Vous êtes sur la page 1sur 20

1110TA

GENÈSE, TYPOLOGIE
ET UTILISATION DES SOLS
par Jean-Claude BEGON et Marcel JAMAGNE
Directeurs de Recherches à l’INRA
Service d’Étude des Sols et de la Carte Pédologique de France INRA - Orléans

SOMMAIRE ANALYTIQUE
I. Introduction (1 à 5)
II. Facteurs de la formation des sols (6 à 30)
A. Matériaux originels (6 à 12)
Liste B. Climat (13 à 15)
C. Relief - Géomorphologie (16 et 17)
D. Régimes hydriques (18 à 23)
E. Végétation (24 à 26)
Ta b l e
F. Facteur temps (27 à 30)

III. Caractérisation des sols (31 à 64)


A. Niveaux d’organisation (32 à 36)
Index
B. Profil pédologique et profil cultural (37 à 47)
C. Bases de l’observation et description des sols (48 à 61)
D. Échantillonnage et caractérisation analytique (62 à 64)
Glossaire
IV. Processus de la pédogenèse (65 à 81)
A. Différenciations verticale et latérale (65)
B. Pédogenèses climatique et stationne-le (66 à 70)
C. Altération et brunification (71 à 73)
D. Redistributions de matières (74 à 77)
E. Autres processus (78 à 81)

V. Typologie et géographie des sols (82 à 104)


A. Systèmes de classification et référentiels (82 à 85)
B. Quelques grands types de sols (86 à 92)
C. Découpage de la couverture pédologique (93 à 100)
D. Informatisation - Systèmes d’lnformation Géographique (101 à 104)

VI. Utilisation des données sols spatialisées (105 à 119)


A. Utilisation et protection des sols (105 à 110)
B. Une approche globale multiéchelle (111 à 115)
C. Croisements de données (116 à 119)

VII. Conclusions - perspectives (120 à 123)

©Techniques Agricoles 1110

Document à usage pédagogique


GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS
TA 1110
INDEX ALPHABÉTIQUE
Accumulation, 74. Horizons pédologiques, 34, 37. Référentiel pédologique, 61, 82, 85.
Acidification 13, 90. Humification, 24. Régime hydrique, 16, 19.
Activités biologiques, 42, 57, 68. Hydromorphie, 23, 46, 69, 81, 88, 90. Rendzine, 87.
Alcalisation, 80.
Illuviation, 43, 61, 75. Salinisation, 80.
Altération, 13, 27, 42, 61, 67.
Informatique, 101, 116. Séquence de sols, 65, 97.
Aptitude (carte d’), 106.
Série de sols, 84.
Azonaux (sols), 69. Juxtaposition de sols, 97.
Sodisation 80.
Base de données (de sols), 93, 100. Lessivage, 42, 75, 90. Sols bruns 73, 88.
Brunification, 73. – cryptopodzoliques, 88.
Matériaux originels, 3, 6, 89.
Calcaire (teneur en), 53. Migration, 1, 74. – lessivés, 88, 90.
Cartographie (des sols), 93, 100. Modèle d’organisation spatiale (de – ocre podzoliques, 77, 88.
Chaîne de sols, 97. sols) 99, 103, 104. – ocreux, 88.
Classification (des sols), 82. Moder, 38. – planosoliques, 91.
Climat (influence du), 13, 19, 25, 67, 73, Mor, 38, 76. – podzoliques, 88.
76, 78. Morphologie, 32, 64. Solum, 35.
Conservation des sols, 5, 107. Mull, 38, 73. Stationnel, 69, 77.
Couleur (des sols) 50, 51. Structure, 32, 58, 60.
Niveaux d’organisation, 32, 93. Structuration pédologique, 72.
Couverture pédologique, 2, 4, 93, 94.
Croisement de données, 117, 121. Organisations pédologiques, 1, 31, 67, Système d’information géographique Liste
93. (SIG), 92, 117, 121.
Différenciation, 1, 65. – pédologique, 36.
Oxydo-réduction, 23, 50.
Drainage, 112.
Paléosols, 28, 29, 68. Texture, 52.
Eluviation, 42, 75. Traits pédologiques, 34, 61.
Paysage pédologique, 16.
Engorgement, 23, 90. Ta b l e
Pédogenèse, 1, 16.
Enracinement, 24, 46, 56, 72. Unité cartographique de sols (UCS), 94,
Pélosols 92. 96, 103.
Espace rural (aménagement), 17, 105.
Phyllum pédogénétique, 86, 91.
Évolution séquentielle, 86. – de fonctionnement de sols (UFS), 98.
Pierrosité, 54.
– taxonomique, 84.
Fonctionnement hydrique, 50. Planosols, 91, 92.
– typologique de sols (UTS), 94, 103.
Ferallitisation, 67. Podzolisation, 43, 50, 67, 76, 90. I n dex
Utilisation des sols, 5, 105.
Fersiallitisation, 78. Podzols, 59, 67, 88.
Profil pédologique, 33, 37, 65. Végétation (influence de la), 24.
Géomorphologie, 16.
– cultural, 46. Vertisolisation, 60, 69, 79.
Glaciaire (époque), 8, 10, 27, 68.
Pseudogley, 23. Vertisols, 60, 92.
Gley, 23.
Glossique, 44, 90. Quaternaire, 10, 15. Zonaux (sols), 25, 67. Glossaire

Document à usage pédagogique


1110TA GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS

BIBLIOGRAPHIE
AFES-INRA, 1992.– BAIZE D. et GIRARD M.C. coord.– Référentiel pédologique. Principaux sols d’Europe, INRA Éditions, 222 p.
BAIZE D., 1986.– Couvertures pédologiques, cartographie et taxonomie. Science du Sol. 24 (3), 227-243.
BAIZE D., 1988.– Guide des analyses courantes en pédologie. INRA, 172 p.
BEGON J.-C., HARDY R., MORI A. et ROQUE J., 1977.– Les sols du département de l’Oise à 1/100 000. INRA-SESCPF, 178 p.
BEGON J.-C., 1979.– Sur la mise en évidence de séquences d’évolution dans les formations limoneuses des terrasses de la
Garonne - CR Acad. Sc., Paris, t. 288 Série D, 481-484.
BEGON J.-C., BERLAND M., ARROUAYS D., NICOULLAUD B., JAMAGNE M., 1989.– Grand Atlas de la France rurale. Chap. VII,
INRA-SCEES, Éd. J.P. de Monza, INRA, 397-406.
BEGON J.-C., KING D. et STUDER R., 1989.– Faisabilité de la culture du maïs en région Centre. CR. Ac. Agr. de France, Vol. 75, 9, 61-67.
BOULAINE J., 1980.– Pédologie appliquée. Collec. Sciences Agronomiques, Paris, 220 p.
CPCS, 1967.– Classification des sols, INRA, 87 p.
DUCHAUFOUR Ph., 1983.– Pédologie, Tome 1. Pédogenèse et classification, 2e éd., Masson, Paris, 510 p.
DUCHAUFOUR Ph., 1991.– Pédologie : sol, végétation, environnement. Abrégés, 3e éd., Masson, Paris, 289 p.
FAO, 1988.– Soil Map of the World, Revised Legend, 60, Rome, 119 p.
FAVROT J.-C., 1987.– Études et recommandations préalables au drainage : la méthode des secteurs de référence. CR. Ac. Agric.
Liste Fr. V. 73, n. 4, 23-32.
FEDOROFF N., BRESSON L.M., COURTY M.A., 1987 (Ed.).– Micromorphologie des sols. AFES-AISS, 686 p.
GIRARD M.C., 1984.– Analyse spatiale de la couverture pédologique. Cartographie. Cartogenèse. AFES, Ouvrage jubilaire, 153-166.
HENIN S., GRAS R. et MONNIER G., 1969.– Le profil cultural (2e éd.), Masson, Paris 332 p.
Ta b l e JAMAGNE M., 1964.– Introduction à une étude pédologique dans la partie Nord du Bassin de Paris. Pédologie, 14, 2, 228-342.
JAMAGNE M., 1967.– Bases et techniques d’une cartographie des sols. Ann. Agro. n° hors série, 18, 142 p.
JAMAGNE M., BEGON J.-C., HARDY R., 1977.– La cartographie des sols, élément fondamental de l’aménagement et de la con-
servation de l’espace rural. Pédologie XXVII 1, 9-43.
JAMAGNE M., BEGON J.-C., 1984.– Les sols lessivés de la zone tempérée. AFES, Ouvrage jubilaire, 55-76.
Index
JAMAGNE M., BEGON J.-C., BORNAND M., HARDY R., 1989.– Évolution dans la conception et dans l’utilisation des données du
milieu physique, CR Ac. Agr. Fr., vol. 75, 33-46.
JAMAGNE M., 1993.– La cartographie des sols. In : « Pédologie », tome 2, chap. XXVII (actualisation pour 2e éd.), Masson, Paris
(26 p, 5 fig.) (sous presse).
Glossaire KING D., 1984.– Analyse de quelques concepts en cartographie des sols basée sur une automatisation des cartes thématiques
dérivées. Agronomie 4 (5), 461-472.
KING D. et DAROUSSIN J., 1991.– Proposition d’une structure de base de données géographiques pour l’informatisation de la
Carte des Sols des Communautés Européennes. Géomètre, 8/9, 38-44.
MANICHON H., 1982.– Influence des systèmes de culture sur le profil cultural : élaboration d’une méthode de diagnostic basée
sur l’observation morphologique. Th. Doc. Ing., INA PG, Paris, 214 p.
RIGHI D., 1977.– Genèse et évolutions des podzols et des sols hydromorphes des Landes du Médoc. Thèse Doc., Université de
Poitiers, 144 p.
SIMONSON R.W., 1989.– Historical highlights of soil survey and soil classification with emphasis on the United States, 1969-
1970, ISRIC Wageningen, 83 p.
SOIL TAXONOMY, 1975.– US Department of Agriculture handbook, 436, 754 p.
STENGEL P., 1990.– Caractérisation de l’état structural du sol. Objectifs et méthodes.– In : La structure du sol et son évolution.
Coll. INRA, 15-26.
STIPA, 1984.– BERTRAND R., FALIPOU P., LEGROS J.P.– Notice pour l’entrée des descriptions et analyses de sols en banques de
données. ACCT, Paris, 136 p.

SIGLES UTILISÉS
AFES : Association Française pour l’Étude du Sol.
AISS : Association Internationale de Science du Sol.
CPCS : Commission de Pédologie et de Cartographie des Sols.
INA-PG : Institut National Agronomique de Paris-Grignon.
INRA : Institut National de la Recherche Agronomique.
SESCPF : Service d’Étude des Sols et de la Carte Pédologique de France.
STIPA : Système de Transfert de l’Information Pédologique et Agronomique.

