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QUELQUES ASPECTS - Sibert
QUELQUES ASPECTS - Sibert
DE L'ORGANISATION
ET
DE LA TECHNIQUE
DES
CONFÉRENCES INTERNATIONALES
PAR
Marcel SIBERT
Professeur à la Faculté de droit de Lille,
Directeur de la Revue générale de droit international public.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
PRINCIPALES PUBLICATIONS
L'ORGANISATION ET DE LA TECHNIQUE
DES CONFÉRENCES INTERNATIONALES
INTRODUCTION
E tir à des accords sur les sujets les plus variés, les Etats
ont de longtemps pris l'habitude de réunir leurs repré-
sentants ou délégués dans des réunions auxquelles on donne
le nom de conférences ou de congrès.
Depuis le début du xrs* siècle, ces réunions solennelles se
sont accrues en nombre et importance. A l'origine restreints
aux Etats européens (sans les comprendre tous), parce que
seuls les Etats européens étaient considérés comme consti-
tuant la communauté internationale, les grandes conférences
ou les grands congrès, à notre époque, rapprochent les Etats
de tous les continents. Môme les nations les plus favorables
à une attitude d'isolement politique ne peuvent se sous-
traire à leur emprise. S'il arrive qu'elles n'y soient pas repré-
sentées par des délégués, elles y figurent par le moyen de
leurs observateurs.
Après l'Amérique, l'Asie y a fait son entrée lorsque le
Japon (qui n'avait pas figuré au Congrès de Paris de 1856,
mais qui en signa la déclaration en 1886) apparut à la Confé-
rence de la Paix de 1899, escorté de la Chine, du Siam, de
la Perse (et de la Corée).
A côté de la tendance à l'universalité, de l'expérience la
plus récente des grandes réunions diplomatiques ressort
39a M. SIBERT. — CONFERENCES INTERNATIONALES (6)
une seconde tendance. A l'origine, les grandes rencontres
diplomatiques se présentent comme des réunions de carac-
tère politique. Des préoccupations d'équilibre les accapa-
rent. Les règlements territoriaux, les mutations de popula-
tions, les annexions, les compensations, les dominent. Aussi,
une physionomie particulière marque-t-elle ces assises. Sans
en médire, accidentelle, transitoire, leur activité fut sou-
vent à base d'intrigues, de rivalités sourdes entre les grands,
de coups de force à rencontre des humbles, de courtisanerie
ou de quémandage de la part dès petits Etats envers les
Etats forts.
Avec le développement de la civilisation, qui créa tant
de besoins nouveaux, au fur et à mesure qu'allaient surgir,
encore confuses, les premières velléités de solidarité inter-
nationale, les assemblées diplomatiques n'eurent plus seule-
ment à dénouer des situations ou à composer des intérêts
politiques. Leur action se fit en même temps constructive,
émettrice de règles juridiques, organisatrice de procédés et
de mécanismes poursuivant des fins d'utilité commune. La
solidarité internationale s'y fortifie de ce qu'y perd l'intérêt
individuel des Etats, et le droit y prend sa place à côté de
la politique.
Dans une troisième phase de l'activité internationale appa-
rurent enfin ces vastes assemblées de diplomates, destinées
exclusivement à poser des règles obligatoires de droit inter-
national ou à établir dans les rapports entre peuples des
organismes aptes à faciliter, par-delà les frontières, la satis-
faction des besoins communs d'ordre économique, financier,
social, sanitaire... (unions internationales).
Loin de mettre fin à ce mouvement, les suites de la guerre
mondiale en accrurent l'envergure. Il fallait rapprocher,
unir, reconstruire. On s'y employa, parfois un peu confusé-
ment. Les initiatives répétées de la Société des Nations favo-
risèrent cette activité que n'ont pas toujours suivie — loin
de là — les résultats positifs.
Si l'on tient compte en dernier lieu de ce que le continent
américain, en quête d'organisation collective, s'est mis, lui
aussi, depuis une cinquantaine d'années, à avoir ses confé-
(7) INTRODUCTION 393
LES CONGRÈS
LES CONFÉRENCES
SECTION PREMIERE.
La convocation.
SECTION II.
*
Le programme.
L'organisation.
§ 1. — Présidence et Commissions.
Une fois convoquée, pour ne pas être stérile, une assemblée
diplomatique doit réunir des conditions de bonne organi-
sation. Quelles sont-elles?
Une assemblée diplomatique ne serait qu'une foule vouée
à l'anarchie et à l'inanité des résultats si aucun principe
d'autorité ne la dominait pour guider ses débats et les main-
tenir dans une atmosphère de sereine activité. Mais cette
autorité, sans cesser d'être ferme, ne doit jamais être rigide.
La souplesse, la temporisation, une dévotion persévérante
à l'esprit de conciliation, la perspicacité, le sens de là
justice, une connaissance certaine des choses et des hommes,
ce sont là quelques-uns seulement des éléments de ce pré-
cieux alliage fait homme qu'est le Président d'une assemblée
diplomatique.
Comment donc sera désigné l'homme prédestiné à tant de
qualités?
Là encore congrès et conférences vont se différencier
sinon toujours du moins fréquemment. Et d'abord qui sera
(3 0 CONFERENCES 417
pris pour Président ? M. Clemenceau l'a rappelé dans son
discours d'inauguration du Congrès de la Paix après la
Grande Guerre : « Une tradition internationale de vieille
courtoisie envers le pays qui a l'honneur d'accueillir la
Conférence (de la Paix) conduit à porter à la présidence un
des hommes d'Etat les plus en vue du pays d'accueil. » Le
principe est ancien et d'application fréquente. Pour ne
remonter qu'au xrx° siècle, le prince de Mettermeli a présidé
le Congrès de Vienne (1813); le comte Walewski, celui de
Paris (1836); le prince de Bismarck, celui de Berlin (1878);
h Bucarest (1913), la présidence fut remise au premier
délégué de la Roumanie. M. Clemenceau a présidé la Confé-
rence de la Paix qui suivit les armistices de 1918. Mais le
principe comporte des exceptions. La présidence par roule-
ment entre les premiers délégués fut pratiquée à la « Confé-
rence » de Londres de 1912-1913; reprise à la « Conférence »
de Lausanne (21 nov. 1922-1" févr. 1923), elle laissa en
dehors de son application le délégué turc qui demanda vaine-
ment, à titre de compensation, que le Secrétariat général
de la réunion fût confié à un des membres de la délégation
turque.
En matière de conférences stricto sensu, on a, pendant
longtemps, observé la règle de pure courtoisie qui tend à
rendre hommage au pays d'accueil en donnant la présidence
à une de ses personnalités nationales. La Conférence d'Algé-
siras de 1906, qui a doté le Maroc d'un certain Statut, a été
présidée par le duc de Almodovar del Rio. Le premier
délégué de la Grande-Bretagne à la Conférence navale de
Londres a été désigné pour Président par la Conférence, et
par l'effet de l'habituel principe de courtoisie et par
hommage pour sa particulière compétence. Dans le cas de la
Conférence de Washington (1921-1922), qui, de caractère
mixte, tint à. la fois et de la conférence et du congrès,
M. Balfour présenta comme une règle bien établie « que la
nation invitante, offrant l'hospitalité à la Conférence, lui
donne aussi son président ». En conséquence, M. Hughes,
premier délégué des Etats-Unis, fut désigné pour ces hautes
fonctions. La présidence,'à La Haye, de la i™ Conférence
4i8 M. SIBERT. — CONFERENCES INTERNATIONALES (32)
INTRODUCTION 391
CONCLUSION 151
BIBLIOGRAPHIE 488