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Rapport de mission 

: Axo

Atlantis pour ISS. Établissement du rapport en temps réel. Pénétration de la stratosphère de l’objet
stellaire Axo, système stellaire Luxius, galaxie Delta. Température extérieure stable, d’environ 3000
degrés Celsius. Inclinaison de la courbe d’atterrissage optimale. Impact dans 17,49 secondes.
Distance estimée de 3 kilomètres. Impact imminent, atterrissage sur la surface d’Axo. Atterrissage
réussi, fin de transmission en vue du début de la reconnaissance géographique.

Je venais donc d’officiellement commencer la mission Taurus. Ma tâche était d’une importance
capitale pour l’avancée technologique de l’humanité. En effet, j’allais faire la découverte d’une
nouvelle planète que les scientifiques soupçonnaient d’abriter une autre forme de vie, peut-être
aussi évoluée que l’humanité terrestre.

Je débutai l’analyse de l’environnement. Je me trouvais en plein milieu d’une plaine verdoyante, la


zone semblant être couverte d’espèces inconnues paraissant à l’état sauvage. Mon système n’en
reconnut aucune, même si la plupart pouvait s’apparenter aux herbes folles que nous connaissions.
Ces dernières étaient mêlées aux buissons et arbres majestueux et verdoyants, étrangement
ressemblant à ceux que nous connaissons. Cet écosystème s’étendait sur quelques centaines de
mètres aux alentours. Plus loin, j’aperçu plusieurs constructions regroupées, d’une superficie
équivalente à une grande capitale terrienne telle que Paris. Plusieurs nouvelles espèces
m’entouraient, m’offrant de longues analyses à réaliser, mais ma priorité étant les nouvelles
civilisations extraterrestres, je décidai donc de me rendre visiter cette cité. J'empruntai la voie
aérienne, afin de m’acquitter de mauvaises rencontres.

J’aperçus en survolant le centre de la ville (que j’ai décidé de qualifier de cité-état) des bâtiments
proéminents regroupés ensemble. Je supposai que ce quartier devait être influent et décidai de me
poser dans un recoin discret et de partir l’investiguer. C’était tôt dans la matinée, d’après l’indice
photovoltaïque de l’étoile Luxius. J’avais observé pendant mon survol plusieurs automates et
machines arpentant les rues. J’en avais donc déduit que ma présence ne créerait aucun mouvement
de foule ni consternation. Les robots ici semblaient dénués d’intelligence artificielle. Était-ce parce
que cette planète n’était pas familière avec cette notion ?

Je notai cette interrogation et poursuivit mon avancée. J’étais dans une rue piétonne, où les citoyens
se pressaient. Par ailleurs, ces derniers étaient des bipèdes, cependant ne ressemblant en rien aux
êtres humains. Je ferais une présentation précise de ces créatures lors de mon rapport au sujet des
habitants. Je remarquai que certains individus étaient plus petits que les autres, sûrement des
enfants. Ils se pressaient tous en direction de la fin de l’allée dans laquelle je me tenais. Certains
étaient à l’écart, surement en train d’étudier des notions ou simplement discuter. Quelle chance !
Cela m’a donné la possibilité de les écouter et d’apprendre leur langage, me donnant maintenant la
possibilité de communiquer. J’aperçus un enfant à part, semblant être moins pressé que les autres. Il
serait donc mon premier contact avec la population. Voici une retranscription détaillée de notre
dialogue :

« Bonjour mon grand » commençai-je.

Il sursauta au son de ma voix, paraissant stupéfait que je sois capable de m’exprimer fluidement.

« Wow, c’est la première fois que je croise une machine capable de parler, et encore moins qu’elle
s’adresse directement à moi… C’est passionnant, pleins de questions me viennent à l’esprit, je ne
sais plus où donner de la tête. Quelle entreprise t’a fabriqué ? Y a-t-il d’autres modèles capables
de dialoguer ? répondit-il hésitant aux premiers abords, puis enthousiaste. J’ai de la chance qu’il soit
si ouvert d’esprit. Est-ce une caractéristique qui lui est propre ou est-elle commune a l’éducation de
cette population ?

