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L’ALCOOLOGIE ET LES FUTURS MÉDECINS GÉNÉRALISTES FRANÇAIS

Évaluation des connaissances, des pratiques et de la formation reçue en fin


d’internat

Aymeric Djengué, Anne-Dominique Pham, Vincent Kowalski, Christophe Burri

De Boeck Supérieur | « Psychotropes »

2017/1 Vol. 23 | pages 89 à 109


ISSN 1245-2092
ISBN 9782807391338
DOI 10.3917/psyt.231.0089
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-psychotropes-2017-1-page-89.htm
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L’alcoologie et les futurs médecins
généralistes français
Évaluation des connaissances, des pratiques
et de la formation reçue en fin d’internat
Alcohology and future French general
practitioners: assessment of the knowlege,
medical practices and training acquired
at the end of the internship
Dr Aymeric Djengué
Médecin généraliste
E-mail : aymeric.m.djengue@gmail.com
Dr Anne-Dominique Pham
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Unité de Biostatistique et Recherche Clinique
CHU - Avenue de la côte de Nacre - CS 30001 - 14033 CAEN cedex 9
E-mail : pham-ad@chu-caen.fr
Dr Vincent Kowalski
UFR Médecine-Université de Caen Basse-Normandie
2 rue des Rochambelles, 14000 Caen
E-mail : vincent.kowalski@unicaen.fr
Dr Christophe Burri
Centre de Cure Ambulatoire en Alcoologie et Addictologie, 9 rue du Dr Vincent,
14000 Caen
E-mail : christophe.burri@anpaa.asso.fr

Résumé :
Contexte
Cette étude avait pour objectif l’évaluation des connaissances, des
pratiques et de la formation des internes français en fin de cursus de
médecine générale en alcoologie.

Psychotropes – Vol. 23 no 1​ 89
L’alcoologie et les futurs médecins généralistes français

Méthodes
Un questionnaire électronique a été envoyé aux internes inscrits en
dernière année de médecine générale des différentes facultés ayant
accepté de participer à l’étude ; diverses informations concernant
la formation consacrée à l’addictologie selon les facultés ont été
collectées auprès des enseignants référents, des responsables de
scolarité, des syndicats des internes de médecine générale et des
corporations des externes.
Résultats
622 questionnaires ont été retournés, sur les 3 074 qui ont été dif-
fusés. 77,5 % des internes inclus dans l’étude n’ont pas obtenu la
moyenne au test d’évaluation des connaissances et des pratiques ;
les résultats étaient améliorés lorsque les internes avaient reçu une
formation complémentaire en addictologie et lorsque les facultés
accordaient plus de poids à la formation en addictologie. Le nombre
d’heures moyen consacrées à l’addictologie était, respectivement
lors de l’externat et lors de l’internat, de 7,68 et de 6,07 heures. De
même, il y avait en moyenne 10,63 et 3,21 postes ouverts en stage
d’addictologie par an.
Discussion
Il conviendrait d’améliorer la formation consacrée à l’addictologie
au cours des études de médecine en France.
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Abstract:
Background
The purpose of this study was to assess the knowledge, medical
practices and training of French interns in general medicine at the
end of their course on alcohology.
Methods
An electronic questionnaire was sent to interns enrolled in the last
year of general medicine from the faculties that agreed to partici-
pate in the study. A range of information concerning the training
programme devoted to addiction medicine was collected from ref-
erent teachers of faculties, school managers, unions of interns in
general medicine and external medical corporations.
Results
Of the 3074 questionnaires distributed, 622 were returned. The
study showed that 77.5% of the interns included in the study did not
achieve the pass mark for the test of knowledge and practice. The
best results were noted when interns had received further training
in addiction medicine and when faculties accorded more weight to

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 Aymeric Djengué, Anne-Dominique Pham, Vincent Kowalski, Christophe Burri

training in addiction medicine. The average time devoted to this


training was – respectively for externs and interns – 7.68 and 6.07
hours. There were on average 10.63 and 3.21 open positions for
traineeships per year in addiction medicine for externs and interns
respectively.
Discussion
The training devoted to addiction medicine in French medical edu-
cation should be improved.
Mots clés : alcoologie, addictologie, étudiants en médecine, inter-
nat (médecine), médecine générale
Keywords: alcohology, addiction medicine, medical students,
internship (medicine), general medicine

