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complexe titanifere :

 Introduction
Les gisements de titane, dont l’histoire remonte au Protérozoïque
moyen, soit entre 1800 et 900 Ma environ (Jébrak et Marcoux,
2008), se retrouvent principalement en Norvège, au Canada ainsi
qu’aux États-Unis (Duchesne, 1999). Cependant, les deux plus
grands gisements sont : celui du Lac Tio au Québec, qui fourni près
de 19 % du titane dans le monde, et celui de Tellnes dans le sud-
ouest de la Norvège, qui en fourni environ 12 %. Malgré leur
importance géologique et économique, les gisements de fer-titane
dans les intrusions mafiques font l’objet de peu d’études (O.R.
Eckstrand et al., 1995), à l’exception des gisements de Tellnes et du
Lac Tio. On retrouve les gîtes fer- titane dans les roches intrusives
mafiques, telle l’anorthosite, selon la nature des minéraux
métallifères qu’elles contiennent et la roche encaissante. Ainsi, un
gîte dont les roches hôtes sont constituées d’anorthosite possède
une forte concentration d’ilménite, le principal minerai de titane,
tandis qu’un gîte ayant une prédominance de magnétite titanifère
est constitué d’une intrusion de gabbro.

Figure : Les gisements de titane de NORWAY

 Tonnage et teneur
La taille moyenne des gîtes encaissés dans des intrusions d’anorthosite varie de 1 à 300 Mt avec des teneurs moyennes de 32
à 45 % FeO, de 10 à 45 % TiO2, et parfois jusqu’à 0,2 % V. Parmi les quelques gisements existants au Québec, soit ceux du
district du lac Allard, le gisement du lac Tio a produit plus de 40 Mt de minerai avec des teneurs de 75 % en ilménite, 25 % en
hématite et environ 32 à 36 % TiO2 (Jébrak et Marcoux, 2008). Selon des estimations, le gisement renfermerait plus de 125
Mt de minerai avec une teneur moyenne de 32 % en ilménite et 36 % FeO (O.R. Eckstrand et al., 1995). Des gisements situés
en Norvège, comme celui de Tellnes et Storgangen, possèdent 19,5 Mt de production et 57 Mt de réserves avec une teneur en
TiO2 de 18,5 % (Jébrak et Marcoux, 2008). On peut aussi retrouver des éléments tels Cu, Cr, Mn, Ni avec des teneurs se
situant entre 0,05 et 0,2 % ainsi que de l’apatite et des sulfures en faible quantité. Quant aux gîtes situés dans des intrusions
de gabbro, ils ont une taille qui varie entre 1 et 1000 Mt avec des teneurs de 20 à 45 % FeO et 2 à 20 % TiO2, 0,25 % V, 7,1 %
P2O5 ainsi que des traces de chrome (O.R. Eckstrand et al., 1995).
 Minéralogie
Les massifs d’anorthosites ferrifères contiennent une proportion de minéraux métallifères tels l’ilménite, l’hémo-ilménite et la
magnétite titanifère qui varie beaucoup d’un gîte à l’autre. On y retrouve aussi du plagioclase calcique avec un peu de rutile
ainsi que des minéraux accessoires tels le vanadium, le chrome et le phosphore. Deux types d’anorthosites caractérisent les
gîtes, soit les anorthosites à labradorite et titanomagnétite et les anorthosites à andésine (Jébrak et Marcoux, 2008). La
première catégorie est caractérisée par de la magnétite à exsolution d’ulvöspinelle. Elle est associée à des phases telles :
plagioclase, pyroxène, olivine, apatite, ulvöspinelle, rutile et pyrrhotite. Certaines de ces phases constituent une gangue
(labradorite, olivine, pyroxène, apatite) dispersée sous forme d’horizons. La principale phase métallifère des gisements de Lac
Tio et de Tellnes, encaissés dans ce type d’anorthosites, est évidemment l’hémo-ilménite. La deuxième catégorie, quant à elle,
est définie par une ilménite magnésienne et quelques fois par la présence d’assemblages à microcline-albite de même que
des micas riches en lithium et fluor (Jébrak et Marcoux, 2008). Les minéraux métallifères sont principalement la
titanomagnétite ainsi que plusieurs variétés de magnétite et d’ilménite se présentant sous forme de grains éparpillés ou
d’exsolution en désordre dans la magnétite.
 Forme et structure
Les gîtes d’ilménite et de magnétite titanifère se présentent sous différentes formes dont des lentilles, des dykes, des filons-
couches, des intrusions irrégulières et des amas de minerai stratifié irréguliers ou concordants encaissés dans des massifs
d’anorthosite en forme de champignon. L’ilménite va former de minces niveaux concordants séparés par des amas ou des
cumulats de pyroxène et d’olivine dans la ferro-diorite (Jébrak et Marcoux, 2008). Cependant, les gîtes d’ilménite qui se
retrouvent dans les intrusions d’anorthosite se présentent sous forme d’amas stratifiés ou de corps irréguliers discordants
avec une texture massive. L’anorthosite, la ferro-diorite et la roche encaissante peuvent être recoupées par des dykes de
roches riches en ilménite, donc ces derniers sont plus jeunes. Les gîtes de magnétite titanifère, quant à eux, sont encaissés
dans les intrusions stratifiées de gabbros sous la forme de strates d’oxydes de Fe-Ti concordantes à la roche encaissante. Ces
oxydes de Fe-Ti sont généralement disséminés et forme rarement des agrégats massifs.
 Roche encaissante
Les gisements de fer-titane sont associés à des complexes anorthositiques et ferro-dioritiques sous forme de massifs de 200