-Je suis flatté que tu sois si intéressé par mes origines, cependant je suis venu vers toi car j’ai une
requête. Pourrais-tu m’expliquer vers où les gens de ton âge se dirigent ? Pourquoi semblent-ils si
soucieux les uns des autres ? l’interrogeai-je.

-Ah, ce sont tous des élèves de notre Académie, le grand bâtiment au coin de cette allée. Nos
séances d’études commencent bientôt, il faut d’ailleurs que je me dépêche pour ne pas mettre en
péril l’évolution de notre groupe. Vous savez, nous avons réussi à obtenir un niveau homogène et
nos résultats augmentent progressivement, ce serait dommage de gâcher cela si bêtement. C’est
normal de s’investir pour ses camarades après tout, m’expliqua-t-il en rangeant ses affaires avec un
sourire bienveillant.

-Merci pour ces précisions, tu m’éclaires sur de nombreux sujets, j’en suis sincèrement
reconnaissant. Une dernière chose, tu as parlé de l’évolution de ta classe. Pourquoi es-tu si concerné
par son sort ? Ne devrais-tu pas te concentrer sur ton propre progrès ? »

Il me fixa d’un air interrogatif et surpris. Avais-je dit quelque chose de déplacé ou d’offensant ?

« Mais il en va de la réussite de nos études ! Évidemment, il faut que je sois capable de suivre ma
classe, ne pas la pénaliser, et par conséquent m’améliorer. Tous ces efforts sont effectués pour notre
avancée commune, nous nous entraidons pour nous améliorer mutuellement. L’évaluation de notre
groupe est la clé de notre réussite individuelle ! Sur ce, je dois maintenant y aller. Cet échange fut
particulièrement étrange mais tout de même intéressant. A bientôt ! me salua-t-il
chaleureusement. »

Ce rapide échange fut beaucoup plus enrichissant que ce que j’aurais pu espérer. Maintenant je
connaissais le principe du système éducatif de cette cité-état. Mais les conséquences d’un tel
système devaient être importantes sur la société : la collaboration entrant dans l’éducation de
chaque citoyen, ce principe était surement présent dans la mentalité de chacun, influant sur leur
quotidien et décisions. L’établissement scolaire étant à ma droite, je partis dans la direction opposée
pour continuer mon exploration.

Alors que je parcourais Axo, méditant sur ce que je venais d’apprendre, j’entendis l’animation
propre aux lieux fortement fréquentés. Plus je m’approchais, plus il me semblait que je me dirigeais
vers un marché. Devant moi se trouvait une grande place occupée par des clients, du moins c’était
ce que je présumais, et une cinquantaine d’étals de nourriture en tout genre. Pour la première fois,
je regrettais de ne pas être équipé de capteurs olfactifs : un sourire s’épanouissait sur le visage de
quiconque se trouvait à proximité d’un des stand, signe que l’odeur des aliments présents était un
plaisir incomparable. L’abondance des produits présents était remarquable, de toute formes et
couleurs, on trouvait aussi bien des aliments présents sur Terre, ou du moins similaires, que des
éléments nutritifs qui m’étaient complètement étrangers.

Il me fallait plus de renseignements. Heureusement pour moi, un groupe d'aimables citoyens


semblait disposé à m’apporter son aide. Mes premières interrogations portaient sur le système de
production, agricole particulièrement. Un des citoyens m'expliqua que la création de ressources était
industrialisée, mais que certains labels et normes assuraient leur qualité. C’est alors qu’un camion
arriva, marqué d'un monogramme composé des lettres « USD ». Cet acronyme, qui signifiait « union
solidaire et démocratique », était le symbole d’une organisation qui paraissait se charger de
l’orchestration des relations entre les cités-états. On m’expliqua qu’un de ses buts était de collecter
le surplus de production agricole, afin de le reverser aux cités états les plus nécessiteuses. Ainsi,
chacune pouvait bénéficier d’une quantité de nourriture suffisante malgré une baisse de production,
en raison d’un changement de saison, ou d’une catastrophe naturelle par exemple.

