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Memoire Final M1
Memoire Final M1
Union-Discipline-Travail
Ministère de l’enseignement Supérieur
Et de la Recherche Scientifique
Par:
INTERACTION
THEME: ENTRE LA
VITAMINE K ET
QUELQUES MALADIES
CARDIOVASCULAIRES
Présenté publiquement
Commission d’examen:
Le : 16/12/2015 - Dr NINDJIN CHARLEMAGNE (Président du jury)
- Dr DJE KOUAKOU MARTIN (Membre du jury)
- Dr YUE BI CLEMENT (Membre du jury)
-Dr ANVOH KOUTOUA YVES BLANCHARD
(Encadreur)
DEDICACE
~i~
REMERCIEMENTS
Le Docteur ANIN LOUISE : merci Docteur pour vos conseils et votre patience à notre
égard, vous êtes une véritable mère pour nous.
Tous les étudiants du master 1 Nutrition et Sécurité Alimentaire : nous avons dépassé
le stade de simples amis de classe et sommes devenus frères et sœurs. Je me sens si
privilégiée de vous avoir dans ma vie. Merci pour tous les moments et les expériences
partagés.
~ iii ~
TABLE DES MATIERES
DEDICACE................................................................................................................................. i
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. ii
RESUME ..................................................................................................................................... ix
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1
I. GENERALITES ..................................................................................................................... 3
~ iv ~
II.1.1. Hémostase primaire ........................................................................................................ 14
~ ii ~
LISTE DES FIGURES
~ vi ~
LISTE DES TABLEAUX
~ vii ~
SIGNIFICATION DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AVK: Antivitamines K
~ viii ~
RESUME
Les maladies cardiovasculaires touchent à la fois le cœur et les vaisseaux. Dans certaines
situations, la capacité sanguine à coaguler est un risque pour la santé. Les caillots formés
peuvent non seulement obstruer les vaisseaux mais également bloquer la circulation sanguine.
Cette coagulation est beaucoup influencée par la teneur en vitamine K de nos aliments.
Certains en sont riches et d’autres non. La variation de la teneur en vitamine K dans nos
aliments influence ainsi la coagulation et in facto les gestions des maladies cardiovasculaires
dont le traitement nécessite la prise d’anticoagulants.
Ces traitements médicamenteux utilisent les anticoagulants dont les mécanismes d’action
peuvent déstabiliser les constantes Taux de Prothrombine et International Normalized Ratio.
~ ix ~
INTRODUCTION
La nutrition occupe une place centrale dans la genèse, l’entretien et l’aggravation des
maladies chroniques, notamment des cancers et des maladies cardio-métaboliques
(Basdevant, 2013). En raison des changements dans notre alimentation et notre mode de vie,
certaines maladies chroniques touchent de plus en plus de personnes, tant dans les pays
développés que dans les pays en voie de développement (Nichols et al., 2014). Les maladies
chroniques sont des maladies de longue durée, non contagieuses et, pour la plupart, évitables.
Selon l’OMS (2011), elles sont la première cause de mortalité dans le monde et représentent
un coût important pour la société, en particulier les maladies telles que l’obésité, le diabète,
les maladies cardiovasculaires, le cancer, les maladies dentaires, et l’ostéoporose…
Des maladies chroniques, les maladies cardiovasculaires englobent une multitude de maladies
liées à un mauvais fonctionnement du cœur ou des vaisseaux sanguins qui l’alimentent
(Larose, 2011). Les facteurs de risque tels qu’une mauvaise alimentation, le manque
d’exercice, ou encore la consommation de tabac ont tendance à s’accumuler avec le temps et à
augmenter le risque global de développer ces maladies (Hercberg et Oppert, 2013).
Chez les personnes présentant le risque de maladies cardiovasculaires, la capacité du sang à
coaguler est un risque pour la santé. En effet, chez ces personnes, des caillots de sang peuvent
se former dans les vaisseaux sanguins (artères ou veines) et avoir des conséquences
potentiellement mortelles (thrombose, embolie) (Braam et al., 2004). Le processus de
coagulation fait intervenir divers facteurs dont la synthèse utilise la vitamine K présente dans
l’alimentation. La vitamine K est une vitamine liposoluble qui, en plus d’être présente dans
l’alimentation (vitamine K1) est également produite par le microbiote intestinal (vitamine K2)
(Biesalski et Grimm, 2010).
