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La culture du taro d'eau

(Colocasia : C. esculenta var. esculenta)

Le taro est une plante u l t i v é sous les t r o p i q u e s dans les c é ré m o n ie s c o u tu m iè re s

typique des tropiques


humides, appréciée pour
C hum ides (tableau 1), le taro
d'eau C. esculenta var. escu­
lenta s'est répandu depuis l'Inde, son
en Nouvelle-Calédonie.
De nom breux travaux o nt confirm é
la supériorité de l'am idon du taro sur
ses organes de réserve centre d 'o rig in e probable, vers l'Est les autres : sa digestibilité est estimée
( B i r m a n i e , C h in e ) et le Sud à 98,8 %. De par sa facilité d'assimi­
souterrains (les cormes), ( In d o n é s ie ) , o ù il a t t e i n t la latio n, le taro peut être consom m é
comme l'igname, P a p o u a s ie - N o u v e lle - G u in é e vers par les personnes ayant des troubles
5 0 0 0 ans a v a n t Jésus-Christ. Son d ig e s tifs . La f a r in e de ta r o e n tre
la pomme de terre
arrivée en N ouvelle-C alédonie date d 'a ille u rs dans la c o m p o s itio n des
ou la patate douce. à peu près du 5e siècle avant Jésus- aliments pour enfants aux Etats-Unis.
Sa culture, fort ancienne, Christ. Plus tard (7e siècle de notre
La cuisson est un préalable nécessai­
ère dans les îles de la Société), il fut
demande une préparation i n t r o d u i t en M é la n é s ie , p u is en
re à sa consommation. Les tempéra­
tures é le v é e s .s u p p rim e n t l'â c re té
du sol et un entretien Polynésie. Le m ot taro est d'ailleurs
q u 'il possède et re n d e n t l'a lim e n t
dérivé du polynésien « talo ». Dans
comparables à ceux comestible. En effet, l'em ploi du taro
le Pacifique, sa culture a atteint une
a longtemps été freiné par la présen­
de la pomme de terre im p o rta n c e v ita le dans l'a lim e n ta ­
ce d 'u n agent irritant contenu dans
pour produire, dans tio n des p o p u la tio n s . A u jo u r d 'h u i
les feuilles, les pétioles et les cormes
cette plante est largement exploitée à
de bonnes conditions, travers le monde.
: le taro consommé cru provoque des
sensations de brûlures et de déman­
plus de vingt tonnes Le ta ro est u tilis é p r in c ip a le m e n t geaisons dans la bouche, la gorge et
de cormes à l'hectare. p o u r la c o n s o m m a t io n de ses sur la peau. La cause de cette âcreté
cormes. Le terme corm e désigne la est encore mal connue : elle pourrait
tige souterraine qui stocke l'am idon provenir de cristaux d'oxalate de cal­
( c o r m en anglaisj. M ais ses jeunes c i u m en f o r m e d 'é p i n g l e s (les
feuilles sont aussi cuisinées com m e raphides) ou d'une toxine chim ique.
lé g u m e en M é la n é s ie et en Elle lim ite en tout cas l'utilisation du
Polynésie, il est également employé taro pour l'alimentation des animaux.

Tableau 1. La production du taro d'eau dans le monde en 1990, en milliers d'hectares


et de tonnes (Source : FAO, annuaires de ia production, 1990).
Surface % de la surface Production % de la production
X 1 000 hectares mondiale X 1 000 tonnes

Monde 983 100 5 225 100


Afrique 783 79,6 3 130 59,9
- dont Ghana 200 900
- dont Nigéria 250 1 300
Amérique 3 0,3 31 0,6
Asie 150 15,3 1 72 7 33
- dont Chine 86 1 182
D. VARIN, P. VERNIER - dont Japon 28 380
CIRAD-CA, BP 2 6 7 1 , N oum éa,
N ouvelle-C alédonie, France Océanie 47 4,8 337 6,5

Agriculture et développement n° 4 - Décembre 1 9 9 4


Pied-mère (issu de la bouture initiale)
Ecologie
du taro d'eau
La partie souterraine est constituée
par le c o r m e et les r a c in e s . Les
racines sont localisées p rin c ip a le ­
ment dans le tiers supérieur du co r­ Partie

me. Le corme est une tige renflée qui


émet des bourgeons (figure 1 ). Ceux-
ci d on ne nt naissance à des rejets à
l'e x tré m ité de p éd on c ules plus ou
moins longs. Les rejets servent à la
m ultiplication de la plante. Dans les
pays à c lim a t chaud et hum ide tout Rejet

au long de l'année, les rejets les plus


d éveloppés sont laissés sur la par­
c e lle après r é c o lte du p ie d - m è r e
ju s q u 'à un grossissem ent suffisant
Partie
de leur c o rm e p o u r une d e u x iè m e souterraine
production.
Pédoncule
Le système souterrain du taro d'eau
( c o r m e et ra c in e s ) se c o m p o r t e
c o m m e un tron c : en grandissant il Figure 1. Le taro d'eau Colocasia esculenta var. esculenta. Dessin J. Brevart.
m o n te vers la su rfa ce. U n e p la n ­
t a tio n à p la t sans b u tta g e b lo q u e
Toutes les techniques permettant la
d o n c son é v o l u t i o n . A i n s i, t o u t Les besoins en eau
l'it in é r a ir e te c h n iq u e d o it te n ir conservation de l'hum idité sont favo­
compte de cette particularité. Le ta ro d 'e a u de c u lt u r e p lu v ia le rables, n o ta m m e n t le p a illa g e , de
nécessite des besoins en eau élevés préférence épais, à l'aide de paille de
et réguliers. En l'absence d'irrigation, s o rg h o , de p aragrass ( B r a c h i a r ia
la culture est mise en place dans les m utica), ou bien avec des feuilles de
Le cycle de la plante zones à forte pluviométrie (au moins cocotiers.
O n d is tin g u e tro is phases dans le 2 500 millimètres par an bien répar­
cycle du taro d'eau (figure 2) : tis). S'il existe une saison sèche, un Le taro supporte l'in o n d a tio n mais
seul cycle sera alors possible. Le taro l'eau doit être évacuée : l'eau stagnante
- l'in s ta lla tio n (jusqu'à 8 semaines peut très bien être c u ltiv é dans les est responsable de la pourriture des
e nv iro n après la p la ntatio n), étape bas-fonds. cormes, surtout en fin de cycle.
sensible à l'enherbement ;

