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Cours de Biodiversité et changement globaux (Licence 3; Spécialité : Ecologie et Environnement) – Semestre 6

République Algérienne Démocratique et Populaire


Ministère de l'Enseignement Supérieure et de la Recherche Scientifique
Université de Hassiba Ben Bouaali - Chlef –
Faculté des Sciences de la nature et de la vie
Département Eau et environnement et Développement Durable
Licence : Ecologie et environnement
Niveau : 3ème Année (6ème Semestre)

Cours de Biodiversité et changement globaux

Programme

I. Eléments de biodiversité

II. Changements globaux

M. TEBANI (Département EEDD : Faculté SNV, UHBChlef) - ….. / …… - 1


Cours de Biodiversité et changement globaux (Licence 3; Spécialité : Ecologie et Environnement) – Semestre 6

Biodiversité et changement globaux


Sommaire
I. Eléments de biodiversité
1. Définition et concept de biodiversité
1.1. Définition
1.2.Concept
1.3.La nature de la diversité biologique: gènes, espèces et écosystèmes

2. Rôle de la biodiversité (rôle patrimonial, rôle dans le fonctionnement des


écosystèmes, services éco systémiques)
2.1. Rôle socioéconomique de la biodiversité
2.2. Rôle de la biodiversité dans le fonctionnement des écosystèmes
2.3. Importance de la biodiversité

3. Evaluation de la biodiversité (Evaluation quantitative, qualitative et économique)


3.1. Mesure et évaluation de la biodiversité
3.2. Indices de la diversité spécifique
3.3. Diversité et abondance
3.4. Evaluation économique de la Biodiversité
3.5. Estimation du capital naturel de la Biodiversité

4. Facteurs de variation de la biodiversité


4.1. Les facteurs abiotiques
4.2. Les facteurs biotiques

5. Les différentes dimensions de la biodiversité


5.1. Dimension spatiotemporelle
5.2. Composition, structure et fonction de la biodiversité
5.3. Niveaux de diversité (α, β et γ)

6. Inventaire des espèces


6.1. L'inventaire des espèces pour les sites de grand intérêt biologique (SGIB)
6.2. Les tailles d’inventaire les plus pratiques
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7. Etat de la biodiversité dans le monde, en Afrique, en Algérie


7.1. État de la biodiversité dans le monde
7.2. L’Afrique en général et l’Afrique du Nord
7.3. Etat général de la biodiversité en Algérie

8. Statut juridique de la biodiversité


8.1. Accords de sommet des Nations Unies à Rio
8.2. Les lois et leurs impacts sur l’aménagement
8.3. Législation sur la conservation
8.4. Habitats protégés

II. Changements globaux


1. Notion de changements globaux
2. Changements climatiques
2.1. Concept et causes de changements climatiques
2.2. Effet de serre et principaux gaz responsables «additionnel»
2.3. Les caractéristiques des changements climatiques

3. Impact des Changements sur le milieu et la végétation


3.1. Impact sur le milieu
3.1. Eau
3.2. Précipitation, sécheresse et climat extrême
3.3. Santé
3.4. Impacts sur la faune

3.2. Impact sur la végétation


a. rôle du climat dans l'écologie des espèces
b. Biodiversité et changement climatique
c. La conséquence du changement climatique sur la biodiversité
d. Diversité biologique, écosystèmes et changement climatique
e. Aires protégées, menaces des changements climatiques et recommandations
f. Mesures d’adaptation aux changements climatiques
g. Les changements climatiques et la conservation
h. Impacts des changements climatiques : une répartition des impacts inégale

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I. Eléments de biodiversité
1. Définition et concept de biodiversité
1.1. Définition
Biodiversité, contraction de « diversité biologique », expression désignant la diversité
du monde vivant au sein de la nature qui peuple la Terre, un territoire ou un écosystème.
(Plantes, animaux, micro-organismes, etc.), les communautés formées par ces espèces et les
habitats dans lesquels ils vivent. Le mot biodiversité apparaît pour la première fois dans une
publication en 1988 lorsque l'entomologiste américain Edward O. Wilson en fait le titre du
compte rendue ce forum.
Au cours de la Convention sur la diversité biologique qui s'est tenue le 5 juin 1992, la
diversité biologique a été définie comme : La variabilité des organismes vivants de toute
origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes
aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie.
La Convention sur la biodiversité en 2005, a donné une définition officielle :
"Diversité biologique : Variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre
autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes
écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre
espèces ainsi que celle des écosystèmes."
On peut dire qu’il est devenu depuis un terme à la mode, utilisé tant par les
scientifiques que par les dirigeants politiques, les économistes et les citoyens. Cette discipline
à la croisée des sciences de la Terre et des sciences de la vie consiste en l’étude de la
distribution spatiale des organismes. Elle intègre tous les processus biologiques et écologiques
en rapport avec l’évolution (spéciation, adaptation, diffusion, etc.) à des processus qui
influencent l’environnement physique (création de voies d’échange, barrières physique ou
climatique, etc.).

1.2. Concept
Le concept de la biodiversité recouvre la grande variété du vivant, dont chaque
élément dispose de caractères génétiques uniques : des virus microscopiques aux plus grands
mammifères de la planète comme la baleine bleue, des plantes telles les algues au séquoia
géant, en passant par les vastes paysages offrant une diversité d'écosystèmes. L’humanité fait
partie intégrante de cette biodiversité.

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La biodiversité définit les paysages, avec leurs mosaïques de milieux et de groupes


d'écosystèmes comme des terres cultivées, des forêts et des lacs. Par conséquent, la diversité
biologique est une interaction permanente intervenant à tous les niveaux et comprend des
communautés en interaction. Tous les êtres vivants peuplent des écosystèmes dynamiques où
ils partagent le même habitat et les conditions physiques d’un même milieu, liés dans une
toile de la vie. Dans cet environnement partagé, leurs vies sont entrelacées dans un tissu de
relations réglées par la coopération, la compétition, la prédation, la symbiose ou le
parasitisme.
L'équilibre fragile de cet ensemble d’interactions répond aux besoins de nourriture et
d’habitat, aux transferts d'énergie et à la reproduction. Chaque membre de la communauté
joue un rôle essentiel dans le maintien du délicat équilibre de ce système. Les êtres humains
font pleinement partie de la biodiversité.
On évalue à 13 millions d’espèces sur terre dont seulement 1,9 millions sont bien
identifiées par les scientifiques. On compte 34 « points chauds », principalement concentrés
dans des régions isolées ou à la topographie variable (îles, hautes montagnes ou cordons
littoraux) et qui sont particulièrement menacés. Concentrant 50 % des plantes et 42 % de tous
les vertébrés terrestres, ces zones de forte biodiversité représentent seulement 2,3 % de la
surface de la Terre.

1.3. La nature (niveaux) de la diversité biologique: gènes, espèces et écosystèmes


Pour des raisons pratiques pour faciliter la mesure de la diversité on distingue en
général trois niveaux de biodiversité.
a. La diversité génétique
Le gène est un élément de l’ADN (matériel héréditaire) qui transmet une caractéristique
héréditaire. La série de gènes détermine l’aspect d’un individu, de sorte que deux individus ne
sont jamais identiques.
La diversité génétique recouvre la diversité des gènes de tous les organismes vivants. La
diversité génétique comprend les caractéristiques des gènes et leur répartition au sein d’une
espèce (diversité intra-spécifique) mais aussi entre différentes espèces (diversité inter-
spécifique).
b. La diversité spécifique
L’espèce : est décrite comme un groupe d’individus pouvant se reproduire entre eux et
dont la descendance est féconde. L'espèce est l'entité fondamentale des classifications, qui

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réunit les êtres vivants présentant un ensemble de caractéristiques morphologiques,


anatomiques, physiologiques, biochimiques et génétiques, communes.
La diversité spécifique : correspond au nombre d’espèces vivantes ; à la position des
espèces dans la classification du vivant et à la répartition en nombre d’espèces et en effectifs
de chaque espèce par unité de surface.
c. La diversité des écosystèmes
L’écosystème : est un ensemble dynamique d'organismes vivants (plantes, animaux et
micro-organismes) qui interagissent entre eux et avec le milieu (sol, climat, eau, lumière) dans
lequel ils vivent. Système formé par un environnement (biotope) et par l'ensemble des espèces
(biocénose) qui y vivent, s'y nourrissent et s'y reproduisent.
La diversité des écosystèmes correspond à la diversité des habitats ou des communautés.
On peut toutefois estimer leur diversité en tenant compte, de leur distribution géographique,
ou du nombre d’espèces qu’ils renferment.

2. Rôle de la biodiversité (rôle patrimonial, rôle dans le fonctionnement des


écosystèmes, services éco systémiques)
2.1. Rôle socioéconomique de la biodiversité
Le rôle de la biodiversité est incontestable, un grand nombre de personnes bénéficient
des services qu’elle offre. La valeur d’usage qui peut être divisée en trois sous catégories :
 La valeur de consommation : elle suppose une consommation directe des ressources sans
transformation (cas de la cueillette, la chasse et de la pêche).
 La valeur productive : les ressources génétiques sont utilisées dans des cycles productifs
(médicaments à base de plantes, l’exploitation forestière de bois).
 La valeur récréative : la biodiversité est exploitée pour les loisirs, c’est le cas des
promenades dans la nature.

