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Kd ey eres ald ¥ 3SYOD VT als ay DISCRETS DU.GR20 RLV a dae Sys easy a JES FONT REVIVRE eM eas BPTI ieee Pen i =O ns ed JOG ——' DaAieaiDG Jusqu’‘ou peut-on aller Imaginer, construire, réalise Pe ec tue ic ae CNS m Coosa ee eae Der merrill eka Be \ : Rice - Ti Cee eueaeuteres PU a En Corse, il n’y a pas que le GR20 ‘Chez moi, qui ne connaissais rien de la Corse, ¢a a commencé ‘comme un défi. Le GR20, réputéle plus difficile mais aussie plus ‘beau de France, me tendait les bras, moi qui 225 ans luttais avec mon corps comme tant de porteurs de handicaps invisibles. Mais mes camarades de rando de I'époque ne nvont pas fait assez confiance pour m’emmener, moi qui claudiquais a temps partiel Ce chemin, encore hautement imaginaire, est resté dans un coin dema éte, comme un mantrasilencieux :un jour, Je feralle GR20, Alors, quand dix ans plus tard, dautres amis ont lancé cette idée folle, e Tai soutenue avec toute la force dont étais capable. Cette fois, ilsn'¢taient pas tous plus sportifs que moi (qui pratique a peu prés autant que Winston Churchill - je sais, la citation est apo- cryphe, mais plausible) et, surtout, la vie miavait permis de démon trer que tals capable de franchir des montagnes, ce qui allait 'avérer nécessaire ati sens premier du terme. Je me suis méme (un peu) entrainée, Cest dire i tals motivee. Jene vous raconteral pas mon GR20, car ce chemin se découvre avec les pieds, pas dans les pages d'un magazine. Nous ne Tavons ailleurs pas tenté dans ce dossier, sau a travers les mots de ceux qui lentretiennent, accueillentet ravitaillent les marcheurs.Si je rai pas regretté une seconde de m'étre laneée dans cette aventure, est surtout parce qu’au-dela de la magnificence de ce chemin particulier, il m’a ouvert les portes de la Corse, et 'envie den par- courir chaque chemin. Les Mare a mare, les Mare ‘e monti, mais aussi, demain, ces stradi antichi que les Corses sont en train de rouvrir et, un jour, ce sentler qui souvre sur la cote orientale. Chasseurs, bergers, marcheurs des processions ances- trales comme la Cerca de Brando, a laquelle notre reporter a eu Yhonneur d’étre invité...Définitivement, la Corse se parcourt & pied, ce que ne démentiront pas les Corses. . Wyte Delamarche Radacrice en che ‘Abonnez-vous sur prismashopfr/ge0 GEO 3 Parra ar es i Pensez a covoiturer #SeDéplacerMoinsPolluer SOMMAIR sss uur 203 = W508 3) EOITORIAL 6 RETOUR OE TERRAIN 8 BIENWU! Tis poograpes content es dessus de ious images tes. 14 LECHOXDE.GEO 16 Le grand entretien Sophie Zeon pcre. aie iesplntes aries avs ares rages 24 Lesprit d’aventure ‘ges qua courent les Tarahumras ? peuple anérinten du Nexiue court hque ane un maaton dans a mantzoe, Nett reporter a chasse ashes our sue ces genes de la course pe 44 Veil du photographe Ende waa potogape enone Thndine Mui rend homage ax peau noise acuta ares Coleus lates ect ataral ele 56 Envie daillet {ators pit es amour dee do Beaute lee cet en man in adc e ie heen anes heirs nt see eatin Eas es ps bean aes 98° Ce monde qui change Cherie hres acs aon Saxe np, gaa pete ies es sets pratt 3 fepoqe oe iste at rahe drs aie 114 Une planete a prot ‘Le chameau, veche du futur? {nie casa pie bin et rie en sop lat ant es Chanel et psn psec 132 LESRENDEZ-VOUS DE GEO nbs, en irae ia 138 USAGES DU MONDE En Gres elants confit es dents lait atx beau, messager des et Courrier des lectours: 15, PROLONGEZ Vos RENDEZ-VOUS AVEC CEO re Cool GESResorasevererendervoursurane — girGtOonwnowatt @Adapae coe fo wedunssent step AERO rue Henei-Barbusse, 92624 Gennevilos Ce GEO s fats arabes us Europe, azkstan,ique Jean-Frangois Lagrot PHOTOGRAPHE Pendent sn reportage sre hares. vache du fut, deen Francais a tennis Datel une ape enema tee oh ube suru oie desotave meant une immerse ee de do- madares jerepre an une de teks dans es dines Jo rave sir inept de sbl pour le ler rer- conte Cent mares pis ome vie sabi usaaur eaux sos re Sc goqueerd des becous !a.oue- {il Apres movi sot de fun Geox tout fo rend iol de ma votre delacton tse mat forcersuria dln, rovagoant tot bas de coise Lajourée ema ts fort Tia RETOUR DE TERRAIN NOS AUTEURS ET PHOTOGRAPHES RACONTENT LES COULISSES DE LEUR REPORTAGE Maxime Dewilder JOURNALISTE Sportif accompl, Maxime 2ralsé'son re de courr avec es indiens Torohu- rmaras, dans les mentagnes ares du Chinuanva (nord du Mexque): «Sura ligne de départ au matin seri-mara- thon 20 ka plupart des Tarahuma- ras inserts comme mola cette course étaient. des femmes et des adoles cents se souvient-i. Les autres cou ‘alent ultr-marathon (80 km) Mais a blessure corguet est vite pessée Apres tout, quelle que soit la distance, ous avons tous foulé les mémes sen ties des Barancas dl Cobre» p.24 {6 GPO Abonnez-vous sur prismashop.1/ge0 Stephanie Gengott PHOTOGRAPHE Parcourr a Crs ned it pour ls photogrente anco‘alenne tie expos rubble: «Ouand tonae en cose, on econ toutde suite que ces un terre oe rapportaudi tat soc et rd “urchaque ple et chaque chemin, dita procession rises de fore srt ules ala marche ete, ps os ss enters dlemeontagne es chants sacs ances: tram qu resonent dans oi tut cela cel une atrospere sete ttmytique,se ouverte. 58 Olivier Touron PHOTOGRAPHE Photographer ls Tarahumaras aux pled gers»? Ca riétat pas gagne, reconnait Over «Lors dela marche Ge reconnaissance de 16 km, tals 8 la pine chargé de mon matériel sous une chaleurpesante. Crmmentracon- teren images faventure de Maxime et de ceux qui cavalientgaiement evant moi? Cemmej sus motard, ‘aicherché a louer une petite mote comme on en voit sur la route d'Uraue. Miracle avant le part un employe municipal mien a dégote une tout- terrain qui mia souvé la mise» p24 POUR VOTRE SANTE, MANGEZ AU MOINS CING FRUITS ET LEGUMES PAR JOUR. WWW.MANGERBOUGER.FR an AGRN,eRMANIE Telles des luce erenite montrat le bre dansla nut tre Ia junte ntement @ [sien vu] TURIN TALE PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINEE U AOBBLE SHONE ies So [LE CHOIX DE G20 Pours ature more ae domeuse (18381940) Mats sinspe dea fore tropial EXPOSITION Une deuxieme vie apres la Polynésie 1950. A 60 ans, Henri Matisse, artiste reconnu, ne peint presque pls. I décide de se relancer aréce& un tour du monde passant parla Polynésie. A Nice le muséequilui est consacré organise une exposition sur ce tournant dans son oeuvre. A Tait et sur les ‘tolls quil visite, le chef de fle du fauvisme n’esquisse que quelques dessins. Mais, frapp¢ par immensité des espace, la luxuriance de la végétation, la pureté des cou leurs len tre son inspiration pour Fenétre Tahiti, en 1935, grande tlle ob éclatent le vert des arbres et le bleu de focéen et pour ses portraits en intrieu. eMatisse repre sente des ferimes qui se “wéaétalsent" dans un décor de planes proliférantes tal le jphilodencrons, observe a commissaire Claudine Grammont. Aumilieu esannées 940, le voyageur se souvient de ses plongées dans ls lagons pour composer ses fameuses ‘gouaches cécoupées. Un monde dalgues et de polssons multicolres, en apesanteur {entre la mer etl ciel, qui apportera un second souffe & sa création. ans aes B50 aumusientis 2Nex aes 2tsetentre maxeaseieay fem POLAR PoDcasT PACIFICTION ovo Le erépuscule une ile Le décor est dylique; une baiede Tati embrasée par un coucher de sole. Mais Faccostage furti un canot de a marine encase in- cute: la présence de ces mitaires annonce-t-le a reprise des essais nuclsies ? Lehaut-commissoie de a République (Benoit Magime), représentant Ge Etat, abeau tenter erase rerles admins tréssur even delourile, metre en avant Iss artistes du cru, encourager le champion de surflocl pro- metre aux leaders autoch- tones que leur communauté aura acbs au futur casin, isemble uss impuisant queux Avec un tournege lergement improvise, lecingaste espagnol Albert Sera contonte ses acteurs Bune incertitude qui fat cho cal des personnages Gif, dont le sort et suspend des interes bscutsquilesdépassent. Regacae™ Récif en eaux troubles Tania Stojka, ex-potciére en Suisse, a refait sa vie Bora Bora, avec sa mére et son fils. -lusqu’a ce quille découvre le corps déchi- ‘queté d'une femme prés dun récf.La gendarmerie, mobilsée ‘ar une visite présidentielle, classe laffaire comme une at- taque de requin Tana, elle, enquste discrétement et apprend ‘ue la défunte était une activiste écologiaue. Un polar & bondlssements, entre fits historique et ition, Lestamerdoen de cob Fa 48 Satine BCE Mutinerie mythique 28 amil1789: une partie de Tequipage du nave britan- nigue L2 Bounty se revolte contre son capitaine dans le Pacifique Sud. Un padcast en deux volets event sur cette mutinene mythique qui est déroulée durant une expédition destinge & rapporter des plants de arbre & pain pour nourtirlesesclaves des Antilles. ‘ac saadranethorreanu cents" onane Horas tSeene pan FaUstNePaevoT 14 GEO Abonnez-vous sur prsmashop.fi/geo AERIEN! : mentos YES TO FRESH’ 5 POUR VOTRE-SANTE, PRATIQUEZ UNE ACTIVITE PHYSIQUE REGULIERE. WWW.MANGERBOUGER.FR | LE GRAND ENTRETIEN | 66 [ lore est un marqueur de Histoire» LA MEMOIRE DES PAYSAGES, ET NOTAMMENT DE PAYSAGES DE GUERRE, EST AU CCEUR DU TRAVAIL DE LA PHOTOGRAPHE SOPHIE ZENON. UNE RECHERCHE QUIL’A CONDUITE EN LORRAINE, OU ELLE AREALISE LIEMPREINTE DE PLANTES DITES «OBSIDIONALES», DES ES- PECES VEGETALES ARRIVEES AVEC LES ARMEES ETRANGERES PEN- DANT LES PERIODES DE CONFLITS. EXPLICATIONS. 