- le développement végétatif (8e-25e


semaines), important, jusqu'à ce que
le plant atteigne sa hauteur m axima­
le (parfois de plus de 1,50 mètre). La
c o u v e rtu re du sol est alors to ta le .
C'est la période de sensibilité m axi­
male au manque d'eau ;

- le ralentissement de la croissance
de la p a rtie a é rie n n e . Les fe u ille s
d e v ie n n e n t p lu s p e tite s et m o in s
nombreuses, la végétation s'ouvre,
puis e lle ja u n i t et sèche ( 2 5 e- 4 0 e
semaines). Cela correspond au gros­
sissement et à la maturation du co r­
me (tranfert des réserves des feuilles 0 5 8 10 15 20 25 30 35 40
Nombre de semaines après plantation
vers le corme). La fin de cette phase
est sensible aux excès d'hum idité. Figure 2. Le cycle du taro d'eau. Dessin anonyme.

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culture du taro

Le taro, un terme générique


Le terme taro est utilisé pour désigner la plupart des aracées comestibles cultivées en
zone tropicale humide. Elles appartiennent à des genres différents, notamment
Alocasia, Colocasia, Xanthosoma (figures 3, 4, 5).
Il existe deux types de plantes cultivées dans le genre Colocasia : C. esculenta var.
esculenta et C. esculenta var. antiquorum. Dans le genre Xanthosoma, le taro X. sagit-
tifolium est cultivé dans certaines régions insulaires et en Afrique. Il est appelé taro de
montagne, taro des Hébrides ou taro de Tiwaka en Nouvelle-Calédonie, chou-caraïbe
en Martinique, malanga en Guadeloupe, macabo au Cameroun, dalo ni tana aux îles
Fidji, dalo papalagi dans les Samoa occidentales, tannia ou new cocoyam en langue
anglaise.
Quant au genre Alocasia, seule l'espèce A. m acrorhiza (L.) est cultivée dans le
Pacifique. C'est une plante au développement végétatif très important. Ses tubercules
cylindriques peuvent atteindre 1 mètre de long et peser plus de 20 kilogrammes. En
Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, on le nomme Kapé.
Les plantes du groupe C. esculenta var. esculenta sont nommées taro d'eau en
Nouvelle-Calédonie, songe de Chine dans l'île de la Réunion, madère en Guadeloupe,
chouchine en Martinique, dasheen ou old cocoyam en langue anglaise. Elles produi­
Figure 3. Le taro A locasia m acrorhiza
sent un corme principal comestible avec quelques cormes secondaires (les rejets). Elles
(d'après MESSIAEN, 1989).
sont cultivées sous des régimes hydriques variés, depuis la culture inondée jusqu'à la
culture pluviale. Le taro est largement représenté dans le Pacifique. En Nouvelle-
Calédonie, de nombreux cultivars existent et constituent avec l'igname le fondement
de l'agriculture kanak. Le génome de ce groupe possède 28 chromosomes.
Le second type de plantes appartient au groupe C. esculenta var. antiquorum (parfois
dénommé aussi var. globulifera), appelé taro bourbon en Nouvelle-Calédonie, songe
Maurice dans l'île de la Réunion et eddoe en langue anglaise. Elles produisent un
corme principal de taille plus modeste et un grand nombre de cormes secondaires et
tertiaires qui possèdent une phase de dormance. En Nouvelle-Calédonie, il n'y a
qu'une variété rattachée à ce groupe, introduite très probablement à partir de l'île de la
Réunion (ex-île Bourbon) vers 1870. Le génome de ce groupe a 42 chromosomes.
Seul le genre Colocasia, le plus cultivé dans le monde, est traité dans cet article, et plus
particulièrement C. esculenta var. esculenta.

Figure 4. Le taro Colocasia antiquorum :


Figure 5. Le taro Xanthosoma sagittifolium : organe souterrain et feuille
organe souterrain et feuille
(d'après MESSIAEN, 1989).
(d'après MESSIAEN, 1989).