L’alcoologie a été définie par P. Fouquet comme étant la « discipline


consacrée à tout ce qui a trait dans le monde à l’alcool éthylique […]
(et qui) emprunte ses outils de connaissance aux principales sciences
humaines, économiques et juridiques » (Fouquet, 1967). Dans la pré-
sente étude, on entendra par alcoologie la discipline médicale s’intéres-
sant aux troubles de l’usage de l’alcool. En 2014, ces troubles étaient
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recensés en France chez environ 3,4 millions de personnes (OFDT,
2015). Ce mésusage a entraîné en 2009, toujours en France, le décès
de 49 000 personnes, tous âges confondus (Guérin et al., 2013). Parmi
l’ensemble de ces décès, environ 15 000 étaient provoqués par des can-
cers (ORL et digestifs principalement), 12 000 par des maladies car-
diovasculaires (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux,
etc.), 8 000 par des maladies digestives (cirrhoses, hépatites, etc.), 8 000
par des causes externes (accidents divers, suicides, homicides), et 4 000
par des maladies diverses (encéphalopathies, crises convulsives, etc.).
Au niveau mondial, l’alcool est la huitième cause de mortalité et le
deuxième produit mortel après le tabac (WHO, 2009) ; c’est un fac-
teur de risque démontré dans quatre des six principales causes de décès
évitables (Lefèvre et al., 2004). La consommation d’alcool pendant la
grossesse peut entraîner un syndrome d’alcoolisation fœtale, première
cause de retard mental congénital (Abel et Sokol, 1986). D’après des
études américaines à grandes échelles, entre 16,5 et 40 % des patients
ayant présenté un épisode dépressif majeur au cours de leur vie (Hasin
et al., 2005 ; Regier et al., 1990), 18 % des patients ayant présenté un
trouble anxieux, 44 % des patients ayant présenté un trouble bipolaire

Psychotropes – Vol. 23 no 1​ 91
L’alcoologie et les futurs médecins généralistes français

et 34 % des patients atteints de schizophrénie ont eu un trouble de


l’usage de l’alcool au cours de leur vie (Regier et al., 1990). Le mésu-
sage d’alcool était impliqué en France en 2013 dans près de 30 % des
accidents mortels de la voie publique, parmi les accidents pour lesquels
le taux d’alcoolémie était connu (c’est-à-dire dans 86,7 % des cas)
(ONISR, 2013). Au total, l’Organisation Mondiale de la Santé incri-
mine l’alcool comme facteur de risque de 60 maladies et lésions graves,
et comme responsable de 2,25 millions de morts dans le monde en 2004
(WHO, 2011).
En 2003, le coût social lié à l’alcool en Europe était estimé à
125 milliards d’euros, parmi lesquels 22 milliards étaient en rapport
avec les coûts en termes de soins et de prévention, 33 milliards avec les
coûts liés à la criminalité, 10 milliards avec les accidents routiers, 9 mil-
liards avec l’absentéisme professionnel, 14 milliards avec le chômage
et 36 milliards avec la mortalité prématurée (Anderson et Baumberg,
2006). Les troubles de l’usage de l’alcool sont un véritable problème de
santé publique, avec des conséquences désastreuses sur le plan soma-
tique, psychique, social ou économique.
La Haute Autorité de Santé reconnaît une place primordiale aux
médecins généralistes dans la prise en charge des patients alcoolodé-
pendants, et de manière plus générale, dans celle de tous les patients
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présentant un trouble de l’usage de l’alcool (ANAES, 2001 ; HAS,
2014). Elle insiste sur l’importance d’une formation initiale et conti-
nue en alcoologie des étudiants en médecine et des médecins généra-
listes (ANAES, 2001). Une étude publiée en 2006 révèle que 93 % des
2 301 médecins généralistes ayant répondu à un autoquestionnaire sou-
haitaient améliorer leur formation en alcoologie (Gallois, Emeriaud et
Charpentier, 2006). En 2011, seuls 23 % d’entre eux déclaraient aborder
la question de la consommation d’alcool au moins une fois avec chaque
patient ; ils étaient seulement 13 % à déclarer avoir recours à des ques-
tionnaires standardisés pour repérer les consommations problématiques
d’alcool (Beck et al., 2011), alors que ces questionnaires sont fiables et
validés (Anderson et al., 2008). Il semble exister un décalage entre le
rôle incombant aux médecins généralistes dans la prise en charge des
patients présentant un trouble de l’usage de l’alcool, et la formation qui
leur est dispensée.
Forts de ce constat, et motivés par un questionnement personnel,
nous avons voulu réaliser ce travail, qui a été réalisé dans le cadre d’une
thèse-article en médecine générale. L’objectif principal de cette étude
était de déterminer si les internes français en fin de cursus de médecine

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 Aymeric Djengué, Anne-Dominique Pham, Vincent Kowalski, Christophe Burri

générale étaient en mesure de prendre en charge de façon adéquate un


patient en situation de mésusage d’alcool. L’objectif secondaire était
d’évaluer la formation reçue par ces mêmes internes en addictologie sur
le plan théorique et pratique.

