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Journal de Chirurgie Viscérale 2022
Journal de Chirurgie Viscérale 2022
Chirurgie
de
V i s c é r a l e
Journal de Chirurgie Viscérale (ISSN 1878-786X) 2022 (volume 159), un an : 6 numéros. Voir tarifs sur www.elsevier-masson.fr/JCHIR
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B. Coffin
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MISE AU POINT
MOTS CLÉS Résumé La gastroparésie est le plus fréquent des troubles moteurs gastriques. Elle est défi-
Bypass gastrique ; nie par l’association des symptômes dits cardinaux, que sont nausées, vomissements, plénitude
Gastroparésie ; gastrique, satiété précoce, ou ballonnements, en rapport avec un ralentissement de la vidange
G-POEM ; gastrique en l’absence d’obstruction mécanique. Le ralentissement de la vidange gastrique
Pacemaker doit être objectivé par une scintigraphie de vidange gastrique ou un test respiratoire. La gas-
gastrique ; troparésie peut être idiopathique, en rapport avec un diabète, postopératoire, iatrogénique,
Stimulation ou post-infectieuse. La prise en charge thérapeutique doit être multidisciplinaire : nutrition-
électrique gastrique ; nelle, médicale, endoscopique et chirurgicale. Ainsi, il faut rechercher les complications de
Traitement la maladie, et notamment la dénutrition, corriger les carences vitaminiques, ainsi que les
endoscopique troubles électrolytiques. Le traitement de la cause doit être réalisé lorsqu’il est possible. Les
règles diététiques et les traitements médicamenteux, notamment les prokinétiques, sont uti-
lisés en première ligne pour améliorer les symptômes. En l’absence d’efficacité, une prise en
charge spécialisée endoscopique, avec des techniques visant le sphincter pylorique telles que la
pyloromyotomie endoscopique ou chirurgicale, avec l’implantation d’un stimulateur électrique
gastrique doivent être discutées dans des centres spécialisés.
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H. Soliman, G. Mariano, H. Duboc et al.
KEYWORDS Summary Gastroparesis is the most common gastric motility disorder. The cardinal symp-
Gastric bypass; toms are nausea, vomiting, gastric fullness, early satiety, or bloating, associated with slow
Gastroparesis; gastric emptying in the absence of mechanical obstruction. Delayed gastric emptying is
G-POEM; demonstrated by a gastric emptying scintigraphy or by a breath test. Gastroparesis can be idio-
Gastric pacemaker; pathic, postoperative, secondary to diabetes, iatrogenic, or post-infectious. Therapeutic care
Gastric electrical must be multidisciplinary including nutritional, medical, endoscopic and surgical modes. The
stimulation; complications of delayed gastric emptying must be sought and addressed, particularly malnutri-
Endoscopic treatment tion, in order to identify and correct vitamin deficiencies and fluid and electrolyte disturbances.
An etiology should be identified and treated whenever possible. Improvement in symptoms can
be treated by dietary regimes and pharmaceutical treatments, including prokinetics. If these
are not effective, specialized endoscopic approaches such as endoscopic or surgical pyloromyo-
tomy aim at relaxing the pyloric sphincter, while the implantation of an electrical stimulator
of gastric muscle should be discussed in specialized centers.
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Plusieurs échelles ont été utilisées pour évaluer la fré- évoluer spontanément favorablement dans l’année suivant
quence et la sévérité de la maladie. Le score le plus l’infection [21]. D’autres maladies systémiques ou neuro-
reproductible est actuellement le Gastroparesis Cardinal dégénératives peuvent également être en cause, comme la
Symptom Index (GCSI) évaluant 9 items (nausée, régurgi- sclérodermie, ou la maladie de Parkinson. La gastroparésie
tation, vomissement, plénitude gastrique, satiété précoce, est alors liée à une atteinte du système nerveux entérique,
plénitude post-prandiale, perte d’appétit, ballonnement, ou des cellules musculaires lisses de l’estomac.
distension abdominale) [12]. Ce questionnaire est rapporté Enfin, l’absence de contexte évocateur est fréquente,
en annexe 1 ; cependant, il n’a pas été validé en français, puisque dans 40 % des cas, la gastroparésie est idiopathique
et la différence entre « retching » traduit par haut le cœur [14]. À noter également que la consommation de tabac, ou
et « nausée » peut notamment être difficile à comprendre d’alcool n’ont pas été associés à une augmentation du risque
pour les patients. Le résultat est donné sur une échelle de de gastroparésie [11].
0 à 5 et un score > 2 est considéré comme une pathologie
sévère. Ce score est également utilisé dans les essais cli-
niques afin d’évaluer la réponse aux traitements, laquelle Diagnostic positif
est jugée efficace en cas de diminution de 0,75 à 1 point du
score [13]. Cependant, ce score n’a pas de valeur diagnos- Devant la présence de symptômes évocateurs de gastro-
tique, et il n’existe pas à l’heure actuelle de seuil poussant parésie, le diagnostic doit être confirmé par une mesure
à réaliser des explorations complémentaires. objective de la vidange gastrique. Il convient, dans un pre-
mier temps, de réaliser une endoscopie digestive haute afin
d’éliminer toute cause organique aux symptômes. En cas de
Étiologies normalité, l’exploration de la motricité gastrique est alors
indiquée, soit par scintigraphie de vidange, soit par un test
Le contexte clinique peut également orienter vers le diag- respiratoire avec un isotope stable du carbone.
nostic de gastroparésie. Le diabète représente une cause La scintigraphie de vidange gastrique est actuellement
fréquente, comptant pour un tiers des cas [14]. Le risque la méthode de référence [22]. L’examen est réalisé chez
cumulatif de gastroparésie sur 10 ans a été évalué à 5 % un patient à jeun, et nécessite l’ingestion d’un repas solide
chez les patients atteints d’un diabète de type 1 et à 1 % marqué au Technétium99 et d’un repas liquide marqué à
chez les patients avec un diabète de type 2 [15]. La pré- l’Indium111. Le contenu du repas est standardisé, afin de
sence d’une gastroparésie diabétique est souvent associée contenir une quantité de calories, et de graisses suffisantes
à d’autres complications du diabète, en particulier à une [22]. Le test doit durer 4 h au minimum avec des acquisitions
rétinopathie diabétique, à une neuropathie périphérique, à 0, 1, 2 et 4 h. Le diagnostic de gastroparésie est retenu s’il
et à un déséquilibre du diabète avec un taux d’hémoglobine existe un taux de rétention > 60 % à 2 h, et > 10 % à 4 h [23].
glyquée plus important [16]. La sévérité a également été classée selon les résultats de
Un contexte postopératoire représente 13 % des causes la gastroparésie : un taux de rétention de 10 à 15 % à 4 h
de gastroparésie. Cette entité est à distinguer de la dilata- constitue une atteinte légère, un taux de 15 à 35 % définit
tion gastrique aiguë qui peut survenir en postopératoire de une atteinte modérée, et un taux supérieure à 35 % définis-
toute chirurgie abdominale, ou dans un contexte de troubles sant une atteinte sévère [24]. Cependant, cet examen est
du compartiment alimentaire. La dilatation gastrique aiguë surtout limité par sa faible disponibilité.
est rare, avec de nombreux cas rapportés, mais peu de Une alternative diagnostique est la réalisation d’un test
séries décrites dans la littérature. Elle est définie par une respiratoire au carbone 13 [25]. Le principe de ce test est
distension majeure gastrique visible en imagerie, avec un que le taux de 13 C expiré est le reflet du carbone incor-
contenu aérique, et liquide de l’estomac. Cette complica- poré dans le repas, et absorbé après passage gastrique. Le
tion, assimilable à l’iléus postopératoire, nécessite une prise test est également réalisé après une période de jeune de
en charge médicale en urgence, avec une aspiration par 8 heures, et le patient ingère le 13 C dans un repas à base
sonde nasogastrique. Un retard diagnostique peut entraîner d’acide octanoïque, le plus souvent, ou de spiruline. Des
des vomissements, voire une ischémie gastrique. La phy- échantillons respiratoires sont recueillis avant le repas, et à
siopathologie de cette entité n’est pas claire, bien qu’une intervalle régulier, généralement toutes les 30 minutes pen-
hyperglycémie, ou une gastroparésie pourraient en être des dant 4 heures, et cela permet d’estimer la demi-vie de la
facteurs de risque [17]. La gastroparésie postopératoire est vidange gastrique [26]. Plus disponible et moins irradiant
définie par une persistance à long terme d’un retard de que la scintigraphie, ce test reste, néanmoins, une mesure
vidange des solides. Elle est souvent liée à une lésion du nerf indirecte de la vidange gastrique, et peut être altéré par
vague, et avait ainsi été décrite dans les suites de vagotomie une maladie respiratoire, hépatique, par une insuffisance
pour pathologie ulcéreuse, lesquelles ne sont maintenant cardiaque, ou une malabsorption intestinale.
plus pratiquées [18]. Les chirurgies actuellement en cause Récemment, la capsule SmartPillTM a été approuvée par
sont les chirurgies antireflux, les chirurgie œsophagienne la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis pour
ou gastrique à visée carcinologique, rarement les chirurgies la mesure de la vidange gastrique. Cette capsule est diffé-
bariatriques [19]. La gastroparésie est également fréquente rente de la vidéo-capsule d’enregistrement du grêle utilisé
dans les suites d’une duodéno-pancréatectomie céphalique, en pratique courante. Celle-ci mesure la pression, le pH et
mais le plus souvent transitoire [20]. la température, et permet ainsi de mesurer le temps de
Les autres causes sont globalement plus rares. Une prise transit gastrique ou intestinal. Cependant, des réserves ont
médicamenteuse peut être en cause, notamment avec les été émises sur ces résultats, la capsule étant un large objet
opioïdes. Ces traitements entraînent une diminution de la non digérable ne semble, en effet, pas quitter l’estomac à
contractilité antrale et gastrique et une augmentation de la suite du repas, mais est plutôt expulsé par de puissantes
la pression pylorique. Des gastroparésies post-virales ont contractions antrales en post-prandial [27].
été décrites, après des infections à Epstein—Barr virus, à Les diagnostics différentiels de la gastroparésie ne
herpes-virus, ou à cytomégalovirus, mais celles-ci semblent doivent pas être méconnus. En présence de symptômes
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évocateurs et d’une vidange gastrique normale, il convient entérotomie tunnélisée selon Witzel expose à un risque
d’évoquer le diagnostic de dyspepsie fonctionnelle. Les de complications de 2 % à type d’occlusion du grêle et
symptômes sont, en effet, les mêmes pour ces 2 atteintes, d’infection du site opératoire [35]. La jéjunostomie par
hormis les vomissements qui sont absents dans la dys- cathéter à aiguille peut être réalisée par laparoscopie,
pepsie. Une étude récente montre qu’à un stade avancé, avec un taux de complications similaires, et permet un
ces 2 diagnostics sont interchangeables, notamment suite retour plus rapide de la motricité intestinale [34]. Enfin,
à la variabilité de la vidange gastrique dans le temps une nutrition parentérale n’est à envisager qu’en dernier
[28]. En présence de vomissements itératifs, il convient de recours.
rechercher une consommation de cannabis afin d’éliminer
un syndrome hyperemesis cannabinoïde. Le syndrome de Traitement médical
vomissements cycliques se présente sous forme de crises
répétées, mais espacées par des intervalles asymptoma- Le traitement de la cause sous-jacente permet également
tiques. En dehors des crises, il n’y a pas d’altération de de ralentir l’évolution de la gastroparésie. Ainsi, chez les
la vidange gastrique. Enfin, les troubles du comportement patients diabétiques, un déséquilibre glycémique contribue
alimentaire, et surtout l’anorexie mentale peut mimer une à ralentir la vidange gastrique, et un meilleur équilibre
gastroparésie et entraîner une altération de la vidange gas- glycémique avec une pompe à insuline a montré son effi-
trique, laquelle est souvent normalisée après correction de cacité pour optimiser les symptômes de gastroparésie [36].
la dénutrition [8]. Il est à noter que la gastroparésie peut également altérer
l’absorption des médicaments pris par voie orale, et retar-
der l’absorption postprandiale des repas, contribuant ainsi
Traitement au déséquilibre glycémique [1]. Les analogues du Glucagon-
like Peptide 1 (GLP-1) sont également à éviter, car ils
Prise en charge nutritionnelle ralentissent la vidange gastrique [29]. Les autres traite-
ments entraînant un ralentissement de la vidange gastrique,
Le traitement de première intention de la gastroparésie notamment les opioïdes, doivent être interrompus.
repose sur des mesures diététiques (Fig. 1). L’alimentation L’ensemble de ces mesures étant souvent insuffisantes,
par voie orale est toujours préférée lorsque celle-ci est pos- un traitement médicamenteux doit y être associé [24]. Les
sible. Les carences vitaminiques et en électrolytes doivent traitements ayant le mieux démontré leur efficacité sont
être recherchées et supplémentées. Les patients se plai- les prokinétiques, et, en premier lieu, les antagonistes des
gnant souvent de satiété précoce, il est recommandé de récepteurs D2 dopaminergiques [37]. Ceux-ci permettent
fractionner les repas, et de rajouter des collations aux repas d’accélérer la vidange gastrique en majorant les contrac-
quotidiens afin maintenir un apport calorique satisfaisant tions gastriques, et ont également un effet antiémétique.
[8]. Les essais cliniques ont montré l’intérêt d’un régime Le métoclopramide est le seul traitement validé par la
pauvre en graisses, pauvre en fibres et avec des particules FDA dans cette indication, et la voie d’administration sub-
de petite taille [29]. Ces aliments ont, en effet, une vidange linguale est à privilégier pour contourner les problèmes
plus rapide par l’estomac, et ces mesures ont démontré de biodisponibilité liés à la voie orale dans la gastropa-
une amélioration des symptômes chez les patients avec une résie. Néanmoins, ce traitement franchissant la barrière
gastroparésie diabétique [30]. Chez les patients avec une hémato-encéphalique, il convient de surveiller le risque de
atteinte sévère, un régime mixé peut être nécessaire, avec syndrome extrapyramidal, et de dyskinésie [38]. La dompé-
des soupes enrichies et des compléments alimentaires, la ridone a une efficacité similaire, et est validé dans plusieurs
vidange des liquides étant souvent moins altérée. autres pays, même s’il existe une toxicité cardiaque avec un
Enfin, en cas de dénutrition sévère, ou de troubles allongement de l’intervalle QT. L’érythromycine, agoniste
hydroélectrolytiques récurrents, une jéjunostomie de la motiline, a montré une efficacité similaire à court
d’alimentation peut être nécessaire. Elle permet de terme. Ce dernier est plus efficace par voie intraveineuse
diminuer les symptômes et de diminuer le nombre que par voie orale [8]. Cependant, les interactions médica-
d’hospitalisations, en passant outre l’estomac atteint menteuses sont nombreuses, et l’efficacité du traitement
[31]. Il convient de vérifier la tolérance de cette voie s’estompe chez un tiers des patients en raison d’un phé-
d’alimentation par la mise en place d’une sonde naso- nomène de tachyphylaxie, justifiant des prescriptions de
jéjunale, dans un premier temps, car des troubles de la courte période [39]. De nouveaux prokinétiques sont éga-
motricité du grêle peuvent être associés chez certains lement en cours d’évaluation. Ainsi, la relamoreline, un
patients [8]. La technique à privilégier est la jéjunostomie agoniste de la ghréline stimulant les contractions antrales,
percutanée endoscopique (JPE), laquelle a montré un taux a montré une accélération de la vidange gastrique, et une
de succès de 78,6 %. Cependant, le taux de complications diminution des symptômes chez des patients atteints de
sévère nécessitant une chirurgie atteint 18 % à 1 an sur une gastroparésie diabétique dans une étude de phase 2 [40].
série de 12 patients [32]. Une alternative endoscopique est Le prucalopride, un agoniste du récepteur sérotoninergique
la pose d’une gastrostomie endoscopique avec extension 5-HT4 actuellement disponible dans le traitement de la cons-
jéjunale (PEG-J), techniquement plus simple. Cependant, tipation réfractaire, a également montré son efficacité dans
le risque de migration de la jéjunostomie est élevé, avec un le traitement de la gastroparésie idiopathique sur une série
taux de réintervention estimé à 39,5 %, et le site d’insertion de 34 patients [41].
