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INTRODUCTION

C‟est depuis 1945 que le développement économique s‟est rangé parmi


les problèmes sociaux fondamentaux et politiques du monde. C‟est précisément à
partir de cette époque que la pauvreté et la misère sont apparues comme un fléau à
combattre. Le tiers-monde, principal centre d‟intérêt de cette étude, avec sa diversité,
ses problèmes, a réveillé la conscience de la communauté internationale, des
universités américaines, européennes, africaines et autres à réfléchir sur le phénomène
du développement, du sous-développement, ainsi que des solutions à y apporter.
L‟objectif poursuivi à travers cette élaboration est sans doute la
transformation, le changement et l‟amélioration des conditions de vie de l‟homme
dans sa société. En d‟autres termes, l‟objectif poursuivi consiste à amener les
gouvernements et les personnes privées à considérer la pauvreté et la misère comme
un fléau qui doit disparaître.
En réalité, le fait majeur de la conscientisation est que le développement
des peuples devient et constitue la question sociale et la préoccupation considérable de
la planète. Le développement des peuples, c‟est-à-dire ceux qui s‟efforcent d‟échapper
à la faim, à la misère, aux maladies endémiques, à l‟ignorance ou qui cherchent une
participation plus large aux fruits de la civilisation, une mise en valeur plus active de
leurs qualités humaines et qu s‟orientent vers leur plein épanouissement, est considéré
comme l‟unique stratégie de la dynamique de participation, de conscientisation, de la
solidarité et de la consolidation des devoirs, droits et obligations pour chaque membre
de la société.
De nos jours, cette préoccupation devient une réalité et bénéficie d‟une
reconnaissance générale après la deuxième guerre mondiale spécialement pendant les
années de la décolonisation et de l‟accession aux indépendances nationales. La
conséquence plausible de cette préoccupation se manifeste à travers la volonté
déclarée et exprimée par les jeunes nations à élever leur niveau de vie. Beaucoup
d‟entre elles ont cependant initié et instauré des réformes intérieures profondes
destinées à stimuler la croissance économique. Sur le plan international, l‟élan vers la
solidarité se manifeste par la mobilisation d‟importants capitaux en vue de stimuler le
processus du développement dans les Etats nouvellement indépendants.
En 1968, par exemple, le flux net des capitaux publics, privés et dons
officiels destinés aux nations du tiers monde nouvellement indépendantes s‟élevait à
13 milliards de $US. Par ailleurs, il est important de retenir que toutes ces
interventions et attitudes de générosité des pays riches en faveur des pays dits du tiers
monde ou en voie de développement sont plus liées à leurs intérêts économiques, à
l‟élargissement des zones d‟influence et à la consolidation de la politique
d‟hégémonie.
2

Comme nous aurons l‟occasion de le constater, l‟aide internationale


inscrite dans le schéma de la solidarité internationale ne fera que plonger les PVD dans
un cercle vicieux de dépendance et de la recolonisation. Tibor Mende n‟avait-il pas
prévu cette situation lorsqu‟il rédigeait son ouvrage intitulé « L‟aide à la recolonisation
? » En effet, le vrai problème du développement économique qui se pose depuis plus
de quatre décennies dans la plupart des pays du tiers monde concerne l‟élévation du
revenu national brut de la population par la réalisation, en amont, d‟un taux de
croissance élevée d‟équipement en provenance des pays nantis nécessaires au
développement du tiers monde.
Cependant,le monde a connu dans les années 80 des taux importants de
la pauvreté qui a touchée de nombreux pays en voie de développement en dépit de
l‟évolution de la croissance économique dans ces pays.
Cette croissance ne s‟est donc pas traduite sur le niveau de vie des
populations qui a paradoxalement baissé dune manière significative sur le plan de
l‟éducation, de la sante publique et dans bien d‟autres domaines.
Ce paradoxe a été à l‟origine de la remise en cause de la notion même du
développement dans les milieux académiques, notamment chez les spécialistes du
programme des nations unies pour le développement dans le monde, et dont les
nouvelles réflexions et orientations ont mis l‟accent sur l‟importance de l‟être humain
et de son cadre de vie dans la redéfinition du développement
Le développement humain dépasse les questions économiques et apparaît
comme un processus qui ne se limite pas seulement à un accroissement de biens et
services disponibles pour l‟ensemble de la population et l‟amélioration de leur
répartition.
Il s‟agit d‟un processus de longue période qui suppose une mobilisation
des forces vives d‟un pays et par conséquent une adhésion des population aux objectifs
de développement choisit : liberté, démocratie et amélioration de l‟état sanitaire de
l‟homme.
En outre, la multiplication, depuis quelques décennies, des crises
naturelles et industrielles, ainsi que la prise de conscience des impacts
environnementaux de notre modèle de développement économique qui s‟accumulent
depuis la révolution industrielle, ont contribué à une lente évolution des mentalités.
Comme toute construction sociale, le concept de développement durable a
émergé dans ce contexte historique particulier. Si ce concept continue d‟étendre son
influence, c‟est parce qu‟il met en évidence la grande interdépendance qui existe entre
la nature et les organisations humaines qui en dépendent.
En effet, ce lien étroit entre tous les systèmes naturels et anthropiques
nécessite une coopération accrue et soutenue pour résoudre les conflits d‟usage et
réduire les tensions qui agressent les systèmes vitaux de notre planète, qui est aussi
celle de nos enfants et petits-enfants non encore nés.
3

Cette coopération accrue suppose la mobilisation de tous les acteurs


politiques, sociaux et économiques, que ce soit par la sensibilisation ou par la
contrainte, y compris dans sa dimension financière.
Comme on peut le constater, ce cours d‟économie et développement
durable s‟articulera autour de quatre chapitres :le premier sera consacré au sous
développement, le deuxiéme traitera du développement économique, le troisiéme sera
relatif au développement humain, tandis que le quatriéme et dernier chapitre va
analyser le développement durable.
4

CHAP. I. LE SOUS DEVELOPPEMENT


Il s‟agit dans ce chapitred‟analyser la notion du sous développement.

Section1. Les différentes appellations et la définition du sous-


développement
1.1. Les différentes appellations du sous-développement
La notion de « pays sous-développé » est utilisée pour la première fois par
le président américain Harry Truman en 1949, lors de son discours sur l‟état de
l‟Union (« point IV »). Il y justifie l‟aide que doivent apporter les pays riches aux pays
pauvres afin d‟endiguer la montée du communisme.
C‟est donc dans un contexte de guerre froide que se forge le débat sur les
appellations des pays les plus pauvres. Par la suite, plusieurs dénominations vont se
succéder. En 1952, le démographe et économiste français Alfred Sauvy utilise la
notion de « tiers-monde* » pour qualifier les pays sous-développés.
En faisant référence au tiers état de l‟Ancien Régime, il entend dénoncer la
marginalité dans laquelle se trouve ce troisième monde à côté des deux blocs en conflit
et annoncer son émergence imminente en force politique mondiale : « Car enfin ce
tiers-monde ignoré, exploité, méprisé comme le tiers état, veut, lui aussi, quelque
chose. »
C‟est l‟époque où les pays pauvres s‟allient dans un but commun : dénoncer
la logique des blocs et revendiquer leur voix dans le concert mondial des nations.
Ainsi, en 1955, la conférence de Bandoeng voit naître le tiers-monde comme
mouvement politique : c‟est le début du mouvement des « non-alignés », voie médiane
entre les deux blocs américain et russe, qui revendique un « nouvel ordre économique
international » (NOEI ).
Cette revendication amènera l‟émergence du « groupe des 77 » et la
création de la CNUCED (conférence des Nations unies sur le commerce et le
développement) en 1964 au sein de l‟ONU, qui se fait le porte-voix des revendications
du tiers-monde pour un commerce plus équitable. Le vote en 1974 d‟une résolution à
l‟ONU qui entérine la notion de NOEI en promouvant l‟ouverture des marchés des
pays riches aux produits des pays pauvres, l‟accroissement de l‟aide publique et privée
au développement et la stabilisation des prix des produits primaires exportés par les
pays du tiers-monde s‟inscrit également dans cette lignée.
Dans les années 1970, à côté de la notion politique de tiers-monde, l‟ONU
avance la notion de « pays en voie de développement » (PVD), la notion de pays sous-
développé étant considérée comme trop stigmatisante. Puis, dans les années 1980,
s‟impose l‟appellation « pays en développement » (PED ) qui est censée traduire le
processus de progrès économique et social dans lequel sont engagés les pays pauvres.
Elle traduit la volonté d‟une approche optimiste et positive du
développement. La notion de PED cohabite aujourd‟hui avec celle du « Sud », qui
5

insiste sur la localisation géographique des PED en opposition avec le Nord, ou bien
encore avec la notion de « pays émergent » qui insiste sur le caractère imminent de
leur développement, en particulier pour les pays les plus avancés dans leur
développement.
La dénomination du sous-développement a donc suivi une voie qui réduit
de plus en plus la vision conflictuelle qui le caractérisait dans les années 1950 et 1960.
Certains critiquent même le caractère euphémisant de ces nouvelles appellations, qui
masquerait les causes du sous-développement et le fait qu‟une partie des PED n‟en
sorte pas. Cette notion de PED est en tout cas très floue, comme le montre l‟initiative
de l‟Organisation mondiale du commerce (OMC ) de laisser les PED s‟autodésigner
comme tels en son sein !
1.2. Définition du sous- développement
Le développement est un phénomène très récent. Il n‟a concerné qu‟un petit
nombre de pays à partir du XVIIIe siècle lors de la révolution industrielle des pays
d‟Europe de l‟Ouest. L‟état qualifié aujourd‟hui de « sous-développement » était donc
la situation normale du monde avant cette époque.
Qualifier la situation des pays ne connaissant pas de trajectoire de
développement similaire aux pays occidentaux est apparu comme une nécessité
lorsque, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il s‟est avéré qu‟une grande partie
des nations du globe était de fait exclue du processus de développement, et que cette
situation constituait un enjeu économique et politique. La notion de « sous-
développement » a d‟abord été définie en creux, comme une situation de non-
développement.
Un pays « sous-développé » connaîtrait donc des blocages qui empêchent le
processus de développement de se mettre en place, en particulier l‟industrialisation.
Lever ces blocages par des stratégies de développement basées sur l‟industrialisation
et la sortie de la spécialisation agricole permettrait donc de sortir du sous-
développement.

Mais le sous-développement ne peut se réduire au seul critère de la sous-


industrialisation. La théorie des « besoins essentiels » met l‟accent sur la notion de «
manque » : un pays sous-développé est un pays où les besoins fondamentaux de
l‟homme ne sont pas couverts (alimentation, sécurité, santé, éducation…). Mais il faut
aussi insister sur les fortes inégalités internes dans les PED. De ce fait, selon Sylvie
Brunel, le sous-développement se manifeste par quatre critères :
 Une pauvreté de masse ;
 De fortes inégalités par rapport aux pays développés mais aussi à l‟intérieur du
pays lui-même (hommes/femmes, urbains/ruraux…) ;
6

 L‟exclusion du pays du commerce international, des connaissances scientifiques


mondiales… mais aussi d‟une partie de la population au sein même du pays
(femmes, populations rurales…) ;
 L‟insécurité, qu‟elle soit environnementale, sanitaire ou encore politique, dans
laquelle vit la majorité de la population.
Le sous-développement est un état dans lequel un Etat se trouve dans
l‟incapacité de relever le niveau de vie de la population, quantitativement et
qualitativement, de satisfaire à ses besoins fondamentaux, physique et d‟adapter ses
structures économiques et sociales aux exigences du développement, c‟est-à-dire la
croissance et du progrès continue et durable1.

Le sous-développement serait aussi l‟accumulation dans un certain nombre


de pays d‟un certain nombre d‟obstacles qui les empêcheraient dans la voie du progrès.

Le sous-développement évoque l‟idée de stagnation. Le développement,


implique la notion de mouvement, de dynamisme, de marche en avant pour les
capitalistes, le « sous-développement caractérise les pays lesquels le revenu par tête est
bas en comparaissons à celui des Etat Unis, du Canada, de l‟Australie et de l‟Europe
occidentale »2.

Définition bien capitaliste qui ramène tout en termes monétaire et qui


ignore l‟essentiel, le problème social et humain du sous-développement.

Certes, la notion de revenu par tête est utile et nous ne pouvons-nous en


passer, mais elle ne fait que constater le sous-développement : elle n‟en expliquer pas
les causes.

Pour les marxistes, le sous-développement n‟est pas définissable par un


retard ; mais un blocage structurel de croissance du aux effets de la domination des
pays industriels. En d‟autres termes, le sous-développement apparait comme le produit
du système capitaliste mondial, et il est partie intégrante de son fonctionnement. Il ne
saurait être surmonté que par la suppression de cette dépendance et des structures
qu‟elle concourt à maintenir.

On mesure à quel point le développement n‟est pas un problème


économique soluble par l‟injection des capitaux mais d‟abord un problème politique 3.
C‟est pourquoi dans les faits, les freins résident dans la nature même de l‟écrasante
majorité des régimes en place, et les freins sont politiques et sociaux.

1
KABENGELE DIBWE G, Economie du développement pour le tiers monde., Ed, Kinshasa,2008,CAP. 15
2
RIGOTARD JEAN, l’incertitude bataille du développement ,éd .Privat, Paris,1967, P.26
3
CHALIAND GERARD, Mythe révolutionnaire du tiers monde, Educ. Politique, paris 1976, p. 34
7

Le démographe Alfred SAUVY, dont les travaux sont particulièrement


précieux pour qui veut comprendre les pays du tiers monde, propose dans son :
ouvrage « Economique et population ». une dizaine de traits du sous-développement :
forte mortalité, forte fécondité, alimentation insuffisante, forte proportion d‟illettrés,
forte proportion des cultivateurs et des pécheurs, sous-emploi par l‟insuffisance des
moyens de travail, assujettissement de la femme, travail abusif de l‟enfant, absence ou
faible consommation d‟énergie, régime politique autocratique de l‟économie et de sa
transformation vers des formes de plus en plus complexe4.

Certes, le sous-développement ne se manifeste pas avec la même intensité


dans tous les pays. Certains d‟ailleurs sont plus en avance que d‟autres sur la voie du
salut puisqu‟ils ont déjà largement entamé le processus du développement. A l‟inverse,
ceux qui attendent mollement les secours du ciel ne sont pas près de venir à bout de
leurs difficultés.

Cependant, la majorité de ces pays vit dans une économie primitive :


l‟agriculture y prédomine et l‟industrialisation y est peu poussée ; le secteur
commercial joue un rôle disproportionné avec ses fonctions normales et les
intermédiaires parasites foisonnent du producteur au consommateur.

L‟économie reposant sur l‟exportation des quelques produits agricoles ou


minéraux, est d‟une dangereuse fragilité, soumise à tous les aléas de la conjoncture
internationale ; que les cours baissent ou s‟effondrent et c‟est la misère qui s‟abat d‟un
coup sur l‟ensemble de la population.

En définitive, la notion de sous-développement est générale, elle recouvre


des réalités si diverses qu‟il est à craindre que l‟on arrive jamais à en donner une
définition satisfaisante pour le monde.

Compte tenu des réflexions que nous avons pu faire jusque ici, nous serions
donc tenté de proposer la formule suivante : « est sous-développé un pays dans lequel
les conditions d‟existence ou de structures politico sociales inadaptées au monde
moderne, parfois de deux ensembles, retardent l‟évolution des groupes sociaux vers le
progrès, gênent le plein épanouissement de l‟homme, freinent la mise en valeur des
ressources nationales, maintiennent l‟épargne locale dans des limites insuffisantes,
empêchent la croissance.

4 RIGOTARD, J. op.cit. p.30


8

1.3. Les causes du sous-développement.

1.3.1 Les causes internes


Nous énumérons trois causes :
1) Causes naturelles ;
2) Causes humaines ;
3) Causes institutionnelles.
 Les causes naturelles.
Certains auteurs considèrent le sous-développement comme une
manifestation inévitable des inégalités naturelles5. Ces inégalités sont :

 Soit d‟ordre géographique, particularité naturelle des différentes régions ;


 Soit d‟ordre climatique, il est assez vrai que la très grande majorité de pays sous-
développés se trouve située dans les zones subtropicales et intertropicales de
notre planète. Par contre, la plupart des pays développés sont des pays de climat
tempéré.

Il s‟ensuit que dans les pays à climat « chaud », beaucoup des risques
peuvent provoquer des maladies telles que la malaria, fièvre jaune, maladie du
sommeil, parasites de toutes formes sans compter les maladies communes à tous les
climats telles que la tuberculose.

- Soit d‟ordre agricole : les sols tropicaux sont loin, en général, d‟avoir la fertilité
pour l‟agriculture. Ils sont, pour la plupart beaucoup plus fragiles, exposés à
l‟atteinte des intempéries et avérés surtout inadaptés aux méthodes modernes de
mise en culture, avec recours aux engins mécaniques.

Donc, les sols tropicaux souffrent d‟infertilité et de la pauvreté.

Néanmoins, ces facteurs négatifs permanent n‟ont pas empêche, dans le


passé, la naissance, dans des régions sous-développées, des progrès brillants qui sont
parvenus en bien des domaines, à des niveaux que l‟Europe occidentale, dont la
promotion n‟est que fort récente, n‟a atteint que beaucoup plus tard6.

D‟autre part, des vastes régions sous-développées sont strictement


situées hors de la zone tropicale : chine du Nord, méditerranée l‟Europe centrale qui
elles aussi, ont été siège des civilisations remarquablement développées7.

Il ne parait donc pas possible d‟évoquer l‟effet des causes naturelles


permanentes pour rendre compte du sous-développement.
5 MUTUZA KABE, Ethique et développement, le cas du Zaire, éd Zenda, kinshasa,1987 p.61
6
LACOSTE, Les pays sous-développés, éd. PUF, Paris, 1996, P.50
7
MUTUZA . K. op.cit., P.61.
9

Puisque les causes naturelles ne suffisent pas à expliquer les sous-


développements, les causes ne seraient-elles pas d‟ordre humain.

B. les causes humaines.


En quoi l‟homme lui-même peut-il bien constituer l‟une de causes du
sous-développement économique ? Vraisemblablement, quel que soit le régime
d‟activité économique, l‟homme représente l‟agent essentiel de cette activité. La
question de l‟aptitude et des capacités de travail doit être évoquée en premier lieu. Là
où celle-ci fait défaut, le développement n‟est pas possible. Il n‟est pas de progrès dans
une société des paresseux.

C‟est ainsi que MUTUZA souligne que : « le développement des pays de


race blanche est donc souvent expliqué par des qualités intrinsèque de cette
population industrieuse, habile, persévérante, énergique et entreprenante »8

Donc, les hommes ne doivent pas être enlisés dans des habitudes
routières, mais accepter, et même rechercher les innovations qui se traduisent par
l‟amélioration des rendements et le perfectionnement de méthode de production.

C. Les causes institutionnelles.


« Faites de bonnes politiques et vous pourrez prétendre au
développement rapide », car une mauvais politique qu‟il s‟agisse de l‟organisation
elle-même ou de la conduite des affaires générales du pays ne peut que barrer la
croissance désirée.

1.3.2. Les causes externes


A. Les causes d’ordre politique à la colonisation.
Pour bien relever les effets de la situation coloniale sur les possibilités et
méthodes de développement économique du pays dépendant, nous devons faires
application de l‟outil d‟analyse représenté par le jeu complexe des « effets de
domination ».

En d‟autres termes, les colonisateurs ont mis en place de mécanismes


efficaces, pouvant exercer des effets sur l‟économie des pays sous dominant coloniale.
Ces effets négatifs, s‟il faut les qualités ainsi, sont9 :

Les cultures industrielles conduites de telle sorte qu‟elles aboutissent à


l‟épanouissement rapide du sol, à l‟abandon par les paysans autochtones des cultures

8MUTUZA . K. op.cit., P.61.


9 LEDUC. G, Economie du développement, les pays sous-développés et leurs
problèmes. Ed. La découverte, Paris p.130.
10

vivrières traditionnelles, au profit d‟une monoculture d‟exploitation génératrice


d‟instabilité et de fragilité, enfin au déploiement abusif des machine manœuvres
spéculatives sur les marchés internationaux de « produit de base », dont le pays en
cause sont précisément les principaux exportateurs.

Les inégalités des niveaux de vie dus aux écarts souvent considérables
entre les gains des métropolitains établis aux colonies et ceux des autochtones, mêmes
si les capacités professionnelles sont sensiblement comparables.

B. Les causes externes d’ordre économique.


Ici, les pays en voie de développement se retrouvent théoriquement
indépendants car présentant tous les signaux de souveraineté sur le plan international
pendant que leurs économies et par conséquent leurs politiques sont manipulées de
l‟extérieur.

En effet, pour l‟occident, le tiers monde est avant tout une source de
richesse alors ni son développement agricole, ni son industrialisation n‟est sont pris en
compte. C‟est ce retard dans l‟évolution économique qui serait l‟une des causes du
sous-développement.

Le pays sous-développé est soumis à l‟exploitation capitaliste et


impérialiste et c‟est ce qui explique sa situation actuelle. Les puissances impériales ont
placé des industries extractives au tiers monde et les industries de transformation chez
elles. Cette situation explique l‟extraversion des économies des pays sous-développés.

La structure économique héritée de la colonisation et entretenue par le


néocolonialisme serait à la base du retard des pays en cause.

En définitive, on peut résumer comme suit les principales


caractéristiques qualitatives qui sont en même temps les causes de la situation présente
des pays en voie de développement, en faisant abstractions des différences
quantitatives10.

4) Dépendance économique à l‟égard des puissances capitalistes étrangères ;


5) Prélèvement systématique sur le capital étranger et autres formes variées des
pertes chroniques des revenus dans les relations extérieures ;
6) Economie désintégrée à caractère « ouvert », extraverti, structures déformées et
mode de production « dualiste »,
7) Société hétérogène à caractère « dualiste ».

10 SZENTER TAMAS. Economie de sous-développement, éd. Harmattan, Paris,


1986, p.202
11

Les deux premiers points concernent l‟aspect international, le système


des relations économiques extérieures implique le problème de fuite des capitaux et
l‟orientation des économies vers l‟extérieur. Les deux autres révèlent de l‟aspect
interne des caractéristiques structurelles des pays qui renvoie aux caractères immobiles
des énergies potentielles, des économies et aux tensions internes.

François Perroux (1903-1987) quant à lui distingue deux facteurs qui


sont à la base du sous développement : les facteurs externes et internes.
A Les facteurs externes : Echanges inégaux et colonisation sont autant de facteurs
exogènes qui expliquent le sous-développement.
B.Les facteurs internes : Les économies sous-développées sont caractérisées par la
désarticulation, le dualisme et la dépendance.
 La désarticulation : Une économie désarticulée est une économie qui n‟est pas
intégrée. Une économie intégrée est une économie où il y a complémentarité
entre les différents secteurs, c‟est-à-dire que chaque secteur utilise à titre de
consommation intermédiaire les produits de l‟autre secteur. L‟économie sous-
développée est désarticulée car il y a absence de liaison entre les différentes
branches de l‟économie. Ce qui induit l‟absence d‟effet d‟entrainement et
d‟effet multiplicateur.
 Le dualisme : c‟est la coexistence dans un même ensemble de deux secteurs
juxtaposés et sans liaison entre eux, l‟un traditionnel et l‟autre moderne
(exemple : agriculture traditionnelle et agriculture moderne).
 La désarticulation : Une économie désarticulée est une économie qui n‟est pas
intégrée. Une économie intégrée est une économie où il y a complémentarité
entre les différents secteurs, c‟est-à-dire que chaque secteur utilise à titre de
consommation intermédiaire les produits de l‟autre secteur. L‟économie sous-
développée est désarticulée car il y a absence de liaison entre les différentes
branches de l‟économie. Ce qui induit l‟absence d‟effet d‟entrainement et
d‟effet multiplicateur.
 La dépendance : l‟économie des pays en développement est une économie
dépendante vu qu‟elle subit les conséquences des mouvements et des politiques
émanant des pays développés. Cette dépendance prend plusieurs formes :
commerciale (dépendance du marché mondial pour vendre les matières
premières), technologique (transfert des techniques et des innovations),
financière (l‟endettement auprès des banques internationales) et alimentaire
(certains pays en développement importent des produits alimentaires pour leurs
besoins nécessaires), etc.
12

Section2. Les caractéristiques des PED


2.1. Des structures économiques et sociales désarticulées
Les PED se caractérisent par une structure économique et sociale qui
constitue un obstacle à leur développement (économie agraire, État faible, structure
sociale très inégalitaire…). Le courant tiers-mondiste, en particulier, met en accusation
le passé colonial des PED pour l‟expliquer. En effet, la majorité des PED sont
d‟anciennes colonies.
Ils ont donc hérité d‟une structure économique et sociale désarticulée du
fait que les pays colonisateurs ont orienté leur production en fonction de leurs propres
besoins, provoquant un démantèlement des économies locales. Par exemple, dès le
XIXe siècle, la Grande-Bretagne a imposé à l‟Inde de se spécialiser dans la production
et l‟exportation de coton brut vendu aux entreprises anglo-saxonnes et l‟importation de
cotonnade (produit transformé), alors même que l‟Inde disposait d‟un tissu productif
de cotonnade performant.
Cette spécialisation forcée a provoqué l‟effondrement de l‟artisanat
indien du coton. Ainsi près de la totalité des exportations des colonies étaient à
destination des pays colonisateurs.
Les PED ont une structure économique déséquilibrée reposant sur un très
fort secteur primaire peu productif et une très faible industrialisation. Leur production
est peu diversifiée et, du fait de la faiblesse du marché intérieur, leurs exportations sont
fort dépendantes de l‟évolution des cours mondiaux. Ainsi la colonisation a empêché
le processus de révolution industrielle dans les colonies en leur assignant la
spécialisation dans une économie agraire.
De plus, la colonisation a aussi provoqué la déstructuration de
l‟organisation sociale. Les pertes humaines ont été très lourdes (entre 40 et 100
millions d‟hommes perdus pour l‟Afrique du fait de la traite des esclaves), ce qui a
enrayé tout processus de développement économique.
L‟imposition violente de normes économiques et sociales occidentales
(utilisation de la monnaie pour les échanges, remplacement des terres communautaires
par des propriétés privées) a déstructuré l‟organisation sociale et économique
traditionnelle des pays africains et asiatiques, ainsi que la cohésion sociale de ces
régions. La colonisation a aussi redéfini les frontières, en particulier en Afrique,
rendant parfois impossible l‟émergence d‟États-nations viables.
Il ne faut cependant pas faire retomber toute la responsabilité du sous-
développement sur la colonisation. Par exemple, certains PED n‟ont jamais été
colonisés (l‟Éthiopie) et certains pays développés l‟ont été (Canada, Australie). De
plus, le pillage des ressources naturelles des colonies par les colonisateurs a été remis
en cause par des travaux empiriques (Paul Bairoch) qui ont montré que les matières
premières ont peu joué dans la révolution industrielle des pays développés. Le poids de
la colonisation dans le sous-développement des ex-colonies dépend donc surtout de la
13

situation initiale du pays avant qu‟il soit colonisé (type de production, structure
sociale…).
2.2. Une forte croissance démographique
Les PED se caractérisent par une forte croissance démographique du fait
que leur transition démographique (passage d‟un régime démographique à forte
natalité et mortalité à un régime démographique à faible natalité et mortalité par
l‟intermédiaire d‟un régime d‟expansion élevée de la population) n‟est pas achevée.
Ainsi, ils représentaient 1,7 milliard d‟habitants en 1950, près de 5 milliards en 2000,
et devraient peser entre 8 et 12 milliards en 2050 selon les prévisions de l‟ONU.
La fécondité y est forte (plus de 3 enfants par femme en moyenne en
2000), même si elle diminue depuis les années 1960, période du plus fort
accroissement démographique (la population augmentait de 2,5 % par an en moyenne).
La mortalité y est encore élevée, ce qui explique une espérance de vie à la naissance
très faible par rapport aux pays développés (62,9 ans contre 74,9 ans en 2000).
Si le taux de mortalité diminue lui aussi, cette tendance pourrait être
freinée à moyen terme par l‟épidémie du sida, devenue la première cause de mortalité
en Afrique et qui devrait provoquer une diminution de la population d‟Afrique du Sud
dans les années 2010-2025.
2.3. Une faible insertion dans le commerce international
Les PED occupent une place minoritaire dans les échanges
internationaux. Ils sont à l‟origine de 37 % des exportations de marchandises
mondiales en 2005, une part identique à celle de 1948 même si elle est en progression
depuis les années 1970. Cette part est d‟autant plus faible que ces pays regroupent 80
% de la population mondiale.
De plus, le commerce intrazone des PED est très faible. En effet, une très
grande part de leurs exportations est à destination des pays riches : seulement 17,4 %
des échanges totaux pour l‟Amérique latine, 10,6 % pour le Moyen-Orient et 9,4 %
pour l‟Afrique sont des échanges intrazone (données 2005). Les relations
commerciales Sud-Sud sont donc marginales.
Cette faible place dans le commerce international est due à plusieurs
facteurs : une spécialisation dans les produits primaires défavorable, des prix
internationaux peu avantageux depuis les années 1980, des obstacles au commerce
international mis en place par les pays du Nord (barrières non tarifaires, quotas comme
pour le textile et l‟habillement…) et aussi des facteurs structurels internes aux PED
(distance géographique, culturelle – langue, religion…– par rapport aux grands foyers
géographiques d‟échange).
Néanmoins, la nature des exportations des PED s‟est profondément
modifiée : les produits manufacturés, qui n‟en représentaient que 20 % en 1970, en
constituent aujourd‟hui les trois quarts au détriment des produits primaires. C‟est à une
véritable remise en cause de la division internationale du travail traditionnelle que
14

nous assistons (pays industrialisés spécialisés dans les produits manufacturés, PED
spécialisés dans les produits primaires). Nous verrons par la suite la cause de cette
évolution.
2.4. La pauvreté et l’insatisfaction des besoins fondamentaux
Selon le classement du BIT, les besoins fondamentaux portent sur les
biens et services suivants :

a. Alimentation, habillement, logement et les biens liés (mobilier, ustensiles


ménagers) ;
b. Services de base : santé, éducation, eau potable, sanitaire, transports collectifs.
Ils ont des caractères communs : leur satisfaction peut être mesurée
grâce aux indicateurs sociaux et elle est susceptible d‟accroître la productivité
humaine. Enfin, la satisfaction de ces besoins est naturellement souhaitable quelles que
soient les valeurs de la société. Si la croissance à l‟occidentale peut être contestée par
ses aspects trop matérialistes, le développement qui concerne ces besoins de base, est
universellement recherché.

La pauvreté absolue correspond au seuil en dessous duquel ces besoins


ne sont pas satisfaits. La Banque Mondiale estime qu‟elle concerne environ 20% de la
population du monde, soit 1 milliard d‟êtres humains. Là encore la proportion est en
diminution, mais le nombre absolu augmente.

La croissance économique n‟a pas suffi à la réduire, c‟est pourquoi les


préoccupations ont porté de plus en plus sur les moyens de s‟attaquer directement à la
pauvreté : « les buts du développement consistent en la réduction progressive et
éventuellement l‟élimination de la malnutrition, la maladie, l‟analphabétisme, la
misère, le sous-emploi et les inégalités. On nous a conseillé de nous occuper de notre
PNB, car il s‟occuperait de la pauvreté. Inversons cette proposition et occupons-nous
de la pauvreté, afin d‟agir sur le PNB ».

Chenery estime qu‟il suffirait d‟une redistribution de 2 à 3% du revenu


mondial d‟ici l‟an 2000 pour éliminer la pauvreté absolue. Cependant, l‟aide étant
limitée actuellement et la réduction de la pauvreté restera fatalement du domaine des
politiques nationales, dont les principaux moyens sont les suivants :

 Investissements publics dans les services collectifs bénéficiant aux pauvres :


éducation, santé, etc. En améliorant ainsi leurs conditions de vie, on peut s‟attendre
à des effets positifs à long terme comme la hausse de leur productivité et de leur
consommation.
 Politiques de développement plus favorables à l‟emploi : les pays qui ont le mieux
réussi à éliminer la pauvreté (Corée, Taiwan, Chine) sont aussi ceux dont les
stratégies d‟industrialisation ont favorisé les activités de main-d‟œuvre : « le plus
15

sûr moyen d‟augmenter les salaires est de rendre le travail plus rare » (Bigsten), le
sous-emploi a pesé sur les salaires et la pauvreté de masse a peu diminué.
 Redistribution des actifs. Il apparaît que les pays ayant opéré les réformes de ce
type (ex réforme agraire) ont obtenu de meilleurs résultats dans la lutte contre la
pauvreté (Corée, Taiwan, Costa Rica). Au contraire, les pays présentant une grande
inégalité de patrimoine, comme en Amérique latine, connaissent un blocage
caractérisé par l‟aggravation des inégalités et l‟impossibilité d‟éliminer la pauvreté
malgré la croissance. Dans ce domaine en outre, il n‟y a pas de conflit entre
redistribution et efficacité, puisque la production agricole sera stimulée par une
structure de moyenne propriété et de paysans responsables.
 Redistribution des droits. Les privilèges sociaux, les barrières entre classes, l‟accès
à l‟éducation réservée à une minorité, ne feront que perpétuer la pauvreté. Une
redistribution des cartes par des réformes démocratiques et l‟égalité des chances
pour tous sont des conditions nécessaires à l‟élévation des revenus des plus
pauvres. Le rapport du PNUD met aussi l‟accent sur le rôle des droits dans
l‟élimination de la pauvreté. C‟est souvent l‟absence des droits élémentaires pour
pauvres (droit à la terre, sécurité sociale, salaire minimum, prix rémunérateur pour
les paysans) qui explique et maintient la pauvreté.
Ces différents moyens d‟action sont assez connus, mais il manque
souvent la volonté politique pour le mettre en œuvre (la réforme agraire est par
exemple souvent bloquée par des intérêts puissants, comme cela a été le cas au Brésil
dans les années 80). D‟autre part, ces politiques ne doivent pas se substituer à une
politique de croissance. Celle-ci reste à long terme le moyen le plus efficace
d‟améliorer le sort des pauvres.

2.5. Le dualisme, l’inarticulation et les distorsions


La notion du dualisme, introduite par Bocke, correspond à une réalité
évidente dans les pays pauvres du tiers monde, en Afrique, en Asie et dans les pays
andins : il s‟agit de la coexistence d‟une société traditionnelle, surtout rurale et d‟une
société moderne : industries, banques, plantations, etc. qui peut se résumer à une
enclave contrôlée par l‟étranger.

Ces deux secteurs entretiennent peu de liens et on peut parler


d‟inarticulation de la société. Les instruments éprouvés de politique économique des
pays développés et les mécanismes décrits par la théorie ne joueront pas dans ce
contexte. L‟exemple classique est celui du multiplicateur Keynésien ou la propagation
des flux va se trouver rapidement bloquée car une partie de l‟économie n‟est pas
monétarisée. Dans l‟autre partie, la capacité de production est faible, l‟offre est
inélastique, et la relance va se traduire par un surcroît d‟inflation.

Par ailleurs, l‟inarticulation se manifeste par l‟absence de segments


productifs dans l‟économie nationale qui devront être complétés par l‟importation. Le
16

développement consiste justement à remplir peu à peu la matrice de production en


diversifiant les activités productives. Dualisme et inarticulation résultent de
l‟introduction brutale au cours du IXIè siècle, dans des sociétés homogènes mais
pauvres et stagnantes, du mode de production capitaliste, ils traduisent donc le choc dû
à la confrontation de deux de deux cultures différentes.

Ceci explique pourquoi, dans les pays issus de colonies de peuplement


(Argentine, Brésil, Australie) ou ceux qui ont connu un développement rapide du
capitalisme industriel (Japon), le dualisme apparaît beaucoup moins nettement ou n‟est
plus que marginal.

Les principaux aspects du dualisme sont bien mis en valeur par Penouil
en 1979 qui présente les caractéristiques opposées de deux secteurs :

1. Technologie de l‟outil contre technologie de la machine ;


2. Artisanat contre l‟industrie ;
3. Economie de subsistance peu monétarisée, troc et auto-consommation, contre
économie d‟échanges monétaires ;
4. Systèmes de valeur différents : recherche du profit, volonté d‟expansion et
d‟accumulation dans le secteur moderne, alors que le secteur traditionnel se
caractérise par une absence de motivation pour la production, l‟acceptation du statu
quo, « des comportements fatalistes et résignés ».
Cependant, entre ces deux secteurs, des activités intermédiaires se sont
développées, surtout en milieu urbain, formant ce qu‟on appelle le secteur informel ou
non structuré. Il s‟agit de petits métiers, vendeurs ambulants, petits restaurateurs,
réparateurs divers etc. qui forment la trame colorée et misérable des villes africaines.
Ces occupations représentent environ le tiers des emplois urbains et présentent les
caractéristiques suivantes selon Penouil :
a. Activités dérivant du secteur moderne qui « commercialisent, réparent,
transforment des biens industriels » ;
b. Activités monétaires qui fournissent des revenus à leurs titulaires et permettent
la survie en ville ;
c. Activités peu capitalistiques (un étalage sur deux planches) qui ignorent bien
entendu les techniques de gestion (comptabilité, stocks, etc.).
Outre l‟inarticulation et le dualisme, les PVD sont victimes de
distorsions dues aux contacts avec les pays développés. En même temps que ces
contacts ont été à l‟origine de la transformation des sociétés traditionnelles, ils ont
instillé des germes culturels et sociaux qui ont ravagé le corps social de ces pays. Tout
ce qui vient de l‟étranger sera préféré, les costumes et les produits locaux seront
méprisés.
Les classes supérieures vont imiter l‟Occident et adopteront des
habitudes de consommation et de gaspillage désastreuses pour un pays pauvre. Les
17

jeunes et les ruraux seront attirés par les lumières de la ville et le clinquant de la
société de consommation reflété dans les médias : « il est peu probable que les jeunes
reviennent à la ferme familiale une fois qu‟ils auront vu Disneyland ». Ainsi, selon
l‟expression forte de Sunkel, l‟intégration internationale mènera à la désintégration
nationale.
On peut observer ces phénomènes dans le tiers-monde, mais ils ne
correspondent qu‟à une facette de la réalité du choc culturel. Si les civilisations
indiennes d‟Amérique ont été bel et bien détruites (au demeurant plutôt par les armes
que par des moyens idéologiques ou économiques), la plupart des autres peuples du
tiers monde en Afrique et en Asie ont fait preuve d‟une capacité d‟adaptation
remarquable et ont intégré l‟idée de progrès économique et technique, sans perdre
l‟essentiel de leur culture.
2.6. Les inégalités
Les inégalités sont habituellement plus fortes dans le tiers-monde que
dans les PIDEM. Simon Kuznets a soutenu l‟idée d‟une opposition ( tradde-off) entre
croissance et égalisation des revenus. C‟est l‟hypothèse du U inversé selon laquelle
l‟inégalité tendrait à augmenter dans les premières phases du développement, à partir
d‟une situation de relative égalité dans la pauvreté générale. La réduction de la
pauvreté peut d‟ailleurs aller de pair avec une aggravation des réalités. Celles-ci ne
diminueraient qu‟après un certain seuil de développement, comme cela a été le cas
pour les pays riches à partir des années 50.

Diverses études tendent à confirmer cette hypothèse. Mais elles portent


sur les statistiques de pays à différents stades de développement, à un même moment,
et non sur l‟évolution d‟un pays au cours du temps. On suppose donc que tous les pays
suivront peu à près les mêmes phases. Or, cela ne s‟est pas vérifié dans certains cas,
où les inégalités ont été réduites au cours d‟un processus de croissance rapide :
Taiwan, Corée du Sud, Yougoslavie, Israël, Singapour. Ces pays constituent
malheureusement des exceptions et les inégalités ont eu tendance à s‟accroître dans le
tiers-monde.

A côté des inégalités sociales, les inégalités régionales caractérisent la


plupart des pays. Elles s‟expliquent ainsi : le développement se fait suivant un
phénomène de polarisation. Il commence dans une ville ou une région et les inégalités
s‟accroissent dès le départ. La diffusion progressive au reste du pays s‟opère très
lentement comme le montrent bien les cas de pays développés comme l‟Italie. Les
disparités régionales les plus évidentes apparaissent au Brésil entre le Sertäo et la
région pauliste, en Inde entre le Bihar et le Penjab ou en Afrique entre l‟intérieur et les
régions côtières.
18

En outre, des facteurs aggravants viennent renforcer les inégalités,


comme les migrations vers les régions riches où la concurrence de nouvelles
industries avec les activités artisanales traditionnelles. Les inégalités sociales peuvent
s‟expliquer de la même façon. La croissance entraîne l‟enrichissement rapide de
certaines catégories sociales, commerçantes ou industrielles, alors que la masse voit
son revenu s‟élever très lentement. Les différences observées en RDC entre Kinshasa,
Lubumbashi, Matadi et le reste de provinces du pays prouvent à suffisance ces
inégalités sociales entre les populations de ces villes et celles des autres provinces.

Les positions de différents courants à propos de la relation inverse


égalité-croissance peuvent être schématisées de la façon suivante. Pour les libéraux,
l‟inégalité des revenus est un facteur de croissance, tout d‟abord parce que l‟épargne
disponible pour l‟investissement sera plus élevée avec une répartition inégale des
revenus (propension à épargne plus élevée chez les riches) et ensuite à cause du facteur
incitatif lié aux inégalités ; dynamisme, esprit d‟entreprise, volonté de « s‟en sortir »,
qui ne peuvent se manifester dans une société nivelée.

De plus, la croissance permettrait de réduire la pauvreté (effet recherché :


la stagnation économique entraînant une détérioration du sort des plus pauvres. Le
Brésil a ainsi connu une forte croissance et une inégalité élevée, tandis que
l‟Argentine, avec une répartition des revenus plus égalitaire semble plonger dans la
stagnation depuis des décennies.

Ces relations sont cependant critiques par la plupart des économistes qui
soutiennent que justice sociale et efficacité économique sont tout à fait compatibles.
On peut mettre en doute la capacité élevée d‟épargne des classes supérieures
(consommation de luxe, suite de capitaux), ainsi que l‟effet incitatif : trop d‟inégalités
aboutit à une dégradation du consensus national et à des conflits politiques et sociaux
défavorables à la croissance.

D‟autre part, on l‟a vu, les politiques directes de réduction de la pauvreté


peuvent être favorables à la croissance en augmentant la productivité (effet de trickle-
up ou réaction vers le haut). La réduction des inégalités va aussi dans le sens d‟une
relance de la consommation populaire moins dépendante des importations. Enfin, elle
est simplement souhaitable pour des raisons morales de justice sociale. Celle-ci va plus
loin que la justice commutative (égalité des chances et des droits) et la justice
distributive (donner à chacun selon ses mérites), puisqu‟elle implique redistribution et
solidarité.
19

Section3.La classification des pays sous developpés


3.1. Le classement selon la mesure par le PNB/habitant
La Banque mondiale mesure le niveau de développement par un
indicateur de richesse, le revenu moyen de la population assimilé au PNB/habitant.
Cela lui permet de classer les pays en trois catégories selon leur niveau de richesse (les
données sont de 2006) :
1. .53 pays à revenu faible (moins de 905 $/habitant) : on y retrouve en majorité
des pays pauvres africains et asiatiques comme le Mali, le Kenya, le Libéria, la
Mauritanie, le Bangladesh, le Cambodge, le Népal… mais aussi l‟Inde ;
2. .96 pays à revenu intermédiaire (entre 906 et 11 115 $/habitant) : devant la trop
grande hétérogénéité de cette catégorie, la Banque mondiale la structure en
deux sous-catégories depuis 1989 :
a. 55 pays à revenu intermédiaire tranche inférieure (entre 906 et 3 595 $/habitant)
: on y retrouve d‟autres PED d‟Afrique et d‟Asie comme l‟Algérie, le Sri Lanka
et surtout la Chine, mais aussi des PED d‟Amérique latine comme Cuba ou la
Colombie et des pays d‟Europe centrale et orientale (PECO) en transition
comme l‟Albanie, la Moldavie ou l‟Ukraine ;
b. .41 pays à revenu intermédiaire tranche supérieure (entre 3 596 et 11 115
$/habitant) : on y retrouve encore des PED comme les grands pays d‟Amérique
latine que sont le Brésil ou l‟Argentine, et la majorité des PECO comme la
Hongrie ou la Pologne et surtout la Russie ;
c. 60 pays à revenu élevé (plus de 11 116 $/habitant) : ce sont les PDEM mais
aussi certains pays du Moyen-Orient comme le Qatar, les Émirats arabes unis
ou le Koweït, et des pays asiatiques comme la Corée du Sud, Hong Kong ou
Singapour.
Cette classification rencontre des limites comme l‟illustre le fait que les
PED sont représentés dans toutes les catégories. En effet, cette classification ne tient
pas compte par exemple de la répartition et de l‟utilisation des revenus, et n‟est donc
pas affectée par les inégalités internes des pays. De plus, elle réduit le développement
à la seule variable du niveau de vie.
3.2.Le classement par les indicateurs de développement
Le niveau de développement d‟un pays ne se limite pas à son niveau de
richesse économique, le développement ne se réduisant pas à la croissance
économique. C‟est pourquoi d‟autres indicateurs sont souvent utilisés. Ainsi, le taux de
mortalité infantile est l‟un des plus pertinents puisqu‟il est affecté par le niveau
d‟éducation des femmes d‟un pays, le niveau d‟exposition aux maladies de la
population et le niveau du système de santé (hôpitaux…). On considère qu‟un pays
ayant un taux de mortalité infantile supérieur à 5 % est en sous-développement. Mais
cet indicateur est encore trop limité, car il ne prend pas en compte suffisamment de
facteurs de développement.
20

Le PNUD a donc créé en 1990 un indicateur synthétique, l‟indicateur de


développement humain
(IDH ). Considérant que le développement traduit l‟extension des possibilités
humaines, celle-ci nécessite trois conditions : la possibilité de vivre longtemps et en
bonne santé, la possibilité de s‟instruire, et enfin les possibilités d‟accès aux ressources
permettant de vivre convenablement.
Pour représenter ces trois dimensions du développement (santé,
éducation, niveau de vie), l‟IDH synthétise trois indicateurs mesurés de 0 à 1 (plus il
est élevé, plus le pays est développé) :
a. Un indicateur de longévité et de santé mesuré par l‟espérance de vie à la
naissance ;
b. Un indicateur d‟instruction mesuré pour deux tiers par le taux d‟alphabétisation
des adultes et pour un tiers par le taux de scolarisation ;
c. Un indicateur de niveau de vie mesuré par le PNB/habitant en PPA (parité de
pouvoir d‟achat).
L‟IDH synthétise ces trois indices en un seul traduisant le niveau de
développement du pays, noté de 0 à 1. Ainsi, en 2005, les pays à développement
humain élevé ont un IDH supérieur à 0,800 ; les pays à développement humain moyen
ont un IDH compris entre 0,500 et 0,799 ; les pays à développement humain faible ont
un IDH inférieur à 0,500.
Des différences significatives de classement apparaissent selon que l‟on
prend en compte le PNB/ habitant ou l‟IDH, ce qui montre l‟intérêt de ce dernier.
Tout comme le PNB/habitant, l‟IDH rencontre des limites puisqu‟il ne
montre pas si le niveau de développement atteint est dû à une aide extérieure ou bien
aux progrès réels du pays qui traduisent alors l‟effectivité d‟un processus durable de
développement. De plus, on peut lui reprocher son caractère statique alors que ce qu‟il
est censé mesurer, le développement, est lui un phénomène dynamique. Enfin, l‟IDH
n‟indique pas le niveau des inégalités internes au pays.

Section4.La Diversité des PED


Dès la constitution du tiers-monde en groupe politique revendicatif uni
dans les années 1950, des lignes de failles apparaissaient : intérêts divergents,
différences culturelles et idéologiques (certains pays sont dans la sphère d‟influence du
communisme, d‟autres non)… Mais ce sont surtout des trajectoires de développement
opposées à partir des années 1970 qui incitent à en conclure à l‟éclatement du tiers-
monde (en 1988, l‟économiste français Serge Latouche parle de « la fin du tiers-monde
» pour illustrer l‟éclatement des PED en différentes strates de développement). C‟est
pourquoi la grande diversité des PED a poussé à définir de nouvelles catégories de
pays.
En 1971, l‟ONU définit les PMA (pays les moins avancés, au nombre de
50 aujourd‟hui et surtout localisés en Afrique subsaharienne et en Asie) : ce sont les
21

PED les plus pauvres qui sont structurellement handicapés dans leur développement et
qui doivent bénéficier d‟un traitement de faveur de la part des institutions
internationales. Ils se caractérisent par une grande vulnérabilité économique liée à
l‟instabilité de la croissance économique, un secteur primaire majoritaire dans la
structure économique et donc une production peu diversifiée.
À l‟opposé des PMA s‟est constitué un groupe de PED très avancés dans
leur industrialisation et dans leur rattrapage avec les pays développés : les nouveaux
pays industrialisés (NPI : notion de l‟OCDE). Ils regroupent les NPI asiatiques (NPIA
: Corée du Sud, Singapour, Taiwan, Hong Kong) et les pays émergents comme le
Brésil, le Mexique et la Chine. Y ont été ajoutés depuis les années 1980 la Malaisie et
la Thaïlande.
Enfin, une troisième catégorie regroupe les pays exportateurs de produits
primaires qui connaissent une forte demande internationale : ce sont surtout les pays
exportateurs de pétrole dont le développement dépend en particulier du cours de l‟« or
noir ».
4.1. Des caractéristiques socio-économiques différentes
Les PED ne forment pas un groupe économiquement et socialement
homogène. Du point du vue de la richesse, les PED regroupent des pays aux niveaux
de vie très différents.
Qu‟ont en commun, d‟un côté, l‟Argentine et la Corée du Sud dont le
niveau de vie moyen de la population les places dans le groupe des pays à revenu
intermédiaire de la tranche supérieure et, de l‟autre côté, le Cameroun et la Côte-
d‟Ivoire qui font partie des pays à faible revenu ? Les disparités sont d‟autant plus
grandes que les performances économiques enregistrées par les PED accroissent
l‟écart entre pays émergents et PMA : l‟Asie de l‟Est et du Pacifique connaît une
croissance économique annuelle moyenne largement supérieure à celle des pays
développés. En conséquence, leur revenu par tête, qui représentait 1/14e de celui des
pays développés en 1975, en représente 1/6e en 2000. À l‟inverse, ce rapport est passé
de 6 à 14 pour l‟Afrique subsaharienne
Le groupe des PED éclate donc du fait que ce sont les pays déjà les plus
développés qui connaissent les taux de croissance les plus élevés, alors que les PMA
ont des taux de croissance faibles voire parfois négatifs.
Du point de vue des indicateurs de développement, les PED peuvent
avoir un niveau de développement comparable à celui des pays développés : c‟est le
cas de certains pays émergents comme l‟Argentine, le Chili ou des NPIA comme Hong
Kong, classé au 21e rang mondial en 2005.
Les PMA, au contraire, ont des niveaux de développement très faibles,
en particulier les pays d‟Afrique subsaharienne. Les PED ne connaissent pas les
mêmes situations démographiques. Les pays émergents sont en train d‟achever leur
22

transition démographique : par exemple, l‟Amérique latine ne connaît plus qu‟un taux
de croissance démographique annuel moyen de 1,3 %.
Pour leur part, les PMA sont encore en pleine transition démographique :
l‟Afrique subsaharienne voit encore sa population augmenter en moyenne de 2,8 % par
an : de ce fait, l‟indice de fécondité de l‟Afrique subsaharienne atteint encore des
sommets (5,47 enfants par femme en moyenne en 2000) alors que celui de l‟Asie n‟est
plus que de 2,7, mais l‟Afrique a une espérance de vie moyenne à la naissance
inférieure de 15 ans à celle des pays asiatiques (50,3 ans contre 65,5 ans en 2000).
4.2 Une insertion opposée dans le commerce international
Si les PED voient leur part dans le commerce international progresser
depuis les années 1970 et une majorité de leurs exportations être constituée de produits
manufacturés, ce n‟est dû qu‟au décollage économique de l‟Asie de l‟Est. Ainsi, entre
1948 et 2005, alors que la part des NPI et de la Chine dans le commerce mondial passe
de 4 % à plus de 16 %, celle de l‟Afrique passe elle de 7,3 % à 2,8 %. On assiste à une
marginalisation très forte des PMA dans le commerce mondial, leur part passant de 1
% en 1970 à 0,3 % en 2005.
Ces derniers sont restés spécialisés dans l‟exportation de produits
primaires, et donc dépendants de l‟évolution du cours des matières premières et
produits de base, alors que les NPI ont réussi à faire évoluer leur spécialisation vers les
produits manufacturés, comme nous le verrons dans l‟article suivant.
De plus, les PED les plus avancés sont ouverts au commerce
international du fait de leurs exportations, alors que les PMA n‟ont un rôle dans le
commerce international que par leurs importations, ce qui, certes, accroît leur taux
d‟ouverture, mais celui mesuré par le rapport de leurs importations (et non de leurs
exportations) sur leur PIB, ce qui est assimilé à un taux de dépendance au commerce
international : les PMA subissent le commerce international quand ils y participent.
Enfin, les NPI ont de même réussi leur intégration dans la mondialisation financière en
étant une des destinations principales des investissements directs à l‟étranger (IDE) et
des investissements de portefeuilles internationaux.

Section 5. Les theories du sous-développement

L‟origine du sous-développement a fait l‟objet de controverses


théoriques importantes dans la seconde moitié du XXe siècle.