Méthodes

Une étude descriptive, transversale, multicentrique, reposant sur un


questionnaire, a été réalisée.
Afin de répondre à l’objectif secondaire, les responsables de l’ensei-
gnement en addictologie des différentes facultés de médecine de France
ont été contactés par e-mail, et interrogés sur les modalités de l’enseigne-
ment de l’alcoologie auprès des étudiants dans leurs facultés ; lorsque
ces responsables n’étaient pas joignables, ou lorsque les informations
étaient incomplètes, les informations recherchées l’ont été auprès des
responsables de scolarité, des syndicats des internes de médecine géné-
rale et des corporations des étudiants en deuxième cycle.

Population

Critères d’inclusion : Tous les étudiants inscrits en dernière année


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(TCEM 3) du Diplôme d’Études Spécialisées de médecine générale en
France pour l’année universitaire 2014-2015 ont été inclus dans cette
étude.
Toutes les facultés de médecine ayant accepté de diffuser le ques-
tionnaire ont été interrogées sur leurs formations.
Critères d’exclusion : Les étudiants ayant répondu ne pas être ins-
crits en TCEM 3, et ceux n’ayant jamais réalisé seuls de consultation en
médecine générale ont été exclus de l’analyse. La réponse à la majorité
des questions était obligatoire pour pouvoir renvoyer le questionnaire.
En ce qui concerne l’objectif secondaire de l’étude, les facultés pour
lesquelles l’ensemble des informations demandées n’était pas renseigné
n’ont pas été incluses dans l’analyse.

Description du questionnaire

Il s’agissait d’un questionnaire anonyme, élaboré pour une diffusion


informatisée, par Internet. Il a donc été travaillé afin d’être aussi court
et informatif que possible. Il demandait environ cinq minutes pour y

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L’alcoologie et les futurs médecins généralistes français

répondre en intégralité. Il était scindé en deux, avec une partie « géné-


ralités » et une partie « évaluation des connaissances et des pratiques ».
Cette dernière était divisée en une partie diagnostique et une partie théra­
peutique, chacune notée sur vingt points ; le maximum de points était
donc de quarante. Le résultat total a été divisé par deux, et était donc sur
vingt. Le questionnaire complet est disponible en annexe de la thèse pour
laquelle cet article a été réalisé (Djengué, 2015).

Diffusion du questionnaire

Les responsables de scolarité des internes de médecine générale de


toutes les facultés de France ont été contactés par téléphone. Par la suite,
un courrier électronique destiné aux étudiants de TCEM 3 inscrits dans
leur faculté pour l’année universitaire 2014-2015 leur était envoyé, s’ils
étaient d’accord pour diffuser le questionnaire. Cet e-mail comportait une
brève présentation de mon étude et un lien informatisé vers mon ques-
tionnaire. La plate-forme sur laquelle celui-ci a été réalisé est Google
Forms. Il était indiqué dans l’e-mail l’importance de répondre à l’inté-
gralité des questions concernant l’étudiant, afin d’assurer une validité à
l’étude. Il était également proposé aux étudiants le souhaitant d’indiquer
en fin de questionnaire leur adresse électronique s’ils souhaitaient rece-
voir une correction de ce questionnaire. Par ailleurs, ce questionnaire a
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été, avant sa diffusion, testé sur plusieurs confrères, médecins généra-
listes remplaçants ayant terminé leur internat depuis moins de six mois,
et médecins addictologues de la région caennaise.

Critères de jugement

Le critère de jugement principal était le nombre d’étudiants ayant obtenu


la moyenne (10/20) au questionnaire d’évaluation des connaissances et
des pratiques.
Cette note atteinte, on considérait que l’interne était en mesure de
prendre en charge de façon adéquate un patient en situation de mésusage
d’alcool.
Pour répondre à l’objectif secondaire de l’étude, plusieurs éléments
simples ont été renseignés, afin d’évaluer l’enseignement sur le plan
théorique et pratique.

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 Aymeric Djengué, Anne-Dominique Pham, Vincent Kowalski, Christophe Burri

Analyse statistique

En ce qui concerne l’analyse des données concernant l’objectif principal,


des tests paramétriques ont été utilisés : le test du coefficient de corréla-
tion de Pearson, le test de Student, du Chi 2 et de Fisher.
Pour les données se rapportant à l’objectif secondaire, des tests
non paramétriques ont été employés, compte tenu du nombre de ques-
tionnaires facultés recueillis : le test du coefficient de corrélation de
Spearman et le test de Mann-Whitney.
Le risque de première espèce alpha considéré pour tous les tests était
de 5 % (comme habituellement).