à la peau est souvent irrité en rapport avec la fuite du En cas d’échec de ces traitements et des mesures diété-
contenu gastrique acide [33]. Le choix de la technique de tiques, d’autres traitements symptomatiques peuvent être
jéjunostomie doit également être adapté aux antécédents associés en 2e ligne afin d’améliorer la qualité de vie
chirurgicaux du patient, et une pose chirurgicale peut alors des patients. Pour les nausées vomissements, plusieurs
être nécessaire. Ces techniques ont un taux de succès anti-émétiques ont été utilisés tels que la promethazine,
de 53 %, et le choix de la technique est donc guidé par l’ondansetro ou encore l’aprépitant [1]. Ces traitements
le taux de complication [34]. La pose d’une sonde par doivent être réservés aux formes modérées à sévère, et il
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Figure 1. Algorithme de prise en charge de la gastroparésie selon la stratégie d’escalade thérapeutique. TBA : toxine botulique A ;
POEM-G : PerOral Endoscopic Myotomy — Gastrique.
est nécessaire de tenir compte de leurs effets secondaires. symptomatique à court terme chez 50 à 77 % des patients
Les antidépresseurs tricycliques, comme l’amitriptyline, [46]. Cependant, 2 études randomisées contrôlées contre
peuvent être utilisés pour traiter les vomissements et les placebo n’ont pas montré sa supériorité par rapport à une
douleurs épigastriques ; cependant, leur efficacité reste injection de placebo que ce soit à une dose de 100 ou 200 UI
controversée chez les patients atteints de gastroparésie [47,48]. Ainsi, l’European Society for Gastrointestinal Endo-
[42]. Pour les douleurs persistantes, le tramadol est à privi- scopy (ESGE) ne recommande pas d’utiliser ce traitement
légier, puisqu’il a montré un bénéfice clinique sans altérer la [49]. Il peut être utilisé chez certains patients pour induire
vidange gastrique, avec moins d’hospitalisations, et moins une rémission temporaire dans l’attente d’un autre traite-
de nausées vomissements comparé aux opioïdes plus puis- ment, l’efficacité ne durant pas plus de 3 mois [1].
sants [43]. La dilatation pylorique au ballonnet a été peu étu-
diée, avec surtout des études rétrospectives publiées [49].
Traitement endoscopique Celles-ci montrent une efficacité chez les patients avec
un pylorospasme suivant une œsophagectomie ou une gas-
Environ 25 % des patients n’ont pas de réponse satisfaisante trectomie avec préservation pylorique, avec une efficacité
au traitement médical bien suivi pendant 6 mois et sont donc clinique allant jusque 73 % à 2 ans [50]. Une seule étude a
considérés réfractaires à ce traitement. Chez ces patients évalué cette technique de façon prospective et montré une
avec gastroparésie modérée à sévère réfractaire, plusieurs efficacité à très court terme (10 jours) chez 10 patients avec
techniques de prise en charge endoscopique ont été déve- une amélioration de la vidange gastrique, des symptômes,
loppées. Ces techniques visent à traiter la dysfonction du et de la compliance pylorique [45]. Plusieurs techniques
sphincter pylorique, sous forme de pylorospasme présent de dilatation pylorique ont été décrites dans la littéra-
chez certains patients avec gastroparésie diabétique [44]. ture : avec un ballonnet hydrostatique de 20 mm à travers le
Cette dysfonction du pylore a récemment été évaluée par canal opérateur de l’endoscope, ou avec un ballonnet pneu-
le système EndoFLIP (Endoscopic Functional Lumen Ima- matique de 30 mm (Rigiflex) sous contrôle scopique, sans
ging Probe). Ce système de planimétrie par impédance différence observée dans le taux de complications [51]. Le
permet d’évaluer la géométrie, et la pression d’un sphinc- ballonnet de 30 mm permettrait de diminuer le nombre de
ter. Le cathéter EndoFLIP, placé dans le canal opérateur dilatations itératives nécessaires. Récemment, un nouveau
de l’endoscope, est doté d’un ballonnet gonflable, et d’un dispositif EsoFLIP (Eosophageal functional lumen imaging
capteur de pression. Initialement utilisée pour l’évaluation probe) a été développé permettant de combiner la mesure
du sphincter inférieure de l’œsophage, et dans l’achalasie, de la compliance par EndoFLIP, et de procéder à une dilata-
cette technique a été étudiée dans la gastroparésie. Elle tion thérapeutique. La dilatation du pylore à des diamètres
montre que la pression pylorique au repos n’est pas altérée, allant jusque 30 mm a été utilisé chez 46 patients avec
mais que la compliance après gonflement du ballonnet est gastroparésie réfractaire lors d’une étude rétrospective,
diminué chez ces patients est diminuée, par rapport à des et montre une diminution des symptômes et du temps de
volontaires sains [45]. Cette technique pourrait donc être vidange gastrique chez 57 % des malades à 4 mois [52].
un outil prédictif pour sélectionner les patients éligibles aux Cependant, ces études constituant un faible niveau de
traitements ciblant le pylore. preuve, ce traitement n’est pas recommandé par l’ESGE
La première technique étudiée a été l’injection de toxine [49].
botulique intrapylorique. Plusieurs études rétrospectives L’utilisation de stent par voie transpylorique a été éva-
ont montré un bénéfice clinique avec une amélioration luée sur un total de 33 patients et permis une amélioration
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des symptômes chez 75 % des symptômes [53]. Cependant, vidange gastrique et la technique semble donc améliorer
le risque de migration de stent est trop important, survenant les symptômes en agissant sur les fibres du nerf vague, et
chez 59 % des patients, et cette technique ne doit donc pas interférant avec la transmission des signaux au cerveau, ce
être utilisée [49]. qui permet une meilleure accommodation gastrique et une
Récemment, la pyloromyotomie par voie endoscopique, moindre sensibilité viscérale [1].
dénommée G-POEM (gastric per-oral endoscopic myotomy) Le SEG a été approuvé par la FDA en 2000 en tant
a été développée en se basant sur les résultats de la myoto- que dispositif humanitaire permettant d’améliorer les nau-
mie endoscopique du sphincter inférieur de l’œsophage dans sées et vomissements chroniques réfractaires. L’efficacité
l’achalasie. La technique décrite par Khashab et al. consiste du dispositif sur les symptômes a été démontrée dans un
en la réalisation d’un tunnel sous-muqueux dans l’antre, puis premier essai randomisé sur 33 patients [61]. Cependant,
la poursuite de ce tunnel sur 3 cm jusqu’au muscle pylorique 2 essais randomisés chez les patients avec gastroparésie
[54]. Le muscle doit alors être sectionné jusqu’à sa terminai- diabétique ou idiopathique n’ont pu confirmer ces résul-
son dans le bulbe duodénal, et l’entrée muqueuse du tunnel tats, en raison de manque de puissance, et les résultats
est fermée par des clips ou par suture endoscopique [49]. En positifs issus de séries rétrospectives étaient alors contro-
l’absence de complication, le patient peut être réalimenté versés [62,63]. Récemment, une large étude multicentrique
progressivement, d’abord par un régime liquide à j1 après randomisée contrôlée en cross-over incluant 218 patients
l’intervention, et sortir d’hospitalisation. Plusieurs séries a confirmé l’efficacité de cette technique sur les vomisse-
rétrospectives ont été publiées, et montrent des résultats ments [64]. La vidange gastrique et le statut nutritionnel
similaires à court terme, avec une amélioration des symp- n’étaient cependant pas différent entre la période ON,
tômes de gastroparésie, et une accélération de la vidange et la période OFF, et l’amélioration sur la qualité de vie
gastrique chez 62 à 90 % des patients selon les études n’a pas atteint la significativité. Ces résultats étaient simi-
[55,56]. Des études prospectives sont en cours, et montrent laires, quelle que soit la cause de la gastroparésie. Cette
des résultats encourageants, avec une efficacité estimée à technique pourrait également avoir une meilleure efficacité
56 % à 1 an, sans différence sur l’efficacité, quelle que soit lorsqu’elle est combinée à une technique de pylorotomie,
la cause de la gastroparésie [57]. Le taux de complications mais il n’existe pas à l’heure actuelle de critère permet-
est estimé entre 4 et 10 % selon les études, avec un risque de tant de guider la stratégie thérapeutique chez les patients
saignement et un faible risque de pneumopéritoine (< 1 %) [34].
[56]. Des études randomisées sont attendues pour confirmer Le coût élevé du SEG, avec une implantation évaluée à
l’efficacité de cette technique, mais il s’agit actuellement 15 000 $ en France, sans couverture par l’assurance mala-
de la technique endoscopique la plus fortement recomman- die, et à 24 000 $ par patient aux États-Unis a également
dée par l’ESGE [49]. été un frein à son utilisation. Cependant, une récente étude
de coût-efficacité montre que le SEG permet de diminuer
Traitement chirurgical les coûts liés aux hospitalisations et aux arrêts de travail
de 3500 $ par patient par an, rendant la technique coût-
La pyloroplastie par voie chirurgicale repose sur le même efficace dès 4 ans d’implantation [65]. La durée de vie
principe que les techniques endoscopiques visant le pylore. moyenne du SEG est estimée à 10 ans après implantation
Par voie laparoscopique, elle consiste en une gastrostomie du dispositif, avec une efficacité persistante à long terme
longitudinale commençant à 3 cm du sphincter pylorique, chez 50 % des patients [66]. Le taux de complications n’est
et s’étendant en distalité sur 3 cm dans le duodénum [58]. cependant pas négligeable, 25 % des patients pouvant avoir
Cette technique a permis une amélioration chez plus de une majoration paradoxale des douleurs abdominales et,
80 % des patients à court terme dans des essais non rando- en conséquence, ce traitement doit être discuté chez les
misés. Cependant, le taux de complications élevé (jusque patients chez qui la maladie s’exprime principalement par
30 %), et le développement du G-POEM, exposant à un taux des douleurs. Le risque du site d’infection du site opératoire
de complications bien moindres font que cette technique peut atteindre jusque 7 % des patients et ces complications
est désormais moins utilisée [59]. Cette technique pour- peuvent mener jusqu’à une explantation du dispositif (2 à
rait, néanmoins, rester indiquée lorsqu’une autre chirurgie 8 % selon les études). Il convient d’optimiser au mieux les
pour gastroparésie est réalisée (jéjunostomie, ou pose sti- réglages, en changeant la fréquence et l’intensité de la SEG
mulateur gastrique) [60]. Il est également recommandé avant d’envisager une explantation [34,64].
de réaliser des biopsies extramuqueuses de la paroi gas- En dernier recours, une gastrectomie chirurgicale peut
trique lors d’une intervention chirurgicale, afin de mieux être envisagée chez les patients résistants à toutes les autres
comprendre les anomalies anatomopathologiques poten- thérapeutiques, ce qui constituait 5 % des patients dans un
tielles sous-jacentes [34]. centre tertiaire [33]. Cette technique s’est avérée efficace
Une autre option thérapeutique chez les patients avec chez 67 % des patients, avec un taux de désunion anasto-
gastroparésie réfractaire est l’implantation d’un stimula- motique estimé à 5 % [33]. Une étude a également comparé
teur électrique gastrique (SEG). Ce dispositif est inséré par la gastrectomie totale (n = 125) à la gastrectomie partielle
voie laparoscopique dans la paroi abdominale, et les deux (n = 46), mais n’a pas montré de différence entre les 2 tech-
électrodes permanentes de stimulation sont implantées niques [67]. Enfin, chez les patients obèses, plusieurs séries
dans la couche musculaire lisse dans la grande courbure ont montré qu’un by-pass avec reconstruction en Roux-en-
gastrique, à environ 10 cm du pylore [61]. Le stimulateur Y permettait d’améliorer les symptômes de gastroparésie
est ensuite activé via un programmeur externe. Le principe chez 67 à 71 % des patients, et que cette option doit donc
du SEG était de corriger l’hypomotilité antrale décrite dans être considérée chez ces patients [34]. Dans notre expé-
la gastroparésie, et ainsi d’accélérer la vidange gastrique. rience, nous avons extrapolé la prise en charge chez les
Cependant, les réglages finalement retenus sont ceux patients obèses et nous proposons désormais un by-pass
d’une neurostimulation par impulsions courtes à faible en Y avec une anse alimentaire de 70 cm avec anastomose
intensité (5 mA, 14 Hz, 330 s, cycle ON 0,1 s, cycle OFF gastro-jéjunale sur une petite poche gastrique aux patients
5 s). Ces réglages ne montrent pas de modification de la en échec des autres traitements invasifs. Cela permet la
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sable de complications sévères. Les modalités diagnostiques guideline: management of gastroparesis. Am J Gastroenterol
et les facteurs de risques sont désormais identifiés, mais la 2013;108(1):18—38.
physiopathologie reste à ce jour incomprise. De nouvelles [9] Cherian D, Sachdeva P, Fisher RS, Parkman HP. Abdominal pain
options thérapeutiques sont désormais disponibles, telles is a frequent symptom of gastroparesis. Clin Gastroenterol
que le G-POEM, ou la SEG dont l’efficacité est désormais Hepatol 2010;8(8):676—81.
établie, permettant ainsi d’élargir l’arsenal thérapeutique. [10] Parkman HP, Camilleri M, Farrugia G, et al. Gastroparesis and
Cependant, la stratégie thérapeutique reste à définir, et functional dyspepsia: excerpts from the AGA/ANMS meeting.
Neurogastroenterol Motil 2010;22(2):113—33.
des facteurs prédictifs à la réponse aux différents trai-
[11] Parkman HP, Yates K, Hasler WL, et al. Clinical features of
tements ne sont toujours pas connus. Le développement idiopathic gastroparesis vary with sex, body mass, symptom
de test permettant de mieux évaluer la dysfonction pylo- onset, delay in gastric emptying, and gastroparesis severity.
rique, ou l’hypomotilité antrale pourraient donc s’avérer Gastroenterology 2011;140(1):101—15.
nécessaire, et permettre une meilleure personnalisation des [12] Revicki DA, Rentz AM, Dubois D, et al. Gastroparesis Cardinal
traitements chez ces patients. Symptom Index (GCSI): development and validation of a patient
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Qual Life Res 2004;13(4):833—44.