16 GEO Abonnez-vous sur prsmashop.fr/geo SOPHIE ZENON Comment a-t-on découvert lexis- tence de la flore obsidionale (aussi appelée polémotlore) en Franc: En comparant des atlas de flore pu bliés aux XIXtet XX° siécles. Dans les années 2000, le Nancéien Frangois Vernier (un ancien ingé- nieur forester, auteur de Plantes ob- sidionales I’étonnante histoire des especes propagées par les armeées, 6d Vent dst, 2014] sest ainstapercu ‘utaprés les périodes de contflits ar- mes (les guerres napoléoniennes, celle de 1870, puis les deux guerres mondiales), de nouvelles especes talent mentionnées.Spécialiste de laflore de Lorraine, un sujet quil ex plore depuis plus de vingt ans, il a eu cette idee geniale de croiser les données de présence de ces végé- taux - qu'il a également identifiés surle terrain ~ avecles cartes de sta- tlonnementeet de déplacements des troupes Par exemple, Therbe aux yeux bleus [Sisyrinchium monta- ‘num, aussi connue sous le nom de bermudienne des montagnes], qui est apparue en Lorraine aprés la Premiére Guerre mondiale. Autotal, ila recensé quelque 21 «plantes ob- sidionales» dans cette région -Tune de celles qui, en Europe, ont connu, au cours des siécles le plus de conilits. Derriére chacune de ces plantes se cachent des histolres hommes et de femmes, souvent tuagiques. Leur présence témoigne en effet des soldats en marche, des déplacements de populations. Ces essences ont poussé sur la cendre des morts, ce n'est pas rien ! Vous avez photographié ces fleurs dans le cadre de votre récente expo- sition a Strasbourg, l’herbe aux yeux ‘Dleus. Parmi les procédés que vous utilisez, figure le photogramme. De quoi s'agit-il? Dans notre jargon, ce terme désigne tune photo sans appareil photo. En realité, Cest une empreinte réalisée sur du papier photosensible. Cette techniquenousraméneau temps > [LE GRAND ENTRETIEN | 1B» des prémices dela photographie, apparue en 1830 :le Britannique Wil- iam Henry Fox Talbot a découvert ce procédé en trempant du papier dans des sels fargent, ces compo- sés réactifsla Lumiere. Loperation se passe dans le noir absolu. Un ob- jet, une plante par exemple, est dé- posésur une feuille de papier argen- tique, puis est insolé [exposé & la umiére].Aumoment oti vous révé- lez votre image, objet apparait avec des nuances de gris qui varient se- Jonsa transparence et Fintensite lu- mineuse que vous avez insufflée plus Fobjet est dense, plus son em- preinte est blanche. Pourquol avoirchoisicette technique our laflore obsidionale ? Ce qui mvinteresse, c'est la tension entre beauté et effroi, entre Ia catas- trophe et a vitalité retrouvée. Le vé- getal est un marqueur de Thistoire supplicié et fragile, mais toujoursre- nissant et nourricier. Je voulaislais- ser la parole a ces plantes, et quel ‘autre moyen plus magique, pour cela, que deréaliser leurempreinte ? Mais Je désirais tout autant suggerer un paysage de bataille ou Yéclair d'un 18 GEO Abonnez-vous su prismashop.r/ae0 non dionaes reprées en Loraine «POUR MES COMPOSITIONS, JAI TACHE DE RESPECTER LES “ATTITUDES” DE CHAQUE PLANTE» éclat dobus ! Un photogramme donne une image en noir et blane avec des nuances de gris. Aprés avoir récolté en Lorraine, avec Francois, ‘Vernier, les végStaux et leurs racines, Je rejoignals au plus vite, avant que les plantes ne souffrent trop Fatelier- labo du tireur Diamantino Quintas, situé en banlieue parisienne, ot était préparéela cuve de révélateurau for ‘mat des plus grands tirages (jusqu'’a 1,60 metre). Réaliser un photo- ‘gramme dessujetsles plus imposants ait trés physique, nousétionsaumi- rnimum trols, voite quatre a opérer pour en réaliser un seul.Jecommen: alsparmettre une bache au sol pour depoter les plantes, nettoyer délica- tement leurs racines, les laver et les sécher. Un vrai rituel. Ensuite, dans la chambre noire, aprés avoir coupé Te papier au format, jorganisais ma composition, respectant les «atti- tudes» de la plante, tout en essayant den détendre ses feuilles et fleurs. Au final, Cest toujours elle qui avait Je demiermot !Venait ensuite la pro- ccédure insolation, suivie du déve Toppement. Il nous est arrive a plu: sieuts reprises de conserver les premiers tirages pour les retravailler plus tard Tant que le résultat ne sus Citait pas une émotion tres forte, nous recommencions. Quant au devenir des vegetaux, Diamantino a pu re- planter la roquette d Orient dans son Jardin, et moi, Jai gardé le bertéroa, Ia glycérie striée et le seirpe vert sombre sur mon balcon. Ils conti- rnuentle cheminavecnous! — > NON, ON NE DONNE PAS VOTRE Cee Avec rAnonymisation des Numéros, vos do! [LEGRAND ENTRETIEN | 1» Depar votre formation enhistoire et en ethnologie, vous avez Ihabi- tude de travailler avec des archives. Comment avez-vous intégré cot él ‘ment dans ce projet-Ia? Fai réalisé un livre dattiste inspire par les herbiers scientifiques et composé de 2! albums ~auttant que de plantes obsidionales ~ dans les quels je procede a des compositions ineluant mes photos de wégétaux et des archives originales de Album de la guerre, Yensemble étant retra- vaillé & Penere, la cite et aux pig- ments LAlbum de la guerre (1914- 1919}, ce sont des fascicules publiés par un hebdomadaire de I’époque, Llllustration, et relatant lavan- cementdes troupes Leslecteurs pou. vaient s'abonner et les recevoir chaque semaine La richesse de lado- ccumentation iconographique y est insensée ! Chacun de mes albums souvre sur une double page a chaque fois composée de maniére différente Maislles essences y sont toujoursre- présentées surdimensionnées par rapport au paysage, car ic encore, ce sont elles les sujets de Thistoire. Vous avez repris, pour titrer votr exposition, lenom de rherbe aux y bleus. Pourquoi avoir choisi cette espace en particulier ? Pour les accents anthropomor- phiques du nom, qui invite @ la ccuriosité, a aller au-dela de ce que Yon percoit. Une plante qui a elle seule symboliserait cette histoire. Par ailleurs, les botanistes que j'ai rencontrés ont un attachement par- lier pour cette fleur délicate ne souvrant que brievement dans la journée, si bien qu'on peut facile- ‘ment passer cOté delle sans la voir. Originaire Amérique duNord, cette espece a été introduite en 1917 par les troupes américaines du général Pershing. Comme la majorite des 21 plantes obsidionales répertoriées fen Lorraine, elle est artivee a Tinsu des soldats Des graines d'herbe aux yeux bleus étaient contenues dans le foin acheminé en France par le général pour nourtir ses chevaux = qu'il avait fait venir Amérique également, Certaines ont germe et essence sest acclimatée, 20 GEO Abonner-vous su prismashop.r/ge0 Avez-vous d'autres exemples de plantes obsidionales qui vous ont par- tculiérement marquée ? La glycérie striée [Glyceria striata, 2 la longue tige omée de petits 6pis. verdatres a violets}, elle aussi appor- tée par les Américains pendant la Premigre Guerremondiale. Pourtant, lle n'a été repérée en France qu’en Tan 2000, & cause de — ou grace & Touragan Lothar qui a dévasté plu- sleurs sites. La tempéte ayant détruit ‘une partie de la végétation existante, les graines enfoutes dans le sol de- puls plusieurs décennies {et done «DES GRAINES SE CACHAIENT DANS LE FOIN ACHEMINE JUSQU’AU FRONT POUR NOURRIR LES CHEVAUX» privées jusque-1a d'un éclairage na- furel suffisant pour pousser] se sont mises a germer, la faveur de la lu- mitre retrouvée. Je trouve cela abso- Iument fabuleux qu'une telle décou- verte ait pu avoir liew un siécle plus tard!Un autre exemple est celui du chataignier. Cet arbre nest pas une essence typique dela région lorraine. Pourtant, ily pousse, mais un seul endroit : au col de a Chapelotte [en Meurthe-et-Mosellel, parce quen 1914, un bataillon de goldats corses, yastationné. On peut imaginer que Ces soldats avaient des chataignes dans leurs poches, quils les ont man- gees et que certaines coques ont gemmé...donnant naissance a une su- perbe chataigneraie Comment expliquez-vous le fait que lesplantes obsidionales sofent si peu connues du grand public ? Ceriest pas de Toubli, mais de la mé- connaissance. En 2017, j'ai mené un travail dans les Vosges, sur le site du. Hartmannswillerkop{, embléma- tique de la Premiére Guerre mon- diale Pavaisalors organiséun atelier avec une