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culture du taro

Sans irrigation, la période sèche ne Il semble correct, lorsque l'eau est


permet pas un second cycle de cultu­ disponible, d'é valuer les besoins de Plantation et récolte
re. La sécheresse constitue d'ailleurs la plante à 1,5 fois la valeur de l'éva­
une contrainte pour la conservation potranspiration p o te ntie lle du lieu. Le moment de plantation est différent
du m atériel végétal nécessaire à la En fin de cycle, entre le 6e et le 7e selon que la parcelle est irriguée ou
plantation suivante (les rejets). Une mois de culture, l'arrosage est d im i­ non. Sans irrigation, la plantation est
p é p in iè re de boutures des variétés nué. effectuée en début de saison chaude
cultivées est alors constituée dans un et h u m id e , p o u r une réco lte 7 à 8
lieu hum ide et ombragé. Les plants mois après. Avec irrigation, la plan­
passent ainsi les mois secs sans souf­ ta tio n est p o s s ib le to u te l'a n n é e ,
frir du manque d'eau et fournissent Les variétés pour une récolte 7 à 8 mois plus tard
les rejets pour la future plantation. dans le cas des c y c le s de sa iso n
L 'id e n tific a tio n variétale s'effectue chaude, 9 à 10 mois pour les cycles
Enfin, lo rs q u e l'ir r ig a t io n est p os­ de saison fraîche.
sur des critères tels que la forme des
s ib le , d iv e rs e s m é th o d e s s o n t
feuilles, la c o u le u r des pétioles, le
employées : aspersion, goutte à gout­
n om bre de rejets, leur distance au
te, raie. Le contrôle de l'eau autorise
pied-mère, la couleur de la chair et Mise en place de la culture
dès lors la culture du taro à n 'im p o r­
des fibres du corme.
te quelle période de l'année. Il faut
L'utilisation des rejets
cependant v e ille r à ce que l'a pp ort Il existe de nombreuses variétés. Plus
d'eau soit régulier et constant, sur­ d'u ne soixantaine de variétés locales Sous c lim a t très hum id e, avec une
tout lorsque les plants sont en phase o n t d é jà été ra s s e m b lé e s p a r le b o n n e r é p a r t i t i o n a n n u e ll e des
de croissance active. Un bref stress Centre de coopération internationale pluies, le pied-mère est récolté dans
hydrique peut stopper la croissance en re c h e r c h e a g r o n o m iq u e p o u r un p re m ie r tem ps ; les rejets sont
v é g é ta tiv e et un a p p o r t u lt é r ie u r le d é v e lo p p e m e n t (C IR A D ) en m aintenus sur la parcelle pour une
d'eau ne fera plus « monter » le taro. N o u v e lle -C a lé d o n ie , ainsi que des seconde récolte qui intervient 2 à 3
En période sèche, l'eau est distribuée va riétés in tro d u ite s , des îles F idji mois plus tard (cas observé à Tahiti).
fréquemment, quotidiennem ent dans n o ta m m e n t. A titre d 'e x e m p le , en En N o u v e lle - C a lé d o n ie , la saison
le cas du goutte à goutte. En l'absen­ N o u v e lle -C a lé d o n ie , deux variétés sèche d'août à novembre ne permet
ce de données bien établies, la dose locales ont été sélectionnées pour la pas c e tte s e c o n d e r é c o lt e , et les
d 'e a u est c a lc u l é e à p a r t i r de la fo rm e r é g u liè r e de leu rs c o rm e s , rejets servent u n iq u e m e n t de b o u ­
valeur de l'évapotranspiration poten­ le u rs sa v e u rs trè s d if f é r e n t e s et tu re s p o u r une a u tre p la n t a t i o n .
tie lle , en te nant c o m p te des p ré c i­ le u rs r e n d e m e n t s in té re s s a n ts Elles s o n t a lo rs issues des re je ts
p ita tio n s entre ch aq ue to u r d'e au . (figures 6, 7). v ig o u r e u x — p lu s la b o u tu r e est

Figure 7. Variété locale sélectionnée en Nouvelle-Calédonie :


T 88 W allis. Pétiole vert, corme à chair blanche et fibres mauves ;
cha ir farineuse et parfumée ; nom breux rejets (7 à 10) ;
rendement 20 tonnes pa r hectare et plus, en bonnes conditions.

Figure 6. Variété locale sélectionnée en Nouvelle-Calédonie :


T 20 Matéo rose. Pétiole rose, corme à chair blanche et fibres jaunes ;
chair ferme légèrement collante ; rejets nom breux (7 à 10) ;
rendement 20 tonnes p a r hectare et plus, en bonnes conditions.

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culture du taro

vigoureuse, plus la récolte est im por­ Le siratro est une légumineuse vigou­ entre 20 0 00 et 22 0 00 plants par
ta n te . Son d ia m è tr e à la base est reuse e t r u s t iq u e ( v a r ié té de hecta re , les d is ta n c e s entre pieds
compris entre 3 et 5 centimètres. M a c r o p t i l i u m a tr o p u r p u r e u m ) q ui variant de 50 à 70 centimètres sur la
enrichit le sol en azote et étouffe les ligne. Toutefois, en cas de sol peu
Cependant, en l'absence d'irrigation,
a d v e n tic e s g râ c e à sa v é g é ta tio n fertile, les écartements peuvent être
si les rejets sont u tilis é s p o u r une
tapissante. Après un développement réduits.
future plantation, ils d oiven t passer
suffisamment important, entre 4 à 12
la saison sèche sur le champ. Ils ris­
m ois, il est d é tr u it c h im iq u e m e n t
quent de dépérir. Il faut alors prendre Préparation du sol
avec du 2 ,4 -D ou du paraquat. Le
certaines précautions : paillage pour
taro est alors directement planté par C om pte tenu de la p a rtic u la rité de
conserver l'hum idité, ombrage léger
trouaison dans le m u lc h de siratro croissance du système souterrain, la
au-dessus des plants. Une autre pos­
qui assure un paillage efficace. bouture est plantée au fond d'un trou
s ib ilité est de m ettre en pla ce une
en culture manuelle ou d'u ne raie en
p a r c e l l e d a n s un lie u h u m id e et
culture mécanisée.
ombragé qui puisse servir de p é p i­
nière de boutures. Densité de plantation Le trou, de 1 5 à 20 centim ètres de
Si les plants sont trop éloignés les uns profondeur, est creusé à l'aide d'une
Si l'on dispose d'irrigation, les rejets
des autres, les corm es s eront gros p e lle . Cette o p é ra tio n est réalisée
laissés sur la parcelle seront irrigués,
m ais peu n o m b r e u x . De p lu s , la juste après le nettoyage de la parcel­
fertilisés et réutilisés pour la planta­
culture ne couvrira pas toute la surface le, sans q u 'il y ait eu une préparation
tion suivante.
et la l u t t e c o n t r e les m a u v a is e s i m p o r ta n t e du so l. U n e ta r iè r e à
herbes sera difficile. Si les plants sont moteur peut être également utilisée
Paillage de protection des rejets trop rapprochés, la taille des cormes pour la trouaison.
risque d'être fortement diminuée.
Pour obtenir un paillage rapide, une En c u lt u r e m é c a n is é e , après une
rotation sorgho-taro peut être instal­ De plus, il fa ut que tous les plants préparation de sol classique (sous-
lée entre deux parcelles voisines. Le possèdent une vigueur similaire : le solage, labour et reprise de labour),
sorgho est fauché régulièrem ent au calibrage des boutures avant planta­ la raie est effectuée à l'aide de corps
stade de fin montaison et les pailles tion permet une m eilleure hom ogé­ rayonneurs.
épandues entre les lignes de taras. néisation de la culture.