km de diamètre et de 3 à 8 km d’épaisseur dans les socles fortement déformés et métamorphisés (Jébrak et Marcoux, 2008).
Ces derniers sont constitués de gabbro, leucogabbro, diorite, diabase, gabbro-diorite et monzonite. Les intrusions
d’anorthosite et de gabbro sont en général associées à des gneiss, des granulites, des schistes, des amphibolites et des skarns
métamorphisés en profondeur dans la croûte. Les gîtes riches en ilménite se retrouvent dans les anorthosites alors que les
gîtes contenant une forte concentration en magnétite titanifère se retrouvent dans les gabbros.
 Environnement géodynamique
On retrouve les complexes anorthosiques dans les zones qui présentent un métamorphisme élevé, le long de zones de failles
ou de fractures qui s’étendent à grande profondeur (limites de provinces tectoniques). Ces complexes résultent d’une
collision continent-continent qui, à la faveur de zones de cisaillement, intègre des fragments de croûte inférieure dans le
manteau. La fusion partielle de la base de la croûte et du manteau supérieur conduit à la formation de magmas granitiques et
de granulites à plagioclase et pyroxène (Jébrak et Marcoux, 2008). Ces granulites sont ensuite assimilées par un magma
mafique à haute pression qui mène à la formation de magmas basaltiques, qui eux, sont riches en plagioclases calciques. Les
massifs d’anorthosite résultent de ces magmas qui cristallisent en remontant dans la croûte sous forme de diapirs. Cette
remontée est, entre autres, contrôlée par des processus magmatiques de même que par des déformations syn-tectoniques.
Ainsi, au Protérozoïque, une isolation thermique du manteau (Jébrak et Marcoux, 2008) a conduit à la fracturation d’un grand
continent (Rodina), produisant plusieurs épisodes de volcanisme plutonique menant à la formation d’anorthosites, de gabbros
et de granites. Par ailleurs, les gisements de fer-titane retrouvés au Québec, en Europe (Norvège) et aux États-Unis (Arizona)
appartiennent tous à la même chaîne orogénique qui est le résultat de ce volcanisme d’un ancien bouclier.
 Source des composantes
7.1 Source des métaux :
Pour que se forment les minéralisations fer-titane, il faut que la période de cristallisation des plagioclases soit d’une longue
durée, favorisant la concentration du Fe et du Ti dans le magma résiduel, et aussi qu’il y ait une variation du degré d’oxydation
des magmas. Pour cette dernière condition, la fugacité de l’oxygène joue un rôle important. Le magma à l’origine serait, entre
autres, initialement riche en titane (> 4% TiO2) tel qu’il a été constaté dans différents complexes anorthositiques et laves
tholéiitiques modernes (Jébrak et Marcoux, 2008). De plus, la densité plus faible du plagioclase (2,7) par rapport à l’ilménite
(4,8) serait le résultat de l’enrichissement de ce dernier.
Les oxydes Fe-Ti des minerais riches en ilménite et en titanomagnétite peuvent se trouver dans des chambres magmatiques à
refroidissement lent et subir des changements au cours du refroidissement de l’intrusion par des réactions chimiques ou des
échanges ioniques.
6Fe2TiO4 + O2 = 6FeTiO3 + 2Fe3O4
Pendant un refroidissement lent, l’oxydation d’une solution de titano-magnétite peut mener à l’exsolution du titane sous
forme d’ilménite. Ainsi, l’ilménite se présentera sous forme d’exsolution granulaire autour des grains de magnétite ou elle
formera des lamelles dans la magnétite. Une température très basse (400-500°C) de même que la présence d’un fluide riche
en CO2 va favoriser la réaction (O.R. Eckstrand et al., 1995).
Fe2TiO4 + Fe2O3 = FeTiO3 + Fe3O4
Une température élevée va favoriser l’échange de titane et de fer entre les grains de magnétite et d’ilménite. La réaction se
déplacera vers la droite pour une température décroissante et produira des grains de composition semblable à Fe2TiO4 et
Fe3O4 (O.R. Eckstrand et al., 1995).
7.2 Source des fluides :
Des fluides prédominants en CO2, associés aux magmas anorthositiques, ont été présents lors de la formation des gîtes de Fe-
Ti. Leur existence est indiquée par des inclusions riches en CO2 dans des grains d’apatite de même que par la présence de
graphite autour des grains dans les anorthosites. Cependant, la présence de fluides aqueux n’a pas été relevée, car les
groupements de minéraux primaires sont surtout caractérisés par des phases anhydres et les minéraux hydratés (en traces)
sont toujours plus récents ou associés à des formations granitiques plus tardives (O.R. Eckstrand et al., 1995).
 Âge des gîtes
Les massifs anorthositiques se sont formés au Protérozoïque moyen, soit entre 1700 et 900 Ma environ. Au Canada, l’âge des
gîtes formés dans les intrusions d’anorthosite varie entre 1650 et 1010 Ma. Certains d’entre eux, comme celui du Lac Tio, se
situent dans un intervalle d’âge plus restreint allant de 1160 à 1060 Ma (O.R. Eckstrand et al., 1995). En Norvège, le gisement
de Tellnes présente une minéralisation plus jeune. En effet, l’âge de la cristallisation de l’anorthosite est de 930 Ma, tandis
que l’âge de la cristallisation de la minéralisation est d’environ 920 Ma (Duchesne et al., 1993).