2.2. Rôle de la biodiversité dans le fonctionnement des écosystèmes


Chaque espèce a sa place dans l’écosystème, et va jouer un rôle dans le maintien des
écosystèmes. Plus un écosystème contiendra d’espèces, plus il sera diversifié. Les espèces
interagissent à plusieurs niveaux au sein de l’écosystème, l’exemple qui vient le plus souvent
à l’esprit est celui de la chaîne alimentaire (producteurs primaires, consommateurs primaires,
consommateurs secondaires et décomposeurs) mais il en existe d’autres : les relations de
prédation, les relations de parasitisme,…

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La biodiversité contribue aux aspects essentiels et indispensables à notre bien-être


qui comprennent :
 Biens fondamentaux – disposer d’une alimentation suffisante et de qualité, de matériaux
pour s’abriter, se vêtir, de fibres et de sources d’énergie comme le bois de chauffage ;
 Sécurité – avoir librement accès aux ressources naturelles ou autres, à la sécurité des
biens et des personnes face aux catastrophes naturelles et anthropiques ;
 Santé – se sentir en pleine forme, bénéficier d’un environnement physique sain, et d’une
bonne qualité de l’air, de l’eau et des soins ;

2.3. Importance de la biodiversité


La diversité de la vie a une valeur en soi, et nous en assumons tous la responsabilité
morale. La biodiversité est belle. Mais la biodiversité et les prestations fournies grâce à elle
par les écosystèmes revêtent aussi une grande importance économique.
• Incarnation de la beauté et de l'esthétique : la diversité de la nature est une source de
joie, d'inspiration et de détente. Cette relation se reflète dans l'art et la religion.
• Valeur existentielle : la biodiversité a en soi de la valeur, sans que l'être humain puisse
forcément en tirer profit. La simple conscience de son existence est une source de joie et
d'enrichissement.
• Consolidation des sols : les communautés riches en espèces présentent une variété de
systèmes racinaires qui garantit, dans les régions de montagne en particulier, que le sol se
maintienne partout, même sur les pentes raides.
• Elimination des déchets : le sol et les divers êtres vivants qui l'habitent aident à éliminer
les animaux et végétaux morts, de même que les polluants et les déchets produits par
l'homme.
• Régulation du climat : les plantes éliminent de l'atmosphère les gaz à effet de serre, tels
que le dioxyde de carbone, veillent à maintenir l'humidité par l'évaporation de l'eau et
abaissent la température au sol à un niveau agréable.
• Régulation du régime hydrique : forêts alluviales et marais favorisent la réduction
efficace des pics de crue et stockent les eaux souterraines conjointement avec d'autres
écosystèmes.
• Fourniture de médicaments : Plus de la moitié des médicaments les plus communément
prescrits dans les pays industrialisés, tels que l'aspirine, ont une origine naturelle
• Garantie en aliments précieux : certaines variétés fortement sélectionnées doivent
constamment être croisées avec des espèces apparentées présentes dans la nature pour
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conserver leurs caractéristiques (la valeur économique d'une colonie d'abeilles, plus le rôle
pollinisateur de plantes cultivées)

3. Evaluation de la biodiversité (Evaluation quantitative, qualitative et économique)

3.1. Mesure et évaluation de la biodiversité


Pour évaluer la biodiversité, il faut évidemment la mesurer. A priori, on pourrait
penser que la biodiversité est relativement facile à appréhender puisqu’il suffirait de
dénombrer à un endroit donné le nombre d’espèces qui y vivent. Une première approche
consiste à mesurer le nombre d’espèces présentes dans une région donnée (richesse
spécifique) ou le nombre d'allèles (copies différentes d’un même gène) qu'une espèce possède
pour un même locus.
L’évaluation de la biodiversité dépend de la vision de plusieurs points de vue :
 Pour les conservationnistes, cette mesure doit quantifier une valeur, qui est à largement
reconnue et considérée comme ayant besoin de protection.
 Pour les économistes, est une mesure qui permet de garantir le maintien de son
utilisation, de garantir son usage pour les générations futures,
 Pour les biologistes, iles soutiennent que cette mesure doit être associée à la notion de
variété des gènes, consiste à assurer la sauvegarde du plus grand nombre de gènes
possible (s’intéresseront aux mécanismes qui font que certaines espèces apparaissent
ou disparaissent dans un milieu donné)
 Les écologistes considèrent cette approche comme étant souvent inadéquate et trop
restrictive (vont, étudier la structure, le fonctionnement et l’évolution des écosystèmes).

3.2. Indices de la diversité spécifique


L’évaluation de la diversité d’un site est complexe, mais il existe des indicateurs
simples tel que le nombre d’espèces présentes, le nombre d’individus pour chaque espèces, le
nombre d’individus d’une espèce comparé au nombre d’individus présents toutes espèces
confondues….
Les indicateurs de biodiversité ont un double but : quantifier la « qualité » et la «
quantité » de la biodiversité d'une région.

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Les indicateurs composites : les indicateurs à paramètre unique ne sont pas du tout suffisant
pour décrire la biodiversité car ils ne fournissent qu'une vue partielle de la diversité. C'est
pourquoi, des indicateurs composites prenant en compte différents paramètres ont été mis au
point. Nous allons en voir deux ici :
a. L'indicateur de Shanon : se définit comme Sh=S -pi.ln(pi) ou les (pi) sont les
fréquences observées des espèces. Cet indicateur est un indicateur de l'équitabilité. Il prend
une valeur maximale pour les pi tous égaux à 1/n avec n le nombre d'espèces. Cet indicateur
est donc complémentaire de la richesse spécifique puisque à eux deux ils décrivent les deux
composantes de la diversité.
Indice de Shannon :

H’ : indice de biodiversité, i : une espèce


p(i) = ni / N où ni est le nombre d’individus de l’espèce et N est le nombre total d’individus,
toutes espèces confondues.
L’indice de Shannon doit être associé à l’indice de Simpson.

b. L'indicateur de Simpson : L'indicateur de Simpson se définit comme S=1-S pi² ou les


(pis) sont les fréquences observées des espèces. On peut l'interpréter comme la probabilité que
deux individus pris au hasard parmi la population soient d'espèces différentes. Cet indice est
d'autant plus grand que le nombre d'espèces est grand. Et pour un nombre fixé d'espèces, il est
d'autant plus grand que la répartition des fréquences est équitable. Cet indicateur prend donc
en compte les deux composantes de la diversité spécifique, ce que les autres ne faisaient pas.
Il est donc plus informatif que les précédents bien que d'appréhension moins directe.
Autrement dit, il est plus précis mais moins éloquent.

D = ∑ Ni (Ni-1)/N(N-1) ; D : Indice de Simpson, Ni : nombre d'individus de l'espèce


donnée, N : nombre total d'individus.
L’indice variera entre 0 et 1. Plus il se rapproche de 0, plus les chances d’obtenir des
individus d’espèces différentes sont élevées.

3.3. Diversité et abondance


L’abondance est une composante importante de la diversité qui doit être mise en
perspective avec la notion d’équitabilité, c’est-à-dire avec l'égalité de la répartition des

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individus parmi les espèces. Un grand nombre d'espèces fait augmenter la diversité
spécifique, et une distribution égale ou équitable parmi les espèces représente aussi une plus
grande diversité. Par contre, si la grande majorité des individus prélevés appartiennent à la
même espèce, on aura une faible diversité. Dans certains cas, l'abondance d'une espèce peut
constituer un bon indicateur de l'état de santé d'un écosystème.
Une richesse spécifique peut s'exprimer en :
o richesse totale correspond au nombre total d'espèces présentes dans un biotope ou une
station donnée.
o richesse moyenne correspond au nombre moyen d'espèces présentes dans les
échantillons d'un peuplement étudié.
Les deux grands gradients de variation de la richesse spécifique sont :
- le nombre d'espèces
- la surface sur laquelle sont présentées ces espèces.

3.4. Evaluation économique de la Biodiversité


Cet approche consiste d'une part à définir les valeurs attachées à la biodiversité, et
d'autre part porte sur les techniques disponibles pour mesurer les valeurs des services
écologiques, dont leur valeur économique.
Elles s'inscrivent dans une perspective de monétarisation d'éléments
environnementaux (temps, bruit, pollution, aménités, etc.). L’un des enjeux de cette
monétarisation est de changer la perception que nous avons de la biodiversité ; souvent
limitée « à quelques espèces emblématiques de faune ou de flore » ; Il est crucial de restituer
cette biodiversité sous l’angle de son omniprésence comme fondement de la vie et de ses
multiples interactions avec les sociétés humaines, que ce soit comme support à l’alimentation,
aux médicaments, aux grands processus biogéochimiques, à l’industrie chimique, ou encore à
l’inspiration créative. L’accent est donc mis sur ces multiples biens et services dont nos
sociétés humaines tirent bénéfice,
L’évaluation des services rendus à l'homme par la biodiversité estimée par le
professeur américain Robert Costanza à 33 000 milliards $ en 1997 soit 1 à 3 fois la valeur
du PIB mondial, repose sur un flou méthodologique.
L'évaluation peut porter :
 sur un aspect ou compartiment particulier de l'environnement exemple la forêt
 sur l'évaluation des services écosystémiques en général, au niveau planétaire ou pour un
territoire donné ou pour une population donnée ;
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À titre d'exemple, de 1 350 à 3 100 milliards d'euros seraient perdus par an à cause de
l'érosion de la biodiversité, selon une étude présentée le 29 mai 2008 à la conférence de
l'ONU à Bonn.
Ces évaluations partent de l'hypothèse que donner un prix à la biodiversité et d'aussi
donner un coût négatif aux phénomènes de destruction ou de surexploitation de milieux,
de ressources et d'espèces vivantes. Du point de vue de l'économiste, ces évaluations
pourraient aussi faciliter une meilleure hiérarchisation des enjeux et certains
choix stratégiques.

3.5. Estimation du capital naturel de la Biodiversité


Les impacts sur la biodiversité sont particulièrement difficiles à estimer.
Faut-il retenir la perte d’une valeur « d’existence » (préservation de la biodiversité comme
patrimoine) ? Ou faut-il retenir celle d’une valeur « marchande » (préservation de la
biodiversité pour son potentiel commercialisable) ?
 Dans le premier cas, la valeur d’existence d’une espèce sans usage médical ou
pharmacologique reconnu répondant à la question : combien vaut la protection d’une
espèce de plus ?
 Dans le second cas, la valeur marchande d’une espèce particulière à usage pharmaceutique
en l’occurrence le chiffre d’affaires des médicaments tirés de l’espèce en question).
 Un troisième cas peut être retenu : celui d’une firme qui consenti à payer pour protéger un
espace de diversité biologique afin de conserver l’option, à l’avenir, d’user de la
biodiversité ainsi préservée.
Exemple : pour l’Algérie, en 1998 ; un coût moyen de préservation de la biodiversité a
été utilisé au titre de valeur plancher s'établit à 0,21 % du PIB.