5.1 Le sous-développement comme retard : les théories libérales

5.1.1.La théorie de Rostow


Au cours des années 1950, l‟analyse libérale du sous-développement
considère ce dernier comme l‟expression du simple retard des pays pauvres qui n‟ont
donc qu‟à copier le modèle de développement des pays riches. Cette analyse est
23

représentée par les travaux de l‟économiste américain Walt Rostow qui, en 1961, dans
Les Étapes de la croissance. Un manifeste non communiste, définit cinq étapes de
croissance que les pays doivent connaître pour se développer :
• La « société traditionnelle » : C‟est une société agricole stable, où la terre est la
seule source de richesse. C‟est une économie de subsistance, sans accumulation,
spécialisée dans les activités agricoles. L‟économie connaît donc un taux de
croissance très faible ;
• Conditions préalables au décollage (transition) : Inspirés de l‟observation des
sociétés européennes des XVIe et XVIIe siècles, ils consistent en un changement des
mentalités vers l‟accumulation et l‟accroissement du taux d‟épargne. Une structure
économique et sociale tournée vers la croissance économique se met en place (début
de l‟industrialisation et émergence d‟une bourgeoisie commerçante) . : l‟agriculture se
développe permettant de dégager un surplus de ressources pour effectuer des
investissements dans l‟industrie nouvelle. Cependant, le taux d‟investissement reste
encore limité : de 5 à 10% du PIB.
• Démarrage : le « take-off » : On note ici l‟ apparition du progrès technique, le taux
d‟investissement augmente fortement, ce qui lance la croissance économique. Cette
période est assimilée à la révolution industrielle des pays développés des XVIIIe et
XIXe siècles .C‟est donc une étape marquée par un fort taux d‟investissement,
l‟émergence d‟industries motrices (chemins de fer) et la disparition des blocages
socio-politiques. Cette phase de décollage s‟accompagne d‟inégalités sociales.
• La « marche vers la maturité » : Diversification des secteurs de production par la
diffusion du progrès technique, accroissement des gains de productivité, cette étape est
marquée par une agriculture plus prospère et productive, l‟apparition des nouvelles
industries qui remplacent les anciennes et exerçant un effet d‟entraînement sur le reste
de l‟économie.
• La « consommation de masse » : caractérisée par l‟accroissement des revenus de la
population qui lui permet d‟atteindre un niveau de vie basé sur la consommation de
masse : biens d‟équipement, loisirs, etc.C‟est une étape marquée par la production de
masse, l‟expansion des services, la satisfaction des besoins essentiels, et la mise en
place des politiques sociales. Le problème soulevé par le développement se situe au
niveau de la troisième étape. Le décollage se produit grâce à une forte augmentation
du taux d‟investissement, déclenchant une dynamique autoentretenue de la croissance.
Cette thèse a fait l‟objet de nombreuses critiques. L‟économiste
américain Simon Kuznets , en 1972, met en cause le manque de données empiriques
qui aurait permis de valider les différentes étapes du développement, ainsi que
l‟absence de précision sur les modalités de passage d‟une étape à une autre.
L‟économiste d‟origine russe Alexander Gerschenkron montre qu‟il est
possible de suivre d‟autres voies de développement que les seules étapes de Rostow. Il
indique aussi que des étapes peuvent être sautées du fait que l‟emploi de nouvelles
24

technologies dans le développement actuel permet de venir concurrencer bien plus


rapidement les pays développés.
De plus, le caractère universel de cette théorie est remis en cause. Elle ne
serait que l‟interprétation du processus historique de développement des pays
occidentaux au cours de leur industrialisation et ne saurait être appliquée aux PED
actuels du fait du changement de contexte (modalités du commerce international,
existence de pays développés aujourd‟hui…).
Cette théorie serait donc trop linéaire, évolutionniste et non universelle,
réduisant le développement au phénomène occidental contemporain de l‟avènement de
la consommation de masse.
En somme, la pertinence du modèle de Rostow est limitée, le schéma de
Rostow est une justification de l‟avance prise par les pays riches, un hymne à la gloire
de la croissance économique et un manifeste non communiste, on peut affirmer que
Rostow voulaient lutter contre les vues pessimistes de Karl Marx et de prôner le
capitalisme.
Depuis la fin des années 1960, l‟analyse libérale critique les politiques
protectionnistes adoptées par plusieurs PED. S‟appuyant sur la théorie néoclassique du
commerce international, héritée des travaux de David Ricardo sur les avantages
comparatifs et ses prolongements modernes avec le théorème HOS (Hecksher-Ohlin-
Samuelson), elle considère que le sous-développement est causé par une trop faible
insertion dans le commerce international et que la voie du développement passe par la
spécialisation des exportations.
Les PED doivent se spécialiser dans la ou les productions où ils
disposent d‟un avantage comparatif par rapport aux autres pays. Le théorème HOS
précise alors que l‟avantage comparatif dépend de la dotation en facteurs de
production du pays concerné : main-d‟oeuvre, ressources naturelles, capital
technique…
Quel que soit le choix de la spécialisation, elle sera mutuellement
avantageuse pour le PED comme pour ses partenaires commerciaux du moment
qu‟elle concerne le secteur où l‟avantage comparatif est présent. La participation
au commerce international par l‟intermédiaire de la spécialisation est donc la voie du
développement. Le sous-développement se caractérise par une trop faible exploitation
et mise en valeur de leurs avantages comparatifs par les PED.
En conséquence, dans les années 1950, des auteurs comme Jacob Viner
et Gottfried Haberler incitent les PED à accentuer leur spécialisation dans les produits
primaires. Les gains tirés de l‟échange international leur permettront d‟importer des
biens d‟équipement et ainsi d‟amorcer leur « takeoff ». Leur raisonnement s‟appuie sur
les exemples réussis de l‟Australie ou de la Nouvelle-Zélande.
Ces théories seront à l‟origine des travaux de Bela Balassa, Anne
Krueger et Jagdish Bhagwati qui théoriseront la politique d‟ouverture commerciale
25

prônée par les institutions internationales comme le Fonds monétaire international


(FMI) ou la Banque mondiale dans les années 1980 (que nous aborderons dans
l‟article suivant).
5.2 .Le sous-développement comme phénomène auto-entretenu : la
théorie de nurske et l’analyse tiers-mondiste

5.2.1. La théorie de Nurkse: Les trois cercles vicieux du sous-développement

Ragnar Nurkse a développé au cours des années 1950 l‟analyse des


cercles vicieux du sous-développement. Il met en avant trois cercles vicieux, dont le
point de départ est à chaque fois la pauvreté et la faiblesse des revenus.

Le premier cercle vicieux par de la faiblesse des revenus qui entraîne la


faiblesse de l‟épargne qui a elle va entraîner une faiblesse de l‟investissement qui a
son tour va engendrer une une faiblesse des gains productivité ce qui donnera ensuite
des revenus modérés ou nulles(faible revenu).

Le deuxième cercle est ainsi décrit : Faiblesse des revenus→ faiblesse de


la consommation → faible incitation à investir→ faiblesse des gains de productivité→
hausse des revenus modérés ou nulles

Le troisième cercle vicieux comporte la forme suivante: faiblesse des


revenus→ Insuffisance de l‟alimentation→ faiblesse des gains de productivité→
hausse des revenus modérés ou nulles.

Nurkse voit une possibilité de briser les cercles vicieux à travers l‟aide
internationale. L‟appel aux capitaux étrangers et le choix d‟une stratégie de
croissance équilibrée. En investissant dans les infrastructures économiques et sociales,
rôle de l‟Etat, ensuite en développant les investissements productifs il sera possible
d‟enclencher le processus de développement.

Cependant Nurkse n‟avait pas pris en compte les enjeux de l‟aide


internationale, les conditions qui s‟imposent en prenant des capitaux étrangers. L‟aide
internationale a engendré la crise de l‟endettement des pays sous-développés et
d‟autres crises sociales majeure dans les pays sous-développés car pour continuer à
avoir accès aux capitaux étranger il y a des conditions à respecter, ces conditions sont
la ne sont pas favorable pour la stabilité sociale des pays comme faire des coupes dans
les dépenses publiques dans des secteurs comme la santé et l‟éducation. Une instabilité
sociale peut engendrer des instabilités politiques, ce qui affectera tous les autres
aspects de la société.
26

5.3. Les structure des PED comme obstacles à leur développement


Les deux pionniers de l‟économie du développement sont l‟économiste
britannique Arthur Lewis (prix Nobel en 1979) et le Suédois Gunnar Myrdal (prix
Nobel en 1974). Pour Lewis, le sous-développement provient de l‟utilisation sous-
optimale de la main-d‟oeuvre.
En effet, il pose la corrélation entre le sous-emploi et le sous-
développement : les gains de productivité ne se traduisent pas en accroissement des
salaires réels comme le postule pourtant l‟analyse néoclassique. Le fort potentiel de
main-d‟oeuvre dans le secteur rural exerce une pression à la baisse sur les salaires. En
conséquence, les gains de productivité réalisés dans le secteur moderne ne profitent
pas au développement de la population locale sous forme de hausse du niveau de vie,
mais sont répercutés sur les prix des exportations, profitant alors aux importations des
pays développés.
La solution est de transférer ce surplus de main-d‟oeuvre du secteur
traditionnel dans le secteur moderne où la productivité est croissante, afin de dégager
des taux de profits croissants et donc un taux d‟épargne suffisamment important pour
lancer le processus d‟industrialisation.
Lewis pense donc que le processus de développement se déroulera par la
rupture du dualisme. Myrdal , qui a travaillé sur l‟Asie du Sud dans les années 1950-
1960, constate que le libre jeu du marché dans les PED éloigne l‟économie de
l‟équilibre du fait que les « effets de remous », effets qui amplifient les déséquilibres
(la croissance appelle la croissance et la pauvreté la pauvreté), dominent les « effets de
propagation », qui eux permettent de diffuser la croissance des secteurs riches vers les
plus pauvres.
Les inégalités se polarisent donc à l‟intérieur du pays. De plus, ces «
effets de remous » sont entretenus par les institutions traditionnelles féodales des PED
(structures sociales archaïques de castes…). Se manifeste selon lui une « causalité
circulatoire » : les inégalités issues du libre jeu du marché sont amplifiées par ces
institutions inégalitaires, les « effets de remous » augmentent, ce qui accentue les
inégalités.
Le concept de « causalité circulatoire » implique que le sous-
développement n‟est pas seulement le fait des structures économiques mais aussi celui
des facteurs institutionnels non économiques des PED. Myrdal est le pionnier des
analyses institutionnalistes du sous-développement. Dans une perspective sociale-
démocrate, il prône l‟intervention de l‟État dans les PED pour encadrer le libre jeu du
marché et la nécessité de l‟avènement d‟un État-providence dans ces pays pour y
réduire les inégalités, en favorisant les « effets de propagation » par une redistribution
volontariste.
27

Ces deux analyses ne remettent cependant pas en cause les effets


bénéfiques que peut apporter la participation des PED au commerce international, à
l‟inverse des théories suivantes.
A. L’analyse structuraliste
L‟analyse structuraliste naît au sein de la Commission économique pour
l‟Amérique latine des Nations unies (CEPAL), créée en 1948. Elle est représentée par
les travaux de l‟économiste argentin Raul Prebisch , en particulier un article publié en
1950 en collaboration avec Hans Singer et un rapport à la CNUCED en 1964 sur les
causes du sous-développement de l‟Amérique latine. Il considère que le sous-
développement est la conséquence de la division internationale du travail qui engendre
la polarisation du monde entre un centre (les pays riches) et une périphérie (les pays
pauvres) : l‟analyse « centre-périphérie* ».
L‟avancée technologique et la position du centre lui permettent
d‟organiser à son profit les relations avec la périphérie. En conséquence, les pays de la
périphérie se voient cantonnés à l‟exportation des produits primaires pour le centre. De
plus, le progrès technique a des effets différents sur les prix selon la structure de
marché. Dans le centre, les marchés étant peu concurrentiels, la baisse des prix est
limitée alors que dans la périphérie, les prix des produits primaires diminuent. En
conséquence, les prix de leurs importations augmentant par rapport à ceux de leurs
exportations, les pays de la périphérie s‟appauvrissent en participant au commerce
international.
C‟est à une véritable mise en accusation de la théorie traditionnelle du
commerce international que se livre Prebisch. La spécialisation dans les produits
primaires des PED et la dégradation des termes de l’échange* sont la cause de leur
sous-développement. Ce mouvement de pensée sera à l‟origine de la revendication du
nouvel ordre économique international (NOEI) à la CNUCED.
Les calculs de Paul Bairoch semblent infirmer les thèses de Raul
Prebisch sur la période qu‟il étudiait (la première moitié du XXe siècle). Ces dernières
ont d‟ailleurs été fortement contestées par la suite par les libéraux. Cependant, on
constate une dégradation des termes de l‟échange des PED non exportateurs de pétrole
depuis les années 1970, ce qui pourrait alors valider empiriquement les conclusions de
Raul Prebisch, en particulier pour les PMA exportateurs de produits primaires.
L‟économiste français François Perroux est l‟autre représentant de
l‟analyse structuraliste du sous-développement. Le monde s‟organise selon lui dans
des relations inégales de pouvoir entre les pays, certains pouvant orienter les échanges
et la production à leur profit (« effet de domination »). L‟économie mondiale est donc
structurée en pôles d‟influence entretenant des relations asymétriques entre eux basées
sur des dominations. Cependant, si cette analyse se rapproche fortement de la thèse du
centre et de la périphérie de Raul Prebisch, François Perroux ne considère pas que les
relations de domination soient le fruit d‟une action volontaire des États du « centre ».
28

Il plaide alors pour la constitution de pôles de développement dans les


zones dominées par l‟intervention d‟un État planificateur, proposition qui aura une
forte influence sur les stratégies de développement des années 1950 et 1960.
Le rôle des facteurs socioculturels
Les analyses précédentes convergent sur un point fondamental : le sous-
développement n‟a pas que des causes économiques, il a aussi des origines non
économiques. Ainsi les institutions, les traditions présentes dans les PED peuvent être
une entrave au développement. Ce dernier nécessite la réunion de conditions
socioculturelles pour pouvoir advenir : changement culturel tourné vers le progrès,
logique de l‟enrichissement et de l‟accumulation comme but de l‟activité économique.
Ainsi Arthur Lewis note qu‟« une partie de la production et des échanges
[dans les PED] est régie non par le désir de maximisation du revenu mais par d‟autres
considérations non économiques ».
L‟économie du développement doit donc se tourner vers les apports de la
sociologie et de l‟anthropologie pour mieux comprendre les blocages culturels au
développement, comme les pratiques religieuses ou traditionnelles dans certains pays
qui réduisent les femmes à un rôle de mère ou bien les travaux du sociologue français
Marcel Mauss sur le don et la kula (système d‟échanges réciproques entre tribus) qui
montrent que les échanges peuvent répondre à des logiques politiques de prestige, de
pouvoir ou de pacification des conflits… Ces différentes traditions culturelles sont des
obstacles au processus d‟accumulation et d‟industrialisation, préalable essentiel au
développement.
Le sous-développement s‟expliquerait alors par le fait que certaines
sociétés n‟y sont pas prêtes culturellement. Cette thèse est à l‟origine d‟apports
importants comme le fait de ne pas réduire le processus complexe de développement à
de seules conditions économiques et donc de prendre en compte les données
culturelles des pays dans la définition des stratégies de développement.
Mais il faut faire attention de ne pas tomber dans le piège du
déterminisme culturel du développement, présent par exemple dans l‟idée que des
aires culturelles (monde musulman, Afrique subsaharienne) ne connaîtront pas le
développement du fait de leurs valeurs et pratiques opposées à toute idée de progrès.
Des pays africains ou arabo-musulmans connaissent un processus de développement.
La culture n‟est donc qu‟un facteur parmi d‟autres du développement.

4.3 Le sous-développement comme conséquence de l’impérialisme : les


analyses néo marxistes

4.3.1. Théorie Centre-Périphérie


La théorie centre/périphérie est aussi connue sous le nom de théorie de la
dépendance. La première apparition de cette théorie dans la littérature date du milieu
29

du 20e siècle, 1950, avec deux ouvrages: un par Hans Singer et un autre part Raúl
Prebisch. Ce dernier devient le président de la CEPAL (Commission économique de
l'ONU pour l'Amérique latine). Cette commission devient le laboratoire de la
naissance des théories de l'indépendance.
D'après cette théorie, le monde est divisé entre un centre et une
périphérie. Les pays développés sont au centre et commandent l'ensemble des deux
cercles. Les économies périphériques sont marquées par le dualisme et par une
production peu diversifiée. Les économies du centre se caractérisent par des structures
de production homogènes et par une production très diversifiée. Ces différences
centre/périphérie s'expliquent par la division internationale du travail.

C'est parce que les économies du Sud sont hétérogènes et peu


diversifiées que celles-ci sont extraverties en direction du centre. C'est donc la
domination extérieure qui a produit le sous-développement.

Les économistes néo marxistes vont radicaliser dans les années 1960-
1970 l‟analyse centre-périphérie en développant la notion de dépendance (même si
cette notion existait déjà dans les travaux de Raul Prebisch) dans le cadre d‟une théorie
de l‟impérialisme des pays développés sur les pays du Sud, déjà proposée par Lénine.
Pour l‟économiste égyptien Samir Amin (Le Développement inégal, 1973), le modèle
économique capitaliste est à l‟origine du sous-développement. Les PED sont dominés
dans le rapport économique mondial et c‟est cette domination qui organise leur sous-
développement.
En effet, la relation de dépendance de la périphérie vis-à-vis du centre est
un héritage du développement du capitalisme mondial basé sur une structure coloniale,
dont les firmes multinationales implantées dans les pays du Sud seraient les héritières
(exploitation des ressources naturelles et de la main-d‟oeuvre locale au profit des
consommateurs du Nord). Cette relation de dépendance assure le transfert des
richesses du Sud vers les pays du Nord, permettant le processus d‟accumulation
capitaliste des pays développés. Le capitalisme interdit donc par sa nature l‟intégration
économique de la périphérie.
C‟est le développement des pays riches qui nécessite le sous-
développement des pays pauvres. Le rapport de domination n‟oppose plus des classes
sociales, mais des pays à l‟échelle mondiale.
Selon Samir Amin, toutes les sociétés sont intégrées dans un système
mondial, celui-ci est constitué de deux mondes qui s‟opposent : le centre, regroupant
les économies industrialisées (pays riches) et la périphérie constituée du tiers-monde.
Le niveau inégal du développement s‟explique par une intégration
défavorable à l‟économie mondiale.
Les pays du centre bénéficient du commerce mondial en produisant des
produits de forte valeur ajoutée contrairement aux pays de la périphérie. Le
30

fonctionnement des économies de la périphérie est orienté en fonction des besoins du


centre. C‟est ainsi qu‟elles constituent des marchés pour les produits finis du centre,
une source de matières premières et de main d‟oeuvre à bas prix et un champ
d‟investissement pour les capitaux du centre.

4.3.2. La théorie de L’« échange inégal »


Les économistes néo marxistes vont ensuite théoriser la nature de
l‟échange qui s‟effectue entre le centre et la périphérie : il s‟agit de l‟« échange
inégal* » dont une des formulations est proposée par l‟économiste grec Arghiri
Emmanuel en 1972.
Les économistes néo marxistes considèrent donc que le sous-
développement est le produit du capitalisme et donc du développement. C‟est pourquoi
le développement de la périphérie ne peut se faire selon eux dans le cadre du
capitalisme. Elle doit trouver d‟autres voies de développement.
Le commerce international selon Emmanuel est un processus
d'exploitation des pays pauvres par les pays riches. Les pays en développement
exportent des biens demandant plus d‟heures de travail à des prix plus bas, tandis que
les pays développés exportent des biens incorporant peu d'heures de travail à des prix
très élevés, d‟où la dégradation des termes de l‟échange des pays en développement,
l‟instabilité de leurs recettes d‟exportation et par conséquence leur appauvrissement.
Ainsi, pour assurer le développement de la périphérie, Samir Amin va
prôner la déconnexion, c‟est-à-dire la rupture du lien de dépendance avec le centre par
le protectionnisme, et faire la promotion d‟un développement autocentré* (basé sur
le marché intérieur). Mais cette déconnexion est aussi à l‟origine de divergences au
sein de l‟école néo marxiste, Arghiri Emmanuel s‟y opposant par exemple.
31

CHAPII.LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

Section1 Définition et indicateurs et de développement

1.1. Définition
Le développement est un processus caractérisé par des changements
positifs qui rendent un pays apte à satisfaire la majorité des besoins matériels de sa
population, une face d‟une médaille tandis que le sous-développement est un état dans
lequel un pays donc se trouver et qui n‟est pas définitif mais peut demeurer. C‟est donc
l‟autre face de la médaille caractérisée par l‟incapacité à répondre aux besoins
fondamentaux physiques et psychiques.

En effet, le développement est l‟inverse du sous-développement. Là où il


y a S/D, il n‟y a pas développement. Ceci nous pousse à affirmer que le
développement et le sous-développement sont deux notions qui s‟opposent comme la
lumière et l‟obscurité s‟opposent.

Pour HICCINS, éminent économiste, c‟est un accroissement manifeste


dans le revenu total et le revenu moyen par tête, diffusée largement parmi les groupes
professionnels et sociaux, l‟accroissement qui dure deux générations et devient
cumulatif.

Pour KINDLEBERGER, le développement englobe la croissance et le


changement dans les aménagements techniques et institutionnels au moyen desquels
cette croissance est obtenue.

Pour HAGEN, le développement est l‟accroissement continu de la


productivité.

Jadis le développement se confondait pour la plupart des auteurs à la


croissance. Or, il y a une nette distinction entre la notion du développement et celle de
la croissance.

Le développement a été définit par F. Perroux comme « la combinaison


des changements mentaux et sociaux d‟une population qui la rendent aptes à accroitre
cumulativement et durablement son produit global 11 alors que la croissance est une
notion quantitative et économique qui renvoie à l‟augmentation du PNB. Le
développement est une notion plus quantitative qui inclut toutes les transformations
sociales qui accompagne la croissance.

11
PERROUX F., L’économie du XXème siècle, 2ème édition, PUF, Paris, 1965, p.155.
32

Ainsi donc, le développement est une notion globale incluant tous les
aspects de la vie humaine. En d‟autres termes, c‟est un ensemble de la croissance
économique de la population.

Du point de vue de la signification : la croissance signifie le produit total ou produit


par tête tandis que le développement signifie le produit par tête mais aussi d‟autres
indicateurs sociaux et culturels souvent sur une longue période. On dira qu‟il s‟agit
d‟une notion multidimensionnelle.

A. Du point de vue des variables : la croissance englobe un petit nombre des


facteurs quantifiables et pour cela principalement économique tandis que le
développement économique englobe des facteurs plus variés et non
exclusivement économiques.
B. Du point de vue de la méthode : la croissance est étudiée à l‟aide d‟une
méthode assez formalisée c‟est-à-dire, par des modèles souvent mathématiques
tandis que le d développement est étudié à l‟aide d‟une méthode moins
formalisée, plus littéraire, plus quantitative du fait même du plus grand nombre
des facteurs étudiés et de la complexité de leur relation. Mais la formalisation
n‟est pas exclue.
C. Du point de vue d’application : la croissance est une notion appliquée lorsque
l‟étude n‟est pas non point seulement théoriquement aux pays industrialisés
tandis que le développement paraît s‟appliquer principalement mais non
exclusivement aux pays sous-développés.
En définitive, le développement peut être définit comme l‟effort
qu‟entreprend un groupe en vue de réaliser un projet de société hautement valorisé et
cela en provoquant des transformations et mutations positives au niveau des différents
secteurs de sa vie.

1.2. Indicateurs de développement économique


Les indicateurs sont définis comme des instruments d‟évaluation,
contribuent à l‟identification des faiblesses potentielles, et à la signalisation dans quels
domaines il est nécessaire d‟apporter des modifications. « L‟indicateur décode une
multitude d‟informations afin de guider la décision politique, et au finale est de
transmettre une information ou un signal (souvent issu de l‟expertise) afin de devenir
un outil d‟aide à la décision politique qui permet par la suite à l‟identification des
points problématiques, formulation de priorités, formulation et mise en oeuvre de la
décision, suivi et évaluation des impacts des décisions».
La Banque mondiale mesure le niveau de développement par un
indicateur de richesse, PNB/habitant.
33

Cependant pour pallier aux insuffisances du PNB, plusieurs indicateurs


sont proposés pour évaluer le niveau de développement.(12)

a) Les treize indicateurs de l‟institut de recherche des Nations Unies pour le


développement social sont : l‟espérance de vie, le taux de naissance, la
promotion de la population urbaine de la ville de plus de 20.000 habitants par
rapport à la population totale, le taux de la mortalité. La consommation des
protéines animales par tête et par jour, le taux de mortalité, la consommation
par calories, le taux de scolarisation primaire et secondaire pour les enfants de 5
à 19 ans, la moyenne de maison d‟électrifiées par rapport à toutes les maisons,
le nombre de journaux pour 1000 habitants le nombre de téléphones pour 1000
habitants, le nombre de radios pour 1000 habitants.
b) Les quatre indicateurs de DREWENOWSKY et TAKAMORI sont basées sur la
santé, le loisir, la culture et les revenus ;
c) Les cinq indicateurs de TAKAMORI et YAMASHITA qui traduisent les
manifestations les plus significatives du développement : les activités
économiques, le niveau de vie, le niveau de culture, l‟industrialisation et
l‟urbanisation.
Donc, nous regroupons ces listes en deux indicateurs :

1.2.1. Indicateurs économiques


La répartition des activités entre trois secteurs distingués par COLIN
CLARK, que sont les secteurs primaires, secondaire et tertiaire, revêt un caractère
important au niveau du développement 13 . Le développement serait caractérisé à ce
niveau, par de transferts successifs de la population active de l‟agriculture vers les
services à la suite de gains de productivité atteignant tour à tour ces trois secteurs.
Il existe aussi comme indicateurs, le degré ou niveau de la pénétration de
l‟économie nationale au marché international (produits manufacturés…).

1.2.2. Indicateurs sociaux


Les indicateurs sociaux se référant à la santé (mortalité infantile, nombre
d‟habitants par médecin, espérance de vie etc.), à l‟enseignement (taux de
scolarisation, taux d‟alphabétisation), condition de logement (rapport ou pourcentage
de ménages ayant accès à l‟eau potable et ayant des installations sanitaires etc.), à
l‟urbanisation (% de la population urbanisée) et à la démographie.
Outre ces indicateurs, nous pouvons énumérer ceux relatifs aux aspects
politiques liés à la gestion de la chose publique.

12
BANYUKU LUAPE, Aspects Politiques du développement, cours de L2 RI/UNIKIN,
2009-2010, inédit.
13
COLIN CLARK cité par FURTARDO Celso, théorie du développement économique,
2éme éd., PUF, Paris, 1976.P.96
34

Section2. Les imperatifs de développement

2.1.La croissance économique

2.1.1. La Définition et la mesure de la croissance Economique.


2.1.1.1. La Définition de la croissance économique
Etymologiquement la croissance économique vient du mot latin crescere
qui signifie croître, grandir.
En économie, la croissance désigne l‟évolution annuelle, exprimée en
pourcentage, du PIB (Produit Intérieur Brut) ou du PNB (Produit National Brut) (14).

La croissance économique est l‟accroissement durable de la production


globale d‟une économie. C‟est donc un phénomène quantitatif que l‟on peut mesurer.
C‟est aussi un phénomène de longue période. En effet, une augmentation brutale et
sans lendemain de la production nationale ne correspond pas à la croissance (15).

SILEM, A., et ALBERTINI, J.M., définissent La croissance économique


comme étant l‟augmentation sur une longue période du produit national brut réel par
tête (16).

Au sens strict, PERROUX définit la croissance comme étant


l‟augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d‟un indicateur de
dimension : pour une nation, le produit global net en termes réels (17).

Au sens large, la croissance inclut les changements de structure, englobe


les mutations sectorielles et les changements qui rendent celle-ci auto-entretenue (18).

La croissance économique se définit comme une augmentation


significative de la production nationale sur une période longue. Elle se distingue en
cela d‟une simple période d‟expansion qui n‟est qu‟une phase de conjoncture (court
terme, moyen terme) (19).

14
http://www.toupie.org/dictionnaire/croissance.html. consulté le25/02/2016 à 8 :00
15
CAPUL, J.Y, et GARNIER, O., Dictionnaire d’Economie et des Sciences Sociales, Ed. Hatier, PARIS, 2005,
P.115
16
SILEM, A, et ALBERTINI, J, M, Lexique d’Economie, 8eme Ed. DALLOZ, PARIS, 2004, P.213
17
PERROUX, cité par BREMOND, J, et GELEDAN, A, Dictionnaire des Sciences Economiques et Sociales,
éd. Berlin, PARIS, 2002, P.133
18
BREMOND, J, et GELEDAN, A, Op. Cit., p.134
19
http://www.traderforex.fr/finance-croissance/. Consulté le 13/06/2012 à 10 :12
35

La croissance économique est l‟augmentation durable de l‟activité


économique d‟un pays, que l‟on constate notamment par l‟évolution des prix, de la
production, des revenus (20).

En Macroéconomie la notion de la croissance économique désigne une


augmentation continue de la quantité et de la qualité des biens et des services produits
chaque année dans un pays ou zone géographique, liée à l‟augmentation de la
productivité du travail et du capital (21).

2.1.1.2. La mesure de la croissance

A. Le taux de croissance du PIB (22)


Pour mesurer la croissance économique, on retient comme indicateur de
la production, le produit intérieur brut. La croissance correspond donc au taux de
croissance du PIB.
Par exemple, si le PIB se monte à 6000 milliards d‟€ l‟année 1 pour
passer à 6.240 milliards d‟€ l‟année 2, le taux de croissance du PIB est :
é é
é
Soit

Il est nécessaire de souligner que la croissance est une notion quantitative


qui se distingue du développement de nature qualitative, mais les deux phénomènes
sont liés.
Cependant ,le PIB (voir définition plus bas) est un indicateur imparfait de
la production parce que c‟est un flux et non un stock (il ne mesure la production d‟un
pays que sur un an, et n‟évalue donc pas le patrimoine d‟un pays), et aussi parce que
toute une partie de la production n‟est pas comptabilisée comme la production
domestique (ménage, jardinage, bricolage) ou l‟économie souterraine (travail au noir,
commerce illégal) qui représentent pourtant dans certains pays des sommes tout à fait
considérables.
Une autre critique du PIB est qu‟il ne prend pas en compte les effets
négatifs de la croissance sur l‟environnement (ce que l‟on appelle en langage
économique les externalités négatives de la croissance, une externalité étant de
manière générale une modification de l‟utilité d‟un agent provoquée par un autre
agent, sans que celle-ci passe par le marché). Enfin, on peut aussi reprocher au PIB de
ne pas toujours contribuer à l‟amélioration de la qualité de la vie des individus. En
effet, le PIB par habitant n‟est qu‟une moyenne qui ne donne aucune information sur

20
http://www.bourse-reflex.com/Lexique/croissance. Consulté le 26/08/2012 à 9:30
21
http://www.wiki-beral.org/wiki/croissance_économique. Consulté le 20/09/2012 à 10:25
22
CAPUL, J, Y, et GARNIER, O., Op.cit, p.116
36

la manière dont la richesse produite est répartie. De plus, il n‟évalue pas le mode de
vie des habitants, en particulier leur temps disponible, la qualité de leurs relations
sociales, etc.
C‟est la raison pour laquelle il faut compléter le PIB par d‟autres
indicateurs comme l‟Indice de développement humain (IDH ; voir définition plus bas),
l‟Indice de pauvreté humaine (IPH, qui considère le sous-développement en termes de
manques de droits fondamentaux, comme le droit à la vie mesuré par la probabilité de
mourir avant 40 ans, le manque d‟éducation mesuré par le pourcentage d‟adultes
analphabètes, le manque d‟accès aux ressources naturelles mesuré notamment par la
proportion d‟individus n‟ayant pas accès à l‟eau potable), ou comme l‟Indicateur
sexospécifique de développement humain (ISDH, qui pondère l‟IDH par une mesure
des inégalités entre hommes et femmes).
C‟est la raison pour laquelle aussi la commission Stiglitz (du nom du
prix Nobel d‟économie 2001 qui l‟a présidée) a été créée, chargée par le Président de
la République française d‟identifier les limites du PIB comme indicateur de
performance économique et de progrès social et de développer une réflexion sur les
moyens d‟échapper à une approche trop quantitative des performances collectives, a
élaboré 12 recommandations sur la constitution d‟indicateurs de bien-être, de prise en
compte de l‟environnement et du développement durable.
2.1.2. Les Sortes de croissance Economique
Il existe plusieurs sortes de croissance économique. Dans ce travail nous
parlerons de la croissance exponentielle, linéaire, amortie, extensive, intensive,
appauvrissante, la croissance pro-pauvre et la croissance inclusive.

2.1.2.1. La croissance exponentielle (23)

La croissance exponentielle est explosive. Elle dure une période de


temps limitée.
24
2.1.2.2. La croissance amortie ( )
La croissance amortie est une croissance ayant l‟allure d‟une fonction
logarithme (inverse de l‟exponentielle).
25
2.1.2.3. La croissance logistique ( )
La croissance logistique est une combinaison de deux formes
précédentes. Au début elle est exponentielle puis en un point d‟inflexion elle change
d‟allure. On parle dans ce cas de croissance auto-freinée ou de croissance en S.

23
SILEM, A, et ALBERTINI, J, M, Op.cit, p.213
24
Idem
25
Ibidem
37

2.1.2.4. La croissance extensive


La croissance extensive est une augmentation du PIB réel due à
l‟augmentation du volume des facteurs de production.

2.1.2.5. La croissance intensive


La croissance intensive est une augmentation du PIB réel sans
augmentation du volume des facteurs.

2.1.2.. La croissance appauvrissante


Cas particulier de lien entre la croissance économique et l‟échange
international.
La croissance économique peut entrainer dans un pays un
appauvrissement, c‟est-à-dire une moindre consommation, par le biais de la
détérioration des termes de l‟échange. Ainsi, un pays dont les exportations sont
dominées essentiellement par un produit primaire et qui domine les exportations de ce
produit pourra se trouver dans ce cas. La croissance économique entrainera une
augmentation des exportations du produit qui aura comme effet de faire baisser son
prix par rapport aux produits importés, et donc une consommation plus faible puis
qu‟il lui faudra exporter beaucoup plus pour importer moins (26).
La détérioration des termes de l‟échange peut aussi provenir d‟un
renchérissement des importations, entrainé par l‟accroissement de la demande
d‟importations, elle-même conséquence de la croissance.

2.1.2.7. La croissance pro-pauvre


La croissance pro-pauvre peut être définie comme étant une croissance
positive accompagnée d‟une augmentation de la part du revenu national détenue par
les pauvres (27).

2.1.2.8. La croissance inclusive


Bien qu‟aucune voie consensuelle ne se dégage véritablement, la
littérature s‟accorde néanmoins sur deux angles d‟approche de la croissance inclusive.
Le premier met l‟accent sur la participation au processus de création des richesses et le
second sur la répartition des dividendes de ces richesses.

Dans le premier cas, l‟inclusivité de la croissance se fonde sur sa


capacité à impliquer le plus grand nombre possible des citoyens dans l‟effort productif.
Dans ce cadre, la croissance est projob dans le sens qu‟elle requiert une grande
intensité de travail pour revêtir du caractère inclusif. Elle consacre donc une solidarité
nationale dans l‟effort productif. Dans le second cas, l‟inclusivité est basée sur la

26
SILEM, A, et ALBERTINI, J, M, Op.cit, p.213
27
KANDA MUKANYA, Mondialisation, inégalités et pauvreté : cas de quelques pays moins avancés africains,
Mémoire, L2 économie mathématique, UNIKIN, 2005-2006, P.56
38

nécessité d‟une répartition équitable des bénéfices de la croissance au sein de la


population. Il s‟agit d‟une solidarité de partage (28).

2.1.3. Les sources de la croissance


La croissance économique, que l‟on mesure toujours par l‟augmentation
du PIB en termes réels (c‟est-à-dire en déduisant l‟inflation), a des sources multiples,
qui sont bien sûr le travail, le capital et le progrès technique, mais aussi les institutions
que l‟on définit en économie comme des règles qui encadrent les transactions et en
sociologie comme des structures sociales dotées d‟une certaine stabilité dans le temps.
29
2.1.3.1. Le rôle des hommes, du capital technique et de l’organisation du travail ( )
Pour accroitre la production, il faut des hommes prêts à travailler (facteur
travail) et plus ils sont qualifiés, plus la croissance économique pourra s‟accroître.
L‟éducation et la formation sont aujourd‟hui considérées comme des conditions
essentielles de la croissance économique. Le travail est indiscutablement la première
source de la croissance économique.
Le premier des économistes classiques à s‟intéresser au phénomène de la
croissance, Adam Smith (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des
nations, 1776) fait d‟ailleurs de la division du travail une source majeure de
croissance.
Cette division du travail peut s‟appliquer à l‟entreprise elle-même,
lorsque les travailleurs se spécialisent au sein de l‟entreprise, ou au niveau
international, lorsque ce sont les nations qui se spécialisent dans la fabrication de
marchandises différentes, en exploitant leurs « avantages absolus ». En tout cas, la
spécialisation a pour conséquence l‟augmentation de la productivité du travail (voir
définition) qui est un des éléments déterminants de la croissance économique.
La croissance économique est aussi liée aux outils disponibles pour produire
(capital technique) . Le capital, qui est l‟ensemble des biens utilisés dans la
production pour rendre le travail plus productif (voir la définition), réalise selon
l‟économiste autrichien Eugen von Böhm-Bawerk un détour de production, c‟est-à-
dire que si la production de machines demande du travail et du temps, et repousse de
ce fait à plus tard l‟acte de consommation, elle peut aussi par la suite permettre
d‟obtenir une quantité plus grande de biens de consommation. En d‟autres termes, le
sacrifice de la consommation présente se justifie par l‟espérance de bénéfices futurs.
Enfin, l‟organisation du travail (division du travail) permet aussi
d‟accroître la productivité.

28
LOKOTA ILONDO, M.A., MATATA AMSINI, D., et LUKAU EBONDA, P., « Comprendre la croissance
inclusive » in Revue congolaise de politique économique, vol1, n°2, S.L., Nov. 2015,
p.p., 1-43.
29
BREMOND, J et GELEDAN, A, Op.cit, P.137.
39

2.1.3.2. L’Innovation et la croissance (30)


Si dans la fonction de production classique la croissance résulte de la
combinaison du travail et du capital (fonction dite de Cobb-Douglas, où la production
Y est une fonction du travail et du capital ; Y = f
(K, L)), le modèle traditionnel de croissance néoclassique proposé par Robert Solow
en 1956 introduit le progrès technique qui permet d‟éviter les rendements décroissants
(la production augmente moins que proportionnellement à l‟augmentation de la
quantité de facteurs utilisés) et l‟arrêt de la croissance.
En plus des facteurs travail et capital, le progrès technique qui est la mise
en place d‟innovations économiques (introduction de machines nouvelles, réalisation
de nouvelles méthodes de production, utilisation de connaissances scientifiques
jusque-là inexploitées) dans le processus de production, permet à son tour d‟augmenter
la productivité du travail, ce qui relance la croissance.
Joseph SCHUMPETER a mis l‟accent sur le rôle de l‟innovation dans la
croissance économique. Les périodes de la croissance sont marquées par le caractère
massif des innovations (grappes d‟innovation).
L‟innovation est la mise en place dans l‟entreprise ou sur le marché,
d‟une idée nouvelle : produit nouveau (écran plat de télévision …), nouvelle façon de
produire (juste à temps), nouvelle façon de commercialisation des produits (commerce
par internet).
La croissance dépend donc de facteurs économiques qui sont le travail, le
capital et le progrès technique, mais elle dépend aussi des « institutions », qui sont
aussi bien des contraintes formelles comme les règles, les lois et les constitutions, que
des contraintes informelles comme des normes de comportement, des conventions, des
codes de conduite, et dont la fonction est de réduire l‟incertitude inhérente aux
relations humaines.
Parmi ces institutions, on retiendra le rôle de l‟État qui, en organisant le
territoire, en promulguant des lois, en gérant des infrastructures, engendre un ensemble
d‟externalités positives qui alimentent la croissance.
On retiendra également l‟organisation démocratique qui repose sur les
libertés individuelles et sur la propriété privée, et qui est de ce fait une organisation
politique particulièrement en phase avec l‟économie capitaliste. C‟est ainsi que pour
l‟économiste indien Amartya Sen (prix Nobel 1998), les droits civiques accordés aux
citoyens et les performances économiques se renforcent mutuellement.

2.1.3.3. Le rôle de la demande, des moyens de financement, du taux de profit


Dans une économie de marché, les entreprises ne produisent que si elles
estiment que les marchandises pourront se vendre. Pour les économistes Keynésiens,
la croissance est aussi fonction du niveau de la demande. Pour qu‟il y ait croissance, il
30
BREMOND, J et GELEDAN, A, Op.cit, P.137.
40

faut que le niveau de la demande solvable soit suffisant pour inciter les entreprises à
produire.
D‟autres conditions sont également importantes, les entreprises doivent
trouver les moyens de financer leurs investissements, considérer que les taux de profit
sont suffisants pour justifier les décisions de production.

2.2 .Le commerce international et les termes de l’échange


2.2 .1.Le commerce international

2.2.1.1. Définition
Le commerce international est un ensemble des échanges de biens et
services pratiqués entre les nations (31).
Le commerce international regroupe l‟ensemble des échanges des biens, de
services entre agents résidents sur les territoires économiques différents (32).
Selon Beitone Alain et al ; le commerce international est la partie des
relations économiques internationales qui concerne les échanges de biens et services
(importations et exportations) (33).

2.2.1.2. Bref aperçu historique du commerce international


Le commerce international a une histoire : elle est ancienne, elle
imprègne nos mentalités et aide à comprendre les transformations récentes et
l‟organisation actuelle (34).
La pratique du commerce international est très vieille puisque déjà 50
siècles av. J.C., les Egyptiens commerçaient avec les populations de la Mer rouge et de
l‟océan « déjà » Indien, avec la SYRIE et les peuples de Mésopotamie. Environ 20
siècle av. J.C., un « code de commerce » était écrit sur des plaquettes en terre et allait
porter le nom d‟un dignitaire de Mésopotamie : Hammourabi, les phéniciens, bientôt
suivis des Grecs, parcouraient la Mer qui allait devenir la Méditerranée (35).
L‟empire Romain allait, grâce à ses légions, rendre les routes sûres, et la
« pax Romana » donner un essor fulgurant au commerce pendant plusieurs siècles.
Sous les Romains, le coût des transports baissa de manière spectaculaire et les
échanges se développèrent à un niveau qui ne fut retrouvé que 15 siècles plus tard
environ en méditerranée. Les Etats tentèrent ensuite d‟imposer leur propre loi et leur
propre monnaie sur d‟immenses territoires pour assurer le développement au

31
Microsoft encarta, 2009.
32
www.Economie-trader-finance.fr/commerce+international/consulté le 10/02/2013.
33
BEITONE, A, et al., Dictionnaire des sciences économiques, éd. Armand Colin, Paris, 1995, p. 42.
34
DEYSINE, A, et DUBOIN, J, S’internationaliser, Stratégies et Techniques, Dalloz, Paris, 1995, p. 2.
35
Idem.
41

commerce : charlemagne en Europe occidentale, Venise, l‟Espagne, le Portugal, les


autres Etats d‟Europe.
Cependant l‟époque moderne du commerce international « tire ses
origines au XIXe S vers les années 1850 en Grande Bretagne. Elle est étroitement liée
à la révolution industrielle et technique. En 1885, le volume des exportations
industrielles Britanniques représentait 38% des exportations industrielles mondiales.
L‟extension du phénomène d‟industrialisation d‟abord à l‟Europe, aux USA et enfin au
japon a entrainé l‟instauration du premier schéma de la division internationale du
travail, provoquant ainsi un taux élevé des échanges internationaux et
d‟interdépendance croissante.

1. Le commerce international au 19èmeSiècle


Le 19e S au sens des historiens prend fin en 1914 ; cette période connait
de nombreux changements. Le commerce international a augmenté pendant cette
période à un rythme très supérieur à celui de la production mondiale. Entre 1800 et
1913, le commerce international par tête est multiplié par 25 alors que, dans le même
temps, la production mondiale par tête ne l‟est que de 2,2.

Le Royaume-Uni domine largement les échanges. C‟est ce qui justifie


l‟organisation du vaste empire colonial Britannique.

Cette situation a fait que l‟Europe occidentale soit le premier pôle du


commerce international avec la Grande Bretagne en tête. Cette dernière est devenue
pratiquement l‟usine du monde, l‟industrialisation de ce pays a commencé avec le
textile. Les importations comprenaient les produits textiles et métalliques (fer et acier)
dont le coton était le produit principal.

Ce caractère dominant est remis en cause à la fin du XIXème Siècle avec


l‟apparition de nouveaux pays échangistes, le Japon et surtout les Etats-Unis.

L‟apparition de ces deux pays comme puissances commerçantes


n‟empêche pas l‟Europe de dominer le commerce international car en 1913, le
commerce intra-européen représente 40% des importations mondiales et les
importations européennes 22%. Le reste des échanges mondiaux correspond pour 15%
à des importations des produits européens par les autres régions du monde et au
commerce entre pays non Européens pour 23%.

En ce qui concerne les produits échangés, l‟on note une certaine


modification en ce qui concerne la composition des échanges industriels. La part du
textile dans les exportations diminue alors qu‟augmente celle des productions
métallurgiques et chimiques. L‟évolution est la conséquence du processus
d‟industrialisation des économies Européennes, Japonaises et Nord-Américaines.
42

2. Le commerce international au XXe et XXIe S


2.1. Le commerce international de 1913 à 1980
De la fin de la première guerre Mondiale à 1980, le commerce mondial
traverse deux périodes contrastées. Dans l‟entre-deux-guerres, la crise de 1929 et les
politiques économiques qui l‟accompagnent ralentissent l‟expansion : le commerce
international par tête ne croit que de 3% entre 1913 et 1937. Le Royaume-Uni perd
progressivement sa place prééminente, les nouvelles puissances montantes étant les
Etats-Unis et, plus modestement, le Japon.
La composition par produits d‟une manière générale ne se modifie pas
entre 1913 et 1937 : la part des produits primaires dans les exportations mondiales
reste aux environs de 64%, le complément étant bien sûr assuré par les produits
industriels.
Entre 1963 et 1980, les évolutions dans les parts qu‟occupent les zones
dans les exportations mondiales sont plus complexes. Elles se présentent de la manière
suivante :
1) La décroissance sensible de la part occupée par l‟Amérique du Nord, de 19,2% à
14%,
2) La diminution plus marquée de l‟ensemble des pays de l‟Est, de 12,2% à 9%.
En revanche, 1973 est le début de la crise mondiale, marque une rupture
pour l‟Europe occidentale, dont la part croit régulièrement entre 1963 et 1973, puis
décroit en 1973 et 1980, alors que pour les pays en voie de développement, le
mouvement est inverse : légère décroissance entre 1963 et 1973, nette augmentation de
1973 et 1980.
La composition par produits des échanges pendant cette période est
marquée par la croissance de la part des minéraux et la domination des produits
industriels. La croissance des produits minéraux est liée par celle du pétrole (11% des
exportations en 1973 et 24% en 1980). Cependant, cette croissance des produits
minéraux n‟a pas remis en question la tendance à l‟augmentation de la place des
produits manufacturés dans le commerce international.

2.2. Le commerce international depuis 1980


Trois phases peuvent être distinguées en ce qui concerne l‟évolution des
exportations mondiales pendant cette période :
3) De 1980 à 1983 ; cette période est marquée par une baisse sensible des
exportations qui diminuent de 9%,
4) De 1984 à 1985, cette période connait une stagnation après une croissance
d‟environ 6%
43

5) Ce n‟est qu‟en 1986 que les exportations dépassent le niveau de 1980 ; cette
année marque le début d‟une troisième phase de forte croissance, de 64% en cinq
ans, avec un essoufflement en fin de période.
Depuis 1989, le phénomène essentiel de la période est l‟ouverture des
pays de l‟Est Européen et de l‟ex-URSS confrontés à la nécessité de faire passer leur
économie centralisée à l‟économie de marché, et d‟acquérir un savoir-faire financier et
commercial.
Les échanges augmentent, puisque de nouveaux pays se développent très
vite, mais le monde et le commerce international changent de nature pour la seconde
fois depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.
Au cours de deux dernières décennies, les échanges commerciaux
internationaux ont augmenté plus particulièrement pour les pays développés, et pour
les nouveaux pays industrialisés, favorisant la croissance de ces derniers.
Les pays les moins avancés n‟ont pas connu une telle hausse des
échanges commerciaux.
Les échanges internationaux de biens et services se sont accélérés au
cours de 2004, en rapport avec une forte demande mondiale, stimulée surtout par les
importations soutenues des Etats-Unis dont la demande intérieure dépasse largement la
production et celle de la Chine qui connait une évolution rapide aussi bien des
investissements que de la consommation. Aussi, le volume du commerce mondial de
biens continue à progresser à un rythme soutenu, soit 10,7% contre 5,3% l`année
précédente (36).
D‟une manière générale l‟on peut noter que le volume du commerce
mondial a triplé entre 1990 et 2012.Cependant la croissance du commerce mondial
cache bien des évolutions contradictoires.
La chute du Mur de Berlin, et la disparition du rideau de fer ont entrainé
avec elles la bipolarisation des systèmes : communiste et capitaliste.
A présent, c‟est une multitude de pôles qui apparait, transformant les
échanges internationaux. On peut donc citer :
 Le pôle Nord-Américain, symbolisé par le traité de l‟accord de libre-échange
Nord-Américain (ALENA), entre les USA, le Mexique et le CANADA
 Le pôle Sud-est Asiatique (ASEAN), structuré autour du japon, sans préjudice
de l‟attrait qu‟y exercent les Etats-Unis au titre des pays riverains du pacifique ;

36
OMC, Rapport sur le Commerce Mondial, 2005 : Analyse des liens entre le commerce, les normes
commerciales et l`OMC, Genève, 2005, p. 1.
44

 Le pôle européen (UE), structuré autour du noyau dur de la CEE à Six, dont les
divers élargissements témoignent de sa montée en puissance et la constitution
de l‟union économique et monétaire (avec l‟Euro).

2.2.2.2. Les trois catégories d’acteurs du commerce international


Jusqu‟au début des années 1960, la théorie du commerce international
était conçue en termes d‟échanges entre nations, voire entre une nation et le reste du
monde assimilé à une nation étrangère.
Depuis les années 1960, deux catégories nouvelles d‟acteurs sont
apparues qui se superposent aux nations : les firmes multinationales et les unions
régionales. Les firmes multinationales, au nombre de 36000 selon une estimation des
Nations Unies pour l‟année 1992, peuvent mener des stratégies différentes de celles
des nations où elles sont localisées (37).
La remarque de Thomas Jefferson s‟applique bien à elles : « les
négociants n‟ont pas de patrie, ils sont moins attachés à l‟endroit où ils vivent qu‟à
celui d‟où ils tirent leurs profits ». Les firmes multinationales modifient les échanges
internationaux en fragmentant le processus de production entre leurs filiales de
différentes nations, ce qui augmente les échanges de biens intermédiaires, et en
augmentant la mobilité des facteurs, surtout par les investissements directs à l‟étranger
(38).
D‟autre part les nations se sont regroupées en une vingtaine d‟unions
régionales au début des années 1960 et, après une période de déception, à nouveau à la
fin des années 1980, selon leur voisinage géographique pour bénéficier des économies
d‟échelle et des avantages du libre-échange. Elles affectent aussi les échanges
internationaux en accroissant le commerce interrégional quitte à parfois réduire celui
avec les pays tiers, ou du moins à le rendre plus conflictuel, et elles tendent, comme
les firmes multinationales, à accroitre la mobilité des facteurs (39).

2.2.2.3.Le commerce, moteur de développement


La stimulation de l‟épargne nationale et l‟encouragement aux
investissements sont deux composantes essentielles d‟une stratégie de développement.
La promotion du commerce en est une troisième. Alors que des controverses peuvent
surgir concernant l‟importance du commerce pour la croissance d‟un pays, il n‟existe
pas de témoignage prouvant qu‟un pays a réussi à atteindre une croissance durable
sans lui. La croissance a généralement été associée à un ratio croissant entre commerce
et PNB.

37
NÊME, C, Economie Internationale, Fondements et Politiques, 2ème éd., LITEC, Paris, 1996, p. 23.
38
JEFFERSON, TH., cité par NEME, C, idem, p.23.
39
Ibidem
45

A ce propos, l‟on ne saurait trop insister sur le rôle que le commerce


international est censé jouer dans la promotion de la croissance. La littérature en
matière de développement regorge d‟études qui indiquent, tant à partir d‟arguments
théoriques que d‟études empiriques, les liens positifs entre commerce et croissance
économique.

Le consensus qui se dégage de la littérature théorique est que le


commerce favorise la croissance et la réduction de la pauvreté, parce qu‟il agit en tant
que véhicule permettant d‟échanger le surplus de la production nationale contre les
produits d‟autres pays. Le commerce incite aussi à allouer les ressources en fonction
des avantages comparatifs des pays participants aux échanges et stimule la croissance
économique.

Le commerce joue un rôle important parce que les exportations et les


importations facilitent une croissance économique soutenue, le développement des
capacités de production, l‟augmentation des possibilités d‟emploi et la création de
moyens de subsistances durables.

Cependant, pour que le commerce extérieur soit réellement un facteur de


croissance économique, les exportations doivent augmenter assez vite et assez
régulièrement pour répondre à la demande croissante d‟importations, faute de quoi la
viabilité de la croissance économique sera compromise par l‟accumulation d‟une dette
extérieure insupportable.

Une croissance économique soutenue exige non seulement une


augmentation des exportations, mais encore l‟existence de liens étroits entre celles-ci
et l‟investissement de façon que les équipements, les matières premières et les facteurs
de production importés soient utilisés efficacement et contribuent à une amélioration
constante de la productivité du travail dans l‟économie tout entière.

2.2.2. Les termes de l’échange


Les termes de l‟échange peuvent être considérés comme un indice
calculé en fonction des rapports entre l‟indice des prix à l‟exportation et l‟indice des
prix à l‟importation est multiplié par 100.
Indice des prix à l‟exportation
In =--------------------------------------- x 100
Indice des prix à l‟importation
Px
Ou encore : In =--------- x 100
Pm
In = termes de l‟échange
Px= Indice des prix à l‟exportation
Pm= Indice des prix à l‟importation
46

Supposons qu‟un pays exporte et importe une seule catégorie des produits de la
manière suivante :
Première période :
Prix du produit exporté : 1000 fc
Prix du produit importé : 500 fc
1000
In=--------- x 100= 200 fc
500 fc

Les termes de l‟échange sont positifs --------amélioration des termes de l‟échange et


des balances des paiements.
Prix des produits exportés : 1500 fc
1500
Prix des produits importés : 2500 fc In=--------- x 100= 60 fc
2500 fc
Les termes de l‟échange sont dans ce cas négatifs. La détérioration des
termes de l‟échange est la conséquence d‟une balance de paiement déficitaire.
Les termes de l‟échange d‟un pays se détériorent lorsque les prix des
produits qu‟il importe évoluent moins favorablement que les prix des produits qu‟il
exporte ou encore lorsque l‟indice des termes de l‟échange est inférieur à 100.
Mais lorsque les prix des exportations augmentent plus vite que les prix
des importations ou encore lorsque l‟indice des termes de l‟échange est supérieur à
100, on parlera de l‟amélioration des termes de l‟échange et de l‟amélioration des
balances des paiements.
Il y a lieu de déplorer la situation continuellement précaire des termes de
l‟échange des PVD qui exportent plus des matières précieuses et des produits
primaires dont les prix à l‟exportation dépendent des lois du marché des pays
développés qui fixent les prix à l‟exportation comme à l‟importation des biens
manufacturiers. Dans ce cas, les termes de l‟échange des PVD risquent longtemps
demeurer défectueux et détériorés constituant ainsi un frein au processus de
développement amorcé par tous ces pays sous-développés.
2.3. L’industrialisation

L‟idée selon laquelle l‟industrialisation joue un rôle moteur dans le


développement, n‟est pas une acquisition récente de la science économique. De
nombreux auteurs mercantilistes expliquent l‟importance et la priorité des
manufactures dans le processus de la transformation sociale et du progrès.
Liste désigne l‟industrie comme la force productive la plus féconde de
l‟économie nationale.
47

Colin Clark considère l‟industrie comme la voie nécessaire du progrès et


du développement de l‟agriculture. Hans Singer soulève quant à lui, le problème de
terminologie : d‟une part, il parle des pays sous-développés ou pays sous-industrialisés
et d‟autre part, des pays sous-développés ou pays industrialisés. Afin de répondre à
toutes ces préoccupations, il est nécessaire de préciser le contenu de la notion
d‟industrialisation, puis la confronter avec celle de développement afin de vérifier si
l‟industrialisation est au centre d‟une explication du développement.
2.3.1. La notion d’industrialisation

2.3.1.1. Qu’est-ce que l’industrialisation ?


Le terme industrie n‟a pas encore connu de définition précise et
largement acceptée. Le dictionnaire des sciences économiques publié sous Jean
Romeuf, mentionne toute une gamme de définitions sans qu‟aucune ne se révèle
satisfaisante. Toutefois, la formulation la plus nette a été donnée par Colin Clark qui
divise l‟économie en trois secteurs : primaire, secondaire et tertiaire. Pour Colin Clark,
« l‟industrie se définit comme la transformation continue, sur une grande échelle de
matières premières en produits transportables ».
L‟industrialisation est comprise comme l‟augmentation des dimensions
du secteur secondaire par rapport aux autres secteurs. Mandel Baum quant à lui
considère l‟industrialisation comme un processus de transfert de la main-d‟oeuvre de
l‟agriculture vers le reste de l‟économie, industrie et service. Pour François Perroux,
l‟industrialisation se définit comme la structuration de tout un ensemble économique
par emploi de systèmes de machines dans le dessein et avec l‟effet d‟augmenter
cumulativement et à un coût décroissant en effort individuel, le pouvoir qu‟à un
groupe humain d‟obtenir les objets qui lui sont bénéfiques.
Dès lors, nous pouvons dire que l‟industrialisation concerne tous les
secteurs de l‟économie. Herbert Giersch considérant l‟industrialisation comme la
forme moderne d‟expansion et de progrès, la définit de la manière suivante : la
mécanisation de la production est l‟augmentation de la division du travail c‟est-à-dire
de la spécialisation.
De ce qui précède, nous pouvons affirmer qu‟il n‟est pas possible,
parlant de l‟industrialisation, d‟isoler le développement des manufactures de celui des
transports et communications, du commerce des finances, de l‟administration,
l‟industrialisation implique l‟articulation et l‟interaction de tous les secteurs de
l‟économie.