Document à usage pédagogique


GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS
TA 1110

Liste

Ta b l e

I n dex

Glossaire

Document à usage pédagogique


1110TA GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS

I. INTRODUCTION de bases de données informatisées et le recours à des systèmes


d’information géographique constituent aujourd’hui de nou-
1.– Les sols tels que nous les observons de nos jours résultent de
veaux outils de gestion qui permettent d’évaluer plus vite et
transformations affectant les formations minérales de l’écorce
de façon plus ouverte les possibilités comme les risques des
terrestre. Les climats, les activités biologiques et l’homme en
projets d’aménagement.
sont les agents directement responsables. Leur effet dépend non
seulement de la nature des matériaux géologiques qui les subis-
sent - les roches et leurs dérives -, mais aussi du relief et de II. FACTEURS DE LA FORMATION DES SOLS
migrations de matières à l’état de solution ou de suspension
dans l’eau. L’organisation originelle du matériau géologique A. Matériaux originels
disparaît pour laisser place à une organisation entièrement 6.– Les matériaux au sein desquels se développent les sols
nouvelle d’origine pédologique. sont, d’une part, les produits de l’altération des roches
Les processus de différenciation d’un sol aux dépens d’un restés en place, et d’autre part les matériaux résultant de
matériau géologique sont regroupés sous la dénomina- transports hydriques ou éoliens.
tion de pédogenèse. Et c’est précisément cette différencia-
tion et les processus qui en sont la cause qui servent à 1. Les produits d’altération des roches restés
ranger les sols dans différents systèmes typologiques. en place
2.– L’ensemble des sols distribués dans l’espace constitue 7.– Les roches sont dures ou meubles, représentant la
la Couverture pédologique. Issue des travaux de l’école diversité même des formations éruptives, métamorphi-
russe, cette notion de couverture pédologique tend pro- ques ou sédimentaires. Ce caractère de plus ou moins
Liste
gressivement à prendre le pas sur la notion plus familière grande dureté, la nature et les modes d’arrangement de
de sol qui apparaît aujourd’hui comme une portion de leurs minéraux constitutifs, les hétérogénéités, la densité
cette couverture (Baize, 1986). et l’orientation de leurs diaclases ou de leurs joints de
3.– La reconnaissance de cette couverture n’est pas tou- stratification sont autant de caractères qui vont orienter
Ta b l e jours facile à effectuer par rapport aux roches ou maté- la forme et l’intensité des altérations :
riaux originels. Certains critères permettent cependant – simple désagrégation physique d’un grès quartzeux en sable ;
de la distinguer : – transformation d’un granite en « arène », où l’argilisa-
– une structuration spécifique, des transformations géo- tion de minéraux altérables (micas et feldspaths) est la
chimiques et minéralogiques, et notamment l’appari- cause première de sa désagrégation ;
Index tion d’espèces minérales nouvelles – dissolution des roches calcaires, « libérant » des fractions
– la présence de matière organique et d’organismes vivants. argileuses, voire des silex qu’elles renfermaient dans leur
Une idée fondamentale s’impose immédiatement : tous les masse, avec accumulation en surface de ce résidu minéral.
composants de ces couvertures, que nous évoquerons plus
Glossaire loin - mottes de terre, agrégats, horizons, vides, fissures, che- 2. Les matériaux résultant de remaniements
naux, concrétions et concentrations de toutes sortes -, consti- ou transport par l’eau
tuent autant de volumes, de tailles et de formes certes diffé- 8.– Produits d’altération repris par des processus d’érosion,
rentes, mais qui s’emboîtent ou se juxtaposent en un ou matériaux frais arrachés directement aux roches, ils ont
ensemble architectural dont le dessin est le résultat de lois de subi pendant leur transport des effets de tri, d’usure méca-
distribution complexes. nique, de mélange ou de stratification qui en expliquent la
4.– La couverture pédologique est notamment le siège de grande diversité. Leur mise en place date essentiellement de
flux d’eau et de matière qui la traversent, tant verticale- l’époque glaciaire, et s’est poursuivie ensuite jusqu’à nos
ment que transversalement. Des gradients apparaissent jours, mais avec une moindre importance.
ainsi (structure, teneur en calcaire, en matière organique 9.– Les alluvions des rivières ont pu être transportées sur de
et en argile...) qui vont le plus souvent se combiner. grandes distances. De ce fait, leur composition peut être rela-
Cette variabilité n’est pas aléatoire et le spécialiste va s’attacher tivement, voire totalement indépendante des formations géo-
à identifier et repérer dans l’espace les facteurs responsables de logiques riveraines. Elles sont le plus souvent d’une granulo-
la pédogenèse. Cependant, chaque couverture a aussi une his- métrie très hétérogène sur les fonds étroits des vallées soumis
toire - parfois très longue - et de nombreuses organisations encore récemment aux crues des rivières ; au contraire relati-
qu’elle présente sont en fait héritées. Il conviendra donc égale- vement homogène s’agissant d’alluvions anciennes étagées en
ment de savoir retrouver cette histoire, en « remontant le larges terrasses le long des grands couloirs fluviaux. Les collu-
temps », afin de faire la part exacte de ce qui ressortit à un fonc- vions résultent de déplacements sur les pentes du relief et pré-
tionnement contemporain de cette couverture pédologique. sentent une composition en liaison très étroite avec les forma-
5.– L’utilisation rationnelle des sols pose un double pro- tions présentes localement.
blème : celui d’abord d’une connaissance objective de leurs 10.– Beaucoup de ces remaniements sont de nature périgla-
aptitudes, actuelles ou après aménagement, vis-à-vis des usa- ciaire et datent du Quaternaire : les « grèves crayeuses », les
ges que l’homme veut en faire, mais aussi celui de leur conser- solifluxions de matériaux argileux notamment. Les ruissel-
vation. Une bonne connaissance de la répartition des sols est lements érosifs sont post-glaciaires ; ils ont connu un regain
nécessaire. Elle fait l’objet de cartographies adaptées aux diffé- lors des grandes phases historiques de défrichement et plus
rentes étapes et niveaux géographiques d’une démarche récemment, avec l’éradication des haies ou talus et l’agran-
d’aménagement de l’espace rural. Cependant, la constitution dissement des parcelles agricoles.

Document à usage pédagogique


GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS
TA 1110
3. Les formations lœssiques et durant tout le Quaternaire ont eu une influence très
11.– Ces limons d’origine éolienne ont recouvert de vas- importante sur les propriétés et les caractéristiques des
tes portions de notre territoire au Quaternaire. Les sols sols que nous observons actuellement.
qui se sont formés présentent des caractères originaux
que l’on retrouve dans tout le nord de l’Europe. Cepen- C. Relief - Géomorphologie
dant, des différences se marquent selon la provenance 16.– Si l’on met à part les effets de la tectonique, c’est par
géographique de ces limons, leur ancienneté, la nature le jeu des altérations et érosions différentielles, corres-
même des formations qu’ils recouvrent ; des différences pondant aux processus géomorphologiques, que se sont
qui dessinent aujourd’hui les contours de vastes terroirs mises en place les grandes formes du relief et types de
tels le Soissonnais, la Brie, le fossé rhénan... (Begon et modelé. La pédogenèse prend le relais dans ce façonne-
coll., 1989). Même quand la couverture de lœss a dis- ment du paysage. De nombreuses caractéristiques des
paru, son influence se « retrouve » encore dans la majo- sols sont précisément en relation avec leur position topo-
rité des formations superficielles. graphique : leur régime hydrique, leur chimisme, voire
un microclimat. En retour, la pédogenèse met en jeu des
4. Les matériaux organiques transferts de particules et d’éléments chimiques, soit ver-
12.– Des matériaux organiques ont pu s’accumuler dans ticalement, soit transversalement en fonction du modelé
certaines zones en dépression et des fonds de vallées et des niveaux d’imperméabilité que peut opposer le
ennoyés ou engorgés par un excès d’eau sur une période substrat géologique et le sol lui-même aux infiltrations.
de l’année plus ou moins longue. L’activité biologique 17.– Tout comme sont déterminants les pratiques de
s’en trouve réduite, et les débris végétaux, mal décompo- l’homme et les aménagements qu’il a pu apporter au Liste
sés, s’accumulent. C’est le cas des tourbières et terres de cours des temps pour « corriger » la nature ou s’y
marais, des « prairies humides ». adapter : le dessin du parcellaire, l’implantation de haies.
Entre cette nature et l’homme, un équilibre s’instaure qui
B. Climat se traduit dans la physionomie du paysage ; il sera remis Ta b l e
en cause à chaque fois que l’on voudra modifier l’usage
13.– Le climat est un facteur primordial de la formation de l’espace.
des sols. La température intervient dans les processus
physico-chimiques de l’altération et commande égale- D. Régimes hydriques
ment la vitesse de décomposition des matières organi-
ques : sous des climats chauds les altérations sont inten- 18.– L’économie en eau de chaque sol est définie d’une I n dex
ses et la matière organique se détruit vite ; sous climat part, par la réserve qu’il est susceptible d’accumuler,
boréal, ou en altitude, les altérations sont modestes et la d’autre part, par les possibilités d’évacuation de l’eau,
matière organique se décompose mal. soit par évapotranspiration, soit par infiltration en pro-
fondeur, soit par écoulement latéral sous forme de trans-
En climat humide, la pluviosité joue un rôle déterminant fert hypodermique ou de ruissellement en surface. Cette Glossaire
dans le processus général d’appauvrissement du sol. Il économie en eau est donc sous la dépendance de nom-
recouvre deux aspects : la solubilisation et le départ des breux facteurs dont les plus importants sont le climat, le
éléments chimiques, la mise en suspension de particules relief et le type de matériau.
fines et leur déplacement au sein de la couverture pédolo-
gique. La conséquence en est une acidification progressive 19.– Le climat règle l’économie hydrique par son régime
et un appauvrissement en certains constituants de la partie pluviométrique et celui de l’évapotranspiration.
supérieure du sol. Une partie des éléments entraînés peut 20.– L’infiltration est contrôlée par la couche du sol offrant
reprécipiter à faible profondeur, à l’intérieur même du sol ; la perméabilité la plus faible. Si une telle couche existe au
une autre partie peut être redistribuée sur des espaces plus sein même du sol, l’eau d’infiltration tend à s’accumuler
vastes et rejoint les cours d’eau, puis la mer, pour autant au-dessus de ce plancher imperméable sur la durée d’une
que les débits soient suffisants. Sinon, et c’est le cas en cli- période pluvieuse ou de la saison de l’année la plus
mat semi-aride, ces éléments reprécipitent après un court arrosée ; on parle couramment de « nappe perchée ».
transport dans les points bas de la topographie. 21.– Ce cas de figure n’est cependant possible que dans
14.– L’intensité de ces phénomènes dépend en fait non pas des paysages de plaine. Dans des situations en pente,
tant d’une pluviosité globale mais de la balance saisonnière l’eau circule latéralement au-dessus du plancher imper-
entre les précipitations d’une part, l’évaporation et la con- méable ; on parle d’écoulement hypodermique. Certains
sommation d’eau du couvert végétal, d’autre part. Pour sols dits « battants » peuvent devenir imperméables dès
chaque région naturelle, ces caractéristiques climatiques leur surface sous l’effet dégradant des pluies. L’eau
prennent ainsi une signification particulière et lui confè- s’écoule alors par ruissellement au fil de la pente et peut
rent pour une bonne part son originalité. engendrer une érosion.
15.– L’interprétation que l’on fait des propriétés des sols 22.– Le sol peut être affecté par une nappe phréatique sur
rencontrés dans une région donnée implique donc de tout ou partie de sa profondeur notamment dans les
connaître non seulement les conditions climatiques fonds de vallées où les alluvions constituent très généra-
actuelles de cette région mais aussi les tendances climati- lement des aquifères importants. Il s’agit d’une nappe à
ques anciennes qui ont précédé. Ainsi a-t-on pu montrer caractère semi-permanent, dont les battements sont sou-
que les climats successifs qui ont régné depuis le Pliocène mis essentiellement au rythme des saisons.