Un autre système p ra tiqu é dans le Les rendements les plus élevés sont
La récolte
Pacifique est la rotation siratro-taro. o bte nu s p o u r des densités v a ria n t
Après une phase de végétation acti­
ve, le feuillage décroît mais le corme
grossit encore. O n observe un jaunis­
Culture inondée : terrasse irriguée à Atéore (Nouvelle-Calédonie).
sement de la partie aérienne. Le cor­
C lic h é D. V a rin .
me est réco lté avec 15 à 20 c e n ti­
m è tre s de tig e , p e r m e t t a n t une
meilleure conservation.

La c o n s e r v a t i o n des c o rm e s au
c h am p est possible, avec é c h e lo n ­
nement de la récolte de la parcelle,
pour les cultures s'achevant en début
de p é r io d e s è c h e (2 à 3 m o is de
conservation). Pour les cycles se ter­
m inant en saison chaude et humide,
la c o n s e r v a tio n n 'e x c è d e pas un
mois sans risque de pourriture.

D 'une manière générale, les cormes


se c o nse rve nt mal après la récolte
et doivent être consommés ou c o m ­
m e r c ia lis é s r a p id e m e n t, dans les
q u e lq u e s jo u rs q u i s u iv e n t l'a r r a ­
chage.

Les co rm es p e u v e n t to u te fo is être
conservés au froid à 10 °C (± 3 °C) et
à 85-90 % d 'h u m id ité relative pen­
dant 6 mois.

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culture du taro

Tableau 2. Application d'herbicides sur sol nu à la plantation.


Entretien
Matière active Dose matière active Produit commercial
de la culture (grammes par hectare)
Métribuzine 1 000 Sencoral
Les façons cu lturales sont re la tiv e ­ (contient 70 % de métribuzine)
m ent réduites. O u tre le buttage et
Alachlore 1 920 Lasso
l 'a p p o r t d 'e n g r a is , la p r i n c i p a l e
(contient 480 g/l d'alachlore)
c o n tra in te est l'e nva hisse m e nt des
mauvaises herbes au début du déve­ Diuron 2 000 Diuron 90 WG
(contient 90 % de diuron)
loppement du taro.
Ces produits sont inefficaces contre les mauvaises herbes à multiplication végétative :
Cyperus rotondus, repousses de sorgho à partir de souches, etc.
Le travail du sol L'alachlore n'est pas efficace contre la sensitive géante (Mimosa invisa) et le baume
(Agératum conyzoedes).
En cours de c y c le , les trous ou les La dose de diuron doit être respectée : le doublement de cette dose détruit le taro.
raies sont rebouchés et les taros légè­ Ce produit peut aussi être appliqué en cours de cycle, en plein, sur sol nu ou sur
rement buttés. Cette technique évite adventices très jeunes.
au corme d'apparaître à la surface du
sol en fin de cycle et d'être attaqué
par les insectes ou les animaux (rats
bien q u 'e lle ne soit a p p lic a b le que
et poules par exemple). Elle est effec­ La lutte contre
sur de petites surfaces : lim itation des
tuée 1 à 2 mois après la plantation.
les mauvaises herbes m a u v a is e s h e rb e s ; m a i n t ie n de
En culture mécanisée, il faut que la
l'h u m id ité ; apport de matière orga­
hauteur du taro soit compatible avec Les parcelles sont envahies par les
nique à la surface du sol.
le passage de la butteuse. Le travail mauvaises herbes pendant les 2 ou 3
d'un outil à dents précède le buttage premiers mois, avant le déve lo pp e ­
et les racines des taros ne seront pas ment c o m p le t de la plante. Ensuite
Sarclages manuels
abîmées si la plantation a été réalisée les taros recouvrent la parcelle. A la
au fond des sillons. fin du cycle, les feuilles deviennent En cas de f o r t e h u m id i t é , 2 ou 3
plus petites et la végétation s'ouvre, désherbages manuels sont indispen­
permettant aux mauvaises herbes de sables avant la couverture complète
La fertilisation c r o î t r e à n o u v e a u . La p ré s e n c e du sol par le feuillage.
d 'a d v e n tic e s à cette p é rio d e n'est
En l'absence de carence connue, la gênante que dans la mesure où elle
fumure suivante peut être conseillée ; e m p ê c h e le bon d é r o u le m e n t des
e lle d o i t bie n sûr être a da pté e au travaux de récolte. La lutte contre
type de sol :

Les herbicides chimiques


les ennemis
- à la plantation, apport d'un engrais
NPK de fo rm u le 13-13-21 dans le Les herbicides sont employés sur sol de la culture
trou à raison de 300 kilogrammes par nu ou en cours de culture :
hectare ; Seuls les ravageurs et les maladies
- sur sol nu (tableau 2), juste après
plantation des taros et avant la levée rencontrés en N o u v e lle -C a lé d o n ie
- 1 ou 2 mois après la plantation (jus­
des mauvaises herbes, a p p lic a tio n so nt p ré c is é m e n t d é c rits dans ce
te a v a n t le b u tta g e ), a p p o r t d 'u n
des h e r b i c i d e s en p le i n , sur sol chapitre. La Nouvelle-Calédonie est
engrais NPK de form ule 13-13-21 en
h u m id e . La d u ré e d 'a c t io n est de i n d e m n e de q u e lq u e s m a la d ie s
localisé autour des plants à raison de
1 à 2 m o is , c 'e s t- à - d ir e ju s q u 'a u importantes pour le taro d'eau, c o m ­
300 kilogrammes par hectare.
buttage ; me les viroses A lo m a e et B o bo ne
Il faut éviter les apports tardifs d 'a zo ­ - en co u rs de c u ltu r e , un ou p l u ­ présentes a ux îles S a lo m o n et en
te (da ns les 3 m o is p r é c é d a n t la sieurs tra ite m e n ts au G r a m o x o n e Papouasie-Nouvelle-Guinée, et éga­
récolte) car ils ont un effet néfaste sur (paraquat). Il ne faut pas toucher les le m e n t le P h y to p h t o r a c o lo c a s ia e .
la qualité des cormes. Ils favorisent la plants avec le p roduit pendant la pul­ Cette maladie fongique extrêmement
croissance vé g é ta tiv e alors que le v é ris a tio n (tra ite m e n t d ir ig é avec grave est responsable du d é c lin de
corme est formé. L'amidon du corme cache herbicide). cette culture dans certaines zones de
se transforme en sucre et migre vers Papouasie-N ouvelle-Guinée et plus
les feuilles. Le corm e d evien t alors récemment aux Samoa occidentales,
mou et spongieux (désordre physio­ Paillage où son i n t r o d u c t i o n d e p u is 1993
logique connu sous le nom de « loii- La parcelle peut être paillée. Cette com prom et la principale exportation
loli » à Hawaii). technique a de nombreux avantages, du pays.