 Méthodes d’exploration
L’exploration est effectuée par des méthodes géochimiques et géophysiques. Ainsi, par la géochimie des sédiments de
ruisseaux et des lacs, une analyse des minéraux lourds tels que l’ilménite et la magnétite peut être réalisée pour déterminer la
teneur en TiO2 dans l’ilménite. De plus, certains éléments apportent des pénalités sur le revenu de fonderie (MgO, CaCO3,
Al2O3, Cr2O3) et doivent avoir une teneur inférieure à 2%. Les sédiments de ruisseaux contiennent aussi des oxydes de Fe-Ti
qui peuvent servir d’éléments marqueurs ou traceurs dans l’exploration des gîtes d’ilménite et de magnétite.
Dans les intrusions d’anorthosites, les méthodes gravimétriques et magnétiques peuvent être utilisées pour repérer des zones
plus denses qui ne seraient pas visibles sur le terrain. En effet, les minerais d’oxydes Fe-Ti et les roches intrusives mafiques
sont plus denses que les roches granitiques ou gneissiques environnantes et créent des anomalies gravimétriques. De plus, les
gîtes formés de minerai massif d’ilménite produisent en général une anomalie magnétique négative qui permet de distinguer
le minerai de la roche encaissante.
Sur le terrain, les gîtes d’ilménite associés à des intrusions d’anorthosite se trouvent le long de zones de failles débutant à de
grandes profondeurs comme celles qui se forment près des provinces tectoniques. Ces gîtes contiennent des oxydes Fe-Ti
disséminés ayant un rapport inférieur à 3 (en général 2) (O.R. Eckstrand et al., 1995). Les gîtes de magnétite titanifère associés
aux intrusions de gabbro possèdent, quant à eux, un rapport Fe/Ti entre 40/1 et 2/1 (en général 5/1) (O.R. Eckstrand et al.,
1995). Ils se retrouvent dans les dykes et filons-couches de gabbro-diorite associés aux intrusions majeures de gabbro ainsi
que dans la partie supérieure des intrusions mafiques stratifiées. En surface, l’ilménite peut présenter des lamelles de
magnétite ou d’hématite ou être pure (Jébrak et Marcoux, 2008). Ainsi, une analyse de la teneur en TiO2 peut être effectuée
pour la roche encaissante et l’ilménite.
 Modèle génétique
Les gîtes de fer-titane associés à des anorthosites et à des intrusions mafiques résultent de la cristallisation tardive
d’intrusions individuelles. Ainsi, un liquide oxydé de Fe-Ti dense et immiscible se sépare du magma ferro-dioritique et suit un
épisode prolongé de cristallisation fractionné du plagioclase. Ceci a pour effet de concentrer le fer et le titane dans le magma
résiduel. Le magma minéralisateur est ensuite injecté dans des fractures de la partie inférieure de massifs anorthositiques
bréchifiés. Dans l’ilménite, entre autres, on retrouve des exsolutions d’hématite qui témoignent de la cristallisation lente d’un
liquide oxydé de Fe-Ti suite à un refroidissement. De plus, la présence de veines riches en ilménite dans l’anorthosite serait le
résultat de déformations à l’état sub-solidus (Jébrak et Marcoux, 2008). L’origine des minerais massifs des grands gisements
du Québec est attribuée depuis longtemps à cette différenciation magmatique par immiscibilité (O.R. Eckstrand et al., 1995).
Certains gîtes se sont formés par la décantation et l’accumulation de cristaux dans le fond de chambres magmatiques. Un
mécanisme de remobilisation, résultant de l’intrusion de cumulats denses et riches en oxydes de Fe-Ti dans des fractures de
l’anorthosite hôte, a été proposé pour expliquer le gisement de Tellnes (O.R. Eckstrand et al., 1995). Ce mécanisme implique
le mélange d’un magma noritique dans lequel cristallisent des oxydes de Fe-Ti qui se concentrent au fond de la chambre
magmatique tandis que des plagioclases se concentrent au sommet. La chambre s’est ensuite vidée de son contenu avant que
la solidification ne soit terminée, injectant ainsi les cumulats d’oxydes de Fe-Ti dans un dyke contenant déjà un magma qui a
subit une cristallisation fractionnée.
Gîtes minéraux et données géoscientifiques de la Province des Esclaves