classe de premiere d'un ly- ce local. Ces jeunes avaient Phabi tude caller jouer dans es tranchées. Pourtant, cette guerre était pour eux de ordre de la prehistoite elle leur semblait trés lointaine. A partir du ‘moment ot nous~ Alexandre Dumez, Teur professeur, Raoul Ermel, un 39> A e ite} RAIS MEDICAUX A LETRANGER=* CONT ENT r, protégez tous vos voyages de I’année. [LEGRAND ENTRETIEN | > menuisier poete grand connals- seur du site et moi -leuravons parlé de la guerre d'une autre maniere, en Fabordant sous Fangle de la vitalité de la forét retrouvée, ils y ont préte tune orelle plus quiattentive. En tra valllantavecdes photos archive fi- gurant des soldats imprimées sur des plaques de Plexiglas et installées dans la forét, les éleves se sont ap- proprié ces images. Ils sont égale ‘ment allés fouller dans leurs propres albums de famillea la echerched'un grand-pere ou d'un arriére-grand- pere soldat. Ilsen ont trouvé, et nous avons également installé leurs por- traits parmi les arbres Je crois beau. coup aidée caborder Histoire par lebiais de la vie intime et familial. De mon edté, jétais allée sur les traces de ma grand-mére maternelle, en Italie, lorsque favais travallé sur les femmes des rizéres et les mon. dine [mondina signifie «emon. deuse>, celle qui Ote les mauvaises herbes). Il faut arriver & incamer et rendre I Histoire vivante, ‘Au cété dos photos de plantos obsi- dlionales, vous avez aussi exposé des arbres mitraillés», dont "écorce est gravéede cicatrices temoignant, elles aussi, de la guerre... En Lorraine, les foréts ont éte lour- dement marquées par la guerre de 22 GEO Abonnez-vous su prismashopsr/ge0 «DANS LES FORETS DE LORRAINE, DES TRONCS PORTENT ENCORE LA TRACE DE LA MITRAILLE ET DES OBUS» 1914-18, atteintes par un nombre co- lossal d’obus dont on trouve encore aujourd'hui des traces ai travaillé avec André Lefort, un ancien fore tier dotéd'une grande connaissance de ces arbres que Fon dit «mitrail: lése—Cest le terme scientifique, bien qu'il marrive de parler darbres «fu silléss. Ce sont des arbres qui ont recude la mitralle, des éclats fobus, et qui les ont conservés dans leur tuonc tout en continuant a pousser, enserrant en eux ces parties metal liques. Sans Feil expert d'André, je serais passée devant ces cicatrices ins les vor Je es ai photographiées et tirees a échelle 1:1 avec des encres au charbon pour une série baptisée Stigmates. Pour un travail appelé Topographic végétale, jai aussi réalisé des estampages de ces memes cicatrices a Taide d'un pa- pier tres fin etalune encre japonaise, estampage que fal ensuite fait ts ser parla eréatrice textile Charlotte ‘aufmann. Linclusion de fils mé. talliques mia permis de modeler mes estampages de sortir du motif pre ier de Fécorce pour aller vers un, paysage, une carte de géographie, lune peau animale. On part d'une blessure pour arriver 4 une ceuvre stimulant Fimaginalze. Peut-étre pourrait-on parler de résilience, si ce mot n’était pas tant galvaudé ? Dans exposition, le visiteur pou- vait se laisser dabord séduire parla beauté de ces plantes, envahir par la magie, le mervellleux et Faspect surréel de mon approche artistique avant de découvnt la dimension tra giquede leurhistoire Et finalement se rendre compte qu'il y a, quand méme, delespoir! . PROPOS RECUEILUS PAR AFC COMPAGNIE FRANCAISE DE CROISIERES A parte de ao Cee Paysdes Trolls @octaminy Au départ du Havre, 9 escoles, 4 nuts du 6 au 20 aot 2023 De eet LACROISIERE ALA FRANGAISE = EUROPE DU NORD - MEDITERRANEE - CANARIES ET MADERE - GRANDS VOYAGES. nas Cobre (Chihuahua. * 24 GEO DANS UNE SIERRA ARIDE DU NORD- QUEST DU MEXIQUE, VIT UN PEUPLI AMERINDIEN DEVENU UNE LEGENDE. DELA COURSEA PIED. NOTRE REPOR- TER A CHAUSSE SES BASKETS POUR LES SUIVRE LORS D'UN MARATHON _ EREINTANT, LE CABALLO BLANCO. [Lest O'NVENTURE] «Préparé a affronter le terrain accidenté, le soleil de plomb et un sérieux dénivelé, j’entame la course avec confiance» a Maxime Dewilder, quia prs le départ du semi-marathon (Comme Findique son dossard rouge) 3 Faube, se diige levers le point de ravtallement de Guadalupe. vertigineux des Barrancas del Cobre, Sr Cat caa Derriére moi, le village départ de la er a Sant pura Seren sais etansqudsestenenen nee po Sita cer naa ecg saict ertare cae ss a a Feat stm sar eacee sees tyatetnpnaetenmee ee Ein dma dare Sooo crane ema eee tsa onions tna Sere ane sg ry Seen aa les plus fous de la planéte, ne il raat le vil an teat 1200 participants d'une vingtaine de pays ina ttrensemacind LA COURSE | ttc r east es aie eau sel affronterle terain accident le BOkilométres =| A2kilométres 21 kilométres soleil de plomb et un sérieux Lutra-marathon, Lemarathon, ancé en | Le semi-marathon, créé denivele, fentame lacourse avec Tepreuve la pis exi- 2017, emprunte un €n 2019, se court au confiance, dopé par Fallégresse ‘geente, fut créé en 2003. | trace tout aussicoriace. | rythme le plus soutenu, etre la. Tout simplement. » 26 GEO Abonnez-vous sur prismashop.r/geo L ipart, arsves © avitaitems @® apeceruvenaramon 4 BI ot 228 GEO Abonnez-vous sur prismashop.jr/ge0 «Les gens d'ici se nomment eux-mémes Rarémuris dans leur langue, un mot qui signifie “pieds légers”» x0 29 ['ESPRIT D'AVENTURE | AUriaue, cette fresque a été real ste por de jeunes artistes tarahumaras occasion des 20 ans de ultra- ‘marathon. Elle rend hhommage & son fondateur, Micah True 1954-2012) alias Cabal Blanco (le chava Blane»). «Aux points de ravitaillement, Jai cru percer le mystére en voyant les coureurs locaux avaler des rasades de “pinole”» i > La pour courir avecles Tarahumaras, le reve de tout traileur. Ces Amérindiens, qui se désignentsousle nom, de Rarémuris ~«pieds légers» dans leur langue ~jouissent une aura planétaire pour leurs exceptionnelles capa- cités d'endurance. Courir est pour eux une seconde nature, un état esprit, voire une connexion avec le cos- ‘mos (voir encadré ci-contre). Cematin, ils sont 8002 se lancer, a flane de canyon, sur trois parcours différents esemi-marathon (21 kilométres), le marathon (42 kilo- metres) etTultra-marathon (80 kilometres). Jeme conten- terai du premier. Dans ma téte, est deja un Everest. Les échos de la vieille rengaine populaire Viva Chihuahua volent jusqu’a mot depuisle village dUrique, puis s’éteignent a mesure que ma fougue du début se mue en chemin de croix. Devant, une coureuse lam- bine. Je la depasse dans un soutle, le temps dobserver sa longue et large robe fleurie, sa koyera ~ un tissu. enroulé sur sa téte —et ses pieds chaussés des fameuses '30 GEO Abonnez-vous sur prismashop.r/geo sandales en pneu, les huaraches. Mais comment peuvent-ils.. Arnulfo Quimare, vaingueur de rultra-marathon en 2005 et 2006, continue, 242 ans de virevoltersurses 80 kilometres sourire aux levres et huaraches aux pieds. Plus tard, aprés la ligne d'arrivée, voyant mon regard dubitatif, me clowera le fagon, je trouve les baskets inconfortables. Tout s'est trés bien passé, méme si je suis moins rapide qu‘avant b+ ‘omment ces hommes et ces femmes par- viennent-ils & avaler ces distances énormes, en huaraches done, en tagora (voir p 40) voire ‘en jean, quand je viens difficilementa bout de ‘mes 21 kilometres ? Aux points de ravitaille- ‘ment, jai cru percer le mystére en voyant les coureurs locaux ingurgiter des rasades de pinole, une boisson artisanale a base de mais Ce breuvage stimu- Jantau godt de pop-com ni salé ni sucré est réputé pour ses vertus énergétiques : apports en vitamines, pro- téines, acides aminés, fibres, antioxydants.. En boire & deux reprises pendant lepreuve ne ma pas empéche avoir des crampes et de finir avec les jambes raides comme des bouts de bois ! On est loin de la potion ‘magique...