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L’évaluation économique de la biodiversité


On peut aborder l’évaluation économique de la biodiversité en cinq étapes :
1) La valeur instrumentale de la biodiversité ou l’émergence de l’évaluation économique de
la biodiversité : Les modalités de protection de la biodiversité dépendent du choix de la valeur
que l’on souhaite lui associer et sont le reflet du contexte éthique dans lequel l’homme choisit
de se placer. Les acteurs placés dans un référentiel où la vision anthropocentrée domine
préfèreront attribuer une valeur instrumentale à la biodiversité. (donner une valeur
économique à la biodiversité permet une gestion plus efficace et plus rationnelle de la
biodiversité).
2). La dimension sociale et temporelle liée aux valeurs économiques de la biodiversité :
Une fois le choix fait par la société d’appréhender la valeur de la biodiversité sous un angle
utilitariste, l’économie de l’environnement a développé le concept de « valeur économique
totale d’un écosystème » qui repose principalement sur deux types de mesures : les valeurs
d’usage et de non-usage de la biodiversité. La première mesure concerne les éléments fournis
par la nature et qui ont un marché sur lequel il est possible de relever des prix, ou qui ont des
substituts marchands à des prix observables. La seconde résulte de la volonté de donner une
mesure monétaire à des objets et des fonctions de l’écosystème n’ayant pas de marché : une
espèce rare, un paysage, une fonction de recyclage, une fonction récréative par exemple qui
ne disposant pas de prix observables.
3). La notion des services écosystémiques : un pont vers l’évaluation économique de la
biodiversité : l’approche par service écosystémique est devenue l’angle d’attaque le plus
utilisé pour appréhender la biodiversité, bien qu’elle offre une vision de la biodiversité
nécessairement tronquée. Elle est particulièrement privilégiée lorsqu’il s’agit réaliser des
évaluations économiques. Le recours à cette notion permet de contourner les difficultés à
tenter d’évaluer directement la valeur de la biodiversité. Plutôt que d’estimer la valeur d’une
zone humide, il est plus aisé de calculer la valeur des services qu’elle rend par exemple.
4). Les différentes méthodes existantes d’évaluation économique de la biodiversité
Différentes approches d’évaluation économique de la biodiversité ont été développées et sont
aujourd’hui utilisées en pratique. Il est important de garder à l’esprit que chaque méthode
apporte un éclairage différent et original. Plusieurs méthodes peuvent être utilisées
conjointement pour mieux capturer cette valeur qui reste difficile à évaluer. Valeur
économique totale Valeur d’usage Valeur de non usage Usage direct Usage indirect Option
Leg s Existence Biens et services d’utilité directe Biens et services d’utilité indirecte

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5). L’émergence des « valeurs tutélaires » de la biodiversité : La notion de valeur tutélaire


renvoie à l’idée de valeur de référence attribuée par la puissance publique. Bien que la
biodiversité et les services écosystémiques ne sauraient être assimilés à des « biens et services
marchands classiques », certains économistes pensent que le fait de leur attribuer une valeur
tutélaire permettrait de mieux les prendre en compte dans nos décisions quotidiennes et dans
la gestion des affaires publiques. Si elle semble être un moyen de prendre en compte la
biodiversité dans les évaluations préalables aux choix (notamment pour les projets
d’infrastructure), l’affectation de valeurs tutélaires à la biodiversité soulève des questions,
notamment sur la signification de ces valeurs.

4. Facteurs de variation de la biodiversité


Les facteurs jouant sur la diversité spécifique

4.1. Les facteurs abiotiques


Les facteurs abiotiques sont ceux liés à l'action du non-vivant sur le vivant. On peut les
classer dans différentes catégories comme les facteurs du sol, les facteurs climatiques et les
facteurs chimiques.
a) La Lumière : c’est le cordon ombilical de la terre, qui transmet l’énergie solaire aux
organismes terrestres. Elle conditionne l’activité photosynthétique, donc la productivité des
communautés végétales (Base de toutes les chaînes trophiques).Elle peut être un facteur
limitant.
- Adaptation phénologique (étude des phénomènes périodiques dans la vie des animaux et
des végétaux).
- Adaptation morphologique (disposition des feuilles sur la tige)
- Adaptation cellulaire (variabilité des pigments photosynthétiques)
- Le Photopériodisme (conditionnement de rythmes biologiques par la durée respective des
jours et des nuits.
b).La température : a une action directe sur les phénomènes métaboliques (respiration et
photosynthèse), 3 Règles écologiques chez les homéothermes :
 Règles de Bergemann
- Les espèces de grandes tailles se rencontrent sous climats froids et celles de petites
tailles sous climat chaud

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- Plus un animal est grand, Plus le rapport surface/volume est faible, plus les pertes de
chaleurs par convection sont faibles.
 Règles d’Allen
- Les mammifères des régions froides montrent une réduction importante de la surface
des oreilles, queue, cou, pattes. Les grandes oreilles sont des véritables dissipateurs
de chaleur.
 Règle de la fourrure
- Les animaux des régions froides ont des fourrures plus épaisses que celles des
animaux des régions chaudes, l’épaisseur de la fourrure augmente avec la taille de
l’individu.
- Adaptation chez les végétaux :Phanérophytes; Nanophanérophytes,
Chaméphyte ;Géophytes ; Thérophytes ; Hémicryptophytes……….
c). l'eau
70 à 90 % des tissus de beaucoup d'espèces en état de vie active sont constitués d'eau.
L'approvisionnement en eau et la réduction des pertes constitue des contraintes écologiques et
fondamentales chez les organismes vivants.
Cinq grandes catégories d'organismes en fonction de leurs besoins en eau :
- Espèces Aquatiques vivant en permanence dans l'eau
- Espèces Hygrophiles vivant où l'humidité atmosphérique est importante
- Espèces Hydrophiles vivant dans les milieux où le sol est gorgé d'eau
- Espèces Mésophiles supportent l'alternance saison sèche/humide
- Espèces Xérophiles vivant dans des lieux secs où le déficit en eau permanent
d). Autres facteurs
Beaucoups d'autres facteurs abiotiqus (PH et type de sol, niveau de précipitation, texture
du sol...) et le sol uniquement composé de 3 types de particules : Argiles, Limons, Sables.

4.2. Les facteurs biotiques


Les facteurs biotiques sont ceux liés à l'action d'un vivant sur un autre vivant. Il existe
deux catégories de facteurs biotiques : ceux liés aux relations intraspécifiques (même espèce)
et ceux liés aux relations interspécifiques (espèces différentes). Ces interactions sont soit de
type indirect ou direct.
a). Les relations Intraspécifiques
 L'effet de groupe (favorable à la population) : ensemble de modifications physio,
morpho ou de comportement qui interviennent lorsque plusieurs individus de la même
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espèce vivent ensemble. Plus la densité d'une population augmente, plus le succès
reproducteur augmente.
 L'effet de masse (défavorable à la population) : ensemble des modifications physio,
morpho ou de comportement qui interviennent lors de surpeuplement : Ressource
limitante.
 La compétition intraspécifique : lorsque la somme des demandes en nourriture, en eau,
en espace libre... est supérieur à ce qui est réellement disponible (augmentation de
maturité sexuelle, diminution du nombre de femelles gravides)
b) Les relations interspécifiques
 La compétition interspécifique : deux individus d’espèces différentes vont vouloir
accéder à la même ressource mais l’offre est inferieur à la demande.
Chez les animaux, Essentiellement pour la nourriture, chez les végétaux, se termine
rarement par l'élimination d'une espèce pour, établir d'un équilibre stable entre les espèces.
 La prédation :
- Relation antagoniste, entraîne la disparition d'un des deux individus. Seul le
prédateur en tire bénéfice
- Prédateurs polyphages, capables de se nourrir de déférentes espèces
- Prédateurs monophages, mangent des individus d'une seule espèce
 Le parasitisme : distinction pas évidente entre parasite et prédateur ; Parasite
monoxème: Un seul hôte ou Parasite hétéroxème: Plusieurs hôtes
 Le Commensalisme : relation entre deux individus d’espèces déférentes l'un profite de
l'autre sans lui nuire.
 La symbiose ou mutualisme : association de deux êtres vivants entraînant des
bénéfices réciproques.

5. Les différentes dimensions de la biodiversité


5.1. Dimension spatiotemporelle
La biodiversité peut d'une part être considérée selon sa dimension
- Temporelle : elle n'est pas statique, la biodiversité est un système en évolution constante,
du point de vue de l'espèce autant que celui de l'individu.
- Elle peut aussi être considérée dans sa composante spatiale : la biodiversité n'est pas
distribuée de façon régulière sur terre. La flore et la faune diffèrent selon de nombreux
critères comme le climat, l'altitude et les sols.

