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Dossier documentaire n°1

Bonjour. Je tenais à partager cette lettre reçue de mon ami Maurice qui combat au
front. Que son expérience puisse être racontée.

Paul Dupuy, directeur de l’Ecole normale supérieure ; février 1915.

« Nous avons pris la côte des Epargnes, presque sans coup férir. Mais nous marchions sur une terre boulever-
sée, calcinée, puante, semée de débris de fils de fer, de piquets, de vêtements hachés et sanglants, de paquets de
chair humaine. A cinq heures, le bombardement allemand commençait. Jusqu’à minuit, les gros calibres : 150, 210
et 305. Pendant le même temps, des mitrailleuses qui tiraient de flancs combinaient leurs effets avec deux de
l’artillerie […].
A neuf heures, l’infanterie allemande attaquait. Nous avons reçu des grenades, des bombes, un tas d’engins
infernaux qui affolent nos hommes. Je me suis lancé en avant, le revolver à la main. J’en ai tué trois à bout por-
tant. Deux caporaux m’avaient suivi. Ils ont été tués tous les deux. Nous avons perdu les tranchées conquises.
Mais le soir, à quatre heures, nous y retournions et les occupions à nouveau. Nous y restions malgré les contre-
attaques. Nous y restions malgré le bombardement incessant et formidable […].
Cette guerre est ignoble ; j’ai été pendant quatre jours souillé de terre, de sang, de cervelle. J’ai reçu au travers
de la figure des paquets d’entrailles, et sur une main une langue à quoi l’arrière-gorge était arrachée. Je suis
écœuré, saoûl d’horreur ».

Salut les Bordelais ; toujours loin du front ? Planqués va ! J’ai rencontré un Poilu ; le
lieutenant d’infanterie Henri Jousseaume. Il tient des carnets sur son expérience au
front. Il souhaite rester anonyme mais ça pourrait vous intéresser ! Il a survécu à
Verdun ! Eugène, votre journaliste-reporter sur le terrain (lui) en 1916.

Vers le 20 mai 1916 : Nous fûmes embarqués pour la région de Verdun où se livrait depuis deux mois une ba-
taille gigantesque. Nous reçûmes la mission d’attaquer la côte 304 pour dégager deux compagnies encerclées par
les Allemands.
Le 21 mai 1916 : A 23 heures, des fusées nous éclairaient comme en plein jour. J’eus l’impression que les balles
passaient juste derrière. Dans la tranchée ennemie c’était infernal. Les grenades, les mitrailleuses et les fusils riva-
lisaient pour répandre la mort. Deux jours après, nous avions perdu 75% de notre effectif.
Juin 1916 : Nous arrivâmes au saillant Keifer, dominant le ravin de la Mort et le Mort-Homme. Ces noms se
passent de commentaires. Je n’insiste pas sur ces pauvres cadavres quelquefois retirés d’une flaque d’eau pour per-
mettre d’y puiser. Des faces grouillantes de vers, l’odeur de la mort partout, la faim, la soif, les obus, les balles dans
un chaos dantesque ; cela dépasse l’imagination et donne une idée de ce que peut être l’enfer.
Dimanche 25 juin 1916 : Nous étions ensevelis, les effets brûlés, le sang giclant de partout, horribles à voir. Je
fus transporté sur un brancard au poste de secours du régiment. En cours de route, nous fûmes bombardés par
des obus qui éclataient tout près. Plaies multiples aux genoux, pieds, main et bras droit par éclats d’obus, un
tympan perforé et bon nombre de petits éclats dans la poitrine.
Vous trouverez ci-joint quelques extraits de lettres que j’ai récupéré dans les affaires
d’un pauvre diable mortellement blessé au front. Il y a même la lettre d’un Alsacien
allemand ; je pensais qu’ils combattaient tous à l’est mais non… J’espère que ces écrits
vous aideront à témoigner de cette guerre affreuse.

Jeanne, infirmière à Verdun ; 1916.

Salut les planqués ! La situation est très tendue au front… De plus en plus de
soldats (et pas des dizaines hein ! Des milliers !) refusent de combattre. J’ai récupéré ce
message balancé d’un camion. Le général Nivelle est furieux.

Eugène, votre journaliste-reporter sur le terrain en 1917.


Un officier français porté en triomphe à la gare de l’Est de Paris par la foule…

Marcel votre photographe qui part pour le front le jour de la mobilisation générale ; aout 1914.

Soldats français dans les tranchées en première ligne. Ils lancent au hasard ! S’ils
sortent, ils se font trouer la peau avec leur uniforme bleu et rouge… Tu m’étonnes
qu’ils creusent ! Marcel qui prend ses premières photographies et qui évite les balles en 1914...
Faux arbre en métal ; vrai poste Sentinelle à son poste de tir dans une tranchée
d’observation camouflé ! Louis Danton,
enneigée des Vosges ! Frantz Adam, photographe 1915.
photographe ; mars 1915 ; Tranchée de la Somme.

Les « Boches » ont utilisé des gaz Une pièce d’artillerie et ses servants
mortels en avril à Ypres ; depuis les nôtres français dans la Meuse.
se protègent. Marcel, votre photographe ; 1915. Marcel, votre photographe ; mai 1915.
14 Poilus dans une tranchée en Offensive franco-anglaise lors de la bataille
première ligne en Alsace. de la Somme.
Paul Castelnau, photographe ; 1916. Marcel, votre photographe ; septembre 1916.
Ils doivent charger dans le « no man’s land » vers la
tranchée allemande sous le feu6 de l’artillerie et des
balles. Moi, je prends la photo et je me planque…

Blessés de la Somme à l’entrée d’un poste de secours. Frantz Adam, photographe ; juillet 1916.
Soldats français dans les tranchées de Flandres. A droite, quatre tirailleurs séné-
galais en Alsace pris par Paul Castelnau. Les troupes coloniales sont de plus en plus
nombreuses pour remplacer les pertes françaises…

Adèle, votre nouvelle photographe en 1917… Eugène a été grièvement blessé par un obus…

Ci-dessous, en haut à gauche, un guetteur français tué en poste dans la Marne puis dévoré par
les rats… Et à droite, un canon de l’artillerie lourde française. En dessous, un autre soldat tué à
côté d’un char anglais détruit par les Allemands lors de la bataille de Cambrai dans le Nord. A
droite, un avion allemand abattu par les Anglais pendant cette même bataille.
Adèle, votre photographe en 1917. Cette guerre et ses armes sont abominables...
Chars et soldats américains pendant la
contre-offensive dans la Meuse. Adèle,
votre photographe en route pour Berlin ! Octobre 1918.

Fosse commune dans l’Aisne lors de


la reprise de la guerre de mouvement.

Frantz Adam, photographe ; juillet 1918.

Soldats français posant avec des Alsaciennes lors du défilé victorieux du général
Pétain. Frantz Adam, photographe ; 23 novembre 1918.

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