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dans la pensée
d'Ernst Bloch
Collection Hermann - Philosophie
dirigée par Roger Bruyeron et Arthur Cohen
Une première version de ce livre est parue en 1985 aux éditions Aubier.
Figures de l'utopie
dans la pensée
d'Ernst Bloch
HERMANN Philosophie
Depuis 1876
Préface à la présente édition
12. Cf. Emst Bloch, Le Principe Espérance, 1.1 .Gallimard, Paris, 1976, p. 248
sq.
13. Lévinas, Emmanuel, De Dieu qui vient à l'idée, Paris, Vrin, 1986, p. 63.
XII
Amo Munster
Paris, le 13 janvier 2009.
16. Emst Bloch, Karl Marx, aufrechter Gang, konkrete Utopie, in, du même
auteur, Ober Karl Marx, Francfort, Suhrkamp, 1968; Cf. aussi : Amo Munster,
L'utopie concrète d'Ernst Bloch, Une biographie, Kimé, Paris, 2001, p. 24-25.
17. Cf. Emst Bloch, Le Principe Espérance, t. III (Les images-souhaits de l'instant
exaucé), trad. F. Wuilmart, Gallimard, Paris, 1991, p. 560.
18. Emst Bloch, Ober Karl Marx, p. 177; Amo Munster, L'utopie concrète
d'Ernst Bloch, p. 25.
Figures de l'utopie
dans la pensée
d'Ernst Bloch
INTRODUCTION
Aid.
Paris, le 7 janvier 1984
AVERTISSEMENT
Compte tenu du bit que l'auteur a déjà conotai un ouvrage destiné exclunve-
ment à l'ouvre de feuneae d'Emit Bloch - Cf. à ce propoi notre livre : « Utopi
JUMMBMII und ApokdyptetonFràhwerk von Emit Bloch », Francfort, Suhr
kamp, 1982 - , la dimension et lei (paries de < L'etprlt de l'utopie » (1918/23) ne
•ont que tris périphériquement abanlés danf cette étude consaaée pmque exclu-
sivement à t'ouvre de maturité. Seuil le* chapitiei VII et VIII font encore allusion
à cette première période, uni être pour autant la traduction littérale des chapitres
respectifs de l'ouvrage précédent
AJ4.
Le texte du chapitre 6 « Le messianisme Juif dans la peuée d'Emit Bloch > est
identique i celui de mon article publié, soui le- même titre, dans la revue « Archiva
det Science/ Sodalei det Religioni », Pari», 1982; celui du chapitre VIII « Emst
Blodi et Walter Benjamin: éléments d'analyre d'une amitié difficOe » était destiné
à la publication dans le n° 69-70 de la revue t L'Homme et la Société » (1983).
« Une esthétique de l'anticipation » (ch. VI) a été écrite pour le n° 9 de la « Revue
Esthétique » (Privât, Toulouse, 1984Xn0 spécial: Adomo).
Nous remercions les directeurs responsables des revues pour l'autorisation de
reproduction.
CHAPITRE PREMIER
Topos « Utopia »
moment de sa destruction).