Annexe 1. Score GCSI
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ScienceDirect
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MISE AU POINT
a
Service de gastro-entérologie, MICI et assistance nutritive, pôle des maladies de l’appareil
digestif (PMAD), université Denis-Diderot (Paris VII), hôpital Beaujon, Assistance
publique—Hôpitaux de Paris (AP—HP), 100, boulevard du Général-Leclerc, 92110 Clichy,
France
b
Service d’anatomie-pathologie, hôpital Beaujon, Assistance publique-Hôpitaux de Paris
(AP—HP), 92110 Clichy, France
c
Inserm, CNRS, Team Gut Inflammation, université de Paris, centre de recherche sur
l’inflammation, Paris, France
MOTS CLÉS Résumé La pseudo obstruction intestinale chronique (POIC) est une entité syndromique asso-
Pseudo-occlusion ciant des symptômes obstructifs chroniques ou récurrents avec une dilatation intestinale à
Intestinale l’imagerie, en l’absence d’obstacle organique sur le tractus digestif. Il s’agit d’une mala-
chronique ; die rare, de diagnostic complexe et sévérité variable. Le diagnostic se fait sur un faisceau
Troubles moteurs ; d’arguments cliniques et para cliniques devant des syndromes occlusifs à répétition sans obs-
Insuffisance tacle de la lumière digestive observé. Le scanner abdominopelvien doit donc être réalisé pour
intestinale chronique éliminer un obstacle organique. L’examen complémentaire de référence est la manométrie
antro-duodénale (manométrie du grêle), quasiment jamais normale en cas en POIC mais n’est
pas réalisée de manière systématique. La POIC peut être primitive, acquise ou innée ou secon-
daire à une pathologie systémique (neurologique, métabolique. . .) avec une atteinte neurogène
ou musculaire du tractus intestinal. Il existe des formes familiales avec mutations génétiques.
La majorité des POIC sont actuellement de cause inconnue, dites idiopathiques. Il est nécessaire
de rechercher les formes syndromiques avec un bilan complet, orienté par l’interrogatoire et
l’examen clinique (notamment atteinte urinaire, neurologique et cardiaque). L’analyse anato-
mopathologique est intéressante pour la classification étiologique mais est difficile d’accès.
La POIC est à distinguer de la « dysmotricité intestinale » ou « enteric dysmotility » non
POIC. La prise en charge doit s’effectuer dans un centre expert avec une prise en charge
multidisciplinaire impliquant gastro-entérologues, nutritionnistes, psychologues, radiologues,
anatomopathologistes et chirurgiens digestifs. Elle repose essentiellement sur la prise en charge
https://doi.org/10.1016/j.jchirv.2022.01.001
1878-786X/© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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S27
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L. Billiauws, M. Cohen, D. Cazals-Hatem et al.
Les POIC primitives, sont dues à un défaut intrinsèque (ano- − MMIHS (syndrome d’hyperpéristaltisme, mégavessie,
malie d’origine congénitale, familiale ou sporadique) et microcôlon)
peuvent être classées selon le type d’atteinte : les myo-
pathies viscérales (liées à une atteinte des muscles), les − Idiopathiques
neuropathies viscérales (liées à une atteinte des nerfs) ou Neuropathies viscérales :
les mésenchymopathies (liées à une atteinte des cellules de − Anomalie de développement des plexus myentériques
Cajal du tractus digestif. Plusieurs atteintes peuvent être (aganglionnose, dysplasie neuronale.)
associées.
Les POIC secondaires quant à elles, sont liées à une − Maladie de Hirschsprung
pathologie organique, systémique ou métabolique sous-
− MNGIE
jacente avec atteinte digestive secondaire. Les causes de
POIC secondaires sont listées dans l’encadré 1 . − Neuropathie viscérale acquise (ex post-entérocolite
La classification étiologique des POIC évolue avec la ulcéronécrosante)
découverte de nouvelles entités génétiques grâce notam-
ment à l’étude des formes familiales ; par exemple − Neuropathie viscérale familiale
la mutation du gêne SOX 10 transmise sur un mode
− Idiopathiques
autosomique dominant associant POIC et syndrome de Waar-
denburg (associant surdité et des anomalies mineures des Mésenchymopathies :
structures issues de la crête neurale, incluant des anoma- − Diminution des cellules interstitielles de Cajal
lies de pigmentation des yeux, des cheveux et de la peau) ou
encore la mutation du gêne codant pour la filamine A (dont POIC secondaires
la transmission est liée à l’X) [3].
La majorité des POIC sont actuellement de cause incon- Atteinte des muscles lisses :
nue dites idiopathiques et sont ainsi incluses dans les POIC − Connectivites, dystrophie musculaire, cytopathie
primitives. Celles ci peuvent apparaître à l’âge adulte, sans mitochondriale. . .
histoire digestive préalable, de cause possiblement post Atteinte des plexus myentériques :
infectieuse entraînant une cascade dysimmunitaire. − Syndrome paranéoplasique (cancer du poumon
notamment), post infectieux (rotavirus, EBV, CLV, VZV,
maladie de Chagass). . .
Atteinte neurologique :
Démarche diagnostique − Atteinte du système nerveux central (AVC etc.)
— Atteinte médullaire, dysautonomie (Parkinson,
Suspicion clinique
Guillain Barré, botulisme. . .)
Le tableau clinique prédominant est la douleur associée Anomalies métaboliques
à une distension abdominale (dans près de 80 % des cas) − Maladies auto-immunes (dont hypothyroïdie),
(Fig. 1). Dans une étude portant sur 23 patients atteints de hyperparathyroïdie, phéochromocytome, troubles
POIC, la répartition des signes cliniques était la suivante : ioniques (K, Mg, Ca), porphyrie, maladie de Fabry
distension abdominale (85 %), douleur (57 %), diarrhée Causes médicamenteuses :
(65 %), constipation (48 %), vomissements (39 %), perte de − Méthotrexate, opiacés, antiparkinsoniens,
poids (83 %) [7]. À l’anamnèse, des syndromes occlusifs à anticholinergiques, anthraquinone. . .
répétition, sans obstacle de la lumière digestive doivent Causes diverses :
également faire suspecter le diagnostic de POIC. Il est − Sprue réfractaire, sarcoïdose, mucoviscidose,
fréquent de trouver à l’interrogatoire un antécédent de diverticulose du grêle, ischémie. . .
« laparotomie blanche » pour syndrome occlusif.
L’impossibilité de s’alimenter normalement associée au
diagnostic tardif conduisent souvent à une dénutrition avec
perte de poids. Les signes cliniques de dénutrition et il est nécessaire de faire des explorations complémentaires
de carences vitaminiques doivent donc être recherchés. orientées : bilan urodynamique, échographie cardiaque, IRM
L’atteinte digestive touche toujours l’intestin grêle, et est cérébrale et électromyogramme.
souvent associée à une atteinte plus étendue associant le
tractus digestif haut (œsophage/estomac) et/ou le colon. Éliminer une obstruction mécanique
Selon le type de POIC, il peut exister des symptômes extra
digestifs, notamment du tractus urinaire, cardiaques ou neu- Le diagnostic de POIC, est établi lorsque les causes
rologiques. L’examen clinique s’attardera à rechercher ces mécaniques de syndrome occlusif intestinal ont été soi-
signes extra digestifs afin de pouvoir intégrer la POIC dans gneusement exclues. Les principaux critères permettant de
une maladie systémique ou non. En cas de doute clinique, différencier le syndrome occlusif mécanique du syndrome
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Biologie
Les examens biologiques ont pour but essentiel de recher-
cher une cause sous-jacente (encadré 1).
Des tests génétiques seront réalisés selon l’orientation
clinique.
Histologie
En histologie il est possible de détecter des anoma-
lies morphologiques au niveau des plexus myentériques
et/ou des couches musculaires de la paroi grêlique.
Figure 1. Démarche diagnostique en cas de suspicion de POIC. L’immunohistochimie est essentielle pour caractériser
précisément ces anomalies. Il existe une classification
histologique des pathologies neuromusculaire intestinale
occlusif fonctionnel sont : une obstruction tissulaire intra [11]. Les biopsies standard réalisées en endoscopie ne
ou extra-luminale visible sur l’imagerie, un « syndrome de permettent pas d’explorer correctement les plexus myen-
jonction » franc avec aspect colon ou grêle plat/dilaté, une tériques ou les couches musculaires. Ainsi, l’histologie ne
survenue aiguë des symptômes et la possibilité d’un traite- pourra être contributive qu’en cas de biopsies profondes
ment chirurgical avec une amélioration immédiate après la trans-pariétales (cunéiformes) ou de résection intestinale.
levée de l’obstacle mécanique. Néanmoins, cela change rarement la prise en charge et le
L’imagerie est essentielle pour le diagnostic de POIC car devenir du patient donc ces gestes ne sont pas réalisés uni-
elle permet l’identification de signes typiques d’occlusion quement à but diagnostic [2].
intestinale et permet d’exclure les causes organiques Les neuropathies viscérales regroupent en autres,
d’obstruction mécanique. L’examen de première intention l’aganglionose (absence de ganglions neuronaux au niveau
est le scanner abdominopelvien sans et avec injection de des plexus myentériques marqués par les anti-Hu), les neu-
produit de contraste iodé [8]. Celui-ci mettra en évidence ropathies dégénératives associant réduction des neurones
une distension diffuse de l’intestin grêle, voire du tractus et prolifération gliale ou encore les neuropathies inflamma-
digestif haut et du colon, sans obstacle visualisé. toires identifiées par l’important infiltrat lymphocytaire et
L’endoscopie digestive quant à elle permet d’éliminer plasmocytaire détecté par marquage CD8+ et CD3+.
une occlusion mécanique œso-gastroduodénale ou colique. Les myopathies viscérales se caractérisent par une atro-
La muqueuse duodénale doit être systématiquement biop- phie des myocytes (déficit de marquage par l’␣-actine) avec
siée à la recherche d’une maladie cœliaque ou d’une un aspect dégénératif vacuolaire.
amylose qui peuvent être associées à la POIC. Les biop- Les mésenchymopathies se distinguent par une diminu-
sies du tractus digestif haut et bas peuvent également tion des cellules de Cajal marquées en immunohistochimie
permettre d’éliminer une entéropathie à éosinophiles. Les par l’anticorps CD117.
vidéo-capsules endoscopiques ne sont pas recommandées. Ces anomalies peuvent être mixtes traduisant souvent
une symptomatologie sévère.
Étude de la contractilité digestive
La manométrie antro-duodénale (manométrie de l’intestin Diagnostic différentiel
grêle) reste l’examen de référence car quasiment toujours
anormale en cas de POIC, l’anomalie caractéristique étant Occlusion mécanique : c’est le principal diagnostic différen-
l’absence de phase 3 du complexe moteur migrant. Si la tiel à éliminer. L’objectif de l’ensemble du bilan ci-dessus
manométrie est normale, elle doit faire remettre en cause le est de l’éliminer.
diagnostic. Elle permet également d’orienter vers le méca- Troubles moteurs post opératoires : il peut exister des
nisme sous-jacent du trouble moteur [1]. Néanmoins, le troubles moteurs post opératoires transitoires, notamment
caractère invasif de l’examen et la difficulté d’accès à celui- l’iléus paralytique. Le contexte oriente alors le diagnostic.
ci explique qu’il est peu utilisé en pratique [2]. L’évolution est alors favorable selon un délai variable. Plus
La manométrie œsophagienne est à intégrer dans le rarement, il peut survenir des troubles moteurs plus chro-
bilan de POIC. Dans une série de 116 patients atteints de niques, récidivants, chez des patients aux antécédents de
POIC, 73 % avaient une manométrie œsophagienne anor- chirurgie multiple. Cela s’intègre alors dans un « syndrome
male. Celle-ci est à réaliser en premier lieu car disponible adhérentiel ».
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Tableau 1 Principales molécules utilisées pour améliorer la contractilité chez les patients atteints de POIC.
Molécules Posologies Effets
Érythromycine 250 mg×3 Initie la vidange gastrique
Dompéridone 10 mg×3 Augmente la contractilité œsophagienne, gastrique et duodénale
Métoclopramide 10 mg×3 Augmente la contractilité œsophagienne, gastrique et duodénale
Octréotide 50—100 g×2 Initie les ondes III du CNM au niveau du grêle
Prostigmine 2—2,5 mg IVLa Effet prokinétique sur le colon
Prucalopride 2 mg/j Effet prokinétique sur le colon
a IVL : intraveineuse lente.
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MISE AU POINT
Aix-Marseille université, hôpital Nord, AP—HM, chemin des Bourrelys, 13015 Marseille, France
MOTS CLÉS Résumé L’endoscopie thérapeutique a considérablement évolué ces dernières années et a
Achalasie ; permis l’accès à un nouvel espace, la sous-muqueuse, qui a ouvert de nouvelles perspectives
Trouble moteur thérapeutiques, notamment en endoscopie fonctionnelle. La première et principale application
oesophagien ; fut le POEM (Peroral endoscopic myotomy) œsophagien, au début des années 2010, qui a permis,
Manométrie ; en alternative à la myotomie de Heller, de réaliser un traitement endoscopique de l’achalasie.
Myotomie Les résultats de cette technique ne sont maintenant plus à démontrer, au point de devenir la
endoscopique ; technique de référence dans cette indication, supplantant la dilatation pneumatique, et étant
POEM équivalent à la chirurgie avec un moindre morbidité. L’efficacité, toutes situations confondues
est ainsi aux alentours de 90 % et prolongée dans le temps, moyennant une morbidité sévère de
moins de 1 %. Les autres troubles moteurs ont pu ensuite être concernés, tels que les troubles
spastiques, avec des résultats certes moins impressionnants que dans l’achalasie mais tout
de même intéressants. Cette approche a pu également être appliquée aux troubles moteurs
consécutifs à la fundoplicature, présent dans 20 % des cas de novo, et pour lesquels la prise en
charge est complexe, ouvrant de nouvelles perspectives non chirurgicales. Le POEM permets
dans cette indication, outre une myotomie, une incision partielle de la valve améliorant les
patients significativement. Il s’agit en conclusion d’une approche d’avenir dont les applications
à d’autres troubles moteurs vont apparaître dans le futur.
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https://doi.org/10.1016/j.jchirv.2022.01.002
1878-786X/© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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KEYWORDS Summary Considerable progress has been made in therapeutic endoscopy over recent years
Achalasia; and new techniques now offer access to a new space, the submucosal space, thus paving the
Esophageal motility way for new therapeutic perspectives, in particular, for functional endoscopy. The first of these
disorder; applications, POEM (Peroral endoscopic myotomy), has become, since the beginning of the
Manometry; 2010s, an endoscopic alternative to Heller myotomy for the treatment of achalasia. The results
Endoscopic myotomy; of this technique have been fully documented, and the technique has replaced pneumatic
POEM dilatation and become the standard treatment for this indication with equivalent effective-
ness compared to traditional surgery but with less morbidity. Indeed, the overall efficacy is
around 90%, results are stable over time, and severe morbidity is less than 1%. Later, other
motility disorders, such as spastic disorders, have been treated, certainly with less impres-
sive outcomes than for achalasia, but still, of interest. This approach has also been applied to
post-fundoplication motility disorders, whose de novo prevalence can be as high as 20%, and
for which management is complex; this represents another new non-surgical perspective. The
POEM procedure for this indication, in addition to myotomy, allows performance of a partial
incision of the wrap with substantial symptomatic relief. In conclusion, the technique seems to
have a bright future as it is progressively applied to more and more motility disorders.
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à peu près autant de protocoles de dilatation que d’études • réalisation d’une myotomie de la couche circulaire
publiées, notamment en termes de durée et pression appli- interne incluant la jonction œsogastrique et remontant
quées. sur l’œsophage ;
La plupart des études initiales montrent une amélioration • fermeture de l’accès muqueux par des endoclips pour
clinique pour jusqu’à 70 % des patients après une séance de sécuriser le tunnel.
dilatation mais avec une récidive à 6 mois pour la moitié
d’entre eux. Un programme de dilatation à diamètre pro-
gressif permet de récupérer des patients avec une récidive Cette technique a maintenant été largement évaluée
précoce ou en échec, puisqu’un ballon plus large mène à un avec plus de 5000 patients publiés, et dans toutes les situa-
meilleur taux de succès [10—13], au prix d’un taux signifi- tions possibles, sur son efficacité mais également sur ses
cativement plus élevé de perforation pouvant aller de 4 % complications. Les résultats montrent une efficacité globale
avec des ballons de 30 mm à 30 % pour des ballons de 35 mm de 90 à 95 % à 24 et 36 mois sur de larges séries notamment
[14]. Une méta-analyse récente a montré qu’une dilatation multicentriques et sur une méta-analyse récente [17—19].
