pouvoir. Faites l’effort de réfléchir à la manière
dont vous souhaitez vous comporter avant de réagir. Dès que vous perdez
votre calme, vous leur cédez votre pouvoir. Voici quelques stratégies que
vous pourrez essayer lorsque vous vous sentirez tenté de réagir de façon
négative :

Respirez profondément. La contrariété et la colère entraînent un


certain nombre de réactions physiques dans le corps : une
respiration plus rapide, des battements de cœur plus vifs et un excès
de transpiration pour ne citer que quelques exemples. Inspirer et
expirer profondément et lentement pourra vous aider à détendre vos
muscles et à atténuer votre réponse physiologique, ce qui, en retour,
pourra diminuer votre réactivité émotionnelle.
Retranchez-vous par rapport à la situation. Plus vous vous sentirez
touché émotionnellement et moins vous réussirez à penser de façon
rationnelle. Apprenez à reconnaître comment se manifestent les
signes avant-coureurs de la colère chez vous – tremblement ou
rougeur par exemple – et détachez-vous de la situation avant de
perdre votre calme. Vous pourrez le faire en disant des phrases
comme celle-ci : « Je ne souhaite pas parler de cela maintenant », ou
simplement en quittant la pièce.
Distrayez-vous. N’essayez pas de résoudre un problème ou d’en
discuter lorsque vous vous sentez touché émotionnellement. Essayez
plutôt de vous distraire, en allant vous promener ou en lisant un livre
par exemple, pour vous aider à vous calmer. Oublier le problème,
même quelques minutes, pourra vous aider à retrouver votre sang-
froid et à penser de façon plus rationnelle.

APPRÉCIER LES COMMENTAIRES À LEUR JUSTE VALEUR


Peu de temps avant de sortir un album qui se vendit à plus de dix millions
d’exemplaires, Madonna reçut une lettre de refus du président de
Millennium Records qui disait : « La seule chose qui manque à votre projet,
c’est la substance. » Si Madonna avait laissé cette lettre définir son aptitude
à chanter ou à composer des chansons, elle aurait pu abandonner. Mais,
heureusement, elle continua à chercher des occasions de percer dans
l’industrie musicale et, peu de temps après avoir reçu cette lettre de refus,
elle signa un contrat qui lança sa carrière. En l’espace de quelques
décennies, Madonna fut reconnue comme la plus grande chanteuse de tous
les temps par le Guinness des records. Elle remporta bien d’autres records
encore et arriva deuxième au classement des meilleurs artistes de tous les
temps établi par le magazine américain Billboard – juste derrière les
Beatles.
Il est presque certain que tous ceux qui ont réussi ont connu un même
rejet. En 1956, Andy Warhol essaya de donner un de ses tableaux au
Museum of Modern Art, mais celui-ci le refusa, même gratuitement.
Quelques années plus tard, en 1989, ses tableaux devinrent si célèbres
qu’on lui dédia son propre musée. Le musée Andy Warhol est le plus grand
musée aux États-Unis consacré à un seul artiste. Il est évident que chacun a
sa propre opinion, mais ceux qui réussissent ne laissent pas une seule
personne définir qui ils sont.
Pour conserver votre pouvoir, vous devrez apprendre à évaluer les
commentaires et à déterminer si vous pouvez leur accorder de la crédibilité.
Entendre une critique nous permet parfois d’ouvrir les yeux sur la façon
dont les autres nous perçoivent et ainsi d’effectuer un changement positif –
un ami vous fait remarquer une mauvaise habitude ; votre épouse vous fait
prendre conscience d’un comportement égoïste – mais, dans d’autres cas,
une critique peut être le reflet de la personne qui l’émet. Des êtres en colère
se permettront de dispenser régulièrement des critiques cruelles pour
soulager leur stress. Ou des individus souffrant d’une basse estime d’eux-
mêmes se sentiront peut-être mieux s’ils rabaissent les autres. Il est très
important d’évaluer la source de la critique avant de décider comment vous
allez réagir.
Lorsque vous recevez une critique ou une remarque négative, attendez un
peu avant de répondre. Si vous êtes bouleversé ou vous sentez
émotionnellement réactif, prenez le temps de retrouver votre calme. Puis
posez-vous les questions suivantes :

Qu’est-ce qui prouve que ces remarques sont vraies ? Par exemple,
si votre chef dit que vous êtes paresseux, rappelez-vous des
situations où vous n’avez pas, en effet, fourni un très grand travail.
Qu’est-ce qui prouve qu’elles sont fausses ? Souvenez-vous de
toutes les fois où vous avez travaillé dur et vous êtes montré très
impliqué.
Quelles raisons pourrait avoir cette personne de me faire une telle
remarque ? Prenez un peu de recul et essayez de réfléchir aux
raisons que peut avoir cette personne de vous juger ainsi. S’appuie-
t-elle sur un seul fait ? Par exemple, votre chef vous aura regardé
travailler un jour où vous aviez la grippe et en aura conclu que vous
n’étiez pas très productif. Ses conclusions ne seront alors peut-être
pas nécessairement fidèles à la réalité.
Ai-je envie de changer certains de mes comportements ? Parfois,
vous déciderez peut-être de modifier votre comportement si vous
êtes d’accord avec les critiques qui vous sont faites. Par exemple, si
votre chef vous dit que vous êtes paresseux, vous reconnaîtrez peut-
être ne pas avoir fourni assez d’efforts ou ne pas avoir été assez
impliqué. Vous pourrez alors décider de venir plus tôt et de partir
plus tard, car il est important pour vous d’être un bon employé. Mais
rappelez-vous, cependant, que votre chef ne vous force pas à agir
différemment. Vous choisissez de changer parce que vous le voulez,
et non parce que vous le devez.

Gardez toujours à l’esprit que la perception qu’une seule personne a de


vous ne rend pas cette perception juste. Vous pouvez choisir,
respectueusement, de ne pas être d’accord et de passer votre chemin sans
dépenser votre temps et votre énergie à essayer de changer le point de vue
que l’autre a sur vous.

REPRENDRE POSSESSION DE VOS CHOIX


Rares sont les choses dans la vie que nous avons l’obligation de faire, mais,
la plupart du temps, nous nous convainquons que nous n’avons pas le
choix. Au lieu de déclarer : « Je dois aller au travail demain », rappelez-
vous que c’est, au contraire, un choix. Si vous choisissez de ne pas vous
rendre au travail, il y aura des conséquences. Vous ne serez peut-être pas
payé ou vous risquerez peut-être de perdre votre travail. Mais c’est un
choix.
Se souvenir que chaque chose que l’on fait, pense et ressent repose sur un
choix est extrêmement libérateur. Si vous avez passé votre vie à vous sentir
la victime des circonstances, cela vous demandera des efforts pour
reconnaître que vous avez le pouvoir de vous créer la vie que vous
souhaitez vivre.

POURQUOI REPRENDRE LE POUVOIR VOUS RENDRA-


T-IL PLUS FORT ?
Vous ne deviendrez pas une des personnes les plus influentes au monde en
cédant votre pouvoir. Demandez à Oprah Winfrey5 ce qu’elle en pense.
Oprah grandit dans des conditions extrêmes de pauvreté et fut abusée,
sexuellement, par plusieurs personnes durant son enfance. Elle se retrouva
ballottée entre son père, sa mère et sa grand-mère et, adolescente, s’enfuit
souvent de chez elle. Elle tomba enceinte à quatorze ans, mais le bébé
décéda peu de temps après sa naissance.
Durant ses années de lycée, elle commença à travailler pour une station
de radio locale. Elle gravit les échelons au sein des médias et obtint,
finalement, un poste de présentatrice de nouvelles télévisées. Mais elle fut
plus tard démise de cette fonction.
Elle ne laissa cependant pas l’opinion d’une seule personne, sur ses
aptitudes, l’arrêter. Elle lança son propre talk-show, lequel, lorsqu’elle eut
trente-deux ans, devint un succès national. À l’âge de quarante et un ans, on
évalua ses biens à plus de trois cent quarante millions de dollars. Oprah
possède aujourd’hui ses propres magazine, émission de radio et réseau de
télévision et a également coécrit cinq ouvrages. Elle a même remporté un
Academy Award et a mis sur pied de nombreuses associations caritatives
pour venir en aide aux personnes dans le besoin, entre autres une école de
leadership pour les filles en Afrique du Sud.
Oprah n’a pas laissé son enfance ou un ancien employeur lui enlever son
pouvoir. Après avoir été si pauvre qu’on s’était un jour moqué de ses robes
faites dans des sacs de pommes de terre, elle a été déclarée une des femmes
les plus influentes de la planète par la CNN et le Time. Statistiquement, les
conditions dans lesquelles elle avait grandi auraient laissé présager un
sombre avenir. Mais Oprah n’a pas laissé une statistique décider de ce
qu’elle deviendrait dans la vie et a refusé de céder son pouvoir.
Lorsque vous déciderez que personne d’autre que vous n’aura le pouvoir
de contrôler vos émotions, vous vous sentirez tout-puissant. Voici d’autres
façons de garder votre pouvoir pour devenir mentalement plus fort :

Vous concevrez une meilleure opinion de vous si vos choix se


fondent sur ce qui est le mieux pour vous plutôt que sur ce qui aura
le moins de répercussions.
En acceptant la responsabilité de vos comportements, vous devenez
responsable de vos progrès vers les objectifs que vous vous êtes
fixés.
Vous ne serez plus forcé de faire ce que vous ne voulez pas en vous
culpabilisant, ou ce que vous pensez que les autres veulent.
Vous pourrez consacrer votre temps et votre énergie à ce que vous
avez choisi. Vous n’aurez plus à en vouloir aux autres de vous faire
perdre votre temps ou de gâcher votre journée.
Garder son pouvoir réduit les risques de dépression, d’anxiété et
d’autres troubles psychologiques. Beaucoup de maladies de l’esprit
naissent, en effet, d’un sentiment de désespoir et d’impuissance. En
décidant de ne pas accorder aux autres ou aux circonstances
extérieures le pouvoir de contrôler vos émotions et votre
comportement, vous maîtriserez davantage votre santé mentale.

Lorsque vous en voulez à quelqu’un, la colère et le ressentiment que vous


pouvez éprouver ne diminuent en rien la vie de l’autre. Au contraire, ces
sentiments de colère et de ressentiment offrent à cette personne le pouvoir
de nuire à la qualité de votre vie. Choisir de pardonner vous permet de
redevenir maître non seulement de votre bien-être psychologique, mais
aussi de votre santé physique. Plusieurs recherches ont prouvé les bienfaits
du pardon sur la santé.
En voici quelques exemples :

Le pardon réduit le stress. Au fil des ans, un certain nombre de


recherches ont prouvé qu’en vouloir à quelqu’un laissait le corps
dans un état de stress. En pratiquant le pardon, vous réduisez votre
pression artérielle et la fréquence de vos battements cardiaques.
Choisir de pardonner augmente la tolérance à la douleur. En 2005,
une étude6 menée sur des patients souffrant de douleurs lombaires
chroniques a révélé que la colère augmente la détresse
psychologique et diminue la tolérance à la douleur. Un désir de
pardonner en revanche est associé à une plus grande tolérance à la
douleur.
Un pardon sans limites pourrait vous aider à vivre plus longtemps.
En 2012, une étude publiée dans le Journal of Behavioral Medicine7
a montré que lorsqu’une personne pardonnait sous certaines
conditions – si l’autre s’excusait ou promettait de ne pas
recommencer –, son risque de mourir plus jeune augmentait. Vous
n’avez pas le pouvoir d’obtenir que telle ou telle personne s’excuse.
Attendre de pardonner une personne jusqu’à ce qu’elle s’excuse lui
donne un pouvoir non seulement sur votre vie mais peut-être aussi
sur votre mort.

AIDE-MÉMOIRE
Mesurez votre « pouvoir » et observez comment vous le cédez
volontairement. C’est un travail éreintant, mais doper sa force mentale
nécessite de conserver chaque parcelle de votre pouvoir pour vous-même.

CE QUI AIDE

Opter pour des formulations qui reconnaissent qu’un choix est


possible, du type « je choisis de… »
Mettre des barrières émotionnelles et physiques entre soi et les
autres
Avoir un comportement proactif en choisissant, en toute
conscience, la manière dont vous choisirez de répondre aux
autres
Prendre la responsabilité de la manière dont vous choisissez de
dépenser votre temps et votre énergie
Choisir de pardonner, que l’autre cherche à faire amende
honorable ou non
Choisir d’examiner les remarques et critiques sans
nécessairement en tirer des conclusions hâtives

CE QUI N’AIDE PAS

Choisir des formulations qui vous posent en victime, du type « je


dois faire ça » ou « mon chef m’a mis dans une colère folle »
Ressentir de la colère ou du ressentiment envers des
personnes à qui vous octroyez le droit d’enfreindre vos lois
Réagir d’une certaine façon, puis en vouloir aux autres de vous
« avoir mis » dans cet état
Faire ce que vous ne voulez pas faire, puis en vouloir aux
autres de vous y avoir « obligé »
Choisir d’en vouloir à quelqu’un et cultiver la colère et le
ressentiment
Laisser les remarques et les critiques dicter la manière dont
vous vous percevez

4. Johann Christoph Arnold, Why Forgive ? Walden, Plough Publishing House, 2014. Ouvrage à
paraître en français (NdT).
5. Voir Kitty Kelley, Oprah : A Biography, New York, Three Rivers Press, 2011. Ouvrage non
disponible en français (NdT).
6. J. Carson, F. Keefe, V. Goli, A. Fras, T. Lynch, S. Thorp et J. Buechler, « Forgiveness and Chronic
Low Back Pain : A Preliminary Study Examining the Relationship of Forgiveness to Pain, Anger,
and Psychological Distress », Journal of Pain, 2005, no 6, p. 84-91. Non disponible en français
(NdT).
7. L. L. Toussaint, A. D. Owen et A. Cheadle, « Forgive to Live: Forgive-ness, Health, and
Longevity », Journal of Behavioral Medicine 35, 2012, no 4, p. 375-386. Non disponible en français
(NdT).
Chapitre 3

N’ayez pas peur des changements


Ce n’est pas que certaines personnes ont de la volonté, et d’autres pas…
C’est que certains sont prêts à changer, et d’autres pas.
JAMES GORDON

Richard entra dans mon cabinet parce qu’il trouvait qu’il ne réussissait pas
à améliorer sa santé physique. Âgé de quarante-quatre ans, il avait une
bonne trentaine de kilos à perdre et venait de découvrir qu’il souffrait de
diabète.
À la suite de ce diagnostic, il avait pris rendez-vous avec une
nutritionniste qui lui avait expliqué les changements dans ses habitudes
alimentaires auxquels il devrait se soumettre pour perdre du poids et
contrôler le taux de sucre dans son sang. Il commença par éliminer
drastiquement toutes les cochonneries qu’il mangeait régulièrement. Il alla
jusqu’à jeter toutes les crèmes glacées, les gâteaux et les boissons sucrées
qu’il trouvait sous son toit. Mais après deux jours de ce régime, il racheta
encore plus de sucreries et replongea dans ses anciennes habitudes.
Il savait aussi qu’il lui faudrait augmenter son activité physique s’il
voulait améliorer sa santé. Après tout, le sport ne lui était pas
complètement étranger. Durant ses années de lycée, il avait été un athlète
très prisé sur les terrains de football et de basketball. Mais aujourd’hui, il
passait la plupart de son temps assis derrière un ordinateur. Il travaillait de
longues heures et n’était pas certain de trouver le temps de faire du sport. Il
s’était inscrit dans une salle de gym mais n’y avait mis les pieds qu’à deux
reprises. Il rentrait souvent du travail exténué et avait déjà l’impression de
ne pas passer assez de temps auprès de sa femme et de ses enfants.
Richard me dit qu’il souhaitait vraiment améliorer sa santé mais qu’il se
sentait découragé. Même s’il comprenait les risques liés à son surpoids et
les dangers qu’il encourait s’il ne surveillait pas son diabète, il ne trouvait
pas la motivation nécessaire pour changer ses mauvaises habitudes.
Il m’apparut évident qu’il essayait de tout changer trop vite, ce qui, selon
moi, finit toujours par conduire au désastre. Je lui recommandai alors de
changer une seule chose à la fois et il décida que, pour cette première
semaine, il renoncerait aux cookies qu’il mangeait habituellement à son
bureau l’après-midi. Il était important de remplacer cette habitude par une
autre – il décida de grignoter plutôt des bâtonnets de carotte.
Je lui conseillai également de commencer à chercher un groupe de
soutien. Il accepta d’en rejoindre un pour diabétiques. Au cours des
semaines qui suivirent, nous discutâmes également des moyens d’impliquer
davantage sa famille dans son nouveau mode de vie. Sa femme
l’accompagna à plusieurs séances de thérapie et découvrit comment elle
pouvait, elle aussi, l’aider à retrouver la forme. Elle décida de ne plus
acheter autant de sucreries quand elle ferait les courses et commença à
rechercher, avec Richard, des menus plus équilibrés.
Nous discutâmes également d’un programme sportif réaliste. Richard me
dit que, presque tous les jours, il quittait la maison en prévoyant d’aller à la
salle de sport après le travail mais finissait toujours par se démotiver et par
rentrer à la maison directement. Nous nous mîmes d’accord sur le fait qu’il
irait à la salle de sport trois fois par semaine et qu’il programmerait ses
trois « séances » dans son emploi du temps. Il conserva également, dans sa
voiture, une liste qui recensait les avantages d’aller à la gym. Les jours où
il ne se sentait pas trop motivé, il lisait sa liste et cela lui rappelait qu’aller
à la salle de sport était la meilleure solution, même s’il n’en avait pas
envie.
Dans les deux mois qui suivirent, Richard commença à perdre du poids.
Cependant, son taux de sucre était toujours relativement élevé. Il avoua
continuer à manger beaucoup de sucreries le soir devant la télévision. Je
l’encourageai à chercher un moyen de rendre ces sucreries moins
accessibles. Il décida alors de ranger toutes ses « petites douceurs » au
sous-sol. Ainsi, lorsqu’il s’aventurerait dans la cuisine dans la soirée, il lui
serait plus facile de prendre un en-cas plus équilibré. S’il avait toujours
envie d’un gâteau, il devait d’abord se demander s’il avait envie de
descendre au sous-sol et, la plupart du temps, il préférait se contenter de
quelque chose de léger. Dès qu’il commença à prendre conscience de ses
progrès, il jugea plus facile d’adopter davantage de changements. Il trouva
finalement les raisons nécessaires pour continuer à perdre du poids et à
maîtriser son taux de sucre.

CHANGER OU NE PAS CHANGER ?


Même s’il est souvent facile de dire que l’on veut changer, y parvenir est
bien plus difficile. Nos pensées et nos émotions nous empêchent souvent
d’opérer un changement de comportement, même si ce dernier peut
améliorer notre vie.
Bien souvent, pourtant, nous évitons les changements qui pourraient
améliorer nos vies de façon drastique. Est-ce que certaines de ces
affirmations s’appliquent à vous ?

Vous avez tendance à justifier vos mauvaises habitudes en vous


convainquant qu’elles ne sont « pas si mauvaises ».
Un changement de routine vous angoisse.
Même lorsque vous vous trouvez dans une situation difficile, vous
avez peur que les changements que vous pourriez effectuer
l’aggravent encore.
Dès que vous essayez de changer, vous avez du mal à poursuivre
vos efforts.
Lorsque votre chef, votre famille ou vos amis effectuent des
changements qui vous concernent, vous avez du mal à vous y
adapter.
Vous pensez beaucoup aux changements que vous pourriez effectuer
et puis vous les remettez au lendemain.
Vous avez peur que les changements que vous effectuez ne durent
pas.
L’idée de sortir de votre zone de confort vous semble trop
effrayante.
Vous manquez de motivation pour adopter des changements positifs
parce que vous trouvez cela trop dur.
Vous arrivez toujours à justifier votre incapacité à changer en
invoquant ce genre d’excuses : « Je voudrais faire plus de sport,
mais ma femme ne veut pas m’accompagner. »
Vous avez du mal à vous souvenir de la dernière fois où vous vous
êtes lancé le défi de vous améliorer.
Vous hésitez à faire des choses nouvelles, car cela semble requérir
une trop grande implication.

Vous retrouvez-vous dans certaines de ces affirmations ? Même si les


circonstances extérieures changent à vive allure, nous, êtres humains,
changeons de manière bien plus lente. Choisir d’entreprendre quelque chose
de nouveau nécessite souvent d’adapter notre mode de pensée et notre
comportement, ce qui procure souvent des émotions désagréables. Mais
cela ne veut pas dire que nous devons les éviter.

POURQUOI ÉVITONS-NOUS LES CHANGEMENTS ?


Richard a voulu changer trop vite et s’est vite vu dépasser par les
évènements. Dès qu’il se mettait en tête que cela allait être trop pénible, il
s’autorisait à abandonner. Lorsqu’il observa des résultats favorables, en
revanche, ses pensées devinrent plus positives et il lui fut alors plus facile
de rester motivé. Beaucoup d’entre nous évitent les changements parce
qu’ils jugent trop risqué ou désagréable de les accomplir.
TYPES DE CHANGEMENTS
Nous pouvons faire l’expérience de différents types de
changements. Certains pourront vous sembler plus faciles que
d’autres :

Tout ou rien – Certains changements se font par étapes


alors que d’autres sont irrévocables. Décider d’avoir un
enfant n’est pas quelque chose qui se fait par étapes par
exemple. Une fois que cet enfant naît, votre vie change du
tout au tout.
Changement d’habitudes – Vous pouvez choisir de perdre
de mauvaises habitudes, comme arrêter de vous coucher
tard, ou vous pouvez choisir de prendre de bonnes
habitudes, comme de faire du sport cinq fois par semaine.
La plupart de ces changements vous permettent d’essayer
quelque chose de nouveau, mais vous avez toujours la
possibilité de revenir à vos anciennes habitudes.
Essayer quelque chose de nouveau – Parfois les
changements impliquent d’essayer quelque chose de
nouveau ou d’ajouter quelque chose à votre vie
quotidienne, comme de faire du bénévolat dans un hôpital
ou prendre des cours de violon.
Changement comportemental – Dans cer-tains cas, les
changements comportementaux ne concernent pas une
habitude. Par exemple, vous souhaiteriez vous rendre à
toutes les compétitions sportives de votre enfant ou vous
voudriez vous montrer plus amical.
Changement émotionnel – Tous les changements ne sont
pas tangibles. Parfois, ils sont d’ordre émotionnel. Par
exemple, si vous souhaitez être moins irritable, vous devrez
examiner les pensées et les comportements qui contribuent
à votre irritabilité.
Changement cognitif – Vous aurez parfois envie de
changer votre mode de pensée. Par exemple, vous
souhaiteriez moins ressasser le passé ou réduire les
pensées qui vous inquiètent.

ÊTRE PRÊT POUR LE CHANGEMENT


Les résolutions de la nouvelle année ne sont bien souvent pas conservées
parce que nous essayons de changer à partir d’une date particulière, et non
parce que nous nous y sentons prêts. Et si vous n’êtes pas prêt à effectuer un
changement, vous aurez du mal à vous y tenir. Même les tout petits
changements, comme celui d’utiliser du fil dentaire chaque jour ou de ne
plus grignoter avant d’aller vous coucher, exigent une certaine implication.

LES CINQ ÉTAPES DU CHANGEMENT

1. Pré-contemplation – En phase de pré-contemplation, on n’a pas


encore identifié son besoin de changement. Richard avait « pré-
contemplé » l’idée d’améliorer sa santé pendant des années. Il
évitait de se rendre chez le docteur, il refusait de monter sur la
balance et il ignorait les commentaires inquiets de sa femme
quant à sa santé.
2. Contemplation – Les personnes « contemplatives » considèrent
activement les avantages et les inconvénients que produirait tel ou
tel changement. Lorsque j’ai rencontré Richard, il était
contemplatif. Il savait que de ne pas changer ses habitudes
alimentaires pouvait avoir de sérieuses conséquences, mais il ne
savait pas pour autant comment « créer » ce changement.
3. Préparation – C’est lors de cette étape qu’on se prépare au
changement. On établit un plan d’action avec des mesures
concrètes correspondant à ce qu’on va devoir modifier. En phase
de préparation, Richard planifia les jours où il irait faire du sport
et quel aliment il remplacerait par un autre.
4. Action – C’est lors de cette étape qu’a lieu le changement
comportemental. Richard commença à se rendre à la salle de sport
et remplaça ses cookies par des carottes.
5. Entretien – Cette étape souvent négligée est pourtant essentielle.
Richard allait devoir s’y prendre à l’avance s’il voulait maintenir
les changements apportés à son mode de vie lorsqu’il
rencontrerait des obstacles, tels que les vacances.

LA PEUR
Lorsque j’ai rencontré Andrew pour la première fois, il était coincé dans un
travail sous-payé et peu stimulant. Il possédait un diplôme d’enseignement
supérieur – et un prêt étudiant pour le prouver – mais il travaillait cependant
dans un domaine éloigné de sa spécialité. Il avait peu de chances de
progresser au sein de cette entreprise.
Quelques mois avant notre rencontre, il avait eu un accident de voiture.
En plus de se retrouver avec une voiture hors service, il accumula des frais
médicaux importants. Étant mal assuré pour sa santé comme pour sa
voiture, il connut de sérieux problèmes d’argent.
En dépit du stress que lui procurait sa situation financière, Andrew était
effrayé à l’idée de postuler ailleurs. Il avait peur de ne pas aimer un autre
travail et perdit confiance en ses aptitudes. Il s’angoissait également à l’idée
de devoir s’habituer à un nouveau bureau, un nouveau chef et de nouveaux
collègues.
J’aidai Andrew à examiner les avantages et les inconvénients
qu’entraînerait un nouvel emploi. Lorsque Andrew se pencha sur son
budget, il commença à voir plus clairement la réalité de sa situation. S’il
restait dans son emploi actuel, il serait dans l’incapacité de payer ses
factures tous les mois. Sans même une seule facture imprévue, il lui
manquerait au moins deux cents euros par mois pour qu’il puisse toutes les
honorer. Face à la réalité, Andrew trouva la motivation nécessaire pour
commencer à postuler ailleurs. La peur de ne pas réussir à payer ses dettes
dépassait celle de trouver un nouvel emploi mieux rémunéré.
Tout comme Andrew, beaucoup s’inquiètent de voir un changement
aggraver encore leur situation. Peut-être n’aimez-vous pas la maison dans
laquelle vous vivez, mais vous redoutez qu’une nouvelle maison ne vous
cause de plus grands tracas. Ou peut-être avez-vous peur de mettre fin à une
relation amoureuse par peur de ne pas retrouver quelqu’un de mieux. Vous
vous persuadez alors de vous contenter de ce que vous avez, même si cela
ne vous rend pas heureux.

ÉVITER L’INCONFORT
Beaucoup associent le changement à l’inconfort. Et souvent, ils sous-
estiment leur capacité à supporter le léger inconfort qui accompagne un
changement comportemental. Richard était conscient des changements
qu’ils devraient opérer pour améliorer sa santé, mais il ne voulait pas
renoncer à un type de nourriture qu’il aimait trop ni ne voulait endurer les
possibles douleurs musculaires qu’entraînerait un effort physique. Il avait
également peur que perte de poids ne rime avec sensation de faim. Toutes
ces réalités l’effrayaient, mais il n’avait pas encore réalisé qu’il ne s’agissait
que de petits désagréments, rien de plus sérieux. C’est seulement lorsqu’il
commença à se sentir capable de supporter l’inconfort qu’il eut l’envie
d’opérer de vrais changements.

LA PEINE
Tiffany commença une thérapie dans le but de l’aider à changer son
comportement dépensier. Ses séances de shopping étaient devenues
incontrôlables et le solde débiteur de sa carte de crédit la stressait. Elle ne
voulait pas continuer à dépenser mais, en même temps, elle ne souhaitait
pas changer. Lorsque nous commençâmes à discuter de ce qui la dérangerait
si elle devait se mettre à respecter un budget, elle découvrit qu’elle ne
souhaitait pas renoncer au temps passé avec ses amies, car elles allaient
faire les magasins ensemble les samedis après-midi. Elle pensait que
l’unique moyen de refréner ses dépenses était de ne plus voir ses copines,
ce qui, selon elle, la condamnerait à la solitude.
Faire différemment une chose revient souvent à renoncer à une autre.
Une peine est souvent associée à ce renoncement. Pour nous épargner ce
chagrin, nous pouvons nous convaincre de ne pas opérer de changement.
Tiffany aurait préféré continuer à passer sa journée au centre commercial
avec ses amies plutôt qu’éviter de se retrouver sans un sou.

POURQUOI LA PEUR DU CHANGEMENT EST-ELLE


PROBLÉMATIQUE ?
Chercher à éviter à tout prix les changements peut avoir de graves
conséquences. Dans le cas de Richard, se complaire dans ses anciennes
habitudes aurait pu le conduire vers la mort. Plus il repoussait les
changements et plus les dommages qu’il aurait à souffrir seraient
irréversibles.
Mais éviter les changements n’a pas nécessairement que des
conséquences physiques. Stagner peut aussi empêcher une évolution dans
d’autres domaines de votre vie :
Rester le même équivaut souvent à rester enlisé dans sa routine. La
vie peut devenir très ennuyeuse si l’on ne cherche pas à agir
autrement. Une personne qui décide simplement de se contenter de
l’ordinaire ne risque pas de vivre des expériences riches et pourra
facilement montrer des signes de dépression.
Vous n’apprendrez rien de neuf. Le monde continuera à changer, que
ce soit avec ou sans vous. Ne pensez pas que si vous choisissez de
ne pas changer, cela empêchera les autres d’adopter des
changements. Vous risquez de finir par prendre la poussière si vous
continuez à ne jamais rien changer dans votre vie.
Votre vie ne risque pas de s’améliorer. Si vous ne changez pas, vous
ne pourrez pas rendre votre vie meilleure. Un grand nombre de
problèmes qui attendent d’être résolus nécessitent un changement.
Mais si vous ne souhaitez pas changer, ces problèmes ne se
résoudront pas d’eux-mêmes.
Vous ne serez pas incité à prendre de bonnes habitudes. Il est très
facile de contracter de mauvaises habitudes. Les rompre nécessite la
volonté d’essayer quelque chose de nouveau.
Vous sentirez naître un décalage entre vous et les autres. « Mon
mari n’est pas le même homme que celui que j’ai épousé il y a trente
ans » est un reproche que j’entends fréquemment dans mon cabinet.
Ce à quoi je réponds habituellement : « Espérons-le. » J’espère, en
effet, que chacun évolue et change au cours de trente ans. Si vous ne
souhaitez pas vous lancer le défi d’essayer de vous améliorer, les
autres pourront simplement se désintéresser de vous.
Plus on attend et plus il est difficile de changer. Pensez-vous qu’il
est plus facile d’arrêter de fumer après la première cigarette ou après
vingt ans de tabagisme ? Plus vous vous complaisez dans une
habitude et moins il devient facile de s’en défaire. Souvent, les gens
attendent le « bon moment » pour opérer un changement. J’entends
souvent dire : « Je chercherai du travail quand les choses se
calmeront » ou « Je commencerai un régime après les vacances ».
Mais, dans la réalité, le bon moment ne se présente que rarement.

ACCEPTER LE CHANGEMENT
J’ai d’abord entendu parler de Mary Deming par une de ses amies qui ne
tarissaient pas d’éloges à son sujet. Et, en entendant l’histoire de Mary, j’ai
compris pourquoi. Mais c’est seulement le jour où je lui ai parlé que j’ai
vraiment compris.
Lorsque Mary eut 18 ans, on annonça à sa mère qu’elle souffrait d’un
cancer du sein. Trois courtes années plus tard, sa mère disparaissait. Mary
admit qu’à la suite du décès de sa mère, elle s’enfouit la tête dans le sable.
Elle dit qu’elle a vacillé entre un sentiment de pitié pour elle-même – son
père décéda lorsque Mary était adolescente et elle trouvait injuste de se
retrouver « orpheline » à vingt et un ans – et le besoin de remplir sa vie
d’une multitude d’activités pour ne pas avoir à faire face à la réalité.
Mais, en 2000, alors âgée de cinquante ans – l’âge auquel son père
décéda –, Mary commença à penser à sa propre mortalité. Cette année-là,
Mary, qui était alors professeur de lycée, chaperonna un gala de
bienfaisance organisé par l’école en faveur de la recherche contre le cancer.
Elle eut alors l’occasion de rencontrer des personnes qui, comme elle,
avaient vu le cancer emporter des êtres chers et cela lui donna l’envie de se
rendre utile. Elle commença à organiser des évènements pour récolter de
l’argent en faveur de la recherche contre le cancer.
Elle leva d’abord des fonds pour la marche « Relais pour la vie »
organisée par l’American Cancer Society. Puis, en 2008, elle rejoignit la
marche de trois jours sponsorisée par Susan G. Komen, et spécialement
destinée à recueillir des fonds pour la recherche contre le cancer du sein.
Mary avait toujours été compétitive, et quand elle vit les sommes que les
autres arrivaient à réunir, elle passa à la vitesse supérieure et récolta, seule,
la somme de 38 000 dollars (1000 dollars pour chaque année écoulée depuis
la disparition de sa mère).
Mais au lieu de se féliciter elle-même pour son beau travail, Mary
attribua tout le mérite à toutes les personnes qui, dans sa petite ville,
l’avaient aidée à récolter cet argent. Sa participation à tous ces évènements
lui fit prendre conscience que la levée des fonds en faveur de la recherche
contre le cancer semblait être chère au cœur de ses voisins. Elle mena son
enquête et découvrit que le Connecticut, l’État dont elle était originaire, se
classait deuxième en nombre de cancers du sein dans le pays. Et cela lui
donna une idée.
Mary décida de monter sa propre association à but non lucratif et y
impliqua toute sa communauté. Elle nomma son association Seymour Pink,
du nom de sa ville natale. Chaque octobre – le mois dédié au cancer du
sein – la ville s’assure que le rose s’étalera dans tous les coins et recoins.
Les magasins se parent de rose, des bannières à l’effigie des survivants ou
des personnes emportées par cette maladie sont accrochées aux lampes de la
ville. Les maisons sont décorées de ballons et de rubans roses.
Au fil des années, Mary a réussi à récolter pas moins d’un demi-million
de dollars pour des causes liées au cancer du sein. Son association donne de
l’argent directement pour la recherche mais fournit également un soutien
financier direct aux familles touchées par la maladie. Non seulement Mary
refuse tous les éloges décernés à son action – elle ne se vante que des
incroyables membres de sa communauté impliqués dans ses levées de
fonds – mais elle ne parle pas non plus de ses triomphes personnels. J’ai
découvert les obstacles qu’elle a personnellement dû franchir grâce à une
autre personne.
Trois ans après avoir commencé à rechercher des fonds pour le cancer,
Mary eut un grave accident de voiture, à l’issue duquel une lésion cérébrale
la laissa avec d’importants troubles verbaux et cognitifs. Mais même un
grave accident de voiture comme celui-ci n’aurait pu arrêter une personne
comme Mary. Elle se rendit chez l’orthophoniste huit fois par semaine et fut
déterminée à reprendre son action pour soutenir la recherche contre le
cancer et les personnes atteintes. Alors que bien d’autres auraient choisi de
prendre leur retraite, Mary déclara : « Je ne quitte pas le terrain de cette
manière. » Elle savait que la route qui la conduirait à la guérison serait
longue mais elle ne croyait pas que tout abandonner était la solution pour
elle. Il lui en coûta cinq longues années de travail mais, en 2008, elle
retrouva son poste de professeur de sciences et reprit ses levées de fonds en
faveur du cancer.
Mary ne s’était pas mis en tête de changer le monde. Elle s’évertua plutôt
à trouver ce qu’elle pourrait faire pour être utile. Si vous commencez par
changer votre vie, vous pouvez ensuite avoir un rôle dans la vie des autres.
Mère Teresa dit un jour : « Seule, je ne peux changer le monde mais je peux
jeter une pierre dans l’eau et créer de nombreux ricochets. » Mary Deming
n’a pas entrepris de changer le monde, mais elle a certainement changé la
vie d’un grand nombre de personnes.
IDENTIFIER LES AVANTAGES ET LES INCONVÉNIENTS DU
CHANGEMENT
Dressez la liste des avantages que vous avez à rester le même et les
inconvénients. Puis dressez la liste des avantages et des inconvénients de
procéder à un changement. Ne prenez pas votre décision en considérant
uniquement le nombre de pour et de contre. Au contraire, prenez le temps
d’examiner votre liste. Lisez-la plusieurs fois et réfléchissez aux possibles
conséquences d’un changement par opposition à un non-changement. Si
vous envisagez un changement, cet exercice pourra vous aider à prendre
votre décision.
Il ne sert à rien de changer simplement pour le plaisir de changer.
Changer de maison, de travail ou commencer une nouvelle relation ne
suffira pas pour vous rendre plus fort mentalement. En revanche, il est
important de vous intéresser aux raisons qui vous conduisent à un
changement, car elles vous permettront de déterminer si votre choix repose
sur ce qui est le meilleur pour vous.
Si vous êtes toujours indécis, faites un test. À moins que votre
changement n’appartienne à la catégorie « tout ou rien », essayez « votre »
changement le temps d’une semaine. À la fin de la semaine, évaluez vos
progrès et votre motivation et décidez si vous souhaitez adopter ce
changement ou non.

APPRENDRE À CONNAÎTRE VOS ÉMOTIONS


Attachez également de l’importance aux émotions qui guident votre
décision. Lorsque vous pensez à changer, comment vous sentez-vous ?
Par exemple :

Avez-vous peur que ce changement ne dure pas ?


Vous sentez-vous fatigué à la simple idée de faire quelque chose
différemment ?
Avez-vous peur de ne pas supporter ce changement ?
Avez-vous peur que les choses n’empirent ?
Êtes-vous triste à l’idée de devoir abandonner quelque chose en
contrepartie ?
Vous sentez-vous gêné d’admettre que cela vous pose un problème ?
Une fois que vous avez identifié certaines de vos émotions, vous pouvez
décider s’il est judicieux d’aller à l’encontre de ces émotions ou pas.
Richard, par exemple, ressentit une grande variété d’émotions. Il se sentait
nerveux à l’idée de s’engager dans quelque chose de nouveau. Il se sentait
coupable à l’idée de sacrifier du temps passé avec sa famille pour aller faire
du sport et il avait peur de ne pas réussir à prendre en main sa santé. En
dépit de tout cela, il se sentait encore plus effrayé à l’idée de ce qui pourrait
arriver s’il n’opérait aucun changement.
Ne laissez pas vos émotions l’emporter sur votre décision finale. Parfois
vous devez être prêt à changer même si vous n’en avez pas envie. Nuancez
vos émotions en faisant appel à la raison. Si vous êtes terrifié à l’idée de
vous lancer dans quelque chose de nouveau et si ce changement ne doit
avoir que peu d’effet sur votre vie, vous pourrez décider que le jeu n’en
vaut pas la chandelle. Mais si vous pouvez identifier, de façon rationnelle,
pourquoi ce changement vous sera bénéfique sur le long terme, il vous
semblera plus logique d’endurer un léger inconfort.

GÉRER LES PENSÉES NÉGATIVES


Recherchez les pensées négatives non fondées qui pourraient vous
influencer. Une fois que vous avez amorcé le changement, la façon dont
vous l’envisagez peut fortement affecter votre motivation à continuer sur
votre lancée. Apprenez à repérer ce type de pensées qui vous éloignera de
tout changement :

Ça ne marchera jamais.
Je ne pourrai pas supporter de faire quelque chose différemment.
Ce sera trop dur.
Ce sera trop stressant de renoncer aux choses que j’aime.
Ce que je fais en ce moment n’est pas si mal.
Il n’y a aucune raison d’essayer, car j’ai déjà tenté quelque chose
de similaire dans le passé et ça n’a pas marché.
Je ne gère pas très bien les changements.

Ce n’est pas parce que vous pensez simplement qu’un quelconque


changement pourra présenter une difficulté, que vous devez y renoncer.
Souvent, les meilleures choses dans la vie sont celles pour lesquelles nous
avons travaillé dur.

METTRE TOUTES LES CHANCES DE VOTRE CÔTÉ EN


ÉTABLISSANT UN PLAN D’ACTION DU CHANGEMENT
La préparation qui conduira au changement peut être l’étape la plus
importante d’entre toutes. Votre plan d’action définira la manière dont vous
souhaitez mettre en œuvre ce changement et les mesures que vous allez
prendre pour vous y tenir. Une fois que vous avez un canevas en place, vous
pouvez réaliser progressivement vos changements de comportement.
Richard commença par se dire qu’il devait perdre une trentaine de kilos.
Ce nombre, cependant, l’effraya, car il se dit que c’était impossible. Il
commençait chaque journée avec de bonnes résolutions, puis, le soir venu,
il replongeait dans ses mauvaises habitudes. Quand il commença à réfléchir
à ce qu’il pouvait faire aujourd’hui, alors seulement il réussit à opérer des
changements importants dans son comportement. En se fixant de plus petits
objectifs, comme de perdre deux kilos, il put mettre en place un plan
d’action à suivre au jour le jour. Il garda une trace écrite de ce qu’il
mangeait, emporta un déjeuner au lieu de manger à l’extérieur et alla se
promener en famille les jours où il n’avait pu se rendre à la salle de sport.
À moins d’un changement de type « tout ou rien », vous pouvez mettre
en œuvre votre changement au moyen d’étapes successives :

Définissez un objectif à atteindre dans les trente prochains jours.


Parfois, nous essayons de changer du jour au lendemain. Identifiez
d’abord un objectif sur lequel vous souhaitez vous concentrer, puis
définissez une attente réaliste du changement que vous voudriez voir
dans un mois.
Établissez des changements de comportement concrets que vous
pouvez adopter tous les jours pour atteindre votre but. Identifiez au
moins une action qui, chaque jour, vous rapprochera de votre
objectif.
Anticipez les obstacles qui pourront se dresser sur votre route.
Réfléchissez à la manière dont vous aller réagir aux difficultés que
vous allez sans doute rencontrer. Planifier à l’avance pourra vous
aider à rester dans le droit chemin.
Faites l’inventaire. La conscience exacte de nos progrès nous aide à
mieux avancer. Faites une liste des amis ou des membres de votre
famille qui pourront vous aider à atteindre votre objectif et à
mesurer vos progrès. Faites-vous des comptes-rendus en notant
chaque jour sur le papier le détail de vos progrès.
Visualisez vos progrès. Déterminez de quelle manière vous allez
pouvoir garder une trace de vos progrès. Enregistrer vos efforts et
vos progrès quotidiens pourra vous aider à maintenir votre cap vers
le changement.

SE COMPORTER COMME LA PERSONNE QUE L’ON SOUHAITE


DEVENIR
Si votre objectif est de devenir plus extraverti, montrez-vous amical. Si
vous souhaitez être un vendeur à succès, étudiez comment les vendeurs qui
réussissent se comportent et adoptez leurs méthodes. N’attendez pas que
l’envie vous vienne ou que le bon moment se présente : commencez à
changer votre comportement maintenant.
Richard voulait être en bonne santé, il devait donc se comporter comme
une personne en bonne santé. Faire des repas équilibrés et pratiquer une
activité physique régulière étaient deux des étapes qui le rapprocheraient de
son objectif.
Identifiez clairement qui vous souhaitez être. Puis montrez-vous proactif
dans l’atteinte de votre objectif. J’entends trop souvent des personnes se
plaindre : « Si seulement j’avais plus d’amis. » N’attendez pas que les amis
se présentent à vous, commencez à vous montrer amical avec les autres et
vous nouerez de nouvelles amitiés aussitôt.

POURQUOI ACCUEILLIR LE CHANGEMENT VOUS


RENDRA-T-IL PLUS FORT ?
Le juge Greg Mathis8 grandit dans les cités HLM de Détroit au cours des
années 1960 et 1970. Adolescent, il fut arrêté à plusieurs reprises et quitta
l’école pour rejoindre un des gangs de la ville. À l’âge de dix-sept ans, il
était incarcéré dans un centre de détention pour jeunes délinquants lorsque
sa mère apprit qu’elle souffrait d’un cancer du côlon. À cause de cette
maladie, on offrit à Mathis un sursis anticipé et le jeune homme promit à sa
mère, en retour, de reprendre sa vie en main.
Les conditions de son sursis lui imposaient de trouver un emploi et de le
conserver : il commença donc à travailler pour McDonald’s. Il fut ensuite
accepté à l’université du Michigan et intégra la faculté de droit. En raison
de son casier judiciaire, il ne lui fut pas permis de travailler en tant
qu’avocat mais cela ne l’empêcha pas de trouver un moyen d’aider la ville
de Détroit. Il devint directeur des mairies de quartier de cette ville. Au
même moment, il créa avec son épouse Young Adults Asserting Themselves,
une association à but non lucratif ayant pour mission d’aider les jeunes à
trouver du travail. Quelques années plus tard, Mathis décida de présenter sa
candidature au poste de juge. Ses adversaires eurent beau rappeler à la
communauté son passé de criminel, la population de Détroit décida de
croire que Greg Mathis n’était plus l’homme qu’il avait été par le passé.
Mathis fut le plus jeune juge dans l’histoire du Michigan à être élu et réussit
même à battre le juge pourtant en exercice depuis vingt ans. Le juge Mathis
attira très vite l’attention d’Hollywood et, dès 1999, commença une
émission de télévision très suivie, dans laquelle il réglait de petits litiges.
Le juge Mathis, ancien criminel lui-même, consacre désormais la plupart
de son temps et de son énergie à aider de jeunes gens à prendre les
meilleures décisions possible pour leur avenir, en sillonnant le pays et en
donnant des conférences sur la jeunesse et l’éducation. Il a été très souvent
récompensé et loué pour son talent à inciter les jeunes à ne pas commettre
les mêmes erreurs que lui.
Parfois, un changement entraîne une transformation complète, capable de
modifier le cours d’une vie. Bien souvent, lorsque l’on est décidé à
introduire un changement dans un domaine de sa vie, comme payer ses
dettes, on peut voir très vite des améliorations dans d’autres domaines : une
perte de poids, un mariage qui s’harmonise, etc. Un changement positif
entraîne un regain de motivation et un regain de motivation entraîne
davantage de changements positifs. Accueillir le changement n’est pas à
sens unique.
AIDE-MÉMOIRE
Que vous le vouliez ou non, malheureusement, votre vie changera. Les
changements, qui pourront suivre la perte d’un travail, le décès d’un être
cher, le déménagement d’un ami, le départ des enfants, font partie du cycle
de la vie. En vous entraînant à vous adapter aux petits changements, vous
serez mieux armé pour affronter les changements plus importants qui
traverseront inévitablement vos vies.
Faites attention à la manière dont vous gérez les changements. Surveillez
les signes vous indiquant que vous avez tendance à éviter les changements
importants qui pourraient pourtant améliorer votre vie. Même si changer
semble parfois malaisé, vous ne pourrez augmenter votre force mentale que
si vous êtes prêt à croître et à vous bonifier.