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5.2. Composition, structure et fonction de la biodiversité


D’une façon général, la biodiversité a 3 dimensions:
 composition (ce qui est présent)
 structure (comment les éléments présents sont organisés les uns aux autres)
 fonction (les processus qui génèrent la biodiversité et qui affectent la structure et la
composition

5.3. Niveaux de diversité (α, β et γ)


La diversité spécifique constitue incontestablement l’élément le plus connu de la
biodiversité, elle peut se décrire à différents niveaux. On distingue trois niveaux de diversité
spécifique:
a. Diversité spécifique d’un habitat α (alpha : La richesse en espèces au sein d’un
habitat uniforme tel qu’une lisière de forêt ou un marais sera influencée par la qualité et la
quantité des ressources telles que les nutriments, la lumière, le microclimat et l’apport nutritif,
les spécialistes parlent ici de diversité alpha (diversité alpha au niveau local)
b. Diversité spécifique d’un habitat β (Beta) : Le nombre d’espèces dans un paysage tel
qu’une vallée où une commune dépend du nombre des différents habitats, de la longueur des
lignes de bordure, de la qualité des zones de transition et des dimensions des surfaces
d’exploitation, les spécialistes parlent en l’occurrence de diversité bêta (les différentes
communautés locales qui sont comparées)
c. Diversité spécifique d’un pays γ (gamma) : C’est la diversité spécifique de tout un
pays ou d’une région biogéographique A une telle échelle. Les spécialistes parlent dans ce
contexte de diversité gamma

(La diversité γ et la diversité α peuvent


être calculées directement à partir
d’inventaires d’espèces; la définition la
plus simple de la diversité β est: β= γ/α)

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6. Inventaire des espèces


6.1.L'inventaire des espèces pour les sites de grand intérêt biologique (SGIB)
L'inventaire des espèces et surtout pour les sites de grand intérêt biologique (SGIB) a
pour but de recenser (identifier, localiser et décrire) les espaces naturels ou semi-naturels
terrestres ou aquatiques remarquables. Il rationalise le recueil et la gestion de nombreuses
données biologiques (faune, flore, habitats) et constitue un outil fondamental de la
connaissance scientifique du patrimoine naturel. Il apporte une information technique sur la
nature aux gestionnaires du territoire et constitue une base de réflexion pour l'élaboration
d'une politique de protection de la nature, en particulier pour les milieux les plus sensibles.
Un SGIB correspond à unité géographique englobant un ensemble d'unités d'habitat ou
de biotope homogènes adjacentes ou relativement proches (de l'ordre de 500 à 600 m
maximum, pour autant que la réalité terrain assure une certaine « continuité »
Un SGIB abrite au moins UNE espèce rare, menacée ou protégée , et/ou au moins
UN habitat rare, menacé ou protégé. Des sites ne présentant aucune espèce ni aucun habitat
rare, menacé ou protégé pourront néanmoins être proposés sur base d'un justificatif (critère
contextuel). Il s'agit par exemple de sites particulièrement bien représentatifs de l'une ou
l'autre station d'une espèce ou association végétale remarquables pour la région.
Plus les SGIB sont petits, plus ils sont nombreux et plus il faut en décrire. En milieu
ouvert comme en milieu fermé, un SGIB devra couvrir une surface minimale de 1000 m². Un
seuil minimal de 200 m² a été fixé pour ces « mini-polygones ». Pour ce qui est des éléments
allongés (abords d'un ruisseau par exemple), il conviendra de considérer des sites dont la
largeur moyenne sera de 20 mètres au moins (tout en conservant le seuil de surface minimum
de 1000 m²). Plus les SGIB sont grands, moins l'information devient précise et pertinente.

6.2. Les tailles d’inventaire les plus pratiques


1) L’inventaire floristique simple (10 000 m²) : Il s’agit d’un inventaire floristique
itinérant qui consiste à parcourir une aire donnée et d’en recenser les différentes espèces sur la
base de leur présence. C’est la méthode qui a été appliquée a l’échelle d’un hectare (100 m x
100 m). Méthode rapide et simple, elle est souvent sollicitée dans plusieurs cas notamment
lorsque la superficie a inventorier est relativement importante, ou lorsqu’on veut disposer de
la liste des espèces sur une aire donnée. Cette méthode présente l’avantage d’être rapide mais
ne considère pas la fréquence et le poids de chacune des espèces ; toutefois, elle permet une
bonne comparaison de la phytodiversité entre les biomes.

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2) Les relevés des ligneux (1 000 m²) : Les relevés phytosociologiques effectues dans
des placeaux de 1 000 m2 (rectangles de 50 m de long sur 20 m de large) ou dans des carres
de 30 × 30 m. Dans chaque placeau (homogène et représentatif) toutes les espèces ligneuses
sont recensées puis un coefficient d’abondance dominance (fréquence et poids de l’espèce) est
affecte a chacune d’elles. Ces coefficients qui prennent en compte le nombre d’individus ainsi
que leur recouvrement, sont estimes visuellement et exprimes en pourcentage. Sur la base de
certains critères (importance socio-economique, écologique, etc.). Pour ce faire, tous les
individus ligneux de diamètre à hauteur de poitrine (DHP) ≥ 5 cm et de hauteur ≥ 1,30 m sont
mesures en utilisant un compas forestier.
3) Les relevés de la strate herbacée (100 m²) : Les relevés de la strate herbacée sont
effectues sur des placeaux de superficie plus réduite en raison de leur plus grande sensibilité
aux variations des facteurs stationnels, leur nombre depend fortement de l’hétérogénéité du
site. Chaque faciès ou unité de végétation devra être pris en compte. Dans chacun des
placeaux les différentes espèces sont recensées (espèces herbacées comme ligneuses) et
chacune affectée d’un coefficient d’abondance-dominance exprimant sa fréquence et son
poids. Dans le cadre d’études spécifiques, la méthode des points quadras a quelque fois ete
utilisée sur des lignes de 25 a 50 points de lecture en vue d’apprécier la diversité floristique, la
fréquence spécifique et la contribution spécifique.
4) Appréciation de la régénération (25 m²) : Dans le souci de mieux apprécier la
dynamique des communautés et des espèces, des placettes de 25 m2 ont quelquefois été
installées dans les placeaux des ligneux. A l’intérieur de ces placettes le nombre d’individus
par espèce est compte et la hauteur de chacun d’eux est mesurée puis rangée plus tard dans les
différentes classes de hauteur : 0-0,5 m ; 0,5-1 m ; 1-2 m ; 2-4 m ; 4-8 m ; ≥ 8 m.

7. Etat de la biodiversité dans le monde, en Afrique, en Algérie


7.1. État de la biodiversité dans le monde
Depuis 1992 et la signature de la Convention sur la diversité biologique à Rio,
beaucoup de rapports montrent que de très nombreuses espèces disparaissent et que le
processus s’accélère, assimilant la situation actuelle à la sixième grande extinction qui s’est
produit sur Terre depuis l’origine de la vie et cela, à un rythme qui n’a jamais été égalé
auparavant.
Ce déclin selon un rapport d'une étude (2008) consacrée à l’économie des écosystèmes
et de la biodiversité conclut que sans actions fortes, la perte associée de services
écosystémiques s’accélérera, au rythme du début des années 2000, 11 % des espaces naturels
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existant en 2000 auront disparu avant 2050 et près de 40 % des sols exploités extensivement
(ce qui permet la survie d'une partie significative de la biodiversité ordinaire) seront
converties à l'agriculture intensive.
La surpêche, la pollution, les maladies et les espèces invasives pourraient causer la
disparition de 60 % des récifs coralliens d'ici 2030. Ceci menace le fonctionnement de la
planète et les économies et sociétés humaines conclue ce même rapport qui évalue qu'un
scenario de statut conduira à une « perte annuelle de bien-être due à la disparition de services
écosystémiques » pouvant atteindre 6 % du PIB mondial d’ici 2050.
Généralement, les chiffres varient fort d’une analyse à l’autre, mais en moyenne on
estime qu’un cinquième à un quart des espèces vivantes pourraient disparaître d’ici 2050 avec
des conséquences non-négligeables pour l’ensemble des écosystèmes. Certains estiment ainsi
que la vitesse d’extinction est plus rapide que la vitesse d’identification et de description des
espèces.

7.2. L’Afrique en général et l’Afrique du Nord


a) Pour l’Afrique
Se basant sur l’escalade de l’impact grandissant de l’homme sur l’environnement, on
peut proposer pour l’Afrique trois phases notamment les périodes précoloniale, coloniale
et postindépendance.
 De la première période, on retient que le mode d’appropriation des ressources était basé
essentiellement sur une agriculture itinérante de subsistance marquée par la jachère, la
chasse, la cueillette et la récolte. Elles exploitaient au maximum la prodigalité fortuite de
la nature, s’adaptant à leur milieu naturel environnant qu’ils ne modifiaient que de
manière infime et passagère pour trouver des sources de nourriture supplémentaires.
L’agriculture pratiquée pour des besoins de subsistance à une échelle limitée ainsi que
l’élevage n’ont eu que très peu d’impact sur la biodiversité. Il en est de même pour la
chasse, la cueillette et la récolte.
 La période coloniale est marquée, dans un premier temps, par la création du système de
grandes concessions commerciales comprenant notamment les grandes concessions
forestières et de vastes domaines voués aux cultures de rente. Ceci est accompagné par des
déplacements massifs des populations en enlevant aux paysans leurs meilleures terres au
bénéfice des trusts et des colons. Cette situation avait alors compromis l’équilibre du
système agricole traditionnel à longues jachères sans lui permettre de se rénover.

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 Avec l’avènement des indépendances africaines, l’ivresse de la liberté déclenche une


gueule de bois brutale qui s’exprime par une succession de tumultes, troubles politiques,
mauvaise gouvernance, guerres civiles, régimes autoritaires civils ou militaires. Pendant
cette période, malgré les changements sociaux et environnementaux consécutifs au partage
de l'Afrique, il n’a jamais été fait mention de possibles formes de rétrocession d’accès aux
ressources foncières au bénéfice des communautés ayant subi l’expropriation des terres.
b) Pour l’Afrique du Nord
L'Afrique du Nord présente une multitude de paysages et de milieux diversifiés. Cette
diversité est liée principalement à son climat. On peut identifier de nombreux types
d'écosystèmes: côtiers, insulaires, montagneux, désertiques, oasiens et de zones humides.
Les composantes de ces écosystèmes se sont constituées et développées sous des
conditions bioclimatiques très différentes des conditions présentes. En effet, les bioclimats
plus humides et moins contrastés durant le dernier pluvial, il y a environ 40 000 ans, ont
donné à la constitution des ressources en sols bien structurés ayant permis un important
développement biologique floristique et faunistique qui a beaucoup joué dans la consolidation
de l'équilibre des écosystèmes naturels. Ces anciennes richesses biologiques et édaphiques
constituent la base de la diversité biologique présente.
Les changements des bioclimats qui ont viré vers l'aridité survenue il y a 10 000 ans
ont affaibli l'équilibre naturel des écosystèmes. Ainsi le couvert végétal naturel climatique n'a
pu résister à l'aridité climatique que par des adaptations et une diminution de son pouvoir
couvrant.
L'apparition de notre espèce, il y a environ 4 millions d'années, a été suivie par
l'extermination progressive de certaines espèces animales et végétales du fait de leur
utilisation incontrôlée, par nos ancêtres, pour leur nourriture. L'ancienneté de la mise en
valeur des terres et l'exploitation des ressources naturelles qui se sont échelonnées sur plus de
3 millénaires ont augmenté la sensibilité des milieux et ont beaucoup affaibli leurs ressources.
C'est ainsi que les problèmes d'érosion et d'une façon générale de désertification agressent
dans des proportions diverses, l'ensemble des pays d'Afrique du Nord.
Les milliers d'espèces végétales nord africaines constituent pour la plupart des
ressources génétiques dont certaines sont des cas de spéciation à l'échelle planétaire. Certaines
sont d'intérêt économique pour être cultivables, oléagineuses, fourragères, aromatiques,
médicinales et ornementales.
La diversité faunistique en Afrique du Nord est remarquable par la représentativité des
mammifères, oiseaux, reptiles et poissons parfois menacés d'extinction.