2.3.1.2. Le concept de société industrielle


Pour Raymond Aron, la société industrielle est celle où l‟industrie c‟est-
à-dire la grande industrie est la forme de production la plus caractéristique ayant des
traits suivants :
48

1. La séparation radicale du lieu de travail et du cercle familial ;


2. Un mode original de division du travail non seulement entre les secteurs
d‟économie mais selon les impératifs technologiques ;
3. L‟accumulation d‟un capital important rapidement renouvelable ;
4. La concentration ouvrière sur les lieux de travail, etc.
5. Il faut préciser qu‟une société industrielle ou capitaliste est différente d‟une
société socialiste en ce sens que :
6. Les sociétés capitalistes connaissent une plus grande diversité dans les formes de
propriété ;
7. Elles sont soumises aux exigences du commerce extérieur ;
8. La répartition des ressources nationales subit à la longue l‟influence dominante
des consommateurs ;
9. Les syndicats ouvriers ne sont pas des syndicats étatistes.

Toutefois, il convient de noter qu‟en dépit des contradictions dans le


système et méthodes du développement, les sociétés capitalistes et socialistes usent des
mêmes techniques de production et de puissance.
2.3.2. Industrialisation et développement

2.3.2.1. Industrie et agriculture


Les avantages présentés par l‟agriculture dans le développement et les
limites du rôle de l‟industrialisation ont été analysés autour de trois thèmes principaux.
Les auteurs les plus fidèles à la tradition classique nient tout lien de causalité entre
industrie et richesse. Cette thèse est notamment défendue par Jacob Viner qui n‟a
cessé de critiquer les liaisons agriculture-pauvreté, industrie-richesse.
Pour Viner, l‟Australie et la Nouvelle Zélande sont des pays agricoles,
riches et développés alors que l‟Italie et l‟Espagne sont des pays industriels pauvres.
A travers cette typologie, Viner estime que le degré de développement d‟un pays est
fondé sur la capacité de la structure de son commerce extérieur, de la structure interne
de l‟économie ainsi que la répartition de la main-d‟oeuvre.
Dans un pays doté de terres fertiles, de matières premières et d‟énergie
bon marché, d‟une main-d‟oeuvre efficace, l‟agriculture se développe rapidement ; sa
prospérité permet de dégager un nombre croissant des travailleurs de la production
alimentaire afin de les spécialiser dans l‟industrie.
Comme on peut le constater, la pauvreté de l‟agriculture est la cause de la
forte proportion de la population qui se trouve employées dans l‟agriculture. Dans le
même ordre d‟idée, Norman Buchaman, partisan de l‟industrialisation rapide estime
que le développement des pays avancés n‟est pas dû fondamentalement à
l‟industrialisation mais à d‟autres facteurs car selon lui, l‟industrie n‟est qu‟une
branche économique comme les autres.
49

Donc, les progrès dans l‟agriculture sont nécessaires pour dégager un


surplus alimentaire permettant d‟entretenir la population industrielle. En effet, le
développement agricole, en augmentant le revenu des paysans, permet de dégager une
épargne qui contribue au financement des investissements industriels.
Il permet en même temps d‟entraîner une augmentation de la demande
de produits industriels en atténuant l‟obstacle de l‟étroitesse du marché intérieur.
Enfin, les exportations de produits agricoles permettent de financer l‟importation de
biens d‟équipement et éventuellement de matières premières nécessaires à l‟industrie.
En langage clair, nous pouvons affirmer avec Viner, Hans Singer et
Norman Buchaman que le développement de l‟agriculture détermine étroitement celui
de l‟industrie.
De ce qui précède, nous pouvons dire que l‟agriculture fournit la
nourriture nécessaire permettant d‟alimenter tous les travailleurs des secteurs
secondaires et tertiaires d‟une part et d‟autre part, produire les matières premières qui
sont destinées à être transformées par l‟industrie. Une agriculture productrice permet
de faciliter l‟accumulation du capital dans les autres secteurs.
La hausse de la productivité doit permettre l‟amélioration des revenus du
monde paysans et l‟accroissement de la communication. Sur le plan international,
l‟agriculture fournit des produits et matières premières de base lesquels constituent
l‟essentiel des exportations dans les premières phases du développement.
Dans ce cas précis, l‟agriculture peut contribuer à l‟amélioration de la
balance des paiements en fournissant les devises nécessaires à l‟importation des
machines et matières premières dont l‟industrie a besoin. L‟agriculture permet
également d‟économiser des devises dont l‟Etat a besoin réduisant ainsi sa
dépendance vis-à-vis de l‟extérieur.
Concernant d‟autres facteurs de production, nous pouvons dire que
l‟agriculture fournit la main-d‟oeuvre aux autres secteurs et activités productives
comme par exemple le transport, les industries lourde, textile, alimentaire, etc.

2.3.2.2. Industrie et infrastructure


La question qui se pose, au sujet des rapports industrie et infrastructure
est celle de savoir quel rôle ou encore quelle est l‟importance qu‟exerce
l‟infrastructure économique, sociale et administrative dans le développement de
l‟industrie ? Un autre problème est celui de déterminer si l‟infrastructure peut jouer un
rôle moteur à l‟égard des autres secteurs économiques ? De nos jours, il ne fait aucun
doute que l‟existence d‟un équipement de base est indispensable à l‟essor
économique.
A ce sujet, Rostow estime que : la construction de chemin de fer
constitue dans l‟histoire économique l‟agent le plus puissant des démarrages
produisant ainsi des effets suivants :
a. L‟abaissement des coûts de transport permet l‟élargissement du marché ;
50

b. Le chemin de fer permet la création de grands secteurs d‟exploitation considérés


incontestablement comme source de capitaux pour le développement interne ;
c. La consolidation de l‟essor des secteurs fournisseurs : comme par exemple
le charbon, le fer et la construction mécanique.
En revanche, ces thèses ont été combattues par les économistes marxistes
qui estiment que l‟infrastructure n‟est pas un moteur du développement mais un sous-
produit du développement capitaliste. Dans le même ordre d‟idée, Paul Baran, parlant
des économies sous-développées, écrit : l‟infrastructure créée par des investisseurs
étrangers pour les besoins de leur activité n‟a aucun effet sur la croissance nationale.
De ce débat, il y a lieu de retenir que l‟existence d‟une infrastructure
peut-être considérée comme une condition préalable au développement industriel. Elle
ne doit pas être considéré comme le secteur-clef car il n‟existe pas d‟infrastructure
rationnelle. Il faut préciser dans ce cas précis que l‟infrastructure n‟est pas créée pour
elle-même, mais et surtout parce que le développement global l‟exige.

2.3.3. Industrialisation, moteur du développement


L‟industrialisation se caractérise, non par l‟extension relative du secteur
secondaire, mais par l‟accroissement de la maîtrise de l‟homme sur les ressources
naturelles grâce à des systèmes de machines. Cela revient à dire que l‟industrialisation
est avant tout technologique car elle tire sa racine sur un phénomène technique.
Historiquement, l‟industrialisation n‟est apparie ni partout à la fois, ni
dans n‟importe quel secteur. L‟important de notre propos n‟est pas de faire l‟histoire
de l‟industrialisation mais d‟en cerner sa mission à l‟égard de l‟économie ou encore
sa fonction de propagation en faveur du progrès. L‟industrialisation implique des
investissements de grande dimension réalisés dans de diverses branches et activités
économiques.
C‟est dans ce cadre qu‟il y a lieu d‟affirmer que les pays riches sont tous
des pays industrialisés, même pour ceux qui ont fondé leur croissance sur l‟agriculture
comme par exemple la Nouvelle-Zélande, l‟Australie et le Danemark.
Concernant le tiers monde, il convient de signaler que certains pays dits
nouvellement développés ont, au cours de ces trois dernières décennies, réalisé un
effort d‟industrialisation laquelle a entraîné une seconde révolution industrielle
transformant ainsi le paysage de l‟économie mondiale de façon plus radicale. Il y a
lieu de noter que la part de ces pays dans la production industrielle a considérablement
progressé et est passée de 25% en 1960 à 38% en 1989. Elle s‟est largement
diversifiée avec un accroissement de la participation des biens de capital et des biens
de consommation.
Il est vrai que les activités industrielles présentent des avantages pour le
processus de développement en ce sens qu‟elles créent beaucoup d‟emplois par
rapport au secteur traditionnel. Elles permettent de diversifier et de moderniser
51

l‟économie par l‟introduction plus rapide du progrès technique, par la formation des
hommes, par la transformation structurelle de l‟industrie, par le développement du
salariat et des institutions bancaires et financières. Elles assurent enfin un meilleur
équilibre entre activités de production.
La catégorisation des industries peut se faire de la manière suivante:
 Industries lourdes : sidérurgie, chimiques.
 Industries légères : textile, électroménager, pharmaceutiques, etc.
 Industries traditionnelles (technologie simple) : vêtements, cuir, bois,
chaussures, etc.
 Industries modernes (technologie plus élaborée) : transport, plastique,
mécanique
 Industrie de biens de consommation : équipement électroménager, automobile.
 Industries de biens de productions : machine, mécanique.
Comme on peut le constater, les industries légères, traditionnelles de
biens courants recourent aux mêmes activités qui sont à l‟origine du démarrage
industriel dans les PVD.
2.3.4.Les stratégies de l’industrialisation
Un autre aspect non moins important concerne la détermination des
stratégies d‟industrialisation. On distingue à cet effet trois types des stratégies :
 La première d‟industrialisation concerne les industries industrialisantes.
 La seconde stratégie s‟articule autour de l‟industrialisation par substitution
d‟importation.
 La troisième stratégie d‟industrialisation concerne la promotion des exportations.
2.3.4.1. Les industries industrialisantes
Cette stratégie consiste à développer les industries qui provoquent et sont
susceptibles de créer des effets d‟entraînement sur les autres industries brisant ainsi la
dépendance de l‟Etat vis-à-vis de l‟extérieur.
Il s‟agit, spécialement des entreprises lourdes qui produisent des impacts
vers le processus de production. C‟est ainsi qu‟à partir des matières premières, un
pays peut produire des biens de consommation (par exemple les hydrocarbures dans la
pétrochimie, le fer, le cuivre dans la sidérurgie, les cotons, les fibres dans les industries
textiles, etc.).
2.3.4.2. L’industrialisation par substitution d’importations
Cette stratégie tournée vers le marché intérieur consiste à assurer un
développement équilibré où la production nationale devra satisfaire la demande interne
par la substitution des importations. Elle consiste à diminuer la dépendance extérieure
à diversifier et à équilibrer la balance commerciale.

Pendant la crise économique de 1929 et la deuxième guerre mondiale,


certains pays d‟Amérique ont élaboré et mis en place des mécanismes de production
52

nécessaire afin de réduire le déséquilibre créé par la crise en accroissant les


exportations des matières premières.
L‟objectif poursuivi consiste à développer les industries de biens de
consommation courante. Cette stratégie bien conçue n‟a pas produit des effets
durables escomptés car après les années 1960, confrontées à la concurrence et à la
compétitivité, les industries créées par la substitution d‟importation étaient incapables
de leur blocage et stagnation car elles étaient plus dépendantes des technologies
capitalistiques monopolistiques.
2.3.4.3. La stratégie par la promotion des exportations
Elle vise à remplacer les exportations des produits primaires par des
exportations de produits non traditionnels ou encore des produits primaires élaborés ;
elle tire ses avantages d‟abord à partir d‟une main-d‟oeuvre bon marché pour exporter
vers les pays développés et ensuite sur l‟exploitation et l‟élaboration des ressources
naturelles pour créer des bases et structures industrielles.

Cette stratégie, comme on peut le constater, permet de diversifier les


exportations, gage de stabilité et des rentrées des recettes en devises. Elle permet
l‟élargissement du marché, la croissance de l‟économie à l‟échelle mondiale. Elle
contribue favorablement au développement des industries, à la création des emplois et
à l‟amélioration des balances des paiements avec comme conséquence la consolidation
des investissements par la régulation des mouvements des capitaux.

2.4. Investissement
40
2.4.1.Origine et définition du concept « investissement »

2.4.1.1. Origine du concept « investissement »

1. Origine latine
Le terme investissement vient du verbe latin « investire » qui signifie
entourer, encercler. Cela nous renvoie au mot investir quand le roi envahit un royaume
étranger par ses troupes.

2. Origine Anglo-saxonne
Le terme investissement vient du verbe « to invest »qui veut dire employer
des capitaux en vue d‟accroitre la production ou augmenter le rendement d‟une
entreprise. Cette origine est importante à cause de la manière dont elle définit ce
terme.

40
Buabua wa Kayembe, cours de Droit congolais des investissements , L1 RI, FSSAP, UNIKIN, 1999-2000
53

2.4.1.2. Définition

Définir le terme « investissement » revient à se poser un certain nombre de


questions à savoir :

 Quel est l‟objet de l‟investissement ?


 Qui investit ?

Nous savons que l‟investissement apparait comme un acte obéissant à une


intention. Il faut alors une définition assez approfondie qui mettra en évidence le
caractère prospectif de l‟investissement, mais qui doit aussi tenir compte des aspects
microéconomiques.

A.Définition restrictive et extensive

L‟investissement est assimilé à la formation de l‟équilibre de l‟équipement


et d‟une manière générale, des capitaux fixes. Sont exclu de cette définition
l‟acquisition des matières premières, la politique des stocks et tout ce qui peut ressortir
au capital circulant41.

Pour Keynes, l‟investissement comprend tous les produits qu‟un


entrepreneur peut acheter à d‟autres entrepreneurs et qu‟il destine à son équipement.
C‟est-à-dire à son stock des produits finis.

Pour Robertson, l‟investissement est la fraction du revenu effectivement


dépensé en biens et services, en excluant l‟accumulation involontaire des stocks de
produits finis42.

B. Définition rétrospective et perspective43

 Définition rétrospective

L‟investissement est toute dépense qui ne correspond pas à la création


concomitante d‟un revenu équivalent. D‟où, il résulte que tout investissement doit être
couvert par une épargne de même montant. Malheureusement, cette définition est
incomplète puisqu‟elle fournit un élément d‟analyse statique.

41
DIETEREN, P, investissement, bilan de la connaissance générale économique, PUF, Paris, 1917
42
RAMANDELINA, M, premières notions des sciences économiques, éd. PUF, Paris, 1964, p. 52
43
MIYILA IBANG-A „NDA, les investissements directs étrangers et le développement des pays du
tiers-monde, cas de la société MOBIL OIL, TFC, G3 RI, UNIKIN, 2000-2001,
P.14-15.
54

 Définition perspective

L‟investissement est toute dépense destiné à l‟acquisition à court, moyen


ou long terme, des capitaux des biens d‟équipement ou des facteurs de production
humains, matériels ou techniques.

Dans son ouvrage intitulé «les premières notions des sciences


économiques » RAMANDELINA essaie de donner une définition claire qui aborde
tous les aspects de l‟investissement. Pour lui, l‟investissement est une opération qui
consiste à créer des facteurs de production, à assurer la formation du capital et des
biens d‟équipement en assurant un coût actuel généralement de nature financière44.

2.4.2.Typologie des investissements

Très souvent, les économistes catégorisent les investissements en se


basant aux critères d‟origine et d‟utilisation de ces derniers. Le code des
investissements donne aussi une classification distincte de celle précitée45.

2.4.2.1.Du point de vue d’origine des investissements

Il y a des investissements publics, privés et mixtes.

a. Investissements publics

Sont ceux qui sont créés, réalisés et assurés par l‟Etat, ceux-ci sont
d‟autant vrais depuis que l‟Etat a cessé d‟être gendarme pour devenir un Etat
providence c‟est-à-dire gestionnaire, pour assurer le service public. Notons ici que
l‟Etat est promoteur en même temps décideur.

b.Investissements privés

Sont ceux qui découlent des investissements de l‟initiative de capitaux


privés regroupant un nombre quelconque de personnes. Ces dernières sont soit
particulières nationales ou étrangères.

C.Investissements mixtes

Ces types d‟investissement regroupent en leurs seins plusieurs formes de


nature différente. En effet, les investissements mixtes sont réalisés soit par association
d‟un ou plusieurs investissements privés, étrangers avec un ou plusieurs
investissements privés locaux, soit par association d‟un ou plusieurs investissements

44
RAMANDELINA, OP.CIT
45
ORDONNANCE-LOI N° 36-0-22 du 05 Avril 1926, portant code des investissements
55

locaux avec le gouvernement local, soit par association d‟un ou plusieurs


investissements privés ou publics étrangers avec le gouvernement local46.

2.4.2.2. Du point de vue utilisation des investissements


Il s‟agit de la destination des investissements

 Investissements de remplacement
Visent à maintenir le capital existant à niveau actuel, c‟est-à-dire qu‟il
faut prévoir le remplacement des machines et des équipements visés. Ne pas prévoir
l‟amortissement du capital, c‟est consommer ce dernier, c‟est-à-dire s‟appauvrir, pour
un pays c‟est décapitaliser47.

 Investissement productif
S‟intéresse à augmenter le capital existant. Ainsi, il regroupe en son sein
trois groupes d‟investissements :

 Investissements directs : sont ceux qui financent l‟acquisition des


équipements et des artisanaux et immobilisation dans les activités industrielles,
agricoles, commerciales et artisanales. Ici, on met beaucoup plus l‟accent sur le
secteur industriel.
 Investissements indirects productifs : financent essentiellement la création
d‟infrastructures économiques dans le secteur de transport, communication, de
l‟énergie, d‟équipement de l‟infrastructure agricole, etc.
 Investissements sociaux et humains : sont ceux, dont les effets productifs
sont également indirects. Ils comprennent les dépenses consacrées à la
scolarisation, à l‟enseignement général et professionnel, à l‟hygiène et aux
divers services de santé.

Retenons que ces trois types d‟investissements sont solidairement liés.


Une entreprise n‟est viable que si elle se trouve une main d‟œuvre qualifiée et des
voies de communication pour l‟approvisionnement et évacuation des produits.

46
BONGOY, M, Investissement direct au Zaïre, Ed. PUZ, Kinshasa, 1974, p. 300-301
8. RUDLOFF Marcel, économie politique du tiers-monde, éd. Cuyas, Paris V, 1968, p. 123
56

2.4.2.3.Du point de vue légal


 Investissements de création
Les apports en espèces ou en nature fait à une entreprise devant exercer
ou exerçant son activité en République Démocratique du Congo ; en vue de constituer
une capacité de production nouvelle de biens et services.

 Investissements de commission
Il institue une commission d‟investissements placée sous l‟autorité
directe du ministre du plan. Cette commission d‟investissements est chargée
notamment d‟examiner la conformité des dossiers soumis au cadre des investissements
et d‟apprécier l‟importance de leur contribution aux objectifs de développement du
pays.

 Investissements étrangers
Sont des investissements effectuer au moyen des capitaux venant de
l‟étranger ; par toute personne physique n‟ayant pas la qualité de nationalité congolaise
ou par toute personne morale dont le capital social est détenu à concurrence de 51 au
moins par des étrangers : personnes physiques ou morales.

2.4.3. Investissement international et développement

Les mouvements internationaux de capitaux doivent en économie de


marché permettre à un pays sous-développé de réaliser le taux maximum de croissance
de son produit ; laquelle entraîne celle de l‟épargne nationale qui assure
progressivement la relève des capitaux extérieurs. Ce qui permet à l‟économie sous-
développée de trouver des conditions optima pour son développement. Les
investissements ne sont pas seulement privés mais aussi, dans une mesure, publics.
Les investissements privés émanent pour leur quasi-totalité de grandes
unités et non de micro-unités. En théorie, les mouvements de capitaux ne sont pas
déterminés par la recherche du taux le plus élevé de rémunération ; ils obéissent aussi
à d‟autres mobiles économiques ou extra-économiques ; ils peuvent résulter d‟un plan
national ou d‟un programme international d‟aide au développement.
Hans W. SINGER estime que les investissements étrangers dans le
secteur d‟exportation ne constituent pas une partie de la structure économique interne
des pays sous-développées, mais au contraire font partie des pays développés qui
bénéficient de la plus grande part des effets multiplicateurs ; cette réalité est souvent
observée lorsque l‟objet de l‟investissement est d‟ouvrir de nouvelles sources
d‟approvisionnement pour les pays industrialisés.
Hans SINGER pense que ce type d‟investissement est néfaste par
l‟orientation qu‟il donne à l‟économie. Pour lui, la contribution la plus importante
57

d‟une activité économique au développement se mesure par les effets qu‟elle crée sur
le niveau général de l‟éducation, des compétences et sur le comportement économique
général spécialement sur l‟élévation de niveau de vie des populations ainsi que sur la
transformation sociale.
La théorie générale des investissements consacre l‟idée selon laquelle –
les investissements étrangers procurent des avantages aux pays d‟accueil notamment
sur l‟équilibre des balances de paiements, sur la création d‟emplois et des richesses,
sur l‟industrialisation, sur les exportations, sur la croissance et sur le développement
des pays bénéficiaires. A ce sujet, deux conceptions s‟affrontent face à la pertinence
des arguments développés par les uns et les autres. Il s‟agit de courants des optimistes
et celui des pessimistes.
1° Les optimistes
Selon C. FRED BERGESTEN, les investissements déployés par les
privés internationaux sont les faits normaux de l‟évolution objective de facteurs de
production ainsi que l‟expansion des industries modernes qui, à leur tour, aiguisent la
mondialisation comme moteur d‟internationalisation de la production.
Les sociétés multinationales à cause de leur puissance financière tendent
à remplacer et à replacer le commerce international dans le contexte de la concurrence
et de la compétitivité entre les nations.
Il estime que les sociétés multinationales à travers leurs investissements,
sont utiles dans le monde en développement à cause de leur capacité de gestion et de
leur supériorité technologique favorable à la redistribution efficiente des revenus avec
comme conséquence, l‟élévation de niveau de la population et la promotion de la
croissance économique dans tous les secteurs de production dans les pays d‟accueil
2° Les pessimistes
Les pessimistes sont ceux qui voient à travers les investissements
internationaux comme facteur ou phénomène d‟exploitation et du néo-colonialisme.
Les tenants de ce courant estiment que les stratégies utilisées par les investisseurs
privés internationaux dans les PVD sont loin de favoriser le progrès et la croissance
économique.
Ils développent à cet effet quatre théories :
 La théorie néo-impérialiste ;
 La théorie néo-mercantiliste ;
 La théorie du déclin de la souveraineté ;
 La théorie globaliste.
Stephen HYMEN estime que les investissements privés internationaux
sont le fait de l‟impérialisme américain qui consiste à créer les inégalités et la
dépendance entre les Etats. Pour lui, ce sont les multinationales qui concentrent tout le
pouvoir de décision à New York, Londres et Tokyo.
58

Pour lui, les investissements internationaux sont également un


phénomène mercantiliste qui vise à maximiser les profits en faveur des grandes unités
internationales et au détriment des pays d‟accueil, c‟est-à-dire leur but est de procurer
des ressources nécessaires à la consolidation des économies du Nord.
Le développement et le dynamisme des entreprises sont analysés à la
lumière des investissements qui, comme principe de renouvellement des capacités de
production, remplissent une fonction primordiale dans la vie des entreprises.
L‟investissement des entreprises est à l‟instar de la consommation des ménages, un
type de décision de dépenses du secteur privé. La finalité des biens d‟investissement
n‟est toutefois pas la consommation. Les entreprises les acquièrent en vue de produire
à l‟avenir plus de biens de consommation, c‟est-à-dire de créer de la richesse.
Sur le plan conjoncturel, les investissements présentent une forte
sensibilité aux mouvements économiques. Les investissements publics sont les
dépenses publiques concentrés dans les travaux publics d‟infrastructure. En effet, les
décisions qui les concernent devraient être prises en vue d‟exercer sur la conjoncture
une action de compensation.
Mais il est aussi vrai que ces décisions se heurtent à toutes les difficultés
inhérentes à une politique de travaux publics. Il y a d‟abord les délais administratifs de
réalisation tenant toute une procédure budgétaire, ensuite, l‟inertie propre aux travaux
publics qui ne peuvent être ralentis dès le début de l‟expansion ; enfin la structure des
entreprises de travaux publics est telle qu‟on ne peut sans risque les soumettre à des
chocs très violents.
Ces difficultés font que l‟évolution des réalisations d‟investissements
publics et donc leur enregistrement sous forme d‟indicateurs ne correspond pas à celle
des décisions d‟investir. Le lien procyclique ou contracyclique avec les fluctuations
conjoncturelles devient assez fragile et lâche.
Ainsi préoccupés par les déficits budgétaires accumulés et souvent
chroniques, les pouvoirs publics ont pratiquement renoncé à toute forme de soutien de
la demande au point parfois de ne pas craindre de mener à contretemps une politique
déflationniste.
En effet, les investissements des entreprises privées représentent une part
prépondérante de la formation brute de capital fixe et se subdivisent en construction
non-résidentielle (usines, entrepôts, bureaux,…) et en achats d‟équipement productifs
c‟est-à-dire, un stock de capital physique qui va permettre d‟accroître la production.
Sur le plan macro-économique, les investissements des entreprises privées ont une
valeur particulière car avec la consommation privée, la demande publique augmente
pour créer des emplois productifs et nécessaires à la croissance.
La finalité de l‟investissement privé est de produire des biens et services,
et le niveau général de l‟activité d‟un pays peut être déterminé en fonction du niveau
de sa production. Il est aussi vrai que l‟importance que l‟on attache aux
59

investissements privés constitue le fait qu‟ils sont une base d‟indicateur de stabilité
dans les économies industrialisées en ce sens que l‟industrie manufacturière constitue
la part largement majoritaire de l‟ensemble de la production.
C‟est en fait dans ce contexte que l‟économie de développement
considère les investissements privés comme un acteur important de la croissance et de
l‟essor économique. L‟analyse de la théorie de l‟investissement dégage que les pays
avancés choisissent surtout d‟intervenir dans les secteurs d‟activités les plus
productifs et les plus dynamiques en laissant aux pays sous-développés les productions
les moins favorables au développement. Les pays exportateurs de capitaux procèdent
de cinq façons :
o Par la possibilité d‟exporter des produits manufacturés qui permet un transfert de
facteurs de production des activités à faible productivité vers des activités à haute
productivité ;
o Par les économies internes dues au développement industriel ;
o Par l‟impulsion dynamique transmise à toute l‟économie grâce au
développement de ce secteur ;
o En bénéficiant en tant que consommateur des progrès techniques réalisés dans le
secteur primaire ;
o En tirant bénéfice de la vente à l‟extérieur des produits manufacturés.
De ce qui précède, l‟Etat qui dispose d‟une série d‟instruments efficaces
pour organiser et stimuler le développement, devra déterminer une politique discursive
et managériale dans le choix des opérations utiles, susceptibles d‟éviter toute sorte de
piège. Il devra :
 Créer une épargne participative ;
 Renforcer les capacités des services publics, notamment en matière de
l‟éducation et de formation technique ;
 Combattre la spéculation, lutter contre l‟inflation et contrôler les prix ;
 Former une main-d‟oeuvre de bonne qualité ;
 Diversifier les acteurs de production économique ;
 Améliorer la qualité du commerce international susceptible d‟entraîner des
effets positifs sur la balance des paiements ;
 Stimuler la croissance économique par l‟introduction des industries modernes
et compétitives ;
 Améliorer la qualité de la stabilisation des institutions politiques et de la
sécurité nationale.

2.4.3.1. Investissement direct étranger


Le domaine le plus sensible de l‟économie internationale est peut-être
aujourd‟hui l‟investissement direct. Les Etats-Unis et le Canada s‟efforcent de limiter
les investissements directs des sociétés dont le siège social est situé à l‟intérieur de
60

leurs frontières afin d‟atténuer la pression qu‟ils exercent sur leur balance des
paiements.
Le Canada, les pays européens et le Japon cherchent à limiter les
investissements étrangers au sein de leurs frontières par crainte de voir leur contrôle
sur leurs ressources nationales s‟émousser à cause de la propriété étrangère. Les pays
en développement quant à eux, s‟inquiètent du fait que les étrangers veulent investir
chez eux mais craignent aussi l‟exploitation d‟un côté et un accès insuffisant aux
capitaux et à la technologie étrangère de l‟autre.
On institue des interdictions et de la restriction contre l‟investissement
dans certaines activités qu‟on considère à l‟influence étrangère ou particulièrement
nocives – les ressources naturelles, la banque, la presse, le commerce de détail, les
boissons non alcoolisées. On pose des conditions d‟après lesquelles il doit y avoir une
participation locale, des devises étrangères doivent être apportées de l‟étranger, on
doit assurer une formation, acheter sur place des éléments, faire de la recherche sur
place, exporter, etc. Et pourtant, la tendance à l‟internationalisation des firmes se
poursuit.
De ce qui précède, les comptables chargés de la balance des paiements
définissent l‟investissement extérieur direct comme tout flux de prêt à une entreprise
étrangère ou toute nouvelle acquisition de parts de propriété dans une entreprise
étrangère, à condition que les résidents du pays investisseurs aient une partie
importante de la propriété de cette entreprise. Le nombre de parts de propriété qui est
considéré comme important varie d‟un pays à l‟autre.
Dans le cas des Etats-Unis, la détention de 10% d‟une firme par
l‟investisseur suffit pour la définition officielle de l‟investissement direct. Il faut
souligner que l‟investissement direct comprend n‟importe quel investissement, qu‟il
s‟agisse d‟une acquisition nouvelle ou d‟un simple prêt dès lors que la firme qui
investit détient plus de 10% de la firme étrangère dans laquelle l‟investissement se
produit. Il convient également de préciser que l‟investissement direct n‟est pas
seulement un mouvement de capitaux.
En réalité, l‟investissement direct n‟est pas un simple mouvement de
capitaux qu‟il demande bien souvent sans aucun flux net de capitaux.
Il arrive que la société mère emprunte exclusivement les capitaux
initiaux dans les pays d‟accueil et se contente d‟ajouter son image de marque, ses
règles de gestion et d‟autres actifs d‟un type plutôt immatériel. Dès que la filiale
devient rentable, sa croissance s‟effectue à l‟aide d‟un réinvestissement de ses propres
profits de nouveaux fonds d‟emprunts. En même temps, elle renvoie une partie de ses
profits à la société mère dont les investissements avaient été si difficiles à percevoir.
Depuis la première guerre mondiale et la Révolution russe, les pays
d‟accueil se sont montrés désireux de s‟approprier les actifs des firmes
multinationales, sans offrir toujours une compensation aux investisseurs. Conscients
61

du danger d‟expropriation, de nombreuses firmes multinationales ont mis à l‟abri leurs


investissements directs à l‟étranger de la même façon qu‟elles se couvrent sur les
marchés des changes. Elles ont souvent équilibré une bonne part de leurs actifs
matériels dans un pays d‟accueil par des emprunts dans ce pays auquel les actifs
matériels servent de gage.
Cette couverture contre l‟expropriation semble être l‟une des raisons
pour lesquelles les sociétés multinationales investissent de plus en plus dans leurs
filiales sous forme d‟actifs plus immatériels et plus faciles à récupérer. Toute firme par
essence, doit être capable de faire des profits plus élevés à l‟étranger que dans son
pays d‟origine. Elle doit être encore capable de faire des profits plus élevés à
l‟étranger que ceux que les firmes locales peuvent obtenir sur leurs propres marchés.
Ce comportement et cette façon de concevoir doivent inquiéter les pays
bénéficiaires incapables de résister à la puissance financière des multinationales
capables d‟absorber les industries locales et parfois non seulement de porter atteinte à
la souveraineté nationale mais de créer une forte dépendance des pays d‟accueil vis-à-
vis des investissements étrangers. Comme on le sait, les investisseurs étrangers
n‟interviennent pas dans les secteurs où prévaut la concurrence parfaite. Peu
d‟exploitants agricoles font des opérations à l‟étranger où la concurrence est parfaite.
Ensuite, une société étrangère n‟est pas intéressée par la recherche de partenaires
locaux afin de fonder une entreprise commune, car elle préfère conserver les bonnes
occasions pour elle-même.
A. Définition de l’investissement direct étranger (IDE)
Dans le manuel de la balance des paiements du FMI, l‟investissement
direct étranger est défini comme « un investissement qui implique une relation à long
terme, reflétant ainsi un intérêt durable d‟une entité résidente d‟un pays d‟origine
(l‟investissement direct) sur une entité résidente (l‟entreprise investie) d‟un autre pays
».
La définition précise retenue par la Banque de France En France, la
Banque de France définit l‟investissement direct étranger comme : la détention à
l‟étranger d‟une unité ayant une autonomie juridique ou d‟une succursale ; la
détention d‟une proportion significative du capital, donnant à l‟investisseur résidant
un droit de regard dans la gestion de l‟entreprise étrangère investie (participation égale
ou supérieure à 10%) ; les prêts et avances à court terme consentis par l‟investisseur à
la société investie, dès lors qu‟un lien de maison mère à filiale est établi entre eux.
2.5.L’aide au développement

2.5.1. Définition de l’aide au développement


L‟aide au développement peut être définie comme la combinaison des
moyens (argent, équipement, matière grise) que les PVD reçoivent de l‟étranger pour
entreprendre et poursuivre leurs efforts propres de développement.
62

2.5.2.Bref aperçu historique de l’aide au développement


Le concept d‟aide au développement tel que nous l‟entendons
aujourd‟hui, est apparu en 1947 avec le Plan Marshall. Après la deuxième guerre
mondiale, les USA disposaient d‟une économie en grande expansion, étaient
considérés comme la principale source d‟aide et a représenté pendant de nombreuses
années, plus de la moitié des ressources que les pays avancés ont mis au service de
leurs efforts d‟assistance. Le programme d‟aide américaine a débuté avec le Plan
Marshall destiné à la reconstruction des économies européennes disloquées par la
guerre.
A ses origines, la principale motivation du Plan Marshall avait ses
racines dans la générosité du peuple américain. Pendant cinq ans environ, les USA ont
consacré près de 3% de leur produit national à aider l‟Europe, en grande partie sous
forme de dons, à savoir aider à reconstruire une Europe suffisamment forte pour
résister à la menace du communisme.
On peut dès lors comprendre que la coexistence de deux éléments
humanitaires et défensifs a fourni la justification essentielle des plans américains
d‟aide au développement. Ce mélange explique la confusion de vocabulaire qui
entoure le sujet, par exemple, en lançant son programme d‟aide, le Président Truman a
déclaré que « la démocratie seule peut apporter la force vitalisant pour soulever les
peuples du monde en une action triomphante non seulement contre leurs oppresseurs
humains mais contre leurs ennemis séculaires : la faim, la misère et le désespoir ».
En 1961, le Président Kennedy déclare : « L‟effondrement économique
des nations libres, mais moins développées, qui se tiennent actuellement en équilibre
serait désastreux pour notre sécurité nationale, nuisible à notre prospérité relative et
insultant pour notre conscience ». Le Président Nixon déclare en 1969 que « si nous
nous refermons sur nous-mêmes, si nous adoptons une attitude constante à laisser les
nations sous-développées se débrouiller seules, nous les verrons bientôt s‟écarter des
valeurs si nécessaires à la stabilité internationale.
En outre, nous perdrons le souci traditionnel d‟humanité qui constitue
une part si vitale de l‟esprit américain ». Toutes ces déclarations nous permettent de
circonscrite la motivation réelle de la politique d‟aide des USA.
2.5.3.Formes de l’aide
L‟aide est souvent accordée sous deux formes : bilatérale ou
multilatérale.
2.5.1.L’aide bilatérale :
L‟aide bilatérale est celle directement consentie d‟Etat à Etat dans le
cadre d‟un accord général ou intéressé . Dans ce cas, chacun de deux partenaires
choisit en toute connaissance de cause à qui il donne ou de qui il reçoit et cela en
fonction d‟une option gouvernementale comme par exemple affinités politiques et
63

culturelles, besoins techniques, zones monétaires, souci de l‟équilibre, nécessités


économiques, etc. Cette notion de choix est capitale car on ne peut pas contraindre
personne à aider ou à coopérer avec d‟autres comme on peut imposer une aide
bilatérale à qui n‟en veut point
L‟aide bilatérale revêt quant à elle deux formes : l‟aide publique et
l‟aide privée.
A.L‟aide bilatérale publique : est accordée par un gouvernement à un autre
gouvernement étranger.
B.L‟aide privée :comme son nom l‟indique, émane des secteurs privés ou
multinationaux.
2.5.1.L’aide multilatérale :
L‟aide multilatérale est celle accordée par une organisation internationale
ou régionale comme par exemple le FMI ou l‟UE dans le cadre d‟un accord négocié
entre l‟organisation internationale et l‟Etat receveur.
Outre les deux formes d‟aide, bilatérale ou multilatérale, on peut ajouter
une troisième forme d‟aide connue sous le nom d‟assistance technique. Celle-ci
consiste à envoyer des experts ou d‟enseignants vers les PVD. Il est vrai que si l‟on
compare l‟aide financière à l‟assistance technique en termes de coûts en dollars dans
les statistiques des flux d‟aide, l‟on pourra bien constater que l‟assistance technique
n‟occupe pas toujours une place de choix mais son importance ne doit pas non plus
être minimisée.
Bref, quelles que soient ses diverses formes, l‟aide au développement est
accordée à tous les pays qui peuvent ni entreprendre, ni ne soutenir aucun effort de
développement. C‟est dans ce contexte que la nécessité de coopérer et d‟aider est
apparue comme l‟ultime objectif à atteindre. La charte de la Havane signée en mars
1948, envisageait l‟assistance aux pays en développement et prescrivait à ses membres
l‟entraide comme un instrument nécessaire au développement.
La résolution 222 A du Conseil Economique et Social des Nations Unies
a posé comme principe et objectif principal à atteindre : « Aider les pays sous-
développés à renforcer leurs économies nationales par et avec le développement des
industries, de l‟agriculture afin de faciliter leur indépendance économique et politique
dans l‟esprit de la charte des Nations Unies et à permettre à leurs populations
d‟atteindre un niveau plus élevé de bien être économique et social ».
En 1956, le secrétariat général de l‟ONU fixe le rôle de l‟aide à l‟égard
du tiers monde en général et africain en particulier en ces termes : « Il est de l‟intérêt
commun que l‟organisation des Nations Unies s‟efforce dans toute la mesure du
possible aider les continents en voie de développement d‟assurer la transformation. Il
est certain que le rythme du progrès économique, social et politique devra être
sensiblement hâté si l‟on veut éviter de graves tensions ».
64

Les conventions et traités de Yaoundé I, II signés respectivement le 20


juillet 1963 et le 27 juillet 1969 et de Lomé signées le 28 février 1975 par les pays
d‟Afrique, de Caraïbes et de la CEE prévoyaient l‟assistance sous forme
d‟investissement, d‟aide générale au développement par des études sur des
perspectives du développement national et la formation des cadres par le canal des
bourses d‟étude ou de stage.
La convention de Lomé cherchera de consentir après dix ans d‟échec, un
effort financier accru et de développement et surtout le renforcement des
responsabilités des Etats partenaires dans l‟administration et la gestion de l‟aide. Il est
vrai que tous les efforts d‟élaboration et de concertation démontre que l‟aide est en
principe et théoriquement conçue comme un acte de solidarité internationale visant à
relever le niveau de vie de peuples du tiers monde.
Mais en réalité, cette arme qu‟ont utilisée les grandes puissances et
l‟ONU n‟a fait qu‟entraîner les pays sous-développés dans un éternel cercle vicieux
qui aggrave le statu quo et la domination.
Afin d‟appréhender les effets de l‟aide au développement, il serait
souhaitable d‟examiner les effets de l‟aide publique au développement. L‟aide des
pays de l‟OCDE (Organisation de Coopération pour le Développement Economique)
regroupés dans le CAD (le Comité d‟Aide au Développement) est la plus importante
et représente en moyenne 0,35% fixé par la CNUCED. Il faudra relever ici que les
principaux pays donateurs de l‟aide sont des pays industrialisés. Comme nous venons
de le voir, tous ces pays accordent de l‟aide pour des raisons variées et multiples
(humanitaires, morales, stratégiques et économiques). Donc, nous sommes en droit
d‟affirmer que l‟aide est toujours liée quelle qu‟en soit sa motivation.
2.5.4. L’aide et développement
L‟analyse de tous ces avoirs permet de considérer l‟aide comme un
apport d‟épargne extrême laquelle est susceptible d‟inciter et de faciliter la croissance
économique. En effet, le rôle de l‟aide vise à combler les déficits internes provoqués
par l‟absence d‟investissement et d‟épargne interne. Elle vise également à combler les
déficits externes liés à l‟importation et à l‟exportation des biens. Mais l‟insuffisance
et l‟incapacité du capital des PVD d‟absorber l‟aide due au manque d‟infrastructures
et de main-d‟oeuvre qualifiée ne pouvaient permettre à l‟aide de jouer le rôle qu‟on
attendait d‟elle.
Les pessimistes composés essentiellement des marxistes qui estiment que
l‟aide est un moyen de maintenir la domination impérialiste dans les pays du tiers
monde ; les libéraux pessimistes estiment quant à eux que l‟aide constitue la source du
conflit Nord-Sud c‟est-à-dire, que l‟aide est un moyen au développement car elle
réduit les peuples à la condition d‟assistés.
En Afrique par exemple, l‟aide a favorisé la mise en place
d‟infrastructures et d‟investissements improductifs. Par ailleurs, l‟aide alimentaire a
65

eu des effets pervers sur la production locale ; elle retarde et anéantit les initiatives
locales, la croissance et exacerbe la pauvreté.
Elle contribue timidement à l‟élimination des minorités productives, à
détruire le système commercial, à restreindre les capitaux étrangers à la
collectivisation. Du point de vue scientifique, il faut affirmer que toutes ces critiques
contiennent une part de vérité, mais elles oublient que l‟aide peut produire des effets
positifs.
L‟aide externe a permis de faciliter la croissance économique.
L‟expansion de la Côte d‟Ivoire par exemple, trouve son origine dans l‟aide. La Corée
du Sud et le Taiwan ont connu leur développement à partir de l‟aide ; si l‟aide a
produit des effets positifs dans certains pays, en revanche, elle a appauvri d‟autres : la
République Démocratique du Congo est l‟un des cas spectaculaires d‟échec enregistré
après les années 60.
L‟aide peut en fait jouer le rôle supplétif et faciliter le processus de
croissance en cours ; l‟aide doit s‟adapter aux intérêts locaux et doit être améliorée
afin d‟engendrer le développement.
Bref, l‟aide doit constituer un apport indispensable aux programmes et
plan de développement initiés par les pays et les gouvernements. Cela revient à dire
que l‟aide doit être intégrée à l‟effort national de développement car ce dernier est
d‟abord l‟oeuvre des pays intéressés. L‟aide ne doit pas être systématiquement un don
car elle peut donner lieu à d‟incontestables gaspillages et entraîner la mauvaise
gouvernance.
L‟aide doit prendre un caractère fonctionnel et déboucher sur une
véritable coopération internationale. Elle doit cesser comme aujourd‟hui d‟être un
moyen raffiné de domination, d‟aliénation et de la recolonisation. Il faut que l‟aide
crée une économie mondiale fonctionnelle qui facilite la diffusion des progrès
économique et technique lesquels doivent supprimer les subordinations qui pèsent sur
les peuples du tiers monde.
C‟est dans ce contexte que nous pouvons parler objectivement de la
mondialisation dans tous les secteurs. L‟aide pour le développement intégré permettra
de supprimer les déséquilibres régionaux ou sectoriels afin de réaliser les conditions
favorables pour un développement suffisant pour tous les hommes.
Bref, l‟aide doit constituer un apport indispensable au programme et plan
de développement, initiés par les pays et gouvernements. Cela revient à dire que l‟aide
doit être intégrée à l‟effort national de développement car ce dernier est d‟abord
l‟oeuvre des pays intéressés. L‟aide ne doit pas être systématiquement un don car elle
peut donner lieu à d‟incontestables gaspillages et entraîner la mauvaise gouvernance.
L‟aide doit prendre un caractère fonctionnel et déboucher sur une véritable
coopération internationale. Elle doit cesser comme aujourd‟hui d‟être un moyen
raffiné de domination, d‟aliénation et de la recolonisation.
66

CHAPIII. LE DEVELOPPEMENT HUMAIN

Le monde a connu dans les années 80 des taux importants de la pauvreté qui a
touchée de nombreux pays en voie de développement en dépit de l‟évolution de la
croissance économique dans ces pays.

Cette croissance ne s‟est donc pas traduite sur le niveau de vie des
populations qui a paradoxalement baisse dune manière significative sur le plan de
l‟éducation, de la sante publique et dans bien d‟autres domaines.

Ce paradoxe a été à l‟origine de la remise en cause de la notion même


du développement dans les milieux académiques, notamment chez les spécialistes du
programme des nations unies pour le développement dans le monde, et dont les
nouvelles réflexions et orientations ont mis l‟accent sur l‟importance de l‟être humain
et de son cadre de vie dans la redéfinition du développement

Section1.Définition,naissance et évolution du développement humain

1.1.Définition

Le développement humain dépasse les questions économiques et apparaît


comme un processus qui ne se limite pas seulement à un accroissement de biens et
services disponibles pour l‟ensemble de la population et l‟amélioration de leur
répartition.

Il s‟agit d‟un processus de longue période qui suppose une mobilisation


des forces vives d‟un pays et par conséquent une adhésion des population aux objectifs
de développement choisit : liberté, démocratie et amélioration de l‟état sanitaire de
l‟homme.

Le développement humain peut être définie simplement comme un


processus d‟élargissement des choix.

Le développement humain est le processus par lequel une société, se


basant sur le développement économique, améliore globalement les conditions de vie
de ses membres.

En ce sens, le développement humain ne tient pas seulement compte des


ressources que les individus disposent pour couvrir leurs besoins fondamentaux. Il
tient également compte de l‟accès au système de santé et d'éducation, du niveau de
sécurité personnelle, de toute forme de liberté : politique et culturelles, ainsi la
capacité à cultiver leurs intérêts et à développer leur potentiel productif et créatif.
67

L'un des objectifs fondamentaux du développement humain est de créer


les conditions favorables permettant aux individus de bénéficier d'un large éventail
d'opportunités : emploi, éducation, développement productif, mener une vie qui les
valorise conformément à leurs attentes et capacités.

Le développement humain signifie également qualité de vie,


participation active aux décisions qui affectent l‟environnement, l‟opportunité de
développer au maximum les capacités humaines et le respect des droits de l'homme et
de la dignité de la vie.

Dans son rapport mondial sur le développement humain 1990, le


(PNUD) défini ce concept comme « un processus qui conduit à l'élargissement de la
gamme des possibilités qui s‟offrent à chacun. En principe, elles sont illimitées et
peuvent évoluer avec le temps. Mais quel que soit le stade de développement, elles
impliquent que soient réalisées trois conditions essentielles : vivre longtemps et en
bonne santé, acquérir un savoir et avoir accès aux ressources nécessaires pour jouir
d'un niveau de vie convenable.

Si ces conditions ne sont pas satisfaites, de nombreuses possibilités


restent inaccessibles. Mais le concept de développement humain ne se limite pas à
cela. Il englobe également des notions aussi capitales que la liberté politique,
économique ou sociale, et aussi importantes que la créativité. LaProductivité, le
respect de soi et la garantie des droits humains fondamentaux. Le développement
humain présente deux aspects Le développement humain: les dimensions d‟un concept
: d'une part, la création de capacités personnelles (par les progrès obtenus en matière
de santé, de savoir et d'aptitudes), et d'autre part, l'emploi que les individus font de ces
capacités dans leurs loisirs, à des fins productives ou culturelles, sociales et politiques.
Si le développement humain n'équilibre pas ces deux aspects, il peut en résulter une
immense frustration.

Selon cette notion du développement humain, l'amélioration du revenu,


pour importante qu'une soit, n'est jamais qu'une aspiration parmi d'autres. Mais toute
leur vie ne peut se résumer à cela. Le développement doit donc être bien plus qu'une
accumulation de revenus et de richesses. Il doit être centré sur les personnes.

Dans ce contexte, « le développement humain ne se limite pas, loin s‟en


faut, à la progression ou au recul du revenu national. Il a pour objectif de créer un
environnement dans lequel les individus puissent développer pleinement leur potentiel
et mener une vie productive et créative, en accord avec leurs besoins et leurs intérêts.
La véritable richesse des nations, ce sont leurs habitants. Le rôle du développement
consiste donc à élargir les possibilités, pour chacun, de choisir la vie qui lui convient.
68

Ce concept dépasse ainsi largement celui de croissance économique. En effet, celle-ci


n‟est qu‟un moyen-aussi important soit-il d‟accroître ces choix

Le développement humain va au-delà du niveau de revenu ou de richesse


d'une économie, il se concentre plutôt sur la richesse de la ressource la plus importante
dont dispose un pays : le capital humain.

Chaque jour, chaque être humain fait toute une séries de choix d‟ordre
économique, politique, social ou culturelle.Si les êtres humains sont bien au centre des
activités entreprises en vue du développement, celles-ci devraient orientées vers
l‟élargissement des choix dans tous les domaines de l‟activité humaines au bénéfice de
tous.

Le développement humaine est à la fois un processus et un résultat, il


concerne tant les processus par lesquelles les choix sont accrus que les résultats de ces
choix. En dernier analyse, le développement humain est le développement des
individus, pour les individus et par les individus. Le développement des individus
implique la mise en place de capacités humaines par le développement des ressources
humaines.

1. 2. La naissance du concept
Le concept du développement humain est né au cours des années 1980
dans un contexte de remise en cause progressive des indicateurs monétaires
traditionnels du développement économique, de type Produit Intérieur Brut (PIB).

Le développement économique a été toujours, compte tenu de son


évolution historique, lié la croissance. Dans la phase de construction de la pensée par
les pionniers du développement, croissance économique et développement étaient
synonyme sBernard Conte .

Cependant, une distinction fondamentale les sépare. La croissance


économique est définie comme étant « une augmentation significative, soutenue et
durable de la production de biens et de services dans une économie sur une période
donnée.

Cette variation positive se mesure grâce à l'évolution annuelle de


l'indicateur du produit intérieur brut (PIB », tandis que le développement économique
«… comporte davantage d‟implication, et en particulier des améliorations de la santé,
de l‟éducation et des autres aspects du bien-être humain. »

Le développement est vu ainsi comme «la combinaison des changements


mentaux et sociaux qui rendent la nation apte à faire croître, cumulativement et
durablement son produit réel global ».
69

Dans cette optique, «.. les pays qui élèvent leurs revenu, mais sans
assurer aussi une augmentation de l‟espérance de vie, une réduction de la mortalité
infantile et un accroissement des taux d‟alphabétisation échouent dans des aspects
importants du développement. Si la totalité de revenu accru se concentre dans les
mains d‟une petite élite riche ou si elle est affectée à des mouvements ou à des
équipementsmilitaires, le développement au sans où nous l‟entendons a été minime »

Selon le programme des Nations unies pour le développement (PNUD),


le revenu est un bon critère de mesure de l'ensemble des choix qui s'offrent aux
individus puisque c'est ce qui leur permet de les réaliser. Cela n'est vrai qu'en partie.

 Le revenu est un moyen, non une fin. Il peut être utilisé pour se procurer des
médicaments essentiels ou des stupéfiants. Le bien-être d'une société dépend de
l'emploi qui est fait du revenu et non de son niveau ;
 Selon les pays, l'expérience montre qu'un niveau de revenus modeste peut
s'accompagner d'une bonne qualité de vie et qu'à l'inverse elle peut être
déplorable à de hauts niveaux de revenus ;
 Le revenu actuel d'un pays ne donne que peu d'indications sur ses perspectives de
croissance. Si le pays a déjà investi dans sa population, son revenu potentiel
pourrait être beaucoup plus élevé que ce que laisse supposer son revenu actuel, et
vice versa;
 La prolifération de problèmes graves dans bon nombre de pays riches et
industrialisés révèle qu'un revenu élevé n'est pas, en soi, une garantie de progrès
humain ;
 Dans cette perspective, le concept de « développement humain » et notamment
son émergence, s‟inscrit, selon Hatem et Malped (Hatem & Malpede, 1992), dans
le cadre d‟une tentative pragmatique de réconciliation des approches autrefois
considérées comme antagoniste au sein d‟une stratégie globale de
développement, et dont l‟application d‟une manière isolée a montré ses limites:
satisfaction des besoins humains fondamentaux d‟une part, recherche de la
croissance et l‟efficacité économique d‟autre part.

1.3. L‟évolution du concept


La réflexion en matière de développement a évolué considérablement
depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

Elle a connu dans son évolution quatre grandes tendances:

 Les années 50 et 60: Le développement ne visait que la croissance économique.