Si Bloch fait presque immédiatement, dans son aperçu histo-
rique et son schéma classificateur des utopies, le lien entre
« l'Etat de Soleil » de Campanella et le saint-simonisme5 5 , il le
fait, sans aucun doute, à cause de cette surprenante convergence
des deux doctrines utopiques dans l'affirmation du principe du
centralisme étatique. Malgré son éloge de l'industrialisme, mal-
gré sa critique radicale de la société féodale et son culte de la
société industrielle moderne et des sciences, la pensée de Saint-
Simon, affirme Bloch, révélé une certaine affinité avec les doc-
trines de certains penseurs traditionalistes (conservateurs) de
la Restauration 56 , comme de Bonald et Joseph de Maistre,
dans le « pathos de l'ordre » et le pathos d'une vision sociale
identifiée à un collectif centralisé (dont le Moyen Age servit de
modèle pour ces derniers penseurs). Comparée à la critique de
la société capitaliste formulée par Charles Fourier, la critique
saint-simonienne serait donc arriérée, mais en même temps elle
dépasserait le socialisme associatif et fédératif du fouriérisme
par son fétichisme d'organisation. Selon Bloch, cette apologie
de l'ordre — étatique — industriel chez Saint-Simon était dictée
par le seul désir de juguler au maximum l'anarchie de l'essor in-
dustriel et de contenir les forces productives déchaînées par une
hiérarchie nouvelle régie du haut d'une institution gouverne-
mentale centralisée: la «capacité administrative» 57 . Pour
dénoncer ce qu'il appelle le « social-papisme » saint-simonien,
Bloch se réfère directement au « Nouveau Christianisme » :
« L'autorité intellectuelle que détenait le clergé au Moyen Age
incombe maintenant aux savants et aux chercheurs ; l'Etat indus-
triel organisé devient irrévocablement éternellement — « l'Eglise
de l'intelligence ». C'est un grand-prêtre social, une espèce de
pape de l'industrie qui en sera à la tête, c'est l'esprit d'un chris-
tianisme rajeuni qui l'animera et la dirigera. Ce sont là autant
d'idées qui, une génération plus tard, resurgirent dans la der-
nière période de la philosophie d'Auguste Comte, et elles n'ont
cessé de nourrir les rêves fantastiques de mariage entre un socia-
lisme saint et un Vatican profane. 5 8 »
Tout en soulignant que ce fondement semi-archaïque, semi-
progressiste d'un socialisme d'Etat aurait trouvé son prolonge-
ment historique — involontaire — dans la coquetterie de Lassalle
avec Bismarck et « dans les multiples combinaisons de prossia-
nisme et de socialisme », de capital d'Etat et de socialisme 59 ,
Bloch démontre aussi que « l'Eglise de l'intelligence » saint-
simonienne n'est qu'un développement et une réédition
L'utopie de la conscience anticipante 57
Utopie et religion
Utopie concrète
INCONSCIENT OU : NON-ENCORE-CONSCIENT ?
(Bloch et Freud)
ERNST BLOCH
ET LES XI THESES DE MARX SUR FEUERBACH*
LE MESSIANISME JUIF
DANS L'ŒUVRE DE JEUNESSE D'ERNST BLOCH*
avril 1919, le laissa indifférent, mis à part le fait qu'il fut très
ému, ultérieurement, d'apprendre l'arrestation de Félix Noeg-
gerath, qu'il estimait hautement pour ses idées philosophiques,
accusé d'avoir participé à cette fondation. De même l'avène-
ment d'un légime communiste en Hongrie ne l'émeut guère, et
il paria à ce propos « d'égarement infantile » ; cependant, il se
faisait du souci pour le sort de Georg Lukàcs, l'ami le plus
intime d'Ernst Bloch, dont on pensait alors (à tort) qu'il avait
été arrêté et risquait même d'être fusillé » ' 8 (G. Scholem,
Walter Benjamin, Histoire d'une amitié, Paris, Calmann-Lévy,
1981, p. 98-99). Or, Emst Bloch, très influencé depuis 1917
par les idées philosophiques et politiques de Gustav Landauer
qui joua un rôle éminent dans la République des Conseils de
Bavière et dont il s'inspira pour formuler son propre projet
mystique-utopico-révolutionnaire (Cf. E. Bloch : Thomas
Mùnzer, théologien de la Révolution) se sentait déjà, à ce mo-
ment, politiquement très proche du mouvement spartakiste et
ne cachait pas son admiration pour la révolution bolchévique
en Russie et pour Lénine. Comme Georg Lukàcs, mais beaucoup
moins influencé par le sorélisme que ce dernier, il voit dans ces
mouvements insurrectionnels la chance réelle pour l'avènement
d'une nouvelle ère de l'humanité — libérée désormais des chaî-
nes de l'oppression, le triomphe d'une tendance sous-jacente
mystique-utopico-révolutionnaire dans l'histoire, un grand mo-
ment historique pour la réalisation d'une nouvelle éthique uto-
pico-romantique-révolutionnaire, authentiquement fraternelle.