Afin de prévenir et/ou traiter le risque de maladies cardiovasculaires, la fluidification
médicamenteuse du sang appelée « anticoagulation » est essentielle. Un anticoagulant est une
substance chimique ayant la propriété d'inhiber la coagulabilité naturelle du sang. Le sang
ainsi traité ne coagulera pas ou alors moins vite, mais gardera la même viscosité pendant une
période donnée (Siguret, 2006). Cependant, ils sont difficiles à utiliser et peuvent être à
l’origine de complications graves : une forte dose provoque un risque d’hémorragies et une
faible dose, le risque de thrombose (Schelinguer, 1997).
L’objectif principal de ce travail est de déterminer la teneur en vitamine K de nos produits
locaux.
~1~
De façon spécifique, il s’agira de mener une revue de littérature sur les sources alimentaires
de la vitamine K et sur l’impact de leur consommation chez les personnes sous traitement
anticoagulant.
~2~
I. GENERALITES
Le cœur est une pompe dont le rôle est de distribuer le sang dans l’organisme. En se
contractant, il va éjecter le sang riche en oxygène du poumon vers les organes et va ramener
le sang pauvre en oxygène des organes jusqu’aux poumons. Toute pathologie empêchant ce
muscle de fonctionner correctement aura pour conséquence de ne plus éjecter la totalité du
sang présent dans les cavités. Ce sang stagnant va coaguler et former un caillot (thrombus) qui
pourra se détacher et être éjecter par la suite dans la circulation sanguine. C’est ce que l’on
appelle un embol, dont l’origine est cardiaque, d’où le terme de cardiopathie emboligène.
Le diamètre des artères rétrécissant en s’éloignant du cœur, l’embol va finir par se coincer
dans un vaisseau plus petit que lui et empêcher le sang de passer. Un blocage partiel des
artères coronaires provoque une crise d’angine. Lorsque l’obstruction est brutale, une crise
cardiaque (ou infarctus du myocarde) se produit, qui peut entrainer la mort (Hamzi et Nadifi,
2012).
Un accident vasculaire cérébral (AVC) est un trouble aigu de la circulation du sang dans le
cerveau qui implique généralement l’obstruction d’un vaisseau ou d’une artère. Il survient
lorsque le cerveau ne reçoit plus un apport sanguin adéquat. Cela entraine la mort de plusieurs
cellules nerveuses, ce qui peut causer certaines paralysies. Deux situations principales
peuvent déclencher un AVC : l’arrêt de la circulation sanguine par un caillot et une
hémorragie cérébrale causée par l’éclatement d’un vaisseau sanguin “ malade ” dans le
cerveau (Mimeault, 2012).
~3~
I.1.3. Thrombose veineuse
Appelée également phlébite, elle consiste en la formation d’un caillot de sang dans une
veine, bloquant ainsi le retour du sang vers le cœur. La localisation préférentielle des
phlébites est le membre inférieur. En effet, comme la pression dans les veines est beaucoup
moins forte que dans les artères, le sang, soumis à l’attraction terrestre, va avoir plus de mal à
remonter des jambes vers le cœur. Contrairement aux artères, les veines n’ont pas la capacité
de se contracter. Ce sont les muscles dans lesquels elles passent qui, en se contractant, vont
aider le sang à remonter. Si le sang stagne trop longtemps dans les veines, il va coaguler et
former un caillot à l’origine de douleurs (Geerts, 2008).
~4~
I.2. VITAMINE K
I.2.1. Historique
Vers la fin des années 1920, un biochimiste danois, Carl Peter Hendrik DAM, s'intéresse
aux conséquences de divers régimes alimentaires sur le taux de cholestérol des poulets.
En 1929, il constate qu'une alimentation carencée en lipides entraine parfois des hémorragies
chez ces volatiles. Les saignements peuvent être prévenus en donnant certains aliments, en
particulier de la luzerne et du plancton. Ainsi il apparait que l'alimentation possède une
influence sur les phénomènes de coagulation.
En 1935, il identifie la vitamine responsable de la coagulation et la nomme ≪Koagulation
Vitamin≫, ou plus simplement "vitamine K" (la lettre K provient de l’allemand Koagulation).
Dès 1936, il avait montré que sous l'influence de plusieurs facteurs, la prothrombine pouvait
donner naissance à une autre substance, la thrombine, qui faisait coaguler le sang, et qu'en
absence de vitamine K, l'activité de cette thrombine diminuait.