à 35 mm semble le meilleur compromis après une première Sur un suivi à long terme supérieur à 5 ans, on sait que
dilatation à 30 mm. 10 % des patients peuvent récidiver, mais il est alors pos-
En comparaison avec la myotomie de Heller, une étude sible de répéter la procédure de POEM sur un autre versant
randomisée comparative avec un programme de dilatation de l’œsophage avec une efficacité de 80 à 90 % [20,21].
pneumatique progressive était similaire en termes de réso- Par ailleurs, il s’agit d’une technique sûre, comme démon-
lution de symptômes, avec 25 % de patient nécessitant tré dans une étude multicentrique sur 1826 patients, avec
une nouvelle série de dilatations dans les 5 ans [14,15]. un taux d’événements indésirables de 7,5 %, mais dont la
Par conséquent, l’ESGE la recommande en traitement de majorité n’ont pas de signification clinique, et un taux de
l’achalasie comme une option thérapeutique acceptable, et complications sévères de 0,5 %. Par ailleurs, le POEM est
que le cas échéant la stratégie doit être : première dila- une technique faisable et qui reste efficace et sûre égale-
tation à 30 mm, puis à 35 mm et éventuellement à 40 mm, ment dans les âges extrêmes : enfance et personnes âgées
séparées de 2 à 4 semaines. De plus, à condition que les [22,23].
symptômes ne récidivent pas dans l’année, la répétition des En comparaison avec la dilatation pneumatique, plusieurs
séances après quelques années n’est pas considérée comme études rétrospectives mais surtout une étude randomisée
un échec. récente, ont démontré clairement la supériorité du POEM,
avec un taux de succès de 93 % contre 54 % (p < 0,001) sans
majoration du risque de complications, si ce n’est un taux
POEM de reflux plus important pour le POEM, mais bien géré par
Le POEM, pour Peroral endoscopic myotomy, a été décrit des IPP [24—26].
pour la première fois par Inoue et al. en 2010 [16], pour En comparaison avec la myotomie chirurgicale de Heller,
se placer en alternative à la myotomie de Heller. Elle per- une méta-analyse sur 5000 patients et une étude randomisée
met après la réalisation d’un tunnel dans la sous-muqueuse récentes démontrent une équivalence d’efficacité clinique
œsophagienne par dissection, de réaliser une myotomie des deux techniques à deux ans (83 versus 81,7 % pour
endoscopique. Il s’agit d’une procédure se pratiquant sous l’étude randomisée), malgré un taux de reflux légèrement
anesthésie générale, chez un patient intubé, avec un endo- supérieur dans le POEM, mais dont la prise en charge par
scope flexible surmonté d’un capuchon en plastique. IPP à la demande est efficace [27—29]. En revanche, dans
Les étapes de sa réalisation sont (Fig. 1.) : l’achalasie de type III en manométrie haute résolution, le
• création d’une porte d’entrée muqueuse une dizaine POEM est très probablement la technique de référence car
de centimètres en amont du cardia après injec- une étude comparative démontre une différence significa-
tion de sérum teinté à l’indigo carmin dans la tive d’efficacité comparée au Heller de 98 % versus 80 %
sous-muqueuse ; [27,30]. Point intéressant également, le POEM reste une
• réalisation d’un tunnel par dissection à l’aide d’un bis- approche faisable et efficace en cas d’échec ou récidive
touri dédié, prolongé jusqu’en sous cardial (2 cm) ; après Heller, avec une efficacité aux alentours de 95 % et sur
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été de 75 %, avec une reprise d’une alimentation quasi nor- [13] Richter JE, Boeckxstaens GE. Management of achalasia:
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MISE AU POINT
Service de gastroentérologie, hôpital Nord, chemin des Bourrelys, 13915 Marseille cedex 20,
France
MOTS CLÉS Résumé La dysfonction oddienne est une affection bénigne non tumorale du sphincter d’Oddi.
Dysfonction du Elle survient principalement dans les suites de cholécystectomie mais peut précéder dans un
sphincter d’Oddi ; nombre non négligeable de cas, l’ablation de la vésicule. Son expression clinique est principa-
Cholécystectomie ; lement biliaire mais peut aussi se traduire par des douleurs pancréatiques ou des pancréatites
Douleur biliaire aiguës récurrentes. Elle correspond dans la moitié des cas à une sténose fibreuse de la papille,
probablement due à un traumatisme local lors du passage de calculs biliaires, et dans l’autre
moitié des cas à une dysfonction oddienne. Le diagnostic de dysfonction oddienne est d’abord un
diagnostic d’élimination d’une autre pathologie biliaire comme la lithiase cholédocienne ou une
tumeur ampullaire par la réalisation d’une écho-endoscopie et d’une IRM bilio-pancréatique.
Son diagnostic positif est basé sur la pratique d’une manométrie oddienne, de moins en moins
effectuée en raison d’une morbidité pancréatique difficilement acceptable pour un acte diag-
nostique. La scintigraphie biliaire peut la remplacer avantageusement. Le traitement médical
fait appel aux dérivés nitrés et à la trimébutine. L’efficacité modérée en pratique de ces traite-
ments médicaux conduit parfois mais de façon la plus limitée, à la réalisation d’une intervention
sur la papille principale, à type de sphinctérotomie endoscopique mais avec une importante
morbidité postopératoire. L’indication de ces traitements doit donc être portée avec une grande
rigueur, en utilisant les critères de la classification de Milwaukee. Seuls doivent être éventuelle-
ment traités, par voie endoscopique, les patients qui présentent un tableau de douleur biliaire
associée à une perturbation du bilan biliaire et/ou à une dilatation de la voie biliaire. Les
patients qui ne présentent que des douleurs (type III Milwaukee) souffrent en effet de troubles
de la sensibilité ou de la motricité duodénale.
© 2022 Publié par Elsevier Masson SAS.
https://doi.org/10.1016/j.jchirv.2022.01.006
1878-786X/© 2022 Publié par Elsevier Masson SAS.
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KEYWORDS Summary Sphincter of Oddi dysfunction (SOD) is a benign non-tumoral disorder of the major
Sphincter of Oddi papilla. It occurs mainly after cholecystectomy but can also occur before surgery. Biliary pain
dysfunction; and biliary colic are the most frequent symptoms although recurrent pancreatic pain or pan-
Cholecystectomy; creatitis can also be presenting symptoms. In about half of the cases, there is a fibrotic stricture
Biliary pain of the sphincter of Oddi, probably secondary to the passage of biliary stones, while in the remai-
ning half, the syndrome is due to ampullary motility disorders. The diagnosis of SOD first requires
exclusion of choledocholithiasis or ampullary tumor, by means of ERCP, endoscopic ultrasound
or magnetic resonance imaging. Findings on biliary manometry will establish the diagnosis, but
this technique is performed less and less often because its high risk of inducing pancreatitis
discourages its use as a diagnostic procedure. Biliary scintigraphy offers a risk-free alternative
albeit with lower sensitivity. Medical treatment relies on the administration of trimebutine and
nitroglycerine when pain occurs. Their efficacy is moderate. Sometimes patients are referred
for endoscopic sphincterotomy. Endoscopic treatment should be performed only for patients
with biliary pain associated with hepatic function disorders and/or bile duct dilatation. Prac-
ticians and patients should be aware that endoscopic sphincterotomy in this clinical setting is
associated with a high risk of pancreatitis and its efficacy is limited in patients with pain but
without laboratory anomalies or dilatation of the biliary duct (type III Milwaukee classification).
Patients with Milwaukee classification type III disorders have mostly functional complaints or
psychosocial disabilities and require only medical management.
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G. Boivineau, J.-M. Gonzalez, M. Gasmi et al.
(VIP) et aussi à Oxyde Nitrique (NO). La CCK libre pourrait ces anomalies du bilan biologique hépatique a fait l’objet
alors exciter directement les fibres musculaires du muscle d’une classification dite de « Milwaukee » présentée en
oddien, expliquant la réponse paradoxale à la CCK observée 1988 et révisée en 2004 [7,21], et une proposition de nou-
au cours des manométries post-cholécystectomie. Ce type velle nomenclature par la conférence de Rome IV [4] sur
de DSO pourrait répondre essentiellement à un traitement laquelle nous reviendrons ultérieurement. Il faut noter que
médical. l’élévation per-critique des transaminases peut être très
Enfin, le rôle pathogène de microcristaux biliaires de importante pouvant dépasser 20 fois la limite supérieure de
cholestérol a été invoqué. Deux études ne sont pas en la normale.
faveur de cette éventuelle influence [9,10]. Ces deux études La DSO pourrait aussi être une cause de pancréatite
ont montré une prévalence identique de la présence de aiguë récurrente, généralement considérée comme une pan-
microcristaux biliaires, que la pression basale oddienne soit créatite chronique idiopathique [5,22,23]. Il n’a pas été
élevée ou non, dans tous les cas inférieurs à 10 %. rapporté dans la littérature de pancréatite aiguë grave
entrant dans le cadre d’une DSO pancréatique (voir plus
loin). Le tableau clinique est donc celui de pancréatite aiguë
Caractéristiques de la douleur récurrente bénigne. Ces manifestations pourraient concer-
ner près d’un quart des patients qui présentent des douleurs
La douleur biliaire, localisée en épigastre et/ou hypo- post-cholécystectomie.
chondre droit, est définie, selon la conférence de Rome IV, Enfin, la DSO survient sur un terrain particulier : 80 à 90 %
par des critères bien précis [4] : des sujets atteints sont des femmes comme dans d’autres
• des crises de durée > 30 min et s’élevant à intensité cons- affections fonctionnelles digestives [11,12,24]. Sans lien
tante ; direct, il existe un contexte psychiatrique d’anxiété ou de
• des symptômes récidivants à intervalles variables ; dépression fréquent, voire d’antécédent d’abus sexuels, ce
• la douleur doit être suffisamment importante pour inter- qui amplifie la douleur perçue mais ne devant pas remettre
rompre l’activité quotidienne du patient ou pour se rendre en question la réalité de la souffrance vécue par le patient,
aux urgences ; ainsi que l’appréhension de la survenue des crises qui est
• pas significativement reliée à la défécation (< 20 %) ; souvent majeure [20]. Dans une étude de patients inclus
• pas significativement reliée aux changements de position dans une étude randomisée, 21 % des patients avaient des
ou à la prise d’antisécrétoires. troubles psychiatriques sévères. Il n’y avait pas de corréla-
tion claire avec le type de symptômes mais les patients les
Les critères secondaires associés sont la présence de nau- plus dépressifs avaient les douleurs les plus fortes [20]. La
sées ou vomissements, l’irradiation dans le dos et/ou la prise en considération des symptômes du patient, sans les
région subscapulaire droite, et le caractère potentiellement nier mais en expliquant au patient la réalité et l’origine des
insomniant de la douleur. troubles est essentielle pour sa prise en charge, et éloigner
Le délai de survenue entre les crises douloureuses et la le « spectre » de la sphinctérotomie endoscopique.
cholécystectomie est très variable, allant de quelques mois
à plusieurs années, voire plus de 20 ans [5,7,11,12]. Les
crises sont favorisées par la prise de codéine ou dérivés,
retrouvés dans des médicaments antalgiques ou antitus-
Modes de diagnostic de la DSO
sifs principalement, ou par des repas gras. La prise de
En présence de douleurs d’allure biliaire post-
codéine est un élément du diagnostic positif essentiel et doit
cholécystectomie, et après élimination d’une lithiase
être recherchée systématiquement à l’interrogatoire. Elles
résiduelle ou d’un obstacle ampullaire par la réalisation
peuvent être aussi spontanées, entraînant une appréhen-
d’une écho-endoscopie et d’une IRM, la possibilité d’avoir
sion majeure de la part des patients. L’expression clinique
une réelle dysfonction oddienne peut être raisonnablement
des DSO post-cholécystectomie est principalement biliaire.
évoquée et évaluée par la classification de Milwaukee.
Les douleurs post-cholécystectomie s’observent chez 10 à
Une première classification incluait entre autres, le retard
40 % des patients opérés [5—8,13—16]. D’après la littéra-
de vidange du contraste intra-biliaire après cholangio-
ture, la prévalence de la DSO, variable, serait estimée entre
pancréatographie rétrograde endoscopique (CPRE) (> à
1,5 et 40 % après cholécystectomie [17,18]. Enfin, il convient
45 min) [21]. Cette classification a été modifiée en 2004 et
de souligner que la prévalence de la dysfonction oddienne
ce critère a été supprimé pour éviter une CPRE diagnos-
n’est pas nulle avant cholécystectomie chez des patients
tique, grevée d’une morbidité non négligeable [7]. Elle
présentant une lithiase biliaire. Elle a été mesurée à 4 % des
comprend 3 critères :
patients sans dilatation de la voie biliaire ou perturbation du • douleur d’allure biliaire ;
bilan biologique hépatique et à 40 % chez ceux qui avaient • élévation des SGOT ou des phosphatases alcalines à plus
une élévation des phosphatases alcalines [19].
de deux fois la normale à au moins deux reprises ;
• diamètre de la voie biliaire augmenté (> à 12 mm) [7].
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pour éliminer une pancréatite chronique ou anomalies ana- duodénoscopie, une écho-endoscopie et une IRM bilio-
tomiques, et des tests génétiques de mutation PRSS1, pancréatique. Ce n’est qu’en présence de la normalité
SPINK1 et CFTR. Il convient de rappeler les résultats d’une complète de ce bilan, que le diagnostic de DSO peut être
étude de l’équipe de Sahai recherchant par écho-endoscopie suspecté.
les causes de pancréatites aiguës récurrentes idiopathiques Des troubles de la motricité gastrique ou duodénojéju-
[37] : 27 % des patients avaient une pancréatite chronique, nale post-cholécystectomie, qu’ils soient associés ou non à
47 % une minilithiase vésiculaire et finalement un diagnostic une DSO ont été mis en évidence avec des anomalies fré-
étiologique était retrouvé chez 39 % des patients. En pré- quentes des phases II et III des complexes moteurs migrants.
sence de manifestations pancréatiques attribuées à une DSO Dans certains cas, ces anomalies motrices duodénojéju-
(pancréatite aiguë récurrente idiopathique), observée dans nales semblaient exister avant la cholécystectomie [8]. Des
10 à 25 % des cas, il existe une classification de Milwaukee, troubles de la sensibilité duodénale ont été mis en évidence
établi sur le même principe [5,22]. Elle comprend 3 critères : par barostat chez des patients qui présentaient une dysfonc-
• douleur d’allure pancréatique ; tion oddienne post-cholécystectomie [38]. Ces anomalies
• élévation de l’amylase ou de la lipase à plus de deux fois de la sensibilité étaient localisées au niveau duodénal, les
la normale ; tests au barostat effectués notamment au niveau du rec-
• diamètre du canal de Wirsung augmenté (> à 6 mm). tum étant restés négatifs. Ces troubles de la sensibilité ou
de la motricité duodénale sont à l’origine, d’une part, non
D’après la conférence de Rome IV, les critères diagnos- négligeable des douleurs observées avant ou après cholécys-
tiques de la DSO pancréatique doivent inclure : tectomie chez des patients sans dilatation de la voie biliaire
• des épisodes documentées de pancréatite récurrente et avec un bilan biologique hépatique normal, c’est-à-dire
(douleur pancréatique typiques avec amylase ou lipase > à les patients présentant une DSO type III de Milwaukee. Ils
3 fois la normale et/ou une preuve en imagerie de pan- ne doivent pas être confondus avec une véritable dysfonc-
créatite aiguë) ; tion oddienne sous peine d’exposer le patient à un geste
• exclusion des autres étiologies de pancréatites ; endoscopique intempestif et potentiellement dangereux.