CE QUI AIDE

Évaluer son empressement à changer avec un esprit ouvert


Poser des échéances réalistes pour l’établissement et l’atteinte
de ses objectifs
Faire la part des choses entre nos émotions et nos pensées
rationnelles pour nous aider à décider si nous devons changer
ou non
Anticiper les éventuels obstacles qui pourraient contrarier ses
progrès
Dresser la liste des avantages et des inconvénients de changer,
puis de ne pas changer
Se concentrer sur un simple changement à la fois et s’y atteler à
l’aide d’actions précises et réfléchies
S’efforcer de se comporter comme la personne que l’on
souhaiterait devenir

CE QUI N’AIDE PAS


Ignorer d’éventuels changements ou même éviter d’y penser
Repousser son désir de changement avant d’avoir atteint un
évènement marquant ou une date précise
Permettre à ses émotions de décider de changer ou non, sans
avoir considéré les aspects logiques du changement en
question
Trouver des raisons qui excusent son incapacité à changer
Se concentrer seulement sur les aspects négatifs du
changement sans prendre en compte les aspects positifs
Se convaincre qu’il ne sert à rien d’essayer puisqu’on sera dans
l’incapacité de réussir
Attendre que naisse le désir d’opérer un changement

8. Voir Greg Mathis et Blair S. Walker, Inner City Miracle, New York, Ballantine, 2002. Ouvrage non
disponible en français (NdT).
Chapitre 4

Ne gaspillez pas votre énergie à essayer de


changer ce qui est immuable
Vous ne pourrez peut-être pas maîtriser tous les évènements qui vous
arrivent, mais vous pouvez décider, en revanche, de ne pas vous résumer à
ces évènements
MAYA ANGELOU

James entra dans mon cabinet parce qu’il était bouleversé par la bataille
qu’il menait pour la garde de son enfant. James et son ex-femme, Carmen,
se disputaient la garde de leur fillette de sept ans depuis trois années déjà.
Le juge avait accordé la garde principale à Carmen et autorisé James à
voir sa fillette les mercredis soir et les week-ends. Mais cette décision le
rendait furieux, car il était convaincu d’être un meilleur parent que ne
l’était son ex-épouse. James pensait que Carmen lui en voulait et faisait son
possible pour détruire la relation entre le père et la fillette. Par exemple, il
l’avait récemment informée qu’il préparait une excursion pour emmener
leur fille observer des baleines. À l’approche de cette sortie, sa fille lui
apprit que sa mère l’avait déjà emmenée voir des baleines la semaine
précédente. James était furieux. Il avait l’impression que Carmen essayait
sans cesse de lui voler la vedette ou d’« acheter » leur fille en lui
organisant la plus grande fête d’anniversaire, en lui offrant les cadeaux les
plus chers pour Noël et en lui payant les vacances les plus somptueuses.
James ne pouvait faire concurrence à sa femme financièrement et ne
souhaitait pas non plus rivaliser avec le manque de discipline qu’elle
accordait à leur fille. Carmen autorisait, en effet, la fillette à veiller tard, à
jouer dehors seule et à manger tout ce qu’elle voulait. Il essaya de parler
de ses craintes à Carmen plusieurs fois, mais elle lui fit comprendre que son
opinion ne l’intéressait absolument pas. James était persuadé que Carmen
souhaitait avant tout le faire passer pour le « méchant » aux yeux de leur
fille.
Il n’appréciait pas non plus que son ex-femme se remette à fréquenter
des hommes, qui pouvaient se révéler dangereux pour leur fillette. Un jour,
il avoua à Carmen avoir vu son petit ami avec une autre femme dans
l’espoir qu’elle rompe avec lui. Malheureusement, cela ne fit qu’attiser la
colère de son ex-femme qui le menaça d’obtenir une injonction
d’éloignement s’il ne la laissait pas tranquille.
James commença à venir me voir non pas pour l’aider à maîtriser ses
émotions, mais parce qu’il recherchait une alliée dans sa bataille juridique.
Il voulait que j’écrive une lettre destinée à la cour de justice expliquant en
détail les raisons pour lesquelles je pensais qu’il devait obtenir la garde
intégrale de sa fille. Lorsque je lui expliquai que je ne pouvais pas faire
cela, il répondit qu’il était sûr que la thérapie ne pourrait pas lui être utile.
Mais au lieu de quitter mon cabinet, il continua à parler.
Lorsque je lui demandai comment s’étaient passées ses tentatives de
changer la décision du juge, il me répondit que ce dernier était
catégorique : la garde resterait telle qu’il l’avait définie, que cela plaise à
James ou pas. Il admit également ne pas avoir réussi à faire changer
Carmen, malgré ses nombreux efforts. À la fin de la séance, James accepta
de me revoir.
Au cours de la séance suivante, nous examinâmes l’effet que ses
tentatives pour contrôler la situation avaient sur sa fille. Il admit que la
colère qu’il ressentait pour son ex-femme altéraient ses relations avec la
fillette. Nous discutâmes alors des stratégies qu’il pouvait adopter pour
recentrer ses efforts sur l’amélioration de ses relations avec sa fille.
Lorsque James se présenta pour sa troisième et dernière séance, je sus
que nous tenions le bon bout en l’entendant dire : « Lorsque j’ai emmené
ma fille observer les baleines, j’aurais dû faire en sorte que nous nous
amusions, au lieu de passer la majeure partie du voyage à envoyer des
messages désagréables à sa mère en lui reprochant de me faire tout le
temps de l’ombre. » Il reconnut également que, même s’il n’appréciait
guère les règles de Carmen, la traîner constamment devant les tribunaux
n’allait pas l’aider à améliorer la situation. Au contraire, cela contribuerait
simplement à lui faire perdre de l’argent, qu’il aurait pu utiliser pour gâter
sa fille. Il décida de dépenser son énergie à essayer d’être le meilleur
exemple possible pour sa fille de façon à exercer une influence positive
dans sa vie.
AVEZ-VOUS LE CONTRÔLE SUR TOUT ?
Il semble rassurant d’avoir le contrôle sur tout, mais s’imaginer que nous
avons le pouvoir de tout contrôler peut vite poser problème. Est-ce que les
affirmations ci-dessous s’appliquent à vous ?

Vous dépensez une bonne partie de votre temps et de votre énergie à


essayer d’éviter que les ennuis ne vous tombent dessus.
Vous passez beaucoup de temps à espérer que les autres changent.
Face à une situation difficile, vous êtes persuadé que vous pouvez
tout régler tout seul.
Vous pensez que l’issue de toute situation repose exclusivement sur
les efforts que vous aurez dépensés à essayer de régler le problème.
Selon vous, la chance n’a rien à voir avec la réussite. Il ne revient
qu’à vous de déterminer votre futur.
On vous accuse parfois d’être un control-freak.
Vous avez du mal à déléguer parce que vous doutez de l’aptitude des
autres à faire aussi bien que vous.
Même lorsque vous reconnaissez que vous avez du mal à contrôler
une situation, il est vous est difficile de lâcher prise.
Lorsque vous échouez, vous êtes convaincu d’être l’unique
responsable de votre échec.
Vous n’aimez pas demander de l’aide.
Vous pensez que les personnes qui n’atteignent pas leurs objectifs
sont entièrement responsables de leurs échecs.
Vous avez du mal à travailler en équipe, car vous remettez souvent
en cause les capacités des autres.
Vous avez du mal à vous engager dans des relations sérieuses, car
vous avez du mal à faire confiance aux autres.
Vous retrouvez-vous dans ces exemples ? Nous ne pouvons pas faire en
sorte que toutes les situations et toutes les personnes de notre entourage
soient telles que nous le souhaiterions et il est en de même pour les
personnes qui gravitent autour de nous. En apprenant à lâcher prise sur les
détails que vous ne pouvez maîtriser, le temps et l’énergie que vous pourrez
consacrer à ce que vous pouvez, en revanche, contrôler vous permettra
d’accomplir de grands exploits.

POURQUOI VOULONS-NOUS TOUT CONTRÔLER ?


James se sentait coupable de divorcer. Il avait essayé de faire en sorte que
son mariage avec Carmen réussisse, car il voulait que leur fille grandisse
dans un foyer stable. Lorsque leur relation prit fin, il ne voulait pas que leur
fille en souffre.
Il est évident que James est un père aimant, préoccupé simplement par le
bien-être de sa fille. Il était terrifiant pour lui d’admettre qu’il avait peu
d’influence sur sa fille lorsque celle-ci était avec sa mère. Pour atténuer son
anxiété, il essayait de contrôler le plus possible la situation. Il pensait que
s’il était capable de tout diriger – des nouvelles conquêtes de sa femme aux
règles qu’elle imposait sous son toit –, il se sentirait mieux.
L’envie de tout contrôler est bien souvent un moyen de gérer une anxiété.
Si vous savez que tout est sous contrôle, de quoi pouvez-vous bien vous
inquiéter ? Plutôt que d’essayer de maîtriser vos anxiétés, vous essayez de
contrôler l’environnement qui vous entoure.
Le besoin de tout résoudre soi-même peut aussi naître d’un complexe du
« super-héros ». Nous sommes attachés à une fausse croyance selon laquelle
il nous suffirait de réunir toutes nos forces pour voir nos vies se dérouler
exactement comme nous l’entendons. Plutôt que de demander à un collègue
de nous aider, à un conjoint d’aller faire une course pour nous, nous nous
chargeons de tout faire tout seuls, pour que tout soit fait « à notre manière »,
car nous ne faisons guère confiance aux autres.
LOCUS DE CONTRÔLE
Décider de ce que vous pouvez ou ne pouvez contrôler dépend
largement de vos croyances. En psychologie, on appelle cela le
locus de contrôle. Les individus ayant un locus de contrôle
externe pensent que leur vie dépend surtout du sort, de la
chance ou du destin. Le proverbe « Ce qui devait arriver arriva »
leur convient bien.
Les individus ayant un locus de contrôle interne pensent qu’ils
sont seuls à maîtriser leur futur. Ils assument l’entière
responsabilité de leurs succès et de leurs échecs. Ils
s’imaginent avoir un pouvoir sur tout : de leurs finances à long
terme à leur santé.
Votre locus de contrôle déterminera votre façon de percevoir
les évènements qui vous arrivent. Imaginez une personne qui
se rendrait à un entretien d’embauche. Elle a les qualifications,
les diplômes et l’expérience que l’entreprise recherche.
Cependant, quelques jours après l’entretien, cette personne
apprend par téléphone qu’elle n’a pas été retenue. Dotée d’un
locus de contrôle externe, elle se dira : « Il devait y avoir des
candidats surqualifiés pour le poste. Ce travail ne devait pas
m’être destiné de toutes façons. » Avec un locus de contrôle
interne, elle se dira au contraire : « Je n’ai pas dû faire une
bonne impression. Je savais que j’aurais dû refaire mon CV. Il
faut aussi que je retravaille mes arguments. »
Plusieurs facteurs influencent votre locus de contrôle. Les
évènements dont vous avez pu faire l’expérience dans
l’enfance, par exemple, jouent un rôle. Si vous avez grandi dans
une famille au sein de laquelle on accordait une place
importante à l’effort, vous serez peut-être plus enclins à un
contrôle de locus interne, car vous penserez qu’un travail
acharné est toujours récompensé. Si, en revanche, vous avez
eu des parents qui vous ont martelé ce genre de phrases :
« Ton opinion ne compte pas dans ce monde » ou « Quoi que tu
fasses, ce monde te décevra toujours », vous avez pu
développer un locus de contrôle externe.
Les expériences que vous vivez au cours de votre vie
influencent, elles aussi, votre locus de contrôle. Si vous
réussissez en travaillant dur, vous aurez l’impression d’avoir un
grand rôle dans vos résultats. Mais si vous avez le sentiment
que quoi que vous fassiez, les choses ne se déroulent pas
comme vous le souhaitez, vous commencerez à penser que
vous n’avez que peu d’influence sur ce qui vous arrive.
Un locus de contrôle interne a souvent été considéré comme
un idéal. Des affirmations du type « si tu le veux, tu le peux »
sont valorisées dans un bon nombre de cultures. En fait, les
personnes avec un important locus de contrôle interne font
souvent de grands dirigeants, car elles croient en leur capacité
de changer le monde. Les docteurs aiment les patients qui ont
un fort locus de contrôle interne, car ce sont souvent des
personnes qui font leur possible pour se traiter et se prévenir
des maladies. Mais il y a aussi des inconvénients à croire que
vous pouvez tout maîtriser.

POURQUOI PERDRE SON ÉNERGIE À CHANGER CE QUI


EST IMMUABLE EST-IL PROBLÉMATIQUE ?
James perdit beaucoup de temps, d’énergie et d’argent à essayer de modifier
la garde de sa fille alors que ses nombreuses comparutions devant la cour de
justice ne semblaient pas influencer le juge. Il pensait qu’en fournissant de
plus grands efforts pour maîtriser la situation, il réduirait son stress, mais
sur le long terme, son stress augmenta chaque fois qu’il ne parvenait pas à
obtenir un plus grand contrôle de la situation. Ses tentatives pour reprendre
le contrôle avaient également eu un effet négatif sur ses relations avec sa
fille. Au lieu d’essayer de profiter au mieux des moments passés ensemble
et de développer le lien qui les unissait, il ne cessait de la questionner sur ce
qui se passait chez son ex-femme. Voici les problèmes qui peuvent
apparaître lorsque l’on cherche à tout contrôler :

Essayer de conserver un contrôle total peut augmenter l’anxiété.


Vos efforts pour dominer votre anxiété en gouvernant le monde
extérieur risqueront de se retourner contre vous. Moins vous
réussirez à contrôler la situation et plus vous deviendrez anxieux.
Vous finirez peut-être par éprouver un sentiment d’impuissance en
constatant que vous ne réussissez pas à tout maîtriser.
Essayer de tout contrôler est une perte de temps et d’énergie.
S’inquiéter pour des choses hors de notre portée est une perte
d’énergie mentale. Souhaiter que les choses soient différentes,
passer son temps à essayer de convaincre les autres d’agir à votre
manière ou essayer d’empêcher que d’éventuels problèmes ne
surviennent est éreintant. Cela vous empêche de consacrer votre
énergie à essayer de régler les vrais problèmes et les difficultés qui
dépendent de vous.
Se comporter en « control-freak » pourra porter préjudice à vos
relations aux autres. Dire aux autres ce qu’ils doivent faire ou
comment ils doivent le faire n’attire pas nécessairement la
sympathie. Il semble même que les individus qui veulent tout
contrôler aient du mal à établir des relations intimes, car ils
n’arrivent à faire confiance aux autres dans aucun domaine.
Vous finirez par juger les autres sévèrement. Si vous attribuez tout
votre succès uniquement à vos capacités, vous critiquerez ceux qui
n’auront pas réussi à atteindre leurs objectifs. Les personnes
présentant un fort locus de contrôle interne se retrouvent souvent
seules, car elles sont facilement irritées lorsque les autres ne
s’imposent pas les mêmes limites qu’elles s’imposent à elles-
mêmes.
Vous finirez par vous en vouloir injustement de tout ce qui vous
arrive. Vous ne pourrez pas toujours échapper aux ennuis ou aux
mauvaises nouvelles. Mais si vous pensez que tout dépend de vous,
vous serez persuadé que vous êtes directement responsable de tout
ce qui vous arrive.

DÉVELOPPER UN SENS DU CONTRÔLE SAIN ET


ÉQUILIBRÉ
James avait été dans l’incapacité d’avancer avant de réaliser qu’il n’avait
pas tout pouvoir sur la garde de sa fille. Une fois qu’il prit conscience de
cette réalité, il put enfin se concentrer sur ce qui dépendait de lui – comme
d’améliorer ses relations avec sa fille. Il souhaitait également conserver des
relations cordiales avec son ex-épouse, mais pour cela il ne devait pas
oublier qu’il ne pouvait régir ce qui se passait sous son toit. Bien
évidemment, s’il avait eu des preuves concrètes que du mal avait été fait à
sa fille, il aurait pu agir, mais le simple fait de manger de la glace ou de se
coucher un peu tard ne représentait pas une mise en danger devant un juge
des affaires familiales.
Ceux qui trouvent le bon équilibre dans leur locus de contrôle réussissent
à comprendre que leurs comportements peuvent affecter leur chance de
réussite, mais ils sont également capables d’identifier que des facteurs
externes – être au bon endroit au bon moment – peuvent aussi jouer un rôle.
Des chercheurs ont démontré que ces individus possèdent un bi-locus de
contrôle, en opposition avec un locus de contrôle soit totalement interne soit
totalement externe. Pour atteindre cet équilibre dans votre vie, soyez prêt à
examiner les situations dont vous avez ou non la maîtrise. Prenez note des
moments au cours desquels vous avez dépensé beaucoup d’énergie envers
des personnes et des circonstances que vous ne pouviez pourtant pas
contrôler. Rappelez-vous qu’en de nombreuses occasions vous ne
maîtriserez pas tout :

Vous pouvez organiser une fête sympathique mais vous ne pouvez


pas forcer les gens à s’amuser.
Vous pouvez donner à votre enfant les moyens de réussir, mais vous
ne pouvez pas en faire un bon élève ou non.
Vous pouvez faire du bon travail, mais vous ne pouvez pas forcer
votre chef à reconnaître votre travail.
Vous pouvez vendre un excellent produit, mais vous ne pouvez pas
dicter aux gens de l’acheter.
Vous pouvez être la personne la plus intelligente dans la pièce, mais
vous ne pourrez forcer les autres à suivre vos conseils.
Vous pouvez râler, supplier, menacer, mais vous ne pouvez pas
forcer votre conjoint à se comporter différemment.
Vous pouvez avoir l’attitude la plus positive qui soit, mais vous ne
pourrez pas faire disparaître un cancer en phase terminale.
Vous pouvez choisir de prendre soin de vous-même, mais vous ne
pourrez pas toujours prévenir la maladie.
Vous pouvez avoir la maîtrise de ce que vous faites, mais pas de ce
que font vos concurrents.

IDENTIFIER VOS PEURS


En 2005, Heather Von St. James apprit qu’elle souffrait d’un mésothéliome,
plus communément appelé « cancer de l’amiante ». Son bébé avait trois
mois. Enfant, Heather portait souvent la veste de travail de son père.
Travaillant dans la construction, sa veste avait sans doute été exposée à
l’amiante, ce qui pouvait expliquer comment, à seulement trente-six ans,
Heather était atteinte de la « maladie des anciens ».
Les docteurs commencèrent par lui donner une espérance de vie de
quinze mois. À l’aide de la radiothérapie et de la chimiothérapie, ils
reconnûrent qu’elle vivrait peut-être cinq années supplémentaires. Elle était
également une candidate parfaite pour une ablation du poumon et, bien que
cette opération présentât un risque élevé, elle apparaissait comme sa
meilleure chance de survie.
Heather accepta cette grave opération chirurgicale, au cours de laquelle
on lui retirerait le poumon touché, la plèvre, avant de remplacer une partie
du diaphragme par un Gore-Tex chirurgical. Elle resta hospitalisée un mois
à l’issue de l’opération. À sa sortie, elle décida de s’installer durant
quelques mois chez ses parents. Ils pourraient ainsi l’aider à s’occuper de
son bébé pendant que son mari reprendrait le travail. Lorsqu’elle regagna
son domicile, trois mois plus tard, Heather subit une radiothérapie et une
chimiothérapie. Elle mit au moins un an avant de se sentir mieux mais, à ce
jour, le cancer n’est toujours pas réapparu. Avec un seul poumon, elle se
sent vite à bout de souffle durant un effort, mais cela lui semble un bien
faible prix à payer en échange de sa vie.
Pour commémorer l’anniversaire du jour où on lui retira un de ses
poumons, Heather célèbre chaque 2 février la « Journée du départ du
poumon ». Chaque année, lors de la « Journée du départ du poumon »,
Heather extériorise sa peur de tout ce qu’elle ne contrôle pas – comme la
possibilité que son cancer réapparaisse. À l’aide d’un feutre marqueur, elle
inscrit ses craintes dans une assiette, puis s’en détache, symboliquement, en
jetant son assiette au feu. En l’espace de quelques années, cette fête a pris
une ampleur de plus en plus grande puisque, aujourd’hui, on compte
environ quatre-vingts participants, amis ou membres de la famille, à cette
journée particulière. Les invités écrivent eux aussi leurs peurs au fond d’une
assiette et sont invités à la lancer au feu. Cette journée est aussi l’occasion
désormais de récolter de l’argent en faveur de la recherche contre le
mésothéliome.
« Avec le cancer, vous avez l’impression que vous perdez tout contrôle »,
explique Heather. Même si elle est aujourd’hui en rémission, elle reconnaît
avoir toujours peur que sa fille grandisse sans sa maman. Mais elle préfère
faire face à ses peurs en les écrivant noir sur blanc et en acceptant de ne pas
avoir le contrôle sur tout. Elle choisit aussi de concentrer ses efforts sur ce
qui est en son pouvoir – comme de vivre sa vie chaque jour à 200 %.
Heather s’applique maintenant à soutenir les patients souffrant de
mésothéliome. Elle discute avec les patients nouvellement diagnostiqués et
les aide à faire face à leur peur du cancer. Elle est également une oratrice
importante qui délivre des messages d’espoir et de guérison.
Quand vous remarquez que vous vous évertuez à contrôler quelque chose
que vous ne pouvez contrôler, demandez-vous de quoi vous avez tant peur.
Avez-vous peur que quelqu’un d’autre ne prenne une mauvaise décision ?
Avez-vous peur que quelque chose ne se passe très mal ? Avez-vous peur de
ne pas réussir ? Reconnaître et essayer de comprendre vos peurs vous aidera
à percevoir la différence entre ce qui est de votre ressort et ce qui ne l’est
pas.

SE CONCENTRER SUR CE QU’ON PEUT CONTRÔLER


Une fois que vous avez identifié vos peurs, identifiez ce que vous pouvez
contrôler tout en gardant à l’esprit que, parfois, vous ne pouvez maîtriser
que votre comportement et votre attitude.
Vous ne pouvez pas contrôler ce qu’il advient de vos bagages une fois
que vous les avez enregistrés. Mais vous pouvez contrôler ce que vous
mettez dans votre bagage à main. Et si vous y avez mis vos effets les plus
importants et des habits de rechange, ce ne sera quand même pas une
catastrophe lorsque vous ne verrez pas arriver votre valise sur le carrousel à
l’aéroport de destination. En se concentrant sur ce qui est en son pouvoir, il
est bien plus facile de lâcher prise sur ce qui ne l’est pas.
Lorsque vous remarquez qu’une situation particulière génère une grande
anxiété chez vous, faites votre possible pour gérer votre réaction et
influencer la tournure que prendront les évènements. Mais admettez que
vous ne pouvez pas régir les autres personnes ni non plus avoir une maîtrise
complète du résultat final.

INFLUENCER LES AUTRES SANS CHERCHER À


LES GOUVERNER
Jenny avait vingt ans lorsqu’elle décida de quitter l’université. Après
plusieurs années passées à préparer un diplôme de professeur, elle décida
qu’elle ne voulait finalement pas devenir professeur de maths. Au grand
effroi de sa mère, elle se destinait plutôt à une carrière artistique.
Tous les jours, la mère de Jenny l’appelait pour lui dire qu’elle
commettait une grossière erreur et gâchait sa vie. Elle lui fit bien
comprendre qu’elle ne soutiendrait jamais sa décision de quitter sa
formation. Elle la menaça même de couper les ponts si elle ne choisissait
pas de reprendre le « droit chemin ».
Jenny en eut rapidement assez des critiques quotidiennes de sa mère
quant à ses choix. Elle répéta à sa mère, à plusieurs reprises, qu’elle ne
retournerait pas à la fac et que les insultes ou les menaces ne lui feraient pas
changer d’avis. Mais sa mère persista, car elle s’inquiétait de l’avenir que
Jenny aurait si elle devenait une artiste.
À la fin, Jenny cessa de répondre aux appels de sa mère. Elle n’alla plus
dîner chez cette dernière non plus. Après tout, ce n’était pas très plaisant
d’entendre sa mère la sermonner sur le sombre avenir des personnes qui
abandonnaient la fac et sur celui des artistes en herbe. Même si Jenny était
une jeune adulte, sa mère souhaitait toujours avoir le contrôle sur sa vie. Il
lui était douloureux de rester assise sans rien dire et de regarder Jenny faire
des choix qu’elle jugeait irresponsables. Elle imaginait que sa fille aurait
toujours du mal à joindre les deux bouts, qu’elle serait malheureuse et
lutterait pour survivre. La mère de Jenny croyait, à tort, qu’elle pouvait
encore dicter ce que Jenny choisissait de faire de sa vie. Malheureusement,
ses tentatives de contrôle sur la vie de sa fille finirent par briser leur
relation, sans pour autant faire changer Jenny d’avis.
Il est difficile de rester assis à regarder les autres s’engager dans des
voies que nous désapprouvons, d’autant plus quand elles nous semblent
autodestructrices. Mais exiger, harceler ou supplier ne vous apportera pas
sur un plateau d’argent le résultat que vous escomptiez. Voici certaines
stratégies qui vous aideront à influencer les autres sans pour autant les
forcer à changer :

Commencez par écouter, puis prenez la parole. Nous sommes


souvent moins sur la défensive lorsque nous avons le sentiment que
l’autre a pris le temps d’écouter ce que l’on avait à dire.
Partagez votre opinion et vos inquiétudes, mais ne les répétez pas
plus d’une fois. Répéter vos inquiétudes inlassablement ne rendra
pas votre discours plus efficace. Au contraire, cela pourrait desservir
votre cause.
Changez votre comportement. Si une épouse souhaite que son mari
arrête de boire, vider sa bouteille dans l’évier ne l’incitera pas à
arrêter. Mais elle pourra choisir de passer du temps avec son mari
lorsqu’il sera sobre et de s’absenter lorsqu’il ne le sera pas. S’il
apprécie de passer du temps avec elle, il pourra choisir de rester
sobre de plus en plus souvent.
Soulignez le positif. Si une personne fournit un grand effort pour
créer un changement, que ce soit arrêter de fumer ou commencer à
faire du sport, faites-lui des éloges sincères. N’en rajoutez pas trop
et ne dites pas non plus des phrases de ce genre : « Tu vois, je te
l’avais dit que tu te sentirais mieux si tu arrêtais de manger toutes
ces cochonneries. » Les compliments équivoques ou les « je te
l’avais dit » n’incitent personne à essayer de changer.

PRATIQUER L’ACCEPTATION
Imaginez un homme bloqué dans un embouteillage. Les voitures n’ont pas
avancé d’un seul mètre en vingt minutes et il est en retard pour sa réunion.
Il commence à crier, jurer et taper des poings sur le volant. Il souhaite
tellement maîtriser les évènements qu’il ne peut supporter de ne pas être à
l’heure. « Mais qu’est-ce qu’ils font tous là, pense-t-il. C’est ridicule cette
circulation au beau milieu de l’après-midi. »
Imaginez maintenant une seconde personne dans la voiture d’à côté.
Cette personne allume la radio et chante à tue-tête sur ses chansons
préférées. Elle se dit qu’elle arrivera quand elle arrivera. Elle dépense son
temps et son énergie sagement, car elle sait que la circulation ne dépend pas
d’elle. Elle se dit à elle-même : « Il y a des millions de voitures sur les
routes chaque jour. Les embouteillages sont à prévoir. »
Chacune de ces deux personnes peut choisir d’agir différemment à
l’avenir pour éviter les problèmes de circulation. Elle pourra partir plus tôt,
changer de route, utiliser les transports en commun, faire un point
circulation en amont de son voyage ou même créer un mouvement pour
essayer de changer le système routier. Mais, au moment présent, elle peut
choisir d’accepter d’être coincée dans un embouteillage ou se lamenter sur
l’injustice de cette situation.
Même si vous n’aimez pas la situation dans laquelle vous vous trouvez,
vous avez toujours le choix de l’accepter. Vous pouvez accepter que votre
chef soit méchant, que votre mère désapprouve tout ce que vous faites ou
que vos enfants ne fassent pas preuve d’une plus grande ambition. Cela ne
veut pas dire que vous ne pourrez pas chercher à les influencer en
changeant votre comportement, mais cela veut dire que vous pouvez arrêter
de les forcer à être différents.

POURQUOI NE PLUS TOUT CONTRÔLER VOUS


RENDRA-T-IL PLUS FORT ?
À l’âge de dix-huit ans, Terry Fox9 apprit qu’il avait un ostéosarcome, une
forme de cancer des os touchant les adolescents. Il fut amputé d’une jambe
et les médecins l’informèrent que ses chances de survie n’étaient que de
50 %. Ils soulignèrent également les avancées majeures de la science au
cours des dernières années. Deux années plus tôt, seulement, ses chances de
survie auraient été de 15 %.
Dans les trois semaines qui suivirent son opération, Fox remarcha avec
l’aide d’une prothèse. Ses docteurs notèrent que son attitude positive devait
avoir un lien avec la rapidité de ses progrès. Il subit seize mois de
chimiothérapie au cours desquels il rencontra un grand nombre d’autres
patients qui mourraient du cancer. À la fin de son traitement, il décida qu’il
devait apporter son concours pour lever davantage de fonds dédiés à la
recherche contre le cancer.
La veille de son amputation, il avait lu l’histoire d’un homme qui avait
couru le marathon de New York à l’aide d’une prothèse. Cet article lui
donna l’idée de commencer à courir dès qu’il s’en sentirait physiquement
capable. Il courut son premier marathon en Colombie-Britannique et, bien
qu’arrivant le dernier, il remporta un franc succès lorsqu’il franchit la ligne
d’arrivée.
Après ce marathon, Fox élabora un plan pour collecter des fonds. Il
décida de traverser le Canada en courant et en effectuant un marathon
chaque jour. Il espéra d’abord récolter un million de dollars, mais il eut bien
vite de plus grandes ambitions. Il décida finalement qu’il récolterait un
dollar par habitant du Canada – soit un total de vingt-quatre millions de
dollars.
En avril 1980, il entreprit de courir quarante et un kilomètres par jour. À
mesure que l’histoire de son trek se répandait, le soutien qu’on lui apportait
augmentait. Les communautés se mettaient à organiser de grandes
réceptions pour célébrer son arrivée dans leur ville. On lui demandait d’y
faire un discours et le montant des dons augmenta.
Fox courut 143 jours d’affilée. Mais ses courses s’arrêtèrent brutalement
le jour où il ne put reprendre son souffle et ressentit des douleurs dans la
poitrine. Il fut conduit à l’hôpital et les médecins annoncèrent que son
cancer était revenu et touchait maintenant ses poumons. Après avoir couru
presque 5000 kilomètres, il fut contraint d’arrêter.
Son périple avait permis de récolter 1,7 million de dollars au moment de
son hospitalisation. Mais le soutien s’accrut lorsqu’on commença à
entendre parler de son hospitalisation. Un téléthon de cinq heures permit de
récolter 10,5 millions de dollars. Les dons continuèrent d’arriver et, au
printemps de l’année suivante, Fox avait reçu un peu plus de 23 millions de
dollars. Malgré une série de traitements, son cancer continua de s’étendre et
malheureusement, en juin 1981, Fox décéda.
Fox savait qu’il n’était pas entièrement maître de sa santé. Il ne pouvait
empêcher que d’autres souffrent d’un cancer. Il ne pouvait même pas
contrôler la propagation du cancer dans son propre corps. Au lieu de
focaliser son attention sur ces faits-là, il choisit de mettre toute son énergie
dans ce qu’il pouvait contrôler.
Dans la lettre qu’il écrivit afin de trouver du soutien avant de se lancer
dans sa course folle à travers le Canada, Fox précisa qu’il savait
pertinemment que courir ne soignerait pas le cancer, mais que cela pourrait
néanmoins être utile. « Courir, c’est quelque chose que je peux faire même
si je dois ramper chaque dernier kilomètre de chaque course », dit-il.
Son désir d’accomplir une action qui semblait inimaginable lui donna un
but qui continue d’exister aujourd’hui. Chaque année, un grand nombre de
pays, à travers le monde, organise la « course Terry Fox ». À ce jour, plus
de 650 millions de dollars ont été récoltés en son nom.
Lorsque vous arrêtez de contrôler chaque aspect de votre vie, vous avez
plus de temps et d’énergie à dépenser pour tout ce que vous pouvez, en
revanche, contrôler. Voici certains des bienfaits qui en découleront :

Un plus grand bonheur – Les gens les plus heureux sont ceux qui
ont un locus de contrôle équilibré. Les personnes présentant un
équilibre entre leur locus de contrôle interne et externe (bi-locus) et
qui comprennent qu’elles peuvent entreprendre un certain nombre
d’actions pour contrôler leur vie, tout en reconnaissant leurs limites,
sont plus heureuses que celles qui pensent pouvoir tout maîtriser.
Des relations améliorées – En abandonnant votre besoin de tout
contrôler, vous vivrez sans doute des relations plus heureuses. Il
vous sera plus facile de faire confiance aux autres et vous
accueillerez un plus grand nombre de personnes dans votre vie.
Vous demanderez plus facilement de l’aide et les autres vous
trouveront moins critique. Des recherches indiquent que ceux qui
n’essaient plus de tout contrôler éprouvent un plus fort sentiment
d’appartenance à une communauté.
Moins de stress – Lorsque vous arrêterez de porter le poids du
monde sur vos épaules, vous vous sentirez moins stressé. Vous
ressentirez peut-être un stress de courte durée au moment où vous
abandonnerez le contrôle, mais, sur le long terme, vous ressentirez
moins de stress et d’anxiété.
De nouvelles opportunités – Lorsque vous faites preuve d’un grand
besoin de tout contrôler, vous avez du mal à laisser entrer le
changement dans votre vie, car ce changement ne garantit pas un
résultat positif, et cela, vous le redoutez. En choisissant de renoncer
à la maîtrise absolue, vous reprendrez confiance dans votre capacité
à gérer de nouvelles opportunités.
Plus de succès – Même si la plupart des personnes qui cherchent à
tout contrôler ont une grande soif de réussite, leur locus de contrôle
interne peut nuire à leur chance de réussir. Des recherches montrent
qu’en nous concentrant trop fortement sur notre besoin de briller,
nous pouvons rater les occasions qui nous aideraient à atteindre nos
buts. En abandonnant votre désir de tout contrôler, il vous sera plus
facile d’observer tout ce qui se passe autour de vous et de saisir une
chance qui ne vous était peut-être pas directement destinée.

AIDE-MÉMOIRE
Si vous vous concentrez sur ce qui ne va pas dans le monde, sans vous
soucier de la manière dont vous pourriez contrôler votre attitude et votre
comportement, vous vous sentirez paralysé. Au lieu de perdre votre énergie
à essayer de prévenir une tempête, cherchez plutôt à vous y préparer du
mieux que vous le pourrez.

CE QUI AIDE

Déléguer tâches et responsabilités aux autres


Demander de l’aide quand vous en avez besoin
S’appliquer à résoudre des problèmes qui dépendent de vous
Chercher à influencer les autres plutôt que de les diriger
Distinguer nettement ce qui est sous votre contrôle et ce qui ne
l’est pas
Ne pas compter que sur soi pour le résultat final

CE QUI N’AIDE PAS


Insister pour tout faire sous prétexte que les autres ne font
jamais rien de bien
Choisir de tout exécuter vous-même en pensant que vous
devriez y arriver sans demander de l’aide
Perdre votre temps à essayer de changer ce qui ne dépend pas
directement de vous
Essayer de forcer les autres à faire ce que vous croyez être la
bonne solution, sans égard pour ce qu’ils ressentent
Ne penser qu’à ce que vous pouvez faire pour que les choses
se passent comme vous le souhaitez
Endosser la responsabilité de tout résultat sans admettre que
des facteurs extérieurs puissent avoir influencé la tournure des
évènements

9. Voir Leslie Scrivener, Terry Fox : His Story, Toronto, McClelland and Stewart, 2000. Ouvrage non
disponible en français (NdT).
Chapitre 5

Ne cherchez pas à tout prix à plaire à tout le


monde
Attachez de l’importance à ce que pensent les autres et vous resterez leur
prisonnier à tout jamais.
LAO-TSEU

Megan franchit la porte de mon cabinet parce qu’elle se sentait stressée et


débordée. Elle me dit qu’il n’y avait pas assez d’heures dans la journée
pour accomplir tout ce qu’elle avait à faire.
À trente-cinq ans, elle était mariée et mère de deux enfants. Elle
travaillait à mi-temps, enseignait le catéchisme et était la chef de troupe des
Scouts pour filles. Elle aspirait à être une épouse et une mère modèle mais
avait l’impression de ne pas être à la hauteur. Elle se sentait souvent
irritable et grincheuse avec sa famille et ne pouvait en expliquer les
raisons.
Plus Megan me parla d’elle et plus elle m’apparut être le genre de
personne qui ne sait pas dire non. Les membres de la paroisse l’appelaient
souvent le samedi soir pour lui demander de préparer des muffins pour le
service du dimanche matin. Certains parents de petites scouts comptaient
souvent sur elle pour redéposer leurs enfants chez eux lorsqu’ils étaient
retenus au travail.
Megan faisait également régulièrement du baby-sitting pour les enfants
de sa sœur, qui économisait ainsi un peu d’argent. Une de ses cousines la
sollicitait fréquemment et ses demandes étaient aussi soudaines que
variées : elle avait un souci d’argent ou bien elle avait besoin d’aide pour
améliorer l’aménagement de sa maison. Dernièrement, Megan avait même
arrêté de répondre à ses appels, car elle savait qu’à chacun d’eux, sa
cousine aurait quelque chose à lui demander.
Megan m’apprit qu’elle avait pour règle d’or de ne jamais dire non à sa
famille. C’est pourquoi chaque fois que sa cousine lui demandait une faveur
ou que sa sœur lui demandait de faire du baby-sitting, elle acceptait.
Lorsque je la questionai sur les conséquences que cela avait sur sa vie de
famille, elle me répondit qu’elle n’était pas toujours à l’heure pour le dîner
ou pour le coucher des enfants. Rien qu’en le formulant, elle prit
conscience que de dire « oui » à la famille « éloignée », c’était aussi dire
non à sa famille proche. Même si elle attachait une grande importance à sa
famille éloignée, son mari et ses enfants étaient sa priorité principale et elle
devait commencer à les traiter en conséquence.
Nous étudiâmes également son besoin de plaire à tout le monde. Sa plus
grande peur était de passer pour une égoïste. Cependant, après plusieurs
séances de thérapie, elle reconnut que son besoin de plaire à tout prix était
plus égoïste que le fait de dire « non ». Venir en aide aux autres ne voulait
pas dire leur faciliter la vie ; elle donnait de sa personne parce qu’elle
voulait qu’on la tienne en grande estime. Dès qu’elle comprit différemment
ce que « faire plaisir aux autres » voulait dire, elle put commencer à
changer son comportement.
Megan dut apprendre à dire « non ». En fait, elle n’était même pas sûre
de savoir comment dire « non ». Elle pensait qu’elle devait trouver une
excuse mais ne voulait pas avoir à mentir. Je l’encourageai à dire
simplement : « Non, je ne peux pas », sans se lancer dans de longues
explications. Elle commença à s’entraîner à dire « non » et trouva que plus
elle le faisait et moins cela lui semblait difficile. Elle s’était aussi imaginée
que les gens se mettraient en colère ; en fait, ils ne semblaient même pas en
prendre ombrage. Plus elle passait du temps avec sa famille et moins elle se
sentait irritable. Son niveau de stress diminua également et, après avoir dit
« non » à plusieurs reprises, elle ne se sentit plus obligée de plaire à tout le
monde.

LES SIGNES QUE VOUS SOUHAITEZ PLAIRE À TOUT LE


MONDE
Alors qu’au chapitre 2, nous avons vu que céder son pouvoir aux autres
revenait à les laisser nous contrôler, nous verrons ici que plaire aux autres,
c’est essayer de contrôler ce qu’ils ressentent. Vous retrouvez-vous dans
certaines de ces affirmations ?
Vous vous sentez responsable de ce que les autres peuvent ressentir.
Vous êtes gêné à l’idée que l’on soit en colère contre vous.
Vous avez tendance à passer pour le « pigeon de service ».
Vous trouvez souvent plus facile d’être d’accord avec les autres que
d’exprimer une opinion contraire.
Vous vous excusez souvent même lorsque vous n’avez pas le
sentiment d’avoir mal agi.
Vous déplaceriez des montagnes pour éviter les conflits.
Vous n’avez pas pour habitude de dire aux autres que vous vous
sentez blessé.
Vous avez tendance à dire « oui » lorsque l’on vous demande une
faveur, même lorsque vous n’en avez pas envie.
Vous adaptez votre comportement selon ce que vous croyez que les
autres veulent.
Vous dépensez beaucoup d’énergie à essayer d’impressionner les
autres.
Si vous organisiez une fête à laquelle les invités n’auraient pas l’air
de s’amuser, vous vous sentiriez responsable.
Vous recherchez souvent les éloges et l’approbation d’autrui.
Lorsque vous voyez qu’une personne est bouleversée, vous pensez
qu’il est de votre responsabilité de lui remonter le moral.
Vous refusez d’être rangé parmi les égoïstes.
Vous vous sentez souvent débordé et accablé par toutes les tâches
que vous avez à accomplir.

Est-ce que certains de ces exemples vous sont familiers ? Essayer d’être
une « personne parfaite » peut se retourner contre vous dès lors que, par
votre comportement, vous ne cherchez qu’à plaire aux autres. Cela pourrait
avoir de sérieuses répercussions dans de nombreux domaines de votre vie et
rendre difficile l’atteinte de vos objectifs. Vous pouvez être une personne
gentille et généreuse sans, pour autant, chercher à plaire à tout le monde.

POURQUOI ESSAYONS-NOUS DE PLAIRE À TOUT LE


MONDE ?
Megan s’efforçait d’être considérée comme une personne qui cherchait à
toujours faire passer les besoins des autres avant les siens. Son amour-
propre se nourrissait de la manière dont les autres la percevaient. Elle
remuait ciel et terre pour rendre les autres heureux, car, dans sa tête, les
alternatives – se retrouver au milieu d’un conflit, se sentir rejetée, perdre
une relation – étaient bien pires que la fatigue physique et émotionnelle
qu’elle ressentait.

LA PEUR
Les conflits et les confrontations peuvent apparaître pénibles. Il n’est
souvent pas très agréable de se retrouver assis entre deux collègues qui se
querellent. Et qui veut assister à un déjeuner de famille au cours duquel tous
les membres se disputeraient ?
Si une personne qui aime plaire aux autres voit dans son rétroviseur une
voiture approcher à vive allure, elle sera tentée d’accélérer en se disant : « Il
m’a l’air pressé. Je ne veux pas qu’il m’en veuille si je roule trop
lentement. » Ceux qui aiment plaire redoutent aussi, bien souvent, le rejet et
l’abandon. Ils se disent : « Si je ne te fais pas plaisir, tu ne m’aimeras pas. »
Ils cherchent à obtenir des éloges et la reconnaissance des autres, et s’ils ne
reçoivent pas assez d’encouragements positifs, ils changent leur
comportement de façon à ce que les autres se sentent heureux.

LES COMPORTEMENTS APPRIS


Parfois, le désir d’éviter les conflits vient de l’enfance. Si vous avez été
élevé par des parents qui se chamaillaient constamment, vous en avez peut-
être conclu que les conflits sont néfastes et que pour éviter les disputes, il
vaut mieux faire en sorte que tout le monde soit content.
Les enfants d’alcooliques, par exemple, deviennent souvent des
personnes qui veulent faire plaisir, car c’est la meilleure façon qu’ils ont
trouvée de gérer le comportement imprévisible d’un parent. Dans d’autres
cas, faire une bonne action est le seul moyen d’attirer l’attention.
Faire passer les autres avant soi peut aussi être un moyen de se sentir
utile et important. J’ai de la valeur si je peux rendre les autres heureux.
Puis cela devient une habitude de s’investir dans la vie et les sentiments des
autres.
Un bon nombre de mes clients me disent souvent se comporter comme
une « chiffe molle » parce que la Bible l’exige d’eux. Il me semble plutôt
que la Bible recommande de « traiter son voisin comme soi-même », et non
mieux que soi-même. La plupart des courants spirituels nous encouragent à
faire preuve d’une plus grande audace pour vivre en accord avec nos
valeurs, et tant pis si cela déplaît à certains.

VOULOIR PLAIRE À TOUT LE MONDE EST


PROBLÉMATIQUE
Le désir qu’avait Megan de plaire aux autres lui fit perdre de vue ses
valeurs. Comme elle n’arrivait pas à satisfaire ses propres besoins, cela eut
des répercussions sur son humeur. Elle réalisa combien ses tentatives
multiples de plaire aux autres avaient affecté sa famille lorsque – après
plusieurs séances de thérapie – son mari déclara : « J’ai l’impression
d’avoir retrouvé ma Megan d’avant. »

VOS SUPPOSITIONS NE SONT PAS TOUJOURS JUSTES


Sally invite Jane à l’accompagner faire les boutiques. La seule raison qui
pousse Sally à le faire est que Jane l’a invitée à prendre un café la semaine
précédente et elle se dit que ce serait gentil de lui rendre la pareille.
Cependant, Sally espère que Jane déclinera son offre, car elle souhaite juste
faire un saut au centre commercial pour se trouver des chaussures. Elle sait
que si Jane vient, elle voudra sans doute arpenter les magasins pendant des
heures.
Jane n’a pas envie de faire les magasins. Elle a quelques courses à faire et
quelques tâches ménagères qui l’attendent à la maison. Mais elle ne veut
pas faire de peine à Sally, alors, quand cette dernière l’invite à aller au
centre commercial, elle accepte.
Chacune de ces deux femmes pensent faire plaisir à l’autre. En fait, elles
ne semblent avoir aucune idée de ce que l’autre souhaite réellement. Et leur
tentative respective pour faire plaisir à l’autre ne fait, en réalité, que les
agacer l’une et l’autre. Mais aucune des deux n’a le courage d’exprimer
ouvertement ce qu’elle souhaite vraiment.
La plupart d’entre nous croient, à tort, qu’en faisant plaisir aux autres,
nous prouvons notre générosité. Mais en y réfléchissant, on comprend
qu’essayer de toujours plaire aux autres n’est pas un comportement
altruiste. Il s’agit en fait d’une action tournée vers soi-même, car elle
suppose que les autres s’intéressent à chacun de nos faits et gestes. En
agissant ainsi, vous prétendez également avoir le contrôle sur ce que
ressentent les autres.
En vous démenant constamment pour rendre les autres heureux, lorsqu’il
vous semblera que vos efforts ne sont pas appréciés, vous finirez très vite
par ressentir de l’amertume. Des pensées comme Je fais tant pour toi et tu
ne fais rien pour moi commenceront à envahir votre esprit et vos relations
aux autres en souffriront.

VOULOIR PLAIRE À TOUT LE MONDE NUIT AUX RELATIONS


HUMAINES
Angela ne voulait pas plaire à tout le monde, mais seulement aux hommes
qu’elle fréquentait. Si elle sortait avec un homme qui lui disait aimer
l’humour chez une femme, elle faisait quelques blagues supplémentaires. Si
elle sortait avec un homme qui lui disait aimer la spontanéité chez une
femme, elle en profitait pour lui raconter un voyage en France qu’elle avait
effectué à la dernière minute l’année précédente. Si un autre homme lui
disait aimer les femmes intelligentes, elle racontait le même voyage mais en
expliquant qu’elle s’y était rendue parce qu’elle était férue de beaux-arts.
Angela cherchait à se rendre la plus attirante possible aux yeux des
hommes avec lesquels elle sortait. Elle pensait que plus les anecdotes
qu’elle raconterait plairaient et plus elle aurait de chances d’être invitée à
un second rendez-vous. Elle n’avait pas pensé aux conséquences sur le long
terme de ses changements de personnalité constants. En définitive, elle
n’arrivait pas à suffisamment plaire pour qu’un homme veuille rester auprès
d’elle toute sa vie.
Aucun homme respectable ne souhaitait sortir avec une femme creuse qui
se comportait comme une marionnette. En fait, un grand nombre des
hommes qu’elle a fréquentés ont été très vite agacés par son besoin
d’acquiescer à tout ce qu’ils disaient. Sa manie de toujours dire ce qu’ils
voulaient entendre était plutôt transparente.
Angela avait peur que si elle n’était pas d’accord ou exprimait une
opinion contraire, les hommes ne s’intéressent plus à elle : ce qui révélait
bien son manque de confiance en elle. Tu ne resteras pas si je ne fais pas ce
que tu veux, pensait-elle. Si vous tenez à quelqu’un et pensez que cette
personne tient aussi à vous, vous voulez faire preuve de franchise avec elle.
Vous savez que même si cette personne n’aime pas quelque chose que vous
avez dit ou fait, elle continuera cependant à apprécier votre compagnie.
C’est une mission impossible que de vouloir rendre toutes les personnes
autour de soi heureuses. Peut-être que si votre beau-père vous demande de
l’aider, votre compagnon sera en colère, car vous aviez le projet de déjeuner
ensemble. Dans ce genre de décisions, les personnes qui veulent plaire à
tout le monde ont tendance à choisir de faire plaisir à la personne qui leur
est la moins proche. Elles savent que leur conjoint finira par se remettre de
l’offense qui lui a été faite. Malheureusement cela laisse les êtres que vous
aimez le plus, tristes et fâchés. Ne devrions-nous pas plutôt faire le
contraire ? Ne devrions-nous pas fournir tous les efforts pour nos relations
les plus proches et les plus intimes ?
Avez-vous déjà rencontré quelqu’un qui se comporte en martyr ? Les
tentatives de telles personnes pour contenter tout le monde deviennent
rapidement rédhibitoires. Celles-ci passent leur temps à dire : « C’est moi
qui fais tout ici » ou « Si je ne le fais pas, personne ne le fera ». Les martyrs
risquent de devenir furieux, amers lorsque leurs tentatives de plaire à tout le
monde se retournent contre eux.
Que vous soyez coupable de vous sentir victime ou que vous ayez
simplement du mal à dire non par peur de blesser les sentiments des autres,
rien ne garantit pour autant que les autres vous aiment pour la simple raison
que vous essayez de leur faire plaisir. Au contraire, ils pourront tirer profit
de vous au lieu de créer une relation fondée sur la confiance et le respect
mutuel.

LES PERSONNES QUI VEULENT PLAIRE À TOUT LE MONDE


PERDENT DE VUE LEURS VALEURS
Bronnie Ware, une infirmière australienne qui a passé des années à
travailler auprès de personnes mourantes, rapporte que le désir de plaire à
tout monde faisait partie des plus grands regrets que ses patients lui
confiaient sur leur lit de mort. Dans son livre, Les 5 regrets des personnes
en fin de vie10, elle explique comment les mourants regrettent souvent de ne
pas avoir vécu une vie plus authentique. Au lieu de s’habiller, se comporter,
parler d’une manière qui plaisait aux autres, ils auraient préféré être plus en
phase avec ce qu’ils souhaitaient vraiment.
Il existe même une étude, publiée dans le Journal of Social and Clinical
Psychology11, qui montre que ceux qui cherchent à plaire aux autres ont
tendance à manger davantage lorsqu’ils pensent faire ainsi plaisir à leur
entourage. Ils seraient prêts à détruire leur santé pour simplement faire
plaisir à autrui, sans même avoir la certitude qu’on accorde une quelconque
attention à ce qu’ils mangent.
Vouloir faire plaisir à tout prix vous empêchera, qui plus est, de vous
réaliser pleinement. Même si les personnes qui veulent plaire à tout le
monde aiment qu’on les aime, elles ne cherchent à être les meilleures nulle
part, car elles ont peur de faire de l’ombre aux autres si on les porte aux
nues. Untel n’aura pas de promotion parce qu’il aura du mal à accepter le
mérite qui lui revient pour le travail qu’il a accompli. Ou une femme qui se
fait accoster par un homme charmant choisira de ne pas répondre parce
qu’elle se sentira mal à l’aise, vis-à-vis de son amie, qu’il lui ait parlé en
premier.
Quelles que soient vos valeurs, elles ne seront plus votre priorité dès lors
que vous ne chercherez qu’à plaire aux autres. Vous perdrez vite de vue ce
qui est bon pour vous et n’accomplirez que ce qui fera plaisir aux autres. Ce
n’est pas parce qu’un choix est le plus approuvé qu’il est nécessairement le
meilleur.
ÉVITER DE PLAIRE AUX AUTRES
Dire « oui » était devenu une telle habitude pour Megan qu’elle se
retrouvait souvent à accepter automatiquement.
C’est pourquoi je l’ai aidée à mettre en place un mantra grâce auquel elle
se répétait à elle-même : « Dire “oui” aux autres revient à dire “non” à mon
mari et à mes enfants. » Elle savait qu’elle pouvait dire « oui » dans certains
cas sans nuire à sa famille proche. En revanche, elle ne pouvait pas se
permettre de dire « oui » tout le temps, sinon son humeur et sa famille en
souffriraient.