Or, y/. Benjamin resta à ce moment indifférent à l'égard des
idées de Landauer, il récusait Martin Buber 19 (dont les « Trois
discours sur le judaïsme » avaient cependant influencé G. Lan-
dauer lors de la rédaction de son « Appel au socialisme »
(Aufruf zum Sozialismus, 1911) et se tint apparemment à
l'écart des activités bolchéviques-léninistes et spartakistes qui
commençaient à pénétrer dans l'horizon de l'intelligentsia de
gauche allemande en 1918/19. Ignorant « Tactique et Ethique »
et l'engagement politique de G. Lukàcs dans la République des
Conseils hongrois, en 1919, il n'avait de l'estime que pour le
Lukàcs pré-marxiste, auteur de la « Métaphysique de la tragé-
die » et de la « Théorie du roman » et comme le signale Scho-
lem, c 'est « dans le volume des « Ecrits politiques » de
Dostoïevski (qu'il possédait dans l'édition Piper), qu'il voyait
l'écrit politique moderne le plus important qu'il connût»20
(G. Scholem, op. cit., p. 98/99). Bien entendu, Ernst Bloch a
été, lui aussi, sensible au mysticisme russe à la Dostoïevski
1S 0 Figures de l'u topie dans la pensée d'Ernst Bloch
une tonalité venant déjà d'un autre monde. Puis, la musique re-
tourne brusquement vers l'acte de la liberté, vers la Marseillaise
chantée sur les ruines de la Bastille prise d'assaut. Le grand mo-
ment est arrivé: l'étoile de l'espérance accomplie ici et mainte-
nant. Léonore libère Florestan de ses chaînes: « O Dieu, quel
moment ! » — et exactement sur ces paroles transformées par
Beethoven en métaphysique un chant se lève qui serait digne de
ne jamais attendre la fin de son ad-venant. Puis, un brusque
changement de tonalité au début (de la prochaine séquence);
une mélodie de hautbois exprimant l'accomplissement, la réa-
lisation (de l'espoir) dans un sostenuto assai d'un temps immo-
bilisé devenu le « moment ». Chaque prise de la bastille future
[ - conclut Ernst Bloch — ] est intentionellement présente dans
ce « Fidelio » ; une matière d'identité humaine remplit l'espace
musical dans le sostenuto assai, et le presto du chœur final ne
rajoute que le reflet, le triomphe de Léonore en tant que « Ma-
ria militans ». La musique de Beethoven est chiliaste, et la
forme de « l'opéra de sauvetage » (qui n'était pas rare à l'épo-
que) n'était que la matière extérieure pour la moralité de cette
musique. Et la figure de Pizzaro n'est-elle pas formée d'après
les traits de pharao, d'Hérode, de Ge/îler, du démon de l'hiver,
voire du satan de la gnose qui jeta l'homme dans la prison du
monde et y continue de la tenir prisonnier ? Comme nulle part
ailleurs, la musique devient ici aurore, une aurore guerrière-
religieuse annonçant le jour déjà audible comme s'il était déjà
plus que simple espérance. Ici elle brille comme œuvre humaine
pure, comme une œuvre encore complètement inconnue dans le
milieu qui entourait Beethoven, homme solitaire. Ainsi, la mu-
sique a sa place aux frontières de l'humanité, mais à ces fron-
tières seulement où l'humanité est en train de renaître avec un
nouveau langage et avec une aura d'appel d'une intensité réali-
sée, d'un monde devenu c nous ». Et c'est précisément cet ordre
nouveau dans l'expression musicale qui signifie maison, cristal,
étoile d'une liberté future, comme monde nouveau 61 .
Annexe I
ERNST BLOCH :
L'HOMME ET SON OEUVRE
NOTICE BIOGRAPHIQUE*
Annexe II
Zurich, le 30.4.34
Cher Walter,
* Cette lettre n'a été découverte que l'année dernière aux Archives Walter Benja-
min de Berlin-Est et transmise à l'auteur de cet ouvrage par les soins de Madame
Karola Bloch. (A.M.)
Annexes 181
rant de cette année. Même si notre pensée suit des chemins de plus en plus
différents, même si la volonté encyclopédique s'éloigne de plus en plus de
la volonté intermittente et si l'intermittence qui reste a un regard différent
et regarde dans une toute autre direction, cela n'est apparemment pas suf-
fisant pour aliéner complètement ceux qui font ce chemin aussi longtemps
qu'ils croient avoir une obligeance quelconque à l'égard des « éléments de
l'eschatologie »4 qui sont, certes, partout enrobés, mais qui n'ont pas
encore partout (diable !) résurgis.