En 1939, Dam parvient à isoler la vitamine dans sa forme pure (grâce à l'aide de chimistes
suisses) et à déterminer sa structure. Peu après il réalise une synthèse de la vitamine K en
même temps qu’Edward Adelbert DOISY un biochimiste américain.
Dam et Doisy partagent en 1943 le prix Nobel de Physiologie et Medecine pour leurs
découvertes sur la vitamine K, facteur de coagulation : DAM pour sa découverte de la
vitamine K, DOISY pour sa découverte de la nature chimique de la vitamine K (Hyeulle,
2010). Par la suite, plusieurs composés possédant cette activité vitaminique K sont isolés,
identifiés et synthétisés. Ils sont d’origines naturelles pour les vitamines K1 et K2 ou
synthétiques pour les vitamines K3 (Newman et Shearer, 1998; Plaza et Lamson, 2005).
~5~
- La vitamine K2 ou ménaquinone, d’origine bactérienne. Elle est synthétisée par les
bactéries de l’intestin grêle et du colon, plus particulièrement par les bactéries GRAM
positif et couvre la majorité de nos besoins en vitamine K. La vitamine K2 intervient
également dans la calcification des os et des dents.
- La vitamine K3 ou ménadione, produit exclusivement de synthèse. C’est une molécule
synthétique à activité voisine de la phylloquinone. La flore intestinale l’utilise comme
une provitamine : elle est transformée en vitamine K1 par les bactéries par l’ajout
d’une chaîne latérale isoprénique et possède une activité biologique 2 à 3 fois
supérieure aux vitamines K1 et K2. La vitamine K3 ne possède pas de chaîne latérale.
Elle est donc soluble dans l'eau, à l'inverse des précédentes.
~6~
Figure 1. Structure chimique des différentes formes de vitamine K : la phylloquinone =
phytoménadione (ou vitamine K1) ; les Ménaquinones (ou vitamine K2) : ici, l’exemple
de la ménaquinone-4 ; la ménadione (ou vitamine K3) (Siguret, 2006)
Les recommandations actuelles sur les vitamines K ne font pas la distinction entre les apports
de phylloquinone et de ménaquinone. Ces recommandations sont pour le moment uniquement
basées sur les quantités nécessaires pour obtenir une synthèse optimale de facteurs de
coagulation par le foie. Plus récemment, la mise en évidence des besoins extra-hépatiques de
vitamine K pour la synthèse d’autres protéines carboxylées comme l’ostéocalcine ou la MGP
(matrice glaprotéine) (Knapen et al., 2007), aboutit à deux notions nouvelles selon lesquelles
les besoins seraient peut être un peu supérieurs aux besoins jusque-là évalués, et que la
majorité de la vitamine K serait utilisée pour une carboxylation extra hépatique. Bien que
certaines autorités sanitaires n’aient pas fixé de recommandations d’apport en vitamine K en
raison d’un manque d’informations sur les besoins, d’autres en ont toutefois formulé :
En Allemagne, en Autriche et en Suisse, on recommande un apport de 70 μg de vitamine K
par jour chez les hommes et de 60 μg /jour chez les femmes. Aux Etats-Unis, un apport
~7~
adéquat de 120 μg de vitamine K par jour a été fixé pour les hommes et de 90 μg/jour pour les
femmes. Les apports quotidiens recommandés en France sont représentés dans le tableau ci-
dessous.
La vitamine K est présente en quantités variables dans la plupart des aliments : céréales,
foie, fruits, huiles végétales, légumes, margarines, pain, pâtes, poissons, produits laitiers, …
Puisqu’elle est la forme prédominante dans l’alimentation et la circulation sanguine, la
phylloquinone est la vitamine K la plus étudiée en regard de l’apport alimentaire. C’est
également la forme sous laquelle se base les tables de composition des aliments et les
recommandations nutritionnelles dans plusieurs pays.
Fruits et légumes
La principale source alimentaire en vitamine K1 ou phylloquinone, se trouve
principalement dans les feuilles des légumes verts ; plus les feuilles sont vertes, plus elles sont
riches en vitamine K1 (El Mahmoud et Kierzek, 2009).