Celle-ci qui était censée assurer le progrès social n‟a fait qu‟accumuler le capital
physique et financier, s‟occuper du développement des infrastructures et
l‟exploiter les ressources naturelles (agriculture, industrie, substitution des
70

importations, promotion des exportations) Geefft, 2006). De ce fait,


l‟amélioration des conditions de vie des populations défavorisées n‟était pas, a
cette époque une priorité pour le développement.
 Les années 70: Cette époque est marquée par une certaine prise de conscience
des conséquences de la période précédente notamment « des imperfections des
modèles de développement axés sur l'économisme, le productivisme et le
technicisme au détriment des véritables besoins humains et sociaux et des
aspirations des populations » (Le goute, 2001). C‟est pourquoi, un investissement
dans le capital humain est devenu impératif surtout concernant les besoins
fondamentaux tels que la santé et l‟éducation.
 Les années 80: la croissance économique a été de nouveau classée au premier
rang des priorités et cela suite au choc pétrolier et l‟effondrement des prix des
hydrocarbures qu‟a connus l‟année 1986. Cela a conduit à l‟explosion de la crise
du surendettement dans de nombreux pays en voie de développement. Ces
bouleversements économiques ont fait des années quatre-vingt celles des
programmes d'ajustement structurels (P.A.S.) et celles des mesures économiques
et sociales rigoureuses dictées par le FMI et la banque mondiale. Ces
programmes se sont accompagnés d‟une dégradation alarmante des conditions
sociales de la population dans ces pays illustrer par des réductions des dépenses
sociales essentiellement au niveau de l‟éducation et de la santé.
 Les années 90: Cette époque a connu la mise en valeur des droits fondamentaux
de l‟homme dans le cadre de la politique de démocratisation inspirée des
exigences du moment. Il s‟agit principalement de prendre en considération le
respect de droits de l‟homme, de l‟environnement, des différentes libertés (liberté
individuelle, d‟expression, civiles et politique…), ce qui a conduit à une nouvelle
conception du développement qui repose sur la lutte contre la pauvreté, les
inégalités et l‟exclusion. « Le développement humain postule que le bien être
humain est la seule et vraie finalité devrait être celle de toute politique de
développement ».

Section2. Mesure de Developpement Humain

2.1 La conception de l‟IDH:


L'Indicateur de développement humain (IDH) a pour objectif de
répondre aux insuffisances du Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant comme
indicateur du développement d'un pays. Voir l'article : Les limites du PIB. C'est un
indicateur qui est composite afin de mieux prendre en compte les différentes
dimensions du développement.

Le (PNUD) a tenté de quantifier les facteurs déterminants qu‟il jugeait


essentiels au développement humain à savoir longévité et santé, savoir et
71

connaissances et niveau de vie décent. Le (PNUD) a élabore pour chacun de ces


éléments un critère de mesure spécifique, qu‟il a intègre dans un indice, l‟indice de
développement humain (IDH).

a) Longévité et santé : L‟OMS définit la santé comme un état de bien- être physique,
mental et social complet et ne consistant pas seulement en une absence de maladie
(Perkins, Radelet, & Lindauer, 2008).

En ce qui concerne la première composante - la longévité - c'est


l'espérance de vie à la naissance qui a été retenue comme indicateur (valeur minimale
de25 ans-valeur maximal 85ans).

L'intérêt de ce critère tient à la valeur communément accordée à la durée


de la vie, et aussi au fait qu'elle est le reflet d'autres aspects tels qu'une alimentation
correcte et une bonne santé. Ceci fait de l'espérance de vie un indicateur important du
développement humain (ECONOMICA, 1990).

b) Education et connaissances : mesuré par le taux d‟alphabétisation des adultes et le


taux brut de scolarisation du primaire, du secondaire et du supérieur- tous niveau
confondus minimum 0%, maximum 100%, et pour les 2/3 du taux d‟alphabétisation
des adultes minimum 0%, maximum 100%).

Dans son acceptation la plus large, l‟éducation est le processus


d‟apprentissage entamé dés la naissance à travers duquel les membres d‟une société
acquièrent un savoir et développent des connaissances, des idées, des valeurs, des
normes et des attitudes qu‟ils partagent avec les autres membres de la société (Harison,
Dalkiran, & Elsey, 2004).

L‟accès à l‟éducation et aux connaissances a été retenu dans le calcul de


l‟IDH du fait de son impact positif dans les domaines économique, social, politique, et
démographique.

 Rabii Haji, nous explique cet impact comme suit :

 Au niveau économique, elle permet aux individus d'améliorer leur productivité et


d'augmenter leurs revenus et chances d'employabilité. Alors qu'au niveau des
États, elle permet l'amélioration de la compétitivité et attractivité de l'économie
nationale grâce à la disponibilité d'un stock de capital humain qualifié.
 Au niveau social, l'éducation permet l'intégration et l'égalisation sociales entre les
individus, que ce soit d'un point de vue de genre (homme/femme) que d'un point
de vue d'espace (milieu urbain/milieu rural).
72

 Tandis qu'au niveau démographique, les études et enquêtes ont montré que la
généralisation de la scolarité, notamment dans le cas des femmes, permet une
meilleure maîtrise du taux de croissance démographique.
 Enfin, au niveau politique l'éducation permet une meilleure implication des
individus dans la gestion des affaires nationales et locales.

c) Le niveau de vie : En économie, le niveau de vie est une notion qui cherche à
évaluer le niveau de richesse et de prospérité d'une population. Il se traduit en général
par une mesure de la qualité et la quantité des biens et services qu'une personne ou une
population .

Le niveau de vie correspond au PNB réel divisé par la population, le PNB réel par tête,
(valeur minimal 100- valeur maximal 40000).

2) La valeur de l’IDH :
L‟IDH est calculé en établissant la moyenne arithmétique d‟indicateurs
illustrant les trois dimensions de développement humain retenues par le Programme
des Nations unies pour le développement (PNUD).

L‟IDH est un indice statistique composite dont la valeur est comprise


entre 0 et 1. Plus l‟indice est proche de 1, plus le pays est considéré comme développé
sur le plan humain.

Selon la valeur de leur IDH, le Programme des Nations unies pour le


développement PNUD, classe les pays en quatre catégories :

 De 0,9 à 1 (développement humain très élevé) ;


 De 0,8 à 0,899 (développement élevé) ;
 De 0,5 à 0,799 (développement moyen) ;
 De 0 à 0,499 (développement faible).

3) Autres indices de développement humain


L ‟IDH ne tient pas compte de nombreux facteurs importants de
développement humain. C‟est pourquoi le Rapport sur le développement humain
comprend d‟autres indices, destinés à brosser un tableau plus complet du
développement humain. En effet, l'IDH est complété par une batterie d'indices plus
spécifiques qui permettent de mesurer des dimensions spécifiques du développement
humain. Parmi les plus intéressants, on peut noter :

Les indicateurs de pauvreté humaine qui permet de préciser la mesure


globale fournie par l'IDH en examinant si le progrès profite à tous où ne concerne
qu'une minorité. L'IPH-1 mesure la pauvreté dans les pays en développement (faible
IDH) en repérant la part de la population qui connaît le denuement le plus total
73

(espérance de vie < 40 ans,adultes analphabètes, manque d'accès aux services de base,
etc.). l'IPH-2, apparu en 1998, effectue un calcul similaire pour les pays industrialisés
en se fondant sur le taux d'illétrisme, le pourcentage de population ayant une espérance
de vie < 60 ans, le pourcentage de population vivant en dessous du seuil de pauvreté
(1/2 médiane), le taux de chômage de longue durée.

L'indicateur sexospécifique du développement humain (ISDH) et


l'indicateur de participation des femmes (IPF) s'intéressent quant à eux aux
inégalités entre les hommes et les femmes et permettent de nuancer les conclusions
tirées de l'IDH lorsque des inégalités flagrantes existent entre les deux moitiés de
l'humanité.

L’indice de développement humain ajusté aux inégalités (IDHI):


revoit l‟IDH en fonction de l‟étendue des inégalités dans un pays pour chaque
dimension: santé, éducation et revenu. L‟IDHI serait identique à l‟IDH si les inégalités
n‟existaient pas (mais celles-ci existent bien sûr toujours). Or plus les inégalités
grandissent, plus l‟IDHI chute. L‟IDHI peut être particulièrement révélateur si on
l‟utilise pour comparer le classement d‟un pays avant et après la prise en compte des
inégalités

L’indice d’inégalités de genre (IIG): reflète la discrimination entre les


sexes en se fondant sur trois critères: la santé en matière de procréation,
l‟autonomisation et le marché du travail.

L’indice de développement de genre (IDG): mesure les inégalités entre


les sexes sous trois angles importants du développement humain. L‟indice d‟inégalités
de genre (IIG) reflète la discrimination entre les sexes en se fondant sur trois critères:
la santé en matière de procréation, l‟autonomisation et le marché du travail. Plus
l‟indice est élevé, plus les inégalités de genre sont grandes. Les indicateurs utilisés
pour estimer l‟IIG sont: Le taux de mortalité maternelle , le taux de naissances chez les
adolescentes, la part de sièges parlementaires occupés par chaque sexe .Le niveau
d‟instruction, la participation au marché du travail.

L’indice de développement de genre (IDG) est un peu différent. Cet


indice mesure les inégalités entre les hommes et les femmes dans les trois dimensions
essentielles du développement humain: la santé (l‟espérance de vie à la naissance);
l‟éducation (la durée moyenne et la durée attendue de scolarisation); la maîtrise des
ressources économiques (revenus du travail).
74

4) Insuffisance de l’IDH:
Depuis son introduction il ya 27 ans, l‟IDH a fait l‟objet de nombreuses
critiques par les spécialistes du domaine notamment sur :

a/ la fiabilité des informations statistiques communiquées par les différents


pays:
En effet, ces pays délivrent périodiquement des données sur les
différentes composantes de l‟IDH telles que l‟espérance de vie à la naissance,
l‟alphabétisation et la scolarisation ainsi que le PIB. Ces données ne sont
malheureusement pas calculées selon des critères fiables et bien déterminés.

Dans cette optique, certains spécialistes optent plutôt pour les données
que communiquent certaines institutions internationales dont la crédibilité est souvent
prouvée. Nous pouvons citer ici à titre d‟exemple, l‟UNICEF et l‟Unesco pour ce qui
est de la scolarisation, de la santé et des conditions de vie des enfants ainsi que le FMI
pour la croissance du PIB.

La prise en considération de ces institutions par les spécialistes est dû


principalement au manque de crédibilités des systèmes statistiques de nombreux pays
dans le monde. En effet, «… seuls 64 pays dans le monde, dont 4 pays en Afrique
(Maroc, Tunisie, Afrique du Sud, Egypte) ont un système statistique qui adhère à la
Norme spéciale de diffusion des données (NSDD) du FMI.

b/ La croissance économique et le développement humain ne vont pas souvent de


pair:

Dans sa conception, l‟indice du développement humain englobe le


revenu et dont le tiers de sa valeur provient de la croissance économique. Il est donc
important de mesurer le degré de l‟impact de l‟accroissement des revenus sur les deux
autres dimensions du développement humain : l‟espérance de vie et l‟éducation.

Selon le rapport du PNUD 2010, des études ont montrées une corrélation
extrêmement faible, entre la croissance du revenu par tête (indicateur exclusivement
monétaire) et les autres indicateurs d‟ordre qualitatif. Le rapport a cité l‟exemple de
plusieurs pays comme l‟Iran, le Togo et le Venezuela, où le revenu abaissé, mais
l‟espérance de vie y a augmenté de 14 ans en moyenne, et le taux brut de scolarisation
de 31 pour cent depuis 1970. Cela montre clairement les limites du revenu comme
critère de développement humain (ECONOMICA, 1990).
75

c/ Le cadre conceptuel de l’IDH :

La conception de l‟IDH repose, comme nous l‟avons vu, sur les trois
critères qui sont la sante, l‟éducation et le revenu.

Cependant, d‟autres critères aussi importants que les premiers peuvent


également déterminer le développement humain et la qualité de vie des communautés
telles que la promotion de la démocratie, la lutte contre la pauvreté, la gouvernance et
les libertés ainsi que les inégalités et l‟exclusion. Il ne s‟agit donc plus de prendre en
considération certains aspects quantitatifs du développement humain qui ne concernent
que les besoins de base mais de considérer le tout, c‟est-à-dire tous les facteurs qui
assurent aux différentes communautés un véritable développement sur tous les plans.

Cette étude dévoile certaines carences observées dans la conception


même et la définition de l‟IDH, ce qui offre la possibilité aux spécialistes de redéfinir
le développement humain dans son intégralité.

Section3. Piliers, Finalité, acteurs et Facteurs influençant le


développement humain

3.1. Piliers du développement humain

Il existe six piliers fondamentaux du développement humain : l'équité, la


durabilité, la productivité, l'autonomisation, la coopération et la sécurité.

 L'équité est l'idée d'équité pour chaque personne, entre les hommes et les
femmes ; nous avons chacun droit à l'éducation et aux soins de santé.
 La durabilité est le point de vue selon lequel nous avons tous le droit de
gagner notre vie qui peut subvenir à nos besoins et d'avoir accès à une
distribution plus équitable des biens.
 La productivité énonce la pleine participation des personnes au processus de
génération de revenus. Cela signifie également que le gouvernement a besoin de
programmes sociaux plus efficaces pour sa population.
 L'autonomisation est la liberté des personnes d'influencer le développement et
les décisions qui affectent leur vie.
 La coopération stipule la participation et l'appartenance aux communautés et
aux groupes comme moyen d'enrichissement mutuel et source de sens social.
 La sécurité offre aux personnes des opportunités de développement librement
et en toute sécurité, avec l'assurance qu'elles ne disparaîtront pas soudainement
à l'avenir.
76

3.2.Finalité du développement humain

L‟indicateur de développement humain vise à répondre aux insuffisances


du Produit Intérieur Brut (PIB) par habitat comme indicateur du développement d‟un
pays. Il a été forgé pour prendre en compte certains aspects du développement non pris
en compte dans le PIB : accès à l‟éducation et aux soins de santé, les conditions de vie,
inégalités.

Le développement humain est le reflet de la qualité de vie des hommes


au sein de la société dans laquelle ils évoluent : il inclut la notion de « bien-être », en
s‟appuyant sur certains articles de la Déclaration universelle des droits de l‟homme de
1948. Femme enfant pauvreté Le bien-être des humains ne se résume pas au niveau de
revenus et à l'économie : il prend en compte des facteurs sociaux, culturels, éducatifs
et de santé.

Le développement humain intègre notamment les critères suivants :


qualité de vie, espérance de vie, qualification de la main d‟œuvre, alphabétisation,
culture, urbanisation, chômage, pauvreté, alimentation . A l‟échelle internationale, le
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) agit pour accentuer le
développement humain, particulièrement dans les pays en voie de développement. Le
développement humain est mesuré dans la plupart des pays du monde par l‟Indice de
Développement Humain (IDH).

Dès 1945, la Charte des Nations Unies s‟engageait à "favoriser le progrès


social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus ample". En
2000, la Déclaration du Millénaire des Nations Unies veut une meilleure équité, une
plus grande justice sociale et le respect universel des droits de l‟homme : les objectifs
de cette déclaration visent à la réduction de la pauvreté extrême et à l‟avancée des
droits universels d‟ici à 2015. La démographie galopante dans les pays en voie de
développement contribue à accroître la pauvreté et pénalise le développement humain.
Le réchauffement climatique a également des conséquences sur le développement
humain.

Le rapport mondial sur le développement humain du PNUD, sorti en


2007, donne l‟alerte concernant l‟incidence des changements climatiques sur le
développement humain : augmentation de la pauvreté, crise alimentaire, de santé,
d‟éducation... Le développement humain est l‟enjeu social primordial de
développement durable à l‟échelle planétaire. La perspective d‟un développement
durable repose avant tout sur l‟éradication de la pauvreté, qui empêche toutes formes
de développement.
77

3.3. Rôle des acteurs du développement humain


Le développement humain n‟est pas l‟affaire de l‟Etat seul. Au contraire,
il implique de redéfinir le rôle des différents acteurs du développement :

 L‟Etat doit créer des cadres institutionnels, juridiques et réglementaires qui


favorisent le développement humain, et veiller à leur mise en oeuvre.
 Les collectivités locales et les entreprises doivent participer à la mise en oeuvre
des cadres précités dans la transparence, la responsabilité sociale et l‟efficacité
des marchés.
 La société civile doit proposer et mettre en oeuvre des initiatives en faveur du
développement humain durable et veiller à la reddition des comptes des
décideurs politiques, économiques et sociaux.
3.4. Facteurs influençant le développement humain

Tous les changements décrits, qui se sont produits au cours de chacune


des phases, se produisent selon quatre aspects fondamentaux.

3.4.1.Facteur héréditaire : La charge génétique, ce que vous héritez de vos parents,


est ce qui définit le potentiel que vous aurez. Cependant, il peut être développé ou non-
tout dépend des stimuli reçus de l‟environnement tout au long de la vie.

3.4.2.Croissance organique : Elle concerne l‟apparence physique de la personne. À


partir du moment où l‟individu parvient à une stabilisation corporelle et hormonale, il
est capable de développer de nouveaux comportements et actions qui n‟étaient pas
possibles auparavant.

3.4.3.La maturation neurophysiologique : Lorsque la personne développe des


schémas comportementaux en fonction des fonctions cognitives acquises et de leur
développement neurologique. C‟est à partir de l‟apparition de ce facteur, inclusif, que
l‟individu abandonne progressivement l‟égocentrisme.

3.4.4.Environnement : L‟homme est né bon, mais le milieu le corrompt. Le


comportement de l‟être humain change et est encouragé, soit négativement soit
positivement, en fonction des stimuli qu‟il reçoit de l‟environnement dans lequel il vit
et qu‟il fréquente. Ce processus est lié au calendrier. C‟est-à-dire que pendant
l‟enfance, il y a le processus d‟apprentissage, comme la perception du monde, les
couleurs, la parole, les caractéristiques physiques et les préceptes de base. En tant
qu‟adolescents, la personne est capables de réfléchir et de décider de certaines choses.
En devenant jeune et adulte, il est pleinement développé. Toutes ces croyances,
valeurs et comportements, accumulés tout au long de la vie, sont utilisés pour guider
les attitudes.
78

Section 4. Le développement humain et d’autres approches


4.1.Le développement humain et l’économie de marché

Même lorsque le développement humain et l‟économie de marché ont


des objectifs communs, c‟est souvent pour des raisons différentes. La gouvernance est
un domaine qui met particulièrement en lumière les points communs et les différences
entre les deux approches. Le développement humain et l‟économie de marché
considèrent tous deux les droits de l‟homme et la démocratie comme des aspects
importants en matière de gouvernance.

Toutefois, l‟approche de l‟économie de marché prône une limitation du


rôle du gouvernement dans la mesure du possible (étant donné que selon cette
approche, le gouvernement est moins efficace que le marché. Le gouvernement devrait
donc se limiter aux services dont la spécificité fait que les marchés sont mal placés
pour assurer leur prestation, comme la défense nationale par exemple).

De l‟autre côté, l‟approche du développement humain tend à accorder un


rôle plus prépondérant aux gouvernements dans l‟accomplissement des fonctions
étatiques principales. Par exemple, l‟approche du développement humain considère
que l‟État est nécessaire pour jouer un rôle dans le renforcement des capabilités
humaines au sein de la population, pour garantir une répartition équitable des chances,
ou encourager la société à participer à l‟élaboration des politiques. En général,
l‟approche fondée sur le marché accorde moins d‟importance à ces questions qu‟à
l‟efficacité économique.

4.2.Les liens entre la croissance économique et le développement


humain

Il existe au moins quatre moyens de tisser des liens entre la croissance


économique et le développement humain : investir dans la santé et l‟éducation des
peuples ; favoriser une répartition équitable des revenus et des actifs ; participer aux
dépenses sociales ; autonomiser les personnes, et en particulier les femmes.

La croissance économique compte du point de vue du développement


humain. Comment peut-on s‟assurer que les liens entre la croissance et le
développement sont bien solides, et qu‟ils ne sont pas indésirables? Mahbub ul Haq
proposait à ce titre les quatre moyens suivants : Investir dans l‟éducation, la santé et la
formation contribue à rendre les peuples capables de participer au processus de
croissance. Cela permet également de partager les fruits de la croissance entre tous,
essentiellement par le biais de l‟emploi rémunéré.
79

Répartir plus équitablement les revenus et les actifs est crucial pour
tisser des liens étroits entre la croissance économique et le développement humain.
Lorsque la croissance des revenus se couple à des inégalités criantes, les fruits de la
croissance ne profitent pas au plus grand nombre. Une participation gouvernementale
bien structurée aux dépenses sociales peut se traduire par des améliorations du
développement humain, même dans le cas où la croissance économique n‟est pas
galopante. L‟autonomisation des personnes, et en particulier des femmes, favorise le
fait que croissance et développement humain aillent de pair.

Section 5. Les trois dimensions de l’IDH ?

L‟IDH répond à trois exigences fondamentales :

5.1. Santé

Avoir une vie longue et saine est la clé pour qu‟elle soit bien remplie. La
promotion du développement humain exige que les possibilités pour les gens d‟éviter
une mort prématurée soient élargies en augmentant l‟espérance de vie. Mais plus que
cela, il faut garantir un environnement sain, avec un accès à une santé de qualité, tant
physique que mentale.

5.2. Éducation

L‟un des points clés de ce point est de maintenir de faibles taux


d‟analphabétisme et de promouvoir le développement des compétences en matière
d‟interprétation de textes, en plus de la résolution de problèmes mathématiques
simples. L‟accès à la connaissance est un déterminant essentiel du bien-être et est
indispensable à l‟exercice des libertés individuelles, à l‟autonomie et à l‟estime de soi.

Après tout, comment voulez-vous qu‟une personne cherche le meilleur


pour son avenir sans avoir la maîtrise des informations de base ? Et comment vivre
avec la qualité dans des conditions inférieures ? L‟éducation renforce la confiance,
donne de la dignité, élargit les horizons et les perspectives de vie.

5.3. Le revenu

Le revenu est essentiel pour que les gens aient accès aux besoins
fondamentaux tels que l‟eau, la nourriture et le logement. Mais aussi pour qu‟ils
puissent aller plus loin, vers une vie de véritables choix et d‟exercice des libertés.
C‟est aussi le moyen d‟atteindre une série de fins, en se rappelant que son absence peut
limiter les opportunités de la vie.
80

Section 6. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)


6.1. Présentation des OMD

Dans une tentative de promouvoir le développement humain, les Nations


Unies soutiennent les Sommets de la Terre décennaux où les membres de l'ONU
rassemblent le meilleur de l'humanité. En plusieurs tours, ils discutent des plus gros
problèmes des sciences humaines, les quantifient et élaborent un plan d'action sur la
façon de résoudre ces problèmes.

Ce plan d'action s'appelle Agenda 21 - un agenda pour s'assurer que


l'humanité sera toujours là après l'an 2100. Des milliers de villes ont maintenant un
Agenda 21 local et de plus en plus d'entreprises et d'organisations alignent également
leur plan stratégique avec le plan stratégique de Agenda21. A l'approche de l'an 2000,
le secrétaire général de l' ONU Kofi Annana été obligé de développer quelque chose
qui existait dans le secteur privé : établir un plan à long terme, un plan à moyen terme
et une planification à court terme.

Cet effort s'inscrit dans l'Agenda 21 et a été nommé Objectifs du


Millénaire pour le développement (OMD) qui se sont déroulés de 2000 à 2015. Les
Nations Unies se sont engagées à atteindre ces objectifs d'ici 2015 et à tenter ainsi de
promouvoir le développement humain.

En effet, en septembre 2000, les dirigeants du monde réunis à l‟occasion


du sommet du millénaire des Nations Unies ont adopté la déclaration du millénaire,
engageant ainsi leurs pays à consentir des efforts plus importants au plan international
en vue de réduire la pauvreté, d‟améliorer la santé et de promouvoir la paix, les droits
de l‟homme et un environnement durable.

Les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui sont le


fruit de cette déclaration, sont spécifiques et mesurables.

Les 191 Etats membres de l‟organisation de Nations Unies se sont


engagés à réaliser, d‟ici à 2015 les objectifs suivants :(48)

Objectif 1 : faire disparaitre l’extrême pauvreté et la faim :

Cible 1 : Réduire de moitié entre 1990 et 2015 la proportion de la population dont le


revenu est inférieur à un dollar :

1. Incidence de la pauvreté
2. Profondeur de la pauvreté
48
PNUD, Rapport Mondial sur le développement humain, les OMD, Op. cit., p.1
81

3. Sévérité de la pauvreté
4. Part du premier quintile de pauvreté dans les dépenses des ménages
5. Indice de Gini des dépenses des ménages

Cible 2. Assurer le plein emploi et la possibilité pour chacun, y compris les femmes et
les jeunes, de trouver un travail décent et productif

6. Taux de chômage au sens du BIT des jeunes de 15 à 24 ans en milieu urbain

Cible 3. Réduire de moitié entre 1990 et 2015 la proportion de la population qui


souffre de la faim

7. Proportion des enfants de moins de 5 ans présentant une insuffisance pondérale


8. Proportion des enfants de moins de 5 ans connaissant un retard de croissance
9. Proportion des enfants de moins de 5 ans connaissant l‟émaciation

Objectif 2 : Garantir à tous une éducation primaire.


Cible 4. D‟ici à 2015, donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le
monde, les moyens d‟achever un cycle complet d‟études primaires

10. Taux net de scolarisation dans le primaire


11. Taux brut de scolarisation dans le primaire
12. Proportion d‟écoliers commençant la première année d‟étude dans
l‟enseignement primaire et achevant la cinquième année
13. Taux d‟alphabétisation des 15-24.

Objectif 3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.


Cible 5. Eliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaires et
secondaire d‟ici 2005 si possible et à tous les niveaux de l‟enseignement en 2015 au
plus tard.

14. Rapport filles/garçons dans l‟enseignement primaire


15. Rapport filles/garçons dans l‟enseignement secondaire
16. Rapport filles/garçons dans l‟enseignement supérieur
17. Taux d‟alphabétisation des femmes de 15-24 ans par rapport aux hommes
18. Pourcentage de femmes salariées dans le secteur non agricole
19. Proportion des sièges occupés par les femmes au parlement

Objectif 4 : Réduire la mortalité des enfants.


Cible 6. Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de
moins de 5 ans.

20. Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans (en pour 100.000)
82

21. Taux de mortalité infantile (en pour 100.000)


22. proportion d‟enfants de 1 an vaccinés contre la rougeole

Objectif 5 : améliorer la santé maternelle


Cible 7. Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle

23. Taux de mortalité maternelle (en pour 100.000)


24. Consultation prénatale
25. Proportion d‟accouchements assistés par un personnel de santé qualifié
26. Prévalence contraceptive (femmes en union)

Objectif 6 : combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies.


Cible 8. D‟ici 2015, avoir stoppé la propagation du VIH/SIDA et commencer à
inverser la tendance actuelle

27. Connaissance du mode de transmission par les femmes de 15-49


28. Taux de prévalence du VIH
29. Taux d‟utilisation des préservatifs par les femmes de 15-49
30. Proportion des enfants de moins de 5 ans qui dorment sous des MII

Objectif 7 : assurer la durabilité des ressources environnementales


Cible 9. Intégrer les principes de développement durable dans les politiques nationales
et inverser la tendance actuelle de la déperdition des ressources environnementales

31. Proportion des zones forestières


32. Proportion de la population utilisant des combustibles solides

Cible 10. Réduire de moitié d‟ici 2015, le pourcentage de la population qui n‟a pas
accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable

33. Proportion de la population urbaine et rurale ayant un accès durable à une


source d‟eau meilleure

Cible 11. Réussir d’ici 2020, à améliorer sensiblement la vie de 100 millions
d’habitants de taudis

34. Proportion de la population urbaine ayant accès à un meilleur système


d‟assainissement
35. Proportion de la population utilisant des toilettes hygiéniques
36. Proportion des ménages se débarrassant des ordures ménagères par des moyens
hygiéniques
37. Proportion des ménages propriétaire de leur logement
83

Objectif 8 : mettre en place un partenariat mondial pour le développement.


Cible 12. Poursuivre la mise en place d‟un système commercial et financier
multilatéral ouvert, fondé sur des règles, prévisibles et non discriminatoires

Non concerné

Cible 13. S‟attaquer aux besoins particuliers des pays les moins avancés

38. Proportion de l‟APD bilatérale totale consacrée à l‟éducation de base

39. Proportion de l‟APD bilatérale consacrée aux soins de santé primaire

40. Proportion de l‟APD bilatérale des donneurs de l‟OCDE/C‟est-à-dire qui est déliée

Cible 14. Traiter globalement le problème de la dette des pays en développement par
des mesures d‟ordre national et international propre à rendre leur endettement viable à
long terme

41. Service de la dette, en pourcentage des exportations de biens et services

Cible 14. En coopération avec le secteur privé, faire en sorte que les avantages des
nouvelles technologies, en particuliers les NTIC, soient accordés à tous

42. Proportion de la population de 15 ans et plus utilisant le téléphone


43. Proportion de la population de 15 ans et plus utilisant l‟ordinateur
44. Proportion de la population de 15 ans et plus utilisant l‟internet

6.2.L’évaluation des OMD


La pauvreté dans le monde a diminué de manière significative au cours
des deux dernières décennies. La cible des OMD visant à réduire de moitié la
proportion de personnes vivant dans une extrême pauvreté a été atteinte il y a cinq ans,
en avance sur l‟échéance de 2015.Les dernières estimations montrent que la proportion
de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour dans le monde est passée de 36
% en 1990 à 15 % en 2011. Les projections indiquent que, en 2015, le taux d‟extrême
pauvreté dans le monde est tombé encore plus bas à 12 %. Le taux de pauvreté dans les
régions en développement a fortement diminué, passant de 47 % en 1990 à 14 % en
2015, soit une baisse de plus de deux tiers (49).
Fin 2011, toutes les régions en développement, excepté l‟Afrique
subsaharienne, avaient atteint la cible visant à réduire de moitié la proportion de
personnes vivant dans une extrême pauvreté (l‟Océanie a des données insuffisantes).
Les pays les plus peuplés du monde, la Chine et l‟Inde, ont joué un rôle central dans la
réduction de la pauvreté dans le monde. Suite aux progrès enregistrés en Chine, le taux

49
Nations Unies, Objectifs du Millénaire pour le Développement, Rapport 2015, Nations Unies, New York,
2015, p.15
84

d‟extrême pauvreté en Asie de l‟Est a diminué et est passé de 61 % en 1990 à


seulement 4 % en 2015. Les progrès de l‟Asie du Sud sont presque aussi
impressionnants, avec une diminution de 52 % à 17 % sur la même période; cette
baisse s‟est accélérée depuis 2008 (50).

En revanche, le taux de pauvreté de l‟Afrique subsaharienne n‟est tombé


en dessous de son niveau de 1990 qu‟après 2002. Même si le déclin de la pauvreté
s‟est accéléré au cours de la dernière décennie, les progrès sont encore insuffisants
dans cette région. Plus de 40 % de la population en Afrique subsaharienne vit toujours
dans une extrême pauvreté en 2015 (51).

En Asie de l‟Ouest, la tendance semble être à l‟augmentation du taux


d‟extrême pauvreté entre 2011 et 2015. Le nombre absolu de personnes vivant dans
une extrême pauvreté dans le monde est passé de 1,9 milliard en 1990 à 1 milliard en
2011.Les estimations suggèrent que 175 millions de personnes ont encore échappé à
l‟extrême pauvreté en 2015. Ainsi, le nombre de personnes dans le monde vivant avec
moins de 1,25 dollar par jour a aussi été réduit de moitié par rapport à son niveau de
1990.

Les personnes extrêmement pauvres dans le monde sont réparties de


manière très inégale à travers les régions et les pays. L‟écrasante majorité des
personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour réside dans deux régions, l‟Asie
du Sud et l‟Afrique subsaharienne, où vivent près de 80 % des personnes extrêmement
pauvres dans le monde. Environ 60 % du milliard de personnes extrêmement pauvres
dans le monde vivaient dans seulement cinq pays en 2011 : l‟Inde, le Nigéria, la Chine,
le Bangladesh et la République Démocratique du Congo (classés par ordre décroissant)
(52).

Au plan mondial, le taux d‟emploi de l‟ensemble de la population, soit la


proportion de la population en âge de travailler qui a un emploi, a diminué de 62 % en
1991 à 60 % en 2015, avec un important ralentissement durant la crise économique
mondiale de 2008-2009. Selon l‟Organisation internationale du Travail, plus de 204
millions de personnes sont sans emploi en 2015. Cela fait plus de 34 millions de plus
qu‟avant le début de la crise économique, et 53 millions de plus qu‟en 1991. Les
possibilités d‟emploi ont diminué aussi bien dans les régions en développement que
dans les régions développées.

Le taux d‟emploi de l‟ensemble de la population dans les régions en


développement a diminué de 3,3 points de pourcentage de 1991 à 2015, alors qu‟il a
diminué de 1 point de pourcentage dans les régions développées. Les diminutions les
50
Nations Unies, Op.cit, p.15.
51
Idem
52
Ibidem
85

plus importantes se trouvent en Asie de l‟Est et en Asie du Sud, qui ont enregistré des
baisses du taux d‟emploi de l‟ensemble de la population de 6,7 et 4,6 points de
pourcentage, respectivement. La situation de l‟emploi s‟est améliorée légèrement en
Afrique subsaharienne, mais les améliorations des moyens de subsistance ont été
annulées par un sous-emploi élevé et persistant, et un emploi informel, ainsi que par
une faible productivité du travail.

Les jeunes, en particulier les jeunes femmes, continuent d‟être affectés


de manière disproportionnée par les possibilités d‟emploi limitées et par le chômage.

Seulement quatre jeunes femmes et hommes sur dix entre 15 et 24 ans


sont employés en 2015, contre cinq sur dix en 1991. Cela représente une baisse de plus
de 10 points de pourcentage. Même si la baisse est partiellement due au fait que les
jeunes fréquentent l‟école plus longtemps, il y a encore environ 74 millions de jeunes
recherchant un emploi en 2015.

Au plan mondial, le taux de chômage des jeunes est près de trois fois
supérieures à celui des adultes. En 2015, la situation est plus grave en Afrique du Nord
et en Asie de l’Ouest, où la proportion de jeunes qui ont un emploie st seulement la
moitié de celle de l’ensemble de la population en âge de travailler. Le nombre de
travailleurs vivant dans une extrême pauvreté a considérablement diminué durant les
25 dernières années, en dépit de la crise économique mondiale. En 1991, près de la
moitié des travailleurs des régions en développement vivait avec leur famille avec
moins de 1,25 dollar par personne et par jour. Ce taux a chuté à 11 % en 2015, ce qui
correspond à une baisse des deux tiers du nombre de travailleurs extrêmement pauvres,
ce nombre passant de 900 millions en 1991 à 300 millions en 2015.Cependant, les
progrès réalisés ont été inégaux entre les régions. En 2015, 80 % des travailleurs
pauvres résident en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud (53).

Les estimations actuelles suggèrent qu‟environ795 millions de personnes


sont sous-alimentées dans le monde. Cela signifie que près d‟un individu sur neuf ne
mange pas à sa faim. La grande majorité d‟entre eux (780 millions de personnes) vit
dans les régions en développement. Cependant, les projections indiquent une baisse de
près de moitié de la proportion des personnes sous-alimentées dans les régions en
développement, celle-ci passant de 23,3 %en 1990–1992 à 12,9 % en 2014–2016. Cela
est très proche de la cible des OMD sur la faim. Des progrès rapides durant les années
1990 ont été suivis par une diminution plus lente pour mettre un terme à la faim durant
les cinq premières années du nouveau millénaire, puis par un rebond à partir de 2008.
Les projections relatives à la période la plus récente montrent une nouvelle phase de
progrès plus lents (54).

53
Nations Unies, Objectifs du Millénaire pour le Développement, Rapport 2015, op.cit, p.17.
54
Idem
86

Le taux de réduction de la faim varie grandement selon les régions. Le


Caucase et Asie centrale, l‟Asie de l‟Est, l‟Amérique latine et l‟Asie du Sud-est ont
atteint la cible sur la faim, principalement en raison d‟une croissance économique
rapide au cours des deux dernières décennies. La Chine représente, à elle seule, près
des deux tiers de la réduction totale du nombre de personnes sous-alimentées dans les
régions en développement depuis 1990. L‟Afrique du Nord est près d‟éliminer une
insécurité alimentaire grave, en atteignant un niveau inférieur à 5 % dans son ensemble
(55).

En revanche, le rythme de réduction aux Caraïbes, en Océanie, en Asie


du Sud et en Afrique subsaharienne a été trop lent pour atteindre la cible.

L‟Asie du Sud-Est la plus touchée par la faim, avec environ 281 millions
de personnes sous-alimentées. Les progrès en Océanie ont été lents à cause d‟une forte
dépendance aux importations de produits alimentaires par les petites îles qui
constituent la plupart des pays de cette région.

La sécurité alimentaire dans cette région est aussi freinée par les
catastrophes d‟origine naturelle ou humaine, qui entraînent souvent la volatilité des
prixet des changements soudains et imprévisibles de la disponibilité des principaux
aliments de base (56).

En Afrique subsaharienne, les projections pour la période 2014–2016


indiquent un taux de sous-alimentation de près de 23 %. Alors que le taux de la faim a
diminué, le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté de 44 millions depuis
1990, reflétant le taux de croissance démographique élevé dans cette région (57).
La proportion d‟enfants de moins de cinq ans souffrant d‟insuffisance
pondérale a été réduite de près de moitié entre 1990 et 2015, d‟après des projections
mondiales, et il est possible que la cible ait été atteinte (58).

Cependant, plus de 90 millions d‟enfants de moins de cinq ans, soit un


enfant sur sept dans le monde, souffrent d‟insuffisance pondérale. Les enfants
souffrant d‟insuffisance pondérale courent un plus grand risque de mourir d‟infections
courantes; la fréquence et la gravité de ces infections augmentent et ils mettent
davantage de temps à se rétablir. Une mauvaise nutrition dans les 1 000 premiers jours
de la vie est aussi associée à des facultés cognitives réduites et à une baisse des
performances à l‟école et au travail. En 2015,90 % de tous les enfants souffrant

55
Nations Unies, Objectifs du Millénaire pour le Développement, Rapport 2015, op.cit, p.17
56
Idem
57
Ibidem
58
Ibidem
87

d‟insuffisance pondérale vivent dans deux régions, une moitié en Asie du Sud et un
tiers en Afrique subsaharienne (59).
L‟Asie de l‟Est et l‟Amérique latine et Caraïbes ont à l‟évidence atteint
la cible. Les projections indiquent que l‟Afrique du Nord, l‟Asie de l‟Ouest, l‟Asie du
Sud-Est et le Caucase et Asie centrale ont aussi atteint la cible. Alors que l‟Asie du
Sud a la plus forte prévalence d‟insuffisance pondérale, avec environ un enfant sur
trois toujours affecté en 2015, la région a connu la plus grande diminution absolue
depuis 1990, soit une diminution de22 points de pourcentage. En Afrique
subsaharienne, le taux d‟insuffisance pondérale a diminué de seulement un tiers depuis
1990. Cependant, à cause de l‟augmentation de la population dans la région, le nombre
d‟enfants souffrant d‟insuffisance pondérale a en fait augmenté (60).

Le nombre d‟enfants souffrant d‟un retard de croissance a diminué dans


toutes les régions excepté en Afrique subsaharienne, où ce nombre a augmenté de près
d‟un tiers entre 1990 et 2013.Les enfants des 20 % de la population la plus pauvre ont
deux fois plus de risques de souffrir d‟un retard de croissance que ceux du quintile le
plus riche.
Depuis 1990, des progrès considérables ont été réalisés pour ce qui est de
l‟augmentation de la scolarisation dans l‟enseignement primaire, en particulier dès
l‟adoption des OMD en 2000. Cependant, dans certains pays en développement, de
nombreux enfants en âge d‟aller à l‟école primaire ne sont pas scolarisés, et de
nombreux enfants qui commencent l‟école primaire ne la terminent pas. Les progrès
ont été irréguliers depuis 1990.Entre 1990 et 2000, le taux de scolarisation dans les
régions en voie de développement est passé de 80 %à seulement 83 %. Après 2000, les
améliorations se sont accélérées, et le taux net ajusté de scolarisation dans
l‟enseignement primaire a atteint 90 % en 2007 (61).

Après cette date, les progrès se sont arrêtés. Le taux de scolarisation n‟a
pas augmenté de manière significative, et les projections basées sur l‟extrapolation des
tendances entre 2007 et 2012 montrent que près d‟un enfant sur dix en âge d‟aller à
l‟école primaire n‟est pas scolarisé en 2015.

Le nombre d‟enfants non scolarisés dans le monde a considérablement


diminué depuis 1990, mais l‟éducation primaire universelle ne sera pas atteinte fin
2015. À l‟heure actuelle, on estime que 57 millions d‟enfants en âge d‟aller à l‟école
primaire ne sont pas scolarisés, chiffre en baisse par rapport aux 100 millions en 2000.
Parmi ceux-ci, 33 millions se trouvent en Afrique subsaharienne, et plus de la moitié
(55 %) sont des filles. D‟après des estimations faites en 2012, 43 % des 57 millions

59
Nations Unies, Objectifs du Millénaire pour le Développement, Rapport 2015, op.cit, p.20.
60
Idem.
61
Ibidem
88

d‟enfants non scolarisés dans le monde n‟iront jamais à l‟école. Cependant, les
disparités régionales sont importantes. En Asie du Sud, on estime que 57 % des
enfants non scolarisés n‟iront jamais à l‟école, alors qu‟en Afrique subsaharienne la
proportion est de 50 %. Le sexe aussi est un facteur important. Près de la moitié des
filles non scolarisées (48 %) n‟iront jamais à l‟école, contre 37 % des garçons (62).

En revanche, les garçons sont plus susceptibles de quitter l‟école


prématurément. L‟éducation des femmes et des filles a un effet multiplicateur positif
sur les progrès dans tous les domaines du développement. La conséquence des efforts
nationaux et internationaux et de la campagne des OMD est que bien plus de filles sont
maintenant scolarisées qu‟il y a 15 ans.

La disparité entre les sexes s‟est considérablement amenuisée à tous les


niveaux d‟enseignement depuis 2000. En 2015, l‟ensemble des régions en
développement a atteint la cible consistant à éliminer la disparité entre les sexes à tous
les niveaux d‟enseignement, avec un indice de parité des sexes de 0,98 dans
l‟enseignement primaire et secondaire et de 1,01 dans l‟enseignement supérieur(la
mesure acceptée de la parité des sexes se situe entre0,97 et 1,03). Cependant, des
différences importantes subsistent entre les régions et les pays, vu que les disparités en
faveur de l‟un ou l‟autre des sexes peuvent s‟annuler une fois agrégées.

Les plus grandes améliorations ont été obtenues dans l‟enseignement


primaire. Aujourd‟hui, cinq des neuf régions en développement ont atteint la parité :
Amérique latine et Caraïbes, Asie de l‟Est, Asie du Sud, Asie du Sud-Est, Caucase et
Asie centrale. Les progrès les plus substantiels ont été réalisés en Asie du Sud, où
l‟indice de parité des sexes est passé de 0,74, le point initial le plus bas dans toutes les
régions en 1990, à 1,03en 2015. L‟écart entre les filles et les garçons s‟est aussi
considérablement réduit en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne et en Asie de
l‟Ouest. Dans l‟ensemble, 64 % des pays des régions en développement disposant de
données ventilées par sexe ont atteint la parité des sexes dans l‟enseignement primaire
en 2012(63).

Plus de la moitié des pays présentant une disparité entre les sexes dans
l‟enseignement primaire en 2012 (56 %) se trouvaient en Afrique subsaharienne.

Dans l‟enseignement secondaire, la parité des sexes a été atteinte en 2015


en Afrique du Nord, en Asie de l‟Est, en Asie du Sud, en Asie du Sud-Est et dans le
Caucase et Asie centrale. En Afrique subsaharienne, en Asie de l‟Ouest et en Océanie,

62
Nations Unies, Objectifs du Millénaire pour le Développement, Rapport 2015, op.cit, p.20.
63
idem.
89

au cours des 25 dernières années, la proportion de femmes ayant des emplois


rémunérés a continué de croître, bien qu‟à un rythme lent (64).

La proportion de femmes salariées dans le secteur non agricole est passée


de 35 % en 1990 à 41 % en 2015. Pendant la période1991-2015, la proportion de
femmes dont l‟emploi est précaire (c‟est-à-dire les travailleurs familiaux et les
travailleurs indépendants) par rapport à l‟emploi total des femmes a diminué de 13
points de pourcentage ,passant de 59 % à 46 %, tandis que chez les hommes l‟emploi
précaire a diminué de 9 points de pourcentage ,passant de 53 % à 44 %(65).

Depuis 1995, date de l‟adoption du Programme d‟action de Beijing sur


l‟autonomisation des femmes, la proportion moyenne de femmes au parlement a
presque doublé dans le monde, passant de 11 % en1995 à 22 % en janvier 2015. Les
femmes au parlement ont gagné du terrain dans près de 90 % des 174 pays disposant
de données pour 1995–2015. Le nombre de chambres uniques ou basses des
parlements où les femmes occupent plus de 30 % des sièges a augmenté de 5 à 42,
alors que celui avec plus de 40 %a bondi de 1 à 13. En janvier 2015, il y avait quatre
pays ayant plus de 50 % des sièges parlementaires occupés par des femmes, et au
Rwanda les femmes occupent plus de 60 % de ces sièges.

Durant le dernier quart de siècle, le déclin spectaculaire des décès


évitables d‟enfants constitue l‟une des réalisations les plus importantes de l‟histoire
humaine.
Entre 1990 et 2015, dans le monde, le taux de mortalité des enfants de
moins de cinq ans aura baissé de plus de moitié par rapport à 1990, passant de 90 à 43
décès pour 1 000 naissances vivantes. Cela équivaut à près de 6 millions de décès
d‟enfants de moins de cinq ans en 2015, contre 12,7 millions en 1990.Le taux de
mortalité des moins de cinq ans a diminué de 50 % ou plus dans chaque région, sauf en
Océanie. En dépit des améliorations impressionnantes dans la plupart des régions, les
tendances actuelles ne sont pas suffisantes pour atteindre la cible des OMD. Au rythme
de progression actuel, le monde n‟atteindra pas la cible relative à la mortalité des
moins de cinq ans avant 2026, avec 11 ans de retard sur le programme (66).

Les décès dus à la rougeole ont diminué rapidement depuis 2000, passant
de 544 200 décès à 145 700 décès en 2013, principalement chez les enfants de moins
de cinq ans. En comparaison avec la mortalité estimée en l‟absence d‟un programme
de vaccination contre la rougeole, près de 15,6 millions de décès ont été évités par la
vaccination contre la rougeole entre2000 et 2013. Les décès dus à la rougeole en

64
Nations Unies, Objectifs du Millénaire pour le Développement, Rapport 2015, op.cit, p.33.
65
. Idem.
66
Ibidem
90

Afrique subsaharienne (96 000)et en Asie du Sud (39 800) ont compté pour 93 %du
nombre estimé des décès dus à la rougeole dans le monde en 2013(67).

De même, entre 2000 et 2013, le nombre annuel de cas rapportés de


rougeole a diminué de 67 %au plan mondial, passant de plus de 853 000 en 2000à
moins de 279 000 en 2013. Cependant, le nombre de cas de rougeole en 2013 a
augmenté par rapport à son niveau de 227 700 cas en 2012. Malheureusement, des
épidémies persistantes, dues à des faiblesses du programme de vaccination
systématique et au retard apporté à la mise en place d‟un contrôle accéléré de la
maladie, ont stoppé la dynamique en vue d‟atteindre les cibles régionales et mondiales
relatives au contrôle et à l‟élimination de la rougeole (68).

La survie maternelle s‟est améliorée de manière significative depuis


l‟adoption des OMD. Au niveau mondial, le taux de mortalité maternelle a diminué de
45 % entre 1990 et 2013, passant de 380 à 210 décès maternels pour 100 000
naissances vivantes. De nombreuses régions en développement ont progressé
régulièrement en matière d‟amélioration de la santé maternelle, y compris les régions
présentant les taux de mortalité maternelle les plus élevés.

Par exemple, en Asie du Sud, le taux de mortalité maternelle a diminué


de 64 % entre 1990 et 2013, et on a observé une réduction de 49 % en Afrique
subsaharienne. Malgré ces progrès, des centaines de femmes meurent tous les jours
durant leur grossesse ou à la suite de complications liées à l‟accouchement (69).

En 2013, la plupart de ces décès avaient lieu dans les régions en


développement, où le taux de mortalité maternelle est près de 14 fois supérieur à celui
des régions développées. Au plan mondial, en 2013, il y avait environ 289 000 décès
maternels, soit près de 800 femmes mourant chaque jour. Ces décès sont concentrés en
Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, qui totalisaient86 % des décès maternels
dans le monde en 2013(70).

Au plan mondial, la proportion d‟accouchements assistés par un


personnel qualifié a augmenté, passant de 59 % vers 1990 à 71 % vers 2014. Cela
signifie que plus d‟une mère sur quatre et son enfant ne reçoivent pas des soins
médicaux cruciaux durant l‟accouchement. La proportion d‟accouchements réalisés
par des professionnels diffère grandement selon les régions. La couverture passe
d‟universelle en Asie de l‟Est et quasi universelle (96 %) dans le Caucase et Asie
centrale à environ 52 % en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, régions où ce

67
Idem Nations Unies, Objectifs du Millénaire pour le Développement, Rapport 2015, op.cit, p.33.
68
Idem
69
Ibidem
70
Ibidem
91

taux est le plus bas. Ces deux régions ont les taux les plus élevés de mortalité
maternelle et néonatale au monde (71).

Au plan mondial, les nouvelles infections par le VIH (virus de


l‟immunodéficience humaine) ont diminué d‟environ 40 % entre 2000 et 2013, passant
selon les estimations de 3,5 millions de nouvelles infections à 2,1 millions. Entre 2000
et 2013, parmi les pays disposant de données suffisantes, les nouvelles infections par
le VIH ont diminué de plus de 75 % dans 10 pays; la diminution était supérieure à 50
% dans 27 autres pays. Plus de 75 % des nouvelles infections en 2013se sont produites
dans 15 pays (72).

L‟Afrique subsaharienne reste la région la plus sérieusement affectée par


le VIH, avec 1,5 million de nouvelles infections en 2013. Près de la moitié de ces
nouvelles infections a eu lieu dans seulement trois pays : l‟Afrique du Sud, le Nigéria
et l‟Ouganda. Cependant, il est encourageant de savoir que l‟Afrique du Sud, pays
abritant le plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH, a enregistré la plus
grande baisse de nouvelles infections en valeur absolue, avec 98 000 nouvelles
infections en moins en 2013qu‟en 2010. De plus, le nombre de nouvelles infections
chez les jeunes de 15 à 24 ans de la région a diminué de 45 % entre 2000 et 2013(73).

Entre 2000 et 2015, le taux mondial d‟incidence du paludisme aurait


diminué de près de 37 % et le taux mondial de mortalité paludéenne a diminué de58
%. La cible mondiale des OMD contre le paludisme a donc été atteinte. Entre 2004 et
2014, plus de 900 millions de moustiquaires imprégnées d‟insecticide ont été livrées à
des pays en Afrique subsaharienne où le paludisme est endémique, augmentant ainsi
de manière significative l‟utilisation des moustiquaires dans les ménages. Les
programmes de pulvérisation d‟insecticide à effet rémanent à l‟intérieur des
habitations se sont aussi multipliés considérablement dans cette région, mais les
progrès se sont ralentis entre 2011et 2013 à cause de contraintes de financement (74).
Le taux d‟incidence de la tuberculose a chuté dans toutes les régions
depuis 2000, diminuant d‟environ 1,5 % par an en moyenne. Cela correspond à
environ 9 millions de nouveaux cas en 2013. Le rythme de la baisse est lent mais, en
se basant sur les tendances actuelles, toutes les régions devraient atteindre la cible des
OMD consistant à arrêter la progression et inverser l‟incidence de la tuberculose avant
fin 2015. La lenteur de la diminution est due en partie à l‟absence de stratégies
efficaces (comme la vaccination post exposition ou le traitement contre une infection
latente à la tuberculose) pour empêcher la réactivation de la maladie chez les plus de 2

71
Nations Unies, Objectifs du Millénaire pour le Développement, Rapport 2015, op.cit, p.33
72
Idem
73
, Ibidem
74
Ibidem
92

milliards de personnes qui seraient infectées par le Mycobacterium tuberculosis. Cela


limite l‟impact des efforts actuels pour contrôler l‟incidence de la tuberculose.
Près de 30 % des terres de la planète sont recouvertes de forêts. Au
moins 1,6 milliard de personnes dépendent directement des forêts pour leurs moyens
de subsistance, et ces forêts fournissent des avantages supplémentaires dont tout le
monde profite, comme un air pur et une eau non polluée. Au cours des dernières
années, la perte nette de superficies boisées s‟est ralentie, grâce à une légère baisse de
la déforestation et à une augmentation du reboisement, ainsi qu‟à l‟expansion naturelle
des forêts dans quelques régions. La perte nette de superficies boisées serait passée de
8,3 millions d‟hectares par an dans les années 1990 à 5,2 millions d‟hectares de 2000 à
2010 (soit presque la taille du Costa Rica). Malgré cette amélioration, la déforestation
reste à un niveau alarmant dans de nombreux pays (75).
Entre 1990 et 2015, la proportion de la population mondiale utilisant une
source d‟eau potable améliorée est passée de 76 % à 91 %, dépassant la cible des
OMD, qui a été atteinte dès 2010. Sur les 2,6 milliards de personnes qui y ont accédé
depuis 1990, 1,9 milliard ont l‟eau courante. Plus de la moitié de la population
mondiale (58 %) bénéficie maintenant de cette qualité de service. Au cours de la
même période, le nombre de personnes utilisant une eau de surface a diminué de plus
de moitié, passant de 346 millions à 159 millions. Depuis 1990, la proportion de la
population sans accès à une eau potable améliorée a été réduite de moitié en Amérique
latine et Caraïbes, en Asie de l‟Est, en Asie de l‟Ouest, en Asie du Sud et en Asie du
Sud-Est.
L‟Afrique subsaharienne est restée en deçà de la cible des OMD mais a
quand même augmenté de 20 points de pourcentage l‟utilisation de sources d‟eau
potable améliorées. En 2015, on estime que 663 millions de personnes dans le monde
utilisent encore des sources d‟eau potable non améliorées, y compris des puits non
Protégés, des sources et des eaux de surface. Près de la moitié de toutes les personnes
utilisant des sources d‟eau non améliorées vit en Afrique subsaharienne, un cinquième
vit en Asie du Sud (76).
Entre 1990 et 2015, la proportion de la population mondiale utilisant une
installation d‟assainissement améliorée a augmenté de 54 % à 68 %. Cela signifie que
2,1 milliards de personnes ont eu accès à un assainissement amélioré depuis 1990,et la
proportion de personnes déféquant à l‟air libre a diminué de près de moitié dans le
monde, passant de 24 % à 13 %. Cependant, en 2015, 2,4 milliards de personnes
utilisent encore des services d‟assainissement non améliorés, dont 946 millions de
personnes qui défèquent encore à l‟air libre.
L‟Afrique du Nord, l‟Asie de l‟Est, l‟Asie de l‟Ouest et le Caucase et
Asie centrale ont réduit de moitié la proportion de la population sans accès à un

75
Nations Unies, Objectifs du Millénaire pour le Développement, Rapport 2015, op.cit, p.45
76
Ibidem
93

assainissement amélioré. L‟Asie du Sud affichait la plus faible couverture de base en


1990, à 22 %, et a enregistré la plus grande augmentation de la proportion de
personnes utilisant un service d‟assainissement amélioré, qui est dorénavant de 47 %
en 2015.