• une écho-endoscopie négative et ;
• une anomalie à la manométrie oddienne [4].
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L’injection intrasphinctérienne de toxine botulinique a de mutations génétiques, entre autres le suggèrent [37]. La
été testée chez l’homme et chez le porc [45,46]. La prudence s’impose donc encore plus dans le cadre de la DSO
toxine botulinique A entraîne une diminution significative pancréatique.
de la pression basale dans 50 % des cas. Sur le plan cli- Parmi les facteurs prédictifs d’efficacité, il semble que
nique, l’injection intrasphinctérienne de toxine botulinique l’apparition d’une anomalie du bilan hépatique au décours
a entraîné une amélioration chez 55 % des patients qui immédiat des crises douloureuses soit un facteur prédictif
souffraient de douleurs biliaires post-cholécystectomie sans de la réponse à la sphinctérotomie alors que la dilatation de
perturbation du bilan hépatique ni de dilatation de la voie la voie biliaire n’en est pas un [51]. Beaucoup des patients
biliaire. Cependant 90 % des patients qui avaient été amé- qui appartiennent au type II mais surtout au type III de la
lioré ont présenté une récidive des symptômes dans les classification de Milwaukee souffrent en réalité non pas de
6 mois qui ont suivi. L’effet de la toxine est donc incons- dysfonction oddienne mais de trouble de la sensibilité ou de
tant et transitoire. Bien qu’elle pourrait prédire la réponse la motricité duodénale. Le maintien dans le temps des résul-
à la sphinctérotomie endoscopique [47], son utilisation est tats de la sphinctérotomie endoscopique est peu évalué, la
quasiment abandonnée dans cette indication. majorité des études randomisées s’étant limitée à un an de
Le traitement endoscopique par sphinctérotomie endo- suivi. Nous avons comparé dans une étude les résultats de la
scopique peut être une technique efficace en cas de DSO sphinctérotomie endoscopique à ceux d’un traitement médi-
prouvée par manométrie ou scintigraphie mais d’une lourde cal associant trimébutine et dérivés nitrés [44]. Un total de
morbidité, essentiellement en raison du risque de pancréa- 59 patients ont été inclus dont 57 % type II et 19 % type I. À un
tite postopératoire. La mise à jour de 2014 des « guidelines » an, 71 % des patients ont été traités seulement médicale-
Européennes montre que la DSO est le principal facteur ment, et 24 % ont finalement eu recours à un traitement
de risque de pancréatite post-CPRE [48]. Cette pancréatite endoscopique. L’efficacité thérapeutique immédiate était
doit être prévenue par l’utilisation d’un AINS de préférence respectivement de 64 % vs 86 % mais à 30 mois de suivi de 62 %
par voie rectale, associée chaque fois que cela est possible vs 64 %. L’efficacité immédiate du traitement endoscopique
par une courte prothèse pancréatique de 5 Fr [48], voire chez des patients sélectionnés peut être bonne mais au fil
éventuellement également à une hyperhydratation intra- du temps, elle a tendance à rejoindre l’efficacité du trai-
veineuse. Deux études prospectives randomisées ont mis tement médical. C’est encore un argument dans la décision
en évidence une disparition des symptômes chez 90 % des thérapeutique.
patients [39,40]. Mais les patients appartenaient dans ces La séquence thérapeutique doit reposer d’abord sur une
études en majorité au type II de la classification de Milwau- prise en charge médicale avec éviction des dérivés mor-
kee [23]. Il a été démontré que la réponse thérapeutique à phiniques, utilisation pendant un an de la trimébutine en
la sphinctérotomie biliaire dépendait de l’appartenance au entretien et de dérivés nitrés per-critiques pendant un an
type de classification, les meilleures réponses étant obser- [11,12,44]. Le patient doit être informé du risque et de
vées pour le type I, puis pour le type II et enfin pour le l’éventuelle inefficacité de toute procédure endoscopique.
type III [5]. Mais dans la troisième étude randomisée (étude Le suivi psychologique et clinique répété du patient pen-
EPISOD) incluant 90 % de patients avec un type III de Milwau- dant cette période est essentiel. Au bout d’un an, un échec
kee, il n’y a pas de différence significative entre la vraie et survient environ une fois sur quatre et un traitement endo-
la sham procédure (37 % vs 23 %) [1]. Ce résultat qui a fait scopique peut être proposé mais en informant le patient du
l’objet d’une excitation scientifique internationale, allant risque de complication et d’une perte d’efficacité possible
jusqu’à la remise en question du concept de DSO, était donc à long terme [44].
prévisible. On rappellera que la prévalence d’hyperpression
basale dans ce groupe de DSO est de 28 % [5], ce qui corres-
pond à l’efficacité retrouvée dans cette série. Cette étude
confirme qu’il convient de ne pas proposer aux patients Déclaration de liens d’intérêts
appartenant au type III de DSO, un traitement endoscopique,
ce d’autant plus que l’étude EPISOD 2 confirme ses données Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
à long terme (suivi de 5 ans) [49].
Le problème de l’indication de la sphinctérotomie
endoscopique pancréatique est complexe. Un élément inté-
ressant apporté par l’étude randomisée EPISOD montre
Références
que la réalisation d’une sphinctérotomie double (biliaire et
[1] Cotton PB, Durkalski V, Romagnuolo J, et al. Effect of endosco-
pancréatique) n’apporte pas de résultat meilleur chez les pic sphincterotomy for suspected sphincter of Oddi dysfunction
patients présentant une hypertonie du sphincter pancréa- on pain-related disability following cholecystectomy: the EPI-
tique (30 % vs 20 %) [1]. Une autre étude randomisée a SOD randomized clinical trial. JAMA 2014;311:2101—9.
étudié le traitement endoscopique de la DSO sur le ver- [2] Dawwas MF, Bruno MJ, Lee JG. Endoscopic sphincterotomy for
sant pancréatique [50]. Cette étude a inclus 69 patients sphincter of Oddi dysfunction: inefficacious therapy for a ficti-
présentant une pancréatite aiguë récurrente idiopathique. tious disease? Gastroenterology 2015;148:440—8.
Les patients ont subi soit une sphinctérotomie endoscopique [3] Behar J, Corozziari E, Guelrud M, et al. Functional gall-
biliaire, soit une sphinctérotomie double (biliaire et pan- bladder and sphincter of Oddi disorders. Gastroenterology
2006;130:1498—509.
créatique). Avec un suivi moyen de 78 mois, la moitié des
[4] Cotton PB, Elta GH, Carter CR. Rome IV. Gallbladder and sphinc-
patients de chacun des deux groupes présentaient toujours
ter of Oddi disorders. Gastroenterology 2016;150:1420—9.
des crises de pancréatite aiguë récurrente. De plus, 17 % [5] Lehman GA, Sherman S. Sphincter of Oddi dysfunction. Int J
des patients avaient développé une pancréatite chronique Pancreatol 1996;20:11—25.
dans l’intervalle. Cette étude illustre surtout le problème du [6] Black NA, Thompson E, Sanderson CFB, and the ECHSS
diagnostic de certitude de la DSO pancréatique, au moins la Group. Symptoms and health status before and six weeks
moitié des cas correspondant à une maladie sous-jacente after open cholecystectomy: a European cohort study. Gut
probable, comme certaines études par écho-endoscopie ou 1994;35:1301—5.
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troenterology 2012;143:1502—9.
S25
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MISE AU POINT
a
Chirurgie digestive, Clinique Les Cèdres, 19100 Brive, France
b
Service de chirurgie digestive, hôpital Louis Mourier, AP—HP, 92700 Colombes, France
MOTS CLÉS Résumé La chirurgie est une alternative thérapeutique de dernier recours dans la prise en
Constipation sévère ; charge de la constipation sévère après échec des traitements médicaux. Il faut distinguer deux
Traitement types de prise en charge, la chirurgie conservatrice dite d’épargne colique (intervention de
chirurgical ; Malone et neuromodulations sacrée (NMS) et la chirurgie dite radicale telle que la résection
Intervention de colorectale. Si la place de la NMS reste encore à définir, celle du Malone est bien codifiée avec
Malone ; des résultats très satisfaisants. Pour la chirurgie radicale, la colectomie totale avec anastomose
Colectomie iléo-rectale est l’intervention de référence car la plus documentée. La place des colectomies
segmentaires reste à définir par une identification précise du segment colique mis en cause.
Enfin, il est impératif que la prise en charge de toute constipation sévère s’inscrive dans le
cadre d’une concertation pluridisciplinaire radio-médico-chirurgicale. En effet, cette stratégie
permet une sélection rigoureuse des patients, seul garant d’un meilleur résultat fonctionnel à
long terme même si ce dernier reste malheureusement incertain.
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KEYWORDS Summary Surgery is a last-resort treatment for the management of severe constipation, an
Severe constipation; alternative after failure of medical treatment. We can distinguish two types of management:
Surgery; ‘‘conservative’’ colon-sparing surgery, i.e. the Malone procedure (MP), or sacral neuromodula-
Malone procedure; tion (SNM), and ‘‘radical’’ surgery such as colorectal resection. While the place of SNM remains
Colectomy
https://doi.org/10.1016/j.jchirv.2021.12.005
1878-786X/© 2021 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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F. Bretagnol, E. Hain, D. Moszkowicz et al.
to be defined, the MP is well codified and has shown very satisfactory results. For radical treat-
ment, total colectomy with ileo-rectal anastomosis is the reference procedure because it is the
best documented. The place of more limited segmental colectomies is poorly defined and needs
a more precise identification of the colonic segment involved. Finally, it is imperative that any
severe constipation be managed within a multidisciplinary radiology-medico-surgical consul-
tative program. Indeed, a multidisciplinary strategy allows rigorous selection of patients, the
only guarantee of better long-term functional results, even though they unfortunately remain
uncertain.
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S42
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études ont plusieurs points faibles : le nombre de patients concernant les résultats fonctionnels et la qualité de vie. Par
est limité et l’hétérogénéité des patients inclus péjorent laparoscopie, la durée opératoire était plus longue mais le
les résultats (notamment sur les critères d’inclusions très risque d’occlusion du grêle sur bride était diminué de moitié
larges avec une définition de la constipation chronique repo- (13,3 vs 6,7 après laparoscopie).
sant sur les critères de Rome sans autre sélection). Ainsi, Sur le plan technique, la résection colique est non car-
dans l’état actuel de la littérature, il n’est pas possible de cinologique, c’est-à-dire, qu’aucun curage ganglionnaire
considérer la NMS comme un traitement validé de la cons- n’est réalisé et la résection est faite au plus près du colon
tipation chronique. Cependant, parmi les patients traités, afin de minimiser le risque de plaie nerveuse et donc de
certains sont indiscutablement répondeurs. C’est donc prin- séquelles génito-urinaires.
cipalement la sélection des patients candidats qui devrait Il n’existe pas de consensus sur la hauteur de
permettre d’améliorer les résultats. Mais jusqu’à présent, l’anastomose iléo-rectale qui peut est faite soit au niveau du
aucun facteur prédictif n’a pu être mis en évidence. haut rectum pour la plupart des auteurs soit pour d’autres
En conclusion, la NMS ne peut être proposée aujourd’hui au niveau du sigmoïde distal.
à des patients souffrant de constipation chronique, que dans
le cadre d’essais cliniques dont l’objectif est de préciser les
meilleurs candidats à cette approche. Résultats globaux
Les résultats de 40 études internationales soit 2045 patients
ayant eu une colectomie totale pour constipation chro-
Chirurgie radicale nique ont été rapportés [13]. La plupart des études incluses
(7 américaines, 11 européennes, 9 chinoises) étaient des
Stratégie thérapeutique et type de chirurgie études de cohorte de mauvaise qualité avec seulement
1 étude contrôlée et 8 études prospectives. Par ailleurs, le
La constipation chronique est une affection médicale qui recul était très hétérogène variant de 1 à 11 ans avec une
doit être traitée en priorité de manière médicale. Malheu- médiane de 4,3 ans. Il existait une grande hétérogénéité
reusement en cas d’échec soit dans moins de 10 % des cas, on des procédés d’analyse avec un recueil par question-
peut envisager un traitement fonctionnel chirurgical radical, naire de la fonction digestive dans seulement 16 études.
possiblement efficace mais avec une morbidité chirurgicale Ainsi, en incluant tous ces défauts méthodologiques, parmi
non négligeable. 1616 patients, le taux global de satisfaction était de 85,6 %
L’indication de chirurgie doit être discutée et déci- (95 %CI : 81,4—89,3 %), I2 = 76,9 %.
dée réunion multidisciplinaire qui permettra une sélection Les recommandations américaines actualisées en 2016
rigoureuse des patients et l’obtention du meilleur résultat [10] concluaient à une amélioration clinique significative,
fonctionnel. après chirurgie, dans 50 à 100 % des cas.
L’intervention chirurgicale historiquement proposée est
la colectomie totale. Actuellement, cette chirurgie est
encore largement d’actualité à savoir une colectomie totale Résultats fonctionnels
avec une anastomose entre l’iléon terminal et le haut Cette même revue anglaise [13] montrait, à long terme,
rectum ou le segment distal du sigmoïde (anastomose un risque médian de récidive de la constipation dans 15 %
iléo-rectale). Cette chirurgie est très documentée dans la des cas (95 %CI : 10—21 %). Des ballonnements abdominaux
littérature et elle constitue l’intervention de référence, étaient présents dans 10 à 40 % des cas. Des diarrhées et/ou
recommandée par les sociétés savantes Américaines [9] et des troubles de la continence anale existaient chez 5 à 15 %
Françaises [10]. des patients.
D’autres interventions chirurgicales ont été proposées : Une étude américaine [14] montrait avec un recul moyen
colectomie totale avec anastomose entre le cæcum et le de 8 ans chez 30 patients ayant eu une colectomie totale,
rectum (anastomose cæco-rectale) ; la colectomie segmen- des résultats fonctionnels satisfaisants incluant un nombre
taire réséquant la partie du colon la plus impliquée dans le moyen de selles de 2,5 par jour (variant de 1 à 6), des
ralentissement du transit (colectomie droite ou gauche) : la douleurs abdominales persistantes dans 13 % des cas, des
colo-proctectomie totale avec anastomose iléo-anale en cas ballonnements abdominaux (65 %), le recours à des laxa-
de mégarectum associé ou d’échec de la colectomie totale. tifs ou lavements (6 %) et à des anti-diarrhéiques (6 %).
Il faut noter que si de nombreux auteurs rapportent leur A contrario, d’autres auteurs [15] objectivaient des résul-
expérience, les résultats sont très hétérogènes du fait du tats plus mitigés avec des douleurs abdominales persistantes
manque d’études contrôlées comparant par exemple les dif- dans 41 % des cas, des ballonnements (65 %), la nécessité de
férentes procédures chirurgicales entre elles ou la chirurgie poursuivre un traitement laxatif dans 29 % des cas et une
à un traitement médical. incontinence au gaz ou selles liquides dans 47 % des cas.