Résultats

Les questionnaires ont été enregistrés du 9 mars au 13 mai 2015.


27 des 35 facultés contactées ont accepté de diffuser le question-
naire. 622 questionnaires ont été retournés, sur 3 074 diffusés au total ;
le taux de réponse était donc de 20,23 %.
580 étudiants ont été inclus dans l’analyse. Parmi eux, 161, soit
27,8 %, étaient des hommes, et 419, soit 72,2 %, des femmes. L’âge
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moyen des internes était de 28 ans, avec un écart-type de plus ou moins
deux années. 40 internes (6,9 %) avaient reçu une formation complémen-
taire en addictologie, à type de Diplôme Universitaire (DU) ou Diplôme
d’Études Spécialisées Complémentaires (DESC) pour 9 d’entre eux
(22,5 %), et de stage en service d’addictologie au cours de l’internat
pour les 31 autres (77,5 %). 540 internes (93,1 %) n’avaient reçu aucune
formation en addictologie.
La moyenne d’appréciation de la formation au cours de l’externat
était identique à celle d’appréciation de la formation au cours de l’inter-
nat, à savoir de 3 sur une échelle allant de 0 (mauvaise) à 10 (excellente),
avec un écart-type de 2 points.
Le tableau 1 retranscrit les éléments de réponse des internes à la par-
tie « évaluation des connaissances et des pratiques » du questionnaire.
Remarquons par ailleurs que 166 des 580 internes (28,6 %) ont
répondu ne pas connaître de structures ambulatoires vers lesquelles
orienter un patient alcoolodépendant ; cette question n’a pas été incluse
dans l’analyse, du fait de la publication de nouvelles recommandations
nationales après la réalisation du questionnaire.

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L’alcoologie et les futurs médecins généralistes français

Tableau 1. Réponses à la partie « évaluation des connaissances


et des pratiques » du questionnaire
Nombre (%) ou Moyenne
Éléments évalués Variables
(± écart-type)
Jamais 34 (5,9 %)
Parfois /
Recherche d’un mésusage 282 (48,6 %)
En cas de suspicion
lors d’un premier interrogatoire
Souvent 188 (32,4 %)
Systématiquement 76 (13,1 %)
Jamais /
Recherche d’un mésusage Ne recherche jamais 225 (38,8 %)
via consommation déclarée de mésusage
d’alcool Parfois 148 (25,5 %)
ou questionnaire Souvent 141 (24,3 %)
Systématiquement 66 (11,4 %)
Jamais 32 (5,5 %)
Recherche de signes
Parfois 152 (26,2 %)
de dépendance en cas
Souvent 225 (38,8 %)
de suspicion de mésusage
Systématiquement 171 (29,5 %)
Score du questionnaire vrai/faux
2 (± 2)
sur le syndrome de sevrage (/6)
Score sur la prescription
1,3 (± 1)
de benzodiazépines (/2)
Réponse recommandations Faux (réponse exacte) 326 (56,2 %)
médicamenteuses dans le maintien
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Vrai (réponse fausse) 254 (43,8 %)
de l’abstinence
Score aux contre-indications
3 (± 3)
du sevrage ambulatoire (/8)
Connaissance des principes Oui 170 (29,3 %)
de l’intervention brève Non 410 (70,7 %)
Recours à l’intervention brève Jamais 24 (13,3 %)
face à un patient en situation Parfois 56 (31,1 %)
de mésusage d’alcool, sans Souvent 68 (37,8 %)
dépendance (si les principes de
l’intervention brève étaient connus) Systématiquement 32 (17,8 %)
SCORE (/20) 7,86 (± 3)
Non (Score < 10/20) 450 (77,5 %)
Compétence de prise en charge
Oui (Score ≥ 10/20) 130 (22,5 %)

Les différents motifs invoqués par les internes ayant répondu


« jamais » à plusieurs questions sont retranscrits dans le tableau 2.
Les détails des taux de réponse, des moyennes d’appréciation, ainsi
que des scores par facultés sont indiqués en annexe (Djengué, 2015).
Il existait une corrélation statistiquement significative entre l’appré-
ciation de la formation reçue en alcoologie par les internes au cours de