La vie des personnes vivant dans des taudis s‟est significativement


améliorée au cours des 15 dernières années. Entre 2000 et 2014, plus de 320 millions
de personnes ont eu accès à une eau ou à un assainissement améliorés, ou à un
logement durable ou à des logements moins surpeuplés, ce qui signifie que la cible des
OMD a été largement dépassée. Dans les régions en développement, la proportion de
la population urbaine vivant dans des taudis est passée d‟environ 39 % en 2000 à 30 %
en 2014. Bien que la cible ait été atteinte, le nombre absolu de résidents urbains vivant
dans des taudis continue de croître, notamment en raison d‟une urbanisation accélérée,
de la croissance démographique et du manque de terrains appropriés et de politiques
du logement. On estime que plus de 880 millions de résidents urbains vivent
aujourd‟hui dans des taudis, contre 792 millions en 2000 et 689 millions en 1990(77).

77
Nations Unies, Objectifs du Millénaire pour le Développement, Rapport 2015, op.cit, p.45.
94

CHAPIII.LE DEVELOPPEMENT DURABLE

La multiplication, depuis quelques décennies, des crises naturelles et


industrielles, ainsi que la prise de conscience des impacts environnementaux de notre
modèle de développement économique qui s‟accumulent depuis la révolution
industrielle, ont contribué à une lente évolution des mentalités.
Comme toute construction sociale, le concept de développement durable
a émergé dans ce contexte historique particulier. Si ce concept continue d‟étendre son
influence, c‟est parce qu‟il met en évidence la grande interdépendance qui existe entre
la nature et les organisations humaines qui en dépendent.
En effet, ce lien étroit entre tous les systèmes naturels et anthropiques
nécessite une coopération accrue et soutenue pour résoudre les conflits d‟usage et
réduire les tensions qui agressent les systèmes vitaux de notre planète, qui est aussi
celle de nos enfants et petits-enfants non encore nés.
Cette coopération accrue suppose la mobilisation de tous les acteurs
politiques, sociaux et économiques, que ce soit par la sensibilisation ou par la
contrainte, y compris dans sa dimension financière.
Ainsi, ce chapitre est consacré à l‟étude du développement durable. Cependant, avant
toute chose, il est nécessaire de définir certains concepts qui sont en rapport avec le
développement durable.

Section 1. Définition des concepts apparantés

1.1. La forêt
Etymologiquement le mot « forêt » a une origine mal connue. L‟IFN
(inventaire forestier national) souligne qu‟une forêt est un territoire occupant une
superficie d‟au moins 50 hectares, avec des essences forestières (arbres poussant en
forêt) capables d‟atteindre une hauteur supérieure à 5m, avec un couvert arboré de plus
de 10% et une largeur moyenne d‟au moins vingt mètre. La forêt se subdivise en bois
et boqueteaux, ne comprend pas les bosquets, mais inclut les peuplerais.

Le code forestier de la République Démocratique du Congo définit la


forêt comme terrains recouverts d‟une formation végétale à base d‟arbres et d‟arbustes
aptes à fournir des produits forestiers, abriter la faune sauvage et exercer un effet
direct ou indirect sur le sol, le climat ou le Régime des eaux.

Les terrains qui supportaient précédemment un couvert végétal arboré ou


arbustif, ont été coupés à blanc ou incendiés et font l‟objet d‟opérations de
95

régénération naturelle ou de reboisement. Par extension, sont assimilées pour la


production du bois, soit pour la régénération forestière, soit pour la protection du sol.78

1.2. Réchauffement climatique

Selon Urich, le réchauffement climatique est le résultat de


l‟accroissement de la concentration de gaz à effet de serre (N2O, CH4, CO2,…) dont
certains sont très efficaces en petite quantité retiennent dans l‟atmosphère davantage
de rayonnement infrarouge. Ce surplus artificiel d‟effet de serre provoque un
réchauffement du climat.79

Selon le dictionnaire Larousse, le réchauffement climatique est l‟action


de chauffer à nouveau, le fait de rendre plus chaud ce qui s‟est refroidis.80 La planète
est un système composé d‟éléments variés intimement reliés entre eux et fonctionne
comme un tout complexe et planétaire. Partant de là, nous pouvons définir le
réchauffement planétaire comme étant une action de donner la chaleur ou de rendre
plus chauds les éléments composants la planète.81

Selon le GIEC (Groupe Intergouvernemental sur l‟Evolution du Climat


ou IPCC en anglais) le réchauffement climatique ou encore global, se définit comme
étant l‟augmentation de la température moyenne des océans et de l‟atmosphère à
l‟échelle mondiale et pendant plusieurs années.82

Le réchauffement climatique également appelé réchauffement de la


planète, est un phénomène d‟augmentation de la température moyenne des océans et
de l‟atmosphère mesuré à l‟échèlle mondiale sur plusieurs décennies, et qui traduit une
augmentation de la quantité de la chaleur de la surface terrestre.83

1.3. Effet de serre naturel


La terre reçoit de l‟énergie du soleil. Seule une partie de cette énergie est
absorbée par la terre et l‟ atmosphère, le reste est renvoyé vers l‟espace. Avec cette
énergie et grâce à la présence de gaz à effet de serre dans l‟atmosphère, la terre se
réchauffe. L‟effet de serre, phénomène naturel, est donc la condition indispensable à la

78
Code forestier, loi n° 011/2002 du 29 aout 2002, journal officiel de la république démocratique du Congo,
Kinshasa, 31 aout 2002.
79
ULRICH., E., « Effets de l‟ozone sur la végétation forestière : introduction générale dans la problématique »,
in Rendez-vous techniques de l’ONF, n° 9, p. 26
80
DICTIONNAIRE Larousse, Paris, 1999, p214
81
JOUZEL, J. le climat : un jeu Dangereux, éd, Dunod, 2004, paris, p9
82
CATHERINE JENDEL et REMY MOSSERI, Le climat à découvert, outils et méthode en recherche
climatique, éd CNRS paris 2011.
83
Source : www.notre-planete.info/terre/climatologie_meteo/changement-climatique-donnees.php consulté le 06
juin 2014, à 16h 17.
96

vie sur la terre. Sans lui, la température de notre planète serait à l‟ordre de -18°C
contre une moyenne de 15°C.84

Effet de serre est un phénomène naturel qui permet à la terre de retenir la


chaleur solaire dans l‟atmosphère et de maintenir une température acceptable pour
entretenir la vie. En effet, l‟atmosphère laisse passer une partie du rayonnement solaire
qui vient frapper le sol,réchauffé, celui-ci émet un rayonnement infrarouge en partie ou
totalement piégé par l‟atmosphère rendue imperméable par la présence de gaz dont
principalement la vapeur d‟eau.85

C‟est ce rayonnement qui retourne vers la terre qui crée l‟effet de serre, il
est à l‟origine d‟un apport supplémentaire de chaleur à la surface terrestre. Sans ce
phénomène, la température moyenne sur terre chuterait d‟abord -18°c puis la glace
s‟étendra sur le globe. Il s‟agit donc d‟un effet naturel à l‟origine, bénéfique à la vie
humaine puisqu‟il permet à l‟eau de rester à l‟état liquide et minimise le risque de
glaciation.

En plus, cet effet a été nommé effet de serre par analogie avec la pratique
en culture et jardinière de construire de serre, espace clos dont une ou plusieurs face
sont transparentes, laissant passer le rayonnement du soleil et le retenant prisonnier à
l‟intérieur. C‟est le piégeage des infrarouges qui entraine une augmentation de
température.

Pour le dire autrement, on effet de serre car le fonctionnement de ce


phénomène est comparable à ce qui se passe en une serre de verre, utiliser pour
faciliter la culture de certaine plantes. Les parois transparentes de serre laissent passer
les rayons solaires. Le verre ralentit la sortie de la chaleur. Cela augmente la
température à l‟intérieur de la serre. On peut remplacer la serre par l‟atmosphère et le
verre par le gaz à effet de serre contenu dans l‟atmosphère.

1.4. Ecosystèmes
Ce terme a été introduit par Tanley en 1935 pour nommer un concept
écologique balistique qui combine dans un seul système, les organismes vivants et leur
environnement physique (non vivant). L‟écosystème est donc un système comprenant
l‟ensemble des organismes vivants et l‟ensemble des facteurs physiques du milieu,
comme système, les éléments interagissent.86

D‟une façon simple, nous disons qu‟un écosystème est un tout formé de
deux parties indépendantes dont l‟une vivant appelée « biocénose ou biocœnose » et

84
PEYRON J.L., « Forêt et méthane : entre science et politique, expérimentation et extrapolation, objectivité et
subjectivité », in Revue française, 2005, vol. 57, p. 172.
85
Cf. http://www.techno-science.net/onglet=glossaire&définition= 3466. (Page web consultée le 09/11/2017)
86
CALWELL, L.K., La terre en danger pour une protection de la biosphère, éd. International, Paris, p. 50
97

l‟autre non vivant dite « biotope ». Au sein de la même composante vivante, il y a des
interactions de plusieurs ordres (ex : synergie, antagonisme, parasitisme, prédation,
mutualisme, coopération, symbiose, etc.).

De cette définition, il se dégage qu‟un écosystème est organisé


structurellement et fonctionnellement. Ex : un lac, un étang, un océan sont des
écosystèmes à diverses échelles dans les quels l‟eau, les sels minéraux et les gaz
qu‟elle dissout constituent le biotope, le support physique (non vivant ou abiotique),
c‟est-à-dire le biotope, les animaux, les plantes, les bactéries et autres formes vivants
qui y vivent forment l‟élément biotique ou biocénose. Des exemples sont légion et la
taille des écosystèmes varie la taille de l‟habitat physique ou biotope ; on a ainsi des
micro écosystèmes (ex : une feuille morte sur laquelle se développe des animaux et
plantes microscopiques), de méso-écosystèmes (ex : un champ, un étang) et des macro
écosystèmes (ex : l‟océan) ou formations herbeuses, les eaux, les villes, les montagnes
et les agro-écosystèmes ; si les uns sont des écosystèmes naturels, les villes
(écosystème urbain) et les agro écosystèmes sont artificiels car crées par l‟homme
selon sa culture.87

Calwell définit l‟écosystème comme un ensemble définissable ou limité


de rapport biologique et physique dynamique dont l‟ampleur et la complexité sont très
variables depuis le plus minuscule ou le plus simple jusqu'au très grand et l‟infiniment
complexe.

1.4.1. Ecosystème terre


Le sol livre l‟espace pour toute l‟humanité, c‟est le lieu vivant et
dynamique qui soutient l‟existence de la vie des personnes en tant que source vitale,
c‟est-à-dire, produit de la nourriture et des matières premières.
Il est l‟élément fondamental de la biosphère, c‟est-à-dire l‟ensemble de
tous les êtres vivants sur la terre et contribue avec la végétation et le climat à régler le
cycle hydraulique et à influencer la qualité de l‟eau. Donc, le sol joue un rôle
important sur la végétation puisqu‟il porte et nourrit les végétaux, les propriétés
physiques et chimiques.

1.4.2. Ecosystème climat


Le climat se présente comme un facteur essentiel dans l‟équilibre de la
végétation, de l‟eau, du sol et de tous les êtres.

87
MUSIBONO EYUL‟ANKI, D, Du marasme d’un Etat-Squelette aux défis du développement durable gestion
de l’environnement au Congo-Kinshasa : cueillette, chronique et pauvreté durable , chaire UNESCO pour
l‟Afrique et la SADC, Kinshasa, 2006, p. 18-19.
98

1.4.3. Ecosystème eau


Cet élément de l‟écosystème a un impact sur la vie végétale et animale,
la vie humaine y comprise, sans oublier son importance sur d‟autres écosystèmes.

1.5. La biodiversité
Le programme des nations Unies pour l‟environnement (PNUE) définit
la biodiversité ou la diversité biologique comme « la variabilité des organismes vivants
de toute origine. Cela comprend les diversités au sein des espèces et entre espèces
ainsi que celle des écosystèmes dont elles dépendent.88

Dans le monde, l‟extraordinaire biodiversité entraine de fortes


compétitions entre les végétaux pour capter la lumière et entre les animaux se
nourrissent. Autrement dit, chaque espèce au cours de son évolution développe donc
des systèmes de défense sous forme de produits chimiques qui constituent une richesse
de la forêt tropicale. La biodiversité est influencée par le cycle climatique, le cycle
hydrique, la végétation et le sol.

1.6. L'environnement
L'environnement est l'ensemble des éléments qui constituent le
voisinage d'un être vivant ou d'un groupe d'origine humaine, animale ou végétale et
qui sont susceptibles d'interagir avec lui directement ou indirectement. C'est ce qui
entoure, ce qui est aux environs.
Depuis les années 1970 le terme environnement est utilisé pour
désigner le contexte écologique global, c'est-à-dire l'ensemble des conditions
physiques, chimiques, biologiques ,climatiques, géographiques et culturelles au sein
desquelles se développent les organismes vivants, et les êtres humains en particulier.
L'environnement inclut donc l'air, la terre, l'eau, les ressources naturelles, la flore, la
faune, les hommes et leurs interactions sociales.
Les mouvements pacifistes et écologistes ont permis de faire
prendre conscience à de plus en plus de personnes que l'exploitation excessive des
ressources naturelles de la Terre faisait courir à l'espèce humaine un danger à long
terme. La protection de l'environnement est devenue progressivement une
préoccupation pour les hommes politiques.

Section 2. Bref apercu historique et définition du « concept développement


durable »

2.1.Bref apercu historique du concept « développement durable »


C'est au début des années 1970 que des changements vont
s'opérer,avec,notamment, les interrogations suscitées à l'issue de la période des

88
PNUE, n° 92-7808, Rio de Janeiro, juin 1992.
99

Trente Glorieuses caractérisée par l'importance des rythmes de croissance économique,


un chômage faible, le développement de la production et de la consommation de
masse, etc. Les questions d'environnement semblent constituer l'un des revers de cette
médaille.
Les écologistes ont d'ailleurs, à cette époque, interpellé la communauté
des chercheurs au sujet des limites de la croissance économique. Les débats sur
l'épuisement des ressources naturelles ont commencé à faire prendre conscience que
les conditions du moment de la croissance ne pouvaient pas se poursuivre de façon
indéfinie. Dans leurs écrits, certains chercheurs, comme René Passet (1979), ont
contribué à construire la question de l'environnement sous un éclairage qui se veut
multidimensionnel (prise en compte simultanée des dimensions économiques, sociales
et écologiques).
L'institutionnalisation du champ de l'environnemene a été également
suscitée par la première conférence mondiale sur l'environnement, la Conférence de
Stockholm de 1972, qui a suivi la publication du rapport Meadows. Ce rapport et cette
conférence constituent deux faits marquants dans la compréhension de la notion de
développement durable.
La Conférence des Nations unies sur l'environnement humain qui s'est
tenue à Stockholm en juin 1972, que l'on appelle plus communément la Conférence de
Stockholm, a été un événement important (participation de 113 pays, premier forum
réunissant pays développés, pays en développement et pays communistes...).
Elle a fait écho au rapport Meadows qui a souligné que l'avenir de la
planète et de l'espèce humaine était menacé par le maintien du rythme de croissance
économique et démographique. Aux prévisions selon lesquelles notre planète ne serait
plus habitable à l'avenir en raison de l'expansion industrielle se sont ajoutés les
pronostics néomalthusiens d'une explosion démographique dans les pays en
développement.
Dans ce cadre, la situation de catastrophe peut être évitée grâce à « un
état d'équilibre, qui signifie de maintenir un niveau constant de population et de capital
», d'où l'idée de la «croissance zéro» souvent associée au rapport Meadows. Cette idée
a été soumise à de vives critiques qui ont été également reformulées lors de la
Conférence de Stockholm. L'effort des organisateurs de la conférence pour définir un
cadre consensuel suscitant l'adhésion de l'ensemble des pays participants s'est heurté
aux perspectives et aux priorités politiques des pays en développement pour qui il
n'était pas question de réduire les taux de croissance.
Après débats et discussions, la conférence de Stockholm a donné lieu à la
Déclaration de Stockholm qui a entériné vingt-six principes pour l'élaboration de
futurs accords multilatéraux, un Plan d'action pour l'environnement humain énumérant
cent neufrecommandations autour de l'environnement (évaluation, gestion et mesures
institutionnelles) ... mais les principes énoncés n'ont pas été intégrés dans la
100

jurisprudence internationale et les cent neuf recommandations n'ont pas été suivies
dans les faits ..
Pour Aggeri , « les retombées seront très faibles car l'époque n'était
probablementpas encore prête pour ce type de débat (les indices sur la dégradation de
l'environnement étaient encore très partiels, les appuis institutionnels faibles, les
chercheurs mobilisés sur ces questions encore peu nombreux...) ». Par ailleurs, notons
que les deux chocs pétroliers ainsi que la manifestation d'une crise économique
importante ont conduit à un déclin de l'attention publique et politiquen pendant une
dizaine d'années vis-à-vis des questions environnementales.
Il n'en reste pas moins que certaines idées développées lors de cette
conférence seront réaffirmées dans le rapport Brundtland en 1987 (et lors de la
Conférence de Rio en 1992). Maurice Strong, le Secrétaire générale Conférence de
Stockholm, a d'ailleurs souligné la nécessité d'harmoniser les besoins du présent avec
ceux des générations à venir et d'intégrer les considérations environnementales au sein
de stratégies de développement. C'est à cette occasion qu'il lance le terme «
d'écodéveloppement »89.
Notons comme le souligne Vivien (2005) que l'écodéveloppement va être
repris et approfondi au symposium PNUE/CNUCED consacré aux modes de
développement et à l'utilisation des ressources naturelles qui se tient à Cocoyoc au
Mexique en 1974.
En même temps, cette notion va être écartée du vocabulaire onusien et va
être peu à peu remplacée par l'expression de sustainable development. L'origine de
cette expression date de l'élaboration de la Stratégie mondiale pour la conservation
(World Conservation Strategy) par l'VICN (International Union for Conservation
ofNature and Natural Resources), avec l'appui du PNUE (Programme des Nations
unies pour l'environnement) et du WWF (World Wildlife Fund), au début des années
1980 (VICN et al., 1980).
Présentée comme un cadre théorique et pratique à destination des
pouvoirs publics, des praticiens du développement, cette stratégie vise à concilier les
objectifs du développement des sociétés et de conservation de la nature, lesquels ont
été trop longtemps considérés comme antinomiques.

89
Selon Sachs (1980: 37), «l'écodéveloppement est un développement des populations par elles-
mêmes, utilisant au mieux les ressources naturel/es s'adaptant à un environnement qu'el/es
transforment sans le détnée (. ..) C'est le développement lui-même, tout entier, qui doit être imprégné,
motivé, soutenu par la recherche d'un équilibre dynamique entre la vie et les activités collectives des
groupes humains et le contexte spatio-temporel de leur implantation. » Il justifie la prise en compte de
trois dimensions essentielles à ce qu'est un développement des sociétés: la prise en charge équitable
des besoins, la prudence écologique ainsi que l'autonomie des décisions (se/f-re/iance) et la recherche
de modèles endogènes à chaque contexte historique, culturel et écologique.
101

En fait, la notion de développement durable va permettre aux organismes


de conservation de se repositionner dans les arènes internationales suite à une crise de
légitimité issue d'une contestation croissante de leurs actions. En effet, « l'aire
naturelle protégée », le principal outil de conservation de la nature, prôné par ces
organismes dans la continuité des pratiques coloniales ayant créé des réserves de
chasse ou des parcs nationaux en Afrique et en Asie, repose sur l'exclusion des
populations locales responsables de la destruction des milieux naturels de par leurs
usages.
Selon Rodary et Castellanet (2003 : 17), « ceci a eu pour corol/aire
d'opposer le secteur de la conservation au reste de la population. En ce sens, la
conservation dans sa forme paradigmatique centrée sur l'aire protégée n'a
généralement eu, au cours du XXe siècle, aucun lien positifni aucun objectifcommun
avec le développement.
Non pas que les liens entre protection de la nature et les conditions
sociales, économiques et politiques soient absents, mais ceuxci vont généralement
prendre la forme d'incidences négatives de la conservation sur le développement ... et
vice-versa ». Des études illustrant plusieurs conséquences sociales dramatiques de
cette forme de conservation sur les populations locales se sont multipliées à partir des
années 1970.90
La formalisation du lien entre conservation et développement91 a alors
commencé à se diffuser à partir des années 1980 avec l'émergence de la notion de
développement durable : « la conservation comme action politique ne devait plus
s'effectuer en dehors des espaces humanisés, mais au contraire au sein même de ces
espaces» (Ibid.: 34), d'où le passage d'une « conservation excluante» à une . . , , 92 «
conservatIOn Integree ».
En 1983 est créée la Commission mondiale pour l'environnement et le
développement qui, après quatre années de travail, publie le rapport Brundtland auquel
on attribue généralement la paternité du terme de développement durable. Ce rapport
fait écho à plusieurs événements:

90
Rodary et Castellanet (2003) citent l'ouvrage de Turnbull de 1972 qui relate la destruction
des Iks, survenue après que l'État ougandais eut créé un parc national sur leurs zones de
chasse en les dépossédant de leurs terres de manière autoritaire et en leur imposant de se
sédentariser et de pratiquer l'agriculture
91
Initiée en 1974 par l'UNESCO dans le cadre du programme MAB (Man and Biosphere)
avec la création du concept de réserve de biosphère équivalent à : «des espaces réglementés
basés sur une séquence spatiale d'au moins trois niveal/X de protection qui ont eu, dès leur
origine, vocation à relier les besoins
102

1) L'émergence et la reconnaissance institutionnelle de pollutions qualifiées de «


globales »8, parmi lesquelles on peut compter la détérioration de la couche
d'ozone stratosphérique ou l'augmentation des concentrations atmosphériques
de gaz carbonique;
2) L'accumulation et l'ampleur de divers sinistres dont certains relèvent des risques
technologiques majeurs (Tchernobyl en 1986), alors que d'autres relèvent de
catastrophes écologiques;
3) Les risques d'épuisement des ressources naturelles (menaces d'extinction de
diverses espèces et envers la biodiversité) et les atteintes environnementales
accentuées par les pluies acides.
Si le terme de développement durable n'intègre pas d'idées véritablement
nouvelles (par rapport à la notion d'écodéveloppement énoncée dans les années 1970),
il présente néanmoins l'avantage de systématiser les impacts négatifs des activités
économiques et humaines sur l'environnement tout en adoptant des propositions qui
tendent à être modérées pour éviter les réactions de « rejet» suscitées par le rapport
Meadows.
Les questions d'environnement et de développement sont alors considérées
conjointement et non pas de manière exclusive. Les stratégies pour la mise en oeuvre
d'un développement durable sont alors diverses: lutte contre la pauvreté et les
inégalités, changement du contenu de la croissance, modification du comportement des
acteurs économiques, etc.
La Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement
(CNUED) à Rio de Janeiro en juin 1992, à laquelle ont participé 178 pays, fait suite à
la publication du rapport Brundtland et s'est tenue vingt ans après la conférence de
Stockholm. Elle symbolise le véritable lancement médiatique de la notion de
développement durable.
Les questions abordées lors de la Conférence de Rio ont été multiples
(pauvreté, participation des minorités aux processus de décision, aménagement de
l'espace, gestion des différentes ressources, équité dans la distribution des richesses ...
). Pour Aggeri (2001 : 16) « Rio a donné naissance à une définition extensive [du
développement durableJ allant bien au-delà des rapports de l'environnement et du
développement en englobant les rapports Nord-Sud, la lutte contre la pauvreté, les
droits de la femme, l'équité sociale, etc. ».
En comparant les deux textes issus de ces conférences internationales, on
constate que l'idée du rapprochement des problématiques du développement et de
l'environnement présente dans la Déclaration de Stockholm (à la suite du rapport de
Founex) est au centre de la Déclaration de Rio; la problématique démographique
semble avoir moins d'importance et les références à l'épuisement des ressources
renouvelables sont marginales. Par contre, la Déclaration de Rio illustre la montée en
puissance de la société civile, des ONG notamment, ainsi que des représentants du
103

monde des entreprises , alors que la référence à la planification qui figurait dans la
Déclaration de Stockholm est marginalisée.
Il est alors intéressant d'analyser la traduction de la production des savoirs
des économistes sur le développement durable avant d'en étudier la traduction dans des
politiques publiques à Madagascar, exemple illustratif de pays en développement
mettant le développement durable au premier plan de ces choix politiques. Nous
verrons, au préalable, qu'il n'y a pas un courant unique homogène donnant sens à cette
notion, mais qu'il existe plusieurs courants à la base d'interprétations différentes de ce
qu'on entend par développement durable.

2.2.Définition et émergence du concept « développement durable »


2.2.1. Définition du développement durable

Le développement durable est la notion qui définit le besoin de transition


et de changement dont a besoin notre planète et ses habitants pour vivre dans un
monde plus équitable, en bonne santé et en respectant l‟environnement.

Il existe une polémique sur l‟adjectif « durable » dans développement


durable. En Anglais (langue originale du rapport Brundtland), le terme utilisé est
« sustanable development », qui pourrait se traduire par « développement soutenable ».

Selon Franck-Dominique Vivien « le terme „durable‟ a tendance à


renvoyer à la durée du phénomène auquel il s‟applique, comme si le problème se
résumait à vouloir faire durer le développement. Or la notion de soutenabilité permet
de mettre l‟accent sur d‟autres questions relatives à la répartition des richesses entre
les générations et à l‟intérieur de chacune des générations »

D‟un autre côté, l‟adjectif soutenable en français renvoie à deux


définitions possibles :

 Qui peut être défendu, appuyé par des arguments sérieux. Ex : Ce point de vue
n’est pas soutenable.
 Qui peut être supporté, enduré. Ex : Des scènes de violence peu soutenables.

Étymologiquement, il ne renvoie donc pas à l‟idée d‟une stabilité et


d‟une régularité dans le temps. Cela pousse le Dictionnaire du Développement Durable
de l‟Office Québécois de la Langue Française à estimer que le terme « développement
soutenable » n’est « pas adapté pour désigner le concept en question. Développement
durable est maintenant le terme le plus largement utilisé dans l‟ensemble de la
francophonie ».
104

Selon la formule Brundtland, universellement acceptée, le développement


durable est un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.

Deux idées complètent cette définition :

1. La notion de « besoins essentiels » pour l‟être humain. Une part importante de la


population mondiale a de grandes difficultés à les satisfaire.
2. La notion de développement durable vise à préserver les ressources naturelles de
notre planète qui ne sont pas inépuisables.

L‟idée du développement durable selon la définition donnée par le


Rapport Brundtland, c‟est qu‟il est possible de trouver un modèle économique qui
concilie croissance des marchés et de la production, avec le respect des limites
naturelles et des droits de l‟homme. Si au départ, le rapport Brundtland n‟a pas eu un
écho médiatique très important, le terme a fini par se répandre au fur et à mesure dans
les diverses Conférences internationales sur l‟environnement ou sur le climat. La prise
de conscience citoyenne du problème écologique a contribué à en faire un sujet « à la
mode » et donc à développer le mot.

En anglais, « développement durable » se dit « sustainable development


». Ce qui est parfois traduit comme « développement soutenable ». Cette traduction
alternative fournit un éclairage complémentaire parlant à la définition du concept. On
peut l‟entendre comme un développement supportable à long terme pour l‟homme et la
planète.

En d‟autres termes, le développement durable est la notion qui définit la


transition et le changement dont a besoin notre planète et ses habitants pour vivre dans
un monde plus équitable, en bonne santé et en respectant l‟environnement.

Le développement durable est encore défini comme « un type de


développement qui prévoit des améliorations réelles de la qualité de la vie des hommes
et en même temps conserve la vitalité et la diversité de la Terre. Le but est un
développement qui soit durable. À ce jour, cette notion paraît utopique, et pourtant elle
est réalisable. De plus en plus nombreux sont ceux qui sont convaincus que c‟est notre
seule option rationnelle » (UICN, PNUE et WWF, 1980).

Le développement durable est « une démarche visant l‟amélioration


continue de la qualité de vie des citoyens par la prise en compte du caractère
indissociable des dimensions environnementale, sociale, économique et culturelle du
développement durable dans une perspective d‟équité intra- et intergénérationnelle »
(OIF, 2002).
105

Cependant,ilest nécessaire de souligner une certaine évolution de cette


notion . En effet, le développement durable est un développement qui respecte à la fois
les besoins économiques, les besoins sociaux et l‟environnement. Mais au fur et à
mesure du développement de ce concept, d‟autres dimensions s‟y sont ajoutées. En
particulier, le développement durable s‟accompagne désormais souvent d‟une
réflexion sur l‟échelle géographique : ce qui est un développement durable à l‟échelle
locale peut ne pas l‟être à l‟échelle mondiale et inversement.

D‟autre part, la définition du développement durable prend également de


plus en plus souvent une dimension politique (quel système permet la meilleure liberté
politique?) ainsi qu‟une dimension éthique et morale.

Aujourd‟hui, de plus en plus le développement durable se rapproche de


la définition de la résilience.

2.2.2.L’émergence du concept de développement durable


Jusqu'à maintenant, l'homme a été le premier prédateur de son semblable
puisque le développement économique est fondé sur l'exploitation du travail humain à
des fins d'accumulation, et aussi de la nature puisqu‟il en a usé sans compter, la
science économique officielle lui ayant apporté une double caution, d'abord en niant
que le travail fut le seul facteur de production au sens propre, ensuite en affirmant que
le marché n'avait pas à prendre en compte les ressources naturelles sur lesquelles ne
pesait aucun droit de propriété.
La crise du modèle dominant de développement est venue démentir cette
perspective pour faire une place de plus en plus grande à celle d‟un développement
appelé durable ou soutenable. Avant que les théoriciens actuels s‟en emparent, ce
concept avait fait l‟objet d‟une triple investigation. Tout d‟abord, on peut discerner
quelques prémices chez les premiers théoriciens du développement (I). Ensuite, il
existe une approche institutionnelle du développement durable (II). Enfin, les
Organisations Non Gouvernementales ont joué et jouent un grand rôle dans la
réflexion et l‟action pour un développement autre (III).

2.2.2.1.L’approche du développement durable par les théoriciens du


développement.

Malgré la pesanteur attachée à l'idéologie prométhéenne qui le sous-tend,


le développement occupe une place originale dans la théorie économique. Depuis
l'origine de l'économie du développement dans les années 1950-60, on peut trouver en
son sein une conception du développement pour l'homme pris dans sa globalité. Le
développement humain (A), le développement endogène et la stratégie des besoins
106

essentiels (B), l'écodéveloppement (C) furent autant d'étapes jalonnant la construction


progressive du concept de développement durable.
A. Le développement humain
Tout au long de son oeuvre, François Perroux n'a cessé de mettre la
finalité humaine au centre du développement. Pour lui, le nouveau développement est
global car il concerne l'ensemble des dimensions de l'homme, il est endogène car il
repose avant tout sur la mise en valeur des ressources internes, et il est intégré car il
suppose des interactions entre secteurs, régions et classes. Il ne peut être que le
“développement de tout l'homme et de tous les hommes93.
La conception du développement chez Perroux est inséparable de sa
conception de la science économique. “L'économie est l'aménagement en vue de
l'avantage de chacun et de tous, des rapports humains par l'emploi de biens rares
socialement et approximativement quantifiables et comptabilisables. Cette conception,
(...), met l'accent sur les rapports entre hommes et groupes d'hommes et non pas sur
les hommes et les richesses.94
Cette position est aux antipodes des définitions classiques de la science
économique, telle celle de Robbins, et n'est pas sans rappeler au contraire celle de
Marx qui, au-delà des échanges de marchandises, entendait dévoiler les rapports
sociaux.
Se démarquant fortement de la tentative de réduction des comportements
humains à la rationalité économique, Perroux souligne l'importance de la prise en
compte des valeurs culturelles dans le développement. Il se livre à une réhabilitation
de John Stuart Mill dont l'utilitarisme a été, selon lui, ramené à un hédonisme vulgaire:
l'idéal utilitariste est le bonheur de tous.
En effet, bien qu‟appartenant au courant libéral pour lequel le droit de
propriété est une condition de l‟expression de la liberté humaine, Mill établissait une
distinction subtile entre les fruits du travail humain dont la propriété était parfaitement
justifiée et la terre et les ressources naturelles qui, n‟étant pas le résultat du travail mais
l‟héritage de l‟humanité, ne pouvaient être appropriées qu‟à la condition d‟être utiles
pour la collectivité. Il avait donc en tête une autre vision que celle de l‟utilitarisme
standard quand il écrivait: “J‟espère sincèrement pour la postérité qu‟elle se contentera
de l'état stationnaire longtemps avant d'y être forcée par la nécessité.”95
Mill, de façon prémonitoire, dissocie la croissance économique du
progrès humain, fustige le développement illimité de l‟agriculture et assigne à
l‟industrie l‟objectif de diminuer le travail : “Il n‟y a pas grand désir à considérer un
monde (...) où il resterait à peine une place où pût venir un buisson ou une fleur

93
PERROUX F., Pour une philosophie du nouveau développement, op. cit., p. 32.
94
Idem
95
. MILL J.S., Principes d’économie politique, op. cit., p. 300.
107

sauvage, sans qu‟on vînt aussitôt les arracher au nom des progrès de l‟agriculture. (...)
Il n‟est pasnécessaire de faire observer que l‟état stationnaire de la population et de la
richesse n‟implique pas l‟immuabilité du progrès humain. (...) Les arts industriels eux-
mêmes pourraient être cultivés aussi sérieusement et avec autant de succès, avec cette
seule différence qu‟au lieu de n‟avoir d‟autre but que l‟acquisition de la richesse, les
perfectionnements atteindraient leur but, qui est la diminution du travail.”96
Cependant Perroux marque un retrait par rapport à Mill quand il refuse
d'adhérer à la croissance zéro mais il demande: “la croissance engendre-t-elle
"spontanément" la structure industrielle optimum et répartit-elle d'elle-même le produit
et le revenu global pour la satisfaction des besoins de la totalité de la population? (...)
Il y a tout lieu d'en douter.”97
Les préoccupations environnementales sont certes absentes dans la
pensée de Perroux mais tout l'aspect humain de ce qu'on appellera plus tard
développement durable est déjà largement présent.
B. Besoins essentiels et développement endogène.
Devant les difficultés de promouvoir un développement fondé sur la
simple imitation du modèle occidental en transférant techniques, savoirs, savoir-faire,
institutions et, dans le pire des cas, valeurs culturelles, des stratégies se voulant
alternatives ont vu le jour dans la décennie 1970 qui, bien que portant des noms
différents, présentent beaucoup de points communs; tels sont les cas de la stratégie dite
des besoins essentiels et du développement endogène. Ces points communs portent sur
la définition de priorités et de politiques; de plus, les critiques qui leur ont été
adressées contribuent également à les rapprocher.

1. Les priorités.
Le développement doit assurer à tous les membres d'une société la
satisfaction des besoins considérés comme essentiels, au premier rang desquels
figurent l'alimentation, l'éducation et la santé. Le niveau de couverture de ces besoins
est évolutif avec le développement et le critère peut donc être utilisé, en réactualisant
en permanence son contenu, à tous les stades du développement.
La conception des besoins essentiels s'inspire d'une notion de justice
sociale qui la conduit à mettre l'accent sur la nécessité d'une répartition plus équitable
des revenus et des patrimoines.
2. Les politiques.
Le développement doit s'appuyer sur les ressources et les potentiels
internes dont la mise en oeuvre incombe moins aux autorités politiques centrales
qu'aux populations concernées de la manière la plus décentralisée possible.

96
MILL J.S., Principes d’économie politique, op. cit., p. 300.
97
PERROUX F., Pour une philosophie du nouveau développement, op. cit., p. 113
108

Néanmoins la prise en main du développement par les populations


suppose un préalable: la transformation des structures, principalement de la propriété
foncière.
3. Les critiques.
Satisfaction des besoins essentiels et développement pour et par les
hommes sont donc très complémentaires. Ils furent critiqués, d'abord parce que les
espoirs fondés sur les réformes agraires ont été souvent déçus, ensuite parce qu'il
n'existe que deux moyens pour fixer le niveau des besoins qui devront être satisfaits à
un moment donné: ou bien on le fixe en référence aux populations pour lesquelles ils
sont quasiment comblés (niveau alimentaire, d'éducation et de santé dans les pays
développés), ou bien on fixe un taux de croissance à partir du niveau existant.
Dans le premier cas, on retombe sur l'écueil de la référence occidentale
obligée sans rapport avec les possibilités locales de réalisation. Dans le second cas,
rien n'indique quel est le taux souhaitable.Néanmoins, malgré les critiques, cette
approche a constitué un pas dans la prise de conscience de l'urgence d'un
développement à visage humain.

C. L'écodéveloppement.
Cette notion constitue une première synthèse entre la stratégie des
besoins essentiels, le développement endogène et l'éco-éco (éco pour l'écologie et éco
pour l'économie). Le terme est utilisé pour la première fois lors de la première
Conférence sur l'environnement de l'ONU tenue à Stockholm en 1972. Il est repris
dans la déclaration de Cocoyoc par le PNUE et la CNUCED en 1974 et dans le rapport
Dag Hammarskjöld en 1975. “Nous croyons à la possibilité d‟établir des modes de vie
et des systèmes nouveaux plus justes, moins arrogants dans leurs exigences
matérielles, plus respectueux de l‟environnement de la planète entière.98
Peu à peu se précise le contenu de la notion qui rassemble toutes les
précédentes et parallèlement à ce début d'officialisation, des recherches théoriques se
poursuivent dans le but d' “aider les populations à s'éduquer et à s'organiser en vue
d'une mise en valeur des ressources spécifiques de chaque écosystème pour la
satisfaction des besoins fondamentaux” et de concevoir un “développement endogène
et dépendant de ses propres forces, soumis à la logique des besoins de la population
entière et non de la production érigée en fin en soi, enfin conscient de sa dimension
écologique et recherchant une harmonie entre l'homme et la nature.99

98
Déclaration de Cocoyoc, dans PNUE, Defence of the Earth, The basic texts on environment, Founex,
Cocoyoc, Nairobi, 1981, p. 119, reproduite dans SACHS I., L’écodéveloppement, Stratégies de transition vers le
XXI° siècle, Paris, Syros, 1993, p. 92.
99
SACHS I., Stratégies de l'écodéveloppement, Paris, Ed. Economie et humanisme, Ed. ouvrières, 1980, p. 11
12, 32.
109

Tous les éléments caractérisant le développement durable sont déjà


énoncés une douzaine d'années avant que cette dernière expression remplace les
précédentes. L‟apparition du concept d‟écodéveloppement doit également être
rapprochée de la contestation de la croissance économique exponentielle dont le
retentissement avait été d‟autant plus grand et éphémère qu‟elle avait été formulée
juste avant que n‟éclate au grand jour la crise économique de 1973-74. A l‟époque, la
vive controverse au sujet de la remise en cause de la croissance partait d‟un constat
commun mais débouchait sur des conclusions différentes.
Le rapport de Dennis Meadows au club de Rome stigmatisait le caractère
insupportable de la croissance indéfinie de la population, de l‟utilisation des ressources
naturelles épuisables avec pour conséquence l‟augmentation de la pollution. Le rapport
préconisait de se rapprocher d‟un état d‟équilibre ainsi défini: “L‟état d‟équilibre
global est donc caractérisé par une population et un capital essentiellement stables, les
forces qui tendent à les accroître ou à les diminuer étant soigneusement équilibrées.”100
Faute de rechercher cet état d‟équilibre, l‟humanité se préparerait à une
catastrophe que les pays pauvres paieraient d‟un retour des famines et les pays riches
d‟une asphyxie à cause de la raréfaction des ressources naturelles et de
l‟amoncellement des déchets.
Alors que le rapport Meadows ne mettait en cause que la croissance
matérielle, Barry Commoner101 et René Dumont102 estimaient que le capitalisme était
incapable de prendre en compte les contraintes écologiques et qu‟il convenait donc
d‟opérer des transformations de la nature du système social.
Au même moment, André Gorz développait une analyse se démarquant
des deux précédentes en reliant les limites écologiques et sociales de la croissance.
Selon lui, le capitalisme est parfaitement capable d‟intégrer les contraintes écologiques
au prix d‟une création de nouvelles inégalités. “Aussi n‟est-ce pas tant à la croissance
qu‟il faut s‟attaquer qu‟à la mystification qu‟elle entretient, à la dynamique des
besoins croissants et toujours frustrés sur laquelle elle repose, à la compétition qu‟elle
organise en incitant les individus à vouloir, chacun, se hisser "au-dessus" des autres.103
De ces trois analyses, c‟est la dernière dont la problématique reste la plus
actuelle. En effet, même si la croissance économique est devenue aujourd‟hui plus
sobre en consommation de ressources et d‟énergie et si la transition démographique est
amorcée dans de nombreux pays du tiers-monde, les impératifs de protection, de
préservation, de réparation écologiques et l‟épuisabilité des ressources empêchent que
le modèle de croissance soit généralisé à l‟ensemble de l‟humanité. Les limites
écologiques rejoignent donc les limites sociales du développement.

100
MEADOWS D., Halte à la croissance?, op. cit., p. 275.
101
COMMONER B., The closing circle, 1971, éd. fr. L’encerclement, Paris, Seuil, 1972.
102
DUMONT R., L’utopie ou la mort, Paris, Seuil, 1973.
103
GORZ A., Ecologie et politique, op. cit., p. 14.
110

Ces analyses furent temporairement oubliées après le déclenchement de


la crise, mais, à la fin des années 1970 et au cours des années 1980, le recul des
grandes théories générales explicatives du sous-développement et l‟échec des
stratégies traditionnelles qui leur étaient liées, les firent réapparaître sous des formes
nouvelles. Les institutions se saisirent de la préoccupation du développement en faveur
des plus pauvres conjointement avec la préoccupation écologique pendant que les
Organisations Non Gouvernementales tentèrent de théoriser les multiples pratiques
locales de microdéveloppement menées par les populations pauvres.

2.2.2.2. L’approche institutionnelle du développement durable.

L‟écho grandissant rencontré par les catastrophes réelles ou potentielles


de dimension planétaire a favorisé la saisie de ces préoccupations par les institutions
étatiques ou supranationales: adoptions de législations protectrices, de conventions,
inscriptions dans les constitutions.
La recherche d'un développement au service des hommes et respectueux
de l'environnement a cessé, à partir de la fin des années 1980, d'être isolée. Plusieurs
dizaines d‟essais de définition ou d'approfondissement des notions de soutenabilité, de
croissance durable et de développement durable ont été dénombrées par John
Pezzey104.
Cette recherche a reçu un début de reconnaissance et de popularisation
de la part des plus hautes instances régissant les relations internationales (A), ainsi
que, dans une tout autre perspective, des dirigeants des principales grandes entreprises
multinationales (B).

A. L'approche du développement durable par les grandes instances


internationales.
La Conférence de Stockholm en 1972 esquisse la notion en déclarant:
“La protection et l‟amélioration de l‟environnement est une question d‟importance
majeure qui affecte le bien-être des populations et le développement économique dans
le monde entier.”105
Utilisé pour la première fois au début des années 1980 par l‟International
Union for the Conservation of Nature dans une perspective écologique 106 et par le
Programme des Nations Unies pour le Développement dans une perspective sociale, le

104
PEZZEY J., Economic analysis of sustainable growth and sustainable development, World Bank,
Environment Department Working Paper, n° 15, 1989.
105
Déclaration de la Conférence des Nations Unies sur l‟environnement, Stockholm, 16 juin 1972.

106
I.U.C.N., World conservation strategy, Living resource conservation for sustainable development, Gland,
1980, cité par HATEM F., Le concept de "développement soutenable", CEPII, Economie prospective
internationale, La Documentation Française, n° 44, 4° trimestre 1990, p. 101.
111

concept de développement durable est retenu au cours de la décennie suivante comme


l'axe fondamental de l'analyse et de la politique de l'ONU en matière de
développement et d'environnement. Deux étapes importantes jalonnent cette évolution:
la publication du Rapport Brundtland en 1987 et la Conférence de Rio de Janeiro en
1992. Entre Stockholm et Rio, plusieurs accords en matière d‟environnement sont
intervenus:
 La convention sur le commerce international des espèces animales et végétales en
péril (CITES, 1973) interdit ou réglemente le commerce de 20 000 espèces107;
 La convention sur le droit de la mer (1982) n‟est pas encore appliquée faute de
ratifications en nombre suffisant;
 La convention de Vienne (1985) vise à développer la recherche et la coopération
en matière des effets néfastes de la modification de la couche d‟ozone;
 Le protocole de Montréal (1987) prévoit la réduction puis l‟arrêt de la production
de chlorofluorocarbones, de halons, de tétrachlorure de carbone (d‟ici l‟an 2000) et
de méthylchloroforme (avant 2005);
 La convention de Bâle (1989) encourage la diminution de l‟émission de déchets, et
réglemente leur traitement et leur transport.
 Parallèlement, de nombreux programmes de recherche sont lancés, notamment par
l‟Institut International pour l‟Analyse des Systèmes Appliqués, par la CEE et
l‟OCDE.

1. La définition du développement durable par le rapport Brundtland.


L'Assemblée Générale de l'ONU décida en 1983 de former une
Commission Mondiale sur l'Environnement et le Développement (C.M.E.D.) présidée
par Mme Gro Harlem Brundtland. La Commission a rendu public son rapport en avril
1987 qui affirme des principes et propose des modalités d'action nouvelles.
1.1. Les principes
a) Le développement durable s'inscrit dans le temps.
Ce premier principe a donné lieu à l'énoncé de la définition suivante qui
a été par la suite adoptée comme définition officielle: “Le genre humain a parfaitement
les moyens d'assurer un développement soutenable. (...) Le développement soutenable
est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à
cette notion: le concept de "besoins", et plus particulièrement des besoins essentiels
des plus démunis, à qui il convient d'accorder la plus grande priorité, et l'idée des
limitations que l'état de nos techniques et de notre organisation sociale imposent sur la
capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.”108

107
La CITES a abouti à interdire en 1989 le commerce d‟ivoire pour protéger les éléphants africains.
108
Rapport BRUNDTLAND, op. cit., p. 10, 51.
112

Alors que le rapport Brundtland prend soin de dire que le concept de


besoins est central, deux auteurs, et non des moindres, Pearce et Warford proposent de
le remplacer par le terme utilisé par les économistes, celui de bien-être: “Bien que les
économistes aient souvent des difficultés avec le terme de "besoins", cette définition
du développement soutenable peut aussi être exprimée dans le discours économique en
remplaçant le concept de besoins par celui de bien-être. (...) La définition du
développement soutenable peut donc être réexplicitée comme le développement qui
assure des augmentations de bien-être pour la génération actuelle à condition que le
bien-être futur ne diminue pas. Cela est connu sous l‟appellation d‟équité
intergénérationnelle.”109
On pourrait croire que ce changement est mineur. Mais il est à craindre
qu‟il annonce le ralliement à la conception dominante de l‟utilitarisme. En effet même
si ces deux auteurs évitent d‟employer le terme d‟utilité à la place de besoin et
préfèrent celui de bien-être, ils n‟empêcheront pas la cascade de réductions successives
à laquelle se livreront, nous le verrons, la plupart des économistes néo-classiques de
l‟environnement: besoins est assimilé à bien-être et bien-être à utilité.110
L'expression anglaise de sustainable development est traduite en français
tantôt par développement durable, tantôt par développement soutenable. Ces deux
traductions sont considérées comme équivalentes même si les deux adjectifs n'ont pas
la même portée. Les explications qui accompagnent dans le Rapport Brundtland la
définition cidessus laissent entendre que les concepteurs pensaient à un développement
qui serait soutenable dans le temps, c‟est-à-dire durablement.
b. Le développement durable est dynamique.
Le développement soutenable n'est pas un état d'équilibre, mais plutôt un
processus de changement dans lequel l'exploitation des ressources, le choix des
investissements, l'orientation du développement technique ainsi que le changement
institutionnel sont déterminés en fonction des besoins tant actuels qu'à venir.”111
Mais le ra pport Brundtland reste très flou sur la notion de soutenabilité dans le temps
à propos de laquelle les théoriciens restent très partagés.

109
PEARCE D.W., WARFORD J.J., World without end, Economics, environment, and sustainable
development, Washington, The World Bank, New-York, Oxford University Press, 1993, p. 49, traduit
110
. Pearce et Warford pourtant sentent ce danger: “Much of the economics literature prefers the term "utility",
wich can be translated as pleasure. We avoid the term here because well-being and welfare have a more
acceptable, wider connotation. Development cannot be reduced strictly to advances in utility, as the earlier
discussion of the meaning of development showed.” World without end, Economics, environment, and
sustainable development, op. cit., p. 61, note 2.
111
Rapport BRUNDTLAND, op. cit., p. 10-11.
113

c. Le développement durable s'inscrit dans une logique de meilleur


partage des richesses.
“Pour satisfaire les besoins essentiels, il faut non seulement assurer la
croissance économique dans les pays où la majorité des habitants vivent dans la
misère, mais encore faire en sorte que les plus démunis puissent bénéficier de leur
juste part des ressources qui permettent cette croissance.”112
On remarque que la référence à la notion de besoins essentiels est reliée à
un problème de répartition.

d. Le développement durable implique une révision du mode de vie des


pays riches et une limitation de la croissance démographique
La recherche d'une croissance qualitative doit être favorisée. “Le
"développement soutenable" devient ainsi un objectif non plus pour les seuls pays "en
développement", mais encore pour les pays industrialisés.” 113 “Pour que le
développement soutenable puisse advenir dans le monde entier, les nantis doivent
adopter un mode de vie qui respecte les limites écologiques de la planète. (...) Le
développement soutenable n'est possible que si la démographie et la croissance
évoluent en harmonie avec le potentiel productif de l'écosystème.”114

e. Mais le Rapport Brundtland ne précise pas comment définir les besoins des
générations présentes et futures en relation avec les capacités de l'environnement.
Pour combler cette lacune R.S. Norgaard1 a proposé plusieurs critères:

 Capacité des économies locales à se renouveler indéfiniment sans apport extérieur


de techniques, services et facteurs de production non renouvelables;
 Dépendance culturelle vis-à-vis du savoir;
 Contribution aux changements climatiques globaux et capacité à réagir aux
changements imposés par d'autres régions;
 Stabilité culturelle et politique.
1.2. Les modalités d'action.
Considérant la terre comme une, sur laquelle se constitue le monde qui
devient de plus en plus un, et constatant que les diverses crises qui le traversent
s'imbriquent entre elles, la Commission fait l'inventaire des domaines où l'action est
indispensable et des mesures qui paraissent les plus appropriées. Ces domaines, et les
mesures peuvent être regroupés autour de 7 pôles.
a) La population

112
. Rapport BRUNDTLAND, op. cit., p. 10.
113
Idem
114
Ibidem
114

 Assurer la maîtrise de la croissance démographique essentiellement par la


promotion des femmes dont l'accès à la formation doit être facilité;
 Elargir les objectifs en matière d'éducation;
 Améliorer la santé par les progrès médicaux mais surtout par un meilleur accès à
une eau saine.
b) La sécurité alimentaire.
 Réorienter les productions agricoles et les formes d'aides dans les Pays
développés;
 Encourager la production de cultures vivrières dans la plupart des pays en
développement;
 favoriser une meilleure distribution des revenus en redistribuant des terres et en
protégeant les agriculteurs les plus vulnérables;
 faciliter l'utilisation de méthodes de fertilisation naturelle à côté de méthodes
chimiques qui ne doivent pas être exclusives.
c) Les choix énergétiques.
 Préparer le XXI° siècle qui devra être fondé sur les sources d'énergies
renouvelables;
 Améliorer le rendement énergétique des appareils;
 Atténuer les fluctuations erratiques des prix de l'énergie primaire qui retardent les
efforts de conservation de l'énergie.
d) L'industrie.
 Produire plus avec moins;
 Etablir des objectifs, des normes, des règlements et des mesures incitatives
d'internalisation en matière d'environnement;
 Améliorer la capacité à faire face aux risques industriels, notamment risques
chimiques ou liés aux déchets.
e) L'urbanisation.
 Préciser les stratégies d'occupation des sols;
 Favoriser un meilleur équilibre entre les grandes villes, les petites et l'arrière-pays
rural.
f) La préservation des écosystèmes, patrimoine commun.
 Maintenir l'équilibre de la vie dans les océans et les mers;
 Protéger la diversité des espèces vivantes;
g) La paix et la sécurité.
 Faire reculer la compétition armée, la puissance militaire et les conflits sources de
développement non soutenable;
 Faire reculer le développement non soutenable source de conflits armés et de
révoltes de la misère.
115

2. La Conférence de l'ONU à Rio de Janeiro sur l’environnement


et le développement.
Vingt ans de crise économique et de crise écologique ont eu pour effet de
donner à la seconde Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le
Développement en juin 1992 un retentissement et un écho médiatique sans commune
mesure avec la quasi confidentialité de la première.
La conceptualisation ayant été défrichée par le rapport de sa commission,
l'ONU, en présence de presque tous les chefs d'Etat ou de gouvernement des pays
membres (178 pays étaient représentés), s'est penchée sur les moyens à mettre en
oeuvre pour promouvoir le développement de tous et protéger l'environnement de tous.
En même temps, cette conférence a été le théâtre (en tant que lieu mais peut-être aussi
en tant qu'artifice) d'une gigantesque négociation-confrontation internationale.115

2.1. Le bilan des discussions


La Conférence de Rio a adopté cinq textes: deux déclarations, deux
conventions et l'Agenda 21. Un mandat a été donné pour établir une convention sur la
lutte contre la désertification qui est encore en cours de négociation.
a) Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement: Charte de la
Terre.