Gallimard, 1982.
3) Entretiens:
(6 entretiens avec Ernst Bloch) éd., annotés et présentés par Amo Munster,
Francfort, Suhrkamp, 1977.
4) Correspondance :
5) Hommages:
Introduction
1. Cf. Adomo, Th.W. : Stichworte. Kritische Modelle II, Francfort,
1969, p. 16 (« Interventions », Modèles critiques » II, traduit de l'alle-
mand par Marc Jimenez, Paris, Payot, 1984).
2. Cf. Adomo, Th.W., op. cit., p. 16.
3. Cf. Adomo, Th.W.: « Blochs Spuren » (recension de la réédition
des « Traces » d'Ernst Bloch), in: « Noten ZUT Literatur II », Francfort,
1965, pp. 131-151 ;p. 144.
4. Cf. Adomo: Stichworte..., p. 16.
5. Malgré la teneur catégorique de sa critique, Adomo est cependant
obligé de constater qu'« il est un des rares philosophes qui ne résistent pas
devant l'idée d'un monde sans pouvoir et sans hiérarchie »... et qui, en tant
qu'« hérétique de la dialectique ne se contente pas avec la thise matéria-
liste qu'on ne doit pas se faire une image de la société sans classes. » (Ador-
no, op. cit., p. 150).
6. Cf. Emst Bloch : Kritische Erôiterungen iiber Rickert und das Pro-
blem der modemen Erkenntnistheorie, (Considérations critiques sur
Rickert et le problème de la théorie de la connaissance moderne), Wûrz-
bourg (Thèse) (1908) Ludwighafen, 1909.
7. Cf. Adomo, Th.W.: Stichworte... (Interventions critiques, II) p. 18.
8. Cf. Adorno, Th.W.: op. cit., p. 19.
9. Pour la critique formulée par Emst Bloch à l'égard du « système
clos » chez Hegel Cf. le chapitre « L'Homme, Pan dans le système, ouver-
ture », in : « Sujet-objet. Considérations sur Hegel > (traduit de l'allemand
par Maurice de Gandillac (...), Paris, Gallimard, 1978.
10. Cf. Emst Bloch: Héritage de ce temps, traduit de l'allemand par
Jean Lacoste, Paris, Payot 1978, pp. 294 sqq. ; pp. 304-324.
11. Cf. Ernst Bloch: Thomas Mùnzer - Théologien de la Révolution,
traduit de l'allemand par Maurice de Gandillac, Paris, U.G.E., 1968,
pp. 50-60.
12. Cf. Ernst Bloch: Le Principe Espérance, tomel, Paris, Gallimard,
1976, pp. 345-380.
13. Cf. Emst Bloch: Le Principe Espérance, traduit de l'allemand par
1S 0 Figures de l'u topie dans la pensée d'ErnstBloch
Chapitre I
1. Cf. Lowy Michael: Messianisme juif et utopies libertaires en Europe
Centrale (1905-1923), in: « Archives de Sciences Sociales des Religions »
n° 51, 1, 1981.
2. Cf. Lôwy, op. cit.
3. Ce petit fragment philosophique d'Ernst Bloch est publié en tête du
volume 10 des Oeuvres complètes publiées aux éditions Suhrkamp « Philo-
sophische Aufsâtze zur objektiven Phantasie » (Essais philosophiques sur
l'imagination objective), Francfort 1969, p. 5. (Les « Essais philosophi-
ques » n'ont pas encore été traduits en français.)
4. Bloch Ernst : op. cit., p. 5.
Cf. Bloch Ernst : Le principe Espérance, traduit de l'allemand par Fran-
çoise Wuilmart, tome I, Paris 1976, pp. 143-216.