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 Aymeric Djengué, Anne-Dominique Pham, Vincent Kowalski, Christophe Burri

l’externat et au cours de l’internat et le score au questionnaire, comme


l’indiquent le tableau 3 et les schémas 1 et 2.
Tableau 2. Motifs invoqués par les internes ayant répondu « jamais »
à différentes questions
Nombre Nombre
Question Motif invoqué
total par question (%)
Manque de temps 7 (16,3 %)
Recherche d’un mésusage Inutile 3 (7,0 %)
lors d’un premier N’y pense pas 43 28 (65,1 %)
interrogatoire Gêne 4 (9,3 %)
Réponse inadaptée 1 (2,3 %)
Manque de temps 0 (0,0 %)
Inutile 3 (1,3 %)
N’y pense pas 151 (64,0 %)
Recherche autrement 67 (28,4 %)
Recherche d’un mésusage
via consommation déclarée Ne connaît pas de 236 7 (3,0 %)
ou via questionnaire questionnaire validé
Ne connaît ni
la consommation déclarée 5 (2,1 %)
ni le questionnaire
Question mal comprise 3 (1,3 %)
Manque de temps 4 (11,8 %)
Inutile 0 (0,0 %)
N’y pense pas 20 (58,8 %)
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Recherche de signes Ne connaît pas de signes
8 (23,5 %)
de dépendance en cas de de dépendance 34
suspicion de mésusage Pense que les patients
1 (2,9 %)
ne voudront pas répondre
Pense qu’il s’agit de
1 (2,9 %)
compétences spécialisées
Recours à l’intervention brève Manque de temps 2 (8,3 %)
face à un patient en situation Inutile 3 (12,5 %)
de mésusage d’alcool sans N’y pense pas 17 (70,8 %)
24
dépendance (si les principes
de l’inter­vention brève étaient Connaissance théorique 2 (8,3 %)
connus) mais pas pratique

Tableau 3. Relation entre le score au questionnaire


et l’appréciation de la formation reçue en alcoologie par les internes
au cours de leur formation
Moyenne Écart-type Nombre r p
Score 7,86 2,8
Appréciation formation 0,131 0,002
2,9 2,1
pendant l’externat 580
Appréciation formation
3,3 2,4 0,201 < 0,001
pendant l’internat

Psychotropes – Vol. 23 no 1​ 97
L’alcoologie et les futurs médecins généralistes français

Schéma 1. Relation entre le score au questionnaire et l’appréciation de la


formation reçue en alcoologie par les internes au cours de leur externat

Schéma 2. Relation entre le score au questionnaire et l’appréciation de la


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formation reçue en alcoologie par les internes au cours de leur internat

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 Aymeric Djengué, Anne-Dominique Pham, Vincent Kowalski, Christophe Burri

Le lien entre le score et le fait que les internes aient ou non reçu
une formation complémentaire en addictologie a été étudié, comme en
témoigne le tableau 4.

Tableau 4. Relation entre le score au questionnaire et la réception


d’une formation complémentaire en addictologie, ainsi que le type
de formation complémentaire
Score
Nombre Écart-
Moyenne p
d’internes type

Formation spécifique Oui 41 11,03 2,99


< 0,001
en addictologie Non 538 7,62 2,63
DU / DESC 9 12,30 3,13
Type de formation
Stage en addictolo- 0,783
spécifique 31 10,65 2,94
gie pendant l’internat

Le pourcentage d’internes ayant répondu ne pas connaître les prin-


cipes de l’intervention brève semblant faible, nous avons voulu étudier si
ce pourcentage était différent selon que les internes avaient ou non reçu
une formation complémentaire en addictologie. Les résultats de cette
analyse apparaissent dans le tableau 5.

Tableau 5. Relation entre l’affirmation des internes de connaître


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les principes de l’intervention brève, la fréquence du recours
à cette intervention, la réception d’une formation complémentaire
en addictologie, et le type de formation complémentaire
Connaissance des principes
de l’intervention brève
Oui Non
Pour­ Pour­
Nombre Nombre p
centage centage

Formation Oui 20 48,8 % 21 51,2 %


spécifique en Non 150 27,8 % 389 72,2 % 0,004
addictologie Total 170 29,3 % 410 70,7 %
DU / DESC 7 77,8 % 2 22,2 %
Type de
Stage en addictolo-
formation 12 38,7 % 19 61,3 % 0,060
gie pendant l’internat
spécifique
Total 19 47,5 % 21 52,5 %

La fréquence du recours à l’intervention brève selon la réception


d’une formation complémentaire a été étudiée ; les résultats sont présen-
tés dans le tableau 6.