Il s'agit d'un texte de portée générale qui définit 27 principes parmi


lesquels:

Droit des individus à vivre convenablement dans un environnement sain;


Droits et devoirs des Etats;
Devoir d'information d'Etat à Etat;
Devoir de précaution;
devoir de participation des citoyens aux décisions liées à leur environnement.
On y note une double ambiguïté: le développement durable y est
souhaité en même temps qu‟une croissance économique pour tous les pays sans aucun
discernement entre eux; le libre-échange est le cadre dans lequel ce développement
durable doit s‟exercer.116
b) Déclaration sur les forêts.
Cette déclaration est non contraignante car elle a donné lieu à de très
âpres discussions qui n‟ont pu être tranchées:
115
HARRIBEY J.M., La terre au sommet, Sud-Ouest-Dimanche, 10 mai 1992. Le tournant de Rio, Sud-Ouest-
Dimanche, 21 juin 1992. Carnet de voyage pour un Agenda du XXI° siècle, Macunaïma, Bordeaux, n° 8,
novembre 1992.-
116
CNUED, Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, Principe 12, dans Action 21, Nations
Unies, 1993, p. 4.
116

 Les Etats-Unis ont refusé de transférer la technique nécessaire à une meilleure


gestion des ressources;
 La CEE et le Japon ont refusé d‟envisager la limitation de leurs importations de
bois tropicaux;
 Les pays du Sud n'ont pu se mettre d'accord sur le contrôle international de
l'application de la Déclaration: ainsi, la Malaisie et l'Inde ont-elles opposé un
refus catégorique, et, de manière générale, les pays tropicaux n'ont pas accepté
que cette
 Déclaration soit un véritable traité.
c) Convention sur les changements climatiques.
Elle fait d‟abord le constat que l‟essentiel des émissions de gaz à effet
de serre provient de la production et de la consommation des pays développés. Son
objectif est de stabiliser les émissions de gaz à effet de serre:
 chaque Etat doit faire l'inventaire de cette émission sur son territoire;
 seuls les 24 pays de l'OCDE ont à leur charge le coût des actions;
 les propositions plus avancées, telle que la taxe sur l'énergie proposée par la
CEE, seront examinées.
Le principal point faible de cette convention réside dans l‟absence de
précision concernant la date à partir de laquelle les pays développés devront réduire
leur consommation d‟énergie. Nous examinerons plus loin les modifications
intervenues lors de la conférence de Berlin.
d) Convention sur la biodiversité.
L'objectif est de protéger la diversité des espèces vivantes végétales et
animales et de préserver l'équilibres des écosystèmes dans leur ensemble. Cette
convention a été la principale pierre d'achoppement de la Conférence parce que:
 Les Etats ont tous eu du mal à abandonner une parcelle de leur souveraineté;
 Les Etats-Unis ont refusé de voir les espèces vivantes mieux protégées que
leurs droits de propriété intellectuelle (brevets) et de voir réglementées les
biotechnologies qu'ils considèrent comme leur meilleure arme pour l'avenir.
Derrière eux, les grands groupes industriels et financiers craignaient que leur
accès aux ressources, souvent dans les pays du tiers-monde, soit rendu plus
difficile. Les Etats-Unis n‟ont accepté de signer cette convention qu‟un an après
la Conférence de Rio, en juin 1993.
e) L'Agenda 21.
Appelé aussi Action 21, l‟Agenda 21 est un immense inventaire des
actions à mener pour préparer le XXI° siècle. Sa discussion a surtout été marquée par
l'évaluation de son coût et sa prise en charge.
Le coût total des dépenses de protection de l'environnement planétaire
est estimé à 625 milliards de $ par an. Sur cette somme, la part prise en charge par les
117

pays développés représenterait 20%, c'est-à-dire 125 milliards, soit environ 0,7% du
PNB de ces pays, correspondant à un doublement de l'aide actuelle.
Or, à la fin de la Conférence, les engagements concrets ne s'élevaient
qu'à 2 milliards supplémentaires. De plus, la part demandée aux pays développés
(20%) et celle laissée aux pays du tiers-monde (80%) ne représentent
approximativement que les parts respectives des populations: on ne peut alors, à
propos de ces sommes, parler d'aide aux pays en voie de développement.
L'avenir de cet Agenda est largement conditionné, d‟une part, par le
statut et les missions du Fonds pour l‟Environnement Mondial (FEM) 117 et, d‟autre
part, par l'avancée des autres grandes négociations internationales.
Le FEM sera-t-il un organisme au sein duquel chaque pays disposera d‟une
voix ou bien le pouvoir de chacun sera-t-il proportionnel à son apport financier comme
dans les autres institutions financières internationales? Cet aspect juridique n‟est pas
sans lien avec la conception du rôle du FEM.
Depuis sa création en 1990, le FEM, sans autonomie réelle vis-à-vis de la
Banque Mondiale, est resté prisonnier de l‟idée que la protection de l‟environnement
entraîne obligatoirement un surcoût, le coût incrémental, des investissements de
développement. Cette idée fait fi des économies qu‟apporteront à long terme les
améliorations dues aux protections réalisées et elle s‟inscrit dans une approche
essentiellement réparatrice et non préventive.118
La notion de coût incrémental apparaît donc conforme à la manière
traditionnelle dont les économistes abordent la question de l‟environnement, c‟est-à-
dire sur le mode de l‟internalisation des externalités.”119
De plus, les ressources du FEM ont été plafonnées à 2 milliards de
dollars pour la période de 1994 à 1997, somme considérablement inférieure aux
estimations du coût annuel de protection de l‟environnement et environ dix fois
inférieure aux sommes investies pendant la même période par la Banque Mondiale
dans des projets énergétiques (essentiellement d‟énergie fossile) ou de transports
(essentiellement routiers) dont les conséquences heurteront les objectifs du FEM.
Dans le cadre du GATT, les pays développés réclament l'instauration
d'un régime universel des droits de propriété intellectuelle, ce qui obligerait les pays du
Sud à payer les brevets pour bénéficier des transferts de techniques.

117
En anglais Global Environment Facility (GEF).
118
DESSUS B., Le pire n’est jamais sûr, Entretien avec Alternatives économiques, Hors série n° 17, 3°
trimestre 1993, propos recueillis par P. Frémeaux.
119
. AUBERTIN C., CARON A., VIVIEN D., Convention d’environnement global: le GEF et la notion de "coût
incrémental", Colloque d‟inauguration de la Section Européenne de la Société Internationale pour l‟Economie
Ecologique, Ecologie, Société, Economie, Quels enjeux pour le développement durable?, Université de
Versailles-St Quentin en Yvelines, 23 mai au 25 mai 1996, tiré à part, tome II pour le texte en anglais.
ORSTOM, Coût incrémental et protection de la biodiversité, Etude réalisée à la demande du Fonds Français
pour l‟Environnement Mondial et du Ministère de l‟Environnement, Document de travail, 2 tomes, avril et mai
1996.
118

Par ailleurs, les exemples maintenant abondent de mesures


protectionnistes sous couvert de protection de l‟environnement sans qu‟il soit possible
de discerner la part d‟entorse aux règles du libre échange et celle de protection
écologique. Comment le pourrait-on puisque si le protectionnisme peut n‟avoir aucun
objectif de protection de l‟environnement, en revanche, la protection de
l‟environnement implique, lorsque des échanges commerciaux entrent en jeu, une
limitation atteignant ceux-ci?
Il est dès lors inévitable que surgissent des conflits d‟un nouveau type
que l‟embryon de droit international sur l‟environnement ne peut encore résoudre de
façon satisfaisante parce que le droit international ne reconnaît pas le droit touchons là
une contradiction flagrante inhérente à la conception du développement durable qui
prévaut actuellement: la crise écologique est planétaire, non pas parce que chaque pays
est concerné individuellement mais parce que l‟air, l‟eau, la vie sont un, alors
qu‟aucune conscience, aucune politique n‟est globale.
2.2. Les enjeux et les rapports de forces sous-jacents.
Incontestablement la Conférence de Rio a été une première tribune
mondiale pour ceux qui voient dans la double crise de la pauvreté et de l'écologie
l'impasse d'un modèle de développement fondé sur le double mythe de la possible
croissance économique illimitée et de l'amélioration du bien-être qui doit en résulter
pour tous. Les deux contradictions, croissance illimitée alors que les ressources ne le
sont pas, et croissance pour les uns impliquant le maintien dans la pauvreté pour les
autres, sont apparues comme non viables, non soutenables durablement, ni
écologiquement, ni socialement.
Cependant, la réalisation des objectifs affirmés lors de la Conférence est
pour l'instant verrouillée par les intérêts capitalistes mondiaux et aussi par le confort
auquel les populations du Nord sont habituées; celles-ci n'ont pas encore clairement
perçu le bénéfice à long terme qu'elles aussi pourraient retirer d'un autre
développement, principalement qualitatif. C'est sur ce dernier élément que le Président
des Etats-Unis George Bush a pu s'appuyer pour déclarer à la Conférence le 12 juin
1992: “Notre niveau de vie n'est pas négociable.
” En ce sens, “la CNUED fut avant tout une conférence Nord-Sud
comme toutes les conférences des Nations Unies qui l'ont précédée depuis deux
décennies.”120
Le bilan positif de la CNUED s'arrête sans doute à l'énoncé des
problèmes: première étape d'un processus qui sera long, elle a buté sur sa mise en
oeuvre concrète et sur les intérêts contradictoires qui se sont exprimés, reflétant des
positions de pouvoir et des rapports de forces encore figés. Un indice des difficultés à
mettre en oeuvre les décisions adoptées à Rio de Janeiro réside dans la lenteur des
procédures de ratification des textes signés en juin 1992.
120
BESSIS S., Patience la terre, ENDA-Vivre autrement, numéro bilan, septembre 1992.
119

Deux ans après, la plupart des parlements ne les avaient pas encore
ratifiés. La France était dans ce cas à propos de la convention sur la biodiversité
qu‟elle avait pourtant signée avec empressement à Rio. Le Congrès américain ne
projette de ratifier cette convention qu‟après l‟examen d‟une “"déclaration
interprétative" suscitée par l‟industrie pharmaceutique”121, initiative menée semble-t-il
parallèlement en France et en Grande Bretagne.
Comment interpréter le fait qu‟en dépit de ces difficultés beaucoup de
122
pays aient tenu à présenter devant la Commission des Nations Unies pour le
Développement Durable des plans nationaux de développement durable? Les
préoccupations exprimées dans les textes signés en 1992 et traduites en résolutions
continuent-elles de servir de référence?
Ou bien apporter la preuve de sa conscience écologique est-il devenu le
moyen de prendre sa place dans toute négociation internationale, d‟obtenir ainsi un
assentiment (et donc un financement) pour tout autre projet de développement, ou
encore de maintenir sous influence des pays en proie à un même problème écologique
grave123?
3. La Conférence de l’ONU à Copenhague sur le développement social.
Dans le droit fil des grandes rencontres inaugurées à Rio de Janeiro,
l‟ONU s‟est penchée lors d‟un nouveau Sommet 124 à Copenhague du 6 au 12 mars
1995 sur le développement social. Le Rapport du PNUD préparatoire à cette réunion
réaffirmait la nécessité d‟un développement humain durable en inventant un nouveau
concept-miracle, la sécurité humaine: “
Il nous faut définir un nouveau paradigme du développement
humaindurable, capable de s‟adapter aux nouvelles frontières de la sécurité
humaine.” 125 La définition apportée n‟apporte aucun élément nouveau
comparativement aux rapports précédents du PNUD, au rapport Brundtland, à la
Conférence de Rio.

Simplement, les différents axes sont rééquilibrés: le développement


durable cesse d‟être défini en référence principale à l‟environnement comme cela était

121
CANS R., Deux ans après le sommet de Rio, Le développement durable reste en pointillé, Le Monde, 12 et
13 juin 1994.
122
Roger Cans cite la Grande Bretagne, les Etats-Unis, l‟Indonésie, la Malaisie, le Pakistan, la Chine qui ont
présenté de tels plans à la Commission des Nations Unies pour le Développement Durable qui s‟est réunie à
New York du 17 au 24 mai 1994.
123
La France a réussi, par son implication dans la lutte contre la désertification, à rassembler autour d‟elle un
bon nombre d‟Etats africains confrontés à ce problème.
124
Preuve de son impuissance à résoudre les problèmes qu‟elle soulève? L‟ONU multiplie les rencontres au
sommet, après celles de New York sur les enfants en octobre 1990, de Rio sur l‟environnement et le
développement du 3 au 14 juin 1992, en changeant le titre de la conférence alors que les mêmes questions
reviennent sans cesse: Conférence des Droits de l‟Homme à Vienne du 14 au 25 juin 1993, Conférence sur la
Population au Caire du 15 août au 5 septembre
125
PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 1994, Paris, Economica, 1994, p. 3.
120

perceptible dans les textes et les discours de Rio: cette fois, “le développement humain
durable est axé sur les gens, sur l‟emploi et sur la nature”126.
L‟ONU établit un lien entre la Conférence de Rio et celle de Copenhague
.L‟ONU établit un lien entre la Conférence de Rio et celle de Copenhague en insistant
sur l‟obligation d‟équité entre les générations et au sein d‟une génération pour assurer
la durabilité: “Dans la mesure où l‟équité entre générations doit aller de pair avec
l‟équité au sein d‟une même génération, il se peut que toute stratégie viable de
développement durable impose comme condition préalable une refonte des modèles de
distribution du revenu et de consommation. Il n‟y a aucune raison de privilégier le
partage actuel de l‟héritage commun de l‟humanité entre pays riches et pays
pauvres.”127
La Déclaration finale de la Conférence de Copenhague4 comporte dix
engagements concernant:
 Un environnement économique, politique, social, culturel et juridique
favorisant le développement social;
 L‟élimination de la pauvreté;
 L‟intégration sociale dans le respect de la diversité et de la sécurité;
 L‟égalité entre les hommes et les femmes;
 L‟accès universel à l‟éducation et à la santé;
 Le développement de l‟Afrique et des pays les moins avancés;
 L‟inclusion dans les programmes d‟ajustement structurel d‟objectifs de
développement social;
 L‟accroissement des ressources affectées au développement social;
 Le cadre de coopération internationale pour le développement social.
Pour tenir les engagements de la Déclaration, le Programme d‟action
envisage cinq axes:
 Mettre en place le contexte favorable au développement social, notamment par
la participation de la société civile à l‟élaboration et l‟application des
 Décisions, par le partage des fruits de la croissance, par l‟accès à
l‟enseignement et aux soins;
 Eliminer la pauvreté par des actions sur l‟éducation (accès universel à
l‟éducation de base en l‟an 2000, égaliser le niveau de scolarité des filles et des
garçons en 2005) et sur l‟espérance de vie (la porter à au moins 60 ans dans
tous les pays en 2000);
 Augmenter l‟emploi et réduire le chômage essentiellement par le biais de la
croissance économique;
 Instaurer une société pour tous par l‟intégration;
126
PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 1994, op. cit., p. 4.
127
Idem
121

 Veiller à l‟application de ce programme par un suivi de la coopération


internationale.
Il ressort de cette énumération que la distinction entre objectifs, définis
dans la Déclaration, et moyens, censés être précisés dans le Programme, n‟est pas
clairement établie car le Programme n‟est guère plus précis que la Déclaration.
Parmi les propositions nouvelles de l‟ONU, on peut simplement relever:
 Un pacte “20-20” pour le développement humain: 20% des budgets des pays en
développement seraient consacrés à des objectifs prioritaires de développement
 humain sur une période de 10 ans (1995-2005); la part de l‟aide des pays
développés affectée à ces priorités passerait de 7% à 20%. Encore faut-il ajouter
que ce système “20-20” n‟est pas obligatoire mais seulement encouragé.
 Un système mondial de protection sociale au bénéfice des pays les plus pauvres
dont le PNB par habitant est inférieur à 1000 $: financé par un impôt mondial
sur le revenu de 0,1% prélevé sur les pays dont le PNB par habitant est
supérieur à 10 000 $.
4. La Conférence de l’ONU à Berlin sur les changements climatiques.
A la veille de celle-ci, des engagements pour stabiliser l‟émission de gaz
à effet de serre n‟avaient été pris que par un petit nombre de pays. En décembre 1994,
seuls huit pays industrialisés1 avaient accepté de s‟engager à atteindre l‟objectif dit de
Toronto: baisser de 20% entre 1988 et 2005 leurs émissions de CO2.
L‟article 4 de la Convention Cadre sur les Changements de Climats,
portant sur la mise en oeuvre conjointe (Joint Implementation), autorisait les pays à
satisfaire à leurs engagements individuellement ou conjointement: un pays pouvait
incorporer dans ses données nationales le CO2 réduit par un autre pays qui aurait
bénéficié de l‟aide financière du premier. Par cette disposition, les pays du Sud et
beaucoup d‟Organisations Non Gouvernementales craignaient que les pays riches
n‟entreprennent aucune action chez eux.
La Conférence sur les changements climatiques s‟est tenue à Berlin du
28 mars au 7 avril 1995. Elle a d‟abord reconnu que la Convention adoptée à Rio trois
ans auparavant était totalement inadéquate pour réduire les émissions de gaz
carbonique. Mais son apport se résume à affirmer nettement la nécessité d‟adopter...
ultérieurement, à Kyoto en 1997, un protocole définissant la politique de réduction des
émissions de CO2 après l‟an 2000, plus précisément définissant les normes d‟émission
qui devront s‟appliquer en 2005, 2010 et 2020, normes que voulaient absolument
éviter jusqu‟alors les Etats-Unis, le Japon, l‟Australie et la Nouvelle Zélande.

Les Etats-Unis ont dû accepter que la procédure de mise en oeuvre


conjointe soit supprimée; en contrepartie, il sera possible de tenir compte des efforts de
piégeage1 du CO2 par le reboisement pour déterminer les normes de chaque pays.
122

Les pays du tiers-monde ont obtenu que le futur protocole ne comporte


aucun engagement supplémentaire à leur charge.
L‟Allemagne qui accueillait la Conférence a paru faire des propositions
très en avance sur les autres pays, fixant la barre des engagements à hauteur de 25% de
réduction des émissions d‟ici 2005. Or, il s‟avère que la réunification allemande a eu
pour effet de faire apparaître une baisse de 43% des émissions du seul fait des
fermetures d‟usines en ex-RDA, pendant que l‟augmentation se poursuivait en ex-
RFA128.
Le passage d‟un objectif de simple stabilisation des émissions de gaz à
effet de serre à un objectif plus ambitieux de diminution apparaît encore plus
contradictoire avec la poursuite d‟un développement économique inchangé. L‟Agence
Internationale de l‟Energie annonce que quatre pays seulement (Suisse, Luxembourg,
Allemagne et Pays Bas) prévoient d‟avoir maîtrisé leurs émissions de gaz à effet de
serre en l‟an 2000 alors que les autres pays les auront accrues de plus de 10%.129
5. La Conférence de l’ONU à Vienne sur la protection de la couche d’ozone.
Du 5 au 7 décembre 1995, réunie à Vienne, la Conférence de l‟ONU a
essayé d‟élaborer un calendrier pour abandonner l‟utilisation des substances qui
menacent la couche d‟ozone:
 CFC: interdiction de fabrication au 1er janvier 1996 dans les pays industrialisés
et en 2010 dans les pays en développement;
 HCFC: interdiction en 2020 dans les pays industrialisés et gel en 2016 dans les
pays en développement sur la base de l‟année 2015;
 bromure de méthyle: réduction de 25% en 2001, de 50% en 2005 et interdiction
en 2010 dans les pays industrialisés, et gel en 2002 dans les pays en
développement sur la base d‟une moyenne des années 1995-1998.130
La discussion sur les gaz à proscrire et l‟établissement d‟un calendrier
des interdictions progressives a montré encore la bataille politique entre les pays du
Nord et du Sud derrière la façade écologique. Alors que le chlore des CFC et des
HCFC est plus nocif que le brome dans la stratosphère, le calendrier d‟abandon des
CFC s‟est révélé beaucoup plus difficile à établir que celui concernant le bromure de
méthyle parce que ce dernier est un produit surtout utile pour l‟agriculture tropicale
qui ne représente pas un gros marché pour les pays industrialisés.
Lorsque nous esquisserons notre proposition de lier développement
humain durable, qualité de la vie et diminution du temps de travail, il s‟agira pour une
part d‟examiner la mise en oeuvre des préceptes proclamés par l‟ONU mais qui, pour
l‟instant, restent lettre morte parce qu‟elle continue d‟affirmer la nécessité de la
128
CANS R., En dix ans, l’Allemagne veut réduire de 25% l’émission de gaz carbonique, Le Monde, 7 avril
1995
129
Le Monde, 19 juin 1996.
130
CANS R., Pour protéger la couche d’ozone, l’usage d’un gaz pesticide, le bromure de méthyle, sera interdit
en 2010, Le Monde, 9 décembre 1995.
123

croissance économique matérielle au sujet de laquelle il est répété de façon


inconséquente que le dilemme avec les objectifs sociaux et écologiques “n‟a pourtant
pas forcément lieu d‟être”131.
B.L'approche du développement durable par les grandes entreprises
multinationales.
Pendant que les Etats parvenaient difficilement à jeter les bases d'une
négociation mondiale, le monde des entreprises se saisissait du concept de
développement durable pour baliser le terrain et influencer le contenu des discussions.
Regroupé autour de Stephan Schmidheiny, conseiller de Maurice Strong responsable
de la CNUED, le Business Council for Sustainable Development1, composé de
cinquante chefs de grandes entreprises, a mené depuis 1990 une réflexion qui a abouti
à la publication d'un manifeste présenté publiquement à Rio de Janeiro le 29 mai 1992
quelques jours avant l'ouverture de la Conférence de l'ONU.
Cet ouvrage se propose de préciser le contenu d'un développement
durable et de faire connaître les nombreuses actions déjà menées par les industriels
pour préserver l'environnement. Il peut être analysé à la fois comme une tentative
d'adhésion à la démarche du développement durable et comme une tentative
d'édulcoration de cette démarche.
1. L'adhésion au développement durable.
Sans ambiguïté aucune, le B.C.S.D. déclare: “En tant que dirigeants
d'entreprise, nous adhérons au concept de développement durable, celui qui permettra
de répondre aux besoins de l'humanité sans compromettre les chances des générations
futures.”132
On retrouve la définition officielle ainsi que les présupposés de celle-ci:
“Ce concept pose le caractère indissociable de la croissance économique et de la
sauvegarde de l'environnement; la qualité de la vie est aujourd'hui, comme elle le sera
demain, fonction de la capacité de l'humanité à satisfaire ses besoins fondamentaux
sans détruire pour autant cet environnement dont dépend toute existence.”133
Le B.C.S.D. appuie tous les efforts faits pour promouvoir les techniques
efficientes écologiquement, c'est-à-dire associant efficacité technique et moindre
pollution. Il est favorable à l'utilisation des énergies renouvelables. “L'objectif
principal de l'entreprise doit rester la croissance économique; mais nous plaidons que
cet objectif soit désormais atteint par une autre voie.”134
Le progrès devra être mesuré par des critères de qualité autant que de
quantité. Il fait siens le principe du pollueur-payeur et le principe de prévention et
réclame “de nouvelles manières d'utiliser l'énergie, d'exploiter les forêts, de cultiver la

131
PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 1994, op. cit., p. 18.
2. Idem
132
SCHMIDHEINY S. et B.C.S.D., Changer de cap, op. cit., p. 11.
133
Idem
134
SCHMIDHEINY S. et B.C.S.D., Changer de cap, op. cit., p. 20.
124

terre, de protéger les espèces animales et végétales, de gérer la croissance urbaine et la


production industrielle.”135
Enfin il préconise la prise en compte des coûts écologiques dans la
fixation des prix sur le marché et l'élaboration de nouveaux agrégats de comptabilité
nationale desquels seront défalqués non seulement l'usure du capital mais aussi celle
du capital naturel.
La réflexion du B.C.S.D. n'est pas isolée dans le monde patronal
puisque déjà la Chambre Internationale du Commerce et de l'Industrie avait adopté en
1990 à la seconde Conférence de l'Industrie Mondiale sur la Gestion de
l'Environnement et publié en 1991 une Charte pour le développement durable
énonçant 16 principes.136
Cette charte avait été signée par quelques 500 firmes de diverses
nationalités. De plus, dans de nombreux pays, aux Etats-Unis, au Canada, au Japon, en
Australie et en Europe, des organismes professionnels appellent leurs membres à
respecter des codes de bonne conduite à l'égard de l'environnement
2. L'édulcoration du développement durable.
La vision patronale tente d'esquisser une nouvelle éthique vis-à-vis de
l'environnement mais elle manque en partie son but parce qu'elle réduit le concept de
développement durable et qu'elle se livre à un plaidoyer en faveur du libéralisme.
2.1. La réduction du concept.
a) Le développement humain est réduit à celui de l'entreprise.
Le sous-titre du manifeste du B.C.S.D. est évocateur: Réconcilier le
développement de l'entreprise et la protection de l'environnement.
D'une part, la problématique de la prise en compte du seul
environnement prime sur celle de la prise en compte conjointe de l'environnement et
du développement des pauvres.
D'autre part, l'entreprise n'est pas considérée seulement comme un moyen, mais
comme une fin, au même titre que la protection de l'environnement (fortement
présente dans les objectifs affichés) ou la promotion des plus pauvres (largement
absente de ceux-ci).
“La préservation de l'environnement et la prospérité de l'entreprise sont
deux voies vers un même but, le progrès de la civilisation. C'est notre capacité d'agir
pour que ces voies se croisent et se confondent, c'est la vitesse que nous saurons
imprimer au processus qui nous permettront de concrétiser cette ambitieuse visée: un
développement durable. (...) Nous sommes convaincus que la propension de l'homme à
acheter, à vendre, à produire peut constituer un moteur de l'évolution. L'entreprise a

135
SCHMIDHEINY S. et B.C.S.D., Changer de cap, op. cit., p. 20.
136
Pour une présentation, BERIOT L., La Charte pour le développement durable, Seize principes pour un
nouveau modèle économique, Futuribles, n° 163, mars 1992, p. 66-75.
125

contribué à créer une bonne part de la richesse actuelle du monde. Elle contribuera
sans nul doute à garantir l'avenir de la planète.”137
Cette citation montre que la réduction du développement de l'homme à
celui de l'entreprise a pour corollaire la prétendue nature humaine marchande, elle-
même justificatrice des analyses en termes d'homo oeconomicus. De plus, nous
pouvons remarquer l'ordre de présentation de cette trilogie: d'abord acheter et vendre
avant de produire; l'économie des hommes serait d'abord une économie de marché
avant d'être une économie de production.
b) Le développement est réduit à la croissance.
En dépit de dénégations répétées concédant la nécessité d'une croissance
économique qualitative, la problématique patronale n'abandonne pas la croyance
qu'une croissance économique forte est nécessaire pour tous les pays du monde. A
aucun moment n'est au moins posée la question: ne faut-il pas envisager une
croissance ralentie pour les pays déjà développés de façon à permettre une croissance
plus rapide pour les pays en développement, l'ensemble étant alors plus supportable
par les écosystèmes? Cette absence témoigne du refus d'envisager le problème de la
répartition des richesses d'une part entre pays riches et pays pauvres, d'autre part au
sein même des pays riches.
Le glissement de sens à propos de la notion de durabilité est manifeste:
(Une croissance durable) est une croissance, en moyenne de l‟ordre de 3% à 4% l‟an,
sans tension inflationniste. Elle seule permet d‟améliorer le bien-être des générations
actuelles et à venir, en élargissant leurs possibilités de consommation.”138
2.2. Le plaidoyer en faveur du libéralisme économique.
a) Des marchés libres et concurrentiels.
La croyance au fonctionnement d'un système de marchés libres et
concurrentiels comme fondement d'un développement durable est explicitement posée
comme un postulat139. A condition que les ressources soient évaluées à leur juste prix,
le marché est le meilleur garant de la minimisation de la pollution et du gaspillage. Les
outils économiques sont considérés dans cette perspective comme les plus efficaces.
b) L'appropriation privée des ressources naturelles.
Aux yeux des membres du B.C.S.D., l'existence d'externalités est due à
l'absence de propriété sur les biens naturels. L'internalisation des coûts sera alors
d'autant mieux réussie que la propriété privée sera favorisée.140

137
SCHMIDHEINY S. et B.C.S.D., Changer de cap, op. cit., p. 21, 35.
138
KESSLER D., Il faut passer d’une économie axée sur le secteur public et social à une économie fondée sur le
secteur productif, Entretien avec Le Monde, 14 février 1996, propos recueillis par A. Faujas.
139
. SCHMIDHEINY S. et B.C.S.D., op. cit., p. 37
140
SCHMIDHEINY S. et B.C.S.D., Changer de cap, op. cit., p. 13.
126

c) Le productivisme.
Selon eux, il convient, pour assurer le potentiel alimentaire des pays
pauvres, de favoriser une forme d'agriculture intensive et d'accentuer la sélection
variétale141, qui constituent pourtant deux graves défauts de l'agriculture moderne.
d) L'insertion dans l'ordre économique mondial.
Avec détermination, le manifeste patronal affirme que les impératifs
écologiques ne doivent pas remettre en cause la marche vers la libéralisation des
échanges internationaux et le démantèlement des protections, notamment celles des
agricultures nationales. “Le GATT ne saurait faire passer les considérations de
sauvegarde de l'environnement avant le souci du libre-échange.”142 Pour éviter que les
règles de bonne concurrence ne soient troublées sous prétexte écologique, il faut créer
une réglementation “de préférence sous les auspices du GATT”143.
On ne saurait mieux préparer la subordination des impératifs écologiques
aux impératifs commerciaux.
Le B.C.S.D. prévient les pays du tiers-monde qui veulent attirer les
investisseurs: “Les principaux éléments générateurs d'un climat attrayant pour les
investissements sont connus et éprouvés: la stabilité macro-économique, la liberté du
marché, le respect du droit de propriété et la stabilité politique. Si ces quatre conditions
ne sont pas en grande partie satisfaites, le développement durable est tout bonnement
impossible. Voilà pourquoi les programmes d'ajustement structurel de la Banque
Mondiale et du FMI doivent être accueillis favorablement; ils augmentent la pression
sur les Etats en faveur de la réalisation des changements voulus.”144
A l'évidence, la volonté de garantir pour toutes les populations
l'autonomie et la maîtrise de leur développement, affirmée par tous les premiers
concepteurs du développement durable et même par l‟ONU est oubliée. En fin de
compte, l'adhésion du monde patronal à la démarche du développement durable n'est
pas convaincante.
Elle reproduit les incohérences de l'approche de l'économie de
l'environnement réduisant la logique de la biosphère à celle de la rentabilité. 145 En
particulier, elle est en contradiction avec elle-même en prônant la prééminence des
marchés alors que la naissance de certains d'entre eux (permis de polluer par exemple)
suppose l'intervention de l'Etat.
Elle est davantage mobilisée par l'occupation d'un nouveau créneau
porteur de marchés d'avenir et de profits potentiels. Le B.C.S.D. affirme, d'un côté,
que les dégradations et les gaspillages doivent être décomptés du PNB, et, de l'autre,
parie sur la croissance de l'éco-industrie: “L'industrie de l'environnement devrait

141
SCHMIDHEINY S. et B.C.S.D., Changer de cap, op. cit., p. 13.
142
Idem
143
Ibidem
144Ibidem
145Nous examinerons les incohérences théoriques de cette approche dans la deuxième partie.
127

devenir l'un des secteurs économiques à la croissance la plus rapide. On évalue déjà le
marché international à 280 milliards de dollars par an, et il pourrait doubler d'ici la fin
de la décennie.
En 1990, la Lyonnaise des Eaux et le groupe Dumez ont fusionné pour
former une entreprise vouée à la gestion de l'environnement sans égale dans le monde.
Berzelius Umwelt Service a été la première société allemande cotée en bourse à se
consacrer exclusivement à la protection de l'environnement; elle vise à tirer parti du
resserrement des réglementations sur l'élimination des déchets et de la baisse de
capacité des décharges. Le gouvernement japonais considère que la technologie de
l'environnement va devenir une industrie de croissance, et les sociétés nipponnes sont
déterminées à récolter les fruits de cette évolution en étant prêtes au bon moment.”146
L'avertissement de René Passet apparaît alors véritablement
prémonitoire:
“L'idéal n'est pas qu'une moitié des activités économiques allège ses coûts en polluant
le milieu pour que l'autre moitié réalise des profits en le dépolluant.”147
2.2.2.3. L'approche du développement durable par les Organisations
Non Gouvernementales.

Si le Rapport Brundtland, la CNUED, la déclaration du B.C.S.D. furent


l'expression des pouvoirs établis dans le monde, pouvoirs des Etats et pouvoirs
économiques, l'intervention des O.N.G. marqua l'irruption de la société civile dans un
débat jusque-là confiné aux cercles politiques et financiers148.
Deux temps forts doivent être mentionnés à propos de la tentative de
théorisation du développement durable à partir de la pratique menée sur le terrain par
de multiples associations agissant soit pour défendre l'environnement, soit pour aider
les populations à s'assurer un développement économique au quotidien, souvent les
deux à la fois: le premier est la Conférence des O.N.G. de Paris (A), le second est le
Forum Global de Rio de Janeiro (B).
A.La Conférence des O.N.G. à Paris en décembre 1991.
Par nature, les O.N.G. engagées dans le monde entier, insérées dans des
tissus associatifs multiples, n'avaient pas vocation à fédérer leur action et à unifier leur
réflexion spontanément. Pourtant, la Conférence de Paris, que le gouvernement
français eut l'idée de proposer pour préparer la CNUED de Rio, leur en fournit une
première occasion.
La teneur des discussions et des documents proposés ou adoptés fait
apparaître un paradoxe et des analyses assez radicales.

146
SCHMIDHEINY S. et B.C.S.D., Changer de cap, op. cit., p. 117.
147
PASSET R., Les approches économiques de l'environnement, op. cit., p. 54.
148
. Sachs confirme ce point: “l‟émergence de la société civile sur la scène politique”, dans L’écodéveloppement,
op cit., p. 17.
128

1. Un paradoxe.
Les O.N.G. n'échappent pas totalement aux dilemmes que connaissent les
débats des instances plus officielles. Les différents comités de coordination des O.N.G.
chargés de préparer la Conférence ont été partagés entre, d‟une part, la défense de
l'environnement au sein du modèle de développement occidental sur la base, grosso
modo, du Rapport Brundtland, et d‟autre part la critique radicale de ce modèle.
Les O.N.G. des pays développés ont eu plus de difficulté à joindre les impératifs
environnementalistes et développementistes.
Les O.N.G., très attentives aux risques d'épuisement des ressources de la
planète, ont cependant gardé une sensibilité pour refuser la pression qui s'exerce sur les
pays du tiers-monde afin qu'ils limitent leur croissance démographique, retrouvant des
arguments qui semblaient abandonnés et qui sont contradictoires avec l‟attention
rappelée plus haut.
2. Des analyses assez radicales.
Elles furent très influencées par les thèses de l'Indien écologue et
écologiste Anil Agarwal1 et du Centre pour la Science et l'Environnement (CSE) qu'il
a créé à New Delhi en premier lieu pour évaluer les contributions respectives des pays
au phénomène de l‟effet de serre. Elles furent ensuite mises en forme dans l'Agenda Ya
Wananchi, dont la traduction signifie Les racines du futur.
Elles posent avec insistance le problème de la reconnaissance de
l‟existence de biens collectifs planétaires, qu‟Alain Lipietz appelle les nouveaux biens
communaux (“global commons”)149, et de leur affectation internationale.
2.1. Une méthode d’évaluation.
Agarwal 150 réfute d‟abord les méthodes d‟évaluation du Groupement
Intergouvernemental sur le Changement de Climat (IPCC) et celles du World
Resources Institute (WRI). Selon lui, les premières intègrent les conséquences des
émissions futures de gaz à effet de serre mais ont le défaut de ne pas tenir compte des
émissions passées et donc d‟atténuer la responsabilité des pays industrialisés. Les
secondes ne s‟intéressent qu‟aux émissions présentes.
Agarwal et le CSE proposent de prendre en compte les émissions passées
présentes et à venir. Alors que les premières évaluations attribuent 49,3% de la
responsabilité des émissions aux pays développés et 50,7% aux pays en
développement, les secondes respectivement entre 52,6% et 55% pour les uns et entre
47,4% et 45% pour les autres selon les échelles de temps retenues, Agarwal et le CSE
les évaluent à respectivement 67% et 33%.151

149
. LIPIETZ A., Berlin, Bagdad, Rio, Paris, Quai Voltaire, 1992, p. 107.
150
. AGARWAL A., Pour un juste calcul des responsabilités, La Recherche, vol. 23, n° 243, mai 1992, p. 610-
151
AGARWAL A., Pour un juste calcul des responsabilités, op. cit., p. 612.
129

2.2. Des propositions.


a) Paiement d'indemnités du Nord envers le Sud pour l'utilisation des
ressources biologiques et du savoir fournis par les pays pauvres, en contrepartie de la
protection dont bénéficient les brevets des pays industrialisés: “Quelles royalties ont
reçu les Indiens natifs d'Amérique pour le savoir qu'ils ont donné au monde sur le
caoutchouc, la quinine, le chocolat, le curare, les patates, les tomates, les avocats, le
tabac et le maïs?”
Cette prise en compte ne doit pas se limiter au passé car l‟industrie pharmaceutique
s‟intéresse de plus en plus aux substances végétales dont une grande partie provient du
milieu tropical.
b) Attribution à tous les pays de droits de polluer en proportion de la
population et non en proportion de la situation existante ou acquise: ainsi est
condamnée la proposition visant à diminuer l'émission de gaz à effet de serre d'un
certain pourcentage. La création d'un marché d'échange des droits de polluer ne serait
équitable qu‟à cette condition.
Pour tenir compte de la croissance démographique inégale, et pour ne
pas donner une prime à celle-ci, les quotas nationaux seraient gelés à la date de
l'accord international.
Dans son Rapport 1994, l‟ONU donne quelque crédit à cette proposition
puisqu‟elle déclare: “Si l‟environnement faisait l‟objet d‟une tarification correcte et si
des permis de polluer négociables étaient distribués à tous les pays (50% sur la base du
PIB et 50% sur la base de la population), il se pourrait que les nations riches aient à
transférer jusqu‟à 5% de leur PIB consolidé aux nations pauvres.”152
c) Mise en place d'une autorité mondiale de l'environnement sur le modèle
d'une cour de justice indépendante des Etats à laquelle est attaché un nouveau concept
de citoyenneté: citoyen appartenant à une communauté locale et nationale et en même
temps à un globe commun.
d) Programme pour le droit à la survie de tous fondé sur un revenu de survie
garanti internationalement dont le coût est estimé de 30 à 40 milliards de $ par an. “En
comparaison avec les 1000 milliards de dollars de dépenses militaires faites dans le
monde chaque année, et en comparaison avec les avantages du désarmement attendu
simplement en Europe, une telle somme est extrêmement petite.”153
Prélevée sous forme d'impôt mondial, cette somme serait considérée comme
le paiement d'un droit de consommer par les pays du Nord. En retour, elle constituerait
pour les populations pauvres “un salaire de survie assurant deux repas par jour”
destiné à favoriser le maintien des populations dans les campagnes “travaillant à la
régénération écologique de leur propre territoire”154.

152
PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 1994, op. cit., p. 19
153
AGARWAL A. et autres, Déclaration pour les droits écologiques universels, op. cit., p. 33
154
AGARWAL A., Faire payer les riches, Entretien avec Les Réalités de l‟écologie, n° 50, février 1994, propos
recueillis par F. Nicolino.
130

e) Renforcement d'une vision du monde propre aux pays pauvres: la


perspective de se débarrasser de la pauvreté doit être poursuivie dans la prudence
écologique.
B. Le Forum Global des O.N.G. à Rio de Janeiro en juin 1992.

En réunissant plusieurs milliers de représentants d'environ 2500


associations du monde entier 155 pendant deux semaines du 1 au 14 juin 1992, les
O.N.G. ont gagné un double pari: faire se rencontrer des acteurs fondamentaux des
transformations sociales, et les faire reconnaître comme tels par les Etats regroupés au
sein de l'ONU. Se pose pour elles alors le problème de la poursuite de leur action.
1. L'élaboration de traités.
Trente-six textes sont venus compléter l'Agenda Ya Wananchi. Citons
parmi eux, les textes sur les modèles économiques alternatifs, l'énergie, les banques de
technologie, les traités sur les questions à l'ordre du jour de la CNUED telles que les
climats, la biodiversité, la protection des forêts ou sur celles absentes des débats
officiels, sur le militarisme, le racisme.
2. La reconnaissance officielle.
Pour la première fois, des représentants d'O.N.G. ont été admis autour
de la table de discussions de l'ONU, à côté des membres officiels des délégations
nationales. Ils ont pu y apporter les contributions élaborées dans les rencontres de Paris
et de Rio.
Certes, il ne faut pas surestimer la portée de la voix des sans-voix au sein
d'un organisme international aussi structuré que l'ONU et dans lequel pèsent autant les
grandes puissances. Néanmoins, il est apparu que les rapports de forces au sein de la
communauté des Etats n'ont pas été insensibles au poids des opinions publiques
sensibilisées aux limites du développement de la planète, opinions dont les O.N.G.
sont pour une part l'expression.
3. Les perspectives.
Autant les O.N.G. sont en mesure d'agir localement et même de traduire
publiquement une expression théorisée de cette action, autant elles paraissent
démunies pour en assurer une coordination permanente et la popularisation.
Deux contraintes pèsent fortement:
 La représentation des O.N.G. venant des pays du Nord est encore
disproportionnée par rapport à celles venant des pays du Sud. Cela explique en
partie que leurs débats soient eux aussi traversés, quoique dans une moindre

155
En fait, 750 associations étaient présentes mais certaines étaient déjà des coordinations d‟associations. Parmi
les ONG françaises, figuraient les principales organisations de solidarité internationale (CRID, Solagral,Orcades)
et celles de protection de l‟environnement (France Nature Environnement, Greenpeace). Pour une présentation
synthétique des ONG françaises et mondiales, voir FARDEAU J.M., La galaxie des ONG, Alternatives
économiques, Hors série, n° 17, 3° trimestre 1994, p. 9-10.
131

mesure, par des clivages rappelant ceux de la théorie économique ou des


politiques économiques.
 De par leur nature, les O.N.G. ne possédaient pas jusqu'alors de structures
permanentes de coordination. Leur travail était plus axé sur les micro-
réalisations que sur l'échafaudage de visions planétaires.
 Quelques tentatives de suivi ont été envisagées en 1992 pour les mois et années
à venir sans qu'il soit possible pour l'instant d'en mesurer l'impact156:
 L'Institut International pour le Développement Durable a proposé d'organiser en
1993 à Winnipeg (Canada) une rencontre entre 500 O.N.G. intitulée
 Partenariat pour la planète 1993 sur le thème de la pauvreté.
 La Banque Africaine de Développement s'est engagée à financer une rencontre
des O.N.G. africaines, avec l'appui de la Commission Economique des Nations
Unies pour l'Afrique.
C. Signification de l’irruption de la société civile dans les débats sur l’avenir de
l’humanité.
On ne peut pas seulement mesurer l‟importance de l‟action et de la
réflexion des ONG par la portée de leur interpellation des grandes institutions
mondiales lorsque ces dernières débattent au grand jour de l‟avenir de la planète. Il
faut tenir compte de l‟irréversibilité de cette saisie qui marque une évolution de la
forme et du contenu du débat.
Deux questions fondamentales émergent: l‟une semble faire l‟objet d‟un
consensus de plus en plus fort: elle concerne la nécessité de “penser globalement et
d‟agir localement”157; l‟autre reste encore entière: elle concerne l‟incompatibilité entre
l‟existence d‟un droit international et le principe de la souveraineté nationale qui fait
souvent obstacle au respect du premier; cette question renvoie au type de relations que
peuvent nouer les ONG avec les Etats.158
La préparation de la Conférence de l‟ONU de Copenhague en mars
1995 sur le développement social a permis de vérifier que la reconnaissance des ONG
comme interlocuteurs des organismes officiels avait progressé. D‟appendice marginal
qu‟elles furent à Rio, les ONG sont-elles devenues le porte-parole des citoyens du
monde? Vraisemblablement non, mais elles constituent aujourd‟hui la seule voix, autre
que celle d‟un petit nombre de théoriciens, à exprimer la nécessité d‟imposer “la
primauté du social sur l‟économique”159.

156
SOKONA Y., ONG: rassembler les différences, ENDA-Vivre autrement, numéro bilan, septembre 1992.
157
Selon la formule de René Char reprise par plusieurs auteurs dont SACHS I., Penser globalement, agir
localement, Entretien avec Alternatives économiques, Hors série n° 17, 3° trimestre 1993, p. 41-44, propos
recueillis par P. Frémeaux; ainsi que GINISTY B., Le chômage, fracture d’un modèle de société, Partage, n° 89,
mai 1994 janvier 1995, p. 9.
158 CHESNEAUX J., Les ONG, ferment d’une société civile mondiale?, Transversales Science/ Culture, n° 24,
novembre-décembre 1993, p. 18-19.
159
FAUCON M. représentant des ONG françaises de développement et de solidarité internationale auprès de
l‟ONU), L’enjeu des ONG à Copenhague: Le social doit commander l’économique, Peuples en marche, n° 101,
132

2.2.3.La remise en cause de la définition du développement durable

Pour certains penseurs, la notion de développement durable est en elle-


même biaisée parce qu‟elle se base sur le concept de « développement », lui même
sujet à caution. Gilbert Rist par exemple, considère que la notion de développement est
un ethnocentrisme et une croyance occidentale.

Selon lui, lorsque l‟on parle de « développement » (comme lorsqu‟on


évoque les « pays en développement ») on présuppose qu‟il existe une forme de
développement universellement souhaitable. En somme, on part du principe que la
société occidentale, société de consommation, société étatique, industrielle et politique
est la forme de société vers laquelle il faut idéalement tendre.

Or il existe d‟autres formes de sociétés dans le monde, qui ont vécu des
formes de développement différentes : des sociétés agraires basées sur une agriculture
vivrière par exemple, ou encore des sociétés non-étatiques et autonomes.

Le terme « développement durable » porte donc en lui cette connotation,


et surtout il dénote un impensé d‟autres formes de vie que celles établies par la société
capitaliste occidentale.

Les penseurs de la décroissance remettent également en cause la notion


de développement durable, dans le sens où celle-ci est souvent associée à la croissance
économique. En effet, la définition du développement durable comprend une
dimension de développement (de croissance) économique. Or pour les penseurs de la
décroissance, la croissance économique ne peut pas en soit être un phénomène durable.

En effet, comment peut-on espérer une croissance durable (donc infinie)


dans un monde où les ressources ne sont pas illimitées ? Comment produire toujours
plus sur une planète limitée ? Voilà autant de raisons de questionner la définition du
développement durable.

2.2.4.Le développement durable : exemples pratiques

Aujourd‟hui, la pensée du développement durable commence à se


traduire dans la réalité par des changements de pratiques. Il existe donc de nombreux
133

exemples d‟actions ou de mises en pratique qui peuvent correspondre à la définition du


développement durable.

2.2.4.1.Développement durable : la transition écologique et solidaire


des sociétés

L‟un des exemples les plus communs du « développement durable » en


pratique sont les politiques mises en place par les gouvernements pour prendre en
compte les problématiques environnementales et sociales.

De nombreux pays sont aujourd‟hui en train de prendre conscience que


s‟ils veulent exister et se développer sur le long terme, ils doivent préserver leurs
espaces naturels, leurs ressources, mais également fonder une société plus juste et plus
égalitaire. En France, cette prise de conscience s‟est traduite par le développement
progressif d‟une certaine politique de « développement durable ».

Dans les années 1970, la France a créé pour la première fois son
Ministère de l‟Environnement, chargé de la protection des écosystèmes et des
ressources naturelles. Depuis, ce ministère s‟est transformé pour devenir aujourd‟hui le
Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, chargé à la fois de mettre en oeuvre
les politiques écologiques et en partie les politiques sociales du pays.

Parmi les exemples concrets de politique liées au développement durable


mis en place en France, on peut citer notamment :

 La transition énergétique, qui vise à transformer la manière dont nous


produisons de l‟énergie pour la rendre plus durable, notamment en utilisant les
énergies renouvelables
 La politique de protection de la biodiversité, qui vise à protéger certaines
espèces et certains espaces afin d‟éviter la disparition d‟espèces menacées par
exemple
 La politique d‟économie circulaire, qui vise à maximiser le recyclage des
matériaux et à optimiser l‟utilisation des ressources, tout en limitant les déchets.
 Le grand plan de rénovation des logements et d‟efficacité énergétique qui vise à
mieux isoler les logements français afin de réduire nos consommations
énergétiques
 Les différents plans de régulation de l‟usage des pesticides et des substances
chimiques, qui ont pour objectif de réduire les pollutions ou les phénomènes
comme l‟acidification des océans.
134

2.2.4.2.Le développement durable : essentiel aujourd’hui

Dans les années 70, un grand nombre d‟experts et de scientifiques tirent


la sonnette d‟alarme quant à l‟impact de l‟activité des hommes sur la planète. Depuis
la révolution industrielle, notre société a connu un développement sans précédent,
mais sans véritablement en mesurer les conséquences de l‟évolution de son mode de
vie. À cela se sont ajoutés :

 L‟accélération des échanges avec le reste du monde (la mondialisation) ;


 L‟accroissement des inégalités entre pays riches et pays pauvres ;
 Les prévisions de croissance démographiques qui visent à 9 milliards
d‟habitants sur la planète d‟ici 2050.

Mais comment assurer demain un accès à l‟alimentation et à l‟eau potable,


à la santé et à l‟éducation pour tous ? Comment assurer la protection de la biodiversité
et lutter contre le changement climatique ?

C‟est pourquoi il est urgent de trouver un nouveau modèle : le


développement durable.

Le développement durable fait l‟objet d‟une attention de plus en plus


importante : pensons par exemple aux nombreux articles consacrés aux pollutions
engendrées par l‟activités des grande firmes, la pollution atmosphérique, aux
problèmes de mobilité, aux milieux naturels, au réchauffement climatique de la
planète, … Chacun peut tirer profit d‟une politique de développement durable et
chacun peut facilement y contribuer.