6. Rappelons à ce propos que H. Bergson écrit textuellement dans
l'ouvrage précité : < Ce qui fait de Yespérance un plaisir si intense, c'est que
l'avertir dont nous disposons à notre gré, nous apparaît en même temps
Notes 193
Chapitre II
1. Cette conférence est reproduite dans le recueil c Abschied von der
Utopie ? » (Adieu à l'Utopie ?) (Conférences), éd. par Hanna Gekle,
Francfort, Suhrkamp, 1980, pp. 41 sq.
2. Le tome III du Principe Espérance — concluant ce gigantesque
exposé méthodique sur les < rêves d'un monde meilleur > par un chapitre
sur le « rêver en avant » et sur < Karl Marx et Fhumanité » - n'a pas
encore été publié en traduction française.
3. Cf. Emst Bloch: Le Principe Espérance, tome I, trad. de Tallemand
par Françoise Wuilmart, Paris, Gallimard 1976, pp. 99 sq. - Dans sa dé-
finition du « rêve diurne », Bloch refuse de considérer le rêve éveillé
comme le simple « prélude au rêve nocturne », en soulignant que le < moi
du rêve diurne est... bien éveillé,... animé de vie et d'élans ». (Ibid., p. 114)
< L'auteur des rêves éveillés », conclut Bloch, < est animé de la volonté
d'une vie meilleure; cette volonté demeure consciente, bien qu'à des
degrés variables d'intensité » (Ibid., p. 114).
4. Cf. Enut Bloch: Abschied von der Utopie ?, p. 44 sq. ; Le Principe
Espérance, tome I, Paris, 1976, pp. 116 sqq.
5. Cf. Emst Bloch, Abschied von der Utopie ?, pp. 44-45.
6. Ibid., p. 45.
7. Ibid., p. 45.
8. Ibid., p. 45.
9. Ibid., p. 46.
10. Ibid., p. 46-47.
11. Ibid., p. 47.
12. Cf. Platon : Menon, in : Oeuvres complètes (traduction et notes par
Léon Robin), tome I, Paris, Gallimard, 1950, pp. 529-530.
13. Cet ouvrage d'Auguste Blanqui fut écrit pendant sa détention au
Fort de Taureau (en Bretagne) entre mai et octobre 1871.
1S 0 Figures del'utopie dans la pensée d'Ernst Bloch
« Darum eben ist Marxismus nicht keine Utopie, sondent das Novum des
aktuell vennittelten Nah- wie Endziels einer konkreten Utopie. Ohne
abstrakte Schwârmerei, aber mit Phantasie in erforschter Nâtae und zu-
gleich praktisch betriebenem Endziel. Ohne Reue nachher, mit Theorie-
Praxis eines dauemden Humanum und dem Ding an sich als Ding fur uns. »
(«.C'est pourquoi le marxisme n'est pas une non-utopie, mais le novum
du but proche et du but lointain d'une utopie concrète médiatisée dans
l'actualité; sans exaltation abstraite, mais avec de l'imagination dans la
proximitée recherchée et un but final envisagé par la pratique. Sans re-
pentir ultérieur et avec la pratique théorique d'un humain permanent et
de la chose-en-soi en tant que chose-pour-nous. ») (Op. cit., p. 417.)
129. Cf. Aristote : Métaphysique, Livre 8, 1, tome II, commenté par
J. Tricot, Paris, J. Vrin, 1964, pp. 481 sq.
130. Cf. Bloch, Abschied von der Utopie, p. 71; Le Principe Espé-
rance, tome III (éd. allemande), Francfort 1959, p. 1 109.
131. Cf. Emst Bloch: Experimentum Mundi, traduit de l'allemand
par G. Raulet, Paris, 1981.
132. Bloch: Philosophische Grundfragen zur Ontologie des Noch-
nicht-Seins (Questions philosophiques fondamentales au sujet de l'on-
tologie du non-encore-étre), Francfort 1961, p. 17-18.
133. Cf. Le Principe Espérance, tome I, Paris 1976, pp. 272 sq.
134. Cf. op. cit., pp. 142 sqq. («La découverte du non-encore-
conscient ou de l'aube vers l'avant >, etc.)
135. Cf. Bahr (Hans-Dieter) : Ontologie und Utopie (Ontologie et
Utopie), in : Schmidt, B. (éd.), Materialien zu Emst Blochs < Prinzip
Hoffnung », Francfort 1978, pp. 291-305.