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Tableau 6. Fréquence du recours à l’intervention brève en fonction de la réception d’une formation complémentaire en
addictologie et en fonction du type de formation complémentaire
Recours à l’intervention brève
Jamais Parfois Souvent Systématiquement

Psychotropes – Vol. 23 no 1
Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage p
Formation Oui 22 53,7 % 2 4,9 % 10 24,4 % 7 17,1 %
spécifique en Non 401 74,5 % 54 10,0 % 58 10,8 % 25 4,6 % 0,001
addictologie Total 423 73,1 % 56 9,7 % 68 11,7 % 32 5,5 %
DU / DESC 2 22,2 % 0 0,0 % 5 55,6 % 2 22,2 %
L’alcoologie et les futurs médecins généralistes français

Stage en
Type
addictologie
de formation 20 64,5 % 1 3,2 % 5 16,1 % 5 16,1 % 0,046
pendant
spécifique
l’internat
Total 22 55,0 % 1 2,5 % 10 25,0 % 7 17,5 %

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 Aymeric Djengué, Anne-Dominique Pham, Vincent Kowalski, Christophe Burri

En ce qui concerne les réponses relatives au critère secondaire de


jugement, 20 facultés y ont répondu dans leur intégralité.
Sur le plan théorique, le nombre moyen d’heures d’enseignement
consacrées à l’addictologie au cours de l’externat était de 7,68 heures
(avec un écart-type de +/- 4,47), et au cours de l’internat de médecine
générale de 6,07 heures (+/- 5,57). Sur le plan pratique, il y avait en
moyenne 10,63 (+/- 13,16) postes ouverts chaque année aux externes
en service d’addictologie, pour 655 (+/- 261,40) externes en moyenne
par faculté, soit un pourcentage moyen de 1,60 % (+/- 2,01). Au cours
de l’internat de médecine générale, il y avait en moyenne 3,21 (+/- 2,78)
postes ouverts chaque année aux internes, pour 339,68 (+/- 182,69)
internes de médecine générale en moyenne, soit un pourcentage moyen
de 1,05 % (+/- 0,92).
Le détail de ces résultats par faculté est disponible en annexe
(Djengué, 2015).
Des groupes d’appréciation de la formation en addictologie ont été
réalisés. Les niveaux de formation étaient considérés comme « faibles »,
sur le plan théorique et pratique, respectivement lorsque moins de
8 heures d’enseignements étaient allouées à l’addictologie, et lorsque le
pourcentage du nombre de postes ouverts chaque année aux étudiants en
stage d’addictologie sur le nombre d’étudiants dans la faculté était infé-
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rieur à 1,5 %. Le niveau de formation était considéré comme « impor-
tant » dans le cas contraire.
Le niveau de formation globale était considéré comme « faible »
lorsque les groupes de formation théorique et pratique étaient tous les
deux faibles, ou que l’un des deux était faible. Il était considéré comme
« important » lorsque les deux groupes étaient de formation importante.
La classification des facultés selon ces critères subjectifs est là
encore disponible en annexe.
Les résultats de cette analyse sont présentés dans les tableaux 7 et 8.

Psychotropes – Vol. 23 no 1​ 101


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Tableau 7. Médiane d’appréciation de la formation en fonction du groupe d’appréciation de la formation
Médiane du score d’appréciation de la formation
Pendant l’externat Pendant l’internat de médecine générale
Groupe de formation p
(selon la faculté d’externat) (selon la faculté d’internat)
N M P 25 P 75 N M P 25 P 75

Théorique pendant « Faible » 9 2,00 2,00 3,00


0,356
l’externat « Importante » 10 3,00 2,00 4,00

Psychotropes – Vol. 23 no 1
« Faible » 13 2,00 2,00 3,00
Pratique pendant l’externat 0,003
« Importante » 6 4,00 3,00 4,00
« Faible » 15 2,00 2,00 3,00
Globale pendant l’externat 0,062
« Importante » 4 3,50 3,00 4,50
L’alcoologie et les futurs médecins généralistes français

« Faible » 12 3,00 2,00 3,50


Théorique pendant l’internat 0,711
« Importante » 7 3,00 2,00 3,00
« Faible » 14 3,00 2,00 3,00
Pratique pendant l’internat 0,823
« Importante » 5 3,00 2,00 3,00
« Faible » 17 3,00 2,00 3,00
Globale pendant l’internat 0,573
« Importante » 2 2,50 2,00 3,00
* Avec N = Nombre de facultés, M = Médiane, P 25 = Percentile 25, P 75 = Percentile 75

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Tableau 8. Pourcentage d’internes ayant obtenu un score ≥ 10/20 en fonction de la faculté


Pourcentage d’internes ayant obtenu un score ≥ 10/20
Groupe de formation Selon la faculté d’externat Selon la faculté d’internat p
N M P 25 P 75 N M P 25 P 75

Théorique pendant « Faible » 9 20,00 13,30 25,00


0,113
l’externat « Importante » 10 29,30 14,80 34,60
« Faible » 13 16,70 13,30 27,60
Pratique pendant l’externat 0,046
« Importante » 6 29,80 22,20 36,40
« Faible » 15 20,00 13,30 27,60
Globale pendant l’externat 0,027
« Importante » 4 35,50 26,40 37,85
« Faible » 12 19,80 15,75 34,40
Théorique pendant l’internat 0,261
« Importante » 7 16,70 0,00 25,00
« Faible » 14 18,05 8,70 34,30
Pratique pendant l’internat 0,823
« Importante » 5 20,00 16,10 25,00
« Faible » 17 17,90 15,20 34,30
Globale pendant l’internat 0,573
« Importante » 2 22,50 20,00 25,00
* Avec N = Nombre de facultés, M = Médiane, P 25 = Percentile 25, P 75 = Percentile 75

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L’alcoologie et les futurs médecins généralistes français

Discussion
Qualités de l’étude

Il s’agit d’une étude nationale, multicentrique.