Agriculture et développement ■ n° 4 - Décembre 1 9 9 4 39


culture du taro

Insectes et acariens
Attaques du feuillage
En cas de pullulations de pucerons,
c h e n ille s , T a ro p h a g u s ou acariens
(tableau 3), certains produits seront
pulvérisés sur la culture, en alternance :
- la m a tiè re s a c tiv es p y r im ip h o s -
méthyl et perméthrine (produit c o m ­
mercial : Attack qui contient 475 g/l
de p y rim ip h o s -m é th y l et 25 g/l de
p e rm é th rin e ) à la dose de p r o d u it
c o m m e r c ia l de 10 m illilit r e s p o u r
10 litres d'eau dans un pulvérisateur
à dos (ou 30 m illilitres dans un ato­
miseur) ;
- la matière active dim éthoate (pro­
duits comm erciaux : Rogor 50 conte­
n a n t 5 0 0 g/l de d im é t h o a t e ,
Perfektion à 400 g/l de diméthoate ou
Perfektion S à 500 g/l de diméthoate)
à la dose de 12 m illilitr e s p o u r 10
litres d'eau (dans le cas du Rogor et
du Perfektion S). Forte infestation de pucerons
11 est à noter que seul le diméthoate (Aphis gossypii) sur feuilles.
présente une e ffic a c ité c o n tre les C lic h é D. V a rin
acariens.

Tableau 3. Les insectes et les acariens ravageurs du taro d'eau,


exemple de la Nouvelle-Calédonie.
Espèce Description

Aphis gossypii Pucerons, en pullulation sur la face inférieure


des feuilles. Vecteur potentiel du virus
de la mosaïque du taro (Dasheen mosaic virus).
Tarophagus proserpina Insecte sauteur, sur feuilles (faces inférieure
et supérieure) et tiges. L'adulte (4 mm de long)
est noir avec une large bande blanche sur le dos
du thorax et de l'abdomen. Insecte spécifique
du taro, qui peut transmettre des viroses.
Hippotion celerio Lépidoptère dont la chenille reconnaissable à son
éperon noir caudal dévore la bordure des limbes,
ne laissant que le point d'attache du pétiole en cas
de forte attaque.
Spodoptera litura Lépidoptère dont les œufs sont déposés en
grappe sur les limbes. Les chenilles sont d'abord
grégaires, puis solitaires. Les colonies de jeunes
chenilles se nourrissent du limbe.
Papuana huebneri Coléoptère noir vivant dans le sol et dont la larve
creuse des galeries sur cormes, les rendant
impropres à la commercialisation.

Cicadelles Pullulation sur feuilles (en cours d'identification).


Tarophagus proserpina : insecte sauteur
Tetranychus néocaledonicus Acarien présent surtout sur la face inférieure
spécifique du taro, ¡I peut transmettre
des feuilles. Les feuilles atteintes montrent
de larges zones argentées le long des nervures. des virases.
C lic h é D. V a rin

40 Agriculture et développement ■ n° 4 - Décembre 1 9 9 4


culture du taro

- éviter l'eau stagnante sur la parcel­


le ; l'e au s'é c h au ffe , et la c h a le u r
combinée à une forte hum idité favo­
rise les attaques du champignon ;
- ne pas conserver des plants, arrivés
à maturité, trop longtemps sur la par­
celle, notam m ent en saison chaude
et humide ;
- en cas de forte attaque, la culture
est déplacée sur une nouvelle parcel­
le. La parcelle contaminée est consa­
c ré e à d 'a u t r e s p r o d u c t i o n s , au
moins pendant 2 ou 3 ans ;
- les boutures peuvent être traitées
p a r un t r e m p a g e d a n s l ' A l i e t t e
Hippotion celerio : la chenille reconnaissable à son éperon dévore la bordure (matière active : pho séth yl-a l) à la
des limbes. d ose de 2,5 g ra m m e s de p r o d u it
Cliché D. Varin
commercial pour 1 litre d'eau, avant
plantation.