136. Bahr, op. cit., p. 292-293.
137. Bahr, op. cit., p. 296.
138. Bahr, op. cit., p. 295.
139. Bahr, op. cit., p. 295-296.
140. Cf. Emst Bloch: Le Principe Espérance, tome I, Paris, 1976,
P. 87 sq.
141. Cf. op. cit., tome I, p. 360.
142. Cf. Bloch: Philosophische Grundfragen..., p. 19.
143. Cf. Bloch : Le Principe Espérance, tome I, p. 363.
144. Cf. Heidegger Martin : L'Etre et le temps*, Gallimard, 1964.
145. E. Bloch: Le Principe Espérance, p. 378; Bloch explique claire-
ment que < le contenu essentiel de l'espérance n'est pas l'espérance ;
c'est justement par son refus de voir celle-ci déçue qu'il est Etre-là non
distancé, qu'il est présent. L'utopie n'est à l'œuvre qu'en considération
du présent qu'elle veut atteindre, et le présent ultime qui est la non-distan-
ce recherchée en fin de compte, rayonne à l'horizon de toutes les utopies
encore lointaines. » (Op. cit., pp. 377-378).
Chapitre III
1. Cf. Le Principe Espérance, tome I, pp. 248 sq.
2. Bloch souligne que la « possibilité réelle » a toujours comme corré-
latif < la matière dialectique ». « La possibilité réelle n'est que l'expression
logique de la conditionnalité matérielle suffisante d'une part, de l'ouver-
ture matérielle (la matière étant un giron non épuisé) d'autre part. » (Op.
cit., p. 249).
3. Cf. Bloch, op. cit., pp. 75 sqq. - Bloch reproche à Jung, entre au-
tres, d'avoir recouvert la libido de Freud d'une sorte de « patine mythi-
que » (Cf. op. cit., p. 75).
4. Quant i la critique des théories d'Alfred Adler pour qui « le ressort
pulsionnel fondamental dans l'homme est sa volonté de puissance, qui
se fonde sur une base bisexuelle: la volonté primaire de l'homme... de
vaincre et de dominer », Cf. Bloch, op. cit., p. 75-76.
5. Cf. Bloch, op. cit., p. 56-58.
6. Cf. Bloch, op. cit., p. 45.
7. Cf. op. cit., p. 87.
8. Cf. op. cit., p. 33.
9. L'introduction à « Experimentum Mundi » commence presque par
la même formule : « Qu'en est-il 7 Je suis. Mais je ne me possède pas. Du
même coup nous ne savons nullement ce que nous sommes: tout est
encore trop plein de ce quelque chose qui nous manque. » (Op. cit., p. 8).
10. Cf. op. cit., p. 61.
11. Cf. op. cit., p. 62.
12. Op. cit., p. 64.
13. Op. cit., p. 63.
14. Op. cit., p. 63.
15. Cf. Freud Sigmund : Trois Essais sur la théorie sexuelle, Ges. Werke
(Oeuvres complètes éd. allemande), voL V, p. 67.
16. Ibid.
17. Un aspect important de la critique biochienne de la psychanalyse
freudienne est la mise en cause du concept freudien du lien entre le « Ça et
la Libido ». A ce sujet Bloch remarque: « Quant à la psychanalyse, elle est
* l'instrument qui doit permettre au Moi de conquérir progressivement le
Ça. » Ce qui équivaut une fois encore à relâcher la bride à la libido, à lui
reconnaître une fois encore son caractère de pulsion fondamentale que ni
les refoulements n'ont réussi i tempérer, ni les liens nouveaux avec l'Idéal
du Moi ne sont parvenus à mater. Ce que Freud veut, c'est amener la rai-
son à jeter la lumière sur le refoulé, l'inconscient, purgeant de la sorte
l'homme de ses résidus d'hypocrisie dans lesquels serait enfouie la cause
véritable de toute névrose. Mais le jour qui doit alors se lever, ne luira que
dans les limites d'une libido privée et du « malaise » d'une culture à la-
quelle rien ne semble manquer, si ce n'est le souffle assainissant de la psy-
chanalyse. » (E. Bloch : Le Principe Espérance, tome I, p. 71.)