DÉTERMINER À QUI VOUS SOUHAITEZ PLAIRE


Si vous souhaitez atteindre vos objectifs, vous devez vous frayer un chemin
et ne pas vous contenter de faire ce que les autres attendent de vous. Le
PDG de Craigslist12, Jim Buckmaster, a fait l’expérience de cette vérité.
Buckmaster est devenu le PDG de Craigslist en 2000. Alors que les
autres sites Internet investissaient largement dans la publicité, Craigslist ne
se plia pas à cette pratique. Craigslist alla même jusqu’à refuser plusieurs
affaires très rentables. Buckmaster et son équipe préférèrent un site web
d’apparence sobre et ne facturèrent aux utilisateurs que l’accès à des
données bien spécifiques. La plupart des données générées par les
utilisateurs sont toujours, à ce jour, gratuites. D’ailleurs, l’entreprise n’a
toujours pas de service de marketing.
Craigslist s’est attiré de nombreuses remarques négatives pour ce choix
et Buckmaster a été la cible de vives critiques. On l’a accusé d’être
anticapitaliste et il s’est également fait traiter d’« anarchiste social ». Mais
Buckmaster ne cherchait pas à plaire. Au contraire, il continua à diriger
Craigslist de la même façon.
Sa volonté d’aller à contre-courant et de faire en sorte que son entreprise
ne dépende pas largement des annonceurs est sans doute ce qui a permis à
Craigslist de continuer à faire des affaires. L’entreprise a aisément survécu
au crash Internet et continue d’être l’un des sites les plus populaires au
monde. On estime la valeur de Craigslist à, au moins, 5 milliards de dollars.
En ne souciant pas de plaire à tout le monde, Buckmaster réussit à faire en
sorte que son entreprise continue de se concentrer sur les services qu’elle
offrait et à atteindre son objectif.
Avant d’adapter automatiquement votre comportement à ce que vous
pensez que les autres veulent, évaluez vos propres pensées et émotions.
Lorsque vous essayez de savoir si vous devez exprimer votre opinion ou
non, souvenez-vous de ces vérités à propos des personnes qui cherchent, à
tout prix, à plaire aux autres :

S’inquiéter de plaire à tout le monde est une perte de temps. Vous ne


pouvez pas gouverner les sentiments des autres et plus vous
dépenserez votre énergie à essayer de savoir si les autres sont
contents, moins vous en aurez pour vous concentrer sur ce qui
compte vraiment.
Ceux qui veulent plaire à tout le monde se laissent facilement
manipuler. Ils se repèrent, en effet, à des kilomètres à la ronde. Or
les manipulateurs usent souvent de stratégies pour jouer sur leurs
émotions et orienter leur comportement. Faites attention à ceux qui
s’expriment ainsi : « L’unique raison pour laquelle je te le demande
à toi, c’est que tu feras le meilleur boulot possible », ou « Ça me
gêne de te demander ça, mais… »
Ce n’est pas grave si les autres se sentent irrités ou déçus. Il n’y a
aucune raison que certains aient besoin de se sentir heureux ou
comblés tout le temps. Nous avons tous la capacité de supporter une
large gamme d’émotions et ce n’est pas votre rôle de leur éviter des
émotions négatives. Si quelqu’un se met en colère, cela ne signifie
pas que vous avez fait quelque chose de mal.
Vous ne pouvez pas plaire à tout le monde. Il est littéralement
impossible de satisfaire tous les autres à la fois. Acceptez que
certains ne seront jamais satisfaits et que ce n’est pas votre rôle de
les rendre heureux.

CLARIFIER VOS PRIORITÉS


Imaginez une mère célibataire qui travaillerait à temps plein dans une usine.
Un matin, elle réveille son fils pour qu’il aille à l’école, mais il lui dit qu’il
ne se sent pas bien. Elle prend sa température et constate qu’il a un petit peu
de fièvre. Il est évident qu’il ne peut aller à l’école.
Elle doit décider de ce qu’elle va faire de lui aujourd’hui. Elle n’a ni amis
ni famille qui pourraient s’occuper de lui. Elle pourrait appeler à son travail
et dire qu’elle est malade, mais elle ne sera pas payée si elle ne va pas
travailler. Si elle n’est pas payée aujourd’hui, elle aura du mal à payer les
courses de cette semaine. Elle s’inquiète aussi à l’idée de perdre son travail
si elle ne s’y présente pas aujourd’hui. Elle a déjà posé un grand nombre de
jours à cause des maladies répétées des enfants.
Elle décide de laisser son fils tout seul pour la journée. Elle sait que
d’autres la critiqueraient d’avoir laissé son enfant, malade et de dix ans,
seul à la maison. Néanmoins, ses priorités la conduisent à prendre cette
décision qui lui semble être la meilleure compte tenu des circonstances et
en dépit de ce que pourraient penser les autres. Ce n’est pas qu’elle accorde
plus d’importance à son travail qu’à son enfant. Au contraire, sa famille n’a
pas de prix à ses yeux. Mais elle sait que d’aller au travail est la meilleure
solution pour toute la famille sur le long terme.
Lorsque vous êtes face à des décisions importantes dans la vie, il vous
faut absolument connaître vos priorités de façon à pouvoir prendre les
meilleures décisions. Pouvez-vous, sans trop réfléchir, lister les cinq
priorités les plus importantes à vos yeux ? La plupart du temps nous en
sommes incapables. Mais, si vous ne connaissez pas vos priorités, comment
choisir où investir votre énergie et comment prendre les meilleures
décisions possible ? Prendre le temps de clarifier vos priorités peut s’avérer
très utile. Les priorités les plus communes sont :

Les enfants
Les relations amoureuses
La famille
Les croyances religieuses/spirituelles
Faire du bénévolat ou aider les autres
Le travail
L’argent
Entretenir des amitiés sincères
Prendre soin de sa santé
Avoir un but dans la vie
Les loisirs
Faire plaisir aux autres
L’éducation

Définissez vos cinq priorités et classez-les de la plus importante à la


moins importante. Prenez maintenant le temps de réfléchir : vivez-vous en
accord avec vos priorités ? Quelle quantité de temps, d’argent, d’énergie et
de compétences consacrez-vous à chacune de ces priorités ? Passez-vous
trop de temps à faire quelque chose qui n’est même pas sur votre liste ?
À quel rang avez-vous placé « faire plaisir aux autres » ? Cela ne devrait
jamais être en haut de votre liste. Refaire le point sur l’ordre de vos priorités
de temps en temps vous aidera à déterminer si votre vie est en ordre ou pas.

PRENDRE LE TEMPS DE DÉCIDER AVANT DE DONNER UNE


RÉPONSE
Dans le cas de Megan, elle évitait sa cousine, car elle savait qu’elle ne serait
pas capable de dire « non » si celle-ci lui demandait une faveur. Pour l’aider
à dire « non », nous avons développé un scénario. Dès que quelqu’un lui
demanderait quelque chose, elle répondrait : « Laisse-moi vérifier ce que
j’ai à faire et je reviens vers toi. » Cela lui laissait le temps de réfléchir à ce
qu’elle souhaitait vraiment. Si elle répondait finalement « oui », c’était bien
parce qu’elle le voulait et non pour faire plaisir aux autres, à ses dépens.
Si répondre « oui » automatiquement est devenu une habitude dans votre
vie, apprenez à évaluer votre décision avant de donner une réponse.
Lorsque quelqu’un vous demande de faire quelque chose, posez-vous ces
questions avant de répondre :

Est-ce que je souhaite le faire ? La plupart de ceux qui cherchent à


plaire aux autres n’ont aucune idée de ce qu’ils veulent vraiment
tant ils sont habitués à agir automatiquement. Prenez un moment
pour évaluer votre opinion.
À quoi vais-je devoir renoncer si j’accepte ? Si vous acceptez de
faire quelque chose pour quelqu’un, vous allez devoir renoncer à
autre chose : du temps passé avec votre famille, de l’argent, etc.
Avant de prendre une décision, découvrez les conséquences qu’un
« oui » aura pour vous.
Que vais-je gagner en acceptant ? Peut-être que cela vous permettra
d’améliorer une relation ou vous procurera du plaisir. Pensez aux
possibles avantages d’un « oui ».
Comment me sentirai-je si j’accepte ? Risquez-vous de ressentir de
la colère, de la rancœur ? Ou vous sentirez-vous heureux et fier ?
Prenez le temps d’imaginer ce que vous allez ressentir en pesant vos
choix.

Comme l’a découvert Megan, vous n’avez pas à vous justifier si vous ne
pouvez pas faire quelque chose. Lorsque vous souhaitez refuser, vous
pouvez le formuler ainsi : « J’aurais aimé pouvoir dire oui mais je ne vais
pas pouvoir », ou simplement « Désolé, mais je ne vais pas pouvoir ». Si
vous n’avez pas l’habitude de dire « non », il vous faudra vous exercer,
mais vous verrez, cela devient plus facile avec le temps.

APPRENDRE À VOUS COMPORTER AVEC FERMETÉ


La confrontation n’est pas en soi mauvaise ou inquiétante. Au contraire, les
discussions fermes peuvent parfois être saines, et partager vos inquiétudes
peut améliorer vos relations. À un moment, Megan parla ouvertement avec
sa cousine et lui avoua qu’elle avait eu l’impression que cette dernière
s’était servie d’elle par le passé. Sa cousine lui demanda pardon, lui dit
qu’elle ne se doutait pas de ce que Megan avait pu ressentir et qu’elle allait
faire en sorte que cela ne se reproduise jamais. Megan accepta d’assumer
une part de ses émotions et de ses comportements puisqu’elle n’avait su
dire « non » lorsque sa cousine lui avait demandé de faire quelque chose
qu’elle ne souhaitait pas faire. Megan et sa cousine réussirent à préserver
leur relation au lieu de la rompre.
Parlez franchement si vous avez l’impression qu’on se sert de vous. Vous
n’avez pas à être agressif ou impoli, au contraire efforcez-vous de rester
respectueux et courtois. Exprimez vos sentiments et attachez-vous aux faits.
Utilisez des tournures à la première personne, comme « je suis agacé de te
voir toujours arriver avec trente minutes de retard », plutôt que « tu n’es
jamais à l’heure ».
Je travaille avec un grand nombre de parents qui ne supportent pas que
leurs enfants soient malheureux. Ils n’osent pas leur dire « non » de peur
qu’ils pleurent ou les accusent d’être méchants. Qu’il s’agisse d’un enfant,
d’un ami, d’un collègue ou même d’un inconnu, il est souvent gênant de
voir qu’une personne nous en veut, lorsque l’on n’a pas l’habitude de parler
franchement. Mais avec un peu de pratique, il devient plus facile de
supporter cette gêne et de se montrer ferme.

POURQUOI ACCEPTER QUE VOUS NE POUVEZ PLAIRE


À TOUT LE MONDE VOUS RENDRA-T-IL PLUS FORT ?
Mose Gingerich lutta contre une décision que la plupart d’entre nous ne
peuvent même pas imaginer avoir à prendre. Il avait grandi dans une
communauté amish du Wisconsin dans laquelle il avait passé ses journées à
labourer les champs et traire les vaches à la main. Mais Mose n’était pas
convaincu de vouloir rester amish toute sa vie. Dans une communauté où on
décourageait le questionnement, Mose s’interrogeait sur tout ce qu’on lui
avait appris : de Dieu au mode de vie amish.
Il passa des années à se débattre avec l’idée de quitter la communauté. Il
ne connaissait que la façon de vivre amish. S’il décidait de partir pour
toujours, il ne serait plus autorisé à entretenir des relations avec les
membres de la communauté, y compris sa mère et ses frères et sœurs. Par
ailleurs, mettre les pieds dans le « monde anglais » revenait à entrer en terre
inconnue. Mose n’avait jamais eu le droit d’utiliser aucune des commodités
modernes, comme un ordinateur ou un four électrique. Comment pourrait-il
s’en sortir seul dans un monde qu’il connaissait à peine ?
Entrer dans un monde inconnu n’était cependant pas ce qui effrayait le
plus Mose. En revanche, il était terrifié à l’idée d’aller en enfer. On l’avait
toujours prévenu que le Dieu des Amish était l’unique Dieu et que de
quitter la communauté voulait dire quitter Dieu. Les plus anciens lui dirent
qu’il n’y avait pas d’espoir pour ceux qui vivaient dans le monde extérieur.
Les individus qui avaient quitté la communauté amish, tout en s’évertuant à
rester chrétiens, jouaient avec le feu.
Mose avait quitté la communauté à plusieurs reprises et de façon
temporaire lorsqu’il était adolescent puis, plus tard, jeune adulte. Il avait
sillonné le pays, apprit davantage sur les autres cultures amish et prit goût
au monde extérieur. Ses explorations lui permirent de développer sa propre
idée du monde et de Dieu. Il finit par conclure que sa vision du monde ne
correspondait pas à celle des Amish et décida de quitter la communauté
pour de bon.
Mose se créa une nouvelle vie dans le Missouri où il connut toutes sortes
d’expériences : de la gestion de sa propre entreprise de construction à son
apparition dans certains shows de télé-réalité. Il dut apprendre à bâtir son
propre chemin sans l’aide de sa famille puisque cette dernière, ainsi que
tous les membres de la communauté, refusait de lui adresser la parole. Mose
guide parfois de jeunes ex-Amish qui luttent pour s’intégrer dans le
« monde anglais », car il est bien placé pour savoir à quel point il est
difficile de trouver un travail, d’obtenir un permis de conduire et de
comprendre les normes culturelles du monde dans lequel ils vivent
désormais, sans le soutien de personne.
J’eus l’occasion de lui demander comment il avait réussi à prendre sa
décision. Il me répondit qu’en confrontant ses propres croyances, il avait
compris que « le monde est ce que chacun décide d’en faire et que chacun
fait ses propres choix. J’ai décidé de partir et de faire confiance au monde
moderne. Et chaque matin, quand je me réveille aux côtés de ma femme,
mes deux filles et mon beau-fils, je remercie Dieu de m’avoir permis de
prendre cette décision ».
Si Mose s’était évertué à faire plaisir aux autres, il vivrait encore au sein
de la communauté amish, tout en sachant que cela ne lui allait pas. Mais
Mose avait été assez fort pour prendre du recul par rapport à tout ce qu’on
lui avait enseigné, à l’égard de tous ceux qu’il avait toujours connus, et pour
s’élancer vers une vie qui semblait mieux lui convenir. Il est aujourd’hui
satisfait de la vie qu’il s’est construite et il se sent suffisamment sûr de lui
pour supporter la désapprobation de la communauté amish tout entière.
Vos paroles et votre comportement doivent être en phase avec vos
croyances si vous voulez vivre une vie vraiment authentique. Lorsque vous
cessez de vouloir plaire à tout le monde et qu’au contraire vous avez le
courage de vivre en accord avec vos valeurs, vous ressentez un grand
nombre de bienfaits :
Votre confiance en vous montera en flèche. Plus vous prendrez
conscience que vous n’avez pas besoin de plaire à tout le monde et
plus vous gagnerez en indépendance et en confiance en vous. Vous
vous sentirez heureux des décisions que vous prendrez, même si
certains ne sont pas d’accord avec vos actions, car vous aurez la
certitude d’avoir pris la bonne décision vous concernant.
Vous aurez plus de temps et d’énergie à consacrer à vos objectifs.
Au lieu de vous efforcer de devenir la personne que les autres, selon
vous, souhaitent voir, vous aurez du temps et de l’énergie pour vous
occuper de vous-même. En concentrant vos efforts sur vos objectifs,
vous aurez bien plus de chances de les atteindre.
Vous vous sentirez moins stressé. En imposant des limites et des
barrières saines entre vous et les autres, vous ressentirez bien moins
de stress et d’irritation. Vous aurez l’impression d’avoir davantage le
contrôle de votre vie.
Vous établirez des relations plus saines. Vous réaliserez que les
autres auront plus de respect pour vous lorsque vous vous
comporterez plus fermement. Vous vous exprimerez mieux et vous
réussirez à ne plus accumuler colère et rancœur contre les autres.
Votre volonté sera décuplée. Une étude publiée en 2008 dans le
Journal of Experimental Psychology13 montre que les gens ont
davantage de volonté lorsqu’ils prennent des décisions en accord
avec eux-mêmes plutôt que dans le but de plaire à quelqu’un
d’autre. Si vous entreprenez une action simplement pour rendre
quelqu’un d’autre heureux, vous aurez du mal à atteindre vos
objectifs. Vous serez incité à persévérer si vous êtes convaincu qu’il
s’agit de la meilleure décision vous concernant.

AIDE-MÉMOIRE
Dans certains domaines de votre vie, il vous est sans doute facile d’agir en
accord avec vos propres valeurs, alors que dans d’autres, vous aurez du mal
à ne pas vouloir constamment plaire aux autres. Soyez conscient des
signaux d’alerte et faites en sorte de vivre selon vos convictions, et non
selon ce qui rendra les autres heureux.
CE QUI AIDE

Identifier ses priorités et agir en les respectant


Être conscient de ses émotions avant de décider d’accepter la
demande d’autrui
Dire non lorsque vous ne souhaitez pas faire quelque chose
S’entraîner à ressentir des émotions inconfortables suscitées
par des conflits et des confrontations
Se montrer ferme même si parler franchement n’est pas bien
perçu

CE QUI N’AIDE PAS

Perdre de vue qui l’on est et quelles sont nos priorités


Ne prendre en compte que les émotions des autres sans penser
à ce que l’on ressent soi-même
Accepter automatiquement une invitation sans même se
demander si c’est une bonne idée ou non
Être d’accord et se soumettre à une demande simplement pour
éviter une confrontation
Suivre l’opinion générale ou refuser d’exprimer une opinion qui
irait à l’encontre de ce que pense la majorité

10. Bronnie Ware, Les 5 regrets des personnes en fin de vie, Guy Trédaniel éditeur, 2013.
11. J. J. Exline, A. L. Zell, E. Bratslavsky, M. Hamilton et A. Swenson, « People-Pleasing Through
Eating : Sociotropy Predicts Greater Eating in Response to Perceived Social Pressure », Journal of
Social and Clinical Psychology, 2012, no 31, p. 169-193. Non disponible en français (NdT).
12. Craigslist est un site américain offrant des petites annonces et des forums de discussions variées.
Voir « Jim Buckmaster », Craigslist, 12 août 2014. http://www.craigslist.org/about/jim_buckmaster.
13. M. Muraven, M. Gagne et H. Rosman, « Helpful Self-Control : Autonomy Support, Vitality, and
Depletion », Journal of Experimental Social Psychology, 2008, no 44, p. 573-585. Non disponible en
français (NdT).
Chapitre 6

Ne craignez pas les risques calculés


Ne vous montrez pas trop timide ou sensible vis-à-vis de vos actions. La vie
n’est qu’une expérimentation. Plus vous multiplierez les expériences et
meilleures elles se révéleront.
RALPH WALDO EMERSON

Dale avait été professeur dans un lycée professionnel pendant trente ans et,
bien qu’il aimât son métier, il avait de plus en plus de mal à le trouver
passionnant. Il rêvait de la flexibilité, de la liberté et de l’argent qu’il
pourrait obtenir en ouvrant son propre magasin de meubles. Lorsqu’il fit
part de son projet à sa femme, celle-ci leva les yeux au ciel et le taxa de
« doux rêveur ».
Plus Dale y pensait et plus il se disait que sa femme devait avoir raison.
Mais il ne voulait pas non plus continuer à enseigner. D’une part,
l’enseignement l’ennuyait, et d’autre part, il se sentait usé. Il avait
l’impression de ne plus enseigner aussi bien que par le passé et trouvait
cela injuste vis-à-vis de ses élèves.
Le rêve de monter sa propre affaire n’était pas la première « idée de
génie » que Dale avait eue. Il avait un jour rêvé de vivre sur un bateau. À
une autre période de sa vie, il avait voulu ouvrir un bed and breakfast à
Hawaï. Il n’avait jamais essayé de poursuivre aucun de ses rêves, car il
avait toujours eu l’impression que sa priorité principale devait être de
subvenir aux besoins de sa famille. Même si ses enfants étaient grands
désormais, et que sa femme et lui s’en sortaient financièrement, il pensait
qu’il continuerait à enseigner jusqu’à l’âge de la retraite.
Alors que Dale avançait péniblement dans son métier d’enseignant, il
commença à avoir des sautes d’humeur. Il se sentait abattu et déprimé, ce
dont il n’avait jamais fait l’expérience auparavant. Il chercha de l’aide, car
il se dit que quelque chose ne devait pas tourner rond puisque pour la
première fois de sa vie, il ne prenait plus aucun plaisir dans son métier.
Si Dale me dit qu’il était d’accord avec sa femme et qu’il ne devrait pas
se lancer dans une nouvelle carrière d’entrepreneur, il était clair qu’au
fond de lui le projet l’excitait toujours énormément. À la simple évocation
de la possibilité d’ouvrir son propre magasin de meubles, son visage
s’illuminait, son attitude changeait et son humeur se transformait.
Nous discutâmes des risques qu’il avait pu prendre lors d’expériences
passées. Il me dit que des années plus tôt, il avait investi dans l’immobilier
et avait perdu beaucoup d’argent. Depuis, il avait peur de prendre un
quelconque risque financier. Après plusieurs séances de thérapie, Dale me
confia qu’il aimerait toujours se lancer dans sa propre affaire mais qu’il
était terrifié à l’idée de renoncer à un emploi stable. Il avait confiance en
ses compétences de menuisier mais ne se sentait pas à l’aise concernant le
monde de l’entreprise. Nous discutâmes pour savoir comment il pourrait en
apprendre plus sur le métier d’entrepreneur. Il dit qu’il serait ravi de
pouvoir suivre des cours de commerce à l’université locale. Il ajouta qu’il
aimerait également rejoindre un réseau d’entrepreneurs et trouver un
mentor qui l’aiderait à se lancer dans son affaire. Avec ces quelques idées
qui lui permettaient d’entretenir son rêve, il continua à peser les avantages
et les inconvénients d’ouvrir sa propre boîte.
En quelques semaines, Dale prit sa décision – il ouvrirait son affaire à
mi-temps. Il envisageait de travailler à ses meubles les soirs et les week-
ends. Il avait déjà une grande partie de ce dont il avait besoin pour se
lancer mais il lui faudrait quand même investir un petit peu dans l’achat de
nouveaux matériaux. Mais globalement, il pensait pouvoir se lancer sans
un trop gros apport financier. Pour commencer, il n’aurait pas de magasin
– il vendrait ses meubles en ligne et à travers la presse écrite locale. Si la
demande se montrait suffisante, il envisagerait d’ouvrir un magasin et
pourquoi pas, à terme, de quitter son métier d’enseignant.
L’humeur de Dale marqua un profond changement dès lors qu’il parla de
transformer son rêve en réalité. Après plusieurs séances de thérapie
supplémentaires, Dale continua d’aller de mieux en mieux tout en
s’efforçant de se rapprocher de ses objectifs. Nous avions convenu d’un
dernier rendez-vous un mois plus tard pour vérifier que son état d’esprit
s’était stabilisé et, lorsqu’il se présenta, Dale me fit part d’une nouvelle
particulièrement intéressante. Non seulement il avait commencé à
construire des meubles pour son entreprise mais il avait aussi retrouvé le
goût d’enseigner, peut-être même plus que jamais auparavant. Il me dit que
la perspective de monter sa propre entreprise avait ravivé sa passion pour
l’enseignement professionnel. Il avait toujours l’intention de réaliser des
meubles à mi-temps mais n’était plus sûr de vouloir quitter définitivement
l’enseignement. Au contraire, il était excité à l’idée de transmettre à ses
élèves tout ce qu’il apprenait dans son métier d’entrepreneur.

LA PEUR DU RISQUE
Nous faisons face à un certain nombre de risques dans la vie – financiers,
émotionnels, sociaux et commerciaux, pour n’en citer qu’un petit nombre –
mais beaucoup évitent de prendre les risques qui les aideraient pourtant à
atteindre tout leur potentiel, paralysés qu’ils sont par la peur. Correspondez-
vous aux cas suivants ?

Vous avez du mal à prendre des décisions importantes dans votre


vie.
Vous passez beaucoup de temps à rêvasser à ce que vous aimeriez
faire sans vous lancer dans aucune action concrète.
Vous prenez parfois des décisions impulsivement, car réfléchir à la
décision elle-même est trop angoissant.
Vous avez souvent l’impression que vous pourriez vivre des
expériences bien plus excitantes et audacieuses, mais la peur vous
paralyse.
Lorsque vous évaluez un risque, vous avez tendance à n’imaginer
que le pire scénario possible et choisissez finalement de ne pas
prendre ce risque.
Vous laissez parfois les autres prendre des décisions à votre place
pour n’avoir pas à le faire.
Vous évitez de prendre des risques dans certains domaines de votre
vie – social, financier ou physique – par simple peur.
Vous prenez vos décisions selon la peur qu’elles vous inspirent. Si
vous avez un petit peu peur, vous agirez peut-être. Mais si vous
ressentez une grande peur, vous déciderez qu’il vaut mieux ne pas
courir un risque.
Vous pensez que les résultats dépendent beaucoup de la chance.

Ne pas savoir comment calculer une prise de risque peut entraîner une
peur plus importante. Mais il existe des solutions pour être en mesure de
calculer les risques le plus précisément possible et, avec de la pratique, vous
ferez des progrès dans ce domaine.

POURQUOI ÉVITONS-NOUS DE PRENDRE DES


RISQUES ?
Lorsque Dale s’imaginait monter sa propre entreprise, les souvenirs de ce
qu’il avait vécu lorsqu’il avait pris un risque financier par le passé
refaisaient surface. Pour lui, la prise de risque était grandement associée à
des images négatives. Il s’imaginait faire faillite ou risquer de dépenser tout
l’argent de sa retraite dans une affaire qui ne marcherait pas. Ces pensées
négatives et exagérées généraient une peur et une anxiété qui le rendaient
incapable d’avancer. Il ne lui était jamais venu à l’idée qu’il pouvait trouver
des moyens de réduire les risques et ainsi augmenter ses chances de succès.

LES ÉMOTIONS L’EMPORTENT SUR LA LOGIQUE


Même lorsque nos émotions ne reposent sur aucune base rationnelle, nous
les laissons parfois dominer. Au lieu de penser à ce « que pourrait être… »,
nous préférons nous demander « ce qui se passerait si… ». Mais une prise
de risque n’est pas toujours synonyme d’imprudence.
Mon labrador jaune, Jet, est un petit gars très émotif. Ce qu’il ressent
dicte complètement sa manière de se comporter. Et pour une raison
mystérieuse, il est terrifié par des choses très inattendues. Par exemple, il a
peur de la plupart des revêtements de sol. Il aime marcher sur de la
moquette, mais si vous voulez lui faire traverser du linoléum, je vous
souhaite bonne chance. Il est convaincu que la plupart des sols sont
glissants et il est terrifié à l’idée de tomber.
Tout comme les hommes essaient de gérer leur anxiété, Jet se crée des
règles pour supporter ses peurs. Il peut marcher sur le plancher du salon
sans problème mais ne mettra pas un pied sur le carrelage de l’entrée. Il
pourrait rester des heures à pleurer sur le seuil de l’entrée parce qu’il
voudrait me rejoindre dans mon bureau mais n’oserait pas s’aventurer sur le
carrelage. J’avais espéré que l’idée de venir me voir l’inciterait à prendre ce
risque, mais malheureusement cela n’a pas été le cas. J’ai finalement tracé
un chemin pour lui à l’aide de tapis posés sur le sol et il s’avance désormais
prudemment de tapis en tapis pour éviter d’avoir à marcher sur le carrelage.
Il a également établi des règles à propos des autres maisons que nous
visitons occasionnellement. Lorsque nous allons dans la maison de la mère
de Lincoln, qui est elle aussi carrelée, il se rend dans le salon l’arrière-train
en premier. Dans son esprit canin, il semble plus logique de reculer que
d’avancer sur le carrelage.
Mon père s’en est occupé un week-end où nous étions partis et Jet a
passé tout son temps sur le paillasson, à l’entrée de la maison. Parfois, il
refuse catégoriquement d’entrer dans certains immeubles et nous devons le
porter, car il ne posera pas une patte sur le linoléum. Ce n’est pas une mince
affaire que de porter un chien de presque quarante kilos chez le vétérinaire,
alors, parfois, nous venons avec nos propres petits tapis pour lui créer un
passage sur lequel il acceptera de marcher.
La peur que ressent Jet l’emporte habituellement sur son désir de marcher
sur certains revêtements, mais il existe une exception à cette règle : lorsqu’il
sent de la nourriture pour chat, il est prêt à prendre le risque. Jet n’avait
jamais mis les pieds dans la cuisine auparavant, car elle est carrelée. Mais
dès qu’il s’aperçut que de la nourriture pour chat avait été laissée sans
surveillance, son excitation l’emporta sur sa peur.
Presque tous les jours, quand il pense que nous ne le regardons pas, Jet
pose délicatement une patte dans la cuisine. Puis il en ajoute une deuxième
et s’étire aussi loin qu’il le peut. Il pose finalement une troisième patte. La
quatrième reposant toujours sur la moquette, il s’étire au maximum et,
parfois, il réussit à atteindre la gamelle du chat, les quatre pattes posées sur
le carrelage.
Je ne sais pas du tout comment Jet conclut d’un simple coup d’œil que tel
revêtement est « sans risque » alors que tel autre est « dangereux ». En dépit
du manque de logique apparent, pour Jet c’est évident.
Même si cela peut paraître ridicule, les humains calculent souvent la
prise de risque de la même manière. Nous fondons nos décisions sur nos
émotions et non sur notre logique. Nous supposons, à tort, qu’il existe une
corrélation directe entre le niveau de nos peurs et le niveau de risques
encourus. Mais la plupart du temps, nos émotions sont loin d’être
rationnelles. Si nous savions réellement comment calculer un risque, nous
comprendrions que certains risques valent le coup d’être pris et nous
aurions bien moins peur de les prendre.

NOUS NE PENSONS PAS AUX RISQUES


Pour calculer un risque, nous devons établir la probabilité que notre
comportement ait des conséquences positives ou négatives. Puis nous
devons mesurer l’impact de ces conséquences. Trop souvent, un risque est
associé à une peur telle que nous préférons ne pas y penser ou ne pas penser
à ses conséquences. Sans comprendre les résultats potentiels qu’une prise
de risque pourrait entraîner, nous finissons souvent par éviter les idées
risquées ou la poursuite de nos rêves.
Les risques sont au départ une opération de la pensée. Que vous considériez
l’achat d’une nouvelle maison ou que vous décidiez de mettre votre ceinture
de sécurité ou non, votre décision renferme un certain niveau de risques.
Les pensées que vous associez au risque influencent ce que vous ressentez
et, en fin de compte, modifient votre comportement. Lorsque vous
conduisez votre véhicule, vous décidez de la vitesse à laquelle vous
souhaitez rouler. Sur la route, vous rencontrez des risques liés à la sécurité
et à la légalité et vous devez trouver un équilibre entre ces risques et votre
temps. Plus vous conduisez vite et moins vous aurez à passer de temps dans
votre véhicule, mais en conduisant vite, vous augmentez vos risques d’avoir
un accident ou une contravention.
Il semble peu probable que vous réfléchissiez longtemps à la vitesse à
laquelle vous souhaitez rouler sur la route qui vous conduit sur votre lieu de
travail chaque jour. Au contraire, votre décision d’obéir à la loi ou de
dépasser les limitations de vitesse pèse fortement sur votre habitude
quotidienne. Mais si, un jour, vous vous trouvez en retard, vous devrez
décider de conduire plus vite et de vous mettre physiquement ou légalement
en danger, ou de risquer d’arriver en retard.
En vérité, peu d’entre nous investissent de leur temps à essayer de
calculer les risques à prendre et à éviter. Au contraire, nous fondons nos
décisions sur nos émotions et nos habitudes. Si cela semble trop effrayant,
nous évitons le risque. Si nous sommes excités par les avantages possibles,
nous serons plus enclins à surmonter ce risque.

POURQUOI LA PEUR DU RISQUE EST-ELLE


PROBLÉMATIQUE ?
Une fois que tous ses enfants avaient quitté l’université, Dale souhaitait
vivre des aventures un peu plus excitantes. Lorsqu’il pensait à monter son
affaire, cependant, il lui semblait que cela revenait à sauter d’une falaise
sans harnais de sécurité. Ce que Dale oubliait de calculer, c’est le coût
émotionnel de son refus de prendre un risque. Choisir de ne pas poursuivre
son rêve affectait son humeur, car cela changeait sa perception de lui-même
et de son métier d’enseignant.

VOUS NE DEVENEZ PAS EXTRAORDINAIRE SANS PRENDRE


DE RISQUES CALCULÉS
Othmar Ammann14 était un ingénieur suisse qui avait immigré aux États-
Unis. Il commença sa carrière comme ingénieur en chef de l’Autorité
portuaire de la ville de New York et, en à peine sept ans, il fut promu au
poste de directeur de l’ingénierie. De l’avis de tous, cela représentait un
travail très important.
Mais d’aussi loin qu’il puisse s’en souvenir, Ammann avait rêvé de
devenir un architecte. Il quitta donc son « job en or » et créa sa propre
entreprise. Dans les années qui suivirent, Ammann contribua à la réalisation
des ponts américains les plus impressionnants, entre autres le Verrazano-
Narrows, le Delaware Memorial et le Walt Whitman. Son habilité à dessiner
et créer des structures ornementées, compliquées et extravagantes lui
valurent un certain nombre de récompenses.
Ce qui est le plus impressionnant dans cette histoire, c’est qu’Ammann
avait la soixantaine lorsqu’il décida de changer de carrière. Il continua à
créer des chefs-d’œuvre d’architecture jusqu’à l’âge de quatre-vingt-six ans.
À un âge où la plupart des gens ne souhaitent plus prendre de risques,
Ammann choisit de prendre un risque calculé qui lui permit de vivre son
rêve. Si nous ne prenons que des risques « confortables », nous passerons
probablement à côté de belles occasions. Prendre des risques calculés, c’est
ce qui fait souvent la différence entre une vie médiocre et une vie
extraordinaire.

LES ÉMOTIONS INTERFÈRENT DANS LES CHOIX LOGIQUES


Lorsque vous êtes piéton, vous éprouvez parfois une légère sensation de
peur. Cette peur sert à vous rappeler que vous devez regarder des deux côtés
de la route avant de traverser, de façon à réduire les risques de vous faire
renverser par une voiture. Si vous ne ressentiez pas cette peur, vous vous
comporteriez avec imprudence.
Mais notre « appareil » qui nous sert à mesurer nos peurs n’est pas
toujours très fiable. Il se met parfois en route même s’il n’y a aucun danger.
Et lorsque l’on ressent de la peur, nous avons tendance à nous comporter en
conséquence, croyant à tort que « si l’on a peur, c’est que la situation doit
être périlleuse ».
Depuis des années, on nous enjoint de nous méfier de tous les dangers :
de l’abeille tueuse à la maladie de la vache folle. À longueur de journée,
nous sommes contraints d’écouter des statistiques, des études, des alertes à
propos de tant de dangers qu’il devient difficile de discerner l’étendue des
périls auxquels nous avons réellement à faire face dans nos vies. Prenez la
recherche contre le cancer, par exemple. Certaines études estiment que le
cancer est responsable de presque un décès sur quatre et d’autres rapports
nous annoncent que, d’ici quelques années, la moitié d’entre nous souffrira
d’un cancer. Si de telles statistiques peuvent alarmer, elles peuvent aussi
être trompeuses. Une étude plus approfondie des chiffres révèle qu’une
personne jeune et en bonne santé, ayant un mode de vie sain, courra bien
moins de risques qu’une personne âgée, en surpoids et qui fumerait. Mais il
est parfois difficile d’évaluer et de mettre en perspective nos risques en tant
qu’individus lorsque nous sommes constamment bombardés par ce genre de
statistiques.
Les fabricants de produits de nettoyage se sont efforcés de nous
convaincre que nous avions besoin de produits chimiques puissants, de
désinfectants pour les mains et de savons antibactériens. Les médias nous
ont révélé que les surfaces de travail dans nos cuisines possédaient plus de
germes que le siège de nos toilettes en nous montrant la vitesse à laquelle
les bactéries se multipliaient dans une boîte de Petri. Les phobiques des
germes tiennent compte de ces alertes en adoptant des mesures drastiques
qui les empêcheront d’entrer en contact avec ces fameux germes. Ils
désinfectent leur maison chaque jour à l’aide de produits chimiques
caustiques, se lavent les mains frénétiquement avec des produits
antibactériens et remplacent une bonne poignée de mains par un signe de la
main pour éviter la propagation des germes. Mais la lutte contre les germes
peut s’avérer plus nuisible qu’on ne le pense. En effet, des études montrent
que la suppression d’un trop grand nombre de germes pourrait réduire la
capacité de notre système immunitaire à se défendre contre les maladies.
Une étude réalisée par le Centre des enfants de Johns Hopkins15 a révélé
que les nouveau-nés exposés aux germes, aux poils d’animaux domestiques
et de rongeurs et aux allergènes de cafards avaient moins de risques de
développer de l’asthme ou des allergies. La peur conduit les individus à
s’imaginer que la présence de germes offre plus de risques que leur
absence, alors que, dans la réalité, un environnement dénué de toute
bactérie peut présenter une plus grande menace sur notre santé.
Il est important de prendre en compte vos émotions durant la prise de
décision. Si vous vous sentez triste, il est probable que vous anticiperez
l’échec et éviterez le risque. Si vous vous sentez heureux, vous mettrez sans
doute de côté les risques et foncerez tête baissée. Des recherches montrent
même qu’un sentiment de peur pourtant sans lien avec le risque en question
pourrait influencer notre décision. Si vous vous sentez stressé au travail et
qu’en même temps vous envisagez d’acheter une maison, vous percevrez
sans doute cet achat comme plus risqué que si vous n’étiez pas stressé au
travail. Comme nous ne sommes, en général, pas très doués pour distinguer
les facteurs qui influencent nos sentiments, nous avons alors tendance à
tous les amalgamer.
CALCULER LES RISQUES ET RÉDUIRE LE SENTIMENT
DE PEUR
Il n’était jamais venu à l’esprit de Dale auparavant qu’il n’avait pas à se
lancer la tête la première dans un projet d’entreprise. Une fois qu’il
commença à savoir comment diminuer les risques de faillite, il se sentit
rassuré et put se mettre à réfléchir, avec un peu plus de logique, à la façon
dont il pourrait concrétiser son projet. Il y avait, bien sûr, le risque qu’il ne
récupère jamais l’argent qu’il allait investir, mais après y avoir réfléchi, il se
dit qu’il s’agissait d’un risque calculé qu’il se sentait prêt à prendre.

FAIRE LA PART DES CHOSES ENTRE ÉMOTION ET LOGIQUE


Ne vous fiez pas bêtement à votre anxiété : elle ne doit pas être le facteur
qui vous aidera à prendre une décision finale concernant un risque. Vos
émotions biaiseront peut-être votre jugement. Plus vous vous sentirez en
proie à l’émotion, et moins vos pensées seront logiques. Lorsque vous
évaluez un risque, augmentez vos pensées rationnelles pour contrebalancer
le poids de vos réactions fondées sur vos émotions.
Beaucoup d’entre nous ont peur de prendre l’avion. Bien souvent, cette
peur naît d’un manque de contrôle. Le pilote le possède, et non les
passagers, et c’est ce manque de contrôle qui génère cette peur. Beaucoup
de passagers potentiels ont si peur qu’ils préfèrent conduire longtemps pour
atteindre une destination, plutôt que de voler. Leur décision de conduire se
fonde uniquement sur leur émotion et ne repose sur aucune logique. La
logique dit que, statistiquement, les risques de mourir dans un accident de
voiture sont d’un sur cinq mille, alors que ceux de mourir dans un accident
d’avion sont d’un sur onze millions16.
Si vous vous apprêtez à prendre un risque, et en particulier un qui touche
à votre bien-être, ne voudriez-vous pas mettre toutes les chances de votre
côté ? Et pourtant, la plupart d’entre nous choisiront la solution qui
engendrera un minimum d’anxiété. Prenez note des pensées qui vous
traversent l’esprit lorsque vous évaluez un risque et assurez-vous de fonder
votre décision sur les faits et non pas seulement sur vos émotions.
La plupart des recherches sur le sujet concluent que nous ne sommes pas
très doués pour calculer nos risques de façon précise. C’est assez effrayant
mais la plupart des décisions les plus importantes que nous prenons repose
sur un manque complet de rationalité :

Nous apprécions mal le contrôle que nous avons d’une situation.


Nous avons souvent tendance à vouloir prendre de plus gros risques
lorsque nous pensons avoir un grand contrôle. La plupart des gens
se sentent plus à l’aise lorsqu’ils prennent eux-mêmes le volant
d’une voiture, par exemple. Mais ce n’est pas parce que vous êtes le
conducteur que vous allez éviter tous les accidents.
Nous surcompensons lorsque nous nous sentons protégés. Nous
faisons preuve d’une plus grande imprudence lorsque nous pensons
que des filets de protection sont tendus et, de ce fait, nous
augmentons les risques. Nous avons tendance à conduire plus vite
lorsque nous portons notre ceinture de sécurité. Les compagnies
d’assurances routières ont même découvert que l’augmentation
d’éléments de protection dans les voitures coïncidait avec une
augmentation du nombre d’accidents.
Nous ne faisons pas la différence entre compétence et chance. En
étudiant les comportements dans les casinos, on a pu observer que
lorsque des parieurs jouaient au craps, ils ne lançaient pas les dés de
la même façon selon les chiffres qu’ils souhaitaient faire. Lorsqu’ils
voulaient obtenir un nombre élevé, ils lançaient les dés fortement. Et
inversement, lorsqu’ils recherchaient un petit nombre, ils jetaient les
dés plus doucement. Même s’il s’agit là d’un jeu de hasard, les gens
se comportent comme s’il nécessitait certaines compétences.
Nous sommes influencés par nos croyances superstitieuses. Que ce
soit un homme d’affaires portant ses chaussettes porte-bonheur ou
une personne qui lirait son horoscope avant de quitter son domicile,
nos superstitions influencent nos prises de risque. En moyenne, il y
a dix mille passagers en moins dans les aéroports les vendredis 13
et, dans les refuges, les chats noirs ont moins de chances d’être
adoptés ce jour-là. Et, alors que les recherches prouvent que la
plupart des gens pensent que croiser les doigts augmentent leur
chance, dans la réalité, cela n’atténue en rien les risques.
Nous nous laissons plus facilement leurrer par une grosse somme
d’argent. Même lorsque la situation est loin d’être gagnée, si nous
sommes appâtés par d’éventuels gains – à la loterie par exemple –,
nous surestimerons plus facilement nos chances de réussite.
Nous sommes plus détendus dans les situations familières. Plus nous
prenons un même risque et plus nous aurons tendance à le
minimiser. Lorsque vous reprenez le même risque, encore et encore,
vous finissez par ne plus le voir. Si vous conduisez à vive allure,
tous les jours, sur le trajet qui vous mène au travail, vous finirez pas
ne plus vous soucier du danger que cela vous fait courir.
Nous nous fions aux autres pour la perception exacte des risques.
Les émotions peuvent s’avérer contagieuses. Si vous êtes au milieu
d’une foule de personnes qui ne réagissent pas à une odeur de
fumée, il y a de fortes chances pour que vous ne réagissiez pas non
plus au danger. Au contraire, si vous voyez les autres commencer à
paniquer, vous risquez vous aussi de réagir.
Nous pouvons nous laisser influencer par les médias dans notre
façon de percevoir les risques. Si vous voyez constamment une
maladie rare être exposée dans les journaux, vous aurez sans doute
l’impression que le risque que vous attrapiez cette maladie est plus
important qu’il ne l’est vraiment, quand bien même les journaux ne
rapporteraient que des cas isolés. De la même manière, les histoires
de catastrophes naturelles ou d’évènements tragiques pourront vous
donner l’impression d’être plus en danger que vous ne l’êtes
réellement.

MINIMISER LES RISQUES POUR MAXIMISER LES CHANCES DE


RÉUSSITE
Tous les ans lors de la cérémonie de remise des diplômes de mon lycée, le
major de la promotion était tenu de faire un discours. Au milieu de ma
dernière année, lorsque j’ai appris que j’allais être la major de ma promo,
ma peur de parler en public l’emporta sur l’excitation d’avoir obtenu les
meilleurs résultats. J’étais d’une timidité telle que je ne prenais jamais la
parole en classe même si je connaissais mes camarades depuis la
maternelle. L’idée de me tenir debout sur un podium et de faire un discours
devant un auditorium plein à craquer suffisait à me faire chanceler.
Lorsque je me mis à vouloir écrire mon discours, aucun mot ne voulut
sortir. J’étais trop distraite par l’idée de devoir prononcer ces mots devant
une foule de gens. Mais je savais que je devais m’y mettre, l’horloge
tournait.
Et les conseils habituels du style : « Visualise tes auditeurs en petite
tenue » ou « Entraîne-toi à dire ton discours devant un miroir » ne
suffisaient pas à me calmer. J’étais terrifiée.
Je passai de longs moments à m’interroger sur ce qui m’effrayait le plus
dans le fait de parler en public. Il m’apparut que ce qui me terrifiait, c’était
l’idée d’être rejetée par l’auditoire. Je n’arrêtais pas d’imaginer que, à la fin
de mon discours, l’auditoire garderait un silence complet parce que tout ce
que je venais de marmonner avait été inaudible, ou bien si horriblement
exposé que personne ne pouvait donner le signal d’applaudir. Alors, pour
réduire mes risques, j’eus une discussion avec mes meilleurs amis et ils
m’aidèrent à élaborer un brillant stratagème.
Il réduisit suffisamment les risques et ma nervosité pour que je me mette
à rédiger mon discours. Quelques semaines plus tard, le jour de la remise
des diplômes, je me suis sentie incroyablement nerveuse en me tenant sur le
podium. Ma voix se cassa constamment alors que je délivrais mes précieux
conseils de jeune adulte à mes chers camarades de classe. Mais j’en vins à
bout. Et lorsque j’eus fini, mes amis suivirent le plan que nous avions mis
en place. Au signal, ils se mirent debout et m’acclamèrent comme si je
venais de leur faire vivre le meilleur concert rock de leur vie. Et que se
passe-t-il lorsqu’une poignée de personnes se lèvent pour applaudir ? Tous
les autres suivent. Je reçus une véritable standing ovation.
L’avais-je méritée ? Peut-être. Probablement pas. Et à ce jour, la réponse
à cette question ne compte toujours pas à mes yeux. Le plus important est
que je savais que si je pouvais me défaire de ma plus grande peur – ne pas
être applaudie –, j’étais capable de finir mon discours.
Le niveau de risque que vous ressentirez dans une situation donnée est
propre à chacun. Alors que pour certains, il est risqué de prendre la parole
en public, pour d’autres, ce ne l’est pas. Posez-vous les questions suivantes.
Elles vous aideront à calculer le niveau des risques que vous voulez
prendre :
Quel est l’éventuel prix à payer ? Parfois, le coût d’un risque est
concret – comme l’argent que vous allez investir –, mais d’autres
fois, le prix à payer est abstrait, comme le risque d’être rejeté.
Quels sont les avantages potentiels ? Réfléchissez aux résultats
positifs possibles d’une prise de risque. Regardez ce qui pourrait se
passer si tout finissait bien. Attendez-vous un gain financier ? Des
relations plus satisfaisantes ? Une meilleure santé ? Il faut que le jeu
en vaille la chandelle pour l’emporter sur l’éventuel prix à payer.
Comment cela m’aidera-t-il à atteindre mes objectifs ? Il est
important d’examiner vos principaux objectifs et la façon dont le
risque entrera en jeu. Par exemple, si vous souhaitez gagner plus
d’argent, regardez comment la création de votre propre entreprise
pourrait vous aider à atteindre votre objectif, en évaluant le risque à
prendre.
Quelles sont vos alternatives ? Parfois nous examinons un risque
comme s’il ne nous offrait qu’un seul choix – le prendre ou en faire
l’impasse. Mais, bien souvent, il existe différentes solutions qui
peuvent nous aider à atteindre nos objectifs. Il est important de les
connaître pour procéder au choix le plus avisé possible.
Quelles seraient les implications si le meilleur scénario possible
avait lieu ? Prenez le temps de bien évaluer les résultats d’un risque
et l’impact que ces résultats auraient sur votre vie. Essayez de
considérer vos attentes du « meilleur scénario possible » de la
manière la plus réaliste qui soit.
Quelle est la pire chose qui puisse arriver et comment puis-je
réduire le risque qu’elle se produise ? Il est très important
également d’examiner le pire scénario possible, puis les mesures
que vous pourriez prendre pour minimiser les risques que ce
scénario se produise. Par exemple, si vous souhaitez investir dans
une affaire, comment pouvez-vous augmenter vos chances de
réussite ?
Quelles seraient les conséquences si votre pire scénario se
produisait ? Comme les hôpitaux, les villes, les gouvernements qui
ont des marches à suivre en cas de catastrophe, vous avez intérêt à
établir la vôtre. Créez une marche à suivre qui vous indiquerait
comment réagir si votre pire scénario se produisait.
Est-ce que votre décision aura toujours de l’importance d’ici cinq
ans ? Pour vous aider à toujours mettre les évènements en
perspective, demandez-vous quelle serait l’influence de ce risque
particulier sur votre avenir. Si c’est un petit risque, il se peut que
vous ne vous en souveniez même pas d’ici quelques années. Si c’est
un risque important, il pourrait avoir de fortes répercussions sur
votre futur.