Le taux d’échec grave c’est-à-dire conduisant à la réali-
Colectomie totale avec anastomose sation d’une iléostomie définitive est en moyenne de 5 % et
iléo-rectale varie dans la littérature de 0 à 28 %. Une étude très récente
[16] incluant 42 patients opérés d’une colectomie totale
Cette chirurgie est réalisée par laparotomie ou maintenant avec un recul médian de 15 ans concluait à la nécessité d’une
par laparoscopie, permettant d’associer tous les bénéfices stomie définitive pour mauvais résultat fonctionnel dans 19 %
d’une chirurgie dite mini-invasive. Il n’existe que très peu des cas même si les auteurs soulignaient un taux élevé de
de données comparant la chirurgie ouverte à la chirurgie satisfaction parmi les patients y compris ceux ayant eu une
laparoscopique. Ho et al. [11], dans une étude compa- stomie disant ne pas regretter la chirurgie et en acceptant
rative ne retrouvaient pas de différence significative en le risque d’échec. Pourtant, si la stomie peut soulager les
termes de satisfaction postopératoire (96 vs 100 % après patients, un certain nombre de symptômes peuvent néan-
laparoscopie). Marchesi et al. [12] concluaient aussi à moins persister tels que le météorisme abdominal ou les
l’absence de différence significative entre les deux groupes ballonnements douloureux.
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place des colectomies segmentaires reste à définir par une [5] Ganio E, Masin A, Ratto C, et al. Short-term sacral nerve sti-
identification précise du segment colique mis en cause. mulation for functional anorectal and urinary disturbances:
Les résultats fonctionnels et opératoires semblent results in 40 patients: evaluation of a new option for anorectal
meilleurs dans un centre expert avec une prise en charge functional disorders. Dis Colon Rectum 2001;44:1261—7.
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Points forts
sacral nerve stimulation in slow transit constipation: a two-
• La chirurgie dite conservatrice telle que
phase, double blind randomized controlled crossover study. Am
l’intervention de Malone peut être une bonne J Gastroenterol 2015;110:733—40.
alternative thérapeutique. À l’inverse, la [8] Zerbib F, Siproudhis L, Lehur PA, et al. Randomized clinical
neuromodulation des racines sacrées n’a pas montré trial of sacral nerve stimulation for refractory constipation. Br
de bénéfice en cas de constipation chronique. J Surg 2017;104(3):205—13.
• L’exérèse chirurgicale colique a une place très [9] Paquette IA, Varma M, Ternent C, et al. The American society
limitée dans le traitement de la constipation of colon and rectal surgeons’ clinical practice guideline for the
chronique et ne doit être proposée qu’après échec evaluation and management of constipation. Dis Colon Rectum
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L’analyse de la littérature montre un niveau de
surgical management of chronic constipation in adults. SNFCP
preuve « evidence-based » faible du fait du manque Editions; 2017.
et de l’hétérogénéité des résultats. [11] Ho YH, Tan M, Eu KW, Leong A, Choen FS. Laparoscopic-assisted
• La colectomie totale avec anastomose iléo-rectale compared with open total colectomy in treating slow transit
est l’intervention chirurgicale de référence. constipation. Aust N Z J Surg 1997;67:562—5.
• Après colectomie totale, le taux de succès est de [12] Marchesi F, Percalli L, Pinna F, Cecchini S, Ricco M, Roncoroni
85 % avec un risque de récidive de 15 %. Des douleurs L. Laparoscopic subtotal colectomy with antiperistaltic ceco-
abdominales et/ou ballonnements abdominaux sont rectal anastomosis: a new step in the treatment of slow-transit
notés dans 50 % des cas. constipation. Surg Endosc 2012;26:1528—33.
• L’occlusion du grêle sur bride est la principale [13] Knowles CH, Grossi M, Chapman M, Mason J. Surgery for cons-
tipation: systematic review and practice recommendations.
complication chirurgicale à long terme après
Results I: colonic resection. Colorectal Dis 2017;19:17—36.
colectomie totale avec une fréquence de 15 %. [14] Pikarsky AJ, Singh JJ, Weiss EG, Nogueras JJ, Wexner SD. Long-
• D’autres types de chirurgie peuvent être proposés
term follow-up of patients undergoing colectomy for colonic
(colectomie segmentaire ou anastomose cæco- inertia. Dis Colon Rectum 2001;44:179—83.
rectale) mais le risque d’échec est plus important [15] Thaler K, Dinnewitzer A, Oberwalder M, et al. Quality of
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MISE AU POINT
a
Service de chirurgie digestive, groupe hospitalier Diaconesses - Croix Saint Simon, 125, rue
d’Avron, 75020 Paris, France
b
Service de chirurgie générale, viscérale et endocrinienne, centre hospitalier universitaire
Pitié-Salpetrière, 75013 Paris, France
c
ELSAN, centre chirurgical de l’Obésité (CCO), clinique Saint-Michel, 83000 Toulon, France
MOTS CLÉS Résumé La chirurgie bariatrique peut induire des modifications de la motilité digestive surve-
Obésité ; nant de novo ou secondaires à une amélioration ou une aggravation des troubles antérieurs dus
Anneau gastrique à l’obésité. Les altérations de la motilité digestive font souvent partie du mécanisme d’action
ajustable et résultent de la chirurgie. Elles ne sont pas rares et ne sont pas toujours associées à une
laparoscopique ; augmentation de la perte de poids mais peuvent entraîner des conséquences négatives sur la
Bypass gastrique en qualité de vie, plus ou moins réversibles, constituant une véritable complication chirurgicale.
Y; La connaissance de ces complications est devenue indispensable, surtout dans cette période où
Sleeve gastrectomy la chirurgie bariatrique concerne souvent des patients déjà opérés. Ainsi, les modifications de
laparoscopique ; la motilité digestive après chirurgie bariatrique et les complications qui peuvent en découler
Troubles moteurs doivent être connues et prises en considération afin d’adapter les techniques chirurgicales à
oesophagiens ; chaque patient, aussi bien dans le cas d’une première intervention que dans le cas d’une réin-
Troubles moteurs tervention, situation de plus en plus fréquente. L’objectif de cette revue est de synthétiser
gastro-intestinaux les altérations de la motilité œsophagienne et gastrointestinale secondaires aux procédures
chirurgicales bariatriques.
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
https://doi.org/10.1016/j.jchirv.2022.01.005
1878-786X/© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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L. Montana, P.-A. Colas, A. Valverde et al.
KEYWORDS Summary Bariatric surgery can induce changes in digestive motility that are de novo or secon-
Obesity; dary to an improvement or aggravation of previous disorders due to obesity. Alterations of
Laparoscopic digestive motility are frequently part of the mechanism of action and a result of surgery. They
adjustable gastric are not rare and they are not always associated with an increase in weight loss but can lead to
band; the negative consequences on quality of life, which are more or less reversible as a real surgical
Roux-en-Y gastric complication. Knowledge of these complications has become essential, especially in this period
bypass; when bariatric surgery often concerns patients who have already undergone an operation. Thus,
Laparoscopic sleeve the changes in digestive motility after bariatric surgery and the complications that may result
gastrectomy; from them must be known and considered to adapt surgical techniques to each patient, both
Esophageal motility in the case of a first intervention and in the case of a reoperation, which is becoming more
disorders; and more frequent. The objective of this review is to synthesize alterations of esophageal and
Gastro-intestinal gastro-intestinal motility secondary to bariatric surgical procedures.
motility disorders © 2022 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
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l’inverse aggraver un trouble de la motilité préexistant dû à approche est indiquée en particulier avant de décider de
l’obésité. l’opportunité de retirer l’AGA.
Le dégonflage de l’AGA améliore dans la majorité des
cas la dilatation œsophagienne [15,16]. L’ablation de l’AGA
Altérations de la motilité oesophagienne ramène la situation à la normale, d’autant plus si elle est
après anneau gastrique ajustable associée à l’ablation de la cicatrice péri-gastrique. Les cica-
trices péri-gastriques sont responsables de la persistance
Le mécanisme d’action de l’AGA est basé sur le passage des symptômes de dysmotilité œsophagienne [17,19].
retardé des aliments à travers le dispositif à l’origine
d’une sensation de satiété précoce et ainsi d’une perte Reflux gastro-œsophagien et anneau gastrique
de poids [13]. En 2009, Burton et al. [14] ont décrit à ajustable
l’aide d’une vidéo-manométrie le passage du bol alimentaire
à travers un AGA. Dans un premier temps, sa progres- La relation entre le RGO et l’AGA est discutée. Certains
sion est favorisée par une onde péristaltique œsophagienne auteurs estiment que le renforcement du réflexe du SIO et la
induite par la nourriture elle-même. Dans un second temps, réduction de la fréquence des relaxations transitoires induit
cette onde péristaltique rejoint la zone sphinctérienne et par l’AGA joueraient un rôle protecteur. Pour d’autres,
l’hypercontraction consécutive du SIO génère une zone de l’AGA constituerait un obstacle au passage des aliments dans
pression intraluminale permettant le passage du bol alimen- l’estomac et provoquerait ainsi une augmentation de la pres-
taire dans l’estomac. Plusieurs contractions sont nécessaires sion intraluminale à l’origine d’un RGO.
pour le passage complet du bol dans l’estomac. Aucune alté- L’incidence du RGO de novo après AGA est estimée
ration de la vidange gastrique ou du transit intestinal n’a été à 20 % [20,21]. Le diagnostic de RGO après AGA est
décrite après AGA [13]. basé sur les symptômes rapportés par les patients (brû-
lure gastrique, reflux acide, toux chronique et asthme).
Troubles moteurs œsophagiens après anneau La réalisation d’une pH-métrie ou d’une endoscopie œso-
gastrique ajustable gastro-duodénale n’est pas systématiquement requise pour
poser le diagnostic mais peut aider au diagnostic de RGO
En 2011, Naef et al. [15] ont étudié les altérations patho- ainsi qu’à l’exploration d’éventuelles complications secon-
logiques de la motilité œsophagienne après AGA et ont daires telles que l’œsophagite et/ou l’EBO. Certains auteurs
rapporté une incidence de la dysmotilité œsophagienne suggèrent de réaliser une manométrie œsophagienne avant
après AGA d’environ 68,8 % et un taux de dilatation œso- réintervention après AGA [18]. La manométrie pourrait per-
phagienne à long terme (entre 3 et 10 ans) de 25 %. Une mettre d’identifier les patients présentant une hypotension
classification des troubles de la motilité œsophagienne a été du SIO ou une dysmotilité œsophagienne non symptomatique
proposée en 2005 par Dargent [16,17]. Quatre stades ont été après ablation de l’AGA [18]. Dans l’optique d’une réin-
identifiés : tervention, la découverte d’une dysmotilité œsophagienne
• stade 1 : dilatation œsophagienne modérée associée à un après ablation de l’AGA pourrait orienter le chirurgien dans
retard de vidange ; le choix d’une technique chirurgicale à faible pression intra-
• stade 2 : hypercontraction œsophagienne diffuse (œso- luminale, comme le BGY, en vue de réduire le RGO [22].
phage nutcracker) ; Le traitement du RGO après AGA est essentiellement basé
• stade 3 : dilatation oesophagienne > 35 mm avec une sur le dégonflage du dispositif, le changement du mode de
poche gastrique intra-thoracique ; vie et la prescription d’inhibiteurs de la pompe à protons
• stade 4 : dilatation œsophagienne > 35 mm, caractérisée (IPP). Dans le cas du RGO réfractaire, le retrait de l’AGA est
par l’absence d’ondes péristaltiques œsophagiennes et un nécessaire.
relaxation anormal du SIO (‘‘achalasia like’’).
Les raisons pour lesquelles ces patients développent
cette dilatation ne sont pas claires. Un anneau gastrique
Altérations de la motilité œsophagienne
trop serré, une alimentation inadaptée et un trouble pré- après sleeve gastrectomie et bypass
existant de la motilité pourraient expliquer ces altérations gastrique
post-AGA. Naef et al. [15] ont rapporté que 57 % des patients
présentant une dilatation de l’œsophage souffraient déjà Reflux gastro-œsophagien et sleeve
d’une hernie hiatale ou d’un RGO avant la pose de l’anneau. gastrectomie
Pour ces raisons, certaines équipes ont proposé la réalisa-
tion systématique d’une manométrie œsophagienne avant Au cours de la dernière décennie, de nombreuses revues
l’AGA pour étudier la fonction du tractus œsophagien infé- et méta-analyses se sont concentrées sur les modifica-
rieur et du SIO afin de prévenir les complications liées à tions de la motilité digestive après SG, en particulier pour
l’AGA [18]. Bien que la dilatation de l’œsophage soit régu- comprendre la relation entre SG et RGO [21,23,24]. Le
lièrement asymptomatique, les symptômes typiques décrits RGO est la complication fonctionnelle la plus importante
sont une intolérance sévère aux aliments solides, une hyper- après SG. Cette intervention restrictive se caractérise par
sialorrhée, des vomissements répétés et la survenue d’une une amputation d’environ 80 % du volume gastrique entraî-
pneumopathie (due à l’inhalation nocturne). Dans la littéra- nant une sensation de satiété précoce, une diminution de
ture, l’intervalle entre la pose de l’AGA et l’apparition des la distension gastrique et une augmentation de la pres-
symptômes est variable, entre 1 et 10 ans [15,17]. La réalisa- sion intra-gastrique. De plus, l’abolition de l’angle de His,
tion d’un transit œso-gastro-duodénal simple est suffisante l’hypotonie du SIO (après division de ses fibres musculaires)
pour confirmer le diagnostic, mais effectuer une endosco- et la réduction du péristaltisme œsophagien contribuent à
pie œso-gastro-duodénale peut être utile pour identifier une diminuer la clairance œsophagienne [25,26]. Ces modifica-
éventuelle migration de l’anneau en intra-gastrique ; cette tions augmentent le temps de contact entre la muqueuse
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du bas œsophage et l’acidité gastrique et favorisent la pour le diagnostic de hernie hiatale. La tomodensitométrie
pathogenèse du reflux [23]. Pour ces raisons, la présence (TDM) avec opacification haute peut décrire plus précisé-
d’une hernie hiatale > 4 cm, d’une œsophagite, d’un EBO ou ment le volume de la hernie hiatale, la migration de la
d’un RGO sévère représentent une contre-indication à la SG ligne d’agrafes dans le thorax (signe indirect d’une her-
[27]. Cette notion est confortée par les travaux de Peterli nie hiatale), la dilatation de la gastroplastie et la sténose
et al. [28] qui ont rapporté que la diminution des épisodes gastrique. Le volume tridimensionnel du tube gastrique
de reflux est respectivement d’environ 25 % et 60 % cinq peut être obtenu par la TDM pour détecter le type de
ans après SG et RYGB. Dans cette même étude, 32 % des dilatation gastrique et la présence d’une éventuelle sté-
patients ont présenté des épisodes de reflux aggravés après nose. L’endoscopie œso-gastro-duodénale peut quant à elle
SG, contre seulement 6 % des patients après RYGB. confirmer une sténose gastrique ou le twist du tube gas-
Bien qu’aucun examen ne soit spécifiquement recom- trique et identifier les signes indirects de RGO (EBO et/ou
mandé pour explorer les symptômes du RGO avant œsophagite).
SG [27], l’endoscopie œso-gastro-duodénale identifie les Le traitement du RGO après SG est avant tout médical
complications secondaires du RGO (œsophagite ou EBO). Le (changement du mode de vie et prescription d’IPP). En cas
transit œso-gastro-duodénal peut quant à lui trouver son d’échec du traitement médical, la conversion de la SG en
utilité dans le diagnostic d’une hernie hiatale, en vérifiant BGY améliore les symptômes du RGO dans 90 % des cas [34].
la position de la jonction œsogastrique par rapport au hia- S’il est associé à une hernie hiatale, le traitement du RGO
tus œsophagien. La pH-métrie peut diagnostiquer le RGO après SG consiste en la cure de la hernie hiatale, ce qui peut
[22] et la manométrie peut objectiver une dysmotilité de représenter un véritable défi chirurgical. Il a récemment été
l’œsophage ou du SIO [29]. Leur réalisation n’est toutefois proposé par différentes équipes chirurgicales la réalisation
pas systématiquement recommandée avant SG. Elles sont concomitante de la cure de hernie hiatale et d’une gastro-
cependant recommandées chez les patients aux antécédents pexie à l’aide du ligament rond hépatique après SG [35,36].
d’AGA en raison du risque accru de dysmotilité œsopha- Cependant, il n’y a pas de donnée disponible décrivant les
gienne [18,22]. résultats à long terme.