«Les anciens nous apprennent & courit pour remercier la Terre, nous renforcer et nous soigner, miex- plique Irma Chavez Cruz, 32 ans, une participante ren- contrée dans les rues d'Urique @ la veille du Caballo Blanco. Le monde et mol, nous sommes en rotation, je cours avec le monde. C'est un équilibre entre Petre humainet lanature.» Pendant un bref instant, je m'in- terroge, perplexe, sur ce qui me pousse a investir dans des chaussures dernier cri et une montre connectée our courir. Et pourquoi pas courir sans quéte de per- formance ? Courir juste pour le plaisir 7A moins qu'il ne Sagisse, comme ici, de courir par nécessité ? Lafille 'Irma Chavez Cruz, 10 ans a peine, s'appréte quant a elle a participer a Los Caballitos (cles petits chevaux»), des parcours dediés aux jeunes de moins de 17 ans, allant de 30 metres pour les éleves de pre- miere année de maternelle a 3 kilometres pour les, lycéens. Alors que les enfants détalent, pourla plupart pieds nus ou en sandales, Ima mexplique que la course a pied est intimement liée au mode de vie rural et autar~ ceique des Tarahumaras. Ce peuple, qui compte entre 55000 et 85000 personnes selon les estimations (il Teexiste pas de recensement officiel), est un des plus importants du nord du Mexique. Au XVIF siecle, ils en- terent a plusieurs reprises de se rebeller contre les ILS COURENT AVEC LE COSMOS CCourir pour sinsrre danslamarche ‘dumonde, 2 la cadence dusolellet de la lune, «court de 'équinoxe au solstice, 6rivalt le podte Antonin ‘Artaud dans Les Tarahumaras, écit deson voyage auMexiqueau début des années 1930. Ce peuple court depuis toujours pour honorer ses. dieux : Onoruame, le dieu-pére associé au solel, et lyeruame, a éesse-mere associée & la lune. Pratiquant ayjourdhuiuncultesyn- cxétique meélant croyances préco- lombiennes et catholicisme, les Tarahumaras continuent de prati- ‘quer des jeux rituels dendurance ‘comme le rardjipari,réservé aux hommes, qui a pour but de pour suivteuneballedebols symbotsant univers, parfois surplus de 100 lo- metres. Dansun autrejeu,ariveta, ce sont les femimes qui courent en lancant devant elles etn attrapant tn cerceau de laine ou de tissu 8 Taide clune canne dotée d'un cro- chet. Elles aussi parcourent des distances tres longues. Cotte éalise e'Urique rappelle que es Tarahumara furent converts au catho- ‘sme parle missionnalres espagnols colons espagnols. Depuis ils vivent retranchés dans les replis abrupts de la sierra Madre occidentale, cultivant un peu de mais et de haricots rouges, élevant chevres, vaches et moutons.Isolés du reste du pays; ils habitent de petites maisons disséminées dans les reliefs et cchargent tres tot les enfants de garder les troupeaux, «ce qui les oblige & marcher et a courir sur de longues distances, entre les montagnes, sur des sentiers escar- pés, parfois méme a travers des riviéres-, souligne Lourdes Garefa Carrillo, la responsable culturelle de Vinstitut national des villages indigenes, base Chihuahua, la capitale de 'Etat elonelle,Forigine des huarachesestempreinte de spiritualite : «Les Raramuris considerent depuis des sigcles que les chaussures sont destinées aux enfants du diable. C'est pour cette raison quils se déplacent pieds nus ou en huaraches. Certains y croient encore et aujourd'hui, cela fait partie de leurs coutumes.» Conver: tisau catholicisme par les Espagnols, les Tarahumaras conservent bien vivaces certaines traditions de Tere pré- colombienne, comme le jeu de rarajipari, qui consiste précisément a courir pendant plusieuts jours @afti- Iée apres une balle de bois offerte parle dieu-pere »> cro 31 SSO UL | 1 aa cael Psi 71 cma tie va ih ye aay 3 oD Ve is t ao IT D'AVENTURE | Tei, aux trois-quarts de Rio elavac otek tsa Cine se PAS etac Nami Note Se costae et se Marek ict os eat oro eros ery ‘rages, Maxime arnt Sets popes = irene oa pmo Peek! sur prsmashop r/ge0 ‘Quolques jours avant la course, nous avons suivi, avec Olivier le ‘photographe et quelques autres, le chaman Mario Mufoz sous une hhutte de sudation pour la céré- rmonie du temzcal. Cet ancien rite médicinal commun aux euples premiers Amérique du Nord a pour vertu, nous a-til cexpliqué, de détendre les muscles, c@liminer les toxines et dese purifier spirituellement. Nous nous sommes assis dans la ‘cabane obscure, autour dun trou creusé dans le sol. Le chaman ya isposé des piorres ardentes, 2 Onortameet destinée ainsufflerde Jaforceaumonde.Ensomme ts étaient préts pour le Caballo Blanca ATorigine de cette course, il ya un homme Btun livre, deventla bible des trallers quey'al écouvertilyaquelques années. Dans Bornto run. Né pourcou- rir, para en 2008 aux Etats-Unis et tra- duit en francais en 2012 (éditions Guérin), le journaliste américain Christopher McDougall raconte s'étre laneésurla piste du mystérieux Caballo blanco (echeval blanc»), un Américain ala peau claire et aux cheveux blonds, «adopté» parles Tarahumaras quiluiont donne ce surnom en le voyant courir sans eliche sur les sentiers de a sierra Madre occidentale. Lauteurafini parle debusquer : il s'agissait de Michael Randall Hickman, dit Micah True, o#1- ginaire du Colorada, qui était exilé en Amérique centrale puls au Mexique au debut des années 1990, en queéte d'un ‘mode de vie en accord avec ses idéaux de sobrieté, de partage et. de course 2 pied. Aufl de ses péregrinations Micah a rencontré les Rarmuris. I ne les a plus quittés,jusqu’a sa mort en 2012. ttablé devant une Tecate -une bigre blonde ~ dans un restau- rant de la place centrale Urique, jen apprends plus sur cette légende de la course a pied grace a Virginia Mendez Gutiérrez, alias Mama Tita. Sa cantine fami- liale sert des portions copieuses de fajitas, burritos, quesadillas et autres gorditas (galeties de mais four- rées a la viande ou au fromage)... Mama Tita se sou- vient de Fépoque ott le Caballo blanco sétait installé 2 Urique, ily a trente ans «II ne possédait quasiment ren, tout juste un petit sac a dos, raconte-t-elle. Je Tai nourri plus d'une fois » Touché par la pratique du korima, une tradition que Yon pourrait traduire par COMMENT LE TEMAZCAL M’A MIS PAR TERRE Naxime n'est pas pres d'oublier ce rituel amérindien ‘auilla aspergées d'une eau infu- sée de plantes mystérieuses pour créer des vapours bralantes. Bientét, ma gorge, mon nez, 'mes poumons se sont embrasés. Impossible de respirer. On aura it que Fair luieméme était en feu. A la fin dela cérémonie, ui a duré une heure, jai rampé hors dela hutte complatement hhagard, incapable de mettre un pied devant Pautre et le bras, ‘droit paralysé et insensible ! Pus tard pourtant, un bien-étre Inexplicable ma inonds. Puis Jal sombré dans un sommell de plomb. Je nai croisé aucun Tarahumara sous le temazcalh, Ja hutte de sudation (photo), qui reldve plutot de Pattraction tou- ristique pour traileurs blancs. a Le «cercle du partage> (les plus favorisés aident ceux qui sont dans le besoin sans rien attendre en retour), Micah ‘True voulut donner a son tour. Cest pour cela quiil a ccréé, en 2003, lultra-marathon Caballo Blanco, avec aide de Mama Tita. Devant le restaurant de cette der- niére, une plaque rend hommage ace gringo pas comme lesautres :«Micah True, El Caballo Blanco, 10 novembre 1953-27 mars2012. Pendant qu'llssont en guerre, nous arrivons a construire la paix et lespoir depuis le fond des canyons. Courir libres » Sur la place, a la sortie du restaurant, deux ouvriers fignolent le socle d'une 2 GEO 35 ALLURE SPARTA DU COUREUR TARAHUMARA LES AUARACHES La semelle de ces sande, jaals en cuir, est tailée dans des pneus usés et tent au pied par des anires. LUJUPE Les femmes fagonnent Le lait facile 4 digérer, pour se sentir bien dés le matin ee a ALO Wg | Matin léger. Le lait facileadigérer «Pour les Tarahumaras, courir est synonyme de fierté. Pour moi, fouler la piste avec eux est un privilége» ‘> systeme,affirme-t-il, Car il profite a des personnes quien ont besoin, mais qui doivent faire un effort pour -eériter cette aide alimentaire.» ussisomptucuse soit-elle Ia terre des Barrancas del Cobre est pauvre. Les multiples cartels de narcotrafiquants qui opérent dans le Chihua hhua accaparent les parcelles. Et le réchautfe- ‘ment climatique asseche tout. «Il ya encore cinquante ans, Tagriculture permettait aux Tarahumaras de couvrir environ 80 % de leurs besoins alimentaires, affirme Randall Gingrich, directeur de TONG Tierra Nativa, dédiéea education des jeunes de lacommunauté, Depuis, ce chiflre est tombé 4.20% et méme 2éro certaines années.» Selon hui, les Tarahurna ras font face & un choix restreint : rester chez eux et survivre malgré tout ; se rapprocher d'une ville mexi caine étrangere a leur identité et a leur mode de vie (humanitaire souligne les ravages de Palcoolisme au sein de la communauté) ; ou rejoindre un cartel, au peril de leur vie. Les organisations criminelles ont vite compris Pintérét crexploiter les aptitudes physiques la connaissance du terrain et la pauvreté des Tarahumaras en lesrecrutant comme «mules» pour faire transiter la rogue verse nord. Randall et ses équipes tentent 'ap porter une aide avec leurs programmes, dont bénefi lent quelque 200 enfants. Irma Chavez Cruz, Ia cou 40 GPO Abonnez-vous sur prismashop.t/ge0 MON MATERIEL & Lamontre connectée 285 km en 212 as mal...A mon poignet, les bracelets de couleur indiquent les étapes du parcours. Les chaussures de trail Une puce électronique est fxéo sur les lacets (meme surles /uaraches) pour pouvoir étre enregisre aux bores chrono, Le maillot officiel ny vot un cheval blanc (caballo blanco), temibleme de la course, et les drapeaux des nationaltés inscrites. reuse rencontrée la veille, milite elle aussi pour Téducation des jeunes et pour un meilleur acces aux soins carles hépitaux sont tres éloignés de la Sierra, ‘Miguel Lara Vinlegra, le champion local, sefforce pour sa part de redorer le blason de la course & pied afin quelle ne se limite pas a un moyen de gagner sa vie «Courirest une