C’est une bonne idée que de noter vos réponses sur une feuille de papier :
ainsi vous pourrez les réévaluer et les relire à votre guise. Soyez prêt à vous
lancer dans des recherches et à obtenir un maximum d’informations lorsque
vous n’êtes pas en possession de tous les faits qui pourraient vous aider à
calculer un risque de façon précise. Lorsqu’il ne vous est pas possible
d’obtenir des informations, préparez-vous à prendre la meilleure décision
possible avec le peu d’informations que vous avez.

PRATIQUER LA PRISE DE RISQUE


Juste avant sa mort en 2007, Psychology Today nomma Albert Ellis17 « le
plus grand psychologue vivant ». Ellis s’était fait connaître pour son don
d’aider les gens à remettre en cause leurs pensées et croyances défaitistes. Il
ne se contentait pas uniquement d’enseigner ces principes. Albert Ellis les
vivait.
Ellis avait été un jeune homme extrêmement timide qui redoutait
d’engager la conversation avec une personne du sexe opposé. Il était
tellement terrifié à l’idée d’être rejeté qu’il évitait de demander à une
femme de sortir avec lui. Mais il finit par prendre conscience que le rejet
n’était pas la pire chose au monde et décida d’affronter ses peurs.
Il se rendit dans un jardin botanique chaque jour pendant un mois. Dès
qu’il voyait une femme assise seule sur un banc, il allait s’asseoir à ses
côtés. Il s’obligeait à amorcer une conversation dans la minute qui suivait.
Au cours de ce mois, il trouva cent trente occasions de parler avec des
femmes et, sur ces cent trente femmes, trente se levèrent aussitôt et partirent
dès qu’il eut pris place sur le banc. Mais il réussit à engager la conversation
avec toutes les autres. Sur les cent femmes à qui il proposa de sortir avec
lui, une seule accepta – cependant elle ne se présenta pas au rendez-vous
fixé. Mais Ellis ne désespéra pas. Au contraire, cela lui apprit qu’il était
capable de prendre un risque malgré sa peur du rejet.
En affrontant ses peurs, Ellis put prendre conscience des pensées
irrationnelles qui augmentaient sa crainte de prendre des risques. En
comprenant le fonctionnement de ses pensées et comment celles-ci
influençaient ses émotions, il put par la suite développer de nouvelles
techniques de thérapie qui lui permirent d’aider les autres à combattre leurs
pensées irrationnelles.
Comme Ellis, examinez les effets des risques que vous prenez. Prenez
note de ce que vous ressentez avant, pendant et après la prise de risque.
Demandez-vous ce que vous avez appris et comment vous pouvez vous
servir de cette expérience dans vos décisions futures.

POURQUOI LA PRISE DE RISQUES CALCULÉS VOUS


RENDRA-T-ELLE PLUS FORT ?
Richard Branson, fondateur du groupe Virgin, est bien connu pour ses
prises de risque. Après tout, vous ne finissez pas à la tête de plus de quatre
cents entreprises sans prendre quelques risques au cours de votre parcours.
Mais Richard Branson a su prendre des risques calculés qui se sont révélés
payants.
Enfant, Branson avait du mal à suivre à l’école. Il souffrait de dyslexie et
ses résultats en pâtirent. Mais il ne laissa pas ces détails lui mettre des
bâtons dans les roues. Au contraire, à l’adolescence il s’aventura dans le
monde des affaires. À l’âge de quinze ans, il se lança dans l’élevage
d’oiseaux.
Sa soif des affaires l’amena à acquérir maisons d’enregistrements,
compagnies aériennes, agences de téléphonie mobile, etc. Son empire n’a
cessé de s’étendre et sa valeur nette est aujourd’hui estimée à environ cinq
milliards de dollars. Alors qu’il pourrait se contenter de se reposer et de
jouir des fruits de son travail, Branson aime continuer à se lancer des défis
chaque jour, ainsi qu’à ses employés.
« Chez Virgin, j’utilise deux techniques pour empêcher mon équipe de
sombrer dans la routine : battre des records et faire des paris, écrit Branson
dans un article pour le magazine Entrepreneur. Saisir la chance est un
moyen extraordinaire de me tester et de tester le groupe. Cela aide à
repousser les limites tout en s’amusant ensemble. »18 Et repousser les
limites, Branson sait le faire. Ses équipes créent des produits que beaucoup
condamnent à l’échec. Elles battent des records pourtant jugés impossibles.
Et elles acceptent de relever des défis que personne d’autre ne tente.
Brandon considère cependant les risques qu’il prend comme des
« jugements stratégiques et non pas de simples paris à l’aveugle ».
Le succès ne vous tombera pas, tout cuit, dans le creux de la main. Vous
devrez aller le chercher. Se lancer vers l’inconnu et y prendre des risques
calculés pourra vous aider à réaliser vos rêves et à atteindre vos objectifs.

AIDE-MÉMOIRE
Étudiez le type de risques que vous prenez et ce que vous ressentez par
rapport à ces risques. Prenez également note des occasions que vous laissez
passer. Cela pourra vous aider à vous assurer que vous prenez les risques
qui vous sont le plus bénéfiques, même s’ils suscitent en vous une certaine
anxiété. Rappelez-vous que prendre des risques calculés demande de
l’entraînement, mais avec un peu de pratique, vous apprendrez et vous vous
en sentirez grandi.

CE QUI AIDE

Être conscient des réactions émotionnelles provoquées par la


prise de risque
Identifier les prises de risque particulièrement difficiles
Savoir reconnaître les pensées irrationnelles qui influencent
votre prise de décision
S’informer sur les faits qui entourent un risque
Passer du temps à calculer chaque risque avant de prendre une
décision
S’entraîner à prendre des risques et observer les résultats afin
d’en tirer un enseignement

CE QUI N’AIDE PAS

Fonder votre décision concernant un risque sur vos émotions


Éviter les risques qui font le plus peur
Permettre à vos pensées irrationnelles d’influencer votre désir
d’essayer quelque chose de nouveau
Ignorer les faits ou ne pas faire l’effort de combler vos lacunes
lorsque vous manquez d’informations pour faire le choix le plus
avisé
Réagir de façon impulsive sans prendre le temps de mesurer
les éventuelles conséquences d’un risque
Refuser de prendre un risque sous prétexte qu’il provoque en
vous un certain malaise

14. Voir Darl Rastorfer, Six Bridges : The Legacy of Othmar H. Ammann, New Haven, Yale
University Press, 2000. Ouvrage non disponible en français (NdT).
15. « Newborns Exposed to Dirt, Dander and Germs May Have Lower Allergy and Asthma Risk »,
Johns Hopkins Medicine, 25 septembre 2014,
http://www.hopkinsmedicine.org/news/media/releases/newborns_exposed_to_dirt_dander_and_germ
s_may_have_lower_allergy_and_asthma_risk. Ressource non disponible en français (NdT).
16. Voir David Ropeik, « How Risky is Flying ? », PBS, 17 octobre, 2006,
http://www.pbs.org/wgbh/nova/space/how-risky-is-flying.html. Ressource non disponible en français
(NdT).
17. Voir « Albert Ellis and Rational Emotive Behavior Therapy », REBT Network, 16 mai 2014,
http://www.rebtnetwork.org/ask/may06.html. Ressource non disponible en français (NdT).
18. Voir Richard Branson, « Richard Branson on Taking Risks », Entrepreneur, 10 juin 2013,
http://www.entrepreneur.com/article/226942. Ressource non disponible en français (NdT).
Chapitre 7

Ne restez pas focalisé sur le passé


On ne guérit pas le passé en s’y éternisant ; on guérit du passé en vivant
pleinement le moment présent.
MARIANNE WILLIAMSON

Gloria, une femme travailleuse de cinquante-cinq ans, m’avait été adressée


après qu’elle eut dit à son médecin se sentir extrêmement stressée. Sa fille
de vingt-huit ans venait tout juste de réintégrer le foyer parental. Depuis
qu’elle était partie de chez Gloria pour la première fois à l’âge de dix-huit
ans, elle y était revenue une douzaine de fois. En général, elle retrouvait
très vite un nouveau petit ami et, dans les semaines qui suivaient leur
rencontre, si ce n’étaient les jours, elle s’installait avec lui. Mais cela ne
marchait jamais et elle finissait toujours par revenir chez sa mère.
La fille de Gloria était au chômage et ne semblait pas chercher très
activement un emploi. Elle passait ses journées à regarder la télévision et à
surfer sur Internet. Elle ne faisait pas l’effort de donner un coup de main à
la maison ou même de nettoyer derrière elle. Si Gloria avait l’impression
d’offrir à sa fille les services d’un hôtel, elle l’accueillait toujours à bras
ouverts.
Elle pensait que d’offrir à sa fille un endroit où loger était la moindre des
choses. Elle n’avait pas donné à sa fille l’enfance qu’elle avait méritée et
admit ne pas avoir été une très bonne mère. Après son divorce, Gloria se
mit à sortir avec un grand nombre d’hommes, dont la plupart ne pouvaient
guère être qualifiés de « modèles ». Gloria comprenait désormais qu’elle
s’était plus appliquée à boire et à rencontrer des hommes qu’à élever sa
fille. Elle avait l’impression que les erreurs qu’elle avait commises étaient
la raison des difficultés que sa fille rencontrait aujourd’hui. Il était évident
depuis le début que la honte que ressentait Gloria par rapport à la façon
dont elle avait élevé sa fille autorisait celle-ci à tout se permettre
maintenant qu’elle avait atteint l’âge adulte. Le stress de Gloria venait de
l’anxiété que lui procurait le comportement immature de sa fille. Elle
s’inquiétait pour son avenir et elle souhaitait que celle-ci puisse trouver un
travail et vivre de façon indépendante.
Plus nous discutions et plus Gloria prenait conscience que sa honte et sa
culpabilité l’empêchaient d’être un bon parent dans le présent. Elle devait
se pardonner à elle-même et arrêter de focaliser sur le passé si elle voulait
avancer et faire ce qui était le mieux pour le bien de sa fille. Quand je lui
demandai d’évaluer la probabilité pour que sa fille se réveille un jour et
commence à se comporter raisonnablement, Gloria reconnut que cela ne
risquait pas d’arriver, mais elle ne savait pas pour autant ce qu’elle devait
faire.
Dans les semaines qui suivirent, nous explorâmes la façon dont Gloria
jugeait le passé. Chaque fois qu’elle se remémorait l’enfance de sa fille,
elle songeait : « C’est vraiment mal de ma part de ne pas toujours
considérer les besoins de ma fille comme une priorité » ou « C’est de ma
faute si ma fille a autant de problèmes ». Nous étudiâmes ses pensées et,
progressivement, Gloria apprit que son auto-affliction influençait la façon
dont elle traitait sa fille dans le présent.
Petit à petit, Gloria commença à accepter la réalité : même si elle
n’avait pas été la mère idéale, s’en punir aujourd’hui ne changerait pas le
passé. Elle prit également conscience que sa façon de traiter sa fille ne
rachetait pas ses fautes mais excusait simplement le comportement
autodestructeur de cette dernière.
Forte de ce nouvel enseignement, Gloria mit en place un ensemble de
règles et de limites qu’elle imposa à sa fille. Elle lui annonça qu’elle ne
serait autorisée à rester que si elle se mettait à rechercher activement un
emploi. Elle voulait bien lui laisser le temps de se remettre d’aplomb, mais
d’ici deux mois elle devrait payer un loyer à sa mère si elle souhaitait
continuer à vivre sous son toit. Alors que sa fille se montra d’abord
contrariée par les nouvelles règles imposées par sa mère, elle se mit
néanmoins à chercher un travail dans les jours qui suivirent.
Quelques semaines plus tard, Gloria entra dans mon cabinet et
m’annonça fièrement que sa fille avait trouvé un emploi et que,
contrairement aux autres, celui-ci pouvait déboucher sur une vraie carrière.
Elle ajouta qu’elle avait pu constater de grands changements chez sa fille
depuis qu’on lui avait proposé ce poste et qu’elle parlait plus facilement de
ses aspirations. Même si Gloria ne s’était pas pardonné complètement son
comportement dans le passé, elle reconnut que si elle avait été un mauvais
parent pendant dix-huit ans, ce serait pire de l’être encore dans les dix-huit
années à venir.

ENFERMÉ DANS LE PASSÉ ?


Parfois, certains s’attardent sur des faits qui ont eu lieu des années
auparavant alors que d’autres ne s’intéressent qu’aux évènements de la
semaine précédente. Vous sentez-vous concerné par les affirmations ci-
dessous ?

Vous aimeriez pouvoir appuyer sur un bouton et pouvoir réécrire des


pages de votre histoire.
Vous vivez avec de grands regrets concernant votre passé.
Vous vous demandez souvent comment serait votre vie si vous aviez
choisi un chemin différent.
Vous avez parfois l’impression que les meilleurs moments de votre
vie sont derrière vous.
Vous vous repassez certains épisodes de votre passé comme les
scènes d’un film que vous regarderiez encore et encore.
Vous vous imaginez parfois parler ou agir différemment dans le
passé, afin de voir quel autre cours aurait pu prendre votre vie.
Vous vous auto-punissez ou vous vous persuadez de ne pas avoir
droit au bonheur.
Vous avez honte de votre passé.
Lorsque vous avez commis une erreur ou vécu un épisode
embarrassant, vous rejouez la scène indéfiniment dans votre tête.
Vous passez de longs moments à penser à tout ce que vous « auriez
dû » ou « auriez pu » faire différemment.

Alors que la réflexion sur soi peut être enrichissante, focaliser sur le
passé est autodestructeur et vous empêchera de profiter du moment présent
et de planifier le futur. Mais vous n’avez pas à rester bloqué sur le passé.
Vous pouvez, en effet, choisir de commencer à vivre le moment présent.

POURQUOI RESTONS-NOUS FOCALISÉS SUR LE


PASSÉ ?
La fille de Gloria la manipulait souvent en exploitant sa culpabilité, lui
rappelant qu’elle n’avait pas toujours été là quand elle avait eu besoin d’elle
dans le passé, ce qui continuait d’alimenter les remords de Gloria. Si sa fille
ne lui avait toujours pas pardonné, comment Gloria pourrait-elle se
pardonner elle-même ? Elle acceptait de considérer la culpabilité qui ne la
quittait jamais comme le prix à payer pour les erreurs qu’elle avait pu
commettre, ce qui la replongeait sans cesse dans le passé.
Une culpabilité tenace, la honte ou la colère ne sont qu’un échantillon des
sentiments qui peuvent vous enfermer dans le passé. Il se peut que,
inconsciemment, vous pensiez : « Si je continue de me sentir misérable
assez longtemps, je finirai bien par pouvoir me pardonner. » Peut-être
n’êtes-vous pas capable de voir qu’au plus profond de vous, vous ne croyez
pas mériter le bonheur.

LA PEUR D’AVANCER NOUS OBLIGE À RESTER PRISONNIERS


DU PASSÉ
Deux semaines après le décès de ma mère, la maison de mon père prit feu.
Le feu fut contenu au sous-sol, mais la fumée et la suie pénétrèrent partout.
Toute la maison fut nettoyée dans les moindres recoins par une équipe de
professionnels recrutée par la compagnie d’assurances. Toutes les affaires
de ma mère passèrent entre les mains de parfaits inconnus et cela m’ennuya
profondément.
J’avais voulu que tout reste à la place choisie par ma mère. Je voulais que
ses vêtements restent dans son armoire exactement comme elle avait choisi
de les ranger. Je voulais que ses décorations de Noël restent dans leur boîte
comme elle les avait disposées. Je voulais avoir la chance un jour – lorsque
je m’en sentirais capable – de pouvoir ouvrir sa boîte à bijoux et regarder
comment elle les avait rangés la dernière fois qu’elle les avait portés. Mais
je n’eus pas ce privilège. Bien au contraire, tout fut réorganisé. Ses
vêtements ne portaient plus son odeur. Je n’avais plus aucun moyen de
savoir quel était le dernier livre qu’elle avait lu. Et nous n’aurions plus le
loisir de ranger ses biens au rythme que nous aurions choisi.
Quelques années plus tard lorsque Lincoln décéda, je voulais à nouveau
que tout reste au même endroit, inchangé. J’avais l’impression que si je
pouvais étudier la façon dont il rangeait ses affaires dans son armoire,
l’ordre dans lequel il lisait ses livres, je pourrais en savoir plus sur lui,
même s’il n’était plus de ce monde. Je croyais que si ses affaires étaient
déplacées, jetées ou réorganisées, je n’aurais plus la chance de découvrir
des clés essentielles qui me permettraient de le connaître davantage.
C’était comme si, en trouvant toujours de nouvelles choses à apprendre
sur lui, je pouvais le garder plus longtemps auprès de moi. Peut-être qu’un
bout de papier contiendrait un message. Ou peut-être découvrirais-je une
photo que je n’avais jamais vue auparavant. D’une certaine manière, je
voulais me créer de nouveaux souvenirs incluant Lincoln, même s’il n’était
plus là. Même si nous avions passé six années ensemble, cela me semblait
trop peu. Je n’étais pas prête à me séparer de toutes les choses qui me
faisaient songer à lui. Je pensais que ce serait l’abandonner si je me séparais
de ses affaires, dont je n’avais pourtant plus besoin. Et je ne le voulais pas.
Ma volonté de laisser tout intact fut vaine. Car évidemment, le monde ne
s’était pas arrêté de tourner, Et après plusieurs mois, je réussis enfin à me
défaire de mon désir de garder tout dans l’état où Lincoln l’avait laissé.
Doucement, je réussis à accepter qu’il n’était pas grave de jeter un papier
sur lequel Lincoln avait écrit. Je commençai aussi à jeter les magazines qui
lui étaient adressés et qui continuaient d’arriver par la poste. Mais je dois
avouer que je mis deux ans avant de me résoudre à me séparer de sa brosse
à dents. Je savais qu’il n’en avait pas besoin mais, bizarrement, la jeter me
semblait un acte de trahison. Il me semblait plus facile de me complaire
dans le passé, car c’est là que Lincoln et les souvenirs que j’avais de lui
continuaient de vivre. Mais y rester enfermée, alors que le reste du monde
continuait de changer et d’avancer, n’était ni sain ni utile. Je devais avoir
confiance et me dire que d’avancer n’effacerait pas tous les merveilleux
souvenirs que j’avais de notre vie à deux.
J’ai beau, en tant que thérapeute, aider les autres à travailler sur leurs
pensées rationnelles, le deuil m’apporta son lot de pensées irrationnelles.
Cela me donna envie de m’attarder dans le passé, car c’est là que je pouvais
retrouver Lincoln. Mais si j’avais passé tout mon temps à revivre le passé,
je n’aurais jamais été capable de me créer de nouveaux et joyeux souvenirs.

S’ATTARDER SUR LE PASSÉ VOUS DÉTOURNE DU MOMENT


PRÉSENT
Ce ne sont pas seulement les évènements tristes ou tragiques qui font que
nous pouvons rester focalisés sur la passé. Parfois, en nous nous y attardant,
nous nous détournons du présent. Peut-être avez-vous dans vos
connaissances un ami de quarante ans qui s’était illustré à l’université par
ses prouesses sportives et qui continue de porter son sweatshirt aux couleurs
de l’université en parlant du « bon vieux temps ». Ou une amie de trente-
cinq ans pour qui « le bal de promo » restera à jamais comme sa plus
grande réussite. Souvent, nous fantasmons sur le passé afin d’échapper aux
problèmes que nous rencontrons dans le présent.
Si actuellement, par exemple, vous n’êtes pas satisfait de votre relation
amoureuse ou bien n’en avez pas, vous pourriez être tenté de repenser
longuement à vos histoires d’amour passées. Peut-être regrettez-vous que
votre dernière histoire n’ait pas marché ou alors vous vous dites que si vous
aviez épousé votre amour de jeunesse, vous vous en sortiriez mieux.
Il peut sembler fort séduisant de passer son temps à se remémorer à quel
point la vie était plus facile ou plus joyeuse « à l’époque ». Il se peut même
que vous commenciez à regretter certaines des décisions que vous avez pu
prendre et qui vous ont conduit là où vous en êtes aujourd’hui, en vous
disant : « Si seulement j’avais épousé mon ancien petit ami, je serais plus
heureuse », « Si je n’avais pas abandonné l’université, j’aurais un travail
qui me plairait » ou « Si je n’avais pas accepté de déménager dans une autre
ville, je serais toujours heureuse ». En vérité, nous n’avons aucun moyen de
savoir ce qu’aurait été notre vie si nous n’avions pas fait les choix qui nous
ont menés là où nous sommes aujourd’hui. Mais il est plus facile
d’imaginer que notre vie pourrait être meilleure si nous pouvions changer le
passé.
POURQUOI SE FOCALISER SUR LE PASSÉ EST-IL
PROBLÉMATIQUE ?
Gloria était incapable de voir sa fille comme une adulte responsable ; elle
ne voyait que ses propres erreurs. Sa culpabilité l’empêchait de se focaliser
sur le présent et, en conséquence, elle légitimait le comportement
irresponsable de sa fille. Malheureusement, sa fille répétait un grand
nombre des erreurs que Gloria avait elle-même commises. Son obsession du
passé empêchait non seulement Gloria d’atteindre tout son potentiel mais
réduisait également les chances de sa fille de devenir une adulte
responsable.
Ruminer le passé ne le changera cependant pas. Au contraire, perdre
votre temps en vous attardant sur ce qui a déjà eu lieu ne conduira qu’à
davantage de difficultés dans le futur. Voici quelques exemples qui
montrent pourquoi l’obsession du passé peut vous empêcher de donner le
meilleur de vous-même :

Vous passez à côté du moment présent. Vous ne pouvez pas jouir du


présent lorsque votre esprit est constamment transporté dans le
passé. Vous raterez de nouvelles opportunités et les joies du présent
en vous laissant distraire par des évènements qui ont déjà eu lieu.
S’attarder sur le passé ne permet pas de se préparer comme il faut
au futur. Vous serez incapable de clarifier vos objectifs avec
précision et aurez du mal à vouloir changer lorsqu’une part
importante de vous continue de vivre dans le passé.
S’attarder sur le passé ne vous aide pas à prendre des décisions. Les
problèmes non résolus du passé obscurciront votre raisonnement.
Vous ne pourrez prendre les bonnes décisions sur ce qui est le mieux
pour vous dans le moment présent si vous ne pouvez dépasser les
évènements qui se sont produits hier.
S’attarder sur le passé ne règle aucun problème. Se repasser les
mêmes images dans la tête en focalisant votre attention sur ce que
vous ne pouvez plus contrôler ne réglera aucun de vos problèmes
dans le présent.
S’attarder sur le passé peut conduire à la dépression. Ruminer des
évènements négatifs fait apparaître des émotions négatives. Et
lorsque vous vous sentez triste, vous risquez de faire apparaître
davantage de souvenirs tristes. Focaliser sur le passé est un cercle
vicieux qui vous empêchera de sortir de l’état émotionnel dans
lequel vous vous trouvez.
Fantasmer sur le passé ne sert à rien. Il est facile de vous
convaincre que vous vous sentiez plus heureux ou insouciant et
aviez une plus grande confiance en vous dans le passé. Mais il est
fort probable que vous exagériez le bonheur que vous ressentiez
alors. Et cela peut aussi vous inciter à exagérer le malheur que vous
ressentez aujourd’hui.
S’attarder sur le passé est néfaste pour votre santé. Selon une étude
menée en 2013 par des chercheurs de l’université de l’Ohio19, penser
constamment à des évènements négatifs augmente les inflammations
dans votre corps. Focaliser sur le passé accroît le risque d’avoir des
maladies cardiaques, des cancers et des troubles de la sénilité.

ARRÊTER DE LAISSER LE PASSÉ VOUS FREINER


Dès que Gloria prit conscience qu’elle pouvait tirer un enseignement du
passé, au lieu de s’en servir pour s’autoflageller, sa façon de penser s’en
trouva modifiée. Elle commença à changer son comportement et sa façon
d’éduquer sa fille. Au bout de quelques mois, elle fut capable de se souvenir
des erreurs qu’elle avait pu commettre en tant que mère sans se sentir
accablée de honte.

CHANGER VOTRE FAÇON DE PENSER


Au départ, focaliser sur le passé est un processus cognitif mais, petit à petit,
cela influence vos émotions et votre comportement. En changeant la façon
dont vous pensez à votre passé, vous vous donnerez les moyens nécessaires
pour avancer dans le présent :

Fixez-vous un moment précis pour penser au passé. Parfois notre


cerveau a besoin de pouvoir remettre de l’ordre et plus vous vous
efforcez de ne pas penser à quelque chose et plus ces souvenirs ont
tendance à surgir à n’importe quel moment de la journée. Au lieu
d’essayer de lutter contre ces souvenirs, rappelez-vous que vous
pouvez y penser après le dîner ce soir, par exemple. Puis, après
avoir dîné, accordez-vous vingt minutes pour y penser. Lorsque ces
vingt minutes se sont écoulées, passez à autre chose.
Donnez-vous la possibilité de penser à autre chose. Élaborez un
plan pour vous aider à penser à autre chose. Par exemple, décidez
que chaque fois que vous vous mettrez à penser à ce travail que vous
n’avez pas eu, vous déplacerez votre pensée vers l’organisation de
vos prochaines vacances. Ceci vous aidera particulièrement si vous
avez tendance à ressasser le passé juste avant d’aller vous coucher.
Établissez des objectifs pour le futur. Il est impossible de s’attarder
dans le passé lorsque l’on planifie le futur. Réfléchissez à des
objectifs à la fois sur le court et le long terme et commencez à
travailler sur les différentes étapes qui vous mèneront vers ces
objectifs. Cela vous aidera à vous tourner vers l’avenir et vous
empêchera de trop regarder vers le passé.

Nos souvenirs ne sont pas toujours aussi précis que nous le croyons. Bien
souvent, lorsque nous repensons à des évènements déplaisants, nous avons
tendance à les exagérer et à accentuer leur caractère catastrophique. En
repensant à quelque chose que vous avez pu dire pendant une réunion et que
vous regrettez maintenant, vous imaginez peut-être les réactions des autres
plus négatives qu’elles ne l’ont réellement été. Lorsque vous repensez à des
souvenirs négatifs, essayez d’adopter ces stratégies qui vous aideront à
mettre en perspective vos expériences :

Concentrez-vous sur les enseignements tirés. Si vous avez vécu des


moments difficiles, concentrez-vous sur ce que vous en avez appris.
Acceptez que cela ait eu lieu et pensez à la façon dont cela a pu vous
changer sans pour autant automatiquement voir le négatif. Peut-être
avez-vous appris à dire ce que vous pensez parce que vous avez
laissé les autres vous traiter fort mal, ou peut-être avez-vous appris
que pour préserver vos relations, vous devez faire preuve
d’honnêteté. Les meilleurs enseignements naissent parfois des
moments les plus difficiles de nos vies.
Pensez aux faits et non aux émotions. Se souvenir d’évènements
négatifs peut s’avérer très éprouvant, car vous risquez de vous
concentrer sur ce que vous avez pu ressentir alors. Mais si vous vous
remémorez un évènement particulier en vous concentrant sur les
faits et les détails qui l’ont constitué, votre souffrance diminuera. Au
lieu de vous arrêter sur ce que vous avez pu ressentir durant un
enterrement, essayez de vous souvenir de certains détails précis : où
étiez-vous assis, que portiez-vous, qui était là ? En laissant de côté
les émotions qui entourent un évènement, vous risquez moins de
vous y attarder.
Regardez la situation différemment. En réexaminant votre passé,
efforcez-vous de trouver d’autres manières d’appréhender une
même situation. Vous pouvez tisser la trame de votre histoire à votre
guise. En effet, une même histoire peut se narrer de mille façons
différentes tout en restant véridique. Si la version actuelle que vous
en faites vous bouleverse, voyez comment la regarder différemment.
Par exemple, Gloria aurait pu se dire que les choix de sa fille
n’étaient pas tous directement liés à son enfance. Elle aurait pu
reconnaître que même si elle avait pu commettre des erreurs, elle
n’était pas responsable des choix que sa fille faisait dans le présent.

SE RÉCONCILIER AVEC LE PASSÉ


James Matthew Barrie20 avait six ans lorsque son frère David, alors âgé de
treize ans, décéda dans un accident de patinage sur glace. Sa mère avait eu
dix enfants, mais ce n’était un secret pour personne : David était son favori.
Après sa mort, elle se sentit si désespérée qu’elle eut du mal à reprendre le
cours de sa vie.
Alors, à l’âge de six ans, Barrie fit tout ce qu’il put pour compenser le
chagrin de sa mère. Il essaya même d’endosser le rôle que David avait pu
avoir pour combler le vide que sa mère ressentait depuis son décès. Il
portait les vêtements de David et se mit à siffler exactement comme son
frère le faisait. Il devint le compagnon fidèle de sa mère et passa toute son
enfance à essayer de la faire sourire à nouveau.
En dépit des efforts de Barrie pour rendre sa mère heureuse, elle ne
cessait de l’avertir des épreuves qu’il aurait à traverser pour devenir adulte.
Elle lui recommanda de ne jamais grandir, car la vie d’adultes n’était que
chagrin et tristesse. Elle ajouta même qu’elle se sentait soulagée de savoir
que David n’aurait jamais à grandir et à faire face aux dures réalités de
l’âge adulte.
Afin de contenter sa mère, Barrie s’empêcha de grandir du mieux qu’il le
put. Il ne souhaitait surtout pas dépasser l’âge que David avait lorsqu’il
décéda. Il essaya de toutes ses forces de rester un enfant. Ses efforts pour
rester un petit garçon semblent même avoir freiné sa croissance puisqu’il ne
dépassa que légèrement le mètre cinquante.
À la fin du lycée, Barrie souhaita devenir écrivain. Mais sa famille fit
pression sur lui pour qu’il intègre l’université puisque David l’aurait fait.
Barrie réussit à trouver un compromis – il continuerait ses études mais
suivrait une filière littéraire.
Barrie finit par écrire un des ouvrages les plus célèbres de la littérature
pour enfants, Peter Pan ou le garçon qui ne voulait pas grandir. Dans cette
histoire d’abord écrite sous la forme d’une pièce de théâtre, qui devint plus
tard un fameux dessin animé, le personnage principal, Peter Pan, fait face
au conflit qui oppose d’un côté l’innocence de l’enfance et, de l’autre, les
responsabilités de l’âge adulte. Peter choisit de rester un enfant et
encourage les autres enfants à faire de même. Vu sous l’angle du conte de
fées, cela semble une merveilleuse histoire pour enfants. Mais lorsque vous
connaissez l’histoire de son auteur, l’anecdote semble plutôt tragique.
La mère de Barrie ne put continuer à avancer après la mort de son enfant.
Elle était convaincue que l’enfance était la période la plus heureuse de sa
vie et que le présent et le futur n’étaient empreints que de douleur et
d’agonie. Représentant le cas extrême d’une personne entièrement focalisée
sur le passé, elle nuit au bien-être de ses enfants. En effet, cela affecta
Barrie non seulement durant son enfance mais également dans sa vie
d’adulte.
La fausse idée que nous avons du deuil peut contribuer à notre désir de
continuer à vivre dans le passé. Beaucoup pensent, à tort, que la durée d’un
deuil est proportionnel à l’amour qu’on éprouvait pour la personne
disparue. Si celle-ci comptait un peu pour vous, vous aurez du chagrin
pendant quelques mois. Mais si vous avez vraiment aimé cette personne,
vous pourrez ressentir du chagrin pendant des années, voire votre vie
entière. En réalité, il n’y a pas une « juste » durée du temps que vous
devriez passer à ressentir du chagrin. Vous pourrez souffrir pendant des
années, ou pour toujours, mais le temps passé à vous sentir triste n’est pas
égal à la grandeur de l’amour que vous aviez pour cette personne.
Heureusement, vous garderez des souvenirs précieux de l’être aimé. Mais
aller de l’avant signifie travailler activement à vous créer de nouveaux
souvenirs, prendre les meilleures décisions vous concernant et ne pas
toujours faire ce que les autres attendent de vous.
Si vous avez l’impression de ruminer sur certains aspects de votre vie, il
vous faudra agir pour vous réconcilier avec votre passé. Voici ce que vous
pouvez faire :

Donnez-vous l’autorisation d’aller de l’avant. Parfois vous avez


simplement besoin de votre propre permission pour continuer à
avancer. Aller de l’avant ne signifie pas renoncer aux souvenirs que
vous pouvez avoir d’un être cher, mais cela veut dire que vous
pouvez faire le nécessaire pour jouir du moment présent et tirer le
maximum de ce que la vie a à vous offrir.
Reconnaissez qu’il est néfaste de se focaliser sur le passé au lieu
d’aller de l’avant. S’éterniser dans le passé est une stratégie qui,
parfois, marche sur le court terme mais pas sur le long terme. Si
vous pensez au passé, vous n’avez pas à vous concentrer sur ce qui
se déroule dans le présent. Mais, sur le long terme, cette pratique
n’est pas sans conséquence. Prenez conscience que vous risquez de
passer à côté de votre vie lorsque vous focalisez votre attention sur
le passé.
Apprenez à pardonner. Si vous vous focalisez sur une blessure ou
une colère ancienne parce que vous ne pouvez pas vous pardonner
ou ne pouvez pas pardonner à une tierce personne, le pardon pourra
vous aider à sortir de cette souffrance. Pardonner ne veut pas dire
oublier que quelque chose a eu lieu. Si quelqu’un vous a blessé,
vous pouvez choisir de pardonner cette personne tout en décidant de
ne plus avoir de contact avec elle, par exemple. Concentrez-vous sur
votre lâcher-prise, ainsi vous cesserez d’être consumé par la douleur
ou la colère.
Modifiez les comportements qui vous forcent à rester tourné vers le
passé. Si vous réalisez que vous évitez consciemment certaines
activités – parce que vous êtes effrayé à l’idée qu’elles fassent
remonter à la surface de mauvais souvenirs ou parce que vous
considérez que vous ne méritez pas d’y prendre plaisir –, faites
l’effort de vous plonger quand même dans ces activités. Vous ne
pouvez pas changer le passé. Mais vous pouvez choisir de
l’accepter. Si vous avez commis des erreurs, vous ne pouvez pas
faire un retour en arrière pour les réparer ou les effacer. Vous
pourrez éventuellement essayer de réparer certains dommages que
vous auriez pu commettre, mais cela n’arrangera pas tout.
Cherchez l’aide d’un professionnel si cela est nécessaire. Parfois
certains évènements traumatisants peuvent entraîner des troubles
psychiques comme l’état de stress post-traumatique. Des personnes
qui ont côtoyé la mort de près, par exemple, pourront avoir des
flashbacks ou des cauchemars qui leur rendront difficile la
réconciliation avec le passé. Les conseils d’un professionnel
pourront réduire la détresse associée à des souvenirs traumatisants et
vous aider ainsi à aller de l’avant de façon plus efficace.

POURQUOI VOUS RÉCONCILIER AVEC LE PASSÉ VOUS


RENDRA-T-IL PLUS FORT ?
Wynona Ward grandit dans le Vermont rural. Sa famille était pauvre et,
comme dans beaucoup de familles de cette zone géographique, les
violences domestiques y étaient monnaie courante. Le père de Ward abusa
d’elle physiquement et sexuellement de façon répétée. Elle vit souvent son
père battre sa mère. Alors que les docteurs soignaient les blessures de sa
mère et que les voisins entendaient les cris s’échapper de leur foyer,
personne ne songea à intervenir.
Ward garda le silence sur les problèmes de sa famille. Elle se plongea
dans ses études et excella à l’école. À l’âge de dix-sept ans, elle quitta le
domicile et se maria. Son mari et elle devinrent chauffeurs de poids lourds.
Après seize ans de cette vie passée sur les routes, Ward apprit que son
frère avait abusé d’une jeune personne de leur famille. À ce moment-là
Ward se dit qu’elle devait faire quelque chose. Elle décida de reprendre ses
études afin de pouvoir mettre un terme aux abus qui se transmettaient de
génération en génération dans sa famille.
Ward s’inscrivit à l’université du Vermont et étudia dans le camion
pendant que son mari conduisait. Elle obtint son diplôme et continua son
enseignement à l’école de droit du Vermont. Lorsqu’elle obtint sa maîtrise
de droit, elle se servit d’une maigre bourse pour fonder Have Justice Will
Travel, une association qui aide les familles en zone rurale touchées par les
violences domestiques.
Ward fournit aux victimes de ces violences des conseils juridiques
gratuits. Elle les met également en relation avec les services sociaux
appropriés. Comme la plupart de ces familles manquent de moyens de
transport, Ward les accompagne à leur rendez-vous. Elle leur fournit des
moyens d’éducation pour les aider à en finir avec des abus qui se répètent
de génération en génération. Au lieu de s’appesantir sur son horrible passé,
Ward choisit de se concentrer sur ce qu’elle pouvait faire pour aider les
autres dans le présent.
Refuser de s’attarder dans le passé ne veut pas dire que vous prétendez
que ce passé n’a pas existé. Au contraire, cela signifie bien souvent
accueillir et accepter les expériences vécues de manière à pouvoir vivre
dans le moment présent. Agir ainsi libérera votre énergie mentale et vous
permettra de planifier votre futur selon la personne que vous souhaitez
devenir, et non pas selon celle que vous aviez l’habitude d’être. La colère,
la honte et la culpabilité peuvent diriger votre vie si vous ne prenez garde.
Lâcher prise sur ses émotions vous aidera à reprendre le contrôle de votre
vie.

AIDE-MÉMOIRE
Si vous passez votre temps à regarder dans le rétroviseur arrière, vous ne
pouvez pas vous concentrer sur ce qui se passe devant vous. Rester bloqué
dans le passé vous empêchera de profiter du futur. Prenez conscience du
temps que vous consacrez au passé et faites le nécessaire pour panser vos
blessures afin de pouvoir continuer à avancer.

CE QUI AIDE
Réfléchir sur le passé de manière à en tirer un enseignement
Continuer à avancer dans la vie même lorsque cela semble
difficile
Travailler activement à se sortir de son chagrin afin de pouvoir
se concentrer sur le présent et planifier le futur
Appréhender les évènements négatifs en termes de faits et non
d’émotions
Trouver une manière de faire la paix avec le passé

CE QUI N’AIDE PAS

Prétendre que des évènements passés n’ont pas eu lieu


S’empêcher d’avancer dans la vie
Se concentrer sur ce que l’on a perdu dans le passé sans être
capable de vivre dans le moment présent
Se repasser inlassablement les mêmes évènements douloureux
en se concentrant sur ce que l’on pouvait ressentir dans ces
moments-là
Essayer d’effacer le passé ou de rattraper des erreurs
commises dans le passé

19. « Dwelling on Stressful Events Can Cause Inflammation in the Body, Study Finds », Ohio
University, 13 mars 2013, http://www.ohio.edu/research/communications/zoccola.cfm. Ressource
non disponible en français (NdT).
20. Voir Andrew Birkin, J. M. Barrie and the Lost Boys : The Real Story Behind Peter Pan, Hartford,
Yale University Press, 2003. Ouvrage non disponible en français (NdT).
Chapitre 8

Ne reproduisez pas les mêmes erreurs


indéfiniment
La seule vraie erreur est celle dont on ne tire aucun enseignement
JOHN POWELL

Lorsque Kristy franchit le seuil de mon cabinet, la première chose qu’elle


me dit fut : « J’ai fait des études supérieures et je suis suffisamment
intelligente pour ne pas hurler sur mes collègues. Alors pourquoi suis-je
incapable d’arrêter de hurler sur mes enfants ? » Chaque matin en se
levant, elle se faisait la promesse de ne pas crier contre ses deux
adolescents. Mais tous les soirs, elle se retrouvait à hausser la voix contre
au moins l’un d’eux.
Elle me dit qu’elle criait parce qu’elle se sentait frustrée lorsqu’ils ne lui
obéissaient pas. Et dernièrement, il lui semblait qu’ils l’écoutaient de moins
en moins. Sa fille de treize ans refusait d’exécuter les tâches ménagères qui
lui étaient assignées et son fils de quinze ans ne faisait aucun effort pour
ses devoirs. Chaque fois que Kristy rentrait, après une journée épuisante de
travail, et qu’elle les trouvait avachis devant la télévision ou en train de
jouer à des jeux vidéo, elle leur demandait de se mettre au travail. Mais ils
lui répondaient mal et elle se mettait alors à crier.
Kristy savait pertinemment que crier contre ses enfants ne servait à rien.
Elle reconnaissait que cela ne faisait qu’aggraver la situation. Elle était
fière d’être une personne intelligente et qui réussissait et cela la surprenait
de ne pas réussir à contrôler cet aspect de sa vie.
Kristy passa plusieurs séances à analyser les raisons qui la poussaient à
répéter inlassablement les mêmes erreurs. Elle découvrit qu’elle ignorait
comment discipliner ses enfants sans crier contre eux et qu’elle ne serait
pas capable de changer ce comportement sans avoir une idée précise de ce
qu’elle pourrait faire à la place. Nous travaillâmes donc sur plusieurs
stratégies différentes qu’elle pourrait utiliser pour répondre à l’attitude
irrespectueuse et provocatrice de ses adolescents. Kristy décida qu’elle leur
donnerait un avertissement, suivi d’effet, lorsque ses enfants n’obéiraient
pas.
Elle avait également besoin de savoir à quel moment elle se mettait en
colère, ainsi elle pourrait prendre du recul avant que la situation ne
dégénère et qu’elle ne se mette à crier. Son problème semblait être que
lorsqu’elle perdait son sang-froid, ses pensées rationnelles sur la discipline
lui échappaient.
Je continuai à travailler avec Kristy pour l’aider à trouver de nouvelles
manières de concevoir la discipline. Lorsque je la rencontrai la première
fois, elle admit qu’à ses yeux il lui appartenait de faire obéir ses enfants,
par tous les moyens, car si ce n’était pas le cas, cela voulait dire qu’ils
avaient gagné. Mais cette approche semblait constamment se retourner
contre elle. Lorsque Kristy put enfin abandonner son désir de remporter la
lutte pour le pouvoir, elle put entrevoir une autre approche de la discipline.
Si ses enfants refusaient de lui obéir, elle confisquait leurs jeux
électroniques sans se battre et sans les forcer à se comporter correctement.
Il fallut un peu de temps à Kristy pour changer ses méthodes
d’éducation. Parfois, elle se remettait à crier, mais elle se sentait
maintenant munie de nouvelles stratégies de discipline. Chaque fois qu’elle
retombait dans ses anciens schémas, elle revoyait ce qui les avait
déclenchés afin de ne plus hausser la voix.

ÊTES-VOUS UN RÉCIDIVISTE ?
Même si nous aimons penser que nous apprenons de nos erreurs la première
fois que nous les commettons, en réalité, il arrive à tout le monde de répéter
les mêmes erreurs. C’est le lot des êtres humains. Les erreurs peuvent être
comportementales – comme arriver en retard au travail – ou cognitives. Les
erreurs de jugement consistent entre autres à toujours croire que les gens
vous détestent ou à ne jamais planifier en amont. Alors que certains disent :
« La prochaine fois, je ne tirerai pas à la hâte des conclusions », il se peut
qu’ils répètent les mêmes erreurs de jugement s’ils ne prennent pas garde.
Vous retrouvez-vous dans certaines de ces affirmations ?
Vous vous retrouvez souvent bloqué au même endroit lorsque vous
essayez d’atteindre un objectif.
Lorsque vous rencontrez un obstacle, vous ne passez pas beaucoup
de temps à essayer de trouver des moyens de le dépasser.
Vous avez du mal à vous défaire de vos mauvaises habitudes, car
vous finissez toujours par les reprendre.
Vous ne passez pas beaucoup de temps à analyser les raisons pour
lesquelles vous avez du mal à atteindre vos objectifs.
Vous vous mettez en colère contre vous-même, car vous avez du mal
à vous défaire de vos mauvaises habitudes.
Vous dites parfois : « Plus jamais ça », tout en commettant les
mêmes erreurs encore et encore.
Il vous semble parfois trop difficile d’apprendre de nouvelles
manières d’agir.
Vous vous en voulez parfois de votre manque d’autodiscipline.
Votre envie d’agir autrement disparaît aussitôt que vous commencez
à vous sentir mal à l’aise ou inquiet.

Est-ce que certaines des ces affirmations s’appliquent à votre cas ?


Parfois, il nous est difficile de tirer un enseignement la première fois que
nous commettons une erreur. Mais il existe des mesures à prendre pour
éviter de répéter les mêmes erreurs, car ce sont elles qui vous empêchent
d’atteindre vos objectifs.

POURQUOI RÉPÉTONS-NOUS LES MÊMES ERREURS


INLASSABLEMENT ?
Malgré sa frustration, Kristy n’avait jamais vraiment réfléchi aux raisons
qui la poussaient à crier ou aux autres solutions qui auraient pu être plus
efficaces. Au début, elle hésita à établir de nouvelles méthodes d’éducation,
car elle eut peur qu’en retirant à ses enfants davantage de leurs privilèges,
elle n’accentue encore leur colère et ne provoque un comportement encore
plus irrespectueux. Elle avait dû retrouver confiance en ses capacités de
parent avant d’être en mesure de ne plus répéter les mêmes erreurs.
Si quelqu’un déclare : « C’est fini, je ne ferai plus jamais ça », pourquoi
continue-t-il cependant à reproduire « ça » ? Il faut bien l’avouer, l’être
humain a un comportement très compliqué.
Pendant très longtemps, il était admis par les enseignants que si on
laissait un enfant deviner, il risquait de mémoriser la mauvaise réponse. Par
exemple, si un enfant devinait que 4 + 4 = 6, il ou elle retiendrait le
chiffre 6 même après qu’on lui eut donné la bonne réponse. Pour empêcher
ce phénomène de se produire, les enseignants commençaient par donner aux
enfants les bonnes réponses sans leur laisser la possibilité de réfléchir par
eux-mêmes.
En 2012, une étude publiée dans le Journal of Experimental Psychology :
Learning, Memory, and Cognition21 a montré que du moment que les
participants à l’étude avaient une chance d’apprendre l’information exacte,
ils étaient capables de tirer profit de leurs précédentes erreurs. En fait, des
chercheurs ont découvert que lorsque des enfants réfléchissaient à des
réponses possibles, même si celles-ci étaient incorrectes, leur capacité à
mémoriser la bonne réponse augmentait dès que l’on corrigeait leurs
erreurs. Les enfants, tout comme les adultes, sont capables d’apprendre de
leurs erreurs lorsqu’on leur en donne les moyens.
Même si nous sommes maintenant en possession d’études qui prouvent
que nous sommes capables d’apprendre de nos erreurs, il est difficile de
« désapprendre » ce que l’on nous a enseigné dans nos jeunes années. En
grandissant, vous aurez peut-être appris qu’il est plus sage de cacher vos
erreurs que de les assumer. Et l’école n’est pas le seul endroit où nous avons
puisé notre manière de traiter les erreurs. Les célébrités, les politiques et les
athlètes apparaissent sans arrêt dans les médias comme essayant de masquer
leurs faux pas. Ils mentent et font tout pour ne pas avoir à admettre qu’ils
ont commis une erreur, malgré des preuves souvent accablantes. Et en niant
nos erreurs, nous avons moins de chances de pouvoir les examiner afin d’en
tirer un enseignement qui nous empêcherait de les commettre à nouveau
dans le futur. Nous avons tous entendu ce genre de phrase : « Je ne
reviendrai pas sur ma décision… » Il s’agit d’une prise de position forte
mais qui n’offre pas la possibilité d’admettre une erreur, trop dictée qu’elle
est par la fierté.
L’obstination est un trait de caractère que l’on retrouve généralement
chez les récidivistes. Une personne qui aura fait un mauvais investissement
pourra dire : « J’ai déjà tellement investi que je n’ai plus qu’à continuer. »
Plutôt que de perdre une petite somme d’argent, cette personne préférera
prendre un plus grand risque, car elle est trop entêtée pour arrêter. Une
personne coincée dans un emploi qu’elle méprise pourra dire : « J’ai donné
dix années de ma vie à cette entreprise. Je ne veux pas partir maintenant. »
Mais si on a investi dix ans dans une activité malsaine et contre-productive,
le pire serait de s’y investir un jour de plus.
L’impulsivité du récidiviste est aussi une des raisons de ses erreurs à
répétition. Il est d’usage de dire qu’il est bon de remonter à cheval aussitôt
après une chute, mais n’est-il pas plus sage de comprendre les raisons de
votre chute avant de vous remettre en selle ?
Avez-vous l’impression de constamment reproduire les mêmes erreurs ?
Cela peut s’expliquer par le goût de la facilité. Une femme enchaînera peut-
être les relations désastreuses parce que ce sont les seules qu’elle connaisse.
Il est possible qu’elle ne fréquente que des hommes d’un même milieu,
rencontrant les mêmes problèmes, parce qu’elle manque de confiance en
elle pour aller chercher ailleurs. De la même manière, un alcoolique pourra
replonger chaque fois qu’il se sentira stressé, car il ne sait pas comment
gérer les problèmes lorsqu’il est sobre. Éviter ces erreurs et agir
différemment pourrait, à certains, sembler dérangeant.
Et puis, il y a ceux que la réussite gêne tellement qu’ils préfèrent saboter
leurs propres efforts. Quand les choses vont bien, ils sont dans l’attente d’un
retour de bâton. Pour se défaire de cette anxiété, ils préfèrent reprendre leur
comportement autodestructeur habituel et répéter les mêmes erreurs.