~8~
Tableau 2: Teneur (μg/100 g) en vitamine K de quelques fruits et légumes
~9~
Tableau 3 : Teneur (μg/100 g) en vitamine K de quelques huiles et matières grasses
Huiles Teneur
Huile de soja 362
Sauce vinaigrette (50 à 75% d’huile) 98 ,8
Margarine 93
Mayonnaise (70% de matière grasse) 75
Huile de colza 71,3
Huile d’olive vierge 47,8
Huile de noix 15
Huile de sésame 13,4
Beurre doux 11
Huile de palme 7,3
Huile de tournesol 5,4
Beurre allégé 60-62% de matière grasse 4,8
Huile de maïs 2,9
Huile d’arachide 0,64
Huile de noix de coco 0,46
Source : Anonyme, 2000
Poissons
La vitamine K est également présente dans certains poissons à des teneurs assez variables.
Poissons Teneur
Thon en conserve 25,4
Maquereau 5
Sardines en conserves 2,6
Tilapia cru 1,4
Sole 0,1
Source : Anonyme, 2000
~ 10 ~
Autres aliments
Aliments Teneur
Pain complet 20
Miel 12,5
Lait en poudre 2,2
Riz 1,9
Cacao en poudre non sucré 1,6
Baguette de pain courante 1,1
Œuf cru, œuf dur 0,3
Source : Anonyme, 2000
~ 11 ~
I.2.5. Rôle de la vitamine K
La vitamine K est nécessaire pour l'activation de protéines qui jouent un rôle dans la
coagulation du sang autant dans la stimulation que l'inhibition de la coagulation sanguine
(Juanola-Falgarona et al., 2014).
Selon Kahn (2004), la vitamine K est aussi efficace pour traiter les déficits qu’entraîne
l’usage de médicaments anticoagulants comme la warfarine. Des suppléments de cette
vitamine sont d’ailleurs de plus en plus souvent prescrits aux personnes qui prennent des
anticoagulants.
La vitamine K intervient de même dans la formation, la minéralisation et la solidité de l’os, de
pair avec la vitamine D. Cependant, les études conduites à ce jour ne permettent pas de
conclure que des suppléments de vitamine K préviennent les fractures osseuses (Fusaro et al.,
2010) et elle prévient les dépôts de calcium dans les vaisseaux, ce qui participe à la protection
contre l’athérosclérose. Plusieurs études d’observation, mais pas toutes, rapportent que le
risque de maladie cardiovasculaire diminue avec une consommation plus importante de
vitamine K2 (Geleijnse et al., 2004 ; Nimptsch, 2010).
La vitamine K joue également un rôle dans la régulation de la glycémie. En effet, elle
participe à la gestion du sucre sanguin en intervenant sur la sensibilité à l’insuline et la
sécrétion d’insuline (Juanola-Falgarona et al., 2014).
Des études de Sato(2010) et Ferland (2012) ont montré que la vitamine K intervient dans la
synthèse de sphingolipides qui jouent un rôle dans la prévention des maladies
neurodégénératives liées à l’âge. On ne sait pas si la vitamine K pourrait aider à prévenir ou
freiner la maladie d’Alzheimer. Chez l’animal, un déficit en vitamine K dès la naissance
conduit à des dégénérescences cérébrales.
~ 12 ~
I.2.6. Carence en vitamine K
~ 13 ~
II.PHYSIOLOGIE DE LA COAGULATION
II.1. Hémostase
~ 14 ~
II.1.3. Fibrinolyse
~ 15 ~
Au final, plus d’une douzaine de protéines interagissent dans une cascade ordonnée
d’activations. A chaque étape, un précurseur inactif d’un facteur de coagulation subit une
réaction protéolytique limitée et devient lui-même une protéase qui active de la même façon
son successeur, jusqu’à la formation ultime de fibrine insoluble. La figure 2 récapitule les
différentes étapes de la coagulation.
~ 16 ~
II.3. Rôle de la vitamine K1 dans la coagulation : Cycle de la vitamine K1
La vitamine K1 ne peut être absorbée, par voie digestive, qu’en présence de sels biliaires et
d’enzymes pancréatiques. Son absorption s’effectue principalement au niveau de la région
proximale de l’intestin grêle (Hyeulle, 2010). Apres avoir été absorbée, la vitamine K1 se
concentre d’abord dans le foie où sa concentration diminue rapidement.