Lors des tr a ite m e n ts f o lia ir e s , on Tableau 4. Principales maladies du taro, exemple de la Nouvelle-Calédonie.
p re nd ra soin de p u lv é ris e r la face
Espèce Description
inférieure des feuilles où sont locali­
sés la plupart des parasites. Champignons
Pythium sp. Champignon du sol provoquant la pourriture
Enfin, l'agent m ouillant est indispen­
du corme. La chair devient molle et malodorante.
sable pour une bonne répartition du
produit sur les feuilles de taro. Cladosporium colocasiae Champignon responsable de la cladosporiose,
se manifestant par des taches circulaires sur
feuilles et par des jaunissements internervaires
Attaques provoquant des nécroses. Cette maladie peut
entraîner d'importantes défoliations. Elle se
de la partie souterraine manifeste principalement dès l'apparition des
En cas d'attaques sévères d'insectes températures fraîches (inférieures à 18 °C).
du sol, par exemple les coléoptères, Elle doit être contrôlée notamment pour les
il est possible d 'appliquer 1 gramme cultures dont le cycle de croissance est maximum
en saison fraîche.
de Curater 5G (matière active : car-
b o fu r a n ) en c o u r o n n e a u to u r du Marasmiellus stenophyllus Les organes reproducteurs du champignon
p la n t, au m in i m u m 2 m o is a v a n t apparaissent au niveau du collet du plant de taro.
récolte. Virus
Virus de la mosaïque du taro Symptômes de mosaïque sur feuille. Transmission
par les insectes piqueurs et suceurs.
La lutte contre les maladies
Maladies physiologiques
C h a m p ig n o n s , v ir u s et m a la d ie s
Loliloli Cormes mous et spongieux. Ils sont plus légers que
p h y s io lo g iq u e s sévissent dans les les cormes normaux. Ce phénomène est dû à
cultures de taro (tableau 4). la poursuite de la croissance végétative alors que
le corme est formé. L'amidon du corme se
transforme en sucre et migre vers les feuilles.
Les champignons
Pourriture dure Cette maladie détruit le système vasculaire du
Contre la pourriture du corme due au corme. La peau du corme malade ressemble à
P y th iu m , certains principes d oivent de l'écorce (3 à 6 millimètres d'épaisseur),
être observés : craquelée et friable. La chair est parcourue par des
indurations jaune-brun. L'agent causal n'est pas
- u t i l i s e r les v a r ié t é s a d a p té e s , connu. Une hypothèse suggère que le phénomène
certaines d'e ntre elles sont en effet pourrait être dû à une concentration saline élevée
plus sensibles que d'autres ; dans le sol, occasionnant des dégâts sur racines
- ne planter que des boutures prove­ (sols à proximité de rivages, applications de
nant de plants sains ; fumures minérales excessives).

Agriculture et développement ■ n° 4 - Décembre 1 9 9 4 41


w m r
Spodotera litura :
¡es colonies de jeunes chenilles
se nourissent
du limbe.
Cliché D. Varin

Dégâts sur corme de larves


de Papuana huebneri.
Cliché D. Varin

Acariens
(Tetranycus neocaledonicus]
sur la face inférieure des feuilles.
IC liché D. Varin

Marasmiellus stenophyllus, les organes


reproducteurs du cham pignon
Virus de la mosaïque apparaissent au collet du taro.
rii i frnrr» Cliché D. Varin

Cladosporium colocasiae, m aladie qui peut


provoquer d'im portantes défoliations.
Cliché D. Varin
culture du taro

Concernant la cladosporiose, les p ul­ cularités qui lim itent le choix du lieu mentaire, préjuge en général d 'u ne
vérisations à base de Peltar (matière d'installation de la culture : certaine ancienneté de la plante.
active : manèbe + thiophanate- méthyl)
- une saison fraîche de mai à sep­ Le taro d'eau constitue, avec l'igna­
ou d'un mélange de Benlate (matière
tembre, pendant laquelle les tempé­ me, le fo n d e m e n t de l'a g r ic u ltu r e
active : bénomyl) et Dithane (matière
ra tu re s m in i m a le s p e u v e n t ê tre m é la n é s ie n n e en N o u v e lle -
active : mancozèbe) assurent un bon
inférieures à 10 °C ; Calédonie. C'est la culture femelle,
contrôle de cette maladie.
par o p p o s itio n à l'ign a m e . Ce sont
- une saison sèche marquée d'août à
d'ailleurs les femmes qui effectuaient
Le virus de la mosaïque du taro décembre sur la côte ouest, un peu
la majeure partie des travaux.
Cette m aladie est facile m e nt obser­ m o in s accusée sur la c ô te est, au
vable, surtout lorsque les plants sont vent. T ra d itio n n e lle m e n t, deux systèmes
s o u m is à un stress h y d r iq u e . Les de c u ltu r e sont p ra tiq u é s sur l'î le
Il en résulte que le taro d'eau est peu
plants atteints sont arrachés et les principale : les taras de culture sèche
présent sur le versant ouest de l'île
insectes vecteurs é lim in é s par des (exondée) et ceux de culture irriguée
(1 000 millimètres de pluies par an),
p u lv é ris a tio n s d 'in s e c tic id e s . Une (inondation de la parcelle). Les pre­
à l'exception des piémonts, dans des
bonne conduite de la culture lim ite miers sont installés sur le b illo n à
a m énagem ents spécifiqu es en te r­
le p lu s s o u v e n t l ' a p p a r i t i o n des ig n a m e dans ses p a rtie s les p lu s
rasses irriguées. Sur le versant est
symptômes. h u m id e s . Les se c o n d s passent la
(2 000 à 2 500 millimètres de pluies
par an), le taro d'eau est présent soit m a je u re p artie de le u r c y c le dans
Les maladies physiologiques en culture pluviale, souvent associé une lame d'eau de quelques c e n ti­
Pour écarter le phénomène du « loii- à l'igname, soit en terrasses irriguées. mètres. La parcelle de taras (ou taro-
loli », aucune fumure azotée ne sera d iè re ) est asséchée peu de tem ps
Il est aussi cu ltivé en zone maréca­ avant la récolte. Ce dernier système
épandue à la fin du cycle.
geu s e . C 'e s t le cas d a n s les île s impose des aménagements du sol en
La pourriture dure peut être évitée si
L o y a u té , et p lu s p r é c is é m e n t à terrasses ou en bord de cours d'eau.
l'on n'abîme pas le système racinaire
Ouvéa, prés de Fayaoué.
dès que le corme est formé.