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Les micro-organismes utiles comme ceux qui vivent dans le sol et y favorisent
certaines réactions comme la transformation de composés azotés insolubles ou d'autres
solubles donc disponibles pour les plantes qui les absorbent avec l'eau.
Le territoire de l'Afrique du Nord renferme encore une importante diversité biologique
liée à la grande variabilité des espèces de la faune et de la flore malgré l'exploitation,
l'utilisation et la destruction, involontaire soit - elle, de la richesse naturelle originelle.
L'Afrique du Nord, du point de vue géographique et climatique appartient au bassin
méditerranéen mais aussi à la zone d'influence du Sahara.
Le climat et la végétation sont marqués par les phases de transition entre le climat
méditerranéen humide de la côte Nord et le climat aride du Sud.
La flore de l'Afrique du Nord comprend de nombreuses espèces végétales dont
beaucoup sont précieuses comme ressources génétiques et certaines constituent des
spéciations à l'échelle du globe terrestre. Les plantes ayant une valeur économique actuelle ou
potentielle comprennent les espèces autochtones, des espèces cultivables, des plantes
fourragères, des espèces ligneuses des plantes oléagineuses ou fibreuses, les plantes
aromatiques et des plantes médicinales. Sur le plan faunistique, la diversité biologique offre
plus d'une centaine de Mammifères, quelques centaines d'oiseaux et plus de 500 espèces de
reptiles et de poissons. Cependant, tous les grands mammifères sont considérés comme
espèces menacées. Les hyènes, les cerfs et les gazelles sont considérés comme espèces rares
et en danger.

7.3. Etat général de la biodiversité en Algérie


La biodiversité algérienne globale (naturelle et agricole) compte environ 16000
espèces, mais l’économie algérienne n’utilise que moins de 1% de ce total. Il faut signaler les
autres caractéristiques de la flore algérienne, à savoir:
 Les 3139 espèces de spermaphytes décrites totalisant 5402 taxons en tenant compte des
sous-espèces, de variétés et autres taxons sub-spécifiques ;
 Les 67 espèces végétales parasites (10 autres seraient inconnues) ;
 Environ 1000 espèces présentent des vertus médicinales (60 autres espèces seraient
encore inconnues) ;
 Les 1670 espèces (soit 53,20% de la richesse totale algérienne) sont relativement peu
abondantes et se présentent comme suit : 314 espèces assez rares (AR), 590 espèces rares
(R) et 730 espèces très rares (RR) ;
 Prés de 700 espèces sont endémiques ;
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 226 espèces sont menacées d’extinction et bénéficient d’une protection légale (décret n°
93– 285 du 23 novembre 1993).
 Concernant la flore lichénique, 850 espèces ont été recensées dont, environ, 150 espèces
sont menacées.
 Pour le phytoplancton, les algues marines et les macrophytes, 713 espèces ont été
recensées.
 Pour les champignons, plus de 150 espèces sont connues.

La population faunistique connue totalise 4 963 taxons dont un Millier de vertébrés.


Cette dernière catégorie est représentée notamment par les classes suivantes : les poissons
(300), les reptiles (70), les oiseaux (378) et les mammifères (108).

8. Statut juridique de la biodiversité


8.1. Accords de sommet des Nations Unies à Rio
Lors du sommet des Nations Unies à Rio en 1992, les dirigeants mondiaux se sont
réunis pour une conférence sur l'environnement et le développement. Parmi les accords signés
à l'issue de cette rencontre figure la Convention sur la diversité biologique, à être consacrée au
maintien et à l'utilisation durable de la biodiversité. Cet accord a très vite bénéficié d'une large
acceptation: il a été signé sur place par plus de 150 gouvernements et compte désormais plus
de 180 états membres. Il est entré en vigueur le 29 / 12 /1993.
La Convention a trois objectifs principaux: conserver la diversité biologique; utiliser la
diversité biologique de façon durable et partager les avantages de la diversité biologique de
façon juste et équitable.
Profondément préoccupée par les incidences sociales, économiques, écologiques et
culturelles de l'appauvrissement de la diversité biologique, l'Assemblée générale des Nations
Unies a décidé en décembre 2006 de déclarer 2010 Année internationale de la biodiversité
dans l'espoir de voir les états et les autres acteurs de la communauté internationale mettre cet
événement à profit pour sensibiliser la société à l'importance de la biodiversité et entreprendre
des actions au niveau

8.2. Les lois et leurs impacts sur l’aménagement


La consommation d’espaces due aux projets d’aménagements du territoire
(infrastructures de transport, habitations, carrières……) est une des causes majeures d’érosion

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de la biodiversité. Dans ce contexte, et selon la réglementation en vigueur, les aménageurs


doivent intégrer pleinement la biodiversité dans la conception des projets d’aménagements.
Ceci passe par la définition de mesures permettant d’éviter, réduire, puis compenser les
impacts résiduels sur la biodiversité, de la phase de travaux à la phase d’exploitation des
projets.

8.3. Législation sur la conservation


- La Loi sur les parcs, sert de cadre législatif à la création de parcs. La loi interdit la chasse et
l'extraction des ressources dans les parcs,
- La Loi sur les réserves écologiques, traite de l'établissement de réserves écologiques. Les
réserves sont établies pour : maintenir les habitats dans leur état naturel - conserver certains
secteurs pour la recherche scientifique et l'éducation - protéger les espèces vulnérables ou en
danger de disparition.
- La Loi sur les espèces menacées ou vulnérables c'est la loi provinciale qui assure la
protection juridique des espèces menacées ou en danger.
- La Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune concerne la protection des
populations fauniques.
- Lois sur la protection de l'environnement vise l'établissement de programmes de
conservation, souligne les plans qu'il faut adopter pour protéger et gérer l'environnement et
établit des plans d'intervention d'urgence qui aident à prévenir toute forme de contamination
ou de destruction de l'environnement.

8.4. Habitats protégés


L'Union mondiale pour la nature (UICN) définit en ces termes une aire protégée :
Espace terrestre et(ou) marin voué expressément à la protection et au maintien de la diversité
biologique et des ressources naturelles et culturelles connexes et aménagé par des moyens
juridiques ou d'autres moyens efficaces. L’UICN a élaboré un système international de
classification des aires protégées dans le monde entier qui comporte six catégories distinctes :
 Cat. I: Réserve naturelle intégrale : aire protégée gérée principalement à des fins
scientifiques.
 Cat. II: Parc national : aire protégée gérée principalement dans le but de protéger les
écosystèmes à des fins récréatives.
 Cat. III: Monument naturel : aire protégée gérée principalement dans le but de préserver
des éléments naturels spécifiques.

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 Cat. IV: Aire de gestion des habitats ou des espèces : aire protégée gérée principalement à
des fins de conservation, avec intervention au niveau de la gestion.
 Cat. V: Paysage terrestre ou marin protégé : aire protégée gérée principalement dans le
but d'assurer la conservation de paysages terrestres ou marins à des fins récréatives.
 Cat. VI: Aire protégée de ressources naturelles gérées : aire protégée gérée principalement
à des fins d'utilisation durable des écosystèmes naturels.

II. Changements globaux


1. Notion de changements globaux
Un changement global est un phénomène qui touche le monde entier. Le sujet d'étude,
le plus médiatisé ces dernières années est le phénomène climatique de réchauffement
climatique et ses causes anthropiques.
Le changement global donc, concerne toutes les modifications majeures engendrées
tant par les activités anthropiques que par les facteurs naturels.
La réalité du changement climatique, et en particulier celle de l’augmentation de la
température moyenne à la surface du globe, n’est plus mise en doute. Même si des
controverses existent encore sur son origine, de nombreux arguments indiquent que ce
changement climatique est corrélé à une augmentation de la température résultant de l’activité
humaine (augmentation de la production de gaz à effet de serre). La température moyenne
s’est élevée au cours du siècle passé avec une nette augmentation durant les vingt dernières
années. Tout indique qu’en raison de l’inertie des grands systèmes climatiques à l’échelle du
globe, ces changements vont s’accélérer au cours du XXIe siècle avec un réchauffement
global de l’ordre de 1,4 °C à 5,8 °C, une élévation du niveau marin d’environ 50 cm et un
renforcement du cycle hydrologique. Durant la même période, la concentration atmosphérique
en CO2 aura probablement doublé. Cependant, le changement global ne se limite pas aux
seuls changements du climat et de la composition de l’atmosphère. D’importantes
modifications liées aux changements d’usage des terres et des milieux aquatiques sont
attendues ou sont déjà observées. Ces modifications d’usage sont de deux types :
 une intensification des usages dus à l’accroissement de la pression anthropique
(aménagement, déforestation, intensification agricole, surexploitation, pollutions diverses,
introduction d'espèces, …)
 un abandon des usages (déprises agricoles, reforestation…).