tradition culturelle et spirituelle, insiste-til. Avec le Caballo Blanca, il ya une fierté a représenter les Tarahumaras» Cette année, Miguel a laissé fier la victoire, terminant onziéme.Cestun cer tain Jupiter Carera Casas, venu de Toluca, pres de Mexico, qui a remporté I'ultra-marathon en 6 heures, 12 minutes et 47 secondes, chauss¢ de baskets. Quant ‘a mol, qui a fini le semi-marathon & une honorable 27° place (sur 137), ai quitté la Sierra avec une idée fixe: revenir. Pour tenter le 80 kilometres et commu hier & nouveau avec les coureursaux pieds légers. oe ee ee Meare ea ea) des biens mobiliers ne dépasse pas 100000€. Frais de résiliation de | CRMC irae meal ks ener rer ni ter eC Sar te men gain reapteis eae er ee eee este te Seth ceeeinteeaten te ETE ated ceed Cited lesa mete ents EXPEDITIONS Situées dans 'océan Pacifique a 1.000 km de la cdte équatorienne, les iles Galapagos sont une destination unique et 'un des premiers sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de I'UNESCO dés 1978, Un archipel oi la nature est reine et qui ne révéle jamais mieux ses, merveilles que lorsqu‘on explore en bateau. Pour découvrir les iles Galépagos, _cormorans aptéres, otaries & Myrtille Delamarche et Olivier Hurtigruten vous propose un fourrure des Galépagos, cétacés, _Touron vous proposeront des itinéraire en partenariat avec GEO 28 espaces endémiques doiseaux, _conférences et des ateliers photo, qui fait la part belle a la découverte. 300 especes de poissons, cactus Le voyage débute par une visite de _géants, figuiers de Barbarie. Un voyage sur les traces de Darwin la belle ville de Quito en Equateur qui vous permettra de comprendre puis cap sur les Galépagos pour 9 A bord du MS Santa Cruz Il, un pourquoi cet archipel appar jours dans archipel. Vous vous navire d'exception a taille humaine comme un paradis perdu qui révéle imprégnerez de cet environnement (45 cabines), vous serez encadrés _toute sa splendeur lorsqu’on unique, cdtoyant des espéces par un guide-naturaliste parlant Vaborde par la mer. animales et végétales fascinantes: francais. Au cours de cette tortues géantes, iguanes marins, _croisiére, en partenariat avec GEO, “enix par personne en cabine double incluat le vols interationaux Pars/Equateur/Par, 2 nuts shdte les exursione & uit, les transers, la rata en persion comple HURTIGRUTEN FRANCE SAS au capital de 40.000 € - RCS PARIS 8 449 035 00S - IMO7SI00097 - APST RCAPST HISCOX/125 520 En partenariat avec 'Myelle Delamarche, réactrice en chef de GEO Olivier Touron, photographe professionnel ITINERAIRE Jour: Pri Oto drut Cain tour a; Cutan Bahra Sana Cre Soiree totals Ponucing foarte Fenn Cr eT) Jour 8: le Baltra CT COT CET Teh Jour 9: Ile Santiago Jiri lea ki ot encod amirau Decne door s2:Res Sara Crue ten/Guect ours: Pane cova Sluts eatépasos si megs vomit iia \ eer i ‘muro a \ : mae become Rann D4 ioe wustaunies —__g__EQUATEUR EN ae , To Up (ONS AIA) le KS Ky SW Sa necarcor mores lggaguantaflancde montagne, latrace S'échappe. Derrigre nous, Corte, capi- tale de Tintérieur de File (6500 habl- tants), se cache dertigre les remparts de sa citadelle. En contrebas, la Restonica,fougueux torrent descend. dulac de Mela accompagne Tascen- sion de sa musique primesautiere. Le lacis Sagrippe la roche, sassombrit sous les frondaisons puis reaillit en plein soleil a 800 metres altitude, surla Punta di w corbu (la pointe du Corbeau), oitle panoramaacheve de {66 GEO Abonner-vous sur pismashop.r/ge0 Ils font revivre les vieux sentiers DES HABITANTS PASSIONNES PERMETTENT ACES TRACES BUCOLIQUES ET MILLENAIRES, TEMOINS DU PEUPLEMENT DE LILE, DE SORTIR DE L'OUBLL. couper le souffle. Au total, sx Kilo- metres de crapahute, 400 métres de denivele positif. Cetteboucle, Pascal Krihenbiih, soixantaine hale etcar- rure de bicheron, la connait par aeur : Cest ll qui fa ouverte, iy a prés de dixans avec sa femme Agnés Donnet. jadi ily avatla un passage de muletersexplique ce Susse ins- tallé en Corse depuis lesannées 1980. Avec Farrivée de la voiture, tout le ‘monde Ta oublig til sestrebouché» AConte, Pascalet Agnéstiennent une boutique équipement de marche et lune agence de canyonisme. Ils font partie des premiers «démaquiseurs-, les souvreurs de sentiers» Comme eux, jusque danslemoinere Jhameau, des passionnés sarment de Ia pinnatu ou de la rustaghja, ces serpestraditionnelles& plusoumoins Jong manche, pour remettre en état ‘eschemins paves histoire qui sont ‘un pier de Fidentité insular, reflet ddeses peuplementsmillénaires. Une profusion de tracés minuscules, que seule la tradition orale avait conser- vés et qui redeviennent accessibles, nettoyés balisés et entretenus chaque année par de simples habitants. Les Corses, qui ont toujours eu le goat de Ja marche, retrouvent celui des rac courcis et des itinéraires bis, du chjassu (chemin communal bordéde murets) qui permettait la transhu- mance. Tailler la route ~ au propre comme au figure — est la derniere expression d'une réappropriation cculturelle que les insulaires menent benévolement eta leurs frais pourla plupart, faute de subventions. WY RECOLTE LES PLANTES OUI SOIGNENT, TELS LE NYRTE ET LE CISTE Avant de se lancer, i faut fouiller les cadastres,interroger les anciens. En somme, pratiquer une archéolo- gle de la pérégrination. «La symbo- lique est forte : c'est comme si nous ™archions vers ce quenous sommes profondément», analyse Francois ‘Tomasi, 60 ans, fondateur du Bureau Montagne duNebbiu, qui compte une ‘quinzaine d'accompagnateurs Entre Saint Florent et Murato, chaque mer- des chemins vieinaux ne ert pas qua séduire les randonneurs:elle répond. dabord a un besoin des habitants. =Certains villages ont vue sur le ha- ‘meau voisin, mais il faut trente mi- ‘nutes en voiture pours'y rendre!, ex- plique Jean-Marcel Vuillamier, un instituteur a la retraite qui vit au ‘cap Corse. Les gens savourent le gain de temps quandils peuvent se rendre visite en marchant, comme avant.» Lul-méme a traine des generations d'éleves en sortie pédagogique au coeur du maquis. «Le sentier, Cest le sgrice a lui queon récolte les plantes qui soignent, comme le myrte ou le iste de Crete. Que on retrouve le pa- trimoine rural: ici, une aire de stoc- kkagedu blé Ia, une fontaine, plus loin un moulin. Cest par Fandatu (tout petitchemin) quion accédea une ber- ccredi matin d’octobre avril, il éunit les troupes. «Metre par métre,on pou sult les chantiers, explique-tl. Les plus costauds devant, la taille, es autres derriére pour dégager les dé- bris. Souvent, ca se termine par un bon spuntinu (casse-croate).» En dixans, des dizaines de parcours ont raldillon, prés de Murato, qui mene a ‘un chaos rocheux otise cache le plus vaste funérarium de age du fer en Corse. «Avant, les archéologues qul y ‘menaient des fouillesrevenaient en- ssanglantes pares ronceset les habits cen lambeaux, se souvient Francois. Aujourd’'hui, nous y emmenons les ¢coliers pour leur raconter histoire des premiers peuplements.» Dans cette lle montagne, prolon- sgement deTarcalpin detache duconti- nent il ya 15 millions d'années, la grimpettea toujours été leseul moyen alleret venir leréseaude routescar- rossablesétant inexistant jusqu'aumi lieu du XIX sigcle.Lelitoral, infertile ‘et exposé aux invasions, etal, ll, peu fréquenté. Aujourd'hui, laréouverture Cristian Andrean et le prin pal artisan de a Via Sancti Martini en Corse un tingrire edie & saint Martin ul permettra bientt delonger 8 Bled toute la facade oriental. ‘Autour de Corte, Pascal Krahenbdhi et Agnes Domet défrichent les anciens chemin muletiers peu 8 peu delalssés fu site demise apres gerie. Quant aux stradi antichi, ces voies plus larges correspondant aux axes les plus anciens, elles racontent ‘ce temps ot les premiers Corses 1ou- erent des pierres et les empilerent pour dessiner des passages. A Filitosa, en Corse-du-Sud, au col de Vergio, centre Corteet Vieo, a Stantari, pros de Sartene, es sites préhistoriques essai- ‘ment le long de cesallées. Des pierres levées aux visages de guertiers pro. tecteursy donnent la direction suivre ou indiquent une étape, une aire de repos, tn point d'eau. DEMAIN, DU NORD AU SUD, ON POURRA SUIVRE LES TRACES DE SAINT MARTIN Le chemin corse est un livre, ilnty a pasun seul de nos itinéraires qui ne soit né d'un substrat archéologique, spisituel ou anthropologique, resume Christian Andreani. Cet érudit de ‘6S ans vient dinaugurer a Patrimonio, ‘en Haute-Corse, le premier troncon un sentierdediéa saint Martin, une ds figures les plus aimées dans File. Un projet fou qui porte depuis vvingtans. En septembre, la Corse sins criradansleréseau européen (5000 Ki- Jomeéttes) des itinéraires martiniens. Sur le parvis de Péglise Saint-Martin de Patrimonia une borne indique deja le point de depart. Puis quelques pas ‘menenta un pont romain quienjambe Je