Intrusions mafiques et ultramafiques

 Élaboration d'un cadre géologique et géochimique pour l'exploration à la recherche


de gisements de Ni-Cu-ÉGP

Cette activité vise à améliorer notre compréhension des masses intrusives mafiques et ultramafiques ainsi que des épisodes
magmatiques auxquels elles sont associées, à permettre la découverte de nouvelles masses intrusives et à en évaluer le
potentiel métallogénique en Ni-Cu-ÉGP. Pour ce faire, nous effectuerons une compilation de cartes géologiques existantes et
des travaux d'évaluation basés sur de nouvelles cartes des anomalies magnétiques et gravimétriques, sur des images
satellitaires et sur des modèles altimétriques numériques dans le but de définir les milieux magmatiques et d'éventuelles
structures de contrôle pour la localisation de sulfures magmatiques. Cette information sera colligée sous une forme
compatible avec les SIG et complémentée par des données de levés aéromagnétiques et gravimétriques au sol, des images
satellitaires et des cartes de sites d'intrusions et d'occurrences minérales choisis.
En outre, 282 échantillons de roches ont été prélevés en 67 emplacements (voir la figure ci-dessous). La plupart de ces
échantillons proviennent : des filons-couches de Franklin (110), du Complexe de Booth River (67), des filons-couches de Morel
(8), de l'indice nickélifère du lac Gumbo, des roches volcaniques de Coppermine dans la région de Bathurst Inlet, de la zone de
High Lake, des formations de Recluse et d'Epworth (Paléoprotérozoïque), du Groupe de Rae (Néoprotérozoïque) et
d'emplacements le long du golfe du Couronnement. Les travaux sur le terrain ont été menés pendant l'été de 2003 en
collaboration avec l'Anglo American Exploration (Canada Ltd).