Le questionnaire utilisé a été réalisé avec l’aide de plusieurs profes­
sionnels de santé, spécialisés dans leurs disciplines, et testé avant sa dif-
fusion.
Les items évalués balaient un très large champ de l’alcoologie, et la
correction établie pour chaque question repose sur des recommandations
bien validées. La correction et ces recommandations sont disponibles en
annexe (Djengué, 2015).
L’analyse des données a été réalisée par un médecin statisticien.
Le taux de réponse a été tout à fait satisfaisant, supérieur à 20 %,
globalement homogène entre les différentes facultés. Il permettait des
résultats statistiquement significatifs. Bien que dans la littérature, les
taux de réponse soient extrêmement variables en fonction des études, on
retrouve dans certaines des taux de réponse moyens similaires (Sheehan,
2001 ; Schuldt et Totten, 1994).
La population des internes semble représentative en termes d’âge
(DREES, 2003) et de proportion de réception d’une formation complé-
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mentaire en addictologie (appréciation néanmoins subjective pour cette
dernière donnée).

Limites de l’étude

Le mode déclaratif des questions est limité, car il expose à un biais de


classement. Par exemple, il n’est pas possible avec cette étude de vérifier
si tous les internes ayant répondu recherchaient systématiquement un
mésusage d’alcool face à un patient qu’il ne connaissait pas. Une analyse
des pratiques répondrait à cette question, mais il s’agirait d’une étude
bien plus complexe à mettre en œuvre, en tout cas au niveau national
(par exemple en analysant des dossiers patients vus par les internes, et en
recherchant avec quelle fréquence ils ou elles recherchent un mésusage
d’alcool face à un nouveau patient).
Les données ayant pour certaines d’entre elles été saisies manuel­
lement sur Excel, cela expose à un biais de mesure.
Concernant les données utilisées pour répondre à l’objectif secon-
daire, le faible nombre de facultés et le nombre relativement élevé de

104 Psychotropes – Vol. 23 no 1


 Aymeric Djengué, Anne-Dominique Pham, Vincent Kowalski, Christophe Burri

facultés n’ayant pas fourni les informations recherchées ont conduit à


l’obtention de résultats souvent non statistiquement significatifs.
Le classement en groupe de formation « faible » ou « importante »
est tout à fait subjectif, et a été uniquement créé dans l’optique d’une
comparaison inter-facultés.

Interprétations des résultats

La grande majorité des internes ayant participé à l’étude (plus de 75 %)


n’a pas obtenu la moyenne au test d’évaluation des connaissances et des
pratiques ; ce résultat va dans le sens d’une confirmation de l’hypothèse
de départ, qui était que la majorité des internes français en fin de cursus
de médecine générale ne semblait pas en mesure de prendre en charge de
manière adéquate un patient en situation de mésusage d’alcool.
Un pourcentage important d’étudiants affirme « ne pas penser » à
recourir à des principes diagnostiques et thérapeutiques importants en
alcoologie.
Sur le plan thérapeutique, les internes semblent mieux maîtriser
l’approche « somatique » que l’approche « psychologique », puisque la
note moyenne à la question concernant les modalités de prescription des
benzodiazépines est de 1,3/2, que plus de 55 % des internes ont bien
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répondu à la question sur les médicaments indiqués dans le maintien de
l’abstinence, alors qu’ils sont plus de 70 % à affirmer ne pas connaître
les principes de l’intervention brève.
Le score au questionnaire est amélioré de manière statistiquement
significative en fonction du niveau de formation que les internes estiment
avoir reçue au cours de leurs études.
Par ailleurs, cette appréciation subjective semble corrélée avec le
niveau de formation en addictologie des facultés. Ceci est particuliè­
rement vrai pour le niveau de formation attribué lors de l’externat, où l’on
obtient parfois des résultats statistiquement significatifs. En revanche, il
n’a pas été possible au cours de cette étude d’établir une relation claire
entre cette appréciation subjective et le niveau de formation au cours de
l’internat de médecine générale.
De même, les étudiants issus de facultés de plus haut niveau de
formation en addictologie semblent obtenir de meilleurs résultats que
les autres. Là encore, ceci est parfois vérifié de manière statistiquement
significative pour les facultés d’externat, mais avec des résultats moins
clairs pour les facultés d’internat.