Document à usage pédagogique


1110TA GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS

23.– Un engorgement prolongé de la porosité du sol induit 28.– Les sols les plus anciens, et qui sont aussi les plus diffé-
un déficit en oxygène et donc une ambiance réductrice. La renciés, ne se sont guère conservés que sur de vieilles surfa-
conséquence la plus visible en est la réduction du fer sous ces épargnées par l’érosion. Les sols développés sur les gran-
sa forme ferreuse, qui se signale par des teintes allant du des terrasses alluviales des couloirs fluviaux sont déjà moins
gris au gris bleuté. En outre, cette forme ferreuse est anciens. Ils présentent cependant des caractères d’évolution
mobile, parce que soluble, et peut donc migrer à l’intérieur évidents, notamment un appauvrissement de leur partie
du sol avec l’eau. En phase de ressuyage, certaines portions supérieure. Les sols les plus jeunes sont développés sur les
du sol s’assèchent plus rapidement et engendrent, par oxy- alluvions et colluvions récentes et ne présentent tout au plus
dation, des précipitations de fer sous sa forme ferrique qu’un léger appauvrissement et un début de structuration.
couleur rouille. Il en résulte que les zones du sol soumises 29.– Le réchauffement post-glaciaire du climat s’est fait
à de telles alternances de conditions réductrices et oxydan- cependant avec des ruptures : des périodes plus froides, plus
tes, notamment la zone de battement d’une nappe, présen- chaudes ou plus sèches. On en trouve des traces sur des sols
tent le plus souvent une marqueterie de taches grises et « fossiles » enfouis sous des apports plus récents qui les ont
rouille. On parle « d’horizon de pseudogley ». Le terme de protégés. C’est notamment le cas au sein des formations
« gley » est réservé aux horizons soumis en quasi-perma- lœssiques dont l’apport s’est fait en plusieurs épisodes.
nence à un excès d’eau ; ils présentent une teinte unifor-
mément gris-bleu. 30.– La mise en valeur agricole est la dernière grande rup-
ture : les grands défrichements et les érosions qu’ils ont
Plus largement, on parle de phénomènes d’« hydromor- générées, l’assainissement des zones humides, l’utilisation
phie » et d’« horizons hydromorphes ». des engrais, amendements et pesticides qui modifient pro-
Liste fondément le chimisme et les activités biologiques du sol.
E. Végétation
III. CARACTÉRISATION DES SOLS
24.– Les différentes formations végétales interviennent
dans la genèse des sols selon des processus différents et 31.– Les facteurs de la formation du sol sont étroitement
Ta b l e interdépendants et prennent donc tous une certaine part
avec plus ou moins d’intensité. Leur effet s’exerce princi-
palement par l’action de divers types d’enracinement, dans les processus de pédogenèse : altération, humifica-
ainsi que par l’apport de résidus végétaux de composi- tion, migrations... qui effacent progressivement les struc-
tion variée. En climats tempérés, les débris végétaux tures originelles des matériaux géologiques pour leur
retournent annuellement au sol. Ils s’y décomposent et se substituer, ou tout au moins leur surimposer des structu-
Index transforment plus ou moins vite en humus selon leur res entièrement nouvelles que l’on qualifie « d’organisa-
nature et les conditions offertes aux activités biologiques tions pédologiques ».
qui sont les agents essentiels du processus dit de « Ilhu- L’examen de ces organisations est essentiel au pédologue
mification (Duchaufour, 1983, 1991). pour comprendre les relations que le sol entretient avec
25.– Le climat commande bien entendu la nature des son environnement et quelles seraient ses réponses à des
Glossaire
associations végétales. Il s’établit une zonation à l’échelle aménagements ou à de nouvelles pratiques.
du globe en fonction de la latitude (forêt équatoriale,
savane, taïga...) et d’un effet régional plus ou moins mar- A. Les niveaux d’organisation
qué de « continentalité » ou « d’influences océaniques ». 32.– Le sol présente généralement une architecture
Dans les zones montagneuses, c’est l’altitude qui com- interne à plusieurs niveaux d’organisation. A chacun de
mande l’étagement de la végétation en forêt feuillue, ces niveaux, on peut identifier des volumes de dimensions
forêt mixte, forêt de résineux, et enfin les alpages. voisines, offrant de mêmes caractères morphologiques
26.– A l’échelle locale, l’exposition, la nature des maté- qui les originalisent. Les volumes de dimensions modes-
riaux originels peuvent privilégier ou au contraire inter- tes, jusqu’au décimètre, peuvent être plus ou moins aisé-
dire telle espèce à l’intérieur de l’association végétale en ment isolés à la main. Ces éléments structuraux consti-
équilibre avec le climat général de la région. On parle tuent des agrégats et représentent la « structure » qui est
d’espèces calcicoles, acidiphiles, également d’espèces de l’un des paramètres essentiels de la « description morpho-
stations fraîche, humide... qui reflètent des exigences diffé- logique » du sol. Le terme « microstructure », auquel
rentes en termes de besoins nutritionnels, de susceptibilité répond celui de « micromorphologie », est réservé dans la
à une toxicité, de microclimat... (Duchaufour, 1991). pratique aux niveaux d’organisation les plus fins, étudiés
au microscope.
F. Facteur temps 33.– Les organisations élémentaires et les agrégats structu-
raux. Les premières résultent de l’assemblage direct des
27.– La durée pendant laquelle s’est exercée l’influence constituants élémentaires du sol et ont des dimensions qui
des différents facteurs de la pédogenèse est très variable. débutent au niveau microscopique pour atteindre celui des
Les altérations notamment peuvent être très anciennes, premiers agrégats discernables à l’œil nu. On les étudie au
mais l’on peut considérer, tout au moins sous nos cli- microscope, sur des coupes minces, après enrobage dans
mats, que la pédogenèse n’a pu réellement s’exprimer de la résine. La description des assemblages, ou « micro-
que postérieurement à la dernière grande phase glaciaire, morphologie », recourt à un langage codifié - squelette,
soit il y a quelque 10 000 ans, avec l’apparition progres- fond matriciel, vides, concentrations, séparations... - qui
sive d’un couvert végétal. fait l’objet de glossaires (Fedoroff et coll., 1987).

Document à usage pédagogique


GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS
TA 1110
Les organisations élémentaires s’associent elles-mêmes 40.– Nomenclature des horizons. Indépendamment des
pour constituer des agrégats, dont les dimensions vont horizons organiques proprement dits, appelés O ou H,
du millimètre à un ou plusieurs décimètres. Ces agrégats les horizons sont dénommés A, E, B. S, C, M et R, selon
constituent ce qu’on appelle communément la « struc- une nomenclature maintenant internationale. Nous ne
ture » du sol (V. n. 58). traiterons ici que des sols de milieu tempéré, le milieu
tropical présentant d’autres spécificités.
34.– Les horizons pédologiques. Volumes plus ou moins
parallèles à la surface du terrain, dont les dimensions laté- 41.– * Les horizons A sont donc constitués par les hori-
rales sont largement plus grandes que la dimension verti- zons hémorganiques. On en distingue deux grands types.
cale. Ils comportent un ou plusieurs types d’agrégats – Horizon A. Horizon de surface, de couleur foncée, à
structuraux, le plus souvent emboîtés, et un certain nom- teneur relativement élevée en matière organique, à acti-
bre de « traits pédologiques » associés : taches de couleur vité biologique maximale.
sur les faces, ou « revêtements d’argile », concrétions de
fer et de manganèse dans la masse, concentrations de pro- Ap ou L. Horizon travaillé des sols cultivés, à teneur en
duits organiques... matière organique et structure variables mais toujours
soumis à l’influence marquée d’une intervention anthro-
35.– Le « solum » ou profil pédologique. Il représente la pique.
succession, vue en coupe verticale, des horizons constitu- 42.– * Les horizons E sont dits éluviaux. Ils sont essentiel-
tifs du sol. On s’attache davantage ici à préciser les liens lement minéraux, lessivés, c’est-à-dire appauvris en
de filiation entre ces horizons. argile, en fer ou en alumine, avec, corrélativement, une
36.– Les systèmes pédologiques. Ce sont des volumes accumulation relative de quartz ou autres minéraux Liste
pédologiques au sein desquels les horizons sont organisés résistants dans les fractions minérales intermédiaires et
entre eux à la fois verticalement et latéralement, à grossières. Ces horizons représentent donc des couches
l’échelle d’une unité de modelé. d’où ont été éliminés une partie des éléments originels :
colloïdes argileux ou oxydes de fer, avec comme consé-
quence l’apparition fréquente d’une teinte pâle, délavée Ta b l e
B. Profil pédologique et profil cultural
(v. n. 74).
43.– Les horizons B et S sont constitués par des niveaux
1. Le profil pédologique soit enrichis en produits d’illuviation : argile fine fer ou
37.– Le profil pédologique, résultat d’une pédogenèse, est humus, soit présentant une altération du matériau par
rapport aux conditions originelles avec formation de sili- I n dex
constitué par un ensemble d’horizons résultant de trans-
formations, migrations ou déplacements - généralement cates argileux en place ou libération d’oxydes de fer, ou
verticaux, mais aussi latéraux - de certains éléments encore les deux simultanément.
constituants du sol. Les horizons peuvent être différen- – Horizon B. Cet horizon peut être situé soit sous un
ciés en trois grandes catégories : les horizons organiques, horizon E, soit encore, si une érosion est intervenue, Glossaire
les horizons hémorganiques et les horizons minéraux, en immédiatement sous un horizon de surface. Les types
fonction des proportions relatives de matières organi- suivants sont parmi les plus courants :
ques et matière minérale. Certains de ces horizons sont
dits « horizons diagnostiques » ou de « référence ». Leur BT (B de texture). Horizon dit argillique ou encore
reconnaissance est fondamentale pour établir des typolo- argilo-illuvial. Il se forme en relation avec un horizon
gies de sols et rattacher ceux-ci à l’un ou l’autre référen- éluvial E situé soit immédiatement au-dessus de lui, soit
tiel ou taxonomie. en amont. Il est caractérisé par un enrichissement en col-
loïdes argileux répartis notamment en revêtements
38.– Horizons organiques et hémorganiques. Les premiers orientés sur les faces des agrégats structuraux (v. n. 60).
sont formés par l’accumulation de débris organiques bruts BTd (BT « dégradé », ou « glossique »). Horizon BT pré-
qui se décomposent progressivement sous l’action de la sentant des pénétrations en langues de l’horizon E sus-
faune et de la microflore. Leur aspect et constitution sont jacent, essentiellement le long des faces verticales des
très variables selon les conditions de milieu et la nature des unités structurales.
végétaux. Les horizons hémorganiques ne comportent
essentiellement que des composés organiques « BTa (B anthropique). Horizon B textural profondément
humifiés », sous la forme de produits colloïdaux plus ou modifié par la culture et une intense activité biologique.
moins associés aux particules minérales les plus fines. La structure est de très bonne qualité et des revêtements
argilo-humifères tapissent systématiquement les agrégats
39.– Humus. Pour un sol donné, sous forêt ou pelouse natu- structuraux ainsi que les très nombreuses cavités et per-
relle, le couple horizon organique-horizon hémorganique tuis fauniques. Cet horizon se présente généralement
constitue l’humus du sol. On distingue d’une part des humus immédiatement sous un horizon L.
dits peu actifs, les « mor », constitués majoritairement de
matières organiques fraîches ou peu transformées, le « dysmo- BP (B podzolique). Cet horizon est caractérisé par un
der » et le « moder », plus évolués et moins acides, et d’autre enrichissement en humus et en fer en provenance d’un
part les humus actifs, les « mull », présentant une décomposi- horizon E sus-jacent.
tion rapide des débris végétaux. De nombreuses autres formes – Horizon S. Horizon constitué par une couche dans
peuvent être évoquées : mull acide, eutrophe, calcique, carbo- laquelle les processus génétiques ont modifié ou altéré
naté, hydromull... (Duchaufour, 1991). suffisamment le matériau originel pour créer une struc-