Différentes techniques chirurgicales ont été décrites Un suivi endoscopique systématique à 1, 3, 5 et 10 ans
pour effectuer simultanément la SG et la réparation d’une est recommandé après SG [37]. L’objectif du suivi est de
éventuelle hernie hiatale tout en empêchant l’aggravation détecter précocement un EBO postopératoire de novo ou
du RGO. Il est à noter que pendant la SG, la totalité du une œsophagite associés à des épisodes de reflux asymp-
fundus gastrique est retiré et qu’il n’y a ainsi plus suffisam- tomatiques. Si un EBO de novo est découvert après SG, le
ment de tissu disponible pour construire une valve solide suivi endoscopique devra être adapté au type d’EBO (court,
comme dans une fundoplicature classique. À ce titre, cer- moyen, long, avec ou sans dysplasie) et une conversion en
tains auteurs ont proposé de fixer le tube gastrique au BGY pourra être indiquée [37].
fascia pré-aortique après réparation d’une hernie hiatale
afin d’éviter la migration intra-thoracique de l’estomac et la
récidive de la hernie [30]. Cette technique semble être une Reflux gastro-œsophagien et bypass gastrique
option valable pour le traitement concomitant d’une her- en Y
nie hiatale pendant la SG, mais les données de la littérature
sont insuffisantes pour le confirmer. Nocca et al. [31] ont Le BGY est considéré comme le gold standard chez les
récemment développé une nouvelle technique opératoire, patients souffrant d’obésité et de RGO. En effet, cette
nommée N-sleeve gastrectomie. Cette opération consiste en intervention permet une diminution du score de DeMees-
la création d’une valve anti-reflux de type Nissen à l’aide ter après pH-métrie et préserve la motilité œsophagienne
d’une partie du fundus gastrique lors de la réalisation de [23]. La création d’une petite poche gastrique associée à
la SG. Malgré des résultats prometteurs, il n’existe aucune une dérivation duodénale permet à la bile d’être détournée
donnée disponible à long terme pour statuer sur son effica- de l’œsophage, diminuant de fait la production d’acide et
cité. réduisant le volume de reflux acide [21]. Certains cas de
Chez les patients sans RGO préopératoire, l’incidence reflux symptomatiques après BGY ont cependant été régu-
du RGO de novo et de l’EBO après SG sont respective- lièrement décrits dans la littérature. Rebecchi et al. [38]
ment de 23 % et 6 % [24]. Une étude récente a montré ont montré que l’exposition œsophagienne à un faible reflux
en utilisant la manométrie à haute résolution et la pH- acide survient chez 75 % des patients après BGY, avec ou sans
métrie que l’augmentation de la pression intra-gastrique et symptôme de reflux. Enfin, le reflux acide peut malgré tout
l’allongement des épisodes de reflux sont des conséquences persister après conversion d’une SG en BGY indiquée pour
de la SG [32]. Par ailleurs, le RGO de novo peut également reflux réfractaire [22].
être la conséquence d’une malfaçon de la SG, comme dans le De nombreuses complications chirurgicales pourvoyeuses
cas d’une sténose gastrique [33]. Le diagnostic du RGO après de reflux sont à exclure. Les complications anastomotiques
SG est essentiellement basé sur la description des symp- (ulcère et/ou sténose) sont détectées par endoscopie œso-
tômes. Aucun consensus n’est actuellement disponible en ce gastro-duodénale. La TDM avec opacification haute est plus
qui concerne les examens recommandés pour l’exploration performante pour la détection d’une hernie hiatale, d’une
du RGO de novo après SG [27,33]. Un taux croissant de dilatation de la poche gastrique ou encore d’une fistule
reflux acide a été rapporté après SG à la pH-métrie [23]. La gastro-gastrique. La corrélation entre le reflux acide et
manométrie à haute résolution peut tout à fait montrer une biliaire et les symptômes du RGO est explorée par la pH-
augmentation de la pression intra-gastrique et une hypoten- métrie et la pH-impédancemètrie [32]. Les traitements
sion du SIO associées à une motilité œsophagienne normale médicamenteux et le changement de mode de vie sont le
[33]. traitement de première intention. Un traitement chirurgi-
Les examens morphologiques et l’endoscopie œso- cal peut être proposé en cas de RGO réfractaire, mais le
gastro-duodénale permettent d’identifier les complications faible nombre de cas décrits dans la littérature ne permet
liées à la SG. Le transit œso-gastro-duodénal est utile pas d’aboutir à un consensus sur cette prise en charge [39].
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Reflux gastro-œsophagien et bypass gastrique sténose du tube gastrique à l’origine d’une altération de
en oméga (mini-bypass) la motilité œsophagienne. Le traitement de l’achalasie et
de la pseudo-achalasie après SG et BGY est le même que
Le bypass gastrique en oméga (BGO) est une procédure chez les sujets non opérés. La dilatation endoscopique est
métabolique réalisée dans le monde entier pour traiter le traitement de première intention : dilatation du SIO en
l’obésité morbide. Sa sûreté à long terme est débattue ; en cas d’achalasie primitive et dilatation de la sténose gas-
effet, depuis 2019 en France, le BGO n’est plus recommandé trique ou de la sténose anastomotique gastro-jéjunale en
par la HAS [5]. Chez les patients présentant des symptômes cas de POSED. En cas d’échec du traitement endoscopique,
de RGO préopératoire, l’indication du BGO est controversée la myotomie de Heller est le traitement de choix. La myo-
en raison du risque d’aggravation du RGO [40,41]. Le reflux tomie per-oral endoscopique (POEM), version endoscopique
biliaire est une complication notable du BGO, avec une inci- de la myotomie de Heller, a également montré de bons
dence estimée entre 0,6 % et 10 % [42]. Chez les patients résultats [44].
dépourvus de symptômes préopératoires de RGO, Doulami
et al. [40] ont rapporté un taux de RGO de novo de 28,6 %
avec un taux accru de reflux non acide. Malgré la réduction Altérations de la vidange gastrique après
du reflux acide, la durée des épisodes de reflux acide est chirurgie de l’obésité
plus longue après BGO.
L’exploration du reflux biliaire après BGO repose sur une La vidange gastrique est accélérée à la fois par la SG et le
endoscopie digestive haute qui peut objectiver la présence BGY, indépendamment des différentes techniques utilisées
de bile dans l’œsophage et d’éventuelles modifications de la pour le calibrage de l’estomac et de l’anastomose.
muqueuse (ulcères marginaux, œsophagite ou EBO). La TDM
avec opacification haute peut permettre d’exclure d’autres Vidange gastrique après bypass gastrique en Y
complications chirurgicales, telles que la sténose anastomo-
tique ou la fistule gastro-gastrique. La pH-impedencemétrie Après BGY, le passage des aliments dans l’intestin dépend de
permet enfin de différencier le reflux biliaire du reflux différents facteurs : les dimensions de la petite poche gas-
acide. trique, l’exclusion pylorique et la largeur de l’anastomose
Le traitement médical du reflux biliaire après BGO repose gastro-jéjunale. L’accélération de la vidange gastrique fait
sur le changement de mode de vie, les inhibiteurs de la du BGY le traitement de première intention de la gastro-
pompe à protons (IPP) et les alginates. La conversion en BGY parésie chez les patients obèses et ceux ayant subi d’autres
est indiquée en cas de reflux biliaire réfractaire au traite- types de chirurgie gastrique [45]. Néanmoins, les symptômes
ment médical. La conversion chirurgicale est un succès dans de gastroparésie (nausées, ballonnements et régurgitations)
93 % des cas [42]. Un suivi basé sur l’endoscopie digestive ne sont pas inhabituels les premiers jours après BGY en
haute et la pH-métrie doit être proposé chez les patients raison de l’œdème anastomotique ; leur résolution est géné-
non opérés qu’ils présentent ou non des symptômes de RGO ralement spontanée. Ces symptômes sont plus rarement
[40]. dus à une lésion du nerf vague avec comme conséquence
une dilatation de la poche gastrique. L’incidence de la
Achalasie et pseudo-achalasie après sleeve lésion vagale est < 5 % des cas après tout type de gas-
gastrectomie et bypass gastrique trectomie partielle, y compris le BGY pour l’obésité. Il
s’agit d’un diagnostic d’exclusion et indique rarement une
L’achalasie primaire après SG ou BGY est rare. La patho- reprise chirurgicale pouvant aller jusqu’à la gastrectomie
genèse serait due à une éventuelle lésion du nerf vague totale [46].
en cours d’intervention ou lors d’une précédente chirurgie
gastrique réalisée pour d’autres raisons (traitement chirur- Vidange gastrique après sleeve gastrectomie
gical d’un RGO par exemple). En 2020, Miller et al. [43]
ont identifié une nouvelle entité de dysmotilité œsopha- L’accélération de la vidange gastrique après SG est due à
gienne après SG et BGY qu’ils ont nommée « post-obesity l’augmentation de la pression intra-gastrique, à la diminu-
surgery esophageal dysfunction » (POSED). À l’instar de tion de la compliance de la paroi gastrique et à l’ablation du
l’achalasie primaire, la POSED se caractérise par l’absence fundus, avec la perte de la fonction réservoir de l’estomac.
d’ondes péristaltiques œsophagiennes et une augmenta- L’ablation du fundus gastrique signifie la perte du pacema-
tion de la pression intra-gastrique sans altération de la ker gastrique anatomiquement situé au niveau de la grande
pression de relaxation du SIO. Pour Miller et al. [43], ce courbure gastrique et engendre des conséquences sur la
type d’achalasie est secondaire à une obstruction fonc- motilité digestive qui ne sont pas encore complètement
tionnelle augmentant la pression intra-gastrique après SG comprises [21,25,47]. D’un point de vue fonctionnel, la
ou à une sténose de l’anastomose gastro-jéjunale après petite courbure gastrique joue après SG un rôle passif dans
BGY. Il semble que la POSED, l’achalasie et les autres le passage des aliments tandis que l’antre préserve la fonc-
altérations de la motilité œsophagienne après chirurgie tion des pompes gastriques en accélérant le transit gastrique
bariatrique soient plus fréquentes que prévu, avec une [25]. La scintigraphie gastrique est l’examen de référence
incidence croissante à distance de l’opération. Les symp- pour étudier la vitesse de vidange gastrique. Les études
tômes de la POSED sont la dysphagie aux solides et aux électrophysiologiques, telles que l’électrogastrogramme,
liquides, les régurgitations et les symptômes liés aux inhala- sont théoriquement utiles mais ne sont pas utilisées en
tions comme la toux chronique. Le diagnostic de POSED est pratique clinique en raison de l’épaisseur de la paroi
obtenu par manométrie œsophagienne. L’endoscopie œso- abdominale du patient obèse, limitant drastiquement la
gastro-duodénale et la TDM avec opacification haute sont capacité d’exploration de la fonction du pacemaker gas-
utiles pour identifier une sténose anastomotique ou une trique [48,49].
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MOTS CLÉS Résumé La constipation en contexte postopératoire est un événement fréquent qui met en
Constipation jeu des facteurs médicamenteux, chirurgicaux et hygiénodiététiques. La motricité intestinale
iatrogène ; peut être altérée par l’inflammation intestinale secondaire à une chirurgie, par la prise de
Complexe médicaments tels que les morphiniques, les hypnotiques, les antisécrétoires, les anesthésiants
migrant-moteur ; ou par des modifications fonctionnelles dont la physiopathologie reste mal connue. Les traite-
Ogilvie ; ments laxatifs disponibles sont nombreux. On retrouve dans l’usage courant les laxatifs de lest
Constipation induite et les laxatifs osmotiques ainsi que les laxatifs d’action locale tels que les suppositoires et les
aux opiacés lavements. Les laxatifs stimulants doivent jouer un rôle dans la prise en charge à court terme
des constipations persistantes. Les antagonistes des récepteurs 5-HT4 sont recommandés dans
la constipation réfractaire. D’autres thérapeutiques laxatives spécifiques peuvent également
être proposées comme la méthylnaltrexone dans la constipation induite aux opiacés ou encore
la néostigmine dans le syndrome d’Ogilvie. Ainsi la prévention et la détection précoce d’une
constipation iatrogène en hospitalisation postopératoire ou non est essentielle et la connais-
sance de moyens médicamenteux et non médicamenteux permet d’améliorer le confort du
patient et de réduire la durée des troubles moteurs digestifs notamment en postopératoires.
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KEYWORDS Summary Postoperative constipation occurs relatively frequently, and can involve drug-
Iatrogenic related, surgical and life-style and dietary factors. Gastro-intestinal motility can be altered
constipation; by inflammation, surgery, opioid medications, hypnotics, anti-secretory or anesthetic drugs or
https://doi.org/10.1016/j.jchirv.2021.12.001
1878-786X/© 2021 Publié par Elsevier Masson SAS.
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by functional modifications for which the physiopathology is not well defined. There are a num-
Migrating motor ber of laxatives available. These include bulk laxatives, osmotic laxatives and locally acting
complex; laxatives such as suppositories and enemas. Stimulant laxatives have a role to play in the short-
Ogilvie syndrome; term management of persistent constipation. 5-HT4 receptor antagonists are recommended in
Opioid-induced refractory constipation. Other specific therapeutic laxatives can be proposed such as methyl-
constipation naltrexone in opioid-induced constipation or neostigmine in Ogilvie’s syndrome. The prevention
and/or early detection of iatrogenic constipation, whether postoperative or not, is essential
and the knowledge how to improve patient comfort and reduce the duration of gastro-intestinal
motor disorders with specific drugs or other means is essential, particularly the postoperative
period.
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pour limiter les effets indésirables des opioïdes tout en hygiénodiététiques (majoration de l’apport de fibres dans
conservant une action analgésique suffisante est la rotation l’alimentation, hydratation > 1,5 L/jour), présentation à la
des opioïdes. Cette technique est fondée sur le phénomène selle quotidienne (le matin après le petit-déjeuner, en vue
de tolérance, plus précisément le phénomène de tolérance de stimuler le réflexe gastrocolique) et de traitements laxa-
croisée incomplète : l’habituation physique d’un patient à tifs systématiques à toute prescription de morphinique. En
un opioïde peut se traduire par une tolérance partielle aux effet, la prescription de laxatifs doit être systématiquement
autres molécules de la famille, aussi bien au niveau des associée à toute prescription de morphiniques, peu importe
effets analgésiques que des effets secondaires [18]. Ainsi, la voie d’administration, et ce dès le premier jour. Clas-
une rotation des opiacés permettra de tolérer des effets siquement, on débute par des laxatifs osmotiques, mais si
indésirables acquis avec une molécule tout en conservant cela n’est pas suffisant des laxatifs stimulants doivent être
une équianalgésie. Sur le plan physiopathologique, plusieurs proposés.
hypothèses sont avancées : la stimulation de différents sous- Néanmoins, cette prévention à ses limites et l’apparition
types de récepteurs -opioïdes en fonction des molécules d’une constipation sous morphiniques est parfois inévitable.
utilisées et la limitation de l’accumulation des métabolites Ainsi, des traitement antagonistes des effets périphériques
actifs comme le M6-G par le changement de molécules [14]. des opioïdes ont été développés et ont prouvé leur efficacité
En pratique, un changement d’opioïde fort doit être [16] : les PAMORAs (Peripherally Acting Mu-Opioid Receptor
mis en place devant des effets indésirables réfractaires Antagonists). L’absence de passage de la barrière hématoen-
en utilisant les tables d’équianalgésie pour déterminer céphalique de ces molécules leurs permet d’avoir un effet
l’équivalence de dose. Il est important de noter que le antagoniste sur les effets secondaires des morphiniques tout
niveau de preuve des ratio d’équianalgésie est pauvre et en ne diminuant pas l’effet analgésique central et sans pro-
qu’il faudra toujours adapter les doses à la clinique, à l’âge voquer de syndrome de sevrage.
et à la fonction rénale, surtout lorsque les doses de morphine La méthylnaltrexone, tête de file des PAMORAs, a une
sont importantes où les écarts de conversion sont les plus indication pour la constipation liée aux opioïdes réfractaire
grands [14]. La morphine est utilisée le plus souvent en pre- au traitement par laxatifs non spécifiques décrits antérieu-
mière intention, l’on pourra avoir recours à la méthadone, rement. Son administration se fait par voie sous cutanée à
à l’oxycodone, l’hydromorphone ou encore au fentanyl. des doses de 8 mg (soit 0,4 mL de solution pour les patients
pesant de 38 à 61 kg) à 12 mg (soit 0,6 mL de solution pour les
patients pesant de 62 à 114 kg) à raison de 4 à 7 injections
Traitements de la constipation induite par les par semaine [19]. Une adaptation des doses est recomman-
morphiniques dée en cas d’insuffisance rénale modérée (dose divisée de
moitié) mais pas en cas d’insuffisance hépatique modérée.