L'image ci-après est une mosaïque d'images Landsat TM 4 et 5 captées dans les bandes 742 RVB (WGS 84, zone 12) sur le nord
de la Province des Esclaves et les environs; elle montre les 67 emplacements (points rouges) de prélèvement d'échantillons
pendant le programme sur le terrain de l'été 2003.

Magmatisme de Franklin

Les filons-couches de Franklin ont été systématiquement échantillonnés le long du golfe du Couronnement et à l'intérieur des
terres. L'information recueillie servira à assembler une base de données sur la minéralogie, la lithogéochimie et les traceurs
isotopiques ainsi qu'à compiler des profils chimiostratigraphiques traversant des intrusions de Franklin et à préparer une
nouvelle carte de l'environnement magmatique de Franklin le long du golfe du Couronnement.
L'image ci-dessous montre un filon-couche de Franklin pénétrant un gneiss d'âge archéen au nord-ouest de Bathurst Inlet.
L'image suivante montre un filon-couche de Franklin reposant sur des sédiments arénacés de la Formation de Recluse
(Paléoprotérozoïque) dans la zone de plissement de Three River. Remarquer l'altération régressive sous le contact intrusif figé
du filon-couche. Cet affleurement du filon-couche a une épaisseur approximative de 15 m.

Un certain nombre d'emplacements où des filons-couches de Franklin pénètrent des roches sédimentaires du Groupe de Rae
(Néoprotérozoïque) ont été échantillonnés le long du golfe du Couronnement depuis la rivière Treejusquà une région située à
60 km à l'ouest de Kugluktuk. L'image ci-après montre un filon-couche de Franklin pénétrant une séquence de shale et de grès
rouges près du sommet du Groupe de Rae à l'ouest de Kugluktuk. Le filon-couche est fractionné, enrichi en olivine et montre
des signes de contamination locale.

Des filons-couches pénétrant des basaltes de Coppermine dans la région de la baie de Bathurst Inlet ont également été
échantillonnés, à intervalles réguliers vers le haut depuis leur contact basal figé. Afin d'évaluer les vecteurs géochimiques pour
l'exploration minière et les variations des isotopes de Nd-Sr-Pb, il faut déterminer l'influence des différents types de roches
encaissantes. Dix échantillons de ces roches encaissantes ont été soumis à des analyses isotopiques de Nd-Sr-Pb.
L'image suivante montre un filon-couche de Franklin (brun clair) pénétrant des basaltes de Coppermine (gris) de la Formation
d'Ekalulia au bord de l'inlet de Bathurst (golfe du Couronnement). La vue est orientée vers le nord en direction du golfe du
Couronnement, pris par les glaces, et de l'île Victoria. Noter l'étagement en terrasses du paysage, attribuable à l'abondance
des filons-couches.
L'une des caractéristiques les plus saisissantes des filons-couches de Franklin est leur grande continuité latérale. L'un d'eux, à
la base du Groupe de Rae, a pu être suivi parallèlement à sa direction depuis l'est de l'embouchure de la rivière Tree sur une
distance d'environ 200 kilomètres vers l'ouest jusqu'à la région de Kugluktuk. Cette continuité latérale permet d'envisager
l'existence de «chenaux d'écoulement» magmatiques similaires à ceux observés dans les filons-couches de «gabbro-diabase»
de la région de Noril'sk en Russie. En plus de la continuité latérale de ces corps intrusifs, leur fréquence et leur volume dans
les strates archéennes, paléoprotérozoïques et mésoprotérozoïques témoignent d'un épisode magmatique de classe
mondiale datant de 718 à 723 Ma. Les filons-couches dans les roches archéennes et paléoprotérozoïques semblent massifs et
pauvres en olivine, alors que ceux présents dans les roches mésoprotérozoïques de la région de Kugluktuk semblent enrichis
en olivine et présentent une différenciation in situ et, par endroits, des signes de contamination crustale.
Les modèles altimétriques numériques (MAN) constituent l'un des outils les plus efficaces pour trouver, suivre et étudier
les filons-couches. L'image ci-dessous montre un modèle altimétrique numérique régional. Remarquer l'expression
topographique caractéristique de ces corps tabulaires (filons-couches) formant des crêtes, leur caractère latéralement étendu
et les linéaments qui les entourent. (projection conique conforme de Lambert suivant le système géodésique de référence
NAD 83).