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2. Changements climatiques
2.1. Concept et causes de changements climatiques
Les changements climatiques ne datent pas d’hier. Les modifications de notre climat
sont en effet aussi anciennes que notre planète Terre.
Les grandes tendances de la température planétaire au cours des temps géologiques
montrent que le climat a été généralement plutôt chaud, hormis au cours des 5 ères glaciaires.
La dernière étant celle du quaternaire, dans laquelle nous vivons actuellement.
Le changement climatique actuel n’est cependant pas à considérer comme une
modification ordinaire. Par son ampleur et sa rapidité, le réchauffement de notre climat peut
être réellement qualifié d’extraordinaire dans l’histoire de notre planète.

2.2. Effet de serre et principaux gaz responsables «additionnel»


Depuis la révolution industrielle (années 1750), avec le développement des modes de
vies et de consommations quotidiennes, les activités humaines émettent des gaz à effet de
serre (GES) supplémentaires qui s’accumulent dans l’atmosphère et retiennent davantage de
chaleur qu’à l’état naturel. C’est ce qu’on appelle l’effet de serre « additionnel », qui
provoque un réchauffement accru de l’atmosphère et dérègle nos climats.
Le développement économique des pays industrialisés s’est construit sur la production
et la consommation croissantes d’énergie d’origine essentiellement fossile (charbon, pétrole et
gaz). Ainsi, l’industrie, les transports ou encore l’habitat, qui utilisent massivement ces
énergies, émettent dans l’atmosphère d’énormes quantités de GES qui perturbent le cycle
naturel du carbone. Entre 1970 et 2004 par exemple les émissions mondiales de GES ont
augmenté de 70%!
Le changement climatique actuel, donc est principalement lié à l'émission des gaz à
effet de serre provenant des activités humaines. Ces émissions d'origine anthropique sont dûes
pour plus de 3/4 au seul dioxyde de carbone (CO₂). La consommation des énergies fossiles
(production d'énergie, carburant des véhicules, chauffage de l'habitat, industrie) est, de loin, le
secteur le plus incriminé. Mais il ne faut surtout pas oublier le changement d'occupation des
terres, incluant la déforestation, qui se situe à la seconde place en terme de responsabilité dans
l'augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre (17% des émissions
mondiales).

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Les principaux gaz responsables de l’effet de serre «additionnel»


 Le dioxyde de carbone (CO2) représente 77 % des émissions de GES d’origine humaine.
Il résulte essentiellement de la combustion des énergies fossiles (transport, industrie,
agro-alimentaire, habitat, etc.) et du changement d’utilisation des sols (agriculture et
déforestation).
 Le méthane (CH4) est principalement émis par le secteur agricole (rizières, élevage des
ruminants, déjections animales). Le reste provient de la production des énergies fossiles
et des décharges.
 Le protoxyde d’azote (N2O) est surtout produit par le secteur agricole (épandage
d’engrais azotés sur les sols) et certaines industries chimiques.
 Les gaz fluorés (HFC, PFC, SF6) n’existent pas à l’état naturel. On les trouve dans les
systèmes de réfrigération et de climatisation, dans les aérosols et les mousses isolantes et
dans certains procédés industriels.

2.3. Les caractéristiques des changements climatiques


Les modèles climatiques actuels prévoient un réchauffement de la planète d’environ
1,4 - 5,8°C entre 1990 et 2100.
Ces projections reposent sur un large éventail d’hypothèses concernant les principaux
facteurs à l’origine des émissions futures (comme la croissance démographique et les
changements technologiques), mais ne présument la mise en œuvre d’aucune politique de
réduction des émissions. Même une hausse de 1,4°C serait plus importante que tout ce que
l’on a connu au cours des 10 000 dernières années.
Il est prévu que le niveau moyen de la mer s’élèvera de 9 à 88 cm, d’ici à 2100. Cette
hausse est essentiellement due à la dilatation thermique des couches supérieures de l’océan à
mesure qu’elles se réchauffent et, dans une moindre mesure, à la fonte des glaciers.
Avec la hausse des températures mondiales, la planète devrait connaître davantage de
jours chauds et de vagues de chaleur et moins de jours de gel et de vagues de froid.
Les modèles climatiques montrent par ailleurs de manière constante que les
phénomènes extrêmes de précipitations deviendront plus fréquents dans de nombreuses zones
et que les risques de sécheresse seront plus importants dans les régions continentales en été.
Il existe certains indices qui montrent que les ouragans pourraient être plus intenses
(avec des vents plus forts et des précipitations plus abondantes) dans certaines régions.
Les modèles concordent rarement sur l’évolution des tempêtes dans les latitudes
moyennes.

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Les connaissances sur d’autres phénomènes, comme les orages et les tornades, ne
permettent pas actuellement d’établir des projections.

3. Impact des Changements sur le milieu et la végétation

3.5. Impact sur le milieu


La perturbation de l’équilibre atmosphérique qui cause les changements climatiques
s'exprime par une augmentation des températures moyennes sur Terre, modifiant ses
caractéristiques physiques, chimiques et biologiques. Ils affectent l’ensemble de la population
mondiale et la biodiversité planétaire.
Les changements climatiques affectent de différentes façons l’environnement, la
planète et les humains qui l’habitent et voici un aperçu de ce qui est déjà observé, ainsi que
les prévisions relatives aux changements climatiques.
a) Eau
Les changements climatiques sont responsables de la fonte des glaces, dont le rythme
s’est accéléré depuis les dernières années. La fonte massive des glaces augmente la masse
d’eau, occasionnant une élévation du niveau de la mer. Les élévations prévues sont de 9 à
88 cm entre 1990 et 2100. Cette situation aura des conséquences néfastes sur les basses terres
côtières où vit une très grande partie de la population mondiale. Déjà, en 2008, les désastres
reliés au climat auraient causé le déplacement de 20 millions de personnes (IOCHA and
IDMC, 2009).
De plus, les ressources en eau potable seront affectées. Par exemple, l’augmentation
des températures pourraient occasionner une baisse considérable du niveau d’eau des Grands
Lacs, en raison d’une plus grande évaporation. Cette diminution de la quantité d’eau potable
pourrait être problématique et s’avérer une cause majeure de conflits entre les nations. La
qualité de l’eau des lacs sera aussi à surveiller, car la prolifération des algues bleu-vert
pourrait s’intensifier dans le contexte des changements climatiques.
b) Précipitation, sécheresse et climat extrême
Les changements climatiques bouleversent déjà les patrons de précipitations. Ces
bouleversements seront accompagnés d’une augmentation de la fréquence et de l’intensité des
événements climatiques extrêmes : sécheresses, inondations, canicules, pluies fortes et
abondantes, tornades... Ces événements climatiques, souvent à l’origine de catastrophes,
pourraient se produire plus fréquemment dans le futur.
c) Santé

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La plupart des scientifiques reconnaissent maintenant que les changements climatiques


auront de graves conséquences sur la santé humaine, plusieurs impacts sur la santé, dont
l’augmentation des maladies respiratoires comme l’asthme, des cancers de la peau, des
malaises et des mortalités liées à des chaleurs intenses. Aussi l’augmentation des maladies
transmises par les insectes et les animaux est à prévoir.

d) Impacts sur la faune


Les différents éléments de la chaîne trophique se décalent à des rythmes variés face
aux changements climatiques, ce qui provoque nécessairement des déséquilibres dans les
interactions entre espèces. (Par exemple, les oiseaux qui migrent sur de grandes distances
pourraient voir leurs aires de reproduction et d’hivernage être modifiées).
Les changements climatiques pourraient avoir de lourdes conséquences sur la
démographie des espèces (exemple la modification du synchronisme dans les associations
plantes-pollinisateurs),
Les cycles prédateur-proie subiront aussi des transformations suite aux changements
climatiques. Les impacts les plus sévères seront cependant l’hiver, alors que la survie, la
distribution et l’abondance des mammifères qui hibernent, des amphibiens, des oiseaux
sédentaires et des insectes entrant en diapauses pourraient être affectées.

3.6. Impact sur la végétation


a) Le rôle du climat dans l'écologie des espèces

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Le rôle du climat dans l'écologie des espèces


Le climat a un impact important sur les espèces et les écosystèmes tel que les effets
directs de la température sur la physiologie des organismes, les effets directs de précipitation
sur les espèces (le stress hydrique qui détermine la répartition des différents types de
végétation. Généralement, Pour de nombreuses espèces, le climat a des effets indirects (via
surtout les précipitations et la température) sur l'approvisionnement alimentaire et donc la
chaîne alimentaire.
- Changements dans les populations et Biologie de la reproduction
Le type de changement climatique (baisse ou hausse de la température, par exemple) aura
un impact sur la conservation des espèces. En effet, certaines s’adapteront parfaitement à une
hausse des températures, tandis que d’autres s’accommoderont d’une baisse. La disparition
de certaines espèces sera suivie par un accroissement de groupes tels que les espèces
exotiques envahissantes, les vecteurs de maladies, et les pestes agricoles.
Par exemple, Les œufs de Tortue peinte (Chrysemys picta) produits lors de conditions
plus chaudes donnent des descendants de sexe féminin, tandis que les mâles sont produits
dans des conditions plus fraiches.
- Changements de la phénologie
Un certain nombre d'études ont montré que les changements à long terme de la phénologie
pourraient être causés par le changement global du climat.
Par exemple, l’avancée de la date de reproduction chez l'Hirondelle bicolore (Tachycineta
bicolor), la migration des oiseaux sur long terme, le temps de commencement de La
reproduction des amphibiens….
- Changement dans la répartition géographique
Le climat est un facteur déterminant de la répartition géographique de nombreuses espèces.
Des déplacements vers le nord de la répartition de plusieurs espèces ont été constatés
récemment, c’est le cas par exemple des oiseaux, des mammifères ou encore des papillons.
En montagne, les changements climatiques sont plus rapides avec l'altitude (environ 1 ° C
par 160 m) qu’avec la latitude (environ 1 ° C par 150 km). Par conséquent, des changements
climatiques rapides en montagne sont ainsi à prévoir.
Par exemple, des études de la répartition de quelques espèces de plantes montagnardes dans
les Alpes a permis de montrer une augmentation de la richesse spécifique dans les altitudes
plus élevées au cours des dernières années. Ainsi pour les distributions de forêt de Pins
ponderosa (Pinus ponderosa) et de genévrier (Juniperus monosperma) au Nouveau-Mexique

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sont sensibles aux niveaux d’humidité qui varient avec l'altitude.