POURQUOI CONTINUER À RÉPÉTER LES MÊMES


ERREURS EST-IL PROBLÉMATIQUE ?
Kristy savait bien que crier contre ses enfants tous les jours ne servait à
rien. Elle ne leur apprenait pas à résoudre les problèmes efficacement et ils
grandissaient en pensant que crier était un comportement acceptable. Plus
elle criait contre eux, et plus ils criaient en retour. Avez-vous déjà observé
un chien se mordre la queue en tournant continuellement sur lui-même ?
C’est ce qui se passe lorsque vous répétez les mêmes erreurs. Vous vous
fatiguez et, pourtant, cela ne vous mène nulle part.
Julie vint me consulter parce qu’elle s’en voulait énormément. L’année
précédente, elle avait réussi à perdre presque vingt kilos et puis, tout
doucement, au cours des six derniers mois, elle avait fini par tous les
reprendre. Ce n’était pas la première fois que cela lui arrivait. Cela faisait
dix ans qu’elle perdait et reprenait ces vingt satanés kilos. Elle se sentait
tellement frustrée d’avoir passé autant de temps et dépensé autant d’énergie
à perdre des kilos qu’elle les reprenait peu de temps après.
Chaque fois qu’elle perdait du poids, elle relâchait un peu ses efforts. Elle
se resservait au dîner ou elle fêtait l’évènement avec de la crème glacée.
Elle trouvait des excuses pour sauter quelques séances de sport et, avant
qu’elle ne s’en aperçoive, elle avait repris tous ses kilos. Très rapidement,
son comportement la dégoûta et elle se demanda : « Pourquoi ne suis-je pas
capable de contrôler ce que je fais de mon corps ? » L’histoire de Julie est
loin d’être unique. Statistiquement, la plupart des personnes qui perdent du
poids finissent toujours par le reprendre. Perdre du poids n’est pas facile.
Alors pourquoi nous infligeons-nous la peine de perdre du poids pour le
reprendre aussi vite ? La raison est que, bien souvent, les individus répètent
les mêmes erreurs qui les ont amenés à prendre du poids la première fois.
La répétition des mêmes erreurs entraîne plusieurs problèmes, entre
autres :

Vous ne parviendrez jamais à atteindre vos objectifs. Que vous


cherchiez à perdre du poids pour la cinquième fois ou essayiez
d’arrêter de fumer pour la dixième fois, si vous répétez les mêmes
erreurs, vous n’atteindrez jamais vos objectifs. Au contraire, vous
resterez bloqué au même endroit et ne pourrez aller de l’avant.
Vous ne résoudrez pas votre problème. C’est un cercle vicieux.
Lorsque vous répétez une erreur, le problème se perpétue, alors vous
répétez à nouveau la même erreur, etc. Vous ne pourrez régler votre
problème à moins de commencer à agir autrement.
Vous vous jugerez différemment. Vous commencerez peut-être à
vous voir comme une personne incompétente ou qui rate tout parce
que vous ne réussissez pas à dépasser un obstacle.
Vous limiterez vos efforts. Si vos premières tentatives n’ont pas été
concluantes, vous risquez d’abandonner plus facilement. Si vous ne
fournissez pas un minimum d’efforts, vous aurez moins de chances
de réussir.
Vous finirez peut-être par décevoir ceux qui vous voient répéter les
mêmes erreurs. Si vous êtes coupable de toujours retomber dans les
mêmes problèmes, vos amis et votre famille finiront par en avoir
assez de vous entendre vous plaindre. Pire encore, s’ils doivent
constamment vous tirer de vos ennuis et de situations inextricables,
vos erreurs répétées endommageront vos relations.
Vous pourrez développer des croyances irrationnelles pour excuser
vos erreurs. Au lieu de regarder comment votre comportement nuit
à vos progrès, vous finirez peut-être par conclure : « Oh, c’est que
ça ne devait pas arriver. » Une personne en surpoids qui aurait du
mal à se défaire de ses kilos pourra décider : « J’ai de gros os. Je
n’étais pas destinée à être mince. »

EN FINIR AVEC LES ERREURS À RÉPÉTITION


Pour en finir avec cette habitude qui consistait à crier contre ses enfants,
Kristy dut commencer par examiner ses méthodes d’éducation et en trouver
d’autres. Elle savait qu’au début ses enfants risqueraient de tester les
nouvelles limites qu’elle leur imposait et ce n’est qu’en élaborant un
véritable plan pour gérer ses émotions qu’elle réussit à supporter leur
conduite sans perdre son sang-froid.

ÉTUDIER SES ERREURS


Au milieu des années 1800, Rowland Macy ouvrit un magasin de vêtements
à Haverhill, dans le Massachusetts. Alors que celui-ci était situé dans un
quartier très calme de la ville, qui n’attirait ni touristes ni clients, Macy
restait persuadé que son magasin réussirait à capter l’attention. Mais il avait
tort et il eut du mal à ne pas mettre les clés sous la porte. Afin que les
affaires marchent dans cette partie de la ville, il organisa une grande parade
conduite par un orchestre dans l’espoir d’attirer les badauds dans les rues.
La parade finirait son circuit devant le magasin de Macy où un commercial
de Boston très célèbre ferait un discours.
Malheureusement, la température étant très élevée ce jour-là, personne ne
s’aventura dans les rues de la ville pour suivre l’orchestre, contrairement à
ce que Macy avait imaginé. Ses erreurs de marketing lui coûtèrent très cher
puisqu’il finit par perdre son affaire.
Cependant, Macy était un homme qui apprenait de ses erreurs et,
quelques années plus tard, il ouvrit R. H. Macy Dry Goods dans le centre de
New York. Il s’agissait de son cinquième magasin après l’échec des quatre
précédents. De chaque erreur commise il tira un enseignement. Alors,
quand il ouvrit R. H. Macy Dry Goods, il en connaissait déjà un rayon sur
la manière de diriger une affaire et sur les lois du marketing.
Aujourd’hui, l’enseigne Macy’s22 est l’une des plus fructueuses au
monde. Contrairement à la première parade que Macy avait organisée, une
Macy’s Thanksgiving Day Parade a désormais lieu chaque année durant les
journées plus fraîches de l’automne. Non seulement cette parade attire tout
le temps de larges foules dans les rues, mais elle est également regardée à la
télévision par plus de quarante-quatre millions de téléspectateurs.
Macy ne se contenta pas de se trouver des excuses pour expliquer ses
précédents échecs. Au contraire, il étudia minutieusement les faits et
assuma la responsabilité de chacune des erreurs commises. Cela lui permit
finalement d’utiliser son expérience pour agir autrement.
Si vous souhaitez ne plus répéter une même erreur, commencez par
l’étudier. Mettez vos émotions négatives de côté, reconnaissez les facteurs
qui vous ont conduit au faux pas et tirez-en un enseignement. Cherchez des
explications sans les transformer en excuses. Posez-vous les questions
suivantes :

Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Prenez un peu de temps pour


réfléchir à vos erreurs. Essayez de faire la part des choses dans ce
qui s’est passé. Peut-être dépassez-vous votre budget tous les mois
parce que vous ne parvenez pas à résister à la tentation d’aller faire
du shopping ? Ou peut-être vous disputez-vous inlassablement avec
votre partenaire parce que vous ne parvenez jamais à résoudre un
problème ? Examinez les pensées, les comportements et les facteurs
extérieurs qui contribuent à cette erreur.
Aurais-je pu mieux faire ? Tout en prenant le temps de réfléchir à la
situation, essayez de voir les aspects que vous auriez pu mieux
gérer. Peut-être n’avez-vous pas persévéré assez longtemps ? Vous
avez peut-être cessé d’essayer de perdre du poids après seulement
deux semaines, par exemple. Ou peut-être que votre erreur est de
vous trouver des excuses pour ne pas faire de sport, si bien que vous
ne réussissez pas à suivre un programme d’amaigrissement. Offrez-
vous une évaluation honnête.
Que puis-je faire différemment la prochaine fois ? Dire que vous
n’allez plus commettre les mêmes erreurs et le faire sont deux
choses bien distinctes. Pensez à tout ce que vous pouvez faire
différemment la prochaine fois pour éviter de retomber dans les
mêmes erreurs. Identifiez des stratégies claires que vous pourrez
utiliser pour éviter de reproduire vos anciens comportements.

ÉLABORER UN PROGRAMME
Durant un de mes stages universitaires, j’ai travaillé dans un centre de
réhabilitation pour drogués et alcooliques. La plupart des patients suivant ce
programme avaient déjà essayé, par le passé, de traiter leur dépendance.
Quand ils franchissaient les portes de notre centre, ils étaient déjà, pour la
plupart, découragés et énervés de ne pouvoir arrêter de consommer de la
drogue ou de l’alcool. Mais après quelques semaines de traitement intensif,
leur attitude commençait à se modifier. Ils se montraient plus optimistes à
l’égard du futur et déterminés, cette fois-ci, à ne pas replonger dans leurs
vieilles habitudes.
Mais avant de recevoir le diplôme qui prouvait qu’ils avaient bien suivi
le traitement, ils devaient établir un programme précis de sortie. Ce
programme devait les aider à conserver les mêmes résultats positifs de
guérison après leur sortie de notre établissement. Pour éviter de reprendre
leurs anciennes habitudes, ils devaient opérer de profonds changements
dans leur mode de vie.
Pour la plupart d’entre eux, cela voulait dire fréquenter d’autres cercles
sociaux. Ils ne pouvaient pas continuer à traîner avec les mêmes amis qui se
droguaient ou buvaient beaucoup. Certains devaient changer de travail.
Créer des habitudes plus saines pouvait se traduire par mettre un terme à
une relation néfaste ou remplacer les fêtes par des réunions de soutien.
Chacun participait à l’écriture de son propre programme, qui incluait de
la documentation et des stratégies pour rester sobre. Ceux qui réussirent à
guérir furent ceux qui suivirent le programme qu’ils avaient établi. Ceux
qui reprirent leur ancien mode de vie eurent tendance à replonger, car ils ne
purent s’empêcher de refaire les mêmes erreurs. Quand ils retrouvaient leur
ancien environnement, les tentations étaient trop nombreuses. Quelle que
soit l’erreur que vous cherchiez à ne plus répéter, la clé de votre succès
réside dans l’élaboration d’un programme qui tienne la route. Écrire ce
programme noir sur blanc augmente vos chances de vous y tenir.
Suivez ces étapes ; elles vous aideront à établir un programme qui vous
évitera de reproduire les mêmes erreurs indéfiniment :

1. Trouvez des comportements de substitution. Au lieu de boire de


l’alcool pour l’aider à gérer son stress, une personne pourra
trouver des stratégies différentes, comme aller se promener ou
appeler un ami. Choisissez des comportements sains qui vous
aideront à éviter de répéter les mêmes mécanismes malsains.
2. Identifiez les signaux d’alerte qui vous indiquent que vous
empruntez le mauvais chemin. Il est important d’être attentif aux
anciens mécanismes que vous aviez l’habitude de suivre. Peut-
être savez-vous que vous ne contrôlez plus vos dépenses lorsque
vous commencez à payer vos achats avec une carte de crédit à
débit différé.
3. Trouvez le moyen de vous tenir responsable de vos actions. Il est
plus difficile de cacher vos erreurs ou de les ignorer lorsqu’on
vous en tient responsable. Discuter avec un ami de confiance ou
un membre de votre famille qui soulignera vos erreurs et vous en
tiendra responsable pourra vous rendre service. Vous pourrez
aussi augmenter vos chances d’endosser la responsabilité de vos
erreurs en tenant un journal ou en utilisant un calendrier pour
vous aider à mesurer vos progrès.

PRATIQUER L’AUTODISCIPLINE
L’autodiscipline n’est pas une qualité que certains posséderaient et d’autres
non. Chacun d’entre nous a la capacité d’améliorer son autodiscipline. Dire
non à un paquet de chips ou à quelques cookies nécessite d’avoir un
minimum de maîtrise de soi. Comme de pratiquer un sport lorsque vous
n’en avez pas envie. Éviter les erreurs qui pourraient vous faire dévier dans
vos progrès requiert une vigilance constante et de gros efforts.
Voici ce que vous devez garder à l’esprit lorsque vous chercher à
améliorer votre self-control :

Apprenez à supporter l’inconfort. Que vous vous sentiez seule et


prête à envoyer un message à cet ex qui ne vous convenait pas ou
sur le point de craquer devant une petite douceur, apprenez à
supporter l’inconfort. Nous sommes souvent convaincus que si nous
craquons « juste cette fois-ci », cela nous aidera, alors qu’en fait les
études réalisées prouvent le contraire. Chaque fois que vous
craquez, vous réduisez votre self-control.
Faites l’usage d’« auto-discours » positifs. Les affirmations réalistes
pourront vous aider à résister à la tentation dans les moments de
faiblesse. En vous répétant par exemple « je peux le faire » ou
« j’assure et j’avance vers mes objectifs », vous parviendrez mieux à
rester dans le droit chemin.
Gardez vos objectifs en tête. Se concentrer sur l’importance de ses
objectifs aide à réduire les tentations. Si vous pensez au
soulagement que vous éprouverez lorsque vous aurez fini de payer
votre voiture, vous serez moins tenté de faire cette dépense qui
grèvera votre budget ce mois-ci.
Imposez-vous des restrictions. Si vous savez que vous risquez de
dépenser beaucoup d’argent en sortant avec vos amis, n’emportez
qu’une petite somme de liquide avec vous. Faites que cela devienne
difficile, voire impossible, pour vous de succomber à vos tentations.
Rédigez une liste des raisons pour lesquelles vous ne souhaitez pas
répéter vos erreurs. Emportez cette liste partout avec vous. Lorsque
vous êtes tenté de retomber dans vos vieilles habitudes, relisez votre
liste. Cela pourra accroître votre motivation pour résister à la
tentation de reproduire vos anciens schémas. Par exemple, créez une
liste des raisons pour lesquelles vous devriez aller marcher après le
dîner. Lorsque vous êtes tenté de regarder la télévision plutôt que de
sortir marcher, lisez votre liste, car elle pourra augmenter votre
motivation.

POURQUOI TIRER UN ENSEIGNEMENT DE


VOS ERREURS VOUS RENDRA-T-IL PLUS FORT ?
Après avoir quitté l’école à douze ans, Milton Hershey23 commença à
travailler dans une imprimerie, mais il comprit très vite qu’il ne souhaitait
pas faire carrière dans cette branche. Il partit alors travailler dans un
magasin de confiserie et de crème glacée. À l’âge de dix-neuf ans, il décida
d’ouvrir son propre magasin de confiserie. Il obtint une aide financière de
sa famille, ce qui lui permit de monter son affaire. Malheureusement,
l’entreprise ne fut pas assez prospère et, quelques années plus tard, il n’eut
d’autre choix que de déclarer faillite.
Après cet échec, il décida de se rendre dans le Colorado en espérant
s’enrichir grâce aux mines d’argent, alors en plein essor. Malheureusement,
il arriva trop tard et eut du mal à trouver un emploi. Il accepta finalement un
travail auprès d’un autre confiseur. C’est là qu’il apprit comment le lait frais
pouvait servir à créer de délicieuses confiseries.
Hershey s’installa à New York afin d’y ouvrir une nouvelle confiserie. Il
espérait que le savoir-faire et les connaissances qu’il avait pu acquérir
l’aideraient à faire de sa deuxième tentative une réussite. Mais il manqua à
Hershey les fonds nécessaires et il existait déjà tant de confiseries sur le
marché que, malgré ses efforts, il échoua à nouveau. À ce moment-là, tous
les membres de sa famille, qui l’avaient jusque-là toujours soutenu, le
rejetèrent pour ses erreurs.
Mais Hershey ne renonça pas. Il retourna en Pennsylvanie et ouvrit une
entreprise de caramel. Il fabriquait des caramels la journée et les vendait le
soir dans les rues à l’aide d’une charrette qu’il poussait. Il finit par recevoir
une grosse commande et put obtenir un prêt afin de l’honorer. Dès qu’il
reçut le paiement de cette commande, il remboursa son prêt et lança la
Lancaster Caramel Company. Très vite, il devint millionnaire et un des
hommes d’affaires les plus brillants de la région.
Il continua à développer son entreprise. Il commença à fabriquer des
chocolats et, en 1900, revendit la Lancaster Caramel Company pour ouvrir
une chocolaterie. Hershey travailla sans relâche pour créer un chocolat
parfait. Il devint très vite la seule personne aux États-Unis à produire du
chocolat au lait en masse et se retrouva rapidement à approvisionner le
monde entier.
Lorsque le sucre devint une denrée rare durant la Première Guerre
mondiale, Hershey établit sa propre raffinerie à Cuba. Mais dès que la
guerre prit fin, le marché du sucre s’effondra. Une fois encore, Hershey
rencontra des difficultés financières. Il emprunta de l’argent à la banque
mais dut hypothéquer ses propriétés jusqu’au remboursement de ses dettes.
Il réussit néanmoins à redresser ses affaires et à rembourser son prêt en
moins de deux années.
Il créa non seulement une chocolaterie florissante, mais aussi une ville
prospère. Durant la Grande Dépression, Hershey réussit à continuer à offrir
du travail à ses employés. Il construisit divers bâtiments dans la ville, parmi
lesquels une école, un stade sportif, un hôtel. Toutes ces nouvelles
constructions créèrent de nombreux emplois. Dans sa réussite, il devint un
grand philanthrope. Sa capacité à apprendre de ses erreurs l’aida à sortir
d’un échec dans plusieurs confiseries et à devenir le propriétaire d’une des
chocolateries les plus importantes au monde. Aujourd’hui encore, la ville
d’Hershey, en Pennsylvanie, est ornée de réverbères en forme de Kisses, les
fameux chocolats d’Hershey, et plus de trois millions de visiteurs ont déjà
visité la chocolaterie Hershey pour y apprendre comment Milton Hershey
transformait une fève de cacao en une barre chocolatée.
Lorsque vous considérerez vos erreurs non pas comme des éléments
négatifs mais comme des occasions de vous améliorer, vous pourrez
dépenser votre temps et votre énergie à ne pas les reproduire. En effet, les
personnes dotées d’une grande force mentale sont souvent prêtes à partager
leurs erreurs avec les autres afin de leur éviter de tomber dans les mêmes
pièges qu’elles.
Dans le cas de Kristy, elle se sentit soulagée lorsqu’elle réussit à ne plus
crier contre ses enfants quotidiennement. Elle apprit qu’il était normal que
ses enfants enfreignent parfois les règles mais qu’elle pouvait choisir sa
manière de réagir. Elle trouva sa maison plus saine et joyeuse dès lors qu’ils
cessèrent de crier les uns contre les autres. Lorsque Kristy réussit à ne plus
répéter les mêmes erreurs dans sa manière d’éduquer ses enfants, elle se
sentit davantage maîtresse d’elle-même et de sa vie.

AIDE-MÉMOIRE
Il existe, en général, plusieurs façons de résoudre un même problème. Si la
méthode que vous avez utilisée jusqu’ici ne réussit pas, montrez-vous
ouvert et essayez-en une autre. Apprendre de chacune de ses erreurs
nécessite une réelle introspection et une bonne dose d’humilité, mais cela
pourra vous aider à atteindre tout votre potentiel.

CE QUI AIDE

Reconnaître votre part de responsabilité dans chacune de vos


erreurs
Élaborer un programme écrit qui vous empêchera de répéter les
mêmes erreurs
Identifier les signaux d’alarme qui suggèrent un retour de votre
ancien mode de fonctionnement
Adopter des stratégies d’autodiscipline

CE QUI N’AIDE PAS

Vous trouver des excuses et refuser d’examiner votre


responsabilité dans vos erreurs
Réagir de manière impulsive sans réfléchir aux différentes
solutions
Vous mettre dans des situations dont vous aurez du mal à vous
sortir
Prétendre que vous serez toujours capable de résister à la
tentation ou décider que vous êtes destiné à répéter les mêmes
erreurs
21. M. J. Hays, N. Kornell et R. A. Bjork, « When and Why a Failed Test Potentiates the
Effectiveness of Subsequent Study », Journal of Experimental Psychology : Learning, Memory, and
Cognition 39, 2012, no 1, p. 290-296. Non disponible en français (NdT).
22. Voir Robert Grippo, Macy’s : The Store, The Star, The Story, Garden City Park, Square One
Publishers, 2008. Ouvrage non disponible en français (NdT).
23. Voir Michael D’Antonio, Hershey : Milton S. Hershey’s Extraordinary Life of Wealth, Empire,
and Utopian Dreams, New York, Simon and Schuster, 2006. Ouvrage non disponible en français
(NdT).
Chapitre 9

N’en voulez pas aux autres de leur succès


Le ressentiment est comme un poison que vous boiriez en espérant qu’il tue
vos ennemis.
NELSON MANDELA

Dan et sa famille se rendaient à un certain nombre de rencontres entre


voisins dans le quartier où ils vivaient. Ils habitaient à un endroit où
régnait un esprit communautaire : les barbecues dans les jardins y étaient
fréquents et tous se retrouvaient pour les anniversaires des enfants des uns
des autres. Dan et sa femme donnaient même de petites fêtes de temps à
autre. À ce que l’on disait, Dan était un homme chaleureux, extraverti, bien
sous tous rapports. Il avait une jolie maison et travaillait pour une
entreprise réputée. Il avait également une femme charmante et deux
adorables enfants. Mais Dan avait aussi un secret.
Il détestait se rendre aux fêtes du voisinage et entendre parler de la super
promotion de Michael ou de la nouvelle voiture de Bill. Cela le mettait en
colère que ses voisins puissent s’offrir des vacances coûteuses ou tous les
derniers gadgets à la mode. Depuis qu’il avait pris la décision avec sa
femme, quelques années plus tôt, qu’elle quitterait son travail pour
s’occuper de leurs enfants, les fins de mois étaient un peu difficiles. Ses
efforts pour maintenir les apparences d’une certaine abondance financière
dans son foyer l’avaient endetté jusqu’au cou. En fait, il cachait même à sa
femme l’étendue de leurs problèmes financiers. Malgré tout, Dan avait le
sentiment qu’il devait continuer à faire croire à ses voisins que,
financièrement, ils jouaient dans la même cour.
Dan décida de se faire aider le jour où sa femme lui demanda de
remédier à ses emportements intempestifs. Lorsque l’on se rencontra, il
m’avoua ne pas trop savoir comment la thérapie pourrait l’aider. Il savait
que son irritabilité venait d’une impression de fatigue constante. Et la
raison pour laquelle il était si fatigué était qu’il devait travailler de longues
heures pour pouvoir payer toutes ses factures.
Nous discutâmes de sa situation financière et des raisons pour lesquelles
il se sentait contraint de travailler autant. Au début, il mit cela sur le dos de
ses voisins. Il dit qu’ils étaient tous tellement fiers de tout ce qu’ils
possédaient qu’il était obligé de faire aussi bien qu’eux. Lorsque,
gentiment, je lui demandai s’ils le forçaient vraiment à faire aussi bien
qu’eux, il répondit que non, il n’avait pas à le faire, mais il le voulait.
Dan accepta de poursuivre sa thérapie quelques séances supplémentaires
et, au cours des semaines qui suivirent, son ressentiment pour ses voisins
devint évident. Lorsque nous explorâmes les raisons qui le poussaient à
ressentir une telle colère contre ses voisins, il m’apprit qu’il avait grandi au
sein d’une famille pauvre et qu’il ne souhaitait pas que ses enfants vivent ce
qu’il avait vécu. Petit garçon, il avait été victime de moquerie et de
brutalité parce que sa famille ne pouvait lui acheter les mêmes vêtements
ou jouets que les autres enfants possédaient. Alors, il était fier aujourd’hui
de pouvoir faire aussi bien que les autres et d’offrir à ses enfants un mode
de vie identique à celui des enfants du quartier.
Au plus profond de son être, en revanche, Dan accordait une plus grande
importance à sa famille qu’à ses biens. Et plus nous parlâmes de son mode
de vie et plus il se sentait dégoûté de lui-même. Il savait qu’il préférerait
passer plus de temps avec sa famille au lieu de travailler de longues heures
pour pouvoir s’acheter davantage de biens. Lentement, Dan commença à
changer de point de vue vis-à-vis de son comportement et se concentra sur
ses objectifs et ses propres valeurs plutôt que sur ceux de ses voisins.
La femme de Dan nous rejoignit le temps d’une séance et il lui révéla
qu’il avait dû emprunter de l’argent de temps à autre pour pouvoir payer
les factures. Naturellement, elle fut très surprise d’entendre les confessions
de Dan, mais il partagea avec elle son nouveau projet de vivre en accord
avec ses valeurs et non plus au-dessus de leurs moyens pour rivaliser avec
leurs voisins. Elle le soutint à deux cents pour cent et fut d’accord pour
l’aider à mesurer ses progrès.
Cela demanda beaucoup d’efforts à Dan pour réussir à changer la
perception qu’il avait de lui-même, de ses voisins et de sa vie en général.
Mais dès lors qu’il cessa de rivaliser avec ses voisins et qu’il commença à
se concentrer sur ce qui avait de l’importance à ses yeux, le ressentiment
qu’il avait vis-à-vis de ses voisins diminua. Il devint également moins
irritable.
VERT DE JALOUSIE
Alors que la jalousie pourrait se traduire par un simple « je veux ce que tu
as », le ressentiment vis-à-vis de la réussite des autres va plus loin et se
traduit par « je veux ce que tu as, mais je ne veux pas que tu l’aies ». Une
jalousie passagère et occasionnelle est normale. Le ressentiment, en
revanche, est malsain. Est-ce que certaines de ces affirmations vous
semblent familières ?

Vous comparez souvent votre richesse, votre statut, votre apparence


à ceux des personnes qui vous entourent.
Vous enviez les personnes qui peuvent s’offrir de plus belles choses
que vous.
Il vous est difficile d’écouter les autres parler de leur réussite.
Vous avez l’impression que vous méritez plus de reconnaissance
pour vos réalisations que vous n’en recevez.
Vous avez peur que l’on vous voie comme un perdant.
Vous avez parfois l’impression que quels que soient vos efforts, les
autres semblent toujours réussir davantage que vous.
Vous ressentez du dégoût, plutôt que de la joie, à l’égard des
personnes qui réalisent leurs rêves.
Il vous est difficile de côtoyer des êtres qui gagnent plus d’argent
que vous.
Vous vous sentez gêné par votre manque de réussite.
Vous laissez parfois les autres croire que vous réussissez mieux que
vous ne le faites en réalité.
Vous ressentez une certaine joie lorsqu’une personne à qui la vie
sourit rencontre des difficultés.

Si vous éprouvez de l’amertume face aux succès d’une autre personne, il


y a de fortes chances pour que cela provienne de pensées irrationnelles.
Vous pourrez même commencer à vous comporter de manière illogique.
Apprenez à vous concentrer sur votre propre parcours sans ressentir
d’animosité pour la réussite des autres.

POURQUOI EN VOULONS-NOUS AUX AUTRES DE LEUR


SUCCÈS ?
Si le ressentiment est assez proche du sentiment de colère, ce dernier peut
s’exprimer plus facilement. Le ressentiment, lui, reste souvent dissimulé et
les individus, comme Dan, masquent leurs vraies émotions derrière une
gentillesse feinte. Pourtant, derrière le sourire se cache un mélange
d’indignation et de jalousie.
La rancœur de Dan provenait d’un sentiment d’injustice. Si certaines
injustices peuvent être réelles, d’autres restent imaginaires. Dan avait
l’impression qu’il était injuste que ses voisins gagnent beaucoup d’argent.
Son seul souci était qu’ils avaient plus d’argent que lui et pouvaient s’offrir
ce que lui ne pouvait pas. Il en voulait à ses voisins de le faire se sentir
pauvre mais, s’il avait vécu dans un quartier différent, il aurait pu se sentir
plus riche.
La rancœur vis-à-vis de la réussite des autres est également le résultat
d’un manque de confiance en soi qui peut être profondément ancré. Il est
difficile d’éprouver de la joie pour le succès d’un ami lorsque l’on a peu
d’estime pour soi-même. Lorsque vous manquez de confiance en vous, la
réussite des autres pourra amplifier les défauts que vous vous trouvez. Vous
pourrez également devenir aigri en vous imaginant que la chance sourit plus
facilement aux autres, alors que vous en avez un plus grand besoin.
Il est facile d’en vouloir aux autres de ce qu’ils ont quand vous ne savez
même pas ce dont vous avez envie. Une personne qui n’aura jamais cherché
à obtenir un travail nécessitant des déplacements pourra penser en
observant les voyages internationaux d’un ami : « Quelle chance !
J’aimerais bien faire la même chose. » En même temps, il pourra également
convoiter le travail d’un ami qui gérerait sa propre affaire à son domicile,
s’évitant ainsi le temps passé dans les transports, et se dire : « Si seulement
je pouvais avoir un métier comme ça. » Ces deux modes de vie sont
pourtant aux antipodes l’un de l’autre. Il n’est pas possible de tout avoir.
Lorsque vous occultez le fait que la plupart des gens atteignent leurs
objectifs en investissant temps, argent et énergie, il est effectivement plus
facile de leur en vouloir pour leur réussite. Il est facile de regarder un
athlète de haut niveau et de se dire : « Comme j’aimerais être comme lui. »
Mais est-ce vraiment ce que vous souhaitez ? Avez-vous vraiment envie de
vous lever pour enchaîner douze heures d’entraînement ? Voulez-vous
vraiment que votre unique source de revenus repose sur vos capacités
physiques, lesquelles déclineront avec l’âge ? Voulez-vous vraiment
renoncer à la nourriture que vous aimez pour rester en forme ? Voulez-vous
vraiment vous priver de vos amis et de votre famille pour vous rendre à des
tournois toute l’année durant ?

POURQUOI EN VOULOIR AUX AUTRES DE LEUR


SUCCÈS EST-IL PROBLÈMATIQUE ?
Le ressentiment de Dan à l’égard de ses voisins eut des répercussions dans
presque tous les domaines de sa vie – sa carrière, ses dépenses et même ses
relations avec sa femme. Cela le consuma tant que son humeur s’en trouva
changée et qu’il ne pouvait même plus profiter pleinement des réunions
entre voisins. Et il s’enfermait lui-même dans un cercle vicieux – plus il
fournissait d’efforts pour rivaliser avec les succès de ses voisins et plus il
éprouvait de la rancœur à leur égard.

LA VISION QUE VOUS AVEZ DES AUTRES N’EST PAS EXACTE


Vous ne pouvez jamais savoir ce qui se passe chez les autres lorsque les
portes se referment. Dan n’avait aucune idée des difficultés que certains de
ses voisins pouvaient rencontrer. Mais il leur en voulait et ce sentiment se
fondait uniquement sur ce qu’il voyait.
Parfois un sentiment de rancœur ne repose que sur un simple préjugé.
Vous imaginez peut-être que tous les gens riches sont démoniaques ou que
les propriétaires d’entreprise sont cupides. Ce genre de stéréotypes pourra
vous amener à éprouver du ressentiment pour une tierce personne sans
même la connaître.
Une étude parue en 2013 et intitulée « Their Pain, Our Pleasure :
Stereotype Content and Schadenfreude »24 a révélé que les participants
éprouvaient du ressentiment face au succès d’un « riche professionnel », et
qu’ils prenaient même du plaisir à la vue de ses malheurs. Les chercheurs
montrèrent aux participants une photographie de quatre personnes
différentes – une personne âgée, un étudiant, un drogué et un riche
professionnel. Ils étudièrent ensuite l’activité du cerveau des participants en
associant les photographies avec divers évènements. Ils découvrirent que le
visage des participants s’illuminait lorsque le riche professionnel avait des
ennuis, par exemple quand il se faisait tremper jusqu’à l’os par un taxi. En
fait, les participants prirent plus de plaisir en regardant ce scénario qu’en
voyant les autres personnes avoir de la chance. Et tout ceci repose sur le
simple préjugé que « les riches professionnels sont de mauvaises
personnes ».
Le ressentiment pourra consumer votre vie entière si vous n’y prenez
garde. Voici certains des problèmes dont il pourra être responsable :

Vous perdrez de vue la route qui mène à vos propres succès. Plus
vous passerez de temps à vous concentrer sur les réussites des autres
et moins vous aurez le temps de travailler à vos propres objectifs.
L’animosité envers les exploits des autres n’est qu’une distraction
qui ralentira vos propres progrès.
Vous ne serez jamais satisfait de ce que vous avez. Si vous passez
votre temps à rivaliser avec les autres, vous ne vous sentirez jamais
content de ce que vous avez. Vous passerez votre vie entière à
essayer de surpasser les autres. Vous ne serez jamais satisfait, car il
y aura toujours quelqu’un qui aura plus d’argent, qui sera plus
attirant, qui semblera tout avoir.
Vous négligerez vos compétences et vos talents. Plus vous passerez
de temps à convoiter ce que font les autres et moins vous aurez de
temps pour affûter vos propres compétences. Souhaiter voir les
autres perdre de leur talent n’améliorera pas le vôtre.
Vous finirez peut-être par abandonner vos valeurs. Le ressentiment
peut entraîner des comportements désespérés. Il est difficile de
conserver vos valeurs lorsque vous ressentez une grande colère vis-
à-vis de ceux qui possèdent ce que vous n’avez pas. Et cette rancœur
pousse parfois à se comporter d’une manière qui ne vous ressemble
pas – saboter les efforts des autres ou s’endetter pour continuer à
rivaliser avec les autres, par exemple.
Vous pourrez dégrader vos relations. Lorsque vous éprouverez de la
rancœur envers quelqu’un, vous ne pourrez pas entretenir une bonne
relation avec lui. Le ressentiment conduit à une communication
détournée, au sarcasme et à l’irritabilité souvent masquée derrière
un faux sourire. Vous ne pourrez établir des relations authentiques et
simples avec une personne si vous avez une rancune secrète à son
égard.
Vous passerez peut-être votre temps à vous vanter. Au début, vous
copierez peut-être une personne pour laquelle vous avez de la
rancœur dans un effort pour rivaliser avec elle. Mais si les succès de
cette personne finissent par faire de l’ombre aux vôtres, vous finirez
peut-être par vous vanter ou bien mentir complètement à propos de
vos réussites. Prétendre « être le plus » ou « avoir le plus » n’est pas
valorisant, mais, parfois, les personnes qui éprouvent du
ressentiment le font dans l’espoir de prouver leur valeur.

MODÉRER SA JALOUSIE
Dan dut faire une pause pour évaluer sa propre vie avant de pouvoir cesser
d’en vouloir aux autres de leur succès. Après s’être décidé à proposer sa
propre définition de la réussite – passer plus de temps avec sa famille et
élever ses enfants en accord avec ses valeurs –, il put réaliser que la chance
de ses voisins ne diminuait en rien ses efforts pour atteindre ses propres
objectifs.
En plus de ses inquiétudes, Dan dut remettre en cause son mode de
pensée. Il s’était convaincu que s’il ne pouvait offrir les plus beaux
vêtements et les derniers jouets à la mode à ses enfants, ceux-ci seraient
maltraités par les autres. Lorsqu’il comprit que tous les enfants se font
taquiner à un moment ou à un autre et que la possession de biens matériels
ne permettrait pas nécessairement de l’éviter, il put cesser de se démener
pour leur acheter tout et toujours plus. Lorsqu’il prit conscience que,
intentionnellement, il les poussait à devenir des personnes matérialistes –
une caractéristique qu’il ne souhaitait pas voir chez ses enfants – il se
préoccupa de la qualité du temps qu’il passait avec eux.

CHANGER VOTRE SITUATION


Je travaillais depuis quelques mois dans mon cabinet avec un homme qui se
débattait au milieu de nombreuses difficultés. Il criait contre ses enfants et
injuriait sa femme quotidiennement. Il fumait de la marijuana à longueur de
journée et buvait au point de tomber ivre mort plusieurs fois par semaine. Il
se trouvait « entre deux emplois » depuis plus de six mois maintenant et
avait beaucoup de retard dans le paiement de ses factures. Il se plaignait
systématiquement de l’injustice de sa vie et se disputait avec quiconque
cherchait à lui offrir de l’aide. Un jour, il entra dans mon cabinet et me dit :
« Amy, je ne me sens pas fier de moi. » À sa grande stupéfaction, je
répondis : « C’est une bonne chose. » Il me regarda, perplexe, et ajouta :
« Pourquoi est-ce que vous dites ça ? Je croyais que votre travail, c’était de
m’aider dans mon estime de moi. » Je lui expliquai que, étant donné son
comportement actuel, s’il ne se sentait pas fier de lui, c’était plutôt bon
signe. Et que je n’aurais voulu pour rien au monde l’aider à se sentir fier de
lui dans la situation actuelle. Bien évidemment, je n’aurais pas été aussi
abrupte avec une autre personne, mais je connaissais cet homme depuis un
moment et je savais qu’il serait capable de supporter ce que je venais de lui
dire.
Dans les mois qui suivirent, j’eus le plaisir de le voir mûrir et se
transformer. Et à la fin de sa thérapie, il eut une meilleure image de lui-
même, et pas seulement parce qu’il se lançait des fleurs à longueur de
journée. Il jouissait maintenant d’une source de revenus régulière, il
n’abusait plus ni de la drogue ni de l’alcool et faisait de gros efforts pour
traiter les autres avec gentillesse. Son mariage ainsi que ses relations avec
ses filles s’améliorèrent. Il se sentit beaucoup mieux dès qu’il commença à
se comporter en accord avec ses valeurs.
Si vous n’êtes pas fier de la personne que vous êtes, il faut en examiner
les raisons. Peut-être que votre comportement ne vous permet pas d’avoir
une bonne image de vous-même. Si c’est le cas, voyez ce que vous pouvez
modifier pour que votre comportement soit davantage en accord avec vos
valeurs et vos objectifs.
CHANGER VOTRE ATTITUDE
Si vous vous comportez déjà d’une manière qui s’accorde avec vos valeurs
et vos objectifs mais que vous éprouvez toujours du ressentiment vis-à-vis
des réussites des autres, il se peut que vos pensées irrationnelles faussent
votre jugement. Si vous passez votre temps à vous répéter : « Je suis
stupide » ou « Je ne suis pas aussi bien que les autres », vous ressentirez
probablement de la jalousie en voyant les autres se réjouir de leurs succès.
Il est possible que vous développiez des pensées irrationnelles non
seulement à votre égard, mais également vis-à-vis des autres.
Une étude publiée en 2013 et intitulée « Envy on Facebook : A Hidden
Threat to Users’ Life Satisfaction »25 explique pourquoi certains individus
ressentent des émotions négatives en surfant sur Facebook. Les chercheurs
ont découvert que les utilisateurs se montraient le plus irrités et le plus
amers en découvrant les photos de vacances partagées par leurs « amis ». Ils
ressentaient également de la rancœur lorsque leurs « amis » recevaient de
nombreux « Joyeux anniversaire » le jour de leur anniversaire. De façon
inquiétante, l’étude conclut que ceux qui éprouvaient le plus d’émotions
négatives en surfant sur Facebook se sentaient généralement moins
satisfaits de leur vie. Est-ce vraiment là l’état actuel du monde – nous
sommes moins satisfaits de nos vies lorsqu’un autre adulte reçoit de
nombreux vœux pour son anniversaire sur Facebook, ou nous sommes
pleins de rancœur parce que nos amis partent en vacances ?
Si vous avez l’impression d’éprouver du ressentiment, essayez d’utiliser
ces stratégies pour changer vos manières de penser :

Évitez de vous comparer aux autres. Vous comparer aux autres, c’est
comme comparer des pommes et des oranges. Vos talents,
compétences et expériences de la vie sont uniques et les comparer à
ceux des autres n’est pas une façon précise de mesurer votre valeur.
Vous devriez plutôt choisir de vous comparer à la personne que vous
étiez avant et mesurer si vous avez grandi en tant qu’individu.
Prenez conscience des préjugés qui vous habitent. Essayez plutôt
d’apprendre à connaître les autres au lieu de les juger
automatiquement par rapport à des stéréotypes. Ne vous laissez pas
croire qu’une personne qui a rencontré la fortune, la gloire ou toute
autre chose qui vous fait envie ne peut être, d’une certaine manière,
que démoniaque.
Cessez de mettre l’accent sur vos faiblesses. En vous concentrant
sur tout ce que vous n’avez pas ou ne pouvez faire, vous vous
mettez dans une position où il vous sera facile d’en vouloir aux
autres pour tout ce qu’ils possèdent. Concentrez-vous sur vos points
forts, vos compétences et vos capacités.
Arrêtez de magnifier les points forts des autres. Le ressentiment naît
souvent car on exagère la réussite des autres et on focalise son
attention sur ce qu’ils possèdent. Souvenez-vous que chaque
individu porte en lui son lot de faiblesses, de doutes et de problèmes
– même les personnes qui réussissent.
Ne dénigrez pas les succès des autres. Diminuer la réussite des
autres ne fera que nourrir votre rancune. Éviter de dire par exemple :
« Sa promotion n’est pas très importante. Et puis, s’il l’a eue, c’est
uniquement parce qu’il est ami avec le chef. »
Arrêtez de vouloir déterminer ce qui est juste et ce qui ne l’est pas.
Ne vous autorisez pas à concentrer votre attention sur ce qui est
injuste. Malheureusement, parfois, les gens trichent, mentent, ou
fraudent pour avancer. Et d’autres réussiront peut-être grâce à un
coup de pouce du sort. Mais plus vous passerez de temps à vous
demander qui « mérite » son succès ou qui ne le mérite pas, et moins
de temps vous aurez à passer sur un sujet plus enrichissant.

PRÉFÉRER LA COOPÉRATION À LA COMPÉTITION


Dans mon cabinet, j’ai rencontré un grand nombre de couples qui
comptaient les points et exigeaient que les choses soient « justes ». J’ai vu
un grand nombre de supérieurs hiérarchiques qui éprouvaient du
ressentiment face à la réussite de leurs employés quand bien même celle-ci
aurait été bénéfique à leur entreprise.
Aussi longtemps que vous considérez les autres comme des concurrents,
vous ne pourrez vous concentrer que sur votre désir de « gagner ». Il n’est
pas possible d’établir des relations saines avec les autres lorsque vous avez
une seule idée en tête, les battre, au lieu de vouloir les aider à se construire.
Examinez les personnes que vous considérez, dans votre vie, comme des
concurrents. Peut-être souhaitez-vous être plus attirant que votre meilleur
ami ou gagner plus d’argent que votre frère ? Prenez conscience que si vous
regardez ces personnes comme des concurrents, vous mettez à mal votre
relation. Pourquoi, au contraire, ne pas commencer à les considérer comme
des membres de votre équipe ? Inclure dans votre vie des êtres qui ont une
variété de compétences et de talents pourrait vous être bénéfique. Si votre
frère gère bien son argent, pourquoi ne pas lui demander des conseils plutôt
que de dépenser tout le vôtre en essayant de posséder autant que lui ? Si
vous avez une voisine qui fait attention à sa santé, pourquoi ne pas lui
demander de partager certaines de ses recettes ? Un comportement humble
pourra vous aider à améliorer la perception que vous avez de vous-même, et
des autres.
Comme nous l’avons vu plus tôt, certains des succès d’Hershey26
découlèrent de l’enseignement qu’il tira de ses erreurs, mais sa capacité à
accepter le succès des autres l’aida aussi à avancer sur son chemin. Il ne
ressentit aucune rancune lorsque l’un de ses employés, H. B. Reese, décida
d’ouvrir sa propre confiserie dans la ville. Reese travaillait encore dans la
chocolaterie lorsqu’il utilisa le savoir-faire d’Hershey pour inventer sa
propre confiserie. Après plusieurs années, il créa une friandise désormais
très appréciée des Américains, consistant en un cœur de beurre de
cacahuète recouvert d’une couche de chocolat. Il utilisa la chocolaterie
Hershey pour se fournir en chocolat au lait.
Alors qu’Hershey aurait pu facilement considérer Reese comme un
concurrent direct qui lui volait une partie de ses clients, il décida au
contraire de le soutenir dans son aventure entrepreneuriale. En fait, les deux
hommes restèrent en très bons termes tout en continuant à vendre des
confiseries au sein de la même communauté. Après leurs morts respectives,
la Hershey Chocolate Corporation et la Reese Candy Company fusionnèrent
et les bonbons Reese restent, aujourd’hui, un des produits les plus
populaires de la marque Hershey27. Il est évident que cette histoire aurait pu
prendre une tournure différente. Les deux entreprises auraient même pu
couler si ces deux hommes n’avaient décidé de coopérer. Mais ils choisirent
de rester amis tout au long de leur glorieuse carrière.
Si vous savez vous montrer heureux des succès des autres, vous attirerez
– au lieu de repousser – ceux qui réussissent. En vous entourant de
personnes qui s’efforcent d’atteindre leur but, vous pourrez y gagner. Leur
réussite pourra vous motiver et vous inspirer, et vous pourrez même en tirer
des leçons qui vous aideront tout au long de votre propre parcours.

INVENTER SA PROPRE DÉFINITION DU SUCCÈS


Alors que beaucoup associent succès et argent, tout le monde ne cherche
pas à faire fortune. Votre définition du succès est peut-être de donner de
votre temps et de votre savoir à votre communauté. Ou peut-être vous
sentez-vous mieux lorsque vous travaillez moins et offrez de votre temps à
ceux qui en ont besoin. Si cela correspond à votre définition du succès, il
n’y a aucune raison d’éprouver de la rancœur à l’égard de ceux qui
souhaitent gagner beaucoup d’argent selon leur propre définition de la
réussite.
Lorsque les gens disent : « J’ai tout ce dont j’ai toujours rêvé, mais je ne
suis toujours pas heureux », c’est souvent qu’ils n’ont pas tout ce qu’ils
souhaitent. Ils vivent en accord avec une définition du succès qui n’est pas
la leur au lieu de vivre en accord avec leurs propres valeurs. Prenez le cas
de Dan. Il s’efforçait de rivaliser avec les biens de ses voisins. Et pourtant,
cela ne le rendait pas heureux. Il avait choisi avec sa femme qu’elle soit une
« maman à plein temps », car c’était plus important à leurs yeux que
l’argent supplémentaire que son travail aurait pu leur rapporter. Mais Dan
perdit de vue ses valeurs et commença à imiter ses voisins.
Pour créer votre propre définition du succès, il est parfois plus judicieux
de regarder votre vie dans son ensemble et non pas seulement au moment
présent. Imaginez que vous ayez atteint la fin de votre vie et que vous
regardiez en arrière, en direction des années qui se sont écoulées. Quelles
réponses aux questions ci-dessous vous apporteraient la plus grande sérénité
d’âme ?

Quelles ont été mes plus grandes réussites dans la vie ? S’agirait-il
de l’argent amassé ? De la contribution apportée à la vie des autres ?
De la famille que vous avez construite ? De l’entreprise que vous
avez bâtie ? De la différence que vous avez pu faire dans ce monde ?
Quelles preuves aurais-je de mes réussites ? Quelles évidences
prouvent que vous avez bien atteint vos objectifs ? Est-ce que
certaines personnes vous ont dit avoir apprécié vos contributions ?
Est-ce que votre compte en banque prouve que vous avez gagné
beaucoup d’argent ?
Quelles ont été les meilleures façons de dépenser mon temps, mon
argent et mes talents ? Quels souvenirs ont le plus d’importance à
vos yeux ? Quel genre d’activités vous procure le plus de fierté et
d’épanouissement ?

Écrivez votre propre définition du succès. Lorsque vous serez tenté d’en
vouloir à ceux qui avancent vers leur propre définition du succès, souvenez-
vous de ce qui vous gouverne vous, en tant qu’individu. Le chemin vers le
succès varie d’une personne à une autre et il est important de réaliser que
votre voyage est unique.