Section 3. Les indicateurs, les principes et les piliers du développement


durable
3.1.Les indicateurs du développement durable pourquoi utiliser les
indicateurs
 Sensibilisation des décideurs et au public des valeurs économiques,
environnementales et sociales.
 Evaluer les implications à long terme des décisions et des comportements
actuels.
 Suivre les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement
durable, en mesurant les conditions de départ et les tendances ultérieures.
3.1.1. Empreinte écologique (indicateur général)
Cet indicateur a été inventé au début des années 1990 par Mathis
Wackernagel et William Rees, deux chercheurs américains. Il a ensuite été
popularisé par l‟association mondiale WWF (World Wide Fund for Nature).
135

L'empreinte écologique est un indicateur qui sert à mesurer l‟impact des activités
humaines sur l'environnement. Cet outil permet d‟évaluer la consommation humaine
des ressources naturelles et la capacité de ces ressources à se régénérer.
Concrètement, cet indicateur mesure la surface totale requise pour
produire les besoins d‟une personne, une activité, une ville ou un pays (nourriture,
vêtements, énergie, logements etc.) et pour absorber les déchets générés.
La planète comporte des parties productives en ressources naturelles biologiques qui
sont directement exploitables par l‟Homme (par exemple, les forêts, les pâturages,
etc.) et d‟autres qui ne sont pas productives (par exemple, les déserts, les calottes
glaciaires, etc.) ou qui ne sont pas directement exploitables (comme le fond des
océans). Les parties productives sont appelées « surface biologiquement productive
», « surface bioproductive » ou encore « biocapacité » de la Terre.
Elles comprennent six types de surfaces :
 Les forêts : pour produire le bois que nous utilisons pour construire,
pour nous chauffer ou encore produire du papier, etc.
 Les pâturages : pour élever le bétail qui nous fournira de la viande, de la
laine, du lait, etc.
 Les terres cultivées : pour cultiver les plantes qui serviront à notre
alimentation et à celle du bétail ou qui seront transformées en huiles ou
en fibres (comme le coton, le lin etc.)
 Les surfaces maritimes : pour produire les poissons et les fruits de mer
que nous consommons
 Les terrains bâtis : pour construire les logements, routes et
infrastructures, etc.
 Les surfaces énergie : surfaces équivalentes aux surfaces forestières
nécessaires pour absorber les émissions de CO2 produites par
l‟utilisation des combustibles fossiles.
Selon les calculs effectués en 2007, seulement 21 % de la surface
terrestre est de la surface bioproductive exploitable par l‟Homme, c‟est-à-dire 11,9
milliards hag (hectare global).
Si on divise cette surface bioproductive par le nombre d’habitants de
la Terre, on arrive au chiffre 1,8.
Ce qui signifie que chaque être humain avait droit à 1,8 hectare par an
pour manger, se vêtir, se loger, se chauffer, se déplacer et absorber les émissions
provenant de sa consommation d‟énergie.
Si nous voulons vivre de manière durable, notre empreinte écologique
ne peut pas dépasser la surface bioproductive disponible. C‟est-à-dire qu‟en 2007,
l‟empreinte écologique moyenne de chaque habitant sur Terre devait, donc, se situer
en dessous de 1,8 hectare.
136

Exemple : Pour déterminer l‟empreinte écologique utilisée


effectivement par un individu, il faut transformer tout ce que cet individu consomme
en équivalent de surface bioproductive, c‟est à dire, la quantité de surface qu‟il a fallu
pour produire les biens qu‟il consomme.
Comme exemple : pour produire 1 kilo de viande, il faut :
• 10 m2 de pâturage pour le bétail,
• 11 m2 de surfaces cultivées (pour produire la nourriture du bétail),
• 2,4 m2 de surfaces bâties (pour les étables, etc.)
• 21 m2 de surfaces énergie nécessaires pour absorber le CO2 émis pour le transport de
la viande, etc).
Tous les pays n‟exercent pas la même pression sur la planète.
L‟empreinte écologique totale d‟un pays est déterminée par l‟empreinte moyenne de
chacun de ses habitants et par la taille de sa population.
Actuellement évaluée à 2,5 hag par habitant en moyenne, l'empreinte
écologique totale de l'Homme est comparée à la superficie biologiquement productive
de la Terre (25%), mais cette consommation n‟est pas répartie équitablement
(L‟empreinte moyenne d‟un Belge est de 5,1 hag.
Un Américain consomme 9,2 hag, tandis qu‟un Africain en consomme
seulement 1,4 par an).
Remarque : il s‟agit de moyennes. N‟oublions pas qu‟à l‟intérieur d‟un
même pays, l‟empreinte écologique de chaque individu peut varier fortement en
fonction de son mode de vie et de ses habitudes de consommation.
De grandes différences existent entre les pays. Il faut savoir que depuis
1976, nous consommons plus que ce que la Terre peut produire et le niveau de
développement actuel n'est pas durable. Pourquoi utiliser l‟Hectare global.
Les terres cultivées, forêts, prairies et zones de pêches n‟ont pas la même
bioproductivité. Afin de pouvoir comparer directement l‟offre et la demande,
autrement dit l‟empreinte écologique de l‟humanité et la biocapacité, ainsi que pour
permettre d‟additionner les surfaces entre elles, la méthode a recours à une unité de
mesure commune : les hectares globaux.
Un hectare global est un hectare d‟espace biologiquement productif, avec
une productivité mondiale moyenne. Les différents types de surface ont en effet des
bioproductivités variables : un hectare de terre arable produira en une année plus de
biomasse qu‟un hectare de pâturage.
Pour pouvoir exprimer les résultats en hectares globaux, les calculs
normalisent les surfaces bioproductives pour prendre en compte les différences de
productivité entre terre et mer. pour convertir les différents types de surfaces réelles en
leurs équivalents d‟hectares globaux, on utilise des facteurs d‟équivalence et des
facteurs de rendements.
137

3.1.2.Taux de croissance du PIB par habitant


Cet indicateur est présenté par l‟évaluation du Produit Intérieur Brut (PIB),
obtenu en faisant un agrégat de plusieurs comptes nationaux et il mesure la valeur
totale de la production interne de biens et services dans un pays donné au cours d'une
année donnée.
C‟est l‟indicateur le plus répandu pour calculer la richesse économique
d'un état, mais reste un outil inadéquat pour mesurer le progrès social ou le bonheur.
En effet, le PIB est une somme des produits et services achetés et vendus sans
considérer comment ces biens affectent le bien-être.
3.1.3.Indicateur de développement humain (IDH)
Créé par le Programme des Nations unies pour le développement
(PNUD), l‟IDH est un indicateur composite qui mesure l‟évolution d‟un pays selon
trois critères de base du développement humain
3.1.4. Indice de la planète heureuse (IPH)
Le Happy Planet Index, ou l'indice de la planète heureuse (IPH), est un
des plus récents indicateurs agrégés internationaux à être apparu dans le domaine du
calcul du progrès social.
Selon les auteurs, l'objectif de la société doit être de permettre à ses
citoyens d'atteindre le bonheur, or les indicateurs existants les plus répandus ne
mesurent pas ce bonheur. Ils critiquent le produit intérieur brut (PIB) et l'Indice de
développement humain car ils ne mesurent pas cet objectif qu'est le bonheur.
Cet indicateur présente une logique importante : ce bonheur doit être
fait avec le plus petit impact environnemental possible, afin que les générations
futures puissent également atteindre leur bonheur.
L'espérance de vie est tirée de l'Indice de développement humain du
Programme de Nations unies pour le développement et, selon l'IPH, le score idéal à
atteindre pour l'espérance de vie est de 85 ans
La mesure de la satisfaction de la vie est extraite des résultats du
sondage mondial de Gallup et de la World Values Surveyl.
Les données de l'empreinte écologique découlent du Living Planet Report du Fonds
mondial pour la nature alfa et Beta : constantes
3.1.5.Indice de Bien-être (lB)
Selon Prescott-Allen, le développement durable est une combinaison de
bien-être humain et de l'écosystème. Il définit le bien-être humain comme suit:
« Une société est dans un état de bien-être quand tous ses membres sont capables de
déterminer et de satisfaire leurs besoins et ont à leur disposition un vaste éventail de
choix pour réaliser tout leur potentiel »
Egalement, il affirme qu'un écosystème est dans un « état de bien-être
quand il est capable de garder sa diversité et sa qualité et par conséquent sa capacité de
subvenir aux besoins de la population et de tout ce qui vit, de s'adapter au changement
et d'offrir une vaste gamme de choix et de possibilités pour l' avenir».
138

Cet indicateur exige un bien-être de l‟ecosystème, car ce dernier : "est le


pilier de la vie et rend possible n'importe quel niveau de vie"
Pour le calcul de l'indice de bien-être (IB), on calcule séparément un
indice pour le bien-être humain (IBH) et un indice pour le bien-être écologique
(lBE).
L'IBH est la moyenne des indices de
 La santé et de la population,
 La richesse,
 Le savoir,
 L'équité sociale
L’IBE est la moyenne des indices des
 Indices des terres,
 L'eau,
 L'air,
 Les espèces et les gènes,
 L'utilisation des ressources naturelles
3.1.6. Indicateur de performance environnementale (IPE)
Cet indicateur permet de mesurer la performance d‟un pays d‟un point
de vue écologique. Tout comme le PIB en économie, l‟IPE donne une idée générale
des actions environnementales d‟un pays.
Cet indice a été créé en 2006 par les grandes universités américaines de
Yale et Columbia. Chaque pays reçoit une note entre 0 et 100, 100 étant le meilleur
score, selon différents critères et statistiques. IPE est basé sur deux objectifs généraux
 Réduire les stresses environnementaux sur la population humaine,
 Faire la promotion de la vitalité écologique et la gestion judicieuse des
ressources naturelles.
L‟indice de performance environnementale se fonde sur 24 critères, divisés en
6 grandes catégories.
Les six catégories sont :
 La santé environnementale
 La pollution de l‟air
 Les ressources en eau
 La biodiversité
 Les ressources naturelles
 Le changement climatique
Au fil des années, cet indicateur est élaboré en prenant en compte
l’engagement écologique global d’un pays : ses réponses aux problèmes
environnementaux, ses campagnes de sensibilisation, ses mesures préventives, ses
139

projets de déploiement des énergies renouvelables ou bien les subventions proposées à


la population.
En général, les pays riches et développés occupent majoritairement le haut
du classement, puisqu‟ils ont les moyens de financer les solutions écologiques.
3.1.7. Indicateurs par secteur
3.1.7.1 Indicateurs économiques
Il existe plusieurs indicateurs pour le secteur économique citant quelque
uns ci-dessous
 Taux de croissance du PIB par habitant: Mesure la croissance économique
d‟un pays
 L'indicateur des prix à la consommation (IPC): Mesure le niveau d‟inflation
d‟un pays
 Le taux de chômage: Mesure le pourcentage de personnes sans emploi dans la
population active
 Les taux d'intérêts directeurs: Indique les taux auxquels les banques centrales
accordent les crédits
 La balance des paiements: Calcule la différence entre la valeur totale des
encaissements reçus de l‟étranger et la valeur totale des paiements émis à
destination de l‟étranger
 Les rapports de ventes aux détails : mesure les dépenses du consommateur .
3.1.7.2 Indicateurs sociaux
Citant ci dessous quelques indicateurs sociaux :
 L'espérance de vie
 L'évolution de la famille
 La participation de la femme à la vie économique et sociale
 La place faite aux personnes âgées.
 L'évolution de l'emploi
 Le rôle de l'éducation
 Le développement culturel
 L'adaptation au changement
 La mobilité sociale
 L'ouverture de la société au monde extérieur
 Le développement de la solidarité
 L'habitat
 L'organisation de l'espace rural
 Le développement urbain
3.1.7.3 Indicateurs écologiques
Ces indicateurs vont traiter et évaluer plusieurs paramètres écologiques,
citant les plus important
140

 Changement climatique Intensités d'émission de CO2 évaluée par l‟indice


d'émissions de gaz à effet de serre.
 Couche d'ozone Indices de consommation apparente de substances qui
participent à l‟appauvrissement de la couche d'ozone
 Qualité de l'air Intensité d'émission de SOx et de NOx , évaluation de
l‟exposition de la population à la pollution de l'air
 Production de déchets Intensités de production de déchets par l‟évaluation de
l‟intensité de production totale de déchets, Indicateurs dérivés des comptes des
flux de matières
 Qualité de l'eau douce Taux de raccordement aux stations d'épuration et aussi
évaluation de la charge polluante affectant les eaux
 Ressources en eau douce Intensité d'utilisation des ressources en eau
 Ressources forestières Intensité d'utilisation des ressources forestières
Identique
 Ressources halieutiques Intensité d'utilisation des ressources halieutiques
 Ressources énergétiques Intensité énergétique évaluée par l‟indice d'efficacité
énergétique
 Biodiversité Espèces menacées, diversité des espèces et habitats, ou des
écosystèmes; et superficie d'écosystèmes clés.
3.2.Les piliers du développement durable

La notion de développement durable repose sur trois piliers : un aspect


social, un aspect économique, et un aspect environnemental. Ces trois dimensions sont
celles de l‟activité humaine, trois enjeux pour l‟homme et sa survie sur la planète. Le
développement durable a pour défi de les concilier, pour un meilleur équilibre.

3.2.1. Le pilier social ou encore le pilier humain

A ses débuts, le développement durable ne comportait pas de dimension


sociale à proprement parler. Il s‟orientait surtout vers un objectif de préservation de
l‟environnement. Depuis le troisième sommet de la Terre des Nations unies, à Rio de
Janeiro en 1992, on ne peut plus limiter le développement durable à son aspect
environnemental.

Devant une inégalité et une exclusion sociale grandissante, au sein des


pays comme entre pays industrialisés et pays en voie d‟industrialisation, un
engagement doit être pris pour les populations, vis-à-vis de tous les habitants de la
planète. Le développement durable doit permettre aux hommes de répondre à leurs
besoins essentiels de manière équitable.
141

Tous doivent être égaux devant l‟éducation, la santé, l‟habitat, l‟emploi…


Tous les hommes doivent pouvoir répondre à leurs besoins, dans l‟immédiat comme
dans l‟avenir. On parle alors d‟équité entre les générations. Ainsi ,le développement
durable englobe la lutte contre l‟exclusion sociale, l‟accès généralisé aux biens et aux
services, les conditions de travail, l‟amélioration de la formation des salariés et leur
diversité, le développement du commerce équitable et local.

3.2.2.Le pilier économique


L‟ économie est un pilier qui occupe une place prééminente dans notre
société de consommation. La notion de développement durable a grandi autour d‟une
critique de notre modèle économique : la course effrénée à la productivité est
responsable des catastrophes écologiques et sociales que connait notre planète.

Cela ne signifie pas pour autant qu‟il faille en finir avec l‟activité
économique ! L‟objectif du développement durable est bien la création d‟une richesse
économique, qui améliore les conditions de vie de chacun comme de tous, sur le long
terme.

Dans son équilibre avec les dimensions sociale et environnementale, la


dimension économique permet aux hommes de continuer à répondre à leurs besoins,
de manière équitable entre tous et viable sur le long terme.

Le développement durable implique la modification des modes de


production et de consommation en introduisant des actions pour que la croissance
économique ne se fasse pas au détriment de l‟environnement et du social.

3.2.3.Le pilier environnemental

Il s‟agit du pilier le plus connu car le pilier environnemental apparaît


souvent comme le premier enjeu du développement durable. Il est celui qui a motivé
l‟approche à ses prémisses, face à une constatation : plus la croissance économique
progresse, plus le climat se dérègle, plus les ressources naturelles s‟épuisent. L‟objectif
environnemental est celui de la préservation, la protection et la valorisation de la
biodiversité comme des ressources naturelles.

C‟est aussi l‟amélioration de nos modes de vie, de nos techniques de


fabrication, de nos moyens de production… Plus qu‟un simple respect de
l‟environnement, le développement durable tend à créer une vraie relation d‟échange
et de collaboration entre l‟homme et son milieu. Pour des conditions vivables, pour
une relation durable, chacun doit pouvoir s‟enrichir de l‟autre.
142

La gouvernance et la solidarité sont parfois évoqués comme piliers


supplémentaires au développement durable. Ils auraient une action transversale sur les
trois autres valeurs.

En somme, Il s‟agit de rejeter les actes nuisibles à notre planète pour que
notre écosystème, la biodiversité, la faune et la flore puissent être préservées.

3.2.4.Le pilier culturel (la culture et la diversité culturelle)


Depuis le Sommet mondial sur le développement durable de 2002, la
culture est considérée comme une quatrième composante du développement durable.
La culture, dans sa diversité, est une richesse. Il n‟est plus possible de
concevoir un développement durable qui ne respecterait pas la préservation des
libertés et des droits culturels, d‟identités, de savoirs, de langues, de modes et de
rythmes de développement diversifiés.

3.3.Les principes fondamentaux du développement durable

Le développement durable repose sur quatre principes fondamentaux que


l‟on peut compléter par un cinquième :

3.3.1.La responsabilité

La responsabilité s‟exerce à deux niveaux : individuelle et collective.

Les États portent principalement la responsabilité collective. Ce sont eux qui créent
les conditions du développement durable. Pour cela, ils utilisent par exemple les
contraintes environnementales. Par ailleurs, ce sont également eux qui doivent mettre
en application le principe de pollueur-payeur, acté par beaucoup de gouvernements
dans le monde.

Au niveau individuel, nous faisons tous des choix relatifs au


développement durable. Nos décisions vont impacter notre mode de vie, notre foyer,
notre famille. Mais nous avons également une influence selon notre implication dans
la vie collective : professionnelle, associative, sportive, culturelle, politique… Nos
opinions, nos votes, nos comportements peuvent avoir un impact sur les structures
collectives dans lesquelles nous évoluons. Il appartient à chacun de nous de veiller à la
cohérence de nos comportements.

3.3.2.La solidarité

La notion de solidarité pour le développement durable s‟entend


également à plusieurs niveaux. D‟une part, on parle de solidarité entre les peuples.
Que ce soit au niveau local, national, international ou entre les régions du monde,
143

notamment entre les pays développés qui sont souvent des pays du nord et les pays en
développement, souvent des pays du sud.

Mais la solidarité peut aussi s‟entendre entre les générations. En effet,


les générations de demain devront porter les conséquences des choix des générations
d‟hier et d‟aujourd‟hui.

Les décisions prises aujourd‟hui doivent tenir compte des besoins des
générations futures ainsi que de leur droit légitime de vivre dans un environnement
décent.

3.3.4.La participation

Le développement durable nécessite la participation de chaque


individu. Chaque être humain est un citoyen de cette planète. Quelle que soit sa
nationalité, son statut social ou sa profession, chacun peut avoir un impact, à son
niveau, sur la réalisation de projets durables. Pour cette dimension, il faut savoir
qu‟une large participation des individus présuppose des processus d‟information
transparents afin que chacun puisse avoir accès aux informations et décider en
conscience.

3.3.5.La précaution

L‟application du principe de précaution implique d‟être vigilant sur les


conséquences de nos actions.

Si nos décisions entraînent des dommages irréversibles, par exemple


en exploitant des ressources non renouvelables, ou s‟il y a un doute quant à la
réversibilité de ces mesures, alors mieux vaut s‟abstenir. Nous sommes responsables
devant nos enfants des choix que nous faisons aujourd‟hui. Ils impactent le monde
dans lequel ils vivront demain.

Précaution dans les décisions afin de ne pas causer de catastrophes


quand on sait qu‟il existe des risques pour la santé ou l‟environnement. Par exemple :
limiter les émissions de CO2 pour freiner le changement climatique.

3.3.6.La subsidiarité

En politique, la subsidiarité signifie que les décisions doivent être


prises par les échelons administratifs les plus bas possibles. La responsabilité est
également décentralisée de la même manière. Concrètement, cela signifie laisser
144

œuvrer les acteurs de terrain. Ce fonctionnement permet des mesures plus rapides avec
une efficacité accrue.

Section 4. Conditions et enjeux du développement durable


4.1.Les conditions fondamentales du développement durable

Bien que le développement durable vise l'intégration des préoccupations


sociales et environnementales aux décisions à caractère économique, sa mise en
oeuvre nécessite l'adhésion à différents principes généraux que nous pouvons assimiler
à des conditions fondamentales de sa réussite. Celles-ci sont ni plus ni moins que les
grands principes qui règlent la vie en société et les relations entre les États et les
nations. Au nombre de cinq, elles intègrent plusieurs concepts sous-jacents, eux aussi
jugés essentiels à la réalisation du développement durable.

4.1.1. Démocratie

Même s'il ne faut pas absolument lier développement durable et


démocratie, il n'en demeure pas moins que l'idée de développement durable peut
difficilement être véhiculée et appliquée en l'absence de démocratie véritable. En effet,
il apparaît difficile de concevoir comment assurer les besoins présents dans une
perspective d'équité et sans compromettre l'avenir des générations futures si, en toile
de fond, on ne dispose pas des mécanismes et des institutions permettant la
participation de tous. Pour paraphraser la Commission Brundtland, qui a si bien lancé
la réflexion sur ce sujet, le développement durable n'est-il pas l'affaire de tous et
l'avenir de tous?

Ainsi, tout individu, d'où qu'il soit, peut légitimement aspirer à un air et
à une eau de qualité, à une nourriture suffisante, à un toit confortable, à un travail
gratifiant, tout cela dans une atmosphère de paix et de respect de la différence et de la
diversité. En parallèle, il doit pouvoir assurer la protection et la survie de son
patrimoine, tant naturel que culturel.

Bref, tout être humain jouit d'un droit fondamental à un cadre de vie de
qualité et à un environnement sain. Par démocratie, il faut entendre le respect, non
seulement des droits individuels, mais aussi des droits collectifs, en particulier ceux
des femmes et des premiers peuples, de participer activement et pleinement à la quête
d'un développement durable.
145

4.1. 2. Autonomie

Si le développement durable doit se réaliser dans un contexte


démocratique, il est aussi nécessaire, dans cette démarche, de respecter l'autonomie des
États, des peuples et des ethnies dans leurs choix de développement. Cela ne signifie
pas pour autant que les États doivent fonctionner en vase clos. Au contraire, ils doivent
adopter une vision globale du développement et de sa planification, en participant
activement aux forums et processus à caractère international où sont déterminés de
façon concertée les grands objectifs communs de développement durable.

Cela n'exclut pas, non plus, l'établissement de normes environnementales


communes à l'échelle internationale, bien que chaque État puisse se doter de normes
nationales qui respecteront les grands objectifs communs. Il importe, à cet égard, de
respecter un principe selon lequel la protection de l'environnement constitue pour les
États une responsabilité commune mais différenciée, dans la mesure où l'élaboration et
l'application de ces normes par les pays moins développés respecte, à la fois, leur
capacité et leurs limites d'intervenir et d'assumer les coûts afférents, et leurs
responsabilités à l'endroit d'un problème environnemental.

En parallèle, il faut reconnaître qu'il existe, dans ces pays, un potentiel


certain de compétence et de savoir-faire qui demeure souvent peu exploité en l'absence
de structures de soutien appropriées. Interviennent dès lors les besoins accrus
d'entraide, de coopération et de transfert du savoir et de « technologies propres »,
éléments qui découlent directement de cette interdépendance des pays dans la mise en
oeuvre d'un développement durable.

4.1.3. Équité

La notion d'équité est au coeur de toute la question du développement


durable. Cette notion repose à la base sur la reconnaissance du caractère mondial et
commun de l'environnement planétaire et sur la nécessité d'en partager les ressources
dans une perspective de pérennité. En matière de développement durable, la question
de l'équité doit être transposée à trois niveaux. En effet, il faut viser à établir l'équité au
sein des populations ou États, entre les populations ou États et entre les générations.

L'objectif d'équité à l'intérieur même d'une population ou d'un État est


essentiellement de combler les besoins de tous et d'améliorer la qualité de vie par le
biais d'une meilleure répartition de la richesse. Quoi qu'on en pense souvent, cet
objectif ne concerne pas uniquement les pays les plus démunis, mais aussi les sociétés
occidentales, où les disparités ont eu tendance à s'accroître au cours de la dernière
décennie.
146

À un autre niveau, les effets néfastes du sous-développement et les


disparités évidentes entre les pays développés et ceux qui le sont moins, montrent que
le développement durable ne peut se réaliser sans une réduction des écarts entre les
pays riches et les pays pauvres, donc sans une lutte acharnée à la pauvreté. C'est
d'ailleurs en ce sens que le développement durable ne peut être abordé uniquement
dans sa perspective environnementale, surtout dans les pays du Sud, où il doit être
atteint par l'accélération du développement.

Enfin, l'un des plus grands défis du développement durable demeure sans
doute cet objectif d'équité entre les générations. Dans les termes de la Stratégie pour
l'Avenir de la Vie :

Chaque génération devrait avoir à coeur de laisser derrière soi un monde


au moins aussi riche et productif que celui dont elle a hérité. Le développement d'une
société ou d'une génération ne doit pas s'exercer au détriment de celui des autres
sociétés ou générations.

Encore à ce niveau, certains choix de développement devront être faits,


choix qui exigeront bien souvent de nouvelles approches, ainsi que des attitudes et des
comportements différents.

4.1.4. Interdépendance

Découlant de la notion d'équité, la notion d'interdépendance devient une


autre condition fondamentale du développement durable dans la mesure où l'intérêt
commun ne peut être respecté que par le biais de la coopération internationale. Avec
l'industrialisation, l'amélioration des capacités techniques et la mondialisation des
échanges et du commerce, l'interdépendance, même locale, n'a fait que s'accentuer,
entraînant son lot de problèmes, comme la perte de droits traditionnels sur certaines
ressources et la poussée de la production commerciale, sinon industrielle, avec en
corollaire une réduction du pouvoir décisionnel des communautés locales et des
individus.

Mais, l'interdépendance déborde de son cadre local et régional pour


prendre aujourd'hui un caractère mondial, particulièrement en regard des problèmes
environnementaux qui affectent la biosphère.

Cette interdépendance des individus et des collectivités exige au départ la


reconnaissance de l'intérêt commun face à l'environnement, pour que chaque décision
et chaque action soient mises de l'avant en toute connaissance de ses répercussions sur
l'environnement et le mieux-être d'autrui. Plus que toute autre chose, l'interdépendance
repose sur la capacité d'entraide et de coopération à tous les niveaux d'intervention, de
147

l'échelle locale à l'échelle internationale. Bien que la coopération internationale dans le


domaine de l'environnement se soit accentuée au cours de la dernière décennie, il
demeure que plusieurs aspects doivent encore être réexaminés et réorientés dans
l'optique du développement durable.

4.1.5. Imputabilité et responsabilisation

L'intérêt qu'ont tous et chacun de préserver l'environnement et d‟en faire


une utilisation durable fait, qu'au départ, tous les États ont la responsabilité de
préserver et de restaurer l'environnement et de se développer en conséquence, sans
faire de tort à leur propre environnement et à celui d'autrui. Ils doivent donc tous
participer activement et être solidaires dans cette cause.

Par ailleurs, la notion d'équité, selon qu'elle s'applique aux pays et aux
nations ou aux générations et aux individus, suggère que les responsabilités de chacun
peuvent être différentes et complémentaires, en fonction des besoins propres à chacun.
Ainsi, ces responsabilités pourront varier proportionnellement à l'ampleur des
préjudices à l'environnement et selon les capacités de chacun d‟intervenir et de limiter
ces atteintes.

D'autre part, dans le contexte de la mondialisation des échanges et des


problèmes d'environnement, il est primordial que l'on puisse lier les bénéfices
économiques et les répercussions environnementales d'une activité commerciale
donnée, de sorte que les responsabilités de chaque intervenant soient reconnues, c'est-
à-dire que chacun soit imputable de ses actions.

Certains ont soutenu que la question de l'imputabilité et, par le fait


même, de la responsabilisation de tous et chacun, peut assurer une certaine
redistribution des bénéfices dans la mesure où des compensations peuvent être
établies, par exemple pour l'usage des ressources naturelles ou pour les impacts subis
par l'environnement. C'est peut-être par une telle voie que les pays plus nantis peuvent
davantage contribuer au développement durable des pays moins nantis et prendre une
part active dans la résolution des problèmes d'environnement.

La responsabilité collective et individuelle de gérer durablement


l'environnement et les ressources naturelles doit tenir compte à la fois des générations
actuelles et des générations futures. Privilégier la responsabilisation des intervenants,
c'est en même temps encourager le principe d'intendance, c'est-à-dire compter sur un
représentant des générations actuelles et futures qui agit comme le « gardien » des
ressources naturelles et de l'environnement.
148

4.2.Les enjeux du développement durable

4.2.1.Les trois enjeux traditionnels du développement durable : économie,


environnement et société

Traditionnellement, les enjeux du développement durable sont répartis en


trois catégories, conformément à la définition du développement durable, élaborée en
1987 dans le Rapport Bruntland. Il y a l‟économie, l‟environnement, et la société. On
dit alors qu‟un développement durable est une manière de vivre qui nous permette de
concilier à la fois des objectifs de performance économique, des ambitions de
protection et de préservation de l‟environnement et un développement social commun
positif.

Si cette vision a permis pendant de nombreuses années de penser


l‟évolution de nos sociétés de façon un peu plus durable, il semble qu‟elle ne permette
plus aujourd‟hui de rendre compte de façon précise et pertinente des enjeux de
développement durable auxquels font face les sociétés modernes. Au fur et à mesure
que nos connaissances du monde se développent, nous avons pris conscience que ces
trois dimensions (économiques, sociales et environnementales) étaient en fait
imbriquées en permanence, toujours en interrelation complexe.

Ainsi, on sait aujourd‟hui que la protection de la planète n‟est pas


distincte de notre équilibre économique : la performance de nos entreprises et leur
capacité à assurer nos besoins dépend directement de notre capacité à préserver les
ressources et les écosystèmes. De la même façon, notre environnement influence des
aspects sociaux de nos vies, comme la santé, les inégalités ou l‟exclusion. La
séparation entre l‟économique, l‟environnemental et le social semble aujourd‟hui
perdre de son sens. Alors, comment comprendre les enjeux du développement durable
en allant un peu plus loin que cette typologie ?

4.2.2.Les enjeux du développement durable : une seconde approche

Les enjeux du développement durable se retrouvent en fait dans tous les


aspects de nos vies : la façon dont nous consommons, donc nous agissons au quotidien
pour préserver notre santé, les ressources que nous utilisons au quotidien nous nous
chauffer, nous éclairer, nous nourrir. Ils sont aussi au coeur de la façon dont nous
concevons notre vie en communauté : nos institutions et la façon dont nous participons
à la vie politique et démocratique, les choix politiques, culturels et sociaux que nous
nous imposons collectivement.

Mais aussi notre modèle de répartition des richesses, de fiscalité, notre


système juridique. En bref, les enjeux du développement durable sont partout à la fois.
149

Impossible de les synthétiser et de les résumer d‟une façon parfaitement exhaustive, et


pourtant, pour les comprendre, il est nécessaire de savoir identifier les grands enjeux
qui sont au coeur de cette complexité.

Une approche pourrait être de regrouper ces enjeux par thématiques : le


réchauffement climatique, la démocratie, la préservation de la biodiversité, la
transition énergétique, les transformations agricoles. Ainsi, on pourrait aboutir à une
liste d‟enjeux plus simples à comprendre et proposer pour chacun de ces enjeux des
actions, des changements, des modèles nouveaux, afin de peut-être trouver des
solutions.

Parmi ces enjeux, voici sans doute les plus importants :

 Changements climatiques et atmosphériques


 Biodiversité et écosystèmes
 Transition agricole et alimentaire
 Transition énergétique
 Mobilité durable
 Innovations durables et responsables
 Préservation de la santé
 Bien-être et qualité de vie
 Égalité et droits humains
 Lutte contre la pauvreté et l‟exclusion
 Répartition des richesses
 Transparence et démocratie
 Consommation responsable
 Réduction des déchets et des gaspillages
 Modèles économiques alternatifs

4.2.3.Regard sur les objectifs de développement durable


Le 25 septembre 2015, à l‟occasion de la 70ième Assemblée générale des
Nations unies, les 193 États membres de l‟ONU ont officiellement adopté la
résolution 70/1 consacrée à la création d‟un nouveau programme de développement
intitulé « Transformer notre monde : le Programme de développement durable à
l‟horizon 2030 ».
Cet agenda post-2015 succède aux Objectifs du Millénaire pour le
développement (OMD) adoptés en 2000 pour une durée de 15 ans. Il s‟articule autour
de 17 objectifs mondiaux, appelés Objectifs de développement durable (ODD). Ces
objectifs que les États se sont engagés à atteindre au cours des 15 prochaines années
(2015-2030) sont décrits en détails.
150

À la différence des OMD, les ODD intègrent les trois piliers du


développement durable : environnemental,social, économique. Ils couvrent donc un
large éventail de domaines liés tant aux enjeux de protection de la planète qu‟aux défis
en matière de croissance économique, d‟inclusion sociale et de lutte contre la pauvreté,
ce dans l‟ensemble des pays que compte la planète.
Les 17 ODD portent ainsi sur des aspects très variés allant de
thématiques « traditionnelles » (lutte contre la pauvreté, sécurité alimentaire, accès aux
services essentiels, lutte contre les changements climatiques) à d‟autres enjeux plus
inédits dans l‟agenda du développement : lutte contre les inégalités, accès pour tous à
des ressources énergétiques durables, promotion de sociétés pacifiques et inclusives,
etc.
Chacun des 17 ODD s‟accompagne par ailleurs de cibles plus précises
et pour la plupart délimitées dans le temps. Au total, les États membres se
sontaccordés sur une liste de 169 cibles à atteindre au cours des 15 années à venir, soit
huit fois plus que le nombre de cibles (21) adoptées précédemment en 2000 dans le
cadre des OMD. Ces 17 Objectifs de développement durables sont les suivants :
ODD 1 : L'éradication de la pauvreté

Cet objectif cible principalement la lutte contre l'extrême pauvreté dans le


monde, la diminution de la portion des hommes, femmes et enfants vivant dans la
précarité, la mise en place de mesures de protection sociale et l'accès aux ressources et
services de base.

ODD 2 : La lutte contre la faim

Pour éliminer la faim à l'échelle mondiale, cet objectif s'oriente vers


l'amélioration de la nutrition des aliments, la promotion des pratiques agricoles
respectueuses des écosystèmes et le maintien du bon fonctionnement des marchés de
denrées pour assurer la sécurité alimentaire.

ODD 3 : L'accès à la santé

Les cibles de cet objectif sont le maintien d'une espérance de vie et d'un
bien-être élevé, la mise en place d'une couverture santé accessible à tous, la réduction
des inégalités face aux risques sanitaires liés à l'environnement, l'éradication des
maladies et l'accès équitable aux soins et services de santé.

ODD 4 : L'accès à une éducation de qualité

L'objectif de développement durable n°4 vise à assurer l'accès à


l'éducation, sans disparité entre les sexes, et à favoriser le renforcement de la qualité
du système éducatif à l'échelle internationale.
151

ODD 5 : L'égalité entre les sexes

Cet objectif vise à mettre en œuvre des actions de lutte contre la


discrimination et les violences faites aux femmes et aux filles. Il permet ainsi d'assurer
le respect de leurs droits et de leurs libertés, et de favoriser l'autonomie sociale,
économique et politique des femmes.

ODD 6 : L'accès à l'eau salubre et l'assainissement

L'ODD 6 a pour but de garantir un accès équitable à l'eau potable et à


l'assainissement, même dans les pays en développement. Il vise aussi à assurer une
gestion durable des ressources en eau.

ODD 7 : Le recours aux énergies renouvelables

Sa mise en œuvre doit garantir l'accès aux services énergétiques fiables,


modernes et durables à tous. Il encourage l'augmentation de la part des énergies
renouvelables à travers un cadre incitatif et financier stable.

ODD 8 : L'accès à des emplois décents

L'ODD 8 vise à maintenir un taux de croissance économique durable en


encourageant les domaines d'activités à fort potentiel d'emploi. Il contribue aussi à
faciliter l'embauche en accompagnant les pays dans leur politique d'insertion et de
formation professionnelle et en simplifiant les démarches administratives des acteurs
économiques.

ODD 9 : La promotion de l'innovation et des infrastructures durables

La modernisation et la durabilité des infrastructures sont au cœur de


l'ODD 9 de l'Agenda 2030. Il encourage l'innovation et contribue à promouvoir une
industrialisation plus respectueuse de l'environnement.

ODD 10 : La réduction des inégalités

La mise en œuvre de cet objectif a pour effet de garantir l'égalité dans


les pays et d'un pays à un autre. Les cibles de cet objectif sont la lutte contre toutes les
formes de discrimination, l'égalité des chances et le renforcement de la réglementation
et de la surveillance des institutions et marchés financiers mondiaux.
152

ODD 11 : La création de villes et communautés durables

Cet objectif favorise le développement de villes durables, résilientes,


sûres et ouvertes à tous. Pour cela, il s'oriente vers l'innovation et la gouvernance
partagée.

ODD 12 : La consommation responsable

L'ODD 12 contribue au développement des modes de consommation


et de production durable. L'économie circulaire, la sobriété, la mise en place de circuits
courts et la sensibilisation des citoyens font partie des objectifs établis par l'Agenda
2030.

ODD 13 : La lutte contre le changement climatique

Pour limiter le réchauffement climatique à 2°C, voire 1,5°C, cette


thématique de l'Agenda encourage les pays à prendre des mesures telles que la mise en
place de stratégies de réductions du CO2 ou d'une économie bas-carbone.

ODD 14 : La protection de la faune et de la flore aquatique

Cet objectif s'accompagne de cinq cibles dédiées à la préservation de


la biodiversité marine à l'échelle internationale. Il encourage les pays à se tourner vers
une exploitation durable des ressources marines afin de lutter contre la surpêche et la
pollution des océans.

ODD 15 : La protection de la faune et de la flore terrestre

L'Agenda 2030 a aussi pour objectif de préserver et restaurer les


écosystèmes terrestres. Il s'oriente vers la protection de la biodiversité et la gestion
durable des terres et des écosystèmes à l'échelle mondiale.

ODD 16 : La justice et la paix

Cet objectif est axé sur la mise en place d'institutions exemplaires, à


tous les niveaux, et de promouvoir l'arrivé d'une société pacifique. Il assure le respect
des libertés fondamentales et lutte contre toute forme de violence et d'injustice dans
tous les pays.

ODD 17 : Les partenariats pour réaliser les objectifs mondiaux

L'Agenda 2030 entend renforcer les moyens de mettre en œuvre le


partenariat mondial à travers l'objectif de développement durable n°17. La
153

mobilisation de financement, le maintien du niveau de dette soutenable et le


renforcement de l'accès à la technologie font partie des cibles de cette thématique pour
atteindre le développement durable.

Section4. La gouvernance du développement durable


4.1.Définition
Le développement durable introduit un type de défi différent du
développement conventionnel, qui est caractérisé par des inégalités persistantes et
aggravées, des risques accrus et une crise écologique mondialisée présentant des
problèmes à l‟échelle locale et mondiale. Le développement durable a vu le jour parce
que le modèle de développement qui prévalait n‟était pas durable et devenait de ce fait
un sujet de préoccupation.
La gouvernance du développement durable est définie comme la
manière de gérer et de diriger le domaine du développement durable.
La gouvernance pour un développement durable admet que l‟avenir est largement
inconnu et insondable et que la possibilité de déterminer les impacts futurs est très
limitée. Néanmoins, elle suppose qu‟il est possible d‟influer sur le cours des progrès
sociaux, d‟éviter de nombreux écueils et de réaliser des objectifs précis.
Rappelons que le développement durable peut se décliner de manières
complémentaires : au niveau politique, sur les territoires, dans les entreprises, voire
dans la vie personnelle de chaque citoyen.
4.2 La bonne gouvernance
La gouvernance est un terme passe-partout utilisé dans des contextes
très variés. Ce terme désigne divers faits stylisés : les réseaux d‟action publique, le
management public, les modalités de coordination des secteurs de l‟économie, les
partenariats public-privé, la gouvernance d‟entreprise, la bonne gouvernance comme
objectif de réforme promu par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international
(FMI), etc.
La gouvernance, c‟est précisément la capacité des sociétés humaines à
se doter de systèmes de représentation, d‟institutions, de procédures, de moyens de
mesure, de processus, de corps sociaux capables de gérer les interdépendances de
manière pacifique. La bonne gouvernance ne sert pas seulement à maintenir le cap,
mais est aussi un instrument d‟aide au changement.
Plus simplement, la gouvernance regroupe l‟ensemble des mécanismes
de régulation d‟un système économique et social en vue d‟assurer des objectifs
communs (la sécurité, la prospérité, la cohérence, l‟ordre, la continuité du système, le
développement durable).
Dans la pratique, comment une bonne gouvernance doit-elle s‟élaborer
? La bonne gouvernance est un ensemble de pratiques nées de défis concrets que les
sociétés doivent relever et qui, petit à petit, « font système » jusqu‟à permettre la
formulation de principes généraux. Il est donc plus juste de parler d‟émergence
154

progressive d‟une théorie de la bonne gouvernance à partir de l‟observation de


problèmes, de pratiques et d‟innovations revenant de manière récurrente.
Deux ingrédients semblent cependant être nécessaires à l‟analyse des pratiques de
bonne gouvernance :
 Tenter d‟aborder les défis, les questions dans leur globalité, ce qui implique que
« les modes de gouvernance doivent être capables de prendre en charge les
relations entre les différents secteurs d‟activité, entre les acteurs sociaux, entre
les activités humaines et les écosystèmes » (DDC, 2007).
 Approcher la réalité à partir d‟un territoire local limité et défini, pas seulement
au niveau géographique, mais aussi et surtout au niveau des interrelations entre
acteurs existant sur ce territoire limité.
4.3.Les crises et les défis de la gouvernance environnementale
La gouvernance environnementale désigne une conduite collective
décisionnelle réunissant tous les acteurs territoriaux selon un mode partenarial, en vue
d‟une planification et d‟une gestion mieux intégrées des ressources et d‟une prise en
considération des conséquences environnementales et sociales des changements
planifiés.
L‟environnement et les ressources naturelles doivent être considérés
comme des biens communs mondiaux appartenant à la catégorie des biens non
manufacturés qui, lorsqu‟ils sont partagés, peuvent être soit divisés, soit détruits. Le
caractère mondial de ces biens découle de l‟appartenance de chacun des éléments qui
le composent à un système intégré.
Chacun peut profiter de l‟atmosphère, du climat et de la biodiversité
(entre autres) ; en même temps, la planète tout entière souffre des effets dramatiques
du réchauffement global, de la réduction de la couche d‟ozone ou de l‟extinction des
espèces. Cette dimension planétaire incite à une gestion partagée.
L‟environnement et les ressources naturelles se caractérisent par leur
non-rivalité (une ressource naturelle consommée par une personne peut toujours l‟être
par une autre), par leur non-exclusivité (il est impossible d‟empêcher quelqu‟un de
consommer ce bien) et par le fait qu‟ils sont bénéfiques. L‟environnement et les
ressources naturelles requièrent donc une gestion qui ne soit ni compétitive ni
déprédatrice comme l‟est celle du marché libre.
L‟état actuel de la situation en matière de gouvernance
environnementale est cependant loin de respecter ces impératifs. Face à la nécessité de
répondre au caractère complexe de la problématique environnementale, il est
indispensable de mettre en place une gestion multilatérale cohérente entre tous les
acteurs concernés. Or, jusqu‟ici, la communauté mondiale a été incapable de relever ce
défi, et la gouvernance actuelle est la proie de nombreux fléaux.
Ainsi, malgré la prise de conscience croissante autour des questions
environnementales dans les pays développés et en développement, la dégradation de
155

l‟environnement se poursuit et de nouveaux problèmes environnementaux


apparaissent. Tout cela est dû à l‟état critique dans lequel se trouve la gouvernance
environnementale, incapable de traiter adéquatement les problèmes environnementaux
à cause de différents facteurs : la gouvernance fragmentée au sein des Nations Unies,
la faible implication de la part des institutions financières, la prolifération d‟accords
qui entrent souvent en conflit avec des mesures commerciales. S‟ajoutent à ces
facteurs la division entre les pays du Nord et l‟abîme persistant entre les pays
développés et les pays en développement.
Les principaux facteurs entraînant la dégradation de l‟environnement
sont :
a) la croissance accélérée de la consommation ;
b) la destruction de la biodiversité ;
c) la croissance démographique : selon la moyenne des prévisions, la Terre comptera
8,9 milliards d‟habitants en 2050.
La crise due au caractère accéléré et probablement irréversible de
l‟impact des activités humaines sur la Nature requiert des réponses collectives de la
part des institutions internationales, des gouvernements et des citoyens.
L‟ampleur et la gravité croissantes des problèmes environnementaux dus au
changement climatique menacent d‟étouffer toute réponse potentielle de la part des
différents acteurs et limitent déjà les perspectives de développement économique dans
de nombreux pays et régions.
Les mesures de protection de l‟environnement sont encore très
insuffisantes dès lors qu‟on les confronte aux alertes lancées par la communauté
scientifique. Ces réformes constituent un long processus qui exige du temps, de
l‟énergie, des ressources et, surtout, d‟abondantes et lentes négociations
internationales.
La grave crise environnementale n‟a pas suscité de réponse
commune de la part de tous les pays. Le Programme des Nations Unies pour
l‟environnement (PNUE) a enregistré de bon progrès avec la mise en place de
l‟Assemblée des Nations Unies pour l‟Environnement, l‟ANUE, qui a tenu sa
deuxième session en mai 2016 dans le cadre de la dimension environnementale du
Programme de développement durable à l‟horizon 2030.
À l‟échelle globale, des divisions demeurent, qui ralentissent la
possibilité d‟une gouvernance environnementale mondiale bien organisée. Il s‟agit de
savoir s‟il est nécessaire ou non de trouver une solution de rechange au système de
production actuel pour sortir de la crise environnementale. Ce système dispose-t- il de
solutions ? La biotechnologie et le développement durable peuvent-ils être considérés
comme des solutions ? L‟architecture des ensembles internationaux de protection de
l‟environnement reflète ce débat.
156

De toute évidence, la nature ignore les barrières sociales et politiques,


et certains facteurs de transformation environnementale tels que la contamination ou
le changement climatique ne connaissent ni frontières, ni États, ni affectations
thématiques exclusives.
4.4. La dette écologique et l’injustice environnementale
La dette écologique est un instrument permettant de mesurer avec une
précision relative, en termes monétaires ou autres (en émissions de dioxyde de
carbone, en hectares), les schémas mondiaux de consommation et de production qu‟il
est nécessaire de modifier. Au Nord comme au Sud, la dette écologique est un outil de
campagne ainsi qu‟un outil politique.
La dette écologique évoque ou définit les responsabilités socio-
environnementales et les obligations qui en découlent, dans un esprit de justice sur le
plan de l‟accès équitablement partagé aux ressources.
Elle évoque d‟autres notions proches, telles que les inégalités écologiques, la solidarité
écologique et le remboursement de la dette écologique, dans un esprit de justice
environnementale. L‟expansion européenne aurait été en grande partie motivée par
l‟exploitation des ressources du Sud.
Pour maintenir l‟accès aux ressources après la décolonisation,
l‟Occident aurait établi un mécanisme qu‟on appelle le colonialisme financier.
Aujourd‟hui, le remboursement des dettes des pays du Sud passe systématiquement
par l‟accaparement des terres, la destruction des forêts ou l‟exploitation des ressources
naturelles.
L‟exemple de plusieurs pays du Sud est caricatural : les habitants se
sont lancés dans une course effrénée aux ressources minières, une exploitation
commencée il y a plusieurs décennies qui a un très fort impact sur les caractéristiques
écologiques des écosystèmes. Ces régions semblent avoir bénéficié d‟une
augmentation de leurs revenus, mais elles commencent à être ruinées avec
l‟effondrement de certaines productions minières. Aujourd‟hui, la situation sociale,
environnementale et sanitaire est calamiteuse dans ces régions.
L‟inégalité environnementale peut être définie comme une inégalité
d‟exposition aux nuisances et aux risques environnementaux, et une inégalité d‟accès
aux aménités et aux ressources environnementales.
La qualité de l‟environnement est en partie déterminée par les politiques
d‟aménagement, d‟infrastructures, d‟espaces verts, de limitation de la circulation
automobile, etc. La prise de conscience du caractère inégalitaire des politiques
d‟équipement et d‟urbanisme, sur un plan environnemental, ou du caractère régressif
des politiques environnementales, sur un plan social, accompagne donc l‟idée
d‟inégalité environnementale.
La mesure de la dette écologique peut s‟appuyer sur des témoignages
de populations ou de communautés qui ont développé, au fil du temps, des
157

connaissances sur des problèmes environnementaux qu‟elles soupçonnaient de nuire à


leur santé.
4.5.La dégradation des sols
La dégradation des sols est une préoccupation écologique dont les
conséquences sont ressenties le plus fortement par les populations pauvres. Les terres
cultivables sont en diminution à un rythme d‟environ 5 à 10 millions d‟hectares par an,
et ceci pendant une période de croissance démographique globale.
Malheureusement, la dégradation est la plus préoccupante là où la
croissance est la plus importante et où l‟autosuffisance alimentaire des populations est
la plus faible. La dégradation accélérée des terres arables et des ressources en eau et la
forte demande en énergie fossile de l‟agriculture des pays du Nord soulèvent des
problèmes de durabilité dans un contexte marqué par le réchauffement climatique et la
pollution, l‟explosion de la demande en eau destinée à l‟irrigation et la réduction de la
biodiversité. Dans un avenir proche, l‟agriculture aura de la difficulté à assurer
l‟alimentation des 10 milliards d‟êtres humains prévus pour 2070.
Les pratiques agricoles traditionnelles des pays du Sud parviennent
difficilement à nourrir des populations croissantes, et l‟agriculture des pays
industrialisés, en dégradant l‟environnement, arrive à ses limites.
Le processus de dégradation du sol est caractérisé par :
 la perturbation de la vie du sol ;
 la minéralisation de la matière organique ;
 la stratification des sols ;
 les pollutions et les inondations.
Face à ces enjeux économiques et environnementaux majeurs, et au-
delà des solutions ponctuelles, il est nécessaire de revenir à une agronomie
opérationnelle et de concevoir de nouveaux systèmes de production.
L‟agriculture de conservation vise à préserver et développer le sol et donc la vie qui
lui est associée. En associant la production, l‟économie et l‟environnement, elle
semble être une solution intéressante pour la durabilité des systèmes agricoles.
4. 6. La gestion du changement climatique
Au cours des dernières décennies, le changement climatique a influé sur
les systèmes naturels et humains de tous les continents et sur tous les océans. Dans
beaucoup de régions, la modification du régime des précipitations ou de la fonte des
neiges et des glaces perturbe les systèmes hydrologiques et influe sur la qualité et la
quantité des ressources hydriques.
Le concept d‟adaptation est graduellement intégré dans certains
processus de planification, bien que sa mise en application demeure plutôt limitée.
L‟expérience relative à l‟adaptation grandit dans toutes les régions, dans les secteurs
public et privé, ainsi qu‟au sein des collectivités. À différents niveaux, les
administrations publiques élaborent des plans et des politiques d‟adaptation et
158

intègrent les enjeux du changement climatique dans le cadre plus large du


développement.
Dans la lutte contre le réchauffement climatique, l‟Accord de Paris sur
le climat, adopté en décembre 2015 et désormais signé par 192 pays, marque une étape
importante des négociations climatiques en devenant le premier accord international
destiné à réduire les émissions humaines de gaz à effet de serre (GES).
Les projections actuelles prévoient que nos émissions grimperont à 59
gigatonnes (Gt) en 2030 si aucune mesure n‟est prise d‟ici là pour les limiter. Or, le
scénario raisonnable pour limiter le réchauffement sous le seuil dangereux de 2 °C
prévoit une baisse des émissions jusqu‟à 42 Gt en 2030, soit 17 milliards de tonnes de
différence (en cumul de 2017 à 2030, la différence atteint 85 milliards de tonnes).
Les contributions climatiques des États doivent être ambitieuses, et la multiplication
des initiatives portées par des acteurs non étatiques comme les municipalités ou le
secteur privé peut jouer un rôle non négligeable dans la réduction des émissions.
4.7.La gestion de la biodiversité
Des progrès importants ont été accomplis dans la réalisation de certains
éléments de la plupart des Objectifs d‟Aichi sur la biodiversité. Certains éléments de
ces objectifs, tel celui de conserver au moins 17 % des zones terrestres et d‟eaux
intérieures, sont en bonne voie de réalisation.
Cependant, dans la plupart des cas, ces progrès ne suffiront pas pour
réaliser les objectifs établis pour 2020, et des mesures additionnelles sont nécessaires
pour maintenir sur la bonne voie le Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité
biologique. Les mesures ont été recommandées pour réaliser chaque objectif.
La réalisation des Objectifs d‟Aichi sur la biodiversité contribuerait
considérablement à l‟atteinte des grandes priorités mondiales abordées dans les
discussions actuelles sur les objectifs de développement durable, à savoir réduire la
faim et la pauvreté, améliorer la santé humaine, et assurer un approvisionnement
durable d‟énergie, de nourriture et d‟eau potable. L‟intégration de la biodiversité à
l‟ensemble des objectifs de développement durable permet d‟inclure la biodiversité
dans le processus décisionnel.
Il existe des moyens plausibles de réaliser la vision 2050, qui prévoit de
mettre fin à la perte de biodiversité, conjointement aux objectifs clés de
développement humain, à la limitation du réchauffement climatique à 2 °C, et la lutte
contre la désertification et la dégradation des sols.
Cependant, la réalisation de ces objectifs conjoints nécessite de profonds
changements sociétaux, y compris une utilisation beaucoup plus efficace des terres, de
l‟eau, de l‟énergie et des matières premières, un réexamen de nos habitudes de
consommation et, en particulier, une transformation majeure des systèmes
alimentaires.
159

4.8 La gestion des zones humides


Les humains, considérons souvent les zones humides comme des
friches à drainer, à remblayer, à brûler et à transformer. Aussi, les études montrent-
elles que 64 % de toutes les zones humides ont disparu depuis 1900.
Les zones humides sont une source essentielle d‟eau douce et d‟aliments pour chacun
de nous. Elles épurent les eaux et filtrent les déchets dangereux.
Les zones humides sont les amortisseurs de chocs de la nature ; elles
stockent le carbone et sont vitales pour la biodiversité. Elles créent des produits et des
moyens d‟existence durables. La Convention de Ramsar sur les zones humides est un
traité intergouvernemental mondial qui sert de cadre pour l‟action nationale et la
coopération internationale en faveur de la conservation et de l‟utilisation rationnelle
des zones humides et de leurs ressources.