Au niveau hépatique, seule une partie de la vitamine K1 entre dans le cycle de réactions
associé à la synthèse des facteurs II, VII, IX et X. Le foie produit et stocke ces facteurs sous
une forme inactive. Leur maturation est assurée par une enzyme (la vitamine K carboxylase)
dont le cofacteur est l'hydroquinone, la forme réduite de la vitamine K1. Les résidus
glutamiques (Glu) des protéines sont alors carboxylés en résidus acide gamma-
carboxyglutamique (Gla) qui ont la propriété de fixer le calcium, indispensable à leur activité.
Cet acide aminé est incorporé à des protéines, dites "protéines-Gla", ou encore "vitamine K-
dépendantes". Les protéines-Gla ont la capacité de fixer le calcium, ce qui leur confère leur
activité biologique. Les facteurs II, VII, IX et X sont des protéines G1a (Suttie, 2009).
Le cycle de la vitamine K a pour objectif de recycler la vitamine K époxyde résultant de ce
processus (Stafford, 2005). La conversion des résidus d’acide glutamique en acide gamma
carboxyglutamique est nécessaire à leur activité, puisque qu’elle les rend capable de fixer le
calcium et par conséquent capable de se fixer sur les phospholipides servant de support aux
réactions de coagulation (Siguret, 2006). La vitamine K époxyde, sera ainsi réduite en
vitamine K hydroquinone par la vitamine K époxyde réductase et une réductase. La vitamine
K1 se trouve ainsi régénérée.
Du fait de ces réactions en boucle, le stock constitutif de vitamine K1 dans l’organisme est
très faible dans les conditions physiologiques. L’absence de régénération de la vitamine K
aboutit donc rapidement à l’arrêt de la synthèse des facteurs II, VII, IX et X et de ce fait, a des
troubles de l’hémostase secondaire.
~ 17 ~
Figure 3 : Cycle de la vitamine K1 (Rossi, 2004)
~ 18 ~
III. LES ANTICOAGULANTS
Un anticoagulant, comme son nom l’indique, est un médicament qui bloque le mécanisme
de la coagulation sanguine. Il existe plusieurs familles de molécules anticoagulantes et
plusieurs types de schémas thérapeutiques. Chaque médicament a une indication, un suivi
bien précis ainsi qu’un dosage à respecter en fonction du contexte clinique.
Le traitement est utilisé dans deux grands cadres : soit préventif, soit curatif. Le traitement
préventif est mis en place pour prévenir la survenue de caillots dans des situations de risque
de thrombose : il s’agit de la meilleure partie des indications. Le traitement curatif est indiqué
pour soigner une thrombose déjà constituée.
Il existe à ce jour trois grandes familles d’anticoagulants disponibles sur le marché : les
héparines, les antivitamines K (AVK) et les anticoagulants oraux directs.
L’héparine est une molécule qui agit dans l’organisme sur l’antithrombine qui est une
protéine du sang régulatrice de la coagulation (Boneu et Fauvel, 2001). Les héparines peuvent
être scindées en deux sous familles : les héparines non fractionnées (HNF) et les héparines de
bas poids moléculaire (HBPM). Sur une ordonnance, on trouvera des noms comme
CalciparineR, LovenoxR, FragmineR, InnohepR, sous forme injectable uniquement.
Les antivitamines K, comme leur nom l’indique, vont agir contre la vitamine K. Les AVK
appartiennent à plusieurs groupes de dérivés chimiques qui ont en commun une parenté de
structure avec la vitamine K. Selon Hyeulle (2010), il existe plusieurs catégories d'AVK qui
diffèrent selon leur nature et leur demi-vie. On distingue 2 structures de base :
- Les dérivés coumariniques : Acénocoumarol et Warfarine.
- Les dérivés de l'Indane-dione : Fluindione.
On différencie :
- Les AVK à demi-vie courte : Acénocoumarol (8 heures)
- Celles a demi-vie longue : Fluindione (31 heures) et Warfarine (35 à 45 heures).
~ 19 ~
Quatre médicaments anticoagulants sont commercialisés :
- Le SintromR et le MinisintromR (acénocoumarol).
- La CoumadineR (warfarine).
- Le PreviscanR (fluindione).
Les AVK constituent le traitement anticoagulant de référence pour les traitements à long
cours (Pautas, 2009). Le mode d’action des anticoagulants repose sur le blocage de l’effet de
la vitamine K. Les AVK ont une structure chimique proche de la vitamine K, ce qui leur
confère un mode d’action commun (Lasseur, 2006). Les AVK et la vitamine K entrent en
compétition au niveau des sites d’activation de l’époxyde réductase, bloquant alors le cycle de
la vitamine K et la gamma-carboxylation, empêchant la conversion de la forme époxyde de la
vitamine K en sa forme hydroquinone (vitamine K réduite), indispensable à la transformation,
par les hépatocytes, des précurseurs des facteurs vitamine-K- dépendants en facteurs
biologiquement actifs. Les AVK inhibent donc la réduction de la vitamine K, nécessaire à
l’activité de la carboxylase qui active les facteurs de coagulation (Vinet, 2005).
