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LA TIMIDITÉ

RAYMOND DE SAINT-LAURENT

L A T I M I D I T É

Ses Causes - Ses Conséquences


Ses Remèdes

Comment on en triomphe
définitivement

AUBANEL
© by Aubanel 1968
I

UN TRAITEMENT EFFICACE
ET FACILE

1. Vous éprouvez les symptômes de la timidité.

Vous manquez d'assurance dans vos relations


extérieures. Cette impression de gêne qui vous
donne une allure embarrassée, vous empêche
de montrer vos qualités d'esprit et de cœur.
Vous redoutez tout public, même restreint.
Comme la sensitive qui ferme ses feuilles dès
qu'on la frôle, vous vous repliez sur vous-même
au contact d'autrui. Ne sachant comment vous
présenter, comment vous tenir, ni comment
parler, vous masquez parfois votre détresse sous
une ironie qui vous fait mal juger et dont vous
êtes le premier à souffrir.
Vous vous imaginez faussement que l'on vous
mésestime ; peut-être vous laissez-vous accabler
par un sentiment chimérique d'infériorité.
Vous doutez de vous-même ; vous avez peur
du prochain ; vous perdez l'esprit d'initiative.
On a défini le timide : un homme qui n'ose
pas.

On pourrait le définir avec non moins de


justesse : un homme frappé de paralysie psy-
chique.
La timidité paralyse ses victimes dans toute
leur activité.

a) Dans leur activité physique. Elle les rend


gauches dans leur démarche, empruntés dans
leur attitude, maladroits dans leurs gestes. Elle
va jusqu'à provoquer des rougeurs subites, des
tremblements, des palpitations.

b) Dans leur activité intellectuelle. Elle


brouille leurs idées et les rend incapables d'une
conversation suivie. De là les quiproquos et les
bévues qui échappent aux timides ; de là aussi
leur froideur et leur mutisme.

c) Dans leur activité sentimentale. Elle les


empêche d'exprimer ce qu'ils éprouvent. Elle leur
donne l'apparence de l'insensibilité. On les croit
dépourvus de cœur, alors qu'ils en ont beaucoup;
mais ils n'osent montrer le trésor de leur âme
vibrante.

Dans cette description trop rapide pour être


complète, n'avez-vous pas reconnu, en partie du
moins, le malaise dont vous souffrez ?

2. Vous voudriez guérir.

Le fait que vous lisiez ces lignes le prouve.


Le titre de cet ouvrage aurait-il retenu votre
attention ; auriez-vous acheté ce petit volume ;
en parcourriez-vous en ce m o m e n t les premières
pages, si vous ne désiriez vous débarrasser de
votre infirmité ?
Certes, vous souhaitez acquérir cette liberté
d'esprit et cette aisance de mouvement qui vous
permettront de manifester enfin votre valeur et
vous faciliteront le succès.
Mais vos habitudes de timidité vous enlisent
dans le doute ; et au moment d'entreprendre ce
traitement qui doit vous transformer, vous vous
demandez avec inquiétude s'il réussira.
Ne soupirez donc pas sur u n ton de décou-
ragement : Je voudrais guérir. Affirmez avec
l'accent d'une inébranlable conviction : Je veux
guérir et je guérirai.

Pourquoi d'ailleurs en douteriez-vous ?


Parce que vous estimez votre mal incurable ?
La science et l'expérience affirment le contraire.
Des milliers de timides plus atteints que vous
se sont guéris. Vous guérirez comme eux,
moyennant u n peu de bonne volonté persé-
vérante.

3. Essayez cette méthode.

Elle est simple. Elle contient une partie


spéculative, qui était nécessaire. Mais on l'a
réduite au strict minimum ; on y a condensé
en quelques pages les données indispensables,
que le timide doit connaître pour lutter victo-
rieusement contre lui-même. S'il ignorait les
causes profondes de son mal, il ne comprendrait
rien au traitement prescrit. Des remèdes indi-
qués il choisirait les uns et négligerait les autres,
au risque de compromettre sa cure.