Document à usage pédagogique


1110TA GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS

ture particulière, pour libérer des oxydes de fer et donner C. Bases de l’observation
éventuellement naissance à la formation d’argiles. C’est et de la description des sols
donc un horizon d’altération en place (anciens B structu-
ral et B de couleur). 48.– Les sols se distinguent avant tout par des caractéris-
tiques morphologiques, décelables essentiellement lors
44.– * Les horizons C sont des horizons minéraux, non de l’examen de fosses ou tranchées. Il est donc indispen-
cohérents, analogues ou non au matériau originel pré- sable de prévoir une harmonisation dans le recueil de
sumé du sol, peu affectés par les processus pédogénéti- cette information.
ques, ne présentant pas les caractères distinctifs des hori-
zons A et B, mais pouvant cependant être modifiés par 49.– Il est tout d’abord très important de préciser l’état
certains phénomènes comme : d’humidité d’un sol lors de sa description, en raison de
son effet considérable sur de nombreuses caractéristiques
– une altération indépendante de l’activité biologique telles que la couleur, la consistance, la compacité.
principale ;
– une cimentation, induration ou compaction éventuelle ; 1. Couleur
– l’influence d’une nappe phréatique temporaire ou per- 50.– Lorsqu’un sol présente une teinte uniforme, la des-
manente ; cription à l’aide d’un code (Munsell par exemple) est aisée.
– une accumulation de carbonates. Lorsque des phénomènes d’oxydo-réduction, de
45.– * Les horizons R et M sont constitués par des roches (« gleyification »), se manifestent, on observe un bariolage
cohérentes (dures = R, consolidées = M) ayant donné ou plus ou moins net du matériau. Et de même, des phéno-
Liste non naissance au matériau sus-jacent. Le symbole M ou mènes de micropodzolisation latérale le long de pertuis
R est employé seul lorsque la roche est présumée être à radiculaires peuvent conférer au sol un aspect marmoréen.
l’origine du matériau meuble le recouvrant ; dans le cas Par ailleurs, certains caractères de coloration spécifiques,
contraire, un chiffre romain le précède pour indiquer comme les revêtements argileux ou humifères, les indura-
l’existence d’une discontinuité lithologique. tions et concrétions ferromanganésifères, sont significatifs
Ta b l e de processus et fonctionnements particuliers.
2. Le profil cultural Une grande attention est accordée notamment aux varia-
46.– L’analyse du « profil cultural » s’applique, comme le tions de teinte ou de dessin d’un bariolage d’un horizon à
nom l’indique, aux sols cultivés. Il s’agit essentiellement l’autre, en ce qu’elles sont révélatrices du fonctionnement
d’une méthode de diagnostic du rôle limitant de certai- hydrique du sol.
Index
nes propriétés physiques et du choix des moyens à même 51.– Certains dépôts peuvent cependant présenter une
de corriger ces insuffisances (Hénin et al., 1969). Le profil couleur de fond en relation avec la composition minéralo-
cultural est la « superposition de couches et d’horizons gique de leurs argiles et leur teneur en oxydes : on parle de
induits par les outils et l’action des racines... », et, tel lithochromie. C’est notamment le cas des argiles tertiaires
Glossaire quel, identifié par rapport au profil pédologique. ou secondaires, localement glauconieuses (teinte verte), et
Les critères de description du profil cultural procèdent de de faciès du Permien ou du Keuper (teintes rouge foncé).
manière évidente de la confrontation entre la description
d’un état physique (épaisseur des couches, humidité, 2. Composition minérale
structure) et la recherche d’indices révélateurs de dys- 52.– Texture. La notion de texture, appliquée à un maté-
fonctionnements (traces d’hydromorphie, état des matiè- riau-sol, correspond à l’ensemble des propriétés résultant
res organiques, abondance et état des racines) (Stengel, directement de la taille de ses constituants (Fasc. 1130).
1990). Elle représente l’une des caractéristiques fondamentales
47.– Une systématisation de ces notions a été introduite du sol et est essentielle pour l’identification des maté-
par Manichon (1982). Son objectif est plus ambitieux : riaux originels et des horizons. La structure (v. n. 58), la
une description de la structure des couches travaillées de dynamique de l’eau, en dépendent largement.
façon à observer et quantifier les effets des systèmes de Cette notion de texture s’applique plus précisément aux
culture et des itinéraires techniques et d’en comprendre particules élémentaires minérales du sol inférieures à 2
les mécanismes. Cette approche implique de décrire mm. Celles-ci sont classées suivant leurs dimensions par
séparément les volumes de sol ayant subi des successions référence à une échelle internationale : Argiles (0-2 u =
de sollicitations différentes, de façon à pouvoir relier un microns), Limons fins (2-20 u), Limons grossiers ou
état observé à ses facteurs explicatifs, en retenant essen- Sables très fins (20-50 u), Sables fins (50-200 u), Sables
tiellement des critères morphologiques de description. grossiers (200-2 000 u), Éléments grossiers (+ de 2 mm).
Deux niveaux d’observations sont prévus : Cependant, dans certains cas, et en particulier pour mieux
caractériser l’origine et la nature des sédiments, on peut
– l’état interne des éléments structuraux, c’est-à-dire la effectuer davantage de fractionnements (Baize, 1988).
qualité des mottes individualisées par le travail du sol
(mottes de type « delta » et « gamma ») ; 53.– Teneur en calcaire de la terre fine. Cette teneur, sou-
vent matérialisée par des couleurs et des concentrations
– les modalités d’assemblage de ces éléments structuraux. particulières, peut être mise en évidence par réaction
On constate donc ici une extension importante de la avec de l’acide dilué, l’importance de l’effervescence
notion d’horizons, qui sont essentiellement définis ici obtenue étant normalement en relation avec la quantité
par les actions anthropiques qu’ils ont subies. de carbonate de calcium présent.

Document à usage pédagogique


GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS
TA 1110
54.– Charge en éléments grossiers - Pierrosité. Un grand 60.– La structure fragmentaire est caractérisée par un
nombre de formations superficielles contiennent des réseau de faces de dissociation préférentielles qui définis-
quantités assez importantes de fragments grossiers qui sent des éléments de formes et de dimensions très varia-
sont de nature à créer un obstacle à la mécanisation agri- bles. Soit une direction préférentielle de dissociation hori-
cole et à la mise en culture d’une façon plus générale. Il zontale qui définit des structures du type lamellaire ou
convient donc d’évaluer (en %) ces quantités en éléments feuilletée, soit une direction verticale définissant des agré-
grossiers ainsi que leur nature, leur forme, et leur dimen- gats du type prismatique ou en colonnes, soit encore un
sion moyenne. dessin en trois dimensions qui individualise des agrégats
plus ou moins réguliers : structures cubiques, polyédriques
3. Composition organique et activités angulaires ou subangulaires, voire sphériques. La structure
biologiques en « plaquettes obliques » est spécifique des horizons carac-
téristiques des vertisols ou sols à caractères vertiques.
55.– Teneur en matière organique. La matière organique
d’un sol se caractérise principalement par sa nature, liée
5. Caractéristiques particulières -
très souvent à un aspect morphologique et une colora-
Traits pédologiques
tion particulière, et par sa teneur, fréquemment liée à
l’intensité de la teinte. 61.– De nombreuses caractéristiques particulières ne se
retrouvent que dans certains types de sols et peuvent
56.– Enracinement. La description précise de la colonisa- avoir une signification très importante quant à la déter-
tion radiculaire permet notamment la mise en évidence mination de leur stade d’évolution ou de leur potentiel
de certains défauts liés à la constitution d’horizons parti- de fertilité, c’est-à-dire leur place dans différents systè- Liste
culiers (compacts, appauvris, toxiques), et de se faire une mes typologiques ou de référence. Les revêtements argi-
bonne idée du volume de sol exploité par la plante pour leux observés dans certains sols peuvent notamment être
son alimentation. soit le résultat de phénomènes typiques d’illuviation, soit
57.– Activités biologiques. L’observation des activités éventuellement celui d’une altération in situ.
Ta b l e
biologiques dans les différents horizons revêt toujours
une très grande importance. Les horizons organiques D. Échantillonnage et caractérisation
portent toujours l’empreinte d’une activité soit zoogène, analytique
soit mycogène ; il convient de décrire en détail les traces
diverses et les caractères laissés par ces activités : présence 62.– La description soigneuse de profils représentatifs sélec-
d’acariens, de collemboles, de lombricides... L’action de tionnés revêt une importance particulièrement grande. En I n dex
ces derniers conditionne notamment de façon impor- effet, les observations effectuées et codifiées, ainsi que les
tante l’aération dans les sols cultivés. données analytiques correspondant aux échantillons préle-
vés, sont destinées à constituer une base pour l’évaluation
des terres et leur rattachement à différents référentiels. De
4. Structure Glossaire
plus, c’est la seule possibilité de pouvoir comparer valable-
58.– La qualité de la structure est une des caractéristiques ment des sols situés dans des régions variées et décrits par des
fondamentales des sols, car reflet de nombreuses pro- observateurs différents. Il est donc indispensable que toutes
priétés de comportement et de fonctionnement, en les descriptions soient établies d’une manière rationnelle et
liaison avec la dynamique de l’espace poral. La structure méthodique. Des fiches de description sont prévues à cet
d’un sol (v. Fasc. 1140) est définie par la manière dont les effet en rappelant les différents points à envisager, et permet-
particules élémentaires sont reliées entre elles pour for- tant une informatisation de l’information (STIPA, 1984).
mer des unités plus importantes : les agrégats. Les diffé-
rents types de structure peuvent avoir des origines diffé- 1. Échantillonnage général du profil
rentes (Duchaufour, 1983, 1991) : actions biologiques
conduisant à des « structures construites » ou « pédobio- 63.– Toute prise d’échantillons doit être réalisée dans
logiques », phénomènes de cimentation (carbonates, l’esprit d’une confirmation d’hypothèses émises lors de la
oxydes...), rôle des alternances de gonflement et retrait description. La profondeur sur laquelle le prélèvement
sur la formation de « structures fragmentaires ». est effectué doit donc être bien définie et respectée. Les
horizons diagnostiques et de référence font bien entendu
59.– Une première subdivision importante est ainsi basée l’objet d’un soin tout particulier. Ainsi, dans la prise
sur la constitution générale de la structure. Elle peut être : d’échantillons, il y a toujours lieu d’éviter au maximum
– particulaire (ou élémentaire) ; que les caractères les plus représentatifs de l’horizon
soient influencés par les horizons avoisinants.
– continue (ou « massive ») ;
– fragmentaire. 2. Échantillonnages particuliers
Dans certains cas, une appellation particulière peut être uti- 64.– Certaines zones ou matériaux particuliers doivent faire
lisée, par exemple horizon à structure cendreuse pour les l’objet de prélèvements très sélectifs. Citons par exemple les
horizons appauvris des podzols. La structure grumeleuse est revêtements argileux, les zones réduites et oxydes d’horizons
la structure construite par excellence, tandis que la structure à pseudo-gley ou à forte compacité, les horizons d’accumu-
microgrumeleuse est liée à un comportement particulier de lation en bandes étroites - humiques ou ferriques - des sols
Al en conditions de désaturation importante. podzoliques développés dans des matériaux sableux.