FiuAlbino, Le pélerin emprunte ensuite un pavage fraichement res- tauré ellafallu des mois pour remettre cen état cette voie qui existait deja au néolithique», explique Christian An- dreani, Dans quelques années, iting raire longera Iile par sa facade orien- tale et aboutiraa Bonifacio,a extreme sud, surle parvis dune autre égise dé dige a saint Martin. Les Corses ont pas fini de crapahuter, . SEBASTIEN DESURMONT cro 67 _ [ENVIE D'AILLEURS | CORSE Si ie , "7 A Brando, sur la_ Vole sacrée PRIVILEGE RARE, NOTRE JOURNALISTE EU ACCES, AUX COULISSES DE LA «CERCA» : UN PELERINAGE DE DOUZE KILOMETRES, VIEUX DE CING SIECLES, QUISE __ DEROULE LORS DE-LA SEMAINE SAINTE AU CAP CORSE. eee AGHA ere 4 ENCOUN IL Ic a les pasdes ie XX Ate te Sed [ENVIE D'AILLEURS | CORSE | ul besoin d’étre croyant pour trou- ver le ciel divin, en ce jeudi soir de la Semaine sainte. Depuis le parvis, de Véglise de Poretto, Tun des sept hhameaux de Brando (une commune de 1600 habitants), dans le cap Corse, le panorama a tout du décor opéra.Lapleine lune, éblouissante comme un souneuf, sestaccrochée Alatolle tendue de ia nuit Sous son hhalo reluit la mer Tyrmhénienne. Et pour ajouter a la perfection, les courtes capes gansées d'argent que les processionnaies sont en train de nouersur leurs épaules ontla teinte idoine : un bleu nuit dont la profon- deurest sublimée par fépais velour. Mest 21 heures quand retentit un Stabat Mater poignant. Le chant sen- vole comme une plainte. Combien sont-ilsaentonner ? Une centaine Leshommes devant, les femmes der- rire. A pas lents, le groupe avance deux par deux, en rangs serrés, puis descend la courte pente qui relie la casazza, la petite chapelle de la confrérie de Santa Croce, a Peglise paroissiale. «Crest lévenement le plus important de Pannée, presque out Poretto y participe», souffle Jean- Yves Casalta, 49 ans, enseignant en langue corse et musicien, Pun des hommes-orchestres de cette célé- bration pascale. «Il y a ceux qui vivent ici a Tannée mais aussi tous ceux, nombreux, quireviennent spé- clalement pour l'occasion, parfois de trés loin», ajoute un autre pilier, Michel Peretti, 76 ans, dont 70 a par- per a ce rende?-vous printanier. 172 GEO Abonnez-vous su prismashoptr/ge0 Dans ce village comme dans ‘quelques autres en Corse ce jeud qui précéde Paques et correspond au jour de la Gene, dernier repas du Christ, lance cequ‘on appellela ceren, terme qui ignifieen corse «la quete> et dé- signe une procession unique en son genre. Lapieuse randonnée des insu- Jaires relieainsilessepthameaux de Brando surdouze kilométres De cha- pelles en églises, le cortege defile sur Jes petites routes etleschemins vici- naux. A chaque arrét, les chants sélovent. Entre les tapes, on chante encore. Le répertoire est principa- Jement en latin Seule une oreilleex- perte décélera parfois des bribes de refrains en vieux toscan, langue ver- naculaire d'une Corse qui nlexiste plus. Car la Cerca dure depuis au moins cing siécles. La confrérie de Santa Croce existait deja lorsque oretto édifia son église, en 1S14. Les tenues non plus n'ont pas change CCagoule de pénitent roulge surle haut ddu-crane comme un bonnet, aube blanche ceinturée d'un cordon, et comme jas, la mantilletta, la cape de velours...A Brando, trois autres ‘onfries cheminent danscetaccou- ‘rement. Les woisins de Pozzo portent tune cape rouge, ceux Erbalunga, dt bleu ciel et ceux de Castella du bor- ddeaux. Quel que sot le hameau, les femmes elles revétent la faldetta, une jupe-tablier dun bleu marial 4uelles emontentsurla téte pour se muer en madones échappées d'une toile de Bellini, Au total, sur 'en- semblede la commune, la Cerca mo- bilise environ 400 processionnaies JEUDI 231100 fcc hacune des confrérles com- ‘mence, le premier soir, par jouer <2 domicile». Dans Téglise de Poretta, le choeur des hommes agenouille pour chanter face aT'au- tel, ouvert d'un gigantesque linceul réalisé avec un trés long dap blanc. Le crucifix, ui, a été déposé au sol Cchacun des quatre hhameaux de Brando asa propre confrére..et ses Couleurs. Ceux de Pozz0 Gad) ict apres Sigagoia, portent une cape rouge Sur aube blanche. Les lus Jeunes (c-dessous) Solvent attendre date Intronisés pour pouvot a revatira leur tur. Des fleurs, jetées ca etl, commetom- bées du ciel, complétent la mise en scene : des roses rouges pour évoquer la Passion du Christ, des lys pour la pureté, des cllets pourle deuil..Dans Jane, les statues sont drapées de noir. Aprés une premiere marche noctume dans les ruelles du hameau, retour ddanslachapelle dela confrérie a dew pas deéglise. Cesta que se déroule TOffice des Ténébres. Un cerclededix hommes s'est formé devant Fautel. Dans un silence s¢pulcral, leur psal- modie s'éleve sous la vote. La voix laplusgrave, ubassu (labasse), porte Je chant, a secunda (la seconde) le soutient etla plus haute, a terza (la tierce), joute une austere ommemen- tation. Le chaeur polyphonique relate Jes étapes dutChemin de croix. Dans la chapelle enténébrée, seule la lueur de quelques cierges vacille A chaque strophe, un préposé se charge d’en eindre un, Btainsi de suite jusqu'au dernier souffle. Puis les participants font soudain crisser des crécelles en bois tandis que d'autres frappent le sol & toute force avec des feuilles agave. Stupeur et frissons. Pendant ‘une longue minute, dans Fobscurité totale, ce vacarme de tous les diables figure le désordre des ténébres qui se seraient installées ala mort du Christ VENDREDI 8 1.00 DEPART DE LA PROCESSION ‘es participants, levés au petit ma- tin du Vendredi saint, sont en- core plus nombreux quelaveille. [Sous les aubes, les pieds sont Cchaussés cfanachroniques baskets et autres bottines de marche. “La péré- grination doit démarrer a 8 heures précises», insiste Jean-Yves Casalta, {qui passe ses troupes en revue. Un ballet millimetré.Les quatre confré: res de Brando accomplissent sepa- rement le méme parcours de dowze kilometres : chacune part de son hameau respectif et fait halte aux mémes étapes. Onze en tout. Pas question de trainer en route, sous eine d'embouteillages. Les chants sactés reprennent avec une vigueur ‘matinale qui es rend presque légers. Lair est d'une douceur angelique, le soleil fat scintiller les costumes. «Avra dite la météo n'a jamais eu ‘impact... Sous la pluie, la gréle ou dansla tempéte rien, aTexceptionde lapandémie de Covid-19, n'a jamais empéche notre procession avoir lieu», précise Michel Peretti alors que Ton quitte Poretta, De grandes croix se découpent dans 'azur. Elles seront portées jusquiau soir & bout de bras, chacune omées de palmi, de savants tressages de feuilles de palmier. Carrure de talonneuretregard sombre, Florian Biaggi, 35 ans, employe de maitie, est chargé de la «croix du Christ, laplushauteet la plus lourde (deux metres et une vingtaine de ki- Jos). La mission requiert de Fexpé- rience «Il faut se méfier des branches arbres et faire attention & ne pas perdret'équilibre dansles pentes, sur tout quand ily a du vent», explique- tril fort de quinze ans de portage. Un autre ses cbtes tient la «croix dulin ceul», plus petite, autour de laquelle est enroulé un longdrap blanc. Enfin, a Tarrifre, Maud Viale, 30 ans, porte lascroixdes femmes». Pour elle, Cest uune premiere. Quelques minutes apres le départ, elle doit afronter un. denivelé de 350 metres sur un tres ancien chemin qui dégringole versla ‘mer. Autour delle, le groupe ne fait plus qu'un et la guide. «Pour nous, la Cerca est bien plus qu'un rassem- blement religieux, observe Stéphanie Serié, 46 ans, une autre procession- naire. C'est le moment ott on se retrouve pour marcher ensemble, » GEO 73 Pee eit ‘est une des plus belles Papert’ renee mse aE ons Coe oer rou eters enero eee oie | ENVIE D'AILLEURS | C02S¢ | 1+ toutes générations confondues, dans les pas denos ancetes.» Autre pa ccularité: ic, pas de spectateurs mas sés sur le bord des routes. La Cerca des Cap-Corsins, contrairement au. Catenacciu, procession courue des touristes quia lieu elle aussi le ven dredi de Paques dans les rues de Sar tne, en Corse-du-Sud, se déroule loin des regards sans pubiicité VENDREDL 8 H15 | PRERIERE HAGTEA LAVASINA| ‘upremierarrét dansla grande église de Lavasina, Steph: lance, avec quelquesautres, un aria sublime ou domine la iessiture des sopranos, tandis que les hommes assurent la ligne de basse Instant suspendu. Les vocalises 1: ‘cochent sur les murs tapissés dex voto avant de séchapper de Féglise cet de se perdre sur la petite route c0- tiere. Lavasina est considéré comme Je Lourdes de la Corse, avec deux mi racles au compteur:laguérison spon tanée en 1675 d'une religieuse fran ciscaine, puis, cent ans plus tard, en 1779, le retour instantane de la pluie apres le passage dune procession, alors que Ia région de Bastia affron- tait une terrible sécheresse Ce rituel semble appartenir 8 un temps lointain, Commee'autres pra tiqués encore par de nombreuses confréries & travers Tile, pour la pls part herités de traditions liturgiques Femontant au concile de Trente (1545. 