Complexe de la rivière Booth


Le Complexe de la rivière Booth est une grande intrusion mafique-ultramafique stratifiée qui comprend des membres nord et
sud mal exposés faisant saillie le long des marges du bassin sédimentaire de Kilohigok à l'ouest de la faille de Bathurst Inlet.
Les résultats des présents travaux serviront à générer une nouvelle carte et une base de données lithogéochimiques,
minéralogiques, paléomagnétiques et géochronologiques pour le Complexe de la rivière Booth. Le MAN (voir figure ci-
dessous) illustre les expressions topographiques marquées associées au bassin. Les zones figurant en blanc le long des marges
nord et sud du bassin représentent les parties les mieux exposées (membres) du complexe intrusif. Les expressions
géophysiques de ce complexe (anomalies magnétique et gravimétrique) sont également délimitées sur le MAN ci-dessous :
leur association avec les limites du bassin sédimentaire et la présence de roches d'aspect similaire près de l'extrémité
occidentale du bassin (à l'est de Lupin) démontrent qu'il s'agit d'un très grand complexe intrusif mafique-ultramafique.
Sur le MAN ci-dessous, noter le caractère topographique et régressif distinctif du bassin sédimentaire de Kiliohogok ainsi que
la rupture topographique prononcée associée à la faille de Bathurst Inlet. Les parties exposées du Complexe de la rivière
Booth sont représentées par les zones en blanc le long des marges du bassin au nord et au sud. Les limites des anomalies
gravimétrique et magnétique attribuables au complexe sont également représentées.
L'abondante présence de sulfures magmatiques constitue l'une des caractéristiques inattendues de ce complexe. Il s'agit du
complexe mafique-ultramafique le mieux minéralisé de l'Arctique occidental après l'intrusion de Muskox. Des amas de
sulfures magmatiques sont dispersés dans les norites et les gabbronoritestaxitiques (voir ci-après) le long des marges de
l'intrusion; ils confèrent un aspect ferrugineux aux affleurements. Remarquer les zones ferrugineuses de couleur orange qui
présentent généralement une texture taxitique.

Un gabbro anorthositique minéralisé avec sa caractéristique surface ferrugineuse tachée de rouille est présent près de la
transition entre les deux zones. Des amas et des lentilles stratiformes de sulfures magmatiques (constituant jusqu'à 8 % de
sulfures disséminés) sont dispersés depuis cette zone jusqu'à proximité de la base de la zone de gabbronorite et de roches
ultramafiques riches en oxydes. La minéralisation en sulfures prend la forme de disséminations, de bulles (de 0,5 à 1,0 cm de
diamètre) et de lentilles allongées (de 5 à 10 cm de diamètre) qui constituent jusqu'à 10 % du volume de la roche, se
produisant dans toute la zone macrostratifiée de gabbronorite et de roches ultramafiques riches en oxydes et conférant un
aspect ferrugineux aux affleurements. Remarquer l'aspect rouillé caractéristique des affleurements minéralisés (ci-dessous) et
l'étagement en terrasses caractéristique des affleurements attribuable à la macrostratification des cumulats. La photo est
prise en direction sud-ouest vers la rivière Booth.