10

Document à usage pédagogique


1110TA GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS

Le prélèvement d’échantillons non perturbés pour la 69.– En effet, certains matériaux ou situations topogra-
détermination de propriétés physiques ou pour la micro- phiques peuvent présenter un caractère suffisamment
morphologie requièrent par ailleurs des techniques spéci- extrême pour orienter entièrement l’évolution du sol
fiques (boîtes métalliques, techniques d’enfoncement et (tels les matériaux très argileux ou très riches en sels, ou
de dégagement...). des points marécageux soumis en permanence à un excès
L’ensemble des échantillons ainsi prélevés fait l’objet de d’eau). Auxquels cas on parle de « sols azonaux » ou
déterminations et d’analyses physico-chimiques et miné- « stationnels ». Et les grands modes de pédogenèse
ralogiques maintenant standardisées aux niveaux natio- s’appellent ici « vertisolisation », « hydromorphie »...
nal et international.
70.– Plusieurs catégories de processus de la genèse des
sols doivent être évoquées. Toutes sont étroitement
IV. PROCESSUS DE LA PÉDOGENÈSE
dépendantes à la fois de la nature des roches mères et des
conditions pédoclimatiques qui intègrent le climat et la
A. Différenciations verticale et latérale végétation. Indépendamment de l’incorporation de la
65.– Les conditions ayant présidé à la différenciation des matière organique et des phénomènes d’humification,
sols : origine géologique, mode de mise en place, impor- deux catégories de processus regroupent respectivement
tance des altérations, évolutions physico-chimique et les mécanismes d’altération et les phénomènes de redis-
biologique, y ont induit une double différenciation : dans tribution de matière.
leur organisation verticale et dans leur répartition spatiale.
Liste La première correspond à la notion traditionnelle de pro-
fil de sol telle que nous l’avons décrite, la seconde ne peut C. Altération et brunification
s’appréhender qu’en observant et analysant des toposé-
71.– Il est possible de distinguer ici des mécanismes
quences paysagiques, en étudiant suffisamment finement
d’altération physique et géochimique. Les premiers sont
les relations qui existent entre les différents profils de sols
Ta b l e se succédant sur un versant. responsables du fractionnement de la roche initiale sous
l’effet de phénomènes tels que les cycles humectation/
L’importance relative de ces deux modes de différencia- dessication et gel/dégel. Ce fractionnement peut aller
tion est naturellement liée aux possibilités de transferts jusqu’à une microdivision générant des fractions de plus
d’eau, de solutés et de particule, responsables en grande en plus fines : sableuses, limoneuses, et de la dimension
partie de l’évolution des couches de surface. des argiles (< 2 u). Les seconds ont alors leur tâche facili-
Index
tée par l’augmentation des surfaces exposées à l’action
B. Pédogenèses climatique et stationnelle agressive d’eaux chargées de diverses substances acides,
66.– L’examen des caractéristiques du sol permet au notamment d’origine organique.
pédologue de discerner quels facteurs ont joué le rôle le
72.– L’action successive ou conjuguée de ces mécanismes
Glossaire plus déterminant dans la formation du sol. Soit que ces
facteurs aient toujours primé sur les autres, soit que leur provoque une première homogénéisation du matériau,
action se soit exercée sur une durée plus longue. faisant ainsi disparaître les structures lithologiques initia-
les pour les remplacer par une structuration pédologique
67.– C’est ainsi que dans les régions du globe où le climat comme nous l’avons décrite plus haut.
est à la fois bien tranché et stable depuis longtemps de
l’ordre du million d’années, les sols présentent partout de Un relais est alors pris très rapidement par les différentes
mêmes grandes organisations pédologiques. Ainsi, en activités biologiques : enracinement lié à la colonisation
région tropicale, un granite, un grès, ont subi pareille- par la végétation, actions fauniques et microbiologiques,
ment une altération et un appauvrissement très conduisant éventuellement à d’autres types de structura-
intenses ; ils donnent tous deux naissance à une latérite tion. La matière organique libère ainsi des composés
(ou ferrallite) et ne se distinguent guère que par quelques humiques qui forment, avec les éléments issus de l’altéra-
caractères mineurs. D’un autre côté, ces mêmes roches tion, des complexes organo-minéraux, de nature très
donnent naissance à un podzol dans le nord de la Russie, variable, et qui confèrent au sol un grand nombre de ses
sous climat sub-boréal. Dans les deux cas, on parle de « propriétés.
sols zonaux » pour rendre compte de cette zonalité pédo-
logique calquée sur celle des bioclimats. Et les « grands 73.– Le processus de brunification correspond à une alté-
modes de pédogenèse » qui leur correspondent sont ration ménagée - principalement sous climat tempéré
appelés, ici ferrallitisation et là podzolisation. humide - des minéraux primaires de la roche-mère. Le
68.– Dans un pays tel que le nôtre, de climat tempéré, où milieu est faiblement acide et les structures cristallines
l’évolution des sols ne s’est marquée que depuis la fin de des minéraux sont peu affectées. Une partie des bases
la dernière période glaciaire (indépendamment de sols libérées lors de l’altération géochimique sont éliminées
fossiles et paléosols), l’effet du bioclimat se traduit essen- dans les eaux de percolation, tandis qu’une libération
tiellement dans le caractère modéré des altérations et un modérée d’oxydes de fer intervient. L’association de ces
rôle significatif des activités biologiques. La majeure par- oxydes avec la fraction argileuse et les matières organi-
tie des caractères du sol sont en fait imposés par la nature ques humifiées (humus de type Mull) confère au sol une
des matériaux originels ou des conditions stationnelles teinte brune caractéristique qui justifie les appellations
liées au modelé. « sols bruns » et « brunification ».

11

Document à usage pédagogique


GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS
TA 1110
D. Redistributions de matières « rubéfiés » et on les retrouve le plus souvent, sur notre
territoire, développés dans des matériaux calcaires dont
74.– Sous l’effet des transferts d’eau au sein de la couver- la forte drainance favorise encore plus le phénomène.
ture pédologique, et en fonction des conditions de milieu,
un appauvrissement des couches superficielles en certains 79.– La vertisolisation s’observe dans des matériaux très
constituants peut intervenir, ces constituants étant soit éli- argileux, notamment de type smectitique. Pour peu que
minés hors des solum, soit, et c’est fréquemment le cas, les conditions saisonnières du climat soient suffisamment
accumulés en sous sol à des niveaux variables. Il y a ainsi contrastées, les alternances d’expansion et de retrait des
migration de constituants sous forme soluble (lixiviation), argiles induisent une structure particulière caractérisée par
sous forme colloïdale, ou sous forme particulaire, aux de larges fentes de retrait en saison sèche et l’existence de
dépens de structures de départ qui vont en s’appauvris- faces structurales obliques et luisantes dues au glissement
sant, et accumulation dans des couches sous-jacentes des éléments structuraux les uns contre les autres. Par effet
jouant le rôle de structures d’accueil. de brassage (selfmulching), la matière organique subit ici
une « maturation » particulièrement intense qui confère
Ces phénomènes conduisent à deux des processus de pédo- au sol une teinte générale sombre.
genèse parmi les plus connus : le lessivage et la podzolisation.
80.– La salinisation correspond à un ensemble de processus
75.– Le lessivage est un processus d’entraînement méca- liés à l’action du sodium, qui se présente soit sous forme
nique, par les eaux de gravité, des argiles fines et des dissoute dans des solutions salines conduisant à la forma-
hydroxydes de fer qui leur sont associés, depuis les hori- tion de sols salés (salinisation proprement dite), soit sous
zons supérieurs (éluviaux : appauvris et décolorés) vers forme échangeable avec saturation importante du com-
les horizons profonds (illuviaux : enrichis et plus colo- plexe adsorbant (sodisation). Une désaturation partielle, Liste
rés). Ces derniers sont caractérisés morphologiquement sous l’effet des eaux douces de précipitations, conduit à une
par la présence de « revêtements » argileux qui enrobent dégradation manifeste de la structure (alcalisation).
la majorité des agrégats structuraux.
Enfin, il faut citer la sulfato-réduction qui caractérise,
76.– La podzolisation est de caractère climatique dans les sous nos climats, certains sols de polders. L’influence du Ta b l e
régions du globe où des températures basses sont un frein à la sodium, associée à un cycle particulier du soufre, y pro-
décomposition des matières organiques : la zone boréale, les voque une acidité prononcée (sols sulfatés acides).
régions de haute montagne. Dans l’horizon humique (le 81.– L’hydromorphie est liée à la présence temporaire ou
Mor), des acides organiques, solubles et très complexants, se permanente d’un excès d’eau. Elle est caractérisée par la
forment en abondance. Ils provoquent la destruction des réduction et la ségrégation locale de fer libre, due à une
minéraux altérables et entraînent en profondeur, sous forme I n dex
saturation des pores par l’eau. L’hydromorphie temporaire
de complexes organo-minéraux, les éléments issus de cette est fréquemment associée à d’autres processus de pédoge-
destruction. L’horizon immédiatement au-dessous de nèse qui provoquent une différenciation structurale ou tex-
l’humus prend un aspect cendreux dans les cas les plus carac- turale, intervenant postérieurement ou simultanément.
téristiques, tandis que les horizons sous-jacents se distinguent L’alternance de conditions d’oxydo-réduction provoque, Glossaire
par les teintes plus sombres (brune, noire et rouille) des com- comme nous l’avons vu plus haut, la formation de nom-
plexes organominéraux qui y précipitent en se polymérisant. breuses taches rouille et gris bleuâtre dans le profil. L’hydro-
77.– La podzolisation se manifeste également sous nos cli- morphie permanente, associée à des nappes le plus souvent
mats, mais comme un processus stationnel dans la mesure où profondes et très réductrices, est caractérisée par un main-
c’est essentiellement la nature du matériau qui en est la cause. tien du fer à l’état ferreux, ce qui confère aux horizons cor-
C’est le cas des sables quartzeux sédimentaires, pauvres chi- respondants une teinte gris-bleu à verdâtre généralisée.
miquement et très filtrants et, secondairement, des roches
cristallines les plus acides. En réalité, cet effet matériau se V. TYPOLOGIE ET GÉOGRAPHIE DES SOLS
trouve le plus souvent renforcé du fait d’une pluviosité élevée
et/ou d’une végétation dite acidifiante, de type lande à bruyè- A. Systèmes de classification et référentiels
res ou forêt de résineux. L’intensité de la pédogenèse est
variable : soit une podzolisation forte conduisant aux sols les 82.– On retiendra tout d’abord que la majorité des systè-
plus différenciés - de type podzolique ou podzol -, comme mes de classification proposés présentent une même struc-
sur les formations sédimentaires de l’lle-de-France, soit une ture en niveaux hiérarchisés, de type pyramidal. Les
podzolisation modérée conduisant à la différenciation de sols niveaux supérieurs sont définis par les processus de pédo-
de type ocre podzolique, comme c’est le cas général sur les genèse offrant le caractère de généralité le plus large ; ils
altérites développées aux dépens des roches cristallines de constituent une « classification générale » des sols ayant
nos massifs collinaires et montagnards. valeur de référentiel pour une communauté de pédolo-
gues. Dans de nombreux ouvrages (Duchaufour, 1983)
ont été exposées les bases de plusieurs systèmes de classifi-
E. Autres processus
cation mondiale des sols : « Soil Taxonomy » américaine
78.– La fersiallitisation est liée à des conditions climati- (1975), système FAO (1988), Classification française
ques à fort contraste saisonnier, méditerranéennes et (CPCS, 1967). Les niveaux inférieurs rendent compte de
même subtropicales. L’individualisation plus forte des particularités, ils constituent l’essentiel de classifications
oxydes de fer et la déshydratation plus marquée qu’ils dites « régionales » (M. Jamagne, 1964-1967) où une plus
subissent en saison sèche sont responsables de la couleur grande liberté est donnée au pédologue pour adapter les
brun rouge à rouge des sols. Ces sols sont dits pour cela critères de classement à une réalité locale.