18. Cf. op. cit., p. 74.
19. Cf. Freud Sigmund: Der Witz und seine Beziehungzum Unbewuss-
ten (La blague et son rapport avec l'inconscient), éd. allemande, S. Fischer,
Francfort 1958, p. 180.
20. Bloch, op. cit., p. 145.
Notes 203
Chapitre IV
Chapitre V
1. Cf. Bloch Emst: L'Esprit de IVtopie (1923), Gallimard 1976,
p. 15 sq.; Cf. aussi: Steinacker-Berghâuser, Klaus-Peter: Das Verhâltnis
der Philosophie Ernst Blochs zur Mystik, Marburg, 1973, p. 248.
2. Pour Schelling (Cf. Les Ages du monde version première) l'auto-
constriction de Dieu a la valeur d'un principe générateur universel. < L'ori-
gine est dans l'attraction. Tout, l'étant, est contraction » dit-il dans les
Ages... Comme le montre Habennas dans le chapitre consacré à l'analyse
de la philosophie de Schelling de < Théorie et Pratique », cette auto-
constriction divine a la signification suivante: à l'origine (du monde) se
trouve l'Absolu d'un Dieu enfermé sur son propre être — une espèce de
première création de Dieu par lui-même. La seconde création du monde
(celle qui engendrera le monde dans son « idéalité ») ne se fera que lorsque
la lutte entre les principes qui éclate & cause de la contradiction de Dieu
devient décisive. Comme les auteurs de la Kabbale, Schelling explique cette
capacité auto-constrictive divine par la colère de Dieu ; car, < comme
l'homme n'est pas fait que par l'amour, Dieu ne l'est pas non plus. Si Dieu
est amour, il est aussi colère, et c'est cette colère en tant que puissance
propre de Dieu qui garantit l'amour ». (Schelling, Oeuvres, éd. allemande,
vol. IV, p. 331). Pour Schelling, cette puissance constrictive devient le
principe fondateur de toute existence. (Cf. Jûrgen Habennas: Théorie et
Pratique (Theorie und Praxis), Francfort, 1978, p. 187.)
3. Cf. Steinacker-BergMuser (Klaus-Peter) : Das Verhâltnis der Philo-
sophie Emst Blochs zur Mystik, Marbourg, 1973, p. 249.
4. Cf. Anton F. Christen : Emst Blochs Metaphysik der Materie, Bonn,
1979, p. 9.
5. Anton F. Christen : op. cit., p. 36-37.
6. Christen, op. cit., p. 36-37.
7. Christen, op. cit., p. 36-37.
8. Cf. Michael Lôwy : Messianisme juif et utopies libertaires en Europe
centrale (1905-1923), in < Archives de Sciences Sociales des Religions »
n° 51/1 - 1981, p. 32.
9. Christen: op. cit., p. 37-38.
10. Gustav Landauer (1878-1919): Skepsis und Mystik, Berlin (1903);
— Aufruf zum Sozialùmus (Berlin, 1911) (.Appel au socialisme)-, Der
werdende Meruch (L'Homme en devenir), Postdam, 1921); Die Révolu-
tion (Francfort 1907) (La Révolution) (rééditée an 1974 avec une pré-
face d'Harry Pross et l'essai biographique d'Erich Mûhsam c Der revolu-
tionare Mensch Gustav Landauer » (Gustav Landauer — homme révolu-
tionnaire) aux éditions Karin Kramer - Berlin-Ouest.
11. Cf. fiuber, Martin: Confessions extatiques, Berlin s.d.: Vom Geist
des Judentums (De l'Esprit du judaïsme. Discours. Leipzig 1918; Seher-
tum (Le visionnaire) (Cologne/Olten, 1955); Le socialisme utopique (Der
utopische Sozialismus) (Cologne 1967); Gustav Landauer. Sein Leberu
werk in Briefen, Gustav Landauer, biographie épistolaire) (2 vol., Franc-
fort 1929).