1563), ila échappé aux modernisa tions du concile Vatican 11 (1962. 1965). D'autres symboles puisent méme dans des eroyances préchré tiennes. Cest le cas des mazzeri, les quatre villageois charges d'ouvrir et de fermerle cortege Dans les vieilles, legends insulaires, ces hommes, qui ‘campaient au bord des rivieres pres des passages a gue étaientdessorciers > cro 75 [ENUIE o'AILLEuRS | cos | 1B» charges de veiller ce que les Ames ne s‘égarent pas au moment du tré= pas. Ce matin, ilss'assurent que pe sonne ne perdele flde a procession et jouent les agents de la circulation sur la route cotiére, ott les voitures ont autre choix que de patienter derriere la longue chenille des pele- tins. Dans léglise Saint-Erasme & Erbalunga, la deuxiéme étape, un nouveau Stabat Mater est déclamé & genoux devant un reposoirtapisséde draps rouge sang, VENDREDI 101100 PAUSE-RAVITAILLEMENT. ‘peu plus loin, a Tombre des | cerisiers et des amandiers en fleurs qui entourent la petite chapelle Notre-Dame-di Mont-Carmel, la confrérie fait une pause. Boissons fraiches et panza roti, des beignets ala farine de pois chiche que l'on prépare spécifique. ment a Foccasion du Vendredi saint, ont été disposes sur un large bane de pierre. «Reprenez des forces, vous en faudra, insiste Valérie Ca salta, 46 ans, professeure de langue corse, qui se charge de la distribu. tion. Le plus extenuant reste a faire. Le chemin grimpe maintenant vers les hameaux haut perchés de Brando : escale & Mausolea dans la chapelle Sainte-Catherine, puis & Castello, oit se dresse, non loin des vestiges de lancien chateau, léglise Santa Marla Assunta, édifiée en 1618, Sur le coup de 11 heures, les mar: cheurs s‘attaquent a la montée la plus rude, jusqu’au hameau de Silgaggia. A bout de souffle le groupe S‘étire sur plusieurs centaines de metres le long du raidillon. De viellles dames cueillent sur le bord du chemin des asperges sauvages qufelles distribuent autour celles comme des dopants grignoter sous 176 GEO Abonnez-vous su prismashopr/geo La chapelle est trop petite, on y chante au coude-a cape. La-haut, enfin, une fontaine laisse couler un filet d'eau glacée, et Ja-vue surla baie d'Evbalunga récom pense les efforts La chapelle, elle, est trop petite. Ony chanteauicoude- a-coude, le front perlé de sueur. Test 13 heures. Dans le hameau de Pozzo, les capes bleu nuit sortent de Feglise Saint-Barthelémy, la neu- vieme étape, ott elles viennent de chanter. C'est le moment tant at tendu de la rencontre. Les proces- slonnaites de Pozzo, revétus de leurs ‘capes écarlates, sont arrivés, formant coude sur le parvis de leur paroisse une Tongue haie @honneur qui escorte les confréres de Poretto, Tout en se saluant cérémonieusement, les deux groupes se jaugent et se comptent. «La concurrence entre les hameaux existe depuis toujours :on veut tous étre les plus nombreux, avoir les plus beaux palmi sur nos croix et chan ter de la plus belle fagon qui soit» reconnait Régis Martini, 37 ans, 1a tte de la confrérie de Pozzo Ce soir, les rouges et les bleus vont se retrou- veret chanter ensemble, VENDREDI 211100 LAGRANITULA a procession sestachevée en dé- but daprés-midi, Dans chaque hameau, on a partage un pique- nique — tartes salées, pizzas et Tougasses - quelques verres de vin et la joie c'avoir accompli les onze sta tions. «Cest le prieur de la confrerie qui offre le banquet, explique ‘Stéphanie Sérié. Autrefois, le village ‘embaumait des préparations cu naires de la Semaine sainte. Mainte nant on fait vivre le boulanger du coin ‘en se fournissant chez lL» Puls cha- ccun senestallé faire une sieste et re prendre des forces pour Tultime tape du Vendredi saint: la granitula {A 21 heures, le cortege s'ébranle. La cconfrérie de Poretta croix brandieset ‘chants tonitruants, pend la direction dePozzo,imoins de deux kilometres alle nocturne lore ds fe Brando tourente LES ONZE FTAPES DE LA CERCA q stlgaccta y ‘Chapelle Sf, Og ucie MAUSOLEO y } CASTELLO © Ealise de Santo Maria/Assunta: @ Chapelle s* Catherine ny: © Sarees Cres Eglise SJoseph © TJ Eglise S Erasme ‘Chapelle San Ghiuvani ©. } < © Eoise de Pareto é eit J é f cS © false de Lav < LavasINay (G \ 00m deleurhameau, Avecla atigue,leta- | Dans une chorégraphie a la fluidite jet parait durer une éternité. Le ciel | fascinante, Iassembléetournesur elle est 4 lorage. Le vent gest levé. La | méme, entremélant capes rouges et pleinelunedisparaitdetempsaautre | capes bleues. Puis, sans quaucun dertiére de grosnuagesnoirs quifilent | gnal ne soit donne, la ronde change comme des aéronefs fous. En Haute- | de sens pour se dérouler. «La spirale Corse, la granituladésigne uncoquil- | est une métaphore du cycle de la vie, lage maisaussi cette spectaculaire pro- | un symbole vieux comme 'huma ‘ession nocturne dontlesracines vont | nité»,souligne Jean-Yves Casalta. Les chercher dans des rites préchrétiens | volutes des processionnaires miment {tds anclens. Sur le parvis de Téglise | ce perpétuel recommencementetap- Saint-Barthélémy,4Pozza leshommes | pellent qu’a Brando, Tantique Cerca des deux confreries marchenten for- | est elle aussi eternelle . mant une spirale, tout en chantant. SEBASTIEN DESURMONT ceo 77 monde n'a pas», pre vientsi Depuis quila scrsrevoesmmont ro sensenecencor eo [ ENVIE D'AILLEURS | CORSE | Les vrais heros du GR20 LILLUSTRE SENTIER EST UN GRAAL POUR LES RANDONNEURS (AGUERR'S) EN VACANCES. GUIDES, BERGERS, ECOLOGUES, GARDIENS DE REFUGE, EUX, Y TRAVAILLENT, ET LEURS CONSEILS VALENT DE L'OR. affronter des secteurs enneigés...La piste traverse des sites grandioses, des aiguilles de Bavella aux lacs de Melo, de Capitello et de Nino, et culmine sur le massif du Monte Cinto (2706 metres). Les paysages sont hors norme, comme le défi physique qui {aut accomplit. Ce qui n'empéche pas lecélebre sentier d'etre prs dassaut. Ces dernieres années, les records suc- cessifs remportés sure parcours par ds figures tres médiatisées comme Kilian Jomet, Francois D’Haene et Lambert Santelli ont méme dope sa notorieté. «Le probleme est que ce esmythes sont parfoiséreintants.Sur- | n'est pas donnéa tout le monde. pré {out quand ils $tirent sur 180 Kilo- | vient le major Patrice Bonissone, du ‘meétres et cumuilent 11000 metresdde | peloton de gendarmerie de haute dénivelé positif. Du nord au sud, la | montagne (PGHND, Tune des entités traversée fra li monti (spar les mon- | chargées des secours Pres dela mol- tagnes+), balisée en blanc et rouge, | tié des marcheurs finissent par re suit Tépine dorsale dela Corse. 'aven- | brousser chemin. La majorite de nos ‘ure du GR20 dure seize jours et re- | interventions ont pour origine 'épui- vient a jouer les funambules surdes | sement et limpréparation» cexétes, aise casser les genouxdansdes | — Le sentier fut tracé en 1970 par boulis cyclopéens, et méme, jusqu’a | Michel Fabrikant, ancien amiral et al- fin juin, & sorti les crampons pour | piniste passionné. Amoureux dune #> cro 79 “PIERROT GRISCELLI ET SA FILLE ANTONIA Dans leu refuge, cest le econtort apes effort : pulsés, en pleurs, en 56 heures, en 1998 Ivres de bonheur, Cet souvent le soir des fourbus,affames... abandons.» Avant la Pierrot, 69 ans,ena vu saison, Pierot et Antonia passer des randonneurs, font es réparations et fet dans tous es états, _préparent le ravtale- depuis bientt trente ans _ ment par hélicoptere. quilgére erefuge de Pus, pendant ouverture Carrozzu! pourrait des refuges surle GR20 erie un livre sur (cette année du 21 mai safeffet GR2O».«Surce au 2 octobre) is ac- sentier,on lest pas le cueilent chaque soir une méme que dans la vie centaine de randonnours habituelle assure-til quis partagent 40 its Etle gardien derefuge 4 intéieur, autant de fest forcément lui aussi tentes a Fextvieur, quatre lun peu différent de _toilettes séches et trois ceux qui vivent en bas. douches (chaudes, gréce Ilfaut aimer rencontrer aux panneaux olaires). des gens, étrecurieux «AU refuge. ny aque deux» Safle Antonia, tessentiel, note Antonia, 36 ans, rejoin i-haut Cest ce quifeit toute la Fandemnier,a1270m —_richesse de ce mtr» altitude, pour faire les saisons, Dans le sens ord-sud, leur refuge marque la deuxieme tape du sentir. «On récupére des gens déia Uses par la callasse et les dénivelés, remarque le gardien, lu-méme auteur dun record de traversée du GR20, Les 10 commandements du GR20 1. TON ITINERAIRE, ‘TU PREPARERAS (nse perd encore sur le GR20! aut pati avec Iitingralre telechorge (faute de reseau) et un topoguide paper. 