Psychotropes – Vol. 23 no 1​ 105


L’alcoologie et les futurs médecins généralistes français

La formation consacrée à l’addictologie en France est très variable


en fonction des facultés, et apparaît bien souvent comme étant peu
importante, sur le plan théorique comme sur le plan pratique.
Le fait d’avoir bénéficié d’une formation complémentaire en addic-
tologie a amélioré de façon statistiquement significative les résultats au
test d’évaluation des connaissances et des pratiques, surtout pour les
étudiants ayant participé à un DU ou un DESC (résultats cependant non
statistiquement significatifs).
De même, sur le plan thérapeutique, ces étudiants semblent mieux
connaître et maîtriser l’aspect « psychologique » de l’alcoologie, comme
en témoignent les résultats statistiquement significatifs sur les connais-
sances et la fréquence du recours à l’intervention brève.
Par ailleurs, ces résultats sont concordants avec les données de la
littérature, qui indiquent des compétences en alcoologie de la part des
médecins généralistes améliorables (Beck et al., 2011), pointent une
formation initiale en addictologie insuffisante (Wilson et al., 2011), et
retrouvent une amélioration des pratiques en alcoologie en rapport avec
une amélioration de la formation (Anderson et al., 2003).
Le plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites
addictives 2013-2017 prévoyait de « conforter l’enseignement en addic-
tologie, déjà initié dans le plan addictions 2007-2011, en premier, deu-
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xième et troisième cycle des études de santé » (Mission interministérielle,
2013), mesure également suggérée par le Livre blanc de la Fédération
française d’addictologie (FFA, 2011) ; cependant, cette étude nous a
permis de constater qu’au terme de ce plan, cette formation était tou-
jours insuffisante. De plus, les résultats obtenus indiquent notamment de
manière statistiquement significative qu’une formation spécifique reçue
en addictologie au cours de l’internat en médecine générale améliorait la
prise en charge des internes face à des patients en situation de mésusage
d’alcool.
Ce travail permet donc de suggérer plusieurs idées : sensibiliser les
externes et les internes en médecine générale à l’intérêt d’une forma-
tion complémentaire en addictologie pendant l’internat, pour le bien des
patients et de la société ; augmenter le nombre d’heures d’enseignement
en addictologie au cours de l’internat ; augmenter le nombre de postes de
stages pour les internes en médecine générale en service d’addictologie,
voire insérer au sein de la maquette de l’internat de médecine générale un
semestre obligatoire dans une structure d’addictologie (hospitalière ou
ambulatoire), etc. Notons cependant à nouveau que cette étude était de
type descriptif et n’avait pas pour objectif de déterminer une conduite à

106 Psychotropes – Vol. 23 no 1


 Aymeric Djengué, Anne-Dominique Pham, Vincent Kowalski, Christophe Burri

tenir précise en ce qui concerne les modalités de la formation en addicto-


logie à apporter aux internes en médecine générale (formation qui, nous
l’avons vu, porte du fruit). Il pourrait dans cet objectif être intéressant de
réaliser une autre étude, pourquoi pas de type analytique.
Enfin, il peut être intéressant de noter la surreprésentation de la
population féminine dans cette étude (DREES, 2003). Une hypothèse
permettant de l’expliquer pourrait être celle relevée dans une thèse
récente sur la féminisation de la médecine générale (Boyoud-Ghidossi,
2011) : les femmes seraient « plus empathiques envers les patients, plus
à l’écoute, plus rassurantes, et feraient preuve de plus de douceur » ; ces
capacités étant très importantes en addictologie.

Conclusion

Cette étude, avec ses qualités et ses faiblesses, a mis en évidence qu’une
majorité des internes français en fin de cursus de médecine générale ne
maîtrisait pas les principes de l’alcoologie de manière optimale. Elle a
également montré une formation en addictologie disparate en fonction
des facultés française, et qui semblait, par ailleurs, bien souvent insuffi-
sante. Il a pu enfin être constaté que le fait d’améliorer la formation des
étudiants en médecine permettait de les rendre plus compétents dans ce
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domaine.
Il y aurait donc tout intérêt à accorder plus d’importance à la for-
mation en addictologie, et tout particulièrement en alcoologie, dans les
facultés de médecine françaises. Ceci permettrait de répondre de manière
plus adéquate aux situations de mésusage d’alcool, qui constituent un
véritable problème de santé publique, à l’origine de multiples situations
de souffrance.

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Psychotropes – Vol. 23 no 1​ 109

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