Les ta rod ières en terrasses


Un exemple : Le taro d'eau
Les tarodières en terrasses sont par­
dans la société fa ite m e n t planes et aménagées sur
le taro d'eau en des coteaux même à très forte pente.
traditionnelle kanak La largeur de la terrasse varie, selon
Nouvelle-Calédonie Certains clones de taras servent à des la pente, de 2 à 6 mètres. Les talus
En Nouvelle-Calédonie, les taras les lins médicinales. Cet em ploi m argi­ so n t p la n té s de c a n n e à s u cre et
plus c u ltiv é s sont le taro d 'e au , le nal, dont il est difficile de dire s'il est d 'a m b re v a d e (C a ja n u s c a ja n ) p our
taro bourbon et le taro de montagne. antérieur ou postérieur à l'usage ali­ fixer le sol. Q uant aux écoulements

Le taro est planté de préférence dans


la chaîne centrale et sur la côte est,
N
dans les zones à forte pluviom étrie,
A
c'est-à-dire 2 500 millimètres par an
40 km
bien répartis (figure 18). Même dans OUVEA
ces zones, un seul c ycle (de saison
c h a u d e , a v e c p l a n t a t i o n de fin LIFOU

d'année) est possible en l'absence


j
d 'ir r ig a tio n , du fa it d 'u n e p é rio d e
sèche d'août à octobre.
Son e x t e n s io n su r la c ô te o u e s t
Ponérihouen

Houaïlou
* MARE

d e m a n d e o b lig a to ir e m e n t l'i r r i g a ­
tion, même pour un cycle de saison Répartition des précipitations %
chaude et humide. annuelles (1956-1985)
>nt Humboldt
m plus de 3 0 0 0 mm La Foa
22'
m i de 2 0 0 0 à 3 0 0 0 mm
Les lieux privilégiés La Tontouta Yaté
m de 1 0 0 0 à 2 0 0 0 mm
de la culture moins de 1 0 0 0 mm
Nouméa

points culminants ILE DES PINS


Le tara d'eau se plaît en zone chaude
et h u m id e , m a is la N o u v e l l e - f
C alédonie présente certaines p a rti­ Figure 18. La Nouvelle-Calédonie.

Agriculture et développement ■ n° 4 - Décembre 1 9 9 4


culture du taro

d'eau de terrasse en terrasse, ils sont En l'absence d 'irrig a tio n , la planta­


protégés contre le ravinement par un tio n est effectuée en n ove m b re ou Bibliographie
pavem ent de pierres. Il est en effet décembre (début de saison chaude et
impératif que l'eau circule car l'eau humide), pour être récoltée au bout ANONYME, 1978. Pest control in tropical
stagnante s'échauffe et favorise les de 7 à 8 m ois. A v e c ir r ig a tio n , la Roots C ro p s . C e n tre fo r O ve rse a s Pest
attaques de P ythium . L'eau est ame­ plantation est possible toute l'année, R esearch, Pans M a n u a l n° 4, Lo n dre s,
Grande-Bretagne, 235 p.
née à la tarodière par des conduites à de m ars à s e p te m b r e , la r é c o lt e
ciel ouvert. Ces aménagements ont a lieu à 7-8 mois pour les cycles de BARREAU J., 1955. L'agriculture vivrière
mélanésienne. Commission du Pacifique Sud,
été évalués à 5 620 hectares sur la saison chaude, et à 9-10 mois pour
Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 206 p.
côte est et à 4 4 6 0 hectares sur la les cycles de saison fraîche.
CERDAT-IRAT, 1983. Culture du taro en
cô te ouest. Ces s u p e rfic ie s, assez Polynésie Française, fiche de recom m anda­
Depuis quelques années, l'absence
importantes co m p te tenu du travail tions pratiques. Papeete, Tahiti, CIRAD, 15 p.
d 'u n e p ro d u c tio n suffisante sur le
que nécessitait l'entretien de l'am é­ JAW KAI W A N G , 1983. Taro, a review of
m arché local a p ro v o q u é une aug­
n a g em en t, n 'é ta ie n t u tilis é e s que C o lo c a s ia e s c u le n ta and its p o te n tia ls .
mentation importante des prix pour
partiellem ent chaque année afin de University of Hawai press., Honolulu, Hawai,
ce produit. En 1993, le prix moyen 400 p.
re s p e c te r le te m p s de ja c h è r e . Il
a nn ue l au k ilo é tait de 331 francs
semble que la rotation, avant l'a rri­ KAY D.E., (revised par G ooding , EGB),
p a c i f i q u e (18 fr a n c s f r a n ç a is , 1987. C rop and P roduct digest n° 2. Root
vée des Européens, a it été de une
3 d o lla r d s US, e n v iro n ) . Ces p rix Crops, second edition. Tropical development
année de cu lture p our trois années and research In s titu te , L o ndres, G ra n d e -
incitatifs m obilisent depuis peu bon
de ja c h è r e j u s q u 'à ce q u e le sol Bretagne, 380 p.
nombre de producteurs.
manifeste des signes de fatigue. Les LAMBERT M., 1982. Taro cultiva tio n in
agriculteurs installaient alors de nou­ South Pacific, Handbook n° 22. Commission
velles tarodières. Il s'agissait d'u ne du P a c ifiq u e Sud, N o u m é a , N o u v e lle -
Calédonie, 145 p.
agriculture semi-itinérante.
LEENHARDT F., 1937. Gens de la grande
Ces aménagements précoloniaux ont Terre. Gallim ard, Paris, France, 225 p.
été p o u r la p lu p a r t a b a n d o n n é s , MESSIAEN C.-M., 1989. Le Potager tropi­
et seuls quelques sites sont exploités cal. PUF, collections Techniques Vivantes, 2e
édition, Paris, France, 580 p.
e nco re a u jo u r d 'h u i (tribus de M ia
et Atéou par exemple). O N W U E M E I.C., 1 9 7 8 . T he T ro p ic a l
T u b e r C ro p s . John W ile y and sons Ltd,
Chichester, Grande-Bretagne, 234 p.

O R S T O M , 1 9 8 9 . A tla s de N o u v e lle -
Les tarodières de bord de cours C a lé d o n ie . E d itio n du C a g o u , N o u m é a ,
d'eau Nouvelle-Calédonie, 91 p.

Certaines tarodières étaient établies


au bord des cours d'eau de vallées Culture en zone marécageuse près de
étroites et encaissées. Un barrage en Fayaoué à O uéra (Nouvelle-Calédonie).
aval d é to u rn a it une partie de l'eau Cliché D. Varin
vers la tarodière, grâce à une co nd ui­
te à ciel ouvert. Ce type d'aménage­
m e n t a été ra p p o rté par BARRAU
(1955) mais a aujourd'hui disparu.