- Changements au niveau des communautés et des écosystèmes
Les différents types de végétation terrestres sont en grande partie conditionnés par la
combinaison température/précipitation. Ainsi la végétation est sensible aux modifications de
la température qui se produisent actuellement, et qui auront lieu les décennies à venir.
Par exemple, des études ont permis de montre qu’elle était également sensible à
l’augmentation des concentrations de dioxyde de carbone (CO2). Ainsi la combinaison
changement climatique et augmentation des émissions de CO2 peuvent en partie expliquer
les récents changements observés dans les communautés végétations tempérées, tropicales et
arctique.
- Le risque d'extinction
La contribution des changements climatiques à la crise d’'extinction dépend de la rapidité à
laquelle les espèces peuvent répondre aux changements. Le changement climatique en cours
est une source supplémentaire de stress pour les espèces déjà menacées par l’impact
anthropique et les changements environnementaux mondiaux.
Par exemple, Les populations d’amphibiens pourraient subir un déclin à l’échelle
mondiale. Les effectifs d'amphibiens sont sensibles aux fluctuations du calendrier et de la
quantité des précipitations.
Le réchauffement de la planète peut également être indirectement lié au déclin des
amphibiens via le rayonnement UV. L'augmentation des températures est associée à une
diminution du carbone organique dissous dans les lacs, ce qui donne lieu à une pénétration
accrue du rayonnement UV-B.
- Les cas des hotsposts
Les espèces endémiques qui ont une aire de répartition limitée peuvent être particulièrement
vulnérables, qu’il nécessite de donner la priorité aux mesures de conservation dans les
hotspots de biodiversité, qui regroupent une importante richesse spécifique et un endémisme
élevé.
Certains hotspots (Région floristique du Cap, des Caraïbes, Bassin méditerranéen, Andes
tropicales) verraient plus de 3000 de leurs espèces végétales disparaitre et pour d’autres
(Caraïbes, indo-Birmanie, et tropicale des Andes) plus de 200 espèces de vertébrés

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b) Biodiversité et changement climatique


Reliées par les cycles du carbone et de l’eau, les dynamiques de la biodiversité et du
climat ont des relations interdépendantes en équilibre fragile nourri aux échelles locales et
mondiales. Ainsi, le climat est à l’origine de la diversité biologique actuelle tandis que cette
biodiversité participe à la régulation du climat.
La diversité des écosystèmes actuels est en grande partie liée au climat et aux
changements que la Terre a connus au cours de son histoire, y compris les précédents
effondrements de biodiversité, et qui ont permis aux espèces animales et végétales de tisser
des liens et d’évoluer ensemble pour s’adapter aux milieux dans lesquels elles vivent.
À l’inverse, la diversité des espèces végétales et la répartition des différents types de
paysages influencent directement le climat au niveau local via l’évapotranspiration et la
hauteur de la végétation notamment. De plus, la biodiversité agit également sur la régulation
du climat mondial à travers, par exemple, les plantes qui absorbent du dioxyde de carbone et
produisent, maintiennent et stabilisent l’oxygène atmosphérique.
Le changement climatique et l’érosion de la biodiversité ont des effets qui s’aggravent
mutuellement. Le changement climatique auquel sont associées les évolutions de température,
de précipitation et de pH des eaux agit sur l’érosion de la biodiversité de différentes manières
:
 espèces invasives ;
 modification des habitats en raison des migrations des espèces végétales qui suivent les
isothermes et les isohyètes qui leur conviennent ;
 rupture des relations complexes, symbiotiques ou commensales,
 modification des cycles de vie de la faune et de la flore (périodes de migration, de
reproduction, de floraison, de ponte, chaîne trophique, etc.) ;
 acidification des océans.

c) La conséquence du changement climatique sur la biodiversité


Le réchauffement climatique pourrait engendrer des températures auxquelles la
végétation locale n’est pas adaptée et qui ne seraient pas synchronisées avec les
photopériodes. Les changements phénologiques appréhendés permettent d’anticiper un
déséquilibre dans le cycle vital de plusieurs espèces et sans doute des extinctions locales pour
les espèces ayant moins de flexibilité d’adaptation.

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Le déplacement des zones climatiques engendre à la fois une redistribution


géographique et une transformation de la composition des communautés végétales et
animales. Poussées vers les hauteurs ou vers des latitudes plus élevées, les espèces migrent,
modifiant ainsi leur aire de distribution. Cette réorganisation des communautés pose le
problème de la capacité d’adaptation des espèces. Les espèces spécialisées, comme celles des
massifs montagneux, semblent les plus vulnérables. Déjà en conditions extrêmes, situées au
sommet des montagnes, elles se retrouveraient sans opportunités de migration vers des
habitats plus froids, et pourraient disparaître. Des dysfonctionnements apparaissent aussi dans
les relations entre espèces
Le degré des modifications des conditions environnementales liées aux changements
climatiques peuvent exacerber les pressions qui touchent la biodiversité doit viser à préciser :
 les liens entre la biodiversité et le climat et les impacts des changements climatiques sur la
biodiversité
 les impacts de la diminution de la couche d’ozone et l’augmentation de la concentration de
l’ozone troposphérique sur la biodiversité,
 les impacts de l’augmentation de la concentration du gaz carbonique dans l’atmosphère sur
la biodiversité,
 le partage des responsabilités entre les acteurs impliqués par ces impacts et la stratégie
pour le renforcement des capacités pour réduire ces impacts.

d) Diversité biologique, écosystèmes et changement climatique


La composition et la répartition géographique des écosystèmes évolueront à mesure
que les différentes espèces réagiront aux nouvelles conditions créées par les changements
climatiques. Les espèces qui ne peuvent s’adapter suffisamment rapidement risquent de
disparaître, ce qui représenterait une perte irréversible.
Les forêts s’adaptent lentement aux nouvelles conditions. Les relevés, les expériences
et les modèles montrent qu’une augmentation constante de 1°C seulement des températures
planétaires moyennes affecterait le comportement et la composition des forêts. La
composition des espèces dans les forêts existantes se modifiera, alors que de nouvelles
combinaisons d’espèces, et par conséquent de nouveaux écosystèmes, pourraient apparaître.
Les autres stress dus au réchauffement comprendront notamment l’augmentation des
ravageurs, des agents pathogènes et des incendies. Etant donné que l’on s’attend à ce que les

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régions de haute latitude se réchauffent davantage que les zones équatoriales, les forêts
boréales seront plus touchées que les forêts tempérées et tropicales.

Les forêts jouent un rôle important dans le système climatique. Les forêts sont un
important réservoir de carbone, contenant 80% environ du total du carbone stocké dans la
végétation terrestre et quelques 40% du carbone présent dans les sols. D’importantes quantités
de carbone risquent d’être émises dans l’atmosphère lorsqu’un type de forêt est remplacé par
un autre si la mortalité libère le carbone plus vite que le renouvellement et la croissance ne
l’absorbent.
Les forêts ont également une incidence directe sur le climat à l’échelon local, régional
et continental puisqu’elles affectent la température au sol, l’évapotranspiration, la
perméabilité du sol, l’albédo (ou réflectivité), la formation des nuages et les précipitations.
Les déserts et les écosystèmes arides et semi-arides risquent de connaître des
conditions plus extrêmes. A quelques exceptions près, les déserts deviendraient plus chauds
mais pas beaucoup plus humides. La hausse des températures pourrait menacer les organismes
qui sont proches de leur seuil limite de tolérance à la chaleur.
Les saisons d’exploitation des prairies pourraient varier. Les pâturages servent à
nourrir environ 50% du bétail de la planète, sans compter la faune sauvage. Une modification
des températures et des précipitations pourrait entraîner une nouvelle répartition des
pâturages, des maquis, des forêts et des autres écosystèmes.
Pour les régions montagneuses, la diminution prévue des glaciers de montagne, du
pergélisol et du stock de neige aura des répercussions supplémentaires sur la stabilité des sols
et les systèmes hydrologiques (la plupart des grands cours d’eau prennent leur source dans les
montagnes). A mesure que les espèces et écosystèmes seront forcés d’émigrer vers les
hauteurs, ceux dont les habitats climatiques correspondent déjà aux sommets des montagnes
risquent de n’avoir nulle part où aller et de disparaître.
L’agriculture, le tourisme, l’énergie hydroélectrique, l’exploitation des forêts et
d’autres activités économiques pourraient également être affectés.
Les ressources en aliments et en combustibles des populations autochtones de
nombreux pays en développement pourraient être perturbées.
Les zones humides non soumises aux marées pourraient également diminuer. Ces
plans d’eau et ces terrains marécageux servent d’abris et de lieux de reproduction à de
nombreuses espèces. Elles contribuent aussi à améliorer la qualité de l’eau et à maîtriser
sécheresses et inondations. Un réchauffement du climat accentuera le recul des zones humides

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du fait d’une évaporation plus importante. En altérant leurs régimes hydrologiques, les
changements climatiques auront une influence sur les fonctions biologiques, biochimiques et
hydrologiques de ces écosystèmes ainsi que sur leur répartition géographique.