12. Cet essai d'Emst Bloch a été republié - sous le titre modifié < Uber
einige Friedensprogramme in der Schweiz » (1918) (A propos de quelques
programmes pacifistes en Suisse) in: Emst Bloch: Politische Messungen,
206 Figures de l'utopie dam la pensée d'Emst Bloch
Chapitre VI
1. Cest en 1908 qu'Ernst Bloch soutient sa Thèse, chez Oswald Kttlpe,
à Wûrzbourg, sur l'œuvre du néo-kantien Rickert: « Rickert und das
Problem der modemen Erkenntnistheorie » (Rickert et le problème de la
théorie de la connaissance (de l'épistémologie moderne), — thèse dans
laquelle il essaie de mettre en relief les limites et les failles de l'épistémo-
logie néo-kantienne et de lui opposer aussi une autre conception de la
philosophie de l'histoire — plus « hégélienne ». (Des extraits significatifs de
ce premier texte philosophique cohérent d'Ernst Bloch ont été publiés
Notes 209
Chapitre VIII
1. Cf. Th.W. Adomo: Théorie esthétique, traduit de l'allemand par
Marc Jimenez, Paris, Klincksieck 1974. Dans son introduction à l'édition
française de la Théorie Esthétique, Marc Jimenez Tésume bien le sociolo-
gisme historique de l'approche addmienne, en soulignant, que, d'après
Adomo, < le sursis de l'art dépend de la vivacité du souvenir qu'il gaTde
de la souffrance accumulée, au cours de l'histoire. Mais ce programme, en
apparence réconciliateur à l'égard de la domination, n'exclut pas que l'art
témoigne des possibilités d'une société véritablement libérée. » (op. cit.,
p. 7).
2. Cf. Lukàcs Georg: Asthetik, vol. I-IV, éd. Luchterhand, Neuwied et
Berlin, 1963, 1972. Dans sa grande esthétique — qui est restée inachevée
- Lukàcs essaie de déterminer les constantes de l'esthétique en leur rap-
port dialectique avec la totalité de l'activité humaine, sur le plan historique
et social. A l'inverse d'Adomo, il souligne le caractère mimétique de l'art
qu'il définit prioritairement comme le souvenir s'objectivant et créateur de
l'humanité.
3. Cf. Adomo: Théorie Esthétique, p. 14.
4. Dans ses « Thèses sur la sociologie de l'art » Adomo va jusqu'à affir-
mer que < le contenu social des œuvres d'art s'exprime souvent, face à des
formes de conscience conventionnelles et pétrifiées, précisément dans la
protestation contre la réception sociale. » (Adomo: Ohne Leitbild, Parva
Asthetica, Francfort, 1968, p. 97).
5. Selon Adomo, « l'art nie les définitions imprimées dans la réalité
empirique sous forme de catégories et recèle cependant, dans sa propre
substance, un Etat empirique ». (Théorie Esthétique, p. 14).
6. Cf. Adomo, Théorie Esthétique, p. 197.
7. Cf. Ueding, Gert (édit.): Ernst Bloch. Asthetik des Vorscheins 1
(Introduction), Francfort, 1974, p. 7-27.
8. Cf. G. Ueding, op. cit., p. 22.
_9. Cf. Emst Bloch: Le Principe Espérance, tome III, chapitre 51:
« Ûberschreitung und intensitStsreichste Menschwelt in der Musik »
(< Transgression et monde humain extrêmement intense dans la musi-
que »), Francfort 1959, pp. 1 243-1 297.
10. Cf. Emst Bloch: Le Principe Espérance, Tome I, chapitre 18: € Les
Notes 217
Annexe II
1. Au moment de la rédaction de cette lettre, Karola Bloch, la seconde
femme d'Emst Bloch, était en train d'achever ses études d'architecte à
l'université technique de Zurich (A.M.).
2. Il s'agit très probablement de la traduction du livre Traces (« Spu-
ren ») publié en allemand, en 1930, en espagnol (A.M.).
3. Il s'agit du livre Héritage de ce Temps (< Erbschaft dieser Zeit ») qui
parut en janvier 1935, aux éditions « Oprecht et Helbling » à Zurich
(A.M.).
4. Dans l'original allemand : « Elemente des Endzustands » (A.M.).
TABLE DES MATIERES
Introduction 7
Bibliographie 183
Notes 189