~ 20 ~
Figure 4 : Action des anticoagulants sur le cycle de la vitamine K (Roch, 2008)
Etant donné le lien étroit entre l’action des anticoagulants et le métabolisme de la vitamine
K, l’apport alimentaire de vitamine K est un des facteurs pouvant influencer la stabilité du
traitement anticoagulant. Le traitement par anticoagulants ne justifie pas de suivre un régime
particulier. Un régime alimentaire équilibré doit être respecté. Ce n’est qu’en cas
d’anticoagulation chroniquement mal équilibrée qu’il convient de faire une enquête
alimentaire détaillée pour préciser les écarts à éviter (Karami, 2011).
En pratique, aucun aliment n’est interdit, à condition de répartir les sources de vitamine K
régulièrement dans l’alimentation et de les consommer sans excès (El Mahmoud et Kierzek,
2009).
~ 21 ~
Le temps de Quick (TQ) est un paramètre biologique explorant l’activité anticoagulante des
facteurs de la coagulation. Il correspond au temps mis par un plasma citraté pour coaguler en
présence de thromboplastine calcique, réactif jouant un rôle d’activateur tissulaire de la
coagulation. Différentes thromboplastines sont disponibles sur le marché, dérivées de la
préparation de référence internationale de l’OMS.
Le taux de prothrombine (TP) correspond à l’expression en pourcentage du temps de Quick
du patient par rapport à un groupe témoin. Il s’obtient à partir d’une droite de conversion,
appelée droite de Thivolle, construite par chaque laboratoire avec ses réactifs à partir de
dilutions successives d’un plasma témoin normal (dont le TP vaut 100%). Le TP permet de
diminuer les biais liés aux modes de mesure des différents laboratoires mais il varie en
fonction du réactif utilisé.
L’International Normalized Ratio (INR) est un mode d’expression du temps de Quick qui
tient compte de la sensibilité de la thromboplastine utilisée pour la mesure du TQ. Adopté en
1983 par l’OMS, il est réservé à la surveillance d’un traitement anticoagulant oral par AVK
(Rachline, 2012). La mise en place et le suivi du traitement par AVK reposent sur l’INR. En
dehors de tout traitement par AVK, l’INR d’un sujet normal est inférieur ou égal à 1,2.
L’INR, réalisé à partir d’une prise de sang, est le seul test biologique permettant de
déterminer la dose efficace de médicament maintenant le patient en zone thérapeutique et
limitant les risques inhérents au traitement. La zone thérapeutique se situe pour la plupart des
indications entre 2 et 3 (INR cible de 2,5).
~ 22 ~
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Il découle de notre étude que, de par son rôle prépondérant dans le phénomène de
coagulation, la vitamine K participe à l’activation de quatre indispensables facteurs de
coagulation synthétisés par le foie que sont la Prothrombine (II), la Proconvertine (VII), le
Facteur anti hémophilique B (IX) et le facteur Stuart (X). Ce rôle en fait de lui un nutriment
essentiel au bon fonctionnement des voies intrinsèque et extrinsèque de la cascade de
coagulation. Un processus de coagulation équilibré écarte le risque d’hémorragie tout en
prévenant le risque de formation de caillots sanguins.
Les anticoagulants, qui sont des médicaments indiqués en prévention et/ou en traitement des
troubles de coagulation, agissent en bloquant le cycle de la vitamine K afin d’empêcher leur
régénération. Pour les personnes sous anticoagulants, les aliments riches en vitamine K ne
sont pas interdits, il faut les consommer sans excès et les repartir régulièrement dans
l’alimentation. Ainsi, il est conseillé de ne pas consommer dans la même journée les aliments
les plus riches en vitamine K.
Pour la suite de ce travail, nous envisageons:
- d’étudier l’interférence potentielle de la vitamine K avec les traitements anticoagulants
oraux.
- De trouver des régimes alimentaires adéquats pour les personnes sous traitement
anticoagulants.
~ 23 ~
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