Méthode pratique. Elle se compose d'une


série d'exercices soigneusement combinés, qui se
sont avérés à l'usage d'une efficacité souveraine.

Très variés, ils vous entraîneront à employer


avec succès les différentes forces que la nature
a mises à votre disposition : facultés de l'âme
et ressources physiques.

De plus, étant rigoureusement gradués, ils


vous feront progresser pas à pas et ne vous
imposeront que de légers efforts. Ainsi vous
gravirez sans peine la rude pente qui conduit au
parfait équilibre psychique.
4. Cette méthode vous guérira certainement.

A la condition toutefois de la suivre avec


fidélité.

a) Fidélité à l'ordre indiqué. N'imitez pas les


impatients qui parcourent d'un œil curieux les
dernières pages d'un volume avant de s'être assi-
milé les premières. Qui met la charrue devant
les bœufs ne peut labourer son champ. Pas de
précipitation trépidante qui compromettrait le
succès de la cure.
Hâtez-vous lentement et sans perdre courage.
Commencez par le commencement. Lisez
posément les premiers chapitres consacrés à la
théorie, et imprégnez-vous des enseignements
qu'ils contiennent. Ils vous aideront à mieux
connaître votre mal et par suite à en triompher
plus facilement d'une manière définitive.

Abordez ensuite les pages où sont exposés les


différents rémèdes de la timidité. Là, il vous
faudra procéder avec encore plus de sage len-
teur. Exécutez l'un après l'autre les exercices
indiqués. Ne passez au suivant qu'après avoir
réussi convenablement celui qui précède.

b) Fidélité de chaque jour. N'imitez pas les


inconstants, qui n'exécutent leurs résolutions
que par intermittence et au gré de leur caprice.
Réservez chaque jour de dix à quinze minutes
à votre traitement. Les meilleurs moments sont
le matin au lever, ou le soir avant de prendre
votre repos. N'omettez jamais vos exercices, sauf
cas de force majeure.

c) Fidélité jusqu'à guérison complète. N'imitez


pas les imprudents, qui se contentent d'un léger
avantage et abandonnent la partie avant de
l'avoir entièrement gagnée. Il vous faut mieux
qu'une simple amélioration, la guérison radicale.

Tant qu'elle ne sera pas obtenue dans sa


plénitude et sans crainte de rechute, continuez
vos exercices. Les virtuoses du piano ne cessent
jamais de monter leurs gammes, qui entretien-
nent l'agilité de leurs doigts : imitez-les.

d) Fidélité malgré tout. Ne vous laissez pas


rebuter par ce qu'il y a d'astreignant et de
fastidieux dans l'étude d'une méthode. Vous
préféreriez lire un beau roman, un volume de
poésie, u n livre d'histoire. Je le comprends ;
mais songez au magnifique résultat qui couron-
nera vos efforts.
Un petit quart d'heure consacré quotidienne-
m e n t à votre entraînement psychique fera de
vous u n homme nouveau : sûr de lui-même,
calme, sachant agir et parler avec aisance. Vous
donnerez dès lors la plénitude de votre mesure ;
vos talents, n'étant plus paralysés par une gêne
morbide, vous vaudront les éloges et les avan-
tages qu'ils méritent.