12

Document à usage pédagogique


1110TA GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS

83.– La classification française des sols de 1967 constitue B. Quelques grands types de sols
un exemple caractéristique (CPCS, 1967; P. Duchaufour,
86.– La formation d’un sol résulte souvent d’un enchaî-
1983-1991). Aux niveaux supérieurs de la classification
nement de pédogenèses, chacune d’entre elles créant les
générale, constitués par les Classes, Sous-Classes, Grou-
conditions propices à l’apparition de la suivante. Ceci
pes et Sous-groupes de sols, les critères fondamentaux
conduit à la notion d’évolution séquentielle, associée à
utilisés sont les suivants :
celle de phyllum pédogénétique (Jamagne et Begon,
Classes de sols.– Degré d’évolution et de différenciation 1984) (Fig. 1).
du profil. Mode d’altération en liaison avec l’évolution Nous évoquerons successivement quelques types de sols
des minéraux. Nature et action de la matière organique. parmi les plus représentés sur notre territoire, et ce par
Dominance de certaines conditions physico-chimiques : grands types de matériaux originels, à savoir : les matériaux
hydromorphie, salinité... calcaires, les matériaux sableux et les formations limoneu-
Sous-classes de sols.– Influence des conditions de pédocli- ses. Les premiers correspondent donc à une évolution en
mat, d’où peuvent découler des « ambiances physico-chi- milieu calcique, saturé en bases, les autres à un développe-
miques » particulières : régime thermique, régime hydri- ment en milieu désaturé, acide. Les définitions seront celles
que, variations cycliques dans la concentration des d’une part de la classification « CPCS », d’autre part celles
solutions du sol. Peuvent intervenir également des processus de l’actuel « Référentiel Pédologique » (entre parenthèses).
considérés comme secondaires au niveau des classes : lessi-
vage, intensité de l’oxydo-réduction, acidification... 1. Sols sur matériaux calcaires
Liste
Groupes de sols.– Morphologie du profil et différenciation 87.– Ces sols sont caractéristiques de nombreuses surfa-
des horizons, traduisant un processus génétique déterminé. ces cultivées en régions crayeuses (Champagne), mar-
Sous-groupes de sols.– Variations dans l’intensité du pro- neuses (Argonne), et sur calcaires durs (auréole jurassi-
cessus définissant le groupe et apparition éventuelle d’un que des bassins sédimentaires). Le profil initial est du
processus secondaire. type A/C ou A/R, en fonction de la nature plus ou moins
Ta b l e dure et cohérente du matériau originel. Cependant, une
84.– Les niveaux inférieurs de la classification sont défi- décarbonatation progressive intervient qui induit la dif-
nis essentiellement à partir de critères directement inter- férenciation d’un horizon structural au sein du manteau
prétables pour l’utilisation et la conservation des sols. de résidus insolubles (auparavant prisonniers de la
L’unité taxonomique de base est représentée par la « Série roche) qui se forme à la partie supérieure du solum.
Index de Sols », notion qui correspond à un besoin pratique de
Le profil est alors du type A/S/C ou R et l’on note souvent
classification des terrains en vue de la cartographie systé-
la concentration en sous-sol de carbonates dits secondai-
matique, et qui a été mise au point aux États-Unis
res, reprécipités sous forme de « mycélium », de nodules
(Simonson, 1989). Cependant, entre cette catégorie et les
ou d’encroûtements.
unités supérieures de classification existe un autre
niveau, celui de la « Famille de sols ». Les sols auxquels nous avons affaire sont des Rendzines
Glossaire
typiques, des Rendzines « brunifiées », des Sols bruns cal-
85.– Plus récemment, dans le cadre de la valorisation et de caires ou calciques pour les plus nombreux (Rendosols -
la structuration des connaissances acquises depuis près de Calcosols - Calcisols - Brunisols saturés) (Fig. 1).
20 ans tant en France qu’à l’étranger, un référentiel des
types de sols est en cours d’élaboration sous l’égide de
l’AFES et de l’INRA, le « Référentiel Pédologique » (AFES- 2. Sols sur matériaux sableux
INRA, 1992). 88.– En fonction des propriétés intrinsèques des maté-
riaux : réserve en minéraux altérables, mode de transport
Ce système consiste en :
et mise en place, la différenciation peut être plus ou
– une liste d’horizons de référence (horizons d’interpréta- moins rapide et intense sous l’influence des conditions
tion) dont il est fourni une définition et une caractéri- pédoclimatiques.
sation précises ;
Les horizons d’accumulation d’argile du type BT s’orga-
– une collection de solums de référence (diagnostiques) défi- nisent le plus souvent en bandes d’épaisseur centimétri-
nis par des superpositions d’horizons de référence, com- que, se localisant de façon préférentielle aux discontinui-
plétée d’une liste de « macro-caractères » relatifs à plu- tés de sédimentation, même peu marquées, préexistant
sieurs horizons. Pour l’établissement des références, il a au sein du matériau. Une désaturation progressive par
été tenu compte le plus possible des propriétés et fonc- lixiviation et une évolution géochimique plus importante
tionnements physico-chimique, hydrique et structural ; sous l’influence de composés acides provoquent alors la
– une liste de termes (adjectifs, préfixes, périphrases) destruction partielle ou totale de ces concentrations argi-
définis avec précision, qui, ajoutés au nom de la réfé- leuses, laissant la place aux processus de podzolisation
rence, permettent de fournir nombre d’informations proprement dits. Les types de sols de cette première
supplémentaires. phase sont ainsi des Sols « bruns », ainsi que des Sols
Chaque profil, chaque plage cartographique ou chaque lessivés et lessivés podzoliques (Arénosols typiques, luvi-
unité cartographique peuvent ainsi être rattachés à une ques, néopodzoliques).
ou plusieurs catégories du référentiel. Ce système consti- On observe ensuite deux types essentiels de podzolisa-
tue donc un langage qui permet à tous les pédologues tion possibles : soit une podzolisation modérée condui-
d’échanger des informations sans ambiguïté. sant à la différenciation de Sols ocreux, cryptopodzoliques

13

Document à usage pédagogique


GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS
TA 1110

Succession dans le temps des stades caractéristiques d'évolution

FORMATIONS
RENDOSOL CALCOSOL CALCISOL BRUNISOL SATURE

CALCAIRES

Rendzine S. brun calcaire S. brun calcique S. brun

ARENOSOLS PODZOSOLS
typique luvique leptique typique

Liste
SABLEUSES

Ta b l e
S. brun S. lessivé S. podzolique Podzol

NEOLUVISOL LUVISOL TYPIQUE LUVISOL DÉGRADÉS I n dex


glossique planosolique

LIMONEUSES
LOESSIQUES Glossaire

S. brun lessivé S. lessivé S. lessivés dégradés

A Infiltration humifère BP Accumulation humus et fer

S Altération E Limon appauvri

R Roche calcaire E Limon très appauvri


E
ou Sable BT Accumulation argile
C
BT Bandes enrichies Transferts dominants : hydriques,
de particules

Milliers d'années
Durées d'évolution :
Dizaines de milliers d'années

Fig. 1. – Esquisse de séquences Pédogénétiques sur quelques exemples de matériaux originels.

14

Document à usage pédagogique


1110TA GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS

et ocre podzoliques, soit une podzolisation forte condui- très acidifiés, voient se manifester une évolution podzoli-
sant aux sols les plus différenciés de type sols podzoliques que dans leur partie supérieure.
ou Podzols (Alocrisols et Podzosols). 91.– Cette évolution en séquence, ou « phyllum », a un carac-
L’évolution podzolique peut être associée à des processus tère très général, et elle intéresse aussi bien l’ensemble des
d’hydromorphie, comme c’est le cas dans la région des matériaux limoneux. Son cours peut cependant être assez
Landes où de nombreuses microtoposéquences mon- fortement modifié dans certaines conditions de milieu. Ainsi
trent le passage de sols hydromorphes podzoliques à des dans le cas d’alluvions anciennes, l’hydromorphie est plus
podzols très différenciés (sols à « alios » des Landes) précoce en raison de leur dispositif en larges terrasses mal
(Righi, 1977). drainées. L’horizon BT est ici plus argileux mais moins struc-
turé et donc moins perméable. D’un sol dégradé glossique on
89.– Les altérations en place de roches cristallines, érup- passe très rapidement à un sol dégradé dit planosolique, voire
tives ou métamorphiques donnent par ailleurs naissance à un planosol, où le contact E/BT prend un dessin linéaire,
à des « arènes » de granulométrie variable en fonction de souvent souligné par des concentrations ferriques allant
la quantité et de la qualité des minéraux altérables origi- jusqu’à l’induration en carapace le « grep » toulousain des
nels et de l’intensité des processus d’argilisation. Certai- sols de type « boulbène » (Begon, 1979).
nes d’entre elles peuvent être très sableuses et subir ainsi
la succession des phases évolutives que nous venons 92.– Nous dirons enfin quelques mots sur les sols déve-
d’évoquer. On retrouve essentiellement ces sols dans les loppés sur matériaux argileux. Dans le cas de formations
massifs collinaires et montagneux (Vosges, Massif Cen- sédimentaires, et si elles n’évoluent pas en pélosols ou
tral, Alpes, Pyrénées) ; la morphologie des profils y tra- vertisols (Duchaufour, 1991 ; AFES-INRA, 1992), un
Liste duit rarement une podzolisation accentuée, mais appauvrissement en argile peut survenir à leur partie
exprime le plus souvent une podzolisation modérée supérieure du fait d’une circulation hydrique essentielle-
caractérisée par la présence de Sols ocre podzoliques ment latérale, en écoulement hypodermique. Un horizon
(Podzosols ocriques). E se différencie donc directement aux dépens du massif
argileux et l’on passe sans transition d’un sol brun initial
Ta b l e
à des sols de type sol planosolique et planosol.
3. Sols sur formations limoneuses
et sur matériaux argileux
C. Découpage de la couverture pédologique
90.– Ces matériaux, le plus souvent d’origine lœssique,
sont propices à une différenciation rapide par lessivage 93.– L’analyse des organisations de la couverture pédolo-
Index gique procède d’une démarche dont l’objectif premier est
des argiles. Cependant, nombre d’entre eux étaient ini-
tialement calcaires et ont donc subi au préalable une d’établir et de formuler des lois de distribution spatiale
décarbonatation, donnant naissance successivement à des sols à différents niveaux d’organisation de l’espace
des sols bruns calcaires puis calciques ; les traces en sont géographique. Le mode d’expression traditionnel de
notamment les bien connues « poupées du lœss », nodu- cette analyse est une carte de sols. S’y substitue
Glossaire aujourd’hui, de plus en plus, des bases de données-sols
les calcaires très indurés résultant de la précipitation des
carbonates dans la partie inférieure du solum. La pour- spatialisées et des Systèmes d’lnformation Géographique
suite de cette évolution conduit à un sol brun proprement (dits SIG) qui, à la fois, constituent un outil d’analyse
dit, qui voit se différencier un horizon coloré et bien spatiale et apportent une grande souplesse de choix dans
structuré à faible profondeur : l’horizon S. les modes de représentation, facilitant ainsi la gestion et
le traitement des données.
La désaturation progressive du sol par lixiviation crée
Quoiqu’il en soit, le travail du pédologue - cartographe
ensuite des conditions favorables au lessivage. On assiste
est de procéder au découpage de la couverture pédologi-
alors à la différenciation de sols bruns lessivés, puis de sols les-
que en volumes sensiblement homogènes, d’en décrire le
sivés, caractérisés par un horizon E appauvri en argile et fer
contenu et de les repérer dans l’espace (Jamagne, 1993).
surmontant un horizon BT enrichi de ces mêmes éléments
(Néoluvisols et Luvisols typiques). L’argile ainsi mobilisée se 94.– Le continuum constitué par la couverture pédologi-
répartit en se concentrant dans les pores et sur les faces des que peut être subdivisé en deux types de sous-ensembles
éléments structuraux, en revêtements caractéristiques. (Girard, 1984) :
L’intensification de cette différenciation tant structurale – les uns homogènes et correspondant à un découpage
que texturale, entre horizons E et BT, conduit à la mani- horizontal : les Horizons (v. n. 34) ;
festation de conditions d’engorgement temporaire par – les autres hétérogènes, constituant des ensembles territo-
l’eau dans leur zone de contact. L’hydromorphie qui en riaux cartographiables et correspondant à un découpage
résulte et l’acidification qui l’accompagne sont de plus en vertical : les Unités typologiques et cartographiques de sols.
plus accusées et provoquent la destruction de la partie
supérieure du BT, par remise en mouvement et sans 95.– Une Unité Typologique de Sol (UTS) est constituée
doute altération des argiles précédemment déposées. On par ce que l’on a défini comme « Profil » ou « Solum »,
observe un approfondissement de l’horizon E aux dépens c’est-à-dire un volume de la couverture pédologique pré-
de l’horizon BT dans lequel il s’enfonce sous forme de sentant partout où il est présent la même superposition
langues (« glosses »). Les sols sont dits alors sols lessivés d’horizons, l’un ou l’autre de ces horizons pouvant être
dégradés glossiques, sous-entendu hydromorphes (Luvi- éventuellement absent.
sols dégradés). Il est enfin fréquent que de tels sols, déjà Les Unités Cartographiques de Sols (UCS)