Section 5. Les outils et acteurs du développement durable


5.1.Les outils du développement durable
L‟atteinte des objectifs du développement durable passe par l‟utilisation
adéquate d‟un certain nombre d‟outils d‟ordre technique, politique ou
socioéconomique. Dans ce paragraphe l‟objectif est donc de discuter de certains de ces
outils et de mettre en exergue leur rôle dans le processus du développement durable.
5.1.1.Les outils économiques
Le rôle de l‟économie est de plus en plus indispensable à l‟atteinte des
objectifs du développement durable. Tous les secteurs clés comportent un volet
économique, dans lequel divers outils peuvent être utilisés. Dans notre cas, nous
estimons que la question du financement est essentielle. À cela s‟ajoute la question de
l‟économie verte, qui prend de l‟importance dans la mise en oeuvre du développement
durable, après Rio+20.
5.1.1.1. Le financement du développement durable
Le financement des activités d‟un pays suppose la création de richesse.
Il s‟agit de la croissance économique, qui est la variation positive de la production
nationale de biens et de services sur une période donnée. La croissance économique se
mesure par le produit intérieur brut (PIB), qui est aujourd‟hui l‟indicateur usuel pour
l‟appréhender.
Le financement du développement durable est tributaire de la croissance
économique. On peut supposer qu‟en période de crise, les financements seront moins
disponibles qu‟en période de forte croissance.
Cependant, le financement du développement durable est aussi une question de
volonté politique et d‟engagement au niveau national et international.
A.Le financement public
Le financement public du développement durable relève en général des
organisations internationales et des gouvernements nationaux. Il a donc une dimension
internationale et nationale.
160

À l‟échelon international, des organisations comme le Fonds monétaire


international (FMI) ou la Banque mondiale sont des partenaires clés du
développement.
Pour l‟atteinte des objectifs de développement durable (ODD), le FMI envisage :
 De relever l‟accès des pays en développement aux ressources du FMI, ce qui leur
permettrait de mieux faire face à leurs besoins de financement de la balance des
paiements tandis qu‟ils cherchent à accélérer leur croissance ;
 D‟accroître l‟aide à l‟établissement de diagnostics et d‟intensifier le renforcement
des capacités pour les pays qui cherchent à augmenter leur investissement pour
réduire leur déficit d‟infrastructures ;
 De mettre davantage l‟accent sur l‟équité, l‟inclusion et l‟équilibre des genres
dans les travaux opérationnels, en s‟inspirant de l‟analyse en cours et des travaux
d‟autres institutions ;
 De mettre davantage l‟accent sur les pays fragiles et les pays touchés par des
conflits ;
 D‟intensifier de manière sélective le renforcement des capacités dans les
domaines de la mobilisation des recettes, de la taxation de l‟énergie et du
développement des marchés financiers.
Dans le domaine de l‟environnement, l‟aide publique au développement
est un levier indispensable, en particulier pour les biens publics régionaux et
mondiaux. En plus de la Banque mondiale et du FMI, il ne faut pas négliger les
institutions régionales comme la Banque africaine de développement (BAD).
Dans le domaine des changements climatiques, la communauté
internationale s‟engage toujours sur des promesses de financement. Ainsi, en 2010, à
la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques, les pays développés s‟engageaient à mobiliser ensemble 100
milliards de dollars par an à l‟horizon 2020 pour pourvoir aux besoins des pays en
développement. En 2015, l‟Accord de Paris a fixé un nouveau plancher de 100
milliards de dollars par an à mobiliser avant 2025.
Cependant, il existe divers fonds que les pays peuvent mobiliser pour des
actions :
 Le Fonds pour l‟environnement mondial (FEM) est un organisme dédié à la
coopération internationale pour financer des initiatives engagées dans la lutte
contre les principales menaces sur l‟environnement : la dégradation de la
biodiversité, les changements climatiques, la dégradation des eaux internationales,
l‟appauvrissement de la couche d‟ozone, la dégradation des sols et les polluants
organiques persistants (POP). Le FEM compte 175 gouvernements membres et
travaille en partenariat avec le secteur privé, les organismes non gouvernementaux
(ONG) ainsi que les organisations internationales pour traiter des enjeux
161

environnementaux au niveau mondial, tout en soutenant les initiatives de


développement durable au niveau national.
 Le Fonds français pour l‟environnement mondial (FFEM) est un fonds public
bilatéral que le gouvernement français a créé en 1994 à la suite du Sommet de Rio.
Son objectif est de favoriser la protection de l‟environnement mondial par des
projets de développement durable dans les pays en développement ou en
transition. Les domaines prioritaires sont la biodiversité, les changements
climatiques, la protection des eaux internationales, la dégradation des sols ainsi
que la lutte contre les POP.
Les projets doivent mettre en oeuvre les grandes orientations de la
Convention sur la diversité biologique : la préservation de la biodiversité ; la gestion
durable des ressources naturelles ; la valorisation de la biodiversité comme atout au
développement économique et social.
Les deux axes prioritaires sont l‟implication des populations locales et
l‟intégration de la biodiversité dans les démarches de développement.
Pourquoi les États doivent-ils trouver des ressources publiques propres pour financer
leur développement durable ?
Plusieurs raisons existent :
 Arriver à financer leur propre développement sans toujours dépendre de
l‟extérieur ;
 Lutter contre la pauvreté et les inégalités en investissant dans la gestion des
ressources naturelles ;
 Assurer la fourniture de biens et de services publics que les marchés évitent de
fournir ou fournissent en quantité insuffisante.
La mobilisation d‟un financement public interne pour l‟environnement
nécessite donc la mise en place d‟une fiscalité environnementale dédiée, ce qui
suppose de revoir la taille de l‟assiette fiscale et d‟améliorer l‟administration des
impôts et taxes.
La fiscalité environnementale est un instrument qui vise à prendre en
compte, dans les coûts supportés par les acteurs économiques (entreprises, ménages,
secteur public), le coût des dommages environnementaux causés par leurs activités.
Les taxes environnementales peuvent être distinguées en fonction de la
problématique environnementale à laquelle elles s‟appliquent : la consommation de
ressources (ressources biotiques, ressources en eau, matières premières énergétiques et
minérales), les changements climatiques (émissions de gaz à effet de serre), les
pollutions (pollution de l‟air et de l‟eau et gestion des déchets).
Par exemple le Bénin a instauré, dans sa politique nationale de gestion
des déchets urbains, la taxe d‟enlèvement des ordures (TEO), qui varie : entre 500 et 8
000 francs CFA pour les occupants d‟immeubles à des fins d‟habitation ;
162

entre 2 000 et 50 000 francs CFA pour les occupants d‟immeubles à des fins d‟activité
commerciale, industrielle et professionnelle.
En Afrique centrale, les différents pays sont riches en ressources
naturelles renouvelables et non renouvelables.
Dans ce cas, la fiscalité des industries extractives doit tenir des impacts à
court, moyen et long terme. On peut donc imaginer qu‟une part des gains soit
conservée et investie au service des générations futures, comme dans les fonds
souverains.
En somme, l‟État doit être le moteur du financement de l‟environnement
à travers des politiques budgétaires appropriées.
B.Le financement privé
Le développement d‟un pays est lié au dynamisme du secteur privé, car
le public ne peut pas supporter à lui seul tous les investissements indispensables à la
croissance économique. Les ressources privées sont donc des moteurs de croissance et
de création d‟emplois. Même si, de nos jours, le secteur privé est sensibilisé à la cause
de l‟environnement, son niveau d‟investissement dans ce domaine reste faible.
Les gouvernements nationaux se doivent d‟inciter les banques privées et
les assurances à contribuer au développement durable par l‟octroi de crédits sur des
projets innovants. L‟accès des ménages et des entreprises au crédit est en soi un
problème en Afrique, où les taux d‟intérêt sont élevés.
Or les banques ont une responsabilité dans le financement du
développement durable. En effet, elles peuvent jouer un rôle en amont des projets
d‟investissement de leurs clients (particuliers ou entreprises). Les investissements dans
l‟éco-innovation sont souvent coûteux ; en général, les banques préfèrent financer des
projets dont la rentabilité est réalisable à court terme.
Ainsi, pour stimuler un financement privé interne, les pouvoirs publics
devraient mettre en place des politiques pour encourager les investissements de long
terme dans le domaine de l‟environnement. Pour ce faire, selon les Nations Unies
(2015), il faudrait :
 Assurer un meilleur accès aux services financiers aux ménages et aux
microentreprises ;
 Promouvoir les prêts pour les petites et moyennes entreprises ;
 Développer des marchés financiers pour les investissements à long terme ;
 Améliorer la réglementation pour une meilleure gouvernance dans le système
financier.
Il existe cependant des organismes et des fonds privés très actifs dans le
domaine de l‟environnement, qui mobilisent des ressources financières non
négligeables dans des domaines spécifiques comme la conservation des ressources
naturelles. On peut citer, entre autres, l‟Union internationale pour la conservation de la
nature (UICN), la Fondation pour la nature et l‟homme et la fondation MAVA.
163

C.Le financement mixte


Les besoins de financement du développement durable sont
considérables, en particulier dans une période de crise économique. Il faudrait donc
envisager des financements mixtes combinant des capitaux privés et publics. Cela
implique la mise en place de partenariats innovants pour financer le développement
durable.
Dans bien des cas, lorsqu‟on parle de financement mixte, le partenariat
public-privé est évoqué. Or, il existe différentes formes de partenariats, combinant les
gouvernants, la société civile, les institutions privées à but lucratif, les banques de
développement, etc.
S‟il est bien conçu, le financement mixte permet aux gouvernements
d‟utiliser des fonds publics pour lever des capitaux privés. Il existe aussi un avantage à
ce mode de financement : partager les risques et les rendements. L‟État peut donc
jouer son rôle régalien sur le plan social, environnemental et économique, au nom de
l‟intérêt général.
5.1.1.2. L’économie verte
La notion d‟économie verte a été un des points saillants des débats à la
Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20)4. Le
développement durable n‟est possible qu‟en prenant des trajectoires de croissance
économique respectueuses de l‟environnement. C‟est ainsi que l‟économie verte est
considérée comme un outil de développement durable.
A.Définition
Plusieurs termes sont utilisés dans le cadre de ce concept, allant de
l‟économie verte aux emplois verts. Une première définition à mettre en relief est celle
du Programme des Nations Unies pour l‟environnement (PNUE, 2011a) : « une
économie qui améliore le bien-être humain et l‟équité sociale tout en réduisant de
façon significative les risques environnementaux et les pénuries écologiques ». Sous sa
forme la plus simple, l‟économie verte se caractérise par un faible taux d‟émission de
carbone, l‟utilisation rationnelle des ressources et l‟inclusion sociale.
Pour l‟Organisation de coopération et de développement économique
(OCDE), l‟enjeu concerne la croissance économique dans ses pays membres. Ainsi,
pour elle, « la croissance verte consiste à favoriser la croissance économique et le
développement tout en veillant à ce que les actifs naturels continuent de fournir les
ressources et les services environnementaux sur lesquels repose notre bien-être. Pour
ce faire, elle doit catalyser l‟investissement et l‟innovation qui étayeront une
croissance durable et créeront de nouvelles opportunités économiques » (OCDE,
2012).
1. Cette conférence dite de Rio+20 s’est tenue du 20 au 22 juin 2012 à Rio de
Janeiro, au Brésil.
164

Un autre terme employé est celui d‟emplois verts, que plusieurs


organisations comme le Bureau international du travail mettent en relief. Selon Les
Verts (2014), les emplois verts recouvrent toute activité professionnelle qui contribue à
protéger l‟environnement et à lutter contre le changement climatique parce qu‟elle
économise de l‟énergie et des matières premières, encourage les énergies
renouvelables, réduit les déchets et la pollution ou protège la biodiversité et les
écosystèmes.
De manière générale, les pays d‟Afrique ont adopté la définition du
PNUE pour la mise en oeuvre de leurs stratégies d‟économie verte.
La mise en oeuvre de l‟économie verte La mise en oeuvre de l‟économie verte est un
processus. Le guide pratique de l‟Organisation internationale de la Francophonie (OIF,
2015) pour l‟intégration des stratégies de l‟économie verte dans les politiques de
développement propose cinq étapes principales :
 Le choix des secteurs ;
 L‟identification des options d‟intervention : la formulation des politiques ;
 L‟évaluation des options d‟intervention ;
 L‟élaboration d‟une stratégie et d‟un plan d‟action ;
 La mise en oeuvre de la stratégie, le suivi et l‟évaluation des progrès.
Ces cinq étapes contribuent à une analyse transversale de l‟élaboration et
de l‟évaluation des politiques et des investissements de l‟économie verte.
Les secteurs clés de l‟économie verte en Afrique .L‟Afrique est un continent où les
opportunités sont réelles pour une transition vers une économie verte.
Des stratégies existent ou sont en cours d‟élaboration.
Les principaux secteurs clés sont la forêt, l‟agriculture, l‟eau, la pêche,
l‟élevage, l‟énergie, les mines, la sylviculture, les déchets, le transport,
l‟assainissement, le tourisme et la construction. Il y a toutefois un secteur qui doit être
prioritaire et transversal à tous les autres : l‟éducation.
Le développement durable ne sera possible qu‟en passant par des
formations appropriées à tous les niveaux de l‟éducation, pour un changement des
comportements. Il faudrait aussi que les États africains investissent davantage pour la
préservation du capital naturel indispensable pour le développement durable du
continent.
5.1.1.3. L’économie circulaire
La notion d‟économie circulaire est née des limites de l‟économie
actuelle, qui est linéaire. Depuis la révolution industrielle, le modèle de production et
de consommation repose sur des ressources naturelles abondantes, et sur un schéma
d‟utilisation linéaire : on extrait des matières premières > on produit des biens et
services > on consomme ces biens et services > on se débarrasse des déchets. Ce
modèle conduit inexorablement à l‟épuisement des ressources naturelles.
165

A.Définition
Le principe clé de l‟économie circulaire est d‟éviter le gaspillage des
ressources et l‟impact environnemental.
Pour Laurent et Le Cacheux (2015), l‟économie circulaire vise des
prélèvements limités des ressources, l‟utilisation d‟énergies renouvelables et la
minimisation des déchets.
Selon l‟ADEME , l‟économie circulaire est un « système
économique d‟échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des
produits (biens et services), vise à augmenter l‟efficacité de l‟utilisation des ressources
et à diminuer l‟impact sur l‟environnement tout en développant le bien-être des
individus ».

B.Le fonctionnement de l’économie circulaire


Nous reprenons ici les principes énoncés par l‟ADEME. Ainsi,
l‟économie circulaire repose sur trois domaines d‟action et sept piliers, comme le
montre le schéma ci-dessous.
166

Les trois domaines d‟action concernent :


 l‟offre des acteurs économiques ;
 la demande et le comportement des consommateurs ;
 la gestion des déchets.
Chacun de ces domaines comprend un ou plusieurs piliers.
L‟offre des acteurs économiques comporte jusqu‟à quatre piliers :
 l’approvisionnement durable, qui concerne le mode d‟exploitation ou
d‟extraction des ressources, en limitant les rebuts d‟exploitation et l‟impact sur
l‟environnement ;
 l’écoconception, qui vise à prendre en compte l‟ensemble du cycle de vie en
minimisant les impacts environnementaux ;
 l’écologie industrielle et territoriale, qui constitue un mode d‟organisation
interentreprises par des échanges de flux ou une mutualisation des besoins ;
 l’économie de la fonctionnalité, qui privilégie l‟usage à la possession, et tend à
vendre des services liés aux produits plutôt que les produits eux-mêmes.

La demande et le comportement des consommateurs s‟appuient sur


deux piliers :
 la consommation responsable, qui doit conduire l‟acheteur à effectuer son
choix en prenant en compte les impacts environnementaux à toutes les étapes
du cycle de vie du produit ;
 l’allongement de la durée d’usage par le consommateur, qui doit le conduire à
la réparation, à la revente ou au don et au réemploi.
167

Quant à la gestion des déchets, elle repose sur le recyclage, qui vise à
utiliser les matières premières issues de déchets.
Ainsi, l‟économe circulaire s‟inscrit dans une démarche de
développement durable. Elle a pour objectif de passer d‟un modèle de réduction des
impacts environnementaux à un modèle de création de valeur positive sur les plans
social, économique et environnemental.
5.1.2.Les outils techniques
5.1.2.1 L’analyse du cycle de vie

A.Définition
L‟analyse du cycle de vie (ACV) est une méthode normalisée qui permet
de mesurer les effets quantifiables de produits ou de services sur l‟environnement.
Pour la norme ISO 14040, l‟ACV est une « compilation et évaluation des intrants, des
extrants et des impacts environnementaux potentiels d‟un système de produits au cours
de son cycle de vie ».
L‟ACV est un outil d‟aide à la décision. Ses résultats peuvent être utilisés
pour des besoins d‟écoconception, d‟affichage environnemental ou encore
d‟orientation des politiques publiques.
L‟ACV a pour objectif de présenter une vision globale des impacts générés
par les produits (biens, services ou procédés), déclinée selon différentes simulations :
pour les politiques industrielles, il s‟agit de choix de conception et d‟amélioration de
produits, de choix de procédés, etc. ; pour les politiques publiques, de choix de filières
de valorisation ou de critères d‟écolabellisation des produits.
B.Les étapes de l’analyse du cycle de vie
L‟analyse du cycle de vie s‟articule autour de quatre étapes, selon les
normes ISO 14040 et 14044 :
Étape 1 : Définir les objectifs et du champ de l’étude
Cette étape permet de déterminer quels sont les objectifs de l‟ACV, en précisant
l‟application qui en sera faite : écoconception, comparaison ou déclaration
environnementale.
La cible de l‟étude (interne ou externe à l‟entreprise) est précisée à ce
stade, ainsi que la manière dont seront divulgués les résultats (pour des affirmations
comparatives par exemple). Le champ de l‟étude doit par ailleurs préciser les fonctions
du produit étudié, l‟unité fonctionnelle choisie (voir ci-dessous), les frontières du
système étudié et les limites de l‟étude.
Étape 2 : Inventorier le cycle de vie
Cette étape consiste à dresser l‟inventaire des flux de matières et
d‟énergie entrants et sortants, associés aux étapes du cycle de vie rapporté à l‟unité
fonctionnelle retenue. L‟inventaire est donc une comptabilité analytique des flux.
On collecte ainsi des facteurs d‟activité (la consommation, en kilowatts ; la distance
parcourue, en kilomètres ; les quantités transportées, en tonnes) et des facteurs
168

d‟émission (de gaz, en grammes d‟oxydes d‟azote ; de phosphate dans l‟eau, en


grammes).
Étape 3 : Évaluer les impacts
À partir des flux de matières et d‟énergie recensés, on évalue les
impacts potentiels, qui peuvent être des dommages.
Étape 4 : Interpréter les résultats obtenus en fonction des objectifs retenus
Cette étape, qui découle des trois précédentes, permet de valider que les
résultats obtenus répondent aux objectifs de l‟étude.
Ainsi, l‟ACV est un outil d‟aide à la décision. Elle peut être utilisée à des fins de
communication ou pour conduire des politiques industrielles (« écoconception » de
produits) ou publiques.
5.1.2.2. L’évaluation environnementale
L‟évaluation environnementale (EE) est un concept qui a beaucoup
évolué depuis son apparition. Elle devient de plus en plus une pratique obligatoire dans
les pays aux termes de lois et de réglementations nationales et internationales.
A.Définition et objectif
Selon André, Delisle et Revéret (2010), l‟évaluation environnementale
est un ensemble de processus qui vise la prise en compte de l‟environnement dans la
planification ou le développement d‟opérations de projets, de plans, de programmes ou
de politiques.
L‟EE a pour objectif de réaliser le développement tout en assurant la protection de
l‟environnement et la conservation des milieux de vie. Elle vise donc à :
 améliorer la décision par une prise en compte explicite et sélective des
considérations
 environnementales ;
 fournir une base solide pour la gestion des conséquences sur l‟environnement
des actions
 d‟aménagement ;
 permettre aux citoyens de s‟exprimer sur les modifications prévisibles de leur
cadre de vie ;
 favoriser l‟intégration des objectifs fondamentaux que sont la protection de
l‟environnement et le développement durable.
B.La nature et de l’évaluation environnementale et ses outils
L‟EE est un outil de planification pour le promoteur, de participation
pour le public, de prévention et de prise de décision pour les décideurs (gouvernement,
bailleurs de fonds), qui s‟opérationnalise dans des processus. Elle permet ainsi
d‟assurer la durabilité des projets et de ses objectifs, de planifier des améliorations
propres à éliminer les effets néfastes et de prévenir les mesures de réparation
coûteuses.
169

On distingue deux types d‟outils d‟EE :


 des outils prospectifs de gestion préventive et anticipative ;
 des outils de contrôle et de gestion.
Les outils prospectifs servent à l‟évaluation environnementale
stratégique (EES) et à l‟étude d‟impact environnemental et social (EIES). L‟EES se
définit comme un processus d‟évaluation et d‟examen des politiques, plans et
programmes ou d‟autres initiatives en amont des projets. L‟EIES est une procédure
préventive et anticipative destinée à garantir que les intérêts de la protection de
l‟environnement sont pleinement pris en compte lors de l‟élaboration d‟un projet ou
d‟une activité. Elle étudie les effets raisonnablement prévisibles sur l‟environnement
d‟un projet ou d‟une activité de développement. Elle concerne aussi bien les effets
bénéfiques que néfastes ou adverses.
Parmi les outils de contrôle et de gestion, on peut citer, entre autres,
le plan de gestion environnemental et social (PGES), l‟audit environnemental, le
système de management environnemental et l‟écolabel.
Par exemple, le PGES est un plan d‟action ou un système qui définit
comment, quand, par qui et où intégrer les mesures d‟atténuation environnementale et
de contrôle dans toute la mise en oeuvre d‟un projet. Quant à l‟audit environnemental,
il désigne l‟examen interne, systématique, périodique et objectif des pratiques de
gestion de l‟environnement au sein d‟une organisation.
C.Le processus global de l’étude d’impact environnemental et social
L‟EIES est l‟outil le plus utilisé et le mieux formalisé sur le plan du
processus et de la méthodologie.
Même si elle n‟a pas encore fait l‟objet d‟une approche formalisée, elle
est de plus en plus uutilisée, notamment en ce qui concerne l‟élaboration des plans des
programmes de développement.
5.1.3..Les outils de sensibilisation et de communication
L‟atteinte des objectifs du développement durable passe par un
changement des comportements de tous les acteurs, à tous les niveaux. Nous abordons
ici trois notions complémentaires : l‟éducation environnementale, la communication et
le marketing social.
5.1.3.1 L’éducation environnementale
Plusieurs termes sont utilisés pour désigner l‟éducation
environnementale : l‟éducation environnementale au développement durable (EEDD),
l‟éducation au développent durable (EDD), ou encore l‟éducation relative à
l‟environnement (ErE).

A.Définition
170

Pour Goffin (1993 ; 1999), l‟éducation relative à l’environnement


consiste à systématiser l‟apprentissage de compétences (démarche) pour influer sur les
comportements individuels et collectifs en matière d‟environnement (résultats), dans
un but de développement global des personnes et des sociétés (finalité).
Selon Sauvé (1996), l‟ErE concerne « la relation des personnes et des
groupes sociaux à leur milieu de vie proche comme à l‟environnement global ».
On peut retenir que l‟éducation environnementale est un ensemble de modes éducatifs
qui ont pour objet de promouvoir des comportements individuels et collectifs,
susceptibles de favoriser un rapport harmonieux entre les hommes et leurs milieux de
vie.
Au niveau international, l‟UNESCO parle d‟éducation au développement
durable. Elle stipule que cette forme d‟éducation donne aux apprenants les moyens de
prendre des décisions en connaissance de cause et d‟entreprendre des actions
responsables en vue de l‟intégrité environnementale, de la viabilité économique et
d‟une société juste pour les générations présentes et à venir, et ce dans le respect de la
diversité culturelle.
L‟EDD permet ainsi de relever les défis mondiaux actuels et futurs et de
bâtir des sociétés plus durables et plus résistantes.
B.Objectifs et axes prioritaires
L‟éducation à l‟environnement ou au développement durable se fixe trois
objectifs :
le savoir : les connaissances permettent de comprendre la complexité des relations
entre les êtres vivants et leur environnement ;
le savoir-faire : l‟éducation à l‟environnement développe la curiosité, la capacité à
observer,comprendre, penser, imaginer et agir ;
le savoir-être : l‟éducation à l‟environnement vise à responsabiliser ; elle nous engage
individuellement et collectivement à développer des attitudes de respect vis-à-vis de
soi-même et d‟autrui, de son environnement et de la société.
Pour l‟UNESCO5, quatre axes sont essentiels pour la mise en oeuvre
d‟une politique d‟éducation environnementale :
 la promotion et l‟amélioration de l‟éducation de base ;
 la réorientation des programmes d‟éducation existants dans l‟optique du
développement durable ;
 l‟information et la sensibilisation des publics à la notion de durabilité ;
 la formation de la population active.
La mise en place d‟une politique d‟éducation environnement nécessite
la coopération entre plusieurs institutions : le ministère de l‟Éducation, le ministère
responsable de l‟environnement, les ONG, les associations, etc.

Exemples
171

Une mise en pratique de l‟éducation environnementale au niveau


scolaire est la littérature de jeunesse, qui constitue un outil indispensable pour éduquer
les enfants au développement durable. Elle permet aux jeunes générations d‟accéder
aux savoir-faire, savoir-être, savoir-devenir et savoir-vivre ensemble.
Ainsi, la littérature de jeunesse est un outil utilisé dans l‟enseignement.
Elle est destinée aux enfants de 3 à 17 ans, pour construire et influencer leur
développement, leur identité et leur vision du monde.
Elle accomplit également le devoir de rendre l‟enfant heureux pour sa
construction et son épanouissement personnels.
Nous trouvons aujourd‟hui une littérature de jeunesse foisonnante, de qualité,
soucieuse de transmettre aux élèves, dès le plus jeune âge, des valeurs citoyennes.
De plus de plus, les villes deviennent des laboratoires pratiques d‟éducation à
l‟environnement pour les citoyens de tous les âges. La métropole de Lyon, en France,
a mis en place toute une série d‟actions concrètes pour sensibiliser sa population au
développement durable.
5.1.3.2. La communication
Dans l‟atteinte des objectifs du développement durable, la
communication est un volet essentiel.
A.Définition
La communication, d‟une manière générale, est l‟ensemble des
techniques et des moyens qui servent à se présenter soi-même, son activité, ses
produits ou les services que l‟on propose. Communiquer a plusieurs objectifs :
 transmettre des informations ;
 améliorer son image ;
 accroître sa notoriété ;
 multiplier les contacts avec des clients potentiels.
Ainsi, pour communiquer efficacement, il faut utiliser plusieurs outils :
 les médias : la télévision, la radio, la presse écrite, Internet ;
 l‟organisation d‟événements : journées portes ouvertes, festivals, conférences.

B.Les stratégies de communication


Plusieurs stratégies sont indispensables pour bien communiquer :
Stratégie no 1 : Choisir sa cible
Stratégie no 2 : Choisir son média
Stratégie no 3 : Élaborer le contenu
Stratégie no 4 : Choisir les intervenants

5.1.3.3.Le marketing social


Le changement de nos comportements est un des grands enjeux pour
l‟atteinte des ODD. Le marketing social est un des outils utilisés à cette fin.
172

A.Définition
Le marketing social est un outil essentiel pour réaliser des campagnes
de prévention ou de changement de comportement, notamment en tout ce qui touche
l‟environnement, mais aussi pour communiquer en temps de crise, pour réagir à des
catastrophes naturelles, comme un tremblement de terre, ou à des désastres
écologiques, comme le déversement accidentel de pétrole brut dans un écosystème.
B.Les différentes formes de marketing
Le marketing commercial permet à une entreprise privée de vendre ou
de louer ses produits ou ses services pour réaliser des profits, alors que le marketing
social est plutôt utilisé par des gouvernements, des ONG ou des organismes sans but
lucratif (OSBL) pour informer le public, modifier des comportements ou réaliser des
campagnes de prévention pour le mieux-être de la société, d‟où l‟utilisation du terme
publicité ou communication sociétale. Il existe aussi une forme de marketing où
l‟entreprise commerciale adopte une cause sociale : c‟est ce qu‟on appelle le marketing
de la cause ou les valeurs partagées.
C.La stratégie marketing
Si les objectifs du commercial et du sociétal diffèrent, les techniques
utilisées sont cependant fort semblables, pour ne pas dire identiques. Dans un cas
comme dans l‟autre, on élabore d‟abord la stratégie marketing qui comprend l‟analyse
de la situation et un tableau des forces, faiblesses, opportunités et menaces (FFOM).
Puis, on identifie le groupe cible primaire, composé des gens à qui on souhaite
communiquer les messages de l‟annonceur en priorité.
Il peut y avoir plus d‟un groupe, que l‟on complète ensuite par des
cibles secondaires. Il est très important de cibler des groupes précis par leur
géolocalisation, leur âge ou d‟autres attributs qui les rendent sensibles aux messages.
On n‟aborde pas de la même façon des jeunes de 15 à 24 ans et des adultes de 65 ans
et plus, comme on ne s‟adresse pas à des gens qui n‟ont pas eu la chance d‟aller à
l‟école et d‟apprendre à lire comme on le ferait à des universitaires.
D‟où l‟importance de faire du microciblage en fonction de ces aspects
sociodémographiques, mais aussi en fonction des intérêts des gens ou de leur
comportement psychographique. On doit aussi tenir compte des aspects culturels. Plus
on est précis dans l‟élaboration des cibles, plus les messages de l‟annonceur seront
efficaces.
5.2. acteurs du développement durable
Les acteurs du développement durable regroupent toutes les
personnes physiques et morales qui contribuent à la définition des valeurs et des
objectifs du développement durable et à leur mise en oeuvre.
Les principes du développement durable s‟appliquent au sein d‟une entreprise, d‟une
collectivité territoriale, mais aussi dans la vie de tous les jours. Tous les acteurs de la
173

société civile ou de la sphère économique et politique, les associations, les citoyens ont
un rôle à jouer en matière de développement durable.
Depuis le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro (1992), les territoires
sont au coeur du développement durable. À l‟aide du plan Action 21, véritable feuille
de route de la politique de développement durable des collectivités, les réseaux de
villes et les communautés urbaines sont à même d‟exprimer les besoins et de mettre en
oeuvre des solutions.
5.2.1. Des organisations internationales aux fonctions diverses
Les organisations internationales sont dotées d‟une personnalité juridique
de droit international, elles possèdent leurs organes propres et édictent leurs propres
actes. On peut notamment citer :
 Le Programme des Nations unies pour l‟environnement ;
 Le Fonds pour l‟environnement mondial (FEM) ;
 La Commission des Nations Unies pour le développement durable (CDD) ;
 Les secrétariats ;
 La Banque mondiale ;
 L‟Organisation mondiale du commerce (OMC) ;
 Le Fonds monétaire international (FMI).
En principe, un État n‟altère pas sa souveraineté en s‟engageant dans une
organisation internationale.
5.2.2. Les États
Les outils d‟intervention de l‟État sont très variés. Ils relèvent, entre
autres, de la sensibilisation, de la formation, de l‟information, du conseil, de la
communication, de la normalisation.
1.La gouvernance environnementale à l’échelle de l’État
Le respect des plans d‟action pour l‟environnement que les différents
États du monde ont commencé à développer au cours des dernières années
s‟accompagne de timides tentatives de contrôle mutuel entre États voisins, c‟est-à-dire
que la gouvernance environnementale apparaît comme un espace d‟action idéal pour le
développement de mécanismes de coopération entre les États et l‟ensemble régional,
même si l‟essentiel reste à faire.
L‟État, de par sa nature même, est le principal acteur du développement
durable et ceci, quelles que soient ses modalités d‟intervention.
Le mode d‟action de l‟État en matière de développement durable couvre les aspects
suivants : fixer les objectifs, choisir les indicateurs, produire et diffuser les
informations, mener les évaluations, répartir les responsabilités entre les acteurs,
choisir et équilibrer les moyens d‟action de l‟État pour gérer ses propres ressources ou
pour orienter ou cadrer les autres acteurs.
174

2.La participation des États à la gouvernance environnementale mondiale


Les visions différentes et souvent contraires qu‟ont les États sont une
source d‟inquiétude, car ce sont eux et, concrètement, les pays du Nord, qui tirent les
ficelles du financement des institutions internationales et qui peuvent freiner ou
accélérer les différents processus.
Ces tensions renvoient le problème de la gouvernance
environnementale mondiale à son origine, car ces pays sont les principaux donateurs
des institutions internationales et en contrôlent les politiques.
5.2.3. Les entreprises
La gouvernance environnementale des entreprises correspond au pilier
environnemental d‟une notion plus vaste, la responsabilité sociétale des entreprises,
qui est l‟application des principes du développement durable aux entreprises. La
gouvernance environnementale des entreprises prend en considération la gestion
qu‟une société a de ses impacts et de ses risques ; elle sert à évaluer ses actes et ses
possibilités d‟action dans le domaine environnemental.
5.2.4. Les acteurs non étatiques
La question des acteurs participant à la gouvernance environnementale
est directement liée à la démocratisation de cette dernière. Il existe un consensus sur le
fait « qu‟une plus grande participation des acteurs non étatiques dans les décisions
environnementales à caractère multilatéral renforce la légitimité démocratique de la
gouvernance environnementale ».
Mais au-delà des résultats positifs de l‟action des mouvements sociaux sur la
démocratisation des sociétés dont ils font partie, il convient de se demander dans
quelle mesure ils peuvent être les acteurs principaux d‟une transformation du territoire
ou jusqu‟à quel point ils contribuent à générer une gouvernance environnementale au
niveau territorial.
5.2.5. Les accords multilatéraux sur l’environnement
Les accords multilatéraux sur l‟environnement (AME) visent à protéger
et à restaurer l‟environnement mondial et à contribuer au développement durable.
Exemples : la Convention de Ramsar sur les zones humides (1971), la Convention sur
le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées
d‟extinction (Convention de Washington, 1973), la Convention-cadre des Nations
Unies sur les changements climatiques (1992) et le Protocole de Kyoto (1997) qui la
renforce.
Les accords multilatéraux sur l‟environnement jouent un rôle
fondamental pour servir les pays, renforcer les communautés, favoriser le bien-être de
ceux qui en font partie, et inciter à la compréhension mutuelle et à la paix. En outre, à
travers toute une gamme de biens et de services, les gènes, les espèces et les
écosystèmes contribuent souvent directement aux sources de subsistance et au
développement durable.
175

5.2.6. Les institutions internationales


1.Le Programme des Nations Unies pour l’environnement .
Le PNUE est la plus haute autorité en matière environnementale dans le
système des Nations Unies. Fort de son expertise, il renforce les normes et les
pratiques environnementales tout en aidant au respect des obligations en matière
environnementale aux échelons national, régional et international.
2.Le Fonds pour l’environnement mondial
Le FEM est une organisation financière indépendante lancée à l‟initiative
de gouvernements donateurs tels ceux de l‟Allemagne et de la France. C‟est la
première organisation financière qui se consacre pleinement à l‟environnement à
l‟échelle mondiale.
3.La Commission des Nations Unies sur le développement durable
La CNUDD est une institution intergouvernementale qui se réunit deux
fois par an pour évaluer les efforts consentis lors du Sommet de Rio.
4.Les secrétariats des conventions et accords multilatéraux
Les secrétariats des conventions et accords multilatéraux constituent des
piliers de la réglementation environnementale mondiale. Ils ont une grande influence
sur les parties contractantes dans la mise en oeuvre des résolutions et décisions des
conférences des Parties.
5.La Banque mondiale
La Banque mondiale influe sur la gouvernance environnementale par
l‟entremise d‟autres acteurs, en particulier le FEM. Son mandat en matière de gestion
environnementale n‟est pas suffisamment défini, même si elle a incorporé cette
thématique dans sa mission.
6.L’OMC et le FMI sont aussi considérés comme des organisations internationales.
D‟autres institutions internationales intègrent la gouvernance
environnementale dans leur plan d‟action, par exemple :
 le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ;
 l‟Organisation météorologique mondiale (OMM) ;
 l‟Organisation des Nations Unies pour l‟alimentation et l‟agriculture (FAO) ;
 l‟Agence internationale de l‟énergie atomique (AIEA).
5.3. La cohérence et la coordination entre instruments et acteurs
Quelles orientations proposer aux décideurs pour améliorer la
cohérence et l‟intégration des politiques à l‟appui de l‟objectif du développement
durable ? Loin d‟énoncer un ensemble de recettes miracles ou de solutions clé en
main, la cohérence se fonde sur l‟expérience des pays de l‟OCDE et sur la prise de
conscience de l‟attention particulière aux pratiques de gouvernance que requiert cet
objectif.
176

Si le développement durable est si important, pourquoi notre volonté politique est-elle


si peu souvent mise en oeuvre de manière efficace ? La réponse tient en partie au
caractère inadapté des outils de gouvernance.
Une bonne gouvernance et une saine gestion publique constituent des
préalables à la mise en oeuvre de mesures de développement durable.
La réalisation des objectifs du développement durable exige souvent des pouvoirs
publics des initiatives particulières pour mieux intégrer les objectifs économiques,
environnementaux et sociaux qui relèvent du domaine de compétence de leurs diverses
institutions.
Le manque de coordination réelle entre les secteurs et entre les échelons
de l‟administration constitue donc l‟un des principaux obstacles à surmonter.
Les principaux obstacles à l‟intégration des politiques sont solidement enracinés dans
les divergences entre les intervenants quant à leur perception des enjeux. Le débat sur
le développement durable met en jeu des intérêts contradictoires, et le compromis
demeure un élément clé de la prise de décision. De même, il est nécessaire d‟impliquer
tous les acteurs concernés et d‟améliorer la gestion des connaissances.
Au niveau mondial, la gouvernance environnementale se heurte à quatre obstacles
fondamentaux :
 des structures parallèles et concurrentes ;
 des contradictions et des incompatibilités ;
 la concurrence entre les multiples accords provenant d‟organisations différentes
et comportant des objectifs, des règles et des processus différents ;
 le chaînon manquant entre l‟échelle mondiale et l‟échelle locale.
5.4. La démocratisation de la gouvernance environnementale mondiale
Le processus du Sommet de la Terre (Rio, 1992 ; Johannesburg, 2002 ;
Rio, 2012) est un espace d‟innovation démocratique capable de bouleverser les
schémas de l‟ordre international et d‟ouvrir la voie à une forme de « démocratie
d‟acteurs » ou de « démocratie des Parties » dans la gouvernance environnementale
mondiale, dans un processus délibératif où des acteurs fondamentaux comme les
ONG, les femmes, les peuples indigènes, les entreprises et les commerçants prennent
part aux décisions aux côtés des États et des organisations internationales.
Avant, pendant et après chacun des sommets, il y a eu des forums, des
dialogues et des accords de partenariat, parallèlement aux processus formels de
relations entre acteurs étatiques et non étatiques. Le mode privilégié pour cette forme
de gouvernance est la négociation multilatérale.

Section 6. Du développement durable à l’économie verte


Il y a de cela bientôt vingt ans, les pays réunis à Rio ont reconnu que
nos pratiques de développement engendraient plusieurs problèmes sociaux et
environnementaux interreliés – pollution, pauvreté, malnutrition, etc. (ONU, 1992).
177

Aussi le développement durable a-t-il fait son apparition en tant que nouveau principe
directeur destiné à guider la croissance (Flam, 2011, p. 39-72). Malgré une adhésion
considérable de la part de la société civile, du milieu des affaires et des administrations
publiques, son opérationnalisation s‟est toutefois révélée une tâche des plus
complexes.
Selon le PNUE, plusieurs des difficultés éprouvées peuvent être
associées à une même cause, soit le caractère inapproprié de notre modèle de
développement économique en regard des objectifs du développement durable (PNUE,
2011)2. Ce constat, sur lequel se fonde l‟économie verte, pourrait bien être la clé de
plusieurs problèmes. En tant qu‟approche intégratrice, l‟économie verte entend
répondre à de nombreux défis contemporains, dont la pauvreté, la pénurie d‟emplois et
les difficultés économiques résultant de l‟effondrement des marchés financiers,
l‟actuelle crise alimentaire mondiale, les problèmes liés à la disponibilité et la qualité
de l‟eau potable et les changements climatiques.
Des trois dimensions du développement durable, l‟aspect économique
domine de facto l‟actuel modèle de développement et conditionne le succès de toutes
tentatives de mise en oeuvre du développement durable. Sur la base de cette
constatation, comment peut-on, tout en assurant une transition adéquate, modifier la
trajectoire de développement afin d‟atteindre les objectifs du développement durable?
Loin de reléguer le développement durable aux oubliettes, l‟économie verte en
représente plutôt la continuité logique.
Sa représentation visuelle (voir Figure 1) reflète la relation de
dépendance qui unit les trois dimensions du développement durable : l‟économie est
l‟un des sous-systèmes de nos sociétés et les sociétés humaines font partie des
nombreux sous-systèmes de l‟environnement.
6.1 Définition
L‟économie verte, aussi appelée croissance verte, vise à modifier la
trajectoire des économies nationales et mondiales. Pour ce faire, on accorde la priorité
au rôle directeur de la croissance, tout en redéfinissant les bases sur lesquelles se fonde
cette dernière.
Les tenants de l‟économie verte précisent les objectifs du
développement économique et identifient des moyens d‟action politique concrets afin
de créer les conditions nécessaires à la mise en oeuvre du développement durable. De
manière générale, l‟économie verte tend à i) assurer la viabilité économique, ii) lutter
contre la pauvreté par la création d‟emplois dans de nouveaux secteurs et iii) préserver
le capital naturel qui soutient les activités humaines (PNUE, 2011).
À l‟heure actuelle, aucune définition véritablement consensuelle n‟a
encore émergé des différents forums de négociations internationales (ECO Canada,
2010, p.9). À la faveur du processus de préparation de Rio + 20, une majorité d‟États,
semble-t-il, estime que, malgré l‟absence d‟une définition partagée, leur «
178

compréhension commune » du concept soit suffisante et permette de pousser plus


avant son opérationnalisation (Objectif Terre, 2011).
La définition du PNUE fait l‟objet d‟un certain consensus : «
l‟économie verte est une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain
et de l‟équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques
environnementaux et la pénurie de ressources. » (PNUE, 2011, p. 2). Elle serait de
surcroît caractérisée par des activités économiques et industrielles à faible taux
d‟émission de carbone, une saine gestion des ressources naturelles et un souci pour
l‟inclusion sociale et le développement humain.

On peut encore définir l‟économie verte comme étant l‟ensemble des


activités économiques qui participent à préserver l‟équilibre naturel. Respectueuse de
l‟environnement, elle contribue à l‟amélioration du bien-être humain et à l‟équité
sociale.

L‟économie verte se présente comme une approche du développement


visant à stimuler l‟économie mondiale grâce à des politiques qui accordent la priorité à
des énergies et des modes de consommation et de production durables. De plus, à
travers la création d‟emplois dans les nouveaux secteurs « verts », elle vise une
répartition plus équitable des retombées positives de la croissance, et ce, afin
d‟améliorer les conditions de vie des populations pauvres.
6.2. Une approche globale
Dans le contexte de la mondialisation, il devient de plus en plus évident
que la réponse aux problèmes globaux réside dans la capacité des États d‟agir de
manière concertée dans l‟identification de solutions transversales et complémentaires.
Conscients qu‟un travail considérable reste à accomplir en ce sens,
plusieurs acteurs internationaux ont manifesté, au cours des derniers mois, un intérêt
marqué pour l‟économie verte.
6.3.Économie verte et développement durable

L‟économie verte entre dans une démarche de développement durable.


L‟économie verte s‟appuie évidemment sur les piliers économiques et
environnementaux du développement durable comme son nom l‟indique, mais sans
oublier la dimension sociale du développement durable.

6.4.Objectifs de l’économie verte

6.4.1.L’équilibre du capital naturel

L‟économie verte cherche à maintenir l‟équilibre du capital naturel. Cela


signifie qu‟elle a pour objectif une utilisation uniquement des ressources que la Terre
179

est en capacité de reformer. Il s‟agit donc de ne pas consommer plus que ce que les
écosystèmes naturels peuvent fournir.

Exemple : une activité d‟exploitation de gisements de pétrole ne peut être une activité
“verte”. Elle est même qualifiée de “noire” puisqu‟elle puise une matière première que
la nature ne peut pas fabriquer en quelques années.

6.4.2.La répartition équitable des ressources

L‟économie verte poursuit un objectif de justice sociale en s‟assurant que


les ressources naturelles sont équitablement réparties entre les différentes populations
et entre les générations.

Exemple : au niveau international, l‟accès à l‟eau potable, une ressource naturelle


indispensable, est fortement inégalitaire.

6.4.3.La modification des modes de production et de


consommation

L‟économie verte promeut des modes de production plus


responsable, en accord avec les principes de l’écologie industrielle par
exemple, de l’économie circulaire et des modes de consommation plus
respectueux des enjeux environnementaux et sociétaux de nos mondes
modernes.

6.5.Les secteurs d’activité de l’économie verte

L‟économie verte est considérée comme un pilier de croissance pour


l‟emploi avec l‟amélioration des activités existantes et l‟apparition de nouvelles
activités. Selon l‟Observatoire National des Emplois et Métiers de l‟Économie Verte
(ONEMEV), les différentes activités sont classées en trois pôles :

 La protection de l‟environnement regroupe les activités qui concourent à la


réduction des consommations d‟énergie, de matières premières et d‟eau, des
émissions des gaz à effet de serre, des formes de déchets et de pollution, et à
protéger la biodiversité.
 La gestion des ressources naturelles concerne les activités de maîtrise de l‟énergie,
de gestion des ressources en eau, de recyclage, de production et d‟utilisation des
énergies renouvelables.
 La Recherche et Développement (R&D) est un pan important de l‟économie verte,
notamment grâce à la recherche publique.
180

6.6.Les métiers de l’économie verte

L‟économie verte est amenée à se développer dans les prochaines


décennies avec une transformation importante des organisations et des métiers.

6.6.1.Les métiers verts

Ce sont des métiers à vocation environnementale stricto sensu qui visent à


mesurer, prévenir, maîtriser et corriger les impacts négatifs et dommages de l‟activité
humaine sur l‟environnement. Certains de ces métiers sont déjà existants (garde
forestier, technicien de mesure de la qualité de l‟eau, etc.). Par contre, d‟autres sont
encore nouveaux (diagnostiqueur de qualité d‟air intérieur, superviseur d‟exploitation
éco-industrielle, etc.).

6.6.2.Les métiers “verdissants”

Ce sont des métiers dont la finalité première n‟est pas environnementale.


Toutefois, leur contenu intègre de nouvelles compétences pour prendre en compte les
dimensions de protection de l‟environnement. Cette catégorie regroupe des métiers
touchant presque tous les secteurs d‟activité : transports, bâtiment, industrie, tourisme,
agriculture-sylviculture, etc. Ainsi, un conducteur de poids lourds ou un architecte
peuvent contribuer à l‟économie verte.
181

CONCLUSION

Le développement durable est en quelque sorte une question


d'équilibre entre les besoins des générations présentes et ceux des générations qui
suivront. Aujourd‟hui, partout dans le monde, les sociétés sont face à un défi de taille :
repenser leur modèle afin de construire les bases d‟un avenir plus durable, plus positif,
plus juste.

Le développement durable est au coeur des réflexions, dans tous les


domaines. On essaie de produire des énergies plus propres, plus respectueuses de
l‟environnement, de penser des moyens de se déplacer plus efficients mais qui
détruisent moins la planète et soient plus accessibles à tous. On tente de définir de
nouveaux modèles économiques, avec une répartition plus juste des richesses, de
prévenir et de lutter contre l‟exclusion, la pauvreté, le mal-être.

On innove, on invente, des technologies ou des façons de vivre


ensemble qui remettent en cause nos conceptions habituelles du quotidien, du travail
des loisirs. Bref, les sociétés sont en train de se réinventer, ou en tout cas, elles sont
contraintes de le faire face aux menaces que représentent la crise écologique, le
changement climatique ou encore les transformations des aspirations citoyennes et
démocratiques.

Il appartient aux États et aux populations de travailler ensemble, en se


concertant et en formant des partenariats, pour établir les assises du développement
durable. Ils sont tous des acteurs clés, et les seuls capables de faire en sorte que le
danger qui menace la surviede l‟humanté soit évitée.
182

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192

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION ................................................................................................................ 1
CHAP. I. LE SOUS DEVELOPPEMENT ................................................................................... 4
SECTION1. LES DIFFÉRENTES APPELLATIONS ET LA DÉFINITION DU SOUS-DÉVELOPPEMENT........................... 4
1.2. Définition du sous- développement ............................................................................. 5
1.3. Les causes du sous-développement. ............................................................................ 8
SECTION2. LES CARACTÉRISTIQUES DES PED ................................................................................... 12
2.1. Des structures économiques et sociales désarticulées .............................................. 12
2.2. Une forte croissance démographique ........................................................................ 13
2.3. Une faible insertion dans le commerce international ................................................ 13
2.4. La pauvreté et l’insatisfaction des besoins fondamentaux ........................................ 14
2.5. Le dualisme, l’inarticulation et les distorsions ........................................................... 15
2.6. Les inégalités .............................................................................................................. 17
SECTION3.LA CLASSIFICATION DES PAYS SOUS DEVELOPPÉS ................................................................. 19
3.1. Le classement selon la mesure par le PNB/habitant .................................................. 19
3.2.Le classement par les indicateurs de développement ................................................ 19
SECTION4.LA DIVERSITÉ DES PED ................................................................................................. 20
4.1. Des caractéristiques socio-économiques différentes ................................................. 21
4.2 Une insertion opposée dans le commerce international ............................................ 22
SECTION 5. LES THEORIES DU SOUS-DÉVELOPPEMENT........................................................................ 22
5.1 Le sous-développement comme retard : les théories libérales ................................... 22
5.2 .Le sous-développement comme phénomène auto-entretenu : la théorie de nurske et
l’analyse tiers-mondiste .................................................................................................... 25
5.3. Les structure des PED comme obstacles à leur développement ................................ 26
4.3 Le sous-développement comme conséquence de l’impérialisme : les analyses néo
marxistes ........................................................................................................................... 28
CHAPII.LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ..................................................................... 31
SECTION1 DÉFINITION ET INDICATEURS ET DE DÉVELOPPEMENT .......................................................... 31
1.2. Indicateurs de développement économique .............................................................. 32
SECTION2. LES IMPERATIFS DE DÉVELOPPEMENT ............................................................................. 34
2.1.LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ................................................................................................ 34
2.1.1.2. La mesure de la croissance .................................................................................. 35
2.1.2. Les Sortes de croissance Economique ..................................................................... 36
2.1.3. Les sources de la croissance .................................................................................... 38
2.2 .LE COMMERCE INTERNATIONAL ET LES TERMES DE L’ÉCHANGE ...................................................... 40
2.2 .1.Le commerce international ..................................................................................... 40
2.2.2.2. Les trois catégories d’acteurs du commerce international ................................. 44
2.2.2. Les termes de l’échange .......................................................................................... 45
193

2.3. L’industrialisation ....................................................................................................... 46


2.3.1. La notion d’industrialisation ................................................................................... 47
2.3.2. Industrialisation et développement ........................................................................ 48
2.3.4.Les stratégies de l’industrialisation.......................................................................... 51
2.3.4.1. Les industries industrialisantes ............................................................................ 51
2.3.4.2. L’industrialisation par substitution d’importations ............................................. 51
2.3.4.3. La stratégie par la promotion des exportations .................................................. 52
2.4. INVESTISSEMENT ................................................................................................................. 52
2.4.1.Origine et définition du concept « investissement » ................................................ 52
2.4.1.1. Origine du concept « investissement » ................................................................ 52
2.4.1.2. Définition .............................................................................................................. 53
2.4.2.Typologie des investissements ................................................................................. 54
2.4.2.1.Du point de vue d’origine des investissements ..................................................... 54
2.4.2.2. Du point de vue utilisation des investissements .................................................. 55
2.4.2.3.Du point de vue légal ............................................................................................ 56
2.4.3. Investissement international et développement .................................................... 56
2.4.3.1. Investissement direct étranger ............................................................................ 59
2.5.L’aide au développement ............................................................................................ 61
2.5.1. Définition de l’aide au développement ................................................................... 61
2.5.2.Bref aperçu historique de l’aide au développement ................................................ 62
2.5.3.Formes de l’aide ....................................................................................................... 62
2.5.1.L’aide bilatérale :...................................................................................................... 62
2.5.1.L’aide multilatérale : ................................................................................................ 63
2.5.4. L’aide et développement ......................................................................................... 64
CHAPIII. LE DEVELOPPEMENT HUMAIN........................................................................... 66
SECTION1.DÉFINITION,NAISSANCE ET ÉVOLUTION DU DÉVELOPPEMENT HUMAIN .................................... 66
1.1.DÉFINITION......................................................................................................................... 66
1. 2. La naissance du concept .......................................................................................... 68
1.3. L’évolution du concept .............................................................................................. 69
SECTION2. MESURE DE DEVELOPPEMENT HUMAIN.......................................................................... 70
2.1 La conception de l’IDH: ............................................................................................. 70
SECTION3. PILIERS, FINALITÉ, ACTEURS ET FACTEURS INFLUENÇANT LE DÉVELOPPEMENT
HUMAIN ................................................................................................................................. 75
3.1. Piliers du développement humain .............................................................................. 75
3.2.FINALITÉ DU DÉVELOPPEMENT HUMAIN .......................................................................... 76
3.3. Rôle des acteurs du développement humain ............................................................. 77
3.4. Facteurs influençant le développement humain ........................................................ 77
SECTION 4. LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN ET D’AUTRES APPROCHES ..................................................... 78
4.1.Le développement humain et l’économie de marché ............................................... 78
4.2.Les liens entre la croissance économique et le développement humain ................ 78
SECTION 5. LES TROIS DIMENSIONS DE L‟IDH ? ..................................................................... 79
194

5.1. Santé .......................................................................................................................... 79


5.2. Éducation ................................................................................................................... 79
5.3. Le revenu .................................................................................................................... 79
SECTION 6. LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT (OMD) ................... 80
6.1. Présentation des OMD ............................................................................................... 80
6.2.L’évaluation des OMD ................................................................................................. 83
CHAPIII.LE DEVELOPPEMENT DURABLE.............................................................. 94
SECTION 1. DÉFINITION DES CONCEPTS APPARANTÉS ......................................................................... 94
1.1. La forêt ....................................................................................................................... 94
1.2. Réchauffement climatique ......................................................................................... 95
1.3. Effet de serre naturel ................................................................................................. 95
1.4. Ecosystèmes ............................................................................................................... 96
1.4.1. Ecosystème terre ..................................................................................................... 97
1.4.2. Ecosystème climat ................................................................................................... 97
1.4.3. Ecosystème eau ....................................................................................................... 98
1.5. La biodiversité ............................................................................................................ 98
1.6. L'environnement ........................................................................................................ 98
SECTION 2. BREF APERCU HISTORIQUE ET DÉFINITION DU « CONCEPT DÉVELOPPEMENT
DURABLE » ............................................................................................................................ 98
2.1.BREF APERCU HISTORIQUE DU CONCEPT « DÉVELOPPEMENT DURABLE » ....................... 98
2.2.DÉFINITION ET ÉMERGENCE DU CONCEPT « DÉVELOPPEMENT DURABLE » ..................................... 103
2.2.1. Définition du développement durable ................................................................. 103
2.2.2.L’émergence du concept de développement durable ............................................ 105
2.2.2.1.L’approche du développement durable par les théoriciens du développement. 105
2.2.2.2. L’approche institutionnelle du développement durable. ................................... 110
2.2.2.3. L'approche du développement durable par les Organisations Non
Gouvernementales. ......................................................................................................... 127
2.1. Une méthode d’évaluation. ...................................................................................... 128
2.2. Des propositions. ...................................................................................................... 129
2.2.3.La remise en cause de la définition du développement durable ........................... 132
2.2.4.Le développement durable : exemples pratiques .................................................. 132
2.2.4.1.Développement durable : la transition écologique et solidaire des sociétés ...... 133
2.2.4.2.Le développement durable : essentiel aujourd’hui ............................................. 134
SECTION 3. LES INDICATEURS, LES PRINCIPES ET LES PILIERS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
............................................................................................................................................ 134
3.1.Les indicateurs du développement durable pourquoi utiliser les indicateurs ........... 134
3.1.1. Empreinte écologique (indicateur général)........................................................... 134
3.1.2.Taux de croissance du PIB par habitant ................................................................. 137
3.1.3.Indicateur de développement humain (IDH) .......................................................... 137
3.1.4. Indice de la planète heureuse (IPH) ...................................................................... 137
3.1.5.Indice de Bien-être (lB) ........................................................................................... 137
195

3.1.6. Indicateur de performance environnementale (IPE) ............................................. 138


3.1.7. Indicateurs par secteur ......................................................................................... 139
3.1.7.1 Indicateurs économiques .................................................................................... 139
3.1.7.2 Indicateurs sociaux .............................................................................................. 139
3.1.7.3 Indicateurs écologiques ...................................................................................... 139
3.2.Les piliers du développement durable...................................................................... 140
3.2.1. LE PILIER SOCIAL OU ENCORE LE PILIER HUMAIN ....................................................... 140
3.2.2.LE PILIER ÉCONOMIQUE ............................................................................................. 141
3.2.3.LE PILIER ENVIRONNEMENTAL ................................................................................... 141
3.2.4.Le pilier culturel (la culture et la diversité culturelle)............................................. 142
3.3.LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ................................... 142
3.3.1.La responsabilité .................................................................................................... 142
3.3.2.La solidarité ............................................................................................................ 142
3.3.4.La participation ...................................................................................................... 143
3.3.5.La précaution ......................................................................................................... 143
3.3.6.La subsidiarité ........................................................................................................ 143
SECTION 4. CONDITIONS ET ENJEUX DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ................................................. 144
4.1.Les conditions fondamentales du développement durable .................................... 144
4.1.1. Démocratie ........................................................................................................... 144
4.1. 2. Autonomie ........................................................................................................... 145
4.1.3. Équité .................................................................................................................... 145
4.1.4. Interdépendance .................................................................................................. 146
4.1.5. Imputabilité et responsabilisation....................................................................... 147
4.2.Les enjeux du développement durable ..................................................................... 148
4.2.1.LES TROIS ENJEUX TRADITIONNELS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE : ÉCONOMIE,
ENVIRONNEMENT ET SOCIÉTÉ .............................................................................................. 148
4.2.2.Les enjeux du développement durable : une seconde approche ........................... 148
4.2.3.Regard sur les objectifs de développement durable .............................................. 149
SECTION4. LA GOUVERNANCE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ........................................................... 153
4.1.Définition ................................................................................................................... 153
4.2 La bonne gouvernance .............................................................................................. 153
4.3.Les crises et les défis de la gouvernance environnementale .................................... 154
4.4. La dette écologique et l’injustice environnementale ............................................... 156
4.5.La dégradation des sols............................................................................................. 157
4. 6. La gestion du changement climatique .................................................................... 157
4.7.La gestion de la biodiversité...................................................................................... 158
4.8 La gestion des zones humides ................................................................................... 159
SECTION 5. LES OUTILS ET ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE .................................................... 159
5.1.Les outils du développement durable ....................................................................... 159
5.1.1.Les outils économiques .......................................................................................... 159
5.1.1.1. Le financement du développement durable ...................................................... 159
196

5.1.1.2. L’économie verte ................................................................................................ 163


5.1.1.3. L’économie circulaire ......................................................................................... 164
5.1.2.Les outils techniques .............................................................................................. 167
5.1.2.1 L’analyse du cycle de vie ..................................................................................... 167
5.1.2.2. L’évaluation environnementale ......................................................................... 168
5.1.3..Les outils de sensibilisation et de communication ................................................ 169
5.1.3.1 L’éducation environnementale ........................................................................... 169
5.1.3.2. La communication .............................................................................................. 171
5.1.3.3.Le marketing social ............................................................................................. 171
5.2.1. Des organisations internationales aux fonctions diverses .................................... 173
5.2.2. Les États ................................................................................................................ 173
5.2.3. Les entreprises....................................................................................................... 174
5.2.4. Les acteurs non étatiques ..................................................................................... 174
5.2.5. Les accords multilatéraux sur l’environnement .................................................... 174
5.2.6. Les institutions internationales ............................................................................. 175
SECTION 6. DU DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’ÉCONOMIE VERTE...................................................... 176
6.1 Définition ................................................................................................................... 177
6.2. Une approche globale .............................................................................................. 178
6.3.Économie verte et développement durable ............................................................ 178
6.4.Objectifs de l’économie verte .................................................................................... 178
6.4.1.L’ÉQUILIBRE DU CAPITAL NATUREL ...................................................................................... 178
6.4.2.La répartition équitable des ressources ............................................................... 179
6.4.3.La modification des modes de production et de consommation ......................... 179
6.5.Les secteurs d’activité de l’économie verte............................................................... 179
6.6.LES MÉTIERS DE L‟ÉCONOMIE VERTE ............................................................................. 180
6.6.1.Les métiers verts .................................................................................................... 180
6.6.2.Les métiers “verdissants” ...................................................................................... 180
CONCLUSION .................................................................................................................181
BIBLIOGRAPHIE ..............................................................................................................182
TABLE DES MATIÈRES .....................................................................................................192
197

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