5. Exercice.

Réfléchissez pendant quelques instants à ce


que vous venez de lire.

a) Imprimez fortement dans votre esprit la


conviction que toute timidité peut se vaincre.
Les psychologues l'affirment ; l'expérience le
prouve. Beaucoup de personnes plus timides que
vous se sont guéries. Pourquoi n'en serait-il pas
de même pour vous ?
Répétez plusieurs fois, sur un ton de certitude
qui n'hésite pas : Je puis me corriger de m a
timidité.

b) Si vous guérison est possible, elle se pro-


duira certainement, puisque vous êtes décidé à
en prendre les moyens efficaces. Imprégnez-vous
de cette assurance, en employant des formules
suggestives que vous composerez vous-même.
Vous recourrez utilement pour cela aux conseils
que nous donnons dans notre volume : L'Auto-
suggestion .

c) Qui veut la fin, veut les moyens. Pour


acquérir cette aisance et cette confiance dont le
défaut vous a déjà causé tant d'ennuis, il est
nécessaire de vous soumettre exactement à u n
traitement rationnel, méthodique et efficace.
Prenez donc la résolution d'exécuter ponc-
tuellement tous les exercices que nous vous
prescrivons et de consacrer dix minutes par jour

1. Edouard Aubanel, éditeur.


à ce travail. Formulez cette résolution et répétez-
la plusieurs fois de suite avec énergie.
Vous avez fait le premier pas sur la route qui
vous conduira à la libération de cette paralysie
pénible qu'est la timidité. Quelques semaines
d'efforts, quelques mois au plus, et vous connaî-
trez enfin les joies du succès.
II

LES CAUSES DE LA TIMIDITE

1. La timidité a généralement pour cause une


idée fausse.

Ou l'on se mésestime soi-même, ou l'on se


croit mésestimé par autrui.
Personne n'aime à être tourné en dérision ;
la crainte de l'affront fait reculer les plus braves.
Seuls quelques êtres exceptionnels n'ont aucun
souci de l'opinion publique. Les uns sont des
énergiques au caractère bien trempé, qui vont
droit au but et foncent sur l'obstacle, sans se
préoccuper du « qu'en-dira-t-on ? ». Les autres
sont des orgueilleux tellement imbus de leur
supériorité qu'ils tiennent les jugements d'autrui
pour quantité négligeable. Une telle force de
volonté et une telle confiance en soi se rencon-
trent rarement.
A l'homme qui se croit ridicule, ne demandez
pas de paraître en public avec assurance; autant
lui demander de décrocher la lune.
Mais, répétons-le bien haut, le timide ne
manque pas de valeur. Il n'est ni maladroit, ni
ridicule ; il s'imagine seulement l'être. Tant qu'il
n'aura pas réformé cette idée fausse qui s'est
incrustée dans son cerveau, il ne pourra se dé-
barrasser de son infirmité.
Le timide devra donc, en premier lieu, s'exa-
miner minutieusement afin de découvrir les
jugements erronés, source de son mal.

Il n'est pas toujours facile de mener à bien


cette analyse intime. Les paragraphes suivants
aideront le lecteur dans ses investigations. Nous
y résumerons en quelques lignes les principales
idées fausses qui sont les causes les plus habi-
tuelles de la timidité.
2. Première cause de la timidité : une injuste
mésestime de soi-même.

Certains se croient inférieurs au point de vue


intellectuel. Ce qu'ils disent, ce qu'ils écrivent,
leur semble nul. La peur de révéler leur préten-
due médiocrité et de provoquer l'ironie par leur
sottise imaginaire leur ferme la bouche.
On voit par exemple des élèves excellents,
mais trop craintifs, échouer lamentablement aux
examens. S'il s'agit du baccalauréat, ils font de
bonnes compositions et sont déclarés admissi-
bles ; à l'oral, ils s'embarrassent, bredouillent
et finissent par rester cois. Cependant ils possé-
daient à fond les questions qui leur ont été
posées ; la veille, ils y avaient répondu à leurs
professeurs de façon satisfaisante. Il leur a suffi
de se trouver devant des examinateurs étrangers
pour se troubler et perdre la tête.
On voit de jeunes prêtres, de jeunes avocats,
d'ailleurs pleins de talent, affronter pour la
première fois la chaire ou le barreau. Ils ont
préparé avec soin leur sermon ou leur plaidoirie ;
le succès semble les attendre. Mais l'auditoire
les glace : quand ils aperçoivent tous ces yeux
qui les examinent avec curiosité, une peur im-
mense s'empare d'eux. Que vont-ils devenir?
Quelle n'est pas leur audace ? Comme leur dis-
cours va paraître absurde à ces personnes qui
sont devant eux ! Alors ils n'osent parler avec
assurance ; ils ânonnent comme un enfant qui
récite une fable mal sue. Ils se troublent et font
échouer ainsi le discours, qui leur eût valu des
compliments, s'il avait été bien dit. Le contact
avec le public leur a été funeste, parce qu'ils se
sont mésestimés eux-mêmes. Nous connaissons
de ces malheureux qui, après un premier échec,
n'ont plus osé prendre la parole devant un
auditoire, même minime.