15

Document à usage pédagogique


GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS
TA 1110
96.– En matérialisant leurs contours sur un fond topo- – la prospection proprement dite, correspondant au
graphique, les UTS devraient constituer en principe recueil de l’information ;
autant d’Unités Cartographiques de Sols. La correspon-
– l’interprétation et la mise au point des données de ter-
dance entre UTS et UCS est cependant plus complexe
rain et de caractérisation analytique, et qui corres-
qu’il n’y paraît. En effet, pour des raisons de contrainte
pond au traitement de l’information acquise ;
graphique, ce n’est guère que sur des fonds topographi-
ques aux grandes échelles (1/5 000, 1/10 000) qu’il est – l’établissement d’un document cartographique final,
possible de délimiter des UCS dites simples, ou pures, accompagné d’une notice explicative suffisamment
correspondant chacune à une UTS donnée. Le plus sou- détaillée, et associé aujourd’hui le plus souvent à l’élabo-
vent, en fait, une UCS va devoir regrouper plusieurs UTS ration d’une base de données informatisée et spatialisée.
de façon à conserver au document final une lisibilité
satisfaisante. Mais on s’attachera alors à traduire au D. Informatisation - Systèmes d’lnformation
mieux l’agencement spatial de ces UTS au sein de l’UCS
Géographique
dite alors unité « complexe ».
97.– C’est ainsi que l’on distingue couramment trois grands 101.– Une carte de sols est loin de représenter la totalité
modes d’agencements au sein de ces unités complexes : des informations recueillies et traitées par l’auteur. La
contrainte graphique est donc à la fois un frein pour le
– séquence de sols : ensemble de sols dont la succession se pédologue qui regroupe des informations sans pouvoir
retrouve constamment dans un ordre déterminé, la toutes les représenter et une gêne pour le lecteur qui doit
raison de cette constance étant l’influence prépondé- décoder des définitions synthétiques trop générales ainsi
rante, et régulièrement répétée, d’un de leurs facteurs Liste
qu’un symbolisme graphique souvent complexe. L’infor-
de formation ; matique a apporté de nouvelles possibilités de stockage,
– chaîne de sols : ensemble de sols liés génétiquement, de traitement de l’information et d’expression des résul-
chacun d’eux ayant reçu des autres, ou cédé aux autres, tats. Des « banques de données-sols » ont en effet été
certains de ses constituants ; créées, elles consistent en la mise en mémoire sur ordina- Ta b l e
teur des différentes variables observées et mesurées sur
– juxtaposition de sols : ensemble de sols dont la coexis- les sols inventoriés, par l’utilisation de « codes » basés sur
tence au sein d’une unité cartographique ne paraît liée des « glossaires » harmonisés, la collecte des données
à aucune règle de répartition précise. s’effectuant par l’utilisation de fiches adaptées.
Une Unité Cartographique de Sols est donc le regroupe- 102.– L’informatique permet désormais de s’affranchir I n dex
ment d’une ou plusieurs Unités Typologiques de Sols de des contraintes graphiques et de mémoriser le maximum
façon à pouvoir en faire une représentation cartographi- de données de base ou élaborées, ceci en décomposant
que à une échelle choisie. Cependant, on verra plus loin l’information et en la structurant en « couvertures »
que l’informatique, au moins au niveau des applications, indépendantes que l’on peut donc superposer librement.
permet de se libérer des contraintes d’ordre graphique. Chacune des couvertures correspond à la description Glossaire
Les Unités de Fonctionnement des Sols (UFS) spatiale d’un ensemble d’objets spécifiques. Il s’agit de
distinguer les informations se rapportant directement au
98.– La nécessité est apparue progressivement d’un mode sol (par exemple les limites des sols, la localisation des
de découpage qui rende compte des relations de fonc- profils pédologiques), mais aussi à des données d’une
tionnement entre des unités typologiques, essentielle- autre nature (courbes de niveaux altitudinales, réseau
ment les flux hydriques et les transferts de constituants. hydrographique) (Fig. 3).
La notion d’UFS est ainsi apparue : fragment d’unité de
paysage ou de modelé dont on connaît l’organisation et 103.– L’analyse de l’information cartographique a con-
dont on peut préjuger la dynamique de fonctionnement. duit à élaborer un modèle informatique des données spa-
Ainsi toutes les UTS appartenant à un même bassin ver- tialisées comprenant deux ensembles : l’ensemble géo-
sant peuvent très bien être regroupées dans une seule métrique et l’ensemble sémantique correspondant
UFS, afin d’en décrire un fonctionnement global, généra- respectivement au contenant et au contenu des plages
teur, par exemple, d’un ruissellement érosif. cartographiques (King, 1991).
Le bloc-diagramme de la figure 2 illustre les notions que – L’ensemble (ou base) géométrique décrit les limites spa-
nous venons de définir. tiales des organisations reconnues. Une UCS est compo-
sée d’un ou plusieurs polygones - les plages cartographi-
99.– Il est donc possible de proposer un véritable Modèle ques - qui sont définis par les coordonnées des arcs qui
d’Organisation Spatiale de sols (MOS) au sein de certai- les délimitent.
nes unités de paysage, qui rende compte de l’emboîte-
ment des structures qui viennent d’être décrites : hori- – L’ensemble (ou base) sémantique décrit les caractères
zons - unités typologiques - unités cartographiques - des sols. Cet ensemble comprend le tableau des « Unités
unités de fonctionnement (King, 1984-1991). Typologiques de Sols » (UTS) reconnues. Au sein de cha-
que UTS, il est possible de décrire les différents horizons
100.– L’élaboration d’une carte des sols s’opère en quatre pédologiques, restituant ainsi une structure tridimen-
grandes étapes (Jamagne, 1967) : sionnelle de la couverture pédologique. Des tableaux
– une étude préliminaire, de collationnement des données permettent également d’indiquer les relations de fonc-
préexistantes, et de reconnaissance du terrain ; tionnement entre les unités spatiales.

16

Document à usage pédagogique


1110TA GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS

PAYSAGE LIMONO-CRAYEUX DE PICARDIE

Luvisol
(érodé)
Luvisol

U.T.S. U.T.S.
U.C.S. 1 U.C.S.
2

2 1
1
3
U.F.S. 3
4
4
2 5 2
Rendosol 6 5
3 5 3 Horizon L Crétacé
Calcisol Horizon E Grève crayeuse
Horizon BT Colluvions
Liste anciennes
Loess Colluvions
récentes
Colluviosol
Transferts hydriques de particules…

Ta b l e
Fig. 2. – Bloc diagramme illustrant les notions d’Unités Typologiques de Sols (UTS) :1 à 6, d’Unités Cartographiques de Sols
(UCS) : 1, 2, 3 et d’Unités de Fonctionnement de Sols (UFS). Le « vecteur » de l’UFS est ici constitué par les phénomènes de
ruissellement et d’érosion.

104.– Un modèle relationnel permet donc d’organiser les d’une telle évaluation. La carte des sols est ainsi « traduite
Index informations de façon à ce qu’elles reflètent le mieux » en une carte d’aptitude qui, selon le cas, apporte un ou
possible la structure spatiale de la couverture pédologi- plusieurs types d’informations :
que. Ce modèle permet non seulement d’expliquer la dis-
– le simple exposé des caractéristiques du sol et singulière-
tribution spatiale des différents types de sols, mais aussi
ment de ses contraintes vis-à-vis de l’utilisation envisagée ;
de formuler leurs inter-relations essentielles. La carte
Glossaire stricto sensu « classique » n’en est pas pour autant sup- – l’exposé des solutions techniques propres à rendre le sol
primée, mais elle représente une vue partielle de ce apte à cette utilisation ;
modèle d’organisation, vue orientée vers une thématique
– l’estimation globale d’un degré d’aptitude aux fins de clas-
définie en réponse à un problème posé.
ser entre elles les unités cartographiques d’un territoire
donné, soit en termes d’aptitudes actuelles, soit en termes
VI. UTILISATION DES DONNÉES SOLS d’aptitudes potentielles préjugeant des améliorations atten-
SPATIALISÉES dues de l’application des solutions techniques proposées.
107– Les sols sont impliqués par ailleurs dans une politique
A. L’utilisation et la protection des sols générale de conservation des ressources naturelles. Les sols
105.– Indépendamment de l’intérêt scientifique qu’elle sont en eux-mêmes directement menacés par les érosions,
présente, la connaissance des sols est indispensable à une l’acidification, l’altération de leurs qualités biologiques, et,
gestion rationnelle de l’espace rural (Boulaine, 1980). indirectement, ils interviennent dans le maintien de la qua-
En fonction de leurs propriétés et de leur distribution lité de l’eau, de la diversité des écosystèmes, et celui de
dans l’espace, les sols se prêtent plus ou moins bien aux grands équilibres naturels. Le jugement porté par le pédolo-
différentes utilisations que l’homme veut en faire (Jama- gue s’exprime davantage ici en termes de sensibilité ou de
gne et al., 1977). Ce sont en priorité les utilisations agri- mise en défens, par exemple : limitations d’apports de nitra-
coles, mais aussi des utilisations non-agricoles telles que tes dans les zones de recharge des nappes, ou l’interdiction
les loisirs ou les transports, ou des utilisations mixtes tel de construire sur les terres agricoles jugées les meilleures.
l’épandage d’effluents industriels ou urbains où le sol 108.– A la différence des cartes d’aptitude cependant,
bénéficie d’apports en éléments fertilisants en même l’évaluation ne porte plus tellement sur des unités de sols.
temps qu’il assure une fonction d’épuration. Des critères autres que pédologiques sont pris en
106.– De nombreuses études ont été réalisées sur tous ces compte. Ainsi une sensibilité à l’érosion est-elle appré-
thèmes, qui procèdent d’une évaluation des aptitudes des hendée au niveau de bassins versants élémentaires, donc
sols à satisfaire à une utilisation donnée au vu de leurs d’unités de fonctionnement de sols, et son évaluation fait
seules propriétés (Begon et al., 1977). En termes de car- intervenir l’agressivité du climat et les systèmes d’exploi-
tographie, c’est chaque plage délimitée qui fait l’objet tation agricole.