APPRENDRE À CÉLÉBRER LES SUCCÈS DES AUTRES


Si vous avancez en accord avec votre propre définition du succès et
apprenez à gérer vos craintes, vous pouvez célébrer les succès des autres
sans ressentir aucune rancœur. Vous arrêterez de penser que la réussite
d’une autre personne vous dévalorisera lorsque vous accepterez de ne pas
être en compétition directe. Au contraire, vous ressentirez une joie sincère
lorsqu’une personne atteindra une nouvelle étape, gagnera plus d’argent ou
accomplira quelque chose que vous n’avez jamais fait.
Peter Bookman est l’exemple parfait d’une personne qui a su se réjouir
de la réussite des autres, quand bien même il aurait de bonnes raisons de
ressentir de l’amertume. Se décrivant lui-même comme un « entrepreneur
en série », il avait participé à la création d’une variété de start-ups
florissantes. Il était le fondateur de l’entreprise qui devint par la suite
Fusion-io, une entreprise de systèmes de logiciels informatiques qui
comptait parmi ses clients Facebook et Apple. Après trois années et demie
passées à la monter, Peter apprit que les investisseurs et le conseil des
directeurs avaient une autre vision du futur que la sienne. Peter quitta alors
l’entreprise et vit un grand nombre de ceux qu’il avait lui-même recrutés
réussir.
En fait, Fusion-io amassa des milliards de dollars et rapporta à ses
fondateurs, après le départ de Peter, deux cent cinquante millions de dollars.
Plutôt que de ressentir de la rancœur face au succès de son ancienne
entreprise, Peter éprouvait de la joie. Il a admis qu’on lui avait très souvent
dit qu’il aurait dû ressentir de la colère en voyant l’entreprise qu’il avait
créée réussir sans lui. Lorsque je lui ai demandé pourquoi il ne nourrissait
aucune animosité, il m’a répondu : « Je ne vois pas comment leur succès me
vole quoi que ce soit. Je suis heureux d’avoir joué un rôle dans cette
aventure et j’ai toujours envie d’aider les autres à atteindre leurs objectifs,
que les résultats finissent par servir mes intérêts ou pas. » Peter ne perd pas
une minute de sa vie à éprouver de la rancœur face au succès des autres. Il
est bien trop occupé à célébrer avec eux leur bonheur d’avoir atteint leurs
rêves.

POURQUOI ACCEPTER LES SUCCÈS DES AUTRES


VOUS RENDRA-T-IL PLUS FORT ?
Aux dires de tous, Herb Brooks28 avait été un joueur de hockey brillant
durant ses années de lycée et d’université et, en 1960, il fit partie de
l’équipe olympique américaine de hockey. Une semaine avant le début des
Jeux olympiques, Brooks fut cependant la dernière personne que le
sélectionneur retira de l’équipe. Il regarda donc ses anciens coéquipiers
disputer les Jeux sans lui et remporter la première médaille d’or en hockey
dans l’histoire des États-Unis. Au lieu d’éprouver de la colère d’avoir été
retiré d’une équipe victorieuse, Brooks s’avança vers l’entraîneur et lui dit :
« Tu as dû prendre la bonne décision – vous avez gagné. »
Alors que beaucoup auraient sans doute choisi de quitter ce milieu,
Brooks n’était pas prêt à abandonner. Il participa aux Jeux olympiques de
1964 et 1968. Son équipe n’atteint jamais le même succès qu’en 1960, mais
sa carrière de hockeyeur ne s’arrêta pas là. Ayant pris sa retraite en tant que
joueur, il devint entraîneur.
Après avoir été entraîneur pour des équipes universitaires, il fut
sélectionné pour entraîner l’équipe olympique. En choisissant ses joueurs, il
rechercha ceux qui avaient un véritable esprit d’équipe. Il ne souhaitait pas
qu’un seul joueur vole la vedette aux autres. Aux Jeux de 1980, son équipe
fut d’abord donnée perdante face à une équipe soviétique qui avait remporté
la médaille d’or six fois au cours des sept derniers Jeux. Mais avec Brooks
comme entraîneur, les États-Unis battirent les Soviétiques 4-3. On parla de
ce renversement de situation incroyable comme du « miracle sur glace ».
Après cela, ils vainquirent la Finlande et gagnèrent la médaille d’or.
Brooks quitta le terrain dès que son équipe remporta la victoire et évita
les caméras. Il était connu pour toujours s’échapper à la fin d’un match
plutôt que d’aller célébrer les victoires de son équipe. Il raconta plus tard
aux reporters qu’il avait voulu laisser la place aux joueurs, car ils la
méritaient. Il n’avait pas voulu leur voler la vedette.
Loin d’en vouloir à ceux qui réussissaient, Brooks les supportait dans
leurs efforts. Il ne voulait forcer personne à partager son succès avec lui
mais, au contraire, souhaitait humblement laisser aux autres la gloire.
« Écrivez votre propre histoire au lieu de lire l’histoire du succès des
autres », disait-il à ses joueurs.
En cessant d’en vouloir aux autres pour leur succès, vous aurez plus de
liberté pour vous avancer vers vos objectifs. Vous aurez le désir de vivre en
accord avec vos propres valeurs et vous ne vous sentirez ni offensé ni trahi
par ceux qui vivent en accord avec les leurs.
Dan retrouva la paix et la liberté dès lors qu’il se concentra sur sa propre
définition du succès. Au lieu de rivaliser avec ses voisins, il se mit à se
concurrencer lui-même. Il se mit au défi de s’améliorer davantage chaque
jour passant. Comme dans le cas de Dan, adopter un mode de vie
authentique est essentiel pour tous ceux qui souhaitent rencontrer de vrais
succès dans la vie.

AIDE-MÉMOIRE
Il est parfois facile de ne pas nourrir de ressentiment envers les autres
lorsque tout va bien dans votre vie. Mais il y aura sans doute des fois où
cela vous semblera plus difficile et vous pourrez céder à l’amertume. Il faut
des efforts et de la persévérance pour contenir ses sentiments lorsque,
contrairement à son entourage, on peine à atteindre ses objectifs.

CE QUI AIDE

Créer sa propre définition du succès


Remplacer les pensées négatives qui engendrent le
ressentiment par des pensées plus rationnelles
Célébrer les succès des autres
Se concentrer sur ses propres points forts
Coopérer plutôt que de rivaliser avec tout le monde

CE QUI N’AIDE PAS

Courir après les rêves des autres


Fantasmer sur la vie supposée meilleure des autres
Se comparer constamment aux personnes de notre entourage
Rabaisser les succès des autres
Traiter les autres comme si vous étiez directement en
compétition

24. Mina Cikara et Susan Fiske, « Their Pain, Our Pleasure : Stereotype Content and Shadenfreude »,
Sociability, Responsibility, and Criminality : From Lab to Law, no 1299, 2013, p. 52-59. Non
disponible en français (NdT).
25. H. Krasnova, H. Wenninger, T. Widjaja et P. Buxmann, « Envy on Facebook: A Hidden Threat to
Users’ Life Satisfaction ? », 11th International Conference on Wirtschaftsinformatik, Leipzig,
Germany, 2013. Non disponible en français (NdT).
26. Voir « Hershey’s Story », The Hershey Company, 2 juin 2014,
http://www.thehersheycompany.com/about-hershey/our-story/hersheys-history.aspx. Ressource non
disponible en français (NdT).
27. Voir « Reese’s Peanut Butter Cups », Hershey Community Archives, 2 juin 2014,
http://www.hersheyarchives.org/essay/details.aspx?EssayId=29. Ressource non disponible en
français (NdT).
28. Voir Ross Bernstein, America’s Coach : Life Lessons and Wisdom for Gold Medal Success : A
Biographical Journey of the Late Hockey Icon Herb Brooks, Eagan, Bernstein Books, 2006. Ouvrage
non disponible en français (NdT).
Chapitre 10

Ne jetez pas l’éponge au premier échec


L’échec fait partie de la réussite. Les individus qui évitent les échecs
passent aussi à côté du succès.
ROBERT T. KIYOSAKI

Susan vint me consulter parce qu’elle avait l’impression que sa vie ne la


comblait pas suffisamment. Elle était mariée à un homme qu’elle aimait et
tous deux avaient une adorable petite fille de deux ans. Susan avait un
emploi stable de réceptionniste dans l’école du quartier et, financièrement,
le couple s’en sortait. Susan m’avoua se sentir un peu coupable de ne pas
se sentir plus heureuse, car elle savait, au fond, que sa vie était agréable.
Au cours d’une de nos premières séances de thérapie, Susan m’apprit
qu’elle avait toujours voulu être enseignante. Après le lycée, elle partit se
former à ce métier. L’université qu’elle avait choisie ne se trouvait qu’à
quelques heures de chez elle, mais elle se sentit terriblement nostalgique.
Elle était horriblement timide et eut du mal à se faire de nouveaux amis.
Elle trouva les cours difficiles et oppressants. C’est pourquoi, au milieu du
premier semestre, Susan abandonna.
Très vite après son retour, elle trouva un travail de réceptionniste dans
une école, duquel elle ne bougea plus. Même si ce n’était pas l’emploi de
ses rêves, elle se dit qu’au moins elle travaillait dans une école. Il me parut
cependant clair en discutant avec Susan qu’elle rêvait toujours de devenir
enseignante. Il ne lui manquait que la confiance en elle.
Lorsque j’émis pour la première fois l’idée que Susan retourne à
l’université, elle insista sur le fait qu’elle était désormais trop âgée. Mais
elle changea d’avis lorsque je lui montrai un titre qui fit la une des récents
journaux : une femme de quatre-vingt-dix-neuf ans venait d’obtenir son
diplôme d’études supérieures. Nous passâmes les semaines suivantes à
discuter de ce qui la retenait. Elle me dit qu’elle avait simplement décidé
qu’elle n’était pas faite pour la fac. Après tout, elle avait bien échoué la
première fois et elle était certaine de n’être pas assez intelligente pour
réussir, d’autant plus qu’elle avait quitté les bancs de la fac depuis
longtemps.
Au cours des semaines qui suivirent, nous discutâmes pour savoir ce
qu’elle pensait de l’échec et s’il était nécessairement vrai que puisqu’elle
avait échoué une fois, elle ne pourrait qu’échouer à nouveau. Nous
découvrîmes un mode de fonctionnement répétitif dans la vie de Susan – dès
qu’elle ne réussissait pas du premier coup, elle abandonnait. Lorsqu’elle ne
réussit pas à intégrer l’équipe de basket de l’université, elle arrêta le sport.
Lorsqu’elle reprit les dix kilos qu’elle avait perdus, elle arrêta d’essayer de
maigrir. La liste était longue et lui fit réaliser que ses convictions à propos
de l’échec influençaient ses choix.
Je l’encourageai à se renseigner sur les différentes options que lui
offraient les universités environnantes, car, même si elle n’avait pas
l’intention d’y retourner, elle devait savoir que les choses avaient beaucoup
changé au cours des quinze dernières années. Elle découvrit avec plaisir
qu’il existait un certain nombre d’alternatives aux cursus normaux et, en
quelques semaines, elle s’inscrivit à un cours par correspondance. Elle
était excitée à l’idée que les cours ne l’obligeaient pas à s’éloigner de sa
famille trop longtemps et qu’elle pourrait les suivre en partie à distance.
Très vite après avoir commencé sa formation, elle m’annonça qu’elle
avait l’impression d’avoir trouvé ce qui lui manquait. Chercher à atteindre
un nouvel objectif professionnel semblait être le défi qui lui avait manqué
pour se sentir pleinement comblée dans la vie. Elle mit fin à sa thérapie
avec une nouvelle perspective d’avenir et une nouvelle vision de l’échec.

ET SI VOUS NE RÉUSSISSEZ PAS LA PREMIÈRE FOIS…


Si l’échec incite certains à mieux faire, il pousse d’autres à l’échec. Est-ce
que certaines de ces affirmations résonnent en vous ?

Vous vous inquiétez à l’idée que les autres vous perçoivent comme
un raté.
Vous n’aimez participer qu’aux activités où vous excellez.
Si votre première tentative n’est pas concluante, il est peu probable
que vous essayiez à nouveau.
Vous êtes convaincu que chez les personnes qui réussissent, le talent
est inné.
Vous êtes sûr qu’il y a plein de choses que vous ne réussiriez jamais
à apprendre, en dépit de vos efforts.
Votre estime de vous-même dépend surtout de votre capacité à
réussir.
L’idée de vivre un échec vous déstabilise.
Vous avez tendance à trouver des excuses à vos échecs.
Vous préférez vous servir des compétences déjà acquises plutôt que
de devoir en acquérir de nouvelles.

L’échec ne devrait pas être la fin de tout. La plupart de ceux qui


réussissent considèrent même l’échec comme le début de l’aventure.

POURQUOI ABANDONNONS-NOUS ?
Susan, comme la plupart d’entre nous, pensait que puisqu’elle avait échoué
une fois, elle échouerait à nouveau ; et, partant de ce principe, elle ne voyait
donc pas l’intérêt d’essayer à nouveau. Même si elle savait que quelque
chose lui manquait, il ne lui vint jamais à l’esprit qu’elle pourrait reprendre
le chemin de l’école, car, selon elle, la fac, ce n’était pas pour elle. Susan
n’est sans doute pas la seule à penser ainsi. Il est probable que nous ayons
tous renoncé à quelque chose à la suite d’une première tentative avortée.
La peur est souvent au cœur de notre manque de volonté de réessayer
quand nous avons échoué, mais, face à cette peur de l’échec, nous ne
sommes pas tous égaux. Alors qu’une personne pourra avoir peur de
décevoir ses parents, une autre pourra s’inquiéter de ne pas être capable de
supporter un autre revers. Plutôt que d’affronter ces peurs, la plupart d’entre
nous évitent d’avoir à vivre un autre échec, que nous avons tendance à
associer à la honte. Certains essaient de masquer leurs échecs ; d’autres
dépensent une grande énergie pour essayer de les excuser. Une étudiante
pourra ainsi déclarer : « Je n’ai pas eu le temps de réviser pour cet
examen », quand bien même elle aurait passé de longues heures à le
préparer. Un autre étudiant pourra cacher ses résultats à ses parents parce
qu’il aura trop honte d’avoir échoué.
Dans d’autres cas, nous laissons l’échec définir qui nous sommes. Pour
Susan, son premier échec à la fac signifiait qu’elle n’était pas assez
intelligente pour obtenir un diplôme. Une autre personne s’imaginera que
son échec dans les affaires signifie qu’elle n’est pas faite pour être
entrepreneur, ou quelqu’un qui n’aura pas réussi à faire publier son premier
roman en conclura qu’il n’est qu’un piètre écrivain.
La tendance à abandonner peut aussi être un comportement acquis. Peut-
être que dans votre enfance, votre mère volait à votre secours aux premiers
signes d’une difficulté. Ou peut-être que lorsque vous avez annoncé à votre
professeur de mathématiques ne pas avoir réussi votre exercice, il vous aura
donné les réponses sans que vous n’ayez jamais compris le raisonnement.
L’habitude d’attendre qu’une tierce personne nous vienne en aide peut
s’avérer difficile à perdre, même à l’âge adulte, et nous empêcher d’essayer
à nouveau.
Et enfin, on peut dire que beaucoup abandonnent en raison de la vision
figée qu’ils ont de leurs aptitudes. Ils s’imaginent que leur talent ne dépend
pas d’eux et, pour cette raison, ne se donnent pas la peine d’essayer de
s’améliorer après un premier échec. Ils pensent que si vous n’êtes pas né
avec un don dans un domaine, il n’y a aucune raison d’essayer d’apprendre.

POURQUOI CÉDER À L’ÉCHEC EST-IL


PROBLÉMATIQUE ?
Susan passa beaucoup de temps à ruminer ces pensées : « Je ne suis pas
assez intelligente pour enseigner » ou « Je ne pourrai jamais aider mes
élèves parce que je ne suis qu’une ratée ». Ce genre de pensées l’empêcha
d’atteindre ses objectifs et il ne lui vint jamais à l’esprit qu’elle pourrait
retourner à l’université. Si vous abandonnez au premier échec, comme
Susan, vous passerez sans doute à côté d’un certain nombre d’opportunités.
Échouer peut, contre toute attente, s’avérer une expérience incroyable –
mais seulement si vous continuez à avancer dans votre vie en en ayant tiré
un enseignement.
Il est difficile de réussir sans avoir jamais échoué une seule fois. Prenez
l’exemple de Theodor Seuss Geisel29 – plus connu sous le nom de Dr.
Seuss – dont le premier livre fut rejeté par plus de vingt maisons d’édition.
Il publia finalement quarante-six des livres de littérature pour enfants les
plus célèbres aux États-Unis, dont certains furent adaptés pour la télévision,
le cinéma ou en comédies musicales à Broadway. S’il avait abandonné au
premier échec, le monde n’aurait jamais eu la possibilité de découvrir son
style unique qui a diverti bon nombre d’enfants durant plusieurs décennies.
Abandonner après le premier échec peut facilement avoir un effet
Pygmalion. À chaque abandon, vous renforcez l’idée que l’échec est
néfaste, ce qui, en retour, vous empêchera d’essayer à nouveau ; ainsi, votre
peur d’échouer freine votre capacité à apprendre. Dans une étude de 1998
publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology30, des
chercheurs ont comparé un groupe d’élèves de CM2 loué pour son
intelligence et un autre loué pour ses efforts. On fit passer à tous les enfants
un test extrêmement difficile. Après qu’on leur eut présenté leurs résultats,
ils se virent offrir deux options : ils pouvaient regarder les tests d’élèves qui
avaient obtenu de meilleurs résultats ou, au contraire, des résultats plus bas.
Les enfants dont on avait loué l’intelligence regardèrent majoritairement les
tests des élèves qui avaient obtenu des résultats plus bas que les leurs afin
de booster leur estime d’eux-mêmes. Les enfants dont on avait loué les
efforts furent plus enclins à regarder les tests des élèves qui avaient obtenu
des résultats plus élevés que les leurs afin d’en tirer un enseignement. Si
l’échec vous effraie, vous serez moins tenté d’apprendre de vos efforts et,
de ce fait, moins enclin à essayer à nouveau.

NE PAS ABANDONNER
Aussitôt qu’elle réalisa qu’un échec n’était pas synonyme d’échecs à
l’infini, Susan se montra plus ouverte à l’idée de se renseigner sur les
possibles cursus qui existaient. Dès qu’elle se mit à se comporter comme
une personne qui pouvait se remettre d’un échec – en recherchant des
universités –, elle fut tout de suite plus optimiste sur sa capacité à accomplir
son rêve de devenir enseignante.

IDENTIFIER LES CROYANCES RELATIVES AU SUCCÈS QUI


VOUS EMPÊCHENT D’ESSAYER À NOUVEAU
Thomas Edison31 fut l’un des inventeurs les plus prolifiques de tous les
temps. Il détint 1093 brevets pour ses productions et les systèmes
nécessaires pour les soutenir. Ses inventions les plus fameuses comprennent
l’ampoule électrique, le cinéma animé et le phonographe. Mais toutes ses
inventions ne connurent pas toutes un grand succès. Vous n’avez sans doute
jamais entendu parler de son stylo électrique ou de sa machine à fantômes.
Il ne s’agit là que d’un échantillon de ses inventions qui ont échoué.
Edison savait qu’un certain nombre de ses inventions étaient vouées à
l’échec et, lorsqu’il inventait un objet qui ne fonctionnait pas ou n’attirait
pas la clientèle espérée, il ne se considérait pas néanmoins comme un raté.
Au contraire, il voyait dans chaque échec une occasion d’apprendre. Selon
une autobiographie sur Thomas Edison rédigée en 1915, un de ses jeunes
assistants regretta un jour qu’ils aient travaillé pendant des semaines sur une
création sans voir de résultats. Edison lui répondit : « Des résultats ! Pas de
résultats ? Mais enfin, j’en ai obtenu un grand nombre de résultats. Je
connais plus de mille choses qui ne fonctionnent pas. »
Si vous refusez de faire un nouvel essai après avoir échoué, il est possible
que votre vision de l’échec soit faussée par un certain nombre de croyances.
Celles-ci influencent notre façon de penser, de ressentir et de nous
comporter face à l’échec. Voici ce que les recherches prouvent sur la
persévérance et l’échec :

Une pratique délibérée est plus importante que le talent naturel.


Même si l’on est incité à croire que le talent est inné, la plupart des
talents peuvent se cultiver à force de travail. Des recherches ont
montré qu’en s’entraînant quotidiennement pendant dix années, il
est possible de surpasser des personnes au talent inné dans des
domaines aussi variés que les échecs, le sport, la musique et les arts
visuels. Après vingt années de pratique scrupuleuse, beaucoup de
personnes dépourvues de don naturel pouvaient accomplir des
prouesses d’envergure internationale. Mais, bien souvent, nous
pensons que si nous ne sommes pas nés avec un don spécifique,
nous n’aurons jamais le talent nécessaire pour réussir. Cette
croyance pourra vous forcer à abandonner avant même d’avoir
l’occasion de cultiver le savoir-faire nécessaire pour réussir.
Le courage est un meilleur indicateur de réussite que le quotient
intellectuel. Il est clair que toutes les personnes dotées d’un
important QI n’accomplissent pas toutes de grandes choses. Le QI
seul ne peut prédire si une personne réussira dans la vie ou pas. Le
courage, défini comme la persévérance et la passion pour les
objectifs à long terme, a été établi comme un meilleur indicateur de
réussite que le QI.
Associer l’échec à un manque de capacité entraîne une impuissance
acquise. Si vous pensez que vos échecs découlent d’une incapacité –
et que vous ne pouvez vous améliorer –, vous développerez sans
doute un sentiment d’impuissance. Au lieu de remonter en selle
après un échec, vous risquez simplement d’abandonner ou
d’attendre que quelqu’un agisse à votre place. Si vous pensez que
vous ne pouvez pas vous améliorer, vous ne risquez pas d’essayer.

Ne laissez pas les fausses croyances à propos de vos capacités vous


empêcher d’atteindre le succès. Réfléchissez à votre façon d’appréhender
l’échec. Envisagez votre course au succès comme un marathon et non un
sprint. Acceptez que l’échec fasse partie du processus qui vous aide à
apprendre et mûrir.

CHANGER VOTRE FAÇON DE PENSER L’ÉCHEC


Si vous pensez qu’un échec est un évènement terrible, vous aurez du mal à
recommencer si vous avez échoué une première fois. Voici quelques
exemples de pensées qui pourront vous décourager :

L’échec m’est insupportable.


Je ne peux être que brillant ou raté.
Tout échec est ma faute.
J’ai échoué parce que je suis médiocre.
On ne m’aimera pas si j’échoue.
Si je n’ai pas pu réussir la première fois, je n’y arriverai pas mieux
la seconde.
Je ne mérite pas de réussir.

Les pensées irrationnelles à propos de l’échec vous feront peut-être


abandonner après une première tentative. Cherchez à les remplacer par des
pensées plus réalistes. L’échec n’est sans doute pas aussi horrible que l’idée
que vous vous en faites. Concentrez-vous sur vos efforts plutôt que sur les
résultats. En essayant d’accomplir une tâche difficile, pensez à ce que vous
pourriez gagner dans ce défi. Pourriez-vous apprendre quelque chose de
nouveau ? Pourriez-vous améliorer vos compétences sans réussir
nécessairement du premier coup ? En pensant à ce que vous pourriez tirer
de cette expérience, vous aurez plus de facilité à envisager l’échec comme
une composante à part entière de votre évolution.
L’autocompassion, mais pas nécessairement une haute estime de soi,
pourrait être la clé de votre épanouissement personnel. Alors qu’en vous
jugeant trop durement, vous pourriez finir par vous résigner et vous dire que
vous n’en valez pas le coup et qu’en vous jugeant trop complaisamment,
vous pourriez trouver un moyen facile d’excuser votre comportement,
l’autocompassion offre un parfait équilibre. L’autocompassion consiste à
regarder vos échecs avec bienveillance et réalisme. Cela signifie de
comprendre que chaque individu a des défauts – même vous – et qu’un
échec ne retire rien à votre valeur. En regardant avec compassion vos
faiblesses, vous aurez plus de chances de reconnaître que vous pouvez
continuer à mûrir et à vous améliorer.
Dans une étude publiée en 2012 et intitulée « Self-Compassion Increased
Self-Improvement Motivation »32, on donna à des étudiants une chance
d’améliorer leurs faibles résultats à une évaluation. Une partie d’entre eux
adopta un point de vue compatissant sur son échec alors qu’une autre partie
se préoccupa d’augmenter son estime de soi. Les résultats montrèrent que
les étudiants ayant fait preuve d’autocompassion étudièrent 25 % plus
longtemps et obtinrent de meilleurs résultats lors du deuxième test que les
autres.
Évitez de fonder tout votre amour-propre sur des réussites importantes,
ou il vous sera plus difficile de prendre des risques là où vous pourriez
échouer. Remplacez les pensées irrationnelles par ces rappels réalistes :

L’échec est souvent une étape sur la route qui conduit au succès.
Je suis capable de supporter l’échec.
Je peux tirer un enseignement de mes échecs.
L’échec est le signe que je suis capable de me lancer des défis que je
peux choisir de relever à nouveau.
J’ai le pouvoir de surmonter l’échec si je le veux.

AFFRONTER SA PEUR DE L’ÉCHEC


Mon beau-père, Rob, était le genre d’homme capable de se moquer de lui-
même et il n’éprouvait aucune honte à raconter ses échecs à qui voulait
l’entendre. Mais je ne crois pas, en fait, qu’il les considérait comme des
échecs. Je suis même persuadée que s’il arrivait à en faire une bonne
histoire, il considérait ses aventures comme des succès.
Une de ces histoires qui m’a marqué l’esprit date de l’époque où il était
pilote, dans les années 1960. Il pilotait alors des avions taxis. Parfois, il
prenait à son bord des clients qui sortaient d’un vol commercial et qui
utilisaient un avion taxi pour rejoindre leur destination finale. Un jour, il
prit un homme d’affaires fortuné. Les règles de sécurité dans les aéroports à
cette époque étant moins strictes qu’aujourd’hui, il put aller accueillir
l’homme en question, sur le tarmac, à la sortie de son vol commercial.
La plupart des pilotes privés auraient attendu avec une pancarte au nom
du client, mais cette manière de faire n’était pas celle de Rob. Au contraire,
lorsque son client descendit, Rob lui serra la main et dit : « Ravi de faire
votre connaissance, monsieur Smith. Je serai votre pilote aujourd’hui. »
M. Smith répondit qu’il était flatté d’avoir été reconnu d’emblée. Mais ce
que M. Smith ignorait, c’est que Rob avait serré la main de tous les
hommes qui étaient descendus de l’avion avant lui, en formulant les mêmes
paroles : « Ravi de faire votre connaissance, monsieur Smith. » Lorsque la
personne avait l’air confuse ou lui disait ne pas être M. Smith, Rob
s’avançait simplement vers la personne suivante jusqu’à ce qu’il finisse par
rencontrer le « bon ».
Je crois que bon nombre d’individus se sentiraient embarrassés à l’idée
de saluer la mauvaise personne et éviteraient sans doute d’avoir à accueillir
de parfaits inconnus à l’avenir. Mais pas Rob. Il savait qu’il finirait par
saluer la bonne personne. Il n’avait pas peur d’échouer encore et encore
jusqu’à ce qu’il réussisse.
Si vous prenez l’habitude de l’échec, cela devient une expérience bien
moins effrayante. Davantage encore lorsque vous comprenez que l’échec et
le rejet ne sont pas les pires choses qui puissent vous arriver.

AVANCER APRÈS UN ÉCHEC


Si vos efforts ne se transforment pas en succès dès la première tentative,
passez du temps à évaluer ce que vous souhaitez faire ensuite. Si vous avez
échoué dans un domaine qui vous tenait peu à cœur, vous pourrez décider
que cela ne vaut pas le coup de dépenser votre temps et votre énergie à
essayer à nouveau. Pour ma part, je suis une épouvantable artiste. Mes
dessins consistent habituellement en personnages représentés par un rond
pour le visage et des bâtonnets pour le reste du corps. C’est pourquoi,
lorsque je rate un dessin, je ne vois pas l’intérêt d’essayer de réussir dans ce
domaine particulier. Je préfère, au contraire, dépenser mon énergie dans des
domaines qui me passionnent.
Si vous êtes face à un obstacle à surmonter afin d’atteindre un de vos
rêves, dans ce cas, cela vaut la peine de persévérer. Élaborez un plan qui
vous aidera à augmenter vos chances. De la même manière qu’il vous faut
apprendre de vos erreurs afin de ne pas continuer à les reproduire, vous
devez apprendre de vos échecs afin de faire mieux lors d’une prochaine
tentative. Dans certains cas, cela veut dire travailler vos compétences ; dans
d’autres cas, cela veut dire étudier d’autres opportunités dans lesquelles vos
compétences pourraient être appréciées.
Elias « Walt » Disney33, par exemple, n’est certainement pas devenu
mondialement connu sans avoir rencontré quelques échecs sur son chemin.
Au commencement, il avait créé une entreprise, Laugh-O-Gram, qui lui
permettait de projeter ses contes de fées de sept minutes – mélange d’action
en temps réel et d’animation – dans le Kansas City Theatre. Malgré le
succès de ses dessins animés, Walt Disney se retrouva très endetté et
contraint à déclarer faillite quelques années plus tard.
Mais cela ne l’arrêta pas. Avec son frère, il déménagea à Hollywood et
ouvrit les Studios Disney (Disney Brother’s Studio). Ils signèrent un contrat
avec un distributeur qui devait distribuer un dessin animé mettant en scène
un personnage créé par Walt – Oswald, le lapin chanceux. Mais dans les
années qui suivirent, le distributeur leur vola les droits d’Oswald ainsi que
d’autres personnages de dessins animés. Les frères Disney produisirent
alors rapidement trois dessins animés mettant en scène un autre des
personnages inventés par Walt – Mickey Mouse. Mais ils ne réussirent pas à
lui trouver un distributeur. Lorsque le son fut intégré à l’image, ils finirent
par trouver à le distribuer.
Très vite après cela, le succès des frères Disney monta en flèche. Malgré
la Grande Dépression, Walt réussit à produire des films qui générèrent de
larges revenus. Puis les frères Disney créèrent Disneyland, un parc à thèmes
de dix-sept millions de dollars qui devint très vite un énorme succès. Ils se
servirent des profits procurés par le parc pour créer Disney World.
Malheureusement, Walt décéda avant l’achèvement du parc.
Un homme qui fit faillite après une aventure avortée dans l’industrie du
dessin animé devint finalement multimillionnaire, en l’espace de quelques
années, au cours de la Grande Dépression. Des dessins animés qui furent
rejetés à plusieurs reprises par des individus qui avaient sous-estimé leur
succès lui permirent de remporter bien plus d’Academy Awards que
n’importe qui d’autre dans l’histoire du cinéma. Et même si Walt décéda il
y a plus de cinquante ans, la Disney Company reste un empire fortuné et
prospère et Mickey Mouse demeure toujours l’emblème principal que l’on
associe à Disney. Walt Disney est un homme qui a su se servir de ses échecs
pour remporter par la suite tous les succès.

POURQUOI VOUS RELEVER APRÈS UN ÉCHEC VOUS


RENDRA-T-IL PLUS FORT ?
Wally Amos34 était un agent artistique connu pour envoyer des cookies faits
maison aux célébrités qu’il souhaitait représenter. À la demande de ses
amis, il quitta le métier d’agent pour se consacrer à la confection de
cookies. Avec l’aide financière de ses célèbres amis, il ouvrit son premier
magasin de cookie « gourmet » qu’il appela « Famous Amos ».
Le magasin devint très vite populaire et l’affaire s’agrandit rapidement.
Amos ouvrit plusieurs magasins supplémentaires à travers le pays au cours
de la décennie qui suivit. Son succès lui valut l’attention nationale et il reçut
une récompense, l’Award of Entrepreneurial Excellence, des mains du
président Ronald Reagan.
Mais, ayant quitté le lycée sans formation particulière, il manqua à Amos
une connaissance du milieu des affaires et son empire de plusieurs millions
de dollars commença à rencontrer quelques difficultés. Il tenta d’embaucher
des personnes qui pourraient l’aider mais, malheureusement, elles ne purent
remettre l’entreprise sur pied. Amos n’eut d’autre choix que de vendre son
affaire. Non seulement il rencontra des problèmes financiers dans son
travail, mais il fut également atteint dans sa vie personnelle puisque sa
maison fut saisie.
Quelques années plus tard, il tenta de rouvrir une nouvelle entreprise de
cookies – Wally Amos Presents Chip and Cookie. Mais les personnes qui
avaient repris Famous Amos portèrent plainte contre lui pour l’utilisation de
son nom. Il changea alors le nom de sa nouvelle entreprise pour « Uncle
Noname ». Mais il fit face à une compétition sévère et ne réussit pas cette
fois-ci à percer. Ses dettes dépassant le million de dollars, il fut contraint de
déclarer faillite.
Finalement, Amos ouvrit une entreprise de muffins. Mais cette fois-ci, il
abandonna les tâches journalières à son partenaire qui avait de l’expérience
dans le domaine de la distribution alimentaire. Il savait, par ses échecs
passés, qu’il lui était nécessaire de se faire aider dans la gestion de son
entreprise. Sa nouvelle affaire n’atteignit jamais le succès de son ancienne
entreprise de cookies, mais elle est toujours en vie aujourd’hui.
Un jour, la chance sourit à nouveau à Amos. Keebler racheta Famous
Amos et on lui demanda de devenir le porte-parole de la marque. Alors
qu’il aurait pu se montrer amer de voir son ancienne entreprise rencontrer
un succès énorme sans être à sa tête, il accepta humblement la tâche qui lui
était confiée et se mit à inciter les gens à acheter les cookies qu’il avait lui-
même créés trente ans plus tôt. Il rencontra également le succès en tant
qu’auteur et conférencier spécialiste de la motivation.
L’échec peut vous forger un nouveau caractère en vous mettant face à de
nouveaux défis. Il pourra vous aider à identifier les aspects de votre vie qui
demanderaient à être améliorés ainsi que des qualités dont vous ignoriez
jusque-là l’existence. Dans le cas de Susan, dès qu’elle s’inscrivit à
l’université, elle retrouva la confiance dans sa capacité à gérer les futurs
contretemps. Elle cessa de considérer l’échec comme une finalité, mais, au
contraire, le vit comme un moyen nécessaire pour s’améliorer. Apprendre à
persévérer en dépit des échecs dopera votre force mentale sur le long terme
puisque vous serez capable de reconnaître que l’échec peut améliorer vos
performances.
Savoir que vous pourrez vous en sortir, même si vous échouez à plusieurs
reprises, vous offrira une plus grande sérénité et satisfaction dans la vie.
Vous ne vous inquiéterez plus de devoir être le meilleur ni d’accomplir les
plus grandes prouesses pour que l’on vous apprécie. Au contraire, vous
aurez l’assurance qu’à chaque échec vous sortirez grandi.

AIDE-MÉMOIRE
Parfois, certains s’accommodent de l’échec dans certains domaines de leur
vie mais pas dans d’autres. Un homme d’affaires pourra être habitué à ne
pas conclure une transaction mais ne pas supporter de ne pas être élu au
conseil de sa ville. Identifiez les domaines de votre vie dans lesquels vous
auriez tendance à abandonner plus facilement après un échec et concentrez-
vous sur les enseignements que vous pourriez tirer de ces expériences
ratées. Si vous n’êtes pas habitué à remonter en selle après un échec,
affronter vos peurs pourra vous sembler ardu. Vous ressentirez sans doute
une vaste gamme d’émotions et vos pensées vous décourageront peut-être
d’essayer à nouveau. Avec de la pratique, en revanche, vous serez capable
de découvrir comment l’échec peut être une étape importante vers le succès.

CE QUI AIDE

Considérer l’échec comme une occasion d’apprendre


Se résoudre à essayer à nouveau après une première tentative
ratée
Affronter sa peur de l’échec
Élaborer un plan pour augmenter ses chances de réussir
Identifier et remplacer ses pensées irrationnelles de l’échec
Travailler à améliorer ses compétences plutôt que de chercher à
les mettre en avant

CE QUI N’AIDE PAS

Laisser l’échec vous empêcher d’atteindre vos objectifs


Considérer que les tentatives futures seront vaines après une
première tentative ratée.
Abandonner pour ne pas avoir à supporter l’inconfort de l’échec
Conclure qu’une tâche est impossible lorsqu’elle n’a pas été
concluante la première fois
Se laisser penser que l’échec est pire qu’il ne l’est réellement
Refuser de participer à des tâches où nous n’excellons pas

29. Voir Donald Pease, Theodor SEUSS Geisel (Lives and Legacies Series), New York, Oxford
University Press, 2010. Ouvrage non disponible en français (NdT).
30. Claudia Mueller et Carol Dweck, « Praise for Intelligence Can Undermine Children’s Motivation
and Performance », Journal of Personality and Social Psychology 75, 1998, no 1, p. 33-52. Non
disponible en français (NdT).
31. Voir Francis Rolt-Wheeler, Thomas Alva Edison, Ulan Press, 2012. Ouvrage non disponible en
français (NdT).
32. Juliana Breines et Serena Chen, « Self-Compassion Increases Self-Improvement Motivation »,
Personality and Social Psychology Bulletin 38, 2012, no 9, p. 1133-1143.
33. Voir Michael Barrier, The Animated Man : A Life of Walt Disney, Oakland, University of
California Press, 2008. Ouvrage non disponible en français (NdT).
34. Voir « Wally Amos », Bio, 1er juin 2014, http://www.biography.com/people/wally-amos-
9542382#awesm=~oHt3n9O15sGvOD. Ressource non disponible en français (NdT).
Chapitre 11

N’ayez pas peur de passer du temps en tête-à-


tête avec vous-même
Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir
pas demeurer en repos dans une chambre.
BLAISE PASCAL

Vanessa avait demandé à son médecin de lui prescrire des médicaments qui
l’aideraient à dormir, mais il lui recommanda de commencer plutôt par
suivre une thérapie. Même si elle ne voyait pas très bien comment une
thérapie pourrait l’aider, Vanessa accepta de venir me consulter. Elle
m’expliqua les difficultés qu’elle rencontrait à mettre ses pensées sur pause
le soir, au moment de se coucher. Même si elle se sentait exténuée, elle se
retrouvait souvent dans son lit le cerveau en ébullition, plusieurs heures
pourtant après être allée se coucher. Parfois elle réévaluait ce qu’elle avait
pu dire au cours de la journée alors que, d’autres fois, elle s’inquiétait de
tout ce qu’elle avait à faire le lendemain. Et parfois encore, il y avait un tel
tourbillon dans sa tête qu’elle ne saurait dire à quoi elle avait bien pu
penser.
Dans la journée, Vanessa disait ne pas faire l’expérience de pensées qui
pouvaient l’inquiéter. Elle était agent immobilier et ses journées étaient
bien remplies et souvent très longues. Lorsqu’elle ne travaillait pas, on
pouvait la trouver en train de dîner avec ses amis ou de créer des réseaux
avec d’autres jeunes professionnels, comme elle. La ligne qui séparait son
travail et ses moments de détente était mince puisqu’elle recevait souvent
des pistes pour le travail à travers les différents médias sociaux ou groupes
auxquels elle appartenait. Elle aimait son mode de vie et appréciait d’être
constamment en action. Si elle trouvait son travail très stressant, il
répondait néanmoins à ses besoins et elle était une très bonne commerciale.
Lorsque je lui demandai combien de fois elle restait seule ou prenait le
temps de s’asseoir et de réfléchir, elle me répondit : « Oh, jamais. Je ne
veux pas perdre une seule minute à ne rien faire. » Lorsque je lui suggérai
que si elle n’arrivait pas à mettre ses pensées sur pause le soir, c’était peut-
être parce qu’elle ne laissait pas à son cerveau quelques instants pour
traiter les informations reçues dans la journée, sa première réaction fut
d’éclater de rire. Elle me dit : « Ce ne peut pas être ça. J’ai beaucoup
d’occasions de réfléchir dans la journée. Parfois, je pense même à plein de
choses en même temps. » Je lui expliquai que son cerveau avait peut-être
besoin d’un temps d’arrêt, d’un moment de détente, et je lui suggérai de se
trouver un peu de temps à passer seule quotidiennement. Même si elle
n’était pas convaincue que la solitude l’aiderait à mieux dormir, elle
accepta de tenter l’expérience.
Nous discutâmes des différentes manières qui lui permettraient de passer
du temps en tête-à-tête avec ses pensées. Elle accepta d’écrire un journal
avant d’aller se coucher, durant au moins dix minutes par jour, sans aucune
distraction – sans télé, sans téléphone portable et sans radio en fond
sonore. Lorsque je la revis la semaine suivante, elle me dit trouver le
silence un peu gênant, mais elle aimait tenir un journal et pensait que cela
l’aidait à s’endormir plus vite que d’habitude.
Au cours des semaines qui suivirent, nous essayâmes d’autres activités,
incluant de la méditation et des exercices de pleine conscience. À sa grande
surprise, elle trouva que ces quelques minutes quotidiennes de méditation
matinale étaient l’un des meilleurs moments de sa journée. Elle me dit avoir
l’impression que son esprit était plus « calme ». Elle continua à écrire son
journal, car elle trouvait que cela lui offrait la possibilité de mettre de
l’ordre dans ses pensées et la méditation lui apprit à en calmer le flot. Et si
ses troubles du sommeil n’avaient pas complètement disparu, elle avait
l’impression de réussir à s’endormir plus rapidement.

PHOBIQUE DE LA SOLITUDE ?
Passer du temps en tête-à-tête avec soi-même n’est pas nécessairement une
priorité pour tout le monde. Pour la plupart d’entre nous, l’idée de passer du
temps seul n’est pas très séduisante. Pour d’autres, cela semble même
franchement effrayant. Vous identifiez-vous à certaines des situations
décrites ci-dessous ?
Lorsque vous avez du temps libre, il ne vous vient pas à l’esprit de
vous asseoir et de réfléchir.
Vous pensez que passer du temps seul est ennuyeux.
Vous aimez garder la télévision ou la radio allumée, pour avoir un
fond sonore lorsque vous faites quelque chose chez vous.
Le silence vous met mal à l’aise.
Pour vous, être seul et se sentir seul constitue une unique et même
chose.
Vous n’aimeriez pas aller au cinéma ou à un concert seul.
Vous vous sentiriez trop coupable de faire des choses tout seul.
Lorsque vous avez quelques minutes à tuer dans une salle d’attente,
ou entre deux activités, vous en profitez pour passer un appel,
envoyer des messages ou consulter les réseaux sociaux.
Lorsque vous êtes seul en voiture, vous allumez la radio ou vous
passez des appels pour vous divertir.
Écrire un journal ou méditer vous semble une pure perte de temps.
Vous n’avez pas le temps ou l’occasion de rester en tête-à-tête avec
vous-même.

Vous ménager du temps pour le passer seul avec vos pensées pourrait
vous aider à atteindre vos objectifs. La force mentale nécessite de prendre
du temps au cours de vos journées bien chargées pour vous concentrer sur
l’importance de mûrir.

POURQUOI ÉVITONS-NOUS LA SOLITUDE ?


Vanessa pensait que la solitude n’était pas une façon rentable d’utiliser son
temps. Elle avait tant à cœur de se faire un nom dans le monde de
l’immobilier qu’elle se sentait coupable dès lors qu’elle n’était pas en train
de cultiver son réseau professionnel. Elle ne voulait pas rater une occasion
qui pourrait déboucher sur une nouvelle vente.
Alors que la solitude est riche de connotations positives dans les religions
les plus importantes – Jésus, Mahomet et Bouddha ont tous trois été décrits
comme de grands amateurs de solitude –, le fait de se retrouver seul a pris
un bon nombre de connotations négatives dans notre société moderne. Les
cas extrêmes de solitude, comme chez les personnes que l’on qualifie
d’ermites, sont souvent représentés négativement dans les dessins animés,
les contes de fées ou au cinéma. La moquerie qui entoure la « mémé à ses
chats » laisse entendre que d’être seul rend un peu dingue. Lorsque les
parents mettent leurs enfants « au coin » ou qu’ils les envoient dans leurs
chambres lorsqu’ils se comportent mal, ils transmettent le message qu’être
seul est une punition. Le terme « cellule d’isolement » est utilisé pour
décrire la punition réservée à un prisonnier pour ses pires actions. S’il est
vrai que l’extrême solitude n’est pas souhaitable, de nos jours il devient si
mal vu de rester seul qu’on redoute de passer un court moment en tête-à-
tête avec soi-même.
L’idée selon laquelle « être seul est mauvais » et qu’« être entouré vaut
mieux » nous oblige à remplir nos calendriers d’évènements sociaux.
Parfois, il semble même que de rester à la maison un samedi soir n’est pas
bon et nous ferait passer pour un ou une ratée. Avoir un emploi du temps
bien rempli donne aussi l’impression que nous sommes importants. Plus
votre téléphone sonne, plus vous avez de projets durant vos temps libres et
plus vous devez être important.
Rester occupé est également un excellent moyen de se distraire. Si vous
avez des problèmes qu’il vous pèse de régler, pourquoi ne pas inviter les
voisins à dîner ou aller faire les boutiques avec des amis ? Après tout, vous
n’aurez pas à penser à vos problèmes tant que votre cerveau sera engagé
dans des conversations plaisantes. Même lorsque vous ne pouvez pas
« physiquement » être entouré d’autres êtres humains, les avancées de la
technologie font que vous n’avez pas pour autant à être seul. Désormais
nous pouvons nous servir du téléphone presque partout, utiliser les réseaux
sociaux pour être en contact permanent avec l’extérieur et envoyer des
messages à la seconde où nous avons un moment de libre.
Il existe également une pression de la société qui nous pousse à être
toujours plus productifs. Ceux qui ont l’impression d’avoir toujours une
tâche à accomplir peuvent considérer le temps passé en tête-à-tête avec eux-
mêmes comme du temps de perdu. Alors ils remplissent tout leur temps
libre de diverses activités. Qu’ils nettoient leur maison ou dressent une
« énième » liste de choses à faire, ils accordent peu de valeur au fait de
prendre le temps de s’asseoir et de réfléchir puisque cela ne produit pas de
résultats tangibles immédiats. En fait, ils peuvent même se sentir coupables
à l’idée de ne rien faire.
Enfin, il y a ceux qui ne supportent pas d’être seuls. Ces personnes se
sont habituées au chaos, aux bruits incessants et à une activité constante.
Les pauses, le silence, prendre soin de soi, tout cela leur est inconnu. Elles
sont terrifiées à l’idée d’être seules avec leurs pensées, car elles savent que
cela pourrait les inciter à penser à des sujets qu’elles tentent d’éviter. Si
elles avaient quelques moments de libres, elles pourraient se souvenir
d’évènements tristes ou s’inquiéter du futur. Alors, dans une tentative
désespérée d’enfouir ces émotions inconfortables, elles essaient d’occuper
leur esprit le plus possible.
On confond souvent être seul et se sentir seul. On a réussi à montrer un
lien entre sentiment de solitude et perte du sommeil, pression artérielle
élevée, système immunitaire affaibli et augmentation des hormones du
stress. Mais être seul n’entraîne pas nécessairement un sentiment de
solitude. En fait, beaucoup d’individus se sentent seuls quand ils se
retrouvent dans des endroits bondés. Se sentir seul, c’est réaliser que
personne n’est là pour vous. Être seul, c’est faire le choix de se retrouver en
tête-à-tête avec ses pensées.

EN QUOI LA PEUR D’ÊTRE SEUL EST-ELLE


PROBLÉMATIQUE ?
Plus Vanessa remplissait ses journées d’activités diverses et moins son
cerveau ne semblait être capable de se mettre au repos. Et plus le flot de
pensées grossissait dans son esprit et plus elle cherchait à le noyer, créant
un véritable cercle vicieux. Ses pensées la tenaient éveillée la nuit, alors elle
associa « moment de calme » et stress. Elle essaya même de s’endormir
avec la télévision allumée pour tenter d’étouffer ses propres pensées.
Une attention constante tournée vers nos responsabilités quotidiennes et
nos relations peut avoir de lourdes conséquences si nous ne prenons pas le
temps de nous régénérer. Malheureusement, les bienfaits des moments de
solitude avec nous-mêmes sont souvent ignorés ou minimisés. Voici ce que
les études révèlent quant aux bienfaits des moments passés en tête-à-tête
avec soi-même :

Un peu de temps passé seul est bénéfique aux enfants. Une étude
publiée en 1997 et intitulée « The Emergence of Solitude as a
Constructive Domain of Experience in Early Adolescence »35 a
montré que les élèves, du CM2 à la troisième, qui restaient un peu
de temps seuls risquaient moins d’avoir des troubles du
comportement. Ils obtenaient également des scores moins élevés sur
une échelle évaluant leur état dépressif et avaient de meilleures
moyennes à l’école.
La solitude au bureau augmenterait la productivité. Alors que la
plupart des entreprises préfèrent des bureaux en open space et
favorisent les séances en groupe de brainstorming, une étude
publiée en 2000 et intitulée « Cognitive Stimulation in
Brainstorming »36 a montré que la plupart des participants à l’étude
obtenaient de meilleures performances lorsqu’on leur accordait un
peu d’intimité. Un lien a été trouvé entre le fait de passer du temps à
l’écart des autres et l’augmentation de la productivité.
Le temps passé seul augmenterait l’empathie. Ceux qui passent du
temps seuls montre une plus grande compassion pour les autres. Si
vous passez un temps important au sein de votre cercle social, vous
risquez d’adopter une mentalité de type « nous versus eux » qui
pourra engendrer un comportement moins compatissant à l’égard
des personnes se trouvant à l’extérieur de votre cercle social.
Le temps passé seul augmenterait la créativité. Un bon nombre
d’artistes, d’écrivains et de musiciens de talent affirment que la
solitude améliore leur performance et certaines études suggèrent
également que du temps passé loin des demandes de la société
boosterait la créativité.
L’aptitude à la solitude est bénéfique. Alors que les compétences
sociales sont souvent valorisées, les faits montrent que l’aptitude à
la solitude serait aussi importante pour notre santé et notre bien-être.
La capacité à passer du temps seul semble liée à un plus grand
bonheur, une plus grande satisfaction de la vie et une meilleure
gestion du stress. Les personnes aimant rester seules avec elles-
mêmes connaissent moins la dépression.
La solitude offre la possibilité de se ressourcer. Du temps passé en
tête-à-tête avec soi-même permet de recharger ses batteries. Des
études montrent que rester seul au milieu de la nature est un moyen
de se reposer et de se ressourcer.