3. Deuxième cause de la timidité : une mala-


dresse imaginaire.

Certaines personnes se persuadent que leur


tenue extérieure manque de grâce, que leur
attitude semble gauche, que leur entrée dans
un salon provoque un mouvement de curiosité
railleuse. Cette pensée, qui ne repose sur aucun
fondement, influe sur leur maintien : elles ne
savent que faire, ni où se mettre.
Il ne faut d'ailleurs pas confondre la fausse
persuasion du timide avec l'ignorance réelle des
usages mondains. Ces usages s'apprennent par
l'éducation, la lecture, l'observation, la fréquen-
tation des personnes polies.

4. Troisième cause de la timidité : une peur


déraisonnable du ridicule.

C'est elle qui provoque habituellement la


timidité sentimentale. On n'ose pas avouer la
sympathie que l'on éprouve pour telle personne,
parce que l'on craint de ne pas trouver de cor-
respondance et d'être repoussé avec ironie.
Certains timides n'osent même pas montrer
leur affection aux membres de leur famille. Les
mots d'amitié, de remerciement, de compassion
qui s'imposent selon les circonstances, s'étran-
glent dans leur gorge. Ils se laissent paralyser
par une sorte de pudeur absurde ; et leur froi-
deur apparente fait souffrir les autres comme
elle les fait souffrir eux-mêmes.

5. Quatrième cause de la timidité : défiance


consécutive à un insuccès.

Telle personne a vu péricliter ses affaires à


la suite d'une crise économique générale ; elle
est victime des circonstances, et non de son
imprudence. Mais la voilà qui tombe dans un
état de dépression ; elle attribue son malheur
à sa seule faute. Elle se juge incapable de
remonter sa situation ; elle se persuade si for-
tement de son insuffisance qu'elle n'ose pas faire
les démarches nécessaires pour réparer la catas-
trophe.
Telle autre personne a subi une perte d'ar-
gent qui l'oblige à restreindre momentanément
son train de vie. Elle s'imagine qu'auprès d'elle
tout le monde connaît sa malchance et la croit
ruinée. Elle perd son aplomb et sa présence
d'esprit ; elle redoute de paraître en public ; elle
n'ose même plus causer avec son banquier, son
notaire, ses hommes d'affaires, qui lui donne-
raient des conseils d'une urgente nécessité.

6. Cinquième cause de la timidité : un défaut


dont on exagère l'importance.

Quelquefois enfin la timidité a pour cause un


défaut réel. C'est une femme qui a le visage
marqué par des cicatrices ou des taches de
rousseur ; c'est un homme qui boite ; c'est un
enfant que ses parents, par avarice ou indiffé-
rence, accoutrent de façon grotesque.
Qu'en des cas semblables l'on ait conscience
d'avoir en soi quelque chose d'anormal, rien de
plus juste. Mais à cette constatation de la vérité
s'ajoute souvent une idée fausse, qu'il faut
réformer. La femme laide, le boiteux, l'enfant
mal habillé ont par ailleurs des qualités qu'ils
doivent connaître et qui peuvent leur attirer
succès, sympathie et respect.

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