Ces nouvelles informations suscitèrent chez moi de l’incompréhension : comment les aliments
pouvaient-ils être conservés et transportés aussi loin et garder leur aspect initial ? D’après les dires
des habitants d’Axo, une technologie inconnue sur terre permettrait de mettre les aliments en sous
pression afin de les préserver parfaitement, si parfaitement qu’il serait impossible de différencier un
fruit datant du jour même d’un fruit vieux d’un mois. La même politique de redistribution des
ressources supplémentaires s’appliquait aussi aux matériaux, de façon à ce que certaines cités états
puissent se spécialiser dans la production d’un élément en particulier, en fonction de leur
environnement et leurs ressources naturelles. Ici, la verdure était omniprésente et je pris d’abord
cela pour un signe que la cité Etat dans laquelle j’étais se consacrais à l’industrie du bois et
l’exploitation forestière.

Mais il n’en était rien, l’abondance de végétation résultait simplement d’une mesure
environnementale prise auparavant : elle consistait en une restriction drastique de la déforestation.
Le but était de préserver les forêts déjà existantes et d’exploiter uniquement des cultures d’arbres
plantées à cet effet. Mais le plus intéressant dans leurs plantations était qu’elles avaient été
modifiées de telle sorte qu’elles avaient un taux d’absorption du dioxyde de carbone plus élevé que
la normale, d’où la grande qualité de l’air dont j’avais pu faire le constat en arrivant.

L’USD produisait également de l’énergie en utilisant un procédé connu sur Terre, mais faisant partie
de l’ordre du rêve, la fusion nucléaire. Cette technique produit une énergie illimitée, cependant,
pour éviter les débordements, l’USD en limite la distribution et gère la répartition entre les
entreprises et particuliers, qui doivent payer pour l’obtenir. Quelle surprise ! Non seulement ces
citoyens et leurs ancêtres avaient compris et appréhendé ce que nous ne pouvions pas, mais ils
semblaient également vivre des vies satisfaisantes, sans être accablés par les problèmes auxquels
notre monde était confronté. Mais je doutais quand même : cette ville à l’apparence si
extraordinaire devait posséder une faille considérable, un défaut massif ! Il n’était pas possible que
seuls nous, les habitants de la terre, ayons échoué lamentablement à créer quelque chose de
relativement proche du paradis !

Alors que je me demandais si nous nous étions vraiment égarés dans la construction de notre
société, je me déplaçai jusqu’à une immense avenue, autour de laquelle se dressaient fièrement de
nombreux bâtiments publics d’apparence ancienne, mais en parfait état. Tiré de mes moroses
pensées par l’originalité de ces diverses constructions, je décidai d’en visiter une, la plus
majestueuse, dans l’espoir de satisfaire ma soif de connaissances quant à cette ville jusqu’ici
singulière et admirable. Pénétrant dans le bâtiment, je m’aperçus rapidement en arpentant ce
dernier que je venais de m’introduire dans le cœur politique de cette cité-Etat, c’est-à-dire, le
bâtiment dédié aux assemblées et commissions qui la gouvernaient. C’était l’endroit rêvé pour
espérer trouver des textes législatifs qui me renseigneraient sur l’organisation de ce petit paradis, et
c’est avec cette idée en tête que je me mis à chercher une bibliothèque. Enfin, en poussant la bonne
porte, je trouvai ce qui semblait être les réponses à mes nombreuses questions. Du plafond au sol,
dans cette bibliothèque, les murs demeuraient cachés par des livres poussiéreux et usés par le
temps. En m’avançant dans la salle, j’aperçus une carte, étendue au centre d’une table tout aussi
ancienne que la plupart des livres, et, en suspension au-dessus, le système planétaire environnant
ainsi que la représentation de ce que je supposais être les planètes voisines. Je me rendis vite à
l’évidence que les habitants de cette planète avaient su explorer l’espace, aux vues de la place
qu’occupait le modèle dans la pièce. Ces connaissances importantes au niveau de l’espace
expliquaient donc pourquoi les habitants de cette cité ne semblaient ni surpris, ni effrayés par mon
incompréhension de leur société, étant donné que des liens s’étaient clairement établis entre eux et
d’autres civilisations sur différentes planètes. Pendant que j’enregistrais ces découvertes fascinantes
dans ma base de données, je repérai dans le modèle un système correspondant au système solaire,
et observai la troisième planète en partant du soleil. Très détaillée, cette représentation de la terre
comportait même le nom des pays et des capitales, prouvant que ces citoyens avaient connaissance
de notre existence, et avaient peut-être même interrogé l’un d’entre nous afin de collecter les
informations présentes. Etrange, puisque nous n’avions connaissance d’eux qu’uniquement grâce à
nos découvertes et non pas à une tentative de leur part de communiquer. Perplexe mais intrigué, je
continuai cependant ma quête d’informations et choisis dans ce but un livre épais, puis m’assis, et
commençai à déchiffrer ce manuscrit.