La première étape dans la prise en charge de la CIO est
En revanche, une insuffisance rénale terminale et/ou une
sa prévention qui consiste en l’association de mesures
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insuffisance hépatique sévère sont des contre-indications si échec à 12 h un protocole avec injections répétées 4 fois
formelles à l’utilisation de ce médicament. Une occlusion par jour à dose de 0,25 mg [21].
gastro-intestinale mécanique et un abdomen chirurgical aigu Ce traitement peut être prolongé dans les cas de syn-
sont également des contre-indications en raison du risque drome d’Ogilvie récidivants, ou bien relayé par la forme
de perforation gastro-intestinale [19]. Les laxatifs usuels orale.
doivent être arrêtés dès le commencement du traitement En seconde intention, la décompression colique peut être
par méthylnaltrexone. En effet, l’effet laxatif rapide et prise en charge de manière mécanique par la pose d’une
intense de la méthylnaltrexone a montré une reprise du sonde rectale permettant une levée des selles avec débâcle.
transit à 4 h de la prise chez 40 % des patients sous mor- En cas d’échec l’exsufflation colique par voie endoscopique
phiniques atteints de cancer métastatique et chez 38 % des peut être proposée.
patients dans un contexte postopératoire [16]. Les effets En dernière intention, le recours à la chirurgie reste
indésirables les plus fréquemment observés chez les patients possible. Les techniques de cæcostomie ou colectomie
exposés à la méthylnaltrexone sont des douleurs abdomi- segmentaire restent les procédures les plus fréquemment
nales, des nausées, une diarrhée et des flatulences. Une proposées [13].
corrélation entre l’intensité des crampes abdominales et la L’iléus postopératoire lui concerne aussi bien l’intestin
rapidité de la reprise du transit a été observée [16]. grêle que le côlon. L’iléus correspond à un arrêt transi-
toire de la motilité intestinale efficace après une chirurgie,
responsable d’un arrêt du transit et d’une intolérance
Syndrome d’Ogilvie et Iléus fonctionnel à la prise alimentaire [15]. Toute chirurgie abdominale
L’analgésie postopératoire est souvent assurée par des est à risque d’iléus. Néanmoins, sa sévérité dépend du
morphiniques. Ceci rend la démarche diagnostique type d’intervention. Ainsi, une appendicectomie ou une
d’imputabilité d’une constipation postopératoire encore hystérectomie sont les interventions les moins à risque
une fois plus complexe du fait de la fréquence de l’iléus de complication par iléus alors que la résection grêlique
postopératoire et du syndrome d’Ogilvie dans ce contexte. entraîne un iléus dans 19,2 % des cas [21]. Son apparition
Le syndrome d’Ogilvie, responsable d’une dilatation est quasi systématique après résection digestive et est liée
pathologique du côlon sans obstruction mécanique sous- à un ensemble de facteurs précédemment décrit dans le cha-
jacente, est due à une adynamie colique se développant pitre physiopathologie. L’iléus est un déterminant majeur de
sur plusieurs jours, secondairement à une dysfonction du la durée de séjour après chirurgie abdominale. Il est prévenu
système nerveux myentérique. Sa physiopathologie est mal au mieux en favorisant la cœlioscopie à la laparotomie et en
connue. Ce phénomène intervient majoritairement chez les prônant une mobilisation précoce en période postopératoire
patients ayant de multiples comorbidités, en contexte de [22].
sepsis ou de traumatisme et en période postopératoire. La mise en place de protocoles de réhabilitation en
Le risque de cette distension, comme dans tout syndrome périopératoire permettent un rétablissement plus rapide du
occlusif, est l’ischémie de la paroi digestive voire une per- transit intestinal : évitement des préparations coliques en
foration avec une mortalité allant de 25 à 50 % en cas préopératoire, respect du jeûne préopératoire, antibiopro-
de complication. La prise en charge repose avant tout sur phylaxie le cas échéant, favoriser la cœlioscopie, éviter
la décompression première du tractus gastro-intestinal en la pose d’une sonde nasogastrique, débuter l’alimentation
posant une sonde nasogastrique en aspiration douce et en entérale au plus vite et favoriser un lever précoce [23]. En
laissant le patient à jeun [13]. Une prise en charge des fac- effet, une alimentation entérale précoce dans les 48 pre-
teurs déclencheurs tels que le contrôle d’un sepsis, ainsi mières heures postopératoires permet une accélération de
que la correction de troubles hydroélectrolytiques favori- la reprise du transit et un raccourcissement de la durée
sant la constipation sont indispensables. L’hypocalcémie a de séjour des patients. Le dogme du jeûne postopératoire
été le déséquilibre ionique le plus fréquemment retrouvé jusqu’à l’émission de gaz ou de la première selle n’est
comme facteur favorisant le syndrome d’Ogilvie [20]. plus d’actualité. L’étude de la motilité digestive postopé-
L’hypokaliémie, l’hypophosphorémie et l’hypomagnésémie ratoire a mis en évidence que la reprise du péristaltisme
semblent également jouer un rôle majeur puisqu’elles sont n’est pas synchrone dans l’ensemble du tube digestif : ainsi
retrouvées chez un quart à un tiers des sujets [20]. l’intestin grêle récupère en 12—24 h alors que l’activité gas-
En cas de syndrome d’Ogilvie persistant, on pourra trique est retardée avec une récupération en 24—48 h et
avoir recours à un traitement par inhibiteur de l’activité colique est la dernière à reprendre en 3—5 jours
l’acétylcholinestérase, la néostigmine. Par son action [8]. Attendre la présence de gaz et de selles, c’est donc
anticholinestérasique et donc promotrice du système retarder la prise alimentaire de plusieurs jours sans béné-
nerveux parasympathique, la néostigmine permet une fice, voire retarder la reprise colique en ne stimulant pas
levée de l’occlusion digestive. Sur une étude contrôlée les réflexes gastrocoliques induits par la prise alimentaire.
randomisée menée sur 21 patients opposant néostigmine Il est donc recommandé de reprendre l’alimentation au plus
IV (11 patients) au placebo (10 patients), 10 patients du vite après la chirurgie en commençant par des plats légers
groupe néostigmine ont eu une reprise de transit avec et en petites quantités, et d’augmenter progressivement
correction de la distension colique dans la demi-heure en fonction de la tolérance clinique (douleur abdominale,
suivant l’injection contre aucun dans le groupe placebo vomissement, ballonnement) et de l’examen physique abdo-
[21]. En cas d’administration par voie IV (injection unique minal. La pose de sonde nasogastrique est également à
de 2 mg IV en 5 min) il est nécessaire de surveiller le utiliser uniquement pour un traitement de confort en cas
patient par un monitorage cardiaque pendant au moins de distension digestive ou de vomissements, et non plus de
une heure et d’avoir à disposition une seringue d’atropine façon systématique.
(0,6—1,2 mg IV chez l’adulte) en cas de survenue d’un Enfin, il est essentiel de ne pas confondre l’iléus
syndrome cholinergique [21]. Ainsi, une forme injectable postopératoire physiologique, plus ou moins aggravé par
par voie SC semble une alternative plus simple à mettre en la prise de morphiniques, avec l’effet secondaire intrin-
place avec un injection unique à la dose de 0,5 mg SC, ou sèque de la procédure chirurgicale réalisée (exemples :
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a
Rouen University Hospital, Digestive Physiology Department, 76000 Rouen, France
b
Nutrition, Brain and Gut Laboratory UMR 1073, Rouen University, 76000 Rouen, France
c
Rouen University Hospital, Digestive Surgery Department, 76000 Rouen, France
d
Rouen University Hospital, INSERM CIC-CRB 1404, 76000 Rouen, France
MOTS CLÉS Résumé Les troubles fonctionnels de la défécation (TFDs) et l’incontinence fécale (IF) sont
Troubles anorectaux ; des pathologies fonctionnelles anorectales fréquentes, souvent invalidantes et qui alourdissent
Troubles fonctionnels les dépenses de santé. Les symptômes fonctionnels sont souvent multiples avec un che-
de la défécation ; vauchement entre eux qui rend difficile l’identification d’un mécanisme physiopathologique
Constipation ; responsable des troubles et compliquent la prise en charge thérapeutique. Une histoire clinique
Dyschésie ; détaillé, un calendrier défécatoire et une échelle de la consistance des selles, un examen cli-
Anisme ; nique avec toucher rectal sont nécessaires pour guider l’indication des examens fonctionnels
Dyssynergie anorectaux. À l’aide de la manométrie anorectale haute-résolution (3-D), de l’échographie
recto-anale ; endo-anale, de la (IRM) défécographie et autre imagerie, des tests électrophysiologiques, il est
Incontinence fécale ; possible de mieux définir et caractériser les mécanismes physiopathologiques sous-jacents res-
Mégarectum ; ponsables des troubles fonctionnels. Dans cette revue, nous présentons une mise au point sur
Microrectum les dernières connaissances concernant la physiopathologie, le diagnostic et la prise en charge
des TFDs, de l’incontinence fécale et des altérations de la capacité rectale (mégarectum,
microrectum).
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https://doi.org/10.1016/j.jchirv.2021.12.002
1878-786X/© 2021 Publié par Elsevier Masson SAS.
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KEYWORDS Summary Functional defecation disorders (FDDs) and fecal incontinence (FI) are common
Anorectal disorders; anorectal disorders often distressing and significantly add to the health care burden. They
Defecation disorders; present with multiple, overlapping symptoms that can often obscure the underlying patho-
Constipation; physiology and can pose significant management dilemmas. A detailed history, stool diaries
Anismus; and visual scales of stool form, a careful digital rectal examination are needed to guide ano-
Recto-anal rectal physiology tests. With high-resolution (3-D) anorectal manometry, anal ultrasonography,
dyssynergia; (magnetic resonance) defecography and imaging, and neurophysiological tests, it is possible to
Fecal incontinence; define and characterize the underlying structural and functional abnormalities more accura-
Megarectum; tely. In this review, we present a succinct update on the latest knowledge with regards to the
Microrectum pathophysiology, diagnosis and management of FDDS, fecal incontinence and abnormalities of
rectal capacity (i.e; megarectum, microrectum).
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C. Desprez, V. Bridoux and A.-M. Leroi
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C. Desprez, V. Bridoux and A.-M. Leroi
Figure 1. Tracés de manométrie haute résolution qui sont généralement vus pendant la défécation chez sujets sains (A) et avec une
défécation dyssynergique (B). En cas de défécation normale, le sujet peut générer une bonne force de poussée (augmentation de la pression
intra rectale) et détendre simultanément le sphincter anal. En revanche, les patients avec une défécation dyssynergique présentent une
augmentation paradoxale de la pression du sphincter anal au cours des essais de défécation.
Figure 2. Proposition d’algorithme pour la prise en charge des troubles fonctionnels de la défécation.
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Épidémiologie et physiopathologie
Autres traitements
Si l’irrigation trans-anale a montré son efficacité chez les La prévalence estimée de l’IF varie de 2 à 21 % dans la
patients présentant une constipation chronique d’étiologies population générale, avec des différences entre les études
diverses, aucune étude n’a été réalisée dans la sous- s’expliquant par la définition utilisée, la période de réfé-
population particulière des patients avec des TFDs. [19]. rence et les méthodes d’enquête [23]. L’IF s’accompagne
D’autres thérapies comme l’injection de toxine botulique d’une détérioration de la qualité de vie avec un isolement
(dans le sphincter anal ou le muscle puborectal) ont été social des patients et a un impact économique négatif en
essayées dans quelques études [5] mais les résultats sont santé publique [24]. Les facteurs de risque de l’IF ont été
inconstants [5] avec une efficacité pouvant atteindre 50 % évalués dans un certain nombre d’études dans lesquelles
chez les patients atteints de défécation dyssynergique [20], l’âge, les troubles intestinaux en particulier la diarrhée, les
mais au prix d’effets secondaires (jusqu’à 12,5 %) comme la symptômes d’urgence défécatoire, l’incontinence urinaire
douleur, l’incontinence anale et/ou l’urgence défécatoire à l’effort et l’existence de maladie chronique (nombre de
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réduire l’exposition aux radiations ionisantes [48]. Si un rectal normal, même après plusieurs années de traitement.
volume maximal tolérable élevé pourrait refléter la capa- En conséquence, de nombreuses procédures chirurgicales
cité rectale, cette méthode surestime la présence de MRI. ont été essayées chez les patients présentant un MRI. Les
Une technique plus fiable pourrait être le couplage entre chirurgies rectales comprennent l’intervention de Duhamel
la radiologie et la distension isobarique du rectum à l’aide et la procto-colectomie en cas de mégacôlon associé [51].
d’un barostat pour identifier les patients atteints de MRI Mais de telles procédures donnent des résultats variables
lorsque le diamètre rectal maximal est supérieur à 6,3 cm avec une efficacité variant de 67 à 72 % pour la proctecto-
à la pression de distension minimale du rectum (la pres- mie et de 50 à 98 % pour l’intervention de Duhamel. De plus,
sion qui permet de distendre suffisamment le rectum pour ils étaient associés à un taux de morbidité (6,5 % et 60 % res-
le déplisser sans provoquer de distension active) [49]. pectivement) et de mortalité (6,5 % et 3 % respectivement)
Le traitement de première ligne du MRI est médical [51]. La rectoplastie verticale calibrée est une technique
impliquant des techniques de réadaptation comportemen- plus récente qui consiste en une transection verticale du rec-
tale [48]. Cependant, ces thérapies conservatrices restent tum dilaté et une excision de la partie antérieure, réduisant
inefficaces chez 50 à 70 % des patients [50]. De plus, la ainsi la capacité rectale. La rectoplastie verticale calibrée
thérapie médicale doit être continuée tout au long de la implique moins de dissection pelvienne radicale et pourrait
vie pour empêcher la répétition des symptômes, avec un être une alternative plus sûre chez les patients atteints de
risque élevé de mauvaise acceptation. Le traitement conser- MRI, mais d’autres études pour confirmer son efficacité à
vateur ne permet pas non plus la restauration d’un calibre long terme sont nécessaires [51].
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