17

Document à usage pédagogique


GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS
TA 1110

PAYSAGE

AGRAIRE

Distribution des sols Liste


Couvertures indépendantes
Descriptions sptatiales
spécifiques
Observations et profils

Topographie-Hydrographie Ta b l e

Parcellaire

I n dex

BASE GEOMÉTRIQUE BASE SÉMANTIQUE


(Exemple de la couverture SOLS)

Caractères descriptifs des : Glossaire


UCS 1 UCS 1
Unités Unités
Cartographiques Typologiques Horizons
UCS 3 UCS 4 de sols de sols
UCS 2
UCS 1 UTS 1 Hor. 1
Hor. 2
UCS 2 UTS 1 Hor. 1
Hor. 2
UTS 2 Hor. 2
Hor. 3
Hor. 4
descritpions des relations entre UTS et entre UCS

BASE DE CONNAISSANCES

Ex : • Réserve en eau
projection cartographique
• Faisabilité d'une culture
d'un thème
• Risques d'érosion
• Risques de pollution

Fig. 3. – Exemple d’introduction des paramètres pédologiques d’un paysage agraire dans une base de données sols
spatialisées - Système d’information Géographique (d’après King, 1991).

18

Document à usage pédagogique


1110TA GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS

109.– Quant à la définition d’une « bonne terre agricole », problème du choix de grandes orientations au niveau régio-
on l’entend tantôt comme un capital naturel à préserver nal avant de passer à la programmation et à la réalisation de
(une terre riche, profonde... apte à toutes les spéculations) travaux ou à la mise en œuvre de préconisations techniques.
et tantôt comme l’ensemble terre-exploitant-contexte éco- 112.– Le thème du drainage agricole en est une bonne
nomique le plus performant. illustration :
110.– Il reste que c’est de la confrontation de ces diverses • au niveau de la région, du département, un zonage des
préoccupations que l’on tire les éléments d’une politique terres humides permet de délimiter les secteurs justifia-
d’aménagement de l’espace : les terres sont affectées à l’une bles d’une aide publique ;
ou l’autre utilisation par les plans d’occupation des sols ou • c’est ensuite au niveau de la commune ou d’un ensem-
autres schémas d’urbanisme, ou peuvent être échangées ble de communes mitoyennes, regroupées en associa-
dans le cadre de procédures telles que le remembrement. tions ou en syndicats intercommunaux, que l’on pro-
cède à une reconnaissance des contraintes d’excès d’eau
B. Une approche globale multiéchelle spécifiques aux différentes qualités de terre invento-
111.– Le tableau de la figure 4 reprend les différents thè- riées, et que l’on raisonne par évaluations ou mesures le
mes cités, situe les niveaux géographiques auxquels on les calibrage du réseau global ;
appréhende et indique les échelles de cartographie le plus • enfin, c’est au niveau de la parcelle agricole que l’on
couramment utilisées. Il suggère aussi que l’aménagement implante le réseau de files de drains enterrés et des collec-
de l’espace procède souvent par étapes, posant d’abord le teurs.

Liste
Hydraulique agricole Conservation des sols
Potentialités agricoles et forestières
gestion de l’eau Affectation des terres
CHOIX DES ORIENTATIONS
niveaux régional et départemental - échelles 1/250.000, 1/100.000, 1/50.000
Ta b l e
- inventaire des terres susceptibles - inventaire des terres susceptibles - inventaire de zones à risque :
* de nouvelles cultures * d’un drainage * érosions
* de nouvelles pratiques : * d’une irrigation * pollutions diffuses,
sylvo-pastoralisme, *d’épandages d’effluents acidification
extensification... *stabilité des terrains
Index - zonages agroclimatiques, régionalisation - avertissement aux irrigants - schémas d’aménagement, réserves
du conseil agronomique naturelles, voies de communication
PROGRAMMATION DES TRAVAUX
niveaux communal et intercommunal, groupements d’exploitations - échelles 1/25 000, 1/10 000
- plans d’exploitation - conception des chantiers de - études d’impact
Glossaire de sucreries, conserveries... drainage, de périmètres d’irrigation, de - remembrements
campagnes, d’épandage d’effluents
liquides
- délimitation de zones - POS
d’appellation
- gestion de zones de parcours - retenues collinaires - aménagement d’aires de loisir
d’ovins, de massifs forestiers
EXPERTISES, INTERVENTIONS TECHNIQUES, ACQUISITION DE RÉFÉRENCES
niveaux parcelle ou exploitation - échelles 1/5 000, 1/2 000
- conseil à l’agriculteur - dessin de réseaux de drainage - échanges de terres
à la parcelle, plans d’aspersion
- choix des essences forestières, - reconstitution de sols
des traitements
Fig. 4. – Quelques grandes applications des études de sols.

113.– Une approche globale de ce type, que l’on peut 114.– Ce même tableau se lit aussi horizontalement. On
qualifier en l’occurrence d’approche multiéchelle, a été retrouve ainsi certaines connexions entre thèmes qui se
systématisée dans les années 80 sous l’impulsion de réalisent effectivement dans la pratique : entre drainage
l’ONIC et du Ministère de l’Agriculture (Favrot, 1987). et remembrement ou encore entre l’implantation d’une
Des aires-échantillons d’environ 1 000 hectares, appelées conserverie et la conception d’un plan d’épandage de ses
encore « secteurs de références hydrauliques », ont été effluents par aspersion irrigante.
sélectionnées dans les diverses grandes zones humides du
territoire. Ces secteurs ont fait l’objet d’études pédologi- Dans le même ordre d’idée, la protection des grands axes
ques détaillées et de mesures hydrauliques, dont on fluviaux doit prendre en compte les choix d’occupation
déduit un ensemble de préconisations techniques extra- du sol et les aménagements hydrauliques jalonnant leur
polables aux territoires qui les entourent. Une expertise à cours, en raison d’un effet cumulatif reconnu sur leur
la parcelle reste néanmoins nécessaire pour valider et régime de crue et leur charge en polluants dont les consé-
ajuster ces préconisations. quences peuvent se faire sentir jusque sur le littoral.

19

Document à usage pédagogique


GENÈSE, TYPOLOGIE ET UTILISATION DES SOLS
TA 1110
115.– Quoiqu’il en soit, on trouve ici les limites des juge- VII. CONCLUSIONS - PERSPECTIVES
ments d’expert, établis sur des données moyennes et privi-
légiant des caractéristiques stables du milieu physique - les 120.– Jusqu’à récemment, deux modes d’approche de la
données-sols - aux dépens d’autres dont on choisit d’igno- connaissance des terres se singularisaient :
rer qu’elles ont leur propre variabilité spatiale et tempo-
relle. Il en est souvent ainsi des paramètres climatiques ou – une approche pédologique, globale, et embrassant des
de références culturales, considérés comme restant a priori surfaces assez importantes ;
identiques à l’échelle d’une « région naturelle ». – une approche agronomique, plus ciblée, se limitant au
cadre de l’exploitation agricole, voire de la parcelle.
C. Croisements de données La tendance actuelle est de tenter d’acquérir, tout à la
116.– L’orientation prise aujourd’hui est de fournir aux fois, des connaissances suffisamment précises sur des
praticiens, non plus des produits finis (des « cartes thé- superficies importantes. De nouveaux besoins sont par
matiques »), mais des méthodes et des outils de traite- ailleurs apparus : nécessité de réponses rapides pour
ment qui leur permettent de moduler une réponse en s’adapter à une conjoncture, nécessité de disposer
fonction de données conjoncturelles. Ceci à l’aide de d’outils de prévision. Pour satisfaire ces besoins, un nou-
l’outil informatique (Begon et al., 1989). vel outil de gestion existe maintenant : l’informatique.

117.– Les différents paramètres du milieu physique : sol, 121.– La notion de Système d’Information Géographique
relief, températures et précipitations, occupation du sol, sera très certainement dans l’avenir amenée à remplacer
celle, conventionnelle, de « carte ». On constate, d’autre Liste
peuvent être réunis dans un même ensemble pour être
consultés simultanément. Ils constituent autant de « cou- part, que la conception de cartes dites « thématiques » fait
ches » ou « couvertures » spatiales organisées dans un progressivement place à celle de combinaisons de données
ensemble dénommé Système d’Information Géographi- permettant l’élaboration de scénarios et de simulations, et
que (King, 1991). Une décomposition de l’information ceci notamment en termes d’évaluation de risques.
Ta b l e
ainsi structurée permet évidemment de combiner les 122.– Il apparaît donc qu’une adaptation et une certaine
données en fonction des problèmes traités. Mais cette réorientation des études de sols soient nécessaires pour
intégration spatiale des différentes données du milieu contribuer efficacement à l’aménagement de l’espace
physique se heurte à plusieurs problèmes importants : rural. Elles doivent prendre en compte, d’une part la
celui de leur disponibilité notamment, mais surtout celui nécessité d’un rapprochement avec les besoins des utili- I n dex
lié aux différences de variabilité entre ces données. sateurs qui implique des analyses détaillées d’unités
118.– Parmi les objectifs actuels de la gestion de l’espace naturelles représentatives, d’autre part la prise en consi-
rural, deux types de questions dominent : dération, indispensable, de la variabilité temporelle de
certains paramètres du milieu physique. Pour ce faire,
– La prévision de rendements par type de culture, ou, tout l’utilisation des outils statistique et informatique à tous Glossaire
au moins, le pronostic des conjonctures « agro-climatiques les stades de la démarche semble être la voie de l’avenir.
» de succès, ou d’échec, soit à l’échelle de l’année, soit en ter-
mes de fréquence à l’échelle d’une longue période. 123.– Aujourd’hui encore, un certain cloisonnement per-
siste dans les approches de l’espace rural, lié pour une part
– La prévision de situations à risque dans le domaine de la à un partage de compétences entre spécialistes (pédolo-
préservation de l’environnement, qu’il s’agisse de situations gues, agronomes, hydrauliciens...) et, pour une autre part,
accidentelles, liées par exemple à un épisode météorologi- à la pluralité des instances de décision. Il s’y ajoute que les
que exceptionnel - tel un épisode érosif -, ou d’évolutions périmètres d’aménagement n’intéressent le plus souvent
plus lentes liées à des changements dans la nature des spécu- qu’un territoire limité et l’expert se trouve ainsi « dispensé
lations ou des pratiques culturales à l’échelle d’une région, » d’analyser les conséquences de ses décisions à d’autres
voire de changements encore plus progressifs liés à une échelles que celles du périmètre qu’il a en charge.
modification lente du climat (« Global Change »).
En effet, ce n’est que récemment que s’est produite une
119.– L’importance de ces questions a incité, d’une part, réelle prise de conscience du jeu complexe des interrela-
à la mise en place de réseaux d’observatoires et de sites tions entre les divers compartiments du milieu physique
expérimentaux, et, d’autre part, de banques de données comme entre les différents domaines de l’activité
et d’outils de gestion à même de fournir une extrapola- humaine. La gestion de la ressource en eau, le besoin
tion des informations recueillies par ces réseaux à des nouveau d’une planification agricole aux dimensions du
ensembles géographiques plus vastes. Tel est le réseau marché européen, la mondialisation des enjeux écologi-
« d’Observatoires de la Qualité des Sols » du Ministère de ques, sont autant de questions qui ont aidé à cette muta-
l’Environnement, destiné à enregistrer toute altération tion. Pour la soutenir, les pays, l’Europe, mettent en place
de notre environnement. Tel est le réseau de « secteurs de des structures et des outils à même d’assurer une pluri-
références agronomiques » que veut mettre en place le disciplinarité la plus large possible. La pédologie y trouve
Ministère de l’Agriculture, en couplage avec un inven- une importance renouvelée en raison de la place privilé-
taire régional des sols à échelle 1/250 000. Tel est enfin giée qu’occupe le sol à l’interface entre l’atmosphère,
l’objectif européen de mise en place d’une banque de l’hydrosphère et la biosphère, et de son rôle essentiel de
données dont le sol constituerait l’argument principal. support des activités humaines.

20

Document à usage pédagogique

Vous aimerez peut-être aussi