La culture moderne
du taro d'eau
Le ta ro d 'e a u est e s s e n tie lle m e n t
c o n d u it en c u ltu re e x on dé e sur la
côte est, plus humide. Les parcelles
sont petites et la p ro d u c tio n faible.
Le taro d'eau est aussi cultivé par la
c o m m u n a u té p o ly n é s ie n n e (w a lli-
sienne surtout) installée à la périphérie
de Nouméa. Quelques exploitations
p r a t i q u e n t é g a le m e n t la c u lt u r e
exondée du taro d'eau, avec irrigation
par aspersion ou au goutte à goutte.

Agriculture et développement ■ n° 4 - Décembre 1 9 9 4


culture du taro

Résumé... Abstract... Resumen


D. VARIN, P. VERNIER - La culture du taro d'eau D. VARIN, P. VERNIER - Cultivation of taro D. VARIN, P. VERNIER - El cultivo del taro de agua
(Colocasia : C. esculenta var. esculenta). (Colocasia: C. esculenta var. esculenta). ( Colocasia: C. esculenta va t. esculenta).
Le taro, term e générique des aracées cultivées en réglons f a r o , a ge n e ra l te r m fo r Aracea gro w n in hot hu m id El taro, térm in o genérico de las aráceas cultivadas en
ch au d es e t h u m id e s , c o m p r e n d les g e n r e s Alocasia, regions, comprises th e ge ne ra Alocasia, Colocasia and regiones cálidas y húmedas, incluye los géneros Alocasia,
Colocasia et Xanthosoma. Son corme (tige de réserve sou­ X an th o s o m a. Its tuberous root ( fo rm in g u n de rgro und Colocasia y Xanthosoma. Su riz o m a (ta llo de reserva
terraine) constitue une ressource alim en taire im portante reserves) is an im portant source of food in Africa, Asia s u b t e r r á n e o ) c o n s ti t u y e un r e c u r s o a l i m e n t i c i o
en A f r i q u e , en A sie e t e n O c é a n i e . Le cy cle d u r e and Oceania. The crop cycle lasts for 7 to 10 months and im portante en Africa, Asia y Oceania. El ciclo dura entre
7 à 10 mois et la récolte procure, dans de bonnes condi­ the yield is over 2 0 tonnes of corms per hectare when 7 y 1 0 meses y la recolección proporciona, en buenas
tions, plus de 2 0 to n n e s de c o rm es p a r h e c ta r e . Les c o n d it i o n s a r e g o o d . W a t e r r e q u i r e m e n t s a r e c o n d ic io n e s , m á s de 2 0 t o n e la d a s de r i z o m a s por
besoins en eau sont élevés. En absence d'irrigation, le taro considerable. Without irrigation, taro grows in areas with hectárea. Las necesidades de agua son elevadas. A falta
pousse dans les zones où il pleut 2 5 0 0 millimètres par an, 2 , 5 0 0 m m of well-distributed rainfall per year. Planting de irrigación, el taro crece en las zonas en que llueve
bien répartis. La plantation est effectuée à partir de bou­ is by m e ans of shoot cuttings fr o m th e m o th e r plant 2 5 0 0 milímetros al año bien repartidos. La plantación se
tures issues des rejets du pied-m ère dont on a récolté le whose corm has been harvested. Corms cannot be stored efectuó a partir de esquejes resultantes de los rechazos
corm e. La conservation des corm es n 'e x c è d e pas trois for m ore than 3 months after lifting. Cuttings are planted del pie m a d re del que se ha cosechado el rizo m a . La
mois, après l'a rra c h a g e . La plantation des boutures est in holes or furrows and then ridged one or two months conservación de los rizomas no sobrepasa los tres meses
effectuée dans des trous ou des sillons, puis elles sont but­ later. W eed control is im portant m ain ly during the first después del arranque. La plantación de los esquejes se
tées un à d e u x mois après. Le contrôle des m auva is es t h r e e m o n t h s . P e sticid e s o r c u ltu r a l p ra c tic e s a r e efectúa en agujeros o surcos y se aporcan entre 1 y 2
herbes concerne surtout les trois premiers mois. Pour lut­ recom m ended for the control of pests (insects and mites) meses después. El control de las m a le zas es necesario
ter contre les ravageurs (insectes et acariens) et les m a la ­ and diseases (fungi, viruses and physiological diseases). sobre todo los tres primeros meses. Para luchar contra
dies (champignons, virus et m aladies physiologiques), des Finally, taro cultivation in N ew Caledonia is described as las p la g a s (in se cto s y á c a r o s ) y las e n f e r m e d a d e s
pesticides ou des techniques culturales sont conseillés. a n e x a m p l e as t a r o a n d y a m f o r m t h e b a s is o f (hondos, virus y en ferm edades fisiológicas) se aconsejan
Enfin, la culture du taro en Nouvelle-Calédonie est décri­ Melanesian agriculture. pesticidas o técnicas de cultivo. Por último, el cultivo del
te comme exem ple, car le taro et l'ig na m e constituent le Keywords: taro, Colocasia, planting, w ater requirements, taro en Nueva Caledonia se presenta como ejemplo, pues
fon dem ent de l'agriculture mélanésienne. fertilisa tio n, weeds, insect pests, diseases, yield, N ew el taro y el ñam e constituyen la base de la agricultura

Mots-clés : ta ro , Colocasia, p la n ta tio n , besoin en eou, Caledonia. melanesia.

f e r t i li s a t i o n , a d v e n t ic e , in s ecte r a v a g e u r , m a la d i e , Palabras clave: taro, Colocasia, plantación, necesidad de


production, Nouvelle-Calédonie. a g u a , f e r t i l i z a c i ó n , in s e c to d a ñ i n o , e n f e r m e d a d ,
producción, Nueva Caledonia.

Culture en sec : association taro d'eau et


igname sur billon à Tiwaka
(Nouvelle-Calédonie).
Cliché D. Varin

Agriculture et développement ■ n° 4 - Décembre 1 9 9 4 45

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