Plusieurs heures plus tard, je passai la porte du bâtiment des assemblées en sens inverse et regagnai
la rue. Tant de choses apprises ! Sur cette planète miraculeuse, dans cette cité franchement
formidable, l’entraide, le travail de groupe, l’assistance et l’aide à son prochain étaient des valeurs
incontournables. Là où nous autres habitants de la terre ne pensions qu’à notre propre personne,
ces citoyens trouvaient leur plus grande force dans l’unité des uns et des autres. Depuis la première
année d’éducation, on leur expliquait que certes, la force individuelle, mentale, physique ou autre,
restait importante, mais qu’elle ne valait pas grand-chose lorsque l’on savait ce que peut accomplir
un groupe. Même ceux qui doutaient du système et y voyaient la une forme d’endoctrinement, moi
y compris, étaient obligés de se rendre à l’évidence : cette cité et toutes les autres sur cette planète
avaient réussi à construire l’impossible, une société idéale. La devise, le mot d’ordre de cette société
se définissait par le bien du groupe avant l’individualité, avant le confort excessif de chacun. Cette
entraide collective avait par ailleurs posé les bases de la société : entre chaque cité, la même
idéologie d’assistance semblait mise en place. Les cités-états les plus à l’aise financièrement
donnaient, et non prêtaient, de l’argent au pays plus nécessiteux et lorsqu’une cité-état avait besoin
d’aide, de n’importe quelle nature, tous formaient une alliance et se concertaient afin de répartir les
ressources ou d’échanger les idées de la manière la plus efficace. Un autre point important
concernant la répartition de cet argent était la gestion de l’héritage. J’ai appris que dans cette
société, cette notion n’existait tout bonnement pas. Tout l’argent et biens étaient reversés à
l’autorité de la cité-état, la rendant en possession et responsable de la majeure partie des revenus
que ses citoyens génèrent. Les étudiants au début de leur carrière étaient évidement aidés pour
démarrer leur vie professionnelle. Aussi, le commerce se révélait être une nécessité absolue puisque
chaque cité-état se spécialisait dans la production d’un élément particulier, et devenait donc
soutenu par les autres. La guerre, par exemple, un véritable fléau qui tourmentait les humains
depuis la nuit des temps, devenait impossible dans ce monde.

Le gouvernement des cités-état, composé de plusieurs commissions qui recevaient, de la part du


peuple, les problèmes à résoudre puis décidaient par referendum quelle mesure prendre, était un
système politique efficace, rapide et incorruptible qui pensait avant tout aux mesures d’égalité et
d’équité. Dans cet état d’esprit, l’éducation était gratuite et obligatoire, et les études universitaires,
ou leur équivalent, prises en charge par l’USD puis remboursées en petites quantités à travers des
impôts au cours de la vie des citoyens. L’économie, gérée par le gouvernement de chaque cité-état,
permettait d’égaliser les chances de chacun, puisque l’argent se redistribuait de façon équitable.
Ainsi, la profession que chacun exerçait était le fruit d’études qu’il souhaitait et qu’il avait pu suivre,
grâce à l’argent de la cité-état. Même sur le point du travail, ces citoyens ingénieux avaient réussi à
en faire une passion, notamment grâce à l’avance technologique incroyable qui leur permettait de
s’acquitter des taches peu enviables, de les déléguer à des robots, et de se préoccuper des choses
plus sociales, telles que les sciences humaines, les sciences exactes, la médecine ou encore la
politique.

Ils avaient appris, compris que faire des erreurs est certes une façon de progresser, mais une façon
lente, peu productive. Alors, ils nous avaient observé, nous, la Terre et d’autres planètes, et avaient
appris de notre histoire afin de construire une société plus juste, d’aller de l’avant, sans jamais avoir
de regrets quant aux erreurs du passé.

Alice Andros, Manon Basto, Camille Jacob

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