Même s’il est parfois difficile de ralentir et de prendre du temps pour soi-
même, s’en abstenir peut avoir de graves conséquences. Une de mes très
bonnes amies, Alicia, en a fait la triste expérience il y a quelques années. Je
ne la connaissais pas à l’époque et je fus réellement surprise d’apprendre à
quel point le stress eut un effet cumulatif sur sa vie lorsqu’elle négligea de
prendre soin d’elle-même.
Les demandes liées à la maternité, le travail et les études eurent un
impact physique et émotionnel important sur Alicia. Elle vécut dans un état
d’anxiété permanent et, parfois, eut même l’impression de ne plus pouvoir
respirer. Elle commença à faire des crises d’urticaire et perdit l’appétit.
Mais elle ignora les signes lui indiquant que le stress ressenti par son corps
atteignait un niveau trop important et elle ne chercha pas non plus à ralentir
son rythme de vie. Le jour où son stress atteignit son paroxysme commença
comme n’importe quel autre jour – du moins, c’est ce qu’on lui dit par la
suite. Elle n’en a aucun souvenir. La première chose dont elle se souvienne,
c’est son réveil à l’hôpital, sa famille l’entourant.
Elle fut horrifiée d’apprendre qu’on l’avait retrouvée dans une station-
service, complètement perdue. Le gérant de la station remarqua sa
confusion et appela une ambulance. Les ambulanciers qui arrivèrent sur
place lui posèrent des questions simples, lui demandant par exemple son
nom ou son adresse, mais elle fut incapable de répondre. Elle parvint
seulement à leur dire que son bébé était seul chez elle.
La police fouilla sa voiture et y trouva son portefeuille et son téléphone
portable. Ils prirent contact avec sa famille et furent soulagés d’apprendre
que son bébé se trouvait en fait sain et sauf à la maison, avec le mari
d’Alicia. Selon sa famille, elle avait semblé aller très bien plus tôt dans la
journée. Elle discuta avec son mari, se prépara pour aller en cours et se
sépara tristement de son bébé. Elle appela même son père pendant son
trajet. Et pourtant, à un moment de son parcours, elle se retrouva
complètement perdue.
Après avoir constaté l’absence de drogue ou d’alcool dans son
organisme, les docteurs écartèrent la possibilité d’un AVC ou d’un
traumatisme crânien. Lorsque tous les tests revinrent négatifs, on lui
diagnostiqua un ictus amnésique – une forme rare d’amnésie temporaire qui
peut être déclenchée par une sévère détresse émotionnelle. Heureusement
pour Alicia, tous ses symptômes disparurent au bout de quelques jours et
elle ne garda aucune séquelle à long terme.
Cet incident a permis à Alicia d’ouvrir les yeux sur l’importance de
prendre soin d’elle-même. Elle explique que, par le passé, elle avait
l’habitude de se réveiller en pensant à tout ce qu’elle avait à faire et passait
sa journée à courir de droite à gauche. Maintenant, elle a ralenti le rythme et
cherche à profiter de chaque journée en faisant ce qu’elle aime vraiment,
comme sortir son chien ou travailler dans son jardin. Elle est bien plus
consciente du stress qu’elle peut ressentir et prend un plus grand soin
d’elle-même. La moralité de cette histoire est qu’il est important de prendre
son temps, de ralentir son rythme et d’écouter son corps, qui sait très bien
nous dire quand notre niveau de stress a atteint ses limites.

APPRENDRE À PASSER DU TEMPS EN TÊTE-À-TÊTE


AVEC SOI-MÊME
Les journées de Vanessa étaient remplies d’activités qui ne lui laissaient pas
la possibilité de passer du temps seule avec elle-même. La seule manière
pour elle d’intégrer des moments de solitude dans sa vie était de les
programmer comme n’importe quel autre rendez-vous. Elle devait
également s’attacher à considérer ces moments de solitude comme un réel
entraînement. Découvrir de nouvelles pratiques, comme la méditation ou les
exercices de pleine conscience, écrire le journal de ses habitudes
quotidiennes, nécessite une réelle volonté de s’engager. Pour commencer,
Vanessa apprit à méditer en lisant et en regardant des tutoriels en ligne.
Mais lorsqu’elle réalisa qu’elle prenait plaisir à méditer, elle eut envie de
rejoindre un groupe de médiation. Elle eut l’impression que plus elle saurait
pratiquer et plus il lui serait facile de calmer son esprit la nuit venue.
APPRENDRE À TOLÉRER LE SILENCE
La plupart d’entre nous sont habitués à vivre dans le bruit. Certains
recherchent même les endroits animés afin de ne pas être seuls avec leurs
pensées. Est-ce que vous vous endormez avec le bruit de la télévision ou de
la radio en fond sonore ? Essayer de noyer ses pensées sous un cataclysme
de bruits, ce n’est pas sain. Vous programmer ne serait-ce que quelques
séances de calme quotidiennement pourrait vous aider à recharger vos
batteries. Essayez de prendre au moins dix minutes par jour pour rester assis
dans le silence et réfléchir. Si vous êtes habitué aux bruits et à une agitation
constante autour de vous, le silence pourra vous sembler étrange et
effrayant. Cependant, si vous vous exercez régulièrement, le silence vous
deviendra plus familier. Durant ces moments de solitude avec vous-même,
profitez-en pour :

Réfléchir à vos objectifs. Prenez quelques instants chaque jour pour


réfléchir à vos objectifs sur le plan personnel et professionnel.
Évaluez vos progrès et pensez aux changements que vous
souhaiteriez apporter.
Faites attention à vos émotions. Faites le point sur ce que vous
ressentez physiquement et émotionnellement. Dans quel état de
stress vous trouvez-vous ? Vous accordez-vous le soin que vous
méritez ? Comment pourriez-vous améliorer davantage votre vie ?
Établissez vos objectifs pour le futur. Ne cessez pas de rêver à ce
que vous souhaiteriez que votre vie soit dans le futur. La première
étape consiste à définir ce à quoi vous voulez que votre futur
ressemble.
Écrivez un journal. La tenue d’un journal peut s’avérer un outil
précieux qui permet de comprendre et d’apprendre de nos émotions.
Des études ont révélé que le fait d’écrire sur nos expériences et sur
les émotions qu’elles suscitent renforcerait notre système
immunitaire, réduirait notre stress et améliorerait notre santé
mentale.

Nous vivons dans un monde qui nous permet, si nous le souhaitons, de


rester connectés en permanence avec l’extérieur. Mais cela signifie
également que nous manquons d’occasions de nous retrouver seuls, face à
nos pensées. Se saisir de son téléphone pour vérifier ses messages, surfer
frénétiquement de réseaux sociaux en réseaux sociaux et regarder l’actualité
en ligne peut prendre un temps fou. Quelques minutes par-ci et quelques
minutes par-là peuvent facilement aboutir à plusieurs heures passées face à
son écran quotidiennement. Une communication incessante interrompt le
cours de vos activités journalières et peut contribuer à accroître le stress et
l’anxiété. Faites une pause loin de vos outils technologiques et ménagez-
vous quelques moments de calme chaque jour. Vous pourriez par exemple
prendre ces mesures :

Éteindre la télévision lorsque vous ne la regardez pas.


Conduire sans allumer la radio.
Aller vous promener sans votre téléphone portable.
Éteindre tous vos appareils électroniques de temps en temps et faire
une pause.

PROGRAMMER UN TÊTE-À-TÊTE AVEC SOI-MÊME


L’essentiel est que ce moment passé avec vous-même soit un choix et non
une contrainte. Les personnes âgées, vivant seules et isolées de la société,
auront tendance à se sentir seules et à ne pas profiter des bienfaits que peut
apporter la solitude. Mais pour ceux qui mènent des vies extrêmement
remplies, marquées par de multiples interactions sociales, la programmation
d’un tête-à-tête avec eux-mêmes leur permettra de se reposer et de se
régénérer. Si vous vous sentez mal à l’aise à l’idée de passer du temps tout
seul, la solution est de créer des expériences positives autour de la solitude.
En plus de vous ménager quelques minutes de solitude quotidiennement,
planifiez un rendez-vous en tête-à-tête avec vous-même au moins une fois
par mois.
En évoquant ce « rendez-vous », vous vous souviendrez que vous avez
fait le choix de ce moment passé en tête-à-tête avec vous-même et qu’il
n’est pas le résultat d’un manque de relations sociales mais qu’il s’agit, au
contraire, d’un évènement positif. Une étude publiée en 2011 et intitulée :
« The Exercise to Teach the Psychological Benefits of Solitude : The Date
with the Self »37 a révélé que la plupart de ceux qui avaient programmé un
tête-à-tête avec eux-mêmes avaient éprouvé une sensation de calme et de
sérénité. Ils jouissaient de la liberté de faire ce qui leur plaisait sans
pression ou attente sociale. Les quelques participants qui n’ont pas semblé
apprécier l’expérience sont ceux qui acceptaient encore mal de passer du
temps, seuls, avec eux-mêmes. Cependant, en multipliant les occasions de
solitude, ils pourraient l’apprécier davantage à l’avenir.
Alors que certains jugeront reposant et vivifiant de se retrouver dans un
bateau à pêcher au milieu d’un lac, pour d’autres il s’agira d’une expérience
terrifiante. Si vous ne prenez pas plaisir à une activité, vous risquez de ne
pas vous y tenir. Il est préférable de choisir une activité à pratiquer en
solitaire que vous aimez et que vous réussirez à faire entrer dans votre
emploi du temps.
Si vous aimez la nature, pourquoi ne pas passer du temps dans les bois ?
Si vous aimez manger, choisissez de vous rendre dans le restaurant de votre
choix. Vous n’avez pas à rester enfermé chez vous pour apprécier la
solitude. Choisissez plutôt une activité à laquelle vous n’avez pas l’habitude
de vous adonner avec d’autres personnes. Assurez-vous simplement de ne
pas rester le nez plongé dans un livre ou de passer votre temps à envoyer
des messages. Le but du tête-à-tête avec vous-même est de vous laisser seul
avec vos pensées.

APPRENDRE À MÉDITER
Alors que pendant longtemps, la méditation a été considérée comme une
pratique réservée aux moines et aux hippies, elle semble intéresser
aujourd’hui une population plus variée. Un bon nombre de savants,
dirigeants, célébrités et politiciens déclarent apprécier les puissants bienfaits
que la méditation a sur leur santé mentale, physique et spirituelle. Les
études sur le sujet suggèrent que la méditation modifie l’activité cérébrale
et, au fil du temps, entraîne des changements physiques dans le cerveau.
Elles ont également prouvé que les zones du cerveau associées à
l’apprentissage, la mémoire, la régulation des émotions s’agrandissent après
quelques mois de pratique de la méditation.
La méditation a été associée à divers bienfaits émotionnels et aiderait
ceux qui la pratiquent à réduire leurs émotions négatives et à acquérir un
nouveau point de vue lors de situations stressantes. D’autres études
révèlent, quant à elles, que la méditation réduirait les épisodes d’anxiété et
de dépression. Sans parler de ses bienfaits spirituels. Alors que certains
affirment que seule la méditation apporterait l’éveil spirituel, d’autres
encouragent d’associer méditation et prière.
Des études complémentaires montrent que la méditation pourrait aider à
soigner un certain nombre de maux physiques, tels que l’asthme, les
cancers, les troubles du sommeil, les douleurs chroniques et les maladies
cardiaques. Alors que des experts médicaux ont remis en cause certaines de
ces études, ils ne nient cependant pas que la pratique de la méditation peut
avoir une influence importante sur notre corps. Demandez à Wim Hof38 ce
qu’il en pense.
Wim Hof a été surnommé « l’homme de glace » en raison de sa
résistance au froid extrême grâce à sa pratique de la méditation. Ce
Hollandais d’une cinquantaine d’années détient une vingtaine de records du
monde pour les prouesses incroyables qu’il a accomplies, comme celle
d’avoir été immergé dans la glace durant plus d’une heure. Il a gravi le
mont Kilimandjaro, couru des marathons dans le cercle polaire, et escaladé
une partie du mont Everest (avant qu’une blessure au pied ne le contraigne
à abandonner), et il a accompli tous ses exploits en ne portant sur lui qu’un
simple short. Des chercheurs sceptiques se sont lancés dans divers tests, car
certains pensaient que ces exploits étaient frauduleux, mais les scientifiques
se sont accordés pour dire que Wim Hof était bien capable, en méditant, de
maintenir une température corporelle constante malgré une exposition à des
températures extrêmes. Wim Hof a même commencé à enseigner ses
méthodes pour apprendre à chacun à contrôler son propre thermostat à
l’aide de la méditation.
Même si la capacité de résister à un bain d’eau glacé pendant soixante
minutes n’est pas recherchée par beaucoup d’entre nous – ni même
souhaitée –, l’histoire de Wim Hof a le mérite de montrer l’incroyable
connexion entre l’esprit et le corps. Comme il existe différents types de
méditation, il est préférable de prendre un peu de temps pour rechercher
celui qui vous serait le plus adapté. La méditation n’a pas à durer des heures
ou à se faire en bonne et due forme. Elle peut simplement correspondre à
cinq minutes chaque jour durant lesquelles vous vous efforcerez de calmer
votre esprit et de développer une meilleure connaissance de vous-même.
LES ÉTAPES D’UNE SIMPLE SÉANCE DE MÉDITATION
Dans sa forme la plus simple, vous pourrez pratiquer la
méditation à l’aide de quelques gestes faciles, peu importe le
moment de la journée ou l’endroit où vous vous trouvez.

Adoptez une position assise confortable – Trouvez une


position qui vous permettra d’avoir le dos bien droit, assis
sur une chaise ou sur le sol.
Concentrez-vous sur votre respiration – Prenez de
grandes et lentes respirations et ressentez pleinement votre
respiration lorsque vous inspirez, puis expirez.
Recentrez votre attention sur votre respiration – Il est
fort probable que votre esprit se mette à vagabonder et que
des pensées vous viennent à l’esprit. Lorsque cela arrivera,
recentrez votre attention sur votre respiration.

EXERCICES DE MÉDITATION DE PLEINE CONSCIENCE


La méditation de pleine conscience est souvent confondue avec la
méditation, mais elles ne sont pas exactement identiques. La méditation de
pleine conscience vise à nous faire porter toute notre attention sur le
moment présent, sans émettre de jugement. Dans le monde actuel, il est
tentant d’effectuer plusieurs tâches à la fois à longueur de journée. Nous
envoyons des messages en sortant notre chien, nous écoutons la radio en
nettoyant la cuisine et nous essayons d’avoir une conversation avec une
autre personne tout en continuant à taper sur le clavier de notre ordinateur.
Au lieu d’être attentifs à ce que nous faisons, nous nous éparpillons. Notre
esprit vagabonde au milieu d’une conversation. Nous sommes incapables de
nous souvenir de ce que nous avons fait de nos clés de voiture quand bien
même nous les aurions tenues quelques instants plus tôt. Et nous ne nous
souvenons plus si nous nous sommes déjà lavé les cheveux en prenant notre
douche.
Les recherches sur la méditation de pleine conscience révèlent de
nombreuses similitudes entre les bienfaits qu’elle apporterait et ceux de la
méditation : une réduction du stress, des symptômes de la dépression moins
importants, une plus grande capacité à mémoriser des faits, une diminution
de la réactivité émotionnelle et même une amélioration dans les relations
aux autres. Plusieurs chercheurs suggèrent que la méditation de pleine
conscience serait la clé du bonheur. On l’associe également à une
amélioration de la santé physique grâce à un meilleur fonctionnement du
système immunitaire et une diminution des inflammations liées au stress.
Au lieu de réfléchir à ce qui est « juste » ou « injuste » ou à ce qui
« devrait » être, la méditation de pleine conscience vous apprend à accepter
vos pensées telles qu’elles vous viennent dans le moment présent. La
méditation de pleine conscience vous aide à améliorer votre attention et à
vivre pleinement chacune des activités qui composent vos journées. Elle
vous encouragera à mieux tolérer les moments de tête-à-tête avec vos
pensées et vous apprendra à vivre dans le moment présent.
Tout comme la méditation, la méditation de pleine conscience peut
s’apprendre à travers des livres, des vidéos, des ateliers et des retraites. Elle
est enseignée différemment selon les formateurs ; donc, si une méthode ne
semble pas vous correspondre, n’hésitez pas à aller voir ailleurs. Le plus
important est de se souvenir que bien méditer nécessite pratique et volonté
de s’engager. Mais cet apprentissage pourra changer la qualité de votre vie
et vous donner un nouveau regard sur la solitude.

LA MÉDITATION DE PLEINE CONSCIENCE EN PRATIQUE


Un certain nombre d’exercices pourront vous initier à la méditation de
pleine conscience. Plus vous pratiquerez et plus vous vous sentirez attentif
et éveillé au cours de vos activités quotidiennes. Voici une liste, non
exhaustive, d’exercices qui pourront vous aider à développer votre pleine
conscience :

Scanner son corps – Lentement, portez votre attention sur chaque


partie de votre corps en commençant par vos orteils et en remontant
jusqu’au sommet de votre crâne. Notez les zones qui vous semblent
tendues et apprenez à relâcher ces tensions et à détendre vos
muscles.
Compter jusqu’à dix – Fermez les yeux et entraînez-vous à
compter, très lentement, jusqu’à dix. Remarquez si votre esprit se
met à vagabonder durant l’exercice, et si c’est le cas, recentrez votre
attention sur votre décompte.
Observer en pleine conscience – Saisissez-vous d’un objet qui
appartient à votre quotidien, comme un stylo ou une tasse. Tenez cet
objet entre vos mains et accordez-lui toute votre attention. Observez
son aspect et sa texture dans le creux de vos mains sans l’évaluer ou
le juger. Efforcez-vous de vous concentrer sur « l’ici et
maintenant ».
Manger en pleine conscience – Saisissez-vous d’un aliment de
petite taille, comme un raisin ou une noix, et explorez-le en usant de
tous vos sens. Observez sa texture et sa couleur. Puis observez son
aspect entre vos mains. Intéressez-vous ensuite à son odeur. Placez-
le dans votre bouche et prenez note de son goût. Mâchez-le
lentement, concentrez-vous sur ses saveurs et ce qu’il dégage dans
votre bouche durant au moins vingt secondes.

POURQUOI EMBRASSER LA SOLITUDE VOUS RENDRA-


T-IL PLUS FORT ?
Une fois que Vanessa sut comment ralentir le flot de ses pensées, elle
abandonna l’idée que les médicaments pouvaient être la solution à ses
troubles du sommeil. Elle pouvait les remplacer par la méditation et la
pleine conscience pour calmer son esprit avant d’aller au lit. Elle remarqua
également les bienfaits de la méditation dans sa vie professionnelle. Elle se
sentit plus concentrée tout au long de la journée, plus efficace et n’eut plus
l’impression d’être mal organisée malgré un emploi du temps chaotique.
Apprendre à vous servir d’outils qui calmeront vos pensées et à passer du
temps seul avec vous-même peut être une expérience enrichissante et
bouleversante. Dans son livre, 10% Happier39, Dan Harris décrit comment
la méditation a pu changer sa vie. En tant que co-animateur de l’émission
Nightline et animateur les week-ends de Good Morning America sur la
chaîne américaine ABC, il se devait de montrer le meilleur de lui-même, en
direct, quotidiennement. Pourtant, un jour, il fut pris d’une crise de panique
alors qu’il annonçait les nouvelles. En proie à une soudaine anxiété, il eut
du mal à parler et à retrouver son souffle, au point de devoir couper court. Il
apprit par la suite que cette crise de panique – qu’il définit comme le
moment le plus embarrassant de sa vie – devait résulter de son recours à
l’automédication : il prenait de l’ecstasy et de la cocaïne pour soigner une
dépression récente. Même s’il ne s’était pas drogué depuis plusieurs
semaines, les effets persistaient dans son cerveau. L’attaque de panique
qu’il avait vécue l’incita à arrêter l’automédication et il chercha un moyen
de gérer son stress.
Au même moment, il eut à travailler sur une série de reportages sur le
thème de la religion. Durant ses recherches, il découvrit la méditation. Il
pensa d’abord que la méditation n’était pas intéressante pour lui, mais plus
il en apprit sur le sujet et plus il se montra curieux. Il finit par découvrir
comment la méditation pouvait lui apporter des stratégies réalistes et l’aider
à calmer les pensées angoissantes qui lui traversaient l’esprit.
Même s’il avoue sa gêne, au début, de dire qu’il commençait à pratiquer
la méditation, il a reconnu que son histoire pouvait en aider d’autres. Pour
lui, la méditation n’a pas miraculeusement réglé tous les problèmes
rencontrés dans sa vie, mais il affirme que, grâce à elle, son humeur s’est
améliorée de 10 %. Il écrit dans son livre : « Tant que nous ne regardons pas
au plus profond de notre esprit, nous ne savons pas ce que la vie représente
pour nous. »
Passer du temps en tête-à-tête avec vous-même – que vous choisissiez de
méditer ou simplement de passer quelques instants à réfléchir sur vos
objectifs – est la meilleure façon d’apprendre à vous connaître vous-même.
Tout comme il est important de passer du temps avec ceux que vous désirez
connaître mieux, il est impératif de prendre le temps de mieux vous
connaître vous-même. Aiguiser votre connaissance de vous-même peut
vous aider à cerner ce qui vous empêche d’atteindre tout votre potentiel.

AIDE-MÉMOIRE
S’il vous arrive de rêver d’une île déserte, c’est que vous avez
désespérément besoin de solitude. N’ayez pas peur de programmer du
temps en tête-à-tête avec vous-même. Cela n’est ni une marque d’égoïsme
ni une perte de temps. Au contraire, il se peut même que ce soit la meilleure
chose que vous ayez jamais faite. Cela pourra améliorer votre vie de
diverses manières et vous apprendre à savourer chaque moment, au lieu de
courir d’une activité à une autre sans réellement prendre conscience de ce
qui se passe autour de vous.

CE QUI AIDE

Apprendre à apprécier le silence


S’accorder quelques instants, quotidiennement, pour être face à
ses pensées
Programmer un tête-à-tête avec soi-même au moins une fois
par mois
Apprendre à méditer pour calmer son esprit
Pratiquer la pleine conscience pour apprendre à se concentrer
sur une tâche à la fois
Tenir un journal pour mettre de l’ordre dans ses émotions
Réfléchir à ses progrès et à ses objectifs chaque jour

CE QUI N’AIDE PAS

Vivre constamment dans le bruit


Se dépêcher de passer d’une activité à une autre, en se
concentrant sur sa productivité
Remplir son agenda de rendez-vous et d’évènements divers
sans s’accorder de temps pour soi-même
S’imaginer que la méditation ne pourra pas nous aider
S’adonner à plusieurs tâches à la fois et s’éparpiller
Penser que tenir un journal est une pure perte de temps
Regarder la liste de ce que l’on a à accomplir et juger ses
progrès d’après le nombre de tâches accomplies

35. R. W. Larson, « The Emergence of Solitude as a Constructive Domain of Experience in Early


Adolescence », Child Development, 1997, no 68, p. 80-93. Non disponible en français (NdT).
36. K. L. Dugosh, P. B. Paulus, E. J. Roland et al., « Cognitive Stimulation in Brainstorming »,
Journal of Personality and Social Psychology 79, 2000, no 5, p. 722-735. Non disponible en français
(NdT).
37. Eric Manalastas, « The Exercise to Teach the Psychological Benefits of Solitude: The Date with
the Self », Philippine Journal of Psychology 44, 2010, no 1, p. 94-106. Non disponible en français
(NdT).
38. Voir Wim Hof et Justin Rosales, Becoming the Iceman, Minneapolis, Mill City Press, 2011.
Ouvrage non disponible en français (NdT).
39. Dan Harris, 10 % Happier : How I Tamed the Voice in My Head, Reduced Stress Without Losing
My Edge and Found Self-Help That Actually Works – A True Story, New York, It Books, 2014.
Ouvrage non disponible en français (NdT).
Chapitre 12

Arrêtez de penser que le monde vous est


redevable
N’allez pas de-ci de-là raconter que le monde vous est redevable. Le monde
ne vous doit rien. Il était là avant vous.
ROBERT JONES BURDETTE

Lucas vint me consulter lorsque le département des ressources humaines de


l’entreprise pour laquelle il travaillait lui avait suggéré de profiter de leur
programme d’aide aux employés. Cela lui permettrait en effet d’aborder les
récents problèmes qu’il avait rencontrés au travail. À travers ce
programme, Lucas pouvait recevoir quelques séances de thérapie
gratuitement.
Lucas venait d’être embauché, juste après avoir obtenu son MBA. Il était
très enthousiaste à propos de ce premier travail et il croyait sincèrement en
l’entreprise pour laquelle il travaillait. Il avait cependant l’impression que
ses collègues n’étaient pas particulièrement ravis de l’avoir accueilli dans
l’équipe. Il m’expliqua avoir suggéré à plusieurs reprises comment son
supérieur pourrait augmenter la rentabilité de l’entreprise et avoir essayé
d’aider ses collègues à devenir plus efficaces et productifs. Il faisait part de
ses idées lors des réunions d’équipe hebdomadaires mais avait l’impression
que personne ne l’écoutait. Il avait même pris un rendez-vous avec son chef
pour lui demander d’être promu à un poste de leader. Il pensait que s’il
avait plus d’autorité, les autres seraient plus enclins à suivre ses conseils.
À sa grande consternation, il découvrit que son supérieur n’avait
nullement l’intention de lui accorder une promotion, mais qu’au contraire,
il souhaitait que Lucas mette de l’eau dans son vin s’il voulait conserver
son poste. En effet, un bon nombre de ses collègues s’étaient déjà plaints de
son attitude. C’est à la suite de cet entretien que Lucas se rendit au
département des ressources humaines pour se plaindre et qu’on lui suggéra
de chercher une aide psychologique.
Au fil de notre discussion, il me dit qu’il avait l’impression de mériter
une promotion. Même s’il était nouveau dans cette entreprise, il était sûr
d’avoir de brillantes idées pour accroître la rentabilité et il lui sembla qu’il
devrait recevoir un salaire plus important. Nous explorâmes les raisons qui
lui faisaient penser qu’il était un employé d’une grande valeur et pourquoi
son employeur pouvait penser autrement. Nous discutâmes également des
conséquences de telles présomptions. Il reconnut que ses interventions lui
causaient du tort au bureau – ses collègues et, plus grave encore, son chef
semblaient profondément agacés par sa personne.
Lorsque Lucas prit conscience que son petit air de « Monsieur je-sais-
tout » pouvait énerver les autres, nous discutâmes de ce que ses collègues
pouvaient ressentir à ses côtés. Certains d’entre eux travaillaient dans cette
entreprise depuis plusieurs décennies et gravissaient les échelons
progressivement. Lucas comprenait maintenant pourquoi certains étaient
contrariés de voir un petit jeune, fraîchement sorti de l’université, leur
donner des conseils. Il admit qu’il lui arrivait souvent de trouver ses
collègues « stupides » et nous parlâmes de la manière dont ce type de
pensées ne faisait qu’augmenter son désir d’autorité. Il essaya de
reformuler ses pensées afin de penser davantage à la valeur ajoutée que des
employés de longue date apportaient à l’entreprise. Au lieu de les
considérer comme « stupides », il se disait que leur point de vue était
simplement différent du sien. Lorsque lui revenait à l’esprit l’idée qu’il était
un meilleur employé que les autres, il se rappelait qu’il venait juste de
sortir de l’université et qu’il avait encore beaucoup à apprendre.
Lucas accepta de créer une liste des comportements que son employeur
souhaiterait voir chez ses meilleurs employés. Lorsqu’il eut fini, nous
observâmes le nombre des comportements dont il faisait lui-même preuve. Il
reconnut qu’il ne répondait pas à tous les critères de sa liste – par exemple,
il ne soutenait pas les autres et n’avait pas un comportement respectueux.
En revanche, il accordait trop d’importance au paraître et montrait trop
d’exigences.
Lucas accepta d’exploiter ses récentes découvertes et de les appliquer à
son comportement au bureau. Lorsqu’il revint me voir, quelques semaines
plus tard, il me parla des changements sur lesquels il travaillait. Il me dit
ne plus offrir à ses collègues ses nombreux conseils non sollicités. Il avait
découvert que plus il se mettait en retrait et moins il forçait les autres à
l’écouter, et plus ses collègues lui posaient de questions et cherchaient à
connaître son opinion. Il avait définitivement l’impression d’avancer dans
la bonne direction et se sentait capable de poursuivre ses efforts pour être
un employé estimable plutôt que ce spécialiste inestimable qu’il pensait être
auparavant.

VOUS PRENEZ-VOUS POUR LE CENTRE DE


L’UNIVERS ?
Nous cherchons tous à obtenir une part de gâteau dans ce monde. Toutefois,
il ne vaut mieux pas présumer que le monde vous doit quelque chose pour
ce que vous êtes ou les épreuves que vous avez dû traverser dans la vie.
Vous retrouvez-vous dans certaines des affirmations ci-dessous ?

Vous avez l’impression de mieux réussir que tout le monde, que ce


soit en conduisant ou en interagissant avec les autres.
Vous avez tendance à résoudre un problème en discutant plutôt
qu’en acceptant ses conséquences.
Vous êtes convaincu que vous êtes né pour réussir.
Vous pensez que votre valeur est liée à votre richesse matérielle.
Vous pensez que vous méritez d’être heureux.
Vous pensez que vous avez traversé assez de difficultés dans votre
vie et que c’est à votre tour d’avoir de la chance.
Vous aimez mieux parler de vous que d’entendre parler les autres.
Vous pensez que vous êtes suffisamment intelligent pour réussir
sans avoir à travailler dur.
Il vous arrive de vous acheter quelque chose hors de vos moyens en
vous disant que vous le valez bien.
Vous vous considérez expert dans de nombreux domaines.
Croire que vous n’avez pas à fournir d’efforts ou à emprunter les mêmes
chemins que les autres parce que vous êtes l’exception à la règle, ce n’est
pas sain. Mais vous pouvez apprendre à ne plus vous plaindre de ne pas
obtenir ce que vous méritez et vous concentrer sur votre force mentale afin
de ne plus estimer avoir droit à quoi que ce soit.

POURQUOI AVONS-NOUS L’IMPRESSION QUE LE


MONDE NOUS EST REDEVABLE ?
Lucas est un enfant unique qui a entendu ses parents, tout au long de sa vie,
lui assurer qu’il était un leader-né qui réussirait tout ce qu’il entreprendrait.
Alors, lorsqu’il obtint son diplôme, il était sûr d’accomplir de grandes
choses. Il était persuadé que tout employeur saurait immédiatement
reconnaître son talent et se sentirait heureux de l’avoir dans son équipe.
Nombreuses sont les personnes comme Lucas, qu’elles aient connu des
jours difficiles et pensent maintenant avoir droit au bonheur ou qu’elles se
jugent meilleures que les autres et estiment devoir en être récompensées. Et,
alors que nous sommes très doués pour repérer ce trait de caractère chez les
autres, dans la réalité chacun de nous, à un moment de sa vie, l’a manifesté
sans s’en rendre compte.
Nous vivons dans un monde où règne une confusion entre « droits » et
« privilèges ». Souvent, nous pensons avoir « droit au bonheur » ou nous
estimons avoir « le droit d’être traités avec respect », même si cela veut dire
empiéter sur le droit des autres pour obtenir ce que nous souhaitons. Au lieu
d’essayer de mériter un privilège, nous nous comportons comme si le
monde nous était d’une certaine manière redevable. La publicité nous incite
à acheter des produits en prônant l’art de se faire plaisir et le matérialisme.
L’idée que « vous le méritez », que vous puissiez vous l’offrir ou non,
conduit bon nombre d’individus à l’endettement.
L’impression que le monde vous doit quelque chose n’est pas toujours
liée à un sentiment de supériorité. Parfois, au contraire, cela naît d’un
sentiment d’injustice. Une personne qui aurait eu une enfance difficile
pourra accumuler les prêts afin de pouvoir s’offrir tous les biens qu’elle
n’aura pu posséder enfant. Cette notion de justice peut être tout aussi
préjudiciable qu’un sentiment de supériorité.
Jean Twenge, psychologue et auteur de Generation Me40 et The
Narcissism Epidemic41, a dirigé un grand nombre d’études sur le
narcissisme et le schéma « tout m’est dû ». Les résultats de ses recherches
ont montré que les jeunes générations ont un désir plus grand de biens
matériels mais un désir moins fort de travailler. Plusieurs raisons possibles
peuvent expliquer cette rupture entre jeunes et anciennes générations :

Le besoin d’aider les enfants à développer leur amour-propre a pris


des proportions démesurées. Les programmes scolaires destinés à
améliorer l’estime de soi enseignent aux enfants qu’ils sont tous
particuliers. Permettre à des enfants de porter des tee-shirts arborant
des messages du type « moi, moi, moi » ou leur répéter à longueur
de journée qu’ils sont les meilleurs nourrit leur impression
prétentieuse qu’ils peuvent se suffire à eux-mêmes.
L’indulgence extrême des parents empêche les enfants d’apprendre
à assumer la responsabilité de leur comportement. Lorsque l’on
donne aux enfants tout ce qu’ils souhaitent sans qu’ils aient jamais à
subir les conséquences de leur mauvaise conduite, ils passent à côté
de l’occasion d’apprendre que les choses se méritent. Au contraire,
on les couvre de biens matériels et d’éloges en dépit de leur
comportement.
Les réseaux sociaux continuent de mettre en valeur l’égotisme. Les
jeunes gens d’aujourd’hui ne peuvent imaginer un monde sans
selfies ou sans blogs d’autopromotion. Il est difficile de savoir si les
réseaux sociaux nourrissent les sentiments de narcissisme ou sont
utilisés comme des vitrines à travers lesquelles on expose son
sentiment intime de supériorité. Mais il semble que l’on se tourne
vers les réseaux sociaux afin de booster son amour-propre.

POURQUOI L’IMPRESSION QUE L’ON VOUS DOIT


QUELQUE CHOSE EST-ELLE PROBLÉMATIQUE ?
L’impression qu’on lui était redevable n’aida certainement pas Lucas à se
faire des amis au bureau. Cela n’allait certainement pas l’aider non plus à
obtenir une promotion dans un avenir proche.
L’impression que tout vous est dû vous prive d’obtenir quelque chose par
le simple mérite. Vous ne risquez pas de fournir de grands efforts si vous
passez votre temps à vous plaindre qu’on ne vous donne pas ce qui vous est
dû. Vous imaginez, au contraire, que l’on vous doit certaines choses par
rapport à la personne que vous êtes ou aux évènements que vous avez pu
traverser dans votre vie. Il vous sera difficile d’endosser la responsabilité de
vos actions en passant votre temps à réclamer ce que vous pensez que le
monde vous doit.
Vos attentes des autres pourront, elles aussi, être surréalistes ou vous
serez trop centré sur votre désir d’obtenir ce que vous croyez « mériter »
pour établir des relations profondes avec les autres.
Si vous vous dites constamment « je mérite que l’on prenne soin de moi
et que l’on me traite bien », vous pourrez avoir du mal à offrir l’amour et le
respect susceptibles d’attirer un partenaire qui saura vous traiter avec
gentillesse.
Lorsque vous êtes concentré sur vous-même, il est difficile de faire
preuve d’empathie. Pourquoi voudriez-vous donner de votre temps ou de
votre argent pour les autres lorsque vous vous répétez sans cesse : « Je
mérite de m’offrir de belles choses » ? Au lieu de découvrir le plaisir
d’offrir, vous ne vous attacherez qu’à ce que vous ne pouvez pas obtenir.
Lorsque vous ne parvenez pas à obtenir tout ce que vous souhaitez,
l’impression que le monde vous est redevable peut conduire à un sentiment
d’amertume puisque vous serez convaincu d’être une victime. Au lieu de
jouir de ce que vous avez et de profiter de vos libertés, vous vous
concentrerez sur ce que vous n’avez pas ou sur tout ce que vous ne pouvez
faire. Vous passerez sans doute à côté de grands moments de la vie.

S’OUBLIER UN PEU
Lucas eut besoin de comprendre à quel point cette impression que tout lui
était dû l’affectait et affectait les personnes de son entourage. Dès qu’il put
enfin ouvrir les yeux sur la façon dont les autres le percevaient, il réussit à
changer l’image qu’il avait de ses collègues et sa manière de se comporter
avec eux. Une volonté de travailler dur et une dose d’humilité ont permis à
Lucas de conserver son emploi.
PRENDRE CONSCIENCE DE VOTRE SENTIMENT QUE TOUT
VOUS EST DÛ
Nous en sommes témoins dans les médias : les personnes fortunées, les
célébrités et les politiciens se comportent comme si les lois et les règles ne
s’appliquaient pas à eux sous prétexte qu’ils seraient des êtres d’exception.
Ou prenez l’exemple de ce jeune adolescent à qui l’on fit un procès après
qu’il eut tué quatre personnes en conduisant en état d’ébriété au Texas. Les
avocats de la défense suggérèrent que le jeune homme souffrait d’affluenza
– en d’autres termes que la fortune de ses parents lui offrait des privilèges le
plaçant au-dessus des lois. Les arguments de la défense furent que le jeune
homme ne devait pas être tenu responsable puisqu’il avait grandi au sein
d’une famille fortunée et que ses parents l’avaient toujours gâté et n’avaient
jamais attendu de lui qu’il prenne la responsabilité de ses actes. Le jeune
homme fut contraint de suivre une cure de désintoxication et fut placé sous
liberté conditionnelle mais ne reçut pas une condamnation de prison ferme.
Ce genre d’histoires pose la question de savoir si notre société tolère trop
facilement l’idée que le monde doit plus à certaines personnes qu’à
d’autres.
Des formes plus subtiles de ce sentiment que tout nous est dû sont très
courantes. Si vous n’obtenez pas le travail dont vous rêviez, la réaction
normale de vos amis est souvent de dire : « C’est qu’il y a quelque chose de
mieux qui t’attend » ou « Tu mérites un beau succès après cet épisode ». Et
même si ces remarques sont dites avec les meilleures intentions, le monde
ne tourne pas réellement de cette façon. Que vous soyez la personne la plus
intelligente de la planète ou que vous ayez continué à avancer malgré des
circonstances difficiles, cela ne fait pas de vous une personne qui mérite
d’être plus chanceuse que les autres.
Essayez d’ouvrir davantage les yeux sur ces moments subtils où vous
avez le sentiment que le monde vous est redevable, en observant certaines
des pensées que vous pourriez formuler :

Je mérite mieux que ça.


Je ne vais pas suivre la loi, car je la trouve stupide.
Je vaux plus que ça.
J’étais destiné à réussir brillamment.
La chance va venir vers moi.
J’ai toujours eu quelque chose de particulier.

La plupart de ceux qui estiment que tout leur est dû n’en ont pourtant pas
conscience. Ils pensent que les autres les perçoivent comme ils se
perçoivent eux-mêmes. Faites attention aux pensées qui vous traversent
l’esprit et rappelez-vous ces vérités :

La vie n’est pas faite pour être juste. Il n’existe pas une force
suprême ou une personne sur terre qui se chargeraient de vérifier
que nous sommes tous traités avec équité. Certains ont des
expériences plus positives que d’autres. Mais cela ne veut pas dire
que le monde vous doive quoi que ce soit si vous n’avez, jusque-là,
pas eu de chance.
Vos problèmes ne sont pas uniques. Même si nous ne vivons pas
tous des vies identiques, d’autres rencontrent le même genre de
difficultés, peines ou tragédies que vous. Il y a de fortes probabilités
pour qu’un bon nombre de personnes sur cette planète aient même
vécu des évènements bien pires. Personne ne nous a promis que la
vie serait facile.
Vous pouvez choisir la manière dont vous souhaitez répondre aux
déceptions. Même si vous ne pouvez pas changer le cours d’une
situation, vous pouvez choisir la manière dont vous allez y répondre.
Vous pouvez décider d’affronter les difficultés, les situations, les
tragédies, sans vous placer en victime.
Vous ne méritez pas plus que les autres. Même si nous sommes tous
différents, il n’y a rien qui nous place au-dessus des autres. Il n’y a
aucune raison pour que vous héritiez de toutes les bonnes choses ou
que vous n’ayez aucun effort à fournir pour en profiter.

S’ÉVERTUER À DONNER, ET NON À PRENDRE


La première fois que j’ai entendu parler de « La Maison de Sarah », c’est
dans une publicité à la radio qui annonçait un évènement organisé pour
récolter des dons. Ce n’est que plus tard que j’appris que Sarah et moi
venions de la même ville. En fait, je l’avais déjà vue. La dernière soirée que
je passai avec ma mère, nous avions été regarder un match de basket et je
me souviens de jumelles qui jouaient pour une des deux équipes qui
s’affrontaient. L’une d’elles était Sarah Robinson.
J’ai depuis rencontré la sœur jumelle de Sarah, Lindsay Turner, et elle
m’a raconté l’histoire de Sarah. Lorsque Sarah eut vingt-quatre ans, on lui
diagnostiqua une tumeur au cerveau. Elle subit une opération et un an et
demi de chimiothérapie avant de perdre la bataille contre le cancer. Tout au
long de son traitement, Sarah ne se concentra pas sur l’injustice de sa
situation mais, au contraire, se fit un devoir de venir en aide aux autres.
Sarah avait rencontré d’autres patients qui, comme elle, souffraient d’un
cancer et avait été horrifiée d’apprendre que certains devaient parcourir de
longues distances pour se faire soigner. Lorsque l’on vit dans les zones
rurales du Maine, on peut être amené à faire un voyage aller-retour de cinq
heures, cinq fois par semaine, sur des périodes de six semaines, si l’on n’a
pas les moyens de se payer l’hôtel. Elle rencontra même des personnes qui
dormaient dans leur véhicule sur le parking d’une grande surface. Elle
savait que ce n’étaient pas là les meilleures conditions pour lutter contre le
cancer.
Sarah voulait aider et commença même par plaisanter en disant qu’elle
pourrait acheter des lits superposés et faire dormir les gens chez elle, mais
elle savait que ce n’était pas une solution à long terme. Lui vint alors l’idée
d’un foyer d’accueil qui serait situé près du centre de traitement. Sarah était
déjà membre, depuis plusieurs années, du Rotary Club de sa ville. Le
leitmotiv du club était « servir les autres avant soi », ce qui correspondait
clairement au mode de vie de Sarah. Elle parla de son idée au club et ses
membres acceptèrent de l’aider à créer son foyer.
Transformer son idée en réalité la passionna et elle travailla d’arrache-
pied pour lui faire voir le jour. La famille de Sarah ajoute que même
pendant ses séances de chimiothérapie, elle se levait souvent la nuit pour
travailler à son projet. Et même lorsque sa santé se détériora, elle continua
de garder une attitude positive. Elle dit à sa famille : « Je ne quitte pas la
fête plus tôt, j’y vais la première. » Elle n’abandonna jamais sa foi en Dieu
ni son désir de réaliser son foyer d’accueil.
Sarah décéda en décembre 2011, à l’âge de vingt-six ans. Comme elle le
leur avait demandé, les membres de sa famille s’évertuèrent à faire naître
« La Maison de Sarah ». En dix-huit mois, ils avaient déjà presque récolté
un million de dollars. Même la fille de Sarah s’impliqua dans la levée des
fonds. Elle gardait un pot sur lequel on pouvait lire « La Maison de Sarah »
et dans lequel elle entreposait l’argent qu’elle gagnait en vendant des
limonades pour aider sa « maman ». Sans un seul employé rémunéré, des
volontaires ont travaillé sans relâche pour transformer un ancien magasin de
meubles en foyer d’accueil, composé de neuf chambres, et qui ne refusait
jamais de patients.
Alors que la plupart des individus souffrant d’une maladie en phase
terminale se demanderaient « Pourquoi moi ? », cela n’était pas dans la
mentalité de Sarah. Quand sa santé se détériora au point qu’elle n’arrivait
plus à enfiler son pyjama et que son mari devait l’habiller, elle écrivit dans
son journal : « Je suis l’être vivant le plus chanceux au monde ! »
« J’ai la certitude que j’ai tout laissé sur le terrain (le terrain de la vie),
écrit-elle à une autre entrée de son journal. Je ne me suis pas mis de frein, je
n’ai pas de regrets, les personnes qui se trouvent dans ma vie savent ce
qu’elles représentent pour moi et c’est ce que je continuerai à exprimer
ouvertement. » Sarah a sans doute donné à la vie tout ce qu’elle pouvait et
c’est sans doute pourquoi elle fit face à la mort avec un tel courage, malgré
son jeune âge. Juste avant de mourir, elle révéla que son désir était d’inciter
les autres à participer à une œuvre de charité, car « c’est ce qui donne sens à
la vie ». Il était clair à ses yeux que lorsqu’on mourait, on ne se disait pas :
« Si seulement je pouvais passer une autre journée au bureau. » Non, au
contraire, les gens regrettaient de ne pas avoir plus de temps pour venir en
aide aux autres.
Sarah n’a jamais pensé une seule minute que le monde lui était redevable
puisqu’elle avait un cancer. Mais au contraire, elle se concentra sur ce
qu’elle pouvait offrir au monde. Elle aida les autres sans rien attendre en
retour.

AVOIR L’ESPRIT D’ÉQUIPE


Que vous essayiez de vous entendre avec vos collègues, d’établir des
relations sincères ou d’améliorer une relation amoureuse, vous n’y arriverez
pas si vous n’avez pas l’esprit d’équipe. Arrêtez de vous préoccuper de ce
qui serait plus juste et essayez plutôt de suivre ces conseils :
Concentrez-vous sur vos efforts et non sur votre importance. Au lieu
de vous dire que vous êtes bien trop qualifié pour ce que vous faites,
concentrez-vous sur vos efforts. Il est toujours possible de
s’améliorer.
Acceptez les critiques avec grâce. Si une personne vous fait des
remarques, ne pensez pas aussitôt : « Comme elle est stupide ! » Le
jugement des autres se fondent sur la façon dont ils vous perçoivent,
souvent différente de celle dont vous vous percevez vous-même.
Soyez ouvert à la critique et décidez si vous souhaitez changer votre
comportement ou non.
Reconnaissez vos défauts et vos faiblesses. Tout le monde a des
défauts et des faiblesses, que cela nous plaise ou non. Admettre que
vous avez des fragilités, des problèmes et des traits de caractère peu
séduisants pourra vous aider à ne pas avoir une trop haute opinion
de vous-même. N’utilisez pas vos faiblesses comme une excuse
pour expliquer pourquoi le monde vous doit plus, à vous.
Commencez à penser à ce que les autres peuvent ressentir. Au lieu
de vous concentrer sur ce que vous pensez mériter dans la vie,
prenez le temps de réfléchir à ce que les autres peuvent penser.
Augmenter votre empathie pour les autres pourra réduire votre
suffisance prétentieuse.
Ne comptez pas les points. Que vous ayez réussi à abandonner une
dépendance à la drogue ou aidé une personne âgée à traverser la rue,
le monde ne vous doit rien en retour. Ne faites pas le compte de vos
bonnes actions, car cela ne fera qu’accentuer votre déception
lorsque vous ne recevrez pas ce à quoi vous vous attendiez en
échange.

POURQUOI FAIRE PREUVE D’HUMILITÉ VOUS RENDRA-


T-IL PLUS FORT ?
En 1940, Wilma Rudolph42 naquit prématurément. Pesant seulement un kilo
et huit cent grammes, elle fut une enfant chétive. À l’âge de quatre ans, elle
contracta la polio. Son pied et sa jambe gauches devinrent déformés et elle
dut porter un appareil orthopédique à la jambe jusqu’à l’âge de neuf ans.
Avec l’aide de la kinésithérapie, Wilma put finalement commencer à
marcher normalement à l’âge de douze ans et, pour la première fois de sa
vie, elle put rejoindre les équipes sportives de son école.
C’est alors qu’elle découvrit son amour et son talent pour la course à pied
et commença à s’entraîner. À seize ans, en 1956, elle remporta une place
dans l’équipe olympique et, en tant que membre la plus jeune de l’équipe,
rafla la médaille de bronze dans le relai du 4 x 100 mètres. De retour chez
elle, elle commença à s’entraîner pour les prochains Jeux olympiques. Elle
s’inscrivit à l’université d’État du Tennessee et continua à courir. En 1960,
elle devint la première femme américaine à remporter trois médailles d’or
lors des mêmes jeux. Elle fut saluée comme la « femme la plus rapide de
l’histoire ». Elle prit sa retraite à l’âge de vingt-deux ans.
Si beaucoup attribuent les problèmes qu’ils rencontrent à l’âge adulte aux
difficultés qu’ils ont pu connaître durant leur enfance, ce ne fut pas le cas de
Wilma Rudolph. Elle aurait pu se retrancher derrière les soucis de santé
qu’elle avait rencontrés enfant pour justifier n’importe lequel de ces
défauts, ou derrière le fait d’être une femme afro-américaine confrontée au
racisme ou même d’avoir grandi en ville dans la pauvreté. Mais Wilma ne
pensait pas que le monde lui était redevable de quoi que ce soit. Elle déclara
un jour : « Peu importe ce que vous soyez en train d’accomplir. Tout est
question de discipline. J’étais déterminée à découvrir ce que la vie me
réservait au-delà des murs de la ville dans laquelle j’avais grandi. » C’est
ainsi qu’elle a pu réussir l’exploit de porter un appareil orthopédique à la
jambe puis, cinq années plus tard, de remporter une médaille olympique.
Wilma Rudolph décéda en 1994, mais ses réalisations lui survivent et elle
continue d’inspirer les nouvelles générations d’athlètes.
Insister sur le fait que vous méritez plus que ce que vous recevez ne
risque pas de vous aider dans la vie. Cela contribuera seulement à vous faire
perdre votre temps et votre énergie, et à introduire la déception dans votre
vie. Lucas découvrit que lorsqu’il cessa de vouloir impressionner et montra
un désir nouveau d’apprendre, il devint plus compétent dans son travail. Et
cela l’aida à réaliser son souhait de gravir les échelons au sein de son
entreprise.
Lorsque vous cesserez de réclamer toujours plus et serez capable de vous
satisfaire de ce que vous avez, vous récolterez d’incroyables bienfaits dans
la vie. Vous avancerez plus vite, fort d’un sentiment de paix et de
contentement, sans ressentir ni amertume ni égoïsme.