2. UNE ETAPE ALA FOIS, TU FERAS Faire duc stapes dun coup 7 faut ttre tes entraine Vous requez de files ‘ernierslometres dans la nut noke ‘3. TOUTES TES NUITS, TU RESERVERAS indispensable. Pour ls refuges gérés parle pac: prrresacorsa, On peut aust opter pout des huts en bergeres prvées ou en ites et softer Une nut eonfortable 8 Viezavona 8 mi-parcours 4. JAMAlgSEUL, 5. A LAUBE, TU PARTIRAS Pour voir le sole selever sur les crtes Et parce ae part la fraiche, en et, vous eves de suffoquer mile a maqui Leshistires de chute solitaire et de gens perdus dans le magus ne sont pas une legend, Essentel ‘apter au pls lent du groupe S.LEGER, 7. BIEN CHAUSSE, ‘TU CHEMINERAS ‘TU MARCHERAS Une seule true, polaire, parka, Enhaute-montagre, ‘outeau,lampe frontale INfaut des godiots ouverture de sure, gourds, ‘adaptés. Meme en trousse de secours, cnet et leh et, audra batons de marene, Ces tout! arfosy ther Seserampons 8. LUCIDE, TU RESTERAS CCest fun des seis les plus dificil eEurope vore du ‘monde, Au bord du eraquage ? I aut rebrousser chemin 9. LES PROS, TU ECOUTERAS Gardens et agents savent ‘quand a meteo Impose de reporter le départ ou quand ‘vous nétes pis en tat. 10, PLUSIEURS FOIS, TU REVIENDRAS Trongonne es 6 étapes en daux au toi voyages ‘est une bonne option cro 81 ae tw] GABIE VALEST La sentinel dea faune etd foe espedscansfeavet moutonendemisve de [cscrecte Scores cancsruncondenéSureesdar aor ore cuparcousde abe,” parton bcs (Crto Sees resporatlo slbaelanonencuse Zionediptwcise- Setnoneen mons Ccionenchameal Polen brunt de patios raturelau campagne delice, Sandu purcaturelréfespce ne compte ps gional de Corse (cul une cinquantaine ccouvre environ 40% de dindividus. Gabie scrute Me) Cette écologue, qui aussiles sommets en Sestdabord occunée _quéte de Faltore, ou des milleux aquetiques, _gypaéte barbu, grand travail désormais 8 rapace qui se nourit de Cotte, ouelleexplore carcasses d'animaux et les sentiers escarpés @ _joue un tle important la recherche des vraies dans Iéqulbre dea bio- icones du GR20. dliversite Lu aussi se fait Par exemple lemuvra, le de plus en plus rere. Sur les seize individus idanti- figs, la plupart ne sont pas en ge de se repro- duire. Le programme eu- ropéen Lite, ui sacheve en 2025, doit tenter enrayer sa dispartion Autre combat de Gable la protection des lacs de ‘montagne et des pozzine. Le GR20 longe nombre de ces zones humides cattitude ala flore souvent endé- mmique.eLes baignades avec de la créme solace, les bivouacs sauvage, le pitinerent en dehors des senties, les déchets abandonnés, chaque geste néfaste a un im: pact colossal, rappelle Gabie, quiajoutea attention des randon- > Corse de Iintérieur,lequel,afépoque, | chef du pole montagne au parc. Avec se vidait de ses habitants, il pensait | pourcorollaire les bivouacs sauvages faireccuvreutileen yattiantquelques | (pourtantinterdits) les files @'attente ascensionnistes chevronnés. Mais il | surle chemin, faccumulation des dé- nlimaginait pas les foules... Avec | chets, Térosion du parcours... Le plus 140000 nuitées en 2022, le parc na- | beau trek c'Europe est-il en train de turel regional de Corse (PNRC), ges- | perdre son ame ? Depuls 2018, une eure! eSurle GRO, tionnaire du GR20, a enregistré une | reservation obligatoire dans es re- folie eas capes affluence record, en hausse de 257. | fugesesta faire avant son départ. Fini ser, les vais habitants par rapport a Tavant-Covid. Eta sa- | la regle du «premier arrive, premier core la fauna ats fora son 2023 devrait connaltreun nouvel | servis. Elle devenait dangereuse, afftx historique. «Les capacitésmaxi- | poussaitles gens partiravantTaube, males d'accueil sont atteintes : les | puisa foncerjusqu'a 'étape suivante, neuf refuges que nous gérons af- | Des investissements ont été realises fichent un taux d'occupation de | pour réhabiliter les refuges vieillis- 100 %, voire le dépassent certains | sants. A quoi se sont ajoutés des bi: Benoit Vesperini, | vouacs «officiels» avec des tentes > {82 GEO Abonnez-vous sur prismashop.jr/geo je suis mille chemins accessibles a tous Découvrez les sentiers de randonnée Mare é Monti©, Mare a Mare© et le chemin de la Transhumance© Dene ae Ty Ce eer) [ ENVIE D'AILLEURS | CORSE | SEBASTIEN NOUVEAU rei ageaut grand ak comme font Biznsttecrsose iterates Crbebrinwet pe. gee dich En 20} ta Tscorerertarde Stn oncom ba ipopicserenibetd chotechreteede face auvilage de village. Depus, avee son Calenzana, porte den- _épouse Gael passe la ltée offcile duGR20, _matinée la boucherie Depuis les herbages pi- ot faprés-midi dans os qués chherbes aroma-_paturages. En saison. les tiques quidonnent un _commercants vivent au ott unique la viande —_rythme des départs en cui produit, Sébastien, _randonnée. Chez lui, on 4lans, apercoit souvent, peut fire provision ex: ‘au petit matin, les cellente charcuterie pour ‘rappes des marcheurs les étapes du soir: et séclaant ala lampe chez Guerin, & quelaues frontale. Fils de marai- pas, de cuggiullle, des chers,ilrévat deja, ado- biscuits secs @ emporter lescent,diélevage «au pour les coups de mou. sLovillage est bien placé, au pied du GR20 mais également autres itinérares auss| spectaculates mais moins fréquentés, comme le sentir dela Transhumance ou le Mare e Monti», observe Sébastien. Lui aime se Perdre du cote du cirque de Borifatu, ob un jolt raccourei permet de recupérer en cing heures le fildu sentir au niveau de Carrazzu. occasion de fare escale a pins sds as asset athe sages Sash tad deft des refuges Trois muletierscollectent | quand celle-ci est si belle. Les récits les bacs dle tri sélectif. Une trentaine | des randonneurs sur les réseaux so- agents du parcse relaient pourTen- | ciaux valent toutesles campagnes de neurs et de chasseurs, Sauté de veau, cannel loni au brocciv.. «Sous troten etl surveillance promotion, montrant a quel point le (aoe eek BIE > néolithique, activitéhumainealaissé denombreuses traces Le mot corse agriate, qui stridule comme les ci- gales, provient ailleurs du latin ager et désigne des «terrains labourés. Lemaquis iy arepris ses droitsque depuis une centaine d'années, De Pépoque antérieure, quand le terri- toire était largement cultivé, té- molgnent les vestiges de quelque 200 pagliaghji (paillers), des constructions de pierres séches qui essaiment sous la broussaille.Anciens abris pour es récoltes de blé et orge etles outils maisausst refuges pour les hommes, ces cahutes, pour la plupart en ruines,rappellent que jusquiau debut du XX" siécle la contrée fourmalllait dactivite. Haut-Nebbio quit- taient leurs mon- tagnes avec leurs trou- eaux pour rejoindre les paturages du bord cde mer. Auprintemps et en été, cétait au tour des agriculteurs ducap Corse de venir semer puls moisson- ner, en particulier le ricellu, une variété lo- cale de ble résistante ala sécheresse. Les terres nfappartenaient personne, mais cha- un en avait Fusage & née. Cette double transhumanee pasto- rale et agricole était, selon les histo- lens, unique en Méditerranée La Grande Guerre, la grippe espagnole et les incendies a répétition mirent fina ce chassé-croisé, dépeuplant ce qui était alors le grenier a blé de I'l Aujourdhui, le comble de ce «<é- sert» est quil est surtout connu pour ses eaux turquoise. Celles-ci baignent des plages de sable clair quicomptent parmi les plus belles de Haute-Corse. Flume Santu, le Lotu Saleccia ou en- core IOstriconi...Chaque été, les ba- teaux de plaisance y mouillent en rang serré et des miliers de vacanciers sy GEO Abonnez-vous sur prismashop.t/9e0 On se sent tout petit sur cette terre aux parfums de ciste et d’immortelle font déposer pour la journée par des taxi-boats toujours plus nombreux. Consequence :malgréleurisolement, es oasis sont surpeuplées en haute saison. Le trafic entre le port de Saint- Florent et les plages a méme double en deux ans selon le demier comp- tage men€ pour la Collectivité de Corse. A quol sajoutent les touristes entaxis-4x4 ouen quads bringueba- és dans la poussiére dune hideuse pistede terre quibalaftele maquis. La plupart entre eux ignorent Fintérieur des terres royaume des perdrix ouses, Ades lievres et des kgendes. Dota ré- . {Attirés par les plages aux eaux couleur lagon (celle de FOsticoni la plupart des visteurs lun moment de Tan- ne connaissent des Agriate que safrange literate ql souttre ‘urrequentation en haute soon, habilitation du tres vieux sentier ‘communal sur lequel avance Julie Enjalbert. A grands coups de serpes, des équipes y travaillent depuis bien- ‘Ottroisans.«Ceux quile parcourront découvriront le vrai visage des Agriate», souligne la chargee de mis- sion au Conservatoire du litoral. Bt marcheront a écart des 4x4, qui de ‘vront des cet été sacquitter d'un droit ‘deparking avant facosderaux plages.. Sur douze kilometres, le nouvel iti néraite pédestre et équestre descend, doucement verse littoral, redessinant Te trajet quemprunterent des géné-

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