e) Aires protégées, menaces des changements climatiques et recommandations


Les menaces spécifiques aux AP et aux services écologiques rendus, sont nombreuses et
diversifiées parmi eux:
 les changements dans la fréquence des incendies de forêt;
 l’augmentation de l’incidence des épidémies d’insectes;
 l’augmentation des évènements météorologiques extrêmes (sécheresses.., )
 les modifications des aires des espèces (expansion, déplacement…,)
 l’arrivée d’espèces exotiques et/ou envahissantes;
 les changements non linéaires de l’environnement;
 l’acidification, l’érosion des rives et la montée des eaux marines;
 la diminution du débit, la concentration des polluants de l’eau douce;
 l’assèchement et le changement physico-chimique des milieux humides.
La littérature scientifique propose plusieurs recommandations pour aider les AP déjà
établies à mieux répondre aux impacts des CC et à permettre l’adaptation et le maintien de la
biodiversité.
La façon d’améliorer le réseau d’AP pour faire face aux CC est d’augmenter leur
nombre et leur superficie. Pour que le réseau soit efficace, la méthodologie de sélection des
sites à conserver doit être optimale afin de répondre aux objectifs prédéfinis d’un réseau. Pour
ce faire, nous pouvons bâtir sur les approches déjà utilisées (approche écosystémique,
approche par espèce, représentativité), en complément avec des approches spécifiquement
adaptées pour l’établissement des AP dans un contexte de changements globaux. Le principal
problème des approches de gestion utilisées jusqu’à présent, est que les AP y ont été
sélectionnées dans l’optique de conserver des éléments considérés comme stables dans
l’espace et dans le temps, c’est-à-dire des écosystèmes typiques d’un pays, des aires de
répartition d’espèces vulnérables, etc. Conséquemment, les parcs et les réserves ont le mandat
général de préserver un site dans son état actuel à perpétuité.
Afin de modifier cette vision et d’améliorer la sélection des AP dans un contexte de
CC, les recommandations suivantes sont proposées dans la littérature scientifique:
• intégrer des projections climatiques à fine échelle lors de la sélection des sites;

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• protéger préférentiellement des zones à risque et des refuges climatiques;


• favoriser la protection de la diversité à toutes les échelles (variation bioclimatique, diversité
génétique, hétérogénéité élevée, zones de transition);
• utiliser toute la gamme de catégories et de gouvernance des réserves disponibles.

f) Mesures d’adaptation aux changements climatiques


L’action de l’homme peut aider les écosystèmes naturels à s’adapter aux changements
climatiques. En créant des couloirs de migration naturels et en aidant certaines espèces à
migrer, on pourrait exercer une action positive sur les écosystèmes forestiers. Le reboisement
et la "gestion intégrée" des incendies, des ravageurs et des maladies peuvent également jouer
un rôle utile. On pourrait intervenir sur les prairies en sélectionnant des variétés de plantes, en
réglementant les élevages et en introduisant de nouvelles stratégies de pâturage. On pourrait
restaurer, voire créer, des zones humides. Les terres désertiques pourraient mieux s’adapter si
l’on encourageait l’introduction d’espèces tolérantes à la sécheresse et de meilleures pratiques
de conservation des sols.

Les systèmes écologiques et socio-économiques les plus vulnérables sont ceux qui
sont les plus sensibles aux changements climatiques et les moins capables de s'adapter.
L'adaptabilité est la mesure dans laquelle les systèmes sont capables de s'ajuster aux nouvelles
conditions ou de les anticiper. La vulnérabilité correspond aux dégâts ou effets nocifs
éventuels que peuvent entraîner des changements climatiques pour un système; cela dépend
non seulement de la sensibilité du système mais aussi de sa capacité d'adaptation.
Les écosystèmes qui subissent déjà des pressions sont particulièrement vulnérables.
De nombreux écosystèmes sont sensibles aux méthodes de gestion non durable appliquées par
l'homme et aux demandes croissantes qui s'exercent sur les ressources. C.est ainsi que les
activités humaines peuvent limiter le potentiel d'adaptation naturelle des écosystèmes aux
changements climatiques.
Les systèmes sociaux et économiques ont tendance à être plus vulnérables dans les
pays en développement dont les économies et les institutions sont plus fragiles. De plus, les
populations vivant dans des régions arides ou semi-arides, des zones côtières de faible
élévation, des zones sujettes aux inondations ou de petites îles, sont particulièrement
exposées.

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L'augmentation de la densité des populations dans de nombreuses parties du monde a


rendu certaines zones sensibles plus vulnérables à des risques comme les tempêtes, les
inondations et les sécheresses.
L'adaptation aux changements climatiques peut être spontanée ou planifiée. Les
particuliers, les entreprises, les pouvoirs publics et la nature elle-même s'adaptent souvent aux
effets des changements climatiques sans qu’il y ait besoin d'une intervention extérieure.
Dans de nombreux cas toutefois, il faudra planifier la manière de réduire au minimum
les effets négatifs ou de tirer profit des effets positifs. Il est possible de planifier cette
adaptation avant, durant ou après que les conséquences commencent véritablement à se faire
sentir.
Des mesures peuvent être prises à l'avance pour prévenir les pertes,
Les stratégies efficaces s’inspireront des idées et des progrès réalisés dans les domaines :
juridique, financier, économique, technologique, éducatif ainsi que de la formation et de la
recherche.
L’élaboration de stratégies d’adaptation se trouve compliquée par des incertitudes. Il
n.est encore pas possible de quantifier avec précision les impacts futurs probables sur un
système donné à tel ou tel endroit. En effet, les prévisions concernant les changements
climatiques au niveau régional sont incertaines, les connaissances actuelles des processus
naturels et socio-économiques sont souvent limitées et la plupart des systèmes subissent
différentes pressions interdépendantes.
Nos connaissances ont beaucoup augmenté au cours des dernières années, mais la
recherche et le suivi demeureront essentiels pour mieux comprendre les impacts potentiels et
les stratégies d’adaptation nécessaires pour y faire face.

g) Les changements climatiques et la conservation


Les études actuelles montrent qu’il est nécessaire de se pencher sur la menace du
réchauffement climatique sur les espèces dès maintenant, et de ne pas attendre l’avenir.
La planification de la conservation de certaines espèces ou communautés devraient
tenir compte du fait que le changement climatique est en cours. Ainsi il est nécessaire de
réaliser :
- une analyse des réponses climatiques, y compris les récentes modifications du climat,
lorsque des décisions sont prises sur le lieu de réintroduction d’une espèce,
- une évaluation des réponses physiologiques au climat pour s’assurer que les efforts de
conservation in situ sont dirigés sur les sites appropriés,

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- une reconnaissance de l’importance des changements relativement faibles du climat pour la


reproduction et la survie des espèces,
- des efforts accrus pour surveiller les espèces envahissantes des climats plus chauds.
Les données actuelles indiquent que les changements du climat vont probablement se
poursuivre et même s'accélérer au cours des 50 - 100 prochaines années. Des prévisions
exactes sur la manière dont les espèces et les écosystèmes vont répondre face aux
changements climatiques, aideront à se préparer à leur conservation.
Les observations directes des réponses des espèces aux changements climatiques
viendront compléter les modèles, les expériences, les études paléoécologiques. Ainsi il est
nécessaire de prendre en compte dans les modèles des variables susceptibles d’influer sur
les espèces comme la température ou les précipitations. L’objectif étant de tester à partir
des données écologiques, climatiques et biogéographiques, la répartition des espèces et
leurs réactions en fonction des conditions présentes.
Il est bien sur difficile d’obtenir la réponse exacte des espèces en fonction de chaque
paramètre de température ou de précipitations, mais les modèles permettent d’obtenir une
tendance qui permettra d’agir dès maintenant pour la conservation de ces espèces.
D’une façon générale, la plupart des groupes d’espèces sont capables de répondre aux
changements climatiques et par conséquent il y’a des espèces qui n’y répondent. Ces
dernières peuvent être moins sensibles à la température que celles qui y répondent, mais
aussi elles peuvent ne pas être en mesure de réponse à un réchauffement modéré. Ce
dernier constat est plus inquiétant pour leur conservation.

Parcs Nationaux en Algérie : Sur le plan biogéographique, les parcs nationaux se


répartissent dans 3 zones distinctes :
• une zone de littoral composée de chaînes côtières de l’est du pays, région bien arrosée
couverte par les forêts les plus denses, comprend les parcs d’El Kala, de Taza et de Gouraya.
• une zone de plaines continentales, régions steppiques, plus sèche à relief montagneux, on y
trouve le parc du Djurdjura, Chréa, Belezma, Theniet el Had, Tlemcen et Djebel Aissa ;
• une zone saharienne, qui comprend le parc du Tassili et de l’Ahaggar.

Quelques Zones Humides –Chott- en Algérie


Les zones humides, interfaces entre milieux terrestre et aquatique, sont des milieux
naturels remarquables en raison de la flore et la faune qu’ils renferment mais également des
rôles hydrologiques et épuratoires qu’ils remplissent.

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Ces milieux, souffrant d’une mauvaise image depuis très longtemps, ont subi de fortes
altérations et ont largement régressé depuis l’intensification des pratiques de drainages à partir
des années 50 et l’extension des zones urbaines. Dans les années 70, la prise de conscience
des intérêts fonctionnels et patrimoniaux des zones humides à permis l’émergence de la
convention de Ramsar (1971) destinée à protéger les zones humides d’importance
internationale et plus particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau.

La position géographique stratégique de l’Algérie, sa configuration physique et la


diversité de son climat lui confèrent vers les 254 zones humides importantes, les plus
importants parmi eux :
- Le Chott Zahrez Gharbi – Djelfa
- La vallée d’IHERIR (ILLIZI)
- Chott Merouane et Oued Khrouf (El Oued)
- Chott El Hodna (M’SILA)
- Sebkhet Bazer (Wilaya de Sétif)
- Chott El Beidha : Hammam Essoukhna (Sétif)
- Sebkhet el Hamiet (Wilaya de Sétif)
- Le Lac de Reghaia –Alger
- Complexe de zones humide de GUERBES – SANHADJA (SKIKDA)
- Garaet Annk Djemel El Merhssel (Wilaya de Oum El Bouaghi)
- Garaet Guellif (Wilaya de Oum El Bouaghi)
- Garaet El Taref - Oum El Bouaghi
- Lac de Ain Ben Khelil (Oglat Edaira) – Naâma
- Lac de Télamine (Oran)
- Les Salines d’Arzew ou Melh (Oran)
- Les Gueltates D’ISAKARASSENE (TAMANRASSET)
- Chott Oum Raneb (Wilaya d’Ouargla)
- Dayet El Ferd (Wilaya de Tlemcen)

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