AIDE-MÉMOIRE
Doper votre force mentale nécessite parfois d’accepter ce que le monde
vous donne sans vous plaindre que vous méritez mieux. Et même si nous
sommes tentés de dire que le monde ne nous doit rien, nous avons tous
parfois l’impression de mériter plus. Examinez attentivement à quels
moments de votre vie cette attitude a tendance à s’insinuer en vous et faites
en sorte de vous débarrasser de cette mentalité autodestructrice.

CE QUI AIDE

Avoir la bonne dose d’amour-propre


Identifier les domaines de notre vie dans lesquels nous nous
sentons supérieurs
Se concentrer sur ce que l’on a à donner et non sur ce que l’on
souhaite prendre
Donner à ceux qui sont dans le besoin
Avoir l’esprit d’équipe
Penser à ce que peuvent ressentir les autres

CE QUI N’AIDE PAS

Avoir un trop-plein de confiance en soi et en ses capacités


Insister sur le fait que vous êtes meilleur que les autres dans
tous les domaines
Tenir le compte de tout ce que vous pensez mériter dans la vie
Ne pas donner aux autres sous prétexte que vous n’avez pas
tout ce que vous méritez
Ne considérer que ce qui est bon pour vous
Ne considérer que vos propres sentiments

40. Jean Twenge, Generation Me : Why Today’s Young Americans Are More Confident, Assertive,
Entitled – and More Miserable Than Ever Before, New York, Atria Books, 2014. Ouvrage non
disponible en français (NdT).
41. Jean Twenge et Keith Campbell, The Narcissism Epidemic : Living in the Age of Entitlement,
New York, Atria Books, 2009. Ouvrage non disponible en français (NdT).
42. Voir Maureen Margaret Smith, Wilma Rudolph : A Biography, Westport, Greenwood, 2006.
Ouvrage non disponible en français (NdT).
Chapitre 13

N’attendez pas de résulats immédiats


Patience, persévérance et sueur sont les clés d’un succès certain.
NAPOLEON HILL

Marcy était incapable d’expliquer pourquoi elle n’était pas heureuse dans
la vie, elle parlait d’une impression générale d’insatisfaction. Elle me dit
que son mariage allait, qu’elle avait une assez bonne relation avec ses deux
enfants. Son métier ne la dérangeait pas, même si ce n’était pas le travail
de ses rêves. Elle ne se sentait tout simplement pas aussi heureuse qu’elle le
souhaiterait et se sentait plus stressée que la moyenne sans raison précise.
Depuis des années, elle lisait tous les livres de développement personnel
qui sortaient, les uns après les autres, mais aucun ne l’avait aidée à opérer
un changement radical dans sa vie. Et les trois séances de thérapie
auxquelles elle s’était rendue quelques années plus tôt n’avaient rien
changé non plus à sa situation. Elle était certaine que des séances
supplémentaires ne lui serviraient à rien, mais elle voulait montrer à son
docteur qu’elle avait essayé et espérait qu’après cela il serait d’accord
pour lui prescrire des médicaments qui la rendraient plus heureuse. Elle fut
assez honnête pour m’avouer qu’à ce stade de sa vie elle n’avait plus assez
de temps ni d’énergie à dépenser dans une thérapie.
Je lui dis qu’elle avait raison – si elle ne souhaitait pas faire d’efforts,
une thérapie ne l’aiderait en rien. Mais je lui expliquai également que les
médicaments n’apportaient pas de solution miracle non plus. En effet, la
plupart des antidépresseurs demandaient entre quatre et six semaines avant
que les patients commencent à ressentir leurs effets. Parfois, il fallait
plusieurs mois avant de trouver le traitement adapté et le dosage approprié.
Et certaines personnes n’en ressentaient jamais les bénéfices.
Je lui précisai qu’une thérapie ne demandait pas nécessairement un
engagement à vie et qu’une courte thérapie pouvait s’avérer efficace. Ce
n’était pas le nombre de séances qui faisait la différence – c’était, en
revanche, les efforts qu’elle fournirait qui détermineraient la réussite de sa
thérapie et la vitesse des résultats. Forte de ce nouveau savoir, Marcy me
dit qu’il lui fallait un peu de temps pour réfléchir. Quelques jours plus tard,
elle m’annonça qu’elle voulait essayer la thérapie et était prête à en faire
une priorité.
Dès les premières séances, il était évident que Marcy attendait des
résultats immédiats dans un grand nombre de domaines de sa vie. Dès
qu’elle se lançait dans une nouvelle « activité », que ce soit un cours ou un
loisir, elle abandonnait si elle ne voyait pas apparaître très vite les résultats
escomptés. Parfois, il lui était arrivé de vouloir améliorer son mariage
parce qu’elle souhaitait une relation « extraordinaire » plutôt qu’une
relation « moyenne ». Durant plusieurs semaines, elle s’était efforcée d’être
la meilleure épouse possible, puis, ne voyant pas apparaître la magie
conjugale, elle avait abandonné.
Au cours des semaines qui suivirent, nous vîmes comment ses attentes
d’une satisfaction immédiate l’affectaient à la fois personnellement et
professionnellement. Elle avait toujours souhaité obtenir un master afin de
pouvoir progresser dans sa carrière, mais comme il lui semblait que ce
serait long, elle ne prit jamais la peine de se lancer. Et comme cela faisait
dix années qu’elle remettait au lendemain l’obtention d’un diplôme qui lui
prendrait deux années, elle se sentait plus frustrée que jamais.
Marcy persévéra dans sa thérapie et, dans les mois qui suivirent, elle
découvrit des stratégies qui l’aideraient à supporter sa frustration et à
apprendre la patience. Elle s’intéressa aux objectifs qu’elle souhaitait
vraiment atteindre – compléter ses études et améliorer son mariage. Tandis
qu’elle identifiait ce qu’elle pourrait faire pour se rapprocher de ses
objectifs, nous discutâmes de la manière de mesurer ses progrès. Marcy
s’attela à la tâche en faisant preuve d’une attitude nouvelle – elle savait
que des résultats majeurs prendraient du temps et elle s’y prépara. Elle
remarqua que sa détermination fraîchement acquise en vue de créer un
changement l’aidait à améliorer sa vie : elle était maintenant pleine
d’espoir pour le futur et capable d’avancer un pas à la fois.

SI LA PATIENCE N’EST PAS UNE DE VOS QUALITÉS


Même si nous vivons dans un monde où tout bouge à une vitesse
fulgurante, il est impossible de tout obtenir immédiatement. Que vous
souhaitiez améliorer votre mariage ou monter votre propre affaire, l’attente
de résultats immédiats pourra vous conduire à l’échec. Est-ce que les
affirmations ci-dessous vous disent quelque chose ?

Vous pensez qu’un bienfait n’arrive pas si on se contente de


l’attendre.
Pour vous, le temps c’est de l’argent et vous ne voulez pas risquer
de perdre une seule seconde.
La patience n’est pas votre fort.
Si vous ne voyez pas de résultats immédiats, vous avez vite
tendance à penser que ce que vous faites ne va pas.
Vous souhaitez que tout se fasse ici et maintenant.
Vous cherchez souvent des raccourcis afin d’économiser vos efforts
et votre énergie pour obtenir ce que vous souhaitez.
Vous vous irritez lorsque les autres n’avancent pas à votre rythme.
Vous abandonnez lorsque vous ne voyez pas apparaître de résultats
assez rapidement.
Vous avez du mal à vous tenir à vos objectifs.
Vous pensez que tout devrait se faire très vite.
Vous avez tendance à sous-estimer le temps qu’il vous faudra pour
atteindre vos objectifs ou accomplir une tâche.

Les personnes mentalement fortes admettent que les solutions miracles


ne sont pas nécessairement les meilleures. La volonté de définir des attentes
réalistes et la conviction que le succès n’arrive pas du jour au lendemain
vous seront nécessaires pour donner le meilleur de vous-même.

POURQUOI ATTENDONS-NOUS DES RÉSULTATS


IMMÉDIATS ?
Marcy avait l’impression qu’elle devenait de plus en plus impatiente en
vieillissant. Lorsque les choses n’arrivaient pas à la vitesse qu’elle désirait,
elle devenait exigeante. Son leitmotiv était devenu « je ne rajeunis pas ».
Son attitude agressive était efficace dans certains cas – ses enfants et ses
collègues avaient tendance à filer doux lorsqu’ils savaient qu’elle ne
plaisantait pas. Mais cette impatience eut des répercussions dans d’autres
domaines de sa vie et lui causa du tort dans certaines de ses relations.
Marcy n’est pas la seule à rechercher un soulagement immédiat à sa
détresse. Un Américain sur dix est sous antidépresseurs. Si les
antidépresseurs peuvent aider ceux qui souffrent d’une dépression clinique,
des études montrent qu’un grand nombre de personnes sous antidépresseurs
n’ont pas été reconnues comme souffrant d’une dépression par un
professionnel de la santé mentale. Et pourtant, beaucoup sont prêts à
recourir aux médicaments pour améliorer leur vie le plus rapidement
possible. Il en est de même avec les enfants. Les parents d’enfants montrant
des signes de troubles comportementaux recherchent souvent la « pilule »
qui les aidera à les éduquer. Et même si un trouble du déficit de l’attention
avec hyperactivité avéré répond plutôt bien à une solution médicamenteuse,
il n’existe pas de pilule miracle qui obligera un enfant à bien se comporter.
Nous vivons dans un monde en perpétuelle agitation qui pourrait se
résumer par « pas de queue, pas d’attente ». Nous n’avons plus à nous
rendre à la poste pour envoyer une lettre et attendre plusieurs jours qu’elle
atteigne son destinataire. Il nous suffit d’envoyer un e-mail pour transmettre
une information à l’autre bout de la planète, en quelques secondes. Nous
n’avons plus à attendre la fin des publicités avant que notre programme
télévisé reprenne. Le concept des « films à la demande » signifie que nous
avons la possibilité de regarder n’importe quel film en un instant. Les
micro-ondes et les fast-foods font que nous avons accès à de la nourriture
en quelques minutes. Et il nous est possible de commander à peu près tout
ce que nous souhaitons en ligne et de le recevoir chez nous dans les vingt-
quatre heures.
Non seulement ce monde à cent à l’heure ne nous incite pas à attendre,
mais des histoires d’individus qui sont devenus célèbres du jour au
lendemain circulent également en permanence. Nous avons tous lu
l’histoire de musiciens découverts grâce à une vidéo sur YouTube ou d’une
personne devenue célèbre instantanément grâce à la télé-réalité. Ou d’une
start-up qui génère des millions dès qu’elle voit le jour. Ces success stories
alimentent notre désir d’obtenir des résultats immédiats dans tout ce que
nous entreprenons.
En dépit de ces histoires de réussite fulgurante, dans la réalité, le succès
est rarement instantané. Les fondateurs de Twitter ont passé huit ans à
développer des téléphones et des produits sociaux avant de créer Twitter. Le
premier iPod d’Apple a nécessité trois ans et quatre versions avant que les
ventes s’envolent. Amazon n’a pas réalisé de profits durant les sept
premières années de sa vie. Un mythe semble entourer ces entreprises,
suggérant qu’elles auraient connu le succès du jour au lendemain, mais
c’est la conclusion tirée par ceux qui regardent le résultat final et non le
travail fourni pour en arriver là.
Il n’est donc pas surprenant que nous en soyons arrivés à attendre des
résultats immédiats dans tous les domaines de notre vie. Que nous tentions
de perdre une mauvaise habitude – trop manger ou boire – ou que nous
souhaitions atteindre un objectif – payer nos dettes ou obtenir un diplôme –,
nous le voulons maintenant. Voici certaines des raisons qui expliqueraient
pourquoi nous attendons des résultats immédiats :

Nous avons perdu de notre patience. Il est évident, vu nos


comportements quotidiens, que nous attendons que les choses
arrivent immédiatement. Si nous n’obtenons pas de résultats, nous
abandonnons. Une étude dirigée par Ramesh Sitaraman43, professeur
d’informatique à l’université du Massachussetts à Amherst, a
montré que lorsqu’il est question de technologie, notre patience dure
deux secondes. Si dans les deux secondes, une vidéo en ligne ne se
télécharge pas, l’utilisateur quitte le site Internet. Notre patience est
de courte durée et, lorsque nous n’obtenons pas les résultats
escomptés, cela peut affecter notre comportement.
Nous surestimons nos capacités. Parfois nous pensons que nous
sommes tellement forts dans un domaine que nous allons aussitôt
voir des résultats. L’un prétendra devenir le meilleur vendeur de son
entreprise dans le mois qui suivra son arrivée, l’autre s’imaginera
pouvoir perdre dix kilos en deux semaines. En surestimant vos
capacités, vous risquez d’éprouver une déception lorsque vous
réaliserez que vous n’avez pas été capable d’atteindre l’objectif que
vous vous étiez fixé.
Nous sous-estimons la durée que peut prendre un changement. Nous
sommes habitués à ce que nos outils technologiques accomplissent
des actions très rapidement, alors nous présupposons que les
changements, dans tous les domaines de nos vies, peuvent arriver
vite. Nous perdons de vue que les changements personnels,
professionnels et les individus ne bougent pas aussi vite que les
outils technologiques.

POURQUOI ATTENDRE DES RÉSULTATS IMMÉDIATS


EST-IL PROBLÉMATIQUE ?
Marcy passait à côté de nombreuses opportunités dans la vie, car elle ne
souhaitait se lancer que dans des activités rapides et indolores. Même si elle
passait des heures à lire des livres de développement personnel, elle
n’appliquait aucun de leurs enseignements à sa propre vie. Elle avait
toujours très vite abandonné la thérapie et souhaitait simplement trouver la
pilule magique qui changerait miraculeusement sa vie. Elle négligea de
nombreuses chances de pouvoir améliorer sa vie sous prétexte qu’elle
souhaitait obtenir des résultats immédiats.
L’attente irréaliste d’un changement facilement obtenu pourra vous
amener à échouer. Dans une étude publiée en 1997 et intitulée : « End-of-
Treatment Self-Efficacy : A Predictor of Abstinence »44, des chercheurs ont
expliqué que les patients qui avaient une confiance exagérée dans leur
capacité à s’abstenir de consommer de l’alcool après une cure de
désintoxication avaient tendance à rechuter davantage que ceux qui se
montraient moins sûrs d’eux. Une confiance en vous excessive pourra vous
inciter à penser que vous atteindrez vos objectifs facilement ; ainsi, lorsque
vous n’observerez pas de résultats immédiats, vous aurez peut-être du mal à
rester motivé.
S’attendre à des résultats immédiats pourra aussi vous inciter à relâcher
prématurément vos efforts. Si vous ne constatez pas de résultats
immédiatement, vous pourrez penser, à tort, que vos efforts ne sont pas
concluants. Le propriétaire d’une entreprise qui aura investi dans une
nouvelle campagne de marketing pourra penser que ses efforts n’ont pas
porté leurs fruits s’il ne constate pas une augmentation des ventes
immédiate. Mais peut-être que cette campagne de marketing va entraîner
une meilleure visibilité de la marque, ce qui, à terme, entraînera une
augmentation régulière des ventes. Ou alors une personne qui aura
fréquenté une salle de musculation pendant un mois mais n’aura pas
constaté de changements en se regardant dans le miroir en conclura que ses
séances ne sont pas efficaces. En fait, il se peut simplement que les progrès
de cette personne se mesurent en mois plutôt qu’en semaines. Une étude
publiée en 1972 et intitulée « Self-Initiated Attempts to Change Behaviour :
A Study of New Year’s Resolutions »45 suggère que nous abandonnons nos
objectifs bien plus vite que par le passé. Cette étude rapporte que, au
moment de sa publication en 1972, 25 % des participants abandonnaient
leurs résolutions du Nouvel An au bout de vingt-cinq semaines. En 1989,
25 % des individus abandonnaient leurs résolutions au bout d’une semaine.
Voici un échantillon des conséquences négatives qui pourront apparaître
lorsque vous vous attendrez à des résultats immédiats :

Vous pourrez être tenté de prendre des raccourcis. Si vous n’obtenez


pas de résultats assez rapidement, vous pourrez tomber dans le piège
de brusquer anormalement les choses. Si une personne au régime
n’obtient pas les résultats escomptés au bout de quelques semaines,
elle pourra être tentée de se lancer dans un régime choc pour
accélérer sa perte de poids. Un athlète qui voudra devenir plus fort
et plus rapide pourra être tenté de se doper. Les raccourcis peuvent
être lourds de conséquences.
Vous ne serez pas préparé au futur. En voulant tout obtenir
maintenant, vous perdrez de vue les perspectives à long terme. Le
désir d’observer des résultats immédiats est évident dans la façon
dont on envisage les investissements. On veut voir un retour sur son
investissement maintenant, et non pas dans trente ans. Une enquête
sur les retraites publiée en 201446 révèle que 36 % des Américains
possèdent moins de mille dollars en épargne ou en placements. Il y a
certes des facteurs économiques qui entrent en compte dans ce
déclin des placements à long terme, mais notre désir de satisfaction
immédiate a lui aussi, très certainement, un rôle à jouer. On ne
souhaite plus placer son argent dans des placements à long terme,
car on veut pouvoir jouir de son argent dans le moment présent.
Les attentes irréalistes pourront vous amener à tirer des conclusions
erronées. Si vous attendez des résultats immédiats, vous serez tenté
de croire que vous avez assez de matière pour formuler une
conclusion. Mais, dans la réalité, il se peut que vous ne vous soyez
pas laissé assez de temps pour avoir une bonne vision d’ensemble.
Une personne qui ne réussira pas à faire tourner son entreprise au
bout d’un an pourra en conclure qu’elle n’est pas douée pour les
affaires. En réalité, cette personne n’aura sans doute pas laissé le
temps à sa start-up de devenir une affaire commerciale viable.
Cela entraîne des émotions négatives et inconfortables. Lorsque vos
attentes ne sont pas satisfaites, vous risquez de vous montrer déçu,
impatient et frustré. En vous submergeant, ces émotions négatives
pourront ralentir vos progrès et vous inciter à abandonner puisque
vous aurez du mal à envisager une meilleure tournure des
évènements.
Vous adopterez peut-être un comportement qui pourra saboter vos
objectifs. Les attentes irréalistes peuvent influencer votre
comportement et réduire vos chances de réussir. Si vous vous
attendez à ce qu’un gâteau cuise plus vite, vous serez tenté d’ouvrir
la porte du four plus souvent. Chaque fois que vous ouvrez la porte
du four, vous laissez s’échapper un peu de chaleur, ce qui allongera
le temps de cuisson de votre gâteau. Lorsque vous vous attendez à
ce qu’un évènement arrive plus vite, votre façon de vous comporter
pourra contrarier vos efforts, sans que vous vous en aperceviez.

S’ENGAGER SUR LE LONG TERME


Lorsque Marcy accepta l’idée qu’elle ne verrait pas de résultats immédiats,
elle dut décider si elle souhaitait s’engager vers le changement à travers la
thérapie. Elle savait cependant qu’elle ne pouvait s’engager qu’à demi. À la
fin de ses séances, elle reconnut que chercher à s’améliorer soi-même –
comme d’autres changements dans la vie – ne se faisait pas en un jour et
elle savait qu’elle devrait continuer, tout au cours de sa vie, à consacrer de
son temps et de son énergie à son développement personnel.

CRÉER DES ATTENTES RÉALISTES


Vous ne rembourserez pas une dette de cent mille dollars en six mois avec
un salaire de cinquante mille dollars par an. Vous ne perdrez pas dix kilos
en prévision de l’été si vous attendez le mois de mai pour vous mettre à
faire du sport. Et il y a peu de chances pour que vous vous retrouviez en
haut de la hiérarchie un an après votre entrée dans une entreprise. Avec de
telles attentes, vous risquez de ne jamais pouvoir atteindre vos objectifs.
Créez plutôt des attentes réalistes qui vous garderont motivé sur le long
terme. Voici quelques stratégies pour concevoir des attentes réalistes et qui
s’adapteront à tout type d’objectifs :

Ne sous-estimez pas la difficulté que peut présenter un changement.


Acceptez qu’entreprendre quelque chose de nouveau, s’efforcer
d’atteindre un objectif ou se défaire d’une mauvaise habitude peut
être difficile.
Évitez de vous imposer une date butoir à laquelle votre objectif
devra être atteint. Il peut être utile de se fixer une date limite
approximative vers laquelle vous souhaiteriez voir des résultats
apparaître, mais évitez de vous imposer une date butoir. Par
exemple, certains affirment que vous pouvez prendre une bonne
habitude ou en perdre une mauvaise en un certain nombre de jours
(le chiffre magique est soit vingt et un, soit trente-huit, selon les
études auxquelles vous vous référez). Mais si vous prenez un peu de
recul pour réfléchir, vous verrez que ces chiffres ne sont pas très
réalistes. En deux jours, je devrais être capable de prendre
l’habitude de manger de la glace en dessert à la fin de chaque repas.
En revanche, il me faudra sans doute six mois pour perdre
l’habitude de boire une tasse de café avec mon petit déjeuner. Ne
vous imposez donc pas de date limite fixe en fonction de ce qui,
selon vous, devrait être « possible ». Au contraire, soyez flexible et
prenez conscience qu’un certain nombre de facteurs pourront
influencer les résultats.
Ne surestimez pas l’effet positif qu’un changement pourrait avoir
sur votre vie. Parfois certaines personnes se convainquent que si
elles arrivent à perdre dix kilos, leur vie sera bien meilleure. Mais
lorsqu’elles commencent à perdre du poids, elles ne voient pas les
résultats miraculeux qu’elles avaient pourtant imaginés. Elles
finissent par être déçues, car elles ont surestimé et exagéré de
possibles effets.

PRENDRE CONSCIENCE QUE LES PROGRÈS NE SONT PAS


TOUJOURS FLAGRANTS
Avec d’autres thérapeutes, j’animais un groupe qui aidait des parents qui
rencontraient des problèmes avec leurs enfants. La plupart des parents qui
nous consultaient avaient des enfants d’âge préscolaire et le problème de
comportement le plus fréquent auquel étaient confrontés ces parents était
les colères de leurs chérubins. Les jeunes enfants sont réputés pour se jeter
par terre en hurlant et en battant des jambes afin d’obtenir ce qu’ils
souhaitent. Nous apprenions donc aux parents à ignorer ce type de
comportements, destinés à attirer l’attention. En dépit de nos mises en garde
leur rappelant que, dans un premier temps, le comportement de leurs
enfants empirerait avant de s’améliorer, les parents étaient souvent
convaincus que l’indifférence ne marchait pas. Lorsque nous leur
demandions de nous expliquer pourquoi, selon eux, cette stratégie n’avait
pas réussi, ils nous répondaient : « Mon enfant s’est mis à crier plus fort »
ou « Ma fille s’est relevée, est venue vers moi et s’est remise à faire sa
colère juste sous mon nez ! »
Ce que ces parents n’avaient pas encore compris, c’est que leur stratégie,
qui consistait à ignorer leurs enfants, fonctionnait. Les enfants avaient
compris le message : leurs parents ayant fini de céder à leurs caprices, ces
petits êtres étonnamment intuitifs de quatre ans se faisaient alors plus
coriaces. Ils avaient deviné que si papa ou maman ne cédaient plus
lorsqu’ils se mettaient à crier un petit peu, c’est qu’il était temps de crier
plus fort pour continuer à obtenir ce qu’ils désiraient. Et chaque fois que
leurs parents cédaient, cela renforçait la colère de leurs enfants. Mais si les
parents persistaient à ignorer cette recherche d’attention, leurs enfants
finissaient par comprendre que les colères n’étaient pas un moyen efficace
d’obtenir ce qu’ils voulaient. Les parents avaient souvent besoin qu’on les
rassure en leur réexpliquant que même si le comportement de leur enfant
semblait empirer, cela ne voulait pas dire que leurs méthodes d’éducation
ne réussissaient pas.
Les progrès dans la réalisation de vos objectifs ne seront peut-être pas
toujours linéaires. Parfois les choses s’aggravent avant de s’améliorer.
D’autres fois, vous aurez l’impression de faire un pas en avant et deux en
arrière. Mais si vous réussissez à vous concentrer sur vos objectifs à long
terme, cela vous permettra de vous réconcilier avec les contretemps. Avant
de vous lancer dans l’atteinte d’un objectif – que vous montiez votre propre
affaire ou appreniez à méditer –, réfléchissez à la manière dont vous allez
mesurer vos progrès en vous posant les questions suivantes :

Comment saurai-je si je suis sur la bonne voie ?


Quelle est la date limite réaliste à laquelle je pourrai commencer à
entrapercevoir des résultats ?
À quels types de résultats puis-je m’attendre, de façon réaliste, dans
une semaine, un mois, six mois et un an ?
Comment savoir que je suis toujours sur la voie qui me mènera à
mon objectif ?

APPRENDRE À RETARDER LE PLAISIR


Nous ne sommes pas tous égaux devant notre capacité à remettre à plus tard
un plaisir. Il est juste de dire que tout le monde, à un moment ou à un autre,
tombe dans le piège de la satisfaction immédiate. Ce besoin de satisfaction
« dans la minute » est au cœur de bon nombre de problèmes (de santé
physique ou mentale, financiers, d’addiction). Alors qu’une personne
pourra avoir du mal à résister à la tentation d’un cookie qui n’entre pas dans
la liste des aliments « amis » de son régime, une autre aura du mal à reposer
ce verre d’alcool qui lui cause pourtant tant d’ennuis dans la vie. Certains
réussissent à retarder le plaisir dans certains domaines mais pourront avoir
des faiblesses dans d’autres.
Prenez l’exemple de Daniel « Rudy » Ruettiger47 dont l’histoire a été
adaptée pour le cinéma au début des années 1990. Son histoire est celle
d’un outsider qui persévéra dans le travail acharné et la détermination.
Troisième enfant dans une fratrie de quatorze, Rudy rêvait d’intégrer
l’université Notre Dame, dans l’Indiana. Mais, comme il était atteint de
dyslexie, ses résultats n’étaient pas toujours à la hauteur de ses espérances.
Il essaya cependant de s’inscrire mais fut rejeté trois fois de Notre Dame. Il
s’inscrivit alors dans l’université voisine, Holy Cross College. Après deux
années de dur labeur, il fut finalement accepté à Notre Dame, en 1974.
Non seulement Rudy avait l’ambition d’être un étudiant brillant, mais il
rêvait de jouer dans l’équipe de football américain de l’université. Mesurant
seulement un petit mètre soixante-dix et pesant soixante-quinze kilos, il ne
fit malheureusement pas le poids. Notre Dame, toutefois, autorisait les
membres du corps étudiant à devenir des « figurants ». Rudy obtint une
place dans l’équipe d’entraînement, dont le but était d’aider l’équipe
universitaire à préparer les matchs à venir. Rudy s’entraîna durement et mit
tout son cœur dans chaque séance d’entraînement. Sa persévérance et ses
efforts gagnèrent le respect des entraîneurs et de ses coéquipiers. Au cours
du dernier match de sa dernière année d’université, il fut même autorisé à
jouer pour la défense durant les dernières minutes du match. Comme à
chaque séance d’entraînement, Rudy se donna entièrement et réussit à
plaquer avec brio le quarterback de l’équipe adverse. Ses coéquipiers furent
si fiers de lui qu’ils lui firent faire un tour d’honneur du terrain, sur leurs
épaules, en criant : « Rudy ! Rudy ! Rudy ! »
Rudy semblait être une personne capable de retarder son plaisir
facilement. Il avait travaillé durant des années pour atteindre ses objectifs et
il n’attendait certainement pas des résultats immédiats – il ne joua
finalement que quelques minutes au cours d’un seul match.
Mais si Rudy pouvait faire preuve d’un travail acharné et de persévérance
dans certains domaines, il n’était pas pour autant immunisé contre l’appel
de la satisfaction immédiate. En 2011, il fut accusé de fraudes après que la
Securities and Exchange Commission (SEC), l’organisme fédéral américain
de réglementation et de contrôle des marchés financiers, eut révélé qu’il
avait participé à un plan de manipulation frauduleuse d’opérations
boursières. Rudy avait créé une entreprise qui fabriquait des boissons
énergétiques pour sportifs, appelées « Rudy ». La SEC découvrit que Rudy
et les autres propriétaires de l’entreprise avaient fait de fausses déclarations
sur leur succès afin de gonfler le cours de l’action de la société. Ainsi, ils
auraient pu revendre leurs actions à un prix plus élevé. Rudy ne se déclara
jamais coupable mais accepta un arrangement ; en échange de quoi il fut
contraint de payer une amende de plus de trois cent mille dollars.
Un homme que l’on salua à une époque comme un héros pour son travail
acharné et sa persévérance tomba dans le piège de l’argent facile quelques
décennies plus tard. L’histoire de Rudy montre à quel point notre désir de
garder le cap peut être fort à certains moments de notre vie, alors qu’à
d’autres moments ou dans d’autres domaines, nous jetterons bien vite
l’éponge. Renoncer au plaisir immédiat nécessite une attention constante.
Voici quelques stratégies qui pourront vous aider à retarder votre besoin de
satisfaction et vous empêcher d’attendre des résultats immédiats :

Ne perdez pas de vue votre objectif. Gardez votre objectif à l’esprit


et restez motivé les jours où vous aurez envie de tout abandonner.
Soyez créatif dans votre manière de ne pas perdre de vue vos
objectifs. Écrivez noir sur blanc ce que vous souhaitez accomplir et
accrochez cette note sur votre mur ou faites-en votre fond d’écran
sur votre ordinateur. Visualisez-vous, tous les jours, en train
d’atteindre votre objectif : cela vous aidera à rester motivé !
Célébrez les étapes importantes sur votre chemin. Vous n’avez pas à
attendre d’avoir atteint votre objectif avant de célébrer vos
réalisations. Au contraire, instaurez des « mini-objectifs » et
célébrez-les chaque fois que vous les dépassez. Pourquoi ne pas
sortir dîner avec votre famille, par exemple, pour appuyer vos
efforts ?
Élaborez un plan qui vous aidera à résister à la tentation. Il y aura
toujours des occasions de céder à la joie des plaisirs immédiats. Si
vous cherchez à perdre du poids, il y aura toujours des sucreries
pour vous tenter sur votre chemin. Si vous essayez de ne pas
dépasser votre budget, les nouveaux gadgets et les produits de luxe
seront toujours là pour vous tenter. Mettez en place un plan, en
amont, qui vous aidera à garder vos distances par rapport à toutes
ces tentations qui pourraient vous empêcher d’atteindre vos
objectifs.
Canalisez la frustration et l’impatience. Il y aura des jours où vous
aurez envie d’abandonner et où vous remettrez en question votre
désir de continuer. Ce n’est pas parce que vous être irrité, déçu ou
frustré que vous devez jeter l’éponge. Cherchez plutôt des moyens
de vivre avec ces émotions et acceptez qu’elles fassent partie de
votre évolution.
Prenez votre temps. Quel que soit votre objectif, vous risquez d’être
découragé si vous attendez des résultats immédiats. Prenez votre
temps et soyez méthodique dans l’atteinte de vos objectifs.
Apprendre la valeur d’un pas lent et régulier vous aidera à acquérir
la patience, laquelle en retour vous permettra de rester dans le droit
chemin sans précipiter le cours des choses.

POURQUOI RETARDER LE PLAISIR VOUS RENDRA-T-IL


PLUS FORT ?
L’aventure de James Dyson48 commença en 1979. Lorsque, fâcheusement,
son aspirateur tomba en panne, il chercha à fabriquer un meilleur aspirateur,
qui utiliserait la force centrifuge, au lieu d’un sac, pour séparer l’air de la
poussière. Il passa cinq années à construire prototype après prototype – plus
de cinq mille au total – avant d’être satisfait par un résultat.
Une fois qu’il eut fini de créer un aspirateur en lequel il croyait, son
aventure fut pourtant loin d’être terminée. Il passa plusieurs années à
essayer de trouver un fabricant intéressé par un brevet de son produit.
Lorsqu’il apparut qu’aucun fabricant ne se lancerait dans la réalisation de
son aspirateur, Dyson décida d’ouvrir sa propre usine de fabrication. Son
premier aspirateur atterrit sur le marché en 1993 – quatorze ans après qu’il
eut commencé à développer son premier concept. Son travail fut cependant
récompensé lorsque l’aspirateur Dyson devint l’aspirateur le plus vendu en
Grande-Bretagne. En 2002, un foyer britannique sur quatre possédait un
aspirateur Dyson.
Si James Dyson s’était attendu au succès du jour au lendemain, il aurait
probablement abandonné très vite. Mais sa patience et sa persévérance ont
été payantes. Trente ans plus tard, ses aspirateurs se vendent dans vingt-
quatre pays et son entreprise en vend plus de dix milliards par an.
Afin d’atteindre tout votre potentiel, vous devrez faire preuve de volonté
pour résister aux tentations à court terme. La capacité à retarder l’obtention
de ce que vous désirez joue un rôle essentiel dans la réussite. Voici ce que
les études révèlent sur notre capacité à retarder notre soif de satisfaction :

L’autodiscipline est plus importante que le QI dans la prédiction de


la réussite scolaire49.
Le sang-froid des étudiants à l’université est lié à une plus haute
estime de soi, une moyenne plus élevée, une boulimie et une
consommation d’alcool plus limitées, ainsi qu’à de meilleures
compétences sociales50.
La capacité à retarder la satisfaction est associée à un risque moins
élevé de dépression et d’anxiété.
Les enfants faisant preuve d’une grande maîtrise d’eux-mêmes ont
moins de troubles de santé physique et mentale, abusent moins de
substances illégales, ont moins de condamnations criminelles et une
plus grande sécurité financière à l’âge adulte51.

Que votre intention soit de mettre assez d’argent de côté pour partir en
vacances l’année suivante ou d’élever vos enfants de sorte qu’ils deviennent
des adultes responsables, établissez des attentes réalistes et ne vous attendez
pas à des résultats du jour au lendemain. Au contraire, soyez prêt à vous
engager sur le long terme, et vous augmenterez vos chances d’atteindre vos
objectifs.

AIDE-MÉMOIRE
Il est fort probable que dans certains domaines, il vous sera facile
d’envisager des attentes réalistes. Vous souhaitez peut-être reprendre vos
études et vous avez conscience que cela pourra prendre plusieurs années
avant d’obtenir votre diplôme et gagner plus d’argent. Ou peut-être
souhaitez-vous placer de l’argent pour votre retraite, en sachant qu’il devra
rester placé trente ans avant de fructifier. Mais sans doute que dans d’autres
cas, vous aurez le désir d’observer un changement immédiat. Peut-être
n’avez-vous pas envie d’attendre pour voir votre mariage s’améliorer, ou
bien de renoncer à la nourriture que vous aimez, en dépit des mises en garde
de votre docteur. Voyez dans quels domaines vous pouvez vous améliorer et
concentrez-vous sur les stratégies qui vous aideront à montrer des progrès
mesurés et constants.

CE QUI AIDE

Avoir des attentes réalistes concernant le temps qu’il faudra


pour atteindre ses objectifs et sur la difficulté que cela pourra
représenter
Trouver des façons précises de mesurer ses progrès
Célébrer les étapes importantes sur votre chemin
Aborder les émotions négatives de façon saine
Établir un plan pour résister aux tentations
Régler son allure pour aller loin

CE QUI N’AIDE PAS

S’attendre à des résultats immédiats


S’imaginer que si les choses ne s’améliorent pas
instantanément, c’est que l’on ne fait aucun progrès
Attendre d’être arrivé pour commencer à célébrer son succès
Permettre à sa frustration et à son impatience d’affecter son
comportement
Croire que l’on a suffisamment de volonté pour résister à toute
forme de tentation
Chercher des raccourcis afin de fournir un minimum d’efforts
pour atteindre nos objectifs

43. Voir « Ramesh Sitaraman’s Research Shows How Poor Online Video Quality Impacts Viewers »,
UMassAmherst, 4 février 2013, https://www.cs.umass.edu/news/latest-news/research-online-videos.
Ressource non disponible en français (NdT).
44. R. Goldbeck, P. Myatt et T. Aitchison, « End-of-Treatment Self-Efficacy : A Predictor of
Abstinence », Addiction, 1997, no 92, p. 313-324. Non disponible en français (NdT).
45. G. A. Marlatt, et B. E. Kaplan, « Self-Initiated Attempts to Change Behavior : A Study of New
Year’s Resolutions », Psychological Reports, 1972, no 30, p. 123-131. Non disponible en français
(NdT).
46. Voir « 2014 Retirement Confidence Survey », EBRI, mars 2014,
http://www.ebri.org/pdf/briefspdf/EBRI_IB_397_Mar14.RCS.pdf. Ressource non disponible en
français (NdT).
47. Voir Rudy Ruettiger et Mark Dagostino, Rudy : My Story, Nashville, Thomas Nelson, 2012, ou
Nathan Vardi, « Rudy Ruettiger : I Shouldn’t Have Been Chasing the Money », dans Forbes, 11 juin
2012, http://www.forbes.com/sites/nathanvardi/2012/06/11/rudy-ruettiger-i-shouldnt-have-been-
chasing-the-money/. Non disponibles en français (NdT).
48. Voir James Dyson, Dans la cour des grands, Paris, Le Cherche-Midi, 2003.
49. Voir A. Duckworth et M. Seligman, « Self-Discipline Outdoes IQ in Predicting Academic
Performance in Adolescents », Psychological Science, 2005, no 16, p. 939-944. Non disponible en
français (NdT).
50. Voir J. Tangney, R. Baumeister et A. L. Boone, « High Self-Control Predicts Good Adjustment,
Less Pathology, Better Grades, and Interpersonal Success », Journal of Personality, 2004, no 72,
p. 271-324. Non disponible en français (NdT).
51. Voir T. Moffitt et al., « A Gradient of Childhood Self-Control Predicts Health, Wealth, and Public
Safety », Proceedings of the National Academy of Sciences, no 108, 2001, p. 2693-2698. Non
disponible en français (NdT).
Conclusion

Entretenir sa force mentale


Doper votre force mentale, ce n’est pas seulement lire ce livre ou déclarer
que vous êtes résistant. Il s’agit plutôt d’intégrer dans votre vie des
stratégies qui vous permettront d’atteindre tout votre potentiel. De la même
manière qu’il vous faut fournir des efforts pour maintenir votre force
physique, la force mentale nécessite un entretien continu. Et n’oubliez pas
qu’il est toujours possible de s’améliorer. Si vos muscles mentaux ne sont
pas entretenus et fortifiés, ils finiront par s’atrophier.
Personne n’est à l’abri d’une faute de jugement ou d’un mauvais jour. Il y
aura des moments où vos émotions vous guideront, où vous croirez en vos
pensées erronées, où vous vous engagerez dans des comportements
autodestructeurs et contre-productifs. Mais ces moments s’espaceront et se
feront plus rares si vous travaillez activement à doper votre force mentale.

DEVENIR SON PROPRE COACH


De la même manière qu’un bon coach vous offrirait soutien et conseil pour
vous améliorer, appliquez ces principes à votre personne. Observez ce que
vous réussissez particulièrement bien et faites-en votre force. Identifiez les
domaines qui nécessiteraient une amélioration et mettez-vous au défi de
vous améliorer. Offrez-vous des opportunités de mûrir, mais n’oubliez pas
que nul n’est parfait. Essayez de vous améliorer davantage chaque jour en
suivant ces étapes :

Étudier son comportement – Recherchez les moments où votre


comportement a ruiné vos efforts afin d’augmenter votre force
mentale ; par exemple, lorsque vous aurez répété les mêmes erreurs,
évité les changements ou abandonné après une première tentative
ratée. Puis identifiez les stratégies qui vous aideront à vous
comporter d’une façon plus efficace.
Réguler ses émotions – Recherchez les moments où vous vous êtes
apitoyé sur vous-même, avez eu peur de prendre des risques
calculés, avez eu l’impression que le monde vous était redevable de
quelque chose, avez eu peur de passer du temps en tête-à-tête avec
vous-même, en avez voulu aux autres pour leur succès, avez cherché
à plaire à tout le monde. Ne laissez pas ces émotions vous empêcher
d’atteindre tout votre potentiel. Souvenez-vous, si vous voulez
changer ce que vous ressentez, vous devez changer votre manière de
penser et de vous comporter.
Réfléchir à ses pensées – Évaluer vos pensées vous demandera
beaucoup d’efforts et d’énergie. Mais des pensées exagérément
positives ou, au contraire, démesurément négatives influenceront
votre manière de vous sentir et de vous comporter et pourront nuire
à votre quête d’une plus grande force mentale. Examinez si vos
pensées sont réalistes avant de vous lancer et, ainsi, vous serez
capable de formuler les meilleures décisions vous concernant.
Identifiez les croyances et les pensées qui vous retiennent, comme
celles qui vous poussent à laisser le pouvoir aux autres, à perdre
votre énergie pour des choses immuables, à rester focalisé sur le
passé ou à attendre des résultats immédiats. Remplacez-les au
contraire par des pensées plus réalistes et productives.

De la même manière qu’un bon coach dans une salle de sport vous
inciterait à adopter un mode de vie sain, vous allez devoir créer un mode de
vie favorable à votre volonté d’augmenter votre force mentale. Il est
impossible d’améliorer sa force mentale lorsque l’on ne prend pas soin de
soi-même physiquement. Si vous ne vous nourrissez pas convenablement
ou ne dormez pas suffisamment, il vous sera difficile de maîtriser vos
émotions, d’avoir les idées claires et d’agir efficacement. Prenez les
mesures nécessaires pour vous assurer que vous créez un environnement
propice à votre succès.
Même si doper sa force mentale est un parcours personnel, vous n’avez
pas à l’entreprendre seul. Il est difficile de tirer le meilleur de soi-même
sans l’aide d’autrui. Demandez de l’aide lorsque vous en avez besoin et
entourez-vous de personnes qui sauront vous soutenir. Les autres peuvent
parfois vous offrir des conseils et des stratégies à propos de ce qui a pu les
aider et vous pourrez ensuite choisir de les appliquer dans votre vie. Si vous
réalisez que vos amis ou votre famille ne peuvent vous apporter le soutien
dont vous avez besoin, cherchez l’aide d’un professionnel. Cette personne
formée saura vous assister dans vos efforts en vue de créer un changement.
Alors que votre force mentale augmentera, vous réaliserez que tout le
monde n’est pas intéressé par un développement de la force mentale. Vous
ne pouvez pas forcer quelqu’un à changer sa vie, ce doit être une décision
strictement personnelle. Mais au lieu de vous plaindre de ces individus qui
manquent de force mentale, efforcez-vous d’être un modèle pour les autres.
Apprenez à vos enfants à être forts mentalement, car ce n’est pas une
compétence qu’ils acquerront dans le monde extérieur. Mais si vous faites
tout ce qui est en votre pouvoir pour devenir la meilleure personne possible,
votre entourage – y compris vos enfants – le remarqueront.

LES FRUITS DE VOTRE TRAVAIL


Lawrence Lemieux est un navigateur canadien qui a participé à deux séries
de Jeux olympiques. Il naviguait depuis l’enfance et, en 1970, il tomba
amoureux de la course en solitaire. Il s’entraîna durement pour améliorer
ses compétences et commença la course en compétition. En 1988, il se
rendit aux Jeux olympiques de Séoul où ses chances de remporter une
médaille étaient élevées.
Le jour de la course, les conditions météorologiques furent peu
clémentes. De forts vents associés à des courants rapides provoquèrent des
vagues inhabituellement fortes. En dépit de ces conditions défavorables,
Lemieux réussit à prendre une légère avance. Mais les vagues de deux
mètres cinquante empêchaient de voir les bouées fluorescentes qui
délimitaient le tracé de la course et il en rata une. Il dut revenir sur ses pas
avant de reprendre la course. Malgré ce contretemps, il réussit à conserver
la deuxième place et pouvait encore prétendre remporter une médaille.
Alors qu’il continuait à avancer, il remarqua que le dériveur de l’équipe
de deux Singapouriens s’était retourné. Un des hommes était sérieusement
blessé et se cramponnait à la coque de son bateau alors que le second
commençait à s’en éloigner. En raison des conditions maritimes ce jour-là,
Lemieux sut que cet homme pourrait facilement partir à la dérive avant que
les secours n’arrivent sur les lieux. En dépit des années qu’il avait passées à
s’entraîner pour préparer cette course, Lemieux n’hésita pas une seconde. Il
fit demi-tour et secourut les navigateurs singapouriens et attendit avec eux
jusqu’à ce qu’ils soient pris en charge par la marine coréenne.
Lemieux reprit la course, mais il était trop tard pour qu’il puisse
remporter une médaille. Il finit à la vingt-deuxième place. Lors de la
cérémonie de remise des médailles, le président du Comité international
olympique lui remit la médaille Pierre de Coubertin pour saluer son esprit
sportif, dont il avait fait preuve en se sacrifiant, et son immense courage.
Lemieux n’avait pas besoin pour son amour-propre d’une médaille d’or
qui lui donnerait le sentiment de la victoire. Il n’eut pas l’impression que le
monde – ou les Jeux olympiques – lui était redevable de quoi que ce soit. Sa
force mentale lui permettait de vivre en accord avec ses valeurs, de choisir
d’accomplir ce qui lui semblait être le mieux, même si cela voulait dire
manquer son objectif initial.
Développer sa force mentale, ce n’est pas devenir le meilleur dans tous
les domaines possibles. Ce n’est pas non plus gagner le plus d’argent ou
accomplir les plus grands exploits. Développer sa force mentale, c’est
savoir que vous vous en sortirez en dépit des circonstances : de sérieux
ennuis personnels, une crise financière, une tragédie familiale. Armé d’une
grande force mentale, vous saurez que vous pourrez affronter tous les aléas
de la vie. Non seulement vous serez prêt à livrer bataille contre les dures
réalités de la vie, mais vous le ferez en accord avec vos valeurs, quelles que
soient les obstacles qui se dresseront sur votre route.
En devenant plus fort mentalement, vous deviendrez un être meilleur,
aurez le courage de faire ce qui est juste et vivrez en accord avec qui vous
êtes et ce que vous êtes capable d’accomplir.
Remerciements
De nombreuses personnes m’ont assistée dans la rédaction de ce livre.
Je souhaiterais commencer par remercier Cheryl Snapp Conner qui a joué
un rôle-clé en m’aidant à parler de la force mentale. Il est fort probable que
la volonté de Cheryl de faire connaître mon travail a permis de retenir
l’attention de mon incroyable agent, Stacey Glick. Stacey a cru en ce projet
depuis ses premières heures et je lui suis reconnaissante de l’aide qu’elle a
su m’apporter durant toutes les étapes de la réalisation.
Je tiens également à remercier mon éditrice, Amy Bendell, et son
assistante d’édition, Paige Hazzan, pour leur contribution éclairée et leurs
conseils d’écriture.
Je suis extrêmement reconnaissante envers mes amis et les connaissances
qui m’ont généreusement laissée les interviewer et partager leurs histoires
personnelles : Alicia Theriault, Heather Von St. James, Mary Deming, Mose
Gingerich, Peter Bookman et Lindsey Turner.
Je souhaite également remercier les amis et membres de ma famille pour
leur immense soutien. Un remerciement spécial à mes amis de toujours,
Melissa Shim, Alyson Saunders et Emily Morrison qui m’ont encouragée à
faire part de mon histoire. Un double remerciement à Emily dont les
observations et les conseils éditoriaux ont été très appréciés. Je suis
également extrêmement reconnaissante envers mes collègues de Health
Access Network pour leur soutien tout au long de mes efforts d’écriture.
Je tiens également à remercier mon mari, Stephen Hasty, la personne la
plus patiente qui soit, pour tout ce qu’il a pu faire pour que ce livre voie le
jour. Et enfin, je suis reconnaissante envers mes parents, Richard et Cindy
Hunt, ma sœur Kimberly House et envers tous ceux qui auront été des
modèles importants, dans le passé ou le présent, et qui m’ont incitée à
m’améliorer.

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