Certains des chapeaux ferrugineux les plus apparents sont associés à des couches sulfurées riches en ilménite près du sommet
des zones de gabbronorite et de roches ultramafiques riches en oxydes. Dans l'image ci-dessous, la personne se tient sur l'un
des horizons riches en sulfures qui compte parmi les plus ferrugineux.
L'image suivante montre l'expression de l'horizon stratiforme minéralisé en aval-pendage de l'image
précédente.

Bien que la plupart des roches mafiques et ultramafiques dans cette zone supérieure renferment des
sulfures magmatiques et soient ferrugineuses, un grand nombre des chapeaux ferrugineux résultent
de l'altération d'oxydes de Fe et de Ti. Sur l'image ci-dessous, les chapeaux de fer sont associés à
des zones de concentration d'oxydes de Fe et de Ti accompagnés de sulfures près du sommet de la
zone de gabbronorite et de roches ultramafiques riches en oxydes. Cet horizon est remarquablement
similaire aux couches d'oxydes riches en ilménite présentes près du sommet de la zone supérieure
du Complexe du Bushveld.

Indice nickélifère du lac Gumbo


L'image suivante montre un chapeau ferrugineux associé à des sulfures disséminés dans du gabbro
et du mélanogabbro près du lac Gumbo.
Zone de High Lake
Sur l'image ci-dessous, une altération brun orangé et une surface noire décomposée et friable sont
associées à une intrusion ultramafique récemment découverte dans la zone de High Lake. Cette
masse ultramafique (6 km sur 2 km) a été découverte après ciblage et vérification au sol d'anomalies
magnétiques régionales. Remarquer le filon-couche de Franklin, proéminent à l'arrière-plan, qui se
débite en prismes. Ce filon-couche recouvre en partie la masse ultramafique, illustrant combien il
peut être facile de ne pas remarquer des intrusions.

 Transfert et dépôt des éléments du groupe du platine (EGP) et du chrome dans les chambres magmatiques
Notre objectif est d’aborder l’origine des minéralisations en EGP sur les exemples du Bushveld et Andriamena. Les études
géochimiques récentes entreprises dans le complexe du Bushveld invoquent l’injection d’un magma spécifique, contaminé par
la croûte continentale, et porteur de la minéralisation platinifère, à l’origine du Merensky Reef (Arndt et al., 2005). Cela
contraste avec les précédents modèles qui envisageaient le mélange du magma résident après le dépôt de la plupart des
ultramafites avec un autre magma (soit de composition semblable au magma parent des ultramafites du Bushveld, soit très
évolué et issu de la cristallisation des ultramafites, soit alumineux, contaminé par la croûte et parent des leucogabbros de la
zone principale reposant au-dessus du Merensky Reef). Les travaux préliminaires mettent en évidence un contraste
lithologique et géochimique entre les assemblages interstitiels et les inclusions magmatiques associés à la minéralisation
d’une part, et les phénocristaux et minéraux poecilitiques d’autre part, ces derniers montrant également des évolutions
cryptiques contrastées en fonction de leur position stratigraphique dans l’unité. Tout ceci conforterait l’hypothèse de la
présence de magmas distincts lors du dépôt de la minéralisation platinifère. Notre objectif est donc de caractériser l’origine
des assemblages pétrographiques (par différentes approches dont la sonde ionique) d’une section de l’unité du Merensky
Reef, à Rustenburg, afin de décrypter la présence et l’origine de différents magmas, leur mode de mise en place et évolution
dans une zone transitoire clef de la chambre magmatique du Bushveld.
Par ailleurs, le lien entre minéralisation chromifère et minéralisation en EGP existe aussi, d’une manière plus générale, dans
les ophiolites et les complexes alaskéens. A Madagascar, des minéralisations platinifères ont été découvertes dans des
intrusions supposées néoprotérozoïques, dont l’origine par rapport aux chromitites d’Andriamena, réputées archéennes, est
problématique. Les études de terrain et pétrographiques sur les chromitites d’Andriamena montrant des variations
significatives de la composition des chromitites, notre approche sera d’utiliser les méthodes Re/Os et Sm/Nd pour dater ces
minéralisations et leur encaissant, déterminer l’origine des magmas parents et le type de complexe porteur.
conclusion

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